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Cahiers du monde hispanique et

luso-brésilien

Hermann de Keyserling, Méditations sud-américaines


Jean-Paul Boyer

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Boyer Jean-Paul. Hermann de Keyserling, Méditations sud-américaines. In: Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien,
n°29, 1977. pp. 236-238;

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José Marti dans la réalité sociale et économique de son temps,


s'appliquerait à analyser et nuancer les relations dialectiques qui
unissent le milieu historique et culturel dans lequel il se situait, sa prise
de conscience politique et ses idées littéraires et esthétiques.
Claire Pailler.

Hermann de KEYSERLING. — Méditations sud-américaines. —


Paris, Editions Stock, 1976. — 403 p.
Il est étrange de présenter au public un ouvrage paru il y a plus
de quarante ans et qui a fait alors grand bruit dans la presse
d'Europe et d'Amérique. Hermann von Keyserling, réduit au silence par
le national-socialisme, est mort en 1944 au moment où il organisait
la reprise de ses activités et où il jetait les bases d'une nouvelle
Ecole de la Sagesse qui devait poursuivre l'œuvre commencée à
Darmstadt entre 1920 et 1930. Après une célébrité étonnante pour
un auteur austère et souvent difficile, il connaît une désaffection
totale du grand public qu'il avait su toucher, et même du public
cultivé. Les Méditations sud-américaines, bien qu'accompagnées par
un cortège de jugements émanant de personnalités aussi célèbres
que Freud, Jung, R. Tagore, N. Berdiaeff, Thomas Mann, Bergson,
Léon Brunschwicg, Gabriel Marcel ou S. de Madariaga, font pour
beaucoup aujourd'hui figure de nouveauté.
Ce n'est pas une œuvre d'un abord facile, et Keyserling a pu se
féliciter d'avoir trouvé en Albert Béguin un traducteur et, pourrait-
on dire, un collaborateur eminent. Une version française qui ne
serait qu'une traduction consciencieuse serait difficilement lisible.
Cette difficulté ne viendrait pas de la négligence de l'auteur. C'est
l'ouvrage qui, de l'aveu même de Keyzerling, lui a donné le plus de
travail. Il prétend l'avoir réécrit entièrement trois fois, et c'est sa
nouveauté, son caractère insolite, qui peuvent expliquer cette
difficulté. On ne sait dans quelle catégorie traditionnelle on pourrait
le ranger. Il tient à la fois, paradoxalement, du reportage et du poème
cosmique.
Avec l'Analyse Spectrale de l'Occident, Keyserling avait fait une
présentation vivante des différents peuples de l'Europe, créant ce
qu'on pourrait appeler une sorte de géographie psychologique. Ses
Méditations sont une suite sud-américaine à l'Analyse Spectrale,
et c'est là sans doute l'aspect le plus aimable de l'ouvrage et celui qui
devrait intéresser le plus immédiatement un hispanisant. Dans ses
mémoires {Voyages dans le Temps; le tome I a paru en français
chez Stock), Keyserling prétend que c'est lui, l'ami d'Ortegá et Una-
muno, qui a créé les thèmes de la nouvelle impérialité espagnole.
COMPTES RENDUS 237

