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Schneider Jean. Les concepts fondamentaux et la terminologie des traités orthographiques. In: Histoire Épistémologie
Langage, tome 22, fascicule 1, 2000. Horizons de la grammaire alexandrine (1) pp. 23-34;
doi : 10.3406/hel.2000.2761
http://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2000_num_22_1_2761
Résumé
RÉSUMÉ : Cet article concerne les traités orthographiques paléobyzantins qui peuvent, d'après le
témoignage de Tryphon et de Sextus Empiricus, représenter la tradition analogiste antique et en
particulier l'uvre perdue d'Hérodien. Il vise à présenter les concepts de base et la terminologie de ces
traités. Il semble que, dans deux des trois spécialités en lesquelles se subdivisait l'orthographe
antique, aucune terminologie spécifique n'ait été élaborée. Il est en revanche possible d'y trouver une
réflexion assez profonde sur la place de l'analogie, et d'autres « canons » qui peuvent s'appliquer
quand l'analogie est mise en défaut. Ce travail peut, en partie, tenir lieu de l'index terminologique que
j'ai renoncé à adjoindre à mon livre, récemment publié, sur « Les traités orthographiques grecs
antiques et byzantins ».
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Jean SCHNEIDER
Université de Caen
RÉSUMÉ : Cet article concerne les traités abstract : This article concerns the Paleo-
orthographiques paléobyzantins qui byzantine orthographical treatises which
peuvent, d'après le témoignage de Tryphon et may, according to Tryphon's and Sextus
de Sextus Empiricus, représenter la Empiricus' testimonies, represent the analo-
tradition analogiste antique et en particulier gist tradition of Antiquity, especially
l'uvre perdue d'Hérodien. Il vise à Herodian's lost work. It aims at presenting
présenter les concepts de base et la the basic concepts and terminology of these
terminologie de ces traités. Il semble que, dans deux treatises. It seems that, in two of the three
des trois spécialités en lesquelles se specialities into which the ancient
subdivisait l'orthographe antique, aucune orthography was subdivided, no specific terminology
terminologie spécifique n'ait été élaborée. Il est has been elaborated. Nevertheless, it is
en revanche possible d'y trouver une possible to find deeper reflections on the
réflexion assez profonde sur la place de place of analogy, and of other « canons »
l'analogie, et d'autres « canons » qui which may apply when analogy is deficient.
peuvent s'appliquer quand l'analogie est mise This paper may partly serve as the
en défaut. Ce travail peut, en partie, tenir terminological index which I failed to insert
lieu de l'index terminologique que j'ai in my book, recently published by Brepols,
renoncé à adjoindre à mon livre, « Les traités orthographiques grecs antiques
récemment publié, sur « Les traités et byzantins ».
orthographiques grecs antiques et byzantins ».
MOTS-CLÉS : Orthographe ; Terminologie KEY words : Orthography ; Linguistic
linguistique ; Antiquité byzantine ; Grec ; terminology ; Byzantine Antiquity ; Greek ;
Grammairiens grecs ; Syntaxe ; Qualité ; Greek grammarians ; Syntax ; Quality ;
Quantité ; Analogie ; Canon. Quantity ; Analogy ; Canon.
scientifiques et littéraires, 3e série, tome VI, p. 133-242 (pour notre texte, p. 195-
196), Paris, 1880. Les autres manuscrits de la recension longue (Schneider 1999,
p. 75-77) n'apportent pas de variante significative. Nous n'avons pas pu voir
YAmbrosianus C 69 sup. (gr. 184) : d'après le catalogue (Ae. Martini, D. Bassi,
Catalogus codicum Graecorum Bibliothecae Ambrosianae, Milano, 1906), il présente
la recension longue au f36r., mais l'ouvrage suivant commence au verso du même
folio !
