08.01.

2020
EXPRESSO
QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2021

Matignon tend la main à la CFDT sur les retraites

# 01

L’ESSENTIEL
FRANCE
Dessiner cinq ans
après Charlie
P.3
Edouard Philippe
prêt à pivoter
n Trois dessinateurs
de presse reviennent
sur la vision de leur
métier depuis les atten-
tats de 2015.
Franck FIFE / AFP

INTERNATIONAL P.4
L’Irak au bord de
l’implosion
n Alors que les ten-
sions entre l’Iran et les
États-Unis n’ont jamais
été aussi fortes, l’Irak
pourrait bien devenir
le théâtre de violents
affrontements.

ECO/CONSO P.6
Le Maire, Trump et
les Gafa
n Le ministre de l’ Éco-
nomie souhaite apaiser
les tensions entre la
France et les Etats-
Unis, en particulier au
sujet de la taxe Gafa.

SPORTS P.9
Les volleyeurs
français dos au mur
n Les Bleus doivent
s’imposer ce soir face
aux Pays-Bas pour
garder l’espoir d’une
qualification aux Jeux
olympiques.

CULTURE P.10
Awkwafina se
révèle dans le film
«L’Adieu» Édouard Philippe à Matignon pour la réunion avec les syndicats le 7 janvier. Lionel BONAVENTURE / AFP

n Alors qu’un nouveau round de retraites doit se tenir vendredi. Le Pre-

négociations s’est ouvert mardi,
Édouard Philippe a fait un pas vers
la CFDT. Une réunion autour de la
« conférence du financement » des
DCM
mier ministre veut s’appuyer sur les
syndicats réformistes mais l’instaura-
tion d’un âge pivot reste le principal
point d’achoppement.

PAGE 2
FRANCE
RETRAITES Gouvernement et syndicats se rencontreront à nouveau vendredi

Début de dialogue entre

Philippe et Berger
n Pour tenter de trouver un
compromis sur la réforme des
retraites, Edouard Philippe
cède du terrain aux syndi-
cats réformistes. L’âge pivot

A
reste le principal point de dis-
corde.

u 34e jour de grève,

il y a peut-être un
espoir. Celui de «
trouver un com-
promis » si « cha-
cun bouge un peu ». C’est le
message porté par Edouard
Philippe au micro de RTL mardi
matin. Quelques heures avant la
reprise des discussions autour
de la réforme des retraites, le
Premier ministre a prôné « l’ou-
verture et le dialogue » avec les
organisations syndicales qui le
souhaitent. Pour tenter de sor-
tir du plus long conflit social
depuis les grèves de 1995, le
Premier ministre a saisi la main Le Premier ministre rencontre les syndicats à Matignon (Crédit photo : Lionel BONAVENTURE / AFP)
tendue de la CFDT. Dimanche
soir, sur France 2, Laurent Ber- du nouveau round des négocia- rompre le front syndical, Tenter L’issue du conflit reste incer-
ger avait proposé une « confé- tions vendredi. Dans le dispo- de rallier les syndicats réfor- taine alors que le président de la
rence de financement  » étendue sitif actuel, ceux qui partiraient mistes (CFDT, CFTC, UNSA), République, lors de ses voeux au
sur plusieurs mois. avant cet âge pivot verraient pour mieux isoler FO et la CGT Français le 31 décembre, priait
«Une bonne idée » a répondu le une décote sur leur pension. qui restent farouchement hos- le Premier ministre de trouver
locataire de Matignon. Edouard Un bonus s’ils partent après. La tiles à l’instauration d’un sys- un « compromis rapide » avec
Philippe s’est dit « ouvert à des CFDT ne veut pas entendre par- tème universel par point. les partenaires sociaux qui le
discussions », tout en mettant ler de cette mesure qu’elle es- souhaitent.
en garde sur « l’équilibre du time discriminatoire pour ceux Un projet de loi bouclé fin mars Pour marquer sa détermina-
système ». L’ouverture n’a pas qui ont commencé à travailler « Pas question de discuter de tion à faire aboutir la réforme,
suffit au leader de la CFDT qui, tôt. Mais il faut équilibrer le pénibilité ou de tout autre pa- le gouvernement a soumis au
dans une déclaration à l’AFP, système qui risque d’accuser un ramètre dans le cadre d’un ré- Conseil d’Etat le projet de loi
quelques heures pus tard, a de déficit de 10 milliards d’euros à gime universel à points dont on qui devrait être examiné en
nouveau exigé le retrait de l’âge l’horizon 2025. Or, le patronat demande le retrait » a expliqué Conseil des ministres le 24 jan-
pivot. et les syndicats ne parviennent Christian Grolier (FO). Deux vier. Le texte mentionne pour
pas à se mettre d’accord sur une nouvelles journées de mobilisa- le moment l’âge pivot, mais le
L’âge pivot au coeur des tensions mesure commune. Les discus- tion sont prévues les 9 et 11 jan- gouvernement se dit prêt à cor-
Principal point de discorde, sions vendredi ne sont donc pas vier. La CGT chimie appelle, en riger sa copie si les négociations
l’instauration d’un âge d’équi- jouées d’avance, mais l’objectif outre, au blocage total des raf- avancent.
libre fixé à 64 ans sera au cœur du Premier ministre est clair : fineries et des dépôts pétroliers. o John Timsit

Le bras de fer avec la CGT se joue autour des raffineries

n Plus d’un mois après le dé-
but des grèves, la CGT appelle
au blocage des raffineries, des
terminaux pétroliers et autres
dépôts. En réponse, Edouard
Philippe rappelle l’illégalité
de ce mode d’action et promet
de leur opposer les forces de
l’ordre.
La Confédération générale du
travail (CGT) de la Chimie a
appelé à un blocage de toutes
les installations pétrolières - raf-
fineries, terminaux pétroliers,
dépôts - pendant 96 heures, du
mardi 7 au vendredi 10 jan-
vier. Elle s’oppose à son tour
à la réforme des retraites, plus
02 - EXPRESSO - MERCREDI 8 JANVIER
d’un mois après le début du
mouvement de contestation.
Dans sa roue, Force Ouvrière a
également lancé un mouvement
de grève, mais les concernant,
pour une durée illimitée. La
CGT est confiante dans un pos-
sible durcissement du conflit.
« On sent un vent favorable,
qui nous pousse », estime Éric
Sellini, coordinateur de la CGT
au sein du groupe Total. Les
jours prochains seront décisifs
et révéleront la capacité du syn-
dicat à convaincre la majorité
des salariés des raffineries, ceux
de leurs sous-traitants, à cesser
totalement le travail et prolon-
ger la grève au-delà du vendredi
10 janvier.
Une réponse policière à la grève
En réponse à cette stratégie
syndicale qui vise à susciter la
crainte d’une pénurie, Édouard
Philippe a rappelé mardi matin
sur RTL l’illégalité de ce mode
d’action. Le Premier ministre
a indiqué avoir demandé aux
préfets de mobiliser les forces
de l’ordre « pour faire en sorte
qu’il n’y ait pas de blocages de
dépôts » de carburants ou de
raffineries. Pour l’heure, le gou-
vernement assure ne pas croire
à une pénurie. Sur les 2000 dé-
pôts pétroliers français, « un ou
deux ont été bloqués », a pré-
venu le Premier ministre. Si « le
droit de grève est parfaitement
respectable et constitutionnel »,
« le droit de blocage est parfai-
tement illégal, donc il n’est pas
légal de bloquer des dépôts »,
a-t-il rappelé avec fermeté.
De son côté, le groupe pétrolier
Total a assuré mardi n’avoir
identifié « aucun risque de pé-
nurie » au sein de son réseau de
stations-service, approvisionné
via un réseau de 200 dépôts
répartis à travers le territoire
français.
o Matthieu Deveze

