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CÔTE D’AZUR
Lionel Flageul
Chic et chaud
Les mareyeurs
de la Côte d’Azur
connaissent
eux aussi le pic
de la saison estivale.
Si les restaurants
S i on pouvait faire des mois d’août
douze mois de l’année ! », déclare
Gilles Moll, directeur général de
Deloye Marée, société de mareyage
basée à Saint-Jeannet, à la périphérie de
Nice. « Décembre est notre troisième mois
de l’année, alors que pour d’autres sites du
Été
La demande suit
le tourisme estival,
familial comme
de grand luxe.
tivité de mareyeur représente 30 % de son
chiffre d’affaires, le reste étant constitué
des fruits et légumes. Même constat pour
une structure familiale, Magraner, dont
la principale clientèle est la restauration.
« Uniquement sur la côte, entre Saint-Cyr
et Port Grimaud. Le poisson se vend beau-
groupe, c’est le premier », confirme Patrick coup moins à l’intérieur des terres, ils sont
sont leurs principaux
Molinari, directeur régional de Pomona quasi absents des cartes », souligne Jean-
clients, certains servent TerreAzur, à La Farlède, au nord-est de Michel Magraner, le gérant.
les touristes fortunés Toulon. Le Var et les Alpes-Maritimes sont Entreprise plus importante implantée au
dans les villas et yachts, des départements à haute fréquentation marché d’intérêt national (Min) de Nice,
au point de délocaliser touristique l’été, aussi bien familiale que de la SNC Reynaud vise la restauration et les
grand luxe. Les mareyeurs doivent pourvoir poissonniers. « Nous travaillons aussi bien
à Saint-Tropez. à une demande forte et variée. avec les petits restaurants qu’avec la Société
« Notre gamme est très typée restaurants, des bains de mer de Monaco », déclare
c’est notre secteur stratégique. Même si Franck Paul, directeur régional du groupe.
nous nous développons vers la poissonne- L'entreprise a installé dans ses locaux un
Reportage : Alain LEPIGEON rie », commente Patrick Molinari, dont l’ac- vivier pouvant accueillir 3 tonnes de lan-
ÉCH S d’ENTREPRISES
goustes et de homards, en raison d’une
forte demande, en restauration essentielle-
ment. « C’est pour nous une carte de visite,
aussi bien que le bio ou les huîtres La Perle
blanche. » Somegel, leader de la queue de langouste surgelée
▼
Les restaurants demandent de plus en
plus un service en amont. « Avant, on livrait Jacques Cieux, accompagné de ses trois filles, a créé Somegel
la caisse brute, l’employé grattait, vidait. en 1972. Basée à Menton, sa holding détient deux sociétés :
Maintenant, nous faisons les filets que une d’import et l’autre de distribution. Leader européen de
nous désarêtons », constate Jean-Michel la queue de langouste, Somegel s’appuie notamment sur
Magraner. Ainsi les longes de thon sont déjà une usine du groupe aux Bahamas et des accords com-
découpées, destinées à une nouvelle res- merciaux avec deux usines au Nicaragua. Située sur un
tauration ethnique, prisée en bord de mer. marché de niche, elle importe des langoustes de haute
« Tout l’intérêt est d’avoir un laboratoire de qualité de l’île Tristan da Cunha, en plein Atlantique.
préparation. La forte saisonnalité sur la côte Et du homard canadien. Ses produits stockés à Bou-
rend le fileteur difficile à trouver pour les res- logne-sur-Mer, sont vendus aussi bien à de gros distri-
taurants, ils sous-traitent car ils ne peuvent buteurs qu’à des transformateurs ou des importateurs
embaucher en CDI. Quand on l’a, on le
A.L.
en Europe, aux États-Unis, au Japon ou en Australie.
garde, insiste Franck Paul. Nous en avons
Jacques Cieux, à la tête de Somegel, avec une de ses trois filles.
un à Nice. À Saint-Tropez, c’est un prépa-
rateur polyvalent. C’est un travail d’orfèvre,
d’autant plus que l’on sert une cliente par-
ticulière. »
Deloye, une poissonnerie qui a bien grandi
▼
A.L.
quentes que des restaurants en comptant le panier », défend Gilles Moll.
personnel en plus des convives, et les yachts. Gilles Moll, Laurence Badino et Pierre Teuler, associés au sein de Deloye.
« Les yachts peuvent appeler en direct pour
avoir de la poutine dans la demi-heure.
