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1) Biographie :
Né en pays Agni, à l'Est de la Côte d'Ivoire le 1er janvier 1941, Jean-Marie Adiaffi
a fait des études de cinéma à Paris, avant de changer brusquement de voie,
d'étudier la philosophie en Sorbonne et de rentrer en Côte d'Ivoire pour y enseigner,
il a signé en 1980, avec son premier roman, " La Carte d'identité ", une forme de
fable moderne sur l'affrontement des différences, et les lourds malentendus qui
naissent, entre des systèmes de valeurs trop éloignés.. La richesse de son parcours
personnel affleure derrière les rebondissements de son roman, où se mêlent
plusieurs traditions littéraires. Jean-Marie Adiaffi est décédé le lundi 15 novembre
1999.
2) Résumé :
Le livre raconte sa recherche désespérée, au long des sept jours d'une semaine
sacrée, à travers les «cercles «déplus en plus infernaux d'un Bettié de plus en plus
fantastique, recherche dérisoire puisque la carte n'était pas perdue. Le titre du roman
programme aussi son symbolisme le plus clair: le« bout de papier », signe imposé par
un pouvoir étranger et répressif (à rapprocher, à la lettre, du fameux « symbole »,
marque d'infamie infligée dans les écoles françaises aux enfants surpris à parler leur
langue maternelle), n’est absolument pas reconnu comme représentatif d'une réelle
identité.
La Carte d’identité, de Jean-Marie Adiaffi est une œuvre singulière pour sa profondeur
lyrique, son exubérance stylistique, sa profusion thématique, ou encore pour son
genre au confluent de la prose, de la poésie, de l’oralité. Le récit, qui se veut comme
une incantation, s’enracine dans un imaginaire initiatique éclatant qui lui-même
procède du mythe, de la légende et du sacré L'imaginaire dans l'esthétique
romanesque de Jean-Marie Adiaffi Amadou Ouedraogo 2015
Etude du titre :
Cet élément est une figure du texte très importante car il désigne un livre dans son
unicité. De par sa place stratégique et les rapports qu'il établit avec le lecteur il est
censé être .en mesure d'attirer et de guider (orienter) le lecteur
toutes les œuvres romanesques , il nous semble que les écrivains noirs, conscients
de faire un discours sur l'Afrique, les titres qui’ls adoptent renvoient a une réalité
africaine et portent toutes les marques d'une originalité africaine et ceci jusqu’a
évoquer l’ angoisse existentielle qui est le sort de la condition africaine.
Developpement ;
L’ECRITURE :
L’écriture postmoderne : (NOUVEL ORDRE D'ECRITURE)
les écrivains ivoiriens ont développé une écriture romanesque mâtinée de poésie et
de littérature orale et s’adonnent à cette nouvelle écriture pour mieux exprimer ce
qu’ils ont à dire. Ainsi Jean-Marie Adiaffi fait partie de ces romanciers ivoiriens qui
pratiquent cette forme d’écriture appelée «N’zassa» .
"
1. Caractéristique de l’écriture de Jean Marie Adiaffi :
L'écriture d'Adiaffi est marquée par le débordement; « cruelle , crue , torrentielle », elle
poursuit son « cours tumultueux» charriant tout ce qui «grouille et fourmille ».Idées,
émotions, rires et larmes, boue et violence. Ce n'est pas une écriture délicate,
ciselée, sélective, c’est un cri plutôt qu'un chuchotement. Elle peut se faire précise et
sèche quand elle aborde, au passage, les grandes questions sociales ou
philosophiques.
C’est est une forme littéraire marquant une sorte de révolution dans les formes
artistiques et littéraires,
Avec Adiaffi , c.est une rupture volontaire c.est à dire « sans regret », sans nostalgie
aucune avec une tradition, selon lui, dépassée. Peut-être est-ce parce que l.art est
la représentation de la nature qu.il doit en être la copie conforme. Dans la nature, il
y a en effet, de la poésie, du romanesque, de l.épopée, de l.essai, etc.
