12 HEGOALDE la chronique du Pays Basque sud DOMINIQUE MARIAU

Txalaparta :
un arbre à Vitoria
Ca y est ! Le chef d’orchestre Juanjo Mena, originaire de Vitoria/Gazteiz a dirigé chez lui l’orchestre symphonique d’Euskadi.
Il a pris la baguette cette semaine pour le second concert donné par la formation basque, et a eu le plaisir de faire vivre
l’œuvre de son ami biscayen Gabriel Erkoreka, compositeur très moderne qui s’appuie sur les percussions locales, et en
particulier la txalaparta.

O
rdinairement réservé,
les méchantes langues
le qualifient de gla-
cial, le public de la ca-
pitale d’Euskadi a réagi avec en-
thousiasme et chaleur aux notes
distillées par les percussions
naturelles maniées avec brio par
le trio Kalakan, des “nordistes“
mondialement connus qui ont
opéré avec Madona.

En outre, pour renforcer l’aspect

international du concert, le chef
britannique Gustav Holts assu-
rait la seconde partie du concert
où l’on put écouter des chants
choraux anglais. Sans oublier
que Gabriel Erkoreka lui-même
est devenu un Londonien répu-
té pour sa musique. Le difficile
public vitoriano a été mis en joie
par Zuhast (l’arbre) que Gabriel a
conçu pour exalter la txalaparta.
Des morceaux de bois qui
heurtent d’autres morceaux de
bois, cela peut paraître anodin,
sauf que le compositeur arrive en
l’occurrence à mêler musique et
écologie. Autrefois, la xalaparta
était l’unique moyen de commu-
nication entre les fermes perdues
dans les montagnes. Les voisins
avaient leurs codes et chaque son
possédait une signification pré-
cise.
Gabriel Erkoreka, grands musiciens, précurseurs. ©LSPB
En modernisant cette antiquité,
Gabriel Erkoreka a fait mouche
dans le monde entier, à une
époque où la protection de l’envi-
ronnement devient tendance. Le
fait de réussir de la grande mu-
sique avec des éléments basiques
plaît. Zuhast est un formidable
succès dans le monde un peu
fermé de la très grande musique
moderne. C’est l’une des clefs du
triomphe de Vitoria  : montrer
au peuple basque que ses instru-
ments les plus primitifs sont tout
bonnement géniaux.
Dans le mouvement, Erkoreka a
même réussi à faire chanter du
lyrique à Kalakan, comme quoi
la littérature basque est aussi un
vecteur de rapprochement mu-
sical. Classicisme, nature, tradi-
tion, tendance, internationalisa-
Pierre Boulez, grands musiciens, précurseurs aussi. © LSPB
tion, autant d’éléments qui font
d’un compositeur un génie, et un
d’un concert de province un suc-
cès planétaire.
Les gens de Vitoria/Gazteiz ne
s’y sont pas trompés. Désormais,
pour eux, il y a l’arbre de Ger-
nika et le Zuhast de la capitale
d’Araba. L’un et l’autre ont en
commun le bois dont on fait la
txalaparta. Gabriel entend rappe-
ler à tout le monde qu’avant l’avè-
nement des téléphones mobiles, le
choc des morceaux de bois était
les seuls moyens de communica-
tion entre personnes isolées. Un
jour, lorsqu’il n’y aura plus au-
cune source d’énergie pour fabri-
quer les portables et les antennes
relais, les Basques reviendront à
la txalaparta pour communiquer.
On dira alors que Gabriel Erkore-
ka était un génial précurseur.
Dans l’immédiat, il se contente
d’être un compositeur de classe
mondiale, qui tient compte des
alertes écolos que nous lance
Dame Nature.

