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INSEE
N° 1455 - JUILLET 2013
D
ébut 2012, 103 000 adultes ont utili- Parmi eux, 81 000 sont sans domicile (80 % ;
sé au moins une fois les services définitions) ; les autres bénéficiaires sont soit
d’hébergement ou de restauration locataires ou propriétaires de leur logement
(11 %), soit dans une autre situation sans loge-
dans les agglomérations de 20 000 habitants
ment personnel (9 %). Ces derniers peuvent
ou plus. Parmi ces personnes, 81 000 adul- alors être hébergés par un tiers (famille ou
tes étaient sans domicile ; ils étaient accom- connaissance), occuper un squat, ou louer une
pagnés de 30 000 enfants. Plus de la moitié chambre d’hôtel.
de ces adultes étaient de nationalité étran- Le nombre de sans-domicile en 2012 n’est pas
gère. En incluant les 8 000 sans-domicile directement comparable à celui de l’enquête
Sans-domicile de 2001. En effet, en 2012, le
des communes rurales et des petites agglo-
champ de l’enquête a été élargi, avec notam-
mérations et les 22 500 personnes en ment la prise en compte des bénéficiaires de
centres d’accueil pour demandeurs d’asile, distributions de petits-déjeuners. Si l’on se limite
141 500 personnes étaient sans domicile en aux mêmes types de services qu’en 2001, le
France métropolitaine début 2012, soit une nombre d’adultes sans domicile dans les agglo-
progression de près de 50 % depuis 2001. mérations de plus de 20 000 habitants a
progressé de 44 % entre 2001 et 2012.
Parmi les adultes francophones sans
Parmi les 81 000 adultes sans domicile
domicile dans les agglomérations de usagers de ces aides, 47 % sont de nationalité
20 000 habitants ou plus, près de la moitié française, 18 % sont des étrangers non franco-
étaient en hébergement collectif, un tiers phones (sources), 35 % sont des étrangers
dans un logement payé par une associa- francophones. Un cinquième des sans-domi-
tion, un sur dix à l’hôtel et un sur dix cile étrangers sont nés en Europe (22 %). La
part des étrangers parmi les sans-domicile est
étaient sans abri.
ainsi passée de 38 % en 2001 à 53 % en 2012.
Près de deux sans-domicile sur cinq sont Elle est près de neuf fois plus élevée que dans
des femmes. Elles bénéficient de condi- la population de France métropolitaine. Cette
tions d’hébergement plus stables que les hausse s’explique en partie par l’augmentation
hommes. Ces derniers constituent la du nombre de demandeurs d’asile qui n’ont pas
quasi-totalité de la population des de place dans les centres d’accueil pour
demandeurs d’asile (CADA) et s’orientent donc
sans-abri. Un quart des sans-domicile ont
vers les services d’aide aux sans-domicile.
un emploi, près de la moitié sont au Les 81 000 adultes sans domicile usagers
chômage et plus du quart sont inactifs. des services d’aide étaient accompagnés de
30 000 enfants. En incluant les 8 000 person-
L’enquête auprès des personnes fréquentant nes sans domicile des communes rurales et
les services d’hébergement ou de distribution des agglomérations de moins de 20 000 habi-
de repas (sources) s’est adressée aux person- tants et les 22 500 personnes dépendant du
nes adultes ayant eu recours aux services dispositif national d’accueil des étrangers
(encadrés 1 et 2) implantés dans les agglo- (essentiellement les CADA), on estime qu’en-
mérations de 20 000 habitants ou plus, entre viron 141 500 personnes étaient sans domicile
le 23 janvier 2012 et le 3 mars 2012. en France métropolitaine. L’augmentation
Au cours d’une semaine de collecte, depuis 2001 est de l’ordre de 50 %. La suite de
103 000 adultes ont utilisé ces services. l’étude porte uniquement sur les 66 300 adultes
INSEE
PREMIERE
francophones sans-domicile des agglo- Les sans-abri ne souhaitent pas manque d’hygiène (29 %) et l’insécurité
mérations d’au moins 20 000 habitants. tous se rendre dans les centres (26 %). Les autres sans-abri ont été refu-
sés par manque de place (14 %) ou n’ont
d’hébergement pas pu s’y rendre pour d’autres raisons
Deux sans-domicile sur cinq
En janvier-février 2012, les sans-abri (défi- (arrivés trop tard, animaux domestiques
sont des femmes nitions) représentaient 9 % des sans-domi- interdits dans le centre...).
