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Revue du Nord

Jean Decarreaux. Les moines et la civilisation en Occident. Des


invasions barbares à Charlemagne. Coll. Signe des temps XIII,
1962
L. Gaillard

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Gaillard L. Jean Decarreaux. Les moines et la civilisation en Occident. Des invasions barbares à Charlemagne. Coll. Signe des
temps XIII, 1962. In: Revue du Nord, tome 44, n°176, Octobre-décembre 1962. pp. 442-443;

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442 COMPTES RENDUS

MOYEN AGE

Jean Decarreaux. Les moines et la civilisation en Occident. Des invasions


barbares à Charlemagne. Coll. Signe des temps XIII, Grenoble, Arthaud
1962, 394 pages, 20 héliogravures et 5 cartes.
Il est difficile de définir l'institution monastique, tant elle a pris au cours
des temps des aspects variés ; dès le principe, l'A., cependant s'attache aux
seuls « cénobites », c'est-à-dire à ceux qui mènent ensemble une vie commune
et qui se distinguent par là des ermites ou semi-ermites, lesquels vivent,
autant que possible, dans la solitude. Et l'origine de ce cénobitisme nous est
clairement indiquée dans des chapitres alertes et fortement documentés, non
sans que nous soit bien délimitée la nature même de l'état monastique :
« En ce qui concerne les moines, il est indispensable de souligner fortement
que leur vocation essentielle n'a jamais été ni de civiliser, ni même d'évangé-
liser, mais de vaquer, loin du monde, à l'ascèse, à la prière, à l'amour de Dieu,
sans autre spécialisation » (p. 24). Ainsi, nous sommes avertis que l'histoire du
rôle des cénobites dans la sauvegarde de la civilisation, sera faite de l'intérieur
même du monachisme et si certains lecteurs sont surpris de certaines
affirmations, qu'ils sachent bien la vérité profonde de ce qui est attesté, par exemple
à la page 25 de cet ouvrage : « Tout au long de l'histoire et malgré des
titres scientifiques considérables, un certain courant anti-intellectualiste a
toujours été vivace même dans les monastères occidentaux ». Car si les
Bénédictins, voire surtout ceux de Saint-Maur du XVIIe siècle, ne méritent en
rien, le surnom d'ignorantins, ils ont voulu et essayé d'être, avant tout, selon
leur Règle, des hommes de Dieu.
Comment donc ont-ils pu, séparés du monde comme ils l'étaient, faire
œuvre d'humanistes ? Ils y ont été amenés, sans plan préconçu, par la
conjoncture dans laquelle ils vivaient. En ce temps de décadence qui fut celui de
l'Empire rongé sur ses marches par les Barbares, puis détruit et envahi, ils ont
été amenés par certains chefs de file lettrés comme Jérôme, Paulin de Noie,
Augustin et bien d'autres, à introduire leur humanisme foncier dans la vie
ascétique des monastères. Si, en effet, l'Orient que nous appelons moyen, patrie
authentique de la vie monastique a connu des foules de moines sans culture,
la vie ascétique a d'abord attiré, en Occident, de vrais lettrés, formés à la mode
antique. Ce n'est pas trop de dire que les moines occidentaux, guidés par des
maîtres de vie spirituelle et de vie intellectuelle, avaient conquis l'Occident
tout en le convertissant, car de la péninsule ibérique « convertie par les moines »,
aux pays celtes, de la Provence aux Balkans, on trouve, avant Saint Benoît,
de très nombreux monastères, divers certes, par quelques-uns de leurs traits
extérieurs, vivant tous d'une même doctrine ascétique et d'une même tradition
mystique. Même si ces premiers cénobites occidentaux n'ont pas d'écoles, ce
qui est contraire à l'opinion d'H. Pirenne, dans son Histoire économique de
l'Occident médiéval, ils ont maintenu, peut-être plus haut que ne le veut
J. Décarreaux, un niveau de culture réel.
Quant à la Règle de Saint Benoît (qu'elle soit ou non l'œuvre du fondateur
du Mont-Cassin, qu'elle soit ou non inspirée de la Règle connue sous le nom
de Règle du Maître), elle est véritablement « lumière sur l'Occident » (VI,
p. 204). Elle a permis, en effet, et dès les premières générations de «
