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Chapitre 11

Cycles et crises économiques depuis la Révolution industrielle :


une histoire des fluctuations de la croissance.

1-CYCLES LONGS ET CYCLES COURTS AU 19ÈME SIÈCLE.


1­1 Différents types de cycles.
1­1­1 Le mouvement des prix sur une longue période.
Nicolas KONDRATIEFF, Les ondes longues dans la vie économique, 1926
1­1­2 Le cycle réel court (ou cycle des affaires).
Clément JUGLAR, Des crises commerciales et de leur retour périodique, 1860

1­2 Différents types de crises.
1­2­1 L’impact de l’agriculture dans des économies en phase d’industrialisation.
1­2­2 Les conséquences des crises industrielles.

1­3 Des liens entre court terme et long terme : crises et longue dépression entre 1873 et 1896.

2-DE LA GRANDE GUERRE À LA GRANDE CRISE DU CAPITALISME : LES


ANNÉES 1920-1930.
2­1 Les conséquences économiques de la guerre.
2­1­1 L'économie de guerre, une parenthèse?
2­1­2 Les déséquilibres financiers : l’entrée dans un siècle inflationniste.

2­2 « Les conséquences économiques de la paix » : un système financier perturbé.
John M. KEYNES, Les conséquences économiques de la paix, 1919
2­2­1 Les problèmes en suspens.
2­2­2 La stabilisation des monnaies : l’hyperinflation allemande.
2­2­3 Stabiliser les monnaies? L'entêtement et la crise britannique.
2­2­4 Les revers de la prospérité des années 1920 : l’exemple de l’agriculture.

2­3 Les aspects de la crise : une amplitude et une durée sans précédent.
2­3­1 1929­1933 : une crise et une dépression exceptionnelles par leur durée et leur extension.
2­3­2 Les conséquence sociales.

2­4 Le déroulement de la crise : les enchaînements.
2­4­1 Le ralentissement de la conjoncture, le krach boursier et la Dépression.
2­4­2 La crise est mondiale.
2­4­3 La crise est aggravée par des politiques procycliques et unilatérales.
Charles KINDELBERGER, La grande crise mondiale 1929­1939, 1973

3-LA “CRISE“ CONTEMPORAINE, UNE CROISSANCE À NOUVEAU


FLUCTUANTE.
3­1 D’une croissance régulière à la rupture de 1974.
3­1­1 L’atténuation du cycle des affaires pendant les Trente Glorieuses.
3­1­2 Les mécanismes de la rupture et les facteurs limitatifs.

3­2 Le retour du cycle depuis 1974.
3­2­1 Les chocs dans l’économie mondiale.
3­2­2 L’exemple du Japon dans les années 1990.
Chapitre 11
Cycles et crises économiques depuis la Révolution industrielle :
une histoire des fluctuations de la croissance.

•Les crises sont intrinsèques au système capitaliste depuis son apparition, et la réflexion sur ce sujet
est particulièrement nourrie en période de difficultés.
•Définitions.
Fluctuations : terme général utilisé lorsque le taux de variation d'une variable n'est pas constant
(quantité réelle ou prix) ­> pas de régularité a priori dans les variations.
Crise : recul relatif ou absolu d'une variable, de nature très variée, avec des effets complexes.
Cycle : unité de base des rythmes économiques, avec un regard porté sur les régularités. L’étude du
cycle   permet   de   dépasser   la   simple   perception   des   crises   pour   expliquer   les   mécanismes
fondamentaux des irrégularités économiques.

1-Cycles longs et cycles courts au 19ème siècle.


