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11 juillet 2019 page 1/2 sur abonnement Éditions

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San Fermin, chapitre un

D imanche 7, premier encierro. Le pro-


blème c’est Ronaldo et Messi. Les surnoms de deux
des plus véloces cabestros, les bœufs meneurs de
l’élevage El Uno venus de Esmera qui, depuis 2 ans,
accompagnent les toros pendant l’encierro. Pour Messi c’était sa pre-
mière expérience. Pour sa vitesse Ronaldo était devenu star l’an dernier.

Dimanche, d’emblée, dès la montée de Santo Domingo ils ont pris la


bouillir le soleil, après quoi Velosico et Sombreto ont sorti le drapeau
blanc. Il s’est octroyé un tour de piste : le seul du jour. Avec sa joliesse
Ginés Marín a lâché beaucoup de naturelles, certaines de qualité et plus
ou moins ajustées. Il s’est fâché, en vain, en fin de faena avec le faible
Campanero venu juste flâner à Pampelune. On lui avait dit qu’on y faisait
la fiesta. Le public, lui, avait décroché depuis longtemps. Il attendait
la fin du pensum comme John Cage qui disait préférer par-dessus tout
la fin des concerts et le moment où les musiciens vident la salive de leur
tête du peloton et ont galopé à toute allure pour, 875 mètres plus loin, instrument à vent.
rejoindre le vestiaire. Du coup les toros du Puerto de San Lorenzo se
sont retrouvés à la queue leu leu. Le gros Pitinesco, 615 kilos, en a pro- Lundi matin les coureurs qui on leur fiche à jour ont les miquettes.
fité pour mettre un coup de corne à Aaron, un balourd venu du Ils savent la mauvaise réputation des Cebada Gago, plus poinçonneurs
Kentucky. Il n’avait vu de lâcher de toros que sur internet et trainait son que celui des Lilas, champions des coups de corne. Le 12 juillet 88 ils
gros cul poussif dans la zone de la Telefonica tout en remontant ses avaient transformé l’encierro en cauchemar de 8 minutes avec des toros
lunettes de vue. Ça se voyait venir. C’était téléphoné. Déclaration à rebroussant chemin et les chenaux du parcours prises d’assaut. 8 coups
l’hôpital : « je suis un type volumineux, je bouge lentement ». À la suite de corne. Lundi matin rien de tout ça. L’encierro des Cebada Gago comme
d’une chute Pitinesco s’était désolidarisé du reste du troupeau et à la une lettre à la poste, expression en voie d’obsolescence: 2 minutes,
différence des « chaussettes solidaires San Fermin ». Des chaussettes 23 secondes et, histoire de marquer le coup, devant le bar Fitero connu
rouges et blanches mises sur le marché de Pamplona par le coureur pour ses brochettes, juste un petit coup de corne dans une épaule
Spiderabel, alias Fernandez Mendivil, qui court, y compris les mara- qui passait par là. Fin d’après-midi, déluge sur la ville. Les Shadocks
thons, déguisé en Spiderman. L’argent des « chaussettes solidaires », municipaux ont beau tenter d’éponger l’eau de la piste avec des
2 tailles, 4 euros la paire, ira à la recherche sur une maladie neurodégé- Kleenex, ou presque, la course est annulée.
nérative qui affecte les enfants. 10 heures plus tard les fringants sprin-
ters du matin s’étaient transformés en traîne-savates. Mardi matin record de vitesse battu : 2’13’’. Par les Escolar Gil, ultra
Après un combat à la pique inégal les 4 Puerto de San Lorenzo et les rapides et très nobles. Un irresponsable rue Estafeta va même courir
2 Ventana del Puerto, même propriétaire, trop lourds, trois à plus de quelques mètres en tenant la corne de l’un d’entr’eux. Ce qui est une
600 kilos, ont déposé un congé maladie. Aucune mobilité, aucune race, imbécilité déconseillée et punie à coups de poing. Dans les années 1960
aucune envie de retrousser les manches, chez certains une noblesse qui le matador Miguelin qui courrait l’encierro avait voulu faire le malin.
confinait à la servilité, la tête haute et ailleurs. Le fameux Pitinesco Il était entré dans les arènes en tenant la queue d’un toro. Il avait été
sortait de la muleta de Marín en regardant de l’autre côté. Il devait passé à tabac par les autres coureurs. Mardi matin pas de cornades mais
chercher dans les gradins le type du Kentucky pour lui faire passer le tout de même une tragédie : un type s’est tordu la cheville. Le soir,
goût du hamburger. Emilio de Justo est un saint. Il a fait ce qu’on attend changement de décor. À la place des si tempérants Escolar du matin des
de lui : une tauromachie puritaine, sans aucune esbroufe, classique, gros pénibles aux cornes très pointues. Pas un seul vrai bon toro com-
toujours sincère et donc, ici où ce n’est pas conseillé, sans avenir devant plet et combatif mais des bestioles avares, avançant tête à mi-hauteur,
le minable Joyito, un bœuf dangereux. Il livrera la faena la plus consis- sans race, fourbes. Buenacara le premier de Robleño est un rébus. Il
tante de la corrida avec Ligantesco, toro sans classe mais qui en voulait prend bien la cape sur la corne droite mais dans la muleta plus du tout.
un peu plus que les copains. Mise à mort foirée. López Simón a entamé Il réduit l’estimable Robleño à la seule tauromachie possible : par
ses deux exercices par une série de 6, 7 passes à genoux histoire de faire esquives et sur les jambes. Calentito concède quatre ou cinq charges

