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Rapport de Mission
Version définitive
Le 30 mai 2005
M. John Magnay
M. Olivier Jenn-Treyer
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar »
Sommaire
A. Présentation 02
A.1. Contexte et nature de la demande 02
A.2. Composition de la mission 02
A.3. Méthodologie et conclusions succinctes de l’étude 02
E. Conclusions et recommandations 57
1
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 2
A. PRESENTATION
Suite à la crise sur le marché du riz qui s’est produite dans le pays en 2004,
M. le Ministre de l’Agriculture a adressé, le 16 février dernier, une requête au Programme
Alimentaire Mondial, pour faire réaliser une étude sur la mise en place de systèmes de réserve
de riz à Madagascar, dans le but de « trouver des solutions permettant d’une part, de garantir
l’accès à ce produit vivrier essentiel qu’est le riz et d’autre part, d’assurer la sécurité
alimentaire de la population ».
Cette requête s’appuyait notamment sur le fait que le PAM avait déjà réalisé une étude
pour le compte du NEPAD sur les systèmes de réserves alimentaires en Afrique. La demande
visait à réaliser une étude similaire, adaptée au contexte de Madagascar.
2
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 3
Il est apparu à la mission que l’approche en termes de stocks de régulation n’était pas
la réponse la plus appropriée au cas de Madagascar. La mission a donc étendu ses
investigations au champs du renforcement des capacités des acteurs du secteur privé, qu’elle
pense être les plus à même de contribuer à l’amélioration du fonctionnement du marché
national (C).
Néanmoins, la mission a également exploré la question qui lui avait été soumise, à
savoir l’examen des systèmes de régulation par les stocks mis en œuvre à Madagascar dans le
passé et dans d’autres pays d’Afrique sub-saharienne. L’objectif de cette partie du travail vise
à identifier un mécanisme pouvant être appliqué à Madagascar avec un impact négatif
minimum sur le développement du marché au travers de l’activité des opérateurs privés (D).
Les rapports définitifs de ces trois missions seront disponibles dans le courant du mois de mai.
3
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 4
Remarque préliminaire :
Cette partie est relativement succincte, car l’analyse factuelle détaillée des
évènements de 2004 sur le marché du riz sera présentée dans le rapport de la mission de la
Banque Mondiale, avec laquelle la présente mission a étroitement collaboré.
Actuellement, les prix du riz sur le marché international restent hauts, et tous les
analystes s’accordent pour dire que le niveau des prix devrait rester très ferme durant au
moins les deux ou trois ans à venir. Le maintien des taxes sur le riz importé à de hauts
niveaux ne se justifie donc plus du point de vue de la protection des producteurs. Il ne pourrait
que se concevoir dans une logique fiscale immédiate, avec comme objectif de maximiser les
recettes du Trésor. Par ailleurs, l’argument de la nécessaire stabilité du cadre fiscal a été
avancé. Dans l’acception la plus rigoureuse de ce principe de stabilité, la politique fiscale ne
devrait pas être utilisée comme outil de régulation économique.
La présente section analyse plus en détail les raisons de la crise sur le marché du riz en
2004 (B.1.), présente les mesures prises par le gouvernement à l’époque (B.2.) et expose les
mesures de détaxation qui auraient pu être prises au 3ème trimestre 2004 (B.3.).
- Le passage sur l’Ile de deux cyclones, Elita et Gafilo, fin janvier et début mars
2004 qui a eu deux effets négatifs en termes d’équilibre du marché du riz. D’une
part, une partie significative des stocks, privés ou publics, a été utilisée dans le
4
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 5
cadre des opérations d’urgence en direction des sinistrés. Et d’autre part, des zones
rizicoles importantes ont été touchées et la production en a été affectée
significativement (le rapport PAM-FAO a évalué les pertes en riz à 250.000
tonnes).
- La hausse importante du prix du riz sur le marché international, qui est passé
de 213$ à 289$ (Thaï 5%) entre février 2004 et janvier 2005, soit presque 36%
d’augmentation.
Fig. 1
Cours international du riz et taux de change FMG/$
12,000.00 260.00
250.00
11,000.00
240.00
10,000.00
230.00
9,000.00
220.00
FMG/$
200.00
7,000.00
190.00
6,000.00
180.00
5,000.00
170.00
4,000.00 160.00
Dec- Jan- Feb- Mar- Apr- May- Jun- Jul- Aug- Sep- Oct- Nov- Dec- Jan- Feb-
03 04 04 04 04 04 04 04 04 04 04 04 04 05 05
La crise de 2004 était donc tout à fait exceptionnelle et très improbable, du fait de la
conjonction imprévisible de cette série de facteurs faiblement corrélés entre eux.
Elle appelait certainement, dès juin-juillet 2004, une réaction rapide du gouvernement
et de ses différents partenaires financiers et techniques, afin de limiter l’impact de la hausse
du prix du riz aux consommateurs, ainsi que pour garantir un approvisionnement normal du
pays en riz d’importation.
5
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 6
Cette opération a été appréciée de la population, essentiellement par celle des grands
centres urbains.
Toutefois, les quantités importées n’ont pas été suffisantes pour approvisionner le
marché (100.000 tonnes supplémentaires auraient sans doute été nécessaires), dont le
fonctionnement normal a été désorganisé (comportements spéculatifs, ruée sur le riz
disponible, apparition d’un marché secondaire ou le riz à 700 Ar. était revendu plus cher).
Le graphique suivant illustre ce fait, et les trois courbes représentent le prix du riz
local, le prix du riz importé dans le cadre de l’opération organisée par le gouvernement, et le
prix de parité import1 du riz sur le marché international (Riz Vietnamien, 25% de brisures)
calculé à partir du modèle MADASIMURIZ.
1
Le prix de parité import est le prix de vente sur le marché national du riz international. Ce prix peut être calculé
à partir du cours du riz sur le marché international, qui correspond au prix FOB au départ du pays exportateur, A
ce prix, on ajoute les coûts d’assurance et de fret maritime, pour arriver au prix CAF à l’entrée de Madagascar.
Après conversion en monnaie nationale par l’application du taux de change, on y ajoute les taxes d’importation,
la TVA, les coûts sous douane, puis les coûts de transport et les marges des différents intervenants dans la chaîne
de distribution, et on obtient finalement le prix de détail sur le marché. C’est le « prix de parité import » du riz
international. Suivant les origines (Thaïlande, Vietnam, Cambodge,…) et la qualité (taux de brisure, variété, …)
les prix de parité import seront bien évidemment différents.
6
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 7
Fig. 2
Prix constatés riz local et import ; prix de parité import riz Viet 25% de brisures
ANTANANARIVO
7 000
6 000
5 000
4 000
Prix riz local
FMG/kg
2 000
1 000
0
dé 3
dé 4
fé 3
m 3
ju 3
ao 03
se 03
oc 3
no 3
fé 4
m 4
ju 4
ao 04
se 04
oc 4
no 4
5
m 03
ju 3
ja 03
m 04
ju 4
ja 04
av 3
av 4
-0
r-0
-0
-0
r-0
-0
-0
-0
t-0
-0
t-0
-0
-0
0
0
il-
v-
il-
v-
-
-
-
c-
c-
s-
s-
nv
ût
nv
ût
nv
vr
in
in
ai
pt
vr
ai
pt
ar
ar
ja
Pourquoi les importateurs privés n’ont-ils pas importé à temps pour répondre à la
demande nationale ?
D’abord, à cause de la forte incertitude dans laquelle ils se trouvaient : incertitude sur
la durée et l’ampleur de la dépréciation de la monnaie nationale, incertitude sur la nature de la
réaction gouvernementale, incertitude sur les variations du prix mondial du riz.
En effet, la très bonne substituabilité du riz local et du riz importé implique que le prix
du riz local et celui du riz importé sont, en temps normal, très fortement corrélés. (cf. étude
Banque Mondiale pour une explication détaillée). Et, naturellement, c’est le prix du riz sur le
marché national qui s’aligne sur le prix de parité import du riz international.
Le graphique précédent fait apparaître, dès le mois d’avril, une rapide augmentation du
prix de parité import du riz, par rapport au prix du riz national, qui reste relativement stable.
Précisons que la courbe « prix riz import » correspond à la vente du riz précédemment
importé, et dont le prix n’est pas relié au prix de parité import courant.
Les décisions d’importation sont prises par les opérateurs sur la base d’un arbitrage
entre le prix du riz local et le prix du riz sur le marché international. En termes économiques,
un opérateur avait certainement plutôt intérêt à acheter son riz sur le marché local plutôt que
de l’importer à un prix supérieur. Cet arbitrage des négociants en faveur du riz national a
certainement été un des facteurs déterminants de la crise d’approvisionnement du marché du
riz.
7
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 8
Fig. 3
Prix constatés riz local et import ; prix de parité import riz Viet 25% de brisures
ANTANANARIVO
sans taxes à partir de juin 2004
7 000
6 000
5 000
4 000
Prix riz local
FMG/kg
2 000
1 000
0
fé 3
m 3
ju 3
ao 03
no 3
dé 3
fé 4
m 4
ju 4
ao 04
no 4
dé 4
5
m 03
ju 3
oc 3
se 03
ja 03
m 04
ju 4
se 04
oc 4
ja 04
av 3
av 4
-0
-0
-0
r-0
-0
-0
t-0
r-0
-0
-0
t-0
-0
-0
0
0
il-
il-
-
v-
v-
-
c-
c-
s-
s-
nv
ût
nv
ût
nv
in
pt
vr
vr
in
pt
ai
ai
ar
ar
ja
Dès le mois d’août 2004, les arbitrages des opérateurs seraient devenus favorables au
choix du riz importé. Cette affirmation correspond, sur le graphique précédent, au passage de
la courbe verte (prix de parité import du riz Viet 25%) au dessous de la courbe bleue (prix du
riz local)
On peut penser a posteriori qu’à cette époque, une position politique extrêmement
claire, fruit d’une concertation entre l’ensemble des acteurs de la filière, associant
l’engagement de l’Etat de ne pas intervenir sur le marché et la suspension transitoire et
exceptionnelle des taxes, aurait permis d’atténuer la crise, en stabilisant le prix du riz sur les
marchés un peu en dessous de 4000 FMG/kg (sans taxes), soit 800 Ar/kg. De manière moins
radicale, la TVA aurait pu être supprimée, et la taxe d’importation ramenée à 10-15 %, ce qui
aurait stabilisé le prix sur le marché du riz aux alentours de 4500 FMG /kg (900 Ar./kg).
