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MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ?

Jacques Sédat

ERES | « Figures de la psychanalyse »

2014/2 n° 28 | pages 167 à 179


ISSN 1623-3883
ISBN 9782749241982
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2014-2-page-167.htm
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Margaret Little :
une non-personne ?
Jacques Sédat

Margaret Little (1901-1994) est très peu ou très mal connue en France. Et
pourtant la simple relecture des divers textes qu’elle a regroupés en 1992 dans
Des états-limites 1, témoigne du large travail qu’elle a accompli et confirme sa
place importante au sein de la mouvance winnicottienne et anglo-saxonne. Elle
a eu un parcours étonnant, voire déroutant pour nous autres, psychanalystes
français. Sa pratique avec les borderline et les psychotiques, son analyse avec
Winnicott qui lui a permis de vivre une régression phénoménologiquement
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psychotique, sa propre pratique de la régression dans l’analyse, et enfin sa filia-
tion à Ferenczi, via Winnicott, ce sont autant d’éléments qui justifient de s’inté-
resser à ce qu’elle a apporté, notamment le rôle du contre-transfert, l’importance
de la régression dans la cure avec des patients psychotiques, et ce qu’elle appelle
« l’unité de base » qui concerne le pré-infantile.

Au-delà des apports spécifiques de Margaret Little, retracer son parcours


offre l’occasion de rappeler comment Winnicott et tout le courant anglo-saxon
ont su exploiter certaines intuitions que Freud avait laissées à l’état d’ébauche.
Cela permet d’explorer d’autres voies, avec des recherches différentes, dont l’in-
ventivité ne peut qu’enrichir notre champ de réflexion et notre pratique clinique.

Sans doute n’est-il pas inutile au préalable de préciser ce qui distingue la


démarche freudienne de la démarche des anglo-saxons, sur les traces de Ferenczi.
Les recherches et les découvertes de Freud concernent essentiellement le champ
de la névrose, alors que Winnicott ou Margaret Little travaillent avec des border-
line, des cas limites qui relèvent du domaine de la psychose, même si, au fond, ce

Jacques Sédat, psychanalyste.


Je renvoie à l’ouvrage de J.-P. Lehmann, Marion Milner et Margaret Little, Toulouse,
érès, 2012.

1. M. Little, Des états-limites, Paris, Éd. Des femmes, 1992.


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terme est insatisfaisant au plan clinique et métapsychologique. La psychose n’est


pas un champ homogène. Il n’y a en effet rien de commun entre la schizophré-
nie, la paranoïa et la mélancolie.

Au-delà de Freud, la psychanalyse s’est orientée essentiellement vers un prolon-


gement d’un dispositif classique : celui de l’analyse non pas du transfert mais dans
le transfert – c’est ainsi que Freud en parle. Le transfert n’est pas essentiellement
suscité par la personnalité de l’analyste – et nous verrons que Margaret Little
s’offre justement à l’analysant – mais par la situation analytique elle-même.

Par rapport aux perspectives freudiennes, deux courants psychanalytiques


vont s’ouvrir. L’un sera centré sur le transfert et sur les conflits intrapsychiques du
sujet, conflits qui se situent essentiellement entre l’élaboration du moi et les
multiples modalités du surmoi, en tant que représentants du monde extérieur.
L’autre courant est centré sur le développement et les arrêts du développement,
autrement dit le rapport avec le maternel et l’environnement.

Cela renvoie à deux conceptions totalement différentes du transfert : le trans-


fert comme déplacement de représentations qui ont inscrit son histoire dans le
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sujet, dans le traitement de la névrose, tel que Freud l’inaugure, en particulier
dans son travail avec les hystériques. D’autre part, le transfert comme déplace-
ment d’objet, dans le traitement des psychotiques. Le psychotique ne peut en
aucun cas se situer dans le déplacement de représentations liées à son histoire
personnelle, dans la mesure où il n’a pas de représentation stable de lui-même ni
des autres, à la différence du névrosé. Il met toujours en jeu son corps morcelé et
son sentiment de non-être, n’ayant ni éprouvé ni ressenti. Dans le déplacement
d’objet, le patient met en jeu son corps morcelé et il ne peut le faire que par des
cris, des phénomènes d’angoisse massive, des sentiments de non-être, d’annihi-
lation face à son vécu ou face à la menace du vécu de l’autre.