1­1 Différents types de cycles.
1­1­1 Le mouvement des prix sur une longue période.
Nicolas KONDRATIEFF, Les ondes longues dans la vie économique, 1926
•Kondratieff   (1892­1937)   est   un   économiste   russe   responsable   de   l'institut   de   conjoncture   au
Gosplan puis victime des purges staliniennes. Il étudie des séries statistiques de prix (mais aussi de
salaires, de la production anglaise de houille ou de la consommation française de charbon…) sur
longue  période,   en lissant   les  oscillations   du cycle   des  affaires  et   en dégageant  des   écarts  par
rapport au trend séculaire : ce sont ces écarts qui caractérisent le cycle.
Sont ainsi mises en évidence des cycles de 47/60 ans particulièrement nettes concernant les prix,
comprenant deux phases ainsi nommées par François Simiand (1931) : A = vague ascendante et B
= vague descendante.
A : 1789­1814 puis B : 1814­1848 (révolution industrielle).
A : 1848­1873 puis B : 1873­1896 (railroadization, cycle bourgeois).
A : 1896­1929 puis B : années 1930 (deuxième révolution industrielle, néomercantilisme).
[GB : exemple dans Brasseul 2 p. 99 et Gilles p. 56]
Mais tendanciellement le 19ème siècle est une période de croissance longue et de baisse séculaire des
prix industriels et surtout agricoles, simplement accentuée pour les phases B.
•Ce   problème   est   très   débattu,   soit   concernant   les   influences   réelles   du   cycle   monétaire,   soit
concernant l’existence même du cycle des prix à long terme.
­il est difficile à reconstruire des séries statistiques fiables et exhaustives, et les méthodes de lissage
du trend et de moyennes mobiles sont contestées.
­il y a des décalages importants des maximums et des minimums entre les différents pays sauf pour
le point tournant de 1896.
­le cycle de fin 18ème­début 19ème est marqué par l’inflation de la guerre : le cycle suivant n’est pas
forcément dépressif.
­depuis  1945, on voit  mal  le cycle des prix car l’inflation  est continue  (et même  accélérée  en
période de crise). Mais on peut quand même distinguer deux phases, articulées autour des années
1970, et en économie de marché, l'influence de l'environnement économique sur les décisions des
producteurs s'effectue surtout par l'intermédiaire des prix. Anticipations moins favorables.
•Kondratieff propose une analyse de ces cycles, autour de quatre propositions :
­autour du début de chaque phase ascendante, il y a des transformations importantes (échanges,
techniques, hiérarchies internationales).
­les   périodes   de   vague   ascendante   sont   les   plus   riches   en   bouleversements   sociaux   (guerres,
révolutions…).
­la vague descendante s’accompagne d’une longue dépression dans l’agriculture.
­la forme du cycle des affaires n’est pas la même selon la phase du cycle long dans lequel il est
inséré (par exemple la longueur de la dépression).
•Plusieurs explications ont été proposées :
­une   explication   exogène   d’inspiration   quantitativiste   par   Gustave   Cassel   explique   les   phases
ascendantes  par une augmentation de la masse monétaire  due aux découvertes  d’or (Californie
1847, Australie 1851 puis Transvaal 1890 et Klondike 1896). Outre le fait que la masse monétaire
n’est pas partout directement proportionnelle au stock d’or, cette explication ne colle bien qu’au
cycle 1848­1896.
­Schumpeter a proposé une explication endogène des ondes longues par le rythme des innovations.
Les innovations fondamentales, développées pendant la phase descendante, sont ensuite mises en
œuvre et   assurent  la  croissance   et  les   profits  pendant   la  vague  ascendante.  La  concurrence,   la
diffusion   de   l’innovation,   le   ralentissement   de   la   croissance   caractérisent   la   phase   B,   puis   la
destruction créatrice prépare la phase A suivante.
Les discontinuités viennent de ce que les innovations apparaissent par grappes (voir chapitres sur la
Révolution industrielle).
1­1­2 Le cycle réel court (ou cycle des affaires).
Clément JUGLAR, Des crises commerciales et de leur retour périodique, 1860
•Il est précurseur dans l’observation et l’analyse, avec un “cycle des affaires“ en gros décennal,
avec une alternance de phases d’expansion puis de récession ponctuée par une crise.
La fluctuation touche l'ensemble des variables réelles (production, investissement, consommation)
et des variables monétaires (prix, bourse, intérêt, revenu nominaux).
•La   source   de   son   travail   est   l’analyse   des   bilans   bancaires   dans   trois   pays   (France,   Grande­
Bretagne et Etats­Unis).
Expansion : hausses générales des variables (notamment boursières), dans un climat d’euphorie,
tendant à conduire les banques à octroyer facilement des crédits (par l’escompte à cette époque) en
détériorant leurs ratios de liquidité (réserves en or par exemple).
Crise : modification des pratiques bancaires par une restriction du crédit, conduisant à un arrêt
brutal de la hausse des actifs puis une baisse cumulative liée au surinvestissement.
Dépression  comme   phase  descendante  (ou  contraction)  avec  une  baisse   absolue  de   l'activité   ≠
simple ralentissement. Le ralentissement est vu comme une purge, un assainissement des bilans
bancaires mais aussi des firmes.
Mais la reprise conduit à un nouvel état d’optimisme, une incapacité à tirer les leçons du passé,
conduisant à un aveuglement au désastre.
=> c’est une analyse pénétrante des mécanismes de confiance et d’anticipation, mais aussi du rôle
de la monnaie de crédit  qui n’est pas neutre  même en étalon­or. Le cycle est endogène, car la
dépression est en germe dans la croissance.
1­2 Différents types de crises.
1­2­1 L’impact de l’agriculture dans des économies en phase d’industrialisation.
•Les crises d’Ancien Régime sont des crises frumentaires liées aux mauvaises récoltes : la quantité
produite et les prix évoluent de façon inverse.
Elles sont souvent associées à des pics de mortalité et de réduction des naissances (nuptialité), du
chômage, des acteurs qui pèsent sur le marché (accapareurs, marché noir, et problèmes politiques).
•La crise intermédiaire est d'origine agricole  (baisse de la production et hausse des prix) et se
propage aux autres secteurs (banques, commerce extérieur, industrie…).
Ex lors de la crise de 1845­1848 il y a une hausse brutale des prix agricoles (famine en Irlande – en
partie politique comme toujours) puis baisse violente affectant les revenus, mais aussi un  boom
spéculatif sur des projets ferroviaires à viabilité douteuse, et un effondrement financier.
Selon Bairoch, de 1815 à 1913 il y a une année sur cinq de baisse des rendements supérieure à
15% : cette grande instabilité s’atténue nettement à partir du dernier quart du 19ème (mécanisation).
•La crise industrielle capitaliste connaît une évolution simultanée des quantités produites et des prix
à cause d’une tendance à la surproduction plus qu’à la pénurie frumentaire (ou à l’inflation des
années 1970).
1­2­2 Les conséquences des crises industrielles.
D’abord, il y a des reculs absolus très brutaux de la production, des prix, de l’emploi : l’amplitude
des variations est impressionnante au regard des critères actuels (même en 2008­2009). 
•Par secteurs :
­on constate comme toujours une plus grande volatilité des industries de pointe.
Ex : les fluctuations liées aux à­coups de l'industrie ferroviaire (jusqu'à 1/4 de l'investissement total
dans les années 1840 en GB ou années 1870 en All) sont brutales, en fonction de l'avancement de
l'équipement, des bulles spéculatives.
Ex : les crises de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle sont liées aux problèmes des industries
électriques (notamment la métallurgie du cuivre…) comme en 1907 aux Etats­Unis.
­les biens durables ont un comportement plus cyclique (ex : automobile, bâtiment qui est un signe
avant­coureur   important   des   difficultés   économiques) :   l'investissement  varie   avec   une   forte
amplitude.
•Par pays.
Il y a plus de fluctuations aux Etats­Unis. On constate une baisse de l'indice des biens de production
durable de 1/4 à 1/3 à chacun des chocs majeurs. Ces reculs extrêmement brutaux s’accompagnent
de fortes pointes de chômage (35% de chômeurs parmi les ouvriers syndiqués de l'Etat de NY en
1908). Les reprises sont également rapides.
1­3 Des liens entre court terme et long terme : crises et longue dépression entre 1873 et 1896.
•Même si c’est difficile à interpréter, on constate un allongement des phases d'expansion du Juglar
en phase A, et un allongement des phases de dépression du Juglar en phase B.
Il y a donc une évolution relative simultanée des prix et de la production à court ou moyen terme (la
croissance croît avec les prix, la croissance décroît avec les prix), contrairement au secular trend de
Kondratieff   où   prix   et   production   évoluent   à   l’inverse.   Il   y  a   aussi   parfois   des   inflexions   très
rapprochées, comme la succession de déflation et d’inflation au Japon, du début de Meiji à 1885]
•Les crises sont nombreuses dans le dernier quart du 20ème siècle où se recompose le capitalisme.
Comme souvent, elles ont une composante financière et réelle. La crise peut avoir des origines
industrielles dont les variations sont accompagnées ou amplifiées par des déséquilibres financiers :
la spéculation sur les chemins de fer (sur les bourses allemandes en 1873), le krach de l’Union
générale (en 1882 en France, qui a inspiré le personnage de Saccard dans  L’Argent  de Zola), la
chute de Baring à Londres en 1890… entraînent des faillites bancaires (liquidation d’une banque
sur cinq aux Etats­Unis en 1884), une restriction du crédit.
•Ces crises s’inscrivent dans un contexte de dépression, avec une phase B de 1873 à 1896.
­prix et flux réels.
La croissance décélère. Le minimum historique atteint vers 1894/6 marque l’aboutissement d’un
siècle de baisse des prix (avant l’entrée dans le 20ème  sicle continûment inflationniste sauf entre
1929 et 1933). On peut y voir la traduction des politiques monétaires mais aussi le signe d’une
concurrence très forte dans des marchés pas oligopolistiques.
­la crise est particulièrement dure pour le monde agricole avec un effondrement des prix dans un
contexte de concurrence avec les Amériques (baisse du fret, mécanisation par effet retour de la RI,
chaîne du froid…). Le revenu des agriculteurs baissent, ainsi que leur demande sur les marchés
intérieurs.
­mais les effets sociaux sont contrastés. Les profits sont rongés, tandis que la compression des coûts
se heurte à une rigidité nouvelle des salaires nominaux à la baisse (luttes sociales…) : les salaires
réels s’élèvent, le partage de la valeur ajoutée évolue.
•Quelques trajectoires :
­cette période est un point tournant pour l’Angleterre qui voit apparaître de nouveaux concurrents, a
une   balance   commerciale   déficitaire,   et   voit   son   agriculture   reculer   (chute   de   moitié   de   la
production et transition vers l’élevage).
­les difficultés sont moindres en Allemagne et aux EU malgré la révolte des farmers écrasés par les
tarifs des compagnies de CdeF coalisées. C’est le début d’une fuite en avant productive avec la
mécanisation très poussée.
­la crise est profonde en France : toutes les formes d’activité traditionnelles (boutiques, artisanat,
petite agriculture) connaissent de grosses difficultés et voient leur revenu baisser avec les prix. Les
indépendants (un travailleur sur deux) sont très touchés.
=> cette période est une transformation du capitalisme.

