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ÉNERGIES

Ti203 - Thermique industrielle

Échangeurs de chaleur

Réf. Internet : 42376 | 2nde édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Thermique industrielle
(Réf. Internet ti203)
composé de  :

Chaudières et fours industriels Réf. Internet : 42209

Échangeurs de chaleur Réf. Internet : 42376

Fluides, contrôle et isolation thermiques Réf. Internet : 42595

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Thermique industrielle
(Réf. Internet ti203)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Michel FEIDT
Ingénieur, docteur ès sciences, Professeur à l'Université Henri-Poincaré
Nancy 1, Ingénieur physicien de l'Institut national des sciences appliquées de
Lyon

Christian NGÔ
Docteur Gérant d'EDMONIUM

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Philippe BANDELIER Jean-François FOURMIGUÉ


Pour les articles : BE9516 – BE9518 Pour l’article : BE9517

André BONTEMPS Jean-Antoine GRUSS


Pour les articles : BE9515 – BE9517 Pour l’article : BE9516

Alain BRICARD Philippe MARTY


Pour l’article : BE9565 Pour l’article : BE9516

Nadia CANEY Zoé MINVIELLE


Pour les articles : BE9516 – BE9518 Pour les articles : BE9516 – BE9518

Patrice CLÉMENT Claude ROUSSEL


Pour les articles : BE9516 – BE9519 Pour l’article : BE9516

Monica COSTEA Lounès TADRIST


Pour l’article : BE9520 Pour l’article : BE9565

Guy DESCHAMPS Olivier TERRAL


Pour l’article : BE9542 Pour l’article : BE9542

Michel FEIDT Pascal TERRIEN


Pour l’article : BE9520 Pour l’article : BE9542

Renaud FEIDT
Pour l’article : BE9520

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VI
Échangeurs de chaleur
(Réf. Internet 42376)

SOMMAIRE
Réf. Internet page

Échangeurs de chaleur. Déinitions et principes généraux BE9515 9

Échangeurs de chaleur. Description BE9516 15

Échangeurs de chaleur. Dimensionnement thermique BE9517 21

Échangeurs de chaleur. Intensiication des échanges thermiques BE9518 29

Échangeurs de chaleur. Problèmes de fonctionnement BE9519 35

Échangeurs de chaleur. Fonctionnement en transitoire BE9520 39

Tube à passage de courant. Échangeur électrique BE9542 45

Échangeurs de chaleur à contact direct BE9565 49

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VII
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Échangeurs de chaleur
Définitions et principes généraux

par André BONTEMPS


Professeur émérite
Laboratoire des écoulements géophysiques et industriels (LEGI)
Université Joseph Fourier, Grenoble, France
Actualisation de l’article [B 2 340] écrit par BONTEMPS (A.), GARRIGUE (A.)
GOUBIER (Ch.), HUETZ (J.), MARVILLET (Ch.), MERCIER (P.), VIDIL (R.) en 1994
et mis à jour par BONTEMPS (A.) en 2013

1. Définitions générales ........................................................................... BE 9 515 - 3


2. Échangeur élémentaire ........................................................................ — 3
2.1 Aspect externe : échangeur comme quadripôle .................................... — 3
2.2 Aspect interne : échange élémentaire ..................................................... — 5
3. Architecture générale de l’échangeur ............................................. — 9
3.1 Trois principales configurations d’écoulement ...................................... — 9
3.2 Conséquences ........................................................................................... — 9
3.3 Échangeur industriel : combinaison des trois configurations
élémentaires .............................................................................................. — 11
4. Relations entre les mesures aux entrées-sorties
et le fonctionnement interne ............................................................. — 14
4.1 Hypothèse du coefficient d’échange global K constant......................... — 14
4.2 Grandeurs classiques définissant l’échangeur ....................................... — 15
5. Analyse énergétique globale.............................................................. — 19
6. Conclusions et perspectives .............................................................. — 20
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 9 515

’échangeur de chaleur, instrument clé du thermicien ou de l’énergéticien


L permet de contrôler la température d’un système ou d’un produit en
échangeant de la chaleur entre deux milieux. Il est indispensable dans de
nombreuses applications courantes, chauffage, climatisation, réfrigération,
refroidissement électronique, en génie des procédés, pour le stockage
d’énergie ou la production d’énergie mécanique (ou électrique) à partir
d’énergie thermique. Dans l’échangeur classique, un fluide chaud transfère une
partie de son enthalpie à un fluide froid. Ce type d’échangeur sert de base pour
donner les définitions et les paramètres nécessaires à son dimensionnement
ainsi qu’à la compréhension des phénomènes. D’autres types d’échangeurs
existent qui sont également évoqués.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQT

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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

Notations et symboles Notations et symboles (suite)


Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
Aℓ m2 Surface d’échange entre deux T K (ou oC) Température locale ; par extension,
fluides : si indicée 1 ou 2, surface température de mélange dans une
d’échange en contact avec les fluides section donnée
1 ou 2 respectivement
At m2 Section droite de passage d’un fluide u, v, w m/s Composantes du vecteur-vitesse
(pouvant avoir l’indice 1 et 2) en coordonnées orthonormées

cp J/(kg · K) Capacité thermique massique à pres- Vq m/s Vitesse débitante de l’écoulement


sion constante (si indicée 1 ou 2 con- dans une section donnée (= Qv/At)
cerne le fluide 1 ou le fluide 2
respectivement) x nombre Titre de vapeur (rapport entre débit-
masse de vapeur et débit-masse total)
Cɺ W/K Débit de capacité thermique
ɺ p = At ρVq cp
d’un fluide mc x, y, z m Coordonnées en repère orthonormé
(anciennement débit calorifique) β K–1 Coefficient de dilatation volumique
Cɺ1 W/K Débit de capacité thermique du fluide
du fluide 1
∆T K (ou oC) Écart de température
Cɺ 2 W/K Débit de capacité thermique
du fluide 2 ε nombre Efficacité de l’échangeur
CEPE nombre Coefficient d’Évaluation ε = max (ε1 , ε2) = max (∆T1, ∆T2)/∆Tmax
de Performance Énergétique
ε1 nombre Efficacité calculée côté chaud
Dh m Diamètre hydraulique
Cɺ1 艋 Cɺ 2 , ε1 = ∆T1 /∆Tmax
DTML K (ou oC) Différence des Températures
de mélange Moyenne Logarithmique : ε2 nombre Efficacité calculée côté froid
∆T − ∆TL
DTML = ∆T ML 0 Cɺ 艌 Cɺ , ε = ∆T /∆T
1 2 2 2 max
∆T
ln 0
∆TL θ rad Angle
e m Épaisseur λ W/(m · K) Conductivité thermique
F nombre Facteur de correction du DTML
Λ nombre Coefficient de frottement
g m/s2 Accélération gravitationnelle ou coefficient de Darcy
h W/(m2 · K) Coefficient d’échange convectif
fluide/paroi µ PI = Pa · s Viscosité dynamique
H J/kg Enthalpie massique ν m2/s Viscosité cinématique (ν = µ/ρ)
K W/(m2 · K) Coefficient d’échange global
ξ nombre Facteur de perte de pression
L m Longueur de l’échangeur
kg/s Débit-masse ρ kg/m3 Masse volumique

Nu nombre Nombre de Nusselt τ m3 Volume (dτ volume élémentaire)
NUT nombre Nombre d’unités de transfert : 
ϕ W/m2 Densité de flux thermique, puissance
K Aℓ thermique surfacique
NUT =
Cɺmin Φ W Flux thermique, puissance
p Pa Pression
Indices
Pr nombre Nombre de Prandtl
e entrée
Pm m Périmètre mouillé
ext extérieur
Q J Énergie thermique
f fluide
Qv m3/s Débit-volume i intérieur
 m2 · K/W Résistance thermique globale (= 1/K) linéique

R nombre Rapport des débits de capacité L en x = L
thermique R = min(R1 , R2)
m mouillé
R1 nombre Rapport des débits de capacité
meca mécanique
thermique R1 = Cɺ1 /Cɺ 2
M maximum
R2 nombre Rapport des débits de capacité
s sortie
thermique R = Cɺ /Cɺ
2 2 1 t thermique
Re nombre Nombre de Reynolds Re = ρVqDh/µ 0 en x = 0
s m Coordonnée curviligne 1 concernant le fluide 1 (fluide chaud)
t s Temps 2 concernant le fluide 2 (fluide froid)

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___________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGEURS DE CHALEUR

1. Définitions générales C’est ainsi que nous établissons pour chacun des fluides 1 ou
2 des paramètres mesurables et mesurés à l’entrée et à la
sortie de chacun des deux :
La définition la plus générale que nous puissions donner d’un
échangeur thermique est celle d’un appareil permettant de transfé- – l’état : liquide, gazeux ;
rer la chaleur d’une source à un puits. La source et le puits peuvent – le débit-masse m ɺ , constant de l’entrée à la sortie ;
être constitués d’un écoulement fluide (cas le plus fréquent) ou – la température T, variable dans l’échangeur ;
d’un fluide et d’un solide (cas fréquent en refroidissement électro- – la pression p, peu variable.
nique). Dans chacun des cas, le ou les fluides échangent de la cha-
leur avec une paroi d’échange qui peut être la paroi séparant les
Il est entendu que l’on connaît par ailleurs les caractéristiques
fluides ou la surface du solide en contact avec le fluide. Il existe
thermophysiques de chacun des deux fluides et notamment :
aussi des échangeurs à contact direct entre les fluides.
– la capacité thermique massique (chaleur massique) cp ;
Deux grandes classes peuvent être distinguées [1] [2] [3] : – la masse volumique ρ ;
– les récupérateurs. Par ce terme, nous désignons les échan- – la conductivité thermique λ ;
geurs dans lesquels la chaleur est instantanément transmise d’un – la viscosité dynamique µ ;
fluide chaud à un fluide froid. On néglige donc l’inertie thermique
des parois d’échanges ; ainsi que les lois de variation avec la pression, et surtout avec la
– les régénérateurs. Ce sont les échangeurs dans lesquels on température, de ces différents paramètres.
utilise l’inertie thermique pour stocker la chaleur avant qu’elle soit Pour les fluides cp , ρ et λ varient peu avec la pression p (pas du
transférée au milieu froid. Ce stockage peut être réalisé en utilisant tout pour un gaz parfait). En revanche, les variations avec la tem-
la chaleur sensible d’un milieu, sa chaleur latente ou encore une pérature T sont souvent d’une grande amplitude.
réaction thermochimique réversible. Par ailleurs, et comme les différents paramètres qui gouvernent
Les échangeurs à contact direct n’entrent dans aucune des caté- le fonctionnement de l’échangeur ont aux entrées-sorties des
gories ci-dessus. Ce sont des échangeurs qui n’utilisent pas de valeurs privilégiées parce que aisément mesurables, une théorie
paroi d’échange pour séparer deux fluides. Les fluides sont donc du fonctionnement interne vise donc à calculer pour chacun des
non miscibles. fluides les paramètres essentiels de l’évolution en fonction préci-
Une nouvelle classe d’échangeurs est devenue un sujet d’étude sément des valeurs aux entrées-sorties.
important : il s’agit des échangeurs-réacteurs qui combinent à la Le schéma de principe (figure 1) serait cependant incomplet s’il
fois les avantages d’un échangeur de chaleur classique et celles n’y était adjoint, extérieurement au quadripôle, deux pompes (ou
d’un réacteur chimique [4]. Ils seront évoqués dans les articles ventilateurs) destinées à mettre en mouvement les fluides 1 et 2 à
Échangeurs de chaleur. Description [BE 9 516] et Intensification l’intérieur de l’échangeur, en générant pour chacun des fluides
des échanges thermiques [BE 9 518]. entre l’entrée et la sortie une différence de pression égale à la
La question qui se pose pour tous les appareils signalés ci-dessus perte de pression visqueuse à l’intérieur de l’échangeur.
est leur régime de fonctionnement. Le régime de fonctionnement Cette perte de pression (perte de charge) dépend pour chacun
d’un récupérateur est essentiellement stationnaire bien qu’il puisse des fluides :
fonctionner en instationnaire en particulier lors des démarra- – de la nature du fluide ;
ges-arrêts. Les deux aspects sont étudiés bien que leur dimension- – de sa température : le coefficient de viscosité qui gouverne
nement soit effectué généralement en régime stationnaire. Le cette perte de pression y est très sensible ;
régime instationnaire sera traité dans l’article Fonctionnement en – de son débit et de la géométrie interne de l’échangeur.
régime transitoire [BE 9 520]. Quant aux régénérateurs, si leur fonc-
tionnement relève quelquefois du régime stationnaire, la plupart,
par leur principe de fonctionnement, ont un régime instationnaire. Pour un échange de flux thermique donné apparaît comme
Dans ce qui suit, nous étudions d’abord, dans le détail, l’échan- une qualité le fait que l’échangeur requiert l’énergie mécani-
geur-récupérateur en régime stationnaire, ce qui nous permet de que minimale pour son fonctionnement.
définir les grandeurs caractéristiques et de donner les éléments
nécessaires au dimensionnement thermique et hydraulique. Pour
Cette optimisation des pertes de pression à des valeurs minima-
simplifier, nous parlons d’échangeur.
les devient déterminante si on décide, pour des échangeurs sim-
ples et économiques, de recourir au mécanisme moteur qu’est la
Pour tirer pleinement profit de ce qui suit, le lecteur devra convection naturelle (article Convection thermique et massique.
avoir connaissance des principales notions de transfert de cha- Principes généraux [BE 8 205]) ou au phénomène du « gas lift »
leur que l’on peut trouver, entre autres, dans les références [5] pour assurer l’ascension d’un fluide diphasique. Ces processus,
[6] [7] [8] ainsi que dans les articles Transferts thermiques peu puissants, ne sont compatibles qu’avec de faibles pertes de
[BE 8 200], [BE 8 205], [BE 8 206], [BE 8 207], [BE 8 210]. pression et imposent bien entendu un écoulement ascendant du
fluide que l’on entend déplacer ainsi.

2. Échangeur élémentaire
2.1 Aspect externe : Pompe 1
e1 e2
Pompe 2

échangeur comme quadripôle


Vu de l’extérieur, un échangeur se présente comme une boîte
noire pourvue, comme un quadripôle électrique, de deux entrées S2 S1
et de deux sorties de fluides en écoulement.
Il est bien commode de mesurer les caractéristiques essentielles trajet indéterminé à l’intérieur du quadripôle
du fonctionnement de l’échangeur à l’un de ces quatre pôles, plutôt
que de faire des mesures, forcément plus délicates, à l’intérieur. Figure 1 – Schéma du quadripôle

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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

2.1.1 Hypothèses restrictives


Caractéristiques d’un échangeur
On se limite toujours à ce que l’on peut connaître ou traduire de en fonction de ses hypothèses restrictives
l’échangeur par la seule considération aux entrées-sorties.
1) Conformément aux considérations préliminaires, les calculs et Le débit-masse de chacun des fluides est constant
les notions classiques sur les échangeurs portent sur un régime de (condition 1) :
fonctionnement stationnaire, ce qui se traduit dans les équations
par le fait simplificateur que l’application à n’importe quel paramè- mɺ 1 = ( At ρVq )1
tre de l’opérateur ∂/∂t donne zéro (mais non pas d/dt ). Sont donc mɺ 2 = ( At ρVq )2
exclus des calculs exposant les principes de base les mises en
route ou arrêts des échangeurs qui sont traités de façon spécifi- Stationnarité (condition 2) :
que. Cependant, si l’inertie thermique est faible, ce que traduit sou-
vent la condition (3 b) ci-après (pas de stockage), on peut, si le ∂
démarrage ou l’arrêt ne sont pas trop rapides, considérer ces =0
∂t
transitions comme une suite d’états quasi stationnaires. Bien que
la stationnarité soit contenue implicitement dans la condition (3), il L’enthalpie perdue par l’un est intégralement cédée à
semble préférable d’insister sur ce point explicitement. Par l’autre ; c’est donc l’adiabatisme sans stockage (condition 3) :
ailleurs, la densité de flux thermique perpendiculaire à la paroi est,
dans les appareils courants, tellement plus élevée que la densité ± (H e − H s )1 = (H e − H s )2
de flux thermique parallèle à cette paroi que l’on néglige le plus
souvent cette dernière composante. ce qui, en monophasique et à cp constante, conduit à :
2) On admet dans ce qui suit que les deux fluides sont physi-
quement séparés l’un de l’autre par une paroi étanche au transfert ɺ 1 [cp (Ts − Te )]1 = m
±m ɺ 2 [cp (Ts − Te )]2
de masse (paroi d’échange) mais aussi perméable que possible au
transfert d’énergie thermique. que l’on écrit aussi :
En conséquence, le débit-masse de chacun des fluides est ± Cɺ1 (Ts − Te )1 = Cɺ 2 (Ts − Te )2
constant tout au long de son écoulement et en particulier :
où Cɺ1 = m
ɺ 1 cp1 et Cɺ 2 = m
ɺ 2 cp2 sont appelés les débits de capacité
mɺ 1 = ( At ρVq )1e = (At ρVq )1s
thermique des fluides 1 et 2 respectivement.
mɺ 2 = ( At ρVq )2e = (At ρVq )2s En diphasique (évaporateur ou condenseur), les titres de
vapeur :
avec A t section droite du (ou des) canal (canaux) d’écoulement,
x 1e x 1s x 2e x 2s
ρ masse volumique du fluide,
Vq vitesse débitante de l’écoulement. doivent être connus aux bornes du quadripôle.
3) On admet également que toute l’enthalpie perdue par le fluide Dans certaines applications (chauffage central par exemple),
chaud est instantanément gagnée par le fluide froid. on peut remplacer un titre de vapeur par un débit d’eau
condensée, ce qui revient au même.
Cela implique en fait deux conditions et non une seule.
a) Aucune énergie n’est perdue vers l’extérieur, ce qui traduit un
calorifugeage parfait. Aucune énergie thermique n’est non plus
créée dans l’échangeur tel que nous l’avons en fin du
2.1.2 Aménagement des hypothèses restrictives
paragraphe 1. Cependant, il n’est pas possible de constituer un Si la validité de ces relations simples situe le domaine des
échangeur sans prévoir les pertes d’énergie mécanique engen- échangeurs, précisons encore leur définition en les caractérisant
drées par la viscosité et qui se traduisent en pertes de pression. aussi parce qu’ils ne sont pas. Entre ces deux extrêmes, il existe
Mais on néglige (en général) l’apport thermique résultant de cette toute une gamme d’installations industrielles qui, ne relevant plus
transformation inéluctable d’énergie mécanique en énergie rigoureusement des hypothèses restrictives ci-avant, en sont
thermique. On parle donc d’adiabatisme de l’échangeur. encore assez proches pour que l’on applique l’ensemble des
b) Comme on l’a déjà indiqué, on suppose que toute l’énergie relations de l’encadré précédent.
perdue par le fluide chaud est instantanément gagnée par le fluide Les échangeurs « à entorse » font partie de l’article Échangeurs
froid et on parle d’échangeur-récupérateur. On doit remarquer que de chaleur ; Description [BE 9 516] où sont regroupés :
le calcul classique de l’échangeur s’accommode bien d’un chan-
gement de phase total ou partiel de l’un des fluides. – les échangeurs « à entorse » ;
– les échangeurs sans paroi ou à contact direct (cf. article Échan-
geurs de chaleur à contact direct [BE 9 565] où le transfert de masse
C’est ainsi que le fluide chaud peut être une vapeur à l’entrée d’un fluide à l’autre, bien que parasitaire en général, n’est pas nul ;
et un liquide à la sortie : on a affaire alors à un condenseur. À – l’échangeur à lit fluidisé où l’aspect diphasique n’est pas limité
l’inverse, le fluide froid, liquide à l’entrée, peut à la sortie être aux phases vapeur/liquide comme dans les bouilleurs ou les
vaporisé : on a affaire alors à un bouilleur ou évaporateur. condenseurs. Des particules solides de petites dimensions peuvent
être réinsérées au sein d’un gaz et emportées par lui. Ce type de
« fluide » diphasique a en général un coefficient d’échange
Les différences avec les échangeurs monophasiques n’apparais- convectif plus élevé à même vitesse que celui du gaz seul. Les
sent qu’au niveau du fonctionnement interne de l’échangeur où les notions fondamentales sur lesquelles se fonde le traitement se
caractéristiques mécanique et thermique de l’écoulement font trouvent dans l’article Convection thermique et massique.
appel à des notions nouvelles développées dans les articles consa- Principes généraux [BE 8 205] ;
crés à l’ébullition et à la condensation [BE 8 235] [BE 8 236] – les échangeurs dits « complexes » dans lesquels les particules
[BE 8 238] [BE 8 239]. solides peuvent aussi se trouver en suspension dans un milieu
Les caractéristiques d’un échangeur en fonction de ces hypothè- liquide ; on les trouve abondamment dans les industries agroali-
ses restrictives sont résumées dans l’encadré suivant. mentaires, par exemple ;