C’est ce champ ouvert par Ferenczi que Winnicott et Margaret Little ont
prolongé et enrichi, chacun à sa façon, dans leur travail avec les psychotiques.

Margaret Little : une « non-personne »

Margaret Little est née en 1901, la même année que Lacan. Médecin généra-
liste à l’origine, elle a décidé de faire une analyse pour l’aider à comprendre
certains de ses patients, ce qui l’a amenée à la décision de devenir elle-même
analyste. Elle a entrepris une analyse avec le Docteur X., puis avec Ella Sharpe,
avant de rencontrer Winnicott.
MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ? 169

C’est d’abord sur elle-même que Margaret Little a fait l’expérience souvent
douloureuse de la structure psychotique. Et l’on peut dire que sa théorie du
contre-transfert est née de sa confrontation avec ses analystes successifs. Elle
rend compte de ce parcours dans « Témoignage : une analyse avec Winnicott 2 ».

De 1936 à 1938, elle fit sa première analyse avec le « Docteur X. » Ce jungien


tentait d’apaiser ses angoisses en lui massant le ventre, comme si elle avait un
corps, alors que, précisément, son problème était de vivre dans un corps morcelé
et de se percevoir comme une « non-personne ». Il lui prodiguait des conseils et
des encouragements : « Vous avez toujours l’air de penser aux autres et de vous
excuser d’exister, comme si vous n’aviez pas le droit d’exister ». Margaret Little
raconte ensuite : « À la dernière séance avant l’interruption de Noël, le Dr X. me
présenta ses vœux, mais ajouta : “Pour l’amour du Ciel, soyez vous-même.” Je
répondis : “Je ne sais comment être moi-même, je ne sais pas ce qu’est moi-
même 3”. » Or, dans l’état d’annihilation où Margaret Little était arrivée chez cet
analyste, elle vivait comme une agression insupportable de telles injonctions à
exister. « Soyez vous-même » ne voulait rien dire pour elle, puisqu’elle se sentait
complètement morcelée, une « non-personne ».
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Cette expérience témoigne d’une forme de contre-transfert de la part de
l’analyste qui se protège contre le morcellement de sa patiente et manifeste une
surdité défensive face à l’état dans lequel se trouve M. Little.

Devant l’échec de cette analyse, elle décida de s’adresser à une analyste très
connue, Ella Sharpe, avec qui elle resta en analyse de 1940 à 1947. Or, parce
qu’elle se situait toujours au niveau de l’infantile et de l’Œdipe, Ella Sharpe se
montra, elle aussi, incapable de repérer que M. Little vivait dans un corps
morcelé, qu’elle ne parvenait pas à rassembler, c’est-à-dire en deçà de l’Œdipe et
de la sexualité infantile.

Margaret Little apporte une réflexion très riche, dans son témoignage auto-
biographique, sur l’impossibilité dans laquelle se trouva Ella Sharpe d’assumer un
contre-transfert qui serait interactif et ce besoin de régression qu’elle refusait à
M. Little. Et, avec une grande lucidité, cette dernière repère qu’Ella Sharpe a fait

2. M. Little, « Témoignage : une analyse avec Winnicott », Nouvelle Revue de Psycha-


nalyse, n° 33, printemps 1986, p. 281-310. Ce texte a été repris dans le recueil de textes
Des états-limites, op. cit.
3. Ibid. NRP, n° 33, p. 284.
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en quelque sorte un contre-transfert défensif, théorico-œdipien pourrait-on dire,


qui méconnaissait l’incapacité de sa patiente à se trouver au niveau de la sexualité
infantile, et même en deçà de la sexualité infantile, puisque Margaret vivait son
corps comme morcelé et se percevait comme « une non-personne ». Et il est inté-
ressant de voir l’obstination de Margaret Little à faire entendre, avec beaucoup de
pertinence, qu’elle est une non-personne et se trouve dans un état « d’annihilation
subjective ».

