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Usure des contacts mécaniques

Problématique et définitions
par Michel CARTIER
Responsable du département Mécanique des surfaces et Tribologie de HEF R & D
(Hydromécanique et Frottement)
et Philippe KAPSA
Directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Directeur du laboratoire de Tribologie et Dynamique des systèmes, UMR CNRS 5513

1. Problématique de l’étude de l’usure................................................... BM 5 065 - 3


2. Enjeux.......................................................................................................... — 3
3. Définitions.................................................................................................. — 4
3.1 Accommodation-adaptation ....................................................................... — 4
3.2 Adhésion ...................................................................................................... — 5
3.3 Coefficient de frottement ............................................................................ — 5
3.4 Contacts surfacique et hertzien .................................................................. — 6
3.5 Contraintes résiduelles................................................................................ — 7
3.6 Longueurs cinématiques............................................................................. — 7
3.7 Lubrification ................................................................................................. — 8
3.8 Mouillage – Étalement................................................................................. — 8
3.9 Rodage.......................................................................................................... — 9
3.10 Rugosité........................................................................................................ — 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BM 5 069

elon la plupart des glossaires et définitions appartenant à la littérature tech-


S nique spécialisée, l’usure correspond à la « perte progressive de matière de
la surface active d’un corps, par suite du mouvement relatif d’un autre corps sur
cette surface ».
Du point de vue du mécanicien, la notion d’usure est beaucoup moins restric-
tive car elle s’applique plus généralement à tout évènement conduisant à une
perte de fonction des composants ou systèmes, ce point de vue corroborant
d’ailleurs les définitions plus communes qui associent à l’usure la détérioration
due à l’usage.
■ La perte de fonction correspond aux dysfonctionnements qui peuvent
résulter :
— des évolutions dimensionnelles, géométriques des pièces, telles que
l’accroissement des jeux dû à une perte de cote (dégradation de la précision...)
ou au contraire, le colmatage des interfaces par l’accumulation de débris (blo-
cage, coincement...) ;
— des phénomènes de dégradation des surfaces (rayures, sillons, cavités,
excroissances...) dont l’influence peut être dommageable à plusieurs égards :
déficience d’une étanchéité, altération des propriétés mécaniques des compo-
sants ou encore détérioration de l’aspect...
À ces manifestations possibles de l’usure, qui correspondent aux constats
réalisables sur les pièces, peuvent s’ajouter un certain nombre d’effets directs
ou indirects, préjudiciables au fonctionnement normal d’un mécanisme et/ou à
son environnement : vibrations, bruits, émission de particules, accroissement de
la puissance consommée, du niveau de température, de la consommation de
lubrifiants...

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La diversité des formes possibles de détérioration pose, en pratique, le pro-


blème de la définition des critères de l’usure ; en effet, dans les cas où l’usure ne
correspond pas à une évolution dimensionnelle quantifiable (perte de cote), elle
ne peut être corrélée à des grandeurs directement mesurables sur les éléments
de machine. En particulier, la notion de taux d’usure, qui exprime la perte de
matière en fonction de la distance parcourue, est totalement inadaptée pour un
grand nombre de situations, de sorte que l’on préfèrera souvent parler de dura-
bilité qui fait référence au temps, ou au nombre de cycles d’utilisation pendant
lequel la fonction est maintenue.
Cependant, si l’usure est, dans le cas général, dommageable, il est un cas au
moins où le phénomène, pris exclusivement sous l’angle des évolutions géomé-
triques, est favorable. Ainsi, et à condition qu’elle soit contrôlée, l’usure est-elle
exploitée pour assurer le rodage des mécanismes.
■ Dans l’ensemble des secteurs industriels concernés par l’usure, plus de deux
tiers des problèmes rencontrés relèvent de la mécanique (dans ce domaine,
30 % des avaries sont imputables à l’usure). Liée aux déplacements de deux
corps l’un par rapport à l’autre, l’usure se rencontre plus particulièrement sur
toutes les machines dont les fonctions utilisent les actions de contact : transmis-
sion des forces ou mouvements entre les différentes parties constitutives, gui-
dages en rotation ou translation, assemblages, étanchéités...
A noter que la notion de « déplacements » n’implique pas uniquement ceux prévus par la
cinématique mais s’adresse aussi aux mouvements d’amplitude très faible, pouvant être
induits par la seule déformation élastique des pièces (par exemple glissements relatifs dans
l’empreinte de contact d’une bille sur son chemin de roulement, ou au contact d’une bague fret-
tée sur un arbre soumis à déformation par flexion...).
Cet article est le premier d’une série traitant de l’usure des contacts mécaniques :
— Problématique et définitions [BM 5 065]
— Éléments de tribologie [BM 5 066]
— Manifestations de l’usure [BM 5 067]
— Maîtrise de l’usure et du frottement [BM 5 068]

