THÉRAPIES ALTERNATIVES
Guide des
Thérapies alternatives
Principes, efficacité
et risques
Avec la collaboration de
Krista Federspiel etVera Herbst
Pourquoi
un tel guide?
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Pourquoi
un tel guide?
M ê m e les patients bien i n f o r m é s ne savent, dans la Le besoin croissant d'information et d'aide à l'orienta-
plupart des cas, que peu de choses sur les fonde- tion a donc m o t i v é la r é d a c t i o n de ce guide pratique,
ments, les risques et les effets secondaires des m é d e - qui a pour but de donner aux personnes intéressées
cines dites douces. La raison en est simple : les promo- une série de critères qui leur permettent de d é c i d er si
teurs de ces m é t h o d e s ne vont é v i d e m m e n t pas insis- elles souhaitent oui ou non suivre un traitement "dif-
ter sur leurs aspects p r o b l é m a t i q u e s . Et ce qui, de f é r e n t " . Quel est le rapport c o û t - s e r v i c e des m é d e -
prime abord, porte l ' é t i q u e t t e "naturel" est rarement cines naturelles et des t h é r a p i e s alternatives ? Quelles
remis en doute. Pourtant, quiconque se demande ce sont les m é t h o d e s qui promettent de l'aide et fonc-
qui justifie la confiance placée dans ces m é d e c i n e s al- tionnent vraiment ? A quels frais doit-on s'attendre ?
ternatives, attendra souvent en vain une r é p o n s e satis- Et le plus important : à quel praticien peut-on s'en re-
faisante. Une personne sur deux ayant testé "l'alterna- mettre ?
tif" est g é n é r a l e m e n t d é ç u e . Ce guide pratique est un c o n d e n s é de toutes les
Pour le consommateur, le boom du bio, du naturel, m é t h o d e s naturelles de soins et de toutes les t h é r a p i e s
de l'alternatif et de l ' é s o t é r i q u e a ses avantages et ses alternatives connues à ce jour; il se veut donc être une
i n c o n v é n i e n t s . L'offre en m é t h o d e s , produits et appa- r é p o n s e aux questions pressantes des personnes qui
reils de soins croît sans cesse et est de moins en moins souhaitent faire confiance à ce genre de m é d e c i n e s .
transparente. C o n f o r m é m e n t à la t â c h e que Test-Achats s'est as-
Parmi celles-ci figurent quelques nouvelles créa- signée, ce guide pratique soumet toutes les m é t h o d e s
tions comme des appareils assistés par ordinateur ou la t h é r a p e u t i q u e s alternatives à des critères stricts et se
m é d i t a t i o n mystique venue d'Extrême-Orient , mais aussi fonde sur les connaissances médicale s les plus ac-
des m é t h o d e s de traitement depuis longtemps oubliées tuelles. Les conflits scientifiques ne peuvent é v i d e m -
et m ê m e considérées avec mépris telles que l'urinothéra- ment pas être réglés dans ce cadre. Cependant, si des
pie, qui jouissent d'une véritable renaissance. preuves scientifiques claires manquent pour prouver
Manque é g a l e m e n t de transparence la qualification qu'une "nouvelle" m é t h o d e t h é r a p e u t i q u e est - dit-
des personnes qui offrent et pratiquent ces médecines al- on - efficace ou s'il y a des é l é m e n t s qui donnent à
ternatives. Les patients ont le choix entre des médecins penser que son utilisation n'est pas d é p o u r v u e de
ayant suivi formations et recyclages en profondeur, qui risques, nous ne pouvons pas la recommander sans r é -
" tentent le coup " pour être à la mode, des naturopathes, serves.
des personnes issues d'autres professions du secteur de la Cette attitude critique et c o h é r e n t e suscitera peut-
santé ayant suivi une formation c o m p l é m e n t a i r e solide être des critiques de la part de certains t h é r a p e u t e s .
ou parfois douteuse, des guérisseurs autoproclamés ou Pourtant, les effets secondaires et les dangers de cer-
encore de purs charlatans. La plaque sur la porte du cabi- taines m é t h o d e s ne peuvent en aucun cas être tus. Et
net reste très laconique sur le type d'activités pour les- toute personne qui promet la g u é r i s o n est mise au d é f i
quelles la personne est véritablement qualifiée. et doit faire la preuve de son h o n n ê t e t é .
7
Sommaire
Sommaire
11 Les thérapies de A à Z 60 La s a i g n é e
14 La méthode 61 Le traitement par sangsues
62 Les ventouses
63 La t h é r a p i e de Baunscheidt
64 L ' e m p l â t r e de cantharidine et la fontanelle
16 Prendre sa santé en main 66 La photothérapie
68 Les massages classiques
17 La médecine empirique 71 Le drainage lymphatique
19 Le changement d'étiquette 71 Le massage sous l'eau par jets à haute pression
20 L'effet placebo 72 Les massages de zone réflexe
21 La contrôlabilité 72 Le massage du tissu conjonctif
21 La médecine holistique 72 Le massage de zone réflexe musculaire
22 La consommation et la croyance dans les appareils 72 Le massage du périost e
23 Le développement des médicaments 73 Le massage du c ô l o n
24 Les thérapeutes et leur formation 74 La médecine manuelle (ostéopathie, chiropraxie)
26 L'expérimentation sur l'homme 76 La thérapie du mouvement
82 L'alimentation
83 La d i é t é t i q u e qualitative
86 L'alimentation selon Kollath
28 Principes de base 86 Le r é g i m e de Bircher-Benner
des thérapies 87 Le r é g i m e de Schnitzer
88 Le r é g i m e de Bruker
30 La stimulothérapie ou thérapie de régulation 89 Le v é g é t a r i s m e
33 L'immunomodulation 90 Le r é g i m e dissocié de Hay
37 La thérapie de l'ordre 91 La macrobiotique
92 Le j e û n e
95 La cure de Mayr
96 La cure de Schroth
40 Méthodes thérapeutiques 97 L'alimentation instinctive
classiques 98 Les o l i g o é l é m e n t s
100 Les "modes" dans l'alimentation
42 Les thérapies du chaud et du froid 100 La gelée royale
44 Le sauna et le bain de vapeur 100 Le miel
47 La t h é r a p i e de Kneipp 100 Le komboucha
51 Les applications d'eau 101 La propolis
57 Les enveloppements et les compresses 101 LeQlO
59 Les processus révulsifs 102 Le lait de jument
8
Sommaire
9
Sommaire
314 Index
10
Les thérapies
deAàZ
Les thérapies de A à Z
D
Diagnostic de la langue, de la main, 298
Acupression 159 du pied et de l'oreille
Acupuncture 153 Diagnostic des pupilles 288
Ail 115 Diagnostic électroneural 284
Alimentation 82 Diagnostic par thermorégulation 294
Alimentation instinctive 97 Dialyse sanguine 253
Alimentation selon Kollath 86 Diététique qualitative 83
Analyse minérale des cheveux 285 Dioxyde de carbone (traitement au) 224
Anthroposophie 172 Drainage lymphatique 71
Applications d'eau 51
Arbre de vie 118
Aromathérapie 184 E
175 Eau minérale et médicinale 102
Art-thérapie
187 EAV 281
Aura (traitement de I')
189 Echinacée 120
Auriculothérapie
205 Ecologie clinique 290
Auto-hémothérapie
161 Electroacupuncture selon Voll 281
Ayurveda
Electrostimulation nerveuse transcutanée 267
Eleuthérocoque 114
B Elixirs floraux de Bach 194
Bach (thérapie florale de) 194 Emplâtre de cantharidine 64
Bain de vapeur 44 Entraînement oculaire 262
Baunscheidt (thérapie de) 63 Enveloppements • 57
Biochimie selon SchiJssIer 197 Enzymothérapie 210
Biodanse 136 Ethnomédecine 146
Bioélectronique 277 Eutonie 124
Biofeedback 123
Biorésonance 277
11
Les thérapies
deAà Z
JelJne 92
N
Nosodes 235
Kinésiologie appliquée 274
Kinesthétique éducationnelle 274 0
Kirlian (photographie) 288 Oligoéléments 98
Kneipp (thérapie de) 47 Ordre (thérapie de 1') 37
Komboucha 100 Organothérapie 238
Ostéopathie 74
Oxydation hématogène (thérapie d') 253
Oxygénothérapie en étapes 259
Lait de jument 102
Oxygénothérapies 252
Laserthérapie 225
Ozonothérapie 256
Lithothérapie 203
M
Pendule 293
Macrobiotique 91
Perfusion d'oxygène (traitement par) 255
Magnétothérapie 227
Photographie de Kirlian 288
Maria Treben 113
Massage de zone réflexe musculaire 72 Photothérapie 66
Massage du côlon 73 Phytothérapie 103
Plantes médicinales 103
Massage du périoste 72
Processus révulsifs 59
Massage du tissu conjonctif 72
Produits "à la mode" 114
Massage magnétique 187
Propolis 101
Massage pétéchial par succion 248
Massage sous l'eau par jets à haute pression 71
Massages classiques 68
Massages de zone réflexe 72 010 101
12
Les thérapies
deAàZ
Qigong 160
TENS 267
Test électrocutané 284
R
Test électrofocal 284
Radiesthésie 295
Thérapie cranio-sacrée 202
Réflexologie plantaire 217
Thérapie électroneurale 284
Régénération matricielle (thérapie de) 248
Thérapie microbiologique 229
Régime de Bircher-Benner 86
Thérapie neurale selon Huneke 232
Régime de Bruker 88
Thérapie respiratoire 128
Régime de Schnitzer 87
Theurer (thérapie de) 241
Régime dissocié de Hay 90
Thuya 118
Régulation (thérapie de) 30
Thymus (thérapie à base de) 242
Reiki 250
Touch for Health 274
Relaxation 121
Training autogène 123
Relaxation fonctionnelle selon Fuchs 124
Relaxation selon Jacobson 123
Remèdes autologues 190 u
Rhabdomancie 295 Urine autologue (traitement par) 207
Rolfing 251
Végétarisme 89
Saignée 60 Ventouses 62
Sangsues (traitement par) 61
Sauna 44
Shiatsu 159
Spagyrique 265 Yoga 167
Stimulothérapie 30
13
La méthode
Ce guide s'est fixé pour objectif de p r é s e n t e r tous les
faits et opinions qui portent sur le sens, l'efficacité et
les risques des m é d e c i n e s naturelles. Selon les possibi-
lités, il reprend le large spectre des d é f e n s e u r s et des
d é t r a c t e u r s de ces m é t h o d e s .
Le nombre des m é t h o d e s t h é r a p e u t i q u e s propo-
sées sous l'appellation " m é d e c i n e s naturelles" est par-
t i c u l i è r e m e n t élevé. Certaines ont leurs racines dans
des pays comme l'Allemagne ou l'Autriche mais ont
largement dépassé leurs f r o n t i è r e s , tandis que d'autres
se limitent plus au plan r é g i o n a l . Certains procédé s se
fondent sur des traditions venues d ' E x t r ê m e - O r i e n t ,
d'autres sont originaires des États-Unis. Nous avons
choisi de p r é s e n t e r des m é t h o d e s qui se sont fait un
nom et dont l'application est connue.
Sont ici décrites comme m é t h o d e s t h é r a p e u t i q u e s
classiques celles qui utilisent des moyens naturels, qui
ont fait leurs preuves depuis longtemps et dont l'effi-
cacité est p r o u v é e . Elles sont reconnues par les
sciences naturelles médicales. Étant d o n n é que les
cures réunissen t tous les principes et m é t h o d e s des
m é d e c i n e s naturelles, elles se trouvent à la fin du cha-
pitre c o n c e r n é .
Un chapitre séparé p r é s e n t e les systèmes m é d i c a u x
é t r a n g e r s , qui se distinguent de notre tradition m é d i -
cale par leur bagage culturel et par la pensée religieuse
qui les sous-tend.
Pour ce qui est des systèmes m é d i c a u x alternatifs,
nous d é c r i v o n s des concepts complets qui se sont im-
posés comme des m é t h o d e s i n d é p e n d a n t e s et sont re-
connus comme orientations t h é r a p e u t i q u e s spéci-
fiques.
Sont classées comme "non conventionnelles" les
m é t h o d e s t h é r a p e u t i q u e s qui ne sont pas (encore) ou
plus reconnues par le monde scientifique. Le fait qu'il
soit fait é t a t de réussites t h é r a p e u t i q u e s g r â c e à l'em-
ploi de ces m é t h o d e s ne suffit pas pour en faire des
techniques c o m m u n é m e n t a c c e p t é e s . Une m é t h o d e
ne pourra être c o n s i d é r é e comme ayant fait ses
preuves que si son e f f i c a c i t é est clairement a v é r é e.
La méthode
15
Prendre sa santé en main
16
Prendre
sa santé
en main
17
Prendre
sa santé
en main
18
Le changement
d étiquette
pour l'environnement et une certaine nostalgie de la semaines de traitement au centre, 91 % des patients
nature se d é v e l o p p e n t peu à peu pour contrer le carac- ont dit se sentir mieux. L'efficacité du traitement a g é -
tère autodestructeur de la civilisation technique. n é r a l e m e n t correspondu au taux de réussite attendu
Il est vrai que certaines maladies, blessures ou infec- par le patient.
tions aiguës ne sont plus aussi redoutables qu'aupara-
vant grâce à l'art de la m é d e c i n e ; pourtant, de plus en
plus de gens souffrent de troubles du b i e n - ê t re et de
pathologies chroniques : c'est la réponse de l'orga-
nisme aux pollutions que sont le bruit, les mauvaises
odeurs, le stress, le manque d'affection, la consomma-
tion de tabac et d'alcool et bien d'autres choses encore.
Le niveau de vie augmente et avec lui les exigences
des être humains quant à leur s a n t é . La crainte des ef-
Le changement d ' é t i q u e t t e
fets secondaires des m é d i c a m e n t s augmente, de Les concepts t h é r a p e u t i q u e s préférés sont ceux qui se
m ê m e que les désillusions quant à une " m é d e c i n e ad- disent "biologiques, doux et fortifiants". Mais toutes
ministrative", qui tient compte du résultat de l'examen les formules p r o p o s é e s ne sont pas des m é t h o d e s t h é -
m é d i c a l mais pas de l'état de santé du patient et qui rapeutiques naturelles. Bon nombre "d'alternatives"
traite la pathologie mais perd le malade de vue. sont bien loin du compte. Elles n'utilisent aucun pro-
Selon une é t u de allemande, 30 à 90 % des patients duit naturel (voir e n z y m o t h é r a p i e p. 210), les p r o c é d é s
quittent occasionnellement la sphère de la médecine aca- utilisés ne sont pas doux mais r e p r é s e n t e n t bien au
d é m i q u e et font confiance à d'autres m é t h o d es thérapeu- contraire une agression pour le corps et le blessent
tiques; la moitié de la population allemande prend réguliè- (voir t h é r a p i e de Baunscheidt p. 63).
rement des "remèdes naturels". Ces chiffres n'en restent Les rapports positifs ou tout simplement d é p o u r v u s
pas moins très vagues car chaque personne a sa propre in- de toute critique que l'on peut lire dans les médias per-
terprétation de ce que sont les "remèdes naturels". mettent à tous les procédé s populaires de jouir d'une
La majeure partie des patients reconnaissent qu'ils grande n o t o r i é t é . De plus, de nombreux d é f e n s e u r s
attendent des m é d e c i n e s alternatives une aide s u p p l é - des m é t h o d e s non conventionnelles en font une large
mentaire, un c o m p l é m e n t au traitement qu'ils suivent publicité dans la presse à sensation, avec la collabora-
déjà et qu'ils attendent de ces m é t h o d e s un renforce- tion de personnes connues et guéries grâce à eux. Sou-
ment de leurs défenses immunitaires et des effets se- vent, ce qui est "naturel" est aussi synonyme de "non
condaires m o d é r é s . Une autre motivation - et non des reconnu scientifiquement". D'autres naturopathes se
moindres - qui les anime est de pouvoir participer ac- parent de faux titres de professeurs ou fondent des so-
tivement à leur propre g u é r i s o n . ciétés aux noms ronflants du genre "Institut internatio-
L'université britannique de Southampton dispose nal de recherche sur...", qui donnent l'impression qu'il
en son sein d'un centre d ' é t u d e des t h é r a p i e s alterna- s'agit d'un organisme scientifique reconnu.
tives. Dans ce centre, des chercheurs analysent les par- Les informations fallacieuses et la propagande du
cours m é d i c a u x des patients avant qu'ils ne choisissent bouche à oreille laissent croire que de telles m é t h o d e s
les m é d e c i n e s alternatives. Dans 83 % des cas, l'échec sont d é p o u r v u e s d'effets secondaires et peuvent faire
de plusieurs traitements conventionnels a é t é la raison des miracles.
du changement de cap; 31 % des personnes é t u d i é e s Les thérapeutes non conventionnels s'adressent avant
se sont dites insatisfaites du manque de c o m p r é h e n - tout aux patients qui sont p r o f o n d é m e n t gênés par des
sion de leur m é d e c i n traitant; 29 % se sont quant à s y m p t ô m es chroniques tels que des rhumatismes, des mi-
elles plaintes des examens m e n é s à la h â t e . A p r è s huit graines ou des allergies. Ils s'adressent aussi à des per-
19
Prendre
sa santé
en main
sonnes dont les causes de maladie sont probablement psy- Leffet placebo peut être induit par de nombreuses sub-
chiques et à des parents soucieux du devenir d'un enfant stances : des c o m p r i m é s de sucre sans effet médicinal ou
qui souffre de troubles du développement. Ils promettent de vrais médicaments à l'effet pharmacologique bien réel.
d'aider ceux qui souffrent d'un cancer, de la sclérose en Les m é d i c a m e n t s ne sont pas les seuls à avoir une
plaques ou du sida, ou encore de maladies causant des influence sur le malade; les êtres humains qui l'entou-
souffrances que la médecine conventionnelle peut à peine rent ont eux aussi une influence. Ainsi, ce qu'un m é -
apaiser et contre lesquelles cette dernière ne dispose d'au- decin dit à son patient, la m a n i è r e dont il le conseille
cun remède qui fonctionne à coup sûr. Si auparavant on peuvent aussi induire une a m é l i o r a t i o n de l'état de
pensait pouvoir guérir de telles maladies à l'aide des m é d e - santé de ce dernier. La foi du m é d e c i n en sa t h é r a p i e
cines alternatives, aujourd'hui celles-ci s'entendent plus et la confiance du patient dans son m é d e c i n peuvent
comme traitement d'accompagnement et se nomment aussi influer sur l'effet que produira un traitement m é -
d'ailleurs médecines supplémentaires, " c o m p l é m e n t a i r e s " . dical. Les deux é l é m e n t s précités se renforcent mutuel-
Avec des mots clés comme "renforcer le système immuni- lement et ne peuvent être dissociés. Le secret de la
taire" ou "tonifier les défenses du corps", l'efficacité des réussite d'une t h é r a p i e d o n n é e réside dans cette rela-
médecines alternatives se voit expliquée d'office, sans de- tion de confiance. Par son d é v o u e m e n t , le t h é r a p e u t e
voir être prouvée et sans être remise en question. fait croître l'espoir de g u é r i s o n chez le malade.
Tout un chacun a déjà entendu parler des limites de la Dans chaque traitement, le "cadre" joue aussi un rôle
m é d e c i n e a c a d é m i q u e : chacun connaît au moins un important : un appareillage sophistiqué, un dosage m é -
malade qui a vécu personnellement et douloureusement dicamenteux très stricts, des indications c o m p l i q u é e s sur
ces limites. Mais l'on oublie par trop souvent que les m é - le comportement à adopter et la conviction que le m é d i -
decines naturelles ne sont pas toutes puissantes non plus cament est particulièrement efficace peuvent faire passer
et que les techniques non conventionnelles ne sont pas le taux de réponse positive au placebo de 25 à 75 % .
exemptes de dangers et d'effets secondaires. Et l'on ap- Dans ces cas-là, les placebos fonctionnent comme
prend parfois quelque chose à ses dépens : une per- thérapeutes et patients le souhaitent : ils apaisent et soi-
sonne sur deux ayant testé les médecines non conven- gnent. Pourtant, l'inverse aussi est tout à fait possible :
tionnelles a ét é déçue par celles-ci. les placebos peuvent aussi renforcer les douleurs alors
qu'ils sont censés les soulager, ils peuvent exciter alors
qu'ils sont supposés apaiser, etc. Tout comme les m é d i -
L'effet placebo caments actifs peuvent avoir des effets secondaires indé-
Les placebos sont de pseudo-pro- sirables, les placebos peuvent é g a l e m e n t présenter un
duits pharmaceutiques. Ils ne ren- effet nocebo : les placebos peuvent en effet provoquer
ferment aucune substance active des hausses de tension, donner des sueurs ou causer des
mais agissent tout de m ê m e sur le éruptions cutanées et bien d'autres choses encore.
patient. Les placebos peuvent en- La part de l'effet placebo dans l'apaisement ou la
traîner des changements mesu- g u é r i s o n d'une maladie est e s t i m é e entre 20 et 70 % .
rables dans le corps humain et peuvent m ê m e avoir des Ceci est valable pour les traitements m é d i c a u x conven-
effets secondaires. L'effet placebo participe à tout pro- tionnels avec administration de m é d i c a m e n t s , ainsi
cessus de guérison ou d ' a m é l i o r a t i o n d'un état de santé que pour les t h é r a p i e s "alternatives" .L'un des facteurs
quel que soit le type de m é d e c i n e e m p l o y é . décisifs pour l'ampleur de l'effet placebo positif est
Les maladies et symptômes qui se fondent sur les l'attitude d ' e s p é r a n c e et d'attente avec laquelle le pa-
échanges qui existent entre le corps et l'esprit sont particu- tient va à la rencontre de son t h é r a p e u t e .
lièrement perméables à cet effet placebo. Ceci a d'ailleurs Chaque traitement c o u r o n n é de succès comprend
été confirmé avec certitude par de nombreuses études. une composante placebo et tout bon t h é r a p e u t e l'utili-
20
La médecine
holistique
sera en connaissance de cause. Le fait que bien des m é - Par contre, s'il est scientifiquement prouvé que la m é t h o d e
decines alternatives ne soient pas connues des patients et ne fonctionne pas ou si ses risques sont documentés, bon
que le t h é r a p e u te doive commencer par leur en expliquer nombre des défenseurs des médecines alternatives ont
le principe, le fait aussi que bien des traitements se fon- tendance à l'ignorer ou le cachent tout bonnement à leurs
dent sur un premier dialogue intensif entre t h é r a p e u t e et patients. Nombre de thérapeutes non conventionnels se
patient plaident pour l'établissement d'un lien de sont débarrassés des éléments non probants de leur m é -
confiance entre le t h é r a p e u te et celui qui a besoin de son thode et ont pris leurs distances par rapport aux marginaux
aide. Par ailleurs, la plupart des m é t h o d e s "alternatives" de leur école. En h o m é o p a t h i e et en médecine anthropo-
sont basées sur un traitement personnalisé et privé. Les sophique, les tests scientifiques étaient auparavant catalo-
thérapeutes peuvent donc prendre le temps nécessaire gués de "contraires à l'éthique" et rejetés, car ils ne te-
pour leurs patients et leur donner le sentiment qu'ils sont naient pas suffisamment compte de l'être humain dans son
pris au sérieux en tant que personnes souffrantes. Le t h é - entièreté. Cependant, afin de jouir de la reconnaissance du
rapeute est payé en fonction du temps passé avec un pa- grand public, les anthroposophes travaillent actuellement à
tient, contrairement aux médecins conventionnés et dont l'élaboration d'une m é t h o d e qui prenne en considération
la consultation est payée sur une base forfaitaire. les exigences de ces orientations médicales particulières
Le prix que le patient doit payer de sa poche pour fi- tout en n'oubliant pas de satisfaire les demandes de
nancer son traitement n'est pas le dernier é l é m e n t à preuves acceptables et reproductibles quant à l'efficacité de
renforcer son désir que l'effort financier consenti la m é t h o d e . Des sommes considérables ont déjà été inves-
puisse être utile à sa s a n t é . ties dans la recherche afin de prouver que le principe actif
avancé par l'homéopathie - c'est-à-dire que les remèdes
h o m é o p a t h i q u es transmettent des "informations" au
La c o n t r ô l a b i l i t é corps humain - est bien exact. La preuve n'a pas encore été
faite. Des études sont disponibles sur l'effet thérapeutique
Dans l'exercice de la m é d e c i n e , il y a aussi des
des remèdes homéopathiques, mais elles sont de qualités
"modes" changeantes. Des m é t h o d e s qui é t a i e n t hier
très diverses et fournissent des résultats contradictoires.
p o r t é e s aux nues sont aujourd'hui o u b l i é e s . Pour pro-
t é g e r les patients, il faut lutter pour que chaque type
de traitement avec son utilité et ses risques fasse l'ob-
jet d'autant de recherches aussi intensives et objectives
que possible. Ceci vaut pour la m é d e c i n e a c a d é m i q u e
mais aussi pour les t h é r a p i es "alternatives".
Pour bien des procédés thérapeutiques non conven-
tionnels, la documentation et les résultats manquent, de
m ê m e d'ailleurs qu'une comparaison qui prouve que telle
ou telle m é t h o d e est au moins aussi efficace, voire m ê m e
plus efficace que les traitements conventionnels. Une expé-
rience positive suffit généralement à de nombreux utilisa- La m é d e c i n e holistique
teurs pour prouver l'efficacité et la réussite d'une m é t h o d e . Dans les a n n é e s 80, on assista à un tournant par rap-
De nombreux défenseurs des nouvelles méthodes lais- port à la vision de l'homme et de la santé qui r é g n a i t
sent à la médecine académique qu'ils critiquent le soin tant au siècle des lumières : comme à l ' é p o q u e qui a p r é -
de prouver si leur technique est une thérapie vraiment digne cédé la d é c o u v e r t e des sciences, on se mit à nouveau
de ce nom. Ils contestent les incidents ou les attribuent à à considérer l'être humain comme un é l é m e n t du cos-
une "technique mal a d a p t é e " , ils critiquent donc le théra- mos qui ne peut rester en bonne santé que s'il est "en
peute afin de ne pas égratigner la m é t h o d e employée. phase avec le cosmos et la nature". Les concepts clés
21
Prendre
sa santé
en main
de cette vision du monde, a p p e l é e "New Age", sont le ne peut dire ce qui parmi tout cela fonctionne ou ne
" t o u t " et la " s p i r i t u a l i t é " , un esprit qui s'infiltre par- fonctionne pas, ni comment. De cette m a n i è r e , il de-
tout. Ces idées font renaître les anciennes r e p r é s e n t a - vient très difficile d'attester des risques, des effets se-
tions divines des cultures du Moyen- et de l'Extrême - condaires et de l'inefficacité d'une m é t h o d e isolée.