CHARLIE HEBDO Des dessinateurs de presse témoignent de l’impact de la tuerie
Cinq ans après l’attentat de Charlie :
le coup de crayon s’est estompé
n L’attentat de Charlie Heb-
do, le 7 janvier 2015, a fait
changé le regard des dessina-
teurs sur leur métier. Cinq ans
D
après, trois dessinateurs de
presse racontent l’évolution
de leur vision.
epuis l’assassinat
des dessinateurs
Cabu, Charb, Ti-
gnous et Wolinski,
que reste-t-il du
métier dessinateur de presse ?
Les illustrations et autres cari-
catures désertent aujourd’hui
les colonnes des journaux. Oli-
vier Descombes alias BIDU,
travaille pour le quotidien ré-
gional La République Populaire
du Centre. Pour l’infirmier de
28 ans, l’intérêt porté au dessin
de presse s’est attisé après l’at-
tentat avant de vite diminuer. Le
dessinateur note une méfiance
grandissante de la part des ré-
dactions après “Charlie” : « Les
journaux sont beaucoup plus
réticents à publier des conte-
nus plus provocateurs qu’à une
époque, ça se sent, et je l’ai
déjà subi. » Il prend l’exemple
du New York Times qui depuis
CARITATIF Brigitte Macron succède à Bernadette Chirac
Pièces Jaunes : mission de Première dame
Brigitte Macron lance la 31e opération des pièces jaunes
(Crédit Photo : Eric Lalmand / BELGA / AFP)
n Brigitte Macron sort de
l’ombre pour relancer les
« Pièces jaunes » ce mercredi,
à Orléans, aux côtés de Didier
Deschamps, sélectionneur de
l’équipe de France de football
et parrain de l’opération.
Pour Brigitte Macron, le lan-
cement de la 31e collecte des
«  Pièces jaunes » au Centre
Hospitalier régional (CHR)
d’Orléans, opération très média-
tisée, est une première depuis
le 1er juillet 2019, a mis fin aux
dessins dans ses pages interna-
tionales.
Un impact sur le dessin
“Personnellement, je ne me
pose pas beaucoup de limites,
j’essaye de parler de tout libre-
ment, de religion, de politique,
sans tabous.” assure BIDU.
D’autres sont plus mesurés.
Ixène a commencé à dessiner
sur l’actualité en 1994 et colla-
bore avec Le Figaro et Famille
Chrétienne. Après l’attentat,
son premier réflexe a été d’avoir
peur, même au moment d’ouvrir
la porte de chez lui. Il en rigole
aujourd’hui : « Je me mettais
sur le côté pour ne pas être
dans la ligne de tir au cas où il
y aurait un terroriste derrière. »
Il avoue que la tuerie a changé
sa manière de dessiner : « Au-
jourd’hui je me dis que je m’oc-
cuperais de faire des dessins sur
l’islam le jour où j’aurais envie
de prendre ce risque. »
La dualité des réseaux sociaux
Pour Noder, dessinateur pour
l’hebdomadaire régional Le
l’élection de son mari en mai
2017. Elle avait choisi d’agir
dans la discrétion et de rester
hors de l’actualité. À Orléans,
la Première Dame étrennera
publiquement son rôle de prési-
dente de la Fondation Hôpitaux
de Paris-Hôpitaux de France,
que lui a transmis en juin 2019
Bernadette Chirac, figure indis-
sociable des « Pièces jaunes »
depuis 1994. Brigitte Macron
a multiplié les engagements
Dessin de Noder pour le 5 janvier 2018, réédité en 2020.
Châtillonnais Auxois, l’attentat
a été le déclic : « C’est ce qui
m’a poussé à dessiner ». Les
réseaux sociaux ont d’abord été
pour lui un moyen de se faire
connaître et de travailler en
toute liberté : « Sur les réseaux
sociaux je fais des dessins plus
virulents, quand vous travail-
lez pour un journal ce n’est
plus la même directive. » Avant
l’ère réseaux sociaux, les cari-
catures ne touchaient que ceux
dans le domaine social et de
l’enfance, en particulier contre
le harcèlement scolaire et sur
internet, a soutenu la recherche
sur le cancer pédiatrique. « Je
suis dans la rue tous les jours,
les gens me parlent (...) Je suis
une courroie de transmission »,
avait-t-elle expliqué dans une
rare interview, accordée en juin
à RTL.
Augmenter les dons
En 31 ans, les « Pièces jaunes »
ont permis de collecter près de
98 millions d’euros, selon la
Fondation. Mais les dons ont
diminué ces dernières années.
Brigitte Macron misera sur
sa popularité et son sens du
contact pour appeler les Fran-
çais à améliorer les conditions
d’accueil et de vie des enfants
et adolescents hospitalisés. La
collecte se déroulera jusqu’au
15 février avec la mise à dispo-
sition de 2,3 millions de tirelires
dans les bureaux de la Poste et
des grandes surfaces.
o Matthieu Deveze
FRANCE
qui achetaient les journaux.
Désormais, tout le monde y
est confronté. « On se sent vite
menacés, pour tout et n’importe
quoi. Faire un dessin, c’est se
jeter dans la gueule du lion. »
Même s’ils sont en déclin, les
dessinateurs s’accrochent tou-
jours à leur passion, pour No-
der pas de doute : « Si on me
demande d’aller bosser pour
Charlie j’y vais en courant. »
o Félix d’Orso et Lisa Drian
EN BREF
Les fantômes du djihad
n Le procès de 24 djihadistes
français s’est ouvert lundi
devant la cour d’assises spé-
ciale de Paris. Ils sont accusés
d’association de malfaiteurs
terroriste pour avoir tenté ou
réussi à rejoindre la Syrie et
les rangs de Daesh entre 2014
et 2015. Mais sur 24 accusés,
seuls 5 étaient présents. Les
autres sont recherchés ou ont
péri en Syrie et en Irak. Les
réquisitions judiciaires sont
prévues pour le 16 janvier, et
verdicts le 17 janvier.
Enquête ouverte sur la
mort d'un livreur
n Le livreur en scooter mort
dimanche à Paris après un
contrôle routier a été victime
d’une asphyxie « avec fracture
du larynx » qui est à l’origine
du malaise cardiaque lors de
son arrestation, selon les pre-
miers éléments de l’autopsie.
Une information judiciaire
pour « homicide involontaire »
a été ouverte par le parquet.
MERCREDI 8 JANVIER- EXPRESSO - 03
INTERNATIONAL
PROCHE ORIENT Tensions suite à la mort de Qassem Soleimani