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___________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGEURS DE CHALEUR

– les échangeurs dits régénérateurs, où le stockage d’énergie n’est 2.2 Aspect interne : échange élémentaire
plus une entorse quantitativement faible à l’hypothèse de non-stoc-
kage mais est au contraire délibérément recherché. Ils ne rentrent pas
dans la définition évoquée plus haut. On les considère cependant tou- 2.2.1 Coefficient d’échange global
jours comme des échangeurs en distinguant les régénérateurs fixes,
Que se passe-t-il à l’intérieur du quadripôle ? Il faut, pour le
type cowper de haut-fourneau et les régénérateurs rotatifs.
savoir, suivre l’évolution thermique d’un élément de volume dτ
d’un des fluides qui circule dans les trois dimensions (x, y, z ).
Dans les régénérateurs fixes, une même masse solide est Souvent, grâce aux notions de température de mélange et de
chauffée par des gaz chauds, puis cède son énergie thermique vitesse de débit [5], on peut repérer l’élément par sa seule abscisse
à des gaz froids avant que ne recommence le cycle. Dans les curviligne s depuis l’entrée jusqu’à la sortie après un trajet de lon-
régénérateurs rotatifs, la matière d’un disque passe successi- gueur L (figure 2). Dans cette figure, le fluide chaud est le fluide 1
vement d’un courant permanent de fluide chaud à un écoule- et le froid le fluide 2. Pour une valeur donnée de l’abscisse x, on a
ment également permanent de fluide froid. représenté les profils transversaux de température et de vitesse.
Pour chaque fluide, par une moyenne appropriée, on détermine
L’essentiel du calcul relève alors de la conduction dans le donc une température de mélange T1 (x ) et T2 (x ).
solide en régime transitoire tandis que les conditions aux
limites sont soit l’isolement, soit le transfert convectif par un L’évolution d’un fluide est évidemment couplée à celle du
fluide unique auquel s’ajoute très souvent (stockage dans les deuxième fluide et les deux calculs doivent donc être concomi-
cowpers) un transfert radiatif entre le solide et les flammes ou tants.
les fumées, transfert qui n’a pas son pendant en déstockage En général, la section droite de passage A t d’un fluide est
où le fluide qui se charge d’énergie thermique est en général constante pour une abscisse x variant de 0 à L en exceptant les
de l’air, inactif en infrarouge. zones de distribution ou de collectage du fluide au voisinage de
l’entrée ou de la sortie.
Cette section A t , éventuellement somme des sections droites
2.1.3 Terminologie des canaux élémentaires si plusieurs de ceux-ci sont montés en
parallèle, est limitée par un périmètre mouillé Pm du canal ou de
Précisons aussi qu’une terminologie s’est instaurée par la l’ensemble des canaux.
finalité et la fonction auxquelles était destiné l’échangeur. La partie de ce périmètre qui se trouve sur la paroi d’échange
C’est ainsi que le terme récupérateur a été utilisé pour l’échan- qui sépare les deux fluides est appelée périmètre thermique Pt .
geur classique entre les fumées chaudes de combustion et l’air Dans certains cas, le périmètre thermique est égal au périmètre
comburant pris initialement à température ambiante (article mouillé. Ces deux notions sont illustrées dans l’exemple suivant.
Échangeurs de chaleur. Description [BE 9 516]).
On verra aussi utiliser le terme de surchauffeur ou resurchauf- Dext
feur, simple échangeur fumées chaudes/vapeur, destiné à faire
passer cette dernière de manière isobare de la température satu- Fluide 2
rante à laquelle elle sort du bouilleur à une vapeur surchauffée
dont les caractéristiques évoluent vers le gaz et ultérieurement D2
vers le gaz quasi parfait.
Les échangeurs à caloducs peuvent être traités comme des
échangeurs à ailettes où, par un mécanisme interne que l’on peut D1
ignorer en première approximation, la substance de l’ailette aurait
une conductivité thermique infinie. C’est la raison pour laquelle les
échangeurs à caloducs sont traités dans l’article Échangeurs de
chaleur. Intensification des échanges thermiques [BE 2 343], la
théorie des calculs elle-même étant donnée dans l’article Thermo- Paroi
siphons et caloducs [BE 9 545]. d’échange
Fluide 1
En revanche, la production abondante d’énergie dans un des gaz
sort l’appareil de la gamme des échangeurs pour passer dans celle Échangeur coaxial
des chaudières (articles Chaudières [BE 8 730] et [BE 8 731]).

T1(x)

e T(x,r) Tp1(x)
At Fluide 1
Rext

T(x,r) Tp2(x) Vq2 Ri


Fluide 2 r
T2(x) U2(x,r)

Pm2 = 2πRi

Figure 2 – Profils transversaux de température et de vitesse dans un tube d’échangeur

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QS
QT
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Échangeurs de chaleur
Description

par Zoé MINVIELLE


CEA Grenoble
Nadia CANEY
Université Joseph Fourier, Laboratoire LEGI
Patrice CLÉMENT
CEA Grenoble
Philippe BANDELIER
CEA Grenoble
Philippe MARTY
Université Joseph Fourier, Laboratoire LEGI
Jean Antoine GRUSS
CEA Grenoble
Claude ROUSSEL
Ex directeur R&D Alfa Laval Vicarb

1. Critères de classement......................................................................... BE 9 516 - 2


2. Échangeurs tubulaires .......................................................................... — 2
2.1 Différents types d’échangeurs tubulaires................................................ — 2
2.2 Différentes applications ............................................................................ — 9
3. Échangeurs à plaques ........................................................................... — 13
3.1 Échangeurs à surface primaire................................................................. — 13
3.2 Échangeurs à surface secondaire............................................................. — 19
3.3 Évaporateurs et condenseurs à plaques.................................................. — 19
4. Autres types d’échangeurs ................................................................. — 21
4.1 Échangeurs non métalliques .................................................................... — 21
4.2 Échangeurs en lit fluidisé.......................................................................... — 24
4.3 Microéchangeurs ....................................................................................... — 25
4.4 Échangeurs rotatifs.................................................................................... — 26
4.5 Échangeurs à un fluide.............................................................................. — 26
4.6 Échangeurs à caloducs.............................................................................. — 27
4.7 Échangeurs multifonctionnels.................................................................. — 27
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 516

ans les sociétés industrielles, l’échangeur de chaleur est un élément essen-


D tiel de toute politique de maîtrise de l’énergie. Une grande part (90 %) de
l’énergie thermique utilisée dans les procédés industriels transite au moins une
fois par un échangeur de chaleur, aussi bien dans les procédés eux-mêmes que
dans les systèmes de récupération de l’énergie thermique de ces procédés. On
les utilise principalement dans les secteurs de l’industrie (chimie, pétrochimie,
sidérurgie, agroalimentaire, production d’énergie, etc.), du transport (automo-
bile, aéronautique, marine), mais aussi dans le secteur résidentiel et tertiaire
(chauffage, climatisation, etc.). Le choix d’un échangeur de chaleur pour une
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQT

application donnée dépend de nombreux paramètres : domaine de température


et de pression des fluides, propriétés physiques et agressivité de ces fluides,

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QU
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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

maintenance et encombrement. Il est évident que le fait de disposer d’un échan-


geur bien adapté, bien dimensionné, bien réalisé et bien utilisé permet un gain
de rendement et d’énergie consommée des procédés.

1. Critères de classement Échangeurs non compacts Échangeurs compacts


< 700 m2 / m3 > 700 m2 / m3
Il existe plusieurs critères de classement des différents types
d’échangeurs. Énumérons les principaux. Cryogénie
Plaques ailetées
■ Classement technologique
Tubes ; tubes et calandre
Les principaux types d’échangeurs rencontrés sont les suivants :
Échangeurs à plaques
– à tubes : monotubes, coaxiaux ou multitubulaires ;
– à plaques : à surface primaire ou à surface secondaire ; Échangeurs à microstructures
– autres types : par exemple à contact direct, à caloducs ou à lit Diamètre hydraulique
fluidisé, à un seul fluide... 0,1
100 10 1 (mm)
■ Classement suivant le mode de transfert de chaleur
10 30 100 3 × 102 103 104 3 × 104 (m2 / m3)
Les trois modes de transfert de chaleur (conduction, convection, Compacité
rayonnement) sont couplés dans la plupart des applications (cham-
bre de combustion, récupération sur les fumées, etc.) ; il y a souvent
un mode de transfert prédominant. Pour tout échangeur avec trans- Le poumon d’un être humain est un échangeur d’une très grande
compacité (3 × 104 m2 / m3)
fert de chaleur à travers une paroi, la conduction intervient.
■ Classement suivant le régime de fonctionnement Figure 1 – Classification en fonction de la compacité
Suivant qu’il y a ou non stockage de chaleur, on définit un
fonctionnement en récupérateur ou en régénérateur de chaleur :
– tout d’abord, les échangeurs tubulaires ;
– transfert sans stockage, donc en récupérateur, avec deux ou n – puis, les échangeurs à plaques ;
passages et un écoulement en général continu ;
– et, enfin, quelques autres types d’échangeurs en fonction de la
– transfert avec stockage, donc en régénérateur, avec un seul
nature de la paroi.
passage et un écoulement intermittent, la matrice de stockage
étant statique ou dynamique. Le choix d’un échangeur de chaleur pour une application don-
née dépend de nombreux paramètres : les propriétés physiques
■ Classement suivant l’état des fluides des fluides, leur agressivité, les températures, ainsi que les
Le passage des fluides dans l’échangeur peut s’effectuer avec ou pressions de service. Les contraintes d’encombrement et de main-
sans changement de phase ; suivant le cas, on dit que l’on a un tenance doivent aussi être prises en compte, ainsi que les
écoulement monophasique ou diphasique. On rencontre alors les considérations économiques.
différents cas suivants :
Dans le tableau 1, nous avons établi une liste, non exhaustive,
– les deux fluides ont un écoulement monophasique ; des principaux types d’échangeurs de chaleur, classés par famille,
– un seul fluide présente un changement de phase, cas des éva- et des principales caractéristiques de chaque famille.
porateurs ou des condenseurs ;
– les deux fluides présentent un changement de phase, cas des
évapocondenseurs.
■ Classement suivant la compacité de l’échangeur 2. Échangeurs tubulaires
La compacité est définie par le rapport de l’aire de la surface
d’échange au volume de l’échangeur. R.K. Shah propose qu’un
échangeur soit considéré comme compact si sa compacité est 2.1 Différents types d’échangeurs
supérieure à environ 700 m2/m3. Une classification en fonction de tubulaires
la compacité peut être donnée (figure 1).
■ Classement suivant la nature du matériau de la paroi d’échange 2.1.1 Différentes catégories existantes
On retient deux types de paroi :
– les échangeurs métalliques : en acier, cuivre, aluminium, ou Pour des raisons historiques et économiques, les échangeurs
matériaux spéciaux : superalliages, métaux ou alliages réfractaires ; utilisant des tubes comme constituant principal de la paroi
– les échangeurs non métalliques : en plastique, céramique, d’échange sont les plus répandus. On peut distinguer trois catégo-
graphite, verre, etc. ries en fonction du nombre de tubes et de leur arrangement, qui
autorisent une surface d’échange croissante entre les deux fluides
■ Quel choix proposer ? du m2 à quelques milliers de m2 :
Ces différents groupes peuvent se recouper ; aussi choisi- – échangeur monotube (figure 2a ), dans lequel le tube est placé
rons-nous pour décrire les différentes technologies et les applica- à l’intérieur d’un réservoir et a généralement la forme d’un serpen-
tions des échangeurs : tin ou d’un drapeau ;

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___________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGEURS DE CHALEUR

a échangeur monotube b échangeur coaxial cintré c échangeur à tubes séparés


en serpentin

Ailettes
Rubans
Liquide

Tubes
Liquide
ailetés

d échangeur à tubes rapprochés e batterie à ailettes f échangeur à tubes et calandre

Figure 2 – Divers types d’échangeurs tubulaires

– échangeur bitube ou coaxial (figure 2b), dans lequel les deux


tubes sont concentriques et l’échangeur est souvent cintré pour
limiter son encombrement ; en général, le fluide chaud ou le fluide
à haute pression s’écoule dans le tube intérieur ;
– échangeur multitubulaire, existant sous plusieurs formes :
• échangeur à tubes séparés (figure 2c ) : à l’intérieur d’un tube
de diamètre suffisant (de l’ordre de 100 mm) se trouvent
placés plusieurs tubes de petit diamètre (8 à 20 mm) mainte-
nus écartés par des entretoises. L’échangeur peut être soit
rectiligne, soit enroulé,
• échangeur à tubes rapprochés (figure 2d ) : pour maintenir ondulées
les tubes et obtenir un passage suffisant pour le fluide planes
extérieur au tube, on place un ruban ou un fil enroulé en a ailettes continues
spirale autour de certains d’entre eux. Les tubes s’appuient
les uns sur les autres par l’intermédiaire des rubans. Les
tubes peuvent être soit lisses, soit ailetés (figure 2e) : ces
derniers permettent d’améliorer le coefficient d’échange
thermique ; différents types d’ailettes sont présentés au
paragraphe 2.1.2,
• échangeur à tubes et calandre (figure 2f ) : le nombre de
tubes varie alors de quelques dizaines à plusieurs milliers ;
c’est l’échangeur actuellement le plus répandu ; de ce fait, le
paragraphe 2.1.3 lui est donc consacré. pleine
ou
segmentée
2.1.2 Échangeurs à tubes ailetés b ailettes indépendantes
Lorsque l’un des fluides transitant dans l’échangeur s’avère
nettement moins bon caloporteur que l’autre, l’utilisation d’ailettes Figure 3 – Ailettes continues ou indépendantes
s’impose autour des tubes ou quelquefois dans les tubes afin que
la résistance thermique globale ne soit pas principalement due au
fluide ayant le plus petit coefficient d’échange thermique (cf. article caloporteur ayant un bon coefficient d’échange. Le fluide extérieur
Échangeurs de chaleur. Intensification des échanges étant un gaz (air généralement), un ailetage externe des tubes est
thermiques [RE 9 518]). C’est le cas des échangeurs gaz-liquide et nécessaire pour diminuer l’écart entre les résistances thermiques
liquide-gaz utilisés dans la récupération thermique sur les fumées externe et interne.
ou les gaz chauds ou dans les différents systèmes thermodyna- Les ailettes peuvent être disposées de différentes façons.
miques tels que les pompes à chaleur ou les groupes de
réfrigération ; en génie climatique, ces échangeurs sont appelés
batteries à ailettes. ■ Ailettes transversales
Les batteries à ailettes sont constituées d’un faisceau de tubes, On ne considère que les ailettes extérieures aux tubes ; elles
répartis en rangs ou nappes, dans lesquels circule un fluide peuvent être continues ou indépendantes (figure 3).

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BE 9 516 – 4

ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________


Tableau 1 – Classement technologique des échangeurs

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Pression Performances de Pertes de
Type d'échangeur Température Fluide Matériaux Compacité Taille Fonction Application
maximale transfert (KS) charge
Tubes lisses ou – 200 à 1000 °C 200 bar côté 2 3 2
Côté tubes si Tous 100 à 500 m /m → 45 000 m Bonnes Modérées Liquide/Liquide Toutes

beYUQV
corrugués côté tubes tubes encrassant Évaporation
→ 300 °C côté 40 bar côté Condensation
Tubes et calandre calandre
calandre(§ 2)
Tubes ailetés Fluide propre Métaux 300 à Bonnes grâce à Évaporation Pétrochimie
changeant de 1500 m2/m3, l’extension de Condensation Machines
phase Ailettes basses surface frigorifiques
Tube lisse enroulé → 200 °C 25 bar Encrassant Métaux → 1 m2/m3 circulaire Quelques m2 Limitées par le Très faibles Chauffage ou Contrôle de la
Serpentins (§ 2) Polymères → 200 m2/m3 à plat fluide extérieur refroidissement température de
de liquides bains

Tubes coaxiaux Un tube et un → 200 °C 40 bar Liquides Métaux Quelques m2 Agro-alimentaire


(§ 2) espace annulaire encrassants Chimie
Gaz sous pression Pharmacie
Plaques et joints → 150 °C à 25 bar Encrassant car Métaux 200 à 600 m2/m3 → 3 000 m2 Très élevées, Moyennes à Liquide/Liquide Tout réchauffage ou
230 °C selon démontable Graphite limitées par la élevées Évaporation refroidissement de
les joints perte de charge Condensation liquide,
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admissible Quelques
applications en
changement de
phase
Plaques soudées — 200 à 600 °C 120 bar Faiblement Métaux 400 à 600 m2/m3 → 22 500 m2 Moyennes à Liquide/Liquide Chimie
encrassant élevées Évaporation Pétrochimie
Condensation Pharmacie
Pétrole
Cryogénie
Plaques brasées → 250 °C 30 bar Déconseillé si Métaux 500 à 800 m2/m3 → 100 m2 Moyennes à Liquide/Liquide Sanitaire
Compacts (§ 3) encrassant élevées Évaporation Procédés
Condensation
QX

Plaques à ailettes Acier 300 à Évaporation Cryogénie


Aluminium 6 000 m2/m3 Condensation
Plaques à — 200 à 900 °C 650 bar → 10 000 m2/m3 Faibles Évaporation Transport,
microcanaux Cryogénie,
Microfluidique
Minitubes Inox → 1 000 m2/m3 → 1 m2 Médical
2/m3 1 à 3 000 m2
Plaques spiralées — 100 à 400 °C 40 bar Possible si Métaux 100 à 300 m Moyennes à Liquide/Liquide Chimie
encrassant élevées Condensation Traitement
Évaporation des eaux usées
Pétrole
Surface lisse — 20 à 400 °C Gaz ou matériau Métaux Très faibles Gaz/Gaz Récupération de
→ 1 100 °C massif Objet solide chaleur
Refroidissement de
moules, de
Caloducs (§ 4.6) composants
électroniques
Surface ailetée — 20 à 400 °C Gaz Métaux Très faibles Récupération de
chaleur
Plaques(§ 3.2) Gaz ou fluide Métaux 300 à Bonnes grâce à Gaz/Gaz Batteries de
changeant de 6 000 m2/m3 l’extension de Évaporation climatisation
phase côté ailettes surface Condensation Cryogénie
Tubes(§ 2.1.2) Gaz côté ailettes Métaux 1 000 à Échanges Batteries de
Surfaces ailetées 3 000 m2/m3 gaz/liquide climatisation
Évaporation Aéroréfrigérants
Condensation Aérocondenseurs
Tubes Gaz côté ailettes Métaux Échanges Radiateurs transport
plats(§ 2.1.2) gaz/liquide
Double enveloppe → 150 °C Quelques Déconseillé si Acier inox → 5 m2/m3 Contrôle de Chimie
Double sur cuve bars encrassant température de Pharmacie
enveloppe liquide dans les Agro-alimentaire
cuves agitées
___________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGEURS DE CHALEUR
Tableau 1 – Classement technologique des échangeurs (suite)
Pression Performances de Pertes de
Type d'échangeur Température Fluide Matériaux Compacité Taille Fonction Application
maximale transfert (KS) charge
Matrice de → 1 000 °C Gaz, identique des Métaux Gaz/Gaz Récupération de
stockage deux côtés car Réfractaires chaleur
Rotatifs (§ 4.4) parcourue légère fuite
alternativement
par les fluides
chaud et froid
Échangeur Gaz ou liquide Gaz/Solide Chimie
immergé dans un Liquide/Solide
Lit fluidisé (§ 4.2) lit de particules Réaction
fluidisées, chimique
réactives ou non
Empilements → 1 500 °C Gaz Réfractaires 50 m2/m3 Récupération Verrerie
Régénérateurs discontinue sur Sidérurgie
gaz
Tubes avec → 200 °C 40 bar Liquides Métaux 50 à 100 m2/m3 1-100 m2 Concentration Agroalimentaire
Surface raclée inserts mobiles visqueux, fragiles Réchauffage
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ou chargés
Pas de paroi → 100 °C Généraleme Liquide pulvérisé Évaporation- Agroalimentaire
Contact direct séparant les deux nt Séchage Centrales
fluides atmosphériq Tours de électriques
ue refroidissement
Tubes ou blocs → 220 °C 15 bar Fluides très Graphite → 300 m2 Modérées Modérées Liquide/Liquide Chimie
avec deux corrosifs imprégné Vapeur/Liquide Fluides corrosifs
matrices de trous Céramiques
Tubes ou plaques → 120 °C-250 °C Quelques Fluides corrosifs PVDF, PE, PFA, → 200 m2/m3 → 400 m2 Médiocres, à Liquide/Liquide Chimie
polymère selon le bars et encrassants composites cause de la paroi Air/Air Fluides corrosifs
QY

polymère peu conductrice Gaz/Liquide


Non métalliques Tubes de verre → 250 °C-450 °C Modérée Fluides corrosifs Verre Médiocres, à Chimie
(§ 4.1) selon le verre et encrassants sodocalcique ou cause de la paroi Pharmacie
Buées borosilicaté peu conductrice Agroalimentaire
Céramiques → 900 °C à Modérée Fumées Carbure de Médiocres, à Chimie
1 500 °C silicium cause du transfert
Nitrure côté gaz
de silicium
SiAlON
Cordiérite
Réacteurs Milieu réactionnel Métaux Réaction Chimie
Multifonctionnel Mélangeurs chimique Pharmacie
s (§ 4.7) combinée au Agroalimentaire
transfert de Pétrochimie
chaleur Stockage H2
Stockeurs à Surface ailetée Dépend du Matériau à Métaux Stockage de Stockage de chaleur
changement de choix du MCP changement de chaleur ou de ou de froid sur des
phase phase (MCP) froid cycles courts
→ 100 °C Eau Cuivre Refroidissemen Électronique de