Orient, les m é l a n g e n t et les fondent les une aux
autres. Le New Age veut unir les objets et propager
une "nouvelle conscience", qui puisse rassembler
dans un ordre s u p é r i e u r toutes les d é c o u v e r t e s faites
j u s q u ' à présent .
Mais si l'on y regarde à deux fois, on constate que
cette orientation suit souvent une f a ç o n de penser de
cause à effet bien plus linéaire que la m é d e c i n e
conventionnelle. Ses m o d è l e s explicatifs sont certes
d i f f é r e n t s mais l'absolu, qui est la base de sa vision de La consommation
monde, francfiit souvent la f r o n t i è r e du dogmatisme. et la croyance dans les appareils
Les nouvelles écoles de la santé se disent "glo- La tendance prend une tournure dangereuse : le tourisme
bales" ou "holistiques". Elles affirment que l'état sub- de la guérison interpelle les gens en leur offrant de l'exo-
jectif doit être plus pris en compte que les diagnostics tisme. On importe et consomme des médecines é t r a n-
établis à l'aide d'appareils et veulent é l i m i n e r les gères sans tenir compte du fait que lorsque celles-ci pas-
causes de la dysharmonie entre le corps et l ' â m e . Ces sent d'une culture à une autre leur contenu aussi change.
m é t h o d e s holistiques promettent bien plus que la Les instituts ésotériques et la vente par correspondance
s a n t é et ciblent ainsi le désir de beaucoup d'individus offrent à des prix prohibitifs amulettes et "objets protec-
qui recherchent aussi la g u é r i s o n au sens spirituel du teurs" qui doivent protéger d'ondes (soi-disant) nocives.
terme. D'innombrables livres r é p a n d e n t des théories volonta-
Ces t h é o r i e s font appel à des techniques occultes ristes et déstabilisantes et des ébauches de théories in-
telles que l'astrologie, le pendule et la photographie sensées pour faire de l'auto-traitement. Et pour ce faire,
de Kirlian et en reviennent à des p r o c é d é s anciens et on n'hésite pas à invoquer les plus hautes instances :
non conventionnels tels que la spagyrique. Elles sup- ainsi. Maria Treben appela son recueil de recettes aux
posent qu'il y a des "vibrations", des "rythmes" et des plantes médicinales "La pharmacie de Dieu". Le marché
" r é s o n a n c e s " dans un corps malade et veulent "mo- des thérapies alternatives est en plein boom et enregistre
duler" ces énergies par la g u é r i s o n de l'esprit et l'im- un chiffre d'affaires qui se compte en milliards.
position des mains. Elles ont recours à des m é t h o d e s Lors des congrès de m é d e c i n e holistique, on pré-
qui doivent "conduire a u - d e l à " du moi. La relaxation sente des appareils c o m p l i q u é s de diagnostic et de t h é -
et la m é d i t a t i o n sont considérée s comme des m é - rapie qui ne peuvent rien diagnostiquer, ni rien soigner.
thodes qui aident à être en bonne s a n t é , elles se veu- Les "mesures" qui sont censées d é t e r m i n e r les allergies,
lent vaincre le cancer et m ê m e le sida g r â c e à la pen- prouver un empoisonnement, voire m ê m e une ten-
sée positive. dance à d é v e l o p p e r un cancer ont des conséquences
Le r é p e r t o i r e t h é r a p e u t i q u e de cette "médecine t h é r a p e u t i q u e s majeures. Une certaine nouvelle m é d e -
globale" est peu efficace et doit m ê m e - lorsqu'il est cine à appareils étale aujourd'hui les fastes de sa tech-
utilisé seul - être classé dans la c a t é g o r i e des m é - nologie, m ê m e si tout ce faste ne peut remplacer la
thodes dangereuses. En effet, les naturopathes pla- preuve tangible de l'efficacité d'une m é t h o d e . Ces for-
cent volontiers sous le titre "global" un large spectre mules vont à la rencontre d'une attitude de consomma-
de p r o c é d é s et de produits d i f f é r e n t s . Et plus personne tion très r é p a n d u e chez les patients d'aujourd'hui.
22
De nombreuses personnes qui ne se sentent pas bien déjà commercialisés, bien q u e certains contiennent
clioisissent u n médecin " a l t e r n a t i f " c o m m e s'ils v o u - t o u t de même d e nouveaux ingrédients actifs. A u cours
laient faire réparer leur propre appareil : le guérisseur de la phase préliminaire d e la recherche, jusqu'à
doit leur rendre la santé et faire en sorte qu'ils la gardent. 10 0 0 0 liaisons chimiques s o n t testées p o u r en établir
Quelques-uns de ces patients seulement sont prêts à l'utilité en t a n t q u e p r o d u i t médical, mais u n e petite
vivre de manière plus naturelle. Pourtant, une initiative partie seulement est sélectionnée pour la mise au
personnelle et la responsabilité de soi et de sa santé sont p o i n t . Le développement d ' u n e nouvelle substance ac-
les f o n d e m e n t s mêmes de t o u t t r a i t e m e nt naturel. tive p e u t prendre 10 ans et coûter plusieurs milliards.
On p e u t dire q u ' u n e nouvelle substance active sur cinq
s e u l e m e n t , u n e fois commercialisée, arrive à a m o r t i r les
Le développement frais d e recherche e t de développement.
des médicaments C h a q u e nouveau produit lancé à des fins médicales
La catastrophe de la t h a l i d o m i d e , commercialisée sous d o i t être enregistré par le g o u v e r n e m e n t (en pratique le
le n o m de S o f t e n o n , a secoué le m o n d e des médica- Ministère de la santé publique) avant d'être lancé sur le
m e n t s . Jamais a u t a n t de personnes n'avaient s o u f f e r t marché. Tous les médicaments destinés à la c o n s o m m a -
à cause d ' u n médicament d o n t elles étaient c o n v a i n - t i o n h u m a i n e o u animale vendus o u mis à disposition
cues d e la sécurité. C'est p o u r q u o i d e nouvelles procé- doivent répondre à certaines normes. A cet effet, le m i -
dures o n t été mises sur pied p o u r éviter des effets se- nistère d o i t disposer au préalable d ' u n m a x i m u m d ' i n f o r -
condaires aussi catastrophiques . mations concernant la qualité, l'efficacité et la sécurité
L'exigence de prouver l'utilité des préparations par du produit. Lévaluation de la qualité concerne les pro-
renforcé les recherches menées dans le d o m a i n e des des composants considérés c o m m e n o n actifs et qui ser-
et aux effets d e certaines plantes. manière d o n t la substance active est combinée aux
treprises belges, mais aussi (ou s u r t o u t ) m u l t i n a t i o n a l es qué et emballé et quelle sera sa durée de conservation
sont très prospères grâce à la recherche, à la mise au après qu'il ait quitté l'usine. La commission compétente
C h a q u e année, de nouveaux produits sont lancés; il des risques qu'il c o m p o r t e par rapport à ses effets béné-
23
Prendre
sa santé
en main
Les essais réalisés en laboratoire et sur a n i m a u x a p p o r - séminaires pour s'informer et que seuls 17 % avaient p u
t e n t des i n f o r m a t i o n s sur l'efficacité d ' u n médicament suivre une f o r m a t i o n spécifique. Pour savoir si vous avez
et sur ses éventuels effets t o x i q u e s (toxicité). Ensuite, choisi u n b o n thérapeute et donc si vous êtes en de
le p r o d u i t d o i t subir u n essai sur un g r o u p e de per- bonnes mains, voyez les encadrés ci-contre.
sonnes s u f f i s a m m e n t i m p o r t a n t - volontaires sains et Il se peut q u e le thérapeute ne soit pas très c o m m u -
malades ayant besoin d ' u n t r a i t e m e n t - d o n t la c o m - nicatif de prime a b o r d . O u peut-être n'avez-vous pas
p o s i t i o n d o i t refléter précisément le g r o u p e cible a u - compris t o u t ce qu'il a d i t et avez-vous encore des ques-
quel s'adresse le f u t u r médicament. Les médicaments tions à poser. En t o u t cas, vous devez avoir eu réponse
spécialement destinés aux personnes âgées o u aux e n - aux questions qui f i g u r e n t ci-dessous lorsque vous q u i t -
fants nécessitent u n e étude particulière. tez le cabinet : peu de patients sont au courant d u p r o -
Après avoir réalisé tous ces essais, le fabricant d u mé- g r a m m e de t r a i t e m e n t . S'il s'agit d ' u n t r a i t e m e n t peu
au ministère, qui base son j u g e m e n t sur toutes les infor- écrit. Un tel d o c u m e n t constitue un élément de sécu-
mations rassemblées au cours de la période de dévelop- rité : le thérapeute d o i t y préciser sa méthode ainsi q u e
p e m e n t , ce qui équivaut à un dossier d o n t le v o l u m e est le b u t des actes posés. Dans une certaine mesure, vous
24
Les thérapeute!
et
leur formation
Voyez l'intitulé de sa profession. • Il vous examine et vous fait part des résultats de
• Il demande si un (autre) thérapeute a déjà posé un • Il établit un plan de traitement (voir p. 26).
diagnostic et, si oui, se procure ce dernier. • Il demande explicitement votre accord pour tout écart
• Il s'enquiert des symptômes, du mode de vie et des par rapport au traitement convenu.
Signes
• Le thérapeute consacre peu de temps au premier • Il prétend que le traitement peut tout soigner et qu'il
entretien et vous conseille d'emblée une coûteuse série de est dénué de tout risque ou effet secondaire.
séances de soins. • Il exige que vous interrompiez la prise de tout autre
• Le traitement doit absolument commencer dans médicament.
l'immédiat, même si les symptômes ne sont pas aigus. • Il n'accède pas à votre demande d'informations quant
• Le thérapeute vous prédit une grave maladie ou même à un plan de traitement bien précis.
votre décès en cas d'abandon du traitement. • Il se formalise si vous lui demandez un reçu pour un
• Il vous ausculte sans que vous sachiez exactement ce paiement en espèces.
qui va se passer et que vous y ayez consenti. • Il vous demande de payer d'avance pour un traitement
• Il s'offusque si vous souhaitez encore consulter de longue durée.
quelqu'un d'autre avant de commencer le • Il se montre méprisant à l'égard des méthodes
traitement. thérapeutiques conventionnelles.
25
Prendre
sa santé
en main
La f i n ne j u s t i f i a n t en a u c u n cas les moyens, les ins- à l'avis d u 15 février 1992 d u Conseil national de l'Ordre
tances internationales o n t établi des directives p o u r des médecins sur l'expérimentation sur l'homme.
obliger les médecins et autres expérimentateurs à res- Voici le texte des articles précités :
26
L'expérimen-
tation sur
l'homme
MENT UTILES."
M E N T L A M É T H O D E DE " D O U B L E INSU" NE P E U V E N T D É L I B É R É M E N T
DE SUCCÈS.
§ 2. t o u t e e x p é r i m e n t a t i o n d e t h é r a p e u t i q u e m é d i c a l e
g r o u p e c o m p é t e n t i n d é p e n d a n t de l'expérimentATEUR .
L'OBJET DE PROTOCOLES.
§ 3. d a n s le c a s d ' a f f e c t i o n s i n c u r a b l e s d a n s l ' é t a t a c -
d o i t p r é s e n t e r d e s c h a n c e s r a i s o n n a b l es d ' ê t r e UTILE ET
M Ê M E U N INCONFQRT SUPPLÉMENTAIRES."
Art. 93 : " L E M É D E C I N O U LE G R O U P E DE M É D E C I N S P R A T I Q U A N T
D O I T A V O I R U N E I N D É P E N D A N C E F I N A N C I È R E T O T A L E VIS-À-VIS DE
MENTATION."
27
' rincioes de base des théraoies
28
Principes
de base
des tliérapies
29
La stimu otherapie
ou thérapie de régulation ^^^(^f^^
— Historique
une s t i m u l o t h é r a p i e ou t h é r a p i e de r é g u l a t i o n , ou par
La plupart des m é t h o d e s de s t i m u l o t h é r a p i e ou de des processus d'immunomodulation (voir p. 33).
t h é r a p i e de r é g u l a t i o n sont vieilles comme le monde. Abstinence
Peu de m é d e c i n s se sont cependant souciés, ces der- La p r e m i è r e chose que doit faire le patient malade est,
nières d é c e n n i e s , de la f a ç o n de les appliquer et de bien sûr, se reposer Garder le lit peut s'avérer néces-
leurs indications en g é n é r a l . saire, mais pas dans tous les cas. Il faudra s'abstenir de
Situation actueile toute une série de choses qui sollicitent le corps : les
Grâce à l'actuelle tendance de vivre et de guérir de ma- repas trop copieux, le café, le tabac, l'alcool, les
nière plus naturelle, pas mal de procédés de m é d e c i n e drogues, le travail excessif pour une d é t e n t e trop
naturelle sont ressortis de l'ombre. On les applique le faible, la stimulation e x a g é r é e par le bruit ou la t é l é v i -
plus souvent comme auto-traitement, mais aussi dans sion (voir t h é r a p i e de l'ordre p. 37).
les cabinets de m é d e c i n s établis et dans les h ô p i t a u x . Pendant cette p é r i o d e d'abstinence, il faut éviter au
corps toute sollicitation superflue pour lui permettre
de concentrer toute sa force auto-curative sur l'élimi-
— Concept de base
nation de la maladie.
Chaque personne possède en elle les ressources et les Normalisation
forces pour rester vivante et en bonne s a n t é . Ces Les réactions exagérées du corps et de l'esprit s'apaisent,
forces auto-curatives r é g u l e n t tous les processus phy- les adaptations erronées se raréfient. La résistance re-
siques et assurent l'adaptation aux conditions chan- vient peu à peu au niveau qui était sien avant la maladie.
geantes. Cette adaptation est, bien sûr, une prestation Renforcement
pour laquelle le corps a besoin de temps. Tant qu'il La c a p a c i t é d'endurer les sollicitations et la résistance
subsiste de la force, les sollicitations sont g o m m é e s et aux infections et autres maladies peuvent être entraî-
ce qui a é t é c o n s o m m é est r e n o u v e l é . nées. On expose pour cela r é g u l i è r e m e n t le corps à des
Les pics de sollicitation récurrents posent un gros stimuli m o d é r é m e n t puissants dont on augmente gra-
p r o b l è m e au corps. La résistance naturelle qui assure duellement l'intensité.
son a u t o - g u é r i s o n semble s'affaiblir au fur et à mesure Il va de soi qu'il y a des limites à cette f a c u l t é
que les facteurs de stress deviennent trop puissants. d'adaptation du corps : l ' e n t r a î n e m e n t corporel, tout
Des maladies dues au stress peuvent alors s'exprimer. comme les m é d i c a m e n t s , atteint à un certain moment
Les trois piliers de toutes les m é d e c i n es naturelles un plafond. L'adaptation n'est d'ailleurs possible que
sont basés sur ce que toute personne d o u é e de bon tant que le corps dispose encore de réserves.
sens conseillerait à une personne malade : s'abstenir de
faire certaines choses, normaliser et renforcer. Les natu-
— Procédé
ropathes tentent dans ce cadre de lancer ou d'accélérer
le processus de normalisation et de renforcement par Nombre d ' é l é m e n t s présents dans la nature peuvent
30
Ld iLIIIIUlU-
thérapie
ou thérapie
de régulation
31
Principes
de base
des thérapies
32
L'immuno-
modulation
L'immunomodulation le travail est effectué par des cellules qui font partie de
la grande famille des globules blancs et par d'autres
substances messagères présentes dans le sang.
Chaque contact avec un élément étranger au corps
— Historique
suscite d'abord une réaction immunitaire aspécifique.
La thérapie en soi n'a rien de réjouissant : brûler la Les phagocytes et "cellules tueuses" détruisent l'enva-
peau par un fer chauffé à blanc pour chasser la syphi- hisseur ou du moins l'attaquent. Ils s'occupent aussi
lis. Ce traitement appliqué au Moyen-Âge est pourtant des cellules erronées produites par le corps (les cellules
le résultat d'une longue expérience et détient tout de cancéreuses).
même un noyau de vérité : la stimulation du système Ce que nous reconnaissons comme symptômes
immunitaire. C'est sur base de ce principe que Cari d'une inflammation - la rougeur, réchauffement, l'œ-
Baunscheidt (1809-1873) traitait les enfants atteints dème - est le résultat de processus qui se déroulent en
de refroidissements : il égratignait la peau et frottait cascade au sein de ce système.
dans les plaies un produit irritant (voir p. 53). L'interféron fait partie du système de défense aspé-
Il est question d'autres expériences qui, de prime cifique et met fin à la dissémination de virus dans les
abord, paraissent surprenantes mais qui s'expliquent cellules du corps. Il freine la multiplication de cellules
aujourd'hui grâce aux connaissances acquises sur le normales et de cellules tumorales, et diminue ou active
fonctionnement du système immunitaire. A la fin du les réactions du système de défense spécifique. Les in-
19e siècle, Robert Koch (1843-1910) constata que les terférons alpha, bêta et gamma ont été acceptés de-
personnes atteintes d'une infection chronique, comme puis quelques années comme nouveaux médicaments
la tuberculose, contractaient rarement une autre infec- pour le traitement d'infections virales sévères et de
tion sévère. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'ef- certains types de cancers.
fet immunisant de la saleté protégea longtemps les L'activité de la deuxième ligne de protection, le sys-
gens contre les infections. Il existe aujourd'hui des in- tème de défense spécifique, est responsable de ce que
dications permettant d'affirmer qu'un système immu- l'on appelle "l'immunité".
nitaire qui a enduré de nombreuses infections pendant Le système immunitaire spécifique réagit aux sub-
l'enfance profite plus tard de cet "entraînement" : ces stances étrangères au corps, les antigènes. Ces der-
enfants sont moins susceptibles de développer des niers ont à leur superficie un "signe de reconnais-
leucémies ou autres pathologies malignes de l'héma- sance" qui induit une réaction de la part des lympho-
topoïèse que les autres enfants. cytes B. Les lymphocytes B sont des globules blancs qui
assurent certaines tâches au sein du système immuni-
taire. Le contact entre les antigènes et les lympho-
— Concept de base cytes B suscite la production d'immunoglobulines. Les
Quand on considère le nombre de bactéries et de virus, immunoglobulines se lient à l'antigène et peuvent
de moisissures et d'unicellulaires qui nous entourent, ainsi le rendre inoffensif. C'est pour cette raison qu'on
nous ne pouvons pas encore trop nous plaindre. La les appelle également anticorps.
peau, les muqueuses et l'estomac sont, chez une per- Le contact entre les antigènes et les lymphocytes B
sonne saine, des barrières contre les envahisseurs. suscite aussi l'apparition de "cellules à mémoire", qui
Chaque "étranger" qui parvient à franchir ces barrières reconnaîtront encore l'antigène des années plus tard.
est combattu dans notre corps par deux mécanismes : le C'est cette "mémoire" qui nous immunise contre une
système de défense aspécifique et ses réactions congé- maladie. Au moment où ces cellules reconnaissent un
nitales, et le système de défense spécifique qui apprend envahisseur, elles réagissent de façon inouïe : chaque
de nouvelles choses toute la vie. Pour chaque système, cellule compétente alertée produit environ 2 000 anti-
33
Principes
de base
des thérapies
corps par seconde. Ceux-ci s'abattent sur les antigènes logie". Leur recherche porte sur la façon dont l'expé-
de telle sorte que l'homme ne tombe pas "vraiment" rience, le sentiment et le comportement, en tant
malade au départ. qu'expressions du système nerveux, sont communi-
Les lymphocytes T sont un autre groupe de cellules qués au cerveau, sur l'impact de tout ceci sur le sys-
du système immunitaire spécifique. Le T est mis pour tème hormonal et/ou immunitaire, et sur l'influence
"thymus", une glande où ces globules blancs sont for- des réactions de ces mêmes systèmes sur l'état géné-
més à leur tâche immunologique (voir p. 242). Une ral. Les éléments qui relient ces différents systèmes
sous-espèce de lymphocytes T s'attaque aux cellules sont les faisceaux et plexus nerveux. Les organes du
d'origine étrangère. Ce sont eux qui provoquent, par système immunitaire - la rate, la moelle osseuse, le
exemple, le rejet d'une greffe après transplantation et thymus, les ganglions et canaux lymphatiques - sont
qui combattent les cellules cancéreuses. Une autre sous- directement reliés au cerveau par les fibres nerveuses.
espéce freine toute l'activité immunitaire. En cas de sida, Nombre de cellules du système immunitaire sont
une maladie qui affaiblit le système immunitaire, ce type proches des cellules nerveuses.
de cellule se multiplie au point de dominer la situation. La communication entre les trois systèmes se fait
Cette présentation du système immunitaire est for- par l'intermédiaire de produits signalétiques. Il s'agit
tement simplifiée mais donne tout de même une idée généralement d'hormones ou de substances hormo-
des interactions complexes qui s'y déroulent. Un sys- nales produites par des glandes hormonales du cer-
tème aussi ramifié et influençable à tant de niveaux veau et du reste du corps. Un autre groupe de sub-
est, bien sûr, sensibles à certains troubles. L'allergie est stances de transfert sont les neurotransmetteurs et les
un exemple de dysfonctionnement; il s'agit d'une hy- neuropeptides.
persensibilité aux antigènes. Les maladies auto-im- Lorsque les cellules nerveuses délivrent une sub-
munes constituent un autre exemple. Dans le cas de stance "signal", le système hormonal réagit. Les hor-
ces pathologies, le corps n'est plus à même de faire la mones sécrétées vont à leur tour susciter les réactions
distinction entre ce qui est étranger et ce qui ne l'est du système immunitaire. Quand les signaux du système
pas. Des substances et des tissus du corps se font atta- nerveux indiquent un "stress", par exemple, la surré-
quer, ce qui engendre des troubles. On soupçonne un nale va produire une plus grande quantité de cortisol.
caractère auto-immun pour certaines maladies dont la Son action est très souhaitée lors d'un stress : le corps
cause n'a pu être définie de façon irréfutable à ce jour. est alors capable de supporter des sollicitations impor-
La polyarthrite rhumatoïde chronique, le diabète de tantes pendant une plus longue période. Au niveau du
type I, la sclérose en plaques et l'hyperthyroïdie sont système immunitaire, le taux de cortisol plus élevé est
des exemples de maladies auto-immunes. plutôt négatif : il freine la formation d'anticorps et de
Relation avec d'autres systèmes du corps cellules tueuses. Résultat : le système immunitaire voit
Le système immunitaire est un des grands organes du ses performances décroître et les maladies infectieuses
corps. Il travaille en interaction avec d'autres systèmes peuvent plus facilement s'installer. Ceci explique le fait
du corps, comme le système nerveux et le système que des personnes vivant sous un stress important tom-
hormonal. Au sein de cet énorme réseau, tout tient bent plus facilement malades que celles qui vivent de
avec tout. Un changement en un endroit entraîne irré- manière plus paisible. Certaines indications laissent
médiablement un changement en un autre endroit. penser que des sollicitations exagérées, permanentes et
Deux types de recherche relativement jeunes ten- récurrentes du corps favoriseraient le développement
tent de percer à jour le jeu d'interaction entre ces dif- de maladies auto-immunes, comme l'arthrite, le dia-
férents systèmes. Ces accords de collaboration entre la bète et l'hyperthyroïdie, voire même le cancer.
médecine et la psychologie s'appellent la "psycho- L'effet contraire, positif pour le système immuni-
neuro-endocrinologie" et la "psycho-neuro-immuno- taire, renforce l'homme, fait fonctionner tout ce qui lui
34
L'immuno-
modulation
fait du bien et lui fait sentir la force dont il dispose. La exemples de la f a ç o n dont on peut stimuler notre d é -
personne qui passe à l'offensive et ne s'abandonne fense naturelle.
pas à la maladie g u é r i t plus vite que celle qui souffre Leurs contraires induisent une sollicitation psychique,
en silence. Rien ne paralyse autant le corps et l'esprit un stress indésirable et des efforts physiques extrême s :
que le sentiment d ' ê t r e r é d u i t à l'impuissance. L'in- ils affaiblissent les forces du système immunitaire.
fluence positive des sentiments et du comportement, Nombre de produits d'origine v é g é t a l e , animale,
la joie et l'optimisme par exemple, peut être q u a l i f i é e organique et inorganique influencent le système im-
de r é a c t i o n biochimique au m ê m e titre que la concen- munitaire. Ceci peut être m e s u r é dans des cultures cel-
tration de substances "signal" et similaires. lulaires ou lors de tests sur des animaux. Pour toutes
Nombre de systèmes m é d i c a u x anciens expliquent les techniques, la f r o n t i è r e entre la stimulation utile ou
cette c o h é s i o n entre s a n t é et maladie et l'action cura- l'hyperstimulation nocive est difficile à d é t e r m i n e r . Elle
tive de certaines mesures d'une f a ç o n que nous avons varie de personne à personne et d'un moment à un
du mal à comprendre aujourd'hui. Leur seul point de autre, et les conditions changent sans cesse selon le
concordance est l'état p a r t i c u l i è r e m e n t maigre de type de stimulation. Le systèm e immunitaire réagit en
leurs connaissances sur la constitution et le fonction- tout cas de f a ç o n bien plus d i f f é r e n t i é e qu'on ne l'at-
nement du corps. Au travers de la plupart de ces sys- tendait g é n é r a l e m e n t . Pour les immunostimulants
t è m e s m é d i c a u x , chemine la p e n s é e qu'une vie saine d'origine v é g é t a l e , voir p. 117.
implique une mise en é q u i l i b r e d ' é l é m e n t s d i f f é r e n t s
et contraires. Dans le bouddhisme zen il s'agit du yin
et du yang, dans l'Ayurveda ces é l é m e n t s s'appellent
—Traitement et auto-traitement
Vata, Pitta et Kapha, pour les anthroposophes ce sont L'immunostimulation poursuit deux buts : soit p r é v e n ir
le corps, l'esprit, l ' â m e et le je. Il est possible que ce les maladies, soit les combattre de f a ç o n plus inten-
que la recherche moderne d é c o u v r e comme interac- sive. Ceci se fait en stimulant directement la prestation
tions entre le s y s t è m e nerveux, hormonal et immuni- du système immunitaire ou en e x e r ç a n t une influence
taire n'est d'autre que la face scientifique naturelle sur autre chose, qui à son tour a un impact sur le sys-
des d é c o u v e r t e s de ces anciens courants m é d i c a u x , t è m e immunitaire.
d é c r i ts à leur m a n i è r e et sur base de leurs connais- La recommandation d'usage veut que l'on renforce
sances. notre système de d é f e n s e par une "cure" une à deux
fois par an. Le type de cure et les moyens utilisés d é -
pendent de la conviction de celui qui formule la re-
— Procédé
commandation. L'arsenal mis à disposition va de la
Du temps de nos g r a n d s - m è r e s , l'immunomodulation cure de Kneipp à la t h é r a p i e à base d'extraits thyroï-
n ' é t a i t rien d'autre que le fait de "s'endurcir" et on se diens, en passant par les saignées et l ' a u t o - h é m o t h é -
d é b r o u i l l a i t avec tout ce que l'on trouvait (voir stimu- rapie.
l o t h é r a p i e p. 30 et cures p. 138). Aujourd'hui, on s'en
tient à une version plus pratique, on avale des "immu-
— Explication de l'action
nostimulants" comme des m é d i c a m e n t s ou on se les
fait injecter. Chaque stimulation s p o n t a n é e , comme l'eau froide
L'immunomodulation est un traitement à base de par exemple (voir t h é r a p i e de Kneipp p. 47), et
stimuli qui touchent le corps et l'esprit en m ê m e chaque blessure active le s y s t è m e immunitaire. Les
temps. Une alimentation é q u i l i b r é e , une occupation traitements à base d'injections recourent g é n é r a l e -
sportive, la relaxation, marcher dans l'eau ou se rendre ment à cet effet (voir acupuncture p. 153, t h é r a p i e
au sauna, la joie et la satisfaction ne sont que quelques neurale p. 232).
