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12 Différents types de crises.
121 L’impact de l’agriculture dans des économies en phase d’industrialisation.
122 Les conséquences des crises industrielles.
13 Des liens entre court terme et long terme : crises et longue dépression entre 1873 et 1896.
22 « Les conséquences économiques de la paix » : un système financier perturbé.
John M. KEYNES, Les conséquences économiques de la paix, 1919
221 Les problèmes en suspens.
222 La stabilisation des monnaies : l’hyperinflation allemande.
223 Stabiliser les monnaies? L'entêtement et la crise britannique.
224 Les revers de la prospérité des années 1920 : l’exemple de l’agriculture.
23 Les aspects de la crise : une amplitude et une durée sans précédent.
231 19291933 : une crise et une dépression exceptionnelles par leur durée et leur extension.
232 Les conséquence sociales.
24 Le déroulement de la crise : les enchaînements.
241 Le ralentissement de la conjoncture, le krach boursier et la Dépression.
242 La crise est mondiale.
243 La crise est aggravée par des politiques procycliques et unilatérales.
Charles KINDELBERGER, La grande crise mondiale 19291939, 1973
32 Le retour du cycle depuis 1974.
321 Les chocs dans l’économie mondiale.
322 L’exemple du Japon dans les années 1990.
Chapitre 11
Cycles et crises économiques depuis la Révolution industrielle :
une histoire des fluctuations de la croissance.
•Les crises sont intrinsèques au système capitaliste depuis son apparition, et la réflexion sur ce sujet
est particulièrement nourrie en période de difficultés.
•Définitions.
Fluctuations : terme général utilisé lorsque le taux de variation d'une variable n'est pas constant
(quantité réelle ou prix) > pas de régularité a priori dans les variations.
Crise : recul relatif ou absolu d'une variable, de nature très variée, avec des effets complexes.
Cycle : unité de base des rythmes économiques, avec un regard porté sur les régularités. L’étude du
cycle permet de dépasser la simple perception des crises pour expliquer les mécanismes
fondamentaux des irrégularités économiques.
Ex : France entre 1929 et 1935 pour un recul de 12% du revenu national (Sauvy).
les salaires réels se maintiennent ( 4%) mais la baisse des salaires nominaux lorsque des
politiques de déflation sont mises en œuvre suscite du mécontentement (ex : décrets Laval de baisse
des salaires des fonctionnaires en France en 1935).
le revenu réel agricole chute fortement ( 32%).
les retraites et pensions réelles augmentent fortement (+ 46%).
La plus grande inégalité devant la crise reste celle entre les chômeurs non secourus et les autres.
24 Le déroulement de la crise : les enchaînements.
241 Le ralentissement de la conjoncture, le krach boursier et la Dépression.
•La spéculation commence quand un prix monte et qu’on pense qu’il va continuer à monter : ce
n’est plus le revenu que permet l’actif qui intéresse, mais son prix luimême (et son prix de revente
espéré).
Ex : lors du boom immobilier de Floride en 1925, les terrains sont achetés avant même d’être lotis,
en payant 10% comme avance, avec l’espoir de revendre rapidement et d’engranger d’importants
profits grâce à un puissant effet de levier. « Bientôt, la fin arriva ce qu’elle ne manque jamais de
faire » (Galbraith) et tout s’écroula, les terrains étant simplement beaucoup plus imposés car
devenus des terrains habitables…
•Bulle?
Les fondamentaux sont suffisants pour justifier une hausse, même si certains titres sont clairement
surévalués (notamment à partir de 1928) et de toute façon difficiles à estimer.
Le problème vient aussi du financement de la spéculation : beaucoup de crédits bancaires à taux
élevés par rapport au taux de base, et beaucoup de crédit non bancaire. D’une manière générale, la
législation offre de grandes facilités au spéculateur, notamment par des conditions très libres
d’accès au marché.
De plus, les achats à la marge possèdent un fort effet de levier. L’acheteur ne dépose qu’une partie
du montant de son opération (par exemple 20%), ce qui peut permettre un fort taux de rentabilité
(ainsi une hausse de 5% des titres achetés apporte un rendement de 25% du dépôt initial). On peut
ainsi prendre des positions bien audelà de ce que l’on possède. A l’inverse, une baisse génère un
effet de massue : on perd une proportion de son capital bien plus forte que la baisse du marché).