2-De la Grande Guerre à la Grande Crise du capitalisme : les années


1920-1930.
2­1 Les conséquences économiques de la guerre.
2­1­1 L'économie de guerre, une parenthèse?
•L’économie est profondément désorganisée par le conflit :
­finances : fermeture des bourses, moratoires sur les crédits.
­transports : interruption de tout trafic civil.
­industrie et agriculture : mobilisation de la main d'œuvre (problème par exemple pour rentrer la
récolte de 1914), inadaptation des productions de temps de paix (comme les industries de luxe
françaises…).
•Les   Etats   ne   sont   pas   préparés   à   l’intervention,   notamment   pour   le   financement   qui   est   un
problème majeur. Plusieurs moyens s’offrent :
La  contrainte  par   la   conscription   allége   considérablement   le   coût   de   la   guerre   puisque   les
principaux protagonistes sont à peine payés (les Américains et les Canadiens davantage cependant).
Les impôts rentrent mal compte tenu de la désorganisation du système productif, et la fiscalité de
guerre n’est pas toujours cohérente. Les budgets restent très déséquilibrés (les ressources ordinaires
n’assurent que 16% des dépenses publiques en France, 30% en GB).
Les emprunts sont donc la principale source de financement du conflit :
­en France, les nombreux emprunts intérieurs (généralement la première source de financement)
sont à différents termes : les emprunts longs (20­30 ans) permettent en fait de récupérer (pour une
bonne moitié) des Bons à court terme déjà émis et de stabiliser la dette flottante (et de l’éroder par
l’inflation…).
­les Etats ont recours aux avances des instituts d'émission.
­les   Alliés   peuvent   emprunter   à   l'étranger,   principalement   aux   Etats­Unis   et   un   peu   dans   les
dominions. Il y a un double mouvement d'or : des particulier vers les Banques centrales et des
belligérants européens vers les "fournisseurs" souvent neutres.
[Delfaud p. 16]
Pour Galbraith, c’est « l’intrusion pure et simple dans l’économie d’un pouvoir d’achat de l’Etat
créé   par   l’opération   du   Saint­Esprit   pour   les   besoins   de   l’effort   de   guerre ».   D’une   manière
générale,   on   appelle   faire   cela   faire   marcher   la   “planche   à   billets“   même   si   ce   ne   sont   pas
simplement des greenbacks (comme le fit le secrétaire au Trésor Salmon Portland Chase pendant la
guerre de Sécession).
 2­1­2 Les déséquilibres financiers   : l’entrée dans un siècle inflationniste.
•L’inflation est liée à l'augmentation de la masse monétaire : la circulation fiduciaire augmente
fortement, y compris dans les pays neutres ou les belligérants moins exposés comme les EU (et qui
sont relativement enrichis). Mais la hausse est proportionnellement moins forte dans les pays dont
l'économie a le plus prospéré.
Ex en France, l’incompréhension est grande face à la "vie chère" : les prix de gros qui étaient restés
stables de 1850 à 1914 ont quadruplé de 1914 à 1919 (ils ne font que doubler aux Etats­Unis).
­c’est   le  début   de  la   ruine  des  rentiers  (dépréciation  des  titres,  blocage  des  loyers)   tandis  que
certains industriels (Renault, Citroën) ont de gros revenus.
­le pouvoir d'achat des salariés est affaibli (en France en 1918, salaire réel moyen à 76 pour une
base 100 en 1913). La consommation privée est ainsi pressurisée pour les besoins de la guerre.
=> d’une manière générale, l’inflation liée au conflit opère un grand transfert de richesse.
•L’endettement est considérable : de 2 à 9 mois de PIB avant 1914, on passe à 3 à 4 ans en 1919 (en
Allemagne, GB et France), avec un risque réel de rupture compte tenu de l’importance de la dette
flottante (en Allemagne et en France).
Cela entretient un énorme  déficit budgétaire  (12% du PIB en France en 1920) dans les années
d’après­guerre, avec de nouveaux postes de dépenses (reconstruction, pensions) qui entretiennent
l’inflation.
Ex : en France en 1931, l’Etat qui consacre 44% du budget à la dette et aux pensions de guerre est
surtout occupé à solder les comptes du passé. Mais il y a quand même un désengagement : les
dépenses publiques passent de 33% du PIB à 19% en 1929 en France (contre 15% avant la guerre).
CCL : les conséquences sont durables sur l'économie :
­l’économie   nouvelle   à   structure   socialiste   en   URSS   (et   grande   agitation   sociale   ailleurs),   les
nouveaux régimes en Europe de l’Est marquent ce grand tournant qui selon Galbraith a « fait voler
en   éclat   un   ordre   politique   qui   structurait   l’Europe   depuis   des   siècles »,   celui   dans   lequel
« l’autorité politique avait été plus ou moins étroitement lié à la propriété foncière ».
­l’Europe est en très net déclin et les Etats­Unis sont le nouveau moteur de l'économie mondiale sur
tous les plans, y compris financiers désormais, mais sans les capacités politiques de jouer leur rôle.
­les   conséquences   financières   sont   très   lourdes,   avec   une   instabilité   des   prix   et   des   changes
inconnue au 19ème siècle, et de grandes difficultés à solder les comptes financiers internationaux de
la guerre.
2­2 « Les conséquences économiques de la paix » : un système financier perturbé.
John M. KEYNES, Les conséquences économiques de la paix, 1919
2­2­1 Les problèmes en suspens.
•Le traité établit nettement la responsabilité générale de l’Allemagne (article 231), et établi entre
autres dispositions :
­la concession à la vieille volonté de possession de territoire : Alsace­Moselle, colonies…
­le désarmement.
­des réparations dont 52% devront revenir à la France. Mais dont le montant n’est pas fixé et rien
n’évalue les capacités de paiement de l’Allemagne, qui devra dégager un surplus exportable.
Les   conséquences   du   traité   sur   le   vaincu   ont   été   largement   dénoncés   par   Keynes   (Les
Conséquences économiques de la Paix, 1920) qui était membre de la délégation britannique avant
d’en démissionner fin mai 1919. Pour lui, deux objectifs ressortent : d’abord ruiner l’Allemagne, et
ensuite exiger qu’elle paie !
•Par ailleurs, la guerre laisse en suspens des dettes interalliées considérables. La guerre a entraîné
un afflux d’or aux Etats­Unis, qui deviennent ainsi un centre financier dans le système d’étalon­or.
Ce problème est lié aux réparations par la France (et dans une moindre mesure la Grande­Bretagne)
qui en fait une condition pour qu’elle­même rembourse ses dettes, estimant avoir payé le prix du
sang.
Des discussions âpres ont lieu, dont l’enjeu financier autant que politique empoisonne les relations
internationales.
•Le système monétaire international est déstabilisé, l’inflation et la dépréciation (par rapport au
dollar et à l’or notamment) formant un cercle vicieux : dépréciation de la valeur interne mais aussi
externe de la monnaie selon les taux d’inflation nationaux [schéma Gustav Cassel].
[Asselain p. 89]
En l’absence de nouveau paradigme de réflexion, l’idée du "retour à la normale" ­ c’est­à­dire à un
système indexé sir l’or ­ prévaut malgré les bouleversements financiers.
 2­2­2 La stabilisation des monnaies   : l’hyperinflation allemande.
•L’inflation se poursuit notamment en Allemagne qui utilise les avances de la  Reichsbank  (mais
