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Histoire des fantômes et des

démons qui se sont montrés


parmi les hommes, ou Choix
d'anecdotes et de contes, de
faits [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Paban, Gabrielle de (1793-18..). Histoire des fantômes et des
démons qui se sont montrés parmi les hommes, ou Choix
d'anecdotes et de contes, de faits merveilleux, de traits bizarres,
d'aventures extraordinaires sur les revenans, les fantômes, les
lutins, les démons, les spectres, les vampires, et les apparitions
diverses, etc . Pa. 1819.

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HISTOIRE
DES ^
.

FANTOMES ET DES DÉMONS.


,JÇ(.E, L!LMJ^liI.Bl,E4 IE DE I?J S,ÏJ,G O N,
£& CJuaKrin& JVormahcl/ reoeruavù de'^Rojne/.
HISTOIRE
DES

FANTOMES ET DES DÉMONS


. -^ >

QUI SE SONT MONTRÉS PARMI LESHOMMËS,


' on u.
CÏÎQIX
. .

B'ANBGDOTESET DE CONTES,
de traits bizarres, d'aventures é*-*
Bis faits: merveilleux ,
traWdiiïaires sur les Revenans, les Fantômes, les
Lutins, les Démons, les Spectres, les Vampiresj et
les apparitions diverses, etc. .;..
,

PAR M^e GABMEEtE DElk****V

ïîé spec%es , de dërnoris , d'esprits et de fànlôrâes,


'L'ignorance e&Ia peur ont,(tu.grossi rieurs lomès.
Qu'on preymefdeces traits Joiit le plusrne'rveilleuA 5
Que le lecteur s'arnuae , cl qu'il ouvre les yeux.

PARIS,
..LOCARD et DAVI, libraires, rue de Seine-Saint
Germain, n°. 54; >
MONGIE aîné boulevard Poissonnière, n°. 18 ;
,
DELAUFAY, Palais-Royal, galerie de Bois.

1819.
AVERTISSEMENT.

ONa déjà publie' plusieurs recueils


d'histoires prodigieuses, sur les re-
venans et les apparitions diverses ;
mais aucun, jusques aujourd'hui,
n'a obtenu d'autre succès qu'une
vogue passagère^ Toutes ces com-
pilations formées d'anecdotes àb-
,
shrdes, ( qu'on présente comme
rapportées par des bouclies dignes
de foi), classées saris goût, écrites
d'un style dur et barbare, ne de-
vaient s'attendre qu'à une vie ex-
trêmement courte, puisqu'elles
.VJ ' AEÉRTISS'EMENÏ'. ; -

ne présentent; au lecteur que l'en-


nui de lire ce qu'il sait déjà, et le
dégoût de parcourir sans agrément
un triste volume.
Je me suis proposé de, suivre
une a utre rôu te, dans l'ouvrage que
je présente aujourd'hui au.'public.
En puisant dans les sources, j'ai
cherché à écrire le tout, d'un style
simple et intelligible. J'ai choisi
de préférence les anecdotes amu-
santes, et j'ai eu soin d'élaguer
toutes les lenteurs. Ceux qui con-
naissent les écrivains que j'ai
consultés, leurs: phrases entortil-
lées, leur penchant à se répandre
en détails inutiles,à effrayer l'ima-
•ÂVËRTISSWMENT*. vij
gînation > m'accorderont an moins
cette justice^ q-iie j'ai travaillé avec
nn but utile ; et c'est le seul mé-
rite qui fasse mon ambition. -

Le lecteur doit s'attendre à re-


trouver ici quelques traits, qui ont
déjà paru dans'd'autres compila-
tions mais en 'très-petit' nombre,
,
et parce qu'ils étaient nécessaires
par leur importance. D'ailleurs,
la grande majorité n'a encore figuré
dans aucun recueil; et •quelques-
uns ne sont connus que de très-
peu de personnes.
Comme je n'ai pas assez de lo-
gique, pour prouver la fausseté de
.plusieurs traits merveilleux qu'on
Vîij AVERTISSEMEMT.
lira dans ce volume, et que le
lecteur sensé en recpnnaîtra aisé-
ment le ridicule, je me suis^con-
tentée d'écrire les faits, sans ré-
flexion, de les entremêler d'anec-
dotes plus vraisemblables, et/.dé-
terminer, l'ouvrage par une série
d'historiettes, qui montrent le cas
que l'on doit faire des contes de
jrevenans,
HISTOIRE
DES

FANTOME&ET DES DÉMOIM&

QUI «E SONT HPHÏKE8 PARMI LES HOMMES.

;XE;DÉ^H:;AM<3UREBX.-:, .;
.;.;
XL y ayait à Séville une jeune demoi^
selle d'une rare beauté, mais aussi
insensible que: belle. Un chevalier cas-
tillan qui l'aimait> sans espoir de retour,
après avoir tenté inutilement tous les *

moyens de gagner son coeur partit ua


»
jour de Séville, sans en rien dire à per-
sonne ; et chercha dans les voyages un
remède à sa passion malheureuse.
Pendant son absence, un démon, 1

trouvant la belle à son gré, résolut de


proûtei; de l'éloignemeat du jeun©
2 / ;,..j,* fcrs^oiRE-
homme. Il en prend la figure, et va
trouver la demoiselle ; il joue fort bien
son rôle, sërplaint d'être constamment
^éda^gi|é,^|; pgusse/d^b^^Nd^sotlpirl
qui ne touchent point. Mais après plu-*
sieurs, mJ3jsc d;e persévérance efode jsof-
liçitations, il parvient à se faire aimer,
çt>.deviènfcheureux.,;,Jl -riait.-,de leuE
commerce intime, un enfant, dont la
^aissanc^'ëst :l§nMéêîdès-parèns, par
^adresse de l'amant infernal;. l'amour
co/ùtiriuë^èïilérisurvie^ùnédë
grossesse^' =';ir :''": ''i! '' :i;;;>/; -::::~r}
"-Cependant" lé èhèfàliéï'i'/gttén'paj}
'-j"âbéèïïcè^ dévient' âlSëvrllè- Impatient
de revoir son! înferîrnàihèi, il court ati
1

plus'vite mi apprendre qu'il né l'irriU


pot'tuneïà plus, et qu'enfin son ambûij
est éteint pour jamais, L'étorinernént
de la belle 'espagnole "rie peut; se dë^
<

peindre; elle'fbnd en larmes, et l'aç-


ç'àblè'|lt reprochés; elle lui soutient'.
liï'lîlë/'l'a rendu heureux^ il lé ;irjé ^
DES FANTOMES. 3
elle lui parle de leur premier enfant,
et lui dit qu'elle va le rendre père une
seconde fois; il s'obstine à désavouer;
elle se désole, s'arrache les cheveux;
ses parens accourent à ses cris ; l'amante
désespérée continue ses plaintes et ses
invectives. On s'informe, on vérifie
que le gentilhomme était absent depuis
deux ans; on\cherche le premier en-
fant : il avait disparu, probablement
avec son père, qui ne reparut jamais*
Le second naquit à terme, et mourut lé
troisième jour.
r '

\ i

-JbE LUTIN GRTHOrT. i

FROISSARD rapporte ce trait dans sa


Chronique:
Raymond, seigneur de Corasse,
ayant un procès avec un clerc de Cata-
logne, pour les dîmes de l'Eglise, le
perdit contre toute espérance, et en fut
tellement outré, que lorsque ce dernier
4 -
/«IS/TOIRE "
yintïavee les bulles: dn 'Pape:,.enpren-'
.^,r€(p^sses.si1mi.,illê-forç!a^d:e;retôH.rneE:
au plus vite à Avignon ; -la clerc lui
...p|@i^jit;:én'-p;a;x(^ntvqn@%i'ent^t,il aurait
affaire/à'plus fort chanipiôn que lui,
dpntîilfUe Étque/rire. / -i ;
:

-«/; Mais environ trpismpisaprèsyonen-;


^^%i0pds^M^uit.9.dansïle cjilteaï*
de^^yi#A»4»^P^-'r^rîait*r&.o'yaMe--: on
Irappait dégrani?; coups aux; portes et
^aux|enêtEes;.etpresquétqûs^
f^rent&acasséset;rompus.jLesêigneuç:
de Gprasse ne s'effraya point; etlaiBcùit
isuivante,, lès coups ayant redoublé %
sa porte, il demanda hardiment :
Qui frappa âiristîà^cettehéuîr^?~Moi,
ré/ppn#feon; -.7-7- ;Çjui t'envpiel -:-r-;JLe
clerc de Catalogne, à qui tu-,fais torfr
~t-Comment t'appelles-tu? ^Ôrthpn;
— Orthon, reprit le seigneur de Gp-
rasse, le service d'un clerc ne té vaut
3çiën, et te donnera trop de peine ; .laisse-,
le, et sers-moi : je t'en saurai bon gré./
t)ES FANTOMES. S
Orlhon, apparemment inconstant
et facile à séduire, accepta la proposi-
tion ; et Raymond lui demanda de ne
faire mal à personne. — Je n'en ai pas
la puissance dit le lutin, quoique je
,
fasse beaucoup de bruit* Ainsi, sois
tranquille; mon service auprès de toi
sera de te venir voir souvent, sans que
tu me connaisses, et de l'apprendre
tout ce qui se passe au loi».
Il tint parole : presque toutes les
nuits, il venait rapporter au sire de
Corasse, ce qui s'était passé la veille en
An gleterr6,en Hon grie ou dans tel au tre
lieu* Raymond en faisait son profit, et"
pendant cinq ans, on ne put concevoir
par quel moyen il était instruit de tout.
Mais au bout de ce temps, il ne put
s'en taire au comte de Foix, et lui parla
de son messager; celui-ci lui inspira le
désir de le voir; et la nuit suivante,
Orlhon apportant des nouvelles de
Bohême, Raymond lui demanda conx-
6 HISTOIRE
ment il pouvait faire un chemin de
soixante journées en une nuit, et s'il
avait des ailes F.Orthon lui répondit de
ne pas l'interroger davantage; mais le
sire de Corasse demandant instamment
a le voir, il lui dit de prendre-garde à
la première chose qu'il apercevrait, le
lendemain à son lever. Cependant le
Jendemain se passa sans que le curieux
seigneur pût dire: voici Orthon. Le
soir, il lui en fit reproche; Orthon s'ex-
cusa, et dit: N'avez-vous pas vu ce ma-
tin, en sortant du lit,deuxfétusqui tour-
noyaient ensemble sur le parquet? —
Oui, répondit Raymond.'—Eh bienî
c'était moi.
,
Le sire de Corasse, non content de
cela, demanda à Orthon de se faire
voir sous une autre forme. Le lutin lui
dit qu'il en demandait trop, et qu'il
risquait de le perdre pour toujours, par
sa trop grande curiosité; que pour .celle
fois, cependant, il consentait encore à
nES^ANiTÛMES./ if
faire vpir^ qu'il remarquât don© la
se
premièrefehpse;qn'il;yerrait le lende-
niain, ensojÉanide;«a chanafae./ t
En;cqriséqpencè<,;-Ijéjlendemainma*-
tin, iRayiàj0nd/i^ïS®p^nïen dans la
basse-cou^^-du;v;ch^eaj|g^t-> jetant 1# '
yeux de tpuS;cd>tés%
i| aperçut une truie
d'une /gKandeur;extraprd .mai*.
gre,i hideuse;;,, ayant ?Ie^
danfes,,;Je
g$ï;'dldte#'Ba^^
^
ne erôyânt pasi encore/que-^îfûtïlè^pn
.

démon, fit léclier, ses; cMens) après cette


truie, qui,;dispaEuts aussitôfeien jetant
un grand cri, -

/ I)epuiiùpr:§*® ne/revint,pins,*
et le seigneur de Corasse- mourut dans
l'année. .,;.•.- ;./..;,„. .; „;';,..-.: .-.--,.,-
.•.;..-

; " tE VOYAGÉJ^ÇIQ^UE. ':.'


/
VOICI ,ée qu'on/lit, dans 'Fmcjue-'
mçtda •. /..,..,..,V,..-....
Un gentilhomme espagnol,, allant
^
6 .' ':'-•-âiisfèiKÈ: -/
à cheval, avëè son,fils, de Vallàdolid
àrGrenadev et •passant par le village
d'Almeday #t rencontre' d'un autre
«avâlier, qui tënaitPle même chemin.
lAprès avoirjmarché^dèux" où ; trois
heures ensemble^ -ils s?arrêtèrènt pour
seirepPseTï;L/ëe'àiv^liérétendit son màiri-
îéMï sur l'herbe^ëri:sorte qu^it n?y res-
fât /aucun- pliy.^t/fit? asseoir- Ms- deux
Voyageurs avëe-luu ïls apportèrent
.©hae'uW ce qu'ils âv&iëht de provisions
ppurda hà'lteV/firent approcher leurs
chevaux,;>burerit, mangèrent à leur
sise} et^ dërnéurèrerit la assez feug-
temps.... '/
-
'
" :-\ "-•• :,)
,-;/GPmlrië rleév déux^ voyëg^utsjj qui
.

veufeïëntcârrivera- Grenade^ com-î


mandaient à leur domestique d'apprê-
ter leurs /chevaux, et se disposaient
à quitter le manteau sur lequel ils
étaient assis^ l'iricoririu leur dit :—
Messieurs, ne vous pressez point; je
.vôûs'prorriëts que vbû^serez aujoucr
,
DES;- -EÀNTOfes. :-§
d'hui dehonnëhëureàlavillëiEririiêine
temps, il leur montra 'Grenade, qui
n'était pas à ûm quart de lîeuë^ de fà,
et ajouta qu'ils porivaiënt remercier :

son manteau, jdé la /promptitude de


feu r voyage. Il les pria eiïfinderie rien
dire à personne de ce qui lerirétait ar*
.-rivë^j/etdispârufo..-.:;; =:--^'-'/'• •-':*-:' ';*•:,-:

t-^î*E/fëmînë;d^thèriès'^ant irior^
©rijeta dansfë^bûéhéirtorilice q[ù^avàrî;
été à son usage; Sept/jews après*" elle
3?evirit,'e# apparut^ son mari,; pen-
dent -qu'illisait léclivrè^quê^làtori a
écrit sué Tâmèï'Ellë«'assied auprès de
Mi; le mari l'erribrassë en pleurant';-•
elle le ' prie de rie; point faire de bruh%
et lui' reprpèhes d'avoir oublié de! jeter
dansilé hûehër une de ses sandales do-ï
réës', qui était demeurée cachée sous
un coffre..... Alors un petit ehienyqui
Ip ;HIST,QIRE\:--:.
était auprèsdegon maître, ayant corn'-
mencéajapperjlefantômes'évanouit.*;
On chercha la sandalev et pn la brûla,
comme:tout le reste. ;
,-.-•> -
:

t/ES FOURCHES ^AT^ÈtJÉAlR/Eà.


DEUX paysans, allant au/marché de
BeaumoriKie-Vicomtëdans le Maine,
partirent au clair de la. lune, deux;
hërirés 'avant; fevjjour;K ils #/kiérit été
1

devancés ^par/unf/pauvre; clpUtier de*


environs,, .;.;quïr; suivait;/l£^
pour débiter ^ses clpus< et ses-fers de
cheval; qu'U portait sur son dos y d^ns
une besace. Etant; en Ichemin^'et n'en-
tendantni ne voyant personne. devant
ni derrière lui, il jugea; qu'il était parti
de trop bonne heure, et fut saisi.de
frayeur, en songeant qu'il lui fallait
passer tout: proche des fourches ;pati-
bulaires, où il y avait' alors/un grand
nombre de pendus.;.... Il s'écarta, don©
DES FANTOMES. - Iï
un peu du chemin ; et se couchant sur
un petit tertre de gazon, derrière une
h aie, en a l ten d an t quelque compagnon,
il s'y endormit.
Peu de temps après, les deux pay-
sans passèrent. Ils allaient au petit
pas, et ne disaient mot. Quand ils
furent près du gibet, l'un des deux,,
nommé Malhurin, dit à l'autre, qu'il
fallait compter les pendus; et Tho-
mas, son camarade, y consentit. Us
avancèrent jusqu'au milieu des pi-
liers, pour faire leur compte, et virent
un mort fort sec, qui était tombé de
sa potence. Mathurin dit qu'il fallait
le relever, et l'appuyer tout droit
contre un des piliers; ce qu'ils firent
facilement, avec un bâton qu'ils trou-
vèrent la.
Après avoir compté quatorze pen-
dus, sans celui qu'ils avaient relevé,
ils continuèrent leur chemin. Us n'a-
vaient pas fait vingt pas, que Ma-
12 HISTOIRE
taurin dit en riant à. Thomas, qu'il
fallait, appeler ce mort, pour voir s'il
Voudrait venir avec-eux; et tous deux
se mirent à' crier bien'fort : —-
Kolaf
ho! veux-tûyëûiï avec nous?'Le clou-
tîer,; qui ne dotmait pas; iiop profôn-'
démentyse leva de; suite;, et leur rë^
pondit, en àriant aussi de toutes >ses
forcés : — J'y vais ! j'y vais !r Attendez-'
iriPi.; En riïëiue' temps il se mit k les;
suivre;' ;"" ;'"' ''"'-,."'""'. "
'; Les deuxp/aysans, croyant que' c'e-
.

tait effectivement le pendu qui leur


.
répondait, commencèrent à courir de
toutes leurs:j.àmbes ; et le clôùtiër, qui
courait: aussi', en criant toujours, «fc
t&ndez-r?wï! vèàôuMa. leur frayeur,, en/
agitant ses clous et ses fers, qu'ils
prirent pour les chaînes du revenant"....".
Le tremblement les ayant saisis, ils
tombèrent,:' le nez contre terre. Le
cloùtier "les rejoignit,. et les trou yav
presque inorts.de peur... Il lès fit"rêvé*.-
DES FANTOMES. l3
air, et parvint à les rassurer, en ajou-
tant qu'ils l'avaient bien fait courir.
Les deux champions le reconnurent
pour un de leurs voisins, et conti-
nuèrent avec lui leur chemin, jusqu'à
Beaumojnt, moitié riant, moitié fris-
sonnant encore de leur .aventure.

.y'". :-: -4i-ES»RlT-\FA#MÉER;:'/-:' »-%'

« JE me suis trouvé, dit le'''JPie0£;


tyïbert, dansiun château oàl| y avait
• un esprit familier,, qui,, depuis six ans,,',
«avait pris soin de gouverner l^prloge
et d'étriller les cheyaux. Il s'acquittait
de ces deux'ichps0s, avec toute; Inexac-
titude que l'on pouvait souhaiter. Je
fus curieux.un matin d'examiner ce
manège : mon étpnnement fût grand
de voir courir l'étrille sur la eroupé
du cheval, sans être conduite par au-
cune main visible...
y- Le
palfcénier me dit qu'il avait
ï'4 HISTOIRE
attiré ce. farfadet à son service, en
prenant une-petite poule' noire, qu'il
avait saignée dans un grand;chemin
croisé;, que du sang de là 'poule, il
avait écrit sur un petit morceau de pa-
pier : Bérïikjferà nia .besogne pendant
vingt ans , et je le meompénserai ;
qu'ayant ensuite enterré la poule, à un
pied de profondeur, le même jour, le
farfadet avait pris Soin de l'horloge
et des, chevaux ; et que, de terrips en
temps, il faisait dès trouvailles, quilûi
valaient quelque choséi » ~- y'

; "VISIONWÈ DION EE EÉIEOSOBHEv^


DION le philosophé, disciple de
,
Platon, et général des Syracùsairis•",''
'éta-ritùri soir assis,toutpensifdans le por-
tique de sa maison, entendit un grand
bruit,; puis aperçut le spectre d'une
femme d'une taille monstrueuse, qui
ressemblait à une furie. Il n'était pas
1 DES'FANTOMES. ï5
encore nuit ; elle cornmeriça à balayer
la maison... piori effrayé envoya prier
ses amis de le veuir"yOÎr, et de'passer
là' riuit àvëe: lui; ^riiais éëttè; fehihiêrië'
pà-rutplùs..UV!,':'"'i '''u'y'""y,::''
Pende ternes àprè£, 'suri fils îsè
précipita;.:'du; 'hàutf;dëylà''"' rnaisori ; ^êt
lui-rnêriië lut 'assassiné par dés cori-
îurës. ;;":;" !..'---V-1L" :' "''. yyv:; <>;'.-y

^^P^^S,p^QB|l(-BR^TppPç'.
•': LE trait suivant; appartient
1 liai
viMàge dte ïïàïnaut.^- ;i; ' ï -u ^
L'an Ï773ylè/yehdredi;Ji3octobre,
à- huit héùrës: treize minutés dû soir;
(on observera que lé concours' de plu-
sieursnPmbrëstreizeesttoujdursfatal);
oh achevait alors la vendange, parée
qûé.les vignes avaierit rriûri tard cette
année. Le paysan Lucas^j en sortant de
la cuvé ou il venait de fouler le raisin,
avala treii:e< pleins verres de vin hou*
l6 HISTOIRE
veau. Quand il rentra chez lui,, ce-
n'était plus un horiame, c'était un dia-
ble. Malheureusement sa femme Li^
sejttevavait rnangé^,- _a/ spn,,dîner,/une
petite omelette aux rognons., de treize
g^ufe^ et, ri?avait,bvt que de l'eau: la
i d|ges^ip^,slçtait fjïftp pénible;ment> Lin
éette, ven, ypy arityLupas un pe/ù, gris y
bâilla, fit la grioiace, et tint un pro-
pos aigre. ;Luea£réppndit par un geste
menaçant ètpar un gros mot. Dans un
petit 4momterit'd'hunierir, Lisette jeta:
treize assiettes a-la; tête de Lucas> qui>
dans un premier ^puveriient, l'as^
somm^rdevtréiz^cp^ps^ejbxpc.^.-;
...
.".-. Quandilia,jjijÊ'morte^/ilséntitqu'iï

F aimait. Il se jeta ' comme un désoié


sur le cadavre, et lui demanda pardon
de Yavoir, tuée,, /r-rr Hélas ! s^riait-ril
piteusement, .voilà pourtant la pre^>
rnière fpis que cela rn'arriye ! Enfin,,
il se releva, d'un air réfléchi,,,-,. alla
droit à sa cuve, les. bcas, croisésj:et
DES FANTOMES. 17
s'y insinua tout doucement, la tête la-
première. On l'en relira, au bout de
treize secondes; il était déjà mort et
noyé.,..
La justice, indignée, prit connais-
sance de l'affaire. Elle s'empara du
corps de Lucas, qui, très-heureuse-
ment pour lui, n'avait' iplus d'âme ;
elle le fit pendre par les pieds. On rasa
la ferme ; et le terrain fut mis à l'en-
can.Celui qui l'acheta s'en trouva mal,
et ne put jamais habiter le corpsrde-
logis'qu'il avait faitj?âtir à la place;
car tous les ans, dansfle temps des
vendanges',.quelquefois plus,tard, il
s'y faisait toujours uu changement,
affreux. La njuit venait, le corps-der
logis sautait sur ses fondemens., le toit
semblait danser, les murs paraissaient
rouges de sang ou de vin. Il se faisait
dans l'intérieur un horrible charivari;
on croyait entendre le cliquons des.
assiettes, le choc des brocs, les gémis-:
' **
- - '
'3$: HisToiiEtE y
-
jsëniens d'une; morte et les cris d'un/;
tà%ëV ( y.: ^LoW^È* D^'Co^PVRAfci)L
r

LE DEMON SUCCUBE.

TOUT le monde sait que certain»


démons prennent quelquefois des li-
gures de femmes, pour séduire les
hommes et en obtenir de l'amour.
Un jeune seigneur de Bavière était
inconsolable de la mort de sa femme,
qu'il ai'rriail passionnément. «Uni dé-
mon vint se présenter' à lui, sous' les
traits de l'épouse regrettée ', et lui dit

que Dieu l'avait resSuscitée, pour le
consoler de son extrême affliction.'Le.
jeune homme reçut àvee- transport sa
prétendue femme. ïïs- vécurent en-
semble plusieurs ' àn'riées et eurent
,
même dea-enfans. Mais un jour, le
démon disparu1,etnelaissa auseigùeu©
DES ,E;AN;T-OjVIES. 13; '

bavaroisqueses jupes; et sa petitefa*v


Hlille. :-.--. ,„/. \-.'.v„^n':-. ^-^o.,;...-:;;;.;:-.
-..:>,. .
„ •

LES <DEUX MOMIES.

LE prince de Radziville, dans son


voyage de Jérusalem, raconte une
chose fort singulière, dont il a qté le
témoin :
H avait acheté en Egypte deux mo-
mies, l^une d'homme et l'autre de
femme, et les avait enfermées fort se-;
ci élément dans des caisses, qu'il fit
mettredaussonvaisseau, lorsqu'il s'em+
barqua à Al(exandjrie pour revenir en
Europe., Il n'y avait que lui et deux
domestiques qiui.le sussent, parce que
les Turcs ne permettent que difficile-
ment qu'on emporte ces momies ,
croyant que les chré/iens s'en servent,
pour des opérations magiques. Lors-
qu'on fut en mer, il Releva une tem-
pête, qui revint à plusieurs reprises,
iSO HISTOIRE
avec tant de violence, que Iè pilote dé-
sespérait de sauver son vaisseau. Tout
le monde était dans l'attente d'un nau-
frage prochain et inévitable. Un bon
prêtre polonais, qui accompagnait le
priricedeRadziville;récitait les prières
convenables à- une telle circonstance;
ïe prince et sa suite y répondaient. Mais
le prêtre était tourmenté, disait-il, par
deux spectres» (un homme* et une
femme), noirs et hideux, qui'le harce-
laient et le menaçaient de le faire mou-
rir. On crut d'abord'que la frayeur et
lé danger du naufrage lui avaient trou-
blé l'imagination.' Le calme étant re-
venu, il parût trantmille; mais là
tempêté' recommença "bientôt ; alors
ces fantSmes le tourmentèrent plus
fort qit'aû par avant; et il n'en fut dé-
livré, qîrequandon eut jetélesdeuxmo-
miés à/da-mét> ce qui fit en même
temps cesser'la tempête.
BIS;'FANTÔMES. 'sm:
-.._,

?TiTus j ;ayànfcpris Jérusalem, pri-


hlia un édït qui dë^eridait^ aux; jriïfii
d?observer ,le «àbhàt ëKfèse circon*--
êire;;/>ëriiferirTPrdonnaht;.;- deônîanger;
tPuée«spèpe de viandë^et desépuche»
av&eléu£sfë^
loiles obligeait à s^enpriver; Les» julfe
cPristeiMésUenvoyèreriîfcnle rabbin;;JSi>-
mëorivërsiforii^
d'àdPuoir vèeéédit.iShriéôn s'étaritmiS'
enëhëriaahî/avëeîey^^
rénèprità-èi^ntî uÉdiaSey nommé^ariV
^àriaéiéori^ qui demandantes àécpmV
pa^er;lëur!av0uantqu/ilétait dialalej
et-Cleur promettant dFentrèr-cdaris le (
eorpsïdeda)fillë de Titus; etd?enssortir^
aussitôtiqu^ilsde lui. commanderaient^
atin qu'ils pussent gagriepjTitusn^ar-pe
miracle! Lies deux rabbins acceptèrent
saprôposiitiûniaveG emprëssemela%.M
%% HISTOIRE;
BanthamëléOn ayant ténu sa parole,
ils obtinrent la révocation de l'ëdit.

'/ :;;'^;L/ïïp^ÉN©ïR.'/./.;.;; /';:

père Aforam rapporfieiiKanerï-'


'\ JLE^
dotë: suivante ^dàns; spn;|ïistoireym!3H;
riuSc#têndte; l'universiïtéridë jponttvà ^ *>
,^oWss'0n':'-:.;''.'-r-; >M,'''•''''•'•
>;
i'^^i^ç-^lr-'r
-Un' jëiine garçon de: bonriëftrmillë^
maïs pëuifournidîargenfc;.!serrait0ep?
bbïrâ-à'SëiHwdarisïBa^
lèts ;.' defô ses; pài-ens I'eriv^èioentiau0£
ëcoliési; i mais^nè; s&çeonïjnltodant paside:
fassuj^tissëriverit ïqpe-/demandent-iiès;
études ; il les quitta;;=résolujdè/retour*-
1

hër:à.! son'premier!ugënreZ de; vaièyEn


chemin;*!! rencoiîitrà:mi^hQmme;vêtu
d'uni habit dévoie ,i.mais nbir,;hiâeux
et" dp mauvaise' min e j qjuïdui dëma n d a
ô& # allait; etpoùrquoiil avaitf>airy>i
triste &'~;jè/sps^. hikdifccethqmïme;;:
DESFÀNTO-MES. 2$
en état de vous mettrez àvotrp aise,;;si;
vousVQulez vous dpnne£à;mpi>
; ;

Le jeune homme croyantqu/âl par*


lait de Yengager à son service ihiû de-
manda du temps pour y penser; inais.
commençant à s© défier des, magnifia
ques promesses qu'il;lui; faisait;; if le
conside^deplus, prè^,-etayan* r^;
marqué qu'il- avait;" feypiêd; gauche;
;
fendu comme celui;d'un boeuf, if fut,
saisi; de frayeur-,; fit le signe de la prpix
et invoquai Je h;pm;d©Jésu§. Aussitôt;
le sp@Ctre;s]évanpjùit-;iyiyoi-v" :-;;• yv
:
• ;
Trois jpurs;;3près;,; |a. même? figure:
lui ^apparut?die-;:n©u<véàu etclui ; dejr
,.
-;

manda>.s'il ayaifc pris jsa résplutipri^le;


jeune hommeréponditqu'il n'avait pas
besoin de maître. En même temps,,
l'homme noir jeta à'sès;pièds"une bourse
pleine; d'^eus, dont quelques-ujas pa-
raissaient d®r et nouvellement frap^
pés. Dans la même bourse, ifyv avaith
;

une poudre* quelle; spectre disaittrès^;


24 -:''®ÎSTOIRÉ-----:x^
suhtilë. Il/lui donna; ensuite descon-
seils. aboriiinabiëSi et l'ëxho^tààrenori-
cër -à l%sage*dë;l'ëaubériité ët;à|fado-
rà#ori: de Fhostië, --qu'il: nommait $> par-
dérisiori^l& petit gMëUiï*?': <.;•> y ; t;
"
Le jjeurie hommes eut horreur*!©'ces
proptositionsf il/ fit; lé signëîde)là&prpix
sur? son eëeur, eteri ftûême/temp's;i!ise
Senti* jeté- si; rudement contre: terre:$
qu^il'ydémein^àpresqrie'morfcpendairit:
mie dërid-héurë» S^étàtft relève"ï if re-
tourna chez ses pàrens, fit;pénitence
•et changea de eçuduitèïUy ; «: ;: ;:;;i;;:•'..

- Les pièces! qui ^paraissaient d^pr 'et


nouvêlleirientfràppéëSjayàritété/misess
au féu, ne se'trûuvèrerit que dé euivrei.

UNE femme de Syracuse^rioinmée 1

Hyméra* eut un songé ^pendaritiiequèi


ellev pensa;qu'elle moulait au Ciel.
'Auprès avoir- vti ./et -admiré tous les;
y DESijI'lANTOaiES.; &$ '''
Dieux, ,ell©;aperçut un.'homme ro-
buste déebuiérir rofee, le,visage ta-
,
chB^eiilénlili©^
liensi-dë'ifeïSpuê leit^ônerdèi^upiteri.
JEllêîdètnaridaa; uri/j©untehomme;qu*
luivservait #è?;guidl©v;Q^héla)it ©eluir-
là?i;^ëjeune hpÉnme'Jlrii répondis que
iefétài* lef^auvais destin deilaiSicilè/et
jdeql®àli;ej;;etîq(ue),dorsquMl;?sëraÉ! :m&
eulibérté^il;! eauserait) biéri; dés/mal5-"-.
lièurs; Lélenderiiain,-cettecfëmmèdir-
jvulguà; son, songea et;quelque; temps
apEés|ilorsqueL)enisosej:^t;;eriipiaré'de
la Sicile^ ;pQ«la'gpuvsernerieri tyrari»'
iHyméra le vit;entrer à,Syracuse','et
s?écriaq'uë G;étàit£homroeqn?elleavait
vu en songe. Le? tyran, ?ayant appris
cette particularité, ordonna la triort de
cette femme. CY^^KE-MAXJÏ^E. )
"S.6 <;y'HISTOIRE-i-î
.,
"*;;//""UN TOUR Auii^A^l'^^-';;
cyLToRQUÈJpAri^
^àWtÂu^çonn# sal&ri^
jcièrej voulufosaydhy si ieHesallait! au
«àbhat^etcdmnientjéïle faisaiÉppuris'y
trans^orteECï! Il;JFofespvyâ^dessi;.iprès,
:qu3ii; rèëénéuti -un:jbûir; yqmètf? ilétant
^oitée^dlurie^éertaine^raiiss^j^Mtéprit
feioiàyèïdluiri diseau;!©^ s?ënvPla|ïéans
-qu'il das âèyîty. juisqu'au;«màtiriqufellè

^ertrbuva auiiifo auprès; déduit;!! la


r

ïquèstipnnaibèauçoup^sans!
lutluirienavPueir. .Albfin M hiidit ,'o'e
- - ' y • 1

iqu'ifavaityiti etïà^foï'èe
-

"
, -
-y \
de coups; de
'
;!hâtônv il là; contraigriit defui appren-
dre Son. sêcret^etidêlaineneravec elle
'auSabbat*'--• '.-ivr- y;!;;:;;:i's; ;•;;-/.;..::;
4ArM^^eri; éeîfiëtiy il seimitia table
avec les autres;, .mais, comme tout 6e
qui y était servi lui semblait fort insi-
pide, il demanda du sel; ou fut assez
longtemps sans eu apporter ; enfin
D.-KS;,;BArN-T;OMES. r£j"
voyant une salière, il s'écria';: .-rhDie.ù:
,

soit béni ! Voilà ce que je voulais., ;Au


mëm& moment, il entenditsun ; gr&wi
bru^ty tputeï'assemhléeîdi^parut;eitéf
se;ljrouva:SëuI;e,|rnn dariSvun champ,/
«ntMdes;3ripjataguès.i*^
pàSj efcrericontra desJiergërs^qrii-fu£
apprirent qulif pétait a? plus^d&trérite^;
trois liieueSfde-saidemeurei;!! y; révint.
comme il put; et ayàntvraèûntéflà
chose auxinquisiteurs,ils firent arrêter
la femnieetplusieurs, autres,, sorciers
<et sorcières, qui furent brûlés, suivant
l'usage^ ,.;;;:; ::.;'.fiviKy] ,1... Kyayyyi;-

LÉ' ^RÉSÎDR'totJ'rMÉtmE:ï: ' '

EN-I 53O,-le\démon-décbuvaîitàmfo
-

prêtre-i de Nuremberg r des \trésors;sas.


