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SCIENCE DE LA LOGIQUE

Premier tome - Deuxième livre


LA DOCTRINE DE L’ESSENCE
Edition de 1812
Traduction, présentation, notes par
‘.-J. Labarrière et Gwendoline Jarczyk

Montaigne
.
SCIENCE DE LA LOGIQUE

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ISBN 2-7007-0031-7
<§) 1976 by Editions Aubier Montaigne, Paris.
PRÉSENTATION

i. histoire du texte et particularités d’édition

La traduction que l’on trouvera dans ce volume est celle de


« La Doctrine de l’Essence », seconde partie de la Science de la
Logique. Ce texte prend place immédiatement après celui de
« L’Etre », dont nous avons donné dans cette même collection,
en 1972, une première traduction française dans sa version
de 1812 \
Il semble nécessaire de rappeler ici, à grands traits, les cir­
constances de la composition et de la publication de l’ensemble
de l’œuvre, pour être mieux en mesure d’apprécier la place
du présent volume dans le dessein de cet ensemble . C est à
Pâques de l’année 1812 que sortit en librairie le premier des
trois volumes rassemblés sous le titre global de Science de
la Logique. Hegel, depuis les temps déjà lointains où il avait
posé les premiers linéaments de cette œuvre lors de son premier
enseignement universitaire, à Jena (1800-1807), avait progressé
lentement dans cette rédaction, au milieu de bien des soucis
professionnels et financiers : de 1807 à 1808, il est rédacteur
politique à la Gazette de Bamberg, et, à partir de 1808, « pro­
fesseur et recteur au Gymnasium royal bavarois de Nuremberg » ;
ajoutons à cela qu’il se marie le 16 septembre 1811, et qu’il lui
1. Hegel, Science de la Logique, Premier tome, Premier livre, L’Etre
(édition de 1812). Traduction, présentation et notes par P.-J. Labarrière et
Gwendoline Jarczyk. Aubier Montaigne, Bibliothèque philosophique, 1972.
2. Pour le détail de cet exposé, nous nous permettons de renvoyer aux
« Quelques points d'histoire » que nous avons placés en tête de notre
Présentation de « L’Etre » (op. cit., pp. VI-XIII). On y trouvera en parti­
culier le relevé intégral des passages de la correspondance de Hegel qui ont
trait à ces matières.

V
PRÉSENTATION

faut se presser pour honorer un contrat passé avec Schrag, contrat


qui lui avait permis d’éteindre ses plus grosses dettes. Il tra­
vaille donc d’arrache-pied au cours des derniers mois de 1811
et des premiers de 1812. Au 5 février de cette année-là, il
note dans sa correspondance que les feuillets en cours d’impres­
sion « ne contiennent encore rien de ce qu’on appelle commu­
nément la logique, qu’ils sont la logique métaphysique ou onto­
logique : premier livre sur l’être, deuxième livre sur l’essence
— si toutefois le deuxième livre peut encore entrer dans la
première partie3 ».
Ce « deuxième livre », du point de vue de sa situation dans
la structure d’ensemble de l’oeuvre, « entre » bien en effet
dans la « première partie », celle que Hegel intitule « La
Logique objective » ; mais, au plan de l’édition, qui nous retient
pour l’instant, il fut disjoint du premier : seul en effet le livre
consacré à « L’Etre » fut proposé au public « pour la foire
de Pâques » de l’année 1812 \ Le deuxième livre, intitulé « La
Doctrine de l’Essence », fut achevé d'imprimer en décembre
1812, mais ne fut livré au public qu’au début de 1813°. Quant
au troisième volume, qui constitue la « seconde partie » du
tout, il prit un retard assez considérable, et ne vit le jour
qu’en 1816.
Renvoyant encore une fois à notre traduction du Premier livre
pour ce qui regarde certains détails (nombre d’exemplaires tirés,
rythme de vente, pourparlers de Hegel quand se profila la
nécessité d’une deuxième version de l’ensemble), rappelons seu­
lement ici ce qu’il importe directement de connaître pour appré­
cier la portée du texte que l’on va lire. Au cours des dernières
années de sa vie, Hegel entreprit une refonte complète de sa
Logique. Mais, une fois encore retardé dans la réalisation du
calendrier qu’il s’était d’abord fixé, il ne put achever (quelques
jours avant sa mort, en novembre 1831) que la révision du
Premier livre, consacré à « L’Etre » : la Préface qu’il écrivit
pour cette seconde édition de « L’Etre » est le dernier texte
qu’il signa, une semaine exactement avant qu’il ne soit emporté
par le choléra.
! Il existe donc deux versions du Premier livre de la Logique :
celle de 1812 (dont nous avons présenté, dans l’ouvrage de

3. Hegel-Briefe I 393 (traduction Carrère, N.R.F. 1962, I 349)-


4. Hegel-Briefe I 397 (traduction Carrère, I 352).
5. La page de garde (ci-dessous, après notre Présentation), porte bien
( d’ailleurs, comme date d’édition, 1813.

VI

:
PRÉSENTATION

référence évoqué plus haut, la première traduction française),


et celle de 1831 (qui sortit en librairie en 1832, et éclipsa tota­
lement, jusqu’à une date toute récente, le texte de 1812). Par
contre, il n’y a qu’une version pour les deux autres parties de
l’œuvre, consacrées respectivement à « La Doctrine de l’Essence »
et à la « Doctrine du Concept » : celles qui parurent, ainsi
qu’on l’a dit, en 1813 et en 1816, et qui furent reprises, accolées
à la nouvelle version de « L’Etre », dans 1’ « édition des amis
du défunt » qui commença de paraître dès 1832. Si donc nous
avons produit précédemment la première version française d’un
texte hegelien tombé en oubli pendant plus de 150 ans6, nous
retrouvons, avec le présent volume, le texte commun, familier
à tous les hegeliens. A ceux qui ont bien voulu pratiquer à
notre suite le texte de « L’Etre de 1812, il offre donc la
suite immédiate de ces développements, telle quelle parut en
1813 ; à tous les autres, il présente le maillon central de
l’œuvre sous la seule forme qui soit. Restera, pour notre part, à
achever notre dessein d’ensemble, en produisant jusqu’à son terme
cette version française de la Science de la Logique, c’est-à-dire
en traduisant la « Doctrine du Concept » (1816) et la seconde
version de « L’Etre » (1831)7.
Un mot encore sur le texte qui nous a servi de base. S’agissant
de la version de « L’Etre » de 1812, nous avions évidemment
à traduire l’original, tel qu’il fut naguère livré au public dans
une réédition photocopique ; mais nous avions, au plan de l’éta­
blissement du texte, un recours possible et évident : en effet,
puisque Hegel en a produit une seconde version, il était possible
de repérer éventuellement les coquilles ou erreurs de l’édition
originale en recourant aux corrections introduites par Hegel dans

6. Jusqu à la réédition photocopique que Wolfgang Wieland en donna


en 1966 (chez Vandenhoeck et Ruprecht, Gôttingen).
7. Par souci de nous conformer scrupuleusement au texte même de
Hegel, nous appellerons toujours ces trois parties du titre précis qu’il leur
donne sur les feuilles de garde des différents volumes :
Premier tome : La Logique objective,
Premier livre : L’Etre ;
Deuxième livre : La Doctrine de l’Essence.
Deuxième tome : La Logique subjective, ou Doctrine du Concept.
Mais à d’autres endroits (v.g. à la fin des « Divisions générales » de la
Logique : dans notre traduction du Premier livre, p. 38), parlant d’une
division plus précise, il évoque « la Logique de l’Etre », « la Logique de
l’Essence », « la Logique du Concept ».
A noter que la première page de garde du volume publié en 1816, et
qui porte les mentions que l’on vient de rapporter, est immédiatement
suivie d’une seconde, ainsi libellée : x Science de la Logique subjective,
ou la Doctrine du Concept ».

YII

i ii V
PRÉSENTATION

le texte de 1831 *. S’agissant maintenant de « La Doctrine de


l’Essence », le problème est à la fois plus simple et plus
compliqué ; plus simple, parce qu’il n’y a qu’un seul texte, celui
de 1813 ; plus compliqué, parce que nous n’avons pas le recours
de consulter les corrections que Hegel aurait introduites lui-
même ; plus compliqué aussi du fait que certaines éditions ulté­
rieures, et singulièrement celle de Lasson, qui se trouve actuel­
lement la plus répandue et la plus accessible, ne se sont pas fait
faute d’apporter de très nombreuses modifications au texte
original : celui de 1813. Signalons les plus importantes de
ces « améliorations » élaborées par Lasson : refonte de l’ortho­
graphe (ce qui est sans importance pour les mots courants, mais
engage directement des problèmes d’interprétation quand il
s’agit de transformer de nombreux adjectifs hegeliens en adjectifs
substantivés en les écrivant avec une majuscule) ; modification,
hélas très fréquente, de la ponctuation, non seulement dans ses
détails, mais même souvent dans ses grandes articulations ; ceci
sans compter les menues erreurs, par exemple celle qui concerne,
ici ou là, une transcription incorrecte des italiques.
Face à cet état de choses, une solution s’imposait à nous :
donner toujours raison à l’original de 1813, qui est le seul texte
hegelien faisant foi. Nous avons pu travailler sur un de ces pré­
cieux exemplaires, qui nous fut aimablement communiqué par
M. le professeur O. Poggeler et les responsables du Hegel-Archiv
de Bochum. Mais, comme bien peu ont le privilège d’avoir ce
texte à leur disposition, il nous fallait, pour permettre à tous une
vérification facile, établir un double jeu de références ; le
lecteur trouvera donc, dans les marges de la présente traduction,
une double série de chiffres : ceux qui se trouvent mis entre
crochets carrés (et qui vont de 1 à 282) renvoient au texte de
fîi base, savoir l’original de 1813 ; quant à ceux qui ne se trouvent
pas entre crochets (et qui vont de 3 à 205), ils renvoient au
1 texte courant de l’édition Lasson. Nous le disons donc ici une
i fois pour toutes : chaque fois que la ponctuation de notre texte
fl diffère de celle du texte de Lasson, c’est que nous nous en
sommes tenus à l’original contre ce dernier ; et chaque fois

■ •

que nous avons apporté une modification à l’original (que ce


soit au texte ou aux signes majeurs de ponctuation) nous l’avons
indiquée en note — que cette modification coïncide ou non
! •
Hi :
8. Seule limite, évidente, à ce recours : Hegel, en plus d’un endroit, a
substitué un nouveau texte à l'ancien. Dans ces cas, ainsi que nous nous
en étions expliqués, nous avions toujours cherché, ' jusqu’à la limite du
possible, à sauver le texte original dans sa littéralité.

VIII

ï
PRÉSENTATION

avec l’option propre de Lasson. En ce qui regarde les italiques,


nous avons indiqué très exactement en note les passages dans
lesquels il nous a fallu suivre l’original contre Lasson.
Notons enfin que Léopold von Henning, éditeur de la Logi­
que dans l’édition des amis du défunt, s’en était tenu scrupu­
leusement, même dans les cas de faute probable ou évidente, au
texte de 1813. Pour autant que nous avons pu le vérifier,
c’est aussi le cas de l’édition Glockner (qui reprend celle de L. von
Henning, et qui, quant à elle, se trouve dans la plupart des
bibliothèques). Le lecteur pourra donc trouver là, éventuellement,
un texte, semble-t-il, littéralement semblable à celui que nous
avons pris comme référence. Mais on comprendra que, pour
ne pas alourdir nos marges, nous ayons voulu éviter ce troi­
sième système de référence possible — lequel, ainsi qu’on l’a
dit, aurait de toute façon fait double emploi avec nos réfé­
rences à l’original.

II. PLACE ET SIGNIFICATIQN DE LA DOCTRINE DE L’ESSENCE »

Présentant notre traduction de L’Etre », et cherchant à


introduire à l’intelligence de sa véritable « portée spéculative0 »,
nous avons parlé de la « place centrale qu’occupe la Logique
dans l’univers hegelien10 » et affirmé qu’ « en elle c’est le livre
second, la Doctrine de l’Essence, qui constitue évidemment
la partie centrale de la totalité qu’elle est11 ». Il nous faut
maintenant exposer plus au long ce dernier point, justement
capital pour notre propos actuel.

Structure binaire et structure ternaire de la Science de la


Logique »

Partons du repérage le plus extérieur qui soit. La Logique


de Hegel s’organise selon une double division interne, et les
deux expressions possibles de sa structure doivent être comprises
dans un seul et unique mouvement si l’on entend ne pas
énerver la signification de l’ensemble, dans son organisation glo­
bale comme dans l’économie de chacune de ses parties. « La Doc-

9. Op. cit., p. XIII.


10. Op. cit., p. XXII.
11. Ibid.

IX
PRÉSENTATION

trine de l’Essence », en effet, est à la fois la pièce terminale de


« La Logique objective », première partie » de l’œuvre, et le
maillon central de la structure à trois temps constituée par
l’enchaînement de l’Etre, de l’Essence et du Concept. Selon la
première organisation, Etre et Essence sont rassemblés dans une
même unité intelligible, face à la seconde partie du tout que
constitue la seule « Doctrine du Concept » ; l’Essence est alors,
ainsi qu’il fut dit, du côté de « La Logique objective » face
à « La Logique subjective ». Selon la seconde de ces structures,
l’Essence s’oppose à la fois à l’Etre et au Concept, dans un
mouvement de ressourcement médiateur (intériorisation/extério­
risation) dont il convient d'essayer de rendre compte.

1. Parlons d’abord de ce qui concerne la structure binaire.


L’opposition (ou, ce qui est la même chose, la relation) quelle
dessine entre Objectivité (Etre et Essence) et Subjectivité (Concept)
n’est certes pas à entendre sous le mode de son émergence phé­
noménologique. La chose doit être fort claire, et nous avons
insisté, dans notre Présentation du Livre précédent, sur la signi­
fication exacte du renvoi que Hegel, tant dans la Préface que
dans l’Introduction à la Science de la Logique, fait au mou­
vement de la Phénoménologie de l’Esprit. Ce mouvement est,
au sens fort du terme, présupposé » par la position première
de l’être comme « être pur » — en sorte que, dans celui-ci,
s’opère une extinction sursumante (suppression de la forme
d’étrangèreté et accomplissement du contenu dans sa richesse
véritable) des déterminations concrètes mises en œuvre dans les
différentes figures de la conscience. En toute rigueur d’expres­
sion, il n’est donc plus possible dans la Logique de parler du
rapport objectivité/subjectivité en termes de conscience '. Mais
alors, quelle peut être sa signification, au moins à un premier
-, niveau ?
; La Science de la Logique de Hegel, chacun s’en va le répétant
à la suite de l’auteur lui-même, est, dans sa Première Partie
(Etre et Esence), tout autre chose qu’une logique traditionnelle :
i :

12. Soit dit ici en passant, c’est l'une des réticences profondes que nous
devons exprimer par rapport à un compte rendu, par ailleurs éminemment
sympathique et constructif, que M. Vincenzo Vitiello a donné de notre tra­
duction du Premier livre et de sa « Présentation » dans la revue italienne
Il Pensiero (Gennaio-Aprile 1973, pp. 104-109). Nous reviendrons dans un
; • instant sur les très intéressants problèmes de fond posés par le reste de
cette recension.

ü ■:
PRÉSENTATION

une « logique métaphysique ou ontologique18 ». Eteinte la


disjonction mortelle (propre à la conscience phénoménologique)
entre le sujet et l’objet, atteints l’attitude fondamentale et le
niveau d’intelligibilité requis pour que le Ich s’exprime réelle­
ment en termes d’universalité, le locuteur du Savoir Absolu,
en sa contingence naturelle et historique, se présente comme
celui en qui s’expose le mouvement de l’Esprit lui-même, dans
son auto-manifestation et sa réalisation de soi. Voilà qui est
essentiel à comprendre pour qui aborde la Science de la Logique :
dans chacune de ses déterminations catégorielles (depuis la pre­
mière triade jusqu’à l’identité du Vrai et du Bien dans l’Idée
absolue) se disent conjointement l’homme et son monde —
l’un et l’autre d’ailleurs (et telle est la raison de la légitime
« abstraction » logique) se disant alors, non point directement
selon la contingence d’une particularité concrète, mais selon l’uni­
versalité de principe de leur visée comme Esprit1-1.
C’est donc indissociablement du sujet et de l’objet qu’il est
question tout au long des deux parties de la Science de la
Logique, qui s’intitulent pourtant respectivement « La Logique
objective » et « La Logique subjective ». Quelle est donc la raison
de cette nouvelle disjonction formelle, et comment peut-elle se
déployer sans mettre en cause l’identité présupposée au niveau
du contenu ? C’est que le dessein de la Logique est de thématiser
pour elles-mêmes, dans leur devenir et selon l’ordre de leur
engendrement intelligible, les structures mêmes qui jurent à
Vœuvre dans le mouvement de sursomption et de totalisation qui
marque Venchaînement des différentes figures unilatérales de la
conscience et de la conscience de soi. L’on pourrait dire, usant d’une
image, qu’il s’agit maintenant de suivre le cours souterrain du
mouvement dont la Phénoménologie de l’Esprit avait mani-
festé l’émergence phénoménale en tant quemergence sensée.
De ce point de vue (au-delà de tout « point de vue »), la
Science de la Logique représente une plongée dans les profon­
deurs mêmes de la conscience™, dans le « présent » intemporel

13. Cf. ci-dessus, p. VI, note 3.


14. Nous disons bien : pas directement. Car l’on se souvient que le
Savoir Absolu retient, au centre de son projet d’intelligibilité rationnelle
universelle, la prise en compte de l’immédiateté naturelle et historique, dans
sa contingence non-encore-rationnelle.
15. Ce qui, à la rigueur, pourrait justifier, à l’intérieur de la Logique,
cet emploi du terme « conscience », que nous avons fait grief à M. Vincenzo
Vitiello d’employer. Mais il faut d’infinies précautions pour qu’il reste
patent que c’est alors de l'épure logique du mouvement conscientiel que
l’on parle. De toute façon, sous la particularité il n’y a plus rien, pour lors,

XI

i

PRÉSENTATION

de son être-provenu, dans la « présence » radicalement non


spatiale de sa distanciation d’avec soi.
Dans la relation Objectivité/Subjectivité, il y a donc, passé
au plan du « savoir pur », comme le souvenir du souvenir {Erinne-
rung redoublée, négation de toute extériorité spatiale comme de
toute antériorité temporelle essentielles) de l’opposition résolue
qui marqua le cheminement de la conscience au chemin de sa
véri-fication. Car la Logique met en scène une conscience véri-fiée
(c’est-à-dire faite vraie) par son assomption dans cette forme
première de l’Esprit et de la Liberté qu’est l’être pur. Il est
donc normal (et tel est le premier paradoxe auquel il convenait
d’introduire) que la relation entre ces deux termes, étant ici
par-faite, soit essentiellement et structurellement faite d’un aller
et d’un retour qui distend déjà cette structure binaire dans la
triade quelle exprime en réalité. Concrètement, voilà qui se
traduit de la sorte : l'objectivité de la « logique métaphysique ou
ontologique » première s’accomplit d’elle-même dans la subjec­
tivité de la seconde partie du tout — mais celle-ci, en retour,
laisse se dessiner, à l’intérieur d’elle-même, Yobjectivité qui en
elle s’est accomplie et à laquelle elle donne à nouveau nais­
sance16. C’est pourquoi le rapport Etre-Essence/Concept ne se
peut tirer au clair sans que soit élucidée, pour sa part, la rela­
tion entre la subjectivité et l’objectivité au sein de « La Logique
subjective ». Il faut donc engager, ce qui est bien normal, un
certain type de lecture du Concept si nous entendons comprendre
selon sa vérité la signification de l’Essence. Sur ce point nous
reviendrons ci-dessous.

2. Mais il convient, auparavant, de montrer comment la


' relation ternaire Etre/Essence/Concept manifeste la même nature
15 paradoxale en se contractant à son tour dans une opposition (ou
! une relation) binaire. Il serait, disons-le d’entrée de jeu, assez
vain (et formel) de ne voir en cela qu’un renversement super­
ficiel et non significatif des perspectives — ce mouvement de
13 ! bascule auquel on réduit parfois la dialectique. Bien plutôt, dans
ce paradoxe des nombres, et plus loin que cette identité pre­
mière entre deux et trois, c’est, nous le verrons, Yunité fonda­
mentale et la pluralité phénoménale du discours rationnel qui

j, d'unilatéral ; mais la totalité se trouve explicitement présente dans l'exposé


de chaque moment.
il 16. Est-il besoin de rappeler, pour fonder cette affirmation, que la
seconde section de la « Doctrine du Concept » s’intitule précisément
1’ « Objectivité » ?

XII
PRÉSENTATION

se trouvent visées : mouvement d’expansion et de contraction,


de diastole et de systole, qui est comme la pulsion rythmique
de toute réalité.
Car c’est le mouvement qui importe, et non pas sa numération
quantitative — le mouvement qui, de la positivité première de
l’être, par la médiation de la négativité essentielle, se détermine
lui-même comme la positivité devenue de la réalité conceptuelle.
Ainsi donc (pour employer d’autres couples catégoriels, identiques
à ceux-là) Yimmédiateté initiale s’accomplit-elle, par la média­
tion du fondement, dans Yimmédiateté devenue de l’Idée absolue.
Ou encore : Y extériorité de l’être, s’étant ressourcée dans Yinté­
riorité de l’essence (ou de l’essence comme intériorité de l’être),
apparaît en vérité comme extériorité devenue, totalement accom­
plie dans son immanence à soi. Du positif au positif par le
négatif ; de l’immédiat à l’immédiat par la médiation ; de l’exté­
rieur à l’extérieur par l’intérieur : chaque fois, c’est le terme
premier et dernier (terme unique) qui manifeste sa propre richesse
en se scindant d’abord dans l’autre de lui-même constitutif de ce
qu’il est. Finalement, ainsi que nous le disions, c’est donc une
souple et vivante unité (une unité qui s’exprime par le jeu de
cette différenciation interne) qui se donne à connaître tout au
long du processus. Et c’est bien Yunité du réel qui est partout
à l’œuvre dans ces partitions binaire et ternaire. En ajoutant
encore, ainsi que le fait Hegel non sans quelque humour, que,
à prendre les choses selon leurs structures formelles, la négation
médiatrice peut encore se différencier elle-même : l’on sait en
effet comment, dans le dernier chapitre de la Logique, il montre
que les trois temps communément retenus comme caractéristiques
d’une pensée dialectique (ces trois temps qui, nous l’avons vu,
recouvrent une simple dualité de termes — elle-même expres­
sion de l’unité) se découvrent être quatre, par la scission du
terme médian en « médiatisé » et médiatisant » . Deux,
trois ou quatre : c’est toujours l’unité « contradictoire » du réel
qui se donne à connaître là dans son expression phénoménale
et dans le dynamisme de son ressourcement essentiel.

17. Logik II 495 sq. — Dans l’économie ternaire de l’œuvre, il ne serait


pas malaisé de découvrir la pulsion de cette « quaternité ». L’Essence, en
effet, se disjoint elle-même en « médiatisant » et « médiatisé » dans et
par son « apparence » de scission oppositive à l’égard de l’Etre. Et l’on
verra que cette dialectique du Schein couvre la totalité du mouvement
essentiel, depuis l’opposition illusoire entre « l’essentiel » et « l’inessentiel »
jusqu’à la « relation absolue », qui est <r der als Schein gesetzte Schein »
(cf. ci-dessous, p. 268).

XIII
PRÉSENTATION

Essence et Concept : unité ou pluralité de perspectives ?

Mais quittons cette considération formelle pour entrer dans


l’analyse du contenu. M. Vincenzo Vitiello, dans le compte rendu
que l’on a déjà évoqué18, dessine d’originale et intéressante
manière une certaine conception des rapports entre Essence et
Concept (ou plutôt des rapports respectifs de l’Essence et du
Concept avec l’objectivité). D’intéressante manière — mais aussi
de façon qui nous semble, après réflexion, trop tranchée et
trop abrupte.
M. Vincenzo Vitiello met en cause la recherche que nous avions
esquissée de ce que l’on pourrait appeler les « structures réfé­
rentielles fondamentales » que nous semblent constituer, au
centre de la Logique hegelienne, la première section de « La
Doctrine de l’Essence ». L’on nous permettra de nous citer nous-
mêmes sur ce point : « Ce mouvement de l’essence, où s’exprime,
en son universalité négative, la structure ontologique de tout ce
qui est, Hegel l’appelle, écrivions-nous, le “ mouvement de la
réflexion Et il définit ses étapes (réflexion posante, réflexion
extérieure, réflexion déterminante) comme ce en quoi se donnent
à connaître les différents moments de tout procès dialectique 19. »
C’est ce dernier point que conteste M. Vincenzo Vitiello. Selon
lui, ce mouvement de la réflexion peut être effectivement tenu
pour la structure référentielle qui rend compte de l’auto-mouve-
ment du contenu jusqu’à la fin de la sphère de l’Essence (et,
à la rigueur, jusqu’à la fin de la première section du Concept),
mais en aucun cas au-delà. Citons-le sur ce point d’importance.
« Les deux auteurs, écrit-il, ont bien raison de dire que les
trois sections du premier livre (Qualité, Quantité, Mesure) repren­
nent à leur façon les trois moments de la réflexion (posante,
extérieure, déterminante) ; moins, à notre avis, de retenir qu’ils
représentent les moments paradigmatiques de tout le procès logi­
que, jusque dans ses scansions fondamentales de l’Etre, de 1 Es­
sence, du Concept (...) Il nous semble que de cette façon ils
MV mettent dans l’ombre proprement la nouveauté que la dialectique
du Concept exprime respectivement aux phases précédentes du
cours logique. En fait, les trois moments de la réflexion par­
viennent à expliquer le procès logique totU au plus jusqu’à Vob­
jectivité, c’est-à-dire jusqu’à 1’ “ immédiateté à laquelle le
U
if 18. Cf. ci-dessus, p. X, note 12.
19. Op. cit., p. XXIII.

XIV
PRÉSENTATION

concept se détermine par sursomption de son abstraction et


médiation ” (Lasson II 357). Le mouvement ultérieur, conclut
M. Vincenzo Vitiello, est en dehors des cadres catégoriels de la
logique de l’essence20. »
Ne durcissons pas cette « dièse ». M. Vincenzo Vitiello sait
fort bien l’unité fondamentale de la pensée hegelienne, non
seulement dans le développement de la Science de la Logique,
mais, a parte ante, jusqu’aux premières figures phénoménologiques,
et, a parte post, jusqu’aux limites extrêmes du Système. Il
n’accentue donc nullement une impossible « séparation » entre
Essence et Concept, entre Logique objective et Logique subjec-
tive et nous avons vu d’ailleurs qu’il étend, si l’on peut
dire, le champ d’influence directe des trois moments de la
« réflexion » jusqu’à la « subjectivité » comprise22. Mais il
pense qu’au-delà de cette thématisadon des moments du concept,
du jugement et du syllogisme (dont on ne peut nier, effectivement,
qu’ils reprennent, à un autre niveau, ceux de la réflexion posante,
de la réflexion extérieure et de la réflexion déterminante), « le
processus (...) se ré-ouvre ». Comment et en raison de quoi ?
Citons-le encore : « Si la logique de l’essence conclut par l'immé-
diatification de la médiation, la logique du concept — à partir
de l’objectivité repropose le problème de la médiation de
l’immédiat. Et elle le repropose proprement en tant que la
médiation de l’immédiat que l’essence réalise ne porte qu’à une
nouvelle immédiateté : au terme, ce qui est sursumé est, para­
doxalement, la médiation et non l’immédiat ‘3. »
Il nous faut d’abord dire notre accord formel avec cette
analyse. Il est vrai, indubitablement, que le passage à l’objecti­
vité au sein de « La Logique subjective » constitue l’accès à une
phase nouvelle du procès logique ; Hegel le souligne lui-même
implicitement en introduisant alors une relecture de toute l’œuvre
sous la raison de l’émergence en elle de l’immédiatetéM. Il est
également vrai, partiellement, que la médiation de 1 immédiat
n’est pas encore exprimée selon toutes ses facettes dans les

20. Op. cit., p. 107. — Nous avons traduit ce texte, comme ceux qui
suivront, de l’italien, — mise à part la citation de Hegel, que nous avons
reprise directement de l’allemand.
21. Au sens où la « séparation » (Trennung) signifierait une opposition
extérieure, contredistinguée de la « scission » (Entzweiung) où s’exprime la
vie immanente du concept comme totalité.
22. La « subjectivité » étant ici la première section de « La Logique
subjective ».
23. Op. cit., p. 108.
24. Lasson II 356/31 sq.

XV
PRÉSENTATION

dialectiques de l’Existence, de l’Effectivité et de la Substantialité.


Mais, disons-le tout net, nous ne comprenons guère la significa­
tion de la phrase sur laquelle s’achève la citation de M. Vincenzo
Vitiello que l’on vient de lire : au terme de l’Essence, ce qui est
sursumé, c’est sans doute et d’abord la médiation, mais c’est
encore et du même mouvement l’immédiat, qui, de son statut
premier d’être, au-delà de sa propre plongée réflexive dans les
profondeurs de sa réalité fondamentale, resurgit comme « être
essentiel » sous les formes de l’Existence, de l’Effectivité et du
Concept25. En effet, que l’immédiat soit désormais être essentiel
signifie précisément qu’il est sursumé comme immédiat. Et il
ne serait pas malaisé de produire un ensemble de citations mon-
trant que Hegel a bien conscience de ce que le contenu des
sections 2 et 3 (le Phénomène et l’Effectivité) développe une
conception radicalement neuve (proprement sursumée) de l’immé-
diat lui-même. Ainsi, au cours du développement consacré à la
Relation essentielle : « La vérité de la relation consiste (...)
dans la médiation ; son essence est l’unité négative dans laquelle
sont sursumées aussi bien l’immédiateté réfléchie que l’immé-
diateté qui-est26. » Lisons bien : non seulement, ce qui est
évident, « l’immédiateté qui-est », mais aussi « l’immédiateté
réfléchie » : ce qui demeure c’est une souple circulation du sens
entre tout l’intérieur et l’extérieur — et il n’y a et n’y aura
rien de plus à dire du point de vue de l’épure logique la plus
fondamentale.
Ce qui restera à dire, et c’est en cela que M. Vincenzo Vitiello
a bien raison de parler d’une certaine « nouveauté » des dialec­
tiques du Concept, c’est la fécondité sans limite de cette structure
référentielle. Sur ce point nous reviendrons dans un instant.
Mais notons d’abord que manifester de la sorte toutes les impli­
cations de ce qui fut acquis est tout autre chose qu’introduire
un nouveau fondement pour un nouveau processus dynamique.
k:;
l'il En ce sens, nous ne croyons pas exact de dire, avec M. Vincenzo
Vitiello, que « le mouvement ultérieur [entendons : postérieur
à la première section de la « Doctrine du Concept »] est en
• .;
! dehors des cadres catégoriels de la logique de l’essence ». Il
: en est l’ampliation en forme d’objectivité tout entière subjective,
ou encore d’extériorité intérieure (ou d’immédiateté médiate).
IH 25. Sur la définition de l’existence comme « être essentiel », cf. ci-
dessous, p. 145. Au début du chapitre consacré à l’Existence, Hegel dit :
m « La vérité de l’être est d’être, non pas un immédiat premier, mais l’essence
venue au jour dans l’immédiateté » (cf. ci-dessous, p. 148).
26. Cf. ci-dessous, pp. 206-207.
;' !
XVI

i
PRÉSENTATION

Et Ton pourrait, à ce propos, retourner contre M. Vincenzo


Vitiello la suite de son raisonnement. Il écrit, en effet, commen­
tant une citation de Hegel27 : Par là, bien entendu, on ne
veut pas nier le mouvement de l’essence ; mais on veut affirmer
que ce mouvement est le mouvement même du concept, lequel
opère dans toute phase du procès logique, même s’il n’est thé-
matisé qu’à la fin. Si l’essence n’est pas “ terme absolument
second28 ” par rapport à l’existence, le concept n’est pas troi­
sième, mais premier, le vrai premier23. » Voilà qui est vrai : le
concept est bien, à tous égards, et pour inverser notre expression
de tout à l’heure, terme absolument premier : ne peut-on dire
en effet que l’Etre présente « le concept étant en soi », l’Essence
« le concept posé », et le Concept « le concept étant en soi »30 ?
Notons d’ailleurs que cette présentation sera reprise pour elle-
même sous forme contractée dans la première section de la
« Doctrine du Concept », où nous verrons le concept lui-même
(réflexion posante) s’exposer comme jugement (division-originaire
de soi, réflexion extérieure) avant de s’accomplir comme syllo­
gisme (lequel est la reconstitution d’un tout articulé analogue à
celui que produirait la réflexion déterminante). Oui, tout est
donc dans le concept et du concept. Mais, s’il en va bien ainsi,
c’est que sa lumière, loin d’instaurer une nouveauté radicale,
s’accomplit aussi (il faudrait dire d’abord) dans les parties anté­
rieures de l’œuvre. Il y a donc continuité plutôt qu’opposition
entre les structures référentielles de l’Essence et celles du Concept ;
et l’on ne peut dire sans nuances que les premières sont tournées
vers le passé, et les secondes vers l’avenir31 ; car l’être-passé
de l’essence est le souvenir intemporel du présent qui est à
naître, de même que le but visé par le finalisme de l’objec­
tivité conceptuelle signe la présence de ce qui n’est pas encore

27. Il s’agit d’une affirmationtirée de la Préface à la seconde édition


de l’œuvre (Lasson I 14/30 sq.) : « Le point le plus important pour la
nature de l’esprit est la relation, non pas seulement de ce qu’il est en soi
àce qu’il est effectivement, mais de ce qu’il se sair, ce se savoir, parce
qu’il [l’esprit] est essentiellement conscience, est détermination-fondamentale
de son effectivité ».
28. Il s’agit d’une affirmation que nous avions posée à la page XXIV
de notre Présentation.
29- hoc. cit.
30. Cf. Hans Rademaker, Hegels « objektive Logik ». Eine Einfuhrung.
Bouvier 1969. — Mais notons que cette systématisation n’est pas sans
failles évidentes : le « concept posé » qu’est l’Essence devrait bien plutôt
être dit le concept pour sot, — tandis que la troisième partie de l’œuvre,
dans l’équilibre en tension de ses deux premières sections, présente de toute
évidence, au double plan de la forme et du contenu, le concept en et pour soi.
31. Vincenzo Vitiello, op. cit., p. 108.

XVII

i
PRÉSENTATION

dans cela même qui est. En vérité, le mouvement que dit l’Essence
est bien déjà, pour soi et donc plus originairement, celui que
le concept exprimera dans l’en-et-pour-soi advenu.

Les structures référentielles de la réalité (ou de la pensée dia­


lectique)

Un dernier point reste à traiter pour venir au bout de notre


discussion avec M. Vincenzo Vitiello. S’il est vrai qu’essence
et concept ont partie liée (mieux : s’ils sont l’émergence diffé­
renciée du concept lui-même), toute la lumière, pour reprendre
l’image employée ci-dessus, ne vient-elle pas du concept et de
lui seul ? Comment donc avons-nous pu écrire que, dans le
« mouvement de l’essence », « s’exprime, en son universalité
négative, la structure ontologique de tout ce qui est » 32 ? Précisons
encore : s’il est vrai qu’il faille rechercher, comme point de
focalisation de tout l’univers de la Logique hegelienne, une sorte
d’épure ou de schème originel33, ce que nous avons appelé la
« structure référentielle » mais que l’on nommerait aussi bien
une cellule rythmique fondamentale34 — est-ce vraiment, comme
nous le pensons, dans le « mouvement de réflexion » que l’on
peut espérer la trouver? N’est-ce pas plutôt dans son expression
plus achevée, telle quelle s’expose, par exemple, dans la pre­
mière section de la « Doctrine du Concept » ? La chose vaut la
peine d’une considération attentive.
Remarquons d’abord, ainsi qu’il fut fait plus haut, que, à
prendre les choses selon l’économie d’une partition ternaire,
l’Essence occupe très évidemment le rôle de moyen terme. A
ce titre, le mouvement qui s’engendre de là est aussi, nous l’avons
montré, celui qui structure le déploiement de la première partie
n 32. Cf. notre Présentation de L'Etre », p. XXIII.
étant entendu ici, en son sens le plus neutre, comme
33. « Schème
2 la structure dynamisante du procès du tout.
1 A
34. Cf. l’unité « harmonique » que constitue le rythme » entre « le
mètre et l’accent » : Ph. G. 51/8 (I 54/9). — Certains des commentateurs
qui s’engagent dans pareille recherche (hors de laquelle il n’est pas d intel­
ligence vraie de l’œuvre de Hegel, puisque celle-ci, en tous ses ressauts,
! postule une unité fondamentale de contradiction) croient pouvoir le faire
en usant de termes nés dans un tout autre contexte de pensée, — par exemple
i?v Bruno Puntel qui, dans son ouvrage intitulé Darstellung, Méthode una
Struktur (Bouvier 1973) parle de schème « transcendantal ». Mais cette
expression, qui peut difficilement s’entendre, malgré les attendus très inté-
% ressants qu’introduit ici l’auteur (pp. 133 sq.) sans ses connotations kan-
tiennes, risque bien de trahir le propos. Le mieux serait sans doute de s’en
tenir ici, comme le fait Hegel, au terme de fondement.

XVIII
PRÉSENTATION

de l’œuvre, dans l’enchaînement signifiant de la Qualité, de


la Quantité et de la Mesure **. Ne peut-on raisonnablement inférer
de là que ce mouvement commande aussi, en fondement qu’il
est, le reste du procès rationnel, qui représente par rapport à lui
une expression que nous avons dite « plus achevée » — c’est-à-
dire, à tout prendre, postérieure, chronologiquement, mais aussi,
pour une part, logiquement3,3 ? Exposons tour à tour ces deux
points.

1. Parler de l’immanence du mouvement de réflexion aux


déterminations de l’Etre, c’est parler d’un certain mode de rapport
entre l’intérieur et l’extérieur. En effet, l’enchaînement des
moments de l’Etre est pris tout entier, nous l'avons dit, dans
l’économie de transitions extérieures où le « passer » (le Ueber-
geben) accompagne le regard à la surface des choses, les dis­
posant (ou les trouvant disposées) selon l’ordre d’une intelligi­
bilité qui ne livre pas, hic et nunc, sa raison dernière. Inutile de
rappeler ici comment ce mouvement transitif, en s’involuant
dans le jeu d’une totalisation qui fait de la Mesure l’unité qua­
lifiée de la Qualité et de la Quantité, découvre, au centre de
ce procès, comme sa ligne de fuite vers sa propre origine, la
question décisive portant sur le pourquoi, autrement dit sur la
raison ou le fondement intérieurs. Intériorisation donc,
qui dessine, sous le miroitement de moments apparemment dis­
joints, 1’ « arrière-fond37 », ou encore le passé intemporel38 de
cela même qui est. Et, bien sûr, dans cette transition suprême,
dans cet acte intérieur où l’Etre passe à l’Essence, se découvre
d’abord comme un redoublement « apparent », cette fois dans
l’ordre de la profondeur, des juxtapositions transitives qui étaient
jusqu’alors la loi de la relation entre les différents moments
de l’Etre : l’Essence « paraît » d’abord être, non l’intériorité
de l’Etre, mais une réalité nouvelle, totalement connumérable à
lui et pondérable en elle-même. D’où la dialectique justement
capitale du Schein39, au cours de laquelle nous voyons l’Essence
sursumer toute opposition dualisante par rapport à l’Etre dont

35. Cf. notre Présentation de « L’Etre », p. XXIV.


36. Pour une part, — car le concept, nous l’avons dit, est absolument
premier. Mais il s’agit alors du Concept comme totalité, et non du Concept
comme troisième partie de la Logique.
37. Le Hintergrund de la première page de « La Doctrine de l’Essence ».
Cf. ci-dessous, p. 1.
38. « L’Essence est l’être passé, mais intemporelleraent passé (cf. ci-
dessous, p. 2).
39. Cf. ci-dessous, pp. 9 sq.

XIX


PRÉSENTATION

elle provient, et s’affirmer face à lui dans une relation de dualité


fonctionnelle40 qui fait de lui l’extériorité intérieure de l’inté­
riorité qu’elle est — le paraître de soi dans soi-même41 ».
Alors peut s’exposer, dans sa pure abstraction, le mouvement
de la réflexion, où la souple structure vivante de tout ce qui
est (étant l’intérieur de l'Etre et de tout être sous son universalité
logique) dessine le rythme originel de la réalité, sa pulsion
intime42. Viennent ensuite les « déterminations-de-réflexion »,
qui posent, dans la pure intériorité de l’Essence, les moments
intelligibles et comme les nœuds de signification universels qui
donnent à connaître, dans l’abstraction de l’analyse essentielle,
les catégories partout à l’œuvre en toute réalité : Identité, Dif­
férence, Contradiction43, enfin, et dans le même mouvement, le
Fondement, avec sa culmination dans le rapport « conditionnant »
entre la totalité des éléments premiers constitutifs de la réalité
et la pure existence de la Chose44. C’est en ce point que 1’ « arrière-
fond » en vient, sans cesser d’être l’autre originant, à émerger
à la surface du monde, innervant désormais et déployant de
façon explicite les déterminations de l’existence entendue comme
« être essentiel45 ». Ainsi, de l’Etre à l’Existence, transitons-nous
d’un immédiat immédiat à un immédiat devenu, par le jeu d une
médiation qui entraîne la réalité première à se ressourcer dans sa
propre intériorité fondamentale. Désormais, toute catégorie (ou
plutôt tout couple catégoriel) donnera à entendre cette présence
effective, dans l’extériorité de l’être existant, de l’intériorité de 1 es­
sence qui le pose. La loi des relations ainsi mise au jour ne sera
plus celle du « passer (Uebergeben), mais celle du « poser »
(Setzen) qui, par le jeu de l’identité entre 1’ être-posé »
(Gesetztsein) et 1’ « être-présupposé » (I? oransgesetztsein), iden­
tifie contradictoirement, dans leur diversité structurelle, la surface
et le fond, l’extérieur et l’intérieur, le phénomène et l’essence, la
. réalité et son fondement.
Ainsi se trouve exposé, dans son fondement, le principe de

40. En comprenant que le mauvais dualisme est ici relayé par la dualité
signifiante.
41. Cf. ci-dessous, p. 16.
42. Cf. ci-dessous, pp. 17 sq.
43. Cf. ci-dessous, pp. 34 sq.
44. Cf. ci-dessous, pp. 88 sq.
! i’!
45. Cf. ci-dessus, p. XVI, note 25.
Un 46. Les deux chapitres sur lesquels s’achèvent et dans lesquels s accom­
I- plissent les sections 2 et 3 de l'Essence (Le Phénomène, L’Effectivité) s intitu ent
respectivement « La relation de la force et de son extérioration » (cf. ci- es-
sous, pp. 199 sq.) et « La relation absolue » (cf. ci-dessous, pp. 268 sq.).

xx

Ûi
PRÉSENTATION

l’appréhension globalisante47 d’une extériorité désormais saisie


de façon explicite comme intériorité extériorisée. Alors les sec­
tions 2 et 3 de « La Doctrine de l’Essence » peuvent réinterpréter,
en les fondant et en les enracinant dans leur unité intelligible,
les moments que « L’Etre » avait présentés d’abord selon une
juxtaposition apparente : la chose et ses propriétés, comme expres­
sion de l’Existence43; le tout et ses parties, ou encore l’intérieur
et l’extérieur, comme diction du Phénomène49 ; enfin les rapports
de substantialité50 et de causalité01, où l’Effectivité se donne à
connaître comme absolue dans la relation d’identité contradictoire
entre sa nécessité intérieure et la liberté de son apparaître52.
Le terme de ce procès de réinterprétation étant, selon le dessein
fondamental de toute la philosophie de Hegel53, la position de
la substance comme sujet, c’est-à-dire l’accès au « royaume de
la subjectivité ou de la liberté54 » de cette objectivité essentielle
que sont l’Existence et l’Effectivité. Ce qu’il faudrait développer
de la sorte : le domaine de l’objectivité objective et subjective
s’accomplit dans le mouvement réflexivement fondé de la sub­
jectivité subjective et objective.

2. S’il est vrai que le mouvement fondateur de la réflexion et


de ses déterminations constitue ainsi la « structure référentielle »
qui permet de déployer et d’interpréter tout le contenu de
« L’Etre » et de « La Doctrine de l’Essence », en va-t-il de même
pour la dernière partie de l’œuvre, la « Doctrine du Concept » ?

47. On dirait aussi bien principe de totalisation si l’on ne craignait de


donner prise par là à la critique radicale d’un Emmanuel Lévinas opposant
le statisme fermé de la « totalité » au mouvement ouvert de 1’ « infini ».
En fait, pour un Hegel, la totalité visée (mais non possédée) est comme
le corps et le principe d’effectivité de l’intériorité dynamisante qu’est le
véritable mouvement infini.
48. Cf. ci-dessous, pp. 153 sq.
49- Cf. ci-dessous, pp. 202 sq. et 217 sq.
50. Cf. ci-dessous, pp. 270 sq.
51. Cf. ci-dessous, pp. 275 sq.
52. Effectivité : cf. ci-dessous, p. 227. Absolu : p. 229- Nécessité :
pp. 248 sq. Liberté : cf. la transition au Concept, pp. 294 sq. En particulier
cette affirmation : « La nécessité ne parvient pas à la liberté du fait qu’elle
disparaît, mais du fait que seulement son identité encore intérieure se trouve
manifestée ; une manifestation qui est le mouvement identique du différencié
dans soi-même, la réflexion dans soi de l’apparence comme apparence ».
Cf. ci-dessous, p. 295.
53- « Selon ma façon de voir, qui ne doit se justifier que par la présen­
tation du système lui-même, tout dépend de ce point essentiel, appréhender
le vrai, non comme substance, mais justement aussi bien comme sujet » :
Fh. G. 19/24 sq. (I 17/1 sq.).
54. Cf., ci-dessous, p. 296 : « Cela est le concept, le royaume de la
subjectivité ou de la liberté ».

XXI
LJ.

PRÉSENTATION

La chose est délicate, et, il va de soi, d’une extrême importance


pour l’exacte intelligence de l’économie globale tant de la
Science de la logique elle-même que du Système subséquent
(Encyclopédie des Sciences philosophiques).
Dans l’unité posée de la nécessité et de la liberté, c’est bien
le contenu de la réalité (de toute réalité) qui se trouve appréhendé
dans son auto-mouvement. Pourtant, Hegel n’enchaîne pas direc-
tement sur la présentation des sciences réelles » (Nature,
Esprit), mais sur une nouvelle détermination logique des rapports
entre subjectivité et objectivité (entre sujet et substance) envisagée
cette fois du point de vue (?) de la subjectivité. Réservant à
notre Présentation de la Doctrine du Concept » toutes les
précisions techniques qu’il convient d’élaborer à ce propos, il
nous faut cependant évoquer ici, fût-ce de façon sommaire, le
type de lecture de cette Science de la Logique subjective
que commande et auquel introduit la véritable appréhension
esquissée ci-dessus du rôle proprement médiateur de La Dcc-
trine de l’Essence ».
Une telle approche, nécessaire pour celui qui, comme il
convient, lit la totalité de l’œuvre selon la structure explicite
que trahit l’ordre des développements, n’est cependant légitime
que si l’on prend garde d’abord de marquer, entre Essence et
Concept, les différences fondamentales existantes, — tout ainsi
que l’Essence avait dû d’abord, avant de se poser comme son
intériorité, s’opposer à l’extériorité première de l’Etre. — « La
négativité de l’essence, écrit Hegel au début du texte que Ion
trouvera en ce volume, est la réflexion, et les déterminations
[sont des déterminations] réfléchies, posées par l’essence elle-
même et restant dans elle comme sursumées55. » Sous cette appro­
che particulière, la réflexion représente en effet le type de
£# négativité qui est propre à l’essence, et s’épuise dans le détour
médiatisant qui lui permet, ayant accueilli en elle l’immédiat pre­
mier (ou plutôt n’existant elle-même que comme sa sursomption)
de le produire à nouveau comme réalité devenue. Mais ce dépas­
' sement et de l’immédiateté première et de son propre mouve-
ment de médiation, s’il aboutit bien, comme nous le disions plus
: haut, à poser (à rétablir) dans sa vérité le contenu de la réalité,
ne. peut dépasser, par nécessité structurelle, l’affirmation encore
formelle, dans l’analyse du rapport de substantialité, de cette
validité fondamentale de tout ce qui est. Pourquoi ? Parce que
l’unité contradictoire de l’intérieur et de l’extérieur reste ici mar-
:
s ' ■ 55. Cf. ci-dessous, p. 5.

XXII

I
PRÉSENTATION

quée par la détermination « objective » du point de départ


et du terme de tout le processus que déploient ces deux pre­
miers livres de la Science de la Logique. Nous retrouvons là,
intimement imbriquée à la partition ternaire de l’œuvre, sa
division signifiante en deux tomes. Pour le dire en d’autres termes,
c’est seulement dans l’objectivité qui traverse le mouvement
allant de l’être à l’existence et à l’effectivité substantielle que sujet
et objet sont ici présentés dans leur commune signification univer­
selle. Sans doute, au cœur de ce procès et comme sa raison fon­
damentale, la première section de « La Doctrine de l’Essence »
atteste bien déjà la présence vivifiante et dynamisante de l’in­
tériorité ; mais cette intériorité, pour fondamentale quelle soit,
et bien quelle sursume cette « apparence » d’unilatéralité sienne
en même temps que celle du terme dont elle provient d’abord,
exige pourtant, au-delà de la réassomption quelle opère de tout
le champ de l’effectivité, d’être à nouveau prise en compte
pour elle-même, mais cette fois dans la validité intérieure du
contenu qui est désormais explicitement le sien : de l’affir­
mation formelle de l’unité entre le sujet et l’objet dans l’objec­
tivité de la substance, il faut donc en revenir à leur unité désor­
mais effective et concrète dans la subjectivité du concept libre .
Tel est le sens de la première section de la « Doctrine du
Concept ». Telle, elle se trouve donc déterminée, ainsi que nous
le disions plus haut, comme une expression « plus achevée »
du mouvement que portaient déjà les différents moments de
la Réflexion essentielle. M. Vincenzo Vitiello, dans le texte que
nous avons discuté plus haut, le reconnaissait, nous accordant que
les structures référentielles exposées par le développement de la
Réflexion commandent bien toute la suite du discours logique,
jusques et y compris l’enchaînement du Concept, du Jugement
et du Syllogisme qu’analyse la section consacrée à la Subjec­
tivité dans la Doctrine du Concept ». Mais il posait là une
barrière farouche, et tentait de mettre en lumière une « nou­
veauté » radicale qui interviendrait avec la section suivante, con­
sacrée à l’Objectivité. Pourtant, si la subjectivité conceptuelle
contient bien en elle, ainsi qu’il fut dit, toute l’objectivité plei-
56. Soit dit en passant, une telle considération nous paraît capable de
jeter quelque lumière sur l’irritant problème du parallélisme de principe
affirmé par Hegel entre sa Phénoménologie et sa Logique (et même s’il
s’agit de la Logique de Jena, la seule qu’il ait élaborée en 1807) : en effet,
les deux parties de « La Logique objective » (Etre et Essence) ne portent
pas plus loin que les développements de la Conscience (Certitude sensible,
Perception, Force et Entendement), et c’est sur une identique considération
de la liberté que s’ouvrent « La Logique subjective » et la Conscience de soi.

XXIII

1
r PRÉSENTATION

nement accomplie de l’Existence et de l’Effectivité, c’est bien


d’elle-même et selon les canons de sa propre intelligibilité qu’elle
peut et doit maintenant les tirer et les produire à nouveau —
et le finalisme qui anime désormais cette lecture et cette fac­
ture nouvelles de l’immédiateté vient de la découverte de ce
que le souvenir du souvenir, ou l’autre intemporel de l’immé­
diat premier, est aussi le lieu et la raison de son accomplisse­
ment dernier. Et ce, non dans la facilité illusoire d’une simple
translation de l’avant vers l’après, mais dans l’évidence devenue
de ce que l’essence, niant toute spatialité et toute temporalité
finies, est origine et terme, raison fondamentale et raison finale.
A nouveau, d’ailleurs (et ce sera l’ultime ressaut de la
logique comme logique), cette Objectivité de la Subjectivité (cette
objectivité du concept subjectif) se déterminera, par rapport à la
première section de ce troisième Livre, dans une tension signi­
fiante qui appellera sa résolution (sous les espèces de l’immédia-
teté du vivre » et de la médiation du « connaître ») dans
l’ultime section de l’œuvre consacrée à l’Idée57. Alors, la tota­
lisation logique, désormais pleinement assurée, en viendra à
coïncider avec la totalisation des différentes parties du Système —
l’unité fondamentale de la Logique se diffractant dès lors, si l’on
en croit l’ultime syllogisme (celui de la nécessité) sur quoi
se clôt YEncyclopédie, dans ses propres expressions particularisées
que sont et que seront la Nature et l’Esprit58. Mais il est une
condition absolue pour que cette présentation du tout comme
tout puisse s’effectuer hors de tout danger d’extériorité non rache­
tée ou non clarifiée, c’est que la Logique, à son niveau intégratif le
plus universel, apparaisse réellement comme totalité une, pleine­
ment homogène à elle-même dans son mouvement de différen­
ciation interne : de cette unité, le mouvement de la Réflexion est,
non point le garant, mais la première expression délivrée de
toute mauvaise ambiguïté; et c’est pourquoi il est bien la
matrice, ou plutôt, comme il fut dit, la cellule rythmique origi­
nelle de tout le contenu postérieur qu’il assure dans l’unité
de sa compréhension formelle.
Ainsi donc, il n’est point de danger de placer trop haut
l’importance et la portée spéculative de « La Doctrine de l’Es-

57. « Il faut accorder, en tout état de cause, que le concept comme tel
n’est pas encore complet, mais doit s’élever dans Vidée, laquelle seulement
est l’unité du concept et de la réalité » : Logik II 225/6.
58. Sur la réassomption systématique du contenu de la Logique elle-même,
cf. Logik II 499/22-504/26 ; et sur la détermination prospective du contenu
systématique qu’expose l'Encyclopédie, cf. Logik II 504/27-506.

XXIV
PRÉSENTATION

sence ». En elle s’expose bien, dans son formalisme premier,


« la structure ontologique de tout ce qui est » — et bien
au-delà du « concept du concept 59 : jusqu’au « concept adé-
quat60 », ou encore jusqu’au « concept complètement posé61 »
qui, au travers et au-delà de la Subjectivité et de l’Objectivité de
la « Logique subjective » ressaisies dans leur fondamentale unité,
porte jusqu’aux limites extrêmes du Système — expression la
plus complexe mais aussi la plus exactement proportionnée à son
objet de la Réflexion totale, entendue comme réflexion posante,
réflexion extérieure et réflexion déterminante. Car c’est bien le
concept qui « forme en et hors de soi la réalité qui a dis-
paru en lui02 »,

III. CARACTÉRISTIQUES DE LA PRESENTE TRADUCTION

Présentant notre traduction de L’Etre dans sa version de 1812,


nous pouvions nous dispenser de toute référence à un texte
français, puisque ces pages, en leur état premier, n’avaient pas
encore été produites dans notre langue. Et même s’il avait pu
nous arriver, pour les parties communes à la première et à la
seconde version, de consulter le texte français de St. Jankele-
vitch03, nous n’avions certes aucun jugement d’ensemble à porter
sur une œuvre que la nôtre ne recouvrait que fort partiellement.
S’agissant cette fois de « La Doctrine de l’Essence », c’est bien
du même texte de base qu’il s’agit chez St. Jankelevitch et chez
nous. A vrai dire, celui-ci ne donne aucune indication sur l’édition
dont il a fait choix pour son travail. Mais, comme il en
prend, il faut l’avouer, à son aise avec la lettre du texte, modi­
fiant la ponctuation, passant parfois sous silence des termes ou
des phrases, bouleversant des paragraphes, et, de plus, ne s’en
tenant à aucun code tant soit peu fixé, même quand il s’agit
des termes techniques les plus fermement élaborés par Hegel,
il ne pouvait être question de nous situer par rapport à lui —
sauf à préciser que les principes fondamentaux dont nous avons
fait choix nous ont entraînés très évidemment vers d’autres eaux.
Sur ces principes, nous nous sommes expliqués dans la Pré-

59. Logik II 235/25 (et 219/30).


60. Logik II 237/4, 254/38 et 407/3.
61. Logik II 238/22. Et aussi : « le concept se concevant * (Logik II
504/36).
62. Logik II 229/38. C’est nous qui soulignons le et.
63. Hegel, Science de la Logique, 2 tomes, Aubier 1947 et 1949.

XXV

I - .
PRÉSENTATION

sentation de « L’Etre », et nous nous permettons de renvoyer à


ce texte64. Rappelons-en simplement l’essentiel : pour tous les
termes techniques (et pour beaucoup d’autres qui ne le sont pas),
nous avons adopté une très stricte correspondance univoque entre
l’allemand et le français (de ces correspondances, on trouvera une
nomenclature, réduite à l’essentiel, ci-dessous, dans le Glossaire
publié en appendice du présent volume). Toute modification,
quelle qu’elle soit, est indiquée en note. — Certains, comme il
est bien compréhensible, ont contesté cette option, pensant qu’il
aurait été préférable, pour remédier à la relative pauvreté de
la langue philosophique française, de diversifier les termes alle­
mands en leur donnant des traductions variées suivant le contexte
immédiat et la situation dans l’ensemble de l’œuvre. Disons-le
tout net : pareille méthode nous semble, dans l’occurence, dépour­
vue de signification. En effet, il est essentiel de savoir que
la langue de Hegel est étonnamment concentrée et avare de
termes ; et par là nous visons moins la brachylogie légendaire
ie certaines expressions que le nombre relativement peu élevé
le concepts que comporte ce texte — mais selon l’ordre d’une
.ichesse harmonique qui provient d’une grande rigueur au niveau
des récurrences en même temps que d’une transformation pro­
gressive de la signification formelle de ces termes sous la poussée
dît contenu qui en eux se trouve pris en compte. De la sorte,
effectivement, l’acception de certains concepts fondamentaux se
déploie, s’enrichit, bref, évolue. Mais cette évolution, loin d’être
signe d’une dérive qui amènerait le signifiant aux limites de la
rupture (et justifierait l’emploi d’un autre vocable), se déroule
sur fond d’une continuité linguistique qui se trouve être garante,
précisément, de l’identité du contenu sous sa diversification for­

melle. Or il est capital que ce phénomène, qui tient à la conjonc­
tion de la linéarité et de la circularité du penser, soit également
sensible sous le texte français. D’où ce qu’un critique sympa­
thique de notre traduction de « L’Etre » a appelé notre « parti
pris de littéralité65 » — parti pris qui exige, dit l’auteur, « une
véritable abnégation » (ce que sait bien tout traducteur qui fait
T. passer la fidélité à son modèle avant la joie de produire un
texte littérairement achevé). Nous acceptons aussi volontiers, dans
ce même compte rendu, que soient soulignés le « hiératisme »
(qui « ne va pas sans quelque pesanteur ») dont nous avons fait
il
f:
64. Op. cit., pp. XXV sq.
65. X. Tilliette, Archives de Philosophie, juillet-septembre 1973, P- 513-

XXVI

I
PRÉSENTATION

choix, et le souci d homogénéité sur lequel nous venons


de nous expliquer.
Au P. X. Tilliette, nous sommes encore redevables d’une
remarque qui nous a permis de nous défaire d’un de nos
« tics de traduction » : il est vrai que durch, qui marque la
médiation, se trouvait trahi dans l’expression « par le truche­
ment de » — la signification étymologique de ce mot arabe
le rapprochant davantage de 1 intermédiaire » que du véri-
table terme « médiateur ». Nous avons donc fait table rase
du « truchement », et traduit simplement durch par « par ».
— En revanche, nous ne pouvons que maintenir nos options face
à deux autres remarques d’importance : tout d’abord il nous
paraît essentiel de « retranscrire systématiquement les infinitifs
substantivés66 » ; sans doute est-il exact qu’ils sont d’un
emploi bien plus courant en allemand » : mais Hegel savait,
quand il le voulait, employer le mot simple, et l’infinitif
substantivé a presque toujours chez lui une nuance et une conno-
tation factitives qui importent grandement au sens et ce
d’autant plus que le verbe lui paraît et est effectivement plus
apte à exprimer la transitivité et le dynamisme fondamental d’une
pensée (ou plutôt d’un penser ! ) en devenir. — Le second point
en litige tient à la traduction de aufhehen, Anfhebung. Il netait
plus possible de s’en tenir au « supprimer », à la « suppression »
que Jean Hyppolite avait presque continuement utilisés dans sa
traduction de la Phénoménologie de l’Esprit — les nuances
essentielles de la conservation et de l’accomplissement étant par
là purement et simplement évacuées. Jean Wahl, pour son compte,
avait alors proposé une traduction conventionnelle : sur-primer »,
« sur-pression » 67 ; on était sur la bonne voie, tant il est évi-
dent qu’aucun mot français ne peut rendre le sens complexe
du modèle, dont aucune harmonique ne doit être sacrifiée à
une autre. L’on sait que, dans cette perspective, nous avons fait
choix des néologismes « sursumer », « sursomption »08 ; leur
invention ne nous revient pas : elle est à mettre à l’actif du
philosophe canadien Yvon Gauthier. Rappelons seulement la
justification qu’il en donne, et qui nous paraît, aujourd’hui encore,
garder toute sa force de conviction : « Nous proposons, écrit-il,
la traduction “ sursumer ” et “ sursomption ” pour “ aufheben
et “ Aufhebung *\ La dérivation étymologique s’appuie sur le

66. toc. cit.


67. Archives de Philosophie, juillet-septembre 1965, pp. 331-332.
68. Cf. notre traduction de « L’Etre », p. 38, note 32.

XXVII
PRÉSENTATION

modèle “ assumer-assomption ”. La sémantique du mot corres­


pond à l’antonyme de “ subsomption ” que l’on trouve chez
Kant. La sursomption définit donc une opération contraire à
celle de la subsomption, qui consiste à poser la partie dans ou
sous la totalité ; la sursomption, 1’ “ Aufhebung ”, désigne le
procès de la totalisation de la partie. Voir là-dessus la Logique
d’iena6e. Là contre le P. X. Tilliette propose de revenir à
« dépasser, surpasser »70. Mais ces termes signifient que l’on
va au-delà de quelque chose en laissant là le contenu de ce que
Von dépasse ; or il est essentiel à l’intelligence de V « Aufhebung »
hegelienne que ce soit le contenu même de ce qui est en
jeu qui se transvalue lui-même, sans se laisser « dépasser » ou
distancer le moins du monde. Il était donc nécessaire, nous sem­
ble-t-il aujourd’hui encore, d’employer un opérateur logique
conventionnel qui ne soit pas compromis dans ces images par
trop réductrices et partielles71.
Ce parti pris de littéralité » destine-t-il notre texte par
priorité, comme le dit encore X. Tilliette, au lecteur sachant
l’allemand », qui « peut déchiffrer en transparence les expres­
sions et les tournures originales72 » ? Honnêtement, nous ne
le pensons pas. Notre ambition va plus loin : elle est de per­
mettre au lecteur français qui ignore l’allemand de se mesurer
à un texte dont il soit sûr que la systématique interne est bien
au niveau de l’original, et ce grâce à la cohérence totale de la
version française que nous lui proposons.
Enfin, terminons en rappelant certaines des conventions que
nous avons adoptées. La liste qu’on en trouvera ici est reprise,
pour l'essentiel, de notre Présentation de L’Etre » — mises
à part certaines modifications qui tiennent à la particularité
contextuelle de ce second Livre 73.
5j>-i

69. Yvon Gauthier, « Logique hégélienne et Formalisation », Dialogue,


Revue canadienne de Philosophie, septembre 1967, p. 152, note 5.
70. Op. oit., p. 514.
! 71. A notre connaissance, il n’existe qu’une autre proposition qui vaine
d'être prise en considération : celle de J. Derrida, qui parle ici de relève ».
Le mot a l'avantage de garder quelque chose des connotations étymologiques
de l’allemand (heben, « lever »), et tombe bien dans des expressions comme
< la philosophie prend la relève du christianisme ». Mais il ne peut etre
employé en toute occurrence, et il garde, d’ailleurs, une connotation négative
dominante : on ne prend la « relève » de quelque chose que de l’extérieur, et
=.«: on le laisse là, — alors que, encore une fois, c’est le contenu de ce quelque
s chose qui est raison de la transvaluation de lui-même qui s’accomplit.
72. Archives de Philosophie, juillet-septembre 1973, p. 513.
73. Op. cit., pp. XXVII sq.

XXVIII
PRÉSENTATION

1. Hegel ne donne pas, dans le courant du texte, les titres


des Remarques qu’il insère dans son développement.
Nous les avons signalés en note à partir des indications
que donne la table des matières.
2. Comme nous l’avons déjà annoncé, la double pagination
que l’on trouvera dans la présente traduction est à enten­
dre de la sorte : les chiffres entre crochets carrés renvoient
à la pagination de l’édition originale (1813), et les
chiffres qui ne se trouvent pas entre crochets carrés
à l’édition courante de Lasson. Rappelons ce que nous
avons déjà dit plus haut74 : nous avons suivi le texte
et la ponctuation de l’original, indiquant toujours en note
les rares cas où il nous a fallu, avec Lasson ou sans lui, nous
départir de cette ligne de conduite.
3. La seule note qui soit de Hegel75 est indiquée, comme dans
le texte allemand, par un astérisque. Toutes les notes
composées par nous (qu’il s’agisse d’une simple justifica­
tion de la traduction ou de commentaires explicatifs) sont
annoncées par des chiffres arabes, en numérotation conti­
nue à l’intérieur des différents chapitres.
4. Les parenthèses rondes () sont reprises du texte alle­
mand. Quant à toutes les adjonctions qu’il nous a fallu
opérer en fonction des exigences de la langue française,
elles se trouvent entre crochets carrés [ ].
5. La ponctuation de Hegel est souvent très incertaine, et
parfois manifestement erronée. Ici l’évidence du sens
commande sans hésitation possible le déplacement de
certaines virgules. Mais nous n’avons jamais modifié,
ni supprimé ni ajouté un signe majeur de ponctuation
(point-virgule, point, trait rédactionnel) sans l’indiquer
en note. Nous nous sommes efforcés par ailleurs de
respecter toujours (et jusque dans leur lourdeur) le rythme
et l’allure des phrases et des paragraphes.
6. L’usage des majuscules, surtout dans le cas des adjectifs
ou des participes substantifiés, semble ne répondre chez
Hegel à aucune règle précise. Il écrit par exemple aussi
bien ein anderes que ein Anderes. Nous n’avons pas
tenu compte de ces différences. Mais, chaque fois que le
sens pouvait être différent (simple adjectif avec nom

74. Cf. ci-dessus, p. VIII.


75. Un renvoi à la Phénoménologie de l’Esprit, ci-dessous, p. 196.

XXIX

i
PRESENTATION

sous-entendu, ou adjectif substantifié), nous avons donné


raison à l’original.
7. Nous avons traduit Etwas (ou etwas) par « quelque-
chose », avec un trait d’union ; et ein + adjectif ou par­
ticipe, soit par « un », soit par « quelque chose de »,
sans trait d’union (exemple : ein ancleres, « un autre »
ou « quelque chose d’autre »). Quand l’article indéfini
est omis en allemand, nous avons usé de crochets carrés
pour rendre les expressions indéterminées du type ùi
Aeusserlichem (« dans [quelque chose d’] extérieur »),
in einfaches (« dans [quelque chose de] simple »), etc.
8. AncLeres et eines, employés absolument et sans nulle déter­
mination, ont été rendus par « autre-chose » et « une-
chose » — expressions indéterminées qui répondent à
l’absence de spécification de l’allemand.
9. Nous avons toujours mis l’adjectif qualificatif après le
nom qu’il détermine — sauf dans le cas de bloss, « sim­
ple ». Ainsi : die blosse JJnmittelbarkeit, « la simple
immédiateté » (pour différencier de : die emfache Unmit-
telbarkeit, « l’immédiateté simple »).
10. Au risque de présenter un texte français grammaticale­
ment incorrect, nous nous sommes efforcés de traduire
toujours in par « dans », et an par « en ». Les déro­
gations à cette règle ont été signalées en note chaque
fois quelles pouvaient entraîner une ambiguïté (par
exemple lorsque s’impose l’équivalence entre in ihm et
« en lui »). Par contre, dans le cas de locutions qui sont
totalement claires par elles-mêmes, nous n’avons pas ajouté
de note justificative. Exemples : in Beziehung, « en
rapport » ; bestehen in, « consister en ».
11. Les locutions an sich, fur sich (entendues comme des opé­
rateurs logiques à signification univoque) ont été traduites
par les réfléchis impersonnels « en soi », « pour soi ». Par
contre, les expressions réfléchies semer selbst, von sich
selbst, aus sich, etc., ont été éventuellement personna­
lisées.
12. Le aber, comme il convient, a été normalement traduit
par « mais » — sauf dans les phrases négatives où il
est suivi d’un sondern : en ce cas (assez fréquent), nous
l’avons rendu par « pourtant ».
13- Il n’est pas toujours possible de distinguer dans la tra-
duction le in datif, qui indique la localisation (sans

xxx
PRÉSENTATION

mouvement) et le in -j- accusatif, qui signifie un mouve­


ment. Après un verbe qui exprime une translation de
lieu (v. g. uebergehen, « passer »), il s’agit manifes­
tement du second cas, et nous avons laissé le texte à
l’évidence qu’il porte. En revanche, chaque fois qu’un
verbe peut admettre l’une ou l’autre construction (v. g.
aufheben, sicb continnieren, etc.), nous avons précisé en
note s’il y a mouvement ou non.
14. Comme nous l’avons rappelé et justifié plus haut, nous
avons toujours marqué la différence entre le nom commun
et l’infinitif substantifié. Exemples : die Unterscheid-ung,
« la différenciation », « la distinction » ; das Unterscbei-
den, « le différencier », « le distinguer » (ou « l’acte-
de-différencier », « l’acte-de-distinguer »).
15. Selon une convention qui tend à s’imposer, nous avons
distingué Ding et Sache en faisant usage d’une majuscule
pour le second de ces termes : « chose » et « Chose ».
— Objekt terme très général et indéterminé, a été rendu
par « objet », tandis que Gegenstand, dont l’acception
est ordinairement plus précise (« ce qui se tient en face
de quelque chose ou de quelqu’un »), a été décomposé
en « ob-jet ». — Gegensatz, « opposition » fixe et pas­
sive, est distingué de Entgegensetzung, où s’exprime le
mouvement d’ « op-position » qui engendre la diffé­
rence des termes.
16. La traduction des termes composés comporte souvent de
grandes difficultés. Chaque fois que Hegel use de traits
d’union, nous les avons évidemment conservés en fran­
çais. Mais nous n’avons pas craint d’en employer dans
les autres cas. Par exemple Verhaltnisbestimmung n’est
pas Bestimmung des Verhaltnisses ; le sens est plus indé­
terminé, et signifie : détermination qui est de l’ordre
de la relation ; nous avons donc dit en ce cas « déter-
mination-de-relation » ou « détermination-relationnelle ».
Ainsi encore, entre beaucoup d’autres exemples possibles :
Formeinheit — « unité-formelle », Kausalitàtsverhàltnis
=. « relation-de-causalité ».

Toutes ces conventions, si elles alourdissent le texte français,


permettent au lecteur (et c’est là, comme nous l’avons dit plus
haut, l’essentiel de ce à quoi nous avons visé) de se fier abso­
lument à lui, dans sa littéralité. Au-delà commencent les pro-

XXXI

\
PRÉSENTATION

blêmes de l’interprétation et du commentaire : notre seul désir


a été de permettre au lecteur français de se mesurer directement
à eux. C’est pourquoi l’on nous permettra de préciser que les
très nombreuses explications ou remarques d’ordre spéculatif
que nous avons ajoutées dans nos notes n’ont pas pour but d’im­
poser une lecture ou de se substituer à un effort personnel de
compréhension : il nous a seulement semblé que nous pouvions,
à l’occasion, livrer quelques résultats élémentaires d’une fréquen­
tation quasi quotidienne de ces textes menée depuis déjà de
longues années.
SCIENCE
DE LA
LOGIQUE

par

D. Ge. Wilh. Friedr. Hegel,


Professeur et Recteur au Gymnasium Royal Bavarois
de Nuremberg

PREMIER TOME

LA LOGIQUE OBJECTIVE

DEUXIÈME LIVRE

LA DOCTRINE DE L’ESSENCE

Nuremberg
chez Johann Leonhard Schrag
1813
DEUXIEME LIVRE

L’ESSENCE

La vérité de l'être est l'essence. 3


Letre est l’immédiat. En tant que le savoir veut connaître le
vrai, ce que letre est en et pour soi, il n’en reste pas à
l’immédiat et à ses déterminations, mais traverse ce même [immé­
diat] de part en part avec la présupposition que en arrière de
cet être il y a encore quelque-chose d’autre que letre lui-même,
que cet arrière-fond constitue la vérité de l’être. Cette connais-
sance est un savoir médiatisé, car elle ne se trouve pas immédia­
tement chez et dans l’essence, mais commence à partir d’un autre,
l’être, et a à faire un chemin préalable, le chemin de l’outrepasser
de l’être, ou plutôt de l’intropasser dans ce même [être]. C’est
seulement en tant que le savoir s "intériorise à partir de l’être
immédiat que par cette médiation il trouve l’essence \ — La

1. Il est significatif que le premier mot de la Doctrine de l’Essence


soit celui de « vérité ». Toute la Science de la Logique s’organise en effet
autour de ce terme. Hegel l’a écrit dans l’introduction à cette œuvre : « La
logique (...), le royaume de la pensée pure, (...) est la vérité elle-même,
telle quelle est sans voile en et pour soi » (cf. notre traduction de
a L’Etre », édition de 1812, p. 19). Mais il est non moins significatif
que les termes de « savoir » et de connaissance », qui, chez Hegel,
relèvent toujours d’un processus et d’un devenir, interviennent eux aussi
dès le début de ce développement. Grâce à eux, nous savons que ce que
Hegel veut ici souligner à propos de la vérité, c’est qu’elle n’est pas de
l’ordre de l’immédiat, mais implique le déploiement des déterminations qui
jalonnent la connaissance que nous avons de la réalité.
Cette vérité (qui n’est pas noétique, mais proprement ontologique) est
par conséquent de l’ordre de la médiation. Elle ne peut donc s’en tenir
à ce qu’est l’être dans l’indétermination de son immédiateté logique, mais
transite vers l’essence quelle semble trouver au terme du parcours des mo-
ments de l’être. Pourtant, l’essence, ainsi qu’on le verra, n’est pas l’autre de
l’être, ce qui vient après lui, ni même simplement ce qui se tient en
arrière de lui, mais elle est sa propre dimension en profondeur, l’intériorité
de son mouvement et de son devenir ; et le déploiement total de l’essence

1
"i

1 DEUXIÈME LIVRE

langue a conservé dans le verbe sein le Wesen dans le participe


passé gewesen\ car l’essence est l’être passé, mais intemporelle-
ment passé2.
Ce mouvement étant représenté comme chemin du savoir,
[2]
ce commencement à partir de l’être et le procès qui le sursume 3
et parvient à l’essence comme à quelque chose de médiatisé appa­
raissent comme une activité du connaître qui serait extérieure à
l’être et ne concernerait en rien sa nature propre.
Mais ce processus est le mouvement de l’être lui-même. Ce
qui s’est montré en celui-ci, c’est qu’il s’intériorise par sa nature
et qu’il en vient à [être] l’essence par cet aller-dans-soi.
Si donc l’absolu était déterminé tout d’abord comme être, main-
tenant c’est comme essence qu’il est déterminé4. Le connaître
ne peut absolument pas5 en rester à Y être-là varié, mais non
plus à Yêtre, l’être pur ; ce qui s’impose immédiatement c’est
la réflexion que cet être pur, la négation de tout fini, présuppose
une intériorisation et un mouvement qui ont purifié l’être-là
immédiat pour en faire l’être pur. L’être, en conséquence, se
trouve déterminé comme essence, comme un être tel qu’en lui
est nié tout déterminé et tout fini0. Ainsi est-il l’unité simple,
n’aura d’autre sens que de révéler ce qu’elle est : existence, effectivité,
concept. .
On ne peut donc séparer Y arrière-fond dont il est ici question du mouve­
ment d’intériorisation qui anime la dialectique de l’être : ce qui est en arrière
de l’être, c’est encore l’être, non plus seulement dans son « extension » mais
dans sa « compréhension » fondamentale, — ce par quoi la vérité se prouve
comme totalité.
2. Après l’image spatiale, l’image temporelle. Pas plus que la profondeur
n’impliquait juxtaposition fixe, le procès logique n’implique une succession
chronologique. Evoquant plus une allitération qu’une étymologie au sens
strict de ce mot, Hegel rapproche l’essence (Wesen) du participe passe
(gewesen) du verbe être (sein) : nouvel indice de ce que 1 essence nest
autre que l’être en tant qu’il s’enracine en lui-même. Avec cette précision
d importance : la négation paradoxale de l’antériorité chronologique du passe
ramène ici à l’éternité du présent qu’évoquait déjà la dernière page de la
Logique dç Jena. — Cf. Pierre-Jean Labarrière, Les Structures intemporelles
du Procès de l'Essence, in Archives de Philosophie, octobre-décembre 1970,
PP. 701-718.
3. Sur la convention qui nous fait rendre aufheben par le néologisme
rançah « sursumer », cf. notre traduction de « L’Etre », édition de 1812,
'oQ0te ^-dessus, dans notre Présentation, pp. XXVII-XXVIII.
‘ '' u détermination première de l’absolu comme être, voir le texte
danî ^ Dre * '■ « Quel doit être le commencement de la Science ? > »
dévPwe traducti°n> pp. 46, 51; et dans la Remarque 2 à l’intérieur du
de ]>absoinent C0Dsacré au Avenir, ibid, p. 72. — Quant à la détermination
troisièmp essence, elle sera thématisée pour elle-même dans la
5- VOlum6’ Cf- ci-dessous’ 229 Sq'

venu à^on^nfirfrt début de ce texte, a pu affirmer que l’essence est l’être


rite véritable, c’est que l’être pur lui-même, qui constitue 1^

2
l’essence

dépourvue-de-détermination, de laquelle le déterminé a été retiré


d’une manière extérieure ; pour cette unité le déterminé lui-même
était quelque chose d’extérieur, et après cet acte-de-retirer il se
tient encore en face d’elle ; car il ne s’est pas trouvé sursumé en
soi, mais relativement, seulement par rapport à cette unité7. — On
a déjà rappelé ci-dessus que si l’essence pure se trouve déterminée
comme concept-intégratif de toutes les réalités, ces réalités égale-
ment relèvent de la nature de la déterminité et de la réflexion
abstrayante, et ce concept-intégratif se réduit à la simplicité vide.
L’essence de cette manière n’est que produit, quelque chose de fait. [33
La négation extérieure, qui est abstraction, ne fait qu’ôter les déter-
minités de l’être de ce qui reste comme essence ; elle ne fait pour
ainsi dire que les placer toujours en un autre lieu, et les laisse
comme [déterminités] qui-sont, après comme avant. Mais l’essence
n’est, de cette manière, ni en soi, ni pour soi-même ; elle est par un
autre, [savoir par] la réflexion abstrayante, extérieure, et est pour
un autre, savoir pour l’abstraction et en général pour l’étant qui
se tient en face d’elle. Dans sa détermination elle est par consé­
quent l’absence-de-détermination dans soi morte, vide8.

point de départ de toute l’œuvre, présuppose une longue histoire. Il est en


effet le résultat du processus d'intériorisation grâce auquel la conscience, s’ar­
rachant à 1’ « étrangèreté » première du sujet et de l’objet, s’est élevée, au
terme de la Phénoménologie de l’Esprit, jusqu’à la « simplicité » de l’élément
de la Science. Autrement dit, l’être pur ne peut s’intérioriser jusqu’à cette pro­
fondeur sienne qu’est l’essence que parce qu’il est lui-même l’aboutissement
d’un processus autre et identique d’approfondissement et d’intériorisation. Car
partout, si l’on peut dire, où l’être vient à être, c’est l’essence qui est à l’œuvre.
L’intériorisation de l’être que manifeste l’essence est donc déjà présente dans
l’intériorisation que présuppose l’être pur.
Sur la relation entre la Phénoménologie de l’Esprit et les « essentialités
pures » de la Logique, cf. notre traduction de « L’Etre », p. 7, pp. 18-19,
p. 39.
7. Hegel vient de dire que l’être pur, sur lequel s’ouvre la Science de la
Logique, est le résultat d’un processus d’intériorisation qui a sursumé les
déterminations immédiates et sensibles de la conscience. D’où le constat d’une
« extériorité » première et immédiate entre l’être et ce qu’il présuppose, —
et l’affirmation concomitante de ce que l’être pur, c’est-à-dire en première
analyse l’être dont toute détermination a été retirée, est lui-même indéterminé.
D’où la nécessité qui lui incombe de réassumer son propre être-devenu en
se donnant à lui-même ses déterminations, — ce en quoi consiste le processus
de l’essence comme intérieur à celui de l’être, et, en dernière analyse, identique
à lui. Il n’est donc pas étonnant, et c’est ce que vont montrer les lignes qui
suivent, que le même processus d’extériorité et de réduction de cette extériorité
se joue maintenant entre l’essence et l’être.
8. A propos du « concept-intégratif », cf. L’Etre », notre traduction,
pp. 92-93 et p. 112. Il est à noter que, dans ces passages, Hegel parlait de
l'être comme « concept-intégratif de toutes les réalités » ; il parle ici, à ce
propos, d’essence pure, expression qui marque bien que l’essence, à ce stade,
n’est considérée que dans sa relation d’identité oppositive à l’être, — relation

3
:
1 : -
DEUXIÈME LIVRE

Mais l’essence, telle quelle est ici devenue, est ce quelle est non
par une négativité étrangère à elle, mais par sa [négativité] propre,
le mouvement infini de l’être. Elle est être-en-et-pour-soi ; être-en-
soi absolu, en tant quelle est indifférente en regard de toute
déterminité de l’être, [en tant que] 1 etre-autre et le rapport à
autre-chose s’est trouvé purement-et-simplement sursumé. Pourtant
elle n’est pas seulement cet être-en-soi ; comme simple être-en-soi
elle ne serait que l’abstraction de l’essence pure ; mais elle est tout
aussi essentiellement etre-pour-soi | elle-meme elle est cette néga­
tivité, l’acte-de-se sursumer de l’être-autre et de la déterminité9.
L’essence, [entendue] comme le retour parfait de l'être dans
soi, est ainsi tout d’abord l’essence indéterminée ; les déterminités
de l’être sont sursumées dans elle ; elle les contient en soi ; mais
non pas comme elles sont posées en elle. L’essence absolue, dans
cette simplicité avec soi, n a pus detie-lu. Mdis il faut quelle
passe à l’être-là ; car elle est être-en-et-pour-soi, c’est-à-dire elle
5 différencie les déterminations quelle contient en soi ; parce quelle
[4] est acte-de-se repousser de soi ou indifférence en regard de soi, rap­
port négatif à soi, elle se pose par là en face de soi-même, et n’est
être-pour-soi infini que dans la mesure où elle est l’unité avec soi
dans cette différence sienne par rapport à soi10. — Ce déterminer
est donc de nature autre que le déterminer dans la sphère de l’Etre,
et les déterminations de l’essence ont un caractère autre que les
déterminités de l’être. L’essence est unité absolue de l’être-en-et-
pour-soi11 ; son déterminer reste par conséquent à l’intérieur de

qui la compromet comme essence et qui, paradoxalement et nécessairement,


la ravale à n etre que l’ombre de l'être. Elle devra donc, elle aussi, prouver
qu’il lui revient en propre de se donner ses déterminations, réassumant par
là la réalité qu’est l’être, et s’avérant elle-même « être essentiel » (cf. ci-des­
sous, au début de la deuxième section, p. 145).
9. Sous la qualification logique de l’être-en-soi (c’est-à-dire dans l’immé-
diateté de son surgissement), l’essence, « indifférente » à l’être, n’est, si l’on
peut dire, rien de plus que lui. Mais comme être-en-et-pour-soi, c’est-à-dire
comme totalité, elle est l’acte de se déterminer elle-même ; elle est négativité,
— de cette négativité propre qui, paradoxalement, est aussi l’acte par lequel
1 être-autre (en l’occurrence l’être et son cortège de déterminations) se sursume
et s accomplit lui-même comme « être essentiel ».
10. L’essence est donc d’abord l’être qui, par sursomption de ses détermi­
nités, a fait pleinement retour dans soi : comme telle, elle est, en première
approche, in-déterminée, tout comme l’était initialement l’être lui-même, dont
e e nest ici, si l’on peut dire, que le renversement immédiat. Dès lors,
aventure propre de l’essence comme essence consiste à poser en elle les
déterminations qu’elle ne contient qu'en soi, c’est-à-dire qu’elle ne contient
encore que comme un héritage immédiat, et, selon l’apparence, extérieur, du
procès de l’être.
i *i! c^nS ^ é^°n **asson> cette brachylogie du texte original est expliquée
rr e ^.essenc® es* unité absolue de l’être-en-soi et [de l’être] -pour-
s i. » e qui n ajoute rien à une expression en elle-même parfaitement claire.

4
l’essence

cette unité, et n'est pas un devenir ni un passer, de même que les


déterminations elles-mêmes ne sont pas quelque chose d'autre
comme autre, ni des rapports à autre-chose ; elles sont des auto­
nomes, mais cela seulement comme des termes qui sont dans leur
unité les uns avec les autres. — En tant que l’essence est d’abord
négativité simple, elle a maintenant à poser dans sa sphère la
déterminité quelle ne contient qu’t?w soi, pour se donner être-là
et ensuite son être-pour-soiJ\
L’Essence est dans le tout ce qu’était la Quantité dans la sphère
de l’Etre ; l’indifférence absolue en regard de la limite. Mais la
Quantité est cette indifférence en détermination immédiate, et la
limite en elle [est] 13 déterminité immédiatement extérieure, elle
passe dans le Quantum ; la limite extérieure lui est nécessaire et est
en elle ce-qui-est. En l’Essence par contre la déterminité n'est pas ;
c’est seulement par l’Essence elle-même quelle est posée ; non pas
de façon libre, mais seulement dans le rapport à son unité. — La
négativité de l’Essence est la réflexion, et les déterminations
[sont14 des déterminations] réfléchies, des [déterminations] posées
par l’Essence elle-même et des [déterminations] restant dans elle
comme sursumées ,J.

12. Texte capital au plan de la méthode et du mouvement logique. Les


déterminités de l’être, dans leur relative extériorité linéaire, exigeaient que
l'on passe de l'une à l'autre ; désormais, dans l’essence, toutes les déterminations
sont référées à la totalité, au centre dont elles procèdent et qui les pose.
13. L’édition Lasson ajoute à juste titre ce est, qui ne se trouve pas dans
l’original.
14. Le texte de Lasson ajoute ici le verbe sont, qui était sous-entendu dans
l’original.
15. Le mouvement de l’être consiste à parcourir les déterminités dans
l’extériorité de leur être-là ; celui de l’essence, à tout le moins dans la première
section de ce Livre, pose au contraire les déterminations dans leur intériorité
fondamentale, autrement dit les pose d’abord comme sursumées. , . Cette
« réflexion » (catégorie non plus noétique, mais ontologique) était déjà,
secrètement, l’âme du déploiement de l’être (cf. notre traduction de « L’Etre »,
p. 53, note 5) ; mais c’est maintenant seulement quelle coïncide en plénitude
avec le processus logique.
Quant aux relations structurelles qui se trouvent visées au début de ce
paragraphe, il faut bien reconnaître qu’elles ont avant tout une signification
formelle (au sens courant de ce terme)- Certes, la Quantité à l’intérieur de
l’Etre et l’Essence à l’intérieur de la Logique occupent toutes deux une place
médiane ; et elles ont en commun, ainsi que le dit Hegel, d’être « indifférence
absolue en regard de la limite ». Mais cette indifférence n’est nullement
univoque. Dans le premier cas elle se fige en la juxtaposition de quanta
qui ont chacun leur être-là propre, 0pP°sitif et excluant (sur cette différence
quantitative indifférente à la limite, cf. notre traduction de « L’Etre », Remar­
que des pages 165-166) ; dans le second cas l’indifférence est intérieure et
toute relationnelle : comme Hegel l’a dit plus haut, il s’agit en effet de
l’indifférence de l’essence en regard, de soi, — négation qui pose des déter­
minations réfléchies, cest-à-dire sursumêes dans le principe et le centre qu’elles
pré-supposent et dans lequel elles se réouvrent idéellement.

5
DEUXIÈME LIVRE

L’Essence se tient entre Etre et Concept et constitue leur


[5] moyen-terme, et son mouvement le passage de l’Etre dans le
Concept. L’Essence est Xêtre-en-et-pour-soi, mais [elle est] ce
même [être-en-et-pour-soi] dans la détermination de l’être-en-
soi ; car sa détermination universelle est de provenir de l’Etre,
ou d’être la première négation de l’Etre. Son mouvement consiste
à poser en elle la négation ou détermination, par là à se donner
être-là, et à devenir, comme être-pour-soi infini, ce qu’elle est en
soi. Ainsi se donne-t-elle son être-là, qui est égal à son être-en-soi,
6 et devient le Concept. Car le Concept est l’absolu tel que, dans
son être-là, il est absolument ou en et pour soi. Mais l’être-là
que se donne l’Essence n’est pas encore l’être-là tel qu’il est en
et pour soi, mais tel que l’Essence se le donne ou tel qu’il se
trouve posé, partant encore différent de l’être-là du Concept16.
L’Essence paraît d’abord dans soi-même ou est réflexion ;
deuxièmement elle apparaît ; troisièmement elle se révèle. Elle
se pose, dans son mouvement, dans les déterminations suivantes :
I. comme Essence étant-en-soi, simple, dans ses déterminations
à l’intérieur de soi ;
II. comme sortant dans l’être-là, ou selon son Existence et
Phénomène ;
III. comme Essence qui est un avec son phénomène, comme
Effectivité11.

16. Hegel précise dans ce paragraphe sa réflexion sur les structures d en­
semble de la Logique. Au plan le plus extérieur (car nous savons que son
économie n'est plus celle du « passer », mais celle du « poser »), l’Essence
est appréhendée comme le « passage » entre Etre et Concept, — ou plus
exactement comme le passage de l'Etre dans le Concept. C’est dire que, comme
tout moyen-terme, l’Essence n’a pas de lieu ni de durée propres (n’est-elle
pas 1’ « arrière-fond », 1’ « intemporellement passé » ?)• Ressourcement de
l’Etre dans sa première négation de soi (première section), elle en vient a
poser nécessairement ses déterminations intérieures dans 1 extériorité du
Phénomène et de l’Effectivité (deuxième et troisième sections),^ — ce qui est
la première émergence de la réalité conceptuelle, désignée dès lors comme
« être essentiel ».
17. Paraître (scheinen), apparaître (erscheinen), se révéler (sich offenba-
ren) : ces trois verbes jalonnent le procès d’extériorisation de l’essence, d’abord
et pour le premier dans l’abstraction de son intériorité, ensuite et pour les
deux derniers dans 1 immédiateté retrouvée de l’être désormais fondé explici-
tement dans sa raison essentielle.
PREMIÈRE SECTION [6] 7

L’ESSENCE COMME REFLEXION


DANS ELLE-MÊME1

L’essence provient de l’être ; dans cette mesure elle n’est pas


immédiatement en et pour soi, mais un résultat de ce mouve-
ment-là. Ou bien l’essence, prise tout d’abord comme un immé­
diat, est un être-là déterminé auquel un autre fait face ; elle
est seulement être-là essentiel en regard d’[un être-là] inessentiel.
Mais l’essence est l’être en et pour soi sursumé ; ce qui lui fait
face n’est quapparence. Seulement l’apparence est le poser propre
de l’essence2.
L’essence est premièrement réflexion. La réflexion se déter­
mine ; ses déterminations sont un être-posé qui en même temps
est réflexion dans soi ;

1. Dos Wesen als Reflexion in ihm selbst. La réflexion est donc le mou­
vement qui anime l’essence dans elle-même, c’est-a-dire dans son auto-déter­
mination intérieure. Le fait que Hegel n’emploie pas ici le réfléchi (in sich
selbst) mais le pronom personnel simple (in ihm selbst) vient peut-être de
l’apparente extériorité relative (et, partant, du mouvement désignatif) selon
laquelle, venant de l’être, nous abordons maintenant l’essence. Lorsque cette
<r apparence » d’extériorité aura été réduite, la réflexion sera désignée explici-
tement comme « le paraître de l’essence dans soi-même » (das Scheinen des
Wesens in sich selbst, ci. ci-dessous, p. 17).
2. Hegel, dans l’introduction que l’on vient de lire, a dit que l’essence,
dans la simplicité de son émergence première, « n’a pas d’être-là » ; et tout
son mouvement, au long de cette première section, consistera précisément à
s’en donner un qui soit réellement adéquat à ce quelle est. Mais, pour cela,
il faut, si l’on peut dire, quelle montre avoir sursumé en elle l’être-là multiple
de l’être, — c’est-à-dire ses déterminations. En d’autres termes, il faut qu’elle
montre que l’extériorité de l’essence par rapport à l'être n’est qu 'apparence,
— mieux : que le procès de l’être est son propre paraître en elle-même. Alors
il sera évident qu’elle n’est nullement un « être-là essentiel » opposé à un
« être-là inessentiel », — puisqu’aussi bien l’être-là de l'être ne sera autre
quelle. C’est à partir de là, ayant réassumé le mouvement dont elle est le
résultat, qu’elle pourra entreprendre son propre procès de détermination.

7
I mil i

1S deuxième livre : SECTION I

deuxièmement sont à considérer ces déterminations-de-réflexion


ou les essentialités ;
troisièmement l’essence, comme la réflexion du déterminer
dans soi-même, se fait fondement et passe dans Xexistence [et]
le phénomène.
»•

t-
«

i
CHAPITRE PREMIER

L’APPARENCE

L’essence, provenant de l’être, paraît se tenir en face de ce


même [être] ; cet être immédiat est tout d’abord Vinessentiel.
Pourtant, deuxièmement, il est plus que seulement [quelque-
chose d’] inessentiel, il est être dépourvu-d essence, il est apparence.
Troisièmement, cette apparence n’est pas un extérieur, [un]
autre pour l’essence, mais elle est son apparence propre. Le
paraître de l’essence dans elle-même est la réflexion \

A.
l’essentiel et [l’] inessentiel

L’essence est l'être sursumé. Elle est égalité simple avec soi-
même, mais dans la mesure où elle est la négation2 de la sphère i
de l’Etre en général. Ainsi l’essence a-t-elle l’immédiateté en face
de soi comme une immédiateté à partir de laquelle elle est devenue
et qui, dans ce sursumer, s’est conservée et maintenue3. L’essence

1. Il faut évidemment distinguer avec soin Schein et Erscheinung (tout


comme les verbes correspondants scheinen et erscheinen). La traduction n en
est pas^simple, et nous avons cru devoir adopter un compromis. Le Schein est.
1’ « apparence », au sens premier de ce qui fait illusion ; mais son correspon­
dant verbal scheinen l'attire vers une signification plus positive ; ce qui, pris
pour soi, n’est qu’apparence, est, en sa réalité, « acte-de-paraître » dans ce
qui semble son autre mais est en fait son fondement essentiel. Quant à
erscheinen/Erscheinung, ils marquent le mouvement de 1’ « apparaître » de
l'intérieur dans l'extérieur, le « phénomène » de l’essence dans l’être ainsi
posé comme existence (sur ce point, cf. le début de la deuxième section,
ci-dessous, p. 145).
2. Contrairement à ce qu’il en est dans l’édition Lasson, l’article « la >
(die) se trouve bien en italique dans le texte original.
3. Hegel développe par ces deux termes le contenu positif de la sursomp-

i 9
;
î
-,
;
I 11 lj.ll

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

elle-même est, dans cette détermination, essence immédiate, qui-est,


et l’être seulement quelque chose de négatif en rapport à l’essence,
non en et pour soi-même, l’essence donc une négation déterminée.
Etre et essence se comportent de cette manière à nouveau comme
[8] des [termes] autres en général l’un pour l’autre, car chacun a un
être, une immédiateté, qui sont indifférents l’un en regard de
l’autre, et, selon cet être, se trouvent d’égale valeur4.
Mais en même temps l’être est, dans l’opposition à l’essence,
Yinessentiel, il a en regard de cette même [essence] la détermi­
nation de l’[être] sursumé. Dans la mesure cependant où il se
rapporte à l’essence seulement en général comme un autre, alors
l’essence n’est pas à proprement parler essence, mais seulement un
être-là déterminé autrement, l'essentiel5.
La différence de l’essentiel et de l’inessentiel a fait retomber
l’essence dans la sphère de YEtre-là ; en tant que l’essence, telle
quelle est tout d’abord, est déterminée en regard de l’être comme
[essence] immédiate qui-est, et partant seulement comme autre-
chose. La sphère de l’Etre-là est ainsi placée au fondement, et
le fait que ce que l’être est dans cet être-là soit en-et-pour-soi est
une détermination ultérieure, extérieure à l’être-là lui-même ; de
même qu’à l’inverse l’essence est bien l’être-en-et-pour-soi, mais
seulement en regard d’autre-chose, dans [une] perspective déter­
minée. — Dans la mesure où, par conséquent, en un être-là un
essentiel et un inessentiel se trouvent différenciés l’un de l’autre,
cette différence est un poser extérieur, un isolement d’une partie
de celui-ci6 par rapport à une autre partie, [isolement] qui ne
touche pas l’être-là lui-même ; une séparation qui tombe dans un
tiers. Est alors7 indéterminé ce qui relève de l’essentiel ou de
l’inessentiel. C’est une perspective et une considération extérieures

tion. Mais cette positivité a d’abord ici une signification abstraite : en effet,
l’essence semble être qualifiée, en son surgissement premier,^ par un type de
détermination qui relève de l’immédiateté extraposée dans l’élément de^ 1 etre.
Ainsi paraît-elle d’abord s’opposer à l’être selon la loi de l’être lui-même.
4. Lasson introduit ici un beide (« les deux », c’est-à-dire l’être et 1 essence)
comme sujet de stehen (« se trouvent »). Mais l’on peut fort bien comprendre,
ainsi que nous l’avons fait ici, que ce sont 1’ « être » et 1’ « immédiateté »
de l’être, d’une part, et 1’ « être » et 1’ « immédiateté s> de l’essence, d'autre
part, qui « se trouvent d’égale valeur ». .
5. Que l’essence soit d’abord, à l'égard de l’être, dans une identité opposi-
tive n’annule pas ce que l’on pourrait appeler leur relation fonctionnelle :
l’essence, terme du procès (c’est du moins ainsi qu’elle apparaît maintenant),
est ce qui compte, ce qui a du poids, 1’ « essentiel » ; en regard, l’être, en
tant qu’il semble demeurer extérieur à l’essence, a valeur « in-essentielle >,
puisqu’il a été sursumé dans son passage à l’essence.
6. desselben : il s’agit de l’être-là.
7. dabei : en cela.

10
!

l’essence comme réflexion

quelconques qui font cette différence, et le même contenu, pour


cette raison, est à regarder tantôt comme essentiel tantôt comme
inessentiel \
Considérée plus exactement, l’essence en vient à être un seule­ £9]
ment essentiel en regard d’un inessentiel du fait que l’essence
est prise seulement comme être sursumé ou être-là. L’essence est,
de cette manière, seulement la première [négation] ou la néga­
tion qui est déterminité, par laquelle l’être devient seulement
être-là, ou l’être-là seulement un autre. Mais l’essence est la 9
négativité absolue de l’être ; elle est l’être lui-même, déterminé
pourtant non pas seulement comme un autre, mais l’être qui s’est
sursumé aussi bien comme être immédiat que comme négation
immédiate, comme négation qui est affectée d’un être-autre. L’être
ou être-là ne s’est pas ainsi maintenu comme autre-chose que ce
que l'essence est, et l’immédiat encore différent de l’essence
n’est pas simplement un être-là inessentiel, mais l’immédiat en et
pour soi néant ; il n’est qu’une non-essence, Y apparence

B.
l’apparence

1. Uêtre est apparence. L’être de l’apparence consiste seulement


dans l’être-sursumé de l’être, dans sa nullité ; cette nullité il l’a
dans l’essence, et en dehors de sa nullité, en dehors de l’essence,
elle10 n’est pas. L’apparence est le négatif posé comme négatif.
L’apparence est tout le reliquat qui est resté encore de la
sphère de l’Etre. Mais elle paraît avoir elle-même encore un
côté immédiat indépendant de l’essence, et être un autre de [io;

8. Exemple typique du mouvement grâce auquel un apparent dualisme


vient à se résoudre en dualité fonctionnelle, c’est-à-dire dans une unité riche
d’une différenciation intérieure. Il est évident que le « tiers », dans ce raisonne­
ment, n’est pas un troisième terme à proprement parler, mais bien l’unité
des deux premiers, — lesquels, de ce fait, perdant leur être-là propre,
manifestent qu’ils sont bien l’un et l’autre eux-mêmes et l’autre.
9. L’être, en s’accomplissant négativement dans l’essence, n’a pas mis
en œuvre une simple négativité immédiate (celle qui suffisait au passage de
l’être dans l’être-là ou à celui d'un être-là dans un autre être-là), mais une
négativité absolue qui le récapitule selon toutes ses dimensions qualitatives
et quantitatives. L’essence n’est donc pas l’autre de l’être sous mode relatif,
mais elle est son autre absolu, — entendons : elle est la négation radicale de
l’être, ou encore l’être lui-même dans sa négation radicale, comme totalité
négative ; il suit de là que, par rapport à cette essence, l’altérité oppositive
de l’être n’est que simple apparence.
10. er : il s’agit de l’apparence (der Scbein).

11
j

i
m
■■y- ^

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

cette même [essence] en général. L'autre contient en général les


deux moments de l’être-là et du non-être-là. L’inessentiel n’ayant
plus d’être, il ne lui reste de l’être-là que le moment pur du
non-être-là [;] 11 l’apparence est ce non-être-là immédiat [qui
se trouve] de telle sorte dans la déterminité de l’être qu’il n’a
être-là que dans le rapport à autre-chose, dans son non-être-là ; le
non-autonome, qui n’est que dans sa négation. Il ne lui reste
donc que la déterminité pure de Ximmédiateté [;] 11 il est comme
l’immédiateté réfléchie, c’est-à-dire qui n’est que par-la-médiation
de sa négation, et qui en face de sa médiation n’est rien que la
détermination vide de l’immédiateté du non-être-là12.
_ Ainsi l’apparence est le phénomène13 du scepticisme, ou
encore le phénomène13 de l’idéalisme [est] 14 une immédiateté
telle quelle n’est pas un quelque chose ou une chose, absolu-
aient pas 15 un être indifférent qui serait en dehors de sa défer­
minité et de son rapport au sujet10. Cela est1', le scepticisme ne
se permettait pas de le dire ; l’idéalisme récent ne se permettait pas
de regarder les connaissances comme un savoir de la chose-en-soi ;
10 cette apparence ne devait avoir absolument aucune base1 d’un
être, dans ces connaissances ne devait pas entrer la chose-en-soi.
Mais en même temps le scepticisme admettait des déterminations
variées de son apparence, ou plutôt son apparence avait toute la
richesse variée du monde pour contenu. Pareillement le phéno­
mène de l’idéalisme comprend dans soi toute l’ampleur de ces
11. Ces points-virgules, qui n’existent pas dans l’original (lequel comporte
ici de simples virgules) semblent nécessaires à l’intelligence de ces phrases.
12. Dans ce paragraphe, Hegel commence à montrer que l’altérité appa­
rente de l’être par rapport à l’essence n’est en fait que l’altérité de 1 essence
par rapport à elle-même. Et il le fait en dissociant le contenu de la catégorie
d altérité. Est « autre t ce qui a d’une part un être-là (par quoi il est juxtaposé
au premier terme, de même valeur que lui) et d’autre part ce que Hegel appelle
un n on-etre-là (puisque l’autre est autre justement en ce qu’il ri a pas —— ou
«est pas — l’être-là du terme de référence). Or Hegel a déjà montre que
.letre-la de l’etre a été sursumé dans l’essence ; à l’être il ne reste donc qu un
pur non-être-là, autrement dit une apparence d’altérité. En définitive, seule
«Ma médiation de l’être qu’est l’essence.
• •/. . termes de Phânomen et d’Erscheinung ont sensiblement la meme
signi îcatron ; mous les traduisons tous deux par « phénomène ».
• Nous introduisons ici un « est », suivant la correction apportée par
A"50•’ i*Ce ver^e est sous-entendu dans l’original. Autre lecture possible :
jp ?PParence {,} le phénomène du scepticisme, ou encore le phénomène
lV-fcT’ CSt Une ^médiateté telle... »
16, reef| au^ n*cht ; überhaupt keine Grundlage.
tionnels tranr^ ^>aragraP^e. enserré dans l’original entre deux traits redac-
qui éclaire ranaiSUt c.orPs texte- C’est en fait une sorte de « Remarque »,
philosophie • Présente par un appel à des données de l’histoire de la
17. Lasson idéalisnje ^ Leibniz. Kant, Fichte-
est »,... . ’ *>0Ur ta commodité de la lecture, des guillemets : « Cela

12
l’essence comme réflexion

déterminités variées. Cette apparence et ce phénomène sont


immédiatement déterminés ainsi de façon variée. Au fondement
de ce contenu peut donc bien ne se trouver aucun être, aucune
chose ou chose-en-soi ; lui, pour soi, demeure ce qu’il est ; il s’est [11]
seulement trouvé transposé de l’être dans l’apparence ; de sorte
que l’apparence a à l’intérieur d’elle-même ces déterminités variées,
lesquelles sont des [déterminités] immédiates, des [déterminités]
qui-sont, des [déterminités] autres les unes en regard des autres.
L’apparence est donc elle-même un immédiatement déterminé.
Elle peut avoir tel ou tel contenu; mais celui quelle a, ce n’est
pas par elle-même qu’il est posé, mais elle l’a immédiatement18.
L’idéalisme leibnizien, ou kantien, fichtéen, comme d’autres for­
mes du même [idéalisme], ont aussi peu outrepassé l'être comme
déterminité, [outrepassé] cette immédiateté, que [l’a fait] le scep­
ticisme. Le scepticisme se laisse donner le contenu de son appa­
rence ; quel contenu il doit avoir, voilà qui est immédiatement
pour lui. La monade leibnizietme développe à partir d’elle-
même ses représentations ; pourtant elle n’est pas la force qui
engendre et qui lie, mais elles montent en elle comme des bulles ;
elles sont indifférentes, immédiates les unes en regard des autres,
et ainsi en regard de la monade elle-même. Pareillement le phé­
nomène kantien est un contenu donné de la perception, il19 pré­
suppose des affections, des déterminations du sujet, qui sont immé­
diates en regard d’elles-mêmes et en regard de ce même [sujet].
L’impulsion infinie de l’idéalisme jichtéen peut bien ne pas avoir de
chose-en-soi au fondement, de sorte qu’il est purement une déter­
minité dans le Je. Mais cette déterminité, pour le Je qui la fait
sienne et sursume son extériorité, est une [déterminité] en même
temps immédiate, une borne de ce même [Je], qu’il peut outre­
passer, mais qui a en elle un aspect de l’indifférence selon
lequel, bien que dans le Je, elle contient un non-être immédiat de
celui-ci20. —

18. Hegel montre ici que l’idéalisme et le scepticisme, par des démarches
curieusement apparentées, ne dépassent pas une certaine immédiateté primaire
qui demeure en deçà du présent niveau d’analyse, celui de 1’ « apparence ».
Certes, l’un et l’autre, refusant de se prononcer sur ce qu’est la chose, et parce
qu’ils prennent ainsi une certaine distance par rapport au donné, croient
parvenir à un niveau d’intelligence plus vrai de la réalité. Mais ils ne font
que déplacer le problème, étant donné que le phénomène est pour eux,
contradictoirement, ce en quoi se trouvent et s’imposent, dans leur opacité, les
déterminités variées. Pour Hegel, au contraire, l’apparence est un simple
acte-de-paraître, sans nulle épaisseur propre.
19- Il s’agit du contenu.
20. Tout au long de son œuvre, Hegel fait grief à Kant et à
Fichte de s’en être tenus à un idéalisme subjectif qui implique nécessai-

13
"i
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

2. L’apparence donc contient une présupposition immédiate,


i [12]
11
un aspect indépendant en regard de l’essence. Mais, dans la
mesure où elle est différente de l’essence, il n’y a pas à montrer
quelle se sursume et quelle revient dans cette même [essence] ;
car l’être, dans sa totalité, est revenu dans l'essence ; l’appa­
rence est ce qui en soi est nul ; il y a seulement à montrer
que les déterminations qui la différencient de l’essence sont déter­
minations de l’essence elle-même, et en outre que cette détermi-
nitê de l’essence qu’est l’apparence est sursumée dans l’essence
elle-même 21.
C’est l’immédiateté du non-être qui constitue l’apparence;
mais ce non-être n’est rien d’autre que la négativité de l’essence
en elle-même. L’être est non-être dans l’essence. Sa nullité en soi
est la nature négative de l’essence elle-même. Mais l’immédiateté
ou l’indifférence que contient ce non-être est 1’être-en-soi propre,
absolu, de l'essence. La négativité de l’essence est son égalité avec
soi-même ou son immédiateté et indifférence simple ". L’être s’est
maintenu dans l’essence, dans la mesure où celle-ci, en sa négativité
infinie, a cette égalité avec soi-même ; par là l’essence elle-même
est l’être. L’immédiateté que la déterminité a, en l’apparence, en
regard de l’essence, n’est par conséquent rien d’autre que l’immé-
diateté propre de l’essence ; non pas pourtant l’immédiateté qui-
est, mais l’immédiateté purement-et-simplement médiatisée ou
réfléchie qu’est l’apparence ; — l’être, non pas comme être, mais

rement que le monde soit compris comme un donné extérieur et immé­


diat. Dans le cas de Leibniz, le procès, quoique inverse, aboutit au
même résultat : les déterminations proviennent bien de la monade,
mais elles se déposent à l’extérieur de la pure positivité quelle est. Ici
et là, un monde étranger borne le Je et se juxtapose à lui ; pour Hegel,
au contraire, le monde est le lieu où paraît l’objectivité du sujet.
21. Ici se dessine la transition de 1’ apparence » à la « réflexion ».
Hegel a montré (sous le 1.) que l’être, dans son altérité apparente par
rapport à l’essence, est simple nullité, — ou encore qu’il a seulement
« un pur non-être-là » ; il va manifester maintenant, dans un texte
d’une grande limpidité, que ce non-être de l’être n’est autre que le
non-être de l’essence, autrement dit sa puissance d’altération et d auto­
détermination.
22. 11 est significatif que Hegel attribue ici à l’essence les déterminations
de l'immédiateté et de Y indifférence, c’est-à-dire les déterminations qui sont
les plus caractéristiques de l’être dans le mouvement de son extériorité par
rapport à soi. Mais il faut le préciser maintenant : ces déterminations^ de
l’«re, en passant dans l’essence, perdent cette mauvaise extériorité première,
c est pourquoi l’immédiateté que l’essence acquiert par le moyen de cette
sursomption est une immédiateté réfléchie. L’apparence, c’est le paraître de
l’être dans l’essence, ou encore le paraître de l’essence à elle-même par le
moyen de l’être, — avant que l’existence ne devienne l’apparaître de l’essence
dans l’être. Mais, pour l’instant, être et essence (immédiateté et médiation)
sont les moments de l'euence.

14

1
l’essence comme réflexion

seulement comme la déterminité de l’être, en regard de la média­


tion ; l’être comme moment.
Ces deux moments, la nullité, mais comme subsister, et l’être,
mais comme moment, ou la négativité étant en soi et l’immé-
diateté réfléchie, qui constituent les moments de l’apparence, sont [13]
ainsi les moments de l’essence elle-même ; il n’y a pas une appa­
rence de l’être présente23 en /'essence, ou une apparence de
l’essence [présente] en /'être, l’apparence dans l’essence n’est pas
l’apparence d’un autre ; mais elle est l’apparence en soi, l’appa­
rence de l’essence elle-même.
L’apparence est l’essence elle-même dans la déterminité de
l’être. Ce par quoi l’essence a une apparence est quelle est
déterminée dans soi et par là différente de son unité absolue.
Mais cette déterminité est pareillement purement-et-simplement
sursumée en elle-même. Car l’essence est l’autonome qui est
comme se médiatisant avec soi par sa négation quelle est elle-
même ; elle est donc l’unité identique de la négativité absolue et 12
de l’immédiateté. — La négativité est la négativité en soi ; elle
est son rapport à soi, ainsi est-elle en soi immédiateté ; mais elle
est rapport à soi négatif, acte-de-nier d’elle-même qui [se]
repousse, ainsi l’immédiateté étant en soi est-elle le négatif ou
[le] déterminé en regard d’elle. Mais cette déterminité est
elle-même la négativité absolue, et ce déterminer, qui est immé­
diatement, comme déterminer, le sursumer de soi-même, retour
dans soi.
L’apparence est le négatif qui a un être, mais dans un autre,
dans sa négation ; elle est l’inautonomie, qui en elle-même est
sursumée et nulle. Ainsi est-elle le négatif revenant dans soi,
l’inautonome comme l’inautonome en lui-même. Ce rapport à
soi du négatif ou de l’inautonomie est son immédiateté ; elle24 est
un autre que lui-même ; elle est sa déterminité en regard de soi,
ou elle est la négation en regard du négatif. Mais la négation [14]
en regard du négatif est la négativité se rapportant seulement à
soi, le sursumer absolu de la déterminité elle-même “.
La déterminité donc, qui est l’apparence dans l’essence, est

23. vorhatiden, présente au sens de donnée.


24. Il s’agit de l’immédiateté.
25. Que l’essence soit d’abord déterminée comme immédiate, c’est là
l’ultime expression en elle de l’altérité sursumée de l’être. En effet, l’être
s’est révélé l’inautonome à raison même de son abîmement dans l’essence ;
si donc l’être semble d’abord se maintenir en elle, c’est seulement sous la
forme de cette « négativité » qui caractérise l’essence comme « le négatif ».
Mais ce négatif, étant absolu, est mouvement qui se rapporte à soi, et
l’essence sursumera pleinement cette déterminité immédiate.

15

:
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

déterminité infinie ; elle est seulement le négatif coïncidant


avec soi ; elle est ainsi la déterminité qui comme telle est l’auto­
nomie et n’est pas déterminée. — Inversement, l’autonomie,
comme immédiateté se rapportant à soi, est pareillement pure-
ment-et-simplement déterminité et moment et n est que comme
négativité se rapportant à soi. — Cette négativité qui est iden­
tique à l’immédiateté, et ainsi l’immédiateté qui est identique à
la négativité, est l'essence. L’apparence est donc l’essence d’elle-
même, mais l’essence dans une déterminité, mais de telle sorte
qu’elle26 n’est que son moment, et Yessence est le paraître de
soi dans soi-mêmea7.
Dans la sphère de l’Etre, en face de l’être comme immédiat -
surgit le non-être également comme immédiat, et leur vérité
est le devenir. Dans la sphère de l’Essence se trouvent tout d’abord
l’un en face de l’autre l’essence et l’inessentiel, puis l’essence
... et l’apparence, l’inessentiel et l’apparence comme reliquats de
l’être. Mais tous deux, ainsi que la différence de l’essence par
rapport à eux, ne consistent en rien de plus que dans le fait
que l’essence se trouve prise tout d’abord comme une [essence]
immédiate, non pas comme elle est en soi, savoir non pas comme
l’immédiateté qui est immédiateté comme la médiation pure ou
comme négativité absolue. Cette première immédiateté-là est
ainsi seulement la déterminité de l’immédiateté. Le sursumer de
cette déterminité de l’essence ne consiste par conséquent en rien
[15] d’autre que dans l’acte-de-mettre en évidence que l’inessentiel
n’fest] 28 qu’apparence, et que l’essence bien plutôt contient dans
26. I] s’agit de la déterminité, laquelle est dite ici n'être que le moment
de l’essence : elle est en effet, comme il fut dit plus haut de l’apparence,
l’essence elle-même mais dans la déterminité de l’être.
27. Hegel en vient là à la première expression accomplie de la réflexion.
! Mais il faut bien comprendre comment est amenée cette première définition
réflexive de l’essence. Elle se trouve élaborée en trois étapes. Hegel part de
la déterminité (ou négativité) que représente l’apparence dans l’essence; mais
il note que cette déterminité, étant identique à l’apparence, ne met pas en
échec la pleine coïncidence avec soi de l’essence ; sous cet aspect, l’essence est
une totalité (une « autonomie ») qui doit se déterminer. Mais cette autonomie
(seconde étape), avant que de se prouver réellement comme totalité, est d’abord
•' ' J-! dans la forme de l’immédiateté, comme négativité non déployée. Enfin (troi­
sième étape), une telle identité bi-univoque entre les termes les plus éloignés
qui soient, ceux de la négativité (ou déterminité) et de l’immédiateté, marque
1 . bien que l’essence est véritablement totalité : elle est l’acte-de-paraître de soi
(comme immédiateté) dans soi-même (comme négativité). Bien entendu, cette
première définition de l’essence ne prétend pas épuiser ce qu’est l’essence :
elle en est seulement une approche formelle. Il faut maintenant entrer dans
le contenu de cette réflexion et des déterminations qui l’expriment, autrement
dit déployer le mouvement qu’elle est dans ses étapes effectives.
i : 28. Ce est est une adjonction de Lasson. Il est nécessaire à l’intelligence du
• i: texte.

16

____ilêi
l’essence comme réflexion

soi-même l’apparence [entendue] comme le mouvement infini dans


soi qui détermine son29 immédiateté comme la négativité et sa29
négativité comme l’immédiateté, et est ainsi le paraître de soi
dans soi-même. L’essence, dans cet auto-mouvement sien, est la
réflexion30.