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Plaque froide Aluminium t d’un puissance
(§ 4.5) composant
solide

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Électriques Tubes à passage → 1 000 °C Gaz Métaux
de courant Produits
BE 9 516 – 5

thermosensibles
Fluides corrosifs
Thermoplongeurs → 600 °C Fluides Métaux → 500 m2/m3 Flux imposé Modérées Chauffage de Toutes
caloporteurs liquide

K coefficient d’échange
S surface d’échange
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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

Collet

Ailettes intégrées Ailettes rapportées Ailettes


par extrusion ou par sertissage bimétalliques
moletage
a ailettes annulaires
Figure 6 – Ailettes longitudinales

Écart de température entre les deux fluides croissant


b ailette spiralée

Figure 4 – Ailettes annulaires ou spiralées


a à boîte fixe

Encrassement augmentant

a ailettes à fils
préformés

b à boîte flottante

b ailettes
poinçonnées

c à tube en U (ou épingle)

c ailettes en brosse Figure 7 – Échangeur à tubes et calandre : principales technologies

Les assemblages usuels des tubes à ailettes transversales sont,


Figure 5 – Autres types d’ailettes transversales soit en quinconce (pas triangulaire), soit en ligne (pas carré)
(figure 9).

Les ailettes continues sont traversées par plusieurs tubes. De ■ Ailettes longitudinales
forme généralement rectangulaire, elles sont souvent fabriquées Les ailettes sont disposées suivant l’axe des tubes (figure 6) ;
par emboutissage puis fixées par dilatation des tubes. Un collet elles peuvent être situées à l’intérieur ou à l’extérieur des tubes.
fixe l’écartement entre les ailettes. Elles peuvent être planes ou Pour améliorer le transfert de chaleur, elles sont quelquefois loca-
ondulées ; l’ondulation provoque une perturbation de l’écoulement lement torsadées.
qui améliore l’échange thermique.
Les ailettes indépendantes sont traversées par un seul tube.
2.1.3 Échangeurs à tubes et calandre
Elles peuvent être pleines ou segmentées. Les ailettes indépen- Les principales technologies d’échangeurs à tubes et calandre
dantes peuvent être de différentes sortes : sont représentées sur la figure 7 et, pour faire un premier choix,
les deux paramètres principaux sont l’encrassement et l’écart de
– ailettes annulaires, en principe des ailettes pleines (figure 4a) ;
température entre les deux fluides.
– ailette hélicoïdale (spiralée) (figure 4b ), pleine ou segmentée, La désignation la plus couramment appliquée par ce type
bien adaptée aux grandes longueurs de tubes. Elle est généra- d’échangeur est celle du standard américain TEMA (Tubular
lement obtenue par enroulement d’un ruban serti ou soudé sur le Exchanger Manufacturers Association). Cette association de
tube. Si la hauteur de l’ailette est grande devant le rayon du tube, constructeurs édite un ensemble de normes et de logiciels
l’ailette est segmentée. permettant de répondre à la majorité des besoins industriels.
■ Autres types d’ailettes transversales Un échangeur TEMA est désigné par trois lettres représentant
respectivement le type de boîte avant, de calandre et de boîte
On peut observer sur la figure 5 quelques autres types d’ailettes arrière de l’échangeur. À titre d’exemple, la figure 8 donne les
fréquemment utilisés. De nombreux constructeurs utilisent des différents éléments constitutifs d’un échangeur TEMA type AEL,
ailettes qui leur sont spécifiques. que l’on va détailler ci-après.

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RP
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Échangeurs de chaleur
Dimensionnement thermique

par André BONTEMPS


Professeur émérite
Laboratoire des écoulements géophysiques et industriels (LEGI)
Université Joseph Fourier
et Jean-François FOURMIGUÉ
Ingénieur – Chercheur
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives
Cet article est la réédition actualisée de l’article [B 2 340] précédemment écrit
par A. BONTEMPS, A. GARRIGUE, Ch. GOUBIER, J. HUETZ, Ch. MARVILLET, P. MERCIER
et R. VIDIL

1. Présentation............................................................................................ BE 9 517 - 2
1.1 Problème thermohydraulique .................................................................. — 2
1.2 Principe du calcul thermique d’un échangeur ........................................ — 2
1.3 Logique de la phase de dimensionnement............................................. — 3
1.4 Optimisation du dimensionnement......................................................... — 4
1.5 Méthodes de calcul analytique ou numérique ....................................... — 4
2. Méthodes de calcul analytique.......................................................... — 4
2.1 Principes de calcul .................................................................................... — 4
2.2 Détermination du coefficient d’échange global ..................................... — 4
2.3 Méthode du DTML .................................................................................... — 5
2.4 Méthode de l’efficacité – NUT .................................................................. — 14
3. Méthodes numériques.......................................................................... — 18
3.1 Système d’équations ................................................................................ — 18
3.2 Présentation de la méthode des volumes finis ...................................... — 18
3.3 Notions de maillage .................................................................................. — 19
3.4 Simulation monodimensionnelle d’un échangeur................................. — 20
3.5 Phénomènes physiques supplémentaires .............................................. — 22
4. Logiciels de mécanique des fluides ................................................. — 22
4.1 Utilisation de logiciels .............................................................................. — 22
4.2 Exemples d’approches globales .............................................................. — 23
4.3 Exemples d’approches locales................................................................. — 25
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 9 517

es outils à la disposition de l’ingénieur pour le dimensionnement d’un


L échangeur ou pour l’évaluation des performances d’un échangeur existant
sont très nombreux et le choix peut alors sembler très difficile. Ils sont en fait
très complémentaires et peuvent être utilisés successivement lors d’une
démarche de dimensionnement d’un appareil.
Les méthodes analytiques suffisent pour dimensionner un échangeur ou
pour évaluer les performances d’un échangeur déjà défini dans le cadre d’un
procédé industriel déjà bien maîtrisé et d’une gamme d’équipements classi-
ques déjà utilisés sur un procédé similaire. C’est d’ailleurs sur des méthodes
de ce type que sont basés les outils métiers des fabricants. Le plus qu’elles
apportent est de s’appuyer sur des bases de données de performances, pertes
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQT

de pression et coefficients d’échange, basée sur des mesures réalisées sur


leurs échangeurs. Les deux principales méthodes, décrites dans cet article,
sont la méthode du DTML (différence de température moyenne logarithmique),

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RQ
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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

mieux adaptée au dimensionnement et la méthode de l’efficacité – NUT


(nombre d’unités de transfert), mieux adaptée à l’évaluation des transferts de
chaleur d’un échangeur déjà défini.
La simulation numérique vient après quand on sort des configurations classi-
ques, en particulier pour les fluides, les régimes de fonctionnement, et que des
problèmes peuvent se présenter en termes de distribution ou d’échange ther-
mique local. Les simulations peuvent alors apporter une information beaucoup
plus fine avec une représentation 1D, 2D ou 3D des écoulements et transferts
de chaleur.
Un tableau de notations et symboles est placé en fin d’article.

1. Présentation parfaitement maîtriser les hypothèses et les paramètres ; il faut


donc pour cela :
– définir un modèle d’écoulement lorsque celui-ci est complexe ;
– prendre les corrélations physiques les mieux adaptées ;
1.1 Problème thermohydraulique – choisir un algorithme pour le problème que l’on se pose, soit
de type dimensionnement, soit de type évaluation ;
Dans l’industrie des échangeurs de chaleur, les problèmes rele- – prendre une méthode numérique fiable assurant une
vant de la thermohydraulique concernent avant tout le dimension- convergence du calcul thermique pour tous les cas spécifiés.
nement thermique des appareils.
Au centre de la phase de dimensionnement se trouve le calcul
La complexité du problème de calcul thermique des échangeurs thermique proprement dit.
vient de plusieurs facteurs qui sont :
– la grande diversité des appareils (échangeurs tubulaires, à pla-
ques, etc.) ; 1.2 Principe du calcul thermique
– la variété des régimes d’écoulement : simple phase en régime d’un échangeur
laminaire ou turbulent, avec ou sans effet de convection naturelle,
diphasique en évaporation ou en condensation, condensation avec Cet article se limite au cas des échangeurs – récupérateurs. La
ou sans incondensables, mélanges de fluides, etc. ; figure 1 illustre dans son principe le calcul thermique d’un échan-
– le nombre important des configurations d’écoulement, pou- geur.
vant aller bien au-delà de deux fluides dans le cas d’un échangeur Il convient de préciser :
compact, par exemple. – les données nécessaires : données géométriques, de fonction-
À cette complexité due à la technologie des appareils et à la nement et propriétés physiques des fluides ;
nature de la physique des écoulements s’ajoute la difficulté – la phase thermique proprement dite, comprenant des calculs
d’écrire un logiciel basé sur une méthode de calcul dont on doit géométriques (sections de passage des fluides, diamètres hydrau-

Températures
1. Calculs géométriques annexes
Pressions

Propriétés physiques Puissance thermique


des fluides (mode évaluation)

Débits ou

2. Calculs de transfert de chaleur


Encrassement Surface d’échange,
dimensions,
(mode dimensionnement)
Type d’appareil
(tubes, plaques ...)

Pertes de pression
Configuration d’écoulements
(cocourant...) 3. Calculs de pertes de pression

Figure 1 – Principe du calcul thermique d’un échangeur

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RR
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___________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGEURS DE CHALEUR

liques, etc.), puis des calculs de transfert de chaleur et de pertes de – les températures d’entrée et de sortie de chaque fluide ;
pression, nécessitant tous les deux l’appel à des corrélations – les résistances d’encrassement.
adéquates ;
– les résultats, sous forme succincte (puissance thermique La tâche de l’ingénieur est de choisir un type d’échangeur
échangée et pertes de pression) ou sous forme détaillée (valeurs (plaques, tubes et calandre...), la configuration des écoulements
locales des coefficients d’échange, nombres adimensionnels (cocourant..., nombre de passes...), les matériaux, certaines
caractéristiques, etc.). caractéristiques des surfaces d’échange (corrugations...), les dispo-
Le calcul d’un échangeur peut être abordé de deux façons sitifs d’amélioration des transferts thermiques (inserts...) puis, après
différentes. cette sélection préliminaire, de déterminer la taille de l’échangeur
pour remplir les services hydraulique et thermique désirés.
§ Par un mode évaluation (rating ) dans lequel la géométrie
complète de l’échangeur est connue. On désire déterminer la puis-
sance thermique échangée ainsi que les températures de sortie et 1.3 Logique de la phase
les pertes de pression de chaque fluide. Dans ce mode de calcul,
en plus des propriétés physiques des fluides, il convient de de dimensionnement
connaître :
Le problème du dimensionnement thermique dans une instal-
– la géométrie de l’échangeur ;
lation industrielle est illustré par la figure 2. Il commence, tout
– les configurations d’écoulements ;
d’abord, par la sélection du type d’échangeur adapté au problème
– la nature et la disposition des matériaux utilisés ;
posé, puis vient la phase de dimensionnement thermique pro-
– les géométries et les caractéristiques des surfaces ; prement dite ; elle est essentiellement destinée à déterminer, par
– les débits des fluides ; le calcul, la surface d’échange nécessaire au transfert de puissance
– la température d’entrée de chaque fluide ; entre les fluides considérés.
– les résistances d’encrassement.
Cette phase de calcul est le plus souvent itérative et permet
§ Par un mode dimensionnement (sizing ) dans lequel on connaît d’approcher par des essais successifs la solution qui semble la
les services hydraulique et thermique demandés à l’échangeur. On meilleure, à la fois du point de vue thermique et du point de vue
désire déterminer les caractéristiques géométriques de l’échan- hydraulique. L’aspect hydraulique concerne les pertes de pression
geur, en particulier les surfaces d’échange. Dans ce mode de cal- (pertes de charge) sur chaque circuit, et apparaît comme une
cul, en plus des propriétés physiques des fluides, il convient de contrainte au problème d’optimisation thermique : l’optimum géo-
connaître : métrique, qui conduirait à une diminution de la surface pour le
– la puissance thermique échangée imposée ; même rendement thermique, ne doit pas être pénalisant du point de
– les pertes de pressions maximales imposées ; vue des pertes de pression admissibles. Un calcul de dimensionne-
– les débits des fluides ; ment d’échangeurs doit être capable de résoudre ce problème.

Sélection d’un type d’échangeur

Choix d’un ensemble de données


géométriques

Calcul thermique d’échangeur


Modification des paramètres de
conception
Puissance

Non
Pertes de pression acceptables ?

Oui

Calcul mécanique

Coût

Figure 2 – Logique de la phase de dimensionnement thermique

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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

– en mode dimensionnement, elles n’offrent en général pas la


Cette phase de dimensionnement thermique peut être possibilité de dégager l’influence de certains paramètres géométri-
manuelle ou effectuée à l’aide d’un outil informatique ; dans ques. En effet, les corrélations utilisées sont obtenues à partir de
les deux cas, l’enchaînement itératif conduisant à répéter le résultats globaux sur des appareils standard.
calcul thermique après modification de certains paramètres
thermiques est identique. Ces méthodes nécessitent une bonne connaissance pratique des
échangeurs dès que l’on s’éloigne des dimensions standard. De
La phase de dimensionnement thermique de l’échangeur
plus, elles ne sont pas bien adaptées aux échangeurs fonctionnant
n’est qu’une des étapes permettant d’arriver au dessin final,
en régime diphasique, tels que les évaporateurs et les
avec la phase de dimensionnement mécanique.
condenseurs.
Suite au calcul thermique, certains logiciels proposent une
phase d’estimation du coût de l’appareil ; cette estimation du La simulation numérique est un outil très important qui vient
coût de fabrication peut être chiffrée à partir de coûts unitaires compléter les approches par les méthodes analytiques. En effet,
(prix des composants, temps d’usinage, etc.), ou plus approxi- elles peuvent apporter deux types d’informations qui viennent soit
mativement à partir du poids de l’appareil ou de la surface affiner celles données par les méthodes globales, soit les alimenter
d’échange. en données fiables :
– elles permettent d’étudier plus en détails le fonctionnement
d’un échangeur sur des points particuliers comme la distribution
1.4 Optimisation du dimensionnement de fluides, les phénomènes tridimensionnels de recirculation ou de
bypass ;
La solution issue du dimensionnement thermique d’un échan- – elles peuvent fournir des informations locales indispensables
geur est en général insuffisante pour déterminer les caractéris- pour les méthodes analytiques comme des corrélations de coeffi-
tiques complètes d’un nouvel échangeur. En effet, des contraintes cients d’échange thermique pour de nouvelles géométries que l’on
supplémentaires s’ajoutent aux précédentes. Par exemple, l’objec- ne trouve pas dans la littérature.
tif de l’ingénieur est de minimiser le poids, le volume, la surface Le paragraphe 3 présente ces deux approches par des exemples
d’échange, les pertes de pression et la puissance de pompage et concrets.
de tenir compte d’autres caractéristiques spécifiques à l’installa-
tion (niveau de température, matériaux résistants à la corrosion...).
Des méthodes d’optimisation peuvent être trouvées dans les
références [1] [2].
2. Méthodes de calcul
analytique
1.5 Méthodes de calcul analytique
ou numérique
2.1 Principes de calcul
On considère généralement deux types de méthodes complé-
mentaires qui peuvent être utilisées soit pour l’évaluation, soit Plusieurs types de calcul peuvent être envisagés. Les deux prin-
pour le dimensionnement : les méthodes analytiques et les métho- cipaux sont les suivants :
des numériques.
– la détermination de la surface d’échange Aℓ connaissant la
Les méthodes analytiques sont des méthodes qui considèrent puissance échangée Φ et les températures d’entrée et de sortie des
généralement l’échangeur dans sa globalité (comme un quadripôle deux fluides (fluide chaud, T1e , T1s ; fluide froid, T2e , T2s ;
tel qu’il est défini dans l’article [BE 9 515], Échangeurs de chaleur. figure 3). C’est la méthode de DTML, différence de température
Définitions et principes généraux, et rappelé figure 3). Ces moyenne logarithmique. Cette méthode est particulièrement bien
méthodes présentent donc, du fait des hypothèses, certaines adaptée au mode dimensionnement ;
limitations : – la détermination des températures de sortie des fluides,
– pour permettre l’intégration des équations analytiques, elles connaissant leurs températures d’entrée et la surface d’échange.
supposent que le coefficient d’échange global est constant le long C’est la méthode de l’efficacité. Elle est bien adaptée au mode éva-
de l’échangeur ; luation.
Les deux méthodes peuvent être utilisées simultanément en
particulier lorsqu’on désire faire varier certaines grandeurs.

∆T1
2.2 Détermination du coefficient
T1e T1s
d’échange global
.
m1 T1
2.2.1 Formulation générale

. Quelle que soit la méthode, il est nécessaire de calculer le


m2 T2 coefficient d’échange global K. On considère un fluide chaud de
T2e T2s température de mélange T1 et un fluide froid de température de
mélange T2 de part et d’autre d’une paroi d’échange (figure 4).
L’aire de la surface de la paroi d’échange côté chaud, de tempéra-
∆T2 ture Tp1 , est Aℓ1 et l’aire de la surface côté froid, de température
Tp2 est Aℓ2 .