Notations et Symboles Notations et Symboles

Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition

c J/(kg · K) Capacité thermique massique T N Effort tangentiel

D m Distance parcourue (en frottement) U m3 Volume usé

v m · s−1 Vitesse de déplacement


E Pa Module de Young ou de glissement

Ed J Énergie dissipée αU µm3 · J−1 Coefficient énergétique d’usure


(ou mole · J−1)
f Coefficient de frottement
γ mJ · m−2 Énergie superficielle, tension
HV 107 Pa Dureté Vickers superficielle
(ou erg · cm−2)
k Coefficient d’usure
λ W/(m · K) Conductivité thermique
kU Pa−1 Coefficient d’usure
Abréviations utilisées
p Pa Pression de contact
EHD Elastohydrodynamique (lubrification)
Q N Charge normale transmise HD Hydrodynamique (lubrification)
au contact
HF Haute fréquence (trempe)
Ra µm Rugosité moyenne arithmétique

Rt µm Rugosité maximale

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1. Problématique de l’étude 2. Enjeux


de l’usure
■ Étant de gros consommateurs d’énergie, de matières premières
Dans un contact mécanique frottant, les causes possibles de (matériaux – lubrifiants) et de main-d’œuvre (maintenance...), frotte-
l’usure sont extrêmement variées. Les différents types de phéno- ment et usure ont un impact économique considérable, par
mènes pouvant intervenir, séparément ou simultanément, appar- exemple :
tiennent à deux groupes de facteurs :
— d’après une étude réalisée par le CETIM [1], le coût de l’usure
— effets du contact proprement dit : interactions mécaniques,
dans les années 1990 en France, se chiffrerait à 164 milliards de
chimiques, métallurgiques, entre les deux corps en présence ;
Francs (25 milliards d’euros), soit près de 3 % du PIB (la corrosion,
— effets de l’environnement (atmosphère, lubrifiant...) : actions
autre fléau de notre industrie, se situe à 4 % du PIB). Dans la décom-
physicochimiques dues à la composition du milieu, actions méca-
position des dépenses, les frais d’entretien – maintenance représen-
niques induites par la nature, la propreté de ce milieu (caractère
abrasif d’une ambiance polluée par exemple). tent, à eux seuls, près de 50 % du coût global ;

■ L’étude des problèmes de frottement-usure en mécanique fait — l’industrie américaine a estimé, dans les années 1980, à 0,7 %
appel au concept de système tribologique (cf. [BM 5 066]) dont les de la consommation énergétique totale des États-Unis, les pertes
principales composantes sont les différents éléments en présence par frottement dans le système piston-segments-chemise des
(propriétés et interactions) et les variables opératoires (sollicita- moteurs à combustion interne en comptant que 3 % de l’énergie
tions). Les paramètres du contact, dont l’étude fait appel à des disci- fournie par le carburant y est dissipée.
plines aussi diverses que la mécanique, la métallurgie, la physique
du solide, la chimie, sont très nombreux et sont liés par un réseau de Les enjeux liés à une meilleure maîtrise des problèmes tribolo-
relations complexes. Aussi, les propriétés tribologiques, telles que giques concernent, en définitive, tous les gains induits par l’accrois-
les caractéristiques de frottement, la résistance à l’usure, ne sement des performances, de la longévité, de la fiabilité ainsi que
peuvent s’exprimer par des critères et valeurs simples, ni se modé- par la réduction des contraintes d’exploitation-entretien des compo-
liser facilement, contrairement à certains domaines telles que la sants et machines :
résistance des matériaux. La tribologie n’étant pas une science
exacte, il s’ensuit également que : — réduction des usures, des niveaux sonores, des temps de
rodage, des frottements (amélioration des rendements) ;
— la résolution des problèmes de frottement-usure ne repose
que sur des lois générales, souvent empiriques ; — accroissement des limites d’utilisation (vitesses, pressions de
— l’étude de ces problèmes, même au stade de l’approche indus- contact admissibles...), de la sûreté et de la fiabilité de fonctionne-
trielle (sélection, validation des solutions...), fait largement appel à ment, de la productivité... ;
l’expérimentation ;
— les résultats d’expérience sont difficilement extrapolables — conservation de l’intégrité des surfaces, par exemple qualité
d’une situation à l’autre. d’aspect des produits finis dans la mise en forme des matériaux ;
Malgré sa complexité, l’analyse du système tribologique consti- — maîtrise des frottements (frottement contrôlé) ;
tue l’outil de référence d’aide à la définition et à l’étude d’une confi-
guration de frottement. Cette analyse doit permettre en particulier : — simplification ou suppression du graissage ;
— d’exprimer rationnellement le cahier des charges du problème — espacement des opérations de maintenance, etc.
à résoudre, condition préalable à l’étape de recherche et de sélec-
tion des solutions possibles ; Les enjeux du frottement et de l’usure dans notre industrie néces-
— d’identifier les situations à risques, les probabilités d’incidents, sitent des efforts soutenus à plusieurs niveaux et notamment :
pour arrêter certains choix de conception ;
— d’appréhender les implications liées à telle ou telle option — sensibilisation à l’importance de la tribologie visant à la prise
technologique (conception géométrique, cinématique...). À cet en compte de cette problématique dans un projet mécanique, au
égard, il est important de prendre conscience que les matériaux ne même titre que les disciplines de base telles que la cinématique, la
constituent qu’une des composantes du système tribologique, c’est- résistance des matériaux ;
à-dire qu’une partie de la solution à un problème d’usure. De nom-
— élargissement et perfectionnement de la panoplie des solu-
breux exemples de la pratique industrielle montrent que des solu-
tions rationnelles (tant sur le plan des performances que sur l’aspect tions disponibles (matériaux, lubrifiants, traitements et revêtements
économique) peuvent être mises en place en agissant prioritaire- de surfaces...).
ment sur l’optimisation de la géométrie ou de la topographie
des contacts, sur une meilleure gestion du milieu environnant Ces efforts sont d’autant plus justifiés que notre civilisation tech-
(incluant la lubrification)... nologique, toujours plus exigeante du point de vue des niveaux de
performances, des durées de fonctionnement, des cadences, est
La principale difficulté à surmonter dans l’analyse d’un problème aussi soumise à d’autres contraintes conduisant souvent à accroître
tribologique réside dans la phase de hiérarchisation des paramètres la complexité des cahiers des charges, par exemple :
qui doit conduire à la définition des facteurs prépondérants, pour la
situation de frottement concernée. Cette démarche de travail, qui — optimisations économiques : simplification – voire suppres-
s’avère notamment indispensable lorsqu’une simulation expéri- sion – du graissage, utilisation de matériaux moins nobles ou de
mentale du problème est nécessaire, s’appuie en effet sur un raison- gammes de mise en œuvre simplifiées, mise en place de solutions
nement plutôt déductif, analogique, en prenant en compte des capables de satisfaire à plusieurs exigences (par exemple frotte-
informations plus souvent qualitatives que quantitatives. Cette par- ment + corrosion)... ;
tie de l’analyse sera toujours facilitée en utilisant les acquis anté-
rieurs et retours d’expérience, par exemple l’expertise des contacts — adéquation aux réglementations pour la maîtrise des ressour-
après fonctionnement en contexte réel. Dans les cas les plus diffi- ces énergétiques, la protection de l’environnement : réduction des
ciles, il pourra être utile de faire appel aux experts dont le métier nuisances sonores, de la pollution de l’air et des sols (ce qui suppose,
repose sur l’accumulation d’une certaine expérience dans la pra- en particulier, une meilleure gestion, voire l’élimination des lubri-
tique de cette démarche. fiants)...

