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La région alaouite
et le pouvoir syrien
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Fabrice Balanche
La région alaouite
et le pouvoir syrien
Éditions KARTHALA
22-24, boulevard Arago
75013 Paris
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REMERCIEMENTS
Cet ouvrage, issu dʼun travail de thèse, est le résultat dʼune coopération
entre plusieurs personnes que je tiens particulièrement à remercier. Tout
dʼabord Monsieur Pierre Signoles, mon directeur de thèse, qui a su me
soutenir durant ces années difficiles et surtout mʼaiguiller vers les bonnes
questions ; Souha Taraf qui, durant plusieurs mois, a relu, réorganisé
et allégé ce lourd travail pour aboutir à cet ouvrage plus digeste ; toute
lʼéquipe du service des publications de lʼInstitut français du Proche-Orient,
Laetitia Démarais, Antoine Eid et Rami Yassine ; lʼInstitut français du
Proche-Orient qui, depuis quinze ans, mʼa donné les moyens dʼeffectuer et
de publier cette recherche. Enfin, nʼoublions pas toutes les personnes qui,
en Syrie, par leur témoignage et leur aide, ont contribué à cette étude.
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INTRODUCTION
1
WEULERSSE 1940, p. 377.
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2 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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INTRODUCTION 3
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4 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
dʼune main de fer depuis des décennies par une famille-clan « dynastique »,
celle des Assad.
Quel est donc lʼobjectif des autorités syriennes ? Asseoir lʼemprise
dʼune communauté (alaouite), celle de la famille régnante, sur « son »
territoire régional ? Ou bien sʼagit-il également, et plus largement, dʼune
volonté classique du pouvoir central de dominer, en la favorisant, une
région – via par exemple des services à la population, le développement
des infrastructures locales, en bref via une clientélisation des habitants
(alaouites et non alaouites) ?
À lʼévidence, une lecture uniquement communautaire ne suffit pas pour
comprendre lʼévolution de la région côtière syrienne sur près de quarante
ans : il est nécessaire dʼintroduire le prisme du politique. Notre hypothèse
est que la dynamique de développement impulsée par le haut dans la région
du Jebel Ansariyeh, pour puissante quʼelle ait été – et quʼelle reste – nʼa
pas abouti à son but prévu, attendu : lʼintégration totale de lʼancien « pays
des Alaouites » à la Syrie baathiste actuelle, voire lʼémergence de cette
région comme une locomotive du développement national.
Il sʼagit de réfléchir en termes dʼintégration ambiguë, en tout cas
incomplète : pour étonnant que cela puisse en effet paraître et pour
différentes raisons, la région dʼorigine des Assad, malgré sa situation
géographique unique, des investissements massifs exceptionnels consentis
par lʼÉtat baathiste et sa proximité politique avec le pouvoir, demeure
aujourdʼhui une périphérie économique du pays.
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INTRODUCTION 5
2
Sur la définition du concept de ʻassabiyya, voir p. 145.
3
« Rectification » car, selon Hafez Al Assad, la révolution baathiste prenait une mauvaise
direction à la fin des années 1960.
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6 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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INTRODUCTION 7
rares exceptions près, les localités promues sont celles qui disposent des plus
importants appuis politiques, car la concurrence est forte entre les localités
pour accéder aux ressources de lʼÉtat. Le village de la famille Assad,
Qardaha, dans la muhafaza de Lattaquié, est ainsi élevé au rang de chef-
lieu de mantiqa, tout comme Rastan, dans la muhafaza de Homs (localité
dʼorigine de lʼancien ministre de la Défense, lʼinfluent Mustapha Tlass). Les
généraux alaouites se sont efforcés dʼactiver la promotion de leurs villages
au moins en chefs-lieux de nahya : ce nʼest pas un hasard si les muhafaza
alaouites de la côte (Lattaquié et Tartous) comptent 25 % des chefs-lieux de
nahya du pays avec moins de 10 % de la population et 2 % du territoire !
Une vaste réforme agraire a été par ailleurs lancée, très rapidement
(1963-1964), afin de démanteler les grands domaines agricoles au profit de
la petite propriété paysanne ; si, en raison de leur propre origine rurale, les
nouveaux dirigeants syriens étaient sensibles à la misère de la paysannerie
(70 % de la population en 1960), dans le même temps, ils élargissaient par
cette réforme la base sociale du parti Baath (les campagnes sont encore à
lʼheure actuelle le plus fort soutient du régime).
Le régime baathiste a également pris en main lʼindustrialisation du
pays. À travers les plans quinquennaux de développement, il affirmait
une volonté dʼutiliser le secteur public industriel comme vecteur de
lʼintégration économique. Dans ce but, il fallait développer un tissu
dʼindustries industrialisantes complémentaires à lʼéchelle nationale : ces
industries devaient valoriser en priorité les matières premières locales,
créer des emplois et susciter un développement économique autonome. En
réalité, les industries ont été utilisées en fonction des seuls intérêts étroits
du régime, ceux du clientélisme politique.
Ainsi, la politique volontariste menée par les différents gouvernements
baathistes nʼa pas eu pour but principal de résorber les déséquilibres
spatiaux, mais de renforcer le pouvoir central par une clientélisation
totale de la société syrienne. Hafez Al Assad nʼa pas créé les clivages
communautaires, constitutifs de la société syrienne, mais il les a habilement
utilisés en entretenant les rivalités entre les différents groupes. La stabilité
dʼun tel « système Assad » était assurée à la fois par une répression féroce
et par un État-providence longtemps entretenu par les transferts financiers
des pays arabes pétroliers.
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8 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
4
GOBE 1997.
5
Enquête personnelle réalisée en 1994.
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INTRODUCTION 9
6
Selon la triade établie par PÉREZ 1994.
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10 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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PREMIÈRE PARTIE
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Lʼactuelle région côtière de la Syrie, avec sa fenêtre longue de
180 kilomètres sur la mer, est longtemps restée une « périphérie de la
périphérie » de lʼEmpire ottoman : géographiquement excentrée, sans
rendement agricole ou artisanal significatif, elle était habitée dans ses
hauteurs par des populations (notamment musulmanes alaouites) rétives
aux autorités ottomanes, et organisée par des villes dʼintérêt mineur.
Surtout, la région nʼavait aucune cohésion interne : la montagne (le Jebel
Ansariyeh) tournait le dos aux villes de la bande côtière, et vice versa.
De manière générale, comme ailleurs dans les territoires sous domination
ottomane, lʼorganisation de la région côtière était directement influencée
par le rapport que les communautés locales entretenaient vis-à-vis du
centre politique. Les villes littorales habitées par des musulmans sunnites
et des chrétiens constituaient, dans le système de contrôle de lʼEmpire
ottoman, les points clés de la région, relayés par les bourgs ismaéliens et
chrétiens de la montagne ; pour leur part, les communautés de confession
alaouite occupaient plutôt des espaces périphériques et ruraux, dans le
Jebel Ansariyeh et sur la plaine côtière. (Fig. 4, 5, 6, 7).
La distribution des communautés dans la région côtière est en effet
conforme aux rapports centre-périphérie qui organisaient lʼespace syrien
à lʼépoque ottomane. Ainsi, les grandes métropoles de lʼintérieur sont
peuplées par la communauté au pouvoir (celle des musulmans sunnites) et
ses protégés chrétiens et juifs, cependant que les montagnes périphériques
sont abandonnées aux minorités hétérodoxes : alaouites, druzes et yézidis
dans le Sindjar. De façon schématique, les sunnites, politiquement et
économiquement dominants, occupaient les villes et possédaient les
meilleures terres. Les alaouites, considérés comme une communauté
hérétique, étaient reclus dans la montagne ou employés comme métayers
dans les propriétés de lʼoligarchie sunnito-chrétienne de la plaine. Quant
aux chrétiens et aux ismaéliens, reconnus et protégés par lʼislam sunnite, ils
participaient au système politique ottoman et jouaient localement un rôle
relativement efficace dʼintermédiaires entre les alaouites et les sunnites.
Cette occupation communautaire de lʼespace sʼest largement maintenue
après la disparition de lʼEmpire ottoman en Syrie, jusquʼà aujourdʼhui : au-
delà des discours unitaires et laïcisants du parti-État baathiste, la répartition
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14 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
1
RAFFESTIN 1980, p. 154.
2
RAFFESTIN 1980, p. 157.
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UNE RÉGION FAVORISÉE ET CLIENTELISÉE PAR LE POUVOIR SYRIEN 15
3
MAUREL 1984.
4
DRYSDALE 1977.
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16 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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UNE RÉGION FAVORISÉE ET CLIENTELISÉE PAR LE POUVOIR SYRIEN 17
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18 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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UNE RÉGION FAVORISÉE ET CLIENTELISÉE PAR LE POUVOIR SYRIEN 19
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CHAPITRE I
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22 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
1
SUNAR 1980.
2
Comme lʼillustre cette anecdote rapportée par Volney au sujet du port de Lattaquié au
milieu du XVIIIe siècle : « Les négociants dʼAlep voulurent abandonner Alexandrette et
reporter leur entrepôt à Lattaquié. Ils proposèrent au Pacha de Tripoli (dont dépendait
Lattaquié) de rétablir le port à leurs frais, sʼil voulait leur accorder une franchise de tous
droits pendant dix ans. Leur envoyé fit valoir lʼavantage qui en résulterait pour tout le pays
par la suite du temps. “ Hé, que mʼimporte la suite du temps ? répliqua le pacha. Jʼétais hier
à Marach ; je serai peut-être demain à Djedda ; pourquoi me priverais-je du présent qui est
certain, pour un avenir sans espérance ? ” ». VOLNEY C.-F., Voyage en Syrie et en Égypte
pendant les années 1783, 1784, 1785, cité par WEULERSSE 1940, p. 113.
3
Dans son Histoire des Nosairis, René Dussaud décrit lʼépopée dʼun chef de la tribu
Matawra : « Ismael Bey imposa, en 1854, sa suprématie sur le sud du Jebel Ansariyeh. Les
Turcs se lʼattachèrent et le nommèrent gouverneur du caza de Safita, à condition quʼil verse
chaque année au Pacha de Tripoli les 300 000 francs dʼimpôts que devait le caza. Ismael
Bey installa sa résidence à Dreykish et régna en despote jusquʼà ce que les pachas voisins,
inquiets de sa puissance, le fissent assassiner. » DUSSAUD 1899.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 23
4
Cinq sandjaks auxquels il convient dʼajouter, à partir de 1861, le mutassarifa autonome du
Mont Liban, créé à la suite dʼune série de conflits civils et de lʼintervention de puissances
occidentales.
5
CUINET 1896.
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24 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
6
La guerre entre les chrétiens et les druzes était en partie engendrée par une forte pression
démographique dans la montagne libanaise, où les ressources alimentaires étaient très
insuffisantes ; entre 1830 et 1840, la densité pouvait en effet atteindre 250 hab/km2
cultivable. CHEVALLIER 1971.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 25
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26 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
7
Volney, dans une des lettres de sa correspondance dʼOrient, relate la situation des
alaouites au début du XIXe siècle : « Il faut que vous sachiez que les Ansariens, devenus
pour les Musulmans un objet de mépris et de haine, gémissent sous le poids dʼénormes
impôts, sous les coups de perpétuelles vexations, ils ne viennent à Lattaquié quʼavec un
teskéré (permission) du gouverneur ; ce sauf-conduit leur est nécessaire pour traverser une
ville dont les habitants pourraient leur faire impunément tout le mal quʼils voudraient. »
VOLNEY 1959.
8
DOUWES 1993, p. 169.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 27
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28 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
9
Dans lʼEmpire ottoman, les individus étaient regroupés par communautés
religieuses appelées « millet ». Les différentes confessions chrétiennes, grecque orthodoxe,
grecque catholique, maronite, etc., possédaient leur millet, alors que tous les musulmans
(sunnites, chiites…) appartenaient au même millet, à lʼexception notamment des alaouites
qui nʼétaient pas considérés à lʼépoque comme musulmans.
10
WEULERSSE 1940, p. 282.
11
ABDEL NOUR 1983.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 29
12
DUSSAUD 1899, p. 57.
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30 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
du XIXe siècle. Cette courte période durant laquelle Dreykish devint une
petite capitale suffit en effet à lui donner la prééminence démographique et
économique sur les autres agglomérations alaouites.
13
Babanna, aujourdʼhui modeste village, fut jusquʼen 1924 le chef-lieu du caza de Sahyun
(lʼancêtre de la mantiqa de Haffeh).
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 31
14
WEULERSSE 1946, p. 322.
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32 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
« Tous les Lattaquiotes, en général, manifestent bien haut leur dédain pour
les occupations agricoles, et pourtant nous sommes tous propriétaires ; la
principale fortune du riche réside dans ses terres […]. Mais les hommes
de classes aisées nʼexploitent jamais par eux-mêmes leurs domaines et ne
se doutent pas un instant que lʼagriculture puisse fournir une carrière aussi
honorable et aussi lucrative que le commerce et toutes les autres professions.
Alors ils se contentent de confier lʼexploitation de leurs propriétés rurales à
un régisseur salarié : son défaut absolu dʼinstruction lui fait ignorer lʼutilité
de toute espèce de changement dans les anciennes habitudes.15 »
Quel sera lʼimpact de la réorganisation administrative de la région,
notamment par les nouveaux dirigeants – alaouites – du pays ? Et, avant
même cela, comment la population alaouite vit-elle, voit-elle les nouveaux
découpages administratifs, jusquʼà lʼintégration définitive de la région
côtière à la Syrie, pendant le Mandat français ?
15
SAADEH 1905, p. 3
16
PLANHOL 1997.
17
« La France divisa la Syrie en unités politiques distinctes : en septembre 1920 furent
créés un État dʼAlep (avec un régime spécial pour le Sandjak dʼAlexandrette) et un État de
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 33
Damas, un territoire des Alaouites (qui deviendra État en 1922), et, en mars 1921, le Jebel
Druze. La Syrie qui venait dʼêtre séparée de la Palestine et du Grand Liban, était divisée en
quatre entités distinctes. Cet émiettement avait un caractère si exagéré que, en 1922, sur une
suggestion de Catroux, délégué du Haut Commissaire de Damas, une Fédération Syrienne
regroupera Damas, Alep et les Alaouites, mais pour peu de temps, car, dès 1924, lʼÉtat des
Alaouites sera à nouveau séparé de lʼÉtat de Syrie. », RAYMOND 1980, p. 69.
18
Sur la méthode Lyautey, les articles de Jean Dresch sont des plus évocateurs : voir
Hérodote 1978.
19
Cité par AL DBIYAT 1995, p. 258.
20
WEULERSSE 1940, p. 120.
21
WEULERSSE 1940, p. 120.
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34 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
22
WEULERSSE 1940, p. 120.
23
WEULERSSE 1940, p. 59-60.
24
MÉOUCHY 1989, p. 398.
25
Il prit lʼappellation, moins provocante pour les nationalistes syriens, de « Gouvernement
de Lattaquié » en 1930. WEULERSSE 1940, p. 121.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 35
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36 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
membres était nommé par le gouverneur, les autres étaient élus au suffrage
universel direct. Quant aux administrations centrales et aux caza26, ils
étaient tous dirigés par des fonctionnaires français.
Jacques Weulersse affirmait que « lʼÉtat des Alaouites » nʼétait
pas viable, car trop petit et sans grandes ressources : « Le pays était
manifestement trop petit et trop pauvre pour pouvoir mener une vie
indépendante ; il nʼavait pas lʼassiette dʼun État27 ». Certes, la justification
a posteriori de son intégration à la Syrie, telle que développée par Jacques
Weulersse, se fondait sur des réalités économiques. LʼÉtat des Alaouites
ne disposait en effet pas, à la différence du Liban, de ports internationaux,
lʼindustrie y était inexistante et lʼarchaïsme des structures agraires limitait
la production agricole. Lʼindépendance alimentaire de lʼÉtat des Alaouites
nʼétait pas assurée par la possession dʼune riche zone agricole, telle la
Bekaa pour le Liban28. La plaine du Ghab, qui est aujourdʼhui un des
greniers à blé de la Syrie, nʼétait encore quʼun marécage29. Mais la véritable
cause de son intégration à la Syrie était politique. La France était désireuse
de sortir de lʼimpasse dans laquelle se trouvait le Mandat vis-à-vis des
revendications nationalistes. Face à la montée des périls en Europe, il lui
fallait renforcer ses positions stratégiques en Méditerranée orientale. Les
alaouites furent sacrifiés à lʼentente avec les nationalistes, tout comme le
sandjak dʼAlexandrette le fut pour obtenir la neutralité de la Turquie dans
le deuxième conflit mondial.
Lʼétablissement du Mandat a été marqué par la révolte de la montagne
alaouite, dirigée par un notable de Sheikh Bader (Sheikh Saleh Al Ali) ;
entre février 1919 et octobre 1921, les opérations militaires se sont succédé
pour pacifier la montagne. La France sʼest ensuite efforcée de se concilier
lʼaristocratie traditionnelle en lui préservant son pouvoir et en garantissant
lʼautonomie de la montagne vis-à-vis de la Syrie : « Les travaux dʼintérêt
public et la sympathie ouverte de ses agents à lʼégard des alaouites30 » lui
permettent de gagner les faveurs de la population. La grande révolte syrienne
26
WEULERSSE 1940, p. 121.
27
WEULERSSE 1940, p. 120.
28
La plaine de la Bekaa, à majorité chiite, qui appartenait précédemment au vilayet de
Damas et non à celui de Beyrouth, fut intégrée au Liban pour assurer son indépendance
alimentaire. La famine qui avait régné dans la montagne libanaise durant la première guerre
mondiale poussa les élites maronites à demander le rattachement de ce grenier à blé à lʼÉtat
libanais.
29
La plaine du Ghab fut drainée dans les années 1960 ; elle est devenue, depuis lors, lʼune
des plus riches régions agricoles de la Syrie.
30
MÉOUCHY 1989, p. 394.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 37
31
En 1925, une révolte éclata dans le Jebel Druze contre les autorités françaises. La colonne
de 3 000 hommes qui avait été chargée de la réprimer fut mise en déroute. Les nationalistes
damascènes organisés par le Parti du peuple du Dr Chahbandar en profitèrent pour lancer
un mouvement insurrectionnel contre le gouvernement installé par la France. Grâce à un
vigoureux effort militaire, la France écrasa le mouvement insurrectionnel qui sʼétait propagé
dans toute la Syrie actuelle, à lʼexception de lʼÉtat des Alaouites.
32
DRYSDALE 1977.
