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https://fr.wikipedia.org/wiki/Cuniculture
Lapin d'élevage.
Sommaire
1Étymologie
2Histoire
o 2.1Domestication du lapin européen
o 2.2Des garennes aux clapiers
o 2.3Naissance de l'élevage moderne
3Différents types d'élevage
o 3.1Élevage traditionnel
o 3.2Élevage industriel
4Installations d'élevage
o 4.1Garenne
o 4.2Cages et clapiers
o 4.3Bâtiments d'élevage modernes
o 4.4Petit matériel d'élevage
o 4.5En France : installation classée pour la protection de l'environnement
5Conditions d'élevage
6Cycle de production
7Alimentation
8Maladies
o 8.1Maladies microbiennes
o 8.2Maladies parasitaires
o 8.3Autres troubles
9Orientation de l'élevage
o 9.1Élevage pour la chair
o 9.2Élevage pour la fourrure et les poils
o 9.3Animal de compagnie
o 9.4Animal de laboratoire
o 9.5Concours et expositions
o 9.6Autres utilisations
10Races de lapins et sélection
o 10.1Races
o 10.2Sélection
11Dans le monde
o 11.1En Afrique
o 11.2En Asie
o 11.3En Océanie
o 11.4En Amérique
o 11.5En Europe
12Notes et références
13Annexes
o 13.1Bibliographie
o 13.2Articles connexes
o 13.3Liens externes
Étymologie[modifier | modifier le code]
Le terme con(n)in ou con(n)il (au féminin con(n)ille) désigne le lapin dans les textes en ancien français. Il dérive
du latin cuniculus, mot d'origine ibérique1.
Histoire[modifier | modifier le code]
Domestication du lapin européen[modifier | modifier le code]
Lapin de garenne.
Le lapin domestique est issu du lapin européen (Oryctolagus cuniculus), animal originaire d'Europe
occidentale. C'est le seul animal d'élevage originaire d'Europe2. Autrefois très abondant en Espagne, c'est là
qu'il est rencontré pour la première fois par les Romains qui sont initiés par les Ibères à la consommation
de laurices. Des leporaria, ancêtres des garennes, sont alors créés pour garder les lapins à disposition.
C'est Varron (116-27 av. J.-C.) qui nous fournit le premier témoignage écrit de ces pratiques. Des traces de tels
élevages ont pu être découvertes lors de fouilles effectuées aux environs de Montpellier qui ont révélé un site
datant du ier siècle, où de nombreux cadavres de jeunes lapins ont été trouvés dans plusieurs « puits à
cadavres ». L'âge peu avancé des animaux laisse à penser qu'il s'agissait d'animaux destinés à la consommation
regroupés près des habitations pour y être engraissés3.
Toutefois, le lapin européen n'a été réellement domestiqué que tardivement, au cours du Moyen Âge, par les
moines. Ainsi, au vie siècle, dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours reprochait à ceux-ci de consommer
des laurices en période de Carême, ce mets étant considéré comme d'« origine aquatique » et donc autorisé.
C'est vraisemblablement pour obtenir des laurices plus aisément que les moines ont les premiers eut l'idée de
placer les lapines dans des cages. Des écrits du xiie siècle indiquant des échanges de couples entre couvents
montrent l'importance de cet élevage4.
Des garennes aux clapiers[modifier | modifier le code]
Élevage traditionnel du lapin dans des clapiers en bois, ici en Allemagne en 1949.
Une des caractéristiques de l'élevage du lapin est la possibilité de chacun d'élever quelques lapins pour sa
propre consommation. Cette production vivrière est très développée dans le monde, et rend difficile
l'estimation de la production et de la consommation réelles de viande. Les lapins y sont souvent élevés de
manière extensive. La cuniculture de loisir dite « hobbyiste » est un cas particulier de cet élevage traditionnel,
cherchant avant tout à sélectionner des races pures plutôt que de nourrir l'éleveur.