8
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 9
La sensibilité du marché du riz aux aléas diminuera avec sa robustesse, qui passe par :
• l’augmentation de la production,
• l’intensification de la commercialisation et la meilleure intégration des marchés,
• la diversification et l’intensification des flux sur le marché, spécialement au travers
des exportations.
Mais pour accroître la robustesse du marché du riz à Madagascar, l’Etat doit mener une
politique ayant pour but de favoriser et d’accompagner le développement des dynamiques de
la production et du marché : diffusion des techniques de production améliorées, généralisation
du stockage privé, fluidification du commerce intérieur.
Par ailleurs, avec une offre intérieure actuelle en déficit de 100.000 à 250.000 tonnes par
an, les capacités de stockage actuelles et les mécanismes de financement existants sont
certainement en mesure chaque année de permettre le stockage jusqu’à la fin de la période de
soudure.
Cette dynamisation du marché du riz fait l’objet de la première section de cette partie
(C.1.)
Par ailleurs, la piste du développement des exportations doit être développée rapidement,
et ce pour deux raisons :
• La mise en place de partenariats à l’exportation permettrait de créer des
débouchés pour le riz malgache, et d’anticiper l’écoulement d’éventuels
surplus de production à venir.
• Madagascar pourrait également se tourner vers l’exportation d’une partie de la
récolte principale, à un prix intéressant vers certains pays, et importer ensuite
du riz au prix du marché mondial durant la période de déficit. Ceci réduirait le
besoin de stockage (et incidemment des besoins de financement des opérations
de stockage), et augmenterait les revenus d'exportation en dollars, ainsi que les
recettes fiscales à l’importation.
9
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 10
Toutefois, toutes ces actions visant à développer les dynamiques du marché du riz
n’auront de véritables effets que si elles prolongent la motivation des producteurs à passer
d’une économie de subsistance à une économie de marché. De nombreux facteurs peuvent
jouer sur cette motivation (culturels, géographiques,…), mais il en est un sans lequel rien
n’est possible : le prix du paddy.
Dans une économie ouverte sur l’extérieur, les possibilités pour l’Etat d’influer
immédiatement sur le prix au producteur sont donc extrêmement limitées : ou bien réguler le
marché par un système de stocks tampons (cf. partie D), ou bien jouer sur le montant des
tarifs qui séparent le marché international du marché domestique.
C’est à cette dernière alternative qu’est consacré la seconde section de cette partie
(C.2.). Avec celle-ci, la mission veut attirer l’attention sur l’intérêt de mettre la politique
fiscale au service de la politique commerciale de l’Etat, afin de contribuer au pilotage de la
filière :
• d’une part, pour trouver un équilibre optimal entre un prix du paddy au
producteur motivant (et donc le plus élevé possible), et un prix du riz au
consommateur intéressant (et donc le plus bas possible),
• d’autre part, pour favoriser les exportations du riz malgache.
Le marché malgache du riz semble avoir tout le potentiel, non seulement pour
répondre à la demande intérieure du riz, mais également pour développer les exportations.
Ces dernières années, en raison de bas prix à la production et de bas prix sur le marché
mondial de riz, les riziculteurs n’ont pas été incités à augmenter leur production, excepté pour
assurer leur propre sécurité alimentaire. Il est ainsi très probable que les résultats relativement
décevant de l’ensemble des actions de développement de la filière riz depuis plus de vingt ans
s’expliquent en partie par le bas prix du paddy au producteur.
Un des résultats positifs de la crise de 2004 sur le marché du riz est l’augmentation du
prix aux producteurs, qui y ont déjà répondu avec des niveaux plus élevés de mise en culture
et une augmentation de la production prévue en 2005.
10
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 11
Fig. 4
7000
6000
5000
Fmg/kg
4000
3000
2000
1000
0
85
88
91
94
97
3
Annee
Les implications de ce phénomène ont fait l’objet d’une étude détaillée par cette
mission, dont le rapport est actuellement en cours de finalisation. Néanmoins, il est d’ores et
déjà possible de dire que, dans la mesure où le prix du paddy au producteur dépend fortement
du prix du prix blanc aux consommateurs, on peut en déduire un effet positif sur les revenus
et le niveau de production de certains producteurs.
- Il est probable que les riziculteurs déjà habitués à produire pour vendre
chercheront à augmenter leur production, afin d’accroître leurs revenus.
- Pour d’autres, moins biens lotis, il est possible que l’on assiste à des stratégies
défensives qui auront des effets positifs sur la production en général. Ainsi, une
étude de l’IRD2 montre que dans une localité proche de la capitale, la majeure
partie des petits producteurs interrogés sur leur stratégie pour la saison 2005
avaient projeté d’essayer d’augmenter leur production, non pas directement pour la
vendre, mais avant tout pour éviter à tout prix d’être amené à devoir acheter du riz
à des prix inabordables.
- Enfin, on peut imaginer que pour les plus pauvres, c’est-à-dire ceux qui n’arrivent
pas à l’autosuffisance en tant normal et qui sont obligés de devoir vendre leur force
de travail pour assurer l’approvisionnement familial durant la période de soudure,
les choses seront plus difficiles. En effet, la rémunération de l’ouvrier agricole
2
C. Binet, P. Briet, B. Gastineau, P. Gastineau, M. Omrane ; Conditions de vie des ménages dans la commune
rurale d’Ampitatafika en période de soudure ; conséquences de la hausse du prix du riz sur les pratiques
agricoles et la formation du revenu, « Travaux et Documents » du programme de recherche Dynamiques
démographiques et développement durable dans les hautes terres malgaches, IRD, n°1 (décembre 2004-février
2005).
11
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 12
n’ayant pas suivi le prix du riz, il sera contraint de fournir plus de travail pour la
même quantité de riz.
A condition que les producteurs obtiennent un bon prix pendant la récolte 2005, cet
élan a toutes les chances de s’amplifier pour la campagne 2006. Néanmoins, ce type de
dynamique peut mener à un accident de marché. En effet, si l’incitation à produire est telle
qu’elle débouche sur un surplus de la production, l’inexistence de débouchés pour ces surplus
pourrait entraîner une chute du prix du paddy, ce qui aurait comme effet de démotiver les
producteurs et entraînerait une baisse de la production l’année suivante.
Remarque :
Pour aider les producteurs, les collecteurs, les transformateurs, les négociants et les
importateurs à prendre de meilleures décisions sur le marché, ceux-ci ont besoin d’une
meilleure information, émanant d'une source indépendante. Cette information devrait être
disponible en temps réel et introduite dans le domaine public sous le maximum de formes
possibles.
12
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 13
Type d'information
Sur une base hebdomadaire (avec une évolution vers une base quotidienne), le système
d'information du marché (SIM) devrait collecter :
• le prix de paddy à l’entrée de la décortiquerie (ce qui permettrait d’avoir un
prix de référence du paddy lissé des coûts de transports),
• le prix de gros du riz blanc,
• le prix de détail du riz blanc.
Les points de collecte des données devraient être les zones de production majeures,
ainsi que les principaux centres de consommation (zones urbaines). Il n'est pas nécessaire de
rassembler des données à tous les niveaux de la chaîne de valeurs, car la plupart des acteurs
peuvent établir le rapport entre leur position sur le marché et les prix des centres régionaux.
Note :
A terme, l'information de marché ne devrait pas être limitée au riz, et d'autres récoltes
stratégiques devraient être concernées (pommes de terre, manioc, maïs, haricots etc...)
Pour les acteurs les plus importants, il serait également intéressant qu'ils puissent
recevoir de l'information en provenance du marché mondial du riz, sur les prix courants
suivant les origines, ainsi que sur le prix de parité import du riz à Madagascar.
Les mécanismes de diffusion de cette information devraient être aussi divers que possible, et
inclure :
• les radios locales,
• les journaux,
• les télévisions,
• les messageries téléphoniques de SMS
• des tableaux d'affichage dans les centres marchands régionaux
• Email et Internet
Les données recueillies par l’Observatoires du Riz devront également concerner l’état
des cultures et les prévisions de récolte, l’état des stocks, le niveau des importations
programmées et réalisées, des informations sur l’évolution du marché international.
13
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 14
Ces données permettront, une fois compilées et analysées, de constituer une aide au
pilotage de la filière.
Cette information de fond, disponible au travers de notes de synthèse et d’analyse
simplifiées, devra également être diffusée, par les canaux des journaux, de la radio et de
l’internet. 3
Cette activité est nécessaire non seulement pour le transfert d'information en ce qui
concerne des techniques de production améliorées, mais également pour développer le
stockage et le marketing collectif. Ces groupes devraient non seulement être le support du
développement du marché de riz, mais devraient également être utilisés pour promouvoir la
diversification de la production vers d'autres spéculations et activités.
Pour que les producteurs travaillent ensemble, ils doivent y trouver des raisons
objectives, c’est-à-dire en retirer des avantages concrets. Il est donc important de développer
des paquets techniques (et concrets) d’appui aux groupes de producteurs. Cette approche,
expérimentée par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, en 2004 au travers
d’une opération financée sur fonds de contre-valeur français, pourrait être, après évaluation,
reconduite, élargie et systématisée.
3
Pour de plus amples développements, nous renvoyons au rapport de l’étude confiée à la FAO, qui avait pour
mission la conception d’un Observatoire du Riz.
14
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 15
Un modèle de groupe de producteur qui a fait ses preuves avec les petits exploitants en
Zambie et en Ouganda est celui des exploitants modèles (Lead Farmers, LF), des
organisations de producteurs (Producer Organisations, PO) et des Comités de Stockage
(Depot Committees, DC). En Ouganda le modèle a été utilisé pour le café, le coton, le riz et le
tournesol. On trouvera en annexe 3 une présentation de ce type de structure. Le système est
également employé pour introduire de nouvelles spéculations et technologies.
Il est essentiel que le secteur privé soit renforcé pour pouvoir répondre aux besoins
futurs. Un secteur privé dynamique est en mesure de faire face aux pénuries et aux excédents,
beaucoup plus rapidement que les systèmes gouvernementaux rigides, dans la mesure ou il en
retire des profits.
