Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Le problème du chamanisme
Mircea Eliade
Eliade Mircea. Le problème du chamanisme. In: Revue de l'histoire des religions, tome 131, n°1-3, 1946. pp. 5-52;
doi : https://doi.org/10.3406/rhr.1946.5473
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1946_num_131_1_5473
ressemblances entre le taoïsme et le Bon chamanisant, cf. Yule, The Book of Ser
Marco Polo (London, 1875), I, p. 287 ; W. W. Rockhill, The Life of the Buddha
(London, 1884), pp. 206 sq. ; Id., The Land of the lamas (London, 1891), p. 217;
sur le chamanisme dans la Chine moderne, cf. Širokogorov, Psychomental
Complex of the Tungus (London, 1935), p. 388 ; cf aussi., J. F. Rock, The birth and
origin of Dlo-mba Shi-lo, the founder of the Moso shamanism [Bulletin de VÉcole
française ď Extrême-Orient, vol. 37, part. I, 1937). Sur l'origine chinoise du
chamanisme Lolo, cf. les recherches encore inédites de Luigi Vannicelli, citées par
W. Koppers, op. laud., p. 794.
1) L. Feer, cité par A. Van Gennep, Du chamanisme, p. 90 (Religions, mœurs
et légendes, 2e série, Paris, 1909).
2) Cf., par exemple, Alois Closs, Die Religion des Semnonensiammes (Wiener
Beitráge zur Kultur geschichte und Linguislik, vol., IV, Salzburg-Leipzig, 1936,
pp. 549-673), pp. 665 sq. et n. 62 ; Jan de Vries, Altgermanische Religionsge-
schichte, vol. II (Berlin, 1937), pp. 70 &q. 186 &q., 350 ; À. Ohlmarks, Arkiischer
Schamanismus und Altnordischer Seidr (Archiv fur Religionswissenschaft, XXXVI,
1939, pp. 171-180).
3) Paul Radin, La religion primitive (trad. A. Métraux, Paris, 1941), pp. 91-110.
4) Problème, p. 807 ; cf. Bodding, The Santals and Disease (Calcutta, 1927),
pp. 34osq,, etc.
5) Ake Ohlmarks, Studien zum Problem des Schamanismus (Lund-Kopen-
liagen, 1939). L'importante bibliographie rassemblée dans cet ouvrage (pp. 356-
374), quoique incomplète (il y manque, par exemple, les études de J. Layard, de
N. K. Chadwiek, de Castagne), nous dispense de donner ici plus que les indications
essentielles. Une riche bibliographie des publications russes concernant le
chamanisme est parue en 1932 grâce aux soins de A. A. Popov, Materiály dlja biblior
grafti ruskoj literatury po izučeniju šamanstva Severo-Aziatskich narodov (Naučno-
Izsledovalelskafa Associacija Instituta narodov Severa CIK SSSR), Leningrad,
1932. Citons quelques ouvrages d'ensemble publiés en anglais, en allemand et
en français : V. M. Mikhailowski, Shamanism in Siberia and European Russia
(Journal of the Royal Anthropological Institute, vol. 24, 1894, pp. 62-100 et pp. 126-
158) ; L. Stieda, Das Schamanenthum unier den Burjàlen (cinq articles dans
Globus, vol. 52, 1887); W. Grube, Das Schamanentum bei den Golden (Globus,
vol. 71, 1897) ; N. Melnikov, Die ehemaligen Menschenopfer und der
Schamanismus bei den Burjalen des Irkutskischen Gouvernements (Globus, vol. 75, 1899);
Sieroszewski, Du chamanisme d'après les croyances des Yakoules (Rev. Hist.
Rel., 1902, pp. 325 sq.) ; B. P. Pilsudskij, Der Schamanismus bei den Ainu-
Stàmmen von Sachalin (Globus, vrl. 95, 1909) ; G. Čubinov, Beitráge zum psycho-
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 7
logique (le rôle joué par le chaman dans les sociétés arctiques ;
par exemple, les premiers chefs des Bouriates ont été des
chamans : op. laud., p. 6, n. 2) ; 4° la différence fonctionnelle-
ethnologique ; et 5° une différence psychologique
(l'expérience extatique du chraman est sensiblement plus intense
que les transes des hommes-médecine et des magiciens des
peuples primitifs : ibid., pp. 5 sq.).