35
Principes
de base
des thérapies
—Conseil
— Risques et critique
Seules les i m m u n o t h é r a p i e s à faible risque peuvent
Au sein du systèm e immunitaire, nombre de facteurs être conseillées.
individuels sont à p r é s e nt mesurables. On peut comp- Les t h é r a p i e s à haut risque o ù l'on introduit
ter les lymphocytes, d é t e r m i n e r le niveau d'anticorps quelque chose dans le corps (par ingestion ou injec-
dans le sang, mesurer la concentration d'interleukines, tion) sont à déconseiller.
etc. Mais on ne sait pas vraiment ce que tout ceci re- Immunomodulation à faible risque
p r é s e n t e par rapport à l'ensemble. Toutes les m é t h o d e s physiques, comme le froid (voir
• L'immunostimulation est une s t i m u l o t h é r a p i e . Pour p. 42), la chaleur (voir p. 42), les douches alternantes
faire de l'effet, le système doit encore être en é t a t de (voir p. 54), le sauna (voir p. 44), la c l i m a t o t h é r a p i e
réagir à la stimulation. (voir p. 142), le mouvement (voir p. 75), la d i é t é t i q u e
• La dose, le genre, la d u r é e et le moment de l'appli- qualitative (voir p. 83), la relaxation (voir p. 121), le
cation sont des é l é m e n t s essentiels. Le système immu- massage (voir p. 68).
nitaire réagit d i f f é r e m m e n t selon qu'on le stimule Immunomodulation à haut risque
avant, pendant et après le contact avec l ' é l é m e n t Le j e û n e (voir p. 92), la t h é r a p i e de Baunscheidt (voir
contre lequel on désire le renforcer. p. 63), les p r é p a r a t i o n s végétales à avaler ou à injecter
• Il est difficile de d é t e r m i n e r la dose correcte propre (voir p. 117), les substances injectables comme les p r é -
à un individu. Un programme d'activités sportives salu- parations à base de bactéries (voir p. 235).
taire pour l'un peut s'avérer nuisible pour l'autre.
• On assiste parfois à des effets paradoxaux inexpli-
cables : un m é d i c a m e n t qui r é p r i m e le système immu-
36
La thérapie
del'ordre
La thérapie de l'ordre
—Historique
Les chamans, les sorciers et les m édecinsd'antan ne
guérissaient pas uniquement au moyen de m édica-
ments ou d'interventions chirurgicales, mais aussi par
des rituels, de la musique et de la danse, des états de
transe, l'hypnose et les cures de sommeil. L'action thé-
rapeutique était toujours intégréeàla com m unautéso-
ciale, un élém ent desesconceptions religieuses et desa
culture. Elle influençait lecomportement et l'état d'âm e
des malades. Pendant l'Antiquité, un bon m édecinétait
quelqu'un qui se souciait autant des besoins physiques Lathérapiede l'ordre constitue le noyau des thérapies
que spirituels de la personne qui seconfiait à lui. Cette naturelles. Les principes de base peuvent en être re-
vision large de la m édecines'est perdue depuis ces trouvésdans la m édecine de cures (voir p. 138), qui
150 dernières années. Le souvenir en subsiste dans fait appel à la responsabilité du patient vis-à-vis de sa
l'image idéalisée du "m édecin de famille" qui connaît personne et souligne le rôlede catalyseur du m édecin.
tous lesbesoins deses patients, lesmoindres recoinsdes Situation actuelle
coulisses familiales et agit en connaissance decause. La percée de la psychosomatique au sein de la m éde-
Il ya50ans environ, lem édecinsuisseMaximilian Os- cine reflète bien la résurgencede l'idéeque lecorps et
kar Bircher-Benner (1867-1939), l'inventeur du muesli l'esprit collaborent, que des troubles et plaintes phy-
(voir p. 86), utilisa pour lapremièrefois leconcept dethé- siques peuvent être le résultat de problèmes mentaux,
rapiedel'ordre. Ceconcept sebasesur l'idéeantique de sociaux et relationnels, et que les maladies et la souf-
la "diaita" qui nous a donné entre autres le mot diété- france physique ont à leur tour un impact sur l'esprit.
tique et sur les propositions de Sébastian Kneipp (voir Dans certains pays européens, les m édecinspeuvent
p. 47). L'ordresignifie ici : vivrede manière sainesur tous depuis peu suivre uneformation en soins psychosoma-
les plans. Lerecours m odéréet raisonnable aux aliments tiques de base. Ils apprennent alors, sur base d'une
et àla boisson enfait égalem ent partie (voir alimentation discussion avec le patient, àidentifier les rapports pos-
p. 82). La peau doit absorber la lumière du soleil et être sibles entre les plaintes et le mode devie et à modifier
entouréede tem pératuresfluctuantes; les poumons doi- des comportements ou des habitudes néfastes. La for-
vent se remplir d'air frais. L'homme est obligéde tenir mation de psychologue clinique et la m édecine com-
compte, pour son propre bien, de son "horloge inté- portementale permettent aux psychologues et aux
rieure" et de prévoirune alternance naturelle de phases psychothérapeutesd'apprendre les techniques spéci-
detravail et detemps libre, d'effort et de repos, de som- fiques pour influencer les maladies en ce sens. Leurs
meil et deveille. Lemanque de mouvement et destimu- m éthodes apprennent égalem ent aux patients de
lation physiquedoit êtrecom pensépar lasollicitation cor- mieux appréhender leur maladie et suscitent plus de
porelle (voir thérapiedu mouvement p. 76). com préhensionde la part de leurs proches. Dans la
Bircher-Benner était convaincu que toute personne formation com plém entaire en m édecine naturelle,
respectant "avec amour et joie" les prescriptions de l'équilibreentre les fonctions corporelles et l'harmonie
cet ordre dispose d'un esprit sain et m aîtriseses sautes dans le comportement personnel est mis au premier
d'humeur. plan.
37
Principes
de base
des thérapies
—Concept et explication de l'action encourager à écouter leur propre corps et leurs senti-
Lesystème végétatif et l'esprit s'influencent mutuelle- ments.
ment. Il existe de plus en plus de preuves scientifiques Par lebiaisdequestionsciblées, lethérapeutefait réali-
pour affirmer que l'état mental influence même lesys- ser au patient lefait qu'il semineet qu'il est trop exigeant
tème nerveux, hormonal et immunitaire (voir immuno- avec lui-même. Au cours de discussions de motivation, il
modulation p. 33). On sait qu'une attitude positive fait lui montre les opportunitésdechanger dedirertion.
disparaître la souffrance et la douleur et que, dans le Onnepeut, dujour aulendemain, élim inerdesfacteurs
cas contraire, un état dépressif permanent et une mise derisquecomme lestresset l'obésité, et sedébarrasser de
sous pression rendent les plaintes insupportables. mauvaiseshabitudescomme lemanquedemouvement, la
surexcitation et laprisedeproduits euphorisants.
E m prisonné dans le cycle d'une vie infernale, d'in-
Le thérapeutetente d'abord de normaliser et de
somnies, de surexcitation, d'ingestion de produits sti-
renforcer lesfonctions de base de l'organisme, comme
mulants, calmants, immunisants, lavoie de sortie
la respiration, latherm orégulation, ladigestion, le
semble impossible à trouver
sommeil et l'im m unité.
Dans un état de relaxation - ou proche de l'état de
Il parvient généralem ent à adapter en parallèle la
transe - il devient possible de reconnaîtreles facteurs
vie quotidienne au rythme intérieur propre au patient.
perturbateurs, de procéder àune bonne réflexionet de
Ce succès s'exprime souvent sous la forme d'une ali-
s'approprier les impulsions nécessairesau changement.
mentation plusconsciente, d'une victoire sur la facilité.
Lethérapeutefacilite lechoix de cette voie au patient.
Quand on se rend compte ensuite comment un repas
bien com poséam éliorelegoût (voir diététiquequalita-
tive p. 83), comment une promenade régulière ou
—P
ro
céd
é l'exercice d'un sport (voir thérapie du mouvement
Le procédéde base est le dialogue de confiance entre p. 76) augmente le plaisir de vivre et favorise, le cas
le thérapeuteet le patient. échéant, la perte de poids, la motivation àtendance à
Cependant, dans 99 cas sur 100, les paroles du s'étendredans le temps.
m édecin ne constituent pas une stimulation suffisante Vivre defaçonconsciente l'influence de l'état d'âm e
pour changer de comportement lorsqu'on ne et de l'humeur sur les plaintes donne envie d'y apporter
s'adresse pas à des couches plus profondes de la per- un changement positif. Bien plus que l'on ne pourrait le
sonnalité. Lespatients peuvent égalem ent apprendreà croire, il est possible de changer des conditions de vie
les sonder par eux-mêmes. D ifférentesvoies mènent à stressantes ou d'apprendre àmieux les supporter
ce but : les techniques de relaxation (voir p. 121) et la Pour que la thérapieréussisse, il faut absolument
thérapierespiratoire (voir p. 128), dans une certaine être disposéàchanger de vie. M algrétous les efforts,
mesure l'hypnose (voir p. 132), dans des circonstances certains retombent dans l'erreur; le thérapeuteles ai-
particulières lam éditation(voir p. 125), l'expression ar- dera alors àvaincre leurs faiblesses. Il doit les encoura-
tistique et l'art (voir m édecine anthroposophique ger, étape après étape, les contrôler et les stimuler à
p. 172, m usicothérapiep. 134 et biodanse p. 135). l'exercice d'une activité, éventuelem ent à l'apprentis-
sage d'une technique de relaxation. Lebut de la théra-
pie de l'ordre est une vie plus équilibrée.
—Pratique
De nombreux malades ne connaissent pas le lien entre
la maladie, le mode devie et l'état d'esprit, ou ont ten-
—Indications
dance à vouloir l'ignorer. Le thérapeutea pour tâche La thérapiede l'ordre est utile en cas d'états d'épuise-
d'aiguiser leur perception de cette interaction et de les ment, detroubles végétatifset fonctionnels, d'affections
38
La thérapie
de l'ordre
psychosomatiques et chroniques. Elle jette les bases ces sollicitations peuvent rendre une personne malade,
d'une vie salutaire pour la condition physique et men- et on ne peut toujours les influencer personnellement.
tale. Elle peut prévenir les maladies, a t t é n u e r les plaintes • Si une personne ne parvient pas à changer ses
et renforcer le patient après la guérison d'une maladie. mauvaises habitudes en faisant preuve de sens de res-
Limites de l'application p o n s a b i l i t é , elle peut d é v e l o p p e r un sentiment de cul-
La t h é r a p i e de l'ordre ne peut pas g u é r i r des maladies pabilité qui pourra, à son tour, engendrer une maladie.
existantes. • Notre m a n i è r e de vivre est fortement d é t e r m i n é e
par certains aspects sociaux. Pour des raisons sociales,
il n'est pas toujours possible d'aller " à contre-cou-
— Critique
rant" .
• Le mode de vie d é t e r m i n e la santé et l'espérance de
vie : sur base de cette devise, les t h é r a p e u t e s naturels
— Conseil
de tous les temps ont p r o p a g é l'idée d'une vie "saine"
et é q u i l i b r é e . Ces courants ne tiennent cependant pas La t h é r a p i e de l'ordre est à conseiller lorsque le mode
compte du fait que des conditions g é n é t i q u e s , so- de vie est é g a l e m e n t à l'origine des plaintes, ou quand
ciales, politiques et é c o l o g i q u e s influencent é g a l e m e n t des maladies influencent c o n s i d é r a b l e m e n t le rythme
la santé : le travail en é q u i p e s , les produits toxiques, le de vie. Elle est utile pour préveni r certaines situations
bruit et la frénésie au travail et dans l'environnement, pathologiques ou comme traitement post-trauma-
le sort qui s'acharne, les p r o b l è m e s relationnels. Toutes tique.
39
Méthodes theraoeutiaues classiques
40
Méthodes
thérapeutique:
classiques
Méthodes
thérapeutiques
classiques
Fébrothérapie
Les thérapies La fièvre est une tentative du corps de
du chaud et du froic détruire les agents p a t h o g è n e s pré-
sents en les exposant à une chaleur
excessive. Il n'est dès lors pas tou-
jours indiqué de faire baisser cette
— Historique
fièvre i m m é d i a t e m e n t . Il convien-
Une personne malade se couche, dra cependant d'agir dés que la
s'enroule dans les couvertures et fièvre augmente au point d'en arh-
laisse agir la chaleur Le repos et la v e r à une "insolation interne" (plus
chaleur ont toujours é t é des re- de 40,5°C) ou quand elle persiste
m è d e s "maison" contre la maladie. longtemps et affaiblit trop le corps.
Refroidir des plaies douloureuses Le corps a manifestement besoin de
avec de l'eau claire, c'est ce que l'on l'importante "impulsion" d o n n é e par
observe aussi chez l'animal. Les t h é r a - la fièvre. Les personnes qui ont rare-
peutes et les m é d e c i n s d'antan recou- ment de la fièvre souffrent souvent d'in-
raient é g a l e m e n t à la chaleur de différentes fections récurrentes qui ne veulent pas guérir
intensités. Il y a bien longtemps déjà, nos an- La f é b r o t h é r a p i e tente d'induire par des m é d i -
cêtres utilisaient en alternance le chaud et le froid pour caments une fièvre artificielle élevée lorsque le corps
nettoyer et endurcir le corps (voir sauna p. 44). du malade n'est pas capable de g é n é r e r une fièvre cu-
rative de bon niveau. Cette t h é r a p i e met hors jeu le
système de t h e r m o r é g u l a t i o n du corps.
— Concept et explication de l'action
Chaleur Froid
Nos connaissances, acquises par l'expérience , sont au- Les vaisseaux sanguins se resserrent sous l'effet du
jourd'hui e x p l i q u é e s par la science. froid, les muscles se contractent pour ensuite se relâ-
La chaleur dilate les vaisseaux sanguins, a m é l i o r e la cher. Dans le m ê m e temps, la douleur disparaît car les
circulation et relâche les muscles. Les faisceaux nerveux nerfs responsables de la transmission des stimuli de
qui transmettent la douleur se voient ainsi d é c h a r g és froid envoient plus vite leurs messages au cerveau que
de la pression qui les stimule. Les e x t r é m i t és nerveuses les faisceaux nerveux qui transmettent la douleur. Une
c u t a n é e s, sensibles à la chaleur, v é h i c u l e n t les stimuli r é g i o n de la peau fortement refroidie ne ressent ni le
de chaleur vers la moelle épiniére qui les aiguille à son froid ni la douleur.
tour jusqu'au cerveau o ù se situe le centre de douleur. Le froid stimule le rythme cardiaque. Ce c œ u r qui
C'est là que se d é r o u l e n t les processus chimiques qui bat plus vite doit e m p ê c h e r la baisse de la t e m p é r a -
modulent la sensation de douleur. La chaleur stimule le ture interne du corps. Le froid ralentit temporairement
m é t a b o l i s m e cellulaire... et r é c o n f o r t e aussi l ' â m e . l'activité des glandes, stimule l'intestin et a t t é n u e la
Thérapie liypertliermique douleur provenant des inflammations. Le froid freine
Par cette t h é r a p i e , on tente de donner au corps une aussi l ' h é m o r r a g i e et diminue l ' œ d è m e . La stimulation
q u a n t i t é de chaleur dont il a besoin, mais qu'il ne peut par le froid d'une zone réflexe de la peau (voir p. 72)
produire l u i - m ê m e . La t e m p é r a t u r e interne du corps permet une action à distance sur d'autres zones du
augmente l é g è r e m e n t . Le corps tente de compenser corps g r â ce aux arcs réflexes. Là aussi, la tension mus-
l'excès de chaleur par la transpiration. Cette transpira- culaire sera a u g m e n t é e et l'irrigation sanguine, dimi-
tion aura en outre pour effet de nettoyer la peau. n u é e . Le froid stimule le systèm e nerveux v é g é t a t i f .
42
Les thérapies
du chaud
et du froid
43
Méthodes
thérapeutiques
classiques
—Conseil
— Risques
Les traitements par la chaleur et par le froid sont à
Chaleur conseiller comme moyen de p r é v e n t i o n et comme
Nombre de personnes ne supportent pas le traitement t h é r a p i e de r é g u l a t i o n . Ils constituent en outre un bon
par la chaleur du fait de leur constitution. r e m è d e maison pour des plaintes et des douleurs b é -
Thérapie hyperthermique nignes (voir t h é r a p i e de Kneipp p. 47). La f é b r o t h é r a -
La chaleur forte sollicite le c œ u r Avant le traitement, le pie est à déconseiller.
m é d e c i n s'exprimera sur le bien f o n d é de l'application.
Fébrothérapie
Une fois l'hyperthermie e n g a g é e , le corps ne peut
plus se d é f e n d r e et la fièvre ne cesse d'augmenter. Les
t e m p é r a t u r e s de plus de 4 2 ° C constituent une charge
Le sauna
e x t r ê m e pour le c œ u r et la circulation sanguine et ris- et le bain de vapeur
quent d'endommager les tissus. Dans le cas d'une in-
solation ou d'un coup de chaleur, la t e m p é r a t u r e dans
le cerveau peut atteindre entre 41 et 4 3 ° C , ce qui af-
fecte les cellules nerveuses. Surviennent alors des
— Historique
crampes et un délire suivis d'une perte de conscience. Sauna
A l'origine, le mot "baigner" signifiait " r é c h a u f f e r " .
Froid Ces bains o ù l'on transpire é t a i e n t déjà connus à
Ouand des compresses froides du commerce restent trop l ' é p o q u e primitive. Les Scythes d'Asie Mineure se puri-
longtemps en contact avec la peau, celle-ci peut geler La fiaient après l'enterrement d'un mort en chauffant
peau et les articulations sous-jacentes doivent toujours l ' i n t é h e u r d'une tente f e r m é e à l'aide de pierres
être protégées par un linge de l'action directe du froid. chaudes. Cette f a ç o n de purifier le corps é t a i t déjà
connue des peuplades asiatiques et se r é p a n d i t g r â ce
à eux dans le monde entier. Les peuples qui envahi-
— Critique
rent le continent a m é r i c a i n en passant par le d é t r o i t
Les traitements par la chaleur et par le froid ainsi que de Bering e m m e n è r e n t l'habitude avec eux.
44
Le sauna
et le bain
de vapeur
45
Méthodes
hérapeutiques
classiques
L'alternance de forte chaleur et de froid oblige le corps é l é m e n t s p a t h o g è n e s . Ceux-ci sont alors évacués par
à réagir en souplesse aux stimuli (voir p. 30) et nettoie les glandes sudoripares et par les reins. Quand on boit
la peau et les tissus. Le sang s'épaissit du fait de la lors du sauna, ce processus de purification est inter-
transpiration. En compensation, un transfert d'eau se rompu car le sang peut alors puiser l'eau dans l'intes-
fait vers le sang e n t r a î n a n t dans sa suite des d é c h e t s tin. Le sauna et le bain de vapeur e n t r a î n e n t le c œ u r et
produits par le m é t a b o l i s m e , des m é t a u x lourds et des la circulation sanguine, augmentent la souplesse des
• Avant d'utiliser une infrastructure commune, il y a lieu lentement, ne pas rester debout mais s'asseoir ou se
de se doucher. S'essuyer ensuite le corps et humidifier le déplacer de droite à gauche. Se rendre à l'espace de
visage. Prendre un bain de pieds chaud ou se brosser la refroidissement avant de se mettre à frissonner.
peau avant le sauna augmente la transpiration. • S'arroser ensuite d'eau froide, de la périphérie vers le
• Ne rester dans l'ambiance humide d'un bain de cœur.
vapeur que de 10 à 15 minutes. Bien se refroidir ensuite, • Celui qui le désire peut brièvement s'immerger le
comme pour le sauna. corps dans le bassin d'eau froide.
• Pour se réchauffer dans l'air chaud du sauna, se coucher • Pendant le temps où l'on reste assis, prendre éven-
ou s'asseoir les pieds relevés, bien détendu, en choisissant tuellement un bain de pieds (4 à 5 minutes).
le deuxième ou le troisième niveau. Ne rester que le temps • Recommencer ce processus - s'arroser ou s'immerger
où c'est agréable, c'est-à-dire 8 à 10 ou 15 minutes. suivi d'un bain de pieds chaud - plusieurs fois de suite.
• Verser de l'eau sur les pierres de lave réchauffe C'est bon pour "l'entraînement des vaisseaux sanguins".
encore davantage la peau mais n'est pas indispensable; • Ne pas retourner dans le sauna tant que le corps n'est
le sauna agit pleinement sans cela. pas revenu à l'équilibre. Cela prend 20 minutes environ.
• Pour verser l'eau correctement, il s'agit d'en jeter de • Deux à trois passages dans le sauna suffisent. Les
petites quantités sur les pierres brûlantes et de disperser passages supplémentaires n'offrent pas plus d'avantages,
rapidement les jets de vapeur produits à l'aide d'une mais fatiguent énormément. Si l'on se rend quotidiennement
serviette ou, comme il est d'usage en Finlande, de au sauna, un seul passage dans la cabine ou dans le bain de
branches de bouleau feuillues. Des huiles volatiles vapeur est indiqué. Le meilleur moment pour les débutants
peuvent être ajoutées à l'eau; les aiguilles de sapin ou est le matin et, pour les habitués, entre 15 et 21 h.
de pin nain sont particulièrement appropriées (voir • Un massage entre deux séances de sauna stimule la
ajouts aux bains p. 55). Verser de l'alcool est malsain. transpiration.
• Ne pas faire d'exercice musculaire ou de gymnas- • A la fin du bain, avant de s'habiller, se rafraîchir suffisam-
tique dans le sauna, ne pas trop parler car le taux ment. Éventuellement se reposer encore une demi-heure.
d'oxygène de l'air y est le même qu'à 2 500 m d'altitude. • Bien s'essuyer les pieds pour éviter les mycoses.
• Ne pas se brosser la peau dans le sauna proprement Inutile d'utiliser des produits désinfectants.
dit, ne pas racler la transpiration. • A chaque fois que Ton verse de l'eau dans le sauna,
• Se redresser lentement, s'adapter et ne pas se lever on perd un demi-litre à un litre et demi de sueur. Ce
d'un coup et quitter le sauna (danger de perte de n'est cependant qu'à la fin du sauna que l'on pourra
conscience). boire : de l'eau minérale, du jus de fruits, éventuellement
• Après avoir quitté la cabine, choisir le chemin le plus un verre de bière sans alcool ou de lait suri allongé
court vers le plein air. Expirer profondément, inspirer d'eau minérale. Pas d'alcool.
46
La thérapie
de Kneipp
47
Méthodes
hérapeutiques
classiques
48
La thérapie
de Kneipp
49
Méthodes
thérapeutiques
classiques
pendant au moins trois semaines renforce l'orga- maladies et favorise la r é é d u c a t i o n après une maladie
nisme. Il pourra dès lors mieux réagir aux stimuli de a i g u ë . Elle peut combattre les troubles fonctionnels,
stress qu'auparavant. lutter contre les plaintes p s y c h o - v é g é t a t i v e s et consi-
• Le m é t a b o l i s m e , la circulation sanguine, la presta- d é r a b l e m e n t a t t é n u e r la souffrance chronique.
tion cardiaque et la sensibilité à la douleur sont régulés. Les applications d'eau peuvent se révéler utiles
• Les organes internes travaillent de f a ç o n plus har- dans les affections a i g u ë s. Elles peuvent a t t é n u e r la
monieuse. douleur et permettre ainsi un recours moins f r é q u e n t
• La sécrétio n excessive de l'hormone de stress est aux produits a n a l g é s i q u e s. La t h é r a p i e de la chaleur
normalisée. entretient la m o b i l i t é dans les maladies d'usure, dimi-
• L'organisme peut mieux gérer les sollicitations et nue la fièvre et les inflammations, influence les mala-
mieux se d é f e n d r e des infections. dies cardiovasculaires, allège les troubles de la circula-
• Les stimuli de chaleur augmentent la sensation de tion et de la digestion.
bien-être. Limites de i'application
Exemples : un bain de pieds à t e m p é r a t u r e crois- La condition de base pour le fonctionnement de la
sante dilate les vaisseaux sanguins et élève la t e m p é - t h é r a p i e est un organisme capable de réagir. La t h é r a -
rature de toute la peau. L'affusion froide d'un genou pie de Kneipp est exclue dans les maladies a i g u ë s
ou l'immersion d'un bras provoque la contraction des graves.
vaisseaux sanguins qui se dilatent ensuite. Ce p h é n o -
m è n e a m é l i o r e l'irrigation sanguine du corps entier et Cures
a un effet revigorant. Pendant les cures de Kneipp, on apprend à s'occuper
Dans les applications d'eau, "l'horloge interne" du activement de sa santé. On se rend compte que vivre
corps joue un rôle important : une affusion froide a un sainement n'est pas une entrave et que l'exposition
effet bien plus important pendant la phase de r é - aux stimuli peut mener à une plus grande joie de vivre.
chauffement du matin que le soir, o ù la t e m p é r a t u r e Les cures de Kneipp sont utiles dans les cas d ' é p u i -
é v o l u e dans le sens contraire. sement, de troubles v é g é t a t i f s , de retour d ' â g e , d'af-
fections cardiovasculaires, de maladies rhumatismales,
de migraine, d'allergies de la peau, d'asthme.
