Sunteți pe pagina 1din 5

La Revue de médecine interne 33S (2012) S25–S29

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Thromboses veineuses intra-abdominales (ou splanchniques)


Thrombosis of abdominal veins
D.-C. Valla
Service d’hépatologie, hôpital Beaujon, 92110, Clichy-la-Garenne, France

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :
Disponible sur Internet le 22 mars 2012

1. Objectifs pédagogiques les résultats de deux études prospectives récentes. Globalement,


un facteur étiologique au moins est observé dans la majorité des
Les objectifs pédagogiques sont comme suit: cas. La présence simultanée de plusieurs facteurs étiologiques est
fréquente. Il est surprenant de constater qu’un facteur local est
• connaître les causes des thromboses des veines splanchniques ; rarement mis en évidence, en particulier, pour le territoire veineux
• connaître les circonstances dans lesquelles une thrombose du hépatique (Tableau 1).
système veineux hépatique doit être suspectée, les moyens du Parmi les facteurs étiologiques, les états prothrombotiques
diagnostic non invasif, et les principes du traitement ; généraux sont très fréquents. Ils sont dominés, pour les deux terri-
• connaître les circonstances dans lesquelles une thrombose du toires, par les syndromes myéloprolifératifs primitifs (Tableau 2).
système porte doit être suspectée, les moyens du diagnostic non La similitude en nature des facteurs étiologiques cache mal de
invasif, et les principes du traitement. grandes différences de prévalence de ces facteurs, en fonction du
territoire de la thrombose. En particulier, comparativement à la
population générale, la surreprésentation des syndromes myélo-
2. Introduction
prolifératifs est considérable pour le système veineux hépatique,
mais moindre pour le système porte extrahépatique. Les syndromes
Il sera ici question de deux entités, la thrombose des veines du
myéloprolifératifs sont rares au cours de la thrombose veineuse
système porte extrahépatique et la thrombose du système veineux
profonde d’autres territoires. Le facteur V Leiden est surreprésenté
hépatique. L’ensemble de ces deux systèmes est souvent dénommé
en cas de thrombose de la veine cave inférieure et le facteur II Leiden
« veines splanchniques ». On inclut généralement le segment ter-
en cas de thrombose de la veine porte. L’hémoglobinurie paroxys-
minal de la veine cave inférieur au système veineux hépatique.
tique nocturne est fortement associée à la thrombose des veines
Contrairement à un usage impropre mais répandu, l’invasion vei-
hépatiques de petite taille et la maladie de Behcet à la thrombose de
neuse par une tumeur maligne ne doit pas être désignée comme
la veine cave inférieure. La contraception orale a été associée à une
thrombose tumorale ou néoplasique. Les deux territoires, porte et
augmentation du risque de thrombose des veines hépatiques, (mais
veineux hépatique, partagent de nombreux facteurs étiologiques
non du territoire de la veine porte) à une époque où son contenu
de thrombose. Ces facteurs seront discutés ensemble dans une
en estrogène était beaucoup plus élevé. Le rôle étiologique de la
première partie. Les particularités séméiologiques, diagnostiques,
grossesse est plus solidement étayé pour les veines hépatiques (en
thérapeutiques et pronostiques propres à chaque territoire seront
raison de la relation chronologique) que pour le territoire de la veine
envisagées ensuite.
porte extrahépatique [3]. Il y a donc une spécificité de site de throm-
bose en fonction du facteur prothrombotique et cette spécificité est
3. Facteurs étiologiques des thromboses veineuses encore inexpliquée [3,4].
splanchniques L’importance d’une identification précise des facteurs étio-
logiques augmente à mesure que le l’évolution des atteintes
Des études de cohorte prospectives ont permis d’évaluer les vasculaires s’améliorant, celle des affections sous-jacentes devient
principaux facteurs prothrombotiques rencontrés au cours des prépondérante. L’importance du diagnostic des facteurs étio-
thromboses des veines abdominales [1,2]. Le Tableau 1 présente logiques augmente également à mesure que des traitements
spécifiques de ces facteurs deviennent disponibles.
L’hypertension portale et l’atteinte hépatique rendent déli-
Adresse e-mail : dominique.valla@bjn.aphp.fr cat le diagnostic des états prothrombotiques sous-jacent [3,4].