2. Sur le supplément 18, cf. Schneider 1999, p. 131-175.
3. Dans le traité de Charax et dans le supplément 18, on observe trois traits que les
introductions ne laissaient pas prévoir. D'une part, les trois « espèces » de
l'orthographe sont fortement déséquilibrées, surtout chez Charax : la « quantité » est
beaucoup plus développée que la syntaxe et la qualité. D'autre part, la « quantité »
considère l'oméga et l'èta, qui d'après la définition n'y ont aucune place. Enfin, les
quatre canons sont utilisés de manières très différentes, puisque ces traités présentent
des canons analogiques, ne recourant aux trois autres canons que pour justifier des
exceptions. Nous sommes convaincu que dans les traités antiques les trois
« espèces » étaient mieux équilibrées : cf. Schneider 1999, p. 826.
[metabolé], comme quand nous cherchons quelle [poîon] est la lettre dans
émporos, le nu ou le mu. La « quantité », d'autre part, est la recherche
relative au plus ou moins grand nombre de voyelles en fonction du mot,
c'est-à-dire au sujet d'une diphtongue ou d'une monophtongue, par
exemple comment faut-il écrire mîmos, avec l'iota ou avec la diphtongue
epsilon-iota ? Ce sont là les espèces de l'orthographe.
Canons de l'orthographe : quatre, analogie, dialecte, etymologie et
histoire. Et l'« analogie » est le canon démonstratif, l'« histoire » la
tradition des anciens, le « dialecte » le caractère particulier d'une langue,
l'« etymologie » la démonstration concise et vraie [alëthés] de l'objet
recherché, d'après étumon qui est « vrai ». Et nous corrigeons
[katorthoûmen] une graphie par l'analogie quand nous donnons un canon,
comme il est apparu pour hêmerinôs. Par le dialecte quand, écrivant
meîlikhos avec la (diphtongue) epsilon-iota, je dis « puisque les Eoliens
disent méllikhos en prononçant l'epsilon qui est en plus [proson] dans le
mot ». Par l'étymologie quand, écrivant eilotes avec la diphtongue
epsilon-iota, je dis « d'après élos », ou eilikrinës « d'après élën, c'est-à-
dire l'éclat du soleil ». Et par l'histoire quand, écrivant khîlios avec
l'iota, je dis « parce que la tradition veut qu'il s'écrive ainsi ». Il faut
connaître que l'histoire souvent s'oppose au dialecte. En effet, les Eoliens
disant khéllioi, le dialecte demande qu'on écrive avec la (diphtongue)
epsilon-iota ; mais la tradition des anciens a l'iota.
Les trois éléments de cette introduction se retrouvent, plus ou moins
précisément, dans des sources plus anciennes. Ainsi, la doctrine du double sens
d'« orthographe » figure chez Tryphon, d'après un palimpseste partiellement
lisible, le Lipsiensis gr. 24. On remarquera que, pour le mot grammatike,
Sextus Empiricus propose une distinction sémantique comparable5. La
doctrine des trois « espèces » figure chez Sextus Empiricus, aux §§ 169-175 de
YAduersus grammaticos. Malgré quelques divergences de détail6, la
description de Sextus Empiricus est tout à fait comparable à celle de
l'introduction de Charax. Le palimpseste mentionne aussi probablement les
trois espèces7. Dans le Procès des consonnes, Lucien évoque la « qualité »
(§ 5) des consonnes. En revanche, nous ne retrouvons pas véritablement la
doctrine des quatre canons dans les sources antiques. Le texte qui y ressem-
ble le plus est chez Varron, dans le fragment *1158 qui donne les quatre
éléments dont se compose (« constat ») la latinité : « natura, analogia, con-
suetudine, auctoritate » ; mais il est évident que, si l'analogie se retrouve
dans la liste de Charax, si habitude et autorité peuvent l'une et l'autre
évoquer l'« histoire », et si la nature, en tant qu'elle est en rapport avec la
naissance du mot, peut correspondre à l'étymologie, la correspondance entre les
deux listes est fort imparfaite, et d'ailleurs les explications de Varron
montrent que par « nature » il n'entend pas l'étymologie mais la possibilité ou
l'impossibilité fondée en nature d'une forme telle que « scrimbo ». D'autre
part, alors que l'« histoire » est la tradition des anciens, évidemment des
écrivains et surtout des poètes anciens, il semble que l'habitude tienne à
l'accord de beaucoup de gens (« multorum consensione ») qui ne sont pas
forcément des écrivains, et que l'autorité puisse être pour Varron celle d'un
grammairien prestigieux 9.