Dans l’optique de la création littéraire, il s’agit de laisser libre cours à toutes les
inspirations, qu’elles soient poétiques, épiques, romanesques, fantastiques pour
construire un récit nouveau, innovant, vivant. Tel est le sens de cette nouvelle
esthétique littéraire créée par le poète romancier. Dans la définition que donne
Adiaffi du «n’zassa» littéraire, Renvoyé au cadre de l’écriture adiaffienne, le «
n.zassa » est un grand patchwork diégétique dans lequel roman, poésie, théâtre,
essai, épopée se mêlent harmonieusement. Ce qui fait du « roman n.zassa » un «
genre sans genre »
Les ingrédients de cette nouvelle écriture révèlent une intertextualité féconde entre
le roman et la littérature orale, mais aussi entre le roman et la poésie, autant au plan
des structures empruntées qu’au plan parfois des personnages Il en est de même
pour l’espace (espace mythique, utopie représentée) ou pour le traitement du temps
LE POESIE ET LA PROSE :
Au regard des différents genres présents dans La Carte d’identité, on peut dire que
le roman hésite entre plusieurs genres. En effet, le récit en prose est traversé par
des poèmes à certains endroits du tissu narratif (pp. 61, 62, 63, 64, 65, 159). Le
poéme est très prensent on retrouve des chapitres entiers versifiés, comme le
chant-poème sur les malheurs de Mélédouman, ou l'épilogue, ou le style est
rythmé, lyrique et débordant d'images .esuite on remarque que ,le texte cesse
d’être un roman classique et passe a un recit ou on suit l’évolution du personnage
( recit intiatique ) du chapitre 8 (p.71) jusqu’à la fin (p.159), offrant ainsi l’occasion
d’apprendre d’avantage sur de la culture agni. On découvre donc la semaine
sacrée avec la sortie de prison de Méledouman pour la recherche de sa carte
d’identité. Cette quête se transforme pour le héros en un retour aux sources afin de
se ressourcer et de mieux embrasser sa culture pour affronter le commandant. A
l’occasion, de nombreux aspects de la culture agni sont ainsi dévoilées. Enfin le
passage voué à la semaine sacrée s’explique par l’intrusion de la tradition dans le
récit, tandis que les poèmes se justifient par la recherche d’une nouvelle forme
d’écriture.
LE DIALOGUE :
le roman mêle les genres. Plusieurs chapitres, entièrement dialogués, sont plus
dramatiques que romanesques; les personnages, stylisés (ou caricaturés) à grands
traits, se rapprochent des personnages Épiques.
LE FANTASTIQUE :
certains passages, l’histoire prend des allures d’un récit fantastique :
Au cours de sa libération conditionnelle d’une semaine, Mélédouman rentre chez
lui avec sa petite fille et découvre des choses auxquelles il ne peut donner aucune
explication. Ses hésitations (il est aveugle), et les descriptions de sa petite fille,
Ebah Ya, donnent au récit une tonalité fantastique. Face au décloisonnement des
murs, à la disparition de sa propre concession, le héros se demande s’il est face à
des faits étranges ou merveilleux. La fille décrit les maisons, en ces termes :
Je vois bien son toit, mais pas les murs ! Par contre, celle du vieux Anoh, elle a
bien ses murs, mais pas son toit, et les murs ne touchent pas la terre : ils sont
suspendus comme un morceau de ciel […] Mélédouman ne fut guère étonné de
pouvoir traverser la maison en touchant le toit suspendu, semblable à un pont de
lianes sur un fleuve, ce qui confirme bien la vision extraordinaire de la petite Ebah
Ya.
L’ABSURDE :
La trame de toute l’histoire romanesque de La Carte d’identité se fonde sur
l’absurde.
le commandant reçoit Mélédouman, après que celui-ci a passé une semaine à
parcourir toute la ville, à la recherche de sa pièce d’identité, et lui présente ses
excuses en lui signifiant que c’est lui qui détenait sa carte d’identité :
Oui Nanan, voilà, l’erreur provient d’un de mes gardes. Il avait ramassé votre carte
d’identité je ne sais où. On a cru y déceler des ratures. On a donc cru à une
falsification, faux et usage de faux, c’est très grave, d’une part, et d’autre part, le
nom était quelque peu effacé. Pour s’en assurer, on a voulu vous demander votre
carte d’identité. Ainsi, ou vous aviez la vôtre et ce n’était pas elle qui était falsifiée,
ou vous ne l’aviez pas et les soupçons de falsification se transformaient en
certitude.
