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Résumé : La ferrorésonance est un phénomène fortement non linéaire dont l’origine réside dans la saturation
d’une bobine à noyau de fer en association avec un condensateur. La manifestation du phénomène conduit à de
brusques, et très importantes, évolutions des tensions et des courants du circuit, et se révèle particulièrement redoutable
lors de mises sous tension de transformateurs industriels sous haute tension. Si un précédent article [1] exposait la
modélisation et le principe de simulation du phénomène en régime monophasé, cette étude reprend en un premier temps
l’approche du circuit ferro-résonant monophasé, puis l’étend à la simulation de plusieurs expériences portant sur des
cas triphasés. Parallèlement à une approche expérimentale systématique, des modélisations et des simulations sont
menées de manière à valider la mise en oeuvre des méthodes et de l’impact des grandeurs critiques du système.
L’intégralité des résultats est obtenue à partir d’acquisition de signaux réels en régime de ferrorésonance et de
l’utilisation du logiciel libre Scilab 5.3 pour l’extraction des données et les simulations temporelles des équations des
circuits.
Les amplitudes des grandeurs sont notées de La loi de maille qui régit les grandeurs s’écrit :
manière à s’affranchir des calibres utilisés et la
V R.I j.L.I 1 .I
figure 3 représente, de façon synthétique, un graphe j.C
relevant les valeurs efficace et maximale de la
tension VC en fonction de V . Ou encore : V (R j(L 1 )).I
C
Dans cette expression, le terme L représente la
VCmax
réactance de la bobine qui, à cause de la saturation
magnétique du noyau, dépend de la valeur du
courant qui la traverse à cause. Dans le cadre de
l’étude simplifiée, il est ainsi possible de supposer
VCeff que cette réactance présente, en fonction du courant
efficace du circuit, l’allure L(I). reportée sur la
figure 5.
Réactances
V
(V) L(I).
Figure 3 : vCeff et vCmac en fonction de V 1/C
Observations :
Pour une valeur bien précise de V , les L(I). - 1/ C
amplitudes et les allures de ces grandeurs IC I
augmentent très brutalement. La tension 0
maximale sur le condensateur atteint presque Zone « inductive » Zone « capacitive »
400V avec une tension d’entrée qui ne dépasse
Figure 5 : Réactances du circuit en saturation
pas 150V.
Le terme 1/C représente la réactance du inductif. Après le déclenchement, la réactance
condensateur et ne dépend pas de la valeur du devient négative et le circuit s’avère capacitif.
courant. Il est alors facile de déduire l’allure de la
Si cette explication a le mérite d’être assez simple,
réactance globale du circuit : L(I). 1 ,
C et de mettre en évidence des conditions globales
représentée également sur la figure 5. d’apparition du phénomène, il faut en revanche
reconnaître qu’elle s’avère insuffisante à cause des
Ce graphe fait ainsi apparaître une valeur de points suivants :
courant « critique », notée IC , qui correspond à la L’amorçage du phénomène semble difficile
nullité de la réactance globale du circuit. Lorsque à cerner et à chiffrer à cause de l’instabilité de
cette valeur de courant est atteinte, le circuit n’est l’équation.
plus équivalent qu’à sa seule résistance : R . Deux La restriction du raisonnement au premier
cas de figure bien différents peuvent alors se harmonique semble difficile à soutenir étant
produire : donnés les allures très déformées des signaux
Si R Vmax ( Vmax représentant la valeur réels.
IC La caractéristique réelle de la courbe
efficace maximale de la tension présentée au L(I). semble également très hasardeuse à
cicuit), le courant critique n’est en fait jamais
utiliser étant donné que l’inductance de la
atteint et la ferrorésonance ne se déclenche pas.
bobine dépend en réalité des valeurs
Si R Vmax , il existe une valeur de la instantanées du courant, dont les maximales
IC
tension V qui correspond au passage du peuvent propulser le circuit en état de
courant critique dans le circuit. La réactance ferrorésonance alors que la valeur efficace reste
s’annule alors et le courant est projeté vers une inférieure à IC .
Pour toutes ces raisons, il apparaît nécessaire
valeur proche de Vmax IC . Il se produit donc d’envisager une modélisation en valeurs
R
un saut de la valeur du courant, à partir d’un instantanées des éléments du circuit et tout
particulièrement de l’inductance de la bobine.
état stable à faible courant vers un second état
stable dont le courant est beaucoup plus élevé. 2.3. Modélisation de l’inductance
On comprendra qu’en réalité il n’est pas Pour arriver à comprendre et surtout à savoir
nécessaire d’atteindre exactement le courant le simuler de phénomène, il est nécessaire de procéder
courant critique pour que le système s’emballe. à une modélisation rigoureuse de l’inductance
En effet, comme la croissance du courant fait saturable. Ce type de modélisation est assez
chuter la valeur de la réactance, et que cela classique en électrotechnique et conduit au schéma
impose une nouvelle croissance du courant, il électrique équivalent de la figure 6.
semble inévitable qu’un phénomène instable se L(i)
i(t)
déclenche bien en deçà de la valeur IC .