Ces doctrines se retrouvent dans diverses sources plus récentes. Ainsi
Choiroboscos, dans les Epimérismes du Psautier (p. 89, 14-26, Gaisford),
donne les quatre canons de l'orthographe, en les rapportant explicitement à
cette discipline ; mais la définition qu'il donne de l'analogie aux lignes 18-
19 reprend la doctrine du double sens du mot « orthographe » (Schneider
1999, p. 439). Choiroboscos donne là les exemples du supplément 18, non
ceux de Charax. Nous proposons 10 d'attribuer à Choiroboscos un texte qui
figure dans Y Etymologicum Magnum (791, 55-792, 10). Choiroboscos y
distingue deux sens du mot « histoire », qui peut désigner « l'usage qui est
supposé, comme son matériau, à la base de l'orthographe », et « le
témoignage des anciens hommes illustres qui est un outil de l'orthographe », et il
explique que l'histoire figure à la fin de la liste des canons parce que
« nous ne l'utilisons pas toujours, mais quand il n'est pas possible de
corriger le mot au moyen des autres canons, analogie, dialecte ou
etymologie»11. On retrouve les quatre canons dans un petit texte qui
figure, à peu près tel quel, dans le Vaticanus gr. 1745 (f200v.), dans le
Vindobonensis theol. gr. 203 (f43v., 1. 1-13) et, vers 1300, dans la
12. De ratione examinandae orationis libellus, Lutetiae, 1545, p. 50, 13-24 in.
13. Dans les trois sources que nous connaissons, l'analogie est seulement définie sans
être illustrée par un exemple. Pour le dialecte, le manuscrit de Vienne donne
l'exemple du supplément 18 tandis que celui du Vatican et Moschopoulos donnent
un exemple original. Pour l'étymologie et l'histoire, les trois sources donnent les
exemples du supplément 18.
14. Le manuscrit de Vienne ajoute « ou selon l'analogie », par une erreur manifeste
(Schneider 1999, p. 150).
15. Pachôme est mort en 1553. Sur ce texte, nous renvoyons à A. Baumstark,
« Lucubrationes Syro-Graecae », Jahrbiicher fur classische Philologie (21
Supplementband), 1894, p. 353-524, en particulier p. 370-372.
16. Une telle précision apparaît seulement chez Apollônios Dyscole (Schneider 1999,
p. 864-865, cf. p. 8-9).
17. La difficulté que nous éprouvons à définir précisément les espèces n'autorise pas à
inclure dans un traité orthographique antique des fragments qui évidemment ne
correspondent à aucune des trois espèces. A. R. Dyck (1993, p. 788) propose, à tort
nous semble-t-il, d'attribuer à l'ouvrage orthographique d'Hérodien un texte
d'Eustathe (496, 43-497, 1) qui n'y pourrait figurer que comme une digression,
puisqu'il s'agit du choix entre l'omicron et le digramme omicron-upsilon.
18. Schneider 1999, p. 82, p. 114 et p. 152. La « syntaxe des voyelles » qui apparaît
dans le manuscrit de Vienne repose sur un malentendu (p. 115).
19. Etymologicum Magnum, 462, 32-39 ; cf. Schneider 1999, p. 269-270, p. 11 A-Il 5.
20. Deux manuscrits d'Athènes (Bibl. Nat. 1066 et 1089) donnent sûnthesis et parâthesis
au lieu de sûllëpsis et diâstasis (Schneider 1999, p. 153 et p. 876). Des termes moins
techniques peuvent aussi être utilisés (p. 82, p. 153, p. 177), et l'on trouve epiploké
pour sûllëpsis (p. 7et 18). Le mot diâstasis peut aussi désigner une diérèse vocalique
(p. 266-267, p. 353-354, p. 358, p. 784 note 41, p. 801-802).
21. À la différence de ce qui se passe pour le point et le mobile, le même « maintenant »
ne peut pas être la fin du temps passé et le début du temps futur (220 A 12-13).