La plupart des sans-domicile sont héber- cile. Ces personnes ont ainsi passé la nuit Les sans-abri sont 9 % à laisser des
gés dans un logement procuré par une précédant l’enquête, soit dans un lieu affaires dans une association, 17 % chez
association ou dans un hébergement extérieur (rue, pont, jardin pour 21 % des amis, 32 % dans un lieu non prévu
collectif. Les autres vivent dans un hôtel d’entre elles), soit dormi dans un endroit pour l’habitation, 7 % en dissimulent
payé par un organisme d’aide ou sont plus abrité (36 % dans une cave, un dans divers endroits ; 20 % les gardent
sans abri. Ces derniers ont ainsi passé la parking, un grenier, hall d’immeuble, usine avec eux et 15 % déclarent ne pas avoir
nuit précédant l’enquête dans un lieu non désaffectée ...) ou dans une habitation de d’affaires à entreposer.
prévu pour l’habitation. Les sans-domicile fortune (14 % dans une tente, une
sont des personnes plutôt jeunes : un quart cabane, une grotte ... ), dans un lieu
La moitié des sans-domicile
ont entre 18 et 29 ans contre 19 % des public (17 % dans une gare, le métro, un
centre commercial, un lieu de culte ...),
sont en hébergement collectif
adultes occupant un logement ordinaire
(définitions - tableau 1). dans une halte de nuit (8 % ; définitions), La veille de l’enquête, près de la moitié
Deux sans-domicile sur cinq sont des ou plus rarement dans une voiture ou un des sans-domicile ont bénéficié d’un
femmes. La proportion de femmes camion (4 %). La plupart (65 %) ont dormi hébergement collectif (11 % d’un héber-
diminue lorsque l’âge augmente (48 % seul. Un quart d’entre eux ont pu accéder gement qu’il faut quitter le matin et 35 %
parmi les 18-29 ans, 31 % parmi les plus nuit et jour à des toilettes près du lieu où d’un hébergement où l’on peut rester
de 50 ans). Un sans-domicile sur cinq vit ils dorment. dans la journée). Plus du tiers de ces
en couple et le quart des sans-domicile, La moitié des sans-abri (48 %) n’ont pas hébergés disposaient d’une chambre
qu’ils soient en couple ou non, sont accom- souhaité se rendre dans un centre individuelle (39 %) ; ce taux atteint 49 %
pagnés d’enfants. Les sans-domicile vivent d’hébergement la veille de l’enquête ; les dans les centres où l’on peut rester
toutefois en majorité seuls (65 %). principales raisons invoquées sont le pendant la journée. Peu sont hébergés
dans de grands dortoirs de plus de
dix personnes (6 %). Dans les centres
Encadré 1
où l’on peut rester pendant la journée, ils
Les organismes retenus dans le champ de l’enquête sont 23 % à y recevoir leur courrier ;
cette proportion n’est que de 7 % dans
Le champ retenu comprend les services proposés par des associations ou organismes :
- hébergement, que ce soit en insertion, stabilisation ou urgence, regroupé ou dispersé,
les centres que l’on doit quitter le matin.
en appartements, hôtels ou centre d’hébergement collectif, haltes de nuit ; 12 % des sans-domicile sont hébergés
- distributions de repas (midi, soir ou petits-déjeuners), en intérieur ou en extérieur ; en hôtel. Plus de la moitié d’entre eux
- lieux mobilisés de façon exceptionnelle en cas de grand froid (gymnases, salles muni- partagent une chambre avec des
cipales). membres de leur famille. Dans la plupart
Pour atteindre davantage de sans-abri, les services de petits-déjeuners, les lieux mobi- de ces cas, ils sont au moins trois
lisés de façon exceptionnelle en cas de grand froid et les haltes de nuit ont été intégrés personnes de la même famille à partager
dans le champ de l’enquête (les personnes hébergées dans des lieux mobilisés de façon cette chambre. Ils sont 9 % à cohabiter
exceptionnelle en cas de grand froid sont intégrées dans les sans-domicile). avec une personne autre que la famille ;
Les hébergements du dispositif national d’accueil (centres pour demandeurs d’asile et
22 % occupent seuls leur chambre. Un
centres provisoires d’hébergement) sont exclus du champ de l’enquête.
quart des résidents en hôtels y reçoivent
du courrier (27 %).
Encadré 2
Le tiers des sans-domicile sont
Les limites de l’enquête
hébergés dans des logements
Plusieurs catégories de sans-domicile ne sont pas prises en compte dans l’enquête :
- ceux qui dorment dans un lieu non prévu pour l’habitation (les sans-abri) et ne font Les sans-domicile hébergés dans un
appel à aucun service enquêté ; logement (33 % des sans-domicile) par
- les sans-domicile présents dans les agglomérations dépourvues de services pris en une association ou un organisme d’aide
compte dans le champ de l’enquête ; peuvent occuper un logement destiné
- les sans-domicile vivant dans des agglomérations de moins de 20 000 habitants. uniquement à leur famille (43 % sont
Cependant, les services de 80 agglomérations de 5 000 à 20 000 habitants ont été dans ce cas). Ils disposent tous de l’eau
recensés et ont fait l’objet d’une enquête spécifique, permettant d’extrapoler le dénom- chaude courante, presque tous ont des
brement issu des résultats de l’enquête dans les grandes agglomérations à l’ensemble toilettes à l’intérieur du logement (95 %),
du territoire métropolitain ;
une baignoire ou une douche (97 %).