aussi   en   France :   Morgan,   Banque   de   France,   en   attendant   les   réparations).   Elle   permet   un
allègement de la dette, mais conduit aussi à une allocation moins rationnelle des ressources.
•La situation dégénère en Allemagne, pour plusieurs raisons :
­des problèmes  spécifiques aux vaincus : les Etats et les régimes  nouveaux inspirent moins de
confiance (Weimar en Allemagne, nouvelles démocraties dans les pays de l'Est) surtout lorsque se
produisent les premiers effondrements. Cet élément devient déterminant lorsque la monnaie n'est
plus gagée sur l'or et qu’elle revêt une importante dimension politique.
­l’inflation est importée par la dépréciation préalable due aux déficits de la balance des paiements.
­à ceci s’ajoute le problème des réparations et ses conséquences politiques. La crise est déclenchée
par l'occupation de la Ruhr en janvier 1923 : la thèse française est que les Allemands entretiennent
l'inflation pour éviter de payer des réparations en marks­or, et la France décide de se payer en
nature. Les Allemands répliquent par la résistance passive : arrêt de toute production, indemnisa
ions en marks­papier…
•L’économie bascule alors dans l’hyperinflation, les prix étant multipliés par 1000 milliards ! Ce
problème touche également l’Europe de l’Est sauf la Tchécoslovaquie,  mais  dans une moindre
mesure : X 2.500.000 en Pologne seulement…
­la vitesse de circulation de la monnaie est multipliée par 10 : c’est une fuite absolue devant la
monnaie,   les   prix   sont   réévalués   plusieurs   fois   par   jour   (et   deux   mille   planches   à   billets   en
service !).
­il y a un stockage généralisé et une pénurie de biens.
La monnaie est alors anéantie, créant un grave sentiment d'insécurité et des effets psychologiques
désastreux, moins ressentie cependant dans les pays très ruraux : Pologne, Hongrie… où il y a
davantage d’autoconsommation.
[manuel Nathan p. 134]
•La stabilisation est opérée grâce à Schacht, avec la création du Rentenmark gagé fictivement sur
l'économie allemande pour rétablir la confiance (c’est en fait une petite escroquerie : on pouvait en
théorie convertir sa monnaie en un morceau d’Allemagne, mais c’était évidemment impossible). Le
Reichsmark est ensuite créé au taux de 1 pour 1.000 milliards de marks.
­c’est déflation instantanée et totale : le niveau des prix se rétablit à 128 pour 100 en 1913, soit à
peine 30% d’inflation = très compétitif!
­mais c’est aussi une destruction du capital liquide (épargne, fonds de roulement des entreprises…)
et des dettes (réévaluées en 1925 à 5% de leur montant d’origine…) qui profite notamment à l’Etat.
­et c’est un transfert de richesse massif au détriment de ceux qui détenaient des titres financiers, des
créances ou de tout autre revenu fixe.
Par conséquent, l’Allemagne devient très dépendante des prêts et des investissements étrangers,
qu’elle cherche à attirer avec des taux d’intérêts  assez élevés. Elle devient de loin le principal
débiteur international, avec des dettes pour moitié à court terme (capitaux flottants), notamment
envers les Etats­Unis.
2­2­3 Stabiliser les monnaies? L'entêtement et la crise britannique.
•Le problème du rétablissement de la convertibilité  vient de la hausse des prix : s’il l’on veut
rétablir le même taux de change, il faut rétablir une parité de pouvoir d’achat donc faire baisser les
prix anglais.
Le gouvernement applique une politique d'argent cher avec des taux d’intérêt élevés et obtient une
sévère déflation. Cela permet finalement  le rétablissement de la convertibilité, mais  au prix de
grandes difficultés.
•En effet, le manque de compétitivité de l'industrie britannique est aggravé :
­choc monétaire de la surévaluation de la livre : les prix restent au­dessus des prix internationaux.
­choc réel de l'élévation des salaires réels, augmentés en 1919­1920 mais qui ne baissent pas autant
que les prix sévèrement déflatés. Les résistances sont nombreuses, notamment lors de la grève
générale de 1926 et dans les mines. Se développe alors l'idée keynésienne de rigidité des salaires
nominaux.
­mais c’est plus généralement le vieillissement de l'appareil productif et sa spécialisation dans des
secteurs en déclin, déjà apparents à la fin du 19ème siècle, qui posent problème.
En conséquence, le taux de chômage très élevé persiste (environ 10% de la PA), avec un système
d'assurance chômage généreux qui constitue un bon champ d'étude pour les économistes comme
Keynes (qui voit ici la base de son concept de "sous­emploi") et les "classiques" (qui dénoncent les
rigités sur le marché du travail).
•Pour Galbraith, ce fut « l’erreur peut­être la plus dommageable de toute la politique économique
et   financière   moderne   –   concours   difficile   à   gagner »,   décision   prise   par   le   chancelier   de
l’Echiquier   Winston   Churchill…   Keynes   dans   son  Tract   on   Monetary   Reform  paru   fin   1923
critique également la déflation à cause des anticipations décourageant l'entreprise.
[Asselain p. 102]
Ainsi, la chronologie économique est inversée au RU qui connaît un redressement marqué dans les
années 1930 avec de nouveaux secteurs et de nouveaux marchés.
[France : stabilisation de fait en 1926 et officielle en 1928 par Poincaré (confiance + réduction des
dépenses de l'Etat…) à 1/5ème du franc germinal. Allègement considérable de la dette ≠ GB].
 2­2­4 Les revers de la prospérité des années 1920   : l’exemple de l’agriculture.
•Dés   les   années   1920,   la   crise   agricole   devient   permanente,   le   secteur   étant   marqué   par   la
surproduction aux Etats­Unis, en Australie, en Argentine mais aussi en Europe Centrale avec le
retour des productions européennes sur des marchés approvisionnés par les pays neufs pendant la
guerre.
La baisse des prix est très marquée dés 1925 (sauf peut­être pour le coton) et les stocks augmentent,
dans une sorte de processus de déflation structurelle.
•Aux Etats­Unis, la crise sociale dans le monde agricole est déjà profonde dans les années 1920,
alors que ce secteur emploie encore près du quart de la population active. Les conséquences sont
dépressives :
­il y a moins de débouchés industriels [même si une baisse des prix des produits alimentaires peut
profiter aux salaires réels, l’effet déflationniste l’a emporté].
­l’endettement des agriculteurs est considérable. Les faillites bancaires deviennent récurrentes dans
le Middle West tandis que déjà commence l’exode des Okies fuyant la misère et le dust bowl.
•D’une manière générale, les marchés ont tendance à être offreurs : la demande pas toujours assez
solvable compte tenu notamment de la répartition du revenu national plutôt en faveur des profits (et
les gains de productivité ne sont  pas beaucoup récupérés par les salariés).
Par exemple aux EU, la hausse des revenus du capital est plus forte que celle les salaires, et selon
les données de Kuznets les 5% les plus riches passent de 1/4 à 1/3 du revenu national (mais on peut
objecter que c'est normal en phase d'expansion et les salaires réels restent plus élevés qu'en 1914
grâce à l'immédiat après­guerre où ils ont été fortement revalorisés).