•L’année 1929 :
la conjoncture est ralentie depuis l’été 1929 qui marque le pic cyclique (par ex dans l’automobile).
les anticipations se retournent, et le krach a lieu le mardi 22 oct. puis le black thursday 24 oct : en
décembre les cours ont chuté de 30 à 35%. Toutefois, le krach est un classique des marchés,
récurrent au 19ème siècle, et ne conduit pas forcément à une crise de cette ampleur.
•Les enchaînements :
enchaînements financiers.
Confrontées à leur propres pertes ou à celles de leurs débiteurs, les banques font face à une crise de
solvabilité et de liquidité qui les conduit à restreindre le crédit à l’économie : cela touche
directement les entreprises qui avaient investis leurs profits ou leur fonds de roulement, mais aussi
les agents.
Mais l’alourdissement des dettes réelles et l’augmentation des défaillances de remboursement sont
la cause de successions de faillites bancaires, dans une crise systémique en plusieurs étapes (1930,
1931, 1932) qui conduisent à la disparition de 9.000 banques sur 22.000 aux EtatsUnis. La panique
est particulièrement forte au début de 1933 avant l’investiture de Roosevelt (parmi les mesures
fréquentes, on trouve la fermeture pure et simple des banques d’un Etat pour éviter les retraits).
Cela vient notamment du système bancaire qui présente un fractionnement inquiétant (plus de
20.000 banques locales à l'échelle d'un Etat) qui fonctionne en réseau, chaque banque ayant des
correspondantes dans chaque Etat et étant particulièrement sensible à des défaillances locales et/ou
industrielle (pas de spécialisation, pas de diversification des risques).
Ainsi, les fonctions d’intermédiation et de financement de l’économie sont réduites à néant, la
masse monétaire se contracte faute de création monétaire, la déflation s’installe.
enchaînement réels.
Il y a d’abord un effet de richesse négatif compte tenu des dépréciations d’actifs, qui impactent les
banques mais aussi les individus, même si l’idée d’une spéculation généralisée relève du mythe (à
peine 5% des Américains possèdent des titres, dont 0,5% en possèdent la plus grande part).
Mais la demande globale s’effondre cumulativement : l’arrêt de l’investissement, la chute des
revenus agricoles, le chômage non indemnisé… entraînent une baisse de la demande et donc des
prix (notamment pour les biens durables comme les automobiles)… qui multiplie les faillites et
aggrave le chômage et les anticipations négatives… qui contractent la demande…
C’est surtout la contraction de l’investissement qui est saisissante : en 1933 aux EtatsUnis,
l’investissement brut est extrêmement bas (5% du PIB) mais inférieur à l’amortissement :
l’investissement net est négatif, l’appareil productif n’est même plus renouvelé.
•Ces mécanismes cumulatifs puissamment dépressifs sont finalement amortis par des facteurs
réels : il n’est pas possible de moins investir, il y a une consommation personnelle incompressible, et
il y a des dépenses publiques.
242 La crise est mondiale.
Chute de la production : de 100 en 1929 à 64 en 1932 dans le monde (avec un recul
particulièrement fort en Pologne par exemple).
•Quels sont les mécanismes de transmission?
les flux internationaux de capitaux : la restriction des crédits à l'Allemagne et à l'Autriche,
commencée avant le krach (prêts à l'Allemagne déjà diminués de 1928 à 1929), et le retrait des
dépôts étrangers s’accélèrent.
Le point de non retour est la faillite de la Kredit Anstalt en mai 1931 : c’est le pilier du système
financier autrichien avec 70% du bilan de toutes les banques et 60% de l’industrie. La France refuse
son aide pour s’opposer au projet d’union douanière avec l’Allemagne tandis que la Banque
d’Angleterre assume pour la dernière fois et sans succès un rôle de PDR international. La crise
bancaire éclate alors en Allemagne en juillet 1931.
les prix mondiaux chutent, avec des variations plus marquées pour les prix de gros et pour les
produits bruts : c’est la déflation des crises classiques.
la contraction des échanges internationaux est exceptionnelle. Il y a moins de demande
internationale, par exemple pour (mais aussi de la part) des producteurs de produits bruts. Ainsi les
pays s’exportent mutuellement leur crise et leurs baisses de prix.
mais il y a aussi une dimension endogène aux pays, la plupart atteignant un pic de production dés
1929 (comme l’Allemagne en avril ou la GB en juillet), voire 1928 pour la Pologne.