Risque d’implosion en Irak

n Lors du raid sur l’aéroport de Bagdad le 3 janvier se trou- Ce dernier a menacé l’Irak de al-Chaabi a investi la sphère
vait aux côtés du général iranien, le numéro deux de la coali- sanctions « commme ils n’en ont politique et sociale.
tion Hachd al-Chaabi (les « unités de mobilisation populaire ») jamais vu ». Le premier ministre
Abou Mehdi al-Mouhandis. Ce rassemblement de milices chiites irakien Adil Abdul Mahdi a de L’affirmation du courant sadriste
formé pendant la guerre contre l’État Islamique en Irak a main- son côté déclaré qu’il « sera Moqtada al-Sadr, le leader

I
tenu son autonomie et ses liens avec l’Iran, ce qui inquiète les
États Unis.
ls étaient des millions
d’Iraniens à Kerman , la
ville natale de Qassem
Soleimani ce mardi 7
janvier. La foule chiite en
deuil a appelé à venger le chef
des Gardiens de la Révolution
tué par une frappe américaine
le 3 janvier dernier. Une
effervescence qui a dégénéré
en bousculade mortelle faisant
plus de 50 morts. Toutefois le
deuil ne s’est pas limité à l’Iran.
Trois jours plus tôt ils étaient
des milliers à Bagdad, en Irak.
Pour la plupart, des membres
de milices chiites venus rendre
hommage au dignitaire iranien
et son allié irakien Abou Mehdi
al-Mouhandis. Le lendemain
les députés irakiens avaient
voté une motion demandant le
« retrait des troupes étrangères
du sol irakien ». Une décision
qui illustre un changement de
cap dans la politique régionale
de l’Irak.
Des combattants au Parlement
Les milices chiites ont joué
un rôle prépondérant dans ce
vote. Leur parti politique, le
bloc Al-Fatah (l’Alliance de la
conquête), deuxième force du
parlement est à l’origine de la
motion qui a suscité de vives
réponses de la part du président
des États-Unis Donald Trump.
difficile pour les forces de
sécurité irakiennes de protéger
les troupes américaines ».
Les anciens combattants de la
guerre contre l’État Islamique
sont partout : ils patrouillent
dans les zones délaissées par
l’armée irakienne, construisent
les maisons dans les quartiers
défavorisés de Bagdad et
tiennent le gouvernement.
Officiellement intégrés aux
forces de sécurité irakienne
depuis 2016, ils maintiennent
toutefois leurs propres bases
et jurent fidélité aux ayatollahs
(chefs religieux chiites).
Leur coalition, le Hachd al-
Chaabi revendique plus de
150 000 hommes. Composée
de différents groupes pour
la plupart chiites, le Hachd
principal de la coalition, est
aujourd’hui l’homme politique
le plus puissant du pays. À la
tête du groupe parlementaire
En Marche, une alliance
entre nationalistes chiites et
communistes, il déclare se
battre pour «  un Irak avec
des relations régionales plus
équilibrées ». Son poids inquiète
même l’Iran, pourtant principal
allié des milices chiites. Le
tort de Moqtada al-Sadr : il
revendique farouchement
l’indépendance de l’Irak vis-à-
vis des puissances étrangères.
Dans un contexte où les tensions
entre l’Iran et les États-Unis
focalisent l’attention, l’Irak
risque de devenir une fois de
plus le terrain de l’affrontement.
o Zilan Cokyigit

ETATS-UNIS Ouverture du procès sur deux nouvelles affaires de viol

Affaire Weinstein : la chute d’un géant de Hollywood
n Alors que son procès s’est
ouvert lundi à New York,
l’étau se resserre un peu plus
sur le magnat du cinéma amé-
ricain. Inculpé pour deux
nouvelles affaires de viols, sa
chute semble inéluctable.
Massés devant le tribunal de
Manhattan, des dizaines de pho-
tographes et journalistes guet-
taient la sortie d’Harvey Weins-
tein, à l’issue du premier jour de
son procès. L’air vieilli, le pas
lent, aidé d’un déambulateur et
de ses gardes du corps à la sor-
tie du tribunal, le producteur de
cinéma apparaissait considéra-
blement affaibli.
Au même moment, c’est vers
l’autre bout des États-Unis que
les projecteurs se sont braqués,
lors de l’annonce de son incul-
pation pour deux nouveaux
viols par le tribunal de Los An-
geles. L’ancien homme fort de
Hollywood est cette fois accusé
d’être entré de force dans la
chambre d’hôtel d’une femme
pour la violer le 18 février 2013
et d’en avoir agressé une autre
le lendemain à Beverly Hills.
Cette inculpation semble être
le coup de trop pour Weinstein,
dont les agressions sexuelles
04 - EXPRESSO - MERCREDI 8 JANVIER
Procès Weinstein, Kena Betancur / Getty Images / AFP
majoritairement à l’encontre
d’actrices ont été dénoncées
depuis octobre 2017 par plus
de 90 femmes. Alors qu’il était
encore il y a quelques années
seulement l’un des plus grands
producteurs de cinéma de la
côte ouest, il n’est plus que l’in-
carnation de l’homme puissant
abusant de son pouvoir tout en
étant protégé par son entourage.
Acculé, il s’est présenté en mar-
tyr lors d’un entretien au New
York Post le 15 décembre, se dé-
crivant comme un « pionnier »
de la promotion des femmes à
Hollywood. « J’ai fait plus de
films réalisés par des femmes
et sur les femmes que n’importe
quel autre producteur », affir-
mait-il alors, tentant de redorer
son blason à l’aube du procès.
Mais cette apparition média-
tique est probablement vaine,
tant Weinstein est devenu un
paria pour l’opinion.
Pourtant, l’accusation n’est pas
sûre d’obtenir une condamna-
tion du producteur. Il faudra
pour cela que le non-consente-
ment soit prouvé. Les avocats
de Weinstein cherchent donc à
démontrer qu’il était ami avec
celles qui l’accusent de viol, en
brandissant des mails échangés
des mois après les faits entre les
protagonistes. Joan Illuzzi-Or-
bon, qui conduit l’accusation,
devra, elle, apporter la preuve
qu’un « système » Weinstein,
reposant sur les pots-de-vin
et l’intimidation a été mis en
place.
Une victoire de l’accusation
serait un succès majeur pour le
mouvement #MeToo lancé en
2017, lors de ce procès haute-
ment symbolique.
o Rémi Bouveresse