Pour commencer, il est important que le Gouvernement engage un dialogue avec les
acteurs du secteur privé, afin d’installer la confiance et la transparence dans le développement
du marché. La gamme d’interactions et d'activités régulières entre tous les acteurs de la filière
devrait comprendre :
• un dialogue régulier avec le gouvernement et les bailleurs de fonds sur la
production, le développement du marché, les importations et les exportations,
• des réunions de prévision de récolte et de commercialisation, pour discuter des
données produites par l'Observatoire et le SIM,
• l’identification des secteurs d'intervention pour développer la production et le
marketing,
• la surveillance et la diffusion d'informations et d'analyses concernant le marché
mondial, afin notamment d’identifier des chocs potentiels sur les prix des
importations et d’être au fait des négociations commerciales internationales -
OMC, COMESA, AGOA, SADC etc…
• l’identification et le développement des marchés d'exportation pour le riz
malgache,
• la prise de contact avec des fournisseurs et des acheteurs de riz étrangers,
• Favoriser la segmentation et la structuration du marché, par le développement et
l'adoption des standards de qualité,
• assurer le développement de techniques de transformation pour améliorer la
qualité des produits finis,
• assurer la promotion du riz malgache sur les marchés d’exportation - "Madagascar
naturellement",
• développer des usages alternatifs pour les sous-produits de la transformation : son,
riz de sous-catégorie (par exemple, en Ouganda, le riz en brisure est employé
comme additif au malt dans le procédé de brassage de la bière).
15
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 16
Lors de la crise de 2004, l’Etat n’a pas utilisé la politique tarifaire comme outil de
gestion de la crise, pour diverses raisons conjoncturelles, mais essentiellement parce que cette
option de gestion politique des crises n’avait pas été envisagée ex ante.
Dans cette section, c’est d’abord la structure des tarifs à l’entrée sur le riz que nous
examinerons, avec un rapide historique de leur évolution depuis 1998 (C.2.1) et un point sur
l’incompatibilité du régime actuel de TVA avec les principes fondamentaux de l’OMC
(C.2.2.).
Nous évoquerons ensuite certaines interactions des options de politique tarifaire sur la
mise en place d’une politique commerciale orientée vers le soutien des exportations (C.3.4.).
Enfin, nous émettrons quelques propositions pour harmoniser le dispositif fiscal avec
la législation internationale et les réalités actuelles du marché international du riz. (C.3.5.).
Le riz est actuellement soumis à des droits de douanes différenciés suivant les cinq
qualités identifiées (cf. annexe 1). On peut en fait regrouper les différents types de riz en trois
catégories suivant les taxes qui y sont associées :
• Le « riz en paille (paddy) », le « riz décortiqué », et le « riz blanchi ou semi-
blanchi, même poli », sont frappés des mêmes taux. Ils représentent la quasi-
16
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 17
totalité des importations de riz. C’est donc à ces taux que nous nous réfèrerons
par la suite. Actuellement, ces catégories de riz sont taxées à 10%. (loi de
finance 2005).
• Le « riz de luxe », actuellement taxé à 25%.
• Le « riz en brisure », actuellement taxé à 20%.
En outre, l’ensemble des catégories de riz importé est assujetti à la TVA, au taux
de 20%, et qui passera à 18% à partir du mois de juillet 2005.
Aucun changement n’est à enregistrer durant les années 2001, 2002 et 2003.
En 2005, dans un souci de simplification des tarifs douaniers, les taxes liées à
l’importation sont réunifiées sous l’appellation droits de douane, qui sont ramenés
alors à 10% ; la fiscalisation du riz passe donc à 32%, en comptant la TVA.
Fig. 5
Taxation sur le riz importé de 1998 à 2005
(« riz en paille (paddy) », « riz décortiqué », et « riz blanchi ou semi-blanchi, même poli »)
50
45
40
35
30
Pour cent
25
20
15
10
0
1998 1999 2000 2000 LFR 2001 2002 2003 2004 2005 2005 LFR
Taxe d'importation + droits de douane TVA Droit de timbre douanier + taxe statistique à l'importation
17
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 18
A Madagascar, la TVA s’applique depuis 2000 sur le riz importé, mais pas sur le riz
local. Cette dichotomie représente une violation de l’un des principes fondamentaux de
l’OMC4, celui du Traitement National, exprimé dans l’article III du GATT de 1947.
Les alinéas 2 et 4 de cet article, qui traitent de ce problème, sont reproduits ci-après :
Actuellement, alors que la récolte principale est déjà bien entamée, l’opération
d’importation de riz facilitée par l’Etat continue. Le marché n’a pas retrouvé son équilibre,
seul un opérateur privé participe encore à l’opération et le recouvrement des taxes est toujours
en suspens.
Le risque d’une poursuite de l’opération à prix administré réside dans le signal prix
envoyé aux producteurs. En effet, les collecteurs prennent ce prix comme référence pour
négocier les prix d’achat du paddy au producteur, d’où un risque de baisse des prix du paddy.
Par ailleurs, aucun opérateur privé, ni aucune organisation paysanne, n’est incité à
stocker. En effet, les décisions de stocker se font à partir d’un calcul basé sur l’existence d’un
différentiel entre le prix d’achat du paddy (récolte) et le prix de vente du riz (soudure). Ce qui
risque de se passer, c’est une mise instantanée du riz sur le marché (achat-revente sans
stockage). Actuellement, cela ne pose pas de véritables problèmes (tout le riz trouve preneur),
mais au moment du pic de la récolte (juin, juillet), l’arrivée massive de riz sur les marchés,
sans demande correspondante, risque d’en faire très sérieusement baisser le prix.
4
Madagascar est signataire de l’Accord de Marrakech, le 14 avril 1994, clôturant le cycle d’Uruguay.
18
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 19
2) Dans le même temps (toujours avant juin), une modification du régime de taxation
sur le riz, qui permette à la fois de garantir un prix du paddy motivant au
producteur, et un prix acceptable pour le consommateur. C’est à cette équation
que nous allons maintenant nous intéresser.
A partir de la situation actuelle (a), deux alternatives sont explorées. La première (b)
propose une suppression de la TVA sans modification des droits de douanes (10%) ; la
seconde (c) examine un relèvement des droits de douanes à 30%, toujours sans TVA (ce
dernier chiffre correspond au tarif extérieur commun pour l’instant proposé dans le cadre de
l’Union Douanière du COMESA) ; Notons qu’un système de taxes différentielles doit être
d’emblée écarté, étant incompatible avec les règles de l’OMC en la matière.
Pour chaque simulation5, deux éléments seront examinés. Le premier étant le niveau
du prix de détail du riz sur les marchés d’Antananarivo, et le second étant le volume des
recettes fiscales garanties par cette mesure.
L’ensemble des calculs est fait sur la base d’un volume d’importation de 200.000
tonnes. Ce chiffre a été choisi en fonction des années précédente, et ne constitue pas une
prévision des importations de 2005.
La zone grisée dans les tableaux correspond à l’intervalle probable à l’intérieur duquel
variera le prix du riz durant l’année 2005.
Avant l’analyse des tableaux proprement dite, il nous faut justifier le parti pris d’une
suppression de la TVA dans les différentes simulations.
Celle-ci, actuellement, ne s’applique que sur le riz importé et pas sur le riz local. Or,
comme il est dit plus haut, l’application d’un TVA sur le riz importé alors que le riz local n’en
est pas frappé est contraire à l’un des principes fondamentaux de l’OMC.
5
Modélisation Louis Bockel, Mission « Observatoire du Riz », FAO, calculs révisés en fonction du modèle
Madasimuriz.
19
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 20
a) Situation actuelle (loi de finance 2005, avant le passage de la TVA de 20% à 18%,
en juillet 2005)
DD 10% Normal
TVA 20% Volume import 200000
Prix
Prix CAF DD CAF+DD+TVA Prix Tana Total taxes
US$/T US$ US$/T fmg/kg US$ millions
200 64,0 264,0 3424 12,8
220 70,4 290,4 3692 14,1
240 76,8 316,8 3960 15,4
260 83,2 343,2 4228 16,6
280 89,6 369,6 4496 17,9
300 96,0 396,0 4764 19,2
320 102,4 422,4 5031 20,5
340 108,8 448,8 5299 21,8
360 115,2 475,2 5567 23,0
DD 10% Normal
TVA 0% Volume import 200000
20
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 21
DD 30%
TVA 0% Volume import 200000
Le volume moyen des recettes fiscales générées par l’importation de 200 000 t dans la
zone de vraisemblance (rose) est pour :
a) 17,9 M$
b) 5,6 M$
c) 16,8 M$
D’autre part, le prix moyen au consommateur dans la zone de vraisemblance est pour :
a) 4496 FMG
b) 3871 FMG
c) 4439 FMG
21
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 22
Si le prix FOB du marché pour le riz malgache était supérieur au prix d’importation
CAF, exporter du riz serait une opération économiquement intéressante pour les négociants.
Et si des exportations étaient effectivement mises en œuvre, cela permettrait d’améliorer les
revenus d'exportation, d’augmenter les recettes fiscales à l'importation et de réduire la
nécessité de financement et de stockage au niveau national pour faire face à la demande
durant la période de soudure. Plusieurs marchés pourraient alors être envisagés pour le riz
malgache :
Exporter vers la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est (CAE) sous le régime
tarifaire de la COMESA :
Depuis février 2005, la CAE (Ethiopie, Kenya et Ouganda) a mis en place un droit de
douane à l’importation de 35% (auparavant 75%). Par ailleurs, selon les règles de la Zone de
Libre Echange du COMESA6, les droits à l’entrée sur le marché Kenyan pour le riz malgache
sont de 0%. Actuellement seul l'Egypte exporte selon ce régime, mais le riz malgache pourrait
également bénéficier de ce régime commercial préférentiel. Le prix de marché mondial du riz
(Pakistan 25% de brisures) est actuellement de 275 $/t CAF rendu Mombassa et le riz
égyptien atteint 340 $ /t CAF rendu Mombassa. Ces éléments permettent d’envisager un prix
du riz FOB départ Madagascar à $ 310-315 $/t, soit une bonification de $ 35-40 $/t par
rapport aux prix mondiaux.
Nous nous intéresserons uniquement ici aux effets sur l’économie malgache, en termes
de mouvement de devises et de recettes fiscales.