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3. Définitions

3.1 Accommodation-adaptation

L’accommodation (ou adaptation) correspond à la faculté qu’a


un matériau de se déformer (élastiquement ou plastiquement)
dans le contact afin de mieux répartir la charge à laquelle il est
soumis.

Au plan macroscopique, c’est ce qui se passe par exemple en cas


de désalignement d’un arbre dans son coussinet lorsque l’arbre
« fait sa place » sur le bord du coussinet. Si les propriétés d’accom-
modation n’étaient pas suffisantes dans un tel cas, la pression de
contact anormalement élevée pourrait entraîner des dégradations
de surfaces (fissuration, décohésion notamment) par surpression
sur arête (figure 1). L’accommodation, qui peut concerner les surfa- a matériau accommodable
ces à l’échelle des rugosités, ou les couches plus profondes des
matériaux, se réalise en règle générale sur la plus petite longueur
cinématique (§ 3.6).
Le module de Young (module d’élasticité) rend compte de l’apti-
tude d’un matériau à accommoder : plus ce module est bas, mieux
le matériau peut se déformer. À défaut de pouvoir agir sur le module
de Young (cas du contact de deux pièces en acier par exemple), on
peut jouer sur les duretés relatives des deux pièces en choisissant
des traitements thermiques et/ou des conditionnements de surface
appropriés. Parmi ces derniers peuvent être cités par exemple, sur
aciers :
— certains traitements de conversion tels que la phosphatation,
la sulfuration ;
— les dépôts de couches à base de métaux tendres comme
l’étain, l’argent ;
— les revêtements à base de polymères et lubrifiants solides
(revêtements autolubrifiants).
Ces conditionnements de surfaces sont avantageusement utilisés
pour conférer des propriétés d’accommodation superficielle à des
matériaux à hautes caractéristiques mécaniques, dont l’emploi peut
être justifié par les impératifs de résistance à l’usure par déforma- b matériau non accommodable, sensible aux surpressions sur arêtes
tion, fatigue superficielle entre autres.
Figure 1 – Influence de l’accommodation
À l’inverse, les plus mauvaises propriétés d’accommodation cor-
respondent aux matériaux à dureté et module de Young très élevés,
comme par exemple les céramiques. Lorsque les conditions d’utili-
sation (ambiance, température...) imposent l’emploi de tels maté- nique, chimique ou métallurgique. Ces dernières incluent toutes les
riaux pour la réalisation des deux partenaires de frottement, des interactions qui contribuent à la cohésion des solides telles que
précautions particulières doivent être prises au niveau de leur mise liaisons métalliques, covalentes, ioniques. L’adhésion dépend donc
en œuvre et en particulier : l’optimisation de la qualité des guidages, de la nature des matériaux antagonistes, mais aussi, pour des maté-
la réduction des défauts de forme (figure 2) et des rugosités. riaux donnés, des conditions dans lesquelles s’effectue le contact : pré-
sence d’« écrans de contamination », ou de films superficiels, rappro-
L’évolution géométrique et topographique des contacts qui
chement plus ou moins intime des pièces...
résulte de l’accommodation doit bien évidemment rester compa-
tible avec d’autres contraintes éventuelles et notamment la préci-
sion dimensionnelle.
■ La force d’adhérence correspond à la force nécessaire à la
séparation des corps. Elle dépend notamment de la nature de la
L’abaissement de la rugosité par accommodation joue un rôle liaison, de la vitesse de séparation, de la géométrie du contact,
favorable sur la lubrification hydrodynamique. des propriétés rhéologiques de l’interface.