«hés ;daris une cavérne;près déla ville,
et/enjfsérmési dans/des yvasèscde cristaD:
Lç prêtre prit;avec lui mri dfô ses; amisj
pour lui servir de compagnon.; Ils se:
.
28 HISTOIRE
iriirent à fouiller dans le lieu désigné,
et découvrirent, dans un souterrain ,
une'espèceî-dei;ébffre ,-auprès duquel;
était pouehé un énortrië chiëri noir, xv
.Leprêllres'avança j-avecempressement,
pour se isaisir/ du trésor;; mais à peine
••
1

fut-ih ientré dans la' cavernev qu'elle


s'enfbriçà sous ses pieds ,; ï'ejàgloutit, et
Se\trouva rèmplie-de?terrè commeau-;
pàràyant.:i ^;:^-i-/--i;>- ;--•.'•''< ---/y^ '---y--

:iÏSÏTE'^ GO^JUGAiE'';ijtJN; ;KÉVÉNAÏÏT.

PHILIPPE Melancthon raconte, que


sa tante, ayantperdu son mari, lors-
qu'elle était ', enceinte et près de son ;

terme, 'vit u n soir-,étant assise auprès


'de son feu, deux personnes entrer dans
samaison;; -l'une ayant la forme de
son mari décédé, l'autre; celle d'uu
: ;

franciscain de grande taille.-D'abord


elle' en futl effrayée; mâis;son mari là
rassura,- et lui/ dit qu'il avait quelque
.
DES FANfaMËsV 2§
chose d'important à lui cPmiriuniquer;
ensuite il fît Signe au./ franciscain de
passer un irioment dans la chambre
Voisine,, eri attëndàntqri'il eut fait con-
naître ses vplpntësi à sa feminë.
Alors il là priadeîlui faire dire des
messes, et l'engagea k lui dorinér là
;

mainsàns craintêiÇpinme elle en fai-"


sait difficulté, il fassùra qu'elle n'en
ressentirait aucun mal. Elle mit idonc
sa main dans; celle de son mari; et elle
la retira, sànsidouleur à làyérité, maïs
tellement brûlée, qu'elle en demeura-
noire toute sa vie. Après quoi, le mari
rappela le grand franciscain ; et les
deux spectres disparurent. "-

LE CHASSEUR MYSTÉRIEUX:
; TACITE rapporte cette anecdote:
Un.homme apparaissait, toutes les
nuits, aux prêtres d'un temple,d'Her-
cule en Arménie, et leur commandait
,3o HISTOIRE
de lui tenir prêts des coureurs équipés
pour la chasse. On ne'manquait pas
d'obéir. Ces coureurs revenaient le
soir, harassés de fatigues, les carquois
vides de flèches ; et le lendemain on
trouvait autant de bêles mortes, dans
la forêt, qu'on avait mis de flèches
dans les carquois, sans que les cou-
reurs eussent rien tué', ni vu qui que
ce soit. Us avouaient cependant qu'une
puissance surnaturelle les forçait à
courir-, et à traquer lesbois, pendant
tout le jour.

EN îagg, Henri IV, chassant dans


là forêt de Fontainebleau,.accompa-
gné de plusieurs seigneurs, entendit
un grand bruit de cPrs, de vérieurs et
de chiens; et en un moment,' torit ce
bruit qui semblait être éloigné, se pré-
senta à vingt pas de son oreille....
"">.

"
DÏS'èï#^SfïïME;S«. g.ëi'

y^fepmpandaa^Womte;idevSoiMons
desvoir ée qu& joutait >o ne>pEësumiarit
s

pa| sqjiiliiyùeUtides i;gens:>ass©z^haï?dïs


pourvënirtroubler saxehasse;. Leicoïirte
deiï|lpi«^pns =;i^étarit.êa^ânéé^oap^utl
dàrisf fépaissBljîî des> JM^rissajlie^y: .-àk
grajudî hbferoévrioi^iqui dispatutvJeri
ég|a#4%fel!Qi^.^^siie et; épouvàn-y
tabjfe ^^si^etiê^^oijà3(m^amêfiidm^
^PM^Gësjpàroïesjen^^
,
ceux; qui; Jës;;eMendirenfey qaûfûs n'psèi,
rentipourêuiviréilàichassev " "' " X
^/Ausrestèi;, les* pàysatis> des; iërivirbrisr
dirent que ; souvent ils; voyaient ce
;

grandhomme noib^ 'qu'ils nOmiriaiërit


teigmïidrvëiïèwtl ët1qû?iLehasàait;dans;
làforêfetde Ebntairiebieàuvsàris faire;
deù'in&L; jà ;persbnnë. ^.HISTOIRE DEI
''"HEMR**v.>)'.;i'ï.y--r;./ ''.': yw--; y
1

LE::REvlîlNANÈ;:DÉ feMCOjNS^NGE.
;, )L'AuTEi3À;Gl?tiîï : puvràgê- justement
estimé:paris, ^evsciïlMs etfespro-
%% ..s.a.His;T©itjES?."3«_
.

entre plusieurs;tanëcdotes? piquantes y


;Une ïhistoireïde reyeûàrit^>àusèf spsigi-;
njafeqnie'peu -Ponunéî ;y 1.;-ma7,y rK-

;-. u
M^ïRod^ifife^
dfeLy0u^fet<envoyé à/lfâ^èsdlèvirigt^..
deux-;ans4r:'à;.'Paris;v;avep'^dps*.let(*e^
.
aristanteso de Téçpmî^ridatîipÉ^dg/sës;
parenSippuFlè'u* correspondant.; dbkt
i 1 n'était ipasvcbnnri^epprineffômêrit^
MuM d'aune somrrie'assez^fprtÉKpPu*
pouvoir vivreiagréa^fement-quelque.
temps'dais/larcapitalfe; .ii'f s'associa
pour ep vpyagèïayeevun; de; ses amis.»
aussi .jeune jque luiloet^extrêmement
gai4 Enarrivàriifc^M* Bodri fut. attaqué
d'une fièvrp;tPès^violentS. Sbn;aïrii4
qui resta auprès de luila première/
journée, né Voulait pas absolumentlé
quitter, et se refusait d'autant plus aux
instances qu'illui faisait pour l'enga-
ger à se dissiper , que Payant' fait /ce
voyage que p#.Complaisancepourlui,>
,DES;;FA^ÏOMES. &3
iln'avait aucune connaissance à Paris.
Mais M. Bodri l'engageaà se préseri-
ter spus son proprenomy chez le cor-
respondantTde; sa famille, où il trôU-
Veraife. une? -speiété aimaMe, et :&!- lui

remettre ses lettres de'recommanda-
tion;, sauf a/éelaircïr; comme ils le
pourraient,, l':imfymglio>Ç\Q\résulterait
de ,eette;supposition,:lorsqu'il se por*-
;

tépa^tmieux;. ;-:V:y.-- -;-.- ;;y n ;.-/' -'^'y ''


Une; proposition aussism
pouvait quel pi aire! au, j eune hpirimëv
Elle lut acceptée: gaîment, :et exécutée
de^même. Sprislp mçm de' M» Bodéi y il
v
'„

sj^rend- chez le;Gprresporidant?,4uipré-


sen$e;les lettrpsr!âppbrfcées;) de: Lyon;
jpu-e .très-bien; son rôley et est parfait
tement accueilli. Cependant, de retour
à son logement, il:tr.ouye son amidàns
l'état le plus alarmant, sans espérance;
et, nonobstant tous les secours-'qu'illui
prodigue, il a le malheur dp le perdre:
danslauuit.
34 y HISTOIRE -î
v -,
Malgré'le trouble; que lui- ;©ec£-
sipnna; ce Pruef- événement, il sentit
qu'il:ri'était;pas; possible dé! fë tà;i;iie' àri
correspondant« de- la- mkisôn^Bëdïi;
Maiis, ;pomriieni)/avoUëPj|ën> ïunë' 5àu;ssi
triste eïrcbristance^làsm'auvai^'plàf*
jSanteri©e0:neertée-ëntËèlësdeux ajaiisi
ri^ayantplùs! aucun moyPris de; la justïr
fier;, ne serait-ce .pas- «'ëxj^srèFf Volon-
tairement/faux soupçons les -plus In j#
rieux :,r sans avoir, pbur> lës^éëàrtfer
,
pl'autreressource que sa; bonne fbi^a
laquelle on rie voudrait pas croire? Ne
risqueràit-if pas méine dfêtre victime
de«onaveu v |ûsqu;à-eë qu'on eût;ëa
le temps d'en* éelàircïr JIà véritëiïï?
; 1

Cependant il ne pouvait se dispëiisër


de rester, potuM rendre lés derniers'de-
voirs; àîson ami ; et il était iïnpossiblè
de. ne pas inviter le-correspondant à
cette lugubre cérémoriiëi ''•'-
'

:,. Ces différentes réflexions, se mêlant


avec le sentiment de sa 'dbuleur, le
DÉ#:#A'NTèStES;, 3$
tinrent toute laejournée dàris'la plus
grande- perplexité/ Maiè* tout-aëoupj.
unes idée aorigïualëry^qu'il ripi/manqua,
pas dé mèttrpisrirr-lp^chàmp -aPxëefi^'
tmà'i Vint,.^ëF''S0ri''vièfçè#it:ftd|iii-,^-ll^'
défait 5:par toutes les; ;falignes ' de;là ;
.

nuitetiieellësdui jour]: àebàMfë'dëtrisr-


tësse, il se présent© à dis heuî?es;du:
sofeéhëzlë corrëspbridàrit; qu'iltroùve
,
aurmiliiëudesa farinll©*et quiy frappé
aussitôt de cettei-visitë, àuriehërirein-
dùe,et du eharigëiriérit dé sa figuré *
lui dërnàndë'Pê qn^ifà? s?illui est ar-
rivé: quelque malheur?;... « Hélas; F
^MPrisieur^lë^plus; grand de te-ùs^
» répond le 'jèÉftë hbrinûéy d'un ton
» solennel; je ^suis mort ce màtiny et
» je vieris Vous' prier d'assister à mon
; » ëntërreihènt =
qui se fera demain »;
et, profitant delà stupeur que ces mots
ont jetée dans la société, ils'échappe,
sans que personne fasse un mouve-
ment pour le retenir. Tout le mondé le
36 HISTOIRE- ;.-'".:
regarde avec la, plus grande surprise;
on yerit lui répondre j/il a di sparu. On
s© ppnsulte, pn décide quple malheu-
rettxjeunë homme; est devëriu fou ; Ï et
je;-correspondant se; change d'aller:, dès
lelendemainmatin, aveô-sbn;fils,lui^
porter tous/les secours: qn^ëxigentjsa
situation..-,;y y yy.-Jy; -;y":;v -y-;;
.->,«
Ils arrivent en; effet dé bonne heure
;a son logenienty sont troublés d'abord
en* apercevant; des.: préparatifs/funé-
raires;, et demandent. M/. Bodry. On
leur apprend qu'il/est mprt;la veille,
etqïuM va être enterré ce matin..;..
Aces mots, frappés;de la plus g<rande
terreurVilsnedpntèrentpas que cène
fûtfâme; du défunt qui.leur pût ap-
paru , etrevinrentcommuniquer léuï
effroi à toute la fainille,, qui n'a ja-
mais voulu revenir de cette idée.
DES FANTOMES.^
Èj

MALICES D'UN' FANTOME. y <

-
ALEXANDRE d'Alexandrie ditqifil
y à âs Rprûe dés/iihaisbns,! bù il à
dernëùrë'., qu'i sbrit tëlleriîent infestées
de spectres-et dé faritôriaes, que per-
sonne n'osé"les habiter; Il vbrilrit un
jour Réprouver si ' tout CP qtrbri disait
de ces' riiaison's était véritable ', et se
5

décida à passer là huit, aVëc quelques'


êbriipàgriônsv'dàns mt: logëiriénf des
plus/décriés. '-'': -'-.yy-vy ';""
iCbïnirie; ils y'étaient ënsèmhlèy'
avec plusieurs lumières,' ils virerit pa-
raître un spectre hideux qui Iës^ef>
,
fraya tellement ; par" sa voix; terrible
et le bruit de «es chaînes y qu'ils hé
savaient ce qu'ils faisaient ni ce qu'ils
;

jjdisaient; et à mesure qu'ils appro-


I chaient avec la lumière, le fantôme
| s'éloignait. Enfin, après avoir jeté le
| trouble dans toute la maison, il dis-
| parut..... ••
' -

1
I . .
SB .HISTOIRE
Un moment après, Alexandre étant
couché Sur son lit, bien éveilléy et la
porte de sa .chambre hien fermée, son
dpmestique, et/ses,amis virent tpufcàr
? coup rentrer le; speetrPj, par fentes
les.
dpla porte,, etvcommpncèrenjtàrprier
de toutes, leurs, for ces; Alexandre,;qui
ne le, voyait- p^s j 1&, cherchait .y^inè-
ment deîv^yjeux, lorsque, le .fantôniej»
;

qufs'élàitgglissé^spus ^son lit,/étendit


le br.as., ,èt éteignit les lumières-qui
elaient sur la table. Aprèsquoi.il rp^
versa pt ^fouilla tous les papiers ; qui
s'y,.trpuvaieritv,v. y;,.-... ;; ;,-,/,-;!:.-;;-.,-,
tii^ÂM ;b/ruitv gu^
Cambre;,: on :iapeourut avec- de.la
.

çlartéy aussitôt le^fanitônie•; -ouvrit la


porte, et ; prit la fuit p.. Quelques-uns
ne .le^ virent point,,, mais d'autres l'a;-
perçureut-distinptpment, souslafoimp
d; un homme très-noir ;et hoiiribiemput
f)âtiW '^,,;" J'y- r\r:-d
.
oyy ;;;.::;;
.DES,- FANTOMES. 0g
.

6!y' M^CHÀNCETÊ;D-UNLU'TÏN.''^'"..''

•;,
A.uvdipepse d?Hildesheim^ en Saxe ,<


vers-l'ari iiSav^-vitàssezilpng^eriîf&
un,:esprit que les? tSaxons;rappelaient

net, à cause du borifapfcdbrit 51- était


cpiffë.i II apparaissait, tantôt sous un e
forme, tantôt sous uneautre> et qupl-
quèfëis-v éàris' 'apparaître^ il faisait plu-
sieurs;, choses;;ïqui.iproûyaierit-èa- pré-
jspnce;et sbn;pouvoir; ihdonnaitmêriië
d^sav4siimporitàns^Souvent ©nl?a vuj
dansla cuisine: dp l^ëvêque,f servir les
çuisiniersVët fàirejdiversk)Uyï^^slUiï
jeune nyimiton^quiiisMtait familia-
risé jàveodui y; hé ayant! fait ; quelque
insulte ^ih-eri? avertit le chefide* cui-
sine y qui n'en ;:tinticbriipte ; «mais- le
1

Jutiri^sîeri;:vengea«crùëllementJ ujLè
jpÙiipi^garçQnïS/ptarit endormedàris'la
bufeine ,;il l'étouffa. y. le miti enqpièëèsy
et enfin le -cuisit. Il poussa encore plus
4P HISTOIRE ; '-
loin sa. vengeance-, contre, les/pfhciers
de cuisine,, et les autres, serviteurs de
l'évêque. Ce quiallasiloinyqu'biïfet
oMigé.die-:procédër^contre-lui pàrtoëri-
surë,et dple coritràindreypar lés; ëxër^
cismés, à sortir;;dh pays;; {Rapporté
pa#&i:Ql&&m$ or\ ;-;;;"-,;';;:;" i.yiy

' LFMABLE- DE. tA/RJjE; ]DU[ 3$$$,': ;


3D'ANS:ilesyhistoires!/modëraëSy/le
...
diable rie: se. riiontre: plus- ;si souvent
:

que sdans!les vîeillesuchrqniqtïes 5; ?dp

sprtëj. que^ de; bonnes ; gens-s'a musërit


quëlqluefbis; sàyjpuër/vsbh -rôte y polit
'"

qrCbnrie fbriblieipas tout-àçfâit. y ;>f


<Une marchande de graines, dbla
r.
rue du Eour, dans le faubourg 'Sairit-
(Jermain ; à Paris, faisait conrir le
-
hruitparttdilevoisinageyqu^elleavîàit
un diable-dans sa hbutique; :If;nferi
fallut pas davantage i pour 1 y, natëtiirei'
'•

tout iParis. Cette imârchàndei afin-de


DES FANTÔMES; 4*^
convaincre le publie de la présence;
invisible du démoriy s^nfëririait le ma-;
fin dans son comptpirjr et nëinanquaitr
pas,, dès qu'elle s^apercpvait que; la ~
foule était grande» de se trairiez dans
: :

tous les coïni. de "sa boutiques sLpv'


comptpir, quiseprompnaitavec elle> /
la-démbàit/aux, yeux ^des spectateurs^
;-
Cette cérémpnieduraplusieur^
à la grande frayeur dps/Curieux;/ihais,
le commissaire ayant, menacé,. cette
femme de la faire renfermer, si lp
diable revenait encorey elle sùt'si jbjpriiy
congédier cet esprit de ténèbres, qu'il
disparut pour toujours; (S/ÀI^T-ÏJOI?,,
jEssaisJ) -y/'""

ARMEE BE'./FANTO!MiS^
L'AN 1128, dansleeomtéde'W'orms,:
on vit, pendant plusieurs; jours, unev
multitude de gens armés à pied et à.
;
cheval, allant et venant avec grasê
4Z HISTOIRE;
hruity et qui se rendaient tous le*
soirs, vers l'heure: de; hories,; àuney
montagne, qui? paraissait; être lé lieu
dé leur rêndëz-vous. -Plusieurs për-;
«onries dri- voisinage, s'étant munies;
du signe dé là croixy .s'approchèrent
dé cps: gëris arrhes, en les conjurant,
au/jrioiri de; pïe'ù'.i' dp leur" déclarer ce
;"que vbulàït dire cette armée,;et quel:'
était léiir dessein. Un des soldàts;ott
fantômes répondit : « Nous rie^sommes:
pas -ce que vous imaginez, ni dé vain &
fantômes, M:de. vrais soldats ;; nous
yrofflnipslësâmés'dë ceux qui ont été
tués 'eh cet endroit,- dans là; dernière;
hataille. Les armes et les chevaux que
vous voyez, sorit les instrumens de
notre siipplicp, comme ils l'ont été/de-
nos péchés, ïïqus sommes tout en feu,
quoique' vous rie Voyiez rieri; en nous
/qui paraisse/eriflammé..»On dit qu'on
remarqua, en leur compagnie, lecomte
Eiîrico y.et plusieurs autres seigneurs.
.
DES-FANTOMES.. '4.3:
tués depriis'peUvd'àinnéés:,;qui déclaK
rèrënt qu'on! pourrait les étirer; de cet
; 1

etafe, par; desaumôriès bî;des pilièfees;^ '?

LE VAMPIRE DE KISILOVA.
DANS le-dernier siècle, mourut au
village de Kisilova, à trois lieues
de Gradisch, un vieillard, âgé de
soixante-deux ans. Trois jours, après
avoir été enterré, il apparut la nuit
à son fils, et lui demanda à manger;
celui-ci en ayant servi, il mangea et
disparut. Le lendemain, le fils raconla
à ses voisins ce qui était ara-ivé; et le
spectre ne se montra pas-ce jour là;
mais la troisième nuit, il se fit voir,
et demanda ericore à manger;;-ouirie
sait pasisif^sbn.fils-iluf en donna.ou
non;Ornais;»ri; trouva:1e lendemain
celuirëï niort; dans. son lit. Le mena©
jôurycinq ou six personnes, tombèrent
subitement malades; dans lé village y
$4 HISTOIRE^
et moururent l'une après l'autre, peu
dëcjours après; Le; baillidu heu j, in-
formé; de cé>qrii était arrivé, en en-
voya une rëlàtion/au tribunal de Bel-
grade, qui chargea/ deux de ses offi-
ciers d'aller dans ce" village y5 avec
un bourreau, pour exaniirier faffaire.
ïitbfBGÎër impérial,/dont on tient cette
rrëlatipri sy; Rendit de; Grradisbhy pour
r
iétrë lui-même^ térnoin 'd'un fait don fc
al avait souvent entendu parler. On"
ouvrit tous les tombeaux dp ceux qui;
étaient inorts depuis six semaines ;;'
quand on vint à celui du vieillard,
on le trouva les yeux "ouverts, (^une-
couleur vermeille j ayant une respira-
tion naturelle, cependant/iriimobile'
et mort; d'où l'on conclut qu'il était
•un signalé vampire. Le bourreau lui.
enfonça un pieudans le coeur. On fit
un bûcher, et l'on réduisit en cendres
le cadavre. On ne trouva aucune
marque de vampirisme, ni dans le
DES FANTOMES. 45
corps du fils ni dans les autres. (Dç
GALMET.) --.. "/.
On sait que les vainpires sont des re-
vënaris, qui, dans le dix - huitième
siècle, infestèrent làHongrie, la: Mo-,
ravie* là Russie,'; la Suèdey; etcy, en su-
çant les vivans et les faisant: mourir,
d'unemanièré cruelle ; du moins p'esti
ainsi; quvon, le raconte..

MORT DE ÇA/RLOSTAD.
La mort de Garlostad, partisan de'
Luther, fut- accompagnée de çircons-
" tances effrayantes; Au dernier sermon
qu'il prononça dans le temple de Bâle,,
un grand homme noir vint s?asseoir
près du consul. Le prédicafeuil'aper-
çut et eri parut troublé. Au sortir de la
chaire, il s'informa quel était l'incon-
nu qui avait prisi placé auprès du pre-
mier magistrat : personne que lui ne-
l'avait vu. Garlostad eut encore »o.u->
4:6:, HISTOIRE
Vellesuu spectre,lorsqu'ifrëritî-a d-àris
son logis. L'homme noir y était ialley
et avait pris par les chëvéùx le- plus
jeune* et le^plus tendrement chéride
ses enfans; Après Savoir ainsi;soulevé
déterre ,. il/sMtaûit missen devoir dé/lëï
laisser tomber pour lui Passer la'tête ;/
mais il se contenta d'ordonner à -f'eri^',
faut d'avertir sori përëquP'dàï^ trois-
joursilreviendrait,etqh'ileutàSêteriirj
prêt.L-enfant,ay^nti-acpntéàson père
ce qui lui avait été dityjetà Garlostad
dans l'épouvante, ïl/sèmit au'-littbut
effrayé; et trois- jours â'prèsi le Mabfe
étant Venu, On trouvàCàrlpstàdétran-
gié. ',_>-
^ •; :-.•:,:.ï r

LE DIABLE :EXORCiS^. \_ \

ONexorcisàitunjour^ dansune église;


d'Italie, une' jeûné?. fille /possédée; du
Démon .L'esprit de ténèbres,forcé par
la-conjuration-.de décamper du poste,,
DES' FANTOMES. 47
déclara que j s'il sortait du corps Se là
demoiselle;" il entrerait par un chemin
dëtburriédansçeluidriri Elançais;qui
:
se trouvait là. {M hpmriié, coriiprëriant
à merveille l'interitipndu Diable^cou-
rût tout effrayé vers le hériitiër,:et s'as^-
iitdedans erioçriàiîrâ au Bëmori'f-W'tèà$-:-
qupiiidtU, fotiâmSrjè'fmrprépm'éta,^
sawcei On dit que cette bravé résolus
tioh força l^spritrnàliri à retourner
tout droit aux enfers. ('W&yage eu
Italie..). :'~

LES REVENANS DU BALAIS/ DE;


.
y
.V^U^RT.;' ;-';.- ;:.^ :";'
SAîNT Lotrisrfut si édifié du^réeiê
qu'on lui faisait delà vièaustère et si-
lencieuse des disciplesde St.: Bruno,
qu'il en fit venir six, et leur donna
un e maison, avec dès jardins et des vi-
gnes, au village de Gentilly; Ces; reli-
gieux, voyaient de leurs fenêtres 1g:
4& HIST.OÎRE
-, .
palais de Vau/yert, bâti par le roi Ro-
bert, abandonné par ses successeurs,
et dont on ppuvait-faire un monastère
commode et agréable par la proximité
de Paris. Le hasard voulut que des es-
prits ou revenaiis; s'avisèrent de «'em-
parer de ce; vieux château. On y en-
tendait des hurlemens affreux; On y
voyait desspectresiraînant deschaînes,
étentreautres, un monstre vert; avec
une ^grande barbe blanche, moitié
homme et moitié serpent,armé d'une
grosse massue ,pt qui semblait toujours
prêt à s'élancer la/nuit sur lespassans.
Que faire d'un pareil château? Les
chartreux le demandèrent à St. Louis;,
ïl le leur donna,; avec toutes ses; appar-
tenances et dépendances. Les revenans
n'y revinrentplus; leubm d?ènfer resta
seulement à la rué, en mémoire de.
tout letapage queles Diables y avaient
fait. (SAINT-EOIX. Essais.)
;-'.."'- :
DES;;F-A;NTëMES:. '
4^N

ilïSTOIRÉ DES RERGERSpE BRIË. /


A^R/ksl'édit de c&Ssy pour; la'pu-
m^iondes maléfices^ là race des sorciers;
dimi riuasërisibfomëntïën'Êràneëjmàis:
' il restait encorev daifôi/là ^riëy an^;
; ;-

environs/de; Paris, uriè malheureuse^


cabale de/bèrgprsv quifaisaientriiPur%
les bestiauxly attentaient 'aià/^e /de»
hommes;j -i-sàiia pudicitp :dès:;fpinnies/etf
des/filles:,pommëttaiëritplu^^
cri mésyet sétaieritirendusîforriiid^
à Ia:,prPvinçe;uil!y; senueut^enifinidîâé^..
rêtés;; le; jugesde; Paby/instruisitvleui!;
procès^ etpar lesprëuvesi ifpaïkfeévi* ;
demhaerit que tous;;cesJriiaux::étaienk

sorts ou poisons dont ces malheu-reuxj


se servaient, pour[.[faire /mourir' les
bestiaux;, consistaient;dans-une eonife
position qu?ils; àvôuèrent.au,;prbcès;: et
qui est rapportée dansées factriins^y

-* " ''
mais si remplie de sacnlé^s^fd/im^
" 3 "'.'
So y HISTOIRE
; •
.
piétés, d'aboriiinations et d'horreursy
qu'ori frissônnërçiit en là lisant. Ils;
mettaient epttec composition dans un
pOt:vdé;te^re,;pt;;]^n^erràiprit^: ou ; sous;
Jë;^©ùif ïdë: la :porte!;deshétahles: aube,
^siâàuxyiou-dansulp ehem^n/par .ou
:3lspassaièri:t;;et;te
rait<en:eë;lieuv.bu que celui qui l'avait ;

posé ;étaifcënivieyla ;mortahié des^ bes-,,


tàauxnecèssaiâpbi^
sîeri expliquèrentjdaris leursànterroga-
tohrès ; et une circonstance; fort singu»
lièrPidelëurîproces,prouve ristorieu*
semisni quai:y àvaitun vrai pacte entre
,eûx^etle;Diàbl:e,pour commettre tous
.ces;màléficps.;ivToici eoriiment la chose
se~ passa;; ëlfoest:tropfurieuse pour en
priverle puhhc. y i; ; ^ .•; r
y Ils avouèrentobien, comme il vient
d'être •'0:b"servéydi'avoir.;* jeté ces sorts
sur lés ^bestiaux du -ferma PIN-de la terre
; de Pàcy/ prbchè' de Brie-rGomtp^Ro-
bertpppur^vpager l?un d?entrp eux,
DES FANTOMES. 5l
que ce fermier avait cbab.se et mis hors
de son service. Ils firent le récit exacf
de la composition; mais jamais aucun*
d'eux ne voulut découvrir le lieu où
ih avaient enterré le sort, et on ne sa-
vait, après de semblables aveux, d'où,
pouvait venir, celte rélicence sur ce
dernier fait. Le juge les pressa de s'en
expliquer,,et ils, dirent que, s'ils dé-
couvraient ce' lieut, et qu'qn levât le
sort, celui qui l'avait posé mourrait à
l'instant. '.
,
Enfin l'un de, leurs complices
- , ,
nommé Eiienne Hocque, moins cou-
pable que les autres, el qui n'avaitiété
condamne qu'aux, galères, était à la
chaîne, d'ans les prisons de la Tour-
nelle : on gagna un autre forçat,
nommé Béatrix, qui était attaché
proche de lui. Ce dernier, à qui le sei-
gneur, de Pacy avait fait tenir de l'ar-
-gçnt, fit Un jour tant boire Hocque,
qu'il l'enivra, et en cet état, le mit
ïte"-..'-'. -;:-HlSTOJtR^';:'"-;\

sur le chapitre du sort dé/Pà-èy., Il/tira-


de'-lui le secret qu'il n'y avait qu'un
herger,; nbnmié 'Bras^dé-Eëry qui" dp*
mëuràit près dërSënS', qui pu#lever le
sorty' par ses "cbrijrirâtibrisr Béàtrix y
prbfi tarit déVbecbmlriëriçèttieritsdéipbri^
fidèricë, engagea Hoe^uë/à'éPriTe'Une
lettré à/'Mcolas-;H^qriPy sbri filsi^ par
laquelle il lui m^
Bra^de-Ee^ipo&flé^priér^élever'ce
sortyet;lui défendait surtout dp dire
à Bras-de-Eer, qu'il fut condàïririé et
eriiprisPririé,jiiquetfétàit luiHbbquP,
qui avait posélè sort. - y
'' 'Cette lettre ébritèy HoPquë s'eridbÉ-
imit; Mais àsonrèveilylës furiiéés-dii
vin étant 'ttisiipëës,-'• et ;réflébhissàrit
sur ce qu'il avait fait, il "poussa; des
ëris et des :hurléitàens épouvantables,;
se plaignant que Béatrix FaVaitfrorriî-
péyét qu'il ferait cause dé sa mort; Ll
^P jeta en mêrriè téirips'surluiyët^ïri-
lut l'étrangler ; eé quïexcita nj.êmeles,.
y »!ËS?: FAWÏOMES.r 5S
autres forçats; contre ; Réatrix, par; la
pitié ^qu'ils avaient du désespoir de
Hocque; en; isbctey qu'il faMut qriële
cpmrijàri)dàritdë|lajT0urriellëvînti a^pc
,ses gardps ^p@ur apaiserïpedésprdrey
;pt tirer Béatrix-dë leurs mains.
/ Cependant la lettre fut;envoyée au;
-seignputyqui la^fit; remettre à son
;adresse;;Bràs-de-I:ëEvint a PàPy,; entra '
;
.
dans/les; 'éjcmries;;;èt, après, avoir fait
plusieurs figures et dés.imprécations
exécrables, il trouva effèétiveriiënt le
sort qui avait; été jeté sur les chevaux
jêtlps vaches; if leleva;, et; le/jeta au
^su, .en; présence du ;fermièr et; de ses
domestiques; mais ;à l'instant 11 parut
chagrin * témoigna du regret de ce
; qu'il venait de faire, et ditquplediable
lui avait révélé quec'était Hocque, son
arniyqui avait; posé le sort en/cet en.-
droit; et qu'if était mort j à sixlieues de
Papy-, au moment que ce sort venait
d'être: levé. ;-,. •.""...."., y ."
.,-.,. ;
54 HISTOIRE
En-effet, par les observations qui
furent failes au château de la Tour-
nelle, il y a preuve qu'au même jour
et à la même heure que Bras-de-Fer
avait coimnencé à lever le sort, Hocque,
qui était un homme des plus forts et des
plus robustes, était mort en un instant
dans'- des convulsions étranges, et se
tourmentant comme un possédé, sans
vouloir entendre-parler de Dieiï, ni de
confession.
Bras-de-Fer avait été pressé de lever
îmssi le sort jeté sur les moutons'; mais
il dit qu'il n'en ferait rien, parce qu'il
venait d'apprendre que ce sort avait
élé posé par les enfansde Hocque, et
qu'il ne voulait pas les faire mourir
comme leur père. Sur ce refus,le fer-
mier eut recours aux juges du lieu.
Bras-de-Fer, les deux fils et la fille dé
Hocque furent arrêtés avec deux autres
bergers, leurs complices, nommés Jar-
din elle petit Pierre. Leur procès ins-
DES FANTOMES. 5&
truif, Bras-de-Fer, Jardin et le petit
Pierre, furent condamnés à être pendus
et brûlés ; et les trois enfansde Hocque
bannis pour neuf ans. ( LAM ARRE. )

ENLÈVEMENT D'UN COMTE'DE


MAÇON.
LE comte de Mâcon, homme vio-
lent et impie, si l'on en croit Pierre- 1

Îe-Venérable, exerçait une espèce dp


tyrannie contre les ecclésiastiques et
contre ce qui leur appartenait, sans se
mettre en peine de cacher OIT de colorer
ses violences.
Un jour qu'il était assis dans'sdn pa-
lais, accompagné de quantité dé no-
blesse et de gens d'armes, on y vit en-
trer un inconnu achevai, qui s'avança
jusqu'auprès du comte,-et lui dit: —
Suivez-moi j'ai à vous parler. Le
,
comte se levé etlesui^ entraîné par un
pouvoir surnaturel. Lorsqu'il arrive à'
la porte, il y trouve un cheval préparé;,
56 HISTOIRE
il monte dessus, et aussitôt il est trans-
porté dans les airs, criant, d'une voix
lerrible, à ceux qui étaient présens :
,
—A moi! au secours!...Mais bientôt
on le perdit de vue, et on ne douta
pas que le- diable ne l'eût emporté.

