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Leclerc.

Anticiper, pour maitriser


toutes les situations •

...,...._ ~~~ Le char du futur.


GIAT i11d11strÎ<'s
Opérationnel avec un équipage de 3 hommes,
le Leclerc, char de la 3e génération a été conçu pour
répondre aux besoins des années 2000. Il intègre
les technologies les plus avancées et offre des
performances incomparables.

Communiquer en temps réel.


Le Leclerc est le premier char équipé d'un
calculateur de bord numérique qui reçoit, gère
et transmet toutes les informations à l'équipage.
Cette technique lui rend possible la transmission
automatique en temps réel de ces données vers
les autres unités de surveillance et de combat
du champ de bataille.

Aptitude à la permanence au combat.


A l'arrêt, en mouvement, de jour, de nuit, quelles
que soient les conditions atmosphériques,
le Leclerc demeure d'une efficacité totale. De plus,
la modularité de ses composants et la facilité de sa
maintenance viennent renforcer cette aptitude
à la permanence au combat.

Le premier blindé furtif.


Silhouette surbaissée, compacité, vitesse
de déplacement, autonomie, font du Leclerc
un blindé furtif, difficile à repérer. La conception
évolutive de ses blindages lui permet de s'adapter
aux modifications technologiques des agressions
actuelles et futures .

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Sommaire
En couverture :
DOSSIER ARMEMENT
Rafale version "Marine"
appontant et décollant 5 L'armement
Yves SILLARD (54)
du porte-avions Foch.
6 Un numéro spécial sur l'armement
© DASSAULT/AVIAPLANS
Alain CRÉMIEUX (55)
FRANÇOIS ROBINEAU 7 Le programme FSAF: une maîtrise d 'œuvre complexe
Denis PLANE (66)
11 Impact économique, financier, industriel de l'armement
)ean-Paul GILL YBŒUF (62)
La Jaune et la Rouge 15 L'armement: de la haute technologie
Pierre BÉTIN (56)
21 Les grandes mutations de l'armement
N° 486 - JUIN 1993
Jacques BONGRAND (68)
Revue mensuelle de la
27 Armement ou désarmement ?
Société amicale des anciens élèves Henri CONZE (59)
de l'Ecole polytechnique 31 Evolution de la défense de la France et ses répercussions en matière d'armement
5, rue Descartes, 75005 Paris Amiral LANXADE
Tél. : 46.33.74.25 35 Le programme Leclerc
Jean HAMIOT (70), Pierre ROUX
Directeur de la publication : 37 L'hélicoptère de combat Tigre/Gerfaut (HAP-PAH2/HAC)
Bernard PACHE Gérard BRETÉCHER (68)
Rédacteur en chef : 38 Le programme Rafale, des origines aux décisions majeures
Gérard PILÉ Bernard BESSON (63)
40 Rafale : la maîtrise des technologies avancées
Secrétaire de rédaction :
Bernard SIGAUD
Michèle LACROIX
43 Le Charles de Gaulle
Pierre MONTÉLESCAUT (64)
Tarif 1993 45 Les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
Prix du numéro : 40 F de nouvelle génération type Le Triomphant
Numéro spécial: 90 F Emmanuel DUVAL (62)
Abonnements : 10 numéros/an 47 HELIOS : le premier satellite militaire européen d'observation
France : 260 F - Etranger : 300 F Joël BARRE (74), Alain de LEFFE (66)
Membres de !'Association : 49 La coopération européenne : aspects étatiques et aspects industriels
Promos 82 et antér. : 170 F ; Jean-Paul PANIÉ (67), Jean FOURNET (68)
83 à 86: .130 F; 87 à 89 : 85 F 54 Les exportations d'armement: le point de vue d'un industriel
Yves MICHOT (60)
57 Jean Viard (46) 1927 - 1972
Editeur:
André CACHIN (45)
Société amicale des anciens élèves 60 Au service de l'exportation de défense: le groupe Cogepag
de l'Ecole polytechnique Yvon JOUAN
Publicité:
Ofersop, M. Baratta, LIBRES PROPOS
8, bd Montmartre, 75009 Paris 62 Maurice Bourgès-Maunoury (35) 1914 - 1993
Tél. : 48.24.93.39 Jean SIMON, Fernand CHANRION (35)
Fabrication : 66 La formation de jeunes cadres d'entreprises françaises au Japon
Editions de !'Aulne Jean REBOUL (44)
Impression : 69 Mathématiques, archéologie et linguistique
Jean FAUCOUNAU (47)
Loire Offset Plus
73 La science et l'art (2e partie)
Maurice BERNARD (48)
Commission paritaire n° 65 147
ISSN 0021-5554 VIE DE L'ÉCOLE
83 Cérémonies du 11 mars 1993 à l'Ecole polytechnique
Tirage: 13 400 exemplaires
89VARIÉTÉS

l-
VIE DE L'ASSOCIATION
94 Procès-verbal du Conseil d'administration de l'AX du 11 mars 1993

cif
D IFFUSION
96 104e Bal de l'X le 15 octobre 1993 à l'Opéra Garnier
98 Carnet polytechnicien
11 9 9 2 102 Annonces du Bureau des Carrières
111 Autres annonces
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MAGAZINE COMPLET
POUR LA FRANCE ET LE MONDE ENTIER

3615METEO

LES PROFESSIONNELS DU TEMPS A VOTRE SERVICE


La Filière Matière Grise

La DIRECTION DES APPLICA-


T IONS MILITAIRES (DAM) du
Commissariat à l'Energie Atomique
- 6 000 personnes dont environ 2 000
ingénieurs et chercheurs - respon-
sable de la conception et de la réali-
sation des têtes nucléaires de la
Force de dissuasion, ainsi que
d'autres programmes intéressant
l'armement conventionnel, met son
expérience et son savoir-faire et une
compétence largement pluridiscipli-
naire au service de la Défense.

Elle opère à l'avant-garde de la scien-


ce et de la technique dans certains
des secteurs les plus animés, les plus
évolutifs et les plus prometteurs :
• de la physique (matière condensée,
plasmas, rayonnement, etc.)
• de la mécanique (de milieux conti-
nus très divers)
• de l'informatique scientifique
et de l'analyse numérique.

Ses méthodes de travail et son organi-


sation sont conçues pour l'efficacité.
Ses moyens de calcul et d'expérimen-
tation la mettent au meilleur niveau
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a;
L'armement

L'ARMEMENT

Yves SILLARD (54),

ingénieur général de !'Armement

surs HEUREUX que La 100 000 emplois indirects. Par ailleurs, les restructura-

J
E
Jaune et la Rouge ait pris L'importance de ce secteur de tions industrielles sur le plan
l'initiative de consacrer un l'économie nationale, qui repré- national ou au niveau européen
numéro spécial à l'armement. sente 2 % du PIBM et plus de constituent une étape nécessaire
25 % de l'effort de recherche et vers une industrie européenne
développement du pays, est de l'armement.
Le corps des ingénieurs de donc considérable.
l'armement est celui que choisit
de servir le plus grand nombre L'évolution du contexte géo- Au sein même de l'Etat, le
de polytechniciens à leur sortie politique depuis 1989 (affaiblis- changement de statut du Giat -
d'école puisque environ une sement de la menace nucléaire devenu en 1990 société Giat
quarantaine par an rejoint ses entre les plus grandes nations, Industries - l'évolution de
rangs. La communauté poly- émergence de nouveaux pays, l'organisation de la direction
technicienne est particulière- caractère plus diffus des des constructions navales, la
ment présente dans le secteur de risques, contraction des budgets création d'une direction straté-
l'armement et de l'aérospatial de défense de la plupart des gie et performance sont
au sens large et a fortement pays occidentaux, concurrence quelques-uns des signes de
contribué à doter la France accrue sur les marchés d 'expor- l'évolution de la Délégation
d'une force de dissuasion entiè- tation) nous conduit à une muta- générale pour l'armement.
. rement autonome et d'un outil tion profonde de notre défense
de défense indépendant tout en et de notre armement.
favorisant la réalisation de nom-
breux programmes en coopéra- Je souhaite que les articles
tion. La coopération européenne, qui suivent permettent au lec-
clairement affirmée dans le trai- teur de mieux apprécier la réus-
té de Maastricht, se renforce site d'un secteur de l'économie
L'industrie française de activement au sein de l'Union dont la France peut être fière.
l'armement représente un de l'Europe occidentale. La
chiffre d'affaires de l'ordre de création d'une agence euro-
120 milliards de francs en 1992
et emploie directement 250 000
péenne de l'armement paraît
être un objectif raisonnable

personnes auxquelles s'ajoutent pour les années à venir.
5
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

UN NUMÉRO SPÉCIAL SUR L'ARMEMENT

Alain CRÉMIEUX (55),

ingénieur général de I' Armement

Q
UA N D ON ÉVOQUE le char tridimensionnel , du missile anti- stable en ce qui concerne la poli-
Leclerc on pense surtout à char porté par un homme aux mis- tique de défense de la France :
l'armée de terre. De même siles à tête nucléaire propulsés par - pas de conflit majeur,
le Mirage 2000 évoque l'armée de statoréacteur, de l'hélicoptère léger - une politique de dissuasion
l'air ou la société Dassault au Puma ou au futur hélicoptère constamment réaffirmée,
Aviation. Le porte-avions nucléaire franco-allemand. - des interventions nombreuses
fait penser à la mer, à la marine, à mais limitées.
la politique de défense de la France Ces programmes, les pro-
et à sa présence outre-mer. grammes de recherche associés, Au moment où cette stabilité
leurs dérivés prévus pour l'expor- vole en éclats et où il est impos-
Tout cela est vrai. Cependant tation ont connu des difficultés, sible que la nouvelle situation
ces équipements, et bien d'autres, voire des avatars ou des vicissi- géostratégique n' ait pas des consé-
sont aussi les produits d 'une insti- tudes. La conduite des pro- quences majeures sur notre poli-
tution , "l 'Armement" et de sa grammes d'armement est une cour- tique, il était naturel que La Jaune
représentation administrative, la se contre la technique, contre les et la Rouge fasse le point sur
Délégation générale pour l'arme- difficultés opérationnelles , contre l'Armement en France et j'apprécie
ment, la "DGA". la concurrence étrangère et contre tout particulièrement que des
la montre. Ce n ' est pas une course articles aient été rédigés à cette
Depuis sa création qui coïnci- sans obstacles et elle laisse parfois occasion par de hauts responsables
dait avec la décision de doter la des souvenirs amers. de l'Armement, de !'Industrie et
France d ' une force stratégique aussi des Armées comme l'amiral
indépendante de dissuasion Dans leur ensemble, et même Lanxade.
nucléaire et aussi avec l'arrivée dans beaucoup de leurs détails, ces
des missiles, de l'atome, de l'élec- programmes ont cependant tenu Toutes les armes, toutes les
tronique et de l'informatique dans leurs promesses sans dépassements armées sont aujourd'hui devenues
le monde de l'armement, la DGA a majeurs de délais et avec des "savantes" et la haute technologie
réalisé dans ses arsenaux, ou fait dérives de prix moins importantes se retrouve aussi bien, dans les
réaliser dans l ' industrie d'arme- qu ' on ne l'a dit ou écrit et bien avions ou les missiles, comme cha-
ment, de nombreux programmes souvent inférieures à celles de cun le sait, que dans les véhicules
dont certains sont connus de tous : grands programmes civils pourtant blindés comme on l'ignore trop
les Mirage, les missiles en silos du d ' une technologie plus éprouvée. souvent. Cinquante pour cent du
plateau d' Albion et ceux des sous- La guerre du Golfe a fait découvrir coût du Leclerc est représenté par
marin s nucléaires lanceurs des insuffisances ; elle a aussi son électronique et le même phé-
d'engins, des blindés dont l' AMX montré que les matériels "tenaient" nomène se ressent sur les bâti-
30 et tout récemment le Leclerc, dans des conditions opération- ments de la marine. Cette utilisa-
des sous-marins et des bateaux de nelles difficiles et dans des condi- tion intensive et croissante de la
surface dont le dernier est le porte- tions climatiques extrêmes. haute technologie dans les maté-
, avions nucléaire, de nombreux sys- riels de défense justifie plus que
tèmes de télécommunication et de Si donc une harmonie relative a jamais que les polytechniciens,
traitement de données. Pendant la régné c'est certainement parce que ingénieurs de l'armement ou non,
même période, bien d'autres sys - la période des trente dernières s'intéressent à l ' armement sans
tèmes ou équipements moins années, de la fin de la guerre lequel les armées ne seraient pas ce
connus ont été développés, du d'Algérie à la chute du Mur de qu ' elles sont.

6
poste-radio du fantassin au radar Berlin, a été particulièrement

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

LE PROGRAMME FSAF ·
UNE MAÎTRISE D'ŒUVRE COMPLEXE

Denis PLANE (66),

ingénieur en chef de !'Armement

PRÈS la mise en service dans terrestres , selon le concept d ' une Ces deux derniers besoins

A les années soixante des mis-


siles antiaériens développés
sous le contrôle des Etats-Unis avec
famille de systèmes.
Ces systèmes ont la même struc-
ture : une conduite de tir pilotant un
navals, britannique et franco-italien,
sont maintenant fusionnés en un
besoin trilatéral commun de système
une étiquette Otan, de nombreuses radar multifonctions à balayage d'arme de la future frégate antiaé-
tentatives de développement en électronique chargé de la veille, de rienne Horizon.
Europe se sont soldées par de·s la poursuite précise et des liaisons La capacité de systèmes ter-
échecs , que ce soit en France dans avec les missiles en vol ; un missile restres contre les missiles balistiques
un cadre interarmées comme le à deux étages, lancé verticalement, tactiques, dont il avait été tenu
Samp vers 1972 ou en coopération recevant en vol les informations les compte dès les premiers choix tech-
internationale comme le Trisam ter- plus récentes sur la cible ; un missile niques, refait maintenant surface. Le
restre en 1980 ou le 6S naval en terminal à autodirecteur radar actif besoin allemand de système TLVS
1982. plutôt petit (de l'ordre de 100 kg) (Taktische Luft Verteidigung
Le programme FSAF - Famille mais dont le procédé de pilotage System) met l'accent sur les capaci-
de systèmes sol-air futurs - est une combinant l'aérodynamique et des tés ATBM.
réponse positive et volontariste aux propulseurs latéraux allumés peu
questions : peut-on construire des avant l 'interception permet l 'impact
systèmes navals et terrestres à courte direct, ou des distances de passages Un large tronc commun
et moyenne portée avec le même très courtes auxquelles la charge
missile ? Est-ce faisable en coopéra- militaire modeste reste pleinement Le pari lors du lancement des
tion? efficace. développements exploratoires en
La réponse à la première ques- Les besoins opérationnels initia- France en 1983 était qu'un petit
tion est plus facile en France où une lement exprimés par les états-majors nombre d ' éléments de base suffisait
organisation unique, la direction des étaient l ' autodéfense contre les à répondre à l'ensemble des besoins
missiles et de l'espace, est chargée avions et les missiles des bâtiments en systèmes sol-air et surface-air,
des missiles des trois armées. C'est de la marine et des bases aériennes connus ou à venir.
donc dans un cadre national qu ' ont et la défense à moyenne portée au- Ces éléments de base initiaux qui
été lancés dès 1983 les développe- dessus du corps de bataille de pour la plupart sont des nouveautés
ments exploratoires destinés à lever l'armée de terre (plusieurs milliers technologiques ont été confirmés
les points durs techniques de sys- de km2). Par ailleurs la Royal Navy par des expérimentations et des tirs :
tèmes envisagés. voulait protéger par un seul escor- - radar multifonctions à balayage
La réponse à la seconde question teur les bâtiments civils voisins électronique en bande X (Arabel),
- est-ce faisable en coopération ? - réquisitionnés pour une opération - 'pilotage mixte du missile terminal
est venue plus tard, sous forme comme celle des Malouines ; ce Aster par gouvernes aérodyna-
d'évolution constante du programme concept est appelé Lams (Local miques et propulseurs latéraux,
en fonction des ouvertures interna- Area Missile System). Plus tard, en - autodirecteur radar actif,
tionales qui en ont généré les ava- 1988, les marines française et ita- - lancement vertical et pilotage dès
tars, au sens original du terme. lienne ont rédigé un objectif d'état- le lancement vertical du missile par
Pour éviter l'écueil de besoins major pour un système moyenne tuyères mobiles,
opérationnels divergents, les équipe- portée (Samp/N) destiné à couvrir - aérodynamique d ' un missile
ments ont été d'emblée conçus pour une force navale et à repousser les modulaire à deux étages dont le pre-
s'adapter à des missions à courte avions hostiles à distance de sécurité mier étage dépend des versions,
portée (10 km) et à moyenne portée (40 à 80 km) tout en assurant l'auto- - lanceur vertical naval.
(40 à 80 km), à des besoins navals et défense de son porteur. A ces éléments de base a été
7
LA JAUNE ET LA ROUGE , JUIN 1993
L'armement
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ajouté en 1988 le radar italien une version allongée du lanceur Dès les développements explora-
Empar lorsque le progamme est naval du Saam. Il sera en outre toires en 1983, l'industrie française
devenu bilatéral et qu'a été précisé étroitement couplé avec le système (Thomson et Aérospatiale) soutenue
le projet de système naval à moyen- de combat de la frégate, dont il est la par les résultats à l'exportation,
ne portée : ce nouveau radar en raison d'être. notamment dans le domaine des
bande C compatible avec le calen- missiles, a largement participé au
drier du Samp/N permettait à la fois financement des travaux. Certains
une plus grande portée demandée et Calendrier: travaux profitent moins à une armée
un meilleur partage des tâches entre une structure ouverte comme l'étude du vol à très haute
la France et l'Italie. altitude qui n'est normalement pas
Par la suite le radar de veille Le calendrier du programme utile à la défense des bases
lointaine de la frégate, l' Astral en FSAF est celui des réalisations tech- aériennes, mais l'autodirecteur sera
bande L, a été ititégré à la coopéra- niques, mais également celui des également repris sur un missile aéro-
tion. implications internationales et de porté.
l'évolution de sa structure: Le développement national de
- études préparatoires en France 1988 portait seulement sur le systè-
La famille de systèmes d ' éléments communs à partir de me naval Saam et préparait par le
1983 à 1990 en parallèle avec des tronc commun le développement des
La composition de la famille de études de faisabilité internationales systèmes terrrestres ; le développe-
systèmes FSAF est aujourd ' hui le de systèmes navals ou terrestres ; ment bilatéral de 1990 comporte une
produit de simplifications et de com- - lancement du développement en large part, le radar Empar, qui n'est
plications qui résultent de compro- France du système naval seul en utilisée par aucune de nos trois
mis où chacun trouve son compte en avril 1988, mais sur financement des armées ; les travaux étatiques natio-
charge industrielle, en partage des trois armées puisqu'il y a un tronc naux (management, laboratoires,
coûts - entre pays et au sein d'un commun réutilisable dans les sys- centres d ' essais, cibles , bâtiment
pays entre les états-majors - et en tèmes terrestres ; en parallèle déci- d ' essai à la mer) sont selon leur
participation aux choix techniques. sion de coopérer avec l'Italie et nature, payés au titre du programme
Les systèmes Saam (Surface-air création d'un bureau de programme (titre V) ou par le budget de fonc -
antimissile) pour l ' autodéfense bilatéral début 1989; tionnement de la Défense (titre III)
navale diffèrent par leur radar : - lancement du développement fran- mais cette répartition ne doit pas
l' Arabel en bande X (3 cm) pour la co-italien des systèmes navals perturber la mesure du partage fran-
version française et l 'Empar en (Saam) et terrestres en mai 1990, co-italien des coûts ; les profits que
bande C (5 cm) pour la version ita- pour un montant facial de 9,5 mil- tirent les trois armées du programme
lienne. Les deux versions tirent le liards de francs dont la partie fran- et donc leurs parts de financement
même missile Aster 15 à partir d' un çaise (4,75 GF) doit tenir compte du sont difficiles à établir : comme
lanceur naval à 8 missiles. Les bâti- biseau avec le développement déjà seule solution possible la répartition
ments, selon leur taille ou leur mis- lancé deux ans auparavant ; entre les trois armées est arbitraire.
sion, porteront 3 ou 4 lanceurs. - étude de définition des systèmes Une première conséquence est la
Le système Samp/T (Sol -air navals : étude bilatérale avec l'Italie diversité des montants du program-
moyenne portée terrestre) est le du Samp naval en 1990- 1992 et me, selon le point de vue : bilatéral,
même dans les applications fran- étude trilatérale du Lams avec les industriel, budgétaire, contractuel.
çaises pour l'armée de terre ou Britanniques en 1991-1993, et donc Comme autre conséquence, la
l'armée de l'air, et italiennes (à création d'un second bureau de pro- répartition financière entre les trois
quelques exceptions mineures près, gramme avec les Britanniques. armées est arbitraire et la propriété
comme les camions). Il tire des mis- Dans ce qui peut paraître un foi- des prototypes et des résultats des
siles Aster 30 et comprend un radar sonnement, les éléments stables travaux communs est indivise entre
Arabel et des lanceurs verticaux à 8 depuis cinq ans sont le concept la France et l'Italie.
missiles montés sur camion, mais d'une famille de systèmes à partir de
aussi un radar à grande longueur quelques éléments de base et l'axe
d'onde (métrique) pour la couvertu- de coopération franco-italienne. Programme commun -
re zénithale et des interfaces avec le programme partagé
réseau de commandement.
Le système naval trilatéral - dont Financement: Le partage des travaux et des
le nom reste à inventer - en cours de un programme indivis coûts est équilibré entre les deux
définition comprendra en principe pays aux conditions de juin 1988 .
un radar Empar modifié, des mis- Une des difficultés apparues très En pratique il n'est pas possible de
siles Aster 30 et Aster 15 tirés selon tôt est le partage des coûts entre les calculer le partage réel des coûts
la distance d'interception choisie et clients. faute d'unité de mesure commune et
8
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

FSAF: les agrégats (vus du côté français)

V / "</ / '/ / / .,,. / <),,' /


" / ":>'
1. Programme national marche
(1988 - 1990) X X
devis (titre V)
/ X

- coût
/ X X
2. Programme franco-1tahen accord
(1989 - ) X X X / X /
marche (9,5 GF)
X X /
devis
X / / X / X X /
coût
X X / X / X / I
3. Participation britannique accord
(1994 - ) / / / X / X X
prévision devis
/ / X
marché
/ X

additive sur dix ans, et l 'équilibre tacle au marché unique, ce dernier tactiques, si elle était demandée
des coûts est rompu dès que le diffé- signifiant la recherche du meilleur Le FSAF est un ensemble
rentiel d'inflation n'est plus égal à la choix entre les fournisseurs des dif- d'outils ou d 'options techniques
variation du taux de change, ce qui férents pays. industrielles et internationales.
était notoirement le cas en Europe Certains outils sont arrivés plus tôt à
avant les réarrangements monétaires maturité, comme les réalisations de
de septembre 1992. C'est pourquoi Un programme radar ; d'autres sont momentané-
la comparaison des coûts se fait tou- naturellement complexe ment retirés comme la coopération
jours aux conditions économiques avec l ' Espagne, ou retardés ;
de juin 1988, éve ntuellement La définition des systèmes a d'autres sont ajoutés, comme le
reconstituées séparément dans quelque peu changé puisqu'on a vu radar Empar, lorsqu'un nouveau
chaque pays. apparaître le Saam en version ita- coopérant apporte ses acquis tech-
Cette convention est applicable lienne et le Samp naval, puis fusion- niques ou sa volonté de coopérer.
ici, dans la mesure où chaque pays ner le Lams et le Samp naval et que La gestion de ce portefeuille est,
paye directement ses industries dans point le système terrestre TLVS autant que la direction d' un pro-
sa propre monnaie. Elle ne règle ni envisagé en coopération avec gramme d'armement, une des tâches
le problème du partage des travaux l'Allemagne. naturelles de la DGA. La complexité
en production qu'il faut préparer Cinq ans après le lancement par- vient de l'évolution du contexte
avant de connaître les quantités pro- tiel du développement en France et international et politique alors qu ' un
duites, ni l'évolution du partage lors trois ans après la signature des pre- tel programme s'étale sur vingt ans,
de l 'arrivée de nouv eaux parte- miers marchés franco -italiens de et des hésitations des alliances dans
naires. développement , le programme la construction européenne.
Appliqués à la lettre, ces prin- FSAF a confirmé les grandes orien- Mon pari est qu 'au delà des pro-
cipes de partage paritaire peuvent tations techniques prises lors de son grammes en coopération pris un par
privilégier l'équilibre des travaux lancement et le développement des un, le travail en commun sera la
sans rechercher un coût minimal. Si éléments de base se poursuit donc. source d' une meilleure capacité à
le partage des travaux défini a priori Les éléments de base restent un coopérer en général, et donc à tirer
après des négociations de caractère support pour construire une large profit de ce que sera l'Europe.
politique est rigide, il conduit à res- gamme de systèmes dont les capaci-
treindre à un seul pays le choix d'un
sous-traitant de second niveau : en
tés s'étendent du barrage contre les
missiles de croisière à la défense •
ce sens la coopération est un obs- locale contre les missiles balistiques
9
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
AEROSPATIALE
1993 : Le réalisme c'est d'être en avance
DES PRODUITS
DE TECHNOLOGIE ~s
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~
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Jv.A~
~
Relations Ecoles - 27, rue du Professeur Victor Pauchet - 92420 Vaucresson

.._______
L'armement

IMPACT ÉCONOMIQUE, FINANCIER,


INDUSTRIEL DE L'ARMEMENT

Jean-Paul GILLYBŒUF (62),

ingénieur généra l de !'Armement

ment, mais tout d'abord quel est le re principalement par le chiffre

D
ANS LE RÉCENT OU VRAGE
de Bertrand Warusfel, contour de l'industrie de défense? d'affaires qui, en 1991, s'élevait à
Industrie Technologie et Ce n'est pas à proprement par- 116 milliards de francs dont 7 5 %
Défense, on peut lire sous la plume ler un secteur industriel au sens des étaient générés par les besoins
de Jacques Fontanel : branches techniques comme l' élec- nationaux et 25 % par l ' exporta-
" Les coûts de la défense ont tronique ou la chimie. Au sein de tion. Ce chiffre d'affaires représen-
toujours fa it l'objet de débats éco - l'activité industrielle, l'industrie de tait 2 % du PIBM, alors qu ' en
nomiques et po litiques animés . défense ne se caractérise pas par 1990 ce ratio était de 2,3 %.
Depuis l'avènement de la révolu- une technique - elle met en œuvre
tion industrielle, et à l'exception des techniques très variées - mais - Comment est constitué le pay-
de Friedrich List et de l'école his- par sa finalité spécifique. sage industriel français ? Il est à la
torique allemande, les économistes fois concentré sur quelques grands
ont classé les activités militaires En 1991, dans un ensemble groupes industriels puisque les
parmi les dépenses improduc- d'entreprises totalisant près d ' un treize principaux contractants
tives". Le débat n'est pas clos et million d'emplois, les emplois liés (Aérospatiale, Alcatel, CEA ,
dans un contexte de difficultés éco- directement à l'activité de défense Dassault Aviation, Dassault
nomiques, les interrogations sur le se chiffraient à 248 100. Ceci Electronique, DCN, Eurocopter
coût de la défense se font nécessai- représentait respectivement 5,3 % France, Giat Indu stries, Matra
rement plus intenses. Loin de les de l'emploi manufacturier total et Défense. Espace, Sagem, Sextant
ignorer, il convient néanmoins de 1,1 % de la population active. A ce Avionique, Snecma, Thomson-Csf)
rappeler que la sécurité nationale total , il conviendrait d ' ajouter réalisent plus de 80 % du chiffre
ne se limite pas à la seule environ 1OO 000 emplois induits d ' affaires global non consolidé
recherche de la rentabilité écono- dans le reste de l ' activité indus- (même si une large partie est ensui-
mique, elle répond à un besoin trielle. te sous-traitée) et diffus, puisque
fondamental. Ce besoin se déduit environ 5 000 sociétés ont une acti-
des réponses aux questions emboî- L'impact économique se mesu- vité spécifiquement militaire.
tées suivantes : quel rôle veut-on
faire jouer au pays dans le concert
international et donc quelle poli- Répartition par secteurs du C. A. défense des effectifs
tique internationale ? Quelle poli- industriels H.T. défense
tique de sécurité ? Quelle politique
de défense ? Quelle politique Electronique 32 % 24,5 %
d'armement ? Comme ce besoin a
un coût, il est nécessaire d'appré- Aéronautique et Espace 29 % 28 %
cier si ce coût est tolérable pour la
communauté. Cette appréciation Constructions Terrestres 15 % 21 %
peut varier selon les courants
d' opinion et leur appréhension de Constructions Navales 11% 13%
la situation économique, sociale et
géostratégique. Nucléaire 5,5 % 4,5 %

Aujourd'hui , que représente Chimie, Poudres et Divers 7,5 % 9%


l ' impact économique de l'arme-
11
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

- L'impact régional de cette des équipements, il négocie et exportations, elles sont plus diffi-
activité apparaît clairement sur la passe les contrats dont il surveille ciles dans un contexte de concur-
carte de France jointe : 63 % des ensuite l'exécution, il contrôle les rence exacerbée. Il faut noter
emplois se situent en dehors de la prix, il prépare l ' avenir et oriente qu'une forte et durable réduction
région parisienne. Dans 4 régions les recherches ; des exportations se traduirait par
(l'Aquitaine, la Bretagne, l 'Ile-de- • il est vendeur par ses établisse- une baisse de la capacité d'autofi-
France et la Provence - Côte ments industriels. Il soutient les nancement des entreprises concer-
d'Azur) l'emploi dédié à l'arme- ventes à l'exportation, apporte son nées, alors même que cet autofi-
ment atteint ou dépasse 10 % de · conseil auprès des Etats acheteurs, nancement est davantage sollicité
l'emploi industriel et dans quatre et peut être amené à passer des par l'Etat. Comme en outre, les
départements (le Cher, le Finis- contrats d'Etat à Etat ; sociétés industrielles sont fréquem-
tère, les Hautes Pyrénées et le Var) • il est financier en tant qu'action- ment sous-capitalisées, il s 'ensui-
il dépasse même 20 % ; ils sont naire des sociétés nationales aux- vrait une diminution de leur marge
donc très sensi'bles à l'effet des quelles il apporte les fonds propres de manœuvre au moment où elles
variations des crédits militaires. et dont il touche les dividendes. Il doivent être plus mobiles et plus
est assureur lorsqu'il accorde des réactives;
- L'industrie de défense reste garanties à l'export. Il consent, en • industriels : les contraintes bud-
nettement exportatrice avec des outre, des avances remboursables ; gétaires et la croissance des coûts
variations plus ou moins fortes • il est industriel : les établisse- d'une génération à l'autre de maté-
d ' une année sur l 'autre. Malgré ments industriels de la Direction riel ont jusqu'à présent conduit à
une diminution du montant des des constructions navales et les étaler les programmes, espacer les
exportations de 1990 à 1991, la Ateliers industriels de l ' aéronau- délais entre deux générations de
balance commerciale des activités tique représentent 11 % de l'indus- matériels, raccourcir les séries.
d ' armement restait très positive trie de défense ; Ceci rend plus difficile l'optimisa-
(+ 15 milliards), ce qui n'était pas • il est puissance publique qui défi- tion de l'outil industriel, les gains
le cas des activités civiles. nit la politique d'armement, fixe de compétitivité et le maintien des
un certain nombre de directives compétences ;
- L'industrie de défense est une générales en matière de planifica- • techniques : les progrès techno-
industrie de haute technologie qui tion, d'emploi, d'évolution salaria- logiques s'accompagnent d'une
se caractérise par la longueur et le le, d'aménagement du territoire, de complexification des systèmes, ce
coût élevé des études et développe- contrats (code des marchés). Il qui nécessite un effort de recherche
ments pour les principaux sys- impose des contraintes particu- et développement très important.
tèmes militaires (avions de com- lières à l'industrie de défense pour De plus, dans un nouveau contexte
bat , hélicoptères, missiles, le commerce du matériel de guerre, géopolitique incertain les priorités
porte-avions, sous-marins, chars , la préparation du temps de crise, la accordées aux différents domaines
systèmes d'information et de com- protection des installations et les techniques changent rapidement
munication, ... ). C'est ainsi que la connaissances ; (diminution relative de l'effort sur
part des recherches et développe- • il est tuteur chargé de veiller à la le nucléaire, croissance de celui
ments dans le chiffre d'affaires est pérennité de cette industrie à consacré au spatial ou à l 'électro-
couramment de 20 % pour l'arme- moyen et long terme ; nique liée au renseignement) ;
ment alors qu'ailleurs cette part est • enfin en tant que partenaire des • économiques : les difficultés
en moyenne de 3 %. pays européens en particulier, il économiques générales ne facili-
fixe les règles de coopération. tent pas l'adaptation de l'industrie
- Alors que le budget total de la de défense qui doit se faire alors
défense (équipement et fonctionne- * que le taux de chômage est impor-
ment) représente 3,2 % du PIBM,
les dépenses budgétaires de
**
Depuis quelques années, un
tant, la croissance économique est
limitée, le loyer de l'argent est
recherches et développements certain nombre de facteurs font élevé, l'aéronautique civile est en
militaires représentent 18 % des évoluer le paysage industriel de crise, ainsi que d'autres secteurs
dépenses nationales de recherches défense. Ces facteurs sont : comme l'électronique ou l'infor-
et développements. • financiers : les budgets consa- matique;
crés à l'armement sont en stagna- • européens : la construction euro-
- Enfin, il convient de souligner tion ou en diminution durable dans péenne n'est pas sans influence sur
que l'Etat joue un rôle essentiel pratiquement tous les pays ; bien une industrie souvent duale. La
vis-à-vis de cette activité indus- que la France ne soit pas la plus construction d ' une Europe de
trielle, car : touchée, cette tendance se fait défense avec une politique d'arme-
• il est client à 75 %. Il définit les néanmoins sentir sur les com- ment coordonnée peut être une
besoins et donc les caractéristiques mandes nationales, quant aux chance pour les entreprises du fait
12
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

du partage des coûts de recherche IMPACT REGIONAL DE L'INDUSTRIE DE DEFENSE


et développement, de l'améliora- SUR L' EMPLOI AU 1er JANVIER 1992
tion de la compétitivité et de l'élar-
gissement des marchés qui en Proportion des effectifs des industries de défense dans
résulterait mais elle comporte des l'effectif total" INDUSTRIE" de l'INSEE ( 22 branches).
exigences en termes de mobilité
stratégique, de fonds propres, de
rationalisation, d'ouverture des
marchés, qui peuvent être déstabi-
lisantes.

Du fait de tous ces facteurs,


chaque société indus.trielle s'adap-
te et doit continuer à s'adapter, en
combinant les diverses attitudes
suivantes :
• essayer de limiter la diminution
des programmes ou des com-
mandes à l'intérieur d'un program-
me. C'est ainsi que certaines socié-
tés proposent de participer au
financement de certains pro-
grammes, de lancer des développe-
ments exploratoires ; par ailleurs
elles recherchent activement des
débouchés à l'exportation ;
• tenter de maintenir son niveau
d'activité. Pour cela certaines
sociétés rapatrient la sous-traitance
ou cherchent à conquérir une place
dans de nouvelles activités ;
• essayer de maintenir sa situation
financière par des appels aux ==:! -de1 %
actionnaires pour des recapitalisa- :,:,.,,,,,:,::;::·.;:! de 1 à 2,5 %
tions, des demandes d'avances
ii'.;\;!;i:!:d de 2,5 à 5 %
remboursables ;
• adapter le potentiel productif à la ~ de5à7,5%
charge de travail prévisionnelle par 1111 de7,5%à10%
la mise en place de plans sociaux, - +de10%
du chômage partiel, et par des
restructurations et rationalisations
industrielles. - recentrage sur des métiers ou sec- programmes. De toute façon, elles
teurs d'activités, ne peuvent se concrétiser et avoir
Depuis 1988, on peut compta- - a contrario prise de contrôle pour de consistance que s'il y a des pro-
biliser une soixantaine d'opéra- diversification, grammes.
tions importantes de restructura- - prise de contrôle de concurrents
tions capitalistiques impliquant et rationalisation des investisse- Ces adaptations mettent en évi-
des entreprises françaises de ce ments, dence la nécessité d'une politique
domaine. - prise de contrôle de fournisseurs, industrielle pour les activités stra-
- création de nouvelles entreprises tégiques (et celles de défense le
Ces restructurations se sont ou filiales communes regroupant sont effectivement). Dans ce
faites et se font selon des formes les activités sur un domaine donné, domaine plus que tout autre, l'Etat
diverses : - alliances stratégiques. doit veiller à ce que la conjugaison
- réorganisation interne, change- des égoïsmes naturels des entre-
ment de statut ou rationalisation : Ces alliances peuvent être pré- prises ne joue pas contre l'intérêt
un bon exemple est celui de la parées en amont par une longue général.
transformation du Giat en société tradition de travail en commun sur
industrielle, des technologies, des produits, des Mais que comprend une poli-
13
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

tique industrielle ? - les coopérations, tiers pour proposer leurs matériels


- la réduction du nombre de pro- aux maîtres d'œuvre européens et
A court et moyen terme, cette grammes de développements plus de liberté aux maîtres d' œuvre
politique s'inscrit dans une poli- conçomitants, français pour adopter des équipe-
tique économique, fiscale, finan- - des achats réciproques avec ments européens ;
cière, sociale et régionale. d'autres partenaires européens, • renforcement des réseaux
- l'utilisation de technologies d'alliances industrielles, structu-
En matière d'alliances, de duales sans en surévaluer l'impact. relles ou non, nationales et transna-
coopération et d'exportation, elle • préférence donnée à un matériel tionales, de préférences euro-
doit tenir compte du cadre de la européen dans des conditions au péennes;
politique internationale. Elle doit moins équivalentes de perfor- • création de sociétés transeuro-
définir les règles (concurrence ou mances, coût global, délais et sécu- péennes (ex. Eurocopter, Matra
monopole). rité d'approvisionnement à long Marconi Space), même si cela
terme, quitte à abandonner le lea- conduit à des monopoles euro-
Elle doit tenir compte des dership sur une compétence natio- péens dans des domaines où la
règles d'organisation, de finance- nale moins stratégique. Cette pra- concurrence mondiale est très
ment et de méthodes de gestion des tique ne peut être que concertée au forte.
programmes. niveau européen, étatique comme
industriel, dans un mouvement
*
A plus long terme, la prépara-
tion de l'avenir doit s'appuyer sur
réciproque d'interdépendances;
• amélioration de la coopération
* *
Un monde de paix est ce à quoi
une politique technologique et de sur les programmes (à engager en normalement tout le monde aspire.
recherche ainsi que sur une poli- amont) en sortant d'une logique de Mais force est de constater
tique de produits et de normes. répartition de juste retour, pro- qu'après avoir vécu dans la hantise
gramme par programme, pour d'un affrontement majeur entre
Tout en étant cohérente avec la viser un équilibre plus global ; deux blocs, l'effondrement de l'un
politique de sécurité, elle doit • diversification des entreprises : des deux a laissé la place à des
s'appuyer sur une véritable diversification géographique crises ou des guerres jusqu'au sein
réflexion stratégique, car, comme (exportation vers de nouveaux de l'Europe. Dans ces conditions,
l'écrivait récemment Bertrand clients) et diversification de pro- peut-on vraiment encore toucher
Warusfel " Toutes les entreprises duits vers le domaine civil, en uti- des dividendes de la paix ?
devraient apprendre à jouer au lisant en particulier la dualité tech-
Kriegspiel des stratégies indirectes nologique (ceci nécessite des L'économie comme la défense
économiques". crédits spécifiques) ; sont des constructions de long
• adaptation du fonctionnement de terme. L'industrie de défense a
Les principales orientations la partie industrielle de la DGA, en besoin d ' une perspective de long
peuvent être les suivantes : particulier pour en accroître terme, mais pour exister à long
• amélioration du rapport coût/effi- l'ouverture nationale et internatio- terme il faut rester vivant au pré-
cacité des études par : nale; sent. Pour cela les adaptations
- un financement sélectif tenant • renforcement des relations de nécessaires de l'industrie doivent
davantage compte des créneaux à partenariat entre les maîtres se faire en concertation entre les
privilégier, de la capacité d'inno- d'œuvre et leurs sous-traitants acteurs industriels et étatiques.
vation des sociétés et de leur apti-
a
tude constituer des pôles d'excel-
majeurs, et développement d'un
réseau de PMI performantes ; •
lence dans leur domaine, • plus de liberté aux équipemen-

14
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

L'ARMEMENT : DE LA HAUTE TECHNOLOGIE

Pierre BÉTIN (56),


directeur général délégué de la SEP

Innovation opérationnelle • Et sans sous-estimer l'innova- sont également devenus des initia-
et innovation technologique tion opérationnelle pendant la teurs de création technologique.
Grande Guerre, des taxis de la
L'art de gagner la guerre a long- Marne au débarquement de L'on sait que la France consacre
temps évolué au rythme d'innova- Salonique, il est clair que déjà, la annuellement près de 30 milliards
tions principalement opération- conduite des combats évolue en de francs aux travaux de recherche
nelles : un nouveau modèle s'est fonction de l'apparition de l'avia- et de développement de défense.
imposé chaque fois que le sort des tion, du char d'assaut, de la radio, C'est le tiers de l'effort budgétaire
armes s'est montré favorable à du sous-marin et surtout des pro- national alloué à la R & D. Est-ce
celui qui, avec intelligence et cou- grès en matière de production trop ou trop peu ? Les experts sont
rage, a su concentrer et déployer de industrielle de masse. partagés et ce n'est pas la première
façon originale des moyens clas- fois ...
siques en un point névralgique : • La Seconde Guerre mondiale
• les hordes de cavaliers des voit cette tendance s'accentuer et le
grandes invasions mettent fin à rôle de technologies, jusqu'alors Quelques grandes avancées
l'hégémonie des légions romaines ; presque inconnues, devenir déter- de techniques d'armement
• les concentrations d ' archers minant : le radar, le moteur à réac-
anglais de Crécy sonnent le glas des tion, les missiles, l'ordinateur et Classiquement, le militaire
chevaliers du Moyen-Age ; finalement l'atome créent la discon- recourt aux meilleures technologies
• les levées d'impôts financent tinuité. civiles qu'il transforme et transcen-
quantité de canons pour en terminer de pour ses besoins. Il crée de sur-
avec la guerre de Cent Ans ; Si la stratégie de dissuasion croît des technologies supérieures
• la conscription et les marches for- nucléaire s'est progressivement dites spécifiques dont le civil n'a
cées de la Grande Armée contri- imposée depuis comme facteur cure ou ne peut s'offrir.
buent au développement et à la dif- d ' équilibre et de respect mutuel
fusion des idées républicaines ; entre grandes puissances, la prise • Si les meilleurs postes de radio
• les manœuvres en force de de conscience de l'importance de la civils permettent déjà de "scanner"
l'escadre de Nelson assurent à haute technologie militaire s'est les principales fréquences d'émis-
l'Angleterre la maîtrise des mers et répandue au point que la "course sion, le nouveau poste VHF-FM qui
ouvrent la voie à l'impérialisme aux armements", ou plutôt l'accès à équipera l'armée de terre à partir de
colonial. des systèmes d'armes sophistiqués, cette année est déjà, pour des rai-
est devenue un phénomène de sons de résistance au brouillage et à
Mais la révolution industrielle société. Pouvoir être ainsi "en avan- l ~ interception, à évasion de fré-
modifie la donne à partir du milieu ce d ' une guerre" est devenu un quence et à recherche de canal
du xrxe siècle: l'innovation techno- objectif de beaucoup. Au point que libre. Cet appareil change de fré-
logique va prendre de plus en plus complètement complémentaires, quence toutes les trois milli se -
d'importance dans le déroulement armée et armement apparaissent condes, dans une bande comprise
des conflits armés. désormais comme deux notions dis- entre 30 et 80 MHz, et recherche
tinctes dont un pays doit se préoc- dans son spectre un canal non
• L'habile utilisation que font les cuper tout autant. Titre 3 et Titre 5 brouillé pour passer les messages.
Prussiens de 1870 de leurs canons à du budget de la Défense sont
chargement par la culasse, compen- d'ailleurs du même ordre de gran- • Alors que les satellites SPOT
se largement l'infériorité d 'équipe- deur. Remarquables utilisateurs de utilisés pour la recherche scienti-
ment de leur infanterie. technologie avancée, les militaires fique sont dotés et se satisfont d'un
15
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

riaux, et a fortiori les applications


chirurgicales, ne requièrent guère
plus de 10sw cm2, alors que les
militaires atteignent des flux sur
cible de 1016w cm2

• Plus spécifique, le radar, qui


reste le capteur privilégié de la
défense aérienne n'a, après cin-
quante ans de développement et en
dehors du contrôle de la navigation
aérienne civile, guère trouvé
comme application que la détection
des infractions de vitesse au code
de la route ! Il a pourtant fait de
gros progrès : devenu aéroportable,
il sert désormais de base à des sys-
tèmes d'armes capables de détecter,
compter, séparer, identifier, dési-
gner et intercepter plusieurs cibles
hostiles groupées ou non. La densi-
té électronique a évolué des 10
tubes miniatures au litre de la
décennie 50 à 107 équivalent tran-
sistor au litre aujourd'hui. Les
volumes disponibles sur un chas-
seur n'ayant guère évolué pendant
cette période , les possibilités de
traitement sont donc un million de
fois plus importantes. Le dévelop-
pement du radar a enfin participé à
l'avènement d'autres disciplines
comme la furtivité et l'intelligence
électronique.