Par ailleurs, la réactance du condensateur met aussi vL(t)
en évidence une condition à l’apparition de la
ferrorésonance : Rf
Si 1 (L(I).) max ou si 1 (L(I).) min ,
C C i(t) RL Leq(i)
il n’existe plus de point critique et la iLeq(t)
ferrorésonance ne se déclenche pas. Le vLeq(t)
phénomène ne peut donc apparaître que si le vL(t)
condensateur appartient à une plage assez Figure 6 : Schéma équivalent de la bobine
restreinte de valeurs.
Pour cerner les différents éléments de ce schéma, il
Enfin, on remarquera qu’avant le déclenchement et est important de noter les points suivants :
le passage au point critique, la réactance du circuit Le bobinage de l’inductance présente, de
est positive, ce qui revient à dire que le circuit est
par la longueur des fils qui le constitue, une
résistance équivalente : RL à dissocier de 2.4. Expérience, mesures et caractérisation des
l’inductance elle même. grandeurs du modèle
La loi de Lenz, qui régit l’auto-induction de L’expérience réalisée dans la partie 2.1 suffit en
la bobine s’écrit, étant le flux total induit : réalité, à travers l’utilisation du logiciel Scilab, à
l’extraction de la fonction Leq (i ) . En effet :
d d
vLeq(t) (L(iLeq).iLeq(t)) . Des mesures additionnelles (mesures à
dt dt
C’est à dire : l’Ohmmètre et mesures de puissances)
dL(iLeq (t )) diLeq (t ) permettent, pour l’inductance de l’expérience,
v Leq (t ) .iLeq (t ) L(iLeq (t )). de chiffrer : RL 1,32 et R f 1249 .
dt dt
Il est possible de regrouper les termes de Ensuite, l’utilisation d’un oscilloscope
cette expression en écrivant : numérique permet l’acquisition des grandeurs
dL(i Leq ) di Leq di Leq(t) vL (t ) et i (t ) conformément à la saisie d’écran
v Leq(t) . .iLeq(t) L( Leq i(t)). ,
di Leq dt dt représentée sur la figure 7.
ou encore :
dL(iLeq ) diLeq(t)
v Leq(t) .iLeq(t) L(iLeq(t)) . .
di dt
L’équation courant/tension de l’inductance
diLeq (t )
peut ainsi s’écrire v Leq (t ) Leq (i ) ,
dt
dL(i (t )) vLeq(t)
avec : Leq (i ) .i (t ) L(i (t )) une
di
fonction du courant à identifier pour
caractériser l’inductance.
Parallèlement, les magnétisations et
démagnétisations périodiques du circuit iLeq(t)
magnétique causent des pertes par courants de
Foucault et des pertes dues à l’hystérésis. Ces
phénomènes sont classiquement modélisés par diLeq/dt
la présence d’une résistance équivalente en
parallèle avec l’inductance : R f dont la
Figure 7 : Saisie d’écran et reconstitution de vLeqet iLeq
puissance dissipée correspond à celle perdue
par l’échauffement du matériau magnétique. La sortie « fichiers » de l’oscilloscope permet
Les équations qui régissent ce modèle sont ainsi les
suivantes :
de récupérer les données sous Scilab sous la
forme de tableaux de valeurs, ou encore sous la
forme de matrices uni-colonne : [t ] , [vL ] et [i ] .
v L (t ) RL .i (t ) v Leq (t )
di Leq (t ) Il devient alors possible de calculer les
v Leq (t ) Leq (i ). évolutions de [vLeq ] [vL ] RL .[i ] et
dt
i (t ) i Leq (t ) v Leq t ) / R f
( [iLeq ] [i ] (1 / R f ).[vLeq ] , dont les graphes sont
représentés également sur la figure 7.
Caractériser complètement cette inductance A ce stade, il est nécessaire de calculer les
reviendra donc à préciser les valeurs des résistances di (t )
valeurs de la dérivée : Leq pour pouvoir
RL et R f et surtout l’intégralité des valeurs de la dt
fonction Leq (i ) . remonter à la fonction Leq (i Leq ) . Pour ce faire,
des méthodes de dérivation directe sur de tels
signaux échantillonnés donnent des résultats
très bruités et presque inutilisables. En Leq max Leq modèle (H)
revanche, l’identification des coefficients de la
décomposition en série de Fourier de [i Leq ]
permet le calcul analytique de la dérivée, avec
très peu d’introduction de bruit de calcul.
Il suffit alors de formes les matrices :
a0 Courbe pour
a Courbe pour
1 i croissant
iLeq (t1 ) i décroissant
i (t ) b1
Leq 2
[iLeq ] M .a 2 M .[a, b]
...
b2
iLeq (t N ) iLeq
...
...
avec : Figure 8 : Fonction Leq(iLeq) mesurée et modélisée
1 cos(t1 ) sin(t1 ) cos(2t1 ) sin( 2t1 ) ... ...
