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Commentaire des traductions de Don Quichotte d’Oudin, Viardot et

Canavaggio
Par Matías Moscoso Salvo

Introduction

On abordera ici trois traductions et retraductions du « Don Quichotte » correspondantes à trois


siècles différents. D’abord, celle de César Oudin qui date de 1614 ; ensuite celle de Louis Viardot
de 1836 et finalement celle de Jean Canavaggio de 2001. À partir d’elles on proposera un
commentaire qui rendre compte de leurs points en commun et leurs différences, tout en proposant
des explications qui permettent de les comprendre.

César Oudin, secrétaire royal-interprète fait sa traduction –la première en langue française- à partir
d’une commande royale, peut-être pour honorer l’infante d’Espagne qui allait devenir reine en
France ou pour inciter le jeune Louis XIII à pratiquer la langue espagnole, d’après Picciola (2001)
dans son article « traduire « Don Quichotte » au début du XVIIème siècle ». Cette traduction, elle
en ajoute, est définie par un caractère plus interprétatif que littéraire, car « leur point commun (des
premières traductions du XVIIème siècle) est une sous-estimation de la subtilité de la composition
et de l’écriture cervantine » (138). C’est important de remarquer que cette traduction de la première
partie du Don Quichotte est contemporaine à la version originale qui date de 1605.

La traduction de Louis Viardot, écrivain et critique d’art, d’autre part, est une des plus célèbres qui
existent en langue française, comme dit Jean Canavaggio dans un compte-rendu de 1969 apparue au
Bulletin hispanique. À différence de celle d’Oudin, on est devant une traduction plus littéraire de
l’œuvre de Cervantès.

Quant à la traduction de Jean Canavaggio, elle est la plus récente traduction éditée par la
bibliothèque de La Pléiade chez Gallimard en 2001. Née à partir de la révision que a effectué Jean
Cassou dans les années trente de la traduction d’Oudin, elle vise à s’en démarquer de celle-là pour
mieux s’approcher au « lecteur d’aujourd’hui », comme dit-il dans le préface à son édition « Si
nous n’avons pas suivi Jean Cassou dans sa démarche c’est parce qu’au terme de plus d’un demi-
siècle le travail des premiers traducteurs tout en continuant de retenir l’attention du spécialiste,
déconcerte en revanche le lecteur d’aujourd’hui ». Pour y arriver, il proposera une traduction qui
d’une part vise à maintenir une distance qui respecte la spécificité des textes classiques qui ont
acquis « une patine » dont « on ne saurait pas dépouiller » et d’autre part qui se garde d’une
transposition archaïsante qui rendrait l’œuvre illisible.

À partir de ces trois traductions on proposera un commentaire qui permet de comprendre leurs
différences et leurs points en commun dans trois aspects : les différences d’époque, spécialement à
ce qui corresponde le pas du français du XVIIème siècle à celui de l’époque moderne ; l’utilisation
des articles définis et indéfinis dans la description de Don Quichotte et la position du groupe
adverbial circonstanciel de temps dans le deuxième paragraphe du premier chapitre de l’œuvre.
I. Différences d’époque

a. La position des « pronoms »


Version Traduction Traduction Traduction de
originale d’Oudin (1614) de Viardot (1836) Canavaggio (2001)
« de cuyo nombre no quiero « …du nom duquel je ne me “…dont je ne veux pas me « …dont je ne veux me
acordarme » veux souvenir… » rappeler le nom…” rappeler le nom… »
« … todos cuantos pudo «… tout autant qu’il en put « …autant qu’il put s’en « …autant qu’il put s’en
haber dellos… » recouvrer… » procurer… » procurer… »

Une première différence à remarquer est la position des pronoms entre les versions françaises.
Ainsi, alors que Viardot et Canavaggio mettent le pronom réflexif « me » aussi que le pronom
« en » après les verbes modales « vouloir » et « pouvoir » ; Oudin met ces deux pronoms devant ce
type de verbes.

L’explication à cette situation est donnée par une liberté de style plus grande dans la première partie
du XVIIème siècle qui rendait plus d’options d’emplacement aux pronoms tel qu’il se passait dans
d’autres langues romanes comme l’espagnol ou l’italien. Cette situation a changé au fils de temps et
on trouve déjà chez Vaugelas, dans son œuvre « Remarques sur la langue françoise » de 1647,
recommandations qui visent à rapprocher les verbes de leurs compléments.

b. La désinence de l’imparfait
Version Traduction Traduction Traduction
originale d’Oudin (1614) de Viardot (1836) de Canavaggio (2001)
« …vivía un hidalgo… » « … demeuroit un « …vivait, il n’y a pas « …vivait, il n’y a pas
gentilhomme… » longtemps, un hidalgo… » longtemps, un
gentilhomme… »

Une autre différence liée au temps de production est celle de la désinence de l’imparfait à
l’indicatif. Alors que chez Viardot et Canavaggio on se trouve avec la terminaison actuelle de ce
temps verbal, c’est-à-dire « -ait » pour la troisième personne du singulier ; chez Oudin on trouve
une terminaison pour cette personne en « -oit »