Six semaines après le début de son analyse avec Ella Sharpe, d’un commun
accord, elles décident d’en faire une analyse didactique. Une analyse didactique
ne pouvait que mettre en suspens le travail sur sa propre histoire. Nouvelle
défense d’un analyste contre son patient. Et en 1945, Margaret Little, qui est
toujours une non-personne, est admise à la Société britannique de psychanalyse.
Mais la mort soudaine d’Ella Sharpe, en 1947, conduit Margaret Little à faire tout
ce qu’elle peut pour obtenir de Winnicott qu’il la prenne comme patiente, et elle
fera une analyse avec lui jusqu’en 1955.

C’est Winnicott qui acceptera de se situer au niveau de l’environnemental,


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non seulement préœdipien, mais pré-infantile, dans une relation où il y a un seul
appareil psychique pour deux corps. Les séances durent souvent une heure
trente, parce que Winnicott a compris qu’il fallait ménager un temps assez long
à sa patiente pour qu’elle se sente apaisée, en sécurité, avant d’entrer vraiment
dans la dynamique de la cure. Il lui permet enfin de vivre une régression phéno-
ménologiquement psychotique, et c’est grâce à cette expérience vécue durant
son analyse avec Winnicott que Margaret Little pourra travailler avec des psycho-
tiques, des borderline, en intégrant la nécessité de la régression dans le proces-
sus de la cure. Nous ne sommes plus ici dans la fétichisation d’un savoir
psychanalytique qui vient s’interposer comme tiers entre l’analyste et le sujet,
mais dans un travail où ce qui est pris en compte, c’est l’histoire du sujet.

Il faut préciser au passage que le terme « contre-transfert » ne veut en fait


rien dire, si on se situe dans un esperanto psychanalytique où les concepts ne sont
pas historicisés. C’est généralement ce qui sert à désigner les défenses de l’ana-
lyste contre la situation du patient. Mais, dans la position de Winnicott, le contre-
transfert peut également être la capacité interactive de travailler avec le patient.
Et c’est dans cette perspective que Margaret Little utilisera ce terme dans son
travail avec ses patients.
MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ? 171

Ferenczi et la régression

Parmi les apports importants de Margaret Little, elle affirme la nécessité de la


régression pour des patients qui n’en sont même pas au niveau de la sexualité
infantile. L’analyse de la psychose de transfert ne peut se faire que dans la régres-
sion à une dépendance vitale.

Le premier à avoir introduit le rôle de la régression dans la cure est Ferenczi.


Mais tout en se situant dans cette filiation, Margaret Little et Winnicott ouvriront
leur propre voie. Ferenczi, qui fut le premier analyste de Melanie Klein, aborde
la question des éprouvés et des ressentis du nouveau-né, au niveau de son corps,
et pas seulement au niveau de ses constructions fantasmatiques, comme le fera
ensuite Melanie Klein.

En 1909, Ferenczi écrit « Transfert et introjection », un texte prémonitoire,


considéré comme l’un des grands textes de la littérature psychanalytique, alors
même qu’il n’a pas encore commencé son analyse avec Freud. Il y évoque l’exis-
tence d’une période phénoménologiquement psychotique pour le nouveau-né et
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le jeune enfant, une période d’indifférenciation qui n’est pas sans faire penser à
l’expérience que vit Margaret Little avec des borderline, et qui pourrait corres-
pondre à un registre schizophrénique.

Dans le « Journal clinique » qu’il écrit en 1932, un an avant sa mort, Ferenczi


signale que l’analyste doit permettre la régression du patient, régression qui
n’est plus une défense contre l’analyse, mais grâce à laquelle le patient peut
retrouver et revivre des expériences traumatiques, ou même rendre possible le
fait de nommer virtuellement ce qui n’a pas pu être vécu, absent qu’il était à sa
propre histoire. Cette régression n’est pas induite par l’analyste, mais par le
patient lui-même. Elle se manifeste par son silence, son agressivité, sa destructi-
vité contre les liens et les relations. Puisqu’il ne différencie pas le perçu objectif
du vécu subjectif, n’ayant ni éprouvé ni ressenti, le patient, tel un ballon-sonde,
doit pouvoir repérer ce que l’analyste peut éprouver. Dans l’analyse mutuelle,
l’analyste doit pouvoir formuler ce qu’il éprouve face aux éprouvés du patient.

