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Le poème se fait
Un poème se fait
Comme un nid
Avec de l’herbe
Et de l’amour
De la salive
Et du chant
De la mousse
Et de la boue
Des voyages
Et du temps.
Michel Besnier Le verlan des oiseaux
Le zèbre
Le zèbre, cheval des ténèbres,
Lève le pied, ferme les yeux
Et fait résonner ses vertèbres
En hennissant d’un air joyeux.
Au clair de Barbarie,
Il sort de l’écurie
Et va brouter dans la prairie
Les herbes de sorcellerie
Mais la prison sur son pelage
A laissé l’ombre du grillage.
Robert Desnos Chantefables et Chanterimes
Haïku
Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat
Sôseki Natume (CD « Chansons plumes »)
La chanson …
La chanson est une flamme
Chante, et te voilà content.
Toutes les ombres de l’âme
Se dissipent en chantant.
Victor Hugo Chansons des rues et des bois (CD « Chansons plumes »)
La salle à manger
Il y a une armoire à peine luisante
Qui a entendu les voix de mes grand’tantes,
Qui a entendu la voix de mon grand-père,
Qui a entendu la voix de mon père.
À ces souvenirs l’armoire est fidèle.
On a tort de croire qu’elle ne sait que se taire,
Car je cause avec elle.
Il y a aussi un vieux buffet
Qui sent la cire, la confiture,
La viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle qui sait
Qu’il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi des hommes et des femmes
Qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me pense seul vivant
Quand un visiteur me dit en entrant :
-Comment allez-vous Monsieur Jammes ?
Francis Jammes De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir
Hiver
Hiver, vous n’êtes qu’un vilain.
Été est plaisant et gentil :
En témoignent Mai et Avril
Qui l’escortent soir et matin.
Charles d’Orléans XVe siècle - Anthologie de la poésie française
Bleu
1- Vint le bleu. Et l’on peignit son temps.
2- Combien de bleus nous a donnés La Méditerranée ? (...)
32- Le bleu a dit un jour :
Aujourd’hui j’ai changé de nom.
On m’appelle : Bleu Pablo Ruiz
Bleu Picasso.
Rafael Alberti À la peinture
Le buffet
C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre,
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants.
Arthur Rimbaud Poésies
Tic - tac
La montre dit Tic-tac ?
Voui.
Et si c’était flic flac ?
Le temps nous mouillerait !
Et si c’était fric-frac
Le temps nous volerait
Et c’était micmac ?
Le temps s’emmêlerait !
Et si c’était ric-rac ?
Le temps serait trop juste !
Alors ?
Alors la montre dit tic-tac,
Tout simplement. Pef Poëtic-tac
La puce
Une puce prit le chien
pour aller de la ville
au hameau voisin.
A la station du marronnier, elle descendit :
- Vos papiers ! dit l'âne coiffé d'un képi.
- Je n'en ai pas.
- Alors que faites-vous ici ?
- Je suis infirmière et je fais des piqûres à domicile.
Robert Clausard
La différence
Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes
Rien ne ressemble plus à un homme qu’un autre homme
Alors
entre la bouche qui blesse et la bouche qui console
Entre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairent
Entre les mains qui donnent et les mains qui dépouillent
Entre les pas sans trace
et les pas qui nous guident
Où est la différence
La mystérieuse différence ?
Jean-Pierre Siméon La nuit respire
Un soir –
Où tout sera pourpre dans l'univers,
Où les roches reprendront leurs trajectoires de folles,
Ils se réveilleront.
Eugène Guillevic
« Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes » Josette Jolibert, Hachette éducation
L’école
Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
2/ COMPTINES
Virelangue :
Pie niche haut
Oie niche bas
Coucou niche
Ni haut ni bas !
Pendulette souricette
Pendulette, pendulette, souricette, souricette,
Sauv’ toi sauv’ toi
L’aiguille te rattrapera
A Paris
A Paris y a un ourleur, un brodeur, un fanfanlaricoteur,
Qui ourle, qui brode, qui fanfarlaricote,
Si j'avais ses ourlements, ses brodements, ses fanfarlaricotements,
J'ourlerais, je brod'rais, je fanfarlarit'rais,
Aussi bien que l'ourleur, que l'brodeur, que l'fanfarlaricoteur ,
Qui ourle, qui brode, qui fanfarlaricote
Bonjour Madame.