• Egalement spécifiques, les


techniques de l' optoélectronique
infrarouge, utilisées de façon limi-
tée dans le civil pour la détection
d'intrusion dans les systèmes de
© SEP surveillance ou pour les balises de
Tuyère d'un propulseur démonstrateur de technologies avancées entièrement réalisée guidage maritime, sont capitales
en composites carbone-carbone capables de 3 000°. dans le domaine militaire. Elles
constituent le capteur-clé du com-
bat terrestre et maritime, tout
pouvoir séparateur d'une dizaine de métallurgie des poudres à la détec- temps, diurne et nocturne, que ce
mètres, les besoins militaires tion d'un sous-marin à plusieurs soit pour le char Leclerc ou la fré-
requièrent dix fois mieux. milles de distance. gate Jean Bart. Elles sont aussi
essentielles pour le guidage de la
• Grâce à l'imagerie par ultra- • Les lasers utilisés quotidienne- plupart des missiles antichars (Hot,
sons au sein d 'un milieu opaque, le ment en raison de la faible diver- Milan) sol-air (Roland, Mistral) et
monde médical "scanne" couram- gence de leur faisceau pour la lectu- air-air (Magic, Mica).
ment des tumeurs ou des fœtus de re de disques numériques sont
l'ordre de grandeur du centimètre. utilisés par les militaires pour le Ces quelques grandes avancées
Les besoins militaires vont de la guidage dans l'atmosphère à une des technologies d'armement,
détection d'impuretés de quelques dizaine de kilomètres. Quant à leur prises à titre d'exemple parmi tant
dizaines de microns dans des capacité à concentrer l'énergie, les d'autres, donnent la mesure du gap
alliages métalliques obtenus par applications du travail des maté- qui existe, à un moment donné,
16
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

©SEP
Micrographie d'un composite carbone-carbone capable de 3 000° destiné aux tuyères des propulseurs de la force de dissuasion.

entre le besoin de défense et le grands qui a marqué le monde Face à ce contexte, à la fois de
besoin civil. Et ce n'est qu'au prix depuis Yalta? plus en plus insaisissable et de plus
de beaucoup de discernement et de en plus contraignant, le risque est
ténacité que la dualité pourra battre En est-il encore de même double : risque d'attendre sans
en brèche la barrière commerciale aujourd'hui dans ce contexte, dit de entreprendre que la situation
traditionnelle: "high tech, no mar- désarmement, consécutif à la désin- s'éclaircisse et se détende ; risque
ket" . tégration économique et politique inverse de choisir prématurément
de l'URSS ? Peut-il en être de en figeant de manière irréversible.
Elles permettent également de même alors que les difficultés éco-
mieux comprendre les raisons pour nomiques affectent tous les pays et A l'évidence, la notion de forces
lesquelles, dans ce monde libre- entraînent des réductions budgé- multiples l'emporte sur celle de
échangiste des biens et des idées, taires drastiques ? forces nombreuses. Il n'y a plus de
un contrôle rigoureux , non seule- réel dilemme entre qualité et quan-
ment des armes mais des tech- tlté. Il n'y a plus de possible choix
niques de pointe, est nécessaire et Le contexte nouveau entre simplicité et complexité.
difficile. Tout en freinant leur diffu- et ses conséquences Seuls les systèmes antichars de
sion, et puisque l'on ne peut "désin- haute technologie seront efficaces
venter" ou annuler, la véritable En schématisant à l'extrême, contre des chars dotés de blindages
réponse consiste à surpasser afin de l'on peut oser dire que le contexte réactifs. Seuls des systèmes
mieux dissuader et décourager. nouveau de défense se caractérise d'armes complexes protégeront un
par: bâtiment contre des missiles antina-
Mais cette course incessante à la - la multiplication et le flou des vires à trajectoire rasante. Tant que
technologie de pointe de défense menaces futures ; les puissances auront des forces
n'est-elle pas le résultat de la suren- - la durabilité de la contrainte bud- armées pour défendre leur souverai-
chère permanente entre les deux gétaire. neté, elles s'efforceront de disposer
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

©ONERA
Effet des ondes radars et étude de furtivité. Maquette d'avion soumise à une source micro-onde. Visualisation en infrarouge de
l'échauffement de surface.

en priorité d'un armement qualitati- nologique délibérée mais souple et, minimales et de dissuasion maxi-
vement supérieur. susceptible d'être accélérée, male.
concrétisée ou réorientée à tout
La véritable question est de moment semble bien correspondre • L'information et son traitement
savoir comment faire en sorte que aux besoins des secteurs principaux où la mutation technologique spa-
haute technologie rime d'avantage de notre défense : tiale et informatique ne fait que
avec fiabilité, disponibilité et éco- commencer. Une multitude de cap-
nomie. Comment faire pour que la • La dissuasion nucléaire où la teurs spatiaux, aériens, terrestres et
défense évolue, elle aussi, "du tou- crédibilité passe non seulement par maritimes enverront une foule de
jours plus au toujours mieux" ? la disponibilité de systèmes fiables renseignements et de messages à
Pour qu'elle anticipe afin d' accen- n ' offrant aucun doute, mais aussi des centres de traitement qui les
tuer la dissuasion et s'adapte pour par le progrès permanent d'une analyseront et les recouperont dans
être capable de réagir rapidement compétence technologique recon- des délais records pour identifier la
en cas de rupture de situation. Mais nue. Les propulseurs du nouveau menac e et fournir des données
l'art militaire n'a-t-il pas toujours missile MS, à même quantité de sûres à des simulateurs qui permet-
été de "traiter" l'incertain, l' impré- carburant embarqué, sont trois fois tront de mieux évaluer les stratégies
vu, l'inattendu ? Cette fois, il s'agit plus légers que ceux de la première et tactiques possibles.
de s'y préparer, puisque pour une génération de notre force nationale
bonne part "la guerre se gagne stratégique. Ils sont aussi moins • La défense proprement dite
avant". coûteux grâce aux efforts effectués dont l'évolution s'avère indispen-
pour simplifier les formes et réduire sable depuis que la menace s'est
le nombre de pièces. Ils offrent modifiée. Découvrir, discerner, puis
Les perspectives d'avenir rayon d'action, capacité d 'emport détruire des cibles toujours plus
et donc polyvalence à ce missile qui rapides et furtives parmi les
Une démarche d'avancée tech- répond aux critères de dépenses brouillages et les leurres, suppose
18
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

encore des progrès de la part de la ping", a déjà clairement affiché la capacités futures ainsi qu'un messa-
défense aérienne. Du Mirage III au couleur. ge à nos alliés et à nos adversaires
Rafale, l'incidence maximale, le potentiels. La dissuasion ne se
taux de virage et le coefficient de nourrit-elle pas à la fois de désir et
portance en combat ont été multi- Intérêt et importance des de crainte?
pliés par deux, grâce aux progrès développements exploratoires
aérodynamiques , au recours à la
stabilité artificielle, aux com- Qu'il s'agis se de techniques Mais tout a ses limites!
mandes de vol électriques et aux civiles, dans lesquelles la défense et tout est affaire de dosage !
calculateurs embarqués. puisera de plus en plus, ou de tech-
niques critiques spécifiques, qui Tout a ses limites y compris la
• La riposte et l'intervention devront faire l'objet de soins encore haute technologie de défense :
dont on sait l'importance à travers plus attentifs, c'est de leur croise- • les armes spéciales nazies n'ont
les conflits récents. La technologie ment complexe et de leur intégra- pas renversé le cours des choses et
a montré en Irak qu'elle est en tion dans des systèmes sophistiqués n'ont pu compenser l'infériorité
mesure d ' apporter efficacité et que provient l'innovation technolo- numérique et l'isolement écono-
"propreté" en limitant les pertes gique militaire. Malgré la valeur mique du 3e Reich ;
humaines. Ceci étant, la mer doit des codes de calcul et de prévision, • la détermination des moudjahid-
faire l'objet d'une haute surveillan- il demeure techniquement impor- din afghans, munis il est vrai de
ce, permettre des déplacements tant de vér.ifier, pour une somme missiles sol-air modernes, a eu rai-
rapides et une logistique sans faillè. raisonnable, le bon fonctionnement son de forces lourdement équipées
Les systèmes terrestres aérotrans- de démonstrateurs avancés . Cela mais mal motivées ;
portés doivent encore s'alléger et donne confiance au client potentiel • l'environnement inhospitalier
les troupes d'intervention bénéfi- et autorise un déroulement plus vietnamien n'a pas permis à la tech-
cier de "masques" les rendant invi- rapide, moins coûteux, et sans aléas nologie américaine de venir à bout
sibles sans nuire à leur faculté de d'un éventuel développement ciblé d'un ennemi subtil et fugace.
toujours voir. ultérieur. L'expérience de cette pra-
tique dans le domaine des moteurs La guerre du Golfe a récemment
Le progrès technique est plus de missiles stratégiques montre montré, sur un exemple pourtant
que jamais une clef essentielle pour qu'un investissement de 15 à 20 % simple, combien il est délicat de
l'avenir de notre défense. Il trouve en développement exploratoire per- réunir les ingrédients du succès
son plein sens s'il s'inscrit dans une met de réduire de 40 à 50 % le coût dans le maquis diplomatique, éco-
politique de dissuasion générale où du développement ciblé. nomique et médiatique du monde
la démonstration technologique moderne. L'armement sophistiqué
tient un rôle primordial. Ce que Ces démonstrations technolo- est nécessaire mais loin d'être suffi-
l'on peut taxer de "dissuasion tech- giques engendrent dans les équipes sant.
nologique" n'est d'ailleurs pas éloi- une motivation sans pareille. Il
gné de ce que les Américains ont convient de souligner que le degré Et tout est affaire de dosage,
fait subir, avec leur SDI, à l'Union de liberté dont celles-ci disposent à particulièrement en matière de bud-
soviétique avant que cette dernière ce stade leur permet d'y associer get de défense. Il est normal que les
ne jette l 'éponge. leurs collègues du monde scienti- armées et les citoyens accordent
fique avec lesquels elles préparent une préférence marquée à la sécuri-
L'étude de la structure du bud- les outils de base. té immédiate du pays et au règle-
get américain de défense révèle ment instantané des conflits qui
d'ailleurs une évolution significati- C'est aussi une période propice menacent la paix mondiale . Il est
ve et continue dans ce sens depuis à la détermination des compromis non moins important de bien prépa-
1984. Jamais le poids de la R & D coût-efficacité, qualité-quantité, rer l'avenir du "glaive et de la cui-
de défense n'a été aussi prépondé- sélectivité-polyvalence. Seules des rasse" malgré les turbulences désta-
rant. Et surtout, jamais les crédits évaluations probatoires réalistes bilisa tri ces. Les responsables
dévolus aux démonstrations techno- peuvent en effet guider les déci- politiques, les stratèges militaires ,
logiques n'ont été aussi importants. deurs à une époque où les choix la Délégation générale pour
Près de 10 milliards de dollars y seront de plus en plus difficiles et l' Armement, et les experts scienti-
sont annuellement consacrés soit les erreurs plus lourdes de consé- fiques et technologiques s ' y
20 % de l'effort R & D ! La poli- quences. emploient plus que jamais et met-
tique du président Clinton devrait tent en commun leurs compétences
encore accentuer le phénomène. C'est enfin, en cas de succès, et pour que la France continue à "tenir
Les Aspin, chevalier de toujours du moyennant le relais des médias, une son rang".
qualitatif et partisan du "prototy- affirmation de nos progrès et de nos
• 19
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Partenaire
de Grands Projets
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CSEE-Défense: Z.A. de Courtabœuf - 6, Av. des Tropiques· BP 80 - 91943 Les Ulis Cedex A-Tél: (1)33 (1) 69 86 85 OO - Fax: 33 (1) 69 07 03 70 -Telex: F 600 015 CSEE OY
L'armement

LES GRANDES MUTATIONS DEL' ARMEMENT

Jacques BONGRAND (68),

ingénieur en chef de I' Armement

bien d'autres domaines

C
OMME siècle une configuration assez Cependant, la mutation capitale
de la technique, l'armement proche de celle que nous connais- survenue entre 1900 et 1918 est
s'est complètement trans- sons aujourd'hui, avec l'apparition certainement l'utilisation à grande
formé depuis le début du vingtiè- des canons rayés, de l ' amorçage échelle de véhicules nouveaux,
me siècle. Les lignes qui suivent par percussion, du chargement par automobiles, sous-marins et
visent à rappeler les principales la culasse. Les pièces d'artillerie aériens.
étapes de cette évolution et à en atteignaient dans les années 1900
faire ressortir quelques tendances une portée de plusieurs kilomètres. C'est ainsi que les premiers
et perspectives marquantes. chars ont été utilisés vers la fin de
Dans ce domaine, la Première la guerre, alors que les combats de
Compte tenu de l'ampleur du Guerre mondiale a vu surtout le tranchées avaient fait place à une
sujet, l 'exposé qui suit ne pouvait développement des armes automa- guerre de mouvement. Ce conflit
être exhaustif et a été limité aux tiques et de l'artillerie très lourde : fut aussi l'occasion du premier
armements les plus caractéris- le calibre de 520 mm était atteint emploi massif de sous-marins,
tiques, en excluant par exemple les en 1918 et les célèbres "Bertha" mais il faut noter quel' Allemagne
moyens de transport. Par ailleurs, allemandes , de 210 mm, avaient en possédait déjà 27 en 1914 (alors
il a paru intéressant de donner un une portée de 100 kilomètres. Par que la France n' avait encore pro-
certain nombre d'indications chif- ailleurs dans les années 1900-1918 duit que des modèles expérimen-
frées qui doivent être considérées sont apparues des armes de type 'taux peu fiables).
comme des ordres de grandeur. nouveau soit par le support de la
charge, c'est le cas de la mine ou Plus spectaculaire encore fut le
Il apparaît assez nettement trois de la torpille , soit par sa nature développement de l'arme aérienne .
. périodes dans l'évolution constatée même, avec les lance-flammes ou Cette mutation avait été préparée
depuis 1900. Les deux premièrés les gaz de combat. dès les premières années du siècle
correspondent à la préparation de puisque la France disposait de
fait puis au déroulement de chacun Pour ce qui est des véhicules, quelque 140 avions militaires en
des deux conflits mondiaux, la les premières années du siècle ont 1914. Mais l'évolution fut surtout
troisième couvre les quarante-cinq vu une augmentation importante et considérable pendant la guerre : au
dernières années. Pour chacune de relativement continue de la dimen- début, l'avion était un moyen de
ces étapes, il a semblé logique de sion et de l'armement des navires reconnaissance, simple prolonge-
considérer d'abord les armes elles- de combat. En 1905 était lancé le ment du ballon. Très vite, certains
mêmes, ensuite les porteurs habités cuirassé anglais Dreadnought : àppareils furent équipés de
qui constituent les centres de déci-d ' un tonnage de 18 000 tonnes, mitrailleuses et la mise au point de
sion élémentaires, enfin les sys- équipé de turbines à vapeur, armé dispositifs de tir à travers l'hélice
tèmes d'information et de commu- de dix canons de 300 mm, celui-ci conduisit à la réalisation de véri-
nication qui ont pris récemment devenait une nouvelle référence tables chas seurs. C'est aussi en
une grande importance. pour les navires de guerre dans le 1914 qu'apparurent les premiers
monde. En 1914 le Royal Oak bombardiers puisque la France dis-
anglais déplaçait plus de 29 000 pos ait alors d'avions Voisin
Le début du siècle tonnes. Il était muni de huit canons capables d'emporter une charge de
de 380 mm et ses turbines de 90 kg de bombes et de voler trois
Les armes de base , canon et 30 000 kW lui conféraient une heures à 90 km/h. En 1918 les
fusil , avaient acquis dès le x1xe · vitesse de 22 nœuds. chasseurs tels que le Spad 13 de
21
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

220 chevaux, les bombardiers le Sherman américain, d 'abord tandis que le premier chasseur à
comme le Bréguet XIV de 300 équipé d'un moteur d'avion puis réaction, le Messerschmitt 262,
chevaux atteignaient des vites.ses d'un moteur Diesel de 350 kW, volait à 850 km/h. De plus l'utili-
de l'ordre de 200 kilomètres à avait une masse de quelque 40 sation de canons, jusqu'à 4 par
l'heure. tonnes et disposait d'un canon de appareil, typiquement de calibre
75 mm de 3 000 m de portée utile. 20 mm, d ' une cadence de tir de
A partir de 1944 apparaissaient des 600 à 900 coups par minute et
L'entre-deux-guerres et la machines encore plus puissantes d'une portée de 900 m, s'était
Deuxième Guerre mondiale comme le Jagtiger allemand de 70 généralisée. Au début de la guerre
tonnes, dérivé du Tigre, sans doute le meilleur bombardier lourd
Alors que la Première Guerre le plus gros véhicule blindé jamais anglais, le bimoteur Vickers
mondiale avait été surtout mar- construit. Son blindage frontal Wellington, transportait 2 000 kg
quée, en dehors de la réalisation atteignait 250 mm et son canon de bombes à 2 500 km. En 1944 le
d'armements de plus en plus puis- long, de calibre 128 mm, en faisait quadrimoteur américain Boeing
sants, par le développement de un armement auquel seul le char B 29, celui qui devait lâcher les
moyens adaptés à des milieux nou- lourd Staline doté d'un canon de premières bombes nucléaires, por-
veaux, aérien et sous-marin, les 122 mm pouvait se comparer. tait 9 tonnes à 5 000 km.
trente années qui suivirent ont été Enfin, cette période vit la réalisa-
caractérisées par trois grands types tion d'engins blindés spéciaux tels Ce sont ces accroissements de
d'évolution: que poseurs de pont ou démineurs, performances, conjugués avec
• des révolutions technologiques dont certains concepts remontaient l'apparition des appareils nou-
qui ont introduit un changement à la Grande Guerre. veaux de navigation ou de vol sans
d'échelle dans la puissance des visibilité (comme l'horizon artifi-
armes, avec la bombe nucléaire, et L'évolution des navires est assez ciel gyroscopique inventé par
dans leur portée, avec les premiers comparable. A son entrée en servi- Sperry en 1928) qui ont permis à
engins, ce dans les années 1930, le cuirassé l'aviation , arme d ' appoint en
• le développement considérable français Richelieu de 35 000 1914-1918, de devenir un élément
des dimensions, de la vitesse, du tonnes, équipé de deux tourelles de décisif des batailles trente ans plus
rayon d'action des vecteurs aériens quatre canons de 380 mm, pouvait tard. Cette importance a encore été
et, dans une moindre mesure, rivaliser avec les plus gros navires accrue par la combinaison du navi-
navals et terrestres, de combat dans le monde. Vers re et de l' avion: le premier appon-
• l'apparition de systèmes ainsi que 1943, le Japon mettait en service tage avait été réalisé en 1911 sur le
de moyens de détection nouveaux les plus gros cuirassés de l'histoire Pennsylvania par l' Américain Ely.
qui préfigurent la période actuelle. comme le .Yamato de 64 000 tonnes Ce n'est qu'en 1927 que la France
muni de canons de 460 mm. En ce disposait de son premier porte-
L'explosion en 1945 des pre- qui concerne les vitesses , si dans avions, l 'ancien cuirassé Béarn, de
mières bombes à fission atomique, les années 1930 des navires moins 25 000 tonnes et d'une vitesse de
d'une masse de 4 tonnes et d'une lourds atteignaient parfois plus de 21 nœuds. Au début de la
puissance de 20 kilotonnes (équi- 40 nœuds (contre-torpilleurs de la Deuxième Guerre mondiale le
valente à celle de 20 000 tonnes classe le Fantasque, armés de Japon, le pays le plus avancé dans
d ' explosif classique) est bien canons de 139 mm), le cuirassé le domaine, alignait dix porte-
connue. Par ailleurs, en 1944 appa- rapide Graf Spee de la classe des avions et environ 500 avions
raissait un type de projectile nou- 30 000 tonnes, lancé vers 1936, embarqués.
veau, la bombe volante V 1, pro- atteignait 28 nœuds soit seulement
pulsée par pulsoréacteur et guidée un tiers de plus que le Royal Oak Enfin , la bataille aenenne
par un gyroscope, qui transportait de la Première Guerre, de masse d'Angleterre de 1940 peut être
850 kg d'explosifs à près de comparable. considérée comme la première
600 km/h et plusieurs centaines de bataille où la guerre électronique a
kilomètres de distance. C'était Les progrès de l'aviation de joué un rôle décisif avec l'appari-
ensuite la fu sée V 2, téléguidée, combat orit été encore plus consi- tion du radar, aboutissement
capable d'entraîner une tonne dérables. En 1939, les chasseurs d ' études menées dans les années
d'explosif à vitesse supersonique. Spitfire, Messerschmitt 109 ou 1930, utilisé tant au sol que pour
Dewoitine 520 dépassaient légère- équiper des chasseurs de nuit
La plupart des chars conçus ment 500 km/h. Quelques années (Bristol Beaufighter). Des disposi-
dans les années 1930 disposaient plus tard, grâce aux améliorations tifs de brouillage électronique des
au maximum d'un canon de des moteurs à pistons, les Tempest systèmes de navigation ont égale-
40 mm. Un des matériels typiques ou Poeke Wulf 190 atteignaient ment été mis en œuvre à cette
de la Deuxième Guerre mondiale, des vitesses de l'ordre de 700 km/h occas10n.
22
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

La période contemporaine
Depuis 1945, les armements ont
connu des mutations importantes et
multiples dans tous les domaines.
les principales innovations sont les
suivantes :
• la bombe à fusion thermonucléai-
re, les missiles intercontinentaux et
les armes intelligentes,
• la propulsion navale nucléaire,
les avions supersoniques, les héli-

~
coptères, ,
• l'apparition des systèmes
d'armes fondés sur les technolo-
gies électronique et informatique,
• l'utilisation de l'espace.

C'est en 1952 que le gouverne-


ment des Etats-Unis a annoncé que
la bombe à fusion thermonucléaire D. R.
était opérationnelle. Cette tech- Bréguet XIX, avion de reconnaissance et de bombardement en service dans l'armée de
nique a permis de réaliser des l'air de 1924 à 1936. Le bombardier emportait 600 kg de bombes et atteignait une
engins d'une puissance de vitesse maximale de 235 km/ h.
quelques dizaines de mégatonnes.
En dehors de cette invention, plu-
sieurs armes d'efficacité plus - leur portée peut être de quelques pilles connaissent des perfection-
sélective ont été réalisées (muni- kilomètres pour les engins anti- nements analogues. Par ailleurs,
tions flèches antiblindages, à effet chars ou de combat antiaérien rap- les canons continuent d'être amé-
cinétique) mais aucune n'a proché portables ou équipant des liorés, notamment en ce qui
jusqu'ici provoqué un bouleverse- véhicules légers (Milan, Hot, concerne les conduites de tir, la
ment de la situation militaire. Mistral) ou tirés d'avion (Magic), cadence ou la vitesse initiale des
de quelques dizaines de kilomètres projectiles.
En revanche, le tir réussi en pour des engins antinavires
1957 des premières fusées inter- (Exocets pouvant être tirés d'un Les porteurs, quant à eux, ont
continentales soviétiques, d'une sous-marin, d'un véhicule de sur- enregistré des évolutions impor-
portée de 5 000 km, d'une vitesse face ou d'un avion) ou d'intercep- tantes mais souvent moins specta-
de 22 000 km/h, d'une précision tion aérienne (Super 530), d'une culaires que les précédentes. Les
annoncée de 10 à 20 km, apportait dizaine de kilomètres à plusieurs chars ont connu des perfectionne-
une révolution stratégique et un centaines de kilomètres pour des ments des dispositifs mécaniques,
changement d'échelle par rapport engins air-sol (AS 30, ASMP) ; du blindage et de la conduite de tir
aux capacités des V 2. Depuis cette • le propulseur peut être une fusée, mais l'aspect général d'un AMX 30
date, les principales évolutions ont un turboréacteur ou un statoréac- équipé d'un moteur Diesel de
été l'accroissement de la portée, teur; 500 kW et muni d'un canon de
mais surtout de la précision, la réa- • ils peuvent être télécommandés 105 mm n'est pas fondamentale-
lisation de têtes multiples, le lance- par fil, radioguidés, se diriger à ment différent de celui d'un Tigre
ment par sous-marin qui a donné l'aide d'un détecteur électroma- de la période précédente. En matiè-
naissance au système de base de la gnétique ou laser, la cible étant re navale, la principale innovation
dissuasion nucléaire actuelle. illuminée par l'avion, ou s'orienter est la propulsion nucléaire caracté-
de façon autonome avec un systè- risée par une autonomie quasiment
Par ailleurs, depuis 1945, des me de navigation par inertie ou à illimitée, appliquée à des porte-
missiles tactiques ont été conçus l'aide d'un détecteur de rayonne- avions et à des sous-marins, à par-
pour quasiment tous les types de ment infrarouge ou électromagné- tir du Nautilus construit en 1954.
combat. Quelques exemples peu- tique (missile antiradar Martel). La dimension de ces deux derniers
vent donner une idée de leur varié- Plusieurs de ces principes peuvent types de navires a continué de
té, en se limitant à des matériels être combinés. croître dans une certaine mesure,
déjà produits en France ou en au moins aux Etats-Unis. Les plus
coopération incluant la France : En milieu sous-marin, les tor- gros porte-avions nucléaires améri-
23
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

cains jaugent aujourd'hui 100 000 armés de canons ou de missiles tels radars, aux sous-marins ou aux tor-
tonnes et leur puissance d'environ que la Gazelle ou le Super Puma pilles, d' un ensemble de traitement
200 MW leur confère une vitesse français dépassent 250 km/h et des informations comportant 7 cal-
d ' un peu plus de 30 nœuds. Les l ' hélicoptère russe Mi 12 qui a culateurs et 13 consoles.
sous-marins américains lanceurs volé en 1968, propulsé par quatre
d 'engins approchent de 20 000 turbomoteurs de plus de 4 500 kW, Enfin, les porteurs et les armes
tonnes, soit la taille d'un croiseur emportait une charge utile de près sont intégrés de plus en plus étroi-
lourd de 1940. En France, le porte- de 40 tonnes. tement à des systèmes de transmis-
avions classique Clémenceau de sion et de commandement devenus
33 000 tonnes a un tonnage voisin Cependant, les progrès essen- aujourd'hui des auxiliaires indis-
de celui de l'ancien cuirassé tiels des chars, des aéronefs et des pensables. Dans ce domaine,
Richelieu et les sous-marins navires de combat résident depuis l'innovation la plus spectaculaire a
nucléaires stratégiques jaugent quelques dizaines d'années dans été l'utilisation de l 'espace avec
environ 7 000 tonnes. l'implantation de capteurs de plus les satellites d'observation (Spot),
en plus complets associés à des de télécommunications (Syracuse)
En aéronautique, le perfection- systèmes de guerre électronique ou de navigation (système améri-
nement de la propulsion par réac- tandis que l'utilisation de l'infor- cain GPS) permettant à des mis-
tion et les améliorations aérodyna- matique permet d'une part à siles, des avions ou des navires de
miques associées ont permis de l'équipage de disposer d'aides à la se localiser à quelques dizaines de
dépasser Mach 2 (environ décision d'une efficacité accrue, mètres près. Les mêmes systèmes
2 1OO km/h) avec des avions tels d 'autre part à certaines fonctions d'ailleurs peuvent avoir également,
que le F 104 américain (entré en d 'être réalisées automatiquement. voire prioritairement, une vocation
service en 1954) ou les Mirage Contentons-nous de citer quelques civile.
français (à partir de 1960). L'avion exemples:
de reconnaissance américain SR 71 • les véhicules blindés tels que Il est aussi apparu des aéronefs
volait à Mach 3 vers 1965. Le l' AMX 30 disposent aujourd'hui spécialisés de transmission, de
développement des missiles a d'équipements de visualisation à détection radar ou d'écoute élec-
ensuite conduit à accorder une bas niveau de lumière et de camé- tronique (systèmes américains
moindre attention à la vitesse au ras infrarouges adaptés au combat Hawkeye ou Awacs ; Astarté,
profit de la manœuvrabilité, de la de nuit, Sarigue et Gabriel français). Par
capacité d'emport et depuis peu de • les avions de combat Mirage ailleurs, les réseaux de commande-
la furtivité (faible détectabilité 2000 sont équipés suivant les ver- ment intégrés sont nécessaires pour
radar ou infrarouge), tandis que le sions de radars permettant de traiter des menaces dans les délais
ravitaillement en vol étendait détecter vers le bas des mobiles qui très courts indispensables dans cer-
considérablement les possibilités sont automatiquement séparés des tains cas. Ainsi, le système anti-
de rayon d'action. Par ailleurs, les échos fixes ou encore de systèmes missile Patriot utilisé dans la guer-
plus gros avions de combat d'évitement de terrain permettant re du Golfe faisait appel à des
construits restent aujourd'hui ceux le vol automatique à très basse alti- satellites de surveillance eux -
des années 1950 tels que le Boeing tude. Leurs brouilleurs électro- mêmes reliés par satellite à des
.. B 52 équipé de huit turboréacteurs, niques, leurs lance-leurres, leurs centres d'analyse et de calcul
capable d'emporter 34 tonnes de détecteurs de départ de missile situés en Australie et aux Etats-
1 bombes à 1 000 km/h et 16 000 km. intégrés pour former un ensemble Unis.
cohérent diminuent considérable-
Une autre innovation est l'appa- ment leur vulnérabilité. Les sys-
rition de s hélicoptères , dont le tèmes de préparation de mission, Les grandes tendances
concept remonte au début du siècle de cartographie, de visualisation de l'évolution
avec la machine de Paul Cornu "tête haute" des informations sur la
(1907). Le premier appareil à verrière multiplient la quantité de Le bref survol qui précède sug-
vocation militaire, le Sikorski tâches réalisables simultanément gère quelques réflexions sur les
S 51, vola en 1946 et fut d'abord par le pilote, conditions et les grandes tendances
utilisé pour le sauvetage et le • la frégate antiaérienne Cassard de de l'évolution des armements
réglage d 'artillerie. En France, 4 200 tonnes dispose de plus de depuis le début du siècle.
l' Alouette 2, qui fut aussi le pre- vingt émetteurs récepteurs diffé-
mier hélicoptère à turbine du rents, de quatre radars dont la por- En premier lieu, il apparaît que
monde certifié aux Etats-Unis, tée peut atteindre plusieurs cen- ces mutations se sont effectuées
atteignait en 1957 200 km/h pour taines de kilomètres, d'un système suivant deux processus princi-
une masse à vide de 1, 1 tonne. de veille infrarouge, de détecteurs paux : le "duel de l'arme et de la
Aujourd'hui, les hélicoptères et de brouilleurs opposés aux cuirasse" que constitue la
24
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

© DASSAULT AVIATION/ AVIAPLANS


Mirage 2000 D.

recherche systématique de la para- tage des avions, des hélicoptères, paraître le navire de surface, le
de à tout concept nouveau et la dif- des chars ou des navires. Dans les char ou le canon.
fusion des techniques vers tous les domaine aéronautique, spatial,
champs d'application possibles. électronique, informatique notam- En outre, tous ces armements
ment, les progrès des armements ont connu une phase de mise au
Le premier de ces processus est s'inspirent largement des technolo- point, puis d'augmentation specta-
particulièrement bien illustré par gies civiles (il est juste de mention- culaire des dimensions, de la puis-
l'exemple de la guerre électro- ner également des transferts en sance et parfois de la vitesse. Mais
nique : les radars ont donné nais- sens inverse, mais ce dernier point il semble que s'ensuive systémati-
sance à des systèmes de contre- dépasse le cadre de cet article). quement une étape de stabilisation
mesures par brouillage et leurrage des formes extérieures associée à
qui sont combattus par des moyens En second lieu, l'évolution des une recherche de miniaturisation et
de contre contre-mesures, détec- armements depuis le début du d'aménagement plus efficace.
teurs de brouillage, dispositifs siècle peut dans l'ensemble se
d'évasion par saut de fréquence. résumer en trois mots : diversité, Il en résulte une complexité de
compacité, complexité. conception (qui peut s'accompa-
Par ailleurs, l'aviation, l 'auto- gner d'une simplification du mode
mobile, l'étude de la radioactivité Il est remarquable de constater d 'emploi) d'autant plus grande que
ou des ondes radio ont conduit aux que si le ballon, utilisé un temps les fonctions à remplir sont deve-
armes aériennes, aux chars, à la pour la reconnaissance et le bom- nues plus diverses et que la tendan-
bombe A, aux radars. Des équipe- bardement , a été supplanté par ce à l'automatisation est encore
ments nouveaux s'étendent pro- l 'avion, ni le sous-marin, ni l'héli- plus prononcée que dans le domai-
gressivement aux cabines de pilo- coptère, ni le missile n'ont fait dis- ne civil pour deux raisons : la rapi-
25
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1.993
L'armement

<lité de réaction est essentielle pour Ce sont ces coûts et cette diver- à peu d'avions hypersoniques ou
le combat et la vie de l'équipage sité nécessaire qui expliquent la de satellites de combat capables de
est considérée de plus en plus tendance à la coopération qui s'affronter entre eux et d'agir
comme un enjeu particulièrement s'amplifie depuis quelques directement sur les autres milieux
précieux à n'exposer aux armes dizaines d'années. tandis que se développeraient des
adverses que moyennant une armes spécialisées, par exemple à
contrepartie très élevée. L'effet de rayonnement laser. A un moindre
cette complication des armements .Et maintenant? degré, d'autres mutations visibles
individuels est accru par leur pourraient concerner les avions
imbrication dans des systèmes de Pour conclure il est tentant, furtifs, les hélicoptères ou conver-
plus en plus vastes. après avoir contemplé l'évolution tibles à grande vitesse, voire
passée, de se demander quelles d'autres véhicules (effet de sol?).
Corrélativement, les coûts aug- pourraient être les mutations
mentent et les quantités diminuent. futures. La prochaine étape est Enfin, plus généralement, il
Un pays comme la France a pro- celle des Leclerc, Charles de paraît inévitable que l'automatisa-
duit 2 000 avions en octobre 1918. Gaulle, Rafale ou Hélios qui sont tion et l'intelligence croissantes
Le bombardier américain B 2 qui décrits dans d'autres articles de la des systèmes d'armement provo-
doit entrer en service en 1994 ne présente revue. Au-delà, deux quent une redéfinition des rôles
devrait être réalisé qu'à une ving- idées surtout s'imposent. respectifs de l'homme et de la
taine d'exemplaires dont le coût machine progressive, mais dont
unitaire moyen est évalué à envi- D'abord l'Espace, aujourd'hui nul ne peut sans doute imaginer
ron 12 milliards de francs si l'on milieu d'information et de commu- l'aboutissement.
inclut les dépenses de développe-
ment et d'approvisionnement ini-
nication, est au stade où se trouvait
l'Air en 1914. Si l'évolution est •
tial en rechanges. analogue, il devrait se peupler peu

COLLOQUE SUR LA MÉCANIQUE


ET LES ARMEMENTS AÉROTERRESTRES

ONJOINTEMENT avec le Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France (CNISF) et avec

C le Groupement pour l'avancement de la mécanique industrielle (Garni), l' Amicale de l'armement ter-
restre (Aat) organise les 23 et 24 novembre 1993 un Colloque sur la mécanique et les armements
aéroterrestres. Placé sous la présidence d'honneur du professeur Paul Germain, secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences, ce colloque se tiendra au Centre de formation d' Arcueil de la Délégation générale
pour l'armement (DGA). Il se place dans le cadre de !'Opération Mécanique 2000 organisée par le haut
comité de la Mécanique, présidé par P. Germain. Son comité d'organisation, qui comprend notamment des
représentants de la DGA, de la Fim, du Cetim et de la société Giat Industries , est présidé par l'ingénieur
général P. Naslin, président de la commission mécanique industrielle du CNISF.

Partant de l'observation que les besoins militaires ont toujours été une source d 'innovation dans de nom-
breux domaines, l'objet de ce colloque est d'illustrer le rôle essentiel et intégrateur de la mécanique dans la
conception et la réalisation des armements aéroterrestres comme des biens d'équipement industriel et de
mettre en évidence les domaines où des progrès restent à faire. Les sujets traités comprendront, dans un
ordre à déterminer, les matériaux métalliques et non métalliques, les systèmes de perception et la robotique,
la détonique et la pyromécanique, les véhicules et les moteurs, la fiabilité et la maîtrise de la qualité, les
investissements et le coût global de possession, le dimensionnement, les essais et l'enseignement de la
mécanique. Le colloque se terminera par une table ronde.

Nos lecteurs seront tenus au courant de la préparation de cettre manifestation. Des renseignements peu-
vent être obtenus auprès de l'IG Naslin (tél.: 42. 88. 32. 46) ou du secrétariat de l'Aat (tél.: 47. 71. 43. 60),
selon la nature de la question.

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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

ARMEMENT OU DÉSARMEMENT ?

Henri CONZE (59),

ingénieur général de l 1Armement

A CHUTE du Mur de Berlin et politiques, force est d'admettre extérieures : souvenons-nous de

L l'effondrement du commu-
nisme conduisent les gou-
vernements et les op1mons
qu'une solution de continuité est
apparue et qu'une profonde adap-
tation de nos politiques est inéluc-
l'embargo décidé à notre égard par
le président Kennedy. La France se
dotait d'une industrie d'armement,
publiques à se demander quel table. L'incertitude sur l'évolution la deuxième au monde en qualité,
effort consacrer désormais à leur des instabilités dans le Monde la troisième en chiffre d'affaires
sécurité, et donc à leurs arme- pourrait cependant remettre en grâce à ses exportations. Le rôle de
ments . Les dividendes de la Paix cause la réduction des armements à la Délégation ministérielle pour
déjà perçus si l'on considère la laquelle certains voulaient croire. l 'Armement et du Corps des ingé-
décroissance des budgets de défen- nieurs de l' Armement, structures
se dans le Monde occidental Solution de continuité, de elles-mêmes décidées par le chef
depuis 1989, sont prônés toute évidence. Pendant les quatre de l'Etat, fut primordial et le poids
aujourd'hui par certains au nom de décennies de Guerre froide, au de l'armement dans notre écono-
l'éloignement de la menace, cours desquelles l'arme nucléaire a mie essentiel, si on en juge par
comme ils l'ont été hier au nom puissamment contribué à interdire toutes ses retombées dans les
des négociations de Vienne sur le tout conflit ouvert en Europe, les domaines nucléaire, aéronautique,
désarmement. On sait que nous nations occidentales ont été logi- spatial, télécommunications, etc.
sommes déjà engagés dans un pro- quement conduites à privilégier Certains peuvent regretter la part
cessus de réduction de nos forces certains choix : la suprématie de la prise encore aujourd'hui dans
qui va bien au -delà des engage- technique sur l'homme, des techni- l'effort de recherche de la Nation
ments pris en novembre 90 lors de ciens sur les opérationnels, celle de par la Défense, mais c'est un fait
la signature du Traité sur la réduc- la qualité sur la quantité, des dont on ne peut que prendre acte.
tion des Forces conventionnelles grands programmes sur les biens Désormais, tout change. Le
en Europe, tandis que l'on peut "consommables", comme les saillant de Thuringe a disparu,
légitimement s'interroger sur la munitions au sens large du terme, même s'il pèse encore sur les atti-
capacité des pouvoirs politiques de l'industrie sur les forces etc. La tudes et sur nos programmes
nés de la décomposition de France, dès le retour du général de d'armement en cours de dévelop-
l'Union Soviétique de tenir tous Gaulle au pouvoir, n'a pas failli à pement, puisque la majeure partie
les engagements souscrits par un cette démarche ; pouvait-il en être a' entre eux a été lancée avant
pouvoir aujourd'hui disparu. Ce autrement ? Les décisions prises 1988. Le Monde nouveau, né en
sont en fait les conséquences bud- sur les grands programmes au novembre 1989, et que l'on croyait
gétaires de la crise économique début de la décennie 1960, tant de paix, se révèle porteur de mul-
apparue il y a trois ans et qui dans le domaine stratégique que tiples crises : nous le voyons en
découle, au moins partiellement, conventionnel, voulaient que l'on Irak, en Somalie, en Yougoslavie,
de la fragmentation de la situation développe des technologies que au Caucase, etc . D'autres foyers
internationale, qui posent en nous ne maîtrisions pas et une couvent et de nouveaux conflits,
termes nouveau, au moins pour un industrie qui n'était pas alors à la malheureusement, ne manqueront
temps, l'avenir de l 'Armement : dimension de nos ambitions. En pas d'éclater dans un proche ave-
toutes les nations occidentales sont une décennie, ce pari incroyable nir ; on ne peut, par ailleurs, igno-
concernées et, au-delà des discours fût gagné, en dépit des pressions rer le terrorisme et le traffic crois-
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

sant de la drogue. Des évidences titre, l'importance prioritaire de la que le temps de la guerre froide
apparaissent : nos forces intervien- limitation des pertes en cas d'inter- soit définitivement révolu, mais
nent plus souvent et dans des vention et la vulnérabilité politique peut-on ignorer que subsiste à l'Est
conditions difficiles, redonnant aux supplémentaire, en particulier en un énorme potentiel militaire, tant
opérationnels le rôle essentiel qui début de crise, créée par des équi- conventionnel que nucléaire, mal-
fut le leur avant la Guerre froide ; pages d'avions abattus et placés en gré les différents accords de limita-
les matériels sont désormais situation d'otages entre les mains tion des armements conclus ces
consommables et consommés ; la de certains chefs d'Etat. La mise dernières années ? Qu'en sera-t-il
quantité est en passe de reprendre en service d'armes très précises en définitive du statut nucléaire de
le pas sur la qualité ; par ailleurs, comparables aux Tomahawk amé- certaines républiques comme
le surarmement de certains pays, ricains, va donc s'imposer. Par l'Ukraine, le Kazakhstan, voire la
considérés seulement jusqu'à pré- ailleurs, la prolifération, qu'elle Biélorussie, qui disposent toujours
sent comme des.marchés à conqué- soit nucléaire, chimique ou biolo- de la majeure partie des systèmes
rir, peut devenir un risque, d'autant gique, associée à la dissémination hérités de la situation ante et qui,
que nous commençons à assister à des porteurs, y compris des mis- au moins pour Kiev, ne semblent
une braderie des matériels du siles balistiques, incitera des pas disposées à s'en séparer ? A
défunt Pacte de Varsovie. nations comme la France à sérieu- quels soubresauts doit-on
sement envisager des défenses face s'attendre dans le déroulement du
Allons-nous donc pour autant à des perturbateurs capables de processus démocratique et de revi-
vers une certaine forme de désar- délivrer des armes de destruction talisation de l'économie en Russie
mement technologique : "àu du massive. Le renseignement, en par- et dans ces républiques ? Les
moins vers une réduction du poids ticulier d'origine spatiale, devient réponses que nous devons donner
de la technique dans nos orienta- la condition du maintien de notre dès aujourd'hui à ces risques ne
tions ? Une profonde adaptation indépendance et le garant de notre sont ni simples, ni évidentes. Mais
de notre politique dans ce domai- liberté politique et militaire, avant, elles doivent probablement procé-
ne est certes à prévoir, mais la pendant et après toute crise. Enfin, der d'un même objectif qui est
question est fort complexe. Il est l'expérience vécue dans le Golfe, celui du maintien des compé-
vrai que la multiplication des en Somalie ou en Bosnie, montre tences dans les domaines, tels le
crises conduit à concevoir des l'importance, dans des interven- nucléaire, la propulsion ou les mis-
matériels moins chers, les adver- tions qui sont et seront décidées · siles, qui nous ont assuré, au tra-
saires potentiels ne disposant, en dans le cadre de coalitions ou vers de la dissuasion, la paix et
général ,. contrairement à l'ex - d' associations de circonstance, de l'équilibre pendant plusieurs
Union Soviétique, ni de la supério- l'interopérabilité entre forces décennies. Il s'agit, au-delà même
rité conventionnelle, ni d'équipe- alliées et de l'impérieuse nécessité des programmes de modernisation
ments de hautes performances . de communiquer, de dialoguer, envisagés, d'être en mesure le
Pour certains types d'armements d'appliquer des procédures com- moment venu, si par malheur les
destinés à être employés dans ces munes : les systèmes qui permet- risques rappelés précédemment
crises, la tendance sera de recher- tront de répondre à ces besoins devenaient des menaces, d'être
cher le moindre coût unitaire en sont, à l'évidence, destinés à évo- capables de concevoir et réaliser le
privilégiant par exemple l'utilisa- luer en qualité et feront donc appel plus rapidement possible le ou les
tion de technologies dites "duales", aux technologies les plus systèmes d' armes adaptés à toute
c'est-à-dire ayant des applications modernes. situation qui l'exigerait. Ce main-
à la fois civiles et militaires. Mais, tien des compétences passe par un
attention, ne sacrifions pas trop à Ces deux tendances apparem- effort minimum et continu : on ne
la mode et n ' allons pas au-delà du ment opposées, plus de "rusticité" reconstitue pas du jour au lende-
raisonnable; n'oublions-pas que pour certains équipements, de nou- main des équipes qui ont été dis -
. l'utilisation de matériels en temps velles technologies pour d'autres, soutes et par ailleurs l'expérience
de guerre répond le plus souvent à vont conduire à un nouvel équi- montre qu 'il faut au moins dix ans
des contraintes qu 'heureusement le libre entre la recherche, le dévelop- pour réaliser un système d'armes !
domaine ci vil ignore. pement et l'acquisition et donc , Ce problème se pose en des termes
probablement, entre états-majors nouveaux: la menace claire et bien
A l'inverse, l'apparition de d'une part et services techniques identifiée d ' avant 1989 avait
nouveaux risques et les conditions d'autre part. Mais elles ne sont pas conduit à un consensus sur l'effort
dans lesquelles nos forces sont les seules à considérer : de lourdes à réaliser ; qu'en est-il quand la
désormais appelées à opérer, font incertitudes pèsent sur l'avenir menace s'est transformée en
apparaître des besoins dont la tech- de certaines régions du Monde et risques et que la tentation peut
nologie est le plus souvent la clé : en particulier dans l'ex-Union apparaître, sinon de les ignorer, du
la guerre du Golfe a montré, à juste Soviétique. Certes, il semble bien moins d'en atténuer l'importance?
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