Pour Ferenczi qui ouvre la psychanalyse à d’autres perspectives que celles


engagées par Freud et qui seront suivies par Melanie Klein, Margaret Little et
Winnicott, l’analyste doit pouvoir s’adresser à l’enfant caché dans l’adulte 4. En

4. S. Ferenczi, « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » (1933), Psychana-


lyse IV, Paris, Payot, 1982.
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même temps il relève de sa responsabilité de pouvoir lui dire : je te garantis ton


identité, je suis dépositaire de cette histoire que nous allons construire ensemble
par rapport à celle qui n’a pas eu lieu, qui n’a pas pu avoir lieu. Nous verrons
qu’une des critiques que fera Piera Aulagnier sur la pratique de Margaret Little,
c’est qu’elle dise engager sa responsabilité, ce qui, dans sa perspective freudo-
lacanienne, reviendrait à sortir de la neutralité de l’analyste et du transfert.

« L’unité de base »

Un des apports importants de Margaret Little est l’introduction d’un concept


central dans sa démarche : l’unité de base (one body Relationship 5). L’unité de
base est un « état primaire d’indifférenciation totale », une relation à un corps,
alors que la symbiose serait la relation à deux corps. Cette notion rejoint en
quelque sorte l’intuition freudienne de la « pulsion de genre » (Geschlechstrieb)
qu’il aborde dans les Trois essais, en la différenciant de la « pulsion sexuelle »
(Sexualtrieb) : « Il est probable que la pulsion de genre est d’abord indépendante
de son objet et que ce ne sont pas davantage les attraits de ce dernier qui déter-
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minent son apparition 6. » Freud a ici l’intuition qu’il existe une unité psychique,
une identité d’être, antérieure à la pulsion sexuelle.

Pour Margaret Little, « l’unité de base » précède l’infantile, et là où l’unité de


base n’a pu être établie dans la prime enfance ou au cours de l’analyse, l’angoisse
d’annihilation persiste et empêche l’individu de trouver son « centre tranquille »
(still center). Certains patients sont dans un état où ils sont incapables de consi-
dérer la survie comme allant de soi, avec des souvenirs inconscients de vécus qu’il
faut considérer comme une expérience d’annihilation, souvent à cause d’une
menace qu’ils ont réellement vécue dans leur petite enfance : maladie de la mère
ou du nourrisson, hostilité de l’environnement. Ils fournissent des efforts déses-
pérés pour guérir, en établissant une identité totale avec l’analyste, dans un état
d’indifférenciation par rapport à lui.

Ce n’est que dans la régression que l’unité de base peut être recherchée et
retrouvée. L’unité de base sera donc une restauration psychique en tant qu’unité

5. Cf. chapitre 6, « Sur l’unité de base », dans Des états-limites, op. cit.
6. S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, 1987, p. 54.
Cf. J. Sédat, « Pulsion d’emprise. Introduction à la perversion freudienne », Che Vuoi ?,
n° 32, 2009.
MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ? 173

thérapeutique qui peut atteindre le « centre tranquille » de l’individu. C’est cette


relation environnementale avec la mère qui va organiser silencieusement le corps
et va préparer le two-body Psychology.
Margaret Little observe en outre que, quand il n’y a pas de travail analytique
pour des patients chez qui l’unité de base n’est pas encore établie et pour qui
l’angoisse d’annihilation persiste, ces patients rechercheront l’unité de base et
l’éviteront tout à la fois en recourant à des idéologies, des religions organisées,
des sociétés secrètes, etc. Renvoyant sur ce point au texte de Freud, « La psycho-
logie des foules », elle pointe ici ces tentatives de faire un avec l’autre qui devien-
drait garant de notre identité. Ce que l’on retrouve dans bien des formes
d’idéologies contemporaines où l’on fait l’économie de sa subjectivité dans un
groupe, une théorie, un idéal.
Ce que Margaret Little appelle « unité de base » pourrait également être dési-
gné comme la mère environnementale, ce qui correspond à ce que Freud appelle
le narcissisme primaire, dans son texte « Pour introduire le narcissisme ». Il s’agit
là de reconnaître une enveloppe qui sépare l’intérieur de l’extérieur, sans que
pour autant tout l’extérieur puisse être identifié et reconnaissable par l’intérieur.
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Et, dans la perspective freudienne, le narcissisme secondaire ne peut intervenir
qu’après l’auto-érotisme, en tant que l’auto-érotisme est la capacité à recon-
naître son propre corps comme unité signifiante.
On peut faire un rapprochement entre l’unité de base chez Margaret Little et
le narcissisme primaire chez Freud. C’est exactement ce que dit Winnicott lui
aussi, et sa conception correspond tout à fait à l’unité de base de Margaret Little.
Winnicott décrit l’indifférenciation comme une situation où le bébé n’existe pas
encore en tant qu’entité. Ce que nous voyons de l’extérieur, c’est un bébé et une
mère, alors que le bébé se vit indifférencié de sa mère.
Ce que Ferenczi décrit comme des objets subjectifs est une question qui a
constamment préoccupé Winnicott. L’apparition du temps où l’infans va pouvoir
mettre à côté de l’objet subjectif l’objet de partage, c’est le moment où il fait la
distinction entre me et not-me. Winnicott a simplement ajouté l’objet transi-
tionnel pour faire le passage entre les deux temps, tout en soulignant l’impor-
tance fondamentale de l’objet subjectif. Winnicott a insisté sur le fait qu’au fond,
la richesse de notre vie intérieure est toujours liée à nos objets subjectifs, comme
si c’était la chose la plus importante.