[manuel AC p. 151]
Il n’y a pas de blocage sur une demande insuffisante, mais un recours massif au crédit notamment
pour les biens durables qui se diffusent à l’époque aux Etats­Unis.
CCL :
­les réparations furent aménagées par le plan Dawes de 1924, puis le plan Young de 1928, avant
d’être définitivement abandonnées avec la crise. Finalement, 1/6ème du total prévu a été payé, pour
un montant non négligeable [au total ≈ 1/3 du coût de la reconstruction de la France].
­le   système   monétaire   reste   fragile,   avec   un   fort   endettement   national   et   international.   Plus
généralement, une bonne part de la prospérité est financée à crédit.
2­3 Les aspects de la crise : une amplitude et une durée sans précédent.
 2­3­1 1929­1933   : une crise et une dépression exceptionnelles par leur durée et leur extension.
•Les reculs sont exceptionnellement profonds.
­la crise est profondément déflationniste et les prix chutent : indice 64 pour 100 en 1929, mais 48
pour les prix agricoles malgré une demande peu élastique.
­les PIB baissent : 30% aux EU (mais 60% pour la production industrielle), 15% en Allemagne,
11% en France, le cycle très ample mais moins brutal qu'en 1920.
­les échanges s’effondrent : diminution des deux tiers du commerce mondial.
•Le recul est très long.
La   phase   de   récession   (environ   3   ans   et   demi)   est   exceptionnellement   longue,   la   phase   de
récupération   (c’est   pratiquement   la   guerre   ou   l’après­guerre   qui   marque   le   retour   aux   niveaux
précédents) est sans fin…
•La   crise   a   une   grande   extension  géographique :   tous   les   pays   sont   touchés   (sauf   l’URSS ?),
notamment les colonies ou les pays neufs.
Par exemple les pays exportateurs de matières premières et de produits agricoles connaissent une
très   grave   crise,   comme   l’Argentine   qui   avait   un   niveau   de   vie   comparable   à   celui   des   pays
industrialisés, mais aussi les colonies et plus généralement les PED où vivent les ¾ de la population
mondiale.
Ainsi, l’effondrement des cours de l’arachide (Sénégal), des phosphates (Maghreb) ou des produits
miniers  (Congo  belge)   plonge   une  bonne  partie  des  populations  colonisées  dans  la   misère.   Le
Maroc par exemple est très touché : ¼ de la population est au chômage, le niveau des salaires baisse
de moitié, le service de la dette absorbe une part croissante du budget du protectorat.
2­3­2 Les conséquence sociales.
•Le chômage massif est la manifestation la plus tangible de la crise, qui montre une forte rigidité à
la baisse des salaires nominaux : le marché du travail s’ajuste par les quantités.
Il est comme aujourd’hui difficile d'établir [comme aujourd'hui] des comparaisons internationales et
des statistiques, car le recensement des chômeurs est lié à l'indemnisation.
1932­1933   :   environ   25%   aux   EU   et   33%   en   Allemagne,   contre   3%   en   France   (mais   plus
probablement 10% car on ne compte que le chômage secouru).
•Le chômage est variable suivant les secteurs :
­le chômage industriel est toujours plus fort que le chômage total (40% des ouvriers en Allemagne).
­le chômage est très fort dans les activités déjà déclinantes (en GB en 1932 : 60% des ouvriers de la
construction navale, 16% de ceux des industries électriques).
•L’évolution du revenu national par tête [les mesures se développent aux EU à cette époque] est
très contrastée, entre pays (la GB et le reste) et entre groupes sociaux.
­les conséquences sociales du chômage sont très variables car elles dépendent des secours, très
variables   selon   les   pays   et   les   secteurs,   et   jamais   systématiques.   Dans   tous   les   cas,   les
représentations sociales du chômeur (darwinisme social…) changent profondément.
­ceux   qui   conservent   un   emploi   au   salaire   nominal   rigide   bénéficient   de   la   chute   des   prix   à
condition de conserver leur horaire de travail. Le salaire réel peut parfois augmenter.
­il y a un fort recul du revenu agricole dont la production est très inélastique (gonflement des
stocks, licenciements difficiles dans les entreprises familiales…) et dont les termes de l'échange se
détériorent rapidement (de 1 à 0,66 aux EU entre 1929 et 1933.
Ex aux Etats­Unis la pauvreté est représentée dans des livres (comme Les Raisins de la colère de
Steinbeck, prix Pulitzer en 1940 et prix Nobel en 1962) ou dans La Grosse galette, dernier tome de
la trilogie USA de John Dos Passos (après 1919 et 42ème parallèle) dans lequel il brosse une critique
sévère du capitalisme et du big business américain. Les photographies comme celles financées par
la Farm Security Administration de Dorothea Lange ou Walker Evans offre une bonne vue sur le
sud agricole. En même temps se développement les hoovervilles, bidonvilles à l’américaine.
Farm Security Administration
C'est par sa section photographique dirigée par Roy Stryker de 1935 à 1942 que la FSA marque l'Histoire
: le projet consiste à faire un bilan objectif des conditions de vie et de travail des Américains ruraux. Roy
Striker recrute une douzaine de photographes, parmi lesquels on compte Walker Evans, Dorothea Lange,
Russell Lee…
Mais l'objectivité visée officiellement par ce projet ne peut dissimuler le véritable dessein
gouvernemental : il s'agit en réalité de convaincre l'Amérique de l'utilité des réformes de Roosevelt. Roy
Striker, inspiré par le travail de Lewis Hine, choisit les photographes en fonction de leur engagement
social et politique.
À travers 270 000 documents photographiques, les photographes, chacun à leur façon, dressent un
portrait très humain de l'Amérique en crise. Les portraits de Mère migrante de Dorothea Lange ou de
Fermiers en Alabama de Walker Evans marquent profondément les Américains de l'entre-deux-guerres.
Le responsable de la section, Roy E. Stryker, avait été chargé en 1925 de récolter les nombreuses
illustrations, souvent photographiques, du livre de Tugwell, American Economic Life, mais cette
expérience de rassemblement d'images ne l'aide guère lorsqu'il s'agit de décider desimages à faire ou
des documents à rassembler : rapports, statistiques, cartes, photographies... Cette indécision et cette
relative méconnaissance de la photographie, va permettre dès le départ une prise d'initiative forte des
photographes et Walker Evans, jouissant du statut de "Senior Information Specialist", va dès lors en
tracer les grandes lignes.
En 1935, Walker Evans part en mission et rapporte des photographies s'inscrivant dans la lignée de ses
précédents travaux. Prises à la chambre, d'une impeccable précision, elles s'attachent à l'architecture
vernaculaire, aux intérieurs, aux pancartes et aux affiches autant qu'aux problèmes directement traités
par la FSA.
Son impact dépasse l'influence stylistique individuelle et s'étend désormais à la conception même du
projet de la FSA, s'agissant en particulier de l'élargissement thématique de l'ensemble- du traitement
des seuls problèmes agricoles vers un projet de documentation visant l'ensemble de la société et de la
culture vernaculaire.
Le service est remplacé par l'Office of War Information (OWI) en 1942.