Un équilibre qui, hélas, n ' est pas marin, etc.), leur importance ne crer à la préparation de l'avenir ?
gratuit, devra être trouvé entre les disparaîtra pas, mais leur valeur C'est, probablement, dans la
efforts à court terme requis par la · opérationnelle dépendra de plus en recherche d'une politique de pré-
gestion des crises qui ont éclaté à plus de leur "intelligence" et de servation des compétences que
nos portes, et la nécessité de pré- celle de leurs systèmes d'armes. réside une grande partie de la
server les "outils" qui paraissent Cette évolution est déjà percep- réponse. Mais, dans la réalité, les
désormais ne concerner que le long tible, en particulier aux Etats-Unis, évolutions que va connaître le
terme. où.des sociétés comme IBM, EDS, domaine de l'armement, in oins
SAIC, Booz & Allen ... revendi- brutales notons-le que les événe-
Le nouvel environnement nous quent et, souvent, prennent la maî- ments eux-mêmes étant donné le
incite donc à revoir profondément trise d' œuvre de programmes. poids des décisions déjà prises,
notre politique d' Armement et les Nous devons en tenir compte: les vont surtout dépendre des nou-
moyens nécessaires à sa mise en industriels dans leur stratégie, leurs velles conditions dans lesquelles
œuvre. Mais il n'est pas le seul alliances , leur organisation ; les les programmes seront réalisés :
facteur "déclenchant". Au plan acteurs que sont les opérationnels, implication plus grande des opéra-
politique, se pose la question de les techniciens et les industriels tionnels, la dissuasion, même si
l'Europe. Quel sera, en définitive, dans leurs relations et la délimita- elle reste indispensable, n'étant
l'aboutissement des vœux du tion des responsabilités. plus la panacée ; coopération inter-
Traité de Maastricht concernant nationale plus nécessaire que
l 'Europe de Défense ? Nul ne 2eut jamais pour éviter le désarmement

***
le prévoir avec certitude, sï'è e structurel auquel conduit le coût
n'est que, déjà, des initiatives ont grandissant de la recherche et du
été prises, comme celle sur le développement des programmes ;
corps d'armée européen qui ne Armement ou désarmement ? réorganisation de l'industrie pour
peut pas ne pas conduire à terme à La question est trop simpliste pour tenir compte des restrictions bud-
une standardisation des matériels que toute réponse absolue soit hon- gétaires, de la coopération interna-
des pays concernés, au premier nête. Face à la menace d'hier, qui tionale, de l'utile synergie entre le
chef la France et l'Allemagne : il s'est aujourd'hui éloignée , du civil et le militaire et de la révolu-
faut d'ores et déjà s'y préparer moins géographiquement, il était tion qui s'annonce en matière
dans nos orientations pour le long possible de déterminer le seuil de d'architecture de systèmes. C'est
terme et dans nos structures. Au l'effort en matière d'armements en fait, un tiers de siècle après les
plan technique, nous assistons à nécessaire pour garantir à l'abri de grandes décisions prises par le
une certaine révolution dans la la dissuasion la crédibilité de notre général de Gaulle avec le succès
façon de concevoir et réaliser les défense. Face aux crises aux- que l'on connaît, l'ensemble des
futurs systèmes d'armes, avec le quelles nos forces sont confron- relations entre les trois acteurs,
poids prépondérant que prennent tées, nous savons qu'il faudrait l'opérationnel, l'ingénieur et
désormais les logiciels, l 'architec- faire plus pour donner à nos unités l'industriel qui est à repenser, afin
ture informatique, les traitements de combat les matériels adaptés à de maintenir l'efficacité de nos
de données etc. Jusqu'à un passé leurs besoins et en nombre suffi- structures face aux réalités
récent, la priorité était donnée aux sant. Mais face aux risques de d'aujourd'hui et aux incertitudes
"porteurs" (avion, char, hélicoptè- demain, quelle assurance contrac- de demain.
re , bâtiment de surface, sous- ter, c 'est-à-dire quel budget consa-

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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

ÉVOLUTION. DE LA DÉFENSE DE LA FRANCE


ET SES RÉPERCUSSIONS EN MATIÈRE D'ARMEMENT

Amiral LANXADE,
chef d'état-major des Armées

"Dans les préparatifs de défense nationale, nous devons suivre une voie totalement nouvelle
parce que la nature des guerres à venir sera entièrement différente de celles des guerres de jadis. "
ÜÉNÉRAL ÜIUILIO DOUHET
- La maîtrise del' air, Rome, 1921

S
ANS DOU.TE serait-il excessif reuse du contexte géostratégique, l'instabilité et de la fragilité. Ainsi,
d'appliquer cette formule à au risque de remettre en cause le problème posé par le regroupe-
la situation que nous quelques idées solidement ancrées. ment et la neutralisation des armes
connaissons aujourd'hui. Force est nucléaires n'a toujours pas reçu de
de constater, pourtant, que bien réponse satisfaisante. Ainsi, en
des choses ont changé, en quatre dépit des assurances qui nous sont
ans, dans notre vision stratégique De la menace globale à la données , des doutes subsistent
de l'Europe et du monde . De dissémination des risques quant à la volonté réelle de cer-
l'ordre ancien, il ne subsiste plus taines républiques de renoncer
que des outils militaires, souvent Pour dangereuse qu'elle fut, la définitivement à leurs armes
surdimensionnés, qui apparaissent, situation qui prévalait en Europe nucléaires.
au fil des jours, de moins en moins jusqu'à ces dernières années avait,
adaptés aux nouveaux risques qui au moins, un avantage : celui de la Constatons, ensuite, que la
se profilent. clarté. L'existence d'un adversaire Russie restera - de loin, et pour
bien identifié et sa proximité géo- très longtemps encore - la princi-
Les armées françai ses - mais graphique rendaient plus simples, pale puissance militaire du conti-
elles ne sont pas les seules - ont d'une certaine manière, la concep- nent , aussi bien sur le plan
donc entrepris une mutation en tion, l'organisation et l'emploi de nucléaire que sur le plan conven-
profondeur, devenue inéluctable. l'outil militaire. tionnel et ce, même après l' appli-
cation des accords de désarme-
Des choix ont été faits. Aujourd'hui les données ont ment déjà ratifiés.
D ' autres restent à faire, qui enga- radicalement changé. La nouvelle
geront notre avenir bien au delà de situation, que tout le monde Constatons, enfin, que plu-
l'horizon prévisible. En effet, si s'accorde à trouver moins dange- sieurs centaines de milliers de sol-
quelques heures suffisent pour reuse, est bien trop connue pour dats russes stationnent encore à
changer une politique ou modifier qu'il soit nécessaire de s'y attar- l ' extérieur de leurs frontières et
un concept d'emploi, dix ans res- der. Pour autant, les aspects posi- sont les témoins directs des affron-
tent nécessaires pour mettre au tifs qu'elle présente ne doivent pas tements qui déchirent les nou-
point un système d'armes dont la nous masquer certaines réalités. velles républiques où vivent
durée de vie excède très souvent actuellement quelque 25 millions
une vingtaine d'années. Constatons, d'abord, qu'une de leurs compatriotes expatriés.
très grande incertitude pèse sur
Les choix doivent donc l'avenir de la CEi dont chaque On imagine sans peine les
s'appuyer sur une analyse rigou- jour nous apporte des preuves de conséquences qu'aurait une inter-
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

vention directe des forces russes l'univers de paix, de coopération autour de deux états-majors ayant
dans un de ces conflits. Et l'on et de développement que beau- chacun une vocation particulière.
mesure mieux, dans cette hypothè- coup avaient cru pouvoir nous Le premier, orienté vers la prépa-
se, le risque que continuera de annoncer. ration et la planification d'inter-
faire peser sur le continent euro- ventions sur le territoire européen,
péen l'existence d'une superpuis- C'est donc en fonction d'un agira en étroite coordination avec
sance militaire, même limitée à la contexte géostratégique fortement nos alliés. Le second sera plus par-
seule Russie, risque fortement contrasté qu ' ont été redéfinies ticulièrement chargé de préparer
aggravé, en outre, par l'instabilité l'organisation et les missions de d'éventuelles participations fran -
politique qui pourrait perdurer. nos armées. çaises aux opérations de maintien
ou de rétablissement de la paix
Mais nos inquiétudes ne sau - dans les autres régions du monde.
raient se limiter à la CEI et à sa
périphérie : le èonflit yougoslave Une organisation plus Dans le même esprit, nous
est là pour nous rappeler, quoti- souple du commandement avons créé, l ' été dernier, un
diennement, les risques qui pèsent et des fore es Commandement des opérations
sur la région balkanique. Et le spéciales disposant, lui aussi, d'un
même scénario pourrait se repro- Maintien de la dissuasion véritable état-major interarmées,
duire ailleurs, dans la mesure où nucléaire, limitation de nos forces mais d'un volume plus réduit.
de nombreux pays ont redécou- à un niveau de stricte suffisance,
vert, avec leur indépendance, les fidélité à nos accords, action per- Enfin, dans le but de raccourcir
problèmes ethniques, frontaliers et manente en faveur du désarme- les circuits décisionnels et de faci-
religieux qu'un demi -siècle ment : tels sont les principes liter les synthèses, nous avons
d'ordre bipolaire avait permis de constants sur lesquels se fonde placé sous un commandement
masquer. notre défense depuis plus de trente unique, celui de la Direction du
ans. renseignement militaire, tous les
Hors d'Europe, les facteurs moyens militaires spécialisés,
d'instabilité ne sont pas moindres. Sur cet arrière-plan de conti- répartis jusqu'à présent entre diffé-
nuité, trois grands objectifs ont rents commandements et services.
Sur le continent africain, guidé la réorganisation en cours :
d'abord, où la plupart des Etats • d'abord, maintenir une capacité S'agi ssant de la construction
sont confrontés à une très forte de défense suffisante pour contri- européenne , la mise sur pied de
croissance démographique conju- buer, aux côtés de nos alliés, à l'état-major du corps européen, à
guée à une situation économique l' équilibre des potentiels Strasbourg , témoigne de notre
souvent catastrophique. Les diffi- nucléaires et conventionnels , en volonté de progresser sur la voie
cultés qui en résultent favorisent la Europe; d'une Europe de la défense,
montée de tous les extrémismes, le • ensuite, être en mesure de parti- conformément à l'esprit du traité
recours à la violence et les aven- ciper efficacement à la prévention de Maastricht.
tures militaires. et à la gestion des crises, en
Europe et hors d'Europe; Cette restructuration complète
Au Moyen-Orient comme en • enfin, contribuer activement à la de notre commandement opéra-
Asie, les tensions restent vives. construction européenne, dans le tionnel ne pouvait se concevoir
Aux antagonismes ancestraux domaine de la sécurité et de la sans une évolution parallèle des
s'ajoutent désormais les ambitions défense. forces dont l'éventail des missions
de puissances régionales sur les- s' est considérablement élargi. Une
quelles ne s'exerce plus la tutelle Pour réaliser ces objectifs, il distinction est faite, désormais,
des deux superpuissances. Partout, était nécessaire, avant toute chose, entre les forces à disponibilité dif-
les risques sont aggravés par de repenser notre organisation du férée , à base d'appelés , et les
l'existence de graves déséquilibres commandement et de lui donner forces à disponibilité immédiate,
militaires alors que se développe toute la souplesse nécessaire pour fortement professionnalisées et
la prolifération balistique, chi- faire face à des situations et à des qu 'il faudra sans doute augmenter.
mique, voire même nucléaire. cadres d'emploi de plus en plus Les une s et les autres seront
variés. constituées sur la base de modules
A l'ordre ancien, celui de la complémentaires et interchan-
bipolarité et de la guerre froide, C'est dans ce but que nous geables, de telle sorte qu'il soit
succède une instabilité généralisée sommes en train de nous doter possible de mettre sur pied, à la
dont nous ne pouvons dire, avec d'une véritable capacité de com- demande, le groupement de forces
certitude, qu'elle débouchera sur mandement interarmées, articulée le mieux adapté au type de crise, à
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

la configuration du terrain ou à la geons, à l'horizon 2000, la mise en cer au programme de bâtiments de


nature de l'adversaire à affronter. place d'une seconde composante lutte antimines à grande profon-
· devant bénéficier, elle aussi, d'une deur, à limiter à six le nombre de
crédibilité indiscutable. sous-marins nucléaires d'attaque
et à diminuer d'un tiers le nombre
Des moyens réduits, Concernant nos capacités des avions de patrouille maritime
mais mieux adaptés d'action terrestre, le nombre de de nouvelle génération. En
nos divisions passera de douze à revanche, le nombre de frégates
Toutes ces tran sformations huit, réparties entre le corps euro- légères et de surveillance, qui
devront s'effectuer dans un péen, un corps d'armée lourd et un assurent la permanence à la mer -
contexte budgétaire serré car, en corps d'armée léger, dérivé de notamment outre-mer - a été main-
France comme ailleurs, la baisse l'actuelle force d'action rapide. tenu et un nouveau TCD est prévu.
des tensions s'est accompagnée Cette évolution prendra en compte Instrument privilégié de la gestion
d' une diminution sènsible des cré- les enseignements de la guerre du de crises, le porte-avions nucléaire
di ts de défense. Il nous a donc Golfe et donnera un caractère Charles de Gaulle remplacera, en
fallu revoir nos priorités et envisa- beaucoup plus interarmes au com- 1998, le plus ancien de nos deux
ger une réduction importante du bat terrestre. Elle permettra d'aug- porte-avions qui accusera, alors,
format de nos armées pour déga- menter sensiblement le nombre trente-cinq ans d'âge. A partir de
ger les ressources nécessaires à d ' hélicoptères et d'accroître la 1999, arriveront les premiers
leur modernisation. Deux impéra- puissance de feu globale au détri- "Rafale-Marine", destinés à rem-
tifs devaient être pris en compte : ment des chars de combat dont le placer les vieux "Crusader".
• d' une part, assurer la gestion de nombre passera ainsi de 1 200 à
l 'héritage, sachant qu'il est extrê- 800. L'effort de modernisation A ces grands programmes lan-
mement difficile d'infléchir un sera poursuivi avec l'entrée en ser- cés, pour la plupart, bien avant que
ensemble de programmes dont la vice du char Leclerc, en 1994, et la n'apparaissent les premiers signes
réalisation s'étale sur de nom- poursuite des programmes d'héli- de dégel à l'Est, s'ajoutent de nou-
breuses années, coptères de combat Tigre et de veaux besoins que la guerre du
• d'autre part, préserver les choix transport NH 90. Golfe et nos derniers engagements
pour l'avenir, compte tenu de extérieurs nous ont permis, sinon
l 'instabilité et des incertitudes S'agissant des capacités de découvrir, tout au moins de
actuelles. aériennes, la priorité est désormais confirmer.
accordée aux appareils destinés à
Nous avons donc procédé à un l'attaque d'objectifs au sol par tout
examen systématique des pro- temps, de nuit comme de jour. Cet
grammes en cours ou à l'étude, en effort a été rendu possible par De nouvelles capacités à
fonction de notre nouvelle analyse l'évolution de la menace en acquérir ou à développer
de la situation. Selon les cas, il a Europe. Ainsi avons-nous trans-
été décidé d'accélérer ou d'étaler formé un certain nombre de com- Parmi les nombreux domaines
les programmes, de réviser les mandes d 'av ions de défense où des évolutions sont possibles, il
cibles, voire même, quelquefois, aérienne en commandes d ' avions s'agit d 'identifier ceux qui sont les
de renoncer à des acquisitions qui d'assaut, tout en réduisant les plus prometteurs, ceux pour les-
ne se justifiaient plus. séries. A l'horizon 1997, le quels nous sommes assurés de dis-
nombre de nos appareils de com- poser de l'avance technologique et
C'est ainsi que nous avons esti- bat devrait descendre au-dessous des ressources suffisantes, ceux,
mé possible de ralentir notre effort de 400, mais au début du siècle enfin, qui constituent des multipli-
dans le domaine nucléaire. Nous prochain, le programme Rafale cateurs de force pour des armées
avons déjà renoncé à développer le nous apportera la furtivité et sur- réduites.
missile mobile S. 45 et nous avons tout l'allonge nécessaire à la
réduit, dans des proportions très conduite d 'opérations lointaines A ce titre, l'espace bénéficie
importantes, le nombre de missiles que ne permettent pas les appareils déjà d'une très forte priorité, en
Hadès. Limités à une trentaine, ces de la génération actuelle. raison de l'étendue des capacités
missiles sont déjà stockés alors que procurent les systèmes satelli-
que leurs prédécesseurs sont pro- Dans le domaine aéromaritime, taires. C'est ainsi qu'après les
gressivement retirés du service. les forces de surface vont bénéfi- satellites SYRACUSE, de télé-
Pour l'avenir, les sous-marins cier d'une nouvelle priorité en rai- communications, et HELIOS, de
nucléaires, dont le nombre sera son de l'atténuation très sensible reconnaissance optique, seront
réduit à quatre, resteront au cœur de la menace sous -marine. Cette lancés de nouveaux programmes
de notre dissuasion et nous envisa- évolution nous a conduits à renon- ambitieux: HELIOS II, <l'observa-
33
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

· tion infrarouge, ZENON, d'écoute devrait nous permettre d'accéder savoir en temps utile, les systèmes
électronique, et OSIRIS, d'obser- aux systèmes les plus efficaces sur de communication et de renseigne-
vation radar. le plan opérationnel. Ainsi, des ment pour décider vite et à bon
armes de précision tirées à grande escient, les armes de haute techno-
D'autres systèmes, aéroportés, distance pourraient jouer un rôle logie pour frapper, si nécessaire,
embarqués ou télépilotés, vien- décisif dans la phase initiale d'une avec précision et efficacité, tout en
dront compléter les renseigne- crise ou d' un conflit, soit pour por- limitant les pertes et les dégâts
ments recueillis par satellites, pour ter un coup d'arrêt à une initiative collatéraux.
fournir une information actualisée dangereuse, soit pour préparer une
et directement exploitable aux uni- action de plus grande envergure. Ainsi, les mesures adoptées
tés opérationnelles déployées sur Arme de crise par excellence, ce devraient-elles permettre de rem-
le terrain. type de missiles permet, en effet, placer le nombre par la qualité et
de frapper avec une extrême préci- de donner à nos forces la puissan-
Le second domaine dans lequel sion - et donc un minimum de ce, la souplesse et la polyvalence
s'exercera notre effort est celui de dommages collatéraux - une très nécessaires pour agir, dans des
l'informatique de commandement. grande variété de cibles, tout en cadres variés, sur des théâtres
Cette appellation recouvre, en fait, limitant les risques encourus par d'opérations très différents les uns
tous les systèmes de commande- les équipages. des autres.
ment, de gestion des forces, de
communications et de renseigne- A cet égard, le souci d'écono- Mais cette mutation ne pourra
ment dont l ' interconnexion miser les vies humaines - tant du s' accomplir qu'au prix d'un inflé-
devient, chaque jour, plus néces- côté adverse que du côté ami - chissement sensible de nos priori-
saire. Durcis pour résister aux apparaît aujourd'hui comme un tés : d'une part, une réduction de
agressions de la guerre électro- facteur déterminant dans le choix notre effort dans le domaine
nique, ces systèmes devront être d'un mode d 'action. D'où les nucléaire, au profit de l'espace et
aérotransportables, modulables et efforts considérables réalisés dans des moyens nécessaires à la ges-
pouvoir, grâce à leur interopérabi- le domaine de la protection avec tion des crises ; d ' autre part, une
lité, s'intégrer dans des dispositifs l ' entrée en service de nouveaux diminution notable du format de
à géométrie variable. casques, de gilets pare-éclats ou de nos armées qui permettra de finan-
blindages réactifs. Les surcoûts cer leur modernisation.
Le troisième facteur de force qui en résultent ne sont pas négli-
concerne toute la gamme des geables, mais l'actualité nous En outre, il nous faudra tou-
armes de haute technologie dont apporte des preuves quotidiennes jours apporter le même soin à la
l ' efficacité a été amplement de leur utilité au Cambodge, en sélection et à la formation de nos
démontrée pendant la guerre du Somalie ou dans l'ex-Yougoslavie. hommes car c'est bien d'eux que
Golfe. Le coût élevé de ces sys- dépendent, au bout du compte, la
tèmes d'armes - et de l'environne- En fait, au cours des années qui mise en œuvre et l'efficacité de
ment qu'ils nécessitent - rend illu- viennent, nos efforts s'applique- nos armements.
soire la possession d'une panoplie
complète. En revanche, l'expérien-
ront en priorité dans les domaines
permettant de détecter et de traiter •
ce acquise dans ce domaine les crises : le renseignement pour

34
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

LE PROGRAMME LECLERC

Jean HAMIOT (70),


ingénieur en chef de I' Armement,
directeur du programme Leclerc,

Pierre ROUX,
directeur de ligne de produits Giat Industries

ORTI DES CHAINES de Giat bien sans l'adoption d'un nouveau

S
tecture mécanique ou pour l'archi-
Industries le 22 décembre processus de développement ni tecture informatique. Cette modula-
1991, le premier char Leclerc d ' une organisation industrielle rité lui confère une haute capacité
était remis officiellement à la DGA adaptée. d 'év olution et d'adaptation aux
le 14 janvier 1992. ' diverses formes d'engagement
Aussi la période de 1982 à 1986 potentiel. A titre d'exemple, la pro-
Le démarrage de la fabrication a-t-elle principalement consisté à tection balistique du char étant
série de ce char constitue l'aboutis- valider, à l'aide de mulets (bancs constituée d'une structure porteuse
sement d 'un développement repré- d'essais roulants ou fixes), les fonc- sur laquelle se fixent des caissons
sentant pour l'industrie mécanique, tionnalités opérationnelles et les de blindage spécial, toute évolution
électronique et visionique un chan- grands choix techniques retenus de la menace pourra être compen-
tier considérable étalé sur près de pour le char futur : équipage de 3 sée en temps réel par le montage de
quinze ans et ayant nécessité l'utili- hommes, tourelle compacte et ali- caissons adaptés à cette évolution.
satio n des technologies et des mentation automatique de l'arme Autre exemple, l'architecture infor-
méthodes les plus avancées. principale de calibre 120 mm. matique organisée autour d'un bus
de données sur lequel dialoguent
Historique Une organisation industrielle quelque vingt calculateurs permet
regroupant plus d'une centaine la reconfiguration automatique du
L'étude de faisabilité d'un d'industriels a été mise en place système et autorise l'évolution des
Engin principal de combat (EPC) autour du Giat, le maître d' œuvre. équipements par simple adaptation
de stiné à succéder à la famille Parmi ceux-ci huit responsables des logiciels.
AMX 3 0 a été décidée en 1978 d'équipements majeurs ont été dési-
pour une première livraison fin gnés comme coopérants princi- Les moyens d'instruction et la
1991. Le délai a donc été tenu. paux : Sagem pour le viseur tireur, logistique ont été développés en
SFIM viseur chef, SACM moteur parallèle afin de livrer à l'utilisateur
Début 1979 une convention a Diesel, SESM boîte de vitesses , non seulement un char mais aussi
été signée entre la France et la CSEE motorisation de tourelle, un système complet et cohérent.
RFA, définissant un programme de Mécanique Creusot Loire alimenta-
coopération ayant pour objectif la tion automatique , Dassault Mise en production
réalisation d'un char de combat Electronique et CGA Calculateurs. des chars de
commun. Cette coopération s'est l'armée française
poursuivie jusqu 'en 1981, année au La phase de développement,
cours de laquelle la partie alleman- engagée en 1986, s'est concrétisée La définition et la mise en place
de a décidé de ne pas donner suite. par la réalisation et l'évaluation de de l ' outil de production et les
Le ministre de la Défense fran- 6 prototypes du char Leclerc pour cycles industriels attachés à la réali-
çais a alors décidé le lancement du aboutir au dossier de définition per- sation du char ont conduit à enga-
programme national Char futur. mettant d'engager la production de ger le processus industriel lourd fin
série. 1988 : tâche monumentale au cours
Développement de laquelle il fallait faire évoluer le
La conception du char Leclerc a char d'un statut de prototype à un
Un pro gramme d'une telle été particulièrement orientée sur la statut de production série, tout en
ampleur n ' aurait pu être mené à modularité, que ce soit pour l'archi- organisant une parfaite mécanique
35
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

©BÉATRICE DUREY/GIAT INDUSTRIE

Le char Leclerc

industrielle apte à produire de Exportation du Leclerc après une compétition dans laquelle
manière soutenue des matériels de étaient également engagés le char
qualité. A la mi-90 Giat, partie intégran- américain Abrams et le char anglais
te de la Dat, devient Giat Industries Challenger.
Le maître d' œuvre industriel a avec un statut de société nationale,
donc remodelé son organisation lui permettant, entre autres , de Cette décision suit de peu une
tout début 1989 pour engager dans développer son activité à l'exporta- campagne d'essais menée aux
cette nouvelle phase ses centres de tion. E.A.U . en août 1992 avec le 1er
production et ses coopérants. char de série de l'armée française,
Une recherche de débouchés campagne qui a souligné les quali-
A l'heure actuelle, outre les s'est immédiatement développée, tés remarquables de ce matériel.
quatre premiers chars qui ont per- en Europe et vers les pays du Golfe.
mis de mettre en route l'outil indus- Pressentant la nécessité de pouvoir Ce premier succès à l'exporta-
triel, treize autres matériels sont en offrir un produit adapté, Giat tion est le résultat d'une très impor-
cours d'assemblage sur chaîne pour Industries s'engageait fin 1990 dans tante préparation industrielle.
être livrés en 1993. le développement d'une version
tropicalisée·du char Leclerc. C'est aussi un hommage rendu
Trente-quatre autres matériels aux choix opérationnels, à l'audace
livrables à l'armée française en C'est cette version adaptée aux technologique et à la clairvoyance
1994 sont déjà largement engagés. demandes du client qui vient d'être dont ont fait preuve l'armée de terre
Leur production s'accompagnera de retenue par les Emirats arabes unis française et la DGA pour le déve-
la mise en place des moyens de pour 390 exemplaires, accompa- loppement du char Leclerc.
fabrication série définitifs. gnés de 46 chars de dépannage,

36
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

L'HÉLICOPTÈRE DE COMBAT TIGRE/GERFAUT


(HAP-PAH2/HAC)

Gérard BRETÉCHER (68),


ingénieur en chef de I' Armement

TIGRE/GERFAUT est un

L
E
hélicoptère développé en
coopération par la France et
l'Allemagne en deux versions :
• une version app ui protection
(Hap ou Gerfaut) pour la France
seule, conçue pour la lutte antihéli-
coptère et l 'appui des troupes au
sol (missile s Mistral, canon,
roquettes, viseur de toit),
• une version antichar (PAH2/Hac
ou Tigre) commune aux deux pays
(système AC3G avec viseur de
mât, Hot, Mistral ou Stinger).

L'accord bilatéral, lançant le


développement, a été signé le 13
novembre 1987 par les ministres
de la Défense. Un bureau de pro- © STAP/DP
gramme bilatéral a été mis en place L'hélicoptère Tigre (version "GERFAUT" ou HAP).
en juin 1989 à Coblence. L'hélico-
ptère est réalisé par Eurocopter
(Aérospatiale-DASA), le moteur
par MTR (MTU-Turboméca-Rolls- La mise en service dans les forces programme de missiles AC3G est
Royce). L'équipement de mission des premiers appareils est prévue à prévoir en conséquence en 1993.
de la version Hap est développé en 2000 pour la version Hap. Cette
sur le plan national. date marque un retard de trois ans Pour l'armée de terre française,
par rapport aux échéances envisa- une certaine urgence est donnée à
Le programme est étroitement gées au début du programme, qui ·1a version appui protection car la
lié au programme de missile anti- résultent des contraintes budgé- mission n'est que partiellement
char de troisième génération taires des deux pays coopérant au remplie actuellement, alors que la
(AC3G), qui constitue l'armement programme. mission antichar peut être considé-
principal de la version antichar, qui rée comme remplie par la Gazelle
est développé en coopération par la L'Allemagne a remis en cause pendant une période transitoire.
France, l'Allemagne et la Grande- en 1992 le calendrier de livraisons,
Bretagne. les quantités et surtout la mission Le coût de développement, part
de l'appareil, qui doit devenir multi- française, représente environ 8
Le premier vol du premier pro- rôles (hélicoptère d'appui "UHU" ). milliards de francs.
totype a eu lieu le 27 avril 1991 ;
le second doit voler en avril 1993.
Une réorientation du programme
d'hélicoptère et éventuellement du

37
LA JAUNE ET LA ROUGE , JUIN 1993
L'armement

LE PROGRAMME RAFALE
des origines aux décisions majeures

Bernard BESSON (63),

ingénieur en chef de l 1Armement

E
N DÉCEMBRE 1975, le gou- France, Grande Bretagne, Italie) . des études de solutions nationales
vernement lançait le déve- Les discussions à 5 évoluèrent avaient été conduites à un rythme
loppement de l ' avion de régulièrement, mais l'accord appa- moins actif, afin d' offrir en perma-
combat Mirage 2000, monomoteur rent sur les besoins opérationnels nence des choix au gouvernement.
destiné à remplacer à partir de dissimulait de fortes divergences, En août 1985 elles furent accélé-
1982 l'avion Mirage III dans la les 3 pays produisant le Tornado rées pour permettre le lancement
flotte de l ' Armée de l ' air. Conçu (Allemagne, Grande-Bretagne, en mars 1986 de la phase de défi-
pour une mission de défense et de Italie) recherchant un avion de nition du programme ACT-ACM
supériorité aérienne, il n ' apporte- défense aérienne, la France un (Avion de combat marine).
rait pas des performances optimi- avion d'appui et d'attaque au sol Le 4 juillet 1986, le démonstra-
sées pour les missions d'attaque et ACT (Avion de combat tactique), teur ACX, baptisé "Rafale" par M.
d'appui au sol assurées par le et envisageant la possibilité de réa- Marcel Dassault, faisait son pre-
Jaguar. La succession des Jaguar liser une version embarquée, le mier vol et débutait une intensive
devant être organisée pour les besoin de renouvellement des période d'essais dont les enseigne-
années 90, dès 1977 des échanges avions de la Marine ayant été pré- ments étaient essentiels pour la
de vues franco-britanniques, puis à cisé. phase de définition. Cette phase,
trois avec l'Allemagne, allaient Les désaccords étaient plus évi- bénéficiant de directives complé-
conduire à un accord en septembre dents sur les choix techniques et mentaires en mai 1987 permit
1981 : le concept bimoteur ACE les répartitions industrielles, le d'arrêter les caractéristiques mili-
(avion de combat européen), dont "club Tornado" animé par British taires de référence pour l'armée de
l'approfondissement , par des Aerospace poussant en avant une l 'Air et pour la Marine et de pro-
études nationales confrontées régu- formule dérivée de l'EAP, Dassault poser la définition technique
lièrement pourrait amener à un lan- proposant des solutions retenues détaillée fin 1987.
cement en 1983. pour l' ACX; le choix de la moto- En comité interministériel de
En France, Dassault Aviation et risation marquait le même clivage janvier 1988, le Premier ministre
les services de la DGA étudiaient entre un dérivé du moteur du décidait le lancement du dévelop-
l'intérêt de réaliser un avion expé- Tornado, sous la conduite de Rolls- pement du programme Rafale,
rimental, démonstrateur des nou- Royce, et le futur M88 de Snecma, avion de combat polyvalent, desti-
velles technologies qui étaient en dont les démonstrateurs tournaient né à équiper l' armée de l ' Air et la
développement. En septembre sur bancs. Marine, les premiers exemplaires
1982 , le constructeur British L'année 1985 marqua la fin de de série devant être livrés en 1996.
Aerospace annonçait le lancement, cette tentative de coopération : le Le Rafale est destiné à rempla-
non concerté, d ' un avion expéri- débat s'était cristallisé autour de la cer dans l ' Armée de l ' air les
mental EAP. M. Charles Hernu, masse à vide, la France refusant de Jaguar, Mirage Fl et à terme les
ministre de la Défense, demanda dépasser 9, 5 T, limite supérieure Mirage 2000 de première généra -
alors aux services de lui présenter admissible pour réaliser une ver- tion, dans la Marine les Crusader
un projet équivalent : l 'ACX sion embarquée. Le premier août et les Super-Etendards devenant
(Avion de combat expérimental) les trois pays du Tornado décidè- ainsi unique avion de combat
fut lancé en avril 1983. rent le lancement du programme embarqué. Il a vocation à assurer
Quelques jours après était tenue EFA (à 9, 75 T) ; fin septembre aussi bien les missions d'attaque et
à Paris la première réunion à cinq l'Espagne les rejoignait. d'appui que les missions de défen-
nations (Allemagne, Espagne, En parallèle avec ces travaux, se et supériorité aériennes pour les
38
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

© DASSA ULT/AVI A PLA NS - FRA NÇOIS ROBINEA U


Rafale M01 et Rafale C01.

deux armées, et donc à être poly- le 12 décembre 1991. L'excellente 1992. Cette production représente
valent. Les spécificités de la ver- progression des essais, tant au sol 320 avions, 234 pour l'armée de
s ion embar quée se limitent à qu'en vol , a permis d'arrêter la l' Air et 86 pour la Marine, le pre-
quelques renforcements structu- définition initiale de série en mier avion de série étant livré fin
raux et équipements spécialisés de octobre 1992 et de proposer au 1996, la première flottille (Marine)
catapultage et d'appontage ; les gouvernement le lancement de la étant mise en service opérationnel
systèmes de combat sont totale- production. Ceci ne clôt pas la fin 1998 (à bord du porte-avions
ment communs. phase de développement, dont les Foch et peu après à bord du
Le premier prototype de déve- travaux sont prévus jusqu'à la fin Charles de Gaulle) et le premier
loppement, le monoplace CO 1, a 2000. escadron (armée de l' Air) étant
effectué son premier vol le 19 mai Le ministre de la Défense a mis en service opérationnel fin
1991 ; le deuxième prototype, le décidé le lancement de la produc- 2000.
monoplace "Marine" MOI a volé tion du Rafale le 23 décembre
• 39
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

RAFALE
La maîtrise des technologies avancées

Bernard SIGAUD,

directeur du programme à Dassault Aviation

A RÉUSSITE EXEMPLAIRE d'un tique française. L'intégration de la houlette de Dassault, cette

L programme de la dimension
et de la complexité du
Rafale repose d'abord sur la par-
toutes ces innovations représente
un saut technologique de première
importance qui place d'emblée
maquette est le support de l'éva-
luation, dans le Centre de simula-
tion du CEV, par les services éta-
faite collaboration de l'ensemble Rafale en position d'avion de com- tiques et les pilotes opérationnels
des industriels impliqués dans son bat de combat le plus moderne des solutions proposées, avec une
développement. Chaque société d'Europe ; techniquement com- avance importante par rapport aux
sélectionnée a assumé pleinement plexe pour répondre à la variété réalisations.
les responsabilités qui lui étaient des missions, Rafale est un systè- Les coopérants majeurs ont
confiées. La conjugaison de tous me dans lequel tous les équipe- reçu directement de l'Etat les
ces talents permet aujourd'hui ments sont interdépendants et dia- contrats de développement pour
d'affirmer sur un plan mondial la loguent entre eux en permanence, leurs matériels.
compétence française en matière nécessitant pour cela une intégra- Snecma développe avec le réac-
de technologie et de maîtrise des tion très poussée. teur M88-2 une nouvelle généra-
grands programmes. Pour maîtriser la complexité du tion de moteurs militaires ; conçu
Pour tenir compte de système, Dassault Aviation, qui a de manière modulaire, doté d'une
l'ensemble des besoins exprimés reçu la mission d'architecte indus- régulation numérique fonctionnant
par les futurs utilisateurs, Rafale triel responsable du rassemblement avec une température devant turbi-
sera un véritable système d'armes et de la coordination des compé- ne très élevée, le M88 a subi avec
intégré et polyvalent, capable de tences, s'est doté d ' une organisa- succès son épreuve d'endurance;
prendre en compte tous les aspects tion, d'une méthode et d'outils le contrat d 'industrialisation a été
du combat moderne avec une capa- nouveaux. notifié et les premiers moteurs de
cité air-air multicible, une capacité Une équipe de synthèse a été série sont commandés.
de frappe air-sol par tout temps et chargée de l'établissement d'un Le radar à balayage électro-
une gestion en temps réel de la dossier de conception système, nique deux plans RBE2 est déve-
mission; il pourra s'intégrer par- préalable aux définitions détaillées, loppé par un GIE réunissant les
faitement dans un ensemble de proposant les grands choix d' archi- compétences de Thomson-CSF et
systèmes d' armes complexes aussi tecture, l'attribution des ressources de Dassault Electronique. En air-
bien aéromaritime qu' aéroter- techniques à terminaison (alloca- air, le RBE2 aura la capacité nou-
restre ; il pourra œuvrer à partir tions) compatibles avec les res- velle d'associer au choix du pilote
d'un porte-avions au sein d ' une sources budgétaires du pro gram- · la veille identification dans une
force navale ou aéroterrestre, en me. succession de domaines sans inter-
liaison avec des systèmes de détec- Ce dossier est à la base de la rompre les poursuites engagées
tion aéroportés (Awacs) ou constitution d'une maquette infor- précédemment ; il existe de plus un
d'autres avions de combat, aussi matique du système d'armes mode liaison avion-missile pour le
bien qu ' à partir de bases terrestres. (vision avancée système) respec- tir du Mica à longue portée. Pour
Réacteurs, radar, contre- tant la décomposition fonctionnelle la pénétration à très basse altitude,
mesures, commandes de vol, arme- et les allocations proposées par le le radar apporte l'information
ment ( ... ) concrétisent véritable- dossier de conception. Conçue temps réel nécessaire quelles que
ment au travers de ce programme avec la participation des industriels soient les conditions météorolo-
l'avance technologique de coopérants majeurs, fédérés dans giques. Ceci permet le suivi de ter-
l'ensemble de l'industrie aéronau- un groupe industriel système sous rain dans le plan vertical et latéra-
40
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

lement l'évitement des obstacles


non programmés. Le RBE2 appor-
te également l'information néces-
saire au recalage de la navigation
et à l'attaque des objectifs ter-
restres et maritimes.
Réalisé par Thomson-CSF
Défense, implanté dans la pointe
avant de l'avion, l'Optronique
Secteur Frontal est complémentai-
re du radar avec lequel il permet-
tra, dans le domaine du visible et
de l'infrarouge, de détecter, locali-
ser et identifier des menaces, de
jour comme de nuit. Discret, insen-
sible au brouillage électromagné-
M
tique et très performant, l'OSF par-
ticipe à l' autoprotection de l'avion
par sa capacité de détection et de
poursuite des missiles dans le sec- © DASSAULT/AVIAPLANS - FRANÇOIS ROBINEAU
teur frontal et assure une aide' au Le Rafale M01.
pilotage pour le vol de nuit.
Le système d'autoprotection
électronique et d'évitement de temps, tout secteur, pouvant être communication Thomson TRT, etc.
conduites de tir Spectra est le pre- tiré vers le haut ou le bas avec fort Par ailleurs, dès la conception
mier équipement de contre-mesure dénivelé. Même en ambiance de de l'avion et de ses équipements,
développé en France dont la large guerre électronique intense, il Dassault Aviation a pris en consi-
couverture spectrale inclut les garde une grande efficacité renfor- dération l'ensemble des moyens
domaines électromagnétique, laser cée par l'interchangeabilité de ses logistiques, avec le même souci de
et infrarouge. Grâce à cette large autodirecteurs ; innovation majeu- cohérence, sur la base du concept
couverture, Spectra fusionne et re, le Mica IR ou le Mica EM sont de Soutien logistique intégré (SII),
analyse les informations d 'envi- indifféremment efficaces de la très dans une action globale l'associant
ronnement, agit avec discernement courte à la grande portée. aux coopérants majeurs dans un
et enregistre les données sur Développé sous maîtrise groupe industriel du soutien logis-
l' adversaire. Le développement du d'œuvre Matra Défense, avec tique.
Spectra est confié à Thomson-CSF, l' Aérospatiale comme coopérant Lancé en 1988, le développe-
Dassault Electronique et Matra principal, Apache est le seul systè- ment de Rafale respecte
Défense, Thomson-CS! assurant la me air-sol stand-off en cours de l'ensemble de ses contraintes tech-
coordination des travaux de déve- développement en Europe. Il per- niques budgétaires et calendaires ;
loppement en liaison avec Dassault met d'atteindre, de jour comme de les prototypes ont accumulé plus
Aviation. nuit, des objectifs variés à grande de 1 000 vols, ce qui a permis au
Les armements nouveaux, distance limitant ainsi le risque ministre de la Défense de signer le
développés en cohérence avec encouru par l'avion tireur. Il est dossier du lancement de produc-
Rafale, sont essentiellement le capable d'emporter diverses sous- tion, rapidement concrétisé par la
missile air-air multicible Mica et le munitions pour optimiser son effi- signature du contrat d'industriali-
missile air-sol "stand-off" (tiré à cacité face aux différentes cibles sation et bientôt par la commande
distance de sécurité) Apache. Le envisagées. des premiers avions de série.
missile Mica est multimission, Il convient encore de citer les Le 13 avril 1993, le prototype
multicible, multiavion. Tant dans principaux équipements consti- MOl appontera sur le porte-avions
sa version à autodirecteur électro- tuant le cœur du système Foch, en décembre 1986 le pre-
magnétique que dans sa version d'armes : calculateurs et logiciels mier avion de série volera, en 1988
infrarouge, il est utilisable pour de mission réalisés par Dassault la première unité opérationnelle
toutes les missions : interception, Electronique, système de naviga- sera constituée.
combat, autodéfense ; il est le pre- tion inertielle à gyrolasers déve- Avec Rafale, l'aéronautique
mier missile à capacité multicible loppé par Sagem, équipements de militaire et la technologie fran-
développé en Europe. Caractérisé visualisation et de dialogue çaises se sont dotées d'un outil
par une souplesse d'emploi opéra- homme-machine réalisés par majeur pour le 3e millénaire.
tionnel, c'est un missile tout Sextant Avionique, équipements de
• 41
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
SAVANT MELANGE

En juin 1994, Acropolis Nice accueille le Congrès


International du Café . Pour en garantir le succès,
Acropolis est partenaire. Partenaire de chaque
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L'armement

LÉ CHARLES DE GAULLE

Pierre MONTÉLESCAUT (64),


ingénieur en chef de l 1Armement

E GROUPE aéronaval au non seulement de catapulter et de industriel français, européen, voire

L centre d_uquel se trouve le


porte-av10ns, est un moyen
de défense aux possibilités uniques
recueillir, mais aussi de ravitailler,
d' armer, d 'entretenir. .. ;
- stabilisation combinant savam-
même américain, au travers
d'entreprises qui vont de la PME
aux industriels majeurs de l'arme-
du fait de: ment les mouvements de safrans et ment et du nucléaire.
- la liberté de déploiement partout de lests pour ramener les attitudes
dans le monde qu'ouvre l'utilisa- de la plate-forme, en cas de condi- La maîtrise d'œuvre de la DCN
tion du domaine maritime, tions de mer sévères, à des valeurs s'exerce en particulier sur les
- la variété et la puissance des sys- compatibles avec la conduite des tâches difficiles et critiques d 'inté-
tèmes dont il dispose, opérations aériennes. gration des principaux systèmes
- l'autonomie dont il est doté qui - système d'armes aux compo- très spécifiques des bâtiments de
permet de mener des opérations santes multiples et fortement inté- guerre. Une illustration indirecte
durables dans des zones lointaines. grées, conduisant les actions offen- de ces tâches peut être donnée à
sives avec des avions d'armes travers la description du système
Le porte-avions est la pièce modernes, tels les Rafale, et son de combat, parmi les plus com-
maîtresse de ce dispositif, bâtiment autodéfense au moyen, entre plexes.
base du système d'armes principal, autres, d'un système antimissile
l'avion, qu'il soutient, prépare et sophistiqué, le SAAM; Pour un observateur extérieur le
met en oeuvre; c'est également le - production d'énergie quasiment foisonnement des antennes qui
centre nerveux depuis lequel sont illimitée, grâce aux deux chauffe- hérissent l'îlot, le mât et les abords
orchestrées contrôlées et supervi- ries nucléaires, donnant au porte- du pont donne une première idée
sées les opérations du groupe. avions une très grande autonomie ; de la somme des moyens de détec-
- environnement de l 'équipage par- tion et de transmission utilisés ; ils
Le programme porte-avions ticulièrement pris en compte tant contribuent à l'accomplissement
type Charles de Gaulle est destiné pour les postes de travail que pour des fonctions principales qui sont
à renouveler les moyens actuels de la vie à bord. d'échanger des informations et des
la Marine nationale qui arrivent en ordres, de préparer et de conduire
fin de service. Lancé en 1986, le Pour mener à terme cet ouvrage l'action. Le système s'articule
porte-avions Charles de Gaulle original (on construit un nouveau autour des pôles principaux sui-
sera mis à flot en 1994 et sera type de porte-avions tous les qua- ·vants :
admis au service actif en 1998 rante ans) et complexe, la - les transmissions,
après une période de quinze mois Direction des constructions - le système de défense et de com-
d'essais en mer. navales (DCN) assume la mandement,
Direction de programme, et sa - les aides au commandement,
Bâtiment à la coque d'une taille composante industrielle est char- - les "services" communs au systè-
voisine de celle de ces prédéces- gée de la maîtrise d'œuvre de me d' armes et à la plate~forme.
seurs, il surpasse ceux-ci dans bien conception et de réalisation du
des domaines : navire. A ce dernier titre elle Le système intégré de transmis-
- installations aéronautiques adap- apporte une valeur ajoutée de près sions extérieures comprend
tées à des avions performants , de trente pour cent au projet qui l'ensemble des moyens de liaisons
donc lourds , qu'elles se doivent fait donc largement appel au tissu de commandement, d'échange en
43
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

IJ2l,J,\ 1 r~<dl<&:l

DISPOSITION des AERIENS (I LOT) Ech. 1/400

10m

temps réel de données tactiques et surveillance de zone . ..), à l'aide de - celui de la navigation qui donne
de diffusion de la situation de réfé- calculateurs nombreux et puis- avec une grande précision la posi-
rence. Ces échanges relient le sants. tion, le cap, la vitesse, l'attitude du
porte-avions, les éléments du grou- porte-avions à la passerelle, au sys-
pe et le commandement à terre à Les aides au commandement tème d'armes et aux avions.
travers 70 antennes dans un spectre mettent à la disposition des exploi-·
très large ; leur exploitation est très tants des bases de données et des La ré ali sation du système de
automatisée. outils d'exploitation destinés à pré- combat est confrontée à des pro-
parer les missions et les opérations blèmes de nature diverse (méca-
Le système de défense et de à venir pour toutes les compo- nique, traitement du signal, automa-
commandement intègre des équi- santes du groupe aéronaval. tique, informatique, ergonomique) à
pements de détection, un système l'image de la réalisation du porte-
d 'exploitation tactique des infor- Les "services" principaux sont : avions, véritable défi relevé par tous
mations et des moyens d'autodé- ceux de la communication à ceux qui y participent.
fense. Il synthétise toutes les infor-
mations nécessaires à la conduite
l'intérieur du navire qui est une
véritable ville câblée pour ses

de s opérations (contrôle aérien, 1 950 hommes d'équipage,
44
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