Élevage industriel[modifier | modifier le code]
Une bonne partie de la production de lapin actuelle se fait dans de grands ateliers industriels, en particulier
dans les pays industrialisés5. On parle d'élevage industriel. Les lapines sont conduites en bande, c'est-à-dire
que la mise à la reproduction de toutes les lapines se fait le même jour, et donc que les mises bas sont
synchronisées, tout comme les dates de sevrage et toutes les interventions dans l'élevage. Il est donc
pleinement efficace et ce type d'atelier nécessite une main-d'œuvre limitée6. Un autre avantage de ce système
est d'avoir des animaux au même stade physiologiques, qui présentent des besoins alimentaires, des risques
de pathologie ou des besoins d'éclairement similaires, auxquels il est facile de s'adapter précisément pour
répondre parfaitement aux besoins des animaux6. Par ailleurs, une proportion importante de ces élevages
pratiquent le « tout plein - tout vide », c'est-à-dire qu'ils vident entièrement leur bâtiment à la fin du cycle de
production de leurs lapines pour procéder à un vide sanitaire (désinfection complète du bâtiment qui est laissé
quelques jours sans animaux pour détruire la flore microbienne)5.
L'élevage industriel utilise par ailleurs les techniques modernes de l'élevage, comme l'insémination
artificielle utilisée comme mode de reproduction exclusif dans la plupart des élevages5.
Ces élevages, certes bien moins nombreux que les élevages traditionnels[réf. nécessaire], compensent par leur taille
et leur productivité. En effet, en France, où 99 % des lapins sont issus d'élevage intensifs7, la très grande
majorité d'entre eux comprend entre 300 et 800 lapines5. La taille moyenne des élevages ayant triplé entre
1984 et 2006, on compte en moyenne plus de 6000 lapins par élevage8.
Installations d'élevage[modifier | modifier le code]
Garenne[modifier | modifier le code]
Autrefois, les lapins étaient majoritairement élevés en garennes. Olivier de Serres conseillait d'ailleurs à
l'époque de clore celles-ci avec un mur d'environ 2,5 à 3 mètres de haut et un mètre de fondation, ou avec un
fossé rempli d'eau de trois mètres de largeur4. Les garennes comportent un certain nombre d'inconvénients.
Tout d'abord, les femelles. L'élevage sur le sol comporte également des risques sanitaires, puisque les
déjections des animaux restent, facilitant les contaminations. Ce système nécessite un sol dur, pour empêcher
les lapins de creuser et de pouvoir s'enfuir ou se terrer dans des terriers9. L'élevage en plein air est encore
d'usage aujourd'hui, même dans des exploitations modernes, mais pour l'engraissement des lapins5. Les
maternités sont quasi exclusivement en clapiers ou cages grillagées.
Cages et clapiers[modifier | modifier le code]
Certaines cages sont équipées de pipettes pour approvisionner les animaux en eau.
L'équipement des éleveurs de lapins se complète par les divers petits matériels nécessaires aux soins des
lapins. Parmi ceux-ci on compte notamment les mangeoirs, les abreuvoirs, les rateliers à fourrage ou les boites
à nid9. Chacun de ses équipements peut prendre diverses formes suivant le type d'élevage. Les élevages
traditionnels utilisent souvent comme mangeoires des petits récipients en poterie ou maçonnerie,
confectionnés artisanalement. On trouve même des mangeoires faits à partir de boites de conserve, ou
en bambou dans les régions du monde où cette plante est courante9. Les abreuvoirs peuvent se présenter sous
forme de récipients en poterie ou ciment, au sol, mais pour éviter que les animaux ne souillent constamment
l'eau dont ils disposent on leur préfère souvent des abreuvoirs sous forme de pipettes, ou des abreuvoirs
sabots approvisionnés par une bouteille d'eau retournée par exemple9.
Pour les femelles reproductrices, on équipe souvent les cages de boîtes à nids, qui permettent à la lapine de
faire un nid à l'abri et dans des conditions optimales pour la survie des lapereaux. Là encore, suivant les types
d'élevage on observe de fortes différences. Les boîtes à nid peuvent être de simples poteries posées au fond
du clapier, des boîtes en bois attenantes à la cage où encore des boites en métal dans les élevages industriels9.
La boîte à nid doit être suffisamment grande pour que la lapine puisse s'y tourner sans écraser la portée, et
drainante pour évacuer les urines des lapereaux9. Pour faciliter la distribution des fourrages, et éviter que les
lapins ne les souillent avant de les consommer, des éleveurs s'équipent de râteliers à fourrages, fabriqués
généralement en bois et en grillage. Les animaux tirent le fourrage par les mailles du grillage, et le
consomment donc sans le gaspiller9.