.
LE SPECTRE DE POLYCRITE.
PHLÉGON raconte dans son livrey
entre autres histoires surprenantes,
l'anecdole merveilleuse que nous, al-
lons rapporter :
Il y avait, en Etolie, un citoyen vé-
nérable nommé Polyorite, qui fut élu
,
par le peuple gouverneur du pays, à
cause de son grand mérite. Comme'il
remplissait dignement sa charge, elle
lui fut prorogée jusqu'à trois ans, pen-
dant lesquels il épousa une dame de
Locres. Mais il mourut, la quatrième
nuit de ses noces, et laissa sa femme
enceinte d'un hermaphrodite, dont
elle accoucha au bout de neuf mois.
-
'
-.
DES/FANTOMES. $7
-..'.Les prêtres et les augures, ayant
été consultés sur ce prodige.-,, cpftj;èpi-
tttrèrent que lés Etoliens. et les Lb-
crierisauraient guerre ensemhle, parce
que ce monstre;avaitlés deux naturesv
On conclut enfin qu'il fallait mener
la mère et fenfant/ hors des limites
d'Etoile,: et là les brûler tous/deux.,;,
; ; Comme on était prêt .à faire celte '
exécution;, le spectre de: Polycrite
apparut et se mit auprès de son ; en-
fant; il était vêtu,de hoir; tout le
-peuple: effrayé voulut; s'enfuir ; le
fantôme les. rappela, lëu£ dit de ne
rien craindre et fit ensuite d'Une
,, ,
voix grêle et basse * un lorig-dis-
coursy danslequel il leur préditque,;
s'ils brûlaient sa femme et son fils-,
ils tomberaient dans des 'calamités
extrêmes. Voyant enfin qu'après ces
remontrances;,.. il ne pouvait les dis-
suader de faire ce qu'ils avaient ré-
solu, il prit son enfant, le mit en
58 HISTOIRE
pièces et le dévora. Le peuple fît des
huées contre lui, et s'arma de pierres-
pour le chasser. Mais le spectre, in-
sensible à toutes ces insultes, conti-
nua de manger son fils, dont il ne
laissa que la tê(e. Puis il disparut.
Ce prodige sembla si effroyable,,
que quelques - uns proposèrent d'en-
voyer consulter à ce sujet l'oracle dp
Delphes; mais la têlède l'enfant, s'é-
lant mise à parler, leur annonça en
beaux vers tous les malheurs qui de-
vaient leur arriver dans la suite; et ses-
prédictions s'accomplirent....

- ^mwmtMm #UN; WAtè$@0Sï; '"

,:LE comté; dé Élàriarës étalf ëritr#


dàris la ligue dp fèm^erèûr et du rpi
d'Angleterre contré laEiàneë. Là com-
tesse «à trière^/Rfahàud de Portugal,
inquiète sur le sort dé la nouvelle
guerrequ'on allaitdéclarera laFraucé;
eut recours à Un moyeh'qui était alors
DES FANTOMES. 5Q
plus à la mode que jamais, même
parmi les grands. Elle consulta un ma-
gicien fameux, qui lui donna celle
réponse : « 11 y aura une bataille san-
» glante ; le roi de^France y sera foulé
» aux pieds des chevaux : son corps ne
» sera point enseveli ; et après la vic-
» loire , le comte de Flandres entrera
» dans Paris en triomphe. »
La prédiction se vérifia à la letlre;
mais dans un sens bien différent de
celui qu'elle paraissait avoir. Philippe-
Auguste, faisant tout à la fois les fonc-
tions de capitaine et de-soldat, et com-
battant avec une ardeur incroyable,
fut atteint d'un javelot, dont les cro-
chets s'engagèrent entre son casque et
sa cuirasse. Le soldat allemand qui
avait porté ce coup, tirant son javelot
de toutes ses' forces, entraîna le roi,
el le renversa de dessus son cheval. Le
monarque se releva aussitôt, et sortit
heureusementde ce danger, autant par
6o HISTOIRE
son adresse que par le courage de cetlx
qui l'environnaient. Après la victoire,
le comte de Flandres, qu'on avait fait
prisonnier dans le combat, enchaîné
dans une litière ouverte, suivit Phi-
lippe-Auguste à son retour dans Paris,
et orna l'entrée triomphante du vain-
queur.
LE VAMPIRE VULNÉRABLE.
,
UN homme; npmméHarppe, ordon-
na à sa femme dé le faire enterrer, après
sa mort, devant la porte de sa cuisine,
afin que de là il pût mieux voir ce qui
se passerait dans sa maison. Sa femme
exécuta fidèlement ce qu'il lui avait
ordonne; et après la mort de Harppe,
on le vit souvent dans le. voisinage,
qui tuait les ouvriers, et molestait telr
lement les voisins, quepersonnen'osaifc
plus demeurer dans les maisons qui,en-
touraient la sienne. Un nommé Olaïïs
Pa fut assez hardi pour attaquer ce
DES FANTOMES. 6l
spectre; il lui porta un grand coup de
lance, et laissa la lance dans la bles-
sure. Le spectre disparut; et le lende-
main, Olaùs fit ouvrir le tombeau du
mort ; il trouva sa lance dans le corps
de Harppe, au même endroit où il avait
frappé le fantôme. Le cadavre n'était
pas corrompu. On le tira de son cer-
cueil, on le brûla on jeta ses cendres
,
dans la mer; et on fut délivré de ses 1

apparitions. (D. CALMET.)

r. ';; 5 C-' A^S- Wiifes?.


VOYAGE :©p;;çïïARLE,s>LE,ci^ivE;
.';. T'. ;.'
/ -;'y ; '

* >JE veriais de me; coucher•"'( dit iérp*


GhàrléSrle-GhauMeydàuisiunéerit qu'il:
à làièséde sa main); et j'allais; m'en-
doiyiii?;;lprsqn'une: voix fbriuidable
vint'frapper rnes^ oreilles* : » Ghàrlés y
» irie diti-plié, ton pspritrva sortir de
» ton corps, tu viendras; où je té cbn^
',» duirài, et tu verras les jugemens de
€a HISTOIRE
»JJieu qui te serviront de leçon ou
» d'avertissement. »
A l'instant, je fus ravi en esprit, et
celui qui m'enleva élait d'une blan-
cheur éclatante. Il me mitdans la main
un peloton de fil, qui jetait unelumière
aussi grande que celle d'une comète*
Il le développa et me dit : « Prends ce
» fil, et f attache au pouce de ta main
3)
droite; et
1 par je
son moyen, le con-
3>
duirai dans les labyrinthes infer-
»naux, séjours de peine et de souf-
j) frances. »
Aussitôt il marchadevant moi, avec
une extrême vitesse, mais toujours en
dé-vidànlle peloton de fil lumineux. Il
me conduisit dans des vallées .pro-
fondes, remplies de feux, et pleines.de
puitsenfiammés, ou l'on voyait .bouil-
lir delà poix, dû soufre,du plomb, de.
la cire et d'autres matières onctueuses.
Je remarquai les prélats qui avaient
servi mon père et mes aïeux. Quoique
DES FANTOMES. 63
tremblant, je ne laissai pas de les in-
terroger, pour apprendre d'eux quelle
étaitla cause de leurs (ourmens.lls me
répondirent; « Nous avons clé les évê-
»ques de votre père el de vos aïeux;.
» et au lieu de les porter eux et leurs
peuples à la paix et à l'union
» , nous
» avons semé parmi eux la discorde et
j>le trouble. C'est pourquoi nous brû-
» Ions dans ces souterrains infernaux,
» avec les homicides et les voleurs.
».
C'est ici que viendront un jour vos
» évêques, avec les officiers qui vous
» servent, et qui nous imitent dans le
» mal. »
Dans le temps que je considérais ces
choses avec effroi, je vis fondre sur
moi des démons noirs et hideux qui,
avec des crocs de fer brûlant, voulaient
m'enlever le peloton de fil. Mais ils en
étaient empêchés par la grande lu-
mière que le peloton jetait. Les mêmes
démons voulurent me prendre par deir-
64 HISTOIRE :
riëre, et me précï pitër dans ces puits dp
soufre; Mais mon guide sut nie débar*
rasser de leurs pièges, et îne conduisit
sur de hautes montagnes;, d/pù-sorr
taientdéstorrëns defeux qui faisaient;
fondre et houillir toutes sortes dé mé-;
taux; Là, je trouvai lès: âmes, des sëi-;
gneurs; qui; avaient éërvf iriori père et
mes frères. Lies,uris y étaient plongés:
jusqu^au ;mentoh/i, et d'autres à mi-
corps. Ils s^crièrent èri é'àdressant as
moi : « Hélas ! Charles, vous yoyèz
» comme nous sommes punis dans ces:
«torrëns ériffammés, pour avoir mér
'»; chammentsemé la-division elles' dis-
' ;» cordés entre votre père et ses fil&;»
Uri peu après j je fus àssaiflipâr dés/
.dragons, dont la gueule ardente cher-
chait à m'âvaler; mais je m'entourai
du fil du peloton, et ces pernicieux
animaux ne purent me toucher. Nous.
descendîmes ensuite dans urie vallée
ténébreuse; remplie dé fournaises en-
DES FANTOMES. 65
flammées. J'y vis des rois de ma race,
tourmentés de divers supplices. J'y
remarquai aussi deux fontaines d'eau
chaude," qui remplissaient continuel-
lement deux tonneaux. Mon père Louis
étaitd'ans un de ces tonneaux, plongé
jusqu'aux cuisses. Il me dit qu'on l'en
tirait de temps en temps!, pour le por-
ter dans l'autre,'qui contenait une eau
plus tempérée^ él qu'il devait ce soula-
gement aux prières-de St. Pierre," de
St. Denis et de St. Remy ; il m'engagea
en on Ire à faire dire des messesypoùr
le délivrer tbut-à-fait du tonneau d'eau
bouillante; ' J

Puis il me montra à peu de distance,


deux vastes tonneaux d'eau chaude
comme la sienne, en me disant qu'ils
m'étaient destinés, si je ne faisais pé-
nitence ; la frayeur me saisit ; et, ce
qu'on aura peine à croire, mon esprit
rentra dans mon corps, et 'je revins
dans mon lit. (DUCHESNE,')
m HISTOIRE
L'ORACLE DE MOPSUS.
PARMI quelques traits merveilleux,
qui ont accrédité les oracles chez les
anciens, on peut citer la vision sui-
vante :
Un gouverneur de Cilicie, ayant
envoyé consulter l'oracle de Mop-
sus, qui se rendait à Malles , ville
de cette province, celui qui portait
le billet s'endormit dans le temple,
où il vit en songe un homme fort bien
fait, qui lui dit simplement : Noir. Le
messager porta au gouverneur celte
réponse, dont il ignorait le mystère-
Ceux qui l'entendirent commencèrent
à s'en moquer, ne sachant pas ce que
portait le billet; mais le gouverneur,
l'ayant ouvert, leur montra ces mois
qu'il y avait écrits : T'immolerai-je
un boeufblanc ou noir? On vit par là
que l'oracle avait répondu à sa de-
mande, sans ouvrir le billet.
DES FANTOMES. 67
FUNÉRAILLES D'UN DAMNÉ.

RAYMOND DIOCRES, chanoine de


Notre-Dame de Paris, mourut en odeur
de sainteté, vers l'an 1084. Son oorps
ayant été porté dans le choeur'de cettP
cathédrale, il leva la tête horsiducer?
cueil,- à ces mots de l'office des mortsj
Responde mihi quantas hab.es inin
quilales, etc., et dit : Justo judiciô'
Dei accusatus suin. ( j'ai été cité de-
vant le juste jugement de Dieu.)-Les
assistans, effrayés, discontinuèrent jl(e-
service, et le remirent au lendemain,..
En attendant, le corps du chanoine fut
déposé dans une chapelle de Notre-
Dame, qu'on appelle depuis la cha-
pelle du damné. - ,<
.
Le lendemain on recommença
,
l'office ; et lorsqu'on fut.au même ver-
sel, le mort parla de nouveau, et dit:
Justo Deijudiciojudicatus sum. (j'ai
été jugé au juste jugement de Dieu.),
68 •
Mi^roiiiEr

On remit encore l'office au jour sui-


vant , et au même verset, le mort dit :
Justo Dei judicio condemnatus summ
(j'ai été condamné au juste jugement
de Dieu.) Là-dessus, dit la chronique*
on jeta le corps à la voirie; et ce mi-
raclefut cause, selon quelques-uns, de
lâ'rêtraitede St. Bruno qui s'y trouvait
présent.
' 'l Quoique cette anecdote ne soit pas
irès-authentiqûe ,1a peinture s'en est
emparée, et on peut la voir dans les ta-
bleaux qui représentent la vie de St.
Bruno.

j;^L^S5M^ÏT^;;.EN-OTpièE/^.',.
En 1761:, un fermier de Soûthàms']:
'daïïs'-* lé 'cpmté dé CW^rwicfe,:: en
Auglëterre; futâssassirié ëri revériàrit
chez 'lui. ;Lé lëndeinàiri ^ un voisin
vint trouver là feriimé de ce fermier
,
set lui demanda si son mari était reù-
DES? ï* AMTO^WES. §g
tré, le soir précédent ; elle répondit
que non et qu'elle en- était dans de
,
grandes inquiétudes. Vpsiri^iétûdes,.
répliqua eef homme, rie peuvent ëgàr
1er: ;lës miennes ; cary, comme j'étais
fepuphé;; cette nuit,; sans/être ,enepÈ@
endormi, votre mari v/eri'est«appariU-,
;
couvertdë/rblessUres, pt m]a/dit;qu'il
avait été assassiné par son ami J^hni y
et que son cadavre avait; été jeté dans
top^'lriarnière.;; y;/ /.. ;y;.-; ;:;;yr,.
La fermière alarmée fftdès perquir-
sitions;j on découvrit la ma^hièrë^ et
l'en y trouva -le corps., blessé aux en-

droits que cet homme avait:désignés;
Celui que lecrévenàrit, avait acpusé
fut: saisi et misVentre les; mainlsîdps
jugés-,,' comme violemment soupçonné
tîe meurtre;: Son procès ifut instruit; à
/Wîarwicitfietlès jurés Fauraierit.con-
damrié, aussi tériàéràirementi.qne/le
juge- de' paix l'avait: arrêté y 'si lord
rjO HISTOIRE
Raymond le principal juge, n'avait
,
suspendu l'arrêt.
« Messieurs, dit-il aux jurés, je
crois que vous donnez plus de poids
au témoignaged'un revenant qu'il n'en
mérite. Quelque cas qu'on fasse de ces
sortes d'histoires, nous n'avons aucun-
droit de suivre nos inclinations par-
ticulières sur ce point. Nous formons
un tribunal de justice, et nous devons
nous régler sur la loi; or je ne con-
nais aucune loi existante, qui admette
le témoignaged'un revenant; et quand
il y en aurait une qui l'admettrait,,
le revenant ne paraît pas pour faire
sa déposition. Huissiers, ajouta-t-il,
appelez le revenant; (> ce que l'huissier
fit par trois fois, sans que le revenant
parût). Messieurs, le prisonnier quiJ
est à la barre est, suivant le témoi-
gnage de gens irréprochables, d'une-
réputation sans tache ; et il "n'a point

H
DES; 'FANTOMES; 7*'
paru,, dansle:cours-des; informations,
r-.,.-,-'.'-'iy.L;.i J>; U.v. ;>";;.;;..;,;,,,„,;.,.-:._,;:-';
•qu'il:y- ait eu aucune1.espèce de que-
rel'leyentrè»luiptilevmorti.Jele crois
ahsblumënt: iririobent^ et ,;.ebteme;iij..
n>yrà aucune;* preuve; contrei lui,;inji
directe ^;ni indirecte,/If
voye.Mais,parp^sieu^;cirPons$an^S'
qùi/m^brit frappéidàris;lé/pjrPÉèSijîfP'
soupçonne fortement; ; là personne ïqu*
a vulë^réveriahty d'êtrp;lëjmeurtrîery
auquel cas il ri'ésfc pas difficile; dé con-
cevoir qffiilnait;pu ^désigner la place-
désblëssûresylàirirarriièré;etlë res|p,/
sans: aiûcùri sëcbrirsn surnaturel :;;eny
ebriséquëriee de ces soupçons, je me-
crois endroitdéle faire arrêtery jus-
qu'à ce que l'bn fasse dé plus âriiples
iriform; ati ofrs;. » '
' •: -! :- f *';!* y
> •
'•

rGëth'pm-ïrié fût effèetivemëntarrêté;;


on fit des perquisilioMdàns sa maison;;
on trouva les: preuves de son cririie*.
qu'il avoua lui-même è la fin ; et il fhà
exécuté aux assises suivantes.;
72 HISTOIRE;

LE FANTOME DU RUBICON.
JULESCK^AR, étant entré enllalie,
et 'voulant passer le Rubiconj aper-
çut un homme d'une taille au-dessus
de l'ordinaire, qui se mit à siffler.
Plusieurs soldats étant accourus pour
l'en tendre ,lé spectre saisit la trompette
de l'un d'eux, et commença à sonner
l'alarme, et à passer le fleuve.- En ce
moment, et sans délibérer davan-
tage , César s'écria : Allons où- les pi*é-
sages des dieux et l'injustice desUiomi-
mes nous appellent!... (SUÉTONE.),

/. /AV^TUBJÉ BÙptJNE^CLARUE: 1 :'

UN; jeune hommeidegrande^cpndir'


,
tâph^ npmmé; j3|a$usA ^ ^'^tajntf^nné-
à; Diëudansnnj m^njasfè/ç'eysp persuada.;
qu'il avait commerce avec/les ranges, y
il ëri;parla.dans:;lerçpuv.ent; et-, epmjnp
les frèrpS/;ref/usaient:;de; le ,çroire;,;;il
DES FANTOMES. 17a
prédit que la nuit suivante Dieu lui
,
enverrait une robe blanche, avec la-
quelle il paraîtrait au milieu d'eux.
En effet, ifers minuit, tout le mo-
nastère fut ébranlé; la cellule du jeune
homme parut brillante de lumière ; et
on entendit le bruit de plusieurs per-
sonnes qui allaient, venaient et par-
laient entre elles sans qu'on pût les
,
Voir. Alors Clarus sortit de sa cellule,
et montra aux frères la tunique dont
il était vêtu; c'était une étoffe d'une
blancheur admirable, et d'une finesse
si extraordinaire, qu'on n'avait ja-
mais rien-vu de semblable!, et >que?
personne n'en connaissait le.tissu.
On passa le reste de la nuit à chan-
ter des psaumes en action de grâces»;
ensuite on voulut conduire le jeune
homme en présence du saint évêque
Martin. Clarus s'y opposa tant qu'il
put, disant que les anges le lui avaient
expressément défendujmaison ne l'é-
"
4
,174.
,
^HISTOIRE -..''.'.-
coûta point;.et comme on l'y condui-
sait j:malgré sa résistance,'la tunique
disparut aux yeux, des; assistans y ce
qui fit juger que : tOufc cela {n'était
^qu'une illusion de ^espritfifefënèbres,
ÇCholpc• d'HistoiwsyshiMesi}[ r.r.'y y-..-...

;:LE' DlAÎBliE VALEa^^daAltBRÊ.:


;

GïUÊPorRE le G-ranel rap-


;VSA-INT/,
>. •. ;
porté qbuun prêtrëi^iëla prbvinppîde
i^Tallerie.* nomméiEMénrie,;, vériérahlé
par ;ses^bbrines^nioeur%; étant u^
retenu chez 'lui,; aprèsunp,vpyâgei
parla ;à: son valety&anp panière assçz
aaégligée;, enlui disant;; Wiensy bon
diable, déùh(iusse.rmoi,lti ; / ,. ;
.Aussitôt là chaussure du ^prêtre
i; ;; '; ;
commença à se défaire,pusprte qu'il
paraissait évidenunent que., le diable
qu'il.avait appelé était venu lui obéir
pu lui tirant ses. guêtres; ce qui le
DES FANTOMES. >7&

surprit si fort, qu'il se mit à crier à


haute voix: « Belire-toi, .misérable,
» retire-loi ; car ce n'est point à toi,
» mais à mon valet que j'ai- parle. »
Le diable se retira sur-le-champ, et
le valet vint achever d'ôler la chaus-
sure à moitié défaite.
Cela fait voir combien il est impru-
dent d'appeler celui qu'on ne veut pas,
connaître, .et qui est si pressé d'ac-»
courir!....

HBTOIRE D'URBAlr? GRAKDIER.


; LE; couvent,des ï^sulines, établi à
....
Loudûn ,;;en i6à;S, se, trouva: bientôt;
après hanté par des lutins etdes mau-
vais esprits. Plusieurs religieuses dé-
clarèrent quelles étaient ppssédées •
elles l'ayouèrent/à Jean Mignpn, leur
directeur^ qui résolut dp faire tourner
cette possession à la gloire de Dieu,
et d'en prpfiler;pour/se;défaiEe d/Ùr^
rj6 'HISTOIRE
'bain Grandisr,; curé- dé Saint -Pierre
de Lôûdun. C'était un prêtrede bonne
yfamiilèihommed'esprit, bienfait, élo-
quent, ekqui réunissait; en'sa personne
touslës àgr^nens delàïriatUrP/Ilàvait
gagné l^èsthriedesd!àmes,par dés ma-
nières polies qui leidistiriguàientdetôus
3ies eeèlésiastiques"du pays ;I1 choquait

tous les -moines;, en >prêëhàrit' contre


les confrairies ; ; il avaitî eu uri procès
avec Baroty président de l'élection;,
.Trinquant, procureur,du.roi, pt leur
neveu;Mignon, confesseur désU/rsu-
-lines.... ._;
...
Ces trois enneiriis ligués lui en sus-
citèrent d'autres; ils accusèrent ©ran-
-dier d'avoir causé la possession dés
religieuses; parles ressorts dé la magie:
l'ëvêqUë de Ppitiers le condamna sans
ïreritendré; xnàisGrandiér vintabout
de ses accusateurs, Pt! se fit absoudre
par le'parlement dé Paris.
Cependant 'Migno^; ne. perdit pas
DES' FANTOMES. 177
courage; les convulsions'des possédées
devenaient plus fortes de jour en jour ;
et bientôt elles furent en-état d'éton-
ner le public : alors on avertit les ma-
gistrats de la pitoyable situation des
religieuses. La supérieure, qui était
une des plus belles femmes de France,'
se trouvait possédée, disait - on, de
plusieurs démons', dont le chef était
Astaroth; lé diable Zabulons'était em-t
paré d'une soeur Laye, et d'autres ma-
lins esprits faisaient de grands ravages;
dans le reste du couvent
Le bailli, le procureur du roi, le
corps des juges pt le clergé se rendirent
sur les lieux. A leur approche, la supé-
rieure se mit à faire plusieurs con-
torsions, et des cris-qui approchaient
de ceux d'un petit pourceau. Mignon
lui mit les doigts dans la bouche, et
commença ,à conjurer les démons.
Les interrogatoires se firent en la-
tin, selon la coutume. Mignon fit d'à-
rj&.:.. ; HISTOIRE^ ;''•'•

'bord;, cette question au; diable ;Asta^'


roth :, ^— Par quel; pacte es - tu^pritré'
dans le corps dé cette -religieuse?; >—-
.
Par/desfleurs,, répondit-il. — Quelles
.ffëurs;?:;/^-: .-Des-^rPSësy: -^y Qui les '•••&•
envoyées; ? ——. ( Jtpres- wv montent
d'hésitation') Urbâi«.;S.i —-Quelest
son antre nom?;».V. ^—^ (jraridiér;..y—
Quel est sa qualité F'^/Il; èstprêtre..
—^Dë.quelle -églisë?^DeSainti;Pièrrër
de.Loudun.^Qûï a apporté les rosés?
•^Uu:-diaHte:%3guisé^ëtÈ^ ='";y^-
'Un. autre jpur\ là sùpériéuire; fut:
misé surriri'petit lit/prèsdé l'autel; et
pendant qu'on disait la messe > elle fît
1

dp grandes contorsionsi, Lp/sacrifice


achevé ,Barrë.( curé dé Saint-Jacques
jd!e:Chinon,,hpnimeatrabilaire, etqui
s'imaginait être saint,/) s'approcha
; 1

d'elle,, tenant lé Saint -Sacrement,


obligea le diable de l'adorer, et lui dit r-
Quem 'adoras (qui adores-tuf? —-
Je^us-<7&m^«j>répliqua-t-elleV..Quel-
.
DÈS FANTOMES.' 7§f"
.

qu'un ériteridarit ce solécisriie, dit àsséa


haut: Voilà uff diable: qui nfest'pà^
5

congru!.'.... 'Barré changea la phrasey.'


pour la faire répondre mieux, m ais el ë-
1

se trompa encore plus loûrdëïnent^et


les assistaris s'écrièrent i (Mfdmbïe^la '
ne sMtpas^ parler latinrSisûtaé soutint
qu'on ïï'avait pas bien entendu y et de-*;
riiàridà 'ensuite à une autre religieuse y1
qui disait qu Asmpdëe s'était emparé"
d'elle, combien ce diable avait de com-'/
pagribiiS'? Elle répondit : seoe]( six )^
Quëlqû'ûnlùidëïriaridant de répéter fcç
même^ chose: en 'grecy elle ne put rieit
répondre* -- i:—- -; '- '-y -t.-y
-'

On voulut voir si là scèur-Laye pa(r-*


lait riïiéûx^Quaridoh fëut misé sûr'le;
petit 'lity elle'prononça d'abord en;
riant y -Gfrandiëry Orandiër} et après
plusieurs rripûvemeris qui" firent"hor-
reur^ étant
5 cOnjùréé dë! dire1
lé-dëmbit
qui là possédait, elle riôriririaprèmiè-;
rement.Grandiçr^ et enfin le dembii
8o HISTOIRE
Elimi. Mais elle ne voulut point dé-
clarer combien elle en avait dans le
corps; et, comme le diable se trompa
encore plusieurs fois, on suspendit
quelque temps les exorcismes.
Lorsque les démons eurent mieux
appris leur rôle, on annonça qu'on fe-
rait sortir deux diables, un certain
jour ; mais le tout se passa fort mal ;
de sorte qxie l'autorité fit cesser la pos-
session. '. v

Mignon, résolu de -mourir plutôt


,que d'abandonner ses projets, alla-trou-
ver M. de Laubardernont, conseiller-
d'état, qui se trouvait alors dans le
pays. De concert avec tous ceux de son .
parti., il accusa Grandier d'un pam-
phlet qui venait de paraître sous l'ano-
nyme, contre le ministère de Richelieu^
Laubardernont parut écouter ces
plaintes; et aussitôt tous les diables
revinrent au couvent, accompagnés de
plusieurs autres.
DES FANTOMES. 82
Laubardernont, trouvant dans cette
intrigue de quoi faire sa cour à l'émi-
nence, se hâta d'aller à Paris, et en
revint bientôt avec plein-pouvoir d'a-
gir contre Grandier. Il l'envoya donc,
sans aucune information, dans le châ-
teau d'Angers, et fit commencer la pro-
cédure. Les exorcistes, à qui on avait
donné des pensions considérables, s'ef-
forcèrent de les bien gagner, en tra-
vaillant avec vigueur.
Le 20 mai i633, on demanda à la
prieure de quels démon:} elle était pos-
sédée ? Elle répondit qu'elle logeait
chez elle Asmodée, Grésil et Aman ;
mais elle ne parla plus d'Astaroth. On
voulut savoir encore sous quelle forme
les démoné entraient chez elle ? — En
chat, répliqua-t-elle, en chien, en cerf
et en bouc On avait promis que ces
trois diables sortiraient ce jour-là du
corps-de la'supérieure, à la vue de tout'
le monde, mais on ne put les forcer à
&2
..-,'
ÏÎISÏOIRÊ
déloger; et plusieurs dés assistanS'se
- _ - -y

plaignirent qu'on leur manquât :d& ,

parble. Laûbardëiribnt, pour àpâisër'


Içs iriurninres ^ défendit: par un décret
; de riialparlër d'unëpbssession aussi au-
thentique; £ '''- -'•:";-î-::" "/'—'
Alors uri des éxOrbistés; produisit'
contre G;randier une cppiedëiàçédûle^
:
qû-il avait donnée àû dlàbléy en fai--
sant pàètè àveçlui. Ce religieux avait;
eu assez dé CTéditpoûr se lafaire apporT-"
ter paruri démbnyiritimëamidMgàrde
dë# archives s des èrifersy ;Gë;; contrat;
horrible était iécrit tfuu style tbuè^â-:
fait iri&rrial^ QÙbiqup Graridiër^pro;-
jfcëstàt qu'il ne connaissait ni ce; pacte,
ni aucun autre, on lui soutint quiffa-
vait dëposéeûtrelës rbairis dé Lubifery
dansune assembléedu sabbat*
Enfin, malgré toutes les irrégulàr
rités: delà procédure, et quoique deux
religieuses eussent demandé piardon en
publie d'avoir jpué les possédées;,; pour-
DE S, FANTOMES. ,83
perdre -uninnocent ijon déclara la pbs^
session incontestable: et bien avérée. ;
•C'est pourquoi, sur la déposition
d'Astaroth,- démon de l'ordre des Sé-
raphiris et chef des diables possédans;;
^après avoir; entendu; Eàsas,Gham y
Apaos;, Zafalon,;' Nephtalirri,; Ghaïm,
Urielpt A^ehasytous diables de l'ordre
des principautés, qui parlaient par
Forgàrie desiëligieusë&démouiàquës'.:
Urbain Girandierfut déchire atteint;
éfcponvaineudëscrimes de magie, ma«N
Mfiee et possessions;, arrivés; par son
fait au couvent des Ursulines de Lou*
dunyetpour laréparationderBesiCri-;
mes, il fut condàrn né à faire amendé'
honorable, à être brûlé vif, et ses cen-
dres jetées auvent. :..'•
A peine l'arrêt fut -il rendu, qu^on
envoya un chirurgien dans la prison
de Grandier, avec ordre de le raser à
la tête, au visage,,dans tout le resté-
du corps3 et de lui ôterles ongles, pour
&£ HISÏTOIRE
voir s-ilne pOrtaitpasquéhfHe marqua
dû diable. On lb! revêlitaprès;eèlad?un
rijéchanthahit ;et on/lejcojriduisit en;
cet état au palais/det Lbudûn, ou se
trouvaient ràsseriihlés tous les:juges, ~*

avec une;fpulë deJspePtateursi.;


LëpèreLàctarieéet,unautre moin©
exbrcisèrènl 1?air, la terréy lé patiënfc
,

mi*:mênïé,;êt#njbi|;nirërit aux diables;


de qnittër saipersonnè; Ensuite Gràn^
dier,se iriità;gpnouxét enteàditlà lëc^
ture dp son/arrêty avec une constance
qui étonna tout le; mondes ;|l; rpçûf
aussitètla: question, quïlutJ&orriblP et
tellement cruelle * qu'on ne peut/^eri
lire les détails. Gomme il protestait
toujours de, son innocence, on le con-
duisit sur-le-champ au supplice, qu'il
souffrit avec une constance iriébraU'
lahiè..;,-;'; \:fSv-.. /.y:--y
On lui avait promis deux choses;,
qu'on rie lui*tint point :1a première »
qu'il parlerait au peuple ; là secondée
DES FANTOMES. 85
qu'on l'étranglerait; mais toutes les
fois qu'il voulut ouvrir la bouche, les
exorcistes lui jetaient une si grande
quantité d'eau - bénite sur le visage,
qu'il en était accablé.
Un d'entre eux, sans attendre l'or-
dre du bourreau, alluma une torche
depaille, pour mettre le feu au bûcher
sur lequel il était attaché à un cercle
de fer; un autre noua la corde, de fa-
çon qu'on ne put la tirer pour l'étran-
gler. « Ahl père Lactance, s'écria
j) Grandier, ce n'est pas-là ce qu'on
» m'avait promis. Il y a un Dieu au
» ciel qui sera mon juge et le tien; je
» t'assigne à comparaître devant lui,
» dans un mois.... »
Pour l'empêcher d'en dire davan-
tage, ils lui jetèrent au visage ce qu'ils
avaient d'eau-bénile dans le bénitier,
et se retirèrent, parce que le feu qui
le brûla vif commençait à les incom-
mpdpr.
86 HISTOIRE
Une troupe depigebns vint voltiger
sur le bûcher, sans être épouvantéepar
les hallebardes, dont on comman-
dait aux archers de frapper l'air, pour
les faire fuir, ni parle bruit qué-firent
les spectateurs, én-fes voyant revenir
,
plusieurs fois. L'es partisans de la
possessiori s'écrièrent que c'était ûrie
troupe de démons, qui Venaient tâ-
cher dp secourir lé magicien : d'autres
; dirent que ; ces innocentes colombes
venaient,_au défaut des hommes, ren-
dre témoignage à l'inrioeenee du
patient. y y
Enfin, il arriva qu'une grosse mou-
che volacn bourdonnantautour de sa
tête. Un moine qui avait lu dans un
concile, que les diables se trouvaient
toujours à la mort des hommes, pour
les tenter, et qui avait entendu dire
que Belzébuth signifiait en hébreu le
' Dieu des mouches, cria, tout aussitôt,

que c'était le diable Bel zébu th.qui va-


DESPÀNTOMES. 87
lait autour dé Grandier, pour emporter
son âme en enfer..;,;....:, i.
Après la mort dp Grandier, les dia-
hles se retirèrent peu à peu., Une. fille
nommée Elisabeth Blanchard avait,
pour;sa part, six démons assez adroits,
que l'on parvirit pourtant à expulser.
Le père Laetance chassa pareille-
ment quelques-uns des principaux dia-
bles qui possédaient la prieuré ; mais
il eriréstait encore quatre, qu'il se pro-
pbsaitdebienëxorçiser:,lorsqu'iltomba
malade, et mourut'dansdes crises de
rage,-.un mois après'Grandier, le jour
de l'assignation donnée; par le patient
•sur le bûcher. Tous les autres exorcistes
eurent une fin aussi malheureuse.
On confia aux jésuites la conduite
delà possession, que Richelieufit bien-
tôt cesser, en re tràncha,nt les pensioixs
des exorcistes et des religieuses possé-
dées. Il est vrai que Léyiathan, Isacà-
Eon, Balaam et B.éhémpth, les quatre
#8 HISTOIRE '
diables de la supérieure ;avaient ;déc-
logé, et qu'il ne restait plus de farce
bieri importante àqOuér.^ïirédu^é-
ritableJ3.rJbs:ephj,:>et àel^istoire^s
diâMes-de JjQudun,)

;/;LlESPRH';'OBL3;§EAWT^ '-'-f- ";

.;L'AN;*ir,0iiyrin';|)outgepiiSid®pfeâîi,'.,-
•;•'

«ibmmé; Hugues,; fut; visité ;par. un.jpsf


prit^rqsài gisait des-choses/ tputràrjEait
«nervèiMeuses^etquirparl^it à, tout: le
inoridëy;sàhs ;se montrer. ;
On lui demanda.un jour son uom,
•et, de quel lieu il venait PJl , répondit
;
qu'il était l'esprit-;d'un jeune .homme
de;'Glésëntihe, village à sept lieues
d'Epinal;; que sa femme vivait en^-
,core , et -qu'il, l'avait abandonnée
,
parce qu'elle avait /eu trop de fami-
liarité; avec son curé.
; Un .autre jour., Hugues .ayant-or-

i
DES FANTOMES. 8g
donné à- son valet de seller son che-
val, et de lui donner à manger, le va-
let différa de faire ce-qu'on lui com-
mandait, parce qu'il s'occupait d'autre
chose. Dans l'intervalle, l'esprit fil son
ouvrage, au grand élonnemenl de tout
le monde.
Un autre jour, Hugues., voulant se
faire saigner, dit à sa fille de préparer
des bandelettes. L'esprit alla aussitôt
prendre une chemise neuve dans une
autre chambre, la déchira par hàndes,
et vint'ensuite'la présenter au maître y
en lui disant de choisir les.meilleures.
Un autre jour, la servante du logis
ayant étendu du litige dans le jardin,
pour le faire sécher, l'esprit le porta-
au grenier, et le plia plus proprement
que n'aurait pu faire la plus habile
blanchisseuse.
Ce qui est fort remarquable, c'est
que, pendant six mois qu'il fréquenta
cette maison, il n'y fit aucun mal à
4*-
9<5 HISTOIRE;
personne, et ne; rendit, que de /bons.
offices y contre^ ^Ordinaire de ceux .-'d©'.
son pspècpi^^i q?ar D> GA£M-ET.)