LES SOUS-MARINS NUCLÉAIRES LANCEURS D'ENGINS


DE NOUVELLE GÉNÉRATION TYPE LE TRIOMPHANT

Emmanuel DUVAL (62),

ingénieur général de I' Armement

Pourquoi le Triomphant ? suffisamment faible pour qu'il soit Elle ne révèle pas non plus ce
quasi indétectable par les moyens que peut être la complexité d'un tel
Les cinq sous-marins nucléaires d'écoute les plus perfectionnés. objet (75 000 appareils embarqués,
lanceurs d'engins (SNLE) aujour- Il lui était en outre demandé, reliés par 300 km de câbles élec-
d'hui en activité devraient atteindre pour ne se limiter qu'à l'essentiel: triques et 50 km de tuyautages, une
l'âge de la retraite avant 2010. - un système SONAR d'un niveau chaufferie nucléaire de propulsion,
Le maintien à son niveau de suf- de performances tel qu'il lui per- 16 missiles balistiques porteurs
fisance de notre force de dissuasion mette de détecter avec un préavis chacun de six têtes thermonu-
implique le remplacement progres- suffisant des adversaires potentiels, cléaires ... ) et pas d'avantage les
sif de ces sous-marins. Celui-ci se appelés eux-mêmes à devenir de profondes innovations technolo-
prépare depuis la fin des années plus en plus silencieux, giques qu'il recèle.
1970, date à laquelle étaient entre- - une profondeur de plongée accrue Les objectifs ambitieux fixés au
prises les premières réflexions sur par rapport aux sous-marins de la Triomphant ont en effet conduit, au
le besoin d'un SNLE de nouvelle génération précédente, afin d'amé- cours des dix dernières années, à un
génération (SNLE NG) et sur les liorer ses possibilités de manoeuvre effort considérable de recherche et
performances opérationnelles qu'il tactique et, en particulier, répondre de développement, tout spéciale-
convenait de rechercher pour ce à l'éventuelle émergence de procé- ment important dans le domaine de
futur sous-marin. dés de détection non acoustiques. la discrétion acoustique.
L'invulnérabilité est de toute Il était prévu qu'il emporte dans Pour illustrer les difficultés du
évidence la qualité primordiale du un premier temps des missiles but à atteindre en la matière, il suf-
SNLE : sur sa capacité à rester balistiques M4 aux caractéristiques fit d'indiquer que le Triomphant,
indétectable repose en effet pour améliorées! mais devait être conçu avec ses 14 000 tonnes de déplace-
une large part la crédibilité de la pour pouvoir être adapté ultérieure- ment, rayonnera dans l'eau une
dissuasion. ment à des missiles de portée et de puissance acoustique qui se chiffre-
Tout laisse par ailleurs à penser capacités accrues. ra en millionièmes de watt, soit
que la détection sous-marine restera En 1987 était décidée la l'équivalent, en acoustique aérien-
essentiellement, à court et à moyen construction du premier SNLE NG, ne, du chant d'un oiseau.
terme, de nature acoustique. Des le Triomphant. On conçoit dès lors l'ampleur et
progrès considérables ont été le caractère "tous azimuts" des
accomplis au cours des quinze der- Le Triomphant: études et développements qu'il a
nières années dans le domaine de la une profonde mutation été nécessaire de consentir pour
détection des ondes acoustiques de technologique · aboutir à ce résultat. Dans la pra-
très basse fréquence qui autorisent tique, c'est tout le sous-marin qu'il
des détections à longue distance. La maquette du Triomphant a fallu littéralement repenser :
Ces progrès sont appelés à se pour- donne une idéè de ce que seront ses formes très pures, propulseur d'un
suivre. Pour répondre à cette mena- formes extérieures. nouveau type, architecture intérieu-
ce, il n'existe qu'un remède : Par contre, elle ne rend pas re entièrement redessinée, ensemble
rendre nos sous-marins les plus dis- compte de ses dimensions qui en des équipements passés au crible
crets possible. font un très gros sous-marin : des essais vibratoires et acous-
En 1982 débutaient les études - longueur: 138 m, tiques.
du SNLE NG, avec pour objectif - diamètre: 12, 5 m,
majeur d'en faire un sous-marin - déplacement en plongée : supé- 1 - version du missile M4 baptisée depuis
dont le niveau de bruit rayonné soit rieur à 14 000 tonnes. M45.
45
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

Le Triomphant. © DCN/JEAN BI AU GEAU D

Mais la discrétion acoustique Sa construction aura duré sept qui, malgré les évolutions technolo-
n'est pas le seul domaine où le ans et aura fait appel au concours giques dont il bénéficie, sera , en
Triomphant innove : citons, sans d'environ quatre mille industriels. francs constants, sensiblement équi-
insister et sans prétendre à Pour DCN Cherbourg, l'établis- valent à celui des sous-marins de la
l'exhaustivité, le Sonar dont les sement de la Direction des génération précédente.
performances seront à la hauteur de constructions navales qui construit
la surface d'antennes installée et de le sous-marin et intègre l'ensemble L'après Triomphant
la puissance informatique associée, des équipements qu'il renferme, sa
laquelle équivaut à celle de plu- réalisation aura nécessité la fourni- Les ess ais à la mer du
sieurs ordinateurs de type CRAY, ture de dix millions d'heures de tra- Triomphant débuteront avant la fin
les centrales inertielles de naviga- vail. de 1993 . Derrière lui se profile le
tion qui utiliseront des gyroscopes à Les dimensions du Triomphant Téméraire, deuxième sous-marin de
suspension électrostatique, à très étant incompatibles avec la réutili- la série, dont la construction a été
faible dérive intrinsèque, dévelop- sation des infrastructures existantes, entreprise en 1989.
pés spécifiquement pour le par ailleurs anciennes, il a fallu, Au budget de 1993 sont inscrites
Triomp hant , la coque résistante, pour ce programme, doter DCN les premières ressources destinées
réalisée dans un nouvel acier à très Cherbourg d'un nouvel outil de au troisième sous-marin de la série,
haute limite élastique , autorisant production. le Vigilant.
une profondeur de plongée accrue Celui-ci autorise une construc- Ainsi prend corps peu à peu la
et dont la maîtrise nous place en tion à l ' horizontale, suivant les nouvelle génération des SNLE,
position de leader mondial dans ce méthodes les plus modernes, faisant gage de maintien de la crédibilité
secteur. largement appel, pour la réalisation de la composante navale de la dis-
de la coque, à des procédés de sou- suasion nucléaire qui, selon toute
Le Triomphant : dage automatisés et permettant une vraisemblance et malgré les évolu-
un très grand chantier préfabrication et un prééquipement tions récentes du contexte géostra-
poussés des sections du sous-marin tégique, devrait demeurer loin
Le Triomphant, et ceci est dans avant leur jonctionnement. avant dans le prochain siècle la
doute méconnu, c'est également un Les gains de productivité qui en garantie ultime de la sécurité de
des très grands chantiers actuelle- résultent permettront d'obtenir pour notre pays.

46
ment en cours en France. le Triomphant un prix à la tonne

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

HELIOS : LE PREMIER SATELLITE


MILITAIRE EUROPÉEN D'OBSERVATION

Joël BARRE (7 4),


ingenieur en chef de I' Armement

et Alain de LEFFE (66),


sous-directeur programmes d'application au Centre spatial de Toulouse

E DROIT de survol universel-

L lement reconnu, la couvertu-


re mondiale, la permanence
et la répétitivité des observations
ORGANISATION DU PROGRAMME HELIOS

Etat-major pilote:
permises par l'orbite polaire sur Etat-major des armées (EMA).
laquelle ils sont généralement pla-
cés, font des satellites d'observa- Direction de programme :
tion des instruments privilégiés Direction des missiles et de l'espace (DGA/DME).
pour la prévention et la gestion des
crises, et pour le contrôle du désar- Architecture d'ensemble et maîtrise d'ouvrage
mement. Les Etats-Unis et l'ex- de la composante spatiale :
URSS ont fait dans ce domaine un Centre national d'études spatiales (CNES).
effort considérable depuis le début
des années 1960. En 1991, le Maîtrise d'œuvre des satellites et de la composante au sol:
conflit du Golfe a illustré l'impor- Matra Marconi Space - France.
tance et la suprématie des moyens
spatiaux de renseignement dont dis- Principaux industriels coopérants :
posent les Américains. Par compa- •France:
raison, la faiblesse des moyens ana- Aérospatiale, Alcatel Espace, Bertin, Cisi Ingénierie, Matra Cap
logues actuellement disponibles en Systems, Réosc, Saft, Sagem, Schlumberger Industries, Sep, Sextant
France et en Europe est clairement Avionique, Sodem, Thomson.
apparue, et ce conflit a confirmé la • Italie :
nécessité pour un système de défen- Alenia Spazio, Ciset, Datamat, Fiar, Intecs, Laben, Siemens Italia,
se moderne d'utiliser des satellites Telespazio.
d'observation. •Espagne:
Alcatel Espacio, Casa, Crisa, Inisel, Sener, Technologica.
C'est à partir de 1977 que la
Délégation générale pour l' Arme- Lancement:
ment (DGA) a, en relation avec Arianespace.
l'état-major des armées, consacré à
l'observation par satellite des cré-
dits importants, pour préparer le le premier satellite a été lancé par le d'observation optique, a été décidé
développement d'un système CNES en 1986. Depuis cette date, par la France.
d'observation à très haute résolu- les images prises par les satellites
tion. Par ailleurs, la Défense a éga- SPOT sont régulièrement utilisées Dès le départ, le programme a
lement participé au début du pro- par les armées. été conçu en synergie maximale
gramme civil SPOT, qui a été en avec le programme civil contempo-
France et en Europe le programme C'est en 1986 que le programme rain SPOT 4 : les deux satellites,
précurseur dans ce domaine, et dont HELIOS, de satellite militaire civil et militaire, utiliseront la
47
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

HELIOS. D. R.

même plate-forme (qui assure le Peu après son démarrage, l'Italie les trois pays d ' environ dix mil-
pilotage, l' alimentation électrique, et l'Espagne sont venues s'associer liards de francs, le système
la régulation thermique, le contrôle au programme, faisant ainsi de lui HELIOS deviendra l'œil indépen-
d'orbite et la gestion du satellite), et le premier programme européen de dant de leur défense. Il sera utilisé
les mêmes enregistreurs magné- système de renseignement par satel- en permanence, en temps de paix
tiques, capables de stocker plu- lite. Une trentaine d'industriels des comme en temps de crise, par les
sieurs centaines d'images avant leur trois pays réalisent ensemble les trois pays coopérants, mais aussi
transmission au sol par télémesure. deux satellites prévus, ainsi que les par l'Union de l'Europe occidentale
Par ailleurs, la DGA et le CNES ont installations au sol dont chaque (UEO ) avec qui la fourniture
mis en place une organisation pays disposera sur son propre terri- d'images a été convenue . Le pre-
conjointe de maîtrise d ' ouvrage. toire pour exploiter le satellite en mier satellite, en cours de réalisa-
Mais c'est son télescope à imagerie orbite et les images qu'il transmet- tion, sera lancé par la fusée euro-
électronique, qui confère au satelli- tra. Cette exploitation sera partagée péenne ARIANE en 1994. D 'ores
te HELIOS sa capacité d'acquisi- à hauteur de 14 % pour l'Italie et de et déjà, les études sont en cours
tion du renseignement gouverne- 7 % pour l'Espagne) au prorata des pour améliorer les générations
mental et militaire, à des fins de participations financières, grâce à futures , en particulier en les dotant
documentation stratégique ou des règles de programmation quoti- d'une capacité tout temps, en dimi-
même de situation tactique . Le dienne du satellite, que les états - nuant le délai d'acquisition des
satellite sera en effet capable de majors et services de renseignement images ou en augmentant les per-
réaliser des prises de vue à très français , italiens et espagnols formances de résolution.
haute résolution, nettement supé- auront préparées, puis mettront en
rieure à celle des satellites civils,
tout en offrant un large champ
œuvre ensemble.

d'observation. Pour un coût de réalisation pour
48
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

LA COOPÉRATION EUROPÉENNE ·
ASPECTS ÉTATIQUES ET ASPECTS INDUSTRIELS

La définition, l'étude et la réalisation de tout programme d'armement mettent en jeu des acteurs
étatiques d'une part, opérationnels et techniciens responsables des acquisitions et des acteurs indus-
triels. Il en va de même qu' il s'agisse de programmes nationaux, ou de programmes impliquant plu-
sieurs pays. Les conditions de la mise en œuvre et de la réussite des coopérations en matière d'arme-
ment doivent donc être examinées tant sous leurs aspects étatiques, pour ce qui concerne "la
demande", que sous leurs aspects industriels, pour ce qui concerne "!'offre".

ASPECTS ÉTATIQUES
Jean-Paul PANIÉ (67),

ingénieur en chef de l 1Armement

A DÉFINITION, l'étude et la programme européen EUCLID La principale motivation est

L réalisation de tout program-


me d'armement mettent en
jeu des acteurs étatiques d ' une
qui, selon l'exemple du program-
me civil EUREKA, porte sur les
recherches dans le domaine de la
néanmoins économique. Alors que
les budgets de défense de presque
tous les pays diminuent, la réduc-
part, opérationnels et techniciens défense. tion des coûts est naturellement de
responsables des acquisitions et plus en plus impérative et l'effet
des acteurs industriels. Il en va de Les motivations aux coopéra- positif que l'on peut attendre de la
même qu'il s'agisse de pro- tions sont de plusieurs ordres : poli- coopération en ce domaine
grammes nationaux, ou de pro- tique, opérationnel et économique. l'emportera de plus en plus sur ses
grammes impliquant plusieurs inconvénients et ses difficultés de
pays. Les conditions de la mise en Au plan politique, des gouver- mise en œuvre.
œuvre et de la réussite des coopé- nements qui décident de coopérer
rations en matière d'armement doi- affichent clairement leur volonté La coopération entre deux ou
vent donc être examinées tant sous de rapprochement dans un domai- plusieurs pays permet en effet un
leurs aspects étatiques, pour ce qui ne aussi étroitement lié à la souve- partage des coûts de recherche et
concerne "la demande", que sous raineté nationale que l'est la défen- développement et une diminution
leurs aspects industriels, pour ce se. Ceci est particulièrement des coûts unitaires par effet de
qui concerne "l'offre". évident lorsqu'il s'agit de coopéra- série.
tions portant sur des programmes
En général, l ' expression majeurs, comme pourrait l'être par Mais la coopération a trop sou-
"coopération étatique" appliquée à exemple une coopération entre la vent également dans le passé
l'armement désigne des pro- France et le Royaume-Uni sur une -conduit à un allongement des
grammes communs, c'est-à-dire composante aéroportée de nos délais et smtout à une inflation des
des programmes pour lesquels plu- forces nucléaires. spécifications, par une addition
sieurs gouvernements s'associent plutôt qu'une harmonisation des
pour satisfaire ensemble le besoin Au plan opérationnel, l'unicité besoins : cette dérive doit naturel-
de leurs forces armées. Après de matériel à laquelle conduit la lement être combattue pour préser-
avoir, pendant longtemps, porté coopération facilite l' interopérabi- ver l'intérêt de la coopération. Le
seulement sur des développements lité et la logistique. A l'heure où se développement d'activités com-
et des productions , cette coopéra- multiplient les unités militaires munes en amont des programmes :
tion concerne également, multinationales, l'importance de (recherche, études technico-opéra-
aujourd'hui, la recherche en com- cet objectif nous est chaque jour tionnelles, simulations) facilitera
mun : il s'agit en particulier du rappelée. certainement cet effort, et, en par-
49
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

tant des mêmes prémisses tech- ou social trop important. Elle doit matière d'armement, complément
niques et de fiches programmes d'autre part rester compatible avec indispensable et inséparable de la
exprimant des besoins concertés, le maintien à long terme d'une mise en place de l'identité euro-
permettra d'éviter ces problèmes base technique et industrielle suffi- péenne de défense prévue par le
de "surspécification". sante. traité de Maastricht.

L'acceptation de règles de par- Les coopérations étatiques se C'est aussi l'UEO qui est char-
tage destinées à obtenir un équi- développent soit directement par gée d'examiner la possibilité de
libre global et approximatif sur un contacts entre les pays concernés mettre en place une Agence euro-
programme, ou même sur plusieurs et donnent alors lieu en général à péenne pour les armements. Cette
programmes, plutôt qu'un partage la mise en place d'une structure ad agence, qui pourrait commencer à
exact, équipement par équipement, hoc, le bureau de programme, soit être opérationnelle en 1994,
technologie par technologie, entre dans un cadre multinational. Le n'aurait pas, à court et moyen
les différents partenaires doit éga- plus ancien de ces cadres multina- terme, vocation à remplacer les
lement permettre d'obtenir une tionaux est la Conférence des services d'armement des pays (la
meilleure efficacité des coopéra- directeurs nationaux d'armement Délégation générale pour l ' arme-
tions en termes de réduction des (CDNA) de l'Otan, où depuis 1966 ment en ce qui concerne la
coûts. les 16 pays de l 'Alliance tra- France), mais elle devrait utile-
vaillent ensemble. Par nature, ce ment servir de soutien administra-
La politique dite des "achats cadre est adapté aux coopérations tif, technique et juridique aux
croisés", dans laquelle un pays qui impliquent les Etats-Unis. actions en commun décidées par
achète directement, sur une base de les pays (programmes de dévelop-
réciprocité globale au niveau de la Pour les activités purement pement et production, recherche,
défense, des matériels déjà déve- européennes, a été créé en 1976 le moyens d' essais, achats groupés,
loppés pour l'état-major d'un autre Groupe européen indépendant de prospective technico-opérationnel-
pays, est une forme de coopération programmes (GEIP) qui vient le,) en même temps que de cataly-
internationale susceptible d'entraî- d'être incorporé dans l'Union de seur aux efforts d 'harmonisation
ner des économies. Cette ouverture l'Europe occidentale (UEO). C'est des différentes agences nationales.
des marchés doit naturellement se donc désormais au sein de l'UEO
faire progressivement et sans
entraîner de déséquilibre monétaire
que va se développer la coopéra-
tion entre pays européens en •

ASPECTS INDUSTRIELS
Jean FOURNET (68),

ingénieur en chef de l 1Armement

' Mais on constate aussi que cette les redondances sont manifestes, la

L
OBSERVATION de la situa-
tion de l'industrie d'arme- industrie d'armement est encore compétitivité n 'est pas ce qu'elle
ment dans le monde occi- dispersée : autant de Nations, pourrait être et la concurrence
dental montre d'une part que, autant de budgets, autant d'états- interne, loin d 'être bénéfique aux
comme les Etats-Unis , référence majors donc de besoins), autant clients , est déstabilisatrice, voire
incontestable du domaine, les d'agences d'achat (donc de poli- destructrice, face à l'imposante
grandes nations européennes dis- tiques de recherche, de développe- machine industrielle des Etats-
posent chacune d'un outil indus- ment et d'acquisition) et de très Unis.
triel capable de forger les armes nombreuses entreprises travaillant
modernes nécessaires à leurs sur les mêmes segments. Pourtant, depuis une trentaine
besoins de défense et, d'autre part, d'années, les principaux pays ont
que des capacités de recherche et De ce fait elle est très vulné- tissé entre eux (à deux, à trois, à
de fabrication existent dans tous rable : les synergies budgétaires, plusieurs) un réseau de coopération
les secteurs (y compris nucléaire) techniques, industrielles et finan- étatiques et industrielles qui leur a
sur le territoire européen. cières ne peuvent pas jouer à plein, permis de développer en commun
50
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

-·-·~~~~.n,;a;~~~f;Bi~~~ii:iSiiiiidWiHt.Gi!~!'~:y;g~~ç;;-~~""'·'~ --

DES COOPERATIONS SUR PROGRAMMES . ..


AUX COOPERATIONS STRUCTURELLES

de nombreux programmes d'arme- créé des habitudes de travail en l'armement. Désormais il ne s'agit
ment, variés et performants, qui commun et fait prendre conscience plus seulement d'accords tempo-
ont pour nom : Jaguar, Alphajet, à chaque entreprise, à chaque raires liés à l'exécution de pro-
ATL, Tornado, EFA pour les administration, des synergies de grammes intergouvernementaux
avions ; Hot, Milan, Roland, OTO- tous ordres qui pouvaient se déve- (lesquels demeurent importants
MAT, MILAS, AC3G, FSAF, etc. , lopper dans un partenariat. pour asseoir les alliances straté-
pour les missiles ; Puma, Gazelle, giques de long terme) mais il s'agit
Lynx, Tigre, EHlül, NH90 pour Parallèlement, l'éveil progressif d'accords structurels et pérennes
les hélicoptères ; Adour, Larzac, de l'idée européenne, la prépara- (acquisitions, fusions, création de
RTM322, MTR390, etc. , pour les tion du grand marché communau- JV, participations croisées ... , )
moteurs ; MLRS, HF70, Chasseur taire dans le domaine civil, l'imbri- motivés par des convergences
de mines tripartite, etc. , dans les cation croissante des intérêts d'intérêts sectoriels actuels et
domaines terrestres et navals ; sans économiques et les menaces très -futurs d'ordres technique, indus-
oublier les multiples opérations sur fortes, aujourd'hui de l'industrie triel ou commercial ; c'est un pari
les sous-ensembles ou les systèmes américaine, demain peut-être de sur l'avenir, une rationalisation à
électroniques. Dans ce processus la l'industrie japonaise, ont conduit l'échelle transnationale décidée
France joue d'ailleurs un rôle les entreprises à renforcer leurs dans un contexte de concurrence
d'acteur majeur. positions européennes et leurs mondiale et de lutte pour la survie.
alliances en les structurant dans le
Cette coopération point à point, long terme. Ce phénomène de concentration
programme après programme, vou- ou d'alliances n'est pas nouveau.
1ue par les Etats, et acceptée Cette évolution dans les techno- Ainsi, dans le passé, de multiples
d'abord puis recherchée ensuite logies civiles et duales s'étend pro- regroupements nationaux ont
par la plupart des industriels, a gressivement au domaine de abouti à la constitution des grands
51
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

groupes aéronautiques que nous de compétences des entreprises, ve d'adaptation, et ceux qui néces-
connaissons aujourd'hui (Casa, sont grosses de conséquences en siteront de définir de nouvelles
Fokker, British Aerospace, matière de fourniture d'équipe- procédures ou de repenser les poli-
Deutsche Aerospace, Aérospatiale, ments actuels ou de préparation de tiques.
Dassault, Snecma ... ). l'avenir.
Dans la première catégorie, on
Ces dernières années il s'est En effet, la première consé- trouve essentiellement les affaires
poursuivi par l'apparition de quence de ces coopérations indus- à caractère économique (réglemen-
grands conglomérats multimétiers trielles nouvelles est en principe tations et procédures de passation
du type British Aerospace (immo- d 'éliminer les duplications des marchés, de contrôle des coûts,
bilier, automobile, aéronautique, d'investissements et de compé- de contrôle des fabrications, de
armement terrestre) ou Daimler- tences, ce qui doit se traduire par perception des redevances) et cer-
BENZ en Allemagne (véhicules une économie globale, un meilleur taines affaires à caractère juridique
automobiles, aéronautique, éner- taux d'utilisation de loutil indus- ou administratif.
gie, électronique, informatique) ou triel, la constitution d'une masse
Finmeccanica en Italie (aéronau- de manœuvre financière supérieure Dans la seconde catégorie, on
tique, électronique, et récemment permettant d'assurer la base tech- peut citer en particulier :
armements terrestres). nologique des entreprises et, au - les règles nationales de sécurité
bout du compte, des produits (habilitation des sociétés et des
Ce qui est nouveau c'est que, moins chers. Mais la deuxième personnes) qui devront être élar-
même dans les industries straté- conséquence est aussi de faire dis- gies, sous réserve de réciprocité,
giques des regroupements transna- paraître la concurrence avec les pour que les synergies transfron-
tionaux s'effectuent, essentielle- implications négatives que cela tières puissent jouer à plein ;
ment par métiers. Dans le domaine peut avoir sur l'innovation techno- - les règlements et politiques
de l'aviation commerciale, les GIE logique ou sur les coûts ; force est d'exportation qui devront faire
Airbus et ATR, en unissant les cependant de reconnaître que pour l'objet d'harmonisation, ou à tout
forces des partenaires européens, les grands systèmes aucun pays le moins de coordination, pour évi-
montrent que l'on peut affronter la européen n'a plus actuellement les ter les contournements ;
concurrence américaine et lui moyens d'entretenir cette concur- - les politiques de financement des
prendre des parts de marché. Pour rence à l'échelle nationale et, pour recherches amont qui devront être
les entreprises ayant une activité certains systèmes, une concurrence concertées pour éviter les redon-
d'armement, on peut citer à titre à l'échelle européenne n'est même dances ou les lacunes et pour
d'exemples de mouvements plus raisonnable. répartir équitablement les charges
récents, la reprise d'une partie des de chacun;
activités électroniques de Plessey Les Etats n'ont donc pas - le financement de nouveaux pro-
(GB) par Siemens (RFA), l'acqui- d'autre solution que d'encourager grammes et particulièrement ceux
sition de Signaal (NL) par ce mouvement engagé à l'initiative en coopération qui impliqueraient
Thomson (F), la création de Matra des industriels. D' ailleurs, la créa- l 'un des pays partenaires avec un
Marconi Space entre les entre- tion d'entreprises transeuropéennes tiers participant ;
prises du même nom, celle facilitera la participation des parte- - l 'incidence sur les programmes
d 'Eurocopter entre les divisions naires correspondants dans les en cours et sur l'activité des autres
hélicoptères de Deutsche futurs programmes en coopération, entreprises du secteur d'une allian-
Aerospace (RFA) et d 'Aérospatiale par l'harmonisation des besoins et ce structurelle nouvelle ;
(F), la reprise par le Giat (F) de des solutions ; de ce fait, elle - les questions relatives à la nature
l 'entreprise belge FN Herstal, la contribue à l'émergence d'une de l'actionnariat, celles relatives à
prise de contrôle de SEMT- politique de sécurité commune en la concurrence ou au contrôle des
Pielstick (F) par MAN et MTU Europe. monopoles, etc.
(RFA), etc. Tout ceci montre que,
dans ce domaine également, Il faut cependant qu'ils restent Il apparaît ici , même si cela
conscience est prise que l ' union vigilants, qu'ils puissent analyser heurte les conceptions ultra-libé-
fait la force. toutes les conséquences de ces rales de certains pays , que la
évolutions et définir quelques construction d'un véritable tissu
Mais, s'agissant d'armement, il lignes de conduite car de nom- technologique et industriel euro-
est clair que les Etats ne peuvent breux problèmes se posent. Il péen de défense ne peut pas s 'opé-
pas rester inactifs face à un mouve- convient de distinguer ceux pour rer en laissant jouer les seules
ment d ' alliances industrielles lesquels des solutions peuvent déjà forces du marché du fait de l'unici-
transfrontières qui, du fait même être apportées par les mécanismes té du client national. La haute tech-
que leur objet couvre tout le champ administratifs existants, sous réser- nologie et l'industrie d'armement
52
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

sont des instruments de souverai- tiques complémentaires. Sinon le étatiques ou interétatiques sont
neté. L'évolution du domaine réga- tissu industriel et technologique de clairement définies, tout se décline
lien ne peut résulter que d'une· l'Europe serait singulièrement facilement et les entreprises peu-
concertation interétatique. Car, il mité. Par contre, elles doivent vent mieux définir leurs stratégies
est clair qu'il ne peut y avoir de favoriser l'émergence de pôles de . d'alliances.
politique d'armement que si compétence ou de centres d'excel- C'est pourquoi, in fine , on ne
d'abord une politique de défense a lence européens ; peut pas opposer coopération euro-
été définie au service d'une poli- - enfin administrations et entre- péenne étatique et coopération
, tique étrangère et de sécurité com- prises doivent œuvrer de concert et européenne industrielle. Ce sont
mune et finalement d'un projet mettre en cohérence leurs actions ; deux approches qui s ' épaulent
politique commun. c'est ce que résume l'encadré ci- mutuellement car la coopération
joint. est le résultat d'un double volonta-
Il faut donc organiser un certain risme : des Etats et des entreprises.
degré de concertatîon et de coordi- En conclusion, même si la
nation entre administrations et coopération étatique sur program- Les deux concepts anciens de
industries européennes : me devait régresser dans le futur, politique de coopération (essentiel-
- les initiatives des entreprises doi- la coopération industrielle devrait lement tournée vers l'extérieur) et
vent aboutir à fortifier et à muscler se poursuivre. Dans le secteur civil de politique industrielle (essentiel-
la base technologique et industriel- le mouvement est désormais iné- 1em en t tournée vers l'intérieur)
le de l'Europe ; or un tissu indus- luctable. Dans le secteur de l'arme- tendent à se fondre inéluctable-
triel plus ramassé, plus solidaire, ment, il ne pourra que s'amplifier, ment puisqu 'il faut gérer ensemble
plus compétitif et rendant de du fait des réductions budgétaires l'évolution et que la bonne santé
meilleurs services aux armées et qui conduiront à rationaliser l'outil de chaque industrie nationale passe
aux économies n'émergera pas sur une base aussi large que pos- désormais par celle de ses parte-
spontanément : il faut un cadre et sible du fait de l'importance crois- naires.
des règles du jeu acceptés par sante des technologies duales, et
tous; aussi du fait de la construction de Alors, même si le concept de
- les administrations nationales ne l'Union européenne qui inclut politique industrielle suscite enco-
doivent pas s'engager dans des désormais un volet armement et re des réticences dans certains
politiques qui conduiraient à atro- fournit des bases juridiques nou- pays, il faut militer avec ardeur
phier certains secteurs pour en velles pour une ouverture des mar- pour faire surgir une politique
développer d'autres sans s'assurer chés. concertée de la coopération indus-
que, parallèlement, leurs parte- .trielle et étatique entre Européens.
naires ne développent des poli- Quand les grandes orientations

53
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

LES EXPORTATIONS D'ARMEMENT·


LE POINT DE VUE D'UN INDUSTRIEL

Yves MICHOT (60),

directeur général délégué de l 1Aérospatiale

du mur de Berlin et

L
A CHUTE
l'effondrement du bloc
soviétique ont brusquement
modifié le paysage du marché de
l'armement : les budgets militaires ......
ne cessent de décroître pour récu-
pérer les "dividendes de la paix",
les surplus américains résultant des
accords de désarmement saturent
le marché, la concurrence des pays
de la CEI commence à s'affirmer.

Ces différents facteurs condui-


sent à un rétrécissement du marché
mondial d'armement et rendent
plus difficile l'exportation qui a
toujours été un impératif pour les
industriels français.

La conquête des marchés exté-


rieurs est un élément déterminant
du développement des entreprises.

Exporter
est une volonté politique

Les exportations d ' armement PHOTO AÉROSPATIALE


ne peuvent être dissociées des AS 332 F1 Super Puma tirant un missile Aérospatiale AM 39 EXOCET.
actions de politique étrangère
menées par notre pays. Le com-
merce des armements est principa- le biais de l'assistance technique, Pour faire respecter sa volonté
lement un commerce d'Etats. la fourniture de pièces de politique l'Etat dispose d'un outil
rechanges, les réparations, des très efficace : la réglementation.
Les ventes attestent d'un sou- liens particuliers sont tissés avec le En France les exportations d'arme-
tien politique et matérialisent une pays acquéreur. Les exportations ment sont soumises à une procédu-
certaine qualité de relation avec d'armement sont un moyen pour re rigoureuse. Elles sont contrôlées
d'autres nations. Le lien créé entre affirmer l'influence internationale par une commission administrati-
fournisseur et acheteur est un ins- d'un pays. Les Américains en ont ve, placée sous la responsabilité du
trument de politique étrangère : par fait un des piliers de leur politique. premier ministre, qui veille à ce
54
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

PHOTO EUROMISS ILE


Tir d'un missile antichar Milan 2.
Le Milan est un missile antichar d'infanterie. Sa portée est de 2 km. Dans sa version Milan 2, il peut perforer plus de 1 000 mm
d'acier homogène, et tous les blindages composites connus.

que cette exportation s'inscrive tent, d'un outil industriel perfor- Rafale ... ) et conduit à des aug-
bien dans le cadre de notre poli- mant et de ressources financières mentations de coûts unitaires sen-
tique étrangère. suffisantes. sibles.
• La part de l'Etat dans le finance-
Exporter est et reste entière- Or il y a encore moins qu'avant ment des programmes se réduit.
ment soumis à la volonté politique adéquation entre les dépenses L'Etat a demandé au début des
de l'Etat. nécessaires à la réalisation de nos années 80 aux industriels de
produits et les ressources de l'Etat. prendre à leur charge une partie
• Les budgets militaires décrois- des frais fixes et de l'amortir sur
Exporter sent, passant de 3, 79 % du PIBM · les exportations.
est une nécessité industrielle en 1987 à 3, 14 % en 1993. Le titre • Les industriels français se trou-
V ne prévoit pour 1993 qu'une vent devant la nécessité de finan-
La politique de défense de la simple reconduction des crédits de cer à la fois des travaux de
France, basée sur la notion d'indé- paiement 1992 soit une baisse en recherche pour conserver leur haut
pendance, repose sur un ensemble francs con stants égale au taux niveau de savoir-faire technolo-
industriel fort. Il est caractérisé par d'inflation. gique, de participer au financement
un "savoir-faire" et un "savoir-réa- des développements nationaux et
liser" indispensables et indiscu- Cela entraîne des réductions de financer les adaptations ou
tables dans le domaine de l 'arme- d ' achats nationaux ou des étale- développements complémentaires
ment. Cela demande de disposer ments, de plus en plus grands, des pour satisfaire aux besoin s des
d'un potentiel scientifique compé- programmes d'armement (NH 90, marchés extérieurs. L'ensemble de
55
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

ces charges représente plus de la France et contribuent à près de • le Crotale a d'abord été dévelop-
10 % du chiffre d'affaires des 25 % du chiffre d'affaires de notre pé pour l'Afrique du Sud avant
industriels français, alors que nos industrie. Les quelques exemples d'être commandé par l'armée de
concurrents américains, allemands suivants illustrent leur importance l'air française. De même le Crotale
ou britanniques y consacrent à dans les marchés de l'armement NG a été commandé en premier
peine 3 %. Il est clair que le mar- français: par la Finlande.
ché national ne permet pas de • sur 1 419 Mirage-3 livrés, 958
dégager les ressources correspon- ont été exportés dans 22 pays soit Avec des budgets de défense
dantes. 67,5 % ; nationaux qui diminuent, le mar-
• Face à la diminution de l'activité • dans le domaine des missiles le ché de l'armement devient très
industrielle il faut éviter une ruptu- taux d'exportations a été de 80 % dépendant des exportations. Tout
re du plan de charge qui conduirait pour l 'Exocet, les antichars Hot et doit être mis en œuvre pour
à des fermetures d'usines préjudi- Milan, et le Crotale, et de 75 % accroître nos ventes à l'étranger
ciables et à une pèrte de compéten- pour le Magic ; dans un contexte devenu difficile
ce technologique reconnue. • 229 hélicoptères SuperPuma/ compte tenu de l'agressivité de
Cougar ont été exportés dans 25 plus en plus grande des pays pro-
Le marché national ne permet pays sur une production de 263 ducteurs principalement les Etats-
pas, avec les seuls besoins de nos appareils soit 87 %. Unis.
armées, d'avoir des séries suffi-
santes pour amortir les coûts. Pour On peut noter également que Rappelons également que les
rester concurrentiels et démontrer certains programmes ont bénéficié exportations françaises d'arme-
leur compétitivité les industriels de ventes précoces à l'exportation ment apportent une contribution
doivent exporter. De plus les permettant ainsi de lancer les particulièrement importante au
exportations leur apportent les res- chaînes de production et de main- solde de la balance commerciale.
sources nécessaires pour leurs tenir notre potentiel industriel et Le solde positif du secteur de
investissements. L'équilibre doit nos connaissances techniques : l'armement contribue à conforter
venir de l'extérieur. • l 'Exocet a été vendu à la marine notre économie.
grecque en décembre 1968 avant la
marine française ; De plus les ventes à l'étranger
Les exportations • le Super Puma/Cougar (mais éga- constituent une vitrine de tout pre-
en quelques chiffres lement le Panther et le Fennec) a mier plan pour notre technologie ·
été développé sur fonds propres ce qui peut bénéficier à de nom-
Les exportations françaises pour le marché export avant d'être breux autres secteurs non mili-
d'armement représentent en adopté 7 ans après par les forces taires.
moyenne 4 % des exportations de françaises ;

56
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

JEAN VIARD (46)


1927 - 1972

André CACHIN (45),

ingénieur général de I' Armement

17 MARS 1972, sa famille, plaisent. Il est attiré par .l a phy- Fort Vaujours un centre d'études

L
E
ses amis, ses collaborateurs, sique expérimentale et l ' instru- essentiellement consacré à l'implo-
les autorités civiles et mili- mentation. Ce sont là précisément sion. Viard y est chargé de déto-
taires avec lesquelles il av ait des activités en plein essor, dans nique expérimentale (tirs " froids ").
coopéré, rendaient dans la cour des un laboratoire qui renaît après les Il fait développer, commande, ins-
Invalides un dernier hommage à années noires de l'occupation. Et, talle une batterie de moyens
Jean Viard. François-Xavier Ortoli, en 1951, Jean Viard y est affecté. optiques, électroniques, radiogra-
ministre du Développement indus- phiques. Mais le site de Vaujours
triel et scientifique, évoquait sa Le directeur des Poudres mani- paraît vite trop étroit pour le tir des
carrière trop brève, mais excep- feste, depuis quelques années déjà, très gros édifices explosifs qu'exi-
tionnellement dense. Jean Viard, un intérêt marqué pour le nucléaire gera un essai nucléaire. Viard pros-
ingénieur général de l' Armement, sous tous ses aspects et pousse pecte, il trouve à Moronvilliers
directeur des Applications mili- dans cette voie nombre de ses dans les camps militaires de
taires du C .E.A., avait 44 ans. jeunes ingénieurs. Au laboratoire Champagne un site beaucoup plus
Trois ans auparavant, il avait été de la CSE viennent de mûrir des isolé et il l 'équipe. Là seront effec-
promu commandeur de la Légion idées sur les dispositifs d'implo- tués les tirs de mise au point et de
d'honneur. sion, dont la maîtrise est indispen- connaissance des dispositifs
sable à la réalisation de charges à d ' implosion destinés à notre pre-
Jean Viard était né en 1927 au fission au plutonium. Mais pour mier essai. A l ' échéance du 13
cœur du Berry profond, à Saint- progresser dans la connaissance de février 1960, tout le monde est
Denis-du-Jouhet où son père était leur fonctionnement et l' améliorer, prêt. Viard a la périlleuse responsa-
médecin de campagne. Après des il faudrait disposer d'équipements bilité d'aller, avec une petite équi-
études dans une école privée de la de mesure et d'observation de phé- pe, mettre en place sur un édifice
région, puis à Sainte-Geneviève, il nomènes qui se déroulent parfois explosif dépassant la tonne
intègre en 3/2 avec la promo 46. en moins d'une microseconde. quelques douzaines de détonateurs
Service militaire dans les transmis- Non seulement le laboratoire en est d'une sensibilité électrique extrê-
sions. A l'école, il fait partie de la pratiquement dépourvu, mais pour me. Et ce, dans la cabine de la tour
commiss, signe déjà de son indé- beaucoup ils ne sont pas dispo- de Reggane truffée d'électricité
pendance d'esprit , de son goût nibles sur le marché. Viard statique.
pour l'action, de son humour et de s'emploie à combler cette lacune.
sa volonté de n'être pas polar. Et, Et lorsque durant l'hiver 1954- Après quoi, en mai 1960, Jean
inévitablement, il récolte quelques 1955, le professeur Yves Rocard et Viard quitte Vaujours. Il est
"j.a.r.". A sa sortie il a choisi les le colonel Buchalet, chargés par le nommé chef du département
Poudres. Durant des années gouvernement d'une mission très " Essais ". A ce titre, il est le res-
d'école d ' application, il fait un confidentielle, viennent visiter le ponsable C. E. A. de l'infrastructu-
stage au laboratoire de la laboratoire, ils sont d'emblée re technique nécessaire à l'exécu-
Commission des substances explo- convaincus par les résultats qui tion des tirs nucléaires et, à
sives à Sevran. Il y trouve leur sont exposés. En octobre l'occasion de ces derniers, il a
d'emblée un domaine d ' activité, 1955, une équipe de poudriers est autorité sur les équipes chargées de
une ambiance de travail. .. et un détachée au C.E.A. Elle a pour la mise en œuvre de l'engin et
environnement champêtre qui lui mission d'implanter sur le site du celles responsables des diagnostics
57
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

associés. Il est aussi l'adjoint


C.E.A. du général commandant le
Groupement opérationnel d 'expéri.-
mentations nucléaires ou Goen (le
général Ailleret, auquel succédera
le général Thiry). Mais il est vite
apparu inopportun de poursuivre
des tirs aériens à Reggane. Le mas-
sif granitique du Tan Affela, dans
le Hoggar, est choisi et aménagé
pour des tirs en galerie. Solution
provisoire, et déjà Jean Viard parti-
cipe à la recherche et au choix
d'un autre site. Les deux atolls voi-
sins de Mururoa et Fangataufa sont
retenus. Là encore, Jean Viard
adjoint C.E.A. du directeur des

Ç\"
Centres d'expérimentation nucléai-
re, aura à diriger leur mise en
condition avant de préciser, aux
côtés du commandant du Goen, à
l'exécution des tirs. Responsabilité
qu'il exercera lorsque, en 1966, le
général de Gaulle viendra assister
à l'un d'eux.