Ex : France entre 1929 et 1935 pour un recul de 12% du revenu national (Sauvy).
­les   salaires   réels   se   maintiennent   (­   4%)   mais   la   baisse   des   salaires   nominaux   lorsque   des
politiques de déflation sont mises en œuvre suscite du mécontentement (ex : décrets Laval de baisse
des salaires des fonctionnaires en France en 1935).
­le revenu réel agricole chute fortement (­ 32%).
­les retraites et pensions réelles augmentent fortement (+ 46%).
La plus grande inégalité devant la crise reste celle entre les chômeurs non secourus et les autres.
2­4 Le déroulement de la crise : les enchaînements.
 2­4­1 Le ralentissement de la conjoncture, le  krach     boursier et la Dépression.
•La spéculation commence quand un prix monte et qu’on pense qu’il va continuer à monter : ce
n’est plus le revenu que permet l’actif qui intéresse, mais son prix lui­même (et son prix de revente
espéré).
Ex : lors du boom immobilier de Floride en 1925, les terrains sont achetés avant même d’être lotis,
en payant 10% comme avance, avec l’espoir de revendre rapidement et d’engranger d’importants
profits grâce à un puissant effet de levier. « Bientôt, la fin arriva ce qu’elle ne manque jamais de
faire »   (Galbraith)   et   tout   s’écroula,   les   terrains   étant   simplement   beaucoup   plus   imposés   car
devenus des terrains habitables…
•Bulle?
Les fondamentaux sont suffisants pour justifier une hausse, même si certains titres sont clairement
surévalués (notamment à partir de 1928) et de toute façon difficiles à estimer.
Le problème vient aussi du financement de la spéculation : beaucoup de crédits bancaires à taux
élevés par rapport au taux de base, et beaucoup de crédit non bancaire. D’une manière générale, la
législation   offre   de   grandes   facilités   au   spéculateur,   notamment   par   des   conditions   très   libres
d’accès au marché.
De plus, les achats à la marge possèdent un fort effet de levier. L’acheteur ne dépose qu’une partie
du montant de son opération (par exemple 20%), ce qui peut permettre un fort taux de rentabilité
(ainsi une hausse de 5% des titres achetés apporte un rendement de 25% du dépôt initial). On peut
ainsi prendre des positions bien au­delà de ce que l’on possède. A l’inverse, une baisse génère un
effet de massue : on perd une proportion de son capital bien plus forte que la baisse du marché).
•L’année 1929 :
­la conjoncture est ralentie depuis l’été 1929 qui marque le pic cyclique (par ex dans l’automobile).
­les anticipations se retournent, et le krach a lieu le mardi 22 oct. puis le black thursday 24 oct : en
décembre  les  cours  ont chuté  de 30  à  35%. Toutefois,  le  krach  est un classique  des  marchés,
récurrent au 19ème siècle, et ne conduit pas forcément à une crise de cette ampleur.
•Les enchaînements :
­enchaînements financiers.
Confrontées à leur propres pertes ou à celles de leurs débiteurs, les banques font face à une crise de
solvabilité   et   de   liquidité   qui   les   conduit   à   restreindre   le   crédit   à   l’économie :   cela   touche
directement les entreprises qui avaient investis leurs profits ou leur fonds de roulement, mais aussi
les agents.
Mais l’alourdissement des dettes réelles et l’augmentation des défaillances de remboursement sont
la cause de successions de faillites bancaires, dans une crise systémique en plusieurs étapes (1930,
1931, 1932) qui conduisent à la disparition de 9.000 banques sur 22.000 aux Etats­Unis. La panique
est particulièrement forte au début de 1933 avant l’investiture de Roosevelt (parmi les mesures
fréquentes, on trouve la fermeture pure et simple des banques d’un Etat pour éviter les retraits).
Cela   vient   notamment   du  système   bancaire  qui  présente  un  fractionnement   inquiétant   (plus   de
20.000 banques locales à l'échelle d'un Etat) qui fonctionne en réseau, chaque banque ayant des
correspondantes dans chaque Etat et étant particulièrement sensible à des défaillances locales et/ou
industrielle (pas de spécialisation, pas de diversification des risques).
Ainsi, les fonctions  d’intermédiation  et de financement de l’économie sont réduites  à néant, la
masse monétaire se contracte faute de création monétaire, la déflation s’installe.
­enchaînement réels.
Il y a d’abord un effet de richesse négatif compte tenu des dépréciations d’actifs, qui impactent les
banques mais aussi les individus, même si l’idée d’une spéculation généralisée relève du mythe (à
peine 5% des Américains possèdent des titres, dont 0,5% en possèdent la plus grande part).
Mais   la   demande   globale   s’effondre   cumulativement :   l’arrêt   de   l’investissement,   la   chute   des
revenus agricoles, le chômage non indemnisé… entraînent une baisse de la demande et donc des
prix (notamment pour les biens durables comme les automobiles)… qui multiplie les faillites et
aggrave le chômage et les anticipations négatives… qui contractent la demande…
C’est   surtout   la   contraction   de   l’investissement   qui   est   saisissante :   en   1933   aux   Etats­Unis,
l’investissement   brut   est   extrêmement   bas   (5%   du   PIB)   mais   inférieur   à   l’amortissement :
l’investissement net est négatif, l’appareil productif n’est même plus renouvelé.
•Ces   mécanismes   cumulatifs   puissamment   dépressifs   sont   finalement   amortis   par   des   facteurs
réels : il n’est pas possible de moins investir, il y a une consommation personnelle incompressible, et
il y a des dépenses publiques.
2­4­2 La crise est mondiale.
Chute   de   la   production   :   de   100   en   1929   à   64   en   1932   dans   le   monde   (avec   un   recul
particulièrement fort en Pologne par exemple).
•Quels sont les mécanismes de transmission?
­les   flux   internationaux   de   capitaux :   la   restriction   des   crédits   à   l'Allemagne   et   à   l'Autriche,
commencée avant le krach (prêts à l'Allemagne déjà diminués de 1928 à 1929), et le retrait des