bénédictins », grâce à la « discrétion » de ses prescriptions touchant le travail
intellectuel, — restreint à la seule « lectio divina », laquelle se concilie avec toutes
les formes de travaux littéraires et scientifiques —, permis aux monastères
le rayonnement le plus étendu. Ainsi, dès le VIe siècle, l'Angleterre anglo-
saxonne devient-elle un foyer intense de culture et à la fin du VIIe, « Bède
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y a mené l'existence d'un grand scholar » (p. 265), anachronisme bien en place,
à propos de cet homme «qui savait tout» (p. 275). D'ailleurs, si les temps
carolingiens sont réservés à un second volume, il est déjà question ici d'Alcuin.
La Germanie, elle-même, s'ouvre à la foi et à la culture des missionnaires
anglo-saxons et nos provinces du Nord de la France bénéficient de leurs
fondations monastiques.
« Confrontant » une culture païenne révolue et une culture chrétienne en
constante élaboration » (p. 307), les moines font du latin d'Eglise « une langue
vivante et originale,... aisée, claire et toute neuve » ; langue qui a « quelque
chose à dire, ce qui est bien le signe de la vie et de l'originalité » (p. 308-309).
Ce latin se répand largement par la liturgie dont les moines sont, en
quelque sorte, des « spécialistes ». Poèmes, chants, images, processions : tout
concourt à « marquer les âmes qui, en dépit de leur rudesse » (p. 317), sont
comme imprégnées de culture spirituelle. Et c'est l'étude du latin d'Eglise
qui est à l'origine des écoles bénédictines, lesquelles ne sont pas destinées
seulement aux jeunes moines mais encore aux laïcs. C'est aussi cette étude qui
nécessite, tout autant que la diffusion obligatoire des textes et des chants
liturgiques, la transcription des manuscrits : on doit aux monastères d'avoir sauvé
beaucoup d'oeuvres profanes, d'avoir conservé, en plus grand nombre, les
œuvres des Pères de l'Eglise. Ces manuscrits sont enluminés, ordinairement
avec goût et richesse, bien qu'ils soient inférieurs aux manuscrits orientaux
contemporains. De l'enluminure, l'Auteur passe aux arts majeurs et mineurs :
ils ne nécessitent qu'un paragraphe assez court, car nous ne sommes pas encore
à l'âge d'or et aussi parce que « la vétusté, les pillages, les transformations
ont laissé peu de vestiges importants » (p. 337). Enfin, dès cette haute époque
se constituent des domaines monastiques qui nous étonnent par leur ampleur,
et qui ont servi, le plus souvent, à permettre aux moines de pratiquer une très
authentique charité.
Le livre se ferme par un « premier bilan pour des temps obscurs » qui
n'a rien d'optimiste et J. Décarreaux rappelle avec une insistance marquée que
ce monde est « en état de barbarisation ». Peut-être est-il permis de penser,
après avoir lu l'inventaire si vivant qu'il nous a donné des richesses culturelles
réelles des cénobites de ces siècles, que pendant cette longue période, bien des
valeurs essentielles ont été sauvées. Dans ce sol rude, la moisson n'est pas
encore dorée, mais elle existe et elle n'est pas seulement une espérance. Mince
réserve, si on la mesure à l'aune de l'utilité très grande de ce livre : nous
n'avions rien de comparable, et il est muni de notes, de tableaux chronologiques
et d'indications bibliographiques qui assurent sa solidité scientifique.
Dom Louis Gaillard.

Gros brief et finances comtales en Flandre

A. Verhulst et M. Gysseling. Le compte général de 1187, connu sous le nom


de « Gros Brief », et les institutions financières du comté de Flandre au
XIIe siècle. Bruxelles, Palais des Académies, 1962, in-8°, 238 p. (Académie
royale de Belgique, Commission royale d'histoire).
Cette publication, importante et neuve, vient opportunément rappeler le
souvenir du probe érudit que fut Paul Thomas. Ce Lorrain au caractère rude,
qui, comme le Dr Carrel, préféra la mort à la honte de la défaite en 1940,
était si exigeant pour lui-même qu'il ne se résolut jamais à publier le résultat de
ses patientes recherches sur les institutions financières du comté de Flandre.

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