D’après Brunot dans son « Histoire de la langue française » la réforme orthographique qui
détermine qu’on utilise « a » pour la désinence de l’imparfait de l’indicatif est déjà proclamée par
certains grammairiens dans le XVIIème siècle, mais ce n’est qu’au XVIIIème siècle où cette
réforme est mise en marche, grâce à la promotion faite par Voltaire et Jean-François Féraud et
achevée en 1835 par la réforme de l’orthographe française.
II. L’utilisation des articles définis et indéfinis

a. Description de Don Quichotte


Version Traduction Traduction Traduction
originale d’Oudin (1614) de Viardot (1836) de Canavaggio (2001)
« …vivía un hidalgo de los « … demeuroit un « …vivait, il n’y a pas « …vivait, il n’y a pas
de lanza en astillero, adarga gentilhomme de ceux qui longtemps, un hidalgo de longtemps, un
antigua, rocín flaco, y galgo ont la lance au râtelier, une ceux qui ont lance au gentilhomme de ceux
corredor.» targe antique, un roussin râtelier, rondache antique, qui ont lance au râtelier,
maigre et un levrier bon bidet maigre et lévrier de bouclier antique, maigre
coureur.» chasse.» roussin et lévrier
chasseur»

Quant à l’utilisation des articles définis et indéfinis, chez Cervantès on se trouve devant une
description du Quichotte qui fait omission des articles –indéfinis aussi que définis- devants les
éléments qui le caractérisent mieux. Cette décision est suivie par Viardot et Canavaggio, mais non
par Oudin, qui met un article défini devant « lance au râtelier » et des articles indéfinis devant les
éléments suivants.

L’effet que cette décision produit, outre le rythme de l’énumération des éléments, c’est l’union entre
les éléments du groupe qui caractérise au sujet. Ainsi, par exemple, dans « de ceux qui ont lance au
râtelier » on peut comprendre « lance au râtelier » comme une unité qui fait du Quichotte un certain
type de Hidalgo entre autres. Au contraire, l’effet de mettre les articles devant les éléments
nominaux fait d’eux des choses que l’hidalgo avait entre ses biens et non des catégories
particulières qui le définissent.

b. Description de la nourriture de Don Quichotte


Version Traduction Traduction Traduction
originale d’Oudin (1614) de Viardot (1836) de Canavaggio (2001)
« Una olla de algo más vaca « Une marmite, un peu plus « Un pot-au-feu, plus « Un pot-au-feu, avec un
que carnero, salpicón las más de bœuf que de mouton, un souvent de mouton que de peu plus de bœuf que de
noches, duelos y quebrantos saupiquet la plupart du bœuf, une vinaigrette mouton, un salpicon
los sábados, lantejas los temps à souper, des œufs et presque tous les soirs, des presque tous les soirs,
viernes, algún palomino de du lard les samedis, des abattis de bétail le samedi, le des œufs frits au lard le
añadidura los domingos, lentilles le vendredi et vendredi des lentilles, et le samedi, des lentilles le
consumían las tres cuartas quelque pigeonneau de dimanche quelque vendredi, quelque
partes de su hacienda. » surcroît les dimanches, pigeonneau outre l’ordinaire, pigeonneau de surcroît
consommoient les trois parts consumaient les trois quarts le dimanche
de son bien. » de son revenu. » consommaient les trois
quarts de son bien. »

Une autre partie où on trouve des différentes utilisations des articles c’est dans la description de la
nourriture du Quichotte. Cervantès fait omission d’eux –sauf pour « Una olla » et l’utilisation du
déterminant « algún » - alors que dans les trois traductions françaises l’article indéfini « des » si est
ajouté, suivant ainsi les normes grammaticales de la langue qui exigent de le mettre.

Alors, pourquoi les mettre dans un cas et pas dans l’autre ? L’explication c’est le rapport entre le
sujet Don Quichotte et les éléments qui le définissent ou caractérisent. D’abord dans la première
partie tous ces éléments sont introduits par la préposition « de » en faisant d’eux des groupes
nominaux qui sont des compléments du nom, donc il n’y a pas de nécessité d’y mettre l’article.
Dans le deuxième cas, on ne se trouve plus devant des éléments qui définissent le sujet directement,
mais en face d’une série de phrases juxtaposées qui font le sujet de la phrase dont le verbe est
« consumían » et dont le complément d’objet direct est le rapport avec le sujet de la partie antérieur,
ce qui rendre nécessaire d’y mettre les articles correspondants.
III. Complément circonstanciel de temps

a. Description de l’utilisation du temps de Don Quichotte


Version Traduction Traduction Traduction
originale d’Oudin (1614) de Viardot (1836) de Canavaggio (2001)
« Es, pues, de saber que este « Il faut donc savoir que le « Or, il faut savoir que cet « Il faut savoir que notre
sobredicho hidalgo, los ratos temps que notre susdit hidalgo, dans les moments gentilhomme, dans le
que estaba ocioso, que eran gentilhomme étoit oisif (qui où il restait oisif, c’est-à- moments où il était
los más del año, se daba a étoit la plupart de l’année), dire à peu près tout oisif –c’est-à-dire le
leer libros de caballerías… » il s’adonnoit à lire des livres l’année, s’adonnait à lire des plus clair de l’année-,
de chevalerie …» livres de chevalerie…» s’adonnait à lire des
livres de chevalerie…»