.;;..///,/"' ..LA.^ËïKEvBAZtNE. "/',....,:;


LA fameuse Lîazirie, qui épousa :

G/hildéricy nbtrëvquatrièméroij, et qui


fut mère du grand >Glbvis y est repré-
sentée par les vieux.historiens epriimé;
unpvhahilpriiagiciennëv ;>
; Le^pirdp'ses;noces,;lorsqu'elle fut
seule;avec.Çhildérie,;danslelitnup^
tial, elle pfeià son nouvel époux de
passer là p^emièréiriuit dans une; en-
;

tière continence ; et lui dit de se- ièveiy


;
d'aller à là porte de son palais, et de-,
;

lui dire ceqn'it y aurait Vui Çhildé-


rie regardant cet avis comme quelque:
chose de très-respectable, parce quif
lui paraissait mystérieux,.s'y çonfor-
ma, sortit, ët;ne fut pas plutôt dehors
qu'il vit d'énormes animaux se pro-
DES FANTOMES. g't
mener dans la cour; c'étaient des léo-
pards, des licornes et des lions.
Etonné de ce spectacle, il vint aus-
sitôt en rendre compte à son épouse.
Elle lui dit, du ton d'oracle qu'elle
avait pris d'abord, de ne point s'ef-
frayer, et de retourner encore une se-
conde et même une troisième fois. Il
retourna, et vit, la seconde fais, des
loups et des ours ; et la troisième, des
chiens et d'autres petits animaux, qui
s'entre-déchiraient.
Il était bien naturel que Childéric
demandât à la reiriè l'explication de
ces visions' prodigieuses ; car quelle
apparence qu'une princesse aussi rai-
sonnable que Bazine, ne l'eût fait sor-
tir trois fois que pour l'épouvanter ?
« Vous serez instruit, lui dit-elle,
» mais , pour cela ,' il faut passer le
«reste de la nuit sagement; et, au
» point du jour, vous saurez ce que
» vous voulez apprendre. »
g£ HISTOIRE,
;

'.. Ghildériç;promit pp; quesafeirimp;


exigeait;,, et tint parole/;làreine là lui
tint aussi. Ce fut encpSiternies qu'éll©
Jui déyelpppa,l'pnigniP t,; y; ,,.;'/ :
;<c^Gher époux, dit^elle* n'ayez/point ,

..
/^d'inquiétude,, .et épputea- attentive",
y»ment ep qup jp vais vous; d|re* Le*
3iprodiges,quevbûs<àve;£vus, sont une*
^irnagp' der f'àgenir; ils représentent
p>lës moâurSrPt le caractère dp,toute;
^,npt^e;ppstérit4iiLeSr ïfons/;et les If-v
;» cornes désignent lé,filsqu|inaîtra:dp,
.» nousyles ipups .et les .purs sont Ses/
;» enfans,^ princes vigoureuix et avides
:i»dp; proie; et les chien^, animaux
,
;3> aveuglément
liyrés&lpurspassions,
..-

^» désignent les derniers rpis;.de, votre


;a> race.
Ces petits, aniniaux- que vous
..» ayez vus avec les chiens..,,. c'est le
» peuple y indocile au joug, dp ses
» maîtres, soulevé contre,ses, rois, li-
» vré. aux passionsdes grands, et mal-
«heureuse victime des uns et des
.

u autres.-»
DES FANTOMES. g3
On ne'pouvait pas mieux caracté-
riser les rois de cette première race, et
si la vision n'est qu'iin conte, il est
assez bien imaginé, ^ffist. des Meines
de France.)

;;;/;. .msi^cTREWA^MiiEsv' y

''."- !/'.-'"' ' •'


lit. v avMt à Atthërips une fart bel !©
'-.-'-• "-.-'... '-.-..
riiàispn, OÙ: personne; .tifbsaij/ demeu-
rer, à cause d'un spectre qui y appa-
raissait .la nuit. Lé; philosophe; Athé-
ripdbre /étàrit arrivé; dans; cette ville*.
;
vit fa malso|ti ^ne s'effraya point de; ce;
qu'on en disait, et ïacheta. y,
La; première priait- quai l'habita,,
étant oepupé à écrire,; il entendit toutr
à-coup, un bruit épouvantable, pro-
duit par des chaînes, qu'on traînaitpe-
samment, et aperçut en même temps
un vieillard hideux, chargé dé fers „
qui s'approchait de lui,, Il continua
>d'éerire. Le spectre lui fit signe de le
.- 94, 'HïisïbïRE
suivre ; le philosophe répondit, par un
autre -signe';-qû'il-lé: priait d'attendre'
un instant; et; se remit à sori trâvàily
Le; spectre "s'approcha là-dessus,ët
fit retentir, aux oreilles d^Aithériodoré,
le bruit dé ses chaînes; alors le philo-
sophe, fatigué dé ces- impprturiités,
prit sa lumière et le suivit. Ils arri-
vèrent erisèirible dans là cour, bu le
fantôme disparaissanty rentra dàrièla
-
terrey.... ;i;.'--' '"" "y;;i y-' ':'-y;: ;.' ;;-r
Athériodorey saris s'effrayer''-, ar°-;
ràcha une poigriép dé gazon;, pbûr'
recoririàître le? lieu, et 'regagna sa
.
chambre, '•' ^ .'"'' -:":/',':
:'!

Le lendemain j il fit part aux ma-


gistrats de ce qui lui était'arrivé; on
fouilla dans fendroit indiqué : on y
trouva les os d'un cadavre, chargé de
chaînes; on lui rendit puMiqueirierit
les honneurs de là sépulture ; et
depuis la maison fut tranquille,
(PLINE.)
,
'
DES FANTOMES. 9&

AVENTURE DU cARDINALDE RETZ..


LE cardinal de Retz, n'étant encore
qu'abbé,, ayait fait lapartie de passer;
urie spirée à Saint-Gloud, dans la
maison dp l'archevêque dp Paris, sonî
oncle, avec M»16 et M?- de Vendôme
:Mva-e de, Choisi, le vipomte de Tû-!
r .-

reririp ,Pëvêquë dé Lisieux ,,êt MM. de;


Brion et /Voiture.; On s'amusa tant:,
que la compagnie ne put s'en retour-
ner que très-tard à Paris., La petite
pointe du jour commençait a paraître,;-.'
(on était alors dans les plus grand*
jours d'été), quand on fut au bas de_
la descente des Bons-Hommes'; juste-
ment au pied,, lé carrosse s'arrêta tout
court. .'.'-...'/
5>Cbmmej'étaisàl?unedes portières,/
avec M11* de Vendôme (dit le cardinal.
dans ses Mémoires);, je demandai au-
cocher pourquoi il arrêtait? Il me ré-
pondit avec une voix tremblante.-;
g6 HISTOIRE
—-Voulez-vous quejé passe par-dessus
.tous les diables' qui sorit-là,; devant
moi?... Je mis* la tête hb£s dé; la por-
tière; et , Coirimë j'ai toujours ëûlà-
Vue fort bàsse> jene; visrién. Mtoé dë^
Choisi, qui était à l'autre pbrtièrëy
avec M. de lÉûrênnpi fût là première
qui aperçut, du carrossé, la.causé dé!'
la frayeur dm cocher ; jp dis,; dû car-
rossej car cinq bu six laquais y qui
y étaient derrière, criaient ^:Jéms-Ma^
riaî et tremblaient déjà dé peur.
»M. dé *Purenné spjëta en bas dte
carrosse, aux cris de Mmei dé-Choisi!
Je crus qUè cfétaiént des voleurs/, jpi
sautai aussitôt hors du carrosse;' je pris
Y épée d'un laquais, jelà tirai, et j'al-
lai joindre de l'autre côté M. de Tû-
renne,.que je trouvai, regardant fixe'-
inènt quelque chose que je ne voyais-
point. Je lui demandai ce qu'il regar-
dait, et il me répondit, en me pous-
sant du bras, et assez bas, je vous le
DES FANTOMES. 97
dirai; mais il ne faut pas épouvanter
ces dames, qui, dans la vérité', hur-
laient plutôt qu'elles ne criaient.
Voiture commença un oremus ;
Mme de Choisi poussait des cris aigus;
M1Ie de Vendôme disait son chapelet;
Mme dé Vendôme voulait se confesser
à M. de Lisieux, qui lui disait : Ma
fille ! n'ayez point de peur, vous êtes en
la<main de Dieu. Le comte de Brion
avait entonné bien tristement, avec
nos laquais , les litanies de la Vierge.
Tout cela se passa, comme on peut
se l'imaginer., en même temps et ert
moins de ripn.
- .
98 HISTOIRE
partis-je? Et, dans la vérité, je croyais
que tout le monde avait perdu le
sens. Il me répondit : Effectivement, je
crois que ce pourrait bien être des
diables
Comme nous avions déjà faitj cinq
ou six pas du côté de la Savonnerie,
et que nous étions, par conséquent,
plus proches du spectacle, je commen-
çai à entrevoir quelque chose; et ce
qui m'en parut, fut une longue pro-
cession de fantômes noirs, qui me
donna d'abord plus d'émotion qu'elle
n'en avait donnée à M. de Turenne ;
mais qui, par la réflexion que je fis,
xuie j'avais long-temps cherché des es-
prits, et qu'apparemment j'en trouvais
en ce lieu, me fit faire deux ou trois
sauts vers la procession. Les gens du
carrosse, nous croyant aux mains avec
tops les diables, firent un grand cri,
Mais les pauvres Auguslins-Déchaus-
gés, que l'on appelle Capucins noirs,
Ï)ÊS FANTÔMES. §§
,
et qui étaient nos diables d'imagina-;
""ïio'ri.; voyaritvenir à eux deux hommes
qui; avaient l'epée à la; main y; eurent, _

encorerplus de peur. Lfuri; d'eux se dé-


tachant de la troupe, jnoûs cria: Mes'-
sieurs, nous sommes de pauvres reli-
gieux qui ne faisons de mal à per»-
,
sonne, et qui venons nous rafraîchir -

^in; peu dans la rivière^ pour notre


santé. :;•-; -yy ;:-.; ;y- ^:'-: ';-; : ]ï"
Hous retournâmes auceaOTpsseyM.de
'
.->

TTûrènrie et moi, avec -des éclats de


.

aire, que l'on peut s'imaginer.

ylVlACHAÏES ET PHIL^ION^ '. ;

;.;Psti/É©ON raconte (danslefragment;


qui nous reste
;
dp son livre:),. qu?à
tTralles, en Asieyun jpunë;homme,
nommé Mâchâtes, entretenait depuis/
quelque temps un commerce d'amour
avec Philinniori, fille dé Démostrate
et de Gharitp, sans que ksiparens; en
JOO HISTOIRE
fussent instruits. Celle jeune fille étant
mprle, et mise dans le tombeau, à
l'insçude son amant, continua de venir
passer la nuit avec lui ; et voulant sans
doute resserrer les liens d'un amour
que la tombe aurait dû éteindre, elle
lui donna un anneau d'or qu'elle avait
au doigt, et une bandelette de lin qui
lui couvrait l'estomac.Elle recutenre-
tour, de Mâchâtes, un anneau de fer
etkune coupe dorée.
Mais un soir, la .nourrice de Phi-
linnion, l'ayant aperçue assise auprès
de Mâchâtes, courut en donner avis
à Gharilo, qui, après avoir fait beau-
coup de difficultés, vint enfin à la mai-
son du jeune homme; et comme il était
fort lard, et que tout le monde était
couché, elle ne put contenter sa curio-
sité. Toutefois, en regardant par une
fenêtre, elle crut entrevoir sa fille
couchée auprès de Mâchâtes, et recon-
nut ses habits. Elle revint le lendemain.
DES FANTOMES. loi'
malin ; mais s'élant égarée en chemin,
elle ne Lrouva plus sa fille, qui -s'était
déjàrelirée. Mâchâtes luiracontalouto
la chose, et pour preuve de ce qu'il di-
sait, il ouvrit sa cassette et lui montra
l'anneau d'or que PhilinnionluiavaiÊ
donné, avecla bande dont elle se cou-
vrait le sein.
Charito, ne pouvant plus douter de
la vérité du fait, s'abandonna aux cris '
et aux larmes, mais comme on promit
de l'avertirlanûitsuivante,quandPhi-
linnion reviendrait, elle s'en retourna:
chez elle. Le soir, la jeune fille revint
à son ordinaire; et Mâchâtes, èans lus
en rien dire, envoya aussitôt avertir
ses parens; car il commençait à crain-
dre qu'une autre personne n'eût pris les
habits de Philinnfon, dans son sépul-
cre., pour lui faire illusion.
Démoslratc et Charito étant arrivés
""reconnurent leur fille et coururent
,
l'embrasser. Mais elle s'écria :« Mon^
J02 HISTOIRE -

x père y et vous ma mère, pourquoi


..» m'avez-voûs'envié mon bonheur, en
» m'eiripêchànt de demeurer encore,
.,» trois jours ave©Mâchâtes, sans cau-
» ser de gêne à personne. Votre eurio-

lit. / ;
'
.'» site vùus coûtera cher.;., «la- même
temps elle torriba roide morte sur le
"' ';; -:/"•-;' '-.
' Phlégon,: qui avait qu ëfqu'autorité

dans là villes arrêta là foulé; et em-


pêcha le tumulte. Le lendemain le-
,
peuple étant asseiriblé au théâtre, on
convint d'aller visiter le; caveau ou
reposait le corps de Philinnion; mais;
on n'y trouva que fann eau de fer et la
•coupe dorée que Mâchâtes lui avait
donnés. On enterra donc une seconde
fois la fille de Démostraté; et Mâchâtes,
désespéré d'avoir reçu lés faveurs d'un
spectre; se donna la mort.
DÊ&. FANTOMES'. .103
LÉ/LÔTJP-GAROU.
UN paysan d'Alsace .s'était dénué 1

au diable ,,qûi le transformaiteri loup,*,


une fbis par semaine.; Alla faveur de éè
déguisement, le sorcier commit tant
de désordres^ qu'on, fut phligé dé faire
ypnir ûri fameux exorciste; dé: Besan-%
çoriyLeprêtrey ayant forcé le diabfe
à paraître, lui demanda le-nom dii
loup-garoû ; car onle soupçonnaitsans>
le connaître.' L'ange.de ténèbres se con-
tenta dé l'indiquer; et disparut.
L'exorciste, qui était un .,,....
hoimne'
sage, épia le sorcier, et l'arrêta,pen-
dant la nuit j cpuràrit an sabfeat, sous
sa formé dp loup ; mais; il se débattait
si violëinment, que le prêtre j trém-
Mant qu'il ne lui échappât, lui coupa
là patte qui se trouva être une main
-d'homme. '
On alla le lendemain visiter le
:

paysan soupçonné, qu'on trouva/aw


X04 HISTOIRE
lit; son bras était-envéloppé, On le vi-
sita et on s'aperçut- qu'il, n'avait- plus,
,
de main droite. Il n'en fallût pas da-
yantage pour confirmer les, soupebnsi
0n condamna dbne; te sorcier à être
brûlévif; mais'pëiridant qû^bri mettait
le feu au bûchervie diable parût aûr;
près de lui y fenaporta à là vue dp
tout le morideyet le conte ajoutfeiqûfon
ne vit plus- de loups- garpus- dans;, lé
'viffage.;;.'/;;:,-/;-^:;yr/'y y /:;/-/--:;-y:; ;•-;

TRAITEMENT DU VAMPIRISME.
LORSQUE nous étions en quartier
d'hiver, chez les Valaques, ( dit M. de
l'IsledeSt.-Michel, dans ses Lettres),
deux cavaliers de la compagnie dont
j'étais cornette, moururent de vampi-
risme; et plusieurs qui en étaient en-
core attaqués en seraient morts de
mêmë,si un sous-officier de notrecom-
pagnie n'avait fait cesser la maladie..
DES FANTOMES. Io5
en exécutant le remède que les gens
du pays emploient pour cela. Il est des
plus particuliers;elquoiqueinfaillible,
je ne l'ai jamais lu dans aucun rituel.
Le voici :
On choisit un jeune garçon, qui
n'ait pas encore atteint l'âge de pu-
berté; on le fait monter à poil sur un
jeune cheval absolument noir; on le
fait promener dans le cimetière, et
•passer sur toutes les fosses. Celle où
l'animal refuse de passer, malgré les
coups de cravache qu'on lui donne
sans ménagement, est réputée remplie
d'un vampire. On ouvre cette fosse,
et l'on y trouve Un cadavre, aussi gras
et aussi beàuque si c'était un homme
heureusement et tranquillement en-
dormi. On coupe le cou à ce cadavre
d'un coup de bêche; et le sang coule
frais et vermeil. Cela fait, on comble
la fosse; et on peut compter;que la ma-
ladie cessey'-(ét que tous ceux qui en
ao-6 HISTOIRE
étaient attaqués recouvrent leurs forces:
peu àpeu. "•:
:-.;'-'--.y--'---.•_:

,-
C'est ce qui arriva à nos- cavaliers.
Leur guérison fut complète; et le vam>
pirisme ne se montra plus (ï).• '

': LE lABfTOMlÈ; DE;L'lSLE-ADAMv-: ;

EN 17S0, un officier dû, prince de'


.
Gpnti,; étant eouché^dans le; château
de riIe^Adam,. sentit tout à coup en-
lever sa couverture; If la retire; <pn,
renouvelle le manège; tant qu'à la -fini
l'officier ennuyé jure d'exterminer, le
mauvaisplaisant;,met l'épéé à lamain,,,
cherchedans tous les; coins et né trouve
rien. "'.' -.,",'. , .
Etonné-^ mais, brave,,il;veut',;avant
de conter son aventure;,, éprouver en-

'-' (i) 'On-sait que l'imagination "entrait pour,


ieaucbup dans-ces sortes dé maladies';-'
DJËS -FANTOMES. 107
core le lendemain si l'importun "revien-
dra. Ils'enferrne avec soin se couche-,
,
écoute long-temps, et finit par s'en-
dormir. Alors on lui joue le même tour
q ue la Veille^ Il s'élance du lit,. renou-
velle ses menaces ; et perd son temps
en. recherches. La crainte s'empare dé
lui; il appelle un frotteur, qu'il prie
de coucher dans^sa chambre, sans lui
dire pour quel motif; mais Yesprit ne-
reparaitplûs.
La nuit suivante y il se fait en eorë-
accompagner du frotteur, à qui il ra-
conte eé qui lui est arrivé ; et ils se cbu>-
ehent tous deux en tremblant. Le fan-
tôme vient bientôt, éteint la ehan-
delle qu'ils avaient laissée allumée >lés
découvreet s'en fuit .domine ils avaient
entrevu cependant un monstre dif-
forme, hideux, et gambadant, le frot-
teur s'écria que c'était le Diable, et
courut chercher de l'eau bénite. Mais
au moment qu'il levait le goupillon,.
10.8. HISTOIRE
pour asperger la chambre, le Diable
lelui.enlève et disparaît..,., y
Les deux champions;poussent de
grands cris : tout le monde accourt;
On. passe la nuit en alarmés; et le len-
demain mâtin -on aperçoit sur le toit
,
delà maison, un gros singe qui, armé
du goupillon, le plongeait dan*l'eau
de la gouttière, et en arrosait les pas-
sans. .;-, /- ";''. •;.

PRODIGESDU SIÈGE DE JÉRUSALEM.

AVANT la destruction de Jérusalem


par Titus, fils de Vespasien, on distin-
gua uneéclipse de lune, pendant douze
nuits de suite. Un soir, vers le coucher
du soleil•, on aperçut dans l'air des
chariots de guerre, des cavaliers, des
cohortes de gens armés qui, mêlésaux
nuages, couvraient toute la ville et l'en--
vironnàient de leurs bataillons. Pen-
dant le siège, et peu de jours avant la
DES FANTOMES. 109
ruinede laville, on vit tout à coup pa-
raître un hommeabsolument inconnu,
qui semitàparcourirlesrueset les places
publiques, en criant sans cesse pendant
•trois jours et trois nuits : Malheur à
toi, Jérusalem ! On le fit battre de
verges, on le déchira de coups, pour
lui faire dire d'où il sortait; mais sans
pousser une seule plainte, sans répon-
dre un seul mot, sans donner le
moindre témoignage de souffrance, il
criait toujours : Malheur à toi, Jéru-
salem! Enfin, le troisième jour, à la
même heure où il avait paru la pre-
mière fois, se trouvant sur le rempart,
il s'écria : Malheur à moi-même ! Et
un iristant après, il fut écrasé par une
pierre que. lançaient les assiégeaus,
( Histoire desjuifs.)
110 HISTOIRE

VISION DE VÉTIN.
UN moine d'An gie-la-Biehe, nom-
'

mé Vélin.,- étant malade .et bien éveillé


sur son lit, vit entrer un démon sousla
forme d'une clerc, d'un horrible dif-
fprriiité, qui, lui montrant des iristrû"
mens de supplice qu'il tenaiten main,
le menaça de lui err Faire bientôt res-
seritirlesëftéts. En même temps il àpër-
cutune;mûltitude de 'mauvais esprits.,
portant Un cercueil, où ils voulaient
l'enfermer ; mais des personnages gra-
ves, vêtus en religieux, survinrent et
mirerit les démons en fuite. '
.
Après cela, Véfin vit un ange en-
vironné de lumières y qui lui prit la
mairi et le conduisit par un chemin
très-agréable, entre des montagnes
d'une hauteur extraordinaire, au pied
desquelles coulait un grand fleuve où
gémissaient une multitude de dam-
a es,, qui souffraient divers lourmens.
DES FANTOMES. m
selon l'énormité de leurs crimes. Il en
vit plusieurs de sa connaissance, entre
autres des prêtres.,; qui brûlaient à petit
.
feu, avec les femmes qui avaient été
leurs complices.
Il vit aussi un riiPinè qui avait osé
posséder de l'argerit'en propre yet qui
-expiait son< crime daris;ûri"cercueil;de
ploriib;; M remarqua dés abbés, des
<évèqûes-et- d^aûtres-péraoririës; qui rie
souffraient que pour un temps limitée
Enfinihaperçutlà'deriïeûrédésbien- '
heureux;placés dans; le ciel,; chacun
selon son mérite et 'sa qualité.. En suite
.son-guide céleste lé ramena'dans son
lit. - '•' •
'• ' •'--.' " [v:--
Après l'ofiEree delà nuit., l'abbé vint
-
•visiter le malade, qui lui..,raconta sa
vision toutau long. L'abbéla fit écrire
aussitôt.Vétin vëçutencprédéux jours,
et ayant prédit lui-même qu'il ne pas-
,

serait pas, le:.troisième5il se recom-


manda aux prières des religieux, et
1ÏZ :..'. HISTOIRE
mourut saintement., le 31 d'octobre;
$24. ( DON GA^MET;)/

ARMÉES AÉRIENNES.
ON trouve le conte suivant, dans les
entretiens sur la cabale, publiés sous
le nom du Comte de Gabalis.
Le fameuxeabalisteZédéchiassemit
dans l'esprit, sous le règne de Pepin-
le-Bref, de convaincre le monde, que
les élémens sont habités par des peu-
ples d'une nature différente de la
nôtre (1). L'expédient dont il s'avisa
fut de conseiller aux sylphes de. se
montrer en l'air à tout le monde. Ils

(1) Selon la•dpçtrthe'idès'.'-^'b'àlïqtes-.ilës^l-^-


'mens sont peuplés d'esprits,, invisife;iesa;u ebfiir
mun des/ nommes. Le ;ieu est /rempli /de
salamandres y 1/àir, habité; par les; sylphesj. ja.
terre, par les gnomes ; tes oridins eu riymphes
sont les hôtes de"la:njer,"des rivières etdies
fleuves;-- >;, ; ;.-y -
yiy.yy-
Ï)ES FANTOMES. Îl3
le firent avec magnificence. On voyait
dans les airs ces créatures admirables
t
en forme humaine, tanlôL- rangées ert
bataille, marchant en bon ordre oit
,
se tenant sous les armes, ou campées
sous des pavillons superbes; tantôt suc
des navires aéiùens, d'une structure
merveilleuse, dont la flotte volanîe
voguait au gré des zephks.
Qu'arriva-t-il? le peuple crut d'a-
bord que c'était des sorciers qui s'é---
taient emparés de l'air, pour y exciter
des. orages el pour faire grêler sur les
moissons. Les savàns, les théologiens
et les jurisconsultes furent bientôt de
l'avis dit peuple. Les empereurs le cru-
rent aussi; et celte ridicule chimère
alla si avant, que le sage Charlc-
magne,'.et après lui,l Louis-le-Débon-
naire, imposèrent de grièves peines à
tous ces prétendus tyrans de l'air.
Les sylphes voyant le peuple, les
pédans et les têtes couronnées même,
5*
ï:l4 HISTOIRE
se gendarmer ainsi conttee eux y réso-
lurent, pour faire- perdre cette mau-
vaise opinion qu'on avait de leur flotte-
innocente, id'ehleveridies;;hommes âe
toutes parts, :de leur feire voir leurs
belles femmes, leur république et leur
gouvernement,, puis idfe les remettre?*
terreten-di^ersêndroitsduJ^
feentj comme ifelfavâiént; projeté; Le*
;;péùplë qui ypyaitdiescBndre' ces .Moû*-
mes, yaccourait dé toutes parts,. prér;
venin que c'étaient dtes;sorciers?qui?se4
détachaient de leurs compagnons, pour
yenùr fêter desi venins su-r les fruits et
d^ns les fontaines;suivanit lav fureur-
^inspirent dbtellesi imaginations,.'iÉ
entraînait çes^innocens au fsupplice..
Il est ïncroyaèle quel grand nombre il
en fit périr par Féau et par le féu, dans
toutje royaume. '
- :
Il arriv a qu'un jour entre; autres t-, ©rt
vit à-Lyon; descendre de ces navires
aériens trois hommes et une femme;
DES FANTÔMES. ll£
toute la ville s'assemble alentour, cfie
qu'ils sont magiciens; et que:©rimpakl,
dUe^desBéffléyenty;ènoemide Charle-
magneî4es;e;û^pje:ppur^ë
s;OjBji:'des^rM|'aisfeMiv. i..]-h(û,',~ rxj
:-y,
1H Les, ,q^iatre; i^noeens^nt;ibeau- diireV

pout lenrjj^tdlicationïji/qu^ilsi s©M;dp


paysijipânië'jîqiu'ils ©n/tréié ;gnlevés;;de-;
pùisipeu pjar; ;<ies hommes 'priracnleiix^
qui rieurrftîi'vfaitj-yoir; d^s^merveilles
iriouies, et les onit priésd?ën faire; le/
récit:; le;;p;§upl6 en^êjfcé; n'éc©ûte; point;

leur défense; > et; 4l> a$ai(ï lesjeter dans;
leifeu;, qujandhleiho$}homniie;Agobard^
évêque die Lyon; j qui /avait ;aequis:
beaWèoup di!au|o|itéyté tani; tn©ine {tatos>
cette^ille^ à^cQurutari bruit. ;:Ur<
Ayant ouïL'aceusatiGn du peuple et
la défense des accusés* Âgobârd pro-
nonça gravement que l'une et l'autre
étaiexîst,fausses, qju'jLn'était, pas vrai
<pe ces homiaes fussent descendus dé
Il6 HISTOIRE
l'air, et que ce qu'ils disaient y avoir
vu était impossible.
Le peuple crut plus à ce que disait
son bon-père Agobard qu'à ses^proprès
yeux, s'apaisa, donna la liberté aux
quatre ambassadeurs des sylphes, et
reçut avec admiration le livrequ'Ago-
bard écrivit pour confirmer lasentence
qu'il avait donnée : ainsi- le témoi-
gnage de ces quatre témoins fut rendu
vain. ' '
Cependant, comme ils échappaient
au supplice, ils furent libres de ra-
conter ce qu'ils avaient vu: ce-qui n©
fut .pas tôTut-à-fait sans fruit; car les
sylphes et les sylphides étant mieux
connus, contractèrent'des alliances
amoureuses avec les hommes et les
dames de ce temps - là. Ce com-
merce produisit dès héros et des fem-
mes héroïques; de là sont venues toutes
ces histoires de fées, qu'on trouve dans
DES FANTOMES. 117
leslégendes amoureuses du siècle de
Charlemagne. Toutes ces fées préten-
dues n'étaient .que des sylphides et des
nymphes.