AUSTRALIE L’État jugé inactif face à la crise climatique
Sous le feu des critiques
Incendies à Cooma en Australie le 6 janvier 2020, SAEED KHAN / AFP
n Les incendies provoquent la
A
défiance de l’opposition pour
qui le Premier ministre doit
rendre des comptes.
lors que l’été
débute à peine,
80  000  km2 de
forêts sont déjà
partis en fumée,
entraînant la mort de vingt-cinq
personnes et de plus de 500 mil-
lions d’animaux. L’épisode dra-
matique que connaît l’Australie
depuis quatre mois déstabilise
le gouvernement de la coalition
conservatrice et libérale de Scott
Morrison. Le Premier ministre,
un climatosceptique notoire,
VENEZUELA Élection agitée du président de l’Assemblée nationale
Nicolas Maduro divise l’opposition
n Deux opposants à Nicolas
Maduro revendiquent la pré-
sidence du Parlement véné-
zuélien. Ni l’un, ni l’autre ne
souhaite laisser sa place. Une
situation ubuesque due à l’ex-
plosion de l’opposition, mise
en œuvre par le président Ni-
colas Maduro.
Juan Guaido a finalement réussi
à franchir la porte du Parlement.
L’armée avait brièvement
empêché le président auto-
proclamé du Venezuela d’entrer
à l’Assemblée nationale
mardi, où il a prêté serment
après sa réélection. Dimanche
déjà, les forces de l’ordre lui
avaient bloqué l’entrée dans
l’hémicycle. Au même moment,
Luis Parra, un député de
l’opposition et ancien soutien
s’est finalement engagé lundi à
reverser sur deux ans deux mil-
liards de dollars australiens, soit
1,2 milliard d’euros de rentrées
fiscales dans un fonds d’aide
aux victimes des incendies. Une
réponse tardive et insuffisante
pour beaucoup qui critiquent
aussi la désaffection de leur Pre-
mier ministre, parti en voyage
à Hawaï quelques jours avant
Noël.
« Culte du déni »
L’opposition a déploré sa ges-
tion de la crise. Dans une tri-
bune publiée lundi par le Guar-
dian, Kevin Rudd, ex-Premier
de Juan Guaido, a été élu par
le camp chaviste. « Maduro
est complice », a expliqué à
L’Expresso l’anthropologue
franco-vénézuélienne Paula
Vásquez Lezama.
Juan Guaido est le principal
détracteur du président chaviste
Nicolas Maduro. En pleine
crise politique et sociale au
Venezuela, le jeune président
de l’Assemblée nationale s’est
auto-proclamé président par
intérim il y a tout juste un an.
Alors qu’il pensait être réélu
facilement à la tête du Parle-
ment, il fait aujourd’hui face à
Luis Parra, qui représente une
troisième voie dans le paysage
politique vénézuélien.
L’arrivée de Luis Parra corres-
pond à une volonté de Maduro
de réorienter l’opposition vers
ministre travailliste de 2007
à 2010 a dénoncé le « culte du
déni » de son successeur face à
l’évidence de l’urgence clima-
tique. « De quels avertissements
de plus a besoin l’Australie
pour accélérer son action sur
le changement climatique ? »,
s’est-il insurgé. A leur arrivée
au gouvernement en 2014, les
libéraux avaient aboli la taxe
carbone promulguée deux ans
plus tôt par les travaillistes, ini-
tiant à leurs yeux une « décennie
morte » et empêchant l’Austra-
lie de remplir les objectifs des
futurs accords de Paris.
o Léa Pernelle
un homme qu’il adoube, afin
d’empêcher la réélection de
Juan Guaido. Mais ce « coup
d’État parlementaire », va
« renforcer » Juan Guaido selon
Paula Vásquez Lezama. « Il a
réussi à rallier d’autres per-
sonnes de l’opposition comme
le mouvement du 16 juillet. »
L’enjeu de cette élection était de
taille car l’hémicycle représente
la seule force d’opposition au
régime de Nicolas Maduro, en
poste depuis 2013. Mais comme
souvent au Venezuela, tout ne
s’est pas passé comme prévu.
« Des groupes dissidents ont fait
des pactes avec le gouverne-
ment de Nicolas Maduro pour
fracturer l’opposition. » Les
députés, déçus par Juan Guaido
se sont alors ralliés à Luis Parra.
o Laura Roudaut
INTERNATIONAL
EN BREF
Espagne : Sanchez réélu
n Après huit mois de paraly-
sie, l'Espagne a un gouver-
nement. Les députés espa-
gnols ont voté de justesse la
confiance au gouvernement
de Pedro Sanchez, en coali-
tion avec la gauche radicale
de Podemos incarnée par Pa-
blo Iglesias.
Pedro Sanchez, AFP
Etats-Unis : la bourde de
l'état-major
n Une lettre annonçant
le retrait des troupes
américaines a été envoyée
aux Irakiens, a déclaré le
chef d’état-major américain.
« La lettre a été envoyée
par erreur » a avoué Mark
Espen. Selon ce document,
le retrait visait à respecter
la décision du Parlement
irakien, qui avait exhorté le
gouvernement à expulser les
troupes étrangères du pays,
après l’assassinat du général
iranien Qassem Soleimani.
Libye : l'Algérie s'active
n Le nouveau chef de l’État al-
gérien Abdelmadjid Tebboune
a reçu lundi 6 janvier le chef
du gouvernement d’union
nationale libyen (GNA), Faïez
Sarraj. À l’issue de l’entretien,
la présidence algérienne a
appelé la communauté inter-
nationale « en particulier le
Conseil de sécurité des Na-
tions Unies à assumer ses
responsabilités pour imposer
un cessez-le-feu immédiat et
mettre fin à l’escalade mili-
taire » en Libye.
Japon : rebondissements
dans l’affaire Carlos Ghosn
n Mandat d’arrêt contre Carole
Ghosn. La justice japonaise
a émis un mandat d’arrêt à
l’encontre de l’épouse de
Carlos Ghosn, lui reprochant
d’avoir fourni de faux
témoignages. Le couple se
trouve actuellement au Liban,
après la fuite rocambolesque
de l’ancien PDG de Renault-
Nissan. Ce dernier a annoncé
qu’il tiendrait une conférence
de presse, devant une
centaine de journalistes,
mercredi 8 janvier, dix jours
après sa fuite du Japon.
MERCREDI 8 JANVIER- EXPRESSO - 05
ECO/CONSO
TAXE GAFA Bruno Le Maire en quête d’apaisement avec les États-Unis

« Je dis aux Américains :

rangeons les colts »
n Dans le cadre de ses vœux
aux acteurs du secteur écono-
mique, le ministre de l’Écono-
mie Bruno Le Maire a affirmé
sa volonté d’apaiser les ten-
sions économiques entre la
France et les États-Unis, en
particulier au sujet de la taxa-
tion des géants du numérique.
Le gouvernement américain,
en désaccord avec plusieurs
pays européens sur la situa-
tion de monopole des Gafa,
concurrence et menacent les
États. « Les gens du numérique
ont toute leur place dans notre
économie, mais pas en situation
de monopole » a expliqué le mi-
nistre, ciblant les Gafa (Google,
Amazon, Facebook et Apple).
Ces derniers multiplient leurs
domaines d’activité : c’est le cas
de Facebook, avec son projet de
monnaie Libra.
Gafa, Bruno Le Maire a pointé
du doigt la tendance des États-
Unis à multiplier les sanctions
unilatérales contre ses ennemis
commerciaux (Russie et Chine
en tête), sans consulter l’Union
européenne. Il a proposé de
réorganiser le multilatéralisme,
en particulier dans le cadre de
l’Organisation mondiale du
commerce.
à « tous les États membres qui
souhaitent imposer une taxa-
tion digitale sur les entreprises
d’une manière juste ». Le Maire
a de son côté laissé entendre la
possibilité d’une riposte euro-
péenne coordonnée, qui rendrait
inefficace le caractère dissuasif
de sanctions américaines.
Sanctions ou non, le ministre
souhaite dans tous les cas tra-
vailler à l’échelle mondiale sur
la taxation du numérique, en