C'est sûrement une paternité difficile à établir, mais Keyserling


insiste beaucoup dans la présentation de la vie et de l'âme
sud-américaines sur leurs rapports avec les traditions et l'âme de l'Espagne.
Il retrouve en Amérique du Sud, avant tout, le rôle des forces de la
nature, des forces de la terre qui lui avait paru déterminant dans son
expérience espagnole. En deçà de l'intellectualisme qui a conduit
l'Occident au chaos, Keyserling sent, en Amérique du Sud, et encore
plus forte qu'en Espagne, l'action des forces primitives de la terre.
Ces forces ont façonné l'homme sud-américain, physiquement et
moralement. Sa psychologie peut paraître à l'Europe monotone,
parce qu'elle est dominée par une force aveugle qui est la gana.
C'est de cette notion, qui n'a pas en Amérique du Sud la même
valeur que dans la tradition espagnole, que Keyserling va faire
découler son analyse de la mentalité sud-américaine. Cette absence
de liberté, cette conscience de la pesanteur des forces obscures de la
terre qu'exprime ce terme intraduisible, entraîne à ses yeux la
passivité, la mélancolie, le scepticisme, la tristesse. Seules peuvent
s'opposer à cette pesanteur, les forces de « l'Ordre émotionnel ».
Keyserling distingue le rôle de la delicadeza qui, certes, engendre le
mensonge (le mensonge qui marque la vie politique de l'Amérique
du Sud dont le type représentatif, est pour Keyserling le caudillo),
mais ce mensonge, non par-delà le bien et le mal, mais en-deçà du
bien et du mal, est considéré comme un jeu supérieur d'où naît la
beauté. Par opposition à notre civilisation occidentale, civilisation de
la vérité, on peut apercevoir dans la civilisation sud-américaine le
commencement d'une civilisation de la beauté, comparable par là
à la civilisation grecque.
On peut trouver beaucoup de simplifications hâtives, de parti-
pris, ou même simplement d'erreurs, ne fût-ce que sur le sens des
mots espagnols, dans ces Méditations. Victoria Ocampo, qui avait
introduit Keyserling dans cet univers sud-américain, en signale un
certain nombre dans la postface qu'elle a écrite pour la présente
réédition. On peut trouver naïves ces grandes idées générales tirées
de simples anecdotes par un étranger surpris, mais c'est justement
la surprise, la capacité d'étonnement où Keyserling voyait une
marque de la valeur d'un esprit qui permet de voir les différences, de
ressentir l'originalité. Et l'accueil qu'avait reçu l'ouvrage dans la
presse brésilienne et argentine montre l'intérêt qu'il a suscité en
son temps en Amérique du Sud.
De toute façon, il ne faut pas oublier que Keyserling n'a jamais
recherché une vérité objective. Au-delà du sujet étudié, qui n'est à
tout prendre qu'un prétexte, chacune de ses œuvres est une étape de
sa quête de l'Esprit et marque un aspect particulier de son spiritua-
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lisme. C'est pourquoi les Méditations, et c'est l'autre aspect de


l'ouvrage, sont un poème cosmique, une recherche métaphysique sur les
rapports possibles entre le Mal et l'Esprit. Keyserling ne refait pas
une généalogie de la morale destinée à ruiner tout idéalisme. Il
cherche un idéalisme lucide qui ne nie pas le Mal mais qui puisse aider
l'Esprit à s'in-former dans la réalité et à jouer ainsi son rôle
essentiel. Keyserling a recours, pour se faire entendre, à la métaphore de
la lumière au quatrième jour, il faut que dans ce « moût en
fermentation de la Création » qui apparaît à l'évidence en Amérique du Sud
(mais qui est sûrement aussi à l'origine de notre civilisation
d'Occident) se manifeste l'Esprit qui seul peut donner une orientation
nouvelle aux puissances inférieures, aux « forces telluriques », et
produire ainsi le Bien en s'incorporant au Mal.
Il est difficile de rendre compte de la richesse et du foisonnement
chaleureux de cet ouvrage profondément original. Grâce à son
expérience sud-américaine, Keyserling a déterminé comme il lui plaît,
en dehors des écoles, un lieu géométrique, à la fois métaphysique,
géographique, anecdotique, poétique, et a trouvé dans l'analyse de
l'interférence des forces de la nature et des forces de l'esprit une
nouvelle façon d'aborder la réflexion sur l'avenir de notre
civilisation.
Si on veut résumer l'œuvre d'un mot, pn ne peut trouver que
celui de baroque. Gomme les oeuvres baroques, elle est tourbillon,
mouvement ascendant qui refuse l'équilibre, le repos, équilibre
perpétuellement rompu, et comme les œuvres baroques, elle possède
sûrement une affinité profonde avec le continent qu'elle évoque.
Dans notre temps, de désarroi, de mise en question de toutes les
formes reçues, elle peut sûrement paraître actuelle. Est-ce le début
d'une renaissance de Keyserling ?
Jean-Paul Boyer.

Alberto BAEZA FLORES. — La poesía dominicana en el siglo XX.


Historia, crítica, estudio comparativo y estilístico. Modernismo,
Vedrinismo, Postumismo y los Triálogos (1883-1943). Pról. de
Héctor Incháustegui Cabral. — Santiago, Rep. Dom.,
Universidad Católica Madre y Maestra, colección Estudios, 1976. —
671 p.

Nul n'était plus qualifié qu'Alberto Baeza Flores pour parler de la


poésie dominicaine : ses séjours répétés à Saint-Domingue, sa
connaissance de la réalité historique et culturelle de l'île où il fut
attaché culturel de l'ambassade du Chili, sa longue et amicale pratique

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