L'ASTROLOGUE.
L'EMPEREUR FRÉDÉRIC maître de
,
Vicence, étant sur le point de quitter
Cette ville, qu'il avait emportée d'as-
saut quelques jo'ui'S auparavant, défia
le plus fameux de ses astrologues d©
deviner par quelle porte il sortirait le
lendemain. L'imposteur répondit au
défi par un tour de son métier : il re-
mit à Frédéric un billet cacheté, et lui
recommanda sur toutes choses de ne
l'ouvrir qu'après qu'il serait sorti.
L'empereur fit abattre, pendant la
nuit, quelques toises de la muraille,
etsortit par la brèche. 11 ouvrit ensuite
le billet ; etneful pas peu surpris d'y lire
ces mots : L'empereur sortira par /a
ii 8 HISTOIRE i
Porte Newvè\ C'eïi fut assezTpour que
Fâsti-ologwè et l'astrologiehai parussent?
infiniment respectables.^J: ; ! :
H.;>

'.;-"" fM?&§ A^EG'^Ë^IA'BLËi:-: ' '


;

|yIiGhe| dfe; BQuhe^ojp,:] ayant été- '&M


v©ye àsse£jieuinevpàrSespaaseiasvàfa cëul?
diitdpe d©Lorraine^^rdita^eaftesi
to;ut:Ç©'q|i^il-possé,dait.r::e^ftJ-n??î":x«1~
.
ï^éduiit a)ii;désesp©irjilj résolut ^piSé 1

Myreir aw/Pénàon>j, cs'il;ip©u'yait ensJofe^;


tenir de ^argent d© bon alioiv CojtnÉï#
il était' occupé jdfe ©jette pensée;jC*k vat;
tout à eoup paraître -devant; lai ?up.;:
jeune hommie d©iS©nâg©y bienfait et;
d'une mise recherchée, qui, lui ay#nfc
demandé 1© $ujet de son inquiétude^,
lui présenta ensuit©une bpurs© pleine;?
dfargenit,; en-lui disant d'éprouver s^i!
était, bon ; puis ildlsparust ©a; aiïndnc;-\
DES FANTOMES» .IIC}»
çaniau jeun©homme qui 1 reviendrait
le lendemain.
.Michel retourna àii jew, regagna!
tout Fargent qu'il avait pèrdu^ et em-
porta de iplus celui de ses eompa-gnonsL.
Le Diable revint le trouver- sous un©-
autre fbrnie, lui dëjàiandas'ilétaitsa-
tisfait j efcexi gea>;pottrrécéMap©iïse trois;
gouttes de: son; sa>H!g j qïu'il reçut dan&
un©;çQquilï© deglarad;; puis luiijffranK
ù'Mepluinej:illurditdfé^ir©s©ussadie^
téeîquelques termes inconnus, sur deux
biUets; (Ëplrensi. doûît l'un; demeura à-i*
"pouvoir du ©éïnon,; çt feutre fuît mis.
^dàns le bras de Michel^;au même ea^--
droitf d'o&lesàttg ^tai^^
s'engagea ensuit© à le servir pendant
sept ans/ au bout desquels le jeun© 1

homnae devait lui appartenir sans ré-;


serves: "- '•':.-' . -
-"
-
Michel y consentit, quoique ave©'
:.-

horreur ; et dès-lors le ©©mon ne fflatfc-


quà pas de lui apparaître jour et rîuft
-y
120 HISTOIRE
et de lui inspirer diverses choses toutes
tendantes au mal.
Au bout de quelques années, Mi-
chel revint chez ses parens; le Démon
lui suggéra l'idée d'empoisonner son
père et sa mère de mettre le feu à leur
,
château et de se tuer lui-même. Il es-
saya de commettre tous ces crimes,
niais il n'y put réussir.
Leterme fatal approchait et lur,cau-
sait de grandes inquiétudes; il décou-
vrit à quelques domestiques de son
père son malheureux état, et les pria
de lui procurer quelques secours; mais
au moment qu'il révélait son pacle ,
le Démon le saisit et lui tourna tout
le corps en arrière. Sa mère, effrayée
s
le mit entre les mains des religieux
potir le guérir. Ce fut alors que le Dé-
mon fit de plus violens efforts ponlre
lui. JJn jour,- il apparut sous la forme
d'un homme sauvage et tout velu, jeta
à terre un pacte différent de celui
-
' aD'ÊS;:fjA#TïQMES. '; I-2I,
<qu'i]La^ail$xtoEqué^
pour, tâcher vpar c%mpy en ;de
; j
le.;ti>çer.
ides -mains de ceux qui^le^r^glentf;'
.

mais .sa ;fôuirbeEie^ne[fr.éjissit jpointv)


o©)h5abil©Sv; exprcisté%rprirent;, iQur.
4
'po^w-foicegilejDiab^e, àj comparaître.,
ïdans:la chapelle de Sain^-Ignac^iefe
-à rapporter le véritable pacte. Après
jque MicheLeut fait sa profession de
foj^iî'cvij^dg^
?
démesurée,: qui ternirent* ,e&tr-e<5|leurs'
©njglgf^fe .çgnitra^pagséjentre J.uj et^Ie,
Piable..-Maisvd.ès, iqu'pnr,eût: GO,mmencév
.' lgs.-se^o.j!^ismes..j-^es/j d^Xi^o.ugSj. jS^erpt-,

.
causer ^.d^fdouleurr etns.ans^aisservd©f
Ilj^;manquait;^us vqae, j£:,seeoja;<L
.
,
pa;çite,, qui,iët^^este^.au;:;{pou^p,k, dg...
Dép.%nj^> pr^i red^publa ^leS/jexorçismes,;}.
et^H^jvile^n {paraître une^rande^ci^
'': :" '";;-^-"
•oQgiie difforme
\
et.-hiidJeusf;,F.qjifi,la!ijS8fi
*v .
122 HISTOIRE
tomber sur l'autel l'acte infernal. De-
puis ce temps, le jeune homme ne fut
plus tourmenté.
On voit à Molsheim, dans l'église-
des jésuites, une inscription célèbre,
qui contient'- toute' cette histoire.
(M<ASSÉ.)

RECONNAISSANCE D'UN MORT.


SIMON IDES poé'te et' philosophe
,
grec, étant sur lé point de s'embar-
quer, trouva, sur 1© rivage, le cadavre
d'un ineôrinu-, àqui on avait-iieglige'
de'd'onn'er la sépulture'. Le philosophe j •

par tm sentiment d'humanité, lui fit


faire des obsèques' honorables'. '
La nuit suivante, le mort apparut
en songe"à Sihionides, et'lûi conseilla,
par recon-naissance, de rie point s'em-
barquer, comme il l'avait! projette, sur
\e Vaisseau qui étaitJàila" T&de, p&rce
c[Ti'il~y feradt'rià^frage.' ' '-'
DES^ÀM'OMES. :ï£&
.

r. ;SMt>nid©s;sûiyit;è¥
ëô:n:'ybyà^gè-; et, peu de'jc-urs après
Cette apparitionv il appritie naufrage
xïu vaisseau" qui dè^ift le porter* '

MORT DE GUYMOND DE LA TOUCHE.

GUYMOND DE L.A TOUCHE était allé


«hez un prétendu sorcier, dans le dés-
sein de s'en moquer, et de découvrir
les ruses qu'il mettait en usage. Il ac-
compagnait une grande princesse, qui
montra, en celte occasion, plus de
force d'esprit que lui. l
L'appareil religieux'de chaque ex-
périence, le silence des spectateurs,
le respect et l'effroi dont quelques-uns
étaient saisis, commencèrent à le frap-
per. Dans l'instant que, tout troublé,
il regardait attentivement piquer des
épingles dans le sein d'une jeune fille:
« Vous paraissez bien empressé, lui
-Ï24 [HISTOIRE,
:i3» dit-elle, à vous ëclaircir de tout ce
P>.
qu'on fait ici. B[é bien ! puisque vous
;-|» êtes si curieux, apprenez .que vous
lj);mourrez dans! trois jours.,,.. » /:
Ces paroles firent sur lui une i m-,
pression étonnante ;; iltornba^dans une
profonde^ rêverie ; et cette prédiction,
aussi bien que ce qu'i 1 avait vu, causa
en luiune tellerévolution, qu'il tomba-
malade, ;éjt fntouru^ii effet;au/bout.d©
trois;.;jours,,en îjGiQ*.:- ;:
• .... Ii;i. ,.r- •

.- . ;^":j|TE^S»ULïME:n;;"7;:!;;
.

L'HISTOIRE fait^entiôn^un©nfêtei
que ^'empereur .^D^i^ien^^^ina'.a'usç
sénateurs et aux chevaliers, à l'ôccaT

sion. de .sçu tripmph©: suinles^Datees;
;;Çette0fé^j..e.st/u-ne..pre,u;ye:.-dji';':goiâ-t;bî>»
Karre de ce. prince,. ,qui se faisait .un

divertissement.rdes inquiétudes ;©t, des


peinesd'autrui-. ,.;.,,,. :;;,;/-,lil.}IK,v;'
-
Les sénateurs.,e£ les ...chevaliers,"s5^
: :;
DES" 'FANTOMES. Ï2&
tant rassemblés} pour assister au repas
où l'empereur les avait invités, il les
fit introduire dans une salle toute ten-
due de noir, et éclairée par quelques
lampes sépulcrales, qui répandaient
une clarté encore plus effrayante que
les ténèbres. Chaque convive se trouva;
placé vis - à - vis d'un cercueil, sur
lequel il vit avec effroi son nom
écrit... i.
Dans le moment, une trotipe de pe-
tits enfans, barbouillés de noir, depuis
les pieds jusqu'à la tête, pour repré-
senter les ombres infernales, paraissent
dans la salle, et exécutent une danse
qui avait quelque chose de sinistre et
de lugubre.

Cette danse finie, ils se distribuent,'


_

chacun auprès du convive qu'il devait


servir. Les mets furent les mêmes que
ceux que l'on avait coutume d'offrir
aux morts, dans les cérémonies fu-
nèbres. Un silence stupide régnait
12,$ HISTOIRE
dans cette assemblée. Domitien seul
parlait, et il n'entretenait sa compa-
gnie que de morts et d'aventures san-
glantes.
Le dernier acte de cette mauvaise
farce fut le plus effrayant ; les con-
vives sortirent de la salle du festin,
anais' séparément, et escortés par des
gens inponnus, vêtus de noir, armés
et silencieux^ A leur grande surprise,
on les^ conduisit A leurs maisons. A
peine commençaient-ils à respirer,
qu'on les redemanda, de la part de
Domitien. Nouvelle frayeur; mais
c'était pour leur donner la vaisselle
qu'on avait servie devant eux, et à
chacun un de ces pages, qui avaient
joué les petits démons, mais bien la-
vés et richement vêtus.
DES- ^iA-NTOMES, ^12^
CURIOSITÉ IMPRUDENTE.'

LE ©ont© suivant est du douzième


siècle :
Un prêtre,, des environs de Colo-
gne, souhaitait depuis long-lçnms-de
voir le Diable, .sans pouvoir se pro-
curer qe,tte petite satisfaction. JEnfin le
hasard Jui fit connaître un habile ma-
gicijen, nommé Philippe ,.qu,i luitpr,o-
mit d'obliger Satan à paraître en per-
sonne, moyennant un salaire con-
venable.*
Le marché bien, conclu, Philippe
plaça le prêtre au milieu d'un cercle,
et lui ordonna d'attendre e» silence
1'eçpril malin, quai allait conjurer;
« Au reste, ajouta-l-jl, gardez-vyous;
» bien de faire uu pas; car,,si vous
» sortiez du cercle, le Diable auraitie
.M
droit de vous étrangler.,»
Le bonhomme promit d'être im-
mobile. Mais aussitôt que Satan parut
12,8 HISTOIRE
devant lui, il b'éppuvanta si fort, qu'il
en tomba à la renverse. Le Diable,
voyant la tête du prêtre hors du'cercle,
se jeta dessus, et lui tordit le cou. Le
duc ;dè Lùfzenbdurg ', ayant- appris
"'

cette horrible Histoire, confisqua les


biens'du mort a son profit, parce qu'il
lecruTdamné; et la chronique ajouté
que lef"magicien Philippe', cprl'ôpéra
bien-'d'autres p'rodïgès ,'fuf ^soh toui'
étouffé par son ami Satan as. ' ' ' :'! '
1

M:iîMM>W3àMàMÏMèÉ^

;
-'viM. y^avaittà?fafeis'pd^é^l^^de^iâif;
-

Louise ÏUÏ raisbihJfk^eu*,'iîomiMWi-


;ehàely gleànd faisèu^vïde pro'digies [fët si
hafeihVà 'fescin^le's^yfeu*paillés illu-
1

sioîns^d© ifr'magie ou^d©-teiphysiq?iM^


quelles juifôyië•^gâro^éni^éo'mmê
un saiiit^et ileS'parMé^re©loanlè;'un
sorcier,; ;w -;;;.;.j^-,ir;iax ii:„o. ^uc^i,.,
DES FANTOMES. ii-g
La nuit, quand tout le monde était
couché, il travaillait, dit-on, à la
clarté d'une lampe merveilleuse, qui
répandait dans sa chambre uhe lu- 1

mière 'aussi>ipure quenelle du jour. Il


n'y mettait point d'huile, et elle édaï-
rait continuellement, sans jamais s'é-
teindre,, et sans 'avoir besoin d'aucun
aliment. >

Or, comme on le croyait sorcier, on.


disailq ue le diable en tre tenai t sa 1 am pe,
et venait passer la nuit avec lui. C'est
pourquoi tous les passans heurtaient à
sa porte, pour l'interrompre. Quanddes
seigneurs où des honnêtes gens frap-
paient,, la lampe jetait-une lueur écla-
tante, et le rabbin allait ouvrir; mais
toutes les fois que des importuns fai-
saient du,bruit, pour 1© troubler dans
son travail, la lampe pâlissait; le rab-
bin averti dqnnaitun coupdemarteau
sur un grand clou, fiché au milieu de
la chambre; aussitôt la terre s'entrou-
l3o .JHÎSÏOIRE -.:
,
fVfiaitc,; et- {engloutissait:; jlçs- ; mauvaise
pjajsansï :;.-..'-...:: ' iÀl::c; :;,' ; i.';.s- :,V-,:- .;:».
Lesjniiipàeles
: :

guibfeji. é^iinaidùtiïtoutÏÏ PaiJisly Sajkt


Lo,uis;,i en; ayaut,;jentendjui rparfêr^fit
Venir^éfiM^Ml^&^^^MtàfM.'fM'
si, cQ^tentfd© la. soiencei^oMiftaM i.di-,
m. rabibin^ ©t; conçut ipour^l^l^tan^
d'estime, qu'il le- fit son conseiller*
d'état^ ^^^ieombia-vd©) biensi : ^vK ; <. -

LE CHANOINE NORMAND.

ItoM ^MWEToet qitïeiq^s^àuiÉrés


-i)
écrivains racontent^ comme feeàchos©
merveilleuse,;maiscroyaMëî eette;sih>
gulière façonne voyagea? -;i l, ;- ' -
:
Lin ;chapitr© de -pormàridie; était
depuis :long-itenaps: jo4ligë!y Hpar; tin©
chartre vd^esnvoyèr tous les^s^ï©jour
de Moel, -un de ses membres- à I£ômë|
pou» chamter Pépltrës del% -grand©''
DES FANTOMES. l3l
messe, dans l'église de Saint-Pierre.
Une certaine année, on chargea de
celte commission un vieux chanoine,
qui avait quelque pouvoir sur le
Diable. Le chanoine se promit bien
de ne pas faire deux fois le voyage
de Rom©; et d'en exempter à l'avenir
ses confrères.
Comme il avait des moyens tout
prêts pour faire la route avec promp-
titude, il différa de partir jusqu'au
matin du jour de Noël; ce qui étonna
grandement le chapitre. Mais alors,
il évoqua un démon familier, qui le
servait de temps en temps, et lui com-
manda de le porter à Rome, au plus
vite. Le Démon, soumis à son maître,
se mit aussitôt à quatre pattes, reçut
le chanoine sur son dos, déploya ses
ailes, fenditl'air avec rapidité, et ar-
rivai Rome ,-au moment où l'on com-
mençait la grande messe. Le vieux
chanoine chanta l'épîlre, pendant que,
l32 HISTOIRE
par son ordre, le Diable s'introduisait
dans la salle des archives, et enlevait
la chartre qui obligeait les chanoines
Normands au voyage en question.
Aprèscela ,1e chanoine remonta à che-
val sur son démon, rentra chez lui pour
dîner, et fit grand plaisir au chapitre,
en lui apprenant l'heureux tour de
passe-passé qu'il venait de faire.
M. de Saint-Albin a placé cette
anecdote dans ses Contes Noirs, sous
le titre du Chanoine de Bayetcoc ;
mais ili'adonnée telle que la racontent
les' bonnes femmes de Normandie.

;s::,I;A^§E]feE;DU .DIABLE.y±;-;:
,,
; ,;
;;UN inconnu;,! passant.; par; u» t vit-»
iage, rencontra un jeune' homme de
quinze» aiis;; d^une figure intéressante
.
et d?un "extérieur fort simple; Il lui
demanda s-il vpniait 'être riche : le.
• •

jeune homme ayant réponidw qu'il ne


DES FANTOMES. l33
désirait rien plus, l'inconnu lui donna
un papier plié, ajoutant qu'il pour-
rait en faire sortir autant d'écus qu'il
en souhaiterait, tant qu'il ne le dé-
plierait point; et que, s'il domplait sa
curiosité, il connaîtrait bientôt son
bienfaiteur.
Le jeune homme rentra chez lui,
secoua le papier mystérieux : il en
tomba quelques pièces d'or.... Cepen-
dant, n'ayant pu résister à la tenta-,
tion de l'ouvrir, il y vit des griffes de
chat, des ongles d'ours , des pattes de
crapaud, et d'autres figures si hor-
ribles, qu'il jeta sa fortune au feu. Les"
pièces d'or,qu il en avait lirécsrdispa-
rurent;.et, il reconnut ,qu'il, avait eu
affaire avec le "Diable.
1&4- HiSTOÎRg

Le marquis de Preéy et le marquis


' '.

de'l^mbèuîlïëh Jèous": deux âgèV de"'


vmgf^çînq 'â~tfeh"t-é''aWsV' ëtàifent; înti^
''

mes" ami&V'et allaient à "la' guerréT,


comme y vont en' France toutes" les
péf^sonnêâ de' quàlite^ Un-jour (fifils
1

s'entrefènaieïiÇ 'des'' affairësj de l^ircre


m^nde'',: &près-':pji^èu^ qui
té^oi^âient^sè^'q^ils n'eiaiénl! plis
trop' pér^âdés'de towt'éëqu'ôn'en dif,
ils Se?proraireri| 'run'àTaiu^ëvqiâié"îe'
premier quiraouriâit en yreridràïtjâp-
po&èr desnouy^elfesas"^n'compagnon;
" bAuybbut; de'trois'mois^lé"màtfquïs
d^'Râtnîiduiïl^pàrtitpô^
la étâit'âtbïs ,,' ëtPî©tearq1aisc
ou guerre
dePrécy, arrêté parune grosse fièvre,
demeura à Paris, Six semaines après,
Précy entendit, sur les six= heures du
matin, tirer les irideàux de son lit j et
§e tournant powr voir qui c'était,il
DES: ^ÀWTOME.S ï;35
aperçut ;fe maquis dé ^Rambouillet
en bulle et; ëïi; bottes..W -sortit -de ]soff-
litjiéftvo'ùlutf se jétter à'|son cou^; pottr
luité^ôïgnwâà^
retour. Rambouillet, reculant
IVEais
^el;qu©sïp>s>eïPàSrier^,:l*#dit-tp#ses
caresses fet'é'taiëaié' plus? de^ sàisbnyô^u^I
ne&yenait qui© pbur sïa<^iiittër: âb/hj;

ayaitaétéî tu©*la.-Vëillë| ëlhg&e-fôiit é©


qu^^disaifdie l^tr^montlë^aittriès^
©^rtaw, ^lou^
*$aiatiqu©'-<yiâus viyWenl30ge^-sbiigezf*i
» '' à $&&pitàèv:yotàtëce^uit© i: ypusïfl'a-i
5Myiëz;f ôiitf^
à-'sçippiser^^^
-

» affaire où vous vous trouverez «i- :"!


-;OïiQÉe peuj^ëx-primer1!® surpriéte%ù
futïle^ârtjuis'dè Pré'éjpà ce:discours ?
ne?pb'uyaïil c¥éârejce qti'il'entendait;^
il,rit;idë#bû.vèlux effëi?ts pour ëmbrap"
ser;so^;a^iq^lso^pebhnàit!d^ c&èr^
ëkév '^k^ïïsëf^fkwïèil n^mbrassâ cfiië
i36 -
" ;.,aHiS]TpjRE^;v.;r,
-----
du;ven;fj;-.; et; fRaÈnbtô^ pet yojtansÉ qu'il:
.

éj^tinçpédul^ l'endroit;
joù^^ay^ Recuie;e,op;p^^uil;©tait:!dansl
fes^ejnsj; jd'o^ifesan;g^araissait encore;.

B0;Aprf!sifieîaly: ,lc-fa;n|6;ine;drispariiafeét;
laissa ^r;é©^d^^s^©friayje^
àléompiçendres ;qp'à:jd;é©rjii?e> Lleappefc :
s;oT^jyalefcd§^^
.
la, mjaisojn|paj;:: sgsl ^is^:gl?lusi;éja^s;|p©r-+î
;
sotoeëjja^eli^u^ent^ïil ^ljéùr^eanitiaj'eej
:
qj^ijf Vj^altidjenyoirÀ^QUjtile ,;m]&n;de*
'''ajtoib^a ^
fije^gj^ui.^^
^a^on/^eli^ipriia; d-àseireçouç^er^Ql^i
réjMontrant; ^u^il-,|aîl^-jtyqujiljfulyrê^é <

'< ce qu'i^djsaj^
:/jrLj3^mafiquisv-;a?ft i^ésesjioir ^xjVjDÎr
;
qu^on.lgprl^ po^unyjis^p(nn;aire:^rjart
confairtout^fi'jes ,çirc^tS;tan«es,.^u/on;
vjentj^g l^e^.smajs.jil!feut jhe,au!-1p|pft
tester} ^u^î^aifcriyujëfejeritend^uajson;
$.au, en, Vj^JJafil i jq^denie^rra;l$¥J QP&
DES FANTÔMES. t37
dans la même pensée, jusqu'à ce que
la poste de Flandres, par laquelle ou
apprit la mort du marquis de Ram-
bouillet, fût arrivée. Cette première
circonstance s'élant trouvée véritable,
et de la même manière que l'avait dit
Précy, ceux à'qui il avait conte l'a-
venture commencèrent à- croire qu'il
en pouvait bien être quelque chose,
parce que Rambouillet ayant été tuo
précisément la veille du jour de son
apparition, il était impossible' que
Précy l'eût appris'naturellemênt.
Dans la suite, Précy, ayant voulu
aller, pendant les'fguerres'civiles, au
combat de Saint-Antoine, y perdit la
vie (i).

'„,"(i)t IlVes't' ^v'pyv:é'5ptQiHïenaa.t,-'-çf-ù,a..lrt visiora:


de Précy notait qp'uii défîrede la fièyreV et:
que. des:-mémoires in.fiflèi'es- bnj-.Embelli. célie<
anecdote, de; tontes tes; circonstances qui l'a»
rendent si .merveilleuse. : ':•-.> >''

&
f$8f / iftSTMRE '-'
n'v ;'' ttisorèiiRE:js^àôgç'iïîta. ;

faOii troîuV©! ce;conte singulier:dans-


ïé' fameux romain de iPiarsiiês^. dont
Jl4i&bb,mvnia^a^nriehïnotr©langu©:,
:àve©ftajftt d«léganp©©t de-goût':
:
i< :
Je mé nsmie'. 'Rtotiliov JfMfais
Im^iËrevdedàâseàMorëneejètjfy;jouis-
sais d© toùtè3la; réplitatibn que je poiir ;

vaisidésirer> ; J^auraispu y vivîe le plu s-


heureux: ;cç|es hommes^ maisVjé;;£us
choisi! pour ^nnéKdësléçdhs;à'fe?béïle
".

ïlorëafâ'Hfeifc^
;ren§ étaient ptiissans.;»; Jeïfcs Mentôt
>

àrrêjé, traduit icomaie ravisseur <$&-


/va-tt% ïlé^ tribunaux, ' eticoridaniné à
être peiidu wns les Vingt r quatre
heures, v
'
,.-.'-.
' » Du moment que mon arrêt, fut
prononcé, on me' transféra dans un
canton d;e là prison où se trouvaient
d'autresmalheureuXjàlffveill"s,CQiïime
moi, d'être Supplicies. J'y remarquai
DES FANTOMES'. ^gg
entre autres,une femme autrefois belle,'
mais presqueyieille, alors,,, qui, atteinte
et .convaincue de sorcellerie., venait
.tFêti'e, jiUigée et eopd|tmïiée.au. feu,r "...,,<;,.
j)
Pendant le peu^temps^qu'ayail
duré mpnf prpeès, .^vais, euoccasion?
de |a yrpji£/plusieurs,fpis;ilchez Je çonr-
.
' /'eJLergej^où,; e||e:;;,éjai^.;'bi©n,^^nue-;;e;t
reehereljtée,. .parce .tqu^èlle. ,a^aitvp^o-
mis. 7ej;., même. assur,é, que,>; moyen-
v
nant, certaines ^paroles ,|t jprpnpnçéesv
dju^a cernai ne^maniàf© sur, certaines^
herbes,,;ellelg,^<érir&it.M1]?l;acottci;er1aert.
d^un© ^nialad^e. ex^a.9^inair©|ydpnt;ie&
1
médecine ne;pp;u^a,ient[veJniK;à,l?put.,
,;,'., Jpettei|^:mevalait-e'U; l'ajr. de^m§.
,?:>.

'témoigner, de,,,r,iptéiç^^5...ïe.J;1.,,pJ;usie.urs:
fois, sur le ton de la,plaisanterie., elle
m'ayai^: répété que tant ,q,u'eï J e ne, se
„, -
rait pasj brûle©,; je ne serais,pas.pendu.
"Je ne sais ni ne pu^s jçpnçeypir. cpmrr
ment elle .s'y,pr,it;.. maisle soir du jo'uv
de mon jugement,.. de ce, jour terribl®
l4o HISTOIRE
qui allait être suivi de mon dernier
jour, elle entra dans mon cachot, où,
les fers aux pieds et aux mains, j'étais
enchaîné à deux énormes anneaux
scellés dans le mur.
» Dès le premier mot qu'elle pro-
nonça en entrant, je la reconnus à sa
voix : « Ne t'effraie point, me dit- elle,'
3>
je viens pour te consoler;... et pour le
3> sauver, comme
je fe l'ai promis,
» ajouta-t-elle, en me posant l'a rnain
3) sur
le coeui, si, de rton côté,' tu me
3) promets
de m'aimer, de m'époùser, et
3>
de m'être fidèle. Voilà mes co'ndr-
3)
tions; si tu les refuses, je le laisse;
» et demain tu seras pendu : Vois c©
3>
qui te convient le mieux, et réponds-
,3}
moi sur-le-champ. » l

» Quen'aurais-je point promis) dans


la situation où j'étais! Sans hésiter,
sans faire la moindre réflexion, dans
toute la sincérité de mon coeur, je lui
1

répondis que j'étais tout à elle, et tant


DES FANTOMES. 141
que je vivrais, si elle parvenait à me
sauver la vie, et à me remettre en
liberté. « En ce cas, reprit-elle, je me
» retire; tranquillise-toi; ne t'épou-
sa vante de rien ; et laisse-moi faire. A
» minuit , tes* fers seront brisés, et
» bientôt après, lu seras en lieu si sûr,
1

j>que tes ennemis, tout nombreux,


» tout puissans, et tout acharnés qu'ils
3)
soient, ne pourront plus rien contre
3>
toi. »
» Je le confesse, cette' créature in-
fernale cette sorcière qu'en toute au-
,
tre circonstance je n'aurais point en-
tendue sans frissonner d'horreur, me
parut en ce moment un ange en-
voyé du ciel, pour me sauver mira-
culeusement; et je poussai l'égarement
jusqu'à en remercier Dieu; mais à cet
instant de consolation, succédèrent les
heures les plus cruelles de ma mal-
heureuse vie, ces heures si terribles et
si longues, qu'il me fallut passer, en
^4? HISTOIRE
attendant le retour incertain; de .ma
-
proteotriçe, T.ou-riïienté par une sorte'
: >

d'espérance>:qu©rma; maison s© sentait


forcée d© reppusser,; et par l'approGhe
;
imininente de irion supplice^Retombai
dans des, à^gpisses^ dont^le iso^yenir;
me;faiteneprefrémir..V cUi-;; -S
: «
^';3>rUnrsilence. sinistres et^ro|pnd,,
<
.
comme ,1a sinistre ©tjpr©fpnde; ©hsou;-
ri t© qui ;m'ejàykon^iait,< régnait.^de-
toutes parts autour de moi;, lor^qju'en-
fin le mouv©men| demaporte;qujsi'ou-
vraitsans bruit*,et la,vpifs-d©m^jJi-j3^
jatricemefirenttressa^^
.» mon ami,; me .djtrfell© ;, du/©qurjage>,
..» et surtput de la confiance !;Prends;ie
» bout decettebaguette que, jetepr^-
» sente ; garde-tpideia^uitter,; etrSuijSr
;•» .moi..-rr/Mais' j'ai,; les. mains;
en;çlïa;î>
3) nées l'une à l'autre, réppndis^jt? -rr!"

» Prends te. dis - je,,me.répljquar


,
.?3-t?e'lle. v»
:
;:;:': ;.-..,.:,.:-!^;î.
O surprise ! ô prodige! au premier
,
»
DES FANTOMES. 143'
effort que je fis, pour tendre la main et
saisir le bout de la baguette, que je me
sentais appuyer sur la poitrine, mes
menottes tombèrent en pièces à mes
pieds, comme si elles n'eussent été que
du verre le plus fragile ! « Suis-moi, et
» surtout ine quitte point la baguette,
» (me répéta-t-el"le),?nous serions per-
3)
dus tousles deux. ^—
Mais, je suis at-
33
taché à la muraille, lui répondis-je,
33et j'ai les fers aux pieds ? — Laisse-là
33
tesmais,merépliqua-t-elle,marche
33en avant, et- marche hardiment. 33

«Nouvelle surprise et bien encou-


rageante encore ! Dès le premiexpasque
je tentai, les fers qui m'attachaient au
mur se rompirent, avec la même faci-
lité que mes-menottes; et ceux que j'a-
vais aux pieds, à peine les sentis-je me
résister.... En sorte que, totalement dé-
gagé de mes chaînes, rien ne m'empê-
cha de suivre la baguette que je tenais
ferme et qui m'entraînait.
144 .-.,
^HISTOIRE
-;• j33 Maçon ductritee.ouvrit toutes les
;portes,sans:la;mpindré difficulté et'Sans
bruit:;.Eies;gardes,ies gardiens,;les pri-
sonniers; .qui ;Se trouvaient sur; notre
passage étaientitèùs si:,;pr6fondémént
endormis; qu'aucun; 1 nei se:; réveilla.
Bref,;©n;péudinstansn0usfûm©s:hoi;s
d© ;te prison?; en: (pleine rùe^:::bientôt
après '•; sûr/lâ\grande:v plàee!;ieti Mi, ma.
libératrice me ifitiasseoir sur iuk; banc,
-àcôté d'elle.; '..-~ ;?--- ::;:. •_':. :.-: i.--ri •-
...
.

» La pensée; me; yihfcalbrsy pou? la '


première;; fois, ;qu©;c'était; à vFenfer
non; au-çciel que»j'étais redevables du
' du prodige xpii;venait de;s?bpérerr en

ma; faveur y et que maiibéràtrie©, sor<-


cièrè avérée^ ne* pouvait ;©tre qu'un©
émissairedu; diahlei A cette idée; un
frisson^ d'horreur ; me saisit; de la tête
•auxvpieds'; la potence,ne;më partit-plus
qu'une Vétille, en comparaison de ma
damnation éternelle, ; et j;'eus.:recours
> aux signes de croix,.répétés coup.suir:
coup.
DES;;FAN;TQMËs; 14$
. .

« Arrête, me dit ma conductrice,


33 tu
n'es pas encore sauvé..., si tu n'as
33 pas toute
confiance en moi. Laisse-
» là tes oremus, qui ne t'auraient
33
point empêché d'être pendu demain;
33
prends celte goutte de liqueur con-
33
fortative, ( ajouta-t-elle, en me pré-
33 sentant une
petite fiole que je vidai
33
d'une seule gorgée), et, encore un©
>3
fois prends courage ; laisse-moi
,
33
faire, sois, fidèle à. tes promesses, et
33 ne
t'inquièt© pas. Je vais te cacher
33
là-dedans ( continua-t-elle, en me
33
développant un, grand sac ), et te
33
faire, voyager; il ,1© faut absolxi-

33 ment, et au plus vile; mais compte


33 que
je pour voierai perpétuellement k
» la subsistance et à ta sûreté, jusqu'à
33 ce que lu
n'aies plus rien à crain-
33
dre. 33
33
Celle défense formelle de recourir à
Dieu, ce voyage dans un sac, toutes
les circonstances de ma situation m'au-
7
146 HISTOIRE
raient infailliblement faitc riiourir de
fràyéUr ; et certes,ilyavait de quoi tuer
le plus intrépide^ si ;à l'instant même
ûnp^ôforid sommeil nefût venu m'ôter
la >facùitè/d© penser 'et ?de<réfléchir,
J'ignore pendant^ quel temps je me
suis'trouvé, J>ar; ce; sommeil jVpriyé de
l'usage"' ordinaire de ma raison © t de
mbh %sprît'; je n'ai pas v ^iè n'ai ja-
mais éu-îâ' moindre; iïOtipn-dU voyage
qià'oh" in'à bien réellëinént faitMaire,
pendant ce^tempWiàvMa mémoire- ne
fiiè rappelle que? lé 'moment de mon
rëy©il\'qui^fiirt• p^voqu^;par un©-se*
Coutsé1^ yiêjente, et trop
^màr^ablè'pputque jamais je puisse
JroWbliër, " i-!:;- ' --; '--;';-.v-,;:'».' '
/-.'••^ En puyrant les yeux, je reconnus
u3>'

qu?il-feisaitiiûit; que jetais étendu sur


une pelouse, sous un ciel brillant d'é*
toilès^au! bord delà met;-etj'entendis
là voixdemà libératrice. Eileme par-
iait 'de fo^pt jprès; p&is je n'entendais
DES FANTOMES. 147
que du son, et je ne pouvais corn-!
prendre ce qu'elle me .disait. Bientôt
après, je la sentis me serrer entre ses
bras et approcher sa bouche brûlante
deia mienne, en laissant échapper un
soupir de la plus amoureuse expres-
sion. Un mouvement de dégoût, dont
je ne fus pas le maître, nie porta ma-
chinalement à, la repousser, de mes
deux mains. El qxiel fut mpn^effroi!
comme mes cheveux^ se dressèrent
d'horreur, lorsqu'au tact et à l'oeil, au-
tant que pouvait le permettre l'obs-
curité .presque totale de la nuit, je re-
connus et entrevis que cette tête qui
s'approchait de la mienne, ayec des in-
tentions si caressantes, n'était qu'une
énorme et hideuse tête de loup....' et
qu'un large et court poignard était
suspendu à sort cou!... Cet^lefois, ce fut
bien le ciel qui m inspira. En moins
de temps qu'il ne m'en faut pour le
dire, je saisis, avec furie.lej.ppignard
l48 - HISTOIRE
qti-v-seprésentait- sous ma 'main ?;' eï je
1© plongeai dans la gorgé dû monstre,
qui5%jhrba SDUSHI© cbtip, et'qui, ©ri
témbatit, -reprit subitement là formé
humainëi^J© ïécoWhils alors trës-dis-
tinctèine1ttt^àT^orcièrë^Ell©-expÉ
baigné©-dâns" ëph san]g: Éù -frémissant
3

d?Korrêùr autant qûe^denroii, iè Feu- 1

iràînàï^pàr'les cheVéui, et là' preet'


pitàidanVles flptsiJ '»>; -; Ji- ^lr>M: -
-,; -;:- - .-.-•' '

:
^Apres;•' ce'çpuf>- dè^ ivtrémr; $ètâ;
àti
lnilie#d©;là;tiuït,:î et Saisvsavôir;'oùil
était, Rutjlio''crut d'àbôrdiavpir tbùsx
les diables à sestlbùssesv^puii^venger
îàSorciire^ D'un1 aûtrëcÔtéVilvdVaït
reparaître %elte:if?ii,ribl# ' potence dont
ili^eppuyàit piûs se èi^resàuvé^pùis-
qu'ilVenait dé massacrer sa protec-
trice. -CJninstinctmàchinàl le portait
àufuirï Après%ne longue course -à ':I'a>
venluré, il• résolut'd'àttehdré lé' jour \
mais léijoUr ne'Vint point, et la faim' se
j|t hientêt'sentih-H'se croyait |ensor»;
DES FANTOMES. 149
celé à jamais, et réduit par un sorti-
lège à ne plus revoir la lumière, lors- ,

qu'enfin il entendit des voix humaines,


et les pas de quelques personnes qui
se promenaient en conversant.
Il s'en approcha. Par le plus heu-
reux des hasards, unitaliensetrouvait
là, qui, ayant entendu le récit de son
aventure, lui apprit qu'il ay.ajt été
transporté par la sorcière, à l'extrémité
la plus septentrionale des îles du nord
de la Norwège; que dans ce pays, Fan-
née ne se divisait qu'en un jour de six
mois,, et en une nuitde pareille durée; i:

et que, de plus de deux mois encore,


il ,ne verrait pas même poindre l'aube
du jour.
L'italien, qui était-établi dans cette
île, offrit alors à Rulilio un asile dans
sa maison. Celui-ci accepta avec re-
connaissance; et ce ne fut qu'après
plusieurs années de séjour, d'àvenlu-
iSo HISTOIRE
res et de courses.dans le nord, qu'il
revint en Europe.