Données du calcul :
6
Neuf Etats du COMESA sont membres de la ZLE (Djibouti, Egypte, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice,
Soudan, Zambie et Zimbabwe ) depuis le 31 Octobre 2000.
22
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 23
• La zone des pays de la CAE a élevé des barrières douanières vis-à-vis du riz en
provenance des pays extérieurs (35% de taxes à l’importation).
• En revanche, elle consent aux pays de la Z.L.E du COMESA (dont fait partie
Madagascar) une exonération totale des taxes d’importation.
• En conséquence, le riz en provenance du COMESA bénéficie d’une prime de
65 à 70$ par tonne.
• Madagascar pourrait exporter vers le Kenya à 310$ FOB Mada (durant la
récolte) et importer à 275$ CAF Mada.
• Le déficit en riz du Kenya est supérieur à 200.000 tonnes par an.
Par ailleurs, plus le prix intérieur du riz est bas, plus l’opération est intéressante pour
les exportateurs. Et comme le prix intérieur est déterminé essentiellement par le niveau du
marché international (modulo les taxes), moins la taxe à l’importation est importante, plus
l’opération est intéressante.
Inversement, à partir d’un certain niveau de la taxe d’importation, il vaut mieux pour
l’opérateur vendre sur le marché local. Le point de retournement se situe aux alentours de la
parité prix CAF Mada + taxe / prix FOB Mada. Dans le cadre des hypothèses retenues, le taux
maximum de taxe applicable pour que l’opération puisse se faire est de 12,7%. Cela nous
amène à travailler dans le cadre de l’option B) de la partie précédente (DD à 10%).
Si l’on part d’une base de 50 000 tonnes exportées dès 2005, l’opération d’exportation
génère des rentrées de devise, pour un montant total de 15,5 M$.
Comme ces 50 000 tonnes vont devoir être réimportées à la soudure (pour un montant
total de 13,75 M$), le gain net en devises sera de 1,75 M$.
De l’autre côté, ce ne sont plus 200 000 tonnes qui devront être importées (et
s’acquitter des droits de douanes), mais 250 000 tonnes, qui généreront des recettes en Ariary
équivalentes à 6,75 M$, soit des recettes du Trésor en hausse de 1,25 M$ par rapport au cas
sans exportations-importations (200 000 tonnes importées génèrent l’équivalent de 5,5 M$ en
recettes fiscales).
• Le riz biologique : Madagascar étant l'un des plus faibles utilisateurs d’engrais
chimiques en Afrique sub-saharienne, il devrait être possible d'obtenir une
certification biologique, et de développer des marchés spécifiques (cette
activité ne concernerait pas les zones de production intensive, comme le Lac
Alaotra, Marovoay ou le Canal de Dabara).
• Accéder aux marchés européens, américain et Japonais sous des régimes
commerciaux préférentiels (on peut citer l’initiative TSA (Tous Sauf les
Armes), qui permet d’exporter des PMA vers l’Europe du riz en détaxe, en
quantités pour l’instant contingentées, mais libres à partir de 2007).
23
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 24
• Développer des marchés de niche pour des riz spécifiques à forte valeur
ajoutée - riz rouge/riz brun, etc…
Depuis 2000, les gouvernements ont utilisé la politique fiscale pour soutenir les prix à
la production contre de bas prix du riz sur le marché mondial.
En raison de prix mondiaux actuellement élevés, le niveau des prix de parité import
(toutes taxes comprises) est susceptible d’être supérieur au prix domestique, et donc de tirer le
prix du marché vers le haut, en particulier pendant la période de soudure. Tandis qu’il y a des
implications fiscales à modifier le niveau des taxes, il y a également plusieurs raisons
pratiques et non-fiscales de revoir le niveau des droits de douane (qui est de 10% depuis
janvier 2005) et de la TVA (20% depuis 2000 et 18% à partir de juillet 2005).
TVA
Comme il l’a été expliqué plus haut, la TVA est une taxe qui s’applique seulement sur le riz
importé. En termes de cohérence fiscale et de conformité avec les principes fondamentaux de
l’OMC, la TVA sur le riz importé est donc une anomalie.
Une des recommandations de la mission consisterait à fondre cette taxe dans les droits de
douanes, afin d’encourager le développement du secteur formel, à la fois dans l’importation et
la distribution.
La réduction des DD de 20% en 2004 à 10% en 2005, a été décidée pour réduire l'impact de la
hausse du prix international du riz et de la dévaluation du FMG. Toutefois, en 2004/5, en
raison du niveau élevé des importations hors DD et TVA, le niveau des importations ayant
payé l’ensemble des taxes a été faible, et le marché n’a pas encore expérimenté le prix réel du
riz importé, soumis à l’ensemble des taxes.
Nous avons vu précédemment que le niveau total des taxes sur le riz importé avait un impact
direct sur :
• le niveau des prix à la production,
• le niveau des prix à la consommation,
• l’aptitude de Madagascar à accéder au marché mondial du riz.
24
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 25
En effet, pour chacun des scénarios, les hypothèses (hors celles concernant la
production) sont les mêmes :
Gains nets
Revenus d’exportation (net) $ - 51,500,000 3,500,000 65,500,000
Revenus fiscaux $ 16,500,000 5,500,000 5,500,000
Les deux autres scénarios renforcent l’idée selon laquelle, dans certaines conditions du
marché, l’intensification des échanges, c’est-à-dire la multiplication des flux d’importation et
25
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 26
d’exportation, à des conséquences positives à la fois sur les opérations en devises, ainsi que
sur les revenus du Trésor.
La politique tarifaire devrait pouvoir être utilisée comme un outil de pilotage des
marchés, non pas évidemment en tant qu’outil de gestion au quotidien, mais en tant qu’outil
permettant d’apporter des éléments de réponse à des chocs sur le marché, exceptionnels,
soudains et de grande ampleur. En effet, le seul jeu des forces de marché n’est pas toujours en
mesure de répondre à certains accidents du marché, vecteurs d’un degré d’incertitude
exceptionnel, et un accompagnement par l’Etat peut parfois être nécessaire. La crise de 2004
sur le marché du riz en est un cas d’école.
Par ailleurs, la politique tarifaire devrait également pouvoir être ajustée en fonction
des changements de paradigmes durables sur les marchés. Ceci à la fois pour réajuster certains
équilibres internes perturbés par des changements durables et importants des conditions de
marché, mais également assurer le positionnement commercial pertinent de la nation au
niveau international.
Le marché du riz en est encore un cas d’école. En effet, d’une part, la nécessité
d’assurer un équilibre entre les intérêts contradictoires des producteurs et ceux des
consommateurs appelle une révision des taxes à l’importation, inadaptées aux nouvelles
contingences du marché international du riz. D’autre part, le développement des exportations
dans le cadre de développement du marché du riz malgache rendrait nécessaire la définition
d’un taux de taxation à l’importation favorables au développement de celles-ci.
Dans le cas du COMESA, les pays qui en sont membres auraient du se constituer en
Union Douanière depuis décembre 2004. Toutefois, les difficultés que soulève une telle
Union Douanière pour certains pays ont entraîné le report de l’entrée en vigueur de cette
Union Douanière. La nouvelle feuille de route vers l’Union Douanière doit constituer le
thème central du prochain sommet des Chefs d’Etat du COMESA, à Kigali, les 2 et 3 juin
prochains. Cette Union Douanière, devant déboucher sur un Marché Commun en 2014.
Dans le cadre de cette Union Douanière, le principe d’un « tarif à quatre bandes » a été
pour l’instant retenu, avec les taux suivant proposés :
26
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 27
Ces taux du tarif extérieur commun doivent encore être examinés et adoptés au dernier
ressort par la Conférence du COMESA, mais l’on peut d’ores et déjà penser que le tarif
maximal commun pour le riz importé sera de 30%7.
Si ces dispositions ne sont pas encore appliquées, il fait peu de doutes qu’elles ne le
soient relativement prochainement. Aussi, il conviendrait d’explorer la possibilité pour les
pays membres du COMESA de pratiquer, au moins de manière transitoire, des tarifs à l’entrée
inférieurs au taux du TEC, notamment en ce qui concerne les produits de première nécessité,
afin de laisser aux gouvernements une certaine marge d’action sur leurs marchés stratégiques,
à l’instar de Madagascar pour celui du riz. Et ce non seulement pour moduler le prix du riz
importé sur le marché domestique, mais également pour agir sur les possibilités
d’exportations.
7
Remarquons qu’à partir de juillet 2005 (le passage de la TVA à 18%), le taux de taxation global de Madagascar
(DD + TVA) sur le riz importé sera de 29,8% (1,10 (DD) x 1,18 (TVA) = 1,298), soit quasiment les 30%
proposés pour le TEC du COMESA.
27
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 28
Quelle place pour une politique de stocks dans cette approche du développement des
marchés ?
D’une part stocker au niveau public revient cher, ce qui plaide pour réduire d’éventuels
réserves stratégiques au minimum :
« Constituer, stocker, gérer et exploiter des réserves de produits alimentaires coûte cher et, plus elles
sont importantes, et plus le coût est élevé. Telle est la raison pour laquelle presque tous les pays d'Afrique
subsaharienne qui ont essayé de constituer des réserves ont constaté qu'il s'agissait d'une tâche fort
difficile. L'administration de certaines réserves matérielles peut être justifiée à ce stade du développement
des marchés, mais la principale conclusion qui se dégage des cas décrits ci-dessus est que les réserves
matérielles doivent être maintenues au minimum requis, selon la proximité dans le pays des marchés
internationaux. Des politiques adéquates dans les domaines de la sécurité alimentaire et du commerce
extérieur, des systèmes d'information et une infrastructure sont d'autres éléments essentiels. »8
D’autre part, les stocks de régulation, notamment lorsqu’il s’agit de stabiliser les prix, ont
du mal à fonctionner et sont même parfois contre-productifs, notamment en ce qui concerne
leurs effets sur le développement des acteurs privés sur le marché :
« Dans le meilleur des cas, de vastes réserves de stabilisation des prix sont peu efficaces et, dans le pire
des cas, elles vont à l'encontre du but recherché du fait de leur coût élevé et de la tendance manifestée par
leurs gestionnaires à décourager le développement des marchés nationaux des produits alimentaires.