C.
LA REFLEXION [16]

L’apparence est la même-chose que ce qu’est la réflexion ; mais


elle est la réflexion comme [réflexion] immédiate ; pour l’appa­
rence revenue dans soi, partant aliénée de son immédiateté, nous
avons le mot de la langue étrangère, la réflexion31.
L’essence est réflexion ; le mouvement du devenir et. du passer
qui demeure dans soi-même ; où le différencié n’est déterminé
purement-et-simplement que comme le négatif en soi, comme
apparence. — Dans le devenir de l’être, l’être se trouve au fonde­
ment de la déterminité, et elle est rapport à antre-chose. Le mou­
vement réfléchissant, par contre, est l’autre comme la négation

29. Il s’agit de l’immédiateté et de la négativité de l’essence. Leur identité,


à ce stade de l’œuvre, est ce qui définit l’essence dans son dynamisme d’auto­
détermination. Sur ce point, cf. ci-dessus, p. 16, note 27.
30. Ce texte récapitule les étapes qui ont amené à la définition de l’essence
comme réflexion : 1) l’être est l’inessentiel ; 2) l’inessentiel est simple appa­
rence ; 3) l’apparence est déterminité de l’essence comme immédiateté ; 4) cette
immédiateté, recueillant en soi tout le procès de l’être, est identique à la néga­
tivité : elle est donc mouvement infini de soi dans soi.
31. « Aliénée » = enlfremdet. Le verbe entfremden (et son correspondant
verbal Entfremdung) n’est pas employé dans « L’Etre » ; il s’agit donc de sa
première occurrence dans l’ensemble de la Logique. Mais il semble qu’il ne
faille pas trop forcer sa signification, étant donné qu’il est amené par une
simple assonance, et presque par un jeu de mots : « pour l’apparence...
aliénée de son immédiateté [für den... séiner Unmttclbarkeit entfremdeten
Schein], nous avons le mot de la langue étrangère... [das Wort der fremden
Sprache...] ». On sait que Hegel répugnait à employer des mots tirés du latin
(et jusqu’à la graphie latine), comme l'atteste cet aphorisme du temps de
Jena : « In seiner Sprache reden, ist eines der hôchsten Bildungsmomente.
Eih Volk gehort sich. Die Fremdartigkeit, bis auf die lateinischen Lettern,
hinaus ! ». Il justifie donc l’usage de ce terme de « Reflexion » en disant
qu’il convient à désigner un type de réalité (l’apparence) qui se trouve arrachée
à son immédiateté (à l’inessentialité de l’être) pour faire retour à soi (et se
poser comme totalité essentielle). On dirait aussi bien : un mouvement qui
comporte une phase d’extériorité (ou d’étrangèreté) peut bien être désigné par
un mot étranger. Nous avons pourtant tenu à traduire ici entfremdet par
« aliéné » pour respecter l’opposition, capitale dans l’ensemble de la pensée
de Hegel, entre entfremde?i et entàussern (<s aliéner » et « extérioriser »). Sur
ce point, cf. l’étude capitale de J. Gauvin, Entfremdung et Entdusserung dans
la Phénoménologie de l’Esprit, in Archives de Philosophie, octobre-décembre
1962, pp. 555-571.

17

S
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

en soi qui n’a un être que comme négation se rapportant à soi.


Ou, en tant que ce rapport à soi est justement ce nier de la néga­
tion, ce qui est présent32 c’est la négation comme négation,
comme quelque chose qui a son être dans son être-nié, comme
apparence. L’autre est donc ici, non pas l'être avec la négation
ou limite, mais la négation avec la négation. Mais le premier
en regard de cet autre, l’immédiat ou être, est seulement cette
égalité même de la négation avec soi, la négation niée, la
négativité absolue. Cette égalité avec soi ou immédiateté est,
par conséquent, non pas quelque chose de premier, à partir
duquel on commence et qui passerait dans sa négation ; il
n’est pas non plus un substrat qui-est, qui se mouvrait tout au
travers de la réflexion ; mais l’immédiateté est seulement ce
mouvement même33.
[17] Le devenir dans l’essence, son mouvement réfléchissant, est
par conséquent le mouvement de rien à rien et par là à soi-
même en retour. Le passer ou devenir se sursume dans son
14 passer ; l’autre, qui devient dans ce passer, n’est pas le non-être
d’un être, mais le rien d’un rien, et ceci, [savoir] être la négation
d’un rien, constitue l’être. — L’être est seulement comme le
mouvement du rien à rien, ainsi est-il l’essence ; et celle-ci
ria pas ce mouvement dans soi, mais [elle] l’est comme l’appa­
rence absolue elle-même, la négativité pure qui en dehors d’elle
n’a rien qu’elle nierait, mais qui nie seulement son négatif même,
lequel n’est que dans ce nier34.

32. vorhand-en, présent au sens de donné.


33. Dans ce paragraphe, Hegel prolonge la comparaison qu’il a instaurée
dans Je paragraphe précédent entre la déterminité de l’être et celle de
l'essence, entre 1’ « immédiateté » caractéristique de l’un et de l’autre. L’on
peut dire, en simplifiant à peine, que l’immédiateté de l’être perdure tout au
long du premier Livre de la Logique, jusqu’aux dernières pages de la Mesure.
Et ce nonobstant le mouvement qui anime l’ensemble de cette première partie
de la « Logique objective » ; car ce mouvement, si l’on peut dire, n’est pas
involutif : il est une simple transition opérée par l’être d’une déterminité à une
autre déterminité, dans un procès d’extériorité et de juxtaposition. Tandis que
le mouvement involutif de l’essence (ou son « mouvement réfléchissant »)
est mouvement pur, sans nulle transition d’un substrat, sans extériorité relative
des déterminations les unes par rapport aux autres : la négation n’est plus à
chercher du côté de la limite, mais du côté du redoublement intérieur qui signe
le dynamisme auto-évolutif de cette réalité essentielle.
La « réflexion » implique cette identité involuée des termes du procès.
Mais, comme cette identité n’est pas un fait, quelque chose qui-est, il faut
qu’elle se montre telle. Et c’est ici que nous pouvons saisir le type d’immé-
diatete qui^ caractérise l’essence : elle désigne négativement que chacune des
déterminations atteintes n’a de sens que par rapport au tout, en manifestant
ce que l'on pourrait appeler la « précarité » qui fait d’elle un moment par
soi non-subsistant.
34. L’etre comme essence est le mouvement de rien à rien. C’est pourquoi

18
l’essence comme réflexion

Cette réflexion pure absolue, qui est le mouvement de rien à


rien, se détermine elle-même ultérieurement.
Elle est en premier lieu réflexion posante ;
elle commence deuxièmement à partir de l'immédiat présup­
posé, et est ainsi réflexion extérieure.
Mais troisièmement elle sursume cette présupposition, et, en
tant que dans le sursumer de la présupposition elle est en même
temps présupposante, elle est réflexion déterminante.

1.
La réflexion posante

L’apparence est le nul ou le dépourvu-d’essence ; pourtant le


nul ou le dépourvu-d’essence a son être, non pas dans un autre
dans lequel il paraît, mais son être est son égalité propre avec
soi ; cet échange du négatif avec soi-même s’est déterminé comme
la réflexion absolue de l’essence35.
Cette négativité se rapportant à soi est donc le nier d’elle-
même. Elle est ainsi absolument36 tout autant négativité sur-
sumée qu’elle est négativité. Ou elle est elle-même le négatif et
l’égalité simple avec soi ou immédiateté. Elle consiste donc dans
le fait d’être elle-même et non elle-même, et de l’être dans Une
unité. —

l’essence, pur acte de se poser, n’est plus sous l'économie du devenir ; et si,
à son propos, on parle encore de « passer », c’est d’un passer essentiel qu’il
s’agit, un passer qui se sursume comme passer puisqu’il n’implique aucunement
la découverte d’un élément extérieur et étranger, mais seulement l’acte de se
déterminer en posant la réalité pour ce qu’elle est de tout temps : totalité
différenciée.
Voilà qui suffit à montrer que l’expression de Hegel en ce paragraphe
n’implique aucune apologie abstraite du « rien » ou du « néant » ; car ce
rien, c'est le contenu de l’essence, — pur négatif sans doute, mais qui recueille
en soi la positivité de l'être avant que de rejaillir en elle.
35. Le paradoxe de l’essence comme réflexion, c’est qu’elle n’est rien d’autre
que le pur acte de poser, c’est-à-dire de se poser elle-même pour ce qu’elle est,
c’est-à-dire encore de poser la sursomption de l’être qu’elle est. Elle est ainsi
redoublement de négation, ou « échange du négatif avec soi ; en effet,
comme sursomption de l’être, elle est déjà négation ; et, comme position de
cette sursomption, elle est extériorisation intérieure (c’est-à-dire, comme
extériorisation, négation) de cette négation. Mais, dans cette pureté logique
première, comme pur mouvement de détermination tendu de rien à rien, elle
est seulement réflexion absolue, — c’est-à-dire réflexion qui ressortit à la
totalité, mais à une totalité encore abstraite, qui ne s’est pas encore particu­
larisée en une détermination concrète. Cette réalisation de 1’ « absolu » s’opé­
rera quand la « réflexion posante » se spécifiera en « réflexion extérieure ».
36. überhaupt.

19

!
j. ; f 'j

• • I.

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

Tout d’abord la réflexion est le mouvement du rien à rien,


partant la négation coïncidant avec soi-même. Ce coïncider avec
soi est en général égalité simple avec soi; l’immédiateté. Pour­
tant cet acte-de-s’abîmer87 n’est pas, pour la négation, acte-de-
passer dans l’égalité avec soi comme dans son être-autre mais la
réflexion est acte-de-passer comme sursumer de l’acte-de-passer ;
car elle est acte-de-s’abîmer immédiat du négatif avec soi-
même ; ainsi ce coïncider est-il en premier lieu égalité avec soi
ou immédiateté ; mais deuxièmement cette immédiateté est éga­
15 lité du négatif avec soi, partant l’égalité se niant elle-même ;
l’immédiateté qui en soi est le négatif, le négatif d’elle-même,
[qui consiste] à être ce quelle n’est pas3e.
Le rapport du négatif à soi-même est donc son retour dans
soi ; il40 est immédiateté en tant qu’[il est] le sursumer du néga­
tif ; mais immédiateté [qui] n’[est] purement-et-simplement que
comme ce rapport ou comme retour à partir d’une-chose
partant immédiateté se sursumant elle-même. — C’est là l’être-
posé; l’immédiateté [qui] n’[est] purement que comme déter-
mtnité ou comme se réfléchissant. Cette immédiateté, qui n’est
r19] que comme retour du négatif dans soi, — est cette immédiateté
qui constitue la déterminité de l’apparence, et à partir de laquelle
auparavant le mouvement réfléchissant paraissait commencer. Au
lieu de pouvoir commencer à partir de cette immédiateté, celle-ci
n’est bien plutôt que42 comme le retour ou comme la réflexion
elle-même. La réflexion est donc le mouvement qui, en tant qu’il
est le retour, est seulement48 en cela ce qui commence ou ce qui
fait retour.

37. dies Zusammenfallen. — Le « coïncider avec soi » (Zusammengehen mit


sich) est identiquement un « s’abîmer » dans soi (Zusammenfallen) de la
négation. Car ce redoublement de négation signe l’entrée dans le processus de
détermination : il est donc disparition du seulement négatif, son abîmement,
.-4- et production de cette positivité de la négation qu’est fondamentalement toute
détermination.
38. II s'agit de l’être-autre de la négation.
39. Elément capital de ce raisonnement : étant immédiate en tant qu'égalité
avec soi du négatif, la réflexion (il faudrait dire : l’essence comme réflexion)
n'est ce qu’elle est qu’en se posant, c’est-à-dire, finalement, en étant (en deve­
nant) ce qu’elle n’est pas (ou ce quelle n’est pas encore explicitement). D’où
la positivité à laquelle aboutit cette négation redoublée.
40. Il s’agit du rapport.
m ■
41. Rückkehr aus einem (indéterminé) : ce à partir de quoi le négatif
revient dans soi, c’est lui-même comme immédiateté (c’est-à-dire lui-même
comme identité première du négatif avec soi) d’où une sursomption de cette
immédiateté qui marque l’entrée dans la chaîne des déterminations où s’expri­
mera la .concrétude positive du « poser ».
42. erst, temporel.

20

ffy
lâ é
l’essence comme réflexion

Elle est acte-de-poser, dans la mesure où elle est l’immédiateté


comme un acte-de-faire retour ; en effet il n’y a pas d’autre
[qui soit] présent43, ni un terme à partir duquel ni dans lequel
•elle retournerait ; elle est donc seulement comme acte-de-
retourner ou comme le négatif d’elle-même44. Mais en outre
cette immédiateté est la négation sursumée et le retour dans
soi sursumé. La réflexion est, comme sursumer du négatif, sursu-
mer de son autre, de l’immédiateté. En tant donc quelle est
l'immédiateté [entendue] comme un acte-de-faire retour, acte-de-
coïncider du négatif avec soi-même, ainsi elle est pareillement
négation du négatif comme du négatif. Ainsi est-elle acte-de-
prêsupposer43. — Ou l’immédiateté est, comme acte-de-faire
retour, seulement le négatif d’elle-même, seulement le fait de
n’être pas immédiateté ; mais la réflexion est-le sursumer du
négatif de soi-même, elle est acte-de-coïncider avec soi ; elle
sursume donc son poser, et, en tant quelle est le sursumer du poser
dans son poser, elle est présupposer. —40 Dans le présupposer
la réflexion détermine le retour dans soi comme le négatif d’elle-
même, comme ce dont le sursumer est l’essence47. Elle48 est
son acte-d etre en relation à soi-même ; mais à soi comme au
négatif de soi ; c’est ainsi seulement qu’elle est la négativité
demeurant-dans-soi, se rapportant à soi. L’immédiateté ne vient
au jour absolument que™ comme retour, et est ce négatif qu’est

43. vorhanden, présent au sens de donné.


44. En effet, ce à partir de quoi elle revient dans soi, c'est elle-même comme
immédiateté. C’est pourquoi le procès qui s’engage n’admet en principe aucune
extériorité qui relèverait d’une étrangèreté quelconque : c'est ici que s’enra­
cine la non-extériorité de la « réflexion extérieure », et donc sa détermination
comme « réflexion déterminante ».
45. L’acte de poser, c’est là son paradoxe, opère ici une transition de
l’immédiateté à l’immédiateté. Identité du négatif avec soi, l’immédiateté pose
en effet un terme qui présuppose cette immédiateté même. Ainsi est dessiné
tout le périple (désignant les structures immobiles et intemporelles de la
réalité) qui fera de la réflexion posante une réflexion (auto-) déterminante ;
l’immédiateté qui n’est pas s'affirmera progressivement comme une immédiateté
qui est : l'essence alors se sera posée comme existence.
46. Lasson a omis ce trait rédactionnel, qui marque pourtant une articu­
lation importante du raisonnement.
47. Autrement dit : la réflexion assure le passage de l’immédiateté absolue
de l’essence à son immédiateté déterminée, — laquelle est aussi bien le négatif
de la réflexion, puisque le terme de celle-ci, tout en étant le même que son
point de départ, est autre. Dans ce passage de l’implicite à l’explicite (ou
plutôt dans cet acte de poser l’implicite comme explicite) commence
d’être posé à nouveau, mais selon sa vérité, ce dont l’essence est le sursumer,
c’est-à-dire l’immédiateté qui-est.
48. Ce es désigne probablement l’essence. Toutes les expressions de la
fin de ce paragraphe visent en effet la totalité comme telle.
49. überhaupt nur : absolument seulement.

21
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

l’apparence du commencement, [apparence] qui se trouve niée par


[20] 16 le retour. Le retour de l’essence est donc son acte-de-se repous­
ser de soi-même. Ou la réflexion dans soi est essentiellement
le présupposer de ce à partir de quoi elle est le retour ',0.
C’est par le sursumer de son égalité avec soi que l’essence en
vient à être l’égalité avec soi. Elle se présuppose elle-même,
et le sursumer de cette présupposition est elle-même ; inversement,
ce sursumer de sa présupposition est la présupposition elle-
même. La réflexion trouve donc un immédiat déjà-là}
quelle outrepasse et à partir duquel elle est le retour51. Mais
c’est seulement52 ce retour qui est le présupposer de ce qui est
trouvé-déjà-là. Ce qui est trouvé-déjà-là ne devient que dans le
fait qu’il se trouve abandonné ; son immédiateté est l’immédiateté
sursumée. — L’immédiateté sursumée, inversement, est le retour
dans soi, le parvenir à soi53 de l’essence, l’être égal à soi, simple.
Ce parvenir à soi est ainsi le sursumer de soi et la réflexion [se] 6
repoussant de soi-même, présupposante, et son repousser de soi est
le parvenir à soi-même
Le mouvement réfléchissant est donc à prendre, selon ce qui

50. L’immédiateté recouvrée est une immédiateté nouvelle, et ce retour


dans soi est une première avancée de l’essence dans elle-même. En effet,
l’essence ne coïncide avec soi qu’en se repoussant de soi : elle (se) pré­
supposé donc (comme) le terme (différent d’elle) qu’elle nie en revenant
dans soi. Ainsi, et puisque son immédiateté n’était autre que son apparence,
on peut dire qu’elle se retrouve comme apparence. C’est pourquoi Hegel
dira plus loin que l’effectivité est l’apparence posée comme apparence.
51. « trouve déjà-là » : vorfindet. Le terme est d’une force très signifi­
cative, dans la mesure où il ressortit, finalement, à l’altérité caractéristique
de l’être. Il nous dit déjà que l’extériorité qui représentera, dans un instant,
l’une des déterminations essentielles de la réflexion aura toute la vigueur
d’une subsistance par soi, sans pour autant mettre en cause l’unité fonda­
mentale de l’essence. Les deux aspects doivent en effet être tenus ensemble :
l’extériorité est trouvée comme déjà-là, — et l’essence s’outrepasse elle-
même en l’outrepassant pour faire retour dans soi.
52. erst, temporel.
53. das Ankommen bei sich : le parvenir chez soi.
54. Ce sich ne se trouve pas dans le texte original. Il est ajouté à juste
titre par Lasson.
55. Ainsi la réflexion, en s’affirmant comme réflexion, c’est-à-dire en
se posant (cf. le titre de ce développement : « la réflexion posante »),
s’achève-t-clle comme immédiateté plus authentique en sursumant son immé­
diateté première. Hegel dit avec beaucoup de force qu’elle devient alors
« l’être égal à soi, simple » ; d’où il ressort déjà que ce mouvement intérieur
à l’essence trouvera tout naturellement son accomplissement dans l’extériorité
de l’existence (ou de l’être essentiel). Quant à l’identité du « poser » et
du « présupposer », elle sera développée ultimement pour elle-même dans
le mouvement de la « réflexion déterminante », laquelle représentera l’abou­
tissement et la qualification dernière du procès total que dessine déjà la
« réflexion posante ».

il 22
;
l’essence comme réflexion

a été considéré, comme contrecoup absolu dans soi-même58. Car


la présupposition du retour dans soi — ce à partir de quoi provient
l’essence et [qui] est seulement57 comme ce revenir — n’est que
dans le retour lui-même. L’acte-d’outrepasser l’immédiat, à partir
duquel la réflexion commence, est plutôt seulement57 par cet outre­
passer ; et l’outrepasser de l’immédiat est le parvenir à
lui58. Le mouvement, comme acte-de-progresser, s’inverse immé­
diatement dans lui-même, et c’est seulement ainsi qu’il est
auto-mouvement, — mouvement qui vient de soi dans la mesure
où la réflexion posante est présupposante, mais, comme réflexion
présupposante, [est] purement-et-simplement posante.
C’est ainsi que la réflexion est elle-même et son non-être, et [21]
n’est elle-même qu’en tant qu’elle est le négatif d’elle-même, car
ce n’est qu’ainsi que le sursumer du négatif est en même temps
comme un coïncider avec soi.
L’immédiateté que, comme sursumer, elle se présuppose n’est
purement-et-simplement que comme être-posé, comme [quelque
chose de] sursumé en soi qui n’est pas différent du retour dans
soi et n’est lui-même que cet acte-de-faire retour. Mais il est en
même temps déterminé comme [quelque chose de] négatif,
comme immédiatement en regard ^’une-chose, donc en regard
d’un autre. Ainsi la réflexion est-elle déterminée ; en tant que
selon cette déterminité elle a une présupposition et quelle com­
mence à partir de l’immédiat comme de son autre, elle est
réflexion extérieure50.

56. « Contrecoup » : Gegenstoss. — Il s’agit, si Ion peut dire, de 1 anto­


nyme de ÏAn/oss, « choc » ou « impulsion » que la philosophie critique est
contrainte d’attendre de l’expérience sensible. Ici, c’est 1 essence qui se donne
à elle-même sa propre impulsion, laquelle, en vertu du redoublement de la
négation, est comme une « contre-impulsion » qui fait, que la, réflexion se
déploie en présupposant ce qu’elle nie et en niant ce qu elle présuppose.
57. erst, temporel.
58. bei demselben : chez ce même immédiat.
59. Le mouvement de 1a réflexion posante est le mouvement de la
réflexion comme totalité. De 1a sorte, 1a réflexion est un passer » qui
n’est pas un passer, ou un passer sans reste et sans termes fixes. Pourtant ce
mouvement n’est une détermination réelle que dans 1a mesure où son terme
intermédiaire (celui que 1a réflexion trouve déjà-là et à partir duquel elle
revient dans soi) a 1a subsistance propre que requiert le négatif, — non
plus, il va de soi, le négatif qui juxtapose un être-là et un autre être-là,
mais le négatif qui qualifie l’extériorité intérieure à elle-même qui est le
fait de l’essence comme totalité. Le développement consacré à 1a « réflexion
extérieure va spécifier maintenant ta nature de cette extériorité.

23
£ Il

'i;r*
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

2.
17
La réflexion extérieure

La réflexion, comme réflexion absolue, est l’essence paraissant


dans elle-même, et [par rapport] à soi ne présuppose que l’appa-
rence. l’être-posé ; comme réflexion présupposante, immédiate­
ment, elle nest que réflexion posante. Mais la réflexion exté­
rieure ou réelle se présuppose comme sursumée, comme le
négatif d’elle [-même]. Dans cette détermination, elle est redou­
blée; une fois comme le présupposé ou la réflexion dans soi
qui est l’immédiat. L’autre fois, elle est la réflexion comme se
rapportant négativement à soi ; elle se rapporte à soi comme au
non-être sien dont il fut question00.
La réflexion extérieure présuppose donc un être, première­
ment non dans le sens où son immédiateté n’est qu’être-posé ou
[22] moment, mais bien plutôt où cette immédiateté est le rapport à
soi, et où la déterminité n’est que comme moment. Elle se rap­
porte à sa présupposition de telle sorte que celle-ci est le négatif
de la réflexion, mais de telle sorte que ce négatif est sursumé
comme négatif. — La réflexion, dans son poser, sursume immédia­
tement son poser, ainsi a-t-elle une présupposition immédiate.
Elle trouve donc déjà-là cela même01 comme un terme tel que
de lui elle commence et qu’à partir de lui seulement02 elle est
le revenir dans soi, le nier de ce négatif sien. Mais que ce
présupposé soit un négatif ou [un] posé ne concerne en rien ce
même [présupposé] ; cette déterminité n’appartient qu’à la
réflexion posante, mais dans le présupposer l’être-posé n’est que
comme [être-posé] sursumé. Ce que détermine et pose en
l’immédiat la réflexion extérieure, ce sont dans cette mesure des
déterminations qui sont extérieures à ce même [immédiat].

60. auf jenes ihr Nichtsein : ce rappel évoque sans doute, au milieu de
ce paragraphe, l’affirmation selon laquelle la réflexion extérieure < se
présuppose comme sursumée, comme le négatif d’ellef-même} ». — Quant
il: à l’autre' aspect, celui qui fait que la réflexion est extérieure à soi et
s’exprime comme réalité immédiate, il recueille ici ce qu’a acquis de validité

essentielle l’apparence devenant le paraître. — Il va de soi, et le paragraphe^,
l à venir nous le dira, que même dans le premier cas il y a immédiateté ; mais
celle-ci n’est alors que moment purement posé (et sursumé), tandis que,
selon le deuxième aspect (qui portera ici tout le poids de l’analyse), l’immé-
diateté est réelle, tandis que la déterminité globalisante est seulement un
: moment.
61. dasselbe : il s’agit de la présupposition immédiate.
62. erst, temporel.

24
H

i
l’essence comme réflexion

—• Elle était l’infini dans la sphère de l’Etre ; le fini vaut comme


le premier, comme le réel, on commence par lui comme par ce
qui se trouve au fondement et demeure au fondement, et l’infini
est la réflexion dans soi se tenant en face
Cette réflexion extérieure est le syllogisme dans lequel les
deux extrêmes, l’immédiat et la réflexion dans soi, sont ; le
moyen-terme de ce même [syllogisme] est le rapport des deux,
l’immédiat déterminé, de telle sorte qu’une partie de ce même
[moyen-terme], l’immédiateté, ne revient qu’à l’un des extrêmes,
[et] l’autre, la déterminité ou négation, qu’à l’autre c\
Mais si l’on considère de plus près le faire de la réflexion 18
extérieure, elle est deuxièmement poser de l’immédiat, qui dans
cette mesure devient le négatif ou déterminé ; mais elle est immé­
diatement aussi le sursumer de ce poser sien ; car elle présuppose
l’immédiat ; elle est dans le nier le nier de ce nier sien. Mais [23]
elle est immédiatement par là aussi bien poser, sursumer de l’im­
médiat pour elle négatif, et ce à partir de quoi elle paraissait
commencer comme à partir de quelque chose d’étranger n'est
que05 dans ce commencer sien. L’immédiat, de cette manière, n’est
pas seulement en soi, ce qui voudrait dire pour nous ou dans
la réflexion extérieure, la même-chose que ce qu’est la réflexion,
mais il est posé qu’il est la même-chose. Il est en effet déterminé

63. Le statut de l’infini, entendu comme totalité, est évidemment central


dans la Logique de Hegel. Il fut, lors de sa première émergence, c'est-à-dire
comme infinité qualitative (cf. notre traduction de « LEtre », pp. 114 sq.),
compris comme la <s seconde définition de l’absolu », après celle que
constituait le devenir (ibid., p. 115). « Etre-autre de 1 être-autre », 1 infini
était alors, d’abord et avant tout, le négatif du fini. Mais tout le mouvement
de l’être consiste à montrer que l’infini véritable (celui de la raison, et non
de l’entendement) est la vérité de l’affirmation du. fini comme fini. Dans
cette perspective, la longue étude touchant 1’ « infinité quantitative » a mar­
qué un moment capital {ibid., pp. 214 sq. ; voir notre note 119, P- 214). -
Ici, le moment présent de l’extériorité apparente ce développement, mutatts
mutandis, à celui qui concernait l’infinité qualitative. Mais 1 achèvement pro­
chain de la réflexion dans le mouvement d’une authentique détermination mon­
trera bien, une fois de plus, que l’infini ne survient pas au fini de 1 extérieur
de celui-ci. On peut dire qu’en définitive, pour un Hegel, il n’y a pas de
« passage » du fini à l’infini, et cela parce que le fini, dans son intériorité
essentielle, est déjà le phénomène du véritable infini. Le mouvement, par
conséquent, ne sera pas celui d’une transition d un terme a 1 autre, mais,
avec son double aspect, celui d’une intériorisation/extériorisation.
64. La forme de ce « syllogisme », que l’on peut dire encore très primitif
(puisque l’identité ne se pose que dans un tiers et n'affecte pas réellement
les extrêmes), ressortit à la première des figures du syllogisme de l’être-là
(Lasson, II 311 sq.). Hegel l’appellera le « syllogismz-d’entendement immé­
diat ». Dans le cas présent, l’universel est du côté de la réflexion entendue
comme négation redoublée (réflexion posante), et le singulier, évidemment,
du côté de l’immédiateté présupposée.
65. erst, temporel.

25
I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I


i par la réflexion comme son négatif ou comme son autre, mais
c’est elle-même qui nie ce déterminer. — Ainsi est sursumée
l’extériorité de la réflexion en regard de l’immédiat; son poser
qui se nie lui-même est le coïncider d’elle avec son négatif, avec
l’immédiat, et ce coïncider est l’immédiateté essentielle elle-
même. — Ce qui donc est présent66, c’est que la réflexion exté-
rieure n’est pas [réflexion] extérieure, mais tout aussi bien
réflexion immanente de i’immédiateté elle-même; ou que ce
qui est par la réflexion posante est l’essence étant en et pour
.5 • !
soi. Ainsi est-elle réflexion déterminanteC7.

Remarque68

La réflexion se trouve prise de manière habituelle au sens


subjectif comme le mouvement de la judiciaire qui outrepasse
une représentation immédiate donnée et cherche pour cette
même [représentation] ou compare avec elle des déterminations
universellesc9. Kant op-pose la judiciaire réfléchissante à la
judiciaire déterminante. (Critique de la Judiciaire. Introd.
p. XXIII s.)70. Il définit la judiciaire en général comme la faculté

66. vorbanden, présent au sens de donné.


67. La réflexion posante (identité du négatif avec soi) est réflexion réelle,
qui contient et déploie en soi les déterminations sursumées de l’être. Cette
« réalité » s’exprime dans le fait que le mouvement semble prendre son
origine de l’immédiateté présupposée par ce cercle du poser. Mais précisé­
ment, qu’elle soit présupposée par le poser fait qu’elle présuppose elle-même
ce poser. Elle le présuppose comme étant elle-même l’extériorité intérieure
de ce poser, c’est-à-dire sa détermination.
68. Cette Remarque n’est pas indiquée dans la table des matières de
l’édition originale.
69. Nous reprenons à Eric Weil la traduction de Urteilskraft par « judi­
ciaire ». Ci. Problèmes kantiens, Vrin, 1963, p. 8.
70. La Critique de la Judiciaire connut, du vivant de Kant, trois éditions
qui, sans etre notablement différentes, comportent pourtant d’assez nom­
breuses variantes ; ces trois versions, assurées par l’éditeur F.-T. Lagarde, de
Berlin, parurent en 1790, 1793 et 1799. Le texte de 1793 est repris dans
la grande édition de Berlin (Kant’s gesammelte Schriften, Druck und Verlag
m Georg Reimer, tome 5, 1913), et celui de 1799 dans l’édition courante de
Karl Vorlânder (Félix Meiner, Hamburg, 1963). Dans ces deux cas, le
passage auquel Hegel se réfère n’est pas à la page XXIII, comme il est
indiqué ici, mais au bas de la page XXV et au haut de la page XXVI
H (voir la numérotation marginale, dans 1 édition de Berlin, p. 179, et, dans
i:î; j celle de Vorlânder, p. 15). Mais la pagination de l'édition de 1790 était

fi differente : cest probablement elle que Hegel a eue entre les mains.
Quoi qu il en soit, le texte que cite Hegel en ce passage présente quelques
différences par rapport à 1 original, — supprimant une parenthèse (qui, il
est vrai, n est pas signifiante pour le propos) et soulignant différemment
les termes de cette définition. Voici la traduction précise du véritable texte
i 26
-,
L’ESSENCE COMME REFLEXION

de penser le particulier comme contenu sous Vuniversel. Lorsque


l’universel (la règle, le principe, la loi) est donné, la judiciaire, qui
subsume le particulier là-dessous, est déterminante. Mais lorsque [24]
c’est seulement le particulier qui est donné, [particulier} pour
lequel elle doit trouver l’universel, la judiciaire est simplement
réfléchissante. La réflexion est donc ici également l’outrepasser
d’un immédiat vers l’universel. L’immédiat, pour une part, ne se 19
trouve déterminé comme particulier que71 par ce rapport de ce
même [immédiat] à son universel ; pour soi il est seulement un
singulier ou un étant immédiat. Mais, pour une autre part, ce à
quoi il se trouve rapporté, son universel, sa règle, [son] prin­
cipe, [sa] loi72, est en général le réfléchi dans soi, ce qui se
rapporte à soi-même, l’essence ou l’essentiel.
Pourtant il n’est ici question, ni de la réflexion de la cons­
cience, ni de la réflexion plus déterminée de l’entendement,
[réflexion] qui a pour déterminations le particulier et l’universel,
mais de la réflexion en général. Quant à cette réflexion à
laquelle Kant attribue l’acte-de-rechercher l’universel pour le
particulier donné, elle n’est également, comme il est clair, que la
réflexion extérieure qui se rapporte à l’immédiat comme à un
donné. — Mais là se trouve aussi le concept de la réflexion
absolue ; car l’universel, le principe ou règle ou loi vers quoi
elle procède dans son déterminer, vaut comme l’essence de cet
immédiat à partir duquel on commence, partant celui-ci [vaut]
comme quelque chose de nul, et le retour à partir de ce même
[immédiat], le déterminer de la réflexion, [vaut] seulement73
comme le poser de l’immédiat selon son être véritable ; donc ce
que la réflexion fait en lui et les déterminations qui proviennent
d’elle [valent], non comme quelque chose d’extérieur à cet immé­
diat, mais comme son être propre74.
de Kant : « [La] judiciaire en général est la faculté de penser le particulier
comme contenu sous l’universel. Lorsque l’universel (la règle, le principe, la
loi) est donné, la judiciaire, qui subsume le particulier là-dessous (aussi
lorsque, comme judiciaire transcendantale a priori, elle indique les conditions
conformément auxquelles seulement on peut subsumer sous cet universel),
est déterminante. Mais lorsque c’est seulement le particulier qui est donné,
[particulier] pour lequel elle doit trouver l’universel, la judiciaire est sim­
plement réfléchissante ».
Dans la traduction française de A. Philonenko (Vrin, 1965), dont nous
nous écartons ici notablement, ce passage se trouve aux pages 27 et 28.
71. erst, temporel.
72. Comme Lasson, nous supprimons le point-virgule qui, dans l’édition
originale, se trouve après Gezetz, « loi ».
73. erst, temporel.
74. Dans la première partie de ce paragraphe, Hegel renouvelle le reproche
qu’il fait communément à Kant : celui de postuler, dans son système de

27
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

La réflexion extérieure était aussi visée lorsque, comme ce fut


[25] un temps' la mode" dans la philosophie moderne, tout le
mal fut dit de la réflexion en général et quelle fut regardée,
avec son déterminer, comme l’antipode et l’ennemi héréditaire
du type de considération absolu. En fait la réflexion pensante elle
aussi, dans la mesure où elle se comporte comme extérieure, part
purement-et-simplement d’un immédiat donné, qui lui est étran­
ger, et se considère comme un faire simplement formel qui rece­
vrait de l’extérieur contenu et matériau et ne serait pour soi
que le mouvement conditionné par lui7|J. — En outre, comme il
se dégagera tout de suite plus en détail à propos de la réflexion
déterminante, les déterminations réfléchies sont d’une autre
espèce que les déterminations simplement immédiates de l’être.
Ces dernières sont plus facilement admises comme passagères,
simplement relatives, en rapport à autre-chose ; mais les déter­
minations réfléchies ont la forme de l’être-en-et-pour-soi ; elles
se font valoir par conséquent comme les [déterminations] essen­
0 tielles, et, au lieu de passer dans leurs op-posées, elles apparais­
sent plutôt comme absolues, libres et indifférentes les unes en
regard des autres. Elles résistent par conséquent avec opiniâtreté
à leur mouvement, Yêtre de ces mêmes [déterminations] est leur
identité avec soi dans leur déterminité, [déterminité] selon
laquelle, bien quelles se présupposent réciproquement, elles se
maintiennent purement-et-simplement séparées dans ce rapport77.

pensée, une réalité donnée sur laquelle l’esprit n’a pas de pouvoir. Dans cette
mesure, Kant ne dépasse évidemment pas, aux yeux de Hegel, le niveau
de Ja réflexion extérieure. Mais la seconde partie de ce paragraphe dégage,
chez Kant lui-même, et comme à son insu, un au-delà de cette réflexion
extérieure. En effet, dans la mesure où, à partir de cet immédiat, l’esprit
progresse vers l’essence, il trouve en celle-ci le fondement de l’immédiat
lui-même; La réflexion est alors déterminante.
75. tvie es etne Zeitlang Ton war.
16. Il semble que cette philosophie qui part de l’absolu, sans autre
détermination, soit celle de Schelling. Hegel montre à son propos que,
si elle entend échapper à un formalisme vide, elle doit elle aussi prendre
en compte un matériau donné; dans cette mesure elle ne dépasse pas,
elle non plus, le niveau de la réflexion" extérieure.
77. La seconde partie de ce paragraphe représente, à sa manière, une
sorte de résumé prospectif de toute la Doctrine de l’Essence, dans son
principe non encore déployé, c’est-à-dire par le biais de la détermination
prise comme telle. Elle nous dit que toutes les déterminations à venir
(et c est cela qui les différencie de celles de l’être) se présenteront comme
des totalités autonomes, — avec la plénitude qui s’engendre de là,
mais aussi^ avec le danger qui les guette de se clore sur elles-mêmes,
à la manière des monades leibniziennes.

28

!
l’essence comme réflexion

3.
Réflexion déterminante

La réflexion déterminante est de façon générale l’unité de


la réflexion posante et de la réflexion extérieure. Voilà qui est
à considérer de plus près. —

1. La réflexion extérieure commence à partir de l’être immé­


diat, la [réflexion] posante à partir du néant78. La réflexion exté­
rieure qui devient déterminante pose un autre, mais [qui est] ■
l’essence, à la place de l'être sursumé ; le poser pose sa déter­ [26]
mination non pas à la place d’un autre ; il n’a pas de présup­
position. Mais pour cette raison il n’est pas la réflexion achevée,
déterminante ; la détermination qu’il pose est par conséquent
seulement quelque chose de posé ; il est [un] immédiat, non pas
pourtant comme égal à soi, mais comme se niant, il a rapport
absolu au retour dans soi, il est seulement dans la réflexion dans
soi, mais il n’est pas cette réflexion elle-même79.
Le posé est par conséquent un autre, mais de telle sorte que
l’égalité avec soi de la réflexion est purement-et-simplement
maintenue ; car le posé est seulement comme [un] sursumé,
comme rapport au retour dans soi-même. — Dans la sphère de
{'Etre, l’être-là était l’être qui avait en lui la négation, et l’être le
terrain immédiat et [l’]élément de cette négation, qui par consé­
quent était elle-même la [négation] immédiate. A l’être-là corres­
pond dans la sphère de l’Essence Y être-posé. Il est également un
être-là, mais son terrain est l’être comme essence ou comme néga­
tivité pure ; il est une déterminité ou négation, non pas comme
étant, mais immédiatement comme sursumé. L’être-là est seule­
ment être-posé ; c’est là la proposition de l’essence à propos de

78. Ou à partir du rien. .


79. On voit comment la réflexion déterminante, comme procès totale­
ment accompli, est unité de la réflexion pesante et de la réflexion exté­
rieure. Hegel montre en quoi la première, en elle-même, et dans le mouve­
ment de son extérioration, risque toujours de ne pas faire droit à la véritable
immédiateté qui-est\ comme telle, en effet, elle ressortit encore au type
de détermination caractéristique de letre, c’est-à-dire à la qualification de
l’être-autre comme simple moment de 1 etre-pour-soi. Le terme immédiat, de
cette manière, est un <r seulement posé » (expression qui reviendra à bien
des reprises pour caractériser l’absolu comme pur rapport à soi, antérieure­
ment à sa détermination véritable) ; il est « dans la réflexion » (sursumé en
elle), il n’est pas encore « la réflexion elle-même x> (déterminée comme réelle­
ment extérieure à soi dans le mouvement de sa diction intérieure).

29
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

l’être-là80. L’être-posé se tient d’un côté en face de l’être-là, d’un


autre côté en face de l’essence, et est à considérer comme le
moyen-terme qui syllogise entre eux81 l’être-là avec l’essence, et
inversement l’essence avec l’être-là. — Lorsque 1 on dit qu une
détermination est seulement un être-posé, cela peut avoir par
21 conséquent ce double sens ; elle est cela par opposition en regard
de l’être-là ou en regard de l’essence. Au premier sens, l’être-là
se trouve pris pour quelque-chose de plus élevé que l’être-posé,
et celui-ci est attribué à la réflexion extérieure, au subjectif. Mais
[27] en fait l’être-posé est le plus élevé ; car, comme être-posé, l’être-là,
[entendu] comme ce qu’il est en soi, comme [un] négatif, est
quelque chose qui n’est rapporté purement-et-simplement qu’au
retour dans soi. Pour cette raison l’être-posé est seulement un être-
posé eu égard à l’essence, comme la négation de l’être-retourné
dans soi-même

2. L’être-posé n’est pas encore détermination-de-réflexion ; il


est seulement déterminité comme négation en général. Mais le
poser est maintenant en unité avec la réflexion extérieure ; celle-ci,
dans cette unité, est présupposer absolu, c’est-à-dire le repousser de
soi-même de la réflexion ou le poser de la déterminité comme
d’elle-même. L’être-posé est par conséquent, comme tel, négation ;
mais comme [quelque chose de] présupposé elle est comme [néga­
tion] réfléchie dans soi. Ainsi l’être-posé est-il détennination-de-
réflexion83.

80. Nous traduisons Satz par <t proposition », et non pas, comme on
le fait communément, par « principe ». Hegel connaît en effet le terme
Prinzip, qui a toujours chez lui le sens de principe organisateur (cf., par
exemple, Enz. § 33), alors que Satz, terme plus neutre, désigne seule­
ment le lieu d’une affirmation.
81. « syllogise entre eux » = zusammenschliesst : il s’agit en effet,
dans le moyen-terme (Mitte), d’un type de relation qui a la force du syl­
logisme (Schluss).
82. L’être-là auquel doit atteindre l’essence (« il faut qu’elle passe
à l’être-là », a dit Hegel dans l’introduction : cf. ci-dessus, p. 4) doit
être un être-là qui ait à la fois, si l’on peut dire, la stature de l’être-là
et de l’essence : il (et elle) sera alors existence. Mais ici, c’est encore un
tiers-terme, l’être-posé, qui assure la transition incomplète de l’essence
à l’être-là, de sorte que ces deux termes sont encore dans une extériorité
relative. Pour sortir de ce point de vue, il faut confronter plus avant
l’être-là avec l’essence.
83. Ce paragraphe, qui est décisif, assure le passage de l’être-posé
comme négation (c’est-à-dire comme simple moment, pour soi non
subsistant) à 1 etre-posé comme réflexion dans soi. Ainsi entre en scène la
« détermination-de-réflexion », unité de l’identité négative caractéristique
de la reflexion posante et de la différence positive caractéristique de la
réflexion extérieure.

30
l’essence comme réflexion

La détermination-de-réflexion est différente de la détermination


de l’être, de la qualité ; celle-ci est rapport immédiat à autre-chose
en général ; l’être-posé lui aussi est rapport à autre-chose, mais à
l’être-réfléchi dans soi. La négation comme qualité est négation
comme étant ; l’être constitue son fondement et [son] élément.
La détermination-de-réflexion par contre a pour ce fondement
l’être-réfléchi dans soi-même. L’être-posé se fixe en détermination
justement pour cette raison que la réflexion est l’égalité avec soi-
même dans son être-nié ; son être-nié est par conséquent lui-même
réflexion dans soi. La détermination ne subsiste pas ici par l’être,
mais par son égalité avec soi. Parce que l’être qui porte la qualité
est l’inégal [par rapport] à la négation, la qualité est inégale dans
soi-même, par conséquent moment qui-passe, qui-disparaît dans
l’autre8'1. Par contre, la détermination-de-réflexion est l’être-posé
comme négation, négation qui a pour fondement letre-nié, donc [28"
[qui] n’est pas inégale à soi dans soi-même, partant [qui est]
déterminité essentielle, ne passant pas. Uégalité-â-soi-même de la
réflexion, qui a le négatif seulement comme [un] négatif, comme
[un] sursumé ou posé, est ce qui donne subsistance à celui-ci “.
En raison de cette réflexion dans soi, les déterminations-de-
réflexion apparaissent comme des essentialités libres, flottant dans
le vide sans attraction ou répulsion les unes en regard des autres. 2.
En elles la déterminité, par le rapport à soi, s’est affermie et
[s’est] fixée de façon infinie. C’est le déterminé qui s’est soumis
son passer et son simple être-posé, ou qui a infléchi sa réflexion
dans autre-chose en réflexion dans soi. Ces déterminations consti­
tuent par là l’apparence déterminée telle quelle est dans l’es­
sence, l’apparence essentielle. Pour cette raison la réflexion déter­
minante est la réflexion parvenue hors de soi ; l’égalité de
l’essence avec soi-même est perdue dans la négation80, qui est ce
qui domine87.

84. im Andern, sans mouvement.


85. Sur la détermination qualitative de l’être, voir notre traduction du
premier Livre, pp. 21 sq. (et en particulier pp. 85 sq.). L’être-autre de
l’être-là, paradoxalement, est à la fois un autre être-là et, comme tel,
pas plus subsistant que ne l’est le premier : un terme « qui-passe » ;
tandis que l’être-autre de l’essence (son être-posé comme essence) n’est pas
seulement l’inégal mais l’égal dans soi : une subsistance authentique, qui
ne met pourtant pas en péril l’essence comme totalité, mais l’exprime au
contraire de façon concrète selon cette totalité.
86. in die Négation, avec mouvement.
87. Chaque détermination-de-réflexion, constituée telle par le mouve­
ment qui va de la réflexion dans autre-chose à la réflexion-dans-soi,
témoigne donc de l’essence comme totalité. De la sorte, à une < apparence »
première qui contestait, si 1 on peut dire, cette totalité, se substitue Y « appa-

31
;
?
i
I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

Il y a donc, en la détermination-de-réflexion, deux côtés qui tout


d’abord se différencient. En premier lieu elle est 1 etre-posé, la
négation comme telle ; deuxièmement elle est la réflexion dans
soi. Selon l’être-posé, elle est la négation comme négation ; cela,
du même coup, est déjà son unité avec soi-même. Mais elle n’est
cela d’abord qu'en soi, ou elle est l’immédiat comme se sursumant
en lui, comme l’autre de soi-même. — Dans cette mesure la
réflexion dans soi est acte-de-déterminer qui-demeure. L’essence
ne va pas là en dehors de soi ; les différences sont purement-et-
simplement posées, reprises dans l’essence 88. Mais, selon l’autre
côté, elles ne sont pas des [différences] posées, mais réfléchies
dans soi-même ; la négation comme négation est en égalité avec
elle-même, réfléchie non pas dans son autre, non pas dans son
non-être89.

[29] 3. En tant maintenant que la détermination-de-réflexion est


aussi bien rapport réfléchi dans soi-même qu’être-posé, sa nature
ressort immédiatement de là de façon plus précise. Comme être-
posé, en effet, elle est la négation comme telle, un non-être en
regard de quelque chose d’autre, savoir en regard de la réflexion
absolue dans soi ou en regard de l’essence. Mais, comme rapport
à soi, elle est réfléchie dans soi. — Cette réflexion sienne et cet
être-posé sont différents ; son être-posé est plutôt son être-sur-
sumé ; mais son être-réfléchi dans soi est son subsister. Dans la
mesure donc où c’est maintenant l’être-posé qui en même temps
est réflexion dans soi-même, la déterminité-de-réflexion est le rap­
port à son être-autre en elle-même™. — Elle n’est pas comme

rence^ essentielle », laquelle est garante de cette totalité, puisqu’elle est


concrétion de l’essence dans son extériorisation intérieure. Les essentialités
ont donc une authentique subsistance ; elles apparaissent même, dans un
premier temps, comme des réalités parfaitement « libres », et presque
- closes sur elles-mêmes ainsi que des monades ; mais en fait elles n’ont
d’autre subsistance que celle de l’essence même, étant « perdues dans la
négation » et fondées dans l’unité quelle promeut.
88. in das Wesen, avec mouvement.
89- in ihr Anderes, in ibr Nichtsein, avec mouvement. — La réflexion est
donc, d’une part, l’être-posé de la négation comme négation (réflexion
posante), et, d’autre part, immédiateté présupposée ou posée comme
réflexion dans soi (réflexion extérieure). Et c’est l’unité de ces deux
côtés » (en tant que, précisément, ils sont des côtés) qui fait que la
réflexion est acte de se déterminer, non point comme moment évanes­
cent, mais comme réalité qui demeure (réflexion déterminante). Le procès
ou s’exprimera ce déterminer manifestera, dans la « contradiction »
Üli \ comprise comme le fondement de tout ce qui est, cette tension signifiante
et cette identité duelle du même et de l’autre.
Éffe,. 90. Il y a donc là, a un niveau principiel, une première identité de
l’identique (ou du poser) et du non identique (ou de l'extériorité). U
:tv- 32
$ !.
m
ïii
l’essence comme réflexion

une déterminité qui-est, en-repos, qui se trouverait rapportée à


un autre de telle sorte que le rapporté et son rapport sont diffé­
rents l’un de l’autre, celui-là un étant-dans-soi, un quelque-chose, 23
qui exclut de soi son autre et son rapport à cet autre. Mais la
détermination-de-réflexion est en elle-même le côté déterminé
et le rapport de ce côté déterminé comme déterminé, c’est-à-dire
à sa négation. — La qualité passe, par son rapport, dans autre-
chose ; dans son rapport s’inaugure son changement. La déter­
mination-de-réflexion par contre a repris dans soi son être-autre.
Elle est être-posé, négation, mais qui, en l’infléchissant, ramène
dans soi le rapport à autre-chose, et négation qui est égale à soi-
même, l’unité d’elle-même et de son autre, et seulement par là
essentialité. Elle est donc être-posé, négation, mais, comme ré­
flexion dans soi, elle est en même temps l’être-sursumé de cet
être-posé, rapport infini à soi91.

détermination-de-réflexion est l’essence dans son extériorité intérieure ; elle


est la forme première, encore intérieure, de l’existence (ou de l’être essen­
tiel).
91. L’essentialité (ou détermination-de-réflexion) est donc une réalité
dans laquelle rapport et rapporté ne sont pas différents (ou ne sont diffé­
rents que comme des « aspects » de cette réalité une). C’est cela qui
la différencie de la détermination qualitative de l’être. Sur ce point, cf.
ci-de«sus, p. 31, note 85.

■ >.

WÊÈÊÈÊÊÈ
ii
[30] CHAPITRE SECOND

LES ESSENTIALITÉS
OU LES DÉTERMINATIONS-DE-RÉFLEXION

La réflexion est réflexion déterminée ; ainsi l’essence est-elle


essence déterminée, ou elle est essentialité.
La réflexion est le paraître de l’essence dans soi-même. L’essence,
comme retour infini dans soi, n’est pas simplicité immédiate, mais
négative; elle est un mouvement à travers des moments diffé­
rents, médiation absolue avec soi. Mais elle paraît dans ces
moments siens1 ; ils sont par conséquent eux-mêmes des détermi­
nations réfléchies dans soi.
L’essence est d’abord rapport simple à soi-même ; identité
pure. C’est là sa détermination, selon laquelle elle est plutôt
absence-de-détermination.
Deuxièmement la détermination proprement dite est la dif­
férence ; et elle l’est pour une part comme différence extérieure ou
indifférente, la diversité en général ; mais pour une autre part
comme diversité op-posée ou comme opposition.
Troisièmement, comme contradiction, l’opposition se réfléchit
dans soi-même et fait retour dans son fondement2.

1. in diese seine Momente, avec mouvement.


2. Comme l'indique le titre de ce chapitre, « essentialité » et « détermina-
tion-de-réflexion » sont des termes totalement équivalents. Et il est normal
qu’il en soit ainsi. L’essence, en effet, est réflexion dans soi, — ou encore elle
est « le paraître dans soi-même ». Or ce paraître et cette réflexion sont déter­
minés (ou encore déterminants, puisqu’ils se posent eux-mêmes comme déter­
minés). Ces déterminations sont l’identité négative avec soi de la réflexion
posante, la différence positive de la réflexion extérieure, et finalement l'iden­
tité de l’identité et de la différence qu’exprime, comme totalité accomplie, la
réflexion déterminante. Elles sont déterminations de l’essence, ce qui veut dire
qu’elles n’ont point un être-là qualitativement ni quantitativement autre
qu’elles : elles ont (elles sont) l’être-là de l’essence ; ou encore, elles sont
« réféchies dans soi » : ce qu’exprime Hegel en les nommant des « essenda-
lités ».
Ce qui précède montre déjà que les trois essentialités principales que

34
l’essence comme réflexion

Remarque8 [31]

Les déterminations-de-réflexion se trouvaient habituellement


prises naguère dans la forme de propositions4 où l’on déclarait à
leur propos qu’elles valent de tout. Ces propositions valaient
comme les lois-du-penser universelles qui se trouvent au fonde­ 24
ment de tout penser, [qui] en elles-mêmes seraient absolues et
indémontrables, mais par tout penser, quelle que soit la façon
dont il saisisse leur sens, se trouvent reconnues et admises immé­
diatement et sans contredit comme vraies5.
Ainsi la détermination essentielle de l'identité se trouve-t-elle
énoncée dans la proposition : tout est égal à soi-même ; A = A.
Ou négativement : A ne peut être en même temps A et non A.
Tout d’abord on ne peut voir pourquoi seules ces déterminations
simples de la réflexion doivent se trouver saisies dans cette forme
particulière0, et non pas aussi les autres catégories telles que7
toutes les déterminités de la sphère de l’Etre. Il en résulterait les
propositions, par exemple, tout est, tout a un être-là, etc., ou tout8
a une qualité, quantité, etc. Car être, être-là, etc., sont, comme
déterminations logiques en général, prédicats de tout. La caté­
gorie est, selon son étymologie et la définition d’Aristote, ce qui
se trouve dit, affirmé de l’étant. — Seulement, une déterminité
de l’être est essentiellement un passer dans l’op-posé ; la [déter­
minité] négative de chaque déterminité est aussi nécessaire qu’elle-
même ; en face de chacune, en tant quelles sont0 des détermi­
nités immédiates, se tient immédiatement l’autre. Lorsque ces

développera ce chapitre (l’identité, la différence, la contradiction) sont les


déterminations et comme les concrétions des trois aspects constitutifs de la
réflexion (réflexion posante, réflexion extérieure, réflexion déterminante).
3. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Les déterminations-
de-réflexion dans la forme de propositions.
4. in die Form von Sdtzen, avec mouvement.
5. Les déterminations-de-réflexion prennent, dans la Logique de Hegel, la
place que tenaient, dans la « métaphysique ancienne », les lois formelles du
penser. Elles s’en différencient en ce qu’elles ne sont pas d’ordre seulement
noétique, mais ontologique, déterminant le connaître non comme la recherche
des lois du penser subjectif mais comme le mouvement de la réalité dans
son auto-exposition essentielle. Elles sont donc plus aussi, Hegel va le préciser
maintenant, que les « catégories », principes de classification grâce auxquels
on peut affirmer quelque chose de l’étant, mais qui, selon Hegel, sont
inaptes à exprimer l’étant dans son mouvement propre.
6. in diese besondere Form, avec mouvement.
7. tvie.
8. Contrairement à ce que porte l'édition Lasson, ce c tout » n’est pas
souligné dans le texte original.
9- uls.

35


DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

catégories, par conséquent, se trouvent saisies dans de telles pro­


positions 10, alors viennent au jour tout aussi bien les propositions
[32] op-posées ; toutes deux s’offrent avec la même nécessité, et, comme
affirmations immédiates, ont [un] droit au moins égal. L’une exi­
gerait de ce fait une preuve contre l’autre, et à ces affirmations ne
pourrait par conséquent plus revenir le caractère de propositions
du penser immédiatement vraies et irrécusables n.
Les déterminations-de-réflexion, en revanche, ne sont pas de
type qualitatif. Elles sont des déterminations se rapportant à soi,
et par là en même temps soustraites à la déterminité en regard
d’autre-chose. En outre, en tant que ce sont des déterminités qui
sont des rapports en soi-même, dans cette mesure elles contien­
nent déjà dans soi la forme de la proposition. Car la proposition
se différencie du jugement surtout par le fait qu’en elle le contenu
constitue le rapport lui-même, ou qu’elle est un rapport déter­
miné. Le jugement, en revanche, transfère le contenu dans le
25 prédicat comme une déterminité universelle qui est pour soi1*,
et différente de son rapport, la copule simple. Lorsqu’une pro­
position doit se trouver convertie dans un jugement, le contenu
déterminé, s’il se trouve par exemple dans un verbe, se trouve
converti dans un participe, pour, de cette façon, séparer la déter­
mination elle-même et son rapport à un sujet. En revanche, aux
déterminations-de-réflexion [entendues] comme être-posé réfléchi
dans soi convient la forme même de la proposition. — Seulement,
en tant quelles se trouvent énoncées comme lois-du-penser univer­
selles, elles ont encore besoin d’un sujet de leur rapport, et ce
sujet est : tout ; ou un A, ce qui signifie tout autant que tout et
chaque être.
D’une part, cette forme de propositions est quelque-chose de
superflu; les déterminations-de-réflexion sont à considérer en et
pour soi. En outre, ces propositions ont ce côté erroné, [qui con-

10. w solche Sâtze, avec mouvement.


11. Hegel exprime là une de ses convictions les plus constantes : nulle affir-
ation n est vraie dans son immédiateté première hors du procès qui la justifie
ma'2 CterTant’ — d’UQe détermination non point seulement qualitative
P&.G ^66/27 (i 68/22) acte‘^'assurer sec vaut tout autant qu’un autre » :
extériorité ^e iu&ement conserve toujours, dans sa forme, une certaine
pourquoi il î61™65 que la copule n’identifie que de façon imparfaite ; c’est
tion, dans lacmiiiaCC°mi>lir c*ai?s *e syllogisme. Par rapport à lui, la proposi-
donc plus apte à et Pr^cat sont la même chose (v.g. A = A), semble
mais Hegel va mont^6 K raPP°rt * so* qu’est la détermination-de-réflexion ;
explicitation laisse èm* quen kh elle la trahit tout aussi bien, puisque son
est différent du prédicat^ Un SU^et unlversel et indéterminé (« tout ») qui

36
l’essence comme réflexion

siste] à avoir pour sujet l’être, tout quelque-chose. Par là elles [33]
éveillent à nouveau l’être, et énoncent, à propos du quelque-chose,
les déterminations-de-réflexion, l’identité, etc., comme une qualité
qu’il aurait en lui ; non pas au sens spéculatif, mais [en affir­
mant] que quelque-chose, comme sujet, demeurerait dans une telle
qualité comme étant, [et] non pas qu’il serait passé dans l’identité,
etc. comme dans sa vérité et son essence13.
Mais finalement, les déterminations-de-réflexion ont certes la
forme d’être égales à soi-même et par conséquent non-rapportées
à autre-chose et sans op-position ; mais, ainsi qu’il se dégagera
de leur considération plus précise — ou bien ainsi qu’il est clair
immédiatement en elles [entendues] comme l’identité, la diversité,
l’op-position —, elles sont [des déterminations-de-réflexion] déter­
minées les unes en regard des autres, elles ne sont donc pas sous­
traites par leur forme à la réflexion, au passer et à la contradiction.
Les propositio?zs multiples14 que l’on établit comme lois-du-penser
absolues sont par conséquent, considérées de plus près, op-posées
les unes aux autres, elles se contredisent l’une l’autre et se sursu-
ment mutuellement. — Si tout est identique à soi, cela n’est pas
divers, n’est pas op-posé, n’a pas de fondement. Ou si l’on admet
qu’il n'y a pas deux choses égales, c’est-à-dire que tout est mutuelle­
ment divers, alors A n’est pas égal à A, alors A n’est pas non plus
op-posé, etc. L’adoption de chacune de ces propositions ne permet
pas l’adoption des autres. — Leur considération dépourvue-de-
pensée les énumère les unes après les autres, de telle sorte qu’elles
n’apparaissent aucunement en rapport les unes aux autres ; elle a 26
simplement en vue leur être-réfléchi dans soi, sans tenir compte
de leur autre moment, Yêtre-posé ou leur déterminité comme telle,
qui les entraîne dans le passage et dans leur négation 15.

13. Sur la différence entre le jugement et la proposition ordinaire d’une


part et, d’autre part, la proposition spéculative, cf. Ph.G. 51 sq. (I 54 sq.).
14. Die mehrern Sàtxe : les propositions qui sont plusieurs, les propositions
plurales.
15. Parce qu’elles sont des « essentialités » (parce qu’en elles l’essence
s’exprime comme totalité), les déterminations-de-réflexion ne peuvent être
juxtaposées ni s’exclure mutuellement. Chacune n’est ce qu’elle est que parce
quelle est aussi toutes les autres : elles sont donc négativement identiques, et
le « passage » de l’une dans l’autre, enraciné dans cette négation, n’est que
l’acte de laisser apparaître la profondeur réelle de chacune.

37
;
:
*
'
:
DEUXIÈME LIVRE : SECTION J
[34]
■ : I

A.
L’IDENTITÉ

1. L’essence est l’immédiateté simple comme immédiateté sur-


sumée. Sa négativité est son être ; elle est égale à soi-même dans
sa négativité absolue, par laquelle 1 etre-autre et le rapport à
autre-chose a purement-et-simplement disparu en soi-même dans
la pure égalité-à-soi-même. L’essence est donc identité simple avec
soi.
Cette identité avec soi est Yimmédiateté de la réflexion. Elle
n’est pas cette égalité avec soi qu’est l’être ou aussi le néant, mais
l’égalité avec soi qui est comme [égalité] s’établissant en l’unité,
non pas un rétablir à partir d’un autre, mais cet établir pur à
partir de et dans soi-même ; l’identité essentielle. Dans cette me­
sure, elle n'est pas identité abstraite, ou n’[a] pas surgi par un nier
relatif qui serait survenu en dehors d’elle, et qui aurait séparé seu­
lement d’elle ce qui est différent, mais au demeurant aurait laissé,
après comme avant, la même-chose en dehors d’elle comme étant.
Mais l’être et toute déterminité de l’être s’est sursumé, non pas
de façon relative, mais en soi-même ; et cette négativité simple de
l’être en soi est l’identité même.
Dans cette mesure, elle est encore de façon générale la même-
chose que l’essence16.

i.35] Remarque 117

Le penser qui se tient dans la réflexion extérieure et ne con­


naît pas d’autre penser que la réflexion extérieure n’en vient pas
à connaître l’identité telle quelle s’est trouvée saisie à l’instant,
16. Dans l’édition Lasson, cette phrase, par erreur sans doute, a été placée
au début de la Remarque qui suit. Nous l’avons laissée à la place qu’elle occupe
dans l’original, où elle conclut très évidemment ce premier développement.
La détermination de l’identité (détermination qui, comme va le montrer la
suite du texte, est encore indéterminée) s’avère être la mise en forme concep­
tuellement plus achevée (et, dans cette ligne même, comme la résolution) de
la première dualité essence/apparence s’accomplissant dans le paraître de
l’essence dans soi-même. Devenue identité simple par sursomption de cette
dualité « apparente » (expression primaire de ce que l’essence est totalité en
tant même qu’elle est identique à l'être), l’essence se présente désormais comme
ayant en elle la différence ; non point la différence qualitative du rapport à
l’autre (comme il en allait dans le cas de l’être ou du néant), mais la différence
essentielle qui témoigne plus avant de l’essence comme totalité.
17. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Identité abstraite.

38

-
l’essence comme réflexion

ou l’essence, ce qui est la même-chose. Un tel penser n’a toujours


devant soi que l’identité abstraite, et, hors et à côté de cette même
[identité], la différence. Il est d’avis que la raison n’est rien de plus
qu’un métier à tisser sur lequel elle lie et entrelace l’une l’autre de
façon extérieure la chaîne, en quelque sorte l’identité, et ensuite
la trame, la différence ; ou bien encore, analysant, [elle] extrai­
rait tantôt l’identité en particulier, et puis de nouveau maintien­
drait la différence à côté, serait tantôt un acte-de-poser-l’égalité et 27
puis de nouveau un acte-de-poser-l’inégalité18 ; — un acte-de-po-
ser-legalité en tant que l’on abstrairait de la différence, — un
acte-de-poser-l’inégalité en tant que l’on abstrairait de l’acte-de-
poser-legalité. Ces assertions et ces opinions à propos de ce
que ferait la raison, il faut les laisser totalement de côté, étant
donné qu’elles sont en quelque sorte [des assertions et des opi­
nions] simplement historiques19, et [que] bien plutôt la considé­
ration de tout ce qui est montre en lui-même que, dans son égalité
avec soi, il est inégal à soi et contradictoire, et, dans sa diversité,
dans sa contradiction, [il est] identique à soi, et [est] en lui-
même ce mouvement du passer de chacune de ces déterminations
dans l’autre, et cela pour la raison que chacune, en elle-même, est
le contraire d’elle-même. Le concept de l’identité, [qui consiste]
à être négativité simple se rapportant à soi, n’est pas un produit
de la réflexion extérieure, mais s’est dégagé en l’être lui-même.
Alors qu’en revanche cette identité que serait hors de la différence
et la différence qui serait hors de l’identité sont des produits de
la réflexion extérieure et de l’abstraction, qui se maintient de
façon arbitraire sur ce point de la diversité indifférente20.
2. 21 Cette identité est d’abord l’essence elle-même, pas encore [36]
une détermination de cette même [essence], [elle est] la réflexion
18. ein Gleichsetzen, ein Ungleichsetzen : un poser-égal, un poser-inégal.
19. Les assenions » (Versicherungen) et opinions » (Meinungen)
simplement « historiques » (historiscb) sont celles qui demeurent extérieures
à l’objet sur lequel elles portent. Cf. notre traduction de « L’Etre », p. 10,
note 8.
20. Ce qui caractérise l’identité essentielle, c’est que, fruit d'une négation
redoublée, elle est produite par l’essence elle-même dans le dynamisme de
son ressourcement intérieur. Mais Hegel n’en rejette pas pour autant toute
« identité abstraite », posée de façon extérieure par une simple raison-
d’entendement, — à condition quelle se reconnaisse prévenue et englobée dans
le mouvement d’une véritable raison-totalisante.
21. Les trois paragraphes qui suivent, sous ce 2., ne font pas partie, en
fait, de la Remarque dans laquelle ils sont graphiquement inclus. Ils constituent
la suite du développement amorcé par Hegel, sous le 1., comme le corps de
son exposé sur l’identité. C’est donc sans doute une erreur de composition
qui fait parler ici de Remarque 1, et plus loin de Remarque 2, comme si
elles se suivaient sans solution de continuité.

39
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

totale, non pas un moment différencié de cette même [réflexion).


Comme négation absolue, elle est la négation qui se me immé­
diatement elle-même; un non-être et [une] différence qui dis-
paraît dans son surgir 22, ou un différencier par quoi rien ne
se trouve différencié, mais qui s’abîme immédiatement dans soi-
même. Le différencier est le poser du non-être comme [poser]
du non-être de l’autre. Mais le non-être de l’autre est sursumer
de l’autre, et donc du différencier lui-même. Mais ainsi le dif­
férencier est ici présent23 comme négativité se rapportant à soi,
comme un non-être qui est le non-être de soi-même ; un non-
être qui a son non-être, non pas en un autre, mais en soi-
même. Est donc présente34 la [différence] se rapportant à soi,
la différence réfléchie, ou [la] 25 différence absolue, pure26.
Ou l’identité est la réflexion dans soi-même qui n’est cela que
comme repousser intérieur, et ce repousser l’est comme réflexion
dans soi, [un] repousser se reprenant immédiatement dans soi.
28 Elle est ainsi l’identité [entendue] comme la différence identique
à soi. Pourtant la différence n’est identique à soi que dans la
mesure où elle n’est pas l’identité, mais non-identité absolue.
Absolue, pourtant, la non-identité l’est dans la mesure où elle
ne contient rien d’autre par rapport à elle, mais seulement elle-
même, c’est-à-dire dans la mesure où elle est identité avec soi
absolue.
L’identité est donc en elle-même non-identité absolue. Mais
elle est aussi la détermination de l’identité là-contre. Car, comme

22. in seinem Entstehen, sans mouvement.


23. vorhanden, présent au sens de donné.
24. vorhanden, présente au sens de donnée.
25. Cet article (der) ne se trouve pas dans l’original. Lasson l’a ajouté dans
son édition sans le mettre, comme à l’ordinaire, entre crochets carrés.
26. Dans cette première détermination encore indéterminée, l’essence est
identité à soi de la négation qu’elle est. Comme telle, elle est « négation
absolue ». Mais il est à noter que la négation ne s’épuise pas dans son surgir :
elle comporte un mouvement qui lui est propre, un devenir. Immédiate, elle
pose d abord la différence de soi comme altérité simple, dans l’économie de
1 extériorité ; redoublée (ou « réfléchie »), elle altère cette altérité extérieure,
quelle intériorise sous forme de différence de soi dans soi-même, — ce qui
n est autre, ainsi que le dit Hegel, que la différence pure. Paradoxalement, ce
premier procès de la différence ne fait que rejoindre l'identité pure, — comme
e néant, dans l’économie de la Qualité, était la face de négation de l’être.
Rappelons que le qualificatif d’ « absolu », chez Hegel, s’il veut dire que la
k‘e.Q engagée de façon effective, connote pourtant toujours un
sm e dabstracdon, de non-réalisation (cf. ci-dessus, p. 19, note 35, ip fine),
t, le noQ-accomplissement (ou la non-détermination relative) vient de
« oubli » de l’extériorité qui est la marque du procès réflexif à ce stade
e,AS°n/ CVe °^emeat. Mais cette intériorisation radicale de l’extériorité pre-
mtère (cette <t réminiscence » essentielle) est la condition de l’extériorisation
pareillement radicale de cette intériorité première de l’être qu’est l’essence.

40

üfl
l’essence comme réflexion

réflexion dans soi, elle se pose comme son propre non-être ; elle
est le tout, mais, comme réflexion, elle se pose comme son pro­
pre moment, comme être-posé, à partir duquel elle est le retour
dans soi. C’est ainsi seulement comme son moment, quelle E
est l’identité comme telle comme détermination de l’égalité simple
avec soi-même, en regard de la différence absolue87.

Remarque 228

Dans cette Remarque, je considérerai de plus près l’identité


comme la proposition de l’identité20, qui a coutume de se trouver
avancée comme la première loi-du-penser.
Cette proposition, dans son expression positive A — A, n’est
d’abord rien de plus que l’expression de la tautologie vide. Par
conséquent c’est avec justesse que l’on a remarqué que cette
loi-du-penser est sans contenu et ne mène pas plus loin. Ainsi,
[c] est30 l’identité vide à quoi demeurent fermement attachés
ceux qui ont coutume de la prendre comme telle pour quelque-
chose de vrai et d’avancer toujours que l’identité n’est pas la
diversité, mais que l’identité et la diversité sont diverses. Ils ne
voient pas qu’en cela déjà ils disent eux-mêmes que l’identité
est quelque chose de divers; car ils disent que l’identité est
diverse par rapport à la diversité ; étant donné qu’il faut concéder
cela en même temps comme la nature de l’identité, ce qui se
trouve là c’est que ce n’est pas extérieurement, mais en elle-même,
dans sa nature, que l’identité est ceci : être diverse. — Mais
en outre, étant donné qu’ils s’en tiennent fermement à cette
identité immobile qui a son opposition en la diversité, ils ne
voient pas que par là ils font de cette même [identité] une
déterminité unilatérale qui, comme telle, n’a pas de vérité. L’on
concède que la proposition de l’identité n’exprime qu’une déter­
minité unilatérale, quelle ne contient que la {vérité} formelle,
une vérité abstraite, incomplète. — Mais dans ce jugement

27. L’ideatité pure s’est donc révélée différence pure. Pourtant il ne s’agit
pas là d’un simple jugement d’identité (ce A = A dont Hegel va parler dans
la Remarque qui s’ouvre maintenant), mais du mouvement par lequel l’identité,
en se déterminant, s’oppose, comme son propre moment, la différence quelle
est à soi.
28. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Première loi-du-
penser originaire, proposition de l’identité.
29. Sur la convention qui nous fait traduire Satz par « proposition », et
non par « principe », cf. ci-dessus, p. 30, note 80.
30. Le es est ajouté à juste titre par Lasson.

41
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

; 38] 29 correct se trouve immédiatement que la vérité n’est complète


que dans l’unité de l’identité avec la diversité, et partant ne
' consiste que dans cette unité. En tant que l’on affirme que cette
identité est imparfaite, alors la totalité en comparaison de
laquelle31 l’identité est imparfaite s’impose à la pensée comme
le parfait ; mais en tant que de l’autre côté l’on tient fermement
que l’identité est absolument séparée de la diversité, et que,
dans cette séparation, elle est prise comme quelque chose d’essen­
tiel, de valable, de vrai, alors dans ces affirmations en conflit
[les unes avec les autres]32, il ne faut rien voir [d’autre] que
le manque à rassembler ces pensées : l’identité, comme [identité]
abstraite, est essentielle, et comme telle elle est pareillement
imparfaite ; le manque de la conscience à propos du mouve­
ment négatif sous forme duquel, dans ces affirmations, se trouve
présentée l’identité elle-même. — Ou bien, en tant que l’on
s'exprime ainsi : l'identité est identité essentielle comme séparation
par rapport à la diversité, ou dans la séparation par rapport à la
diversité, alors la vérité énoncée de cette même [identité] est
immédiatement qu’elle consiste à être séparation comme telle,
ou, dans la séparation, à être essentielle, c’est-à-dire [à] n’[être]
rien pour soi, mais moment de la séparation33.
En ce qui concerne maintenant l’authentification habituelle34
de la vérité absolue de la proposition de l’identité, elle se trouve
fondée sur Yexpérience dans la mesure où l’on en appelle à
l’expérience de chaque conscience [qui consiste] en ce que
cette conscience au moment où35 l’on énoncerait devant elle cette
proposition A est A, un arbre est un arbre, elle la concéderait
immédiatement et serait satisfaite de ce que la proposition,
comme immédiatement claire par elle-même, n’aurait besoin d’au­
cune autre justification80 et preuve.
Pour une part, cet appel à l’expérience [qui consiste à dire]
que de façon universelle chaque conscience reconnaîtrait la

31. an der gemessen : mesurée à laquelle.


32. in diesen widerstreitenden Bebauptungen.
33. Cette longue analyse, d'une grande clarté, manifeste que la négation se
trouve au cœur de toute affirmation, comme sa vérité et son dynamisme inté­
rieurs, ou encore que 1 identité, antérieurement à sa détermination, est à
la fois « essentielle » et « imparfaite ». C’est en effet dans l’espace dessiné par
cette « imperfection » que la différence surgit comme le moment négatif de
1 identité, Je moment où elle s’apparaît à elle-même dans l’acte de sa propre
détermination négative.
34. die sonstige Beglaubigung : la justification, la confirmation que l’on
donnait naguère.
35. taie.
3 6. Begründung.

42
l’essence comme réflexion

proposition, est simple manière de parler. Car l’on ne veut [39]


pas dire que l’on aurait fait en chaque conscience l’expérimen­
tation de la proposition abstraite A = A. Dans cette mesure il
ne faut donc pas prendre au sérieux cet appel à l’expérience
effectivement faite, mais il est seulement l'assertion que si l’on
faisait l’expérience se dégagerait le résultat du reconnaître uni­
versel 37. — Pourtant, si l’on visait, non pas la proposition abstraite
comme telle, mais la proposition dans [son] application concrète,
à partir de laquelle seulement38 la première devrait être déve­
loppée, l’affirmation de son universalité et immédiateté consis­ 30
terait en ce que chaque conscience, et jusqu’en chacune de
ses expressions89, la poserait au fondement, ou en ce que cette
proposition se trouverait implicitement dans chacune. Seulement
le concret et Yapplication est justement le rapport de Yidenti-
que simple à quelque chose de varié différent de lui. Exprimé
comme proposition, le concret serait d’abord une proposition syn­
thétique. A partir du concret lui-même ou de sa proposition
synthétique l’abstraaion pourrait bien extraire par analyse la
proposition de l’identité ; pourtant, en fait, elle n’aurait pas
laissé Y expérience comme elle est, mais l’aurait changée ; car
Y expérience contenait bien plutôt l’identité en unité avec la
diversité, et est la réfutation immédiate de l’affirmation que
l’identité abstraite comme telle serait quelque-chose de vrai, car
c’est tout le contraire, savoir l’identité seulement unifiée avec
la diversité, qui se rencontre dans chaque expérience40.
Mais de l’autre côté l’on ne fait que trop souvent aussi l’expé­
rience de la proposition de l’identité, et ce qui se montre de
façon suffisamment claire dans cette expérience c’est la façon
dont se trouve regardée la vérité qu’elle contient. En effet, si
par exemple à la question : qu’est-ce quune plante ? on répond : [40]

37. Hegel est revenu souvent sur l’illogisme qui fait que la conscience
commune passe de l’expérience particulière et limitée à une universalité alors
simplement postulée. Si l’on part ainsi d’un simple fait, dit-il, on ne peut
jamais conclure à une universalité concrète, — car dans ce cas 1 intermediaire
obligé est l’idée abstraite de nature. Reste alors à s’en tenir à une « assertion »
sans « preuve ». Cf., entre autres textes significatifs, l’analyse de la troisième
« position de la pensée à l’égard de l’objectivité », dans le Concept-prelimi-
naire de l'Encyclopédie (édition de 1830), § 71 (traduction B. Bourgeois,
Vrin 1970, p. 335).
38. erst, temporel.
39. Aeusserungen.
40. Pour Hegel, la connaissance authentique ne relève ni de 1 « analyse »
ni de la « synthèse » au sens particulier et unilatéral de ces termes. Mais ces
deux opérations, dans leur tension signifiante, concourent à l’exposé propre­
ment « dialectique » de la réalité conceptuelle. Sur ce point, voir le chapitre
final de la Logique, consacré à 1’ c Idée absolue », Lasson II 491-

43

;
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

une plante est — une plante, la vérité d’une telle proposition


se trouve à la fois concédée par toute la société en laquelle elle
se trouve éprouvée, et à la fois on dira de façon tout aussi una­
nime que par là rien n’est dit. Si quelqu’un ouvre la bouche et
promet d’indiquer ce qu’est Dieu, savoir Dieu est — Dieu,
l’attente se trouve trompée, car elle envisageait une détermi­
nation différente ; et si cette proposition est vérité absolue, l’on
fait bon marché d’une telle phraséologie absolue ; rien ne se
trouve tenu pour plus ennuyeux et plus assommant qu’un entre­
tien qui ne fait que rabâcher la même-chose, qu’un tel discourir
qui pourtant doit être vérité.
Quand on considère de plus près cet effet d’ennui qu’a une
vérité telle, le commencement : la plante est —, s’apprête à dire
quelque-chose, à produire une autre détermination41. Mais quand
c’est seulement la même-chose qui revient, c’est plutôt le contraire
qui est arrivé, rien n’est sorti. Un tel discourir identique se
contredit donc soi-même. L’identité, au lieu d’être en elle la
vérité et vérité absolue, est par conséquent bien plutôt le
contraire; au lieu d’être le simple immobile, elle est l’outre­
passer de soi dans la dissolution d’elle-même.
Dans la forme de la proposition dans laquelle l’identité est
exprimée se trouve donc plus que l’identité simple, abstraite;
ce qui s’y trouve, c’est ce mouvement pur de la réflexion
dans lequel l’autre n’entre en scène que comme apparence,
comme disparaître immédiat ; A est est un débuter auquel s’im­
pose quelque chose de divers vers quoi l’on sortirait ; mais on
n’en vient pas à ce qui est divers ; A est — A ; la diversité
n’est qu’un disparaître ; le mouvement revient dans soi-même.
— La forme de la proposition peut se trouver regardée comme
la nécessité cachée d’ajouter encore le plus de ce mouvement
a l’identité abstraite42. — Ainsi s’ajoute aussi un A ou une

41. etne weitere Bestimmung : une détermination ultérieure.


42. « Le plus de ce mouvement » : das Mehr jener Bewegung. Il s'agit du
« plus » que visait le début de ce paragraphe, — le supplément que l'attribut
est censé apporter par rapport au sujet. Mais Hegel montre que ce <t plus »
demeure sans signification pour qui prend la proposition de l’identite dans
unmediateté de son énoncé ; en effet, puisqu’alors l’attribut est un simple
un emen.t du sujet, l'altérité n’est que pure « apparence », — ou encore
de ^iU1 * disparaît » immédiatement aussitôt que posé. — Le vocabulaire
■boxante'*A °PPement est à rapprocher tant de celui qui caractérise la réflexion
une « grande généralité et abstraction (le « mouvement » est
celui oui pvhri '6 , dentité, mais celle-ci « revient dans soi-même ») que de
« L’Etre » frf i**j Ÿ?sa&e de l’être au néant dans le premier chapitre de
les deux mnmL,* * surgir » et du « disparaître », qui constituent
deux moments du devenir : dans notre traduction, p. 79)

44
l’essence comme réflexion

plante ou un substrat quelconque qui, comme un contenu inutile,


n’a pas de signification; mais il43 constitue la diversité qui
paraît se joindre là de manière contingente. Si au lieu du A
et de tout autre substrat on prend l’identité elle-même —
l’identité est l’identité —, alors on concède aussi bien qu’au
lieu de cette identité peut se trouver pris également tout autre
substrat. Si par conséquent il faut en venir à en appeler à ce
que montre le phénomène, ce qu’il montre c’est que dans
l’expression de l’identité se rencontre aussi de façon immédiate
la diversité ; — ou de façon plus précise, selon ce qui se
trouve ci-dessus, que cette identité est le néant, quelle est la
négativité, la différence absolue par rapport à soi-même44.
L’autre expression de la proposition de l’identité : A ne peut
pas être en même temps A et non-A, a forme négative ; elle
est dite la proposition de la contradiction. Comment la forme
de la négation, par quoi cette proposition se différencie de la
précédente, vient à l’identité, l’on a coutume de n’en donner
aucune justification. — Mais cette forme tient en ce que l’iden­
tité, [entendue] comme le mouvement pur de la réflexion,
est la négativité simple que contient de façon plus développée
la seconde expression qui a été avancée de la proposition45. Ce
qui a été énoncé, c’est A et un non-A, le purement-autre du A,
mais il ne se montre que pour disparaître. L’identité est donc [42]
exprimée dans cette proposition — comme négation de la 32
négation. A et non-A sont différents, ces [termes] différents
sont rapportés à un seul et même A. L’identité est donc présentée
ici comme cet état-de-différenciation dans Un rapport, ou comme
la différence simple en eux-mêmes4C.

43. Il s'agit du contenu.


44. Une simple réflexion sur la forme de la proposition de l’identité (ou
sur son phénomène, c’est-à-dire sur son déploiement concret) montre donc
que la diversité est immédiatement présente en elle, — autrement dit qu’elle
s’exprime dans l’immédiateté phénoménale (tout phénomène est de l’ordre
de l’immédiateté) de la proposition tautologique. Dès là qu’une affirmation
positive expose son propre contenu, elle ne peut le faire, en effet, que dans
la forme de la disjonction, c’est-à-dire dans une certaine forme de négation.
Ici, l’identité étant absolue, la différence l’est également.
45. Cette « seconde expression » est celle qui se trouve dans les premières
lignes de ce paragraphe. Sa forme est négative, comme l’atteste la copule ;
et, par ailleurs, le prédicat est autre que le sujet. Mais Hegel va montrer que
cette altérité ne se montre que pour disparaître : elle manifeste donc la
différence contenue dans toute identité en tant qu identité, — en ramenant
cette différence à l’identité pure.
46. En eux-mêmes = dans les [termes] différents. En effet, chacun de
ces termes (dans le cas présent, <A et non-/4) est à la fois lui-même et l’autre
de lui-même, — autrement dit chacun est la négation de soi. C’est là un point
capital. Ainsi que va le montrer le développement consacré à la différence,

45
1
:

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

De là il ressort que la proposition de l’identité elle-même, et


plus encore la proposition de la contradiction, n’est pas simple­
ment de nature analytique, mais synthétique41. Car la dernière
contient dans son expression, non seulement l’égalité vide, simple,
avec soi, mais non plus seulement l'autre en général de cette
même [égalité], mais même Y inégalité absolue, la contradiction
; en soi. Mais la proposition de l’identité elle-même contient,
comme on l’a montré en elle, le mouvement-de-réflexion, l’identité
?îl comme disparaître de l’être-autre.
Ce qui donc se dégage de cette considération, c’est que pre­
' mièrement la proposition de l’identité ou de la contradiction,
'
5 telle quelle doit exprimer comme vrai seulement l’identité
abstraite, en opposition à la différence, n’est pas une loi-du-penser,
mais en est bien plutôt le contraire ; deuxièmement que ces
propositions contiennent plus que l’on ne vise en elles, savoir
ce contraire, la différence absolue elle-même.

[431 B.
LA DIFFÉRENCE

1.
La différence absolue
La différence est la négativité qu’a dans soi la réflexion ; le
néant qui se trouve dit par le parler identique ; le moment essen­
tiel de l’identité elle-même, qui en même temps, comme néga­
tivité d’elle-même, se détermine et est différente de la diffé­
rence 48.
1. Cette différence est la différence en et pour soi, la diffé­
rence absolue, la différence de l’essence40. — Elle est la diffé-
celle-ci n’est pas seulement entre l’identité et la différence, mais elle est
intérieure à la différence elle-même ; comme telle elle est l’identité émergeant
dans la différence, — ce par quoi chaque terme, incluant dans soi sa diffé­
rence par rapport à l’autre, se pose comme totalité.
47. Sur cette identité « dialectique » entre analyse et synthèse, cf. ci-dessus,
p. 43, note 40.
48. Le négatif est le moment « essentiel » de l’identité. Celle-ci est donc
identité de la négation avec elle-même. De même que chaque moment de la
différence est identité de lui-même et de son autre, l’identité est différence
d’elle-même (comme identité) par rapport à elle-même (comme différence) ;
tel est le processus de la détermination.
49. Rappelons que le qualificatif d’ « absolu », chez Hegel, signifie que la

46
l’essence comme réflexion

rence en et pour soi, non pas différence par quelque chose


d’extérieur, mais différence se rapportant à soi, donc simple.
— Il est essentiel de saisir la différence absolue comme [diffé­
rence] simple. Dans la différence absolue du A et [du] non-A
l’un par rapport à l’autre, c’est le non simple50 qui, comme tel,
constitue cette même [différence]. La différence elle-même est
concept simple. En cela, ainsi s’exprime-t-on, deux choses sont
différentes quelles etc. — En cela, c’est-à-dire dans une seule
et même perspective, dans le même fondement-de-détermination.
Elle51 est la différence de la réflexion, non l’être-autre de Vêtre-là.
Un être-là et un autre être-là sont posés comme tombant l’un 33
en dehors de l’autre, chacun des êtres-là déterminés l’un en
regard de l’autre a un être immédiat pour soi. L’autre de l’essence
en revanche, est l’autre en et pour soi, non pas l’autre comme [44]
d’un autre se trouvant en dehors de lui ; la déterminité simple en
soi. Dans la sphère de l’Etre-là également, l etre-autre et la
déterminité se sont avérés être de cette nature : déterminité sim­
ple, opposition identique ; mais cette identité s’est montrée
seulement comme le passer d’une déterminité dans l’autre. Ici,
dans la sphère de la Réflexion, la différence entre en scène comme
[différence] réfléchie qui est posée telle quelle est en soi52.

2. La différence en soi est la différence se rapportant à soi ;


ainsi est-elle la négativité de soi-même, la différence non pas
par rapport à un autre mais de soi par rapport à soi) elle n’est pas
elle-même, mais son autre. Mais le différencié par rapport à la
différence est l’identité. Elle51 est donc elle-même et 1 identité.
Toutes deux ensemble constituent la différence ; elle est le tout
et son moment. — On peut dire aussi bien, la différence comme
[différence] simple n’est pas une différence ; elle ne 1 est qu en

totalité, ou l’en et pour soi (ici, l’essence), se trouve réellement en cause, mais
sous mode encore abstrait et indéterminé.
50. das einfache Nicht : le « non » (le « ne... pas », la négation) qui est
simple.
51. Il s’agit de la différence.
52. Dans son expression, l'altérité caractéristique de l’être-là est proche de
l’altérité caractéristique de l’essence : ici et là, l’autre n’est pas d’abord l’exté­
rieur, mais il est « l’autre de lui-même » (cf. notre traduction de « L’Etre »,
p. 87 ; et, plus largement, pp. 85 sq. et pp. 95 sq.). Mais, alors que, dans le
cas de l’être-là, il y a passage de l’être-là à l’être-autre de l’être-là, la différence
essentielle, par contre, parce quelle est détermination de l’identité comme
totalité (ou encore position de la différence à l’intérieur de l’identité) est
différence « réfléchie », — c’est-à-dire différence de totalité (ou encore, comme
va le dire Hegel, différence qui est à la fois le tout et le moment).

47
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

rapport à l’identité53; mais bien plutôt contient-elle, comme


différence, aussi bien l’identité et ce rapport lui-même. -— La
différence est le tout et son propre moment ; comme l’identité
tout aussi bien est son tout et son moment. — Cela est à
considérer comme la nature essentielle de la réflexion et comme
fondement-originaire déterminé de toute activité et auto-mouve-
ment*\ — [La] différence comme l’identité font de soi le
moment ou Yêtre-posé, parce que, comme réflexion, elles sont
le rapport négatif à soi-même.
La différence, ainsi [entendue] comme unité de soi et de
l’identité, est différence en soi-même déterminée. Elle n’est pas
acte-de-passer dans un autre, elle n’est pas rapport à autre-
chose en dehors d’elle ; elle a son autre, l’identité, en elle-même ;
[45] de même que celle-ci, en tant quelle est entrée dans la détermi­
nation de la différence, ne s’est pas perdue en ellecomme [dans]
son autre, mais se maintient dans elle55, est sa réflexion dans soi
et son moment.

3. L’identité a les deux moments, identité et différence ; tous


deux sont ainsi un être-posé, déterminité. Mais dans cet être-
posé chacun est rapport à soi-même™, L’un, l’identité, est immé­
34 diatement lui-même le moment de la réflexion dans soi ; mais
tout aussi bien l’autre, la différence, [est] différence en soi, la
différence réfléchie. La différence, en tant qu’elle a deux mo­
i. % ■
ments tels, qui eux-mêmes sont les réflexions dans soi, est diver­
sité”.

7sii 53. c ne... que » : erst, temporel.

m 54. Cette identité de l’identité et de la différence est, pour Hegel, la raison


(ou le fondement) dialectique de toute réalité (réalité naturelle dans son
« auto-mouvement », réalité humaine comprise comme « activité »). Sur ce
.■■■pi:v' point, cf. le texte final de la Remarque que Hegel va consacrer dans un instant
à l’« unité du positif et du négatif » : cf. ci-dessous, p. 79.
55. Il s’agit de la différence.
56. Contrairement à ce qu’il en va dans le texte de Lasson, le selbst

m (« même ») se trouve souligné dans le texte original.


57. Dans le courant du texte tel que nous l’avons lu jusqu’alors, « diffé-
rent » et « divers » (tinterschieden et verschieden) n’avaient guère de diffé­
rence signifiante, et étaient pratiquement interchangeables. Mais ici, comme
-
détermination essentielle, la « diversité » marque une avancée et un appro­
fondissement par rapport à la simple « différence », — progrès qui s’accen­

m
■ ■M
P:

'
tuera jusqu’à 1’ « opposition » et à la « contradiction ». Le moment s y
trouve plus explicitement pris comme tout, scindé et « divers » en lai-même.

48
am :
: ; -
l’essence comme réflexion

2.
La diversité

1. L’identité se décompose en elle-même en diversité58, parce


que, comme différence absolue dans soi-même, elle se pose comme
le négatif d’elle, et ces moments siens, elle-même et le négatif
d’elle, sont réflexions dans soi, identiques à soi ; ou bien juste­
ment parce qu’elle sursume immédiatement elle-même son nier
et dans sa détermination est réfléchie dans soi. Le différencié
subsiste comme [quelque chose de] divers indifféremment l’un
en regard de l’autre, parce qu’il est identique à soi, parce que
l’identité constitue son terrain et élément ; ou le divers n’est ce
qu’il est justement que dans son contraire, l'identité**.
La diversité constitue l’être-autre comme tel de la réflexion.
L’autre de l’être-là a l’être immédiat pour son fondement, dans
lequel subsiste le négatif. Mais, dans la réflexion, l’identité à [46]
soi, l’immédiateté réfléchie, constitue le subsister du négatif et
l’indifférence de ce même [négatif].
Les moments de la différence sont l’identité et la différence
elle-même. [Moments] divers, ils le sont comme [moments] ré­
fléchis dans soi-même, [moments] se rapportant à soi ; ainsi sont-
ils dans la détermination de l’identité, rapports seulement à soi ;
l’identité n’est pas rapportée à la différence, et la différence
n’est pas non plus rapportée à l’identité ; en tant qu’ainsi chacun
de ces moments n’est rapporté qu’à soi, ils ne sont pas détermines
l’un en regard de l’autre. — Parce qu’alors de cette manière
ils ne sont pas en eux-mêmes des [termes] différents, la différence

58. zerfâllt an ihr selbst in Verschiedenheit. — Ici, comme dans tout le


développement qui va suivre, le terme « diversité », qui est un singulier, du
point de vue de la grammaire, est lourd de la dualité des moments qui. le
constituent comme « divers ». On peut dire qu’il est comme, une concrétion
de la réalité dialectique, l’expression en repos de l’unité plurielle quelleest.
Hegel, comme on le verra, se donnera la liberté, à l’intérieur parfois d une
même phrase, de jouer sur ces deux registres, fût-ce au prix d’incorrections
grammaticales. — Sur cette signification du verbe « se décompose » (= se
divise), cf., dans notre traduction de « L’Etre », quelques émergences signi­
ficatives, aux pages 327, 342 et 361.
59. La diversité est une détermination de la différence, et, de ce fait même,
une accentuation de cette différence dans le sens de l’opposition qui viendra
bientôt au jour. Mais le propre d’un mouvement dialectique (à tout le moins
tel qu’il est exposé ici, c’est-à-dire selon l’aspect de la réflexion essentielle)
est que chaque étape nouvelle résulte, non d’un oubli, mais d’une intégration.
La différence étant différence de l’identité, cette identité est ici ce par quoi
les termes différents subsistent comme différents ; la diversité est très exacte­
ment ce moment où se trouve prise en compte l’identité de ce qui est différent.

49

:
'
!
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

leur est extérieure. Les [termes] divers se comportent donc l’un à


l’égard de l’autre non pas comme identité et différence, mais
seulement comme des {termes} divers en général, qui sont indiffé­
rents l’un en regard de l’autre et en regard de leur déterminité60.

2 Dans la diversité [entendue] comme l’indifférence de la


différence la réflexion est devenue extérieure à soi en général ;
la différence est seulement un être-posé ou [est] comme [diffé­
rence] sursumée, mais elle est elle-même la réflexion totale. —
35 A considérer cela de plus près, toutes deux, l’identité et la diffé-
rence, comme [cela] s’est déterminé à l’instant, sont des réflexions,
chaque [terme] une unité de soi-même et de son autre ; chacun est
le tout. Mais par là la déterminité, [qui consiste] à être seulement
identité ou seulement différence, est quelque chose de sursumé.
Elles ne sont pas des qualités pour cette raison que leur déter­
minité, par la réflexion dans soi, n’est en même temps que
comme négation. Est donc présente61 cette double [donnée], la
réflexion dans soi comme telle et la déterminité comme négation
ou l’être-posé. L’être-posé est la réflexion extérieure à soi ; il est
la négation comme négation ; par là [il est] en soi, certes, la néga­
tion se rapportant à soi et [la] réflexion dans soi ; mais seulement
en soi ; il est le rapport à cela comme à quelque chose d’extérieur .
La réflexion en soi et la réflexion extérieure sont ainsi les deux
déterminations dans lesquelles se posèrent les moments de la
différence, [1’] identité et [la] différence. Elles sont ces moments
eux-mêmes dans la mesure où ils se sont désormais déterminés.
— La réflexion en soi est l’identité, mais déterminée à être indif­
férente en regard de la différence ; non pas à ne pas avoir du
tout la différence, mais à se comporter, en regard d’elle, comme
identique à soi ; elle est la diversité. C’est l’identité qui s’est réflé­
chie dans soi de telle sorte qu’elle est à proprement parler la
réflexion Une des deux moments dans soi, tous deux sont réflexion
dans soi. L’identité est cette réflexion une des deux qui n’a la diffé-
60. Autrement dit, c’est au titre même de leur identité que les termes diffé-
rents sont ici « indifférents l’un en regard de l’autre. Telle est leur
« diversité ».
61. vorhanden, présente au sens de donnée.
62. Que les termes divers____ „ soient
___ ____ ___ _____
identiques dans____ —
leur différence même
(ou encore indifférents l’un à l’autre) ne les qualifie pas pour autant comme
des înîfllï tAc ___ _ /-*! il / rt 1-
des totalités excluantes. Chacun d’eux, certes, est réflexion dans soi, maK
mais
s il est tel c est parce qu’il est posé de la sorte, — et donc ouvert, dans son
origine meme, sur la relation. Après avoir souligné que la diversité est
1 identité dans la différence (1.), Hegel montre ici qu’il s’agit d’une identité
n ga we, et par conséquent non excluante. La réalisation de la « réflexion en
soi » passe par le mouvement de la « réflexion extérieure ».

50

r ‘fÜ
l’essence comme réflexion

rence en elle que comme une {différence] indifférente et est diver­


sité en général. — La réflexion extérieure, en revanche, est la diffé­
rence déterminée de ces mêmes [moments], non comme réflexion
absolue dans soi, mais comme détermination en regard de quoi
la réflexion étant dans soi est indifférente ; ses deux moments,
l’identité et la différence elle-même, sont ainsi des déterminations
posées extérieurement, non des [déterminations] étant en et pour
soi.
Cette identité extérieure, maintenant, est l'égalité, et la diffé­
rence extérieure l’inégalité. — L'égalité est certes identité, mais
seulement comme un être-posé, une identité qui n’est pas en et
pour soi. — Pareillement l'inégalité est différence, mais comme
une [différence] extérieure, qui n’est pas en et pour soi la diffé­
rence de l’inégal lui-même. Que quelque-chose soit égal ou non à
un autre quelque-chose ne concerne ni l’un ni l’autre ; chacun d’eux [48]
est seulement rapporté à soi ; est en et pour soi-même ce qu’il est ; 36
l’identité ou [la] non-identité comme égalité et inégalité est la
perspective d’un tiers, [perspective] qui tombe en dehors d’eux63.

3. La réflexion extérieure rapporte le divers à l’égalité et


[à 1’] inégalité. Ce rapport, 1 'acte-de-comparer, va de-ci de-là, de
l’égalité à l’inégalité et de celle-ci à celle-là. Mais cet acte-de-
rapporter, allant de-ci de-là, de l’égalité et [de 1’] inégalité est
extérieur à ces déterminations elles-mêmes ; aussi se trouvent-
elles rapportées non pas l’une à l’autre mais chacune pour soi seu­
lement à un tiers. Chacune, dans cette alternance, vient au jour
immédiatement pour soi. — La réflexion extérieure est, comme
telle, extérieure à elle-même ; la différence déterminée est la diffé-
rence absolue niée ; elle est ainsi, non pas simple, non pas la
réflexion dans soi, mais elle a celle-ci en dehors delle ; ses moments
tombent par conséquent l’un en dehors de l’autre, et se rapportent
aussi, comme [moments] extérieurs l’un en regard de l’autre, à la
réflexion dans soi qui se tient en face d’eux.

63. L’identité négative des termes différents (autrement dit leur identité
posée) les détermine à la fois comme réflexion dans soi (identité) et comme
extérieurs l’un à l’autre (différence). Ils sont donc chacun identité et diffé-
rence, — mais encore sous la raison d’une extériorité relative. Autrement dit,
l’un est identité extérieure à soi (d’une extériorité qui actualise sa différence),
et l’autre est différence extérieure à soi (d’une extériorité qui est ici le témoin
de l’identité qu’il est). Cette différence de l’identité-différence (ou cette
identité de la différence-identité) est donc encore extérieure à chacun des
deux termes ; et, comme telle, elle tombe dans un tiers. Nous n’en sommes
pas encore à l’opposition, et moins encore à la contradiction.

51

_
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

En la réflexion aliénée de soi®4 viennent donc au jour l’égalité


et [1’] inégalité comme [égalité et inégalité] elles-mêmes non-
rapportées l’une en regard de l’autre65, et elle les sépare en tant
qu’elle les rapporte à une seule et meme-chose, par les dans la
mesure oit, aspects et perspectives. Les [termes] divers, qui sont une
seule et même-chose à quoi toutes deux, l’égalité et l’inégalité, se
trouvent rapportées, sont donc, selon l’un des aspects, mutuellement
égaux, mais selon Vautre aspect inégaux, et dans la mesure oit ils
sont égaux, dans cette mesure ils ne sont pas inégaux. L’égalité se
rapporte seulement à soi, et Vinégalité est tout aussi bien seulement
inégalitéco.
[49] Mais par cette séparation qui est la leur l’une par rapport
à l’autre elles se sursument seulement. Précisément ce qui doit
éloigner d’elles la contradiction et la dissolution, savoir que
quelque-chose soit égal à un autre selon une perspective, mais
inégal selon une autre67, — cet acte-de-maintenir-l’une en dehors
de l’autre l’égalité et l’inégalité est leur destruction. Car toutes
deux sont des déterminations de la différence ; elles sont rapports
l’une à l’autre [qui consistent] en ce que l’un est ce que l’autre
' n’est pas68 ; égal n’est pas inégal, et inégal n’est pas égal ; et tous
deux ont essentiellement ce rapport, et aucune signification en
dehors de lui ; comme déterminations de la différence, chacun
est ce qu’il est, comme différent de son autre. Mais, par leur indif­
férence l’une en regard de l’autre, l’égalité est seulement rapportée
à soi, l’inégalité est tout aussi bien une perspective propre et une
réflexion pour soi ; chacune est ainsi égale à elle-même ; la diffé­
rence a disparu, car elles n’ont aucune déterminité l’une en regard
de l’autre ; ou chacune est, par là, seulement égalitéG9.
64. An der sich entfremdeten Reflexion. — Sur le sens du participe ent-
fremdet, cf. ci-dessus, p. 17, note 31.
65. Entendons : puisqu’aucun rapport ne lie entre elles l’égalité et l’inégalité
(elles ne sont en rapport que dans un tiers), elles sont comme face à faca, dans
une extériorité radicale, — ce que Hegel exprime par la brachylogie gram*
maticaleraent incorrecte : elles sont « non-rapportées l’une en regard de
l’autre ».
66. Découper la réalité selon des « aspects » juxtaposés, c’est refuser de
la prendre dans sa totalité contradictoire. Et c’est du même coup supprimer
toute saisie proprement dialectique de cette réalité, en la réduisant à une pure
addition amplificatrice (un « aussi ») de « perspectives » parfaitement
« aliénées » l’une par rapport à l’autre, — chacune de ces approches donnant
îeu, des lors, à un traitement unilatéral qui débouche sur un jugement
tautologique.
67. Le texte original comporte ici un point-virgule ; mais le sens évident
commande de mettre une virgule.
«.; / ‘ autre> eine, das andere. Hegel passe du féminin (l’égalité et
M term<; n_,eutre désignant l’égal et l’inégal.
capital dans la suite du raisonnement. A s’en tenir à des

52

à
l’essence comme réflexion

Cette perspective indifférente ou la différence extérieure se sur-


sume ainsi elle-même et est la négativité de soi en soi-même. Elle
est cette négativité qui dans l’acte-de-comparer revient à ce-qui-
compare 70. Ce-qui-compare va de l’égalité à l’inégalité et revient
de celle-ci à celle-là; [il] fait donc disparaître l’un dans l’autre71
et est en fait l’unité négative des deux. Elle est d’abord au-delà de
ce-qui-a-été-comparé72 tout comme au-delà des moments de la
comparaison, comme un faire subjectif tombant en dehors d’eux.
Mais cette unité négative est en fait la nature de l’égalité et de
l’inégalité elles-mêmes, comme il s’est dégagé. C’est justement la
perspective autonome que chacune est qui est bien plutôt l’état-de-
différenciation sien, et par là rapport à soi la sursumant elle-
a 73
meme .
Selon cet aspect, comme moments de la réflexion extérieure [50]
et comme extérieures à soi-même, l’égalité et l’inégalité dispa­
raissent ensemble dans leur égalité74. Mais cette unité négative
qui est leur est en outre aussi posée en elles ; elles ont en effet
la réflexion étant en soi en dehors d’elles, ou sont l’égalité et
l’inégalité d’un tiers, d’un autre que ce qu’elles sont elles-mêmes.
Ainsi l’égal est-il non pas l’égal de soi-même, et l’inégal, comme
l’inégal non pas de soi-même mais d’un inégal à lui, est lui-même
l’égal. L’égal et l’inégal sont donc l'inégal de soi-même. Chacun

« aspects », à des « perspectives » juxtaposées et excluantes, on souligne


unilatéralement l’indifférence réciproque des deux termes, le fait qu’ils soient
seulement égalité ou seulement inégalité. Mais, comme déterminations de la
différence (qui se pose en elles comme le moyen-terme, au sein du syllogisme,
le fera dans ses extrêmes), égalité et inégalité ne sont chacune ce quelles
sont que par leur différence relative. La différence s'intériorise donc dans
chacun des termes, et ceux-ci, de la sorte, tendent déjà vers l’opposition et la
contradiction intérieures. C’est en effet parce que l'égal et l’inégal sont
différents par rapport à eux-mêmes qu’ils sont différents l’un par rapport à
l’autre.
70. dem Vergleichenden. — L’acte-de-comparer, parce qu’en lui s’exprime
la négativité propre des deux termes en cause, n’est donc pas extérieur à ces
termes qu’il compare.
71. im Andern, sans mouvement.
72. des Verglichenen.
73. Nous comprenons : sursumant ce que chacune est dans son autonomie,
ou encore dans son état-de-différenciation. On pourrait traduire également
« les sursumant elles-mêmes », et entendre qu’il s’agit de l’égalité et de l’iné­
galité. Au vrai, le sens serait le même, puisque, ainsi que nous l’avons vu, la
différence extérieure des deux termes n’est que le phénomène et comme le
chiffre de leur différence intérieure. Le paragraphe à venir le dira : chacun est
unité négative, c’est-à-dire qu’il est différencié de son autre à l’intérieur de
lui-même, — ce qui veut dire qu’il est différent et non différent sous un seul
et même rapport ; non différencié dans sa différenciation même.
74. in ihre Gleichheit, avec mouvement.

53
3
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

est ainsi cette réflexion, l'égalité en ce qu’elle est elle-même et


l’inégalité, l’inégalité en ce quelle est elle-même et l’égalité.
Egalité et inégalité constituaient l’aspect de Y être-posé, en
regard de ce-qui-a-été-comparé ou du divers qui s’était déterminé
en regard d’elles comme la réflexion étant en soi. Mais celui-ci, par
là, a pareillement perdu sa déterminité en regard d’elles. Ce sont
justement l’égalité et l’inégalité, les déterminations de la réflexion
extérieure, qui sont la réflexion étant seulement en soi que devait
38 être le divers comme tel, sa différence seulement indéterminée.
La réflexion étant en soi est le rapport à soi sans négation, l’iden­
tité abstraite avec soi ; partant justement l’être-posé lui-même.
— Le simplement divers passe donc par l’être-posé dans la
réflexion négative. Le divers est la différence simplement posée,
donc la différence qui n’en est pas une, donc la négation de soi
en lui-même. Ainsi l’égalité et [1’} inégalité elles-mêmes, l’être-
posé, retournent, par l’indifférence ou la réflexion étant en soi, dans
l’unité négative avec soi ; dans la réflexion qu’est en soi-même la
“f-q différence de l'égalité et [de 1’] inégalité. La diversité dont les
côtés indifférents ne sont tout aussi bien purement-et-simplement
que des moments comme [moments] d’Une unité négative est
l'opposition75.

Remarque76

La diversité, comme l’identité, se trouve exprimée dans une


proposition propre. Au demeurant, ces deux propositions77 restent
maintenues l’une en regard de l’autre dans la diversité indiffé­
rente, de telle sorte que chacune pour soi vaut sans référence à
l’autre78.
Toutes choses sont diverses, ou bien : Il n’y a pas deux choses
qui soient égales l’une à Vautre. — Cette proposition est en fait
op-posée à la proposition de l’identité, car elle déclare : A est
75. L’intériorisation de la diversité en opposition est le fait, dit Hegel, d'une
« réflexion négative », — mouvement parallèle à celui qui, assurant la
résurgence de la totalité « posante » dans les termes de la réflexion « exté­
rieure », faisait de chacun d’eux une totalité « déterminée ». La diversité
privilégie le moment de 1’ « être-posé » ; mais ses moments deviennent des
moments en eux-mêmes opposés quand ils se souviennent (en s’intériorisant
comme tels) qu’ils sont des moments de la différence qui les pose.
76. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Proposition de
la diversité.
77. L’original porte ici : diese beide Sdtze. Mais Lasson a fait la correction
Ül. qui s’impose : diese beiden Satze.
78. ohne Riicksicht auf den andern.

54

1 :fc;
v
l’essence comme réflexion

quelque chose de divers, donc A est aussi non A ; ou bien A est


inégal à quelque chose d’autre, ainsi n’est-il pas A en général, mais
plutôt un A déterminé79. A la place du A, dans la proposition iden­
tique, peut être posé tout autre substrat, mais A comme (quelque
chose d’] inégal ne [peut] plus se trouver échangé avec tout autre
[substrat]. Certes, il ne doit pas être quelque chose de divers par
rapport à soi, mais seulement par rapport à {quelque chose ci’}
autre ; mais cette diversité est sa détermination propre. Comme A
identique à soi il est l’indéterminé ; mais comme [quelque chose de]
déterminé il en est le contraire, il n’a plus seulement en lui l’iden­
tité avec soi, mais aussi une négation, partant une diversité de soi-
même par rapport à soi.
Que toutes choses soient diverses les unes des autres est une
proposition fort superflue, car dans le pluriel des choses se trouve
immédiatement la pluralité et la diversité totalement indéter­
minée80. — Mais la proposition : il n’y a pas deux choses qui
soient parfaitement égales l’une à l’autre, exprime davantage,
savoir la diversité déterminée. Deux choses ne sont pas simplement [52] 39
deux — la multiplicité numérique est seulement l’uniformité —■,81
mais elles sont diverses par une déterm-ination. La proposition qu’il
n’y a pas deux choses qui soient égales l’une à l’autre frappe le
représenter, — à preuve l’anecdote [rapportant ce qui s’est déroulé]
en une cour où Leibniz est censé l’avoir produite et avoir été
cause de ce que les dames aient cherché, parmi les feuilles d’arbre,
si elles ne trouvaient pas deux [feuilles] égales. — Heureux temps
pour la métaphysique où l’on se préoccupait d’elle à la cour, et où,
pour prouver ses propositions, il n’était besoin d’aucun autre effort
que de comparer des feuilles d’arbre ! — La raison pour laquelle
79. Hegel a affirmé que la « proposition de la diversité » est indépendante
de la « proposition de l’identité ». Ce qui est vrai au plan de la forme. Mais,
au niveau du contenu, elle se pose, en relation avec elle, comme sa négation,
dans la mesure où le sujet qu'elle met en oeuvre n’est plus visé seulement dans
son universalité abstraite, mais dans sa particularité déterminée. De 1 une à
l’autre, c’est donc une étape de détermination qui est franchie : la diversité
est l’identité elle-même s’exprimant dans sa différence concrète. Ou encore :
la diversité est une détermination de chaque terme dans son identité propre.
80. Le « pluriel » (Plural) est la catégorie grammaticale^ dans laquelle
« les choses » sont immédiatement visées en leur « pluralité » (Mehrheit)
et leur diversité relative. Sous cette forme première, et bien que sujet et
prédicat (« toutes choses » / « diverses ») soient apparemment différents,
la proposition de la diversité relève d’une analyse d’ordre très immédiat,
et presque d’une tautologie.
81. Nous adoptons ici la ponctuation de Lasson. Le texte original comporte
un point-virgule après « ne sont pas simplement deux », et n’use pas, comme
nous l’avons fait, de traits rédactionnels pour délimiter l’incise. — Hegel
continue de souligner ici l’intériorisation progressive de la détermination
plurale, qui fera de l’identité, au terme du procès en cours, une contradiction.

55
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

cette proposition est frappante tient dans ce qui a été dit, que deux
ou bien la pluralité numérique ne contient encore aucune diver­
sité déterminée, et que la diversité comme telle, dans son abstrac­
tion, est tout d’abord indifférente en regard de 1 égalité et de
[1’] inégalité. Le représenter, en tant qu’il passe aussi à la déter-
mination, assume ces moments eux-mêmes comme indifférents
l’un en regard de l’autre, de telle sorte que l’un sans l’autre, la
simple égalité des choses sans l’inégalité, suffise à la détermination,
ou que les choses soient diverses même si elles ne sont que des
[termes] numériquement multiples82, divers en général, non iné­
gaux. La proposition de la diversité, par contre, exprime que les
choses sont diverses l’une par rapport à l’autre par l’inégalité, que
leur revient la détermination de l’inégalité aussi bien que celle de
l’égalité, car c’est seulement83 toutes deux ensemble qui consti­
tuent la différence déterminée.
Cette proposition, maintenant, qu’à toutes choses revient la déter­
mination de l’inégalité, aurait besoin d’une preuve ; elle ne peut
pas se trouver établie comme proposition immédiate, car le mode
habituel du connaître lui-même exige, pour la liaison de détermi­
nations diverses dans une proposition synthétique, une preuve ou
l’acte-de-mettre en évidence un tiers dans lequel elles sont média­
tisées. Cette preuve devrait84 mettre en évidence le passage de
l’identité dans la diversité, et ensuite le passage de celle-ci dans la
diversité déterminée, dans l’inégalité. Mais cela, ordinairement, ne
se trouve pas accompli ; du fait que la diversité ou la différence
extérieure est en vérité [différence] réfléchie dans soi, différence
en elle-même, il s’est dégagé que le subsister indifférent du divers
*0 est le simple être-posé, et par là non pas différence extérieure,
indifférente, mais Un rapport des deux moments85.
Là se trouve aussi la dissolution et nullité de la proposition de

82. nur numerisch Viele. Lasson écrit : nur numerische Viele, ce qui
représente une correction non nécessaire.
83. erst, temporel.
84. müsste : devrait nécessairement.
85. De même que la « réflexion extérieure s* était toujours en danger de
privilégier de façon unilatérale l’indifférence l’un en regard de l’autre des
moments qu’elle déployait (jusqu’à oublier l’être-posé de ces moments, et
donc jusqu’à ne plus présupposer le terme qui les pose), ainsi la diversité (et
plus, encore, dans un instant, l’opposition) a-t-elle tendance à accentuer
i extériorité radicale et, à la limite, destructrice de toute relation, des termes
quelle déploie. Mais il lui faut, à elle aussi, se souvenir de son être-provenu :
elle est détermination de la différence, laquelle à son tour était une première
négation déterminante de l'identité. Les termes divers ne sont donc tels quà
1 intérieur du rapport d identité (ou d’unité) qui les pose. Ou encore : chacun
d’eux est a Ut fots identité et différence, égalité et inégalité.

v 56
( '•*

i
lit*
l’essence comme réflexion

la diversité. Deux choses ne sont pas parfaitement égales ; ainsi


sont-elles égales et inégales en même temps ; égales déjà en ce
quelles sont des choses ou deux en général, car chacune est une
chose et un Un aussi bien que l’autre, chacune donc la même-
chose que ce qu’ [est] l’autre ; mais inégales elles le sont par hypo­
thèse86. Est ainsi présente87 la détermination selon laquelle les
deux moments, l’égalité et l’inégalité, [sont] divers dans Une seule
et même-chose, ou selon laquelle la différence se divisant88 est en
même temps un seul et même rapport. Ainsi est-elle passée dans
[1’] op-position89.
Le en même temps des deux prédicats se trouve certes distin­
gué 30 par le dans la mesure où ; [de sorte] que deux choses, dans
la mesure où elles sont égales, dans cette mesure ne sont pas iné­
gales, ou sont égales selon un aspect et [une] perspective, mais iné­
gales selon l’autre aspect et perspective. Par là l’unité de l’égalité
et de l’inégalité se trouve éloignée de la chose, et ce qui serait
sa91 propre [réflexion] et la réflexion de légalité et de l’inégalité
en soi est maintenu-fermement comme une réflexion extérieure
à la chose. Mais, du même coup, c’est celle-ci92 qui dans une [54]
seule et mêm.e activité différencie les deux côtés de l’égalité et de
l’inégalité, [les] maintient ainsi toutes deux dans Une activité, fait
paraître et réfléchit l’une dans l’autre °3. — Mais la tendresse com­
mune pour les choses qui prend soin seulement quelles ne se
86. durch die Annahine. — En effet, la diversité vise la différence (dans
l’identité), et donc l’inégalité des termes relatifs.
87. vorhanden, présente au sens de donnée.
88. der atessereinanderfallende Unterschied : la différence tombant-à-l’ex-
térieur-run-de-l’autre. Il faudrait gloser : la différence dont les côtés tombent
à l’extérieur l’un de l’autre. Hegel passe ainsi souvent d’une singularité plu­
rale à la multiplicité effective des moments du contenu.
89. L’op-position (Entgegensetzung), que Hegel ne distingue pas ici de
l’opposition simple (Gegensatz), exprime l’intériorisation, dans chacun des
termes, de la différence qui fut d’abord la loi de leur relation mutuelle. Autre­
ment dit, elle est la résurgence explicite de l’identité dans la différence (dans
la diversité), la prise en compte de cet « élément » d’identité au sein duquel
paraît cette différence.
90. aus einander gehalten (Lasson écrit : atiseinander) : maintenu en
dehors l’un de l’autre. Pour ce passage du singulier au pluriel, cf. ci-dessus,
note 88.
91. seine : il s’agit de la réflexion de la chose.
92. diese : il s’agit de la réflexion.
93- die eine in die andere, avec mouvement. — Ainsi serait sauf le principe
de non-contradiction, tel qu’il est généralement compris, dans son immédiateté.
Mais, Hegel va le faire remarquer, voilà qui ne s’opère que moyennant un
déplacement de la question : car la contradiction (la différence dans l’unité),
éloignée de la chose, resurgit dans le sujet qui pense la chose. Reste à
montrer que cette « réflexion extérieure » n’est pas différente de la réflexion
des moments eux-màmes, — ou encore que l’être-posé est un moment qui se
pré-suppose comme totalité posante.