22. Schneider 1999, p. 5 et note 30. La syntaxe peut se trouver en conflit avec la
versification : p. 348-349, p. 353, p. 787-789. Elle ne distingue jamais l'usage
homérique et celui des poètes athéniens, elle ignore toute synaphie entre mots, et elle
ne saurait prescrire de dissocier les deux éléments d'une consonne double. Eustathe,
que nous citons en p. 788-789, donne la meilleure définition de la syntaxe
orthographique.
23. C'est à tort que Priscien, et Lentz, l'ont décrite en termes phonologiques : Schneider
1999, p. 777 n. 23, p. 785. Sur d'autres malentendus relatifs à la syntaxe, cf. p. 6-7,
p. 267 (à propos de dégmenos), p. 347, p. 788 note 49.
24. La sûllëpsis ne concerne jamais la consonne finale d'un mot et la consonne initiale
du mot suivant (J. A. Cramer, Anecdota Graeca e codd. manuscriptis Bibl. Reg. Par.,
IV, p. 239, 15-240, 4 ; p. 240, 26-29 ; p. 244, 7-19). Le seul cas où soient
regroupées des lettres appartenant à des mots différents concerne l'élision, puisque la
consonne devenue terminale appartient à la syllabe suivante (Schneider 1999, p. 181-
185, et en particulier note 12).
25. C'est le cas dans les deux règles propres aux Athenienses Bibl. Nat. 1066 et 1089 et
surtout dans le recueil de Timothéos de Gaza (Schneider 1999, p. 152-154, p. 181-
186).
l'on remarque que dans les manuscrits l'élision, marquée par une
apostrophe, peut bien s'accommoder d'une ligature entre la consonne
devenue finale et la voyelle initiale. Alors qu'elle fournit des critères pour
d'autres disciplines grammaticales27, elle n'est pas évoquée à propos de
qualité ni de quantité, c'est-à-dire que les trois espèces de l'orthographe ne
sont jamais en interaction28. À la différence de la syntaxe, la qualité est
dépourvue de toute terminologie spécifique, et elle s'applique aux
consonnes, tandis que la gemination des consonnes, qui relèverait de la
« quantité », n'est jamais évoquée par les orthographistes 29. La quantité, en
effet, concerne le nombre30 des lettres qui sont utilisées pour noter un son
vocalique, puisqu' après la réduction des diphtongues le même son vocalique
peut être noté par un monogramme ou un digramme. Les orthographistes
utilisent le mot « diphtongue » alors que « digramme » aurait mieux
convenu, et ce détail montre que la quantité ne dispose pas d'une terminologie
véritablement adaptée. On peut se demander dans quelle mesure l'iota
adscrit relève de la quantité31, qui dans les traités conservés concerne
principalement le choix entre iota et epsilon-iota, moins souvent entre epsilon et
alpha-iota, exceptionnellement entre upsilon et omicron-iota, faisant souvent
intervenir l'èta à côté de l'iota et le choix entre omicron et oméga. C'est le
choix entre iota et epsilon-iota qui fournit les exemples proposés pour le
26. Schneider 1999, p. 9-10, p. 153-154. Monsieur J. Irigoin m'a fait remarquer que, au
vers 1666 des Oiseaux, les deux manuscrits anciens d'Aristophane et le P. Oxy. 4516
coupent me-teînai, ce qui est conforme à une règle de syntaxe.
27. Elle est évoquée à propos de morphologie verbale ou nominale (Schneider 1999,
p. 446, p. 785-787), de pathologie (p. 439, p. 446, p. 785-787), de pneumatologie
(p. 787), d'accentuation (p. 446 ; Dyck 1993, p. 781 et note 54).
28. La syntaxe peut être évoquée dans des opuscules qui concernent la flexion des noms
en -on, qui conservent l'oméga ou le remplacent par un omicron, mais ce problème
est étranger à la définition antique de l'orthographe. Elle est souvent évoquée dans
l'ouvrage orthographique de Théognostos (Schneider, p. 338) et dans des ouvrages
tardifs (p. 585, 605, 667-668), mais il ne s'agit nullement d'un usage antique. C'est
par une simple erreur qu'on trouve une règle de « qualité » dans la section « sur la
quantité » de Charax (p. 92). C'est incidemment que la syntaxe peut influencer la
qualité (p. 775-776).