— Indications
La t h é r a p i e de Kneipp endurcit le corps, p r é v i e n t les
Particularités de l'application
Le corps a besoin de trois à quatre heures pour terminer de bien choisir le moment de chaque traitement. Par
sa réaction à une stimulation. La stimulation suivante ne exemple :
doit donc pas intervenir trop tôt pour éviter que l'action
ne prenne une tournure non désirée, par exemple une Le matin : lavage à l'eau froide
hypothermie quand le délai entre deux traitements à Dans le courant de la m a t i n é e :
l'eau froide est trop court. Plus on fait réagir une zone brossage à sec, bain de pieds chaud,
de la peau à la chaleur ou au froid, moins elle réagira en affusion très chaude
intensité. Dans l'après-midi : bain de bras froid
Pour que la stimulation agisse bien, le thérapeute devra Le soir : marche dans l'eau ou affusion du genou,
souvent changer de surface. 11 est également important enveloppement froid, natation, sauna
50
Les
applications
d'eau
51
Méthodes
:hérapeutiques
classiques
52
Les
applications
d'eau
53
Méthodes
hérapeutiques
classiques
54
Les
applications
d'eau
échiassier marchiant dans l'eau. En plaçant un petit t a - o u dans la neige sont des variantes de la méthode.
pis en caoutchiouc au f o n d d u bain, cela f o n c t i o n n e Quand ?
très bien. O n p e u t aussi le faire en p o s i t i o n assise. Les indications p o u r la m a r c he dans l'eau sont les
Arrêter dès q u e la sensation de f r o i d d e v i e nt désa- mêmes q u e p o u r les bains de pieds froids.
gréable. Essuyer l'eau, s'habiller et se laisser sécher en
se p r o m e n a n t o u en m a r c h a n t . M a r c h e r dans l'eau sur Ba i n d e p i e d s c h a u d
des cailloux o u p r o m e n e r à sec sur un f o n d profilé Comment ?
renforce e n c o re la réaction. I m m e r g e r les pieds jusqu'au-dessus des chevilles p e n -
Le meilleur m o m e n t p o u r m a r c h e r dans l'eau est d a n t 10 à 15 m i n u t e s dans de l'eau à 3 8 ° C o u a u g -
l'après-midi o u le soir. M a r c h e r dans la rosée d u m a t i n m e n t e r la température j u s q u e 4 0 ° C . O n p e u t ajouter à
55
Méthodes
thérapeutiques
classiques
56
Les
enveloppe-
ments et
les compresses
rants cJ'air, en ne laissant dépasser que la tête. Après 10 à large q u e la compresse f r o i d e et laissant passer l'air. Le
15 minutes, se mettre au lit pendant une demi-heure, s'as- fixer à l'aide d'épingles à nourrice et recouvrir le t o u t
perger ensuite le bas du corps d'eau froide. On peut ajou- d ' u n tissu de laine o u de flanelle.
ter à l'eau bouillante de la tisane de prèle des champs. Veiller ensuite à envelopper t o t a l e m e n t le p a t i e n t
Quand ? d ' u n d r a p de lin o u d ' u n e couverture chaude et vérifier
En cas de vessie irritée, de t r o u b l e de la vidange de la q u e la température de la pièce ne soit pas t r o p basse et
vessie, de plaintes de la prostate et après des i n t e r v e n - qu'il n'y ait pas de courants d'air. Laisser l'enveloppe
tions gynécologiques. en place p e n d a n t 4 5 à 6 0 minutes et l'enlever ensuite.
> • Attention : ne pas a p p l i q u e r en cas d'hémorroïdes. Le malade d o i t se reposer p e n d a n t une demi-heure.
Après un q u a r t d ' h e u r e , l'enveloppe d o i t être res-
Ba i n b r o ssé sentie c o m m e c h a u d e ; à défaut, o n p e u t réchauffer à
Comment ? l'aide d ' u n e b o u i l l o t t e . Si l'enveloppe est ressentie
A l'aide d ' u n g a n t de sisal, se brosser la peau jusqu'à c o m m e désagréable, il y a lieu de l'enlever.
ce qu'elle devienn e r o u g e . De l'extérieur vers le cœur :
d ' a b o r d le pied d r o i t et la j a m b e d r o i t e , puis le pied En v e l o p p e m e n t é v a cu a n t la ch a l e u r
g a u c h e et la j a m b e g a u c h e , le siège, le ventre, le bras Pour évacuer la chaleur, l'enveloppe d o i t rester en
droit, le bras gauche, la p o i t r i n e , le dos. S'asseoir e n - place jusqu'à ce qu'elle soit c h a u d e ; il f a u t alors l'enle-
suite dans l'eau chaud e et ajouter g r a d u e l l e m e n t de ver immédiatement et la renouveler. Si le malade
l'eau f r o i d e ; ajouter éventuellement d u r o m a r i n . S'ar- t r e m b l e , il y a lieu d'enlever l ' e n v e l o p p e m e n t.
roser d'eau f r o i d e , essuyer l'eau, s'habiller et se m o u -
voir brièvement et énergiquement à l'air libre. En v e l o p p e m e n t a ccu m u l a n t la ch a l e u r
Quand ? Pour accumule r la chaleur, l'enveloppe d o i t rester en
En cas d ' h y p o t e n s i o n artérielle et de trouble s de la cir- place p e n d a n t au m o i n s une heure et d e m i e . Si l'enve-
culation sanguine. l o p p e est ressentie c o m m e f r o i d e , il f a u t prévoir une
b o u i l l o t t e o u faire boire une boisson c h a u d e .
En v e l o p p e m e n t é va cu a n t la t r a n sp i r a t i o n
57
Méthodes
thérapeutiques
classiques
crampes abdominales, de douleur au ventre, d'ulcères > Attention : ne pas a p p l i q u er de compresses froides
gastriques, d ' i n f l a m m a t i on de la vésicule et des voies b i - lorsque le p a t i e n t a les pieds froids o u qu'il frissonne.
liaires, de nervosité et d'insomnies; réduit l'hypertension. Lors de l'application de compresses de glace, il f a u t i n -
Enveloppement du corps : un linge couvre le corps terposer un f i n linge p o u r protéger des dégâts dus au
de la partie inférieure des côtes j u s q u ' a u pubis; utile f r o i d . Ne pas a p p l i q u e r chez les personnes atteintes de
en cas de fièvre, de trouble s gastriques o u intestinaux, troubles de la sensibilité à la température.
de crampes, de trouble s végétatifs et d ' i n s o m n i e s.
Enveloppement du tronc : posé du pubis j u s q u ' a u x C o m p r e sse s c h a u d e s
aisselles, aide en cas de f o r t e fièvre. Comment ?
Enveloppement des hanches : passé entre les On p e u t t r e m p e r le linge d ' e n v e l o p p e m e n t dans une
j a m b e s , atténue les i n f l a m m a t i o n s du vagin et de la décoction de camomille arrosée d'eau bouillante
prostate, utile en cas d'hémorroïdes, d'eczéma anal et (freine l ' i n f l a m m a t i o n ) , d'écorce de chêne (constric-
i n f l a m m a t i o n s de la région d u bassin. teur) o u de fleurs de f o i n (améliore l'irrigation san-
Enveloppement de la poitrine : aide en cas de b r o n - g u i n e , atténue la douleur, calme). Tordre ensuite.
chite, d ' a f f e c t i o n p u l m o n a i r e et de névralgies. L'enveloppe conserve mieux la chaleur si l'on y dé-
Enveloppement de la gorge : atténue l'angine et pose une b o u i l l o t t e o u si o n e n d u i t le linge de terre o u
les m a ux de g o r g e . de b o u e c h a u d e .
Enveloppement des articulations : atténue la d o u - Un sac de f o i n retient encore plus l o n g t e m p s la
leur en cas d ' a r t h r i t e et d ' a r t h r o s e . chaleur. Pour ce faire, o n m e t des fleurs de f o i n dans
> • Attention : les grands e n v e l o p p e m e n t s ne d o i v e n t un sac de lin q u e l'on c h a u f f e au-dessus d'un e source
pas être appliqués chez une personne ayant le ventre de vapeur c h a u d e ( a t t e n t i o n au risque d'allergie). Le
plein. Pas p o u r les personnes cardiaques. sac de f o i n rend la chaleur plus l e n t e m e n t q u e les
compresses chaudes ordinaires et les compresses de l i -
m o n , de f a n g o et d'autres boues aux vertus curatives.
Co m p r e sse s L'argile, la terre, la b o u e et les fleurs de f o i n s o n t
disponibles en p h a r m a c i e.
C o m p r e sse s f r o i d e s e t co m p r e sse s d e g l a ce Les compresses chaudes restent en place pendant
Comment ? environ 45 minutes et le malade est bien couvert. Après
A p p l i q u e r sur le linge d ' e n v e l o p p e m e n t une couch e enlèvement, observer un repos au lit d'une demi-heure
épaisse d'argile mouillée - disponible en p h a r m a c ie - puis laver à l'eau tiède. Le m o m e n t idéal de l'application
o u de quark . On p e u t également t r e m p e r un linge de de compresses chaudes est avant o u pendan t le repas.
lin dans une s o l u t i o n saline à 10 % , le t o r d r e et le lais- Quand ?
ser geler dans le congélateur. Le linge reste alors Les compresses chaudes atténuent les plaintes dans
flexible. On p e u t aussi a p p l i q u e r une compresse de les maladies chroniques, l'arthrose o u les a f f e c t i o ns
glace (glaçons broyés dans un sac en plastique). rénales o u de la vessie. Elles a i d e n t en cas de m a ux
On pose la compresse f r o i d e p e n d a n t une m i n u t e , d'estomac, de ventre et de tête d ' o r i g i n e nerveuse et
on l'enlève p e n d a n t quatre m i n u t e s et o n répète de m i g r a i n e . Elles améliorent la circulation q u a n d o n
l'opération cinq fois de suite. les appose t a r d le soir dans la région l o m b a i r e .
vertes et de pleurite. En cas de tension musculaire, a p - m e n t chez les malades h y p e r t e n d u s, présentant une
pliquer un sachet de glace o u f r o t t e r avec des glaçons. faiblesse cardiaque o u des t r o u b l es respiratoires.
58
Les
processus
révulsifs
La médecine populair e considère q u e ce s o n t des " hiu- Sous l'influence de la civilisation, n o t r e corps ne serait
meurs nocives" q u i r e n d e n t le corps malade et q u ' i l plus à même d'accomplir ses tâches de révulsion et
f a u t dès lors les évacuer p o u r recouvrer la santé. L'ori- d o i t dès lors être stimulé. S'il n'y a pas m o y e n de faire
g i n e de l'idée provient de tentatives p o u r expliquer les a u t r e m e n t , il f a u d r a d o n c offrir à ces " h u m e u r s n o -
maladies : elles étaient comprises c o m m e un mauvais cives" une voie de sortie artificielle. Le corps s'en re-
mélange d ' f i u m e u r s o r g a n i q u e s , la dyscrasie. M ê m e le trouvera nettoyé et l'ordre intérieur pourra être rétabli.
plus g r a n d médecin grec, Hippocrate de Cos (460-377
av. J.-C), était d'avis q u ' u n e plus g r a n d e sécrétion
— Explication de l'action
m e t t a i t f i n à la maladie. La t r a n s p i r a t i o n , les selles et
l'urine, les expectorations , les s a i g n e m e n t s , le pus et En médecine, la science des " h u m e u r s " est dépassée.
l'éruption cutanée c o n s t i t u a i e n t à ses yeux a u t a n t de On sait a u j o u r d ' h u i q u e n o m b r e de ces "thérapies ré-
moyens de se guérir. Cette conception a prévalu vulsives" f o n c t i o n n e n t par d'autres voies, q u e l'on dé-
c o m m e base de la science médicale occidentale de signe par le t e r m e anglais de " c o u n t e r i r r i t a t i o n " .
l'Antiquité j u s q u ' a u 19e siècle, avant d'être déclassée • Les s t i m u l a t i o n s cutanées p e u v e n t avoir u n e f f e t
par les nouvelles considérations scientifiques de Ru- sur les organes internes suite à leur transmission par
cio/f l//rc/7ow(1821-1902). les arcs réflexes (voir p. 72). C o n t r a i r e m e n t à ce q u e
Dans les années v i n g t , le gynécologue et clinicien l'on i m a g i n a i t a u p a r a v a n t, le sang n'est pas évacué de
viennois 6em^arc/Asc/7ner ( 1 8 8 3 - 1 9 6 0 ) reprit ces p r o - ces organes, mais il arrive j u s t e m e n t en plus g r a n d e
cessus révulsifs dans sa thérapie c o n s t i t u t i o n n e l l e et quantité. C'est l'effet visé par les massages (voir
les utilisa également après son émigration en A m é - p. 6 8 ) , par les thérapies d u c h a u d et d u f r o i d (voir
rique dans ses polycliniques de l'arthrite. En sus des p. 4 2 ) et par t o u s les processus révulsifs.
méthodes d'usage visant à vider la vessie et les intes- • Les s t i m u l a t i o n s artificielles douloureuses de la
tins et à p r o m o u v o i r la t r a n s p i r a t i o n (voir thérapie hy- peau (par ex. les égratignures, les brûlures et les p i -
p e r t h e r m i q u e p. 4 3 et sauna p. 4 4 ) , il préconisait des qûres) p e u v e n t c a m o u f l e r la d o u l e u r en un autre e n -
t r a i t e m e n t s q u i s e m b l a i e n t sortis t o u t d r o i t d ' u n f i l m d r o i t et ainsi la " c a l m e r " plus l o n g t e m p s . O n ne
d ' h o r r e u r : vomissements exagérés, prise de p r o d u i t s connaît pas les détails d u f o n c t i o n n e m e n t de cette ré-
toxiques et création de plaies artificielles. pression centrale de la douleur. De n o m b r e u x procé-
Font partie de ces processus révulsifs : le clystère (voir électrique transcutanée (voir p. 2 6 7 ) , l ' a c u p u n c t u r e
hydrothérapie d u côlon p. 200), la saignée (voir p. 60), le (voir p. 153), la m o x i b u s t i o n (voir p. 158) et la théra-
traitement par sangsues (voir p. 61), les ventouses (voir pie neurale (voir p. 2 3 2 ) .
p. 62), la thérapie de Baunscheidt (voir p. 63), l'emplâtre • Les inflammations de la peau artificiellement susci-
de cantharidine (voir p. 64) et les fontanelles, méthodes tées peuvent " i n t e r r o m p r e " u n processus inflammatoire
visant à créer de profondes plaies artificielles. du corps : le système immunitaire ne peut gérer à la fois
Les médecins partisans des méthodes d'Aschner les deux processus et ne s'adresse q u ' a u plus récent.
ne p r a t i q u e n t généralement plus les processus révul- • Les s t i m u l a t i o n s cutanées f o n c t i o n n e n t comme
sifs où il est q u e s t i o n de blessures i m p o r t a n t e s de la une stimulothérapie aspécifique : elles poussent l'or-
peau. ganisme à réagir a u t r e m e n t , en d'autres m o t s elles sti-
59
Méthodes
thérapeutiques
classiques
— Indications
La saignée
A c t u e l l e m e n t , de n o m b r e u x thérapeutes utilisent les
saignées dans les trouble s circulatoires p o u r améliorer
— Historique la m i c r o c i r c u l a t i o n . Il s'agit d ' u n e stimulothérapie en
cas de troubles de la m e n s t r u a t i o n et d ' h y p e r t e n s i o n .
Déjà p e n d a n t l'Antiquité et dans la culture indienne,
En cas d ' i n f l a m m a t i o n et d ' i n f e c t i o n , la prise de sang
les médecins p r a t i q u a i e n t des incisions dans la peau
aurait u n e f f e t a n t i - i n f l a m m a t o i r e .
de leurs patients p o u r les " s a i g n e r " . O n v o u l a i t ainsi
Limites de l'application
décharger l'organe malade o u mener le f l u x sanguin
Ne pas pratiquer de saignées en cas de troubles de la cir-
vers u n e autre région d u corps. On t r o u v a i t p a r t o u t
culation cérébrale o u de troubles de la coagulation. Les
des représentations d u corps h u m a i n où o n p o u v a i t
saignées ne sont pas utiles en cas d'hypotension, pendant
lire la s i t u a t i on exacte des point s d e saignée. Jusqu'au
les règles et en cas de diarrhées, d'arythmie cardiaque,
18e siècle, les thérapeutes saignaient t o t a l e m e n t a r b i -
d'angine de poitrine, d'anémie et de labilitè végétative.
t r a i r e m e n t leurs malades p o u r t o u t e s les plaintes pos-
sibles, convaincus de débarrasser ainsi le corps des
éléments q u i le rendaient malade. L'écrivain français — Risques
Jean- Baptiste Poquelin, d i t Molière ( 1 6 2 2 - 1 6 7 3 ) se
• Les saignées fréquentes affaiblissent le corps.
m o q u a i t dans sa pièce "Le m a l a d e i m a g i n a i r e " de ces
• Certains thérapeutes p e r f u s e n t après la saignée d u
médecins aux pratiques sanguinaires q u i t r a i t a i e nt
plasma de r e m p l a c e m e n t . Ceci n'est pas nécessaire
ainsi leurs malades par désespoir o u par cupidité. A u
mais d a n g e r e u x (risque de choc allergique).
f u r et à mesure des progrès de la médecine, les indica-
tions p o u r les saignées s o n t devenues plus restreintes.
60
Le traitement
par
sangsues
— Conseil sont placées la tête la première sur une partie de peau lé-
gèrement incisée au scalpel. Les sangsues peuvent aspi-
La saignée est à conseiller p o u r les d e u x p a t h o l o g i es
rer de 8 à 10 ml de sang et t o m b e n t d'elles-mêmes après
sanguines rares précitées. Elle ne peut pas être
une heure. A défaut, il f a u t les saupoudrer de sel. Pour
conseillée en t a n t q u e stimulothérapie.
les tuer, o n les met dans du vinaigre o u dans du sel.
Après le traitement, il faut garder le lit, car la blessure
continue de saigner pendant environ 2 4 heures, ce qui
fait encore perdre à peu près 4 0 ml de sang. Selon la
Le traitement par sangsues plainte et la zone du corps, on utilise deux à dix sangsues.
Cette méthode est vieille c o m m e le m o n d e . A l'époque, Les thérapeutes qui utilisent les sangsues les j u g e n t utiles
elle servait à soigner t o u t et n'importe quoi. Elle c o n n u t pour "la purification du sang, la dètoxification, la décon-
son apogée au début du 19e siècle. Dans sa clinique, le gestion, la lutte contre les crampes et leur effet calmant. "
médecin français François Broussais (1772-1838) saignait Il est probabl e q u e l'effet des sangsues repose sur
ses malades à t o u r de bras pour chaque i n f l a m m a t i o n , le f a i t q u e le p r o d u i t qui empêche la c o a g u l a t i o n au
au point de les vider de t o u t e substance, et décida de niveau de la blessure pénètre dans le corps par le
passer aux sangsues. C'est ainsi qu'en 1827, o n importa sang. Le sang devient de ce f a i t plus " f l u i d e " et les i n -
de Bohème et de Hongrie 33 millions de sangsues car les f l a m m a t i o n s s'en v o i e n t freinées.
étangs du pays avaient déjà été pillés depuis longtemps. En o u t r e , le t r a i t e m e n t par sangsues p e u t avoir un
A u cours d u 20e siècle, les sangsues passèrent de e f f et sur certaines régions individuelles du corps par la
m o d e , mais depuis quelques années la méthode re- voie réflexe (voir massage de z o n e réflexe p. 72).
g a g n e du t e r r a i n .
— Indications
— Procédé
Les thérapeutes recommandent le traitement par sangsues
Les sangsues (l- iirudinea) utilisées en médecine f o n t partie pour les inflammations rhumatismales de toute nature, lors
des annélidés et vivent habituellement en eau douce. Leur d'œdèmes, de phlébites avec thrombose, d'obstructions
orifice buccal est composé de trois mâchoires poun/ues de des vaisseaux sanguins et lymphatiques, de migraine et de
petites dents acérées. Leur morsure crée une blessure en sinusite. Les sangsues sont également placées un peu par-
f o r m e d'étoile à trois branches. Leur salive contient de l'hi- tout sur le corps pour traiter t o u t et n'importe quoi.
rudine, qui empêche le sang de se coaguler au niveau de L'utilisation de sangsues p e u t c o n t r i b u e r à la ré-
la morsure. L'hirudine est actuellement produite par le gé- d u c t i o n de prise d ' a n t i c o a g u l a n t s .
nie génétique et utilisée en médecine moderne pour le Limites de l'application
traitement de thromboses. Ne pas utiliser de sangsues en cas de maladies du
Les sangsues s o n t a u j o u r d ' h u i s u r t o u t importées de sang, sur les nœuds de varices et en cas de gangrène.
H o n g r i e où o n en f a i t l'élevage. On les conserve dans
un verre d'eau f r o i d e .
— Risques
61
Méthodes
thérapeutiques
classiques
— Critique
— Conseil
— Exannen et traitement
V e n t o u s e s sè ch e s
Les ventouses
Avant le traitement, on chauffe légèrement la peau du
patient couché à l'aide de lumière infrarouge. On pose
ensuite six à dix ventouses sur son dos. Le thérapeute fait
d'abord le vide dans la ventouse en brûlant l'air au-dessus
— Historique
de la f l a m m e d'un morceau d'ouate imbibé d'essence ou
La pose de ventouses était autrefois l'acte médical par à l'aide d'un système d'aspiration. Par la force de succion
excellence. Cette p r a t i q u e était t e l l e m e n t courante sur la peau, les capillaires de la circulation s'élargissent;
q u e même le sceau des médecins p o r t a i t une repré- après quelques minutes apparaissent des taches bleues,
s e n t a t i o n de v e n t o u s e . suivies un peu plus tard par de petites vésicules de la taille
Le principe même était déjà décrit il y a 3 00 0 ans en d'un petit pois. Le traitement dure de 10 à 15minutes.
— Procédé
V e n t o u s e s sa n g l a n t e s
On parle de scarification l o r s q u ' u n médecin incise s u - On incise la peau en f o r m e de croix. Lors de la pose,
p e r f i c i e l l e m e n t la peau en b e a u c o u p d ' e n d r o i t s . Un les ventouses se remplissent de sang c o u l a n t de l'inci-
scarificateur est l ' i n s t r u m e n t utilisé p o u r inciser la sion d ' u n centimètre e n v i r o n . En 10 à 2 0 m i n u t e s , o n
62
La thérapie
de
Baunscheidt
extrait de la sorte jusqu'à 300 millilitres de sang. Le • Risque.' d'infection en cas de mauvaise désinfection
traitement est douloureux. du matériel d'incision.
— Historique
— Risques
Bien que mécanicien de métier. Cari Baunsclieidt
• Ne pas poser de ventouses chez des personnes (1809-1873) se présentait comme "l'inventeur de la
présentant une tendance à l'hémorragie. médecine naturelle et du réveil de la vie". Suite à une
63
Méthodes
thérapeutiques
classiques
L'emplâtre de cantharidine
zones étendues, le malade d o i t garder le lit p e n d a n t
une journée, b e a u c o u p boire et ne pas se laver p e n -
d a n t quelques jours. Le t r a i t e m e n t est très d o u l o u r e u x . et la fontanelle
— Indications
— Historique
A u n e certaine époque, presque c h a q u e mal était
traité par la thérapie de Baunscheidt mais, a u j o u r - Dans la médecine populaire , o n considérait (et o n le
d ' h u i , elle n'est appliquée q u e par ceux q u i visent u n e considère encore a u j o u r d ' h u i ) q u e la " m o u c h e d'Es-
" m o d i f i c a t i o n générale d e réaction"; elle devrait ainsi p a g n e " réduite en p o u d r e et ingérée avait des vertus
s'avérer utile en cas de névrite, de t r o u b l e s h o r m o - aphrodisiaques. C e t te erreur d e c o n c e p t i o n a déjà
naux, de maladies d u tissu c o n j o n c t i f . coûté la vie à plus d ' u n e personne. C o m m e s t i m u l a n t
Limites de l'application e r o t i q u e , o n l'applique également sur la peau. La m é -
La thérapie ne p e u t être appliquée en cas d ' i n f l a m m a - decine naturelle utilise la c a n t h a r i d i n e p o u r le t r a i t e -
t i o n s cutanées o u de tendances aux allergies. m e n t d ' i n f l a m m a t i o n s douloureuses.
• Le t r a i t e m e n t p e u t laisser des cicatrices sur la peau. Les pâtes q u i suscitent des vésicules (vésicants) et sti-
64
L'emplâtre
de cantharidine
et la fontanelle
65
Méthodes
thérapeutiques
classiques
66
La photo-
thérapie
67
Méthodes
thérapeutiques
classiques
mière n ' o n t pas été prouvées. Les références écrites les plus anciennes au mas-
• Il est difficile de peser le p o u r et le c o n t r e d u t r a i t e - sage c u r a t i f nous v i e n n e n t de C h i n e et d a t e n t de plus
m e n t par les rayons U.V. de 4 5 0 0 ans.
Les Grecs enlevèrent au massage les t o u r s d e m a -
gie. Ils massaient les sportifs et les malades avec des
— Conseil
p o m m a d e s et des huiles o d o r a n t e s . Par l'intermédiaire
Le t r a i t e m e n t par la lumière bleue de la jaunisse d u des bains romains, la thérapie f u t i n t r o d u i t e dans la
nouveau-né est à conseiller, t o u t c o m m e le t r a i t e m e n t culture arabe.