Quelle heure est-il ?
Il est midi.
Qui l’a dit ?
La petite souris.
Où est-elle ?
A la chapelle.
Qu’y fait-elle ?
De la dentelle.
Pour qui ?
Pour les dames de Paris
Qui portent des petits souliers gris.
Pin pon d’or
La plus belle est en dehors.
Bestiaire du coquillage
Si tu trouves sur la plage
Un très joli coquillage
Compose le numéro
Océan 0. 0
Et l’oreille à l’appareil
La mer te racontera
Des merveilles
Que papa te traduira.
Claude Roy
Ma culotte de ficelle
C’est pour monter à l’échelle,
Ma culotte en chocolat
Pour aller au Guatemala
Ma culotte en amadou
Pour aller au mont Ventoux
Ma culotte de cerise
C’est pour aller à l’église
Mais ma culotte de laine
Je l’aurai pour mes étrennes.
Luc Bérimont
COMPTINES ET LECTURES :
J’ai emmené ma grand-mère
J’ai emmené ma grand-mère
Faire un tour sur la rivière
En montant sur le bateau
Elle est tombée dans l’eau.
PLOUF ! Glouglou… Claclo …
3/ POESIES
Il était une feuille avec ses lignes
Ligne de vie
Ligne de chance
Ligne de cœur
Le maître
- J’ai brûlé des sapins qui ne voulaient rien faire
Et pas même un instant regarder le ravin
–Ainsi parlait quelqu’un qui se donnait pouvoir
Sur les sapins et sur le feu,
Celui qui croit savoir
Ce qu’un sapin refuse ou veut.
Le ski
Un garçon glissant sur ses skis,
Disait : « Ah le ski c’est exquis,
Je me demande bien ce qui
Est plus commode que le ski. »
Comme il filait à toute allure,
Un rocher se dressa soudain.
Ce fut la fin de l’aventure.
Il s’écria, plein de dédain :
« Vraiment, je ne suis pas conquis,
Je n’ai bu ni vin, ni whisky
Et cependant, je perds mes skis.
Non, le ski, ce n’est pas exquis. »
Lorsqu’une chose nous dérange,
Notre avis change.
Pierre Gamarra
Le menu du boa
Monsieur Boa, que mangerez-vous aujourd’hui ? Des petits pois ?
Pouah
Des Noa ?
Pouah, Pouah
Alors vous voulez quoa ?
Un turbot, ah ! Un jambonneau, ah ! Un rabot et un robot, ah !
Un lavabo, un escabeau, un koala, ah ! ah ! et encore quoa ?
Troa foa gras doa premier choa.
Je voa. Et vous boarez ?
Un cocoa avec un doa de vodka bien froa. Voa.
Au revoar.
Jacques Roubaud
Je vous salue
Vous les fouilleurs de poubelles
Les infirmes
Aux moignons crasseux
Les borgnes
Les hommes rampants
Vous les maraudeurs
Les gamins des taudis
Je vous salue.
Quel fardeau portez-vous
En ce monde immonde
Plus lourd que la ville
Qui meurt de ses plaies ?
Quelle puissance
Vous lie à cette terre frigide
Qui n’enfante des jumeaux
Que pour les séparer ?
Qui n’élève des buildings
Que pour vous écraser
Sous les tonnes de béton
Et d’asphalte fumant ?
Vous les mangeurs
De restes
Les sans-logis
Les sans abri
Quel regard portez-vous
Sur l’horizon en feu ?
Véronique Tadjo (extrait de « Latérite » - Monde noir poche – CEDA, 1984)
Ma Bohême
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! Et j’étais ton féal ;
Oh ! Là ! Là ! Que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course des rimes.
Mon auberge était à la Grande-Ourse
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur.
Arthur Rimbaud
Haïkus
4/ Poésies et calligrammes
Extrait de
« Carrés » de
C.Tarkos
Jacques Prévert