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Lucie VIALLE
Bachelor Diététique et Nutrition Sportive 2ème année
EDNH - Marseille
Le 6 janvier 2020
INTRODUCTION
La diversité des produits proposés par les supermarchés nous incite à varier notre alimentation
et nous permet de ne pas s’alimenter de manière redondante. Avoir la possibilité de manger des
courgettes en pleins hiver ou de pouvoir déguster un fruit exotique autour de la grande tablé de noël est
très attrayant. Mais d’où viennent ces fruits et légumes qui ne correspondent pas à ce que les terres
agricoles autour de nous produisent ? Cette grande diversité est le fruit même de la mondialisation.
D’après le Glossaire International la mondialisation désigne « un processus par lequel les échanges de
biens et services, capitaux, hommes et cultures se développent à l'échelle de la planète et créent des
interactions de plus en plus fortes entre différentes parties du monde. » La mondialisation des produits
alimentaires pèse plus de 1200 milliards de dollars. Mais tout le monde n’est pas touché de la même
manière par la mondialisation, certains pays exportateurs, comme par exemple le Ghana qui est le
second exportateur de cacao au monde selon le FAO (Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture), ne jouira pas d’une aussi grande diversité alimentaire qu’un pays
importateur comme les Etats-Unis qui en 2015 a importé pour $2,347,000,000,000 selon la CIA World
Factbook. Ceci est dû au fait que les pays qui profitent le plus de l’importation sont les pays développés.
Mais cette mondialisation alimentaire n’est pas sans conséquence sur notre environnement, tant en
raison des pollutions liées au marché de l’import-export (bateaux, avions, camions) que des normes
variables entre États sur l’usage des pesticides. Aussi comment faire pour minimiser ces impacts
polluants et garantir une alimentation durable ? Quel est l’impact de cette mondialisation alimentaire sur
l’alimentation durable ? Est-il préférable de soutenir une agriculture biologique ou une agriculture locale
Dans un premier temps nous présenterons ce qu’est l’agriculture biologique, puis dans une deuxième
partie l’agriculture locale, avant de comparer les deux et tenter de comprendre en quoi elles permettent
L’INRA : Institut national de la recherche agronomique définit l’agriculture biologique comme une
agriculture qui se distingue des autres modes de production agricole en refusant l’utilisation des produits
chimiques de synthèse, issus d’une transformation chimique. L’agriculture biologique est née dans les
années 1920 sous 2 approches, l’une technique et économique et l’autre plus large qui relie l’agriculture
bio à un projet de société. Ces 2 approches sont liées en ce qui concerne leur opposition à
l’intensification agricole mise en place dans les années 50, reposant sur un usage intensif de pesticides
et engrais chimiques. C’est au début des années 1960 que les premières alertes ont été données sur les
conséquences d’une agriculture intensive sur la santé et l’environnement, notamment dû à l’usage des
pesticides. Mais il serait erroné de considérer cette période comme la date de naissance de l’agriculture
biologique alors que c’est celle-ci qui a été utilisée pendant des millénaires, tandis que l’agriculture
commencer à cultiver pour exporter et non plus que pour les locaux et donc on ne pouvait plus prendre
le risque de perdre une partie de la récolte à cause des ravages dus aux insectes.
B. Les pesticides et autres phytosanitaires
En 2013, l’INSERM a publié une étude qui met en évidence des pathologies dont la survenue
serait fortement liée avec l’exposition à des pesticides. Cette étude réalisée sur trente ans auprès d’une
population d’agriculteurs professionnels classe les preuves scientifiques en 3 niveaux : fort (lié aux
pesticides avec preuve à l’appui), moyen (reste contradictoire dans les études) et faible ( qui n’a pas
assez de preuve). Cette étude a montré que certaines pathologies comme la maladie de Parkinson, les
lymphomes non hodgkinien, les cancers de la prostate ou cancers du sang seraient liée à l’exposition
aux pesticides. Cette même étude montre également que les agriculteurs professionnels ne sont pas les
seuls exposés à haut risque, mais leurs enfants, in utero ou très jeunes sont également touchés par ces
pathologies, ainsi qu’à d’autres comme des tumeurs cérébrales, des leucémies, des malformations
Mais les risques dus aux pesticides ne s’arrêtent pas à la profession des individus. Les risques pour les
riverains sont également élevés. Les particules présentes dans les phytosanitaires sont facilement
transportées dans l’air et les habitants voisins de zones agricoles sont tout autant exposés.
Le cas des enfants nés avec un membre en moins (l’affaire dite « des bébés sans bras ») dans l’Ain, le
Morbihan et la Loire Atlantique pourrait en être la preuve, mais il est difficile d’établir des preuves
scientifiques à court terme malgré le fait que beaucoup lie ces malformations à l’exposition aux
pesticides (Cf. ANNEXE : Voir la carte de France des expositions au pesticide). Le risque est également
fort mais non prouvé scientifiquement pour les consommateurs de produits traités, non Bio. Il est donc
L’alimentation durable d’après le FAO c’est « une alimentation qui protège la biodiversité et les
nutritionnellement adéquate et bonne pour la santé, et qui optimise l’usage des ressources naturelles et
humaines»
Malgré tous les points positifs de l’agriculture biologique sur la santé il ne faut pas oublier que bio ne
veut pas dire local. Nous pouvons ainsi trouver dans un supermarché français, au rayon bio, un avocat
bio provenant du Pérou. Cela sous-entend que l’impact écologique de cet avocat sera plus important
que celui d’un avocat non bio venant d’Espagne. Dans ce cas, est-ce que le bio est réellement meilleur
pour l’environnement ? Des études montrent en effet que les méthodes de production de l’agriculture Bio
sont les premières responsables de l’empreinte carbone de l’agriculture (ANNEXE). D’après la définition
de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) l’empreinte carbone est la
mesure de la quantité de Dioxyde de Carbone (CO2) émis par les entreprises ou les êtres vivants par
combustion d’énergies fossiles. L’empreinte carbone se constitue des émissions directes de gaz à effet
de serre des ménages (chauffage, voiture,…); des émissions de gaz à effet de serre de la production de
biens et services (hors exportation) et des émissions de gaz à effet de serre des biens ou services
importés. L’empreinte carbone de l’alimentation Bio peut être très élevé selon l’origine de la production.