68
Les massages
classiques
A côté des massages classiques et des massages de t i o n corporelle propre a été perturbée par les h a b i -
zone réflexe, il existe encore beaucoup de massages non tudes hostiles au corps, les expériences t r a u m a t i s a n t e s
conventionnels sur le marché. Il y a des formes mixtes o u la solitud e p e u v e n t regagner confiance en elles
69
Méthodes
thérapeutiques
classiques
pas le cas des massages dans le cadre s p o r t if et ceux c h a u f f a n t s , les compresses chaudes, les bains de va-
effectués dans un b u t de bien-être. peur et la visite au sauna sont f o r t appréciés, mais ne
Le silence, la c o n c e n t r a t i o n et la détente s o u l i g n e n t s o n t guère utiles puisqu'ils r e n d e n t difficile le massage
le succès de c f i a q u e massage. La pièce d o i t avoir une correct et en atténuent l'effet. Les compresses
température agréable et le p a t i e n t d o i t avoir s u f f i s a m - chaudes après le massage a u g m e n t e n t par c o n t r e l'ef-
ment chaud. f e t de détente. N o m b r e de patients se senten t bien
Le massage classique est composé de cinq m a n i p u - q u a n d ils c o n c e n t r e n t leur respiration sur la partie d u
lations différentes. Par l'effleurage de petites et de corps traitée par le masseur, d'autres se détendent
grandes surfaces, le masseur établit le c o n t a c t avec le plus f a c i l e m e n t en écoutant de la m u s i q u e d o u c e .
patient. Des mains et des j o i n t u r e s , il travaille t o u j o u r s Formation du thiérapeute
des zones périphériques vers le milieu d u corps. Par Les techniques de massage peuvent être apprises par le
f r i c t i o n , il réchauffe la p e a u . biais de cours privé mais sont le plus souvent appliquées
Le pétrissage, l'étirement et le m o u v e m e n t roulé de par des kinésithérapeutes et des médecins ( n o t a m m e n t
la peau a t t e i g n e n t les tissus adipeu x d u d e r m e et des dans le d o m a i n e sportif et en milieu hospitalier).
muscles. L'effleurage m e t f i n à cette phase. V i e n n e n t
ensuite les t e c h n i q u e s de f r i c t i o n "pénétrantes" bien
— Indications
ciblées. Elles a t t e i g n e n t les muscles, les t e n d o n s et les
l i g a m e n t s et libèrent les adhérences et autres consé- Le massage classique est analgésique en cas d ' a f f e c -
quences d'anciennes blessures. Les m o u v e m e n t s de tions rhumatismales , de l u m b a g o et de m a u x de dos
frictions et d ' e f f l e u r a g e se succèdent en alternance. p r o f o n d s , p e r m e t de lever les c o n t r a c t u r e s et de guérir
Percuter du t r a n c h a n t de la m a i n , du creux de la m a i n les séquelles de lésions musculaires. Il accélère la ré-
o u des d o i g t s stimule les tissus. Les vibrations induites éducation postopératoire en cas de blessures o u de
d u plat de la m a i n o u les secousses t e r m i n e n t le mas- paralysie de l'appareil l o c o m o t e u r . Le massage est
sage d ' u n e partie d u corps : elles c a l m e n t et atténuent utile en cas de dyspnée, d ' a f f e c t i o n s cardiaques, d ' h y -
la d o u l e u r d u e aux muscles contractés. On entame p e r t e n s i o n, de m i g r a i n e et améliore le développement
ensuite le t r a i t e m e n t de la z o ne suivante, plus proche corporel de l'enfant. Il p e r m e t u n e relaxation intense,
d u milieu d u corps. Le masseur t e r m i n e c h a q u e mas- une détente de l'esprit et p e u t guérir des t r o u b l e s
sage par des m o u v e m e n t s d ' e f f l e u r a g e. f o n c t i o n n e l s d ' o r i g i n e psychique.
70
Les massage;
classiques
71
Méthodes
thérapeutiques
classiques
t e i n t e d ' u n ulcère gastrique, d ' u n e a f f e c t i o n de l'ar- d'ulcères d'estomac, les coliques des voies biliaires et
72
de zone
réflexe
Le m a s s a g e d u cô l o n
En suivant le r y t f i m e de la respiration d u malade, le
thiérapeute masse p e n d a n t deux à q u a t r e m i n u t e s , en
décrivant des cercles, cinq points déterminés du cô-
lon. Le massage stimule la motilité de l'intestin et a
souvent une influence favorable sur la c o n s t i p a t i o n et
le b a l l o n n e m e n t de l ' a b d o m e n .
Limites de l'application
Le massage d u côlon ne p e u t être effectué en cas
d'inflammation intestinale o u a b d o m i n a l e , en pré-
sence de t u m e u r s o u p e n d a n t la grossesse.
— Traitement
zmrn
— Conseil
Le massage d ' u n e partie malade d u corps d o i t durer
12 m i n u t e s , le massage d ' u n e plus g r a n d e partie d u Le massage thérapeutique est à conseiller p o u r les
corps de 15 à 2 0 m i n u t e s e n v i r o n . Il f a u t ensuite se re- plaintes susmentionnées.
poser en se c o u v r a n t bien p e n d a n t une période cor- Le massage relaxant est à conseiller en t a n t que
r e s p o n d a n t e p o u r p e r m e t t r e un développement cor- mesure préventive.
rect de l'action.
En cas de mauvaise p o s i t i o n , plusieurs parties d u
corps sont concernées par la douleur. Un massage à
Quel m assage pour quelle indication ?
g r a n d e échelle est alors indiqué, p e n d a n t une demi -
heure à trois quarts d ' h e u r e , suivi de repos.
Problèmes musculaires. Massage classique
Le massage est u n e stimulothérapie; une seule
tendineux ou ligamentaires
séance ne suffira pas à assurer une a c t i o n de l o n g u e
durée. Si les f o n c t i o n s corporelles d o i v e n t être régu- Lymphoedèmes Drainage lymphatique
lées de façon d u r a b l e , il f a u d r a effectuer deux à trois
Troubles végétatifs Massage du tissu conjonctif
massages par semaine. Pour le massage classique, il
s'agira généralement de six t r a i t e m e n t s , p o u r le d r a i -
Troubles fonctionnels Massage de zone réflexe
nage l y m p h a t i q u e et le massage de zone réflexe,
des organes internes
d o u z e et plus.
73
Méthodes
thérapeutiques
classiques
M o b i l i sa t i o n s
Le thérapeute mobilise avec p r u d e n c e l'articulation
dans le sens de la l i m i t a t i o n d u m o u v e m e n t . Il fixe u n e
partie de l'articulation et tire les plans articulaires en
les écartant. Il les f a i t b o u g e r parallèlement o u en s u i -
v a n t le plan de m o u v e m e n t n o r m a l . Ceci se f a i t lente-
74
La médecine
manuelle
75
Méthodes
thérapeutiques
classiques
• En cas de m a u x de dos, il n'est pas prouvé q u e les et se laisser tomber dans un fauteuil devant la télévision un
m a n i p u l a t i o n s aient plus de valeur q u e l'effet placebo : paquet de chips à la main... Tout ceci a bien sûr un prix.
76
• • •.
" Un esprit sain dans u n corps sain " : voilà la devise e n - Plus grande est l'absence généralisée d'exercice, plus
seignée p e n d a n t l'Antiquité, tandis q u e l'on entraînait importante devient la valeur d u sport "spectacle" dans
de même façon le corps e t l'intelligence dans les g y m - notre société : dans les stades, les sportifs remportent les
nases. Daniel Gottfried Moritz Schreber (1808-1851) victoires en lieu et place des spectateurs et se battent
f u t le premier orthopédiste à se rendre c o m p t e d u fait c o m m e des panneaux publicitaires vivants bien plus pour la
q u e le m a n q u e de m o u v e m e n t rend malade e t q u ' i l vente d'équipements à la m o d e que pour le plaisir même
d e m a n d e u n e c o m p e n s a t i o n . En sa qualité de médecin de l'activité. A côté de cela nous est venue la rage du fitness
itinérant des aristocrates russes, il avait grossi et c o m - des États-Unis. Dans les centres de fitness et sur les pistes de
b a t t a i t sa c o r p u l e n c e à l'aide d'exercices réguliers de jogging, o n vise bien plus la "prestation" que la condition.
g y m n a s t i q u e . Schreber f o n d a une société de g y m n a s - A la l o n g u e , les sports d e prestation ne p e u v e n t sa-
t i q u e p o u r a p p o r t e r à la jeunesse u n e discipline p h y - tisfaire q u e pe u de gens et e n g e n d r e n t bien des bles-
sique e t développa u n e g y m n a s t i q u e spéciale p o u r les sures. C'est la raison p o u r laquelle les médecins re-
maladies orthopédiques. Son initiative f u t suivie dans c o m m a n d e n t de plus en plus les sports d ' e n d u r a n c e .
le m o n d e entier. A u j o u r d ' h u i encore, dans les "jardins Exercés de façon correcte, ils c o n s t i t u e n t le m o y e n
p o p u l a i r e s " de son i n v e n t i o n , maintes personnes y idéal p o u r a t t e i n d r e u n e b o n n e c o n d i t i o n d u r a b l e et
cueillent (même littéralement) les fruits d ' u n exercice une joie de vivre. En o u t r e , ils p e u v e n t prévenir de
sain en plein air. La thérapie d u m o u v e m e n t devin t u n nombreuses maladies e t p e r m e t t r e une économie s u b -
principe d e la médecine naturelle. Issue de l'éducation stantielle : les très nombreuse s affections provoquées
physique rigide d u pére de la g y m n a s t i q u e Friedrich par le m a n q u e d'exercice dans n o t r e société e n g l o u t i s -
Ludwig Jatin ( 1 7 7 8 - 1 8 5 2 ) e t d u m o u v e m e n t discipli- sent a c t u e l l e m e n t 2 0 % d u b u d g e t t o t a l de la santé.
naire d u 19e siècle, la c u l t u re physique libre se déve-
loppa entre les deux guerres. Après la Seconde Guerre
Ki n é si t h é r a p i e
m o n d i a l e , le s p o rt devint le principal loisir, avec u n e vé -
C e t t e g y m n a s t i q u e ne vise pas particulièrement la pré-
ritable explosion dans les années 8 0 .
v e n t i o n o u la lutte c o n t r e les maladies de n o t r e civilisa-
77
Méthodes
thérapeutiques
classiques
carde. Les exercices c o n t r i b u e n t à l'amélioration de La périodicité doit être choisie de façon à prévoir une
d ' o r i g i n e cérébrale chez l'enfant, de c o n s t i p a t i o n c h r o - trois à quatre fois par semaine, car ce n'est qu'à partir de
n i q u e et d ' i n c o n t i n e n c e urinaire. Ils c o n s t i t u e n t u n e cette durée q u e l'on atteint l'effet désiré sur le métabo-
aide p e n d a n t la grossesse e t l ' a c c o u c h e m e n t. lisme des graisses (et l'augmentation voulue du cholesté-
rol HDL). C'est en procédant ainsi que l'on arrive concrète-
Les techniques particulières sont, par exemple, la g y m -
m e n t aux améliorations importantes pour le corps.
nastique respiratoire (voir p. 131), la gymnastique sous
l'eau et l'hippothérapie pour remédier aux dégâts dus à Coordination : sans entraînement, la précision e t la
une mauvaise position o u en cas de troubles de la mobilité. vivacité de nos m o u v e m e n t s d i m i n u e n t déjà à partir de
l'âge de dix ans. A u n âge avancé, ce f a i t se précise de
plus en plus. Lorsqu'on entraîne la c o o r d i n a t i o n d e nos
—Concept de base m o u v e m e n t s , o n reste plus l o n g t e m p s à l'abri des
de vie, plus g r a n d sera l'effet sur la santé. Celui q u i se Mobilité : la mobilité des articulations dépend d e
déplace à vélo plutôt q u ' e n v o i t u r e , q u i p r e n d l'escalier leur état, de la taille et de l'élasticité des muscles, des
plutôt q u e l'ascenseur, q u i travaille régulièrement dans l i g a m e n t s et des t e n d o n s . Lorsque la souplesse est l i -
son j a r d i n , q u i prévoit u n e demi-heure de p r o m e n a d e mitée, le simple f a i t de se n o u e r les lacets p e u t devenir
dans ses activités q u o t i d i e n n e s , se réserve déjà pas mal une corvée. L'exercice d ' e n d u r a n c e e n t r e t i e n t la m o b i -
de " f i t n e s s " spontané. L'exercice devrait devenir u n e lité e t u n e g y m n a s t i q u e ciblée p e u t l'améliorer.
h a b i t u d e précieuse. Ceci depuis le plus j e u n e âge, Rythme et force : l'entraînement en vitesse n'est
p u i s q u ' u n j e u n e de moins de 10 ans sur cinq s o u f f r e pas très i m p o r t a n t p o u r m a i n t e n i r en b o n n e santé les
déjà des conséquences d ' u n e mauvaise p o s t u r e . muscles, le cœur e t les p o u m o n s . L'entraînement en
Le b u t de l'exercice physique n'est pas de réaliser des force n'est guère plus utile, mais il est i m p o r t a n t de
prestations de haut niveau, mais bien d'améliorer en gé- renforcer certains g r o u p e s de muscles, par e x e m p l e les
néral les capacités physiques et la faculté d ' a d a p t a t i o n . muscles dorsaux et a b d o m i n a u x q u i s o u t i e n n e n t la co-
78
La thérapie
du mouvemer
• Échauffez-vous avant l'entraînement par des exercices actuellement ceux que l'on porte au poignet comme une
d'étirement et commencez lentement. montre et dont une électrode est fixée sur la poitrine. Un
• Évitez l'ambition démesurée. Interrompez l'entraînement si appareil ergométrique à domicile ne doit assurer que deux
vous êtes épuisé, même si vous n'avez pas encore eu votre fonctions : il doit mesurer le pouls en permanence et la
"dose". Votre condition n'est pas de même qualité chaque jour puissance doit être réglable.
• Évitez le sprint, laissez décroître lentement le • Les exercices qui durent moins de 6 minutes n'ont
mouvement et prévoyez suffisamment de pauses. aucun sens. On recommande 10 minutes par jour.
• La force de l'entraînement est bonne si le pouls • Plus vous vous entraînez souvent et longuement, plus
augmente d'abord pour se stabiliser ensuite. Mesurez votre votre niveau de prestation augmente. Vous pouvez chaque
pouls cinq minutes après le début de l'entraînement et à la fois augmenter la sollicitation en fonction de ce niveau.
fin, pendant une minute à chaque fois. Le pouls se mesure • L'influence positive de l'entraînement sur la santé ne
le plus facilement au niveau de la carotide ou au poignet. peut être "stockée" : l'entraînement doit être effectué en
Les meilleurs instruments électroniques de mesure sont permanence.
lonrne vertébrale en cas de mau x de dos. Ce résultat sure de l'endurance a p o u r devise : " c o u r i r sans être à
p e u t également être o b t e n u par un entraînement court d'haleine".
d ' e n d u r a n c e et u n e g y m n a s t i q u e régulière et bien c i -
blée.
— Explication de l'action
L'épreuve d ' e f f o r t sur la bicyclette ergométrique plus solide et le risque de fracture osseuse diminue.
79
Méthodes
thérapeutiques
classiques
malades : il d i m i n u e la raideur d u matin et la déforma- contre les sollicitations plus importantes et permet une re-
tion des doigts des maladies rhumatismales, il peut faire mise en condition après une maladie. Il peut diminuer les
diminuer le taux de sucre et de lipides élevés dans le sang risques après un infarctus du myocarde o u une hémorragie
des patients atteints de diabète sucré. L'état dépressif et cérébrale et maintenir le corps en état de prestation malgré
les troubles nerveux disparaissent, l'humeur s'équilibre. les limitations existantes o u le déclin dû à l'âge. La sensation
L'entraînement d'endurance prévient les phéno- physique qu'il procure peut avoir un effet positif sur l'esprit.
mènes négatifs liés à la vieillesse : les organes senso- Les sports repris dans l'encadré sollicitent u n e
riels conservent plus l o n g t e m p s leur qualité, o n reste g r a n d e partie d u système musculaire g l o b a l , sont facile
plus agile et le risque d'ostéoporose d i m i n u e . à doser en f o n c t i o n des besoins individuels et présen-
t e n t relativement pe u de risques. Pour rester en f o r m e ,
3 0 m i n u t e s de s p o r t d ' e n d u r a n c e trois fois par se-
— Indications
maine suffisent, en f o n c t i o n des capacités propres.
• Choisissez le sport que vous avez envie de pratiquer et entrecoupée de trois minutes de promenade toutes les 3,
partagez le plaisir qu'il vous procure avec vos amis : cela 6,12, 30 et 60 minutes (à augmenter progressivement) est
vous permettra plus facilement de persévérer. une bonne préparation. ' ,
• La gymnastique devrait faire partie de votre • Le "jogging" visant la performance est à déconseiller.
programme d'exercice quotidien : au moins six à dix • Le vélo et la natation sont des sports d'endurance
minutes. idéaux.
• Pour celui qui (re)commence après l'âge de quarante • Le ski de fond, l'aviron, le patinage sur glace, à
ans, la promenade sportive, la promenade en montagne et roulettes ou "in-line" et la gymnastique d'endurance sont
la marche de longue distance sont les activités les plus également des activités positives.
appropriées. Comme phase intermédiaire, la course lente
80
La thérapie
du mouvemei
La n a t a t i o n a u n e f f e t sur t o u t l'organisme, détend et faut pas d'équipement particulier. Les cassettes vidéo ou
L'eau froide stimule l'irrigation sanguine et la régulation nastique en plein air fait plus d'effet et est plus agréable.
thermique. Le fait de flotter facilite chaque mouvement La gymnastique régulière améliore l'irrigation et brûle
dans l'eau et c'est pour cette raison que la natation est tel- les graisses d u corps. Les exercices bien ciblés peuvent
lement indiquée pour toutes les affections dégénératives renforcer certains groupes de muscles, augmenter la m o -
des articulations et des muscles, et qu'elle prévient la perte bilité articulaire et prévenir les dégâts occasionnés par une
généralisée des facultés de performance. Elle facilite la res- mauvaise posture. L'entraînement de fitness régulier dé-
piration chez les asthmatiques et est utile en cas de varices. t e n d , arme contre le stress et aide en cas de dépression.
Cependant, ce sport sollicite plus la circulation sanguine
q u ' o n ne le croyait auparavant. On conseille donc la modé-
— Risques
ration pour les personnes âgées et celles souffrant de m a -
ladies cardiaques. • Les débutants ne peuvent se lancer dans un sport
d'endurance sans visite de contrôle chez un médecin. Les
Sk i d e f o n d personnes non entraînées ne peuvent participer à un
Le ski de f o n d fait appel à presque tous les groupes mus- sport éprouvant occasionnel, une course de masse o u à
culaires de façon régulière et a surtout une influence posi- des épreuves p e r m e t t a n t l'obtention d'une attestation.
tive sur le squelette. Il prévient les dégâts à la colonne ver- • D'aucuns prétendent q u e le s p o r t est s y n o n y m e de
81
Méthodes
:hérapeutiques
classiques
rares dans le cas de sports de santé pratiqués avec les p r i n c i p a l e m e n t l ' a l i m e n t a t i o n p o u r les personnes m a -
82
La diététique
qualitative
ventées" (Broker, Waerland, Anemueller, Evers). Il f a u t Une mauvaise alimentation contribue fortement à
en o u t r e faire la d i s t i n c t i o n entre les gens p o u r q u i seul l ' a p p a r i t i o n d e trouble s métaboliques e t circulatoires.
l'aspect sain e t équilibré est i m p o r t a n t et ceux q u i sont Si l'ordre h a r m o n i e u x dans le métabolisme reste per-
a t t e n t i f s à t o u s les éléments liés à l ' a l i m e n t a t i o n , tels turbé, il e n g e n d r e des maladies c h r o n i q u e s .
l ' e n v i r o n n e m e n t e t l'économie m o n d i a l e . Les processus métaboliques déterminent aussi l ' i m -
Cela devrait p o u r t a n t intéresser t o u t le m o n d e d e munité. Bien avant q u e les c h a n g e m e n t s dans le corps
savoir si les aliments c o u v r a n t les besoins en protéines ne d e v i e n n e n t mesurables, détectables o u visibles, le
d ' i m p o r t a n t s groupes d e la p o p u l a t i o n s o n t t r a n s p o r - système i m m u n i t a i r e aura déjà réagi face à u n e ali-
tés sur des milliers de kilomètres plutôt q u e d'être p r o - m e n t a t i o n défaillante. L'importance d u rôle joué par
duits sur place. Les r e c o m m a n d a t i o n s en matière ali- l ' a l i m e n t a t i o n dans l'apparitio n d e t o u t e s les maladies
m e n t a i r e p e u v e n t avoir u n e incidence sur la q u e s t i o n devient évident q u a n d o n considère le f a i t q u e cer-
de l'avenir des e x p l o i t a t i o n s agricoles. taines maladies ne p a r v i e n n e n t à s'installer qu'après
élaboré à t o u s p o i n t s de vue est celui d e la "diététique Vu sous un angle moins scientifique, le simple fait de
q u a l i t a t i v e " selon von Koerber, Mânnie et Leitzmann. se nourrir peut être considéré c o m m e une c o n t r i b u t i o n
Il c o n s t i t u e la base des conseils d ' a l i m e n t a t i o n décrits à la vie. Les produits alimentaires n o n modifiés sont
ci-dessous. complets, ordonnés, finis. Il n'est pas impossible q u e
l'organisme réagisse différemment aux ingrédients
d ' i m i t a t i o n synthétique, puisqu'ils peuvent contenir des
éléments dont les propriétés ne sont pas encore
La diététique qualitative
connues. L'action positive de ce q u ' o n appelle les " m a -
tières végétales secondaires" n'a été découverte q u e
depuis p e u . Il s'agit d'éléments de produits alimentaires,
présents en toutes petites quantités, mais q u i j o u e n t u n
— Concept et explication de l'action
rôle n o n sans i m p o r t a n c e dans l'action salutaire de l'ali-
circulation s a n g u i n e et le système i m m u n i t a i r e . Le cas bactérien. Les flavonoïdes présents dans tous les lé-
échéant, elle devra d ' a b o r d restaurer intégralement la g u m e s mais en quantités plus i m p o r t a n t e s dans les b r o -
83
Méthodes
thérapeutiques
classiques
— Risques
— Indications
Les p r o d u i t s alimentaires e x e m p t s d'éléments nocifs
Le c h e m i n vers la santé ne passe pas i n c o n d i t i o n n e l l e - n'existent plus. C e p e n d a n t , les p r o d u c t e u r s de l'agri-
m e n t par la p h a r m a c i e , mais très souvent plutôt par la culture écologique contrôlée se s o u m e t t e n t à certaines
cuisine. c o n d i t i o n s p o u r t e n t e r de réduire cette nocivité au
Prévention : la diététique qualitative prévient les maximum.
maladies d ' o r i g i n e alimentaire. Parmi ces dernières, o n Les mesures suivantes l i m i t e n t p o u r l'individu la
t r o u v e l'obésité, les calculs rénaux, l'artériosclérose, le quantité de p r o d u i t s nocifs :
84
La diététique
qualitative
Fort em ent recom m andé Recom m andé Peu recom m andé Pas recom m andé
Alim ent s non chauffés Alim ent s chauffés Alim ent s f ort em ent Éléments isolés
modifiés d'alim ent s
Noix, graines, huile non Margarine végétale non Graisses et huiles Sucreries, préparations
raffinée pressée à froid, durcie avec beaucoup d'extraction et raffinées d'éléments nutritifs,
graisse de coco non durcie d'huile pressée à froid préparations amaigrissantes
Lait de première qualité, (Produits de) lait pasteurisé, beurre Lait UHT, poudre de lait Lait stérilisé
produits de lait cru (en faible quantité). Raisson. Si Charcuteries, saucisses, Abats, saindoux
œufs et viande; en faible quantité conserves de viande
Eau minérale Eau du robinet, thé de plantes Thé noir, café, bière, vin Boissons à base de jus de
et de fruits, malt et succédané fruits, limonade, cola, boissons
de café, cacao non sucré instantanées, spiritueux
Épices et graines fraîches, Épices et graines chauffées, Extraits d'épices Produits aromatiques, sel de
sel de mer pauvre en iode sel de cuisine pauvre en iode cuisine
Fruits sucrés crus, fruits Miel, sirop de pomme et de Sirop de betterave sucrière, Sucre, édulcorants
séchés trempés dans l'eau poire allongé à l'eau et en mélasse, sirop d'érable
quantités modérées
85
Méthodes
thérapeutiques
classiques
— Conseil — Pratique
— Conseil
Le régime de Bircher-Benner
— Historique
86
Le régime
de Schnitzer
— Indications
— Historique
— Risques et critique
En sa qualité d e dentiste, l ' A l l e m a n d Johann-Georg
Schnitzer (né en 1 9 3 0 ) se t r o u v a i t " a u premier r a n g " • Le régime intensif présente à la l o n g u e le risque t y -
p o u r constater les dégâts occasionnés par u n e m a u - p i q u e d e t o u t e a l i m e n t a t i o n n o n variée : déficits d e
vaise a l i m e n t a t i o n . En réaction, il développa deux sys- protéines, d e calcium, de fer, d ' i o d e e t de v i t a m i n e B,2.
tèmes d ' a l i m e n t a t i o n d ' o r i g i n e p u r e m e n t végétale. • Il n'est pas prouvé q u ' u n e personne s o u f f r a n t d ' u n
diabète d e t y p e I p o u r r a i t se passer d'insuline en s u i -
v a n t le principe d ' a l i m e n t a t i o n intensive. A u c o n t r a i r e :
— Concept de base
cette a f f i r m a t i o n serait même dangereuse p o u r les d i a -
Sur base d e la natur e d e l'appareil masticateur h u - bétiques. Il en va d e même p o u r les autres promesses
m a i n , Schnitzer c o n c l u t q u e la n o u r r i t u r e " p r i m i t i v e " de guérison de maladies graves.
de l ' h o m m e devait être végétale. Un m o d e alimentaire • Le régime normal est une alimentation de qualité si l'on
p u r e m e n t végétal devait d o n c être le meilleur égale- n'exclut pas totalement la viande et le poisson o u si l'on
m e n t a u j o u r d ' h u i . Les autres p r o d u i t s , la viande en compose les repas avec soin (voir végétarisme p. 89).
87
Méthodes
thérapeutiques
classiques
_ Risques et critique
88
Le végétarisme
• Comparé au g r o u p e de m a n g e u r s de viande , le
risque d ' a f f e c t i o ns coronariennes est de 3 0 à 7 0 %
Le végétarisme plus faible chez les végétariens. Leur système digestif
est m o i n s sensible aux maladies, il y a m o i n s de cas de
g o u t t e et d e troubles d e la f o n c t i o n rénale et, par r a p -
p o r t au g r o u p e des végétariens, le cancer f a i t deux à
— Historique
trois fois plus de victimes p a r m i la p o p u l a t i o n q u i se
(5e siècle av. J.-C.) est c o n n u • Les végétariens a t t e i g n e n t plus s o u v e n t leur poids
en t a n t q u e pionnier d u m o d e idéal.
de vie végétarien. • Leur t e n s i o n artérielle est n e t t e m e n t plus basse.