57

.•r.-

i
DEUXIEME LIVRE : SECTION I

contredisent pas oublie, ici comme ailleurs, que par là la contra­


diction ne se trouve pas dissoute, mais seulement repoussée ailleurs,
dans la réflexion subjective ou extérieure en général, et que celle-
ci, en fait, contient comme [moments] sursumés et rapportés lun
à l’autre dans Une unité les deux moments qui, par cet éloigne­
ment et [cette] transposition, se trouvent énoncés comme simple
être-posé 9\

3.
L’opposition

Dans l’opposition est achevée la réflexion déterminée, la diffé­


rence. Elle est l’unité de l’identité et de la diversité ; ses moments
sont des [moments] divers dans Une identité ; ainsi sont-ils des
[moments] op-posés.
41 L’identité et la différence sont les moments de la différence,
maintenus à l’intérieur d’elle-même ; elles sont moments réfléchis
de son unité Mais égalité et inégalité sont la réflexion extério-

94. Une question déplacée n’est pas une question résolue. Hegel, qui a
fait usage de cette évidence pour combattre un certain formalisme moral
(Ph.G. 434 sq., II 156 sq.), l’emploie aussi à plusieurs reprises pour con­
fondre la prétendue grandeur d’âme qui, pariant aveuglément sur le sens
(et sur le sens positif) des choses, attribue à une incurable pauvreté de l’esprit
connaisant toutes les contradictions qui peuvent se faire jour dans le procès
du connaître (cf., à ce propos, la figure de la Perception dans la Phénomé­
nologie de l’Esprit : Ph G. 92/37 sq., I 97/14 sq.). En fait, pour Hegel,
la « contradiction » n’est pas à éloigner des choses (non plus que du sujet),
puisqu’elle est leur structure essentielle et fondamentale.
Pour se moquer de cette attitude plus généreuse que spéculativement
élaborée, Hegel raille la « tendresse » que l’on déploie alors pour les « choses
finies » (en voulant ôter d’elles ce qui paraît à tort comme la source de tout
mal). A qui pense-t-il pour lors ? A Kant, s’il faut en croire Eric Weil, qui
écrit dans ses Problèmes kantiens (Vrin 1963, p. 102) : « Il ne nous incombe
pas de justifier Kant contre ce reproche, qui est celui de Hegel parlant de
la tendresse de Kant pour les choses finies ». Il est possible en effet que
Kant soit visé ici ; mais nous croyons qu’en tout cas il n’est pas le seul
(témoin cette analyse de l’attitude commune aux consciences percevantes
évoquée ci-dessus), et que le jugement d'Eric Weil, qui se poursuit, à la suite
des lignes citées plus haut, par un vigoureux tu quoque à l’adresse de Hegel,
est ici trop unilatéralement et trop précisément développé. En tout cas, Kant
n’use jamais de l’expression die Zdrtlichkeit für die Dirige, qui est celle
employée par Hegel dans le texte que l’on vint de lire. La Zartlichkeit, telle
que Kant en parle en plusieurs endroits de la Critique du Jugement, désigne
toujours (et seulement) ce qu’il y a de beau (mais non de sublime) dans la
€ tendresse » entendue comme sentiment moral, — par exemple chez la mère.
95. Il est équivalent de dire que la différence est la détermination de
l identité ou d affirmer que la différence et l’identité sont les moments
” ** différence, puisqu’elles sont les moments différents de l’identité ou
les moments réfléchis (c’est-à-dire identiques) de la différence entendue

58
l’essence comme réflexion

risée; leur identité à soi n’est pas seulement l’indifférence d’un


chacun en regard de ce qui est différent de lui, mais en regard de
l’être-en-et-pour-soi comme tel ; une identité à soi en regard de
1' [identité] réfléchie dans soi; elle est donc l'immèàiatetê non
réfléchie dans soi. L'être-posé des côtés de la réflexion extérieure
est par conséquent un être ; de même que son non-être-posé un
non-être °6.
Quand on considère de plus près les moments de l’opposition, [55]
ils sont l’être-posé réfléchi dans soi ou [la] détermination en gé­
néral. L’être-posé est l’égalité et [1’] inégalité ; toutes deux, réflé­
chies dans soi, constituent les déterminations de l’opposition. Leur
réflexion dans soi consiste en ce que chacun87, en lui-même, est
l’unité de l’égalité et de [F] inégalité. L’égalité est seulement dans
la réflexion qui compare selon l’inégalité, [qui] donc médiatise par
son autre moment indifférent ; pareillement l’inégalité est seule­
ment dans le même rapport réfléchissant dans lequel est l’éga­
lité. — Chacun de ces moments est donc, dans sa déterminité, le
tout. Il est le tout dans la mesure où il contient aussi son autre
moment ; mais cet autre [moment] sien est quelque chose qui-
est de façon indifférente, ainsi chacun contient-il le rapport à son
non-être, et est seulement la réflexion dans soi ou le tout comme
se rapportant essentiellement à son non-être98.
Cette égalité à soi réfléchie dans soi qui dans elle-même con­
tient le rapport à l’inégalité est le positif ; de même Yinégalité qui

comme unité. Les termes, en effet, sont ici identiques en tant qu ils sont deux
(ce qui est d’une banalité extrême), et ils sont differents en tant qu’ils sont
l’émergence déterminée de l’identité. _
96. L’identité et la différence sont d’abord, au titre de la différence
qu’elles expriment identiquement, elles-mêmes différentes. Ou encore : elles
scnt moments réfléchis de l’identité déterminée qu'est la différence, mais
elles ne sont pas encore réfléchies dans soi comme totalités. A ce titre, et
sous cette raison de leur opposition, elles ne sont pas encore, au niveau
logique de l’en-et-pour-soi, et relèvent donc encore d’une certaine immediatete
ou extériorité réciproque. Tout le développement qui va suivre effectuera
l’ultime sursomption intériorisante du tout de la réflexion sous chacun des
moments, — lesquels seront alors « contradictoires », et ce de façon pleine-
ment identique.
97. jedes. — Une nouvelle fois Hegel, donnant priorité au sens sur la gram­
maire, passe ici du féminin (égalité et inégalité) au neutre (moment).
98. La problématique de 1’ « opposition » est donc parfaitement définie :
chacun de ses moments est bien le tout, mais il l’est encore dans la déter­
mination de l’immédiateté ; autrement dit, l’autre n’est encore présent en
lui que comme non-être. L’égalité et l'inégalité de la diversité (qui sem­
blaient impliquer le rapport à un tiers) deviennent le positif et le négatif
(égalité et inégalité respectivement dans l’égalité et l’inégalité) : et ces deux
termes posés seront totalité devenue quand ils se seront égalés au mouvement
qui les pose, celui de l’identité-différence.

59
DEUXIEME LIVRE : SECTION I

dans elle-même contient le rapport à son non-être, [à] l’égalité, est


le négatif. — Ou toutes deux sont Yêtre-posé90 ; dans la mesure
maintenant où la déterminité différenciée se trouve prise comme
rapport à soi déterminé, différencié, de 1'être-posé, alors l’oppo­
sition, d’une part, est Yêtre-posé réfléchi dans son égalité à soi100 ;
d’autre part le même [être-posé] réfléchi dans son inégalité à
• 101
SOI ; le positif et [le] négatif. — Le positif est l’être-posé
comme réfléchi dans l’égalité à soi 10°" ; mais le réfléchi est l’être-
posé, c’est-à-dire la négation comme négation, ainsi cette réflexion
dans soi a-t-elle le rapport à l’autre comme détermination sienne.
103 ,
42 Le négatif est l’être-posé comme réfléchi dans l’inégalité ; mais
C56] l’être-posé est l’inégalité elle-même, ainsi cette réflexion est-elle
donc l’identité à soi-même de l’inégalité et [le] rapport absolu à
soi. — Tous deux donc, l’être-posé réfléchi dans l’égalité à soi104 a
l’inégalité, et l’être-posé réfléchi dans l’inégalité à soi103 a aussi
l’égalité en lui.
Le positif et le négatif sont ainsi les côtés de l’opposition deve­
nus autonomes. Ils sont autonomes en tant qu’ils sont la réflexion
dans soi du tout, et ils appartiennent à l’opposition dans la mesure
où c’est la déterminité qui comme tout est réfléchie dans soi. En
raison de leur autonomie ils constituent l’opposition déterminée
en soi. Chacun est lui-même et son autre, par là chacun a sa déter­
minité, non en un autre, mais en lui-même10C. — Chacun se rap­
porte à soi-même seulement comme se rapportant à son autre. Cela
a le double aspect ; chacun est rapport à son non-être comme
acte-de-sursumer dans soi cet être-autre ; ainsi son être-autre est-il
seulement un moment dans lui. Mais d’autre part l’être-posé est
devenu ici un être, un subsister indifférent ; l’autre de soi, que
contient chacun, est par conséquent aussi le non-être de ce dans
quoi il ne doit être contenu que comme moment. Chacun est par

99. Contrairement à ce qu’il en va dans l’édition Lasson, ce terme être-


posé (Gesetztsein) figure bien en italiques dans le texte original.
100. in seine Gleichheit mit sich reflektiert, avec mouvement.
101. in seine Ungleichheit mit sich reflektiert, avec mouvement.
102. in die Gleichheit mit sich reflektiert, avec mouvement.
103. in die Ungleichheit reflektiert, avec mouvement.
104. in die Gleichheit mit sich, avec mouvemsent.
105. in die Ungleichheit mit sich, avec mouvement.
106. Hegel le précise donc une fois encore : chaque moment, étant lui-
même et son autre, est identique au tout ; mais il l’est, sous mode immédiat,
par le non-être de cet autre sien (ou par le non-être sien de cet autre).
L’opposition deviendra contradiction quand les deux moments du tout seront
présents en chacun d’eux, non plus sous mode de deux immédiatetés en
relation négative, mais de telle sorte que ce moment soit lui-même, d’un
seul et même point de vue, le tout comme tout négatif.

60
l’essence comme réflexion

conséquent seulement dans la mesure où son non-ètre est10T, et


il l’est dans un rapport identique.
Les déterminations que constituent le positif et [le] négatif
consistent donc en ce que le positif et le négatif, premièrement
sont moments absolus de l’opposition ; leur subsister est insépara-
blement Une réflexion ; c’est Une médiation dans laquelle chacun
est par le non-être de son autre, partant par son autre ou son non-
être propre 109. — Ainsi sont-ils des op-posés en général ; ou cha­
cun est seulement l’op-posé de l’autre ; l’un n’est pas encore positif, [57]
et l’autre pas encore négatif, mais tous deux sont négatifs l’un en
regard de l’autre. Chacun est110 ainsi de façon générale, premiè­
rement, dans la mesure où Vautre est ; c’est par 1 autre, par son
non-être propre, qu’il est ce qu’il est ; il est seulement être-posé ;
deuxièmement, il est dans la mesure où Vautre n'est pas ; c’est
par le non-être de l’autre qu’il est ce qu’il est ; il est réflexion dans
• m
soi . — Mais ce [terme] double112 est la médiation une de
l’opposition en général, [médiation] dans laquelle ils ne sont
absolument que113 des {termes} posés.
Mais en outre ce simple être-posé est réfléchi dans soi en géné- 43

107. L’original porte bien les italiques telles que nous les avons transcrites
ici ; Lasson, par contre, étend le soulignement au terme « être » dans la
lexie « non-être ». — On comprend ce qui reste à réaliser : que le non-
être intérieur à chaque moment reprenne en soi (comme sa propre différence
radicale d’avec soi) l’altérité qui, ici, est encore partiellement posée sous la
raison d’une extériorité immédiate. Nous l’avons dit : c’est l’identité du
poser et de l’être-posé (la résurgence de l’identique dans le différent, sous
la double et unique raison de la différence et de l'identité) qui constituera
la contradiction.
108. Dans l’édition Lasson, ce mot ne figure pas en italiques.
109. Ici comme ailleurs, nous avons transcrit les majuscules des articles
« Une réflexion », « Une médiation », telles qu’elles se trouvent dans le texte
allemand. Hegel souligne par là que le positif et le négatif sont (et ne
sont que) des moments de cette identité déterminée qu’est l’opposition. On
pourrait dire aussi (et Hegel va le faire maintenant) que leur rapport,
en tant même qu’ils sont opposés, est un rapport d’identité négative. En
effet, que chacun soit par le non-être de son autre signifie tout à la fois
qu’il est (négativement) par l’être de cet autre et aussi bien qu’il est paf
son propre non-être.
110. Ce terme « est » se trouve abusivement en italiques dans l'édition
Lasson.
111. L’expression « dans soi » n’est pas en italiques dans l’édition Lasson;
mais elle l’est bien dans l'original.
112. Dieses beides.
113. überhaupt nur. — L’opposition (et bientôt la contradiction), c’est préci­
sément, nous l’avons dit, le souvenir du poser dans l’être-posé : cf. ci-dessus,
note 107, in fine. Précisons encore : l’être-posé du positif et du négatif (ce
par quoi ils sont) doit se souvenir qu’il n’est tel qu’en étant posé ; et que
tous deux soient posés signifie qu’en eux s’exprime identiquement l’identité,
— ou encore, ainsi que nous le disions, que leur rapport se définit comme
une identité négative.
•• «
61
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

ral ; le positif et [le] négatif sont, selon ce moment de la réflexion


extérieure, indifférents en regard de cette identité première dans
laquelle ils ne sont que moments ; ou bien, en tant que cette
réflexion première est la réflexion propre du positif et du négatif
dans soi-même, [et que] chacun est en lui-même son être-posé,
alors chacun est indifférent en regard de cette réflexion sienne dans
son non-être, en regard de son être-posé propre. Les deux côtés sont
ainsi simplement des [côtés] divers, et, dans la mesure où leur
déterminité114, [qui consiste] à être positif et négatif, constitue leur
être-posé l’un en regard de l’autre, chacune n’est pas ainsi déter­
minée en elle-même, mais est seulement déterminité en général ;
à chaque côté revient par conséquent, certes, une des détermi-
nités du positif et du négatif115 ; mais elles peuvent se trouver inter­
verties, et chaque côté est de ce type qu’il peut se trouver pris tout
aussi bien comme positif que comme négatif11C.
Mais le positif et [le] négatif, troisièmement, ne sont pas seule­
ment quelque chose de posé, ni simplement quelque chose d’indif­
férent, mais leur être-posé ou le rapport à Vautre dans une unité
qu'ils ne sont pas eux-mêmes est repris dans chacun117. Chacun
est en lui-même positif et négatif ; le positif et [le] négatif sont
la détermination-de-réflexion en et pour soi ; c’est seulement118
dans cette réflexion dans soi de l’op-posé qu’ils sont positif et néga­
tif. Le positif a le rapport à l’autre, [rapport] dans lequel est la
déterminité du positif, en lui-même ; pareillement le négatif n’est
pas [quelque chose de] négatif comme en regard d’un autre, mais

114. Le texte de Lasson porte « ihre Bestimmtsein », qui est manifestement


une erreur d’impression. Nous nous en tenons au texte original : <t ihre
Bestimmtheit ».
115. von Positivent und Negativem, indéterminé. Il faudrait dire : « une
des déterminités de [quelque chose de] positif et de [quelque chose de]
négatif ».
116. On aura noté que le présent développement articule les trois moments
de l’opposition selon les aspects qui structurent, au niveau le plus fondamen­
tal, Je mouvement de la réflexion : 1) positif et négatif sont ce qu’ils sont,
moments de l’op-position, en tant qu’ils sont posés, — chacun étant alors
(et tour à tour) par l’être et le non-être de lui-même et de l'autre ; 2) positif
et négatif sont indifférents l’un à l’autre (et donc interchangeables en leur
être-déterminé) en tant qu’ils sont produits d’une réflexion extérieure ;
3) enfin (et c’est ce dernier aspect que Hegel va aborder maintenant), positif
et négatif sont chacun, dans leur réflexion propre, totalité déterminée incluant
soi-même et son autre.
Ainsi se montre une nouvelle fois que le développement consacré aux
moments de la réflexion a bien, dans l’abstraction formelle qui est la
sienne, un caractère fondateur (dynamisant et originant) par rapport à tout
vrai contenu de pensée et à toute réalité.
117. in jedes, avec mouvement.
118. erst, temporel.

62
l’essence comme réflexion

a la déterminité, par laquelle il est négatif, pareillement dans


lui-même.
Ainsi chacun 119 est-il unité avec soi autonome, étant pour soi.
Le positif est bien un être-posé, mais de telle sorte que pour lui
l’être-posé est seulement être-posé comme [être-posé] sursumé.
Il est le non-op-posé ; l’opposition sursumée, mais comme côté de
l’opposition elle-même 12°. — Comme positif, certes, quelque-chose
est déterminé par rapport à un être-autre, mais de telle sorte que
sa nature consiste à ne pas être quelque chose de posé ; il est
la réflexion dans soi niant l’être-autre. Mais l’autre de soi, le néga­
tif, est lui-même, non plus être-posé ou moment, mais un être
autonome ; ainsi la réflexion niante du positif est-elle déterminée
dans soi à exclure de soi ce non-être sien 12\
Ainsi le négatif comme réflexion absolue n’est-il pas le négatif 44
immédiat, mais ce même [négatif] comme être-posé sursumé ; le
négatif en et pour soi, qui repose positivement sur lui-même.
Comme réflexion dans soi il nie son rapport à autre-chose ; son
autre est le positif, un être autonome ; — son rapport négatif à lui
est par conséquent de l’exclure de soi. Le négatif est l’op-posé sub­
sistant pour soi, en regard du positif, qui est la détermination de
l’opposition sursumée ; Yopposition totale reposant sur soi, op-posée
à l’être-posé identique à soi m.
Le positif et [le] négatif sont par là non seulement positif [59]
et négatif en soi, mais en et pour soi. En soi ils le sont dans la
mesure où l’on abstrait123 de leur rapport excluant à autre-chose
et où ils se trouvent pris seulement selon leur détermination. En soi

119- Après ce terme de « chacun », Lasson explicite entre crochets carrés :


« [le positif aussi bien que le négatif] ».
120. Le « non-op-posé » : das Nichtentgegentgesetzte. — Résultat para­
doxal de la dialectique de l’opposition : chacun des termes op-posés (ici tout
d’abord le positif) cesse d’être seulement opposé, et atteint à la totalité
contradictoire en vertu de la détermination qui, de l’op-position à l’autre, par
le non-être sien de cet autre, le fait passer à l’op-position à soi-même.
121. Articulation capitale : si le positif est ce qu’il est (totalité contradic­
toire déterminée), c’est bien parce que le négatif, pour son compte, s’affirme
positivement comme totalité pareillement contradictoire, — ou encore, ainsi
que va le dire Hegel, comme « négatif qui repose positivement sur lui-
même ». Car positif et négatif ne sont que par le jeu d’une altérité qui,
loin d’être absorbée comme un élément d’opposition seulement intérieure, se
révèle altérité qui-est, de même ampleur et de même valeur. Le terme
« exclure », loin de sceller le positif dans une particularité unilatérale, exprime
donc au mieux l’opposition réelle qui se joue à l’intérieur de la totalité
qu’il est.
122. Ce paragraphe explicite du point de vue du négatif ce qui a été dit
plus haut à propos du positif. Cf. note précédente.
123. Lasson rétablit ici à juste titre le verbe auxiliaire wird après je
participe abstrahiert.

63
4
m ■ ■

•\ \ • :.;i 1. :•
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

quelque-chose est positif ou négatif en tant qu’il ne doit pas être


déterminé ainsi simplement en regard de {quelqtte chose d’} autre.
Mais le positif ou [le] négatif, [quand ils] ne [sont] pas comme
être-posé et partant ne [sont] pas comme [quelque chose d’}
op-posé, chacun est l’immédiat, être et non-être. Mais le positif
et [le] négatif sont les moments de l’opposition, leur être-en-soi
constitue seulement la forme de leur être-réfléchi dans soi. Quel­
que-chose est positif en soi, en dehors du rapport au négatif m ;
dans cette détermination on s’en tient-fermement simplement au
moment abstrait de cet être-réfléchi. Seulement le positif ou [le]
négatif étant-en-soi veut dire essentiellement qu’être op-posé n’est
pas simplement moment et ne relève pas de la comparaison, mais
est la détermination propre des côtés de l’opposition. En soi positif
ou négatif, ils ne le sont donc pas en dehors du rapport à autre-
chose, mais [en ce] que ce rapport, et ce rapport comme [rapport]
excluant, constitue la détermination ou l’être-en-soi de ces mêmes
[positif ou négatif] ; en cela ils le sont en même temps en et pour
• 125
soi .

Remarque126

Il faut citer ici le concept du positif et [du] négatif tel qu’il se


rencontre dans Y arithmétique. Il s’y trouve présupposé comme
connu127 ; mais parce qu’il ne se trouve pas saisi dans sa diffé­
rence déterminée, il n’échappe pas à des difficultés et à des com­
plications insolubles. Les deux déterminations réelles du posi­
tif et [du] négatif viennent de se dégager à l’instant — hors du
concept simple de leur op-position —, savoir que la première
fois c’est un être-là seulement divers, immédiat, qui se trouve au
fondement, [un être-là] dont on différencie la réflexion simple
124. Sic. Le texte de Lasson aussi bien que l’original portent ici « en
dehors du rapport au négatif », alors que le sens et la logique du contenu
semblent exiger « en dehors du rapport au positif ».
125. Ici s’achève la dialectique de la différence, achèvement qui inaugure
celle de la contradiction. Que chaque terme soit désormais déterminé témoigne
de ce qu’il n’est plus seulement en soi, pure immédiateté sans épaisseur
propre ; il est réfléchi, ce qui veut dire qu’il a un rapport « essentiel » à
autre-chose. Cela suffit pour que l’on puisse parler, à propos de ces termes,
d en et pour soi, c'est-à-dire d’un niveau auquel l’en-soi lui-même a rapport
intérieur à ce qu’il exclut. Telle sera d’abord la contradiction.
126. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Les grandeurs
op-posées de l'arithmétique.
127. Comme il en va toujours pour Hegel, « ce qui est bien-connu [das
Bekannte] en général, justement parce qu’il est bien-connu {bekannt}, n’est
pas connu ferkannt] » : ph. G. 28/18 (I 28/14).

64
L’ESSENCE COMME REFLEXION

dans soi de son être-posé, [de] l’op-position elle-même. Celle-ci ne


vaut par conséquent que comme non étant en et pour soi et reve­
nant certes au divers, de telle sorte que chacun est un op-posé en
général, mais aussi subsiste pour soi indifféremment la contre,­ et
ïque] cela revient au même que ce soit l’un ou l’autre des deux
divers op-posés qui se trouve considéré comme positif ou comme
négatif. — Mais l’antre fois le positif est le positif en soi-même,
le négatif, le négatif en soi-même, de sorte que le divers n’est pas
indifférent là contre, mais que cela est sa détermination en et pour
soi. — Ces deux formes du positif et [du] négatif se rencontrent
dans les premières déterminations dans lesquelles elles se trouvent
utilisées dans l’arithmétique.
Le + a et le — a sont tout d’abord des grandeurs op-posées
en général ; a est Xunité étant-en-soi qui se trouve au fondement
des deux, l’indifférent en regard de l’op-position elle-même, [indif­
férent] qui ici, sans autre concept128, sert de base morte. Le — a
est certes caractérisé comme le négatif, le -f- ^ comme le positif,
mais l’un est aussi bien un op-posé que Vautre.
En outre a n’est pas seulement l’unité simple se trouvant au
fondement, mais, comme + a et — a, elle est la réflexion dans
soi de ces op-posés ; sont présents120 deux a divers, et il est indif­
férent que ce soit l’un ou l’autre des deux que l’on veuille carac­
tériser comme le positif et [le] négatif ; tous deux ont un subsister
particulier et sont positifs130.
Selon le premier côté il y a -j- y — y = 0 ; ou, dans
— 8 + 3, les 3 positifs sont [3] négatifs dans le 8. Les op-posés [61]
se sursument dans leur liaison. Une heure de chemin faite vers
l’est, et autant de retour vers l’ouest supprime131 le chemin qui fut
fait d’abord ; tant de dettes, autant de moins de bien, et autant de
bien il y a, autant se supprime131 dans les dettes. L’heure de chemin
vers l’est n’est pas en même temps le chemin positif en soi, ni
celui vers l’ouest le chemin négatif ; mais ces directions sont indé­ 46
pendantes en regard de cette déterminité de l’opposition ; c est
seulement une troisième perspective tombant en dehors d’elles
qui fait de l’une la positive et de l’autre la négative. Ainsi éga-

128. ohne weitern Begriff. — Ce terme de « concept t> n’est pas à prendre
ici selon sa densité habituelle, mais simplement dans le sens de « détermina­
tion adjonctive.
129. vorhanden, présents au sens de donnés.
130. On voit ici sur un exemple l'articulation du raisonnement exposé
plus haut dans son universalité formelle : s’il est vrai que le positif est
et que le négatif n’est pas, il est vrai aussi, et d’un même mouvement, que
tous deux sont. Ainsi le négatif qui est est-il la figure naissante de la totalité.
131. aufhebt, qui n’est pas pris ici selon son acception technique.

65
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

lement, les dettes ne sont pas en et pour soi le négatif ; elles ne


le sont qu’en rapport au débiteur; pour le créancier elles sont
son bien positif ; elles sont une somme d’argent, ou quoi que ce
soit d’une certaine valeur qui, selon des perspectives tombant en
dehors de lui, est dettes ou bien.
Les op-posés se suppriment132 certes dans leur rapport, de telle
sorte que le résultat soit égal à zéro ; mais dans eux est présent133
aussi leur rapport identique qui en regard de l’opposition elle-
même est indifférent; ainsi constituent-ils Une-chose. Comme il
vient d’être rappelé à l’instant de la somme d’argent, qui est seule­
ment Une somme, ou le a, qui est seulement Un a dans le + a
et le — a ; de même le chemin, qui est seulement Un fragment de
chemin, non pas deux chemins dont un irait vers l’est, l’autre vers
l’ouest. Ainsi également une ordonnée y, qui est la même-chose
{quand elle est] prise de ce côté-ci ou de ce côté-là de l’axe ; dans
cette mesure il y a —(— — y = y ; elle est seulement /'ordonnée,
il n’y a qu’Une détermination et loi de cette même {ordonnée}.
Mais en outre les op-posés ne sont pas seulement Un indiffé­
rent, mais aussi deux indifférents. Comme des op-posés, en effet,
ils sont aussi des réfléchis dans soi, et subsistent ainsi comme des
divers.
2] Ainsi dans — 8 + 3 sont présentes134 en tout135 onze130 uni­
tés ; + y, — y, sont des ordonnées {chacune] sur le côté op-posé
de l'axe, où chacune est un être-là indépendant en regard de
cette limite et en regard de cette opposition ; ainsi y a-t-il
+ y — y = 2y. — Egalement le chemin parcouru vers l’est et
vers l’ouest est la somme d’un double effort ou la somme de deux
périodes temporelles. Pareillement, dans l’économie d’Etat, un
quantum d’argent ou de valeur n'est pas seulement ce quantum
Un comme moyen de la subsistance, mais il est quelque chose de
doublé ; il est moyen de la subsistance aussi bien pour le créancier
que pour le débiteur. Le bien d’Etat ne se calcule pas simplement
i comme {la] somme de l’argent liquide et des autres valeurs immo­
.
■■

bilières et mobilières qui sont présentes134 dans l’Etat, mais moins


encore comme {la] somme qui serait de reste après déduction du
bien passif par rapport à l’actif, mais le capital, quand bien même
sa détermination active et {sa détermination] passive se rédui-
;i

132. Cf. note précédente.


133. vorhanden, présent au sens de donné.
134. vorhanden, présentes au sens de données.
135. überhaupt.
136. eilf, forme ancienne de elf, reprise aussi bien dans l’édition Lasson
que dans celle de Glockner.

66

.
l’essence comme réflexion

raient à zéro, demeure premièrement capital positif comme 47


+ a — a — a; mais deuxièmement, en tant qu’il est [un capi­
tal] de multiple manière passif, prêté et à nouveau prêté, il est par
là un moyen [de subsistance] fort multiplié.
Pourtant les grandeurs op-posées ne sont pas seulement d’une
part simplement des [grandeurs] op-posées en général, d’autre
part des [grandeurs] réelles ou indifférentes. Mais, bien que le
quantum lui-même soit l’être limité de façon indifférente, en lui
pourtant se rencontrent également le positif en soi et le négatif
en soi137. Le a, par exemple, dans la mesure où il n’a pas de
signe, vaut de telle sorte qu’ 138il est à prendre comme {a} positif,
s’il est à caractériser. S’il lui fallait seulement être en général un
{a} op-posé, il pourrait tout aussi bien se trouver pris comme
— a. Mais le signe positif lui est donné immédiatement parce que
le positif pour soi a en regard de l’op-position la signification carac­
téristique de l’immédiat [entendu] comme identique à soi.
En outre, en tant que des grandeurs positives et négatives se [63]
trouvent additionnées ou soustraites, elles valent comme des gran­
deurs qui pour soi seraient positives et négatives, et [qui] ne le
deviennent pas de cette manière extérieure, simplement par le
rapport de l’additionner ou du soustraire. Dans 8 — (—3) le pre­
mier moins veut dire op-posé en regard de 8, tandis que le
second moins (—3) vaut comme [moins] op-posé en soi, en dehors
de ce rapportIJ9.
Cela ressort de façon plus précise à propos de la multiplication
et de la division ; ici le positif est à prendre essentiellement comme
le non-op-posé 14°, le négatif par contre comme Top-posé, non pas
les deux déterminations de la même manière comme des op-posés
en général. En tant que les manuels, dans les preuves touchant
à la façon dont se comportent les signes dans ces deux types de
calcul, en restent au concept des grandeurs op-posées en général,
ces preuves sont incomplètes et se compliquent dans des contra-
dictionsX4X. — Mais plus et moins reçoivent, dans la multiplication

137. Sur le Quantum, cf. notre traduction de « L’Etre », pp. 156 $q.
(notamment p. 192). Et aussi, sur la différence entre limite qualitative et
limite quantitative (et sur l'indifférence de la quantité déterminée à l’egard
de la limite), op. cit.t pp. 165 et 166.
138. gHt dafür, dass.
139- Exemple particulièrement net de ce que Hegel recherche tout au
long de cette Remarque : l’opposition, dans sa détermination véritable, ne
se juge ni par rapport à son « autre » extérieur ni par rapport à un tiers,
mais comme rapport négatif à soi, c’est-à-dire comme contradiction.
140. das Nichtentgegengesetzte : cf. ci-dessus, p. 63, note 120.
141. Le mot <t contradictions » est évidemment pris ici selon son sens

67
DEUXIÈME LIVRE : SECTION î

et fia] division, la signification plus déterminée du positif et [du}


négatif14a en soi parce que la relation des facteurs, [qui consiste}
à être unité et nombre-numéré143 l’un en regard de l’autre, n’est
pas une simple relation de l’augmenter et [du] diminuer, comme
dans l’additionner et [le] soustraire, mais une [relation] qualita­
tive ; par quoi aussi plus et moins reçoivent la signification quali­
tative du positif et [du] négatif. — Sans cette détermination et
48 simplement à partir du concept de grandeurs op-posées, on peut
facilement tirer la conséquence erronée que, si l’on a — a •
- a — a*, inversement il y aurait -j- a ' — a — -f- ^2. En tant
que l’un des facteurs est le nombre-numéré et l’autre [facteur]
l’unité, et que le premier143 comme à l’habitude, signifie le
[facteur] qui a la préséance, les deux expressions — a + a et
a • — a se différencient par le fait que dans la première + a
164] est l’unité et — a le nombre-numéré, et que dans l’autre c’est l’in-
verse. Maintenant, à propos de la première on a coutume de dire :
si je dois prendre + a un nombre de fois équivalent à — a,
alors je prends + a non simplement a fois, mais en même temps,
de façon qui lui est op-posée, + a fois — a ; donc, comme il est
plus, j’ai à le prendre négativement, et le produit est — a. — Mais
si, dans le second cas, — a est à prendre un nombre de fois équi­
valent à + a, alors — a pareillement ne doit pas se trouver pris
— a fois, mais dans la détermination qui lui est op-posée, savoir
+ a fois. D’après le raisonnement du premier cas il s’ensuit donc
que le produit devrait être -f- a. — De même à propos de la
division.
Cette conséquence est nécessaire, dans la mesure où plus et
moins se trouvent pris seulement comme des grandeurs op-posées
en général ; au moins, dans le premier cas, on attribue la force
de changer le plus ; mais, dans l’autre, plus ne devrait pas
avoir la même force sur moins, nonobstant le fait qu’il est aussi
bien une détermination-de-grandeur op-posée que celui-ci. En fait,
plus n’a pas cette force, car il est à prendre ici selon sa détermi­
nation qualitative en regard de moins, en tant que les facteurs
ont une relation qualitative l’un à l’autre. Dans cette mesure
donc le négatif, ici, est l’op-posé en soi comme tel, mais le
positif est l’indéterminé, [l’]indifférent en général ; il est bien

courant, et non selon l’acception technique que Hegel va lui donner dans
un instant.
142. von Positivent und Negativem, cf. ci-dessus, p. 62, note 115.
143. Sur 1 équivalence Anzahl/nombre-numéré cf. notre traduction de
« L’Etre », p. 192, note 17.
143 bl*. die trstere : il s’agit du nombre-numéré.

68

;
...
l’essence comme réflexion

aussi le négatif, mais de l’autre, non en lui-même. — Une


détermination comme négation entre donc seulement par le
négatif, non par le positif.
Ainsi donc aussi — a * a = -j- a2, pour la raison que
le a négatif n’[est] pas [à prendre] simplement de façon op-po-
sée (c’est ainsi qu’il devrait être pris [s’il était] multiplié par
— a), mais parce qu’il doit se trouver pris négativement. Mais la
négation de la négation est le positif.

C.
LA CONTRADICTION [65]

1. La différence en général contient ses deux côtés comme


moments ; dans la diversité ils tombent [comme] indifférents 49
l’un en dehors de l’autre ; dans Y opposition comme telle les
côtés de la différence sont déterminés l’un seulement par l’autre,
donc [sont] seulement des moments ; mais ils sont tout autant
déterminés en eux-mêmes, indifférents l’un en regard de l’autre
et s’excluant mutuellement ; les déterminations-de-réflexton auto­
nomes 144.
L’une est le positif, l’autre le négatif, mais celle-là comme
le positif en lui-même, celle-ci comme le négatif en lui-même.
L’autonomie indifférente pour soi, chacun Ta par le fait qu’il a
en lui-même le rapport à son autre moment ; ainsi est-il l’oppo­
sition totale incluse dans soi145. — [Entendu] comme ce tout,
chacun est médiatisé avec soi par son autre et contient ce même

144. La contradiction est l’opposition dans son achèvement essentiel.


Comme telle, elle est l’identité de la différence (dont les moments, posés
par l’identité, ne sont que l’un par l’autre) et de la diversité (dont les
termes, produits par une réflexion extérieure, sont indifférents l'un à l’autre).
C’est cette dualité d’aspects que Hegel rassemble sous le terme d’autonomie,
— lequel, sous sa forme positive, introduit directement à la contradiction.
Cette « autonomie » ne consiste nullement en une juxtaposition des termes en
présence, comme si chacun d’eux était clos sur sa suffisance unilatérale ; mais
leur identité, parce qu’elle provient d’un rapport de différence, pousse
cette différence à l’extrême dans l’acte même par lequel elle l’intériorise.
Exclusion et unité intérieure vont ici totalement de pair : cf. ci-dessus, p. 63,
note 121.
145. der ganze in sich geschlossene Gegensatz : cette « inclusion > des
moments (verbe schliessen) est ici paradoxalement et contradictoirement
identique à leur « exclusion » (du verbe ausschliessen), telle qu’elle vient
d’être évoquée par Hegel.

69
V .

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

(autre}. Mais il est, en outre, médiatisé avec soi par le non-être


de son autre ; ainsi est-il pour soi unité qui-est et [il] exclut
de soi l’autre.
En tant que la détermination-de-réflexion autonome, dans
la perspective même où elle contient l’autre et par là est
autonome, exclut l'autre, elle exclut de soi dans son autonomie
son autonomie propre ; car celle-ci consiste à contenir dans soi
la détermination [qui est} autre [par rapport} à elle, et par
là seulement à ne pas être rapport à quelque chose d’extérieur,
[66} mais tout aussi bien immédiatement à être elle-même et à exclure
de soi la détermination [qui est] négative [par rapport} à elle.
Elle est ainsi la contradiction I4G.
La différence en général est déjà la contradiction en soi ; car
elle est l’unité de termes qui ne sont que dans la mesure où ils
ne sont pas un, — et la séparation de termes qui ne sont que
comme des [termes] séparés dans le même rapport. Mais le posi-
tif et le négatif sont la contradiction posée, parce que, comme
unités négatives, ils sont eux-mêmes le poser d’eux [-mêmes}, et
en cela chacun est le sursumer de soi et le poser de son
contraire. — Ils constituent la réflexion déterminante comme
excluante ; parce que l’exclure est Un différencier et que chacun
des différenciés, comme excluant, est lui-même l’exclure total,
chacun s’exclut dans lui-même.
Les deux déterminations-de-réflexion autonomes, étant considé­
rées pour soi, le positif est ïêtre-posé comme réfléchi dans
l’égalité avec soi147 ; l’être-posé qui n’est pas rapport à quelque
50 chose d’autre, le subsister donc, dans la mesure où l’être-posé
est sursumé et exclu. Mais par là le positif se fait le rapport
d’un non-être — un être-posé —. Ainsi est-il la contradiction,
en ce que148, [entendu] comme le poser de l’identité à soi par
[1’]exclure du négatif, il se fait lui-même le négatif de quelque
chose149, [se fait] donc l’autre qu’il exclut de soi. Celui-ci,
comme exclu, est posé libre de l’excluant ; par là comme réfléchi
:p dans soi et lui-même excluant. Ainsi la réflexion excluante est-
elle [le] poser positif comme excluant l’autre, de telle sorte
:

. 146. La contradiction est donc l’unité du positif et du négatif (de l’inclu­

m sion et de l’exclusion) dans l’autonome. Ce par quoi cet autonome est un,
dans la dualité, avec l’autre autonome par lequel et dans lequel il est
totalité.
147. in die Gleichheit mit sich, avec mouvement.
148. en ce que : dass.

il
®É
149. von einem.

70

4
m
J
l’essence comme réflexion

que ce poser esc immédiatement le poser de son autre, qui


l’exclut150.
Cela est la contradiction absolue du positif, mais elle est [67]
immédiatement la contradiction absolue du négatif; le poser
des deux est Une réflexion. — Le négatif, considéré pour soi
en regard du positif, est letre-posé comme réfléchi dans l’iné­
galité à soi1M, le négatif comme négatif. Mais le négatif est
lui-même l’inégal, le non-être d’un autre; ainsi la réflexion
dans son inégalité152 est-elle plutôt son rapport à soi-même. —
La négation en général est le négatif comme qualité, ou déter-
minité immédiate ; mais, [lorsque] le négatif [est pris] comme
négatif, il est rapporté au négatif de soi, à son autre. Si ce
négatif se trouve pris seulement comme identique au premier,
alors, tout comme le premier, il est seulement immédiat ; ils ne
se trouvent pas pris ainsi comme des [termes] autres l’un en
regard de l’autre, partant non comme des négatifs ; le négatif
n’est absolument pas153 un immédiat. — Mais en tant que
maintenant en outre chacun est aussi bien la même-chose que
l’autre, ce rapport des inégaux est aussi bien leur rapport
identique1M.
C’est donc la même contradiction qu’est le positif, savoir
être-posé ou négation, comme rapport à soi. Mais le positif est
cette contradiction seulement en soi ; le négatif en revanche
la contradiction posée ; car dans sa réflexion dans soi, [qui
consiste] à être en et pour soi [quelque chose de] négatif, ou
à être, comme [quelque chose de] négatif, identique à soi, il a
la détermination d’être [quelque chose de] non-identique, acte-
d’exclure l’identité. Il est ceci : être identique à soi en regard
150. Hegel entend montrer, à propos de chacun des termes autonomes
de la contradiction, comment l’on est passé de la différence (contradiction
en soi) à la contradiction proprement dite, posée comme telle (dans l’identité
du pour soi et du pour un autre). Il vient d’analyser ce mouvement en ce
qui concerne la détermination-de-réflexion du positif (avant que de se tourner,
dans le paragraphe prochain, vers le négatif) : l’autonomie du positif consiste,
ainsi qu’on l’a vu, dans le fait que ce positif exclut de soi le négatif ;
mais de la sorte il devient lui-même le négatif de quelque chose. C’est en
cela que son « autonomie s- est contradiction, — totalité contradictoire.
151. in die Ungleichheit mit sich, avec mouvement.
152. die Réflexion in seine Ungleichheit, avec mouvement.
153. überhaupt nicht.
154. Tout comme le positif, et de façon plus patente encore, le négatif,
sous sa forme réfléchie, est rapport à lui-même comme autre. Il est ainsi
l’autre du négatif immédiat, celui qui s’épuisait dans les déterminités oppo-
sitives de l’être; et, en tant que cette altérité constitue l'intériorisation
essentielle de l’altérité première, ce négatif réfléchi est identique à lui-même
comme négatif immédiat. Cette identité et cette différence identiques le
posent donc, lui aussi, comme totalité contradictoire.

71
deuxième livre : SECTION I

de l'identité, par là s’exclure soi-même de soi par sa réflexion


eXLe^égatif est donc Top-position totale, [op-position] reposant
51 sur soi comme op-position, la différence absolue ne se rapportant
[68] pas à autre-chose ; comme op-position, il exclut l’identité de soi ;
mais ainsi [il s’exclut] lui-même, car comme rapport à soi il
se détermine comme l’identité elle-même qu’il exclut155.

2. ha contradiction se dissout.
Dans la réflexion s’excluant elle-même qui se trouve considérée,
le positif et le négatif se sursument eux-mêmes chacun dans
son autonomie j chacun est purement-et-simplement le passer
ou plutôt le transposer de soi dans son contraire150. Ce dispa­
raître incessant des op-posés dans eux-mêmes est 1 unité pre­
mière 158 qui se fait par la contradiction ; elle est le zéro.
Pourtant la contradiction ne contient pas simplement le négatif,
mais aussi le positif ; ou la réflexion s’excluant elle-même est
en même temps réflexion posante ; le résultat de la contradiction
n’est pas seulement zéro. — Le positif et [le] négatif cons­
tituent Têtre-posé de l’autonomie ; la négation d’elle par elle-
même sursume l'être-posé de l’autonomie. C’est cela qui en
vérité va au gouffre dans la contradictionI50.

155. Le positif et le négatif, en tant qu’autonomes réfléchis dans soi,


sont identiques. Mais, parce que cette identité est identité de réflexion
(c'est-à-dire identité relevant de l’intériorité essentielle), elle se pose sous
le signe du négatif. Dans le négatif réfléchi, la contradiction s’exprime donc
comme en et pour soi, dans son être-posé ; elle est ainsi la vérité du positif
réfléchi, qui n’est contradiction qu'en soi. — Hegel instaure ici la même
relation (en soi/posé) entre le positif et le négatif réfléchis que celle qu’il
avait instaurée plus haut entre la différence en général (première détermina­
tion de l’identité, et, comme telle, « contradiction en soi ») et la relation
accomplie entre positif et négatif (ultime détermination de la différence, et
qui équivaut, comme telle, à la « contradiction posée »). Cf. ci-dessus, p. 70.
156. in sein Gegenteil, avec mouvement. — Hegel a écrit d’abord c le
passer » (dos Uebergehen) ; mais il Je corrige aussitôt par « le transposer
de soi » (das sich Uebersetzen). Le premier est caractéristique de l’économie
de l’être, tandis que le second (au moins sous sa forme simple de setzen)
appartient typiquement à l’essence. Entre positif et négatif, aucun « passage >
d’extériorité ; mais une intériorisation qui fait que chacun est « posé >
par l’autre, — par cet autre qu’il est à lui-même.
157. in ihnen selbst, sans mouvement.
158. die nâchste Einheit : l’unité la plus prochaine.
159. « va au gouffre » : zu Grand geht {sic). — L’abîmement des termes
l’un dans l’autre (aspect de négation) est identiquement le « passage au
fondement » (aspect de résurgence positive). La contradiction, nous l’avons
souligne (cf. ci-dessus, p. 69, note 144), c’est le fait que chacun des termes
soit autonome et le soit en tant qu’ils sont l’un et l’autre posés l’un par
l’autre et 1 un dans l’autre. L’effondrement de la contradiction, c’est donc
la disparition de 1 autonomie, laquelle, au niveau présent de la détermination

72
l’essence comme réflexion

La réflexion dans soi, par quoi les côtés de l’opposition se


font rapports autonomes à soi, est d’abord leur autonomie comme
[autonomie] de moments différents ; ils sont ainsi cette auto­
nomie seulement en soi, car ils sont encore des [côtés] op-posés,
et le fait qu’ils le soient en soi constitue leur être-posé. Mais
leur réflexion excluante sursume cet être-posé, les fait des auto­
nomes étant-pour-soi, [les fait] des termes qui sont autonomes
non pas seulement en soi mais par leur rapport négatif à leur [69]
autre ; leur autonomie est, de cette manière, également posée.
Mais en outre ils font de soi, par ce poser qui est leur, un
être-posé. Us se dirigent au gouffre160 en tant qu’ils se déter­
minent comme l’identique à soi, mais en cela plutôt comme
le négatif, comme un identique à soi qui est rapport à autre-
chose.
Seulement cette réflexion excluante, considérée de plus près,
n’est pas seulement cette détermination formelle. Elle est auto­
nomie étant-en-soi, et est le sursumer de cet être-posé, et c’est par
ce sursumer seulement101 quelle est unité étant-pour-soi et en
fait [unité] autonome. Par le sursumer de letre-autre ou être- y
posé est certes présent162 à nouveau l’être-posé, le négatif d’un
autre. Pourtant en fait cette négation n’est pas à nouveau seu­
lement rapport premier immédiat à autre-chose, non pas être-
posé comme immédiateté sursumée, mais comme être-posé sur-
sumé. La réflexion excluante de l’autonomie, en tant quelle est
excluante, fait de soi l’être-posé, mais est tout aussi bien sursumer
de son être-posé. Elle est rapport à soi sursumant ; en cela
elle sursume premièrement le négatif, et deuxièmement elle se
pose comme négatif, et c'est cela seulement163 qui est le négatif
quelle sursume ; dans le sursumer du négatif, elle le pose et le sur­
sume à la fois. La détermination excluante elle-même est à soi
de cette manière l'autre dont elle est la négation ; le sursumer

intérieure essentielle, est à la fois l’expression la plus haute de la totalité


(aspect d’inclusion) et ce qui la met le plus radicalement en danger (aspect
d’exclusion). C’est pourquoi aussi un tel effondrement dans ce qui est a la
fois « abîme » et « fondement » (au sens de raison originante) est prometteur
d’une recomposition de ces éléments dans ce qui sera alors une « autonomie >
plus véritable, — non plus dans la sphère de la détermination intérieure,
mais dans le mouvement conjoint de l’extériorisation. — Hegel va reprendre
ce raisonnement au cours des paragraphes qui viennent.
160. Sie richten sich zu Grunde : au gouffre et au fondement.
161. erst, temporel. — Ainsi que nous l’avons dit ci-dessus (note 159),
l’accès à la véritable autonomie a pour condition la sursomption d’une auto­
nomie de réflexion qui n’est encore que sous le mode de l’en soi.
162. vorhanden, présent au sens de donné.
163. erst, temporel.

73
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

de cet être-posé est par conséquent non pas à nouveau être-posé


comme le négatif d’un autre, mais est le coïncider avec soi-même
qui est unité positive avec soi. L’autonomie est ainsi, par sa
négation propre, unité faisant retour dans soi, en tant que c’est
par la négation de son être-posé quelle fait retour dans soi. Elle
est l’unité de l’essence, [qui consiste] à être identique à soi
[70] par la négation, non pas d’un autre, mais d’elle-même 1C4.

3. Selon cet aspect positif, [qui consiste en ce] que l’auto­


nomie, dans l’opposition, comme réflexion excluante, fait de
soi l’être-posé, et [qu’]elle sursume tout aussi bien le fait d’être
être-posé, l’opposition est revenue, non pas seulement au gouffre,
mais dans son fondement165. — La réflexion excluante de 1 op­
position autonome fait d’elle quelque chose de négatif, [quelque
chose de] seulement posé ; par là elle abaisse ses déterminations
d’abord autonomes, le positif et le négatif, à l’état de termes
qui sont seulement des déterminations ; et en tant qu’ainsi
l’être-posé se trouve fait l’être-posé, il est retourné absolument
dans son unité avec soi ; il est Vessence simple, mais l’essence
comme fondement. Par le sursumer des déterminations se contre­
disant en soi-même de l’essence, celle-ci est rétablie, cependant
avec la détermination d’être unité-de-réflexion excluante, —
unité simple qui se détermine elle-même comme négatif, mais
dans cet être-posé est immédiatement égale à soi-même et a
coïncidé avec soi1GC.
D’abord donc l’opposition autonome revient dans le fonde­
)3 ment par sa contradiction; celle-là est le premier, [F]immédiat,
à partir duquel on commence, et l’opposition sursumée ou l’être-
posé sursumé est lui-même un être-posé. Ainsi l'essence comme

164. La dissolution de la contradiction (thématisée sous ce 2.) est apparue


d’abord comme l’effondrement dans « l’unité la plus prochaine » qui était
le « zéro ». Mais « l’unité de l’essence » est en réalité ce redoublement de
négation qui rend raison de la positivité véritable du fondement.
165. Le zugrunde gehen (aller au gouffre) se révèle être en fait un in
ïi: . seinen Grund gehen (aller dans son fondement, revenir en lui).
166. Chez Hegel, la résolution d’un mouvement rationnel (en termes
techniques : le passage du dialectique, ou négativement-rationnel, au spécu­
latif, ou positivement-rationnel, cf. Enz. § 79) s’opère d’abord sous le signe
d’un « retour ». D’où un certain nombre d’expressions qui semblent, à
première vue, dessiner une régression : d’abord..., unité immédiatement égale
à soi..., déterminations qui sont seulement déterminations... Pourtant, cet
« abaissement » est le moment capital, et, au sens fort, fondamental, où la
dualité dialectique « se souvient » de l’unité qui la posa (et qui ne cesse
de la poser). De sorte que la sursomption du seulement (négativement) pose
est ici l’accès au poser véritable, — celui qui engendrera la détermination
pure (qui «'est que détermination), à la fois intérieure et extérieure.

74
l’essence comme réflexion

fondement est-elle un être-posé, un {être-posé} devenu. Mais


inversement c’est seulement ceci qui s’est posé, que l’opposition
ou l’être-posé est un [être-posé] sursumé, [est] seulement comme
être-posé. L’essence comme fondement est donc de telle manière
réflexion excluante quelle se fait elle-même l’être-posé, que
l’opposition, à partir de laquelle on a commencé auparavant et [71]
qui était l’immédiat, est l’autonomie seulement posée, déter­
minée, de l’essence, et que l’opposition est seulement ce qui
se sursume en lui-même, tandis que l’essence est le réfléchi
dans soi dans sa déterminité 1C\ L’essence comme fondement
j'exclut de soi-même, elle se pose ; son être-posé — qui est
l’exclu — est seulement comme être-posé, comme identité du
négatif à soi-même. Cet autonome est le négatif, posé comme
négatif ; quelque chose qui se contredit soi-même, qui par
conséquent demeure immédiatement dans l’essence comme [dans]
son fondement,c8.
La contradiction dissoute est donc le fondement, l’essence
comme unité du positif et [du] négatif. Dans l'opposition J a
détermination s’est développée jusqu’à l’autonomie ; mais le
fondement est cette autonomie achevée ; le négatif est dans lui
essence autonome, mais comme négatif ; ainsi le fondement
est-il tout aussi bien le positif que l’identique à soi dans cette
négativité. L’opposition et sa contradicton sont par conséquent,
dans le fondement, aussi bien supprimées169 que maintenues.
Le fondement est l’essence comme l’identité positive a soi ; mais
[identité] qui se rapporte à soi en même temps comme la néga­
tivité, se détermine donc et fait de soi l’être-posé exclu ; mais
cet être-posé est l’essence autonome totale, et l’essence est fonde­
ment, comme identique à soi-même dans cette négation sienne
et [comme] positive. L’opposition autonome se contredisant était

167. in seiner Bestimmtheit, sans mouvement. _ .


168. A un certain stade (celui de la scission dialectique), 1 autonomie de
l’essence (le fait quelle soit totalité) ne pouvait s’exprimer que dans 1 auto­
nomie unilatérale et oppositionnelle des déterminations. Mais cette « ayto-
nomie », qui, tout en révélant l’essence, la mettait en péril ^comme totalité,
est reprise dans la simplicité de l’essence dont elle s’avère être ^expression
négative, — de ce type de négation qu’est la contradiction. — Ainsi, au terme
de ce développement, ce qui se fait jour c’est que chaque moment n est
lui-même qu’en laissant percer la totalité qui le porte, et qu’à l’inverse le
mouvement dans son ensemble est « animé » par ce dynamisme négatif de
l’essence qui se « réalise » au rythme des déterminations. L’essence^ comme
fondement, c’est l’identité devenue du paraître dans soi et de l’apparaître hors
de soi.
169. aufgehoben, dans son opposition à erbalten, a évidemment ici un
sens (immédiatement) négatif : « supprimées ».

75
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

donc déjà elle-même le fondement; ce qui s’ajouta fut seule­


ment la détermination de l’unité avec soi-même qui vient au
jour par le fait que chacun des op-posés autonomes se sursume
soi-même et se fait l’autre de soi, va ainsi au gouffre, mais en
cela en même temps coïncide seulement avec lui-même, donc
[72) dans son déclin, c’est-à-dire dans son être-posé ou dans la
négation, est plutôt seulement alors170 l’essence réfléchie dans
soi, identique à soi.

54 Remarque 1171

Le positif et (le) négatif sont la même-chose. Cette expression


appartient à la réflexion extérieure, dans la mesure où avec ces
deux déterminations elle instaure une comparaison. Pourtant
ce n’est pas une comparaison extérieure qui est à instaurer entre
ces mêmes [déterminations], pas plus qu’entre d’autres catégories,
mais elles sont à considérer en elles-mêmes, c’est-à-dire il y a
à considérer ce qu’est leur réflexion propre. Mais en celle-ci
il s’est montré que chacun est essentiellement le paraître de soi
dans l’autre, et [est] lui-même le poser de soi comme de l’autre.
Mais le représenter, dans la mesure où il ne considère pas
le positif et [le] négatif tels qu’ils sont en et pour soi, peut
en tout cas être renvoyé à l’acte-de-comparer pour avoir l’at­
tention attirée [sur] 172 le caractère-inconsistant de ces [termes]
différents qui sont pris par lui comme [se tenant] fermes l’un
en face de l’autre. Une expérience restreinte dans le [domaine
du] penser réfléchissant percevra bien que si quelque-chose
s’est trouvé déterminé comme positif, quand maintenant on va
plus loin à partir de cette base, ce même [quelque-chose] s’est
changé immédiatement, sous la main, en négatif, et inversement
le déterminé négatif [s’est changé] en positif, que le penser
réfléchissant s’embrouille dans ces déterminations et devient
contradictoire à soi. Le manque de connaissance de leur nature
est d’avis que cette confusion serait quelque-chose d’irrégulier,
qui ne doit pas arriver, et l’attribue à un défaut subjectif. Cet
acte-de-paser demeure aussi en fait simple confusion dans la me­
sure où n’est pas présente 172 bia la conscience relative à la nécessité
170. « seulement alors t> : erst, temporel.
171. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Unité du positif
et (du) négatif.
172. Le auf, appelé par le verbe aufmerksam xverden, ne se trouve pas
dans l’original ; Lasson l’introduit ici à juste titre.
172 bls. vorhanden, présente au sens de donnée.

76
l’essence comme réflexion

de la transformation173. — Mais, même pour la réflexion exté­ [73]


rieure, c’est une considération simple qu’en premier lieu le positif
n’est pas quelque chose d’immédiatement identique, mais d'une
part quelque chose d’op-posé en regard du négatif, et que c’est
seulement dans ce rapport qu’il a signification, [que] donc le
négatif lui-même se trouve dans son concept, mais d’autre part
qu’il est en lui-même la négation se rapportant à soi du
simple être-posé ou du négatif, donc lui-même la négation
absolue dans soi. — Pareillement le négatif, qui se tient en
face du positif, n’a sens que dans ce rapport à cet autre sien;
il contient donc ce même [positif] dans son concept. Mais le
négatif a aussi, sans rapport au positif, un subsister propre ; 55
il est identique à soi ; mais ainsi il est lui-même ce que devait
être le positif174.
On prend surtout l’opposition du positif et [du] négatif dans
le sens où celui-là (bien qu’il exprime, ainsi que son nom l’indi­
que, Yêtre-posé175) doit être quelque chose d’objectif, mais celui-ci
quelque chose de subjectif qui n’appartiendrait qu’à une réflexion
extérieure, ne concernerait en rien l’objectif étant en et pour
soi et ne serait absolument pas présent170 pour ce même [objec­
tif]. En fait, si le négatif n’exprime rien d’autre que l’abstraction
d’un arbitraire subjectif ou une détermination d’une comparai­
son extérieure, alors il n’est assurément pas présent177 pour le
positif objectif, ce qui veut dire que celui-ci n’est pas rapporté
en lui-même à une telle abstraction vide ; mais alors la déter­
mination selon laquelle il est un positif lui est pareillement seu-

173. La logique hegelienne n’est pas fondée sur la représentation, et ne


puise donc pas ses arguments dans ce domaine. Mais Hegel ne manque
pas de recourir, chaque fois que faire se peut, aux données les plus immé­
diates de la conscience pour permettre de saisir, fût-ce par une analogie
inadéquate, ce qu’il en va du mouvement des essentialités. Que l’on ne
puisse se représenter le positif et le négatif que sous le mode d’une oppo­
sition réciproque ne rend certes pas compte de leur unité conceptuelle*,
mais voilà qui met cependant sur la voie de la transgression de leur unilaté­
ralité oppositive.
174. Hegel reprend ici, en l’adaptant au représenter, le mouvement dialec­
tique qui, à l’intérieur de la première triade logique, assurait, en la montrant,
l’identité de l’être et du néant. Chacun des termes n’est ce qu’il est qu’en
incluant l’autre « dans son concept », c’est-à-dire dans sa vérité.
175. « l’être-posé » : dus Poniertsein, Gesetztsein. — En français, la
parenté étymologique entre « poser » et « positif » est évidente ; mais, en
allemand, Hegel, pour rendre sensible ce rapprochement, doit transcrire le
« Gesetztsein » dans le « Poniertsein » ; nous n’avions pas à tenir compte
en français de cette dualité de termes.
176. ganz und gar nicht... vorhanden, « absolument pas présent », dans
le sens de « absolument pas donné ».
177. vorhanden, présent au sens de donné.

77

.
_____.
.

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

lement extérieure. — Ainsi, pour citer un exemple à propos de


l’opposition fixe de ces déterminations-de-réflexion, la lumière
vaut en général comme le seulement positif, mais la ténèbre
comme le seulement négatif. Mais la lumière a, dans son expan-
[74] sion infinie et la force de son activité excluante et vivifiante,
essentiellement la nature de [la] négativité absolue. La ténèbre,
en revanche, comme [le] non-varié ou [comme] le sein de
la conception ne se différenciant pas lui-même dans soi, est
l’identique à soi simple, le positif. Elle se trouve prise comme
le seulement négatif dans le sens où, comme simple absence
de la lumière, elle ne serait absolument pas présente178 à cette
même [lumière], — de telle sorte que celle-ci, en tant quelle
se rapporte à la ténèbre, ne doit pas se rapporter à quelque
chose d’autre, mais purement à soi-même, donc [que] la ténèbre
ne doit disparaître que devant la lumière. Mais on sait que la
lumière se trouve altérée en gris par la ténèbre ; et, en dehors
de ce changement simplement quantitatif, elle subit aussi le
[changement] qualitatif, [qui consiste], par le rapport à cela,
à se trouver déterminée comme couleur179. — Ainsi, par exemple,
il n’est pas non plus de vertu sans combat ; elle est plutôt le
combat suprême, achevé ; ainsi n’est-elle pas seulement le
positif, mais négativité absolue ; elle n’est pas non plus vertu
seulement par comparaison avec le vice, mais est en elle-même
op-position et lutte. Ou le vice n’est pas seulement le manque
6 de la vertu — l’innocence aussi est ce manque —, et ce n’est
pas seulement pour une réflexion extérieure qu’il est différent
de la vertu, mais il lui est op-posé en soi-même, il est mal. Le
mal consiste dans l’acte-de-reposer sur soi en regard du bien ; il
est la négativité positive. Tandis que l’innocence, comme manque
tout autant du bien que du mal, est indifférente en regard des
deux déterminations, ni positive ni négative. Mais en même
temps ce manque est à prendre aussi comme déterminité, et
d’un côté elle180 est à considérer comme la nature positive de
quelque-chose, alors que de l’autre côté elle se rapporte à un
op-posé et [que] toutes les natures sortent de leur innocence,
de leur identité à soi indifférente, se rapportent par elles-mêmes
à leur autre, et par là se dirigent au gouffre, ou, au sens positif,
[75] reviennent dans leur fondement181. — La vérité aussi est le positif

178. ganz uni garnicht vorhanden : cf. ci-dessus, note 176.


179. Sur cette différence (et cette relation) entre la différence quantitative
et la différence qualitative, cf. notre traduction de « L'Etre », pp. 165-166.
=$; 180. Il s agit de la déterminité.
181. Cf. ci-dessus, p. 74, note 165.

78

'T»
l’essence comme réflexion

comme le savoir concordant avec l'objet, mais elle n’est cette


égalité avec soi que dans la mesure où le savoir s’est comporté
négativement en regard de l’autre, a pénétré l’objet et a sursumé
la négation qu’il est182. L’erreur est quelque chose de positif,
comme une opinion, qui se sait et s’affirme, de ce qui n’est
pas en et pour soi. Mais l’ignorance est ou bien l’indifférent
en regard de la vérité et de l’erreur, partant déterminée ni comme
positive ni comme négative, et la détermination de cette même
[ignorance], comme un manque, appartient à la réflexion exté­
rieure, ou plutôt, comme objective, comme détermination propre
d’une nature, elle est la tendance qui est dirigée contre soi ;
quelque chose de négatif qui contient dans soi une orientation
positive. — C’est une des connaissances les plus importantes
de pénétrer et de tenir-fermement cette nature des détermi-
nations-de-réflexion considérées, que leur vérité consiste seu­
lement dans leur rapport l’une à l’autre, et ainsi en ce que chacune
contient l’autre dans son concept lui-même ; sans cette connais­
sance l’on ne peut faire à proprement parler aucun pas en phi­
losophie 183.

Remarque 2184

La détermination de l’op-position s’est également trouvée faite


proposition, ce que l’on appelle la proposition dji tiers exclu.
Quelque-chose est ou bien A on non A ; il n'y a pas de
tiers.
Cette proposition contient d’abord que tout est quelque chose
182. La Phénoménologie de l’Esprit, qui s’achève dans la « réconciliation *
ultime de la conscience et de la conscience de soi, est tout entière un
« exemple » de cette vérité (entendue comme certitude objectivé) qui ras­
semble en elle les moments conjugués de l’affirmation positive du savoir et
du dynamisme négatif du mouvement conceptuel.
183. Hegel conclut ces exemples sur le dépassement que le représenter
lui-même est contraint de faire à propos des déterminations unilatérales
par une affirmation philosophique de portée tout à fait générale et de la
plus haute importance. En elle s’énonce ce que nous avons rappelé, plus
haut : c’est par la force même de l’essence entendue comme totalité que
l’autonomie illusoire de chacun des moments se trouve ramenée, pour la
déterminer en vérité, à l’authentique autonomie du principe de détermination,
— cette autonomie dont l’une des caractéristiques essentielles est d’assurer
le rapport véritable entre les éléments qui la com-posent (cf. ci-dessus, p. 75,
note 168).
184. Titre de cette Remarque dans la table des matières : La proposition du
tiers exclu. — Nous avons dit plus haut les raisons qui nous ont conduit à
traduire Satz par « proposition », et non pas, comme on s'y attendrait en
ce passage, par « principe » : cf. ci-dessus, p. 30, note 80.

79
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

d’op-posé, quelque chose de déterminé soit comme positif soit


comme négatif. — Une proposition importante, qui a sa néces­
sité en ce que l’identité passe en diversité et celle-ci en op-po-
57
sition. Seulement on n’a pas coutume de l’entendre dans ce sens,
[76] mais [elle] doit vouloir dire habituellement qu’à une chose
revient, parmi tous les prédicats, ou bien ce prédicat lui-même
ou bien son non-être. L’op-posé signifie ici simplement le
manque, ou plutôt Yindéterminité ; et la proposition est si insigni­
fiante que ce n’est pas la peine de la dire. Si l’on prend les
déterminations doux, vert, carré — et l’on doit prendre tous
les prédicats —, et si l’on dit maintenant de l’esprit qu’il est
ou bien doux ou bien non doux, vert ou non vert, etc., c’est
là une trivialité qui ne conduit à rien. La déterminité, le pré­
dicat, se trouve rapportée à quelque-chose ; le quelque-chose est
déterminé, déclare la proposition ; maintenant elle doit contenir
essentiellement que la déterminité se détermine plus précisément,
qu’elle parvienne à la déterminité en soi, à l’op-position. Mais
au lieu de cela, dans ce sens trivial, elle passe seulement de la
déterminité à son non-être, et revient à l’indéterminité183.
La proposition du tiers exclu se différencie en outre de la
proposition de l’identité ou de la contradiction considérée ci-dessus,
qui s’énonçait ainsi : il n’y a pas quelque-chose qui soit en même
temps A et non A18B. Elle contient qu'il n’y a pas quelque-
chose qui soit ni A ni non A, qu’il n’y a pas un tiers qui en
regard de l’opposition soit indifférent. Mais en fait il y a dans
cette proposition même le tiers qui est indifférent en regard
de l’opposition, savoir A lui-même y est présent187. Cet A n’est
ni -f- A ni — A, et tout aussi bien aussi -f- A que — A.
— Le quelque-chose qui devait être ou bien -f- A ou bien
non A est rapporté par là à + A aussi bien qu’à non A ; et,
à nouveau, en tant qu’il est rapporté à A, il ne doit pas être
rapporté à non A, de même qu’[il] ne [doit] pas [être rapporté]

185. Texte important, qui traite une fois de plus de ce qu’est, dans la
perspective hegelienne, une détermination. C’est en elle-même que l’identité
(par la différence) devient diversité, puis op-position (et, ultimement, fonde­
ment) ; aussi longtemps que, à partir de ce que l’on croit être une détermi­
nation, l’on passe simplement à son contraire (avant que de revenir à elle,
dans un jeu sans fin d’aller et retour), on demeure dans l’ordre de l’indé­
terminé. La détermination véritable, elle, est elle-même et son propre contraire
et j??rce cIue^e est telle qu’elle détermine effectivement.
186. Cf. ci-dessus, p. 45.
• j-r/f VOT^an^en> Présent au sens de donné. — Le A est le contenu constant
indifférent aux variations du rapport. Il est le tiers que la proposition pré­
sente disait devoir etre exclu ; mieux, il est, comme réflexion des termes l’un
dans 1 autre, le fondement de leur op-position.

80
l’essence comme réflexion

à A en tant qu’il est rapporté à non A. Le quelque-chose lui-


même est donc le tiers qui devait être exclu. En tant que
les déterminations op-posées sont, dans le quelque-chose, tout [77]
aussi bien posées que [déterminations] sursumées dans ce poser,
alors le tiers, qui ici a la figure d’un quelque-chose mort, pris
plus profondément, est l’unité de la réflexion dans laquelle
l’op-position revient comme dans le fondement.

Remarque 3 188 58
Si maintenant les premières déterminations-de-réflexion, l’iden­
tité, la diversité et l’op-position, se sont trouvées établies dans une
proposition, alors celle dans laquelle ils passent comme dans
leur vérité, savoir la contradiction, devait encore bien plus se
trouver saisie et dite dans une proposition : Toutes les choses
sont en soi-même contradictoires, et cela au sens où cette propo­
sition, en regard des autres, exprimerait plutôt la vérité et l’es­
sence des choses. — La contradiction qui émerge en l’op-position
est seulement le rien développé qui est contenu dans l’identité
et s’est rencontré dans l’expression que la proposition de l’iden­
tité ne dit rien,8°. Cette négation se détermine ultérieurement en
diversité et en op-position, qui est maintenant la contradiction
posée.
Mais c’est l’un des préjugés fondamentaux de la logique
jusqu’alors en vigueur et du représenter habituel que190 la contra­
diction ne serait pas une détermination aussi essentielle et imma­
nente que l’identité ; pourtant191 s’il était question d’ordre hiérar­
chique et que les deux déterminations étaient à maintenir-ferme-
ment comme des [déterminations] séparées, la contradiction serait
à prendre pour le plus profond et [le] plus essentiel. Car, face
à elle, l’identité est seulement la détermination de l’immédiat
simple, de l’être mort ; tandis qu’elle est la racine de tout mou­
vement et [de toute] vitalité ; c’est seulement dans la mesure
où quelque-chose a dans soi-même une contradiction qu’il se [78]
meut, a [une] tendance et [une] activité.
La contradiction se trouve habituellement éloignée, en premier
lieu, des choses, de l’étant et du vrai en général ; on affirme

188. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Proposition de


la contradiction.
189. Cf. ci-dessus, pp. 43-44.
190. als ob.
191. ja.

81
j

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

qtdil n’y a rien de contradictoire. Par ailleurs, en revanche, elle


se trouve repoussée dans la réflexion subjective, qui la poserait
seulement192 par son rapport et sa comparaison 103. Mais, même
dans cette réflexion, elle ne serait pas présente 194 à proprement
parler, car le contradictoire ne peut pas se trouver représenté
ni pensé. Elle vaut en général, que ce soit en ce qui est
effectif ou dans la réflexion pensante, comme une contingence,
pour ainsi dire comme une anomalie 19‘’ et un paroxysme-de-
maladie passager.
En ce qui concerne maintenant l’affirmation qu’il n’y a pas
de contradiction, quelle n’est pas quelque chose de présent166,
59 nous n’avons pas besoin de nous préoccuper d’une telle asser­
tion ; une détermination absolue de l’essence doit se trouver
dans toute expérience, dans tout ce qui est effectif comme dans
chaque concept. Ci-dessus, à propos de l'infini, qui est la contra­
diction telle quelle se montre dans la sphère de l’Etre, la même
chose s’est déjà trouvée rappelée ,07. Mais l’expérience commune
énonce elle-même qu’il y a pour le moins une multitude de
choses contradictoires, d’organisations contradictoires, etc., dont
la contradiction n’est pas présente198 simplement dans une
réflexion extérieure, mais dans elles-mêmes. Mais, en outre, elle
n’est pas à prendre simplement comme une anomalie qui se
rencontrerait seulement ici et là, mais est le négatif dans sa
détermination essentielle, le principe de tout auto-mouvement,
lequel ne consiste en rien d’autre que dans une présentation de
cette même [contradiction]. Le mouvement sensible extérieur
lui-même est son être-là immédiat. Quelque-chose se meut seule­
[79] ment, non pas en tant qu’il est ici dans ce maintenant et là-bas
dans un autre maintenant, mais en tant que dans un seul et même
maintenant il est ici et non ici, en tant que dans cet ici il est
192. erst, temporel.
193. Il s’agit du rapport et de la comparaison qu’instaure la réflexion
subjective.
194. vorhanden, présente au sens de donnée.
195. eine Abnormitàt : une réalité qui est en dehors des normes.
196. ein Vorhandenes, quelque chose de présent au sens de donné.
197. Sur l’identification entre l’infini et la contradiction (sous sa forme
première), cf. notre traduction de « L’Etre », pp. 122 (infini qualitatif)
et 216-218, 222, 224-225, 231, etc. (infini quantitatif). Hegel s’efforce de
montrer, en particulier en démontant les rouages de l'illusoire « progrès à
1 infini », que l’infinité comme contradiction n’est pas seulement ni d’abord
présente dans le sublime et l’incommensurable {id., pp. 219 sq.), mais dans
toutes les réalités, de quelque ordre qu’elles soient, et jusqu’en les plus
familières. Tel est le sens de sa longue Remarque sur Le concept de l’inftnt
mathématique {id., p. 236, note 227). En somme, c’est le quantum lui-même
qui est infini {id., pp. 231 sq.).
198. vorhanden, présente au sens de donnée.

82
l’essence comme réflexion

en même temps et n’est pas130. On doit concéder aux anciens


dialecticiens les contradictions qu’ils mettent en évidence dans
le mouvement, pourtant il ne s’ensuit pas que pour cette raison
le mouvement n’est pas, mais plutôt que le mouvement est
la contradiction étant-là elle-même.
Pareillement l’auto-mouvement intérieur, [l’auto-mouvement]
proprement dit, la tendance en général (appétit ou nisus de la
monade, l’entéléchie de l’essence absolument simple) n’est rien
d’autre que le fait que quelque-chose dans soi-même et le manque,
le négatif de soi-même, sont dans une seule et même perspective.
L’identité abstraite avec soi n’est encore aucune vitalité, mais du
fait que le positif est en soi-même la négativité, par là il va
hors de soi et se pose en changement. Quelque-chose est donc
vivant seulement dans la mesure où il contient dans soi la
contradiction et à vrai dire est cette force [qui consiste] à saisir
dans soi et à supporter la contradiction. Mais si un existant n’est
pas en mesure dans sa détermination positive d’empiéter en
même temps sur sa [détermination] négative et de maintenir-fer-
mement l’une dans l’autre, [n’est pas en mesure] d’avoir dans
lui-même la contradiction, alors il n’est pas l’unité vivante elle-
même, il n’est pas fondement, mais dans la contradiction va
au gouffre. — Le penser spéculatif consiste seulement en ce
que le penser maintient-fermement la contradiction et dans elle 60
[se maintient] soi-même, mais non pas [en ce] que, comme
il en va pour le représenter, il se laisse dominer par elle et
par elle laisse se dissoudre ses déterminations seulement dans
d’autres ou dans rien 200.
Si dans le mouvement, la tendance et choses semblables, la
contradiction est, pour le représenter, voilée dans la201 simplicité
de ces déterminations, en revanche, dans les déterminations-rela- [80]
tionnelles, la contradiction se présente immédiatement. Les exem-
pies les plus triviaux, de haut et bas, droite et gauche, père et
199- En évoquant la contradiction présente dès le stade du « mouvement
sensible extérieur », Hegel songe sans doute à la dialectique de Yici et, du
maintenant dans la « certitude sensible », première figure de la Phénoméno­
logie de l’Esprit.
200. L’opposition du penser spéculatif (techniquement : le troisième
temps de l’élaboration rationnelle, après la position de l’entendement divi­
seur et le mouvement de la négation dialectique, cf. Enz. § 79) et du
représenter est une constante de la pensée hégélienne. Mais il faut com­
prendre que cette opposition ne dit pas exclusion, dans la mesure ou le
représenter s’accomplit dans le penser spéculatif, lequel tient ainsi sa richesse
de lui. Sur la nature de l’élément spéculatif dans la pensée hégélienne, cf. notre
traduction de « L’Etre », p. 2, note 7 ; et, pour ce qui concerne la repré­
sentation, id., p. 86, note 17, et p. 98, note 83.
201. in die, avec mouvement.

83
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

fils, et ainsi de suite à l’infini, contiennent tous l’opposition


dans Une-chose 2“. Haut est ce qui n’est pas bas ; haut est
déterminé seulement à ne pas être bas, et n’est que dans la
mesure où il y a un bas ; et inversement ; dans une déter­
mination 203 se trouve son contraire. Père est l’autre du fils,
et fils l’autre du père, et chaque terme est seulement comme
cet autre de l’autre ; et en même temps une détermination204
est seulement par rapport à l’autre ; leur être est Un subsister.
Le père, en dehors du rapport à fils, est aussi quelque-chose pour
soi ; mais ainsi il n’est pas père, mais un homme en général ;
tout comme haut et bas, droite et gauche, sont aussi des
[termes] réfléchis dans soi, quelque-chose en dehors du rapport ;
mais seulement des lieux en général. Les [termes] op-posés
contiennent la contradiction dans la mesure où ils sont des
[termes] se rapportant négativement l’un à l’autre selon la
même perspective, ou se sursumant réciproquement et indifférents
l’un en regard de l’autre. La représentation, en tant quelle passe
au moment de l’indifférence des déterminations, oublie en cela
leur unité négative et les garde ainsi seulement comme des
[termes] divers en général, détermination dans laquelle droite
n’est plus droite, gauche n’est plus gauche, etc. Mais en tant
qu’elle a droite et gauche en fait devant elle, elle a ces déter­
minations devant elle comme se niant, l’une dans l’autre, et dans
cette unité en même temps ne se niant pas, mais étant chacune
indépendante pour soi.
Le représenter, par conséquent, a bien partout la contradiction
pour contenu, mais ne vient pas à la conscience de cette même
[contradiction] ; il demeure réflexion extérieure qui passe de
11] l’égalité à l’inégalité, ou du rapport négatif à l’être-réfléchi dans
soi des [termes] différents 205. Elle 200 maintient ces deux déter-

202. in Einem. — Telle est bien la contradiction : unité du positif et du


négatif « dans une seule et même perspective >.
203. in der einen Bestimmung.
204. die eine Bestimmung.
205. Que le « représenter » soit assimilé à une « réflexion extérieure »,
voila qui est normal, en toute rigueur technique, pour Hegel. Mais que la
«conscience » aille de pair avec l’au-delà de la réflexion extérieure (c’est-à-
dire avec la réflexion déterminante), voilà qui est plus étonnant au regard
de sa terminologie habituelle. Il est vrai qu’il s’agit ici, non de la conscience
sensi le et dualisante, mais de la conscience philosophique de la contradiction,
'u ** dune « conscience » ayant ramené à leur unité fondamentale
les éléments qui la com-posent en elle-même dans sa relation à ce qui est.
Un telle
l’esprit. « conscience », comme le précise la suite du texte, est identique à
Hegel au représenter * r^ex*on extérieure », qui vient d’être identifiée par

84

ni
l’essence comme réflexion

minations extérieures l'une à l'autre face à face, et a seulement


elles en vue, mais pas le passer, lequel est l’essentiel et contient
la contradiction. — La réflexion ricbe-en-esprit, pour l’évoq uer 61
ici, consiste en revanche dans l’acte-de-saisir et d’énoncer la
contradiction. Quoiqu’elle n’exprime pas le concept des choses
et de leurs relations, et quelle n’ait pour matériau et contenu que
des déterminations-de-représentation, elle met ces mêmes [déter­
minations] dans un rapport qui contient leur contradiction et
à travers celle-ci laisse paraître leur concept. — Mais la raison
pensante aiguise, pour ainsi dire, la différence émoussée du divers,
la simple variété de la représentation, en différence essentielle,
en opposition. Les [termes] variés, poussés au point-extrême de
la contradiction, deviennent seulement alors mobiles et vivants
l'un en regard de l’autre et reçoivent en elle la négativité, laquelle
est la pulsation immanente de l’auto-mouvement et de la vita­
lité107.
On a déjà rappelé, à propos de la preuve ontologique de
l’existence de Dieu, que la détermination mise là au fondement
est le concept-intégratif de toutes les réalités™. A propos de
cette détermination on a coutume de montrer quelle est possible
parce quelle ne contient pas de contradiction, en tant que la
réalité ne se trouve prise que comme réalité sans bornes. L’on
a rappelé que par là ce concept-intégratif en vient à être l’être
simple indéterminé, ou bien, si les réalités se trouvent prises en
fait comme plusieurs [termes] déterminés, le concept-intégratif
de toutes les négations. Si l’on prend la différence de la réalité
de façon plus précise, alors de la diversité elle parvient à l’oppo­
sition et par là à la contradiction, et le concept-intégratif de [82]
toutes les réalités en général à la contradiction absolue dans soi-
même. L'horror habituel que le penser représentant, non spé­
culatif, a devant la contradiction, comme la nature devant le
vacuum, rejette cette conséquence ; car il en reste à la considé­
ration unilatérale de la dissolution de la contradiction en néant,
207. Hegel distingue donc trois étapes dans l’approche de la realite véri­
table : le « représenter », la « réflexion riche-en-esprit » et la « raison
pensante ». Ce schcme, dont les différents moments s’appellent et s’impliquent
mutuellement, n’évoque point tant les différentes étapes de la réflexion que
les divisions majeures de la Logique elle-même, — plus précisément ici le
rapport de l’essence au concept, et ce dans la mesure où l'essence est la
médiation entre être et concept. Sur cette ambiguïté de l’essence, qui parti­
cipe à la fois du représenter et du concept, cf. ci-dessus, p. 6, texte, et note 16.
208. Cf. notre traduction de « L’Etre », pp. 92-93 et 112. Voir aussi
ci-dessus, p. 3 ; et ci-dessous, p. 149. Hegel reviendra une dernière fois sur
ce sujet dans la « Doctrine du Concept », au début de la 2* section, consacrée
à c l’Objectivité » (Lasson II, 354 sq.).

85
w
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

et ne connaît pas le côté positif de cette même [contradiction}


selon laquelle elle devient activité absolue et fondement absolu,oa.
De la considération de la nature de la contradiction il est res-
sorti en général qu’il n’y a pour soi encore, pour ainsi dire,
aucun dommage, manque ou défaut à une Chose quand en elle
on peut mettre en évidence une contradiction ‘10. Bien plutôt toute
52 détermination, tout concret, tout concept est essentiellement une
unité de moments différents et différenciables qui passent, par la
différence déterminée, essentielle, en [moments] contradictoires.
Ce contradictoire se dissout sans contredit en néant, il revient dans
son unité négative. Or la chose, le sujet, le concept sont justement
cette unité négative elle-même ; c’est quelque chose de contradic­
toire en soi-même, mais tout autant la contradiction dissoute ;
c’est le fondement, qui contient et porte ses déterminations. La
chose, le sujet ou le concept sont, comme réfléchis dans soi dans
leur sphère, leur contradiction dissoute, mais leur sphère totale
est aussi à nouveau une [sphère] déterminée, diverse ; ainsi est-
elle une [sphère] finie, et cela veut dire une [sphère] contradic­
toire. De cette contradiction supérieure elle n’est pas elle-même
la dissolution, mais [elle] a une sphère supérieure pour unité
négative sienne, pour fondement sien. Les choses finies, en leur
variété indifférente, ont par conséquent pour caractéristique en
général211 d’être contradictoires en soi-même, d’être brisées dans
3} soi et de revenir dans leur fondement212. — Selon une consi­
dération qui se trouvera faite ultérieurement, le syllogisme vrai
[qui conclut] de quelque chose de fini et de contingent à une
essence absolument-nécessaire ne consiste pas en ce que l’on
conclut à quelque chose d’absolument nécessaire à partir du fini et
du contingent [entendu] comme Yêtre se trouvant au fondement
et y demeurant, mais en ce que, chose qui se trouve aussi
immédiatement dans la contingence, [l’on conclut à quelque chose

i 209. C’est une constante de la pensée de Hegel que de souligner que


tout négatif, parce qu’il est déterminé, comporte un contenu, — par quoi
il est apparenté au positif qu’il nie. Cf. déjà Pb. G. 68/33 sq. (I 70/35).
if" Aiosi en est-il ici de la contradiction : elle se révèle être raison ou fonde­
ment (Grand) de l’existence de tout ce qui est.
210. Ainsi qu’on l’a vu, la contradiction est le fondement vivant de la
chose dans sa totalité achevée. La « différence émoussée du divers » est
ainsi « aiguisée en différence essentielle », — différence déterminée, sur
fond de l’identité qui la pose, comme contradiction.
211. sind daher überhaupt dies.
212. Le fondement, en son acception technique, c’est donc l’identité posée
du contradictoire déterminé et de l’unité qui le porte. Ainsi les déterminations
de 1 existence jaillissent-elles de ce que l'on pourrait appeler Xunité plurielle
de l’essence.

86

>:
!
l’essence comme réflexion

d'absolument nécessaire] à partir d’un être qui tombe seulement,


qui se contredit en soi-même, ou en ce que plutôt l’on met
en évidence que l’être contingent revient en soi-même dans son
fondement, où il se sursume, — en outre en ce que c’est par
ce revenir qu’il pose le fondement seulement de telle sorte qu’il
se fait plutôt lui-même le posé. Dans le syllogiser habituel Yêtre
du fini apparaît comme fondement de l’absolu ; c’est parce que
[quelque chose de] fini est que l’absolu est. Mais la vérité est
que c’est parce que le fini est l’opposition contradictoire en soi-
même, parce qu’il n’est pas, que l’absolu est. Au premier sens
la proposition du syllogisme s’énonce ainsi : L'être du fini est
Yêtre de l’absolu ; mais au second sens [elle s’énonce] ainsi :
Le non-être du fini est Y être de l’absolu213.

213. Comme il en va toujours chez Hegel, la vérité n’est pas du côte de


rimmédiateté première, mais implique médiation, c’est-à-dire négation. Le
syllogisme (au moins dans sa figure la plus élaborée, comme « syllogisme de
la nécessité ») est la forme achevée de ce procès rationnel, — «le concept
complètement posé » (Lasson II, 308).

87
[84} 63 CHAPITRE TROISIÈME

LE FONDEMENT

L’essence se détermine elle-même comme fondement \


Comme le néant d’abord en unité simple immédiate avec
Yêtre, ainsi l’identité simple de l’essence est aussi ici d’abord en
unité immédiate avec sa négativité absolue. L’essence est seule­
ment cette négativité sienne qui est la réflexion pure. Elle est
cette négativité pure comme le retour de l’être dans soi ; ainsi
est-elle en soi ou pour nous déterminée comme le fondement
dans lequel2 l’être se dissout. Mais cette déterminité n’est pas
posée par elle-même ; ou elle n’est pas fondement justement
dans la mesure où elle n’a pas posé elle-même cette déterminité
sienne. Mais sa réflexion consiste à se poser et à se déterminer
comme ce quelle est en soi, comme négatif. Le positif et [le]
négatif constituent la détermination essentielle dans laquelle
elle est perdue comme dans sa négation. Ces déterminations-de-
réflexion se sursument, et la détermination qui est allée au
gouffre est la détermination véritable de l’essence4.

1. Le fondement ou raison (Grund) est l’ultime abîmement (das zu Grande


geben) de l’essence dans son pouvoir à'auto-détermination intérieure, et donc
dans son pouvoir de rejaillissement dans l’extériorité retrouvée de l’existence.
Ainsi s’accomplit et s’achève (en même temps qu’il s’inverse, en son prin­
cipe retrouvé) l’abîmement intérieur de l’être qytest l’essence (cf. ci-dessus,
p. 4). Comme tel, le Grund est à distinguer de la Grundlage, « base » inerte
de la réalité, fondement sans puissance de différenciation.
2. in dem, sans mouvement.
3. in die, avec mouvement.
4. En ce paragraphe se trouve récapitulé tout le mouvement de l’essence
depuis l'instant où elle se trouve suscitée par l’abîmement et l’intériorisation
de 1 etre. L essence est d’abord (seulement) « réflexion pure », — mouvement
de rien à rien ; sous cette forme, elle parait étrangère à soi, « seulement
produit, quelque chose de fait » (cf. ci-dessus, p. 3, texte, et note 8), et
de fait par l etre. Mais cet abîmement de l’être ne sera exprimé jusqu’au
terme que lorsque 1 essence aura, si l'on peut dire, pris sur elle son propre

88

ni
L’ESSENCE COMME REFLEXION

Le fondement est par conséquent lui-même une des déter-


minations-de-réflexion de l’essence, mais la dernière, plutôt seule­
ment la détermination [telle] quelle est détermination sursumée.
La détermination-de-réflexion, en tant quelle va au gouffre,
reçoit sa signification véritable, [qui consiste] à être le contrecoup
de soi dans soi-même, savoir que l’être-posé qui revient à l’essence
n’est que comme être-posé sursumé, et inversement que c’est
seulement 1 etre-posé se sursumant qui est 1’'être-posé de l’essence. [85]
L’essence, en tant quelle se détermine comme fondement, se
détermine comme le non-déterminé, et c’est seulement le sur-
sumer de son être-déterminé qui est son déterminer. — Dans
cet être-déterminé [entendu] comme 1’[être-déterminé] se sur­
sumant soi-même, elle n’est pas essence provenant d’autre-chose,
mais identique à soi dans sa négativité5.
Dans la mesure où à partir de la détermination [entendue]
comme le terme premier, l’immédiat, on progresse au fondement
(par la nature de la détermination elle-même, qui par soi va au
gouffre), le fondement est d’abord quelque chose de déterminé
par ce premier terme. Seulement ce déterminer est d’une part,
comme sursumer du déterminer, l’identité seulement rétablie, 64
purifiée ou révélée de l’essence, [identité] que la détermination-
de-réflexion est en soi ; — d’autre part, ce mouvement niant,
comme déterminer, est seulement alors8 le poser de cette déter-
minité-de-réflexion qui apparut comme l’immédiat, mais qui est
posée seulement à partir de la réflexion du fondement s excluant
elle-même, et qui de ce fait est posée comme [quelque chose de]
seulement posé ou sursumé. — Ainsi 1 essence, en tant qu elle
se détermine comme fondement, ne provient que de soi. Cest
mouvement et son propre devenir, et se sera elle-même abîmée en elle-
même, étant désormais le fondement d’où l'être, enfin totalement purifie
comme être, peut resurgir en existence. — Comme 1 unité de letre et du
néant s’accomplissait dans le devenir, ainsi s est médiatisée 1 unité première
de l’essence positive et de la négation absolue, et ce dans le fondement, qui,
sous cet aspect, est le devenir-txistence (cf. ci-dessous, p. 139). _
5. Cest dans le fondement que l'essence est vraiment ce quelle est :
indéterminé déterminant, — et re déterminant comme essence précisément
parce quelle sursumé en elle toute détermination. L’aventure de 1 essence est
d’en venir, en effet, à se déterminer elle-même, et c’est comme fondement
quelle y parvient. Cest donc alors aussi seulement que l'etre est accompli
comme être, — être essentiel, c’est-à-dire existence. L’essence se détermine
comme fondement de l'existence quand le mouvement quelle est, et qui
provient de l’être, n'est plus, fût-ce au niveau du paraître, distinct d’elle-
même. Ainsi, le fondement c’est l’essence ayant enfin pleinement résolu
1’ « apparence » de son opposition à l’être, — à telle guise que c’est seulement
maintenant que l’être, par la médiation de l’essence, conquiert son immé-
diateté véritable.
6. erst, temporel.

89
DEUXIEME LIVRE : SECTION I

comme fondement donc qu’elle se pose comme essence, et en


ce quelle se pose comme essence, en cela consiste son déter-
miner. Ce poser est la réflexion de l’essence, [réflexion] qui se
sursume elle-même dans son déterminer, [et qui] selon ce premier
côté est poser, selon le second le poser de l’essence, par là les
deux dans un faire7.
La réflexion est la médiation pure en général, le fondement
est la médiation réelle de l’essence avec soi . Celle-là, le mouve­
ment du rien qui par le rien revient à soi-même, est le paraître
[86} de soi dans un autre ; mais parce que 1 opposition n a encore
dans cette réflexion aucune autonomie, ni ce terme premier,
le paraissant, n’est un positif, ni 1 autre, dans lequel il paraît,
un négatif. Tous deux sont substrats à proprement parler seule-
ment de l’imagination; ils ne sont pas encore des [termes]
se rapportant à soi-même. La médiation pure est seulement rap­
port pur, sans [termes] rapportés. La réflexion déterminante,
certes, pose des termes qui sont identiques à soi, mais en même
temps ne sont que des rapports déterminés. Le fondement en
revanche est la médiation réelle, parce qu’il contient la réflexion
comme réflexion sursumée ; il est l’essence retournant dans soi
par son non-être et se posant. Selon ce moment de la réflexion
sursumée le poser reçoit la détermination de Yimmédiat été, [la
détermination] d’un terme qui en dehors du rapport ou de son
apparence est identique à soi. Cet immédiat est Yêtre rétabli
par l’essence ; le non-être de la réflexion, par quoi l’essence
se médiatise. C’est dans soi que l’essence retourne comme [essence]
niante ; elle se donne donc, dans son retour dans soi, la déter-
minité, qui justement pour cette raison est le négatif identique
à soi, i’être-posé sursumé, et ainsi tout aussi bien [être-posé]
étant que l’identité de l’essence avec soi comme fondement9.

7. Nouvelle expression de ce que, dans le fondement, détermination et


non-détermination sont paradoxalement identiques. En effet, la non-détermi­
nation initiale est elle-même fruit de la détermination négative de l’être, —
le fait que celui-ci se sursume en devenant essence. De la non-détermination
(ou réflexion pure) procède donc le mouvement de détermination qui accomplit
l'essence comme fondement, c’est-à-dire comme origine véritable de l’etre
(de cet « être essentiel » que sera l’existence).
8. La réflexion, forme première de l’essence, était mouvement de rien
à rien » ; avec le fondement, nous retrouvons la précellence du contenu
qui est caractéristique, chez Hegel, d’un mouvement achevé selon sa vérité.
C’est le sens qu'il faut reconnaître ici à l’opposition pure/réelle : elle signe
la distance du mouvement des déterminations essentielles (développé dans
l’oubli provisoire de l’être) par rapport au fondement de l’existence (entendue
comme l’être essentiel).
9. Avec le fondement s’achève donc ce que l’on pourrait appeler le
périple nocturne de l’essence, sa plongée dans ce qui apparaît maintenant

90
l’essence comme réflexion

Le fondement est d'abord fondement absolu, dans lequel


l’essence est tout d’abord comme base10 en général pour le rap­ 65
port-fondamental ; mais de façon plus précise il se détermine
comme forme et matière et se donne un contenu.
Deuxièmement il est fondement déterminé comme fonde­
ment d’un contenu déterminé ; en tant que le rapport-fondamen­
tal devient extérieur à soi dans sa réalisation en général, il passe
dans la médiation conditionnante.
Troisièmement, le fondement présuppose une condition ; mais [87]
la condition présuppose tout autant le fondement ; l’inconditionné
est leur unité, la Chose en soi, qui par la médiation du rapport
conditionnant passe dans l’existence.

Remarque11

Le fondement, comme les autres déterminations-de-réflexion,


s’est trouvé exprimé dans une proposition : Tout a son fottde-
ment suffisant. — Cela ne veut dire rien d’autre en général que
ce qui est n’est pas à considérer comme immédiat étant, mais
comme [quelque chose de] posé ; il n’y a pas à s’en tenir à l’être-
là immédiat ou à la déterminité en général, mais à revenir de là
dans son fondement, réflexion dans laquelle il est comme [quel­
que chose de] sursumé et dans son être-en-et-pour-soi. Dans la
proposition du fondement, l’essentialité de la réflexion dans soi
se trouve donc énoncée en regard du simple être1'. — Que le
fondement soit suffisant, il est à proprement parler fort superflu
de l’ajouter, car cela se comprend de soi-même ; ce pour quoi
le fondement ne suffit pas n’aurait pas de fondement, mais tout
doit avoir un fondement. Seulement Leibniz, auquel le principe
du fondement suffisant13 tenait particulièrement14 à cœur, et

en pleine lumière comme la profondeur de l'être. Ainsi l’accession progressive


de l’essence à elle-même est-elle une redécouverte (un rétablissement) de
l’être dans sa vérité essentielle, c’est-à-dire comme existence.
10. Sur la différence entre base » (Grundlage) et « fondement » (Grund),
cf. ci-dessus, p. 88, note 1.
11. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Proposition du
fondement.
12. On voit l’ambiguïté du savoir commun relatif au fondement : il dit
bien que la chose n’est pas prise en vérité quand on l’envisage dans sa
simple immédiateté sensible ; mais il risque de durcir ce passage en oppo­
sition, et de ne pas assurer le retour du fondement à l’immédiateté de la
chose.
13. das Prinzip des zureichenden Grandes.
14. vomehmlich, par excellence.

91
Il

DEUXIEME LIVRE : SECTION I

qui fit même de lui l’axiome 19 de toute sa philosophie, lia à cela


un sens plus profond et un concept plus important que l’on ne lie
communément à cela quand on en reste seulement à l’expression
immédiate ; bien que la proposition, même seulement dans ce
sens, soit à regarder déjà comme importante, en ce que1* en
effet l’être comme tel, dans son immédiateté, [se trouve déclaré
être] le non-vrai et essentiellement quelque chose de posé, tandis
que le fondement se trouve déclaré [être] l’immédiat véritable.
Mais Leibniz plaça le caractère-suffisant du fondement avant
[88] tout face à la causalité dans son sens strict, [entendue] comme le
mode d’action mécanique. En tant que celle-ci est en général une
66 activité extérieure, limitée selon son contenu à Une déterminité,
les déterminations posées par elle atteignent de façon extérieure
et contingente à une liaison17 ; les déterminations-partielles se
trouvent comprises par leurs causes ; mais le rapport de ces mêmes
[déterminations], qui constitue l’essentiel d’une existence, n’est
pas contenu dans les causes du mécanisme1S. Ce rapport, le tout
comme unité essentielle, se trouve seulement dans le concept,
dans le but. Pour cette unité les causes mécaniques ne sont
pas suffisantes, parce que ce n’est pas le but [entendu] comme
l’unité des déterminations qui se trouve à leur fondement. Par
fondement suffisant Leibniz a par conséquent compris un fon­
dement tel qu’il suffirait aussi pour cette unité, par conséquent
[un fondement qui] comprendrait, non pas les simples causes,
mais les causes-finales. Mais cette détermination du fondement
n’a pas sa place ici ; le fondement téléologique est une propriété
du concept et de la médiation par ce même [concept], [médiation]
qui est la raison19.
15. Grundsatz : proposition-fondamentale. Dans le premier Livre de sa
Logique objective, Hegel avait déjà employé ce mot, mais, cette fois, à
propos de Fichte. Cf. notre traduction de « L’Etre », p. 225.
16. « en ce que » : doss.
17. in eine Verbindung treten.
18. Entendons : dans les causes propres au mécanisme, — ou encore :
que le mécanisme met en oeuvre.
19. La « téléologie » sera en effet traitée par Hegel dans le troisième
chapitre de la seconde section de la « Doctrine du Concept », précisément
après les développements consacrés au « mécanisme » et au « chimisme » :
Lasson II, 383 sq. — En traitant de 1’ « objet mécanique », il aura auparavant
répété contre Leibniz, au moins de façon implicite, les arguments que l’on
voit ici avancés : l’unité de la monade n’est que relative, puisque, dominée
par une clôture que Hegel qualifie de « subjective », elle est davantage
« excluante » que principe de relation (Lasson II 361). De toute façon, le
propos est clair : le fondement n’est pris ici que dans l’abstraction (légitime)
de la reflexion; il ne sera pleinement concret et « suffisant » que lorsqu’il
comprendra (autrement dit, lorsqu'il inclura conceptuellement) la pleine
réalisation de cette entité réellement fondatrice qu’est le but.

92
l’essence comme réflexion

A. [89]
LE fondement absolu20

a.
Forme et essence

La détermination-de-réflexion, dans la mesure où elle revient


dans le fondement, est quelque chose de premier21, un être-là
immédiat en général, à partir duquel on commence. Mais l’être-là
a seulement encore la signification de l’être-posé et présuppose
essentiellement un fondement ; au sens où, bien plutôt, il ne
le pose pas ; [au sens] où ce poser est un sursumer de soi-même,
[où] l’immédiat est plutôt le posé, et le fondement le non-posé.
Ainsi qu’il s’est dégagé, ce présupposer est le poser retournant
sur le posant22, le fondement [entendu] comme l’être-déterminé
sursumé est, non pas l’indéterminé, mais l’essence déterminée par
soi-même, pourtant comme indéterminée, ou, comme être-posé
sursumé, [quelque chose de] déterminé. Il est l'essence qui dans
sa négativité est identique à soi'3.
La déterminité de l'essence comme fondement devient ainsi la
[déterminité] redoublée, du fondement et du fondé. Elle est pre­
mièrement l’essence comme fondement, déterminée à être l’essence
en regard de l’être-posé, comme non-être-posé2\ Deuxièmement
elle est le fondé, l’immédiat, mais qui n’est pas en et pour soi,
l’être-posé comme être-posé. Celui-ci est ainsi également identi- 67

20. Rappelons ce que nous avons déjà dit plusieurs fois : 1 adjectif « absolu »
(qui intervient le plus souvent au premier temps d’une dialectique) marque
une abstraction rémanente dans la saisie de la totalité, laquelle est pourtant
déjà présente au niveau du contenu.
21. ein erstes : contrairement à l’interprétation de Lasson, qui a maintenu
erstes (avec une minuscule) comme un adjectif, nous optons pour un
substantif (Erstes), qui nous paraît, dans le contexte, répondre davantage aux
habitudes stylistiques de Hegel.
22. das auf das Setzende rückschlagende Setzen.
23. « Il est > (Er ist) n’est pas en italique dans le texte original. —
S’appuyant sur l’identité réflexive du poser et du présupposer (par la
médiation « extérieure s> de letre-posé), Hegel montre que le fondement se
dédouble, logiquement, dans l’unité qu’il exprime : il est en effet fondé,
en toute réalité, comme étant ce-qui-fonde, — déterminé à être, comme négad-
vité posante, l’indéterminé-déterminant.
24. Nichtgesetztsein. — Il faut comprendre, bien sûr, que la négation tombe
ici sur la lexie complexe « être-posé », Gesetztsein.

93
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

que à soi, mais l’identité à soi du négatif. Le négatif identique


à soi et le positif identique à soi sont maintenant une seule
{90}
et même identité. Car le fondement est identité du positif ou
encore25 de l’être-posé avec soi; le fondé est letre-posé comme
être-posé, mais cette réflexion sienne dans soi est l’identité du fon­
dement. — Cette identité simple n’est donc pas elle-même le
fondement, car le fondement est l’essence posée comme le non-
posé en regard de l’être-posé. Elle est, comme l’unité de cette
identité déterminée (du fondement) et de l’identité négative (du
fondé), Xessence en général, différente de sa médiation26.
Cette médiation, comparée avec les réflexions précédentes dont
elle provient, n’est pas en premier lieu la réflexion pure, {enten­
due^} comme celle qui n’est pas différente de 1 essence et qui n a
pas encore en elle le négatif, partant non plus l’autonomie des
déterminations. Mais dans le fondement [entendu] comme la
réflexion sursumée ces déterminations ont un subsister. — Elle
n'est pas non plus la réflexion déterminante, dont les détermina-
tions ont [une] autonomie essentielle ; car celle-ci, dans le
fondement, est allée au gouffre27, dans l’unité duquel elles sont
seulement des [déterminations] posées. — Cette médiation du
fondement est par conséquent l’unité de la [réflexion] pure et
de la réflexion déterminante ; ses déterminations, ou le posé, ont
[un] subsister, et inversement le subsister de ces mêmes [dé­
terminations] est quelque chose de posé. Puisque ce subsister
lui-même [qui est] leur est quelque chose de posé ou a déter-
minité, elles sont donc différentes de leur identité simple, et
constituent la forme en regard de l’essence28.

25. « encore » = selbst auch.


26. Dans le fondement, qui est l’essence posée comme essence, joue de
façon éminente, comme il convient, le mouvement de la réflexion, avec la
distinction provisoire qu’il instaure entr^ les termes dont il pose et déploie
la relation. Mais tout le sens du présent chapitre consistera à montrer que,
dans son rapport au fondé, le fondement n’est pas seulement « forme >
plus ou moins extérieure, mais « condition » d’effectivité, identique, comme
telle, au mouvement de son apparaître. Mais, encore une fois, pour l’instant
la médiation semble prendre quelque distance à l’égard de la réalité posée
(qui sera bientôt l’existence) : le temps que Hegel puisse montrer le sens
unitaire des distinctions traditionnelles entre, d’une part, la forme, et, de
l’autre, l’essence, la matière et le contenu.
27. denn diese ist im Grunde zu Grande gegangen (sic).
28. 11 est significatif que Hegel, pour expliquer la médiation (intérieure
au. fondement) entre le fondement et le fondé, évoque la première et la
troisième forme de la réflexion, mais non la seconde. En effet, à cette étape
de 1 œuvre et dans la problématique de cette section, toute mauvaise exté­
riorité est désormais écartée (et ceci, précisément, par le retour « au fonde­
ment »). Restent donc les deux seules formes de la réflexion totale, qui
interviennent toutes deux ici : l’une que l’on pourrait dire trop immédiate et

94
l’essence comme réflexion

L’essence a une forme et des déterminations de cette même


[forme]. C’est seulement29 comme fondement quelle a une
immédiateté ferme ou est substrat. L’essence comme telle est une
avec sa réflexion, et de façon non-différenciée [est] son mouve­
ment lui-même. Ce n’est par conséquent pas l’essence qui le [91]
parcourt ; elle n’est pas non plus ce à partir de quoi il commence
comme à partir d’un [terme] premier. Cette circonstance rend
difficile la présentation de la réflexion en général ; car on ne
peut pas dire à proprement parler [que] l'essence revient dans
soi-même, [que] l’essence paraît dans soi, puisqu’elle n’est pas
avant ou dans son mouvement et que celui-ci n’a pas de base
en laquelle il se déploie. Quelque chose de rapporté vient
seulement29 au jour dans le fondement après le moment de la
réflexion sursumée. Mais l’essence, [entendue] comme le substrat 68
rapporté, est l’essence déterminée ; en raison de cet être-posé elle a
essentiellement la forme en elle30. Les déterminations-formelles,
en revanche, sont maintenant les déterminations comme en
l’essence ; elle se trouve à leur fondement, comme l’indéterminé
qui dans sa détermination est indifférent en regard d’elles ; elles
ont en elle leur réflexion dans soi. Les déterminations-de-réflexion
devaient avoir leur subsister en elles-mêmes et être autonomes ;
mais leur autonomie est leur dissolution ; ainsi ont-elles cette
même [autonomie] en un autre ; mais cette dissolution est elle-
même cette identité à soi ou le fondement du subsister, [fonde
ment] quelles se donnent.
A la forme appartient en général tout déterminé ; il est déter­
mination-formelle dans la mesure où il est quelque chose de posé,
partant de différent d’un quelque chose31 dont il est la forme ;
la déterminité comme qualité est une-chose avec son substrat,
l’être ; l’être est l’immédiatement déterminé qui n’est pas encore
transparente, et l’autre qui cisèle des déterminations dans leur autonomie
essentielle. Toute cette première division consacrée au <t fondement absolu »
consistera à tirer au clair cette identité devenue du positif et du négatif.
29. erst, temporel.
30. L’essence comme telle est, nous le savons, le mouvement de rien à rien.
Elle est ce mouvement, et n’a nulle effectivité préalable ou concomitante
qui serait de l'ordre d’une permanence et d’une certaine fixité. Par contre,
l’essence déterminée est le mouvement qui se pose lui-même dans l’autonomie
(sursumée) de ses moments. Autonomie : il y a donc une certaine immanence
à soi, et même une certaine concrétion qui peut paraître de l’ordre de la
permanence, — et c’est le substrat. Autonomie sursumée \ ce substrat se
révélera avoir en lui (mieux : se révélera être) ce mouvement qui la cons-
titue tout entière : telle est la forme, en tant que détermination immanente.
Les lignes qui suivent insistent déjà sur cette immanence du mouvement au
substrat, — entendons : de la forme à l’essence.
31. von einem solchen.

95
5
III

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

différencié de sa décerminité, — ou qui dans elle n’est pas encore


réfléchi dans soi, de même que celle-ci par conséquent est une
[déterminité] étant, pas encore une [déterminité] posée 32. — 32 b“
Les déterminations formelles de l’essence, [entendues] comme
les déterminités-de-réflexion, sont en outre, selon leur déterminité
plus précise, les moments de la réflexion considérés ci-dessus.
L'identité et la différence, celle-ci pour une part comme diversité,
[92] pour une part comme opposition. Mais en outre le rapport-fonda­
mental relève aussi de cela, dans la mesure où il esc certes,
la détermination-de-réflexion sursumée, mais par là l’essence
en même temps comme [quelque chose de] posé. En revanche
l’identité ne relève pas de la forme, [cette identité] que le fonde­
ment a dans soi, savoir que l’être-posé comme [être-posé] sur-
sumé et l’être-posé comme tel — le fondement et le fondé — sont
Une réflexion qui constitue l'essence comme base simple qui est
le subsister de la forme. Seulement ce subsister est posé dans
le fondement; ou cette essence est elle-même essentiellement
comme [essence] déterminée ; ainsi est-elle aussi de nouveau le
moment du rapport-fondamental et de la forme. — C’est le rap­
port-réciproque absolu de la forme et de l’essence que celle-ci
soit unité simple du fondement et du fondé, mais en cela juste­
ment elle-même déterminée ou [quelque chose de] négatif, et
[que] comme base [elle] se différencie de la forme, mais ainsi
en même temps devient elle-même fondement et moment de
la forme33.
32. noch nicht eine gësetzte : la majuscule, présente dans l’original, est
de toute évidence une erreur; et c'est à bon droit que Lasson la remplacée
par une minuscule. — Hegel souligne ici le rapport (et la différence) entre
la détermination-fondamentale (celle qui correspond à l’étape présente de
l’œuvre) et la détermination qualitative qui était, à un certain niveau,
caractéristique de l’Etre. Ce point est important : nous y voyons une fois
de plus qu’une unité immédiate, qui n’est point passée par la différence
et l’autonomie de ses moments, n’a aucune subsistance essentielle propre.
L'actuelle distinction entre forme et substrat essentiel représente donc la prise
au sérieux de cette loi de la réalité : n’est pleinement déterminé (comme
unité du contenu « formé ») que ce qui est posé par le mouvement de son
propre ressourceraient essentiel (comme différence provisoire de la forme par
rapport à son propre contenu).
32w*. Ce trait rédactionnel, qui ne figure pas dans l’édition Lasson, se
trouve bien dans l’original.
33. Hegel, dans le moment même où il accentue, d’un point de vue
méthodologique, la distance entre la forme et l’essence, marque donc, bien
plus que leur corrélation, leur unité réelle : car l’identité n’est pas du cote
e a forme, et la différence du côté du substrat ; mais celui-ci (l’essence
comme fondement,^ c’est-à-dire comme identité d’un fondement et dun
on e) est en lui-même le subsister de la forme. — Le paragraphe prochain
marquera à nouveau cette unité, mais cette fois, comme il convient, du point
de vue de la forme elle-même.

96
l’essence comme réflexion

La forme est par conséquent le tout achevé de la réflexion • elle


contient aussi cette détermination de cette même [réflexion qui
consiste] à être [réflexion] sursumée ; par conséquent elle est tout 6-
aussi bien qu’elle une unité de son déterminer, rapportée aussi à
son être-sursumé, à un autre qui ne soit pas lui-même forme mais
en qui elle soit. [Entendue] comme la négativité essentielle se
rapportant à soi-même, elle est, en regard de ce négatif simple,
le posant et déterminant ; l’essence simple, par contre, est la
base indéterminée et inactive en laquelle les déterminations-for-
melles ont le subsister ou la réflexion dans soi34. — C’est à cette
différenciation de l’essence et de la forme que la réflexion exté­
rieure a coutume d’en rester ; elle est nécessaire, mais cet acte-de-
différencier lui-même est son unité33, tout comme cette unité-
fondamentale est l’essence se repoussant de soi et se faisant
l’être-posé. La forme est la négativité absolue elle-même, ou I9z
l’identité négative absolue à soi par quoi justement l’essence n’est
pas être, mais essence. Cette identité, prise abstraitement, est
l’essence en regard de la forme ; tout comme la négativité, prise
abstraitement comme l’être-posé, est la détermination-formelle
singulière36. Mais la détermination, telle quelle s’est montrée, est,
dans sa vérité, la négativité totale se rapportant à soi, qui donc,
[entendue] comme cette identité est en elle-même l’essence
simple. La forme a par conséquent, en son identité propre, l’es­
sence ; comme l’essence, en sa nature négative, [a] la forme
absolue. On ne peut donc demander comment la forme s’ajoute à
l’essence, car elle n’est que le paraître de cette même [essence]
34. Prise du côté de l’essence, la différence forme/essence, ainsi quil
fut dit à la fin du paragraphe précédent, s’évanouit aussitôt (puisque 1 essence,
comme fondement, est unité de ce qui fonde et de ce qui est fondé) ; mais,
prise du côté de la forme, c’est-à-dire du côté du principe négatif du fonde­
ment. cette différence s’accentue en se fonctionnalisant : 1 essence fait en
effet figure de « base inerte » en regard de la forme qui concentre en elle
et redouble le mouvement de négation. Mais cette distance la plus radicale est
là pour donner à connaître la richesse de l’unité précédemment visee et
réalisée. Telle est, comme le préciseront les lignes prochaines, la grande
différence entre l’Etre et l’Essence : l’unité entre la détermination et ce qui est
déterminé est désormais une unité négative, — au sens où la négation, dans
son redoublement réflexif, est ce qui pose l’autre (effectif) comme le meme
(pareillement effectif). . , . ,
35. ihre Einheit : il s’agit de l’unité de la différenciatton, 1 unité sur tond
de laquelle elle se pose et se résout. , ,,,
36. Cette « abstraction » dans l’abord de la négativité formelle redoublée
et de la négativité simple de l’essence posée nous ferait régresser, bien en
deçà du résultat atteint (cf. ci-dessus, note 34), jusqu’à l’opposition immé­
diate caractéristique des moments de l’Etre. Face à cette problématique déva­
luée, la prochaine phrase va rappeler la véritable perspective, dans laquelle
se déploie le mouvement : l’essence simple (essence) est la négativité tome
(forme).

97
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

dans soi-même, la réflexion propre immanente à elle. La forme,


tout autant, en elle-même, est la réflexion retournant dans soi,
ou l’essence identique ; dans son déterminer elle fait de la déter­
mination l’être-posé comme être-posé37. — Elle ne détermine donc
pas l’essence, comme si elle était véritablement présupposée, sépa­
rée de l’essence, car ainsi elle est la détermination-de-réflexion
inessentielle, allant sans répit au gouffre [;]38 par là elle est
ainsi elle-même bien plutôt le fondement de son sursumer ou le
rapport identique de ses déterminations. La forme détermine l’es­
sence veut donc dire que la forme, dans son différencier, sursume
ce différencier lui-même, et est l’identité à soi qu’est l’essence
[entendue] comme le subsister de la détermination ; elle est
la contradiction [qui consiste] à être sursumée dans son être-
posé et à avoir le subsister dans cet être-posé ; donc le fonde­
ment, [entendu] comme l’essence identique à soi dans l’être-
déterminé ou l’être-nié39.
70 Ces différences, de la forme et de l’essence, ne sont par
conséquent que moments du rapport-formel simple lui-même.
Mais elles sont à considérer et à tenir-fermement de plus près.
La forme déterminante se rapporte à soi comme être-posé sur-
r94] sumé, elle se rapporte du même coup à son identité comme à
quelque chose d’autre. Elle se pose comme sursumée ; du même
coup elle présuppose son identité ; l’essence est, selon ce moment,
l’indéterminé auquel la forme est quelque chose d’autre. Ainsi
n’est-elle pas l’essence qui est en elle-même la réflexion absolue,
mais [elle est] déterminée comme l'identité dépourvue-de-forme ;
elle est la matière™.

37. On mesure ici le renversement qu’opère Hegel par rapport à la


problématique de la représentation courante : forme et essence sont, dam
leur différence même, comme l’identité bi-univoque de ce qui pose et de ce
qui est posé.
38. Le texte original ne comporte ici qu’une virgule. Pour rendre la
lecture plus aisée et plus claire, nous la remplaçons, comme le fait aussi
Lasson, par un point-virgule.
39. Forme et essence sont identiques comme le sont le déploiement et la
contraction de l’unique contenu en mouvement qui soit : celui qu'est l’essence
i dans son indétermination déterminante.
1
40. Chaque terme, on l’a vu, est l’identité de lui-même et de son autre ;
mais il l’est dans sa différence par rapport à lui. Hegel éprouve le besoin, en
faisant appel à un nouveau couple catégoriel, d’approfondir cette différence,
—- et ce pour mieux donner à connaître la richesse de l’identité devenue. Du
même coup, le concept traditionnel de matière va se trouver, à sa place,
éclairé d’un jour tout nouveau, comme l’une des expressions possibles de
l’unité contradictoire entre l’essence et sa détermination.

98

fl
l’essence comme réflexion

b.
Forme et matière

L’essence en vient à être la matière en tant que sa réflexion


se détermine à se comporter à l’égard de cette même [essence]
comme à l’égard de l’indéterminé dépourvu-de-forme. La matière
est donc l’identité simple dépourvue-de-différence qu’est l’essence,
avec la détermination d’être l’autre de la forme. Elle est par
conséquent la base proprement dite ou substrat de la forme,
parce quelle constitue la réflexion dans soi des déterminations-
formelles, ou l’autonome auquel elles se rapportent comme
à leur subsister positif.
Si l’on abstrait de toutes les déterminations, de toute forme
d’un quelque-chose, alors ce qui reste est la matière indétermi­
née. La matière est quelque chose de purement-et-simplement
abstrait. (— On ne peut voir, sentir, etc., la matière — ce que
l’on voit, sent, est une matière déterminée, c’est-à-dire une unité
de la matière et de la forme). Pourtant cette abstraction à partir
de laquelle la matière vient au jour n’est pas seulement un sous­
traire et un sursumer extérieurs de la forme, mais la forme se
réduit par soi-même, ainsi qu’il s’est dégagé, jusqu’à [être] cette
identité simple41.
En outre la forme présuppose une matière à laquelle elle
se rapporte. Mais pour cette raison toutes deux ne se trouvent [95]
pas l’une face à l’autre de façon extérieure et contingente ; ni la
matière ni la forme ne sont à partir d’elles-mêmes, ou, dans
un autre langage, éternelles42. La matière est ce qui est indifférent
41. Et ce, ainsi qu’il a été dit, en tant qu’elle se rapporte à soi comme
être-posé sursumé, ou encore en tant qu’elle se pose comme sursumée. —
Les deux petits paragraphes que l’on vient de lire, et qui ne présentent pas
de difficulté, peuvent être dits des textes de transition : ils rappellent le
résultat atteint, et le mettent en regard de ce que dit communément la
philosophie quand elle parle de matière. Notons bien à ce propos qu il ne
s’agit pas là de la matière au sens physique, mais dans son acception
« abstraite », comme l’indéterminé qui est l'autre de la forme produit par
la sursomption de la forme elle-même.
Peut-être est-ce au début du second paragraphe de ce développement
(celui que l’on vient de lire) qu’il conviendrait de placer le 1. qu’appelle
le 2. que l’on trouvera dans la suite du texte.
42. Elles ne sont pas des principes subsistant par soi et originellement
séparés, mais leur existence (au sens fort de ce terme) est strictement
corrélative. Les lignes prochaines vont rappeler cette interdépendance fon­
damentale qui fait que chacune est, dans sa particularité même, résultat du
mouvement de l’autre (mouvement double et un, analogue à i'identite
réflexive du poser et du présupposer).