33
WEULERSSE 1940, p. 122.
34
MÉOUCHY 1989, p. 395.
35
Dʼaprès une série de lettres du Président du Conseil représentatif, Ibrahim Kinj, et des
membres de ce Conseil pour rejeter lʼunité syrienne (citées par MÉOUCHY 1989, p. 398).
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38 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
36
Munir Al ʻAbbas, représentant de la fédération des Khayyatin, devint partisan de lʼunité.
Son remplacement à la tête du Conseil représentatif du gouvernement de Lattaquié par
Ibrahim Kinj, représentant de la fédération des Hadaddin, fut à lʼorigine de son choix.
YAFFE-SCHATZMANN 1995.
37
RAYMOND 1980, p. 76.
38
NOUSS 1951, p. 512.
39
Sulayman Merched était le chef de la secte merchédite, qui apparut durant le Mandat
français et fut encouragée par ce dernier pour diviser les alaouites. Voir infra, p. XXX.
40
RAYMOND 1980, p. 80.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 39
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40 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
41
Au niveau national, entre 1967 et 1994, le nombre de mantiqa est passé de 42 à 60 et celui
des nahya de 96 à 201.
42
MAUREL 1984, p. 131.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 41
43
La population est aujourdʼhui mixte (chrétiens et alaouites), car les chrétiens émigrent
beaucoup, laissant les alaouites travailler leurs terres.
44
Salah Jedid fut président de la République arabe syrienne de 1966 à 1970.
45
Historiquement, les paysans alaouites originaires du Jebel Ansariyeh allaient travailler
dans les propriétés citadines dans le Sahel de Lattaquié, perdant avec le temps leur ancienne
structure tribale.
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42 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 43
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44 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
villes ; pour ce faire, elle sʼattachera à renforcer la trame des bourgs et des
petites villes. Le schéma de répartition des équipements publics, lié à celui
des promotions administratives, répond le plus souvent à des considérations
clientélistes, elles-mêmes fondées sur le système communautaire. Ceci
étant, les dirigeants baathistes nʼont pas innové en ce domaine, puisque
cette pratique existe depuis les Ottomans.
En 1960, les bourgs et les petites villes de la région côtière étaient peu
nombreux et ils étaient essentiellement localisés en périphérie du Jebel
Ansariyeh. Le cœur du massif ne comptait quant à lui que quelques bourgs,
correspondant le plus souvent à de gros villages chrétiens (Meshta Helu,
Kansaba, Sauda, Mzeraa) et ismaélien (Qadmus). Une seule agglomération
alaouite pouvait être considérée comme un bourg, à savoir Dreykish, en
raison de sa population et de la présence dʼun souk ; il lui manquait en
revanche les fonctions de contrôle de lʼespace, que seuls possédaient les
chefs-lieux de mantiqa, tel Haffeh.
Haffeh, le chef-lieu du caza de Sahyun, avait 2 715 habitants en 1960 ;
sa promotion au rang de chef-lieu de mantiqa date seulement de 1924,
lorsque les Français lui ont octroyé ce statut – au détriment de la localité
de Babanna, à une dizaine de kilomètres au nord. Malgré la faiblesse de sa
population, Haffeh nʼen possédait pas moins les principales caractéristiques
dʼune ville grâce à ses fonctions : administration de la collectivité (civile
et religieuse), contrôle de lʼespace rural (bataillon de gendarmerie) et
commerce. La rente foncière et les circuits monétaires sʼy concentraient,
dynamisant le souk local.
Si le statut de chef-lieu de mantiqa donnait à une agglomération les
caractéristiques dʼune ville, en revanche, celui de chef-lieu de nahya était
insuffisant pour permettre à un village de se distinguer : ainsi du village
de Qastal Maaf, au nord de Lattaquié, devenu chef-lieu de nahya en 1924.
Les autorités mandataires y ont implanté un poste de gendarmerie pour
surveiller la route Lattaquié-Antioche, coupée en permanence par des bandes
turkmènes qui profitaient de lʼépaisseur de la forêt pour sʼy dissimuler. La
population de ce village était de 156 habitants en 1960, et il ne détenait
ni équipements classiques (électricité, école secondaire, dispensaire, etc.)
ni commerces. Certes, tous les chefs-lieux de nahya nʼétaient pas dans
la même situation de pénurie ; ainsi, Meshta Helu et Qadmus dépassaient
le millier dʼhabitants, ils étaient pourvus chacun dʼun cabinet médical
et dʼune école secondaire, et leur souk était attractif. Mais, en 1960, la
fonction administrative occupée par ces localités restait très insuffisante
pour les qualifier de bourgs, car elles devaient généralement se contenter, à
cet échelon, de comporter un poste de gendarmerie.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 45
46
En Syrie, une agglomération est considérée comme une ville si elle dépasse 20 000
habitants ou bien si elle a le statut de chef-lieu de mantiqa ou de muhafaza.
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46 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
« Bien que bâtie sur un site antique, Banias, au contraire (de Jableh), est
toute moderne. Il y a cinquante ans, en effet, lʼanse sur les bords de laquelle
elle sʼélève était déserte, le kaïmakan turc du caza résidant toujours au
château même du Markab. Ce nʼest quʼen 1884 quʼil éprouva le besoin de
quitter son magnifique mais inconfortable nid dʼaigle. Il sʼinstalla au pied
même du château, à lʼembouchure du court mais abondant Nahr Banias.
Autour du Sérail se groupèrent quelques maisons de fonctionnaires, puis un
petit souk. Aujourdʼhui cʼest une bourgade de plus de 2 000 habitants, en
grande majorité sunnites, bien que comptant quelques familles maronites
et orthodoxes. Elle nʼoffre aucun caractère, mais il est remarquable de voir
que, jusquʼen ses formes les plus modestes, la vie urbaine dans le pays naît
toujours dʼune création politique ou administrative.47 »
La promotion au rang de chef-lieu de nahya ne génère pas forcément
un fort développement, et elle engendre encore moins systématiquement
et moins profondément le bouleversement du profil socioprofessionnel
de la population. Elle ne garantit pas non plus le bourg contre un déclin
économique qui peut le ravaler au rang de simple village, comme ce fut
le cas de Mzeraa ou de Kansaba. Ces deux localités chrétiennes du Jebel
Ansariyeh étaient des bourgs commerçants actifs jusquʼau début des
années 1960 ; en outre, ils étaient des chefs-lieux de nahya depuis lʼépoque
ottomane. Mais lʼamélioration des communications dans les années 1960
et 1970 a permis aux populations des villages voisins de se rendre plus
facilement à Lattaquié ; la conséquence en a été la ruine des commerçants et
artisans de ces deux bourgs, qui tiraient parti jusquʼalors de lʼenclavement
relatif de ces deux zones de montagne.
En revanche, lʼabsence de promotion est une garantie de stagnation,
et un déclassement administratif est synonyme de déclin rapide. En 1924
par exemple, les autorités françaises retirèrent à Babanna le statut de
chef-lieu de caza quʼelle détenait depuis un siècle au profit de Haffeh48 ;
or, si à la fin du XIXe siècle, cette localité était une petite ville dʼenviron
2 000 habitants49 équipée dʼune grande mosquée, dʼun tribunal, dʼun sérail,
dʼun souk actif, etc., dès quʼelle a été privée de son statut, sa population a
rapidement décliné et les familles de notables et leur clientèle lʼont quittée
pour sʼinstaller à Lattaquié ou à Jableh. À lʼheure actuelle, seules quelques
47
WEULERSSE 1940, p. 290.
48
La population de Babanna était quasi exclusivement sunnite et très nationaliste. La
population de Haffeh était moins politisée et, surtout, il sʼy trouvait une forte minorité
chrétienne (un tiers de la population), sur laquelle les Français comptaient sʼappuyer.
49
CUINET 1896.
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 47
50
BUREAU CENTRAL DES STATISTIQUES, Recensement général de la population syrienne :
muhafaza de Lattaquié, 1994.
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48 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LE TERRITOIRE ALAOUITE DES OTTOMANS À LA SYRIE BAATHISTE 49
Conclusion
51
BALANCHE 2005.
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CHAPITRE II
Les officiers baathistes se sont emparés dʼun pouvoir qui était, depuis
lʼindépendance, monopolisé par une grande bourgeoisie qui possédait tout :
la richesse foncière, le grand commerce avec lʼétranger et un domaine
industriel naissant. Ces secteurs économiques ont été la cible immédiate
du nouveau régime, décidé à réduire le pouvoir de classes quʼils jugeaient
concurrentes.
Le clivage confessionnel qui séparait en particulier la grande bourgeoisie
sunnite et les officiers alaouites à la tête de lʼÉtat permet à différents auteurs,
tels Daniel le Gac1 et Olivier Roy2, dʼaffirmer que la révolution baathiste
nʼest en fait que la prise du pouvoir par une ʻassabiyya. En revanche, pour
Alasdair Drysdale3, la révolution baathiste a été une révolution pour la
construction nationale ; si ses instigateurs étaient originaires de la périphérie
et non du centre du pays, cʼest parce que la périphérie avait plus de motivation
pour cela en raison du sous-développement dans laquelle elle se trouvait.
La bourgeoisie syrienne avait en outre montré dans les années qui suivirent
lʼindépendance son incapacité à résoudre les principaux problèmes de
développement, tel celui du monde rural, pour la simple raison que, pour y
parvenir, il lui aurait fallu renoncer au système dʼexploitation économique
qui assurait sa domination économique et politique.
La politique de développement de la nouvelle élite dirigeante sʼest
inspirée des stratégies élaborées dans lʼaprès-guerre par lʼécole néo-marxiste,
stratégies qui posent comme postulats la nécessité du « découplage » de
lʼéconomie nationale avec lʼéconomie mondiale dominée par le capitalisme,
de la nationalisation des moyens de production, de la planification autoritaire et
de la réforme agraire4. Cette politique qualifiée de développement autocentré,
par son caractère endogène, avait lʼavantage en Syrie de détruire les bases
économiques de la classe concurrente. Le passage dʼun État faible à un État
1
LE GAC 1991.
2
ROY 1997.
3
DRYSDALE 1977.
4
BRUNEL 1995, p. 16.
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52 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
5
SIGNOLES 1985, p. 784.
6
NACIRI 1984.
7
DAVID 1999.
8
WEULERSSE 1946.
9
Le Baath prit le pouvoir en 1963, mais cʼest durant la période dʼUnion avec lʼÉgypte
(1958-1961) que cette politique volontariste fut lancée.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 53
10
Le premier objectif du régime baathiste a été de supprimer la bipolarité du réseau de
transport terrestre. Dans un premier temps, il a modernisé lʼaxe Alep-Damas, la ligne de
force du pays, afin de souder les deux métropoles et, surtout, de favoriser lʼinfluence de la
capitale sur la Syrie du Nord. La construction dʼune autoroute entre les deux villes sʼest
faite en plusieurs étapes durant les années 1970 et 1980. Les premiers tronçons ont été
réalisés au niveau des principaux goulets dʼétranglement : aux sorties de Damas et dʼAlep,
puis entre Homs et Hama où lʼautoroute franchit les gorges de lʼOronte ; les travaux ont
été achevés à la fin des années 1980 par les contournements de Homs et de Hama. La
facilité avec laquelle les véhicules franchissent aujourdʼhui les chaînons du Qalamun (le
massif au nord de Damas) a sensiblement amélioré lʼaccessibilité de Damas depuis le
nord. Dans un deuxième temps, le pouvoir sʼest efforcé de relier directement à Damas les
régions périphériques traditionnellement tournées vers Alep. Pour cela deux routes ont été
construites entre la vallée de lʼEuphrate et la capitale de la Syrie : la route Deir Ez Zor-
Palmyre-Damas (achevée en 1981) et la route Raqqa-Salamyeh-Damas (ouverte en 1997).
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54 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 55
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56 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 57
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58 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 59
En 1993, une route à trois voies fut mise en service entre Ain Sharqyeh
et Al Hattan dans le Ghab. Elle devait permettre lʼamélioration de la
circulation entre Lattaquié et Hama, ce qui pouvait constituer une alternative
à la réalisation de lʼautoroute Lattaquié-Alep, puisque Hama se trouve sur
lʼautoroute Homs-Damas. La route franchit le Jebel Ansariyeh à 800 m
dʼaltitude. Si son tracé nʼa exigé quʼun petit nombre dʼouvrages dʼart, la
pente de la route reste forte et limite la circulation des camions – et en hiver,
le gel fréquent et les fortes pluies rendent cette route presque impraticable.
En outre, les connexions avec les autoroutes Lattaquié-Homs et Alep-
Damas nʼont toujours pas été réalisées : pour les rejoindre, les véhicules
empruntent donc un réseau secondaire de médiocre qualité. Au total, le
trafic sur cette route reste faible, en comparaison avec la fréquentation de
11
« À Alep, la métropole du Nord qui est devenue lʼépicentre du mouvement, la guerre est
désormais ouverte entre lʼorganisation militaire de la confrérie et les “brigades de défense”
de Rifat Al Assad – frère du Président –, lesquelles, malgré les 5 000 hommes engagés dans
la bataille, ne parviennent pas à empêcher que les deux tiers de la ville ne soient de fait
soustraits à lʼautorité légale. » SEURAT 1980.
12
OFFNER et PUMAIN 1997, p. 43
13
Lors dʼun symposium sur la libéralisation économique en Syrie, tenu en mars 1997 à
Damas, un intervenant interrogea le ministre de lʼÉconomie sur les stocks de céréales qui
pourrissaient régulièrement dans les silos de lʼÉtat en Jezireh. Le ministre de lʼÉconomie,
le docteur Imadi, répondit quʼil sʼagissait de préserver la Syrie dʼune crise alimentaire qui
était toujours à redouter en cas de mauvaise récolte. La Syrie ne tient pas être dépendante
de livraisons de céréales étrangères, car elle craint lʼutilisation de lʼarme alimentaire par les
USA et ses alliés à son encontre.
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60 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
14
Dʼaprès notre interlocuteur au ministère des Communications.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 61
15
CARRÉ 1984, p. 222-237.
16
SEURAT 1980, p. 138.
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62 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 63
17
Après les événements du Liban de 1860 (les affrontements entre druzes et maronites, qui
ont été suivis par lʼintervention des puissances européennes), les Ottomans ne souhaitaient
pas quʼune nouvelle puissance étrangère exige un droit de regard et de protection sur la
communauté alaouite, dʼautant que quelques centaines dʼentre eux avaient commencé à se
convertir au protestantisme.
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64 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
des années 1950, il nʼy avait que des écoles coraniques dans les villages de
cette communauté.
De 1960 à 1994, le taux dʼanalphabétisme a été divisé par trois dans la
région côtière : cette diminution rapide a été supérieure à la résorption du
phénomène à lʼéchelle nationale et, actuellement, les muhafaza de Lattaquié
et de Tartous ont des taux dʼanalphabétisme inférieurs à la moyenne
nationale. En outre, la proportion de la population âgée de plus de 18 ans
ayant obtenu le baccalauréat est devenue, pour la région côtière, la plus
élevée de Syrie. Cette situation est bien sûr le résultat dʼune sollicitude
accrue de lʼÉtat dans cette région en matière dʼéducation, en plus de
conditions économiques et sociales locales qui incitent la majeure partie
de la population à poursuivre ses études au-delà du certificat dʼétudes18 :
lʼexiguïté des surfaces agricoles pousse nombre de jeunes ruraux à chercher
des débouchés dans lʼarmée et dans la fonction publique, de telle sorte que
lʼécole leur apparaît comme une véritable chance de promotion sociale.
Quant aux jeunes filles alaouites, elles jouissent dʼune plus grande
liberté que celles de la communauté sunnite. Leurs parents ne voient pas
dʼinconvénient à ce quʼelles suivent des études ni à ce quʼelles travaillent.
De fait, la mixité, fréquente dans les établissements scolaires du milieu
rural, nʼest pas jugée « scandaleuse » pour les alaouites, au contraire des
sunnites. Le régime peut ainsi puiser dans un réservoir de fidèles pour
nourrir sa bureaucratie, tout en résorbant le sous-emploi rural dans le Jebel
Ansariyeh.
Au total, en dépit des difficultés économiques apparues au milieu des
années 1980, qui ont eu pour résultat une baisse de niveau des services
publics, les conditions de vie se sont nettement améliorées dans les
campagnes depuis la réforme agraire. Les villages possèdent des services à
peu près équivalents à ceux des villes. La vie y est devenue plus aisée, car les
ruraux qui travaillent dans le secteur étatique (la majorité dʼentre eux) ont la
possibilité de compléter leur salaire par une activité agricole, ce qui nʼest pas
le cas des citadins. En dotant les campagnes de services autrefois réservés
aux villes, le régime a habilement gagné la sympathie des ruraux.
18
Lʼécole est obligatoire en Syrie jusquʼà 14 ans, âge auquel les élèves passent le certificat
dʼétudes.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 65
19
WEULERSSE 1946.
20
BOU ALI 1979.
21
Ces 600 000 familles paysannes représentaient alors 70 % de la population syrienne,
estimée à 4 500 000 habitants dʼaprès le recensement de 1960.
22
OFFICE DE LA PRESSE ARABE, Bulletin de la Presse Arabe, Damas, 1964, n° 20.
23
HANNOYER 1982, p. 6.
24
HINNEBUSCH 1989 a.
25
HINNEBUSCH 1989 b.
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66 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
26
HINNEBUSCH 1989 a, p. 40.
27
La « Banque internationale pour la Reconstruction et le Développment » est lʼancien nom
de la Banque Mondiale.
28
MÉTRAL 1980, p. 297.
29
Ibid.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 67
30
HINNEBUSCH 1989 a, p. 93.
31
En 1963, la surface cultivée en Syrie était estimée à 4 600 000 hectares. Le total des
expropriations réalisées entre 1958 et 1970 sʼélevait à 1 500 000 hectares, dont seulement
800 000 hectares avaient été redistribués.
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68 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
32
WEULERSSE 1946, p. 114.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 69
33
En 1994, le secteur coopératif occupait 44 % des terres cultivées (2,4 millions dʼhectares)
et réunissait 763 348 membres. À elle seule, la région côtière comptait 138 792 membres,
soit 18,2 % du total. Statistical Abstract of Agriculture 1994 et Statistical Abstract of Syria
1996.
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70 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
34
Ils appartiennent tous à la petite bourgeoisie rurale dʼobédience baathiste et se côtoient en
permanence dans les réunions du parti Baath et dans celles de lʼUnion des paysans.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 71
35
HINNEBUSCH 1989 a.