En France : installation classée pour la protection de l'environnement[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Installation classée pour la protection de l'environnement et Autorisation
environnementale unique.
Selon la législation française, les élevages de lapins sont des installations classées pour la protection de
l'environnement (ICPE). En effet, ce type d'installation est concerné par la rubrique no 2110 de la
nomenclature des installations classées (« élevage, transit, vente etc. de lapins »)12 :
Les installations ayant plus de 20 000 animaux sevrés sont soumises à autorisation préfectorale. Afin
de limiter leur impact environnemental, les exploitants de ces installations doivent notamment
respecter les prescriptions techniques d'un arrêté ministériel daté du 31 octobre 200613.
Les installations ayant entre 3 000 et 20 000 animaux sevrés doivent être déclarées. Afin de limiter
leur impact environnemental, les exploitants de ces installations doivent notamment respecter les
prescriptions techniques d'un arrêté ministériel daté du 30 juin 199714.
L'instruction des demandes d'autorisation d'exploiter ainsi que le contrôle du respect des prescriptions
techniques par les exploitants sont réalisés par l'inspection des installations classées15.
Conditions d'élevage[modifier | modifier le code]
Les conditions d’élevage sont parfois contestées : « Les cages les empêchent d’exprimer leurs comportements
naturels, comme se mettre debout, faire des bonds, creuser, ronger, et leur causent des blessures et un stress
permanent », selon le CIWF France. Les lapins d'élevage passent leur vie entière en cage, dans des espaces
étroits : ils naissent dans de petites cages grillagées hors-sol et y restent jusqu’à leur mort, 60 à 80 jours plus
tard. Les lapines reproductrices sont quant à elles maintenues isolées et confinées pendant 13 à 24 mois
jusqu’à leur abattage. Tous sont par ailleurs gavés d’antibiotiques (les lapins sont les animaux les plus exposés
à ces médicaments, devant les volailles et les porcs)16.
En France, l'association « L214 Éthique & Animaux » dénonce le fait que 99 % de la production française soit
issue d'élevages professionnels intensifs avec des lapins enfermés dans des cages exiguës au sol grillagé ne
laissant pas assez de place pour que les animaux puissent se redresser7.
L'Institut français d'opinion publique (IFOP) déconseille en 2018 de « sortir les consommateurs de leur
ignorance quant aux conditions d’élevage », estimant que la présentation d'images issues d'élevages
professionnels nuit à la vente de viande de lapin. Il recommande de s'affranchir, sur l'emballage du produit, de
précisions concernant le mode d'élevage des lapins17.
En 2008 en Suisse, l'association de protection des animaux alémanique Kagfreiland obtient des grands
distributeurs suisses (Migros, Coop, Manor, Globus, Denner) qu'ils cessent la commercialisation de viande de
lapin d'élevages utilisant des cages provenant de France, d'Italie ou de Hongrie7.
Cycle de production[modifier | modifier le code]
Carcasse de lapin.
L'alimentation humaine est la première utilisation du lapin. L'intérêt des hommes pour cette production naît
avec la consommation des laurices à compter de l'époque romaine. Plus tard, le lapin s'est révélé une bonne
solution pour les habitants des villes pour avoir de la viande à disposition sans nécessité de surfaces
cultivables, lors de la révolution industrielle. La viande de lapin présente des caractéristiques intéressantes
pour l’alimentation humaine. Elle est riche en protéines et pauvres en lipides et en cholestérol. Par ailleurs elle
est bien pourvue en minéraux mais pas en sodium, et apporte des omega 336.
Cette production reste toutefois modeste comparée à d’autres, et ne représente par exemple que 1,2 % de la
viande produite en Union européenne37. La consommation de viande de lapin est limitée à quelques pays, la
France et quelques pays limitrophes (notamment l'Espagne, l'Italie et la Belgique) et la Chine où cette
production s'est beaucoup développée, sans que l'on sache vraiment comment elle y a été introduite.
