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Introduction
par Michel CHATAIN
Ingénieur de l’Institut industriel du Nord (IDN)
Docteur ès sciences physiques
Directeur du traité Plastiques et Composites
ille tonnes fabriquées en France en 1905, 10 000 en 1939, 100 000 en 1955,
M 1 million en 1968, 2,6 millions en 1978, 3,3 millions en 1984, 4,3 millions
en 1992, plus de 5 millions en 1995, c’est-à-dire plus que tous les métaux non
ferreux réunis, l’acier étant dépassé en volume depuis longtemps, les plastiques
ont connu avant le premier choc pétrolier (1974) l’une des plus fortes progres-
sions industrielles (15 à 16 % par an). Depuis, la consommation et sa progres-
sion se maintiennent à un niveau élevé, qui amène les ingénieurs à s’intéresser
maintenant aux matières plastiques au moins autant qu’aux autres matériaux.
Les grandes sociétés chimiques les fabriquent. Les entreprises, petites,
moyennes ou grandes, qui les mettent en œuvre ou les utilisent, ont des pré-
occupations généralement très éloignées de celles de la chimie. En d’autres
termes, plus de cinq millions de tonnes de matières plastiques, produites ou
formulées en France par quelques dizaines de milliers de chimistes, sont
contrôlées, utilisées, transformées en objets finis ou en demi-produits par plu-
sieurs centaines de milliers de mécaniciens, avec des machines construites par
des mécaniciens aidés d’électroniciens et d’informaticiens.
On observe donc le développement parallèle de deux mondes, séparés par
leurs préoccupations scientifiques et techniques, leurs habitudes industrielles
et leurs impératifs économiques, unis par contre par un même langage, une
communauté d’intérêt et la pression des mêmes organismes prescripteurs.
À l’intérieur du premier groupe, les polymères, tenus en grande suspicion à
la fin du siècle dernier à cause de leur absence de caractéristiques physiques
définies, ont gagné, grâce aux efforts de chercheurs comme Carothers,
Champetier, Houwink, Mark, Staudinger, le droit d’être considérés comme des
espèces chimiques identifiées, faisant partie d’une science en pleine expansion.
L’enseignement dans les écoles de chimie comporte toujours maintenant un
cours de chimie et de physique macromoléculaires. Cette reconnaissance de la
science des polymères a été consacrée par plusieurs distinctions prestigieuses :
— le prix Ford (spécialité physique macromoléculaire) de la Société améri-
caine de physique qui a été attribué à trois chercheurs français : Henri Benoît
en 1978, Pierre-Gilles de Gennes en 1982 et André Kovacs en 1986 pour son
rôle de pionnier dans l’étude de la recouvrance structurale du verre [cette
recherche commencée au Centre d’étude des matières plastiques (CEMP) a été
poursuivie au Centre de recherche sur les macromolécules (CRM) de
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Strasbourg] ;
— des prix Nobel qui ont plusieurs fois traduit l’intérêt et l’estime avec
lesquels ont été considérés les efforts des chimistes Ziegler et Natta, ceux du
physico-chimiste Flory et plus récemment (1991) ceux de Pierre-Gilles de
Gennes.
Dans le second groupe, les transformateurs, les concepteurs et les technico-
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présenter comme des plastiques ou on les baptisait des noms qui paraissaient
alors les plus valorisants.
Actuellement, les plastiques et les composites à matrice organique ont per-
mis tant de prouesses techniques en aéronautique et en sport de compétition
que le mot « plastique » a maintenant des vertus promotionnelles et que les
présentateurs n’hésitent plus à préciser la nature exacte des matériaux : « cette
pièce est en ABS », « cet objet est en polypropylène ».
La littérature qui expose les méthodes d’analyse des polymères, les cinétiques
des réactions qui permettent de les fabriquer, leurs modifications photo ou
radiochimiques, leurs caractéristiques structurales, leur configuration, est très
abondante. Les ouvrages, les traités, les revues, les brevets qui concernent la
chimie macromoléculaire sont nombreux.
Les publications relatives à la plasturgie, c’est-à-dire à l’ensemble des sciences
et des techniques qui se rapportent à la mise en œuvre, aux propriétés et à l’uti-
lisation des plastiques, sont plus rares, en particulier en langue française. Les
articles, écrits en 1963 sous la direction du Professeur Dubois dans les
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR, constituaient alors l’une des rares tentatives fai-
tes dans ce sens. Quelques ouvrages ont été écrits depuis, qui traitent de sujets
relatifs à la plasturgie. Il faut préciser cependant que la plupart des grandes
écoles d’ingénieurs ont suivi l’exemple donné précocement par l’École nationale
supérieure d’arts et métiers (ENSAM) et le Conservatoire national des arts et
métiers (CNAM) en créant un enseignement de plasturgie. On dénombre actuel-
lement une vingtaine d’établissements d’enseignement répartis dans toute la
France délivrant des diplômes d’études supérieures : diplômes d’ingénieurs,
mastères, maîtrises ès sciences et techniques, quatre IUT, treize lycées
techniques, trois centres professionnels des adultes et une trentaine de lycées
professionnels (CAP, BT, BTS, bacs professionnels) plus ou moins spécialisés en
plasturgie.