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72 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
36
Comme le souligne Bernard Kayser, « le développement dʼune zone de montagne est
toujours à rentabilité douteuse. » KAYSER 1990.
37
NACIRI 1984, p. 19.
38
DAVID 1999.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 73
39
« En Orient la ville apparaît comme un corps étranger “ enkysté ” dans le pays, comme
une création imposée à la campagne quʼelle domine et exploite. Cʼest le résultat dʼune
longue tradition historique : lʼessor de la vie urbaine sʼest effectué ici non pas par une
concentration spontanée des forces autochtones, mais par une implantation artificielle
provoquée par des maîtres étrangers ». WEULERSSE 1946, p. 86.
40
Le Baath prend le pouvoir en 1963, mais cʼest durant la période dʼUnion avec lʼÉgypte
(1958-1961) que cette politique volontariste a été lancée.
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74 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
41
Les Arouadais ont tiré profit du territoire maritime proche pour pratiquer la pêche des
éponges, et de leur ouverture maritime pour sʼengager dans le transport des marchandises
avec plusieurs pays de Méditerranée orientale.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 75
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76 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 77
pour la région, même si son marché agricole de gros et son souk sont peu
attractifs et même si les potentialités touristiques de sa côte rocheuse ont
été sacrifiées au profit du développement de la pétrochimie.
Au total, les quatre villes littorales et leur zone périurbaine canalisent
la croissance démographique, signe dʼune transformation de la structure
régionale de la population active ; le secteur primaire a en effet régressé
de 62 % en 1960 à 20 % en 2004 au profit du secondaire et du tertiaire
(deux activités dominées par le poids de lʼÉtat dans la région côtière : voir
chapitre III). La diminution des transferts publics depuis la fin des années
1980 dans la région a cependant redynamisé le secteur agricole, devenu
ou redevenu lʼune des principales ressources pour la population. Ainsi la
plaine du Akkar, la plaine de Jableh et les autres petites plaines côtières
(Harissun, Dahar Safra, Damsarkho), irriguées et intensivement cultivées,
connaissent un fort dynamisme démographique, en raison de la croissance
naturelle et de lʼarrivé de nouveaux venus attirés par les emplois dans
lʼagriculture.
Si la plaine côtière possède une croissance démographique supérieure à
celle de la montagne, lʼécart entre la croissance de la population rurale de
la plaine côtière et celle de la montagne reste faible : 2,6 % contre 2,2 %
par an entre 1960 et 1994 (les données du recensement 2004 ne sont pas
encore disponibles à lʼéchelle des localités pour calculer la croissance 1960-
2004). Une grande partie de lʼespace rural, en plaine comme en montagne,
est périurbanisée. Ce ne sont plus les potentialités agricoles qui attirent
les hommes ; lʼont-elles dʼailleurs jamais fait ? Au début du XXe siècle,
cʼétait en effet moins la fertilité des terres que les conditions historiques
qui expliquaient la répartition de la population dans la région côtière.
Néanmoins, la population, même dans les zones périurbaines, nʼest pas
totalement détachée de lʼagriculture, et cette dernière demeure une source
de revenus, principale ou complémentaire, toujours capable dʼinfluencer la
croissance de la population.
Ainsi dans le cas du Akkar, qui fournit un bon exemple. Dans cette
plaine, au sud de Tartous, la population a été multipliée par 3,5 entre 1960
et 1994 ; une telle augmentation de la population ne peut sʼexpliquer par
la seule croissance naturelle. La plaine du Akkar a effectivement bénéficié
dʼun afflux de migrants. Le partage des terres, à la suite de la réforme
agraire, et leur mise en valeur ont attiré les populations de la montagne,
en particulier en provenance des nahya voisines qui sʼétendent sur les
collines : ainsi, Safsafeh possède un rapport entre les résidents et les
inscrits à lʼétat civil particulièrement faible, signe dʼun fort exode rural. Le
démantèlement des grandes propriétés citadines, le drainage et lʼirrigation
de cette zone, consacrée par le passé à une céréaliculture extensive, ont
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78 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
42
La ville qui a connu la plus forte croissance démographique est Sheikh Bader (7,5 % par
an), parce que ce village de 230 personnes a été promu au rang de ville en 1970 et a connu
un décuplement de sa population.
43
Dʼaprès les données provisoires du recensement de population 2004.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 79
44
CÔTE 1988.
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80 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 81
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82 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 83
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84 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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86 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
45
GEORGE et VERGER 1993.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 87
46
Le commerce de gros et le commerce extérieur étant étatisés, les sociétés publiques
approvisionnaient en priorité les magasins de lʼÉtat, puis les détaillants privés. Durant
les années 1980, les magasins dʼÉtat étaient les seuls à disposer des produits de première
nécessité (beurre, sucre, riz), les importations ayant été réduites au minimum faute de
devises.
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88 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
47
Voir la carte des zones dʼinfluence commerciale de Homs et de Hama en 1990 établie par
Mohamed Al Dbiyat. AL DBIYAT 1995, p. 247.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 89
48
Syndicat des médecins de la muhafaza de Lattaquié, Annuaire statistique des médecins de
la muhafaza de Lattaquié, Lattaquié, 1991 (en arabe).
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90 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 91
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92 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 93
ces deux villes et, dʼautre part, à cause de la relative autarcie économique
du pays depuis les années 1960, années qui ont vu le démantèlement des
maisons de commerce, du reste implantées surtout à Damas et à Alep.
Lʼun des aspects de la politique dirigiste syrienne a été la volonté
de développer une production industrielle de biens de consommation
courante bon marché, afin dʼéviter les importations coûteuses. Les usines
de production étant localisées essentiellement dans les grandes villes de
lʼintérieur, cʼest à Alep, Damas, Homs et Hama que les principaux grossistes
syriens ont pignon sur rue. En dehors des épiciers, la plupart des détaillants
que nous avons pu interroger déclarent en effet se fournir principalement à
Alep, Damas, Homs ou Hama en fonction des marchandises et de la qualité
quʼils recherchent.
Quant aux circuits de commercialisation des produits agricoles, même
au plus fort de lʼétatisation de lʼéconomie, la bourgeoisie citadine a toujours
conservé une emprise sur ce domaine. Le dysfonctionnement des institutions
publiques (la société des fruits et légumes et la Banque de lʼAgriculture)
et leur manque de moyens financiers sont en effet utilisés par le secteur
privé. Les avances sur récolte garantissent aux négociants citadins un
réseau dʼapprovisionnement et permettent de limiter la concurrence ; et à
partir de 1986, la création des sociétés dʼéconomie mixte dans lʼagriculture
et la fin des monopoles dʼÉtat sur les produits agricoles ont permis aux
négociants privés de dominer à nouveau ce secteur. Mais, à la différence
de la période pré-baathiste, lʼaire de drainage des productions agricoles
ne se confond plus avec celle de la propriété citadine, puisque la réforme
agraire a totalement supprimé lʼemprise foncière des villes. Si, avec la
modernisation des transports, les produits agricoles de la côte peuvent être
vendus dans toute la Syrie, les agriculteurs nʼhésitant pas à se rendre dans
les marchés de gros des métropoles (Alep, Homs et Damas) pour vendre
leur récolte à de meilleurs cours, dans la région côtière, lʼimportance de
la petite exploitation agricole et le maintien du système des avances sur
récolte ont nettement limité la concurrence des grandes villes.
Ainsi, comme par le passé, les négociants des villes côtières assurent leur
approvisionnement grâce à la pratique des avances sur récolte. Monsieur H.,
le principal grossiste en huile dʼolive de Tartous, prête quotidiennement de
lʼargent aux producteurs de la région qui le remboursent au moment de
la récolte. Les prêts varient de 1 000 à 100 000 livres syriennes ; au total,
chaque année, il avance plusieurs dizaines de millions de livres syriennes à
ses fournisseurs, mais en échange, il est assuré dʼobtenir leur huile dʼolive
à des prix fixés à lʼavance sans que ceux-ci ne subissent les effets de la
concurrence. Les paysans acceptent dʼêtre liés à une grande famille établie
depuis des générations, auprès de laquelle ils sont certains de trouver de
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94 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
49
Sur ce négociant et son mode de fonctionnement, voir aussi deuxième partie,
p. 223-224.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 95
en 1998. Leur nombre a presque doublé depuis 1991, où ils nʼétaient que
40 à Lattaquié et une quinzaine à Tartous. À la même date, Mohammed
Al Dbiyat en dénombrait 140 à Homs et 90 à Hama. Ceci tend à prouver que
le rayonnement des marchés de gros de Lattaquié et de Tartous est limité,
en raison de la concurrence des villes de lʼintérieur : « Les spécialistes de
Homs et de Hama ne commercialisent pas seulement les produits de leur
région, mais aussi ceux de la région côtière.50 »
Au total, la faiblesse de Lattaquié pour le drainage des produits agricoles,
comme pour le commerce de gros en général, témoigne du caractère
périphérique de cette ville dans lʼespace syrien, malgré les investissements
massifs quʼy a consacrés lʼÉtat. La relative autonomie des principales villes
de la région (Tartous, Banias et même Jableh) vis-à-vis de ce qui devrait
être la métropole régionale sʼexplique par cette absence de services de
niveau supérieur, qui rend inutile le recours à Lattaquié. Lʼespace que nous
avons qualifié de « région côtière » nʼest pas polarisé par une ville-centre,
très excentrée du reste, mais par un chapelet de villes littorales donnant
à la région une structure polycentrique linéaire, selon le schéma mis en
évidence par Alain Reynaud à propos du Languedoc-Roussillon51.
Le volontarisme du régime baathiste a permis de décloisonner les cellules
spatiales, villes et villages fermés, qui se juxtaposaient dans la zone côtière.
La réforme agraire fut le premier acte de cette politique : dans un premier
temps, elle a privé les villes de la rente foncière et réduit leur emprise
sur la campagne, mais, rapidement, lʼenrichissement des campagnes, le
développement des migrations pendulaires et lʼinstallation de ruraux en
ville, à la suite dʼun exode rural massif qui sʼest prolongé jusquʼau début
des années 1980, ont contribué à ouvrir les villes sur les campagnes. Des
relations économiques nouvelles, commerciales et familiales, se sont
tissées et se sont superposées aux traditionnels liens clientélistes (nous
avons pu constater que ces derniers nʼavaient pas totalement disparu, dans
le commerce de lʼhuile dʼolive par exemple).
Dans la nouvelle organisation de lʼespace engendrée par les orientations
économiques et administratives de lʼÉtat baathiste, Lattaquié nʼa pas réussi
à sʼimposer comme métropole régionale. La création de la muhafaza
de Tartous a contribué à faire obstacle à lʼextension de lʼinfluence de
lʼancienne capitale de lʼÉtat des Alaouites sur le sud de la région côtière.
Les faiblesses économiques de Lattaquié dans le commerce de gros, la
production industrielle et le drainage des produits agricoles ne lui ont pas
50
AL DBIYAT 1995, p. 241.
51
REYNAUD 1995, p. 595.
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96 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
52
AL DBIYAT 1995, p. 306.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 97
53
La construction dʼautoroute entre Alep et Lattaquié fut interrompue en 1982, les travaux
reprirent en 1998, ils sont au ralenti depuis 2004 en raison dʼun différent entre lʼÉtat et la
société concessionnaire.
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98 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
54
« Une région se définit dʼabord par rapport à son centre. » BRUNET 1990.
55
NONN 1991, p. 70.
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DÉSENCLAVEMENT, ÉQUIPEMENT, URBANISATION 99
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CHAPITRE III
Jusquʼau début des années 1970, les pays du Tiers Monde fonctionnaient
comme les périphéries du monde industrialisé : leur espace était organisé
dʼabord en fonction des besoins des centres du monde capitaliste (Europe
occidentale,Amérique du Nord et Japon). Les grandes villes du Tiers Monde
étaient essentiellement des centres de drainage des productions régionales
vers lʼextérieur. Milton Santos, lʼun des principaux théoriciens du sous-
développement, relève ainsi que « lʼabsence dʼintégration nationale dans
les pays du Tiers Monde favorisait plutôt une relation directe de chaque
sous-espace national avec les centres du système mondial.1 »
Pour sa part, la Syrie nouvellement indépendante hérite de nouvelles
frontières et dʼune organisation spatiale éclatée, comme la plupart des États
du Tiers Monde2. Dʼune part, les principales villes de la Syrie intérieure
(Damas, Alep, Homs et Hama) organisaient autour dʼelles des « sous-
espaces » directement reliés aux marchés extérieurs via les ports libanais.
Dʼautre part, les deux métropoles syriennes, Alep et Damas, rivalisaient
pour drainer les richesses du pays, et lʼorganisation des réseaux routier et
ferroviaire était caractéristique de cette bicéphalie, les directions est-ouest
primant sur les méridiennes (les axes nord-sud). Lʼorganisation coloniale du
Proche-Orient reposait, comme au Maghreb ou en Afrique, sur une relation
directe des régions économiques avec la métropole, qui « court-circuite »
la capitale administrative du territoire dépendant. La gestion politique de ce
territoire était conçue pour favoriser ou entériner les principes coloniaux :
1
SANTOS 1990.
2
À lʼimage de ce que décrit Pierre Signoles à propos de la Tunisie sous le protectorat
français : « Lʼespace tunisien fonctionnait comme une juxtaposition de sous-espaces, sans
interférences ni interrelations des uns avec les autres. » SIGNOLES 1985. La Tunisie était
divisée en trois sous-espaces – les arrière-pays de Tunis, Sousse et Sfax – qui entretenaient
plus de rapports avec la métropole quʼentre eux.
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102 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
3
RIVIER 1982, p. 75.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 103
Aux XVIIIe et XIXe siècles, les deux grands ports du Levant étaient Acre (au
sud) et Alexandrette (au nord), débouchés maritimes respectifs de Damas
et dʼAlep ; sur la côte libanaise, les ports de Tripoli et Saïda nʼavaient
quʼune importance secondaire4. Quant à Lattaquié, il nʼétait quʼun modeste
port, fréquenté surtout par des navires qui venaient embarquer les récoltes
de tabac fumigé produit dans la montagne alaouite : cette région côtière
syrienne était véritablement, à lʼépoque ottomane, une région périphérique,
en marge des grands courants commerciaux5. Lorsquʼun port moderne a été
construit à Beyrouth, à la fin du XIXe siècle6, il a progressivement attiré les
courants commerciaux au détriment du port dʼAcre (en Palestine) ; celui-ci
a été quasiment abandonné par les commerçants damascènes à la suite de
lʼétablissement du mandat britannique en Palestine et du mandat français
en Syrie et au Liban.
Ainsi, dès 1930, le port de Beyrouth drainait plus de 65 % des
marchandises des pays du Levant sous mandat français (Fig. 28) ; les
4
CHARLES-ROUX 1928, p. 80.
5
OWEN 1981, p. 378.
6
KASSIR 2003, p. 145.
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104 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
7
MONICAULT 1936, p. 62
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 105
pour les marchandises tant soit peu fragiles. La passe est trop étroite et
pourtant mal défendue contre les coups de vent du nord-ouest. Un seul
de ceux-ci, en avril 1934, suffit pour couler en plein port plusieurs
goélettes.8 »
La rupture en 1950 de lʼunion douanière entre la Syrie et le Liban a
modifié la situation de Lattaquié. Les nouvelles taxes qui frappaient
désormais la circulation des marchandises et les tracasseries administratives
rendaient le port de Lattaquié plus attractif pour les commerçants syriens,
dʼautant plus que le gouvernement venait enfin de procéder à des travaux
dʼagrandissement et de modernisation (1950-1956). Le trafic du port
sʼen est aussitôt ressenti : il a atteint un million de tonnes en 1960, puis
deux millions en 1969 (Fig. 29). Mais « jusquʼaux récents événements [la
guerre civile commença en 1975] du Liban, et malgré les efforts syriens
en faveur des ports de Lattaquié, puis de Tartous, le principal port syrien
était Beyrouth9 ». Ce nʼest quʼavec la fermeture des ports libanais durant la
guerre civile, et la mise en service de nouvelles infrastructures portuaires
à Lattaquié et à Tartous, que la modeste ouverture maritime de la Syrie a
permis au pays dʼacquérir une importance portuaire de premier plan au
Levant.
Sources : Abdel Wahab Akkrad, Lʼunion économique syro-libanaise depuis 1944, Paris,
1952, p. 251 ; Gabriel Saadeh, Histoire de la muhafaza de Lattaquié, Lattaquié, 1962,
p. 155 ; Statistical Abstracts (1961-1971).
8
WEULERSSE 1940, p. 156.
9
CHATELUS 1980, p. 234.
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106 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
10
Un port est une interface entre terre et mer, et par-delà entre deux espaces que lʼon définit
comme lʼavant-pays et lʼarrière-pays (ou hinterland). Lʼavant-pays est théoriquement
illimité, mais des facteurs politiques peuvent le limiter. Il peut sʼagir de facteurs externes
– un embargo, comme pour lʼIrak et Cuba – ou dʼune limitation volontaire, comme cʼétait
le cas des pays du COMECON. Lʼhinterland est plus limité, car le coût des transports
terrestres réduit lʼaire de drainage redistributive dʼun port. Dans le contexte moyen-
oriental, ce sont les frontières terrestres qui sont les principaux obstacles à lʼextension des
hinterlands.
11
THE OVERSEAS COASTAL AREA DEVELOPMENT INSTITUTE OF JAPAN 1995.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 107
Entre 1970 et 1994, il y a une parfaite adéquation entre le trafic des ports
syriens et lʼactivité économique du pays ; le trafic connaît une croissance
soutenue de 1970 à 1981, la période des grands travaux dʼinfrastructure et
la fermeture des ports libanais. Vers le milieu des années 1980, à cause de
la crise économique, le trafic décroît fortement avant de se redresser, grâce
à la politique dʼouverture économique engagée à partir de 1987. Au plan
régional cependant, les ports syriens ont perdu leur attractivité des années
1970, car les flux de marchandises en transit à destination des pays arabes
pétroliers se sont raréfiés. (Fig. 30).
En 1994, le transit à destination des pays du Moyen-Orient est en effet
très faible : il ne constitue que 3,1 % du mouvement des ports syriens12.
Le trafic de Lattaquié et de Tartous est essentiellement national ; dʼaprès
les données fournies par les ports de Lattaquié et de Tartous, Damas
commandite près de la moitié du trafic des marchandises (en dehors du
phosphate et des hydrocarbures), Alep 15 %, Lattaquié, Homs et Tartous
ont une importance à peu près équivalente avec environ 10 % du trafic
chacune13. Cependant, à Lattaquié et à Tartous, les commanditaires
officiels ne sont que des agents de sociétés de Damas, Alep ou Homs, ce
qui explique la relative importance de Lattaquié et de Tartous dans ces
statistiques. Lʼessentiel des marchandises officiellement commanditées
par des entrepreneurs de Lattaquié et de Tartous ne font que transiter par
12
Statistical Abstract 1995.