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appréciables du côté droit que Robleño exploite avec beaucoup de manger trop tôt et vous n’aviez plus les mains libres pour applaudir ? »
sérénité puis l’Escolar baisse le rideau de fer. Castellano vient au pas En fin de combat Curro recevra même quelques petits sifflets. Cañabate
mais se laisse mieux manipuler. Castaño l’embarque dans de bons dere- estomaqué : « est-ce possible ? On entend des sifflets. C’est inexplica-
chazos surtout et le tue d’une estocade foudroyante. 1 oreille. Vinatero ble. Par le diable, vous avez raté la faena. » Curro remerciera Cañabate
est un tueur. Il ne veut rien entendre de la droite, de la gauche, du pour ce qu’il avait écrit sur lui et parce qu’il avait su voir ce que les
centre droit, du centre gauche. Pepe Moral en chute libre en début de Pamplonais n’avaient pas vu. Le critique du Diario de Navarra avait lui
saison retrouve un peu de couleurs et se fait applaudir avec Campanito aussi de son côté remarqué la qualité de Curro « ses détails de grand
et Salado deux toros sans éclat devant qui on le voit prendre de plus torero » devant le toro couleur savon d’Alvaro Domecq et aussi deux
en plus confiance en lui. Les seuls grands moments de tauromachie ? jours plus tard face aux Juan Pedro Domecq où il recevra quelques
Les banderilles de Joao Ferreira et de Fernando Sanchez banderilleros applaudissements quand Ordoñez, 2 oreilles, triomphera. Le 9, entre son
de Javier « Alma de acero » Castaño. « Alma de acero », Âme d’acier est premier et son second toro Curro est abordé dans le callejon par un
le titre du livre qu’il a écrit en 2016 après avoir vaincu un terrible grand type qui parle espagnol avec un accent américain.
Escolar Gil : un cancer des testicules. C’est Ernest Hemingway. Il sort une fiole de sa veste, propose un coup
de whisky ou de cognac à Curro qui a rapporté sa stupéfaction à
Mercredi matin le record tombe. 2’19’’ pour la course des Jandilla. Antonio Burgos : « quand Hemingway est venu me saluer il m’est arrivé
Usain Bolt peut aller se rhabiller. Aucun coup de corne. Trop pressés. Pas un truc stupéfiant. [Il dit « la mar de rara »]. Hemingway m’a proposé de
le temps. Le 12 juillet 2004, les Jandilla, ils l’avaient pris, le temps, pour boire une gorgée de cognac ou de whisky… Du whisky après avoir tué
faire leurs courses : 8 coureurs farcis et encornés. Ou l’inverse. un toro, en attendant d’en tuer un autre et avec la chaleur qu’il faisait à
Pamplona ! Je lui ai dit non merci. Et lui, oui, il s’en est envoyé deux
rasades. Alors j’ai décidé de ne jamais plus venir à Pampelune. » À pro-
Pampelune, le mal de tête pos d’Hemingway et de son invitation à boire un coup Curro se trompe
de Curro Romero. d’un an. Il raconte que c’était l’année où, pour Life, l’écrivain suivait
9 juillet 1960, Curro Romero torée pour la première fois à Pampelune. Ordoñez pour rapporter dans L’Été dangereux son duel avec Luis Miguel
Toros d’Alvaro Domecq. Son premier, Duquesa, couleur savon, Dominguín. Il se trompe d’un an. L’Été dangereux c’était en 59. Mais
443 kilos, le premier toro de la course. Il a raconté à Antonio Burgos Curro en profitera pour démonter l’histoire de cette rivalité : « c’était
pour son livre La Esencia combien il avait été bien avec lui. Curro dit « la une invention. Ordoñez était un si grand torero qu’il n’avait pas besoin
mar de bien ». d’Hemingway. L’été n’était pas dangereux et c’était à peine un été. »
Vive Curro ! Il lui confie que malgré le boucan « horrible et habituel » des En réalité après sa première et amère expérience de juillet 1960 et forcé
arènes lui, Curro, avait toréé comme il avait l’habitude de faire, selon par ses apoderados Curro reviendra deux fois en 65 et une fois en 67
son style et que très peu l’avaient apprécié. Il précise, à ce propos, que toréer pour San Fermin. Il se fera siffler. Mais il accomplira un exploit
le fameux critique Diaz Cañabate avait, dans Abc, engueulé et foutu une déontologique. Il va, à l’occasion d’une de ces courses, réunir dans son
bronca à ce public aveugle et braillard de la plaza. Exact. Cañabate hôtel les chroniqueurs taurins et les correspondants des agences de
raconte d’abord qu’il fait très chaud, que son voisin de gradin a com- presse Cifra, Mencheta et Logos et, à une époque où les toreros leurs
mencé à bouffer une énorme côte de bœuf dès le deuxième toro et distribuaient de l’argent dans des enveloppes, leur tenir ce discours :
qu’au sixième il n’avait toujours pas fini. Que lui même avait un pain « Messieurs, ici et à partir de maintenant, on (je) ne va plus rien donner,
énorme avec de la viande dedans et qu’il s’y était jeté dessus au pas même cinq pesetas. Vous écrirez ce que vous voudrez mais les enve-
quatrième toro. Mais il a vu Curro avec de la qualité, donnant même la loppes avec l’argent j’en ai besoin pour ma maison. »
tauromachie à la cape la plus artistique, jusque-là, de la feria. À la On ne reverra plus Curro à Pampelune essayer de jouer de sa flûte au
muleta, Curro « courant la main », donnant des passes en ronds « justes milieu de la vocifération. L’an dernier dans une conférence donnée à
et belles » et une demi-douzaine de passes « superbes » qui n’arrache- Séville il répétait une nouvelle fois que le public d’une corrida devrait
ront que quelques pauvres applaudissements. Cañabate : « Pamplonais être silencieux « comme celui du tennis » et que de penser seulement à
que j’aime, à quoi pensiez-vous ? Ou alors vous avez commencé à Pampelune ça lui donnait mal à la tête.