Figure 3 – Représentation schématique du quadripôle représentant On considère que le flux de chaleur Φ est uniquement trans-
un échangeur de chaleur versal. On peut écrire ce flux de plusieurs façons différentes :

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Choisissant, par exemple, Aℓ = Aℓ1 comme surface d’échange de


référence, on a :

T2 1 1 1
= + Rc +
K h1 A
Tp2 h2 ℓ 2
Aℓ1

Et le flux s’écrit :
Φ = K Aℓ1 (T1 − T2 )
Φ
Tp1
AL
2 La formule donnant le coefficient d’échange peut être modifiée
pour tenir compte de plusieurs aspects importants :
AL
1 – les surfaces d’échange peuvent comporter des extensions
(ailettes...) dont la température n’est pas Tp1 ou Tp2 . Dans ce cas,
on définit un rendement de surface ailetée η1 ou η2 en admettant
que toute la surface d’échange (extensions comprises) est à la
température Tp1 ou Tp2 ;
– les surfaces d’échange peuvent être recouvertes d’une couche
de matériau liée à l’encrassement de ces surfaces. On définit alors
T1 deux résistances d’encrassement Re1 et Re2 .
Le coefficient d’échange peut alors être déterminé de façon plus
générale par :
Figure 4 – Températures de part et d’autre d’une paroi d’échange
1 1 1
= + Rc Aℓ1 +
K h1 Aℓ2
– flux convectif entre le cœur du fluide chaud et la surface h2
Aℓ1
d’échange Aℓ1 :
T1 − Tp 1 Ce calcul nécessite de connaître la température à laquelle les
Φ = h1Aℓ1 (T1 − Tp 1) = différentes grandeurs doivent être déterminées. On utilise généra-
Rs1 lement une moyenne appelée température caractéristique.

avec h1 coefficient d’échange convectif entre le fluide chaud et la


paroi, 2.2.2 Coefficients d’échanges convectifs
Rs1 résistance thermique superficielle qui lui est liée. Le calcul des coefficients d’échanges convectifs s’effectue à l’aide
– flux conductif à travers la paroi d’échange : du nombre de Nusselt qui lui-même est déterminé à l’aide de corré-
lations. Nous rappelons dans un encadré en fin d’article les principa-
les corrélations pour des écoulements en convection forcée à
Tp 1 − Tp 2
Φ= l’intérieur de tubes ainsi que celles pour des écoulements à l’inté-
Rc rieur d’une calandre. Dans ce dernier cas, plusieurs méthodes ont
été proposées, dont les plus connues sont celles de Kern [4] et de
avec Rc résistance thermique de conduction. Bell appelée Bell – Delaware [12] [13]. Seule la plus simple, celle de
Kern, est rappelée dans l’encadré. Pour d’autres types d’échangeurs
– flux convectif entre la surface d’échange Aℓ2 et le cœur du
(échangeurs compacts, échangeurs à plaques par exemple), il
fluide froid :
convient, soit d’adapter les corrélations présentées pour les tubes,
Tp 2 − T2 soit d’utiliser des corrélations spécifiques [8].
Φ = h2 Aℓ2 (Tp 2 − T2 ) =
Rs 2

avec h2 coefficient d’échange convectif entre le fluide chaud et la


2.3 Méthode du DTML
paroi,
On sait [BE 9 515] que la valeur locale de la puissance élémen-
Rs2 résistance thermique superficielle qui lui est liée. taire dΦ échangée à travers un élément dAℓ de la surface
d’échange est donnée par l’équation :
On peut définir le coefficient d’échange global K en écrivant le
flux de chaleur transmis du cœur du fluide chaud à celui du fluide
froid sous la forme : dΦ = K (T1 − T2 ) dAℓ

T1 − T2 avec K coefficient d’échange global entre les fluides 1 et 2


Φ = K Aℓ (T1 − T2 ) = situés de part et d’autre de la paroi d’échange,
Rt
T1 et T2 températures de mélange.
avec Aℓ surface d’échange convenablement choisie La surface d’échange totale s’obtient en intégrant l’équation
(généralement soit Aℓ1, soit Aℓ2 ). précédente :
Écrivant que Rt est la somme des résistances thermiques en dΦ
série, on obtient : Aℓ = ∫ K (T1 − T2)
Rt = R s 1 + Rc + R s 2
L’intégration ne peut s’effectuer que si l’on connaît l’évolution
1 1 1 du coefficient d’échange en fonction des températures T1 et T2
Soit = + Rc + .
K Aℓ h1Aℓ1 h 2 Aℓ 2 dont l’évolution suivant l’écoulement doit elle-même être connue.

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Pratiquement, l’intégration ne peut s’effectuer simplement qu’en Dans ce cas, la différence de température moyenne logarithmi-
admettant les hypothèses suivantes : que s’écrit :
– on définit une température moyenne caractéristique pour cha- (T1e − T2e ) − (T1s − T2 s )
que fluide ; ∆TML =
– on suppose constant le coefficient d’échange global K déter-  T − T2e 
ln  1e
miné aux températures moyennes caractéristiques.  T1s − T2 s 
La surface d’échange s’obtient alors par la relation :
Formule que l’on écrit plus succinctement :
Φ Φ
Aℓ = = ∆Ta − ∆Tb
K ∆T12 K ∆TM ∆TML = = DTML
 ∆T 
ln  a 
 ∆Tb 
∆T12 = ∆TM est la différence moyenne de température entre les
deux fluides sur tout l’échangeur : avec ∆Ta = T1e – T2e et ∆Tb = T1s – T2s (figure 5).
1 Aℓ On écrit donc :
∆T12 = ∆TM =
Aℓ ∫0 (T1 − T2 )dA
Φ = K Aℓ ∆TML

Pour des écoulements cocourant et contre-courant, et dans le Dans un mode dimensionnement, il convient donc de calculer
cas où le coefficient d’échange peut être considéré comme par ailleurs le coefficient d’échange global pour pouvoir détermi-
constant, cette différence moyenne de température est la diffé- ner Aℓ .
rence de température moyenne logarithmique ∆TM L, ou DTML,
déjà définie dans l’article [BE 9 515]. On voit donc, qu’avec les
conventions qui y ont été définies, cette quantité dépend de la 2.3.2 Écoulements contre-courant
configuration des écoulements. Sur la figure 6, nous reprenons la configuration schématique de
Dans le cas où l’une des températures de sortie est inconnue, on l’échangeur, ainsi qu’un profil longitudinal des températures.
utilise les équations du bilan thermique de l’échangeur :
La différence moyenne de température logarithmique s’écrit
dans ce cas :
Φ = C:1 (T1e − T1s )
(T1e − T2 s ) − (T1s − T2e )
Φ = C: 2 (T2 s − T2e ) ∆TML =
 T − T2 s 
: : 1c p 1 ett C: 2 = m ln  1e
où C1 = m  T − T 
: 2 cp2
1s 2e

avec C:1 et C: 2 débits de capacité thermique, On peut encore l’écrire de façon succincte :
m
: 1 et m
: 2 débits-masses,
∆Ta − ∆Tb
cp1 et cp2 capacités thermiques massiques, ∆TML =
 ∆T 
des fluides 1 et 2 respectivement. ln  a 
 ∆Tb 

2.3.1 Écoulement cocourant Mais les définitions de ∆Ta et de ∆Tb sont différentes du cas
cocourant :
Pour faciliter le calcul, nous représentons le quadripôle (figure 5)
en indiquant le sens des écoulements. ∆Ta = T1e − T2 s et ∆Tb = T1s − T2e (figure 6)

T
∆T1

T1e
T1e T1s
.
m1 T1 ∆T1
T1s
∆Ta ∆Tb ∆Ta ∆Tb
.
m2 T2
T2s
∆T2
T2e T2s
T2e

∆T2
0 AL

a représentation schématique du quadripôle b profil longitudinal des températures

Figure 5 – Échangeur de chaleur avec écoulements cocourant

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. .
∆T1 C 1 < C2
T1e

T1e T1s
. ∆Ta
m1 T1
∆T1

T1s
∆T a ∆Tb

. T2s
m2 T2 ∆Tb ∆T 2
T2s T2e
T2e

∆T2 0 AL

a représentation schématique du quadripôle b profil longitudinal des températures

Figure 6 – Échangeur de chaleur avec écoulements contre-courant

Pour regrouper les deux formules (cocourant et contre-courant) avec R2 rapport des débits de capacité thermique défini par :
et en considérant les deux représentations schématiques de
l’échangeur, on peut dire que ∆Ta et ∆Tb représentent les différen- C: 2 T1e − T1s ∆T1
ces de température de chaque côté de l’échangeur. R2 = = =
C:1 T2 s − T2e ∆T2

2.3.3 Autres types d’écoulements ε2 efficacité côté 2 définie par :

Lorsque les écoulements ne sont ni cocourant, ni contre-courant, T2 s − T2e ∆T2


ε2 = =
on met encore le flux de chaleur sous la forme : T1e − T2e ∆Tmax

Φ = K Aℓ ∆TM Ces abaques peuvent être utilisés en remplaçant R2 par R1 et ε2


par ε1 , soit :
où ∆TM = F ∆TML C:1 T2s − T2e ∆T2
R1 = = =
avec ∆TML différence de température moyenne logarithmique de C: 2 T1e − T1s ∆T1
l’échangeur comme s’il était à contre-courant,
F facteur correctif dépendant du type d’échangeur et de T1e − T1s ∆T1
la configuration d’écoulements. et ε1 = =
T1e − T2e ∆Tmax
Cette formule peut s’appliquer à l’échangeur contre-courant en Et l’on obtient alors :
prenant F = 1. L’échangeur contre-courant étant le plus efficace, ce
facteur F est toujours égal ou inférieur à 1. Des expressions analy-
F = f (R1, ε1, configuration d’écoulements)
tiques de ce facteur ont été calculées pour plusieurs configurations
d’échangeurs à courants croisés et d’échangeurs à tubes et
On peut également trouver des échangeurs ayant plusieurs pas-
calandre [3] [4] [5]. Dans ce qui suit, on traite les configurations les
ses en courants croisés. Par exemple sur la figure 8, on présente le
plus fréquemment rencontrées.
cas de deux échangeurs méthodique et antiméthodique, à deux
passes pour le courant non brassé.
2.3.4 Échangeur courants-croisés
Les facteurs correctifs F pour de nombreux types d’échan-
Ce type d’échangeur se trouve couramment dans l’industrie ou geurs courants croisés à plusieurs passes peuvent être trou-
le tertiaire essentiellement pour des échanges gaz/gaz ou vés dans les références [3] [5] [6] [7] [8].
liquide/gaz. Dans de nombreux cas, un des écoulements (voire les
deux) est divisé en de nombreux canaux parallèles de faible dia-
mètre hydraulique et le fluide n’est pas libre de se mélanger. On
dit qu’il est non brassé. Lorsque le fluide est libre de se mélanger
2.3.5 Échangeur à tubes et calandre
tout au long de l’échangeur, on dit qu’il est brassé. On donne des Dans un échangeur à tubes et calandre, les écoulements ne sont
exemples d’échangeurs à fluides brassés ou non sur la figure 7. ni complètement cocourant, ni complètement contre-courant. De
On donne également la représentation symbolique : deux fluides plus les baffles créent des écoulements à courants croisés alternés.
brassés, un fluide brassé l’autre non, deux fluides non brassés. Néanmoins des calculs ont été effectués pour déterminer les
Pour faciliter la détermination du facteur de correction F, on met facteurs de correction F en supposant que les écoulements entre le
les résultats des calculs sous forme d’abaques (figure 9) où l’on a : fluide en calandre et celui circulant dans les tubes étaient alternati-
vement co- et contre-courant [3]. Pour ces échangeurs on utilise la
notation (m, n ) pour un échangeur ayant m passes en calandre et
F = f (R 2 , ε 2 , configuration d’écoulements) n passes en tubes dans chaque calandre.

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Échangeurs de chaleur
Intensification des échanges thermiques

par Philippe BANDELIER


Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (Grenoble)
Nadia CANEY
Université Joseph Fourier, Laboratoire des écoulements géophysiques et industriels
(Grenoble)
et Zoé MINVIELLE
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (Grenoble)

Cet article est la réédition actualisée de l’article [BE 2 343] intitulé « Échangeurs de chaleur
– Intensification des échanges thermiques » paru en février 1994, rédigé par André BON-
TEMPS, Alain GARRIGUE, Charles GOUBIER, Jacques HUETZ, Christophe MARVILLET,
Pierre MERCIER, Roland VIDIL.

1. Présentation générale.......................................................................... BE 9 518 - 2


2. Intensification des échanges en convection forcée
d’une seule phase (liquide ou gaz) ................................................... — 3
2.1 Ailettes ....................................................................................................... — 3
2.2 Inserts ........................................................................................................ — 7
2.3 Surfaces rugueuses .................................................................................. — 9
3. Intensification des échanges lors de la vaporisation
d’une phase liquide............................................................................... — 12
3.1 Phénomènes d’assèchement de paroi .................................................... — 12
3.2 Intensification des échanges dans les zones mouillées par la phase
liquide ........................................................................................................ — 14
3.3 Applications............................................................................................... — 15
4. Intensifications des échanges lors de la condensation
d’une vapeur ........................................................................................... — 17
4.1 Tubes cannelés ......................................................................................... — 17
4.2 Traitements de surface favorisant la condensation en gouttes............ — 17
4.3 Tubes à ailettes ......................................................................................... — 19
4.4 Promoteurs de turbulence ....................................................................... — 20
4.5 Effets de l’inclinaison des tubes .............................................................. — 20
4.6 Électrohydrodynamique (EHD) ................................................................ — 20
5. Échangeurs multifonctionnels .......................................................... — 20
5.1 Transferts thermiques .............................................................................. — 21
5.2 Nature de l’écoulement ............................................................................ — 22
5.3 Dynamique du réacteur............................................................................ — 22
5.4 Temps de séjour ....................................................................................... — 22
6. Techniques d’intensification en développement ......................... — 22
6.1 Ultrasons ................................................................................................... — 22
6.2 Nanofluides ............................................................................................... — 22
6.3 Intensification par micro et nanostructuration de la paroi.................... — 23
7. Conclusion .............................................................................................. — 24
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. BE 9 518
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQT

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out échangeur de chaleur a pour fonction principale de transférer


T l’enthalpie contenue dans un fluide vers un autre fluide sous l’effet d’un
écart de température. La surface d’échange à prévoir, et donc le coût de l’échan-
geur de chaleur, dépend directement de cet écart de température et du
coefficient d’échange thermique. L’intensification des échanges de chaleur
contribue donc directement à réduire la surface d’échange à installer et, poten-
tiellement, le coût de l’échangeur si la technique mise en œuvre n’induit pas un
surcoût supérieur au gain sur la surface. À coût d’échangeur constant, le béné-
fice peut aussi être reporté sur le service thermique rendu, améliorant ainsi
l’efficacité énergétique d’un procédé thermique. Néanmoins, dans certains cas,
le critère de coût peut être secondaire comparé à d’autres avantages tels que la
compacité de l’échangeur ou, par exemple, en repoussant le flux thermique cri-
tique à partir duquel la température de paroi devient trop importante. Toutes les
applications des échangeurs de chaleur sont concernées : échangeurs en simple
phase, en double phase (évaporation et condensation) et échangeurs
multifonctions combinant le transfert de chaleur avec le transfert de masse ou
une réaction chimique.

1. Présentation générale – échange monophasique en régime laminaire ou turbulent ;


– échange avec condensation d’une vapeur ;
– échange avec évaporation d’une phase liquide.
La relation bien connue, qui relie le flux ou la puissance thermi- Les différentes techniques d’intensification effectivement utilisées
que échangée Φ et l’écart de température logarithmique moyen peuvent être classées en différentes catégories :
DTLM (article Échangeurs de chaleur. Définitions et principes
– la modification de la nature de la surface des parois d’échange
généraux [BE 9 515]) s’exprime par :
par des revêtements, ou dépôts de couche mince continue ou non :
Φ = KS DTLM par exemple, une amélioration significative de la condensation de
vapeur d’eau est réalisée grâce au dépôt d’une couche continue
avec K (W · m–2 · K–1) coefficient d’échange global, hydrophobe sur la paroi qui favorise une condensation en gouttes.
S (m2) surface d’échange de référence. La modification de la nature de la surface concerne la condensation
et l’évaporation, mais n’a pas d’application en écoulement en
L’industrie utilise des techniques d’intensification qui permettent simple phase ;
d’augmenter le terme KS de façon significative. Ainsi pour une – la modification de l’état de surface des parois d’échange
puissance thermique constante, l’augmentation de K permet : (porosité ou rugosité) : la rugosité, uniforme, du type grain de
– de réduire la surface d’échange S, une réduction substantielle sable, ou non uniforme, est un promoteur efficace de turbulence et
de la matière constituant la structure d’échange et du coût de permet un transfert accru de chaleur à proximité de la paroi dans
l’appareil étant généralement obtenue ; les différents modes de transfert de chaleur ;
– de réduire l’écart de température, d’accroître l’efficacité de – l’extension de surface avec l’utilisation d’ailettes lisses, ondu-
l’appareil et donc de diminuer les coûts de fonctionnement. lées, discontinues, solution retenue depuis de nombreuses années,
La modification de la géométrie de la paroi d’échange pour les échangeurs travaillant avec des fluides médiocres calo-
s’accompagne, en sus d’une augmentation du coefficient porteurs (par exemple, l’air) ;
d’échange de chaleur, d’un accroissement du facteur de frottement – la mise en place de dispositifs créant un écoulement rotatif ou
sur cette paroi : il est donc indispensable de déterminer simulta- secondaire. Différentes géométries d’insert dans des tubes sont
nément pour toutes les surfaces à hautes performances les deux susceptibles de transformer un écoulement axial en un
lois qui les caractérisent : écoulement rotatif ou de générer des écoulements secondaires ;
– la mise en place de dispositifs favorisant le mélange des filets
– la loi d’échange reliant le coefficient d’échange local h (ou un fluides s’écoulant dans le cœur de l’écoulement et à proximité de
nombre adimensionnel associé comme le nombre de Nusselt ou la paroi. Ces inserts sont particulièrement utilisés avec les
de Stanton) et les paramètres influents comme la vitesse et les écoulements laminaires en simple phase ;
propriétés physiques du fluide, le diamètre hydraulique des
– la modification de la géométrie de la paroi d’échange avec des
canaux de l’échangeur, etc. (ou les nombres adimensionnels asso-
ondulations ou des rainures pour produire un effet capillaire par
ciés comme les nombres de Reynolds, de Prandtl, etc.) ;
drainage de la phase liquide du fait des forces capillaires qui s’y
– la loi de frottement (ou de perte de pression dans le cas exercent. Ces surfaces sont utilisées avec des écoulements en
d’écoulement diphasique) qui relie le facteur de frottement f (ou la double phase ;
perte de pression) aux paramètres influents tels que la vitesse et – d’autres techniques peuvent encore être mises en œuvre telles
les propriétés physiques du fluide, le diamètre hydraulique, etc. que des canaux tortueux pour favoriser le mélange des filets
Les techniques d’intensification sont spécifiques à un type particu- fluides, la nanostructuration, pour modifier les propriétés de
lier d’appareil : ainsi, il peut être avantageux d’utiliser des tubes revê- surface ;
tus d’une fine couche poreuse pour un évaporateur. Ces tubes n’ont, – des techniques actives comme la génération, à proximité des
par contre, aucun intérêt pour les échangeurs en simple phase. surfaces d’échange, de champs électriques ou ultrasonores pertur-
L’amélioration (par rapport à une paroi lisse) est très fortement bant les écoulements au voisinage de la paroi d’échange.
dépendante du mode d’échange. On distingue ainsi, lors de la Le tableau 1 synthétise le domaine d’application de chacune de
présentation des techniques d’intensification, les trois modes prin- ces méthodes d’intensification. Des exemples significatifs sont
cipaux d’échange dans les échangeurs de chaleur industriels : rapportés et les schémas correspondants sont représentés.