● La liaison qui s’établit entre les deux corps peut être telle que
l’interface est moins résistante que l’un ou l’autre des matériaux. La
3.2 Adhésion séparation se fait alors dans cette interface : c’est la rupture adhésive.
● Lorsque la liaison qui s’établit entre les corps est suffisamment
■ L’adhésion entre deux corps en contact peut avoir de multiples forte et que la force d’adhérence excède la résistance mécanique de
origines, allant des attractions purement électrostatiques (entre l’un des matériaux, la séparation s’effectue non plus à l’interface
charges électriques opposées) jusqu’aux liaisons de nature méca- mais par arrachement de ce matériau : c’est la rupture cohésive.

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C
Q

T A A R A
Q Q
H

B B B

a frottement de b frottement de c frottement de


glissement : pivotement : roulement :
f=T f=C f=H
Q Q R

Figure 3 – Définition des coefficients de frottement

— des composés à faible cisaillement : lubrifiants solides,


métaux tendres...

3.3 Coefficient de frottement

3.3.1 Formulation

■ Soient deux corps A et B appuyant l’un sur l’autre avec une force
Q, et se mouvant l’un par rapport à l’autre en restant en contact. Le
cas le plus général est celui du « frottement de glissement »
(figure 3 a). Si l’on désigne par T la force tangentielle parallèle au
plan tangent commun à A et B, le coefficient de frottement de glis-
sement f est un nombre sans dimension :

Figure 2 – Surcontraintes localisées provoquées par des défauts T


f = ----
géométriques sur un contact frottant (palier) utilisant des matériaux Q
non accommodables (céramiques)
■ Lorsqu’il s’agit de « frottement de pivotement », c’est-à-dire
lorsqu’il existe un point de A qui coïncide pendant tout le mouve-
Les contacts qui utilisent des couples de matériaux de duretés ment avec un point de B, le mouvement s’obtient en exerçant un
très différentes peuvent mettre en jeu des phénomènes d’adhésion couple C (figure 3 b). Le coefficient de pivotement f est alors homo-
d’origine mécanique, correspondant à l’ancrage du corps le plus gène à une longueur :
tendre ou le plus visqueux, dans les irrégularités (cavités, porosités,
fissures...) du corps le plus dur. C
f = ----
Quelle que soit l’origine de l’adhésion, la rupture cohésive Q
conduit à un transfert du matériau le plus mou sur le substrat le plus
dur. Ce transfert peut :
■ Lorsqu’il s’agit d’un « frottement de roulement », c’est-à-dire
— dégénérer en usure adhésive voire en grippage généralisé lorsqu’un point ou une ligne de contact de A et de B joue le rôle de
dans le cas où le matériau transféré est métallique ; centre instantané de rotation, le mouvement peut s’obtenir en dépla-
— bonifier le frottement lorsque les couches transfert sont à base çant la direction de la force Q parallèlement à elle-même d’une lon-
de polymères ou de lubrifiants solides. gueur H (figure 3 c). Le coefficient de frottement de roulement f est un
nombre sans dimension :
■ Du point de vue des matériaux, c’est-à-dire en faisant abstraction
de tout autre facteur (rugosité, ambiance, lubrification...), l’aptitude H
à l’adhésion et/ou les forces d’adhérence peuvent être réduites en f = ----
utilisant, dans les situations les plus courantes : R

— des couples de métaux métallurgiquement non solubles ou avec R rayon de courbure de A.


conduisant à des composés interfaciaux tendres ou fragiles ;
— des matériaux choisis parmi ceux disposant de la température
de fusion la plus élevée (métaux réfractaires, céramiques), de l’éner- Dans la suite de ce chapitre, seul le cas du frottement de glis-
gie superficielle la plus basse (matériaux à l’état oxydé, polymères) ; sement, le plus courant, sera considéré.

