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Le régime de propriété
Conformément au droit international, les eaux des mers intérieures, les eaux estuariennes, lagunaires et
l’eau des fleuves permanents ou intermittent ayant une connexion directe à la mer sont sous la
propriété de l’Etat fédéral. Sont également sa propriété les lits des fleuves, les vases et les berges des
lagons, lagunes, estuaires et fleuves et lacs intérieurs. Également, sont considérés comme des biens
publics de la Nation le Domaine Public Maritime (DPM), le Domaine Public Terrestre et les
Terrains Gagnés sur la Mer (TGM) naturellement ou artificiellement.
Le droit mexicain inclut les infrastructures portuaires dans son DPM, ainsi que les barrages, quais,
digues, jetées et autres ouvrages portuaires les composant. Côté mer, la structure juridique des eaux
suit la tendance du droit international avec un découpage en Mer territoriale (jusqu’à 9Mn), en Eaux
Marines Intérieures situées en-deçà de la ligne de base de la mer territoriale ou de la ligne de
fermeture des baies, une ZEE (12Mn au-delà de la mer territoriale), et les Plages Maritimes (PM).
S’ajoute la Zone Territoriale Maritime Fédérale connue sous le sigle de ZOFEMAT. Elle est
composée de la bande continentale large de 20m contigüe au rivage. Elle présente une inclinaison
maximale de 30 degrés, continue à limite interne des Plages Maritimes. Pour faire usage de la
ZOFEMAT, comme pour tout autre bien national, il est requis d’obtenir auprès de la SEMARNAT une
autorisation de concession. La SEMARNAT (Secretaria de Medio Ambiente y Recursos Naturales) est
l’organisme en charge de sa gestion. Les zones humides côtières, de leur influence de la marée,
relèvent en grande partie du domaine public de la nation.
Les TGM sont gagnés lorsque des causes naturelles ou des sédiments artificiels comblent partiellement
la côte. Ils génèrent une redéfinition de la ligne de rivage et de la ZOFEMAT.
2. Régime de concession des biens du domaine public
Les travaux ou activités ayant pour but de protéger, restaurer, surveiller ou conserver les mangroves
sont exemptés de l'interdiction. Par conséquent, si un projet peut affirmer que la mangrove qui se
trouve sur sa propriété est une communauté de mangroves en très mauvais état, il est possible
d’effectuer des travaux d’enlèvement, à condition qu’un plan de restauration soit présenté à une Unité
de Gestion Environnementale de la Vida Silvestre (UMA).
3. Le cadre normatif de la NOM-022-SEMARNAT-2003
Elle établit des règles pour la préservation, la conservation et la restauration des mangroves.
L’unité hydrologique est constituée de la lagune côtière et/ou estuarienne ainsi que de la communauté
végétale qui lui est associée (mangroves et marais), les unités environnementales terrestres
environnantes, la ou les embouchures pouvant être permanentes ou saisonnières, la plage les dunes et
les cordons sableux, les apports extérieurs (rivières, cours d'eau permanents ou temporaires, nappe
phréatique) et la zone d'influence de la marée, des vagues et des courants côtiers.
L’article 4.0 de la norme établit les lignes directrices de base pour les projets qui envisagent des
activités sur les zones de mangrove. Ils doivent garantir la préservation et l’intégrité de la communauté
végétale. Par intégrité est entendu l’intégrité du flux hydrologique de la zone humide côtière ;
l'intégrité de l'écosystème et sa zone d'influence sur le plateau continental ; sa productivité ; l’intégrité
des zones de nidification, de reproduction, de refuge, d'alimentation et de croissance ; l'intégrité des
interactions fonctionnelles entre les zones humides côtières, les rivières (de surface et souterraines), la
dune, la zone marine adjacente et les coraux ; l’intégrité des caractéristiques écologiques et des
services écologiques.
L’article 4.1 interdit tout dragage ou détournement de canaux ou de courants qui se déversent dans les
terres humides côtières. Par conséquent, il est recommandé, lors de l'analyse d'un projet concernant les
zones humides côtières, de préserver les drains naturels, afin d'éviter toute violation de la norme.
Cependant, les articles 4.4. et 4.5 établissent que de nouveaux canaux peuvent être créés dès lors qu’ils
garantissant le maintien du bilan hydrique.