Mais en 1967 Jean Viard chan- \


ge à nouveau de fonctions. Il est j
nommé directeur délégué chargé
de la sous-direction recherches de
la DAM. A cette époque, le gou-
vernement s'impatiente des diffi-
cultés rencontrées par la DAM
pour accéder au thermonucléaire.
Des idées existent mais des choix
J
difficiles s ' imposent, entre des D.R.
conceptions récentes, les plus per- Jean Viard et le capitaine de vaisseau Degove auprès du général de Gaulle à Mururoa
formantes sur le papier, mais aussi le 11.9.66.
les plus risquées, et d'autres, qui
ne mèneraient qu'à échéance beau-
coup plus lointaine à des têtes mili- tête mégatonnique pour MSBS est gences immédiates, cherchant tou-
taires. Jean Viard, de concert avec définie et tirée. jours la cohérence des détails à
les autres autorités de la DAM, l'ensemble, et situant le problème
choisit le risque. Et c'est la cam- Mais déjà, la maladie et les du jour dans une perspective à long
pagne de 1968 qui verra la pleine souffrances sont là. Jean Viard terme. Ce qui ne l'empêchait pas
réussite d'un tir de plus de 2 méga- tiendra bon, avec un cran admi- d'être toujours attentif à la tech-
tonnes. rable, recevant ses collaborateurs . nique, même parvenu à de hautes
et restant aux affaires jusqu'à ses · responsabilités. Mais il avait aussi
En mai 1970, Jean Viard succè- derniers jours. Et il décède le 14 de l'autorité, du sang-froid, de
de à Jacques Robert comme direc- mars 1972, laissant sa femme qui, l'audace et une âme de bâtisseur.
teur des Applications militaires. En avec ses quatre jeunes enfants, fera Une personnalité aussi forte lui
décembre 1970, il est nommé en face à son malheur avec un grand conférait un charisme que tous
outre délégué à la mission courage digne de son mari. ceux qui l'ont approché ont ressen-
Applications militaires. Sous sa ti. Et sa disparition prématurée a
direction, les structures de la DAM Jean Viard avait des qualités été une grande perte pour la
sont réformées, le tir de validation intellectuelles et de caractère hors France.
dit " tir formule " de la charge tac-
tique commune a lieu, la première
du commun. Jeune ingénieur, il se
projetait déjà au delà des contin- •
58
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
ÎOUTE L'ÉLECTRONIQUE DE DÉFENSE. SANS LIMITE.
Le monde est entré dans l'ère Dans un monde en pleine évo-
de la défense "électronique". lution, nous continuerons à
De la performance des sys- développer des technologies et
tèmes dépend le succès des des systèmes parfaitement
missions des armées. adaptés à vos besoins. Avec un
Thomson-CSF est l'une des objectif : garantir les plus
rares sociétés au monde hauts standards de perfor-
capable de proposer l'ensemble mance et de compétitivité.
des équipements et systèmes Thomson-CSF: Cedex 67,
d'électronique de défense néces- 92045 Paris - La Défense,
saires aux domaines naval, France.
aérien, terrestre et spatial, et
de répondre ainsi à tous les
besoins présents et futurs.
Dans la compétition mondiale
Thomson-CSF a prouvé,
incontestablement, son haut
niveau technologique et a
su s'imposer par ses capacités
de systémier, son esprit de
partenariat avec sa clientèle ;
~
et de coopération avec les ~
~ 'DtOMSON•CSF
grands industriels en France
et en Europe. World-Class Electronics
~
i3
L'armement

AU SERVICE DE L'EXPORTATION DE DÉFENSE ·


LE GROUPE COGEPAG

Yvon JOUAN,

président-directeur général

de l'industrie sables du "hard" - les industriels - • la Société française de conseil,

L
ES CAPACITÉS
d'armement de notre pays et du "soft" - les sociétés du grou- d'audit et d'études en matière de
ont permis de doter notre pe Cogepag (Compagnie générale défense et de stratégie (Stratco).
système de défense de tous les de participations et de gestion).
matériels majeurs nécessaires pour Afin d'enrichir encore ses com-
assurer sa sécurité, son indépen- En effet, Cogepag, contrôlée pétences, Cogepag vient de créer la
dance et pour tenir sa place dans le par l'Etat français, regroupe les société de capital risque la
concert des nations. différentes sociétés qui ont en Financière de Brienne et de mettre
charge le transfert de notre savoir- sur pied un département d'écologie
Les matériels en service dans faire de défense à des pays amis. humaine.
nos différentes forces armées sont
utilisés et entretenus par des per- Ces sociétés, dans leur sphère Chacune dans sa catégorie
sonnels dont les compétences opé- respective de compétence, entre- (terre, mer, air), Cofras, Navfco et
rationnelles et techniques sont à tiennent tout naturellement des Airco sont organisées pour
l 'unisson des qualités de notre relations étroites et privilégiées répondre avec la plus grande sou-
industrie d'armement. avec les différentes composantes plesse aux demandes particulières
de notre défense dont procèdent de chaque client soit dans son pays
Or, lorsque l ' on évoque leurs compétences. soit en France.
l'exportation de défense, l 'on
oublie trop souvent que le savoir- Le groupe Cogepag a un chiffre Elles assurent la formation indi-
faire de notre défense accompagne d ' affaires consolidé de plus de viduelle et collective des différents
tout naturellement les matériels 700 MF et un effectif de l'ordre de types de personnels à l'emploi des
vendus pour permettre aux forces 1 200 personnes, dont la grande matériels , l'entraînement opéra-
armées qui ont fait confiance à majorité est en service à l'étranger. tionnel et tactique des unités, les
notre industrie de former et essais de systèmes d'armes, la for-
d'entraîner leurs personnels. Les sociétés les plus impor- mation de base à la maintenance
tantes du groupe sont : des matériels ainsi qu'à la logis-
Ainsi l'exportation de défense • la Compagnie française d'assis- tique au profit d'Etats amis. A la
repose sur le couple traditionnel tance spécialisée (Cofras), spéciali- liste nombreuse des références
homme-machine : des matériels sée dans les activités terrestres, figure la participation à des
performants et du personnel de •la Société navale française de for- contrats particulièrement impor-
haute compétence sont la condition mation et de conseil (Navfco), tants, liés notamment à la vente de
indispensable et indissociable pour • la Société française de formation matériels blindés de systèmes de
assurer une défense de qualité. En et de conseil aéronautiques défense sol-air, de frégates ou
d'autres termes, en sollicitant des (Airco), encore à la vente d'avisos-escor-
expressions courantes en informa- • la Compagnie française de teurs.
tique, notre rang dans le marché de conseil et de services de l'arme-
l'armement repose sur les respon- ment (Armement Services), La filiale Armement Services a
60
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
L'armement

pour rôle principal la mise en place de la prévention des catastrophes (dispositif Astrid) qui a été créé à
des moyens nécessaires afin de majeures, de la médecine humani- l'initiative de la Délégation géné-
garantir le bon déroulement des . taire et de terrain. rale pour l'armement au début de
programmes à l'exportation, sur cette année et qui devrait rassem-
les plans technique, industriel et En appui de sa finalité première bler un montant total d'interven-
logistique. Les équipes d' Arme- - transférer le savoir-faire de tions en fonds propres d'environ
ment Services ont des experts qui défense, en liaison étroite avec les 700MF.
participent, pour le compte du industriels - Cogepag, par la nature
ministère français de la Défense, des liens qui l'unissent à l'Etat, Dans le cadre de ce dispositif,
au développement des grands pro- constitue un instrument privilégié la Financière de Brienne joue un
grammes français d'armement, tant d'aide à l'exportation de défense. rôle à la fois d'investisseur en
terrestres que navals ou aériens, capital développement et d'opéra-
destinés à l'exportation. Aussi Les activités de défense consti- teur et de tête de file de montages
cette société possède-t-elle l'exper- tuent dans notre pays un pôle capitalistiques associant plusieurs
tise nécessaire pour intervenir à industriel majeur qui souffre des investisseurs industriels ou finan-
tous les stades de la conduite d'un déflations des budgets de défense ciers.
programme, à partir de la rédaction et des difficultés économiques de
du cahier des charges jusqu'à nombreux pays. Elle constitue le partenaire de réfé-
l'entrée en service du matériel. rence:
Elle possède une compétence spé- Une telle conjoncture affecte à • de la DGA, dans la conduite de la
cifique dans la définition de -la la fois les grands donneurs d'ordre réflexion stratégique engagée sur
logistique initiale et a mis au point et les quelque 5 000 PME, déten- les conditions du maintien des
des outils informatiques originaux trices d'un important potentiel compétences et du savoir-faire de
pour la conduite des programmes. technologique et d'innovation, qui l' outil de défense,
travaillent dans leur environne- • des groupes industriels cherchant
Situant son action dans l'envi- ment. à réaliser des opérations d'essai-
ronnement géopolitique en com- mage ou inversement pouvant ser-
plète mutation, Stratco est un orga- C'est pourquoi, avec le soutien vir à l'adossement de PME de
nisme d ' étude , de conseil et de du ministère de la Défense et du hautes technologies,
réflexion sur l'évolution des ministère des Finances, le groupe • des PME elles-mêmes, confron-
menaces et les concepts d'organi- Cogepag a créé la Financière de tées à des réductions de charge et
sation de défense. Stratco constitue Brienne, société de capital risque cherchant à consolider leurs fonds
une force de proposition originale chargée d'accompagner les PME propres,
pour les études prospectives de de haute technologie concernant la • des partenaires bancaires et
nouveaux systèmes de défense et défense dans leurs efforts de diver- d'autres fonds de capital investis-
l'accompagnement de leur mise en sification, de reconversion et sement, soucieux d'une meilleure
œuvre. Organisme d'études rompu d'exportation. visibilité sur l'évolution d'un sec-
à la parfaite connaissance de toutes teur très spécifique.
les disciplines et composantes de Cette société, ayant pour parte-
défense, Stratco constitue un naires quatre banques d'affaires
"réservoir d'idées" dans lequel (Compagnie financière Edmond de Résultant d'un partenariat entre
peuvent puiser Etats et industriels. Rothschild, Banque Vernes , l'industrie, le monde financier et
Banque Demachy Worms, Banque l'Etat, cette initiative doit per-
Nouveau domaine d'activité du Rivaud) a vu le jour en février mettre à un tissu industriel porteur
groupe Cogepag : l'écologie 1993. d'innovations et essentiel au déve-
humaine. Cette action nouvelle loppement économique du pays, de
correspond à des préoccupations Elle constitue le pivot financier ,relever les défis de demain.
concernant nombre de pays dans le du dispositif d'accompagnement
domaine de la gestion des crises, structurel des industries de défense

61
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

MAURICE BOURGÈS-MAUNOURY (35)


1914 - 1993

La Jaune et la Rouge de mars 1993 avait fait part de la disparition survenue le JO février de
Maurice Bourgès-Maunoury. Compagnon de la Libération en raison d'exceptionnels services rendus
dans la Résistance, notre camarades' était engagé après la Libération dans une carrière politique qui
devait le menerpar étapes au poste de premier ministre succédant à Guy Mollet en juin 1957, pour se
retirer de la scène politique un an plus tard après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Les
obsèques de notre camarade ont eu lieu le 15 février à Saint-Louis des Invalides où les honneurs mili-
taires lui ont été rendus en présence d' une nombreuse assistance .

A cette occasion le général d'armée Jean Simon, chancelier de l'ordre de la Libération, lui a rendu
un vibrant hommage dans un discours que nous sommes heureux de porter à la connaissance de nos
lecteurs.
G.P.

ne prédisposait France libre. C'est pour ce parti l'autorité du général Delestraint.

R
IEN A PRIORI
ce jeune et brillant poly- qu'il opte en toute connaissance de Cet accord avait pour suite logique
technicien à s'engager com- cause. l'envoi d'un officier chargé des
plètement dans la Résistance et affaires militaires (D.M.R.) dans
l'action clandestine. En 1942, Maurice Bourgès- chacune des douze régions. Leur
Maunoury franchit clandestine- mise en place s'effectuant de
Né le 19 août 1914 à Luisant ment la frontière des Pyrénées l'automne 43 au début 44.
dans l'Eure-et-Loir, il était petit- pour gagner Londres.
fils de Maurice Maunoury, Il était investi d'une double
ministre de l'Intérieur du gouver- Retenu prisonnier en Espagne, mission. En premier lieu il était
nement Poincaré. il parvient à gagner la Grande- l'intermédiaire obligé entre l'état-
Bretagne au printemps de 1943. Il major interallié et l'ensemble des
Entré à l ' Ecole polytechnique revient en France le 15 septembre éléments militaires présents dans
en 1935, il passa sa licence en droit 1943 après avoir suivi les entraîne- sa région. Il disposait à cet effet
et fut diplômé de l 'Ecole des ments sévères que les Britanniques des moyens radios indispensables ;
sciences politiques. faisaient suivre à tous nos agents. il veillait à la distribution des
armes et de l'argent en liaison
En 1939 il est lieutenant dans Il arrive à bord d ' un bimoteur étroite avec le chef d'opérations
un régiment d'artillerie, il est bles- Hudson sur le terrain Orion près de aériennes régional. En second lieu,
sé et cité pour son courage. Lons-le-Saunier dans le Jura; il est il jouait un rôle d'arbitre dans la
en compagnie de Louis Mangin, solution des difficultés qui se pré-
Fait prisonnier il est rapatrié en délégué pour la zone Sud, de Paul sentaient entre des éléments d'ori-
France en 1941. Leistenschneider, délégué pour la · gines diverses notamment l' Armée
région de Toulouse (R4 ). Lui- secrète, les F.T.P. et l'O.R.A. (élé-
Il prépare alors }'Inspection des même est D.M.R. pour la région de ments de l'armée d'active se récla-
Finances et en même temps prend Lyon (Rl). mant du général Giraud).
contact avec les mouvements de la
Résistance. Dès lors il n'a plus Je rappelle que dans l'hiver 42- Maurice Bourgès-Maunoury
qu'une seule idée, un seul désir, 43, Jean Moulin avait obtenu avait très vite assimilé les pro-
reprendre le combat contre l'enva- l'accord des chefs des mouvements blèmes de la Résistance.
hisseur et contribuer à la libération de Résistance pour que les élé -
de la France. Mais il lui faut choi- ments militaires dont ils dispo- Il faut dire qu'en zone Sud les
sir de poursuivre la préparation du saient soient coordonnés au sein de délégués militaires reçurent un
concours ou bien rejoindre la l 'Armée secrète et placés sous excellent accueil de la part des
62
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

recommandations de Ely. Pour sa


part il compte regagner le plus
rapidement possible la zone Sud.

Il est parachuté en France dans


la nuit du 7 au 8 juin après avoir
été reçu en compagnie de Paul
Rivière et de Jean Rosenthal le 6
juin à Carlton Gardens par le géné-
ral de Gaulle qui, quelques instants
plus tôt, venait d'annoncer aux
Français à la BEC le débarquement
allié en Normandie. Il est porteur
des différents plans qui devront
être mis en œuvre dans les
semaines suivantes. Il est en outre
porteur de très importantes
sommes en espèces et en bons de
trésor d'Alger qui sont planqués

·-.
-
dès leur atterrissage.

""'-
......__
1
Il eut un rôle essentiel dans la
réalisation de la cohésion des
© SERVICE CI NÉMA DES ARMÉES Forces françaises de l'intérieur et
l'application sur le terrain de nom-
breux plans :
mouvements de Résistance, leur pour rendre compte des résultats - plan vert pour les chemins de fer,
arrivée avait été heureusement pré- obtenus en vue des débarquements - plan jaune pour la destruction des
parée par Jacques Bingen, délégué alliés. P. C. ennemis,
zone Sud et par les responsables - plan rouge pour la destruction des
militaires des M.U.R. Paul Rivière, Pendant son séjour à Londres le dépôts de munitions,
chef des opérations zone Sud, était problème est posé de la désigna- - plan tortue pour la neutralisation
à leur entière disposition. tion du délégué militaire national, des mouvements des Panzer,
membre de la délégation générale - plan bleu pour le sabotage des
Maurice Bourgès-Maunoury que dirige Alexandre Parodi. Le transmissions.
réussit à s'imposer rapidement à général Kœnig et le colonel
tous les éléments de la Résistance, Ziegler désirent pour cette affecta- En six semaines, Bourgès-
le tout dans un climat de camara- tion bénéficier de l 'expérience de Maunoury et Degliame visitèrent
derie et de solidarité. Il avait trou- Maurice Bourgès-Maunoury. Cette chacune des régions 3, 4, 5, 6 ;
vé une organisation militaire solide fonction devait normalement être Lyon demeurant leur centre
et il en appuya les chefs de tous ses attribuée au colonel Paul Rémy d'action.
moyens. mais celui-ci, par télégramme, a
expliqué les raisons pour lesquelles Il est ainsi décidé que Chaban-
Il savait toujours se plier aux il estime que le choix de Chaban- Delmas est nommé D.M.N. Il se
nécessités de l'action. Pour lui la Delmas est préférable. En effet ce rend à Londres le 8 août d'où il
réussite des D.M.R. dépendait de dernier, depuis qu'il est en charge reviendra à Paris le 14 août appor-
la conception qu'ils avaient de sur la région parisienne des ques- tant l'ordre formel du général
leurs rôles et de leurs rapports avec tions militaires, a parfaitement Kœnig à toutes les autorités mili-
les formations de Résistance inté- réussi avec tous les éléments tur- taires de ne pas déclencher préma-
rieure. Il arriva ainsi à élaborer une bulents de la Résistance et s'est turément l'insurrection générale à
sorte de doctrine. En fait, disait-il, fait bien admettre. Paul Ely estime Paris. Il rentrera avec les étoiles de
nous étions des ambassadeurs dès lors qu'il est tout a fait préfé- général qui consacre son autorité
auprès de la Résistance et des tech- rable de ne pas changer d'attelage aux yeux du commandement allié.
mc1ens pour l ' application des et de confier la responsabilité du
plans. poste à Chaban; Paul Ely demeu- Après la libération de Lyon,
rant à ses côtés. Maurice Bourgès- Bourgès-Maunoury rejoint Paris
Maurice Bourgès-Maunoury Maunoury consulté, se dit pleine- pour rendre compte de la situation
repart pour Londres le 4 mai 1944 ment d ' accord sur les au général Kœnig , mais il est griè-
63
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

vement blessé à Monceau-les- ministère de la Défense, qui le l'investiture en juin 1958. ·


Mines. Il est transporté à l'hôpital marquera le plus.
du Creusot, ville qui est encore Il est battu aux élections légis-
occupée par les Allemands. Les forces armées eurent à faire latives de novembre 1958. Il
en Algérie à une rébellion de plus demeurera membre du bureau
Il est ramené à l'hôpital de en plus violente, et c'est également national du parti radical jusqu 'en
Grange Blanche à Lyon où le géné- pendant l'été 1956 que fut prépa- 1970, sans pour autant solliciter de
ral de Gaulle lui remet la croix de rée une intervention franco-britan- mandats.
la Libération, qui lui a été décernée nique pour répondre à la nationali-
par décret en date du 15 septembre sation du Canal de Suez par Il se consacre dès lors à des
1944. l'Egypte. activités dans le secteur privé.

Par la suite les D.M.R. contri- Simultanément et avec la plus Maurice Bourgès-Maunoury
buèrent également à diriger ceux grande discrétion, Maurice était un homme de grand courage,
des éléments F.F.I. qui désirent Bourgès-Maunoury planifiait une toujours disponible.
continuer la guerre, soit vers la 1ère intervention franco-israélienne sur
armée, soit vers les poches de la zone du Canal, intervention qu'il Son intelligence très vive lui a
l ' Atlantique, dont ils assurent en pensait pouvoir synchroniser avec permis de s'adapter aux situations
grande partie la neutralisation. l'opération principale. les plus diverses.

Aussitôt aprè s l ' arm istice L'action franco-britannique sur Dans la Résistance, son indé-
Maurice Bourgès-Maunoury, tou- Port-Saïd ayant réussi et les pendance d'esprit à l ' égard des
jours suivi par le fidèle René Lion, Israéliens étant arrivés à proximité instructions très générales qu'il
est nommé sous-chef d'état-major du Canal en moins de cent heures, recevait et dont il ne voulait retenir
de l'armée de terre en juin 1945, l'ensemble de l'opération fut , que la finalité, l ' autorité que lui
puis commissaire de la République comme on sait, brusquement stop- donnait l 'exercice du commande-
à Bordeaux. pée par Londres et Paris en raison ment, lui permirent de surmonter
de l 'hostilité à ce plan des gouver- toutes les difficultés.
Mais c'est très rapidement vers nements américain et soviétique.
une carrière politique qu 'il s'orien- Mais nous retiendrons aussi sa
te. Maurice Bourgès-Maunoury fut générosité naturelle, son sens de la
très affecté par l'échec de convivialité, la qualité de son ami-
Membre du parti radical il est l'ensemble de l'opération qu ' il tié, son désintéressement.
élu député de la Haute-Garonne en avait préparée avec beaucoup
1946. Il le sera à nouveau en 1951 d'enthousiasme et d' attention. Président de l ' Amicale .des
et 1956. réseaux Actions pendant plusieurs
Il considérait que cet échec années, il a dirigé et animé
A 33 ans en 1947 il occupe son aurait des répercussions très graves l ' Amicale qui regroupe tous les
premier poste ministériel comme pour l' avenir de l'Occident. camarades qui n'ont pas désespéré
Secrétaire d'Etat au budget; et à de la France quand tout semblait
cette période de la rve République En juin 1957 il est investi perdu et qui avaient livré avec lui
où les gouvernements changent comme président du Conseil par contre l' occupant un combat parti-
souvent, il occupe successivement l'Assemblée nationale pour succé- culièrement dangereux et difficile.
les fonctions de secrétaire d'Etat à der à Guy Mollet. En juillet, il
1'Air et à la Guerre, de ministre des obtient la ratification par le Il s'est, par ailleurs, toujours
Travaux publics, puis de ministre Parlement du Traité de Rome penché avec beaucoup de soin et
de l 'Industrie et du Commerce. créant le Marché commun. d' attention sur le sort de ses cama-
rades les plus défavorisés ou sur
En 1955 il est ministre de En septembre, présentant une celui de leurs veuves. Tous ceux
l 'Intérieur. Il devient alors et reste- loi-cadre qui réaffirme l'apparte- qui se sont adressés à lui ont bénéfi-
ra partisan de l' Algérie Française. nance de l'Algérie à la France, son cié de son aide et de son assistance.
gouvernement est renversé par
De 1956 à 1957 il est ministre l'Assemblée. Maurice Bourgès-Maunoury
de la Défense nationale. De toutes restera pour nous une des plus
les responsabilités qu'il assuma Ministre de l'Intérieur en 1958, pures figures de la Résistance.
avec beaucoup de compétence et il quitte la scène politique après le
d 'aisance, c 'est certainement cette retour au pouvoir du général de Il était officier de la Légion d'hon-
période où il exerça la direction du Gaulle dont il refuse de voter neur, Compagnon de la Libération,
64
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

décoré de la croix de guerre 39-45, "Magnifique officier, volontaire une énergie qui lui valent l'estime
médaillé de la Résistance avec pour accomplir des missions en et la confiance sans réserve de
rosette, décoré du Distinguished · France. Chargé de la mise en tous les mouvements de
Service Order et de nombreuses place des plans et de l'organisa- Résistance".
décorations étrangères , titulaire tion de la Résistance dans 9 dépar-
d'une magnifique citation à l'ordre tements, voit sa responsabilité Jean SIMON
de l'armée qui lui avait été attri- devenir écrasante par la dispari-
buée par le général de Gaulle le tion de ses chefs. Assume néan-
8 août 1944, je cite : moins sa tâche avec compétence et •

Nombreux sont nos camarades à avoir connu Maurice Bourgès-Maunoury et conservé avec lui des
relations d'amitié.
Devant la difficulté d' opérer une sélection parmi leurs témoignages, on s'est limité à celui que
nous a envoyé Fernand Chanrion (35), délégué de sa promotion et un de ses amis proches.

l'incorporation de En septembre 1944, j'eus, à pour entrer au groupe Rivaud qu'il

P
EU APRES
la promo 35, et comme mon tour, des difficultés pour lui contribua à orienter vers des parti-
c'était l'habitude, de nom- rendre visite à l'hôpital de Lyon cipations dans des secteurs de
breux "topals" circulaient de salle car il était protégé par des gardes haute technologie.
en salle. L'un d'entre eux deman- du corps musclés : de Gaulle lui
dait aux joueurs de tennis de se ayant la veille remis sur son lit Maurice Bourgès-Maunoury
manifester, ce que je fis ; le topal d'hôpital la croix de Compagnon était un fidèle camarade de promo.
retourna à celui qui l'avait émis: de la Libération. Il regardait toujours avec soin les
Maurice Bourgès-Maunoury. C'est requêtes, nombreuses on s'en
ainsi que nous avons fait connais- Son activité dans la Résistance doute, qui lui étaient adressées par
sance. Une petite équipe composée ainsi que sa carrière politique sont les uns ou les autres. Son proche
de Francès et Appert de la promo connues des camarades de notre collaborateur René Lion chargé
34 et de Bourgès et moi-même de génération. Je rappellerai seule- des "suites à donner" devint le cor-
la 35 rencontra au cours de l'année ment qu'il appartint à tous les gou- respondant de plusieurs d'entre
des équipes d'universités ou autres vernements de la rve République nous.
écoles. Quelquefois, par ailleurs, de 1947 à 1957. On sait en particu-
nous faisions le mur pour aller lier le rôle décisif qu'il joua dans Maurice Bourgès-Maunoury
nous entraîner au T. C. P. (Tennis l'expédition de Suez. Il fut prési- faisait preuve, en toute occasion,
Club de Paris) dont le président de dent du Conseil en 1957. d'un humour réconfortant et d' une
l'époque était, il me semble, Jean grande indulgence. Pourtant il
Borotra. Jacques Chaban-Delmas, Félix décelait vite les mobiles profonds -
Gaillard et Maurice Bourgès- et pas toujours désintéressés - de
Quelques années plus tard, en Maunoury furent trois amis, l'être humain. Il estimait que
1943, j'avais mon bureau à la pré- brillants hommes politiques issus l'homme politique devait exclusi-
fecture du Rhône à Lyon et, un de la Résistance. vement servir l'intérêt national et il
jour, l'huissier m' annonça un visi- - agissait en conséquence.
teur nommé "Berniquet'', je répon- En 1958, Maurice Bourgès
dis que je ne connaissais pas de refusa de voter pour le général de La promo 35 pense à lui avec
Berniquet mais l'huissier revint me Gaulle dont pourtant il avait été fierté, émotion et reconnaissance.
disant "ce monsieur vous connaît quinze ans plus tôt le fidèle colla-
depuis l'Ecole polytechnique". Je borateur ; et cela en raison notam-
le reçus donc et c'était Maurice ment de la position du général
Bourgès récemment parachuté contre l'Algérie française. Fernand CHANRION
depuis l'Angleterre. Nous nous délégué de la promo 35
sommes par la suite rencontrés très Battu aux élections législatives
fréquemment en des lieux plus dis-
crets.
de novembre 1958, Maurice
Bourgès abandonna la politique •
65
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

LA FORMATION DE JEUNES CADRES


D'ENTREPRISES FRANÇAISES AU JAPON

Jean REBOUL (44)

'
Notre système de formation d'ingénieurs comporte des atouts indiscutables pour relever les défis indus-
triels internationaux. Pour valoriser au mieux ces atouts, se créent progressivemnt des dispositifs complé-
mentaires, en particulier dans le secteur de la Recherche et du Développement. C'est ainsi qu'un certain
nombre de pro grammes de formation au Japon sont organisés, notamment par la CEE et par la France.
Parmi ceux-ci, les programmes du comité Forme de la SFJTI (Société franco-japonaise des techniques
industrielles) que préside H. Martre (47), qui vient de succéder à C. Fréjacques (43 ), proposent à de
jeunes ingénieurs un système de formation particulièrement intéressant pour la Recherche et le
Développement. -~
Dans ce qui suit, J. Reboul, conseiller technique du comité Forme, identifie les enjeux en cause, analy-
se les procédures adoptées et dresse le bilan des actions accomplies.
G.P.

1 - Pourquoi le Japon ? de 30 milliards de Francs pour notre 2 - Pourquoi une formation


pays, et un rapport des flux financiers de longue durée au Japon?
De nos jours, une entreprise, pour d'investissement dans l'autre pays 17
se développer, doit se livrer à la fois plus important pour le Japon. En Certaines de ces connaissances
recherche continue d'innovations ce qui concerne la part de la peuvent être acquises partiellement
garantissant la compétitivité à moyen recherche et du développement expri- par la lecture d'ouvrages spécialisés
et à long terme de ses produits et de mée en pourcentage du PIB, la et par l'accomplissement de missions
ses services. En fait, pourront vaincre France est au quatrième rang mon- de courte durée au Japon. Mais cela
ceux qui maîtriseront le mieux la dial, après l'Allemagne, alors que le ne suffit pas pour rendre cet acquit
chaîne : Recherche ~ Dévelop- Japon est au deuxième, après les suffisamment opérationnel.
pement ~ Industrialisation ~ Etats-Unis. En effet, plusieurs obstacles se
Commercialisation. Pour tenter de rééquilibrer cette dressent au Japon - non par intention
Parmi les nations les plus comba- situation, et du même coup accroître mais par construction - devant un
tives et les plus efficaces à cet égard notre potentiel, il est donc indispen- projet d'appréhension trop rapide
se trouve, comme on le sait, le Japon, sable de s'intéresser aux caractéris- d'un sujet de connaissances. La pra-
à la tête des puissances asiatiques. tiques qui sous-tendent ces actions au tique de la langue japonaise est
Suivant la remarque de F. Bouillat Japon. nécessaire pour permettre un degré
(75), dans nos colonnes (La Jaune et En R & D précisément, le Japon d'échange fructueux ; or cette langue
la Rouge, mai 1990), les années 80 est l'un des pays qui maîtrise le est relativement complexe. De plus,
ont marqué la poussée de l'Asie, avec mieux la chaîne allant de la , l'usage du mode de communication
la montée du Japon, de la Corée et de Recherche à la Commercialisation et, entre personnes, ainsi que des struc-
ses voisins (les quatre dragons) dans de ce fait, est devenu un interlocu- tures de transmission de l'information
les domaines économique, industriel, teur incontournable dans bien des au sein d'une entreprise, exige un
commercial et scientifique. domaines. Il est donc rentable d'y certain apprentissage. Enfin, la cultu-
Le Japon, quant à lui, a engagé rechercher des informations perti- re nippone, expression d'un génie
des efforts systématiques qui lui ont nentes, en particulier sur le contenu national non transposable directement
permis d'obtenir des résultats mar- des plus récentes techniques dévelop- au modèle occidental, mérite quelque
quants. Ainsi, le bilan des relations pées, sur le montage d'une surveillan- application.
bilatérales entre la France et le Japon ce technologique active, et sur l' orga- Pour obtenir des informations
fait apparaître ces dernières années un nisation de la production et la gestion scientifiques, techniques ou commer-
déficit commercial annuel de l'ordre des entreprises. ciales pertinentes, il est donc indis-
66
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

pensable de remplir deux conditions : recherche à l 'étranger (CITERE) dans ministère de la Recherche et de
l'intimité et la durée. La première des laboratoires publics japonais, l'Espace (MRE) a confié au comité
implique la transmission des connais- pour des séjours d'un an renouve- Forme la mise en place d'un nouveau
sances sur le lieu même du savoir : lable, après un stage linguistique de cursus appelé programme CIFOJ A
laboratoire, atelier . .. Elle implique six à douze mois au Japon. (Conventions industrielles de forma-
également une bonne perception du Un module de formation de tion au Japon) dans le cadre de son
contexte psychologique et sociolo- longue durée au Japon, adapté à la programme prioritaire d ' aide à la
gique du site d ' accueil. La seconde Recherche et au Développement, Recherche Industrielle (convention
traduit la nécessité, pour que le conte- mérite une attention particulière car il CIFRE').
nu du message - au sens large - entre comporte "trois étages" sur place : Cette action vise à prendre en
partenaires soit correctement décodé • une formation de six mois d'étude charge le surcoût, pour l'entreprise
et assimilé, de bénéficier de contacts intensive de la langue japonaise, française , de la formation au Japon
suffisamment prolongés. • une étude en R & D de six à douze d'un jeune diplômé récemment
D'où l'intérêt pour les entreprises mois dans un laboratoire public japo- embauché, que constituent d'une part
françaises de recourir à des forma- nais , universitaire ou dépendant du les indemnités d'expatriation, en plus
tions de longue durée au Japon MITI (ministère de l'industrie et du du salaire de base assuré par l'entre-
pour de jeunes cadres dans les diffé- Commerce extérieur), prise, d ' autre part l'organisation des
rents domaines : recherche de base, • un stage d ' application de six à stages linguistiques, en laboratoire,
recherche appliquée et développe- douze mois dans un centre de R & D puis en entreprise au Japon. La durée
ment technologique, économique et d'une société japonaise de pointe maximale du séjour est de vingt-
commercial. Bien entendu , il f àut dans le domaine considéré ; ceci est quatre mois, ce qui représente un
choisir un sujet suffisamment attractif .rendu possible grâce aux relations allègement supplémentaire des
pour l'entreprise et qui corresponde à étroites qu'entretiennent responsables charges pour l'entreprise par rapport
un axe stratégique à moyen et à long de laboratoire et industriels japonais. à la durée moyenne des autres procé-
terme. Pour cela, il faut déterminer un C'est le cursus qui a été retenu dures.
pôle d'excellence au Japon dont on pour les stagiaires du comité Forme, La mise en œuvre d'une conven-
sache, de façon sûre , qu ' un gain structure de formation au sein de la tion CIFOJA résulte de la collabora-
important de connaissances peut en Société franco-japonaise des tech- tion entre trois partenaires :
être attendu. niques industrielles (cf. encadré). • un jeune diplômé, ingénieur ou titu-
Ce module de formation , appelé laire d'un DEA, de nationalité fran-
programme Forme, s'adresse à de çaise, qui souhaite commencer sa car-
3 - Comment mettre jeunes cadres confirmés d'entreprises rière industrielle par une formation de
en œuvre cette formation ? françaises. La moitié environ sont type 3e cycle en R & D au Japon ;
issus de PMI ou de filiales de grands • une entreprise française, éprouvant
Tous les programmes de forma- groupes ; les sites d'accueil sont des un intérêt soutenu pour le Japon daris
tion actuels, organisés notamment par laboratoires publics et des centres de le cadre de ses orientations straté-
la France et par la CEE, proposent un R & D industriels japonais ; les sujets giques, qui embauche le jeune diplô-
stage linguistique allant de quelques d ' étude concernent les grands sec- mé pour aller acquérir dans ce pays
mois à un an sur place, préalablement teurs industriels : maîtrise de l 'éner- des connaissances et un savoir-faire
au stage scientifique, technique ou gie, électronique, robotique, maté- utilisables à son retour ;
commercial qui constitue le deuxième naux ... • le comité Forme qui, en accord avec
" étage" de la formation . Ainsi , la Ce programme fonctionne depuis les deux partenaires précédents, ins-
CEE propose un module de formation 1985 à la satisfaction des stagiaires et truit le dossier technique en vue de
au Japon appelé "Executive training des entreprises dans lesquelles ils ont l'obtention des subventions pour les
programme" qui comprend une for- poursuivi leur carrière ; cependant, le indemnités d'expatriation et pour les
mation linguistique de douze mois , nombre de stagiaires est modeste frais d'organisation des stages, et ceci
suivie d'un stage de six mois dans (trois par an en moyenne). Il y a ' pendant deux ans.
une entreprise, dans un secteur éco- beaucoup de candidats mais peu Au départ, il faut choisir un sujet
nomique ou commercial. d 'élus : en effet, si l'envoi d'un cadre d'études comme thème de formation,
De son côté le ministère des confirmé à l'étranger est profitable à correspondant à la fois à la compéten-
Affaires Etrangères propose des l 'entreprise en terme de valorisation ce du candidat, à un domaine d'acti-
bourses d'études à de jeunes ingé- de savoir-faire, par contre son absen- vité important pour l'entreprise et à
nieurs ou étudiants titulaires d'un ce, pendant deux à trois ans, pose le l'existence d ' un pôle d'excellence
DEA, à associer à un contrat de tra- problème du transfert de sa charge de japonais dans ce domaine. Une étude
vail à durée déterminée ou indétermi- travail, d'autant moins facile qu'il bibliographique, ou mieux, une
née. Ces bourses sont accordées dans continue souvent à compter à l'effec- recherche d'antériorité de brevets
le cadre des Conventions industrielles tif de sa Direction d'origine. sur ce thème permet d'identifier les
et technologiques d ' études et de C'est la raison pour laquelle le laboratoires et centres de R & D
67
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

et stagiaire Forme, a travaillé sur les


La Société franco-japonaise des techniques industrielles céramiques thermo-mécaniques,
(SFJTI) est une association suivant la loi de 1901, créée en 1982 pour après un an passé à Tokoday,
développer les échanges scientifiques, techniques et industriels entre l'Université de Technologie de
la France et le Japon. Elle a pour adhérents des grandes entreprises Tokyo : "Les activités de Toshiba
françaises, des centres techniques et des organismes de recherche inté- Ceramics, que ce soit dans le domai-
ressés par le Japon. Elle inclut dans son conseil d ' administration des ne des céramiques techniques ou des
représentants des ministères des Affaires étrangères, de ! 'Industrie et semi-conducteurs, sont largement tri-
du Commerce extérieur, de la Recherche et de l ' Espace, ainsi que butaires des capacités de l'industrie
d'agences nationales. Elle reçoit des aides financières des pouvoirs japonaise dans son ensemble à
publics pour ses activités d'information et de formation : ces dernières conquérir des marchés extérieurs .. .
sont organisées par le comité Forme, organisme de formation agréé, Une telle stratégie suppose que nous
créé en 1984 au sein de l'association. multipliions les échanges entre les
hommes. L'accueil de Claude Contet
La SFJTI est présidée actuellement par Henri Martre (47), prési- - premier ingénieur étranger à tra-
dent du GIFAS et président du Comité consultatif franco-japonais, qui vailler dans notre nouveau centre de
vient de succéder à Claude Fréjacques (43). Elle dispose d ' un bureau recherche de Kanagawa - est un pre-
à Paris et d 'un bureau de liaison à Tokyo opérant au sein du poste mier pas dans ce sens" .
d'expansion économique de l'ambassade de France. Le ministère français de
! 'Industrie et du Commerce extérieur
SFJTI/Comité FORME attache une grande importance à ses
17, rue Hamelin - 75783 Paris Cedex 16 - Tél. : 47.27.21.67 relations avec le Japon3. Il a décidé
de lancer, en janvier 1992, un grand
programme de promotion des expor-
tations intitulé "Le Japon, c'est pos-
industriels japonais les plus en pointe qu ' il a fréquentés comme étant géré sible". Assurément, mais cette possi-
dans le secteur considéré. La présen- par le Comite Forme, ce qui exclut bilité implique, pour les entreprises
tation au laboratoire, puis à l'entrepri- que ces derniers puissent invoquer la françaises , la recherche continue
se, ainsi que la logistique générale réciprocité pour envoyer ultérieure- d'innovations garantissant, sur les
(accueil, inscriptions à des colloques, ment un stagiaire japonais dans marchés extérieurs, et notamment au
contacts scientifiques et industriels) l'entreprise française. Japon, la compétitivité à moyen et à
sont assurés par le bureau de liaison Sur les problèmes de secret et de long terme des produits et services.
de la SFJTI au Japon. limitation pour accéder à l'informa- Cette recherche ne peut ignorer, sur
tion dans le cadre d'un séjour de ce marché, l ' état le plus récent du
longue durée au Japon, Daniel développement scientifique et tech-
4 - Quelle est la valorisation Jacquot, vice-président de la SFJTI et nique, ainsi que l ' organisation des
de cette formation ? ancien conseiller scientifique auprès structures de R & D correspondantes.
de notre ambassade à Tokyo, constate Il faut donc ménager des voies
Au cours de ses différents stages que les expériences concordent : "Il d'accès pratiques et efficaces pour les
au Japon, le jeune cadre a fait profiter n'est pas plus difficile pour un sta- hommes qui souhaitent accéder à ces
son entreprise du carnet d'adresses giaire français d'accéder à l'informa- informations. Or, il y a, en formation
qu'il a établi et des informations tion dans un laboratoire public ou de longue durée, sept fois plus de
scientifiques et techniques qu 'il a ras- privé au Japon qu'aux Etats-Unis ou jeunes ingénieurs japonais en France,
semblées. A son retour, les relations en Allemagne. Outre la nécessité que de jeunes cadres français au
qu'il a établies avec les milieux uni- d'acquérir une certaine maîtrise de Japon. Il faut donc rééquilibrer le
versitaires et industriels japonais, la langue de travail du pays hôte, bilan de ces échanges au profit de
ainsi que la connaissance des sources c'est l'établissement de relations de · notre pays, de nos entreprises et de
efficaces d'information en R & D lui confiance avec !' équipe qui permet nos jeunes cadres, en encourageant
permettent notamment de mettre en l'intégration du stagiaire étranger et les formations de longue durée au
œuvre une veille technologique en donc sa lib erté d'accès aux Japon.
temps réel. Par ailleurs, il a la possi- meilleures sources d'information".
bilité d'utiliser les résultats de ses Mais alors, quel peut être l'intérêt •
études, de les poursuivre dans un pris par le partenaire japonais dans 1 - Conventions industrielles de formation
laboratoire public français à son cette procédure si attractive pour par la rec herche.
retour en France, pour présenter une l'entreprise française ? Laissons la 2 - Sciences et Techniques n° 36, av ril
thèse, avec l'accord de l'entreprise réponse à Toshio ABE2, membre du 1987.
française. Il convient de noter que le directoire de Toshiba Ceramics, où 3 - Spécia l Japon n° 65 , janvier-février
stagiaire est perçu par les milieux Claude Contet, ingénieur de Renault 1992.
68
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

MATHÉMATIQUES, ARCHÉOLOGIE ET LINGUISTIQUE


ou les mésaventures d'un mathématicien
égaré dans les "Belles Lettres".

Jean FAUCOUNAU (47)

Malgré le caractère tout à fait inhabituel du sujet traité, la Rédaction de La Jaune et la Rouge a
jugé utile de retenir l'article que l' on lira ci-dessous, dont l'auteur est un camarade de la promo 47.
Bien qu' étranger à l'Université, Jean Faucounau est bien connu dans le cercle fermé des linguistes.
Comme le montre la liste des articles qu'il a publiés, il est l'auteur d'études diverses, parues dans des
revues savantes comme la Revue d' Assyriologie ou le Belleten de l'Université d'Ankara . Mais il est
surtout l'inventeur d'une théorie révolutionnaire en matière de philologie grecque, théorie qui de sur-
croîts' appuie sur un déchiffrement jugé "impossible" par les spécialistes. Sa découverte n'a donc pas
manqué d'être accueillie, par l' "Establishment scientifique", avec un grand scepticisme. La
Rédaction de La Jaune et la Rouge n'est pas en mesure de juger la valeur des preuves que notre cama-
rade prétend avoir apportées en faveur de sa thèse (bien que certaines paraissent particulièrement
convaincantes aux yeux du profane). Mais la "révolution" que constituerait pour la philologie et
l'archéologie grecques la théorie "proto-ionienne" de J. Faucounau nous a paru devoir justifier la
publication de l'article .
G.P.

' frappé, il y a plusieurs années, de Un document capital


L
INTRUSION des mathéma-
tiques dans des domaines relever que les ouvrages des lin- dont, faute de pouvoir
traditionnellement réser- guistes se classaient en deux caté- le comprendre, les savants
vés aux "littéraires", comme gories bien distinctes : d'un côté ont minimisé l'importance
l'archéologie ou la linguistique, des livres ou articles accessibles à
n'est pas nouvelle. En linguistique n'importe quel "lettré" ignorant Le "Disque de Phaistos" est un
en particulier, elle a pris depuis une tout des mathématiques; de l'autre disque en argile cuite, couvert de
cinquantaine d'années une exten- des ouvrages ésotériques, ne pou- hiéroglyphes d'un type inconnu et
sion considérable : qui n'a entendu vant être lus que par une poignée de découvert en juillet 1908 par
parler des travaux de Noam spécialistes travaillant en vase clos. l'archéologue italien Luigi Pernier
Chomsky sur les "grammaires" ou Il m'était apparu qu'entre ces deux dans les ruines du "Premier Palais"
de ceux d 'Andreï Markov sur les extrêmes existait un large domaine de cette ville du sud de la Crète. Il
problèmes de mots, ayant conduit à inexploré, où un simple généraliste, constitue, depuis sa découverte, une
la notion des "chaînes" portant son un homme simplement "cultivé" énigme qui a fait couler beaucoup
nom ? ... Assez curieusement, ces pouvait exercer ses talents. C'est d'encre : plus de 300 articles à ce
travaux ont plus servi à faire avan- dans cet esprit que j'ai commencé à jour et au moins une trentaine de
cer le Calcul des Probabilités ou la m'intéresser, à titre de "hobby", à déchiffrements différents ! ...
Théorie des Groupes, en un mot les certaines écritures anciennes indé- Aucun de ces "déchiffrements"
mathématiques, que la linguistique. chiffrées, avec le projet de leur n'est convaincant, beaucoup sont
La principale raison en est certaine- appliquer, non des méthodes com- manifestement faux. Quant aux
ment le très haut niveau de connais- pliquées, mais des traitements sta- articles parus sur le Disque, la plu-
sances mathématiques qu'ils exi- tistiques n'exigeant que les notions part n'ont fait qu'obscurcir le pro-
gent pour être utilisés. enseignées de tous temps dans blème. Au point qu'après quelques
notre école. C'est ainsi que, un peu années de recherches, écœuré par
Passionné par l'histoire des par hasard, j'ai été amené à m'inté- l'objet mystérieux, le monde savant
langues, membre de la Société de resser au "Disque de Phaistos" décida que désormais le plus sage
Linguistique de Paris , j'avais été (voir figure). était de l'ignorer. Le Disque devint
69
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
........... - Libres propos
graphe et la ponctuation 2) - il a
confondu, comme des milliers de
chasseurs le font chaque année,
"lapin" et "lièvre" 3) - il a oublié le
mot "tortue" ... Tout cela peut
paraître évident à des mathémati-
ciens . Je puis assurer que ce ne l'est
pas toujours pour des "littéraires" !

Une méthode à
double détente
L'une des affirmations des spé-
cialistes issus des "Belles Lettres"
s'étant avérée inexacte, en était-il
de même pour la seconde : "le
Disque est indéchiffrable" ? ...
Pour le savoir, il me fallait aborder
les 241 hiéroglyphes de l'objet avec
Une poêle à frire provenant des Le "Disque de Phaistos" l'esprit d'un statisticien. Mais je me
Cyclades (Syros), c. 2200 av. J:--C. c. 1800 av. J.-C. trouvais, d'entrée de jeu, devant un
problème difficile : "Quand com-
Le déchiffrement a permis de confirmer qu'il existe une filiation culturelle entre ces mence pratiquement l'infini ?". En
deux objets et que le Disque de Phaistos était un panégyrique mortuaire en l'honneur d'autres termes, quand a-t-on le
d'un roitelet régnant vers 1800 avant J.-C. sur une petite île située au nord de la Crète. droit de dire que y=l/x est "prati-
quement nul" ? Pour x~l ? Pour
x~lOO? Pour x~lOOOOO? ... Le
tabou: défense d'en parler dans des recourir à d'invraisemblables sens commun indique que des
articles scientifiques, sauf par allu- "hypothèses ad hoc". Autrement réponses différentes sont accep-
sions prudentes. Il devint de bon dit, la thèse d'un sens "centre vers tables, suivant ce que l'on fait de la
ton de soutenir que le texte était l'extérieur" nécessite de poser en réponse "y est pratiquement nul",
indéchiffrable et que l'on ne pou- principe que le scribe s'est trompé à considérée comme un élément
vait même pas déterminer le sens diverses reprises, oubliant un trait d ' information: vérifier la solidité
dans lequel il fallait le lire ! ... par ci ou un signe par là, ou agis- d'un pont, ou s'en servir pour déci-
sant de façon extravagante. Bien der si on prendra ou non son para-
Une approche par sûr, les scribes anciens faisaient pluie. En d'autres termes, tout
les mathématiques parfois des erreurs et celui qui dépend du traitement ultérieur que
imprima le Disque ne fait pas l'on fait subir à l'information
Dès ma première approche du exception. Mais comme j'ai tenté apportée. . . Dans le cas du Disque,
Disque, je m'aperçus rapidement de l'expliquer, parfois en vain, à le faible nombre de signes m'obli-
que, pour un esprit scientifique, certains savants, ce n'est pas une geait à accepter l'incertitude d'un
cette dernière affirmation, formulée raison pour refuser une solution infini plus proche que l'infini ordi-
par des non-mathématiciens, était évidente et d'une probabilité éle- naire des statisticiens qui, comme
visiblement fausse. Les hiéro- vée , au profit d'une autre très on le sait, considèrent ce dernier
glyphes du Disque ont été imprimés improbable et reposant sur de pré- atteint dès que l'on s'écarte de la
en spirale, d'où deux sens de lectu- tendues erreurs. Une telle attitude moyenne de plus de deux ou trois
re possibles, s'excluant mutuelle- est contraire à l'"esprit scienti- - fois l'écart type .. Mais la remarque
ment: "centre vers l'extérieur" ou fique", qui est soumission aux faits ci-dessus conduisait, tout naturelle-
"extérieur vers centre". Mais les et non appel à quelques "démons de ment, à compenser ce désavantage
deux solutions n' ont pas la même Maxwell" pour pouvoir justifier par une méthode comportant un
valeur : la seconde a une probabilité une thèse contraire à l'évidence. Si second traitement de l'information.
élevée et elle permet d ' expliquer on part du principe que "ce n'est
facilement tous les phénomènes pas moi qui fais erreur, c'est le scri- Cela signifiait utiliser une
constatés : pourquoi, par exemple, be qui s'est trompé", on peut soute- méthode comportant deux
l'une des spirales se termine par un nir n'importe quoi. Par exemple, échelons : un échelon "individuel",
triangle, ou pourquoi tel signe a été que la phrase "le lapin est là" est le permettant de décider que tel systè-
nÙ:l . orienté. La première, au titre d'une fable de La Fontaine : 1) me d'écriture, ou telle langue, ou
contràire, oblige ses partisans à - le scribe connaissait mal l' ortho- telle valeur phonétique était "le 011
70
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

la plus probable" ; puis, un échelon


"collectif', permettant de conclure
que, globalement, la solution rete-
nue était acceptable. Un exemple
rendra la chose plus claire : si je
cherche à déterminer si un texte
alphabétique inconnu est écrit en
anglais (en supposant que j'ignore
cette langue, mais que je dispose de
statistiques adéquates), je pourrai
étudier la fréquence du bigramme
( = ensemble de deux signes consé-
,~
Sn,-, /'
_, ,,.
(•~V:..-1 \ \ fi
\ \ i1' ,,'1
11
1 1.ie:--,·
r( '
~pn~~-=\
\ C
cutifs) TH, par exemple, dans le
-)/f'"'
!t ,>/
,. ,
\ "I
11 ' ~ __ . :;1
11 I "''"
L.} ,
I/"'
texte en question, et la comparer à .,
celle de TH en anglais et dans
d'autres langues. J'en déduirai une
certaine probabilité que, d'après ce
test "individuel", le texte inconnu la case A1 0 : le signe 46
soit effectivement écrit en langue
anglaise. En multipliant les tests de
ce genre, je pourrai, in fine, procé-
der à un second traitement, global
cette fois, des informations obte-
nues. Ce nouveau traitement
consistera en un test destiné à .
'

.·1 .
-~ 11/'".'
~:'"'
/~ .
jl_
;_ .
~~.···~·:·"~. .
.. '
.· · ~
:, . ·;,:
1· . : ... .; \.