ayant pratiqué plusieurs genres, Adiaffi adapte plusieurs techniques de l’oralité, alternant
poésie et prose, alliant symbolisme et réalisme, impliquant le lecteur par le procédé des
questions-réponses. Cela ne l’empêche de puiser autant dans des discours philosophiques
que dans le langage populaire, de passer de l’onirisme à l’exhortation à la solidarité des
peuples.
a) Les interjections
b)La ponctuation :
Les adjectifs qualificatifs et les adverbes de ces six phrases renvoient aux
thèmes relatifs à la beauté de la culture agni, à la résistance du Noir, à la
célébration des faits et aux objets culturels négro-africains. Aussi, dans la phrase
13, l’adjectif épithète liée « belle » établit-il l’équilibre de la valeur de toutes les
langues. D’ailleurs, l’adverbe d’égalité « aussi…que » le confirme dans la phrase
14 « aussi belles que les autres langues. ». L’adverbe de négation « Ne…jamais
» de la phrase 15 traduit le refus, le rejet de l’emprise de l’Occident et confirme la
priorité accordée aux langues maternelles africaines. A travers l’épithète liée «
propre », l’auteur s’approprie la lutte, la défense des valeurs culturelles noires.
ACTIONS COMBINATOIRES DE L’ADJECTIF QUALIFICATIF ET DE L’ADVERBE DANS
L’ECRITURE DU REFUS DE JEAN-ADIAFFI Yao Kouadio Jean
c) L’ironie :
L’ironie se révèle également à travers le nom attribué au commandant de cercle
dans La carte d’identité. En effet, le commandant Kakatika est un courtaud mais
il reçoit cet anthroponyme qui le désigne comme le monstre géant. Cette
dénomination est l’expression de la moquerie des habitants de Béttié qui
subissent la colonisation qu’incarne cet homme inhumain, mais surtout elle
permet d’évacuer la peur et de désamorcer le tragique de la situation. Dans tous
les cas, les anthroponymes et toponymes révèlent, dans leur ensemble, des
effets de sens qui permettent de montrer le ridicule de certaines situations.
La singularité de la démarche stylistique de l’écrivain réside, par ailleurs, dans la
transposition brutale des expressions en langue agni qui déroutent le lecteur non
averti. Il est alors obligé d’expliquer suivant un mode de traduction interne qui lui
permet, tout en mettant en avant les effets stylistiques ou des intérêts littéraires
évidents, de faire interférer ou superposer la langue française à sa langue
maternelle. Il tente ainsi de combler ou de réduire l’écart sémantique qui existe
entre lui et les lecteurs ignorant sa langue. D’où, l’intérêt et la présence de gloses
métalinguistiques rendues visibles par des artifices typographiques (parenthèse,
double tiret, italiques, virgules) jouant le rôle d’éléments traducteurs. Mais
également, des appositions sous forme de mots composés et de tirets servant à
rendre la synthèse expressive. Ce procédé d’écriture favorise une intégration de
mots « excentriques » (néologisme ou mots de la langue locale), tout en
permettant de conserver l’unité de l’énonciation. Dans d’autres cas, l’élément
métalinguistique provoque, quelque peu, un effet de rupture, à force de
s’intercaler entre le terme apposant (le nom en langue locale) MOTIVATION
ONOMASTIQUE DANS LES ŒUVRES LES NAUFRAGÉS DE L’INTELLIGENCE ET LA
Les écrivains postmoderne notent clairement et sans ambiguïté ce que d’autres ont
voilé par des expressions nuancées. Le grossier devient tout simplement ordinaire
et normal sous leur plume. On en déduit une nouvelle forme de voir et d’interpréter
les faits. L’irrévérence et l’insolence évoquées tournent l’attention vers la
dépravation des mœurs.
Engagement littéraire
l’auteur met en relief l’esprit de combat. Il se définit un statut : l’éveilleur de
conscience. Il est celui qui éclaire les autres ; ADIAFFI veut être celui qui
définit la voie à suivre pour la liberté du Négro-Africain. Alors, la rébellion
littéraire paraît la meilleure arme de combat.
Conclusion :
La carte d’identité est un roman qui a donné lieu à la détermination de Jean-
Marie ADIAFFI. A travers son écriture, il évoque son goût pour la liberté d’écriture
qui préconise la liberté de penser et d’agir.