L'objectif politique qu'est le maintien de la stabilité de prix abordables sur les marchés nationaux peut être
atteint par d'autres moyens, et notamment :
• en encourageant le développement d'installations locales d'entreposage, de meunerie et de traitement ;
• en améliorant les services d'information sur les marchés ;
• en assouplissant la réglementation lourde et arbitraire du commerce qui décourage les opérateurs
privés ;
• en veillant à ce que les politiques qui réglementent les marchés des produits alimentaires soient
cohérentes; et
• en portant l'infrastructure des transports aux normes internationales. »9
L’ensemble des considérations en termes de stocks qui seront développées dans la partie
présente sera sous-tendu par deux impératifs qui correspondent aux enseignements tirés de
l’étude du NEPAD :
8
Etude du NEPAD visant à déterminer de possibles améliorations des systèmes de réserves de sécurité
alimentaire en Afrique, version française, juin 2004, p.43
9
Etude NEPAD 2004, p.43
28
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 29
• D’autre part, s’assurer du fait que les stocks constitués ne constitueront pas un
frein, voire même un repoussoir, aux dynamiques de développement des
acteurs privés du marché, qui est à terme le meilleur moyen pour assurer
l’approvisionnement des marchés et leur fonctionnement harmonieux.
Dans un premier temps (D.1.), nous nous attacherons à dresser une typologie des
différents types de stocks possibles, en fonction de leur fonctionnalité et de leur nature privée
ou publique. Nous y associerons quelques expériences emblématiques en Afrique et
questionnerons leur pertinence pour Madagascar.
Dans un second temps, (D.2.), nous proposerons un rapide historique des politiques de
régulation de marché qui se sont succédées à Madagascar depuis l’indépendance. Cela nous
permettra de considérer les problématiques présentes à l’aune des enseignements du passé.
La troisième section (D.3.) s’attache à exposer le mécanisme économique qui sous-
tend et rend possible les opérations de stockage privé.
Enfin, nous proposerons (en D.4.) quelques recommandations concernant les
politiques publiques vis-à-vis des stocks, qu’ils soient d’urgence, publics de régulation, ou
privés.
Lors de leur accession à l'indépendance, la plupart des pays d'Afrique ont continué, comme
cela avait été le cas pendant la période coloniale, de constituer des stocks régulateurs de
céréales de grande consommation afin de maintenir les prix des denrées alimentaires à des
niveaux abordables pour les fonctionnaires et les autres consommateurs urbains. Cette
politique était fondée sur l'avis généralement partagé selon lequel les petits agriculteurs
produisaient assez pour assurer leur propre subsistance et n'étaient donc pas tributaires des
marchés pour leur sécurité alimentaire.
Conformément à cette politique, la plupart des marchés des produits alimentaires en Afrique
subsaharienne ont été étroitement réglementés pendant les années 70 et le début des
années 80, habituellement par le biais d'organes de commercialisation qui avaient le
29
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 30
Les crises alimentaires de 1972–1974 et de 1983–1985 ont conduit à se rendre compte qu'en
fait la sécurité alimentaire des petits exploitants n'était pas garantie, ce qui a amené beaucoup
de pays d'Afrique à repenser leurs politiques et stratégies de sécurité alimentaire et à les
réorienter de manière à englober la population tout entière, et pas seulement les
consommateurs urbains. Dès la fin des années 80, toutefois, la plupart des pays d'Afrique ont
également commencé à adopter des programmes d'ajustement structurel parrainés par le FMI
et la Banque mondiale, essentiellement parce que leurs politiques antérieures, qui reposaient
sur de fortes subventions à la consommation et à la production, s'étaient traduites par des
niveaux insoutenables de dépenses publiques, d'énormes déficits budgétaires et une inflation
galopante.
Ces pays ont donc entrepris des réformes axées sur le marché et ont notamment: i) libéralisé
le commerce intérieur pour permettre au secteur privé d'intervenir dans le commerce de
produits alimentaires et d'intrants agricoles; ii) éliminé les subventions et autres pratiques
restrictives; et iii) limité l'intervention de l'État sur les marchés des produits alimentaires. Les
stocks régulateurs, en outre, ont été restructurés et transformés en réserves stratégiques de
céréales. Bien que ces réserves aient continué de jouer un rôle de stabilisation des prix, la
fourchette à l'intérieur de laquelle elles étaient censées opérer devait désormais être fixée par
les forces du marché plutôt que par décision des pouvoirs publics. L'autorité responsable des
réserves était censée constituer des stocks au moyen d'achats sur le marché libre lorsque les
prix étaient peu élevés et les revendre sur le marché libre lorsqu'ils augmentaient. Il était
admis que, pour préserver la qualité des stocks, des achats et des ventes devaient être
effectués chaque année dans le cadre de la rotation normale des stocks. Les réserves ne
devaient cependant jouer un rôle de protection de la sécurité alimentaire que les années de
mauvaise récolte ou en cas de menace d'augmentation marquée et soudaine des prix. Ces
années-là, il était prévu d'opérer de plus gros prélèvements sur les réserves stratégiques de
céréales pour maintenir les prix sur les marchés à des niveaux abordables en attendant que
l'arrivée d'importations commerciales supplémentaires et d'une aide alimentaire comble le
déficit des approvisionnements nationaux résultant des mauvaises récoltes et de
l'augmentation de la demande des ménages d'agriculteurs dont la production propre était
exceptionnellement peu élevée.
30
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 31
Au cours des 20 dernières années, la distribution de secours aux populations affectées par les
crises alimentaires est devenue pour la plupart des pays d'Afrique un aspect de plus en plus
important de la préservation de la sécurité alimentaire. Pour faire en sorte que les stocks
soient suffisants pour distribuer des secours en attendant une aide alimentaire d'urgence,
plusieurs pays ont constitué avec l'appui des donateurs de petites réserves alimentaires
alimentées au moyen d'achats locaux ou de l'aide alimentaire importée. Des prélèvements sur
ces stocks sont effectués par les organismes publics et privés de secours et reconstitués par ces
derniers ou par les donateurs dès que des approvisionnements supplémentaires deviennent
disponibles. Bien que les gestionnaires des réserves achètent et vendent périodiquement des
céréales sur les marchés locaux pour faire tourner les stocks, ils le font sans tendre à stabiliser
les prix et sont censés se comporter comme tout autre négociant privé. Les organismes de
secours peuvent prélever des céréales dans ces réserves à titre de prêts devant être remboursés
en nature, les coûts opérationnels étant pris à leur charge par les organismes en question ou les
donateurs.
L’exemple du Mali
Avant 1981, le marché des céréales du Mali était contrôlé par le Gouvernement, qui organisait
l’achat et la vente de céréales. Depuis 1981 le Mali a un système intégré de réserves
alimentaires. Ce système a été développé pour surmonter la sécheresse chronique dans la
région du Sahel, sans interférer avec la libéralisation du marché. Il y a une forte préoccupation
de développer les acteurs du secteur privé sur le marché, et dans la mesure du possible, de
transférer des activités du Gouvernement vers le secteur privé. Le Mali est actuellement dans
la phase IV de son Programme de Restructuration du Marché des Céréales (PRMC) 2000-4.
Les principaux éléments de celui-ci sont :
Il faut noter que ce système attache une grande importance au développement du secteur privé
sur le marché, afin d’être en mesure de répondre à une situation d’urgence. Les stocks sont
31
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 32
achetés par le biais du secteur privé et retournent au marché par l'intermédiaire du secteur
privé.
Fig. 6
Production, importation, stocks de riz : MALI
900
800
700
600
500
Stocks d'ouverture
1000 t
Importations de riz
400 Production de riz
300
200
100
0
1995-96 1996-97 1997-98 1998-99 1999-00 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06
(Source FAO)
Des millions d'Africains enfermés dans un cercle vicieux de misère et de vulnérabilité sont
constamment menacés par l'insécurité alimentaire et la faim. Les causes de l'insécurité
alimentaire chronique sont notamment: i) la fréquence des sécheresses et des inondations,
ii) les troubles civils, qui déplacent les populations et les empêchent de mener à bien leurs
activités de production vivrière et leurs activités génératrices de revenus, iii) l'insuffisance du
développement technologique et la faible productivité; iv) l'absence de politiques et de
stratégies gouvernementales de nature à promouvoir comme il convient la sécurité
alimentaire, et v) la médiocrité des stratégies et de l'infrastructure de commercialisation. Tous
ces éléments viennent encore s'ajouter à la pandémie de VIH/sida, qui a des effets
dévastateurs sur la sécurité alimentaire à court et à long terme dans beaucoup de pays
d'Afrique subsaharienne.
Mettre en place des filets de sécurité pour les groupes affectés par l'insécurité alimentaire
chronique apparaît aujourd'hui comme un objectif politique important particulièrement dans
les pays où la mise en oeuvre des stratégies de réduction de la pauvreté est bien avancée. Bien
que la nécessité de tels programmes de sécurité soit de plus en plus évidente, il n'est pas
encore établi de lien direct entre de tels programmes et la constitution de réserves de
protection de la sécurité alimentaire. Dans les pays qui ont constamment besoin de secours
alimentaires, les réserves alimentaires d'urgence pourraient être transformées progressivement
en réserves destinées à protéger la sécurité alimentaire au moyen de distribution systématique
de secours, et pas seulement pour faire face à une situation d'urgence temporaire. Cependant,
cette transformation est entravée par le fait que, parfois, les politiques d'assistance des
donateurs empêchent d'utiliser les réserves d'urgence qu'ils financent pour des besoins autres
32
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 33
que ceux qui sont directement imputables aux situations d'urgence. Cette restriction a retardé
la création de réserves de protection de la sécurité alimentaire liées aux programmes
nationaux de sécurité.
Dans un premier temps, les stratégies de réduction de la pauvreté étaient fondées sur
l'hypothèse que les gouvernements africains financeraient les programmes de sécurité au
moyen de leurs budgets nationaux et que les transferts d'aliments assurés par ce moyen
seraient gérés par des institutions nationales et non par le biais de programmes de secours
d'urgence. Or, cela ne s'est pas avéré être réaliste, que ce soit du point de vue de la gestion ou
de celui du financement: les pays doivent avoir un programme unifié de secours alimentaires
qui soit suffisamment souple pour pouvoir faire face chaque année aux besoins des groupes
qui vivent dans l'insécurité alimentaire chronique et être élargi pour satisfaire les besoins
exceptionnels de ceux qui ne sont que temporairement victimes de l'insécurité alimentaire
lorsque survient une crise.