Lorsque l’unité de base peut être établie ou rétablie, il faut qu’une différencia-
tion apparaisse. Pour Margaret Little, comme pour Ferenczi, cette différenciation
ne peut se produire qu’à travers un événement corporel : une agitation sur le divan
174 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 28 •

ou dans le face à face, des cris, des pleurs, et même une transe. C’est à ce
moment-là que le corps du patient peut entrer en contact avec l’analyste. Ces
événements corporels renvoient nécessairement à des souvenirs corporels qui n’ont
pas été représentables et, de ce fait, n’ont pas été introjectés. Ils ne sont donc pas
reconnaissables par la psyché. À partir de ces éprouvés, de ces sensations et de ces
émotions, tout le travail consiste à parvenir à différencier son corps du corps de
l’analyste, par des sensations propres au patient. Dans sa terminologie personnelle,
M. Little présente le nourrisson comme un « Moi-corps ».

L’apport essentiel de M. Little est d’avoir mis au point cette unité de base et
de se rendre compte que le travail avec les borderline doit permettre la régres-
sion jusqu’à ce que ce pré-infantile puisse s’inscrire.

Une autre dimension importante dans l’approche de M. Little est la distinc-


tion entre unité de base et symbiose. Différenciation qu’on ne peut penser dans
le cadre de la théorie freudienne. Pour M. Little, la symbiose représente une
redoutable unité avec la mère phallique ou des substituts de la mère phallique,
dans lesquels se dissolvent le corps de l’autre et la psyché de l’autre, et dont on
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ne peut se séparer.

Enfin, M. Little montre la nécessité, du côté de l’analyste, de travailler avec la


part psychotique qu’il a en lui. Une part où l’on peut garantir – parce qu’il y a
quelque chose en nous qui peut l’entendre – la non-personne en l’autre, l’autre
qui ne peut vivre que dans une partie de son corps, une partie non psychisée. Sur
ce point, on peut se démarquer de Ferenczi qui, dans son « Journal clinique »,
écrit que c’est le toucher qui peut permettre à l’autre de vivre son corps. Je pense
personnellement que le borderline se sent menacé par tout ce qui relève du
contact et du toucher.

Margaret Little en France

Jacques Lacan a été le premier à faire connaître Margaret Little, dont il a


parlé lors de son séminaire du 30 janvier 1963. Le mois suivant, au cours de son
séminaire du 27 février 1963, Lacan donne la parole à Piera Aulagnier, puis à
Wladimir Granoff 7. Piera Aulagnier fait alors une critique soutenue de « La

7. J. Lacan, Le Séminaire, Livre X, L’angoisse (1962-1963), Paris, Le Seuil, 2004, p.174. Les
interventions de P. Aulagnier et W. Granoff ne se trouvent que dans la sténotypie en
ma possession de ce séminaire, à laquelle je me réfère.
MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ? 175

réponse totale de l’analyste au patient » (article écrit par M. Little en 1957), dans
une perspective freudo-lacanienne qui ne prend pas du tout en compte la dimen-
sion du pré-infantile. Par la suite, Piera Aulagnier écrira beaucoup sur la
psychose, en particulier sur la paranoïa, champ qui est tout autre que celui de la
schizophrénie. Mais, en 1963 lors du séminaire de Lacan, elle a juste écrit un
premier article sur les maniaco-dépressifs (en 1962) où elle aborde pour la
première fois la question de la psychose.