ADRESSE D'UN ASTROLOGUE. -

' UN astrologue se tira ingénieuse-


ment de danger, du ter'nps de Louis
XI.Il'aVàit prédit au Roi qu'unedame
qu'il aimait, mourrait dans huit jours^
La chose étant arrivée, le prince fit
venir l'astrologue, et commanda à ses
gens de ne pas manquer, à un signal
qu'il leur donnerait, de se saisir de
cet homme, et de le jeter^pâr les fe-
nêtres.
Aussitôt que le roi l'aperçut : « Toi
03
qui prétends être un si habile
33
homme, lui dit-il, et qui sais pré-
33
cisément le sort des autres, apprcnds-
33
moi quel sera le "tien, et combien
33 tu as encore
de temps à vivre? 33

Soit que l'astrologue eût été secrè-


DES FANTOMES. l5ï
tement averti du dessein du roi, ou
qu'il s'en doutât : « Sire, lui répondit-
33
il, sans témoigner de frayeur, je
33
mourrai trois jours avant votre ma-
33
jesté. Lé roi n'eut garde-, après
33

cette réponse, de donner aucun signai


pour le faire jeter par les fenêtres; au
,
contraire, il eut un soin particulier
de né le laisser manquer de .rien.

LE REVENANT SUCCUBE.
L*AN i6i3, dans le mois de novem-
bre, xm gentilhomme parisien sortant
de sa maison, par une grande, pluie,
rencontra sous sa porte une demoiselle
fort bien mise, qui cherchait un abri :
il la fit entrer dans son appartement ;
et comme 1© mauvais temps ne fit que
redoubler jusqu'à la nuit, elle fut obli-
gée de coucher dans cette maison.
Elle était jolie: le gentilhomme s^en-
IpV HISTOIRE ;

iffamma pour sa-beauté-, et s^enhardit


tellement des petites libertés'qu!èlle lui
laissa prendre^ qu'il parvint à passer
Jaïnuità<seëDCÔtési II; la quitta^ 1© len~
dsniàin^poùr vaquera ses affaires, et
fe laissa sddrmir; car- elle n'avait point
^neore'reposé^;;:-;-'^ '- '^^.y-l'^M'.:.^ ;.:;-
'Ï; Vers midiy lé îgentilhommetrentra
icnez-duL etétantmonté dans sa; ehàm*
Jbre pour éveiller la demoiselle incon^
©ne, il la trouva mprïe. Il fit appeler
aussitôt les niédecinè etJà justice; et
1

on reconnut, dans ce cadavre, 1© çptgs


jd'ttne penduei qu'bri: avait ; exécutée
^quelques mois auparavant : ce qui fit
présumer^u'ùa démon'pbuvaïtbifett
avoirpris cette formel pour tromper là
gentilhomme. : ;
?

-;,' ;TJA MAISON'ENSORCELÉE, :';;


..
DOM GALMËT racbrite j.sans lés ex-r
pliquer, ces prodiges nocturnes arri~.;'
s
DES FANTOMES. îS3
'V^Ssdans un© maison. de'Mireedrart en,
Lorraine:; .'Y y'-.;-.v;-':: --:;.Q; — Y-'.
;
KEU,' 1742^ un bpurgeois de Mire- .

^
çpùrtentenditipendant plusieufs mois*
dans sa maison.,, ^©rsybnse^eiiresfîdiit
spir, un bruit épouvantable- qui sem^
Mait venir tantôt dëi la caveet tantôt
du-greniér.; Sbuvent on marehait dans^
sa cham.bre i'à l'heurfe de minuit- ;qu©lr
quefbjs cbmme une ^ersGame5:quise
prona.ènè;piedsïius*a^àiïtresfeis èpînnîe,
un hpmmé qui. marche lourdement»
^
avec des bottes-fortes ou des; sàbpts^f
jour qu© ce bourgeoisréyenaiÉ f '
de voir lés marionnettes, il trouyàsoïjt
«nifant'CoUché;au travers du feu sans
j
que le berceau fût aùcunemen;tendpm>
mage, et^ans que le repos de Fenfant
parût en souffrir. Un aijtre jour, en
rentrant chez lui^ il;vit vSpnfenfaiit;hprs
de son lit, cpuçhé.;au, milierj de, la
chambre, sansque l'on sût qui l'y avait
.mis,
,.,
J&4 HrSTQÎRE '
-
XfeYâûtrèjoùr^la veille de laïous-
isaint, étant bien éveillé, il aperçut, ;
au bout desachaiffibretrois chandelles
àllùriiéesv qiuii approchaientde lui;
èts^n éloignàientsuccëssivemeM^Sâ;Us
être conduites !=pâràujpun© main '-vi-
sible.^ IJkiYâîutrëLJouri'iiiîjyit la figure ;
d'une ,gra;ndei femm©:, Vêtue de blancs \.
qui portait unenfànt sur sesbras.pëunè;
personnes^qul'^se trouvaient lai viretît
lamemech'ôsè»Gomme ils étaiènttrois],
ils eurëntlahardiessejd© s'avancervers
1© fantôme j ruais- à mesUire; qu'ils s'en
àpprbchaient^Fbittbre disparaissait; et
^aussitôt ' qu^ils retôurnâiëntY à leur
place\j la grande fenimé'Mànèllè se
reniontrâit. :;;:i''': '-' 'i!'-::
: :'
••
''\
Y Ces prodiges
eî plusieurs' âUtresy
.
qui se renbûVelèrent fréquemment;
pendant lin temps assez lbng, firent
penser ijue la maison était ensorcelée;
d'autant plus que personne ne pouvait
y dormir. C'est pourquoi le prû*
DES FANTOMES. lS5
priélaire fut obligé de l'abandonner.
Comme-fille était fort décriée, il ne
put la vendre qu'à très-bas -prix. Des
voisins Tachetèrent; et, par un de ces
hasards tout-à-fait merveilleux, les
apparitions nocturnes, les prodiges et
les bruits effrayans cessèrent, dès que
les nouveaux "maîtres de celle maison
«y forent installés.

LE SPECTRE DANS LA CAVE.

UN marchand de la rue Saint-Vic-


tor, à Paris, donnant un grand souper,
la servante de la maison fut obligée de
'descendre à la cave, à dix heures du
soir. Elle était naturellement peureuse;
et une circonstance singulière lui pré-
parait ce soir-là de quoi exercer son
courage, si elle en avait eu la moindre
dose. Elle n'eut pas plutôt descend»
l'escalier de la cave, qu'elle remonta
£§6 ....
HISTOIRE ; i
éppi^éintéé y hors^ d'elle
; ;?-.
^mérn©;\ :çn
criant;qu'ellé^yenait dé; voir un:ifan-
tiômeiior^iblë entre; d^UX tonneaux*../
; ;
L'èjlpi s'erriparaYdes^ -dbmastiques ;
maisYparmi/les; ; gens -du^festin; jYil;iS©
trouva; quelques: personnes; intrépides^
qui de^cendirentiàla; eaVe^ s'apprpteh^r
rent^dû prétendu;spectre? etirecpnnïu-r
rent que cen^étaitqUiun^prpsrmbrtii
qui était 'sorti du charriet de.Fïï©tel-
Dieu, qui avajte'té jSÔifssé par sa chute
idansl^spUpirailv, e|qui;étaitt*^hé^d©>
boùtdanslacav©, entre deux; tonneaux.

V;:^ES';DïABLË^^

•V'g capitaine anglais, ipuiné par de;*


fplies;de jeunesse, n'àyait plus cFautçe
asile que la maison-d'un anciens ami.
GeluiTçi, pbiigéid'aller passer quelques
mois; à}a campagne, et ne pouvant y
conduire le capitaine, parce qu'il était
DES FANTOMES. ïBj
dangereusement malade, le confia aux
soins d'une vieille domestique, qu'il
chargeait de la garde de sa maison,'
toutes les fois qu'il Vabsentait. La
bonne femme vint un malin voir de
très-bonne heure son malade, parce
qu'elle avait rêvé qu'ilétait mort dans
la nuit.Rassurée, en le voyant dans le
même état que la veille, elle le quitta
pour aller soigner ses affaires, et oublia
de fermer la porte après elle.
Les ramoneurs, à Londres, ont cou-
tume de se glisser dans les maisons
qui ne sont point habitées, pour s'em-
parer de la'suie, dont ils font un petit
commerce; deux d'entre eux avaient su
l'absence dû maître de la maison, et ils
épiaient le- moment de s'introduire
chez lui. Ils virent sortir la concierge;
ils entrèrent dès qu'elle fut éloignée,
trouvèrent la chambre du capitaine
ouverte, et sans prendre garde à lui,
grimpèrent tous les deux dans la che-
l58 HISTOIRE
miné©; Le capitaine, étaitdanscemPf
naent assis^sur:Spnséa;nt; lejoufétait
sombre ; la> vu© de dèuxcréaturesraussi
noiresqu©cesrampgiieu^s lui causèrent
une frayeurinexprima;frte
dans;ses.draps,, fermant;fleSsyeux;» ©t
n^psant faire aucun,mouvement..JH -Y V
;
Y 'Le docteur Space ar^ya^unYinsfant
après;; tpus fes.matins ily!epaitj{>rdpuj7
ner 'des>rejp^des: gt ;^Mne^^djes^ï)aseil^
au Gapitame,;qad.©tâit^^,ami.f Il «n^
Yira/ayec sa ^
prochardu lit et ;apjpelaYJe,eapitaiiie,.>:
celui-ci reconnutsa; voix, spuley;a ;ses,
couyer fcures;, et; leYregarda d|uii,, .ceiî,
•,
égarée sans, avoir la; force de parlera
Le docteur lui prit là ;main> et lui deY-
manda comment il se trouvait l « Mal,
» très-mal, répondit-il; mes apurés
sont dans- l'état le plus déplorable ;
3>

j© suis perdu; les diabl©s;se;préparent


33

à m'emporter;, ils sont-là, dans ma


33

33
cheminée,.. Malheureux que je sahl
Y DES::FANTOMES. r%
33
u?y a-t-ilplus de remède ? » Le dpc-
leur, qui était ce qu'on appelle un
espritfort^ seepuà la; têt© j regarda son
ami, tluÎYtata le poulsij ©t dit graver
ment : «:Yos; idées sont coagulées ; \&
» sensorium dé votre .glande pinéale
«est couvert d© nuages iV!bus,àyezunv.
^lucidum cap^/jcapitéin©4*.'^Ces^
33
sèz votre gàlimathias^ docteur;: il
»;jji',SÉjs.t ;plûs? temps de< plaisanter lés
; ;
i)-diabl©s sont'ici, il y en a deux....,.\
33
Sans;douté=Fun doit ;s© charger de.
33. vous ; un.seulestsuffisânt pouri.mpi.;
33
maisilsisayaient que vous viendriez;
33iils^oùsémpbfterontaye© Votre ami ;
3>;ear rvousle méritez^autantqueimpi;
)3-^^ ^psidées ispntiiieohérentes:, mon
» ami; je vais vous le démonfcï'er :Le
33
di able est un -conte ; Vo us ;en y errez
33 tout leromandanslé Pai'àdisPerdu:
33
yofreeffroiest done.ï.;.'33
Dans ce moment;.- les ramoneurs
.;..-""

.-;.-

ayant rempli, leur sac, le- laissèrent


î6o -
HlSTÔÏRÉ?
tomber au bas de la cheminée, et le
suivirent bientôt. Leur àpparitioii ren-
dit lé dpctéur nïuet* Le ;capitëirie: se
renfonca-soûs sa couVertur© *' et se cous;
làiit aux piëds! de son lit^ se glissa;
dessous avec-promptitude et sans
bruit, en^priant mentalement les dia-
bles de se contenter;d'emporter sbn.
àmi.; M > " ': Y :Y-'-' ;"'i Y-i Y "Y; '- ';', :~?' V^:t:"
'
>'
-
- - ; :

L© docteur ; femobileîd'éMQiy cher-


..
{;

chait dans sa Y mémoire toutes 1©&


prières qu'il " avait a pprisés dans; ' sa .',

jeunesse. En se tbûrnantyérs son ami;


pour lui demander ' son aidé;; il ;fut
épouvanté;de rieiplus le voir dansson
lit II aperçût idans cer moment tin?
des ramoneurs qui se charg©ait.du sae
de suie ; il; ne douta pas que: le capi-
taine ne fut dans ce sac. Tremblant
d'en remplir un autre:à son tour ; il
ne fit qu'Un saut 'jusqu?àla porte; de la ^
chambre, et de là au bas de l'escalier.
Arrivé dans la rue, il s'écria, d© toute
DÈS;- FAJJTOÏIES. ï&î
saforce;;: « Au secours^ le diable em-Y
«^porte mon. atnilY 33; . ; Y ' «Ï
', La populace accourt à ses -cris ; il
jmPntreiduYdoigtlàmaison. Onîsé^prë**
cipite en io. -evers la port©, mâjsper^
sonné né veut entrer lé preniier./; L©
doeieury un; peu: rassuré par lé grand*
npmhre^inyïtei chacun ©nparticulieïS
de donner un;;exemphî^quïil ne donne??
ràiitYpas: poÛTï tout Foi" des Indes ; -Les
îjaniojnéursl en entendantebruitqu?oy^
faisait dans;la?rue;V;ppsfirit;:leur saie
sur l'ésealieE.ietji; de crainte dHetresurr
;

pris, iremonïent à quelques otages pMs


haufc^Lë Capitaine^ ïnàl àison^aisej-
sous soû; liîti ne;voyantplusles diablesj>
séhâledeisbrtir dejsa.retraité, et veut
quitter; la maison, Sa. peur; et. sa pré-r;
clpifcatipn >;ne; lui permettent pas- d©
Voir lé sa©; il le heurte^ tombe dessus ;
se cbuvrWde sui©v-sé relève et descend
avec rapidité. L'effroi de la populace
augmente à sa vue; elle recule et lui
JT&Z HISTOIRE
ouvre un passage. Le docteur reeon*
naît son ami, le croit revenu avec
un diable invisible pour le chercher,
jet se cache dans la foule pour les
éviter.
Enfin, un ministre qu'on était alM
.chercher pour conjurer l'esprit malin,
«nti'e dans la maison, la parcourt>
trouve les ramoneurs, les force à des-
cendre, et montre les prétendus dia-
bles au peuple assemblé. Le docteur
•ei le capitaine, qui voyaient les ramo-
neurs sans être, rassurés, se rendirent
enfin à•- l'évidence ;; mais le -docteury
.honteux d'avoir, par sa!sotte frayeur,
démenti le caractère d'intrépidité qu'il
avait toujours affecté, voulait absolu-
ment jrosser. ces soquins qui, disait-
il, avaientfait une si grande peur à
son ami; et soutint que pour sa part,
il ne croyait pas plus au diable qu'au-
paravant.
CES FANTOMES. l63
LES DEUX AMIS ARCADIENS.

DEUX Arcadiens, étroitement liés


par les noeuds de l'amitié, faisant
voyage ensemble, arrivèrent à Mé-<
gare, ville de Grèce. L'un alla, par
droit d'hospitalité, loger chez un ci-
toyen de la ville, et l'autre dans une'
hôtellerie. ''
Celui qui logeait chez le Mégarien
,
vit en songe son ami, qui le priait dé
venir le tirer d'un piège où l'auber-
giste l'avait fait tomber, et lui disait
que, s'il accourait promptement, il
pourrait le soustraire à la mort qui le/
menaçait.
Réveillé par ce songe, il saute à bas
du lit, et se dispose à courir à l'hôtel-
lerie, où était son ami; mais ensuite,
par une sorte de fatalité inconcevable,
il regarde comme ridicule la démarche
qu'il allait faire; et prenant ce songe
ï£>4 HISTOIRE
pour une yaine illusion, il se reme£
au lit, et se rendort.
H voit, alorSY Une seconde fois soU
iami,, mais ;bless© cpuyertfle sang»
>
,
qui;:; d|anë voix lamentable ,,1© sup-;
plie, puisq^il a négligé ?de le secou-^.
XJp, deYnèYpas refuser dé venger sav
iniprt;;ajoutantqu'ilvient d^tre mash,
sacrepar FaubérgiÉe,etqueson cprps:^
anis dans^ûn «hârriot couvert de £u*
mieridpitYhientèt sortir par une porte
delà ville,j qu'il lui jbàdianeVCettèYVÎ--:
«pjn^pltisi effrayante encore que la pre^
^ièreyxompttptit a coupspn;S©mmeiï£
trouï>lé^ét alarmera tendresse; Il
lès
voléàla porte dè"signéé^trouVêle char^
rîpt,-, danss lequel il reconnaît je corps
de son ami y conduit l'aubergiste au '
33|agistrâtj et venge, par le supplice d»
coupable,; l'assassinat de son ami.
DES FANTOMES. 1&5

AfËrîïURE DE &*• IJESïïqULÏERESr


lm(! DESHOPLEERES étant ail ée^ en
campagne, à une vingtâin© de lieues'
de Paris visiter Une de ses amies^
,
celle-ci la prévint qu'un .fantôme Vé~
nàit, chaque nuit / s© promener; dans
PùneYdes chambrés de son éhâteajp
M1"e >Deshoûlières:'voulût s'en con*
-.. -^- ." ,'--.'""
Vaincre ellé-imêm©,: et demanda ins-f

.
;

tamment cette"chambre àsonYamie;


Elle s'y? rendit ap^s le; souper; se mi*
aulityéteignit sa lumière, et s'endpr^
mifctaanquillëment -Y" .-4.;,;
;
-.v-t,; '
Mais elle fut bientôt éveillée par; ua
bruit quilsefità la porté; onFoûvrit,
on s'avança dans la chambre, d'un pas
Ipurd et pesant; Mme Deshoûlîêreti
parla aussitôt, et somma l'esprit de lui
dire quiil était On ne répondit point;
et le fantôme, avançant toujours, passa
dans la ruelle dû lit, renversa le gué-
ridon, et s'appuya lourdement sur le*
l66 HISTOIRE
couvertures. Mme Deshoulières sur-
monta toute crainte, et alongeantles
deux mains vers l'endroit où elle en-
tendait le bruit, elle saisit deuxoreilles
longues et velues, qui lui donnèrent
beaucoup à penser...'..
Cependant, le fantôme restait fort
tranquille, et ne cherchait ni à s'éva-
der, ni à causer aucun mal à Mme Des-
houlières, qui attendit patiemment la
pointe du jour, sans lâcher prise. Alors
elle reconnut que lerevenant n'était
autre chose qu'un gros chien assez par
cifique, qui, ne se souciant) pas-'de
coucher en plein air, préférait cette
chambre inhabitée, et dont la serrure
ne fermait point.

Y
LE:'REVENANT 0à PLlAÏSAN^Èr^x
C ÏJN; au bergiste de Plaisance,
en lia*=
lie;, venait de perdre sa mère* En ren?
CES FANTOMES. 167
trant de l'enterrement, il eut besoin
de quelques objets restés dans la
chambre de la défunte : il'envoya un
de ses domestiques les chercher ; celui-
ci revint bientôt, hors d'haleine, en
criant qu'il venait de voir sa maîtresse,
et qu'elle était couchée-dans son lit
Un autre valet fit Fintrépide, monta
dans la chambre, et revint confirmes
la chose.....
L'aubergiste voulut y aller à son
tour; il se fit accompagner d'une ser-
vante; et un moment après, tous deux
descendirent effrayés, et convaincus
d'avoir vu la 'défunte. L'aubergiste 1

courut trouver ses voyageurs, qui


étaient à, souper, leur conta son aven-
ture, et pria un ecclésiastique, qui se
trouvait là, de l'assister, et de venir
conjurer l'esprit.
Alors, un officier, qui était de la
compagnie; prit un flambeau, se leva,
gl dit au prêtre : « Allons, Monsieur,
i68 HISTOIRE
.33
c'est à vous qu'il appartient d'ap-
33
profondir cetle histoire ; venez. —
33
Je le veux bien , répondit l'abbé »
33 pourvu que vous
passiez le premier, SJ
Toute la maison voulut êfre de la
partie. On suivit l'officier et l'abbé; on>
entra dans la chambre; le militaire
tira les rideaux du lit, et tous lés'assis-
tans aperçurent la figure d'une vieille
femme, noire et ridée, coiffée d'un
grand bonnet, et qui faisaitd'horribles
grimaces. L'officier dit au maître de la
maison d'approcher, pour voir si c'é-
tait bien sa mère. Il le fit, et s'écria :
ce
Oui, c'est-elle; ah ! mapauvremère! 3>

Les valets crièrent de même, quJils re-


connaissaient leur maîtresse. Alors on
pressa l'abbé d'interroger l'esprit. Le
prêtre s'avança, conjura le fantôme,
et lui jeta de l'eau bénite sur le visage.
L'esprit, se sentant mouillé, sauta, en
criant, sur l'abbé, et le mordit. Celui-
ci se débattit fortement, et fit tomber
DES FANTOMES. iG()
ïa coiflè du revenant. Alors tout le
monde reconnut que ce n'était qu'un
singe du voisinage
Cet animal, ayant vu souvent la dé-
funte se coiffer, et. venant quelquefois
dans sa chambre, avait trouvé ce jpùr-
là un de ses bonnets, l'avait mis sur
sa tête, et s'était ensuite couché dans
le lit pour imiter sa voisine dans sa
maladie.

LA DANSE DES DIABLES.


MAZARIN, qui gouvernait la France,
.

sous, la minorité de Louis-le-Grand,


tâchait, par. toutes sortes de moyens,
d'éloigner l'attention du jeune monar-
que du soin des affaires, en lui procu-
rant tous les plaisirs qu'il pouvait ima-
giner. Il avait introduit en France
l'opéra italien. Les principaux agré-
mens de ces acteurs consistaient, dans
les premiers temps, en danses grotes-
8
170 HISTOIRE
ques , exécutées' par d'habiles volti-
geurs.
Un jour qu'ils dansaient un ballet à
six personnes ^ ils furent tout à coup
interrompus par l'apparition d'un sep-
tième personnage, vêtu comme eux,
et qui faisait des sauts et des gambades
bien supérieures aux leurs; cequilrou-
bla tellement la fête, que le directeur
du divertissement fut obligé de venir
arrêter le désordre.
Comme les sept danseurs avaient
une parfaite ressemblance, tant dans
la taille que dans le costume, et que le
nouveau venu s'était mêlé parmi les
autres, à l'approche du directeur, on
leur commandade se démasquer, pour
.' découvrir l'inconnu; mais lorsqu'on
voulut lui ôter le masque, il s'éva-
nouit,.... à la grande surprise des spec-
tateurs....
Dès - lors la confusion fut égale
entre les danseurs et les assislans. Il
DES YFANTOMËS. *7Ï
n'était personne; qui n'eut;VU les Sept
danseurs, et qui n'eût remarqué les
sauts admirables dm septième; Cette
observation alarma tout le mondé; il
déinëùrà constant que le diable s'était
jointïà. eux, dans; le dessein de laire
tomber leurs; jeux; .Les circonstances
confirmèrent cette
les acteurs étaienthafeillélsendaalyles;
1© sujet de Fopéra étant la; éfmtedie

l'homme f la danse représentait i©


triomphé deédém&iis; et Fandonnait
ce spectaclèy un dimanche au soir..„
:
>
L'alarme fut:
générale;; quelquesTr
iunsYassurèrent qu^ilS! voyaient les lu*-
mièrés brûler ;cË un leu violet ; d'autres
^croyaient sentir une odeur de soufre;
uriîplùs fou que les autres crut avoir
vu un pied fourchu*..i Le cardinalliair'
même, qu'on ne pouvait assurément
pas soupçonner de superstition, fut
si affecté de çè prodige:,, qu'il fit sortir
tout le monde, et défendit qu'on don-
-
XJZ HISTOIRE
nât désormais ce spectacle le diman*
eh© : ce qui-fut'obseryé toute Sa vieet
quelque temps encore après. ;
.
Sj ce trait appartient au diable, il
liai fait infiniment d'honneur, puis-r
qu'il ramenait les gens a leurs devoirs
'•dé'piié.té,.-'..--. ". Y
;
'l.';' -''Y.';';-" '

%ÈS APPARITIONS X>'AMVÏLLIERS;

-Y D AN s le château d'Ardi villiers,? en


Picardie (aux environs de Breteuil},
on v it long-tem ps paraître un esprit,
qui faisait un vacarme effroyable.
'Eoùte la nuit, c'étaient dés flammes
iqui mettaient lé château tout en feu;
c'étaient: des hurlemens épouvantables
qui faisaient fuir les plus intrépides ;
c'étaient enfin des apparitions: qui ne
manquaient: pas d'avoir lieu chaque
"année Vers la Toussaint Personne
n'osait y demeurer, que le fermier avec
qui cet esprit était apprivoisé, Si quel?-
; DES FANTOMES. ~ 178
. . .

que malheureux passant y .'couchait


Une nuity il était étrillé d'importance,;
et les marques eh demeuraient sur sa ;
peau plus de six mois.après. :

Y "Voilà pour l'intérieur: duYchâteau.


Les paysans du voisinage voyaient
bien pis au^delîbrs. .Tantôt quelqu'un-
avait aperçu de loin une douzaine.
,
d'espritsen-Tair?au-deséusélu château:-.
,
ces esprits étaient tout d© Feu;,ét dan.-:
.
,S;âiènt un:\branl©; à IEL< paysanne... -Un-,
autre avait trouvé^ :d&ns une; prairie,;
je-n© sais combien vd© présidens et de; i
conseillers:enrpbé rpuge, sans .dé-ute.
encore tpusdéfeu-. Là, ils étaient assisy.-,.
et jugeaient à mort un,gentilhomme:
du pays, qui ayaiteU la tête;tranchée;
il y avait bien cent ans... -
.

.•UnYaut're^aya.itirénc.Qii.tréla'nuit.-iïn.
gentilhomme ^parent du .président, à
qui appartenait la terre d'Ardivilliers.
Il; se promenait avec la femme d'un sei~.
gneur des environs; onnommait la
VJ$ HISTOIRE '_,
dame ; on ajoutait même qu'elle
s'était laissé cajoler; et qu'ensuite elle
et son galant;avaient disparu. Plu-
sieurs autres avaient vu ou tout au : -,
moins entendu dire de semblables Y
merveilles.:.;.; \;-.-."; ;, :-:-•" '":.;-;"'"-' 'v
.Cette ra^
et fit grandYtort au président^ qprétait^
contraint de laisser sa téi*e; àsôtt fcjp-
iniér à très^vil prix; mais enfin il ré»
solut de faire cesser la lutinérie, pe>-;
suadéV paVbeaucoup deGircbâsiancés,
qu?il y avait de tfartifice en tout cela.
Il vaàsatérre vers:ïàTôussainf,eonche
dans son château;; laifdëmêûrëï' dans
sacnambre deux gentilshonémes déses-
amis-.,;bien résolus, au premier bruit,;
ou à la première apparition, dé tirer
sur les esprits avec de bons pistolets.
Les esprits qui Savent tout, surent:
apparemniênt ces préparatifs ; pas
un deux ne parut. Ils redoutèrent
celui du président, qu'ils reconnurent

DES FANTOMES. '
:
"lj&
&ypir plus de fore© et de
subtilité'Y
qu'euxYlls se contentèrent de traîner
dp chaînes, dans une ôhambreYati-
dessusdéla-si©nn©> aubmitdesquelles
lalfemmeet les ênfansdu fermier vi-
rent au secours de leur seigneur, et se
j©tèE©ïit à
genoux,ppUrFempê-
sesY
lehérYdeYmonter dans ja chambre en-
diablée : c^MG»nsei;&neur^lûicriaient.?
33
ils, qu'est-ce qU!é;làs%rceàunaaine
; ?3;igpntre dés; gens de l'autre monde ?
i»Tous Geuxquiontten té gavant vous,
»là miëmîè entreprisei:,,en sontereyéniis
J» tout ïdisloqnésU.», 33 ;:- ^.
yrljsffi&httaftd^histoiresia*
que >ses: amis n© voulurent pas qu'il
s'exposât à ceiqueFesprit: pourrait laire
pbur sa défense; ils en prirent seuls la
commission, et montèrent tous deux à
cette grandeet vaste salle ou se faisait-
le bruit, le pistolet dan s une main, et
là chandelle dànsi'autre. Y '
r
Ils ne virentd^bord qu'une ©paisse
I76 HISTOIRE
fumée, que quelques flammes redou-
blaient par intervalles. Ils attendent
un moment qu'elle s'celaircisse. L'es-
prit s'entre voit confusément au milieu.
C'est un grand diable tout noir qui fait
des gambades, et qu'un mélange de
flammes et de fumée dérobe encore une
fois à leur vue il a des cornes èlune
,
longue queue; enfin, c'est un objet qui
donne l'épouvante '
L'un des deux genlilhommes sent
un peu diminuer son audace à cet as-
pect. « Il y a là quelque chose de sur-
33
naturel, dit-il à l'autre, relirons-
33 nous33
Mais cet autre, plushardi, ne'
recule pas. « Non non dil-il, cette
, ,
33
fumée sent la poudre à canon, et ce
33
n'est rien d'extraordinaire; l'esprit
33 ne sait même son métier qu'à demi,'
33
de n'avoir pas encore soufflé nos
33
chandelles. 33 ,
Il avance à ces mots, poursuit le
spectre, lui lâcheun coup depislolet, ne
DES FANTOMES. 177
le manque pas; mais il est tout étonné
qu'au lieu-de tomber, le fantôme se
retourne et se fixe devant lui.... C'est
alors que le gentilhomme commence à
avoir un peu de frayeur. Il se rassure
toutefois, persuadé que ce ne peut être
un esprit; et voyant que le spectre
évite de se laisser saisir, il se résout
de l'attraper^ pour voir s'il sera pal-
pable, ous'il fondra entre ses mains
L'esprit, serré de trop près, sort de
la chambre, et s'enfuit par un petit
escalier. Le gentilhomme descend après
lui, ne le perd point de vue, traverse
cours et jardins, et fajtautanl de toUrs
qu'en fait le spectre; tant qu'enfin ce
fantôme étant parvenu à une grange,
qu'il trouve ouverte, se jette dedans et
fond contre un mur, au moment où le
gentilhomme pensait l'arrêter....
Celui - ci- appelle, du monde; on
cherche ; et, dans l'endroit où lespectre
s'était évanoui, on- découvre une trape
178 HISTOIRE
qui sefermait d'un verrou,-après qu'on-
y était passé. On y descend; et on
'trouvé,' 1© fantôme sur de bons mate *
las, qui l'empêchaient de- se blesser^
quand il se; jetait dans ce trou, la tête
1

la première» On le fait sortir eton re-


connaît sous le masque du diablev'le
,
rusé fermierqui?aVoua:toutesses sou-
plessesV: et en fut quittef pour payer à
son- maître les redbyàné©s dé cinq
années> sur le pied :dece^qùe; la terre
était affermée avant les; apparitions; :
LecaràctèréquilérendàitaFépreuvé
du? pistolet, était unépeàu de buffle,
ajustée à tout son-corps. ( 3ha j&ûssë
Çlélie.) Y ;-:;"'-'' '.' --•"'•'-'/•'' .:i';;-

EXHUMATIONWÏÏti BRÔTJGOLAQUÈ.