Nous n'avons pas l'intention de discuter ici ces thèses.
Mais nous dirons que la plupart des différences que M. Ohl-
marks 'croit trouver entre le chamanisme proprement dit
et les phénomènes similaires du reste du monde nous semblent
assez relatives. Pour ne citer que quelques exemples,
l'interprétation idéologique que le chaman donne de sa transe
(l'invocation ou la possession des esprits protecteurs ou des
esprits auxiliaires) se rencontre un peu partout. Nous en
verrons plus loin plusieurs cas, chez les chamans indonésiens.
Les différences dites ethnographiques ne sont pas plus
décisives : la musique joue le même rôle en Indonésie1 ; le
tambour chamanique est remplacé à Ceylan2 par la coquille
(ailleurs, par le gong et les clochettes), mais la fonction magico-
religieuse reste la même ; l'imitation des voix des esprits
se rencontre déjà dans une population aussi archaïque que
les pygmées Semang de la péninsule de Malacca3. En ce qui
concerne la différence psychologique, elle est difficile à
évaluer ; des transes presque cataleptiques sont fréquentes,
par exemple, chez les hommes-médecine des Savage Islands.
(Cf. Loeb, The Shaman of Niue, p. 400.)
Cependant, il est possible de tracer une ligne de
démarcation assez précise entre le chamanisme proprement dit et
les phénomènes universellement connus des magiciens et
hommes-médecine primitifs. Non pas que n'importe quel
magicien, homme-médecine ou sorcier puisse être appelé
1) Cf. Jeanne Cuisinier, Danses magiques de Kelantan, pp. 45 sq., .50 sq.,
75 sq., etc. ; Loeb, Shaman and Seer, p. 61.
2) Paul Wmz, Exorzismus und Heilkunde auf Ceylon, Bern, 1941 ; les
clochettes chez les Mentawei, Loeb, ibid., p. 67.
3) Cf. p. ex., Paul Schebesta, Les Pygmées (Paris, 1940), p. 153, etc.
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 9
1) Néanmoins Ohlmarks précise (op. cil., pp. 24, 35) que le chamanisme ne
•doit pas être considéré exclusivement comme une maladie mentale, le phénomène
étant plus complexe.
2) J. Cuisinier, op. cit., p. 5 ; Loeb, Shaman and Seer, pp. 66 sq.
12 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
1) Cf. R. P. Trilles, Vâme du Pygmée ď Afrique (Paris, 1943), pp. 246 sq.
2) Une classe de hala, snahud — du verbe sahud, « évoquer » (Ivor Evans,
Schebesta on the sacerdo-therapy of the Semangs, dans Journal of the Royal
Anthropological Institute, 1930, vol. 60, pp. 115-125, p. 119) — peut seulement faire le
diagnostic ; l'autre classe, puteu, peut aussi guérir.
14 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
des 1)hommes-médecine
E. M. Loeb croitindonésiens,
pouvoir préciser
le chaman
que le« possédé
« voyant» par
» estlesle esprits
type archaïque,
étant un
phénomène ultérieur (ci. Shaman and Seer).
2) Cf., par exemple, la description que donne W. Howell, A Sea Dyak Dirge
[Sarawak Museum Journal, vol. I, 1911, pp. 19 sq.). Mais, chez les Dayaks, il y a
aussi la théorie que les âmes des morts s'envolent vers le Ciel,' et le « guide »
demande l'aide de.l'Esprit du Vent et grimpe au sommet d'un arbre pour s'orienter ;
cf. Ling H. Roth, The Natives of Sarawak and British North Borneo (Londres, 1896),
I, pp. 208 sq. Ailleurs ce voyage vers le ciel se fait toujours dans une barque,
comme par exemple dans les îles Marquises (cf. Captain David Porter, Journal
of a Cruise made to the Pacific Ocean, seconde édition, New-York, 1822, vol. II,
113, cité par Frazer, The Belief in Immortality and the worship of the dead, vol. II, •
London, 1922, p. 364-65).