99
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

en regard de la forme, mais cette indifférence est la dêterminitê


de l’identité à soi dans laquelle la forme revient comme dans
sa base. La forme présup/?are la matière ; [elle la présuppose]
justement en ce quelle se pose comme [quelque chose de] sur-
sumé, partant se rapporte à cette identité sienne comme à quelque
71 chose d’autre. Inversement, la forme est présupposée par la ma­
tière ; car celle-ci n’est pas l’essence simple qui est immédiate­
ment elle-même la réflexion absolue, mais [elle est] cette même
[essence] déterminée comme le positif, savoir qui n’est que comme
négation sursumée. — Mais de l’autre côté, parce que la forme
se pose comme matière seulement dans la mesure où elle se
sursume elle-même, partant présuppose cette même [matière],
la matière est aussi déterminée comme subsister dépourvu-de-
fondement. Pareillement la matière n’est pas déterminée comme
le fondement de la forme ; mais, en tant que la matière se pose
comme l’identité abstraite de la détermination-formelle sursumée,
elle n’est pas l’identité comme fondement, et la forme, dans
cette mesure, [est] en regard d’elle dépourvue-de-fondement.
Forme et matière sont ainsi déterminées à être, l’une comme
l’autre, non pas posées l’une par l’autre, non pas fondement
l’une de l’autre43. La matière est plutôt l’identité du fondement
et du fondé, comme base qui fait face à ce rapport-formel. Cette
détermination commune de l’indifférence qui est leur est la
détermination de la matière comme telle, et constitue aussi le
rapport des deux l’une à l’autre. Pareillement la détermination
de la forme, [qui consiste] à être le rapport comme [rapport]
de [termes] différents, est aussi l’autre moment de l’être-en-rela-
tion des deux l’une à l’autre. — La matière, ce qui est déter­
miné comme indifférent, est ce qui est passif en regard de la
forme [entendue] comme [quelque chose d’]actif. Celle-ci, [en­
tendue] comme le négatif se rapportant à soi, est la contra­
[96] diction dans soi-même, ce qui se dissout, ce qui se repousse de soi

43. Après avoir rappelé ,1’identité d’origine de la matière et de la


'forme; Hegel (depuis le dernier trait rédactionnel) insiste sur le fait que
leur présupposition mutuelle est ce qui fait d’elles réellement des termes
différents. Chacune, en effet, présupposant l’autre, se pose elle-même comme
posant l’autre dans sa différence. Et c’est cette différence qui importe désor­
mais; tout d’abord comme la loi de leur rapport (comme ce qui les fait
différentes) ; mais aussi comme le1 principe de la matière en tant que telle
(puisque celle-ci est le subsister de la forme, différent de cette forme),
tandis que le fondement de leur rapport (en tant qu’il est bien rapport
et untté de termes differents) revient à la forme, entendue comme principe
négatif.

100
l’essence comme réflexion

et se détermine. Elle se rapporte à la matière, et elle est posée


de manière à se rapporter à ce subsister sien comme à un
autre. La matière, par contre, est posée de manière à se rapporter
seulement à soi-même et à être indifférente en regard d’autre-
chose ; mais elle se rapporte en soi à la forme ; car elle contient
la négativité sursumée, et est seulement matière par cette déter­
mination. Elle se rapporte à elle comme à un autre seulement
pour cette raison que la forme n’[est] pas posée en elle, parce
qu elle n’est cette même [forme] qu’en soi. Elle contient la forme
enfermée dans soi et est pour elle la réceptivité absolue seule­
ment pour cette raison qu’elle a cette même [forme] absolu­
ment dans elle, parce que cela est sa détermination étant en soi.
La matière doit par conséquent se trouver formée, et la forme
doit se matérialiser, se donner en la matière l’identité à soi ou
le subsister4'1.

2. La forme détermine par conséquent la matière, et la


matière se trouve déterminée par la forme. — Parce que la
forme elle-même est l’identité absolue à soi, donc contient la 72
matière dans soi [,]40 pareillement parce que la matière, dans
son abstraction pure ou sa négativité absolue, a la forme dans
elle-même, l’activité de la forme sur la matière et le devenir-
déterminé de celle-ci par celle-là sont plutôt le sursumer de
l’apparence de leur indifférence et de leur état-de-différenciation.
Ce rapport du déterminer est ainsi la médiation de chacune des
deux avec soi par son non-être propre — mais ces deux média­
tions sont un mouvement et le rétablissement de leur identité
originaire —; l’intériorisation de leur extériorisation46.
Tont d’abord forme et matière se présupposent réciproque­
ment. Ainsi qu’il s’est dégagé, cela équivaut à dire : l’unité essen-
44. C’est donc dans leur altérité même que forme et madère sont des
principes formellement idendques. Entre eux se distribue ce que Ion pour­
rait appeler une différence « fonctionnelle » qui est la loi et la condition
d’effectivité de leur identité réelle.
45. Pour respecter l’unité de significadon de cette phrase, nous mettons
ici une virgule à la place du point-virgule que porte l’original.
46. Point capital : toute « extériorisation » véritable, entendue dans sa
force logique, présuppose une unité originaire des termes qu elle pose
la fois dans leur différence et dans leur corrélation intrinsèque ; en etret,
quand il s’agit d’une différence structurelle (c’est-à-dire nécessaire), distance
et proximité, opposition et identité croissent de conserve, comme les mo­
ments constitutifs de la réalité « contradictoire ». Alors le mouvement
d’ « intériorisadon » vient seulement manifester, dans le terme apaise, e
sens originel de la « sortie » de soi. Ainsi se montreront bientôt identiques
les moments formellement différents et cependant corrélatifs de Iinten
risation essentielle et de l’extériorisadon de l’existence.

101
i

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

[97] tielle une est rapport négatif à soi-même, ainsi se scinde-t-elle


dans 1* "identité essentielle, déterminée comme la base indiffé­
rente, et dans la 18 différence essentielle ou négativité [entendues]
comme la forme déterminante. Cette unité de l’essence et de
la forme49 qui s’opposent comme forme et matière est le
fondement absolu qui se détermine™. En tant qu’elle fait de soi
quelque chose de divers, le rapport, en raison de l’identité
des termes divers qui se trouve au fondement, en vient à être
la présupposition réciproque.
Deuxièmement, la forme, comme autonome, est en tout état
de cause la contradiction se sursumant elle-même ; mais elle
est aussi posée comme telle, car elle est en même temps autonome
et en même temps rapportée essentiellement à un autre; —
par là elle se sursume. Comme elle est elle-même à deux côtés,
ce sursumer a aussi le double côté, en premier lieu elle sursume
son autonomie, elle fait de soi quelque chose de posé, quelque
chose qui est en un autre, et cet autre sien est la matière.
Deuxièmement elle sursume sa dcterminité en regard de la
matière, son rapport à cette même [matière], partant son être-
posé, et se donne par là [un] subsister51. En tant qu’elle sur­
sume son être-posé, cette réflexion sienne est l’identité propre
dans laquelle elle passe ; mais en tant qu’elle extériorise en même
temps cette identité et comme matière s’oppose [à soi], alors
cette réflexion de l’être-posé dans soi est comme unification avec
une matière en laquelle elle reçoit [un] subsister ; elle se ras-
semble donc, dans cette52 unification, tout aussi bien avec la
matière [entendue] comme quelque chose d’autre — selon le

47. in die, avec mouvement.


48. in den, avec mouvement.
49. jette Einheit des Wesens unà der Porm : celle dont il fut question
dans le développement précédent (a.), et dont l’analyse actuelle (b.) repré­
sente une détermination plus précise.
50. Expression importante par cette interaction structurelle de ses
moments, le fondement « absolu (A) tend déjà à se poser comme fonde­
ment « déterminé » (B). Cette détermination, comme il convient, va de
pair avec un approfondissement de la différence, maintenant dite « diver­
sité », et, dans un instant, « contradiction ».
51. Vue du point de vue de la forme, la matière est donc à la fois
sienne (comme son effectivité) et non sienne (puisqu’il lui faut la déterminer
a etre ce quelle est). Mais les lignes prochaines montreront que le second
aspect (qui assure le subsister propre de la forme) n’a effectivité que dans
fnrm/ ^ ^reiïVer • matière, dans la mouvance de la forme, est, comme
c2 Cj e * ieu y. °ù la forme devient forme, comme formante.
i „„e texte, °pgtnal porte bien in dieser Vereimgung. C’est par erreur
que Lasson a écrit in der Vereinigung.

102
l’essence comme réflexion

premier côté, d’après lequel elle fait de soi quelque chose de


posé — qu’aussi en cela avec son identité propre.
L’activité de la forme, donc, par quoi la matière se trouve 73
déterminée, consiste dans un comportement négatif de la forme
à l’égard d’elle-même53. Mais inversement elle se comporte aussi [98]
négativement, du même coup, à l’égard de la matière ; seulement
ce devenir-déterminé de la matière est tout aussi bien le mou­
vement propre de la forme elle-même. Celle-ci est libre de la
matière, mais elle sursume cette autonomie sienne ; mais son
autonomie est la matière elle-même, car en celle-ci elle a son
identité essentielle. En tant donc qu’elle fait de soi le posé,
c’est une seule et même-chose qu’elle fasse de la matière quelque
chose de déterminéJl. — Mais, considérée de l’autre côté, l’identité
propre de la forme est en même temps extériorisée de soi, et la
matière [est] son autre ; dans cette mesure la matière ne se
trouve pas non plus déterminée, du fait que la forme sursume
son autonomie propre. Seulement la matière n’est autonome qu'en
face de la forme ; en tant que le négatif se sursume, le positif
se sursume aussi. En tant donc que la forme se sursume, alors
tombe aussi la déterminité de la matière quelle a en regard
de la forme, savoir d’être le subsister indéterminé.
Ce qui apparaît comme activité de la forme est en outre tout
aussi bien le mouvement propre de la matière elle-même. La
détermination étant-en-soi ou le devoir-être de la matière est sa
négativité absolue55. Par celle-ci la matière ne se rapporte pas
purement-et-simplement seulement à la forme comme à un
autre, mais cet extérieur est la forme qu’elle-même contient
comme enfermée dans soi. La matière est la même contradiction
en soi que contient la forme, et cette contradiction, de même

53. Exemple typique de la dialectique hégélienne : le rapport à l'autre


n’est rapport à lui que parce qu’il est rapport à soi.
54. On saisit sur le vif, dans ce développement d’une parfaite clarté,
le souci qu’a Hegel de bien marquer ce qui fait l’essentiel d’une logique
dialectique : le fait que les déterminations qu’elle déploie, loin de se
limiter, se conjuguent et se renforcent l’une l’autre, chacune « apparaissant »
comme le contenu et l’effectivité de l’autre. La forme se sursume, dans son
autonomie; mais l’effectivité de cette autonomie, c’est la matière en tant
que matière formée et déterminée ; mais la matière, en retour, n’est cette
détermination de la forme qu’en tant qu’elle est autonome, subsistant pour
soi face à la forme ; mais, enfin, et telle est la résolution de cette contra­
diction perpétuellement réengendrée, forme et matière conjuguent ces
déterminations autonomes » quand on prête attention au fait qu’elles ne
possèdent cette autonomie que dans et par leur relation structurelle.
55. Sa négativité « absolue » : totale (« en soi »), mais non encore
déterminée. Il faudrait parler ici de sa « déterminabilité essentielle », —
intérieure et en puissance d’extériorisation effective.

103
!
.

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

que sa résolution, est seulement Une. Mais la matière est contra.'


dictoire dans soi-même, parce que, [entendue] comme l’identité à
soi indéterminée, elle est en même temps la négativité absolue ;
elle se sursume par conséquent en elle-même, et son identité se
décompose dans sa56 négativité, et celle-ci reçoit en celle-là son
subsister57. En tant donc que la matière se trouve déterminée par
[99] la forme comme par quelque chose d’extérieur, elle atteint par là
sa détermination, et l’extériorité de l’être-en-relation, tant pour
la forme que pour la matière, consiste en ce que chacune ou
plutôt leur unité originaire est, dans son poser, en même temps
présupposante ; par quoi le rapport à soi est en même temps
rapport à soi comme [quelque chose de] sursumé ou rapport
a\ son autre.58
.
Troisièmement, par ce mouvement de la forme et [de la]
74 matière, leur unité originaire est, d’un côté établie, [et est]
désormais, d’un autre côté, une [unité] posée™. La matière se
détermine tout aussi bien elle-même que ce déterminer est un
faire, pour elle extérieur, de la forme ; inversement la forme
se détermine tout aussi bien seulement elle [-même], ou a en
elle-même la matière qui se trouve déterminée par elle, que,
dans son acte-de-déterminer, elle se comporte en regard d'un
autre60 ; et tous deux, le faire de la forme et le mouvement
de la matière, sont la même-chose, sauf que celui-là est un faire,
c’est-à-dire la négativité comme [négativité] posée, tandis que
celui-ci [est] mouvement ou devenir, la négativité comme déter­
mination étant-en-soi. Le résultat est par conséquent l’unité de
l’être-en-soi et de l’être-posé. La matière est, comme telle,
déterminée, ou a nécessairement une forme, et la forme est
purement-et-simplement forme matérielle, subsistante °\
56. in ihrer, sans mouvement.
57. Entendons : Ja négativité reçoit en l’identité son subsister.
58. Ce paragraphe répète donc, du côté de la matière, ce qui fut dit
précédemment pour la forme. En quoi il ne faut point voir une sorte
de symétrie abstraite, mais la prise au sérieux de ce que la forme n’est
ce quelle est (principe déterminant) que dans et par la matière, — au
sens où ce « par » signifie plus qu’un substrat extérieur : une détermination
(comme telle, active) de ce principe déterminant lui-même.
59- posée est bien en italique dans l’original, et le texte de Lasson est
fautif sur ce point. — Le paragraphe que l’on va lire, de fait, met en
lumière le mouvement d’effectuation qui se prend de l’unité originaire dont
Hegel vient largement de parler.
60. L’identité entre soi et l’autre n’est donc pas le simple recouvrement
statique de deux termes : elle est identité en mouvement, — un « faire »
qui non seulement coïncide avec un « être-fait », mais qui, appartenant au
soi (comme acte de se déterminer), est identique au « faire » (pour lui un
« être-fait ») qui lui est extérieur (comme « être-déterminé par »).
61. C’est bien en effet parce qu’il s’agit d’une relation nécessaire que

104

I
l’essence comme réflexion

La forme, dans la mesure où elle présuppose une matière


comme l’autre d’elle, est finie. Elle n’est pas fondement, mais
seulement ce qui est actif. Pareillement la matière, dans la mesure
où elle présuppose la forme comme son non-être, est la matière
finie, elle est aussi peu fondement de son unité avec la forme,
mais seulement la base pour la forme. Mais aussi bien cette
matière finie que la forme finie n’a aucune vérité ; chacune se
rapporte à l’autre, ou c’est seulement leur unité qui est leur vérité
Dans cette unité02 reviennent ces deux déterminations, et [elles] [100]
sursument en cela leur autonomie ; elle s’avère par là comme
leur fondement. La matière, par conséquent, n'est fondement de
sa détermination-formelle que dans la mesure où elle n’est pas
matière comme matière, mais l’unité absolue de l’essence et de
la forme ; pareillement la forme n’est fondement du subsister de
ses déterminations que dans la mesure où elle est cette même
unité une. Mais cette unité une, [entendue] comme la négativité
absolue, et de façon plus déterminée comme unité excluante,
est présupposante dans sa réflexion ; ou c’est Un faire que de
se maintenir, dans l’acte-de-poser, comme [quelque chose de]
posé dans l’unité, et que de se repousser de soi-même, de se
rapporter à soi comme à soi, et à soi comme à un autre. Ou
le devenir-déterminé de la matière par la forme est la média­
tion de l’essence avec soi, comme fondement, dans une unité, par
soi-même et par la négation de soi-même63.
Maintenant la matière formée ou la forme ayant [un] subsis­
ter n’est pas seulement cette unité absolue avec soi du fonde­
ment, mais aussi l’unité posée. C’est le mouvement considéré 75

chacun des termes en rapport se présuppose lui-même dans son autre.


Reste (et ceci est capital pour bien comprendre le fondement paradoxal
du procès dialectique) que le <s mouvement » commun aux deux ne
reçoit que dans l’un des deux son nom véritable, celui d un « faire ».
Et pourtant, à nouveau, le paragraphe suivant redira que ce caractère ara
de la forme ne fait pas d’elle, dans son autonomie abstraite, un « fonde­
ment » ; le fondement existe dans le fait que chaque terme sursume son
autonomie, ce qu’il ne peut faire de lui-même et sans 1 autre.
62. in diese Einheit, avec mouvement.
63. Ce qui est fondement, ce n’est pas la forme, et ce n’est pas non plus,
bien sûr, la matière : c’est leur unité, en laquelle chacune, comme finie,
sursume son « autonomie » encore unilatérale. Unité primaire : elle est
celle de la forme et de l’essence, dont le jeu se retrouve cette fois a
l’intérieur et de la forme et de la matière ; unité terminale aussi : elle
est celle de l’essence se médiatisant elle-même comme fondement. — Dans
la perspective des catégories présentes, la détermination se trouve être parfaite
et totalement accomplie ; le prochain paragraphe marquera la transition à
un nouveau couple catégoriel qui parachèvera le passage (sans passage) du
fondement absolu au fondement déterminé.

105
Il

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

dans lequel le fondement absolu a présenté ses moments en


même temps comme [moments] se sursumant et ainsi comme
[moments] posés. Ou l’unité rétablie, dans son acte-de-coïncider
avec soi, s’est tout autant repoussée de soi-même et s’est déter­
minée ; car leur unité, comme s’étant faite par négation, est
aussi unité négative. Elle est par conséquent l’unité de la forme
et de la matière [entendue] comme leur base, mais comme
leur base déterminée, qui est matière formée, mais en regard
de forme et matière est en même temps indifférente comme en
regard de [termes] sursumés et inessentiels. Elle est le contenu *\

[101} c.
Forme et contenu

La forme se tient d’abord en face de l’essence ; ainsi est-


elle rapport-fondamental en général, et ses déterminations le
fondement et le fondé65. Ensuite elle se tient en face de la
matière ; ainsi est-elle réflexion déterminante, et ses détermi­
nations sont la détermination-de-réflexion elle-même et le subsis­
ter de cette même [détermination-de-réflexion]. Finalement elle
se tient en face du contenu, ainsi ses déterminations sont-elles à
nouveau elle-même et la matière66. Ce qui précédemment était
l’identique à soi, d’abord le fondement, ensuite le subsister en
général, et en dernier lieu la matière, entre sous l’empire de
la forme et est à nouveau une de ses déterminations.
Le contenu a en premier lieu- une forme et une matière, qui
lui appartiennent et sont essentielles ; il est leur unité. Mais,
en tant que cette unité est en même temps unité déterminée ou
64. De même que forme et essence étaient une seule chose aussi bien
dans la forme que dans la matière (étant ainsi leur commune unité comme
fondement essentiel), forme et matière se trouvent unies à l’intérieur du
contenu (et, par conséquent, ainsi que nous le verrons, à l’intérieur de la
forme). De l’un à l’autre de ces couples catégoriels, il y a le « passage s>
d’une unité absolue à une unité posée, — ce qui introduit une insistance
sur un moment déjà présent, mais non directement pour lui-même, dans
le mouvement qui s’achève.
65. Lasson ajoute ici un sind (« sont ») entre crochets carrés. Mais
nous laissons le texte à sa brachylogie originale.
66. Il faut entendre, comme il fut dit dans la note 64, que le contenu
est l’identité posée de la forme et de la matière. Celle-ci perd alors, dans
cette, nouvelle détermination, l’apparence même d’être un substrat passif.
Ainsi que va le préciser la phrase prochaine, c’est là la disparition de
l’identique à soi comme immédiat, et son inscription explicite et définitive
sous la mouvance d’une forme qui se révélera elle-même en elle-même
pleine de contenu.

106
l’essence comme réflexion

posée, il se tient en face de la forme; celle-ci constitue Vêtre-


posé, et est en regard de lui 1*inessentiel67. Il est par consé­
quent indifférent en regard d’elle ; elle comprend aussi bien
la forme comme telle que la matière ; et il a donc une forme
et une matière, dont il constitue la base68, et qui lui sont comme
simple être-posé.
Le contenu est deuxièmement l’identique dans [la] forme et
[la] matière, de telle sorte que celles-ci seraient seulement des
déterminations extérieures indifférentes. Elles sont l’être-posé
en général, mais qui dans le contenu est revenu dans son unité
ou son fondement. L’identité à soi-même du contenu est par
conséquent une fois cette identité indifférente en regard de la
forme ; mais l’autre fois elle est l’identité du fondement. Le
fondement, dans le contenu, a d’abord disparu ; mais le contenu
est en même temps la réflexion négative dans soi des détermi-
nations-formelles ; son unité, qui d’abord est seulement V[unité]
r
[i

indifférente en regard de la forme, est par conséquent aussi


l’unité formelle ou le rapport-fondamental comme tel. Le contenu
a par conséquent celui-ci pour sa forme essentielle, et le fonde­
ment, inversement, a un contenu™.
Le contenu du fondement est donc le fondement qui a fait
retour dans son unité avec soi ; le fondement est d’abord l’essence
qui est identique à soi dans son être-posé ; comme diverse et
indifférente en regard de son être-posé, elle est la matière indé­
terminée 70 ; mais, comme contenu, elle est en même temps

67. Renversement significatif de perspective : face au contenu plein,


la forme n’est plus ce-qui-pose, — elle est elle-même 1 etre-posé (comme
présupposé) de ce contenu.
68. Non plus, comme il en allait précédemment, la « base, » inerte,
mais la concrétion positive du mouvement posant (mouvement négatif). ——
A noter que Hegel, parlant dans cette phrase tour à tour du contenu, de la
forme, puis à nouveau du contenu, marque qu’ici et là se retrouve 1 identité
(formellement différente) de la forme et de la matière ; en effet, le
contenu ne peut être dit totalité que parce que la forme, face à lui (dans
un face-à-face logique) est, comme le disait le développement precedent,
« la forme ayant [un] subsister ». Et c’est le contenu, précisément, qui est
le subsister de cette forme.
69. Paragraphe capital, qui achève le « passage » à la détermination.,
Et ce grâce à un renversement significatif : c’est le contenu (identité d abord
positive de la forme et de la matière) qui est l’identique (d’une identité
fruit d’une négation redoublée) aussi bien dans la forme que dans la
matière. Ainsi le fondement, unité formelle du « rapport fondamental »,
est désormais fondement déterminé. — Le début du paragraphe prochain
consiste dans une récapitulation des diverses figures que s’est données
le fondement depuis le début de ce chapitre. _ ,
70. die unbestimmte die Materie (sic) : Lasson a fort justement corrige
cette erreur typographique, en supprimant le second article.

107
I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

l'identité formée, et cette forme devient rapport-fondamental pour


la raison que les déterminations de son opposition71 sont, dans
le contenu, posées aussi comme [déterminations] niées. — Le
contenu est en outre déterminé en lui-même ; non pas seulement,
ainsi qu’il en va de la matière72, comme l’indifférent en général,
mais comme la matière formée, de telle sorte que les détermi-
nations de la forme ont un subsister matériel, indifférent. D’un
côté le contenu est l’identité essentielle du fondement avec soi
dans son être-posé, de l’autre côté l’identité posée en regard du
rapport-fondamental ; cet être-posé, qui est comme détermina­
tion-formelle en cette identité, est en face de letre-posé libre,
c’est-à-dire de la forme comme rapport total de fondement et
fondé ; cette forme est letre-posé total faisant retour dans soi ;
celle-là par conséquent seulement letre-posé comme [être-posé]
immédiat, la déterminité comme telle .
Le fondement s’est ainsi fait en général le fondement déter­
miné, et la déterminité elle-même est la [déterminité] double ;
premièrement de la forme et deuxièmement du contenu. Celle-là
est sa déterminité [qui consiste] à être extérieure au contenu en
général, lequel en regard de ce rapport est indifférent. Celle-ci
est la déterminité du contenu qu’a le fondement.

>3] B.
LE FONDEMENT DÉTERMINÉ

a.
Le fondement formel

Le fondement a un contenu déterminé. La déterminité du


contenu est, comme il s’est dégagé, la base pour la forme ; Xim­
médiat simple en regard de la médiation de la forme. Le fon­
77 dement est identité se rapportant négativement à soi, [identité]
71. ihres Gegensatzes : il s’agit de l’opposition, non de l’essence, mais
de la « forme », identique ici à l’« identité formée ».
72. tvie die Materie.
73. 11 y a déterminité du fondement parce qu’il y a identité de l’identité
à soi du fondement dans son être-posé et de la différence entre cette
identité posee et le rapport fondamental. La déterminité sera donc double,
— et c est ce dédoublement qui définira la figure nouvelle du fondement
essentiel. Nous approchons du rapport « conditionnant ».

108

I
l’essence comme réflexion

qui par là fait de soi Yêtre-posé ; elle se rapporte négativement


à soi, en tant que dans cette négativité sienne elle est identique
à soi ; cette identité est la base ou le contenu qui de cette
manière constitue l’unité indifférente ou positive du rapport-
fondamental, et est le médiatisant de cette même [unité] u.
Dans ce contenu a d’abord disparu la déterminité du fonde­
ment et du fondé l’un en regard de l’autre. Mais la médiation
est en outre unité négative. Le négatif, en tant qu’fil est] en
cette base indifférente, est la déterminité immédiate de cette
même [base], par quoi le fondement a un contenu déterminé.
Mais ensuite le négatif est le rapport négatif de la forme à soi-
même. Le posé, d’un côté, se sursume lui-même et revient
dans son fondement ; mais le fondement, l’autonomie essentielle,
se rapporte négativement à soi-même, et fait de soi le posé. Cette
médiation négative du fondement et du fondé est la média­
tion caractéristique de la forme comme telle, la médiation for­ [104;
melle. Les deux côtés de la forme, maintenant, parce que l’un
passe dans l’autre, se posent ainsi en commun, dans Une
identité, comme [côtés] sursumés ; par là en même temps ils
présupposent cette meme [identité]. Elle est le contenu déter­
miné, auquel donc la médiation formelle se rapporte par soi-
même comme au médiatisant positif. Il est l’identique des deux,
et, en tant qu’ils [sont] différents, mais [que] chacun dans sa
différence est rapport à l’autre, il est leur subsister, [le subsister]
d’un chacun comme le tout lui-même.
Ce qui d’après cela se dégage, c’est que dans le fondement
déterminé est présent7'’ ceci [:]76 premièrement, un contenu
déterminé se trouve considéré selon deux côtés, une fois dans,
la mesure où il est posé comme fondement, l’autre fois dans la
mesure où il est posé comme [quelque chose de] fondé. Lui-
même est indifférent en regard de cette forme ; il n’est dans les

74. Il est essentiel de souligner ici que la différence entre immédiat


(base, déterminité du contenu, unité indifférente ou positive) et médiation
(forme, identité se rapportant négativement à soi, médiatisant) se donne
à connaître comme une dualité fonctionnelle qui exprime la rie ess
effective de l’unique rapport-fondamental. Le paragraphe prochain re îr ,
sous de multiples formes, cette relation d’identité différenciée entre la
« déterminité immédiate s* que porte le contenu
■— et la « médiation négative
du fondement et du fondé » qui est caractérisdque de la forme, à^telle
.
guise que la forme sera dite « contenu déterminé », et le contenu, «
sant positif ».
75. vorhanden, présent au sens de donné.
76. Comme Lasson, nous remplaçons par ces deux points le point-virgule
que porte ici l’original.

109
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

deux absolument77 qu’Une détermination. Deuxièmement, le fon­


dement lui-même est aussi bien moment de la forme que ce qui
est posé par lui78 ; telle est leur identité selon la forme. Il est
indifférent [de préciser] laquelle des deux déterminations se
trouve faite [terme] premier, à partir duquel comme du posé
on passe à l’autre comme au fondement, ou à partir duquel comme
du fondement on passe à l’autre comme au posé. Le fondé, consi­
déré pour soi, est le sursumer de soi-même ; ainsi se fait-il d’un
78 côté le posé et est-il en même temps le poser du fondement.
Ce même mouvement est le fondement comme tel, il fait de soi
le posé, par là il devient fondement de quelque-chose, c’est-à-
dire qu’en cela il est présent79 aussi bien comme [quelque chose
de] posé qu’aussi et alors seulement80 comme fondement. Qu’il y
ait un fondement, de cela c’est le posé qui est le fondement, et
inversement le fondement est par là [quelque chose de] posé.
La médiation commence tout aussi bien à partir de l’un qu’à
partir de l’autre, chaque côté est aussi bien fondement que
£105] [quelque chose de] posé, et chacun [est] la médiation totale
ou la forme totale. — Cette forme totale est en outre elle-
même, comme ce qui est identique à soi, la base des détermi­
nations que sont les deux côtés du fondement et du fondé, forme
et contenu sont ainsi eux-mêmes une seule et même identité.
En raison de cette identité du fondement et [du] fondé, aussi
bien selon le contenu que selon la forme, le fondement est suffi­
sant (le suffisant borné à cette relation81) ; il n’y a rien dans le
fondement qui ne soit dans le fondé, de même que rien dans

77. überhaupt.
78. « Par lui », c’est-à-dire par le fondement. Après l’identité du
fondement et du fondé au niveau du contenu, Hegel montre donc ici leur
identité formelle. En effet, le fondement comme fondement est moment
de la forme, mais il l’est aussi comme ce qui est posé par ce fondement,
c’est-à-dire comme fondé. — Le fondement formel (on dirait presque aussi
bien : la raison tautologique) est fait de cette identité encore immédiate
entre l'immédiat et le médiatisant. Comme vont le dire les lignes prochaines,
il y a relation de réversibilité totale entre ces termes trop transparents
l’un à l’autre, trop exactement calqués l’un sur l’autre.
79. vorbanden, présent au sens de donné.
80. erst, temporel.
81. Cette incise est importante : Hegel, qui a déjà parlé plus haut du
* fondement suffisant » (ou de la « raison suffisante », cf. Remarque
ci-dessus, p. 91), précise à nouveau ici ce qu’il a appelé alors son
caractère « superflu », — superflu parce que tautologique. Mais, en fait,
il ne s agit là que du sens qu’a cette lexie quand elle est déterminée dans
la perspective de la présente relation. Pour que le fondement soit effecti­
vement « suffisant », il faudra que nous débordions l’aspect seulement
formel que revet actuellement la relation en cause.

110
l’essence comme réflexion

le fondé qui ne soit dans le fondement “. Lorsque l’on interroge


sur un fondement, la même détermination qu’est le contenu on
veut la voir double, une fois dans la forme du posé, l’autre :
fois dans celle de l’être-là réfléchi dans soi, de l’essentialité. :
Dans la mesure maintenant où dans le fondement déterminé
fondement et fondé [sont] tous deux la forme totale, et leur ■

contenu, certes, un [contenu] déterminé, mais un seul et même :


[contenu], le fondement dans ses deux côtés n’est pas encore
déterminé réellement, ils n’ont pas un contenu divers ; la
déterminité est seulement alors83 déterminité simple, pas encore
passée aux côtés ; c’est le fondement déterminé seulement alors83
dans sa forme pure, le fondement formel,' qui est présent84. —
Parce que le contenu est seulement cette déterminité simple qui
n’a pas en elle-même la forme du rapport-fondamental, elle est
le contenu identique à soi, indifférent en regard de la forme, et
celle-ci extérieure à lui ; il est un autre qu’elle8S.

Remarque 8G [106

Si la réflexion sur des fondements déterminés s’en tient à cette


forme du fondement qui s’est dégagée ici, alors l’indication, d’un
fondement demeure un simple formalisme et [une] tautologie
vide, qui exprime dans la forme de la réflexion dans soi, de
l’essentialité, le même contenu qui est présent87 déjà dans la forme 79
de l’être-là immédiat, considéré comme posé. Un tel acte-d’indi-
quer des fondements est pour cette raison accompagné de la
même vacuité que l’acte-de-discourir selon la proposition de

82. Ce recouvrement plénier du fondement et du fonde est la condition


nécessaire (mais non vraiment suffisante) de l’existence meme de la relation-
fondamentale.
83. erst, temporel.
84. vorhanden, présent au sens de donné.
85. Leur parfaite identité fait ici que les termes en présence, paradoxale­
ment, se posent comme différents. En effet, chacun, étant identique a soi,
est déterminité simple, et, comme tel, a son mouvement a 1 extérieur de
lui. Ainsi, sans cesser d etre identiques au plan du contenu et donc aussi
de la forme, fondement et fondé vont désormais se rapporter lun à 1 autre
selon l’économie d’une distance au niveau de la forme (et donc aussi du
contenu). Autrement dit, le fondement va devenir « réel » quand sera
prise en compte l’identité (intérieure à l’unité du rapport-fondamental) entre
le contenu, d’une part, et, d’autre part, la différence (formelle) entre
contenu et forme.
86. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Type-d’explt-
cation formel à partir de fondements tautologiques.
87. vorhanden, présent au sens de donné.

111
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

î- l’identité “. Les sciences, surtout les [sciences] physiques, sont


remplies de tautologies de cette sorte, qui constituent pour
ainsi dire un privilège de la science. — Par exemple, comme
raison du fait que les planètes se meuvent autour du soleil, on
indique la force d’attraction de la terre et [du] soleil l’une en
regard de l’autre. Par là on n énoncé rien d’autre selon le
contenu que ce que contient le phénomène80, savoir le rapport
de ces corps l’un à l’autre dans leur mouvement, sauf [qu’on
l’énonce] dans la forme de détermination réfléchie dans soi,
[dans la forme] de force. Si après cela on demande qu’est-ce qu’est
comme force la force d’attraction00, la réponse est quelle est
la force qui fait que la terre se meut autour du soleil ; ce
qui veut dire quelle a radicalement le même contenu que
l’être-là dont elle doit être le fondement ; le rapport de la terre
et du soleil eu égard au mouvement est la base identique du
fondement et du fondé. — Si une forme-de-cristallisation se
trouve expliquée par le fait quelle a sa raison dans l’arran­
gement particulier dans lequel se rencontrent les molécules91,
alors la cristallisation étant-là est cet arrangement lui-même qui
se trouve exprimé comme fondement. Dans la vie ordinaire,
ces étiologies92 dont les sciences ont le privilège valent pour
'7] ce quelles sont, pour un verbiage tautologique, vide. Si à la
question pourquoi cet homme part pour la ville on indique
pour fondement que dans la ville se trouve une force d’attrac­
tion qui l’y pousse, cette sorte de réponse93 passe pour insipide,
elle qui est sanctionnée dans les sciences. — Leibniz reprocha à la
force d’attraction newtonienne d’être une qualité cachée telle
que [celle dont] les Scolastiques usaient en vue de l’acte-
d’expliquer. On devrait04 plutôt lui faire le contraire comme
reproche, [savoir] qu’elle est une qualité trop connue ; car95
elle n’a pas d’autre contenu que le phénomène lui-même90. —
Ce par quoi ce type-d’explication se recommande justement, c’est

88. Cf. d-dessus, p. 41.


89. das Phdnomen, au sens immédiat et courant de ce terme.
90. was die anziehende Kraft fur eine Kraft sei : sur notre manière
de rendre cette expression, cf. notre traduction de « L’Etre », p. 128,
note 13.
91. in das die Molekules zu einander treten. avec mouvement.
92. Aetiologien, au sens étymologique, sciences des causes.
93. dtese Art des Ant-wortens : il s’agit de l’acte-de-répondre.
94. müsste, avec nuance d'obligation.
95* L original porte denu, le u final étant ici une inversion du n (faute
d impression).
96. die Erscbeinung selbst ce mot est employé ici en son sens courant
(cf. ci-dessus, note 89).

112
l’essence comme réflexion

sa grande clarté et compréhensibilité ; car il n’y a rien de plus


clair et de plus compréhensible que le fait, par exemple97, qu'une
plante ait son fondement dans une force végétative, c’est-à-
dire produisant au jour des plantes. — Elle ne pourrait se
trouver nommée une qualité occulte qu’au sens où le fondement 80
doit avoir un autre contenu que ce qui est à expliquer08 ; un
tel [contenu] n’est pas donné ; c’est dans la mesure où un fon­
dement, tel qu’il se trouve requis, «est pas donné que cette
force dont on use pour expliquer est sans contredit un fonde­
ment caché. Par ce formalisme quelque-chose se trouve aussi
peu expliqué que se trouve connue la nature d’une plante quand
je dis qu’elle est une plante, ou qu’elle a son fondement dans
une force produisant au jour des plantes ; malgré99 toute la
clarté de cette proposition, on peut nommer cela, pour cette
raison, un type-d’explication très occulte 10°.
Deuxièmement, selon la forme, dans ce type-d’explication se
rencontrent les deux orientations op-posées du rapport-fonda-
mental, sans quelles soient connues dans leur relation déterminée.
Le fondement est d’une part fondement comme la détermination-
de-contenu réfléchie dans soi de l’être-là qu’il fonde, d’autre [108]
part il est le posé. Il est ce à partir de quoi l’être-là doit être
compris ; mais inversement on conclut à lui à partir de celui-ci,
et il [est] compris à partir de l’être-là. L’entreprise-capitale de
cette réflexion consiste en effet à trouver les fondements à partir
de l’être-là, c’est-à-dire à transposer l’être-là immédiat dans la
forme de l’être-réfléchi ; le fondement, au lieu d’être en et
pour soi et autonome, est ainsi plutôt le posé et [le] déduit101.
Maintenant, parce que, par ce procédé, il est ordonné au phé­
nomène102 et que ses déterminations reposent sur celui-ci, alors
celui-ci, évidemment, découle de son fondement sans nul encombre

97. Hegel, qui met ordinairement z.B. (zum Beispiel), écrit ici z.E.
(zum Exempel).
98. das zu erkliirende (que Lasson écrit justement das zu Erklarendé).
99. bei.
100. L’original porte le texte suivant : « ... wenn ich sage, dass ste
eine Pflanze ist ; bei aller Deutlichkeit dieses Satzes, oder dass sie ibren
Grund in einer Pflanze hervorbringenden Kraft habe... ». Il y a là une
interversion manifeste de l’ordre des propositions; comme Lasson la fait,
nous avons remis le membre de phrase introduit par oder à sa place logique,
la seule possible : avant le point-virgule. . ,
101. Sous des dehors « scientifiques », ce type d’ « explication » n^t
donc qu’une transposition indue du phénomène immédiat dans d’ordre de
l’analyse conceptuelle, — le monde de la « rationalité » n’etant alors
qu’un reflet du contenu de la conscience sensible.
102. Phànotnen.

113
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

et avec vent favorable103. Mais la connaissance, par là, n’a pas


pu avancer ; elle se fourvoie dans une différence de la forme
que ce procédé lui-même renverse et sursume 10\ Une des diffi­
cultés-capitales pour s’enfoncer dans l’étude des sciences où
ce procédé est dominant repose pour cette raison sur cette
absurdité105 de la position [qui consiste] à avancer comme fon­
dement ce qui en fait est déduit, et, lorsqu'on poursuit jusqu’aux
conséquences, à indiquer en fait en elles seulement100 le fon­
dement de ces fondements qui doivent être. Dans la présenta­
tion on commence avec les fondements, ils se trouvent placés
en l’air107 comme des principes et des concepts premiers ; ils
sont des déterminations simples, sans aucune nécessité en et
pour soi-même ; ce qui suit doit se trouver fondé sur eux. Celui
?i qui par conséquent veut pénétrer dans des sciences de cette
sorte doit108 commencer par s’inculquer ces fondements ; une
entreprise qui est amère à la raison, parce qu’elle doit laisser
valoir comme base [quelque chose qui est] dépourvu-de-fonde-
ment. Il procède au mieux celui qui, sans beaucoup réfléchir109,
accepte les principes comme [principes] donnés, et qui à partir
de là les utilise comme règles-fondamentaies de son entendement.
Sans cette méthode on ne peut pas gagner le commencement ;
09] tout autant ne peut-on sans elle faire de progrès110. Mais celui-ci
s’embarrasse maintenant par le fait qu’en elles111 vient au jour
le contrecoup de la méthode qui, dans ce qui suit, veut mettre en
évidence ce qui s’est trouvé déduit, lequel pourtant en fait contient
seulement alors112 les fondements pour ces présuppositions. En
outre, parce que ce qui suit se montre comme l’être-là à partir

103. Expression ironique : il n’est pas étonnant que s’opère alors une
transition sans heurt du fondement au fondé, puisque le premier n’est
qu’une assomption indue, dans l’ordre des raisons, du contenu du second.
104. En entendant la « forme », pour lors, dans son acception abstraite
et unilatérale.
105. Verkehrtheit : une « absurdité qui procède d’un simple « renver-
sement » de termes (Umkehrung).
106. erst, temporel.
107. in die Luft kingestellt.
108. muss, avec nuance de nécessité.
109. ohne vieles Nachdenken.
110. Est-il besoin de préciser que cette « méthode » qui pratique
1 aveuglement volontaire est, pour Hegel, l’antitype de toute méthode véri­
table, laquelle ne dévoile ses fondements et son sens que dans le procès
concret quelle instaure? — Sur les deux moments (Anfang, Fortgang)
qui composent la méthode, cf. le dernier chapitre de l’oeuvre : Lasson II,
487 et 490.
111. in ihnen cest-à-dire dans les règles fondamentales. Nous avouons
ne pas comprendre a correction de Lasson, qui écrit ici in ihm.
112. erst, temporel.

114
l’essence comme réflexion

duquel le fondement a été déduit, cette relation dans laquelle


se trouve avancé le phénomène113 suscite une défiance en regard
de la présentation de ce même [phénomène] ; car il ne se
montre pas exprimé dans son immédiateté, mais comme preuve
du fondement. Mais parce que celui-ci, en revanche, est déduit
de ce [phénomène], on exige plutôt de le 113 bis voir dans son immé-
diateté, afin de pouvoir, à partir de lui, juger le fondement114.
Par conséquent, dans une telle présentation, où ce qui à pro­
prement parler fonde se rencontre comme [quelque chose de]
déduit, on ne sait pas à quoi s’en tenir, ni avec le fondement ni
avec le phénomène113. L’incertitude se trouve accrue par le
fait que, en particulier quand l’exposé n’est pas rigoureusement
conséquent mais plutôt honnête, se trahissent partout des traces
et des circonstances du phénomène113 qui indiquent plus et
souvent tout autre-chose que ce qui est contenu simplement dans
les principes. La confusion devient finalement encore plus grande
quand des déterminations réfléchies115 et simplement hypothé­
tiques se trouvent mélangées à des déterminations immédiates du
phénomène113 lui-même, lorsque les premières sont énoncées
comme si elles appartenaient à l’expérience immédiate. Ainsi
mainte personne qui aborde ces sciences avec une foi honnête
peut-elle bien être d’opinion que les molécules, les espaces-inter­
médiaires vides, la force-centrifuge, l’éther, le rayon-lumineux
isolé, la matière électrique, magnétique, et encore une multitude
[de réalités] de cette sorte sont des choses ou des relations
qui, à la façon dont on parle d’elles comme de déterminations-
de-l’être-là immédiates, sont présentes110 en fait dans la percep­
tion. Elles servent comme fondements premiers pour autre-
chose, se trouvent énoncées comme des effectivités et appliquées [110] 82
avec assurance ; on les laisse de bonne foi valoir pour telles
avant de se rendre compte qu’elles sont plutôt des déterminations
conclues117 à partir de ce qu’ils doivent fonder, des hypothèses
et des fictions déduites par une réflexion non-critique. En fait
on se trouve dans une sorte de ronde magique118 où détermi­
nations de l’être-là et déterminations de la réflexion, fondement
113. Phcinomen.
113 b,s. Il s’agit du phénomène.
114. Le renversement est complet : c’est l’immédiateté qui devrait
permettre de juger ce qui est principe de jugement.
115. « réfléchies » n’a pas ici l’acception technique qu’a ce terme quand il
désigne l’effectivité du mouvement de l’essence.
116. vorhanden, présentes au sens de données.
117. geschlossene Bestimmungen, conclues sous mode syllogistique.
118. Hexenkreis, ronde de sorcières.

115
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

et fondé, phénomènes118 et fantômes courent pêle-mêle en


compagnie indissociée et jouissent d’un rang égal les uns avec
les autres.
A propos de l’entreprise formelle de ce type-d’explication à
partir de fondements, on entend en même temps dire aussi de
nouveau, nonobstant tout acte-d’expliquer à partir de forces
et de matières bien-connues, que nous ne connaissons pas Vessence
intérieure de ces forces et matières elles-mêmes. Ce qu’il faut
voir là, c’est seulement l’aveu que cet acte-de-fonder est à
soi-même pleinement insuffisant ; qu’il requiert même quelque-
chose de tout autre que de tels fondements. Seulement il est alors
impossible de voir pourquoi donc l’on fait cet effort avec cet
expliquer, pourquoi on ne cherche pas l’autre-chose, ou au moins
pourquoi l’on ne laisse pas de côté cet acte-d’expliquer en en
restant aux faits simples.

b.
Le fondement réel

La déterminité du fondement est, comme il s’est montré, d’une


part déterminité de la base ou détermination-de-contenu ; d’autre
part l’être-autre dans le rapport-fondamental lui-même, savoir
l’état-de-différenciation de son contenu et de la forme ; le rapport
mu de fondement et fondé se déploie comme une forme extérieure
dans le contenu120, lequel est indifférent en regard de ces déter­
minations121. — Mais en fait les deux ne sont pas extérieurs
l’un à l’autre ; car le contenu consiste à être l'identité à soi-même
du fondement dans le fondé, et du fondé dans le fondement.
Le côté du fondement s’est montré être lui-même quelque chose
de posé, et le côté du fondé lui-même le fondement ; chacun est
en lui-même cette identité du tout. Mais parce qu’ils appartiennent
en même temps à la forme et constituent son état-de-différencia-
tion déterminé, chacun est dans sa déterminité l’identité du tout
à soi. Chacun a ainsi un contenu différent122 en regard de l’autre.

119. Phànomene.
120. an dem Inhalte.
121. Cf. ci-dessus, p. 111, note 85.
;122; f*nen verschiedenen Inhalt, un contenu divers. — Transition capitale :
1 identité formelle du fondement et du fondé dans l’unité du rapport fonda­
mental fait que chacun, dans sa particularité « fonctionnelle », est le tout;
or deux totalités particulières diffèrent par leur contenu. Les lignes prochaines
présentent un raisonnement à la fois identique et inverse : puisque le contenu

116
l’essence comme réflexion

— Ou, à considérer [les choses] du côté du contenu, puisqu’il est


l’identité à soi comme [identité] 123 du rapport-fondamental, il 83
a essentiellement cette différence-formelle en lui-même, et est
comme fondement un autre que [ce qu’il est] comme [quelque
chose de] fondé.
Maintenant, du fait que fondement et fondé ont un contenu
divers, le rapport-fondamental a cessé d’être un [rapport] formel ;
le retour dans le fondement et l’acte-de-sortir de lui vers le
posé n’est plus la tautologie ; le fondement est réalisé. Par consé­
quent, quand on interroge sur un fondement, on réclame à
proprement parler pour le fondement une autre détermination-
de-contenu qu’est celle sur le fondement de laquelle on interroge.
Ce rapport se détermine maintenant plus avant124. Dans la
mesure en effet où ses deux côtés sont [un] contenu divers, ils
sont indifférents l’un en regard de l’autre ; chacun est une
détermination immédiate identique à soi. En outre, rapportés
l’un à l’autre comme fondement et fondé, le fondement est le
réfléchi dans soi dans l’autre125 comme dans son être-posé ; le
contenu, donc, qu’a le côté du fondement est aussi bien, dans
le fondé ; celui-ci, [entendu] comme le posé, a seulement en [112]
celui-là son identité à soi et son subsister. Mais en dehors de
ce contenu du fondement le fondé a désormais aussi son [contenu]
propre, et est ainsi l'unité d’un contenu double. Celle-ci, main-
tenant, est certes, comme unité de [termes] différents, leur
unité négative, mais, parce que ce sont des déterminations-de-
contenu indifférentes l’une en regard de l’autre, elle est seule­
ment leur rapport vide, en elle-même dépourvue-de-contenu, non

des deux est le même dans l'unité du rapport-fondamental, la particularité


« fonctionnelle » qui les rapporte l’un à l'autre dessine en chacun une diffe-
rence formelle par rapport à l’autre. De la sorte, tant du point de vue du
contenu que de celui de la forme, les deux termes en relation se distancient
l’un de l’autre en raison même de leur unité à l’intérieur du rapport-fonda­
mental ; il n’y a plus seulement recouvrement vide et tautologique, mais mise
au jour d’une « raison » à la fois identique et différente. Le rapport formel,
sans rien perdre de l’adéquation de ses termes, s’accomplit en rapport reel.
123. Lasson supplée ici ce que l’on pouvait comprendre comme sous-entendu
dans le texte original. Il écrit : « ..., weil er die Identitàt als [die] der Grand-
beziehung mit sich ist, ... ».
124. Transition. Assuré le principe de la diversité de contenu entre fonde-
ment et fondé (et donc assurée la réalité du rapport-de-fondement), il faut
maintenant rentrer dans la détermination plus précise de ce rapport reel. Voila
qui nous conduira (pour sauvegarder l’identité qu’implique le rapport-fonda­
mental) à reconnaître, dans le fondé, une identité essentielle de contenu avec
le fondement, et une diversité inessentielle. Quelque chose se reproduit ici de
la relation dialectique Essence/Etre sur laquelle s’ouvrait le présent volume;
cf. ci-dessus, pp. 9 sq.
125. in dent Andern, sans mouvement.

117

deuxième livre : section i

leur médiation ; un Un ou quelque-chose [entendus] comme leur


liaison extérieure.
Dans le rapport-fondamental réel est donc présent126 le double
[aspect], d'abord la détermination-de-contenu qui est fondement
continuée avec soi-même dans l’être-posé, de telle sorte quelle
constitue ce qui, du fondement et du fondé, est simplement127
identique ; le fondé contient ainsi le fondement parfaitement
dans soi, leur rapport est massivité essentielle dépourvue-de-
fondement 12\ Ce qui dans le fondé s’ajoute encore à cette essence
simple est par conséquent seulement une forme inessentielle, des
déterminations-de-contenu extérieures qui comme telles sont libres
du fondement et sont une pluralité immédiate. De cet inessentiel
cet essentiel n’est donc pas le fondement, et il n’est pas non
plus fondement du rapport des deux l’un à l’autre dans le
fondé. C’est quelque chose de positivement identique, qui est
immanent au fondé 12°, [qui] pourtant ne se pose là dans
H aucune différence-formelle, mais [qui], comme contenu se rap­
portant à soi-même, est base positive indifférente. —130 Ensuite,
ce qui dans le quelque-chose est lié avec cette base est un contenu
indifférent, mais comme le côté inessentiel. Le point-capital est
le rapport de la base et de la pluralité inessentielle. Mais ce
rapport, parce que les déterminations rapportées sont contenu
indifférent, n’est pas non plus fondement ; l’une est certes déter­
minée comme contenu essentiel, l’autre seulement comme contenu
i3] inessentiel ou posé, mais comme contenu se rapportant à soi
cette forme est extérieure aux deux. Le Un du quelque-chose,
qui constitue leur rapport, est pour cette raison, non pas rapport-
formel, mais seulement un lien extérieur, qui ne contient pas
le contenu inessentiel varié comme [contenu] posé ; il n’est donc
également que base131.

126. vorhanden, présent au sens de donné.


127. einfach, qui, dans le contexte, a pratiquement le même sens restrictif
qu’aurait bloss.
a128. Entendons : selon ce premier aspect, qui insiste sur la continuité et
même sur l’identité essentielle du fondement et du fondé, le rapport-de-fonde-
ment serait paradoxalement détruit, puisqu’il n’y aurait pas de différence
reelle de 1 un a 1 autre. Sans doute, il vient d’être acquis que cette différence
de contenu existe bien : reste donc à la considérer, dans le fondé, comme
quelque chose de second, et donc d'inessentiel. Mais on risque par là de poser
a nnV6jU u?e * base * indifférente, extérieure au rapport-de-fondement.
129. das dem Begründeten inwohnt.
Lasson ^ ***** r^act*onneh 9U* se trouve bien dans l’original, a été omis par

13iV- V<jl c®n“®en,t la diversité de contenu, justement capitale pour


l intelligence de la réalité du fondement, se trouve tirée, comme le dira le

118
l’essence comme Réflexion

Le fondement, tel qu’il se détermine comme [fondement] réel


se décompose ainsi, en raison de la diversité-de-contenu qui cons­
titue sa réalité, dans des déterminations extérieures. Les deux
rapports, le contenu essentiel^ comme l'identité simple immédiate
du fondement et du fondé,132 et ensuite le quelque-chose comme
le rapport du contenu différent, sont deux bases diverses ; la
forme identique à soi du fondement, [savoir] que la même-chose
est une fois comme [terme] essentiel, l’autre fois comme [terme]
posé, a disparu ; le rapport-fondamental est devenu ainsi extérieur
à soi-même.
C’est par conséquent maintenant un fondement extérieur qui
met en liaison [un] contenu divers et détermine celui qui est
le fondement et celui qui est ce qui est posé par lui ; ce n’est
c
pas dans le contenu lui-même à-double-aspect que se trouve cette -=
détermination. Le fondement réel est par conséquent rapport à
antre-chose, d’un côté du contenu à [un] autre contenu, de l’autre
côté du rapport-fondamental lui-même (de la forme) à autre-
chose, savoir à un immédiat, [à quelque chose] non posé par
elle133.

Remarque m

Le rapport-fondamental formel ne contient qu’Un contenu


pour fondement et fondé, dans cette identité se trouve sa nécessité, [114]
mais en même temps sa tautologie. Le fondement réel contient
un contenu divers, mais par là la contingence et [1 ]extériorité du
rapport-fondamental font leur entrée. D un côté ce qui se
trouve considéré comme l’essentiel et pour cette raison comme 85
la détermination-fondamentale n’est pas fondement des autres
déterminations qui lui sont liées. D’un autre côté est aussi indé­
terminée [la question de savoir] laquelle de plusieurs détermi-
nations-de-contenu d’une chose concrète doit se trouver prise
paragraphe prochain, vers une extériorité réciproque des ternies en presence.
Pour l'exprimer en d'autres termes : la diversité de contenu ne laisse pas
sauve ici une certaine identité formelle, sans laquelle pourtant il nest plus
de rapport, de quelque ordre qu’il soit. ,
132. L'original porte ici un point-virgule, qui est une( faute évidente. ,
133. Ce temps de disjonction extrême, qui mènerait à l’absurde s’il s opérait
dans l’oubli radical de l'unité posée lors de la détermination du fondement
formel, est ce qui assure la réalité et l’effectivité du rapport en cause. La
prise en compte simultanée des deux éléments exprimera l’unité du fondement
formel et du fondement réel dans le « fondement complet ».
134. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Type-d’explication
formel à partir d’un fondement divers par rapport au fotidé.

119
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

comme l’essentielle et comme fondement ; le choix est par consé­


quent libre entre elles. Ainsi, selon la première perspective, le
fondement d’une maison, par exemple, est le soubassement de
cette même [maison] ; ce par quoi celui-ci est fondement est
la pesa?tteur immanente à la matière sensible, le purement-et-
simplement identique aussi bien dans le fondement que [dans]
la maison fondée. Maintenant, qu’il y ait en la matière pesante
une différence telle que celle d’un soubassement et d’une modi­
fication qui en est distincte, par quoi elle constitue une habitation,
voilà qui est parfaitement indifférent à ce qui est pesant lui-
même, son rapport aux autres déterminations-de-contenu du but,
de la disposition de la maison, etc., lui est extérieur ; par consé­
quent il est bien leur base, mais non pas leur fondement135.
La pesanteur est, aussi bien que fondement de ce qu’une maison
est debout, fondement de ce qu’une pierre tombe ; la pierre
a ce fondement, la pesanteur, dans soi ; mais quelle ait une
13C
autre détermination-de-contenu par quoi elle ne soit pas
simplement quelque chose de pesant, mais pierre, voilà qui est
extérieur à la pesanteur ; en outre est posé par quelque chose
d’autre le fait que précédemment elle se soit trouvée éloignée
du corps sur lequel elle tombe, de même qu’aussi le temps et
l’espace, et leur rapport, le mouvement, sont un autre contenu
que la pesanteur et peuvent (comme on a coutume de parler)
se trouver représentés sans elle, en conséquence ne sont pas posés
essentiellement par elle. — Elle est aussi bien fondement de
ce qu’un projectile dessine le mouvement-de-projection op-posé
-5] au tomber. — De la diversité des déterminations dont elle est
fondement il ressort que quelque chose d’autre en même temps
se trouve requis qui fait d’elle le fondement de cette détermi­
nation ou d’une autre. —
Quand de la nature on dit qu’elle est le fondement du monde,
ce qui se trouve nommé nature est d’un côté une-chose avec
le monde, et le monde rien que la nature elle-même. Mais ils
sont aussi différents, de telle sorte que la nature est plus l’indé­
terminé, ou au moins seulement l’essence du monde identique
à soi, [essence] déterminée dans les différences universelles qui
sont des lois, et [de telle sorte qu’] à la nature, pour qu’elle soit

135. Base (Grundlage) au sens matériel de soubassement (Unterlage) et


nullement au sens de raison (Grund) de ce qui fait que la chose, très concrè-
ce quelle est, dans toutes ses déterminations.
136. etr.e wettere Inhaltsbestimmung, une détermination-de-contenu ulté­
rieure.

120
l’essence comme réflexion

monde1**, s’ajoute encore de l’extérieur une pluralité de déter-


minations. Mais celles-ci n’ont pas leur fondement dans la nature
comme telle, elle est plutôt ce qui est indifférent en regard d’elles 86
[entendues] comme contingences. — C’est la même relation
lorsque Dieu se trouve déterminé comme fondement de la
nature. Comme fondement il est son essence138, elle la contient
dans elle139 et est quelque chose d’identique à elle ; mais elle
a encore une pluralité autre1-10 qui est différente du fondement
lui-même ; elle est le troisième {terme}, dans lequel est lié ce
double [terme] divers ; ce fondement n’est ni fondement de la
pluralité distincte de lui ni de sa liaison avec elle. La nature
ne se trouve par conséquent pas connue à partir de Dieu comme
du fondement, car ainsi il ne serait que son essence universelle,
qui ne la contient pas telle quelle est [comme] essence déter­
minée et nature1 u.
L’acte-d’indiquer des fondements réels devient donc, en raison
de142 cette diversité-de-contenu du fondement, ou à proprement
parler [en raison] de la base et de ce qui est lié à lui143 dans le
fondé, tout autant un formalisme que le fondement formel lui-
même144. Dans celui-ci le contenu identique à soi est indifférent
en regard de la forme ; dans le fondement réel ceci a lieu égale­ [116]
ment. Maintenant, par là vient en outre le fait143 qu’il ne
contient pas en lui-même [ce qui permet de décider] laquelle des
déterminations variées doit se trouver prise comme l’essentielle.
Quelque-chose est un concret de déterminations variées telles
quelles se montrent en lui également constantes et durables. L’une
peut par conséquent aussi bien que l’autre se trouver déterminée

137. um Welt zu sein.


138. C’est-à-dire l’essence de la nature.
139. Entendons : la nature contient dans elle l’essence.
140. eine weitere Aiannigfaltigkeit, une pluralité ultérieure.
141. Dans tous ces exemples, Hegel met en valeur l’existence dun contenu
qui échappe radicalement au simple redoublement tautologique du fondement
formel. Peu importe qu’à ce stade il semble y avoir une rupture de contenu
entre fondement et fondé : cela est le fait, comme il fut dit vers la fin du
paragraphe précédent, de la « représentation » commune. Encore une rois,
le souvenir de l’identité (formelle) dans la différence (réelle) conduira dans
un instant à la détermination d’un fondement enfin « complet ^ t
142. Lasson introduit ici à juste titre un mot omis dans l’original et
nécessaire à son intelligence : um... {willen}. . .
143. On aurait attendu : de ce qui est lié à elle ; mais le texte est ici sans
équivoque possible. Il faut donc comprendre : à lui, c’est-à-dire au fondement
144. Entendons : puisque se trouve exclu du rapport de fondement (comm.
inessentiel) ce qui est différent dans le fondement et le fondé, la relation qui
demeure après cette soustraction ne serait rien de plus qu’un redoublemen
tautologique.
145. Dadurch ist nun ferner der Fait, ... par là est en outre le cas.

121
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

comme fondement ; savoir comme Yessentielle, en comparaison


de laquelle ensuite l’autre ne soit que quelque chose de posé. Se
lie à cela ce qui a été évoqué auparavant, que, lorsqu’est pré­
sente146 une détermination qui dans un cas se trouve regardée
comme fondement d’une autre, il ne suit pas de là que cette
autre soit, dans un autre cas ou en général, posée avec elle. —
La punition, par exemple, a les déterminations variées [qui
font] qu’elle est représailles, en outre exemple intimidant, qu’elle
117
est une menace utilisée par la loi en vue de l’intimidation, éga-
lement quelque chose qui amène le criminel à réfléchir et à
s’amender. Chacune de ces déterminations diverses s’est trouvée
considérée comme fondement de la punition, parce que chacune
est une détermination essentielle et que par là les autres se
trouvent déterminées comme différentes d’elles, en regard d’elle
seulement comme [quelque chose de] contingent. Mais celle qui
se trouve prise comme fondement n’est pas encore toute la
punition elle-même ; ce concret contient aussi ces autres [déter­
minations] qui en lui sont seulement liées à elle sans quelles
S7 aient en elle leur fondement. — Ou un fonctionnaire a de l’habi­
leté professionnelle, a comme individu une parenté, a telle et
telle relation, un caractère particulier, s’est trouvé dans telles et
telles circonstances et occasions de se montrer, etc. Il est possible
que chacune de ces propriétés soit fondement ou se trouve regar­
dée comme fondement148 de ce qu’il a cette fonction ; elles sont
un contenu divers qui est lié dans un tiers ; la forme [qui
consiste à] être déterminée comme l’essentiel et comme le posé
i7] l'un en regard de l’autre lui est extérieure. Chacune de ces
propriétés est essentielle au fonctionnaire, parce que par elles
il est l’individu déterminé qu’il est ; dans la mesure où la
fonction peut se trouver considérée comme une détermination
extérieure posée, chaque [propriété] peut être déterminée comme
fondement en regard d’elle, mais aussi bien, à l’inverse, ces
[propriétés] peuvent être regardées comme [propriétés] posées
et la fonction comme fondement de ces mêmes [propriétés].
Comment elles se comportent effectivement, c’est-à-dire dans le
cas singulier, cela est une détermination extérieure au rapport-
fondamental et au contenu lui-même ; c’est un tiers qui leur
confère la forme de fondement et fondé.
Ainsi, absolument tout être-là peut avoir toutes sortes de

146. vorhanden, présente au sens de donnée.


147. ein vom Gesetz... Angedrohtes.
148. als solcber.

122
L’ESSENCE COMME REFLEXION

fondements [;] 149 chacune de ses déterminations-de-contenu pénè­


tre, comme identique à soi, le tout concret, et peut par consé­
quent être considérée comme essentielle ; aux perspectives, c’est-à-
dire déterminations de toutes sortes, qui se trouvent en dehors
de la Chose même, les portes, en raison de la contingence du
type-de-liaison, sont grandes ouvertes150. — Qu’un fondement
ait telle ou telle conséquence est, pour cette raison, pareillement
contingent1S1. Les mobiles moraux, par exemple, sont déter­
minations essentielles de la nature éthique, mais ce qui découle
d’eux est en même temps une extériorité différente d’eux153,
qui découle d’eux et aussi qui n’en découle pas ; c’est seulement153
par un tiers qu’elle s’ajoute à eux. Plus précisément cela est
à prendre de telle sorte qu’il n’est pas contingent pour la déter­
mination morale, lorsqu'eIle est fondement, d’avoir une consé­
quence ou quelque chose de fondé, mais [qu’il est contingent]
qu’elle se trouve faite en général fondement ou non154. Seule­
ment, comme le contenu qui est sa conséquence lorsqu’elle s’est
trouvée faite fondement a aussi à nouveau la nature de l'exté­
riorité, il peut se trouver sursumé immédiatement par une autre
extériorité. A partir d’un mobile moral une action peut donc
venir au jour ou non1-’'’. Inversement, une action peut avoir [118]
des fondements de toutes sortes ; elle contient, [entendue]
comme quelque chose de concret, des déterminations essentielles 88
variées, dont chacune, pour cette raison, peut se trouver indiquée
comme fondement. L’acte-de-rechercher et d’indiquer des fon-

149- Comme Lasson, et pour la plus grande clarté de la lecture, nous met­
tons ici un point-virgule à la place de la virgule que porte l’original.
150. unetidlich aufgetan, ouvertes de façon infinie.
151. L’indétermination de l’avant de la chose (remontée vers la cause ou
le fondement) se redouble évidemment d’une indétermination semblable vers
l’après de la cause ou du mobile (Beweggrund). Autrement dit, -lui ne peut
savoir ce qui résultera d’une réalité posée, puisqu’interviendront dans la suite
des événements une série de circonstances contextuelles parfaitement contin­
gentes (non contenues dans cette « cause ») qui sont censées assurer la
« réalité » du rapport par la « différence s- effective des termes qu’il relie.
152. eine von ihnen verschiedene Aeusserlichkeit, une extériorité diverse
par rapport à eux.
153. erst, temporel.
154. En effet, l’indétermination de la conséquence ne provient pas de la
mise en échec d’une cohérence causale fondamentale, mais de la « liberté »
qui est laissée de prendre tel ou tel élément pour fondement.
155. Hegel, dans sa Phénoménologie de l’Esprit, avait déjà fait l’analyse plus
détaillée, et sous la raison de l’expérience de la conscience, de cette absence de
nécessité logique entre la position d’un précepte moral et l’action concrète ou
plutôt la pluralité d’actions concrètes qui s’engendrent de là : cf. la Raison
législatrice, Ph. G. 301 sq. (I 343 sq.).

123
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

dements, en quoi consiste surtout le raisonnementest pour


cette raison un vagabondage sans fin, qui ne contient aucune
détermination ultime ; on peut à propos de tout157 indiquer un
et plusieurs bons fondements aussi bien qu’à propos de son
op-posé, et une multitude de fondements peuvent être présents158
sans que d’eux rien découle. Ce que Socrate et Platon nomment
sophistication159 n’est rien d’autre que le raisonnement à partir
de fondements ; Platon op-pose à ce même [raisonnement] la
considération de l’Idée, c’est-à-dire de la Chose en et pour soi-
même ou dans son concept. Les fondements sont pris seulement
de déterminations-de-contenu, relations et perspectives essentielles,
dont chaque Chose, précisément comme aussi son contraire, a
plusieurs ; dans leur forme [qui est celle] de l’essentialité, l’une
vaut autant que l’autre; parce quelle ne contient pas toute la
dimension de la Chose, elle est fondement unilatéral, et les autres
côtés particuliers de la Chose100 ont à leur tour [des fondements]
particuliers et dont aucun n’épuise la Chose, laquelle constitue leur
liaison et les contient tous ; aucun n’est fondement suffisant,
c’est-à-dire le concept161.

c.
Le fondement co?nplet

1. Dans le fondement réel, le fondement comme contenu et


comme rapport sont seulement bases. Celui-là est seulement
posé comme essentiel et comme fondement ; le rapport est le
quelque-chose du fondé comme le substrat indéterminé d’un
contenu divers, une liaison de ce même [fondé] qui n’est pas
sa réflexion propre, mais une [réflexion] extérieure et partant
156. dos Rdsonnement a le plus souvent, chez Hegel, un caractère péjoratif.
Ainsi le verbe ràsonnieren, dans la Préface à la Phénoménologie de l’Esprit,
est-il plus proche de « ratiociner » que de « raisonner ».
157. von allem und jedem.
158. vorhanden, présents au sens de donnés.
159. Dans notre traduction de « L’Etre », nous avions rendu Sophisterei
par le néologisme « sophistiquerie ». Nous adoptons maintenant le terme
français « sophistification », à la nuance suffisamment péjorative.
160. deren.
161. 11 est significatif qu’ici (comme plus haut à propos de Platon) Hegel
emploie le terme de Begriff pour marquer la saisie de la réalité dans sa
exture essentielle authentique. La vérité de l’essence (la vérité de son ex­
pression dans 1 immédiateté devenue de l’existence) c’est en effet cela qu’est
m®me tîue Concept, troisième partie de la Logique, est
. .ace eUe'm^me venue à maturité comme Essence. Nous sommes bien là,
n£L?lîilIî0US 1C dlsl0n?,da*s notre Présentation (cf. ci-dessus, p. XIV sq.), au
niveau de la structure référentielle (ontologique) de tout ce qui est.

124
l’essence comme réflexion

seulement une [réflexion] posée. Le rapport-fondamental réel est


par conséquent plutôt le fondement comme [fondement] fil
sur-
sumé; il constitue ainsi plutôt le côté du fondé
ou de l'étre~
posé'*2. Mais, comme être-posé, le fondement lui-même est
maintenant revenu dans son fondement ; il est maintenant quel­
que chose de fondé, qui a un autre fondement. Celui-ci se déter­
mine par là de telle façon qu’il est en premier lieu l'identique
au fondement réel [entendu] comme son fondé ; les deux côtés
ont, selon cette détermination, un seul et même contenu; les
deux déterminations-de-contenu et leur liaison dans le quelque-
chose se trouvent également dans le nouveau fondement. Mais
deuxièmement le nouveau fondement, dans lequel103 s’est sur-
sumée cette liaison extérieure seulement posée, est, comme leur
réflexion dans soi, le rapport absolu 104 des deux déterminations-
de-contenu. 89
Du fait que le fondement réel lui-même est revenu dans
son fondement, l’identité du fondement et du fondé, ou le fonde­
ment formel, se rétablit en lui. Le rapport-fondamental qui a surgi
est pour cette raison le [rapport-fondamental] complet165, qui
contient dans soi en même temps le fondement formel et [le
fondement] réel, et qui médiatise les déterminations-de-contenu
qui, dans le dernier, sont immédiates l’une en regard de l’autre.

2. Le rapport-fondamental s’est ainsi déterminé plus préci-


100
sèment comme suit . Premièrement, quelque-chose a un fonde-

162. Dans le rapport-fondamental réel, l’extériorite relative des deux


termes en cause aboutit à la disparition pratique de toute relation causale
effective entre eux ; ce qui signifie que ce rapport cesse d’être raison et fon-
dement, et que, simple être-posé, il requiert à son tour une justification, un
fondement. Quel peut être ce fondement du fondement défaillant. Les lignes
prochaines nous le préciseront : non pas un nouveau rapport-fondamental
c réel » (ce qui signifierait une sorte de fuite en avant dans le mauvais
mais, grâce à l’égalité réflexive entre l’être-posé et le poser qutl présupposé,
la résurgence de l’identique dans le différent. D’où 1 identité paradoxa e es
deux premiers types de fondement déterminé, — le formel et le ree .
163. in welchen, avec mouvement. . ...
164. Rapport <t absolu ï>, puisque les déterminations-de-contenu q
rassemble (fondement et fondé) ne sont plus extérieures 1 une a au r »
unifiées dans le cercle de la réflexion qui s’instaure ; mais rapport « a
également parce que la totalité ainsi visée n’est encore quen soi et recl
détermination (cette détermination que Hegel introduira, dans un mstan ,
le 2.). On sait en effet qu’ « absolu » a toujours cette signification . ou
bien là, mais non encore explicitement sous sa forme adéquate. ,
165. die vollstandige : complet, et non plus unilatéral et partiel comm
furent le fondement formel et le fondement réel.
166. En effet sa détermination n’est pas à produire comme une réalité
nouvelle : elle résulte d’un certain type de lecture intégratif de ce qui a
été posé.

125
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

ment ; il contient la détermination-de- contenu qui est le fonde-


ment, et encore une deuxième comme [détermination] posée
par lui. Pourtant, comme contenu indifférent, l’une n’est pas
en elle-même fondement, l’autre pas en elle-même le fondé
de celle-là, mais ce rapport est, dans l’immédiateté du contenu,
comme [un rapport] sursumé ou posé, et a comme tel dans un
[120] autre107 son fondement. Ce deuxième rapport, comme différent
seulement selon la forme, a le même contenu que le premier
[rapport], savoir les deux déterminations-de-contenu, mais est
la liaison immédiate de ces mêmes [déterminations]. Cepen­
dant, en tant que ce qui est lié est contenu absolument168 divers,
donc détermination indifférente [des termes] l’un en regard
de l’autre, elle n’est pas leur rapport vraiment absolu de sorte
que l’une des déterminations serait l’identique à soi dans l’être-
posé, l’autre seulement cet être-posé de ce même identique ;
mais un quelque-chose les porte et constitue leur rapport,
non pas réfléchi, mais seulement immédiat, lequel par con­
séquent est seulement fondement relatif en regard de la
liaison dans l’autre quelque-chose. Les deux qtielque-chose sont
donc les deux rapports différents de contenu qui se sont dégagés.
Ils se tiennent dans le rapport-fondamental identique de la
forme; ils sont un seul et même contenu total, savoir les deux
déterminations-de-contenu et leur rapport ; différents, ils le sont
seulement par le type de ce rapport, qui dans l’un est [rapport]
immédiat, dans l’autre rapport posé ; par quoi l’un se distingue
de l’autre seulement selon la forme comme fondement et
fondé160. — Deuxièmement ce rapport-fondamental n’est pas

167. Entendons : dans un autre rapport.


168. iiberhaupt.
169. Ce premier aspect du raisonnement peut se décomposer comme suit :
a) le rapport-fondamental réel, ainsi qu’on l’a vu, requiert lui-même un fon-
dement extérieur qui permette de rassembler en un les deux déterminations-
de-contenu qu’il contient et met en rapport (ou plutôt qu’il ne réussit plus a
mettre en rapport) ; ce second « fondement », extérieur au premier, sera tel
qu’il présente le même enchaînement des deux mêmes contenus (par exemple
la pesanteur et la chute), mais selon une immédiateté qui le pose dans, une
diversité formelle par rapport au premier rapport-fondamental ; b) puisque
dans ce second fondement, il n’y a pas identité réfléchie du fondement et du
fondé, il ne peut s’agir que d’un fondement relatif par rapport au premier
rapport-fondamental (seulement) réel ; c) mais, à l’intérieur du rapport-
fondamental total, le premier rapport-fondamental (qui vaut comme le
fondé) et le deuxième rapport-fondamental (qui vaut comme le fondement),
n ayant entre eux que cette différence de forme (médiation pour le premier,
immédiateté pour le second), ont le même contenu : sous cet aspect, ils se
recouvrent exactement l’un l'autre, — d’où la résurgence de cette identité
qui caractérisait le rapport-fondamental formel.
Les lignes qui suivent montrent que ce retour au « formel » n’a en rien

126
l’essence comme réflexion

seulement formel, mais aussi réel. Le fondement formel passe


dans le réel, comme il s’est montré; les moments de la forme
se réfléchissent dans soi-même ; ils sont un contenu autonome, 90
et le rapport-fondamental contient aussi un contenu propre
comme fondement et un {contenu} comme fondé. Le contenu
constitue d’abord l’identité immédiate des deux côtés du fonde­
ment formel, ainsi ont-ils un seul et même contenu. Mais il a
aussi la forme en lui-même et est ainsi contenu double, qui
se comporte comme fondement et fondé. L’une des deux déter-
minations-de-contenu des deux quelque-chose est par conséquent
déterminée comme leur [étant] non pas simplement commune
selon [une] comparaison extérieure, mais à être leur substrat [121]
identique et la base de leur rapport. En regard de l’autre déter-
mination-de-contenu elle est la [détermination-de-contenu] essen­
tielle et fondement de cette même [détermination-de-contenu
entendue] comme la [détermination-de-contenu] posée, savoir
dans le quelque-chose dont le rapport est la [détermination-de-
contenu] fondée. Dans le premier quelque-chose, qui est le rap­
port-fondamental, cette seconde détermination-de-contenu aussi
est immédiatement et en soi liée à la première. Mais l’autre
quelque-chose contient seulement l’une en soi comme ce en quoi
il est immédiatement identique au premier quelque-chose, tandis
[qu’il contient] l’autre comme celle qui est posée dans lui. La
première détermination-de-contenu est fondement de cette même
[détermination-de-contenu] par le fait que dans le premier quel­
que-chose elle est liée originairement avec l’autre détermination-
de-contenu 17°.
Le rapport-fondamental des déterminations-de-contenu dans le
deuxième quelque-chose est ainsi médiatisé par le premier rapport
étant en soi du premier quelque-chose. Le syllogisme est, parce
que dans le premier quelque-chose la détermination B est liée en
soi avec la détermination A, ainsi dans le second quelque-chose,

exténué la « réalité » précédemment atteinte : nous aurons donc bien tout a


la fois les deux aspects qui font que le fondement est désormais « complet ».
170. On pourrait résumer de la sorte ce second développement : le fon­
dement formel (qui tient dans l’identité de contenu du fondement et du fonde
dans les deux « quelque-chose ») s’accomplit de soi-même dans le fondement
réel ; en effet, du fait de la différence de forme (médiation et immédiateté)
dans chacun des moments du rapport-fondamental total, le contenu, identique
dans les deux, se trouve spécifié ; plutôt qu’identique, il doit donc être dit,
plus justement, double ou redoublé ; et dans ce doublement se retrouve la
différence qui assure la réalité du rapport-fondamental total (le fondement
et le fondement du fondement). Le prochain paragraphe donne un exemple,
parfaitement clair de cette marche du raisonnement.

127
6
. - ■'e

DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

auquel ne revient immédiatement que la seule détermination A,


B est aussi lié à lui. Dans le second quelque-chose, ce n’est pas
seulement la seconde détermination qui est médiate, mais est
médiatisé aussi le fait que sa [détermination] immédiate est fonde­
ment, savoir par son rapport originaire à B dans le premier quel­
que-chose. Ce rapport est ainsi fondement du fondement A, et le
rapport-fondamental total est dans le second quelque-chose [quel­
que chose de] posé ou [de] fondé171.

3. Le fondement réel se montre comme la réflexion extérieure


à soi du fondement ; la médiation complète de ce même [fon­
dement] est le rétablissement de son identité à soi. Mais en tant
que celle-ci a reçu par là en même temps l’extériorité du fonde­
ment réel, le rapport-fondamental formel est ainsi, dans cette
unité de lui-même et du fondement réel, tout aussi bien fon­
dement se posant que se sursumant ; le rapport-fondamental
[122] 91 se médiatise par sa négation avec soi172. En premier lieu, le
fondement, [entendu] comme le rapport originaire, est rapport
de déterminations-de-contenu immédiates. Le rapport-fondamental,
comme forme essentielle, a pour côtés siens des côtés qui sont
[côtés] sursumés ou moments. Par conséquent, comme forme de
déterminations immédiates, il est le rapport identique à soi en
même temps comme rapport de leur négatio?i ; ainsi est-il fon­
dement non pas en et pour soi-même, mais comme rapport au
rapport-fondamental sursumé. — Deuxièmement, le rapport sur-
sumé ou l’immédiat qui, dans le rapport originaire et [dans]
le [rapport] posé, est la base identique est fondement réel éga­
lement non pas en et pour soi-même, mais c’est par cette liaison
originaire qu’est posé qu’il soit fondement. —
Le rapport-fondamental dans sa totalité est ainsi essentielle-

171. Le texte original porte : « und die ganze Grundbeziehung ist xweiten
Ettvas als Gesetztes oder Begründetes ». Il faut évidemment rétablir un im
devent zweiten.
172. Le début de ce paragraphe énonce le résultat du procès dialectique du
fondement, et il le fait, comme il sied, dans les termes du mouvement qui se
trouve structurer ce devenir comme aussi celui de toutes les catégories à venir :
le mouvement de réflexion. Qu’avons-nous atteint en effet ? L’identité à soi
du fondement réel. Hegel traduit : le fait que la réflexion extérieure (2° temps)
se découvre ici en elle-même et à la fois comme ce qui se pose soi-même (1*
temps) et comme ce qui sursume cet acte simple de poser (3° temps). De
la sorte,-1 extraposition des moments du tout se trouve contractée dans l’unité
d un mouvement d’auto-détermination : le fondement (ou, primairement, la
médiation de 1 essence) va se trouver rejoindre la condition (qui est d’abord
du coté de 1 immediateté de l’être). Alors 1’ « être essentiel » pourra venir
au jour comme existence.
128
lîï -

l’essence comme réflexion

ment réflexion présupposante173 ; le fondement formel présuppose


la détermination-de-contenu immédiate, et celle-ci, comme fon­
dement réel, présuppose la forme. Le fondement est donc la
forme comme liaison immédiate ; mais de telle sorte qu’elle se
repousse de soi-même et présuppose plutôt l’immédiateté, se-
rapporte en cela à soi comme à un autre. Cet immédiat est la
détermination-de-contenu, le fondement simple ; mais comme
telm, savoir comme fondement, il est pareillement repoussé
de soi et se rapporte à soi également comme à un autre. -— Ainsi
le rapport-fondamental total s’est-il déterminé en médiation condi­
tionnante 17\

C. [123]
LA CONDITION

a.
Le relativement inconditionné

1. Le fondement est l’immédiat, et le fondé le médiatisé.


Mais il est réflexion posante, comme telle il se fait être-posé et
est réflexion présupposante, ainsi se rapporte-t-il à soi comme à
un sursumé, à un immédiat par quoi il est lui-même médiatisé.
Cette médiation, comme acte-de-progresser de l’immédiat au fon­
dement, n’est pas une réflexion extérieure, mais, comme il s’est
dégagé, le faire propre du fondement, ou, ce qui est la même-
chose, le rapport-fondamental, comme réflexion dans l’iden­
tité à soi1'0, est tout aussi essentiellement réflexion extériori­
sante177. L’immédiat auquel le fondement se rapporte comme

173. Ici s’accomplit, dans le présupposer, l’unité du poser et de Y être-posé.


Le fondement complet est raison de la raison, — fondement formel de la
diversité de contenu du fondement réel ; o.u encore : rapport de rapports,
mais qui est de telle sorte que ces rapports, loin de se juxtaposer, se sur-
sument mutuellement en s'accomplissant (étant tous deux à la fois identiques
et différents au double plan de la forme et du contenu).
174. als dies.
175. Sous cette lexie complexe, comme il fut dit plus haut (note 172), il
faut entendre la conjonction de la médiation qu’est l’essence et de l’immédiateté
qui se trouve posée comme condition.
176. als Reflexion in die Identitat, avec mouvement.
177. entaussernde Reflexion. — Le terme est important : il marque la surve­
nance de YEntausserung véritable, autrement dit du type de sortie de soi de
l’intérieur dans sa totalité qui s’exprimera bientôt comme existence. L’extérieur

129
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

92 à sa présupposition essentielle est la condition ; le fondement réel


est par conséquent essentiellement conditionné. La déterminité
qu’il contient est l etre-autre de soi-même m.
La condition est donc premièrement un être-là immédiat varié.
Deuxièmement cet être-là est rapporté à un autre, à quelque-
chose qui est fondement, non pas de cet être-là, mais dans une
autre perspective ; car l’être-là lui-même est immédiat et sans
fondement. Selon ce rapport il est un posé ; l’être-là immédiat
doit, comme condition, être non pas pour soi mais pour autre-
chose. Mais en même temps le fait qu’il est ainsi pour autre-
[1241 chose est lui-même seulement un être-posé ; le fait qu’il est
un posé est sursumé dans son immédiateté179, et un être-là est
indifférent en regard du fait {qui consiste} à être condition.
Troisièmement la condition est de telle manière un immédiat
qu’elle constitue la présupposition du fondement. Dans cette
détermination, elle est le rapport-formel du fondement, [rap­
port-formel] revenu dans l’identité à soi, partant le contenu de
ce même [fondement]. Mais le contenu comme tel est seule­
ment l’unité indifférente du fondement, [unité entendue] comme
dans la forme ; sans forme pas de contenu. Il s’en libère encore
en tant que, dans le fondement complet, le rapport-fondamental
en vient à être un rapport extérieur en regard de son identité ;
par quoi le contenu reçoit l’immédiateté. Dans la mesure par
conséquent où la condition est ce en quoi le rapport-fondamental
a son identité à soi, elle constitue son contenu180 ; mais parce
qu’il est l’indifférent en regard de cette forme, il est seule­
ment en soi son contenu181, quelque chose qui doit seulement182
devenir contenu, partant qui constitue le matériau pour le
fondement. Posé comme condition, l’être-là, d’après le second
moment, a la détermination de perdre son immédiateté indiffé­
rente et de devenir moment d’un autre. Par son immédiateté, il
est indifférent en regard de ce rapport ; mais, dans la mesure

n’est plus, dès lors, ce qui met en cause la vérité du fondement intérieur, mais
ce qui assure son effectivité.
178. L etre-autre de soi-même, — mais identique à soi, puisque la « réalité »
du fondement, par le biais de la présupposition qu’implique et déploie le
rapport-fondamental total, a rejoint le recouvrement « formel » des deux
déterminations-de-contenu.
ion seiner Unmittelbarkeit, sans mouvement.
, seinen Inhalt. Il faut sans doute entendre : le contenu du fondement
(Grund, masculin).
. Nous comprenons : le contenu du r<2ppor/-fondamental
{Grundbeztehung, féminin).
182. erst, temporel.

130
l’essence comme réflexion

où il entre dans ce même [rapport], il constitue Yêtre-en-soi


du fondement et est pour ce même [fondement] l’inconditionné.
Pour être condition, il a en le fondement sa présupposition et est
lui-même conditionné ; mais cette détermination lui est exté-
• 183
rieure .

2. Quelque-chose n’est pas par sa condition ; sa condition n’est


pas son fondement. Elle est le moment de l’immédiateté incondi­
tionnée pour le fondement, mais n’est pas elle-même le mouve­
ment et le poser qui se rapporte négativement à soi et fait de
soi l’être-posé. A la condition, par conséquent, fait face le
rapport-fondamental. Quelque-chose, en dehors de sa condition, 93
a aussi un fondement. — Celui-ci est le mouvement vide de la [125]
réflexion, parce qu’elle a l’immédiateté comme sa présupposi­
tion en dehors d’elle. Mais elle est la forme totale et le média­
tiser autonome ; car la condition n’est pas son fondement. En
tant que ce médiatiser se rapporte à soi comme poser184, selon
cet aspect il est également quelque chose d’immédiat et à!in­
conditionné ; il se présuppose, certes, mais comme poser exté­
riorisé ou sursumé ; ce qu’il est, par contre, selon sa détermi­
nation, il l’est en et pour soi-même185. — Dans la mesure

183. Nous comprenons ici le paradoxe qui fait que la présente analyse de
la condition s’ouvre sur un développement consacré au « relativement incondi­
tionné » (avant que de se poursuivre par un autre développement consacré à
1’ « inconditionné absolu »). Voilà qui provient de l’exigence primordiale qui
s’est fait jour depuis le début de l’exposé consacré au fondement : le simple
recouvrement des deux termes du rapport-fondamental n’exprime qu’une tau­
tologie ; il lui faut donc se conjuguer avec une différence effective et bien
« réelle » de ces deux moments. Ce qui, dans le passage actuel, s’exprime de
la sorte : au sein du rapport (qui est rapport de rapports) qui structure le
« fondement complet », le terme (le rapport) qui est raison se trouve être,
dans son immédiateté, pleinement indifférent au fait d’être tel, — et ce au
double plan de la forme et du contenu. 11 est donc l'inconditionné, qui ne
devient condition que dans et par le rapport-fondamental dans lequel il vient
à s’inscrire, autrement dit relativement à lui. Ainsi l’identité atteinte d’aventure
se posera-t-elle hors de la simple pétition de principe qui la guette toujours.
184. L’original porte als Se-zen (le mot étant scindé par la fin de la ligne).
C’est évidemment Setzen qu'il faut lire. (Pour cette fois, Léopold von Henning,
dont le texte a été repris dans l’édition Glockner, a tout naturellement rétabli
lui aussi le mot.)
185. Face à l’inconditionné qui devient condition, le rapport-fondamental
(qui sera raison, précisément, de cette détermination) est d’abord, lui aussi, un
immédiat inconditionné. Les lignes prochaines insisteront même sur 1’ « auto­
nomie » relative de ce second terme du rapport total (autonomie sanctionnée
par l’affirmation d’une différence de contenu). Hegel, après la résurgence de
la pleine identité formelle dans le fondement réel, a pour souci premier de
bien souligner que cela ne signifie pas un illusoire retour à la simple tauto­
logie.

131

i
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

ainsi où le rapport-fondamental est rapport autonome à soi


et a l’identité de la réflexion en elle-même, il a un contenu
« / propre en regard du contenu de la condition. Celui-là est
contenu du fondement, et, pour cette raison, essentiellement
formé ; celui-ci par contre n’est que matériau immédiat auquel
le rapport au fondement est en même temps tout aussi exté­
rieur qu’il188 constitue aussi letre-en-soi de ce même [fonde­
ment] ; il est ainsi un mélange de contenu autonome, qui n’a
aucun rapport au contenu de la détermination-fondamentale, et
de contenu qui entre dans elle et, [entendu] comme son matériau,
doit devenir moment de cette même [détermination-fondamen­
tale].

3. Les deux côtés du tout, condition et fondement, sont donc,


d’un côté, des [côtés] indifférents et inconditionnés l’un en regard
de l’autre ; l’un comme le non-rapporté, auquel le rapport dans
lequel il est condition est extérieur ; l’autre comme le rapport
ou [la] forme pour lesquels l’être-là déterminé de la condition
est seulement comme matériau, comme quelque chose de passif,
dont la forme, qu’il a pour soi en lui, est une [forme] inessentielle.
En outre ils sont aussi tous deux des [côtés] médiatisés. La condi­
tion est Yêtre-en-soi du fondement ; elle est tellement moment
essentiel du rapport-fondamental qu’elle est l’identité simple à
soi de ce même [fondement]. Mais cela est aussi sursumé ; cet
J] être-en-soi est seulement un [être-en-soi] posé ; l’être-là immédiat
est indifférent en regard du fait d’être condition. Que la condi­
tion soit Yêtre-en-soi pour le fondement constitue donc le côté
selon lequel elle est une [condition] médiatisée. Pareillement le
rapport-fondamental a, dans son autonomie, également une pré-
supposition, et son être-en-soi en dehors de soi. — Ainsi cha­
cun des deux côtés est-il la contradiction de l’immédiateté indif­
férente et de la médiation essentielle, les deux dans Un rapport ;
— ou la contradiction du subsister autonome et de la déter­
mination [qui consiste] à n’être que moment187.

186. es : il s’agit du matériau, — le simple en-soi de l’immédiat incondi­


tionné qui ne devient condition que par son inscription dans la totalité
« autonome » qu’est le rapport-fondamental dont il rendra raison (comme
fondement de ce fondement).
187. Le fait que chaque terme soit l’immédiat et l’inconditionné par rapport
à 1 autre, loin de s’opposer à cet autre, fait qu’ils ne sont ce qu'ils sont
(respectivement condition et rapport-fondamental) que l’un par l’autre, constitue
le contenu et 1 effectivité de cette relation qui les rapporte structurellement
1 un à 1 autre. Immédiateté et médiation tendent enfin à se recouvrir pleine­
ment.

132
l’essence comme réflexion

b.
9^
Uinconditionné absolu

Les deux relativement-inconditionnés paraissent tout d’abord


chacun dans l’autre188 ; la condition [entendue] comme [quel­
que chose d’d immédiat [paraît] dans le rapport-formel du fon­
dement180, et celui-ci dans l’être-là immédiat109 [entendu] comme
son être-posé ; mais chacun, en dehors de cette apparence de
son autre en lui, est autonome et a son contenu propre191.
D’abord la condition est être-là immédiat; sa forme a les
deux moments, Yêtre-posé, selon lequel, [entendu] comme con­
dition, il est matériau et moment du fondement ; — et Yêtre-en-
soi, selon lequel il constitue l’essentialité du fondement ou sa
réflexion simple dans soi. Les deux côtés de la forme sont exté­
rieurs à l’être-là immédiat ; car il est le rapport-fondamental
sursumé. — Mais premièrement l’être-là en lui-même est seule­
ment ceci : se sursumer dans son immédiateté et aller au gouffre192.
L'être n’est absolument que103 le parvenir à l’essence; c’est sa
nature essentielle de faire de soi le posé et l’identité qui, par
la négation de soi, est l’immédiat101. Les déterminations-formelles [127;
donc, de letre-posé et de l’être-en-soi identique à soi, la forme,
par quoi l’être-là immédiat est condition, ne lui sont par consé­
quent pas extérieures, mais il est cette réflexion elle-même.
Deuxièmement, comme condition, l’être est maintenant posé
aussi comme ce qu’il est essentiellement ; savoir comme mo-
ment, donc d’un autre, et en même temps comme l’être-en-soi
également d’un autre ; mais il est en soi seulement par la néga­
tion de soi, savoir par le fondement et par sa réflexion se sursu-

188. in das andere, avec mouvement.


189. in die Vormbeziehung des Grandes, avec mouvement.
190. in das unmittelbare Dasein, avec mouvement.
191. Il faut entendre, dans la ligne de l’analyse précédente, que cette
« autonomie » n'est point indifférence radicale (faute de quoi ne subsisterait
que l’immédiateté, sans plus nulle trace de médiation), mais quelle est telle
que chacun des termes (condition et fondement) est bien, comme il se révélera,
la totalité du rapport.
192. zu Grande : au gouffre et au fondement.
193. îiberhaupt nur. >v .
194. Affirmation capitale, où s’exprime pour la première fois le lait que,
sous la détermination du rapport entre condition et fondement, cest la relation
totale entre être et essence qui se joue. Notons la force de 1 expression ; cest
en vertu de sa propre nature essentielle que l’être est (posé) comme immédiat .
il est cette réflexion. Et ce (pleinement) immédiat (pleinement) médiatise,
c’est l’existence.

133
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

mant et partant se présupposant ; l’être-en-soi de l’être est ainsi


seulement quelque chose de posé. Cet être-en-soi de la condition
a les deux côtés, {qui consistent] à être d’un côté son essentialité195
comme [essentialité] du fondement, mais d’un autre côté l’immé-
diateté de son être-là106. Ou plutôt les deux sont la même-chose.
L’être-là est quelque chose d’immédiat, mais l’immédiateté est
essentiellement le médiatisé, savoir par le fondement se sursu-
mant soi-même. [Entendu] comme cette immédiateté médiatisée
par le médiatiser se sursumant, il est en même temps l’être-en-
soi du fondement et l’inconditionné de ce même [fondement] 197 ;
mais cet être-en-soi n’est en même temps lui-même à nouveau
tout aussi bien que moment ou être-posé, car il est médiatisé.
95 — La condition est par conséquent la forme totale du rapport-fon­
damental ; elle est 1'être-en-soi présupposé de ce même [rapport-
fondamental], mais par là elle-même un être-posé198, et son immé­
diateté consiste à faire de soi letre-posé ; partant à se repousser
de soi-même de telle manière quelle va au gouffre 192 tout aussi
bien qu’elle est fondement, [fondement] qui fait de soi l’être-
posé et partant aussi le fondé ; et les deux sont une seule et
même-chose109.
Dans 200 le fondement conditionné, tout aussi bien, l’être-en-
soi n’est pas seulement comme paraître d’un autre en lui. I1‘
3] est la [réflexion] autonome, c’est-à-dire la réflexion se rapportant
à soi, du poser ; et partant l’identique à soi, ou est 202 dans lui-
même son être-en-soi et son contenu. Mais en même temps il
est réflexion présupposante ; il se rapporte négativement à soi-

195. ihre Wesentlichkeit : l’essentialité de la condition elle-même.


196. ihres Daseins : l’être-là de la condition.
197. L’original porte ici : « ... ist es das zugleioh das Ansicbsein des
Grandes, und das Unbedingte desselben ». Comme Lasson, nous supprimons le
das qui précède zugleich, et qui représente sans doute une simple faute d’im­
pression.
198. Lasson ajoute ici un « est » (« und ihre Unmittelbarkeit {ist} dies... »),
évidemment sous-entendu dans l’original ; mais, le sens étant clair, nous préfé­
rons laisser le texte à sa brachylogie.
199. Le long paragraphe que l’on vient de lire montre ce qui fut annoncé :
que le premier terme de la relation, savoir la condition, est bien la totalité
du rapport, étant elle-même immédiateté (comme simple être-là) et médiation
(précisément comme condition), — et de telle sorte que chacune de ces déter­
minations ne soit que par l’autre. — Les deux prochains paragraphes, qui
constituent le second développement de ce b., exprimeront la même chose
à propos de l’autre terme de la relation, le fondement, d’abord du point de
vue de la forme, ensuite du point de vue du contenu.
200. an.
201. Er : il s agit du fondement conditionné.
202. Lasson écrit ici : « oder (er) ist ». Le texte étant sans ambiguïté, nous
avons omis, comme dans l’original, la répétition du sujet.

134
l’essence comme réflexion

même, et sop-pose son être-en-soi comme autre pour lui, et la


condition, aussi bien selon son moment de 1’être-en-soi que de
l’être-là immédiat, est le moment propre du rapport-fondamental •
letre-là immédiat n’est essentiellement que par son fondement
et est le moment de soi comme [du] présupposer. Ce [fonde­
ment] est par conséquent aussi bien le tout lui-même.
N’est ainsi présent 203 absolument qu’,#i(7» tout de la forme-
mais tout autant seulement Un tout du contenu. Car le contenu -
L
propre de la condition n’est contenu essentiel que dans la mesure :
où il est l’identité à soi de la réflexion dans la forme, ou [dans
la mesure où], [entendu] comme cet être-là immédiat, [il] est
en lui-même le rapport-fondamental. Cet [être-là immédiat] n’est
en outre condition que par la réflexion présupposante du fonde-
ment ; il est son identité à soi-même20”, ou son contenu, auquel
il s’oppose. L’être-là, par conséquent, n’est pas simplement maté­
riau dépourvu-de-forme pour le rapport-fondamental, mais, parce
qu’il a en lui-même cette forme, il est matière formée, et,
[entendu] en même temps comme ce qui est indifférent en
regard d’elle dans l’identité à elle, il est contenu. Il est finale­
ment le même contenu qu’a le fondement, car il est justement
contenu comme l’identique à soi dans le rapport-formel.
Les deux côtés du tout, condition et fondement, sont donc
Une unité essentielle ; aussi bien comme contenu que comme
forme20G. Ils passent l’un dans l’autre par eux-mêmes, ou, en tant
qu’ils sont réflexions, ils se posent eux-mêmes comme [côtés]
sursumés, se rapportent à cette négation [qui est] leur et se pré­
supposent réciproquement. Mais cela est en même temps seulement
Une réflexion des deux, leur acte-de-présupposer, par conséquent, [129:
n’est aussi qu’une-chose ; la réciprocité de ce même [présupposer] 96
passe plutôt dans le fait qu’ils présupposent leur identité Une
comme leur subsister et leur base. Celle-ci, le contenu un et
l’unité-de-forme des deux, est le vraiment inconditionné ; la Chose
en soi-même™. — La condition est, comme il s est dégagé ci-

203. vorhanden, présent au sens de donné.


204. überhaupt mtr. _ . . , _ .
205. Entendons : l’être-là immédiat est l'identité a soi-meme du fondement
206. Avec ce paragraphe commence le troisième développement de ce b.
Désormais, condition et fondement sont pris en même temps et dun seul
mouvement.
207. La totalité, donc, n’est pas seulement faite du rapport d inconditionnés
relatifs ; elle est elle-même, comme totalité, l’inconditionné véritable, — étant
tel parce qu’il se conditionne lui-même. Tel est 1’ « inconditionné absolu », —
totalité qui lèvera l’abstraction rémanente de son absoluité dans la détermi­
nation de l’existence.

135
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

dessus, seulement le relativement-inconditionné. On a coutume,


par conséquent, de la considérer elle-même comme quelque chose
de conditionné, et d’interroger sur une nouvelle condition, par
quoi est introduit l’habituel progrès à l'infini de condition en
condition. Pourquoi maintenant à propos d’une condition interroge-
t-on sur une nouvelle condition, ce qui veut dire pourquoi se
trouve-t-elle prise comme [quelque chose de] conditionné ? Parce
quelle est un être-là fini quelconque. Mais cela est une déter­
mination ultérieure de la condition, qui ne se trouve pas dans
son concept. Seulement, la condition comme telle est quelque
chose de conditionné, pour la raison quelle est letre-en-soi posé ;
elle est par conséquent sursumée dans l’absolument incondi­
tionné208.
Celui-ci, maintenant, contient dans soi, comme ses moments,
les deux côtés, la condition et le fondement ; il est l’unité dans
laquelle ils sont revenus. Tous deux ensemble constituent la forme
ou l’être-posé de ce même [inconditionné]. La Chose incondition­
née est condition des deux, mais la [condition] absolue, c’est-à-
dire la condition qui est elle-même fondement. — Comme fon­
dement, elle est maintenant l’identité négative qui s’est repoussée
dans ces deux moments 209 ; — premièrement dans la figure2,0
du rapport-fondamental sursumé, d’une pluralité immédiate, dé-
pourvue-d’unité, extérieure à soi-même, qui se rapporte au fon­
dement comme [à] quelque chose d’autre pour elle, et en même
temps constitue l’être-en-soi de ce même [fondement] ; deuxième­
ment dans la figure210 d’une forme simple, intérieure, qui est
fondement, mais se rapporte à l’immédiat identique à soi comme
à quelque chose d’autre, et le détermine comme condition, c’est-
0] à-dire [détermine] cet en-soi qui est sien comme son propre
fondement. — Ces deux côtés présupposent la totalité de telle
manière quelle est ce qui pose ces mêmes [côtés]. A l’inverse,
parce qu’ils présupposent la totalité, celle-ci paraît aussi à nou­
veau être conditionnée par ceux-là, et la Chose [paraît] jaillir de
sa condition et de son fondement. Mais en tant que ces deux

208. im absolut Unbedingten, sans mouvement. — Comme toujours chez


Hegel, le changement de plan qu’implique l’infini véritable procède de l’in­
telligence de la non-vérité de la « loi » qui permettait l’engendrement du
mauvais infini. Ce qui, dans ce contexte, s’exprime de la sorte : il n’est pas
de la vérité de la condition comme condition d'être prise d’abord comme
un être-là quelconque ; elle n'est telle en effet qu’en un moment second,
lequel se trouve totalement déterminé, en l'occurence, par l’être-condition de
la condition.
209- ift jene beiden Momente, avec mouvement.
210. ifi die Ges tait, avec mouvement.

136
l’essence comme réflexion

côtés se sont montrés comme l’identique, la relation de condition


et fondement a disparu, ils sont abaissés à une apparence ; l’absolu-
ment inconditionné, dans son mouvement du poser et du pré­
supposer, est seulement le mouvement dans lequel211 cette appa­ 97
rence se sursume. C’est le faire de la Chose que de se conditionner,
et de se placer, comme fondement, en face de ses conditions ;
mais son rapport, comme [rapport] des conditions et du fonde­
ment est un paraître dans soi, et son comportement à leur égard
est son acte-de-coïncid-er avec soi-même™.

c.
Venue au jour de la Chose dans Vexistence213

L’absolument inconditionné est le fondement absolu identique à


sa condition ; la Chose immédiate, [entendue} comme la [Chose] . .
vraiment essentielle 21\ Comme fondement elle se rapporte néga­
tivement à soi-même, fait de soi letre-posé, mais 1 etre-posé qui
est la réflexion complète dans ses côtés et le rapport-formel identi­
que à soi dans eux, comme son215 concept s’est dégagé. Cet
être-posé est par conséquent, en premier lieu21C, le fondement sur-
211. in welcher, sans mouvement.
212. La Chose {Sache) est identique, dans son existence, à la totalité déployée
de ses conditions essentielles. Le ressourcement de l'être en lui-même vient à
coïncider ainsi avec la prise en compte de ce qui commande, au plan le plus
extérieur, son effectivité. La Chose est cette totalité intérieure et extérieure, qui
lui permet de se poser elle-même (comme essence) pour ce qu’elle est (comme
existence).
213. Ce qui précède montre bien qu’il ne faut pas comprendre le Hervor-
gang (venue au jour, sortie, émérgence) comme une translation spatiale entre
deux termes qui demeureraient à l’extérieur l’un de l’autre : l’extériorité de
l’existence est ici la venue au jour de l'intériorité même de l’essence.
214. L’original porte : als die wahrhaft Wesenhafte. Mais, étant donne
que « wesenhafte » est ici manifestement un adjectif, la majuscule est une
erreur d’impression.
215. Il s’agit du concept de la réflexion complète.
216. Sous ce premier aspect (qui s’étend jusqu’à la fin de ce long para­
graphe), Hegel exprime à nouveau ce qui, dans la Chose, et sous le nom
de condition(s), ressortit à l’immédiateté de l’être. Mais, à lire ce texte d une
parfaite clarté, l’on verra une nouvelle fois, et de façon plus nette que jamais,
que cette immédiateté de l’être n’est telle (c’est-à-dire n’est vraiment immé-
diateté) que lorsqu’elle est habitée d’un mouvement de réflexion qui fait delle
une immédiateté posée, et, de façon plus précise, une immédiateté présupposée
comme conditionnante. Nous avions déjà rencontré, dans notre traduction
du premier Livre, un texte parlant de cette économie réflexive de la structure
de l'Etre lui-même {op. cit., p. 53, et note 5) ; nous comprenons main­
tenant, au sens technique dé ce terme, le « fondement s- d’une telle affir­
mation : il tient en ce que, comme il sera dit vers la fin de ce paragraphe»
l’Etre n’est pas un terme vraiment premier, — dans la mesure où son immé-

137
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

sumé, la Chose [entendue} comme l’immédiat dépourvu-de-ré-


flexion ; le côté des conditions. Ce [côté] est la totalité des déter­
minations de la Chose, — la Chose même217, mais projetée dans
l’extériorité de l’être ; le cercle218 rétabli de l’être. Dans la condi­
1131] tion l’essence délaisse l’unité de sa réflexion-dans-soi comme une
immédiateté, mais qui a désormais la détermination d’être présup­
position conditionnante et de ne constituer essentiellement qu’un de
ses côtés. — 219 Les conditions, pour cette raison, sont le contenu
total de la Chose, parce quelles sont l’inconditionné dans la
forme de l’être dépourvu-de-forme. Mais, en raison de cette
forme, elles ont également encore une autre figure que les
déterminations du contenu tel qu’il est dans la Chose comme
telle. Elles apparaissent comme une pluralité dépourvue-d’unité,
mélangée avec de l’extra-essentiel et d’autres circonstances qui
n’appartiennent pas au cercle de l’être-là dans la mesure où il
constitue les conditions de cette Chose déterminée. — Pour la
Chose absolue non-bornée, c’est la sphère de l’Etre lui-même qui
est la condition. Le fondement qui revient dans soi la pose
comme l’immédiateté première à quoi il se rapporte comme à son
inconditionné. Cette immédiateté, [entendue] comme la réflexion
sursumée, est la réflexion dans l’élément de l’être, lequel donc
s’élabore comme tel en un tout ; la forme se développe et pro­
lifère221 comme déterminité de l’être, et apparaît ainsi comme un
contenu varié divers par rapport à la détermination-de-réflexion et
8 indifférent en regard d’elle. L’inessentiel que la sphère de l’Etre
a en elle, et dont elle se débarrasse dans la mesure où elle est

diateté « extra-essentielle » n’est réellement déterminée pour ce qu’elle est,


qu’en étant assumée comme condition.
217. La Sache selbst, dès le temps de la Phénoménologie de l’Esprit (cf.
déjà la première phrase de la « Certitude sensible », mais aussi les textes
postérieurs de la « Raison » et de 1’ « Esprit » qui en traitent directement :
285, I 324 et 451/14, II 176/13), est pour Hegel la Chose en vérité, telle
qu’elle peut se poser, comme avérée et véri-fiée, dans son déploiement plénier.
Ici, cette réalité véritable à laquelle nous touchons enfin (et dont la première
forme, dans un instant, va être l’Existence) n’est encore envisagée, ea ce
premier développement, que sous l’aspect de son « extériorité » dépourvue-de-
forme. Mais cette extériorité se pose et se détermine elle-même comme
telle : elle est donc dès maintenant, non plus immédiateté immédiate, mais
immédiateté devenue, — immédiateté qui est de l’ordre de la réflexion et
donc de l’essence.
218. Kreis n’est pas à entendre ici au sens technique de « cercle » dia­
lectique du mouvement réflexif, mais presque au sens neutre de « domaine ».
Ce que Hegel va appeler plus bas la « sphère » de l’Etre.
219. Ce trait rédactionnel, omis par Lasson, se trouve bien dans l’original.
220. es : il s’agit de l’être-là.
221. Nous traduisons par ces deux verbes l’unique verbe allemand
jort-ivuchert.

138
l’essence comme réflexion

condition, est la déterminité de l’immédiateté dans laquelle*2*


l’unité-formelle est immergée. Cette unité-formelle, [entendue]
comme le rapport de l’être, est en lui tout d’abord comme le
devenir, — l’acte par lequel une déterminité de l’être passe dans
une autre. Mais le devenir de l’être est en outre [le] parvenir à
l’essence et le revenir dans le fondement. L’être-là, donc, qui cons­
titue les déterminations, ne se trouve pas en vérité déterminé
par un autre comme condition et utilisé comme matériau; mais
il fait de soi, par soi-même, le moment d’un autre223. — Son
devenir, en outre, n’est pas un acte-de-commencer à partir [132
de soi comme le vraiment premier et immédiat ; mais son immé-
diateté est seulement le présupposé ; et le mouvement de son
devenir est le faire de la réflexion elle-même. La vérité de l’être-
là est par conséquent d’être condition ; son immédiateté est seu­
lement par la réflexion du rapport-fondamental, qui se pose lui-
même comme [rapport-fondamental] sursumé. Le devenir est ainsi,
comme l’immédiateté, seulement l’apparence de l’inconditionné,
en tant que celui-ci se présuppose lui-même et a en cela sa forme ;
et l’immédiateté de letre n’est par conséquent essentiellement que
moment de la forme.
L’autre côté de cet acte-de-paraître de l’inconditionné est le
rapport-fondamental comme tel, déterminé comme forme en re­
gard de l’immédiateté des conditions et du contenu224. Mais il
est la forme de la Chose absolue, laquelle a en elle-même l’unité
de sa forme avec soi-même ou son contenu, et [qui], en tant
qu’il le 225 détermine en condition, sursume, dans ce poser lui-
même, sa diversité 220 et fait de lui le moment ; de même qu’à

222. in ivelche, avec mouvement.


223. L’original porte : zum Moment eines andern ; il faut évidemment lire :
zum Momente. — On voit l’éclairage nouveau que reçoit le mouvement du
« devenir », caractéristique de l’Etre. A vrai dire, dès son apparition dans
la première triade, il a été dit de lui de façon explicite qu’il n’était^pas simple
transition d’un terme à un autre terme qui lui serait extérieur; lêtre, ^tatt-il
dit, ne passe pas dans le néant, mais il est dès toujours passé en lui (cf.
« L’Etre », p. 59), — et dans cet être éternellement passé était déjà atteinte
l’intemporalité des structures de l'Essence (cf. ci-dessus, p. 2, note 2). Mais,
au fil du déploiement du premier Livre, cet aspect fondamental s était occu
pour laisser place au simple Uebergehen. Ce « devenir » quelque peu deva ue
paraît maintenant pour ce qu’il est : une simple « apparence » (Schetn), qui
désigne dans sa propre intériorité le mouvement qui la fait « apparaître »
(erscheinen) en vérité.
224. Second aspect de la Chose : le rapport-fondamental lui-meme,
qui assume et thématise le mouvement de réflexion grâce auquel, precisemen,
l’immédiat premier et inconditionné peut être posé comme condition.
225. Il s’agit du contenu.
226. seine Verschiedenheit : il s’agit de la diversité du contenu.

139
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

l’inverse elle se donne, dans cette identité à soi, [à elle qui est}
forme dépourvue-d’essence 227, l’immédiateté du subsister. La ré­
flexion du fondement sursume l’immédiateté des conditions, et les
rapporte à des moments dans l’unité de la Chose ; mais les con­
ditions sont ce qui est présupposé par la Chose même incondi­
tionnée, elle sursume donc par là son propre poser ; ou son
poser •se fait ainsi immédiatement tout aussi bien le devenir.
— Tous deux sont par conséquent Une unité ; le mouvement
des conditions en elles-mêmes est devenir, acte-de-revenir dans
le fondement et de poser 228 le fondement ; mais le fondement,
[entendu] comme [fondement] posé, c’est-à-dire comme [fon­
dement] sursumé, est l’immédiat 229. Le fondement se rapporte
99 négativement à soi-même, se fait être-posé et fonde les condi­
[133] tions; mais, du fait qu’ 230 ainsi l’être-là immédiat est déterminé
comme quelque chose de posé, le fondement le sursume et se
fait seulement alors231 fondement. — Cette réflexion est donc la
médiation de la Chose inconditionnée avec soi par sa négation.
Ou plutôt la réflexion de l’inconditionné est d’abord acte-de-pré-
supposer, mais ce sursumer d’elle-même est immédiatement poser
déterminant; deuxièmement, elle est en cela immédiatement acte-
de-sursumer le présupposé et de déterminer à partir de soi ; ainsi
ce déterminer est-il à nouveau acte-de-sursumer le poser et est
le devenir en soi-même. En cela a disparu la médiation [entendue]
comme retour à soi par la négation ; elle est réflexion simple
paraissant dans soi, et devenir absolu dépourvu-de-fondement.
Le mouvement de la Chose, [qui consiste] à se trouver posée par
ses conditions d’un côté et d’un autre côté par son fondement,
est seulement le disparaître de l’apparence de la médiation. Le
devenir-posé de la Chose est par là un acte-de-venir au jour'*'\
le se produire simple dans l’existence 233 ; mouvement pur de la
Chose vers elle-même.
227. Affirmation paradoxale : le « rapport-fondamental » est dit ici
« dépourvu-d’essence ». Il l’est en effet dans la mesure où il serait envisagé
dans son unilatéralité abstraite. L’essence n’est essence que dans son rapport
structurel à l’immédiateté devenue de l’existence. D’où la nouvelle évocation,
dans les lignes prochaines, du « devenir » qui les rapporte l’une à l’autre.
228. Lasson écrit ici : zum Setzen. Mais l’original, dont le sens est très
clair, porte bien : imd Setzen.
229. Dernière étape : après avoir considéré le mouvement essentiel des
conditions et le retour du rapport-fondamental à l’immédiateté, Hegel prend
ces deux aspects d’un seul mouvement pour marquer leur recouvrement et
leur unité véritable.
230. darin, dass : en ce que.
23L erst, temporel.
232. ein Hervortreten : cf. ci-dessus, p. 137, note 213.
233. *n die Existenz, avec mouvement. — Il faut comprendre : l’acte simple

140
l’essence comme réflexion

Quand toutes les conditions d'une Chose sont présentes2W, alors


elle entre dans l’existence 2“J. La Chose est avant que d’exister ; et
elle est premièrement comme essence, ou comme inconditionnée ;
deuxièmement elle a être-là, ou est déterminée, et ceci de la dou­
ble manière considérée, d’un côté dans ses conditions, de l’autre
côté dans son fondement. Dans celles-là elle s’est donné la forme
de l’être extérieur, dépourvu-de-fondement, parce que, [enten­
due] comme réflexion absolue, elle est le rapport négatif à soi et
fait de soi sa présupposition. Cet inconditionné présupposé236, est
par conséquent l’immédiat dépourvu-de-fondement, dont l’être
n’est rien que d’être là comme [quelque chose de] dépourvu-de-fon­
dement. Quand donc toutes les conditions de la Chose sont pré­
sentes “4, c’est-à-dire quand la totalité de la Chose est posée comme
immédiat dépourvu-de-fondement, alors cette pluralité dis­
persée s'intériorise en elle-même237. — La Chose totale doit238 [1
être là dans ses conditions, ou toutes les conditions sont requises
pour son existence ; car Toutes constituent la réflexion ; ou
l’être-là, parce qu’il est condition, est déterminé par la forme, ses
déterminations sont par conséquent déterminations-de-réflexion,
et avec l’une sont posées essentiellement les autres. — L’intério­
risation des conditions est d’abord l’aller au gouffre 239 de l’être-là
immédiat et le devenir du fondement. Mais par là le fondement L
de se produire comme existence. La Chose, ici, « vient vers elle-même » :
elle vient, de l’intérieur d’elle-même, vers sa propre extériorité condition­
nante, quelle présuppose comme ce qui la pose.
234. vorhanden, présentes au sens de données.
235. in die Existenz, avec mouvement. — Phrase capitale, qui identifie la
Chose à la totalité de ses conditions, — lesquelles sont l’immédiateté de
cette Chose en tant qu’elle se ressource et se détermine en elle-même comme
telle. Cette affirmation servira à l’intelligence de tout le mouvement qui
s’inaugure maintenant avec l’Existence; nous la retrouverons plus loin
dans le développement intitulé : « Nécessité relative ou effectivite reeile,
possibilité et nécessité » : « Lorsque toutes les conditions d une Chose sont
intégralement présentes, elle entre dans [1’] effectivité » (cf. ci-dessous,
p. 258). Preuve nouvelle de l’unité de signification de tous les développe-
ments qui, de l’Existence à l’Effectivité et de celle-ci au Concept, se situeront
tous idésormais dans l’immédiateté retrouvée et ultime de 1’ « être essentiel ».
236. L’original porte ici (faute d’impression) : Dies voraus gesetzte
Unbedingte. Il faut lire : vorausgesetzte. , . . .
237. Nous retrouvons ici le thème du souvenir-interiorisant, de 1 Ennne-
rung, que présuppose l'extériorisation, YEntausserung, de 1 essence dans
l'existence (ou de l’essence comme existence). C’est dans ce mouvement
double et un qu’il faut comprendre l’affirmation de Hegel selon laquelle
l’être précède l’existence ; ce que l’on expliciterait mieux de la sorte : dans
l'existence, être et essence se présupposent mutuellement, — étant, en
langage technique, ses deux « moments », plus primaires et plus fonda-
mentaux.
238. muss : doit nécessairement.
239. daz zu Grtmde gehen : l’aller au gouffre et au fondement.