F
avait menacé la France de
sanctions.
ace à l’instabilité
de l’administration
Trump, le ministre est
contraint de jouer à
l’équilibriste. Ce mar-
di au ministère de l’Économie et
des Finances, Bruno Le Maire a
clarifié la position de la France
vis-à-vis de l’allié américain.
Les États-Unis ont récem-
ment jugé discriminatoire une
taxe française, qui impose les
géants du numérique à hauteur
de 3% du chiffre d’affaires réa-
lisé en France. Ces entreprises,
qui engrangent de forts profits
sur des territoires où ils paient
très peu d’impôts, écrasent la
De nouvelles sanctions Le voeu d’une Europe unie
Cette taxe n’a pas seulement Mais le ministre souhaite sur- encourageant les États-Unis à
déplu aux Gafa. L’administra- tout une meilleure unité euro- participer. « On ne règle pas
tion américaine a menacé en péenne face aux États-Unis. les différends entre alliés par
représailles de taxer les produits À ce titre, il a mentionné sa la force.  », a-t-il souligné avec
français. « Nous regrettons ce rencontre avec Phil Hogan, le sourire. Au lendemain d’un
projet de sanction », a déclaré commissaire européen au Com- entretien avec son homologue
le ministre, qui a qualifié cette merce, plus tôt dans la matinée. américain Steven Mnuchin, il
« juste taxation » de « néces- Ce dernier a assuré le soutien de a affirmé sa volonté de relan-
sité pour le système fiscal na- la Commission européenne, en cer les négociations avec les
tional  ». Outre la question des cas de sanctions, à la France et États-Unis au sein de l’Orga-
nisation pour la coopération
Un appel à augmenter les salaires et le développement écono-
miques (OCDE). Il se donne
Estimant que le gouvernement avait fait sa « part du chemin » quinze jours pour trouver un
sur la question salariale (augmentation de la prime d’acti- compromis sur la taxation du
vité, défiscalisation des heures supplémentaires), Bruno Le numérique, lors du Forum éco-
Maire a profité de ses vœux pour encourager les entreprises nomique de Davos (Suisse)… à
en bonne santé à mieux partager leurs profits en 2020, en condition que les produits fran-
augmentant les salaires. Cet appel s’inscrit dans le cadre du çais ne soient pas sanctionnés
« nouveau capitalisme » tel que le souhaite le ministre, et qui d’ici là.
vise à réduire les inégalités. o Jules Thomas

INTERVIEW L’économiste Philippe Moati décrypte la folie des promotions

Soldes: «une drogue des deux côtés du marché»
n Les soldes d’hiver dé-
marrent ce mercredi pour
quatre semaines. Malgré
les critiques qu’ils suscitent
chaque année, Philippe Moa-
ti, économiste et co-fondateur
de l’Observatoire Société et
consommation (Obsoco) sou-
ligne leur succès et leur an-
crage culturel.
Est-ce que les soldes ont encore
une utilité aujourd’hui ?
Si on s’en tient à la raison qui
avait motivé la création des
soldes, c’est-à-dire celle de
se débarrasser des produits
invendus pour récupérer de la
trésorerie afin de se payer des
nouvelles marchandises, on
peut dire qu’ils sont de moins
en moins utiles. Aujourd’hui,
cette période reste un événe-
ment important mais les com-
merçants n’attendent plus les
soldes pour casser les prix de
06 - EXPRESSO - MERCREDI 8 JANVIER
leurs invendus. Certains font
des promotions toute l’année et
d’autres se servent des circuits
parallèles pour revendre leurs
produits dans des ventes privées
sur internet ou sous le titre de
produits dégriffés.
Avec ces nouvelles manières de
«  casser » les prix, avez-vous
relevé une baisse d’intérêt des
consommateurs pour les soldes ?
Légèrement. D’une part, cette
baisse d’intérêt tient essentiel-
lement au fait que le régime
des promotions a été libéralisé
en 2007 avec la loi de moder-
nisation de l’économie qui a
donné une sécurité juridique
aux enseignes pour barrer les
prix quand elles veulent. Donc
les consommateurs à l’affût
d’une remise n’attendent plus
nécessairement les soldes pour
consommer. D’autre part, une
petite musique a émergé dans
le discours médiatique en
2019, celle de la consommation
responsable. Mais honnête-
ment je ne pense pas que cette
conscience responsable ait un
impact sur les soldes. Il y a un
décalage entre le discours d’une
élite sensibilisée à la question
et le comportement effectif de
la masse des consommateurs.
Le volume du chiffre d’affaire
réalisé pendant les soldes ne
cesse d’ailleurs d’augmenter
d’années en années. Philippe Moati, professeur
d’économie à Paris Diderot
Donc selon vous, les soldes ont (OBSOCO)
encore un avenir ?
Oui bien sûr. Je ne vois pas consommation. On est dans un
comment on pourrait arrêter cercle vicieux. Je ne vois pas
l’emballement promotionnel. comment on pourrait sortir de
C’est une drogue des deux cette surenchère promotion-
côtés du marché. Les ven- nelle. Les soldes auront tou-
deurs constatent que lorsqu’ils jours un rôle à jouer en particu-
ne barrent pas les prix ils ne lier parce qu’ils sont bien ancrés
vendent rien donc ils le font dans notre culture.
régulièrement pour inciter à la o Solenne Bertrand
 ECO/CONSO
PARIS Une seconde vie pour les sapins de Noël

Des parures de fêtes à la rue

n Il y a quelques jours encore, le sapin de Noël trônait dans j’ai depuis longtemps. Le sapin de sapins. Entassés, pour la
6,1 millions de salons français, enroulé dans ses plus belles pa- c’est du bois noble, on récupère plupart encore en très bon état,
rures de soirée. Les fêtes de fin d’années achevées, le conifère est la belle souche pour faire un feu les conifères débordent du péri-
abandonné dans son plus simple appareil dans la rue ou dans de cheminée ensuite. » mètre délimité par des barrières.

I
l’un des points de collecte mis en place par la mairie de Paris.
Des scènes qui interrogent sur le gaspillage des sapins.
ls ont quitté la chaleur
des foyers pour le froid
du bitume. Rue Pierre
Haret, dans le IXe arron-
dissement de Paris, les
trottoirs se transforment peu à
peu en forêts de sapins de Noël
morts. Dans des sacs poubelles
ou à même le sol, ils attendent
sagement le passage de la fau-
cheuse. Un tableau récurent
dans les rues de la capitale. Ce
gâchis, la mairie de Paris tente
d’y mettre un terme. Cette an-
née, 174 points de recyclage ont
été mis en place dans la ville.
Au sol de la rue Caulaincourt
dans le XVIIIe, un tapis
d’épines et de branches dessine
un chemin jusqu’au Square
Joël-Le Tac, l’un des points de
collecte de Paris. Une odeur
enivrante de résine saisit les
narines. Trois pas d’élan et
Philippe Farine jète son sapin
sans prendre la peine d’ouvrir
le petit portillon du parc. « Quel
beau lancer ! », s’exclame tout
sourire Pascale, sa femme.
Originaire des Vosges, elle
recycle chaque année son
sapin pour qu’il soit broyé et
réutilisé par les jardiniers de
Paris. « C’est une habitude que
Mais la bonne humeur du
couple, ne parvient pas à adou-
cir le triste décor d’un cimetière
Les riverains sont invités à recycler leurs sapins dans des points de
collecte (Romane Pellen)
Cigarette à la main, une jeune
femme ouvre grand les yeux
et s’approche du square pour
photographier la scène. « On di-
rait une forêt ravagée. De voir
tout ces sapins entassés dans
un parc, c’est un symbole très
fort ! », explique Anne-Char-
lotte choquée par le tableau. Un
point de vue partagé par Marc
Duplan. Pour le président de
l’Association nationale de dé-
fense de l’arbre, les conifères
ne devraient pas être exploi-
tés. « Les arbres sont des êtres
vivants, ils ne sont pas faits
pour être coupés pour le simple
plaisir visuel ». Pour autant, il
ne tire pas une croix sur l’arbre
vert. Depuis des années, cet
ancien élagueur met un sapin en
pot, qu’il replante ensuite dans
son environnement naturel. À
l’inverse, Vincent Houis, ani-
mateur de l’Association fran-
çaise des sapins de Noël insiste :
« Les sapins ne proviennent pas
de forêts, mais de terres agri-
coles ». Il compare leur produc-
tion « à la culture du muguet
pour le premier mai ». Assise
sur un banc Square Joël-Le Tac,
Anne-Charlotte retrouve ses
esprits. Elle s’est promise de
ne pas acheter un sapin de Noël
l’hiver prochain.
o Romane Pellen