0248-8663/$ – see front matter © 2012 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.revmed.2012.02.008
S26 D.-C. Valla / La Revue de médecine interne 33S (2012) S25–S29

Tableau 1 la conséquence de l’ischémie aiguë induite par l’exacerbation des


Prévalence des facteurs étiologiques au cours de la thrombose des veines
processus d’obstruction (augmentation des transaminases et insuf-
splanchniques.
fisance hépatocellulaire).
Veines Système porte Au cours du syndrome de Budd-Chiari bien contrôlé, des macro-
hépatiques ( %) extrahépatique ( %)
nodules régénératifs parfaitement bénins se développent dans
Au moins un facteur 84 67 plus de 30 % des cas [6,7]. Ces nodules sont clairement liés à une
Plusieurs facteurs 46 18 artérialisation et à une perte de l’apport portal [7]. Cependant, un
Facteur local 5 21
carcinome hépatocellulaire peut aussi compliquer le syndrome de
D’après Murad et al. [1] et Plessier et al. [2]. Budd-Chiari. Le principal facteur de risque de carcinome au cours
du syndrome de Budd-Chiari est l’obstruction de la terminaison de
L’hypersplémisme explique l’absence d’anomalie typique des la veine cave inférieure, peut-être parce que dans cette entité, une
syndromes myéloprolifératifs. La mise en évidence des muta- cirrhose se constitue de façon indolente dans la plupart des cas.
tions de JAK2 ou de MPL a grandement facilité le diag- Le diagnostic différentiel entre macronodule bénin et carcinome
nostic. Des anticorps anticardiolipine peu spécifiques sont hépatocellulaire est évidemment très délicat [6].
souvent présents. L’anticoagulant lupique et les anticorps
antibéta2 glycoprotéine 1 sont beaucoup plus spécifiques. Une 4.2. Diagnostic
diminution de l’antithrombine, de la protéine S ou surtout de la
protéine C est très fréquente du fait de l’atteinte parenchymateuse Le diagnostic doit être envisagé au cours de toute atteinte
hépatique. On ne peut interpréter les taux de ces inhibiteurs que si hépatique aiguë ou chronique, particulièrement lorsqu’un état
le taux de Quick est de plus de 75 %. prothrombotique sous-jacent est connu [3]. Le diagnostic est faci-
lement établi dans plus de 80 % des cas par l’échographie-Doppler
4. Thrombose des veines hépatiques ou de la terminaison démontrant l’obstruction des voies de drainage veineux (obstacle
de la veine cave inférieure clairement identifié, ou veines collatérales) à deux conditions : (a)
l’opérateur est expérimenté dans l’analyse des vaisseaux hépa-
Cette entité est encore appelée syndrome de Budd-Chiari pri- tiques ; et (b) l’opérateur est averti par le clinicien de l’hypothèse
mitif (par opposition au syndrome de Budd-Chiari secondaire, dû à d’une atteinte veineuse [3]. Le scanner à barrettes multiples et
une invasion tumorale) [3,4]. l’imagerie par résonance magnétique sont également très perfor-
mantes pour analyser les veines de drainage hépatique. Le recours
4.1. Manifestations et évolution à l’opacification veineuse (transjugulaire ou transcapsulaire) n’est
pratiquement jamais nécessaire pour établir un diagnostic. La biop-
Le syndrome de Budd-Chiari peut se présenter de façon extrê- sie n’a d’intérêt que pour montrer l’obstruction des petites veines
mement variée, allant d’une forme totalement asymptomatique à intrahépatiques dans les rares formes où les grosses veines sont
une insuffisance hépatique aiguë grave [1,3,4]. Il n’y a pas de rela- perméables [3].
tion entre le mode de présentation clinique et l’ancienneté des
lésions veineuses et hépatiques. Autrement dit, une présentation 4.3. Traitement
sous une forme aiguë peut n’être que l’expression récente d’une
forme chronique jusque là asymptomatique. On considère que les Le traitement de l’état prothrombotique et la décompression
manifestations cliniques soient déterminées à la fois par le degré vasculaire hépatique par manœuvres percutanées radiologiques
d’obstruction des voies de drainage (par exemple le nombre de sont les éléments centraux de la prise en charge. Plusieurs études
veines atteintes), par la vitesse du processus d’obstruction vei- ont étayé le bien fondé d’une stratégie de mise en œuvre succes-
neuse, et par le degré de développement de la circulation collatérale sive des moyens thérapeutiques par ordre de dangerosité, comme
des veines obstruées. l’illustre la Fig. 1 [9]. Il est important de souligner que dans cette
L’histoire naturelle semble très variable d’un sujet à l’autre stratégie, la mise en œuvre des différents moyens thérapeutiques
[1,3,4]. Globalement, en l’absence de traitement la maladie est ne se fait pas selon la sévérité de l’état du patient, mais selon
probablement mortelle dans 90 % des cas en moins de trois ans. la réponse aux moyens les moins vulnérants utilisés en première
Toutefois les formes asymptomatiques (comptant pour moins de intention. Les mesures non spécifiques de traitement de l’ascite et
15 % des cas) ont probablement une évolution spontanée à moyen de l’hypertension portale peuvent être appliquées selon les règles
ou long terme très favorable [5]. élaborées pour la cirrhose [3,4].
La physiopathologie des manifestations est double. Certaines
sont la conséquence de la congestion en amont de l’obstacle vei-
neux (ascite, hépatomégalie, hypertension portale). D’autres sont Manifestations Non
Anticoagulation 10%
Oui
Tableau 2
Prévalence des états prothrombotiques au cours de la thrombose des veines Angioplastie
Anticoagulation 10%
abdominales. Thrombolyse
Ttment médical
Stent
Veines Système porte
hépatiques ( %) extrahépatique ( %)