141
DEUXIÈME LIVRE : SECTION I

est un [fondement] posé, c’est-à-dire que, autant il est fondement,


autant il est sursumé comme fondement, et [est] être immédiat.
Quand donc toutes les conditions de la Chose sont présentes234,
alors elles se sursument comme être-là immédiat et présupposition,
et tout aussi bien se sursume le fondement. Le fondement se mon­
tre seulement comme une apparence qui disparaît immédiate­
ment ; cet acte-de-venir au jour est ainsi le mouvement tau­
tologique de la Chose vers soi, et sa médiation par les conditions
et par le fondement est le disparaître des deux. L’acte-de-venir
au jour dans l’existence est par conséquent immédiat de telle
sorte qu’il n’est médiatisé que par le disparaître de la médiation 240.
La Chose vient au jour hors du fondement. Elle ne se trouve
pas fondée ou posée par lui de telle sorte qu’il resterait dessous,
mais l’acte-de-poser est le mouvement-de-sortie241 du fondement
vers lui-même et le disparaître simple de ce même [fondement].
Par Yunification avec les conditions il reçoit l’immédiateté exté­
rieure et le moment de l’être. Mais il ne la reçoit pas comme quel­
que chose d’extérieur ni par un rapport extérieur ; mais, comme
fondement, il se fait être-posé, son essentialité simple se rassemble
avec soi dans letre-posé 242, et est, dans ce sursumer de soi-même,
l’acte-de-disparaître de sa différence par rapport à son être-posé,
] partant immédiateté essentielle simple. Par rapport au fondé il ne
reste donc pas en arrière comme quelque chose de divers, mais la
vérité de l’acte-de-fonder est que le fondement y est unifié avec
soi-même, et [que], partant, sa réflexion dans autre-chose est sa ré­
flexion dans soi-même 243. La Chose, de même qu’elle est Yincon-
ditionné, est aussi bien également par là ce qui est dépourvu-de-
fondement, et ne vient au jour hors du fondement que dans
la mesure où il est allé au gouffre 244 et n’est pas un [fondement],

240. Cette immédiateté qui est sursomption de la médiation est bien


l’expression de ce que le présent de l’existence est identique à l’intempora-
lité structurelle de 1 etre-devenu de ce qui existe.
241. Herausbewegung. — Ici se sursume (et trouve son sens) la distan­
ciation provisoire et « apparente » de l’essence par rapport à l’être telle
que Hegel l’avait exprimée dans les premières lignes de « La Doctrine de
l’Essence », sous la double raison d’un semblant d’extériorité spatiale et tem­
porelle (cf. d-dessus, p. 1). L’unité du réel est pleinement reconstituée
dans la surface des choses désormais explicitement habitée par la profondeur
qui les fait être ce qu’elles sont.
242. im Gesetztsein, sans mouvement.
243. seine Reflexion in anderes, seine Reflexion in sich selbst, avec mou­
vement.
244. C est le fondement lui-même qui est zu Grunde gegangen : il est
sursume dans^ et par le redoublement réflexif de lui-même en ses propres
conditions. D ou 1 atteinte de l’immédiateté devenue par quoi Hegel aborde
et définit ici 1 existence, — dépourvue-de-fondement au sens où le fonde-

142

mn
<•

l’essence comme réflexion

[par conséquent elle vient au jour] hors de ce qui est dépourvu-


de-fondement, c’est-à-dire hors de la négativité essentielle propre ou
forme pure.
Cette immédiateté médiatisée par fondement et condition, et
identique à soi par le sursumer de la médiation, est Yexistence. =
=
-

ment serait entendu dans la perspective de ce que l’on appellerait volontiers


une intériorité dualisante. C'est bien, dès maintenant, l’intérieur qui est
extérieur.

...
. '
2 -
wmr

0kï.

<"• •
DEUXIÈME SECTION '36] 10

LE PHÉNOMÈNE ■
1
-

L’essence doit2 apparaître.


L’être est l’abstraction absolue; cette négativité ne lui est
pas quelque chose d’extérieur, mais il est être et rien d’autre
qu’être seulement comme cette négativité absolue. En raison
de cette même [négativité], [l’]être est seulement comme être
se sursumant, et est essence. Mais l’essence, [entendue] comme
l’égalité simple avec soi, est à l’inverse pareillement être. La
Doctrine de l’Etre contient la première proposition : L’être est
essence. La deuxième proposition : L’essence est être constitue le
contenu de la première section de la Doctrine de l’Essence. Mais
cet être que l’essence fait de soi est Y être essentiel, l1existence ;
un être-venu au jour à partir de la négativité et de l’intériorité .
Ainsi apparaît l’essence. La réflexion est le paraître de l’essence

1. Die Erscheinung. — Traduisant erscheineti par « apparaître », nous


pouvions être tentés de rendre Erscheinung par « apparition ». Mais il se
serait agi alors d'une création dans l’ordre du vocabulaire philosophique. Et
le terme, en allemand, n’a pas de différence sensible par rapport à 1 autre
vocable, tiré du grec, dos Vhdnomen. Bernard Bourgeois, dans sa traduction
de la Logique de l’Encyclopédie, s’est donné, pour Erscheinung, les deux
équivalents possibles : « apparition et « phénomène ». Pour notre part,
nous avons opté, malgré ses inconvénients, pour le second de ces termes.
Tout le développement qui vient d’être lu montre bien, en tous cas, quil
faut le débarrasser, autant que possible, de ses connotations kantiennes ; le
« phénomène », ici, c’est l’apparition, sans reste, de l’intérieur comme exté­
rieur.
2. muss, doit nécessairement.
3. Le propos est net : l’existence est bien, comme nous l’avons dit plusieurs
fois, la première unité concrète de l’être et de l’essence, leur commun devenir
et leur acte de passer l’un dans l’autre. Avec elle nous atteignons maintenant,
par-delà toute unilatéralité, le lieu ultime où se rejoignent, pour se déterminer
jusqu’au terme de l’œuvre, la « négativité absolue » de l’immédiat premier
et 1’ « intériorité » de la médiation seconde.

145 ■

;
I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

dans elle-même. Les déterminations de cette même [réflexion]


ne sont incluses dans l’unité4 purement-et-simplement que comme
[déterminations] posées, sursumées ; ou elle est l’essence immé­
diatement identique à soi dans son être-posé. Mais, en tant que
celle-ci est fondement, elle se détermine réellement par sa réflexion
se sursumant elle-même ou retournant dans soi ; en tant que
par après5 cette détermination ou l’être-autre du rapport-fonda­
[137] mental se sursume dans la réflexion6 du fondement et devient
existence, les déterminations-formelles ont en cela un élément
du subsister autonome. Leur apparence s’accomplit en phéno­
mène 7.
L’essentialité parvenue à l’immédiateté est tout d’abord exis­
tence, et existant ou chose8 ; comme unité indifférenciée0 de
l’essence avec son immédiateté. La chose contient, certes, la ré­
flexion, mais la négativité de la réflexion10 est tout d’abord
étouffée dans l’immédiateté de la chose11 ; seulement, parce que
102 son fondement est essentiellement la réflexion, son immédiateté
se sursume ; elle fait de soi un être-posé.
Ainsi est-elle deuxièmement phénomène. Le phénomène est
ce que la chose est en soi, ou sa vérité. Mais cette existence seu­
lement posée, réfléchie dans l’être-autre12, est pareillement l’outre­
passer de soi dans son infinité13 ; en face du monde du phénomène
se place le monde étant en soi, réfléchi dans soi.
Mais l’[être] apparaissant et l’être essentiel14 se tiennent pure­
ment-et-simplement en rapport l’un à l’autre. Ainsi l’existence est-
elle troisièmement relation essentielle ; ce qui apparaît15 montre

4. in die Einheit, avec mouvement.


5. tveiter.
6. in der Reflexion, sans mouvement.
7. Il s’agit de YErscheinung corne sujet global de cette seconde section.
Chacun des trois petits paragraphes à venir va maintenant donner la structu­
ration interne de cette totalité selon l’enchaînement des trois chapitres qui la
composent : l’Existence, le Phénomène, la Relation essentielle.
8. Ding, chose déterminée, — et non plus Sache, qui représente, ainsi
qu’on l’a vu, la totalité du processus d’une immédiateté qui se médiatise.
9. Le texte de Lasson, als unterschiedne Einheit, est ici fautif. L’original
porte en effet als ununterschiedne Einheit. Mais il faut comprendre, bien
sûr, que cette non-différenciation est réalité devenue, et devenue par la sur-
somption de la différenciation première entre être et essence.
10. ihre Negativitat.
11. seiner Unmittelbarkeit.
12. vn das Anderssein, avec mouvement.
ix' îf ibrer Unendlichkeit, sans mouvement.
14. Respectivement le phénomène et l’existence.
15. dos Erscbeinende : ce qui apparaît, ce qui se fait phénomène.

146
LE PHENOMENE

ce qui est essentiel, et cet [essentiel] est dans son phénomène. —•


La relation est l’unification encore imparfaite de la réflexion dans
Fêtre-autre12 et de la réflexion dans soi ; la compénétration par­
faite des deux est l'effectivité™.

16. Ainsi l’Effectivité sera-t-elle, dans la ligne même du phénomène, ce en


quoi l’Existence s’accomplit et se parfait.
U38] • CHAPITRE PREMIER

L’EXISTENCE

De même que {T] exprime la proposition du fondement : To/a


ce qui est a un fondement ou est quelque chose de posé, quel­
que chose de médiatisé,1 ainsi également devrait2 se trouver éta­
blie et exprimée de la sorte une proposition de l’existence : Tout
ce qui est existe. La vérité de l’être est d'être, non pas un immé­
diat premier, mais l’essence venue au jour dans l’immédiateté3.
Mais lorsqu’en outre on a dit également, ce qui existe a un fon­
dement et est conditionné, on devrait2 aussi dire pareillement :
il n’a pas de fondement et est inconditionné. Car l’existence est
l’immédiateté venue au jour hors du sursumer de la médiation
établissant-un-rapport par le fondement et la condition, [immé-
diateté] qui dans le venir au jour sursume justement ce venir
au jour lui-même5.
Dans la mesure où les preuves de l’existence de Dieu0 peu­
vent se trouver ici mentionnées, il faut rappeler au préalable que,
en dehors premièrement de Y être immédiat, et deuxièmement de

1. Nous remplaçons par cette virgule le point-virgule que porte ici l’ori­
ginal.
2. müsste, devrait nécessairement.
3. in die Unmittelbarkett, avec mouvement.
4. beziehenden.
5. Ces deux premiers paragraphes résument toute la première section de
« La Doctrine de l’Essence », et, par elle, tout le début de l’œuvre, depuis
« L’Etre ». L’existence, ou ce qui est en vérité, est médiation (l'être est
essence) en même temps qu’immédiateté (l’essence est être). — A partir du
prochain paragraphe commence une digression, une sorte de Remarque sur
éclairage que cette conception de l’existence peut apporter à la question,
oeja evoquee dans le premier Livre (op. cü.. pp. 63 et 92), de l’existence de
Dieu comme ultime fondement.
. ‘ °ntrairement à ce qu’il en allait dans le premier Livre (loc. cit.) il
n est plus simplement question ici de 1’ <t être-là » (Dasein) de Dieu, mais
de son existence {Existent)

148
LE PHÉNOMÈNE

l’existence, de l’être qui vient au jour hors de l’essence il


y a
encore un autre être7, qui8 vient au jour hors du concept* 1 ’ob'ec
tivité. — Le prouver est en général la connaissance médiatisée
Les diverses espèces de l’être requièrent ou contiennent leur espèce
103
propre de médiation ; ainsi la nature du prouver devient-elle éga­ i

lement diverse au regard de chacune. La preuve ontologique veut


partir du concept ; elle met au fondement le concept-intégratif de [1393
toutes les réalités9, et subsume ensuite également l’existence sous
11
la réalité10. Elle est donc la médiation qui est syllogisme, et qui i
n’est pas encore à considérer iciu. On a déjà pris en considération -

ci-dessus12 ce que Kant rappelle là contre, et l’on a remarqué


que Kant, sous {T]existence, entend l’être-là déterminé, par quoi
quelque-chose entre dans le contexte de l’expérience globale, c'est-
à-dire dans la détermination d’un être-autre et dans le rapport à
autre-chose. Ainsi quelque-chose, comme existant13, est-il média­
tisé par autre-chose, et l’existence, en général, le côté de sa média­
tion. Maintenant, dans ce que Kant nomme le concept, savoir dans
quelque-chose dans la mesure où il se trouve pris comme rapporté
à soi de façon seulement simple, ou dans la représentation comme
telle, ne se trouve pas sa médiation ; dans l’identité abstraite à soi
on a laissé tomber l’op-position. La preuve ontologique aurait
maintenant à présenter que le concept absolu, savoir le concept
de Dieu, en vient à l’être-là déterminé, à la médiation, ou com­
ment l'essence simple se médiatise avec la médiation. Cela arrive
par la subsomption indiquée de l’existence sous son universel,

7. ein ferneres Sein. — Hegel, au début de la seconde section de la


<t Doctrine du Concept » (consacrée précisément à l’Objectivité), reprendra
en effet, comme il le fait déjà ici à un niveau moins intégratif. 1 ensemble
des formes sous lesquelles l’immédiateté vient à se donner à connaître aux
différentes étapes de la Logique : cf. Lasson II 353 sq. On peut donc dire
que ces considérations actuelles n’ont encore qu’un caractère provisoire, ou
à tout le moins non pleinement explicite. # . ,
8. L’original porte ici welche. Comme Lasson, nous lisons le tvelcbes
qu’appelle très évidemment le contexte. _.
9. Cf. dans « L’Etre », notre traduction, pp. 92 (4- note 52), 93 et >
dans la présente « Doctrine de l’Essence », ci-dessus pp. 3 et 85 ; et dans
la « Doctrine du Concept », Lasson II 354 et 356. Dans ce dernier passage,
Hegel montre que cette expression ne dépasse pas un niveau bien élémentaire
au chemin de la spéculation, — ce qu’il nomme explicitement une « vacuité
métaphysique » (mefaphysiscbe Leere).
10. tinter die Realitdt, avec mouvement.
11. Le Syllogisme, en effet, constitue le troisième chapitre de la première
section de la « Doctrine du Concept » (Lasson II 308-352).
12. L’original porte ici, entre parenthèses, la référence suivante : 1. Th.
1. Abth. S. 27. ff. (1° Partie, 1° Division, p. 27 sq.). Dans notre traduction
de « L’Etre », pp. 63 sq.
13. als Existierendes : « existant » est ici substantifié.

149
=
à

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

savoir la réalité qui se trouve prise comme ce qui tient le milieu14


entre Dieu dans son concept d’un côté et l’existence de l’autre
côté1S. — De cette médiation, dans la mesure où elle a la forme
du syllogisme, il n’est pas question ici, comme il a été dit".
Mais ce qu’il en va en vérité de cette médiation de l’essence16
avec l’existence, voilà qui est contenu dans la présentation faite
jusqu’à maintenant. La nature du prouver lui-même est à con­
sidérer dans la Doctrine de la connaissance17. Ici est seulement
à indiquer ce qui se rapporte à la nature de la médiation en général.
Les preuves de l’existence de Dieu18 indiquent un fondement
[140] pour cette existence. Ce ne doit pas être un fondement objectif
de l’existence de Dieu ; car celle-ci est en et pour soi-même. Ainsi
est-ce simplement un fondement pour la connaissance™. Par là
il se donne en même temps pour quelque chose qui disparaît dans
1’20 objet, lequel tout d’abord apparaît comme fondé par là. Or
104 le fondement, qui est tiré de la contingence du monde, contient
le retour de cette même [contingence] dans l’essence absolue ;

14. das Mittlere : non le moyen-terme, mais l’intermédiaire.


15. Hegel raisonne de la sorte : l’objection kantienne contre la « preuve
ontologique » provient des déterminations abstraites qu’il attribue sans justi­
fication véritable tant à Y existence (identifiée à l’être-là qualitatif) quau
concept (postulé comme une identité notionnelle plate, sans nulle épaisseur
de médiation et de différence) ; d’où la nécessité d’une subsomption
« syllogistique » qui place la « réalité », en un sens totalement indéterminé,
entre ces deux extrêmes inconciliables. 11 n’est pas étonnant que pareille
« médiation » échoue. Elle n’aurait chance de s’imposer (mais elle le ferait
alors de façon nécessaire et évidente) que si concept et existence étaient pris
l'un et l’autre selon leur signification concrète et pleinement médiatisée.
16. Il est à noter que Hegel, face à l’existence, parle indifféremment de
l’essence (ici) ou du concept de Dieu (deux phrases ci-dessus). Le rapport
qu’il a instauré entre essence et existence est donc la résolution de 1 aporie
qui interdisait à Kant de relier l’existence au concept.
17. « Doctrine de la connaissance », ou « Doctrine du concept ».
C’est en effet dans la troisième partie de l’œuvre que Hegel traitera des
différentes modalités du prouver; d’abord, au plan des structures de 1 esprit,
en parlant du syllogisme, et ensuite, de façon concrète, dans le chapitre
consacré à « L’Idée du Connaître » (Lasson II 429 sq. ; en particulier 470/39
sq.).
18. vom Dasein Gottes : de l’être-là de Dieu. C’est aussi ce meme terme
qui est employé à la fin de cette phrase et dans la suivante.
19. Un fondement qui serait fondement « objectif » de l’existence de
Dieu n’atteindrait pas Dieu, mais, au mieux, quelque réalité ultime (?) située
dans la dépendance de l’esprit connaissant. Ce qui ne signifie pas que 1 on
puisse enclore tout ce qui est dans le cercle abstrait du sujet, mais qu'il est
du sujet, comme sujet, de s’ouvrir à ce qu’il n’est pas et qui le fait être ce
qu’il est. En somme, Dieu, s’il est, est réalité absolument fondatrice, qui,
dès toujours, veut « être déjà en soi et pour soi près de nous » (Ph. G. 64/20 ;
I 66/15). Reste, pour la connaissance, à s’accorder à cette réalité, qui est sa
propre réalité et la loi de son exercice.
20. in dem, sans mouvement.

150
LE PHÉNOMÈNE

car le contingent est le dépourvu^de-fondement en soi-même, et


ce qui se sursume. L’essence absolue vient donc en fait au jour, :
de cette manière, hors de ce qui est dépourvu-de-fondement ; le
fondement se sursume lui-même, du même coup disparaît aussi ;
l’apparence de la relation qui se trouva donnée à Dieu d’être quel­
que chose de fondé dans un autre. Par là cette médiation est la
[médiation} véritable. Seulement cette réflexion prouvante ne h
connaît pas cette nature de sa médiation ; elle se prend, d’un
côté, pour quelque chose de simplement subjectif21, et par là N
éloigne sa médiation de Dieu lui-même, mais, d’un autre côté et
pour cette raison, ne connaît pas le mouvement médiatisant, II
[elle ne connaît pas] que ce mouvement22 est dans Yessence \
elle-même23 et comment [il y est}. Sa relation véritable con­ i
siste en ce qu’elle est les deux en un, la médiation comme telle,
mais en même temps sans contredit une [médiation] subjective,
extérieure, savoir la médiation extérieure à soi, qui se sursume à
nouveau en elle-même. Mais dans cette présentation-là l’existence
reçoit la relation erronée [qui consiste] à apparaître seulement
comme [quelque chose de] médiatisé ou de posé.
Ainsi, de l’autre côté, l’existence ne peut pas non plus se
trouver considérée simplement comme {quelque chose d’} immé­
diat24. Pris dans la détermination d’une immédiateté, l’acte-de-
saisir l’existence de Dieu s’est trouvé exprimé pour quelque-chose
de non-prouvable, et le savoir de cette existence comme une cons­
cience seulement immédiate, comme une foi. Le savoir doit en
venir à ce résultat qu’il ne sait rien, c’est-à-dire qu’il abandonne
à nouveau son mouvement médiatisant et les déterminations elles- [U
mêmes se rencontrant dans ce mouvement. Cela s’est dégagé aussi
dans ce qui précède ; seulement il faut ajouter que la réflexion,
en tant qu’elle finit par le sursumer d’elle-même, pour cette rai-
r
21. On saisit la nature paradoxale de ce type de « preuve »• : elle ne i
peut être, ainsi qu’il fut dit, une manière « objective » d’atteindre
1 Dieu, :
mais elle ne peut pas être davantage quelque chose de simplement et d abstrai­
tement « subjectif »; elle implique bien plutôt le retournement décisif qui
permet de reconnaître (de façon authentiquement subjective) 1 objectivité i
proprement fondatrice de ce qui existe en et par soi. 5
22. Sie, qui semble ici manifestement désigner le mouvement (Betvegung)
et non la réflexion (Reflexion).
23. Entendons : en Dieu même, — puisque, grâce au retournement qui
a été indiqué (et que vont reprendre les lignes prochaines), c’est lui qui
se trouve être le fondement de toute « preuve » véritable déployée à son
propos.
24. Ni médiatisé, puisqu’il est le fondement de toute médiation, ni immé­
diat, précisément encore parce qu’il est fondement et qu’il est atteint et posé
comme tel par le mouvement complexe d’un procès qui se sursume lui-même.

151
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

son n’a pas pour résultat le rien, de telle sorte que maintenant
le savoir positif de l’essence, comme rapport immédiat à cette
même [essence], serait séparé de ce résultat, et [serait] un venir
au jour propre, un acte commençant seulement à partir de soi ;
mais cette fin elle-même, cet aller au gouffre de la médiation,
est en même temps le fondement hors duquel vient au jour
l’immédiat25. Le langage, ainsi qu’on l’a remarqué ci-dessus, unit la
signification du déclin et du fondement ; on dit que l’essence de
Dieu est l’abîme20 pour la raison finie. Il l’est en fait dans la
mesure où elle abandonne là27 sa finité et engloutit son mouve­
105 ment médiatisant ; mais cet abîme, le fondement négatif2S, est
en même temps le [fondement] positif du venir au jour de l’étant,
de l’essence immédiate en soi-même29 ; la médiation est moment
essentiel. La médiation par le fondement se sursume, mais ne
laisse pas le fondement au-dessous, de telle sorte que ce qui vient
au jour hors de lui serait quelque chose de posé qui aurait son
essence ailleurs, savoir dans le fondement, mais ce fondement
est, comme abîme, la médiation disparue ; et inversement, c’est
seulement la médiation disparue qui est en même temps le fonde­
ment, et c’est seulement par cette négation [qu’est] l’égal à soi-
même et [l’]immédiat.
Ainsi l'existence n’est-elle pas à prendre ici comme un prédicat
ou comme détermination de l’essence, [de telle sorte] qu’une pro­
position à ce sujet s’énoncerait [ainsi] : l’essence existe ou a
existence ; — mais l’essence est passée dans l’existence ; l’exis­
tence est son extériorisation absolue, de l’autre côté de30 laquelle
42] elle n’est pas restée en arrière. La proposition, donc, s’énoncerait
[ainsi] : l’essence est l’existence ; elle n’est pas différente de son
existence31. — L’essence est passée dans l’existence dans la me-

25. Plus que jamais, Hegel joue ici sur la double signification du terme
Grund. Il a écrit, pour la première moitié de cette phrase : dies zu Grande
gehen, que Lasson a dommageablement transcrit de la sorte : dies Zugrunde-
gehen.
26. Abgrund : terme cher aux mystiques rhénans, comme à Jacob Boehme,
que Hegel avait pratiqué.
27. darin.
28. der Abgrund = der négative Grund.
29. L’ « essence », encore une fois, désigne ici Dieu ; mais, dans le
contexte, sous la raison, non de son être simple, mais de cet être devenu
par sursomption de la médiation qu'est l’existence. C’est pourquoi les lignes
qui viennent lestent l’expression présente (« l’étant ») de tout le procès de
l’essentialité médiatisante.
30. jenseits.
31. Ce paragraphe fort clair (Hegel, par-delà sa digression sur les preuves
de 1 existence de Dieu, y renoue avec son propos premier, et amorce la
transition de l’existence à l’existant, c’est-à-dire à la chose) exprime nettement

152
!

LE PHÉNOMÈNE

sure où l'essence, comme fondement, ne se différencie plus de soi


[entendue] comme ce qui est fondé, ou [dans la mesure où] ce
fondement s’est sursumé. Mais cette négation est tout aussi essen- ;
tiellement sa position, ou purement-et-simplement continuité
positive avec soi-même ; l’existence est la réflexion du fondement
dans soi ; son identité à soi-même qui s’est faite dans sa négation,
; ■

donc la médiation qui s’est posée identique à soi, et par là est


immédiateté.
Puisque maintenant l’existence est essentiellement la médiation ï
identique à soi, elle a en elle les déterminations de la médiation, s
mais de telle manière quelles sont en même temps des [détermi­
nations] réfléchies dans soi et ont le subsister essentiel et immé­
diat. [Entendue] comme l’immédiateté se posant par le sursumer,
l’existence est unité négative et être-dans-soi ; elle se détermine
par conséquent immédiatement comme quelque chose d'existant
et comme chose*2.

A. [143]
LA CHOSE ET SES PROPRIETES33

L’existence [entendue] comme [quelque chose d’] existant est


posée dans la forme de l’unité négative qu’elle est essentiellement.
ce que nous avons déjà dit plusieurs fois : le « passage » de l’essence dans
l’existence est un passage sans reste et qui est de telle sorte que les lieux
extrêmes de cette translation en viennent à coïncider. C’est bien l’essence elle-
même qui apparaît comme existence.
32. Ainsi s’opère la transition à la chose : étant l’essence elle-même posée
comme sursumée, l’existence est totalité, — non seulement sous le mode abstrait
de l'être-en-soi, mais sous celui, concret, de Yêtre-dans-soi (sur la différence
entre ces deux termes, cf. notre traduction de « L’Etre », en particulier p. 94,
note 63). Elle a donc « en elle » les déterminations concrètes qui la font
totalité « dans soi » ; ce seront les propriétés, entendues comme l’effectivité
de la chose, ■— ce en quoi elle se pose vraiment comme existence, c’est-a-dire
comme « phénomène » adéquat de l’essence.
33. Il s’agit ici, non point de la Chose (Sache)' qui, nous l’avons vu, signifie
l’émergence, dans l’immédiateté, de l’essence prise comme totalité (et que nous
retrouverons plus loin lorsqu’il sera question, précisément, de la « relation de
l’extérieur et de l’intérieur » : cf. ci-dessous, p. 218), mais d’une chose parmi
les choses (Ding), extraposant ses moments, non dans la dimension de
l’intériorité sursumée, mais dans celle de l’immédiateté retrouvée, jugée
simplement par rapport à elle-même. — Hegel a déjà exposé la plupart de
ces dialectiques, mais sous la raison de leur émergence dans la conscience,
dans la seconde et dans la troisième figure de sa Phénoménologie de l’Esprit,
consacrées respectivement à la perception (la chose et ses propriétés) et à
l’entendement (opposition du monde de l’apparaître et du monde étant en
soi).

153
.

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

Mais cette unité négative est d’abord seulement détermination


immédiate, donc le Un du quelque-chose en général. Mais le
106
quelque-chose existant est différent du quelque-chose étant. Celui-
là est essentiellement une immédiateté telle qu’elle a surgi par la
réflexion de la médiation dans soi-même. Ainsi le quelque-chose
existant est-il une chose™.
La chose se trouve différenciée de son existence comme le
quelque-chose peut se trouver différencié de son être™. La Chose
et l’existant sont immédiatement une seule et même chose. Pour­
tant, parce que l’existence n’est pas l’immédiateté première de
l’être, mais a en elle-même le moment de la médiation, sa déter­
mination en chose et la différenciation des deux n’est pas un
passage, mais à proprement parler une analyse ; et l’existence
comme telle contient cette différenciation elle-même dans le
moment de sa médiation ; la différence de fia] chose-en-soi
et de [Inexistence extérieure3e.

a.
Chose en soi et existence

1. La chose en soi est l’existant [entendu} comme l’immédiat


essentiel présent37 par la médiation sursumée. En cela, à la chose
*44} en soi la médiation est pareillement essentielle ; mais cette diffé­
rence, dans cette existence première ou immédiate, se décompose
dans des déterminations indifférentes™. L’un des côtés, savoir la
médiation de la chose, est son immédiateté non réfléchie ; donc
son être en général, qui, parce qu’il est en même temps déter-

34. Par rapport au quelque-chose qualitatif (l’étant), on pourrait dire que


la chose existante est l’être qui s’est déterminé médiatement à être l’immé-
diateté qu’il est.
35. Cf. notre traduction de « L’Etre », p. 93.
36. Ainsi donc, la transition de l’existence à la chose n’est plus à compren­
dre sous mode d'un passage entre deux termes, mais comme l’expression sans
reste du premier sous la forme du second, — la différenciation de la chose
et de ses propriétés étant l’exacte traduction, dans l’extériorité, de la diffé­
renciation interne (et médiatisante) entre l’existence et son essence. Voilà
qui renouvelle totalement, Hegel le précisera dans une prochaine Remarque,
la problématique kantienne de la chose-en-soi et de son expression phéno­
ménale.
37. vorhanden, présent au sens de donné.
38. Ceci est capital : la relation chose/propriétés est l’expression directe
de la médiation intérieure à la chose elle-même. Celle-ci n’est donc plus à
prendre comme un en soi inatteignable, toujours au-delà et échappant à
l'analyse cognitive.

154
!
LE PHÉNOMÈNE

miné comme médiation, est un être-là autre à soi-même, dans


soi varié et extérieur. Pourtant il n’est pas seulement être-là, mais
[est] 30 en rapport à la médiation sursumée et [à 1’] immédiateté
:
essentielle ; il est par conséquent l’être-là comme [quelque chose :
d’] inessentiel, comme être-posé40. — (Quand la chose se trouve
différenciée de son existence, elle est le possible, la chose de la
représentation, ou la chose-de-pensée, qui comme telle ne doit pas
en même temps exister. La détermination de la possibilité et
l’opposition de la chose en regard de son existence viendront 1
cependant plus tard41). — Mais la chose-en-soi et son être média­
tisé sont tous deux contenus dans l’existence, et tous deux eux- !
mêmes des existences ; la chose-en-soi existe et est Inexistence]
essentielle, tandis que l’être médiatisé est l’existence inessentielle j
de la chose. ;
La chose en soi, [entendue] comme letre-réfléchi simple de
l’existence dans soi, n’est pas le fondement de l’être-là inessen­ 107
tiel ; elle est l’unité immobile, indéterminée, parce quelle a juste­
ment la détermination d’être la médiation sursumée, et par con­
séquent seulement la base de ce même [être-là inessentiel] 42. Pour
cette raison tombe aussi en dehors de la chose-en^soi la réflexion
[entendue] comme l’être-là se médiatisant par autre-chose. Cette
[chose-en-soi] ne doit avoir en elle-même aucune pluralité déter­
minée ; et pour cette raison [elle] la reçoit seulement43 [quand
elle est] rapportée à la réflexion extérieure ; mais [elle] reste
indifférente à son égard. (— La chose-en-soi a de la couleur
seulement43 [quand elle est] rapportée à l’œil, du goût [quand
elle est rapportée] au nez, etc.) Sa diversité, ce sont des perspec­
tives que prend quelque chose d’autre, des rapports déterminés [145]
à la chose-en-soi que se donne cet [autre], et qui ne sont pas
des déterminations propres de cette même [chose-en-soi].

2. Cet autre est maintenant la réflexion qui, déterminée


comme extérieure, est premièrement extérieure à soi-même et
39. Lasson ajoute ici, entre crochets carrés, ce ist qui se trouve sous- \
entendu dans l’original.
40. Il faut bien sûr comprendre que cet « inessentiel » n’est tel que de
façon apparente. Les lignes prochaines montreront en effet que l’être-là r
immédiat, en l’occurence, est lesté de tout le mouvement de médiation qui !
a constitué l’existence comme « être essentiel ».
41. Cf. ci-dessous, dans le second chapitre de la troisième section, pp. 246 sq.
42. Inutile de dire que cette distanciation de la chose-en-soi et de son être-
posé est toute méthodologique : elle signifie qu’est prise au sérieux l’effectivité
de ce qui existe, — tant dans son expression concrète et différenciée que dans
son unité essentielle. ;
43. erst, temporel.

155

1
i

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

[est] la pluralité déterminée. Ensuite elle est extérieure à l’essen-


tiellement existant et s’y rapporte comme à sa préstipposition
absolue ". Mais -ces deux moments de la réflexion extérieure, sa
pluralité propre et son rapport à la chose-en-soi qui lui est autre,
sont une seule et même-chose. Car cette existence est seulement
extérieure dans la mesure où elle se rapporte à l’identité essen­
tielle comme à un autre. La pluralité n’a pas, par conséquent,
au-delà de la chose-en-soi, un subsister propre autonome, mais est
seulement45 comme apparence en regard de celle-ci, dans son
rapport nécessaire à elle, comme reflet40 se brisant en elle. La
diversité est donc présente47 comme le rapport d’un autre à la
chose-en-soi ; pourtant cet autre n’est rien de subsistant pour soi,
mais est seulement48 comme rapport à la chose-en-soi; mais en
même temps il n’est que comme ce qui repousse de celle-ci ; il
est ainsi le contrecoup inconsistant de soi dans soi-même43.
A la chose-en-soi maintenant, puisqu’elle est l’identité essen­
tielle de l’existence, ne revient pas par conséquent cette réflexion
dépourvue-d’essence, mais elle50 s’abîme extérieurement à elle
dans soi-même. Elle50 va au gouffre51, et par là en vient à être
elle-même l’identité essentielle ou la chose-en-soi. — Cela peut
aussi se trouver considéré de la sorte : L’existence dépourvue-
d’essence a en la chose-en-soi sa réflexion dans soi ; elle s’y rapporte
d’abord comme à son antre ; mais, [entendue] comme l’autre en
regard de ce qui est en soi, elle est seulement le sursumer de
8 soi-même et l’acte-de-parvenir à l’être-en-soi. La chose-en-soi est
ainsi identique à l’existence extérieure52.

44. Que la réflexion extérieure immédiate soit ici d’abord extérieure à


elle-même (premier aspect) signifie donc quelle se rapporte essentiellement
à la chose-en-soi (deuxième aspect) quelle présuppose comme ce qui la
pose. Elle est donc sa réflexion déterminante.
45. erst, temporel. — Le fait que la pluralité (les propriétés) n’ait aucune
• existence en soi signifiera en retour que la chose-en-soi elle-même n’a aucune
existence distincte de ses propriétés.
46. Reflex, au sens physique du rayon qui retourne vers sa source.
47. vorb'anden, présente au sens de donnée.
48. erst, temporel.
49. der■ haltlose Gegenstoss seiner in sich selbst. — Ce qui équivaut à dire
que ce côté de l’existence de la chose (ce que l’on appellera bientôt ses
propriétés) n’est pas un matériau inerte, pur être-là subsistant en soi comme
tel : il est réflexion dans soi, et se sursume par conséquent comme autonomie
a straite. Il suffira d’ajouter que cette réflexion, c’est celle même de la chose.
est sur ce second côté que va insister le paragraphe prochain.
» • ‘ ' l\ s’agit de la réflexion dépourvue d’essence, — le côté de
nce, qm semble ici extérieur à la chose-en-soi.
Arr 'vn ni.e ; Plus que jamais, l’expression est à entendre ici en son
52 C êrVe' €t positive-
ette ernière phrase marque un important retournement des facteurs

156
LE PHÉNOMÈNE

Voilà qui en la chose-en-soi se présente de la sorte. La chose-


en-soi est l’existence essentielle, se rapportant à soi ; elle n’est
l’identité à soi que dans la mesure où elle contient dans soi-
même la négativité de la réflexion ; ce qui apparaissait comme
existence extérieure à elle est par conséquent moment dans elle-
même. Elle est pour cette raison aussi chose-en-soi se repoussant
de soi, qui se comporte donc vis-à-vis de soi comme vis-à-vis d’un
autre. Ainsi sont maintenant présentes53 plusieurs choses-en-soi,
qui se tiennent l’une par rapport à l’autre dans le rapport de la
réflexion extérieure. Cette existence inessentielle est leur relation
l’une vis-à-vis de l’autre comme vis-à-vis d’autres ; mais elle leur
est elle-même en outre essentielle, — ou cette existence inessen­
tielle, en tant quelle s’abîme dans soi, est chose-en-soi ; mais une
autre que cette première ; car cette première est essentialité immé­
diate, tandis que celle-ci est celle qui vient au jour à partir
de l’existence inessentielle. Seulement cette autre chose-en-soi
n’est qu’une autre en général ; car, [entendue] comme chose iden­
tique à soi, elle n’a plus en outre54 aucune déterminité en regard
de la première ; elle est la réflexion de l’existence inessentielle
dans soi, comme la première. La déterminité l’une en regard de
l’autre des choses-en-soi diverses tombe par conséquent dans la
réflexion extérieure55.

3. Cette réflexion extérieure est désormais un être-en-relation


des choses-en-soi l’une à l’égard de l’autre, leur médiation récipro­
que comme de [termes] autres. Les choses-en-soi sont ainsi les
extrêmes d’un syllogisme dont leur existence extérieure constitue
le moyen-terme, l’existence par laquelle elles sont des [choses-
en-soi] autres l’une pour l’autre et différentes. Cette différence

en cause : si l’existence a sa réflexion dans soi en la chose-en-soi, c est que


celle-ci, précisément comme en soi, est ce qui se pose comme existence. Le
prochain paragraphe va donc reprendre ce mouvement du point de vue de
la chose-en-soi et à partir d’elle.
53. vorhanden, présentes au sens de données.
54. weiter.
55. Paragraphe capital, dans lequel la diversité intérieure à la chose-en-soi
(diversité qui s’est exprimée d’abord dans l’opposition entre la chose-en-soi
et son existence) en vient à se distribuer apparemment dans l’existence
simultanée de plusieurs choses-en-soi. Voilà qui est normal, dans la^ mesure
où, nous l’avons vu, chacun des termes, dans son « extériorité » même par
rapport à l’autre, est totalité : la chose-en-soi existe, et l’existence immédiate
est réfléchie datis soi en son autre. Seule limite à leur parfaite réciprocité :
leur relation réciproque est posée sous la raison de la réflexion « extérieure »
à soi qui constitue chacun pour ce qu’il est. Reste à montrer que cette
extériorité est le moyen-terme du syllogisme qui rapporte chaque chose-en-soi,
dans l’autre chose-en-soi, à elle-même comme autre.

157
Illl I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

qui est leur tombe seulement dans leur rapport ; elles envoient,
pour ainsi dire, seulement de leur surface des déterminations
: [147]
dans le rapport, en regard duquel elles restent indifférentes
comme des [choses-en-soi] absolument réfléchies dans soi. —
Cette relation constitue maintenant la totalité de l’existence. La
chose-en-soi se tient en rapport à une réflexion qui lui est exté­
rieure, dans laquelle elle a des déterminations variées ; c’est là
l’acte-de-se repousser de soi-même dans une autre chose-en-soi58 ;
cet acte-de-repousser est le contrecoup de soi dans soi-même, en
tant que chacune est seulement quelque chose d’autre comme se
réfléchissant57 à partir de l’autre; elle a son être-posé, non en
elle-même, mais en l’autre, est déterminée seulement par la
109 déterminité de l’autre ; cet autre est pareillement déterminé
seulement par la déterminité du premier. Pourtant les deux
choses-en-soi, étant donné que par là elles n’ont pas la diversité
en elles-mêmes, mais chacune seulement en l’autre, ne sont pas
des [choses-en-soi] différentes ; la chose-en-soi, en tant quelle
doit être-en-relation à l’autre extrême comme à une autre chose-
en-soi, est en relation à quelque chose de non-différent d’elle,
et la réflexion extérieure, qui devait constituer le rapport média­
tisant entre les extrêmes, est un être-en-relation de la chose-en-soi
seulement à soi-même, ou essentiellement sa réflexion dans soi ;
elle58 est donc déterminité étant en soi, ou la déterminité de la
chose-en-soi. Celle-ci l’a donc non pas dans un rapport, extérieur
à elle, à une autre chose-en-soi, et de l’autre à elle ; la déterminité
n’est pas seulement une surface de cette même [chose-en-soi],
mais est la médiation essentielle d’elle avec soi comme avec un
autre53. — Les deux choses-en-soi, qui doivent constituer les
extrêmes du rapport, en tant quelles ne doivent avoir en soi
aucune déterminité l’une en regard de l’autre, s'abîment en fait
en un ; il n’y a qu'Une chose-en-soi, qui dans la réflexion exté-

56. in ein anderes Ding-an-sich, avec mouvement. — Une « autre chose-en-


soi », qui, n’étant autre que dans l’extériorité du rapport, est en fait identique
à la première, — une seule chose avec elle.
57. sich wiederscheinend.
58. sie : il s'agit de la réflexion extérieure de la chose-en-soi (réflexion
extérieure posée ici comme identique à sa réflexion dans soi). — L’apparence
! de doublement des choses-en-soi s’évanouit donc ; reste la relation entre
l’unique chose-en-soi (visée sous cette raison double et une) et sa propre
déterminité.
59. Ici apparaît la profondeur réelle (médiation essentielle) de ce qui,
au début de ce paragraphe, semblait être un simple rapport d’extériorité
(rapport de surface). Il n'y a qu’une chose-en-soi, déterminée dans et par
ce qui la fait en propre ce qu’elle est : sa propriété.

158
LE PHÉNOMÈNE

rieure est-en-relation à soi-même, et c’est son rapport propre à soi


comme à un autre qui constitue sa déterminité.
Cette déterminité de la chose-en-soi est la propriété de la chose. [148]

b.
La propriété
1
La qualité est la déterminité immédiate du quelque-chose ;
le négatif lui-même par quoi l’être est quelque-chose. Ainsi la
propriété de la chose est-elle la négativité de la réflexion par
quoi l’existence en général est un existant, et, comme identité
simple à soi, chose-en-soi. La négativité de la réflexion, la média­
tion sursumée, est pourtant essentiellement elle-même médiation,
et rapport, non pas à un autre en général, comme [il en va de]
la qualité [entendue] comme la déterminité non réfléchie, 60 mais
rapport à soi comme à un autre,60 ou médiation qui immédiate­
ment est tout aussi bien identité à soi. La chose en-soi abstraite
est elle-même cet être-en-relation retournant dans soi à partir
d’autre-chose ; elle est par là déterminée en soi-même ; mais sa
déterminité est disposition, qui comme telle est elle-même déter­
mination, et, comme être-en-relation à autre-chose, ne passe pas 110
dans l’être-autre et est soustraite au changement™.
Une chose a des propriétés ; elles sont en premier lieu ses rap­
ports déterminés à autre-chose ; la propriété est seulement pré­
sente02 comme un mode de l’être-en-relation l’une à l’autre63;

60. Comme Lasson, et pour plus de clarté dans la lecture, nous mettons
ici deux virgules à la place des points-virgules que porte l’original.
61. Il y a dans ce paragraphe une référence constante à la dialectique de
la Qualité, telle qu’elle se trouve exposée dans la première section de
« L’Etre », — référence marquée par le passage décisif de la négativité
immédiate du quelque-chose à la négativité réfléchie de la chose. Rappelons
qu’alors (ce passage est plus nettement structuré dans la première édition :
comparer notre traduction, pp. 100-102, à la seconde édition, Lasson I 110)
la « déterminité » du quelque-chose (ce qui fait qu’il est ce qu’il est :
Bestimmtheit) rassemble (et oppose encore) sa « détermination » (ce qui fait
qu’il est ce qu’il est dans son rapport à soi : Bestimmung) et sa « disposition »
(ce qui fait qu’il est ce qu’il est dans son rapport à autre-chose : Beschaffen-
heit). Ici, ces deux moments sont posés réflexivement comme effectivement
identiques, — et la « déterminité », de la sorte, est complète : k chose,
dans sa <c détermination » même, se trouve être, à l’égard de l’extériorité,
dans telle ou telle « disposition » qui lui est propre : sa « propriété ».
62. vorhanden, présente au sens de donnée.
63. als eine \Veue des Verhaltens zu einander, au plan le plus indéterminé
qui soit : c’est en effet par la propriété que la chose s’exprime pour ce
qu’elle est tout d’abord dans sa relation à « autre chose ».

159
7
If?

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

elle est par conséquent la réflexion extérieure et le côté de


l'être-posé de la chose. Mais deuxièmement la chose, dans cet
être-posé, est en soi; elle se maintient dans le rapport à autre-
chose ; elle est donc sans contredit seulement une surface avec
laquelle l’existence se livre au devenir de l’être et au changement ;
[149] la propriété ne se perd pas en cela01. Une chose a la propriété
d’effectuer ceci ou cela dans l’autre et de s'extériorer65 d’une
manière propre dans son rapport00. Elle prouve cette propriété
seulement sous la condition d’une disposition correspondante de
l’autre chose, mais elle lui est en même temps propre et sa base
identique à soi ; cette qualité réfléchie s’appelle, pour cette
raison, propriété. La chose passe en cela dans une extériorité,
mais la propriété s’y maintient. La chose, par ses propriétés, devient
cause, et la cause consiste à se maintenir comme effet67. Cependant
ici la chose n’est d’abord seulement que la chose en-repos de pro­
priétés multiples ; pas encore déterminée comme cause effective ;
elle n’est d’abord seulement que la [réflexion] étant-en-soi, pas
encore elle-même la réflexion posante de ses déterminations.
La chose-en-soi est donc, comme il s’est dégagé, essentiellement
non pas seulement chose-en-soi de telle manière que ses propriétés
sont être-posé d’une réflexion extérieure, mais elles sont ses dé­
terminations propres par lesquelles elle se comporte de manière
déterminée ; elle n’est pas une base dépourvue-de-détermination
se trouvant au-delà de son existence extérieure ; mais est dans
ses propriétés présentes08 comme fondement, c’est-à-dire l’identité
à soi dans son être-posé ; mais en même temps comme fondement

64. Second aspect : s’il est vrai que la propriété est ce qui fait qu'une
chose est proprement ce qu’elle est, elle ne s'épuise pas dans la « disposition »
(c'est-à-dire dans le rapport à l’autre), mais elle est aussi ce qui assure la
permanence de la chose dans son identité propre.
65. sich aussern. — Sur la manière dont nous rendons ce terme et sur sa
signification précise, cf. notre traduction de « L’Etre », p. 209, note 99-
66. in seiner Beziehung, sans mouvement.
67. Le rapport-de-causalité n’interviendra que plus tard dans la suite de
l’œuvre (cf. ci-déssous, pp. 275 sq.). Ici, le rapport n’est encore envisagé
que sous la raison (plus statique) de l’opposition et de la relation entre l’unité
(de la chose) et la pluralité (de ses propriétés).
68. vorhanden, présente au sens de donnée. — Ces phrases sont directe­
ment dirigées contre une certaine conception de la chose-en-soi. Pour Hegel,
celle-ci n’est pas au-delà du lieu où se déroule l’existence ; mais l’existence
est, très précisément, cette chose-en-soi en tant qu’elle apparaît ; et, inverse­
ment, la chose-en-soi n’est rien que son propre phénomène, lequel n’est pas
sa traduction inadéquate dans le domaine du relatif et comme une sorte de
voile d une intériorité qui serait inaccessible : non, car la chose-en-soi
s exprime toute dans son apparaître (qui est sa condition d’effectivité) comme
1 essence dans 1 existence ; elle est, très exactement, dans le phénomène et
comme phenomene, présente sous la raison de ce qui le fonde.

160
LE PHÉNOMÈNE

conditionné ; c’est-à-dire que son être-posé est tout aussi bien


réflexion extérieure à soi ; elle n’est réfléchie dans soi et en
soi que dans la mesure où elle est extérieure. — Par l’existence
la chose-en-soi entre dans des rapports extérieurs ; et l’existence
consiste dans cette extériorité ; elle est l’immédiateté de l’être, et
la chose [est] par là soumise au changement ; mais elle est aussi
l’immédiateté réfléchie du fondement, la chose du même coup
en soi dans son changement. — Cette mention du rapport-fon- [150] 11]
damental n’est cependant pas à prendre ici de telle manière que la
chose en général soit déterminée comme fondement de ses pro­
priétés 69 ; la choséité70 elle-même est comme telle la détermina­
tion-fondamentale, la propriété n’est pas différente de son fon­
dement, et elle ne constitue pas simplement l’être-posé mais est le
fondement passé dans son extériorité et par là vraiment réfléchi
dans soi ; la propriété elle-même, comme telle, est le fondement,
être-posé étant en soi, ou il constitue la forme de son72 identité
à soi ; sa73 déterminité est la réflexion extérieure à soi du fonde­
ment ; et le tout [est] le fondement se rapportant à soi dans son
acte-de-repousser et de déterminer, dans son immédiateté exté­
rieure. — La chose-en-soi existe donc essentiellement, et qu’elle
existe cela veut dire inversement [:] l’existence est, comme immé­
diateté extérieure, en même temps être-en-soi74.

69- Au sens (hegeliennement dévalué) où le fondement serait, au-dela des


propriétés, le substrat inaccessible.
70. Le terme de « choséité » joue un grand rôle a 1 intérieur de la figure
de la Perception dans la Phénoménologie de l'Esprit. Il désigné la chose,
non. point dans sa détermination excluante, mais au contraire, dans 1 uni­
versalité que dessine en elle le fait d’être le « milieu » de propriétés qui
la débordent ; c’est donc dans cette « détermination-fondamentale », véritable
moyen-terme, que la propriété (l’ensemble des propriétés) se pose comme
l’émergence du fondement lui-même.
71. Il s’agit du fondement.
72. Il s’agit de l’identité à soi de la propriété.
73. La déterminité de la propriété.
74. Au terme de ce développement, Hegel dévoile la « raison » (le
fondement) de cette identité entre la chose-en-soi et l’ensemble de ses pro­
priétés : elle tient en ce que ce qui régit le rapport de ces deux termes
n’est autre que l’unité de l’intériorité essentielle et de l’extériorité de
l’existence. Or nous avons suivi plus haut, dans son dernier détail, l’échange
des déterminations entre ces deux moments de 1’ « être essentiel » : l’existence,
c’est l’immédiateté mais revenue dans soi, de même que l'essence est Ja
médiation mais qui se sursume comme telle.

161
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

Remarque75

On a déjà évoqué ci-dessus , à propos du moment de l’être-là,


[à propos de] l’être-en-soi, la chose-en-soi, et l’on a remarqué
à ce propos que la chose-en-soi comme telle n’est rien d’autre que
l’abstraaion vide de toute déterminité, dont en tout cas on ne peut
rien savoir, justement pour cette raison quelle doit être l’abstrac­
tion de toute détermination. — Après qu’ainsi la chose-en-soi se
trouve présupposée comme l’indéterminé, toute détermination
tombe en dehors de cette même [chose-en-soi] dans une réflexion
qui lui est étrangère, en regard de laquelle elle est indifférente.
Pour l’idéalisme transcendantal cette réflexion extérieure est la
conscience. En tant que ce système philosophique transfère dans
la conscience toute déterminité des choses, aussi bien selon la forme
que selon le contenu, alors, selon ce point de vue, tombe dans moi,
r151] dans le sujet, le fait que je voie les feuilles d’arbre non pas noires
mais vertes, le soleil rond et non carré, que le sucre, au goût,
m’est doux et non amer ; que je détermine le premier et [le]
second coup d’une horloge comme [se] succédant et non pas l’un
à côté de l’autre, ni le premier comme cause non plus que
comme effet du second, etc. — Cette présentation crue de l’idéa­
lisme subjectif est contredite immédiatement par la conscience
de la liberté selon laquelle Je me sais plutôt comme l’universel et
[1’] indéterminé, [selon laquelle Je] sépare de moi ces déter­
.12 minations variées et nécessaires et les connais comme quelque
chose d’extérieur pour moi revenant seulement aux choses. — Je,
dans cette conscience de sa liberté, est à soi cette identité vérita­
ble réfléchie dans soi que devait être la chose-en-soi77. — J’ai
montré ailleurs78 que cet idéalisme transcendantal n’outrepasse

75. Titre de cette Remarque dans la table des matières : La chose-en-sot


de l’idéalisme transcendantal.
76. L’original porte ici, entre parenthèses, la référence suivante : 1. Abth.
S. 55 (1° Division, p. 55). Dans notre traduction de « L’Etre », p. 91-
77. Autrement dit, à la distribution immédiate des facteurs à laquelle
procède l’idéalisme subjectif compris de façon « crue » (c’est-à-dire tranchée,
simplifiée et quelque peu outrée), le bon sens oppose, lui aussi de façon
immédiate, une distribution diamétralement opposée : c’est le sujet libre
qui est le lieu de l’universalité (et non plus la chose-en-soi), tandis qu’à.
1 inverse revient au monde objectif (et non à la conscience) le fondement des
déterminations comme déterminations particulières.
78. Cf., en particulier, la seconde partie de Glauben und Wissen, dans
, nouvelle édition des Gesammelte Werke (Tome 4, Jenaer Krttische
Schrtften, herausgegeben von Harmut Buchner und Otto Poggeler, Félix
Mexner, Hamburg 1968, pp. 325 sq. ; spécialement les pp. 328, 332 sq., —

162
LE PHÉNOMÈNE

pas la limitation du Je par l’objet, [n’outrepasse pas] en général le


monde fini, mais change seulement la forme de la borne, qui lui
demeure quelque chose d’absolu, en tant qu’en effet il la transpose
seulement de la figure objective dans la subjective, et fait de ce
que la conscience habituelle sait comme une pluralité et un chan­
gement appartenant seulement aux choses extérieures des détermi-
nités du Je et un échange désordonné de ces mêmes [déterminités]
survenant dans ce [Je entendu] comme une chose. — Dans la
considération présente se tient seulement la chose-en-soi et, en
face, la réflexion qui lui est d’abord extérieure; celle-ci ne s’est
pas encore déterminée comme conscience, non plus que la chose-
en-soi comme Je. De la nature de la chose-en-soi et de la réflexion
extérieure il s’est dégagé que cet extérieur lui-même se détermine
en chose-en-soi, ou inversement en vient à être la détermination
propre de cette première chose-en-soi. L’essentiel de l’insuffisance
du point de vue auquel en reste cette philosophie consiste main­
tenant en ce quelle tient-fermement à la chose-en-soi abstraite [152]
comme [à] une détermination ultime et [en ce quelle] place en
face de la chose-en-soi la réflexion, ou la déterminité et [la] plu­
ralité des propriétés, alors qu’en fait la chose-en-soi a en elle-
même essentiellement cette réflexion extérieure et se détermine
en quelque chose qui est doté de déterminations propres, de pro­
priétés, ce par quoi l’abstraction de la chose, [qui consiste] à être
chose-en-soi pure, s’avère comme une détermination non-vraie.

c.
Vaction-réciproque des choses

La chose-en-soi existe essentiellement


78 bis
; l’immédiateté exté­
rieure et la déterminité appartiennent à son être-en-soi ou à sa
réflexion-dans-soi. La chose-en-soi est par là une chose qui a des
propriétés, et il y a par là plusieurs choses qui se différencient
l’une de l’autre non pas par une perspective qui leur est étrangère,
mais par elles-mêmes79. Ces choses diverses [qui sont] plusieurs 113

où la pensée transcendantale est dénoncée, de ce point de vue, comme un


« dualisme »). ,
78 bis. Il s’agit là, en rigueur de termes, d’un pléonasme, étant donne que
l’existence est, nous le savons, 1’ « être essentiel ».
79. La chose-en-soi a des propriétés ; on dirait aussi bien, et plus exacte­
ment, qu’elle est effective dans et par ses propriétés. Or, sous cet aspect,
les propriétés, selon l’étymologie sur laquelle joue Hegel, sont des détermi­
nations qui sont en propre à la chose. Elles sont donc différentes suivant

163
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

sont en action-réciproque essentielle par leurs propriétés ; la pro­


priété est ce rapport-réciproque lui-même, et la chose n’est rien en
dehors de ce même [rapport-réciproque] ; la détermination mu­
tuelle, le moyen-terme des choses-en-soi qui, comme extrêmes,
devaient demeurer indifférentes en regard de ce rapport qui
est le leur, est elle-même la réflexion identique à soi et la
chose-en-soi qui devaient être ces extrêmes. La choséité est ainsi
abaissée à la forme de l’identité à soi indéterminée, qui a son
essentialité seulement dans sa propriété80. Lorsque par conséquent
il est question d’une chose ou de choses en général sans la pro­
priété déterminée, leur différence est une [différence] simplement
indifférente, quantitative. La même-chose qui se trouve consi­
dérée comme une chose peut tout aussi bien se trouver faite
[153] plusieurs choses ou se trouver considérée comme plusieurs choses ;
il y a une séparation ou [une] unification extérieures81. — Un
livre est une chose, et chacune de ses feuilles est aussi une chose,
et aussi bien chaque petit morceau de ses feuilles et ainsi de
suite à l’infini. La déterminité par quoi une chose n’est que cette
chose tient seulement dans ses propriétés. Elle se différencie par
elles des autres choses, parce que la propriété est la réflexion
négative et l’acte-de-différencier ; par conséquent c’est seulement
dans sa propriété que la chose a la différence de soi par rapport
à d’autres, en elle-même. La propriété82 est la différence réfléchie
dans soi par quoi la chose, dans son être-posé, c’est-à-dire dans son
rapport à autre-chose, est en même temps indifférente en regard
de l’autre et en regard de son rapport. A la chose sans ses
propriétés, pour cette raison, rien ne demeure que l’être-en-soi
qu’elles se trouvent insérées dans telle ou telle « choséité ; et, en consé-
quence, il existe différentes choses qui sont en rapport les unes avec les
autres par ces propriétés différentes qui sont les leurs. La pluralité est ainsi
une des déterminités (très exactement une disposition ») de la chose en
tant que chose parmi les choses.
80. La « choséité », qui est comme le moyen-terme entre la chose et sa
propriété, se montre être tel en ne retenant pour elle, hors de ses extrêmes,
aucune réalité. Le mouvement de contradiction amorcé ici entre les moments
de ce syllogisme s’achèvera à la fin du présent paragraphe, quand Hegel,
qui vient de rapprocher la choséité de la chose-en-soi, montrera son identité
avec l’autre terme de cette relation, c’est-à-dire la propriété.
81. Avec ce terme de Trennung (« séparation »), nous en reviendrions
évidemment à l’économie de l’Etre, — et plus exactement au temps de cette
division interne de l’Etre que sont la quantité et le rapport qu’elle instaure.
Mais l’exemple qui suit va montrer, a contrario, que ce rapport-quantitatif
n’est pas une détermination adéquate de la chose prise comme totalité une.
Seule peut mener à cela l’identité entre la chose et l’ensemble de ses pro­
priétés, celles-ci étant sa réflexion négative comme différenciation effec­
tivement présente en elle par rapport aux autres choses.
82. Sie.

164
LE PHÉNOMÈNE

abstrait, un contour inessentiel et un acte-de-récapituler extérieur.


L’être-en-soi véritable est letre-en-soi dans son être-posé ; celui-ci
est la propriété. Du même coup la choséité est passée dans la
propriété83.
La chose devait se comporter comme extrême étant-en-soi en
regard de la propriété, et celle-ci constituer le moyen-terme entre
les choses qui se tiennent en rapport. Seulement ce rapport est
ce dans quoi les choses se rencontrent comme la réflexion se
repoussant de soi-même, [ce] dans quoi elles sont différenciées
et rapportées. Cette différence qui est leur et leur rapport est
Une réflexion et Une continuité de ces mêmes [choses]. Par là
les choses elles-mêmes tombent seulement dans cette continuité 114
qui est la propriété et disparaissent comme extrêmes subsistants
qui auraient une existence en dehors de cette propriété84.
La propriété, qui devait constituer le rapport des extrêmes
autonomes, est par conséquent Vautonome lui-même. Les choses, [154]
en revanche, sont l’inessentiel85. Elles ne sont quelque chose
à!essentiel qu’ [entendues] comme la réflexion se rapportant à soi
comme se différenciant ; mais ceci est la propriété. Celle-ci n’est
donc pas ce qui dans la chose80 est sursumé, ou son simple mo­
ment ; mais la chose est en vérité seulement ce contour ines­
sentiel qui certes est unité négative, mais seulement comme le
Un du quelque-chose, savoir un Un immédiat67. Si auparavant la
chose se trouve déterminée comme contour inessentiel dans la

83. Ainsi s’achève le mouvement amorcé au début de ce paragraphe


(cf. ci-dessus, note 80) : la choséité s’accomplit dans sa fonction médiatrice
en identifiant concrètement la chose et sa propriété. — II, faut^ noter par
ailleurs que l’ensemble de ce développement, bien qu’intitulé « l’action-réci-
proque des choses », ne traite de la pluralité des choses que comme le chiffre
de l’unité plurielle de la chose (de chaque chose) en elle-meme. C’est seule­
ment plus loin, dans l’exposé consacré à la « relation-de-causalité », que cette
pluralité extérieure sera directement abordée pour elle-même : cf. « Action
et réaction » (pp. 287 sq), puis « L’Action-réciproque » (pp. 292 sq.).
84. Ce paragraphe, qui est une reprise, sous forme de résumé, de tout ce
qui précède, s’achève donc sur une affirmation qui est une négation directe
de tout objectivisme dans la compréhension de la chose. Celle-ci ’n existe pas
pour soi, hors de toute connaissance possible, derrière le voile des phéno­
mènes ; mais elle se donne à connaître, et de façon exhaustive,, dans la
propriété, qui constitue ce que l’on peut déjà appeler l’effectivité de son
être essentiel, l’extériorité de l’intériorité qu’elle est.
85. Entendons : elles seraient l’inessentiel si elles étaient considérées
abstraitement en elles-mêmes ; mais, exprimées dans leur propriété ou se
donne à connaître leur propre différenciation par rapport à, elles-mêmes,
elles sont, ainsi que Hegel va le dire, l'essence même appàraissant dans
l’immédiateté de l’existence.
86. im Dinge, sans mouvement.
87. Et, ainsi qu’il fut dit, elle ne rejoint cette immédiateté que dans sa
propriété.

165
I
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

mesure où elle se trouve faite telle par une abstraction extérieure


qui laisse tomber de cette même [chose] la propriété, cette abstrac­
tion est arrivée désormais par le passer de la chose-en-soi dans
la propriété elle-même, mais avec la valeur inverse, de telle sorte
que, si à cet acte-d’abstraire88 la chose abstraite sans sa propriété
s’impose encore comme l’essentiel, tandis que la propriété [s’im­
pose] comme une détermination extérieure, ici la chose comme
telle se détermine par elle-même en une forme extérieure indif­
férente de la propriété80. — Celle-ci, par là, est désormais libérée
de la liaison indéterminée et dépourvue-de-force qui est le Un
de la chose ; elle est ce qui constitue le subsister de cette même
[chose] ; une matière autonome. — En tant quelle est continuité
simple avec soi, elle n’a la forme en elle tout d’abord que
comme diversité ; il y a par conséquent des matières autonomes
de cette sorte variées, et c’est d’elles qu’est constituée la chose.

r155] B.
LE SUBSISTER DE LA CHOSE A PARTIR DE MATIÈRES

Le passage de la propriété dans une matière ou dans un matériau


autonome est le passage bien-connu que fait la chimie à propos
de00 la matière sensible quand elle cherche à présenter les pro­
priétés de la couleur, de l’odeur, du goût, etc., comme matériau-
lumineux, matériau-coloré, matériau-odorant, matériau acide, amer,
etc., ou ne fait qu’en supposer d’autres, comme le matériau-ther­
.15 mique 91, la matière magnétique, électrique, et est ainsi convaincue
de manier les propriétés dans leur véracité. — Tout aussi cou­
rante est l’expression selon laquelle92 les choses sont constituées
de matières ou matériaux divers. On se garde de nommer ces

88. jenem AbsPrahieren : il s’agit du premier type d’abstraction.


89. Le poids de la signification s’est déplacé de l’inaccessible chose-en-soi
à sa propriété. Mais ce transfert risque de n’aboutir tout d’abord qua une
absolutisation de celle-ci, si le movement en cause s’opère dans l’oubli de
l’unité essentielle de la chose. Une « abstraction » est alors remplacée par
une autre. Il faudra refaire le chemin inverse, et, de la propriété devenue
ainsi matière libre et autonome, transiter à nouveau, et sans reste possible,
vers la chose elle-même dans son unité.
90. an.
91. Warmestoff : on pourrait dire aussi le « calorique », terme ancien qui
désignait ce que l’on croyait être, dans un corps, le principe de sa chaleur.
92. dass.

166
3

:
LE PHÉNOMÈNE

matières ou matériaux des choses ; bien que l’on concédera aussi :


qu’un pigment, par exemple, est une chose ; mais je ne sais pas si
par exemple le matériau-lumineux, le matériau-thermique, ou la
;
matière électrique, etc., se trouvent aussi nommés des choses. On
!
distingue les choses et leurs composants, sans indiquer exactement ;
si et dans quelle mesure ceux-ci sont également des choses, ou r
en quelque sorte seulement des demi-choses ; mais ils sont pour i-
le moins des existants en général. r
La nécessité de passer des propriétés à des matières, ou que
I
les propriétés soient en vérité des matières, s’est dégagée de ce
quelles sont ce qu’il y a d’essentiel et partant de vraiment
autonome dans les choses. — Mais en même temps la réflexion
de la propriété dans soi constitue seulement l’un des côtés de la
réflexion totale ; savoir le sursumer de la différence et la conti­ [15 6
nuité de la propriété, qui devait être une existence pour autre-
chose, avec soi-même. La choséité, [entendue] comme la réflexion
négative dans soi, et le différencier se repoussant d’autre-chose,
est abaissé par là au rang d’un moment inessentiel ; mais en
même temps il s’est par là déterminé plus avant93. Ce moment
négatif s’est premièrement maintenu ; car la propriété n’est deve­
nue continue avec soi et matière autonome que dans la mesure
où la différence des choses s’est sursumêe ; la continuité de la
propriété dans l’être-autre contient donc elle-même le moment
du négatif, et son autonomie est en même temps, [entendue]
comme cette unité négative, le quelque-chose restauré de la cho­
séité ; l’autonomie négative en regard de 1’[autonomie] positive
du matériau05. Deuxièmement la chose, échappant à son indé-
terminité, a gagné par là la déterminité parfaite. Comme chose en
soi elle est l’identité abstraite, l’existence simplement90 négative,

93. Les premières lignes de ce paragraphe constituaient un simple résumé


du mouvement précédent. Puis Hegel, après le trait rédactionnel, a amorcé un
nouveau mouvement, qui va nous conduire à l’aporie de l'un et du pluriel,—
aporie indépassable dans le contexte présent (où les choses s’opposent abstraite­
ment les unes aux autres, et les matières aux matières dans la chose), et,
par là, à la « dissolution » de cette chose entendue comme la concrétion trop
simple d’une existence qui n’a pas encore laissé venir au jour tout ce
qu’implique la règle de son émergence « phénoménale >>. On pourrait dire,
en première approche, que la chose est à la fois exaucée et trahie dans sa
propriété : c’est le jeu de cette négativité dans cette positivité qui va nous
permettre d’entrer plus avant dans sa détermination.
94. in dus Anderssein, avec mouvement.
95. L'insuffisance du mouvement présent dent précisément en ce que cette
autonomie négative, essentielle à la chose, se pose, dans la propriété même
(dans la chose comme propriété), seulement en regard (en face) de l’autonomie
posidve de cette propriété devenue matière.
96. einfacb a ici le sens restrictif de bloss.

167

.. .
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

ou cette existence87 déterminée comme l’indéterminé ; ensuite


elle est déterminée par ses propriétés, par lesquelles elle doit se
différencier d’autres ; mais, en tant que par la propriété elle est
plutôt continue avec d’autres, cette différence imparfaite se sur-
sume ; la chose, par là, est revenue dans soi, et déterminée mainte­
nant comme déterminée ; elle est08 déterminée en soi, ou [est]
cette chose °9. —
.16 Mais, troisièmement, ce retour dans soi est certes la déter­
mination se rapportant à soi ; mais il est en même temps ines­
sentiel ; le subsister continu avec soi constitue la matière auto­
nome dans laquelle la différence des choses, leur déterminité
étant en et pour soi, est sursumée et [est] quelque chose
d’extérieur. La chose comme cette [chose] est donc certes déter­
minité parfaite, mais c’est là la déterminité dans l’élément de
l’inessentialité 10°.
'157] Considéré du côté du mouvement de la propriété, cela donne
ce qui suit. La propriété n’est pas seulement détermination exté­
rieure, mais existence étant en soi. Cette unité de l’extériorité
et de [l’]essentialité, parce qu’elle contient la réflexion-dans-soi et
la réflexion dans autre-chose, se repousse de soi-même, et, d’un
côté, est la détermination comme autonome simple se rapportant
identiquement à soi dans lequel l’unité négative, le Un de la
chose, est quelque chose de sursumé ; — de l’autre côté [elle
est] cette détermination en regard d’autre-chose, mais pareillement
comme Un déterminé en soi réfléchi dans soi ; les matières, donc,
et cette chose. Ce sont les deux moments de l’extériorité identique

97. sie.
98. Contrairement à ce qu’il en va chez Lasson, ces deux mots ne sont
pas en italique dans le texte original.
99. Autrement dit : la chose n’accomplit son périple de chose et ne
s’exprime comme telle que lorsque, par sa propriété (qui est à la fois sa
propriété et la propriété d’autres choses : le rouge est toujours rouge qu’il
soit de cerise ou de feu), elle est renvoyée en elle-même comme étant raison
de la détermination particulière qui la fait cette chose parmi les choses.
On pourrait dire que les propriétés, devenues matières, tendent vers une
certaine neutralité ; il faut chercher ailleurs qu’en elles la raison de leur
agencement particulier, — ailleurs : dans la chose.
100. Avec le paragraphe précédent, nous pouvions penser avoir atteint
au principe de détermination de la chose. Mais, en fait, ce mouvement,
pour ne pas en revenir à la simple abstraction de la chose-en-soi, ne peut
oublier qu’il n’a son effectivité que dans la propriété. Soüs peine de ne se
poser que comme une déterminité inessentielle, la chose doit donc se
. déterminer elle-même, sans doute, mais dans ses propriétés (dans ses matières).
C’est ^en elles et en elles seules que nous pouvons chercher une solution
concrète à l’aporie présente. D’où le retour, dans le paragraphe prochain, à
la propriété envisagée cette fois, non comme simple extériorité, mais comme
totalité étant aussi en soi.

168
LE PHÉNOMÈNE

à soi, ou de la propriété réfléchie dans soi 10\ — La propriété était


ce par quoi les choses devaient se différencier; en tant quelle
s est libérée de ce côté négatif [qui était] sien [et qui consistait]
à inhérer à une autre [chose], la chose, du même coup, s’est trou­
vée aussi libérée de son être-déterminé par d’autres, et, à partir du
rapport à autre-chose, est revenue dans soi; mais elle n’est en
même temps que la chose-en-soi devenue autre à soi ; parce que les
propriétés variées, de leur côté, [sont] autonomes, et qu’en cela
donc leur rapport négatif dans le Un de la chose est devenu seu­
lement un [rapport] sursumé ; pour cette raison, la chose102 n’est
la négation identique à soi quen regard de la continuité positive
du matériau. ;
Le ceci constitue donc la déterminité parfaite de la chose de :
telle manière que cette déterminité103 est en même temps une :
[déterminité] extérieure. La chose est constituée de matières auto­
nomes, qui sont indifférentes en regard de leur rapport dans la
m
chose. Ce rapport n’est par conséquent qu’une liaison inessen­
tielle de ces mêmes [matières], et la différence d’une chose par n
rapport à d’autres repose sur le fait [qui consiste à savoir] fi
si et dans quelle quantité plusieurs des matières particulières
se trouvent en elle. Elles outrepassent cette chose, se continuent [i
dans d’autres1M, et appartenir à cette chose n’est aucunement i
pour ces mêmes [matières] une borne. Tout aussi peu sont-
elles en outre une limitation les unes pour les autres, parce
que leur rapport négatif n’est que le ceci dépourvu-de-force.
Par conséquent, en devenant liées dans la chose, elles ne se sur-
sument pas ; elles sont, comme [termes] autonomes, impéné­
trables les unes pour les autres ; [elles] ne se rapportent, dans
leur déterminité, qu’à soi, et sont, les unes en regard des autres,
une pluralité indifférente [dans l’ordre] du subsister ; elles ne
sont capables que d’une limite quantitative. — La chose [enten­
due] comme cette [chose] est ce rapport simplement quantitatif
des matières, une simple collection, le aussi de ces mêmes

101. La propriété, comme propriété réfléchie, est donc le lieu où se


rencontrent et s’articulent tout à la fois les matières et la chose comme chose
particulière. Dans l’immédiat, le résultat de ce mouvement est que la propriété
se trouve lestée de cette « différence » et de cette « autonomie » qui étaient
d’abord le fait de la chose comme chose excluante. Le « matériau » tend,
dans sa continuité positive avec lui-même, à se poser comme totalité, et
son unité négative, la chose, n’est en lui que comme sursumée. La chose ne
sera ainsi elle-même que comme extérieure à soi ; ce sera sa « dissolution ».
102. es.
103. sie.
104. in (indexe, avec mouvement

169
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

[matières]105. Elle est constituée par un quantum quelconque


d’un matériau, aussi par le [quantum] d’un autre, aussi [d’]
autres ; cette connexion, [qui consiste] à ne pas avoir de connexion,
voilà ce qui constitue seulement la chose.

C.
LA DISSOLUTION DE LA CHOSE

Cette chose, telle quelle s’est déterminée, comme la connexion


simplement quantitative des matériaux libres, est la [chose]
purement-et-simplement changeante. Son changement consiste en
ce que une ou plusieurs matières se trouvent éliminées de la
collection ou ajoutées à cet aussi, ou en ce que leur relation-de-
quantités106 les unes par rapport aux autres se trouve changée.
Le surgir et [le] disparaître de cette chose est la dissolution
extérieure d’une telle liaison extérieure, ou la liaison de termes
auxquels il est indifférent d’être liés ou non. Les matériaux
circulent sans trêve en sortant de cette chose ou en y entrant ;
elle-même est la porosité absolue sans mesure propre ou forme,07.
Ainsi la chose, dans sa déterminité absolue, par quoi elle est
cette [chose] est-elle la [chose] purement-et-simplement disso­
luble. Cette dissolution est un devenir-déterminé extérieur, de même
aussi que l’être de cette même [chose] 108 ; mais sa dissolution et
l’extériorité de son être est l’essentiel de cet être ; elle n’est que
le aussi ; elle ne consiste que dans cette extériorité. Mais elle
105. Cette simple addition quantitative d’éléments disjoints et autono­
mes est tout le contraire de ce que devait être l'unité organique de
T « être essentiel ». Il faut donc en venir à sonder plus avant le centre
d’organisation intérieur de l’existant : voilà ce que fera, dans un instant, le
prochain chapitre, qui approfondira l’exposé de l’existence en l’analysant
comme phénomène. — Cette inconsistance de la chose réduite à être le
« contour inessentiel » des matières, leur simple aussi, avait été déjà directe­
ment étudié par Hegel, en son rapport à la conscience percevante, dans la
seconde figure de la Phénoménologie de l’Esprit : 91-102, passim (I 95-107).
106. Mengenverhaltnis.
107. Hegel avait déjà parlé de la porosité de la chose entendue comme le
simple « aussi » des matières indépendantes au début de la troisième figure
(« Force et Entendement ») de la Phénoménologie de l’Esprit : 105/5 (I
112/6). — Par ailleurs, que la chose soit dite ici, non seulement sans forme,
mais même sans mesure propre, signifie bien que nous sommes ramenés,
par-delà la dernière section de « L’Etre » (consacrée précisément à la mesure),
à l'extériorité du rapport-quantitatif.
108. desselben.

170

inV
LE PHÉNOMÈNE

est aussi constituée de ses matières, et non seulement le ceci


abstrait comme tel, mais toute cette chose est la dissolution
d elle-même. La chose, en effet, est déterminée comme une
collection extérieure de matières autonomes ; ces matières ne
sont pas des choses, elles n’ont pas l’autonomie négative ; mais 118
[elles] sont les propriétés [entendues] comme l’autonome, savoir
l’être-déterminé qui comme tel est réfléchi dans soi. Les matières,
par conséquent, sont certes simples et ne se rapportent qu’à elles-
mêmes ; mais leur contenu est une déterminité ; la réflexion-
dans-soi est seulement la forme de ce contenu, qui comme tel
n’est pas réfléchi dans soi, mais selon sa déterminité se rapporte
à autre-chose. La chose n’est par conséquent pas seulement le
aussi de ces mêmes [matières], — leur rapport comme indiffé­
rentes les unes en regard des autres, mais tout autant leur
rapport négatif ; — en raison100 de leur déterminité les matières
sont elles-mêmes cette réflexion négative qui est leur; laquelle
est la ponctualité de la choseuo. Telle matière111 n'est pas ce
qu’est l’autre, selon la déterminité de leur contenu l’une en
regard de l’autre ; et l’une n'est pas dans la mesure où l’autre
est, selon son autonomie.
La chose est par conséquent le rapport l’une à l'autre des
matières dont elle est constituée de telle sorte que dans elle l’une [160]
et l’autre subsistent aussi, mais qu’en elle à la fois l’une ne
subsiste pas dans la mesure où l’autre subsiste. Dans la mesure
donc où telle matière111 est dans la chose, l’autre, par là, est
sursumée ; mais la chose est en même temps le aussi, ou le
susbsister des autres. Dans le subsister de telle matière11" l’autre,
par conséquent, ne subsiste pas, et tout autant elle subsiste aussi
dans la première ; et ainsi réciproquement toutes ces matières
diverses. En tant donc que, dans la même perspective où l’une

109. Lasson ajoute ici, à juste titre, un willen qui ne se trouve pas dans
l’original.
110. Ainsi, dans la dissolution de la chose se trouve engagée la disparition,
non seulement du « aussi » négatif, du contour inessentiel (ce qui laisserait
les matières à une existence autonome et « libre »), mais de la totalité de cette
chose, jusqu’en la détermination positive qu’elle n’acquiert précisément^ que
dans ses matières. Autrement dit : les matières elles aussi (en tant qu elles
assurent l’existence de la chose, sa « ponctualité ») disparaissent, puisqu’elles
perdent le fondement négatif quelles avaient dans la chose, et donc aussi leur
existence comme termes déterminés de telle ou telle manière. N’existant plus
comme telles dans cette chose, elles ne subsistent, indifférentes, qu’en raison
de leur réflexion négative excluante dans soi et donc les unes par rapport
aux autres.
111. Die eine Materie.
112. der einen Materie.

171

4
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

subsiste subsistent aussi les autres, et le subsister Un de ces


mêmes [matières] est la ponctualité ou unité négative de la chose,
alors elles se compénètrent purement-et-simplement ; et en tant
que la chose en même temps est seulement le aussi de ces
mêmes [matières] et [que] les matières sont réfléchies dans leur
déterminité11S, alors elles sont indifférentes les unes en regard
des autres et ne se touchent pas dans leur compénétration. Les
matières sont par conséquent essentiellement poreuses114, de telle
sorte que l’une subsiste dans les pores ou dans le non-subsister
des autres ; mais ces autres sont elles-mêmes poreuses ; dans leurs
pores ou leur non-subsister subsiste aussi la première, et toutes les
autres115; leur subsister est en même temps leur être-sursumé et
le subsister &autres ; et ce subsister des autres est tout aussi
bien cet être-sursumé 110 leur et le subsister des premières et de
manière égale de tous les autres. La chose est par conséquent
la médiation avec soi se contredisant du subsister autonome par
son contraire, savoir par sa négation, ou d’une matière autonome
119 par le subsister et le non-subsister d’une autre m. — L’existence
a atteint dans cette chose son achèvement, savoir d’être, dans Un,
être étant en soi ou subsister autonome et existence inessentielle ;
la vérité de l’existence est par conséquent d’avoir son être-en-soi
dans l’inessentialité, ou son subsister dans un autre et [dans]
1 l’absolument autre, ou [d’avoir] sa nullité pour sa base. Elle est
par conséquent phénomène.

113. in ihre Bestimmtheit, avec mouvement.


114. Cf. ci-dessus, note 107. — Cette matérialisation très immédiate de ce
qui devait être un pur rapport logique de diversification et de cohérence
montre bien, a contrario, qu’il n’y a aucune solution possible du problème de
la relation entre l’intérieur et l’extérieur dans l’ordre d’une quantification. Ce
qui se trouve mis en évidence par là, c’est qu’une compréhension trop immé­
diate de l’existence impliquerait une régression du procès logique, et donc
son inscription dans le cercle du mauvais infini. Il nous faudra réexaminer la
véritable force négative du fondement surgissant (et apparaissant) comme
« phénomène ».
115. aile die übrigen.
116. Le texte original porte ici : dieser ihr Aufgehobensein, et Lasson a
repris cette version. Mais nous croyons en une faute d’impression évidente
et lisons : dieses ihr Aufgehobensein.
117. On voit ici la réinscription, dans le procès en cours, de la (vraie)
négation et de la (vraie) médiation. L’existence n’est pas une réalité dure,
fixe et figée, qui se définirait adéquatement par son seul subsister : elle est,
comme « phénomène », identité d’un subsister et d’un non-subsister, ou
encore d’une autonomie et d’une inessentialité. Ainsi est-elle vraiment être
essentiel, — d’une essentialité qui détermine l’inessentialité de l’être pris de
la sorte comme ce qui apparaît.

172
LE PHÉNOMÈNE

Remarque 118

C’est une des déterminations les plus courantes du représenter


qu'une chose est constituée de multiples matières autonomes.
D’un côté l’on considère la chose [de telle sorte] quelle a des
propriétés dont le subsister est la chose. Mais d’un autre côté
ces diverses déterminations se trouvent prises comme des matières
j
dont le subsister n’est pas la chose, mais inversement c’est la
chose qui est constituée par elles ; elle-même n’est que leur liai­ .
son extérieure et leur limite quantitative. Toutes deux, les pro­
priétés et les matières, sont les mêmes déterminations-de-contenu,
seulement elles sont là des moments réfléchis dans leur unité
négative119 comme dans une base différente d’elles-mêmes, la
choséité120, ici des autonomes divers dont chacun est réfléchi
dans son unité propre avec soi 120 bis . Ces matières, maintenant, se
déterminent en outre comme subsister autonome; mais elles
sont aussi ensemble dans une chose. Cette chose a les deux
déterminations, en premier lieu d’être ceci, et deuxièmement
d’être le aussi121. Le aussi est ce qui, dans l’intuition extérieure,
se rencontre comme étendue-spatiale ; mais Ceci122, l’unité néga­
tive, est la ponctualité de la chose. Les matières sont ensemble
dans la ponctualité, et leur aussi ou l’étendue est sous tous les
rapports cette ponctualité ; car le aussi comme choséité est essen­
tiellement aussi déterminé comme unité négative. Là où par consé­
quent est l’une de ces matières, l’autre est dans un seul et
même point ; la chose n’a pas en un autre lieu sa couleur, 1
en un autre sa substance-odorante, en un troisième son matériau-
thermique, etc., mais dans le point dans lequel elle est chaude, - [lé
elle est aussi colorée, acide, électrique, etc. Parce que maintenant
ces matériaux ne sont pas réciproquement extérieurs, mais [sont] 120
!

118. Titre de cette Remarque dans la table des matières : La porosité des
matières.
119. in ihre négative Einheit, avec mouvement.
120. Puisque, comme « propriétés », elles sont alors ce qui est « en pro-
pre » à la chose, ce qui la spécifie dans son universalité déterminable.
120 bis. in seine eigene Einheit mit sich, avec mouvement.
121. Le ceci des propriétés (ou qui n’est ceci que par ses propriétés) et le
aussi des matières. La détermination négative excluante et la disposition
positive de la relation. Les deux aspects, comme il sera dit dans un instant,
étant en fait identiques ; mais la représentation présente les tient pour for­
mellement différents, et, se permettant de jouer de cette « différence », ‘.'•55
passe sans cesse de l'un à l’autre.
122. Dieses, avec une majuscule.

173

:r
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

dans Un Ceci, ils se trouvent pris comme poreux, de telle sorte


que telle [matière] 123 existe dans les espaces-intermédiaires de
l'autre. Mais celle qui se trouve dans les espaces-intermédiaires
de l’autre est aussi elle-même poreuse ; dans ses pores par consé­
quent existe inversement l’autre ; mais non pas seulement celle-ci,
mais aussi la troisième, [la] dixième, et ainsi de suite. Toutes
sont poreuses et dans les espaces-intermédiaires de chacune se
trouvent toutes les autres, comme avec les autres124 elle se trouve
dans ces pores de chacune. Elles sont par conséquent une mul­
titude qui se compénètrent ainsi réciproquement, de telle sorte
que celles qui compénètrent se trouvent tout autant compénétrées
par les autres, [de telle sorte] donc que chacune compénètre à
nouveau son propre être-compénétré. Chacune est posée comme
sa négation, et cette négation est le subsister d’une autre ; mais ce
subsister est tout aussi bien la négation de cette autre et le
subsister de la première125.
Le prétexte par lequel le représenter retient dans Un la contra­
diction du subsister autonome des matières plurales, ou l’indif­
férence de celles-ci l’une en regard de l’autre dans leur compéné­
tration, a coutume d’être, comme on le sait, la petitesse des
parties et des pores. Là où intervient la différence-en-soi, la
contradiction et la négation de la négation, en général là où
l’on doit concevoir, le représenter se laisse tomber dans la
différence extérieure, quantitative ; en regard du surgir et du
disparaître120 il a recours à la progressivité et en regard de
l’être à la petitesse dans laquelle ce qui disparaît est abaissé à
l’imperceptible, la contradiction à une confusion, et la relation
vraie se trouve tirée dans un représenter indéterminé dont
l’opacité est sauvée par ce qui se sursume.
[163] Mais une fois cette opacité élucidée de plus près, elle s’avère

123. Comme Lasson, nous lisons ici die eine {Materie}.


124. mit den übrigen.
125. Pour le représenter, cette totale co-existence des matières s’exprime
(bien inadéquatement) par leur porosité et leur pleine pénétrabilité réciproque.
Mais, en fait, ce qui est visé par là, c’est la suppression de toute spatialité,
et le passage nécessaire à la négation logique qui fait que chacune, comme
aussi la totalité, n’existe, au sens fort, que par sa présence négative à soi,
— seul principe d’intégration qui rende raison d’une unité différenciée telle
qu’en elle l’on s’efforce de prendre en compte d’un même mouvement l'unité
contradictoire de l’identité et de la différence.
126. Ce furent les termes qui, dès la première triade de l’œuvre, permirent
d’exprimer logiquement, dans le devenir, le passage sans reste de l’être dans
le néant et du néant dans l’être. Cf. notre traduction du premier Livre,
pp. 79-80.

174
!
LE PHÉNOMÈNE !

comme la contradiction, en partie comme la [contradiction] sub­ !


jective du représenter, en partie comme la [contradiction] objec­ :
tive de l'ob-jet ; le représenter lui-même contient complètement ■

les éléments de cette même [contradiction] m. En effet, ce qu’il


;
fait lui-même en premier lieu, c’est la contradiction [qui consiste]
à vouloir s en tenir à la perception et à avoir devant soi des I
choses de Xêtre-là, et d’un autre côté à attribuer [un] être-là
sensible au non-perceptible, [à ce qui est] déterminé par la
réflexion128 ; — les petites parties et pores doivent en même
temps être un être-là sensible et l’on parle de leur être-posé
comme du même type de réalité120 qui revient à la couleur, 121
[à la] chaleur, etc. Si en outre le représenter considérait de
plus près ce brouillard ob-jectif, les pores et les petites particules,
il connaîtrait là non seulement une matière et aussi sa négation,
de telle sorte qu'ici se trouverait la matière, et à côté sa néga­
tion, le pore, et à côté de celui-ci à nouveau [la] matière et
ainsi de suite, mais [il connaîtrait] qu’il a dans cette chose
1) la matière autonome, 2) sa négation ou porosité et Vautre
matière autonome dans un seul et même point, [et] que cette
porosité et le subsister autonome des matières les unes dans les
autres comme dans Un [seul terme] est une négation réciproque
et un compénétrer du compénétrer130. — Les présentations
modernes de la physique sur la diffusion de la vapeur d’eau
dans l’air atmosphérique131 et des types de gaz l’un par l’autre
font ressortir de façon plus précise un aspect du concept qui
s’est dégagé ici à propos de132 la nature de la chose. Elles mon­
trent en effet que, par exemple, un certain volume absorbe
autant de vapeur d’eau qu’il soit vide d’air atmosphérique ou
[qu’il] en [soit] empli ; [elles montrent] aussi que les types

127. Comme toujours, le terme inférieur présente en soi tous les éléments,
qu’il suffit de relier selon leur vérité pour qu’ils se disposent et s’exposent en
leur signification vraie. Relire le contenu du représenter sous la raison de
sa contradiction immédiate, c’est laisser venir au jour la contradiction véritable
qu'il voile.
128. Ainsi déjà, dans la Phénoménologie de l’Esprit, la perception (ou la
saisie vraie : Wahrnehm ung) de la chose est-elle un passage au-delà de la
perception immédiate, et la mise au jour du véritable principe d’organisation
intérieur tant de la chose que du sujet.
129. Comme Lasson, nous supprimons ici un trait rédactionnel dont la
présence rend difficile l’intelligence de l’unité de cette phrase.
130.. Ce qui entraîne une négation logique du caractère immédiatement
sensible du compénétrer, et donc le passage au-delà d'une simple « percep­
tion s».
131. in der atmosphàrischen Luft, sans mouvement.
132. über.

175

__

I
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

de gaz se diffusent l’un dans l’autre de telle manière que chacun


est pour l’autre pratiquement un vacuum, à tout le moins qu’ils
• [164] ne sont pas les uns avec les autres dans une combinaison chi­
mique, [que] chacun demeure continu avec soi sans être inter­
rompu par l’autre, et, dans sa compénétration avec les autres,
se maintient indifférent à leur égard. — Mais le moment ulté­
rieur dans le concept de la chose est que dans le Ceci une
matière se trouve là où est l’autre, et [que] ce qui compénètre
est dans le même point aussi compénétré, ou [que] l’autonome
est immédiatement l’autonomie d’un autre. Cela est contradic­
toire ; mais la chose n’est rien d’autre que cette contradiction
elle-même; c’est pour cette raison qu’elle est phénomène1”.
Comme il en va avec ces matières, ainsi en va-t-il de même
dans le domaine spirituel avec la représentation des forces-de-
l’âme ou facultés-de-l’âme. L’esprit est au sens beaucoup plus
profond ceci, l’unité négative, dans laquelle ses déterminations
se compénètrent. Mais, représenté comme âme, il a coutume
fréquemment de se trouver pris comme une chose. De même
que l’on fait que l’homme est constitué en général d’âme et de
corps, dont chacun vaut pour soi comme un autonome, ainsi
fait-on que l’âme est constituée de ce que l’on appelle [des]
22 forces-de-lame, dont chacune a une autonomie subsistant pour
soi, ou est une activité immédiate agissant pour soi selon sa
déterminité. L’on se représente ainsi qu’agit pour soi ici l’en­
tendement, ici l’imagination, que l’entendement, la mémoire, etc.,
on les cultive chacun pour soi et qu’en attendant on laisse les
autres forces dans [1’]inactivité131 jusqu’à ce que leur tour vienne
peut-être ou peut-être ne vienne pas. En tant qu’elles se trouvent
transférées dans la chose-de-Vâme matériellement-simple, qui, en
tant que simple, est immatérielle, les facultés, à vrai dire, ne se
trouvent pas représentées comme des matières particulières ;
mais comme forces elles se trouvent supposées être tout aussi
indifférentes135 l’une en regard de l’autre que ces matières.
165] Pourtant l’esprit n’est pas cette contradiction qu’est la chose qui
se dissout et passe dans [le] phénomène ; mais il est déjà en

133. Comprenons : prise comme à la surface d’elle-même, la chose est un


ensemble de traits contradictoires, — et donc elle disparaît comme simple
chose immédiate. Par contre, elle acquiert pleine signification pour qui la
prend dans sa véritable épaisseur, comme le «, phénomène » d’un intérieur
qui s’exprime là selon tout ce qu’il est.
• 134. in Untatigkeit linker Hand.
135. indifferent a ici exactement le même sens que gleichgültig.

176

«fri
i
J .

LE PHÉNOMÈNE

lui-même la contradiction qui est revenue dans son unité absolue, 11


savoir le concept, dans lequel les différences ne sont plus à •j
i :
■ f

penser comme [moments] autonomes, mais seulement comme :


moments particuliers, dans le sujet, de l’individualité simple13*.
i ni
?$

136. Que le représenter matérialise (indûment) la chose perçue, voilà qui


peut encore s’entendre. Mais l’existence spirituelle du sujet doit laisser pres­
sentir, même à la conscience simplement percevante, que l’unité qui se
trouve visée là ne relève pas d’une juxtaposition, si fine soit-elle, des élé­
ments constitutifs qui se trouvent en présence.

177
.

a 66] CHAPITRE SECOND

LE PHÉNOMÈNE

L’existence est l’immédiateté de l’être en laquelle2 l’essence


s’est à nouveau établie. Cette immédiateté est en soi la réflexion
de l’essence dans soi. L’essence est comme existence remontée
de son fondement, qui lui-même est passé dans elle. L’existence
est cette immédiateté réfléchie, dans la mesure où en elle-
même elle est la négativité absolue. Elle est désormais aussi
posée comme ceci, en tant quelle s’est déterminée comme
phénomène3.
Le phénomène est par conséquent d’abord l’essence dans son
existence ; l’essence est immédiatement présente4 en elle. Qu’elle
ne soit pas comme {existence] immédiate, mais l'existence
réfléchie, ceci constitue le moment de l’essence en elle ; ou l’exis­
tence comme existence essentielle est phénomène5.

L Die Erscheinung : Je Phénomène, — ou 1’ « apparition de l’intério-


rite de l’essence dans l’extériorité de ce qui est essentiellement (disons encore,
et de façon plus exacte : son apparition comme extériorité). Ce chapitre
reprend à nouveaux frais l’intelligence de la relation entre le monde de l'en
soi et celui de la réalité phénoménale, relation qui, dans le chapitre précé­
dent, s’était dégradée dans une certaine opposition représentative. — Dans la
Phénoménologie de l’Esprit, les analyses qui relèvent de ce type d’intelligibi­
lité sont celles de « Force et Entendement », troisième figure de la « Cons­
cience ».
2. zu der.
3. Le mode propre selon lequel l’essence « devient », c’est, nous le savons,
son acte de « poser ». Le chapitre précédent a montré l’inanité de toute ana­
lyse qui opposerait encore l’intérieur et l’extérieur comme deux réalités^ tant
soit peu extérieures l’une à l'autre. Il doit être maintenant logiquement établi
que l’extérieur n’est ce qu’il est qu’en tant que posé par l’intérieur (ou,
comme cela se révélera plus loin, en tant qu’il est l’intérieur posé lui-même
comme extérieur). Autrement dit, le « phénomène » c’est l’immédiateté posée
comme réfléchie, c’est-à-dire comme médiation de soi.
4. vorhanden, présente au sens de donnée.
5. Précision nouvelle de ce que nous savons depuis la fin de la première

178
sr;

LE PHÉNOMÈNE
;
Quelque-chose est seulement phénomène, — dans le sens où ;
l’existence comme telle est seulement un posé, non [un] étant- IIi
en-et-pour-soi Ceci constitue son essentialité : avoir en elle-
même la négativité de la réflexion, la nature de l’essence. Ce
n’est pas là une réflexion étrangère, extérieure, à laquelle l’essence
123 a
appartiendrait, et qui par comparaison de cette même [essence] S8
avec l'existence déclarerait cette [existence] phénomène. Mais,
ainsi qu’il s’est dégagé, cette essentialité de l’existence, [qui
consiste à] être phénomène, est la vérité propre de l’existence.
La réflexion par laquelle elle est cela lui appartient en propre.
Mais lorsque l’on dit que quelque-chose est seulement phéno­ [167] a
ç.
mène au sens où par comparaison l’existence immédiate serait i

la vérité,7 c’est plutôt le phénomène qui est la vérité plus


haute ; car il est l’existence telle qu’elle est comme [existence]
essentielle, alors que par contre l’existence est le phénomène
encore dépourvu-d’essence8 ; parce que, en elle, elle n’a qu’un 1g
: '
moment du phénomène, savoir l’existence comme [existence]
immédiate, pas encore sa réflexion négative. Lorsque le phé­
nomène se trouve appelé dépourvu-d’essence, l’on pense au
moment de cette négativité comme si l’immédiat était, par com­
paraison °, le positif et [le] véritable ; mais bien plutôt cet
immédiat ne contient pas encore en lui la vérité essentielle. L’exis­
tence cesse bien plutôt d’être dépourvue-d’essence en ce quelle
passe dans [le] phénomène.
L’essence paraît tout d’abord dans elle-même, dans son iden­
tité simple ; ainsi est-elle la réflexion abstraite, le mouvement
pur de rien par rien à soi-même en retour10. L’essence apparaît,

section : l’existence est 1’ « être essentiel », — et maintenant : le phenomene


est 1’ « existence essentielle ». Ce qui s’affirme là comme progrès, cest la
cohérence plus grande de l’extérieur avec l’intériorité qui 1 habite et le cons­
titue comme tel. , . .
6. Le nur (« seulement ») n’est donc pas restrictif ou signe d une quel­
conque approche dévaluante ; il signifie que toute l’existence du phenomene
provient de (est) son être-posé.
7. L’original porte ici un point-virgule. .
8. Formule abrupte, qui ne peut s’appliquer, il va de soi, qu’à 1 existence
immédiate (donc non véritablement, non essentiellement existante) dont il
vient d’être question. On peut l’entendre ainsi sans qu’il soit nécessaire d’ajou­
ter, comme Lasson, un terme. Lasson écrit en effet : die {unmittelbare}
Existenz.
9. dagegen, là contre.
10. die reine Bewegung von Nicbts durch Nichts zu sich selbst zuriick :
cf. une formule presque identique, ci-dessus, p. 18 ; mais le « par » riea
(durch) remplaçant le « jusqu’à » (zu) marque mieux la médiation qu’est ici :
le négatif. — Tout le paragraphe qui s’ouvre ici est une reprise résumée du
mouvement qui nous amenés de la Réflexion au Phénomène. !

179
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

ainsi est-elle désormais apparence réelle, en tant que les moments


de l’apparence ont existence11. Le phénomène, tel qu’il s’est
dégagé, est la chose [entendue] comme la médiation négative de
soi avec soi-même ; les différences qu’elle contient sont des
matières autonomes, qui sont la contradiction [consistant] à
être un subsister immédiat et en même temps à avoir leur subsister
seulement dans une autonomie étrangère, donc dans la négation
de 1’[autonomie] propre, et à nouveau, justement pour cette
raison, à n’[avoir] aussi [leur subsister] que dans la négation de
cette [autonomie] étrangère, ou dans la négation de leur néga­
tion propre. L’apparence est la même médiation, mais ses moments
inconsistants ont, dans le phénomène, la figure d’[une] autonomie
immédiate. En revanche, l’autonomie immédiate qui revient à
l’existence est de son côté abaissée au [rang de] moment. Le
phénomène est par conséquent unité de l’apparence et de l’exis-
. tence12.
l168] Le phénomène se détermine maintenant de façon plus précise .
124 Il est l’existence essentielle ; l’essentialité de cette même [exis­
tence] se différencie d’elle [entendue] comme inessentielle, et ces
deux côtés entrent en rapport l’un avec l’autre. — Il est par
conséquent d’abord identité simple avec soi, qui en même temps
contient des déterminations-de-contenu diverses, lesquelles, aussi
bien elles-mêmes que leur rapport, sont ce qui demeure égal
à soi dans la variation du phénomène ; la loi du phénomène1.
Mais deuxièmement la loi simple dans sa diversité passe dans
l’opposition ; l’essentiel du phénomène se trouve op-posé au phé­
nomène lui-même15, et au monde phénoménal fait face le monde
étant en soi.
11. Nous l’avons souligné en son temps : l'accomplissement du « paraître »
en « apparaître » (du Scheinen en Erscheinen) est la sursomption de l’appa-
rence, non sa disparition néantisante. Voilà pourquoi Hegel appelle ici
« réelle » l’apparence qui a pris consistance, — avant de présenter l’effec-
tivité comme « l’apparence posée comme apparence ».
12. Dans la mesure où, comme on l’a dit, l’apparence, comme paraître de
soi en soi, est identifiée à l’essence. Nous retrouvons alors l’expression qui se
trouve à la fin du second paragraphe du chapitre présent : le phénomène
est l’existence essentielle. Hegel, d’ailleurs, va reprendre cette expression dans
les lignes prochaines.
13. Les trois petits paragraphes que l’on va lire sont l’annonce des struc-
tures selon lesquelles s’organise le développement de ce chapitre. Ainsi qu’il
est normal, elles reprennent les trois moments de la réflexion (posante, exté­
rieure, déterminante).
14. Hegel, comme il le dira plus loin, est attentif à la parenté entre la
« loi » (Gesetz) et le « poser » (Setzen). Nous avons vu que, pour lui, le
phénomène n’est autre que l’existence posée comme négativité absolue (cf.
ci-dessus, p. 178, n. 3).
15. ibr selbst.

180
LE PHÉNOMÈNE

Troisièmement cette opposition revient dans son fondement; 1


l’étant-en-soi est dans le phénomène, et inversement le phéno­ i
;
ménal est déterminé comme reçu dans son être-en-soi16 ; le phé­
nomène devient relation.

A. [169}
LA LOI DU PHÉNOMÈNE

1. Le phénomène est l’existant médiatisé par sa négation,


laquelle constitue son subsister. Cette négation sienne est certes
un autonome autre ; mais celui-ci est tout aussi essentiellement
un [autonome] sursumé. L’existant est par conséquent le retour
de soi dans soi-même par sa négation et par la négation de cette
négation sienne ; il a donc [1’]autonomie essentielle ; de même
qu’il est également de façon immédiate purement-et-simplement
être-posé qui a un fondement et un autre pour son subsister .
— En premier lieu donc le phénomène est l’existence avec en
même temps son essentialité, l’être-posé avec son fondement;
mais ce fondement est la négation, et l’autonome autre, le fon­
dement du premier, n’est également qu’un être-posé. Ou l’exis­
tant, comme [quelque chose de] phénoménal, est réfléchi dans
un autre18 et l’a pour son fondement, et cet autre lui-même
n’est que ceci : être réfléchi dans un autre18. L’autonomie essen­
tielle qui lui revient parce qu’il est retour dans soi-meme est,
en raison de la négativité des moments, le retour du rien par
rien à soi-même10 ; l’autonomie de l’existant n’est par conséquent

16. in sein Ansicbsein, avec mouvement.


17. Ainsi sont rassemblés dans le phénomène, mais pas encore pleinement
articulés, les moments extrêmes de l’être-dans-soi et de l’altérité : le « subsis­ i
ter » et 1’ « autre », 1’ « autonomie essentielle » et T « être-posé » P^LUQ
autre. Tout le développement contenu sous ce 1. va consister a montrer 1 iden­
tité, au sein du mouvement du poser, du contenu essentiel et de la multipli­ i
cité extérieure, — et c’est le plein recouvrement de ces deux termes qui sera
la loi. ■=

18. in ein anderes, avec mouvement.


19. Le texte original porte : « die Riickkehr des Nichts durch Nichts durch -
sich selbst zurück ». Il est infiniment probable qu’il faut lire zu sich selbst I
zurück, ainsi qu’il en allait dans les précédentes occurrences de cette formule
(cf. ci-dessus, p. 179, note 10 et doc. cit.). L’original que nous avons eu à notre
disposition porte d’ailleurs ici, en marge, une correction ancienne à la plume :
le durch y est souligné, précédé d’un trait vertical, et le zu figure en marge
en face de cette ligne. VJ
181
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

que Y apparence essentielle20. La cohérence de l’existant qui se


fonde de façon réciproque21 consiste, pour cette raison, dans cette
125 négation réciproque [qui fait] que le subsister de l’un n’est pas
le subsister de l’autre, mais son être-posé, et c’est ce rapport de
l’être-posé seulement qui constitue leur subsister. Le fondement
[170] est présent " tel qu’il est dans sa vérité, savoir être quelque chose
de premier qui est seulement quelque chose de présupposé23.
Cela constitue maintenant le côté négatif du phénomène. Mais
dans cette médiation négative est contenue immédiatement Yiden­
tité positive à soi de l’existant. Car il n’est pas être-posé en regard
d’un fondement essentiel, ou n’est pas Yapparence en un auto­
nome ; mais [il] est être-posé qui se rapporte à un être-posé,
ou est une apparence seulement dans une apparence. Dans cette
négation sienne ou dans son autre, qui lui-même est un sursumé,
il se rapporte à lui-même ; [il] est donc essentialité identique à
soi ou positive24. — Cet identique n’est pas Yimmédiateté qui
survient à l’existence comme telle, et [qui] est seulement l’ines-
sentiel [consistant] à avoir son subsister dans un autre. Mais il
est le contenu essentiel du phénomène, [contenu] qui a deux
côtés [consistant] à être premièrement dans la forme de Y être-
posé ou de l’immédiateté extérieure, deuxièmement à être l’être-
posé comme identique à soi. Selon le premier côté, ce contenu
est comme un être-là, mais comme un [être-là] contingent, ines­
sentiel, qui, selon son immédiateté, est soumis au passer, [au]
surgir et [au] disparaître. Selon l’autre côté, il est la détermi-
nation-de-contenu simple soustraite à cette variation25, ce qui
en cette même [variation] demeure.
20. L’essence, qui est « paraître de soi dans soi », étant présente à l’exis­
tant phénoménal, celui-ci est « apparence », — non au sens de réalité éva­
nouissante, mais au sens précisément de point d’aboutissement du mouve­
ment négatif du paraître. Voilà pourquoi il est dit « apparence essentielle ».
21. Le texte conjugue bien de la sorte le singulier du terme extérieur et
la pluralité des éléments constituants. Il faut comprendre : la cohérence de
l’existant, dont les termes constitutifs (négation de l’essence intérieure et
pluralité positive de l’être-là extérieur) se fondent de façon réciproque
(comme fondement et condition).
22. vorhanden, présent au sens de donné.
23. Par conséquent un terme « premier » qui n’est pas absolument pre­
mier, puisqu’il est pris dans le cercle de la réflexion, — dans la mesure où
l’être-posé (ici, l’existant phénoménal) le présuppose comme ce qui le pose.
24. Second aspect : si l’existant phénoménal possède en lui le cercle du
poser de l’essence, celle-ci, pour sa part, n’est en lui ce qu’elle est qu’en
tant quelle est déterminée par lui à être telle. Ainsi les deux termes se révé­
leront-ils progressivement comme totalité identique du poser et de l’être-posé,
du négatif et du positif.
25. Wechsel. — Le phénomène, comme existant essentiel, est unité de soi
à soi comme autre que soi. Il s’égalise donc à ce qui le pose, à ce qui est son
fondement, sa raison d’être. Cet aspect proprement essentiel selon lequel il est

182
LE PHÉNOMÈNE

Outre que ce contenu est en général la dimension-simple


de ce qui passe20, il est aussi contenu déterminé, divers dans
soi. Il est la réflexion dans soi du phénomène, de l’être-là négatif,
[il] contient donc la déterminité essentiellement. Mais le phé­
nomène est la diversité multiple qni-est, [et] qui se retourne en [171] I
pluralité inessentielle ; son contenu réfléchi, en revanche, est
sa pluralité réduite à la différence simple. Le contenu essentiel
déterminé est en effet, de façon plus précise, non pas seulement
déterminé en général, mais, [entendu] comme l’essentiel du phé­
nomène, la déterminité complète ; une-chose et son autre. Dans
le phénomène chacun de ces deux a son subsister dans l’autre
de telle façon qu’il n’est en même temps que dans son non-
suhsister27. Cette contradiction se sursume ; et la réflexion dans 126
soi de cette même [contradiction] est l’identité des deux côtés
de son subsister28, [en sorte que] Vêtre-posé de l’un est aussi
l’être-posé de Vautre. Ils constituent Un subsister, en même temps
comme contenu divers, indifférent l’un en regard de l’autre'9.
Dans le côté essentiel du phénomène, le négatif du contenu
inessentiel, [qui consiste] à se sursumer, est ainsi revenu dans
l’identité ; ce contenu30 est un subsister indifférent qui n’est
pas l’être-sursumé mais plutôt le subsister de Vautre.
Cette unité est la loi du phénomène31.

2. La loi est donc le positif de la médiation du phénoménal .


Le phénomène est d’abord l’existence [entendue] comme la
médiation négative avec soi, de telle sorte que l’existant est
médiatisé avec soi par son non-subsister propre, par un autre,

enraciné dans ce qui est (dans ce qui fait être) en vérité, voilà qui fera de
lui l’expression d’une « loi », c’est-à-dire d’une réalité ferme et dotée d une
certaine solidité, d’une certaine permanence assurée. i
26. das Einfache des Vergdnglichen Ce qui demeure non-divise (identique) _
dans ce qui change. :
27. Le non-subsister de cet autre.
28. ihres beiderseitigen Bestehens : de son subsister à deux cotés.
29. Entendons : dont les moments (ou les côtés) sont divers l’un en regard
de l'autre.
3°. er. *
31. La « loi » du phénomène, c’est donc ici l’identité formelle des deux
.ontenus, l’essentiel et 1’(apparemment) inessentiel, qui constituent le phéno­
mène comme phénomène, — x unité, intérieure à la chose, de la chose et de
l’autre de la chose, ou encore le subsister de chacun de ces termes dans l’autre
par le non-subsister de cet autre sien. Autrement dit : l’identique est ici la
non-identité à soi du non-identique, — ou le simple est la diversité du divers
par rapport à soi.
32. des Erscheinenden : de ce-qui-apparaît.
.
183
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

et de nouveau par le non-subsister de cet autre. Dans cela est


contenu premièrement le simple paraître et le disparaître des
deux, le phénomène inessentiel ; deuxièmement aussi le demeurer
ou la loi ; car chacun des deux existe dans ce sursumer de l’autre ;
et leur être-posé, [entendu] comme leur négativité, est en même
temps l’être-posé des deux identique, positif™.
[172] Ce subsister qui-demeure, que le phénomène a dans la loi,
est ainsi, tel qu’il s’est déterminé, op-posé en premier lieu à Yim-
médiateté de l’être qu’a l’existence. Cette immédiateté, certes,
est en soi T [immédiateté] réfléchie, savoir le fondement revenu
dans soi; mais dans le phénomène cette immédiateté simple est
maintenant différente de 1’[immédiateté] réfléchie, elles qui ne
commencèrent de se séparer que34 dans la chose. La chose
.existante, dans sa dissolution, est devenue cette opposition ; le
positif de sa dissolution est cette identité à soi du phénoménal31,
[entendu] comme être-posé, dans son autre être-posé3j. —
Deuxièmement, cette immédiateté réfléchie est elle-même déter­
minée comme Y être-posé, en regard de l’immédiateté qui-est de
l’existence. Cet être-posé est désormais l’essentiel et [le] vrai­
ment positif. Le terme allemand Gesetz {loi) contient également
cette détermination3C. Dans cet être-posé se trouve le rapport
essentiel des deux côtés de la différence que contient la loi ;
ils sont contenu immédiat divers l’un en regard de l’autre, et
le sont [entendus] comme la réflexion du contenu disparaissant,
appartenant au phénomène. Comme diversité essentielle, les
termes-divers sont des déterminations-de-contenu simples se rap­
portant à soi. Mais tout autant aucune n’est pour soi immédia­
tement, mais chacune est essentiellement être-posé, ou est seule­
ment dans la mesure où Vautre est™.
33. La loi est, dans le phénomène, l’autre du phénomène identique au
phénomène. Il est donc essentiel ici que l’essentiel ne soit pas sépare de
l’inessentiel (du changeant). — Dans cette expression de la nature contra­
dictoire du phénomène perce déjà sa « dissolution », laquelle surviendra
au-delà de l’opposition et de la distanciation abstraites de ces moments indis-
tanciables.
34. erst, temporel.
35. Premier aspect (consistant dans la prise en compte de ce qui a amené
la « dissolution » de la chose) : l’élément de permanence qui se trouve du
côté de la loi tranche dans Timmédiateté de cette chose, accentuant la dis­
tance entre son immédiateté immédiate (ce qui est simplement là) et l'immé-
diateté réfléchie qui la constitue comme existence, c’est-à-dire comme être
essentiel, — et ce bien que la première soit elle aussi « être-posé » dans le
mouvement de 1’ « être-posé » de la seconde.
36. Sur cette parenté étymologique, lourde de signification, entre la « loi »
(Gesetz) et le « poser » (Setzen), ou plutôt « l'être-posé » (Gesetztsein),
cf. ci-dessus, p. 180, note 14.
37. Second aspect : il y a, entre ces deux immédiatetés, un rapport essen-

184
LE PHÉNOMÈNE

Troisièmement, phénomène et loi ont un seul et même contenu.


La loi est la réflexion du phénomène dans l’identité à soi38; ainsi
le phénomène, [entendu] comme l'immédiat nul, fait-il face à
1 [immédiat] réfléchi-dans-soi, et ils sont différenciés selon cette
forme. Mais la réflexion du phénomène, par quoi est cette
différence, est aussi l’identité essentielle du phénomène lui-même [173]
et de sa réflexion, ce qui est en général la nature de la réflexion ;
elle est l’identique à soi dans l’être-posé, et indifférente en regard
de cette différence, qui est la forme ou l’être-posé; donc un
contenu qui se continue, à partir du phénomène, dans la loi39,
le contenu de la loi et du phénomène.
Ce contenu constitue par là la base du phénomène ; la loi
est cette base elle-même, le phénomène est le même contenu
mais contient encore plus, savoir le contenu inessentiel de son
être immédiat. Même la détermination-de-forme, par quoi le
phénomène comme tel est différencié de la loi, est en effet un
contenu et également un [contenu] différent du contenu de la
loi. Car l’existence, [entendue] comme immédiateté en général,
est également quelque chose d’identique à soi de la matière
et [de la] forme, qui en regard de ses déterminations-de-forme
est indifférent, et [est] par conséquent contenu; elle est la
choséité avec ses propriétés et matières. Mais elle est le contenu
dont l’immédiateté autonome n’est en même temps que comme
un non-subsister. Mais l’identité à soi de ce même [contenu]
dans ce non-subsister sien est le contenu autre, essentiel. Cette
identité, la base du phénomène, qui constitue la loi, est son
moment propre ; il est le côté positif de l’essentialité, par quoi
l’existence est phénomène. .•
La loi est par conséquent, non pas au-dela du phénomène,

tiel, — et ce rapport c’est précisément cela qu’est la loi. Le phénomène, en


tant qu’il obéit à une « loi », est donc le rapport entre ces deux contenus
divers, mais qui, n’étant divers que l’un par l’autre, ont, dans ce meme rap
port, une certaine relation d’identité.
38. in die Identikit mit sich, avec mouvement. _
39. in das Gesetz, avec mouvement. — Selon le troisième et ultime asp »
qu’expose ce paragraphe, la différence de contenu entre 1 immediatete *
diate du phénomène et l’immédiateté réfléchie de la loi tient se e
la forme de la réflexion. Or nous savons qu’en celle-ci letre-pos , P?
médiation du présupposé, est identique au poser. Ce qui conduit a
que le phénomène comme phénomène (c’est-à-dire comme apparition
tériorité essentielle) est précisément cette « continuité » des deux imme îa
— continuité qui fait à son tour tout le contenu de la loi. Ainsi que , / Qm
préciser le paragraphe prochain, la loi est donc bien ce qui pose le p
mène pour ce qu’il est; et la permanence qu’elle exprime est ce qui. P
l’essence simplement existante en essence, si l’on peut dire, phénome

185
J

•'U
DEUXIEME LIVRE : SECTION II

mais immédiatement présente40 dans lui ; le royaume des lois


est la reproduction en-repos du monde existant ou phénomé­
nal41. Mais tous deux sont plutôt Une totalité, et le monde exis­
tant est lui-même le royaume des lois, qui, [entendu] comme
128 l’identique simple, est en même temps comme identique à
[174] soi dans l’être-posé ou dans l’autonomie se dissolvant elle-même
de l’existence. L’existence revient dans la loi comme dans son
fondement ; le phénomène contient ces deux termes, le fonde­
ment simple, et le mouvement dissolvant de l’univers phéno­
ménal dont il42 est l’essentialité.