ENVIRONNEMENT Recycler pour redorer son image EN BREF

Trottinettes électriques : de
nouvelles résolutions écologiques
Six mois de vie pour celles
louées, à peine un an pour
celles achetées, les trottinettes
électriques sont de plus en plus
critiquées pour leur impact
écologique. Jocelyn Loumeto,
le délégué général de la Fédé-
ration des professionnels de
la micro mobilité (FP2M) en
a conscience, « les trottinettes
électriques ont besoin d’une
bonne image », sans quoi « tous
les acteurs du marché risquent
d’être pénalisés ».
Inciter à recycler
Début janvier, la fédération a
ouvert un guichet unique de
recyclage des trottinettes élec-
triques avec deux prestataires,
l’un pour la partie batterie et
l’autre pour la structure méca-
nique. En proposant un seul
interlocuteur et des prix fixes,
l’objectif est d’attirer les petits
vendeurs et loueurs qui n’ont
pas le poids économique suf-
fisant pour développer leur
propre réseau de recyclage. Ils
étaient jusqu’alors contraints
de confier le traitement de leurs
déchets à des prestataires diffé-
rents. Une opération au coût très
élevé qui pouvait facilement les
décourager.
« Favoriser la transparence »
Mais c’est avant tout la commu-
nication qui préoccupe la fédé-
ration qui « s’engage à favori-
ser la transparence », comme
l’affirme son délégué général.
Toutefois, alors que les batteries
sont les plus polluantes, du fait
du lithium qu’elles contiennent,
leur traitement est extrêmement
opaque. À ce sujet, les réponses
de la fédération restent laco-
niques. Son prestataire recycle
« 80 à 90% » de la batterie et
des entreprises chimiques spé-
cialisées « s’occupent » de la
partie la plus toxique, celle qui
contient le lithium. Actuelle-
ment non recyclable, ce maté-
riau pose pourtant problème.
La fédération présentera l’or-
ganisation de son dispositif de
recyclage le 4 février prochain
et dévoilera à l’occasion les prix
négociés.
o Lisa Penalver
L'or profite des tensions au
Moyen-Orient
n Alors que la bourse tremble
depuis l’assassinat du géné-
ral iranien Qassem Soleimani,
le cours de l’or connait un
véritable essor et a même
dépassé son plus haut niveau
depuis avril 2013 en atteignant
les 1 588,13 dollars l’once. Le
métal précieux prouve ici sa
nature de valeur refuge.
Nouvelle liste noire des
paradis fiscaux
n Guam, Oman, Panama…
La France a dévoilé les
treize pays et territoires qui
composent sa liste noire des
paradis fiscaux. Ces derniers
ont signé une convention qui
les engage à échanger des
renseignements fiscaux avec
la France.
MERCREDI 8 JANVIER- EXPRESSO - 07
CULTURE
CINÉMA «L’Adieu» ou le triomphe de l’outsider

Awkwafina séduit Hollywood

n Lors des Golden Globes, à Elle obtient en 2018 un rôle
Berverly Hills ce Dimanche, dans le film Crazy Rich Asians.
Awkwafina a remporté le Sa personalité extravertie crève
prix de la meilleur actrice l’écran.
dans la catégorie comédie
pour son rôle dans L’Adieu De la réalité à la fiction
en salle ce 8 janvier. Qui Ce 8 janvier, elle est à l’affiche
est cette rappeuse, actrice, du dernier film de Lulu Wang,
animatrice et youtubeuse L’Adieu. Réputé pour son
de 31 ans sur le devant de la casting, 100 % asiatique (inédit

P
scène hollywoodienne ?
ersonne ne connaît
mieux Awkwafina
que Nora Lum elle-
même. Elle a inventé
son nom d’artiste alors qu’elle
n’avait que 16 ans, « c’est un
drôle de nom, ça veut dire eau
fine » explique-t-elle à Willie
Geist dans l’émission Sunday
Sitdown. Aujourd’hui, elle
s’impose comme une étoile
montante de Hollywood.
Une artiste touche-à-tout
Tout droit sortie du quartier du
Queens à New York, la jeune
artiste commence la musique
à onze ans et c’est adolescente
qu’elle s’y investit comme elle
ne l’avait jamais fait auparavant.
« Ce n’était pas quelque chose
que j’avais à faire, c’était une
obligation pour moi. » C’est
entre 2012 et 2014 que tout
commence, en particulier
lorsqu’elle publie le morceau
« My Vag » en réponse direct au
« My Dick » de Mickey Avalon
sortie quelques années plus tôt.
Dynamique, amusante et
souriante, Awkwafina est un
personnage haut en couleur
aux multiples facettes. Après
la musique, elle s’est lancée
dans la comédie avec des séries
comme Girl Code ou Bad Rap.
L’actrice vient de remporter un Golden Globe pour son rôle. (AFP)
Egalement à l’affiche :
Un vrai bonhomme, de Benjamin Parent.
Une comédie dramatique de 88 minutes dans laquelle Tom, un
ado qui ne grandit plus depuis un accident de voiture, entre
dans un nouveau lycée. Léo, son grand-frère très protecteur
s’emploie à faire de lui un « vrai bonhomme ». Un film sur les
liens familiaux et les difficultés de la différence. Avec Thomas
Guy, Benjamin Voisin et Isabelle Carré.
depuis 26 ans), il permet à
Awkwafina d’exploser dans un
rôle qui marque un tournant
dans sa carrière. Elle joue Billi,
une jeune Sino-américaine
revenue en Chine pour rendre
visite à Nai Nai, sa grand-mère,
adulée par sa famille et atteinte
d’un cancer incurable. Dans ce
drame familial mi-comédie,
mi-tragédie, la famille organise
alors le mariage de son petit-
fils afin de vivre ensemble les
derniers instants de bonheur de
Nai Nai.
Ce rôle fut écrit sur-mesure pour
la comédienne. Son passé lui a
permis des’inspirer de sa propre
famille pour le jouer. Elle qui a
perdu sa mère à l’âge de quatre
ans a, en grande partie, été
élevée par sa grand-mère dont
elle est très proche : « Ma grand-
mère est tout pour moi. Elle
m’a enseigné que les femmes
asiatiques étaient fortes, ce ne
sont pas des créatures dociles.
Elle a toujours su que j’avais
quelque chose, pas seulement
le pouvoir de devenir une star,
mais le cran de le devenir. »
À la fin de son discours au
Golden Globes, elle n’a pas
manqué de lui adresser ses
remerciements : « Je le dédie à
ma grand-mère, ma meilleure
o V.M. amie, la femme qui m’a élevée. »
o Quentin Lazeyras