L'Angleterre, où le lapin s'était développé au début du xixe siècle, l'a très vite abandonné car il est rapidement
devenu un interdit alimentaire en tant qu'animal de compagnie. Dans la plupart des autres pays, il n'existe pas
de culture quant à la préparation de cette viande en cuisine38. Même en France où la consommation est la plus
forte avec 1,2 kg de viande consommés par habitant et par an, elle reste modeste. Seuls 45 % des ménages
consomment du lapin en 2003, et la plupart en achètent une seule fois par an (8 % en achètent plusieurs fois
par an). Cette consommation concerne une population assez âgée. Le lapin est principalement acheté en
grande surface, sous forme de lapin entier. Les découpes tendent à se développer mais ne représentent que
26 % des ventes en 200339.
Élevage pour la fourrure et les poils[modifier | modifier le code]
Lapin angora.
Articles détaillés : Lapin rex et Lapin angora.
L'utilisation de la fourrure du lapin s'est rapidement développée au xixe siècle comme produit dérivé de la
viande. Des marchands passent chez les particuliers collecter les peaux qui seront ensuite tannées pour
produire un cuir assez souple, ou utilisées par la chapellerie pour faire du feutre. En effet, la chapellerie
française consomme au début du xixe siècle environ 15 millions de peaux par an. Les peaux argentées des
lapins riches et les peaux à poil long des lapins angoras sont particulièrement appréciées. La fourrure des
lapins angoras n'est plus du tout utilisée aujourd'hui, et on ne récolte plus que ses poils4. Dans les années
1970, la valorisation des peaux constitue encore le bénéfice des abattoirs. Les peaux ont alors deux
utilisations. Elles peuvent être utilisés dans l'industrie de la pelleterie ; les poils sont alors séparés
mécaniquement de la peau, et sont filés puis utilisés pour « diluer » le poil angora, ou pour la conception
traditionnelle du feutre. Le cuir est quant à lui utilisé pour fabriquer de la colle ou de l'engrais. Autrement,
c'est l'industrie de la pelleterie qui valorise les peaux en les tannant et en faisant de la fourrure40. Aujourd'hui,
les peaux ont perdu de leur importance, à l'exception de celles produites dans certains pays d'Europe de l'Est
où les fourrures permettent la fabrication de vêtements chauds pour l'hiver rude, et au cas de pays d'Asie du
Sud-Est, du Maroc et du Mexique qui voient se développer un petit artisanat autour des peaux de lapin41. Au
cours du xxe siècle se développent les lapins rex, caractérisés par une mutation génétique qui fait qu'ils ne
possèdent que du sous-poil et qu'ils ont donc une fourrure douce et soyeuse. La création d'une souche
appelée Orylag par l'INRA a permis la production de cette fourrure à grande échelle et elle est aujourd'hui
utilisée pour la confection de produits de luxe42.
Le poil des lapins angoras, qui en raison d’une mutation génétique est particulièrement long, est utilisé par
l’industrie textile comme une fibre « spéciale », de la même façon que les fibres obtenues à partir des races de
chèvres spécialisées (mohair et cachemire) et de certains camélidés (lama, alpaga, vigogne et chameau). Il
permet la confection de produits dits « fantaisie » ou « haut de gamme ». Le poil angora est récolté par tonte
(comme en Allemagne) ou épilation (comme en France) et la production mondiale s’élève à environ
9 000 tonnes par an43. Le principal producteur est la Chine, malgré l'arrivée récente de cette production dans
le pays. La chute des prix causée par le développement de l'élevage chinois a engendré une forte diminution
des élevages ailleurs dans le monde. Ces poils sont essentiellement transformés au Japon et en Italie, et les
produits manufacturés sont écoulés sur les marchés japonais, allemand et américain44.
Animal de compagnie[modifier | modifier le code]
Le lapin est un animal de compagnie apprécié.
Le lapin est un animal de compagnie depuis déjà plusieurs siècles. Ainsi, dès la Renaissance, ils sont employés
dans ce rôle. C'est un animal facile à apprivoiser et les divers coloris que peuvent prendre sa robe attirent déjà
à l'époque la curiosité4. Le lapin est un animal de compagnie de plus en plus commun, notamment avec le
développement de races naines. Ainsi, on estime que 3,7 % des foyers français possèdent un lapin nain en
2009. L'élevage du lapin comme animal de compagnie a diverses conséquences sur les pratiques d'élevage.
Ainsi, il n'est pas rare de stériliser les lapins domestiques, pour diminuer leur agressivité ou éviter les portées
trop nombreuses que procurerait un couple45.