L'ANECDOTE que nous "âîl pris -rap-


porter se trouvé dans le voyage de
Tournefort au Levant, et peut éclair*
DES FANTOMES. /y 179
cir les prétendues histoires de vam-
.
pires.
Nous fûmes témoins (dit l'auteur),
dans l'île de Myeone, d'une scène
bien singulière, à l'occasion d'un
de ces morts, que l'on croit voir re-
venir, après leur enterrement. Les peu-

pies .du Nord les nomment vampires;
les Grecs les désignent sous le nom de
broûcolaques. Celui dont on va don-
ner l'histoire était un paysan de My-
eone, naturellement chagrin et que-
relleur; c'est une circonstance à remar-
quer par rapport à de pareils sujets : il
fut tué à la campagne,-on ne sait par
qui ni comment.
Deux jours après qu'on l'eut inhumé
dans une chapelle de la ville, le bruit
courut qu'on le voyait la nuit se pro-
mener à grands pas; qu'il venait dans
les maisons renverser les jneùblés
,
éteindre les lampes, embrasser les
gens par-derrière, et faire mille petits
ToO HISTOIRE
tours d'espiègle. On ne fît qu'en rire
d'abord;'mais l'affaire devint sérieuse^
lorsque les plus honnêtes gens com-
mencèrent à se plaindre. Les papas
(prêtres grecs) eux-mêmes convenaient
du fait, et sans doute ou'ils avaient
leurs raisons. On ne manqua pas de
faire dire des messes : cependant le
paysan continuait la même vie sans se
corriger. Après- plusieurs assemblées
des principaux de la ville, des prêtres
et des religieux, on conclut qu'il fal-
lait, je ne, sais par quel ancien céré-
monial, attendre les neuf jours après
l'enterrement.
Le dixième jour, on dit une messe
dans la-chapelle où était le corps, afin
de chasser le démon, que l'on croyait
s'y être renfermé,. Après la messe, on
déterra le corps, et on en ôta le coeur;
le cadavre sentait si mauvais qu'on fut
oblige' de brûler de l'encens; mais, la
fumée, confondue ave© la mauvaise-
•; DES FANTOMES. ï8i
odeur, ne fit que l'augmenter, et com-
mença'd'échauffer-'la cervelle de ces
pauvres gens. On s'avisa de dire qu'il
sortait une fumée épaisse de ce corps.
Nous, qui étions témoins, nous n'or
sions dire que c'était celledè Féneens.
Plusieurs des. assistans assuraient
que le sang de ce malheureux était
bien vermeil; d'autres-juraient qùé 1©>
corps était ^encore tout chaud;, d'où
Fôn concluait qu©lè mort avait grand
tort d© n'être pas bieninort, ou, pour
mieux dire, de. s'être laissé; ranimer,
par lé diable ; c'est-là précisément l'i-
dée qu'ils ont d'un brducolaqu© ; on
faisait alors retentir ce nom-d'une ma-
nière étonnant©. Une foule de gens,
qui survinrent, protestèrent tout haut
qu'ils s'étaient bien aperçus que ce
corps n'était pas devenu r.oide,;lors^
qu'on le porta de la campagne:à";Fé>-
glise pour l'enterrer; et que -,. par ;con?-
iBa HISTOIRE Y

séquent, c'était un vrai broueolaque:


c'était là le refrain.
Quand on nous démanda ce que
nous croyions de ce mort, nous répon-
dîmes que nous le croyions très-bien,
mort; et que, pour ce prétendu sang
Vermeil, pu pouvait voir aisérnent que
ce n'était qu'une bourbe fort puante;
enfin, nous fîmes de notre mieux pour
guérir; ou du moins pournepas aigrir
leur imagination ira ppéé, en leur ex-
pliquant les prétendues vapeurs et;la
chaleur d'un cadavre. -Y-Y; -:
'

Malgré tous nos ràisonneinéns, on


fut d'avis de brûler le coeur du mort»
qui,;après celte exécution, ne fut pas
plus docile qu'auparavant, et fit en-
core plus debi'uit.On l'accusa de battre
les gens la nuit,.d'enfoncer les portes,
de briser les fenêtres, de déchirer les
habits, et de vider les cruches et les
bouteilles. C'était un mortbien altéré.
DÉS FANTOMES. l83
.

Je crois, qu'il n'épargna que.la mai-


son du consul, chez qui nous logions.
YTout le ..monde;'avait: l'imagination
renversée. Les gens du meilleur esprit
paraissaient frappés comme les autres.
C'était nne véritable maladie de cer-
veau, aussi dangereuse que la manie
et que la rage. On voyait des familles
entières abandonner leurs maisonsyet
V©nir«desextréflïitésd©Ja ville.porter
lëursgrâbats à la place pour y passer
,-
lanuit.Chacun se plaignait de quelque
nouvelle-.insulte, et les plus sensés se
retiraient à la campagne. ;
Les citoyens, les plus zélés pour; 1©
bien public, .croyaient qu'on avait
manqu© au point 1©; plus essentiel de
la cérémonie; il ne fallait, selon eux,
célébrer la messe qu'après ayoir ôté le
coeur à; ce malheureux. Ils prêtent
daient .qu'avec cette précaution y on
n'aurai t pas ma n que de sur prendre le
diable; et sans doute, il n'aurait eu
""i-84 -; Y-HISTOIRE1-;;'•'
garde d'y revenir ; au; lieu qu'ayant
commencé par la messe, 11 avait eu
>
tout leYterns de s'enfuir, et de revenir
' ,'à SOU- :àise>Y;- ',:: tf- ;'',
'.: .';':,' j, '"':
'
:;.
?'. Aprèstôus ces ràisonnémehs,on'se,
trouva daûsJ© même embarras quel©
premier jour. 0n s'assembla soir et
,

; matin ;'pn
fit desiprocessions^péndànt
trois :joursuet trois, nuits; on obligea
les papas de jeûner; on les voyait
courir dans les maisons ^le,,gpupill©n
à la main, jeter de Feau bénite et en
la ver "les portes ;;its en: remplissaient
même la bouché de ce panvre.:brou*
colaque. Y :. ' '-•.-.
'..

"'. Dans une prévention>si géïiéràlè,


.

nous prîmes!©parti de ne rien;direi


Non-seulement on nous aurait traité
de ridicules,; mais d'infidèles. Gom-
ment faire revenir tout un peuple ?
Tous, les matins,,, on nous donnait la
comédie,; par ïé ïécit des; nouvelles
fplies de cet oiseau de nuit ; on l'ac-
DES FANTOMES, 3 &5
cusait même d'avoir commis les pé-
chés les plus abominables.
Cependant Iious répétâmes si sou-
vent aux administrateurs de la ville,
que, dans un pareil cas, on ne man-
querait pas, dans notre pays, de faire
le guet la nuit, pour observer ce
qui se passerait, qu'enfin on arrêta
quelques vagabons, qui, assurément,
avaient pari à tous ces désordres : mais
on les relâcha trop loi ; car, deux jours
après, pour se dédommager du jeûne
qu'ils avaient fait en prison, ils re-
commencèrent à vider les cruches de
vin, chez ceux qui étaient assez sots
pour abandonner leurs maisons la
nuit. On fut donc obligé d'en revenir
aux prières.
Un jour, comme on récitait cer-
taines oraisons, après avoir planté je
ne sais combien d'épées nues sur la
fosse de ce cadavre, que l'on déterrait
trois ou quatre fois par jour, suivant
-''.'.'.-'" .
<
' 8*
•ï-8.6- * HISTOIRE ::
.
le caprice du premier venu, un Alba-
nais, qui se trouvait là, s'avisa dédire,
d'ïiïfton dé docteur, qu'il était fort ri -
diéu|é, en pareils cas, de se servir des
îépies des chrétfëns^ « Ne voyez-vous
33?pàs, pauvres gens, disait-ilvque la
33
garde de;ces épéês faisant une croix
Y33 avec la poignée, empêche le diable
,.'.:* de: sortir de ce- corps? Que'ne vous
33' servez - vous plutôt des; sabrés' des
33
Turcs? 33. ...
.;.
L'avis de cet habile;hommeYne ser-
vit dé rien; 1© broueolaque ne parut
pas plus traitable, et on né savait plus
à quel saint se vouer, lorsque tout
d'une vqix, comme si l'on s'était don né
le mot, on se mita crier, par toute la
ville, qu'il fallait, brûler le brouco-
laque tout entier; qu'après cela ils-dé-
fiaient lé diable de revenir s'y nicher;
qu'il valait mieux recourir à cette ex-
trémité, que de laisser déserter l'île.
En effet, il y avait déjà des familles
DESYPANTOMES. 187
qui pliaient bagage pour aller s'éta-
blir ailleurs.
On porta donc le broueolaque, par
ordre des administrateurs, à la pointe
de l'île de Saint-Georges, où l'on avait
préparé un grand bûcher, avec du
goudron de peur que le bois, quelque
,
sec qu'il fût, ne brûlât pas assez vite.
Les restes de ce malheureux cadavre y
furent jetés, et consumés en peu de
temps. C'était le premier jour de jan-
vier 1701. Dès-lors, on n'entendit-j^l'us
de plaintes contre le broueolaque; on
se contenta de dire que le diable avait
été bien altrapé cette fois-là, etjl'iïn.fit
quelques chansons pour le tourner en
>

ridicule.

XEÏTBYE AP50RTÉ11 PAR TJH..


-
.;;".~ .''
;
--''-:;ïiiNT^ME. ' .;.''':.
.

-
UN négociant d©; Lyon avait ]àùk.
Lides un frèrè,;ayee quiil-.svétàit àsspv
l88 HISTOIRE-
cié pour, le commerce,-ét dont il ne
recevait plus d© nouvelles;, depuis'
quelque; temps. Un!soir^qu'il rentra
fort tard, après qu'il fut couché,;il
aperçut à sa fenêtre, au clair dé là
lune, un fantôme blanc; qui s'agitait
en mille manières-, et qui cherchait à
entrer dans la chàmbirè. Il; manquait,
patf. hasard,Yunfeatreau'd© vitre";. au/
haut dé là croisée;; le fantôme s'y jeta
la têt© la première,; et sauta sur; la
table dé nuit du négociant. Celui-ci,;
qui tremblait depuis qn?il avait aperçu;
l'ombré, sauta brusquement de son
lit,et courut chercher de; la lumière.
Lorsqu'il rentra dans sa chambre ,-
11 ne retrouva plus le fantôme ; mais
il aperçut un© lettre laissée au pied de
son lit..... Il se'hâte de l'ouvrir. Cette
lettre lui annonce la mort de son
frère... Dès-lors, plus de doute qu'il
n'ait vu l'ombre du défunt... Il se dis-
posait àl'apaiser, par dès messes, quand
DESYFANTOMES. '
%&Q
f
toUtsféçlaîrcit. Là lettré: était arrivée
parlaïposte. On Favàit rendu© à la cui-
sinier©^ qui l'avait mise dans la poche
d©. son tablier^: A la ;chute': du jour, le
fils de;laYnïàispn, âgëd©huit ©Uneuf
ans, ayânttrouv©le tabliei'sur le dos.
d^uàe chaise ; s^étâit amusé àFattaèher
au çdù d'un gros chat blanc,; élevé;
dans là ;©u;isiné^ Le chat s'était,enfui,,
embarrasse, dànsïcette: espèce délpngè©
robe;;ét il était entré dans la eh ambre'
èmnégoclant^où,,éns'agitant/il avait
laissé tomber la. lettré.

AVEKTXJ1E Df MAR^CHAIi I)E


,:',-: .';[-.[".] .SAXE... Y'.{.':.'
LE maréehalde Saxe,,passant dans
un village, entendit .parler d'une au-
berge où il yavait^ disait-on, des re-
Venans, qui étouffaient tous ceux qui
avait l'àudâce d'y coucher. Le vain-
queur de ïWntenoy était au-dessus des
ï§0 YVHISTOIREY :Y ;
çraiijtes superstitieuses^iil^àlîà:passer
lan ui t dans :eet te, aulo©r<gep. et se logea
dans la; chambréfa;^»!©^^^! d© bons
pistolets ;,, et accompagne;! âléason^ dph
mesti que.; Il lui ôrdoiMiaïde;;yeiile!c aù4
tant qu'il le pourrait^devantlui céder
ensuite son lit^'et faire; sentinelle ravisa
;
plÉcé.;Y'^- -:-Y Y Y-Y-." ;'. Y'YM; :' ïf îf Y^;:.! Y-.i.i, s-> :-.

,,', Annéiteùir© du^àtin^


; >

'. ericprê: paruviL©ado;m;e.stièjû©v sentant


ses^yeuxs'àppesantiçv yàvéyèilfcr,,sbn,
maître.-, qui nserépondipoint. ïlte/croàt
assoupi,-. et le secouéy^saras '.qu'il-cs'én
veill©. Effrayé, il pr©nd la lumière-,-(
lève; les draps-., etvoit le.maréchal bai-:
Une 'araignée
gn.é---;d'a'!iii'iS:-.:.soitf: -sang.:;..;
.

monstrueuse, appliqué© sur le sein


ga uch©,- lui- suçait lei jsàng* Il .court
prendre; djes; pincettes* pour; eonibia* tr©
cet eniiemi d'un nouveau .genre?- saii
si t l'araignée;, et là fetteYaù fe u Ce ne
• -..

fut qu'après; Up long assoppissëmèMj;


que le niàréehai reprit? ses-sens;: et de--.
DES; FANTOMES;'_-. *gl
puislors, onrn entendit plus parler de
rèvenamdans.cette auberge.

LE SOUPER DES DÉMONS.


ON trouve celte anecdote peu con-
nue, dans de vieilles chroniques de
Lorraine:
Charles II, duc de Lorraine, voya-
geant incognito dans ses Etats, arriva
un soir dans une ferme, où il se décida
à passer la nuit. Tl fut tout surpris de
voir qu'après qu'il eut soupe, on pré-
parait un second repas, plus délicat
que le sien, et servi avec un soin et"
wne propreté admirables. Il demanda
au fermier s'il attendait quelque com-
pagnie. —.Non, Monsieur, répondit le
paysan; mais c'est aujourd'hui jeudi;
et, toutes lessemaines, à pareil jour, les
démons se rassemblent-dans la forêt
voisine, avec les sorciers des cn\i-
Yrga : HISTOIRE
reins, pour y faire leur sâbbaf. Après
qûfils^ont dansé 1© branle du diable*
ils se divisent en quatre bandes; La
première .vient souper ici ; les autres s©
rendent dans desfermes péri éloignées..,
Et. paient-ils: ce qu'ils prennent; ?rde-.
-^-
mandà;Chaa?lës;—- Loin de pâyef^ré--;
pondit; le^ fermier^ ils; emportera en-; t
eore ce q;ui leur" convient; e s'ifetH©
s© trouvent ; pas bien: reçus , QU> que.
quelque chose: leur manqué;, nous en Y
voyons de rudes... Mais ' que vôulez- -.;.

vous-qu'on- fasse contre des sorciers et


des';démbnsH?i,-....e''' '" ..-/,, Y;;;
-
Le prineeétonné,, voulut approfon-
dir ce mystère. Il appela un de ses
écuyerSjlui: dit quelques mots à Fp-
reille; et celui-ci partit au grand ga-
lop pour la ville de Tbui, qui n'était
qu'à trois lieues de là. -,'"-"- -"Y/'
Vers deux heures du matin, le sab--
bat étant probablement terminéy une
'trentaine de sorciers et de démons
DES FANTOMES. IgS;
entra dans; la,ferme : Les: uns'étaient
noirs, et ressemblaient à^des ours tfles
autres
" "".'"
;avaient " "' -l- .'
des cornes et des griffes.;;;
' -

les' sprciérs et,lès sorcièrésYétaientivê-:


.

tus- bizarrement.. ;,,'.;.-, Y i -- T 'i^s-Yca


; : -.
5

Y'A peine':.ét.àien-t-ils:à.-tabl©,':qU'e«:ï'ëa'v'.
eiiyeridë/GhàrlesIIrentra:, suivid'ûné^
-troupe.:dé'gens. d'armes; Le; princeipàs*s
.
rut -,-. ave© çette-eseorté/Kdânsï laiSalfeoùa
lesi;dénipnsY;et lesr.sdrciéijs^lse disp©14j
-
salent à bien'Spupsr. Y^^ésdiableslnès;
mangent pas >, leurdit?il; Yainsi,; ViousY
vaudrez {bien^pérmé^equé mes gensE
d'armes; se,i mettent-à tablé, .-àa^Ptref
place.;-».*-.. Les sorciers voulurent répfe

quer; le»démons, plus mutins, com*I


meneèrent à proférer de grandes me-
naces. >— Vous n'êtes-point des dé-r-
mons, leur criaCharles ; les habi tàusde
l'enfer, agissent plus qu'ils ne parlent^
et si vous en sortiez, nous serions déjàj
tous fascinés, par vo& prestiges'...y. -;<;:
Après ces mots,; voyantquejabàndej
;ï.g4-: -' HISTOIRE ;
infernale ne s'évanouissait point, il'
©râtona a seâ; gens; d'armes; dé faire
mainWbaBS© sur lestereîers ©fleurs pà*;
tcbnsiiOn Érrêta pareillement, dans lai
même nuit, les "autres; membres duY
salîbàt;,: quL soupaient chez les voi-
:.sinsÇ:Iet,; fc-.i&aitin-j-; Cha>rles-:3Dl-?:s©--?vit^
; maôitre i d©: plus; de -cent vingt pér--7

spnnésr;;tànt:spr4fe]psï©t ;sOrci©r©s;yquë"
tablés Yet: diablesses^ On 'dépouilla
tontes ces -bonnes gens'ê® COstum© 'ma- "'

gique ;c et -on trouva^ sous FaccPutre-''


,
ment qui tes-réndâit si,terribles, des'
:
pàysans^etidèé;paysaunes i: de quelques!
vilkageâ ^énvi-ronnansv qui s© rassem- ;

blaientd©nuitvdans:la> forêt, pour


; y- faire-des orgies abominables^et pil-
ler ieusûiteles;£iehésfer^
? Le
duc^dé Lorraine '(qui avait gé-
Hér©ùs©mentt«payé son; souper., avant:
de quitter lafernie^nt punir les pré-
tendus sorciers et démOns, cOmme des
j
.

coquins et des nlisér-âbles. Le voisin


' DES FANTOMES. '$9.5
.

nage fut délivré pour le moment de


ses. craintes; mais la fpi aux sorciers
ne s'affaiblit pas pour rCela dans! la ;

Lprraine.-':.lv:-:l;.'V'.-,;:'Y;'.--,;,--'Y ,.',- -,,<',-..-.u


:

ÊE.BOK:DE:RËSStJSEÏfER^ES'B0RTSJ:
0NY,racpniâit T^niecdo^© sujyànte,;
oans le/âernier;siècle,,i,ppur; prouver
quélespl'MS-gï^
dès partisans,, et que Fiôà^peut tout ha-;
sardér auprès des esprits faibles»; ;;
charlatans débutaient dans
I^ieux
.

Une petite ville, de^prpyincei^Mais,


<^mmeÇàglipstrp,, Mesmer et d'autres,
personnages., irnportans venaient de se
présenter à, Paris,, a titre de.dpcteurs,".
qui ', par le gesteet Jle tact, guérissaient
toutes les maladies^ ils pens è^ent qu'il
fallait.encore quelque,.clipse d© plus
e,xtraprdinair.e, pour accréditer leur
savoir-faire; qu'il fallaitenrmnn^ouE
de force.,.. - ~u,,.; - :,
jrg6 HISTOIRE
' Ils s'ànnoncerit donc comme ayant
le7pôuVoir hâé ressusciter.lés;'morts; à
volonté-; et', 'pour''qu'on.[n'en' puisse;
douter, ils déclarent qu'au bout d©
trois semaines,, jourpour joui), ils rap-
pelleront à la vie-, ^anS; le cimetière
' qu'on.Voudra leur indiquer,, le mort
dôùt onléurniontrterala sépulture,
" fut-il èntërré:;depuis dix: àiisY ;
'Ils demandent,'eh attendant, aujugé
du. lteûv;qu'6n'(les:garde ;às yué; pour
s'assurer: qu'ils nëj s'échapperont pas :;;'
mais' q.u'bn:leur permette, enàttén-
dàntvdë^véndré dés droguésjetâ'exer-
cer -leurs' talèléiLapHiposiîiôn paraît'
si; belle yqiï'on n'hésite"pas-à les con-
stiltërv: Tout le 'mondé: assiégé' 'leur-;
1:

1 rnàïson' ^-tbut lé mon de trouvé dé Far-


;

gèrit ppUrKpa$er: dés; médecins 'd'un


génre^'nouv'èaui:'1'''-'? :ïUi '"]-'. ""Y"' :/
^Lfe fàmeux^our approchait; Le plus
-

jéu'neudes';deux charlatans:^ qui. avait


inoins d'audace, témoigna ses craintes'
DES FANTOMES. ' Ï97
à l'autre, et lui dit:. « Malgré ' toute
> yp.tre habileté je .crois que vous :
,
» nous exposez;à être lapidés; car,èn-
5);fin^,y;ous n'avez point le talent de
^ressusciter les, morts-,- et y pus; pré-
:

»,tende? faire plus que le Messi©m,©m,e,


j» qui ressuscita Lazare ; au bout de
» quatre Jours seulement.-—^pus ne
»;çonnaissez pas; lésf nommes lui; ré* i,.

»:pliqua lé doetem;;;;et je suis,:plus


*:,tranquille,que ybusi" ne croyez....; »
^événement,justifiaisa ,présompjtioi|;5-:
car,,à: peine; ayâit-il parlée qu'il- reçut
une lettre d'un, gentilhomme du lieu ;,
Yfellé était conçue en ces termes : :. ":

; «
Monsieur, j'aiappris:qu©ypUs d©-
>.• yiez faire une, grand© Opération^ qui

» me fait trembler. ;
J^avais:,une^ nié-,
» chante femme;:Dieu vient dé m'en
» délivrer; et jeserais le plus malheu-
» réux des hommes, si vous la:ressus-
svçitiez. Je vousïconjure; donc d© n©
» point faire usage", âe votre seéref;
I98 HISTOIRE
3>
dans notre ville, et d'accepter un
3>
petit dédommagement de cinquante
'» louis, que je vous envoie, etc. »
Une heure après, les charlatans
virent arriver chez eux deux jeunes
gens éplo'rés, qui leur présentèrent
soixante louis sous la condition dé
,
aie point employer leur sublime ta-
lent parce qu'ils craignaient la ré-
,
surrection d'un vieux parent, dont ils
venaient d'hériter. Ceux-ci furent sui-
vis par d'autres, qui apportèrent aussi
leur argent, pour de pareilles craintes,
en faisant la même supplication.
Enfin, le juge du lieu vint lui-
même dire aux deux charlatans, qu'il
ne doutait nullement de leur pouvoir
miraculeux, qu'ils en avaient donne
des preuves par une foule de guéri-
sons tout-à-fait extraordinaires ; mais
que la belle expérience qu'ils devaient
faire le lendemain, dans le cimetière,
avait mis d'avance toute la ville en
DES FANTOMES. Ï99
pombustibn; que/l'on craignait avec
raison de voir ressuseiteruu mort,
dont lé. retour pourrait causer d©
grandes révolutions dans les^fortuies ;;
qu'il lés priai fcd© partir;; étquMl allait
!

leur donner Une attestation en lionne


- forme comme quoi- ils ^ressuscitaient
y.
réellernent lies niorts. ;-.: -v- Y

, Le-certiicat fut signé ^paraphé J M±


galfsé> ©t les deux cpmpagnon'syéhari
gés d'or>, ipàrepufeurent les provincesYi;
montrant partout la; preuve légale de
leur talent; surnaturel.. Y
j

ipSITE #0[CTIIR1SE;DÇ; PIABEK; # ;


.,.,
ÎTN bon mâréliànd;' couché dciMfè
r
un© hôtellerie, dormait depuis deux
heures, dnn sommeil fort tranquille^
lorsqu'il fut éveillé par les pas d'une
personne qui marchait 'lourdement,
dans sa chambrée Le marchand eém^
mença à trembler j et crut d'abord ^tl'iï
,Z0& ' .'HISTOIRE -r

avait'affaire à un' voleur de nuit..'.;";'


JNfais -on se promenait lentement, et
sans apparence; hostile... Après avoir
fait;plusieurs tours dans la chambre
,
;on s'approcha; du lit, et; on ;s'y ap-
;

puya,;.:v..3\ ,:•' ,: -A vr.,- ;>--' 'V;]-.-^


'

:;;;Le: bonhomme, /jugeant qu'il--n'y


avait plus moyend© battre en retraite,
se décida ^quoique: mpurànt de peur ,r
à :uhe attaque vigoureuse i et prit le-
parti, :d©-;saisir le; voleur à1 là gorge;
JLavance..la-m'ain,-'' et trouve sûr le
bord.de son lit deux pieds fourchus.;...
Cettesingularité l'intrigue; cependant '
il a encore le courage de chercher la
tête dé l'individu qui trouble' son som-
'nifiij,.: Il rencontreru'ne barbel'ongUèy
épaisse rude,., une face,pointue... un
,
front surmonté de deuxlongues cor-
nes... Alors il.ne doute plus qu'il né
se trouve en face du diable;.il saute
despn lit, hors; d'haleine, et passe: 1©,
reste dé la nuit en oraison,
DES. FA;.NT"OMES. .
2oï
Le Y jour, vint- enfin dissiper ses
frayeurs ; il s'aperôut qu'il avait-pour
voisina g© un troupeau de chèvres, sé-
paré de sa chambre par un© ;eloison
fort mince. ; ,et qu'un grand;bonc, son
voisin,, avait profité d^n© ouverture
quise trou vaït dans 1 es planches, pour
venir lui rendre visite. '-; ;

LES^U-NMAI^LÉS'-^^

'::: M; t»E COMBLES:, ancien magis-


trat dans une cour de Lyon; attaqué
dé la maladie grave àlaquelle il a sùc->
combéily a peu d'années , ne cessait
de dire en riant à ses parens ,:.amis et
domestiques. qui l'entouraient :; « Ne
j) croyez pas vous débarrasser de moi,
j? e.i3 in'ehterran.t ; an moment où vous
»;y; penserez le moins,: je reviendrai
» exprès pour voris épouvanter tous.,-»"
On ne fît pas grande attention à un
2©2 .
HISTOIRE
propos qui ne tenait qu'à l'esprit facé-
tieux dont il avait donné tant de preu-
ves. Cependant il mourut; et, après
sa mort, on porta son corps à l'église.
Il y fut aecompàgn!é par sa"nombreuse
fa-uiille:; beaucoup d'àmis", et une
-

grande fpulé dé'peuplé'.' Màisyâù mo-


ment où l'on s'occupait tristement; et
dans le:plus grand silence, des céré-
monies funèbres Y ôh entendit distinc-
-
tementdes gémissemensprpfpnds;, qui
paraissaient sortir de dessous le drap
mortuaire, et l'on vit tout-à-coup le
cercueil s'agiter assez violemment en
différeussens..;.. ' !

Le service fut aussitôtinterrompù;


plusieurs-spectateurs prirent la fuite,
avec la plus grande térréùr ; d'autres,
se rappelant ce que M; de Combles
avait si souvent répété pendant sa ma-
ladre';- restaient stupéfaits dans une
,
anxiété très-péniblé. Enfin, quelques-
uns,, plus hardis-, soulevèrent le drap,
D£S FANTOMES. 2o3
et aperçurent u-n malbeureUx homme
du peuplé qui, ayant eu une attàque
d'épilepsie, dans ses convulsions, avait,
rbulé sous le cercueil j et avait excité
l'effroi général par ses mouveméns et
ses cris plaintifs. (Paris. r- ^^rsaHlM
&tjë$[prepincès etc.")
,

:
:^IM âidè-dëHcàmp du maréchal de
Lnxèmbburg eut une aventuré qùiy
corniné éellè du pàréehàl-de Sàxéi
peut éçlàireir aussi quelques rxistoireé
derév'énànsV' " '''':';"
Il était ail© coucher dànsune auk
berge, dont la réputation n'était rien
moins que rassurante* Le diable, di-
sait-on venait toutes les nuits dans la
,
plus belle chambre de cette maison,
tordait leçon à tous ceux qui osaient
s'y log^ér; et les-laissait, bien étranglés
204 .: HISTOIRE, >:
dans. leur, li t. TJn grand., n ombre dé
voyageurs;remplissanttoute l'auberge,
.
quand l'aide-de-camp y arriva, onlui
dit.qu'il n'y avaitplus d©vide que; la
chambr©-fréquenté© parlédiable^ jpù
personnene voulait prendre, gîte? 'rrf:
Oh! bien moi, répQndit-ilvteneserai
,
pas fâché de lier connaissance avec,
Satan; qu'on -fasse mon' lit dans la
chambre en-question : je me charge du
reste." "' ' ' ;;;.';..::. -\"'';..
Y
Mars; vers mi nuit le jeun© bràyéyit
j
descendre 1© diable par la géminéeY,
.

sous la figure d'une bête furieuse, çonrt


1

' tre laquelle il fallut se défendre., Ify


eut entre les deux chartipions un corn?
bat acharné-, à coups de sabre de< la^
part du militaire, à coups de griffes et
de dents de la part delà bête;; cette ba-
taille dura une bonne heure.Le diable,
fut vaincu, et resta mort sur la place. :

L'aide-de-camp appela d,u monde :.on


reconnut dans l'être, qu'il venait de
DES FANTOMES. 2oS
tuer, non sans peine,; un énorme chat
sauvage, qui descendait par la che-
niihéé d'ans ë©tté 'chambre, et qui,;
selônl© rappoit de FKÔtej avàit-:déjâ
étranglé quinze:personnes; ':

.-
.'. EARpNAÇE'.AeCOMPI/lE. r,-,- :'

' UN -voyageur, pâsisant à cheval de-


;

Vànt une petite chapelle, située à l'en-


trée- d'une Foret du Mans,- renversa
:

par mégarde, Un vieux berger qui croi-


sait sa, route-. Comme: il étaitfort tard
étquèle soleil se couchait, le cavalier!,'
qui n'avait pas de temps à perdre, ne
s'arrêta paspour releverle bon-homme,
et n'eût pas 'menie là civilité de lui de-
mander .excusé. Gèlûi -'ëi: se ramassa
don© comme il put;;7- niais,." - 'ensuiter, '
~

s© tournant vers
le voyageur, il-lui
cria qu'il se souviendrait de son im-
politesse. "-'''.'" '' ''.'''
',""':,
ZOB HISTOIRE ,>
Le cavalier ne fit pas d'abord atten-»
tion à la menace, du ,vieux berger,;
puisrlfléenissant qu'il pourrait lui en-,
vpyer un maléfice, pu l'égarer dans s&:
;

route (car on sait que tous les bergers,


de village sont sorciers ou magiciens),
il eut regret de n%voir; pas été plus
honnête. \-L ."''
Comme il s'ôccupàitdè ces penséesi,
iLentendit marcher derrière lui. lise
retourne, entrevoit un grand spectre,
-nu--,. hideux,, qui
le.poursuit..... C'est
sûrement un fantôme renvoyé par lér
vieux Y bér ger.. i.;.., L©Y voyageur pique,
son cheval,; le; cheval fatigué He peut,
plus cpurdr -fYeles. - lors; il est ensoÈ-,
celé!<...,YY Y; ;-, :,-.:::.-: ;,..---.,; .',

Pour cpmble de frayeur, le spectre, .

saute sur la croupe ;duéheval,enlaee4ç


ses deux^ongsbrasle corps du cavalier,,,
et se met à hurler avec un© force éppur,
Vantable. Le cavalier-fait mille efforts,
pourse dégager.« Le spectre serre d'au-
DES FANTOMES. sor-
tant plus vigoureusement, et étouffe
à moitié lé malheureux qu'il embrasse,
tpujourss'agitantjtoujourscriantd'ûne
voix: ra uque et sépUlchrale..:...Le che-Y
yâl s'effraie des cris, et cherche de son;
coté à jeter à terré sa double çharge»...j
Le voyageur n©;savait plus à quel-
,
saint:se: Voner;r lprsqù'enfin une ruade>
de l^nimaldégagele spectre quitombé;
à terre;; Le cavalier os© à;peine; jeter 1©SP
yeux sur lui..... Il a un©longue" barber
salé ,;un teint pâle., des yeux hagards ',' ,->.
etfàitdfeffroy,abiles grimaces.... Il croit
même; distinguer; deux cornes parmi-
ses cheveux hérissés.... Il fait un grand •

signe; dé erpixj et fuit an plus vite. Il,


s'arrête au plus proehain village, ra-
conte sa -mésaventure : on lui apprend :

que le spectre qui lui a tant donné de-


' peur, est un fou échappé y qu'on cher-"
che depuis quelques'heuresv , ,
2p8: HISTOIRE

Y ; LE-DIABLE; EN DEFAI/T.- Y,

;
.II k; vieux négociant dés-Etats-Unis, ':
retiré du commerce,; yiyait paisible- :

ment ; de, iqueiqués. rentes- qu'il avait


acqu i-ses. par le tra va il et l'industrie. Il
sortit un sôér de sa.maison, pour tou-^
cher douze cents francs qui lui étaient'•
dus. Mais son débiteury^n'ayant pas'<> <

davantage:pour le.moment, ne put lui;


payer ique les.deux tiers dè la s<o mme. .;;
Enrentraiit chez- lui ,1© marchandrse--
mit à compter l'argent quai venait dé-
recevoir. Pendant qu'il «'occupaitd&ce ;

soin, Il entend quelque bruit; lève les


ye ux e t voit ,d esce iidire de sa, cheminée-
:

dans sa chambre, .1© .diable en, propre


personne. Il était.ce.; soirrlàen costume
effrayant. Tout son corps, couvert de
poils.: ru des et npirs.-., avait au moins :six-
bons pieds d© haut. De grandes cornés;,
'surmontaientson.front, accompagnées
de larges oreilles pendantes; il avait
DES FANTOMES. ,
209
des pieds fourchus, des griffes au lieu
de mains, une longue queue, un mu-
seau comme on n'en voit point, et des
yeux dont les regards semblaient ter-
ribles.
A la vue de ce personnage, qu'il
n'avait jamais souhaité de connaître,
le bon marchand commença à ressen-
tir le frisson de la fièvre. 11 eut pour-
tant la force de se munir d'un signe de
croix;; mais le diable ne s'en intimida
point II s'approcha du marchand, et
lui dit : « Il faut que tu me donnes sur
«l'heure douze cents francs, si tu ne
» veux pas que
je t'emporte en enfer.
»— Hélas! répondit le négociant,
«vous vous adressez mal, je n'ai pas
» ce que vous me demandez. — Tu
» mens, interrompit brusquement le
«
diable, je sais que lu viensdele rece-
» voir à l'instant.—Dites que je devais
» le recevoir, répliqua le marchand;
» mais on ne m'a pu donner que huit
9*
3:10 "HISTOIRE
*>cents francs* Cependant si vous veil-
liez avoir la bonté de me laisser jus-
» qu'à demain y je promets: de vous
,

Y» Cpinpléte^la; sointnéi. ï. ,-^î-HEh bien !