3. La loi est donc le phénomène essentiel ; elle est la


réflexion dans soi de ce même [phénomène] dans son être-posé,
le contenu identique de soi et de l’existence inessentielle43. En
premier lieu maintenant, cette identité de la loi avec son existence
n’est d’abord que l’identité immédiate, simple, et la loi est indif­
férente en regard de son existence ; le phénomène a encore un
autre contenu en regard du contenu de la loi. Celui-là est certes
le [contenu] inessentiel et l’acte-de-revenir dans celui-ci ; mais
pour la loi il est quelque chose de premier, qui n’est pas posé
par celle-ci ; il est par conséquent, comme contenu, lié extérieu­
rement à la loi. Le phénomène est une multitude de détermi­
nations plus précises, qui appartiennent au Ceci ou au concret
et ne sont pas contenues dans la loi, mais sont déterminées par

40. gegenwàrtig : au sens très plein, non plus simplement de donnée, mais
de produite et d’effectuée dans le mouvement qui amène tout l’intérieur jus­
qu’au phénomène, c’est-à-dire jusqu’à l’existence essentielle.
41. La « continuité » entre l’immédiateté immédiate de l’existence et l’im-
médiateté réfléchie dans la loi, qui est ici caractéristique du phénomène,
s’opère, il va de soi, au sein d’une distanciation entre les deux extrêmes de
cette continuité. Autrement dit, la loi est bien présente dans le phénomène
et seulement en lui, mais, étant du côté de la permanence phénoménale, elle
est l’autre du phénomène en tant que phénomène changeant. — Hegel, dans
la figure « Force et Entendement », dans sa Phénoménologie de l’Esprit, avait
traité de cet aspect capital selon lequel la loi, vérité du phénomène, est, au
sein de ce phénomène, 1’ « image constante » de son instabilité : Ph.G.
114/40 (I 123/32).
42. Il s’agit du fondement simple. — Ici, comme on le voit, sont soulignés
la parfaite coïncidence et le recouvrement de ces moments du phénomène que
sont la loi et le phénomène lui-même (comme simplement existant). Mais
dans cette unité est présente en germe leur opposition, qui s’exprimera tout
à l’heure sous la figure d’une extériorité entre deux « mondes ». De cette
opposition, l’analyse contenue sous le 3. va maintenant présenter une première
approche.
43. Tout ainsi que le phénomène s’était déterminé comme l’existence
essentielle, la loi, qui est ce par quoi, fondamentalement, le phénomène est
phénomène, prend maintenant sur elle la vérité du mouvement d’ « appari­
_ tion » ici analysé : elle est le phénomène en son essentialité.
=
186
LE PHÉNOMÈNE

quelque chose d’autre. — Deuxièmement, ce que le phénomène


II
contient de divers par rapport à la loi se déterminait comme
quelque chose de positif ou comme un contenu autre- mais
c’est essentiellement quelque chose de négatif ; c’est la forme et
son mouvement comme tel qui revient au phénomène. Le royaume
des lois est le contenu en-repos du phénomène ; celui-ci est le iM
même [contenu], mais se présentant dans la variation sans-repos Mil
i
et comme la réflexion dans autre-chose44. Il est la loi [enten­ §
due] comme l’existence négative se changeant purement-et-sim-
plement, le mouvement du passer dans des op-posés, de se sur-
sumer et de revenir dans l’unité. Cet aspect de la forme sans-
repos ou de la négativité ne contient pas la loi ; le phénomène,
par conséquent, est, en regard de la loi, la totalité, car il contient
la loi mais aussi plus encore, savoir le moment de la forme [175]
se mouvant elle-même 45. — Ce manque, troisièmement, est
ainsi présent40 en la loi que son contenu n’est d’abord qu’un
[contenu] divers, partant un [contenu] indifférent en regard de
soi ; par conséquent l’identité de ses côtés l’un avec l’autre n’est
d’abord qu’une [identité] immédiate et partant intérieure, ou
pas encore nécessaire'17. Dans la loi sont deux déterminations-de-
contenu comme essentiellement liées (par exemple dans la loi
du mouvement de la chute la grandeur-spatiale et la grandeur-
temporelle ; les espaces parcourus se comportent comme les
carrés des temps écoulés), elles sont liées ; ce rapport nest d abord
qu’un [rapport] immédiat. Par conséquent il n’est également
d’abord qu’un [rapport] posé, tout comme dans le phénomène
l’immédiat en général a reçu la signification de 1 être-posé.
L’unité essentielle des deux côtés de la loi serait leur négativité,
savoir que l’un contiendrait en lui-même son autre ; mais cette
unité essentielle n’est pas encore venue au jour en la loi »

44. in anderes, avec mouvement. ;


45. Ces «Jeux premiers aspects s’analysent donc ainsi : 1) comme contenu
contingent, le phénomène échappe à ce qui fait que le phénomène se range
sous une loi (ou la laisse s’exprimer en lui) ; 2) mais le phénomène, comme
totalité, est, tout à la fois, cette permanence formelle de la loi et ce contenu
changeant; comme tel, il tend à s’affirmer en monde autonome. Et ce, ainsi
que Hegel va le préciser maintenant, face au monde de la loi, qui se pose
lui aussi comme totalité une et diverse.
46. vorhanden, présent au sens de donné.
47. Comme il sera montré dans la suite, la nécessité véritable (« nécessité » I
d’un auto-mouvemeut, identique comme elle à la liberté), est en effet à cher­
cher dans un certain type de rapport entre l’intérieur et l'extérieur. En aucune
manière elle ne peut être simplement postulée dans un intérieur qui ne passe­
rait pas en effectivité. Cf. ci-dessous, pp. 262 sq.
48. Ainsi qu’on vient de le dire, une telle « unité essentielle * n’intervien­
dra de façon explicite qu’au niveau de l’Effectivité, dans l’analyse de la

187
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

(— Ainsi n’est-il pas contenu dans le concept de l’espace parcouru


dans la chute que lui corresponde le temps comme carré. Parce
que la chute est un mouvement sensible, elle est le rapport
de temps et [d’] espace ; mais premièrement ne se trouve pas
dans la détermination du temps lui-même — c’est-à-dire tel que
le temps se trouve pris selon sa représentation [—]40, qu’il se
rapporte à l’espace, et inversement ; on dit que l’on pourrait
se représenter très bien le temps sans l’espace et l’espace sans
le temps ; l’un s’ajoute donc extérieurement à l’autre, et ce rap­
port extérieur est le mouvement. Deuxièmement, la détermination
plus précise [qui consiste à savoir] selon quelles grandeurs
espace et temps se rapportent l’un à l’autre dans le mouvement
est indifférente. C’est de l’expérience que se trouve connue la
loi à ce propos ; dans cette mesure elle est seulement immé­
diate ; elle requiert encore une preuve, c’est-à-dire une média­
tion, pour le connaître, [une preuve] de ce que la loi n’a pas
[176] seulement lieu mais est nécessaire ; cette preuve et sa néces­
sité objective, la loi comme telle ne les contient pas. —) La
loi, par conséquent, est seulement l’essentialité positive du phé­
nomène, non son [essentialité] négative selon laquelle les
déterminations-de-contenu sont moments de la forme, passent
comme telles dans leur autre, et, en elles-mêmes, sont tout aussi
bien non pas eux mais leur autre. Dans la loi donc, l’être-posé
de l’un des côtés de cette même [loi] est certes l’être-posé de
l’autre ; mais leur contenu est indifférent en regard de ce
rapport ; il ne contient pas en lui-même cet être-posé. Par consé­
quent la loi est bien la forme essentielle, mais pas encore la
, forme réelle, réfléchie comme contenu dans ses côtés60.

•a *!

nécessité. — « Venue au jour » : l’original porte hervortreten ; c’est avec


raison que Lasson a lu hervorgetreten.
49. Comme Lasson, et pour la commodité de la lecture, nous plaçons ici
un second trait rédactionnel, qui marque la fin de l’incise.
50. in ihre Seiten, avec mouvement. — C’est seulement dans 1’ « Effecti­
vité » que sera atteinte cette unité de l’intérieur et de l’extérieur tout à la fois
selon la forme et selon le contenu.

188
!

I;
• ■

LE PHÉNOMÈNE

■ •

B.
LE MONDE PHÉNOMÉNAL ET LE [MONDE] ÉTANT-EN-SOI
,
;
1. Le monde existant s’élève calmement51 jusqu’à un. royaume .
53
;!
de lois ; le contenu vain de son être-là varié52 a son subsister
dans quelque chose d’autre ; son subsister53 est par conséquent 130
sa dissolution. Mais dans cet autre le phénoménal coïncide aussi
avec soi-même ; ainsi le phénomène, dans sa mutabilité, est-il
aussi un demeurer, et son être-posé est loi. La loi est cette
identité simple à soi du phénomène ; par conséquent la base, non
le fondement de ce même [phénomène] ; car elle n’est pas l’unité
négative du phénomène ; mais, [entendue] comme son identité
simple, [elle est] l’unité immédiate comme [unité] abstraite,
à côté de laquelle par conséquent l’autre contenu de ce même
[phénomène] a aussi sa place. Le contenu est ce [contenu-]ci,
est en cohérence dans soi, ou a sa réflexion négative à l’inté­ [177j
rieur de lui-même. Il est réfléchi dans un autre54; cet autre est
lui-même une existence du phénomène ; les choses qui apparais­
sent55 ont leurs fondements et conditions en d’autres choses
qui apparaissent.
Mais en fait la loi est aussi l'autre du phénomène comme tel
et sa réflexion négative comme dans son autre50. Le contenu du
phénomène, qui est divers par rapport au contenu de la loi,
est l’existant qui a sa négativité pour son fondement ou est
réfléchi dans son non-être57. Mais cet autre, qui est aussi un
existant, est également un tel réfléchi dans son non-être57 ; il

51. ruhig, terme que nous avons rendu plus haut par « en repos ».
52. ihres mannigfaltigen Daseins : l'être-là varié du monde existant.
53. sein Bestehen : le subsister du contenu vain.
> 54. in ein anderes, avec mouvement.
55. die erscheinenden Ditige : les choses qui sont de l’ordre du phéno;
mène. — Ce premier paragraphe rappelle l’un des aspects du résultat qui fut
obtenu : le fait que la loi, tout en étant dans le phénomène comme l’autre i
s
de l’existence immédiate, le détermine essentiellement au niveau de sa signi­
fication comme phénomène. Le prochain paragraphe soulignera un autre
aspect, lui aussi déjà venu au jour, le fait que phénomène et loi, tout en -»■-
étant ainsi essentiellement conjoints, s'organisent respectivement en mondes
autonomes et formellement opposés. Nous entrons maintenant dans le con­
tenu plus déterminé de ce B.
56. in ihr Anderes, avec> mouvement. — La loi est la réflexion négative du
phénomène comme dans l’autre du phénomène.
57. in sein Nichtsein, avec mouvement.

189 ■r'XM
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

est donc la même-chose, et, en cela, ce qui apparaît58 est en fait


réfléchi, non pas dans un autre59, mais dans joi59; c’est juste­
ment cette réflexion dans soi de l’être-posé qui est la loi. Mais
comme [quelque chose de] phénoménal, il est essentiellement
réfléchi dans son non-être™, ou son identité est elle-même essen­
tiellement tout aussi bien sa négativité et son autre. La réflexion
dans-soi60 du phénomène, la loi, est donc aussi non pas seule­
ment sa base identique, mais le phénomène61 a son contraire en
la loi62, et elle est son unité négative.
Par là, maintenant, la détermination de la loi s’est changée
en elle-même. Tout d’abord elle est seulement un contenu divers
et la réflexion formelle de l’être-posé dans soi, de telle sorte
que l’être-posé de l’un de ses côtés est l’être-posé de l’autre.
Pourtant, parce qu’elle est aussi la réflexion négative dans soi,
ses côtés sont-en-relation, non pas seulement comme des [côtés]
divers, mais comme des [côtés] se rapportant négativement l’un
à l’autre. — Ou, la loi [étant] considérée simplement pour soi,
les côtés de son contenu sont des [côtés] indifférents l’un en regard
[178] de l’autre ; mais ils sont tout aussi bien des [côtés] sursumés par
131 leur identité ; l’être-posé de l’un est l’être-posé de Vautre ; donc
le subsister de chacun est aussi le non-suhsister de lui-même.
Cet être-posé de l’un dans l’autre est leur unité négative, et
chacun63 est, non seulement Vêtre-posé de soi, mais aussi de
Vautre, ou chacun est lui-même cette unité négative. L’identité
positive qu’ils ont dans la loi comme telle n’est d’abord que leur
unité intérieure, qui a besoin de la preuve et de la médiation,
parce que cette unité négative n’est pas encore posée en eux.
Mais, en tant que les côtés divers de la loi sont désormais déter­
minés comme à être des [côtés] divers dans leur unité négative,
ou comme des termes dont chacun contient son autre en lui-
même et en même temps, comme autonomeC4, repousse de
soi cet être-autre sien, alors l’identité de la loi est désormais
aussi une [identité] posée et réelle“.
58. das Erscheinende : ce-qui-apparaît, ou le phénoménal.
59. in ein Anderesf in sich, avec mouvement.
60. L’original porte bien : Reflexion in-sich.
61. sie.
62. sie hat an ibm ihren Gegensatz. — Ainsi commence de s’affirmer,
dans le phénomène, l’opposition de la loi et du phénomène.
63. jedes. — Hegel passe très librement du féminin jede Seite (chaque
côté) au neutre jedes.
64. als Selbstandiges, adjectif substantivé.
65. Transition capitale : de même que, dans le développement précédent
(A.3.), nous avions vu le phénomène, face à la loi, se déterminer et s’orga­
niser comme totalité, ainsi voyons-nous maintenant la loi se poser comme

190

i
LE PHÉNOMÈNE

Par là la loi a donc reçu également le moment manquant ■

de la forme négative de ses côtés ; le moment qui auparavant


appartenait encore au phénomène; l’existence est ainsi complè­
tement revenue dans soi, et s’est réfléchie dans son être-autre60
absolu étant-en-et-pour-soi. Ce qui précédemment était loi n’est j
plus par conséquent Un seul côté seulement du tout, dont l’autre
était le phénomène comme tel, mais est lui-même le tout. L’exis­
tence67 est la totalité essentielle du phénomène, de telle sorte
que maintenant elle contient aussi le moment de l’inessentialité,
qui revenait encore à celui-ci ; mais comme l’inessentialité réflé­
chie, étant-en-soi, c’est-à-dire comme la négativité essentielle68.
— La loi est, comme contenu immédiat, déterminée en général,
différente d’autres lois, et de celles-ci il y a une multitude indé­
terminable. Pourtant, en tant que maintenant elle a en elle-même
la négativité essentielle, elle ne contient plus une telle déter- U79]
mination-de-contenu seulement indifférente, contingente ; mais
son contenu est toute déterminité en général, en rapport essentiel
se faisant totalité. Ainsi le phénomène réfléchi dans soi est-il
maintenant un monde qui s'ouvre comme [monde] étant en et
pour soi au-dessus du monde phénoménal.
Le royaume des lois contient seulement le contenu simple,
immuable mais divers, du monde existant. Mais en tant mainte­
nant qu’il est la réflexion totale de ce [monde], il contient aussi
le moment de sa variété dépourvue-d’essence. Ce moment de la
variabilité et du changement, comme [moment] réfléchi dans 132
soi, essentiel, est la négativité absolue ou la forme en général
comme telle, mais dont les moments, dans le monde étant-en-et-
pour-soi, ont la réalité d’[une] existence autonome mais réfléchie ;
de même qu’à l’inverse cette autonomie réfléchie a désormais la
forme en elle-même, et [que] par là son contenu nest pas un
[contenu] simplement varié, mais un [contenu] essentiellement
cohérent avec soi69.

ayant en elle sa propre effectivité. Non que d’elle le phénomène puisse


jamais être déduit : mais elle est, dans son abstraction de loi (dans son unité
négative), l’identité réelle avec lui-même de l’universel dans ses particularités.
Une calme réplique de l'univers phénoménal.
66. in ihr Anderssein, avec mouvement.
67. Sie.
68. Ainsi donc est aussi présent dans la loi, sous forme de négativité
essentielle, ce qui d’abord, dans le phénomène changeant, échappait le plus
radicalement à toute règle et à toute universalité : la contingence inessen­
tielle. La loi a donc aussi la pluralité en^ elle (pluralité qui s’exprime dans
la multiplicité des lois). Elle est tout ce qu’est le phénomène, mais sous forme
réfléchie, médiatisée et stable.
69- Ainsi se dessine l’épure d’un monde architectoniquement organisé,

191
8
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

— Ce monde étant en et pour soi s’appelle aussi le monde


suprasensible70 ; dans la mesure où le monde existant se trouve
déterminé comme [monde] sensible, savoir comme monde qui
est pour l’intuition, [pour] 71 le comportement immédiat de la
conscience. — Le monde suprasensible a également [une]
immédiateté, [une] existence, mais [une] existence réfléchie,
essentielle. L'essence n’a encore aucun être-là ; mais elle est, et
dans un sens plus profond que l’être ; la chose est le commen­
cement de l’existence réfléchie ; elle est une immédiateté qui
n’est pas encore posée comme [immédiateté] essentielle ou
réfléchie; mais elle n’est pas en vérité un immédiat qui-estn.
Ce sont seulement73 les choses comme choses d’un monde autre,
suprasensible, qui sont posées, premièrement comme existences
[ISO] véritables, et deuxièmement comme le vrai en regard de l’étant;
— en elles74 est reconnu qu’il y a un être différent de l’être
immédiat, qui est existence véritable. D’une part, dans cette
détermination, est surmontée la représentation sensible qui attri­
bue existence seulement à l’être immédiat du sentiment et de
l’intuition ; mais d’autre part [est surmontée] aussi la réflexion
dépourvue-de-conscience qui certes a la représentation de choses,
[de] forces, [d'^intérieur, et ainsi de suite, sans savoir [pourtant]
que de telles déterminations ne sont pas des immédiatetés sen­
sibles ou [des immédiatetés] qui-sont, mais des existences réflé­
chies.

2. Le monde étant en et pour soi est la totalité de l’existence ;


il n’y a rien d’autre en dehors de lui. Mais en tant qu’il est en

dont le contenu est Je même que celui du monde des phénomènes, non plus
pourtant sous la forme de la multiplicité pure et non-réfléchie, mais sous celle
d’une diversité non soumise au changement et à la contingence.
70. Ainsi était-il déjà désigné dans le passage parallèle, déjà évoqué, de la
Phénoménologie de l’Esprit.
71. Comme Lasson, nous ajoutons ici, pour la clarté de la lecture, un fur,
« pour ».
72. Nous sommes accoutumés, par tout le développement contenu dans la
première section de ce Livre, à cette détermination du caractère complexe
de l’essence par rapport à l’être. Etant la vérité de l’être, l’essence est plus
être que l’être lui-même ; mais, se déployant d’abord comme la tliématisation
du moment abstrait de la médiation, elle est comme retirée de l’être en son
immédiateté. Et même lorsque, dans l’existence, elle aborde à nouveau aux
rivages de cette immédiateté, elle n’est pas encore immédiate, — ou plutôt :
il, lui faut encore prouver qu’elle l’est. Tel est, mutatis mutandis, le statut de
l’immédiateté à l’intérieur du monde supra-sensible : elle se pose comme
l’existence véritable ; mais il lui faudrait encore prouver qu’elle enserre bien
en elle l’immédiateté de l’étant.
73. etst, temporel.
74. in ihnen.

192
LE PHÉNOMÈNE

lui-même la négativité absolue ou forme, sa réflexion-dans-soi est


rapport négatif à soi. Il contient l’opposition, et se repousse
dans soi comme le monde essentiel, et dans soi comme le monde
de l’être-autre ou le monde du phénomène75. Ainsi est-il aussi,
parce qu’il est la totalité, seulement comme un côté de cette
même [totalité], et constitue dans cette détermination une
autonomie diverse en regard du monde du phénomène. Le monde
phénoménal a son unité négative en le monde essentiel, dans
lequel76 il [va] au gouffre et dans lequel77 il revient comme
133
dans son fondement. En outre, le monde essentiel est aussi le
fondement posant du monde phénoménal ; car, contenant la
forme absolue de son essentialité, son identité à soi se sursume,
se fait être-posé, et, [entendue] comme cette immédiateté posée,
est le monde phénoménal.
Il est en outre, non seulement fondement en général du
monde phénoménal, mais son fondement déterminé. Déjà [quand
il est entendu] comme le royaume des lois, il est co7ite7iu varié,
et il l’est [comme] le [contenu] essentiel du monde phénoménal, LU
et comme fondement plein-de-contenu, le fondement déterminé
de rautre [monde], mais seulement selon ce contenu78; car le
monde phénoménal avait encore [un] autre contenu divers79 que
ce royaume, parce que lui revenait encore en propre le moment
négatif. Mais, en tant que le royaume des lois a maintenant
également en lui ce moment, il est la totalité du contenu du
monde phénoménal et le fondement de toute sa variété. Mais
le monde essentielfe0 est en même temps le négatif de ce même
[monde phénoménal], ainsi est-il le monde op-posé à celui-ci .

75. Ce second développement va montrer en effet que, étant totalité sous


mode réfléchi (et donc comme se déterminant en soi), le monde supra-sensible
n’est pas simplement l'autre du monde phénoménal, mais aussi son fonde­
ment. Ne perdons pas de vue le fait que ce monde est ici 1 image pétrifiée de
l'intériorité essentielle dans son rapport à l’immédiateté extérieure.
76. in der, sans mouvement.
77. in die, avec mouvement. — Une nouvelle fois,. Hegel joue ici de la
double signification, négative et positive, du terme Grund : « gouffre » et
<r fondement ».
78. C’est-à-dire selon ce contenu essentiel dont il vient d’être question.
79. L’original porte : die erscheinende Welt hatte noch mannigfaltigen
andern Inhalte ; bien entendu il faut lire, comme Lasson : lnhalt.
80. sie.
81. Hegel a ici pour double souci de manifester la liaison de ces deux
mondes (au titre du rapport-fondamental qui existe entre eux) et leur auto­
nomie (que l’on pourrait appeler une autonomie de totalité) l'un par rapport
à l’autre. Entre les deux, il y a même contenu (au moins s’il s’agit du contenu
essentiel), mais chacun possède ce contenu selon une négativité propre, —
d’où une différence qui les oppose l’un à l’autre. Nous voyons poindre là

193
DEUXIEME LIVRE : SECTION II

— En effet, dans l’identité des deux mondes, et en tant que l’un


est déterminé selon la forme comme le [monde] essentiel et l’autre
comme ce même [monde] mais comme [monde] posé et ines­
sentiel, le rapport-fondamental s’est certes rétabli ; mais en même
temps comme le rapport-fondamental du phénomène, savoir
comme rapport non pas d’un contenu identique, et pas plus
d’un [contenu] simplement divers, comme est la loi, mais
comme rapport total, ou comme identité négative et rapport
essentiel du contenu comme {contenu} op-posé. — Le royaume
des lois n’est pas seulement le fait que l’être-posé d’un contenu
est l’être-posé d’un autre, mais cette identité, comme il s’est
dégagé, est essentiellement aussi unité négative ; chacun des
deux côtés de la loi est, dans l’unité négative, en lui-même
son autre contenu ; l’autre n’est par conséquent pas de façon
indéterminée un autre en général, mais il est son autre, ou il
contient également la détermination-de-contenu de celui-là ; ainsi
les deux côtés sont-ils des [côtés] op-posés82. En tant que le
royaume des lois maintenant a en lui ce moment négatif et
l’opposition et, comme la totalité, se repousse ainsi de soi-même
dans un83 [monde] étant en et pour soi et un monde phéno­
134 ménal, ainsi l’identité des deux est-elle le rapport essentiel de
M82] l’op-position. — Le rapport-fondamental comme tel est l’oppo­
sition qui dans sa contradiction est allée au gouffre84 ; et l’exis­
tence, le fondement qui coïncide avec soi-même. Mais l’existence
en vient à être l’apparence ; le fondement est sursumé dans
l’existence85 ; il se rétablit comme retour dans soi de l’apparence ;
mais en même temps comme [fondement] sursumé, savoir comme
rapport-fondamental de déterminations op-posées ; mais l’identité
de tels termes est essentiellement devenir et passer, non plus
le rapport-fondamental comme tel86.

ia simple différence de signe qui fera du monde supra-sensible un décalque


renversé du monde phénoménal.
82. Dans Pop-position, ainsi qu’on le sait, il y a en effet tout à la fois
identité de contenu (ce qui veut dire rapport pleinement déterminé) et néga­
tion excluante. Or tel est bien le cas ici, où la différence entre les deux
totalités se pose et se définit au seul plan formel.
83. in eine, avec mouvement.
84. zu Grande : au fondement, — ce même « fondement » que va
reprendre la phrase qui suit immédiatement.
85. in der Existenz, sans mouvement.
86. Le rapport-fondamental, s’achevant dans la sursomption du fonde­
ment en l’immédiateté retrouvée, pose celle-ci comme totalité. Chacun des
termes étant dès lors réfléchi dans soi dans son autre, tous deux se déter­
minent comme des entités d’égale-valeur, — et la relation de l’un à l'autre
n’est plus qu’une op-position qui, bien en deçà de toute détermination essen-

194
LE PHÉNOMÈNE

Le monde étant en et pour soi est donc lui-même un monde


différencié dans soi dans la totalité87 du contenu varié ; il est
identique au [monde] phénoménal ou posé, dans cette mesure
fondement de ce même [monde], mais sa connexion identique
est en même temps déterminée comme op-position, parce que
la forme du monde phénoménal est la réflexion dans son être- :
autre88, lui par conséquent dans le monde étant en et pour soi
a fait vraiment retour autant dans soi-même que celui-ci est
son [monde] op-posé. Le rapport est donc déterminé tel que
le monde étant en et pour soi est le [monde] renversé du
[monde] phénoménal89.

C [183]
DISSOLUTION DU PHÉNOMÈNE

Le monde étant en et pour soi est le fondement déterminé


du monde phénoménal, et cela seulement dans la mesure où il
est en lui-même le moment négatif et partant la totalité des
déterminations-de-contenu et de leurs changements, [totalité] qui
correspond au monde phénoménal, mais constitue en même temps
son côté radicalement op-posé. Les deux mondes sont donc en
relation de telle sorte lun à l’autre que ce qui dans le monde :
phénoménal [est] positif [est] négatif dans le monde en et pour

tielle oubliée, commande entre eux d’abord le type de transition qui existait
entre les moments de l’être : l’acte-de-passer. i;
87. in die Totalitàt, avec mouvement. ;
88. in ihr Anderssein, avec mouvement.
89- Le monde renversé (die verkehrte Welt) ne sera évoqué pour lui-même !
que de façon très rapide dans le paragraphe prochain, — avec, nous le ver­
rons, un renvoi explicite (le seul de toute la Logique) à une figure déterminée
de la Phénoménologie de l’Esprit, celle qui a trait à T « Entendement ».
Deux remarques à ce propos : tout d’abord, cela confirme l’hypothèse évoquée
dans notre Présentation, selon laquelle, dans la recherche impossible des
parallèles entre les figures phénoménologiques et les moments du concept
pur, il faudrait prendre en compte, au niveau des grands ensembles, qui est
sans doute le seul signifiant, la correspondance étroite entre la « Conscience »
d’une part et les deux Livres de la « Logique objective » d’autre part. Et
ensuite, la raison pour laquelle Hegel n'a pas développé ici cet aspect des
choses, c’est que, à strictement parler, cette dialectique du « monde ren­
versé » (les exemples ébauchés suffisent à le montrer) relève d’une pétrifica­
tion proprement représentative qui nous ferait échapper à l’élément pur de
la logique et de ses rapports. Atteindre a cet extrême, c’est, de soi, toucher
à la « dissolution » du phénomène.

195
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

! soi, inversement ce qui dans celui-là [est] négatif est positif dans
celui-ci. Le pôle nord dans le monde phénoménal est en et
pour soi le pôle sud, et inversement ; l’électricité positive est
en soi [électricité] négative, etc. Ce qui dans l’être-là phénoménal
est mal, malheur, etc., est en et pour soi bon et un bonheur *.
En fait, précisément dans cette opposition des deux mondes
a disparu leur différence, et ce qui devait être monde étant en
135 et pour soi est lui-même monde phénoménal, et celui-ci, à
l’inverse, en lui-même monde essentiel 91. — Le monde phé­
noménal est d’abord déterminé comme la réflexion dans Terre-
autre02, de telle sorte que ses déterminations et existences ont
dans un autre leur fondement et subsister ; mais, en tant que cet
autre est également un tel réfléchi dans un autre03, elles ne se
rapportent en cela qu’à un autre se sursumant, du même coup
à soi-même ; le monde phénoménal, par là, est en lui-même
£184] loi égale à soi-même. — Inversement le monde étant en et pour
soi est d’abord le contenu identique à soi, soustrait à Têtre-autre
et à la variation ; mais celui-ci04, comme réflexion complète du
monde phénoménal dans soi-même, ou parce que sa diversité
est différence réfléchie dans soi et absolue, contient le moment
négatif et le rapport à soi comme à Têtre-autre ; par là il devient
contenu op-posé à soi-même, se renversant, dépourvu-d’essence.
En outre ce contenu du monde étant en et pour soi a par là
reçu aussi la forme d’existence immédiate. Car ce monde95 est
d’abord fondement du [monde] phénoménal ; mais, en tant qu’il
a en lui-même l’op-position, il est tout aussi bien fondement
sursumé et existence immédiate.
Le [monde] phénoménal et le monde essentiel sont par là
chacun en lui-même la totalité de la réflexion identique à soi et

* Cf. Phénoménologie de l’Esprit, pp. 88 sq.00.


90. Hoffmeister, pp. 121 sq. (Hyppolite I 132 sq.).
91. Pour qui se souvient que le monde étant en et pour soi tire son ori­
gine d’une concrétion de l’essence, dont nous savons qu’elle est, de soi,
passage dans l’existence, il sera évident que la différence de signe entre
ce monde et celui du phénomène n’est pas, au sens propre, une diffé­
rence essentielle. « Ce monde, dira Hegel à la fin de l’actuel paragraphe,
est d’abord fondement du monde phénoménal », — et fondement tel qu’en
lui il apparaît comme immédiat. — Il convient donc de commencer la
démonstration par l’autre terme, c’est-à-dire par le phénomène : c’est ce
que Hegel va faire au cours des lignes prochaines.
92. in das Anderssein, avec mouvement.
93. in ein Anderes, avec mouvement. — Le monde que l’on peut appeler
le monde fondamental n'est en effet lui-même rien d'autre que l’acte de
passer dans le phénomène et de se poser en lui pour ce qu’il est.
94. Entendons : le contenu.
95. sie.

196

i
LE PHÉNOMÈNE

de la réflexion-dans-autre-chose, ou de letre-en-et-pour-soi et
de l’apparaître. Ils sont tous deux les touts autonomes90 de l’exis­
tence ; l’un devait être seulement l’existence réfléchie, l’autre l’exis­
1
tence immédiate ; mais chacun se continue dans son autre
.
[monde] °7, et est par conséquent en lui-même l’identité de ces :
deux moments. Ce qui donc est présent08, c’est cette totalité qui
se repousse de soi-même dans deux totalités, l’une la totalité :
réfléchie, et l’autre la [totalité] immédiate. Tous deux sont ;
en premier lieu des autonomes, mais ils ne le sont que comme :
;
totalités, et ils le sont dans la mesure où chacun a essentielle­
ment en lui le moment de l’autre [monde]. L’autonomie dif­
férenciée de chacun, de celui qui est déterminé comme immédiat
et de celui qui est déterminé comme réfléchi, est par conséquent
désormais posée de manière à n’être que comme rapport essentiel •
à l’autre, et à avoir son autonomie dans cette unité des deux™.
L’on était parti de la loi du phénomène ; celle-ci est l’identité
d’un contenu divers avec un autre contenu, de telle sorte que [185] 1:
l’être-posé de l’un est l’être-posé de l’autre. Dans la loi est
encore présente100 cette différence que l’identité de ses côtés
n’est d’abord qu’une [identité] intérieure, et [que] ces côtés
ne l’ont pas encore en eux-mêmes ; ainsi, d’une part, cette
identité n’est pas réalisée ; le contenu de la loi n'est pas comme
[contenu] identique, mais un contenu indifférent, divers ; —
d’autre part il101 est par là déterminé seulement en soi de telle
sorte que l’être-posé de l’un est l’être-posé de l’autre ; cela n’est
pas encore présent102 en lui. Mais désormais la loi est réalisée ;
son identité intérieure est en même temps [identité] étant-là, et
inversement le contenu de la loi est élevé à l’idéalité ; car il est
en lui-même [contenu] sursumé, réfléchi dans soi, en tant

96. die selbstandigen Ganzen.


97. in ibrer andern, sans mouvement.
98. vorhanden, présent au sens de donné.
99. La résolution de tout ce mouvement est présente dès là qu’est pris en
compte ce qu’est en fait la « totalité ». En effet, que chacun de ces mondes
soit totalité signifie que tous deux -procèdent de la scission d’une unique
totalité, qui s’expose en eux selon la diversité de sa richesse à la fois une
et multiple. Autre façon d’exprimer cela : le monde étant en et pour soi et
le monde phénoménal ne sont des totalités (et des totalités de signe op-posé)
que parce que chacun contient en lui, et de façon essentielle, l’autre, par la
sursomption duquel il est ce qu’il est, c’est-à-dire que leur « op-position »
exprime la relation proprement essentielle (et, par conséquent, une) qui les
rapporte l’un à l’autre.
100. vorhanden, présente au sens de donnée.
101. et : le contenu.
102. vorhanden, présent au sens de donné.

197

______
1"

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

que chaque côté a en lui-même son autre [côté], et est par là


vraiment identique à lui et à soi103.
Ainsi la loi est-elle relation essentielle. La vérité du monde
inessentiel est d’abord un monde étant en et pour soi [qui
est] autre [par rapport] à lui; mais celui-ci est la totalité, en
tant qu’il est [et] lui-même et ce premier [monde] ; ainsi sont-ils
tous deux des existences immédiates et par là réflexions dans
leur être-autre1M, comme aussi justement par là des [existences]
vraiment réfléchies dans soi. Monde exprime de façon générale
la totalité dépourvue-de-forme de la variété ; ce monde, aussi
bien comme [monde] essentiel que comme [monde] phénoménal,
est allé au gouffre, en tant que la variété a cessé d’être une
[variété] simplement diverse ; ainsi est-il encore totalité ou
univers, mais comme relation essentielle105. Deux totalités du
contenu ont surgi dans le phénomène ; d’abord elles sont déter­
minées comme des autonomes indifférents l’une en regard de
l’autre, et ont certes la forme chacune en elle-même, mais non
l’une en regard de l’autre ; mais celle-ci s’est montrée aussi
comme leur rapport, et la relation essentielle est l’achèvement
de leur unité-formelle.

103. Le paragraphe que l’on vient de lire est un résumé de tout le déve-
lopement contenu dans ce second chapitre, — avec le rappel de ses termes
extrêmes : la « loi du phénomène », telle quelle est d’abord en soi dans sa
première et simple affirmation, et cette même loi déterminée maintenant
comme « loi réalisée », dans l’affirmation de la « relation essentielle » ras­
semblant les termes qui se distinguent en elle. A noter que cette « réalisa­
tion » de la loi peut être dite aussi bien son élévation à 1’ « idéalité », —
ce dernier terme n étant pas chez Hegel synonyme d’abstraction, mais signi­
fiant au contraire le passage, par sursomption, à la plénitude effective du
contenu en jeu.
104. in ihr Anderssein, avec mouvement.
105. Ce passage du « monde » à 1’ « univers » signifie, jusque dans l’éty­
mologie du terme, que la totalité se trouve bien prise en compte comme
totalité (c’est-à-dire comme diversité niée et organiquement rassemblée) à
l’intérieur d’un « rapport » qui est désormais l’expression de l’essence, et de
l’essence réalisée (ou, à tout le moins, ayant approfondi et précisé sa réali­
sation). D’où le sens des étapes qui la mènent peu à peu, par la médiation
du phénomène, de l’existence à l’effectivité. C’est bien le phénomène comme
tel, en effet, qui, après une distanciation provisoire de soi à soi, se retrouve
identique à lui-même dans son intériorité posée et posante.

198
CHAPITRE TROISIÈME [186]

LA RELATION ESSENTIELLE

La vérité du phénomène est la relation essentielle. Son contenu1


a autonomie immédiate, et cela comme2 l’immédiateté étante
et l’immédiateté réfléchie ou la réflexion identique à soi. En 137
même temps il est dans cette autonomie un [contenu] relatif,
[qui] n’[est entendu] purement-et-simplement que comme
réflexion dans son autre3, ou comme unité du rapport avec son
autre. Dans cette unité le contenu autonome est quelque chose
de posé, de sursumé ; mais justement cette unité constitue son
essentialité et [son] autonomie ; cette réflexion dans autre-
chose4 est réflexion dans soi-même. La relation a des côtés,
parce qu’elle est réflexion dans autre-chose4 ; ainsi a-t-elle
la différence d’avec soi-même en elle ; et les côtés de cette
même [relation] 5 sont subsister autonome, en tant que, dans
leur diversité indifférente l’un en regard de l’autre, ils sont
brisés dans eux-mêmes, de sorte que le subsister d’un chacun
n’a tout autant sa signification que dans le rapport à l’autre
ou dans son unité négative.
La relation essentielle n’est par conséquent certes pas encore
le tiers véritable par rapport à Yessence et à Y existence ; mais
[elle] contient déjà l’unification déterminée des deux6. Lessence
1. Il faut entendre : le contenu de la relation essentielle.
2. und zwar.
3. in sem Anderes, avec mouvement.
4. in anderes, avec mouvement. ,
5. die Seiten desselben. C'est sans aucune raison que Lasson omet ce der­
nier terme.
6. L’existence, telle quelle fut pro-duite hors de l'essence, est bien, nous
le savons depuis la fin de la première section, la présence concrète de ce
essence dans l’immédiateté. Mais, de même qu'entre être et essence, I un»
manifestée avait dû d’abord surmonter 1' « apparence » rémanente dun^
opposition d’extériorité, ainsi entre existence et essence (et à seule m

199
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

esc réalisée dans elle de telle sorte qu’elle a pour subsister sien
des [termes] existant-de-façon-autonome ; et ceux-ci sont revenus
de leur indifférence dans leur unité essentielle, de sorte qu’ils
n’ont que celle-ci pour leur subsister. Les déterminations-de-
réflexion du positif et [du] négatif sont également des [déter­
£187) minations] réfléchies dans soi seulement comme réfléchies dans
leur op-posé7 ; mais elles n’ont pas d’autre détermination que
cette unité négative [qui est] leur ; la relation essentielle, par
contre, a pour côtés siens des termes tels qu’ils sont posés
comme totalités autonomes. C’est la même op-position que celle
du positif et [du] négatif ; mais en même temps comme un
monde renversé8. Le côté de la relation essentielle est une
totalité, mais qui comme essentielle a un op-posé, un au-delà
de soi ; cet au-delà9 n’est que phénomène ; son existence est
plutôt non pas la sienne, mais celle de son autre. Il est par
conséquent quelque chose de brisé dans soi-même ; mais cet
être-sursumé sien consiste dans le fait qu’il est l’unité de soi-
même et de son autre, donc [un] tout, et justement pour cette
raison il a [une] existence autonome et est réflexion essentielle
dans soi.
Ceci est le concept de la relation10. Mais tout d’abord l’identité
montrer leur identité véritable) Hegel a-t-il d'abord, d’un point de vue
méthodologique, accentué leur différence et leur opposition de fait, sinon
de principe ; leur unité révélée n’en aura que plus de poids.
Dans ce processus, l’importance du présent chapitre est décisive : contraire­
ment aux deux précédents, il ne prend plus appui sur l’immédiateté exté­
rieure, mais sur la <t relation essentielle ■» qui rassemble et fonde l’extérieur
dans l’intérieur. C’est pourquoi ce développement, qui assure la transition
de l’existence à l’effectivité, s’achèvera sur la thématisation déjà proprement
« conceptuelle » de cette identité posée entre intérieur et extérieur. Il y aura
bien unité (et unité déterminée) de l’essence et de l’existence.
7. in ihr Entgegengesetztes, avec mouvement.
8. La « relation essentielle » est en effet une réalisation du mouvement
de la réflexion, pris, au terme de son exposé, dans l’unité et l’op-position
proprement « contradictoires » du positif et du négatif : nouvelle pr euve
de ce que la « réflexion » (et ses premières expressions déterminées à l’inté­
rieur d’elle-même) constitue bien la cellule originaire où se donne à connaître,
du point de vue de son affirmation logique, la structure de tout ce qui est.
Mais Hegel affirme également ici que cette réalisation de la contradiction
a abouti, dans le chapitre précédent, à une impasse : celle du « monde
renversé » ; il faut donc, nous le savons, reprendre à un plan plus fonda­
mental la question de l’unité des termes en présence.
9. es.
10. Que l’on parle ici de concept de la relation est significatif à un double
niveau. Tout d’abord nous atteignons ici, et pour la première fois, à cette
unité différenciée dans soi qu’est le concept (cf. ci-dessus, note 6, in fine) ;
mais, par ailleurs, ce « concept » n'est encore ici que concept, c’est-à-dire
totalité ultime mais non encore développée et déterminée pour elle-même
(sur cette signification d’abord restrictive du seulement concept, cf., entre
autres textes, la « Division » de la c Doctrine du Concept », Lasson II 235)*

200
LE PHÉNOMÈNE

qui le contient n’est pas encore parfaite; la totalité que chaque


relatif est en lui-même n’est que11 quelque chose d’intérieur;
le côté de la relation est d’abord posé dans une des déterminités
de l’unité négative ; l’autonomie propre de chacun des deux 138
côtés est ce qui constitue la forme de la relation. Son identité12
n’est par conséquent qu’un rapport, en dehors duquel tombe leur
autonomie ; savoir dans les côtés ; ce n’est pas encore l’unité^
réfléchie de cette identité et des existences autonomes qui est
présente13,- pas encore la substance. — Le concept de la rela­
tion, par conséquent, s’est certes dégagé, [lui qui consiste] à
être unité de 1’[autonomie] réfléchie et de l’autonomie immédiate.
Mains d’abord ce concept lui-même est encore immédiat, ses
moments par conséquent [moments] immédiats l’un en regard
de l’autre, et leur unité [est] rapport essentiel qui ne devient
l’unité véritable, correspondant au concept, que11 dans la mesure
où elle se réalise, c’est-à-dire [dans la mesure où], par son
mouvement, elle [s’]est posée comme cette unité14.
La relation essentielle, par conséquent, est immédiatement la [188]
relation du tout et des parties ; — le rapport de 1’[autonomie]
réfléchie et de l’autonomie immédiate, de telle sorte que toutes
deux, en même temps, ne sont que comme se conditionnant et
se présupposant réciproquement.
Dans cette relation aucun des côtés n’est encore posé comme
moment de l’autre [côté], leur identité, par conséquent, est elle-
même un côté ; ou elle n’est pas leur unité négative. Pour cette
raison cette relation15, deuxièmement, passe dans le fait que
l’un [des côtés] est moment de l’autre et [est] dans lui
comme dans son fondement, [comme dans] ce qu il y a de
vraiment autonome dans les deux16 ; — relation de la force
et de son extérioration.
Troisièmement se sursume l’inégalité encore présente de
ce rapport, et la relation dernière est celle de 1 intérieur et

11. erst, temporel.


12. L’identité de la relation.
13. vorhanden, présente au sens de donnée.
14. Sur ce concept qui n’est encore que concept (ou concept immédiat), ex.
ci-dessus, note 10. La « relation » pleinement développée, selon la libre
nécessité qui assure son contenu, ne sera présente, en effet, qu’au terme de
la section 3, dans l’émde de cette ultime concrétion de l'existence, essentielle
qu’est la substance, — entendue non pas comme être ou comme réalité figée,
mais comme mouvement et relation.
15. es.
16. von beiden.
17. die noch vorhandene Ungleichheit, présente au sens de donnée.

201
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

[de 1’]extérieur. — Dans cette différence devenue totalement for­


melle la relation elle-même va au gouffre, et la substance ou
l’effectif vient au jour, comme l’unité absolue de Inexistence]
immédiate et de l'existence réfléchie.

[189] A.
LA RELATION DU TOUT ET DES PARTIES

[1.]18 La relation essentielle contient premièrement l’auto­


nomie réfléchie dans soi de l’existence ; elle est ainsi la forme
simple, dont les déterminations, certes, sont aussi des existences,
mais en même temps des [déterminations] posées, des moments
maintenus dans l’unité. Cette autonomie réfléchie dans soi est
en même temps réflexion dans son op-posé10, savoir l’autonomie
immédiate ; et son subsister est essentiellement, tout autant qu’il
139 est autonomie propre, cette identité avec son op-posé. — Par là
justement, deuxièmement, l’autre côté est posé aussi de façon
immédiate ; l’autonomie immédiate, qui, déterminée comme
l’autre, est une variété multiple dans soi, mais de telle sorte que
cette variété a essentiellement aussi en elle le rapport de l’autre
côté, l’unité de l’autonomie réfléchie. Ce côté, le tout, est l’auto­
nomie qui constituait le monde étant en et pour soi ; l’autre
côté, les parties, est l’existence immédiate qui était le monde
phénoménal. Dans la relation du tout et des parties les deux
côtés sont ces autonomies, mais de telle sorte que chacune a en
elle l’autre qui paraît20 et n’est en même temps que comme cette
identité des deux. Maintenant, parce que la relation essentielle
est seulement d’abord la [relation] première, immédiate, l’imité
négative et l’autonomie positive sont liées par le aussi ; les deux
côtés sont certes posés comme moments, mais tout autant comme
autonomies existantes. — Que les deux soient posés comme
190] moments, voilà qui est par conséquent réparti de telle sorte que,
premièrement, le tout, l’autonomie réfléchie, est [entendue]
18. Le paragraphe prochain commençant par un 2., il faut évidemment
suppléer ici un 1.
19. in ihr Entgegengesetztes, avec mouvement.
20. so, dass die andere in ihr scheinen bat. — On voit que les deux tota­
lités ne sont plus l’une à l’égard de l’autre comme des « mondes t> opposés,
mais constituent, à l’intérieur de la chose existante restaurée dans son unité,
les deux moments coextensifs de son unité plurielle (ou de sa variété une).

202

I
'
LE PHÉNOMÈNE :
;
comme [quelque chose d’]existant, et en elle21 l’autre, l’immé­ ;
diate, est comme moment; — ici le tout constitue l’unité des !'
deux côtés, la base, et l’existence immédiate est comme être- :
posé. — Inversement, de l’autre côté, savoir du côté des parties, U
l’existence immédiate, variée dans soi, est la base autonome ;
l’unité réfléchie, en revanche, le tout, est seulement rapport
extérieur

2. Cette relation contient ainsi l’autonomie des côtés et tout


aussi bien leur être-sursumé, et les deux purement-et-simplement
dans Un rapport. Le tout est l’autonome, les parties sont seule­
ment des moments de cette unité ; mais tout aussi bien elles
sont aussi l’autonome, et leur unité réfléchie seulement un
moment ; et chacun, dans son autonomie, est purement-et-simple­
ment le relatif d’un autre. Cette relation est par conséquent la
contradiction immédiate en elle-même, et se sursume.
A considérer cela de plus près, le tout est l’unité réfléchie qui
a pour soi [un] subsister autonome ; mais ce subsister sien est
tout aussi bien repoussé d’elle ; le tout, [entendu] comme l’unité
négative, est rapport négatif à soi-même; ainsi est-elle exté­
riorisée [par rapport] à soi23 ; elle a son subsister en son op-po-
sé, l’immédiateté variée, les parties. Le tout, par conséquent, 14
est constitué par les parties ; de sorte qu’il n’est pas quelque-
chose sans elles. Il est donc toute la relation et la totalité auto­
nome ; mais précisément pour la même raison il est seulement
quelque chose de relatif, car ce qui le fait totalité cest plutôt
son autre, les parties ; et il a son subsister non en lui-même
mais en son autre25.

21. m ihr. .... ,


22. Hegel entend, si l'on peut dire, tester, du point de vue de sa validité
logique, cette nouvelle forme, plus réellement extériorisée que les prèce-
dentes, de l’unité de l’essence intérieure et de l’existence extérieure. La chose,
comme totalité, est bien, en tant qu’unité négative, ce en quoi s exprime len
et pour soi, tandis que, comme pluralité, elle rassemble toute 1 immediatete
concrète de l’être-posé. Mais, pour montrer l’identité en elle, de ces deux
moments, il convient de les postuler tout d’abord comme differents ; il. sera
alors d’autant plus évident que leur « relation essentielle » est le fruit de
l’auto-mouvement du contenu qui les porte.
23. Il s’agit de l’unité négative qu’est ici le tout. — L"Entàusserung
(extériorisation) dont il est question est ce qui permet à la totalité essentielle
de s’exprimer sans reste (au moins en principe) dans l'ensemble unifié des
moments immédiats qui consument son effectivité.
24. ans demselben Grunde, pour la même raison, pour le même fondement.
25. L’affirmation trop simple de ce que le tout, comme tout, est lui-
même et son autre, ne doit pas faire oublier qu’il est aussi, comme moment,
un moment qui n’est tout précisément que dans son autre. Nous venons de

203
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

Ainsi les parties sont-elles également toute la relation. Elles


sont l'autonomie immédiate en regard de 1’[autonomie] réflé­
chie, et ne subsistent pas dans le tout mais sont pour soi. Elles
ont en outre ce tout en elles comme leur moment ; il constitue
leur rapport ; sans tout il n’y a pas de parties. Mais, parce qu’elles
sont l’autonome, ce rapport est seulement un moment extérieur
en regard duquel elles sont en et pour soi indifférentes. Mais en
même temps les parties comme existence variée s’abîment dans
soi-même, car celle-ci est l’être dépourvu-de-réflexion ; elles.ont
leur autonomie seulement dans l’unité réfléchie, laquelle est autant
cette unité que20 la variété existante ; ce qui veut dire quelles
sont autonomie seulement dans le tout, qui pourtant est en même
temps l’autonomie autre [par rapport] aux parties27.
Le tout et les parties se conditionnent par conséquent mutuel­
lement ; mais la relation ici considérée se tient en même temps
plus haut que le rapport du conditionné et de la condition l’un
à l’autre tel qu’il s’était déterminé ci-dessus28. Ce rapport est
ici réalisé ; c’est-à-dire qu’est posé que la condition est de telle
sorte l’autonomie essentielle du conditionné quelle se trouve
présupposée par celui-ci. La condition comme telle est seulement
l’immédiat, et seulement en soi présupposée. Mais le tout est
certes la condition des parties, mais il implique en même temps
immédiatement lui-même que lui aussi n’est que dans la mesure
où il a pour présupposition les parties. En tant que les deux
côtés de la relation sont ainsi posés comme se conditionnant
mutuellement, chacun est en lui-même une autonomie immédiate,
mais son autonomie est tout autant médiatisée ou posée par l’autre.
La relation totale est, par cette autonomie, le retour dans soi-
même du conditionner, le non relatif, Vinconditionné.
[192] Maintenant, en tant que les côtés de la relation ont chacun
l'essence, et il est évident que ce dont il convient maintenant de s’assurer
par priorité, c’est de l’effectivité de l’immédiat atteint. C’est par et dans les
parties que se joue concrètement la totalité du tout.
26. sowobl... als auch.
27. Il faut donc dire à la fois que les parties n’ont leur autonomie
(n’existent comme totalité) que dans le tout, et que, dans cette mesure préci­
sément, ce tout est immanent aux parties, comme le moment de leur unité
négative.
28. Voir, plus haut, le dernier développement de la première section,
pp. 129 sq. — Nous sommes passés de la totalité essentielle telle qu'elle
est en soi à cette même totalité telle quelle se trouve réalisée dans l’exté­
riorité (existante, et bientôt effective). Autrement dit, l’immédiateté de la
condition n’est plus seulement postulée dans son principe, mais elle est posée
comme présupposée par le conditionné (c’est-à-dire par l’intérieur). L'incon­
ditionné qui s’engendre de cette conjonction n’est plus seulement « relatif »,
ni même « absolu » ; il est l'inconditionné réel, — réalisé.

204
LE PHÉNOMÈNE

son autonomie, non pas dans lui-même, mais dans son autre
[côté], n’est présente20 qu’Une identité des deux dans laquelle
les deux ne sont que moments ; mais, en tant que chacun en 141
lui-même est autonome, ils sont deux existences autonomes qui
sont différentes l’une en regard de l’autre30.
Selon la première perspective, l’identité essentielle de ces
côtés, le tout est égal aux parties et les parties au tout. Il n’y
a rien dans le tout qui ne soit dans les parties, et rien dans les
parties qui ne soit dans le tout. Le tout n’est pas unité abstraite,
mais l’unité [entendue] comme [unité] d’une pluralité diverse ;
mais cette unité, [entendue] comme ce dans quoi le varié se
rapporte l’un à l’autre31, est la déterminité de ce même [varié]
par quoi il est partie. La relation a donc une identité inséparable,
et seulement Une autonomie. :
Mais en outre le tout est égal aux parties ; seulement pas
à celles-ci comme parties ; le tout est l’unité réfléchie, mais les
parties constituent le moment déterminé ou Yêtre-autre de l'imité,
et sont le varié divers. Le tout ne leur est pas égal en tant
qu’elles sont entendues32 comme ce divers autonome, mais en
tant qu’elles sont prises32 ensemble. Mais cet ensemble qui
est leur n’est rien d’autre que leur unité, le tout comme tel. Le
tout est donc, dans les parties, égal seulement à soi-même, et
l’égalité de ce même [tout] et des parties n’exprime que la tauto­
logie que le tout comme tout n’est pas [égal] aux parties, mais
est égal au tout33.
Inversement, les parties sont égales au tout ; mais, parce quelles
sont en elles-mêmes le moment de l’être-autre, elles ne lui sont [19;
pas égales en tant qu’il est32 l’unité, mais de telle sorte aplune
29. vorhanden, présente au sens de donnée.
30. L’inconditionné est bien le tout ; mais il n’est réalisé que. dans la
mesure où ses deux moments constitutifs sont eux aussi des totalités^ auto­
nomes (et donc, de ce point de vue, des inconditionnés). Le second côté de
cette affirmation est le garant précisément de la réalité du premier..
Les trois prochains paragraphes vont prendre en compte le premier aspect,
celui de l’identité des deux côtés de la relation, respectivement selon cette
unité elle-même, puis selon le point de vue de chacun des deux éléments en
jeu (d’abord le tout, puis les parties).
31. Brachylogie coutumière à Hegel, qui passe ici du singulier a la
diversité intérieure qui le pose comme tel.
32. als.
33. Ici, du point de vue du tout, et, dans le prochain paragraphe, du point
de vue des parties, se trouve exprimé que, à prendre seul le premier des
aspects distingués ci-dessus (l'identité des deux moments de la relation ; cf.
ci-dessus, note 29), on aboutit à une tautologie; ainsi sera montré ce qu’alors
nous disions : l’automonie relative du tout et des parties est ce qui seul peut
garantir l’autonomie absolue (l’autonomie de totalité) du tout que constituent
le tout et les parties.

205
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

de ses déterminations variées s’applique à la partie, ou quelles


lui sont égales en tant qu’il est32 varié ; c’est-à-dire quelles lui
sont égales en tant qu’il est32 tout partagé, i.e.34 en tant qu’il
est3" égal aux parties. Par là est présente35 la même tautologie
[qui consiste à dire] que les parties comme parties ne sont pas
égales au tout comme tel, mais, dans lui, à elles-mêmes, les
parties.
Le tout et les parties tombent de cette manière [comme] indif­
férents l’un en dehors de l’autre ; chacun de ces côtés se rapporte
seulement à soi30. Mais, maintenus ainsi en dehors l’un de l’autre,
ils se détruisent eux-mêmes. Le tout qui est indifférent en regard
des parties est Yidentité abstraite, non différenciée dans soi;
celle-ci n’est tout que comme différenciée dans soi-même, et
différenciée dans soi de telle sorte que ces déterminations variées
142 sont réfléchies dans soi et ont autonomie immédiate. Et l’iden-
tité-de-réflexion s’est montrée par son mouvement avoir pour
sa vérité cette réflexion dans son autre37. — Pareillement les
parties, [entendues] comme indifférentes en regard de l’unité du
tout, ne sont que le divers non-rapporté, l’autre dans soi, qui
comme tel est l’autre de soi-même et [quelque chose] qui ne
fait que se sursumer38. — Ce rapport-à-soi de chacun des deux
côtés est leur autonomie ; mais cette autonomie qui est leur [et]
que chacun a pour soi est plutôt la négation de lui-même. Chacun
a par conséquent son autonomie, non en lui-même, mais en
l’autre ; cet autre, qui constitue le subsister, est son immédiat
présupposé, qui doit être [quelque chose de] premier et son
commencement ; mais ce premier de chacun est lui-même seu­
lement quelque chose de tel qu’il n’est pas premier, mais a
en l’autre son commencement.
il 94] La vérité de la relation consiste donc dans la médiation ;

34. d.i. : das ist.


35. vorhanden, présente au sens de donnée.
36. Après la prise en compte de l'unité de totalité du tout et des parties,
voici donc le second aspect, qui assure la réalité de cette identité : l’auto­
nomie de chacun de ces deux moments, pris dans leur pour-soi respectif. Cf.
ci-dessus, note 30.
37. in ihr Anderes, avec mouvement. — Ce second aspect des choses ne
dira évidemment la réalité de la relation que s’il n’équivaut pas à la résurgence
de deux entités abstraitement séparées. D’où ce paragraphe, dans lequel Hegel
rappelle que cet état de choses n’a plus sa place ici. Le paragraphe prochain,
au-delà de ce que l’on pourrait appeler cette mise en garde négative, amènera
au jour l’acte capital de la « médiation », seul capable d’articuler ici, sans
confusion, des moments qui soient réellement différents sans que cette dif­
férence les affecte d’une extériorité relative qui les pose comme abstraits.
38. das André seiner selbst und ùch nur aufhebende.

206
LE PHÉNOMÈNE

son essence est l’unité négative, dans laquelle sont sursumées


tout aussi bien l’[immédiateté] réfléchie que l’immédiateté qui-
est30. La relation est la contradiction qui revient dans son fon­
\
dement, dans l’unité, laquelle, comme faisant retour, est l’unité ■

réfléchie, mais, en tant que celle-ci s’est tout aussi bien posée '
comme [unité] sursumée, elle se rapporte négativement à soi- :■

même, se sursume, et se fait immédiateté qui-est. Mais ce rapport


négatif sien, dans la mesure où il est quelque chose de premier
et d’immédiat, est seulement médiatisé par son autre, et [est]
tout aussi bien quelque chose de posé. Cet autre, l’immédiateté
qui-est, est tout aussi bien seulement comme [immédiateté] sur­
sumée ; son autonomie est quelque chose de premier, mais seule­
ment pour disparaître, et a un être-là qui est posé et médiatisé.
Dans cette détermination la relation n’est plus la [relation]
du tout et des parties ; l'immédiateté qu’avaient ses côtés est
passée en être-posé et médiation ; chacun est posé, dans la
mesure où il est immédiat, comme se sursumant et [comme]
passant dans l’autre ; et, dans la mesure où lui-même est
rapport négatif, à être en même temps conditionné par l’autre
comme par son positif ; de même qu’aussi son passer immédiat
est tout autant un médiatisé, savoir un sursumer qui se trouve
posé par l’autre. — Ainsi la relation du tout et des parties
est-elle passée dans la relation de la force et de son extérioration.

Remarque40 14;

Ci-dessus41 on a considéré Vantinomie de la divisibilité infinie


de la matière, à propos du concept de la quantité. La quantité [195
est l’unité de la continuité et de la discrétion42 ; elle contient
39. Tournant capital. Nous l'avons dit : pour que l’essence puisse comme
essence s’exprimer dans l’extériorité, il faut que soit atteinte en elle, par-dela
l’immédiateté de la médiation qu’elle est, la vérité de cette médiation. Le
procès de l’essence intérieure n’aboutit donc pas à la position de, quelque
nouvelle immédiateté, fût-elle essentielle : il est la sursomption réciproque
de l’immédiateté de l’être et de celle de l’essence : sur ce point, voir notre
Présentation, ci-dessus, p. XVI. — Mais il est à peine besoin de dire que le
mot de « médiation », tel qu’il intervient ici, ne dessine encore qu un pro­
gramme : tous les développements qui viennent, jusqu’à l’Effectivité puis
jusqu’au Concept, seront ordonnés à laisser venir au jour son contenu réel.
40. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Divisibilité
infinie.
41. L’original porte ici, entre parenthèses, la référence suivante : I Abth.
S. 139 ff. (1° Division, pp. 139 sq.). Dans notre traduction de « L’Etre »,
pp. 173 sq.
42. Op. cit., p. 175.

207
! ■

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

dans Je Un autonome le fait qu’il ait conflué avec d’autres43, et


dans cette identité à soi se poursuivant sans interruption tout
aussi bien leur négation. En tant que le rapport immédiat de ces
moments de la quantité se trouve exprimé comme la relation
essentielle du tout et des parties, le Un*4 de la quantité comme
partie, mais la continuité de ce même [Un] comme tout qui
est composé de parties, alors l’antinomie consiste dans la contra­
diction qui, dans la relation du tout est des parties, s’est trouvée
rencontrée et résolue. — Tout et parties sont en effet rapportés
l’un à l’autre, et constituent seulement Une identité tout aussi
essentiellement qu’ils sont indifférents l’un en regard de l’autre
et ont [un] subsister autonome. La relation est par conséquent
cette antinomie [qui consiste en ce] que l’Un des moments, par
le fait qu’il se libère de l’autre, fait immédiatement sortir l’autre 45.
L’existant donc [étant] déterminé comme tout, il a des parties,
et les parties constituent son subsister ; l’unité du tout est seule-
men un rapport posé, une composition extérieure qui ne concerne
en rien ce qui existe de façon autonome. Dans la mesure main­
tenant où l’existant16 est partie, il n’est pas tout, pas [quelque
chose de] composé, [il est] donc [quelque chose de] simple.
Mais, en tant que le rapport à un tout lui est extérieur, ce
rapport47 ne le concerne en rien ; l’autonome n’est donc pas
non plus en soi partie ; car partie, il l’est seulement par ce rapport.
Mais, en tant maintenant qu’il n’est pas partie, il est tout, car
n’est présente48 que cette relation de tout et de parties ; et
l’autonome est l’un des deux. Mais, en tant qu’il est tout, il est
96] de nouveau composé ; il est de nouveau constitué de parties,
et ainsi de suite à Vinfini. — Cette infinité ne consiste en rien
d’autre que dans l’alternance pérenne des deux déterminations
de la relation, dans chacune desquelles l’autre surgit de façon
immédiate, de sorte que l’être-posé de chacune est le disparaître
d’elle-même. La matière [étant] déterminée comme tout, elle

43. sein Zusammengeflossensein mit andern.


44. Comme Lasson, nous lisons ici dos Eins, à la place du des Eins que
porte l’original.
45. Ce qui est important, dans l’étape actuelle, c’est que l’identité fonda­
mentale et l’indifférence réciproque du tout et des parties s’imposent l’une
et l’autre tout aussi essentiellement. Voilà qui n’était pas le cas quand les
deux membres de cette opposition étaient traités d’un simple point de vue
quantitatif aux termes duquel l’affirmation de l’un, assertorique et dépourvue
de véritable preuve, venait directement en contradiction immédiate avec
l’affirmation de l’autre.
46. dieses.
47. sie.
48. vorhanden, présente au sens de donnée.

208
LE PHÉNOMÈNE

esc constituée de parties, et en celles-ci le tout en vient à être


rapport inessentiel, et disparaît. Mais, la partie étant ainsi pour 144
soi, elle n’est pas non plus partie, mais le tout. — L’antinomie j
de ce syllogisme, à la serrer de très près, est à proprement parler
celle-ci : Parce que le tout n’est pas l’autonome, la partie est ■

l’autonome ; mais parce quelle est autonome seulement sans


le tout, elle est autonome non pas comme partie mais plutôt
comme tout. L’infinité du progrès qui surgit est l’incapacité de
rassembler les deux pensées que contient cette médiation43,
savoir que chacune des deux déterminations, par son autonomie
et sa séparation de l’autre, passe dans [l’]inautonomie et dans
l’autre.

B. [19:
LA RELATION DE LA FORCE ET DE SON EXTERIORATION S°

La force est l’unité négative dans laquelle51 s’est résolue la


contradiction du tout et des parties, la vérité de cette première
relation. Le tout et les parties est la relation dépourvue-de-pensée
à laquelle se laisse prendre d’abord la représentation ; ou, objec­
tivement, elle est l’agrégat mort, mécanique, qui certes a des
déterminations-formelles par quoi la variété de sa matière auto­
nome se trouve rapportée dans une unité”2, mais qui est exté­
rieure à cette même [variété]. — Mais la relation de la force
est le retour dans soi plus élevé où l’unité du tout, qui consti-

49. L’original porte bien diese Vermittlung. C’est sans aucune raison que
Lasson a transformé cette expression en die Vermittlung. —- Il y a « niédia-
tion s> dès là que le passage de l'un des moments dans 1 autre ne signifie
point l’extinction du premier, mais est au contraire le fondement et le con­
tenu de son subsister propre ; on peut dire aussi que leur rapport ne consiste
plus alors dans un remplacement mutuel ou une alternance au sein d un
processus linéaire, mais qu’il constitue une structure essentielle, donc pro­
prement logique, sans aucune épaisseur spatiale ou temporelle.
50. Cette nouvelle expression du mouvement de médiation reprend et
exprime au plus près, selon leur incidence et leur tonalité logiques, bon
nombre des développements contenus dans la troisième figure de la Phéno­
ménologie de l’Esprit, intitulée précisément « Force et Entendement ». —
Rappelons que nous rendons par le néologisme extérioration » le terme
allemand Aeusserung ; sur sa signification précise, voir notre traduction de
« L’Etre », p. 209, note 99-
51. in tvelche, avec mouvement.
52. in einer Einheit, sans mouvement.

209
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

tuait le rapport de l’être-autre autonome, cesse d’être quelque


chose d’extérieur et d’indifférent à cette variété53.
Telle que la relation essentielle s’est désormais déterminée,
1’[autonomie] immédiate et l’autonomie réfléchie sont posées
dans cette même [unité] comme [autonomies] sursumées ou
comme moments, elles qui dans le rapport précédent étaient des
côtés subsistant pour soi ou des extrêmes. En cela est contenu
dernièrement que l’unité réfléchie et son être-là immédiat, dans
la mesure où tous deux sont des [termes] premiers et immédiats,
se sursument en soi-même et passent dans leur autre ; celle-là,
la force, passe dans son extérioration, et l’extérieur est quelque
chose de disparaissant qui revient dans la force comme dans son
fondement, et qui n’est que comme porté et posé par elle. Deuxiè­
[198] mement, ce passer n’est pas seulement un devenir et [un] dis­
paraître, mais il est rapport négatif à soi, ou ce qui change
sa détermination est par là en même temps réfléchi dans soi, et
145 se maintient ; le mouvement de la force n’est pas tant un
passer que le fait qu’elle se transpose elle-même et quelle demeure
ce quelle est dans ce changement posé par elle-même53bls. —
Troisièmement cette unité réfléchie se rapportant à soi-même est
aussi sursumée et moment ; elle est médiatisée54 par son autre, et
a ce même [autre] pour condition ; son rapport négatif à soi,
qui est [quelque chose de] premier, et qui commence le mou­
vement de son passer à partir de soi, a tout aussi bien une pré­
supposition par laquelle il se trouve sollicité, et un autre à partir
duquel il commence.

a.
Uêtre-conditionné de la force
Considérée dans ses déterminations plus précises, la force a
premièrement le moment de l’immédiateté qui-est en elle ; elle-
53. La « force », concept dynamique, exprime donc le tout sous la raison
de l’identité en devenir de ses deux moments, savoir le tout lui-même et ses
parties. Quant à 1’ « extériorité », elle est la traduction de cette force dans
l’immédiateté.
53 w\ Transition significative au niveau du vocabulaire : le passer »
laisse place à un « transposer ». Car l'accomplissement de chacun de ces termes
l’un dans l’autre et l’un par l’autre n’est en aucune manière une perte de soi
(et pas plus un changement altérant) : c’est le mouvement par lequel lui-même
se pose comme autre. Selon le titre du développement ici annoncé, la force
est ainsi « sollicitée » à être ce qu’elle est (cf. ci-dessous, b.), — et sollicitée
par cette extériorité qu’elle est elle-même, puisqu’elle la présuppose comme
sa propre condition (a.).
54. Nous savons en effet que nous sommes en quête d’une véritable
« médiation » entre l’intérieur et l’extérieur : cf. ci-dessus, note 49.

210
!
LE PHÉNOMÈNE

même est en revanche déterminée comme l’unité négative. Mais


celle-ci, dans la détermination de l’être immédiat, est un quelque-
chose à’existant. Ce quelque-chose, parce que, comme immédiat55,
il est unité négative, apparaît comme le [terme] premier, la U
force en revanche, parce qu’elle est le réfléchi, [apparaît] comme !
l’être-posé, et dans cette mesure comme appartenant à la chose i
existante ou à une matière. Non pas quelle [serait] la forme
de cette chose et que la chose serait déterminée par elle ; mais
i
la chose est, comme immédiat55, indifférente en regard d’elle. —
Selon cette détermination elle n’a dans elle aucune raison50 d’avoir l
une force ; la force, par contre, [entendue] comme le côté de
l’être-posé, a essentiellement la chose pour sa présupposition.
Lorsque par conséquent l’on demande comment la chose ou i
H
la matière en viennent à avoir une force, celle-ci apparaît comme U 99]
liée à elle de l’extérieur, et imprimée à la chose par une puis­
sance étrangère.
[Entendue] comme ce subsister immédiat, la force est une
déterminité en-repos de la chose en général ; non pas quelque
chose s’extériorant, mais immédiatement quelque chose d’exté­
rieur. Ainsi la force se trouve-t-elle aussi caractérisée comme
matière, et, au lieu de force magnétique, électrique, etc., on admet
une matière magnétique, électrique, etc. ; ou au lieu de la fameuse
force attractive un éthei4 subtil qui maintiendrait tout ensemble.
— Ce sont les matières dans lesquelles57 se dissout l’unité néga­
tive, dépourvue-de-force, inactive, de la chose, et qui se trou-
vèrent considérées ci-dessus.
Mais la force contient l’existence immédiate comme moment,
comme un terme qui, certes, est condition, mais passe et se sur- 146
simie ; non pas donc comme une chose existante. Elle n est pas \
en outre la négation comme déterminité, mais unité négative
se réfléchissant dans soi. La chose, en laquelle devait être la
force, n’a donc plus ici de signification ; la force08 elle-même est
plutôt acte-de-poser l’extériorité, laquelle apparaît comme exis-

55. als unmittelbares. Comme Lasson, nous lisons als Unmittelbares


(adjectif substantifié).
56. Grand.
57. in welche, avec mouvement.
58. sie. — Sous ce premier aspect, la force, paraissant inhérer à la chose,
semble donc lui être extérieure. Elle serait, si l'on peut dire, l’être-à-l’exterieur
de soi de la chose, — un peu à la manière d’un élément existant et enve­
loppant cette chose. Mais cette sorte de matérialisation de la force ne respec­
terait pas ce que nous savons d'elle, savoir qu’elle est l'acte qui pose l’unité
de l’intérieur et de l’extérieur de la chose. D’où le passage, dans le para­
graphe prochain, au second aspect : la force est active.

211
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

tence. Elle n’est donc pas non plus simplement une matière déter­
minée ; [une] telle autonomie est depuis longtemps passée dans
l’être-posé et dans le phénomène.
Deuxièmement la force est l’unité du [subsister] réfléchi et
du subsister immédiat, ou de l’unité-formelle et de l’autonomie
extérieure. Elle est les deux dans Un ; elle est la tangence de
termes dont l’un est dans la mesure où l’autre n’est pas ; la
[réflexion] positive identique à soi et la réflexion niée. La force
est ainsi la contradiction se repoussant de soi-même ; elle est
[200] active ; ou elle est l’unité négative se rapportant à soi, dans
laquelle l’immédiateté réfléchie ou l’être-dans-soi essentiel est
posé [de manière] à être seulement comme [quelque chose de]
sursumé ou moment, [et] ainsi, dans la mesure où elle se diffé­
rencie de l’existence immédiate, à passer dans celle-ci. La force
donc, [entendue] comme la détermination de l’unité réfléchie
du tout, est posée [de manière] à en venir, à partir d’elle-même,
à la variété extérieure existante.
Mais, troisièmement, la force est seulement d’abord activité
étant-en-soi et immédiate ; elle est l’unité réfléchie, et tout aussi
essentiellement la négation de cette même {unité} ; en tant
quelle est diverse par rapport à celle-ci, mais seulement comme
l’identité d’elle-même et de sa négation, elle est essentiellement
rapportée à celle-ci comme une immédiateté qui lui est extérieure,
et a celle-ci pour présapposition et condition.
Cette présupposition, maintenant, n’est pas une chose qui se
trouve en face d’elle50 ; cette autonomie indifférente est sursumée
dans la force60 ; [entendue] comme sa condition, elle est un
autonome qui lui est autre. Mais parce quelle n’est pas chose,
mais que l’immédiateté autonome s’est ici déterminée en même
temps comme unité négative se rapportant à soi-même, elle est
elle-même force. — L’activité de la force est conditionnée par
elle-même comme par l’autre [par rapport] à soi, par une force .
La force, de cette manière, est relation dans laquelle chaque
côté est la même-chose que l’autre. Ce sont des forces qui se

59. L’original porte ici : etn ihr gegenüber sich befindliches Ding. Il faut
évidemment, avec Lasson, omettre le sich.
60. in der Kraft, sans mouvement.
61. Active, la force l’est en présupposant, comme sa propre condition,
ce par rapport à quoi elle se détermine précisément comme force. Mais le
terme de cette présupposition est nécessairement lui-même une autonomie
essentielle qui a sursumé son existence dans le mouvement d’une identité
posée entre intérieur et extérieur, — ce qui revient à dire que la force n’est
ce qu’elle est qu’en présupposant une autre force. Ainsi est-elle conditionnée
par cet autre d’elle-même qui la sollicite à être ce qu’elle est.

212
LE PHÉNOMÈNE

tiennent en relation, et de telle façon qu’02 [elles] se rapportent


essentiellement l’une à l’autre. — En outre, elles sont d’abord
seulement [forces] diverses en général ; l’unité de leur relation
est seulement d’abord /'unité intérieure étant en soi. L’être-condi-
tionné par une autre force est ainsi en soi le faire de la force [201]
elle-même ; ou, dans cette mesure, elle est d’abord [un] faire
présupposant, se rapportant seulement négativement à soi ; cette
autre force se trouve encore au-delà de son activité posante,
savoir de la réflexion retournant dans soi immédiatement dans
son déterminer

b.
La sollicitation de la force

La force est conditionnée parce que le moment de l’existence


immédiate, qu’elle contient, est seulement comme quelque chose
de posé, mais parce qu’en même temps il est [quelque chose
d’]immédiat, quelque chose de présupposé dans quoi la force
se nie. L’extériorité présente64 pour la force est par conséquent
sa propre activité présupposante elle-même, laquelle est posée
d’abord comme une autre force.
Ce présjipposer est en outre réciproque. Chacune des deux
forces contient l’unité réfléchie dans soi comme sursumée, et
est par conséquent présupposante ; elle se pose elle-même comme
extérieure ; ce moment de l’extériorité est son [moment] pro­
pre ; mais, parce qu’elle est tout aussi bien unité réfléchie dans
soi, elle pose en même temps cette extériorité sienne non dans
elle-même mais comme une autre force .
Mais l’extérieur comme tel est ce qui se sursume soi-même ;
en outre l’activité se réfléchissant dans soi est essentiellement
rapportée à cet extérieur comme à ce qui est autre [par rapport]
à elle, mais tout aussi bien comme à quelque chose de néant
en soi et d'identique à elle. Comme l’activité présupposante est
tout aussi bien réflexion dans soi, elle est le sursumer de cette

62. und zwar.


63. in ihrem Bestimmen, sans mouvement.
64. Die... vorhandene vieusserlichkeit, présente au sens de donnée.
65. Nous sommes donc avertis : le « jeu des forces », le mouvement
de leur « sollicitation » réciproque, est en réalité le jeu de la force
avec elle-même, — de la force comme détermination intérieure de la
chose et comme extériorité de cette chose. Le redoublement est ici le
chiffre de la totalité contradictoire qu’est la force comme unité de l’intérieur
et de l’extérieur.

213
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

négation sienne, et pose cette même [négation] comme soi-


[202] même ou comme son extérieur. Ainsi la force, comme condi­
tionnante, est-elle réciproquement une impulsion pour l’autre
force, [une impulsion] en regard de laquelle elle est active. Son
comportement n’est pas la passivité du devenir-déterminé, de
telle sorte que par là quelque-chose d’autre viendrait dans elle ;
mais l’impulsion la sollicite seulement. Elle est en elle-même la
négativité de soi, l’acte-de-se repousser de soi est son propre poser.
Son faire consiste donc à sursumer le fait que cette impulsion
soit quelque chose d’extérieur ; elle en fait une simple impulsion
et le pose comme le propre acte-de-se repousser elle-même de
soi, comme sa propre extériorationCG.
148 La force s’extériorant est donc la même-chose que ce qui
d’abord était seulement l’activité présupposante ; savoir se fai­
sant extérieur ; mais la force comme s’extériorant est en même
temps l’activité niant l’extériorité et la posant comme ce qui
est sien. Dans la mesure maintenant où dans cette considération
on part de la force, en tant qu’C7 elle est l’unité négative d’elle-
même, et par là réflexion présupposante, c’est la même-chose que
lorsque dans l’extérioration de la force l’on part de l’impulsion
sollicitante. La force est aussi, dans son coticept, d’abord déter­
minée comme identité se sursumant, et, dans sa réalité, l’une des
deux forces comme sollicitante et l’autre comme devenant-solli-
citée68. Mais le concept de la force est en général l’identité de
la [réflexion] posante et de [la] réflexion présupposante ou de
1’[unité] réfléchie et de l’unité immédiate, et chacune de ces déter­
minations n’[est] purement-et-simplement que moment, en unité,
et donc comme médiatisée par l’autre. Mais, tout aussi bien, n’est
présente60 aucune détermination en les deux forces qui se trou­
vent en rapport-réciproque [indiquant] laquelle est la sollicitante
ou la devenant sollicitée, ou plutôt à chacune reviennent de
manière égale les deux déterminations-formelles. Mais cette iden­
tité n’est pas seulement une [unité] extérieure [relevant] de la

66. Cette notion de « sollicitation est ce qui annulle l'opposition


dualisante qui risquait d’apparaître ici entre les deux forces. En fait, il
n’y a, nous l’avons dit, qu’une seule force ; une force qui développe,
comme sa présupposition, ce qui la conditionne comme force ; non pas
ce qui la pose comme telle (ce qui risquerait de maintenir un certain
schème d’extériorité), mais ce qui la sollicite à être ce qu’elle est, — savoir
elle-même comme autre.
67. ah.
68. Lasson supplée ici un bestimmt ist ; mais ces deux mots peuvent
demeurer sous-entendus sans que soit mise en cause la clarté du texte.
69- vorhanden, présente au sens de donnée.

214
LE PHÉNOMÈNE

comparaison, mais une unité essentielle de ces [déterminations] 70


L’une des forces en effet est d'abord déterminée comme [force]
sollicitante, et l’autre comme [force] devenant-sollicitée ; ces déter- [203]
minations-formelles apparaissent de cette manière comme des
différences immédiates, présentes en soi71, des deux forces. Mais
elles sont essentiellement médiatisées. L’une des forces se trouve
sollicitée ; cette impulsion est une détermination posée dans elle72
de Vextérieur. Mais la force est elle-même le présupposant; elle
est essentiellement se réfléchissant dans soi et sursumant ce fait
que l’impulsion soit quelque chose d’extérieur. Quelle se trouve
sollicitée est par conséquent son faire propre, ou c’est par elle-
même qu’est déterminé le fait que l’autre force est une autre en
général et la sollicitante. La sollicitante se rapporte à son autre
de façon négative, de sorte qu’elle sursume l’extériorité de celle-ci,
elle est, dans cette mesure, posante; mais elle n’est ceci que
par la présupposition d’avoir une autre en face d’elle ; c’est-à-dire
quelle n’est elle-même sollicitante que dans la mesure où elle
a en elle une extériorité, donc dans la mesure où elle se trouve
sollicitée. Ou elle n’est sollicitante que dans la mesure où elle
se trouve sollicitée à être sollicitante. Ainsi, à l’inverse, la pre­ 14,
mière ne se trouve sollicitée que dans la mesure où elle-même
sollicite l’autre à la solliciter, elle, savoir la première. Chacune
des deux reçoit donc l’impulsion de l’autre ; mais 1 impulsion
qu’elle donne comme [force] active consiste en ce quelle reçoit
de l’autre une impulsion ; l’impulsion qu’elle reçoit est sol­
licitée par elle-même. Les deux, 1*[impulsion] donnée et 1 impul­
sion reçue, ou l’extérioration active et l’extériorité passive, sont
par conséquent, non pas quelque chose d immédiat, mais média­
tisées, et chacune des deux forces, à la vérité, est par là elle-
même la déterminité que l’autre a en regard delle, est média­
tisée par l’autre, et cet autre médiatisant est à nouveau son propre
poser déterminant73.
t
70. Unité essentielle », en effet, puisqu’en leur fond les « deux »
forces ne sont que les deux moments, strictement corrélatifs, de 1 unique
mouvement d’extériorisation de l’intériorité essentielle. f
71. an sich vorhandene Unterschiede, présentes au sens de données.
72. in sie, avec mouvement. — Contrairement à ce qu’il en va chez
Lasson, la lexie qui suit (von aussen : de l’extérieur) est bien tout entière
en italique dans l’original.
73. Ce paragraphe d’une grande clarté, qui reprend souvent, terme pour
terme, le développement parallèle contenu dans la figure « Force et
Entendement » de la Phénoménologie de l’Esprit, montre bien que cette 1 .:

dialectique procède toute d’un doublement de l’unique mouvement d’exté­


riorisation ressaisi dans son contenu et sa richesse contradictoires. le pro­
chain paragraphe en tirera la conséquence : la force, hors de ce doublement,

215 •Jrfe
I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

Ainsi donc, le fait qu’à la force une impulsion survient par


{204] une autre force, que dans cette mesure elle se comporte passi­
vement, mais derechef de cette passivité passe dans l’activité, —
[ce fait est] le retour de la force dans elle-même. Elle Eextériore.
L’extérioration est réaction dans ce sens quelle pose l’extériorité
comme son moment propre et sursume ainsi le fait qu’elle s’est
trouvée sollicitée par une autre force. Les deux sont par conséquent
une-chose, l’extérioration de la force, par quoi elle se donne, par
son activité négative sur elle-même, un être-là-pour-autre-chose,
et le retour infini à soi-même dans cette extériorité, de telle sorte
qu’en cela elle se rapporte seulement à soi. La réflexion pré­
supposante, à laquelle appartiennent l’être-conditionné et l’impul­
sion, est par conséquent immédiatement aussi la réflexion faisant
retour dans soi, et l’activité est essentiellement [activité] réagis­
sante, contre soi. Le poser de l’impulsion ou de [l’]extérieur est
lui-même le sursumer de cette même [impulsion], et inverse­
ment le sursumer de l’impulsion est le poser de l’extériorité.

c.
L’infinité de la force

La force est finie dans la mesure où ses moments ont encore


la forme de l’immédiateté ; sa [réflexion] présupposante et sa
réflexion se rapportant à soi sont, dans cette détermination, dif­
férentes ; celle-là apparaît comme une force extérieure subsis­
tant pour soi, et l’autre, dans le rapport à elle, comme passive.
La force est ainsi, selon la forme, conditionnée, et, selon le con­
tenu, également bornée ; car une déterminité selon la forme con­
150 tient aussi une limitation74 du contenu. Mais l’activité de la force
consiste dans le fait de s’extériorer ; c’est-à-dire, ainsi qu’il s’est
dégagé, à sursumer l’extériorité et à la déterminer comme ce
dans quoi elle est identique à soi. Donc, ce que la force exté-
)5] riore en vérité est le fait que son rapport à autre-chose est son
rapport à soi-même, que sa passivité consiste dans son activité
même. L’impulsion par quoi elle se trouve sollicitée à l’activité
est son solliciter propre ; l’extériorité qui vient en elle n’est pas
quelque chose d’immédiat, mais quelque chose de déterminé par
est revenue dans soi. Le moment n’est donc plus loin où nous pourrons
enfin thématiser (ce qui reste la fin de tous ces développements) la relation
de l’intérieur se faisant, sans reste, extérieur (effectif).
74. Beschrdnkung.

216
LE PHÉNOMÈNE

elle ; de même que sa propre identité à soi essentielle n’est pas


immédiate, mais médiatisée par sa négation ; ou la force extériore
• le fait que son extériorité est identique à son intériorité n.

C.
RELATION DE L’EXTERIEUR ET DE [l’]INTÉRIEUR
i
!

1. La relation du tout et des parties est la [relation] immédiate ;


1’ [immédiateté] réfléchie et l’immédiateté qui-est ont par consé­
quent chacune, dans cette relation '7, une autonomie propre ; mais,
en tant quelles se trouvent dans la relation essentielle, leur auto­
nomie est seulement leur unité négative. C’est ce qui est posé main­
tenant dans l’extérioration de la force ; l’unité réfléchie est essen­
tiellement le devenir-autre comme acte-de-se transposer elle-même
dans l’extériorité ; mais celle-ci est tout aussi immédiatement reprise
dans celle-là ; la différence des forces autonomes se sursume ; l’ex-
térioration de la force est seulement une médiation de l’unité
réfléchie avec soi-même. Est seulement présente78 une différence
vide transparente, l’apparence, mais cette apparence est la média­
tion, laquelle est le subsister autonome lui-même. Ce ne sont pas

75. La finité de la force tiendrait donc dans son affirmation unilatérale


et oppositive ; et entre les deux forces ainsi abstraitement séparées il y
aurait un mouvement de passage et d’alternance totalement indéfini. Par
contre, l’on atteint à la véritable infinité dès là que ces deux aspects se refle-
chissent l’un dans l’autre comme les deux moments d uae unité de
réflexion (ou d’une unité spéculative).
76. Dans le développement qui suit s’opère une reprise de toutes les
dialectiques qui ont marqué le contenu de cette < section 2, consacrée
à l’Existence, et leur transition à cette forme plus vraie de 1 « être essentiel »
que sera l'Effectivité. Le schème sous-jacent à cette « relation », c est
celui qui, déjà dans le chapitre consacré à 1’ « Etre-là », rapportait lun a
l’autre 1’ « être-en-soi » et 1’ « être-pour-autre-chose ». Cf. à ce propos
le texte significatif de la seconde version de « L’Etre » (Lasson I, 107-108),
qui marque par avance le retour de ce schème aux étapes ultérieures de
l’œuvre : Cette identité [celle de l’être-en-soi et de l’être-pour-autre-chose]
se dégage formellement déjà dans la sphère de l’Etre-là, mais de façon plus
expresse dans la considération de l’essence, et ensuite de la relation de
l'intériorité et [de 1’] extériorité, et de la façon la plus déterminée dans la
considération de l’Idée (entendue) comme l’unité du concept et de
l’effectivité. » Nous en sommes donc ici au troisième des niveaux d’intégra­
tion ainsi distingués.
77. in ihm. y?
78. vorkanden, présente au sens de donnée.
- '^3?
217
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

[206] seulement des déterminations op-posées qui se sursument en elles-


mêmes, et leur mouvement n’ [est] ,9 pas seulement un acte-de-
passer, mais pour une part l’immédiateté, à partir de laquelle on a
commencé et on est passé dans l’être-autre, est elle-même seu­
lement comme [immédiateté] posée, [et] pour une part chacune
des déterminations, dans son immédiateté, est par là déjà l’unité
avec son autre et l’acte-de-passer [est] par là purement-et-simple-
ment tout autant le retour dans soi se posant80.
L'intérieur, [entendu] comme la forme de l’immédiateté réflé­
chie ou de l’essence, est déterminé en regard de l’extérieur
[entendu] comme la forme de Yêtre, mais tous deux ne sont
151 qu’Une identité. — Cette identité est premièrement l’unité massive
des deux [entendue] comme base pleine-de-contenu, ou la Chose
absolue en laquelle les deux déterminations sont des moments
extérieurs, indifférents8I. Dans cette mesure elle est contenu, et
[elle est] la totalité qu’est l’intérieur, lequel tout aussi bien devient
extérieur, tout en étant par là, non pas quelque chose de devenu
ou de passé, mais égal à soi-même. L’extérieur, selon cette déter­
mination, n’est pas seulement, selon le contenu, égal à l’intérieur,
mais tous deux ne sont qu'Une Chose. — Mais cette Chose, [enten­
due] comme identité simple à soi, est diverse par rapport à ses
léterminations-formelles, ou celles-ci lui sont extérieures ; elle est
elle-même, dans cette mesure, un intérieur qui est divers par rap­
port à son extériorité82. Mais cette extériorité consiste dans le fait
que les deux déterminations elles-mêmes, savoir l’intérieur et
[!’] extérieur, la constituent. Mais la Chose n’est elle-même rien
d’autre que l’unité des deux. Ainsi les deux côtés, selon le contenu,
sont-ils de nouveau la même-chose. Mais dans la Chose ils sont
comme identité se compénétrant, comme base pleine-de-contenu.

79. Pour plus de clarté, nous ajoutons ici, comme le fait Lasson, le ist
sous-entendu dans l’original.
80. Le résumé des dialectiques antérieures fait ressortir la transition
capitale sur laquelle nous avons insisté : tout ainsi qu’au début de^ ce
Livre 1’ « apparence » d’opposition entre Etre et Essence s étaiq révélée
être, sous mode réflexif, le « paraître » de l’Essence en elle-meme,^ ici
l’apparence d’opposition entre immédiateté réfléchie et immédiateté qui-est
se montre comme leur mutuelle médiation (cf. ci-dessus, p. 207, note 39).
C’est dans cette acception d’unité syllogistique qu’il faut entendre 1 « iden-
tité » de l’intérieur et de l’extérieur dont il va maintenant être question.
81. Cette « Chose absolue {Sache, et non plus Ding) n’est autre que le
« subsister autonome » unique des deux termes qui se médiatisent récipro-
quement, — la réalité de cette médiation s’exprimant dans le fait
que tous deux se présentent, dans leur unité même, comme des « moments »
effectivement extérieurs l’un à l’autre.
82. ... ein Inneres, dos von threr Aeusserlichkeil verschieden ist : l’in­
térieur est différent de l’extériorité de la Chose.

218
LE PHÉNOMÈNE

Mais dans l’extériorité, comme formes de la Chose, ils sont indif­


férents en regard de cette identité, et donc tous deux [indiffé­
rents] l'un en regard de l’autre83.

2. Ils sont, de cette manière, les déterminations-formelles [20]


diverses, qui ont une base identique, non en elles-mêmes, mais en
un autre ; des déterminations-de-réflexion, qui sont pour soi ; l’in­
térieur comme la forme de la réflexion-dans-soi, de l’essentialité ;
mais l’extérieur comme la forme de l’immédiateté réfléchie dans
autre-chose81, ou de l’inessentialité. Seulement, la nature de la rela­
tion a montré que ces déterminations ne constituent purement-et-
simplement qu’une identité. La force, dans son extérioration, est
le fait que le [déterminer] présupposant et le déterminer faisant
retour dans soi sont une seule et même-chose. Dans la mesure par
conséquent où intérieur et extérieur se [sont] trouvés considérés
comme déterminations-formelles, ils sont en premier lien seule­
ment la forme simple elle-même, et deuxièmement, parce que par
là en même temps ils sont déterminés comme [termes] op-posés,
leur unité est la médiation abstraite pure dans laquelle l’une85 est
immédiatement l’autre, et est l’autre pour cette raison quelle est
l’une80. Ainsi l’intérieur «'est-il immédiatement que l’extérieur, et
il est la déterminité de Y extériorité pour cette raison qu’il est l’in­
térieur ; inversement l’extérieur est seulement un intérieur, parce
qu’il est seulement un extérieur. — En effet, en tant que cette
unité-formelle contient ses deux déterminations comme [déter­
minations] op-posées, leur identité est seulement ce passer ; et en
cela Telle est] seulement 1’ [identité] autre par rapport aux deux,

83. Il y a identité de contenu entre intérieur et extérieur, de sorte que


l'un et l’autre sont à la fois, et l'un par l’autre, l’intérieur et 1 extérieur.
Mais, dans l’extériorité, c’est-à-dire dans l’effectivite, ils sont présents
comme formellement différents (faute de quoi il n’y aurait entre eux
qu’une identification réductrice, non différenciée, au seul niveau de letre).
Hegel va maintenant développer ce qu’implique cette différence formelle
dans l’identité du contenu.
84. in anderes, avec mouvement.
85. die eine : Hegel passe ici du neutre (intérieur et extérieur) au
féminin (détermination-de-contenu).
86. La « médiation » recherchée se révèle ici médiation abstraite (ou
encore. : immédiate). Intérieur et extérieur sont en effet des termes stricte­
ment corrélatifs, — mais non sous la forme où l’un, comme un, serait
effectivement contenu dans l’autre, comme autre. Bien plutôt Tue, ici,
w’étant que l’un, est immédiatement l’autre. De sorte que la différence
formelle qui nous était promise n’est que celle de la « forme simple »,
— comme telle immédiatement niée. Pour parvenir à l’identité de termes
réellement différents, il faudra se plier au détour d’une revitalisation de
l’extérieur, lequel devra passer du (simplement) phénomène à l’effectivité.

219
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

non pas leur identité pleine-de-contenu*1. Ou cet acte-de-tenir-


fermement la forme est en général le côté de la déterminité. Ce
qui est posé selon ce même [côté], ce n’est pas la totalité réelle du
tout, mais la totalité ou la Chose même seulement dans la déter­
minité de la forme; parce que celle-ci est Limité purement-et-
simplement conjointe des deux déterminations op-posées, alors,
en tant que l’une tout d’abord se trouve prise — et il est indif­
férent que ce soit l’une ou l’autre [—], il faut dire de la base
ou Chose que pour cette raison elle est tout aussi essentiellement
[208] dans l’autre déterminité, mais également seulement dans l’autre ;
de même qu’il fut dit d’abord qu’elle est seulement dans la
première. —
Ainsi quelque-chose qui est seulement d’abord un intérieur est-il
justement pour cette raison seulement un extérieur. Ou, à l’in­
verse, quelque-chose qui est seulement un extérieur est justement
pour cette raison seulement un intérieur. Ou, en tant que l’intérieur
est [déterminé] comme essence tandis que l’extérieur est déterminé
comme être, une Chose, dans la mesure où elle est seulement dans
son essence, justement pour cette raison est seulement un être
immédiat ; ou une Chose qui est seulement, justement pour cette
*aison, n’est seulement d’abord88 que dans son essence80. —
extérieur et [F] intérieur sont la déterminité posée de telle sorte
jue chacune de ces deux déterminations, non seulement présup­
pose l’autre et passe dans elle comme dans sa vérité, mais que,
dans la mesure où elle est cette vérité de l’autre, elle demeure
posée comme déterminité, et renvoie à la totalité des deux. —
L’intérieur est ainsi l’achèvement de Yessence selon la forme. L’es­
sence, en tant en effet qu’elle est déterminée comme intérieur,
implique quelle est incomplète, et [quelle] n’est que comme
rapport à son autre, l’extérieur ; mais celui-ci est tout aussi bien,

87. Le 1. avait conclu à la pleine identité de contenu entre intérieur et


extérieur ; rien d étonnant à ce que leur différence formelle se révèle
évanescente, sans contenu propre. C’est évidemment à l’un et l’autre niveau
tout à la fois, que le prochain développement devra amener un changement
décisif.
88. L’original porte ici : nur er. C’est avec raison que Lasson lit : nur
erst, seule version plausible. Mais, comme plusieurs autres fois, il omet
d’indiquer ce changement dans son apparat critique.
89. C’est en effet l'articulation unitaire de l’être et de l’essence qui se trouve
en jeu sous cette identité de l’extérieur et de l’intérieur, de l’être-pour-autre-
chose et de l’être-en-soi (cf. ci-dessus, p. 217, note 76). Sans doute l’existence
était-elle déjà dite « être essentiel », — mais encore sous mode immédiat.
C’est dans la structuration interne de la substance (3° chapitre de la prochaine
section) que sera atteinte une première fois l’unité médiate des deux, — avant
qu’elle ne se pose, sous forme ultime, dans l’Idée absolue, point d’aboutissement
du Concept.

220
■Jl jm

LE PHÉNOMÈNE

non pas seulement être ou encore existence, mais comme $£ ■

portant à l’essence ou à l’intérieur. Mais ce nui «r oo


nest pas seulement le rapport des deux l’un à l’autre mais le
[rapport] déterminé de la forme absolue, que chacun est immé­
diatement son contraire, et leur rapport commun à leur tiers ou
plutôt à leur unité. Mais leur médiation est encore privée de cette
base identique les contenant tous deux ; leur rapport, pour cette
raison, est le renversement immédiat de l’un dans l’autre ; et cette
unité négative qui les noue est le point simple, dépourvu-de-
contenu01.

Remarque92 [209]

Le mouvement de l’essence est, de façon générale, Yacte-de-


parvenir au concept. Dans la relation de l’intérieur et de [Y] exté­
rieur vient au jour le moment essentiel de cette même [relation],
savoir que ses déterminations sont posées [de manière] à être
de telle sorte dans l’unité négative que chacune immédiatement
n'est pas seulement comme son autre, mais aussi comme la tota­
lité du tout. Mais cette totalité est, dans le concept comme tel,
Yuniversel ; — une base, qui dans la relation de l’intérieur et de
[!’] extérieur n’est pas encore présente03. — Dans l’identité néga­
tive de l’intérieur et de [f] extérieur, qui est le renversement
immédiat de l’une de ces déterminations dans 1 autre, manque
aussi cette base qui auparavant fut nommée la Chose.
Il importe beaucoup de remarquer Yidentité non-médiatisee de
la forme, telle quelle est posée ici encore sans le mouvement
plein-de-contenu de la Chose même. Elle se rencontre en la Chose,
telle qu’est celle-ci dans son commencement. Ainsi 1 etre pur ;
est-il immédiatement le néant. De façon générale tout réel dans son
commencement est une telle identité seulement immédiate ; car ■■•'■a

90. vorhanden, présent au sens de donné. .


91. Il s’agit donc d’une « unité négative » qui n’a aucune épaisseur, et
qui, comme telle, ne rassemble pas dans l’identité des contenus réellement
différents. L’absence de moyen-terme fait que le syllogisme, ici, tend a se
contracter dans un simple recouvrement des extrêmes.
92. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Identité immédiate
de l'intérieur et de {V} extérieur.
93. vorhanden, présente au sens de donnée. — L’articulation interne du
concept manifestera en effet la médiation, cette fois effective, qui, par le •Æ
jeu de la particularité, ramènera le singulier sous l’universalité concrète qu’il
est (cf. Lasson II 239 sq.). La phrase suivante, montrera que cette absence de
médiation est, comme il est normal, tout aussi bien ici le fait de l’extériorité
que celui de l’intériorité.

221
•f
:
: :

DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

i! dans son commencement il n’a pas encore op-posé et développé les


moments, d’un côté ne s’ [est] pas intériorisé à partir de l'extério­
rité, d’autre part ne s’est pas encore extériorisé et produit au jour à
partir de l’intériorité par son activité ; il est par conséquent seule­
I-
ment l’intérieur [entendu] comme déterminité en regard de l’exté­
rieur, et seulement l’extérieur [entendu] comme déterminité en
regard de l’intérieur. Ainsi est-il pour une part seulement un être
immédiat ; pour une part, dans la mesure où tout aussi bien il est
la négativité, qui doit devenir l’activité du développement, il est
comme tel essentiellement d’abord seulement un intérieur04. —
[210] Voilà qui se présente dans tout développement naturel, scientifique
et spirituel en général, et il est essentiel de reconnaître05 que le
[terme] premier, en tant que quelque-chose est seulement d’abord
intérieur ou encore dans son concept0G, justement pour cette raison
est seulement son être-là immédiat, passif. C’est ainsi — pour
prendre tout de suite l’exemple le plus proche — que la relation
essentielle ici considérée, avant qu’elle se soit mise en mouvement
et réalisée tout au long par la médiation, [par] la relation de la
force, est seulement la relation en soi, son concept, ou d’abord inté­
rieure. Mais pour cette raison elle est seulement la relation exté­
rieure immédiate ; la relation du tout et des parties, dans laquelle
.54 les côtés ont un subsister indifférent l’un en regard de l’autre.
Leur identité n’est pas encore en eux-mêmes ; elle est d’abord inté­
rieure, et pour cette raison ils tombent l’un en dehors de l’autre,
ont un subsister immédiat extérieur. — Ainsi la sphère de l’Etre
est-elle en général seulement d’abord ce qui est encore purement-
et-simplement intérieur, et pour cette raison elle est la sphère de
l’immédiateté qui-est ou de l’extériorité07. — L'Essence est seule-
J 94. Dans le commencement tout est bien présent, mais de telle sorte
que les moments n’expriment leur identité que sous mode d’un passage
perpétuel et structurel l’un dans l’autre, — passage qui signifie précisément
leur évanouissement et leur non-consistance covime 7noments. Le vrai, nous
le savons, n’est tel que dans son développement et dans son résultat, —
ou plutôt dans cette identité du commencement et du terme que manifeste
le développement. — Sur le mouvement du passage (ou plutôt de l’être
toujours déjà passé) de l’être dans le néant et du néant dans l’être, cf. notre
traduction de « L’Etre », pp. 59 sq.
95. erkennen.
96. Quelque chose est « dans son concept » dans la mesure où il n’est
pas encore développé et exprimé pour ce qu’il est. Nous avons déjà noté
cette différence entre le « seulement concept » (qui correspond à l’emploi
de ce terme tel qu’il est fait ici) et le « concept comme concept » (qui
est la totalité déployée et revenue dans soi comme totalité). Sur ce point,
cf. ci-dessus, p. 200, note 10.
97. L’ordre des affirmations est ici important. Il est vrai que, par rapport
à l’intériorité de l’essence, l’être est, de façon globale, l’extérieur ; mais il
n’est tel que parce qu’il est d’abord, par rapport à lui-même, comme intériorité

222
LE PHÉNOMÈNE

ment d’abord Vintérieur ; pour cette raison elle se trouve prise


aussi pour un être-commun tout extérieur, dépourvu-de-système98 ;
on dit Y entité-scolaire, [1’] entité-journalistiquew, et l’on entend
par là quelque chose de commun, qui est fait de l’acte extérieur de
rassembler des objets existants, dans la mesure où ils [sont] 100
sans aucune liaison, sans organisation. — Ou, en des objets concrets,
le germe de la plante, l’enfant, ne sont d’abord que plante inté-
neure, homme intérieur. Mais pour cette raison la plante ou
l’homme est, comme germe, quelque chose d’immédiat, quelque
chose d’extérieur qui ne s’est pas encore donné le rapport négatif
à soi-même, quelque chose de passif, de livré à l’être-autre. — Ainsi
également Dieu, dans son concept immédiat, n’est pas esprit ; l’es­
prit n’est pas l’immédiat, [ce qui est] op-posé à la médiation, mais
bien plutôt l’essence posant éternellement son immédiateté et [211]
éternellement faisant retour dans soi à partir d’elle. Immédiate­
ment, par conséquent, Dieu est seulement la nature. Ou la nature
est seulement le [Dieu] intérieur, non pas le [Dieu] effectif
comme esprit, et partant non pas le Dieu véritable. — Ou Dieu est,
dans le penser comme penser premier, seulement l’être pur, ou
aussi l’essence, l’absolu abstrait ; mais non pas Dieu comme esprit
absolu, ce qui seulement est la nature véritable de Dieu .

3. La première des identités considérées de l’intérieur et de


[1’] extérieur est la base indifférente en regard de la différence
de ces déterminations comme en regard d’une forme qui lui est
extérieure, ou elle comme contenu. La deuxième est l’identité non-
médiatisée de leur différence, le renversement immédiat de cha­
cune dans son op-posée ; ou elle comme forme pure. Mais ces

non développée, — c’est-à-dire comme totalité qui doit être, mais qui n est
pas encore.
98. Le « système » est ici la cohérence intérieure et extérieure qui rapporte
l’un à l’autre les termes en présence selon l’ordre d’une véritable relation
syllogistique. , . .
99. Schuhvesen, Zeitungswesen : le français ne peut rassembler ici sous
un même terme la signification technique très prégnante de 1’ essence »
et celle, tout indéterminée, que nous traduisons ici par « entité » — et
qui désigne simplement l'ensemble des éléments constituant une sphère ou un ■r
domaine.
100. Lasson ajoute ici, entre crochets carrés, ce sind que sous-entend
l’original.
101. Cette « définition » de Dieu comme esprit le situe d’un coup à
un tout autre niveau de vérité et de vie que l’approche qui en fut faite
précédemment, de façon beaucoup plus statique, sous la raison du « concept-
intégratif de toutes les réalités ».
Ici se termine le texte de cette Remarque, et le paragraphe prochain est
! à rattacher au développement qui la précède.

223
9
DEUXIÈME LIVRE : SECTION II

deux identités sont seulement les côtés d’Une totalité ; ou elle-


même est seulement le renversement de l’une dans l’autre. La tota­
lité comme base et contenu est cette immédiateté réfléchie dans
soi seulement par la réflexion présupposante de la forme, qui sur-
sume sa différence et se pose comme identité indifférente, comme
155 unité réfléchie en regard de cette différence ,0\ Ou le contenu
est la forme elle-même dans la mesure où elle se détermine
comme diversité et se fait elle-même l’un de ses côtés, comme
extériorité, mais [se fait] l’autre comme immédiateté réfléchie
dans soi, ou [se fait] l’intérieur103.
Par là donc, à l’inverse, les différences de la forme, l’intérieur
et l’extérieur, sont posées chacun en lui-même104 comme la totalité
de soi et de son autre ; l’intérieur est, comme identité simple
réfléchie dans soi, l’immédiat, et, par conséquent, tout aussi bien
être et extériorité qu’essence ; et Y extérieur, [entendu] comme
l’être varié, déterminé, est seulement [quelque chose d’] extérieur,
C212] c’est-à-dire posé comme inessentiel et revenu dans son fondement,
partant comme [quelque chose d’] intérieur. Cet acte-de-passer des
deux l’un dans l’autre est leur identité immédiate, comme base ;
mais il est aussi leur identité médiatisée ; en effet, chacun est jus­
tement par son autre ce qu’il est en soi, la totalité de la relation .
Ou, à l’inverse, la déterminité de chaque côté, du fait qu’elle est en
elle la totalité, est médiatisée avec l’autre déterminité ; la totalité se
médiatise ainsi avec elle-même par la forme ou la déterminité, et
la déterminité se médiatise avec soi par son identité simple.
Ce que quelque-chose est, il l’est par conséquent totalement dans
son extériorité ; son extériorité est sa totalité, elle est tout aussi bien
son unité réfléchie dans soi. Son phénomène n'est pas seulement la
réflexion dans autre-chose, mais dans soi, et son extériorité, par

102. gegen ihn.


103. Forme et contenu constituent tout aussi bien, et du même mouve­
ment, l’intérieur que l’extérieur. Pas de forme, en effet, qui ne se détermine
comme réalité existante, et pas d’existence immédiate qui ne se réfléchisse
en soi dans son principe essentiel. Cela, nous le savions en principe depuis
les dialectiques consacrées à la « condition ». Mais il nous a fallu éprouver
que l’unité dès alors présente requiert un autre type d’expression catégorielle
que celle, trop ambiguë et marquée par l’histoire, qui s’appuie sur le
rapport de la chose et de son phénomène. Par-delà cette traduction trop
pauvre, nous plongeons ici à nouveau dans les profondeurs d’une unité qui
n'est plus seulement postulée, mais qu’il faut traiter comme « effective ».
104. jedes an ihm selbst : Hegel passe ici du masculin die Unterschiede
(les différences) au neutre qui désigne le contenu de cette différence for­
melle, das binere un-d das Aeussere (l’intérieur et l’extérieur).
105. Cette identité nouvelle de l’immédiateté et de la médiation est
évidemment une reprise, à un niveau de détermination plus accompli, de
l'unité déjà posée de l’être et de l’essence.

224
r

LE PHENOMENE

conséquent, l’extérioration de ce qu’il est en soi ; et, en tant I


■(,

qu’ainsi son contenu et sa forme sont purement-et-simplement 4


identiques, il n’est rien en et pour soi que le fait de s’extériorer. Il
est le révéler de son essence, de telle manière que cette essence
justement consiste seulement dans le fait d’être ce qui se révèle 10°.
La relation essentielle, dans cette identité du phénomène avec
l’intérieur ou l’essence, s’est déterminée en effectivité.

I
r

106. Chacune des trois sections de l’essence exprime l’acte fonda™;.“ÿ


du poser selon une originalité que spécifie un terme propre . sc
(paraître) pour la première, erscheinen (apparaître, se faire pneno /
pour la seconde, sicb offenbaren (se révéler) pour celle que nous
aborder maintenant. Il y a manifestation (Offenbarung, Manifestation, ae
termes employés ici de façon indifférente par Hegel) dès que le « W™ *
de la réalité, son essence, devient « ouvert » (offen) et peut être apprenenae
comme tel, sans reste, dans l’immédiateté de ce qui est effectif. iur
l’enchaînement de ces trois verbes, cf. déjà la fin de l’Introduction a ce
Livre, ci-dessus, p. 6.

225

tÊÊm
m
se
TROISIÈME SECTION [2131 15(

L’EFFECTIVITÉ1

L’effectivité est Yunité de Vessence et de Vexistence \ en elle3


l’essence dépourvue-de-figure et le phénomène inconsistant,3 ou le
subsister dépourvu-de-détermination et la variété dépourvue-de-
subsistance ont leur vérité. Inexistence est certes l’immédiateté
venue au jour à partir du fondement, mais elle n’a pas encore posé
la forme en elle ; en tant quelle se détermine et [se] forme, elle
est le phénomène ; et, en tant que ce subsister déterminé seulement
comme réflexion-dans-autre-chose se forme-plus-avant en réflexion-
dans-soi, il en vient à deux mondes, deux totalités du contenu,
dont l’une est déterminée comme {réfléchie} dans soi, 1 autre
comme réfléchie dans autre-chose4. Mais la relation essentielle
présente leur rapport-formel, dont l’achèvement est la relation de
Yintérieur et de [1’] extérieur, [de telle sorte] que le contenu
des deux est seulement Une base identique et tout aussi bien seule­
ment Une identité de la forme. — Du fait que cette identité s’est
dégagée aussi en ce qui regarde la forme, la détermination-

1. Hegel, dans cette section 3 de l’Essence, pariera, entre autres, et


quoique évidemment sous un jour nouveau, de catégories communes a
l’univers philosophique : l’absolu, le mode, la contingence, la possibilité,
la nécessité, la substantialité, la causalité. Mais il rassemble tous ces termes
sous un concept qui lui est propre, celui d'effectivité. Sa signification, qui est
déjà tout entière précontenue dans l’histoire de son surgissement, telle que
nous venons de la vivre, se précisera encore progressivement, Remarquons
pourtant, dès maintenant, qu’il ne s’agit pas là d’une « réalité » quelconque,
terme trop vague et trop générique, mais bien de ce qui existe comme ayant
été effectué et comme ayant en soi son propre pouvoir d'effectuation. Cette
nuance essentiellement active importe grandement. Hegel le précisera plus
loin (p. 256) : <t Was wirklich ist, kann wirken », « Ce qui est effectif peut
agir » (peut effectuer).
2. in ihr.
3. L’original porte ici un point-virgule suivi d’un trait rédactionnel.
4. in anderes, avec mouvement.

227
.

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

formelle de leur diversité est sursumée, et il est posé qu’ils sont Une
totalité absolue.
Cette unité de l’intérieur et de [1’] extérieur est l'effectivité
[214] absolue5. Mais cette effectivité est d’abord Yabsolu comme tel ; —
dans la mesure où elle est posée comme unité dans laquelle0 la
forme s’est sursumée et a fait de soi la différence vide ou exté­
rieure d’un extérieur et d’ [un] intérieur. La réflexion se comporte
en regard de cet absolu comme [réflexion] extérieure, qui le consi­
dère seulement plutôt que d’être son mouvement propre7. Mais en
tant quelle est cela essentiellement, elle est comme le retour
négatif dans soi de cet absolu8.
157 Deuxièmement, Y effectivité proprement dite. Effectivité, possibi­
lité et nécessité constituent les moments formels de l’absolu ou la
réflexion de ce même [absolu].
Troisièmement, l’unité de l’absolu et de sa réflexion est la
relation absolue, ou plutôt l’absolu comme relation à soi-même ;
substance.

5. Après un premier paragraphe qui présente le résumé de tout^ Ie


mouvement tel qu’il s’est déroulé depuis le début de l’Existence (et même
depuis la première section de l’Essence), Hegel annonce, en trois petits
paragraphes, la structure de la section dont nous commençons la lecture.
L’effectivité, c'est l’unité vraie (déjà « conceptuelle ») de l’intérieur et de
l’extérieur, ou de l'essence et de l’existence. Mais elle (n’) est d’abord (qu )
« absolue », c’est-à-dire qu’elle présente ses moments dans une transparence
mutuelle (dans une « identité simple massive, sera-t-il dit bientôt) qui
risque de les déterminer selon une prévalence d’intériorité. Les trois chapitres
reprendront de la sorte, dans l’élément de l’en-et-pour-soi, les aspects de
l’intérieur, puis de l’extérieur, et enfin de leur relation accomplie (c est-a-dire,
une fois encore, les trois moments de la « réflexion »).
6. in der, sans mouvement.
7. Cette « extériorité » de la réflexion est ici la conséquence directe de
l'intériorité des moments de l’effectivité absolue. Mais en fait, une nouvelle
fois, cette disjonction méthodologique ne se trouve introduite que pour mieux
exprimer, a contrario, que la réflexion est ici le mouvement meme selon
lequel l’absolu déploie et reprend en lui ses propres moments.
8. seine négative Rückkehr in sich.

228
! '

CHAPITRE PREMIER
[215

L'ABSOLU

L’identité simple massive l’absolu est indéterminée, ou


dans elle toute déterminité de l'essence et de Xexistence, ou de
l'être en général aussi bien que de la réflexion, s’est plutôt dis­
soute. Dans cette mesure Xacte-de-déterminer ce qu’est l’absolu
se fait de façon négative, et l’absolu lui-même apparaît seule-
ment comme la négation de tous les prédicats et comme le vide.
Mais en tant qu’il doit1 se trouver énoncé tout aussi bien comme
la position de tous les prédicats, il apparaît comme la contradiction
la plus formelle. Dans la mesure où ce nier et ce poser appar­
tiennent à la réflexion extérieure, c’est là une dialectique formelle
non-systématique, qui sans beaucoup de peine ramasse de-ci de-là
maintes déterminations, et sans plus de peine d’un côté met en évi­
dence leur finité et [leur] simple relativité, et de l’autre côté, en
tant que l’absolu2 s’impose à elle comme la totalité, énonce de lui
également l’immanence de toutes les déterminations, sans pou­
voir élever à une unité véritable ces positions et ces négations.
Mais il faut présenter ce qu’est l’absolu ; pourtant ce présenter ne
peut pas être un déterminer ni [une] réflexion extérieure par quoi
seraient [les] déterminations de ce même [absolu], mais il est
Xexposition et l'exposition propre de l’absolu, et seulement un
acte-de-montrer ce quil est*.

1. muss, doit nécessairement.


2. es.
3. Bien que l’effectivité demeure d’abord enclose dans l’absolu, et qu’en
principe, de ce fait, la réflexion qui expose ses moments soit extérieure à
lui (cf. ci-dessus, p. 228, note 7), nous savons cependant que l’absolu est
totalité ; il doit donc avoir en lui-même la ressource qui le fait s'exposer
pour cette totalité qu’il est. Et notre réflexion « extérieure » ne peut
qu’épouser ici les moments immanents de cette auto-exposition intérieure.

229

• -
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

[216] A.
l’exposition de l’absolu

L’absolu n’est pas seulement l'être, ni non plus Yessence. Celle-


là3bls est l’immédiateté première non-réfléchie, celle-ci 3 bis là réflé-
chie ; chacun est en outre totalité en lui-même ; mais une [totalité]
158 déterminée. En l’essence l’être vient au jour comme existence ; et
le rapport d’être et d’essence s’est formé-plus-avant jusqu’à la
relation de Yintérieur et de [1’] extérieur. L’intérieur est Yes­
sence, mais [entendue] comme la totalité qui a essentiellement la
détermination d’être rapportée à Y être et [d’être] immédiatement
être. L’extérieur est Yêtre, mais avec la détermination essentielle
d’être rapporté à la réflexion, [d’être] immédiatement aussi bien
identité avec l’essence, [identité] dépourvue-de-relation \ L’absolu
lui-même est l’unité absolue des deux ; il est ce qui constitue en
général le fondement de la relation essentielle, qui, seulement,
comme relation, n’est pas encore revenue dans cette identité
sienne, et dont le fondement n’est pas encore posé5.
De là il se dégage que la détermination de l’absolu est d’être
la forme absolue, pourtant en même temps non pas comme l’iden­
tité dont les moments ne sont que déterminités simples ; — mais
l’identité6 dont les moments sont chacun en lui-même la totalité, et
ainsi, comme indifférents en regard de la forme, sont le contenu
complet du tout. Mais, inversement, l’absolu est de telle manière le
contenu absolu que le contenu, qui comme tel est variété indiffé­
rente, a en lui le rapport-formel négatif par quoi sa variété est
[217] seulement Une identité massive7.
L’identité de l’absolu est ainsi 1’ [identité] absolue du fait que
chacune de ses parties est elle-même le tout, ou [que] chaque
déterminité est la totalité, c’est-à-dire que la déterminité en
3bis. Celle-là » : l’immédiateté qu'est l’être ; « celle-ci » : l’immédiateté
qu’est l’essence.
4. Entendons : dépourvue de la relation qui s’expose en termes d’extériorité
effective, car cet extérieur vient d’être dit en rapport à la réflexion, laquelle
est ici, il va de soi, relation, — mais relation intérieure de soi à soi.
5. Les deux affirmations sont ici corrélatives : la relation qu'est l’absolu
n’est pas vraiment revenue dans soi parce que le fondement qu’il est n’est
pas vraiment posé, — ni en lui-même ni dans l’effectivité.
6. Lasson écrit ici : sondern {als} Identitàt ; mais rien ne s’oppose à ce
que, suivant l’original, on laisse ce « comme v sous-entendu.
7. Autrement dit : les moments de l’absolu, bien que (seulement) dans
l'absolu, sont totalité, — et donc contenu se mouvant dans l’unité.

230
l’effectivité

général est devenue une apparence purement-et-simplement trans­


parente, une différence disparue dans son être-posé8. Essence,
existence, monde étant en soi, tout, parties, force, — ces détermi­
nations réfléchies apparaissent au représenter comme être vrai,
valant en et pour soi ; mais l’absolu est, en regard d’elles, le fon­
dement dans lequel9 elles ont disparu. — Parce que maintenant
dans l’absolu la forme est seulement l’identité simple à soi, l’absolu
ne se détermine pas ; car la détermination est une différence-
formelle qui d’abord vaut comme telle. Mais parce qu’il contient
en même temps toute différence et détermination-formelle en géné­
ral, ou parce qu’il est lui-même la forme et [la] réflexion abso­
lues, la diversité du contenu doit10 aussi venir au jour en lui. Mais
l’absolu lui-même est l'identité absolue ; c’est là sa détermination, 159
en tant que toute la variété du [monde] étant en soi et du monde
phénoménal ou de la totalité intérieure et extérieure est sursu-
mée dans luin. — Dans lui-même il n’y a aucun devenir, car il n’est
pas l’être, non plus qu’il n’est le déterminer se réfléchissant ; car il
n’est pas l’essence se déterminant seulement dans soi; il n’est
pas non plus un acte-de-s’extériorer ; car il est comme l’identité de
l’intérieur et de [1’] extérieur. — Mais ainsi le mouvement de la
réflexion se tient en face de son identité absolue12. Il est sursumé
dans celle-ci13, ainsi est-il seulement son intérieur, mais par là il
lui est extérieur14. — Il consiste par conséquent d’abord seulement
dans le fait de sursumer son faire dans l’absolu15. Il est l’au-delà
des différences et déterminations variées et de leur mouvement, [218]
[au-delà] qui, pour l’absolu, se trouve dans le dos ; par conséquent
il est certes l’acte-de les assumer, mais en même temps leur dispa­
raître ; ainsi est-il l’exposition négative de l’absolu qui s’est trou-
vée évoquée ci-dessus 16. — Dans sa présentation véritable, cette
exposition est le tout, [déployé] jusqu’à maintenant, du mouve-

8. C'est par erreur que le texte de Lasson porte ici une virgule. L original
a un point.
9. in dem, sans mouvement.
10. muss, doit nécessairement.
11. in ihm, sans mouvement.
12. Il s’agit de l’identité absolue de l’absolu.
13. in dieser, sans mouvement. . . , . »
14. « son intérieur » : le mouvement de la réflexion est 1 intérieur
l’identité absolue de l’absolu. — Nous savons déjà (cf. ci-dessus, p. »
note 7) que le mouvement de réflexion est ici à la fois, mais sous
d’une alternance non encore médiatisée, intérieur et extérieur, n ’
l’absolu s’expose bien ici comme totalité, mais comme totalité no ..fl
« manifestée » (selon le sens très signifiant que va prendre, des e p
chapitre, le terme de « manifestation ï>).
15. im Absoluten, sans mouvement. .
16. Cf. ci-dessus, p. 229, la seconde phrase de ce chapitre.