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2. Intensification des échanges – les ailettes à persiennes (figure 1f ), qui permettent des perfor-
mances comparables à celles des ailettes interrompues ; des
en convection forcée d’une formulations générales pour le calcul du coefficient d’échange local
et du facteur de frottement des gaz sont données dans le tableau 2.
seule phase (liquide ou gaz)
De nombreuses techniques d’intensification peuvent s’appliquer Le coefficient d’échange local h s’exprime à partir du
aux écoulements constitués d’une seule phase liquide ou gazeuse. nombre de Stanton St présent dans le nombre de Colburn j.
Donnons dans ce paragraphe une description des principales techni-
ques et des lois d’échange et de perte de frottement qui leur sont ■ Dans le cas des échangeurs à tubes et ailettes, différentes géomé-
associées. Précisons les conditions de validité de ces lois, conditions tries d’ailettes et de tubes équipent les appareils actuels. Par
qui s’expriment, en général, à partir des nombres adimensionnels ailleurs, différentes dispositions de tubes peuvent être réalisées :
caractéristiques des paramètres opératoires ou géométriques. par exemple, tubes en pas carré ou quinconcé. La diversité des
Plusieurs mécanismes d’intensification sont mis en œuvre avec conceptions de ces échangeurs est telle que l’évaluation de leur per-
les géométries améliorées de tubes, plaques ou ailettes (tableau 1) : formance thermohydraulique nécessite des essais spécifiques car
– en écoulement laminaire, il est avantageux de favoriser les les données publiées ne couvrent qu’un nombre limité de situa-
transferts de matière de la paroi d’échange au cœur de tions. On distingue couramment les géométries suivantes, avec des
l’écoulement et vice versa. Le transfert de chaleur s’en trouve ailettes externes :
évidemment amélioré. Cela peut être obtenu par des canaux
– tubes à section circulaire avec ailettes externes circulaires lisses
présentant des changements de direction (ailettes ondulées, pla-
(figure 2a ) : elles sont obtenues par modelage (ailettes dites
ques corruguées), par des inserts adaptés (mélangeur de type
« intégrales ») ou rapportées et fixées sur le tube. Des corrélations
Kenics, Heatex) ;
ont été proposées pour le calcul du coefficient d’échange local et du
– en écoulement turbulent, la résistance thermique étant facteur de frottement pour des ailettes hautes (hauteur supérieure à
concentrée (sur une paroi lisse) dans la couche limite de faible épais- 10 mm) [1] ou basses (hauteur inférieure à 2 mm) [2]. Ces expres-
seur située à proximité immédiate de la paroi, il est avantageux de sions sont valables uniquement pour des échangeurs de quatre ran-
perturber cette couche par des accidents de faible épaisseur situés gées ou plus avec des tubes agencés en pas quinconcé ;
régulièrement à la paroi (ailettes à persiennes, tubes à rugosité
continue, plaques corruguées), de générer des écoulements secon- – tubes à section circulaire avec ailettes externes circulaires
daires (ailettes ondulées, insert de type ruban torsadé), de limiter le améliorées : ailettes perforées (figure 2b et c ), ailettes constituées
développement de la couche limite par des parois discontinues d’un fil métallique (figure 2d ), ailettes aiguilles (figure 2e ) ;
(ailettes discontinues, par exemple) ou de réduire le diamètre
– tubes à section circulaire et ailettes externes planes lisses
hydraulique Dh du canal sachant que, pour une vitesse donnée, le
(figure 3a), ondulées (figure 3b) ou à persiennes (figure 3c). Ce
coefficient d’échange local est inversement proportionnel à Dhn, n type de conception est adapté aux batteries de climatiseur, par
étant compris entre 0,2 et 0,4 suivant le type de surface. exemple. Des formulations générales existent pour le calcul du
coefficient d’échange local et du facteur de frottement des ailettes
lisses mais pas pour les ailettes améliorées. Une augmentation de
2.1 Ailettes 30 % et de 50 à 100 % par rapport au coefficient d’échange local
sur ailette lisse peut être obtenue grâce respectivement aux
ailettes ondulées et à persiennes ;
Dans le calcul d’un échangeur équipé d’ailettes lisses ou amé- – tubes à section quasi rectangulaire et ailettes externes planes
liorées, il faut introduire l’efficacité d’ailette qui corrige l’effet de lisses ou améliorées (figure 4) : ce type de tube est utilisé dans la
la non-isothermie de l’ailette et qui dépend, notamment, de la climatisation automobile.
conductivité thermique du matériau la constituant.
Des corrélations sont données dans le tableau 3 pour les gaz.
2.1.1 Cas de la convection forcée d’un gaz
Le coefficient d’échange local entre une paroi et un gaz en 2.1.2 Cas de la convection forcée d’un liquide
circulation forcée étant médiocre, il peut être de 10 à 50 fois plus
faible que celui d’un liquide en circulation forcée. Il est donc avan- Les ailettes sur les écoulements liquides peuvent aussi bien se
tageux dans les échangeurs gaz-liquide ou gaz-gaz d’équiper la situer à l’intérieur qu’à l’extérieur des tubes. Comme le coefficient
paroi en contact avec la phase gazeuse d’ailettes lisses ou, mieux d’échange local avec un liquide est meilleur qu’avec un gaz, les
encore, d’ailettes à géométries performantes. ailettes sont généralement plus courtes pour augmenter leur effica-
cité. Des augmentations de surface par rapport au tube lisse de 1,5 à
■ Dans le cas des échangeurs à plaques et ailettes brasées, 3 sont souvent retenues avec les liquides (alors que sur les gaz des
différentes géométries d’ailettes équipent les appareils actuels :
valeurs supérieures à 20 peuvent être couramment utilisées). Les
– les ailettes lisses, qui déterminent des sections de passage de ailettes sont souvent réalisées par extrusion. Lorsque les ailettes
forme rectangulaire (figure 1a) ou triangulaire (figure 1b) et pour les- sont extérieures au tube, elles sont lisses, circulaires et obtenues
quelles les lois de transfert sont celles classiques des canaux lisses ; par modelage ; les formulations données dans le tableau 3 peuvent
– les ailettes ondulées (figure 1c ), qui déterminent un canal également s’appliquer et permettent une estimation des performan-
d’écoulement de forme ondulée et qui permettent une amélio- ces thermohydrauliques de ces tubes. Lorsque les ailettes sont inté-
ration comparable à celles des ailettes à persiennes ; rieures au tube, ce qui est plus rare, elles sont droites et parallèles à
– les ailettes perforées (figure 1d ), qui permettent une légère l’axe du tube ; elles peuvent, dans certains cas, présenter une forme
amélioration pour des nombres de Reynolds supérieurs à 2 000 ; hélicoÏdale (tableau 1). Cette conception peut être retenue aussi
– les ailettes discontinues (figure 1e ) dont les longueurs se bien en régime laminaire que turbulent.
situent en général entre 3 et 6 mm et pour lesquelles existent des Un aspect important dans la conception des tubes ou plaques à
formulations générales pour le calcul du coefficient d’échange ailettes est le mode de fixation surface primaire (tube ou plaque)
local et du facteur de frottement des gaz (tableau 2) ; surface secondaire (ailettes).

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Tableau 1 – Domaine d’application des méthodes d’intensification


Méthode Échange en simple phase Échange Échange en
Figures
d’intensification Laminaire Turbulent en évaporation condensation

Surfaces à
revêtements (4)
poreux
Revêtements (4) (4)
Surface avec
(4) revêtements
hydrophobes

Surfaces à
structures
(4) (4) (4)
poreuses
intégrales
Thermoexcel E Gewa T Ailettes Gamma

Plaques corruguées
(essentiellement Plaques corruguées
Rugosité pour les liquides)
et porosité (1)

(4) Tubes à rugosité continue (doc. Wieland


Thermal Solutions)

Tubes
corrugués (doc. Furukawa
à rugosité Electric co.)
Tubes à rugosité discontinue
discontinue
(rugosité de faible amplitude)
(rugosité de
forte ampli-
tude)

plaques à ailettes
Plaques à ailettes
(essentiellement pour les gaz)
(doc. Lytron Total (doc. Chart Industries, inc.)
thermal Solution)

Extension Tubes à ailettes internes (essentiellement pour les liquides)


de surface (2)

Tubes à ailettes externes basses


Tubes à ailettes externes
Tubes lisses noyés
(basses pour les liquides,
dans une mousse métallique
hautes pour les gaz)
à forte porosité
Ailettes hautes Ailettes basses
continues ou circulaires

Dispositifs
à écoulement
Insert ruban torsadé
rotatif ou
secondaire

(1) Pour augmenter la rugosité, on peut également insérer un ressort de faible diamètre de fil plaqué contre la paroi.
(2) Des inserts en étoile ou en ruban torsadé ayant un bon contact avec la paroi augmentent également la surface d’échange lors des échanges en évaporation et
en condensation.
(3) Dispositifs à écoulement rotatif ou secondaire.
(4) Pas d’application.

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SR
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Tableau 1 – Domaine d’application des méthodes d’intensification (suite)


Méthode Échange en simple phase Échange Échange en
Figures
d’intensification Laminaire Turbulent en évaporation condensation

(doc. Wieland
Insert (en étoile à 5, 6 ou 12 branches) Thermal Solutions)
Dispositifs
à écoulement
(doc. SMP Tubes)
rotatif ou
secondaire
(suite) (4) Tubes à ailettes hélicoïdales

(doc. Kenics)
Insert mélan-
(4) (4) (4)
geur Kenics

Insert mélan-
(4) (4) (4)
geur Heatex

Insert
(4) (4) (4)
Dispositifs avec disques
favorisant
le mélange Insert
des filets fluides avec billes (4) (4) (4)
(sphères)

Insert ressort
Insert ressort
(fort diamètre (4)
(faible diamètre de fil)
de fil)

Insert ruban
(4) (4) (4) (3)
torsadé

(doc. Wieland
Thermal Solutions)
(4) (4) Tubes à rainures internes

Surface à effet Tubes à ailettes


(4) (4) (4)
capillaire pyramidales
Thermoexcel C

Tubes ondulés
(4) (4) (4)
(cannelés)

Canaux Canaux
(doc. Laser-Laboratorium
à structure à structure 2D (4) (4) (4)
Göttingen)
tortueuse ou 3D

Création
Surface Surface non
(4) (4) de sites
nanostructurée mouillable
de nucléation

Méthodes Électrohydro-
Ultrasons Ultrasons Ultrasons
électriques dynamique

(1) Pour augmenter la rugosité, on peut également insérer un ressort de faible diamètre de fil plaqué contre la paroi.
(2) Des inserts en étoile ou en ruban torsadé ayant un bon contact avec la paroi augmentent également la surface d’échange lors des échanges en évaporation et
en condensation.
(3) Dispositifs à écoulement rotatif ou secondaire.
(4) Pas d’application.

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Fluide

a ailettes lisses avec section de b ailettes lisses avec section de


passage carrée (doc. Chart Industry. inc.) passage triangulaire

c ailettes ondulées d ailettes perforées


(doc. Chart Industry, inc.) (doc. Chart Industry, inc.)

(doc. Chart Industry, inc.)

b hauteur de l’ailette 
 longueur de l’ailette
t
s pas entre ailettes
t épaisseur de l’ailette s
Fluide

Vue de dessus
e ailettes discontinues

A
A
h

p A
Fluide

h hauteur de l’ailette hp
hp hauteur de persienne
Fluide sp
p longueur de persienne
sp pas entre persiennes Coupe AA

f ailettes avec persiennes

Figure 1 – Plaques à ailettes

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Échangeurs de chaleur
Problèmes de fonctionnement

par Patrice CLÉMENT


Conseiller scientifique
CEA/DRT/LITEN/DTS/LETH Grenoble

1. Encrassement ......................................................................................... BE 9 519 - 2


1.1 Classification : différents types d’encrassement ................................... — 2
1.2 Apparition et développement de l’encrassement .................................. — 3
1.3 Dimensionnement des échangeurs avec prise en compte
de l’encrassement..................................................................................... — 3
1.4 Prévention de l’encrassement pendant les phases
de fonctionnement.................................................................................... — 7
1.5 Méthodes de nettoyage des échangeurs à l’arrêt.................................. — 7
2. Corrosion ................................................................................................. — 8
2.1 Processus de dégradation........................................................................ — 8
2.2 Différents types de corrosion................................................................... — 9
2.3 Protection contre la corrosion ................................................................. — 9
3. Vibrations ................................................................................................ — 10
3.1 Caractéristiques vibratoires des tubes.................................................... — 10
3.2 Vibrations induites par le fluide et couplage fluide/tubes..................... — 11
3.3 Recommandations.................................................................................... — 12
4. Aspects réglementaires....................................................................... — 13
4.1 Application de la réglementation sur les appareils à pression............. — 13
4.2 Description succincte des modules d’évaluation de la conformité ...... — 15
4.3 Réglementation en matière de construction d’échangeur
de chaleur .................................................................................................. — 15
4.4 Règles de qualifications ou d’essais des échangeurs de chaleur.
Normes européennes ............................................................................... — 16
5. Conclusion .............................................................................................. — 16
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. BE 9 519

es principaux problèmes de fonctionnement rencontrés par les utilisateurs


L d’échangeur de chaleur ont trait aux phénomènes d’encrassement, de
corrosion, de vibrations et de tenue mécanique.
L’encrassement et la corrosion restent les phénomènes les moins compris de
l’industrie ; ils se traduisent par :
– un surdimensionnement des appareils dans les bureaux d’études ;
– une dépense d’énergie supplémentaire ;
– le remplacement des appareils corrodés ;
– des coûts d’arrêt des installations pour démontage et nettoyage.
Les phénomènes vibratoires doivent également être pris en compte dans le
dimensionnement des échangeurs au même titre que les transferts de chaleur
ou les pertes de charge. Une méthodologie permettant d’évaluer les vibrations
induites par le fluide est détaillée dans le présent article.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQT

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SU
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Enfin, les problèmes de tenue mécanique sont, pour les géométries les plus
classiques, traités dans divers textes réglementaires décrits succinctement en
fin de l’article, de même qu’une normalisation européenne en matière d’essais
qui s’est mise en place depuis les années 2000.
L’ensemble Échangeurs de chaleur fait l’objet de plusieurs articles :
– [BE 9 515] Définition et principes généraux ;
– [BE 9 516] Description ;
– [BE 9 517] Dimensionnement thermique des échangeurs ;
– [BE 9 518] Intensification des échanges thermiques ;
– [BE 9 519] Problèmes de fonctionnement et aspects réglementaires ;
– [BE 9 520] Fonctionnement en régime transitoire.

1. Encrassement ■ Encrassement particulaire [3]


Il s’agit du dépôt puis de l’accumulation sur les surfaces
d’échange de particules solides transportées par l’écoulement des
fluides industriels :
L’encrassement, qui, sous sa forme la plus générale, peut – l’eau des chaudières contenant des produits de corrosion, celle
être défini comme le dépôt de matériaux ou de substances des tours de refroidissement, des particules transportées par l’air
indésirables sur une paroi, affecte une grande variété et des produits de corrosion (oxydes et hydroxydes de fer) ;
d’opérations industrielles. Dans le cas des échangeurs, la – les écoulements gazeux pouvant être fortement chargés de
présence d’un fort gradient thermique près de cette paroi rend particules de poussières ;
beaucoup plus complexes les mécanismes d’encrassement par – les fumées industrielles ou de moteurs thermiques comprenant
rapport au cas isotherme rencontré, par exemple, lors de l’utili- des résidus solides de combustion.
sation de membranes ou de filtres. ■ Corrosion [2]
L’encrassement par corrosion (§ 2) est le résultat d’une réaction
Cet encrassement, souvent inévitable dans les installations indus- chimique ou électrochimique entre la surface de transfert de
trielles, produit deux types d’effets, on observe généralement : chaleur et le fluide en écoulement. Les produits de la réaction qui
se forment et restent sur la surface d’échange créent l’encras-
– une augmentation des pertes de charge par frottement sur les sement. Il s’agit là d’un mécanisme de corrosion in situ. Lorsque
parois puis une réduction de la section de passage du fluide dans l’encrassement est dû à des produits de corrosion générés ex situ,
l’appareil, pouvant aller jusqu’au bouchage partiel ou total de l’encrassement correspondant est du type particulaire.
l’échangeur. Dans ce cas, on utilise le terme « colmatage » ;
■ Entartrage [4]
– une dégradation des échanges de chaleur car l’encrassement
crée une résistance thermique additionnelle entre les fluides chaud Il est généralement associé à la production d’un solide cristallin
et froid. à partir d’une solution liquide. Il dépend donc de la composition de
l’eau industrielle.
L’encrassement se répercute sur la rentabilité des installations Lorsque les sels dissous sont, comme le carbonate de calcium, à
par des coûts principalement liés aux pertes de production, à la solubilité inverse, le liquide devient sursaturé au voisinage de la sur-
surconsommation d’énergie et aux frais de nettoyage et de face d’échange plus chaude ; la cristallisation se produit alors sur la
maintenance, et dans une moindre mesure aux surdimension- surface et le dépôt est dur et adhérent ; dans le cas contraire d’une
nements et aux ajouts d’équipements de nettoyage [1]. cristallisation se produisant au sein même d’un liquide plus chaud
que la surface, le dépôt est plus mou et friable. L’encrassement par
les sels à solubilité normale existe, même s’il est plus rare.
1.1 Classification : différents types
d’encrassement Il faut signaler le cas des saumures géothermales à forte teneur en
silice.
Il est possible de classer l’encrassement selon le mécanisme qui
contrôle la vitesse de dépôt, selon les conditions d’utilisation de L’entartrage peut se produire dans les échangeurs refroidis à
l’échangeur ou selon le mécanisme dominant, même s’il ne l’eau, dans les unités de dessalement d’eau de mer ou saumâtre,
contrôle pas la vitesse de dépôt. Nous adoptons, comme la plupart dans les chaudières, dans les échangeurs de l’industrie agro-
des auteurs [2], cette dernière méthode de classification. Six types alimentaire, dans les systèmes géothermiques. Il existe différentes
différents d’encrassement peuvent alors être définis : méthodes de prévention de l’entartrage (§ 1.4).
– encrassement particulaire ; ■ Encrassement biologique [5] [6]
– corrosion ; Il est dû au développement de micro-organismes (bactéries,
– entartrage ; algues ou champignons) qui créent un film au contact de la
surface d’échange : il peut même, à l’échelle macroscopique, être
– encrassement biologique ; caractérisé par le développement de coquillages.
– encrassement par réaction chimique ; Les actions de prévention consistent soit à détruire les
– encrassement par solidification. micro-organismes, soit à empêcher leur développement. Les

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traitements correspondants utilisent des biocides et il est essentiel


de maintenir la concentration du produit pendant le temps de DÉPÔT RÉENTRAÎNEMENT
réaction. Le biocide le plus utilisé est le chlore qui est toxique pour
Liquide
la plupart des micro-organismes et a une action rapide. Le choix
final du traitement à adopter est en général un compromis entre Solides Écaillage
les problèmes de toxicité, de pollution, de coût et de maintenance. Érosion
La tendance à l’encrassement biologique est naturelle puisque
les bactéries sont omniprésentes dans l’eau ; en outre, les
conditions physico-chimiques rencontrées dans les échangeurs
sont le plus souvent favorables à leur développement.
■ Encrassement par réaction chimique [7] [8] Figure 1 – Représentation schématique des phases de dépôt
et de réentraînement de l’encrassement dans le cas d’un liquide
On rencontre ce type d’encrassement quand une réaction
chimique se produit près d’une surface d’échange et que les
solides produits par la réaction s’y déposent. Cette réaction est – Réentraînement des particules déposées. Il est classique de
souvent une polymérisation ; il en résulte la formation d’un dépôt. supposer que le mécanisme de réentraînement est lié aux forces
Les domaines concernés sont essentiellement l’industrie pétro- de cisaillement s’exerçant sur le dépôt. Lorsque la force aéro-
chimique (craquage thermique des hydrocarbures lourds [9]), dynamique est supérieure aux forces d’adhésion d’une particule, le
l’industrie agroalimentaire (pasteurisation du lait) et les circuits de réentraînement se produit par érosion (figure 1) ; lorsqu’il
chauffage utilisant des fluides organiques. concerne des agglomérats de particules, il correspond à un
phénomène d’écaillage.
■ Encrassement par solidification [2]
– Vieillissement du dépôt. Il s’agit d’un changement de texture
Il s’agit de la solidification d’un liquide pur au contact d’une du dépôt d’origine chimique ou cristalline. On peut alors observer
surface d’échange sous-refroidie (formation d’une couche de glace soit sa consolidation, soit son écaillage.
à l’intérieur des conduites forcées ou de givre) ou du dépôt d’un
Quel que soit le phénomène d’encrassement considéré, il est
constituant à haut température de fusion d’un liquide au contact
plus ou moins critique selon la nature des fluides employés et/ou
d’une surface de transfert de chaleur froide (dépôt d’hydrocarbures
la conception des échangeurs. Plusieurs étapes permettent de
paraffiniques). Une vapeur peut également se déposer sous une
lutter contre l’encrassement d’un échangeur :
forme solide sans passer par l’état liquide (formation du givre).
– lors du dimensionnement, en jouant sur la forme de
■ Modes combinés l’échangeur, les matériaux utilisés, les traitements de surface ;
La plupart des dépôts réels sont le résultat de la combinaison d’au – pendant le fonctionnement, en ayant un meilleur contrôle des
moins deux des types précédemment décrits. Dans les échangeurs paramètres influant l’encrassement (vitesse d’écoulement, qualité
refroidis à l’eau par exemple, les dépôts peuvent provenir de l’entar- de l’eau...) pour agir de manière préventive ;
trage, de l’encrassement particulaire, de la corrosion in situ et de – lors du nettoyage, pour déterminer à quel moment il est
l’encrassement biologique. Au stade initial de la formation du préférable d’agir et quelle technique utiliser (nettoyage mécanique
dépôt, un type peut prédominer et accélérer ainsi la contribution des ou chimique, avec quel produit).
autres. Si quelques progrès ont été réalisés dans la compréhension
du mode d’action des types élémentaires, leurs interactions restent
encore bien souvent difficiles à préciser. 1.3 Dimensionnement des échangeurs
L’effet de l’augmentation des pertes de charge par frottement en avec prise en compte
paroi peut également renforcer la baisse de performance de de l’encrassement
l’échangeur, si le système de pompage du fluide ne parvient pas à
maintenir le débit nominal dans le côté encrassé de l’échangeur, le Pour un service thermique donné, le choix entre les différents
coefficient d’échange va alors baisser.On peut également observer types d’échangeurs dépend de très nombreux paramètres tels que
une mauvaise distribution du fluide dans les canaux d’échange le coût, l’encombrement, le poids, les niveaux de pression ou de
quand l’échangeur comporte des canaux en parallèle (échangeur température, etc. Dans certains cas, l’encrassement peut être
tubes et calandre ou à plaques), ce qui provoque également une considéré comme le paramètre dimensionnant et on peut être
baisse des performances. amené à choisir un type d’échangeur parce qu’il se comporte
mieux vis-à-vis des problèmes d’encrassement que les autres
types ou parce qu’il est plus facile à nettoyer comme le résume le
1.2 Apparition et développement tableau 1 pour les principaux types d’échangeur.
de l’encrassement
1.3.1 Résistance thermique d’encrassement
Les auteurs s’accordent en général pour considérer cinq phases et coefficient d’excès de surface
dans l’apparition et le développement de l’encrassement. Ces cinq
phases peuvent chronologiquement se décomposer comme suit : D’une façon générale, la (ou les) couche(s) de dépôt localisée(s)
– Initiation. Cette phase est associée au temps nécessaire avant sur la surface d’échange (figure 2) crée(nt) une (ou des)
de pouvoir observer la formation d’un dépôt encrassant sur une résistance(s) thermique(s) supplémentaire(s) qui s’oppose(nt) au
surface propre. flux de chaleur transféré.
– Transfert des particules à la paroi. Il peut être contrôlé par la Le coefficient d’échange global K (rapporté à la surface
diffusion turbulente, l’impaction inertielle ou un champ de forces extérieure) est donné par :
extérieures (thermiques, électriques, etc.) ; ces mécanismes
peuvent coexister. 1  1 D 1 e De  De
== + e +  + e +  (1)
– Adhésion des particules. Les particules transférées à la paroi K   h e    D i hi λ Dm  Di i
            
peuvent s’y maintenir grâce aux forces d’adhésion dues à =1/K 0
l’attraction moléculaire (forces de Van der Waals), aux forces
électriques ou capillaires. avec λ conductivité thermique de la paroi.