Syndrome myéloprolifératif 49 21 TIPS 60%


Syndrome des antiphospholipides 25 8
Anomalie héréditairea 19 25
Maladie générale 20 4
Traitement hormonalb 33 44 Transplantation 20%
D’après Murad et al. [1] et Plessier et al. [2].
a
Déficit en antithrombine, protéine C ou protéine S, ou facteur V Leiden, ou facteur Fig. 1. Stratégie de traitement du syndrome de Budd-Chiari primitif. Les pourcen-
II Leiden. tages à droite de la figure indiquent la proportion de patients dont le syndrome de
b
Chez les femmes. Budd-Chiari a été définitivement contrôlé par les mesures en regard.
D.-C. Valla / La Revue de médecine interne 33S (2012) S25–S29 S27

Comme on le voit dans la Fig. 1, la maladie peut être parfaite- l’obstruction permanente du tronc veineux est accompagnée du
ment contrôlée par des moyens peu vulnérants dans 20 % des cas. développement d’une circulation collatérale à partir des veines de
La mise en place du TIPS est délicate. L’expérience est un facteur la région. Cet ensemble de collatérales forme le cavernome propre-
déterminant de succès. Il y a une relation inverse entre le taux de ment dit. Lorsque le drainage de la totalité du système porte est
succès de la mise en place du TIPS, d’une part, et le taux de recours obstrué, il se produit une hypertension portale. C’est le cas lorsque
à la transplantation, d’autre part. le tronc de la veine porte ou ses deux branches de division droite et
gauche, ou ses deux racines mésentériques supérieure et splénique,
4.4. Pronostic sont obstruées. La principale complication est la rupture de varice
œsophagienne ou gastrique [3,4]. Plus rarement et à long terme, il
Le principal argument du pronostic initial est la sévérité de peut encore survenir une encéphalopathie infraclinique par shunt
l’atteinte hépatique et rénale comme au cours de toutes les mala- portosystémique, et un degré minime à modéré de diminution de la
dies hépatiques aiguës ou chroniques [1,3]. De fait, le taux de fonction hépatique. Le cavernome et l’augmentation du débit arté-
Quick, la bilirubinémie, l’albuminémie, la créatininémie, l’ascite riel hépatique compensent dans une large mesure la diminution de
et l’encéphalopathie, ainsi que leur groupement dans les scores perfusion portale hépatique.
de Child-Pugh, MELD ou dans divers scores spécifiques ont été Il n’est pas clair qu’en l’absence de cirrhose, une thrombose
parfaitement validés. Toutefois, la performance de ces scores est le l’axe portomésentérique puisse survenir en l’absence totale de
insuffisante pour permettre leur utilisation dans la prise de décision symptômes. En revanche, il est probable que les symptômes, non
individuelle [8]. spécifiques, puissent ne pas attirer l’attention. La thrombose est
Le pronostic à long terme est maintenant déterminé par alors découverte au stade chronique.
l’évolution des affections sous-jacente et le risque de survenue du
carcinome hépatocellulaire. La fréquence et la gravité potentielle
5.2.2. Diagnostic
des accidents des anticoagulants au long cours ne peuvent être
L’échographie Doppler et le scanner à barrettes multiples, avec
négligés [10].
et sans injection de produit de contraste vasculaire, sont les exa-
mens clés du diagnostic [3,4]. Ils montrent l’absence de flux ou le
5. Thrombose des veines du système porte extrahépatique
matériel endoluminal au stade aigu ; l’absence de tronc veineux et
les collatérales au stade chronique. Là encore, les points cruciaux
On peut distinguer la thrombose isolée de la veine splénique et
de l’efficacité diagnostique sont l’expérience et la prémonition du
la thrombose de l’axe mésentéricoportal (que ce dernier soit tota-
radiologue.
lement ou partiellement obstrué). Dans ce chapitre sont exclus les
