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L’invendable

Il n’y a qu’une fatigue. Celle du péché. Toute fatigue est une suite de la Chute. Je
suis fatigué de la chute.
Au fond, ajoute Jeanne, il n’y a qu’une seule clé. C’est celle qui ouvre le Paradis.
Août 1905
17. Je suis trop belle pour être aimée – dit la Douleur.
23. Tu écris intérieurement pour Dieu, m’a dit Jeanne, et cela suffit. C’est ce qu’il
veut. Les livres que tu n’auras pu écrire pour les hommes seront lus dans la vie
éternelle.
22 septembre.
N’espérant plus rien des hommes, j’aurais attendu le miracle.
Il n’y a que deux sortes de guéris à Lourdes : les croyants que la foi transporte ou les
impies déclarés. Les tièdes sont invariablement vomis.
24. j’ai fait mes plus beaux voyages sur des routes mal éclairées.
28 octobre. La journée tombe sur moi, écrasante.
Avril.
24. Tous les lieux communs stupides et sophistiqués sur le devoir de voter.
Je n’ai qu’une chose à dire, toujours la même : ⸺ on espère le salut par le Suffrage
universel, parce qu’ayant perdu la foi, on croit qu’un mauvais arbre peut donner de bons
fruits. Or le suffrage universel est un arbre de mort et de désespoir. Le mauvais
apôtre s’y est pendu. Le suffrage universel n’est pas un mal accidentel, c’est un mal
absolu […] Tout est impossible aujourd’hui. Dieu semble avoir abandonné cette
société misérable.
27. On se console ensemble sur l’espérance de la fin du monde.
Août.
Je me suis dit que c’était trop beau pour des hommes, cela, et quand il se sera passé
des années, je me demanderai si cette vision fut bien réelle et non pas un
ressouvenir d’une époque très antérieure où le monde était plus beau, parce que les
hommes étaient moins pécheurs.
8. … quand il se commet un crime quelque part, qui de nous en est innocent et
comment chacun établira-t-il son alibi ?
10… c’est le lieu où Dieu veut me voir souffrir, où il me veut dans sa seule Main.
18. « Quand je veux savoir les dernières nouvelles, je lis saint Paul ».
29. Nous pourrions nous trouver demain en cas de possession universelle.
9. Novembre. Il y a quelque chose de surnaturel dans la mort de ce cher enfant.
Pour qui a-t-il payé et qu’a-t-il payé ? Car nul n’échappe à cette loi juste et
miséricordieuse. Il faut toujours payer.
28. Mes jours passent devant moi comme des étrangers que je ne distingue
ordinairement que lorsqu’ils m’affligent ou me consolent et que j’ai tant de peine à
me rappeler le lendemain, quand je dois écrire ce journal.
29. Depuis la consigne donnée par Jésus-Christ, les montagnes attendent en vain
que nous leur commandions de se déplacer. A peine avons-nous assez de foi pour
faire nous-mêmes quelques pas.
15 décembre. Rien de nouveau. Notre temps est si bas que même le mal complet est
médiocre.
21. J’ai passé vingt-six ans à m’indigner de ne pas voir le Déluge.
1907.
5. Janvier. Lu l’assassinat d’un père par ses deux jeunes enfants, la fille l’assommant
et le garçon le saignant comme un porc. Justes fruits d’une bonne éducation
républicaine. De pareils faits se multiplieront. Il y a dans l’air comme un souffle de
possession diabolique.
20. L’immoralité vraie d’un roman, même très impur, consiste à n’être pas le récit d’un
geste de Dieu. Passé trente ans, les êtres profonds ne peuvent plus lire que l’histoire.
Fruit de mes lectures passées : tous les événements de l’histoire sont contemporains.
28. Il s’agit d’obéir à Dieu, c’est-à-dire de tout vendre, de tout quitter de détruire en
soi l’esprit du monde.
28. février. Cependant nous allons tous, aujourd’hui, à l’exceptionnel, que nous le
voulions ou que nous le voulions pas, et c’est parce que je le veux plus que
personne et avant tout le monde, que je passe pour impossible, en attendant d’être
jugé plausible ou même pas nécessaire.
Mes livres sont faits pour quelques-uns qui sont des chefs selon Dieu et qui peuvent
conduire le bétail. Mon style seul, ma forme littéraire est une ligne de démarcation
que ne dépassera jamais aucune foule. Je vise à la tête pour être sûr de ne jamais
atteindre plus bas que le cœur.
Comment pourrions-nous être des amis de Dieu si nous ne faisions souffrir
quelqu’un, ne fût-ce que le Diable ?
14 avril. Il n’y a pas longtemps, un millionnaire disait devant moi que, quand on
aime l’art, on doit se garder de secourir les artistes lesquels ont besoin de souffrir.
Vous savez qu’on crève les yeux aux rossignols pour les faire chanter dans l’illusion
d’une perpétuelle nuit. Dieu considère cela du fond de son ciel plein de lumière et la
Vierge pleure.
21. Je ne pense qu’il n’y a jamais eu d’époque aussi dénuée d’intérêt. Uniformité
désespérante de la platitude et de l’ordure, attestée par les sécrétions du journaliste.
22. Temps perdu, journée perdue. Est-ce donc là tout ce que je suis capable d’écrire
de ces heures qui n’ont pas dû être moins remplies que les heures de la plus grande
bataille de l’histoire, si j’avais des yeux pour voir et un cœur pour entendre.
Mars.
8. Mais il faut des catastrophes inouïes et je crois qu’il n’est plus temps d’y échapper.
11. Nous pouvons payer pour les autres, pas pour nous.
18. Demander avec confiance, c’est tendre la seule main qui puisse recevoir.
Juillet.
9. Le retour sur le passé ne donne que de la poussière.
Août.
25. Le contact du peuple, aujourd’hui, donne l’idée de l’ignominie de l’enfer.

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