- les sans-domicile non francophones qui ne parlent aucune des langues prévues dans
Dans la plupart des cas, ils disposent
le cadre du questionnaire destiné aux non-francophones. Ces derniers ont cependant
également d’une cuisine ou d’une
été dénombrés.
Situation de logement et utilisation de divers services d'aide des sans-domicile francophones le mois précédent
en %
Ayant reçu au cours du mois précédent : Ayant fréquenté Ayant fait appel Inscrits dans
Situation de logement
la veille de l’enquête un bon alimentaire, un colis au moins une un accueil de jour au 115 : un organisme
des vêtements
un ticket restaurant alimentaire de ces aides au cours du mois urgence sociale de domiciliation
Sans domicile 20 23 21 41 19 19 59
sans abri 13 20 28 34 45 36 50
en hébergement collectif que l’on
doit quitter le matin 31 11 32 45 61 59 77
en hébergement collectif où l’on
peut rester pendant la journée 20 17 22 38 11 12 65
en hôtel 22 46 26 60 11 35 66
en logement 16 28 14 38 10 2 48
Lecture : 20% des sans-domicile ont eu recours aux bons alimentaires ; 46 % des sans-domicile vivant à l’hôtel ont récupéré un colis alimentaire.
Champ : personnes francophones de 18 ans ou plus des agglomérations de plus de 20 000 habitants en France métropolitaine.
Source : Ined, Insee, enquête auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement ou de distributions de repas 2012.
Deux sans-domicile sur cinq l’Ined, reconduit celle réalisée en 2001 (on parle alors de sans-abri), y compris
avec des adaptations pour tenir compte les haltes de nuit qui leur offrent un abri
déclarent n’avoir jamais eu de des évolutions du dispositif d’aide. Sur (chaleur, café, etc.) mais qui ne sont pas
logement personnel les 8 700 francophones interrogés, 4 500 équipées pour y dormir, ou dans un
ont répondu en face à face et 4 200 ont service d’hébergement (hôtel ou loge-
Les sans-domicile déclarent avoir été renseigné un questionnaire auto-adminis- ment payé par une association, chambre
huit mois et demi en moyenne tré, dans un échantillon de 1 300 services ou dortoir dans un hébergement collectif,
d’aide. Comme en 2001, les pondérations lieu ouvert exceptionnellement en cas de
sans-domicile durant l’année 2011, un
tiennent compte notamment des différen- grand froid).
mois et demi en moyenne dans un ces individuelles dans la fréquentation des Certaines personnes peuvent ne pas avoir
logement dont ils étaient propriétaires services. La méthode estimant le nombre de logement personnel sans pour autant
ou locataires et pendant deux mois d’enfants sans domicile n’est pas compa- être sans domicile au sens ci-dessus :
hébergés par un tiers ou en squat rable à celle réalisée en 2001 ; à méthodo- celles qui ont passé la nuit précédant l’en-
logie constante, ce nombre a progressé quête dans un foyer, à l’hôpital, en prison,
(tableau 3).
d’environ 40 % dans les agglomérations de dans un squat, hébergées par un particu-
Ils sont nombreux à déclarer n’avoir plus de 20 000 habitants. lier.
jamais eu de logement à eux (39 %) : En raison du nombre croissant de Le logement ordinaire est un logement
certains ont été placés dans leur non-francophones parmi les usagers des défini par opposition à un logement en rési-
jeunesse, et d’autres peuvent considé- services, les associations ont demandé dence offrant des services spécifiques
de les prendre en compte. Le champ de (résidences pour personnes âgées, pour
rer que le logement de leur famille ou
l’enquête a été élargi par rapport à celui de étudiants, de tourisme, à vocation sociale,
celui de leur conjoint n’était pas le leur. 2001 en introduisant un questionnaire pour personnes handicapées...).
Parmi ceux qui déclarent avoir eu un auto-administré en 14 langues : 1 500 non-
logement, les principales raisons francophones (personnes ne maîtrisant
pas suffisamment le français pour répondre
Bibliographie
évoquées concernant le départ de
à un entretien d’une heure) ont répondu.
celui-ci sont la séparation d’avec le
L’exploitation de ces questionnaires est
conjoint et l’impossibilité de payer le • « Sans-domicile », Économie et statis-
encore en cours, ce qui explique que la
tique n° 391-392, octobre 2006.
loyer ou les charges. présente publication est centrée sur la
• C. Brousse, B. de la Rochère, « Héber-
situation des sans-domicile francophones.
gement et distribution de repas chauds -
Sources Qui sont les sans-domicile usagers de
Définitions ces services », Insee Première n° 824,
janvier 2002.
L’enquête auprès des utilisateurs des • C. Brousse, B. de la Rochère, « Héberge-
services d’hébergement et de distribu- Une personne est dite sans domicile si ment et distribution de repas chauds - Le
tions de repas, dite enquête Sans-domi- elle a passé la nuit précédant l’enquête cas des sans-domicile », Insee Première
cile, réalisée en 2012 par l’Insee et dans un lieu non prévu pour l’habitation n° 823, janvier 2002.