16 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
lui donner son âme. C'est le chaman qui vole, par son pouvoir
magique, l'âme du malade, en l'aspirant ; de retour sur la
terre, il réussit à faire réintégrer l'âme dans le corps du
malade1. Citons aussi la description bien connue que Potanin
a donnée du chaman altaïque. Après avoir chevauché à
travers deux steppes, le chaman escalade une Montagne de
Fer2, Ternir Shaikha, semée des os blanchis des autres cha-
mans qui l'ont précédé et qui ont trouvé la mort dans cette
entreprise dangereuse. Une nouvelle chevauchée l'apporte
devant l'entrée de l'autre monde, et le chaman commence
la descente aux Enfers. Il traverse sur un cheveu la mer
souterraine et, pour, donner une image prégnante de son
passage sur ce pont périlleux, il chancelle au point de tomber.
Finalement, il chevauche de nouveau vers la demeure de
Erlik, réussit à y pénétrer en dépit des chiens qui la gardent,
et rencontre, furieux et menaçant, le chef des morts en
personne. C'est maintenant qu'a lieu la scène la plus
dramatique. Le chaman offre à Erlik un don fait par la famille
du malade, l'invite à boire de l'eau-de-vie jusqu'à ce que le
roi de l'Enfer s'enivre, et il imite laborieusement les phases
de la griserie d'Erlik. Cette longue et pathétique discussion
avec le Roi des morts est couronnée parfois par la transe
extatique du chaman. Mais le but du voyage est atteint :
dompté, Erlik le bénit, lui permet de reprendre l'âme du
malade, et le chaman revient à la surface de la terre en
utilisant non le cheval, mais une oie3. Dans la yurta il marche
1) Harva, op. laud., pp. 545 sq. Cf. l'ascension jusqu'au ciel de Bai Ûlgen et
l'initiation chamanique, ci-dessous p. 29 sq.
2) II y a, sans doute, des exceptions. Voir p. ex., Harva, pp. 551 sq.
3) Harva, p. 365 ; K. F. Karjalainen, Die Religion der Yugra-Vblker, vol. I
(Helsinki, 1921), pp. 189, 190. Rappelons que dans la tradition japonaise,
parallèlement à la conception d'un au-delà maritime, sous-marin ou souterrain, il
existe aussi un complexe « vertical » : la montagne comme domaine des morts
(Slawik, op. cit., pp. 687 sq.). Croyances similaires chez les Germains (« la
montagne des morts » des Islandais, Hôfler, pp. 221-222 ; des Suédois, ibid., p. 223,
n. 175, etc.).
• 4) Dans une importante étude, Kopf-, Schàdel-und Langknochenopfer bei
Benliervôlkern {Festschrift W. Schmidt, Môdling, 1928, pp. 231-268), A. Gahs
a mis en lumière l'existence chez les populations arctiques d'un ancien sacrifice
au dieu du Ciel, auquel on offrait la tête et les os longs, tandis qu'on offrait le
sang chaud aux divinités chthonico-infernales. Ainsi, par exemple, les Jurak-
Samojedes sacrifient sur les hautes montagnes, en l'honneur du dieu céleste Num,
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 21
un renne blanc (op. cit., p. 238) ; les Toungouses font leur offrande de la même
manière à l'Esprit du Ciel, Buga (p. 243), etc. Chez les Koryaks, les Tchouktches
et les Esquimaux, l'ancien culte du Dieu céleste se trouve métissé avec des
éléments totémisto-animistes et matriarcaux, que Gahs considère comme secondaires
(p. 261 ). Dans le même sens, cf. la vue d'ensemble sur les religions arctiques donnée
par le P. W. Schmidt dans le IIIe volume de son Ursprung der Gottesidee
(Munster, 1931), pp. 541-564.
"22 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
1) Yoga-Sûtra, III, 45 ; cf. Gherarida Samhitâ, III, 78 ; mon Yoga, pp. 96 sq.