Quelques sociétés savantes et groupements d’ingénieurs et de techniciens
ont été créés et unissent de plus en plus souvent leurs efforts pour organiser
conférences et colloques.
Malgré ces efforts récents, cette littérature et ces enseignements sont encore
relativement rares et l’on pourrait juger cette situation avec surprise ou même
sévérité, la comparant, par exemple, à ce qui existe dans d’autres domaines de
la science des matériaux ou dans d’autres pays (en Allemagne par exemple).
En réalité, ces produits sont récents et ils évoluent très vite, de même que les
techniques de leur mise en œuvre dès qu’elles concernent les fabrications de
masse ; les problèmes qu’ils posent se rattachent à de nombreuses disciplines
et sont très difficiles à traiter.
En effet, les plastiques sont récents. Les métallurgistes, par exemple, ont eu
des siècles pour créer leur vocabulaire, mettre au point leurs technologies, éla-
borer leurs normes, imposer leurs règlements. Il suffit de considérer l’évolution
du tonnage des plastiques pour se convaincre que leur essor industriel en
France date de la fin de la guerre de 1939-45 ; il en résulte que les techniciens
et les ingénieurs n’ont eu que quelques décennies pour inventer ou perfec-
tionner la connaissance des matériaux et de leurs procédés de transformation.
Les matériaux évoluent très vite. La crise actuelle, dans laquelle certains éco-
nomistes voient le début d’une mutation technique et sociale profonde, amène
les industriels à chercher dans les matériaux qu’ils emploient la solution à leurs
problèmes d’économie d’énergie et de diminution des prix de revient. Elle pri-
vilégie de ce fait les matériaux ayant une résistance et une rigidité spécifiques
élevées et ceux permettant une fabrication en très grande série, entièrement
automatisée, moins coûteuse. Dans cette concurrence, les plastiques occupent
une position satisfaisante et se développent plus vite que l’évolution générale
de l’économie ne le laisserait présager.
L’exigence plus attentive des bureaux d’études impose l’optimisation des
matériaux et de leurs techniques de mise en œuvre. Les producteurs, pour les
y aider, diversifient leurs fabrications : on assiste à l’essor des solutions de
complexage, d’hybridation, à la fabrication d’alliages de matières thermoplas-
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L’INGÉNIEUR, aux mises à jour régulières, est une garantie pour les lecteurs qui
leur font confiance.
L’intérêt est actuellement centré sur les composites pour les raisons énon-
cées précédemment, si bien que les cours universitaires et les laboratoires spé-
cialisés s’appellent de plus en plus souvent « plastiques et composites ». Le
traité PLASTIQUES avait déjà un tiers de ses pages qui leur était consacré et il
est vrai que les propriétés mécaniques des résines sont modifiées de façon
considérable par l’adjonction de fibres de verre, de carbone ou de polyamide
aromatique.
En 1993, les 2 000 pages consacrées aux plastiques et à la plasturgie ont été
réunies dans le cadre d’un traité plus général. Aujourd’hui, cet ensemble titré
PLASTIQUES ET COMPOSITES, comporte cinq volumes, les quatre premiers
étant consacrés aux polymères et à la plasturgie et le cinquième aux
composites.
On peut dire que le succès des composites à matrice organique, comparé à
celui des composites métalliques, est dû à la diversité infinie des possibilités
offertes par les polymères qui peuvent être mis en œuvre à l’état liquide (EP,
UP, P, Si), et aussi à partir d’une résine solide fondue ou en solution. Par
ailleurs, tous les plastiques sont concernés (thermoplastiques et thermodurcis-
sables), presque toutes les technologies sont impliquées (injection, extrusion,
RIM, compression, transfert, etc.).
Ils donnent lieu, cependant, à un certain nombre de méthodes de mise en
œuvre qui leur sont propres (pultrusion, bobinage filamentaire...) et ils posent
aux concepteurs des problèmes spécifiques : leur élastoviscosité intervient
moins dans leur calcul que leur hétérogénéité ou leur anisotropie, l’ingénieur
qui les étudie est alors concerné par la mécanique des milieux hétérogènes,
des milieux orthotropes et par la méthode des éléments finis.
Les matrices, qu’elles soient ou non associées à des fibres de verre ou de car-
bone courtes, sont examinées dans les monographies des quatre premiers
volumes, de même que leurs méthodes de mise en œuvre.
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Il faut de nouveau ici préciser les matières ou procédés envisagés dans le cin- Composites
quième volume.
En effet, la plupart des matériaux modernes sont des composites : alliages,
mélanges biphasiques, lamifiés, sandwiches, verre armé du type Triplex®
(verre/butyral polyvinylique)...
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