dépôts étrangers s’accélèrent.
Le point de non retour est la faillite de la Kredit Anstalt en mai 1931 : c’est le pilier du système
financier autrichien avec 70% du bilan de toutes les banques et 60% de l’industrie. La France refuse
son   aide   pour   s’opposer   au   projet   d’union   douanière   avec   l’Allemagne   tandis   que   la   Banque
d’Angleterre assume pour la dernière fois et sans succès un rôle de PDR international. La crise
bancaire éclate alors en Allemagne en juillet 1931.
­les prix mondiaux chutent, avec des variations plus marquées pour les prix de gros et pour les
produits bruts : c’est la déflation des crises classiques.
­la   contraction   des   échanges   internationaux   est   exceptionnelle.   Il   y   a   moins   de   demande
internationale, par exemple pour (mais aussi de la part) des producteurs de produits bruts. Ainsi les
pays s’exportent mutuellement leur crise et leurs baisses de prix.
­mais il y a aussi une dimension endogène aux pays, la plupart atteignant un pic de production dés
1929 (comme l’Allemagne en avril ou la GB en juillet), voire 1928 pour la Pologne.
•Les chronologies sont cependant différenciées :
­la conjoncture est très parallèle aux EU et en Allemagne. La crise est commencée dés 1929, et
s’aggrave en 1931.
­la France est apparemment nettement moins touchée, bien que le ralentissement se fasse sentir dés
1928 dans les branches exportatrices (auto) et plus tardivement dans les branches plus anciennes.
­la reprise est également différenciée : les maxima d’avant la crise sont retrouvés assez vite au
Japon (1933) et en GB (1934, toujours une chronologie à rebours), mais pas avant la guerre en
France ou aux Etats­Unis qui connaissent d’ailleurs une forte récession en 1937.
2­4­3 La crise est aggravée par des politiques procycliques et unilatérales.
Charles KINDELBERGER, La grande crise mondiale 1929-1939, 1973
•L’analyse classique de la crise y voit une sanction "morale" des déséquilibres financiers des années
1920   (déficits   budgétaires,   inflation)   qu’il   faut   purger :   l'Etat   doit   montrer   l'exemple,   redonner
"confiance", soutenir la monnaie, mener donc une politique déflationniste :
­déflation   budgétaire   :   les   dépenses   publiques   nominales   sont   réduites   par   par   Mac   Donald   et
Brüning en 1931, ou par les décrets Laval de juillet 1935 qui diminuent de 10% les salaires des
fonctionnaires (mesure très impopulaire, qui aggrave la spirale de sous­consommation).
Mais les dépenses publiques montent en termes réels et le déficit budgétaire se creuse compte tenu
de la faiblesse des rentrées fiscales : aucun objectif n’est atteint.
­déflation monétaire sévère en termes réels (bien que les taux nominaux baissent en général). C’est
un   élément   décisif,   plus   que   les   politiques   budgétaires   plutôt   factices,   qui   aggrave   la   crise   et
constitue donc une politique procyclique. Le seul objectif logique est la contrainte extérieure.
•Les Etats s’engagent dans une guerre monétaire et commerciale.
La course à la déflation est menée pour permettre de maintenir la compétitivité prix. Mais elle
rapidement transformée en une course à la dévaluation compétitive beaucoup plus efficace pour
regagner des parts de marché à l’étranger.
La   dévaluation   de   la   livre   en   septembre   1931   (décrochement   de   l'or   et   stabilisation   à   ­   40%)
constitue   un   point   tournant.   Elle   a   encore   un   effet   déflationniste   en   faisant   baisser   les   prix
internationaux des produits anglais. D’autres pays suivent (Japon, Etats­Unis en avril 1933 avec
une stabilisation en avril 1934 à ­ 41%).
Le protectionnisme est l’autre refuge : le  tarif Hawley­Smoot de juin 1930 à 52% aux Etats­Unis
déclenche une guerre commerciale (même la Grande­Bretagne historiquement libre­échangiste s’y
met en 1932), jusqu’aux contingentements qui sont un protectionnisme absolu.
La contraction extrêmement sévère des échanges internationaux est donc une conséquence grave
d’erreurs politiques manifestes ­ les mêmes partout – qui aggravent la crise.
•Les interdépendances mondiales ont donc généralisé la crise, mais les tentatives de solutions se
font en ordre dispersé avec l’échec de toutes les concertations comme à la conférence de Londres
en 1933. Kindleberger en fait une analyse en terme de leadership.
Après la première guerre mondiale, malgré les efforts de Wilson (qui perd les élections de 1920),
les Etats­Unis refusent de sortir d’un isolationnisme traditionnel. Les Républicains sont d’ailleurs
élus sur une plate­forme back to normalcy, ignorante des changements irréversibles entraînés par la
guerre.
­les Etats­Unis ne ratifient pas les traités et donc la SDN.
­l'immigration est freinée avec les quotas de 1921 et 1924 (150.000 par an contre 1 million avant
1913 et presque autant en 1919). Plus généralement, il y a une crainte face au basculement dans un
monde nouveau après­guerre que révèle par exemple l’amendement sur la prohibition…]
­les tarifs douaniers sont fortement relevés et montrent selon Kindleberger que « personne n’était
plus responsable de l’économie mondiale ».
Ainsi, « la crise de 1929 a été générale, profonde et durable parce que le système économique
international est devenu plus instable du fait de l’incapacité de l’Angleterre et du refus des Etats­
Unis   d’assumer   la   responsabilité   de   le   stabiliser »,   notamment   concernant   les   changes   et   la
fonction de prêteur en dernier ressort international.
CCL :
­point creux en 1932.
­les mécanismes sont classiques. La dimension endogène (choc de demande, politiques monétaires),
est aggravée par le choc exogène de la diffusion provenant de la diffusion de la crise, par des
mécanismes de transmission liés aux fragilités structurelles internationales.
­fin d’une première mondialisation.