Sur les traditions similaires dans les deux épopées indiennes, v. E. W. Hopkins,
Yoga-technique in the Great Epic (dans Journal of the American Oriental Society,
1900, vol. 22, pp. 333-379), pp. 337, 378.
2) Yoga, p. 257, n. 1. Un auteur persan assure que les yogis « peuvent voler
dans l'air comme des poules, aussi improbable que cela paraisse » (ibid.). Sur
les légendes similaires chez les Grecs (par ex., Abaris, Musaios, Orpheus, etc.),
cf. P. Wolters, Der geflugelie Seher (dans Sitz. Ber. Akademie Miinchen, 1928,
I, pp. 10-25) et Meuli, Scythica, pp. 159 sq.
3) A. M. Hocart, Flying through the air (dans Indian Antiquary, 1923,
pp. 80-82), p. 80. Hocart explique toutes ces légendes en conformité avec ses
théories sur la royauté : les rois, étant des dieux, ne peuvent pas toucher le sol,
et, par conséquent, on suppose qu'ils marchent dans les airs. Mais, comme nous
ne tarderons pas à le montrer, le symbolisme du vol est plus complexe et on ne
peut, en aucun cas, le faire dériver de la conception des rois-dieux.
4) Cf. J. Van Durme, Notes sur le lamaïsme (dans Mélanges chinois et
bouddhiques, I, Bruxelles, 1932, pp. 263-319), p. 274, n. 2.
5) V Atharva-Veda, XI, 5, 6, fait ainsi l'éloge du disciple empli de la force
magique de l'ascèse (tapas) : « En un clin d'œil il va de la mer orientale à la mer
septentrionale » (Oldenberg-Henry, La religion du Véda, trad, franc., p. 347,
n. 2).
28 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
1) Une analyse très poussée du sacrifice du cheval chez les Altaïques et les
Indo-Européens, a été donnée par W. Koppers, Pferdeopfer und Pferdekult der
Indogermanen (dans Wiener Beitrage zur Kullurgeschichle und Linguistik, vol. IV,
Salzburg, 1936, pp. 280-411).
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 31
1) Cf. les nombreux textes groupés par Sylvain Lévi, La doctrine du sacrifice
dans les Brâhmav.as (Paris, 1898), pp. 87 sq.
2) Cité par A. Coomaraswamy, Svayamâtnwâ : Janua Coeli (dans Zalmoxis,
II, 1939, publié en 1941, pp. 1-51), p. 47.
3) Cf. les autres textes groupés par Coomaraswamy, op. cil., pp. 8, 46, 47, etc. ;
aussi S. Lévi, op. cit., p. 93. Le même itinéraire est suivi, bien entendu, après la
mort ; S. Lévi, pp. 93 sq. ; H. Gúntert, Der arische Weltkônig und Heiland
(Halle, 1923), pp. 401 sq.
4) De ce fait, l'hypothèse de M. Ohlmarks concernant le caractère secondaire
du chamanisme altaïque — simple « imitation » de la transe arctique — se révèle
intenable.
32 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
est d'origine indienne. On sait très bien, par exemple, que les
théories et les pratiques bouddhistes, hindouistes et
islamiques ont influencé profondément certains aspects des
religions du Sud-Est1. Mais il importe de bien comprendre la
portée de cette influence. Même si certaines pratiques
magiques et certaines techniques mystiques ont été empruntées
par les populations des Mers du Sud, on ne peut pas en
conclure que la théorie fondamentale — dans notre cas,
l'ascension cérémonielle au Ciel — est toujours d'origine
indienne2. Car un des éléments les plus anciens des religions
du Pacifique, et qui est évidemment en relation avec
l'adoration d'un Être suprême céleste, est justement la croyance
en l'ascension de l'homme au Ciel. L'homme-médecine de
la tribu australienne Kulin peut s'élever jusqu'au « Ciel
sombre », qui est pareil à une montagne ; c'est là qu'il
rencontre une figure divine, Gargomič, qui l'accueille et
intercède en sa faveur auprès de l'Être suprême, Bundjil3.
