Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
La première journée d’étude de ce cycle sera consacrée aux émotions littéraires telles
qu’elles sont perçues, décrites, exploitées par les scientifiques, et tout particulièrement au sein
de la médecine narrative et des neurosciences cognitives.
La médecine narrative est une approche initiée par Rita Charon 1 qui vise à développer
des capacités d’écoute au sein du corps médical, à améliorer la qualité de la relation
médecin/malade et à encourager la réflexion sur leur pratique professionnelle. Elle est basée
sur une connaissance et une reconnaissance des modalités du récit et de sa force de
structuration de l’expérience pathologique. La littérature devient ainsi le terrain sur lequel
soignant comme soigné mobilisent (remobilisent, démobilisent) la dimension narrative du
« prendre soin ».
Quelle est la place des émotions littéraires dans cette approche émergente ?2 Comment
cette place est-elle pensée par la manière dont la neuropsychologie cognitive conçoit
aujourd’hui les émotions littéraires ? Celles-ci sont-elles particulières, uniques, passagères,
irréversibles ? Quels liens entretiennent-elles avec la mémoire ? Partagent-elles certaines
modalités avec d’autres types d’émotions ?
Cette journée d’étude transdisciplinaire vise à intégrer ces questionnements dans une
perspective médicale ouverte aux applications pratiques de la recherche sur les émotions
littéraires, sur leurs caractéristiques et sur leurs modes de présence au monde.
1Professeurde médecine clinique et directeur du programme de médecine narrative à l’Université Columbia. Elle
est également docteur en littérature et s’est tout particulièrement intéressée à la question des points de vue dans le récit.
2 Voir prochainement colloque Narrative and Medicine : caring for future, Contexts and practices
acrossdisciplines , 5-6 mars 2015, Lisbonne.
Veuillez faire parvenir vos propositions de communication (Titre, résumé de 150
mots, brève notice biographique) à Bérengère Voisin et Pierre-Louis Patoine pour le 1er avril
2015.
Contacts :
berengere.voisin@univ-rouen.fr
pierre-louis.patoine@univ-paris3.fr
3 Georges Didi-Huberman, Quelle émotion ! Quelle émotion ?,Bayard Jeunesse, Paris 2013, coll. « Les Petites
conférences ».
4 Michel Collot, La Matière-émotion, Paris, PUF, 1997.
5
Pierre Reverdy, Cette émotion appelée poésie, Paris, Flammarion, 1974, p.31.
littérature, de ce qu’on peut en « faire » ailleurs qu’à l’école ou à l’université et en dehors,
d’une lecture individuelle et privée. Ce qu’on peut dire des formes de survivances
(résistances ?) du littéraire dans l’espace collectif d’aujourd’hui et tout particulièrement du
rôle qu’y jouent les émotions revient à interroger ce qui dans la littérature participe de la
construction, par des pratiques spécifiques, d’un vécu commun, d’un monde partagé6. Il sera
peut-être ainsi possible de mieux décrire la force d’une expérience esthétique au sens où
Dewey la concevait : une expérience limitée dans le temps, mais qui résonne au-delà de ce
temps, qui permet au sujet d’apprécier sa condition de vivant, « un des moyens par lesquels
nous entrons, par l’imagination et les émotions (…) dans d’autres formes de relations et de
participations que les nôtres »7.
6
Anne-Claude Ambroise-Rendu, Anne-Emmanuelle Demartini, Hélène Eck, Nicole Edelman, Emotions
contemporaines, XIXe-XXIe siècles, Paris, Armand Colin, Recherches.
7 John Dewey, L’Art comme expérience, Paris, Folio-Essais, p. 382.
8 Voir notamment, L’émotion, puissance de la littérature, Modernités, n°34, 2012
http://www.fabula.org/actualites/bouju-gefen-emotion-puissance-de-la-litterature_54579.php ; Autopsie des émotions, dossier
critique n°32, avril 2014 (volume 15, numéro 4), http://www.fabula.org/acta/sommaire8643.php, Colloque Les genres
littéraires, les genres cinématographiques et leurs émotions, http://www.pouvoir-des-arts.fr/les-genres-litteraires-les-genres-
cinematographiques-et-leurs-emotions-colloque-organise-les-26-et-27-septembre-2014-dans-le-cadre-de-lanr-pda/
Organisateurs : Laurence PERRIGAULT (Rennes 2) et Bérengère VOISIN (Rouen)