•Les chronologies sont cependant différenciées :
la conjoncture est très parallèle aux EU et en Allemagne. La crise est commencée dés 1929, et
s’aggrave en 1931.
la France est apparemment nettement moins touchée, bien que le ralentissement se fasse sentir dés
1928 dans les branches exportatrices (auto) et plus tardivement dans les branches plus anciennes.
la reprise est également différenciée : les maxima d’avant la crise sont retrouvés assez vite au
Japon (1933) et en GB (1934, toujours une chronologie à rebours), mais pas avant la guerre en
France ou aux EtatsUnis qui connaissent d’ailleurs une forte récession en 1937.
243 La crise est aggravée par des politiques procycliques et unilatérales.
Charles KINDELBERGER, La grande crise mondiale 1929-1939, 1973
•L’analyse classique de la crise y voit une sanction "morale" des déséquilibres financiers des années
1920 (déficits budgétaires, inflation) qu’il faut purger : l'Etat doit montrer l'exemple, redonner
"confiance", soutenir la monnaie, mener donc une politique déflationniste :
déflation budgétaire : les dépenses publiques nominales sont réduites par par Mac Donald et
Brüning en 1931, ou par les décrets Laval de juillet 1935 qui diminuent de 10% les salaires des
fonctionnaires (mesure très impopulaire, qui aggrave la spirale de sousconsommation).
Mais les dépenses publiques montent en termes réels et le déficit budgétaire se creuse compte tenu
de la faiblesse des rentrées fiscales : aucun objectif n’est atteint.
déflation monétaire sévère en termes réels (bien que les taux nominaux baissent en général). C’est
un élément décisif, plus que les politiques budgétaires plutôt factices, qui aggrave la crise et
constitue donc une politique procyclique. Le seul objectif logique est la contrainte extérieure.
•Les Etats s’engagent dans une guerre monétaire et commerciale.
La course à la déflation est menée pour permettre de maintenir la compétitivité prix. Mais elle
rapidement transformée en une course à la dévaluation compétitive beaucoup plus efficace pour
regagner des parts de marché à l’étranger.
La dévaluation de la livre en septembre 1931 (décrochement de l'or et stabilisation à 40%)
constitue un point tournant. Elle a encore un effet déflationniste en faisant baisser les prix
internationaux des produits anglais. D’autres pays suivent (Japon, EtatsUnis en avril 1933 avec
une stabilisation en avril 1934 à 41%).
Le protectionnisme est l’autre refuge : le tarif HawleySmoot de juin 1930 à 52% aux EtatsUnis
déclenche une guerre commerciale (même la GrandeBretagne historiquement libreéchangiste s’y
met en 1932), jusqu’aux contingentements qui sont un protectionnisme absolu.
La contraction extrêmement sévère des échanges internationaux est donc une conséquence grave
d’erreurs politiques manifestes les mêmes partout – qui aggravent la crise.
•Les interdépendances mondiales ont donc généralisé la crise, mais les tentatives de solutions se
font en ordre dispersé avec l’échec de toutes les concertations comme à la conférence de Londres
en 1933. Kindleberger en fait une analyse en terme de leadership.
Après la première guerre mondiale, malgré les efforts de Wilson (qui perd les élections de 1920),
les EtatsUnis refusent de sortir d’un isolationnisme traditionnel. Les Républicains sont d’ailleurs
élus sur une plateforme back to normalcy, ignorante des changements irréversibles entraînés par la
guerre.
les EtatsUnis ne ratifient pas les traités et donc la SDN.
l'immigration est freinée avec les quotas de 1921 et 1924 (150.000 par an contre 1 million avant
1913 et presque autant en 1919). Plus généralement, il y a une crainte face au basculement dans un
monde nouveau aprèsguerre que révèle par exemple l’amendement sur la prohibition…]
les tarifs douaniers sont fortement relevés et montrent selon Kindleberger que « personne n’était
plus responsable de l’économie mondiale ».
Ainsi, « la crise de 1929 a été générale, profonde et durable parce que le système économique
international est devenu plus instable du fait de l’incapacité de l’Angleterre et du refus des Etats
Unis d’assumer la responsabilité de le stabiliser », notamment concernant les changes et la
fonction de prêteur en dernier ressort international.
CCL :
point creux en 1932.
les mécanismes sont classiques. La dimension endogène (choc de demande, politiques monétaires),
est aggravée par le choc exogène de la diffusion provenant de la diffusion de la crise, par des
mécanismes de transmission liés aux fragilités structurelles internationales.
fin d’une première mondialisation.