1 cos(t ) sin(t ) cos(2t ) sin(2t ) ... ... Il apparaît sur la courbe mesurée un trajet différent
2 2 2 2
M 1 cos(t 3 ) sin(t 3 ) cos(2t 3 ) sin( 2t 3 ) ... ... suivi par l’inductance Leq (i Leq ) lors de la
... ... ... ... ... ... ... croissance du courant et lors de sa décroissance.
... ... ... ... ... ... ... Ceci est évidemment le reflet de l’hystérésis
magnétique et on comprend donc que la
Pour obtenir les valeurs des coefficients de la série modélisation fine du circuit passera par la saisie
de Fourier par inversion : d’un modèle à deux courbes. La figure 8 représente
[a, b] M 1 .[i Leq ] Pinv ( M ).[i Leq ] . ainsi les deux courbes retenues pour la construction
du modèle, dont la valeur maximale est notée
Ceci étant fait, la dérivée i Leq _ dot est calculable Leq max .
analytiquement : [iLeq _ dot ] dM .[a, b] , avec :
dt En réalité cette valeur est soumise à interprétation
0 .sin(t1 ) . cos(t1 ) 2. sin(2t1 ) 2. cos(2t1 ) ... ...
0 . sin(t ) . cos(t ) 2.sin(2t ) 2. cos(2t ) ... ...
et, on le verra plus tard, sera critique dans le seuil
dM
2 2 2 2
0 . sin(t 3 ) . cos(t 3 ) 2. sin(2t 3 ) 2. cos(2t 3 ) ... ... de déclenchement du phénomène. Quoi qu’il en
dt
... ... ... ... ... ... ... soit, la fonction retenue pour Leq (i Leq ) reviendra à
... ... ... ... ... ... ...
un tableau de valeurs utilisable dans les simulations
(en tant que « look up table » en somme).
Il ne reste plus qu’à calculer le quotient terme à
terme : [ Leq] [v Leq ] /[i Leq _ dot ] pour obtenir, le
tracé de Leq (i ) représenté sur la figure 8. 2.5. Simulation sous Scilab Xcos et confrontation
du modèle
Leq mesure (H) Disposant de la fonction Leq (i Leq ) , il semble
possible de simuler les équations électriques
temporelles du circuit avec plusieurs types d’outils
mathématiques.
t (s)
i(t)
Calcul de
VL=V-R.i-RL.i-VC
Calcul de VC
vC(t)
Calcul de i à
partir de VL
Arrêt Amorçage
ferrorésonance ferrorésonance
V=90 V V=100 V
Figure 9 : Schéma bloc xcos (Scilab) du circuit Imax=0,35 A Imax=6,2 A
VCmax=40 V V Cmax=310 V
v(t) v(t)
Le plus intéressant dans ce schéma est le bloc
permettant de calculer le courant i (pour des
raisons pratiques, la présence de la résistance R f
est négligée, ainsi i Leq i ). Ce bloc fait apparaître i(t) i(t)
di v Leq
l’intégration de , Leq (i ) étant obtenu
dt Leq (i )
v C(t) vC(t)
par le tableau de valeurs sélectionné par le signe de
la dérivée, c'est-à-dire par la croissance ou la
décroissance du courant.
La figure 10 présente ainsi les relevés des Figure 9 : Simulation monophasée sous Scilab xcos
simulations (tension d’entrée v(t) , courant i (t ) et
tension vC (t) ) effectuées pour une tension d’entrée VCmax expérience
dont l’amplitude initiale de 150 V est
progressivement ramenée à zéro puis élevée à 150V
à nouveau, et ce en 30 secondes (donc en régime
VCmax
simulation
périodique quasiment établi pour chaque valeur de
tension).
V=220 V
V=220V
I1max=7,6 A
I3max=7,6 A
K2 fermé C=22 uF INmax=6,2 A
V=150 V VC1eff=220 V
V=150V
i1(t) I1max=0,5 A VC1max=400 V
iN(t) i3(t) I3max=0,5 A
INmax? 0 A Figure 13
vC1(t) VC1eff=130 V
VC1max=200 V
K2 ouvert C=22 uF
V=160 V V=170 V
V=160V V=170V
I1max=1,2 A i1(t) I1max=1,2 A
I3max=1,2 A iN(t) i3(t) I3max=1,2 A
INmax=0,8 A INmax? 0 A
VC1eff=166 V vC1(t) VC1eff=146 V
VC1max=240 V VC1max=220 V
V=180 V V=180V
V=180 V
V=180V
I1max=2,8 A I1max=2 A
I3max=2,8 A I3max=2 A
INmax=2 A INmax=3,4 A
VC1eff=174 V VC1eff=185 V
VC1max=260 V VC1max=300 V
V=200 V V=210 V
V=200V V=210V
I1max=2,16 A I1max=6 A
I3max=2,16 A I3max=6 A
INmax? 0 A INmax=5,6 A
VC1eff=168 V VC1eff=200 V
VC1max=260 V VC1max=320 V
V=220 V V=170 V
V=220V V=230V I1max=6,4 A
I1max=8,8 A
I3max=8,8 A I3max=6,4 A
INmax=6,8 A INmax? 0 A
VC1eff=244 V VC1eff=195 V
VC1max=380 V VC1max=300 V
Figure 15 Figure 14