13
THE OVERSEAS COASTAL AREA DEVELOPMENT INSTITUTE OF JAPAN 1995.
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108 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
ces deux villes : elles ne sont pas transformées sur place ou redistribuées
depuis des entrepôts centraux.
Si le trafic de Damas se répartit de manière égale entre Tartous et Lattaquié,
celui de Homs transite davantage par Tartous (2/3 contre 1/3 à Lattaquié) ; les
trois quarts des marchandises qui proviennent dʼAlep ou qui sont destinées
à Alep transitent par le port de Lattaquié. Le fait que les Alépins préfèrent
le port de Lattaquié sʼexplique partiellement par sa proximité, car ce sont
finalement les facteurs humains qui jouent un rôle décisif dans le choix des
différents ports pour les entreprises privées. La complexité des procédures
de dédouanement oblige en effet les commanditaires à privilégier le port
où ils disposent de connaissances dans les milieux des transitaires et des
administrations douanières et portuaires. Selon les réseaux auxquels ils
appartiennent, les commerçants damascènes, alépins et homsiotes utilisent
plutôt Lattaquié ou plutôt Tartous. Les entreprises privées nʼhésitent pas à
faire transporter leurs marchandises 80 kilomètres de plus (la distance entre
Lattaquié et Tartous), car ce surcoût est négligeable en comparaison dʼune
immobilisation du fret durant plusieurs semaines dans lʼenceinte du port
et des pots-de-vin à verser pour obtenir ses marchandises. Un port étant
une interface entre deux pôles générateurs de flux de marchandises, de
lʼexistence et de lʼimportance des flux dépend lʼactivité du port, dans la
mesure où ce dernier fonctionne normalement. Les entraves techniques,
administratives et politiques sont des freins au développement portuaire, car
elles sont susceptibles dʼéloigner les flux vers des havres concurrents où le
transbordement des marchandises est plus rapide et moins coûteux. Les gains
de temps et dʼargent générés par la proximité peuvent être complètement
oblitérés par les opérations de transbordement. (Fig. 31, 32, 33).
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 109
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110 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Jacques Weulersse soulignait que ce nʼétait pas le port qui avait fait la
fortune de Lattaquié, mais le contraire : en effet, cʼest bien plus la situation
géographique favorable que les qualités nautiques du site qui explique la
fondation de Lattaquié, au IIIe siècle avant J.-C.14. La ville (qui commande
le passage entre la côte levantine et Chypre, distante de seulement
80 kilomètres) se trouve au débouché de la vallée du Nahr El Kebir
As Shemali, une des principales voies dʼaccès vers lʼintérieur du pays à
lʼépoque hellénistique ; jusquʼen 1928, où débutent de premiers travaux
dʼagrandissement, le port de Lattaquié était pratiquement resté dans le
même état que durant lʼAntiquité15.
Le port actuel de Lattaquié possède une capacité de sept millions de
tonnes. Il est le résultat de trois phases dʼagrandissement successives :
1 – La première a lieu durant le Mandat français, entre 1928 et 1932.
Si les môles nord et sud ont été fortifiés et le bassin dragué afin dʼobtenir
un tirant dʼeau de six mètres, ces travaux ne permettaient quʼaux petits
vapeurs de pénétrer dans le port. Par conséquent, comme par le passé, la
majorité des marchandises transitait par des barges.
2 – La deuxième phase de travaux a lieu entre 1950 et 1956, après la
rupture de lʼunion douanière avec le Liban : Lattaquié, avec une capacité
de deux millions de tonnes annuelles et des installations modernes, est
alors théoriquement en mesure de concurrencer Beyrouth.
3 – Dès le début des années 1970, le port de Lattaquié est saturé : à la
suite de la fermeture des ports libanais (en raison de la guerre), sa capacité
14
Cette création est le fait de Séleucos Nicator, roi de la dynastie hellénistique des Séleucides,
qui régna au IIIe siècle avant J.-C.
15
WEULERSSE 1940, p. 269.
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16
Statisticals Abstracts 1973-1982.
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112 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Depuis le début des années 1980, le mouvement des ports syriens est
quasi exclusivement composé dʼun fret national : les marchandises en
transit ne représentant que quelques pourcentages du trafic total. Cette
situation est paradoxale. Théoriquement en effet, le littoral syrien est le
seul débouché méditerranéen utilisable par les pays arabes du Golfe depuis
la paralysie des ports libanais (entre 1973 et 1991) et le boycott des ports
israéliens (1948). Ainsi, les conflits du Proche-Orient, au lieu de porter
préjudice à la fonction de transit des ports syriens, auraient plutôt dû
lʼencourager puisque ses principaux concurrents sur la côte levantine sont
hors-jeu. La Syrie baathiste nʼa-t-elle pas su profiter de cette opportunité
ou se refuse-t-elle à le faire ?
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 113
Le port de Banias avait, dans les années 1950 et 1960, une importance
primordiale pour les exportations de brut irakien. En 1960 par exemple,
50 % de la production irakienne transitaient par Banias, contre 20 % par
Tripoli, les 30 % restants étant évacués par Fao (sur le golfe Persique)
ou servant à la consommation domestique17. Forts du droit de veto quʼils
possédaient sur les exportations pétrolières irakiennes, les Syriens eurent
des exigences financières croissantes vis-à-vis de lʼIPC18 puis, après sa
nationalisation en 1972, à vis-à-vis de lʼÉtat irakien.
En 1976, les rivalités politiques syro-irakiennes conduisent la Syrie
à interrompre lʼécoulement du pétrole irakien (Fig. 34). Le pipeline
irako-syrien est réutilisé entre 1978 et 1981, mais la rupture des relations
diplomatiques entre les deux pays aboutit à sa fermeture. À partir de 1981,
les Irakiens évacuent le pétrole vers la Méditerranée grâce à un nouvel
oléoduc qui longe, en territoire turc, la frontière syrienne et débouche à
Dörtyol, port situé sur le golfe dʼAlexandrette. À la fin des années 1990, les
relations entre la Syrie et lʼIrak sʼaméliorent, dʼoù la remise en service de
lʼoléoduc Kirkouk-Banias ; en réalité, le pétrole irakien nʼest pas exporté
via la Syrie, mais consommé en Syrie, ce qui a permis à cette dernière
dʼexporter la majeure partie de sa production jusquʼen 2003 (intervention
américaine en Irak). La Syrie a commencé à produire du pétrole de façon
significative (500 000 barils par jours) à la fin des années 1980 grâce à
ses gisements dans le Nord-Est du pays. Actuellement, la stagnation de
la production syrienne, lʼarrêt des importations en provenance dʼIrak et
la croissance de la consommation interne limitent fortement la capacité
exportatrice du pays.
Les flux de marchandises en transit à destination de lʼIrak ont connu le
même sort que le transit du brut irakien débouchant à Banias : dès 1981,
les ports syriens sont fermés aux marchandises à destination de lʼIrak. Ces
dernières sont alors, jusquʼà lʼembargo de 1991, principalement débarquées
dans les ports turcs, puis acheminées jusquʼau nord de lʼIrak par une noria
de camions qui longeaient la frontière septentrionale de la Syrie. Le port
jordanien dʼAqaba et secondairement les ports saoudiens ont capté le reste
du transit à destination de lʼIrak. Durant la période dʼembargo sur lʼIrak
(1990-2003), les échanges entre la Syrie et lʼIrak sont devenus illégaux ;
avec lʼintervention américaine de 2003, lʼembargo a cessé et les relations
commerciales entre la Syrie et lʼIrak se sont paradoxalement normalisées,
OFFICE ARABE DE PRESSE ET DE COMMUNICATION, Études spéciales sur le conflit avec lʼIPC,
18
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114 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
même si la contrebande reste intense. Les camions irakiens affluent dans les
ports syriens, mais aucune information nʼest disponible quant à la quantité
et au type de marchandises transportées.
Quant au transit syrien à destination des autres pays arabes du Golfe,
il est quasi inexistant : le flux à destination des Émirats arabes unis sʼest
interrompu à la fin des années 1980 et nʼa pas repris. Le fret jordanien
sʼest récemment écroulé, alors que, de 1980 à 1994, il sʼétait maintenu
aux alentours de 100 000 tonnes par an, soit 3 % du mouvement des ports.
Les ports syriens avaient été construits dans le double objectif dʼassurer
lʼindépendance économique du pays et de capter une partie du fret à
destination des pays pétroliers, qui transitait dans les années 1960 par
Beyrouth. Mais lorsque les ports syriens acquièrent enfin la capacité de
rivaliser avec Beyrouth sur ce marché, les pays arabes du Golfe se sont
dotés eux-mêmes dʼinfrastructures portuaires performantes. Les ports
syriens sont dès lors irrémédiablement marginalisés, le coût élevé des
transactions qui sʼy opèrent et la mauvaise qualité des services offerts ne
faisant quʼaccélérer la tendance.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 115
19
THE OVERSEAS COASTAL AREA DEVELOPMENT INSTITUTE OF JAPAN 1995.
20
THE OVERSEAS COASTAL AREA DEVELOPMENT INSTITUTE OF JAPAN 1995.
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116 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 117
21
Le Tapline, oléoduc construit entre 1947 et 1950, a acheminé du pétrole saoudien vers le
port de Saïda jusquʼen 1975. Il traversait la Jordanie et la Syrie.
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118 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
22
PERTHES 1995, p. 229.
23
En Syrie, il faut distinguer la bourgeoisie capitaliste de la bourgeoisie bureaucratique.
La première possède un capital et le fait travailler (commerce ou industrie). La seconde
est composée par les dirigeants du régime baathiste, les hauts fonctionnaires, les chefs
dʼentreprises publiques, etc. qui vivent des ressources de lʼÉtat ou qui profitent des bénéfices
de la bourgeoisie capitaliste par parasitisme.
24
Les théories sur le mode de développement auto-centré préconisent lʼimplantation
dʼindustries lourdes : sidérurgie, métallurgie, filature, textile, raffinage du pétrole, etc.,
capables de générer, en aval, le développement dʼindustries de biens dʼéquipement et de
consommation.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 119
25
La Syrie, en tant que pays de la ligne de front contre Israël, reçut en effet des pays
arabes pétroliers une aide financière substantielle. Cette aide, qui sʼélevait à 500 millions de
dollars par an entre 1973 et 1977, fut portée, au sommet de Bagdad en 1978, à 1,85 milliard
de dollars. Durant les trois premières années après le sommet, elle toucha lʼintégralité de
cette somme, puis le tiers jusquʼà son interruption en 1987.
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120 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
26
La manufacture des Tabacs de Lattaquié employait les trois quarts dʼentre eux.
27
Rapports annuels du ministère de lʼIndustrie de la République arabe syrienne.
28
Statistical Abstract 1986 et 1997.
29
Nous ne disposons pas du nombre dʼemployés du secteur public industriel par muhafaza,
mais de données générales sur les employés de lʼindustrie étatique : secteur public industriel,
mines et production dʼénergie.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 121
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122 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
30
Excepté la Fédération des industries du sucre, dont le siège est à Homs.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 123
31
Passé un certain seuil dʼhygrométrie, les fibres de coton se déchirent.
32
HANNOYER et SEURAT 1979, p. 68.
33
Ibid.
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124 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
34
HANNOYER et SEURAT 1979, p. 70.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 125
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126 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
35
Sur ce point, voir infra, p. 211-219.
36
Enquête personnelle effectuée à partir des patronymes et du lieu de naissance des
employés.
37
Il est difficile de donner un pourcentage exact de la population alaouite de Lattaquié ;
Alain Chouet lʼestime à 50 % en 1991 ; le pourcentage doit sʼélever à 60 % en incluant les
villages périphériques de la ville. CHOUET 1995.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 127
38
À lʼUniversité de Lattaquié, les femmes représentent 50 % des étudiants, contre 25 %
dans les autres universités de Syrie. Dans les sections scientifiques, leur part tombe toutefois
à 30 %. Statistical Abstract 1997.
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128 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
39
RIVIER 1982, p. 118.
40
Ces chiffres ne concernent que les industries manufacturières. Lʼextraction pétrolière et
la production dʼélectricité dépendent de ministères différents.
41
KIENLE 1997 b, p. 17.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 129
42
BALANCHE 1991, p. 64.
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130 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 131
43
LAHOUARI 1989.
44
HANNOYER et SEURAT, 1979, p. 98.
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132 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
45
La construction du complexe textile débuta en 1993. En 1996, la direction commença à
recruter des employés pour les premières chaînes de production qui devaient être mises en
service en 1997. Grâce à lʼaide dʼun employé, jʼai pu effectuer une enquête auprès des trois
quarts du personnel de lʼusine (143 sur 200). Dʼaprès leur lieu de naissance et leur nom de
famille, il a été possible dʼestimer leur confession.
46
Rapport du XVIIIe Congrès de lʼUnion des syndicats ouvriers, cité par HANNOYER et
SEURAT 1979, p. 68.
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UNE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE ET PORTUAIRE LIMITÉE 133
Conclusion
47
BRUNET 1990, p. 517.
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CONCLUSION
48
SIGNOLES 1985, p. 784.
49
CHALINE 1989, p. 55.
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136 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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UNE PÉRIPHÉRIE DÉPENDANTE DE L'ÉTAT ET DÉLAISSÉE DANS L'ESPACE ÉCONOMIQUE 137
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SECONDE PARTIE
CONSTRUCTION ET UTILISATION
DE LA RÉGION ALAOUITE
PAR LE POUVOIR SYRIEN
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Partons de constats, des faits : telle que nous avons pu lʼobserver au
long de la première partie de cette étude, la politique volontariste de lʼÉtat
baathiste nʼest pas parvenue à intégrer la région côtière dans lʼespace
syrien autrement quʼen en faisant une annexe technique des grandes
villes de lʼintérieur (Damas, Alep, Homs et Hama). Et Lattaquié nʼa pas
réussi à devenir une métropole régionale, à la fois à cause de la faiblesse
relative de son pouvoir de commandement économique, en raison de la
division de la région côtière en deux muhafaza et du fait de la dispersion
des investissements publics dans les quatre villes littorales. Est-il besoin
de le rappeler, les villes de la région côtière ne sont pas organisées en
un véritable réseau urbain. Il nʼest cependant pas erroné ni impropre de
qualifier cet espace côtier de région car, par-delà le concept géographique
de région fonctionnelle (qui nʼest bien souvent réel que dans lʼesprit du
géographe1), il existe des facteurs de cohésion qui ont véritablement du
sens pour la population locale.
Il suffit de se rendre sur la côte syrienne pour constater combien
lʼatmosphère qui y règne contraste avec celle de la Syrie intérieure : à notre
sens, cette différence nʼa rien à voir avec la douceur du climat, elle est
uniquement liée à la société alaouite. De part et dʼautre du Jebel Ansariyeh
en effet, la population alaouite contribue à créer un espace homogène par
ses pratiques sociales et son mode de reproduction basé sur lʼagriculture
et la rente de lʼÉtat. Cette cohésion du territoire alaouite correspond assez
bien à lʼintéressante notion de région proposée par Henri Nonn : « La
région émerge en tant que solidarité et cohérence de différents territoires
issus de systèmes de production et de vie relationnelle.2 »
Selon Milton Santos, les constructions régionales dans les pays du
Tiers Monde sont souvent impulsées de lʼextérieur, par des forces et une
rationalité qui leur échappent3 : cet auteur fait référence aux régions créées
par lʼexploitation coloniale ou néocoloniale dans les pays du Sud. En
1
« Reste lʼambiguïté fondamentale de la région. En effet une contradiction majeure
la caractérise. Elle oppose sa conception objective et son vécu subjectif, sa réalité et sa
représentation. » DI MÉO 1998 a, p. 135.
2
NONN 1991, p. 68.
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142 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
3
SANTOS 1990.
4
CORM 1989.
5
VAN DAM 1996.
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CONSTRUCTION ET UTILISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 143
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CHAPITRE I
1
ROY 1997.
2
ROY 1997.
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146 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
de lʼÉtat est devenu au fil des années lʼun des objectifs majeurs de cette
ʻassabiyya, même si lʼaction de Hafez Al Assad – et maintenant de son fils
– se situe au-delà des seuls intérêts financiers3.
Le réseau social qui lie la ʻassabiyya au pouvoir à la communauté
alaouite repose sur une multitude de liens construits ou hérités ; ces liens
peuvent être familiaux, tribaux, géographiques, baathistes, religieux,
militaires, amicaux, économiques, etc. Un tel réseau, ultra-dominant dans
la région côtière, a profondément réorganisé la société à travers la réforme
agraire, lʼétatisation de lʼéconomie, puis sa libéralisation encadrée (infitah).
Au long du règne de la « dynastie » Assad, ces trois vecteurs majeurs du
changement impulsé par la ʻassabiyya au pouvoir ont remodelé la société
syrienne ; ils ont également eu pour effet une profonde recomposition
spatiale de la région côtière.
En réalité, lʼespace communautaire alaouite ne se superpose pas
simplement et uniquement aux zones de peuplement alaouite : le terme
dʼ« espace communautaire » fait davantage référence à celui de territoire,
au sens dʼespace approprié, avec la conscience de cette appropriation.
Lʼextension du territoire alaouite sʼest en effet réalisée dans la période
récente, parallèlement à lʼascension des alaouites à la tête de lʼÉtat ; elle
sʼest affirmée plus particulièrement à partir du « régime rectificatif » de
Hafez Al Assad. La notion dʼappropriation varie bien sûr avec le temps :
un espace peuplé par des alaouites depuis quelques dizaines dʼannées nʼest
pas nécessairement considéré comme un territoire alaouite (cʼest le cas,
par exemple, de certains quartiers périphériques et des camps militaires
de Damas). Pour la première génération dʼalaouites venus de la région
côtière, cette installation était en effet vécue comme provisoire, comme
en témoigne le caractère sommaire des habitations ; mais lʼinstallation
prend un caractère définitif à mesure que grandit la génération née sur
place et que le régime perdure. Ainsi, les alaouites nés à Damas perdent
peu à peu leurs liens avec leurs villages dʼorigine et, à défaut de se fondre
dans la société damascène, commencent à territorialiser certains quartiers
périphériques de la capitale syrienne. Le même phénomène existe avec plus
dʼampleur dans les villes de la région côtière, ainsi quʼà Homs et à Hama.