Piera Aulagnier est frappée par la dimension de « corporalité » qui se dégage


du terme de « besoin » employé par M. Little. Pour elle, il s’agit non pas du
manque au sens lacanien, mais d’un « gouffre » :
« Il s’agit bien de besoin, et bien que Margaret Little elle-même nous dise que, bien sûr,
il est difficile de dire ce qu’elle entend par ce terme de besoin, que ce terme est assez
vague, je crois que, dans tout l’article, ce qui se dégage, c’est vraiment, on a envie de
dire, le côté corporalité pour elle. Cette espèce, non pas de manque, en ce sens que
nous a appris M. Lacan à l’entendre, de vide, de gouffre au niveau du sujet, gouffre
dans lequel s’engouffre ce que, dans cet article, nous pourrons définir comme le nom
en tant que dévoilement de ce qui apparaît et qui en fait l’intérêt, c’est-à-dire, du désir
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de l’analyste. »

Le problème posé est donc celui la responsabilité de l’analyste. Piera Aula-


gnier souligne que là où M. Little assure qu’il faut rendre le patient conscient de
la responsabilité totale que nous engageons à son égard, il faut y voir « quelque
chose de l’ordre de la séduction et de la gratification vis-à-vis du patient, ce qui
semble justement à éviter aussi bien avec le névrosé qu’avec le psychotique ».

Piera Aulagnier fait une autre critique à ce qu’introduit M. Little : elle


conteste le fait que l’analyste intervienne en tant que personne réelle. On peut
comprendre que l’analyste n’intervienne pas comme personne réelle dans le cas
d’un transfert névrotique. Cependant, avec les cas de psychotiques présentés par
M. Little, il est évident que c’est en s’engageant dans cette dimension et ce
voyage qu’on peut assurer une garantie du travail et, par là même, affirmer sa
responsabilité à l’égard de l’autre, du patient, comme garant de son identité.

Piera Aulagnier reprend des formulations tout à fait lacaniennes pour souli-
gner que ce que méconnaît M. Little, c’est le sujet d’un manque, la castration et
la séparation. Or il ne faut pas oublier que pour quelqu’un qui n’a pas encore
un corps, le manque ne signifie rien et que la castration n’est pas identifiable
autrement que comme mutilation. En effet, il n’y a pas de castration possible
dans la perspective psychotique, sinon sous forme de mutilation. Et pour être
sujet d’un manque, il faut d’abord avoir pu naître à la position de sujet et avoir
176 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 28 •

pu introjecter des traits de l’autre. Cela nous ramène à ce qu’avançait Ferenczi en


1909 : le transfert n’est qu’une forme d’introjection qui précède toute identifica-
tion possible à l’autre.

D’autre part, la séparation ne pourra advenir qu’au terme d’un long proces-
sus qui mettra en jeu une réciprocité d’action entre l’analyste et l’analysant. On
a donc affaire, dans ce cas, à un contre-transfert qui engage la participation
active de l’analyste, sans laquelle rien ne se passerait pour les borderline. On voit
donc que même si Lacan a permis la découverte de ce texte de M. Little, lors de
ce séminaire, la critique qui en est faite par Piera Aulagnier renvoie à des pers-
pectives strictement névrotiques, celles de la conception hystérique du transfert,
telle que l’a apportée Freud.

Cependant, Lacan cite le philosophe Étienne Gibson pour lequel « la vie, l’exis-
tence est un pouvoir ininterrompu d’actives séparations 8 ». Et Lacan souligne, à
juste titre, que cela n’est possible que lorsque s’est instaurée « la place du
manque », qu’on ne saurait confondre avec la frustration.
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L’approche récente du champ de la psychose

Pour sa part, Freud a toujours eu un problème avec les psychotiques. C’est ce


que révèle sans ambiguïté une lettre qu’il adresse en octobre 1928 au Docteur
Istvàn Hollos, un élève de Ferenczi, qui avait créé « La Maison jaune » et avait
écrit un texte, lors de son départ, « Mes adieux à la Maison jaune 9 ». Ce texte n’a
jamais été publié et a circulé dans un cercle restreint, avec cette lettre très
instructive de Freud que peu d’entre nous connaissent :