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Tableau 1 – Principaux types d’échangeur et critères de choix


Domaine d’utilisation Comportement à l’encras-
Type d’échangeur Facilité de nettoyage
Pression Température sement

200 bar / 40 bar Moyen Oui côté tube


Tubes et calandre
(tubes/calandre) Meilleur coté tubes Moyen côté calandre
Tubes ailetés 100 bar 600 oC Moyen Difficile côté ailettes
Plaques et joints 20 bar 200 oC Bon Facile
Plaques soudées 40 bar 400 oC Bon Assez facile
Plaques spiralé 30 bar 550 oC Bon Seulement chimique
Mauvais, sauf grand
Plaques et ailettes 120 bar jusqu’à 650 oC diamètre hydraulique Très difficile
et ondes droites
Plaques à mini-canaux 1 000 bar jusqu’à 550 oC Très mauvais Très difficile
Graphite 6 à 15 bar 170 oC

SiC variable 1 200 oC


Bon pour fluides corrosifs Surtout chimique
Verre 450 oC
Plastique 2 bar 250˚C
Bon
Lit fluidisé
(mais peu d’expérience Autonettoyage ?
Contact direct
en contact direct)

Dépôt Dépôt Type C


interne externe Rf
(Ri) (Re)
tc Type A’
hi he Rf-
Type A
EXTÉRIEUR
INTÉRIEUR

e
Type B
PAROI

Di tini Temps t

De Figure 3 – Courbes d'encrassement idéales

Dm
L’évolution A, de type asymptotique, est la plus fréquemment
rencontrée. Ce type d’évolution est généralement observé pour les
dépôts mous et fragiles qui s’écaillent facilement sous l’action des
avec he , hi coefficients d’échange thermique de surface
forces de cisaillement induites par le fluide. Elle peut être corrélée
Re , Ri résistances thermiques
par l’équation de Kern & Seaton [25] :
Figure 2 – Résistances thermiques d’encrassement des dépôts
interne et externe localisés sur une surface d’échange f (t ) = *f (1− e−t / t c ) (2)

Le premier terme du dernier membre de l’équation (1) représente avec *f valeur asymptotique de l’encrassement qui est atteinte
la résistance thermique globale de l’échangeur propre 1/K0 et les lorsque la vitesse de dépôt est égale à la vitesse de
deux derniers les résistances thermiques des dépôts externe  e et réentraînement,
interne i ; le rapport De /Di concerne la correction de surface néces-
saire pour rapporter à la surface extérieure les résistances élémen- tc temps caractéristique qui définit la cohésion du dépôt et
taires (dans le cas d’une tuyauterie cylindrique, De /Di est le rapport qui est inversement proportionnel à la contrainte de
des diamètres ou des rayons et Dm le diamètre moyen). cisaillement à la paroi.

La résistance thermique du dépôt évolue au cours de temps. Il existe plusieurs interprétations pour définir tc :
Suivant la géométrie de l’échangeur, les propriétés physiques et le
pouvoir encrassant du fluide, plusieurs courbes d’encrassement – temps nécessaire pour arriver à la valeur asymptotique de *f ,
sont observées (figure 3) [1]. si le mécanisme d’encrassement était linéaire ;

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Échangeurs de chaleur
Fonctionnement en transitoire

par Michel FEIDT


Professeur
Université de Lorraine, Nancy, France
Monica COSTEA
Professeur
Université POLITEHNICA de Bucarest, Bucarest, Roumanie
et Renaud FEIDT
Président de la société INVIVO Consulting sas (expertises et optimisations industrielles),
Ingénieur en énergétique diplômé de l’École polytechnique de Nantes
INVIVO Consulting, Nantes, France

1. Régimes transitoires : définition et approches


(instationnaire) ...................................................................................... BE 9 520 - 2
2. Divers types de sollicitations et perturbations ........................... — 7
3. Modélisations standard du comportement en régime
transitoire des échangeurs ................................................................ — 7
4. Quelques méthodologies spécifiques............................................. — 13
5. Quelques exemples d’illustration .................................................... — 15
6. Conclusion.............................................................................................. — 20
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. BE 9 520

e fonctionnement en régime instationnaire des échangeurs quels qu’ils


L soient est une réalité quotidienne industrielle et même pour tous. L’enjeu
en est une meilleure connaissance des comportements transitoires en vue d’un
contrôle-commande adapté, et préalablement un meilleur dimensionnement.
Le présent article répond à un complément indispensable dans la disponibilité
actuelle des Techniques de l’Ingénieur.
Dans cet article, le focus est mis sur le composant échangeur de chaleur HEX
(Heat Exchanger) qui représente en lui-même un monde très vaste. La relation
de l’échangeur avec les autres composants des systèmes constitue un prolon-
gement naturel au présent article, mais sort du cadre.
L’article introduit donc la notion de régime transitoire et sa relation privilé-
giée avec la variable supplémentaire, le temps. Plusieurs approches
apparaissent centrées pour l’essentiel sur les mécanismes physiques, ou à
l’opposé, sur une vision systémique.
Les principaux types de sollicitations et perturbations rencontrés dans les
échangeurs de chaleur débouchent sur les divers modèles disponibles pour
rendre compte et étudier le comportement en régime transitoire d’un échan-
geur de chaleur. En allant du mécanisme au système, on passe de l’approche
milieu continu (3D), au modèle systémique 0D. Il en ressort le concept fonda-
mental de constante de temps, complété par la notion de temps de retard
(voire de déphasage).
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQY

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SY
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ÉCHANGEURS DE CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

Des outils spécifiques d’approfondissement sont cités dans la littérature.


Ceux-ci font à ce jour l’objet de nombreuses recherches abordées dans cet
article en cinq points successifs.
L’utilité de cette étude est montrée sur des exemples dont celui le plus
ancien, des cowpers, qui reste actuel mais également pour :
– les capteurs solaires thermiques en relation avec le stockage de chaleur ;
– le stockage thermique ;
– l’encrassement des échangeurs qui demeure une préoccupation écono-
mique majeure.
Un exemple plus particulier traite du transitoire de caloducs.

Principaux symboles Principaux symboles


Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
a m2 · s–1 diffusivité thermique ν m2 · s–1 viscosité cinématique

Bi nombre de Biot ρ kg · m–3 masse volumique

C J· K–1 capacité thermique Indices


0 ou f : consigne finale ou ambiante fc : fluide chaud
cp J · kg–1 · K–1 capacité thermique massique à 1 ou i : initial ff : fluide froid
amb : ambiante F : encrassement (fouling)
pression constante c : côté chaud int : intérieur
e : entrée p : paroi
e m épaisseur ext : extérieur s : sortie
f : côté froid surlignage = valeur moyenne
Ec nombre de Eckert
Fo nombre de Fourier
h W· m–2 · K–1 coefficient de transfert thermique 1. Régimes transitoires :
de surface
définition et approches
H (p) fonction de transfert transformée
(instationnaire)
h (t) fonction de transfert
h (T, P) J · kg–1 enthalpie à la température T et à la 1.1 Définition d’un régime transitoire
pression P
m kg masse Un échangeur de chaleur est dit en régime transitoire ou ins-
tationnaire lorsque les grandeurs d’entrée, et par conséquent,
P Pa pression de sortie, sont, pour partie ou toutes, fonctions du temps.
Pe nombre de Péclet
La figure 1 illustre cette définition sous la forme la plus générale
Pr nombre de Prandtl possible. L’échangeur est considéré comme un système ouvert
ayant une interface de transfert entre le milieu chaud et le milieu
Q J quantité de chaleur froid. La grandeur h (T, P) représente l’enthalpie spécifique fonc-
R K · W–1 résistance thermique tion de la température et de la pression et éventuellement du titre
lors d'un changement d'état liquide-vapeur et M est la masse de la
Re nombre de Reynolds structure de l'échangeur et des fluides contenus qui introduisent
un effet capacitif.
t s temps
T, t K température
Tp s période mɺ c , hce (Pce , Tce ) M mɺ c , hcs (Pcs , Tcs )

u vitesse locale du fluide mɺ f , hfe (Pfe , Tfe )


mɺ f , hfs (Pfs , Tfs )
x excitation (entrée) du système
y réponse (sortie) du système T0 température ambiante Qɺ p , T0
Qɺ p pertes thermiques
τ s constante de temps

λ W · m–1 · K–1 conductivité thermique Figure 1 – Schéma général d’un échangeur en régime transitoire
(configuration contre-courant)

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TP
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___________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGEURS DE CHALEUR

Le cas le plus courant se représente sous forme quadripolaire.


On s’aperçoit alors que les débits matière peuvent dépendre du
temps (hors fuites, pertes de matière), mais aussi les enthalpies x(t) y(t)
des fluides par l’intermédiaire des températures et des pressions. Il
faut ajouter à cela la masse du système HEX susceptible d’évolu- G(p)
tion et ayant par ailleurs un rôle de capacité thermique. Il ne faut
pas oublier l’existence de la non-adiabaticité du système HEX se X(p) Y(p)
traduisant par un flux dit de pertes thermiques , positif ou néga-
tif selon le cas.
Le problème reste donc complexe, puisque les quantités exami-
Figure 2 – Schéma fonctionnel d’un système linéaire
nées dépendent non seulement du temps, mais peuvent aussi
dépendre de l’espace. Les approches iront donc du local au global,
c’est-à-dire, du complexe vers le plus intégré (le plus simple). Elle est établie à partir des équations différentielles qui décrivent
le fonctionnement du système. Pour un système caractérisé par
l’entrée x (t) et la sortie y (t), on a :
1.2 Approche mécaniste
ou du thermicien (thermodynamicien)
(3)
Cette approche va jusqu’aux méthodes inverses appliquées :
– à la conduction [BE 8 265] ; avec h (t) fonction de transfert du système,
– à la convection [BE 8 270].
A (t) polynôme à coefficients réels de l’entrée du système,
On donne ci-après les équations du modèle (problème direct)
avec les notations suivantes : B (t) polynôme à coefficients réels de sortie du système,
– vecteur d’état sur [ti, tf] ; t instant d’observation,
– état initial ;
x (t) excitation du système,
– sollicitations ;
– paramètres du systèmes . y (t) réponse impulsionnelle du système,
Le problème peut être abordé : * traduit un produit de convolution dans le domaine temporel.
– d’un point de vue global et alors on a une équation La simplification de l’analyse de systèmes passe souvent par le
différentielle : calcul de Laplace, ou l’analyse de Fourier (décomposition en série
Fourier).
(1)
La transformée de Laplace permet de substituer les fonctions
d’entrée, x (t), et de sortie, y (t) du système, qui sont en général
La solution est de la forme ; des fonctions différentielles par des fonctions linéaires complexes
– d’un point de vue local qui conduit à un système d’équations X (p) et Y (p), avec l’opérateur différentiel p = α + jω :
aux dérivées partielles ; l’équation différentielle de conservation de
l’énergie pour un milieu continu quelconque incompressible et de (4)
viscosité constante devient ([1], p. 92-94) :
Grâce à cette méthode, la transformée de Laplace de la réponse
(2) impulsionnelle peut être réécrite comme suit :

avec λ conductivité thermique du milieu,


(5)
densité volumique de chaleur (source ou puits),
Φ fonction de dissipation,
avec A (p) et B (p), transformées dans le domaine de Laplace des
ρ masse volumique, fonctions temporelles de l’entrée et de la sortie du système.
T température.
Nota : D est la dérivée particulaire. La fonction de transfert de l’équation (5), ne représente le
Il est possible d’en déduire de nombreux cas classiques comme système que partiellement, puisqu’elle ne prend pas en
celui d’un fluide incompressible à capacité thermique à volume compte les conditions initiales. Il en résulte une perte d’infor-
constant cv constant ou de la conduction dans un solide [1]. mation qui fait que la fonction de transfert ne représente que
la partie commandable et observable du système.

1.3 Approche systémique 1.3.2 Analyse temporelle


ou de l’automaticien
Le comportement en régime transitoire d’un système peut être
caractérisé par des aspects temporels caractéristiques, qui repré-
1.3.1 Fonction de transfert sentent sa réponse à une excitation. En particulier, l’analyse du
régime transitoire de système linéaire pour des excitations de
type échelon ou fonction de Dirac (impulsion) décrit la
Le comportement dynamique des systèmes linéaires est réponse à temps court.
caractérisé par une fonction de transfert, qui est une repré- L’illustration de l’analyse temporelle des systèmes correspond
sentation mathématique de la relation entre l’entrée et la sortie alors à l’exemple du filtre passe-bas du premier ordre selon le
d’un système linéaire (figure 2). schéma de la figure 3, qui correspond à A0 = 1.

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TQ
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VR
e(t)
I A0E
0,95 A0t
R

Ve Vs s(t)
C

R résistance
C capacité 0 tt 2tt 3tt
V potentiel
I intensité a réponse

Figure 3 – Filtre passe-bas du premier ordre


1
s(t)
La fonction de transfert d’un tel système dans le formalisme de 0,9
Laplace s’écrit :
0,8
(6) 0,7

0,6
avec A0 amplification statique,
τt (s) constante de temps. 0,5
tt = 1s
0,4 A0 = 1
Pour le circuit RC de la figure 3, la constante de temps est 0,3 E=1
τt = RC. On retrouve ce résultat pour les systèmes thermiques
(par analogie thermique-électrique). 0,2
Pour les sollicitations à temps long (de type rampe), il est 0,1
possible d’adopter une démarche dite à régime glissant, sous
la forme d’une succession de régimes stationnaires partiels 0
dans le temps. On note que les réponses à des perturbations 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
thermiques sont souvent à temps long, par rapport aux pertur- t (s)
bations de type mécanique (ou autres). équation (7) convolution

La réponse du filtre passe-bas du premier ordre à une entrée de b comparaison de la variation générée par la relation (7)
forme échelon est représentée sur la figure 4a. Elle correspond avec le résultat de convolution
pour un échelon d’amplitude E à :
Figure 4 – Réponse et comparaison d’un système linéaire du premier
(7) ordre à une entrée de forme échelon

La transformée de Laplace inverse de H (p) qui correspond à la


réponse impulsionnelle h (t) du système du premier ordre est :

35
La figure 4b compare la réponse à un échelon, calculée par la
relation (7), à celle obtenue par convolution h (t) * u (t) [avec u (t)
Température (°C)

la fonction échelon]. 30
Les systèmes thermiques du premier ordre se caractérisent
par le même type de réponse, mais en général, ils ont du retard en
réponse, tr , ce qui augmente le temps de réponse [2]. 25

L’exemple de la réponse en température d’un tuyau de chauffage y0


après l’enclenchement d’une vanne est illustré sur la figure 5 [2].
tr Tp
Un système thermique du 2e ordre est caractérisé par une fonc- 15
tion de transfert de la forme : 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000
Temps (s)
(8)
Figure 5 – Réponse d’un système linéaire du premier ordre
à une entrée de forme échelon (exemple d’un tuyau de chauffage
avec ξ amortissement. après enclenchement de vanne) [2]

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TR
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Les systèmes du 2e ordre sont susceptibles de résonance. Celle-


ci est d’autant plus forte que ξ est petit. On distingue typiquement First RC Stage Second RC Stage
3 cas, selon la valeur de ξ par rapport au seuil unité.
R1 R2
■ξ < 1
La réponse d’un tel système est rapide, avec dépassement de la
valeur asymptotique et oscillations autour de cette même valeur Ve Vs
C1 C2
avec une pseudo-période Tp, telle que (figure 6) :

avec τ0 paramètre temporel du système du deuxième ordre.


Figure 8 – Schéma du filtre passe-bas du 2e ordre, avec ξ > 1,
à une entrée de forme échelon
■ξ = 1
La réponse d’un tel système est rapide et sans dépassement de
la valeur finale (figure 7). Le temps de réponse est égal à :
s(t)
1

■ξ > 1
m=1
Cette configuration correspond à un filtre passe-bas du 2e ordre m=3
obtenu par la mise en série de 2 filtres passe-bas du premier ordre
(figure 8). m=2 m=4
La fonction de transfert du système se décompose alors en un
produit de deux fonctions de transfert de premier ordre, comme
suit :
t

(9)
Figure 9 – Réponse normée à nouveau des systèmes linéaires pour
différents ordres (1, 2, 3, 4), à une entrée de forme échelon
avec τ1 et τ2 paramètres de la fonction de transfert du deuxième
ordre. La réponse temporelle du système à un échelon s’écrit :

(10)
Tp
s(t)
La réponse du système de 2e ordre est plus lente que la réponse
1 d’un système de 1er ordre. Le temps de réponse T est égal à :

La réponse des systèmes d’ordre supérieur (3, 4) est


encore plus lente (figure 9). La pente de la courbe de réponse
t diminue, lorsque l’ordre du système augmente ; le temps de
réponse augmente.
Figure 6 – Réponse normée d’un système linéaire du deuxième ordre
(ξ < 1) à une entrée de forme échelon
1.3.3 Analyse fréquentielle
L’analyse fréquentielle d’un système linéaire concerne l’étude de
la réponse du système par rapport à une sollicitation sinusoïdale
s(t) en régime sinusoïdal établi (mais pas en régime transitoire)
conformément à la figure 10.
T
1 Les caractéristiques fréquentielles d’un système (en général non
linéaire) peuvent être obtenues en linéarisant le système au voisi-
nage d’un point de fonctionnement en régime établi. Pour un sys-
tème dont l’entrée et la sortie sont des fonctions harmoniques :

(11)

t avec Xa amplitude complexe de la fonction d’entrée du système,


Ya amplitude complexe de la fonction de sortie du système,
Figure 7 – Réponse normée d’un système linéaire du deuxième ordre
(ξ = 1) à une entrée de forme échelon ω (s–1) pulsation.

