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Hommes et Migrations

L'attentat , Yasmina Khadra, Julliard, 2005


La nuit des origines , Nourredine Saadi, L'Aube, 2005
Harraga, Boualem Sansal, Gallimard, 2005
Mustapha Harzoune

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Harzoune Mustapha. L'attentat , Yasmina Khadra, Julliard, 2005; La nuit des origines , Nourredine Saadi, L'Aube, 2005;
Harraga, Boualem Sansal, Gallimard, 2005. In: Hommes et Migrations, n°1258, Novembre-décembre 2005. Laïcité : les 100
ans d'une idée neuve. I. À l'école. pp. 147-149;

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ROMANS

L'attentat La nuit des origines Harraga


Yasmina Khadra Nourredine Saadi Boualem Sansal
Julliard, 2005, L'Aube, 2005, Gallimard, 2005,
268 pages, 18 euros 205 pages, 1 5,80 euros 272 pages, 16 euros

► Trois romans algériens, très elle en une kamikaze qui va se faire Le texte de L'Attentat n'est pas le
différents l'un de l'autre, se sont exploser dans un restaurant où une plus réussi de Khadra, mais l'au¬
disputés les tables des libraires bande de gamins juifs fête un anni¬ teur donne tout de même corps à
ces derniers mois. versaire ? Aminé, son mari, va cher¬ ses personnages et réussit la
Petit rappel pour mémoires cour¬ cher à comprendre les raisons qui gageure d'aborder un sujet délicat
tes : Yasmina Kadra est un pseu¬ ont poussé son épouse à commettre sans mièvrerie ni simplification
donyme devenu célèbre et l'objet cette barbarie. Le chirurgien, à manichéenne. Tout ici est com¬
de toutes les curiosités et supputa¬ force de sacrifices, occupe une plexe, les sociétés, les hommes et
tions pour ses polars publiés pen¬ position sociale enviée et compte l'Histoire. Mais aucune injustice ne
dant la triste décennie quatre- des amis juifs, aussi sûrs et proches peut et ne doit justifier la barbarie.
vingt-dix. Mais voilà, l'auteure était que Kim sa collègue ou Naveed, Il ne faut pas oublier que Yasmina
un auteur et derrière Yasmina se haut fonctionnaire de la police. Khadra est un Algérien, qu'il sait
cachait Mohamed, un ci-devant Pourtant, c'est seul qu'il mène son non seulement et malheureuse¬
officier de l'armée algérienne. En enquête à Bethléem d'abord, en ment de quoi il parle et qu'en plus
révélant sa véritable identité, il Cisjordanie ensuite, remontant les il se situe dans la lignée éthique
provoqua l'hydre des médisants ou réseaux et les arcanes labyrinthi- d'un autre Algérien : Albert Camus.
des envieux dans le Landerneau ques d'une organisation islamiste. La nuit des origines de Nourre¬
parisien, pour ce qui n'était en fait Il prend des risques et on lui fait dine Saadi est le troisième roman
qu'une tempête dans un verre entendre, manu militari , qu'il de ce professeur de droit consti¬
d'eau médiatico-éditorial. Reste la n'est pas le bienvenu, lui qui aurait tutionnel exerçant en France
littérature dont Yasmina Khadra oublié depuis longtemps l'injustice depuis quelques années et qui, de
use pour décrire la société algé¬ infligée aux siens. Pour com¬ temps à autre, éclaire nos conci¬
rienne, visiter l'Afghanistan des prendre l'acte de sa femme, Aminé toyens, passablement débousso¬
talibans ou comprendre les res¬ en passera par toutes les suppu¬ lés, de ses souvent pertinentes
sorts psychologiques du terro¬ tations : adultère, lavage de cer¬ et toujours argumentées analyses
risme. Dans L'Attentat court une veau..., pour finalement débou¬ sur l'actualité algérienne. Il faut
du quotidien algérien Le Matin lement touchant. La question des