Prenons l’exemple de tomates bios cultivées hors saison : celles-ci engendrent presque 10 fois plus de
CO2 que des tomates importées d’Espagne. Ceci est dû au moyen de production mis en place en
France (tomates sous serre) alors qu’en Espagne le climat est plus conforme à l’exploitation de tomates.
Il est donc important de comprendre que l’alimentation Bio a un fort impact sur l’environnement.
En revanche l’alimentation Bio a un impact très positif sur la santé du consommateur. Plusieurs études
ont été réalisées sur les conséquences d’une alimentation bio sur la santé, notamment celle réalisé par
JAMA INTERNATIONAL MEDICINE en 2018 réalisée sur 7 ans et qui montre une diminution de 25% du
risque de cancer (tous types confondus) pour les consommateurs réguliers d’aliments bio en
comparaison aux consommateurs occasionnels ou aux non-consommateurs d’aliments bio. L’une des
principales raisons à cela est le fait que les aliments bio ne possèdent pas ou peu de trace de pesticide
Le ministère de l’Agriculture définit le circuit court comme « un mode de commercialisation des
produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente
indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire. » Le circuit court correspond par exemple à la
vente à la ferme, la vente sur les marchés, la vente dans les AMAP (Association pour le Maintien de
l’Agriculture Paysanne) (panier de fruits et légumes). Les circuits courts sont en pleine effervescence
dans le secteur agricole et agroalimentaire en France. La vente de produits locaux n’est pas un
phénomène nouveau et est ancré dans l’histoire de l’agriculture et des régions mais après la Deuxième
consommateurs a augmenté, notamment avec l’agriculture intensive et l’essor des GMS (grande
moyenne surface). L’une des raisons de l’attrait récent pour les circuits courts serait liée aux crises
sanitaires qui ont poussé certains consommateurs à acheter en se basant sur des labels de qualité,
comme par exemple « Label Rouge » qui justifie de la sureté de la provenance de l’aliment.
La consommation locale trouve également sa motivation pour des raisons économiques, faire marcher
les agriculteurs et fermiers des alentours est une grande source de motivation pour les consommateurs.
B. Local ne veut pas dire Bio
Les produits biologiques ont l’avantage de ne pas contenir de produits chimiques comme des
pesticides mais ils peuvent venir de l’autre bout du monde et donc avoir un fort impact sur
l’environnement et une empreinte carbone élevée. En contrepartie l’alimentation locale aura une faible
empreinte carbone mais ne sera pas obligatoirement Bio et donc peut avoir été cultivée avec des
pesticides ou autres phytosanitaires dangereux pour la santé et pour les sols. Aujourd’hui dans un
supermarché français 40% des produits bio sont importés. Il est important dans un supermarché de faire
attention au label vert qui est un label qui permet de garantir l’impact limité d’un produit sur
l’environnement. En France chaque année l’importation de fruits et légumes représente plus de 10% des
énergies liées aux importations globales d’après l’INSEE. Avant de ne choisir que des aliments produits
localement il faut aussi connaitre les méthodes de production (sous serre ?), les traitements subis par
les aliments, les conditions de transports et de stockage car celles-ci peuvent avoir un impact sur
Pour consommer localement avec un impact pauvre sur l’environnement il est important de consommer
des produits de saison. Ces aliments seront plus intéressants nutritionnellement et ne seront pas
Pour des raisons d’économie locale, d’environnement, de climat, de santé et de qualité et pour la
définition même d’une alimentation durable il serait indispensable de consommer des aliments Bio et
locaux. Au-delà des raisons de santé, consommer bio en circuit court permet la création de nouveaux
Un autre point important de l’agriculture locale est qu’elle permet d’éduquer le consommateur à
certaines conditions de production et l’éduque sur le produit lui-même comme par exemple manger ce
qui est de saison ou encore en tenant compte de la qualité nutritionnelle des aliments.
Pour la santé, manger des aliments bio et locaux est ce qu’il y a de mieux : la composition nutritionnelle
Liste des pesticides autorisés et présents dans l’agriculture dans les Bouches du Rhône
ANNEXE 2
• IPSOS « Alimentation durable : les Francais de plus en plus attentifs à ce qu’ils mangent » 2016
• The American Journal of Clinical Nutrition « Improvement of diet sustainability with increased level of
• Sondage LSA - OPINION WAY « Les Francais et l’alimentation : de nombreuses attentes à combler »
2018
proximité » 2017
• Livre - « Alimentation, santé et environnement, Quels devenir sociaux » Anne Guérin et Nadia Veyrié
2009
• France INFO « CARTE - Quels pesticides dangereux près de chez vous ? » « https://
www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/enquete-cash-investigation-quels-pesticides-
dangereux-sont-utilises-pres-de-chez-vous_1294797.html »