Dans ces villes, la proximité avec le foyer dʼorigine de la communauté
et leur poids démographique rendent la territorialisation des alaouites
plus effective. Les alaouites nʼont cependant pas réussi à sʼemparer du
3
« En une vingtaine dʼannées, de 1973 à 1993, les dirigeants alaouites ont réussi a opérer
le transfert à leur profit de la richesse nationale quʼils gèrent soit directement, soit par
lʼintermédiaire dʼenfants ou dʼassociés. » CHOUET 1995.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 147
4
BRUNET, FERRAS et THÉRY 1997, p. 480.
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148 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
5
WEULERSSE 1940, p. 333
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 149
Ces deux éléments sont, reliés lʼun à lʼautre, majeurs pour comprendre
la base sur laquelle sʼest développée la ʻassabiyya des Assad : si, en 1963,
on pouvait penser que cʼétait « simplement » le Baath qui avait pris le
pouvoir, lʼéviction très rapide des « pères fondateurs » du parti (Michel
Aflaq et Salah Al Din Bitar), dès 1966, à travers le « Mouvement du
26 février », témoigne de lʼhégémonie des militaires sur le régime. Et, à
travers les militaires et le parti, sʼaffirme la domination de la ʻassabiyya
alaouite de Hafez Al Assad.
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150 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
6
BATATU 1999, p. 219.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 151
7
VAN DAM 1996, p. 4.
8
PICARD 1980 a.
9
VAN DAM 1996, p. 32.
10
Outre les tentatives des années 1960 pour renverser le régime baathiste, Michel Seurat
évoque la tentative de putsch, en 1973, dʼun groupe dʼofficiers et de sous-officiers nassériens
et baathistes pro-irakiens, mais surtout à une écrasante majorité sunnites. SEURAT 1980,
p. 136.
11
Nikolaos Van Dam consacre un chapitre complet de son ouvrage Struggle for power in
Syria à la purge des officiers druzes entre 1966 et 1968. Cette mesure eut pour conséquence
dʼécarter complètement la communauté druze du pouvoir. VAN DAM 1996, p. 48-61.
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152 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
12
Les communistes dirigent en 2004 le ministère de lʼIrrigation et celui de lʼÉlectricité.
13
KIENLE 1991, p. 222.
14
Cité dans BATATU 1999, p. 179.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 153
15
KRAMER 1990, p. 248.
16
Lors dʼune conférence publique, à laquelle assistaient des cheikhs alaouites venus de
Syrie, Musa Sadr nomma un alaouite mufti de Tripoli et du Nord-Liban. En échange de
cette reconnaissance, les 20 000 alaouites du Nord-Liban entrèrent sous sa juridiction
suprême. Cette mesure provoqua des émeutes dans la communauté alaouite de Tripoli, qui
refusait dʼêtre assimilée à la communauté chiite. Musa Sadr fut obligé de déclarer quʼil
ne sʼagissait pas dʼabsorber les alaouites, mais de leur offrir un service dont ils étaient
privés en raison de leur non-reconnaissance en tant que communauté par lʼÉtat libanais.
KRAMER 1991, p. 248.
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154 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
17
SEURAT 1980, p. 94.
18
CHOUET 1995, p. 96.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 155
dix-huit membres cooptés parmi les cheikhs des différentes tribus. Son
rôle est de définir les grandes orientations de la communauté alaouite, au
moyen de réunions épisodiques. Lors de la révolte des Frères musulmans,
Hafez Al Assad a utilisé cet organe pour souder les alaouites face au danger
qui était censé les menacer. Passé cette période de trouble, le Majles
Al Mili, inféodé à Hafez Al Assad, ne semble plus guère jouer quʼun rôle
local de concertation pour les familles restées au pays19. Dʼailleurs, le
Majles Al Mili est court-circuité par une association (« jamayeh ») fondée
par Jamil Al Assad, le frère de Hafez Al Assad, et destinée à entretenir
la pratique religieuse dans la communauté alaouite : équipement de
mosquées, entretien et construction de ziara20, financement de pèlerinages
à La Mecque pour les cheikhs, etc.
Cependant, le pouvoir ne parvient pas à clientéliser totalement les
alaouites sur des bases religieuses : les alaouites fidèles à Sulayman
Merched notamment se distinguent de lʼessentiel de la communauté.
19
CHOUET 1995, p. 114.
20
Une ziara est un petit mausolée de personnage religieux où les alaouites se rendent en
pèlerinage.
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156 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
une occasion unique dʼaccroître leur prestige ; ils se mirent à diriger ses
divagations et lui firent faire des miracles.21 »
La secte merchédite prit rapidement de lʼampleur, elle fit de nombreux
adeptes parmi les paysans déshérités de la montagne, mais aussi dans les
plaines, en particulier là où lʼencadrement tribal et religieux était faible :
Sahel de Lattaquié, plateaux de Homs et de Hama. Lʼimportance numérique
des merchédites, à lʼheure actuelle, est difficile à estimer. Jacques
Weulersse avançait le chiffre de 40 000 merchédites22 sur un total de
243 000 alaouites en Syrie (gouvernement de Lattaquié et État de Syrie23),
soit environ un sixième de la population alaouite de Syrie. Si la proportion
des merchédites au sein de la population alaouite (entre 10 % et 15 % de la
population syrienne selon les estimations24) est restée la même que sous le
Mandat français, ils devraient être aujourdʼhui entre 280 000 et 420 000.
Cependant, leur part dans la population alaouite a pu décroître avec les
progrès de lʼinstruction, dans la mesure où lʼignorance des paysans était
le terreau du prosélytisme de Sulayman Merched. Il nʼen reste pas moins
que la doctrine a été partiellement éradiquée des campagnes où elle sʼétait
répandue durant le Mandat français ; en revanche, elle sʼest diffusée dans
les villes à la suite de lʼexode rural. La dispersion des merchédites rend la
secte plus difficile à combattre que lorsquʼelle était totalement concentrée
sur un territoire bien délimité.
Il faut souligner que les relations entre merchédites et autres alaouites ont
toujours été conflictuelles. Les premiers fustigent en effet les seconds, qui
refusent de croire que Sulayman Merched était un prophète, tandis que les
alaouites considèrent les merchédites comme des hérétiques. Les mariages
entre les deux groupes sont rarissimes, car les cheikhs alaouites refusent
de consacrer des unions avec des merchédites. Dʼune communauté ouverte
sous le Mandat français, les persécutions, lʼostracisme et les mariages
endogames ont fait une véritable tribu, dirigée par la famille Merched qui
se nomme elle-même Ghasasinah25. Le pouvoir du successeur de Sulayman
Merched est comparable à celui du Vieux de la Montagne sur la secte des
21
WEULERSSE 1940, p. 334.
22
WEULERSSE 1940, p. 336.
23
Excepté le sandjak dʼAlexandrette qui disposait dʼun statut dʼautonomie. Les alaouites
étaient estimés à 58 000 dans le sandjak mais, dʼaprès Jacques Weulersse, les idées
merchédites ne sʼy seraient pas développées.
24
18 millions dʼhabitants au recensement de 2004.
25
MUNIR MUSHABIK 1958, p. 561.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 157
26
« Il existe dans la province de Tyr, dite encore Phénicie, et dans le diocèse de Tortose, un
peuple qui possède dix châteaux forts et des villages alentour, et qui compte environ 60 000
hommes ou plus, comme nous lʼavons souvent entendu dire […]. Le lien de soumission
et dʼobéissance qui unit ces gens à leur chef est si fort quʼil nʼy a pas de tâche si ardue,
difficile ou dangereuse que lʼun dʼentre eux nʼaccepte dʼentreprendre avec le plus grand
zèle à peine leur chef lʼa-t-il ordonné. » Guillaume de Tyr, Historia rerum in partibus
transmarinis gestarum XX, dans J.P. MIGNE, Patrologia, Paris, 1903, p. 810-811. Cité par
LEWIS 1982, p. 38.
27
Entretien avec Patrick Franck, islamologue allemand qui a entamé en 1990 un travail sur
les merchédites.
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158 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
28
Le fils de Jamil Al Assad était surnommé, dans les années 1980 le « gangster de
Lattaquié » : rackets, viols, assassinats, etc. qui lui étaient attribués défrayaient la chronique
locale.
29
En 1996, Jamil Al Assad fit détruire par ses hommes des ziara dans la plaine de Jableh
pour lutter contre les pratiques « païennes » des alaouites. Les villageois prirent les armes
pour se venger de ce sacrilège. Jamil Al Assad fut contraint par le président de quitter la
Syrie pendant quelques mois, le temps que les esprits se calment.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 159
30
« Le président en fait contrôle tout, il a un droit de veto informel […], il joue les
médiateurs entre les différents corps de lʼÉtat, les militaires ; il règle personnellement les
crises. » PERTHES 1995.
31
PERTHES 1995, p. 10.
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160 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
32
KIENLE 1991, p. 220.
33
Un quart des écoles secondaires ouvertes en Syrie entre 1963 et 1970 le furent dans la
région côtière. DRYSDALE 1977, p. 198.
34
DRYSDALE 1977, p. 199.
35
KIENLE 1991, p. 218.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 161
36
Partisan de Salah Jedid et secrétaire général de la branche du parti Baath de Lattaquié,
Adel Naisseh fut arrêté en 1970, relâché, puis de nouveau incarcéré entre 1972 et 1994.
VAN DAM 1996, p. 67.
37
Le Parti communiste-bureau politique est né en 1971 dʼune scission du Parti communiste
syrien dirigé par Khaled Bagdach. Ryad Turk reprochait à Khaled Bagdach, le chef du parti
depuis 1936, sa soumission à Moscou et sa volonté de répondre aux ouvertures de Hafez
Al Assad qui souhaitait intégrer le PCS dans le Front national progressiste.
38
Il sʼagit de livres syriennes constantes.
39
BUREAU CENTRAL DES STATISTIQUES, Statistical Abstract 1998, p. 531.
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162 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
40
BUREAU CENTRAL DES STATISTIQUES, Statistical Abstract 1998, p. 485.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 163
41
BUREAU CENTRAL DES STATISTIQUES, Statistical Abstract 1998, p. 509.
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164 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
42
BUREAU CENTRAL DES STATISTIQUES, Statistical Abstracts (1996, 1991, 1986, 1981).
43
JOBERT 1983.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 165
Sources : enquête personnelle auprès des étudiants du Centre culturel arabe de Lattaquié
en 1994.
44
CHOUET 1995, p. 111.
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166 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 167
45
Voir infra, chp. III.
46
Le matteh est une herbe importée dʼArgentine (appelée là-bas maté) que lʼon consomme
sous la forme dʼinfusion. Elle est très répandue dans la montagne alaouite et dans le Jebel
Druze. Elle sʼappelle communément la « boisson des paresseux », car elle est le symbole
de la pauvreté et de lʼoisiveté.
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168 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
47
Le terme de bourgeois-féodal peut paraître contradictoire. Il traduit en fait lʼalliance de la
bourgeoisie commerçante et des grands propriétaires fonciers.
48
La rente directe est le produit des exportations dʼhydrocarbures.
49
La rente indirecte provient des aides des pays arabes pétroliers à ceux qui sont dépourvus
de pétrole ou des remises des émigrés dans les pays pétroliers.
50
DESTREMAU 1997, p. 25.
51
Au change parallèle, un dollar sʼéchange contre une cinquantaine de livres syriennes.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 169
52
MOLLAT 1978.
53
DESTREMAU 1997, p. 22.
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170 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
54
Une plaque a même été posée sur le mur de la mosquée des Omeyyades à Damas pour
remercier le président dʼavoir fait réparer un des murs.
55
MARIE 1995.
56
Eberhard Kienle souligne quʼAli Duba était devenu, au sein du groupe au pouvoir, le
« nouvel homme fort » après lʼéviction de Rifaat Al Assad (KIENLE 1991). Son réseau de
clients et sa position, à partir de 1974, à la tête des services de sécurité (mukhabarat) en
faisaient un adversaire potentiel de Bachar Al Assad. Aussi fut-il limogé en 1998 pour
corruption (selon BATATU 1999, p. 241).
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 171
57
CHOUET 1995.
58
CARRÉ 1980, p. 203.
59
CARRÉ 1980, p. 205.
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172 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
60
Olivier Roy confirme cette opinion dans le cadre plus général de sa réflexion sur les
« groupes de solidarité » au Moyen-Orient et en Asie centrale : « Le groupe veut sʼemparer
de lʼÉtat tel quʼil existe, ce qui suppose le maintien de la société qui le sous-tend, même
recomposée : ce qui est en jeu, cʼest la hiérarchie des groupes de solidarité, lʼordre de leur
collaboration-soumission, mais il nʼy a pas de volonté de purification. » ROY 1997, p. 45.
61
CHOUET 1995, p. 101.
62
Ibn Khaldoun expliquait quʼune ʻassabiyya qui sʼest emparée du mulk (le pouvoir)
finissait par perdre sa combativité au contact de la civilisation urbaine. Elle était remplacée
par une autre ʻassabiyya venue de la montagne ou du désert qui avait une combativité
supérieure. La ʻassabiyya de Hafez Al Assad se trouve dans cette situation, après plus de
trente années de pouvoir : le luxe lʼa affaiblie et, excepté Hafez Al Assad, les barons du
régime sont ventripotents et vivent dans lʼopulence. CHEDDADI 1980.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 173
63
Voir première partie, chapitre I, notamment p. 47-49.
64
WEULERSSE 1940, p. 329-332.
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174 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 175
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176 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 177
65
CHOUET 1995, p. 109.
66
Il sʼagit du château de Saône (Sahyun en arabe), rebaptisé Salah Ad Din en 1953.
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178 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
67
BATATU 1999, appendice.
68
CHOUET 1995, p. 110.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 179
rang, car les officiers supérieurs, qui disposent des plus hauts revenus,
demeurent à Damas et se contentent de revenir à la belle saison.
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180 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
69
Sur ce point, voir supra, p. 155-159.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 181
effet à des Lattaquiotes ou à des Alépins qui recrutent leur personnel dans
leur ville dʼorigine.
Les remises des émigrés : une nouvelle ressource pour le Jebel Ansariyeh
70
« La main-dʼœuvre syrienne : une périphérie politique », Al Nahar, 21 mars 2005.
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182 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 183
afin de pouvoir construire une maison dans son village et se marier. Même
après avoir fondé une famille, il envisage de continuer à travailler au
Liban, car les possibilités dʼembauche sont faibles en Syrie et les salaires
insuffisants. Il ne sait pas ce quʼil pourrait entreprendre au village avec
un petit capital. Ouvrir un magasin ? Presque chaque famille possède son
épicerie. Investir dans lʼagriculture ? Le manque dʼeau en été et les hivers
rigoureux ne permettent pas dʼavoir de bonnes récoltes. Travailler dans
lʼadministration ? Son baccalauréat technique ne lui permettrait que de
gagner 2 500 livres syriennes par mois, soit deux jours et demi de son salaire
au Liban ! Peut-être intégrera-t-il la fonction publique, mais pas avant une
vingtaine dʼannées, quand ses futurs enfants seront en âge de travailler et
quʼil aura amassé suffisamment dʼargent pour assurer ses vieux jours.
Tous les jeunes hommes de Hurf Mseitra ne se débrouillent pas aussi
bien quʼA. D. ; beaucoup ne travaillent quʼoccasionnellement comme
manœuvres, pour à peine 10 dollars par jour. Néanmoins, le village connaît
une certaine prospérité, comme en témoigne lʼaspect des maisons : pierres
de taille, ferronnerie aux fenêtres et antennes paraboliques sur les toits.
Les commerces se sont multipliés : épiceries, magasins de vêtements et
même deux petites cafétérias où se retrouvent les jeunes du village. Les
magasins sont fournis en produits rapportés du Liban en contrebande :
jeans, coca cola, bananes, baskets Nike. La clientèle est exigeante. Dʼaprès
le jeune pharmacien du village, lorsque les villageois viennent chercher des
médicaments, ils demandent en priorité des produits « ajnabi » (étrangers),
car ils nʼont pas confiance dans les produits syriens et, surtout, ils ont les
moyens de payer, bien que les prix des produits importés soient trois à
quatre fois plus élevés que ceux des médicaments fabriqués en Syrie.
Dans le nord du Jebel Ansariyeh, Hurf Mseitra fait figure dʼexception
car, dans les autres villages alaouites, la population se contente des
emplois dans le secteur public que la ʻassabiyya au pouvoir offre à sa
petite clientèle. En outre, il nʼexiste pas, dans les villages alentour, de
spécialisation professionnelle du même type que celle de Hurf Mseitra,
susceptible dʼoffrir des débouchés au Liban. En revanche, dans le sud
du Jebel Ansariyeh, Hurf Mseitra ne serait pas une exception : les fortes
densités et la relative faiblesse des emplois publics y contraignent là aussi
les jeunes hommes qui ne poursuivent pas dʼétudes universitaires ou que
la famille ne peut doter dʼun capital de départ à travailler au Liban. Dans
de nombreux villages (Barqieh, Sebbeh, Husin Sulayman, etc.), cʼest près
de la moitié des hommes entre 20 et 40 ans qui travaillent dans ce pays.
Tout comme à Hurf Mseitra, les remises sont investies en priorité dans la
construction et dans la consommation au jour le jour, secondairement dans
lʼagriculture ou le petit commerce. Nous nʼavons noté aucun investissement
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184 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
71
ROUSSEL 1999.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 185
La réforme agraire de 1963 fut mise en œuvre par des militaires issus
de la petite bourgeoisie rurale qui prirent le pouvoir par un coup dʼÉtat
et non à la suite dʼune révolution paysanne. Par conséquent, les terres ne
furent pas mises en commun au sein de coopératives de production, mais
distribuées aux paysans. Lʼobjectif politique de la réforme agraire visait à
priver les marchands et les grands propriétaires citadins de leur clientèle
rurale. Grâce à la médiation des coopératives de services et des sociétés
dʼÉtat (Banque agricole, sociétés des fruits et légumes), les nouveaux
dirigeants syriens intégrèrent les bénéficiaires de la réforme agraire dans
le parti Baath et lʼUnion des paysans, formes modernes des réseaux
traditionnels de clientèle. Après deux générations, les inégalités sociales
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186 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
72
La vente des biens des émigrés et des biens du clergé durant la Révolution française ne
profita pas seulement à la bourgeoisie citadine, mais également à des petits propriétaires
ruraux. Cette classe de notables assura la stabilité des régimes conservateurs et préserva le
monde rural des mouvements sociaux urbains.