231
Il

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

ment logique de la sphère de l’Etre et de l’Essence, dont le contenu


n* [a] pas [été] ramassé de l’extérieur comme un [contenu] donné
et contingent et n’a pas non plus été immergé17 dans l’abîme
de l’absolu par une réflexion extérieure à lui, mais s’est déter­
miné 18 en lui par sa nécessité intérieure et, comme devenir propre
de l’être et comme réflexion de l’essence, est revenu dans l’absolu
comme dans son fondement10.
Mais cette exposition a elle-même en même temps un côté
positif ; dans la mesure en effet où le fini, du fait qu’il va au gouf­
fre, prouve cette nature [qui consiste] a être rapporté à l’absolu,
ou à contenir l’absolu en lui-même20. Mais ce côté n’est pas tant
l’exposition positive de l’absolu lui-même que plutôt l’exposition
des déterminations, savoir qu’elles ont l’absolu pour leur abîme,
mais aussi pour leur fondement21, ou que ce qui leur donne, [ce
qui donne] à l’apparence un subsister, c’est l’absolu lui-même. —
L’apparence n’est pas le néant, mais elle est réflexion, rapport à
l’absolu ; ou elle est apparence dans la mesure où l’absolu paraît
dans elle2\ Cette exposition positive retient ainsi encore le fini
avant son disparaître, et le considère comme une expression et
reproduction de l’absolu. Mais la transparence du fini, qui ne
laisse percer que l’absolu à travers soi, finit en total disparaître ;
.60 car il n’est rien en le fini qui pourrait maintenir pour lui une dif­
férence en regard de l’absolu ; il est un medium qui se trouve
absorbé par ce qui paraît à travers lui.
[219] Cette exposition positive de l’absolu n’est par conséquent
elle-même qu’un paraître ; car ce qui est vraiment positif, ce que
contient cette exposition23 et le contenu exposé, est l’absolu lui-
même. Ce qui se rencontre en fait de déterminations ultérieures, la
forme dans laquelle l’absolu paraît, est quelque chose de nul qui
reçoit l’exposition de l’extérieur et en quoi, pour son faire, elle
gagne un commencement. Une telle détermination n’a pas dans
17. En ajoutant, comme le fait Lasson, l’auxiliaire sous-entendu : versenkt
■worden (ist).
18. Encore une adjonction qui s’impose : sich... bestimmt (bat).
19- L’ « exposition » de l'absolu est tout à la fois son « devenir » et sa
« réflexion », — son mouvement extérieur et immanent. Comme telle, elle
rassemble le procès total de l’Etre et de l’Essence.
20. Cette affirmation est importante : que le fini soit ici « rapporté » à
l’absolu ne signifie pas qu’il perde toute consistance propre ; au contraire,
cette relation, en tant qu’elle constitue réellement tout l’être du fini, signe
la présence réflexive et proprement fondamentale de l’absolu en lui. Hegel
va préciser ce point dans la suite de ce paragraphe.
21. Abîme (Abgrand) et fondement (Grand) ont une parenté étymologique
que l’on ne peut rendre en français.
22. in ihm, sans mouvement.
23. sie.

232

n
l’effectivité

l’absolu son commencement, mais seulement son terme, Cet expo­


ser, par conséquent, est certes [un] faire absolu de par son
rapport à l’absolu, dans lequel il revient, mais non selon son point
de départ, qui est une détermination extérieure à l’absolu.
Mais en fait l’exposer de l’absolu est son faire propre, et qui
commence auprès de soi, tout comme près de soi il parvient. C’est
seulement comme identité absolue que l’absolu est déterminé;
savoir comme [quelque chose d’] identique ; il est ainsi posé par
la réflexion, en regard de l’op-position et de la variété ; ou il est
seulement le négatif de la réflexion et du déterminer en général.
— Ce n’est pas seulement cet exposer de l’absolu qui est quelque
chose d’imparfait, mais aussi cet absolu lui-même auprès duquel
l’on parvient seulement. Ou cet absolu qui est seulement comme
identité absolue est seulement Vabsolu d'une réflexion extérieure.
Il n’est par conséquent pas l’absolument-absolu, mais l’absolu
dans une déterminité, ou il est attribut24.
Mais l’absolu n’est pas seulement attribut, parce qu’il est ob-jet
d’une réflexion extérieure, et donc quelque chose de déterminé par
elle. — Ou la réflexion ne lui est pas seulement extérieure ; mais
immédiatement, pour la raison qu’elle lui est extérieure, elle lui
est intérieure. L’absolu n’est l’absolu que parce qu’il nest pas
l’identité abstraite, mais l’identité de l’être et de [1 ] essence ou
l’identité de l’intérieur et de [l’j extérieur. C’est donc la forme
absolue elle-même qui le fait paraître dans soi et le détermine
comme attribut.

B.
l’attribut absolu

L’expression qui a été utilisée Vabsolument-absolu désigné 161


l’absolu qui dans sa forme a fait retour dans soi, ou dont la forme
est égale à son contenu25. L’attribut est Y absolu seulement relatif,
24. Absolu qui n’est pas absolument absolu. Absolu que Ion pourrait
dire au premier degré. Expression intérieure qui, nous le savons bien, est
sans reste, — mais seulement en principe, ou, plus exactement, dans son
principe. L’attribut est une détermination, — ou il est l’absolu lui-meme
comme déterminé. Nous retrouvons ici, à un niveau de vérification ultime,
la relation intérieure déjà clarifiée, par exemple, sous une forme plus élémen­
taire, dans la dialectique de la chose et de ses propriétés.
25. Il s’agit donc, non pas de l’absolu présent (dont nous avons dit qu il
n’est absolu qu’au premier degré), mais de la totalité vivante qu'est l'absolu
se déterminant comme esprit. Cette pleine « égalité » de la forme et du

233
Il

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

une liaison que ne signifie rien d’autre que l’absolu dans une
détermination-formelle. La forme est en effet tout d’abord, avant
son exposition achevée, seulement d’abord intérieure, ou, ce qui est
la même-chose, seulement extérieure, en général tout d’abord
forme déterminée ou négation en général. Mais, parce qu’elle est
en même temps comme forme de l’absolu, l’attribut est le contenu
total de l’absolu ; il est la totalité qui apparut plus haut comme un
monde, ou comme un des côtés de la relation essentielle, dont
chacun est lui-même le tout. Mais les deux mondes, le phéno­
ménal et celui qui est en et pour soi, devaient chacun dans son
essence être op-posés l’un à l’autre. L’un des côtés de la relation
essentielle était certes égal à l’autre ; le tout aussi bien que les
parties ; l’extérioration de la force le même contenu que celle-ci
[221] elle-même, et l’extérieur en général la même-chose que l’intérieur.
Mais en même temps ces côtés devaient avoir chacun encore un
subsister immédiat propre, l’un comme 1’ [immédiateté] qui-est,
l’autre comme l’immédiateté réfléchie. Dans l’absolu en revanche
ces immédiatetés différentes sont abaissées à l’apparence, et la
totalité qu’est l’attribut est posée C07nme son subsister vrai et
unique ; mais la détermination dans laquelle il est, comme ïines-
mtiel20.
L'absolu est attribut pour cette raison que, comme identité
nple absolue, il est dans la détermination de l’identité ; à la
iétermination en général peuvent maintenant être rattachées
d’autres déterminations, par exemple aussi qu’il y ait plusieurs
attributs. Mais, parce que l’identité absolue a seulement cette
signification, pas seulement que toutes les déterminations sont
sursumées, mais quelle est aussi la réflexion qui s’est sursumée elle-
même, en elle toutes les déterminations sont posées comme
[déterminations] sursumées. Ou la totalité est posée comme la
[totalité] absolue, ou l’attribut a l’absolu pour son contenu et
subsister ; sa détermination-formelle, par quoi il est attribut, est
par conséquent aussi posée immédiatement comme simple appa-

contenu n’interviendra, et encore seulement en son principe logique, que


dans 1’ « Idée absolue », au terme de la « Doctrine du Concept ».
26. Cette nouvelle distinction entre l’essentiel et l’inessentiel est ici
désormais inopérante et sans conséquence. En effet, puisque l’absolu est
identique à son attribut (il s’agit de l’attribut absolu), nous sommes, comme
Hegel vient de le préciser, au-delà de toute extériorité positive. Mais ce
rappel des différents couples catégoriels antécédents est le signe de ce que le
mouvement présent se trouve lesté de cette « effectivité » qui se masquait
alors dans le passage à l’autre entendu sous la raison d’une différence
qualitative de valeur.

234
l’effectivité

rence ; le négatif comme négatiftT. L’apparence positive que l’ex­


position se donne par l’attribut, en tant qu’elle ne prend pas le fini
dans sa borne, comme quelque chose qui-est en et pour soi, mais
dissout son subsister dans l’absolu et l’amplifie en attribut, sur- h
sume le fait même qu’il soit attribut ; elle *8 immerge ce même
attribut et son faire différenciant dans l'absolu simple.
Mais, en tant que la réflexion, de son acte-de-différencier, fait
ainsi retour seulement à l'identité de l’absolu, elle n’est en même
temps pas encore sortie de son extériorité et parvenue à l’absolu
véritable. Elle a seulement atteint l’identité déterminée, abstraite ; [22
c’est-à-dire celle qui est dans la déterminité de l’identité. — Ou la
réflexion, en tant que, comme forme intérieure, elle détermine
l’absolu en attribut, ce déterminer est quelque chose qui est
encore divers par rapport à l’extériorité ; la détermination inté­
rieure ne pénètre pas l’absolu ; son extérioration consiste à dis­
paraître comme quelque chose de simplement posé en l'absolu.
La forme, donc, quelle se trouve prise comme [forme] exté­
rieure ou intérieure, par quoi l’absolu serait attribut, est en même
temps posée [de manière] à être quelque chose de nul en soi-
même, une apparence extérieure ou simple manière d’être .

C.
LE MODE DE L’ABSOLU

L’attribut est en premier lieu l’absolu comme dans Yidentité


simple à soi. Deuxièmement il est négation, et celle-ci, comme
négation, est la réflexion-dans-soi formelle. Ces deux côtés cons
tituent d’abord les deux extrêmes de 1 attribut, dont le moyen
terme est lui-même en tant qu’il est aussi bien 1 absolu que a
déterminité. — Le second de ces extrêmes est le négatif comme

27. « Inessentiel », « apparence » , et finalement « négatif comme


négatif » : l’attribut est ce dans quoi l’absolu s’expose comme absolu. Il
est, en sa positivité même, redoublement de la négation fondamentale e ce
absolu.
28. sie : il s’agit de l’exposition.
29. On voit que le mouvement global qui, de l’absolu comme tel, pat
l’attribut, mène jusqu’au mode, n’est plus, comme il en allait précédemment,
un mouvement qui approfondit et exaspère la différence en jeu, mais au
contraire un mouvement qui rapporte à l'absolu, totalité concrète,, les
moments ou formes dans lesquels il j’exprime. L’effectivité sera alors la réalité
dont la richesse « effective » ne mettra pas en cause la simplicité.

235
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

négatif, la réflexion extérieure à l’absolu. — Ou, dans la mesure où


il se trouve pris comme l'intérieur de l’absolu et [que] c’est sa
détermination propre que de se poser comme mode, le mode30 est
l’être-en-dehors-de-soi de l’absolu, la perte de soi dans la varia­
[223] bilité et [la] contingence de l’être31, son être-passé dans l’op-posé
sans retour dans soi ; la variété dépourvue-de-totalité de la forme
et [des] déterminations-de-contenu32.
Le mode, Xextériorité de l’absolu, n’est pourtant pas seulement
cela, mais l’extériorité posée comme extériorité, une simple
manière à’être ; donc l’apparence comme apparence, ou la réflexion
de la forme da?is soi ; donc /'identité à soi qu’est l’absolu 3\ En
163 fait c’est donc seulement34 dans le mode que l’absolu est posé
comme identité absolue ; il n’est ce qu’il est, savoir identité à
soi, que comme négativité se rapportant à soi, comme paraître qui
est posé comme paraître35.
Dans la mesure par conséquent où l’exposition de l’absolu com­
mence à partir de son identité absolue et passe à l’attribut et de là
au mode, elle a en cela complètement parcouru ses moments. Mais
en premier lieu elle est en cela, non pas un acte-de-se comporter
simplement négatif en regard de ces déterminations, mais ce faire
sien est le mouvement réfléchissant lui-même, et c’est comme tel
■ie l’absolu est seulement de façon véritable l’identité absolue. —
30. er.
31. in die Veranderlichkeit und Zufalligkeit des Seins, avec mouvement.
32. Que cette accentuation, toute méthodologique, d'une différence oppo-
itive ne nous trompe pas. Le paragraphe prochain le montrera : le mode
est bien l’extériorité de l'absolu, posée comme telle, et donc tout entière
intérieure au mouvement du poser de soi qu'est l’absolu. C’est ainsi qu’il
faut entendre l’expression de « négatif comme négatif » : le mode, c’est bien
l’extériorité de l’absolu, — mais une extériorité redoublée à l’intérieur (qui
n’est plus seulement intérieur) de ce qu’il est.
33. « Manière d’être », Art und Weise : l’expression dit bien qu’il ne
s’agit pas ici de quelque chose qui risquerait, sous quelque forme que ce
soit, de s’organiser autour de son propre centre, indépendamment de ce qu’il
manifeste ; le mode, « apparence comme apparence », c’est l’inexistence en
soi par quoi existe ce qui existe.
34. erst, temporel.
35. Le mode est, si l’on peut dire, une sorte de concrétion ou de « préci­
pité » de l’apparence. Comme elle il « semble » avoir une épaisseur positive
dans l’élément de l’être ; mais à ce plan, il se révèle être négation pure,
évanescence : le mode ne vaut pas comme principe propre d’organisation,
il est seulement mode de l’absolu ; autrement dit, il est l’expression négative
de la réflexion de l’absolu dans soi-même. Et c’est parce qu’il est apparence
évanescente, si on le prend en lui-même, qu’il est l’acte par lequel l’absolu
se manifeste en lui-même hors de lui-même (l’analyse du mouvement de la
réflexion, au début de ce Livre, nous avait accoutumé à ce passage du Schein
au scheinen, — de l’apparence au paraître de soi dans soi). C’est pourquoi
l’on peut dire que le mode de l’absolu, ou l’absolu comme mode, c’est la
préfiguration de la substance entendue comme totalité.

236
L’EFFECTIVITé

Deuxièmement elle n’a pas affaire là simplement à [quelque


chose d’] extérieur, et le mode n’est pas seulement l’extériorité
la plus extérieure, mais, parce qu’il est l’apparence comme appa­
rence, il est le retour dans soi, la réflexion se dissolvant elle-
même, [et] c’est comme tel que l’absolu est être absolu. —
Troisièmement la réflexion exposante paraît commencer à partir
de ses déterminations propres et à partir de [quelque chose d']
extérieur, [elle paraît] prendre les modes ou encore les détermi­
nations de l’attribut comme [modes et déterminations] trouvés
déjà-là par ailleurs hors de l’absolu, et son faire [paraît] consister :
dans le fait qu’elle les reconduit seulement dans l’identité indif­
férente. Mais en fait elle a en l’absolu lui-même la déterminité
à partir de laquelle elle commence. Car l’absolu comme première
r
identité indifférenteest lui-même seulement Yabsolu déterminé,
ou attribut, parce qu’il est l’absolu immobile, [l’absolu] encore non-
réfléchi. Cette déterminité, parce quelle est déterminité, appar­
tient au mouvement réfléchissant ; c’est seulement par elle qu’il87
est déterminé comme le premier identique, pareillement c’est seule­
ment par elle qu’il a la forme absolue et n’est pas l’étant-égal à
soi mais le [se] posant-égal à soi-même38.
La signification véritable du mode est, par conséquent, qu’il est
le mouvement propre réfléchissant de l’absolu ; un déterminer, non
pas pourtant par quoi il deviendrait quelque chose Vautre, mais
seulement [un déterminer] de ce qu’il est déjà ; l’extériorité trans­
parente qui est l'acte-de-se montrer soi-même ; un mouvement hors
de soi89 ; mais de telle sorte que cet être-vers-le-dehors est tout
aussi bien l’intériorité elle-même ; et, par là, tout aussi bien un
poser qui n’est pas simplement être-posé mais être absolu40.
Si par conséquent l’on interroge sur un contenu de l’exposi­
tion, qu’est-ce donc que montre l’absolu ? la différence entre forme s

et contenu dans l’absolu est, en tout état de cause, dissoute. Ou


c’est justement cela qui est le contenu de l’absolu, de se manifes- 164
36. die indifferente Identitiit : indifferent a ici exactement le même sens
que gleichgiiltig. Sur ce point, cf. notre traduction de « L’Etre », Présentation,
p. XXX.
37. es : il s’agit de l’absolu.
38. On le voit, l’absolu comme identité simple (intérieure) est absolu
concret, effectif dans son contenu (extérieur). De la sorte est dirimée la
question touchant le point de départ, — puisque les termes du procès en
cause ne sont plus l’intérieur et l’extérieur, mais l’effeaivité une qui est la
liaison vivante de l’un et de l’autre : le mouvement de la manifestation de
ce qui est.
39. eine Bewegung aus sich heraus.
40. C'est-à-dire précisément l’identité déterminée du poser et de l’être-
posé. En cela se trouve accompli en vérité le mouvement propre de l’essence.

237
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

fer41. L’absolu est la forme absolue qui, [entendue] comme la


scission de soi42, est purement-et-simplement identique à soi, le
négatif comme négatif ; ou qui coïncide avec soi et n’est qu’ainsi
l’identité absolue à soi qui tout aussi bien est indifférente en regard
de ses différences, ou contenu absolu ; le contenu, par conséquent,
est seulement cette exposition elle-même.
L’absolu, [entendu] comme ce mouvement de l’exposition se
portant lui-même, comme manière d’être43 qui est son identité
25] absolue à soi-même, est extérioration, non pas d’un intérieur, non
pas en regard de quelque chose d’autre, mais est seulement comme
acte absolu de se manifester pour soi-même44 ; il est ainsi effec­
tivité.

Remarque45

Au concept de l’absolu et à la relation de la réflexion à ce


même [absolu], tel que cela s’est présenté ici, correspond le
concept de la substance spinoziste. Le spinozisme est une philo­
sophie déficiente en ce que la réflexion et son déterminer varié
est un penser extérieur4C. — La substance de ce système est Une
substance, Une totalité inséparable ; il n’y a aucune déterminité
qui ne serait contenue et dissoute dans cet absolu ; et il est d’une

41. Le « se manifester (sich Manifestieren) ou le se révéler » (sich


Offenbaren) prennent le relais du Scheinen et de 1 ’Erscheinen, qui caractéri­
saient respectivement les mouvements de la première et de la deuxième
section de l’Essence. Est « manifeste » ce dont le fondement essentiel est
accessible, sans reste, dans l’immédiateté de l’expression qu’il se donne.
42. La scission » (Entzweiung) est la partition de l’unité comme unité,
— contenu qui s’expose lui-même en se divisant, forme différenciée qui
fait retour à l’unité vivante de ce qui est effectif.
43. Art und Weise (sic).
44. Un pour soi » qui n’est évidemment plus, comme il en allait dans
les dialectiques de la qualité, l’opposé de l’être « pour autre-chose » ; est
« effectif » ce qui se manifeste, ce qui se donne à connaître, comme soi,
à l’autre de soi.
45. Titre de cette Remarque dans la table des matières : Philosophie
spinoziste et leibnizienne.
46. Cette critique de l’absolu spinoziste est une constante de la pensee de
Hegel (voir à ce propos, dans notre traduction de « L’Etre la Remarque
consacrée à la déterminité négative, pp. 111-113, et l’affirmation de Hegel,
p. 249 : « Chez Spinoza la substance et son unité absolue a la forme d’une
unité immobile, d’une rigidité dans laquelle ne se trouve pas encore le
concept de l’unité négative du Soi, la subjectivité » ; cf. aussi, en cette
même page 249, notre note 286). On pourrait dire que la négation spinoziste
est, pour Hegel, une négation simple, ramenant le divers à une unité qui
ne se différencie pas de l’intérieur d’elle-même ; le mode, en ce cas, n est
qu’une « affection » de la substance, non son expression comme substance.

238
l’effectivité

assez grande importance que tout ce qui apparaît et s’impose


comme [quelque chose d’] autonome au représenter naturel ou à
l’entendement déterminant soit, dans ce concept nécessaire, totale­
ment abaissé à un simple être-posé. — La détermmité est négation,
c’est le principe absolu de la philosophie spinoziste ; cette vue véri­
table et simple fonde l’unité absolue de la substance. Mais Spi­
noza en reste à la négation comme détermmité ou qualité; il ne
va pas jusqu’à la connaissance de cette même [négation] comme
négation absolue, c’est-à-dire [négation] se niant ; ainsi sa subs­
tance ne contient pas elle-même la forme absolue, et le connaître
de cette même [substance] n’est pas un connaître immanent. Certes
la substance est unité absolue du penser et de [1’] être ou de
l’étendue ; elle contient donc le penser lui-même, mais seulement
dans son unité avec l’étendue ; c’est-à-dire non pas comme se sépa­
rant de l’étendue, donc absolument pas47 comme déterminer et
former ni non plus comme le mouvement faisant retour et com­ [226}
mençant à partir de soi-même. Pour une part manque par là à la
substance le principe de la48 personnalité, — un manque qui plus
que tout10 a soulevé l'indignation contre le système spinoziste ; —
pour une part le connaître est la réflexion extérieure qui ne com­
prend pas et ne déduit pas à partir de la substance ce qui appa­
raît comme [quelque chose de] fini, la déterminité de l’attribut et
le mode, tout comme aussi en général elle-même, mais est acdve
comme un entendement extérieur, assume les déterminations
comme [déterminations] données et les reconduit à l’absolu, mais
ne tire pas de celui-ci leurs commencements50.
Les concepts que Spinoza donne de la substance sont les concepts
de la cause de soi-même, — quelle est ce dont Y essence inclut dans
soi Xexistence ; — que le concept de l’absolu n’a pas besoin du
concept d’un autre par lequel il devrait51 se trouver formé ; — ces
concepts, si profonds et justes qu’ils soient, sont des définitions
qui d’entrée de jeu se trouvent adoptées de façon immédiate dans la
science. [La] mathématique et [les] autres sciences subordonnées
47. überhaupt nicbt.
48. Contrairement à ce qu’il en va chez Lasson, l’article der est bien
souligné dans l’original.
49. vornehmlich.
50. Il est intéressant que ces deux reproches soient ici liés, et, au fond,
n’en fassent qu’un pour Hegel : le fait que la substance spinoziste n’ait
pas en elle-même la ressource de poser ses propres déterminations (le fait
que la négation qui l’habite soit d’ordre qualitatif, et non réflexif) est en
effet ce qui fait d’elle, aux yeux de Hegel, un principe impersonnel et abstrait.
En revanche, l’Esprit, parce qu’il est articulation de soi en soi comme
totalité, sera chose vivante, activité absolument originelle.
51. musse, devrait nécessairement.

239

_
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

doivent “ commencer par un présupposé qui constitue leur élément


et [leur] base positive. Pourtant l’absolu ne peut pas être quelque
chose de premier, d’immédiat, mais l’absolu est essentiellement son
résultat53.
Après la définition de l’absolu entre en scène en outre, chez
Spinoza, la définition de l’attribut ; et [il]54 se trouve déterminé
comme la manière selon laquelle Xentendement comprend l’essence
de l’absolu5o. Outre que l’entendement, de par sa nature, se trouve
pris comme postérieur à l’attribut — car Spinoza le50 détermine
comme mode — l’attribut, la détermination comme détermination
de l’absolu, se trouve fait dépendant d’un autre, l’entendement,
[un autre] qui entre en scène, face à la substance, de façon exté­
rieure et immédiate57.
227] Les attributs, Spinoza les détermine en outre comme infinis ; et
infinis aussi dans le sens d’une multiplicité infinie. Certes, par
après ne se rencontrent que les deux — penser et étendue, et l’on
ne montre pas comment la multiplicité infinie se réduit de façon
nécessaire seulement à l’opposition, et à cette [opposition] déter­
minée du penser et de l’étendue. — Ces deux attributs, pour cette
raison, sont pris empiriquement58. Penser et être représentent l’ab­
solu dans une détermination50, l’absolu lui-même est leur unité
absolue, de telle sorte qu’ils ne sont que des formes inessentielles,
i66 [que] l’ordre des choses est le même que celui des représenta­
tions on pensées, et [que] l’absolu Un se trouve considéré seule­
ment par la réflexion extérieure, un mode, sous ces deux déter-

52. müssen, doivent nécessairement.


53. L’absolu ne peut être simplement présupposé, antérieurement à tout
mouvement et à toute expérience, comme une totalité achevée en soi. Il
est résultat, et résultat de soi-même. Mais il faudrait préciser, en toute rigueur,
qu’il n’est pas plus résultat qu’il n’est point de départ : il est l’unité de l’un
et de l'autre, — étant ce qui se pose comme totalité originelle et originale.
54. Lasson supplée ici un es, qui manque dans l’original.
55. als dasjenige..., wie der Verstand dessen Wesen begreift.
56. ihn, c’est-à-dire l’entendement.
57. Cette extériorité de l’entendement par rapport à la substance procède en
droite ligne du fait que celle-ci, étant négativité seulement qualitative, n’a
pas en elle-même la ressource de sa propre exposition comme totalité. Elle
est donc traitée et comme manipulée par un dynamisme extérieur au mou­
vement de son être.
58. Hegel fait ici à Spinoza, mais dans un tout autre contexte, le même
reproche que celui qu’il adresse à Kant : de même que celui-ci ne procède
à aucune déduotion des catégories, et les trouve simplement là, comme données,
dans la table des jugements, ainsi Spinoza ne tire pas tout de ce qui doit
être pourtant le principe du tout; l’universalité que devait être la substance
n’est donc que réalité vide, puisqu’elle n’a pas empire sur ses propres déter­
minations ; elle les accueille seulement comme des réalités données, et
n’articule pas en elle-même le passage décisif à la particularité.
59. Détermination.

240
l’effectivité

minations, une fois comme une totalité de représentations, 1 autre


fois comme une totalité de choses et de leurs changements. De
même que c’est cette réflexion extérieure qui fait cette différence,
ainsi est-ce encore elle qui la reconduit et l’immerge dans l’iden­
tité absolue. Mais tout ce mouvement survient hors de l'absolu.
Certes, celui-ci lui-même est aussi le penser, et dans cette mesure
ce mouvement [est] co seulement dans l’absolu ; mais, comme il
a été remarqué, il n’est dans l’absolu que comme unité avec
l’étendue, donc non pas comme ce mouvement qui est essen­
tiellement aussi le moment de l’op-position. — Spinoza fait à
l’adresse du penser61 la requête sublime de tout considérer sous
la figure de Véternité, sub specie aeterni, c’est-à-dire tel que c’est
dans l’absolu. Mais dans cet absolu qui n’est que l’identité
immobile, l’attribut, comme le mode, n’est que comme dispa­
raissant, non comme devenant, de telle sorte que par là ce I
disparaître lui aussi prend son commencement positif seulement
du dehors62.
Le troisième (terme), le mode, est, chez Spinoza, affection de [228;
la substance, la déterminité déterminée, ce qui est dans un autre,
et par cet autre se trouve saisi. Les attributs n’ont à proprement
parler que la diversité indéterminée comme détermination leur ;
chacun doit63 exprimer la totalité de la substance et se trouver
compris à partir de soi-même ; mais, dans la mesure où il est
l’absolu comme déterminé, il contient l’être-autre, et nest pa^s
seulement à comprendre à partir de sov-meme. Cest seulement
dans le mode par conséquent qu’est posée, à proprement parler,
la détermination de l’attribut. Ce troisième [terme] demeure
en outre simple mode, d’un côté il est immédiatement [quelque
chose de] donné, d’un autre côté sa nullité ne se trouve pas connue
comme réflexion dans soi05. — L’exposition spinoziste de l’absolu

60. Ce ist est ajouté à juste titre par Lasson.


61. an das Denken.
62. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que. le « devenir,. » soit a la
forme la plus achevée du mouvement de soi dans soi ; mais le « disparaître >
(qui est un moment et seulement un moment du devenir : cf. notre traduction
de « L’Etre », p. 79) est en tout cas, dans son unilatéralité négative et coupee
de toute résurgence (de tout Enlsteben : ibid.), un mouvement qui est
extinction de tout mouvement. Encore est-il produit ici de l’extérieur, puisque
c’est là seulement qu’il trouve la détermination positive qu’il pourra réduire
à l’abstraction de la substance. .
63. soit : au sens d’un simple « devoir-être », sans nulle nécessite intrin­
sèque.
64. erst, temporel.
65. Ce dernier reproche de Hegel est une conséquence directe de ce que
nous avons déjà lu ; le tiers terme n’est pas ici ce qui signerait le retour dans
lui-même du procès inauguré dans la substance : il est un simple moment dans

241
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

est bien par conséquent complète dans la mesure où elle com­


mence à partir de l’absolu, de là fait suivre l’attribut, et finit
par le mode ; mais ces trois se trouvent énumérés seulement
l’un après l’autre, sans suite intérieureCG du développement, et le
troisième [terme] n’est pas la négation comme négation, n’[est]
pas négation se rapportant négativement à soi, par quoi elle serait
en elle-même le retour dans l’identité première, et celle-ci iden­
167 tité véritable. Fait défaut par conséquent la nécessité du procès
de l’absolu jusqu’à l’inessentialité, tout comme sa dissolution en et
pour soi-même dans l’identité67 ; ou manque aussi bien le devenir
de l’identité que de ses déterminations.
De la même manière, dans la représentation orieittale de
\’émanation l’absolu est la lumière s’éclairant soi-même. Pourtant
il ne s’éclaire pas seulement soi-même, mais s’épand également.
Ses expansions sont des éloignements de sa clarté sereine ; les
produits suivants sont plus imparfaits que les précédents dont
ils surgissent. L’acte-de-s’épandre est pris seulement comme un
[229] événement, le devenir seulement comme une perte continue. Ainsi
l’être s’obscurcit-il toujours plus, et la nuit, le négatif, est le
[terme] dernier de la ligne, qui ne fait pas retour d’emblée08
dans la première lumière.
Le manque de la réflexion dans soi qu’ont en elles l’expo­
sition spinoziste de l’absolu tout comme la doctrine de l’émana­
tion est comblé dans le concept de la monade leibnizienne. —
Face à l’unilatéralité d’un principe philosophique se place habi­
tuellement F [unilatéralité] op-posée, et, comme en toute chose, la
totalité est habituellement présente60 au moins comme une

une chaîne linéaire qui ne boucle pas sur elle-même, et cela précisément parce
que le terme premier n’est que totalité abstraite, et non pas négation redoublée.
Au fond, Hegel est séduit par le fait que Spinoza a le courage métaphysique
de tout faire procéder de la saisie de l'Un ; mais il déplore que cet Un ne
soit totalité que par réduction d’une particularité sur laquelle, quoi qu’on en
dise, il n’a pas originairement empire, au moins au niveau de sa raison d’être
ultime.
66. ohne innere Folge, sans consécution intérieure logiquement nécessaire.
67. in die Identitàt, avec mouvement.
68. zuerst, d’abord. — C’est en effet d’entrée de jeu et comme structurelle­
ment que, pour Hegel, la sortie de soi doit être retour dans soi. Faute de ce
mouvement d’<*«/o-détermination, le devenir n’est qu’une inéluctable dégra­
dation de l’être, — la distance étant ici éprouvée comme éloignement, et
non pas comme cette altérité qui doit être forme de la présence du même
à lui-même.
69. vorhanden, présente au sens de donnée. —^ Au terme de la Phéno­
ménologie de l’Esprit, dans la réassomption qu’il opère de la totalité du mou­
vement conceptuel sous la raison de ses émergences historiques partielles,
Hegel use de ce même principe : les systèmes philosophiques doivent s’entendre
le plus communément comme des unilatéralités complémentaires qui témoi-

242
l’effectivité

entité-complète dispersée70. — La monade est un Un ”, un négatif


réfléchi dans soi ; elle est la totalité du contenu du monde ;
le varié divers est en elle72 non seulement disparu, mais conservé
de manière négative ; la substance spinoziste est l'unité de tout
contenu ; mais ce contenu varié du monde n'est pas comme tel
en elle , mais dans la réflexion extérieure à elle73. La monade,
par conséquent, est essentiellement représentante™ ; mais, bien
quelle soit une [monade] finie, elle n’a aucune passivité; mais
les changements et déterminations, en elle72, sont des mani­
festations d’elle dans elle-même. Elle est entéléchie ; le révéler
est son faire propre75. — En cela76 la monade est également
déterminée, différente d’autres ; la déterminité tombe dans le
contenu particulier et la manière d’être de la manifestation. La
monade est par conséquent en soi, selon sa substance, la totalité,
[et] non dans sa manifestation. Cette limitation de la monade
tombe nécessairement, non pas dans la monade se posant elle-
même ou représentante, mais dans son être-en-soi, ou est limite
absolue, une prédestination qui se trouve posée par un autre 168
être77 quelle. En outre, comme des [termes] limités ne sont
que comme se rapportant à d’autres [termes] limités, mais que [230]
la monade en même temps est un absolu clos dans soi, l’har­
monie de ces limitations, savoir le rapport des monades l’une
à l’autre, tombe en dehors d’elles, et est également préétablie
par un autre être77 ou en soi.

gnent ensemble de la totalité spirituelle; celle-ci, non exaucee dans un tel


type de pensée, suscite d’elle-même ce que l’on pourrait appeler le. correctif de
cette visée partielle : ainsi des rapports entre Descartes et Spinoza, entre
Spinoza et Leibniz (tout comme ici), enfin entre Kant et Schelling. Cf. Ph. G.
559/27-561/4 (II 306/27-308/20).
70. eine zerstreute Vollstàndigkeit. . .
71. C’est sans doute par erreur que le texte de Lasson porte ici, sans
justification, nur Ei?is. L’original, quant à lui, porte ein Eins.
72. in ihr.
73. Les deux dernières phrases (depuis « la substance spinoziste... »)
figurent entre parenthèses, sans aucune justification, dans le texte de Lasson.
74. vorstellend. — Hegel précisera dans un instant la signification de ce
terme : la monade est « représentante » dans la mesure ou elle se pose
elle-même, face à soi, comme l’autre d’elle-même. C’est précisément en
cela qu’elle « complète » les insuffisances de la substance spinoziste (sursu-
mant essentiellement la forme d’extériorité et de passivité rémanentes de sa
détermination concrète), — mais non sans tomber à l’inverse dans une
illusoire immanence et totale transparence à soi-même.
75. Un « révéler » qui s’épuise, si l’on peut dire, dans une « manifesta­
tion » intérieure, donnant lieu à la perfection tout abstraite de ce que l’on
pourrait appeler une auto-finalité.
76. Dabei.
77. Wesen, qui n’est évidemment pas employé ici selon son acception
technique d’ « essence ». — La trop pleine immanence à soi de la monade

243
!
'

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

Il est clair que, par le principe de la réflexion-dans-soi, qui


constitue la détermination-fondamentale de la monade, l’être-
autre et l’influence à partir du dehors sont certes éloignés de
façon absolue78, et [que] les changements de la monade sont
son poser propre, — mais que de l’autre côté la passivité due
à autre-chose79 est transformée seulement dans une borne absolue,
dans une borne de Y être-en-soi80. Leibniz attribue aux monades
un certain achèvement dans soi, une sorte d’autonomie ; elles sont
des êtres77 créés. — Quand on considère de plus près leur borne,
il se dégage de cette présentation que la manifestation d’elles-
mêmes qui leur revient est la totalité de la forme. C’est un concept
suprêmement important que les changements de la monade [se
trouvent]81 représentés comme des actions dépourvues-de-passi-
vité, comme des manifestations d’elles-mêmes, et [que] le principe
de la réflexion dans soi ou de Yindividuation s’impose comme
essentiel82. En outre, il est nécessaire de faire consister la finité
dans le fait que le contenu ou la substance est différent de la
forme, et quensuite celle-là est bornée, tandis que celle-ci est
infinie. Mais à présent ce n’est pas seulement cette unité absolue
de la forme et du contenu, mais aussi la nature de la réflexion,
[entendue] comme la négativité se rapportant à soi-même [et
qui consiste] à se repousser de soi, ce par quoi elle est posante
et créatrice, qui serait à trouver dans le concept de la monade
absolue. Dans le système leibnizien est certes également présent83

fait que sa signification même lui échappe ; elle postule en elle tout ce qui
lui est nécessaire pour être, mais cet être lui-même, elle ne le détermine pas.
Autrement dit encore, elle ne s’exprime nullement, — au sens où une
expression implique toujours, à quelque degré au moins, une présupposition
de soi. Ce que l’on croyait être une entéléchie n’est donc, à tout prendre,
rien de mieux qu’une hétéronomie.
78. überhaupt.
79. durch anderes.
80. Il est équivalent de dire que la monade est une totalité autonome, mais
limitée, bornée dans son être même (dans son être-en-soi qui ne vient pas à
l’expression de soi comme autre) ou d’affirmer, comme Hegel l’a fait dans
le paragraphe précédent, que sa limitation essentielle la met en dépendance
radicale à l’égard d’une réalité extrinsèque, — ce qu’il va appeler maintenant
la « monade absolue ».
81. Comme Lasson, nous ajoutons ici un werden au texte de l’original.
82. Hegel a toujours opposé l’individualisation de la monade leibnizienne
à l’universalité abstraite de la substance spinoziste. Mais de même que celle-ci,
faute de pouvoir se déterminer effectivement à partir d’elle-même, manquait
l’universalité, la monade, faute de /exprimer dans une relation effective aux
autres monades, manque l’authentique subjectivité. Ici encore, ce n’est pas
en restreignant un principe qu’on le pose selon sa vérité, mais en le poussant
au bout de lui-même, jusqu’à l’autre de ce qu’il est.
83. vorhanden, présent au sens de donné.

244
f

l’effectivité

le fait que84 Dieu est la source de l’existence et de l’essence des


monades, c’est-à-dire que ces bornes absolues, dans l’être-en-soi L231]
des monades, ne sont pas [des bornes] étant en et pour soi, mais
disparaissent dans l’absolu85. Mais, dans ces déterminations se
montrent seulement les représentations habituelles qui [sont]
laissées sans développement philosophique et ne sont pas élevées
à des concepts spéculatifs. Ainsi le principe de l’individuation ne
reçoit pas sa plus profonde élaboration ; les concepts qui concer­
nent86 les différenciations des diverses monades finies et leur
relation à leur absolu ne jaillissent pas de cette essence elle-même, 169
ou [ne jaillissent pas] de manière absolue, mais appartiennent à la
réflexion ratiocinante, dogmatique, et ne sont parvenus par consé­ i
I
quent à aucune cohérence intérieure. !

;l .1

84. das Weitere..., dass : cet autre fait que.


85. im Absoluten, sans mouvement. — Ainsi donc la clef de l'aporie que
constitue la monade est à chercher à l’extérieur d’elle, dans la monade absolue
et créatrice au niveau de l’être, et, va préciser maintenant le texte, dans un
entendement ratiocinant au niveau du connaître.
86. die Begriffe iiber.

• ••
[232] CHAPITRE SECOND

L'EFFECTIVITÉ

L’absolu est l’unité de l’intérieur et de [F]extérieur comme


unité première, étant-en-soi. L’exposition apparut comme réflexion
extérieure, qui à son côté a l’immédiat comme quelque chose de
trouvé-déjà-là, mais en même temps est le mouvement et rapport
de ce même [immédiat] à l’absolu, et, comme telle, le reconduit
dans celui-ci et [le] détermine comme une simple manière d’être.
Mais cette manière d'être est la détermination de l’absolu lui-
même, savoir son identité première ou son unité simplement étant
m soi. Et certes par cette réflexion ce n’est pas seulement cet
;tre-en-soi premier1 qui se trouve posé comme détermination
lépourvue-d’essence, mais, parce qu’elle est rapport négatif à
soi, c’est seulement2 par elle que devient ce mode. Cette
réflexion, comme se sursumant elle-même dans ses détermina­
tions, et, de façon générale, comme le mouvement faisant retour
dans soi, est seulement alors2 identité vraiment absolue, et en
même temps elle est le déterminer de l’absolu ou la modalité
de ce même [absolu]. Le mode est par conséquent l’extériorité
de l’absolu, mais tout aussi bien seulement comme sa réflexion
dans soi ; — ou il est la manifestation propre de ce même
[absolu], de telle sorte que cette extérioration est sa réflexion-
dans-soi et partant son être-en-et-pour-soi3.

1. jettes erste Ansichsein : il s’agit de l’immédiat « extérieur » qui est


trouvé-déjà-là par le mouvement d’auto-exposition de 1 absolu. Ramene à
l’absolu comme pure détermination modale, cet immédiat est montre par là
« dépourvu-d’essence t>, c’est-à-dire de subsistance propre et d autonomie.
Mais la face positive de cette négation, c’est la dépendance radicale de ce mode
par rapport au mouvement négatif au terme duquel l’absolu s expri me comme
totalité par la sursomption de cette immédiateté « extérieure s>.
2. erst, temporel.
3. Sous cette première expression, la « manifestation » est donc bien la

246
l’effectivité

Ainsi, [entendu] comme la manifestation [telle] qu’il n’est


rien d'autre4 et qu’il n’a aucun contenu que d’être la manifesta­
tion de soi, l’absolu est la forme absolue. Veffectivité est à
prendre comme cette absoluité réfléchie5, llêtre n’est pas encore
effectif ; il est l’immédiateté première ; sa réflexion est par consé­ [2:
quent devenir et passer dans autre-chose\ ou son immédiateté
n’est pas être-en-et-pour-soi. L’effectivité se tient aussi plus haut
que l'existence. Celle-ci est certes l’immédiateté venue au jour
à partir du fondement et des conditions, ou à partir de l’essence
et de sa réflexion. Elle est par conséquent en soi ce qu’est l’effec­
tivité, réflexion réelle, mais n’est pas encore l’unité posée de la 17
réflexion et de l’immédiateté. L’existence passe par conséquent
dans [le] phénomène, en tant quelle développe la réflexion
qu’elle contient. Elle est le fondement qui est allé au gouffre;
sa détermination est le rétablissement de ce même [fondement],
ainsi devient-elle relation essentielle, et sa réflexion ultime est
que son immédiateté est posée comme la réflexion-dans-soi, et
inversement ; cette unité, dans laquelle existence ou, immédiateté,
et l’être-en-soi, le fondement ou le réfléchi, sont purement-et-sim-
plenient moments, est à présent l'effectivité. L’effectif est pour
cette raison manifestation, il ne se trouve pas tiré par son exté­
riorité dans la sphère du changement et nest pas davantage
paraître de soi dans un autre, mais il se manifeste; cest-à-dire
qu’il est, dans son extériorité, lui-même, et est seulement dans
elle, savoir seulement comme mouvement se différenciant de soi et
se déterminant, lui-même.
Dans l’effectivité maintenant, [entendue] comme cette orme
absolue, les moments sont seulement comme [moments] sursumes
ou formels, pas encore réalisés ; leur diversité appartient ainsi
d’abord à la réflexion extérieure et n’est pas déterminée comme
contenu6.
traduction sans reste de l’intérieur ; mais il faut encore montrer que cet
intérieur échappe au cercle de la simple réflexion formelle en se posan
vement comme extérieur.
4. sonst nichts. . ••
5. Ainsi que l’on vient de le dire (note 3), la quesuon qui se pose ici
est celle d’une validité effective de l’extériorité entendue comme manifestation
de l’intérieur. Car l’effectivité (n’) est encore ici (que) l’expression de la pure
réflexion formelle de l’absolu en lui-même. Hegel va donc tout naturellement
rappeler, en soulignant leurs insuffisances, quelles furent les formes prece­
dentes de l’immédiateté : être, existence, phénomène. Au travers de ce che­
minement, c’est la réalité de la réflexion du principe fondamental qui se trouve
en cause.
6. Que la forme réflexive de l’absolu ait bien une dimension essentielle
de « réalisadon » (d’effectivité), cela exige que soit pleinement reconnue,
dans cette unité formelle, la pleine validité, pour soi, du contenu qu'elle doit

247
î
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III
£
L’effectivité, [entendue] elle-même comme unité-formelle
:'
immédiate de l’intérieur et de [1’]extérieur, est par là dans la
; [234] détermination de Yimmédiatété en regard de la détermination de
la réflexion dans soi ; ou elle est une effectivité en regard d’une
possibilité. Le rapport des deux l’une à l’autre est le troisième
{terme}, l'effectif déterminé tout aussi bien comme être réfléchi
dans soi, et celui-ci en même temps comme [être] immédiate­
ment existant. Ce troisième [terme] est la nécessité.
Mais tout d’abord, en tant que effectif et possible sont des
différences formelles, leur rapport est également seulement for­
mel, et consiste seulement dans le fait7 que l’un comme l’autre
est un être-posé, ou dans la contingence.
Du fait maintenant que dans la contingence l’effectif tout
comme le possible est Yêtre-posé, ils ont reçu en eux la déter­
mination ; vient par là8 deuxièmement Yeffectivité réelle ; par
quoi vient au jour pareillement [la] possibilité réelle et la néces­
sité relative.
La réflexion dans soi de la nécessité relative donne troisième­
ment la nécessité absolue, qui est possibilité et effectivité abso­
lues 9.

>] 171 A.
CONTINGENCE,
OU
EFFECTIVITÉ, POSSIBILITÉ ET NÉCESSITÉ FORMELLES

1. L’effectivité est formelle dans la mesure où, comme effec­


tivité première, elle est effectivité seulement immédiate, non-

acquérir dans cette extériorité de soi. D’où la postulation d’une pleine


effectivité de l’extérieur au regard de l’intériorité (seulement) possible, —
cette séparation purement méthodologique étant potentiellement sursumée
par la nécessité du troisième terme de cette relation, c’est-à-dire du mouvement
même de manifestation grâce auquel, précisément, le possible devient néces­
sairement effectif.
7. darinn (sic).
8. es wird dadurch.
9. Il est significatif que 1’ « absolu », dont nous savons qu’il a toujours
signifié jusqu’alors la totalité sous sa forme première, non encore déterminée,
soit retrouvé au terme de ce chapitre (tout comme, immédiatement après, dans
le dernier chapitre de ce Livre, intitulé précisément : La relation absolue).
C’est en effet la première fois que la détermination ne mettra pas en échec,
même seulement de façon potentielle, la pleine transparence initiale des termes
en cause.

248
l’effectivité

réfléchie, donc seulement dans cette détermination-formelle, mais


non comme totalité de la forme10. Elle n’est ainsi rien de plus
qu’un être ou existence en général. Pourtant, parce qu’elle est
essentiellement, non pas simple existence immédiate, mais comme
unité-formelle de l’être-en-soi, ou de l’intériorité, et de l’extério­
rité, elle contient immédiatement Yêtre-en-soi ou la possiblité. Ce
qui est effectif est possible.

2. Cette possibilité est l’effectivité réfléchie dans soi. Mais


ce premier être-réfléchi lui-même est pareillement le formel14,
et par là de façon générale seulement la détermination de l’iden­
tité à soi ou de l’être-en-soi en général13.
Mais, parce que la détermination ici est totalité de la forme,
cet être-en-soi est déterminé comme {quelque chose de) sur-
sumé u, ou comme essentiellement seulement en rapport à l’ef­
fectivité ; comme le négatif de celle-ci, posé comme négatif1S.
La possibilité contient par conséquent les deux moments ; en
premier lieu le {moment} positif, [qui est tel] qu’il est un être-
réfléchi dans soi-même ; pourtant, en tant que, dans la forme
absolue, il est abaissé à un moment, l’être-réfléchi-dans-soi ne vaut
plus comme essence, mais a, deuxièmement, la signification néga­
tive que la possibilité est quelque chose de déficient, renvoie à
quelque chose d’autre, l’effectivité, et se complète en celle-ci.
Selon le premier [côté], le côté simplement16 positif, la pos­
sibilité est donc la simple détermination-formelle de l’identité à
10. Nous avons donc, ici, une opposition entre le seulement formel et
la totalité de la forme. Voilà qui nous avertit du sens d abord dévalué que
revêt ici cet adjectif. En regard, nous savons que l'extériorité cessera detre
seulement formelle quand elle sera investie par la forme comme totalité et
donc déterminée comme contenu effectif. C'est pourquoi nous revenons
immédiatement vers la plage de l’intériorité et prenons la possibilité quelle
recèle comme la première détermination-de-contenu de 1 effectivite.
11. weiter nichts.
12. dos Formelle, adjectif substantifié.
13. Plus nous approchons de l'effectivité la plus effective, plus aussi,
nous l’avons dit (cf. ci-dessus, note 9)> l’absolu sera-t-il absolument absolu.
C’est pourquoi, à l’extrême de l’intériorité, nous trouvons ici, et tout au long
du développement qui s’inaugure, bon nombre d’expressions qui sonnent
comme cette identité transparente que Hegel appelait plus haut, lors de son
émergence première, identité tautologique. C’est que le concept n est autre
que la pleine identité à soi du contenu le plus effectif, donc le plus different
de soi.
14. On pourrait aussi entendre <r [être-en-soi] sursumê t> ; mais, comme
Lasson, nous préférons voir dans ce participe passé, mis en valeur par les
italiques, un terme substantifié..
15. als Négatives : là aussi il s’agit d’un terme substantifié.
16. L’original porte ici blos. C’est évidemment bloss qu'il convient de
lire.

249
!

DEUXIÈME LIVRE I SECTION III

soi, ou la forme de l’essentialité. Ainsi est-elle le contenant


dépourvu-de-relation, indéterminé, pour tout en général. — Dans
le sens de cette possibilité formelle, est possible tout ce qui ne se
contredit pas ; le royaume de la possibilité est par conséquent la
variété illimitée 17. Mais chaque [terme] varié est déterminé dans
soi et en regard d’antre-chose, et a la négation en lui ; de façon
générale la diversité indifférente passe dans Y op-position ; mais
Top-position est la contradiction. Par conséquent Tout18 est tout
aussi bien quelque chose de contradictoire, et par conséquent
[quelque chose d’]impossible10.
— Cet acte simplement formel de déclarer de quelque-chose
— c est possible —, est par conséquent tout aussi plat et vide
172 que la proposition de la contradiction et tout contenu assumé dans
elle20. A est possible veut dire tout autant que A est A. Dans
la mesure où Ton ne s’engage pas dans le développement du
contenu, celui-ci a la forme de la simplicité ; c’est seulement21 par
la dissolution de ce même [contenu] dans ses déterminations22
que la différence vient au jour en lui23. En tant que Ton s’en
tient à cette forme simple, le contenu demeure quelque chose
d’identique à soi, et par conséquent quelque chose de possible.
Mais par là on n’a tout aussi bien rien dit qu’avec la proposition
identique formelle.
Le possible contient cependant plus que la proposition simple­
-37] ment identique. Le possible est Yêtre-réfléchi-dans-soi réfléchi ;
ou l’identique purement-et-simplement comme moment de la

17. Comme Lasson, nous mettons ici un point à la place des deux points
que porte l’original.
18. Ailes a bien une majuscule dans l’original.
19. Démonstration ab absurdo de ce que la possibilité intérieure ne peut
être comprise ici comme seulement formelle. S’il en allait ainsi, en effet,
cet intérieur, par le jeu d’une régression aux essentialités entendues de
façon très immédiate, se montrerait être le contraire de ce qu’il est. Or il
est bien vrai que le possible est impossible, mais seulement au sens où il est,
dès toujours, effectif, puisqu’il est le fondement de ce qui est.
20. Comme Lasson, nous mettons ici un point à la place de la virgule que
porte l’original.
21. erst, temporel.
22. in seine Bestimmungen, avec mouvement.
23. Affirmation capitale, essentielle à une juste intelligence du mouve-
ment dialectique hegelien. Il faut seulement tenir alors que la différence
effectivement posée ne se durcit pas en opposition extérieure, mais fait
retour à l’identité première dont elle manifeste la richesse. Seule une logique
du contenu (du contenu comme totalité in-formée, il va de soi) peut déve­
lopper cette conciliation des extrêmes formels de l’identité et de la non-
identité. L’idéalisme hegelien est tout le contraire d’une doctrine qui affir­
merait unilatéralement la prééminence de l’analyse seulement notionnelle
sur la réalité.

250
l’effectivité

totalité, donc aussi déterminé à ne pas être en soi; il a par


conséquent la seconde détermination [qui consiste] à être seule­
ment quelque chose de possible, et le devoir-être de la totalité
de la forme. La possibilité, sans ce devoir-être, est Yessentialité
comme telle ; mais la forme absolue contient ceci que l’essence
elle-même est seulement moment, et, sans [l’jêtre, n’a pas
sa vérité. La possibilité est cette simple essentialité, posée de
telle sorte qu’elle est seulement moment et quelle n’est pas
conforme à la forme absolue. Elle est l’être-en-soi déterminé
comme seulement quelque chose de posé ; ou tout aussi bien
[déterminé] à ne pas être en soi. — La possibilité est par consé­
quent en elle-même aussi la contradiction, ou elle est l’impos­
sibilité 2\
Tout d’abord cela s’exprime de telle manière que la possibilité,
détermination-formelle posée comme sursumée, a un contenu en
général en elle. Celui-ci est, comme possible, un être-en-soi qui
en même temps est un [être-en-soi] sursumé ou un être-autre.
Parce que donc il est seulement un [contenu] possible, est pos­
sible tout aussi bien un [contenu] autre et son contraire. est yl ;
pareillement — A est — A. Ces deux propositions expriment
chacune la possibilité de sa détermination-de-contenu. Mais,
[entendues] comme ces propositions identiques, elles sont indif­
férentes l’une en regard de l’autre ; il nest pas posé avec l’une
que s’ajoute aussi l’autre. La possibilité est le rapport de compa­
raison des deux25 ; elle contient dans sa détermination, [enten­
due] comme une réflexion de la totalité, qu’aussi le contraire
soit possible. Elle est par conséquent le fondement qui-met-en-
rapport, [fondement] de ce que, pour la raison que A = A, il
y a aussi — A ~ — A ; dans le A possible est aussi contenu
le non A possible26, et c’est ce rapport lui-même qui détermine
les deux comme [termes] possibles.
Mais, [entendue] comme ce rapport selon lequel dans lun des [238]
possibles est aussi contenu son autre, elle est la contradiction qui

24. Entendons, une fois encore : la possibilité qui ne serait que possi­
bilité. Mais nous savons que le possible est la réflexion sursumante de
l'effectivité dans son fondement essentiel, lequel, à son tour, est en elle
une essentialité (une possibilité) effective, c’est-à-dire posée. A l'absolument-
absolu de l’intériorité répond l’être-réfléchi-dans-soi réfléchi de l’extériorité.
Grâce à ce double redoublement des extrêmes, le tiers terme, relation sans
nulle épaisseur, sera bien la nécessité identique au libre mouvement de la
manifestation.
25. die vergleichende Beziehung beider.
26. das Mogliche Ntcbt-A. Il faut évidemment lire : das mogUche Sicht-A.

251
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

se sursumeS7. Maintenant, comme elle est, selon sa détermination,


le réfléchi, et, ainsi qu’il s’est montré, le réfléchi se sursumant,
elle est ainsi également l’immédiat, et par là elle devient effec­
tivité.

3. Cette effectivité n’est pas la première, mais 1’[effectivité]


réfléchie, posée comme unité d’elle-même et de la possibilité.
L’effectif comme tel est possible ; il est en identité positive immé­
diate avec la possibilité ; mais celle-ci s’est déterminée comme
seulement possibilité ; ainsi l’effectif est-il aussi déterminé comme
seulement quelque chose de possible. Et immédiatement, pour
la raison que la possibilité est contenue immédiatement dans
l’effectivité, elle y est comme [possibilité] sursumée, comme seu­
lement possibilité. Inversement, l’effectivité, qui est en unité avec
la possibilité, est seulement l’immédiateté sursumée ; — ou,
pour la raison que l’effectivité formelle est seulement [effecti­
vité] première immédiate, elle est seulement moment, seulement
effectivité sursumée, ou seulement possibilité.
Par là en même temps est exprimée de façon plus précise la
détermination [qui consiste à dire] dans quelle mesure la pos­
sibilité est28 effectivité. La possibilité n’est, en effet, pas encore
toute effectivité, il n’a pas encore été question de l’effectivité
réelle et [de l'effectivité] absolue ; — elle est seulement d’abord
celle qui s’est rencontrée tout d’abord, savoir la [possibilité]
formelle, qui s’est déterminée à être seulement possibilité, donc
l’effectivité formelle, qui est seulement être ou existence en
général. Tout possible a par conséquent en général un être ou
une existence29.
Cette unité de la possibilité et de [1’] effectivité est la contin­
[239] gence. — Le contingent est un effectif qui en même temps
[est] déterminé seulement comme possible, dont l’autre ou le

27. Et non plus la contradiction immédiate qui disparaissait purement et


simplement. La « sursomption », ici, est la réflexion de l’être réfléchi,
c’est-à-dire la position nouvelle d’une immédiateté effective, — dualité
réelle d’une unité réelle.
28. Contrairement à ce qu’il en va chez Lasson, ce ist est bien souligné
dans l’original.
29. La possibilité est donc l’effectivité. Or l’absolument-absolu est l’être-
réfléchi réfléchi. Il reste à tirer au plan de l’effectivité les conséquences de
ce résultat. Hegel va le faire en montrant que l’extériorité possède alors en
elle les déterminations de toutes les formes qu’a prises effectivement cette
extériorité aux niveaux successifs de son affirmation passée. La « contin­
gence » sera, à un premier degré, l’unité du possible et de l’effectif quand
on entend sous celui-ci les formes premières de l’être immédiat ou de cet
être essentiel qu’est l’existence.

252
l’effectivité

contraire est tout aussi bien. Cette effectivité est par consé­
quent simple être ou existence, mais posé dans sa vérité {qui
consiste] à avoir la valeur d’un être-posé ou de la possibilité.
Inversement, la possibilité est comme la réflexion-dans-soi, ou
Yêtre-en-soi posé comme être-posé ; ce qui est possible est quelque
chose d’effectif dans ce sens de l’effectivité, il a seulement autant
de valeur que l’effectivité contingente ; il est lui-même quelque
chose de contingent.
Le contingent offre par conséquent les deux côtés ; premiè­
rement, dans la mesure où il a la possibilité immédiatement en lui, 174
ou, ce qui est la même-chose, dans la mesure où elle est sur-
sumée dans lui30, il n’est pas être-posé ni médiatisé, mais effec­
tivité immédiate ; il n’a aucun fondement. — Parce qu’aussi
au possible revient cette effectivité immédiate, il est tout autant
que l’effectif déterminé comme contingent, et pareillement quel­
que chose de dépourvu-de-fondement.
Mais le contingent est, deuxièmement, l’effectif [entendu]
comme quelque chose de seulement possible ou comme un être-
posé ; ainsi aussi le possible, comme être-en-soi formel, est-il seule­
ment être-posé. Ainsi tous deux ne sont pas en et pour soi-même,
mais ont leur réflexion-dans-soi véritable dans un autre, ou ils
ont un fondement.
Le contingent n’a donc aucun fondement pour la raison qu’il
est contingent ; et tout aussi bien il a un fondement pour la
raison qu’il est contingent31.
Il est le se convertir posé, non-médiatisé, de l’intérieur et de
[1’]extérieur, ou de l’être-réfléchi-dans-soi et de l’être l’un dans
l’autre32 ; posé par le fait que possibilité et effectivité ont chacune [2*
en elle-même cette détermination, par le fait qu’elles sont

30. in ihm, sans mouvement.


31. La contingence est prise ici comme un certain mode de relation entre
le possible et l’effectif. Une relation qui peut ne pas être (et qui comme
telle n’a pas de fondement), et tout aussi bien une relation qui est (et qui
comme telle a un certain fondement, à tout le moins selon 1 ordre dun
premier type de nécessité, encore tout formel). Ce qui est contingent est en
effet ce qui est comme n’ayant pas immédiatement en soi sa raison detre
(son fondement), ou ce qui est comme ce qui pourrait ne pas être. L’etre
et le non-être doivent ici être tenus de conserve et avec la même force.
32. « le se convertir » : das Umschlagen. Alternance de deux aspects qui
ne cessent de passer l’un dans l’autre. — Notons bien que la contingence,
pour Hegel, n’est pas uniquement ni même d’abord une réalité abstraitement
négative, un manque d’être : elle est un certain type d’existence qui est tel
que son rapport à son propre fondement est à la fois un rapport effectif
(puisque ce qui est contingent est) et un rapport à quelque chose qui est
seulement possible. La « nécessité » demeure ici formelle, n’étant point encore
redoublée, ainsi que, nous l’avons vu, sont les extrêmes.

253
!

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

moments de la forme absolue. — Ainsi l’effectivité est-elle, dans


son unité immédiate avec la possibilité, seulement l’existence, et
déterminée comme [quelque chose de] dépourvu-de-fondement
qui est seulement quelque chose de posé ou seulement de pos­
sible ; — ou, comme réfléchie et déterminée en regard de la
possibilité, elle est séparée de la possibilité, de l’être-réfléchi-dans-
soi, et par là tout aussi immédiatement aussi seulement quelque
chose de possible. — Pareillement la possibilité, comme être-
en-soi simple, est un immédiat, seulement un étant en générai ;
ou, op-posée à l’effectivité, [elle est] pareillement un être-en-soi
dépourvu-d’effectivité, seulement un possible, mais justement pour
cette raison à nouveau seulement une existence en général non
réfléchie dans soi.
Ce non-repos absolu du devenir de ces deux déterminations
est la contingence. Mais, pour la raison que chacune se convertit
immédiatement dans Pop-posée, elle coïncide dans celle-ci aussi
bien purement-et-simplement avec mi-même, et cette identité de
ces mêmes [déterminations] l’une dans l’autre est la nécessité™.
Le nécessaire est quelque chose d’effectif ; ainsi est-il comme
[quelque chose d’]immédiat, [quelque chose de] dépourvu-de-fon­
dement ; mais il a tout autant son effectivité par un autre ou
dans son fondement, mais est en même temps l’être-posé de ce
fondement et la réflexion dans soi de ce même [fondement] ;
la possibilité du nécessaire est une [possibilité] sursumée. Le
contingent est donc nécessaire pour la raison que l’effectif est
déterminé comme [quelque chose de] possible, [et qu’]ainsi son
immédiateté [est] sursumée et est repoussée dans [le] fondement
ou être-en-soi et dans [le] fondé, comme aussi parce que cette
possibilité sienne, le rapport-fondamental, est purement-et-sim­
plement sursumé et posé comme être. Le nécessaire est, et cet
étant est lui-même le nécessaire. En même temps il est en soi ;
cette réflexion-dans-soi est quelque chose d’autre que cette immé­
diateté de l’être ; et la nécessité de l’étant est quelque chose
d’autre. L’étant lui-même, ainsi, n’est pas le nécessaire ; mais cet

33. Passage capital, déjà amené par nos notes antérieures. Le seulement
possible EST le seulement étant ; mais l’étant, ici, est déjà l’étant posé,
c’est-à-dire l’existence, de même que l’existence est déjà l’étant ressourcé
dans son fondement. Abstraitement opposés, ils nous ramèneraient à un
stade pré-essentiel ; en relation, ils se trouvent bien liés par la nécessité,
même si celle-ci ne se pose pas encore ici de façon explicite au niveau du
contenu déterminé et différencié. L’un des termes, en tant qu’il est, n’est que
par l’autre ; mais ce cercle n’est pas encore totalité foîidée en elle-même :
plus que présupposition médiatisée des extrêmes, il est leur recouvrement et
leur alternance de fait, — leur « devenir » l’un dans l’autre.

254
l'effectivité

être-en-soi est lui-même seulement être-posé, il est sursumé et


lui-même immédiat. Ainsi l’effectivité est-elle identique à soi-
même dans ce qui est différent d’elle 33 bla la possibilité. [Enten-
due] comme cette identité, elle est nécessité34.

B.
NECESSITE RELATIVE,
OU
EFFECTIVITÉ, POSSIBILITÉ ET NÉCESSITÉ REELLES

1. La nécessité qui s’est dégagée est formelle, parce que ses


moments sont formels, savoir des déterminations simples, qui ne
sont totalité que comme unité immédiate, ou comme acte-de-
se convertir immédiat de l’un dans l’autre35, et donc n’ont pas
la figure de l’autonomie. — Dans cette nécessité formelle, par
conséquent, l’unité est d’abord simple et indifférente en regard
de ses différences. Comme unité immédiate des déterminations-
formelles cette nécessité est effectivité ; mais une {effectivité}
qui3C, parce que son unité est désormais déterminée comme
indifférente en regard de la différence des déterminations-for-
melles, savoir d’elle-même et de la possibilité, a un contenu. [242]
Celui-ci, [entendu] comme identité indifférente, contient aussi la
forme comme [forme] indifférente, c’est-à-dire comme des déter­
minations simplement diverses, et est contenu varié en général.
Cette effectivité est effectivité réellea\

33 bl8. m ihrem Unterschiedenen : dans son différencié.


34. Il est évident que la nécessité ici, n’étant encore que formelle, n est
que relative, c’est-à-dire seconde. Ce n’est pas elle qui engendre les extrêmes
dans leur contenu en mouvement. Effectivité et possibilité sont bien sursumées
l’une dans l’autre. Mais pas encore au niveau de leur contenu logique le
plus fondamental. Le chemin à prendre pour en venir là est celui d’une
mise en lumière de la réalité concrète, au niveau du contenu, de l’effectivité
et de la possibilité, dans le mouvement constitutif et proprement structurel
de leur présupposition réciproque.
35. in das andere, avec mouvement.
36. eine solche, die.
37. Le contenu de ce qui est contingence maintient dans une certaine 1
extériorité d’indifférence les moments formels que sont l’effectivité extérieure
et la possibilité intérieure. A ce titre, on peut dire que l’effectivité a un
contenu propre ; et il peut être bon d’insister d’abord sur cette autonomie
relative, fruit d’une nécessité encore relative (c’est-à-dire prise encore au
niveau second qui n’antécède pas, fondamentalement, le contenu de ce

255
JO
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

L’effectivité réelle, comme telle, est d’abord la chose aux"


propriétés multiples, le monde existant ; pourtant elle n’est pas
176 l’existence qui se dissout dans [le] phénomène, mais, comme
effectivité, elle est en même temps être-en-soi et réflexion-dans-
soi ; elle se maintient dans la variété de la simple existence ;
son extériorité est être en relation intérieur seulement à roz-même.
Ce qui est effectif peut agir ; son effectivité fait connaître quelque-
chose par ce qu'il produit au jour. Son être-en-relation à [quelque
chose d’] autre est la manifestation de soi, ni un acte-de-passer,
ainsi le quelque-chose étant se rapporte-t-il à [quelque chose d’]
autre ; — ni un apparaître, ainsi la chose est-elle seulement en rela­
tion à d’autres [choses], est un autonome, mais qui a sa réflexion-
dans-soi, son essentialité déterminée, dans un autonome autre39.
L’effectivité réelle a maintenant pareillement la possibilité
immédiatement en elle-même. Elle contient le moment de l’être-
en-soi ; mais, [entendue] comme seulement d’abord l’unité immé­
diate, elle est dans une des déterminations de la forme, par là,
[entendue] comme l’étant, différente de l’être-en-soi ou de la
possibilité.

2. Cette possibilité, [entendue] comme l’être-en-soi de l’effec­


tivité réelle, est elle-même possibilité réelle, d’abord l’être-en-soi
plein-de-contenu. — La possibilité formelle est la réflexion-dans-soi
seulement comme l’identité abstraite selon laquelle40 quelque-
chose ne se contredit pas dans soi. Pourtant, dans la mesure où l’on
{243} s’engage dans les déterminations, circonstances, conditions d’une
Chose pour connaître de là sa possibilité, l’on n’en reste plus à la
[possibilité] formelle, mais [on] considère sa possibilité réelle41.
Cette possibilité réelle est elle-même existence immédiate, non

qui est). Cette autonomie » du terme extrême refluera, comme il se doit,


sur la relation, et fera d’elle une nécessité réelle.
38. von.
39. Hegel tire ainsi, au plan de l’effectivité réelle, les conséquences de la
totalité qu’elle est : elle est rapport effectif de soi à d’autres choses (et elle
a- en elle-même ce dynamisme de l’effectuation du rapport); autrement dit,'
elle est manifestation de soi. Mais il reste qu’elle est cela d’abord sous la
raison de Timmédiateté, comme une actualisation, parmi d’autres-possibles,
de l’universelle possibilité intérieure.
41. De même que l’effectivité, netant plus reliée de façon seulement
formelle à sa propre possibilité, acquiert consistance et réalité, ainsi la possi­
bilité qui parr là se trouve actualisée devient-elle pareillement réelle dans - *
la somme unifiée de ses circonstances et de ses conditions d’effectivité. Ce
qui est en cause dans la nécessité relative, c’est en effet un certain type de
rapport concret entre ce qui est et ce qui pouvait etre. Car ce qui pouvait
être n’acquiert concrètement cette possibilité que par ce qu’il est en fait.

25 6
l’effectivité

plus pourtant pour la raison que la possibilité comme telle, comme


moment formel, est immédiatement son contraire, une effectivité
non réfléchie ; mais, parce qu’elle est possibilité réelle, elle a aussi­
tôt cette détermination en elle-même. La possibilité réelle d’une
Chose est par conséquent la variété étant-là de circonstances qui se
rapportent à elle.
Cette variété de l’être-là est donc certes aussi bien possibilité
qu’effectivité, mais leur identité est d’abord seulement le contenu
qui est indifférent en regard de ces déterminations formelles ; elles
constituent par conséquent la forme, déterminée en regard de leur
identité. — Ou l’effectivité réelle immédiate, pour la raison quelle
est [effectivité] immédiate, est déterminée en regard de sa possi­
bilité ; [entendue] comme cette [effectivité] déterminée, donc
réfléchie, elle est la possibilité réelle. Celle-ci est maintenant, cer­
tes, le tout posé de la forme, mais de la forme dans sa déterminité,
177
savoir de l’effectivité [entendue] comme [effectivité] formelle ou
immédiate, et tout autant de la possibilité [entendue] comme
l’être-en-soi abstrait. Cette effectivité qui constitue la possibilité
d’une Chose n’est par conséquent pas sa possibilité propre, mais
l’être-en-soi d’un effectif autre ; elle-même est l’effectivité qui doit
se trouver sursumée, la possibilité comme seulement possibilité.
— Ainsi la possibilité réelle constitue-t-elle le tout des condi­
tions42, une effectivité non réfléchie dans soi, dispersée, mais qui
est déterminée à être l’être-en-soi, mais d’un autre, et à devoir
revenir dans soi.
Ce qui est réellement possible est donc, selon son être-en-soi, [244]
un identique formel qui, selon sa détermination-de-contenu simple,
ne se contredit pas ; mais c’est aussi selon ses circonstances déve­
loppées et différenciées, et [selon] tout ce avec quoi il se tient en
connexion, qu’il doit43, [entendu] comme l’identique à soi, ne pas
se contredire. Mais deuxièmement, parce qu’il est varié dans soi et
qu’il est en connexion variée avec [quelque chose d’] autre, mais

42. dos Ganze von Bedingungen : le tout de conditions ; expression indé­


terminée qui provient de ce que ces conditions en cause sont, par rapport a
la possibilité, éléments indifférents, dispersés, non ressaisis dans leur unité
intelligible.
De même que l’effectivité réelle avait en elle-même sa possibilité présente
comme possibilité (1.), ainsi la possibilité réelle s’égale-t-elle maintenant à
son effectivité comme effectivité qui se trouve primairement dans l’élément
de l’être. Par cet échange des déterminations en tant que déterminations
extrêmes se construit et s’étoffe la nécessité relative (et bientôt absolue)
de la relation entre l’intérieur comme intérieur et l’extérieur comme exté­
rieur. Le doublement des extrêmes investit peu à peu la relation elle-même.
43. muss, doit nécessairement.

257
I.

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

[que] la diversité, en soi-même, passe dans [1’] op-position, il est


quelque chose qui se contredit. Lorsqu’il est question d’une possibi­
lité et que sa contradiction doit se trouver mise en évidence, l’on ne
doit s’en tenir qu’à la variété qu’elle contient comme contenu ou
comme son existence conditionnante ; à partir de quoi sa contra­
diction se laisse facilement découvrir44. — Pourtant ce n’est pas
là une contradiction {relevant] de la comparaison, mais l’existence
variée est en soi-même le fait de se sursumer et d’aller au gouffre ;
et a en cela essentiellement en elle-même la détermination d’être
seulement quelque chose de possible. — Lorsque toutes les condi­
tions d’une Chose sont intégralement45 présentes4C, elle entre dans
{T] effectivité47 ; — l’intégralité des conditions est la totalité
[entendue] comme affectant le48 contenu, et la Chose même est
ce contenu déterminé à être aussi bien quelque chose d’effectif que
[quelque chose de] possible. Dans la sphère du fondement condi­
tionné les conditions ont la forme, savoir le fondement ou la
réflexion étant pour soi, en dehors d’elles, elle qui49 les rapporte
à des moments de la Chose et produit au jour en elles l’existence.
Ici par contre l’effectivité immédiate n’est pas déterminée par une
réflexion présupposante à être condition, mais il est posé quelle
est elle-même la possibilité50.
!
44. C’est seulement dans l’effectivité que le réellement possible se laisse
saisir comme totalité concrète. Or qui dit unité concrète dit unité du
contradictoire et du non-contradictoire. Autrement dit, pour qu’une possi­
bilité soit réelle, il ne suffit pas qu’elle soit non contradictoire, il faut
quelle soit, aussi et du même mouvement, contradictoire, c’est-à-dire
excluante.
45. vollstàndig, complètement.
46. vorhanden, présentes au sens de données.
47. Nous avons déjà rencontré une expression de ce genre dans la dia­
lectique de la condition entendue comme le passage du fondement essentiel
intérieur à l’existence extérieure : cf. ci-dessus, p. 141, et note 235. Ici
s’ajoute l’idée d’intégralité, où s’exprime le fait que chacun des extrêmes
s’est rassemblé en lui-même comme totalité. Intérieur et extérieur, dans leur
relation déjà proprement conceptuelle, sont désormais, l’un à l’égard de
l’autre, effectivement sans reste.
48. am.
49. tvelcke : il s’agit de la réflexion.
50. « La sphère du fondement conditionné » est ce terme de la première
section de l’Essence que nous venons devoquer (note 47). Le progrès
opéré depuis lors tient en ce qu’est désormais réduite l’apparence d’exté­
riorité rémanente dont demeuraient marqués, au temps de leurs retrou­
vailles, le fondement essentiel et l’extériorité qui-est. C’est en elles-mêmes
que les conditions se réfléchissent en soi comme possibilité concrète et
i
réelle. Nous n’avons plus un intérieur qui présuppose, pour exister, un <
extérieur, mais un extérieur qui se présuppose lui-même au niveau de sa
raison d’être, au niveau de son fondement concret et effectif. Il n’y a pas,
dans les choses, un au-delà explicatif des choses ; la profondeur est la
surface prise en vérité, c’est-à-dire comme réalité devenue.
!
258 :

1
l’effectivité

Dans la possibilité réelle se sursuxnant c’est m *


double51 qui se trouve sursumé ; car elle est elle-mT^T0 j ^ 178
ble” ^ consis‘e]. à effectivité « Possibilité. 1) Affectivité [245]
est 1 [effectivite] formelle, ou une existence qui apparut comme
[existence] immédiate autonome, et, par son
sursumer, devient
être réfléchi, moment d’un autre, et reçoit du même coup Yêtre- :
en-soi en elle. 2) Cette existence était aussi déterminée comme ■

;
possibilité ou comme Yêtre-en-soi, mais d’un autre. En tant donc ;
qu’il se sursume, cet être-en-soi se trouve aussi sursumé, et passe i
dans [1’] effectivité. — Ce mouvement de la possibilité réelle se
sursumant elle-même produit donc au jour les mêmes moments
déjà présents52, seulement chacun devenant à partir de l’autre;
par conséquent, dans cette négation il est aussi, non pas un passer,
mais un coïncider avec soi-même. — Selon la possibilité formelle,
pour la raison que quelque-chose était possible, était aussi possi­
ble, non pas lui-même, mais son autre. La possibilité réelle n’a
plus un autre tel en face de soi, car elle est réelle dans la mesure
où elle-même est aussi l’effectivité. En tant donc que l'existence
immédiate de cette même [possibilité réelle], le cercle des condi­
tions, se sursume, elle fait de soi Yêtre-en-soi quelle est déjà elle-
même, savoir comme Yêtre-en-soi d’un autre. Et en tant que, à
l’inverse, son moment de l’être-en-soi se sursume par là en même
temps, elle en vient à l’effectivité, donc au moment qu elle est déjà
également elle-même. — Ce qui disparaît est ainsi le fait que
l’effectivité était déterminée comme la possibilité ou 1 être-en-soi
d’un autre, et inversement [que] la possibilité [était déterminée]
comme une effectivité qui n’tst pas celle dont elle est la possi­
bilité53.

3. La négation de la possibilité reelle est donc son identité à


soi ; en tant qu’elle est ainsi, dans son sursumer, le contrecoup e
ce sursumer dans soi-même, elle est la nécessite réelle .
51. ein Gedoppeltes, das Gedoppelte : une dualité de termes ou d’aspects.
52. dieselben schon vorhandenen Momente : présents au sens de domies.
53. Le principe de réalité est donc sursomption redoublée de 1 immédiat
et de l’en-soi. Non plus seulement au sens où l’un passerait dans l autre et
vice versa (fût-ce essentiellement et structurellement), mais au sens où chacun
devient en lui-même l’autre de soi, autrement dit s’épuise et s’accomplit sans
reste dans cette altération de soi qui le fait ce qu’il est. L’être de ce qui est
effectivement (de même que la possibilité de ce qui est réellement possible)
en vient à coïncider, dans la différence, avec sa propre raison d’être.
54. Troisième aspect : après la mise au jour de ce que sont l’effectivité
puis la possibilité réelles, nous en venons à définir leur relation : elle est, bien
sûr, de nécessité ; mais non plus une nécessité formelle, simple redoublement
de fait de deux contenus (lesquels, en retour, n’étaient identiques que dans

259
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

; [246] Ce qui est nécessaire ne peut pas être autrement ; mais bien ce
qui, de façon générale, est possible ; car la possibilité est l’être-en-
soi qui est seulement être-posé, et par conséquent essentiellement
être-autre. La possibilité formelle est cette identité comme acte-de-
passer dans [quelque chose qui est] purement-et-simplement autre ;
mais la [possibilité] réelle, parce qu’elle a en elle l’autre moment,
l’effectivité, est déjà elle-même la nécessité. Ce qui par conséquent
179 est réellement possible, cela ne peut plus être autrement ; de55
ces conditions et circonstances ne peut s’ensuivre quelque-chose
d’autre. Possibilité réelle et la nécessité ne sont par conséquent
qu'apparemment différentes ; celle-ci est une identité qui ne
devient pas seulement50, mais est déjà présupposée et se trouve au
fondement. La nécessité réelle est pas conséquent rapport plein-de-
contenu ; car le contenu est cette identité étant-en-soi qui est
indifférente en regard des différences-formelles57.
Mais cette nécessité est en même temps relative™. — Elle a en
effet une présupposition à partir de laquelle elle commence, elle a
son point de départ dans le contingent. L’effectif réel comme tel
est en effet l’effectif déterminé, et a d’abord sa déterminité comme
êtreo0 immédiat dans le fait qu’il est une pluralité de circonstances
existantes ; mais cet être immédiat, comme déterminité, est aussi
le négatif de soi, est être-en-soi ou possibilité ; ainsi est-il possi­
bilité réelle. [Entendue] comme cette unité des deux moments, elle
est la totalité de la forme, mais la totalité encore extérieure à soi ;
elle00 est unité de la possibilité et de [1’] effectivité de telle manière
que 1) l’existence variée est immédiatement ou positivement la
possibilité ; — quelque chose de possible, d’identique à soi en

leur différence formelle) ; c’est d’une nécessité réelle qu’il s’agit désormais,
dans la mesure où cette nécessité surgit de la pleine adéquation formelle de
deux contenus désormais identiques dans leur fondement et dans leur raison
d’être.
55. unter.
56. erst, temporel.
57. La nécessité réelle ressort de ce que l’intégralité des conditions ne peut
pas ne pas produire la Chose. Autrement dit : l’ensemble des circonstances
extérieures n'est pas seulement ici condition nécessaire, mais aussi condition
suffisante.
58. La nécessité est réelle. Mais cette réalité » recouvre ici une relation
qui, admettant une antériorité réciproque de ses moments constitutifs, s’expose
au travers du cercle du poser et du présupposer. C’est pourquoi, tout en étant
de l’ordre de la totalité au plan du contenu de ce qui est en jeu, elle est encore
relative, d’un point de vue formel, à l’existence de fait de ce qui se donne
et se pose comme condition suffisante de ce qui est. Telle est l’ultime limi­
tation que lèvera, dans un instant, la dernière partie de ce chapitre.
59. Contrairement à ce qu’il en va chez Lasson, Sein est bien souligné
dans l’original.
60. sie : il s’agit de la nécessité.

260

I • Si
;

l’effectivité

général, pour la raison quelle est quelque chose d’effectif ; 2) dans


la mesure où cette possibilité de l’existence est posée, elle est
déterminée comme seulement possibilité, comme acte immédiat [24
de convertir l’effectivité dans son contraire, — ou comme contin­
gence. Par conséquent cette possibilité, qui a en elle l’effectivité
immédiate en tant qu’elle est condition, est seulement l'être-en-
soi comme la possibilité d’un autre. Du fait que, ainsi qu’il a été
montré, cet être-autre se sursume, et [que] cet être-posé se trouve
lui-même posé, la possibilité réelle devient certes nécessité ; mais
celle-ci commence ainsi à partir de cette unité non encore réflé­
chie dans soi du possible et de [1’] effectif ; — ce présupposer et
le mouvement retournant dans soi sont encore séparés ; — ou la
nécessité ne s'est pas encore déterminée à partir de soi-même en
contingence01.
La relativité de la nécessité réelle se présente dans le contenu63
de telle sorte qu’il est seulement alors l’identité indifférente en
regard de la forme, par conséquent différent d’elle et un contenu
déterminé en général. Ce qui est réellement nécessaire est pour
cette raison une quelconque effectivité bornée, qui en raison de 180
cette limitation est aussi, dans [une] autre perspective, seulement
quelque chose de contingent.
En fait la nécessité réelle est donc en soi aussi contingencee3. —
Cela apparaît d’abord comme suit : ce qui est réellement néces­
saire est certes, selon la forme, un nécessaire, mais, selon le contenu,
quelque chose de borné, et par ce contenu64 a sa contingence. Seu­
lement, c’est aussi dans la forme de la nécessité réelle que la contin­
gence est contenue ; car, ainsi qu’il s’est montré, la possibilité réelle
est seulement en soi le nécessaire, mais elle posée comme Yêtre-
autre de l’effectivité et de [la] possibilité l’une en regard de 1 autre.

61. Notons bien ce point : la nécessité véritable n’est pas ce qui annulerait
la contingence ; elle est ce qui, en liberté, se pose elle-même comme contin­
gence. Ainsi, au terme de la Phénoménologie de l'Esprit, le savoir absolu
n’était-il ce qu'il est qu’en pro-duisant au jour son autre radical, — la simple
sur-venance de ce qui n’est pas (encore) raison et de ce qui ne peut le devenir,
au moins dans l’immédiateté du donné.
.62. an dem Inhalte.
63. La nécessité réelle, qui n’a point encore retrouvé l’absoluité de sa
transparence initiale à soi, est une nécessité qui, certes, est égale sans reste
à l’ensemble de ses conditions. Mais, dans la mesure où elle les présuppose,
dans la mesure, pourrait-on dire, où il faut que se présente à elle, pour quelle
s’exprime, cet ensemble de conditions d’effectivité, elle dépend encore d’elles,
auxquelles elle n’est' reliée que de façon contingente. Et donc cette nécessité *
réelle, qui est déjà bien au-delà d’une simple dépendance à l’égard de
l’immédiateté, demeure encore affectée en soi par cette contingence, qu’elle
anime, certes, mais sans encore la déployer à partir d’elle-même.
64. durch ihn.

261
f

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III


I
La nécessité réelle contient par conséquent la contingence ; elle est
[248] le retour dans-soi à partir de cet être-autre sans-repos de l’effecti­
vité et de fia] possibilité l’une en regard de l’autre, mais non pas
à partir de soi-même à soi05.
En soi est donc présente00 ici l’unité de la nécessité et de [la]
contingence ; cette unité doit être nommée ïeffectivité absolue.

C.
NÉCESSITÉ ABSOLUE

La nécessité réelle est nécessité déterminée ; la [nécessité]


formelle n’a encore aucun contenu et [aucune] déterminité en elle.
La déterminité de la nécessité consiste dans le fait quelle a sa néga­
tion, la contingence, en elle. C’est ainsi qu’elle s’est dégagée.
Mais cette déterminité, dans sa simplicité première, est effecti­
vité ; la nécessité déterminée est par conséquent immédiatement
nécessité effective. Cette effectivité, qui est elle-même, comme
telle, nécessaire, en tant quelle contient en effet la nécessité
comme son être-en-soi, est effectivité absolue ; — effectivité qui
ne peut plus être autrement, car son être-en-soi n’est pas la possi­
bilité, mais la nécessité elle-même07.
Mais par là cette effectivité, parce qu’elle est posée [de manière]
à être absolue, c’est-à-dire à être elle-même Vunité de soi et de
£249] la possibilité, est seulement une détermination vide ; ou elle est

65. Possibilité et effectivité sont bien, de fait, une seule réalité ; et cette
réalité est de l’ordre du nécessaire, — une « nécessité réelle ». Ce qui demeure
à clarifier, c’est le mode de présence, effectif mais non encore déterminé
concrètement, de l’effectivité dans la possibilité, ou encore de la contingence
dans la nécessité. Alors le rapport aura atteint son ultime figure d’autonomie
en mouvement : en manifestation ou en auto-exposition.
66. vorhanden, présente au sens de donnée.
67. Ainsi s’achève, dans sa pleine immanence à soi-même, ce que l’on
pourrait appeler le cercle de l’effectivité. Son point de départ n’est pas la
nécessité abstraite, formelle ou seulement réelle, contredistinguée de la contin­
gence (puisque c'est dans et par la contingence qu’elle acquiert effectivité) ;
il n’est pas non plus le simple être-en-soi de cette contingence, puisque
celle-ci n’a signification que comme manifestation de la nécessité intérieure.
Au fond, que l’on prenne ce qui est de l’intérieur ou de l’extérieur, l'essentiel
est le mouvement qui rapporte exactement l'un à Tautre cet extérieur et cet
i intérieur. Les choses sont parce qu’clies sont. Et cette identité de l’être et de
la raison d’être est ce qui les pose, dans leur effectivité substantielle, comme
cette égalité de la nécessité et de la contingence qu’opérera, dans un instant,
la liberté.

262
l’effectivité

contingence c\ — Ce vide de sa détermination fait d’elle une


simple possibilité, quelque chose qui peut tout aussi bien être aussi
autrement et se trouver déterminé comme possibilité. Mais cette
possibilité est elle-même la [possibilité] absolue ; car elle est
justement la possibilité de se trouver déterminée tout aussi bien 181
comme possibilité que comme effectivité. Du fait qu’elle est cette
indifférence en regard de soi-même, elle est posée comme déter­
mination vide09, contingente.
Ainsi la nécessité réelle ne contient-elle pas seulement en soi la
contingence, mais celle-ci devient aussi en elle ; mais ce devenir,
[entendu] comme l’extériorité, est lui-même seulement Y être-
en-soi de cette même [nécessité réelle], parce qu’il n’est qu’un
être-déterminé immédiat. Pourtant il n’est pas seulement cela,
mais son devenir propre, — ou la présupposition qu’elle avait est
son poser propre. Car, comme nécessité réelle, elle est l'être-
sursumé de l’effectivité dans la possibilité70 et inversement; —
en tant quelle est cet acte-de-se convertir simple de l’un de ces
moments dans l’autre71, elle est aussi leur unité positive simple,
en tant que chacun, ainsi qu’il se montra, dans l’autre ne coïncide
qu’avec lui-même. Mais ainsi elle est l’effectivité ; cependant, une
effectivité qui n’est que comme cet acte simple de coïncider de
la forme avec soi-même. Son acte négatif de poser ces moments
est par là lui-même le présupposer, ou poser d’elle-même comme
sursumée ou de Yimmédiateté.
Mais c’est justement en cela que cette effectivité est déterminée
comme [quelque chose de] négatif ; elle est un coïncider avec soi
à partir de l’effectivité, laquelle était possibilité réelle; donc
cette effectivité nouvelle devient seulement à partir de son être-
en-soi, à partir de la négation d'elle-même. — Par là elle est en [250]
même temps déterminée immédiatement comme possibilité, comme
68. Ce paragraphe et les deux suivants expriment l’unité concrète des
moments de ce « cercle de l’effectivité s> dont le principe vient d être posé.
Et cela, comme il se doit, en donnant toute sa place centrale à ce qui paraît
l’élément le plus second et le plus fragile (au sens étroit : le moins nécessaire),
— la contingence. Le paradoxe auquel Hegel nous éveille est que cette
contingence n’est pas, quoi qu’il paraisse, l’autre du nécessaire : elle est le
mode selon lequel ce nécessaire s’exprime comme effectif. De sorte que la
présence du contingent dans le nécessaire n’est pas seulement un fait : elle
est, au sens propre, une nécessité fondée dans la nécessité elle-même,
laquelle ne devient ce quelle est qu’en éveillant en elle cette contingence
qu’elle n’est pas (ou à tout le moins qu'elle n’est que de façon médiate, comme
altérité de soi à soi, ou encore comme altérité « absolue » ou totalisante).
69. Contrairement à ce qu’il en va chez Lasson, ce terme n’est pas souligné
dans l’original.
70. in der Moglichkeit, sans mouvement.
71. in dus andere, avec mouvement.

263

MB
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

[quelque chose de] médiatisé par sa négation. Mais cette possibilité


n’est ainsi immédiatement rien [d’autre] que ce médiatiser dans
lequel l’être-en-soi, savoir elle-même, et l’immédiateté sont tous
deux d’égale manière être-posé72. — Ainsi est-ce la nécessité qui
est tout aussi bien sursumer de cet être-posé, ou poser de Yimmé-
diatetê, et de 1*être-en-soi, tout comme elle est justement en cela
déterminer de ce sursumer comme [d’un] être-posé. C’est par
conséquent elle-même qui se détermine comme contingence ;
— [c’est elle-même qui] dans son être se repousse de soi, dans ce
repousser lui-même a seulement fait retour dans soi, et dans ce
retour [entendu] comme son être s’est repoussée de soi-même.
Ainsi la forme a-t-elle, dans sa réalisation, pénétré toutes ses
182 différences, et s’est faite transparente, et est, comme nécessité
absolue, seulement cette identité à soi-même simple de l’être dans
sa négation ou dans l’essence73. — La différence du contenu et [de]
la forme elle-même a tout aussi bien disparu ; car cette unité de la
possibilité dans l'effectivité et inversement est la forme indifférente
en regard de soi-même dans sa déterminité ou dans l’être-posé,
la Chose pleine-de-contenjt en laquelle la forme de la nécessité
s’est déployée extérieurement. Mais ainsi elle est cette identité
réfléchie des deux déterminations [entendue] comme indifférente
en regard d’elles, donc la détermination-formelle de Yêtre-en-soi
en regard de Yêtre-posé, et cette possibilité constitue la limitation
du contenu qu’avait la nécessité réelle. Mais la dissolution de cette
différence est la nécessité absolue, dont le contenu est cette diffé­
rence se compénétrant dans elle.
,251]
f
La nécessité absolue est donc la vérité dans laquelle reviennent
effectivité et possibilité en général, tout comme la [nécessité] for­
melle et la nécessité réelle74. — Elle est, ainsi qu’il s’est dégagé,

72. Ce « cercle de l'effectivité » est, nous l’avons dit, immanence plénière


à soi de ce qui est. Ce qui ne signifie point que toute chose doive ou puisse
être absolutisée dans son immédiateté : au contraire, ce qui est « absolu »,
c’est un certain type de rapport entre cette immédiateté et la médiation qui
fait d’elle un être-posé — c’est-à-dire un être qui a sa signification en soi
hors de soi — que la nécessité se détermine elle-même comme contingence ;
c’est donc le plein retour de la médiation de l’essence dans l’immédiateté de
l’être, — ou, pour parler plus exactement, l’expression de i’immédiateté
comme intemporellement devenue.
73. La nécessité absolue est l’identité à soi de l’être dans sa négation, —-
c’est-à-dixe dans cette permanence essentielle, en total advenir, qui, dans la
mouvance et l’extériorité à soi de ce qui n’est pas, le fait être ce qu’il est.
»’. ‘ Chacun de ces termes, étant à la fois contenu et forme de la relation qui les
rassemble, est aussi bien le poser que l’être-posé, l’être-en-soi que letre-à-
l’extérieur-de-soi, — l’unité substantielle (et bientôt conceptuelle) de l’essence
et de l’être.
74. L’absolu, nous l’avons dit (cf. ci-dessus, p. 248, note 9), est ici, non

264
l’effectivité

l’être qui, dans sa négation, dans l’essence, se rapporte à soi et est


être. Elle est tout aussi bien immédiateté simple, ou être pur, que
réflexion-dans-soi simple, ou essence pure ; elle est le fait que
ces deux [termes] sont une seule et même-chose. — Le purement-
et-simplement nécessaire est seulement parce qu’il est ; il n’a par
ailleurs aucune condition ni fondement. — Mais il est aussi bien
essence pure, son être est la réflexion-dans-soi simple; il est
parce qu’il est. Comme réflexion il a fondement et condition, mais
il n’a que soi pour fondement et condition. Il est être-en-soi, mais
son être-en-soi est son immédiateté, sa possibilité est son effecti­
vité. — Il est donc parce qu’il est ; [entendu] comme Yacte-de-
coïncider de l’être avec soi, il est essence ; mais, parce que ce
[terme] simple est tout aussi bien la simplicité immédiate, il est
être™.
La nécessité absolue est ainsi la réflexion ou- forme de l’ab- •
solu\ unité de l’être et de [!’] essence, immédiateté simple qui
est négativité absolue. D’un côté ses différences ne sont par consé­
quent pas comme des déterminations-de-réflexion 76, mais comme
pluralité qui-est, comme effectivité différenciée qui a la figure
de [termes] autres autonomes, [autres] les uns en regard des
autres. D’un autre côté, comme son rapport est 1 identité absolue,
elle est Yacte-de-se convertir absolu de son effectivité dans sa 18*
possibilité, et de sa possibilité dans [son] effectivité. La néces­
sité absolue est par conséquent aveugle77. D’un côté les [termes]

point le terme initial et trop abstraitement transparent de tout le procès,


mais la conjonction effective tant des termes extrêmes du syllogisme en cause
(possibilité et effectivité) que des deux premiers modes (formel. et reel)
selon lesquels s’est d’abord posée leur relation. C’est une autre maniéré, plus
achevée au plan de l’expression catégorielle, de dire l’unité proprement déter­
minante de la réflexion posante et de la réflexion extérieure. (
75. L’être est donc parce qu’il est. La pulsation de l’essence sendot, a
l’intérieur de l’être, dans ce parce que qui est moins explicatif que, si Ion
peut dire, constatif. Le mouvement du connaître épousé au plus près celui e
l’être, étant, tout comme lui, en soi hors de soi. Ainsi le Savoir absolu, au
terme de la Phénoménologie de l’Esprit, s'achevait-il dans un reines Zuschauen,
un « intuitionner pur » qui, nullement extérieur a la Chose, tendait a coïn­
cider avec l’acte par lequel cette Chose, étant, est ce quelle est.^
76. Dans la mesure où celles-ci seraient comprises (ce quelles ne sont
pas) comme seulement intérieures. # ,
77. Id s’amorce le passage au prochain chapitre, qui sera le dernier de ce
Livre. Il sera tout entier consacré à écarter une interprétation ttop immédiate
de ce retour à l’immédiateté. La parfaite coïncidence de l’intérieur et de
l’extérieur risque en effet de poser une réalité effective trop compacte dans
soi ; ainsi fut souvent comprise la substance, comme totalité aveugle et
(abstraitement) auto-suffisante. Hegel part donc de cette affirmation à laquelle
il veut d’abord, méthodologiquement, accorder tout le poids possible, pour
mieux marquer, a contrario, que le concept n’est pas sous la loi de la
« nécessité aveugle » mais sous celle de la liberté (mot nouveau, qui sera

265
I

DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

différenciés, qui sont déterminés comme effectivité et comme la


possibilité, ont la figure de la réflexion-dans-soi comme de Yêtre ;
[252] ils sont par conséquent tous deux comme des effectivités libres
dont aucun ne paraît dans Vautre78, [dont] aucun ne veut montrer
en lui une trace de son rapport à l’autre ; fondé dans soi,
chacun est le nécessaire en lui-même. La nécessité, comme essence,
est enfermée dans cet être ; le contact de ces effectivités l’une par
l’autre apparaît par conséquent comme une extériorité vide ; l’ef­
fectivité de Vun dans Vautre70 est la seulement possibilité, la
contingence. Car l’être est posé comme absolument nécessaire,
comme la médiation-avec soi qui est négation absolue de la média-
tion-par-autre-chose, ou comme être qui est identique seulement
à l’être ; un autre qui dans Y être a effectivité est par consé­
quent déterminé comme [quelque chose de] purement-et-sim-
plement seulement possible, être-posé vide.
Mais cette contingence est bien plutôt la nécessité absolue ;
elle est Yessence de ces effectivités libres, en soi nécessaires.
Cette essence est ce-qui-craint-la-lumière, parce qu’en ces effec­
tivités il n’y a aucun paraître, aucun reflet80, parce quelles sont
seulement fondées purement dans soi, formées pour soi, [parce
qu’elles] se manifestent seulement à soi-même, — parce quelles
sont seulement être. — Mais leur essence fera irruption en elles
et révélera ce quelle est et ce quelles sont81. La simplicité de leur
être, de leur acte-de-reposer sur soi, est la négativité absolue ;
elle est la liberté de leur immédiateté dépourvue-d’apparence. Ce
négatif fait irruption en elles, parce que l’être, par cette essence
sienne, est la contradiction avec soi-même ; — et [il le fait]
en regard de cet être dans la forme de l’être, donc comme la
négation de ces effectivités qui est absolument diverse par rapport
à leur être, comme leur néant, comme un être-autre tout aussi
libre en regard d’elles que l’est leur être. — Cependant on ne
[253] pouvait pas le méconnaître en elles. Elles sont, dans leur confi-

caractéristique de la fin de cette seconde partie de l’œuvre, tout comme il


dominera l’ensemble de la troisième), et d’une liberté qui, pour être enracinée
en nuit, est d'autant plus lumière dans le procès de son expression effective.
78. im andern, sans mouvement.
79. des einen in dem andern : Hegel passe ici du féminin (les « effecti­
vités ») au neutre, qui désigne la pluralité des êtres substantiels d'abord clos
sur eux-mêmes et dont le rapport mutuel n’est alors que contingence.
80. Sur le sens de ce terme, cf. ci-dessus, p. 156, note 46.
81. L’essence est être. Encore est-il qu’elle doit, dans l’être, paraître
comme essence, c’est-à-dire comme dynamisme, — qui « fait irruption »
et met en mouvement. Ainsi se déterminera l’authentique liberté de ce qui
est (une liberté de relation), loin de cette fausse « liberté » excluante qui
se trouve encore évoquée dans la phrase prochaine.

266
l’effectivité

guration reposant sur soi, indifférentes en regard de la forme,


un contenu, partant des effectivités différentes et un contenu
déterminé ; celui-ci est la marque que la nécessité [—] en tant
quelle, qui est retour absolu dans soi-même dans sa déter­
mination, les renvoya libres comme [effectivités] absolument effec-
tives leur apposa, à laquelle elle en appelle comme au Ifr
témoin de son droit, et en laquelle82, ayant été saisies, main­
tenant elles disparaissent. Cette manifestation de ce que la
determinité est en vérité rapport négatif à soi-même, est la
perte aveugle dans 1 être-autre83 ; le paraître faisant irruption
ou la réflexion est, en les étants, comme devenir ou passer
de 1 être dans [le] néant. Mais Yêtre est, inversement, tout aussi
bien essence, et le devenir est réflexion ou paraître. Ainsi l’exté­
riorité est-elle leur intériorité, leur rapport est identité absolue;
et le passer de l’effectif dans [quelque chose de] possible, de l’être
dans [le] néant, [est] un coïncider avec soi-même ; la contin­
gence est nécessité absolue ; elle-même est le présupposer de ces
effectivités premières absolues84.
Cette identité à soi-même de Vêtre dans sa négation, c’est main­
tenant [la] substance. Elle est cette unité [entendue] comme
dans sa négation ou comme dans la contingence ; ainsi est-elle
la substance [entendue] comme relation à soi-même. L’acte-de-
passer aveugle de la nécessité est bien plutôt l’exposition propre
de l’absolu, le mouvement de ce même [absolu] dans soi, qui,
dans son extériorisation, se montre bien plutôt soi-même85.

82. an dem, sans mouvement. — Cette « disparition i> de la fausse liberté A


d’un contenu autonome, scellé dans la forme de l’être, est le fruit du paraître
de l’essence où s’accomplit en vérité la déterminité, c’est-à-dire ce qui tait
que ce qui est est ce qu’il est, — ce qui fait que ce qui est est ce qu il est
parce qu'il l’est. ,
83. im Anderssein, sans mouvement. — Se perdre « aveuglement »
I autre, c’est, pour l’être, se retrouver lui-même dans la clarté e ce qui
« manifesté ». Ainsi le passage initial de l’être dans le néant et leur commune
résurgence dans le devenir était-il déjà gros de tout le détour me main-
la négation de l’essence. Tout le procès déployé depuis lors se r
tenant dans la simplicité et l’abstraction du point de départ. , _ met
84. L’original porte bien Wirklichkeiten ; c’est sans raison q
ici Wirklichkeit. . massive,
85. La substance, réalité apparemment la plus compacte, soj
la moins déliée, sera en fait le lieu et la raison de la m ^ qUOj Couvrit
de ce qui est. Nous retrouvons ici, de façon significative, ce exposition
cette section : le mouvement d’ « exposition » * .sor ja la plu®
qui sera désormais le procès mettant concrètement au jo
concrète.

267
1

t »■

[254] CHAPITRE TROISIÈME

LA RELATION ABSOLUE lV

La nécessité absolue n’est pas tant le nécessaire, encore moins


un nécessaire, mais nécessité ; — être purement-et-simplement
comme réflexion1. Elle est relation, parce qu’elle est acte-de-
différencier dont les moments eux-mêmes sont toute sa totalité,
qui donc subsistent de façon absolue, de telle sorte pourtant que
cela n’est qu’Un subsister, et [que] la différence n’est que Yap­
parence de l’acte-d’exposer, et [que] cette [apparence] est l’absolu
lui-même. — L’essence comme telle est la réflexion ou le paraître ;
mais l’essence, comme relation absolue, est Yapparence posée
comme apparence, qui, [entendue] comme cet acte-de-rapporter
à soi, est Yeffectivité absolue2. — L’absolu, exposé tout d’abord
à partir de la réflexion extérieure3, s’expose lui-même maintenant
comme forme absolue ou comme nécessité ; cet acte-de-s’exposer
soi-même est son acte-de-se-poser-soi-même, et il est seulement
.85 cet acte-de-se-poser. — Comme la lumière de la nature n’est
pas quelque-chose, ni [une] chose, mais son être est seulement
1. Nous n’en sommes plus ici au plan de l’opposition entre un être et un
autre être, et non plus entre une existence et une autre existence (encore
qu’une telle réalité effective soit présente comme un moment proprement
essentiel), mais au niveau logique plus fondamental d’une relation qui se
trouve qualifiée, d’un même mouvement, au plan du contenu et de la forme.
U y a « nécessité » à ce que soit ce qui est : de meme, dira Hegel dans
an instant, qu’il y a nécessité à ce qu’illumine ce qui est lumineux. Ce qui
est est comme étant manifestation de ce qu’il est.
2. Plus n’est besoin, dès lors, d’insister sur le caractère évanescent, néanti-
que, des éléments de la relation, puisqu'ils ne peuvent plus être séparés et
opposés dans une illusoire autonomie excluante. L « apparence » a rejoint
le mouvement du « paraître » \ voilà ce que signifie 1 expression qualifiant
ici l’essence : elle est l’apparence posée comme apparence, — c’est-à-dire
l’identité radicale de l’effectivité absolue et de l’acte absolu de rapporter à
soi cette effectivité qu’elle est.
3. Cf. ci-dessus, le premier chapitre de cette section, pp. 229 sq.

268

rv,
I

l’effectivité

son paraître, ainsi la manifestation est-elle l’effectivité absolue


égale à soi-même.
Les côtés de la relation absolue ne sont par conséquent pas
des attributs. Dans l’attribut l’absolu paraît seulement dans un
de ses moments, [entendu] comme [moment] présupposé et
pris à partir de la réflexion extérieure. Mais ce-qui-expose l’absolu4
est la nécessité absolue qui est identique à soi comme se déter­
minant soi-même. Comme elle est le paraître qui est posé comme
apparence, les côtés de cette relation sont des totalités, parce [25
quelles sont comme apparence; car, comme apparence, les
différences sont elles-mêmes et leur op-posé, ou le tout; —
inversement elles sont ainsi .apparence parce qu’elles sont totalités.
Ce différencier ou paraître de l’absolu est ainsi seulement' le
poser identique de soi-même.
Cette relation, dans son concept immédiat, est la relation
de la substance et des accidents, le disparaître et [le] devenir
immédiats de l’apparence absolue dans soi-même. En tant que
la substance se détermine en être-pour-soi en regard d’un autre,
ou [en tant que] la relation absolue [se détermine] comme
[relation] réelle, il y a la relation de la causalité. Finalement,
en tant que celle-ci, comme [quelque-chose] se rapportant à soi,
passe dans [Inaction-réciproque, alors par là la relation abso­
lue, selon les déterminations qu’elle contient, est aussi posée ;
cette unité posée de soi dans ses déterminations, qui sont posées
comme le tout lui-même et par là tout aussi bien comme déter­
minations, est alors le concept5.

4. Die Auslegerin des Absoluten. — Comme le précisé cette phrase, nous


sommes passés, analogiquement, de l’essence entendue comme réflexion exté­
rieure à l’essence comme réflexion déterminante {se déterminant comme totalité
dans son moment, identique à elle, qu’est désormais l’apparence identique
au paraître). #
5- Substantialité et causalité (qui formeront les deux premiers développe­
ments de ce dernier chapitre) illustrent tour à tour l’identité^ formelle de
l’extérieur et de l’intérieur (de l’extérieur totalement rapporté à l’intérieur)
et la différence réelle de l’un à l’autre (différence reprise dans le mouvement
de corrélation de centre à centre qu’implique précisément la causalité).^ Le
dernier développement verra l’émergence du concept sous les espèces d’une
parfaite réciprocité des extrêmes dans l’interaction qui pose la relation absolue
(d’une absoluité originelle, accomplie comme terme dans le mouvement de la
réalité) comme relation sans commencement ni fin, comme cercle, dans l’être,
de l’être et de la raison d’être.
v,.y* ,y.-=

269
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

[256} A.
LA RELATION DE LA SUBSTANTIALITÉ

La nécessité absolue est relation absolue parce qu’elle n’est


pas Yêtre comme tel, mais Yêtre qui est parce qu’il est, l’être
comme la médiation absolue de soi avec soi-même. Cet être
est la substance ; comme l’unité ultime de l’essence et de [l’]être,
elle est l’être dans tout être ; ni l’immédiat non-réfléchi, ni non
plus quelque chose d’abstrait, se tenant derrière l’existence et
[le] phénomène, mais l'effectivité immédiate elle-même, et
celle-ci comme être-réfléchi dans soi absolu, comme subsister
186 étant en et pour-soi. — La substance, [entendue] comme cette
unité de l’être et de la réflexion, est essentiellement le paraître
et \Y]être-posé d’eux. Le paraître est le paraître se rapportant à
soi, ainsi est-il ; cet être est la substance comme telle. Inverse­
ment, cet être est seulement Yêtre-posé identique à soi, ainsi
est-il totalité qui-paraît, Yaccidentalitéc.
Ce paraître est l’identité comme [identité] de la forme ; —
l’unité de la possibilité et de [1’]effectivité. Elle est en premier
lieu devenir, la contingence [entendue] comme la sphère du
surgir et [du] disparaître; car, selon la détermination de Yim-
mêdiateté, le rapport de la possibilité et de [l’]effectivité est
acte-de-se convertir immédiat l’une dans l’autre de ces mêmes
[possibilité et effectivité entendues] comme des étants, d’un
chacun comme dans ce qui lui est seulement autre. — Mais,
parce que l’être est apparence, le rapport de ces mêmes [pos­
sibilité et effectivité] est aussi comme [rapport] de [termes]

6. L’accident a coutume d'être apposé à la substance sous mode de lui


être opposé, comme une extériorité contingente fichée en elle. Mais il n'en
va pas ainsi au niveau d’analyse où nous a mené Hegel; pour lui, en effet
(et pour qui l’a suivi dans l'exposé de ces deux premiers Livres de la Logique),
la substance c’est Yêtre, mais l’être qui est à lui-même sa propre médiation.
Ce qui importe, en elle, c'est l’accomplissement de l'identité différenciée, en
soi articulée et dés-articulée, de l’être et de la raison d’etre.^ Non au sens
d’une création de soi, mais à celui, plus simple, qui fait de l’être le mouve­
ment par quoi est ce qui est. Dans le jeu médiateur d une altérité radicale,
mais qui n’est telle, en effet, que parce qu’elle s’identifie non moins radicale­
ment à l’être de ce qui est (ou encore aux accidents de la substance, à ce
qui lui arrive comme substance). Ainsi la substance est-elle rapport, — relation
d’identité entre la substance en son fondement (l’essence, ou la réflexion) et
la non-substance par quoi la substance est substance (I etre, ou les accidents).

270
l’effectivité

identiques ou paraissant l’un dans l’autre, réflexion Le


vement de l’accidentalité présente par conséquent en chacun °d" [257]
ses moments le paraître des catégories de l’être et des déter
minatio?is-de-réflexion de l’essence les unes dans les autres7"
— Le quelque-chose immédiat a un contenu; son immédia*
teté est en même temps indifférence réfléchie en regard de la
I i
forme. Ce contenu est déterminé, et, en tant que cela est déter-
minité de l’être, le quelque-chose passe dans un autre. Mais la "
qualité est aussi déterminité de la réflexion ; ainsi est-elle diver­
;.
sité indifférente. Mais celle-ci s’anime en op-position et revient r.i
dans le fondement, qui est le néant mais aussi réflexion-dans- ?
soi. Celle-ci se sursume ; mais elle est elle-même être-en-soi Il
réfléchi, ainsi est-elle possibilité, et cet être-en-soi est, dans son
acte-de-passer qui est tout aussi bien réflexion-dans-soi, Yeffec-
tif nécessaire.
Ce mouvement de l’accidentalité est Yactuosité de la substance,
[entendue] comme calme venir au jour d'elle-même8. Elle
n’est pas active en regard de quelque-chose, mais seulement en
regard de soi [entendue] comme élément simple dépourvu-de-
résistance. Le sursumer d’un présupposé est 1 apparence dispa­
raissant ; c’est seulement9 dans le faire sursumant 1 immédiat que
cet immédiat lui-même devient, ou [qu’]est ce paraître; le
commencer à partir de soi-même est seulement9 le poser de
ce Soi à partir duquel est le commencer10.
La substance, [entendue] comme cette identité du paraître, est
la totalité du tout et comprend dans soi l’accidentalité, et 1 acci-
187 ,
dentalité est toute la substance elle-même. La différence delle !
!
7. Le substance est la relation à la fois immédiate et médiate. Ou elle est
totalité en relation de soi avec soi comme non-soi. En elle se , •
récapitulées les deux formes de la relation en ^“en(^e°“ action de
(comme transition d un etre a un etre; et la reuexiuu
l’être à l’être par la médiation intériorisante de 1 essence). ., .• *
8. L’ « actuosité » (Aktuositàt) est ce qui fait au sens fort, 1 &CV?T
essentielle d’une chose, — son effectivité comme effectmt^necessaire (durie
nécessité de soi par rapport à soi, c’est-à-dire dune nécessite H i
autre contexte (Enz.y § 34, Zusatz : traduction B. Bourgeois, p. )> 8
dira de façon significative que « Dieu est actuosité absolue a.
9. erst, temporel. , .
10. Nouvelle expression de ce que nous avons appelé plus haut le cercle
de l’effectivité : rien ne préexiste à ce qui devient, car seul ce qui devient
est ce qui est; non comme égrènement de moments formellement distincts,
mais comme l’identité, posée et toujours à poser, entre, a parte ante, la
raison de l’être, et, a parte post, l’effectivité concrète de cet être. Toute
l’intelligence du procès logique tient dans la compréhension de cette identité
entre le point de départ et le mouvement subséquent qui seul, dans son
terme accompli, peut à la fois le poser et le nier comme point de départ.

271
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

dans Yidentité simple de l’être11 et dans la variation des acci­


dents n en cette même [identité] est une forme de son paraître.
Celui-là12 est la substance dépourvue-de-forme du représenter
[258] pour lequel le paraître ne s’est pas déterminé comme paraître,
mais qui tient-fermement, comme à un absolu, à cette identité
indéterminée13 qui n’a aucune vérité [mais] est seulement la
détermination de l’effectivité immédiate ou tout autant de
l’être-en-soi ou de la possibilité, — déterminations-formelles qui
tombent dans l’accidentalité. —
L’autre détermination, la variation des accidents, est Yunité-
formelle absolue de l’accidentalité, la substance [entendue]
comme la puissance absolue14. — Le disparaître de l’accident
est acte-de-retourner d’elle comme effectivité dans soi comme
dans son être-en-soi ou dans sa possibilité, mais cet être-en-soi
sien n’est lui-même qu’un être-posé ; par conséquent il est aussi
effectivité, et, parce que ces déterminations-formelles sont tout
aussi bien déterminations-de-contenu, ce possible est aussi selon
le contenu un effectif déterminé autrement15. La substance se
manifeste, par l’effectivité, avec son contenu, [effectivité] dans
laquelle elle transpose le possible, comme [puissance] créante,
[et] par la possibilité dans laquelle elle reconduit l’effectif,
comme puissance destructrice. Mais les deux sont identiques ;
le créer, destructeur, la destruction, créatrice ; car le négatif et
[le] positif, la possibilité et [F]effectivité, sont absolument unis
dans la nécessité substantielle.
Les accidents comme tels — et ils sont plusieurs, en tant
que la pluralité est une des déterminations de l’être. — n’ont

11. in die einfache Identitat des Seins, in den Wechsel der Akzidenzen :
la différence qui se divise dans..., avec mouvement.
12. Entendons : l’être, premier côté et première détermination de la diffé­
rence intérieure à la substance. Le second côté, la seconde détermination, •
seront abordés dans le prochain paragraphe.
13. an solcher unbestimmten Identitat.
14. La « puissance » est ici la Macht. Non point la Gewalt, la « violence »,
qui, comme Hegel le précisera plus loin (cf. ci-dessous, p. 289), est un
certain type d’extériorisation et d’expression de la Macht ; et non point, bien
sûr, la puissance au sens que revêt ce terme dans l’ontologie traditionnelle.
. Ce dont il s’agit ici c’est d’un « pouvoir », non point situé dans l’aléatoire
de ce qui est voulu ou non voulu, mais comme force structurante qui fait
que ce qui est est et n’est pas ce qu’il est. Car ce qui est, en tant qu il est,
. ne peut pas ne pas être; mais il n’est tel que dans la mesuré où il n’est
pas seulement et immédiatement ce qu’il est, n étant ce qu il est que par la
ressource intérieure de son enracinement dans^ sa propre négation.
15. Entendons : le même contenu, mais posé dans une altérité formelle, —
celle de l'effectivité par rapport à la possibilité.