obstructions liées à un cancer (hépatique, biliaire ou pancréatique).
5.2.3. Traitement
5.1. Thrombose isolée de la veine splénique Pour la thrombose aiguë du système porte, malgré l’absence
d’étude contrôlée, il y a un consensus pour recommander
Cette entité est le plus souvent la séquelle d’une poussée l’administration précoce d’une anticoagulation efficace pour une
de pancréatite. Le réseau veineux collatéral emprunte alors les durée d’au moins six mois [3,4]. En effet, l’administration précoce
veines de la grosse tubérosité gastrique pour rejoindre la veine d’un traitement anticoagulant, de préférence par héparine de bas
coronaire stomachique, de circulation hépatopète. Il y a donc poids moléculaire pendant quelques jours puis par anticoagulants
des varices fundiques, collatérales splénoportales. Des varices oraux, permet de prévenir pratiquement complètement le risque
œsophagiennes, collatérales spléno-azygos, sont plus rares. Des d’extension et de complication intestinale [2]. À six mois de traite-
hémorragies digestives sont possibles, parfois sévères. La splénec- ment, un taux de recanalisation de la veine porte de l’ordre de 40 %
tomie est un traitement définitif, mais vulnérant. Un traitement peut être espéré. Un taux plus élevé est observé avec la poursuite
endoscopique peut probablement lui être préféré en première du traitement pour la veine splénique et la veine mésentérique
intention. En l’absence d’hémorragie antérieure, l’application de ces supérieure, mais non pour la veine porte (Fig. 2). Pour l’instant,
traitements est discutable. L’efficacité des béta-bloquants adréner- aucun autre traitement que l’anticoagulation n’a vraiment fait la
giques n’a pas été évaluée de façon solide. preuve de son innocuité. Les agents thrombolytiques, administrés
par voie percutanée transhépatique ou par voie artérielle mésen-
5.2. Thrombose de l’axe mésentéricoportal en l’absence de bloc térique supérieure exposent à des complications graves. En cas de
intrahépatique ou suprahépatique thrombose étendue et d’épanchement péritonéal, il y a peut-être
une place pour une thrombolyse mécanique et pharmacologique
5.2.1. Manifestations par accès direct au système porte par voie transjugulaire transvei-
La présence ou l’absence d’un bloc intrahépatique ou suprahé- neuse.
patique distingue deux entités très différentes. En l’absence de tels
blocs, on peut séparer deux stades cliniquement très différents de
la thrombose mésentericoportale, le stade aigu de la thrombose
récente et le stade chronique du cavernome [3,4]. La thrombose
aiguë se manifeste habituellement par une douleur abdominale
prolongée souvent sévère et un syndrome inflammatoire marqué,
même en l’absence de facteur infectieux ou inflammatoire local [2].
L’évolution peut se faire dans deux directions. L’extension de
la thrombose en amont vers les arcades mésentériques expose
au risque d’ischémie et d’infarctus intestinal. L’apparition d’une
acidose lactique, de rectorragies, d’une ascite doit faire suspecter
cette complication. Même après résection des anses nécrosées, le
risque de décès est de l’ordre de 20 à 50 %. En l’absence de trai- Fig. 2. Taux de recanalisation sous traitement anticoagulant précoce, après throm-
tement anticoagulant, il semble qu’une thrombose mésentérique bose aiguë de la veine porte.
ou portale ne se résolve jamais spontanément [3,4]. Dans ce cas, D’après Plessier et al. [2].
S28 D.-C. Valla / La Revue de médecine interne 33S (2012) S25–S29

Recanalization rate (%) 100 Au cours de la cirrhose, la thrombose de la veine porte est
d’autant plus fréquente que la cirrhose est plus sévère [12]. Le
80 plus souvent, la thrombose est partielle, et il n’y a pas d’évolution
Splenic vein patent, no ascites