• Leur taux de lipides sanguins est plus bas.
• Le lait des f e m m e s q u i vivent depuis des années se-
— Concept de base
lon le m o d e végétarien c o n t i e n t n e t t e m e n t moins de
Ce sont surtout des considérations religieuses et éthiques substances nocives q u e celui des autres f e m m e s .
qui poussaient dans le temps les végétariens à ne pas
manger d'animaux morts. S'y ajoutent aujourd'hui de
— Risques et critique
plus en plus des idées d'ordre politique et écologique. Il
est devenu difficile de justifier le fait q u e les pays riches Les végétariens, e t plus encore les végétaliens, d o i v e n t
consacrent d'énormes quantités d'aliments végétaux afin bien connaître la valeur nutritiv e de c h a q u e a l i m e n t sé-
de nourrir des animaux pour ensuite les consommer sous paré p o u r éviter les carences. Les f e m m e s enceintes et
la f o r m e " a n o b l i e " de morceaux de viande sélectionnés, qui allaitent, t o u t c o m m e les petits enfants, ne p e u -
alors que dans d'autres parties d u m o n d e les gens m e u - v e n t se passer t o t a l e m e n t de protéines animales. Pour
rent de faim. La culture de ces quantités gigantesques de les enfants en période de croissance, u n e a l i m e n t a t i o n
fourrage exige des terres d o n t le revenu direct permet- ovo-lactovégétarienne ne pose pas de problèmes à
trait d'alimenter bien plus de gens. Les excréments ( f u - c o n d i t i o n q u e leur m e n u soit bien composé sur le plan
Les ovo-lactovégétariens ne mangent pas de Fer : le f e r présent dans les végétaux n'est aussi f a -
viande o u de poisson, mais c o n s o m m e n t des œufs, d u cile à assimiler par le corps q u e le fer d ' o r i g i n e a n i -
lait e t leurs p r o d u i t s dérivés. male. Néanmoins, les h o m m e s q u i suivent u n régime
Les lactovégétariens ne m a n g e n t ni viande, ni pois- végétarien ne présentent n o r m a l e m e n t pas de déficit
son, ni œufs. en fer. Chez les f e m m e s végétariennes, le taux de f e r
89
Méthodes
thérapeutiques
classiques
dans le sang est 10 % moins élevé q u e chez les La viande, le poisson e t le lait s o n t p o u r Hay des ali-
f e m m e s q u i m a n g e n t de la viande. Elles sont p o u r t a n t m e n t s à f o r t e c o n c e n t r a t i o n d e protéines. Selon s o n
m o i n s sensibles aux maladies. C o m m e les réserves d e c o n c e p t , les fruits surs f o n t également partie d e ce
fer de la f e m m e végétarienne sont moins i m p o r t a n t e s , g r o u p e . Les aliments riches en hydrates d e c a r b o n e
il se p e u t q u ' e n cas d e besoin en f e r accru, par s o n t les céréales, les p o m m e s d e terre, le sucre e t les
e x e m p l e p e n d a n t la grossesse, u n e carence en f e r i n - aliments r e n f e r m a n t d u sucre. Sont considérés c o m m e
tolérable s'installe. "neutres" les graisses, b e a u c o u p d e légumes e t les
— Conseil — Pratique
— Indications
— Historique
Hay considère son régime dissocié c o m m e u n m o y e n
Une nouvelle ère de la santé, c'est là ce q u e p r o m e t t a i t de prévention d e maladies (également le cancer) e t
l'américain Howard Hay ( 1 8 6 6 - 1 9 4 0 ) en présentant la c o m m e n o u r r i t u r e salutaire p o u r les malades. Ce ré-
nouvelle théone d e l ' a l i m e n t a t i o n qu'il avait élaborée g i m e est aussi recommandé c o m m e t r a i t e m e n t p o u r
à la f i n d u 19e siècle. diabétiques e t p o u r les enfants.
Hay développa ses propres " lois chimique s de la diges- • La séparation des aliments proposée par Hay
t i o n ". Selon lui, les protéines avaient besoin d e sucs d i - n'existe q u e dans sa théorie. La nature ne suit pas
gestifs acides, alors q u e les hydrates d e c a r b o n e n é - cette règle et mélange j o y e u s e m e n t t o u s les aliments.
cessitaient des sucs basiques. Si l'on m a n g e les deux • Ce q u i , selon Hay, n'est pas possible - digérer en
p r o d u i t s en même t e m p s , les hydrates d e c a r b o n e même t e m p s les protéines et les hydrates de c a r b o n e -
n'étaient, d'après lui, pas digérés et f e r m e n t a i e n t dans se p r o d u i t en p e r m a n e n c e dans le t u b e digestif d e
l'intestin. c h a q u e personne.
90
La macro-
biotique
91
Méthodes
thérapeutiques
classiques
• Une alinnentation m a c r o b i o t i q u e de qualité n'est p e n d a n t , même si l'on ne p e u t voir ces déchets sous le
possible qu'à c o n d i t i o n de s o i g n e u s e m e n t compose r microscope, o n ne p e u t nier le fait q u ' u n e mauvaise
les repas. a l i m e n t a t i o n crée dans le corps des c o n d i t i o n s peu f a -
vorables. Dans ce cas, une "élimination de scories" si-
gnifierait libérer les cellules du corps de l'excès de p r o -
— Conseil
téines, d'eau, d'acides et de substances toxiques.
L'alimentation m a c r o b i o t i q u e selon Kushi ne p e u t être En ce qui concerne les "scories", les n a t u r o p a t h e s
conseillée. p a r t a g e n t l'avis suivant : l'espace entre les organes est
Pour les petits enfants, elle est à déconseiller. rempli de "tissu de b a s e " , un tissu c o n j o n c t i f m o u ,
riche en cellules, où o n t lieu les échanges entre les ca-
pillaires, les cellules nerveuses et les cellules orga-
niques. C'est dans ce réseau de fibres q u e le corps e n -
Beaucoup de religions connaissent une période de tions articulaires, tissulaires et vasculaires chroniques.
jeûne. Par ce genre d'usage, la connaissance de ce qui Ces dépôts agrandiraien t les zones de t r a n s f e r t
est b o n p o u r l ' h o m m e est souvent transformée en exi- entre les capillaires et les cellules. Des réactions q u i
gence religieuse. n o r m a l e m e n t ne se p r o d u i r a i e n t pas, peuvent ainsi d e -
Il n'y a plus beaucoup de personnes en Europe a u - venir plus nombreuses. D'après cette théorie, ceci f a -
j o u r d ' h u i qui vivent d'après ces règles. Beaucoup d'Euro- voriserait la naissance et la croissance de t u m e u r s .
péens o n t cependant redécouvert le jeûne c o m m e mé-
t h o d e de perte de poids rapide. Ce genre de "régime
— Pratique
zéro", souvent entrepris de propre initiative, ne res-
semble en rien au jeûne pour raison de santé. Ce dernier La m o d i f i c a t i o n de la réaction d u corps est la plus
vise en effet l'épuration du corps et d'autres réactions g r a n d e q u a n d le jeûne s ' a c c o m p a g n e de l'effet de
corporelles, éventuellement en combinaison avec une ré- cure : loin de la vie de tous les j o u r s , ne pas travailler,
orientation psychique. Le jeûne curatif attend de cette pas de f a m i l le a u t o u r de soi, b e a u c o u p d'attention
"autre façon de réagir" d'au moins influencer positive- p o u r soi-même.
m e n t les maladies existantes, sinon même de les guérir. Les cures de jeûne se déroulent souvent suivant ce
Le p i o n n i er de cette méthode est le médecin alle- schéma suivant :
m a n d O f f o fiuc/i/nger ( 1 8 8 2 - 1 9 7 0 ) . Trois jours transitoires d ' a l i m e n t a t i o n pauvre en ca-
lories. Le premier j o u r : " n e t t o y a g e des intestins" à
l'aide de boissons à base de sulfate de soude o u d ' u n
— Concept de base
lavement à la c a m o m i l l e . On répète le t r a i t e m e n t trois
Les médecins partisans de la diète considèrent le jeûne fois c h a q u e semaine. La sensation de f a i m serait d u e à
c o m m e une détoxication b i o l o g i q u e . un intestin i n s u f f i s a m m e n t vidé.
Une des principales idées à la base de l'action du Par j o u r de jeûne, il f a u t absorber deux à trois litres
jeûne est le c o n c e p t de " s c o r i e s " . La médecine univer- de liquide pauvre en calories o u e x e m p t de calories.
sitaire insiste à c h a q u e fois sur le fait q u ' i l n'y a pas Après les jours de t r a n s i t i o n , les journées s'écoulent
d'indications de l'existence de ce type de déchets. Ce- au gré des séances de g y m n a s t i q u e , des p r o m e n a d e s.
92
Le jeûne
— Explication de l'action
— Risques
Le corps dispose d ' u n " p r o g r a m m a d ' u r g e n c e " pour
les jours sans n o u r r i t u r e . Il passe alors à la " d i g e s t i o n La personne q u i jeûne sans le m o i n d r e a p p o r t de calo-
intérieure". Le plus gros d u travail est assumé par le ries perd d e grandes quantités de protéines p e n d a n t
f o i e et les reins, mais le système h o r m o n a l s'adapte les deux premières semaines. Ce n'est qu'après c e t te
aussi à la règle "d'économie d'énergie". Dès q u e la ré- période q u e le corps c o m m e n c e r a à dégrader plus de
serve d'hydrates de c a r b o n e est épuisée, le corps e n - graisse q u e de protéines. Le m o n d e médical n'arrive
t a m e la graisse. Mais c o m m e la graisse est difficile à l i - pas à t o m b e r d'accord sur le risque engendré par u n e
bérer, les réserves en protéines d e v r o n t également perte aussi considérable de protéines.
couvrir les besoins énergétiques. La perte de poids est Les effets secondaires liés au jeûne sont les suivants :
de 3 5 0 à 4 5 0 g r a m m e s par jour. • D'anciennes plaintes mais aussi des trouble s jamais
Le corps p o m p e b e a u c o u p d'eau des tissus. Suite à ressentis a u p a r a v a n t p e u v e n t surgir.
la d i m i n u t i o n de la quantité de liquide, la circulation • Les t r o u b l es d u s o m m e i l s o n t propres au jeûne. Les
sanguine f o n c t i o n n e mieux, le cœur est m o i n s sollicité rêves p r o f o n d s et souven t inquiétants p e u v e n t rendre
et la tension d i m i n u e . L'estomac vide exerce moins de indispensable u n d i a l o g u e d'accompagnement.
pression et facilite la respiration. • La c o n c e n t r a t i o n d'acide u r i q u e dans le sang a u g -
Le jeûne " o u v r i r a i t " aussi t o u t l'espace d u tissu de m e n t e . Des accès d e g o u t t e s o n t d o n c possibles.
base, de sorte q u e les "scories" accumulées y soient • Une absence de règles p e u t être constatée.
digérées o u éliminées. Le jeûne est absolument déconseillé pour :
Le jeûne régulier économiserait les forces vives et Les personnes q u i s a i g n e n t f a c i l e m e n t , s o u f f r a n t de
renforcerait le système i m m u n i t a i r e . maladies organiques sévères, d'hyperthyroïdie, de
93
Méthodes
thérapeutiques
classiques
94
La cure
de Mayr
La cure de Mayr
— Historique
95
Méthodes
thérapeutiques
classiques
suivre après le régime est composée d ' u n petit-déjeu- • " L ' a u t o - i n t o x i c a t i o n " par les substances t o x i q u e s
ner le m a t i n , éventuellement avec un f r u i t , un repas de intestinales n'a jamais été démontrée.
midi simple, éventuellement u n e salade c o m m e e n - • O n ne p e u t d i a g n o s t i q u e r une maladie sur base de
trée, pas de repas le soir, o u alors extrêmement léger. la f o r m e d e l ' a b d o m e n o u de l ' a t t i t u d e du corps.
Les c o m m a n d e m e n t s de M a y r sont : peu d e c r u d i - • La cure de Mayr n'est pas appropriée p o u r maigrir
tés, peu d e graisses, peu de sucreries, pas de café, pas de façon d u r a b l e . En t a n t q u ' a l i m e n t a t i o n p e r m a -
d ' a l c o o l , pas de n i c o t i n e , pas d'en-cas, mais le m a t i n nente, les conseils de M a y r ne répondent pas aux re-
un verre d'eau au sel d'Epsom c o m m e laxatif. c o m m a n d a t i o n s d ' u n e diététique qualitative.
Ces régimes m e t t e n t l'accent sur l'apprentissage d ' u n La cure de Mayr est à conseiller c o m m e régime amai-
processus d ' a l i m e n t a t i o n conscient. ghssant o u c o m m e jeûne c u r a t if adapté.
L'alimentation permanente par après est surtout basée
sur un équilibre entre les aliments "acides" et "basiques".
— Indications
— Critique
— Concept de base
• L'hypothèse de Mayr sur les d o m m a g e s o c c a s i o n-
nés au corps par les acides, les bases et l'alcool p r o - La cure de Schroth stimulerait les forces auto-curatives d u
duits par la d i g e s t i o n ne p e u t être étayée. corps, le débarrasserait de ses "scories" et de ses "poisons".
• Un corps sain assure lui-même l'équilibre
acide/base dans le sang et les urines, sans p o u r cela
— Pratique
avoir besoin d ' u n e a l i m e n t a t i o n particulière. Les p r o -
cessus métaboliques de l'équilibre acide/base au n i - Trois " j o u r s secs" par semaine : repas à base de riz, de
veau cellulaire ne s o n t pas encore connus. s e m o u l e et d'avoine; petits pains c o m p l e t s n o n salés
96
L'alimentation
instinctive
en quantité illimitée; fruits séchés, dattes, figues, noix • Les critiques e s t i m e n t que les compresses sollicitent
et graines. Pas plus d ' u n huitième de b o u t e i l l e de v i n . la circulation sanguin e et qu'elles ne sont pas i n d i -
Deux "jours de peu de boisson " : un demi-litre de vin. quées p o u r les personnes d o n t la t e n s i o n artérielle est
Deux " j o u r s de b e a u c o u p de b o i s s o n " : un litre de basse.
vin. L'eau et les jus de fruits sont interdits.
Pendant la cure, des e n v e l o p p e m e n t s h u m i d e s et
— Conseil
chauds d o i v e n t p e r m e t t r e l'élimination des "scories"
d u corps par la peau. La cure de Schroth n'est à conseiller q u e si elle est a p -
pliquée d ' u n e façon q u i répond à l'état actuel des
connaissances.
— Explication de l'action
L'alimentation instinctive
— Indications
97
Méthodes
thérapeutiques
classiques
pensable de boire en plus des liquides déjà c o n t e n u s pas a a p p o r t e r au corps le liquide d o n t il a besoin.
dans la n o u r r i t u r e végétale. Si o n désire boire malgré Beaucoup d'eau est nécessaire en cas d ' e f f o r t p h y -
t o u t , o n conseille de l'eau distillée. sique, de chaleur et de fièvre.
L'instinct détermine le choix des fruits o u des lé- • L'eau distillée n ' a p p o r t e pas au corps les minéraux
g u m e s . Q u a n d l'apparence o u l'odeur d ' u n f r u i t o u nécessaires à la vie.
d ' u n légume vous d o n n e envie de m o r d r e dedans, il • Il n'y a pas de preuves p o u r étayer les promesses de
devient t o u t n a t u r e l l e m e n t votre prochain repas. Ceci guérison.
n'est bien sûr possible q u e si le p r o d u i t n'a pas été pré- • L'utilité prouvée ne f a i t pas le poids par r a p p o r t au
paré, mélangé o u épicé. d a n g e r d ' u n e a l i m e n t a t i o n déficitaire.
L'alimentation de la thérapie p r i m i t i v e est exclusive- • La critique est la même p o u r la thérapie p r i m i t i v e .
m e n t composée de plantes sauvages, de racines et de
fruits.
—Conseil
98
Les oligo-
éléments
qu'ils p a r t i c i p e n t à des réactions b i o c h i m i q u e s . Il Chrome : cet élément est bien la preuve q u e même la
s'avère ainsi q u e le corps a besoin d ' u n e faible q u a n - science p e u t se t r o m p e r . En 1 9 7 8 , o n s'est rendu
tité d'arsenic, alors q u ' i l semblait bien p o u v o i r se pas- c o m p t e q u e cela faisait des dizaines d'années q u e l'on
ser de ce p o i s o n , g r a n d classique d u m e u r t r e . se t r o m p a i t t o t a l e m e n t dans la détermination d u taux
Tous les oligoéléments c o n n us à ce j o u r f o n t partie de c h r o m e . Les quantités d e c h r o m e nécessaires à
d'enzymes o u d ' h o r m o n e s , o u sont actifs par leur i n - l ' h o m m e e t les quantités nocives restent encore à d é -
termédiaire. terminer.
— Pratique — Critique
Il existe e n t o u s cas des r e c o m m a n d a t i o n s q u a n t à la Zinc : l'étude clinique sur le caractère préventif de l'ad-
prise q u o t i d i e n n e de certaines quantités de zinc, de sé- m i n i s t r a t i o n d ' u n e dose de zinc supérieure à la n o r -
lénium o u d e c h r o m e , mais elles ne sont pas étayées male n'a pas encore eu lieu.
par des résultats de recherche fiables. A v a n t d'avaler Sélénium : cet élément protégerait a p p a r e m m e n t
des oligoéléments sous la f o r m e de préparations, u n e c o n t r e les m o d i f i c a t i o n s cellulaires e n empêchant la
carence devra être constatée de façon sûre par le biais f o r m a t i o n d e " r a d i c a ux libres d'oxygène". Il p o u r r a i t
d ' u n e analyse d e sang. U n e analyse d e cheveux (voir c e p e n d a n t aussi affaiblir le système i m m u n i t a i r e . Dans
p. 2 8 5 ) ne s u f f i t pas. certains cas, l'expérimentation sur le modèle a n i m a l a
Une personne q u i se n o u r r i t de façon équilibrée a b - révélé q u e le sélénium freinait la croissance t u m o r a l e ,
sorbe n o r m a l e m e n t assez d'oligoéléments. dans d'autres il la stimulait. La recherche dans u n e ré-
Zinc : e n Belgique, l'absorptio n d e zinc est e n g i o n établit le lien entre u n e faible a b s o r p t i o n de sélé-
Sélénium : la quantité d e sélénium absorbée e n qu'ailleurs o n se base sur des taux d e sélénium bien
m o y e n n e est également considérée c o m m e suffisante, plus faibles sans q u ' i l ne soit q u e s t i o n de lien de cause
absorbée par q u e l q u ' u n dépend de l'endroit où les ali- La m a r g e d e manœuvre entre le déficit o u l'excès
m e n t s q u ' i l m a n g e o n t été cultivés. Le taux d e sélé- de sélénium est étroite. O n a constaté des i n t o x i c a -
n i u m d ' u n sol varie en e f f e t d ' u n e région à u n e autre. tions chroniques e t aiguës au sélénium, certaines sui-
Mais les échanges d e p r o d u i t s alimentaires entre ré- vies d u décès d e la personne. Il est possible q u e ces
gions et l ' a p p o rt de p r o d u i t s d ' o r i g i n e i n t e r n a t i o n a l e conséquences sévères soient aussi liées à u n déficit e n
crée un tel mélange q u ' u n m a n q u e de sélénium dans protéines présenté par de nombreuses personnes de
un sol particulier n'a plus d ' i m p o r t a n c e . régions pauvres en sélénium.
99
Méthodes
thérapeutiques
classiques
ments pour prévenir des maladies n'est pas à autres substances détermine l'arôme t y p i q u e d u miel.
100
Les "modes"
dans
l'alimentation
orale en cas d ' i n f l a m m a t i o n d u t u b e digestif et en tâche consiste aussi à neutraliser les radicaux libres (voir
La propolis est c e p e n d a n t u n allergisant puissant. lités de ces "prédateurs de radicaux libres". Cet e f f e t
Les personnes q u i réagissent par u n e allergie au venin salutaire n'est c e p e n d a n t pas prouvé p o u r le Q 1 0 .
101
Méthodes
thérapeutiques
classiques
102
Les plantes
médicinales
Les plantes médicinales A u 19e siècle arrivèrent les preuves d ' u n e a c t i o n phar-
m a c o l o g i q u e . C'est alors s e u l e m e n t q u e la c h i m i e par-
(phytothérapie) vint à isoler les substances actives des plantes et à a t -
t r i b u e r aux substances individuelles les effets de cer-
taines parties de plantes tels q u e déjà constatés par la
— Historique
médecine p o p u l a i r e.
La p h a r m a c i e des plantes de la n a t u re n'est pas seule- Ceci d o n n a naissance à l'industrie p h a r m a c e u t i q u e
m e n t o u v e r t e à l ' h o m m e . Les chimpanzés dans leur qui avait au départ c o m m e b u t de m e t t r e à la disposi-
environnement naturel utilisent certaines plantes t i o n des thérapeutes leur p r o d u c t i o n de purs extraits
c o m m e médicament, en petites quantités et en les végétaux.
mâchant b i e n , p o u r soigner une diarrhée o u p o u r se Vers le début d u 2 0 e siècle, o n se rendit c o m p t e
débarrasser de vers q u i leur r e n d e n t la vie désagréable. q u e l'action d ' u n e plante entière p e u t être plus q u e la
L ' h o m m e aussi t r o u v a les premiers médicaments s o m m e de ses c o m p o s a n t s . C'était le début de la p h y -
p o u r se traiter t o u t s i m p l e m e n t derrière sa h u t t e , dans tothérapie telle q u e nous la connaissons a u j o u r d ' h u i .
le bois o u près d u ruisseau. Le plus gros problème était Situation actuelle
celui d u dosage, p o u r éviter q u e l'action curative ne se Les possibilités d ' u t i l i s a t i o n des plantes médicinales
t r a n s f o r m e en action t o x i q u e . s o n t bien plus diversifiées q u ' a u p a r a v a n t . Il existe e n -
En même t e m p s q u e survint la réflexion sur l'origine core t o u j o u r s des plantes o u parties de plantes v e n -
et le sens de la vie et d o n c aussi de la maladie, d'autres dues séchées c o m m e p r o d u i t s de " d r o g u e r i e " , mais il
pouvoirs supérieurs s'ajoutèrent au j e u . Selon la période y a aussi des p r o d u i t s végétaux prêts à l'emploi d ' o r i -
concernée, ils prirent la f o r m e d'esprits, de démons, de g i n e industrielle à prendre c o m m e des médicaments.
dieux o u d ' u n dieu u n i q u e. La phytothérapie f u t étroite- L'industrie utilise e n v i r on 4 0 0 plantes différentes p o u r
m e n t liée à la magie, au m y t h e et à la croyance. Les p r o - leur p r o d u c t i o n de p r o d u i t s " p h y t o p h a r m a c e u t i q u e s " .
priétés d u type " p o t i o n m a g i q u e " p e u v e n t , a u j o u r d ' h u i Les cliniciens sont, à ce j o u r encore, les moin s
encore, être à l'origine des effets attribués à pas mal de convaincus de l'utilité de la phytothérapie, mais
plantes par nos ancêtres. n o m b r e de médecins établis prescrivent régulièrement
103
Méthodes
thérapeutiques
classiques
L'équilibre des h u m e u r s signifiait la santé et les Il existe u n e liste officielle de plantes p o u v a n t faire
trouble s de l'équilibre, la maladie. Les plantes médici- l'objet d ' u n e procédure d ' e n r e g i s t r e m e n t c o m m e m é -
nales devaient gommer les o p p o s i t i o n s et rétablir d i c a m e n t . Il s'agit de plantes d o n t le niveau de sécurité
l'harmonie. est considéré c o m m e acceptable : valériane, m i l l e p e r -
La religion chrétienne y ajouta encore la "science tuis, lavande, mélisse, g i n s e n g, m a r r o n d'Inde... Les
de la s i g n a t u r e " . Dans l'hypothèse. Dieu aurait donné c o n d i t i o n s d ' e n r e g i s t r e m e n t s o n t m o i n s sévères q u e
un signe distinctif secret à c h a q u e plante , par sa f o r m e p o u r les médicaments classiques. Le f a b r i c a n t ne d o i t
o u sa couleur, p e r m e t t a n t d e lire la maladie qu'elle pas réaliser d'études p o u r démontrer l'efficacité e t la
guérirait. La noix devait ainsi guérir les m a u x d e tête sécurité d u p r o d u i t . Il p e u t se c o n t e n t e r d ' u n dossier
puisque l'intérieur ressemblait à u n cerveau. avec des références b i b l i o g r a p h i q u e s . Il d o i t p o u v o i r
part des plantes médicinales au moins l'élément assu- Pour c h a q u e p l a n t e , les indications permises s o n t cir-
rant la plus g r a n d e partie d e l'action. Il reste c e p e n - conscrites par la loi, q u i précise aussi quelles plantes
jours pas avec c e r t i t u d e le p o u r q u o i de leur action irré- t i o n s à base d e plantes enregistrées c o m m e médica-
f u t a b l e depuis des siècles. Dans certains cas, o n n'a m e n t . De plus, ces "médicaments o f f i c i e l s " ne diffè-
les substances isolées agissent a u t r e m e n t q u e l'extrait retrouve chez l'herboriste o u en g r a n d e surface, voire
104
Les plantes
médicinales
commercialiser (absinthe, belladone, grande ciguë, cosités en cas de t o u x , s u r t o u t chez les petits e n f a n t s
etc.). Les autres ne p e u v e n t être commercialisées et les n o u r r i s s o n s " . Ce genre de phrase t o m b e éven-
qu'après n o t i f i c a t i o n . Le dossier de n o t i f i c a t i o n d o i t t u e l l e m e n t sous le c o u p de dispositions légales. Une
c o m p r e n d r e u n e liste des ingrédients, l'étiquetage d u f o r m u l e d u style "très approprié p o u r les petits p r o -
p r o d u i t , l ' e n g a g e m e n t de procéder à des analyses ré- blèmes d'hiver chez l ' e n f a n t " ne t o m b e pas sous le
gulières q u i d o i v e n t être à disposition p o u r contrôle, c o u p de telles dispositions.
des données sur la toxicité, e t c. Si le p r o d u i t est ac-
cepté, il reçoit u n numéro d e n o t i f i c a t i o n (qu'il n'est
—Traitement et auto-traitement
pas o b l i g a t o i r e de m e n t i o n n e r sur l'emballage). En ce
qui concerne l'étiquetage, la loi di t q u e le n o m scienti- Beaucoup de gens q u i veulent se traiter eux-mêmes re-
f i q u e de la p l a n te d o i t être mentionné, mais c'est à c o u r e n t au x plantes médicinales o u à leurs p r o d u i t s
peu près t o u t : pas u n m o t sur les mises en garde, les dérivés.
indications permises, etc. A c t u e l l e m e n t , t o u t p r o d u i t à Médecins et thérapeutes les recommandent
base de plantes faisant état d ' u n e f f e t sur la santé s'ex- comme t r a i t e m e n t présentant p e u d'effets secon-
pose d'ailleurs à être considéré c o m m e médicament, daires p o u r des trouble s généraux d e la santé e t p o u r
ce q u i p e u t entraîner des poursuites. Ce q u i explique de légères a f f e c t i o n s, o u p o u r soutenir d'autres types
p o u r q u o i les " i n d i c a t i o n s " sur les p r o d u i t s à base de de t r a i t e m e n t s .
plantes sont souvent f o r t vagues et assez générales
("favorise un s o m m e i l n a t u r e l " plutôt q u e " c o n t r e l'in-
s o m n i e " , "le m o r a l au beau f i x e " plutôt q u e " c o n t r e la — Explication de l'action
dépression", etc.).