Dans la version originale, on s’aperçoit de l’introduction du groupe complément circonstanciel de


temps au milieu de la proposition principale composée par le sujet, le verbe et le complément
« sobredicho hidalgo…se daba a leer libros de caballería ». Cette groupe complément est à la fois
composé par deux phrases : « los ratos que (sobredicho hidalgo) estaba ocioso » et sa subordonnée
« que eran los más del año », introduite par le pronom relatif « que » et composée par « los más »
qui selon le Diccionario de la Real Academia est une forme colloquiale du nom « la mayoría ».

Chez Oudin, d’abord on aperçoit une déplacement de cette structure : la phrase principale « il
s’adonnoit à lire des livres de chevalerie » est laissée à la fin du groupe complément. Ensuite, il se
préoccupe de mettre entre parenthèses la phrase subordonnée de ce groupe, ce qui n’a pas été fait
chez Cervantès. Par rapport à la traduction des mots, on s’aperçoit qu’il traduit « los ratos » par « le
temps », en rendant le sens plus abstrait et ambigu, et « los más del año » par la locution adverbial
« la plupart de l’année ».

Viardot et Canavaggio, au contraire, gardent l’ordre syntactique donné par Cervantès, c’est-à-dire
au milieu de la phrase principale. Mais l’introduction du groupe complément circonstanciel du
temps est effectuée par la préposition « dans » et sa subordonnée par le pronom relatif « où ». Cette
décision les permet de se démarquer de la version originale, en donnant un sens spatial au temps
que Don Quichotte restait oisif. Tous les deux, aussi, traduisent « los ratos » par « les moments »,
en donnant un sens plus concret au temps, à différence d’Oudin. Cependant, ils se différencient par
la traduction de « los más del año » : Viardot, il traduit par « à peu près tout l’année », locution
adverbiale plus floue dans sons sens que « le plupart », alors que Canavaggio, il traduit par la
locution adverbiale « la plus claire », ce qui rendre à nouveau le sens plus colloquial de l’original.

L’explication du déplacement effectué par Oudin, on peut la trouver chez Picciola (2001), quand
elle expliquait qu’on doit comprendre le travail du secrétaire-royal dans une perspective plus
interprétative que littéraire. Ainsi, il aurait cherché de rendre le plus claire que possible la version
originale au lectorat française : d’abord le groupe complémente circonstanciel du temps,
soigneusement délimité en ses parties par un parenthèse, puis la phrase principale. Viardot et
Canavaggio, déjà dans une perspective plus littéraire rendent à nouveau l’emplacement du groupe
que Cervantès l’avait donné. Peut être, dans ce même sens on pourrait comprendre la décision de
retourner à un sens plus concret du temps, en gardant la notion particulière de « los ratos » à travers
la traduction « les moments » et l’addition d’une notion spatiale par « dans » et « où ». Finalement,
on pourrait comprendre la traduction de « los más del año » par « la plus claire » chez Canavaggio à
partir de son intention de rendre plus « actuelle » la version originale, en introduisant des locutions
plus colloquiales que ses prédécesseurs.
Bibliographie

Traductions du Quichotte

- Cervantès, Miguel de. « L’Histoire de Don Quichotte de la Manche » Traduction par César
Oudin [1614]. Éditions Jouaust. 1884
- Cervantès, Miguel de. « L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche ». Traduction
par Louis Viardot. J.-J. Dubochet, 1836.
- Cervantès, Miguel de. « L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche ». Traduction.
Jean Canavaggio et al. Bibliothèque de la Pléiade. Gallimard. 2001.

Références

- Bruno, Ferdinand. « Histoire de la langue française». Armand Colin. Tome VI, 2e partie,
1966. p. 961-963.
- Canavaggio, Jean. « Cervantès, l’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche.
Traduction de Louis Viardot » Compte Rendu. Bulletin hispanique, tome 71, nº 3 – 4, 1969.
p. 690.
- Canavaggio, Jean. « Préface » dans Cervantès, Miguel de. L’Ingénieux hidalgo Don
Quichotte de la Manche. Bibliothèque de la Pléiade. Gallimard. 2001.
- Picciola, Liliane. « Traduire « Don Quichotte » au début du XVIIe siècle ». Revue de deux
mondes. Avril. 2001. p. 137 – 147.
- Vaugelas, Claude Favre de. « Remarques sur la langue françoise, utiles à ceux qui veulent
bien parler et bien écrire ». Pierre Le Petit. 1647.

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