60 vers un cavernome. Le rôle aggravant de la thrombose portale n’est


pas clair [12] La thrombose portale compromet le succès d’une
Splenic vein obstructed, no ascites
40 transplantation ultérieure éventuelle [16]. Des données prélimi-
Splenic vein patent, ascites naires récentes indiquent qu’un traitement anticoagulant pourrait
20
apporter un bénéfice bien au-delà de la seule prévention de la
Splenic vein obstructed, ascites
0 thrombose portale, en réduisant l’incidence des complications de la
cirrhose. Une fois la thrombose constituée, de nombreuses équipes
0 3 6 9 12
administrent des anticoagulants seulement en cas de projet de
Time to follow-up (months) transplantation. Si la mise en place d’un TIPS est indiquée par des
complications réfractaires au traitement médical de première ligne,
Fig. 3. Incidence de la recanalisation de la veine porte en fonction de la présence
initiale d’une thrombose de la veine splénique et de la présence initiale d’ascite. la thrombose portale ne la contre-indique pas tant que des branches
D’après Plessier et al. [2]. intrahépatiques restent perméables [17].

6. Conclusions
Au stade de cavernome, de nombreuses études indiquent
que les moyens habituels de prévention des hémorragies diges-
Les thromboses des veines splanchniques ne sont que la
tives de l’hypertension portale (bêta-bloquants adrénergiques
manifestation d’un ou plusieurs états prothrombotiques sous-
et traitement endoscopique) sont efficaces pour prévenir les
jacents. Le diagnostic rapide en est devenu relativement facile. La
hémorragies digestives. Il n’y a pas de consensus sur l’utilité et
mise en œuvre rapide du traitement des états prothrombotiques
l’inocuité des anticoagulants au long cours. Toutefois de nombreux
sous-jacent (incluant dans la plupart des cas les anticoagu-
experts s’accordent pour administrer des anticoagulants en cas
lants) a probablement été responsable de la forte amélioration
d’état prothrombotiques sévères ou en cas d’extension à la veine
de l’évolution de ces maladies au cours des récentes décades.
mésentérique supérieure [3,4]. Il semble que ni l’incidence, ni la
Les moyens pharmacologiques et endoscopiques permettent de
sévérité des hémorragies digestives ne soient augmentées par le
contrôler les complications de l’hypertension portale. Les moyens
traitement anticoagulant [11].
radiologiques non invasifs permettent de contrôler l’atteinte
hépatique du syndrome de Budd-Chiari. Les besoins sont donc
5.2.4. Pronostic maintenant de mieux connaître et de mieux traiter les déter-
Au stade aigu, les facteurs de risque d’infarctus intestinal ne minants des complications mortelles à long terme que sont les
sont pas parfaitement élucidés faute d’étude de puissance suffi- transformations graves des syndromes myéloprolifératifs ou de
sante dans cette affection rare. Les indicateurs (mal compris) de la l’hémoglobinurie paroxystique nocturne, et la survenue du carci-
recanalisation du tronc porte sous traitement anticoagulant sont la nome hépatocellulaire. L’élucidation du rôle de la thrombose porte
présence d’un épanchement péritonéal et l’atteinte de la veine splé- comme mécanisme d’aggravation de la cirrhose ou comme simple
nique [2]. Lorsque ces deux éléments sont présents, la probabilité marqueur de la sévérité de celle-ci devrait ouvrir des possibilités
de recanalisation paraît infime ou nulle (Fig. 3). thérapeutiques, notamment en précisant la place du traitement
Au stade chronique, le principal facteur de risque de récidive de anticoagulant.
thrombose est la présence d’un état prothrombotique permanent
[11]. Les facteurs de risque d’hémorragie digestive sont la taille des Déclaration d’intérêts
varices et les antécédents d’hémorragie digestive [11].
Globalement, le pronostic de la thrombose portale n’est pas L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation
aussi sombre que celui des autres maladies du foie puisque les taux avec cet article.
de mortalité sont de l’ordre de 7 à 20 % avec un recul de trois à six
ans. Les principaux facteurs du pronostic à long terme en l’absence
Références
de cirrhose et de cancer sont l’âge et la sévérité des affections sous-
jacentes [4,11]. [1] Darwish Murad S, Plessier A, Hernandez-Guerra M, Fabris F, Eapen CE, Bahr MJ,
et al. Etiology, management, and outcome of the Budd-Chiari syndrome. Ann
Intern Med 2009;151:167–75.
5.3. Thrombose de l’axe mésentéricoportal surajoutée à un bloc [2] Plessier A, Darwish-Murad S, Hernandez-Guerra M, Consigny Y, Fabris F, Tre-
intrahépatique ou suprahépatique bicka J, et al. Acute portal vein thrombosis unrelated to cirrhosis: a prospective
multicenter follow-up study. Hepatology 2010;51:210–8.
[3] DeLeve LD, Valla DC, Garcia-Tsao G. Vascular disorders of the liver. Hepatology
Dans tous ces cas, la thrombose de la veine porte est proba- 2009;49:1729–64.
blement fortement favorisée par la stagnation du flux portal. Il [4] Plessier A, Rautou PE, Valla DC. Management of hepatic vascular diseases. J
est assez clair que la présence d’affections prothrombotique géné- Hepatol 2012;56Suppl:S25–38.
[5] Hadengue A, Poliquin M, Vilgrain V, Belghiti J, Degott C, Erlinger S, et al. The
rales renforce ce risque de façon indépendante [12]. À cet égard, la changing scene of hepatic vein thrombosis: recognition of asymptomatic cases.
mutation du gène de la prothrombine semble particulièrement en Gastrœnterology 1994;106:1042–7.
cause. [6] Moucari R, Rautou PE, Cazals-Hatem D, Geara A, Bureau C, Consigny Y, et al.
Hepatocellular carcinoma in Budd-Chiari syndrome: characteristics and risk
Au cours du syndrome de Budd-Chiari, il n’est pas clair que
factors. Gut 2008;57:828–35.
la thrombose portale surajoutée aggrave le pronostic. Elle rend [7] Cazals-Hatem D, Vilgrain V, Genin P, Denninger MH, Durand F, Belghiti J, et al.
cependant difficile ou impossible le traitement par TIPS ou par Arterial and portal circulation and parenchymal changes in Budd-Chiari syn-
drome: a study in 17 explanted livers. Hepatology 2003;37:510–9.
transplantation.
[8] Rautou PE, Moucari R, Escolano S, Cazals-Hatem D, Denie C, Chagneau-
Au cours des blocs intrahépatiques non cirrhotiques (sclérose Derrode C, et al. Prognostic indices for Budd-Chiari syndrome: valid for
hépatoportale, hyperplasie nodulaire régénérative ou veinopathie clinical studies but insufficient for individual management. Am J Gastroenterol
portale oblitérante), le risque de survenue d’une thrombose porte 2009;104:1140–6.
[9] Plessier A, Sibert A, Consigny Y, Hakime A, Zappa M, Denninger MH, et al. Aiming
est très élevée (50 %, voire plus, à cinq ans) [13–15]. L’impact sur at minimal invasiveness as a therapeutic strategy for Budd-Chiari syndrome.
l’histoire naturelle est inconnu. Hepatology 2006;44:1308–16.
D.-C. Valla / La Revue de médecine interne 33S (2012) S25–S29 S29