se trouve dans l'impossibilité de origines, du lien avec un passé,
poursuivre ses chroniques dans hante la littérature algérienne.
ledit journal puisque Le Matin Des lieux et des objets matériali¬ HARRAG.l
est interdit et que son directeur, saient symboliquement déjà cette
Mohamed Benchicou, croupi de¬ question dans les précédents
puis le 14 juin 2004 dans la prison textes de Nourredine Saadi.
d'El Harrach. Voilà une illustra¬ Ici un manuscrit arabe du
tion de ce qu'est l'ouverture XIe siècle en est le support. Le
démocratique version algérienne, manuscrit appartient à une exilée
ouverture réelle mais à géométrie algérienne logée dans un foyer de
variable et aux retours de bâton l'Armée du Salut, le palais de la
incontrôlés, du moins pour ceux Femme, à Paris. Abla veut se sépa¬
qui se les prennent en pleine face. rer de cette pièce exceptionnelle,
Nourredine Saadi dit s'intéresser legs de son aïeul maternel, qui mères et improbables transforma¬
de plus en plus à la littérature. représente le lien avec une longue tions dans ce marché aux Puces de
Cela n'étonne pas. Dans La nuit chaîne généalogique, une ville, sa Saint-Ouen, l'autre personnage de
des origines, il multiplie les réfé¬ ville, Constantine (qui est aussi ce roman : "la Mecque de la bro¬
rences littéraires et soigne sa celle de l'auteur) et un pays. Pour cante, où vient s'échouer trois fois
plume. Un peu trop peut-être, au la jeune Algérienne, vendre ce par semaine l'écume des civilisa¬
point de tomber dans un travers manuscrit, "c'est comme vendre tions". Nourredine Saadi rappelle
qui n'était que perceptible dans ma famille, peut-être me libérer par la bouche du grand père d'Abla
son premier roman : l'exercice de ce foutu pays". Pourtant, venue un proverbe : "on ne remet pas à
de style, un exercice qui alourdit en France "pour échapper à ce l'arbre le fruit tombé. "
l'imaginaire et intellectualise la passé, à ses spectres, à mes fan¬ Dans //arrosa, le dernier et excel¬
veine poétique. Pourtant le sujet a tômes", voilà que tout rattrape lent Boualem Sansal, il est auss
de quoi séduire et, si le traitement Abla, sous la forme d'un impos¬ question de la rencontre ratée d
est parfois poussif, la générosité sible amour prénommé Alain. Lui deux solitudes. Lamia et Chérifa
et l'humanité des personnages aussi est de Constantine. Du moins sont sur un vieux rafiot qui prend
habitent les lignes d'un récit fina- sa mère, Aïcha. Son père, il ne le l'eau de toutes parts et qui s'ap¬
connaît pas. Tandis qu'Abla se pelle Algérie. Avant de tous couler
démène avec une généalogie et un corps et âme, "les enfants de la
la-nmi; pays qui pour avoir dédaigné son perdition" préfèrent se tailler fis
Khadra identité pluriséculaire et plurielle sa, quitte à y laisser leur peau. Ce
I *a(t<'iilat a été droit dans le mur, Alain lui est sont les harragas, les clandos, les
sans famille, sans généalogie, sans "brûleurs de route", les "candidats
pays presque, si ce n'est, depuis au suicide" qui se bousculent, qu
cette rencontre, la belle Abla. "La du côté de Ceuta, qui à Tanger
nuit des origines" hante chacun. qui dans le Détroit de Gibraltar..
Abla, prénom symbole de fidélité Sofiane, le jeune frère de Lamia
dans la poésie classique arabe est du lot. Il a rencontré Chérifa à
depuis le poème d'Antar, devient au Oran et lui a conseillé d'aller trou¬
cours du récit Alba, la blanche et ver sa sœur à Alger.
pure Alba, tandis qu'Alain retrouve, Lamia vit à Rampe Valée. Comm
lui, son autre prénom, Ali. . . Éphé- docteur en pédiatrie et céliba
taire, elle appartient à "la pire des du sort des femmes, de la solitude, de Boualem Sansal est impitoyable
