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Rivière Jean. Un exposé marcionite de la Rédemption. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 1, fascicule 4, 1921. pp.
297-323;
doi : 10.3406/rscir.1921.1152
http://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1921_num_1_4_1152
II -UTILISATION DU DOCUMENT
• I
(1) Voir Justin, ApoL, I, 33, 66 ; il, 6 ; Dial., 30, 45,' 94 et 100.
(2) lG*.,Eph., XIX, 1.
(3) Adv. haer.,V,l, l.—P. G., t. VII; col. 1121.
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Empti enim sumus pretio magno [I Cor., VI, 20]. Plane nullo, si
phantasma fuit Christus, nec habuit ullam substantiam corporis
qaam pro nostris corporibus dependeret. Ergo Ghristus habuit quo
nos redimeret (2).
II
chez les Pères que l'on sait par ailleurs avoir subi
l'influence doctrinale du docteur alexandrin : saint Basile et
saint Grégoire de Nysse en Orienf, saint Ambroise et saint
Jérôme en Occident.
Or, c'est juste à ce moment-là que la théorie de la
rançon intervient dans la controverse marcionite. Il est aisé
de comprendre comment le dualisme pouvait y trouver
son compte. Si nous avons été rachetés par le Christ,
n'est-ce pas que nous étions au pouvoir d'un autre? Ori-
gène sans doute avait pris soin de bien situer dans l'ordre
moral le pouvoir du démon sur nous.
Dei igitur sumus secundum quod a Deo creati sumus. Effecti vero
sumus servi diaboli secundum quod peccatis nostris venumdati
sumus. Veniens autem Christus redemit nos, cum serviremus illi
domino cui nosmetipsos peccando vendidimus. Et ita videtur tam-
quam suos quidem récépissé, quos creaverat, tamquam alienos
autem acquisivisse, quia alienum sibi dominum sive errando sive
peccando quaesiverant (1).
Tu dis que c'est le Christ qui nous rachète. Qui donc lui a vendu?
Il n'est donc pas arrivé jusqu'à toi le petit proverbe suivant : Le
vendeur et l'acheteur sont frères. Si donc le diable, qui est mauvais,
a vendu au Christ qui est bon, il n'est plus mauvais : il est bon. Lui,
en effet, qui portait envie à l'homme depuis le commencement, il
n'agit plus maintenant par envie, puisqu'il abandonne sa proie au
Dieu bon. Il sera donc juste du moment qu'il a renoncé à son envie
et à tout dessein pervers .
Ille magis qui sanus est scripturae sensus latere nos non débet.
Quia unusquisque peccator, per hoc ipsum quod peccat, alienura
se facit a Deo per peccatum et, quia alienationis eorum a Dei pos-
sessione velut pretium quoddam positum fuerat peccatum, ille qui
venit auferre peccatum per sanguinem suum redemptionis eorum
pretium illud esse dicitur, quod sanguis pro remissione effunditur
mais parce qu'il voulait être crucifié pour nous en vertu du libre
choix de sa volonté (1).
III
(1) Ibid., 8; col. 703-708. Voir au3si plus bas In Gai., schol. 2, col. 773.
(2) Greg. Naz., Orat., XLV, 22. —P. G.,. t. XXXVI ; col. 653. Voir aussi
ses poèmes, I, 10. — P. G., t. XXXVII, col. 470.
(3) Seuls les érudits qui collectionnaient les « sentences » des Pères en
gardent quelque souvenance. Témoin ce curieux livre du trithéite Etienne
Gobar, analysé dans Photius, Bibl., cod. 232. —P. G., t. GUI; col. 1101.
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(1) A raison de cette concurrence avec le Dieu créateur qui lui fait
inventer les idoles, la « matière » a été identifiée à Satan (voir Knoepflkr,
Lehrbuch der Kirchengeschichte, Fribourg en Brisgau, 1895, p. 83). Mai»
comment Satan pourrait-il être le collaborateur féminin du démiurge?
< f,
(t) Iren., Ado. haer., I, 27, 3. Cf. Theodoret, Haer. fab., I, 24.
i2) Cf. Ambros., In Luc, II, 3 et IV, 19. — P. L., t. XV; col. 1553 et
1618; Gkeg. Nyss., Or. cat. magn., 28. — P. G., t. XLV; col. 68 ; Gre».
Naz., Orat., XXXIX, 2 et 13. — P. G., t. XXXVI; col. 336 et 349. Voir Le
Dogme de la Rédemption. Essai d'étude historique, p. 419-421.
21
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(1) Très curieuse, encore que très logique, est cette exégèse qui attribue
au désespoir du démiurge vaincu les phénomènes miraculeux qui, d"aprè3
l'Évangile, accompagnèrent la mort de Jésus.
6 JEAN RIVIÈRE
S'il les a rachetés [les morts], que feront les derniers qui
tomberaient [encore] dans le même enfer? Si c'est par miséricorde qu'il
a fait ce qu'il a fait, que n'a-t-il réservé la venue de sonFils jusqu'à
la fin du monde et ne l'a-t-il envoyé qu'alors seulement pour
«qu'il exerçât sa miséricorde sur tous et les élevât à la vie? Au lieu
qu'il s'est hâté et l'a envoyé au milieu du siècle ! Dès lors, il n'est
pas possible aux derniers qui y tomberont [en enfer] d'en sortir;
car, depuis cette époque, le bourreau les retient (2) .
(1) Voir II. Quilliet, art. Descente aux enfers, dans Diet, théol. cath.,
fasc. 27, col. 597-598.
(2) Eznik, Wider die Sekten, IV, 11 ; édit. Schmid, p. 192.
(3) Harnack, Zeitschrift filr wiss. TheoL, 1876, p. 97-99.
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(1) Tbiodorkt, Haer. fab., I, 24. — P. G., t. LXXXIII, col. 176 : « II dit
que Notre Seigneur est descendu pour arracher à la servitude du démiurge
«ceux qui croiraient en lui. » L'évêque de Cyr avait évangélisé lui-même
plusieurs milliers de marcionites dans son diocèse. Epist. 14b; ibid.t
col. 1384.
UN EXPOSÉ MARC1ONITE DK LA RÉDEMPTION 321
Jean Rivière.