C’est notre quotidien, il faut une très forte
Magraner, toute la mer pour les restaurants
▼
méditerranéen. n
Tristan da Cunha
Somegel International
Zone Industrielle du Haut Careï • 06500 Menton
Tél : +33 (0)4 92 10 57 03 • Fax : +33 (0)4 93 57 28 09
Actu ❘ FOCUS CÔTE D'AZUR
A.L.
de La Seyne-sur-Mer en reconversion ou
des pêcheurs professionnels. « Tout était à
5
inventer », se souvient Olivier Otto, gérant de
Les producteurs misent sur la qualité, au tourner vers le bio, d’ici deux à trois ans.
la ferme aquacole Cachalot, installée depuis
travers d’une charte. Les géniteurs des ale- En parallèle, la ferme du Cachalot tra-
1991. Depuis, cinq fermes produisent loups
vins sont d’origine sauvage, le nourrissage fermes vaille avec l’Institut océanographique Paul
(bars), daurades et maigres ; quatre font par- dont quatre
est sans farine animale, les antibiotiques Ricard (IOPR) sur le nourrissage avec des
tie d’une coopérative. en coopérative
sont absents. Impliqués dans le contrat insectes et de la spiruline. « Des alevins
de baie de la rade de Toulon, les aquacul- prégrossis de 50 grammes sont depuis
20
teurs se sont imposé une densité maximale quelques mois à l’IOPR. »
de poissons. Les filets ne sont pas traités « Maintenant, c’est la grande distribution
avec des produits anti-algues. La kg/m3 qui vient nous chercher », relève avec satis-
proximité des mytiliculteurs est de densité maximale faction Fréderic Leguen, autre pionnier de
également gage d’une eau de l’activité sur la rade avec sa ferme Hydraloup.
qualité. « Ils sont les sentinelles 50 % de sa production et autant pour celle
de la rade, étant contrôlés toutes près de Cachalot sont commercialisées via
les semaines. Ça nous oblige aussi à une société de distribution et de promotion
travailler proprement, sinon cela se de la marque Les Poissons de Tamaris, gérée
retrouverait dans les moules », sou- par Patrick Mendes, ancien salarié d’une
ligne Olivier Otto. Mais les produc- ferme aquacole. Ces poissons se trouvent
teurs ne s’arrêtent pas là et souhaitent se exclusivement sur les étals locaux. n
L.
A.
[Le poisson de Tamaris Sud Fish transformé par des partenaires locaux]
Pierre Balmitgere est membre de la coopérative de vont à la conserverie Au Bec Fin à Cogolin, qui
Tamaris, avec sa ferme Tamaris Sud Fish. Il exploite les transforme en soupe, revendue sous le
cette concession depuis 2008 et produit 20 tonnes nom de Pierre et le Loup, société de commer-
de loups, daurades et maigres. Cet aquaculteur cialisation des produits transformés de Pierre
travaille avec l’Amap (Association pour le main- Balmitgere. De plus, des filets de maigres sont
tien d’une agriculture paysanne) et, en tant que fumés par Le Fumoir de Provence, à La Seyne-
membre de coopératives, vend également ses sur-Mer (lire page 24). La collaboration
poissons. « Dans ce cadre, je suis responsable de dure depuis huit ans. « Nous avons été
mes invendus. » Ceux-ci, accompagnés de pois- les premiers à faire ça. Le maigre
sons sous vide qui présentent des défauts ou grossit plus vite et il est moins prisé.
d’autres en fin de date limite de consommation, Il faut diversifier l’offre. »
A.L.
▼
qu'auprès des ganguis,
destinés à disparaître. Philippe et Olivier Boulbes ont succédé à leur père, Louis, ancien employé du
S
créateur d’Ecogel dans les années 1960, Albert Ghiglione. « Sa recette est restée
la même, seuls les clients changent. » Les frères Boulbes sont les seuls à fabriquer
urgelée, en bocal ou en boîte, la soupe de la soupe surgelée dans la région, toute l’année. Si la fabrication demeure
de poissons, de roche ou non, fait tou- sur le site historique du Pradet, tout est
jours recette sur le littoral. Safranée, stocké à Vitrolles (Bouches-du-Rhône) où
aromatisée et accompagnée de ses les grossistes s’approvisionnent. « Nous
croûtons garnis de rouille (mayonnaise relevée fournissons les restaurants environnants,
avec de l’ail et du safran), la soupe de pois- surtout l’été, et des supermarchés locaux. »
son est appréciée sur les tables des restau- La gamme va du produit historique, la
rants comme familiales. Dans le Var, elle est « double concentrée » (1 kg de soupe
historiquement le produit de la pêche de nom- auquel on ajoute 1,5 litre d’eau) à la soupe
breux ganguis (art traînant), ramenant divers sans sodium pour les hôpitaux.
petits poissons allant de la girelle (crénilabre) à
la rascasse (Scorpaenidae). « Ça, c’est la vraie Philippe, Louis et Olivier Boulbes,
A.L.
ancien et actuels dirigeants d’Ecogel.
soupe de poissons de roche », clame Philippe
Parlier, pêcheur au gangui à Hyères. Mais cette
pratique est condamnée par l’Union euro- Yvan et Gregory : fabriquer sur place
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Raw Cooked
EXPERTLY SOURCED
by Gelazur