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TS
TT
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Tube à passage de courant


Échangeur électrique
par Guy DESCHAMPS
Olivier TERRAL
Pascal TERRIEN
Ingénieurs Chercheurs à la Division Recherche et Développement du pôle Industrie
d’Électricité de France (EDF)

1. Définitions.................................................................................................. BE 9 542 - 2
1.1 Principe du tube à passage de courant...................................................... — 2
1.2 Transfert thermique dans un échangeur électrique.................................. — 2
1.3 Équations électriques .................................................................................. — 3
2. Mise en œuvre........................................................................................... — 5
2.1 Différents éléments d’une installation ....................................................... — 5
2.2 Dimensionnement thermique et électrique............................................... — 6
2.3 Alimentation électrique............................................................................... — 6
2.4 Régulation .................................................................................................... — 9
2.5 Sécurité. Réglementation............................................................................ — 9
3. Différenciations et applications industrielles ................................. — 10
3.1 Différenciations par rapport aux autres échangeurs ................................ — 10
3.2 Chauffage des liquides et des gaz .............................................................. — 11
3.3 Traitement thermique des fluides thermosensibles ................................. — 13
3.4 Traçage et défigeage ................................................................................... — 14
3.5 Chauffage de solides divisés ...................................................................... — 15
3.6 Vaporisation et concentration..................................................................... — 15
3.7 Réacteurs chimiques ................................................................................... — 18
4. Conclusions et perspectives................................................................. — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 542

électrothermie représente, en terme de consommation, la deuxième appli-


L’ cation de l’électricité dans l’industrie après les machines tournantes. Depuis
1987, un nouveau concept de résistance s’est forgé de solides références : le tube
à passage de courant ou TPC. Plus qu’une résistance, le TPC est un échangeur
électrique.
Cette technique conjugue les avantages de l’électricité (simplicité, souplesse,
précision), avec les performances de l’échangeur (grande surface d’échange,
bon coefficient de transfert).
Dépassant largement son application de simple réchauffeur, le TPC s’adapte
aussi bien au traitement des produits chimiques, des gaz, des fluides alimen-
taires sensibles, des poudres, qu’à l’évaporation ou à la réaction chimique...
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPPP

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TU
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TUBE À PASSAGE DE COURANT ___________________________________________________________________________________________________________

Notations et symboles Notations et symboles


Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
A m2 section de passage tc s période de conduction
Di m diamètre intérieur du tube tr s période de repos
De m diamètre extérieur du tube ∆T K écart de température moteur
de la convection naturelle
Dh m diamètre hydraulique T K température du fluide
e m épaisseur Te K température d’entrée
Cp J/kg · K capacité thermique massique Tf K température du fluide
f Hz fréquence du courant Ts K température de sortie
fc facteur de frottement Tp K température de paroi
h W/m2 · K coefficient de transfert thermique U V tension composée
hc W/m2 · K coefficient en ébullition convective v m/s vitesse d’écoulement
h< W/m2 · K coefficient en convection forcée V V tension simple
hn W/m2 · K coefficient en ébullition nucléée Xv taux de vaporisation
I A intensité de courant en ligne Z Ω impédance
L m longueur du tube Φ W/m2 densité de flux
Lv J/kg enthalpie massique γ s−1 gradient de vitesse
M kg/s débit massique λ< W/m · K conductivité thermique du liquide
n indice de comportement λd W/m · K conductivité thermique du dépôt
N nombre de tubes µ Pa · s viscosité dynamique
∆P Pa pertes de charge µ< Pa · s viscosité dynamique du liquide
T
p sat Pa pression de saturation à la température T µ0 H/m perméabilité magnétique du vide
P W puissance électrique µr perméabilité magnétique du matériau
Pt W puissance totale transmise ρ kg/m3 masse volumique
Pth W puissance thermique utile ρg kg/m3 masse volumique du gaz
R Ω résistance ρ< kg/m3 masse volumique du liquide
S m2 section de passage du courant ρ Ω·m résistivité électrique

Sigles employés
CEM compatibilité électromagnétique
CFC chloro-fluoro-carbones
PID régulateur proportionnel intégral dérivé
TCPC tube concentrique à passage de courant
TPC tube à passage de courant
i

1. Définitions Figure 1 – Principe du TPC

Le TPC est en fait un véritable échangeur électrique. Le courant


1.1 Principe du tube à passage de courant électrique i circule dans l’épaisseur du tube alimenté sous une ten-
sion u et sert à chauffer le fluide circulant à l’intérieur de ce tube
(figure 1). Cependant, tant du point de vue du dimensionnement
Le tube à passage de courant est une technique d’électrothermie (§ 2.2), que du point de vue de ses performances (§ 3.1), le TPC est
nouvelle pour ses applications, mais ancienne et très simple pour une technologie très spécifique.
son principe. Elle consiste à mettre sous tension la tuyauterie conte-
nant le fluide à chauffer. Le passage d’un courant dans le tube
génère de la chaleur par effet Joule. La transmission de la chaleur du
tube vers le fluide s’effectue essentiellement en convection forcée, 1.2 Transfert thermique dans un échangeur
par l’intermédiaire d’une surface d’échange : la paroi interne du électrique
tube.
Le tube remplit alors simultanément trois fonctions :
1.2.1 Calcul de la puissance thermique
— guide hydraulique pour le fluide, ce qui est sa fonction
première ;
Le transfert thermique dans un échangeur électrique se caracté-
— résistance électrique ; rise par une puissance imposée, liée à la tension appliquée au tube.
— surface d’échange de chaleur. La puissance thermique générée est répartie uniformément sur la

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TV
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__________________________________________________________________________________________________________ TUBE À PASSAGE DE COURANT

surface d’échange : la densité de puissance, rapport de la puissance


sur la surface d’échange, est donc constante et indépendante de la
température du fluide.
La puissance thermique utile représente la quantité d’énergie L
nécessaire pour élever la température d’un fluide d’une valeur Te à
une valeur Ts en un temps donné. Dans le cas d’un chauffage en
continu, la puissance thermique devient la puissance nécessaire
pour chauffer un débit de fluide M entrant à une température Te et
sortant à une température Ts. De Di
La densité de puissance ou densité de flux est donnée par la
relation :
e
P th
Φ = ------------- (1) Figure 2 – Dimensions d’un tube cylindrique
π Di L
avec Φ (W/m2) densité de puissance,
Pth (W) puissance thermique dissipée sur le tube, 1.3 Équations électriques
Di (m) diamètre intérieur du tube,
L (m) longueur totale du tube ou des tubes placés en
série. 1.3.1 Résistance et effet de peau
La puissance globale étant imposée, le degré de liberté du sys-
tème se traduit par une température de paroi variable, qui dépend La résistance d’un conducteur est définie par :
de la densité de flux appliqué. Ainsi, contrairement aux échangeurs
classiques, l’échangeur électrique assure l’échauffement nécessaire L
pour atteindre la température de sortie requise mais la température R = ρ ---- (4)
S
de paroi dépend des conditions de fonctionnement et de la géomé-
trie du réchauffeur (§ 1.2.2). avec R résistance électrique du conducteur,
S section de passage du courant dans le
1.2.2 Détermination du coefficient d’échange conducteur,
L’écart entre la température Tp (K) de paroi du tube et la tempéra- ρ résistivité électrique du matériau.
ture T (K) du fluide dépend de la densité de flux suivant la relation :
■ Pour un tube cylindrique, de diamètre extérieur De et
Φ = h (T p − T ) (2) d’épaisseur e, on a (figure 2) :
avec h (W/m2 · K) coefficient d’échange par convection. S = πe (De − e)
Φ et T étant données, la température de paroi sera fonction du coef-
ficient d’échange. Cette relation ne s’applique que pour un conducteur amagné-
tique.
Le coefficient d’échange dépend principalement de la géométrie,
du débit et des propriétés physiques du fluide. ■ Dans le cas d’un conducteur magnétique, il faut tenir compte du
Pour le calcul du coefficient d’échange correspondant à une confi- phénomène d’effet de peau. Il résulte du champ électrique qui existe
guration donnée, on se reportera aux corrélations données dans la autour d’un conducteur parcouru par un courant alternatif.
littérature, et, notamment, référence [9]. L’effet de peau dépend de la nature du matériau (perméabilité
magnétique, résistivité) et de la fréquence du courant. Le courant ne
1.2.3 Calcul des pertes de pression circule alors que dans une fraction de la section du conducteur.
À partir des lois de Maxwell, une relation « simplifiée » permet de
Les pertes de pression dans le tube à passage de courant sont cal- définir une épaisseur de peau. On la substitue, en première approxi-
culées de la même manière que les pertes de pression linéaires en mation, à l’épaisseur du tube pour le calcul de la résistance globale.
conduite droite, à la seule différence que l’écoulement n’est pas iso- La valeur de l’épaisseur à prendre en compte pour le calcul de la
therme. section de passage du courant dans le conducteur devient :
Ainsi, les pertes de pression linéaires sont données par la loi de
Darcy [6] : 2ρ
2 e = ---------------------- (5)
L ρ, v µ 0 µ r 2π f
∆ p = f c ------- ------------ (3)
Dh 2
avec e (m) épaisseur de peau,
avec ∆p (Pa) pertes de pression,
µ0 perméabilité magnétique du vide (µ0 = 4π · 10−7 H/m),
fc facteur de frottement,
µr perméabilité magnétique du matériau,
Dh (m) diamètre hydraulique, pour un tube cylindrique
correspond au diamètre intérieur, f (Hz) fréquence du courant.
ρ (kg/m3 ) masse volumique du liquide, La valeur de l’épaisseur de peau est donnée dans le tableau 1
v (m/s) vitesse de l’écoulement. pour certains matériaux à une fréquence de 50 Hz.
Le facteur de frottement dépend du régime de l’écoulement. Pour On peut pratiquement négliger le phénomène d’effet de peau
son calcul, on se reportera aux corrélations données dans la littéra- pour les matériaux non magnétiques. Au contraire, pour les maté-
ture. riaux magnétiques, on doit impérativement le prendre en compte.

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TW
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Tableau 1 – Exemples de profondeur de peau Isolation électrique


Tuyauterie
pour différents matériaux à 50 Hz en fonction Calorifuge
de leur perméabilité magnétique
et de leur résistivité électrique
Résistivité Perméabilité Épaisseur de Plage
électrique magnétique peau à 50 Hz de raccordement
Matériau relative sur tuyauterie

(en 10−8 Ω · m) (mm) Câble électrique


secondaire
Acier noir standard 20 1 800 0,75
Acier inoxydable 80 1 66,6 Figure 3 – Schéma de principe d’alimentation aux extrémités
type 316L
Inconel 601 126 1 79,9

Calorifuge
Tuyauterie
1.3.2 Loi d’Ohm

Le courant qui circule dans un TPC génère de la chaleur par effet


Plage
Joule. Pour calculer la puissance dissipée, on applique la loi d’Ohm de raccordement
sous la forme : sur tuyauterie

P=RI2 (6) Câble électrique


secondaire
Mais, en courant alternatif, le circuit constitué par le tube chauf-
fant et les câbles ou barres d’alimentation ne peut pas être assimilé
Figure 4 – Schéma de principe d’alimentation à point milieu
à une résistance pure. L’impédance globale dépend alors de la résis-
tance du tube, des effets capacitifs et des effets d’inductance du
circuit :
U=ZI (7) Calorifuge

Dans le cas particulier d’un tube magnétique, son inductance pro-


pre n’est pas négligeable alors qu’elle l’est pour un conducteur ama-
gnétique. Elle vient s’ajouter aux effets d’inductance du circuit. ph2 ph3 ph1

Plage
de raccordement Câble électrique
1.3.3 Montages électriques sur tuyauterie secondaire

Nous n’aborderons pas ici le cas particulier des matériels qui Transformateur
seront installés dans des zones classées explosibles (matériel anti-
déflagrant, plus couramment appelé ADF). De tels appareils sont Figure 5 – Schéma de principe d’alimentation en triangle
soumis à des réglementations spécifiques et les fournisseurs doi-
vent obtenir une homologation délivrée par un organisme habilité
[Laboratoire Central des Industries électriques (LCIE)...]. Néan-
● Alimentation en monophasé à chaque extrémité pour un TPC
moins, la plupart des réchauffeurs peuvent être conçus et adaptés
monotubulaire.
pour remplir les conditions requises par la réglementation en
vigueur. Avec ce montage (figure 3) il est impératif d’insérer une bride iso-
lante à une des extrémités du réchauffeur.
Un tube à passage de courant est toujours alimenté par l’intermé-
diaire d’un transformateur. À condition de définir ce transformateur ● Alimentation en monophasé « point milieu » pour un TPC
comme un transformateur d’isolement (enroulements primaires et monotubulaire.
secondaires séparés, écran de séparation mis à la terre), on peut Il n’est pas indispensable de prévoir de bride d’isolement pour ce
envisager de nombreux montages électriques. montage (figure 4).
■ Le choix du montage électrique s’effectue à partir de la géométrie ● Alimentation en triangle pour un TPC monotubulaire.
du réchauffeur et dépend de la conception hydraulique de celui-ci. Une des phases (ph1 à ph3, figure 5) du transformateur d’isole-
Il peut être : ment est reliée à la masse, ce qui permet de raccorder directement
— monotubulaire : le fluide circule dans une section tubulaire le réchauffeur aux tuyauteries amont et aval.
constante constituée par un tube en serpentin ou en hélice (§ 2.1.2) ; ● Alimentation en étoile pour 3 tubes.
— multitubulaire : le fluide circule dans plusieurs sections tubu-
Le point neutre de l’étoile (figure 6) peut être constitué par un col-
laires constituées de tubes en parallèle hydraulique.
lecteur commun raccordé à la masse et à l’installation générale. Par
Dans un réchauffeur TPC classique, on limite généralement le contre, il est impératif d’isoler électriquement les extrémités des
nombre de tubes en parallèle à 6, car, au-delà, des problèmes tech- tubes qui recevront les connexions électriques.
nologiques apparaissent au niveau de la connectique et de l’alimen- ● Alimentation en double étoile pour 3 tubes.
tation électrique.
Les collecteurs d’extrémité de ce montage (figure 7) peuvent être
■ Ainsi, les principaux montages utilisés sont les suivants : raccordés directement à la masse et à l’installation amont et aval.

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Échangeurs de chaleur
à contact direct

par Alain BRICARD


Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers
Ingénieur de Recherche au Centre d’Études Nucléaires de Grenoble
et Lounès TADRIST
Docteur ès Sciences Physiques
Directeur de Recherches au Centre National de la Recherche Scientifique
Institut Universitaire des Systèmes Thermiques Industriels de Marseille

1. Concept de base....................................................................................... BE 9 565 - 2


1.1 Qu’est-ce qu’un échangeur de chaleur à contact direct ?......................... — 2
1.2 Comment réaliser un ECD........................................................................... — 3
1.3 Grandeurs caractéristiques des ECD ......................................................... — 5
2. Dimensionnement.................................................................................... — 9
2.1 Modélisation globale des ECD surfaciques et volumiques...................... — 9
2.2 Modélisation locale des ECD volumiques ................................................. — 10
3. Échange de chaleur à contact direct liquide-liquide...................... — 11
3.1 Mise en œuvre et performances ................................................................ — 11
3.2 Calcul d’un ECD liquide-liquide .................................................................. — 13
4. Échange de chaleur à contact direct gaz-solide.............................. — 15
4.1 Différents types de contacteurs à particules solides ................................ — 15
4.2 Contacteur à pluie de particules................................................................. — 16
4.3 Échangeur régénérateur.............................................................................. — 16
4.4 Lits fluidisés ................................................................................................. — 17
5. Échange de chaleur avec transition de phase liquide à solide .. — 18
5.1 Granulométrie des systèmes dispersés avec changement d’état
liquide→solide ............................................................................................. — 18
5.2 Domaines d’applications............................................................................. — 19
6. Échange de chaleur avec transition de phase liquide à vapeur .. — 20
6.1 Échange en évaporation.............................................................................. — 20
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@QYYY@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQU

6.2 Échange en condensation ........................................................................... — 23


6.3 Échange en ébullition .................................................................................. — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 565

A coté des échangeurs de chaleur conventionnels qui assurent un transfert de


chaleur au travers d’une paroi matérielle entre deux fluides à des tempéra-
tures différentes, on trouve toute une gamme de dispositifs industriels où la
paroi d’échange est supprimée : tours de refroidissement, échangeurs récupéra-
teurs solide-gaz, contacteurs gaz-liquide pour le chauffage d’eau à partir
d’effluents gazeux, humidificateurs d’air, condenseurs à bulles et barométri-
ques.... Les échangeurs à contact direct restent cependant assez peu répandus
du fait de contraintes intrinsèques et d’une méconnaissance des comportements
hydrodynamique et thermique de ces systèmes où interviennent des processus
physiques complexes (milieux multiphases en écoulement avec ou sans change-

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ÉCHANGEURS DE CHALEUR À CONTACT DIRECT ______________________________________________________________________________________________

ment d’état). Il est bien clair que les échangeurs à contact direct ne sont pas une
panacée, mais dans certains cas spécifiques ils constituent une alternative inté-
ressante car ils offrent la possibilité de réduire le coût d’investissement et
d’accroître les performances d’échange par rapport à un échangeur classique.
On présente ici les bases nécessaires à la compréhension et au dimensionne-
ment des échangeurs thermiques fonctionnant sur le principe du contact direct ;
mode de transfert de chaleur au demeurant courant dans la nature, puisqu’il
intervient, en particulier, dans le cycle de l’eau entre la terre et l’atmosphère par
évaporation et condensation, dans la formation de brouillard et de neige dans
l’atmosphère, dans la gélification de l’eau des rivières et dans la solidification de
la lave, etc...
Pour les notations et symboles, se reporter en fin d’article (p. 29).

1. Concept de base — les phases sont séparées par une interface continue ou par une
interface rendue discontinue par l’interposition de nombreux
obstacles : c’est le contact direct surfacique ;
— les phases s’interpénètrent de façon homogène par dispersion
d’un fluide ou de particules au sein de l’autre fluide : c’est le contact
1.1 Qu’est-ce qu’un échangeur de chaleur direct volumique.
à contact direct ? Les échangeurs de chaleur à contact direct ECD sont ainsi pré-
sents dans les opérations de transfert de chaleur et de masse entre
un gaz et un liquide réalisées, par exemple, dans les humidificateurs
et les tours de refroidissement d’eau. On les trouve dans les contac-
C’est un échangeur sans paroi matérielle de séparation entre deux teurs gaz-solide tels les échangeurs récupérateurs et les échangeurs
fluides qui circulent à co ou contre-courant (figure 1). L’absence de régénérateurs, et bien sûr comme condenseurs dont l’utilisation
paroi est une caractéristique intrinsèque de l’échange, ou bien est remonte au tout début du XXe siècle. Ils interviennent aussi dans
recherchée pour améliorer certaines qualités propres de l’échan- certaines applications avec des fluides encrassants ou corrosifs et
geur. L’interface des deux fluides va se présenter sous deux aspects : dans des systèmes où l’écart de température entre les fluides est
minimisé en créant une aire interfaciale d’échange élevée ; cette
grandeur représentant la surface d’échange disponible par unité de
volume d’échangeur.
On convient d’écrire tout couple de fluides en citant d’abord la
Fluide froid Fluide froid
phase continue (gaz-solide désigne la dispersion d’un solide dans
Interface
un gaz). Suivant les applications et les domaines de température de
Paroi
travail, tous les couples de fluides non miscibles et chimiquement
inertes peuvent être envisagés ; un fluide pouvant conserver son
Fluide chaud Fluide chaud état physique au cours du transfert de chaleur ou se présenter suc-
cessivement sous plusieurs états (figure 2).
Transmission de la chaleur Transmission de la chaleur
à travers une paroi à travers l'interface

1.1.1 Avantages et inconvénients


Entrée phase Sortie phase
continue dispersée
La mise en contact des deux phases conduit aux caractéristiques
Phase dispersée
suivantes :
Entrée Sortie
— un coefficient d’échange thermique global élevé ;
— une aire interfaciale importante quasi gratuite et modulable
dans une certaine fourchette ;
— les risques d’entartrage et de corrosion reportés sur l’enve-
loppe externe réalisée dans une simple cuve ou colonne ;
— une perte de pression faible ;
— la disparition des dilatations différentielles ;
— une diminution potentielle du coût d’investissement du fait de
la simplicité de l’échangeur.
Phase continue Sortie phase Entrée phase
stagnante continue dispersée L’échange de chaleur entre le fluide dispersé et la phase continue
Phase continue au repos Phase continue en écoulement se ramène à considérer deux conductances thermiques en série :
l’une convective entre le milieu continu et l’interface, l’autre convec-
tive ou conductive suivant la nature fluide ou solide de la phase dis-
Figure 1 – Procédés de transfert de chaleur entre fluides persée. Deux coefficients d’échange exprimés en W/(m2 · K), l’un

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N’oublions pas les applications citées précédemment et les procé-


Gaz dés industriels pour le chauffage et le refroidissement de solides
Liquide granulaires ou pulvérulents (fabrication du ciment, du verre, grilla-
ges des minéraux...) par l’intermédiaire des échangeurs à lits fluidi-
Liquide Solide Gaz
sés. Le contact direct intervient aussi dans les condenseurs à jets ou
Solide à bulles et dans bien d’autres dispositifs d’échange de chaleur qui
Liquide seront décrits dans les chapitres suivants. Enfin, les échangeurs à
contact direct sont présents dans le stockage et le déstockage de
l’énergie principalement sous forme de chaleur sensible dans les
Transfert de chaleur sans changement d'état
régénérateurs.