29 L'étude du nu éphelcystique ne relève nullement de l'orthographe, non plus que la
gemination du lambda au présent de certains verbes (Schneider 1999, p. 216 et
p. 354).
30. La quantité orthographique doit être distinguée de la quantité des trois dichrones et
de la quantité des syllabes métriques (Schneider 1999, p. 7). Sur l'usage de l'adjectif
« égal » à propos de la quantité orthographique, cf. p. 207, note 22.
31. Apollônios Dyscole traitait dans son ouvrage orthographique de l'iota adscrit dans la
conjugaison, mais on ne sait pas bien si Hérodien et Choiroboscos lui avaient
consacré un opuscule spécial (Schneider 1999, p. 10 note 49 ; p. 347 ; p. 794 ;
p. 865-866). L'iota adscrit est parfois étudié dans les Sur la quantité conservés, par
exemple dans le Sur la quantité publié par Cramer dans le vol. II des Anecdota
Oxoniensia : p. 298, 26-29 ; p. 307, 9-13.
double sens du mot « orthographe » et pour les quatre canons. Les règles de
quantité proposées dans les traités paléobyzantins empruntent souvent leurs
critères à la prosodie (accents et durée des dichrones), et étudient
principalement les suffixes, moins souvent l'articulation des éléments des mots
composés et la flexion, tandis que la racine des mots n'est en principe pas
étudiée. Ce n'est pas un hasard si la pathologie y intervient négativement,
quand il est précisé que la règle vaut pour les mots exempts de pathos, ou
pour expliquer des exceptions32, puisque la pathologie est étrangère à
l'analogie et qu'elle intervient surtout, comme auxiliaire de l'étymologie,
pour expliquer des particularités de la racine des mots.
Les quatre canons de l'orthographe sont, en fait, ceux de la quantité,
puisque la syntaxe est purement analogique33 et que la qualité, qui fait
parfois état de faits étymologiques et dialectaux, ne semble avoir connu qu'un
faible développement théorique. L'analogie est la constatation d'un rapport
de proportion : de ce que dans plusieurs mots on observe le même rapport
entre, par exemple, sémantique et accentuation, on déduit que cette égalité
doit aussi valoir pour la graphie vocalique 34. L'analogie, à époque ancienne,
ne prend pas en compte la pathologie, et l'on observe que, dans le fragment
53 du Sur l'orthographe d'Hérodien 35, un mot affecté d'un pathos s'écrit
sans iota (adscrit) par « tradition ». C'est évidemment par catachrèse que le
32. C'est chez Choiroboscos (Schneider 1999, p. 373-375) qu'on trouve, en assez grand
nombre, des règles où la pathologie fournit un critère positif, mais il s'agit d'une
innovation qui doit être liée à l'usage d'une tradition non orthographique. Chez
Charax, une exception peut être expliquée par un accident (Schneider 1999, p. 104),
et l'on retrouve cet usage négatif de la pathologie dans le Sur la quantité publié par
Cramer (Anecdota Oxoniensia, II, p. 285, 2-3 ; p. 288, 17 ; p. 289, 14-15 ; p. 289,
32 ; p. 290, 6-9 ; p. 292, 2-5 ; p. 297, 34 ; p. 298, 9-14 ; p. 303, 16-17 ; p. 304, 6-
7 ; p. 312, 19-29). Cet ouvrage présente aussi quelques cas où la pathologie fournit
un critère positif : p. 306, 30-32 ; p. 312, 34-313, 2 ; p. 315, 11-13.
33. Les canons de syntaxe de Timothéos de Gaza sont qualifiés d'universels, peut-être au
sens où ils traitent exhaustivement le sujet, ou bien au sens où ils sont strictement
analogiques et n'admettent aucune exception (Schneider 1999, p. 17, cf. sur
« universel » p. 345 ; p. 782, note 36).