Le développement du lapin comme animal de compagnie peut engendrer un refus de consommation de la part
de certaines personnes, et a donc un impact négatif sur la consommation de viande de lapin et donc sur la
production de viande46.
Animal de laboratoire[modifier | modifier le code]
Le lapin californien est à la base de bon nombre de souches utilisées aujourd'hui en élevage.
La plupart des élevages modernes produisent des lapins de boucherie issus de croisements entre différentes
races ou souches. Dans la plupart des schémas de sélection, on utilise en effet deux races ou souches que l'on
croise pour obtenir des lignées parentales59. Parmi ces lignées on distingue des lignées dites « femelles », c'est-
à-dire des lignées chez lesquelles on retrouve des qualités que l'on recherche pour les lapines reproductrices
comme la prolificité et les qualités maternelles, et des lignées « mâles » qui se distinguent par leurs aptitudes
à avoir une bonne croissance et un bon rendement en viande, aptitudes que l'on recherche chez les animaux
que l'on va abattre. On réalise ensuite des croisements entre des mâles provenant de « lignées mâles » et des
lapines issues de « lignées femelles » afin d'obtenir des lapins destinés à être abattus59.
La sélection proprement dite est l'apanage de quelques firmes et d'organismes de recherche tels que l'INRA en
France59. Ces élevages sélectionneurs travaillent à améliorer certains caractères, importants pour assurer la
rentabilité des élevages, chez les animaux de race pure. Ces caractères sont notamment la résistance aux
maladies, la longévité des femelles, les aptitudes maternelles, l'homogénéité des lapereaux à la naissance ou
encore la fertilité60. Ensuite, les élevages que l'on dit « multiplicateurs », qui peuvent être les firmes, les
centres d'insémination artificielle et certains groupements de producteurs font reproduire les animaux de
souche pure pour obtenir des femelles reproductrices croisées et approvisionner les éleveurs59. Ces derniers
les croisent une seconde fois pour obtenir des lapins de boucherie qui seront commercialisés et représentent
la grande majorité de la production de viande de lapin. À chacun de ces croisements successifs, on ne
recherche pas les mêmes qualités pour les lapereaux produits59. Ainsi les élevages multiplicateurs cherchent à
obtenir des animaux fertiles, prolifiques, qui assurent une bonne croissance des lapereaux grâce à une bonne
production laitière. Les animaux produits seront en effet destinés à être mis à la reproduction. Lorsque les
éleveurs mettent ces animaux à la reproduction, ils cherchent à obtenir des lapereaux qui aient une croissance
rapide, un bon niveau de gras et une bonne teneur en muscle dans leur carcasse. Chaque type d'élevage va
donc choisir des mâles aux caractéristiques différentes, adaptées aux besoins de chacun59.
En France, l'INRA joue un rôle important dans le schéma de sélection, car c'est elle qui est chargée, en
collaboration avec la profession qui définit les objectifs de sélection, de sélectionner les animaux de race pure
à la base du schéma. Les races choisies dans le pays pour la production de viande sont le californien, réputé
pour sa forte prolificité, et le néo-zélandais qui a une aptitude à assurer la survie et la croissance des
lapereaux. Les femelles métisses combinent les qualités de ces deux races, et sont donc bien adaptées pour
approvisionner les élevages. Ceux-ci les mettront à la reproduction avec des mâles sélectionnés pour leur
vitesse de croissance et leur « valeur bouchère », afin d'obtenir des lapins de boucherie61.
Dans le monde[modifier | modifier le code]
En 2008, la production mondiale de viande de lapin est estimée à 1,2 million de tonnes par la FAO, avec une
augmentation de 13,5 % depuis 2000. Quatre pays se partagent 72 % de la production mondiale : la Chine
(450 000 tonnes), l'Italie (225 000 tonnes), l'Espagne (108 000 tonnes) et la France (80 000 tonnes). L'Union
européenne à 25 est la première zone de production avec 515 000 tonnes produites36.
La production mondiale de poils angoras s’élève, quant à elle, à 9 000 tonnes. La production est très
majoritairement située en Chine, qui devance l’Amérique du Sud et l’Europe occidentale62.