Prochaine parution le 18 juillet 2019.

Pampelune, ANNIVERSAIRE. En 1959 la Casa Pampelune. POLÉMIQUE. Des coureurs d’encierro mécontents. Prohibition. Mexique. Après l’État de Sonora
de Misericordia (Meca) organisatrice des corridas de Les nouveaux bœufs, entre 600 et 700 kilos, qui depuis 2018 accompa- en 2013, celui de Guerrero en 2014 et de Coahuila, le
Pampelune en a marre : marre de voir les figuras gnent les toros vont trop vite. Il faut maintenant être un véritable athlète parlement de l’État de Quintana Roo dans le Yucatan
demander de plus en plus d’argent, de les voir impo- pour courir devant un toro. Pour les organisateurs la vitesse des bœufs a, fin juin, interdit la corrida et les combats de coq.
ser et des toros de moindre calibre et les élevages et permet d’ouvrir la foule et favorise la sécurité : deux blessés seulement
avec qui ou pas elles veulent toréer. La Meca prend par coup de corne en 2018. Les coureurs rétorquent que si le but c’est la Succès. VENDREDI Pampelune. Les 2 oreilles du
le problème à l’envers. Elle choisit d’abord les éle- sécurité autant amener les toros aux arènes par camion. Ils sont novillo Ofuscado, vuelta, d’El Pincha, une ganaderia
vages, et parmi les plus redoutés et prestigieux, dix cabestros, six pour l’encierro et quatre remplaçants en cas de fatigue. locale pour le Mexicain San Roman. SAMEDI, Teruel.
Miura, Pablo Romero, Guardiola et lance les invita- Leur formation, en général, deux devant, deux au milieu, deux vers la fin Alberto Lamelas 1 et 2 oreilles (toros Baltasar Iban).
tions à s’y coller et en payant très bien les volon- serait trop stricte. Elle empêcherait de rentrer dans le groupe des toros La veille les toros de Rocio de la Camara que devait
taires. Ordoñez, 4 contrats en 58, décline. Naissance bravos. Les coureurs sont aussi mécontents du liquide anti-dérapage toréer Roca Rey, remplacé par Aguado, avaient tous été
de la Feria del toro et du « toro de Pampelune » : l’âge, versé, pour éviter les chutes des toros, au tournant de la rue Estafeta. Les refusés par les vétérinaires. MERCREDI Pampelune.
le poids, le sérieux. Pour la feria 59 le prix Carriquiri chutes des toros fractionnaient le groupe, isolaient des toros et permet- Urdiales salut et silence, Castella silence et 1 oreille,
au meilleur toro ira à Rabioso d’Alvaro Domecq à qui taient de vraies courses à leur tête. Roca Rey silence (mais 2 oreilles s'il tue) et silence.
Curro Giron coupera 2 oreilles et la queue. En 1960
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gros accroc à l’éthique « feria del toro ». Le 11 juillet Programme Céret. SAMEDI corrida. Toros,
3 toros du lot envoyé par Juan Pedro Domecq, avec Fraile. Toreros, Castaño, Ivan Vicente, Joselillo.
Ordoñez, 2 oreilles, à l’affiche seront analysés DIMANCHE matin, novillada. Toros, Monteviejo.
comme afeités. L’éleveur prendra une belle prune : Toreros, Carballo, Giron, Solera. Après-midi corrida.
150.000 pesetas. Toros, Saltillo. Toreros, Robleño, Javier Cortes, Del Pilar.

editions.atelierbaie.fr Bruno Doan

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