[10] Rautou PE, Douarin L, Denninger MH, Escolano S, Lebrec D, Moreau R, et al. [15] Cazals-Hatem D, Hillaire S, Rudler M, Plessier A, Paradis V, Condat B, et al.
Bleeding in patients with Budd-Chiari syndrome. J Hepatol 2011;54:56–63. Obliterative portal venopathy: portal hypertension is not always present at
[11] Condat B, Pessione F, Hillaire S, Denninger MH, Guillin MC, Poliquin M, et al. diagnosis. J Hepatol 2011;54:455–61.
Current outcome of portal vein thrombosis in adults: risk and benefit of anti- [16] Francoz C, Belghiti J, Vilgrain V, Sommacale D, Paradis V, Condat B, et al.
coagulant therapy. Gastroenterology 2001;120:490–7. Splanchnic vein thrombosis in candidates for liver transplantation: usefulness
[12] Valla DC. Thrombosis and anticoagulation in liver disease. Hepatology of screening and anticoagulation. Gut 2005;54:691–7.
2008;47:1384–93. [17] Luca A, Miraglia R, Caruso S, Milazzo M, Sapere C, Maruzzelli L, et al.
[13] Schouten JN, Garcia-Pagan JC, Valla DC, Janssen HL. Idiopathic noncirrhotic Short- and long-term effects of the transjugular intrahepatic portosystemic
portal hypertension. Hepatology 2011;54:1071–81. shunt on portal vein thrombosis in patients with cirrhosis. Gut 2011;60:
[14] Hillaire S, Bonte E, Denninger MH, Casadevall N, Cadranel JF, Lebrec D, et al. 846–52.
Idiopathic non-cirrhotic intrahepatic portal hypertension in the West: a re-
evaluation in 28 patients. Gut 2002;51:275–80.

S-ar putea să vă placă și