engeances en terre d'islam, celles des quotidiens bornés et de l'avenir de vérité et impitoyablement juste.
des femmes libres et indépen¬ sans horizon, la plume sulfureuse Mustapha Harzoune
dantes". Dans sa maison deux fois
centenaire, condensée du passé
algérois et aussi emberlificotée Terre d'ombre brûlée Mahi Binebine
que les origines algériennes, elle Fayard, 2004, 228 p., 16 euros
traîne sa solitude comme un "bou¬
clier", écrit des poèmes, ne s'en ► C'est une bien difficile situation
Mahi
laisse compter par personne et, que connaît l'artiste peintre immi¬ Binebine
comme l'auteur sans doute, "aime gré qui est le principal personnage
que la vérité précède les senti¬ de ce roman de Mahi Binebine. Il
ments". Jusqu'au jour où débarque éprouve toutes sortes de rudesses : Terre
Chérifa, Lolita de seize ans, celles des saisons froides comme d'ombre brûlée
engrossée par un apparatchik du celles des impasses financières. Il
régime. Chérifa déploie une éner¬ vit en retrait, dans l'isolement phy¬
gie envahissante et bouscule tout sique et psychologique, et on le
sur son passage, au point de finir voit dans le Paris de ceux qui galè-
par se faire virer. rent, artistes comme lui, parfois
Mais voilà, "comme un ouragan débarqués de lointaines contrées
dans une grotte", Chérifa a réins- aussi. Les difficultés s'accumulent,
sufflé de la vie dans le quotidien la solitude lui pèse. Il ne la comble
terne et l'âme grise de Lamia. Pour guère par des monologues entre¬ avec ses péripéties, ses violences,
la retrouver, elle met Alger sens coupés de conversations avec sa ses silences et ses épisodes, comme
dessus dessous, visite toutes les chatte. Lui reviennent ainsi des l'achat de la première machine à
maternités pour la dénicher au souvenirs : ceux de sa vie familiale coudre Singer qui transforme la vie
couvent des sœurs de Notre-Dame- au pays, ceux de ses premières et particulièrement celle de la mère.
des-Pauvres, du côté de Blida. années en France. C'est avec une écriture fluide et
À l'image de Chérifa, qui "cher¬ Il nous restitue des temps et des agréable, avec un rythme enlevé et
chait la vie" alors qu '"ici nous ne lieux avec le Maroc de son enfance. des personnages bien campés, que
savons parler que de la mort", Ce sont des temps austères et Mahi Binebine rend, sensiblement,
Boualem Sansal dit le mystère de affectueux, avec un monde de voi¬ ces difficultés et cette vie d'artiste
l'Algérie : "on quitte davantage ce sins, de commerçants, de famil¬ dans le quotidien de Paris.
pays qu'on y arrive. (...) C'est les. . . On découvre la vie familiale Abdelafid Hammouche
une malédiction qui se perpétue
de siècle en siècle. (...) Nous
sommes tous, de tout temps, des Le bestiaire inachevé Sergio Luis de Carvalho
harragas, des brûleurs de routes, Traduit du portugais par Cécile Lombard,
c'est le sens de notre histoire. " De Phébus, 2003, 285 p., 19,50 euros.
Camus à Mimouni, "ça fait mal de
tant s'appauvrir, de la terre natale ► La critique portugaise a fait un le Portugal de 1348, année où la
mus attendons l'abondance et la bel accueil à ce roman de Sergio peste noire ravage toute l'Europe
joie, pas ça, l'exil et la mort". Sans Luis de Carvalho qui le mérite et et atteint la ville de Sintra. C'est
blabla ni pathos, qu'il parle de son qui a reçu d'ailleurs le prix Ferreira là que vit Joâo Lourenço, tabellion
pays, de sa ville, Alger, de l'islam, de Castro. Ce livre nous plonge dans de son état. On découvre le person-

Livres 149

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