Liquide Gaz Gaz


1.2 Comment réaliser un ECD ?
Liquide
Liquide Solide Liquide Solide Dans la pratique, il faut réaliser un contact intime entre les deux
fluides de façon à créer une aire interfaciale élevée. On n’envisage
Transfert de chaleur avec changement d'état d'une phase ici que les dispositifs qui utilisent la seule force de gravité pour assu-
rer l’écoulement de la phase dispersée ; les contacteurs fonction-
Figure 2 – États physiques possibles des fluides en contact nant avec un apport d’énergie : agitation mécanique, pulsation,
force centrifuge, détente... concernent presque exclusivement le
transfert de matière.
externe hc entre le fluide continu et l’interface et l’autre interne hd
entre le fluide dispersé et l’interface, sont ainsi définis :
1.2.1 Contact direct surfacique
////// ? ////// - //////
1 1 1
(1)
Ks hd hc Une configuration type est le film ruisselant ; elle est générale-
ment utilisée pour réaliser une évaporation ou une condensation. Le
La disparition du terme de conductance thermique de paroi (λ/e), transfert de chaleur est augmenté lorsque l’interface est perturbée,
qui apparaissait dans la formulation du coefficient d’échange surfa- augmentation due à l’amélioration du coefficient d’échange et à
cique global Ks d’un échangeur classique [46], exprimant la propor- l’accroissement de la surface. C’est pourquoi, le génie chimique uti-
tionalité entre la densité de flux ϕ (W/m2) et l’écart de température lise des colonnes à plateaux et/ou à garnissage pour réaliser les con-
local entre le fluide chaud (supposé ici représenter la phase conti- tacts liquide-liquide, liquide-gaz et gaz-solide (figure 3).
nue) et le fluide froid (supposé représenter la phase dispersée),
La colonne à plateaux constitue un ensemble d’étages entre les-
ϕ = K s (Tc − T d ) (2) quels les deux phases circulent plus ou moins séparément, les pla-
teaux pouvant être perforés. Dans la colonne à garnissage, le
va évidemment dans le sens d’un accroissement du flux, surtout contact, réalisé par l’intermédiaire d’un empilement de corps tor-
quand on sait que la conductance d’une paroi d’acier doux d’épais- tueux, est discontinu avec une surface d’échange et un temps de
seur 2 mm passe de 20 000 W/(m2 · K) à moins de 500 W/(m2 · K) séjour des phases considérablement augmentés. Ces configura-
lorsqu’il s’y dépose une épaisseur équivalente de tartre. De même, tions sont utilisées dans certains dispositifs d’échange et de récupé-
la fragmentation de l’interface, en accroissant considérablement ration de chaleur, mais elles sont surtout à la base de la réalisation
l’aire interfaciale, conduit à augmenter le flux de chaleur. des contacteurs effectuant les opérations de transferts de matière −
distillation, absorption, extraction liquide/liquide et liquide/solide,
Le revers est que le transfert parasitaire de masse d’un fluide à
séchage... − qui s’accompagnent pratiquement toujours d’un trans-
l’autre n’est en règle générale pas nul car, d’une part la non-miscibi-
fert d’énergie thermique. Ces contacteurs sont décrits dans le traité
lité parfaite entre les fluides est rarement réalisée sauf dans le cas
relatif au Génie des Procédés et dans l’ouvrage de Perry [1].
particulier d’un contact gaz-solide, et d’autre part il est difficile
d’annuler complètement l’entraînement hydrodynamique (sépara-
tion totale des fluides après l’échange). Notons que dans certains
cas, ce transfert de matière associé au transfert de chaleur est 1.2.2 Contact direct volumique
recherché (tours de refroidissement d’eau...). Autre contrainte, les
fluides se retrouvent à la même pression imposant par-là même des Le principe consiste à injecter un corps en mouvement dans une
conditions d’utilisations restrictives inhérentes à leurs propriétés phase continue en circulation. Ce sont typiquement la colonne à
physiques. pluie de particules avec un solide ou un liquide dispersé dans un
courant gazeux ascendant ou descendant et la colonne à pulvérisa-
tion liquide-liquide constituée d’une enceinte tubulaire verticale
1.1.2 Domaines d’applications avec le disperseur placé en haut ou en bas de colonne selon les
valeurs des masses volumiques des deux liquides. La surface
d’échange résultante entre les deux phases est modulable, car elle
De façon générale, les échangeurs à contact direct trouvent leurs
dépend directement de la taille et de la concentration des entités
applications dans l’exploitation de sources encrassantes et corrosi-
dispersées : particules, gouttes, bulles.
ves, géothermie, dessalement de l’eau de mer, refroidissement de
gaz et condensation de vapeurs dans les opérations de raffinage où Le principal défaut de ce type de contacteur est la difficulté à réa-
les problèmes de perte de pression et d’entartrage interdisent liser une circulation des deux phases proche de l’écoulement piston
l’emploi d’échangeurs tubulaires. Ils sont aussi bien adaptés à la (figure 4), c’est-à-dire une progression de ces phases par tranches
valorisation de rejets thermiques dans les secteurs industriels sensi- parallèles et indépendantes avec une diffusion axiale de la chaleur,
bles au prix de l’énergie, notamment pour la récupération de cha- par les tourbillons, négligeable : les tourbillons ne faisant qu’assu-
leur latente et de chaleur sensible sur des rejets gazeux ou des rer l’homogénéité transversale de la veine fluide. L’intérêt de l’écou-
fumées : contacteurs gaz-solide pour les températures élevées, con- lement piston est d’autoriser, par principe, une forte efficacité
tacteurs liquide-gaz pour les basses et moyennes températures. d’échange.

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Gaz Gaz Gaz

Liquide

Liquide Liquide

Gaz Liquide Gaz

Liquide Liquide
Gaz

Gouttes Film Garnissage

Gaz Gaz

Liquide

Liquide

Liquide Gaz

Liquide
Gaz

Bulles Plateaux

Figure 3 – Divers types de contacteurs

la longueur au diamètre de la virole) ou si le fluide continu est en


Écoulement piston
régime très turbulent (profil de vitesses du fluide continu relative-
Entrée phase ment plat sur la plus grande partie de la section du tube), l’écoule-
continue T
ment est un compromis entre l’écoulement piston et l’écoulement
parfaitement mélangé. L’ensemble des phénomènes conduisant à
une diffusion axiale de la chaleur ou de la concentration est
regroupé sous le vocable de dispersion axiale.
Écoulement
partiellement mélangé
Les contacteurs comprenant un garnissage ou plusieurs étages
L /D d’échange sont moins sensibles à la dispersion axiale, ainsi que les
T croissant échangeurs volumiques à cocourant dont le mode d’échange est par
L
principe un mélange local des deux phases (figure 5).

1.2.3 Création et évolution d’une dispersion


Écoulement
parfaitement mélangé
À part les cas d’une dispersion de particules solides ou d’un film
Entrée phase T liquide ruisselant, la mise en contact direct commence par la créa-
dispersée tion des entités dispersées. La dispersion doit conduire à une taille
L optimale pour satisfaire à des conditions d’écoulement et de trans-
fert thermique.
Courbes supérieures : phase continue
Courbes inférieures : phase dispersée Il existe de nombreuses manières pour réaliser la dispersion d’un
liquide. Les pulvérisateurs sont bien adaptés aux ECD avec une
Figure 4 – Profils de température suivant le degré de mélange phase continue gazeuse. Ils permettent une distribution uniforme du
des fluides liquide couvrant le diamètre entier de l’ECD : les caractéristiques du
jet, le diamètre moyen et la distribution de tailles sont donnés par le
constructeur en fonction de la pression d’injection. Les atomiseurs
Si l’écoulement est parfaitement mélangé, les tourbillons ultrasoniques génèrent des brouillards de gouttelettes extrêmement
l’emportent alors largement sur la vitesse globale entraînant l’égali- fines. On peut aussi créer des gouttes à partir d’un cône en rotation
sation des températures des deux phases (figure 4). En pratique, [1]. Lorsque la phase continue est liquide, les disperseurs consistent
sauf si le contacteur possède un élancement important (rapport de le plus souvent en une canalisation cylindrique ou un plateau per-

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Sortie phase légère

Fluide caloporteur
froid et particules
Entrée
phase dense

Stockage des
particules
Entrée
phase légère
Fluide
Sortie caloporteur
phase dense

Séparation par gravité Séparation par tamisage

Eau Azote gazeux


Gouttes d'eau
Azote liquide

Azote gazeux à -188 °C

Gaz comprimé

Co-courant Contre-courant
Azote liquide
Mélange local de phases Pas de mélange local Pistolet de
(homogénéisation des vitesses Billes de glace projection
des fluides et de la température
de la phase continue) Azote liquide à -196 °C Billes de glace
Vis d'Archimède
eau ensemencée en particules d'aluminium q = 60 L/h, q = 500L/h
Vd Vc

Figure 5 – Visualisation d’un écoulement liquide-liquide 1 2 3 4


Arrivée des Échangeur à contact direct Stockage de Projection
fluides colonne - réservoir billes de glace

foré de nombreux trous : la taille des gouttes obtenues est de l’ordre Séparation par vis d'Archimède
de quelques millimètres (0,5 à 5 mm).

L’évolution de la taille des entités fluides par fragmentation et par Figure 6 – Techniques de séparation des phases après l’échange
coalescence est susceptible d’entraîner des modifications de l’écou-
lement polyphasé. Une revue bibliographique détaillée de ces phé-
nomènes complexes est donnée par Kolev [2].
1.3 Grandeurs caractéristiques des ECD

1.2.4 Séparation des phases après l’échange Les définitions et formules de bases sont données dans ce para-
graphe. Elles permettront de quantifier les écoulements, les trans-
D’une apparente simplicité, les ECD posent le problème de la ferts de chaleur et les performances thermohydrauliques des ECD.
séparation des phases après l’échange thermique. La séparation
avec un fluide continu gazeux est relativement simple et s’effectue
dans un cyclone en sortie de l’échangeur, que la phase dispersée 1.3.1 Concentration volumique et aire interfaciale
soit solide ou liquide. De même, la séparation d’une phase continue
liquide et d’une phase dispersée gazeuse est aisée grâce à la très
grande différence des masses volumiques. La séparation d’une Soient les volumes de contrôle d’échangeurs surfacique et volu-
phase continue liquide et d’une phase dispersée liquide est réalisée mique construits sur la section d’écoulement de hauteur dz
par la coalescence de la phase dispersée sur une interface de décan- (figures 7 et 8), la concentration volumique β, appelée encore taux
tation située en partie haute ou basse de la colonne suivant les de rétention ou taux de vide en milieu gaz-liquide, est définie soit
valeurs respectives des masses volumiques des deux phases. La comme la fraction du volume de contrôle occupée par la phase dis-
séparation d’une phase dispersée solide et d’une phase continue persée,
liquide nécessite des moyens plus lourds, la séparation s’effectuant
β ? ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
par tamisage sur un plan incliné ou par une vis d’Archimède volume de la phase dispersée
(3)
(figure 6). volume de contrôle

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L’aire interfaciale (m2/m3) représente la surface d’échange dispo-


nible des particules en mouvement dans le volume de contrôle de
Section droite d'écoulement
A (m2) l’échangeur :

a ? ////
S
(5)
Garnissage V
Pour les ECD de type volumique, où l’on peut accéder au diamètre
moyen de la dispersion, l’aire interfaciale est plus volontiers expri-
mée en fonction de la concentration volumique β,

a ? //////// β
Td (z ) Tc (z ) 6
(6)
d 32
contre-courant
Aire spécifique
le diamètre moyen des particules étant en général basé sur le dia-
d'échange qm qm mètre de Sauter d32
d c

m2 dz co-courant n
( )
a -----
m3 ∑ di3 ∆ni
d 32 ? /////////////////////////
i?1
(7)
n

∑ d i2 ∆n i
i?1
Td (z + dz ) z Tc (z + dz ) ∆ni étant le nombre d’entités de diamètre di.

Pour la définition des symboles, se reporter au tableau


des notations et symboles en fin d'article
1.3.2 Vitesses des phases
Figure 7 – Volume de contrôle d’un ECD surfacique
Du taux de rétention et du débit-volume qV (m3/s) de chacune des
deux phases, on détermine les vitesses (m/s) absolues moyennes
des deux phases ud et uc dans un repère fixe,

u d ? ////////d ? ////////d ? //////d/


Section droite d'écoulement qV qV U
A (m2) Ad βA β

u c ? ////////d ? /////////////////////
/ ? ///////////
/
qV q Vc Uc
(1 Ï β)A 1Ïβ
Concentration (8)
phase dispersée Ac

Uc et Ud étant les vitesses apparentes de chacune des deux phases


U = Ud + Uc la vitesse apparente du mélange.
T c (z ) Td (z )
Remarque
Entités dispersées Par convention, le sens positif correspond au mouvement de
ud (z ) la phase dispersée sous l’effet de la résultante des forces motri-
ces dans un repère fixe ; les grandeurs sont définies algébrique-
ment. Le débit-masse, le débit-volume et les vitesses de la
dz phase dispersée sont toujours positifs.

contre-courant
■ Vitesse relative
u c (z ) co-courant La vitesse relative de la phase dispersée par rapport à la phase
continue s’exprime par :
z u r = ud − u c (9)
Tc (z ) Td (z + dz )
■ Vitesse et densité de flux de diffusion
Pour la définition des symboles, se reporter au tableau
des notations et symboles en fin d'article La vitesse de diffusion représente la vitesse relative de chacune
des phases par rapport à un plan perpendiculaire à l’écoulement qui
Figure 8 – Volume de contrôle d’un ECD volumique
se déplace à la vitesse apparente U,
ucU = uc − U udU = ud − U (10)

soit comme le rapport de l’aire occupée par la phase dispersée Ad le flux volumique (m/s) relatif à la vitesse de diffusion s’exprimant
dans la section d’écoulement à l’aire totale A de cette section, par :

J c ? ( 1 Ï β ) u cU ? ( 1 Ï β ) ( u c Ï U ) ? ( 1 Ï β )  ///////////
/ Ï U c Ï U d
Uc
β ? //////d/ 1Ïβ
A
(4) 
? Ï U d ( 1 Ï β ) - βU c
A

J d ? βu dU ? β ( u d Ï U ) ? U d ( 1 Ï β ) Ï βU c ? Ï J c
On peut démontrer formellement l’équivalence des deux expres-
sions si la répartition est supposée uniforme et isotrope. (11)

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Tableau 1 – Valeurs de l’indice n de Zaki en fonction


du nombre de Reynolds des particules

Re p∞ < 0,2 0,2 < Re p∞ < 2 200 < Re p∞ < 500 Re p∞ > 500

Ï 0 ,03 Ï 0 ,1
n ? 4,65 - 20 ////// n ?  4,4 - 18 ////// Re p∞ n ? 4,4 Re p∞
dp dp
n = 2,4
D D

Nous verrons plus loin que ces grandeurs sont reliées de façon Du système d’équations (11), on déduit aisément une relation
semi-empirique au taux de rétention, à la taille moyenne des parti- entre le taux de rétention et les vitesses des deux phases. D’après
cules et aux débits-volume des deux phases par une relation de la Wallis [5], l’indice n est voisin de 2 pour les écoulements de bulles
forme : dans un liquide ; pour des particules ou des gouttes, l’indice n est
donné par :
Jc = f (β, propriétés physiques, carte d’écoulement)
4,7 [ 1 - 0,15 Re p∞
0,687
n ? ///////////////////////////////////////////////////////////////
/
]
1 - 0,253 Re p∞0,687
■ Mouvement des particules (16)
Aux faibles valeurs du taux de rétention, inférieures à 1 %, les par-
ticules sont considérées en simple translation sans interactions La relation (15) est équivalente à celle formulée par Richardson et
dans le fluide en circulation. La résolution de l’équation du mouve- Zaki [6] dans leurs essais de sédimentation et de fluidisation,
ment d’une particule rigide, soumise à la gravité et à la force de traî-
née, u r ? u r∞ ( 1 Ï β ) n Ï 1 (17)
( ud Ï uc ) ud Ï uc
ρ d ////////// ? ( ρ d Ï ρ c ) g Ï /// C d ρ c /////////////////////////////////////////////
d ud 3 mais les valeurs de l’indice n, en fonction du nombre de Reynolds
(12)
dt 4 d 32 de la particule, sont légèrement différentes (tableau 1).

avec ρc et ρd masses volumiques des phases continue et


dispersée, 1.3.3 Régimes d’écoulement dans un ECD
volumique
Cd coefficient de traînée.
montre que la vitesse limite est atteinte pour une distance petite L’hydrodynamique d’un écoulement dispersé se caractérise
devant la longueur de l’échangeur. La vitesse relative est alors la par la possibilité d’obtenir plusieurs régimes opératoires diffé-
vitesse limite de chute en milieu infini au repos u r∞ , rents pour un même couple de débits volumiques des deux phases.

4 ( ρ c Ï ρ d ) g d 32
Ces régimes sont représentés de façon relativement simple à
u r∞ u r∞ ? /// //////////////////////////// //////// (13) partir du diagramme de Wallis (figure 9) qui montre la variation de
3 ρc Cd la densité de flux de diffusion en fonction du taux de rétention ; la
densité de flux de diffusion étant exprimée par la relation (15) et
le coefficient de traînée Cd de la particule rigide étant fonction du par la droite d’équation (11) passant par les points (β = 0, Jd = Ud),
nombre de Reynolds de la particule, soit par exemple : (β = 1, Jd = − Uc).

C d ? //////////∞/ ( 1 - 0,15 Re p∞ ) - ///////////////////////////////////////////////////////////////


24 0,687 0,42
1 - 4,25 × 10 4 Re p∞
Ï 1,16
Re p
Jd

Re p∞ ? ///////////////////////
ρ c u r∞ d 32 -- Uc (cas 3)
Re p∞ < 3,5 × 10 5 (14)
µc

On trouvera dans l’ouvrage de Clift et al. [3] diverses expressions


équivalentes du coefficient de traînée. Un calcul itératif sur les rela-
tions précédentes permet de déterminer la vitesse relative.
Ud
Remarque
Une particule fluide en mouvement dans un autre fluide peut
avoir un comportement différent de celui d’une particule rigide.
On trouvera dans la littérature [4] des corrélations spécifiques -- Uc (cas 2)
donnant la vitesse limite et le coefficient de frottement pour les
systèmes avec une interface déformable.
0 β lâche β dense 1 β
La vitesse limite de chute dépend de la concentration de la phase
-- Uc (cas 1)
dispersée. Une approche simple pour relier ces deux variables con-
siste à utiliser un modèle d’écoulement semi-empirique où le profil
des vitesses obéit à une loi imposée. Le modèle monodimensionnel
de Wallis (1969) relie la densité de flux de diffusion au taux de réten- -- Uc (cas 4)
Jd
tion par la relation :

J c ? u r∞ β ( 1 Ï β ) n
Figure 9 – Diagramme de Wallis pour les écoulements particulaires
(15) [5]

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