. ~-~
.

.
.
o,'A-. 1 1
)(' 1 11
i
__,
"\\ \
1
I / :
·-- 1 l 1
1 \ \
''
...... ,
'··
\
1

1' <.:~"· . . ....,)i.'." .... .


-y •
répondre à la question : "compte- : \
\~.~-'

tenu des diverses probabilités four-


nies par les tests de premier éche-
lon, la solution "le texte inconnu est
rédigé en anglais" est-elle accep- la case 82 : le signe 47
table ?" ... Telle fut , en gros , la le déchiffrement ayant montré que la valeur phonétique des signes du Disque était
méthode que j'ai utilisée. liée, comme pour les hiéroglyphes de l'Egypte ancienne, à ce qu'ils représentent, il est
possible de prévoir ce que fut le dessin des signes effacés. les deux cas ci-dessus mon-
Le Disque déchiffré ! trent l'excellente concordance entre la prévision et l'effaçure.

La récompense de ce long tra-


vail de comparaison statistique, qui pondance entre la prédiction et "civilisation minoenne" ). Elle date
dura près de sept ans, fut surpre- l' effaçure saute aux yeux. de la période baptisée par les
nante : je réussis à déchiffrer le archéologues MMl b-MMII. Des
Disque ! Et, cette fois, le déchiffre- Des conséquences très objets et des faits archéologiques
ment était certainement exact : car importantes sur l'histoire déjà connus ont pu lui être ratta-
des preuves, internes et externes, ne et l'archéologie chés. L'histoire de sa naissance, de
tardèrent pas à s'accumuler. Je n'en son apogée et de sa mort a pu être
citerai qu'une, facile à saisir: il est Les conséquences du déchiffre- tracée dans ses grandes lignes. Il a
bien connu que les scribes anciens ment du Disque de Phaistos sont été possible de reconstituer l'aven-
"corrigeaient" parfois leur texte. considérables en ce qui concerne ture de ces premiers explorateurs
Ces corrections ne sont jamais gra- l'histoire, l'archéologie et la lin- marins, lointains précurseurs des
tuites. Elles ont une raison. Ainsi, guistique. La plus importante est Christophe Colomb et des La
on a des exemples d'un scribe rem- sans doute l'attestation d'une civili- Pérouse, qui, deux mille avant J.-C.,
plaçant deux signes PE et TE par sation grecque, ignorée jusque là avaient organisé, depuis une île
un seul signe PTE. Le scribe qui a des savants, à caractère cycladique située au nord de la Crète, des
imprimé le Disque de Phaistos a et proto-ionien, qui connaissait voyages en pirogue qui les ame-
fait plusieurs corrections de ce l'écriture. Cette civilisation, appe- naient, en suivant les courants,
genre. Le déchiffrement auquel je lée "Civilisation du Disque", forme jusqu'en Egypte, avec retour par la
suis arrivé les explique toutes. Il un "missing link" entre deux civili- côte syro-palestinienne, le sud de
permet même de prévoir quel est le sations bien connues : celle des l' Anatolie et Rhodes. Grâce à tout
signe effacé, comme dans les cas Cyclades au Bronze Ancien et celle un réseau de points d' appui, éloi-
illustrés ci-dessous, où la corres- de la Crète au Bronze Moyen (dite gnés de 50 à 100 kilomètres les uns
71
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

des autres et où ils pouvaient faire découverte et les raisons de sa vali-


relâche, s'abriter en cas de mauvais Le camarade FAUCOUNAU a dité. Une opération sponsorisée, à
temps et renouveler leurs provi- · pu concilier une carrière profes- faible budget et à fortes retombées
sions d'eau et de vivres , ils se sionnelle très remplie et des années médiatiques (ce n'est pas tous les
livraient à un fructueux trafic por- de recherche pendant lesquelles il a jours que l'on découvre une civili-
tant sur les métaux et les pierres mis ses talents de statisticien au ser- sation inconnue qui nous touche
précieuses. Les marins cycladiques vice de l 'Histoire de l 'Archéologie. d'aussi près !) ne demande qu'à
du Bronze Ancien, leurs ancêtres, Auteur de nombreuses publica- voir le jour. Alors, si quelque cama-
avaient ouvert la route de la Crète. tions, en France comme à l'étran- rade dirigeant d'entreprise se sen-
Mais eux, ayant appris des indi- ger, il a pu - par application de tait l'envie d'accepter l'aventure ...
gènes qu'existait un pays "au delà méthodes statistiques - proposer un
de la mer", Aiguptos, l'Egypte (un déchiffrement crédible du disque de Principaux articles publiés
nom qui ne commence pas par Phaistos, clé de la découverte d'une
hasard par la mêmè racine que celle civilisation prolo-ionienne qui a eu Mathématiques
du vieux français "aigues" !), son essor vers 1800 avant J.-C. , - Note sur une loi de probabilité discrète
n'avaient pas hésité à se lancer à la dans les îles grecques. méconnue - Mathématiques § Sciences
découverte de ce pays fabuleux, où Confirmer cette découverte qui Humaines 1975 (55-68).
les paysans faisaient deux récoltes dérange les théories "installées" Préhistoire
par an, où l'or existait en abondan- implique des fouilles dans des - L'écriture à !'Age du Renne - Kadath
ce et valait moitié moins que endroits déjà localisés. Faucounau 1988 (4-10).
l'argent ! ... Tels sont les ensei gne- fait appel à l'intérêt d'entreprises Disque de Phaïstos
ments apportés par le déchiffrement mécènes qui souhaiteraient associer - Le déchiffrement du Disque de Phaistos
du Disque de Phaistos. Et tout cela leur nom au progrès de l'Histoire. est-il possible par des méthodes statis-
jette, bien sûr, un jour nouveau sur Le groupe X-Histoire Archéologie tiques ? - Revue des Etudes Anciennes
l'histoire de l'Europe, de la Grèce, L. GAILLARD (27) 1975 (9-19).
sur l'histoire biblique et égyptien- J. MINÉRY (62) - L'écriture du Disque de Phaistos est-elle
ne, dont certains chapitres sont minoenne? - Krètologia 1977 (26-38).
entièrement à réécrire ... - Les signes du Disque de Phaistos et leur
verte du "grec mycénien" par M. identification - Krètologia 1981 (185-
Retour à d'anciennes Ventris dans des tablettes d'argile 211).
théories linguistiques de Pylos et de Crète datant du - La civilisation de Syros : des poêles à
Bronze Récent (écriture dite : frire au Disque de Phaistos - Kadath 1990
Les conséquences du déchiffre- linéaire B) ... (1-7).
ment du Disque, sur le plan de la Epigraphie et Linguistique
linguistique, ne sont pas moins Des fouilles de confirmation - Etudes chypro-minoennes I à III - Syria
importantes. Mais c'est là que le 1977 (209-249).
bât blesse. Car le déchiffrement Pour vaincre ce scepticisme - Etudes chypro-minoennes IV et V -
oblige les linguistes à accepter une injustifié, il faudrait faire des Syria 1980 (375-410).
révision dramatique de thèses fouilles pour retrouver la - Quelques remarques sur le texte de la
actuellement à la mode et à revenir "Civilisation du Disque". Le bilingue accado-hourrite d'Ugarit - Revue
à des théories que l'on considérait déchiffrement a fourni la localisa- d' Assyriologie 1980 (81-83).
comme périmées. Ces théories tion approximative de l'endroit où - Remarques sur 1'alphabet des inscrip-
furent jadis défendues, notamment, il faudrait fouiller , une île des tions "barbares" de Sidè - Belleten 1980
par le grand linguiste autrichien Cyclades située au nord de la Crète. (643-657).
Paul Kretschmer et par le célèbre En 1966 , un savant moderne - Le lycien et la thèse "proto-indoeuro-
indo-européaniste français Antoine l'astronome canadien Michael péenne" de P. Kretschmer - Bulletin de la
Meillet. On les croyait dépassées. Ovenden a pu prouver que c'est Soc. de Linguistique de Paris 1982 (157-
Les voici qui reviennent en force, à dans cette île que naquirent les 175).
cause du déchiffrement du Disque noms des Constellations ... Une - Le développement de l'écriture à
de Phaistos. Le coup est rude, et nouvelle confirmation, à mes yeux, Chypre au cours du deuxième millénaire -
l'on conçoit les hésitations, le de l ' exactitude du déchiffrement, Actes du 2e Congrès d' Etudes Chypriotes
manque d ' enthousiasme (pour ne pour le moins inattendue ! ... (149-159).
pas dire plus) des spécialistes des Aujourd'hui, quelques savants (tous - Quelques remarques sur le déchiffre-
écritures égéennes, se réclamant étrangers) sont prêts à former un ment du "Hittite Hiéroglyphique" -
tous de l'Ecole anglo-française de Comité scientifique chargé de Belleten 1985 (381-397).
"Mycénologie", cette branche nou- contrôler une opération de fouilles. - L ' ancienneté du dialecte ionien : un
velle de la linguistique créée à par- Un livre "grand public" est prêt à réexamen - Etudes Indo-Européennes
tir de 1952, à la suite de la décou- être lancé, expliquant en détail la 1990 (49-69). •
72
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

LA SCIENCE ET L'ART
(Deuxième partie)

Maurice BERNARD (48)

ans la première partie de cet mythes et des représentations men- ceux-ci nous disent les techniques

D article, publiée dans le


numéro de mars de La
Jaune et la Rouge, j'ai décrit com-
tales qui leur sont associées.

Et là, comme pour la peinture, le


de fabrication, peu à peu maîtrisées
et perfectionnées, empruntées ou
transmises, la signification pratique
ment la Science était devenue, but est de comprendre l'objet afin ou symbolique de ces objets, leur
depuis quelques décennies, l'aùxi- de le faire parler. Georges relation avec les pratiques sociales
liaire indispensable à la conserva- Charpak, récent prix Nobel de phy- ou religieuses, etc.
tion des œuvres d'art et aux progrès sique, a coutume de dire qu'il rêve
de l'histoire des civilisations. Dans parfois de retrouver gravées dans la L'extrême diversité des pro-
le domaine de la peinture je m'étais terre cuite tournée par un potier les blèmes posés au Laboratoire me
appuyé sur l'exemple spectaculaire chansons qu 'il fredonnait en action- conduit à restreindre ici mon pro-
et récent de la restauration des nant son tour ou en montant les pos. Je me limiterai à quelques
Noces de Cana de Paolo Véronèse colombins de son vase ! exemples : la dendrochronologie,
pour montrer le rôle que joue le la thermoluminescence et les
Laboratoire de recherche des La science des matériaux malgré peintures magdaléniennes. Ce
musées de France au profit des col- ses progrès étonnants n'arrivera dernier sujet me donnera l'occasion
lections publiques nationales. Dans peut-être jamais à réaliser le rêve de de parler d'AGLAE, la sonde
cette deuxième partie je vais Georges Charpak mais depuis long- nucléaire du Laboratoire de
essayer de montrer le rôle du temps elle fait parler les objets : recherche des musées de France.
Laboratoire dans l'étude des autres
œuvres d'art.

La peinture, notamment celle


que l'on appelle la peinture de che-
valet, pose des problèmes divers,
passionnants mais pourtant limités '':'l't~r,;:

0l
. par le support, bois ou toile, et par +
le matériau constitutif lui-même :
une gamme finie de pigments et de
~
~
liants. Les collections présentes
dans les musées français en dehors
l
de la peinture se composent des
objets les plus variés : statues (en ri
clll.u.4
métal, en pierre, en bois), bijoux,
armures, vestiges préhistoriques,
vaisselle, bibelots, etc.

Ces ensembles d'objets repré- ,_


sentent tous les âges de l'humanité,
toutes les parties du monde, une
t.-.t!IN!o• .!

- U..,,~·ho· <

©CLICHÉ D'APRÈS F.-H. SCHWEINGRUBER


large gamme de matériaux, les pro- Figure 1 : la mesure des cernes de croissance du bois de certaines essences d'arbres
cédés de fabrication les plus divers, dans une région climatique donnée permet en remontant le temps à partir des échan-
sans parler des croyances, des tillons datés d'établir une véritable chronologie.
73
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

etc. Si l'on mesure soigneusement


ces épaisseurs sur les arbres abattus
à des dates connues et si l'on ras-
semble les données relatives, pour
une région déterminée, à certaines
essences favorables, on obtient des
résultats très homogènes ; c'est-à-
dire qu'on observe une bonne
superposition des courbes donnant
la largeur des cernes en fonction de
l 'année, appelés aussi dendro-
grammes (figure 1). Cette superpo-
sition est suffisamment précise pour
que le dendrogramme d'un maté-
riau inconnu puisse être positionné
dans le temps de façon univoque :
on arrive ainsi à savoir à partir
d'une pièce de bois à quelle époque
croissait l'arbre dont elle a été
extraite et même, si la pièce de
bois s'étend jusqu'à l 'écorce, la
,.. saison à laquelle l'arbre a été abat-
tu (figure 2).
' :.. l
! 193S A~ 4
En utilisant les espèces les plus
favorables et en remontant de
_lLJ
llU!SI. proche en proche dan s le temps
grâce aux bois fossiles on arrive
pour les zones tempérées de
l'Europe, de l'Amérique du Nord et
V\ A /\~/"
A /\ du Japon à disposer d'échelles de

., w -: vvvvr l datation s'étendant sur plusieurs


millénaires. On espère disposer un
jour d 'échelles remontant jusque
(J., vers 9000 avant J.-C. c'est-à-dire la
fin de la dernière glaciation.
(2.)

=.jj, j jj Î mam If îi ÎÎ, Î


Est-il envisageable de remonter
plus loin dans le temps ? La répon-
se n'est pas connue aujourd'hui;
les espoirs reposent sur des vestiges
© cucHÉ L.R.M.F. ténus : charbons de bois trouvés
Figure 2 : la comparaison du "dendrogramme" d'un échantillon inconnu avec la chro- dans certaines stratigraphies, bois
nologie établie antérieurement (figure 1) permet de dater cet échantillon à une année fossiles etc.
près.
La dendrochronologie présente
deux caractéristiques remar-
*
La dendrochronologie est un
cernes clair-sombre correspond à la
croissance annuelle de l'arbre :
quables:
1) lorsqu;elle est praticable elle est
bon exemple des conséquences l'activité chimique de la sève dans d'une grande précision, à une année
judicieuses que l'on peut tirer à par- les climats tempérés d'Europe n'est près;
tir des constatations le s plus pas la même du printemps à 2) elle fournit une datation absolue.
banales. Chacun sait qu'en exami- l'automne. On constate aussi que
nant la coupe d'un tronc d'arbre ou l'épaisseur du matériau correspon- Nous remarquerons que cette
même d'une branche, on peut dant à la croissance annuelle varie méthode indique l'époque à laquel-
observer des cernes concentriques d'une année à l 'autre selon l'enso- le le bois s'est développé mais ne
où alternent couleur claire et cou- leillement, la température et les pré- permet pas pour autant de savoir à
leur sombre ; chaque couple de cipitations de l'année considérée, quelle date il a été ultérieurement
74
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
-~ '"''"'"""'-
"""'"'""'-'""'~..:"~' '""-"""-~-----~·~- · ~~
'-- '"""'~""''"'"''''--·--·----~"~"-"""-"""'--"" .-:~

Libres propos
~-~~~~------~~™--™----mww•••w-~

utilisé. Il est bien connu qu 'on lais- TAlïLll'IRAÇ.AN


sait en général sécher le bois durant y
quelques années avant de le tra-
vailler. A tout le moins la méthode <.<
permet de déterminer un âge maxi-
TLi-------1
mum pour l'œuvre d'art compre-
nant un morceau de bois daté.

Cette technique de mesure très 0 T X


spécialisée est pratiquée dans plu-
PM
sieurs laboratoires français et étran-
·gers ; au L.R.M.F. nous y avons T
recours trop rarement pour avoir
développé nos propres compéten- FILTRE TimRMOCOUPLB
ce ; nous préférons confier les OFr!QIJ.ll

quelques problèmes qui se présen- ECHANllU.OJo;


tent à des laboratoires extérieurs. PLAQU.Il
Cll;\lJFFANT.ll

*
La thermoluminescence est un Figure 3 : dispositif de mesure de la thermoluminescence.
©CLICHÉ D'APRÈS C. LALOU ET G. VALLADAS

phénomène connu de longue dàte :


certains matériaux lorsqu'on les
chauffe à plusieurs centaines de
degrés Celsius au-dessus de la tem-
pérature ambiante émettent de la
lumière visible ou infrarouge. Si
l'on mesure la quantité de lumière
émise par un tel matériau porté pro-
gressivement à une température
croissante on observe que la courbe
donnant l ' intensité mesurée en
fonction de la température présente
une ou plusieurs bosses que nous
expliquerons plus loin (figure 3). Si
l'on essaye de refaire cette mesure
on constate que le même échan-
tillon lors d'une deuxième chauffe
n'émet plus de lumière. Cet épuise- 0
' ,
100
t j
200
==:=e:
-··
t ~ ..

ment de la thermoluminescence est


longtemps resté mystérieux tout ©CLICHÉ D'APRÈS C. LALOU ET G. VALLADAS
comme l'origine physique du phé- Figure 4 : courbes de thermoluminescence ;
nomène. a = thermoluminescence naturelle,
b = émission du corps noir,
Les matériaux thermolumines- c = thermoluminescence induite.
cents sont des minéraux isolants
comme le quartz, le granite, etc.,
qui sous l'influence du rayonne- peut devenir notable : il crée en ·demeurent à température ordinaire,
ment naturel ambiant sont peu à permanence, à travers la bande pratiquement indéfiniment dans un
peu excités. En effet à la surface de interdite des matériaux considérés, état métastable (à température ordi-
la terre , comme dans les couches des paires électron-trou, c'est-à-dire naire le retour à l'équilibre se fait à
géologiques, il existe un rayonne- un électron dans la bande de une vitesse quasi nulle). Lorsque le
ment naturel dû aux rayons cos- conduction et un trou dans la bande matériau est chauffé les électrons et
miques et aux quelques radioélé- de valence. Or ces dernières parti- les trous sont excités thermique-
ments toujours présents. Ce cules sont immédiatement piégées ment hors des pièges et le retour à
rayonnement constitué de particules sur les innombrables défauts que l'équilibre se produit avec émission
ex, d'électrons p ou de photons y est contiennent ces minéraux : impure- de rayonnement visible ou infrarou-
de faible intensité mais son action tés, imperfections cristallines etc. ge. Plus la température est élevée et
cumulative sur certains minéraux Electrons et trous ainsi piégés plus ce retour est accéléré et plus
75
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

de datation précieuse.

Electrons et trous La thermoluminescence est mise


en œuvre dans plusieurs labora-
Dans un solide, les électrons occupent des niveaux d'énergie permis toires spécialisés dans le monde ,
groupés par bande, séparés les uns des autres par des énergies inter- notamment au Laboratoire de
dites. Dans un isolant, les électrons des couches les moins profondes recherche des musées de France où
remplissent complètement une bande de valence ce qui interdit la sont conduites des campagnes de
conduction électrique. Seule une activation thermique peut "exciter" mesure systématiques sur divers
un électron dans la bande de conduction, laissant derrière lui un objets de collections (terres cuites ,
"trou" dans la bande de valence ; él~ctrons et trous peuvent conduire céramiques, etc.).
l'électricité comme cela se produit dans un semi-conducteur. Les
défauts et imp!Jretés introduisent en général des niveaux localisés
situés dans la bande interdite. Ces niveaux peuvent piéger électrons et *
Les faisceaux de particules
trous de façon quasi indéfinie: c'est ce qui arrive aux paires électron- accélérés à une énergie de quelques
trou créées par les rayonnements ionisants. MeV so nt utilisés depuis assez
©C LI CHÉ D' APRÈS C. LALOU ET G. VALLADAS longtemps comme source de dia-
Figure 9 : principe du piégeage des électrons et de l'émission TL. gnostic et d'analyse. Ces particules,
protons, particules a ou même ions
légers du début du tableau de
BANDE DE COl'\DUCTlO" Mendeleïev provoquent en effet sur
les cibles qu 'ils atteignent des réac-
tions et des phénomènes caractéris-
tiques à la fois du projectile et de la
lz cible frappée. Non seulement on
g
Io- peut déceler la présence de tel ou
$,
z9 P'--T
', ',
"~, tel type d'atome, en traces parfois
très ténues, mais encore, dans cer-
taines circonstances, on peut doser

WMWk 7//ll//J;7/J;
BANDE. DE VAl.f.NCF.
la quantité d'atomes présents. Cette
analyse par faisceau d' ions, déve-
loppée au cours des années 70 et
a b c 80, est appliquée à la science des
matériaux, à la métallurgie nucléai-
re, à la biologie, etc.
Au milieu des années 80 l'idée a
été débattue, notamment en France
lors d'un colloque tenu à Pont-à-
Mousson (1985), de savoir si de
profonds aussi sont les pièges vidés cuit et pendant la durée de son telles sondes nucléaires présen-
(figure 4). Ainsi s'explique au enfouissement, de la part du milieu taient de ! ' intérêt pour l'étude des
moins qualitativement : environnant, une irradiation conti- matériaux constitutifs des œuvres
- que la courbe de chauffe des nue qui a peu à peu excité son d'art et des objets archéologiques.
matériaux présente en général plu- potentiel thermoluminescent. Si Des conclusions positives ont
sieurs bosses ou pics correspondant l'on mesure sa courbe de lumines- conduit à cette époque le ministère
à des pièges de caractéristiques et cence et si l'on arrive à estimer: de la Culture à décider, dans le
notamment de profondeurs diffé- - d'une part quelle quantité de cadre des travaux d 'aménagement
rentes; lumière il peut émettre après avoir du Grand Louvre, d'acheter et
- qu'une irradiation artificielle reçu une dose donnée d'irradiation, d'installer au Laboratoire de
redonne à un échantillon un pou- - d'autre part quelle a été durant la recherche des musées de France
voir thermoluminescent proportion- période d'enfouissement la dose une sonde nucléaire, baptisée
nel en première approximation à la annuelle d'irradiation provenant de AGLAE (Accélérateur Grand
dose reçue. son environnement ; Louvre d 'Analyse Elémentaire).
alors on pourra avoir une estima- La machine est installée depuis
Considérons par exemple un tes- tion de la durée d'enfouissement quatre ans dans un laboratoire sou-
son de terre cuite : trouvé dans une depuis la dernière chauffe subie. On terrain du jardin du Carrousel au
fouille archéologique il a reçu dispose ainsi pour les minéraux pied de l'aile de Flore du palais du
depuis l'époque à laquelle il a été thermoluminescents d'une méthode Louvre (figure 5). Après des débuts
76
LA JAUNE ET LA ROUGE , JUIN 1993
Libres propos

difficiles en raison du manque de


personnel qualifié, de la proximité
immédiate d'un immense chantier,
etc. AGLAE, aujourd'hui, fonction-
ne de façon tout à fait satisfaisante
et a comrrfencé à produire des résul-
tats de m~sure très intéressants . Il
sera possible d'ici deux ou trois ans
d'apprécier le bilan de ce pari
d'autant plus hardi qu'AGLAE
reste la seule machine de ce type
qui soit consacrée essentiellement à
l'étude des oeuvres de musées.

Je vais d'abord donner quelques


précisions sur les principaux modes
de fonctionnement de la machine.
Je montrefai ensuite quelques résul-
tats récerlts qu ' AGLAE a permis ©CLICHÉ L.R.M.F. - D. VIGEARS
d ' o bteni1Î récemment dans le Figure 5 : AGLAE, Accélérateur Grand Louvre pour I' Analyse Elémentaire, est installée
domaine de la Préhistoire. . depuis 1988 dans un laboratoire souterrain sous les jardins du Carrousel au pied de
La sonde nucléaire AGLAE l'aile de Flore du palais du Louvre.
peut fonctionner selon des modes
très divers. J'en décrirai sommaire-
ment trois : l'émission de rayons X,
la diffusion de Rutherford, les réac-
tions nucléaires.
L'émission de rayons X ou
PIXE (Particle Induced X-ray
Emission) résulte de l'arrachement
des électrons des couches pro-
fondes des atomes de la cible par
les particules du faisceau incident.
Le réarrarlgement des électrons sur
ces couches profondes se traduit
par l'émission des raies de fluores-
cence X caractéristiques des atomes
de la cible.

La diftusion Rutherford : les


particules du faisceau incident qui ©CLICHÉ L.R.M.F.
s'approchent très près du noyau des Figure 6 : l'examen au microscope électronique à balayage d'un échantillon de pig-
atomes de la cible sont déviées sans ment noir permet de reconnaître sans ambiguïté la structure fibrée de la cellulose du
changement d'énergie par diffusion charbon de bois.
coulombfenne. Cette diffusion
dépend fdrtement du numéro ato-
mique du noyau déflecteur dont la d'identifier la réaction nucléaire possible de déterminer la composi-
présence est ainsi dévoilée. responsable et ainsi de déterminer tion d'un matériau quelqu'il soit,
sans hésitation la présence de tel ou sans ambiguïté, avec rapidité et pré-
Réactions nucléaires : enfin il tel isotope. cision. La section droite du faisceau
arrive que les particules incidentes est de l'ordre du millimètre carré ce
provoquerit sur les noyaux de cer- Quel que soit le mode de fonc- qui permet une résolution spatiale
tains isotopes de la cible une réac- tionnement, les résultats des souvent suffisante. Comme le fais-
tion nucléaire (de faible énergie). mesures convenablement dépouillés ceau de particules pénètre peu dans
L'identification et la mesure de et traités par ordinateur sont com- les matériaux usuels, l'analyse est
l'énergie des particules émises, par parés aux résultats fournis par des localisée dans une couche superfi-
exemple, des rayons y, permet échantillons étalons : il est ainsi cielle très mince, d'environ
77
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Libres propos

Clastres , La Vache, Fontanet, Le


Portel, Le Mas d 'Azil, les Trois-
Frères, Enlène) sont étudiées depuis
la fin du siècle dernier et le début
du xxe siècle. La caractérisation de
la matière picturale a commencé
très tôt, dès 1902, avec les travaux
de H. Moissan, prix Nobel de chi-
mie. Mais c'est surtout dans les dix
ou quinze dernières années que,
grâce aux progrès extraordinaires
de la science des matériaux, ces
études ont pu reprendre avec une
ambition accrue : la puissance des
méthodes modernes permet, sur des
échantillons extrêmement petits, de
caractériser leurs compositions et
leurs structures. Les échantillons
©CLICHÉ L.R.M.F. - D. VIGEARS ont été prélevés non seulement en
Figure 7 : série de points rouges dans la galerie profonde (grotte de Niaux) ; des points judicieusement choisis
la signification de ces représentations reste aujourd'hui mystérieuse. sur les parois, mais aussi sur des
matériels récoltés dans les grottes.
Voici très brièvement quelques-
quelques millièmes de millimètre. équipée d'un microfaisceau qui lui unes des conclusions établies
Il faut ajouter que l'intensité du permet d 'atteindre une résolution récemment dans le cas des pein-
faisceau incident peut toujours être spatiale de l'ordre du micron (mil- tures pariétales ariégeoises.
réglée à une valeur assez faible lième de mm). Le résultat est obte-
pour que la méthode d'analyse ne nu grâce à une fenêtre rectangulaire Tout d'abord deux couleurs seu-
soit aucunement destructive. très petite animée d'un mouvement lement sont présentes dans ces
lui permettant d'explorer ligne représentations : le rouge2 et le noir.
Cependant ces mesures se font après ligne l'étendue spatiale du Le rouge est toujour s constitué
en général sous un vide poussé ce faisceau (quelques mm2). On atteint d ' hématite (Fe 20 3), minerai de fer
qui exige ou bien de travailler sur ainsi une résolution excellente qui, très abondant parfois constitué de
des échantillons prélevés sur couplée à la possibilité de balayage, microcristaux rouges , parfois com-
l' œuvre d'art et dans ce cas le permet de visualiser en deux prenant de s cristaux un peu plus
caractère non destructif n 'est plus dimensions la répartition spatiale de gros, presque noirs. Le broyage de
d'un intérêt très grand, ou bien de tel constituant ou de telle impureté. ces derniers pour améliorer le rouge
travailler sur des objets assez peu est très difficile ; de plus la granulo-
volumineux pour pouvoir être intro-
duits dans une chambre sous vide
*
Depuis plusieurs années, une
métrie des échantillons étudiés, très
régulière, est celle d'un matériau
de quelques litres de capacité et à équipe du LRMF (Michel Menu, naturel : les magdaléniens savaient
condition bien sûr que le matériau Philippe Walter, et al.) en liaison parfaitement bien sélectionner les
constitutif supporte ce vide. Si avec des archéologues a étudié un minerais d'hématite donnant les
aucune de ces conditions n'est grand nombre de peintures magda- teintes les plus belles. Des mesures
remplie, ce qui est le cas par léniennes de différentes grottes de
exemple pour les peintures, on l' Ariègel. Ces analyses ont été
peut alors travailler à l' air libre sur menées sur un nombre considérable 1 - Entre 17000 et 9000 ava nt J.-C. se
un faisceau extrait. Les particules de prélèvements microscopiques répand en Europe occidentale la brillante
traversent une fenêtre de sortie avec les méthodes les plus civi lisation magdalénienn e. Ses représen-
constituée d ' une mince feuille de modernes, principalement AGLAE, tants, des chasseurs-cueilleurs, utilisent
mylar (plastique) et se propagent mais aussi microscopie électro- des gammes étendues d'arrmes et d'outils
dans l'air libre où elles sont absor- nique à balayage, chromatographie, de pierre taillée, d'os souvent gravés avec
bées en quelques cm : on peut spectrométrie de masse, diffraction talent. 1ls peignent les parois de très nom-
cependant réaliser des analyses en de rayons X, etc. breuses grottes.
approchant l 'objet tout contre la 2 - L'o c re,· abo ndant à Lasca ux , à
fenêtre de sortie. Les grottes préhistoriques du A ltamira et dans bien d'autres lieux, est à
sud-ouest de la France, notamment peu près abse nt sur les peintures des
Enfin AGLAE a été récemment celles de l'Ariège (Niaux, réseau grottes de l'Ariège.
78
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993

._____
Libres propos

spath potassique et biotite et le talc.


L'analyse montre que ces matériaux
ont été finement broyés et addition-
nés des pigments noir ou rouge et
donc de façon délibérée. La charge
a pour but d'étendre le volume de
peinture afin d'accroître son pou-
voir couvrant sans en altérer la cou-
leur. Le liant permet d'obtenir la
consistance voulue et de procurer
un pouvoir d'adhérence à la paroi.
Une étude menée en collaboration
avec un laboratoire de spectrochi-
mie moléculaire de l'université de
Paris a permis de prouver que le
liant des peintures magdaléniennes
de certaines grottes de l ' Ariège
était constitué de matière grasse de
type huile végétale.

L'analyse détaillée de tous les


échantillons prélevés a permis
d'établir bien d'autres faits. Par
exemple la recette de peinture à
l'huile définie plus haut n'est pas
unique : d ' autres ont été observées
qui diffèrent les unes des autres,
comme nous l ' avons vu plus haut
par la nature des pigments noirs,
par la composition de la charge et
peut-être par le type de matière
grasse utilisée. On ignore encore à
quoi correspond l'existence de plu-
sieurs recettes : évolution tech-
nique, exécutants ou officiants de
statuts variés ? Par contre on a pu
prouver que, par exemple, les
magnifiques représentations du
Salon Noir de la grotte de Niaux
(datées du magdalénien le plus
récent) ont été précédées d'un véri-
© CLICHÉ L.R.M.F. - M. MENU table dessin préparatoire utilisant le
Figure 8 : le panneau VI du Salon Noir de la grotte de Niaux représente une succes- charbon de bois comme fusain.
sion de bisons d'une facture puissante et élégante.
Ainsi, dix mille ans avant J. -C. ,
les "artistes" du sud-ouest de la
de thermoluminescence ont montré Mais les peintures observées France élaboraient de façon délibé-
que ces échantillons n'avaient pas contiennent non seulement comme rée une véritable "peinture à
subi de cuisson, par exemple dans pigments, respectivement rouge et l ' huile" bien adaptée, semble-t-il,
le but d'en modifier la couleur. noir, les matériaux ci-dessus, mais aux buts qu'ils poursuivaient. Mais
aussi une charge et un liant. ceux -ci restent pour nous inconnus,
Le noir est soit de l'oxyde de peut-être pour toujours (figure 7). A
manganèse, très abondant près des La charge est un matériau à peu défaut de pouvoir réellement
grottes, soit du charbon de bois. près incolore de granulométrie connaître leurs pensées, leurs
Dans ce dernier cas, le matériau a moyenne (grains de 10 à 30 croyances, leurs mythes, il nous
été très finement broyé pour servir microns) ; trois types de matériaux reste la consolation d'admirer leur
de pigment ou déposé directement ont été décelés : le feldspath potas- talent (figure 8).
comme avec un fusain (figure 6). sique (Si 3Al0 8), le mélange feld-
• 79
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
08
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VIE DE L'ÉCOLE

CÉRÉMONIES DU 11MARS1993
À L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE

PRÈS LA CÉRÉMONIE du 1er

A février à Palaiseau en hom-


mage à tous les X morts pour
la France depuis 1918 un hommage
particulier a été rendu le 11 mars à
certains d'entre eux.

L'allocution d'ouverture du
général Paul Parraud a mis en
valeur l'esprit dans lequel cette ini-
tiative s'est manifestée et cette
cérémonie s'est tenue.

« Le 1er février, ici même, le


Ministre de la Défense présidait
une cérémonie rassemblant
l'ensemble de la communauté poly-
technicienne en hommage à tous les
X morts pour la France. L'Ecole,
dont la mission est de former non
seulement scientifiquement mais © SERVICE AUDIOVI SUEi/ECOLE POLYTECHNIQUE
aussi humainement ceux qui seront Le général Lagarde salue la plaque à la mémoire de Pierre Bergerol qu'il vient de
les responsables de notre pays, se dévoiler.
devait d'organiser cette cérémonie
du souvenir et d'exprimer ainsi sa
reconnaissance à tous ces anciens. ponsabilités et l'esprit de sacrifice juillet 1943, il opte pour les PTT
d'un ancien de notre Ecole, quel mais rejoint en fait la Résistance
Aujourd'hui les parents, les qu'il soit, a sa place ici. Il sera tou- parisienne : il y remplit diverses
amis et les camarades de certains jours bienvenu. » missions. Affecté au 68e régiment
d'entre eux, morts héroïquement, d ' artillerie, ,il participe à la cam-
ont voulu se recueillir et évoquer Le généra l d'armée Jean pagne d'Allemagne jusqu'à son
leur action et les circonstances de Lagarde, ancien chef d'état-major terme. Dans les jours qui suivent, il
leur sacrifice. Qu 'ils sachent que de l'armée de Terre, président du se porte volontaire pour l'Indochine
nous les accueillons avec chaleur. Comité de Patronage de l' Associa- èt embarque à Marseille le 1er
tion "Souvenir du Lieutenant novembre 1945. C'est là-bas qu'il
Plusieurs plaques de marbre Bergerol", a alors évoqué la per- va donner sa mesure.
vont être dévoilées, signe de res- sonnalité de notre camarade, son
pect, d'amitié, et souvent d' affec- action en Indochine et comment son D'emblée, il comprend qu'il ne
tion. Commando la poursuivit après sa s'agit pas seulement d'une guerre
mort. de décolonisation et d'un épisode
L'Ecole s'associe sans réserve à de l'affrontement est-ouest mais
cet hommage particulier, non pour « Pierre Bergerol entre à l'X en qu'il s'agit aussi d'une guerre civile
distinguer tel ou tel parmi les autres octobre 1941. Sa forte personnalité dont l'enjeu est l'avenir de la popu-
mais parce que tout témoignage lui vaut d'être nommé "géné lation. Pour lui, un rôle majeur doit
soulignant la valeur, le sens des res- Kommiss" de sa promotion. En être confié à des unités à base
83
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Vie de l'École

tout était partagé : la ration de riz,


les joies, les peines, les deuils.

Le privilège qui fut le mien de


rencontrer Bergerol, de recueillir
ses idées puis de combattre aux
côtés de son commando, me fait un
devoir de formuler le double mes-
sage qui émanait de sa personnalité
exceptionnelle : "ne dissociez
jamais vos actes de vos convictions
et, quelle que soit votre discipline
professionnelle, réservez toujours
aux hommes la. seule place qui leur
revient : la première". »

Le général Lagarde a dévoilé la


plaque apposée à la mémoire de P.
Bergerol sur un mur proche du
Monument aux Morts, comme le
©SERVICE AUDIOVISUEL/ECOLE POLYTECHNIQUE -sont aussi les trois autres.
Monsieur Marc Honoré d'Estienne d'Orves dévoile la plaque à la mémoire de son
père, devant le général Simon qui va dévoiler la plaque voisine à la mémoire des X Le général Jean Simon, chance-
Français libres. lier de l' Ordre de la Libération, a
alors prononcé l'allocution suivan-
te dans laquelle il a évoqué le capi-
d'asiatiques , résolus à préserver pour sa conduite héroïque : cinq taine de frégate Honoré d' Estienne
leurs familles et leurs biens de citations en un an dont une, à d'Orves, promotion 1921, premier
l'emprise viet-minh - unités ultra l'ordre de l'Armée, est accompa- officier français fusillé par l' occu-
légères, rapides, fluides, ayant la gnée de la Légion d'honneur en pant, en 1941, ainsi que les cama-
nuit pour alliée, récusant toute habi- juillet 1947. Le 12 septembre, aux rades morts pour la France dans
tude et tout système, privilégiant environs de My-Tho, le commando les Forces françaises libres et ceux
l'audace et la ruse jusqu'à semer est pris dans une puissante embus- de la promotion 1941 morts pour la
l'insécurité en zone adverse. Il cade : il faut lutter à un contre six. France en 1944 et 1945.
n'aura de cesse de convaincre la Bergerol est frappé à mort. Sa cita-
hiérarchie, jusqu'au sommet. C'est tion à titre posthume le qualifie de « Le général de Gaulle écrivait
chose faite en février 1946 et son "figure légendaire". dans ses mémoires de guerre :
modeste corps franc devient rapide- "Envers et contre tout il y a tou-
ment un commando important, où Pendant six ans, le commando, jours eu une souveraineté française
les français ne sont qu'une poignée qui portera désormais son nom, dans la guerre, des Français sur
et où affluent les volontaires autoch- poursuit sur sa lancée, soudé à tous les champs de bataille, des ter-
tones, y compris les repentis. jamais. Ses survivants sont ici ritoires français belligérants, des
aujourd'hui, la famille de Bergerol voix françaises pour exprimer la
Durant dix-huit mois, principa- aussi. Qu'ils veuillent bien accepter voix de la France. Envers et contre
lement en plaine des Joncs, le com- leur part de l'hommage que nous tout il y eut toujours une France
mando accumule les succès, dont rendons à votre grand ancien. combattante."
l'un motive les félicitations person- Associons à cet hommage le souve-·
nelles du général Leclerc. Tantôt, nir des vingt-trois polytechniciens Et ceci fut permis par l' admi-
l'adversaire est submergé par la morts pour la France en Indochine, rable résolution britannique, per-
ruée du commando, tantôt il se lais- dont le général Chanson (promotion sonnifiée par Winston Churchill,
se abuser par ses pièges, tantôt il se 22) est la figure emblématique. qui a donné à l'Occident le temps
retire à la seule annonce de sa pré- de se ressaisir.
sence. Malgré un surmenage inima- La réussite de Bergerol ne résul-
ginable aujourd'hui, malgré des tait pas seulement de ses concep- Je vais évoquer aujourd'hui la
pertes souvent sérieuses, l'unité ne tions et de son exemple personnel : mémoire de quelques-uns de ces
laisse aucun répit au viet-minh. A elle reposait aussi sur la solidarité polytechniciens qui, répondant à
l ' instar de ses compagnons, humaine qu'il avait su créer et forti- l'appel du général de Gaulle, n'ont
Bergerol est justement récompensé fier. Dans les rangs du commando, pas désespéré de la France quand
84
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Vie de l'École

Malheureusement trahi par son


radio, il est arrêté à Nantes le 31
janvier 1941 ainsi que la plupart de
ses adjoints. Il est transféré à
Berlin, enfermé dans une cellule
minuscule. De Berlin il est ramené
en France pour y être jugé avec ses
camarades par la cour martiale du
Gross Paris.

Durant sa détention il fait preu-


ve de ses qualités de chef et
d'entraîneur d'hommes. Il défend et
protège ses surbordonnés, maintient
leur moral, se met entièrement à
leur service. Il est condamné à mort
ainsi que Maurice Barlier et van
Doomick.

Prenant toutes les responsabili-


©SERVICE AUDIOVISUEUECOLE POL YTECHNJQUE tés sur lui, il force l'admiration du
Paul Funel devant la plaque à la mémoire des X 41 qu'il vient de dévoiler. tribunal allemand qui lui rend hom-
mage et présente un recours en
grâce, qui sera refusé par Hitler.
tout semblait perdu et, tout d'abord, portait à ses hommes.
la mémoire de d'Estienne d'Orves. Il y avait dans tout ce qu ' il fai-
L'armistice de juin 1940 le sur- sait une qualité et une résonance
Le 22 décembre 1940, à la nuit prend en Egypte où il exerce les qui venaient de la conviction de sa
tombée, un petit chalutier, le Marie- fonctions d' aide de camp de l'ami- foi.
Louise, abordait clandestinement ral commandant la force navale
dans une crique de la côte bretonne d'Alexandrie. Profondément chrétien il marcha
près de Plogoff. à la mort sans haine ni rancune.
Il ne peut se faire à l' idée que la
Il avait pour mission de trans- France accepte la défaite. Il quitte Il expliqua dans une très belle
porter deux passagers vêtus d'une l'escadre pour rejoindre les Forces lettre à ses enfants pourquoi il avait
cotte bleue de pêcheur, en réalité le navales françaises libres , après entrepris une action pouvant le
capitaine de frégate Henri, Louis, avoir adressé à son chef une lettre conduire au poteau d'exécution.
Honoré d'Estienne d'Orves et son d'une très belle élévation d'esprit.
radio . Ils arrivaient de Grande- Le général de Gaulle pour
Bretagne pour organiser un des pre- Il rejoint le général de Gaulle à reconnaître tant de courage et
miers réseaux de la Résistance en Londres et est chargé à l'état-major d'abnégation lui décerna la croix de
France. des fonctions de chef du 2e Bureau. la Libération par décret en date du
30 octobre 1941.
D 'Estienne d'Orves était né le 5 Ce poste sédentaire ne lui
juin 1901 à Verrières-le-Buisson. convient pas et ne pouvant obtenir De nombreux polytechniciens
un commandement à la mer il solli- sont morts pour la France et nous
Entré à Polytechnique en cite de rejoindre la France pour leur rendons hommage, mais
octobre 1921, ses camarades créer un réseau de renseignements. l'engagement des Français libres
avaient vivement apprécié son qui n ' ont jamais cessé de se battre
caractère enjoué, l ' extraordinaire Dès son débarquement sur la pendant ces longues et dures années
bienveillance qui rayonnait de toute côte bretonne il prend des contacts de guerre, l'engagement de ceux de
sa physionomie et son amabilité et réalise de nombreuses liaisons, il la promotion 194 1, qui venaient
foncière. met sur pied le réseau Nemrod qui juste de sortir de l 'Ecole, a une
a pour mission de rechercher valeur exemplaire, et c'est la raison
A la sortie de l 'Ecole, il choisit l'emplacement des quartiers géné- pour laquelle un hommage particu-
la Marine et se fait remarquer par raux allemands, de vérifier l'état lier leur est rendu aujourd 'hui.
sa disponibilité, son dévouement des terrains d' aviation et l' emplace-
sans limite et l ' attachement qu'il ment des dépôts. Trois polytechniciens* le capi-
85
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Vie de l'École

© LISE LAPEYRE
La promotion 1991 attend la remise du Drapeau. La garde est en place devant le monument célébrant 1814.

taine Charles Bricogne, le capitaine le comme un jeune capitaine plein des mines sautent sous les véhi-
Raymond Roques et l'ingénieur d'audace. cules, des blessés appellent dans la
• André Bollier sont particulièrement nuit.
représentatifs des combattants de la En juin 1940, acculé à la mer à
France libre et des différentes Saint-Valéry-en-Caux, il est fait pri- Pistolet à la main, quelques gre-
armées. sonnier avec les survivants de son nades en poche, Charles Bricogne
groupe. résolument s'engage dans un
Je vais évoquer leur mort furieux corps à corps sans espoir.
héroïque et leur destin tragique. Il s'évade, part comme volontai-
re en Syrie, rejoint les Forces fran- Nul ne l'a revu, sa tombe n'a
Le capitaine d'artillerie Charles çaises libres et se distingue en de jamais été retrouvée. On sait sim-
Bricogne est né d'une famille mili- nombreuses occasions. plement que les Allemands lui ont
taire où le service de la Patrie rendu les derniers honneurs.
constituait une impérieuse obliga- A Bir Hacheim, le 10 juin 1942,
tion. la Brigade est encerclée par les Le capitaine Raymond Roques
troupes de Rommel, le général est un des premiers Français libres
Reçu à Polytechnique il est aimé Koenig ordonne de sortir de vive auquel revint l'honneur de reprendre
de tous, ses camarades apprécient force. le combat en effectuant à bord d'un
son caractère enjoué. bombardier Wellington de la Royal
Les mitrailleuses ennemies se Air Force, dès juillet 1940, des bom-
La campagne de France le révè- dévoilent, des camions flambent, bardements sur la Ruhr.
86
LA JAUNE ET LA ROUGE , JUIN 1993
Vie de l'École

Il avait quitté la France le 22 André Bollier dit "Velin", fenêtre du ler étage à Lyon à la
juin pour rejoindre la Grande- Résistance Intérieure. veille d'être fusillé et reprend aussi-
Bretagne. tôt son activité.
Après une héroïque campagne
Ce brillant polytechnicien, en 1939-40, André Bollier, jeune Mais le 17 mai 1944, deux cents
dominé par une véritable passion de polytechnicien, entre dès les pre- miliciens et la Gestapo le cernent
l'aviation, devait se révéler comme miers jours dans la Résistance dans une imprimerie de Lyon qu'il
un combattant de grande classe. Intérieure. vient d'organiser. Avec deux cama-
rades et sa secrétaire il soutient un
Lors des opérations de Koufra Il se consacre aussitôt à l' orga- long siège et, après avoir abattu
au Fezzan la précision de ses bom- nisation de la propagande et de la quatre de ses adversaires, il tombe
bardements avait fait l'admiration diffusion. C'est grâce à lui que pen- frappé d'une balle au cœur.
du général Leclerc. dant près de trois ans le journal
Combat a pu être imprimé et diffu- Suivant l'exemple donné par les
Après avoir participé comme sé clandestinement. Il arriva à sortir Français libres, à mesure qu'ils arri-
chef de bord aux campagnes de jusqu'à un million d'exemplaires vaient à l'âge d'homme, les jeunes
Libye et du Fezzan Tripolitaine au mensuels. participaient à la libération de la
groùpe "Lorraine" puis au groupe France.
"Bretagne", il a trouvé la mort au Arrêté une première fois par la
cours d'un vol de nuit dans le Sud police française, puis une seconde Parmi eux nous rendons hom-
Tunisien le 23 avril 1943. fois par la police allemande, il est mage, aujourd'hui, aux polytechni-
odieusement torturé, mais ne parle ciens de la promotion 1941.
Face à la France au large de Ben pas.
Gardane, son avion a été englouti Ils poursuivaient leurs études au
par les flots. Risquant le tout pour le tout, il cœur du conflit. Soumis à une pro-
réussit à s'évader en sautant de la pagande tantôt brutale, tantôt insi-
87
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Vie de !'École

Libération, de ceux des Forces


françaises libres, d'une délégation
des anciens du commando Bergerol
groupée autour de leur fanion, des
familles d' H. d' Estienne d'Orves,
de P. Bergerol et d' autre's cama -
rades morts pour la France, de B.
Pache, président de l' AX, et de
camarades de la promotion 1941 et
de nombreuses autres promotions.