Cher Docteur,

Ayant été avisé que j’ai omis de vous remercier pour votre dernier livre, j’espère qu’il
n’est pas trop tard pour réparer cette omission. Celle-ci ne provient pas d’un manque
d’intérêt pour le contenu, pour l’auteur dont j’ai appris, par ailleurs, à estimer la philan-
thropie. Elle est plutôt consécutive à des réflexions inachevées, qui m’ont préoccupé
longtemps encore après avoir terminé la lecture du livre, lecture de caractère essen-
tiellement subjectif.

8. Ibid. p. 171.
9. On ne trouve, à ce jour, qu’une traduction polycopiée de ce texte, qui a été publiée
par Judith Dupont, dans Le Coq Héron, en 1986. Cette lettre n’a jamais été reproduite
dans l’un des volumes de correspondance de Freud.
MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ? 177

Tout en appréciant infiniment votre ton chaleureux, votre compréhension et votre


mode d’abord, je me trouvai pourtant dans une sorte d’opposition qui n’était pas facile
à comprendre. Je dus finalement m’avouer que la raison en était que je n’aimais pas ces
malades ; en effet, ils me mettent en colère, je m’irrite de les sentir si loin de moi et de
tout ce qui est humain. Une intolérance surprenante, qui fait de moi plutôt un mauvais
psychiatre.

Avec le temps, je cesse de me trouver un sujet intéressant à analyser, tout en me


rendant compte que ce n’est pas un argument analytiquement valable. C’est pourtant
bien pour cela que je n’ai pu aller plus loin dans l’explication de ce mouvement d’arrêt.
Me comprenez-vous mieux ? Ne suis-je pas en train de me conduire comme les méde-
cins d’autrefois à l’égard des hystériques ? Mon attitude serait-elle la conséquence
d’une prise de position de plus en plus nette dans le sens de la primauté de l’intellect,
l’expression de mon hostilité à l’égard du ça ? Ou alors quoi ?

Recevez après-coup, mes excuses, mes remerciements et toutes mes salutations,

Votre Freud

Cette lettre met en lumière la franchise avec laquelle Freud a conscience de


ses limites et même de ses réticences à faciliter le travail de ceux qui s’occupent
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des psychotiques, parce que lui-même est rebuté par ce qu’ils soulèvent de diffi-
cultés dans la thérapie.

C’est là qu’on voit combien le travail entrepris avec les psychotiques par
Margaret Little a inauguré une diversification capitale entre le contre-transfert
comme déplacement de représentations et le contre-transfert comme déplace-
ment d’objet. Cette voie avait été entr’ouverte par Ferenczi, sans que ce dernier
ne travaille cependant beaucoup avec les psychotiques. Mais c’est parce que
Margaret Little s’est battue avec sa propre part psychotique qu’elle a pu
comprendre d’où il fallait partir pour amener le psychotique à trouver son « unité
de base » et sortir de cet état d’annihilation, de non-personne qui ne peut habi-
ter son corps parce qu’il est morcelé. Tout comme elle l’éprouvait elle-même
avant sa rencontre avec Winnicott.

Le travail avec les psychotiques est relativement récent, en France. Alors que la
Société britannique de psychanalyse a été fondée en 1913, la Société psychanaly-
tique de Paris n’a été fondée, qu’en 1926. Et la littérature psychanalytique fran-
çaise a mis beaucoup de temps à s’intéresser à la psychose. Les premiers
balbutiements de travail psychanalytique sur la schizophrénie ont été accomplis
par M. A. Sechehaye, qui publie, en 1950, le Journal d’une schizophrène 10 où elle