3-La “crise“ contemporaine, une croissance à nouveau fluctuante.


3­1 D’une croissance régulière à la rupture de 1974.
3­1­1 L’atténuation du cycle des affaires pendant les Trente Glorieuses.
•Le trait original de la période est l’atténuation du cycle des affaires qui fait place à un "cycle de
croissance" où ’investissement se maintient à un niveau élevé (souvent 25%, parfois 35% du PIB au
Japon).
Les   fluctuations   prennent   la   forme   d’un   simple   fléchissement   du   rythme   de   la   croissance   ,
contrairement à la révolution industrielle durant laquelle les  booms  pouvaient être aussi intense,
mais entrecoupés de longues récessions. Seuls les Etats­Unis connaissent des à­coups plus marqués,
comme en 1954 et 1958.
Au début des années 1970 avec une croissance encore plus forte que la moyenne des années 1960 :
les anticipations de croissance sont encore inentamées.
•L’année 1974 constitue donc une rupture très nette avec des baisses absolues du PIB en général.
Mais la dépression est beaucoup moins forte qu'en 1929­1932 (généralement 1 à 2% en moins). Le
recul de la production industrielle est plus marqué, comme à chaque crise.
3­1­2 Les mécanismes de la rupture et les facteurs limitatifs.
•La rupture s’opère du côté de l'offre (contrairement aux crises anciennes où la crise de la demande
conduit à des situations de surproduction et de baisses des prix).
­les coûts de production s’élèvent, par le choc pétrolier mais plus généralement l’épuisement des
gains de productivité.
­le conflit pour la répartition s’exacerbe : les revenus nominaux indexés ex ante sur la hausse des
prix (ex : en GB et au Japon, revendications  salariales  dépassant les + 25% par an) accélèrent
encore l’inflation. La situation de stagflation est très différente des crises classiques.
Les profits car les salaires progressent plus vite que les gains de productivité (diminution de l'EBE
des entreprises) et l'investissement se contracte : moins d'autofinancement, chute de la rentabilité
anticipée, chute de la croissance globale (accélérateur), chômage…
•Les mécanismes sont finalement classiques. On peut considérer que l’originalité de la crise tient
plutôt aux facteurs limitatifs de la dépression.
­la   consommation   reste   soutenue   car   les   salaires   réels   se   maintiennent   et   même   progressent
(contrairement aux ajustements libéraux de la crise de 1921 et même de la simple rigidité à la
baisse de la crise des années 1930).
­la   dépense   publique   joue   le   rôle   de   stabilisateur   automatique   par   les   dépenses   sociales   et   les
déficits.
­les taux d'intérêts  nominaux restent toujours  faibles  voire négatifs, jusqu'au tournant brutal de
1982. Il n’y pas d’effondrement cumulatif de l’investissement.
3­2 Le retour du cycle depuis 1974.
3­2­1 Les chocs dans l’économie mondiale.
D’après   Maddison,   quatre   chocs   importants   ont   déstabilisé   l’économie   mondiale   depuis   1973,
entraînant des crises auxquelles le système capitaliste et l’ordre libéral international ont résisté.
•1974 : choc pétrolier et choc monétaire (inflation et dislocation du SMI de Bretten Woods).
•1980­1982 : choc pétrolier et choc monétaire (virage monétariste, envolée du dollar, crise de la
dette des PED). Récession forte aux Etats­Unis par exemple, avec un recul de plus de 2% et un fort
chômage.
•1990­1992 : effondrement du prix des actifs japonais, mais aussi d’autres pays, avec crise bancaire
liée à l’exposition aux marchés immobiliers notamment (par exemple en Suède : les banques sont
nationalisées de fait, les créances douteuses et les dépôts garantis par l’Etat, qui s’est remboursé
plus tard en revendant ces actifs).
•En même temps éclate l’ex­URSS et s’opère la réunification allemande, choc monétaire violent car
la masse monétaire est­allemande (échangée au pair) doit être absorbée, exigeant une politique très
rigoureuse en Allemagne mais aussi en France pour cause de convergence en vue de l’euro.
=> retour du cycle court, avec variable déterminante de l'investissement.
•2007­2009 : crise des subprimes…
3­2­2 L’exemple du Japon dans les années 1990.
•Sur le plan économique, la croissance est restée plus forte au Japon qu’ailleurs dans les années
1970 et 1980  (de l’ordre de presque 4% par an), grâce notamment à des innovations de produits
(électronique grand public…) et d’organisation (firme J). Mais ces innovations se sont diffusées et
les autres pays occidentaux ont effectué un rattrapage sur ce plan.
Dans les années 1990, la croissance (à peine supérieur à 1% par an jusqu’au début du 21 ème siècle) a
été moins forte qu’aux Etats­Unis et même qu’en Europe. C’est particulièrement net entre 1997 et
2000, avec une forte récession en 1998.
•La crise est notamment financière : les années 1980 se sont traduites par un surinvestissement
générateur de bulles spéculatives (boursière et immobilière notamment, à des niveaux ahurissants).
Cette surcapacité de financement est liée au taux d’épargne très important au Japon, ainsi qu'à une
analyse souvent insuffisante du risque par les banques. Cette situation est aggravée par le yen fort et
des taux d’intérêt plus élevés qu’ailleurs, ce qui a attiré les capitaux.
Le resserrement de la politique monétaire au début en 1989­1990 marque le début du retournement.
Les   conditions   du   crédit   se   durcissent,   tandis   que   beaucoup   de   prêts   sont   gagés   sur   les   actifs
immobiliers (particularité japonaise), qui eux­mêmes voient leur prix s’effondrer, rendant encore
plus difficile la récupération des créances comme l’accès à de nouveaux crédits. Il y a un véritable
credit crunch en 1998.
=> ces composantes de la crise sont interdépendantes, et s'autoentretiennent. On a comme souvent
un cercle vicieux.
•Le dégonflement de la bulle a plombé le système bancaire japonais, et les créances douteuses sont
colossales. Mais les caractéristiques structurelles de l’économie japonaise pèsent :
­les banques entretiennent des liens très étroits avec les entreprises à qui elles ont beaucoup prêté et
qu’elles   continuent   à   soutenir,   sans   mise   en   faillite   (participations   croisées   entre   créditeurs   et
débiteurs). Elles ne récupèrent pas leurs créances, mais ne prêtent plus tellement.
­les politiques de relance sans précédents (déficit budgétaire à 6­8% du PIB, taux d’intérêt proches
de 0%) ne suffisent plus. C'est une situation de “trappe  à liquidité“ : les taux tellement bas ne
suffisent pas et du coup, plus aucune marge de manœuvre n'existe. Les anticipations s'en trouve
encore affectées.
En fait, c'est une situation de déflation : ne rien faire (acheter, investir) reste la meilleure solution
dans un contexte d'anticipations négatives, tandis que les créances s'alourdissent et que les profits
baissent. La déflation apparaît ainsi comme un processus long et insidieux : elle s'enclenche dés le
début des années 1990 même si les prix ne baissent effectivement qu'en 1999­2002.
­mais il y a aussi un problème de volonté politique, lié à la proximité ­collusion?­ entre gouvernants
et hauts dirigeants d’entreprises. Déjà il y avait une opacité et des  difficultés à faire appliquer les
règles prudentielles. Ensuite, les gouvernements  hésitent à forcer les banques à apurer leur bilan au
prix de faillites, et cet assainissement avance lentement, dans un bras de fer politique entre le PLD
et la BCJ, et de lutte contre les yakusas…
Néanmoins, le secteur bancaire est progressivement réorganisé (par des fusions notamment) et est
de fait presque nationalisé.
=> il y a donc de grandes difficultés politiques à assainir le système.
 

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