LITTERATURE L’évasion par la lecture EN BREF

Offrir un livre aux «Oubliées» des prisons
n Inspiré d’une initiative
espagnole, le projet « Aux
Oubliées » a pour objectif de
faire parvenir des livres aux
femmes incarcérées en France.
La première campagne de
dons vient de commencer, et
est déjà un succès.
Dans la boîte aux lettres des
Editions de l’Iconoclaste,
les livres n’en finissent pas
d’arriver. Romans, essais,
polar… « Cela fait à peine un
mois, et nous avons déjà reçu
plus de cinq cents livres  »
s’étonne Karine Vincent,
chargée de communication.
Avec son amie, Laure Gomez-
Montoya, elles ont monté
un projet : que des inconnus
envoient des livres aux «
Oubliées ». Lancée sur les
réseaux sociaux, l’initiative
prend, les dons affluent.
Oubliées de la détention
Les oubliées, ce sont les femmes
incarcérées. Dans un système
pénitentiaire crée pour les
hommes, rien n’est adapté pour
elles. Détenues dans des prisons
mixtes, elles sont séparées
dans des quartiers spécifiques,
qui rendent difficile d’accès la
plupart des activités. Mais si
le livre est important, il n’est
qu’un messager. « L’idée c’est
de donner un livre avec une
dédicace, avec une intention  »
précise Karine Vincent.
Prochaine étape : la distribution,
prévue le 9 mars 2020, au
lendemain de la Journée du
droit des femmes, à la maison
d’arrêt de Fleury-Mérogis.
Informations : auxoubliees.org
o Sixtine Lerouge
n Vente d’albums 2019 :
Angèle devant Johnny
Selon le classement du Snep
(Syndicat national de l’édition
phonographique), la jeune ar-
tiste belge Angèle supplante
Johnny Hallyday en tête des
ventes de disques en France.
n Goncourt : Despentes
quitte son poste
L’autrice Virginie Despentes
se retire de l’Académie
Goncourt. Elle justifie cette
décision par un « manque
de temps pour écrire » et un
prochain déménagement à
Barcelone.

08- EXPRESSO - MERCREDI 8 JANVIER


FOOTBALL PSG - Saint-Etienne
Coupe de la Ligue : clap de fin
n La rencontre entre le Paris-Saint-Germain et Saint-Étienne
ce soir en quart de finale de la Coupe de la Ligue est un des
derniers chapitres de la compétition. Créée en 1994, elle n’a
jamais vraiment rencontré l’adhésion des clubs, ni des (télé)-
spectateurs.
« Entre copains on l’appelle la
’’coupe saucisson.’’» Axel, 24
ans, a toujours connu la coupe
de la Ligue. Supporter du Paris
Saint-Germain, il sera ce soir
au Parc des Princes « mais
seulement parce qu’on a offert
des places à un ami supporter
de Saint-Étienne. »
Comme beaucoup de fans du
club parisien (huit fois vainqueur
du trophée) Axel n’a jamais été
passionné par cette compétition,
supprimée par la LFP (Ligue
Football Professionnelle) à
partir de l’année prochaine.
Ultra-dominateurs dans les
compétitions françaises depuis
l’arrivée des Qatariens en 2011,
VOLLEY Tournoi de qualification olympique de Berlin
Stop ou encore pour les Bleus
n Après leur défaite face à
la Bulgarie lundi, les Bleus
n’auront pas le droit à l’erreur
ce soir face aux Pays-Bas s’ils
veulent encore croire à une
qualification olympique.
L’équipe la plus titrée de
l’histoire du volley-ball français
va-t-elle sortir par la petite
porte, mettant à la retraite une
génération dorée ? En tous
cas, la France s’est compliqué
la tâche en perdant lundi soir
contre la Bulgarie 3 sets à 2
lors de son deuxième match de
poule du tournoi de qualification
olympique (TQO) organisé à
Berlin. Pourtant, les Français
avaient gagné leur premier
match 3-0 face à la Serbie,
championne d’Europe en titre.
Face aux Bulgares, les Bleus
sont tombés sur une équipe
puissante en attaque et au
service, menée par un Sokolov
des grands soirs (23 points).
Le match de ce soir contre les
Pays-Bas à 20h45 s’annonce
crucial pour les hommes de
Laurent Tillie. S’ils gagnent, les
Bleus s’assureront une place en
demi-finale du TQO et pourront
toujours croire en leurs rêves de
Jeux olympiques. S’ils perdent,
les Français diront au revoir à la
qualification olympique. Bien
que les Bataves aient perdu
le PSG a remporté la coupe
cinq fois consécutivement
entre 2014 et 2018. « On n’a
jamais ressenti le prestige des
victoires  » explique le jeune
homme.
Calendrier surchargé
Clubs et supporters fustigent
depuis des années les difficultés
de calendrier provoquées
par l’ajout des rencontres.
S’ajoutant à la Coupe de France,
aux matchs de championnats et
parfois aux coupes européennes,
elle a régulièrement provoqué
de vives réactions. « On ne nous
met pas dans les meilleures
conditions, si on continue dans
L’équipe de France s’apprête à affronter les Pays-Bas. (AFP)
leurs deux premiers matchs 3-0
face à la Serbie et la Bulgarie,
les Bleus ne devront pas prendre
les Hollandais à la légère.
L’enjeu de ce dernier tournoi
de qualification olympique est
simple. La bande de Ngapeth
championne d’Europe en 2015
toutes les compétitions (…) cela
fait 21 matchs en 70 jours. Ce
n’est pas un rythme à mettre un
footballeur dehors ! » pestait
Rudi Garcia, alors entraineur de
l’Olympique de Marseille avant
un match de huitièmes de finale
contre Rennes en 2017.
Droits TV supprimés
La suppression est donc
logique au vu de la perte
d’intérêt de la coupe. Canal+ et
France Télévisions, diffuseurs
habituels, n’ont pas renouvelé
leur offre pour les prochaines
saisons. Défendue bec et ongles
en son temps par Frédéric
Thiriez (ancien président de
la LFP entre 2002 et 2016),
la Coupe de la Ligue tirera sa
révérence au printemps. Ironie
du sort ou habituel mic-mac
du calendrier, la date de la
finale n’est pas encore connue.
et double vainqueur de la Ligue
mondiale en 2015 et 2017, avait
déjà galéré à se qualifier pour
les Jeux Olympiques de Rio
en 2016, validant son ticket
lors d’un dernier tournoi de
qualification olympique.
o Etienne Cornec
SPORT
Le match de ce soir devrait
rassembler un à deux millions
de téléspectateurs, répartis entre
France 3 et Canal+ : bien loin
des audiences habituelles.
o Victor Mauriat
Saint-Etienne face à
son démon
Les Stéphanois qui se déplacent
au Parc des Princes ce mercredi
soir à 21 heures se trouvent face
à une montagne. Sur leurs six
dernières rencontres, les Parisiens
ont passés dix-huit buts au club
du Forez et n’en ont encaissé que
deux. Coupes de France et de la
Ligue confondues, Saint-Étienne
ne s’est imposé qu’une seule fois
face au PSG, aux tirs au but en
2012, cumulant quatre défaites
consécutives depuis.
EN BREF
n Coupe de France: les
noms des adversaires
dévoilés
Le tirage au sort des 16e de
finale de la Coupe de France a
eu lieu lundi soir. Deux chocs
en Ligue 1 : Dijon – Nîmes et
Nantes – Lyon. Le Paris Saint-
Germain affrontera Lorient
(L2) tandis que l’Olympique
de Marseille jouera sur le
terrain de Granville (N2).
Les Réunionnais de la JS
Saint-Pierroise (R1) défieront
Epinal (N2). Les rencontres
auront lieu les 18 et 19 janvier
prochain.
n PSG : Cavani sur le
départ?
En manque de temps de jeu
dans son club, l’attaquant
uruguayen Edinson Cavani,
sacré meilleur buteur de
l’histoire du club envisagerait
de quitter la capitale pour
l’Atlético de Madrid lors du
mercato de janvier. Mais
Leonardo, le directeur sportif
du PSG a affirmé qu’Edinson
Cavani ne partirait pas
après avoir rencontré son
entourage.
n Dakar : coup double
pour Carlos Sainz
L’Espagnol Carlos Sainz
(Mini) a remporté la troisième
étape du rallye, devançant
le Qatari Nasser Al-Attiyah
(Toyota) de prêt de 5 minutes.
09 - EXPRESSO - MERCREDI 8 JANVIER
 08 01 2020 EXPRESSO # 01