73
Les terres amiri sont les terres du Prince, cʼest-à-dire le domaine privé du Sultan.
74
WEULERSSE 1946, p. 197.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 187
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188 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
dʼoranges de table, dont les fruits sont beaucoup plus onéreux à lʼachat.
Dʼautre part, il y a peu de grandes exploitations gérées rationnellement, et
susceptibles dʼassurer à cette industrie un approvisionnement régulier, de
qualité et à un prix qui permettrait de démocratiser la consommation.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 189
75
GILSENAN 1996, p. 38.
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190 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
– dont les prix se sont effondrés depuis dix ans – ou encore des cultures
sèches (oliviers et céréales).
Monsieur Y est un de ces microfundiaires dont la situation économique
est de plus en plus précaire. Ingénieur agronome au Centre agricole de
Qabo, il habite à proximité de son lieu de travail avec sa femme, sans
profession, et leurs trois enfants. Il a construit une maison avec lʼaide
de ses frères sur lʼexploitation de quatre donoum (0,4 hectare) de terre
quʼil possède. Ses quatre donoum de terre proviennent du partage des
16 donoum (1,6 hectare) de lʼexploitation paternelle entre lui et ses trois
frères. À lʼorigine, le père de Y était un métayer travaillant pour le compte
dʼun propriétaire sunnite de Jableh. Avec la réforme agraire, il obtint un
lot de 20 donoum, qui fut amputé de 4 donoum lors de la construction de
lʼautoroute Lattaquié-Damas en 1985. Les légumes quʼY cultive sur son
exploitation ne lui procurent quʼun maigre revenu, à savoir, malgré deux
récoltes annuelles, environ 30 000 livres syriennes par an, tous frais déduits.
Avec son salaire mensuel dʼingénieur agronome (3 500 livres syriennes), la
famille de Monsieur Y dispose dʼun revenu annuel dʼenviron 72 000 livres
syriennes. Les dépenses de nourriture sont réduites, puisquʼils cultivent
à peu près tout ce dont ils ont besoin et élèvent des poulets. Cela étant,
la situation de Monsieur Y nʼen reste pas moins plus enviable que celle
des fonctionnaires citadins qui doivent, avec le même salaire, acheter leur
nourriture et payer un loyer ; son pouvoir dʼachat ne cesse toutefois de se
dégrader : les prix de vente des produits agricoles diminuent et son salaire,
non réévalué, est rongé par lʼinflation. Une part croissante des agriculteurs
de la plaine côtière se trouve dans la même situation que Monsieur Y, à
mesure que la taille des exploitations issues de la réforme agraire se réduit
avec la croissance démographique. Par ailleurs, la libéralisation du marché
agricole a permis le retour des intermédiaires (samsar) qui confisquent la
majeure partie des profits des petits exploitants. Ces derniers ne possèdent
pas, comme les paysans moyens, de camionnettes qui leur permettraient de
vendre leurs produits directement sur les marchés de gros ; aussi doivent-
ils sʼen remettre aux samsar. Pour la génération des petits-enfants des
bénéficiaires de la réforme agraire, lʼagriculture ne constitue donc plus
une source, ni même un complément de revenus appréciable ; tout au plus
lʼexploitation paternelle permet-elle de disposer dʼun terrain à bâtir. Le
seul débouché de cette génération est le secteur étatique : administration,
service public industriel et armée.
La société agraire de la plaine côtière est tout aussi clientélisée par la
ʻassabiyya des Assad que celle du Jebel Ansariyeh, bien que la richesse
agricole de la plaine lui procure une autonomie financière, gage dʼautonomie
politique. La petite bourgeoisie rurale de la plaine constitue la classe
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 191
La maîtrise du foncier par lʼÉtat : une ressource lucrative pour les proches
du pouvoir
Dans les années 1950, la plaine côtière était convoitée pour sa richesse
agricole. Lʼagriculture y occupait alors près de 70 % de la population
active76 : la terre était à la fois un capital et un moyen de production. Nous
avons vu que la réforme agraire représentait pour le régime baathiste un
moyen de briser la puissance économique et politique des élites citadines.
La redistribution des terres a surtout profité aux paysans sans terre, mais
elle fut aussi le moyen pour la petite bourgeoisie rurale dʼétendre la surface
de ses exploitations, en particulier grâce à la location des terres placées
sous séquestre. En outre, les opérations de confiscation et de redistribution
firent lʼobjet de malversations qui profitèrent essentiellement à la petite
bourgeoisie rurale proche de la ʻassabiyya au pouvoir. À titre dʼexemple,
les Makhluf agrandirent sensiblement leurs domaines dans la plaine de
Jableh ; pour conserver une partie de ses terres, la famille Kinj offrit la
moitié de ses propriétés à Ali Duba en échange de sa protection77… Dans
la Ghouta de Damas, les familles hostiles au régime furent expropriées
sans ménagement, tandis que celles qui surent entrer dans les réseaux du
pouvoir préservèrent leurs biens.
La ʻassabiyya au pouvoir et ses clients utilisèrent les ressources légales
que leur fournit lʼÉtat pour accaparer des terres dans la région côtière.
La richesse agricole de ces dernières était, dans les années 1960, la
principale motivation de ceux qui tentaient de les posséder. Mais, depuis
les années 1970 et 1980, il sʼagit davantage de profiter de la spéculation
foncière liée à lʼextension urbaine et au tourisme.
76
BUREAU CENTRAL DES STATISTIQUES, Recensement général de la population 1960.
77
CHOUET 1995, p. 93-117.
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192 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 193
78
Supra, p. 187.
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194 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
79
BAHOUT 1994.
80
BAHOUT 1994, p. 26.
81
PERTHES 1996, p. 57.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 195
Document à usage strictement individuel dont la distribution sur internet n'est pas autorisée.
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196 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Conclusion
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 197
82
GOBE 1997.
83
Le muqaddam est le représentant de la tribu ou de la fédération tribale.
84
CHOUET 1995.
85
CHOUET 1995, p. 114.
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198 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
86
Mohammad Nassif, le chef du clan Kheir Bek, est chef de la sécurité intérieure et du
contre-espionnage. Presque tous les membres masculins de la famille sont des officiers
supérieurs. Il est à noter que cette famille contrôle également lʼOffice dʼirrigation du bassin
de lʼOronte, par lʼintermédiaire dʼAli Nassif, ce qui lui permet dʼexercer son influence sur
les alaouites du Ghab.
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COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE ALAOUITES MODELÉS PAR LE POUVOIR 199
Document à usage strictement individuel dont la distribution sur internet n'est pas autorisée.
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200 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
87
Ce responsable de lʼopposition fut emprisonné entre 1980 et 2000.
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CHAPITRE II
1
« Le cloisonnement du pays en communautés religieuses et sociales hostiles aboutit à
accroître encore lʼopposition entre la ville et les campagnes voisines. Prenons lʼexemple
de trois villes syriennes types : Antioche, Hama et Lattaquié […]. Lattaquié présente un
cas plus paradoxal encore ; elle fut la capitale de lʼÉtat alaouite et pourtant elle ne comptait
pour ainsi dire pas dʼAlaouites en son sein […] et cependant tout le pays environnant était
exclusivement peuplé de fellahs alaouites. » WEULERSSE 1946, p. 87.
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202 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Dans son étude sur Antioche du début des années 19302, Jacques
Weulersse constatait que la diversité communautaire de cette agglomération
permettait difficilement de la qualifier de ville du fait dʼun fonctionnement
ségrégatif de lʼespace urbain. Selon cet auteur en effet, Antioche était plutôt
une juxtaposition de villes quʼune ville, car il lui manquait lʼunité politique
des villes « occidentales » ; chaque communauté vivait en autonomie dans
son quartier, structurée par des réseaux clientélistes et représentée dans
les municipalités par ses élites. Dans le Pays des Alaouites, J. Weulersse
applique une analyse similaire à Lattaquié, à la nuance près que la
communauté sunnite représentant les trois quarts de la population urbaine
dans cette ville, la capitale de lʼÉtat des Alaouites avait une plus forte
cohérence territoriale.
Si, plus dʼun demi-siècle après, il est nécessaire de revoir cette
conception de la ville orientale à la lumière des évolutions disciplinaires
de la géographie urbaine et des mutations socio-économiques, nous ne
pouvons rejeter complètement une telle conception « communautariste »
de la ville orientale au motif que les territoires du quotidien ne sont plus des
cellules closes construites autour des quartiers, mais se bâtissent selon un
réseau complexe de lieux et de territoires disséminés3. Fondamentalement,
cela ne remet pas en cause lʼidée que la ville orientale multicommunautaire
constitue non pas un territoire homogène, mais une juxtaposition de
territoires, parfois sécants – du fait précisément de la permanence des
structures communautaires dans la société urbaine.
Lʼétude de lʼorganisation sociale des villes côtières constitue donc,
nous semble-t-il, un préalable important pour comprendre leurs relations
avec lʼextérieur, car lʼharmonie ou la mésentente entre les communautés
explique largement lʼouverture ou la fermeture des villes, leur dynamisme
ou leur atonie économique. Nous proposons dʼétudier dʼabord le cas de
Lattaquié, qui par sa taille et son histoire nécessite une observation à part ;
nous verrons ensuite jusquʼà quel point les trois autres villes côtières
(Tartous, Jableh et Banias) présentent des situations contrastées du point de
vue communautaire, situations qui se répercutent sur leur développement.
2
WEULERSSE 1934.
3
DI MÉO 1998 a, p. 7.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 203
La ville du monde arabe ne peut plus être étudiée en tant quʼentité simple.
Pour Michel Seurat, qui reprend à ce propos le schéma de Lapidus5 :
« Dʼacteur sur la scène de lʼhistoricité, elle est devenue elle-même la
scène sur laquelle se produisent dʼautres acteurs sociaux qui nʼont plus de
spécificité urbaine : les confessions religieuses à Beyrouth ou la société
bureaucratique [Damas]6 ».
Lattaquié illustre parfaitement cette analyse, puisque deux acteurs
sociaux nouveaux, des membres de la communauté alaouite et les membres
de la bureaucratie, sʼefforcent de conquérir la ville. Cette intrusion
conjointe provoque un éclatement de la ville en territoires en cours de
constitution ou constitués sur des bases à la fois sociales, professionnelles
4
SIGNOLES 1999, p. 6.
5
LAPIDUS 1969.
6
SEURAT 1985, p. 47.
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204 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Les voyageurs qui font étape à Lattaquié sont frappés par la tenue
vestimentaire des jeunes filles qui se promènent dans les quartiers
périphériques de la ville comme Ramel Shemali (« Sable du nord ») au
nord et Ziraa (« Agriculture ») à lʼest. Les chevelures flottent librement,
des vêtements courts et moulants mettent en valeur leurs corps. Une telle
tenue, pour ceux qui arrivent de Damas ou dʼAlep, ne peut que surprendre
car, dans les villes de lʼintérieur, les espaces de liberté vestimentaire sont
confinés à quelques quartiers centraux, généralement ceux à majorité
chrétienne. Dans les quartiers périphériques et populaires des métropoles
de lʼintérieur, le hijab (voile) et la melaya (cape) sont de rigueur.
7
RONCAYOLO 1990, p. 189.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 205
Amerikan
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206 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
8
Pour le club alaouite, la référence à Assad est claire, Tishrin évoquant la guerre
dʼoctobre 1973, mais aussi le coup dʼÉtat de novembre 1970. Quant à Hatin, cʼest le nom
de la plus grande victoire de Saladin sur les Croisés en 1187 (à lʼouest du lac de Tibériade) :
il fait donc référence à un passé islamique glorieux.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 207
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208 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 209
la ville, ce qui a permis à leurs fils de se marier. Ceux qui les ont remplacés
dans le quartier sont des commerçants, dʼanciens émigrés revenus du Golfe
ou encore des bureaucrates corrompus. Ces nouveaux habitants ne sont
pas le produit de lʼÉtat-nation syrien que la révolution baathiste voulait
construire, mais plutôt celui de la crise de lʼÉtat. Ils se côtoient mais
ne se fréquentent pas et les signes extérieurs de confessionnalisme sont
réapparus avec force. Cette population sʼinstalle à Martakla parce quʼil
sʼagit dʼun quartier résidentiel proche du centre et quʼil jouit encore dʼune
image prestigieuse. En outre, il est plus accessible que la Corniche sud ou
le quartier « des Américains », trop onéreux.
Ainsi, les territoires mixtes disparaissent progressivement au profit
de territoires communautaires. Les fonctionnaires déclassés rejoignent
les quartiers communautaires de la périphérie et des clôtures sʼélèvent
entre les habitants du quartier de Martakla. Un des signes de cette
communautarisation du quartier est lʼabsence de coopération pour la
gestion de la copropriété dans les immeubles, que ce soit pour les services
dʼentretien ou la rénovation des communs… Il est difficile dʼincriminer le
manque de moyens financiers, car les nouveaux arrivants sont beaucoup
plus riches que les précédents.
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210 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 211
9
Michel Seurat qualifiait la bourgeoisie bureaucratique et les membres de la nouvelle
bourgeoisie qui gravitent autour dʼelle de classe « parasitaire » qui exerce son emprise
économique sur plusieurs secteurs dʼactivité : agriculture, commerce, spéculation
immobilière. SEURAT 1980, p. 124.
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212 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
10
Société fondée sous le Mandat français pour exploiter les gisements dʼasphalte de la
région de Kfarieh, sur la route dʼAlep au nord-est de Lattaquié. Elle a été nationalisée en
1945 et appartient toujours au secteur public industriel.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 213
aux nombreuses agences privées qui ont rouvert leurs portes à Lattaquié,
moyennant un intéressement aux bénéfices.
11
Les membres de la famille Assad qui font de lʼimport-export se contentent de monopoles
dʼÉtat privatisés.
12
La mère de Bachar Al Assad est de la famille Makhluf. Cette famille prospère dans
lʼimport-export, le téléphone portable et diverses activités où elle se trouve en situation de
quasi-monopole.
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214 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 215
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216 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
13
CLAVAL 1992.
14
RODINSON 1966.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 217
15
Voir infra, p. 220-222.
16
PEREZ 1994.
17
WEBER 1989, p. 233
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218 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 219
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220 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 221
18
Entre 1924 et 1936, il y eut 54 000 départs de Syrie vers lʼoutre-mer, dont 15 000 en
provenance de lʼÉtat des Alaouites (la région côtière actuelle). NOUSS 1951, p. 265.
19
Sur 39 000 départs de lʼÉtat de Syrie (la Syrie actuelle moins le Jebel Druze et la
région côtière), il y eut 12 500 retours (32 %), contre seulement 2 500 retours pour les
15 000 émigrés au départ de lʼÉtat des Alaouites (17 %). NOUSS 1951, p. 272.
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222 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 223
20
Michel Aoun est un général maronite de lʼarmée libanaise qui sʼopposa violemment aux
Syriens à la fin de la guerre civile libanaise (1989-1990). Après 14 ans dʼexil en France, il
est de retour au Liban en 2005 et préside actuellement le « Courant Patriotique Libre ».
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224 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
21
PÉREZ 1994.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 225
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226 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 227
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228 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 229
La petite taille de la ville y rend plus faciles les contacts quʼà Lattaquié ; et
surtout, les entrepreneurs alaouites sont nombreux.
La famille K., que nous avons évoquée précédemment22, appartient
ainsi à plusieurs cercles relationnels. Grâce à des mariages, elle possède
des liens forts avec la bourgeoisie bureaucratique alaouite ; son passage
en Amérique du Sud lui a permis de développer des relations avec des
entrepreneurs de toutes confessions, eux aussi issus de lʼémigration. La
présence de lʼun des membres de la famille au conseil de la Chambre de
commerce et dʼindustrie de la ville la met en contact avec des représentants
de lʼancienne bourgeoisie sunnite et chrétienne, et donc avec ceux de la
nouvelle bourgeoisie entrepreneuriale. Les réseaux auxquels appartient
la famille K. traversent les différentes communautés et les groupes
sociaux ; cela ne peut être que bénéfique pour ses activités, dans la
mesure où les réseaux les plus efficaces sont ceux qui associent tous les
types de bourgeoisie (bureaucratique, nouvelle et traditionnelle), par-delà
les clivages communautaires. À Tartous, cʼest le type de réseau le plus
fréquent, ce qui favorise le développement économique de la ville et un
urbanisme mieux accepté par la population, car plus concerté.
La comparaison entre Lattaquié et Tartous montre clairement que
lʼorganisationsocialeestunfacteurtoutaussidéterminantdansledynamisme
économique que la situation géographique au sein de lʼespace syrien. Mais
il existe également un lien entre ces deux facteurs : à Tartous, la fonction
de synapse portuaire a favorisé la création dʼune classe entrepreneuriale
multicommunautaire tandis quʼà Lattaquié, les entrepreneurs sont en
rivalité avec la bourgeoisie bureaucratique (lʼancienneté du port et la taille
de la ville leur permettent encore, en effet, dʼy disposer de réseaux étendus
et solides).
22
Voir supra, p. 221.
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230 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
23
WEULERSSE 1946.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 231
la ville ont de ce fait été privées dʼune part importante de leurs revenus, dʼoù
leur décadence. Ensuite, entre 1963 et 1969, la réforme agraire a privé cette
fois les citadins de leurs terres à la campagne. Certes, les expropriations
ont été limitées, parce que Jableh ne comptait que des petits propriétaires ;
mais ceux-ci nʼen ont pas moins été spoliés, puisque les métayers étaient
protégés contre lʼexpulsion. Lʼappauvrissement de la population citadine a
rapidement fait péricliter le commerce de Jableh : de nombreuses familles
commerçantes émigrent vers Lattaquié et Damas.
En 1947, les sunnites représentaient 90 % de la population de Jableh, les
chrétiens 3 % et les alaouites 7 %. Lʼexode rural a modifié cette structure
communautaire, puisque la campagne de Jableh est peuplée à plus de 99 %
dʼalaouites. Lʼémigration des ruraux vers Jableh est restée modérée jusque
dans les années 1960. La ville ne comptait encore que 10 668 habitants
en 1960, soit une croissance moyenne de 1,7 % par an entre 1947 et 1960
contre 4,6 % pour Lattaquié et 7,3 % pour Banias, qui double sa population
durant cette période. Ce nʼest quʼavec la création dʼentreprises publiques et
la construction dʼun port militaire que les ruraux commencent à sʼinstaller
massivement à Jableh. LʼÉtat favorise leur installation dans la ville en
construisant des ensembles collectifs ; lʼobjectif du régime baathiste était
de conquérir cette ville, dont la frange sunnite de la population lui était
défavorable. À partir de la fin des années 1980, les alaouites représentent
plus des deux tiers de la population de Jableh.