L’exemple de la Tanzanie
La Tanzanie a libéralisé le marché des grains à la fin des années 80. La réserve
stratégique de grain (Strategic Grain Reserve, SGR), placée sous la tutelle du ministère de
l'agriculture et de la sécurité alimentaire, achète les grains, les stocke et les distribue aux
groupes vulnérables, identifiés par l'équipe d'information de sécurité alimentaire (Food
Security Information Team, FSIT). Le FSIT est composé par le Gouvernement, les bailleurs et
des ONG. Bien qu’il soit doté d’une capacité de stockage de 200.000 tonnes de grains, le SGR
fonctionne en règle générale avec 50.000 tonnes ; le grain étant vendu à prix subventionnés
aux groupes vulnérables en période de sécheresse, d'inondation ou d’accident de récolte.
33
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 34
Fig. 7
Production, importations, stocks de riz : TANZANIE
1000
900
800
700
600
Stocks d'ouverture
1000 t
400
300
200
100
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
(Source FAO)
En Zambie, il a été introduit à titre pilote un nouvel instrument qui permet aux exploitants de
stocker leurs céréales dans des entrepôts locaux agréés pour les vendre par la suite à un
moment approprié et d'obtenir au vu de leurs récépissés d'entrepôt un crédit post-récolte
immédiat. À l'heure actuelle, ils peuvent obtenir un crédit bancaire représentant 60 pour cent
environ de la valeur estimative des céréales stockées. Cette approche a eu un certain succès,
bien qu'il subsiste des problèmes concernant la certification par les entrepôts. Dans le Sahel,
34
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 35
les communautés qui vivent dans les secteurs particulièrement exposés aux sécheresses ont
fait l'expérience de banques de céréales: les agriculteurs déposent leurs céréales dans des
entrepôts communaux, où elles sont conservées en attendant d'être vendues par la suite à un
prix favorable.
Il est peu probable que les stocks des agriculteurs puissent beaucoup contribuer à une réserve
nationale de protection de la sécurité alimentaire dont l'existence pourra se prolonger sur
plusieurs années car, d'une manière générale, les agriculteurs ne conservent pas de stocks
aussi longtemps. Ces stocks peuvent néanmoins beaucoup contribuer à stabiliser les marchés
et méritent probablement de retenir une plus grande intervention de la part des pouvoirs
publics que cela n'a été le cas jusqu'à présent.
Les négociants détiennent des stocks suffisants pour satisfaire la demande prévisible du
marché. Le risque de thésaurisation à des fins de spéculation existe sur les marchés sur
lesquels il n'existe qu'un petit nombre de négociants qui opèrent de surcroît en s'entendant
entre eux mais, à mesure que les marchés se développent, la concurrence augmente et ce
danger disparaît peu à peu. Les négociants font appel à des importations commerciales pour
constituer des stocks s'ils prévoient une baisse de la production nationale à condition que leur
capacité d'opérer sur les marchés internationaux des produits ne soit pas restreinte. Le plus
souvent, l'action des négociants, lorsque les circuits de commercialisation sont bien intégrés,
suffira à préserver la stabilité des marchés sans que les pouvoirs publics doivent intervenir.
A Madagascar, le riz a toujours été considéré par l’Etat comme un produit stratégique,
capable à lui seul de mettre en danger la stabilité politique du pays. Aussi, depuis son
indépendance, et jusqu’à la fin des années 1980, Madagascar a connu divers systèmes de
régulation étatique du marché du riz.
10
Cet historique rapide se réfère pour l’essentiel à I. Droy, « Que sont les greniers à riz devenus », Economie de
Madagascar n°2, pp.63-88. Voir spécialement les pages 69 et 88. Nous reproduisons en annexe 2 le tableau
figurant dans cet article, p.88.
35
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 36
secteur privé, mais avait la haute main sur les deux greniers à riz de Marovoay et surtout du
lac Alaotra.
Ce contrôle de l’Etat s’est durci à partir du début des années 1970, avec d’abord en
1970 l’entrée en vigueur du monopole du BCSR au lac Alaotra, puis, à partir de 1973, avec
l’éviction totale du secteur privé de la commercialisation du riz. La SINPA a eu jusqu’en
1977 le monopole de la commercialisation du riz, et s’appuyait notamment sur deux sociétés
d’aménagement, la SOMALAC (Société Malgache du lac Alaotra, crée en 1961) et la
COMEMA (Comité d’Expansion Economique de la plaine de Marovoay, créé en 1964),
transformé en une société d’Etat en 1974 (FIFABE).
En 1983, le monopole de l’Etat sur la commercialisation du riz est aboli, excepté sur
les deux « greniers à riz » principaux, à savoir le Lac Alaotra et la plaine de Marovoay. Ce
n’est qu’en 1986 que le commerce intérieur de riz est libéralisé sur l’ensemble du territoire.
En ce qui concerne les importations, celles-ci ne sont rendues au secteur privé qu’en 1990.
Pour accompagner ce mouvement, des opérations de contrôle des marchés par l’Etat
ont encore eu lieu jusqu’en 1991. Ainsi, en dehors des marchés libres, les autorités ont
continué à commercialiser du riz, à des prix largement inférieurs à ceux du marché. Cette
opération, connue sous le nom de « riz fokontany », a été mise en place en 1983, et s’est
poursuivi jusqu’en octobre 1988. Jusqu’en 1986, le « riz fokontany » à Antananarivo,
représentait 60% du riz commercialisé12.
11
Voir F. Roubaud, 1997, p.52.
12
Voir F. Roubaud, 1997, p.55.
36
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 37
« riz fokontany », qui faisait peser sur les finances de l’Etat une charge insurmontable et était
vecteur d’une série d’effets pervers liés à la distorsion des marchés.
Défini lors de sa conception comme « un stock de riz maintenu pour n’être libéré sur
le marché que lorsque les fluctuations poussent le prix jusqu’à des niveaux excessivement
élevés »13, il obéissait à une triple préoccupation :
• « intervenir sur les marchés en vue d’atténuer les fluctuations anormales des prix et décourager les
spéculations durant la période de libéralisation du commerce du riz ;
• faire face aux situations causées par des calamités non prévisibles ;
• assurer une distribution ciblée aux consommateurs les plus défavorisés »14.
En fait, le stock régulateur n’a véritablement fonctionné que durant 3 ans, sachant « qu’à
partir de 1990, les interventions du stock régulateur ont davantage obéi à la nécessité de
liquider les quantités restantes plutôt qu’au besoin de réguler les prix à la consommation. Les
quantités en tonnes de riz vendues sur le marché par le stock régulateur se répartissent comme
suit : »16
13
Mission FAO, Ministère de la Production Agricole et de la Réforme Agraire, Direction de la Sécurité
Alimentaire, Principe de fonctionnement du stock régulateur, p.4.
14
PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération
d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.2.
15
PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération
d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.3.
16
PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération
d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.4 ; tableau
provenant également du même rapport de mission, p.5.
37
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 38
Dans son évaluation, la mission du PAM a par ailleurs noté les coûts de gestion
prohibitifs du stock de régulation par les organismes chargés de leur administration. En effet,
ces sociétés ont retenu près de 50% des fonds générés par la vente du riz du PAM17.
Enfin, elle note en guise de conclusion que « le gouvernement considère [en 1990] que
le stock régulateur n’a plus de raison d’être car, avec la libéralisation du marché et la présence
de nombreux opérateurs, les marges commerciales ont diminué et les prix se sont stabilisés
par le jeu de la concurrence. Le gouvernement continue cependant de veiller sur l’évolution
de la libéralisation du marché des importations de riz, car le riz importé est susceptible de
faire baisser le prix offert aux producteurs locaux et de décourager ainsi la production
nationale. »18
Pour conclure ce rapide historique des politiques de régulation sur le marché du riz
depuis l’indépendance, nous pouvons noter que la période actuelle ressemble étrangement à la
période qui a vu le passage de l’opération « riz fokontany » à la mise en place d’un stock
tampon. En effet, pour répondre à un problème conjoncturel sur le marché du riz, le
gouvernement a mis en place une opération ponctuelle (le « riz à 700 Ar. »), qui ne peut durer
trop longtemps du fait de son coût et des effets pervers qu’elle génère, et envisage
actuellement de la remplacer par un système de stock tampon.
17
PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération
d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.3 et p.5.
18
PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération
d’ajustement du secteur agricole – stock régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.5.
38
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 39
Fig. 8
Production mensuelle de paddy (source mission Banque Mondiale)
300
250
k g par menage agric ole
200
150
100
50
0
jan fev mar avr mai juin juil aout sep oct nov dec
Les prix du riz commercialisé durant l’année suivent une courbe exactement inverse. Plus
on s’éloigne de la période de récolte, plus le riz commercialisé est cher. Ce phénomène n’est
pas la traduction, du moins en temps normal, d’une augmentation de la demande ou d’une
baisse de l’offre. En d’autres termes, ce n’est pas l’expression d’une pénurie de riz, ou d’un
défaut d’approvisionnement, mais celle du fonctionnement normal du marché.
Fig. 9
Indice saisonnier du riz ordinaire à Antananarivo (1987-1996)
Source B. Minten (1997)
39
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 40
Cette hausse du prix du riz entre la période de récolte est essentiellement l’expression
de la valorisation des coûts de stockage (et des risques liés) par les négociants en riz.
En effet :
• d’une part, stocker a un coût correspondant à la gestion en elle-même du
stock, mais également à l’immobilisation du stock, c’est-à-dire au fait que la
somme d’argent correspondant à la valeur d’achat du stock est immobilisée
durant toute la durée du stockage, et ne peut être placée ailleurs ou utilisée
autrement pendant ce temps là ;
• d’autre part, stocker représente des risques liés aux détériorations ou
déprédations physiques du stock lui-même, mais également des risques
financiers liés au fait que le prix de vente de déstockage peut varier
considérablement. On retrouve ici le prix du riz sur le marché international, les
cours du change, les interventions gouvernementales sur le marché du riz, le
niveau des importations, qui sont autant de facteurs qui influent sur le prix de
vente au consommateur, qui détermine lui-même le bénéfice commerciale de
l’opération de stockage.