10. M. Sechehaye, Journal d’une schizophrène, Paris, Puf, 1950.


178 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 28 •

relate l’expérience de son travail sur la psychose avec les enfants. En 1956, François
Perrier écrit à son tour une note restée inédite sur la schizophrénie, jusqu’à sa
publication récente 11. Voici comment il introduit ce bref article :
« Pour comprendre les schizophrènes, il faut être hystérique. Pour parler valablement
des schizophrènes, il faut s’identifier hystériquement à leur négativité, c’est donc un
message qu’on ne peut formuler qu’au moment où l’on s’en va, qu’au moment où l’on
s’oublie et qu’on renonce à soi pour devenir le héraut du message d’un sujet qui se veut
personne au sens négatif du terme. C’est pourquoi celui qui est doué pour la psycho-
thérapie des schizophrènes, ou bien est obligé de se référer à des fantasmes, se référer
à un imaginaire qui appuie et structure son dire, ou bien ne peut s’exprimer que dans
un départ de lui-même, en se départissant de son moi, pour s’incarner dans une parole
qui n’exprime que le négatif de ce qu’il veut être. »

C’est à partir de 1963, au moment de la création de la SFP, que Granoff, Smir-


noff et quelques autres se sont penchés sur la littérature psychanalytique anglo-
saxonne. Et c’est Smirnoff qui a fait connaître Winnicott en France. Dans le
paysage psychanalytique français, Gisela Pankow, avec qui j’ai beaucoup
travaillé, est un peu à part. Dans L’homme et la psychose (Aubier, 1969), elle
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rapporte à propos de la cent-soixante-dixième séance : toujours pas de corps. Elle
travaille alors avec le modelage (comme le faisait M. Little) pour qu’une forme
puisse surgir de ce travail. Pour qu’il y ait avènement du sujet, il faut un corps.

On voit donc combien le travail de Margaret Little peut s’inscrire dans cette
filiation. Son approche du corps morcelé rejoint le « corps-passoire » dont parlait
Gisela Pankow, à propos du schizophrène, un corps où tout peut entrer puisqu’il
n’y a pas de filtre, pas de différenciation entre l’intérieur et l’extérieur.

« Le moi est une surface ». Il ne peut advenir que dans la mesure où il y a diffé-
renciation entre l’intérieur et l’extérieur, ce qui n’est pas le cas au départ. L’infans
est dans un état de totale indifférenciation entre l’intérieur et l’extérieur, dans ce
que Gisela Pankow appelle le « corps-passoire ». Il n’y a pas de surface qui déter-
mine un intérieur et un extérieur.

Margaret Little apporte une réflexion nouvelle sur le rôle de la régression


dans les cas limites et la responsabilité de l’analyste dans certains cas de patients
difficiles qui doivent revivre des événements corporels pour vaincre la souffrance,
en eux, d’être en état d’annihilation, d’indifférenciation, sans cette unité de base
qui est la condition pour pouvoir construire une relation à l’autre.

11. F. Perrier, « Note inédite du 9 mai 1956 », dans La Chaussée d’Antin II, Paris, Albin
Michel, 2008, p. 426.
MARGARET LITTLE : UNE NON-PERSONNE ? 179

RÉSUMÉ
Margaret Little (1901-1994) a accompli aux côtés de Winnicott, en Grande-Bretagne, un
travail important, longtemps méconnu en France, avec les psychotiques et les borderline.
En partant d’un travail sur sa propre structure psychotique, elle a décidé de devenir
analyste et de se consacrer aux cas limites, à ceux qui se vivent comme une non-personne.
Elle a ainsi mis en place une pratique qui prolonge certaines intuitions de Freud, en insis-
tant tout particulièrement sur la prise compte du pré-infantile (« l’unité de base »), la
nécessité de la régression dans les cas limites et le rôle du contre-transfert comme capacité
interactive pour l’analyste de travailler avec le patient.

MOTS-CLÉS
Structure psychotique, borderline, régression, pré-infantile, contre-transfert, non-
personne.

SUMMARY
Margaret Little: an un-person?
Margaret Little (1901-1994) accomplished nearby Winnicott, in England, an important
piece of work, for a long time unknown in France, with psychotics and borderline people.
From her work on her own psychotic structure, she decided to become an analyst and to
devote herself to limit-cases, whom see themselves as an un-person. In this way, she set up
a practical that extend some Freud’s intuitions, insisting particularly in taking into account
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of the pre-infantile (« one body relationship»), out of necessity of regression in limit-cases
and the part of countertransference as an interactive ability for the analyst to work with
the patient.

KEY-WORDS
Psychotic structure, borderline, pre-infantile, countertransference, un-person.

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