L'action des plantes médicinales aux éléments connus
s'explique en sciences naturelles sur base de ce q u e
T i sa n e s p r ê t e s à l 'e m p l o i f o n t ces substances dans le corps. C'est ainsi q u e la ca-
En sachets : ces derniers contiennent la quantité m o m i l l e atténue la d o u l e u r lors d ' u n e i n f l a m m a t i o n de
exacte de p r o d u i t séché p o u r u n e tasse. C o m m e le la m u q u e u s e gastrique parce q u e l'huile volatile de la
p r o d u i t est très f i n e m e n t m o u l u , une g r a n d e partie des camomille contient des substances anti-inflamma-
huiles essentielles p e u t s'être échappée. Dans les sa- toires, le bisabolol e t le chamazulène. Pour b e a u c o u p
chets, le p r o d u c t e u r p e u t également cacher une m o i n s d'autres plantes, ce genre d ' i n f o r m a t i o n va encore bien
b o n n e qualité. Un prix élevé n'équivaut pas t o u j o u r s à plus loin q u e les limites de la recherche scientifique.
une qualité élevée. Il est possible q u e l'odeur j o u e également u n rôle
Instantanées : faciles à préparer, mais pas t o u j o u r s dans l'action de nombreuses plantes. B e a u c o u p de
avec la même c o m p o s i t i o n q u e la tisane q u e l'on pré- gens r e n i f l e nt i n s t i n c t i v e m e n t u n médicament avant
pare soi-même. Lors de la p r o d u c t i o n , des éléments d u de l'absorber. Il se p o u r r a i t ainsi q u e l'action c a l m a n t e
p r o d u i t p e u v e n t disparaître. D'autres substances p e u - des g o u t t e s de valéhane, par e x e m p l e , s'explique par
v e n t être ajoutées p o u r o b t e n i r u n e p o u d r e dosable. une chaîne d'associations. Le nez signale : "valériane";
Les granulés p e u v e n t c o n t e n i r jusqu'à 9 7 % de sucre. la mémoire envoie la connaissance q u e la c u l t u r e nous
La tisane instantanée attire f a c i l e m e n t l'humidité et a transmise : valériane = c a l m a n t (voir aromathérapie
f o r m e des g r u m e a u x . p. 184).
105
Méthodes
thérapeutiques
classiques
Particularités de l'utilisation
106
Les plantes
médicinales
f
i
107
Méthodes
thérapeutiques
classiques
Syst èm e digest if
108
Les plantes
médicinales
Voies urinaires
Pin (pousses)
troubles
Chêne (écorce)
Plantain lancéolé
du sommeil
Chiendent (rhizome)
Fleur de la passion
Clou de girofle Radis noir
(plante)
Echinacée rose (racine) Sapin (bourgeons)
Houblon (cônes)
Kawa-kawa (rhizome)
Lavande (fleurs)
Mélisse (feuilles)
Rauwolfia (racine)
Valériane (racine)
Angoisse, dépression
Millepertuis commun
Méthodes
thérapeutiques
classiques
110
Les plantes
médicinales
Analgésiques Peau
111
Méthodes
thérapeutiques
classiques
autres, dans la c o n s o u d e officinale, la jacobée, le pas des écologistes, car des plantes protégées s o n t s o u -
d'âne et le tussilage. v e n t arrachées o u endommagées par des mains n o n -
• Les p r o d u i t s laxatifs d ' o r i g i n e végétale c o n t e n a n t chalantes.
de l ' a n t l i r a q u i n o n e , c o m m e l'aloès, la b o u r d a i n e , la La p l u p a r t de ces cueilleurs d'herbes ne disposent
r h u b a r b e et le séné, p e u v e n t entraîner u n cancer d u pas de la m o i n d r e i n f o r m a t i o n sur les substances n o -
côlon en cas d'usage p e r m a n e n t . Ils ne p e u v e n t être cives présentes dans le sol et dans l'air de l'endroit où
pris p e n d a n t plus de deux semaines et s o n t interdits ils sévissent.
p e n d a n t la grossesse et l'allaitement.
• Les résidus de la dégradation des éléments c o n t e - C o n se r v a t i o n d e s p l a n t e s sé ch é e s
nus dans la valériane i n d i e n n e et mexicaine o n t la p r o - • Dans des pots q u i ne laissent pas passer la lumière
priété d e m o d i f i e r le matériel génétique des a n i m a u x (terre cuite , verre, fer blanc).
de laboratoire. O n ne sait si des tests similaires a u - • Dans des pots hermétiquement fermés p o u r éviter
raient les mêmes répercussions p o u r l ' h o m m e . les insectes.
• Les plantes p e u v e n t p r o v o q u e r des allergies; les • Protégées de l'humidité car les plantes séchées d e -
plantes fraîches s o n t plus allergisantes q u e les plantes venues h u m i d e s c o n s t i t u e n t un c h a m p de culture idéal
séchées, l'usage externe est plus allergisant que p o u r les bactéries et les moisissures.
l'usage i n t e r n e . L'allergie p e u t se manifeste r sous la
f o r m e d ' u n e éruption cutanée q u i disparaît r a p i d e -
— Critique
m e n t . Elle p e u t c e p e n d a n t aussi devenir c h r o n i q u e .
Toute personne présentant u n e réaction allergique à Il f a u t faire u n e d i s t i n c t i o n claire entre u n t r a i t e m e n t à
une plante d o i t s'attendre à d'autres réactions d u base d'herbes médicinales et u n t r a i t e m e n t à base de
même type. produits phytopharmaceutiques.
Beaucoup de plantes séchées p e u v e n t provoquer • L'expérience q u i nous a été transmise au sujet des
une crise d ' a s t h m e l o r s q u ' o n en inspire la poussière. vertus curatives des plantes concerne leur préparation
• C o m m e t o u s les végétaux naturels, les plantes m é - usuelle d e l'époque, c'est à dire la tisane principale-
dicinales c o n t i e n n e n t aussi des substances nocives. m e n t . Les p r o d u i t s p h y t o p h a r m a c e u t i q u e s industriels
O n n'en prescrit pas la quantité m a x i m a l e , mais o n se p r o v i e n n e n t peut-être d e la même plante, mais ne
base en général sur les valeurs limites en v i g u e u r p o u r p e u v e n t revendiquer p o u r a u t a n t la même a c t i o n . Une
les denrées alimentaires. La recherche s c i e n t i f i q u e i n - préparation différente entraîne u n p r o d u i t différent.
d i q u e q u e le t a u x d e pesticides q u i était encore d o u - Lorsque deux firmes p r o d u i s e n t de façons différentes
t e u x il y a q u e l q u e s années mais d o n t o n ne retrouve un extrait de valériane, par e x e m p l e , le résultat ne sera
q u e le q u a r t dans la tisane d i m i n u e sans cesse. La pré- pas nécessairement le même. Les d e u x p r o d u i t s p e u -
sence de métaux lourds c o m m e le p l o m b , le c a d m i u m v e n t avoir le même e f f e t, mais il p e u t en être a u t r e -
et le mercure reste relativement stable depuis ment.
q u e l q u e s années. La quantité en est inférieure aux v a - • Pour absorber, par exemple , la quantité de valé-
leurs limites considérées c o m m e tolérables par l'Orga- riane conseillée par la médecine populaire p o u r la f a -
nisation m o n d i a l e de la Santé p o u r u n usage de brication de la tisane, il f a u d r a i t avaler entre 7 à
c o u r t e durée. 100 pilules de préparation prête à l ' e m p l o i , selon le
• Les livres sur les herbes médicinales poussen t t o u - t y p e de p r o d u i t .
j o u r s le lecteur à cueillir lui-même ces plantes sur le • Les phytothérapeutes d e m a n d e n t q u e les p r o -
t e r r a i n . Les médecins et centres a n t i p o i s o n s s o n t les d u i t s prêts à l ' e m p l o i s o i e n t les plus standardisés
témoins privilégiés d u résultat de ces cueillettes i n - possible, c'est-à-dire q u ' i l s c o n t i e n n e n t au moins
tempestives. C e t t e activité n'est d'ailleurs pas d u g o i j t u n e quantité g a r a n t i e d e la s u b s t a n c e active princi-
112
pale. Ceci n'est m a l h e u r e u s e m e n t pas le cas d e Variant e :
n o m b r e u x e x t r a i t s d e p l a n t e s p o u r lesquels il serait
possible d e le f a i r e.
Maria Treben
• Le t r a i t e m e n t par les plantes i m p l i q u e le même
principe médical v o u l a n t q u e l'on se limite à u n seul Des h o m m e s e t des f e m m e s q u i se proclament
p r o d u i t , dans la mesure d u possible. La c o m b i n a i s o n "thérapeutes par les p l a n t e s " v e n d e n t des m i l l i o n s
de différents p r o d u i t s végétaux dans un mélange de t i - de livres d e r e c e t t e s p o u r rester en b o n n e santé.
sane n'a de sens q u e si leurs éléments actifs se c o m - Ivlaria Treben est probablement une des plus
plètent o u se r e n f o r c e n t m u t u e l l e m e n t . connues.
Les p r o d u i t s prêts à l'emploi constitués d e différents Maria Treben c o m b i n a la connaissance p o p u l a i re en
extraits végétaux présentent pas mal d'inconvénients : matière d e plantes médicinales à l'héritage d u passé et
• Il est q u a s i m e n t impossible d'inclure dans u n ca- à ses propres expériences et interprétations. Il en ré-
chet, par exemple , le dosage actif d e plusieurs plantes. sulte, d ' u n e part, u n e naïveté ridicule et, d'autr e part,
Ce cachet aurait alors la taille d ' u n e balle de tennis, o u des conseils de t r a i t e m e n t s d a n g e r e ux p o u r la vie.
il f a u d r a i t en avaler u n e poignée à c h a q u e fois. Quelques p o i n t s de critique :
• Les réactions entre les différents extraits s o n t i m - • Pour traiter des maladies fatales (hémophilie, c a n -
prévisibles. cer, occlusion intestinale...). Maria Treben conseille des
• Le d a n g e r d'effets indésirables a u g m e n t e . plantes d o n t l'effet sur ces maladies n'a jamais été
• La c o m p o s i t i o n d u mélange est difficile à contrôler. prouvé.
• Le p r o d u i t devien t i n u t i l e m e n t plus cher. • Son explication de la cause d ' u n e maladie ne cor-
La c o m b i n a i s o n d'extraits de plantes et de p r o d u i t s respond pas à la réalité. Un e x e m p l e : " l ' o c c l u s i o n i n -
homéopathiques o u d e médicaments de synthèse est testinale est u n e c o n t r a c t i o n d u sphincter vers l'inté-
à déconseiller. M ê m e p o u r l'application t r a d i t i o n n e l l e , rieur".
ces c o m b i n a i s o n s ne s o n t pas permises. • De n o m b r e u x exemples témoignent d u manque
B e a u c o u p de thérapeutes l o u e n t l'action de plantes absolu d e connaissance professionnelle f o n d a m e n t a l e
médicinales utilisées depuis des siècles par des guéris- de m a d a m e Treben. Elle arrive ainsi à des conclusions
seurs en d'autres endroits sur terre. L'expéhence t r a d i - t o u t à f a i t erronées c o m m e celle-ci : elle c o n f o n d l'inu-
t i o n n e l l e est c e p e n d a n t liée aux plantes de la c u l t u r e line (un sucre) avec l'insuline ( l ' h o r m o n e ) et r e c o m -
en q u e s t i o n . 11 n'est pas d u t o u t certain q u e les plantes m a n d e sur cette base le pissenlit - q u i c o n t i e n t de
de chez nous d o n n e n t les mêmes résultats q u e les thé- l'inuline - c o n t r e le diabète.
rapies à base d'herbes asiatiques, par exemple (voir • M a d a m e Treben évalue le d a n g e r d'effets s e c o n -
p. 146). daires et de toxicité des plantes d ' u n e t o u t e a u t re m a -
nière q u e ne l'a fixé la littérature scientifique depuis
l o n g t e m p s déjà. Sa recette à base d e g r a n d e éclaire
— Conseil
p o u r le t r a i t e m e n t d ' a f f e c t i o n s hépatique et biliaire
Un t r a i t e m e n t à base d e plantes médicinales est à mène à l ' e m p o i s o n n e m e n t .
conseiller p o u r soulager les plaintes dues aux troubles • Son conseil d ' a d m i n i s t r e r u n e cuillère à soupe
fonctionnels et aux a f f e c t i o ns c h r o n i q u e s . 11 p e u t d'élixir d u Suédois aux herbes a r o m a t i q u e s à u n e per-
c o n t r i b u e r à la l i m i t a t i o n d e l'usage d e médicaments sonne inconsciente est périlleux p o u r la vie.
et en réduire les irrémédiables effets secondaires. Les indications généralement acceptées pour les
11 est préférable d'utiliser des tisanes o u autres pré- plantes médicinales, telles qu'elles sont décrites dans les
parations " m a i s o n " plutôt q u e des p r o d u i t s industriels livres sérieux, a p p o r t e n t s u f f i s a m m e n t d'éléments pour
prêts à l ' e m p l o i . traiter des maladies de façon " p u r e m e n t végétale ".
113
Méthodes
thérapeutiques
classiques
La personne q u i se fie aux recettes de m a d a m e Treben trer de l'éleuthérocoque en cas de fièvre o u de tensio n
renonce n o n s e u l e m e n t à u n t r a i t e m e n t professionnel élevée. En Russie, l'extrait f a i t partie des remèdes de
possible, mais m e t éventuellement sa santé en danger. base d u t r a i t e m e n t médical académique de maladies
graves.
L'éleuthérocoque d o i t être pris sous la f o r m e d ' u n e
cure q u ' i l f a u t p o n c t u e r d ' u n e pause après c h a q u e se-
Le ginseng
L'éleuthérocoque Cela fait plus de 2 0 0 0 ans q u e la médecine asiatique d u
On désigne par " e l e u t f i e r o c o c c u s " un extrait de la " r a - sud-est repose sur l'action de la racine de ginseng. On
cine d e la taïga " o u " ginseng d e Sibérie ". C e t t e plante ne l'utilise pas c o m m e remède spécifique pour certaines
pousse en Sibérie et dans le n o r d de la Cfiine. maladies, mais plutôt c o m m e m o y e n de prévention gé-
L'extrait alcoolisé rendrait le corps plus résistant néral et p o u r soutenir une thérapie bien particulière.
c o n t r e les sollicitations et le stress. La science devra ce- Ce genre de " p a n a c é e " paraît suspecte aux yeux
p e n d a n t encore examiner ce fait. des chercheurs o c c i d e n t a u x , mais c o n s t i t u e u n e a u -
La médecine p o p u l a i re d'Asie orientale utilise baine p o u r les entreprises p h a r m a c e u t i q u e s désireuses
l'éleuthérocoque c o m m e remède en cas d'artériosclé- de conquérir des marchés.
rose, d ' i n s o m n i e , d ' h y p e r t e n s i o n , de r h u m a t i s m e , de Si le ginseng est actif, c'est s u r t o u t grâce au ginse-
b r o n c h i t e c h r o n i q u e et de cancer. Les manuels occi- noside. (vlais l'action de la racine de ginseng semble
d e n t a u x signalent p o u r t a n t q u e l'on ne p e u t a d m i n i s - également i m p l i q u e r d'autres éléments. La recherche a
isolé le ginsenoside et en a contrôlé l'action chez de
n o m b r e u x a n i m a u x de laboratoire. Les résultats c o n f i r -
m e n t p a r t i e l l e m e n t les a f f i r m a t i o n s de la médecine p o -
pulaire.
Les scientifiques déclarent donc q u e le ginseng peut
renforcer la capacité de résistance contre les sollicita-
tions, q u e la racine d o n n e au corps une meilleure dé-
fense naturelle et qu'elle aide à vaincre plus rapidement
les maladies, la fatigue et l'état de faiblesse. Il s'agit d o n c
d'un p r o d u i t à prendre par voie orale et qui " e n d u r c i t " .
114
De plus grandes quantités peuvent engendrer une irritabi- ment d i f f é r e n t e . On ne sait donc pas combien de pi-
lité. L'insomnie et la nervosité en sont les conséquences. lules, de cachets, de capsules ou de liquide correspon-
Ces s y mpt ôm es et d'autres encore se présentent lorsqu'on dent à quatre grammes d'ail frais. Comme la q u a n t i t é
combine le ginseng et le café. En Asie orientale, on n'uti- de substance active est déjà tellement variable dans la
lise pas le ginseng en cas d'hypertension. m a t i è r e de base, on ne sait plus combien d'ail frais a
En cas de doses d é r a i s o n n a b l e m e n t élevées, l'action été i n c o r p o r é par le fabricant dans le produit m ê m e
"hormonale" du ginseng peut se manifester. Chez la quand il le signale.
femme, ceci peut mener à des h é m o r r agies inattendues. Une é t u d e de 1999 m e n é e par l'association des
L'excès de ginseng a déjà m e n é à la fin p r é m a t u r é e consommateurs Test-Achats a livré des résultats d é -
d'une grossesse. Chez l'homme, le ginseng semble agir concertants : les s u p p l é m e n t s d'ail ne sont que rare-
de la m ê m e f a ç o n que l'hormone sexuelle testostérone. ment à la hauteur des promesses de leurs fabricants.
L'Association des Consommateurs Test-Achats a L'ail frais est p r é f é r a b l e mais peut provoquer des al-
c o n t r ô l é en 1995 la q u a n t i t é de ginsenoside p r é s e n t e lergies. Beaucoup de personnes qui absorbent des p r é -
dans les p r é p a r a t i o n s à base de ginseng. La conclusion parations à base d'ail ressentent des nausées, vomis-
était la suivante : "Dans la plupart des p r é p a r a t i o n s on sent et p r é s e n t e n t une d i a r r h é e . Les enfants ne peu-
ne trouve que relativement peu de substance p r é s u - vent pas prendre de p r é p a r a t i o n s à base d'ail.
m é e active. Beaucoup en contiennent une q u a n t i t é Une odeur d'ail d é s a g r é a b l e entoure les personnes
négligeable." qui en consomment plus de deux grammes par jour.
Ceci est i n é v i t a b l e, m ê m e en y ajoutant de la chloro-
phylle ou en prenant des capsules résistantes au suc
L'ail gastrique. Les choses sont claires : l'ail n'est actif que
La m é d e c i n e populaire utilise surtout l'ail pour son ac- lorsqu'on en p e r ç o i t l'odeur. C'est peut être là l'effet
tion contre les bactéries et les moisissures. On s'en sert secondaire le plus p é n i b l e de la consommation d'ail : la
aussi en cas de rhumes, de ballonnements et de solitude...
plaintes gastro-intestinales. La recherche scientifique
confirme son action a n t i b a c t é r i e n n e .
Elle confirme é g a l e m e n t le fait que l'ail fait baisser
L'huile d'œnothère
les taux élevés de lipides sanguins. Il faut pour cela L'huile obtenue à partir de graines d ' œ n o t h è r e , condi-
prendre de l'ail pendant au moins quatre mois. Com- t i o n n é e en capsules prêtes à avaler, a longtemps servi
b i n é à un r é g i m e a p p r o p r i é , l'ail peut ainsi préveni r "d'activateur du m é t a b o l i s m e " pour contrer la plupart
l'athérosclérose. D'autres effets encore font de l'ail un des processus de vieillissement.
moyen de p r é v e n t i o n contre les modifications vascu- Aujourd'hui, elle rendrait aux personnes fortement
laires liées à l'âge. é p r o u v é e s par une n é v r o d e r m i t e une peau lisse et
Les quatre grammes d'ail frais (soit une gousse et exempte de prurit. Une femme p r é s e n t a n t une ten-
demi à deux gousses) que l'on proposait auparavant dance à l'allergie qui prendrait cette huile pendant sa
ne suffisent pas toujours, car la q u a n t i t é de substance grossesse et qui en ajouterait à l'alimentation de son
active peut varier d'une gousse à l'autre d'un facteur n o u v e a u - n é éviterait à ce dernier le risque de devenir
13. La recherche révèle cependant que la m o i t i é de allergique et de d é v e l o p p e r é g a l e m e n t une n é v r o d e r -
cette q u a n t i t é d'ail frais influence déjà favorablement mite. Ici s ' a r r ê t e n t les a l l é g a t i o n s .
le m é t a b o l i s m e des lipides. L'analyse de la recherche m e n é e en la m a t i è r e ré-
L'ail frais ne peut sans plus être r e m p l a c é par une vèle que l'huile d ' œ n o t h è r e rend une peau sèche plus
p r é p a r a t i o n . Les divers p r o c é d é s de production m è - douce. L'action antiprurigineuse en est jugée
nent à des p r é p a r a t i o n s d'ail de composition totale- moyenne dans le meilleur des cas. Une é t u d e m e n é e
115
Méthodes
thérapeutiques
classiques
116
Les ImmunO'
stimulants
d'origine
végétale
117
Méthodes
thérapeutiques
classiques
• en cas de tuberculose, de maladies affectant la pro- • Beaucoup d ' é t u d e s cliniques sur leur action sont
duction sanguine, de sclérose en plaques et de toutes maladroites.
les maladies auto-immunes comme le d i a b è t e de type • Au cours des tests de laboratoire, les extraits végétaux
I et l'arthrite r h u m a t o ï d e . changent effectivement quelques paramètres mesurables
L'injection n'est pas permise; du système immunitaire, ce qui n'implique pas pour au-
• en cas de tendance à l'allergie; tant qu'ils exercent une influence positive sur l'évolution
• pendant la grossesse. de la maladie concernée ou sur l'état général du patient.
• L'activation d é l i b é r é e du système immunitaire n'est
pas toujours un avantage. Chez beaucoup de per-
Risques
sonnes, la répression de la r é a c t i o n immunitaire est tel-
A p r è s l'injection d'extraits v é g é t a u x , la t e m p é r a t u r e du lement forte que les processus immunitaires dirigés
corps peut augmenter de 0,5 à 1,5°C. Des nausées et vers le corps l u i - m ê m e ne se font pas ressentir. Si l'on
vomissements peuvent se produire. Pour les partisans incite ce système à une meilleure prestation, des mala-
du traitement, ceci constitue une r é a c t i o n normale, dies auto-immunes peuvent survenir, comme le rhu-
alors que pour les d é t r a c t e u r s il s'agit d'une sensibili- matisme inflammatoire chronique.
sation possible et ils rapportent des cas de fortes réac- • Les partisans de la m é t h o d e voient dans l'augmen-
tions allergiques et de maladies auto-immunes après tation mesurable des cellules de d é f e n s e du corps chez
ce genre d'injections. Ces effets secondaires dange- une personne testée, la preuve de l'efficacité. Il est
reux ont é g a l e m e n t é t é c o n s t a t é s après l'absorption possible que ce soit exactement le contraire et que ce
de p r é p a r a t i o n s à base d ' é c h i n a c é e . soit le signe d'une action qui favorise le cancer. Les cri-
Susciter une fièvre chez des personnes par l'injection tiques d é d u i s e n t cette idée de l'expérience acquise
de lait, de sang a u t o g è n e , de soufre ou d ' é l é m e n t s de avec l'aristoloche, un produit v é g é t a l qui était é g a l e -
bactéries était une m é t h o d e qui, jusqu'il y a quelques an- ment censé renforcer l ' i m m u n i t é et dont la substance
nées, bénéficiait d'une reconnaissance scientifique natu- active s'est révélée c a r c i n o g è n e de f a ç o n i r r é f u t a b l e .
relle pour stimuler le corps à se guérir par l u i - m ê m e (voir L'aristoloche est encore toujours p r é s e n t e dans le
f é b r o t h é r a p i e p. 42). Peut-être l'effet immunostimulant commerce en dilutions h o m é o p a t h i q u e s , sous le nom
constaté pour l'injection de préparations à base d ' é c h i- d'Aristolochia ou Serpentina.
nacée ou de gui repose-t-elle sur cette action. Comme la
marge entre l'effet curatif et le danger est très étroite, on
préfère actuellement éviter cette provocation de fièvre.
— Conseil
Pris par voie orale, les immunostimulants v é g é t a u x
sont à conseiller, sous réserve, comme p r é v e n t i o n et
— Critique
traitement de soutien d'infections récurrentes des
M ê m e les scientifiques qui sont d'avis qu'il y a de plus voies respiratoires et urinaires et comme soutien de
en plus de preuves de l'effet produit par les immuno- traitement d'affections inflammatoires chroniques.
stimulants v é g é t a u x é m e t t e n t des critiques : Les p r é p a r a t i o n s injectables sont à déconseiller, car
• La composition des p r é p a r a t i o n s à base d ' é c h i n a - le risque induit est s u p é r i e u r à l'utilité probable.
cée varie selon l'espèce particulièr e qui a servi de ma-
tière de base et selon le mode de production.