L'ascension au ciel par escalade d'une montagne est un des motifs
mythiques les plus répandus et — les faits australiens le
prouvent — des plus « primitifs ». Dans nombre de cosmo-
mythologies, la montagne qui atteint le ciel est conçue
comme s'élevant au centre du monde. Nous allons revenir
bientôt sur cet important motif, qui jette une lumière
nouvelle sur la théorie subjacente aux pratiques des cha-
mans nord-asiatiques. Rappelons que pour les Semang de
1) Cf., par ex., les influences mahométanes en Toradja, Loeb, Shaman and
Seer, p. 61 ; influences indiennes complexes sur les Malais, J. Cuisinier, Danses
magiques, pp. 16, 90, 108, etc. Influences hindouistes en Polynésie, Chadwick,
Growth of Literature, pp. 303 sq. W. Koppers, Problème der Indischen Religion,
pp. 763 sq., 787 sq., s'efforce même de prouver que le chamanisme Munda et San-
tali est dû, en premier lieu, à une influence de la « magie » indienne.
2) Comme le croit, par ex., Hocart et incline à le croire Chadwick, Growth,
p. 309 n. 5, 496. J. Layard (Flying tricksters, pp. 514 sq.), suggère même une origine
égyptienne (Osiris 1) de l'initiation chamanique des bwili de Malekula. C'est
presque la théorie égyptianisante et diffusioniste de l'école de G. Elliot Smith
et de W. J. Perry.
3) Howitt, The natives tribes of Soulh-Easi Australia (London, 1904), p. 490.
Cf. la montagne au sommet de laquelle se trouve un être subordonné à Baiame
(la divinité suprême des tribus du Sud-Ouest de l'Australie) et qui lui porte les
prières des hommes, en revenant aussi avec lsurs réponses (W. Schmidt, Der
Ursprung der Gottesidee, vol. III, Munster, 1931, pp. 845, 868, 871).
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 33
1) Sir James George Frazer, Folklore in the Old Testament (London, 1919),
vol. II, pp. 52-53. Le motif se rencontre encore en d'autres régions, mais il est
instructif d'observer que les Tcheremisses connaissent une légende similaire : la
fille du Dieu descendait chaque jour du Ciel par une écharpe de feutre pour faire
paître ses troupeaux, car au Ciel il n'y avait pas de prairies (Frazer, ibid., p. 54).
Les Biélorusses racontent que d'un pois, que deux vieillards laissèrent tomber
pendant leur repas, poussa un arbre qui en peu de temps atteignit le ciel (F. Cox-
well, Siberian and other folk-tales, London, S. D., pp. 963 sq.). Cf. aussi Stith
Thompson, Motif-Index of Folk- Literature, vol. III (Helsinki, 1934), pp. 8 sq.
2) Frazer, Folklore in the Old Testament, vol. II, pp. 54-55.
3) W. W. Skeat and Blagden, Pagan Races of the Malay Peninsula
(London, 1906), vol. II, pp. 108, 114. Les Mangars, tribu de Népal, utilisent un escalier
symbolique en marquant neuf entailles ou marches sur un bâton qu'ils fixent
sur le tombeau ; c'est sur cet escalier que l'âme du mort est invitée à monter au
ciel (H. H. Risley, The Tribes and Castes of Bengal, Calcutta, 1891, vol. II,
p. 75). Les Russes de Voronetz font cuire des petits escaliers en pâte en l'honneur
de leurs morts, et parfois ils désignent — par sept barres — les sept cieux. L'usage
a été emprunté aussi par les Tcheremisses (Frazer, op. cit., p. 57). L'ascension
au ciel par une échelle est connue en Afrique (Alice Werner, African Mythology,
Boston, 1925, p. 136), en Océanie (Sea Dyaks, Chadwick, op. cit., p. 481) et en
Amérique du Nord (S. Thompson, Motif-Index, vol. III, p. 8). Ses origines rituelles
seront mises en lumière par les faits égyptiens (cf. par ex., W. Max Muller,
Egyptian Mythology, Boston, 1918, p. 176).
