La Comédie humaine est le titre sous lequel Honoré de Balzac a regroupé
un ensemble de plus de quatre-vingt-dix ouvrages — romans, nouvelles, contes et
essais — de genres réaliste, romantique, fantastique ou philosophique, et dont l’écriture s’échelonne de 1829 à 1850. Par cette œuvre, Balzac veut faire une « histoire naturelle de la société », explorant de façon systématique les groupes sociaux et les rouages de la société, afin de brosser une vaste fresque de son époque susceptible de servir de référence aux générations futures. Il répartit ses récits en trois grands ensembles : Études de mœurs, Études philosophiques et Études analytiques. Le premier est le plus important et se divise lui-même en six sections, explorant divers milieux sociaux et régions de la France. Les ouvrages sont liés entre eux de façon organique par plusieurs centaines de personnages susceptibles de reparaître dans divers romans, à des moments variés de leur existence. Pour assurer l'unité de son œuvre, Balzac corrige et récrit inlassablement nombre de ses ouvrages, afin de mieux les fondre dans un plan d'ensemble qui est allé compter jusqu'à cent quarante-cinq titres. Créateur du roman moderne, Balzac veut décrire la totalité du réel et s'intéresse à des réalités jusque-là ignorées en littérature, parce que laides ou vulgaires. Il montre sous ses diverses formes la montée du capitalisme et la toute- puissance de l'argent, menant à la disparition de la noblesse et à la dissolution des liens sociaux. Le titre a été choisi en référence à la Divine Comédie de Dante. Mais au lieu d'une entreprise théologique, l'auteur s'est voulu sociologue et a créé un univers non manichéen, où l'amour et l'amitié tiennent une grande place, et qui met en lumière la complexité des êtres et la profonde immoralité d'une mécanique sociale où les faibles sont écrasés tandis que triomphent le banquier véreux et le politicien vénal. Doué du génie de l'observation, Balzac a créé des types humains saisissants de vérité. Certains de ses personnages sont tellement vivants qu'ils sont devenus des archétypes, tels Rastignac, le jeune provincial ambitieux, Grandet, l'avare tyran domestique, ou le père Goriot, icône de la paternité. Il accorde une place importante aux financiers et aux notaires, mais aussi au personnage de Vautrin, le hors-la-loi aux identités multiples. Son œuvre compte une importante proportion de courtisanes et de grisettes, à côté de femmes admirables et angéliques. L'importance qu'il donne à celles-ci et à leur psychologie lui a valu très tôt un lectorat féminin enthousiaste. En dépit de l'opposition de l'Église, cette œuvre devient très vite un phénomène d'imprimerie et obtient un immense retentissement en France et en Europe, influençant profondément le genre du roman. Traduite en de nombreuses langues, elle est encore rééditée aujourd'hui et a souvent fait l'objet d'adaptations au cinéma et à la télévision. Eugénie Grandet Il paraît en 1834 chez Madame Béchet, puis en 1839 aux éditions Charpentier. Le début du roman aura été préalablement publié le 19 septembre 1833 dans L'Europe littéraire, sous le titre Eugénie Grandet, histoire de province. En 1843, dans l’édition Furne, Eugénie Grandet prend place, dans La Comédie humaine, entre Ursule Mirouët et Pierrette, dans le premier volume des Scènes de la vie de province. Balzac agrémentera cette édition d'annotations en songeant à une nouvelle édition : ce projet ne sera pas achevé. Si ces corrections ajoutent de nouvelles incohérences à celles préexistantes dans l'édition Furne, les intentions de Balzac dans ce « Furne corrigé » sont prises en compte dans les éditions contemporaines d'Eugénie Grandet. La publication de 1839 verra l’apparition d'une dédicace, À Maria, adressée à Maria du Fresnay, avec qui Balzac entretenait une liaison pendant l'écriture d’Eugénie Grandet. Le manuscrit original d'Eugénie Grandet est conservé à la Pierpont Morgan Library de New York. Le roman évoque les mentalités sous la Restauration française et mène également une étude de l’évolution de caractères différents au cours du temps, de l’inflexibilité du père Grandet, de la perte des illusions de sa fille, et de la transformation de son neveu, dandy romantique devenu « gentleman » pour finir en calculateur froid et cynique. Réalisme en littérature : definition En littérature française, le réalisme est une attitude artistique qui consiste à prendre pour objet la réalité du monde qui nous entoure, à vouloir la représenter telle qu’elle est, sans idéal, c’est-à-dire dépeindre la société sous tous ses aspects quotidiens, sans se limiter aux aspects les plus « nobles » de celle-ci. S’il est de toutes les époques, le réalisme désigne avant tout un courant littéraire qui s’est manifesté au milieu du XIXe siècle, né avec Stendhal (1783 – 1842) et Honoré de Balzac (1799 – 1850), et qui subsiste sous les plumes d’Émile Zola (1840 – 1902) et de Guy de Maupassant (1850 – 1893), en passant par Gustave Flaubert (1821 – 1880) ou Georges Sand (1804 – 1876). Le roman et la nouvelle en sont les supports les plus importants. Le réalisme n’est pas, pour autant, une « étiquette » ou un « mouvement » auquel se seraient joints les écrivains. Le réalisme est un courant qui dépasse bien sûr les frontières de la littérature française. Le réalisme est un mouvement artistique et littéraire apparu en France vers 1850. Né du besoin de réagir contre le sentimentalisme romantique, il est caractérisé par une attitude de l’artiste face au réel, qui vise à représenter le plus fidèlement possible la réalité, avec des sujets et des personnages choisis dans les classes moyennes ou populaires. Le roman entre ainsi dans l'âge moderne et peut dorénavant aborder des thèmes comme le travail salarié, les relations conjugales, ou les affrontements sociaux. Ce mouvement s’étendra à l’ensemble de l’Europe et à l’Amérique.