En Afrique[modifier | modifier le code]
L'élevage du lapin est très ancien au Maghreb, où il a été introduit par les Romains. Il s'est développé
au xixe siècle avec l'arrivée des colons français qui apprécient cette viande. Deux types d'élevage coexistent
dans ces pays, comme dans la plupart des pays qui ont une longue tradition cunicole : un élevage traditionnel
peu productif destiné à l'autoconsommation et un élevage industriel avec de grandes structures. Il est difficile
de donner avec précision la production de ces pays, mais on l'évalue à 30 000 tonnes en 1995, le Maroc et
l'Algérie étant les deux principaux producteurs63. L'introduction de la cuniculture est beaucoup plus récente
en Égypte, où elle prenait d'abord la forme de petits ateliers vivriers avant que ne se développent quelques
élevages plus importants. Elle représente 15 000 tonnes de viande produites par an64.
Dans le reste de l'Afrique, l'élevage de lapins est très peu développé, voire inexistant, du fait des conditions
climatiques pas toujours favorables (zones tropicales, désertiques), des traditions pastorales qui tranchent
avec l'élevage en claustration de cet animal, et de l'absence du lapin des habitudes alimentaires des
populations. Le lapin a généralement été introduit dans ces pays par des missionnaires européens au cours
du xixe siècle. On trouve tout de même quelques petits élevages pour l'autoconsommation, où de très rares
élevages de grande taille pour approvisionner les grandes villes. Il faut toutefois noter l'exception
du Nigéria (15 000 tonnes par an) et dans une moindre mesure du Ghana (5 000 à 7 000 tonnes par an), où la
production s'est bien implantée et où cette viande est de mieux en mieux acceptée par les consommateurs65.
L'Afrique du Sud montre quant à elle une production assez proche de ce que l'on connait en Europe, avec
beaucoup d'éleveurs de loisirs concourant lors d'expositions, et une consommation parfois gênée par l'idée de
plus en plus forte qu'il s'agit d'un animal de compagnie66.
En Asie[modifier | modifier le code]
La cuniculture est quasiment inexistante au Moyen-Orient, où la viande de lapin est d'ailleurs fréquemment
l'objet d'interdits alimentaires. En Inde, il existe quelques élevages vivriers de petites tailles et le pays produit
environ 7 500 tonnes de chair par an, ce qui est peu important au regard de la population du pays. Par contre,
avec 100 tonnes produits par an, le pays se classe parmi les plus importants producteurs de poils de lapin
angora67. Très peu d'informations sont disponibles quant à l'importance de l'élevage de lapins dans la
péninsule indochinoise. Il semble exister toutefois en Thaïlande une cuniculture traditionnelle avec des
élevages de 10 à 20 femelles et une forte autoconsommation. Les produits principaux de cette activité sont les
peaux, utilisés pour la confection de petits objets par des artisans locaux. La production de viande atteint
18 000 tonnes, et une forte proportion de celle qui n'est pas auto-consommée est destinée aux restaurants
pour touristes68.
Une tradition cunicole remontant au xixe siècle persiste dans les États insulaires de l'Asie du Sud-Est. Les lapins
sont élevés pour fournir une alimentation protéique à la population. La production est assurée par des
élevages traditionnels de cinq à dix lapines, mais présents en très grand nombre. Les élevages de grande taille
professionnels sont extrêmement rares dans ces pays. On estime ainsi qu'environ 50 000 tonnes de viande
sont produites en Indonésie, 9 000 en Malaisie et 18 000 aux Philippines69. En Corée du Sud, la production a
fortement chuté du fait de la baisse des prix causée par l'importante production chinoise. La Corée a
longtemps utilisé la peau des lapins, notamment de lapins rex, pour faire fonctionner les tanneries et
pelleteries locales présentes en grand nombre70. Introduit par les Hollandais dès 1350, l'élevage du lapin
au Japon s'est révélé surtout être une production de subsistance, qui se développa pendant chacune des
guerres qui marquèrent le pays. Aujourd'hui, il est très marginal, le pays important de la viande venue de
Chine. Le Japon est par contre un gros importateur de peaux et surtout de poils angora, transformant
2 000 tonnes de poil par an et se classant ainsi premier transformateur avec l'Italie et premier consommateur.
Il utilise par ailleurs de nombreux lapins de laboratoires pour mener des expérimentations71.
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