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Autres Temps.

Cahiers d'éthique
sociale et politique

Pascal Bruckner, L'euphorie perpétuelle. Essai sur le devoir de


bonheur
Gilles Clamens

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Clamens Gilles. Pascal Bruckner, L'euphorie perpétuelle. Essai sur le devoir de bonheur . In: Autres Temps. Cahiers d'éthique
sociale et politique. N°67, 2000. p. 118;

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Lectures

libéraux sans le savoir, et que ces derniers quant à lui le petit bonhomme de bonheur,
ne sont pas toujours si loin des premiers plaisir, gaieté ou joie en sont les vrais
qu'ils le croient. Un biais indirect par quoi, usages, loin de ces services qu'on lui
au fond, ce livre est un acte politique. Les réclame à grands cris. Moins un problème
philosophes marchent avec leur temps, qu'un à-côté, la douce dérision qu'est le
pouvait-on en douter ? bonheur appelle à battre les buissons sans
Gilles Clamens. trop d'égards, comme on lève un gibier
toujours prêt à offrir le charme de son
envol. Cet art est ici généreusement
prodigué, au bon plaisir du lecteur.
G.C.
Pascal BRUCKNER
L'euphorie perpétuelle
Essai sur le devoir de bonheur
Grasset, 2000, 277 p., 115 F. Rémy HEBDING
Kierkegaard
Éd. Desclée de Brouwer, 1999, 205 p.
Une spécialité française ? Il s'agit de ces
livres qu'on dirait de chevet par destin,
comme il y a un goût fait seulement à la Rémy Hebding relève un défi en
proposant un ouvrage sur Kierkegaard (1813-
dégustation. L'art, en somme, de toucher
sans en avoir l'air. On devine le risque : les 1855) dans la collection « Temps et
visages » de Desclée de Brouwer (qui nous
petits marquis, derniers philosophes, hôtes
avait déjà proposé l'excellent Albert
de salon ou de tribunes, cela foisonne,
Schweitzer de L. Gagnebin). En effet, il
non ? Destin sans doute, mais pourquoi
réussit à intéresser tout ceux qui, comme
pas ? Le pire serait la leçon (cette envie de
moi, n'ont que de vagues souvenirs d'un
qui n'est pas prof) ou la fadaise (cette
philosophe plutôt sinistre présenté à l'école
envie de qui n'est pas causeur). Il me
comme un précurseur de l'existentialisme.
semble que ce livre y échappe. Il faut Kierkegaard est le dernier fils d'un père
certes tolérer les règles du genre : copieux vieux, à l'éducation stricte, qui lui avouera,
râtelier de citations (toutes font mouche), un soir d'ébriété, avoir eu une relation avec
paradoxes de bons mots en gibecière sa servante. À ce « tremblement de terre »
(grisaille-griserie, gotha-ghetto, s'ajoute une rupture de fiançailles avec
altitude-platitude, etc.) et, en prime ici, la succession Régine, car il ne se croit pas apte au
discrète d'encadrés chargés de varier mariage. Sur ces bases douloureuses, le
l'allure. Admises, ces conditions sont philosophe danois va construire une pensée
probablement ce qu'il y a de mieux pour faire originale et déconcertante pour ses
voir une mine (de sens) dans notre caverne contemporains : l'homme doit prendre conscience
(de préjugés). C'est justement le propos de de lui-même pour choisir son existence.
ce livre. Une fois désamorcés le drame et L'expérience subjective prime et le croyant
même le devoir d'être heureux, ces mèches est celui qui marche guidé par la seule foi.
chrétiennes à combustion lente, une fois Ainsi le Kierkegaard poussiéreux et
qu'on a décidément cessé de geindre en sinistre, disons-le franchement !, est en
cessant de confondre bien-être et bonheur, réalité un homme d'une terrible exigence avec
celui-ci nomme la simple vie pour peu que lui-même, un ascétique, un croyant qui
nous la conduisions à notre guise, qui ne va n'attend pas grand-chose d'une Église trop
pas sans celle du monde ou de l'histoire. préoccupée d'elle-même, un citoyen en
Au fond le bonheur est un thème sans butte à l'incompréhension générale.
fond : les dernières lignes font bien de R. Hebding nous fait (re)découvrir un
rappeler que la liberté vient d'abord et que, auteur attachant et poignant, terriblement

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