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PROBLEMATIQUES :
Article L121-A CPI : « L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre.
Ce droit est attaché à sa personne.
Il est perpétuel, inaliénable et imprescriptible.
Il est transmissible à cause de mort aux héritiers de l'auteur.
L'exercice peut être conféré à un tiers en vertu de dispositions testamentaires. »
X est l’exécuteur testamentaire de Jean Ferrat, chargé de l’exercice de son droit moral.
En l’espèce, Jean Ferrat a créé une composition musicale spécifique au regard de chacun des textes
concernés. Le texte et la musique constituent la chanson elle-même et ne sont pas dissociables en ce que
la mélodie, l’harmonie et le rythme ont été créés spécialement en fonction du texte.
La dissociation des textes des chansons de leurs musiques créées spécifiquement par Jean Ferrat porte
donc atteinte à son droit moral.
De plus, seuls des extraits des chansons ont été publiés, ces extraits ne rendent pas compte de l’intégralité
de l’œuvre dont ils sont tirés. Ils portent donc atteinte à son intégrité.
Le droit moral permet d’empêcher que l’œuvre soit présentée dans un contexte que la déprécie ou en
affecte le sens, notamment lorsqu’est donnée à l’œuvre une destination non expressément agréée par
l’auteur.
En l’espèce, la société Ecriture Communication a détourné les chansons de leur destination originelle
musicale en les incorporant partiellement à un ouvrage biographique. Elle a ainsi porté atteinte au droit
moral de Jean Ferrat.
Cette atteinte est accrue par le fait que Jean Ferrat avait exprimé ses plus expresses réserves voire son
hostilité au principe des biographies ainsi qu’il résulte d’entretiens et d’une lettre de 2006.
Article L122-5 CPI : « Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : (…)
3° Sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source :
a) Les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique,
scientifique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées ; »
Ces exceptions ne peuvent porter atteinte à l’exploitation normale de l’œuvre ni causer un préjudice
injustifié aux intérêts légitimes de l’auteur.
L’article est une disposition générale et peut donc être opposée au titulaire du droit moral.
En l’espèce, le nom de l’auteur et de la source sont indiqués et le caractère de brièveté des emprunts est
établi. Le problème porte sur la finalité de l’emprunt.
L’article doit être interprété strictement et en l’espèce, ces citations ne font l’objet dans l’œuvre d’aucune
critique ou polémique, elles ne sont pas introduites afin d’éclairer un propos ou d’approfondir une
analyse à visée pédagogique et elles n’apportent aucune information particulière > la société ne peut pas
invoquer de manière générale la qualité prétendue de l’ouvrage et son objet pour justifier les citations.
DECISION :
- En reproduisant sans autorisation dans l’ouvrage intitulé « Jean Ferrat Le charme rebelle » des
extraits des chansons, la société Ecriture Communication a commis des actes de contrefaçon
portant atteinte au droit moral d’auteur de Jean Ferrat.
- La nécessité d’obtenir une autorisation n’est nullement attentatoire à la liberté d’expression ou
disproportionnée dès lors que les conditions d’application de l’article 122-5 du CPI relatif à
l’exception de courte citation ne sont pas réunies.