La ségrégation spatiale des communautés est plus importante à Jableh
quʼà Lattaquié. Une simple promenade dans la ville permet aisément de
voir la dichotomie entre les quartiers alaouites et sunnites. La vieille ville,
avec ses rues étroites et son souk traditionnel, est entièrement sunnite ; elle
ne compte pas moins de sept mosquées. Le quartier sud, qui est lʼextension
sunnite de la médina, possède quatre mosquées. Dans les quartiers alaouites,
au nord et à lʼest, deux emplacements ont été réservés pour des mosquées
mais, en 2003, aucune nʼavait encore été construite. La population alaouite
ne se rendant pas dans les mosquées, elle ne voit pas quel pourrait être
lʼintérêt de financer la construction de ces lieux de culte. (Fig. 44).
Dʼun point de vue fonctionnel, Jableh compte trois pôles commerciaux.
Le vieux souk de la médina est parfaitement conservé ; on y trouve toujours
les activités traditionnelles (comme la bijouterie), mais aussi des produits
modernes (lʼaudiovisuel, des baskets dʼimportation). Ce souk est fréquenté
par toutes les communautés et les deux sexes, même des groupes de jeunes
filles alaouites, ce qui est rare dans les souks dʼAlep ou de Damas. Les
jeunes filles alaouites nʼont pas besoin de traverser le dédale de ruelles
de la médina pour sʼy rendre, car cette dernière est coupée en deux par
une avenue qui rejoint la Corniche. Cette réorganisation de la voirie a
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232 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 233
lʼavantage de rendre le vieux souk accessible aux alaouites par une voie
neutre, sans quoi ils sʼy rendraient beaucoup moins, en particulier les
femmes. Intégré dans le territoire sunnite, le vieux souk aurait dépéri, car
80 % de sa clientèle est dʼorigine rurale.
Depuis les années 1970, un deuxième pôle commercial est apparu
en dehors de la vieille ville, autour de la gare routière et des bâtiments
administratifs (la mantiqa et la municipalité). Cʼest le nouveau centre de
gravité de la ville, situé entre les quartiers alaouites (néo-citadins), sunnites
(citadins) et mixtes (citadins et néo-citadins aisés). Ses commerçants sont
en grande majorité sunnites ; comme à Lattaquié, les emplacements sont
chers et les alaouites de Jableh nʼont pas une tradition commerçante qui
leur permette de rivaliser avec les sunnites jabliotes versés dans le négoce
depuis des générations.
Un autre centre commercial, spécifiquement composé de commerçants
alaouites, sʼorganise ainsi plus à lʼest autour du carrefour constitué par le
périphérique et les routes de Qardaha et de Ain Sharqyeh. On trouve dans
ce souk (dʼune faible dynamique), des produits agricoles, de lʼépicerie, des
vêtements bon marché, essentiellement destinés à une clientèle rurale.
À la fin des années 1940, Banias était une petite ville administrative
endormie ; ses notables vivaient de la rente foncière ou exerçaient des
professions libérales. Le port nʼétait utilisé que pour le cabotage ; les bateaux
apportaient à Banias des pondéreux de Lattaquié ou Tripoli : ciment, bois,
etc. Au début des années 1950, la ville devient lʼun des terminaux pétroliers
des gisements de Kirkouk, grâce à lʼarrivée de lʼoléoduc de lʼIPC (Irak
Petroleum Company). Dans les années 1970, lʼÉtat décide dʼy implanter
une centrale thermique, achevée en 1976, et une raffinerie de pétrole, mise
en fonctionnement en 1979.
Entre 1947 et 1981, Banias est le réceptacle dʼun exode rural massif,
lié à lʼouverture de différents chantiers de construction puis à la création
dʼemplois dans la pétrochimie. Le maximum de croissance fut atteint dans
la période intercensitaire 1960-1970, avec 5 % de croissance moyenne
annuelle par an. La majorité des ruraux étaient alaouites, mais des flux
mineurs, venus des villages sunnites et chrétiens du sud de Banias, se
dirigent également vers elle. Les deux tiers de la population citadine
seraient alaouites, selon Alain Chouet24.
24
CHOUET 1995.
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234 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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236 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
25
Il sʼagissait dʼun sanatorium.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 237
26
Entretien réalisé en novembre 1997.
27
Le modèle du géographe allemand Christaller applique la loi de la gravitation à lʼespace
géographique. BRUNET 1990, p. 300.
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238 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Conclusion
28
Selon Durkheim, la « solidarité mécanique » correspond au principe dʼidentité et la
« solidarité organique » sʼappuie sur le principe de complémentarité. DURKHEIM 1893.
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 239
29
WELLMAN et LEIGHTON 1981.
30
Linton Freeman définit trois types de centralités. La centralité de degré qui consiste à
mesurer la centralité dʼun individu par son nombre de connexions aux autres. La centralité
de proximité qui consiste à juger de son degré de proximité vis-à-vis de tous les autres
individus du réseau. La centralité dʼintermédiarité : un individu peut fort bien nʼêtre que
faiblement connecté aux autres et pourtant être un intermédiaire indispensable dans les
échanges. Cité par DEGENNE et FORSÉ 1994.
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240 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LES VILLES CÔTIÈRES : LE POIDS DU FACTEUR COMMUNAUTAIRE 241
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CHAPITRE III
1
Littéralement, il sʼagit de « lʼouverture » ; concrètement, ce terme indique une
revivification de lʼéconomie grâce à lʼintroduction de mesures libérales et à la suppression
du contrôle étatique.
2
En 1974, lʼÉgypte a rompu avec le dirigisme économique de Nasser. En promulguant
la loi n° 43, Anouar El Sadate ouvrit lʼÉgypte au capital étranger (arabe et occidental) et
entreprit de substituer graduellement le secteur privé à un secteur public omniprésent et
déficient.
3
SIGNOLES 1985, p. 935.
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244 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
4
Entre 1973 et 1986, la Syrie bénéficiait dʼaides financières massives des pays arabes
pétroliers. La réduction drastique de ces aides conjuguée à une augmentation graduelle des
dépenses au cours des années 1980 provoqua une crise budgétaire en 1986 qui mit lʼÉtat
syrien dans lʼincapacité de répondre à ses engagements internationaux et de financer son
programme de développement.
5
PICARD 1980 a, p. 180.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 245
6
PICARD 1980 a, p. 164.
7
CHATELUS 1980, p. 249.
8
KIENLE 1991, p. 224.
9
CHATELUS 1980, p. 249.
10
RIVIER 1982, p. 113.
11
KIENLE 1991, p. 224.
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246 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
12
La situation syrienne est comparable à celle qui prévaut en Russie depuis lʼarrivée de
Vladimir Poutine au pouvoir. Lʼaffaire Ioukos, notamment, a fait jurisprudence pour les
entrepreneurs syriens. On peut citer le cas de Ryad Saif, patron de lʼindustrie textile à
Damas et opposant notoire au régime, qui vient de passer plusieurs années en prison (sorti
en décembre 2005) et dont la société a été confisquée par lʼÉtat.
13
BAHOUT 1994, p. 42.
14
KIENLE 1991, p. 226.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 247
15
CHATELUS 1980, p. 261.
16
SUKKAR 1996, p. 28.
17
HARIK et SULLIVAN 1992, p. 125.
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248 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
18
BAHOUT 1994, p. 31.
19
SUKKAR 1996, p. 39.
20
« Il est difficile de déterminer de façon exacte le rapport de forces entre la bourgeoisie de
lʼinfîtah, dʼune part, et les officiers alaouites aux commandes de lʼÉtat, de lʼautre. De toute
façon, ce rapport de force nʼest jamais stable, mais change avec les indicateurs économiques,
tels que les estimations du régime quant au montant de devises ou de capitaux qui lui font
défaut. » KIENLE 1996, p. 232.
21
CHEDDADI 1980.
22
BAHOUT 1994, p. 71.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 249
23
« À terme donc, comme ailleurs en Égypte ou en Irak, on pourrait aller vers une fusion de
la bourgeoisie bureaucratique avec la nouvelle classe [la bourgeoisie de lʼinfitah] voire avec
ceux de lʼancienne bourgeoisie qui auraient accepté de jouer le jeu. » BAHOUT 1994, p. 73.
24
KIENLE 1997.
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250 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
Lorsque le Baath est arrivé au pouvoir, la région côtière était peu urbanisée
et sous-industrialisée malgré sa fonction portuaire. Les nationalisations
des années 1960 détruisirent le début dʼindustrialisation privée et, par
la suite, le dirigisme économique empêcha le développement du secteur
privé non agricole. Les éléments les plus dynamiques de la bourgeoisie
citadine émigrèrent à lʼétranger, tant les possibilités dʼentreprendre étaient
devenues restreintes. Lʼouverture économique des années 1990 a vu revenir
une partie de ces entrepreneurs, y compris dans la région côtière, mais les
conditions de travail semblent peu favorables.
25
Le mulk est défini par Ibn Khaldoun comme une position noble et recherchée de tous,
qui réunit tous les biens de ce monde, les plaisirs du corps et les joies de lʼâme » ; il sʼagit
du pouvoir hégémonique absolu. Dʼaprès lʼauteur, toute ʻassabiyya a pour objectif ultime
lʼaccaparement du mulk. CHEDDADI 1980.
26
Le souq est, pour Ibn Khaldoun, constitué par les grands commerçants, groupe que nous
définissons aujourdʼhui comme la bourgeoisie capitaliste en y intégrant les industriels, ou
par le terme plus neutre de classe entrepreneuriale. Elle ne détient pas le pouvoir politique
qui est entre les mains, le plus souvent, dʼune ʻassabiyya tribale, mais elle dispose du pouvoir
économique. La prospérité des entrepreneurs dépend des rapports quʼils entretiennent
avec le mulk (le pouvoir politique) ; leur opposition à ce pouvoir peut conduire jusquʼà la
spoliation de leurs biens, mais leur soutien affirmé est récompensé par des bénéfices rapides
dus à la protection dont ils bénéficient en retour.
27
LECA 1988, p. 97.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 251
28
Les hommes dʼaffaires dépendent de politiques préférentielles leur octroyant des
monopoles ou des oligopoles. Les hommes politiques sont associés à la bourgeoisie
capitaliste par lʼintermédiaire de bureaux dʼétudes ou autres couvertures.
29
GOBE 1997.
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252 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
(26,5 %), soit près du double de la moyenne nationale (12,5 %). On peut
évidemment sʼinterroger sur la fiabilité de cette enquête qui place la Syrie à
peine au-dessus des pays dʼEurope pour le taux de chômage et qui semble
minorer le sous-emploi dans le pays : il est certain que le chômage est
sous-évalué en Syrie.
Pendant des décennies, lʼÉtat a absorbé les nouveaux actifs en créant
des emplois publics, véritable chômage déguisé. Les diplômés étaient
ainsi, jusquʼau milieu des années 1990, assurés de trouver du travail dans
le secteur public, puisque lʼÉtat avait obligation de leur trouver un travail.
Dans la montagne alaouite, la multiplication des chefs-lieux administratifs
participait à cette politique de création dʼemplois. Lʼarmée et les services
de sécurité étaient également des débouchés privilégiés pour les proches
du clan Assad. Le régime de Bachar Al Assad a rompu avec cette politique
dʼÉtat-providence et compte sur lʼinitiative privée pour réduire le chômage :
a-t-il les moyens de faire autrement ?
30
Les caves du centre-ville de Lattaquié sont occupées par des ateliers industriels semi-
clandestins.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 253
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254 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 255
31
AL DBIYAT 1995, p. 244.
32
« Indéniablement cette loi constitue une avancée, ne serait-ce que parce quʼelle a lʼavantage
de regrouper plusieurs textes législatifs jusque-là dispersés ». BAHOUT 1994, p. 31.
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256 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
33
Article 1 de la loi n° 10 du 4 mai 1991, traduction effectuée par le Service commercial de
France à Damas, cité dans BAHOUT 1994, annexe II.
34
Article 5 de la loi n° 10 du 4 mai 1991, traduction effectuée par le Service commercial de
France à Damas, cité dans BAHOUT 1994, annexe II.
35
HOPFINGER 1997.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 257
36
AL IMADY 1997.
37
Dépouillement personnel du Journal Officiel de la République arabe syrienne (1991-
1996).
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258 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
38
Durant le printemps 1997, la concentration des investissements privés dans les grandes
villes de lʼintérieur a suscité un débat au Parlement syrien sur lʼopportunité de corriger ce
mouvement par des exemptions fiscales. Mais aucune loi nʼa été votée par la suite.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 259
39
THE OXFORD BUSINESS GROUP 2006.
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260 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
40
Ras Shamra est le nom arabe dʼOugarit, le site archéologique où lʼon a découvert le
premier alphabet cunéiforme. Il se situe à une dizaine de kilomètres au nord de Lattaquié.
41
Le château de Salah Ad Din est proche de Haffeh.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 261
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262 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
42
SIGNOLES 1985, p. 798.
43
DE SLIZEWICZ 1992, p. 65.
44
Les travaux avaient été commencé par la société dʼÉtat Milihouse mais, un an avant
les Jeux, celle-ci informa la présidence quʼelle était incapable de terminer dans les délais.
Le président syrien fit alors appel à Othman Aidi, qui possédait un bureau dʼétudes de
travaux publics. En onze mois, ce dernier réussit à terminer le chantier, ce qui lui valut la
reconnaissance du président.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 263
45
DESLIZEWICZ 1992, p. 140.
46
MIOSSEC 1995, p. 272.
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264 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
47
BRUNET 1990, p. 139.
48
Les banques privées sont autorisées en Syrie depuis 2004, mais leurs compétences se
limitent aux dépôts et aux transferts dʼargent. Elles ne sont pas autorisées à cette date à
prêter aux entreprises et aux particuliers.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 265
49
BRUNET 1990, p. 139.
50
PÉREZ 1994. Voir supra, p. 224.
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266 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
51
Il sʼagit dʼune émigration pour une ou plusieurs dizaines dʼannées.
52
Les syriaques sont une minorité chrétienne présente surtout dans le Nord-Est de la
Syrie.
53
Entretien réalisé en décembre 1996 auprès de J., homme dʼaffaires lattaquiote.
54
Entretien réalisé en décembre 1996 auprès de N., commerçant à Lattaquié.
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 267
Conclusion
Depuis le début des années 1990, le secteur privé est redevenu le moteur
de lʼéconomie syrienne et par conséquent un acteur majeur de lʼespace.
La concentration de la croissance économique dans les métropoles de
lʼintérieur tend à reproduire le schéma centre-périphérie que les premiers
dirigeants baathistes avaient tenté de réduire. Dans le nouvel espace syrien
qui se profile, la région côtière ne profite pas de lʼatout que constituent
ses ports. La population alaouite ne possède pas un fort esprit dʼentreprise
du fait de son origine rurale et dʼun isolement séculaire, mais aussi parce
quʼelle est sclérosée par sa dépendance vis-à-vis du secteur étatique. Les
investissements privés venus du centre sont quasi nuls. Cʼest au contraire
la bourgeoisie sunnite locale qui a tendance à investir à Damas ou Alep :
la région côtière (unique fenêtre maritime du pays, rappelons-le) est
paradoxalement répulsive pour le secteur privé. (Fig. 54).
La région côtière fut longtemps une périphérie assistée par lʼÉtat. Il
semble quʼaujourdʼhui elle soit en voie dʼêtre délaissée par le régime
de Bachar Al Assad, qui ne possède pas la même proximité avec la
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268 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET PÉRIPHÉRISATION DE LA RÉGION ALAOUITE 269
communauté alaouite que son père. Or, durant des décennies, les transferts
publics massifs vers la région côtière ont développé des comportements
rentiers et parasitaires. Lʼinitiative privée fut donc découragée, lorsquʼelle
ne fut pas tout simplement entravée. La libéralisation de lʼéconomie et
le désengagement de lʼÉtat déstabilisent une économie et une population
locales incapables de saisir lʼampleur des mutations en cours. Lʼentrée de
la Syrie dans le GAFTA55, le 1er janvier 2005, a donné une accélération à la
mutation économique, puisque le pays se trouve désormais dans une zone
de libre-échange, en concurrence avec des pays possédant une économie
totalement libérale et moderne. Cela ne peut quʼaggraver le caractère
périphérique de la région côtière…
55
Greater Arab Free Trade Area.
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CONCLUSION
1
En lʼabsence dʼÉtat de droit et du fait des blocages de la bureaucratie, tout entrepreneur
doit sʼassocier avec un membre de la bourgeoisie bureaucratique sʼil veut pouvoir prospérer.
Bien entendu, la protection dont il bénéficie est intéressée financièrement.
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272 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
collusion entre les deux groupes est faible : cʼest au plan national quʼelle
se produit. Lʼalliance entre le régime alaouite et la bourgeoisie damascène
mise en évidence par Michel Seurat est un fait avéré. En raison de son
hétérogénéité, la bourgeoisie capitaliste ne parvient pas à devenir un agent
de transformation du politique. Elle exerce une influence en tant quʼactrice
de lʼespace, à lʼéchelle locale comme à lʼéchelle nationale. Le moyen le
plus fréquemment utilisé est le gel des investissements, en cas de désaccord
avec la politique du régime baathiste.
Sur le plan spatial, il sʼavère que ni le dirigisme économique ni le
secteur privé ne parviennent à intégrer véritablement la région côtière
dans lʼespace syrien. Les ports demeurent des annexes techniques des
métropoles de lʼintérieur. Les industries publiques ne servent quʼà résorber
le sous-emploi rural et à procurer des sinécures aux fidèles du pouvoir. Les
objectifs de rentabilité économique et dʼintégration horizontale ou verticale
ne constituent nullement des priorités du régime à lʼégard dʼétablissements
dont on attend simplement des bénéfices politiques. Si le secteur privé
exerce une action plus concrète sur lʼéconomie, puisque lʼobjectif de
rentabilité économique est prioritaire pour lui, il ne participe pas plus que
le public à lʼintégration de la région côtière dans lʼespace syrien. Dʼune
part, le climat socio-politique de la région côtière nʼest guère favorable
aux entrepreneurs privés, dʼautre part, le privé a une tendance naturelle à
la concentration dans les grands centres, en lʼoccurrence les métropoles de
lʼintérieur, ce qui désavantage les régions périphériques telles que la région
côtière.