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3.3.2 Coefficients de frottement statique En général, le coefficient de frottement statique est plus grand
et dynamique que le coefficient de frottement dynamique. Cette loi s’applique à
toutes les situations où, consécutivement à une immobilisation
sous charge (phase de repos), la composante de frottement due aux
Les forces tangentielles T (figure 3 a) prises en compte pour cal- forces d’adhérence devient prépondérante. L’immobilisation totale
culer les coefficients de frottement statique et dynamique corres- des surfaces ne représente en fait qu’un cas extrême du frottement
pondent respectivement : à très basse vitesse, qui favorise, par suite de l’augmentation du
— aux efforts résistants à vaincre pour provoquer le temps de contact en un même point, l’établissement de liaisons
mouvement ; interfaciales.
— aux efforts résistants à vaincre pour maintenir le mouvement à
vitesse constante.
3.3.5 Importance du coefficient de frottement

3.3.3 Origine des efforts résistants. Conséquences ■ Le coefficient de frottement est l’expression directe de l’énergie
pratiques dépensée qui se dissipe sous forme de chaleur. Cette énergie est
proportionnelle aux trois facteurs Q, v, f, correspondant respective-
ment à la charge, à la vitesse, au coefficient de frottement.
Les forces tangentielles opposées au déplacement trouvent leur
origine dans deux groupes de phénomènes qui agissent conjointe- Le réseau de contraintes mécaniques superficielles évolue dange-
ment dans la plupart des situations : reusement avec l’accroissement du coefficient de frottement.
— les phénomènes mécaniques : déformation des surfaces à Sauf cas particuliers de l’utilisation positive du frottement, par
échelle microscopique (rugosités) ou macroscopique (aire de exemple pour accroître les caractéristiques d’adhérence entre deux
contact) ; corps (mécanismes d’entraînement, assemblages frettés...) ou pour
— les phénomènes physicochimiques : liaisons interfaciales et absorber de l’énergie (freinage), on cherchera donc à abaisser le
forces d’adhérence entre les deux corps en présence. plus possible le coefficient de frottement.
Le coefficient de frottement n’est donc pas une propriété intrin- ■ Les fluctuations du coefficient de frottement peuvent être à l’ori-
sèque des matériaux, puisqu’il dépend de toutes les variables du gine d’instabilités de comportement agissant sur la précision des
système tribologique qui influent sur ces phénomènes. mouvements, la génération de vibrations et de bruits. Tel est le cas
De plus, le coefficient de frottement est le plus souvent une fonc- notamment de certains phénomènes de broutage (ou stick-slip), qui
tion aléatoire de la plupart des paramètres du contact. se manifestent plus particulièrement dans les situations où les
vitesses de déplacement sont faibles ou très faibles et la rigidité
Ainsi, par exemple, pour un couple de matériaux donnés frottant mécanique du contact insuffisante ; c’est-à-dire lorsqu’il y a défor-
à sec, le coefficient de frottement dépend des propriétés mécani- mations élastiques des composants, utilisation de matériaux visco-
ques, physiques, chimiques des surfaces qui évoluent elles-mêmes élastiques (par exemple frottement sur élastomère).
avec la charge, la vitesse, le produit pression × vitesse (température)
(cf. [BM 5 066]), l’ambiance... Pour résoudre ce genre de problème, les couples de matériaux
doivent être choisis parmi ceux procurant le coefficient de frotte-
Même pour une situation parfaitement définie (matériaux, sollici- ment statique le plus bas possible et plus particulièrement ceux
tations...), le coefficient de frottement est susceptible d’évoluer for- dont les énergies d’adhésion sont faibles [utilisation de matériaux à
tement au cours du temps sous l’effet des diverses transformations basse énergie de surface tels que le PTFE (cf. [BM 5 066])]. En
des surfaces et de l’interface. régime lubrifié, ces phénomènes peuvent être maîtrisés en utilisant
des lubrifiants additivés spécialement à cet effet (par exemple lubri-
fiants pour glissières de machines-outils).
3.3.4 Ordres de grandeur du coefficient
de frottement ■ La maîtrise du coefficient de frottement est un critère déterminant
pour la fiabilité et la sécurité de fonctionnement de certains compo-
sants tels que les assemblages frettés, vissés. Ainsi le rôle de cer-
Les ordres de grandeur du coefficient de frottement (glissement) tains traitements de surfaces est-il principalement dévolu au
sont présentés dans le tableau 1. contrôle des couples de serrage sur les éléments de visserie, de
(0)
boulonnerie...

Tableau 1 – Ordres de grandeur du coefficient


de frottement
3.4 Contacts surfacique et hertzien
Type de frottement Ordre de grandeur de f
Frottement sur film gazeux 10−4 3.4.1 Contact surfacique
Roulement (billes-aiguilles) 10−3
Lubrification hydrodynamique 10−3 à 10−2 Le contact surfacique met en œuvre des surfaces en conformité,
telles que plan sur plan, cylindre dans cylindre. Le calcul de la pres-
Lubrification à la graisse 10−2
sion de contact p repose dans ce cas sur l’utilisation du rapport
Frottement à sec 10−1 simple entre la charge Q et l’aire d’appui S :
• matériaux de freinage ≈ 5 · 10−1
Q
• matériaux autolubrifiants < 1 · 10−1 p = ----
à base de lubrifiants solides S

• lubrifiants solides les plus ≈ 5 ⋅ 10 Ð2 Dans le cas particulier d’un contact surfacique non plan (paliers
performants cylindriques, rotules...), la surface prise en compte est la surface dite

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de l’aire de contact), profondeur du point de cisaillement maximal


(ou point de cisaillement maximal de Hertz).
Les modèles de base [2] ne prennent en compte que les efforts
normaux au contact et s’appliquent donc aux cas où les efforts tan-
gentiels sont pratiquement négligeables (coefficient de frottement
très faible, roulement pur...). Des travaux complémentaires, par
exemple [3], ont permis d’intégrer dans cette analyse, d’une part le
réseau des contraintes tangentielles, d’autre part le réseau de
contraintes résiduelles.

