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Juin 1996
LES HYPOTHEQUES
Le dahir du 2 juin 1915 (19 Rejeb 1333) fixant la législation applicable aux immeubles
définit l’hypothèque comme un droit réel immobilier sur les immeubles affectés à
l’acquittement d’une obligation.
Un créancier acquiert ainsi le droit de saisir un immeuble hypothéqué quel qu’en soit le
détenteur (droit de suite) et de se faire payer par priorité sur le prix d’adjudication (droit
de préférence).
L’hypothèque est une garantie très sûre : le créancier hypothécaire ne peut être primé
que par les frais de justice et l’Etat. Toutefois compte tenu de la lenteur des procédures
judiciaires, la réalisation d’une hypothèque peut nécessiter des années.
? l’hypothèque doit pour sa validité entre les parties et son opposabilité aux tiers, être
inscrite sur le titre foncier de l’immeuble hypothéqué.
? une hypothèque n’est valable et ne peut par conséquent être inscrite qu’autant que la
somme pour laquelle elle est consentie est déterminée dans l’acte.
? toute hypothèque régulièrement mentionnée aux titres fonciers conserve son rang et
sa validité, sans formalité nouvelle, jusqu’à la mention régulière, aux mêmes titres, de
l’acte libératoire.
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I. CONSTITUTION DE L’HYPOTHEQUE :
? Conditions de validité :
L’hypothèque de la chose d’autrui est frappée de nullité absolue, et ce, alors que la vente
de la chose d’autrui est valable en droit marocain (article 485 du dahir portant code des
obligations et des contrats). L’acquisition ultérieure de l’immeuble par le constituant ne
saurait donc en aucun cas, valider rétroactivement l’hypothèque qu’il aurait constituée
antérieurement sur cet immeuble.
? Un droit conditionnel :
? Un droit indivis :
L’hypothèque consentie par tous les copropriétaires d’un immeuble indivis conservera
exceptionnellement son effet, quelque soit ultérieurement le résultat de la licitation ou
du partage.
Lorsque l’hypothèque émane d’un seul copropriétaire, elle est valable mais seulement à
concurrence de sa quote-part (arrêt de la cour d’appel de Rabat du 20 mai 1932 ).
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Caractéristiques du droit :
Un droit ne peut être hypothéqué que s’il remplit trois conditions au moment de la
conclusion du contrat d’hypothèque.
Un droit ne peut être hypothéqué que s’il porte sur un immeuble susceptible d’aliénation
et sur des immeubles présents : les immeubles à venir ne peuvent pas être hypothéqués
(article 177 du dahir de 1915). Il peut s’agir de :
? Fonds de terre bâtis ou non bâtis qui sont dans le commerce et avec eux leurs
accessoires réputés immeubles : terrains nus, constructions ;
Cette simple faculté de passer devant un notaire lors de la conclusion d’un acte portant
sur un bien immeuble est critiquable à plusieurs points de vue. En effet, sur le plan
historique, l’introduction de l’acte sous seing privé est très récente voire accidentelle
car le droit musulman a toujours considéré que la sécurité des transactions immobilières
était conférée par l’intervention d’un adoul ou d’un notaire. Sur le plan juridique, le
notaire dès lors qu’il prend part à la rédaction de la convention d’hypothèque, est tenu
d’un devoir de conseil à l’égard des parties et par exemple, sera tenu d’informer le
bénéficiaire de l’hypothèque de la valeur de l’immeuble au moment de l’acte.
? Inscription de l’hypothèque :
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marocain pour y procéder mais il est bien évident qu’il y a intérêt à le faire le plus
rapidement possible, sachant que s’il constate qu’une inscription a été antérieurement
portée (qu’il s’agisse d’un acte de vente consenti par le débiteur hypothécaire, d’un
commandement aux fins de saisie immobilière) le conservateur peut rejeter la demande
d’inscription .
? Assiette de l’hypothèque :
Elle porte sur l’intégralité de l’immeuble et n’est pas affectée par la division de celui-
ci ; lorsque la dette est divisée entre plusieurs débiteurs, le créancier hypothécaire peut
donc agir pour le tout contre le détenteur de l’immeuble.
Elle porte sur les accessoires de l’immeuble lorsque ceux-ci sont eux-mêmes réputés
immeubles appartenant au même propriétaire : ainsi les biens mobiliers réputés
immeubles par destination et affectés à l’immeuble ; il en est ainsi alors même que les
meubles n’existaient pas au moment de la conclusion de la convention d’hypothèque.
Elle porte sur les produits de l’immeuble car ils contribuent à la valeur de celui-ci
mais non sur les fruits de celui-ci dont la perception correspond à un acte d’utilisation
de la chose qui n’affecte pas sa valeur.
Elle porte sur les améliorations dont l’immeuble hypothéqué a bénéficié sans qu’il y ait
lieu de distinguer si elles constituent des immeubles par nature ou par destination ni si
le propriétaire qui en est l’auteur en est le débiteur principal ou un tiers détenteur.
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? les actes soumis à la publicité foncière lorsqu’ils n’ont pas été publiés avant
l’inscription de l’hypothèque ;
? le bail ou tout droit réel consenti par le propriétaire après l’inscription d’hypothèque
judiciaire conservatoire ;
Ces actes ne sont inopposables au créancier hypothécaire que pour autant qu’ils sont
postérieurs à la constitution de l’hypothèque.