LE TEMPS –
"Le roman africain est soumis au temps aussi bien par sa source d'inspiration que dans
son evolution et dans sa structure interne". (1) A cet egard, la plupart de nos romans se
trouvent impliques dans un cadre temporal precis. C'est le temps historique ou le temps
social qui, selon Balzac , "sert dater bien qu i ll se donne une allure de fiction. C'est
celui qui fixe l'objectif du recit parce qu'il permet un dedoublement ou une superposition
selon le cas, des evénements, des personnages. C'est le temps que les romanciers
appellent le temps de l!aventure", utilise comme procede de voilement ou de
devoilement" (2).
Jean-Marie Adiaffi (La carte d'Identite) adopte le calendrier rituel de la semaine sainte
agni doublant ainsi le sens du livre et celui de sa forme.
L'ESPACE
"Les evenements qui composent une histoire outre qu’ils affectent des personnages -
se deroulent dans un certain cadre, un certain milieu" (1). L i espace est pour ainsi dire
le receptacle dans lequel se developpent tous les rapports" (2)
Dumortier et Plazanet, op.cit., p. 29
Kotchy, op.cit., p. 147
Le Bettié ou le noir malade de blanc - va se dresser contre lui est un Bettié "constitue
de deux quartiers principaux comme toutes les villes coloniales • ) les deux quartiers se
tournant le dos pour eviter de se regarder dans les yeux rendus farouches par deux
volontes opposees" (La Carte d'Identite- p. 17).
C'est une opposition qui nous lance directement dans le discours romanesque qui
consiste pour le noir de s'affirmer face au regard reducteur des Blancs. Tout compte
fait, il ressort de ce roman que ce n'est pas dans ces lieux clos qui ne menent nulle part
et ou l'avenir reste immobile que nos protagonistes entendent rester. Ils ont des
espaces de leurs reves, des espaces meilleurs. Phénomènes d’écriture dans le roman
africain (de la rationalité et de l’émotivité) Irène Othieno Littératures. 1989.
LA RECONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ CULTURELLE
Ici la cécité n’est pas un obstacle à la quête car la carte d’identité n’étant qu’« un
simple papier » ], la véritable identité coïncide avec celle de la communauté. Et on peut
la découvrir, même les yeux bandés. Quant au motif du miroir, le personnage admire
non pas sa propre image, mais son patrimoine culturel
La religion traditionnelle est aussi présente dans le roman de Jean-Marie Adiaffi, comme en
témoigne Mélédouman, le héros itinérant, qui évoque le bois sacré, ses fétiches et ses
masques Mais, dans l’espace public que se disputent les Bettié et les colonisateurs, l’animisme
entre en conflit avec le christianisme incarné par le Père Joseph. Ce dernier, propagateur d’une
foi décrétée universelle, brûle, tel un pyromane, les fétiches. Quant aux belles statuettes, il les
collectionne pour décorer son salon ironiquement appelé le « bois sacré urbain ». De surcroît,
l’ecclésiastique, qui ignore les vertus de tolérance et de compréhension, est soupçonné
d’entretenir une contrebande florissante des œuvres d’art ainsi arrachées « aux mains
païennes des génies forestiers »
Ayant rencontré un élève encombré du « collier de honte que l’on faisait porter aux enfants des
écoles qui s’étaient rendus coupables d’avoir parlé dans leur langue maternelle » Mélédouman
pose la question suivante : « En quoi est-ce un crime de parler sa propre langue ? » Et, quand
monsieur Adé vante la beauté et la richesse de la langue française, en traitant les langues
africaines de patois et de dialectes, le protagoniste réplique : « […] toutes les langues sont
belles pour ceux qui les parlent, pour ceux dont c’est le moyen de communication » A l’issue
de ce dialogue à visée argumentative et polémique, Mélédouman semble avoir pris le dessus
sur le maître d’école. Mais personne ne peut nier la situation de diglossie préjudiciable à nos
idiomes et, par voie de conséquence à notre être culturel et spirituel : « La langue maternelle
reste le support fondamental de l’identité dans la mesure où elle structure non seulement le
sujet individuel […] jusque dans son inconscient […] mais aussi le sujet collectif » .