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 35
1) Uno Holmberg-Harva, Der Baum des Lebens, pp. 139 sq. ; Die religiose
Vorstellungen, pp. 487 sq. Il y avait autrefois neuf ou cinq degrés initiatiques,
auxquels correspondait un nombre égal de cérémonies (Id., Relig. Vorsiell., p. 495).
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 39
1) Cf. par ex., Wallis Budge, From fetish to God in Ancient Egypt (Oxford,
1934), p. 346.
2) Cité par R. Weill, Le Champ des Roseaux et le Champ des Offrandes dans
la religion funéraire et la religion générale (Paris, 1936), p. 52. Cf. aussi, Jacques
Vandier, La religion égyptienne (Paris, 1944), pp. 71-72.
3) Cf., par exemple, Wallis Budge, The Mummy (2e éd., Cambridge, 1925),
pp. 324, 327. Reproductions des échelles funéraires-célestes, dans Wallis Budge,
The Egyptian Heaven and Hell (London, 1925), vol. II, pp. 159 sq.
4) W. Bousset, Die Himmelsreise der Seele (dans Archiv fur Religionswissens-
chaft, IV, pp 236 sq.). Voir aussi A. Jeremiáš, Handbuch der altorientalischen
Geisteskultur (2e éd., Berlin, 1929), pp. 180 sq.
5) Miguel Asin Palacios, La escatologia musulmana en la divina Comedia
(2e éd., Madrid-Granada, 1943), p. 70.
6) Le symbolisme de la « marche », des « échelles » et des « ascensions » a été
42 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
1) Zur Frage nach der Stellung der tchuwassischen (dans Journal de la Société
Finno-Ougrienne, vol. 38, pp. 20-21) ; cf. Kai Donner, Ueber soghdisch nom, p. 7.
2) Cf. Sylvain Lévi, Études des documents tokkariens de la Mission Pelliot
(dans Journal Asiatique, mai-juin 1911, pp. 431-464), spec. pp. 445-446 ; P.
Pelliot, Sur quelques mots d'Asie Centrale attestés dans les textes chinois (dans Journal
Asiatique, mars-avril 1913, pp. 451-469), spec. pp. 466-69 ; F. Rosenberg, On
Wine and Feasts in the Iranian National Epic (trad, du russe par L. Bogdanov,
dans Journal of Cama Oriental Institute, n° 19, août 1931), note, pp. 18-20.
3) N. D. Mironov et S. Shirokogorov, Sramana-Shaman (dans Journal of
the North-China Branch of the Royal Asiatic Society, vol. 55, Shanghaï, 1924,
pp. 110-130) ; cf. aussi S. Shirokogorov, General Theory of shamanism among
the Tungus (ibid., vol. 54, 1923, pp. 246-249) ; Northern Tungus Migrations in
the Far East (ibid., vol. 57, 1926, pp. 123-183) ; Versuch einer Erforschung der
Grundlagen der Schamanentums bei den Tungusen (dans Baessler-Archiv, vol. XVIII,.
part. 2) ; Psychomenlal Complex of the Tungus (London, 1935), pp. 279 sq.
48 " REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
1) Širokogorov, Sramana-Shaman, pp. 119 sq. Voir la longue note sur burkhan
(pp. 120-21), contre les vues de B. Laufer, Burkhan (dans Journal of the American
Oriental Society, 1917, pp. 390-395) qui ne trouve pas de traces bouddhistes chez
les Toungouses d'Amour. Mais les faits apportés par Širokogorov et Lopatin
semblent assez convaincants, et l'influence méridionale (bouddhiste, chinoise)
sur les burkhans a été acceptée par une autorité telle que Holmberg-Harva,
Relig. Vorstell., p. 381. La thèse de Širokogorov et la dérivation šaman-éramana,
a été acceptée aussi par N. N. Poppe, dans Asia Major, 1926, p. 138.
LE PROBLÈME DU CHAMANISME 49
der 1)Gottesidee,
Fragment vol.d'une
III (Munster,
étude encore
1931),
médite,
pp. 334-338.
publié par W. Schmidt, Ursprung
2) Die Thulefahrl (Frankfurt a. Mein, 1926), pp. 146 sq., 168 sq.
50 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
NOTES ADDITIONNELLES