S'installer sur un hectare

! 08.07.10

Pour dégager un revenu sur une petite surface, Jean-Noël Bonnardel produit fruits, légumes, plantes aromatiques et
médicinales.

Par FRÉDÉRIQUE EHRHARD

«Au départ, je voulais devenir vigneron. J'ai obtenu un bac pro viti-œno et cherché dans plusieurs régions des
opportunités de m'installer. Mais en partant de zéro, c'était di!cile. Ma famille disposait d'une parcelle de 5 000 m 2 à
Marvejols, en Lozère. C'est une bonne terre jardinière, qui a été entretenue par trois générations. Elle est traversée par
un canal d'irrigation, et sa situation dans la ville se prête à la vente directe. C'est "nalement là que j'ai décidé de me
poser en 2005 pour m'installer », explique Jean-Noël Bonnardel.

Pour approfondir ses connaissances, il a d'abord travaillé deux ans avec son grand-père. « En tant que cotisant
solidaire à la MSA, j'ai pu commencer à vendre des légumes. Cela m'a permis de voir qu'il y avait une clientèle »,
raconte-t-il. Mais pour dégager de quoi vivre, la surface était trop petite. « Je me suis intéressé aux plantes
aromatiques et médicinales. J'ai commencé à en distiller avec un alambic pour un laboratoire qui fabrique des
cosmétiques », note Jean-Noël. En même temps, il a cherché du foncier. En 2007, il a trouvé une parcelle de 5 000 m 2 à
Chirac, à cinq kilomètres de là. Il l'achète avec l'aide de sa famille. « Il y a un bâtiment que je suis en train d'aménager
pour y installer mon alambic », précise-t-il. Avec 10 000 m 2 en fruits et légumes et en plantes aromatiques et
médicinales, il a atteint la surface minimum nécessaire pour demander la dotation jeunes agriculteurs (DJA). Le
dossier a mis deux ans pour aboutir car, dans le département, il n'y avait pas de références sur ces productions. « J'ai
dû évaluer les coûts, les rendements et les prix de vente de chaque culture pour monter mon plan de développement
de l'exploitation. Il a "nalement été accepté en janvier 2010 », indique Jean-Noël. Avec 26 000 euros de Dja et
5 000 euros d'aides du conseil régional, il a pu s'équiper en matériel et constituer une trésorerie de départ.

UN BON DÉMARRAGE

Aujourd'hui, le jeune agriculteur cultive des légumes sur 4 000 m 2 de plein champ et 200 m 2 de serre. En
complément, il a un verger de 2 000 m 2 avec des pommiers, des poiriers, des cerisiers, des pêchers et des noyers.
Toutes les productions sont menées en bio. Les #eurs ont leur place au jardin et attirent les insectes, ce qui contribue à
protéger les autres cultures. « Au "l de l'année, je produis dix espèces de fruits et trente-cinq de légumes », précise
 Jean-Noël, qui mise sur un assortiment large pour satisfaire les familles qu'il approvisionne. Il vend au détail le
vendredi et le samedi, et en semaine il prépare des paniers sur commande. Il fournit aussi une Amap (1) et un magasin
bio. « Avec plusieurs débouchés, j'arrive à tout vendre, sans pertes. Et en ajustant bien les surfaces et les dates de
plantation, j'ai de quoi servir mes clients durant neuf mois sur douze », estime Jean-Noël.

En 2009, avec seulement la moitié de la surface en culture, il a obtenu un excédent brut d'exploitation de 8 000 euros.
En 2010, il compte doubler, ce qui lui permettra de dégager l'équivalent d'un Smic. « Je produis 80 % de mes
semences. J'achète très peu de choses et je n'ai pas d'annuités à rembourser. L'essentiel de mes rentrées d'argent paye
avant tout mes heures de travail », détaille l'agriculteur.

Le lycée agricole de Marvejols lui a proposé de cultiver 2 000 m 2 sur l'exploitation pédagogique, pour que les élèves
abordent le maraîchage. C'est une reconnaissance de son travail que Jean-Noël apprécie. « Cela me fera aussi un peu
plus de surface et de production à vendre. Mais je ne veux pas aller au-delà, car je tiens à pouvoir tout faire moi-même,
sans avoir à industrialiser ma façon de travailler. » n

(1) Amap : association pour le maintien d'une agriculture paysanne.

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