1» ajoutai© diable, après Un moment dé
^réflexion, j'y consens ; niais <^Ue da*-
i» main, à dS heures du soir; je trouve
j»ici les; douze centsr francs' ;Y bien
^comptés;j. ou je- t'entraîne sans miséî-
>>rieorde. Surtoùtqûe personne né soit
j» instruit de notre entrévue^si tu tiens
^»encOrè à laviei » Aptes avoir dit céâ
mots; d'une Voix rauqué ; il sortit pâi*
laporté. ';' ;; ' 1--:---
•Lediàble aurait du songer^quenuit;
eents francs ; dans la main y valent
1

mieux qu©; dbuzè Cents francs en es-


pérance ; et le marchand aurait pu sa-
voir que le diable donné de l'argent,
•au lieu d'en demander; qu'il connaît
au juste les richesses qu'on possède;
et qu'il n'emporte pas les gens sans;
raison.
.DES' FANTOMES. -,.^IÏ
:
Quoi qù>il%n soit, le: lendemain
matin, le négociant alla trouver un
vieilami ,d le pria de luiprëtërqùàtrë
cents ftancSY Sôii arni lui deïnàftnà
1

s'il en était bien iprëssé-? Qh oui,


ce
!':

très-présséy répondit lëmàréfeand


» ,
» il mê lesKfàut avant là nUit. _H y va
à de iisa: paroiev et peut-être^d'autre
3)
chose. —-
Mais n'avez-Vous pas reçu
>>
hier un© Certaine somme ? y^-':;J'en
»à!disposé; ^^Gèpèndànt, jëné,vous;
» connais aucune âîïairë, qui néééissit©
» absolument dé l'argent. •—i- Je vous'
»dis qu'il y va de ma vie;... »r l '
:
.
Le vieil ami, étohné, deniàhdë l'ë^j
claircisséïï)©ht d'un pareilniyétèijë.^ïi 1

lui répond que lé seéfét né peut setrâ-*


hir, « Considérez, dil4laù négociant,'
» que pérsbhnêné nous 'écouté, Ditèi?^

moi Votre affaire, j© ''pourrai peut-
-être vous être utilé/D'aboM, je vous'
» prêterai les quatre cents fràtics';,. eev

» que jéJ ne ferai sûrement pas, si vous'


212 -
HISTOIRE
» gardez un silence obstiné. — Eh
«bien! sachez donc que..... le diable
5) est venu me
voir,.... qu'il faut que je
» lui donne douze cents francs ce soir...
» sans que personne le sache.... Si je
'j> ne veux pas déloger de ce mondé-
es
ci Voyez, maintenant, si vous
T>
voulez m'obliger. J'ai besoin de vous
» plus que jamais. »
L'ami du, négociant ne répliqua
plus. Il savait combien l'imagination
de ce pauvre homme était facile à s'ef-
frayer. Il tira de son coffre-fort la
somme qu'on lui demandait, et la prêta
de bonne.grâce; mais à huit heures du
spir, il se rendit chez le vieux mar-
chand.—Je viens vousfairesociélé,lui
dit-il, et attendre avec vous le diable,
que je ne serai pas fâché de voir. Le.
négociant répondit que c'était impos-
sible, où qu'ils s'exposeraient à être
emportés tous les deux. Cependant,
après bien des débats, il permit quj
DES-FANTOMES. 2l3
son ami attendît l'événement, dans un
cabinet voisin de la salle où le diable
devait se montrer, pour porter quelque
secours en cas de besoin.
A dix heures précises, un bruit se
fait entendre dans la cheminée. Le
,

diable paraît dans son costume de la


veille. Le vieillard se mit, en tremblant,
à compter les écus.
En même temps l'homme du cabi-
net entra : —Es-(u bien le diable, dit-
il à celui qui demandait de l'argent?....
Puis voyant qu'if ne se pressait pas de
répondre, et que son ami frissonnait de
tous ses membres, il tira de ses poches
deux pistolets, et les présentant à la
gorge du diable, il ajouta ; « Je veux

» voir si tu es à l'épreuve du feu ? »


Lediable'recula, tout surpris de trou-
ver son maître et chercha à gagnet
,
la porte. — Fais - toi connaître bien
vite, s'écria l'intrépide champion, ou
lu es mort...
'&%§ HISTOIRE
Le; dénion reconnaissant qu'il n'y
-.'?•
,
avait tien à faire avec ce terrible'-
homme, se hâta de se déinàsquér; et déJ
mettre bas son costumé infernàlv- Où1
trouva sous ce déguisënueht un Voisin
dubon marchand, qui foisaitquéiqùeV
foisdésdupes,sous lenom dudiabléjéÉ'
qu'on n'avait pas-encore soupçonné;H
fut jugé comme escroc; etle négociant -

apprit pâr-làYque le diable se montre


moins souvent qu'on h© dit. ''

LE GRIMOIRE.
'"IJN petit; seigneur de village v^n^t-
d'emprunter à son berger le livre du;
Grimoire, avec lequel celui-ci se Van-
tait dé forcer le diable à paraître; Le
seigneur, curieux de voir le diable, se
"retira bien vite dans sa chambré, et
se mît à lire l'ôraison qui oblige l'es-
prit de ténèbres à se montrer.
Au moment qu'il prononçait, avee
DES FANTOMES. âl5
agitation, les paroles toutes puissantes,
la porte qui était mal fermée s*ôùv're
brusquement : le diable paraît, armé
deses longues cornes, ettout couvert de
poils noirs.... Le curieux seigneur, qui
n'avait pas l'esprit fort, n'a pas plutôt
reconnu le prince des enfers, qu'il perd
connaissance; et tombe mourant de
peur sur le carreau, en faisant le signe
de la croix.
Il resta assez long-temps dans celte
léthargie, sans que personne vînt l'en
tirer. Enfin il revint à lui-même ou-
,
vrit les yeux, et se retrouva avec sur-
prise dans sa chambre. 11 ne douta pas
que si le diable ne lui avait fait aucun
mal, il en était redevable au signe de
croix qu'il avait eu l'heureuse précau-
tion de faire en tombant. Cependant il
visitalesmeubles,pourvoirs'iln'yavait
rien de dégradé : un grand miroir qui
était sur une chaise se trouvait brisé.:
c'était l'oeuvre du diable.
2l6'- -, Y-- >
Hl STOIRâr-: •
"Y
j:Malh©ureusément pour; la beaUté*
dû: conte,,: on: vintdirenninsta^taprès '
àYés-pauvretseigiiëurv qu©;-spn/ hoiac"
s'était échappé;,;et qu'pn, Fayait répjrlfe
devant la porterdecettechambreâïpil
avait- si bien représénté::l©;;^a;bl©? ,11
/ayaitvu-dansYle miroirMm bOue sémw
blabl© àiuiçet aVai^biisérlaglàGejiete
voulant combattre son ombré...*! > Yu; c

--::: : LA DEVINERESSE.-Y';;; ;''•' "

L.As,Yoisin.,, qui passait pour une-


grand© sorcière sous le règne, d©; ;
;

L puis XIV ', cherchait à duper le pu-; ; :,

plie, par, les intelligences qu'elleYsef


vantait d'à voir avec le diable, Loïs-^ ;

qu'on allait la consulter sur diverses:;


choses,,v et qu'on voulait lui e xpliqUet -,

le fait; :Yçc, Taisezrypus,,' s?écriait-elle.*.-


je
n ne veux ppintsavoir, vps-affaires ;;,:

» c'est à l'esprit qu'il faut les dire-,; caj? ;


DES F.A.NTOMES. ' 2.1 "f
,
>vc^est un ,esprit jaloux,, qui,ne .veut:
x point qaion entre dansées secrets;:}© :

» n© puis -que le prier ppîur vous-.ét lui.


Y»%pb:éir.,»: ,E11© 'allait ensuite::çhe.rcher
du papier, qu'elle disait êt^eehàrnaé:
ejte donnait les npm| ,u!es titres, elles
qualités d©Y.F©s,prlt.,;- ©t.jYapirèsYajyplif
di;e;t:éle:dieb|ptYdie :|a lefiipe^} elfelaissait
la liberté ;d© /Fâchever, ^etd'y.-direvses:
petites .râis0ns:an]3lus:jiu^te.;,Quandpn
ayait achevé de;-mettré lés questions;
:

par écrit, la ;rusée^magieiénné:venait,'


avgcv,un réchaud-plein^de bX'aise à la
main, ©t u;n;e:,boiulé-délire .vierge; dans;
l'autre; '; ji Pliezj,Y;dis,âit!7elle^tcette
)>
boul©:dans yptr© lettre^ et.ypus yer-r
!»irez Cpnsnmer jl'Uinéiêtïlïautr© par Ile
:» feu ;>çar Fespritsait déjà c© que vous

?) -avez à sluldire,et,dans troisjpnrs,:


y>vous ^Quygz .Venir savoir;la ré*
?>
ppnsë, » Cela dit, la Voisin prenait.
le paquet,d© là main de la personne.,
et le jetait dansée -feu,; où. il était
10
2-l8 HISTOIRE
d'abord entièrement CpnSumé. Gepen-
dànfy trois jours après ; on avait une
réponse positive, à tout ce qu'on avait
écrit, que l'on trouvait toute cache-
tée chez la prétendue sorcière. L'a-
dresse dé la Voisin faisait toutlépres-
tige : cette;femme avait dans la, main
une boule de cire, pliée dans Un pa-
pier écrit; lé papier était de même
forme et dé:. même grosseur; et tout
;

consistait dans la subtilité avec la-


quelle elle esèamotait celui qu'on lui
présentait, et jetait l'autre dans le feu.
Elle savait, par ce moyen ce qu?on
,
-; demandait à l'es prit ; et il lui était
aisé pendant lés trois-jours qu'il fal-
,
lait laisser écouler avant d'avoir là
réponse, de s'instruire plus particu-
:

lièrement des- affaires et -dé l'humeur


de la personne, et de lui éprire, sous
le nom.de-l'esprit, des choses qu© le
hasard et les intrigués'-- qu'elle avait ,
faisaient souvent réussir. Y -..
DES FANTOMES. "2tg
C'est par dé semblables pratiques
que cette femme s'était acquis un droit,
sur la crédulité: des superstitieux et des
ignorans, (Mme DESNOYERS.);

AVENTURE p/ÉÈT ÉCOLIER.

UN écolier, àquises maîtres avaient


,,.
inspiré la plus graudefrayeur dudiabfe
et des esprits malins., en avait l'imagi-
nation .tellement frappée, qu'à l'âge
de quinze.ans il ne pouvait coucher
,
seul dans une chambre, sans mourir
d'efiroipendant deux heures, avant de
s'endormir. Il était de Montereau:, et
étudiait à Paris.
Lorsqu'il allait en vacances chez ses
parens , soit qu'il ne fut pas riche, ou
qu'il ne voulut pas attendre la voiture
publique, il allait ordinairement à
pied. Un jour qu'il faisait assez gaie-
ment.ce voyage , il rencontra sur sa
220 HISTOIRE
route-une vigne chargée de beaux rai-
sins, dont'quelques-uns étaient.déjà
mûrs. Gomme tout ce qui tombe sous
la maiu des écoliers leur appartient_
par droit de rapine ,. il entra sans
scrupule;dans la vigne., fourragea les
plus beaux raisins, et ne reprit son
chemin quequàndil eutabondamment
rempli son estomac;, ses mains et ses
poches. Personne ne l'avait vu : il cpn-
1i nuà donc sa route avec Iran qui lli té ;
et, quand-il Tut las, il s'arrêta dans une
petite auberge, poury passer la nuit.
On 1© logea dans une chambre basse,
qui donnait sur la cour, Le silence de
la campagne j bien plus effrayant .que.
l'agitation .des villes, coinnienea à
porter -un certain effroi dans l'esprit
du jeun© homme. Il visita tous les
coins de sa chambre,, et s©'rassura, un,'
peu, en-reconnaissant qu'elle n'avait
nicherainée,, pi ouverturequelconque.
Mais., dès qu'il.fut-au lit, le souvenir
" DES FANTOMES.' 221
..
du vol qu'il avait fait se représenta à
son imagination, et la peur d'être
emporté par le -diable le tint long-
temps éveillé. Il né s'assoupit que pour
être tourmenté par des songes" péni-
bles; Vers deux heures"d'U-màtiU", il
lui sembla qu'il voyait au-dessus dé
lui une légion de dénions, armés d©
crocs, defourches et de; paniers, qui lui
disaient : « Rends le raisin que tu as
»volé, où nous t-al Ions mettre dans
«ces .paniers, avec iios crocs, et nos
fourches pour' t'emmener aux en-
*>
,
j) fers..... ?) ",.-
L'écolier épouvanté se lève en sur-
saut. $on imagination était si forte-
ment troublée que, quoiqu'il ne dor-
mît plus, il croyait voir, encore la
bande infernale. Il courut à la porte
pour s'échapper'et appeler du secours.
Malheureusement 'il se trompa de
clef, et entra dans un poulailler voi-
sin dont il n'avait pas remarqué la
,
222: HISTOIRE
porte.'Le ,.bruit qu'il fit éveilla les
poules,sles dindes, lés oies et les ca-
nards qui y étaient enfermés; et tous
ces animaux voltigeant en" désordre$
en poussant des cris d'effroi,frappaient
sans.le voir, le malheureux-écolier, des
ailes et du,bec. En sentant ces at-
teintes, en entendant les cris des oies
et des cannes, le jeune homme se,per-
suada qu'il était déjà en enfer : il Vou-
lut faire un pas, et se heurta contre
l'extrémité d'une perche, qu'il prit
pour une fourche. Alors il tomba à la
renverse à demi-mort.
Pour surcroît de malheur, le Vacher
faisait en ce moment sa ronde ; et le
son du cornet à bouquin , avertissait
les paysans, dé lâcher leurs, bêtes. L'é-
colier prit ce son pour celui de la
,
trompette qui l'appelait au jugement :
il poussa des cris lamentables, et de-
manda miséricorde, de tous ses pou-,
mons. La fille de l'auberge, qui s'était

Mpy .'riCcâsaWS—fi£a
DES EÂNTOMES. 2-23
.

levée pour faire sortir ses vachesy en-


tendant les cris d'un homme, mêlés
aux piaillemens des poules et des ca-
nards,: courut au poulailler, en tira,
le pauvre étudiant dans un état pi-
,

toyable ; et ce ne fut qu'après bien des^


peines qu'on,lui persuada qu'il n'était
pas encore mort
J, Tels sont -les effets d'un© imagina-:,,
tion déréglée. On, pourrait faire un
gros .volume sur les maux que produi- •

sent tous-les jours les faiblesses de Fes^


prit et les vices de l'éducation.

L'ARBRE ENCHANTE,..
ON entendit, il y a quelques annéesj
dans une forêt de l'Angleterre, un
arbre qui poussait desgémissemeris:
onle disait enchanté. Le propriétaire*
du terrain lira beaucoup d'argent des
gens de campagne,,qui accouraient
pour, voir et entendre une chose aussi.
2 24 ;: HISTOIRE
merveilleuse. A la fin quelqu'un -'pro-
,
proposa de couper ' l'arbre ; mais le
propriétaire s'y opposa, non pas pal*
aucun motif d'intérêtpropre, disait-il
modestement-, mais dans là crainte-
que celui, qui oserait y mettre la co-
.
gnée n'eu mourut subitement^ On
trouva cependant un -homme' qui n'a-
vait paspeurde la mort subite, ©t qui
abattit l'arhrëàcoups de-hache. Alors,-
on découvrit un tuyau, qui formait
un© communication à-plusieurs-toisés 1

sous terre, et par le moyen duquel


on produisait les gémissemens qu'on
-avait entendus.- '--.-

EFFETS DE LA, PEUR. :

LA belle Paul©, qu'on regardait à


.
Toulouse comme le modèle de toutes
les'.perfections physiques, fut enterrée'
dans un caveau, du couvent des cor-
deliers; de cette ville. Un jeun© eorde-v
DES- FANTOMES. '225
lier, un; peu échauffe par -le-vin, fît
un -soirle pari de-descendre dans ce
caveau , seul et sans lumière, ©t.-d'en-
foncer un clou sur lé cercueil de la
belle .Paul©. Il y descendit en ..effet;,
'mais,''en'..plantant- le clou, il attacha
par mégarde un pan; d© sa robe au
cercueil; et,, quand, il voulut sortir,
il eut une telle frayeur de se senti r ar-
rête, \ qu'il tomba roide mort sur la
placée "";
' ' ~

L'ÉPREUVE JUDICIAIRE.

Un avocat gascon avait habituelle-


ment recours, aux grandes figures,
pour persuader ou émouvoir ses audi-
teurs et ses juges. Il plaidait au quin-
zième-siècle, dans ces .temps où-les.
jugemens de Dieu étaient encore en
usage. Un jour qu'il défendait la cause
d'un Manceau, cité en justice pou?
une somme d'argent dont il niait la
£26 HISTOIRE '

dette, comme il n'y avait aucun té*


moin pour éclaircir l'affaire, les juges
déclarèrent qu'on aurait recours à une
épreuve judiciaire, et qu'on s'en rap-
porterait au jugement de Dieu.
L'avocat de la partie adverse, conv
naissant l'humeur peu belliqueuse du
gascon,. demanda que les avocats su-
bissent Fépreuve, aussi bien que leurs
cliens:; le gascon n'y consentit, qu'à
condition que l'épreuve fût à son."
choix. La chose Se passait au Mans.
Le jour venu, l'avocat gascon
,
ayant'longuement réfléchi sur les
moyens qu'il avait à prendre, pour
ne courir aucun péril, s'avança fièH
rement devant les juges j et demanda;
qu'avant dé récourir à une plus vio-,
lente épreuve, on lui permît d'essayer
d'abord celle-ci, c'est-à-dire quV/ se
donnait hautement et fermement au
diable, lui et sa partie^ s'ils avaient
touché l'argent dont ils niaient la
dette.
DES FANTOMES. " 227
Les juges, étonnés de l'audace du
gascon, se persuadèrent là-dessus qu'il
était nécessairement fort de son inno-
cence , et se disposaient intérieurer
ment à l'absoudre. Mais auparavant,
ils ordonnèrent à l'avocat de la par-
tie adverse de prononcer le même dé-?
vouement que yen ait de fair© l'a voea t
gascon : «Iln'en est pas besoin, s'é-
» cria aussitôt; du fond de la salle»
» Une vpixrauqueet terrible!.....» En
mêmetemps on vit paraître, uii monstre
difforme, noir hideux, ayant des
,
cornes au front, de grandes ailes de
chauve-souris aux épaules ; et avan-
çant les griffes sur l'avocat gascon.....
Le champion, tremblant devant le.
diable, se hâta de révoquer sa parole, '
en suppliant les juges et les assistans
de le tirer des griffes, de Fange des té-
nèbres
.
On fit à la hâte de grands signes de.
croix. Les prêtres qui se trouvaient là'
2àS ' HISTOIRE
-

entonnèrent bien vite des oremûs et


des hymnes, pour obliger le démon à-
partir..... « Je ne céderai à vos signes
» de-croix et à vos oremus,répondit!©-
diable, que "quandle crime sera ré-
•v

» yélé !..;.. » En disant ces mots, il s'a-


vança ' encore sur le plaideur Man-
çe'au et sur l'avocat gascon. Les d'eux
menteurs interdits se hâtèrent d'à-
Vouer' : l'un,:qu'il devait là somme
qu'on; lui' demandait; Fautre, qu'il
soutenait "sciemment une ' mauvaise
cause.' Alors le diable se retirai
L'affaire fut ainsi décidée:; on se
persuada que l'épreuve avait réussi,
et que Dieu ayait envoyéle démon mis
,

en jeu,; tout exprès pour terminer un


petit procès embrouillé. Mais on sut,.
par la suite, que le second avocat, sa-
chant combiettle gascon était peureux,
en même temps qu'il était peu dévot,
s'était douté, ou avait été instruit de
son idée; qu'il avait en conséquence
DES. FANTOMES. 22g
affublé son domestique d'un habit,
noir bizarrement taillé; et .l'avait,
,
équippé d'ailes et de cornes, pour clé-.
couvrir la vérité par le ministère d'un
démonde circonstance, comme on en
a tant vu.

LE MORT COMPLAISANT.
UNE jeune femme de Montpellier,
veuv© d'un militaire, qui lui avait;
laissé'en mourant quelque fortune,,
était recherchée en secondes noces par
un clerc de procureur.•L'amoureux
était assez bien fait; on le trouvait ai-,
mable; on écoutait sans dédain ses,
soupirset ses: fleurettes; mais il était
pauvre;, et la dame riche.du testa?-,
,
mentde.spii premier.époux, craignait
de gâter s.a ré pu ta i on, e a 1 ui do-nnant
I:

un successeur, après un an au plus de


ye.uvage, On dirait qu'elle se console.
avec les écus dm défunt, dans les brcîs
2.3.0 HISTOIRE
d'un autre; qu'elle devait au moins se
donner le temps de. le, pleurer, ou
le remplacer par un mariage avan-
tageux. 7' .
' Mais elle avait vingt-sept ans.'-Le
printemps allait bientôt faire, place à
l'été. L'aimable clerc ferait un-autre-
choix ;...-.. cependant elle refusait tou-
jours sa main, oU par préjugé, ou par
crainte des inédisans; Elle fut tirée
d'incertitude par Un de ces heureux
événemens, qu'on n'attend guère des
gens de l'autre monde.
Un soir qu'elle venait de rentrer
dans sa couche, alors solitaire, pen-
dant qu'elle songeait à accorder le de-
voir avec l'amour, elle entendit mar-,
cher dans sa chambre. Sa chandelle
n'était pas encore éteinte. Elle tourne
les yeux, et aperçoit un© grande figure
blanche, qui s'avance lentement vers
son lit. Elle se lève en sursaut, se met
sur son séant, et cherche à reconnaître
DES- FANTOMES. 231
l'ombre Un grand voile de lin la
couvrait, depuis l'extrémité de la tête
jusqu'aux pieds. Le fantôme appro-
chait, sans se découvrir* et gardait; le
silence..... «Qui êtes-vous ? demanda
» enfin d'une voix ,tremblante l'im-
» patiente veuve..... — L'ombre ,de
» votre époux, lui répondit-ôn, avec
» lenteur.^- L'ombre de mon ép )ux!...
,,» Qu'exigez-vous d©moi?... Pariez ! si
5>: votre âme a besoin de prières, toute
» ma fortune vousYapparlient «Je,ne
» la dois qu'à vous; je serai trop heu-
» reuse de soulager vos peines. — Je ne
» suis point dans les peines; au bpn-
» heur que j'ai goûté près de vous,, tan-
» dis que je vivais encore, le dieu de
» clémence a fait succéder l'éternel
.

» bonheur. Le même sort vous attend,


» après, .une, longue suite de jours for-
» tuués et paisibles^....'»
.La jeune veuve, en entendant:, ces
mots, voulut se jeter à bas de:soniit,
232 HISTOIRE
pour sauter au col de son mari défunt :
«Ne m'approchez point, lui dit vive-
» ment le '.fantôme ; vous ne toucbe-
oj
riez qu'une vaine ombre ; et vous
>3'me forceriez à dispara'itre pour ton-:
33
jours. Je veux,: ayant de vous quit*-
» ter
-,
dissîpet- -les.*. soucis _qiii v ous
:

.3)
a,gitent-I)aoslee-élesite,séjour, les ten-r
» ..dresses 93n®Uïeuses: ;sont plus; nobles
«qu'ici-bas.;.et votre bonheur aug^
33mente lé; mien ; épousez ctanc celui-*-
»,quë ypus aimez. Soyez fidèle aux
33
noeuds qui vous lieront a lui; il me
33 rein
placera dign emenf près de: -vousi
» Mais, n'oubliez point lé premier ©b*
J3
jet de votre flamnie;; et qu© notre
33
tendresse v^ive à jamais dans vos
3>
souvenirs...;.. Adielu.» :.;
./. -
En achevant ces mots., l'ombre dis-*
parut,-ou par la.porte, ou par la fe*
uêire; mais si rapidement,'que l'ait
niable veuve n'eut pas le temps de la,
suivre;,des yeux. De ce moment,, il
DES'FANTOMES, Ê3'3-
nyavait plus à hésiter; quandtbutès!
les b o u c h es "h u ma i n es blâmera i ent 1 u--
îiion projetée, 1© ciel l'approuvait ; on-
pouvait s'en contenter. Le clerc fut
donc heureux et riche; il mérita sa
fortune, et ne donna point de, regrets
à sa fendre moitié. ; -
On avait publié par la ville l'àp-
pàritïûn du défunt. Bien dés gens"
croyaient à ce prodige ; là; bonne,
daine en était persuadée ; et rien né
semblait lé démentir. Mais le nouvel
époux, ayant obtenu un poste luéra-;
tif, et se trouvant plus riche que sa;
femme, ne put la tromper plus long-
temps; Il lui âVoua donc qu'il avait
joué lui-même le rôle du défunt, et
que toute la scène dé l'apparition n'é-
tait qu'une petite comédie..... La jeune
femme resta d'abord toute surprisé/
Puis réfléchissant que le tour du clerc
n'avait eu que de bonnes suites, elle
l'enfélicita en riant, et répondit quey
JO*
234 ' HISTOIRE
-
quelque fut l'ombre qui l'avait si bien
séduite, elle n'avait que des remef-
çiemens à lui faire, puisqu'elle était
heureuse.
-

AVENTURE D'UN MUSICIEN.


UN musicien de Toulouse revenait
.
.seul, à deux heures du matin, d'une
maison de campagne, où l'on donnait
un grand bal, et où il s'était si çopieu-,
.sèment désaltéré, qu'il voyait double
et marchait de travers. En un mot, il
était dans un état complet d'ivresse,
et faisait la route en trébuchant à
.

chaque pas. Il n'en chantait pas moins


à gorge déployée.
.:. Des Voleurs, postés dans un bois
voisin, vinrent lui demander le droit
de passage; et, comme il n'opposait
aucune résistance, il ne reçut ni coups,
ni mauvais traitemens; mais il fut en-
tièrement dépouillé et laissé nu sur le
DES -FANTÔMES. 2,35;
grand chemin. L'ivresse, là fatigue
et la difficulté de se retirer, l'enga-
gèrent à prendre là un peu de repos ;
et il s'endormit profondément.
Une heure après,, le eharriot de.
.
l'hôpital de Toulouse vint à passer,
chargé d©-corps morts, que l'on çonr
duisait au cimetière. En approchant
du musicien endormi, les chevaux
s'arrêteren tj et le pocher les fouetta
vainement, sans pouvoir les faireayan-
cer. Enfin,ilse mit en colère, jurad©
tousses poumons, et agita son fouet
de toutes ses forces; les chevaux se ca-
brèrent et le charript versa. Cet inci-
dent força le conducteur à se calmer,
et à laisser aux chevaux le temps de '
reprendre haleine, pendant qu'il .ra-
masserait les corps morts.
Gomme celui du musicien était nu,
et qu'il y allait sans compter, il le prit
.

ayecies autres, et le jeta dans le char-


2*3$-
-
..-' HISTOIRE :' '
riot; après quoi il continua sa routé,;
!,

sans obstacles- '-..-


Mais les- -secousses de\ là 'voiture*
ébranlèi^ntFiinàginâtiondél'ivrogne,
Il se mita rêver; et, son rêve lui "rap-
pelant" les douces idées du'bal; où il
avait sï bien bu, il porta dessàntés,-
et commanda les figurés d'une contre-
danse. Il 'pariait à haute voix, et va-'
riait ses tons/ suivant qnil' était plus
ou moins agité.. De sorte qn& le cocher
entendit bientôt Crier derrière lui : '
.En avant âeuàs f ld chaîne dëè âânies! '
la queue du chat! ©te; ~ '
.
Ces élameurs, qui semblaient partir'
dé plusieurs bouchés, coniménçaiênt
à épouvanter lé conducteur, lorsqù'ir
arriva à l'entrée dû cimetière. Il jeta à
la hâte tous les- corps qu'il amenait, dé*.'
vaut la porte du fossoyeur, et s'en
alla,'-en-lui criant : ]Ënterre&-les bien'
vite, car ils parlent tous, et pourraient
bienrevenir!
DES FANTOMES.. "
àSf
Le fossoyeur étonné, examina soi-
gneusement ses morts. Heureusement,
pour le musicien, c'était un homme
qui ne croyait point aux; reveiians.il;
trouva l'ivrogne encore chaud, le
coucha dansson lit, lui laissa le temps
de reprendre sa raison ; et. lui prêta
le lendemain un de ses habits "pour
retourner à la ville.

FIN,
i3B.\ TABLE

TABLE
DES CONTES ET DES ANECDOTES

QUI COMPOSENT GE VOLUME*

AVERTISSEMENT, Page v
Le Démon amoureux, t
Le lutin Orthon, 3
Le voyage magique,; 7
Apparition d'une Athénienne, g
Les Fourches patibulaires, fo
L'Esprit familier, .
i3
Vision de Dion le philosophe, 14
Les effets du nombre treize, Ï5
Le Démon succube, 18
.Les deux Momies, 19
Le Diable complaisant ; 21
L'Homme noir, 22
Songe d'Hyméra, 24
DES ANECDOTES. aSgi
-

Un tour au Sabbat, \ Page 26


Le Trésor du Diable, 27
Visite conjugale d'un Revenant^ 28
Le Chasseur mystérieux, 29
Le Grand veneur, ' 00
Le Revenant de circonstance, 3r
Malices4'un Fantôme, ^7
Méchanceté d'un Lutin,
.
%
Le Diable de la rue du Fo,ur, 40 .
Arrnéé de Fantômes, 41
Le Vampire de Kisiloya, 43
Mort de Carlostad, " 4,5
1
Le Diable exorcisé, 46
Les Revènans du palais de Vauvért, 47
Histoire des bergers de .Brie.., 49
Enlèvement d'un comte'de Maçon, 55
Le Spectre de Polycrit.e, '56
Prophétie d'un Magicien, 5o*
Le Vampire-vulnérable, 60
Voyage de Charles^lé-Çhaùve aux enfers, 6t
L'Oracle de Môpsus, 66
Funérailles d'un damné, ^7
L'Esprit cité en justice",, " -
,68
Le Fantôme du Rubiçon, 72, "
.
Aventure du jeune Clarus, ibid.
Le Diable valet-de-chambre, 74
Histoire d'Urbain Grandier, 75
L'Esprit obligeant, 8§
24$ ' TABLE •'
La Pleine Bazine, go
Le; Spectre d'Athènes cj3
, ,
Aventure du. cardinal de Retz,- g5
Machaies et Philinnion, 99
Le Loup-garou, *.. - io3
Traitement du Vampirisme, 104
Le Fantôme de l'isle-Adam 106
,
Prodiges du siège de Jérusalem, "
108
Vision de Vélin 110
,
Armées aériennes, •
,
ni-
L'Astrologue, ; .117
l'acte avec Je Diable, -
.118-
Reconnaissance d'un mort, 122-
Mort de 'Guymond dé la Touche, j-23
Fêle singulière, 124-
Curiosité imprudente, ; 127
La Lampe miraculeuse, _ 128
.
Le; Chanoine normand, iJ5o-
L'argent du Diable, i3a
Vision du. marquis d'e Précy i34
,
Histoire de Rutilio, i38
. ^
Adresse d'un Astrologue, z?o
Le R-evenant succube, I5I
La Maison ensorcelée, i5a
Le Spectre dans la cave, i55
Les Diables ramoneurs, i56
Les deux Amis arcadiens, i63
Aventure de madame Deshoulières, i65
DES ANECDOTES. 24.I
Le Revenant de Plaisance, 166
La Danse des Diables,. 169
Les apparitions d'Ardivilliers,, 172
Exhumation d'un Broucolaque, 178
Lettre apportée par un fantôme, 187^
Aventure du maréchal de Saxe, *89
Le Souper des Démons , igi
Le' don de ressusciter les Morts, 195
Visite nocturne du Diable , 199
Les Funérailles interrompues, 20r
La Chambre endiablée1, ao5
La menace accomplie, 2o5
Le Diable en défaut, 208
Le Grimoire, ai4
La Devineresse., .
216
Aventure d'un Ecolier, 219
L'Arbre enchanté , aa5
Effets de la peur, 224
L'Epreuve judiciaire, 22&
Le Mort complaisant, 229
Aventure d'un Musicien , a34

Fin de la Table,.

1S

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