PORTRAIT Isabelle Orsini, l’irréductible de la ligne 9

Les rails de la colère

n À Mairie de Montreuil, la voir arrêter de travailler et battre
syndicaliste CGT est l’un des son record de 1995 : 21 jours de

I
piliers de la mobilisation de la
ligne 9.
l est 6h30 du matin. Dans
la station Mairie de Mon-
treuil, passés les tourni-
quets, Isabelle Orsini joue
des coudes pour atteindre
son Royaume. La porte est invi-
sible aux yeux du public. Une
fois poussée, elle dévoile une
scène qui se reproduit chaque
matin depuis que les agents de
la RATP ont décidé de se mettre
en grève contre la réforme des
retraites. Dans une ambiance
bon enfant autour des cafés et
des croissants, «  Isa  », petite
dame brune âgée de 49 ans,
fait le show. Avec elle, mieux
vaut ne pas douter. Ce matin,
un collègue de la ligne 6 est
venu lui confier ses hésitations
à poursuivre la grève à cause
des salaires. Isabelle l’en-
gueule : « Moi j’ai fait grève
avec trois enfants toute seule
et sans thunes. À un moment, il
faut vous positionner les mecs,
tout sacrifice à un coût ! ».
Militante de mère en fille
Isabelle est entrée à la RATP en
1992, à 21 ans. Comme l’était
sa mère, elle est militante CGT
depuis le premier jour. Forte
tête, elle n’en est pas à son coup
d’essai en terme de mobilisa-
tion. La conductrice égraine
comme autant de combats les
grandes grèves qu’a connues la
RATP, 1995, 2003, 2007. Mais
celle de 2019 est vraiment spé-
Isabelle Orsini, conductrice sur la ligne 9 depuis 18 ans. (P. Guzzo)
ciale. Celle-là, elle l’a vu venir
et l’a préparée. « On ne s’arrê-
tera pas avant qu’Emmanuel
Macron retire totalement la
réforme  », martèle-t-elle per-
suadée qu’à travers les retraites,
le président veut « démolir le
système social ». Pendant des
mois, elle a mis de côté comme
une véritable fourmi pour pou-
grève. Au 34e jour de mobilisa-
tion sans interruption, la ligne 9
fait toujours partie des plus blo-
quées : sur 149 agents, 140 sont
toujours dans le mouvement.
Isabelle n’a pas son pareil pour
entretenir la flamme, remobili-
ser ceux dont le moral flanche
ou houspiller ceux qui ont aban-
donné : « J’adore gagner, je ne
lâche rien et je ne supporte pas
l’injustice » se justifie l’irréduc-
tible.
Jour joyeux
Pour ceux qui les mènent, les
grèves sont souvent un moment
convivial. Tous les matins, les
agents de la RATP et les pro-
fesseurs du 93 en grève font
cause commune sur le quai de
la ligne 9. Certains jours, le
cœur n’y est pas. D’autres si.
Alors, ils entonnent en chœur
des slogans du type « Macron,
Philippe, Blanquer et Castaner,
et hop tout ça, à la poubelle ! »,
jubilatoires. Mais le plus émou-
vant pour « Isa », c’est ce caddie
rempli de victuailles offert par
des proches non grévistes, ou
encore le don fait par des jeunes
précaires qui lui ont rétrocédé
la moitié de la cagnotte récoltée
en faisant des papiers cadeaux.
Malgré la complicité entre les
agents, Isabelle a trop d’expé-
rience syndicale pour ne pas re-
douter le « retour de grève ». Un
jour, tout le monde reprendra le
travail et c’est sûr, il y aura des
tensions et de la vengeance.
o Paola Guzzo

EXPRESSO INSOLITE
Un record schtroumpfesque
n Le 7 mars, la ville de Landerneau dé-
tiendra peut-être le record du plus grand
nombre de schtroumpfs rassemblés en
un même lieu. Le Carnaval de la lune
étoilée tentera de surpasser le score de
Lauchringen, en Allemagne, annonce
Alain Péron, vice-président du carna-
val à Ouest France. 2762 hommes bleus
s’étaient rassemblés l’année dernière.
Selon le Guiness World record, plusieurs
critères doivent être respectés : bon-
net blanc ou rouge et robe ou pantalon
blanc. Le bleu devra dominer le reste.
Les grands schtroumpfs se distingueront
par une barbe blanche. L’événement doit
servir de promotion au carnaval, qui se
déroulera du 3 au 5 avril 2020.
Thaïlande : sac ou pas sac ? Une galette qui vaut de l’or
n Les Thaïlandais n Exit la fève traditionnelle, place aux lin-
se retrouvèrent gots d’or 18 carats. Pour l’Épiphanie, la
bien dépourvus le boulangerie belge « Le grain de plaisir » a
1er janvier lorsque réussi le coup de communication parfait
l’interdiction des en glissant deux petits rectangles dorés
sacs plastiques fut dans deux de ses 1000 galettes des rois.
venue. Une mesure Attention, l’horloge tourne. Pour décro-
gouvernementale cher le jackpot d’une valeur de 300 euros,
prise pour éradi- il faut se procurer une galette « au cours
quer les déchets de l’un des deux premiers week-ends de
qui polluent les janvier », indique la boulangerie, proche
eaux du Royaume. de la frontière française, sur sa page
Brouettes, valises et grands paniers… les Facebook. Le suspens est à son comble.
consommateurs débordent depuis d’ima- Qui sera le futur roi ou la future reine à
gination pour transporter leurs courses, décrocher ce butin  ? Comme l’assurent
comme on peut le voir sur une page Face- les boulangers : « Être gourmand n’a ja-
book thaïlandaise. mais été aussi alléchant ! »

10 - EXPRESSO - MERCREDI 8 JANVIER