Remarquons, et c’est normal, que plus l’on s’éloigne de la période de récolte, plus la
zone des taux d’intérêt possibles s’élargit. Ainsi, sur le graphique ci-dessous, on peut
constater un écart de 50% entre le rendement minimum et le rendement maximum de
l’opération. Stocker du riz à Madagascar est donc une opération risquée, qui peut s’avérer être
une très bonne ou une très mauvaise opération financière.
Fig. 10
Taux d’intérêt sur le stockage du riz à Antananarivo (1987-1996)
Source B. Minten (1997)
40
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 41
Le graphique suivant montre que, depuis le début des années 1980, les prix réels du riz
ont toujours suivi des mouvements cycliques annuels, plus ou moins accentués suivant les
années. Ces fluctuations saisonnières sont l’expression du fonctionnement normal et sain du
marché.
Fig. 11
Variabilité mensuelle des prix du riz ordinaire à Antananarivo (1960 – 1996)
Source B. Minten (1997)
En guise de remarque, pour clore cette sous-section, nous dirons simplement que toute
action gouvernementale visant à supprimer ou même à réduire l’amplitude de la hausse
saisonnière des prix sur le marché du riz, aura comme effet certain la cessation (en cas par
exemple de fixation du prix au consommateur à un niveau inchangé pour toute l’année) ou la
diminution de l’activité des opérateurs privés dans le stockage du riz (en cas par exemple de
41
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 42
Le second type de stocks dont il est question correspondrait à un stock tampon, chargé
à la fois de pallier d’éventuelles défaillances d’approvisionnement du marché, mais également
de maîtriser les hausses trop importantes du prix du riz aux consommateurs. Nous essayerons
de porter une appréciation sur la pertinence et l’efficacité d’un tel système, à la lumière des
expériences passées et présentes, à Madagascar et dans d’autres pays du continent. (D.4.2.).
Enfin, nous terminerons cette section par quelques propositions pour améliorer les
dynamiques de marché en renforçant et en multipliant les structures de stockage privées
(D.4.4.).
42
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 43
vivres (état des routes, gestion logistique), d’autant plus que de nombreuses zones avaient été
touchées.
La crise de 2004 ayant été d’une nature tout à fait fortuite et exceptionnelle, il ne
paraît pas nécessaire de revoir le dispositif de réponse à l’urgence cyclonique tel qu’il existe à
l’heure actuelle.
Madagascar est en effet un pays non enclavé, dont l’approvisionnement en vivre est
facile et peu coûteux, et qui, en outre, dispose d’une production rizicole remarquablement
stable d’une année sur l’autre, malgré les aléas cycloniques.
Fig. 12
Production, importation, stocks de riz : MADAGASCAR
3000
2500
2000
Stocks d'ouverture
1000 t
1000
500
0
1995-96 1996-97 1997-98 1998-99 1999-00 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06
(Source FAO)
43
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 44
Source : « EM-DAT : les Données Internationales sur les Cataclysmes OFDA/CRED, Université Catholique de Louvain, Bruxelles,
Belgique »
Les cyclones et tempêtes tropicaux qui ont frappé Madagascar de 1968 à 1999
44
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 45
Source : EM – DAT : The OFDA / CRED International Disaster Database - www.md.ucl.ac.be/cred – Université Catholique de
Louvain – Brussels – Belgium / juillet 2000.
(Les deux tableaux précédents sont extraits du site du Centre National de Secours, CNS)
Une étude technique est actuellement en cours au sein du PAM Madagascar pour
évaluer la pertinence du dispositif actuel, à la fois en termes spatial, mais également en termes
de volume de vivres prépositionnées.
Depuis les 25 dernières années, la tendance globale est à l’abandon des stocks
gouvernementaux en tant que mécanisme de régulation du marché, et de contrôle à la fois des
prix à la consommation et à la production. En effet, les expériences mises en œuvre ont
montré que ces stocks sont à la fois coûteux et préjudiciables au développement d’un secteur
privé dynamique sur le marché.
Toute activité gouvernementale ayant pour effet de réduire le différentiel entre le prix
d’achat à la récolte et le prix de vente durant la période de soudure, ou de subventionner le
coût de stockage et son financement, sont susceptibles de réduire l'activité du secteur privé et
de rendre le marché plus dépendant de l'action et des financements gouvernementaux. Sur ce
dernier point, en réduisant les perspectives de profit des acteurs privés, ces actions réduisent
également l'intérêt des banques commerciales à financer les activités du secteur.
45
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 46
Les expériences d'autres pays d'Afrique ont montré que les stocks administrés par
l’Etat sont chers et ne mènent pas nécessairement à un marché plus stable. Le Kenya a mené,
depuis son indépendance, une politique d'invention forte sur le marché du maïs au travers du
NCPB (National Cereals & Produce Board). Depuis 1991, le NCPB n'a jamais été en mesure
de stimuler la production pour arriver au niveau d’auto-suffisance. En dépit d'une capacité de
stockage de plus de 1,5 millions de tonnes, les stocks effectifs ne dépassent que rarement
200.000 tonnes (sur un marché annuel de 3,5 millions de tonnes). Les transformateurs du
secteur privé Kenyan se méfient des stocks du NCPB et de la politique variable du
gouvernement en ce qui concerne les taxes à l’importation. De ce fait, ils sont peu disposés à
détenir des stocks importants ou à importer du maïs à leur propre compte.
Les grands systèmes d'intervention d’Etat en Zambie (Food Reserve Agency, FRA) et
au Malawi (National Food Reserve Agency, NFRA) ont été démantelés.
Les questions qui doivent se poser aux décideurs avant de retenir cette option sont :
• Dans quel but le Gouvernement souhaite-t-il constituer des stocks ?
• Quel impact ces stocks risquent-ils d’avoir sur les producteurs, les intermédiaires, et
les consommateurs du secteur privé ?
• Dans un marché de déficit, sous quelles conditions les stocks seraient-ils libérés ?
• Dans un marché en surplus, le gouvernement serait-il l'exportateur ?
Remarquons pour commencer qu’il est impossible, pour des raisons évidentes de coût,
d’utiliser un stock de régulation pour garantir un prix fixe au consommateur durant toute
l’année.
En effet, dans ce cas de figure, l’Etat devrait importer la totalité du riz, qu’il devrait
distribuer à perte. Si l’on considère le « prix de référence » de 700 Ar., l’importation et la
distribution de 150.000 tonnes de riz à un prix de parité import d’environ 1000 Ar.,
impliquerait, en plus des coûts des stockage (voir ci-après), un manque à gagner de 300 Ar.
par kg de riz, soit en tout 55 000 000 000 Ar..
L’autre cas de figure, plus réaliste, consisterait à rééditer la mise en place de stocks
tampon, qui a déjà été entreprise à Madagascar entre 1986 et 1990.
46
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 47
• permettre « d’écrêter » les hausses trop importantes du prix du riz de détail sur
les marchés, en servant de réserve pour injecter du riz à un prix d’intervention
fixé par avance.
Ce stock, qui pourrait correspondre à trois ou quatre mois d’importation (soit environs
60.000 tonnes), devrait être soumis à des règles de fonctionnement très claires et automatique,
pour jouer un rôle de régulation, et non de dérégulation du marché.
1. Les stocks détenus dans les réserves doivent être d’un niveau suffisant pour faire face aux
besoins alimentaires urgents provoqués par des crises pendant une période pouvant atteindre
trois mois.
2. Les besoins alimentaires chroniques des populations pauvres et vulnérables doivent être
couverts par des programmes spécialement conçus à cet effet. La rotation des stocks détenus
dans les réserves alimentaires nationales peut être assurée au moyen de tels programmes de
protection.
4. Il convient de mobiliser ou de recruter un personnel ayant reçu une formation appropriée pour
gérer les stocks et tenir une comptabilité exacte des mouvements des stocks. Il doit exister un
système d’incitations de nature à les fidéliser et à encourager des prestations de haute qualité.
19
19
Etude NEPAD 2004, p.9
47
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 48
Les coûts sont basés sur les coûts commerciaux du conditionnement, du stockage, de
la fumigation, de la manutention et du financement.
On notera que les coûts principaux sont liés au financement et au stockage. Ce niveau
de coût correspond à une hypothèse de hausse du prix du paddy de 35% entre la période de
récolte et la période de soudure. Ce taux correspond à la hausse annuelle moyenne du prix du
paddy à Madagascar en la période de récolte et la période de soudure (cf. fig. 9).
48
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 49
TOTAL
ACHATS
Tonnage tonne
60,000
Prix d’achat Par tonne Ar./t
400,000
COUT TOTAL ACHATS Ar.
24,000,000,000
COUTS DE STOCKAGE
Conditionnement 10,000 Ar./t
600,000,000
Manutention 2,700 Ar./t
162,000,000
Stockage par mois 6,000 Ar./t
3,060,000,000
Fumigation 1,800 Ar./t
324,000,000
Dessiccation 0.25% Par mois
450,000,000
Coûts financiers 2% Par mois
4,050,620,661
Dans la mesure où un tel dispositif devait être mis en place, il ne semblerait pas
réaliste d’en envisager le positionnement sur l’ensemble du territoire. En effet, là où la
précédente expérience en la matière s’était appuyée sur les infrastructures et le personnel
encore en place des sociétés d’Etat (SINPA, SOMACODIS, COROI), un nouveau système de
régulation d’Etat ne le pourrait plus. En effet, les Sociétés d’Etat ont été privatisées, avec
leurs capacités de stockage, au début des années 2000.
Le nouveau dispositif devrait donc se mettre en place avec comme seul objectif celui
de maîtriser le prix dans les principaux centres urbains. Il serait difficile d’imaginer un
positionnement de ces stocks ailleurs qu’à Toamasina et Antananarivo, les seules villes où des
capacités de stockage d’Etat fonctionnelles existeraient encore. Notons que la mission n’a pu
49
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 50
Un organisme de gestion indépendant devrait être mis en place pour l’occasion, et être
soumis au contrôle (comptabilité et procédure) de cabinets d’audit indépendants.
Malheureusement, en ce qui concerne les capacités de stockage et, qui plus est, le
niveau des stocks privés, les données paraissent manquer complètement. Une des premières
tâches de l’Observatoire du Riz pourrait être de coordonner un recensement des capacités de
stockage et des stocks disponibles, en lien étroit avec le Ministère de l’Agriculture, de
l’Elevage et de la Pêche.