• La teneur en substance active n'est pas toujours
L'arbre de vie (thuya)
fixée pour toutes les p r é p a r a t i o n s à base de gui. Un programme de recherche intensive a été lancé r é c e m-
Les m é d e c i n s qui rejettent ces produits vont bien ment pour tester l'influence des substances provenant du
plus loin dans leur critique : thuya sur le système immunitaire. Il a déjà ét é c o n f i r m é
118
Les Immuno-
stimulants
d'origine
végétale
qu'elles activent les cellules T-helper, une "sous-espèce" minuer plus rapidement l'inflammation à traiter. Il s'agit
de leucocytes importante pour la défense immunitaire. La dans ce cas d'une s t i m u l o t h é r a p i e aspécifique et c'est
recherche ultérieure devra encore d é t e r m i n e r dans quelle dans cet esprit que l'extrait de gui a été a c c e p té comme
mesure le thuya sera utile en cas de maladie. traitement d'accompagnement en cas de cancer.
La monographie sur les applications anthroposo-
phiques accepte l'extrait de gui pour la p r é v e n t i o n et
Le gui le traitement de maladies tumorales et autres affec-
Le gui était l'herbe magique des druides, les prêtres tions inflammatoires chroniques. Pour l ' h o m é o p a t h i e ,
guérisseurs des Celtes. Actuellement, cette plante pa- il y a encore d'autres champs d'application.
rasite est surtout utilisée pour le traitement alternatif La r é a c t i o n du système immunitaire d é c l e n c h é e par
du cancer, une application qui remonte aux idées de l'injection d'extrait de gui est due aux lectines, un
l'anthroposophe Rudolf Steiner (voir p. 172). Il est peu groupe de substances présentes dans la plante. L'ac-
probable que l'extrait fortement dilué du gui ralentisse tion d é p e n d très fort de la dose, de la f a ç o n de l'admi-
directement la croissance tumorale. Il est cependant nistrer, de la d u r é e et du moment. Comme les sys-
certain qu'il active les cellules immunitaires, qui à leur t è m e s r é g u l a t e u r s de l ' i m m u n i t é ne sont pas encore
tour peuvent attaquer les cellules tumorales. connus avec suffisamment de certitude, et que beau-
Trois monographies allemandes (description, prépara- coup de p r é p a r a t i o n s à base d'extrait de gui ne sont
tion et application) ont é té écrites sur le gui en tant que pas standardisée s au niveau de leur teneur d'une sub-
plante médicinale, en h o m é o p a t h i e et dans la m é d e c i n e stance d é t e r m i n é e , il est normal que les résultats de re-
anthroposophique, avec des conclusions variées. Il n'y a cherche sur les traitements à base de gui divergent. Les
pas de consensus sur la nature et la concentration des d i f f é r e n t s résultats rendent toute comparaison diffi-
substances que l'on croit responsables de l'action. cile, voire impossible. Il n'existe toujours pas de preuve
Dans le cadre de la p h y t o t h é r a p i e , l'utilisation du gui absolue permettant d'affirmer que les injections d'ex-
a é t é considérée comme utile dans les inflammations traits de gui g u é r i s s e nt le cancer.
articulaires d é g é n é r a t i v e s lorsque l'extrait en est in- L'effet du gui sur l'hypertension reste un objet de
j e c t é . A l'endroit de l'injection se produit alors une in- discussions, parce que le mode d'action n'a toujours
flammation plus ou moins intense. Le système immuni- pas é t é fixé. Le gui contient un groupe de substances,
taire y réagit avec une activité accrue, ce qui ferait di- les viscotoxines, qui font baisser la tension lorsqu'on
119
Méthodes
thérapeutiques
classiques
les injecte, mais la question est de savoir si ces sub- angustifolia, \'E. purpurea et l'E.pallida. Quel extrait a
stances peuvent être extraites de la plante par une d é - été utilisé, de quelle plante et pour quel traitement, la
coction. Quand bien m ê m e ce serait le cas, elles se- r é p o n s e à ces questions n'a pu être r e t r o u v é e dans la
raient d é g r a d é e s par le systèm e digestif. l i t t é r a t u r e ancienne. L ' é v a l u a t i on positive ne concerne
que la plante de YEchinacea purpurea. La plupart des
fabricants de produits phytopharmaceutiques sont
L'échinacée entre-temps passés à cette m a t i è r e p r e m i è r e . Pour at-
Les partisans de l'échinacée et les fabricants de l'extrait teindre l'action s o u h a i t é e comme traitement de sou-
affirment qu'il est utile en cas d'infections aiguës et chro- tien lors d'infections chroniques et récurrente s des
niques des voies respiratoires et urinaires, de mycoses, de voies respiratoires et urinaires, l ' é t u d e publique p r é c i -
plaies qui guérissent mal, de diverses affections cutanées t é e c o n s i d è r e qu'il faut prendre chaque jour six à neuf
et d'inflammations purulentes des sinus et des oreilles. millilitres de jus pressé d'Ectiinacea purpurea ou la
Au cours des tests de laboratoire, l'extrait d ' é c h i n a - q u a n t i t é de p r é p a r a t i o n correspondante.
cée change toute une série de p a r a m è t r e s mesurables Les professionnels sont habituellement sceptiques
du système immunitaire. L'utiliser pour un malade et face aux combinaisons fixes de m é d i c a m e n t s , mais
comment l'utiliser ? La question reste encore posée du pour les m é l a n g e s d ' é c h i n a c é e ce scepticisme est plus
point de vue des sciences naturelles. Des a n n é e s d'ex- faible. Une p r é p a r a t i o n combinant Ecliinacea, Thuya
périences positives, c o n s t a t é es par des m é d e c i n s et et Baptisia donne de meilleurs résultats que les p r é p a -
des patients, plaident cependant en faveur de cet an- rations d'Echinacea seul. Des résultats positifs ont é t é
cien r e m è d e d'Indiens. signalés en cas d'infections des voies respiratoires,
Une é t u d e publique allemande a c o n t r ô l é les avec ou sans traitement aux antibiotiques, et en cas
é t u d e s existantes sur l'extrait d ' é c h i n a c é e , pour en ar- d'infections c u t a n é e s par bactéries et par herpès sim-
river à la conclusion qu'elles n ' é t a y a i e n t pas suffisam- plex. En outre, la p r é p a r a t i o n a a m é l i o r é le taux de leu-
ment l'action r e v e n d i q u é e . Sous l'appellation "Echina- cocytes chez des patients cancéreux après traitement
cea", on utilise des extraits de la plante et/ou des ra- aux rayons. L'action de ralentissement du cancer n'a
cines de trois espèces différentes : YEchinaœa cependant pas é t é p r o u v é e scientifiquement.
120
Les techniques de relaxation Situation actuelle
Dans les cultures occidentales, les techniques de re-
et de méditation laxation sont populaires là o ù elles ont vu le jour : en
France, l'hypnose est la m é t h o d e la plus connue, aux
États-Unis c'est la technique de relaxation d é v e l o p p é e
par l'américain Edmund Jacobson (1885-1976) et en
— Historique
Allemagne, le training a u t o g è n e . Vers le milieu des an-
Dans chaque culture, les moments de repos é t a i e n t ju- nées soixante, on d é v e l o p p a , dans le cadre de la t h é -
gés importants et il y a toujours eu des m é t h o d e s spé - rapie comportementale a p p l i q u é e en clinique, le bio-
ciales pour se d é t e n d r e ou pour s'absorber dans de feedback, une technique de relaxation salutaire ensei-
profondes réflexions. A notre é p o q u e moderne, cette g n é e avec le soutien d'une machine.
tradition semble être o u b l i é e , le rythme de vie s'est ac- Les m é t h o d e s de relaxation efficaces font aujour-
céléré et s'est c o n d e n s é en un stress permanent qui d'hui partie i n t é g r a n t e des traitements d'accompa-
rend malade le corps et l'esprit. L'alternance de ten- gnement dans les h ô p i t a u x - pour la p r é p a r a t i o n à une
sion et de d é t e n t e fait à p r é s e nt partie du b i e n - ê t r e . o p é r a t i o n par exemple - et dans le sport. Les presta-
Vers le d é b u t du 20e siècle, de nouvelles techniques tions de haut niveau seraient à peine pensables si les
virent le jour pour apprendre à atteindre l'équilibre in- sportifs ne recouraient pas aux techniques de relaxa-
térieur. Pour vaincre son angoisse dans les t r a n c h é e s tion entre leurs phases actives.
pendant la Première Guerre mondiale, le neurologue Les m é t h o d e s de relaxation jouent é g a l e m e n t un
Johannes Heinrich Schuitz (1884-1970) tenta l'auto- rôle stimulant lors des séances de p s y c h o t h é r a p i e , en
suggestion, une technique qui venait d ' ê t r e d é c o u - permettant une concentration plus importante sur
verte par la recherche sur le cerveau. Sur cette base, il l'origine des p r o b l è m e s pour mieux y faire face en-
d é v e l o p p a le training a u t o g è n e . Cette technique de suite.
relaxation connut rapidement beaucoup de succès, car La prudence est cependant de mise quant au sé-
elle est effectivement facile à apprendre et à mettre en rieux de la technique : tous les exercices de relaxation
œ u v r e seul, dans un temps relativement court. Au et de m é d i t a t i o n ne se font pas sous la surveillance
cours des a n n é e s , bien des m é t h o d e s furent élaborées d'une personne c o m p é t e n t e . Les cours o r g a n i s és par
et, ces dernière s d é c e n n i e s , des techniques d'autres une m u t u a l i t é ou faisant partie d'un traitement psy-
cultures devinrent à la mode en Europe occidentale. c h o t h é r a p e u t i q u e offrent plus de garanties que ceux
121
Méthodes
thérapeutiques
classiques
122
Les technique;
de relaxation
de méditation
vous faut peut être du temps pour vous familiariser minuer le stress, l ' i n q u i é t u d e et les angoisses, a t t é n u e r
avec la technique choisie. Mais il se peut é g a l e m e n t la douleur et normaliser la tension artérielle et les
qu'une autre m é t h o d e soit plus a p p r o p r i é e à votre troubles digestifs. Le cycle s u p é r i e u r du training auto-
personne. Il vaut parfois la peine de persévérer. g è n e concerne les processus psychiques et l'introspec-
Demandez à votre e n t r a î n e u r s'il travaille avec un tion.
moyen de supervision. Les bons e n t r a î n e u r s recourent Comment ?
à cette technique pour pouvoir c o n t r ô l e r leur propre L ' e n t r a î n e m e n t a lieu en groupes de maximum 15 par-
travail et pour r é s o u d r e les p r o b l è m e s qui peuvent ticipants. L'exercice en groupe est nécessaire une fois
surgir. par semaine pendant sept à huit semaines, ensuite on
Vous trouverez ci-dessous la description de tech- maîtrise la technique. Celle-ci doit être exercée chaque
niques de relaxation dont l'efficacité a é t é p r o u v é e . La jour pendant 15 minutes environ, une à trois fois de
liste de c o n t r ô l e qui suit vous aidera à d é c o u v r i r le suite, pendant la d u r é e du cours, et ensuite sur une
moment a p p r o p r i é pour apprendre une technique de base régulière d'une fois par jour. A ce moment, trois
relaxation, quelle technique, quand, pour qui et à à cinq minutes suffisent pour arriver à une d é t e n t e
quelle fin. profonde.
123
Méthodes
thérapeutiques
classiques
rielle, le rytlime cardiaque, la tension musculaire, la disparaître ensuite par des exercices. Une nouvelle
t e m p é r a t u r e du corps et les ondes cérébrales, et ces conscience du corps a p p a r a î t et on apprend à gérer ses
d o n n é e s sont ensuite t r a n s f o r m é e s en signaux op- pensées et sentiments, ainsi que leur influence sur le
tiques et acoustiques. Pour apprendre la relaxation, on comportement physique. On apprend à c o n n a î t r e ses
rend visible et audible le rythme respiratoire, la tension propres besoins et à en tenir compte.
musculaire de l'avant-bras, du front et de l'appareil L'eutonie n'est pas à considérer comme une t h é r a -
masticateur, ainsi que la résistance c u t a n é e . La tension pie, mais p l u t ô t comme une p é d a g o g i e . Elle est utile
est visualisée à l'écran sous la forme d'une courbe. en cas de contractures, de troubles v é g é t a t i f s et fonc-
Lorsque la tension musculaire change, le participant le tionnels.
voit sur l ' é v o l u t i o n de la courbe et peut ainsi mieux res- Comment ?
sentir l'état de relaxation. Le retour direct d'informa- La m é t h o d e est apprise en groupe, l'entraînement
tions lui permet d'apprendre rapidement comment in- peut être fait seul, chaque jour pendant un quart
fluencer par sa propre v o l o n t é des fonctions corpo- d'heure.
relles qui se d é r o u l e n t habituellement de façon
inconsciente.
124
Les technique!
de relaxation (
de méditation
125
Méthodes
thérapeutiques
classiques
mande des consommateurs, la relaxation obtenue • La méthode Feldenkrais de groupe (voir p. 215);
g r â c e à la mindmachine n'est pas s u p é r i e u r e à celle • la relaxation fonctionnelle selon Fuchs
obtenue en é c o u t a n t de la musique. (voir p. 124);
>• Attention : les personnes sensibles à la l u m i è r e et • l'eutonie (voir p. 124);
les enfants ne peuvent utiliser ce genre d'appareil; • la thérapie du mouvement concentratif
pour les personnes souffrant d'affections cardiovascu- (voir p. 125).
laires, d ' é p i l e p s i e, de psychose latente, le danger de Êtes-vous du genre peu actif, aimez-vous vous faire
r é s u r g e n c e a i g u ë de la maladie existe. Ceci peut s'ac- gâter et soigner ? Préférez-vous céder le contrôle à
compagner de nervosité , de stress et de crispation. autrui et vous livrer en toute confiance au
thérapeute ? Votre choix se portera alors sur :
• le massage (voir p. 68);
— Indications • la méthode Feldenkrais individuelle (voir p. 215);
• l'hypnothérapie (voir p. 132).
L'apprentissage de techniques de relaxation est utile :
Êtes-vous un chercheur, quelqu'un qui prend ses
• dans un é t a t d ' i n q u i é t u d e i n t é r i e u r e a c c o m p a g n é e
responsabilités même dans des situations extrêmes ?
de tension spasmodique engendrant, entre autres,
Votre préférence ira alors vers :
l'insomnie, les p r o b l è m e s d ' a p p é t i t , les troubles v é g é -
• le training autogène (voir p. 123);
tatifs, les palpitations cardiaques, les tensions muscu-
• le yoga (voir p. 167);
laires, les plaintes de l'appareil locomoteur;
• les techniques méditatives (voir p. 125)
• en cas de maladies psychosomatiques comme les ul-
La thérapie respiratoire (voir p. 128) est
cères gastro-duodénaux, l'asthme, la névrodermite, la mi-
complémentaire de toutes les méthodes précitées et
graine, la névrose cardiaque et les douleurs menstruelles;
convient à toutes les personnes.
• lors d ' é t a t s convulsifs d'origine organique (excepté
l'épilepsie);
126
Les technique
de relaxation
de méditatior
• Pratique : on se concentre sur le corps en général, sur • Pratique : par le biais de différentes techniques auxiliai-
certaines parties du corps ou sur la respiration. On res, on atteint l'état de veille désiré. On n'influence pas la
influence la respiration et on procède étape par étape respiration et on ne prête pas attention aux perceptions
selon les instructions données. sensorielles et aux sentiments pour pouvoir "vider l'esprit".
• Conscience : le conscient est réprimé. On peut évoquer • Conscience : la conscience est en état d'alerte et de
des images "soft", comme la lune au-dessus de la mer, un vivacité accrue.
champ de fleurs.
• But : le but est la détente physique et mentale. Elle • But : le but de la méditation est de vivre une sensation
reste en surface et ne mène pas à un élargissement de religieuse de "vide" ou de proximité de Dieu. L'effet
l'état conscient. secondaire en est un plus profond repos, plus de confiance
en soi et de calme.
• Action : ces techniques agissent par l'intermédiaire du • Action : le processus se déroule dans les profondeurs
système végétatif, qui passe du système sympathique au du vécu spirituel. Ceci mène également à la relaxation
parasympathique. Beaucoup de personnes atteignent par physique et permet d'émerger de la routine de chaque
cette relaxation profonde des images intérieures qu'elles jour.
n'auraient pu vivre dans la course effrénée de tous les
jours et arrivent donc au "centre intérieur".
• Exercice : l'apprentissage et l'exercice des techniques • Exercice: il faut se confier à un professeur sérieux.
peut se faire en prenant des cours, en groupe ou seul. L'exercice se fait en groupe ou seul. La méditation n'est
Quelques semaines ou mois suffisent pour les maîtriser. pas un processus rapide : la maîtriser peut prendre des
années.
127
Méthodes
thérapeutiques
classiques
128
La thérapie
respiratoire
— Concept de base
Le fait de respirer est un processus inconscient. La res-
piration ne devient perceptible qu'en cas de très
grande joie, de détresse mentale ou quand on a atteint
les limites de son niveau de prestation. On peut égale-
ment la guider comme bon nous semble : respirer len-
tement ou plus vite, p r o f o n d é m e n t ou en la retenant.
De nos jours, rares sont les gens qui respirent correcte-
ment d'instinct : m ê m e les petits enfants sont souvent
déjà crispés et respirent de f a ç o n "plane", tandis que
les adultes m è n e n t souvent une vie de "tension à court
d'haleine", sans rythme ou pause, au point de "man-
ration est la condition d'une santé physique, mentale quer d'air". Les v ê t e m e n t s serrés et l'obésité, une ma-
et spirituelle. En Inde, des écoles de respiration pour nière crispée de s'asseoir, les mauvaises postures, le
professeurs de yoga se d é v e l o p p è r e n t p a r a l l è l e m e n t manque de mouvement et la tension permanente, la
au bouddhisme; au Japon, des pratiques respiratoires course folle de la vie et les p r o b l è m e s irrésolus coupent
virent le jour dans la philosophie zen. Dans les deux le souffle à beaucoup de gens. Le but de la t h é r a p i e res-
cas, le but était une croissance mentale et personnelle piratoire est de r é a p p r e n d r e à respirer calmement et r é -
et une orientation religieuse. g u l i è r e m e n t , pour a m é l i o r e r l ' o x y g é n a t i o n du corps,
Au d é b u t de notre ère, les écoles de pneumatologie pour reprendre une attitude naturelle et pour d é m a n -
d'Asie Mineure et de Grèce enseignaient une f a ç o n teler les é m o t i o n s négatives afin de résoudre les
saine de respirer. Il y a un siècle, Ofto Hanisch (1854- troubles fonctionnels et les p r o b l è m e s psychiques.
129
Méthodes
thérapeutiques
classiques
vement. Pour a m é l i o r e r la respiration, il existe diverses gistre vocal, la t o n a l i t é , le rythme, les vibrations... Les
méthodes. orateurs et les chanteurs sont f o r m é s selon cette m é -
thode.
C o n t r ô l e conscient de la respiration Le mode d'expression vocal joue en outre un rôle
L'attention est consciemment fixée sur la correction de important lors des exercices visant à libérer des senti-
la respiration. On exerce d'abord l'expiration, ce qui ments cachés.
stimule le centre respiratoire, et ensuite la f a ç o n cor- Lors de l ' é t i r e m e n t et du b â i l l e m e n t , lors de la posi-
recte de respirer, qui e n t r a î n e la respiration abdomi- tion debout, assise, c o u c h é e , lors du balancement et
nale et diaphragmatique. de la flexion d e m a n d é s par le t h é r a p e u t e , la respira-
Cette technique est surtout a p p r o p r i é e pour les tion change d ' e l l e - m ê m e . Une profonde réflexion
sportifs et pour les personnes dont la respiration est li- avant et après l'exercice et la collaboration d'un parte-
m i t é e par des affections des voies respiratoires. naire ou d'un groupe augmentent l'effet. Cette m é -
thode est a p p r o p r i é e lors de mauvaises postures, de
C o n t r ô l e mi-conscient de la respiration respiration incorrecte, de troubles fonctionnels et
Lors de la respiration, les recommandations d'un t h é - d'entraves psychiques.
rapeute vous aident à en suivre le d é r o u l e m e n t : l'air Le t h é r a p e u t e peut pousser les participants à expri-
"est inspiré, on laisse aller et on attend qu'il revienne mer leurs états d ' â m e par le biais de jeux de mime, de
de l u i - m ê m e " . On dirige l'attention et la respiration mouvements et de contacts physiques avec le groupe.
vers des parties d é t e r m i n é e s du corps et on les y ras- Il sort les personnes "de leur réserve" et il souligne et
semble. La respiration s'élargit de f a ç o n arbitraire, la
perception de l'espace change. On vit son corps
comme s'il était nouveau et " d é t a c h é " . Une position
de base interne et externe é q u i l i b r é e , une nouvelle
"conscience naissante" s'installe.
L'eutonie (voir p. 124) et la relaxation fonctionnelle
(voir p. 124) se basent sur ce c o n t r ô l e mi-conscient de
la respiration.
Ces techniques respiratoires et de relaxation in-
fluencent de m ê m e f a ç o n le corps et l'esprit, et sont
a p p r o p r i é e s pour les personnes stressées, assoiffées de
prestation et s u r m e n é e s . En m ê m e temps que la "ca-
rapace musculaire", les crispations intérieures se relâ-
chent. guide correctement leur "langage respiratoire". Il doit
Katharina Schroth a d é v e l o p p é la m é t h o d e de res- aussi être capable, le cas é c h é a n t , de gérer les senti-
piration mi-consciente à l'intention plus particulièr e ments qui jaillissent ensemble avec les participants, de
des personnes souffrant de scoliose : les exercices res- sorte à pouvoir les i n t é g r e r dans la vie de tous les jours.
piratoires peuvent à un certain point contrer la malpo- Cette f a ç o n de p r o c é d e r est é g a l e m e n t i n d i q u é e en
sition des côtes et des muscles p r o v o q u é e par la mala- cas d'entraves psychiques, de troubles fonctionnels et
die, et faciliter la respiration. de mauvaises positions corporelles.
La danse, les exercices avec des partenaires et les
D é r o u l e m e n t inconscient de la respiration jeux de groupe peuvent, pour les t h é r a p i e s précitées,
Le d é r o u l e m e n t de la respiration est indirectement in- a m é l i o r e r encore la f a c u l t é d'adaptation de la respira-
f l u e n c é par la voix. La sensation est e x p r i m é e par le re- tion.
130
La thérapie
respiratoire
La t h é r a p i e respiratoire peut être suivie en séances in- G r â c e aux exercices respiratoires ciblés et à la percep-
dividuelles ou en groupe. G é n é r a l e m e n t , on s ' e n t r a î ne tion propre du corps, on peut a c q u é r i r à nouveau la
une fois par semaine et on s'exerce r é g u l i è r e m e n t respiration involontaire correcte.
pendant quelques mois. La respiration participe à tous les système s r é g u l a -
teurs de l'organisme. Lors de la respiration, le sys-
Massage respiratoire manuel t è m e v é g é t a t i f , l'action volontaire et la p o u s s é e é m o -
Le massage est p r é p a r é par des effleurements des tis- tionnelle collaborent. Les sollicitations physiques et
sus. Le diaphragme réagit avec une activité accrue aux mentales influencent é g a l e m e n t la respiration. Les
percussions et aux manipulations de stimulation dou- exercices respiratoires agissent à trois niveaux : le
loureuses. A p r è s la douleur vient la d é t e n t e et la respi- tissu pulmonaire se d é v e l o p p e mieux, le c o n t r ô l e bio-
ration suit un rythme arbitraire. Les stimulations cuta- logique de la respiration est i n f l u e n c é et des tensions
nées, musculaires et douloureuses influencent la respi- musculaires peuvent ê t r e levées. Les exercices per-
ration par le biais des réflexes. L'attouchement d é v o u é mettent de c o n s i d é r e r d i f f é r e m m e n t le s c h é m a cor-
d'une autre personne participe aussi à l'action de re- porel et peuvent mener à une nouvelle approche de
laxation en profondeur. On peut ainsi a t t é n u e r les soi.
troubles respiratoires et digestifs, l ' i n q u i é t u d e et les
troubles du sommeil.
Indications
Gymnastique ou k i n é s i t h é r a p i e respiratoire La thérapie et le massage respiratoire au sein de la ki-
Des mouvements d é t e r m i n é s d ' é t i r e m e n t , de flexion nésithérapie sont utiles comme traitement de soutien
et d ' é q u i l i b r e influencent la f a ç o n de respirer par la lors d'affections des voies respiratoires et a p r è s de
voie réflexe. Au ralenti, on passe de la position de relâ- lourdes interventions chirurgicales, ainsi que pour la
chement à celle de soutien, et on maintient cette posi- p r é p a r a t i o n à l'accouchement. Ils permettent d ' é v i t e r
tion le plus longtemps possible en respirant, pour en- et de contrer une mauvaise respiration, les troubles
suite retourner à la position de d é p a r t . Le souffle pro- locomoteurs, les troubles v é g é t a t i f s et de la presta-
fond après l'exercice est le signe des nouvelles f a c u l t é s tion cardiaque, les p r o b l è m e s digestifs, d ' a m é l i o r e r la
respiratoires acquises. tension artérielle et d ' a t t é n u e r les troubles psy-
La gymnastique respiratoire aide les personnes at- chiques légers.
teintes d'affections bronchiques chroniques et L'application se fait g é n é r a l e m e n t à l ' h ô p i t a l ou
d'asthme. L'apprentissage se fait a u p r è s d'un kinési- dans un cabinet privé sur prescription m é d i c a l e .
t h é r a p e u t e et l'exercice doit être quotidien. Elle aug- La thérapie respiratoire peut traiter les p r o b l è m e s
mente la c a p a c i t é pulmonaire et soulage les plaintes. de voix et les troubles psychosomatiques, r é g u l er la vie
sentimentale, influencer les d é g â t s p r o v o q u é s par une
mauvaise posture, aider à évacuer le stress et les an-
— Explication de l'action
goisses. C'est une mesure de s a n t é p r é v e n t i v e qui est
Une inspiration fait p é n é t r e r cinq litres d'air (et plus) a p p l i q u é e comme soutien de processus de d é v e l o p p e -
dans nos poumons. A p r è s l'expiration, il reste un litre ment et de changement de comportement.
d'air résiduel. Une respiration plane n'utilise pas tota- Limites de l'application
lement la c a p a c i t é pulmonaire; le corps reçoit trop peu La t h é r a p i e respiratoire ne peut être a p p l i q u é e en cas
d ' o x y g è n e , ce qui entrave la sensation de b i e n - ê t r e . de troubles sévères d'ordre physique ou psychique.
Lorsque la prestation pulmonaire est d i m i n u é e par la Le succès de la t h é r a p i e respiratoire d é p e n d tou-
maladie, l'exercice respiratoire permet de sauvegarder jours de la collaboration du patient/client.
ou d'augmenter la prestation résiduelle.
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