D
3.5 Contraintes résiduelles
Figure 4 – Surface projetée d’un palier
Les contraintes résiduelles sont les contraintes existant dans
une pièce au repos en l’absence de toute force extérieure ou
« projetée » ; dans ces exemples, elle correspond respectivement à d’inertie.
(figure 4) :
D·L
■ Les contraintes résiduelles de compression, appelées aussi
ou « précontraintes », résultent :

π D2 — d’opérations de déformation à froid (traitements


---------- mécaniques) ;
4
— de traitements de diffusion (nitruration, cémentation, implan-
avec D diamètre du palier ou de la rotule, tation ionique...) ;
L longueur du palier. — de traitements thermiques superficiels.
Ce calcul ne donne qu’une vision très approximative des choses Les profondeurs intéressées correspondent, en gros, à celles du
puisqu’il ne prend pas en compte : durcissement engendré par ces traitements.
— les défauts géométriques de forme, qui conduisent en fait à un
petit nombre de points de contact ; ■ Les contraintes résiduelles de tension peuvent être générées :
— le jeu réel de fonctionnement dans le cas particulier des paliers — par les traitements thermiques ;
et rotules ;
— par des conditions d’usinage mal adaptées (par exemple recti-
— les effets de bord ou de concentration de contraintes liés par fication brutale) ;
exemple à la discontinuité des contacts.
— par la présence de gaz inclus dans les revêtements (hydrogène
Malgré tout, ce critère est couramment employé pour la définition dans le cas de dépôts électrolytiques) ;
du domaine de pression admissible d’un grand nombre de produits
et constitue une référence largement utilisée comme base de choix — ou encore lors de l’élaboration de revêtements mettant en jeu
et de comparaison de matériaux ou composantes de frottement. de forts gradients thermiques (par exemple la projection ther-
mique).
De manière indirecte, elles peuvent également être créées par des
3.4.2 Contact hertzien traitements de précontraintes. En effet, pour des raisons d’équilibre,
la génération de contraintes résiduelles de compression est tou-
Le lecteur pourra aussi se reporter à l’article Fatigue des surfaces jours associée à la présence d’un réseau de contraintes de signe
[B 5 055] de ce traité. opposé dans les zones directement adjacentes, celles-ci corres-
pondant :
■ Le contact hertzien concerne toutes les situations où les contacts
ne sont pas « surfaciques », c’est-à-dire où l’aire (théorique) d’appui — à la sous-couche dans le cas général ;
est limitée à un point, une génératrice... Il s’agit par exemple des — aux limites des zones traitées dans le cas de conditionnements
contacts mettant en jeu les géométries suivantes : bille/plan, cylin- qui peuvent être réalisés de manière localisée, comme la trempe
dre/plan, cylindre/cylindre. superficielle.
Il s’applique également aux cas des paliers, rotules qui ne peu-
vent plus être considérés comme « surfaciques » dès lors que le jeu
fonctionnel dépasse un certain seuil.
3.6 Longueurs cinématiques
■ Sous l’effet du chargement, les solides en présence se déforment
élastiquement, l’aire de contact pouvant être :
— elliptique (cas général des surfaces de forme quelconque) ; Dans un système frottant mettant en œuvre des corps à surfaces
— rectangulaire (contacts cylindre/plan – cylindre/cylindre à axes de contact dissemblables, la plus grande longueur cinématique cor-
parallèles) ; respond au corps dont la surface de frottement se renouvelle sans
— circulaire (contact bille/plan). cesse. Par opposition, la plus petite longueur cinématique appar-
tient au corps dont la surface de frottement est constamment sollicitée.
Le principe du calcul hertzien consiste à déterminer les dimen-
sions de l’aire de contact en déformation élastique et le champ de Exemple : dans le cas du frottement d’un patin sur une glissière, la
contraintes correspondant, pour avoir accès aux grandeurs caracté- plus petite longueur cinématique appartient au patin, la plus grande à la
ristiques telles que pression hertzienne (pression maximale au centre glissière.

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pendamment des conditions de charge, vitesse, viscosité, l’établisse-


ment d’un tel régime n’est possible que lorsque les caractéristiques
A A
géométriques du contact donnent lieu à un convergent (coin
d’huile). Cet effet est le plus généralement lié aux paramètres de
B B construction (géométrie des pièces, jeux...) mais peut être aussi
obtenu sur des surfaces planes et parallèles par le biais de défauts
a frottement onctueux b frottement fluide géométriques ou de forme (désalignements, ondulations...), ou par
l’action des dilatations différentielles du fluide (coin thermique
Charge Charge généré par les écarts de température entre entrée et sortie du
contact), par exemple : glaces de distribution de pompes, garnitures
A A mécaniques d’étanchéité...
Coin d'huile ● Lubrifications hydrostatique et hydrodynamique peuvent
B
B coexister sur des systèmes dont la sécurité de fonctionnement
nécessite une séparation complète des surfaces avant mise en mou-
0 0
vement (recherche de frottement minimal lors de phases de démar-
rage par exemple).
c lubrification hydrostatique d lubrification hydrodynamique
● La lubrification élastohydrodynamique (EHD) est un cas particu-
lier du régime hydrodynamique dans lequel de fortes pressions au
Figure 5 – Différents modes de lubrification contact entraînent d’une part des déformations locales significatives
(par exemple contacts hertziens type arbre à cames/poussoir, dentu-
res d’engrenages...), d’autre part un accroissement important de la
3.7 Lubrification viscosité du lubrifiant, lié au coefficient de piézoviscosité.