Les seules données que la mission a pu recueillir concernent la densité des Greniers
Communs Villageois (GCV) suivant les différentes régions, ainsi que le volume des activités
20
Mission FAO, Ministère de la Production Agricole et de la Réforme Agraire, Direction de la Sécurité
Alimentaire, Principe de fonctionnement du stock régulateur, septembre 1986.
50
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 51
Toujours en ce qui concerne les GCV, nous pouvons évoquer deux comportements des
sociétaires du réseau CECAM, qui révèlent bien les mécanismes et certains enjeux du
stockage privé :
51
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 52
moins sur une stabilisation du prix du paddy, se sont vus contraints d’acheter du riz
très cher, en période de soudure, pour leur consommation familiale.
Ces résultats sont beaucoup trop fragmentaires et devraient être étayés par un travail
minutieux sur le terrain. Néanmoins, si l’on se risque à un essai d’interprétation, on peut en
tirer plusieurs idées qu’il faudra creuser par la suite :
- Les exploitants qui sur-souscrivent des crédits-GCV ou qui ne vendent leur paddy
que petit à petit le font sur la base d’un véritable calcul économique, puisqu’ils
parient sur une forte hausse du prix du riz, comme l’année dernière. Il semble que
ce type de comportement, du moins à une échelle importante, soit tout à fait
nouveau. En ce cas, cela semble confirmer l’idée selon laquelle, à partir du
moment où un produit devient financièrement intéressant pour ceux qui le
produisent, ces derniers développent très rapidement une rationalité économique et
des comportements de maximisation de leurs profits.
52
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 53
Cette digression n’a pas la prétention de prédire l’avenir. Elle a simplement pour
vocation d’essayer d’évaluer les risques potentiels liés à cette nouvelle situation, dans laquelle
les producteurs seraient a priori les nouveaux vecteurs principaux du transfert du surplus
saisonnier de la production saisonnier la période de soudure.
Le risque principal que nous avons identifié est le risque de mouvement mimétique de
l’ensemble des petits producteurs-stockeurs, si un brusque mouvement de baisse du prix du
paddy s’amorce. Ce risque réside en fait dans le manque de capacité supposé de ces petits
acteurs du marché à interpréter les signaux prix du marché. Ici, la réponse collective des
vendeurs de paddy à un accident conjoncturel du marché reviendrait à créer un accident
majeur du marché.
C’est pour ce type de raison que l’on peut souhaiter à la fois une diffusion de l’information de
marché, mais également de ses clefs d’interprétation. Ce devrait être l’un des rôles de
l’Observatoire du Riz.
y Lorsqu'un opérateur formel veut augmenter son volume d'activité sans en avoir la
trésorerie, il emprunte à la fois à une banque et au FCPA, pour acheter du paddy aux
producteurs.
Il reçoit 80% d’un prix plancher fixé par le FCPA en début de campagne (dans le but de
garantir un prix décent aux producteurs, ce prix devrait donc pouvoir constituer un prix de
référence pour la région d’intervention) pour effectuer la collecte.
21
La synthèse du fonctionnement du FCPA ci-dessous et l’intégration des Organisations de Producteurs dans le
schéma a été élaborée avec Claude Allab, Coordinateur AFDI Madagascar.
22
Le FCPA a été créé en 2002, et portait alors uniquement sur le Lac Alaotra. Elle étend maintenant ses activités
sur les zones à fort potentiel rizicole. C'est une structure dont la présidence est assurée par le Ministère de
l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Son fonctionnement est appuyé par le programme BAMEX, financé
par l’USAID. Le FCPA est doté d'un fond initial de 7 milliards de FMG, provenant des fonds IPPTE, Les trois
grandes banques commerciales sont partenaires de la structure.
53
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 54
Le paddy collecté est stocké dans l’entrepôt de l’opérateur, qui est dans le même temps loué à
un Ariary symbolique par le FCPA.
Le FCPA facture pour ses services 7,5% du montant prêté au commerçant, quelle que
soit la durée de l’emprunt (délai entre collecte et stockage).
La banque consent un rabais de 2% sur son taux habituel annuel (en général de 18% par an,
qui passe donc à 16% par an) car le risque de défaut de l'emprunteur disparaît du fait de la
tierce détention. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un prêt bonifié car ces 2% iront ensuite
au FCPA.
Le taux d'intérêt final est donc composite (sachant que l'opérateur peut également faire
toute l'opération seulement avec le FCPA, ou avec la banque), et bien plus intéressant que les
taux des institutions de micro-crédit.
En effet, si le rôle de l'opérateur était assuré par l'OPA elle-même, qui pourrait être
propriétaire (ou locataire) d'un magasin de stockage dans la ville la plus proche, et contrôler
une mini-rizerie (éventuellement co-propriétaire avec d'autres OPA, également propriétaires
ou locataires de capacités de stockage dans la même zone), le dispositif fonctionne au
bénéfice des producteurs, qui réalisent eux-mêmes les marges.
54
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 55
Le mécanisme est actif à deux moments différents, à la récolte (stockage) et durant la période
de soudure (déstockage et vente). Les deux schémas ci-dessous correspondent à ces deux
moments.
A la récolte
FCPA Banque
commercial
Exploitant 1
Organisation
Tierce- paysanne Exploitant 2
détention +
assurance
Exploitant n
Magasin
(30 t)
55
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 56
A la soudure
FCPA Banque
Commerciale
exploitant 1
OP 1 Exploitant 2
Système Information
de Marché
Exploitant n
Magasin 1
Mini-rizerie
Négociant(s)
Magasin 2
OP 2
Magasin n
OP n
56
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 57
E) CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
57
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 58
Alimenter les travaux de la Plate forme de Concertation sur le Riz (PCRIZ) par des
travaux lui permettant de prendre des décisions ou d’émettre des recommandations ;
Favoriser l’émergence d’opérateurs formels sur l’aspect commercialisation ;
Favoriser l’intégration de la filière vers l’aval par les producteurs (financement du
stockage, capacités de transformation, de commercialisation…) pour réduire le nombre
d’intermédiaires dans la « chaîne de valeur » ;
Favoriser la mise en place de normes de qualité pour différencier le marché.
23
Voir à ce sujet le rapport de la mission PANSA, en cours de finalisation.
24
Etude NEPAD 2004, p.7
58
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar » 59
XyW
59
Taxation sur le riz importé de 1998 à 2005
(« riz en paille (paddy) », « riz décortiqué », et « riz blanchi ou semi-blanchi, même poli »)
50
45
40
35
30
Pour cent
25
20
15
10
0
1998 1999 2000 2000 LFR 2001 2002 2003 2004 2005 2005 LFR
Taxe d'importation + droits de douane TVA Droit de timbre douanier + taxe statistique à l'importation
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar »
ANNEXE 2
63
Mission PAM « mise en place d’un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar »
ANNEXE 3
Depot committee
•2 PO reps per PO
•Depot manager
•Çvolumes
•Central point
PO PO PO
15-25 members 15-25 members 15-25 members
2 lead farmers 2 lead farmers 2 lead farmers
Exec comm Exec comm Exec comm
A. Organizational Phase
1. Lead Farmer (LF) will assist the PO Trainer in facilitating the following meetings: Group
vision, constitution, contracts, and will assist in training the executive.
2. Until the PO joins a larger association, the LF serves as the bridge between APEP and the
PO. This involves passing on and explaining messages from and collecting the response /
reaction / information of the PO and transmitting it to the PO Trainer.
3. After joining a larger association, information from APEP will be passed to the association
chairman and to the Lead Farmers; the LF will pass the information to the POs; your Job
then is to make sure that the association representative passes on the information clearly to
the PO in a timely manner; if s/he forgets or doesn't explain something well you should step
in and help; you might want to make an arrangement with the association representative so
that you prepare for meetings together.
B. Out-grower Phase
1. You will participate in the extension training; then you will assist in training the PO members.
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2. You will follow - what the Contact Farmer is doing after the training; if s/he is not visiting/
supervising the farmers, you will report this to the PO Executive.
C. Expansion Phase
After the first season, and when the association adds new POs. You will:
1. Assist the PO Trainer in conducting Contact Meetings and Follow - up Meetings for new
POs.
2. Assist in the training of the Lead Farmers and Executive for the new POs.
3. You can see you will gradually be taking over the work of the PO Trainer. The project will
only have a few PO Trainers in your area for 2-3 years; gradually they will be withdrawn and
you will be taking over much of what they have been doing.
D. BUSINESS PHASE
• Lead Farmers will also assist in facilitating the development of business ideas and
carrying out feasibility studies.
• Assist in writing business plans and proposals as well as train business managers in
preparing accounting records like balance sheet, Profit and Loss statements, cash flow
analysis etc.
• Organizing and train farmers on bulk marketing and input supply activities.
• Train and work together with Business Agents and Distributors on record keeping,
sales, marketing etc.
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The PO DC representative has an important role to play. They are a vital link
between the activities being conducted by the DC and his PO.
• Represents PO on the Depot Committee
• Set up the DC by-laws
• Act as the Board of Directors for the DC.
• Presents opinions and point of view of his PO.
• Participates in problem solving and planning on the DC.
• Reports back to PO on the following:
¾ All information that comes from the DC.
¾ All decisions made by the DC.
¾ All work performed by the DC.
¾ All contracts signed by the DC.
¾ All funds collected and used by the DC.
¾ All inputs and crop received and distributed by the
DC.
Duties – Depot Manager
a) Hire and supervise depot employees like loaders and stackers.
b) Receive inputs from suppliers and keep tracking records and
documents on all inputs received and dispersed.
c) Receive, weigh, quality test all crop coming into the depot.
d) Keep all records pertaining to crop received and dispatched at the
depot.
e) Present records to DC on a regular basis.
f) Assist the DC board and executive to monitor all input supply and
crop marketing activities at the depot.
g) Contact buyer when crop is ready.
h) Oversee the loading of crop at the depot.
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ANNEXE 4
Secteur financier
M. Jean-Jacques CHUK HEN SHUN, Bank of Africa Madagascar, Directeur Délégué chargé
de la Micro-Finance
M. Luc BEISO, BNI – Crédit Lyonnais Madagascar, Directeur Général Adjoint, Entreprises
et Institutionnels
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Producteurs
Bailleurs
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