L’article 4.14 définit les spécifications que doivent respecter les routes pouvant être effectuées sur les
zones humides côtières. La construction de voies de communication adjacentes ou parallèles à
l'écoulement de la zone humide côtière, doit inclure des drains et égouts permettant la libre circulation
de l'eau. Une bande de protection d'au moins 100 m doit être laissée. Elle est mesurée à partir de la
limite de l'emprise de la communauté végétale.
L’article 4.4 dispose que la mise en place d'infrastructures maritimes fixes (barrages, digues, quais,
ports de plaisance, marinas) ou de tout autres travaux qui gagne du terrain sur l'unité hydrologique
dans les zones de mangrove est interdite sauf si son objectif est l'entretien ou la restauration de cette
unité.
L’extension portuaire par la compensa8on environnementale
L’extension du port de Tuxpan s’est faite en ayant eu recours à des quais aménagés sur pilotis (656m
de long pour 41.3m de large), parallèles à la mangrove et sans contact pour ne pas entraver les flux
hydrologiques du fleuve vers la mangrove2 . Le projet est reconnu comme ayant des impacts sur la
mangrove et pour compenser ces impacts, ont été mis en œuvre des plans de conservation (zone de
réserve naturelle) sur des aires d’influence adjacentes à la mangrove pour permettre la poursuite de son
développement vers les terres en cas d’érosion côtière et pour protéger l’existant 3. Les dragages du
port auront pour effet d’accroître l’érosion et d’affecter les flux tidaux entrants. Pour mitiger les
impacts ont été proposés la construction de chenaux de marée visant à maintenir la bonne connectivité
hydraulique au sein du massif ainsi que des protections littorales visant à limiter la vélocité des forces
marines érosives (pas de précision sur les moyens techniques abordés). Un plan de suivi mensuel
1Gobierno de Mexico (2018). Compensación Ambiental por Cambio de Uso de Suelo en Terrenos Forestales
CUSTF, URL : https://www.conafor.gob.mx/apoyos/index.php/inicio/app_apoyos#/detalle/2018/72
2 http://www.inecol.edu.mx/inecol/index.php/es/2013-06-05-10-34-10/17-ciencia-hoy/600-terminal-portuaria-
tuxpan-un-proyecto-ambientalmente-sustentable
3http://sinat.semarnat.gob.mx/dgiraDocs/documentos/ver/resumenes/2010/30VE2010H0016.pdf
pendant les travaux a été mis en œuvre, puis des suivis annuels pour veiller au maintien de la structure
écologique de la mangrove. Pour limiter les pollutions par les hydrocarbures, des pièges à graisses et
huiles ont été installés, ainsi que la construction de tranchées évitant l’apport de matériaux (sédiments
pollués, déchets) vers la mangrove. Enfin, le projet propose la restauration de mangroves dégradées,
adjacente au projet.
Figure 1: Construc0on du quai sur pilo0s au droit des mangroves (à gauche) et surface proposée pour la restaura0on de la
mangrove (à droite) dans le cadre de l'extension du port de Tuxpan, Veracruz.
Recommanda8ons de Creocean
Au vu du cadre juridique local, l’extension des ports mexicains ne peut se penser en dehors du rôle
que les ports jouent sur la préservation des écosystèmes côtiers et plus particulièrement des
communautés végétales des zone humides côtières. La loi fédérale rappelle la nécessité de développer
des projets veillant au maintien de l’équilibre et des l’intégrité des écosystèmes. Tout projet
d’extension portuaire visant spécifiquement à la réalisation de travaux ou d’activités à proximité des
mangroves doivent en conséquence veiller tout particulièrement et ne pas enfreindre la libre
circulation des masses d’eau, à gérer les effluents du port et à respecter une bande de 100m adjacente à
la mangrove.
- L’un par la construction d’ouvrages directement dans la masse d’eau côtière, comme c’est le
cas de l’extension à Tuxpan. Nous proposons pour cette option la réalisation d’une étude de
faisabilité afin de définir le site de moindre impact pour la réalisation des travaux, la
simulation des impacts potentiels sur la mangrove adjacente et la définition d’options de
mitigation et de compensation envisageable pour les impacts qui n’auront pu être évités. Il
sera par ailleurs nécessaire d’évaluer la faisabilité de tels ouvrages en dehors d’estuaires ou de
baies, là où les forçages hydrodynamiques peuvent contraindre la faisabilité technique d’un tel
projet ou impacter trop fortement le transit sédimentaire lié à la dérive littorale.