■ La lubrification « mixte » correspond à une situation intermé-


Le lecteur pourra se reporter aux articles suivants : diaire (ou à la transition), entre les régimes hydrodynamique et
— Fatigue des surfaces [B 5 055] ; limite.
— Butées et paliers hydrodynamiques [B 5 320] ;
— Butées et paliers hydrostatiques [B 5 325] ;
— Matériaux pour paliers lisses [B 5 330] ; Remarque
— Lubrifiants. Propriétés et caractéristiques [B 5 340]. D’une façon générale, d’autres effets que celui de séparation
des corps peuvent être apportés par la lubrification :
— protection des contacts contre les agressions de l’environ-
nement (corrosion) ;
Le frottement lubrifié s’adresse à tous les contacts utilisant un — élimination des débris d’usure ;
film plus ou moins fluide entre les surfaces, qui peut être — évacuation des calories.
constitué : L’importance de ce dernier paramètre est mise en évidence
— d’un lubrifiant au sens propre du terme (huile, graisse) par le fait que la contrainte température constitue un des princi-
amené intentionnellement au contact ; paux obstacles dans un projet de simplification ou de suppres-
— d’un produit liquide ou visqueux constituant l’ambiance sion du graissage.
naturelle de fonctionnement du mécanisme ; on citera comme
exemple celui des pompes dans lesquelles le fluide véhiculé
(eau, alcool, carburant...) peut être utilisé comme lubrifiant des
principaux organes tels que paliers, butées.
3.8 Mouillage – Étalement
Selon les caractéristiques des contacts (géométrie, rugosité...), la
nature du lubrifiant (viscosité, additifs...), les conditions de charge-
vitesse..., différents régimes de lubrification sont susceptibles de Lorsqu’un solide est en contact avec un liquide dans un environ-
s’établir (figure 5). nement donné, la comparaison des énergies (ou tensions) superfi-
cielles des deux premiers constituants du contact (γS et γL
■ Le frottement onctueux (ou lubrification limite) (figure 5 a) cor-
respectivement) rend compte de l’aptitude au mouillage des sur-
respond au cas où la séparation des surfaces n’est pas suffisante
pour empêcher tout contact entre les solides. faces. Le tableau 2 illustre de façon très simplifiée ce type de rela-
tion pour des exemples utilisant un milieu aqueux.
■ Le frottement fluide (figure 5 b) intervient lorsque la pression
dans le fluide est suffisante pour créer un effet de portance qui Les propriétés de mouillabilité peuvent être estimées par la
sépare complètement les corps et supprime par conséquent toute mesure de l’angle de contact θ qui permet, pour un liquide donné,
possibilité de contact ou d’imbrication entre aspérités. de comparer en première approximation l’énergie superficielle des
Il est clair que toutes choses égales par ailleurs, l’existence du matériaux dans leur environnement réel (influence de l’ambiance :
frottement fluide est étroitement liée aux caractéristiques de rugo- couches adsorbées...), d’évaluer le rôle des conditionnements de
sité des surfaces en présence, la séparation complète étant d’autant surfaces, etc.
plus facile à obtenir que la hauteur des aspérités est faible.
On notera toutefois que l’aptitude au mouillage d’un solide
■ Lorsque la pression est créée autrement que par frottement, la dépend de beaucoup de paramètres et en particulier des caractéris-
lubrification est dite hydrostatique (figure 5 c).
tiques topographiques de la surface (rugosité, morphologie des
■ Lorsque la pression est générée par le mouvement relatif des couches superficielles) qui agissent sur les phénomènes de capilla-
solides, la lubrification est hydrodynamique (HD) (figure 5 d ). Indé- rité.

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■ L’amélioration de la rugosité recouvre selon les cas, soit la


Exemples : recherche d’une rugosité minimale, soit plus généralement l’obten-
— les caractéristiques de porosité de certains conditionnements de tion d’une topographie optimale.
surfaces (revêtements réalisés par projection thermique, couches de
conversion, couches de combinaison obtenues par traitements ther- Il existe trois principaux modes d’évolution de la rugosité pendant
mochimiques de diffusion...) conduisent à de véritables phénomènes le rodage, qui correspondent à l’élimination (en général partielle)
d’imprégnation des surfaces par les fluides, ces phénomènes jouant des aspérités et en tout cas à la diminution de leur acuité :
un rôle important en régime lubrifié ;
— la présence de microfissures sur un revêtement de chrome galva- — cisaillement-arrachement conduisant à l’émission de débris ;
nique, la suppression de la peau de moulage d’un matériau plastique à
faible énergie superficielle..., contribuent à améliorer notablement la — usure-consommation par action chimique ;
mouillabilité de leur surface. — déformation-plastification.
Toutes choses égales par ailleurs, la forme et l’orientation des ● Le premier mode est le plus aléatoire car il nécessite en général
porosités en surface jouent un rôle important sur la mouillabilité, les
la maîtrise de l’élimination des particules d’usure du contact ou de
capillaires formant un réseau favorisant l’étalement, au détriment
de la rétention. l’action de ces particules dans l’environnement.

