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L’étude harmonique
« Une équation à résoudre en régime harmonique, c’est une équation qui chante fort et clair sa solution...»
Luc Lasne
Dans la plupart des équations de la physique, des équations de propagation aux équations
de Maxwell, jusqu’à l’étude des circuits électriques, de la mécanique, etc apparaissent de
nombreuses dérivées, premières et secondes, partielles ou totales... Or, opérer une
dérivation dans une équation conduit à une « équation différentielle » dont la résolution
n’est pas toujours de tout repos, au minimum malaisé et souvent difficile. Parallèlement à
cela, la plupart des phénomènes naturels font apparaître des oscillations, des ondulations, et
souvent des combinaisons de plusieurs oscillations élémentaires. Toutes les parties de la
physique sont concernées par des théories basées sur des natures ondulatoires : la
mécanique, l’électromagnétisme, l’optique, et même la gravitation ! Les grandeurs
physiques sont ainsi souvent le résultat de la combinaison d’oscillations, comme par
exemple la surface représentée sur la courbe modélisée de la figure 3.1.
Dans ce cadre, beaucoup de phénomènes se modélisent, de façon très courante, par des
décompositions en fonctions sinusoïdales (décomposition de Fourier) combinées dans des
équations différentielles, ou des équations aux dérivées partielles.
Cette décomposition des grandeurs en fonctions sinusoïdales porte souvent le nom
« d’étude en régime harmonique » et s’appuie généralement sur un allié de taille :
l’exponentielle complexe. L’usage consiste alors à résoudre les équations d’intérêt en
supposant les solutions sinusoïdales et en « remplaçant » précisément ces fonctions
sinusoïdales par leurs exponentielles complexes équivalentes, qui offrent un avantage
inestimable : la grande facilité avec laquelle elles se dérivent ou s’intègrent.
Les bases de l’étude harmonique et « l’Amplitude complexe »
Les premiers recours à l’écriture exponentielle pour résoudre des équations portant sur des
fonctions sinusoïdales sont associés à un problème bien précis et facile à appréhender : la
détermination de la somme (ou de la différence) de fonctions sinusoïdales d’amplitudes et
de phases différentes, mais de même fréquence.
Imaginez que nous recherchions absolument quelle amplitude et quelle phase présente la
fonction s’écrivant comme la somme suivante :
(
*%. &' * F
+ 1,15 rad
t Re
(
'
$%. & )
Comme ce terme est « commun » à toutes les grandeurs, et que de plus son module vaut 1,
il est possible de ne « pas en tenir compte » pour le calcul des amplitudes et des phases, et
ainsi de ne s’intéresser qu’au nombre complexe CONSTANT suivant ( les couleurs des termes
correspondent à celles des vecteurs ):
On parle dans ce cas du calcul de « l’amplitude complexe » de la fonction , qui sera notée
et qui nous fournira de façon très simple la valeur de l’amplitude de la sinusoïde résultante
ainsi que sa phase.
En effet, on peut simplement décomposer en partie réelle et imaginaire en écrivant :
5 . 5. √3 20
L’amplitude 7 de la fonction 8 correspond alors simplement au module de 7 :
9 9 :5² 5. √3 20 ² 12,393
Et la phase + se calcule naturellement avec l’argument (l’angle que forme dans le plan
complexe, par rapport à l’axe des réels) :
5. √3 20
= >?@ AB C D 1,1555 ?AE
5
Tous ces résultats sont obtenus de façon analytique, et correspondent bien sûr à la
construction graphique représentée sur la figure 2.3.
En d’autres termes, l’écriture complexe révèle le fait que les signaux sinusoïdaux peuvent
être vus comme des composantes de vecteurs tournants, mais comme le fait qu’ils
tournent n’influe pas sur le calcul des amplitudes et des phases, on s’intéresse de façon
plus simple à des vecteurs fixes !
Dérivation et intégration en régime harmonique
Dès lors qu’on accepte l’idée de remplacer les fonctions sinusoïdales par leurs équivalents
complexes, il est naturel de se demander si le bénéfice est réduit à la simplification des
sommes et des différences. En réalité, un bénéfice bien plus important apparaît quand on
s’intéresse à la dérivation et à l’intégration.
En effet, la dérivée d’une fonction en >. sin = est F
>. . cos = .
Il est aussi possible de l’écrire F
>. . sin = .
"
L’avantage apporté par ce formalisme est énorme en réalité, et il constitue la base même
d’une grande partie de l’analyse de Fourier, de l’analyse harmonique en somme, et même de
l’extension apporté par le formalisme de Laplace, les transformées en z, etc…
Cet avantage réside dans le simple fait que l’utilisation de l’exponentielle complexe, ou des
amplitudes complexes permet de réduire les équations différentielles à des équations
simples, à termes constants (complexes, mais constants) !
Ayant calculé ces deux termes avec les valeurs connues de la pulsation et des divers
coefficients, il restera à écrire :
. sin =
Quelle simplicité pour une équation du second ordre à second membre variable !
8 5 \. 123 45 7 5 \. ^'45
ℐm(F)
F(t) t
t ℛe(F)
\ $
_ %, $ ] 5 \. ^ _.5
. 123 45 b 5 \. ^ _.5
. ^'45
ℐm(G)
G(t) t
t ℛe(G)
Posons-nous alors une question : est-il possible par exemple de trouver pour chacune de ces
deux fonctions une équation différentielle dont elle serait la solution ?
- Pour , la réponse n’est pas compliquée à trouver : il suffit de dériver deux fois de
suite l’expression de la fonction pour obtenir :
X²Y
FF
X ²
>. "
. sin "
. .
X²Y
Autrement dit l’équation voulue est : "
. 0
X ²
XU [
Soit : A" . O 2A. . >. T.
. cos ωt ². O
X U
XU [
Ou encore : X U
A² ² .O 2A. . >. T.
. cos ωt
Cette dernière expression n’est pas bien « parlante » et la dérivation des produits de
fonctions laisse pas mal de chances de faire des erreurs ou de mal regrouper les termes…
Bref, le développement est un peu malaisé et l’équation obtenue mêle des termes en
cosinus aux termes en sinus, ce qui est un peu gênant.
Regardons alors maintenant la partie droite de la figure 3.3. On y représente successivement
dans le plan complexe les deux fonctions : >. et c >. T. . (pour
cette dernière la diminution progressive de l’amplitude correspond à l’aspect en spirale de la
courbe au fil du temps).
Ici les fonctions et O représentent respectivement les parties imaginaires de et c ,
ou encore, dans le plan complexe, les projections sur l’axe vertical des vecteurs que
représentent les nombres complexes et c .
Ce qui est crucial à noter alors, c’est que les opérations mathématiques sont en général
beaucoup plus aisées sur et c car elles ne font apparaître que des formes exponentielles
dont les dérivées sont triviales.
Reprenons alors notre question précédente : est-il possible de trouver pour chacune de ces
deux fonctions une équation différentielle dont elle serait la solution ? Mais utilisons
maintenant les équivalents complexes pour faire le calcul :
- Pour la fonction : F
. >. et donc : FF "
. >. "
.
On retrouve facilement l’équation : FF "
. 0, que vérifiera aussi .
Ainsi : cH A . . >. T! . .
et cHH A . ². c
La simplicité de la démarche est confondante : on obtient sans difficulté une équation
très compacte reliant c et sa dérivée seconde. Les coefficients de cette équation sont
complexes bien sûr, mais sa résolution se fera avec les mêmes moyens que dans le cadre
de n’importe quelle équation différentielle de second ordre !