Elle a été suivie de la cérémonie


traditionnelle de la remise du
Drapeau de l' Ecole à la garde de la
promotion 91 qui s'est terminée par
le défilé de cette promotion.

>-- ·- Cette deuxième cérémonie était


présidée par Yves Sillard (54 ), délé-
gué général pour l' Armement, et
©SERVICE AUD IOVISUEi/ECOLE POLYTECHNIQU E commandée par le colone l G.
Le général Parraud remet le Drapeau de l'Ecole à la garde de la promotion 1991. Meurisse , chef de corps. Les géné-
raux de corps d'armée Michel
Guignon, gouverneur militaire de
<lieuse, tenus en main par une admi- particulière, car ils sont les pre- Paris et François Bresson (58)
nistration vichys te, tentés de s 'iso- miers à être honorés en tant que tels directeur de l' IHEDN et le général
ler dans la tour d'ivoire d'une Ecole ici. d'armée Jean Simon étaient pré-
des plus prestigieuses, ils n'en four- sents. L'A.X. était représentée par
nirent pas moins un impressionnant C'est pourquoi pour leur son président.
contingent de volontaires aux com- exemple et pour leur gloire leur
bats de la libération. souvenir restera gravé sur ce monu- Le général P. Parraud a ouvert
ment, afin que les générations à cette cérémonie par ces quelques
Evadés de France, au cours ou à venir sachent que l'Ecole a toujours mots.
la fin de leurs études, engagés dans répondu "présent" aux défis de
la Résistance intérieure, ralliant ! 'Histoire. » « Polytechniciens de la promo-
l'armée venue d ' Afrique, tous tion 91 le Drapeau de l 'Ecole
étaient animés par le même idéal Après l'allocution du général auquel vous avez été présenté en
désintéressé, celui de la tradition et Simon, Monsieur Marc Honoré octobre dernier va être placé sous
de la devise de l'Ecole. d' Estienne d'Orves a dévoilé la votre garde.
plaque à la mémoire de son père.
Après avoir connu les combats, Les responsabilités que la pro-
les périls de la victoire, ils ont Le général Simon a dévoilé la motion 90 exerçait au nom de
modestement repris leur place dans plaque à la mémoire de nos cama- l'ensemble des élèves sont à pré-
la Nation et participé à l'effort de rades morts pour la France dans sent entièrement entre vos mains.
reconstruction du pays. les Forces françaises libres.
Je tiens à témoigner de la façon
Mais en chemin douze d'entre Enfin Paul Funel (41) , évadé de remarquable dont la promotion 90 a
eux avaient payé de leur vie leur France en 1943, a dévoilé la assumé les siennes.
engagement dans le camp de la plaque à la mémoire des camarades
liberté. Tués au combat, morts en de la promotion 1941 morts pour la Au nom de toute l'Ecole je sou-
déportation, leur sacrifice témoigne France. haite à la promotion 91 bonne chan-
du prix qu'il faut savoir payer pour ce et plein succès dans toutes ses
avoir le droit de relever la tête. Cette cérémonie s'est tenue avec activités. » •
la participation de deux compa-
Le sacrifice de d ' Estienne gnies d' élèves présents à l' Ecole et * N DLR Promotions 32, 34 et 38.
d' Orves et des Français libres, celui en présence d'une nombreuse assis-
des combattants de la promotion tance et notamment des représen-
1941 ont une valeur symbolique tants des Compagnons de la
88
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
VARIÉTÉS

BRIDGE 4 - Poussins - Ars.


5 - Icru - Or.
M.-D. INDJOUDJIAN .(41) 6 - Bouton d'or.
7 - Impaires.
8 - Eclateràs - NN.
Enoncés 9 - Nôtres - Nina.
1) Comment manier la couleur 10 - Li - Ir - Mein.
R3 11 - In - Napoléon.
12 - Tg - Esope - Nsu.
Al09852
a. S'il s'agit d'optimiser les chances de faire ( 6) Verticalement
levées et si, le R étant supposé joué à la première 1 - Q.I. - Pissenlit.
levée, E fournit le 4 et 0 le V et si, de plus, à la 2 - Unroc - Coing.
deuxième levée E foÙmit le 6 sur le 3 ? 3 - Adour - Ilt.
b. S'il s'agit d'optimiser les chances de faire (5) 4 - Ré - Submarine.
levées? 5 - Ls - Opteras.
2) Après les enchères suivantes, 6 - Niai - Uaes - Pô.
S 0 N E 7 - Topn - Tir - Top.
1~ X 4~ 8 - Eros - Oran - Lé.
"'"~
5• X - - 9 - Onésime.
10 - Têtards - Néon.
(N S vulnérables, 0 donneur) 11 - Uler - Nains.
0 entame du~ V pris par l'as de N. 12 - Nô - Serin.
S coupe la ~ D du mort et joue le • 7.
0 le prend de l'as, faute de mieux, le mort ayant la Les camarades ne s'étonneront pas, je pense, que je
fourchette • RV, puis joue la • D prise par le R du me sente incapable de composer une grille "chic à la
mort, suivi par la+ D qui va jusqu ' au R d'O. rouge". Et ça n'est pas le rédacteur en chef G. Pilé, 41
~AD comme moi, qui peut me le reprocher.
•R V62 Mais nous avons l'esprit large et nous accueillerons
+V8 très volontiers une telle grille proposée par un camara-
+ D V 10 9 3 de pair (ou impair juste après la guerre).
~V10753

~
•AD
+A7
+R842 CINÉ-CURE
Quelle carte doit alors jouer 0 pour avoir les
meilleures chances de faire chuter N S de deux levées Philippe LÉGLISE-COSTA (86)
(500 points, soit plus que les 420 points qu'auraient
marqués 4 ~ . tandis qu'une seule levée de chute rap-
porterait 200 < 420, considération particulièrement Fenêtre sur court
importante en tournoi par paires) ? A propos de Omnibus de Sam Karmann

Solutions page 92. (Courte rubrique sous forme de brèves, dans l'urgence
entre deux avions, pour le plaisir, parce qu'une idée
que l'on n'exprime pas se transforme en torture,
même si l'exprimer "risque de créer un vide vertigi-
MOTS CROISÉS neux dans la trame des pensées." F.S. Fitzgerald)).

M. RAMA (41) Court métrage : Omnibus dure huit minutes et est pré-
senté avant Cuisine et dépendances.
Court-circuit : il est aujourd'hui presque impossible
Chic à lajaune ! pour un court métrage de s'assurer une sortie dans le
Solution de mai circuit des salles ; la télévision - Arte - prend parfois
le relais.
Horizontalement Courtisan : la contrepartie de cette confidentialité est
1 - Quarante-et-un. la très grande liberté de sujet et de ton autorisée,
2 - Inde - Ior - Elo. affranchis des contraintes financières et du corset de
3 - Ro - La poste. l'audience.
89
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Variétés

Suspendu haut et court : toutefois, l'exigence, la Cyrano


morale, le talent des auteurs doivent alors occuper Tu ne me connais pas ?
l'espace laissé vacant ; souvent l'émancipation
n'aboutit qu'à un exercice vain, vide. Le Bret
Tourner court : l'originalité du court métrage ne tient Je me dis que peut-être
pas seulement à la longueur ; les choix de scénario et Vous seriez un parent de mon meilleur ami
de mise en scène, l'économie globale des conditions De monsieur Cyrano. Ce n'est pas qu'à demi
de tournage en font un genre propre. Que vous lui ressemblez ! Mais pourtant il vous
Histoire courte : comme une nouvelle littéraire manque ...
("short story" en anglais), le court métrage impose un
univers uni, si ce n'est unique - Omnibus se déroule Cyrano
complètement dans un train. Mon grand nez ? En effet, il est dans une banque
Mémoire courte : la forme condensée permet un jeu Où je l'ai déposé pour avoir quelqu' argent
continu sur des c;rrespondances qu'un long métrage Et pour cesser enfin de faire peur aux gens.
noie dans la durée (objets que l'on retrouve, sons ou
couleurs qui se répètent, phrases qui se répondent...) ; Le Bret
elle réveille en même temps notre imagination habi- Cyrano, c'est ta voix !
tuellement assoupie : en effet, dans le temps imparti,
les éléments sont forcément rares qui définissent les Cyrano
personnages et les situations. Ils sont développés en Que faut-il que je dise
permanence par le spectateur Îùi-même. Pour être reconnu quand j'ai changé de mise
Courir, rire et couper court : l'un des secrets du court Avec mes beaux habits, avec mon nouveau nez,
métrage est de s'appuyer sur un seul souffle (court, Mon pourpoint bariolé, mes bottes bien cirées
évidemment) ; le rythme, les effets de dialogue et de Ma nouvelle rapière à la garde dorée ?
montage permettent de nous tenir en haleine.
Courteline : pourtant la ligne à conserver, comme un Te souviens-tu qu'un jour, un fat enrubanné
trait de pinceau, n'empêche pas les (courte) pointes, M'avait dit: "Moi monsieur, si j'avais un tel nez
les petites digressions, les légers parasites destinés à Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse".
compléter l'univers de touches cruelles et comiques. Je me suis dit alors : que faut-il que je fasse?
Pris de court : une fois que le courant passe, que le J'ai beaucoup hésité ... maintenant je l'ai fait
spectateur est à peine installé dans le monde qu'il Mais ne suis pas très sûr d'en bien juger l'effet.
contribue à créer, la forme courte permet (impose ?)
une fin dont on se souvienne, car cette fin sera plus Les docteurs m'ont conté quelqu'histoire fantasque
importante que celle d'un film normal : c'est la chute, Sur l'opportunité de me changer de masque
classique, d'une histoire courte - au sens de blague. Mon grand nez, paraît-il, d'aspect disgracieux
Couronne : Omnibus rassemble à la perfection tous Jetait sur mon esprit un sort pernicieux.
les principes du court métrage ; il a remporté la Palme Ils m'ont dit que mon âme atteinte d'un complexe
d'or à Cannes en 1992 et l'Oscar à Hollywood en Me faisait refuser les faveurs du beau sexe,
1993. M'enfermer en moi-même et pour me défouler
Pourfendre les faquins qui voulaient me railler.
N. B. : Cuisine et dépendances, où le réalisateur Je ne comprenais rien à cette rhétorique
d' Omnibus joue l'un des principaux rôles, ne dépare Car ils m 'avaient privé du moindre esprit critique
pas sa magistrale introduction et fonctionne aussi Je me suis laissé prendre à tous leurs beaux discours
brillamment au cinéma qu'au théâtre. Croyant qu'ainsi traité, j'allais trouver l'amour
Et que j'allais serrer dans une étreinte folle
La dame qui pour moi fut toujours une idole.

CYRANO SANS SON NEZ De plus, il m'a fallu payer de mes deniers
Ces charlatans véreux, ces fourbes, ces derniers
Jean-Claude LÉVY (37) Des escrocs ne cherchant qu'à puiser dans ma bourse,
A me saigner à blanc, me laissant sans ressources.
Rapetisser mon nez me coûta cent écus
Pension paternelle en un jour tu vécus.
(Cyrano aborde Le Bret)
Mais que penses-tu donc de ma métamorphose ?
Le Bret
Mais je n'ai pas l ' honneur, monsieur, de vous Le Bret
connaître Je crains, mon cher ami, qu'elle ne soit la cause
90
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Variétés

De quelqu' altération de ton comportement Toujours prompt au combat, toujours prompt à la


Car on ne brave pas toujours impunément guerre
Les vœux du tout-puissant, les lois de fa nature. Toujours impétueux, toujours flamberge au vent
Aux desseins du Seigneur, ne fais pas de rature. En me greffant un nez plus énorme qu'avant.
Car c'est Dieu qui voulut que tu sois aussi laid
S'il en était ainsi, c'est bien qu'il le fallait.

Cyrano RÉCRÉATIONS
Eh tu l'as bien compris ! je ne suis plus moi-même
Puis-je gagner le cœur de la femme que j'aime? MATHEMATIQUES
Car pour être moins laid, je n'en suis pas plus fier
Et quant à ma santé, je n'en donne pas cher
Car, vois-tu, mon apl_omb lui-même est dérangé,
Je crains que mon avant de ce poids soulagé M.-D. INDJOUDJIAN (41) *
Mon corps, sollicité par un effet contraire,
Ne perde l'équilibre et ne tombe en arrière.
Mes yeux, ne trouvant plus leur objet familier, Plusieurs lecteurs ayant souhaité des problèmes de
Irrésistiblement se mettent à loucher, géométrie - le regain d'intérêt pour la géométrie étant
Sans que, contre cela, je ne puisse rien faire assez général et pas seulement français -, voici trois
Et ce n'est pas mon cher, une très bonne affaire énoncés de difficulté croissante. La solution du troi-
Pour être un peu plus beau de devenir bigleux sième ne sera pas publiée, mais pourra être adressée
Sans pouvoir regarder quiconque dans les yeux. sous la forme d'un manuscrit polycopié aux quelques
Ce matin respirant quelques odeurs putrides camarades qui en exprimeraient le souhait.
En me bouchant le nez, ne trouvai que du vide
Et mes doigts ne tenant rien d'autre que du vent Enoncés
Je fus encore heureux d'être resté vivant.
1) Le diamètre A' A du demi-cercle est de longueur 4
Je crains fort à présent que la douce Roxane et les points successifs B, C, D, E du demi-cercle sont
Ne me voyant plus laid me tienne pour un âne. tels que les cordes AB, BC, CD et DE ont chacune
Tourner quelques sonnets, des madrigaux aussi pour longueur 1. Quelles sont les longueurs de AC ?
Comme n'importe qui? Non merci, non merci! de AD? de AE?
Quel mérite ai-je donc, n'étant plus qu'un bellâtre
D'écrire quelques vers insipides, douceâtres,
De rimer comme un sot mes affaires de cœur
Et ne plus être enfin qu'un pauvre rimailleur ?
Quel Rostand pourra bien célébrer ma mémoire ?
Je ne suis qu'un quidam obscur et sans histoire,
Un homme du commun, sans panache, banal
Ne pouvant même avoir un nom dans un journal.

De rendre plus plaisant mon milieu de visage


Ne fait rien augurer qui soit de bon présage
En perdant ma laideur, j'ai perdu ma fierté A'
Mon ardeur au combat, jusqu'à ma dignité.
2) On mène d'un point P les tangentes à une conique
Le Bret A ; elles la touchent en S et T. Soit B une conique bi-
Et pourquoi veux-tu donc être toujours à plaindre? tangente en S et T à A. Montrer que, F étant un foyer
Tu es beau, vigoureux et n'as rien d'autre à craindre de A, la droite FP est bissectrice de l'angle (FS', FT')
Que de ne pas te faire à ton nouvel aspect. formé par les tangentes menées par F à B.
Mais tu dois confesser ton manque de respect
Pour notre créateur. 3) a) Démontrer ou admettre le théorème de Miquel :
si quatre cercles 1, 2, 3, 4 se coupent, 1 et 3 en a et a',
Cyrano 2 et 4 en b et b', 1 et 2 en c et c', 3 et 4 en d et d'
Ah toujours ta morale ! (faire la figure), alors les quatre points a, b, c, d sont
Toujours tes bons conseils, ta conscience idéale ! cocycliques si et seulement si les quatre points a', b',
Il me vient à l'esprit d'y retourner, pour voir c', d' le sont.
Si quelque bon docteur sait mettre son savoir
A refaire de moi ce que j'étais naguère *Alias D. JOURDAN (1841 ).
91
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Variétés

b) Déduire du théorème de Miquel que les quatre tialement (1) ~et (5) .,, donc le total des nombres k et
cercles circonscrits aux quatre triangles formés par t de ses + et de ses + est 13 - 6 = 7 ; de sorte que, le
quatre droites quelconques du plan prises trois à trois nombre des + à défausser sur les + étant 5 - t, il restera
ont un point commun - dit " point de Miquel des à S ce nombre de + : k - (5 - t) = (k + t) - 5 =7 - 5 =2
quatre droites ". Grâce à ce retour du+ 2, 0 assure (2) levées de chute,
c) Montrer que, étant donné cinq droites quelconques les quatre mains étant les suivantes
du plan, les cinq points de Miquel des cinq droites ~AD
prises quatre à quatre sont sur un même cercle - dit •RV62
" cercle de Miquel des cinq droites ". +vs
d) Montrer que, étant donné six droites du plan, les six + D V 10 9 3
cercles de Miquel des six droites prises cinq à cinq ont
un point commun - dit " point de Miquel des six ~V10753 N ~R8642
droites ". Généraliser. •AD 0 El.,53
+A7 +D10963
Remarques des lecteurs +R842 s +6
A propos du premier problème des récréations mathé-
matiques de janvier 1993 , le camarade H. ~9
Zambeaux (35) fait justement remarquer que pour •109874
n = 77 (bien que l 'énoncé indiquait, par suite d'une +R5 42
erreur matérielle, 79) , la valeur x = 11 ne peut être +A 7 5
retenue, car les deux lycéens totaliseraient, jouant cha-
cun 12 parties, au plus 24 points ; or 48 < 77. Il n ' y a
donc pas de solution lorsque n = 77.
DISCOGRAPHIE
Jean SALMONA (56)
BRIDGE
Solutions de la page 89 Pour l'été
1) a. Après ces cartes fournies à la première levée et On écoute moins de musique l 'été, ou plutôt on ne
dans la première moitié de la deuxième levée : V / 21, l'écoute pas dans les mêmes conditions. Mais on est
la probabilité a posteriori que le V soit sec est supé- aussi plus disponible, d'où, généralement, deux types
rieure à 50 %. (Par un raisonnement analogue à celui de disques à emporter : des musiques que l 'on choisit
du premier problème de novembre 1992, on trouvera pour le seul plaisir, et d'autres qui demandent un effort
que, 0 étant supposé avec D V secs fournir en moyen- et que l 'on veut pouvoir découvrir - ou redécouvrir - à
ne à la première levée aussi souvent le V que la D, tête reposée.
cette probabilité a posteriori du V sec est 5/9 ""
55,5 %). Quatuors et quintettes :
Mais cette considération est ici inutile, car le succès Verdi et quelques autres
de l'impasse que l'on tenterait serait illusoire ... pour la Verdi a écrit son unique quatuor, comme Mozart le
simple raison que l'impasse ne pourrait être renouve- premier des siens, dans une chambre d ' hôtel, par
lée. désœuvrement. C'est un petit chef-d 'œ uvre de
Il faut donc à la deuxième levée fournir l'as. S fera (6) construction classique, de thèmes délicieusement
levées si le petit mariage est sec en 0 et (5) levées si mélodiques, de lyrisme, bien sûr, et même d 'originalité
la D est quatrième en E. (un final fugué superbe). Et son enregistrement récentl
b. Si le V (ou la D) est fourni par 0 à la première est l'occasion de retrouver le Quatuor Juilliard qui, sur
levée, jouer l'as à la deuxième (cf. a). le même disque, joue le deuxième quatuor de Sibelius,
Si E fournit un honneur à la première levée, jouer éga- d'un expressionnisme lumineux, subtil et un .peu mys-
lement l'as. térieux, très attachant (tout à fait proche des peintures
Si E et 0 fourni ssent une petite carte à la première nordiques de la même époque).
levée et si E fournit une petite carte à la deuxième, S Les quatuors de Tchaïkovski sont aussi singuliers dans
doit faire l'impasse à cette deuxième levée, car il fera son œuvre que le quatuor de Verdi dans la sienne. Et
ainsi (5) levées à coup sûr, alors qu'en fournissant l'as pourtant, comme pour Verdi, ce sont des réussites
il n 'en ferait que (4) si E avait D V xx. immédiates et majeures. Les deux premiers quatuors
2) 0 doit pour le cas où, à défaut du + R, E aurait + . ont été enregistrés voici peu par le quatuor Keller,
D 10 ... , jouer le+ 2 (!),car S ne peut défausser ses+ jeune et remarquable quatuor hongrois constitué en
sans en garder (2). En effet, il est clair que S avait ini- 19862. Le premier est une œuvre de jeunesse, assez
92
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Variétés

connue, très russe par ses thèmes et tout particulière- comme Prokofiev, un pianiste interprète, et qui a beau-
ment par son célèbre andante, au total une musique coup enregistré, faire preuve d'une technique transcen-
agréable, facile et bien construite. Le deuxième qua- dante et d'un jeu clair et précis, et constituer ainsi les
tuor est moins connu et beaucoup plus ambitieux. interprétations de référence de ses propres œuvres.
Musique complexe, hachée, parfois dissonante, sans La musique de Chostakovitch résiste très bien à l'usure
aucune facilité, presque moderne, à découvrir, et qui du temps et sa douzième symphonie l'Année 1917
révèle un Tchaïkovski intimiste et âpre. enregistrée par !'Orchestre symphonique de Goteborg
Comme Tchaïkovski, Bruckner n'a guère été un com- dirigé par Neeme Jii.rvi6, va bien au-delà de son inten-
positeur de musique de chambre et son quintette à tion originale, qui était d'être une œuvre momumentale
cordes a dans sa musique une place tout à fait à part ; à la mémoire de Lénine ; c'est une œuvre forte, qui
et justement, tout ce qui fait que Bruckner nous agace montre que même des intentions qui aujourd 'hui nous
parfois, son romantisme exacerbé, mystique et à la apparaissent comme dérisoires, sous la pression incon-
limite de la grandilQquence, laisse ici la place à une fortable d'un pouvoir abusif et musicalement incompé-
musique intérieure, économe de moyens, et très élabo- tent, n'arrivent pas à empêcher un musicien dont la
rée. Et à ceux qui ne connaissent pas le quintette, on ne personnalité est forte d'écrire de la bonne musique.
saurait trop conseiller de courir écouter l'Adagio, une Sur le même disque figure la musique de scène pour
des pages les plus fortes, les plus belles, et sans doute Hamlet et la musique du ballet . l 'Age d'or.
la plus émouvante, de Bruckner. Excellente interpréta- Chostakovitch fut en fin de compte conformiste, et les
tion du Melos Quartett dans un enregistrement qui date attaques dont il fut l'objet le dédouanent d'autant
de quelques mois3. Sur le même disque, un mouve- moins qu'il y céda. Mais son conformisme n'a pas
ment écrit d'abord pour le quintette et qui en fut ulté- réussi à détruire totalement sa capacité créatrice ; peut-
rieurement retiré par Bruckner, Intermezzo, très proche être même l'a-t-il servie, en définitive.
dans son esprit du style de Mahler.
Deux chefs-d'œuvre de Prokofiev
Milhaud et Chostakovitch par eux-mêmes Il est difficile de ne pas mettre Prokofiev à cent cou-
EMI vient d'ouvrir une collection intéressante sous le dées au-dessus de Chostakovitch, bien qu'ils aient de
titre Composers in Person. L'un des premiers disques multiples points communs. Mais la musique de
présente des œuvres de Darius Milhaud enregistrées Prokofiev est infiniment moins tourmentée, plus direc-
sous sa direction ou par lui-même au piano de 1932 à te, en un mot elle respire la liberté, quelles que soient
1958 : à l'orchestre, la Création du monde, Saudades les contraintes auxquelles il a pu, lui aussi, être sou-
do Brasil, la Suite provençale et le Bœuf sur le toit ; et, mis. Un superbe enregistrement récent, dirigé par
au piano, Scaramouche, avec Marcelle Meyer ; Mstislav Rostropovich à la tête du London symphony,
musique généreuse et qui explose de créativité. présente sous forme d'oratorios la musique des films
Contrairement à d'autres compositeurs, comme Ravel, d'Eisenstein Ivan le Terrible et Alexandre N evsky7.
Milhaud est un excellent pianiste et il dirige assez La musique d'Alexandre Nevsky est aujourd'hui bien
bien. Et si les enregistrements antérieurs aux années 50 connue et constitue sans doute l'une des œuvres très
pêchent par une qualité technique évidemment fortes de la Russie contemporaine. La version de
aujourd'hui hors normes, les œuvres enregistrées concert d' Ivan le Terrible, adaptée par Michael
constituent un témoignage capital, ce qui est tout Lancaster, est toute récente (et l'adaptation mérite
l'intérêt de cette collection, sur les intentions du com- d'être saluée). Bien sûr, on l'apprécie d'autant mieux
positeur. Ainsi, le tempo du Bœuf sur le toit est nette- que l'on a présentes à l'esprit les images inoubliables
ment plus rapide que ce que l'on a l'habitude des deux parties (l'une en noir et blanc, l'autre en cou-
d'entendre. Au total, un disque passionnant et bien leurs, sauf erreur) du film inachevé d'Eisenstein. Mais
documenté4. composée dans une période tragique, au cœur de la
Dans la même collection, un compositeur plus grin- Deuxième Guerre mondiale, au fond de l'Asie centra-
çant, moins sympathique, mais non moins intéressant le, où Prokofiev et Eiseinstein étaient réfugiés et tra-
que Milhaud : Dimitri Chostakovitch dirige ses deux vaillaient de concert, cette musique n'a rien perdu de
Concertos pour piano (le premier pour piano, trompet- son pouvoir évocateur, de son agressivité, et, en défini-
te et cordes), les Trois Danses Fantastiques et cinq tive, elle a acquis sa vie propre, indépendante du film
Préludes et fugues pour piano, dans des enregistre-· qui en a constitué le prétexte.
ments de 1958 à 1959, donc techniquement irrépro-
chables5. Si les préludes et fugues ne demandent qu'à 1 -1 CD SONY SK 48193
se faire oublier, les deux Concertos pour piano sont 2 - 1 CD ERATO 2292-45965-2
bien structurés, riches de thèmes, même si leur néo- 3 - 1 CD HARMONIA MUNDI HMAC 901421
classicisme est plus suspect d'une adhésion aux direc- 4 - 1 CD EMI CDC 754604-2
tives de l'art officiel soviétique que d'un choix esthé- 5 - 1 CD EMI CDC 754606-2
tique profond. Il n'en reste pas moins que l'on peut 6 - 1 CD DEUTSCHE GRAMMOPHON 431688-2
entendre Chostakovitch qui, on le sait, fut d'abord, 7 - 2 CD SONY S2K 48387
93
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
VIE DE L'ASSOCIATION

PROCÈS-VERBAL
DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'A.X.
DU 11MARS1993

Etaient présents : B. PACHE (54) - A. bilité de repre ndre les "conférences Le projet de budget 1993 est en équi-
PASQUET (39) - J. DELACARTE (47) - pol ytechni cien nes" d' une part et d'éta- libre arrêté à 14 000 KF. La cotisation
M. ROULET (54) - M. BERRY (63) - B. blir des tari fs spéciaux du Co llège pour 1993 a été fixée à 530 F (dont 170 F
DUBOIS (5 4) - R. ):-!ORGUES-DEBAT permettre à des camarades d'y partic i- d'abonnement à La Jaune et la Rouge),
(37) - Ph. GILLET (43) - J. de SURY (50) per à titre personnel, contrairement à la montant inférieur à celui de 600 F auto-
- J. de LADO NCHAMPS (5 4) - C. CAS- situation actuelle où le niveau de prix risé par l' Assemblée générale du 17 juin
TAIGNET (57) - Y. de DINECHIN (58) - n' est supportable que s'il est pris en 1992.
J. LOPPION (60) - P. BOULESTEIX (61) charge par l'entreprise, au titre de la Après échanges de vues , le Conseil
- P. LOEPER (65) - C. de SAINT- formation. Ces questions préoccupent appro uve à l' un an imi té le rapport du
ROMAIN (74) - O. MARTIN (77) - B. de en effet les dirigeants du Collège, mais Trésori er et les comptes de l'exe rci ce
CO RDO UE (78) - S. CABANNES (78). il ne semble pas qu'il y ait actuell ement 1992, ainsi que le projet de budget
la possibilité de donner satisfact ion à 1993 et les résolutions proposées à
Etaient excusés ou absents : ces souhaits. l'Assemb lée générale. La publication de
M. S. TISSIER-MASSONI (73) - P. l 'e nsembl e des documents sera faite
DEGUEST (66) - J. MILLIER (38) - M. 3) B. PACHE demande au trésorier B. dans La jaune et la Rouge de mai 1993.
CA RPENTIER (50) - C. INK (49) - R. DUBOIS, de présenter au Conseil le
D'E LISSAGARAY (52) - M. DUPUIS (53) rapport du Trésorier à l ' Assemblée
- R. PELLAT (56) - J. F. POUPINEL (59) - générale pour l'exercice 92. 4) Sur les 9 membres sortant statutaire-
C. ANDREUZZA (60) - J. P. GERARD B. DUBOIS fait distribuer des exem- ment du Conseil cette année, 4 sont
(60) - G. CARA (62) - D. BREFORT (66) pl aires du projet du rapport et de ses non rééligibles, un rééli gible ne désire
- C. STOFFAES (66) - D. GASQUET (74) annexes (compte de résultat, bilan, pas se représenter et 4 se représentent.
- J. L. BERNARD (78) - A. de JUNIAC mouvement des principaux postes du Le Conseil a reçu 7 candidatures, dont
(81) - N. BOTEK (84) . passif) ainsi que du projet de budget deux reç ues le matin seulement (hors
1993. des délais précisés dans La Jaune et la
Assistaient également à la réunion : Il en commente les points principaux. Rouge), ce qui a malheureuseme nt
H. RENARD (40) Délégué général - M . Le com pte de résultat, hors exception- em pêché les membres du Conseil de se
RAMA (4 1) Adjoint au Délégué général nel , enregistre des charges s'é leva nt à renseigner sur leur personnalité. Dans
- G. PILÉ (41) Rédacteur en chef de La 14 125 KF et des produits à 13 894 KF. ces conditions, le conseil a retenu les
jaune et la Rouge. Le résultat courant est e n perte de candidatu res suivantes :
231 KF. L'exe rci ce dégage, après prise - François de WITT (64), Directeur de la
Le Président PACHE ouvre la séance à en compte de l'exceptionnel, un excé- Rédaction du magazine Challenges.
18 h 30 en constatant que le quorum dent net de 212 373 F. - Pierre LAFOURCADE (65, Armement),
est largement atteint. Il faut noter que le Bal a été en déficit, Directeur de la Stratégie, Branche des
la discussion avec certains fournisseurs Systèmes de Missiles, THOMSON-CSF.
1) Le projet de compte rendu de l a n' éta nt d'ailleurs pas entièrement - jean-Pau l CHOQUEL (68), Associé,
séa nce du 17 décembre 1992 n' ayant close : les remises qui seront obtenues Responsable de la Direction
soulevé aucune remarque, est adopté. viendront au crédit de l'exercice 1993. Tec hnologie, ANDERSEN CONSUL-
Le déficit de La Jaune et la Rouge est TING.
2) Le rapport moral du Conseil à resté dans les limites acceptables que - Pierre de BRISSON de LAROCHE (70),
l'Assemb lée gé néra le est ensuite pré- nous nous étions fixées. Directeur région al, AIR LIQUIDE .
se nté ; ap rès discussion, et quelques Les résultats financiers ont été impor- - Pascale CONTE (89), Etudiante à
modifications de détail , le rappo rt est tants , tant sur l'exercice qu'à titre l ' ENSAE (a dministr at ion des entre-
approuvé à l'un animité. A l'occas ion de exceptionnel sur exercices antérieurs. prises).
la discussion sur la gestion de la Caisse Le Bilan fait apparaître une augmenta-
de Secours, J. DELACARTE indique qu'il tion de la Dotation due à une plus- 5) Un gro up e X-PIERRE ayant pour
a rendu compte des résu ltats au Comité value sur vente partielle des terrains de objet d 'échanger expérience et points
de gestion de la Caisse de Secours ; il a Vauquois et à des dons reçus pour le de vue dans le domaine de l'im mobi-
dû demander aux membres du Comité Fonds Dargelos, dont celui , très impor- lier, et le cas échéant de faire part de
d' augmenter leur vigilance devant les tant, fait par Madame Dargelos. ces réflexions à l 'exté ri eur, avec
aides attri buées ; car du fait de l'évolu- Il est proposé d'affecter l'excédent net l'accord de I' A.X. et pour contribuer à
tion de la situation économique et des de l'exercice au Fonds de Réserve avec so n rayo nnem ent, a demandé l'ag ré-
résultats prévisibles du prochain Bal de répartition entre Caisse de Secours et ment de I' Association. Les statuts étant
l'X, les ressources de la Caisse pour- Autres Activités telle qu'elle résulte des co nformes au règlem ent intérieu r de
raient être trop faibles pour subvenir comptes. I' A.X. et plus de 20 signatures ayant été
aux cas criti ques qui risquent de se pré- Les comptes ont été vérifiés comme recueillies pour adhérer à ce groupe, le
senter. chaque année par la Commission de Conseil donne son accord pour l'agré-
A l'occas ion du rapport moral égale - vérification de la comptabilité qui en a ment qui sera soumis à l'approbation de
ment, une discuss ion a lieu sur la possi- reconnu la régularité et la sincérité. la prochaine Assemblée générale.
94

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


Vie de l'Association

6) En sa double qualité de chargé des Conseil décide une subve ntion de 1989
relati ons internation ales de l' Ecole et de 1 000 F pour cette stèle. Barbecue avec épouses le vendredi 18
la Fond at ion, Claude MAURY (61) a juin à partir de 18 h 30, sur les bords du
demandé de pouvoir insc rire les élèves · 9) La société hippiqu e de l'X organise lac, à l'Ecole. Réponse à envoyer à
étrangers ou français, qui viennent à comme tous les ans son concours hip- . Rodolphe Aymard ou Marc Potin.
l' Ecole poursuivre des études autres que pique sur les terrains de l ' Ecole, le
celles des diplômes d'ingénieurs, dans conseil donne son accord pour donner
une vaste communauté polytechnicien- une subvention du montant habi-
ne, comme le font les grandes universi- tuel : 10 000 F. GROUPES X
tés étrangères (par fondation de Club,
type MIT Club par exemp le). Cela dans 10) Pri x DARGELOS
le double but d'honorer ces étudiants et Le Prés ident informe le Conseil de l'état X-ENTREPRENEUR
de faire mieux connaître notre Eco le à actuel : l' intitulé et le règlement du Prix Le gro upe réunit des camarades dési-
l'étranger. Au cours de la discussion qui sont maintenant définitivement arrêtés, reu x de créer ou de reprend re une
suit, plusieurs membres du Conseil un jury est en cours de constitution, et entreprise, seuls ou en partenari at, ou,
insistent pour qu'il y ait bien une nette le concours peut être lancé. détenant déj à une entreprise, désireux
séparation avec notre Association de céder leur affa ire, de rec hercher un
actuel le, dont les statuts précisent bien Le Président rappelle que la prochaine partenaire ou d'acquérir une autre
que pour être membre il faut êt re réunion du Conseil aura lieu le 29 avril entreprise. Son effect if est d 'e nviron
ancien élève de l'Ecole polytechnique, 1993 à la Maison des X à 18 h 30. 1 50 camarades de tous âges.
ce qui est la désignation légal e des Prochaine réunion :
élèves aya nt eu accès par le concours et - 17 juin à 1 7 h 30, 12, rue de Poitiers,
obtenu le titre d'ingénieur. Cette ques- CAISSE NATIONALE 75007 Paris.
tion pose des problèmes importants de D'ASSURANCE VIEILLESSE D'autre part, les membres du grou pe
1iai so n avec I' Association, et des pro- peuvent assister aux conférences orga-
blèmes de fichiers informatiques qui ne Certains camarades prenant leur nisées par GRANDES ECOLES ENTRE-
sont pas actue llement réso lus. Il est retraite ont des difficultés à faire PRISES (G2E). Renseignements commu-
don c décidé qu'un e étude sur diffé- valider par la Caisse nationale niqués sur demande.
rentes possibilités sera faite par la délé- d'assurance vieillesse la période de Enfin, les membres du groupe peuvent
gation généra le et soumise au Conseil service militaire lorsqu 'e ll e a suivi participer aux conférences com munes
de l' A.X. les années d 'Eco le . Si c'est votre organisées par le CRA (C lub des
cas, demandez-nous les références Repreneurs d' Affaires) et le CLE NAM
7) S. CABANNES (78) expose les raisons des textes qui convaincront la (C lub Entreprise Arts et Métiers), Clubs
du souhait exprimé par certains cama- Caisse. avec lesquels X-Entrepreneur a conclu
rades du groupe des Y de créer un des accords de coopération .
"obse rvato ire " pour permettre de Prochaine réunion :
con naître à long terme l'évo lution du - 17 juin (1ieu et thème non e ncore
d érou lem e nt de ca rri ères : ainsi en CONVOCATIONS connus).
l'a bsence d'un tel observato ire il est Pour tous renseignements, s'adresser à :
aujourd'hui presqu e impossible de DE PROMOTIONS P. SCHRICKE (47) et J.-C. ALEXANDRE
connaître l'évolution des durées de pré- (49), l'après -midi, 5, rue Descartes,
sence dans les corps de l'Etat, ou du 75005 Paris. Tél. : (1) 46 .33.44.1 1.
pourcentage des X qui ont changé tota- 1938
lement de secteur éco nomique et de Prochain magnan le jeudi 7 octobre à
l'âge auq uel ce changement a pu avo ir 12 h 30 à la Maison des X, 12, rue de
1 ieu . L'observatoire au rait donc pour Poitiers, 75007 Paris. Prière de s'inscri- GROUPE PARISIEN
objet d'être mieux renseigné sur l' évo- re pour le 1er octobre auprès de Mme
lution et de pouvoir ainsi à la fois aider Suinat, té l. : 40.90.52.25 (SC ! Tour sans DESX
les cama rades dans leur réflexion sur fins , la grande Arche , paroi Nord ,
leur carrière et leur rôle dans l'écono- 92044 Paris La Défense, cedex 41 ). 12, RUE DE POITIERS,
mie, et permettre à l' Ecole d'adapter la
formation, pendant la durée de présen- 1942-1943 ABC 75007 PARIS
ce à l' Eco le ou après. Pour clore la période du demi-centenai-
Une large discussion s'ouvre : il est fa it re, déjeuner avec épouses le jeudi 30 TÉL. : (1) 45.48.52.04
état d'expériences ayant eu 1ieu dans septembre à 12 h 30 à la Maison des X.
différentes écoles d'application ou cer- Des convocations individuelles sont
tain s corps . La question n' étant pas prévues.
mûre, il est décidé que le groupe des Y DINER-DEBAT
animera une réflexion sur ce sujet avec 1983 Le mercredi 16 juin à 19 h 30 à la
les bureaux des carrières de I' A.X. et de Venez fêter les 10 ans de la promo en Maison des X, dîner-d ébat avec
l'Eco le. assistant à la soirée organisée le samedi Monsieur Jacques PELLETIER ,
23 octobre à Paris : Médiateur de la République.
8) L' Assoc iation des Amis d'André • dîner au Sénat à 20 h, L' institution du "Mé diat e ur de la
BOULLOCHE a décidé d'ériger une 15, rue de Vaugirard, 75006 Paris; République" a vingt ans cette année.
stèle à la mémoire de notre ancien • suivi d'une soirée au Styx, Œuvrant dans la discrétion, el le n'est
camarade et a demandé à I' A.X. de s'y Maison des X, 12 , rue de Poitiers, pas encore très connue. Défenseu r des
associer. Le financement est déjà 75007 Paris. adm inistrés, le Médiateur pourfend les
presque totalement assuré et Les informations complémentaires et les dragons de la bureaucratie, de la pape-
I' Association BOU LLOCH E souhaite bulletins d'inscription vous seront rasserie, de la tracasserie ; sept mi 1le
un e participation symbo liqu e. Le envoyés par la Kes. dossiers traités en 1992 !
95
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Vie de /'Association

VISITES CUL TURELLES


Le mercredi 16 juin à 15 h au Louvre
des Antiquaires, avec Madame FOUR-
REAU, l'expos ition: "L'éclat de l'étai n" : 104E BAL DE L'X
Siècle après siècle, de table en table
sero nt présentées dans des décors où se · 15OCTOBRE1993
mêlent réalité et théâtralité des pièces
except ionnelles d'obj ets de table en À L'OPÉRA GARNIER
étain du Moyen Age au xv 11 1e siècle,
venues de collections différentes.
Le mercredi 23 juin à 15 h, avec Nous nous retrouverons le vendredi 15 octobre à l'Opéra Garnier,
Madame MARTEAU : à la découverte suivant en cela une tradition bien établie.
des berges de la Seine et de l' histoire
des quartiers environnants : la cour de L'Opéra Garnier, c'est ce cadre superbe indissociable maintenant
l'anc ien Collège du ca rdin al Lemoine, de la vie polytechniCienne, qui donne à cette soirée traditionnelle son
l' histoire de l'abbaye Saint-Victor et le prestige et qui en fait un des grands événements parisiens.
jardin Tino Rossi àvec son insolite
musée e n plein air de scu lptures Mais avant tout, cette manifestation est celle de la solidarité et de
modernes. l'amitié. C'est cette solidarité qui fut à l'origine de sa création en
1879 pour donner 9uelques moyens à la Société Amicale de Secours
VOYAGES (SAS), ancêtre de 1 A.X., pour venir en aide aux familles éprouvées.
Du 19 au 31 octobre 1993, " A la
recherche des civi 1isations méditerra- Les temps ont changé, mais la solidarité est plus que jamais
née nnes " de Gênes à Gênes. Sicile- nécessaire. Puis-je vous rappeler que l'intégralité du résultat du Bal
G rèce-Egypte-1sraë1-Tu rq u i e- 1.ta 1i e. de l 'X et de la Tombola est mis à la disposition de la Caisse de
Croisière à bord de I' Amerikanis de la Secours lui procurant ainsi une part très importante des ressources
Cie Chandris (cabines spacieuses; taille qu'elle peut distribuer à ceux des nôtres que les difficultés de la vie
raisonnable du bateau : 20 000 T). éprouvent. Cela nous oblige au succès, et Je suis sûr que vous nous y
Escales à : aiderez par votre présence et par l'accueil généreux que vous réser-
- Messine, excursion à Taormine, verez à notre Tombola.
- Katakolon, excursion aux temples
d'Olympie, Ce sera aussi la fête de l' Amitié réunissant chaque année quatre
- Alexandrie, v isite du musée et de la mille personnes et où toutes les promotions ont plaisir à se retrouver.
citade ll e du Caire , promenade aux
Pyramides, retour à Port-Saïd, Mais le Bal de l'X, c'est aussi votre Bal. Je vous y convie et vous
- Haïfa, excursion à Jérusalem et remercie d'avance de votre générosité.
Bethléem,
- Kusadasi, visite des cités grecques et Daniel MELIN (64)
romaines d'Ephèse,
- Gythion (Grèce), excursion à Mystra,
château des Francs,
- Naples, visite de la ville et de Pompéi.
Transport prévu de Nice à Gê nes et
retour. de Rambouillet et prendre vers 10 h le "Chef d'escadron Azambre" a reçu ses
Programme détaillé sur demande train pour Epernon. insignes de grade.
auprès du Secrétariat. Attention : les hora ires ci-dessus sont La fami ll e Azambre était représentée,
Inscriptions au plus tard le 30 juin. approximatifs et à vérifier (rappel : pas- au cours de cette cérémonie, pa r les
Pour la saison prochaine nou s envisa- sage à l'heure d'hiver dans la nuit du 25 deux fils du chef d'escadron. Madame
geons : au 26). Azambre, son épouse, très âgée n' avait
- un réveillon de fin d'année à Fez, malheureusement pas pu se déplacer.
comp lété par des excursions dans les SECRÉTARIAT INFORMATION Sa promotion de l' Ecole polytechnique
villes impériales; Période de vacances : le secrétariat du (1926) éta it représe ntée par le généra l
- des voyages : G.P.X. sera fermé du 1er juillet au 2 Maurice Mayeur et monsieur Gaston
• en Australie, dans les territoires abori- septembre. Westercamp.
gènes, Une importante délégation de l'am icale
• à Kourou, du 67e R.A. s'étant rendue à
• dans les villes d'art angla ises. Draguignan pour rendre hommage à
ÉCOLE DE L'ARTILLERIE son glori eux membre, le " parrain" de la
PROMENADE A PIED promotion. Elle était, pour la plus large
La prochaine promenade à pied aura part, constituée d'anciens combattants
1ieu le dimanche 26 septembre avec PRÜMOTION du 11 1/67, le groupe que commandait le
Ph. CAPLAIN (70). "CHEF D'ESCADRON AZAMBRE" c hef d'escadron Azambre lorsqu' il
D'Epernon à Rambou ill et par les va llées (26) tomba le 11 juin 1944 sur les bords du
de la Drouette et de la Guéville (20 km l ac Bolsena au nord de Rome, peu
env iron). ap rès l'entrée dans cette ville. Le géné-
Départ : Paris Montparnasse vers Le 29 janvier, à l'école d'application de ral Beugnet, alors commandant d'une
9 h 30 ; arrivée à Epernon vers 10 h 1O. l'a rtill erie, au cours d'une belle prise batterie du 111/67, conduisait la déléga-
Retour: Rambouill et vers 17 h 15 ; arri- d'armes, en présence de nombreuses tion.
vée à Paris vers 1 7 h 50. personnalités c iv il es et militaires, la A u cours d'une allocution initi ale, le
En vo iture : laisser le véh icu le à la gare promotion d'élèves-offic iers de réserve généra l Robert Dubost (31) a associé la
96