Les effets d’étalement liés à la capillarité peuvent être mis en évi- ● Le second est réalisable avec l’emploi des additifs extrême-
dence en prenant en compte le facteur temps lors de la mesure des pression ou antiusure des lubrifiants, à condition bien sûr que les
angles de contact. conditions requises (température, réactivité des matériaux) soient
(0) satisfaites.

● Le troisième, enfin, est rendu possible par certains traitements

Tableau 2 – Contact lubrifié à l’eau (γ L ≈ 70 mJ · m− 2). de surfaces. Lorsqu’ils sont plus particulièrement dédiés à cette
fonction, les conditionnements peuvent mettre en œuvre des cou-
Rôle de l’énergie superficielle γS du solide ches consommables dont la durée de vie correspond en gros à la
durée du rodage. L’efficacité des traitements de surfaces du point de
Solide Géométrie du contact vue du rodage ne se juge donc pas en termes d’épaisseur ou de pro-
fondeur transformée, mais sur leur aptitude à améliorer les condi-
Polyéthylène brut tions de frottement dans la période initiale de fonctionnement :
(γS ≈ 35 mJ · m−2) θ = 75° protection des surfaces contre l’adhésion, accommodation, et, si le
frottement est lubrifié, adsorption – rétention des films lubrifiants.

γS < γL

3.10 Rugosité
Polyéthylène avec fartage
(semelle de ski) θ = 100°
Le lecteur pourra aussi se reporter à l’article Tolérances et écarts dimensionnels, géomé-
triques et d’états de surface [B 7 010] de ce traité.

γS ! γL ■ Les irrégularités d’une surface peuvent être classées en trois


niveaux, en fonction de leur longueur d’onde, celles relevant plus
Polyéthylène avec traitement précisément de la rugosité ayant une largeur ou un pas moyen
plasma à l’azote compris entre 2 µm et 500 µm à 800 µm (figure 6).
θ = 20°
La rugosité est la représentation des motifs géométriques élé-
mentaires à caractère répétitif. Ces motifs correspondent par exemple
γS > γL aux traces d’outils générées par l’usinage, aux impacts des projectiles
sur une surface grenaillée, à la morphologie de certains revête-
ments (structure, porosités...).

3.9 Rodage
Défaut de forme
Le rodage est une phase cruciale dans la vie des mécanismes
puisqu’il correspond aux processus qui améliorent l’état géomé-
trique des pièces en mouvement et notamment la conformité des
surfaces, la rugosité, pour conduire à une situation stabilisée la plus
favorable possible du point de vue des conditions de frottement et Rugosité Ondulation
de la résistance à l’usure. Il permet par exemple la réduction des
pressions réelles de contact, l’amélioration de la lubrification, la for-
mation de films superficiels favorables. 2 500 à 800 2 500 à 8 000 Pas moyen (µm)

L’action du rodage sur la conformité des surfaces est également Rugosité Ondulation Défaut de forme
importante lorsque des fonctions d’étanchéité sont associées au
frottement (par exemple contact segment-chemise de moteur ou de
compresseur). Figure 6 – Classement des irrégularités de surface

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La mesure de rugosité permet de :


— quantifier la grandeur des écarts géométriques (par rapport à
la surface théorique), la forme des motifs de surface et leur
répartition ;
— prévoir quelle sera l’évolution la plus probable de la surface de
contact avec celle de la hauteur des aspérités (effets du rodage...).
Les paramètres d’état de surface sont obtenus au moyen d’appa-
2
reils dont le plus utilisé est le rugosimètre à palpeur ou profilomètre,
qui délivre, à partir de l’exploration suivant une ligne de contact : 50 µm 1,5
25 µm
— un enregistrement de profil ;
2 1
— une évaluation des écarts géométriques correspondants.
1,5 y (mm)
Pour avoir une visualisation plus large des facteurs de forme, de 1 0,5
l’orientation des rugosités entre autres, une représentation en trois x (mm) 0,5
dimensions de la surface peut être obtenue. Celle-ci procure : 0 0

— la restitution sous forme de visualisation tridimensionnelle de


la surface à analyser (figure 7) ;
— l’évaluation multidirectionnelle des écarts géométriques. Figure 7 – Exemple de représentation tridimensionnelle de rugosité

La microrugosité prend plus précisément en compte les caracté-


ristiques topographiques dont la mesure et la caractérisation
échappent aux méthodes et critères conventionnels de rugosité. phologiques des surfaces comme celles liées à la structure des
Accessibles, par exemple, à l’examen en microscopie électronique matériaux (porosité, microdéfauts...) ou au mode de croissance des
à balayage, ces caractéristiques concernent les propriétés mor- revêtements.

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