Pourtant, celle-ci dispose dʼatouts indéniables – ouverture maritime,
agriculture, tourisme – qui lui permettraient de devenir un espace intégré
au centre, à défaut dʼêtre elle-même un nouveau centre. En fait, le clivage
ancestral entre alaouites et sunnites, renforcé par lʼinstrumentalisation
quʼen fait la ʻassabiyya au pouvoir en Syrie, est le principal obstacle au
développement économique de la région côtière.
La relation qui unit la ʻassabiyya au pouvoir et la communauté alaouite
est une relation de dépendance. En échange du soutien politique que la
communauté lui apporte, la ʻassabiyya alaouite offre à ses coreligionnaires
une assistance économique. La majorité des alaouites ne reçoit que des
miettes de la rente étatique, miettes qui permettent simplement de survivre.
Seule une partie de la petite bourgeoisie, dont sont issus les membres de la
ʻassabiyya au pouvoir, sʼenrichit réellement. Son ascension sociale résulte
à la fois de lʼaccès aux postes de responsabilité dans la structure étatique et
de son intégration au système économique citadin : commerce, immobilier,
industrie. Mais nous avons vu quʼil était difficile aux alaouites dʼintégrer les
réseaux économiques privés, car ceux-ci sont dans les mains des anciennes
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UNE PÉRIPHÉRIE INTÉGRÉE À L'ÉTAT MAIS DÉLAISSÉ PAR LE SECTEUR PRIVÉ 273
élites citadines, autrement dit des sunnites et des chrétiens. Si, à Tartous, les
solidarités issues de lʼémigration transcendent ou permettent de transcender
les clivages communautaires, en revanche, à Lattaquié, les alaouites ne
parviennent pas à se faire accepter dans les réseaux économiques privés.
En fait, là encore, lʼatout majeur des entrepreneurs alaouites réside dans les
appuis quʼils possèdent au sein du pouvoir politique.
Lʼorganisation de la société syrienne offre aux alaouites peu de
possibilités pour sʼémanciper de la tutelle de la ʻassabiyya au pouvoir. Les
classes populaires ont besoin de sa protection pour survivre et la petite
bourgeoisie de son appui pour sʼélever socialement. Dans ce contexte, les
alaouites nʼont dʼautre solution, pour conserver leurs acquis politiques
et économiques, que de conserver ce pouvoir par la force. Ceci est
fondamental pour comprendre lʼorganisation spatiale de la région côtière.
Même si le but de la ʻassabiyya des Assad est de dominer lʼÉtat national,
cela nʼest pas incompatible avec la construction dʼun territoire alaouite où
la communauté serait en sécurité en cas de guerre civile. Cela nʼexprime
pas une volonté séparatiste de la part de la ʻassabiyya au pouvoir, ni de
la communauté alaouite dans son ensemble, mais la simple souscription
dʼune assurance-vie. Lʼexemple libanais est là pour leur rappeler que,
en cas de guerre civile, il est préférable de résider sur le territoire de sa
communauté.
Depuis la prise du pouvoir par le Baath, les alaouites ont adopté une
stratégie dʼextension territoriale de leur core area, centrée sur le Jebel
Ansariyeh. Elle sʼest traduite par lʼappropriation des plaines de la périphérie
du Jebel Ansariyeh – plaine côtière, Akkar et Ghab – et la tentative de
dominer les agrovilles qui les exploitaient auparavant. Jableh et Tartous
ont été facilement « alaouitisées », alors quʼà Lattaquié, la bourgeoisie
citadine a réussi à maintenir son pouvoir économique en redéployant ses
activités plutôt que de continuer à tirer simplement ses revenus de la rente
foncière. À la fin des années 1980, la dynamique de conquête des alaouites
sʼest ralentie en raison de la crise économique. Les difficultés financières
de lʼÉtat ont désarmé leurs principaux instruments de pénétration dans les
villes : le secteur public industriel et les sociétés publiques de services,
commerce et construction qui devaient se substituer complètement au
secteur privé. Ce dernier a été réactivé par la libéralisation partielle de
lʼéconomie syrienne depuis le début des années 1990, pour le plus grand
bénéfice de la bourgeoisie sunnite et chrétienne ainsi que de ses affidés
au sein du popolino citadin. Le transfert de la richesse nationale au profit
de la bourgeoisie bureaucratique alaouite sʼest interrompu. Les postes de
direction dans les sociétés publiques, dans lʼarmée, etc. ne sont désormais
plus les meilleurs moyens de sʼenrichir en Syrie. Ce sont les entrepreneurs
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274 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
2
DI MÉO 1998 a, p. 133.
3
CHOUET 1995, p. 115.
4
Zuʻama est le pluriel de zaʻim, qui signifie le chef ou le patron.
5
« Cet équilibre dans lʼimpuissance empêcha lʼune ou lʼautre des communautés de mettre
la main sur lʼÉtat, son appareil et son pouvoir, de façon décisive et totale (ou totalisante
comme lʼont fait les Alaouites en Syrie). » BESSON 1990, p. 150.
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UNE PÉRIPHÉRIE INTÉGRÉE À L'ÉTAT MAIS DÉLAISSÉ PAR LE SECTEUR PRIVÉ 275
ses élites politiques et la source des transferts publics qui soutiennent son
économie. Les villes périphériques annexées ou en cours dʼannexion au
territoire alaouite ne sont que des relais plus ou moins utilisés par Damas
pour distribuer des revenus et des services à la population alaouite. Quant à
lʼaire de peuplement alaouite du Jebel Ansariyeh, le territoire historique de
la communauté, elle est marginalisée économiquement et politiquement :
elle nʼest plus que le référent identitaire et le réservoir de serviteurs
civils et de prétoriens quʼutilise la ʻassabiyya alaouite pour maintenir son
pouvoir en Syrie ; on peut la qualifier de périphérie exploitée et assistée.
Les plaines périphériques du Jebel Ansariyeh – plaine côtière, Akkar,
Ghab – constituent le nouveau territoire de la communauté alaouite : une
périphérie annexée et intégrée. Il sʼagit dʼune périphérie annexée parce que
les alaouites ne se sont approprié cet espace que depuis la réforme agraire
de 1963-1969, qui leur a donné, tout du moins à une partie dʼentre eux, la
propriété des terres. Elle est intégrée au centre (Damas), car elle exerce
une rétroaction sur ce dernier à travers la petite bourgeoisie rurale alaouite,
dans laquelle la région puise ses cadres.
Dans la partie occidentale de la région alaouite, les communautés
sunnites urbaines sont le principal obstacle à la construction territoriale
alaouite. Elles sont les points dʼappui de la bourgeoisie économique
syrienne et menacent la suprématie de la ʻassabiyya alaouite au cœur de son
propre territoire communautaire. Les chrétiens et les ismaéliens ne posent
pas le même problème, car la solidarité qui règne entre communautés
minoritaires permet de les intégrer dans la construction régionale alaouite.
De ce fait, les territoires chrétiens et ismaéliens du Jebel Ansariyeh et du
Kosseir sont intégrés sans être annexés. Leur constitution en tant que réduits
communautaires et lʼouverture de leurs réseaux sur lʼintérieur de la Syrie et
lʼétranger ne sont pas ressentis comme une menace pour la cohérence de la
région alaouite. En revanche, les territoires sunnites ruraux ne connaissent
pas le même traitement. En périphérie du territoire alaouite, la tendance à
lʼexclusion est nette : le pays turkmène est isolé, lʼAkkrad est rejeté vers
Alep. Les villages sunnites enclavés dans le territoire alaouite – Khawabi,
Sahyun, Hamidyeh – sont phagocytés. À leur encontre, il semble quʼil y ait
une stratégie de dévitalisation économique, avant la conquête ou lʼoubli,
sʼil sʼavère impossible de dissoudre les communautés locales. (Fig. 55).
La région côtière et Lattaquié en particulier sont en déclin économique
prononcé depuis que BacharAl Assad est arrivé au pouvoir. La libéralisation
économique profite à la capitale et, en second lieu, aux grandes villes de
lʼintérieur : Alep, Homs, Hama, au détriment des périphéries. Le nouveau
président syrien fréquente peu Lattaquié : les alaouites se plaignent de
le voir souvent à Alep et ne passer que quelques jours en été dans son
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276 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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UNE PÉRIPHÉRIE INTÉGRÉE À L'ÉTAT MAIS DÉLAISSÉ PAR LE SECTEUR PRIVÉ 277
palais de Borj Islam (au nord de Lattaquié). Essaie-t-il de faire oublier son
appartenance à la communauté alaouite, de montrer quʼil est le président
de toute la Syrie et non pas le représentant dʼune ʻassabiyya ? Plus
simplement, Bachar Al Assad est né à Damas et a toujours vécu dans cette
ville, à lʼexception de dix-huit mois en Angleterre (1992-1994). Il se sent
peu dʼattaches avec Qardaha et la région alaouite en général. Ses proches
sont les enfants de la bourgeoisie damascène et non les militaires de la
montagne alaouite. Les enfants des barons alaouites du régime ont à peu
près le même profil : ils se sont « damascénisés ».
La réduction des moyens financiers de lʼÉtat et le manque de proximité
avec la nouvelle élite dirigeante à Damas affaiblissent la région côtière
syrienne. Les membres influents du clan Assad ont quitté Lattaquié et la
région pour la capitale syrienne où ils peuvent faire prospérer leurs capitaux
ou plutôt continuer à prélever une part des bénéfices de la bourgeoisie
économique. La gestion de la région est abandonnée aux « cousins
pauvres », toujours alaouites et de plus en plus alaouites (aux deux plans
du nombre et de lʼidentité), qui bloquent toute évolution de la région.
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GÉNÉRALE
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LE DÉLITEMENT DʼUNE INTÉGRATION NATIONALE
INACHEVÉE
1
BADIE 1995.
2
Le maintien dans les consciences de facteurs de divisions (persécution des alaouites par
les sunnites, infériorité juridique des chrétiens, humiliation des sunnites par les alaouites
lors dʼopération de « dé-voilage » de femmes dans les années 1980, etc.), la primauté des
identités communautaires sur lʼidentité nationale et la nature de lʼÉtat Syrien, tout cela
fait quʼon ne peut parler « dʼÉtat-nation » en Syrie, mais dʼun État en tant quʼinstitution
organisant un territoire délimité par des frontières internationales. Voir BRAUD 1997.
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282 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
3
LÉVY 1994, p. 66.
4
LAVERGNE 1991.
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LE DÉLITEMENT D'UNE INTÉGRATION NATIONALE INACHEVÉE 283
secteur privé tandis que les alaouites sont quasi exclusivement employés
dans le secteur étatique. Lattaquié a déjà souffert de la rébellion des Frères
musulmans et de la répression qui lʼa suivie au début des années 1980.
Les querelles communautaires sont latentes, comme en témoignent les
mesures qui sont prises lorsque les deux équipes de football de la ville
– Tishrin et Hatin – se rencontrent. Lattaquié est le cœur de cette région
côtière : les conflits qui sous-tendent ou freinent sa dynamique rejaillissent
nécessairement sur le fonctionnement de la région.
5
LEFÈBVRE 1968.
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284 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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LE DÉLITEMENT D'UNE INTÉGRATION NATIONALE INACHEVÉE 285
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286 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
6
La Syrie se dénomme officiellement « République arabe syrienne »
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LE DÉLITEMENT D'UNE INTÉGRATION NATIONALE INACHEVÉE 287
le Baath, même si les corps de lʼÉtat étaient noyautés par les alaouites,
ne fonctionne plus. La distribution des terres aux paysans, le blocage des
loyers et un secteur public omnipotent avaient permis de contenter les
classes moyennes. Aujourdʼhui, lʼÉtat nʼa plus rien à distribuer et, pour
faire face à la crise du logement, il a même dû libérer les loyers. Enfin,
le pays ne peut plus compter sur lʼaide des pays arabes pétroliers pour
relancer son système économique grippé. Les problèmes communautaires
se multiplient depuis lʼarrivée de Bachar Al Assad au pouvoir : la répression
nʼest plus aussi sanglante que dans les années 1980, le pays nʼest plus tenu
par la même main de fer quʼà lʼépoque de Hafez Al Assad.
Si Bachar Al Assad a été placé au pouvoir par la ʻassabiyya alaouite,
créée par son père, pour garantir les intérêts de cette dernière, il était par
ailleurs le seul à pouvoir maintenir lʼunité du clan, par la légitimité de son
statut de fils aîné vivant7. Il ne peut donc pas engager le pays dans des
réformes qui pourraient contrecarrer les intérêts de sa ʻassabiyya. Mais
en même temps, le marasme économique entraîne des troubles croissants,
en particulier dans les périphéries délaissées par lʼÉtat. Seule lʼouverture
du pays permettrait de redynamiser lʼéconomie, au risque pour la
ʻassabiyya de perdre le pouvoir. Nous nous trouvons donc dans un schéma
comparable à celui de la Yougoslavie de lʼaprès-Tito. Le système mis en
place par Hafez Al Assad est en équilibre instable, mais il reste contrôlé
de lʼintérieur malgré les décennies de frustrations accumulées par la
population. Il aurait cependant du mal à résister à des pressions extérieures
(sanctions économiques, retrait des troupes syriennes du Liban, fermeture
de la frontière irakienne, contrôle de lʼeau de lʼEuphrate et du Ghabour
par la Turquie…) conjuguées avec une crise économique interne. Les
mesures actuelles de libéralisation économique ont comme souci majeur la
lutte contre un chômage massif que lʼÉtat nʼa plus les moyens de résorber
et qui représente une véritable menace pour le régime. Bachar Al Assad
parviendra-t-il à mettre un nouveau système de pouvoir en place ? Pourra-
t-il assurer la transition entre le « dirigisme économique » de son père et
le « capitalisme des copains » avec succès, cʼest-à-dire sans provoquer un
mécontentement social dont pourraient profiter ses ennemis pour le chasser
du pouvoir ?
Notre conclusion nʼest guère optimiste pour lʼavenir de la Syrie et
particulièrement pour les alaouites. Ces derniers nʼont pas dʼautre choix
que de soutenir le régime, malgré sa fragilité et ses erreurs. La chute du
7
Basel Al Assad, le frère aîné de Bachar et successeur officiel de Hafez Al Assad, est décédé
dans un accident de voiture en 1994.
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288 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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BIBLIOGRAPHIE
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292 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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BIBLIOGRAPHIE 293
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294 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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DOCUMENTS OFFICIELS CONSULTÉS
Sauf mention contraire, les documents suivants sont en arabe.
GOUVERNEMENT DE LATTAQUIÉ
- 1933 : Répertoire alphabétique des villes, villages et hameaux, Lattaquié,
77 p.
MINISTÈRE DE LʼAGRICULTURE
- Annuaires statistiques de 1970 à 1994, au niveau national et pour les muhafaza
de Lattaquié et de Tartous.
MINISTÈRE DE LʼÉCONOMIE
- 1995 : Annuaire de la 43e Foire internationale de Damas, Damas, 535 p.
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298 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
MINISTÈRE DU TOURISME
- 1989 : Recueil des dispositions régissant lʼexploitation touristique, Damas,
94 p.
- 1995 : Syrie, guide des activités touristiques, Damas, 159 p.
OFFICE DE LA PRESSE ARABE
- 1964 : Bulletin de la Presse Arabe, Damas, n° 20.
- 1966 : Études spéciales sur le conflit avec lʼIPC, Damas, 142 p.
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INDEX GÉOGRAPHIQUE
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dans les cartes et graphiques.
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300 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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INDEX GÉOGRAPHIQUE 301
Raqqa 53, 122, 225 Slunfeh 60, 63, 155, 180, 200
Rastan 7 Soueida 122
Ras Shamra 260
Rauda 41, 47, 88, 173 Tabqa 220
Rislan 124, 159 Tapline 117
Tawahin 179, 180
Safita 22, 23, 30, 31, 34, 63, 66, 67, Tel Kalakh 89, 102
74, 78, 80, 81, 86, 87, 88, 89, Thaura 228
92, 94, 124, 175, 220, 228, 240 Tishrin 88, 206, 283
Safsafeh 77, 78 Tortose 157
Sahyun 23, 29, 30, 44, 88, 92, 173, Tripoli 22, 23, 29, 32, 33, 34, 76, 89,
177, 178, 275 102, 103, 104, 112, 113, 153,
Salamyeh 53 223, 233
Salma 60, 88, 124, 206 Tunisie 101, 246, 262
Sauda 44, 47, 63, 88, 173 Turquie 36, 39, 97, 104, 116, 187,
Sebbeh 41, 86, 180, 183 287
Sheikh Bader 29, 36, 40, 45, 47, 48, Tyr 96, 157
54, 74, 78, 80, 81, 87, 88, 92,
94, 124, 173, 174, 175, 200, Wadi Khaled 102
240 Wadi Nassar 173
Sheikh Daher 207, 209, 210
Sidon 96 Zamrin 226
Sleybeh 206, 207, 209, 226 Ziraa 158, 204, 207, 215
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INDEX DES NOMS DE PERSONNES
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304 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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TABLE DES FIGURES
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306 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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TABLE DES FIGURES 307
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Sommaire
INTRODUCTION
Lʼaménagement du territoire : un instrument de contrôle politique.......................4
Une libéralisation économique contrôlée...............................................................7
La périphérisation de la côte signifie-t-elle la périphérisation
politique des alaouites ? .........................................................................................9
PREMIÈRE PARTIE :
UNE RÉGION ALAOUITE FAVORISÉE ET CLIENTÉLISÉE PAR LE POUVOIR SYRIEN
Introduction ........................................................................................................13
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310 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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SOMMAIRE 311
SECONDE PARTIE :
CONSTRUCTION ET UTILISATION DE LA RÉGION ALAOUITE
PAR LE POUVOIR SYRIEN
Introduction ......................................................................................................141
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312 LA RÉGION ALAOUITE ET LE POUVOIR SYRIEN
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SOMMAIRE 313
CONCLUSION GÉNÉRALE
LE DÉLITEMENT DʼUNE INTÉGRATION NATIONALE INACHEVÉE
ANNEXES
Bibliographie......................................................................................................291
Documents officiels consultés............................................................................297
Index géographique............................................................................................299
Index des noms de personnes.............................................................................303
Table des figures ................................................................................................305
Sommaire ...........................................................................................................309
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ÉDITIONS KARTHALA
Collection Méridiens
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Collection Recherches internationales
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Achevé d’imprimer en novembre 2006
sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery
58500 Clamecy
Dépôt légal : novembre 2006
Numéro d’impression : 611054
Imprimé en France
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Fabrice Balanche
ISBN : 2-84586-818-9
hommes et sociétés