LA JAUNE ET LA ROUGE , JUIN 1993


Vie de !'Association
---
Fédération nationale de l'art ill er ie à su r l'acoustique) et Gabriel Lamé 83700 Saint-Raphaël.
l' hommage rendu au chef d' escad ron (rec her c hes sur l ' élast i cité) et des Tél. : 94.95 .14.79 ;
Azambre. Le général Beugnet a ensuite hommes comme Josep h Fouri er, Pierre- • Le château du Val, B.P. 256
retracer la ca rri ère brillante du chef louis Dulong ou Claude-Louis Navier, 78104 Saint-Germain-en-Laye.
d'escadron Azambre et sa brutale dispa- lui apportèrent un fidèle soutien tout au Tél. : 30.86.25.00.
rition. long de sa vie.
Que lqu es mots de remerciements furent Le 14 avr il 1816, à la suite d'une indi s- Conditions d'admission :
prononcés par son fils, monsieur cip line, le gouverneu r renvoy a toute - adhérer à la Société d'entraide des
Azambre ; puis à titre de conclusion , l'Ecole. Il aurait fal lu, pour être réinté- membres de la Légio n d ' honne ur ou
par le généra l Dubouchet commanda nt gré, que Comte témoignât d' une fidélité sous certai nes cond ition s à l ' Ordre
l'Ecole. monarchique qu'il n'éprouvait pas. Il national du mérite,
Après la prise d'armes, les nouveaux devait pourtant revenir à l'Eco le comme - être autonome physiquement et inte l-
asp irants reçurent leurs officiers et leu rs répétiteur d'analyse et de mécanique et lectuell ement,
hôtes au cours d' un brunch, dans une comme exam inateur d' admission mais - avoir moins de 85 ans.
atmosp hère de déférente cordialité. ne put jama is obtenir une chaire profes-
so rale. Ces fonctions lui donnèrent Séjour :
néa nmoin s l' occasion de maintenir ou - de repos, vacances, conva lescence,
de lier des relations qui lui permirent de retraite,
diffuser ses idées dans le milieu poly- - pour coup les, hommes, femmes,
technicien : sa correspo nd ance avec - dur ée d'une semaine à plusieurs
UN POLYTECHNICIEN Gustave-Gaspard de Corio li s, directeur années.
d'étude de l'Ecole de 1839 à 1843 en
À LA BIBLIOTHÈQUE témoigne . Saint-Raphaël possède le charme de la
mer et de son climat hivernal.
NATIONALE: Michèle SACQUIN ,
archiviste-paléographe, conservateur Le château du Val offre :
AUGUSTE COMTE au Département des manuscrits - parc de 3 ha,
de la Bibliothèque nationale, - bibliothèque de 16 000 volumes,
épouse d' Yves SACQUIN (7 1) - billard, piano,
Dès 19 81 , I' Association " la Maison - ponctuellement concerts, conférences
d ' Auguste Comte " , propriétaire du audio-visuelles, projections,
musée Auguste Com te (10, ru e - possibilité d'assister aux co nférences
Monsieur-le-Prince) offre à l a RÉSIDENCES de l'Uni versité Libre de Saint-Germain-
Bibliothèque nationa le l'ensemb le pres- en-Laye et autres activités de la vi lle,
tigieux des manuscrits du philosophe. DE LA SOCIÉTÉ - culte : un office catholique est assuré
Elle complète aujourd'hui ce don par tous les dimanches au château.
ce lui de la co rre spondance du fonda- D'ENTRAIDE
teur du positivisme qui fut la philoso- Prix de pension journalier :
phie emb lémat iqu e d ' un x1 xe siècl e DES MEMBRES DE LA 234 à 242 F par personne,
optimiste et sc ientiste. 453 à 468 F pour un couple.
A l'occasion de cette donation, une LÉGION D'HONNEUR (Etud e par la S.E.M.L.H. des cas particu-
exposition intitulée "Auguste Comte et liers).
son temps" se tiendra dans le sa lon
d' honneu r de la Bibliothèque nationale Quatre résidences dont deux ouvertes Tous renseignements complémentaires
(58, rue de Richelieu, entrée libre) du toute l'année : peuvent être obtenus auprès des direc-
25 juin au 25 juillet 1993 et présentera • Costeur Solviane, B.P. 322, teurs. •
au public un choix de manuscrits et de
correspondance du polytechnicien phi-

r
losop he.
Auguste Comte fut reçu en 1814, âgé
de seize ans, à l' Ecole polytechnique,
prem ier de la 1iste du Midi et du Centre,
quatrième au classement fin al. 11 y ren-
contra des savants illu stres tels Ampère,
Gay-Lussac ou Hachette. Il eut comme
professeurs Arago pour la géométri e
descriptive, Poinsot et Cauchy pour le ~
calcul différentiel, Thénard pour la chi-
mie, Petit pour la physique, Poisson
pour la mécanique. S' il éprouva la plus
grande avers ion pour Cauchy et
Poisson, il ga rda d'excellents rapports
avec Arago, jusqu ' à leur retentissante
rupture en 1842 ; avec Poinsot, il parta-
gea it un e sensibilité aiguë aux pro-
blèmes de la méthodologie des
sciences.
A Polytechnique, Comte se fit éga le- ..,
ment des camarad es de talent tels Jean-
Marie-Constant Duhamel (rec herc hes
97
LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
Vie de /'Association

CARNET POLYTECHNICIEN

1917 1955 1983


Décès de Georges Schneider le Michel Delaye f.p. du mariage de Sylvie Larue et Yves Metz (84) f.p.
29.4.93. sa fille Catherine avec Nicolas Van de la naissance de leur 2e enfant,
Eck, le 3.4.93 . Cam ill e, le 23.4.93 .
1919 s
Décès de Georges Raimond le 1957 1984
22.4.93. Pierre Calmels f.p . de la naissance Sylvie Larue (83) et Yves Metz f.p.
de son 1oe petit-enfant, Pierre-Louis de la naissance de leur 2e enfant,
1924 Menguy, le 30.4.93. Cami lle, le 23.4.93.
Décès d'André Azambre le 6.5.93. Benoît de Corn f.p. de la naissance
1959 de son 4e enfant, Edmond, 18e
1925 Jean-François Lévy f.p. du mariage petit-enfant de Bernard de Corn
Décès d'André Màrcille le 4.5.93. de sa fille Caroline, petite-fille (41), le 15.12.92.
Décès de Louis Paugam le 18.5.93. d'André Gougenheim (20 N t ) et de
Marcel Davin f.p. du décès de son Georges Lévy (25), avec David Dominique Fleurynck f.p. de la
épouse . Berreby, le 20.12.92 . naissance de son fils , Char les, le
10.4.93 .
1926 1968 François Tarel f.p. de la naissance
Décès de Maxime Malinski le Michel Klein f.p. du décès de sa de son 2e enfant, Matthieu , l e
27.4.93. mère le 11.5.93. 25.2.93.
Jean-Philippe Avouac f.p. de la
1928 1971 naissance de sa fille, Marie-Lou, le
Décès de Jean Dalet le 12.5.93. Décès de Xavier Liger le 14.4.93. 4.5.93.

1929 1973 1985


Gilbert Cazes f.p. du mariage de sa Alain Hocquet f.p. de la naissance Jean-Marie Culpin f.p. de la nais-
petite -f ille Laurence de la de son 4e enfant, Benoît, le sance de son 2e fils, Pierre-Marie, le
Morandière avec Christian Bénézit 13.4.93. 3.4.93.
(83), le 19.6.93. Pascal Lupo f.p. de la naissance de Alain Bienfait f.p . de la naissance
son 5e enfant, Quentin, le 17.9.91. de son 2e enfant, Aude, le 11.3.93.
1933 Rémi Favier f.p. de la naissance de
Décès de Guy Lallia le 10.5.93. 1974 sa fille, Marianne, le 22.4.93.
Bernard Godinot f.p. de la naissan-
1936 ce de so n 2e enfant, Sophie, le 1986
Décès de Marcel Bornes le 2.2.93. 10.4.93. Nathalie Leboucher f.p. de son
mariage avec Hervé Mignon (87), le
1937 1976 3.7.93.
Décès de Jean Chabal le 25.4.93. Philippe Fievez f.p. de la naissance
de son 4e enfant, Arthur, le 29.3.93. 1987
1939 Hervé Mignon f.p. de son mariage
Décès de Philippe Rouyrre le 1978 avec Natnalie Lebouch er (86), le
20 .5.93. Alain Héry et Nadine Mercadier 3.7.93.
f.p . de l a naissance de leur 4e
1942 enfant, Thomas, le 31.3.93. 1988
Décès de Michel Vaillant l e Hervé Algrin f.p. de son mariage
18.4.93. avec Isabelle Leroy, le 3.7.93.
1979 Gaëlle Gibert (Mme Monteiller) f.p .
1948 Philippe Cothier f. p. de son mari a- de la naissance de Jean, petit-fils
Michel Henrion f.p. du mariage de ge avec Adalgisa Letts, le 26.6.93. d'Alain Gibert (64), le 5.12.92.
sa fille Nathalie avec Jean-Marc Jean-Pierre Allavena f.p. de la nais-
Abita, le 24.4.93. sance de son 4e enfant, Capucine, 1989
le 16.4.93. Blandine Marchand (Mme Le Blay)
1949 Pascal Bouillon f.p. de la naissance f.p. de l a ,naissance de sa fille,
Michel Rousselot f.p. du mariage de de son 3e enfant, Claire, le 12.4.93 . Marine, 1 ere arr . petite-fille de
so n fils Jean-Baptiste avec Susan Didier Coulomb f.p . de la naissance Ren é-Charles Marchand (29), le
Martin, le 4.7.92 et du mariage de de Flore , petite-fil l e de René 6.3.93.
son fils Daniel avec Evelyne Coulomb (51), le 2.1.93. Arnaud Vandame f.p. de la naissan-
Beaurepaire, le 15.5.93. ce d'Alexandre, le 21.4.93.
1981
1950 Pierre-François Dubois f.p. de l a 1990
Décès de Claude Moranville le naissance de sa fille, Mathilde, le Augustin Huret f.p. de son mariage
15.5.93. 24.3.93. avec Tiphaine de Kergorlay, arr .
René Rossi f.p. de la naissance de pet ite-fi ll e de Gaston de Bodinat
son 4e petit-enfant, Jean-Baptiste, 1982 (14 t ) et nièce de Geoffroy de
chez Dominique et A lain Chevre l, Vincent Marcel f.p. de la naissance Kergorlay (7 1), le 24.4.93.

98
le 21.3.93. d'Elsa, le 20.12.92.

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993
J. TARDIVEL (56)
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46 ANNÉES D'EXPÉRIENCE

Fondateur
Henri ROGIER (20 sp.)

Président-Directeur Général
Claude PICHON (pr. 46)

DÉPÔT DES FONDS ET TITRES


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PETITES ANNONCES

Jean CONNAULT (46) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition des cam arades, en recherche d' emploi ou
souhaitant réfléchir sur l' orientation de leur carrière, pour les recevoir et les conseill er. En effet, un entretien est
toujours souhaitable avant tout changement de situ ation et peut aider plus effi cace ment lors d'une rec herch e
d'emploi.
Les offres d'emploi disponibles sont publiées dans des listes bimensuelles. li est possible d'obtenir celles-ci moyen-
nant une cotisation de 200 francs pour 6 mois donnant droit à leur consultation par MINITEL.
S'adresser au Bureau des Carrières pour tout renseignement complémentaire.
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


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orga n isa tion ... + nouvea ux résea ux (swi ft, 9218 - Directeur général * Entreprise frança i-
compensation) - anglais+ espagnol apprécié. se sec teur bi e n d 'é quip e m ent pour les 92 36 - Esso nne - Ingé ni eur co mm ercial *
ménages (CA 300 MF) - exp. commerci ali sa- Société spéc iali sée équip ements hydrau -
9 198 - Dire ct eur de la Rech erc he et du tion bi ens d'équipement ou se rvices auprès liques pour industries hi gh tech - exp. acqui-
D év elo ppement - M embre du Comité de du con so mmateur - 40 ans env. se dans ve nte de produits tec hniques sec-
Direction* PME secteur électro-technique de teurs aéronautiqu e et arm ement - 30/ 35 an s -
haute technologi e (CA 200 MF) - exp. acqui- 921 9 - Directeur général* Fili ale (CA 4 Mds) anglais.
se dan s sociétés indu stri elles ou ce ntres de de fili ale française grou pe européen impor-
rec herche + développement de proj ets avec tant secteur produits tec hno logie moye nne 9 240 - Adjoint au Direc teur du Dévelop -
utilisation d' ond es ultra so nores + manage- pour grands comptes (EDF -S NCF) et pou r pement* Soc iété de se rv ices, secteur té lé-
ment d' équipes - 37/ 45 ans - angl ais - spé- marché gross istes et in sta ll ateurs - exp. ges- commun icati ons - exp. forte experti se tech-
ciali sation électri c ité ou électroniqu e. tion centre de profit - co nn. grands comptes nique (t é l éc om s ou t é l éi nfo rm atiqu e+
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


Bureau des Carrières

coordination projets d'envergure - 35/45 ans 9271 - Va l d'Oise - Responsable des ventes multinational alimentaire en tant que directeur
- anglais - 500/600 KF. France* Groupe américai n, leader domairie de la Q uali té - 38/50 ans - anglais - MBA.
connectiqu e, iso lation et raccordement élec-
92 41 - Banlieue Paris Ouest - Co ntroll er* trique pour son dépa rtement "F rance" - exp. 9288 - Directe ur général adjoint* Groupe
Groupe industriel chimiqu e intern at ional 5 ans acquise dans vente de produits indus- indu striel leader sur marché européen (CA 5
(CA 5 Mds - 4 000 P) - exp . acq ui se du triels + compétence dans racco rdement des Mds) pour pr e ndre respons ab ilité des
co ntrôl e de gestion en entrep rise, cab inet de câbles souhaitée - 30/35 ans - anglais - voi- fin ances - exp. 10 ans min fonction financ iè-
conse il en organisation ou audi t - 35 ans ture+ fra is re - 35/45 ans - anglais + autre appréciée.
env. - anglais.
9272 - D irecteur comme rc ial de div ision* 9289 - Di rec t eu r de l ' unité ul t rasons*
9245 - Res ponsable co mm ercia l sec teur Société secteur des services (emballage, stoc- G ro upe spéc iali sé matériel médi ca l - exp.
fo nd s de participation * Société de bou rse kage, logistique ... ) - exp. commerciale acqui- acq uise en tant que chef de produit ou direc-
ado ssée à groupe bancaire - exp. acq ui se se ch~z équipementier automobile, soit dans teur d' une acti vité - conn. secteur radiologie
dans fi lial es spéc iali sées ou étab l issements le faci lities management, so it dans le consei l ou ultrasons - anglais + autre appréciée.
bancai res, assurances ou ca isse de retraite - en organisation - co nn . logistiqu e appréciée
co nn . environnement retraite, épargne sa la- - 30/40 ans - anglais. 9290 - Responsab l e de s backs-offices *
riale,. .. - 30/45 ans - 380/500 KF. Banque, pour sa direction Informatiqu e et
9273 - Directeur généra l des ve ntes France* Organisation - ex p. bancaire 10 ans env.
Société international e pour son département dont 4/5 ans de back-office - 35/40 ans -
9246 - Analyste financi er ex pé rim enté* Imprimantes - exp. 10/ 1 5 ans acquise anglais.
Société de bourse - exp. 5 ans simil aire - Direction commercia le ou ventes et marke-
co nn d' un secteur d'activité appréc iée - 28/ ting ou direction générale petite ou moyenne 9291 - Responsab le domaine organ isation*
34 ans - 320 KF+ + bonus. entreprise d'activité simil aire - 500/600 KF+. Importante société française secteur ass uran-
ce, en vue m ise en p lace nou veau système
9248 - In gé nieur fin anc ier* COMPAGN IE 9275 - Directeur marketing* Fili ale prem ier d'information JARD - exp. acquise dans
BANCAIRE pour sa cellu l e d e Fin an ce gro upe mondial domaine é quipements l'assurance - co nn . processus de recettes de
Quantitative - exp. acquise dans développe- d'entreprises secteur gros matéri el rou lant et grands projets.
ment nou vea u x produit s de cré dit et engins de manutenti on - exp. 3/4 ans min
d'épargne + conse il et prestation de services d ans po ste marketin g ou c hef de produit 9292 - Directeur des systèmes d' informa-
des techniques financières quantitatives. senior - 33/38 ans - 320/350 KF+. tion* G ro upe d i men sion internat io na le,
domaine des Se rv ices, pour concevoir et
9249 - Ingénieurs* COMPAGNIE BANCAIRE 9276 - Saint-Ouen - Directeur des achats de mettre en œuvre nou vea u système d' infor-
pour sa direction Pl a ni f i cat i on et Branch e* Equipementier intern ational (CA mations (1 OO P) - exp. acquise en entrepri se
D éve lo ppement - exp. ac qui se dans pol i- 20 Mds) - exp. 5 ans min D irection des et/o u en soc iété de consei 1 - 45 ans env -
tiqu e d' intervention sur marchés + gestion Achats + exp. bureau d'études ou bureau des 700 KF+.
actif- passif dans équipe "financement" . méthodes appréciée - 35/45 ans - anglais +
all emand ou espagnol sou haité - 450 KF+ - 9293 - Seni or audit interne* Groupe frança is
9250 - Charenton (94) - Contrô leur de ges- formation mécanique ou électron ique. mul tin ationa l secte ur édition, presse, té lé-
tion indu stri elle* Groupe leader mond ial en com .. ., pour son éq uipe d'a udit - exp. 3/4
opti que ophtalmique (CA 6 Mds - 13 000 P) 9278 - Directeur des Réseaux et Systèmes an s e n cabi n et d'a udit anglo- saxo n -
- ex p. 5 an s min d an s p oste simil ai re - d' informati on* Instituti on financière de pre- 300/350 KF .
anglais. mier plan pour encadrer plusieurs centaines
de person nes avec interface v is-à- v is de 9294 - Saint-Quentin-en-Yvelin es - Ingénieur
9254 - Ingénieur fi sca l* Banque privée de nombreu ses fili ales - exp. simil aire. com merc ial* EURO-CSL, éditeur de logiciel
prestige - exp. de fi sca li ste acqu ise en ca bi- (CA 17 M F) pour commerc iali sation nouve lle
net ou en ba nque domai ne gesti on privée - 9279 - Conseiller à la Direction Généra le technologie - exp. acq ui se dans cond itions
30/35 ans - anglais - 350 KF+. (futur Directeu r Généra l)* Importante soc iété simil aires - 30 ans env.
d'a ssuranc e i nternationale - exp . bancaire
9256 - Gestionnaire de patrimoine se nior* acquise en banque à réseau + pratique pro- 9295 - Directeur commercial* Société en
Banque privée de presti ge - exp. 5 ans acqui- duits à vocation patrimoniale dans fonctions création, domaine télécommunications inter-
se de la gestion patrimonial e de haut niveau techniqu es - 40/50 ans. nationales - exp. 5 ans min respon sa bl e mar-
- 32/38 ans - anglais - 500 KF + va ri able. ket in g et co mm ercial secteur télécom ou
9280 - Chef d e Projet - Support hi gh tech - co nn. env ironnement intern atio-
9258 - Responsabl e commercial (com mod i- Déve loppemen t* CR EDIT NATIONAL pour nal - anglais+ all emand souhaité - 500 KF+.
ties)* Leader mondial doma ine des matières son département In fo rmatique - exp. 5/7 ans
prem ières pour responsab ilité de plusieurs acqui se en SSll ou établ issements financi ers. 9299 - Directeur relat i ons entrepr i ses*
pays européens - exp . acqui se responsabili - Grande école de commerce et de manage-
tés co mmerci ales avec gros indu stri el s - 9282 - Directeur général assoc ié* Banque ment in te rn ational - exp. acqu ise au se in
35/45 ans - anglais+ allemand so uhaité. adossée à gra nd groupe - ex p . avoir un e DRH d' un groupe à vocation internationale -
cli entèle capti ve + apport des fonds - 40 ans 45/55 ans - Formation IEP ou MBA appréciée
9259 - Chef du département marketing m in - 800 KF + intéres . +mandataire social. - 450/ 550 KF.
(commod ities)* Leader mondial domaine des
matières premières - exp. simil aire secteu r 9283 - Directeur organ isa ti o n et informa- 9302 - Co n seil l e r commercia l grands
des matières premi ères (m inerais, méta ux, tique Europe* Mu ltinati o nale ca nadienne (53 comptes* Cabinet Conseil pour suivre acti v i-
cé réa les, café ... pétrol e ... ) - 35/45 an s - pays) (CA mondi al 2,5 MdsUS$ - Europe 2 tés dans gra nds groupes industriels, tertiaires
angl ais. MdsUS$ - 2 200 P) - exp. similaire+ compé- ou administration - con n. milieux indu stri els
tence en gestion + exp . internationale ou acquises au sein de grands groupes - Poste à
9261 - Ingén ieur bre vets in ternat iona ux* pan-européenne - 40 ans env - anglais. mi-temp s - 50 ans min - 300/ 600 KF.
Groupe industriel (CA 20 Mds - 30 000 P)
pour so n département Propriété Industriell e - 9284 - Ingén ieur chargé d'affaires (interna- 9305 - Consultant stratégie* Cab inet Conse il
exp. 5 ans propriété indu strielle intern ati ona- tion al)* Soci été d ' in gé ni érie industriell e sp·éc iali sé stratég ie en té lécom, in génierie,. ..
le, secteur électronique acqui se dans cabi net haute techni cité (CA 130 MF - 160 P), filiale - exp. 5 ans min en management et commer-
o u gro upe industriel internatio nal - 32/42 grand groupe - exp. acqui se co nduite de pro- c iali sation de services de télécom acqui se en
ans - anglais - 450 KF. j et en in géni erie d ans indu strie chim ique, entrepri se et en consei l - 30/40 ans - anglais.
manufactur ière ou défen se - 35/45 ans -
anglais - 400/450 KF. 9308 - Directeur d'affa ires internationa les*
9263 - Directeur région al IDF* Groupe inter- Lea d er dans l ' in gén ierie et l a maîtrise
nationa l d'i ngéniérie et de serv ices spéciali sé 9285 - Dire cteur inter n atio n al (Moye n- d'œuvre, domaine T.P. - exp. négociation et
traiteme nt des eaux - exp. acqui se en entre- Orient, Europe du Nord ou du Sud)* Groupe responsab ilité affaires internationales - 35/50
prise de co nstruction ou d' in géniérie + direc- français secteur éq uipements à fort contenu ans - anglais + all emand souh aité - 500/
ti on ce ntre de profit - 35/40 ans. technologiqu e - exp. des co ntacts politiques 600 KF.
à haul niveau et négoc iations de grands
9265 - Ingénieurs* KL~E , consultant et maître contrats - conn. Moyen-Orient, Europe du 9310 - Directe ur de projet in ternational*
d 'œ uvre en ingénieri e in format iqu e Nord et du Sud - 33/40 ans - anglais. Leader dans ingén ierie et maîtrise d'œuvre
recherche des in gén i eu rs dé b utants ou d'affai res intern ationa les, secteur T.P. - exp .
confirm és pour projets ou so us-en semb les de 9287 - European Qua lity Manager* Premier quelques an n ées de gestion d'affa ires à
projets - co nn . réseaux, SGBDR, langage C groupe mondi al secteur agro-alimenta ire (CA l' international - anglais + al lemand sou haité
et système UNIX .. . - 200/3 00 KF. 12 Mds) - exp. 10 ans acqui se dans groupe - 400/500 KF.
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Bureau des Carrières

93 11 - In géni e urs d ' étud e s* TRILOGI E et fa miliari sé avec méthod es j apon aises - tri el + en cabin et d'audit éventuell ement -
recherche ingéni eurs d' études spéciali sés en 38/45 ans - 30/35 ans - 350/380 KF .
modéli sati on et simul ati on ou surveill ance et
di agnostic pour maintenance ou co ntrôle et 921 3 - Nord - Direc t eur rég ion al N o rd * 92 42 - Langres (H aute-Marne) - Ch ef de pro-
régulation - exp. 1/ 5 ans dans le domaine. Gr and group e d'in gé nieri e électriqu e et jets intern ation al* PLASTI C OMNIUM (CA
d'automati smes - exp. acqui se dans in stall a- 4,5 Md s - 5 500 P), secteur tran sformati on
93 12 - Responsa bl e orga ni sation et système* tion électrique, ingénieri e ou services in dus- matières pl astiqu es - exp. acqui se de déve-
G rand rése au b ancaire - ex p. ac quise en triels - 33/45 ans - 600 KF+. loppem ent de no uveau x proj et s - conn.
fonction in specteur ou orga nisateur - conn . industri e auto m o bile + tran sfo rmati o n
des méti ers de la banque - 30/ 45 ans. 9 2 14 - Centre- Ou est - Directeur di v isio n matières p lastiqu es appréciée - 28/3 5 an s -
" Equipements Indu stri els"* Importante en tre- allemand - 25 0/32 0 KF+.
93 13 - Directeu r de pro j et * SO FREGA Z, pri se d' ingéni erie, travaux et équipements
soc iété co nseil et in géni éri e, domaine gaz indu striels - exp. direction ce ntre de profit 924 3 - Bourgogne - Directeur de ce ntre de
naturel et pétrole pour ses acti vités export - d ans env ironn em ent t echniqu e + intérêt p rofit* Fili ale secteur com posants passi fs (fer-
exp. i ngé nieri e - co nn . secteur hydroca r- pou r secteurs de serv ices et trava ux indu s- rites) de grand groupe d'é lectroniqu e inter-
bures - 35/40 an s - anglai s. tri els - 33/42 ans - 600 KF+. nation al - exp. industriell e acqui.se domaine
des com posants électroniques + exp. marke-
921 6 - Est de la France - Directeur général* ting ou co mmerciale - anglai s - 600 KF+.
Groupe fam i li al, fa bri ca nt et co mm erc iali-
Province sant ses produits vi a distributi on spéciali sée
(CA 2 Mds - 3 000 P) pour la soc iété fin an- 92 47 - Pari s et Lyo n - Ingénieur* SYLLABU S,
cière qui exerce le contrôle ho lding et fili ales société de co nduite de projets pour assurer
9174 - Nord-Ouest de la France - D irecteur - ex p. dom ain e fin anc ier - 40 ans m in - directi on techni que de projets - exp . acqui se
qualité* G roupe industriel anglo-saxon, spé- an glais. dans rec herche so lutions tec hniqu es et inté-
c iali sé éq uipement autom obil e, po ur un e gration spati ale de la techni que à l'architectu-
di v ision de sa fili ale frança ise (9 00 P) - exp. 9 2 17 - Rh ô ne-A lpes - Directe ur gé néral * re + mi se au point et gesti on du pl an-qualité.
générali ste secteu r équipement automobil e - Fili ale groupe fran ça is qui produit et co m-
30/ 40 an s. m e rc i a lis e p rodui ts g rand publi c (CA 92 51 - Pays de Lo ire - Directeur général*
400 M F) - exp. simil aire acqui se en mili eu Unité de fa bri cati on (35 P) d' un groupe sec-
9 179 - Région proc he Sui sse et A llemagne - internation al - 40 an s env - anglais. te ur déco ration obj ets d ive rs (c haussures,
Res pon sa bl e m ark etin g développ ement * habillem ent, prod uits pu b li c itaires ... ) pour
Entrepri se fran ça ise (600 P) produi sa nt des 92 20 - Mortain (M anche) - Responsabl e sys- développer cette unité - exp . acqui se de ges-
meubl es - ex p. industrie ll e - 35 ans en v - t èm es or ga ni sation et in fo rm atiqu e* tion petite unité de p rodu cti o n en entreprise
anglais - 240/3 00 KF. Entreprise indu striell e spéci ali sée fab rication de décoration ou de pl asturgie - 35/45 an s -
d e câ bles co urant fa ible (C A 1, 1 Md - 400 KF.
9 185 - N o rd - D irecteur ce ntre de profit* 1 000 P) - ex p. acqui se à ni vea u direction,
PM I, secteur chauffage indu stri el pour ani- domaine orga ni sation et systèmes d' informa- 92 52 - Su d- Ou es t - Direc t e ur gé n é ra l
mer réseau de di stribution et force de ve nte ti on en entreprise indu strielle - 33/ 40 ans - adjoint* Groupe spéci alisé dan s rés eau x,
(6 agen ces) + SAV et servi ce R& D - ex p. anglais - 450/ 550 KF. ca nali sations, VRD , autoroutes, aéroports...
acquise de la di stri bution de bien s industri els (CA 130 M F - 200 P) pour sa directi on régio-
au ni vea u européen - conn . techniques mar- 9222 - An gers - Ingénieur mécanicien moto- nale - exp. gesti on marchés et centre de pro-
ketin g et co mmerciales - 30/3 5 an s - anglais ri sé* Centre d'étud es et d'expérim entati on fit - conn . BTP, route ou GC - 35 ans min.
- 500 KF. - form ation MBA typ e ISA o u domaine moteurs et transmi ss ions - exp. 5/ 7
INSEAD. ans acqui se domaine inc luan t moteurs diesel
ou machin es th ermiqu es - Fo rmation spéc i- 925 3 - Pari s et Lyon - Di recteurs de travau x*
9 186 - A ix-M arse ill e - Respon sa bl e pro cé - fiqu e en moteurs - anglais. So ci ét é l e ad er du tr a itement d e l 'ea u
dures et systèm es de gesti on* Entreprise lea- rec herche 2 Directeurs de travau x : 1 pour
der mondi al, secteur des produits et systèmes 922 3 - Lyon - Ingéni eur d'affaires* Soc iété Paris et 1 pour Lyo n - exp. acqui se en tant
électroniques (CA 700 M F - 700 P) - exp. 2/5 spécialisée gros matéri els destinés au x chan- qu' in gé ni eur d' affaires d ans grand groupe
ans acqui se en cab inet d'a udit, de co nseil en ti ers notamment sou s-terrain s - exp 10 ans d' ingéni eri e + p rofil TP ex port ap préci é -
o rganis ation ou en entreprise du secteur min acquise co nduite grands chantiers el/ou 35/ 45 ans.
industri e l - co n n . mi c ro -info rm atiqu e in gén ieur d'affaires, dans un co ntexte inter-
anglai s - 300/ 350 KF. nati onal - anglais - form ation 3e cyc le IAE, 9255 - Pari s-P rovince - Consultant en mana-
CPA, INSEA D ... gemen t industri el (mobilité et di sponibilité
9 192 - Norm a ndie - C hef d e se rvi ce t o tal es)* Man age ment co nsultin g (3 0 0
M aintenance* Soc iété manufacturière, fili ale 9227 - Pays de Loire - Responsa ble prod uc- c on sulta nts) - ex p. ac quise e n audit
grand groupe intern ati o nal, pour so n p lu s ti o n * Fili ale frança ise (300 P) de gro upe intern e/extern e en indu st rie - 25/3 0 an s -
gros établi ssement (1 00 0 P) - exp. mainte- inte rn ation al spéciali sé équipement automo- anglais - 25 0/ 300 KF.
nance et travau x neufs + p ratique organi sa- bil e (10 000 P) - exp. management en p ro-
ti on maintenance moderne (GMAO) qualité ducti on - 28/35 ans. 92 57 - Grenobl e - Directeur du département
totale ... - 35/45 ans. " Barr age et Am é n agem ents h y droél ec -
9233 - Bourgogne - Directeur département t riques "* Filial e françai se d'ingéni erie d' un
92 02 - Lyo n - Gestionn aire de patrimoine* p rod uit* Fili ale (1 80 0 P) d' un group e du groupe indu stri el leader d ans ce domain e -
Banque fra nçai se à réseau national (1 500 P) secteur électro ménage r (10 000 P) - ex p exp. acqui se dans électromécanique et géni e
spéciali sée PME/PMI - exp. 4/ 5 ans en ges- indu st rielle produits de grand e sé rie + ex p. c iv il à l'export de gran ds ouvrages - con n.
tion de patrimoine auprès c lientèle de bon d éveloppement et stratégie produits grand énergi e hydraulique, th ermique ou transports
ni veau - 28/3 5 ans. pu b li c - co nn. pl as tur g i e - 4 0/ 4 5 an s - - 40/5 0 ans - anglais.
anglais - 500 KF + lntéres.
92 0 8 - Ev re u x - In gé ni e ur p ac k ag in g*
G roup e pharm ac eutiqu e mondi a l N ° 2 92 34 - Centre Sud - Directeur indu striel* 9 260 - Est - Res pons abl e de s systèm es
(1 700 P en France) - exp. simil aire acqui se Fili al e grou pe indu st riel secte ur grande s d' information * Leader frança is de la distribu-
d ans indu stri e ph arma ce ut iqu e o u co smé- sé ri es pour restructu ration de cette société - tion - exp. 5 ans dan s in fo rmatique et sys-
t ique - conn. systèmes di spensateurs aéroso ls exp. acqui se de direction d' unités de pro- tèmes d' in fo rm ation.
- angl ais - 250/35 0 KF. du ct ion (> 1 000 P) + de res tructuration
indu stri elle importante - 40/50 ans - anglais. 92 62 - Est - Responsable des achats* Fili ale
92 10 - O uest - Directeu r Centre de Profit* (CA 2,5 M ds - 2 000 P) de groupe intern ati o-
PME sp éc i ali sée t r an sfo rmati o n des f il s 9237 - Nice - Ingénieur d' étud es expérim en- nal sec teur d e l 'é nergi e - exp. 8/10 ans
métalliqu es (CA 200 MF) pour l' un de ses té* Bureau d'ingéni eurs conseil s (CA 120 MF acqui se dans fo nction des achats en mili eu
site s (C A 3 0 MF ) - ex p . acqui se d a n s - 15 0 P) - exp . ac quise d a n s c onduite indu stri el - anglais el/ou allemand - 350 KF .
méthod es modern es d'o rga nis atio n indu s- d 'é tude s en m éc anique d es sols et d es
tri el le - 33/3 8 an s. ro ches pour conc epti o n d e grandes struc- 92 64 - Rhône-Alpes - Directeur de produ c-
tures et ou v rag es d'a rt ex ercée en rég ion tion* Fili ale groupe agro-alimentaire (150 P)
92 11 - Prov ince - Directeur d' usine* Fili ale PACA - 35/45 ans - anglais - 300/350 KF . - exp. similaire acqui se dans entrepri se agro-
française de multination ale étran gère pou r alimenta ire + exp de la fonction production :
conduir e év olu t i o n d es m éthod es indu s- 92 38 - Prov ince - Contrôleur financi er* Site fa bricati o n, lo gistique, gestion de produ c-
triel les - exp. des méthodes et de production indu striel de groupe frança is de dimension tion , maintenance ... - 35/45 ans - fo rm ati on
des grandes sé ri es mécani ques de l'automo- international e - exp. 5/7 an s acquise au sein in géni eur agro-a limentaire ou générali ste
bile + exp. directi on usine de plu s de 500 P di rection fin anci ère en env ironnement indus- type A rts et Méti ers, INSA. ..
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


Bureau des Carrières

9266 - Est - Directeur de la division Produits Etranger 1745 - X56 - Ingénieur en Chef Armement
* Importante société industrielle de haute Génie Maritine (C.R.) - 30 ans expérience
technologie (CA 3 Mds - 1 700 P) pour prise 9187 - Arabie Saoudite - Responsable de management entreprises industrielles ou ser-
en charge conception, fabrication, achats et magasins - Futur directeur régional* N°1 de vices à l'industrie. Bonne pratique de
contrôle qualité du produit - exp. à domi- distribution Fast-FoodNêtements - exp. 3 ans l'anglais, notions d'allemand. Recherche
nante industriel le et internationale - 40/50 min acquise de la distribution en tant que poste responsabilité opérationnelle ou fonc-
ans - anglais Ecrire au Bureau des Carrières chef de rayon et chef de secteur - 28/38 ans - tionnelle dans division grand Groupe ou PME
qui transmettra. arabe - 200/320 KF nets d'impôts + ou cabinet Conseil ou Organisation
logement ++. Professionnelle. Préférence région Nord-Pas
9269 - Toulon - Ingénieurs d'affaires* CNIM de Calais ou Région Parisienne.
secteur des constructions mécaniques (CA 9239 - Bucarest (Roumanie) - Contrôleur
2,2 Mds - 2 600 P) - exp. acquise dans financier* Filial e roumaine de société améri- 1749 - X78, Doct-lng automatique, ang, all,
conduite projets ou affaires thermiques caine à forte notoriété - exp. similaire pour russe 5 ans recherche informatique et IA,
domaine des centrales thermiques pour ce poste acquise dans environnement écono- 6 ans SSll, exp. de création d'entreprise, pros-
industrie ou production électrique - conn. mique - 28/35 ans - anglais + roumain - pection commerciale et négociations de
thermodynamique industrielle et /o u process f 30/40 K. contrats, direction technique, études et pro-
chimique ou valorisation déchets - anglais. jets en ingéniérie et informatique + dévelop-
9244 - Londres - 2 spécialistes corporate pement de méthodes, encadrement d'équipes
9270 - Toulon - Chef de projet confirmé* finance/M&A* Banque d'affaire américaine techniques, rech. poste opérationnel tech-
CNIM secteur des constructions mécaniques pour marché anglo-saxon et marché scandi- niqu e ou direction centre de profit, région
(CA 2,2 Mds - 2 600 P) - èxp. acquise dans nave - exp. 5/8 ans similaire acquise en Midi-Pyrénées.
conduite grands projets en armement, spatial banque d'affaires - 28/36 ans - MBA apprécié.
ou off-shore - conn. techniques larges et 1753 - X81, Civil GREF, DEA Economie - 4
compétences en mécanique des systèmes - 9267 - Genève - Oil trader* Société interna- ans expérience industrielle; conduite de pro-
anglais+ allemand souhaité. tionale spécialisée en négoce matières pre- jets activité sur mesure; conception démarra-
. mières - exp. 4/5 ans au sein logistique raffi- ge et montée en puissance usine biens de
9274 - Le Touquet - Chatellerault - Lyon - nage de pétrole - 28/38 ans - anglais + autre consommation sur mesuré ; anglais, espa-
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allemand souhaité - 500 KF+. pratique clientèle institutionnelle et indus-
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installation électrique industri elle, automa- ISLA ND, société de promotion foncière et international.
tismes et informatique industrielle ou socié- immobilière basée aux Bahamas - exp. pro-
tés de Services - 33/42 ans - 600 KF. motion foncière et immobilière - solide cultu- 1760 - X53 - Exp. direction générale entrepri-
re financière - anglais+ allemand apprécié. se internationale et particulièrement prospec-
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9301 - Ouest - Directeur des études informa- 9309 - Asie du Sud-Est - Directeur de projet d'ingéniérie et de réalisation en France et à
tiques* Banque régionale (5 000 P) pour la international* Leader ingénierie et réalisation l'exportation (domaines : industries du pétro-
direction Systèmes d'informations - exp. 10 d'ensembles internationaux - exp. gestion et le et du gaz - zones : Afrique, Pays de l'Est,
ans en développement de projets informa- réalisation d'affaires techniques acquise dans Extrême-Orient) offre ses services de consul-
tiques pour secteur tertiaire - 35/40 ans - industri e électrotechnique, électronique - tant pour toute mission assistance de courte
500/700 KF. 35/50 ans - anglais - 400/500 KF. où longue durée.

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107

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


Bureau des Carrières

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électronique, télécom) - anglais et espagnol +
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entreprise industrielle. (étud es et actions dans industrie et secteur et CEE Grands Travaux, Direction dévelop-
tertiaire), recherche responsabilité opération- pement interne et externe. Direction généra-
1771 - X 37 ans, expérience d'intégration de nelle en production-exploitation ou responsa- le filiale spéc iali sée, rec h. Direction com-
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l'anglai s. expérience, son imagination, sa sensibilité, ponsabilité opérationnelle R&D dans SSll ,
son enthousiasme au se rvice de groupe de avec coopérati ons internationales - cherche
1772 - X67, PC 7 1 CI V, ICG - ang lai s - réflex ion pour étude et projet de prospecti ve poste de responsabilité dans groupe indus-
Grande expérien ce de management et réali- interd isciplinaire interculturel le. triel tél écom ou bureautique, stratégie et
sation de co nstruction .' Recherche responsa- plan ou gestion d'équipes de développement
bilité de direction de centre de profit BTP, 1794 - X 45 ans, MS USA, MBA, 5 langues. - anglai s.
constru cti on métal 1ique. Exp. diversifi ée (R&D, marketing, stratégie,
indu stri el) chez constru cteur info rmatiqu e, 7 1814 - X 39 ans, Ponts civil, Actuaire, expé-
1774 - X 43 ans, CDEP/INSEAD, ang lais, ans de direction systèmes information en sec- ri ence en Fran ce et à !'Etra nger, c herch e
expérience terrain et direction en fabrication teur tertiaire. Rech. direct. technique ou opé- poste d e res pon sab ilité d ans l e sec t eur
de série, en fabrication unitaire de biens rationnelle en secteur tertiaire (assurances, Ass urances.
d'équipement et en gestion de grands projets cai sses de retraite), direct. d'affa ires, conse il
industriels dans l'ensemble des technologies ou faci lity management en SSll ou importante 1 815 - X 32 ans MBA INSE A D , exp.
automobil es, recherche direction générale de direct. organisation et systèmes d' inform. D irection Techniqu e d' un opérateur en t élé-
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1775 - X84 - ENSTA, DEA d'intelligence innovation, développement produits, ayant cations mobil es en Europe de l'Est + déve-
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LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


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l' esprit d'une Ordonnance du 8 octobre 1814 par laquelle, dans le but Bou lle. Tél.: (16) 77.59.15.34.
de "perpétuer dans les familles le zèle pour le bien de l' Etat par
d'honorables souvenirs", le roi Louis XVIII prescrivait, par analogie 888 - ORCEL (78) recom. POUR VOS
avec ce qui existait dans l'ordre de Saint-Louis, que : " lorsque l'aïeul, VACANCES EN FAMILLE, UN HOTEL-CLUB
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le fils et le petit-fils auront été successivement membres de la Légion Lo isirs Repos Animation. Garderie Junior-
d'honneur et auront obtenu des lettres patentes, le petit-fils sera noble Club. Conv ivia lité. 7 j. pens. comp l. dès
de droit et transmettra la noblesse à toute sa descendance". 1 900 FF réduct. et gratuités enfants.
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Les lettres patentes ne sont plus attribuées depuis le second Empire. Le
10 mai 1875, le maréchal de Mac-Mahon décidait qu'il ne serait pas 889 - Fils TUG AYE (48) ébéniste d'art effec-
donné suite aux demandes de collation, c'est-à-dire de création de tue restauration et trav. ts styles s/plan. Cond.
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noble objectif de réunir les familles et les personnes qui répondent ép. SASSON (83) propose études de marché,
exclusivement au critère des 3 générations stipulé dans l'Ordànnance marketing direct, lancements de produits. Px
très compétitifs. Tél. : 49.01.96.9 1.
de 1814. Le postulant est soit lui-même le représentant de la 3e géné-
ration soit - s'il n'a pas la Légion d'honneur - le descendant (fils ou 891 - BACHA (88) propose ts trav. imprime-
fille) de trois générations co nsécutives de légionn aires . Il est rappelé rie (moy. et gros tirages) à px très concurent.
que les droits et honneurs à la qualité de légionnaire sont, comme cha- (tarifs spéc. X). Document. et devis grat. su r
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cun le sait, personnels, non héréditaires et viagers.
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que l'adhérent a justifié par pièces authentiques ou certifiées de sa pour enfants 8 à 14 a., juil.-aoOt 93. Ppté
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filiation agnatique et de l'appartenance dans cel le-ci de 3 membres carrières, parcour d'obstacles, cross, prome-
consécutifs de la Légion d' honneur. nades. Légumes du potager. Tél. M. Del aume
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112

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN 1993


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ont constitué des étapes technologiques et commerciales clés, ainsi que des grands·

noms de l'aéronautique avec lesquels elle a engagé des coopérations efficaces et

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avec de nouvelles solutions, pour faire toujours progresser l'aéronautique.

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