34. Schneider 1999, p. 218-221. De manière plus empirique, l'analogie peut aussi être
définie comme « la juxtaposition de nombreux noms semblables » (Sextus Empiricus,
Contre les grammairiens, § 199, p. 51, 6-7, Mau), et cette formulation se retrouve à
peu près dans le petit texte du Vaticanus gr. 1745, du Vindobonensis theol. gr. 203
et de Moschopoulos. On la retrouve aussi dans les Epimérismes du Psautier (p. 4,
24-26), à propos d'un mot isolé (monêres) que « nous signalons et ne réglons pas »
(semeioûmetha kai ou kanonizomen).
35. Comme le citateur ne donne pas de titre, on ne peut être sûr qu'il appartienne à cet
ouvrage, et l'on pourrait aussi le rattacher au traité pathologique d'Hérodien, d'autant
plus qu'Hérodien y critique Didyme et que son Sur les accidents est probablement un
commentaire du Sur les accidents de Didyme {cf. Schneider 1999, p. 800 ; Dyck
1993, p. 786). L'analogie s'oppose à la pathologie, et a fortiori aux mots isolés,
comme la santé s'oppose à la maladie (Schneider 1999, p. 780, note 31).
36. Voici quelques exemples d'usage du dialecte dans le Sur la quantité publié par
Cramer : p. 288, 32-289, 3 ; p. 289, 32 ; p. 290, 2-6 ; p. 295, 28-30 ; p. 305, 16-
20 ; p. 305, 31-306, 4.
37. Cf. chez Cramer : p. 290, 32-33. L'idée que les mots dérivés gardent l'orthographe
du prototype (Cramer, p. 292, 28-31 ; p. 296, 22-25) peut aussi bien relever de
l'analogie ou de l'étymologie.
38. Schneider 1999, p. 81, p. 177 (note 3), p. 179.
39. Cf. Schneider 1999, p. 458. Lorsque, au lieu de se cantonner dans l'étude des
suffixes, on essaye de rendre compte de la graphie de la racine des mots, on doit
faire appel à la pathologie qui est étrangère à l'analogie et souvent on doit même
recourir à cette solution ultime qu'est la tradition. Le petit texte du Vindobonensis
theol. gr. 203 et de Moschopoulos nous dit que les mots qui n'ont pas de dérivations
(paragoge) s'écrivent « selon la tradition ».
40. Schneider 1999, p. 795 et p. 797. Dans le fragment 49, il semblerait qu'Hérodien
suivît la tradition, mais ce fragment repose probablement sur un malentendu
(Schneider 1999, p. 800 et note 82). Voir aussi le fragment 51 (Schneider 1999,
p. 801). Cf. aussi, sur l'attitude d'Hérodien, p. 24-25.
41. Schneider 1999, p. 781 note 32, p. 795, p. 799-800. Sur le mot « usage » chez
Timothéos de Gaza, cf. p. 62 (et note 73) et p. 220. L'usage apparaît aussi dans
l'ouvrage prosodique d'Hérodien. Sur le mot « habitude », qui correspondrait à un
des quatre principes de Varron, cf. p. 220 et p. 435-436.
42. Comme il est question ici de pathologie et de Didyme, il se peut que ce fragment
vienne de l'ouvrage pathologique d'Hérodien comme le fragment 53 {cf. Schneider
1999, p. 798). C'est peut-être le cas aussi des etymologies du nom de la victoire que
nous avons étudiées (p. 406, p. 839-846), qui font grand usage de la pathologie et
sont orthographiquement inutiles.
43. On remarquera que Charax donne un renvoi fautif : « comme il est apparu pour
hémerinôs », alors que c'est un autre adjectif qui servait d'exemple pour le double
sens d'« orthographe ».
44. Schneider 1999, p. 221. Remarquons l'usage du mot « espèce » au sens du § 12 du
manuel de Denys : Schneider 1999, p. 99. Nous avons remarqué dans des ouvrages
plus tardifs que kûrion semblait réservé aux anthroponymes, à l'exclusion des noms
de nationalité et des noms de lieu, mais il s'agit d'un trait du Lexicon Ambrosianum
qu'il ne faut peut-être pas faire remonter à la tradition orthographique ancienne
(p. 560, p. 595 et note 42).
45. Schneider 1999, p. 221 (et note 12), p. 337.
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