En baisse s’amusent, les administratifs

Les ultimes enquêtes d’opi-
nion révèlent que le PSOE
serait en baisse et n’obtien-
drait que 125 sièges de
députés le 10 novembre, ce
qui constitue une majorité re-
lative exigeant des alliances
pour pouvoir gouverner. La
tendance actuelle est davan-
tage un rapprochement avec
la droite qu’avec la gauche,
ce qui fait bondir les élus du
Pays Basque. Dans leur en-
semble, les parlementaires et
porte-parole des divers partis
d’Euskadi se gaussent de Pe-
dro Sanchez qu’ils accusent
d’avoir une attitude trop dure
face au souverainisme.
Même les silences de
Sanchez sont sanctionnés,
et le PNV l’accuse de n’avoir
soufflé mot lorsque les fas-
cistes de Vox ont demandé
publiquement l’illégalisation
du parti jeltzale. Si on ne
peut même plus la fermer
alors….
Pendant que ces messieurs
transpirent et tentent de
remonter la pente des péchés
véniels : des bulletins de vote
comportant de grosses fautes
ont été distribués par erreur.
Le temps presse, les élections,
c’est dimanche.
Première
Pour la première fois en
Espagne, une enquête est
ouverte pour « politisation »
de paroles lors d’un débat
public. L’accusé n’est autre
que Pedro Sanchez, chef du
gouvernement et candidat à
sa propre succession. L’infor-
mation judiciaire risque fort
de se terminer en flop, mais
c’est bien d’avoir essayé et
d’avoir créé cette première.
Blanchi
Ce même Pedro Sanchez
vient d’être blanchi par le
parquet, des vilaines accusa-
tions qui pointaient le doigt
dans sa direction au sujet de
Carles Puigdemont. Les mau-
vaises langues affirmaient
que l’excellent Pedro avait
dirigé une opération visant à
faire livrer à l’Espagne Carles
Puigdemont actuellement
réfugié en Belgique. Estimant
que le leader du PSOE
n’avait rien dirigé de la sorte,
le parquet a purement et
simplement enterré l’affaire.
Taxe
On s’en serait à peine
douté ! L’ensemble des Juntas
d’Euskadi a massivement ad-
mis l’idée de créer une taxe
de séjour. Une belle unanimi-
té pour prendre les sous dans
les poches des « étrangers »
qui auraient l’imprudence de
s’arrêter au Pays Basque sud.
Bouchon
On est habitué aux bouchons
routiers, mais en Ibérie,
le bouchon apparaît dès
le permis de conduire. Au
Gipuzkoa, un mois d’attente
pour passer les épreuves pra-
tiques, faute d’examinateurs.
4.700 candidats seraient
bloqués par ce bouchon
inattendu. Un bon exercice
avant de prendre le volant
pour de bon.
Guardia civil
La Guardia civil, on le sait,
est un corps d’élite dont les
enquêteurs portent légère-
ment à droite. Les anciens
dépositaires du tricorne en
carton bouilli sont capables
de se mettre au socialisme
pour complaire au gouver-
nement central, qui dresse
leur fiche de paye. C’est sans
doute pour cela qu’ils ont
ficelé une enquête indiquant
que la Generalitat, le gou-
vernement catalan, soutenait
les personnes qui ont mis
un tel désordre dans la cité
comtale, qu’on les a qualifiés
de terroristes.
Trois avis
En tauromachie, lorsque
sonne le troisième avis, le ma-
tador doit remiser les armes
et le toro rentre vivant au cor-
ral. Le tribunal constitutionnel
a fait sonner trois fois les
clarines contre Roger Torrent,
président du parlement cata-
lan. Dans le fond, toujours le
problème de l’autodétermina-
tion et le refus de reconnaître
le roi d’Espagne. Sur le plan
factuel et technique, les juges
estiment que si Roger Torrent
refuse encore d’obéir après
ce troisième avertissement, la
voie pénale sera ouverte. On
comprend mieux pourquoi
nos amis catalans ont interdit
depuis des années les corri-
das dans la province.
Aveux
La Generalitat a mis le temps
mais elle vient aujourd’hui
d’avouer que tous les Cata-
lans n’étaient pas d’accord
sur l’autodétermination,
et que le jour même des
élections avait vu surgir des
protestataires. Barcelone, qui
refuse par ailleurs de déloger
les campements d’étudiants
mécontents de Madrid,
commence à ouvrir les yeux
et se met à vivre dans la vraie
vie. Pourvu que ça dure dirait
Laetitia Bonaparte.
Elorza a le moral
L’ancien maire socialiste
de Donosti, Odon Elorza,
conserve un moral de guer-
rier en dépit des tourments
qui entourent le scrutin du 10
novembre. L’aimable chauve
estime que le PS peut gagner
un siège en Gipuzkoa, notre
province voisine solidement
ancrée à gauche. L’ennui
pour Odon, c’est que les
derniers scrutins l’ont éjecté
de son fauteuil de maire et
ont laissé la part du lion aux
conservateurs souverainistes
du PNV.

La Semaine du Pays Basque · du 8 au 14 novembre 2019