? Droit de saisie :
A défaut de paiement, le créancier hypothécaire, nanti d’un certificat spécial délivré par
le conservateur de la propriété foncière, peut poursuivre l’expropriation de l’immeuble,
suivant la procédure de droit commun alors même qu’il ne serait pas pourvu d’un titre
exécutoire.
Le créancier hypothécaire non payé à l’échéance n’a pas l’obligation de saisir par
priorité l’immeuble hypothéqué. Il peut, en vertu du certificat spécial d’inscription
délivré par le conservateur soit recourir à la vente de l’immeuble hypothéqué, soit
poursuivre la saisie d’autres immeubles de son débiteur (article 1241 du dahir formant
code des obligations et des contrats).
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Exception :
En effet, l’article 59 du Décret Royal du 17 décembre 1968 prévoit qu’en cas de retard
du débiteur, l’établissement de crédit agréé peut se mettre en possession des immeubles
hypothéqués aux frais et aux risques du débiteur en retard.
Sur le plan de la procédure, l’établissement de crédit doit adresser une mise en demeure
au débiteur et respecter seulement un délai de quinze jours avant de saisir le président du
tribunal régional compétent. Celui-ci rend une ordonnance et non un jugement ; l’aspect
non contradictoire de la procédure favorise ainsi la rapidité de l’issue du litige, ce qui
représente un véritable privilège lorsque l’on connaît la lenteur de la procédure de droit
commun.
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? Droit de préférence :
Le rang de l’hypothèque est déterminé par la date de son inscription même si la créance
garantie est conditionnelle ou éventuelle.
Dans le cas où existent plusieurs créanciers hypothécaires inscrits en même temps, ils
viennent en concours pour se faire payer ; s’ils ne sont pas de même rang, il sont payés
en suivant l’ordre de leur inscription.
? Droit de suite :
Le droit de suite est le droit pour le créancier hypothécaire, quel que soit son rang, de
saisir l’immeuble aliéné par le débiteur, entre les mains d’un tiers acquéreur de
l’immeuble (article 185 du dahir du 2 juin 1915). Le droit de suite suppose cependant
dans ce cas, que non seulement le tiers acquéreur ait aliéné l’immeuble hypothéqué, mais
ait également inscrit cette dernière sur le titre foncier de l’immeuble.
Ce droit peut être éteint si l’acquéreur de l’immeuble purge les hypothèques qui portent
sur lui en versant le prix d’achat aux créanciers hypothécaires venant en rang utile.
La créance doit être échue ; l’hypothèque étant un droit accessoire qui suit l’effet des
modalités affectant la créance, le créancier hypothécaire ne peut se prévaloir, à
l’encontre du tiers acquéreur, que des droits qu’il a contre le débiteur : ainsi, le tiers
acquéreur bénéficie des termes et délais accordés au débiteur (article 185 du dahir du 2
juin 1915).
L’hypothèque doit être opposable au tiers détenteur : il en est ainsi lorsqu’elle a été
inscrite avant que le tiers acquéreur n’ait publié l’inscription de l’acte d’acquisition dans
son titre.
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créanciers hypothécaires, à moins que l’acquéreur n’engage une procédure de purge dans
l’hypothèse où le prix serait insuffisant pour combler le passif.
Cession de créance :
En principe, la cession d’une créance comprend les accessoires qui font partie intégrante
de la créance, tels que les privilèges, à l’exception de ceux qui sont personnels au cédant.
En droit marocain, elle ne comprend les hypothèques que s’il y a stipulation expresse : il
s’agit dans ce cas d’une cession de créance hypothécaire.
Subrogation :
Cession d’antériorité :
La cession d’antériorité est un contrat par lequel le créancier titulaire d’une hypothèque
cède le rang de son hypothèque à un autre créancier hypothécaire. Mais elle peut être
antérieure à la constitution de l’hypothèque qui doit bénéficier de ce rang.
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? seul le cessionnaire peut se prévaloir au regard du cédant du rang qui lui a été
transféré ; pour tous les autres créanciers hypothécaires intermédiaires le cédant
conserve le rang, la cession de priorité ne valant pas renonciation du cédant à son
hypothèque ;
V. EXTINCTION DE L’HYPOTHEQUE :
? Extinction de la créance :
? Renonciation à l’hypothèque :
L’hypothèque reste cependant opposable aux autres créanciers si, par une promesse
d’abstention le créancier ne renonce à son hypothèque qu’au profit d’une personne
déterminée ; par exemple, pour permettre au débiteur de souscrire un prêt, le créancier
peut renoncer à exercer son hypothèque concernant le prêteur.
La purge des hypothèques est la faculté accordée par la loi au détenteur d’un immeuble
hypothéqué d’affranchir l’immeuble de tous privilèges et hypothèques, par paiement aux
créanciers du prix de l’immeuble.
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n’ayant plus droit au prix, ceux-ci sont privés de l’exercice de leur droit de suite. Quatre
cas d’aliénation opèrent purge légale des hypothèques :
On citera pour mémoire deux autres cas opérant purge légale des hypothèques :
l’adjudication d’une concession minière à la suite d’une déchéance intervenue à
l’encontre du titulaire de la concession et l’adjudication après faillite.
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