272
l’effectivité

aucune puissance les uns sur les autres1#. Ils sont le/ quelque-
chose étant ou étant pour soi, des choses existantes aux propriétés
variées, ou des touts qui sont constitués de parties, des parties
autonomes, des forces qui ont besoin de la sollicitation les
unes par les autres et sont condition les unes pour les autres17.
Dans la mesure où un tel accidentel paraît exercer une puissance
sur un autre, c’est la force de la substance qui comprend les 1259]
deux dans soi, [qui] comme, négativité pose une valeur inégale,
[et] détermine l’un comme [accidentel] disparaissant, l’autre avec
un autre contenu et comme [accidentel] surgissant, ou celui-là .
passant dans sa possibilité, celui-ci en cela dans [l’]effectivité ;
— se scinde éternellement dans ces différences18 de. la forme
et du contenu, et éternellement se purifie de cette unilatéralité,
mais dans cette purification elle-même est retombée dans la m
détermination et la scission. — Un accident chasse donc un
autre seulement pour la raison que son subsister propre est cette
totalité de la forme et du contenu lui-même dans laquelle lui tout
comme son autre se perd tout aussi bien.
En raison de cette identité et de [cette] présence immédiate
de la substance dans les accidents, aucune différence réelle n’est
encore présente10. Dans cette détermination première, la substance
n’est pas encore manifestée selon son concept total. Lorsque la
substance, [entendue] comme Yêtre-en-et-pour-soi identique à soi,
se trouve différenciée d’elle-même comme totalité des accidents,
elle est, comme puissance, le médiatisant. Celle-ci est la néces­
sité, le se maintenir positif des accidents dans leur négativité ,
et leur simple être-posé dans leur subsister ; ce moyen-terme est
ainsi unité de la substantialité et de [r]accidentalité elles-mêmes,
et ses extrêmes n’ont aucun subsister propre. La substantialité est
par conséquent seulement la relation comme disparaissant immé-

16. Puisqu’ils ont cette puissance par la médiation de la substance, qui


est l’unique et commune possiblité (l’unique et commune « puissance ») de
leur effectivité multiple.
Hegel va montrer que dans ces « accidents » se trouvent reprises et
accomplies les déterminations antérieures de l’être et de l’existence.
17. und einander zur Bedingung haben. _
18. L’original porte bien diese Unterschiede, et non pas die Unterschtede
ainsi que Lasson a transcrit par erreur. — Sur la signification précise de la
« scission », ci. ci-dessus, p. 238, note 42. — L’adverbe « éternellement *
(ewig) est ici d’une importance capitale : il nous ramène au zeitlos de la
première page de « La Doctrine de l’Essence ». Ce qui est id éternel (ou in­
temporel), c’est le mouvement structurel (et donc proprement logique) par
quoi ce qui est est ce qu'il est. C'est, dans le temps (dans l’actuosité de
l’effectif), l’autre du temps qui fait que le temps est temps.
19. vorhanden, présente au sens de donnée.
20. das in der Negativitdt der Akzidenzen positive Beharren derselben.

273
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

diatement, elle se rapporte à soi non pas comme négatif, est,


[entendue] comme l’unité immédiate de la puissance avec soi-
même, dans la forme seulement de son identité, non pas de
son essence négative ; c’est seulement un moment, savoir le
négatif ou la différence, qui est ce-qui-disparaît purement-et-
simplement, mais non pas l’autre [moment], l’identique21. —
Cela est aussi à considérer de la sorte. L’apparence ou l’acciden-
[260] talité est bien en soi substance par la puissance, mais elle n’est
pas ainsi posée comme cette apparence identique à soi; ainsi
la substance a-t-elle seulement l’accidentalité pour sa figure ou
[son] être-posé, non pas elle-même ; n’est pas substance comme
substance. La relation-de-substantialité est donc tout d’abord elle22
seulement, [de telle sorte] qu’elle se révèle comme puissance
formelle dont les différences ne sont pas substantielles ; elle est
en fait seulement comme intérieur des accidents, et ceux-ci sont
seulement en la substance. Ou cette relation est seulement la
totalité qui paraît [entendue] comme devenir ; mais elle est tout
aussi bien réflexion ; l’accidentalité, qui est en soi substance, est
justement pour cette raison aussi posée comme telle ; ainsi est-
elle déterminée comme négativité se rapportant à soi, en regard
de soi déterminée comme identité simple à soi se rapportant à
soi23 ; et est substance étant-pour-soi, puissante. Ainsi la relation-
de-substantialité passe 24-t-elle dans la relation-de-causalité.

21. Ce paragraphe semble brusquement revenir en deçà du résultat précé­


demment atteint : la substance n’y serait que réalité intérieure (l’identique),
et pas encore, de soi, en relation structurelle avec cette expression d’elle-même
qu'est sa propre négativité effective. Inutile de dire que Hegel, ici, donne
seulement toute leur force aux conceptions communes de la substance. Et ce
pour qu'apparaisse mieux la valeur de l’effectivité comme actuosité de la sub­
stance : la relation de causalité sera ainsi une expression du contenu intérieur du
rapport qu'est la substance.
22. Il s’agit de la substance.
23. Le découpage du texte proposé ici par Lasson (un trait rédactionnel entre
« en regard de soi » et « déterminé », — qu’il faudrait alors écrire « déter­
minée ») nous paraît faire violence au sens. Hegel,^ ici comme partout, oppose
la « négativité se rapportant à soi » et 1’ « identité simple à soi se rapportant
à soi ». L’accidentalité, en effet, se pose ici comme autonomie en elle-même
face à l’identité simple et seulement intérieure de la substantialité : ainsi
seulement sera pleinement assurée l’effectivité de la relation (intérieure. et
extérieure) qui constitue la substance comme substance, c est-a-dire^
au-delà de son unilatéralité, comme totalité conceptuelle.
24. geht... über (sic) : les italiques, qui coupent ici le terme, ne peuvent
être exactement rendues en français.

274
l’effectivité

B. [261] 189

LA RELATION-DE-CAUSALITÉ

La substance est puissance, et puissance réfléchie dans soi, ■

[puissance] qui ne passe pas simplement, mais qui pose les :■

1
déterminations et [les] différencie de soi. [Entendue] comme \
se rapportant à soi-même dans son déterminer, elle est elle-
même ce qu’elle pose comme [quelque chose de] négatif ou ce
qu’elle fait être-posé. Cela est ainsi en général la substantialité
sursumée, le seulement posé, l’effet ; mais la substance étant pour
soi est la cause25.
Cette relation-de-causalité est d’abord seulement cette rela-
tion de cause et effet ; ainsi est-elle la relation-de-causalité
formelle.

a.
La causalité formelle26

1. La cause est Yoriginaire en regard de l’effet. — La substance


est, comme puissance, le paraître, ou a [l’]accidentalité. Mais
elle est, comme puissance, tout aussi bien réflexion-dans-soi dans
son apparence ; ainsi expose-t-elle son acte-de-passer, et ce paraî­
tre est déterminé comme apparence, ou l’accident est posé de
telle sorte qu’il ne soit qu’un posé. — Pourtant la substance, dans

25. Cause et effet, Ursache et Wirkung. La cause est, bien sur, la totalité
(au moins se montrera-t-elle de la sorte), mais elle est^ d’abord 1 héritière
directe de la substance (seulement) intérieure. Quant à 1 effet, il est la
transposition de ce qui, précédemment, était détermine comme accident.
Sous ce terme d’effet, il faut entendre la désinence active de meme que la
parenté étymologique (Wirkung / Wirklichkeit) qui font de lui tout autre
chose qu’un simple résultat : l’effectivité qui est a elle-meme, par la
médiation de son autre, sa propre cause. A
26. Ainsi que nous y sommes accoutumés, nous verrons Hegel enchaîner
les déterminations de la causalité formelle et de la causalité déterminée
(que l’on pourrait dire aussi causalité réelle) ; c’est là une nouvelle reprise
évidente des moments de l’acte essentiel que sont la réflexion posante. et
la réflexion extérieure (ou encore une reprise des déterminations-de-réflexion
que sont l’identité formelle et l’identité différenciée). Ces deux développe­
ments, au travers du recouvrement tautologique des termes, puis de leur
distanciation l’un à l’égard de l’autre, mèneront à la reconnaissance d’une
relation enfin accomplie, tant à la fois dans la dépendance et la pleine
autonomie mutuelle de ses termes : action et réaction.

275

-
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

son déterminer, ne sort pas de l’accidentalité, comme si celle-ci


était auparavant quelque chose d’autre, et ne se trouverait que
[262] maintenant27 posée comme déterminité, mais toutes deux sont
Une actuosité28. La substance, comme puissance, se détermine ;
mais ce déterminer est immédiatement lui-même le sursumer
du déterminer et le retour. Elle se détermine, — elle, le déter­
minant est ainsi l’immédiat, et le lui-même déjà déterminé ; —
en tant qu’elle se détermine, elle pose donc ce déjà déterminé
comme déterminé ; a ainsi sursumé l’être-posé, et est retournée
dans soi. — Inversement ce retour, parce qu’il est le rapport
négatif de la substance à soi, est lui-même un déterminer ou
repousser d’elle par rapport à soi ; par ce retour devient le
déterminé, [lui] à partir duquel elle paraît commencer et [quelle
paraît], lui qui était comme déterminé trouvé-déjà-là, poser main­
tenant comme tel. — Ainsi l’actuosité absolue est-elle cause ;
— la puissance de la substance dans sa vérité, comme manifes­
tation qui expose aussi ce qui est en soi, l’accident qui est
l’êtrë-posé, immédiatement dans le devenir de ce même [acci­
dent], le pose comme être-posé ; l’effet. — Celui-ci est donc,
190 en premier lieu, la même-chose que ce qu’est l’accidentalité de
la relation-de-substantialité, savoir la substance comme être-posé ;
mais, deuxièmement, l’accident comme tel n’est substantiel que
par son disparaître, comme [quelque chose] qui passe ; mais
comme effet il est l’être-posé comme identique à soi ; la cause
est, dans l’effet, manifestée comme substance totale, savoir
comme réfléchie dans soi en l’être-posé lui-même comme tel29.

2. A cet être-posé réfléchi dans soi, au déterminé comme


déterminé, fait face la substance [entendue] comme [quelque
chose d’]originaire non posé. Parce que, comme substance abso­
lue, elle [est] retour dans soi, mais [que] ce retour lui-même

27. erst, temporel.


28. Sur la signification de ce terme, qui reviendra plusieurs fois dans
les pages prochaines, cf. ci-dessus, p. 271, note 8. — La présente affirmation
est de grande importance : elle précise une nouvelle fois, contre certaine
compréhension chosifiante de la pensée kantienne, que pour Hegel, rien ne
préexiste au mouvement de la manifestation. L’être, saisi en vérité, c’est-à-
dire dans le ressourcement essentiel qui le fait substance, est manifestation
de soi, et ne peut être appréhendé que si l’on épousé le. procès de cette
exposition. Ainsi disions-nous déjà que l’essence, en stricte logique, ne
préexiste pas à l’ensemble de ses conditions d apparition (ou de phenomé-
nalisation).
29. Ainsi se trouvent formellement distingués ,.deux termes qui ont
exactement même contenu, — la substance, ainsi qu il vient d’etre dit, étant
leur mouvement de totalisation l'un dans l’autre et lun par l’autre.

27 6
l’effectivité

est acte-de-déterminer, elle n’est plus simplement 1*en-soi de ses


accidents, mais est aussi posée comme cet être-en-soi. Par consé­
quent, c’est seulement30 comme cause que la substance a effec­ [263
tivité. Mais cette effectivité, {qui fait] que son être-en-soi, sa
déterminité dans la relation-de-substantialité, est désormais posé
comme déterminité, est l’effet ; la substance n'a par conséquent
l’effectivité qu’elle a comme cause que dans son effet31. — f
C’est là la nécessité, qui est la cause. — Elle est la substance
effective, parce que la substance, comme puissance, se détermine
elle-même ; mais est en même temps cause, parce qu’elle expose
cette déterminité ou [la] pose comme être-posé ; ainsi pose-t-elle
L
son effectivité comme 1 etre-posé ou comme l’effet. Celui-ci est I
l’autre de la cause, letre-posé en regard de l’originaire et
médiatisé par celui-ci. Mais la cause, comme nécessité, sursume
tout aussi bien ce médiatiser sien, et est dans ce déterminer d’elle-
même comme le [terme] se rapportant originairement à soi
en regard du médiatisé, le retour dans soi ; car l’être-posé est
déterminé comme être-posé, donc identique à soi ; la cause est
par conséquent seulement alors dans son effet ce qui est vrai­
ment effectif et identique à soi. — L’effet est par conséquent
nécessaire, parce qu’il est justement manifestation de la cause,
ou est cette nécessité qu’est la cause. — C’est seulement comme
cette nécessité que la cause est elle-même mouvante, commen­
çant à partir de soi, sans se trouver sollicitée par un autre, et
source autonome de l’acte-de-produire au jour à partir de soi\
— elle doit agir32, son originalité tient en ce que sa réflexion- ;i -
dans-soi [est] poser déterminant, et [en ce que], inversement,
tous deux sont une unité.
L’effet ne contient par conséquent absolument rien que ne 1
contient la cause. Inversement, la cause ne contient rien qui

30. erst, temporel. , . ,


31. La substance n’est effective (d’une effectivite plénière) que lorsque
revient en elle-même comme cause, — et comme cause qui est puissan ,
autrement dit qui est production de l’effet, et, par là, mise en mouvemen
du tout. Ainsi s’accomplit formellement le cercle de Veffectivité, ou, u
côté de sa qualification logique, celui de la nécessité (car la nécessite, comme
il se doit, investit ici tout aussi bien la cause que l’effet, étant leur rapport
déterminant de présupposition mutuelle). •
32. sie muss wirken : elle doit nécessairement agir. — Ici encore, la
parenté étymologique entre le verbe agir (wirken) et le substantif effet
(Wirkung) est signe de ce que l'effectivité produite (l>effet\ ^01t
totalement reversée au compte de la cause (entendue, ainsi qu’il se dort;
comme cause agissante). C’est en cela que tient, au sens propre, l’originalité
(l’être comme source) de la substance revenue en elle-même comme cause.
33. überhaupt nichts.

277
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

ne soit dans son effet. La cause est seulement cause dans la


mesure où elle produit un effet ; et la cause nest rien que
[264] cette détermination [qui consiste] à avoir un effet, et l’effet
rien que ceci : avoir une cause. Dans la cause comme telle
elle-même se trouve son effet, et dans l’effet la cause ; dans
la mesure où la cause n’agirait pas encore, ou dans la mesure
où elle aurait cessé d’agir, elle ne serait pas cause ; — et l’effet,
dans la mesure où sa cause a disparu, n’est plus effet, mais une
effectivité indifférente. —

3. Dans cette identité de la cause et de [l’jeffet, la forme,


par quoi ils se différencient comme l’étant en soi et comme
l’être-posé, est maintenant sursumée. La cause s’éteint dans son
effet ; ainsi l’effet est tout aussi bien éteint, car il est seulement
la déterminité de la cause. Cette causalité éteinte dans l’effet
est donc une immédiateté qui en regard de la relation de cause
et effet est indifférente, et l’a en elle extérieurement34.

b.
La relation-de-causalité déterminée

1. L’identité à soi de la cause dans son effet est le sursumer


de sa puissance et de [sa] négativité, par conséquent l’unité indif­
férente en regard des différences-formelles, le contenu. — Il
est par conséquent seulement en soi rapporté à la forme, ici
la causalité. Ils sont par conséquent posés comme divers, et la
forme en regard du contenu [est] elle-même une [causalité] seu­
lement immédiatement effective, une causalité contingente

34. La pleine identité de contenu de la cause et de l’effet, le fait qu’ils


soient en relation de simple reduplication et que letre de chacun s’éteigne
en suscitant l’autre signifie, à un premier niveau (qui est celui, toujours
possible, d'un formalisme tautologique) leur commune disparition. Il faut
alors donner, dans le cercle de l'effectivité, toute sa prégnance au moment
proprement dit où s’assure cette effectivité, savoir le moment de l’extériorité,
et le considérer, pour un temps et de façon primordiale, comme immédia-
teté, — quitte à voir, ce qui sera l’accomplissement dernier de cette relation,
que cette « immédiateté » n’est telle qu’investie tout entière par la pré­
sence proprement déterminante de la causalité médiatisante.
35. Le long développement qui s’inaugure ici opéré un passage décisif
à l’ordre du contenu (divers, contingent, effectif, fini), sans que pourtant
soit mise en cause l’identité formelle qui fut précédemment atteinte. Voilà
qui s’exprimera de la sorte : cause et effet, en tant, que cause et, effet,
se mesurent strictement l’un à l’autre ; mais 1 un et 1 autre sont référés à
une totalité substantielle différente (d’une différence qui se pose à la fois

278
l'effectivité

En outre, le contenu, ainsi [entendu] comme [quelque chose


de] déterminé, est un contenu divers en lui-même ; et la cause
est déterminée d’après son contenu, ainsi tout aussi bien l'effet.
— Le contenu, étant donné que l’être-réfléchi est ici aussi effec­ [26.
tivité immédiate, est dans cette mesure [substance] effective,
mais la substance finie.
Cela est désormais la relation-de-causalité dans sa réalité et
finité. Comme formelle elle est la relation infinie de la puissance
absolue dont le contenu est la manifestation pure ou nécessité.
Comme causalité finie par contre elle a un contenu donné et
se déploie comme une différence extérieure en cet identique qui
dans ses déterminations est une seule et même substance.
Par cette identité du contenu cette causalité est une propo­ 192
sition analytique3C. C’est la même Chose qui se présente une
fois comme cause l’autre fois comme effet, là comme subsister
propre, ici comme être-posé ou détermination en un autre. Etant
donné que ces déterminations de la forme sont réflexion exté­
rieure, [le fait] de déterminer un phénomène comme effet et
de là de s’élever à sa cause pour le comprendre et l’expliquer
est, quant à la Chose, la considération tautologique d’un enten­
dement subjectif ; c’est seulement un seul et même contenu
qui se trouve réitéré ; dans la cause l’on a rien d’autre que dans
l’effet. — La pluie, par exemple, est cause de l’humidité qui
est son effet ; — la pluie mouille37, cela est une proposition
analytique ; la même eau qu’est la pluie est [aussi] l’humidité ;
comme pluie, cette eau est seulement dans la forme d’une Chose
pour soi, comme aquosité ou humidité, par contre, elle est quel­
que chose d’adjoint38, quelque chose de posé qui ne doit plus
avoir son subsister en lui-même; et l’une des déterminations,

entre eux deux et dans chacun par rapport à soi). Dès lors leur relation de
causalité les détermine comme idendques (de contenu et de ^ormei
leur différence même (de forme, et donc aussi de contenu). Le mem
autre agit sur l’autre et même, et se trouve agi par lui. . , . ,. .
36. Que l’on ne s’y trompe pas : la proposition dialectique ver „ et
pas plus analytique que synthétique ; ou plutôt elle est a a ois
l’autre (cf., à ce propos, le dernier chapitre de la Logique, as ,ement
Elle est « analytique » parce que le procès du co?^eP . e^e
à révéler ce qui est contenu d’entrée de jeu dans la totalité e »^
est « synthétique » en tant que ce contenu se trouve pose, P apport
développement des choses, sous la raison d'une altérité e l’aspect
à soi. Mais ici (et les exemples que l’on va lire le , l’action n'est
d’identité prévaut encore, de façon quelque peu unilater ,
pas encore ré-action.
37. der Regen macht nass. ., un « adjectif »>
38. ein adjektives : quelque chose d’ajouté, co®ïe utonome.
qui n’a pas en lui-même sa détermination essentielle

279
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

comme l’autre, lui est extérieure. — C’est ainsi que la cause


[266] de cette couleur est un colorant, un pigment, qui est une seule
et même effectivité, une fois dans la forme extérieure à lui de
quelque chose d’actif, c’est-à-dire lié extérieurement à quelque
chose d’actif divers par rapport à lui, mais l’autre fois dans
la détermination d’un effet tout aussi bien extérieure à lui. —
La cause dun fait est le sentiment33 intérieur dans un sujet
actif, [sentiment] qui, [entendu] comme être-là extérieur qu’il
reçoit par l’action10, est le même contenu et [la même] valeur.
Lorsque le mouvement d’un corps se trouve considéré comme
effet, la cause de ce même [effet] est une force propulsive ;
mais c’est le même quantum du mouvement qui est présent41
avant et après la poussée, la même existence que reçut le corps
propulsif et [qu’il] communiqua au [corps] propulsé ; et autant
il communique autant il perd lui-même.
La cause, par exemple le peintre ou le corps propulsif, a
bien enco-re un autre contenu, celui-là [entendu] comme les
couleurs et leur forme les liant en un tableau ; celui-ci [entendu]
comme un mouvement de force et de direction déterminées. Seu­
lement, ce contenu ultérieur est un accessoire contingent42 qui
ne concerne en rien la cause ; les qualités que par ailleurs
contient le peintre, abstraction faite de ce qu’il est peintre
de tel tableau, n’interviennent pas dans ce tableau 13 ; ce sont
3 seulement celles de ses propriétés qui se présentent dans l'effet
qui sont présentes44 en lui [entendu] comme cause, selon ses
autres propriétés45 il n’est pas cause. De même, si le corps
propulsif est pierre ou bois, vert, jaune, etc., cela n’entre pas
dans sa poussée40 ; dans cette mesure il n’est pas cause.
Il est à remarquer, eu égard à cette tautologie de la relation-
de-causalité, quelle47 ne paraît pas contenir cette même [tau­
tologie] dans le cas où l’on indique non pas la cause pro­
chaine mais la cause éloignée d’un effet. Le changement-formel
267] que subit dans ce passage par plusieurs intermédiaires la Chose
se trouvant au fondement, dissimule l’identité qu’elle garde en

39. Gesinnung : le sentiment ou la disposition d’esprit ; la manière


globale d’envisager les choses.
40. Handlung.
41. vorhanden, présent au sens de donné.
42. ein zufàlliges Behvesen : quelque chose qui se joue à côté de l’essence. :
43. -in dieses Gemàlde, avec mouvement.
44. vorhanden, présentes au sens de données.
45. nach setnen übrigen Eigenschaften.
46. in setnen Stoss, avec mouvement.
47. es : il s’agit de la relation.

280
l’effectivité

cela. Dans cette multiplication des causes, qui sont intervenues


entre elle et le dernier effet, elle se lie en même temps avec
d’autres choses et circonstances, de telle sorte que ce n’est pas
ce premier '18 qui se trouve énoncé comme cause, mais ce sont
seulement ces causes multiples49 ensemble qui contiennent l’effet
complet. — Ainsi, par exemple, si un homme s’est trouvé être
en des circonstances dans lesquelles son talent se développa du
fait qu’il perdit son père que dans une bataille une balle attei­
gnit, ce coup (ou encore plus en arrière la guerre ou une cause
de la guerre et ainsi de suite à l’infini) pourrait se trouver
indiqué comme cause du savoir-faire de cet homme. Seulement,
il est clair que, par exemple, ce coup n’est pas cette cause pour
soi, mais seulement la liaison de ce même {coup] avec d’autres
déterminations agissantes. Ou plutôt, il n’est pas du tout cause,
mais seulement un moment singulier, qui appartenait aux circons­
tances de la possibilité.
Car, avant tout50, il faut remarquer encore Vapplication inad-
missible de la relation-de-causalité à des relations de la {vie}
physico-organique et de la vie spirituelle. Ici, ce que l’on
nomme cause s’avère être évidemment d’un autre contenu que
l’effet, mais pour la raison que ce qui agit sur le vivant se
trouve déterminé, changé et transformé par lui de façon auto­
nome, parce que le vivant ne laisse pas venir la cause à son
effet, c’est-à-dire la sursume51 comme cause. Ainsi dit-on de
façon inadmissible que la nourriture est la cause du sang, ou
[que] ces aliments ou [le] froid, [l’]humidité, sont causes de
la fièvre, etc. ; ainsi est-il inadmissible d’indiquer le climat
ionique comme la cause des oeuvres d’Homère, ou [1’]ambition ^ [268}
de César comme la cause du déclin de la constitution républi­
caine de Rome. Dans l’histoire en général des masses et indi­
vidus spirituels sont en jeu, et en détermination-réciproque les
uns avec les autres ; pourtant c’est la nature de l’esprit, dans
•un sens encore bien plus haut que le caractère du vivant en
général, plutôt de ne pas admettre dans soi un originaire autre,
ou de ne pas laisser une cause se continuer dans lui51, mais de
l’interrompre et de [la] transformer. — Mais ces relations
48. jenes erste : le premier terme qui mit en mouvement la chaîne
causale.
49. diese mehrere Ursachen.
50. hauptsachlich.
51. aufhebt, qui dans le contexte signifie évidemment une suppression
néantisante. Le moyen-terme proprement décisif, c'est ici la liberté de
l’homme.
52. in ihn, avec mouvement.

281
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

appartiennent à Vidée, et c’est seulement53 là54 qu’il faut les


considérer. — L’on peut ici faire remarquer encore ceci : dans
la mesure où l’on admet la relation de cause à effet, quoique
dans un sens impropre, l’effet ne peut pas être plus grand que
la cause ; car l’effet n’est rien d’autre55 que la manifestation de
la cause. C’est une plaisanterie devenue habituelle dans l’his­
toire que de faire surgir de grands effets à partir de petites
causes, et d’avancer une anecdote comme cause première pour
l’événement50 englobant et profond. Une telle prétendue cause
n’est à regarder comme rien d’autre57 qu’une instigation, comme
excitation extérieure dont Vesprit intérieur n'aurait pas eu besoin
de l’événement56, ou qui aurait pu en utiliser une multitude
innombrable d’autres, afin, à partir d’eux, de commencer dans
le phénomène, de se faire sa place58 et de se donner sa mani­
festation. Plutôt, inversement, quelque-chose de si mesquin pour
soi et contingent s’est trouvé seulement59 déterminé par lui à
être son instigation. Cette peinture-en-arabesques de l’histoire, qui,
à partir d’une tige chancelante, fait sortir une grande figure
est par conséquent sans doute un traitement plein-d’esprit, mais
hautement superficiel. Dans ce jaillir du grand à partir du
petit est certes présent60 en général le renversement qu’opère
269] 1 esprit avec l’extérieur ; mais justement pour cette raison cela
nest pas cause dans lui, ou ce renversement sursume lui-même
la relation de la causalité.

2. Mais cette déterminité de la relation-de-causalité, [qui


consiste en ce] que contenu et forme sont divers et indifférents,
s’étend plus avant01. La détermination-de-forme est aussi déter-

53. erst, temporel. — L’Idée constituera la section 3 de la « Doc­


trine du Concept » (Lasson II 407 sq.). Vie et connaissance (du vrai et du
bien) seront alors en effet les modes d’expression du sujet en tant que
sujet spirituel et libre.
54. bei ihr.
55. nichts tveiter.
56. Begebenheit.
57. nichts wciteres.
58. sich Luft zu nutchen : mot à mot « se faire de l’air ».
59. erst, temporel.
60. vorhanden, présent au sens de donné.
61. Contenu et forme sont « divers », nous l’avons dit, moins l’un par
rapport à l’autre (ce qui est évident) que chacun par rapport à soi, et ce tout
aussi bien dans la cause que dans l’effet. Hegel va insister maintenant sur
l’effectivité de cette différence, tout en marquant que cette différence est
indifférente à l’identité qu’implique de soi le rapport de causalité. Les
choses aux propriétés multiples seront alors les « substrats » de cette déter­
mination particulière qu’est la relation de cause à effet.

282
l’effectivité

mination-de-contenu ; cause et effet, les deux ^a ■> ,


• ' • . COtéS Qg lo rplo
tion, sont par conséquent aussi un contenu autre Ou le
parce qu’il est seulement [entendu] comme contenu d’ COfntenu,
a sa différence02 en lui-même et est essentiellement diveC M***’
en tant que cette forme sienne est la relation-de-causalité oui
dans [la] cause et [l’]effet est un contenu identique, le contenu
divers est lié extérieurement d’une part avec la
vu -, . . 1 . , . cause, et d’autre
part avec l effet ; il neutre donc pas lui-même dans l’agir63
et dans la relation63.
Ce contenu extérieur est donc dépourvu-de-relation ; — une
existence immédiate ; — ou parce que comme contenu il est
l’identité étant-en-soi de la cause et de [l’]effet, lui aussi est
identité immédiate, qui-est. Cela est par conséquent une chose
quelconque qui a des déterminations variées de son être-là, entre
autres celle-ci également qu’à un certain égard elle est cause ou
aussi effet. Les déterminations-de-forme, cause et effet, ont en
elle leur substrat, c’est-à-dire leur subsister essentiel, — et cha­
cun un [substrat] particulier —, car leur identité est leur
subsister ; — mais en même temps elle est leur subsister immé­
diat, non pas leur subsister [entendu] comme unité-formelle, ou
comme relation.
Pourtant cette chose n’est pas seulement substrat, mais aussi
substance, car elle n’est le subsister identique que comme [sub­ [270
sister] de la relation. En outre elle est substance finie, car elle
est déterminée comme [substance] immédiate en regard de sa
causalité. Mais elle a en même temps [la] causalité, parce
quelle est tout aussi bien seulement l’identique [entendu] comme
[l’identique] de cette relation64. — Comme cause ^maintenant
ce substrat est le rapport négatif à soi. Mais lui-même, à quoi
il se rapporte, est, premièrement, un être-posé, parce qu il est
déterminé comme [quelque chose d’]immédiatement effectif,
cet être-posé [entendu] comme contenu est une quelconque
détermination en général. — Deuxièmement la causalité lui est

62. ihren TJnterschied : la différence de la forme.


63. in das Wirken, in dos Verhàltnis, avec mouvement
64. Dans cette première considération, qui regarde le contenu de la
relation, Hegel met en lumière ce que l’on pourrait appeler les divers
étagements de la différence visée : la chose est substrat du rapport-formel
de causalité ; mieux, elle est substance, et, bien que cette substance, ainsi que
l’on a vu, soit finie, elle déborde radicalement la détermination qui fait
d’elle, entre autres, le substrat d’un rapport de cause à effet Autrement dit
la causalité n’est réelle que parce qu’elle n’est pas toute la réalité de la
chose. Et l’identité qu’elle met en jeu plonge ses racines dans cette différence
indifférente de la chose comme substance et de la chose comme cause.

283
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

extérieure ; celle-ci constitue donc elle-même son être-posé.


En tant maintenant qu’il est substance causale, sa causalité
consiste à se rapporter à soi négativement, donc à son être-
posé et [à sa] causalité extérieure. L’agir de cette substance
commence par conséquent à partir d’un extérieur, se libère de
cette détermination extérieure, et son retour dans soi est le main­
tien de son existence immédiate et le sursumer de son [exis­
tence] posée, et ainsi de sa causalité en général.
Ainsi une pierre, qui se meut, est-elle cause ; son mouve­
ment est une détermination qu’elle a, mais en dehors de laquelle
196 elle contient encore beaucoup d’autres déterminations, de couleur,
figure, etc., qui n’entrent pas dans sa causalitéC5. Parce que
son existence immédiate est séparée de son rapport-formel, savoir
la causalité, celle-ci est de la sorte un extérieur ; son mouve­
ment, et la causalité qui lui revient dans lui06, est en lui seu­
lement être-posé. — Mais la causalité est aussi [la] sienne
propre ; cela est présent07 dans le fait que son subsister substan­
tiel est son rapport identique à soi, mais celui-ci est désormais
déterminé comme être-posé, il est donc en même temps rap­
port négatif à soi. — Sa causalité, qui se porte sur soi comme
sur l’être-posé ou comme un extérieur, consiste par conséquent
m à le68 sursumer et, par Yéloignement de ce même [extérieur],
à retourner dans soi, — donc dans cette mesure à être identique
à soi non pas dans son être-posé, mais seulement à rétablir son
originalité abstraite. —60 Ou la pluie est cause de l’humidité,
qui est la même eau que celle-là. Cette eau a la détermi­
nation d’être pluie et cause, du fait quelle est posée dans elle
par un autre ; — une autre force ou quelque chose que ce
soit l’a élevée dans l’air et l’a rassemblée dans une masse que
sa pesanteur fait tomber. Son éloignement de la terre est une
détermination étrangère à son identité à soi originaire, la pesan­
teur; sa causalité consiste à éloigner cette même [pesanteur]
et à rétablir cette identité, mais ainsi aussi à sursumer sa cau­
salité. -^
La seconde déterminité de la causalité que l’on considère à
présent concerne la forme ; cette relation est la causalité [enten-

65. in seine Ursachlichkeit, avec mouvement. — « Causalité traduit ici


indifféremment Kausalitat et Ursachlichkeit.
66. in ihr : dans le mouvement.
67. vorhanden, présent au sens de donné.
68. es : à sursumer l’extérieur.
69. L’original porte ici, sans doute par erreur typographique, deux
traits rédactionnels se succédant immédiatement.

284
l’effectivité

due] comme extérieure à soi-même, comme Xoriginalité, qui


est tout aussi bien en elle-même être-posé ou effet70. Cette
unification des déterminations op-posées comme dans le substrat
qui-est constitue la régression infinie de causes en causes. —
L’on commence à partir de l’effet; il a comme tel une cause,
celle-ci a de nouveau une cause et ainsi de suite. Pourquoi la
cause a-t-elle de nouveau une cause ? c’est-à-dire, pourquoi le
même côté, qui précédemment était déterminé comme cause,
se trouve-t-il désormais déterminé comme effet, et partant
[pourquoi] interroge-t-on sur une nouvelle cause ? — Pour la
raison que la cause est un fini, un déterminé en général ; déter­
minée comme Un moment de la forme en regard de l’effet;
ainsi a-t-elle sa déterminité ou négation en dehors d’elle; mais 197
justement par là elle est elle-même finie, a sa déterminité en
elle, et est ainsi être-posé ou effet. Cette identité sienne est aussi [2;
posée, mais elle est un tiers, le substrat immédiat; la causalité
est extérieure à soi-même pour cette raison qu’ici son origina­
lité71 est une immédiateté. La différence-formelle est par consé­
quent déterminité première, pas encore la déterminité posée
comme déterminité, elle est être-autre étant. La réflexion finie
en reste d’un côté à cet immédiat, en éloigne l’imité-formelle,
et le laisse être dans [une] autre perspective cause et dans {un}
autre effet; d’un autre côté elle transfère l’unité-formelle dans
l'infini72, et exprime par le progresser permanent son impuis­
sance à pouvoir 1’73 atteindre et [à pouvoir la] tenir-fermement.
Avec ïeffet c’est immédiatement le même cas, ou plutôt le
progrès infini d'effet à effet est tout à fait la même-chose
que ce qu’est la régression de cause à cause. Dans celle-ci la
cause en est venue à être effet, lequel, à nouveau, a une autre
cause ; aussi bien, inversement, l'effet en vient à etre cause,

70. Second développement, qui a trait cette fois a la qualification for­


melle du rapport de causalité. Nous avons vu que cest par le retour
de l’effet « extérieur » dans le substrat substantiel que la cause est déter­
minée comme cause. Voilà qui se traduit maintenant par 1 interchangeabi­
lité des déterminations qui fait que la cause est aussi bien effet, tandis
que celui-ci est posé en retour comme cause' potentielle. Il y a progrès, a
l’infini dans un sens ou dans l’autre : l’identite, du fait de 1 immédiatete
du tiers-terme (le substrat), n’est encore qu’altemance indéfinie.
71. C’est-à-dire son être comme origine.
72. in das Unendliche, avec mouvement.
73. sie : il s’agit de l’unité formelle.
74. L’original porte in diesen (dans celles-ci), ce qui peut s’entendre des
causes enchaînées. Nous préférons voir ici une faute de texte, et lire
in diesem (dans la régression). Lasson a lui aussi opéré cette correction,
mais sans l’indiquer dans son apparat critique.

285
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

qui à nouveau a un effet autre. — La cause déterminée [que


l’on a] considérée commence à partir d’une extériorité, et,
dans son effet, retourne dans soi non pas comme cause, mais
perd plutôt en cela la causalité. Mais inversement l’effet vient
à un substrat75, qui est substance, subsister se rapportant origi­
nairement à soi ; en lui par conséquent cet être-posé en vient à
être être-posé ; c’est-à-dire que cette substance, en tant qu’un effet
se trouve posé dans elle, se comporte comme cause. Mais cet effet
premier, l’être-posé, qui vient à elle70 de façon extériettre, est
[quelque chose d"\autre que le second qui se trouve produit
par elle ; car ce second est déterminé comme sa réflexion-
[273] dans-soi, mais celui-là comme une extériorité en elle. — Mais
parce que la causalité ici est la causalité extérieure à soi-même,
dans son effet également tout aussi bien elle ne retourne pas
dans soi ; devient en cela extérieure à soi-même, son effet devient
à nouveau être-posé en un substrat77, — comme [en] une autre
substance, mais qui tout autant le fait être-posé, ou se mani­
feste comme cause, repousse son effet à nouveau et ainsi de
suite dans le mauvais-infini.

3. Il faut voir maintenant ce qui est devenu par le mouve­


198 ment de la relation-de-causalité déterminée78. La causa-
lité formelle s’éteint dans l’effet ; par là est devenu l’identique
de ces deux moments ; mais ainsi seulement comme l’unité
en soi de cause et effet où le rapport-formel est extérieur. —
Cet identique est par là également immédiat selon les deux
déterminations de l’immédiateté, premièrement comme être-en-
soi, un contenu, en lequel la causalité se déploie de façon exté­
rieure ; deuxièmement comme un substrat existant, auquel inhérent
la cause et l’effet, comme des déterminations-formelles dif­
férentes. Celles-ci sont en cela en soi un, mais chacune, en
raison de cet être-en-soi ou de l’extériorité de la forme, est exté­
rieure à soi-même, par là dans son unité avec l’autre déterminée
75. an ein Substrat, avec mouvement.
76. an sie.
77. an einem Substrat, sans mouvement.
78. Le paragraphe que l’on va lire constitue un simple résumé des deux
premiers moments de la relation de causalité, — la causalité formelle et
la causalité déterminée. C’est le paragraphe prochain qui tirera la consé­
quence de leur confrontation, mieux ; de leur identité. Cause et effet
sont, dans leur différence même, en relation de détermination réciproque,
ou encore en relation de présupposition conditionnante. Cette identité
posée comme identité dans l’élément de l’indifférence (c’est-à-dire dans
l'élément de la non-nécessité immédiate), voila qui sera et qui est la
relation bi-univoque (et « libre ») de l'action et de la ré-action.

286
l’effectivité

également comme autre en regard d’elle. Par conséquent Ja cause


a certes un effet et est en même temps elle-même effet ; et l’effet
n’a pas seulement une cause, mais est aussi lui-même cause.
Mais l’effet que la cause a, et l’effet qu’elle est; — tout autant
la cause qu’a l’effet, et la cause quil est, [—] sont divers.
Mais, maintenant, par le mouvement de la relation-de-causalité
déterminée est devenu ceci que la cause ne s’éteint pas seulement [274] |
dans l’effet '9, et ainsi également l’effet, comme dans la causa­ I:
lité formelle, mais que la cause, dans son acte-de-s’éteindre,
devient à nouveau dans l’effet, que l'effet disparaît dans [la]
cause, mais [que] dans elle tout autant [il] devient à nouveau.
Chacune de ces déterminations se sursume dans son poser, et
se pose dans son sursumer ; n’est pas présent 80un acte-de-passer
extérieur de la causalité à partir d’un substrat à un autre, mais
le devenir-autre de cette même [causalité] est en même temps
son poser propre. La causalité se présuppose donc elle-même ou
se conditionne. L’identité étant précédemment seulement en soi,
le substrat, est par conséquent désormais déterminée comme
présupposition ou posée en regard de la causalité agissante, et
la réflexion auparavant seulement extérieure à l’identique se
tient maintenant en relation avec ce même [identique] .

c.
Action et réaction82

La causalité est faire présupposant. La cause est conditionnée ;


elle est le rapport négatif à soi [entendu] comme [quelque chose
d’] autre de présupposé, comme [quelque chose d autre] d exté­ 199
rieur, qui en soi mais seulement en soi est la causalité elle-même.
Comme il s’est dégagé, c’est l’identité substantielle, dans laquelle
79. in der Wirkung, sans mouvement.
80. vorhandeyi, présent au sens de donné. ^ .
81. C’est bien dans le rapport même de cause a effet (dans 1 identique)
qu’est sursumée (c’est-à-dire, non point éteinte, mais assumée a la fois
comme le même et l’autre) l'extériorité des substances qui se trouvent
être substrats de ce rapport. L’exacte présupposition mutuelle (et bi-
univoque) des deux termes effectivement differents tend a instaurer main­
tenant ce qui fut recherché dès toujours : 1 identité concrète de 1 identité
et de la non-identité.
82. Wirkung und Gegemuirkung : effet et contre-effet. La Wirkung, en
effet, n’est pas seulement le résultat passif de la cause, mais le mouve­
ment, tout chargé de dynamisme propre, par quoi la cause revient dans soi
comme effectivité. Tel est le contre-effet (la ré-action) qui fait que l’effet
(l’action) est bien la manifestation de la substance comme totalité.

287
îi

- ____
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

passe la causalité formelle, qui s’est déterminée désormais en


regard de cette même [causalité formelle] comme son négatif.
Ou c’est la même-chose, qui [est] la substance de la relation-de-
causalité, mais à laquelle83 fait face la puissance de l’acciden-
talité [entendue] comme elle-même activité substantielle. —
C’est la substance passive. — Passif81 est l’immédiat, ou [l’]étant-
[275] en-soi, qui n’est pas aussi pour soi ; — l’être pur ou l’essence,
qui est seulement dans cette déterminité de Yidentité abstraite
à soi. — A la [substance] passive fait face la [substance enten­
due] comme se rapportant à soi négativement, la substance
agissante. Elle est la cause, dans la mesure où dans la causa­
lité déterminée par la négation d’elle-même elle s’est rétablie
à partir de l’effet, [un réfléchi]85 qui dans son être-autre ou
[entendu] comme quelque chose d’immédiat se comporte essen­
tiellement comme posant, et par sa négation se médiatise avec
soi. Pour cette raison ici la causalité n’a plus aucun substrat,
auquel elle inhérerait et n’est pas détermination-de-forme en regard
de cette identité mais [est] elle-même la substance, ou l’originaire
est seulement la causalité. — Le substrat est la substance passive
qu’elle s’est présupposée80.
Cette cause agit maintenant ; car elle est la puissance négative
sur soi-même ; en même temps elle est son87 présupposé ; ainsi
agit-elle sur soi comme sur un autre, sur la stibstance passive. —
Ainsi sursume-t-elle en premier lieu Yêtre-autre de cette même
[substance passive] ; et dans elle fait retour dans soi ; deuxiè­
mement elle détermine cette même [substance], elle pose ce
sursumer de son être-autre ou le retour dans soi comme une
déterminité. Cet être-posé, parce qu’il est en même temps son8S
retour dans soi, est d’abord son68 effet. Mais inversement parce
que comme présupposante elle se détermine elle-même comme

83. welcher : il s’agit de la substance de la relation-de-causalité.


84. Passiv est bien souligné dans l’original, contrairement à ce qu’il en va
chez Lasson.
85. Pour remédier à l’anacoluthe que comporte l’original, nous suppléons,
comme le fait Lasson, le terme qui se trouve ici entre crochets carrés.
86. La distinction qui s’instaure ici entre la substance passive et la
substance active ne rejette pas ces deux termes dans un antagonisme
abstrait et de forme et de contenu : aussi bien est-ce la même substance
qui, ici, se pose elle-même comme effective, et, là, se présuppose comme
substrat du rapport causal. De la sorte, la « substance passive » elle-même
n’est effectivité potentielle de la cause que parce qu’elle ^ est à son égard,
en tant même qu’accidentalité, « activité substantielle ». L’action (ou l’effet)
n’est action que par la réaction (le contre-effet) qu’elle suscite et qu'elle
subit.
87. ihr : le présupposé de la cause.
88. ihr» : il s’agit toujours de la cause.

288
l’effectivité

son autre, elle pose l’effet dans l'autre [substance], la substance


passive. — Ou parce que la substance passive elle-même est
le double89, savoir un autre autonome, et en même temps un
présupposé et en soi déjà identique à la cause agissante, l’agir de
celle-ci est lui-même un double83; les deux sont dans un, le
sursumer de son être-déterminé, savoir de sa condition, ou le
sursumer de l’autonomie de la substance passive ; — et le
fait quelle sursume son identité à cette même [substance passive], [276]
du même coup se pré [suppose] ou se pose comme {quelque 200
chose d’jautre. — Par ce dernier moment00 la substance passive
se trouve maintenue ; ce présupposer premier de cette même
[substance] apparaît en rapport à cela en même temps aussi
de la sorte : ce ne sont que quelques déterminations qui en elle
se trouvent sursumées, et l’identité d’elle à la première arrive en
elle extérieurement dans l’effet91.
Dans cette mesure elle souffre violence. — La violence est
le phénomène de la puissance, ou la puissance {entendue} comme
{quelque chose d’}extérieur. Mais la puissance n’est [quelque
chose d’]extérieur que dans la mesure où la substance causale,
dans son agir, c’est-à-dire dans le poser d’elle-même, [est] en
même temps présupposante, c’est-à-dire se pose elle-même comme
[quelque chose de] sursumé. Inversement le faire de la violence
est par conséquent tout aussi bien un faire de la puissance. Ce
n’est que sur un autre, présupposé par elle-même, que la cause
violente agit, son action sur lui02 est rapport négatif à soi, ou
la manifestation d’elle-même. Le passif est 1 autonome, qui est
seulement un posé ; un brisé dans soi-même, — une effectivité
qui est condition, et, pour préciser98, la condition désormais dans
sa vérité, savoir une effectivité qui est seulement une possibilité,
ou inversement un être-en-soi qui [est] seulement la déterminité
de l’être-en-soi, [qui] est seulement passif. Celui par conséquent

89. dos Gedoppelte, ein Gedoppeltes : une dualité d aspects.


90. Durch daj letztere Moment.
91. Substance active et substance passive soat donc les deux aspects
de l’unique substance, qui se déterminent comme tels (c est-a-dire comme
moments) dans la forme réflexive du poser et du présupposer. L « agir »
est ainsi redoublé par le jeu de cette identité à lui-même dans cette sienne
altérité. Mais il n’empêche que la substance passive, qui s’épuise, en
un sens, dans l’effectuation potentielle de la substance active, n est ainsi
du côté de l’effectivité que parce qu’elle est, au moins selon l’ordre de
certaines de ses déterminations, en authentique relation, d altérité avec la
substance active. Ainsi le caractère originaire du dynamisme où se trouve
fondé le rapport est-il à U fois dans l’un et dans l'autre de ces termes.
92. auf dasselbe.
93. und xwar.

289
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

à qui violence arrive, il n’est pas seulement possible de lui


faire violence, mais elle doit aussi lui être faite ; ce qui exerce
la violence sur l’autre9-1 l’exerce seulement parce que c’est sa
puissance95 qui s’y manifeste et {manifeste} l’autre. La substance
passive, par la violence, se trouve seulement posée comme ce
quelle est en vérité, savoir, parce quelle est le positif simple ou
substance immédiate, justement pour cette raison, à n’être qu’un
posé ; le préalable90 qu’elle est comme condition est l’apparence
de l’immédiateté que lui enlève la causalité agissante97.
[277} A la substance passive par conséquent ne se trouve fait que
justice par l’influence98 d’une autre violence. Ce qu’elle perd
est cette immédiateté, la substantialité [qui] lui [est] étrangère.
Ce qu’elle reçoit comme quelque chose à!étranger, savoir le fait
de se trouver déterminée comme un être-posé, est sa détermi­
nation propre. — Mais en tant que maintenant elle se trouve
posée dans son être-posé ou dans sa détermination propre, elle
ne se trouve plutôt pas sursumée par là, mais coïncide ainsi seu­
lement avec elle-même, et est donc, dans son devenir-déter­
201 minée, originalité. — La substance passive se trouve donc d’un
côté maintenue ou posée par l’active, savoir dans la mesure où
celle-ci se fait elle-même la [substance] sursumée ; — mais, d’un
autre côté, c’est là le faire du passif lui-même que de coïncider
avec soi, et ainsi de faire de soi l’originaire et la cause. Le
devenir-posé par un autre et le devenir propre est une seule et
même-chose ".

94. tvas Gewalt über dus andere hat : ce qui a, sur l’autre, un pouvoir
qui relève de la violence.
95. die Macht desselben : il s’agit de la puissance de ce qui a sur
l’autre un pouvoir de violence.
96. das Voraus.
97. La « violence » dont souffre la substance passive est donc l’expression
intérieure (et, par conséquent, nécessaire) de la « puissance » que la substance,
revenant en elle-même comme cause, a sur sa propre effectuation. De la
sorte il apparaît que l’effectivité ne garde plus rien en elle de l’altérité
abstraite qui risquait encore de caractériser le rapport premier de l’essence
à l’existence. Est effectif ce qui, jusque dans son antériorité logique
(dans son être-présupposé), est totalement repris par le mouvement de la
manifestation de la réalité entendue comme totalité substantielle.
98. durch die Ein-wirkung : par l’action qui s’exerce sur.
99. Le paragraphe que l'on vient de lire constitue le tournant de l’argu­
mentation présente, — et les deux prochains en tireront des conséquences
décisives. La substance « passive », dans le rapport de causalité, se trouve
en fait déterminée comme telle par l’action de la cause ; mais, comme
elle est elle-même cette action (étant, si l’on peut dire,, l’effet dans son
effectivité), c’est elle qui se détermine à être determinee. Elle est donc
aussi « puissance » causale qui fait la cause comme cause effective (il faut
percevoir la parenté étymologique entre la Macht — puissance — et le

290
l’effectivité

Du fait que la substance passive est maintenant elle-même


changée en cause, c’est en pretnier lieu 1 effet qui dans elle se
trouve sursumé ; en cela consiste sa réaction100 en général. Elle
est en soi l’être-posé, comme substance passive; l’être-posé s’est
trouvé posé aussi dans elle101 par l’autre substance, savoir dans
la mesure où elle reçut en elle l'action de cette même [autre
substance]. Sa réaction contient par conséquent tout autant le
102
double " ; savoir que, en premier lieu, ce quelle est en soi se
trouve posé, deuxièmement ce comme quoi elle se trouve posée
se présente comme son être-en-soi ; elle est en soi être-posé103,
par conséquent elle reçoit une action en elle104 par l’autre ; mais
cet être-posé est inversement son être-en-soi propre, de la sorte
cela est son effet, elle-même se présente comme cause105.
Deuxièmement la réaction va contre la première cause agis­
sante. L’effet, que la substance auparavant passive sursume [278]
dans soi, est en effet justement cet effet de la première. Mais la
cause n’a son effectivité substantielle que dans son effet ; en
tant que celui-ci se trouve sursumé, sa substantialité causale se
trouve sursumée. Cela arrive en premier lieu en soi par soi-
même, en tant quelle fait de soi l’effet; dans cette identité108
disparaît sa détermination négative et elle devient {^quelque chose
de] passif ; deuxièmement cela arrive par la {substance} aupa­
ravant passive, substance maintenant qui-réagit107, qui sursume
l’effet de celle-là I0S. — Dans la causalité déterminée, la substance
sur laquelle on agit devient certes aussi de nouveau cause, elle
agit par là contre le fait qu’un effet se trouve posé dans elle.
Pourtant elle n’a pas réagi contre cette cause, mais posa son

participe passé gemacht — fait). L’action appelle de soi, pour exister


comme action, une ré-action.
100. ibre Gegenwirkung : la réaction (le contre-effet) de la substance
passive.
101. in ihr, sans mouvement.
102. das Gedoppelte : cette dualité d'aspects. (
103. Ce dernier terme, contrairement à ce qu’il en va chez Lasson, nest
pas souligné dans l’original.
104. an ihr, sans mouvement.
105. Entendons : comme cause d’elle-même par le truchement de 1 autre.
— Le paragraphe prochain précisera que cet etre-cause de 1 effet est un contre-
effet (une ré-action) qui supprime le premier effet. Et, comme la cause n était
cause que dans son effet, la cause elle-même se trouve> supprimée,
. — à tout
le moins comme réalité distincte du mouvement de l’effectuation et préalable
à elle. L’unité des deux moments se pose plus que jamais jusqu en leur autono­
mie (leur être comme origine).
106. in dieser Identitat, sans mouvement.
107. nun riickwirkende Substanz.
108. deren Wirkung : l’effet de la substance active (ou encore : de la
cause).

291
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

effet de nouveau dans une autre substance 109, par quoi le progrès
d’effets à l’infini vint au jour ; parce qu’ici la cause dans son
effet est seulement alors en soi identique à soi, par conséquent
•d’un côté dans une identité immédiate disparaît dans son
202 reposu0, d’un autre côté s’éveille à nouveau dans une autre
substance. — Dans la causalité conditionnée, par contre, la cause
se rapporte à soi-même dans son effet, parce quelle est son
autre [entendu] comme condition, comme présupposé, et son
agir par là est tout aussi bien devenir que poser et sursumer de
Vautre m.
En outre elle se comporte par là comme substance passive ;
mais, ainsi qu’il s’est dégagé, celle-ci surgit comme substance
causale par l’effet qui est arrivé en elle 112. Cette première cause,
qui agit d’abord, et retient dans soi son action [entendue] comme
réaction, entre ainsi à nouveau en scène comme cause ; par quoi
l’agir dans la causalité finie, partant dans le progrès du mauvais
infini, est infléchi, et devient un [agir] faisant retour dans soi,
un agir-réciproque infini.

.279] C.
L’ACTION-RÉCIPROQUE

Dans la causalité finie, ce sont des substances qui se compor­


tent de façon agissante les unes à l’égard des autres. Le méca­
nisme consiste dans cette extériorité de la causalité selon laquelle113
la réflexion dans soi de la cause dans son effet114 est en même
temps un être qui-repousse, ou selon laquelle113, dans Yidentité
qu’a à soi la substance causale dans son effet, elle demeure à
soi aussi bien immédiatement {quelque chose d’}extérieur, et
l’effet est passé dans une autre substance. Dans l’action-réci-

109. in eine andere Substanz, avec mouvement.


110. in ihrer Rube, sans mouvement.
111. Etant donné que chaque terme (la cause produisant son effet, et
l’effet-ré-agissant sur sa cause) se sursume dans son autre en tant qu’il est
présupposé en lui, il supprime sa propre présupposition et se pose ainsi comme
totalité effective. La négation réciproque des deux termes devient alors leur
inter-action.
112. auf sie.
113. dass.
114. in ihrer Wirkung, sans mouvement.

Ï-À. _ ‘ 292
l’effectivité

proque ce mécanisme est maintenant sursumé U5, car elle contient


premièrement le disparaître de cet acte-de-se-maintenir originaire
de la substantialité immédiate ; deuxièmement le surgir de la
cause ; et ainsi Yoriginalité [entendue] comme se médiatisant
avec soi par sa négation.
Tout d’abord l’action-réciproque se présente comme une cau­
salité mutuelle de substances présupposées, se conditionnant • cha­
cune est en regard de l’autre en même temps {substance} active
et en même temps substance passive. En tant que toutes deux
par là sont autant passives qu’actives, de la sorte chacune de
leurs différences s’est déjà sursumée ; elle est une apparence
pleinement transparente ; elles ne sont substances qu’en ceci
qu’elles sont l’identité de l’actif et du passif118. L’action-réciproque
elle-même est par conséquent seulement encore manière d’être
vide ; et il est simplement encore besoin d’un acte extérieur de
saisir ensemble ce qui déjà est autant en soi que posé. En
premier lieu ce ne sont plus des substrats qui se tiennent en 20'
rapport les uns avec les autres, mais des substances; dans le
mouvement de la causalité conditionnée Yimmédiateté présup­
posée encore restante s’est sursumée, et le conditionnant de l’acti­
vité causale est seulement encore l’influence117, ou la passi­
vité propre. Mais en outre cette influence ne provient pas dune [280j
autre substance originaire ; mais justement d’une causalité, qui
est conditionnée par [l’jinfluence, ou [qui] est un médiatise. Ce
[terme] tout d’abord extérieur, qui vient à la cause et constitue
le côté de sa passivité, est par conséquent médiatisé par elle-
même, il est produit par son activité propre, du même coup
[il est] la passivité posée par son activité elle-même. La
causalité est conditionnée et conditionnante ; le conditionnant est
le passif, mais tout aussi bien le conditionné {est} passif. Cet acte
de-conditionner ou la passivité est la négation de la cause par
soi-même, en tant qu’elle se fait essentiellement effet, et juste

115. Sursomption qui a bien évidemment ici, par Pr*or^’|g!LgQt annulé


suppression. Car le « mécanisme » ici évoqué se t[0Uje moments de la
par l’intériorité réciproque des deux substances (ou des e
substance) qui se trouvent en interaction. A structuration de
116. La disjonction actif/passif (qui est bien plutôt je rapport
la relation de causalité) ne commande donc pas seulement ^ d’elles
oppositif entre les substances, mais avant tout le raPP mutuellement,
à elle-même à l’intérieur d’elle-même. Ainsi s im^ inendant identiques, de
dans un instant, les moments extrêmes, disjoints et c :Lcret du rapport vid<
l’unique concept, qui formeront le contenu effectif e g
et formel en quoi consiste maintenant l’action-recip oq • j. ^ sujvantes,
117. Rappelons qu’ « influence », ici comme
traduit Einwirkung, action-dans ou effet-sur.

293
:! DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

ment par là est cause. Y!action-réciproque n’est par conséquent


que la causalité elle-même ; la cause ria pas seulement un effet,
mais dans l’effet elle se tient comme cause en rapport avec
elle-même118.
Par là la causalité a fait retour à son concept absolu, et en
même temps [est] venue au concept lui-même113. Elle est d’abord
la nécessité réelle ; identité absolue à soi, de telle sorte que la
différence de la nécessité et les déterminations se rapportant dans
elle les unes aux autres sont des substances, des effectivités libres
les unes en regard des autres. La nécessité est de cette manière
l’identité intérieure ; la causalité est la manifestation de cette
même [nécessité], dans laquelle son apparence de Vêtre-autre™
substantiel s’est sursumée, et [où] la nécessité est élevée à la
liberté121. — Dans l’action-réciproque la causalité originaire se
présente comme un surgir à partir de sa négation, la passivité,
et comme disparaître dans cette même [passivité], comme un
devenir ; mais de telle sorte que ce devenir est en même temps
tout aussi bien seulement paraître™ ; l’acte-de-passer dans {quel­
que chose d’fautre est réflexion-dans-soi-même ; la négation, qui
est fondement de la cause, est son acte-de-coïncider avec soi-même
positif.
[281] Nécessité et causalité ont donc disparu en cela ; elles contien­
nent les deux [aspects], Xidentité immédiate [entendue] comme
204 cohésion et rapport, et la substantialité absolue des {termes} dif­
férenciés, du même coup la contingence absolue de ces mêmes
[termes] ; Xunité originaire de [la] diversité substantielle ; donc
la contradiction absolue. La nécessité est l’être, parce qu’il est ;

118. Tel est le point d’aboutissement de la dialectique présente. L’exté­


riorité relative des termes s’est totalement sursumée, et constitue maintenant
l’effectivité (comme telle intérieure et extérieure) du rapport de causalité
entendu comme totalité. Cette totalisation des termes différents comme
différents, c’est là ce que Hegel va appeler le concept.
119. Cette affirmation amorce la transition à la troisième et dernière partie
de la Science de la Logique. Hegel va maintenant rappeler succinctement les
étapes parcourues, en les résumant dans l’analyse récapitulative de ce qu’im­
plique la nécessité réelle, — avant d’aborder les deux points capitaux, à la
fois conclusifs et introductifs, qui restent à traiter : la nécessité devient
liberté, et le contenu total de l’Etre et de l’Essence constitue maintenant
comme la pulsation interne du Concept qui extrapose en eux ses différents
moments.
120. L’original porte Aîiderssein. C’est évidemment Andersseins qu’il
faut lire.
121. On peut dire, en première approche, qu’il y a liberté parce que la
nécessité, à son plus haut niveau d’expression, et par le jeu de l’interaction
des substances, est devenue pleinement wtérieure à elle-même.
122. Le « devenir », nous le savons, c’est le mode de transition à lui-même
de l’être ; et le paraître, c’est celui de l’essence.

294
l’effectivité

l’unité de l’être avec soi-même, qui a soi pour fondement ; mais


inversement, parce qu’il a un fondement, il n’est pas être, il
n’est purement-et-simplement qu’apparence, rapport ou média­
tion. La causalité est cet acte-de-passer posé de l’être originaire,
de la cause, dans {T]apparence ou simple être-posé, inversement
de l’être-posé dans |T]originalité ; mais l’identité elle-même de
l’être et de [F]apparence est encore la nécessité intérieure. Cette
intériorité ou cet être-en-soi sursume le mouvement de la cau­
salité ; ainsi la substantialité des côtés qui se tiennent en relation
se perd-elle, et la nécessité se dévoile. La nécessité ne parvient pas
à la liberté du fait qu’elle disparaît, mais du fait que seulement
son identité encore intérieure se trouve manifestée123 ; une mani­
festation qui est le mouvement identique du différencié dans soi-
même, la réflexion dans soi de l’apparence comme apparence.
— Inversement, la contingence parvient en même temps par là
à la liberté, en tant que les côtés de la nécessité, qui ont la
figure d’effectivités pour soi libres, ne paraissant pas l’une dans
l’autre, sont désormais posés comme identité, de telle sorte que
ces totalités de la réflexion-dans-soi, dans leur différence, parais­
sent maintenant aussi comme {totalités} identiques, ou sont posées
comme seulement une seule et même réflexion.
La substance absolue, se différenciant de soi comme forme
absolue, ne se repousse plus de soi par conséquent comme néces­
sité, ni ne se décompose comme contingence dans des substances
indifférentes, extérieures à soi, mais, d'un côté, [elle] se différencie
dans la totalité124, qui — la substance auparavant passive —
est [quelque chose d’joriginaire [entendu] comme la réflexion
dans soi à partir de la déterminité, [entendu] comme [un] tout
simple, qui contient dans soi-même son être-posé et est posé
dans cela comme identique à soi, l'universel ; — d'un autre côté,
dans la totalité124, la substance auparavant causale, — comme
dans la réflexion123 dans soi tout autant à partir de la déterminité
vers la déterminité négative, qui ainsi [entendue] comme la
déterminité identique à soi [est] pareillement le tout, mais est
posée comme la négativité identique à soi’, — Ie singulier . 205

123. Affirmation capitale, et bien dans la ligne de tout le


qui précède : la liberté n’est pas l’autre de la nécessite, elle est ceUe-ci en
tant qu’elle vient à être comprise, — c’est-à-dire, va maintenant preaser le

de nécessité.
124. in die Totalitat, avec mouvement.
125. in die Reflexion, avec mouvement. allemand qu’il l’est dans notre
126. Ce paragraphe, aussi contourné en

295
DEUXIÈME LIVRE : SECTION III

Mais immédiatement, parce que l'universel n’est identique à


y:
■■■ '
soi qu’en tant qu’il contient dans soi la déterminité comme sur-
sumée, [et] est donc le négatif comme négatif, — il est la même
négativité qu’est la singularité ; — et la singularité, parce que
tout autant elle est le déterminé déterminé, le négatif comme
négatif, est immédiatement la même identité qu’est l’univer­
salité. Cette identité simple [qui est] sienne est la particularité
qui, dans une unité immédiate, contient du singulier le moment
de la déterminité, de l’universel le moment de la réflexion-dans-
soi. Ces trois totalités sont par conséquent une seule et même
réflexion qui, comme rapport négatif à soi, se différencie dans
ces deux, mais comme dans une différence parfaitement trans­
parente, savoir en la simplicité déterminée, ou dans la déterminité
simple, qui est leur seule et même identité 121. — Cela est le
concept, le royaume de la subjectivité ou de la liberté™.

traduction, montre en première approche ce que deviennent, dans l’unité


conceptuelle, les moments de la totalité substantielle que nous avons vu peu
à peu s’articuler structurellement les uns aux autres au fur et à mesure que
se développait le rapport de causalité. L'universel est la forme pure logique
que prend l’indétermination de la substance passive ; et le singulier, comme
il se doit, hérite de la puissance que possédait la substance active ou causale ;
quant au rapport des deux (la nécessité devenant liberté), c est le mouvement
du particulier qui l'assure, en tant qu’il rassemble en lui la positivité et la
négativité qui les habitent l’un et l’autre. Trois totalités qui n’en font qu’une,
et qui, à un stade catégoriel nouveau, donnent son achèvement a la relation
qui rapportait l’un à l’autre les moments de la reflexion posante, de la
réflexion extérieure et de la réflexion déterminante.
127. ibre Eine und dieselbe ldentitàt.
128. Ici se termine en effet la « logique objective ». Le concept, quant à
lui, est « subjectivité », — non pas, il va de soi, au sens d’une intériorité
abstraite et unilatérale, mais au sens d’une totalité articulée comme telle
en elle-même et hors d’elle-même. Ainsi que le dira le texte introductif à la
« Doctrine du Concept », ce troisième Livre de la Logique sera en effet
consacré à la « présentation de la façon dont le concept forme dans et hors
de soi la réalité qui a disparu dans lui » (Lasson II, 229).

296

•vtâiai
n ij i|

y'/é

APPENDICES

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mr ï I
.
INDEX DES NOMS DE PERSONNES

I. Index des noms qui se trouvent cités dans le texte de Hegel

On trouvera ici tous les noms de personnes cités par Hegel lui-meme,
qu’il s’agisse du nom propre comme tel, ou de sa forme adjectivee
(v.g. die Leibnizische Monade), ou encore de l’expression du système qui
est bâti sur lui (v.g. der Spinozismus). Quand le même nom est cite
plusieurs fois dans la même page, nous indiquons entre parenthèses
le nombre d’occurrences.

Aristote : 35. Rem., n. 45), 242, 244 (2).


César : 281. Newton : 112.
Fichte : 13 (2), [162-163] x. Platon : 142 (2).
Homère : 281. Scolastiques (les) : 112.
Kant : 13 (2), 26, 27, 143 (3), Socrate : 124.
[162-163] \ Spinoza : 238 (2) (-f titre de la
Leibniz : 13 (2), 55, 91, 92 (2), Rem., n. 45), 239 (4), 240 (3),
112, 238 (dans le titre de la 241 (3), 242, 243.

IL Index des noms de personnes cités dans notre texte


de présentation et dans nos notes

Comme ci-dessus, nous indiquons ici toutes les occurrences, qu’elles


soient sous forme nominale ou sous forme adjectivee. La référence

1. Dans ces deux pages, il est question de « la chose-en-soi de l’idéalisme


transcendantal », mais sans que les noms de Kant et de Fichte y soient explici-
tement évoqués.

299

%
mtïiïïi ___ -
I

APPENDICES

comporte la page et le numéro de la note. Quand il y a plusieurs


occurrences du même nom dans le même passage, nous ne 1 indiquons
qu’une fois. Par ailleurs, nous n’avons pas mentionné les noms des
traducteurs et des éditeurs qui ne sont cites qu’a ce titre. Et nous ne
rappelons pas, il va de soi, le nom de Hegel.

Boehmb : 152, n. 26. Lévinas : XXI, n. 47.


Bourgeois : 145, n. 1. Platon : 124, n. 61.
Derrida : XXVIII, n. 71. POEGGELER : VIII.
Descartes : 243, n. 69. PUNTEL : XVIII, n. 34.
FlCHTE : 12, n. 16; 13, n. 20; Rademaker : XVII, n. 30.
92, n. 15.
Gauthier : XXVII ; XXVIII, Rhénans (mystiques) : 152, n.
26.
n. 69.
Gauvin : 17, n. 31. Schelling : 28, n. 76 ; 243,
Glockner : IX ; 131, n. 184. n. 69.
HENNING (von) : IX ; 131, n. 184. Schrag : VI.
Hyppolitb : XXVII. Spinoza : 238, n. 46 ; 239, n. 50 ;
Jankelevitch : XXV. 240, n. 58 ; 242, n. 65 ; 243,
Kant : XVIII, n. 34 ; 12, n. 16 ; n. 69, n. 73 et n. 74; 244,
13, n. 20 ; 26, n. 70 ; 27, n. 70 n. 82.
et n. 74 ; 28, n. 74 ; 58, n. 94 ; Tilliette : XXVI, n. 65 ;
145, n. 1 ; 150, n. 15 et n. 16 ; XXVII ; XXVIII.
154, n. 36 ; 240, n. 58 ; 243, Vitiello : X, n. 12 ; XI, n.
n. 59 ; 276, n. 28. 15 ; XIV ; XV ; XVI ; XVII ;
LabarriÈRE : 2, n. 2. XVIII; XXIII.
Lasson : VIII ; IX.
Leibniz : 12, n. 16 ; 14, n. 20 ; Wahl : XXVII.
28, n. 77 ; 92, n. 19 ; 243, Weil : 26, n. 69 ; 58, n. 94.
n. 69 ; 244, n. 82. WlELAND : VII, n. 6.

m
GLOSSAIRE ALLEMAND-FRANÇAIS

Nous donnons ici les correspondances adoptées pour ia traduction des


principaux termes du vocabulaire hegelien. Chaque fois que, au cours de
notre traduction, nous avons dû nous écarter des conventions indiquées
ici, nous l’avons signalé en note. Précisons que les concordances strictes
auxquelles nous nous sommes tenus recouvrent un champ beaucoup plus
vaste que celui de la liste qui suit, et comportent, au-dela du vocabulaire,
bon nombre de tournures linguistiques. Nous nous sommes limites ici
aux termes techniques ou à ceux qui nous ont semble de particulière
importance au niveau du développement de la pensee.
Par souci de clarté, nous avons préféré adopter pour tous ces termes
l’orthographe moderne. . .. ,
Notons enfin que ce Glossaire est, dans le choix des termes alieman ,
assez largement nouveau par rapport à celui que nous avons publie .en
Appendice à notre traduction de « L’Etre » — nombre de categories
et de déterminations nouvelles intervenant dans ce second livre, mais
nous avons conservé nos conventions d’alors même pour les termes que
nous ne reprenons pas ici.

aber : mais (alors que, tandis que) : pourtant (chaque fois que < a r »,
introduisant une phrase négative, est suivi de « sondern »)•
Abgrund : abîme.
abhàngen, abhàngig : dépendre, dépendant.
ableiten, Ableitung : déduire, déduction.
absolut, das Absolute : absolu, l’absolu.
Absolutheit : absoluité.
abstossen, Abstossung : repousser, répulsion.
abstrakt, dat Abstrakte : abstrait, l’abstrait.
Abstraktion : abstraction.
Abteilung : division.
Aktuositàt : actuosité.
allein : seul, seulement.
ailgemein, Allgemeinheit : universel, universalité.
- î
301
APPENDICES

aïs : comme.
analytîsch : analytique.
anderes, Anderes : autre-chose.
àndern, Aenderung : changer, changement.
Anderssein (das) : Vêtre-autre.
! anderswerden, das Anderswerden : devenir-autre, le devenir-autre.
anerkennen : reconnaître.
Anfang : commencement.
angehôren : appartenir à, relever de.
Anmerkung : remarque.
Annahme : hypothèse, adoption.
annehmen : admettre, supposer, adopter, prendre.
Ansehung (in) : au regard de, en ce qui regarde.
ansichsein, das Ansichsein : être-en-soi, l’être-en-soi.
Anstoss : impulsion.
Anundfürsichsein (das) : Vêtre-en-et-pour-soi.
Anziehung : attraction.
Art : espèce (sorte, type, façon).
Art und Weise : manière d’être.
auffassen : saisir.
aufheben, Aufhebung : sursumer, sursomption.
auflôsen, Auflôsung : dissoudre, dissolution.
aufzàhlen : énumérer.
aufzeigen : mettre en évidence.
Ausdehnung : étendue.
auseinanderhalten : distinguer.
Ausgangspunkt : point de départ.
ausgehen : partir.
Auslegung : exposition.
ausschiiessen : exclure.
ausser, àusserlich : extérieur.
àussern, Aeusserung : extériorer, extêrioration.
aussersichsein : être-en-dehors-de-soi.
aussprechen : énoncer.

Bedingung : condition.
Beglaubigung : authentification.
begreifen : comprendre (concevoir).
Begreiflichkeit : compréhensibilité.
Begriff : concept.
begriinden : fonder.
Behandlung : traitement.
bei : à propos de (lors de, chez, près de).
bekannt : bien-connu.
Beiwesen : accessoire.
Berührung : tangence, contact.
Beschaffenheit : disposition. .
beschrànken, Beschrânktheit, Beschrànkung : borner, hmttatton.
besonder, Besonderheit : particulier, particularité.
Bestandteil : composant.
Bestehen (das) : le subsister.
bestehen aus : être constitué de.

302


!

:
GLOSSAIRE ALLEMAND-FRANÇAIS ;;

bestehen in : consister en, dans. I:


bestimmbar, Bestimmbarkeit : déterminable, déterminabilité.
bestimmen, sich bestimmen zu : déterminer, se déterminer en.
bestimmt : déterminé, de façon déterminée.
Bestimmtheit : déterminité.
Bestimmung : détermination. :
betrachten, Betrachtung : considérer, considération.
Beweggrund : mobile.
Bewegung : mouvement.
Beweis, beweisen : preuve, prouver.
bewirken : effectuer. !
Bewusstsein : conscience.
beziehen, Beziehung : rapporter, rapport.
bloss : simple, simplement.
brechen : briser.

dagegen : en revanche, là-contre.


darbieten : présenter.
darstellen, Darstellung : présenter, présentation.
Dasein : être-là.
dasselbe : la même-chose.
denken : penser.
Dialektik, dialektisch : dialectique, dialectique.
Ding : chose.
Dingheit : choséité.
durch : par.
Durchdringung : compénétration.
durchsichtig : transparent.

eben : justement.
ebenfalls, ebenso : pareillement.
eigen, Eigenschaft : propre, propriété.
eigentlich : proprement dit, à proprement parler.
eigentümlich : propre, caractéristique.
eines : une-chose.
einfach, Einfachheit : simple, simplicité.
Einheit : unité.
einseitig, Einseitigkeit : unilatéral, unilatéralité.
Einteilung : division.
einwirken, Einwirkung : influer, influence.
einzel, das Einzelne : singulier, le singulier.
Einzelheit : singularité.
einzig : unique.
endlich, Endlichkeit : fini, finité.
entàussern, Entàusserung : extérioriser, extériorisation.
entgegensehen : envisager.
entgegensetzen, Entgegensetzung : op-poser, op-posttton.
enthüllen : dévoiler.
entfremden : aliéner.
entzweien, Entzweiung : scinder, scission.
Erfahrung : expérience.
erfassen : saisir.

303
APPENDICES

ergeben (sich) : se dégager.


erhalten : recevoir, maintenir.
erinnern (sich), Erinnerung : s’intérioriser, intériorisation.
erkennen, Erkenntnis : connaître, connaissance.
erklaren, für etwas erklâren : expliquer, déclarer.
erlôschen : étouffer, s’éteindre.
erscheinen, Erscheinung : apparaître, phénomène.
ercheinend, das Erscheinende : phénoménal, le phénoménal.
erwàhnen, Erwahnung : mentionner, mention.
etwas, Etwas : quelque-chose.
existieren, Existenz : exister, existence.

fassen : saisir.
ferner : ultérieur, en outre.
Folge, folglich : conséquence (suite), en conséquence.
Form, formieren : forme, former.
fortbilden : former-plus-avant.
Fortgang : procès, progrès (suite).
fortgehen : progresser, procéder (aller jusqu’à, avancer).
fortsetzen, Fortsetzung : prolonger (poursuivre), prolongement.
frei, Freiheit : libre, liberté.
fürsichsein, das Fürsichsein : être-pour-soi, l’être-pour-soi.

Gang : processus.
ganz, das Ganze : total (tout), le tout.
Gedaoke : pensée.
gediegen : massif.
gegen : en regard de.
Gegensatz : opposition.
gegenseitig : réciproque, mutuel.
Gegenstand : ob-jet.
Gegenstoss : contrecoup.
Gegenteil : contraire.
gegenübersetzen : opposer.
gegenüberstehen : faire face à, se tenir en face de.
gegenübersteUen : placer en face.
gegenübertreten : se mettre en face (faire face).
Gegenwart, gegenwârtig : présence, présent.
Gegenwirkung : réaction.
gemein : ordinaire, commun.
gemeinsam : commun.
gemeinschaftlich : commun, en commun.
gesamt : global.
Gesetz : loi.
gesetztsein, das Gesetztsein : être-posé, Vêtre-posé.
Gesinnung : sentiment.
Gestalt : figure.
Gewalt : violence.
gleich, gleichfalls : égal, également.
gleichgiiltig, Gleichgüitigkeit : indifférent, indifférence.
Gleichheit : égalité.
Grand : fondement.

304
:
:

GLOSSAIRE ALLEMAND-FRANÇAIS

Grund (211 Grunde gehen) : gouffre (aller au gouffre).


Grundlage : base.
Grundsatz : axiome.

haltlos, das Haltlose : inconsistant, le caractère-inconsistant.


herabsetzen (sich) : s’abaisser.
herleiten : déduire.
hervorbrechen : faire irruption.
hervorbringen : produire (produire au jour).
Hervorgang : venue au jour, sortie.
hervorgehen : venir au jour, sortir.
hervorkommen : venir au jour.
hervortreten : ressortir, sortir, émerger, venir au jour.
hingegen : par contre.
Hintergrund : arrière-fond.

Idee : idée, Idée.


ideel, das Ideelle : idéel, l’idéel.
Identitât : identité.
immanent : immanent.
Inhalt : contenu.
inner, innerlich : intérieur.
Inwohnen (das) : l’immanence.
insichgehen : aller-dans-soi.

Kausalitàtsverhàltnis : relation-de-causalitê.
kennen, Kenntnis : connaître, connaissance.
Kraft : force.
Kreis : cercle, domaine.

Lehre : doctrine.
letzt : dernier, ultime.
liegen (zu Grunde) : se tenir au fondement.

Macht : puissance.
mancherlei : divers.
Mangel : manque.
mangelhaft : déficient.
mangelnd : incomplet. <
mannigfaltig, Mannigfaltigkeit : varié, variété (pluralité).
Material : matériau.
Materie : matière.
Mehrheit : pluralité.
Mitte : moyen-terme.
mittelbar : médiat.
Modus : mode.
môglich, das Môgliche, Moglichkeit : possible, le possible, possibilité.
Moment : moment.

Négation : négation.
Negativitât : négativité.
negieren : nier.

305
I

APPENDICES

nichtigy Nichtigkeit : nul (vain), nullité (inanité).


Nichts : néant.
notwendig, Notwendigkeit : nécessaire, nécessité.

Objekt, objektiv : objet, objectif.


offenbar : manifeste.
offenbaren (sich) : révéler (se).

Phànomen : phénomène.
Pore, Porus : pore.
porôs : poreux.
Prinzip : principe.

Qualitàt : qualité.
Quantitât : quantité.

Ràsonnement : raisonnement.
real, Realitât : réel, réalité.
reel : réel.
Reflex : reflet.
Reflexion : réflexion.
Reflexionsbestimmung : détermination-de-réflexion.
Regress : régression.
Rückkehr, rückkehren (auf, in) : retour, faire retour à, retourner dans.
Rücksicht : perspective, égard.
Ruhe, ruhig : repos, en-repos (calme).

Sache : chose.
Satz : proposition.
schaffen : créer.
Schein, scheinen : apparence, paraître.
scheinbar : apparemment.
schlechthin : purement-et-simplement.
schliessen : syllogiser (conclure).
Schluss : syllogisme.
Schwere : pesanteur.
seiend : étant, qui-est.
Sein (das) : l’être.
Seite : côté, aspect.
selbstàndig, Selbstândigkeit : autonome, autonomie.
Selbstbewegung : auto-mouvement.
Selbstbewusstsein : conscience de soi.
setzen : poser.
sollizitieren : solliciter.
sollen, das Sollen : devoir, le devoir-être.
sondera : mais.
Sprache : langage.
Spur : trace.
Stoff : matériau.
Stellung : position.
Subjekt, subjektiv : sujet, subjectif.

306

-
GLOSSAIRE ALLEMAND-FRANÇAIS

Substanz, Substantialitàt : substance, substantialité.


Tat : fait.
tàtig, Tàtigkeit : actif, activité.
Teil : partie. ■

teilen : partager.
trennen, Trennung : séparer, séparation. :
Trieb : tendance.
tun : faire. :
h
übergehen, Uebergang : passer, passage.
überhaupt : en général, de façon générale. ?
I
übersetzen : transposer (traduire).
übersinnlich : supra-sensible.
Umfang : contour.
umfassend : englobant.
umkehren : renverser (inverser).
umschlagen : basculer.
umsetzen : transposer.
unabhângig : indépendant.
unbestimmt, Unbestimmtheit : indéterminé, indéterminité.
unendlich, Unendlichkeit : infini, infinité.
undurchdringlich : impénétrable.
ungleich, Ungleichheit : inégal, inégalité.
Universum : univers.
unmittelbar, Unmittelbarkeit : immédiat, immédiateté.
Unmhe : non-repos.
unterscheiden, Unterscheidung : différencier (distinguer), différenciation
(distinction).
Unterschied : différence.
unterschieden : différent (différencié, distinct).
untrennbar : inséparable.
UDvollendet : inachevé.
unvollkommen : imparfait. _ .
unvollstàndig, Unvollstàadigkeit : incomplet, incomplétude.
Urrwesen : non-essence. _ .
uawesentlich, Unwesentlichkeit : inessentiel, inessentsaltté.
Urgrund : fondement-originaire.
Ursache : cause.
ursachlich : causal.
ursprüngiich, Ursprünglichkeit : originaire, originalité.

veràndern, sich verândern : changer.


VerâDderlichkeit : variabilité.
Verànderung : changement.
Vereimgung : unification.
Vergângliche (das) : ce qui passe.
verhalten (sich) (zu, gegen) : se comporter, être en relation à.
Verhâltnis : relation.
verkehrt : renversé.
Verkehrtheit : renversement.
verlaufen (sich) : se déployer.

307
APPENDICES

vermitteln, Vermittlung : médiatiser, médiation.


Vermôgen : faculté (bien).
Vernunft : raison.
verschieden, Verschiedenheit : divers, diversité.
verschwinden : disparaître.
verstehen, Verstand : entendre, entendement.
Vielheit : multiplicité.
voUendet : achevé.
vollkommen, Vollkommenheit : parfait, perfection,
vollstàndig, Vollstandigkeit : complet (intégral), achèvement (intégralité).
vorausgesetzt, vorausgesetztsein : présupposé, être-présupposé.
voraussetzen, Voraussetzung : présupposer, présupposition.
vorfinden : trouver-déjà-là.
vorhanden : présent.
vorkommen : se rencontrer (se trouver).
Vorschein (zum... kommen) : venir au four.
vorschweben (-{- datif) : s’imposer à.
vorstellen, Vorstellung : représenter, représentation.

wahr : vrai.
wahrhaft, wahrhaftig : véritable, vraiment, véritablement.
Wahrhaftigkeit : véracité.
Wahrheit : vérité.
wahrnehmen, Wahrnehmung : percevoir, perception.
Wechsel : variation (échange).
Wechselbestimmung : détermination-réciproque.
Wechselwirkung : action-réciproque.
Weise : manière.
werden, das Werden : devenir, le devenir.
Wesen : essence.
wesenhaft : essentiel.
Wesenheit : essentialitê.
wesentlich, Wesentlichkeit : essentiel, essentialitê.
widerscheinen (sich) : se refléter.
Widerspruch : contradiction.
wiederherstellen, Wiederherstellung : rétablir (restaurer), rétablissement.
wirken, Wirkung : agir, action.
wirklich, Wirklichkeit : effectif, effectivité.
Wissen : savoir.
Wissenschaft : science.

zeitlos : intemporellement.
zufâllig, Zufàlligkeit : contingent, contingence.
zureichend : suffisant.
zurückgehen : revenir.
zurückkehren (auf, zu, in) : faire retour à, retourner dans.
zuriickkommen : revenir.
zuriicklegen : parcourir.
zusammenbinden : conjoindre.
zusammenbringen : rassembler.
zusammenfallen : coïncider, s’abîmer.

308
GLOSSAIRE ALLEMAND-FRANÇAIS

zusammenfassen : saisir ensemble, récapituler,


zusammengehen : se rassembler (coïncider).
Zusammenhang : connexion, cohérence (contexte).
znsammenschliessen : syllogiser.
Zwischenraum : espace-intermédiaire.

t___

te
fin II —I
INDEX DES MATIÈRES

Cet Index des matières donne toutes les occurrences des expressions
(termes simples ou lexies complexes) les plus importantes employées par
Hegel dans ce volume, selon leur ordre alphabétique français. Nous
donnons à chaque fois le mot ou les mots correspondants en allemand.
Lorsqu’il y a plusieurs occurrences d’une expression dans une même
page, nous ne l’indiquons qu’une fois. Lorsqu’un chiffre est suivi de sq.,
cela indique que l’expression en cause intervient à la page indiquée et à
la page suivante ; sqq. indique qu’elle est présente à la page indiquée et
aux deux pages suivantes. Lorsque deux chiffres entiers sont mentionnés
(v.g. 262-267), c’est que tout le passage concerné traite de ce mot
ou de cette lexie ; par contre, une indication du type 266-7 marque
seulement que le mot visé est graphiquement à cheval sur les deux
pages.
Les références soulignées (caractères gras) désignent les passages dans
lesquels le mot ou l’expression sont employés de façon plus significative
— soit par rapport à l'intelligence de cette partie de l’œuvre, soit par
rapport à la pensée de Hegel dans son ensemble.

abaisser : herabsetzen : 74, 137, 23, 28 sqq., 35, 40, 46, 87,
164, 167, 174, 180, 234, 239, 101, 140, 156, 163, 170, 191,
249. 196, 223, 228, 229-245, 246,
abandonner : verlassen : 22. 247, 265, 267, 268 sq., 272. Cf.
abîme : Abgrund : 152, 232. abstraction absolue, activité
abîmer (s’) : zusammenfallen, absolue, actuosité absolue, ap­
l’acte-de-s’abîmer : das Zusam­ parence absolue, attribut ab­
menfallen : 20, 40, 156 sqq., solu, Chose absolue (non-bor­
204. née), concept absolu (concept
absence-de-détermination : Bes- de l’absolu), condition absolue,
timmungslosigkeit : 3, 34. contingence absolue, contra­
absolu, l’absolu : absolut, das diction absolue (dans soi-
Absolut e, quelque chose d’ab­ même), contradiction absolue
solu : ein Absolûtes : 2, 5, 6, du négatif, détermination ab-

310

■ X* -
INDEX DES MATIÈRES

solue de l’essence, détermina­ abstraction extérieure : ausserli-


tion de l’absolu, déterminité che Abstraktion : 166.
absolue, différence absolue, ef­ abstraction pure : reine Abstrak­
fectivité absolue, effectivité tion : 3, 101.
absolue égale à soi-même, ef­ abstraction vide : leere Abstrak­
fectivités premières absolues, tion : 77, 162.
être de l’absolu, être-en-dehors- abstraire : abstrahieren : 3, 39,
de-soi de l’absolu, être-en-soi 63, 99, 166.
absolu, être-réfléchi dans soi abstrait : abstrakt, abstrait (quel­
absolu, essence absolue, expo­ que chose d’) : ein Abstraktes :
ser de l’absolu (1’), exposition 43, 64, 99, 171, 223, 270,
(propre) de l’absolu, extériori­ 284. Cf. chose abstraite, chose-
sation absolue, extériorité de en-soi abstraite, être-en-soi
l’absolu, forme absolue, iden­ abstrait, identité abstraite, mé­
tité à soi (avec soi-même) ab­ diation abstraite, réflexion ab­
solue, identité négative absolue straite, unité abstraite,
à soi, inconditionné absolu, lois- accident : Akzidenz : 269, 272
du-penser absolues, médiation sq., 276 sq.
absolue, nécessité absolue, né­ accidentalité : Akzidentalitàt :
gation absolue, négativité abso­ 270 sqq., 273 sqq., 276, 288.
lue, négativité absolue de l’être, accidentel : akzidentel : 273.
phraséologie absolue, possibi­ achevé : vollendet : 58. Cf. auto­
lité absolue, puissance absolue, nomie achevée, réflexion ache­
rapport absolu, réflexion vée, tout achevé de la réflexion
(pure) absolue, réflexion abso­ (le).
lue de l’essence, relation abso­ achèvement : Vollendung : 172,
lue, repos (non-)absolu, sub­ 198, 220, 227, 244.
stance absolue, substantialité actif, l’actif : tdtig, das Tâtige :
absolue, sursumer absolu (le), 100, 105, 212, 214 sq., 271,
totalité absolue, unité absolue, 280, 293. Cf. extérioration
absolu déterminé (!’) : das be- active, substance active,
stimmte Absolute : 237, 241. action : Aktion, Handlung, Wir-
absoluité réfléchie : reflektierte kung : 123, 244, 280, 289,
Absolutheit : 247. 291 sq.
absolument-absolu (1’) : das Abso- action-réciproque : Wechselwir-
lut-Absolute : 233. kung : 163-166, 269, 292-296.
absolument autre (1’) : das abso­ activité : Tatigkeit : 48, 57, 78,
lut andere : 172. 81, 92, 176, 212 sq., 216, 222,
absolument inconditionné (1’) : 293.
das absolut Unbedingte : 136 activité absolue : absolute Tàtig-
sq. keit : 86.
absolument-nécessaire (1’) : das activité de la forme : Tatigkeit
absolut-Notwendige : 86 sq. der Form : 101, 103.
abstraction : Abstraktion : 3, 39, activité substantielle : substan-
43, 77, 99. zielle Tatigkeit : 288.
abstraction absolue : absolute actuosité : Aktuositât : 271, 276.
Abstraktion : 145. actuosité absolue : absolute Ak-
abstraction de la chose : Ab­ tuositàt ; 276.
straktion des Dinges : 163.
affection : Affektion : 241.
abstraction de l’essence pure :
Abstraktion des reinen We- affirmation : Behauptung : 36,
sens : 4. 42 sq., 82.
■ '• :-'&Â

3U

ii
m
Il
î
APPENDICES

; agir : wirken : 256, 277, 278, apparence réelle : der reale


283 sq., 288 sq., 291 sq. Cf. Schein : 180.
causalité agissante, cause agis­ apparence revenue dans soi :
sante, déterminations agissan­ der in sich zurückgegangene
tes, substance agissante, Schein : 17.
agir-réciproque (I’) : das Wechsel- apparence transparente : der
wirken : 292. durchsichtige Schein : 231,
aliéné : entfremdet : 17, 52. 293, 296.
aller au gouffre : zugrunde (zu arithmétique : Arithmetik : 64
Grunde) gehen : 76, 88 sq., sq.
94, 98, 133 sq., 141 sq., 152, arrière-fond : Hintergrund : 1.
156, 193 sq., 198, 202, 232, aspect : Seite : 13 sq., 52, 53 sq.,
247, 258. Voir : diriger au 57, 74, 131, 175, 187. Voir :
gouffre (se), revenir au gouf- côté.
fre. assertion : Versicherung : 39, 43,
aller-dans-soi, l’aller-dans-soi : 82.
insichgehen, das Insichgehen : attraction : Attraction • 31, 112.
2. attractif : attractiv. Cf. force at­
analyse : Analyse : 43, 154. tractive.
analytique : analytisch. Cf. pro­
position analytique, attribut : Attribut : 233 sqq., 236,
237, 239, 240, 241 sq., 269.
antinomie : Antinomie : 207
attribut absolu : das absolute At­
sqq- tribut : 233-235.
apparaître : erscheinen : 2, 6,
28, 37, 87, 89, 103, 138, 145 aussi (le) : das Auch : 169 sqq.,
sq., 150 sq., 157, 179, 189 sq., 172 sq., 202.
197, 211, 215 sq., 229, 231, auto-mouvement : Selbstbewe-
234, 239, 246, 256, 259, 261, gung : 17, 23, 48, 82 sq., 85.
266, 289. Cf. être apparaissant, autonome, l’autonome : selb-
apparence : Schein : 7, 9, 11 stàndig, das Selbstandige, un
sqq., 14 sqq., 17, 18 sqq., 22, autonome : ein Selbstàndiges :
24, 31,44, 101, 133, 137, 140, 5, 15, 53, 60, 63, 70, 73 sqq.,
142, 146, 151, 156, 180, 182, 99, 102 sq., 113, 132 sqq.,
194, 217, 232, 234 sq., 268 165 sqq., 169, 171 sqq., 176
sqq., 271, 274 sq., 293 sq., sq., 181 sq., 190, 197 sq.,
295. Cf. unité de l’apparence 200 sq., 203 sq., 208 sq., 212,
et de l’existence, 217, 239, 256, 265, 277, 281,
apparence absolue : der absolute 289. Cf. contenu^ autonome,
Schein : 18, 269. détermination-de-réflexion au­
apparence de l’immédiateté : tonome, divers autonome (le),
der Schein der Unmittelbar- être autonome (un), être-autre
keit : 290. autonome, essence autonome,
apparence de l’inconditionné : existence (immédiate) auto­
der Schein des Unbedingten : nome, immédiateté autonome,
139. matière autonome, médiatiser
apparence essentielle : der we- autonome (le), subsister auto­
sentliche Schein : 31, 182. nome (le).
apparence extérieure : der aus- autonomie : Selbstdndigkeit : 60,
serliche Schein : 235. 70, 72 sq., 74 sq., 94 sq.,
apparence posée comme appa­ 102 sq., 105, 132, 167, 171,
rence : der als Schein gesetzte 176, 180 sq., 186, 193, 197,
Schein : 236 sq., 268, 295. 199, 201 sq., 203 sq., 205 sq.,

312
■■

* ’

INDEX des matières ;


Cf. être-pour-soi en regard
207, 209 sq., 212, 217, 244,
d’un autre,
autonomie9 achevée : die vollen- autre-chose : anderes : 4 sq., w
saa 17, 31, 33, 37 sq., 48,
dete Selbstandigkeit : 75. 63qlq 72 sq, 89, 101, 115
autonomie essentielle : ie sq., 119, 130, 149, 155, 159
sentliche Selbstàndigkeit . 94, çn 164, 167 sqq., 171, lo7, lri
109, 181, 204. 199, 216, 219, 224, 227, 244,
autonomie étrangère : die fremde
Selbstàndigkeiï • 1°0.
247, 250. Cf. rapport à autre-
chose, réflexion dans autre-

autonomie immédiate : die un- chose. ,
mittelbare Selbstândigkeit • aveugle : blind : 267. C£. neces-
180, 199, 201 sq., 204, 206,
*4
sité aveugle,
210. avis (être d’). CL viser,
autonomie .- axiome : Grundsatz :
gleichgültige
69, 212. ^ . : Grundlage : 12, 65, 76,
base
autonomie réfléchie : die reflek- 91, 95 sqq., 99, 10°. ’
191,
tierte Selbstàndigkeit • 106 sq., 108 sqq., Uf, ^
201 sq., 204, 210. 116, 138, U9, n , 2M24,
autre, l’autre : anders, das An-
dere : 10, 12, 17 sq., 21, 127 185 89 sq203, 218,
25 sq., 33, 39 sq., 44 sqq., sq. ’ 18 ’ 221, 224, 227, 240.
47, 48, 50, 61, 69 sqq., 76, 219 sq dépourvue - de - détermina­
78, 84, 90, 99, 103 sqq., 117, base tion ^ die bestimmungslose
127, 133, 155 sq., 157 sq.,
160, 164, 168 sq., 172, 182
base
sqq., 187 sq., 190, 194, 200, Grundlage : ,,, Gmnd-
202 sqq., 206, 207 sq., 210, base du phenomene • 185.
213, 224, 251 sq., 252, 25 , lage der Ersche"£nfdentische
259, 265, 270, 273, 277, 281, base identique • l60 219,
289 sq., 292. Cf. rapport a Grundlage : 128» iw,
l’autre. , . 221, 227- _ ,. gieichgid-
autre de l’essence (D : das An- base indifférente • di 8^ m
dere des Wesens : 47. tige Grundlage •
autre de l’être-là (T) : das An- 118, 223. .né, l66-
dere des Daseins .* 49.
autre de soi(-même) (1) •
Andere seiner (selbst) : 32,
Bswa»** - *** *
autre (quelque-chose d’) : etwas
anderes, autre (un) : ein an- 244, 261. ; 92, 120,
I
deres : 1, 3, 5, 9 sqq., 15, but : Zweck
19, 23, 29, 32, 40, 47, 52 sq.,
55, 60, 64, 70, 74, 78, 90, ; 271- Cf. rep°s
calme ; ruhig ,, ; 35, 35.
97 sq., 100 sq., 102 sq., 105, fl(en-)*
111, 116 sq., 120, 126, 129 KateSor'e
catégorie1 Z70’27**. Ct.*& . f
sq., 133, 136, 139, 151, 155 76, 160kausal ■ substantif
sqq., 158, 172, 176, 181, 183, f
causal : usale,
187, 189 sq., 194, 196, 219, stance ca
-■ . q2 275,
237 sq., 240 sq., 247, 24y, caU1-fle* Kausal^ 286
253 sq., 256 sq 259 sqq., usahte • 282 s(ï"
266, 271, 273, 276 sq., 279, 278 sq->
284, 286 sqq., 289 sq., 294.
APPENDICES

sqq., 292, 293 sqq. Cf. relation- chemin du savoir : der Weg des
de-causalité, relation de la cau­ Wissens : 2.
salité. chose : Ding : 13, 37, 55 sqq.,
causalité agissante : die wirkende 80 sqq., 85 sq., 115, 119,
Kausalitat : 287, 290. 146, 153-177, 180, 184, 192,
causalité conditionnante : die be- 211, 212, 241, 256, 268, 273,
dingende Kausalitat : 293. 281, 283. Cf. abstraction de la
causalité conditionnée : die be- chose.
dingte Kausalitat : 292 sq. chose abstraite : das abstrakte
causalité contingente : die zufal- Ding : 166.
lige Kausalitat : 278. chose-de-pensée : Gedankending :
causalité déterminée : die be- 155.
stimmte Kausalitat : 278-287, Chose : Sache : 86, 124, 136,
291. 137 sq., 140 sqq., 218 sqq.,
causalité extérieure (à soi- 221, 256 sq., 258, 264, 279
même) : die (sich selbst) sq.
ausserliche Kausalitat : 284 Chose en et pour soi-même :
sqq. Sache an und für sich selbst :
causalité formelle : die formelle 124.
Kausalitat : 275-278, 286 sqq. Chose en soi (-même) : Sache
causalité mutuelle : die gegen- an sich (selbst) : 91, 135.
seitige Kausalitat : 293. Chose inconditionnée : die unbe-
causalité originaire : die urspriing- dingte Sache : 136, 140 sq.
liche Kausalitat : 294.
Chose même : Sache selbst : 123,
cause : Ursache : 92, 162, 275 138, 140, 221, 258.
sqq., 278 sqq., 281 sqq., 285
chose en soi, chose-en-soi : Ding
sqq., 288 sqq., 291 sqq., 294 an sich, Ding-an-sich : 12, 13,
sqq. Cf. identité de la cause et
de l’effet, relation de cause et 154-170.
(à) effet. chose-en-soi abstraite : das ab­
cause agissante : die wirkende strakte Ding-an-sich : 159,
Ursache : 289, 291. 163.
cause de soi-même : Ursache sei- choséité : Dingheit : 161, 164 sq.,
ner selbst : 239. 167, 173, 185.
ceci, ceci (le, un) : dieses, das circonstance : Umstand : 95,
Dieses, ein Dieses : 171, 173 115, 122, 138, 256 sq., 260,
sq., 176, 186. 281.
cercle des conditions : der Kreis cohérence : Coharenz, Zusam-
der Bedingungen : 259. menhang, cohérence (être en) :
cercle rétabli de l’être : der wie- zusammenhangen : 182, 189,
derhergestellte Kreis des Seins: 245. Cf. cohésion et con­
138. nexion.
changement : Veranderung : 33, cohésion : Zusammenhang : 294.
78, 83, 159 sqq., 163, 170, Cf. cohérence et connexion,
191, 195, 210, 241, 243 sq. coïncider, coïncider avec soi
Cf. sphère du changement, (-même), le coïncider, le coïn­
changement-formel : Formveràn- cider avec soi (-même) : zu-
derung : 280. sammengehen, zusammenge-
changer, se changer : verandern, hen mit sich (selbst), das Zu-
sich verandern : 43, 76, 163, sammengehen, das Zusammen-
187, 190, 210, 281, 291. gehen mit sich (selbst) : 20 sq.,
chemin : Weg : 1. 23, 26, 74, 76, 106, 137,

314
»!

INDEX DES MATIÈRES :


I:
189, 194, 238, 254, 259, 263, concept simple : der einfache
265, 267, 290, 294. Begriff : 47, 64.
commencement : Anfang : 2, 22, concept spéculatif : der spécula­
44, 114, 206, 221 sq., 232 sq., tive Begriff : 245.
239, 241. concept-intégratif : Inbegriff :
commencer : anfangen : 20, 23, 3, 85.
25, 27, 29, 74 sq., 93, 95, concept-intégratif de toutes les
110, 114, 139, 152, 210, 218, réalités : Inbegriff aller Reali-
233, 236 sq., 239 sq., 242, tdten : 3, 85, 149.
260 sq., 271, 276 sq., 282, concept-intégratif de toutes les
284 sqq. négations : Inbegriff aller Ne-
comparaison : Vergleichung : gationen : 85.
53, 64, 76 sqq., 82, 122, 127, concevoir : begreifen : 174.
179, 215, 251, 258. concret, le concret : konkret, das
comparer : vergleichen : 26, 53, Konkrete, un concret : ein
54 sq., 59, 76, 94. Konkretes : 43, 86, 119, 121
compénétration : Durchdringung : sqq., 186.
147, 172, 174, 176. condition : Bedingung : 91, 129-
compénétrer, le compénétrer : 144, 148, 160, 189, 204, 210
durchdringen, das Durchdrin- sqq., 247, 256 sq., 258, 260
gen, se compénétrer : sich sq., 265, 273, 280, 289, 292.
durchdringen : 172, 174, 175 Cf. cercle des conditions (le),
sq., 218, 264. condition absolue : die absolute
complet : vollstandig : 42, 183, Bedingung : 136.
230, 242. Cf. fondement com­ conditionné, le conditionné : be-
plet, réflexion complète, dingt, das Bedingte : 28, 110,
compléter (se) : sich vervoll- 131, 136, 148, 204, 207, 213,
stcindingen : 249. 216, 287, 293. Cf. causalité
comporter (se) : sich verhalten : conditionnée, fondement con­
103 sq., 122, 127, 157, 165, ditionné.
236, 286, 288, 292. Voir : conditionner : bedingen, se con­
relation (être en), ditionner : sich bedingen : 91,
comportement : das Verhalten : 129 137 sq., 201, 204, 214,
137, 192. 258^ 287, 293. Cf. causalité
composer : zusammensetzen : conditionnante.
208. connaissance : Erkenntnis : 1, Va
76, 79, 114, 150, 239. Cf.
composition extérieure : aussere Doctrine de la connaissance,
Zusammerisetzung : 208. connaissance médiatisée : die v
concept : Begriff : 6, 27, 39, mittelte Erkenntnis : 14*
65, 67, 77, 79, 82, 85, 86, 92, connaître, le connaître •
114, 124, 136, 149, 175 sqq., nen, das Erkennen : 2, 38,
188, 200 sq., 207, 214, 221
sq., 223, 238 sq., 242, 244,
269, 294, 296. ’. . Zusamtnenheng ■
concept absolu : der absolute Be­ C"l95,'257. Cf. cohérence,
griff, concept de l’absolu :
der Begriff des Absoluten : cohésion. Isein : 27,
149, 238 sq., 294. conscience • ^51 162 sq.,
concept de Dieu : der Begriff 42 sq-, 7o,
Gottes : 149 sq. l92* — . Folge, Ko»*
conséquence • ^
concept immédiat : der unmittel-
bare Begriff : 201, 223, 269. quenz : 1

315
APPENDICES

conservé : aufbewahrt : 243. sqq., 260 sq., 280. Cf. causa­


contenu : Inhalt : 11 sq., 13, 28, lité contingente, détermination
36, 41, 45, 84 sq., 91 sq., contingente, effectif déterminé
106-108, 109 sq., 111, 112 sq., comme contingent (1’), effecti­
116, 117, 118 sqq., 122 sqq., vité contingente, être contin­
125 sq.. 127, 130, 132 sq., 123, gent, être-là contingent,
135, 138 sq., 145, 162, 171, continuité : Kontinuitàt : 153,
182 sqq., 185 sqq., 188 sq., 165 sqq., 207 sq.
191, 193, 194, 197 sqq., 216, contradiction : Widerspruch : 34,
218, 223 sqq., 227, 230, 232 37, 39, 45 sq., 52, 58, 67,
sqq., 237 sq., 243 sq., 247, 69-76, 80, 98, 100, 102 sq.,
250 sq., 255, 257 sq., 260 sqq., 132, 174 sqq., 177, 180, 183,
264, 267, 271 sqq., 278 sqq., 194, 207 sqq., 250 sq., 258,
281 sq., 283, 286. Cf. dépour- 266. Cf. proposition de la
vu-de-contenu, détermination- contradiction.
de-contenu, différence du con­ contradiction absolue (dans soi-
tenu et de la forme, plein-de- même) : der absolute Wider-
contenu. spruch (in sich selbst) : 85,
contenu de la loi : Inhalt des 294.
Gesetz : 185 sq., 189 sq., contradiction absolue du négatif :
197. der absolute Widerspruch des
Contenu déterminé : der be- Negativen : 71.
stimmte Inhalt : 36, 91, 108 contradiction dissoute : der auf-
sq., 111, 183, 258, 261, 267, gelôste Widerspruch : 86.
271. contradiction immédiate en elle-
contenu du phénomène : Inhalt même : der unmittelbare Wi­
der Erscheinung : 182, 189, derspruch an ihm selbst : 203.
193, 199. contradiction la plus formelle :
contenu essentiel : der wesent- der formellste Widerspruch :
liche Inhalt : 118 sq., 135, 229.
182 sq. contradiction posée : der ge-
contenu identique (à soi) : der setzte Widerspruch : 71.
(sich) identische Inhalt : 111, contradiction seulement en soi :
121, 186, 194, 196 sq., 283. nur an sich Widerspruch : 71.
contenu indifférent : der gleich- contradictoire, le contradictoire :
gültige Inhalt : 118, 126, 187 widerspriichlich, das Wider-
sq., 197, 257. sprüchliche : 39, 81 sq., 86 sq.,
contenu inessentiel : der unwe- 104, 176, 250. Cf. sphère
sentliche Inhalt : 118, 183, 185 contradictoire.
sq. contraire : Gegenteil : 39, 43
contenu (varié) divers : der (man- sq., 49, 55, 70, 72, 84, 112,
nigfaltige) verschiedene In­ 124, 172, 176, 190, 221, 251,
halt : 11, 117, 119, 122, 124, 253, 257, 261.
138, 183, 187, 190, 193 sqq., contrecoup : Gegenstoss : 23, 89,
197, 243, 255, 279, 283. 114, 156, 158, 259.
contingence : Zufalligkeit : 82, contredire (se) : sich widerspre-
86, 119, 121, 123, 150, 236, chen : 37, 44, 58, 74 sq., 87,
248, 252, 254, 261, 262 sqq., 172, 250, 256 sqq.
266, 267, 270, 295. convertir, se convertir : umschla-
contingent, le contingent : zufàl- gen, l’acte-de-se convertir : das
lig, das Zufàllige : 45, 86, 92, Vmschlagen : 36, 253 sqq.,
99, 122 sq., 191, 232, 252 261, 263, 265, 270.

316
INDEX DES MATIÈRES

109 sqq., 116 sq., 118, 125, 254* , ,


197 128 139 sqq., 135 sqq., dcpourvu-de-force : kraftlos :
138 sq.,’149, 154. 160, 167, 169,211
180, 182 sqq., 187 sq., 190 depourvu-de-forme : formlos
sq., 193 sqq., 197 sqq., 200 9;8 sq. 135, US, 272. Cf. to-
sqq., 203 sqq., 206, 210 sq., allte depourvue-de-forme de
218, 220, 222. 224, 232, 234 la variété. #
sq., 249, 253, 269, 283, 285, depourvu-de-pensee : gedanken-
293, 295. Voir : aspect. los : 37’/üy*,« . . ^
créer : erschaffen : 244. 272. depourv11 - de -,refleX1,on . re -
aitique de la Judiciaire : KrUlk verhaltnis-
der Urteûskraft : 26. ^ . 230, 250.
dépourvu-d’essence, le dépourvu-
débuter (le) : das Beginnen : 44. d’essence : wesenlos, das We-
déclin : Untergang : 152. senlose : 19, 140, 179,191,196.
décomposer (se) : zerfaüen : 49, Cf. détermination dépourvue-
104, 119, 154, 295. d’essence, être dépourvu-d es-
découler : foîgen, erfolgen : 123
sq.
sence, existence dépourvue-
d’essence, phénomène dépour­
déduire, le déduit : ableiten, das vu-d’essence, réflexion dépour-
Abgeleitete : 113 sqq., 239.
vue-d’essence.
tsss,•XS,’..«S «g...*■■■■»-> : beste-

totalitdts-
demeurer-dans-soi : insichblei-
los : 236.
ben : 21. dépourvu-d’unité : einheitslos :
déployer (se) : verlaufen : 95,
136, 138.
116, 279. 286.
détermination : Bestimmung : 1»
dépourvu-d’apparence : schein- 3, 4 sq., 6, 7, 10, 12 sqq., 24
los : 266. Sqq. 27 sq., 30 sq., 34 sqq.,
dépourvu-de-conscience : bewus- 39 sqq., 44, 48 sq., 50, 52, 54
stlos : 192. sqq., 57, 59 sqq., 63 sqq., 66
dépourvu-de-contenu : inhalts- sqq., 69 sqq., 73 sqq., ™ sqq.,
los : 117, 221. 79 sqq., 83, 84 sqq., 88, 89 sq.,
dépourvu-de-détermination : be-
92, 94 sqq., 97 sqq., 100 sq.,
stimmungslos : 227. Cf. base 103 sqq., 106, 108, 110 sq.,
dépourvue-de-détermination.
113 sq., 115, 116, 118 sqq-,
dépourvu-de-différence : unter- 121 sqq., 124 sqq-, 128, 130
schiedslos : 99. sq., 136, 138 sq., 141, 146,
dépourvu-d’effectivité : wirklich- 149, 151, 153 sqq-, 158 sqq.,
keitslos : Cf. être-en-soi dé­ 162 sqq., 168, 173, 176, 18 ,
pourvu-d’effectivité. 186, 188, 190, 192 sqq., 196,
dépourvu-de-figure : gestaltlos : 200, 202, 207 sqq., 210 sqq.,
Cf. essence dépourvue-de-fi- 214 sqq., 218 sqq., 220 sq.,
.gure> i 223, 229 sqq., 233 sqq., 236
dépourvu-de-fondement, le A'
oe-
pourvu-de-fondement : grund- sq., 239, 240-1, 242 sq., 245
sqq., 248 sqq., 251 sqq.,
los, das Grundlose, quelque 254 sq., 256 sqq., 262 sqq.,
chose de (quelque chose qui

317
APPENDICES

267, 269, 272 sq., 276, 279 sq., 117 sq., 119, 123 sqq., 126
283 sqq., 287, 289 sq., 294. Cf. sq., 128 sq., 173, 180, 184, 187
exposition des déterminations, sq., 191, 194 sq., 236, 251,
détermination absolue de l’es­ 257, 272, 282-3.
sence : die absolute Bestim- détermination-de-forme, détermi­
mung des Wesens : 82. nation-formelle : Formbestim-
détermination agissante : die wir- mung : 95, 97, 99 sq., 105,
kende Bestimmung : 281. 107, 133, 146, 185, 205, 214
détermination contingente : die sq., 218 sq., 228-9, 231, 234,
zufallige Bestimmung : 263. 249-50, 251, 255, 257, 264,
détermination de l’absolu : Bes­ 272, 282 sq., 286, 288.
timmung des Absoluten : 230, détermination-de l’être-là : Da-
240, 246. seinsbestimmung : 115.
détermination de l’essence : Bes­ détermination-de-réflexion : Re-
timmung des Wesens : 4, 6, flexionsbestimmung : 8, 30,
14, 82, 88, 152. 31 sqq., 34 sqq., 37, 62, 78,
détermination dépourvue-d’es- 79, 81, 88 sq., 91, 93, 95 sq.,
sence : die wesenlos Bestim­ 98, 106, 138, 141, 200, 219,
mung : 246. 265, 271.
détermination essentielle : die détermination-de-réflexion auto­
wesentliche Bestimmung : 28, nome : die selbstandige Re-
35, 82, 88, 122 sq., 130. flexionsbestimmung : 69 sq.,
détermination excluante : die 95.
ausschliessende Bestimmung : détermination-réciproque : Wech-
73. selbestimmung : 281.
détermination extérieure (indiffé­ déterminations - relationnelles :
rente) : die (gleichgiiltige) cius- Verhàltnisbestimmungen : 83.
serliche Bestimmung : 85, 107, déterminé, le déterminé : be-
119, 122, 126, 166, 168, 233, stimmt, das Bestimmte, un dé­
254, 284. terminé : ein Béstimmtes : 2
détermination - fondamentale : sq., 10 sq., 13, 15, 25, 27, 31,
Grundbestimmung : 119, 132, 33, 37, 55, 60, 62 sqq., 68, 75
161, 244. sq., 79 sq., 85 sq., 88 sq., 93,
détermination immédiate : die 95 sq., 98 sqq., 101 sqq., 104
unmittelbare Bestimmung, dé­ sqq., 108, 111, 113, 120 sqq.,
termination de l’immédiateté : 127, 132, 138 sqq., 141, 154
Bestimmung der Unmittelbar- sq., 156,158 sqq., 161,163 sqq.,
keit : 5, 13, 28, 90, 115, 117, 168, 171, 175, 183, 184, 186,
128, 151, 154, 248, 270, 286. 190 sqq., 194 sqq., 197 sq.,
détermination réfléchie dans soi : 205, 208, 210 sqq., 214 sqq.,
die in sich reflektierte Bes­ 218 sqq., 227, 230, 233 sq.,
timmung : 5, 28, 34, 112, 237, 240 sq., 243, 248 sqq.,
115, 163, 200, 206,^ 231. 251 sq., 254 sq., 257 sqq., 260
détermination sursumée : die auf- sqq., 263, 266, 272, 274, 276
gehobene Bestimmung : 81, sq., 280, 285, 296. Cf. absolu
89, 146, 234. déterminé, base déterminée,
déterminations variées : die man- causalité déterminée, contenu
nigfaltigen Bestimmungen : déterminé, différence détermi­
112, 121 sqq., 156, 162, 206, née, effectif déterminé fl’), ef­
231, 255, 283. fectif déterminé comme con­
détermination-de-contenu : In- tingent (P), effectivité déter­
haltsbestimmung : 113, 116, minée, essence déterminée, es-

—i
318
,
:
3'.
!
!
INDEX DES MATIÈRES I1
sentialité déterminée, être-là déterminité immédiate, détermi-
déterminé, fondement déter­ nité (pure) de l’immédiateté :
miné, fondement-originaire dé­ die unmittelbare Bestimmtheit,
terminé, identité déterminée, die (reine) Bestimmtheit der
non-déterminé (le), rapport dé­ Unmittelbarkeit : 12 sq., 16, «
terminé, relation-de-causalite 35, 71, 109, 139, 159.
déterminée. déterminité (immédiatement) ex­
déterminant (le) : das Bestim- térieure : die (unmittelbar)
mende : 97, 276. iiusserliche Bestimmtheit : 5,
déterminer, le déterminer : be­ 169.
déterminité parfaite : die voll-
stimmen, das Bestimmen, se kommene Bestimmtheit : 167
déterminer : sich bestimmen :
2, 3 sq., 7 sq., 10, 15, 17, 23, sqq.
déterminité simple : die einfache
25 sqq., 28, 32, 46, 49 sq., 54, Bestimmtheit : 47, 111, 230,
69, 72 sqq., 75, 80 sq., 88,
296.
89, 90, 97 sqq., 101 sq., 104, déterminité-de-réflexion : Re-
106, 117, 119, 125, 129, 136, flexionsbestimmtheit : 89, 96.
139 sq., 146, 153, 161 sqq., développement : Entwicklung :
166 sq., 170, 173, 178, 180, 222, 242, 245, 250.
184, 187, 204, 213, 216, 219, développer : entwickeln : 13, 43,
224 sq., 227, 229, 231, 233, 81, 222, 247, 257, 281.
235, 237 sqq., 240, 246 sq., devenir, le devenir : werden, das
251, 264, 269, 272 sq., 275 Werden : 5, 6, 9, 16 sqq., 22,
sqq., 279, 281 sqq., 284 sqq., 104, 139 sq., 141, 167, 169,
287 sq., 290. Cf. forme déter­ 210, 218, 231, 241 sq., 247,
minée, judiciaire déterminée, 254, 260, 263, 267, 269 sqq.,
poser déterminé (le), réflexion 274, 276, 287, 290, 292, 294.
déterminée. devenir (propre) de l’être (lp) :
déterminité : Bestimmtheit : 3, das (eigene) Werden des Seins :
4 sq., 11, 13 sq., 15, 16 sq., 20, 139, 160, 232.
23, 28 sqq., 31, 33, 35 sqq., devenir-autre (le) : das Anders-
41, 47 sq., 50, 52, 54, 59 sq., werden : 217, 287.
62 sq., 65, 75, 78, 80, 88, Dieu : Gott : 44, 121, 148-152,
90 sqq., 93, 94, 96, 102, 108, 223, 245. Cf. concept de Dieu,
109, 111, 116, 130, 157 sqq., fondement objectif de 1 exis­
161 sqq., 168, 169, 171 sq., tence de Dieu, preuves de
176, 183, 191, 201, 205, 211, l’existence de Dieu, preuve on­
215 sq., 219 sq., 222, 224, 230, tologique de l’existence de
233, 235, 237 sq., 239, 241,
243, 257, 260, 262, 267, 271, devenir-déterminé (le)
I
276 sqq., 282, 284, 285, 288 stimmtwerden : 101, 103, 105,
sq., 295 sq. 170, 290.
déterminité absolue : die abso- devenir-posé (le) : das Gesetzt-
lute Bestimmtheit : 170. werden : 140, 290.
devoir-être, le : soUen>
déterminité de (la sphère de)
l’être : Bestimmtheit (der das Sollen : 103, 251. _
dialectique (la) : die Dialekhk .
5phare) des Seins : 3 sq., 12,
15, 35, 38, 138 sq., 271. Hifféfêace : Unterschied 10
déterminité de l’identité (à soi) : Sq Ï6 34, 39sq.,45, 46 sqq.,
Bestimmtheit der Identitàt (mit 52, 54, 58 sqq., 85,
sich) : 100, 235. 49 sqq-,

319
12
APPENDICES

96, 98, 109, 120, 142, 154, différencier (distinguer) : un-


157, 164 sq., 167 sqq., 174, terscheiden, se différencier (se
177, 180, 183, 185, 196 sq., distinguer) : sich unter-
199, 202, 215, 217, 223 sq., scheiden : 4, 10, 14, 17,
231 sq., 238, 241, 250, 255, 36, 40, 45, 47, 49, 57, 60,
264 sq., 268 sq., 273, 274, 64, 68, 70, 78, 80, 95 sqq.,
283, 293 sqq. 98, 126, 153 sqq., 163 sqq.,
différence absolue : der absolute 167 sqq., 180, 185, 195, 206,
Unterschied : 40 sq., 45, 46 212, 235, 247, 255, 257, 265
sqq., 49, 51, 72.^ sq., 268 sq., 273, 275, 278,
différence déterminée : der be- 294 sqq.
stimmte Unterschied : 5, 64, différent (distinct) : unterschie-
86. den : 6, 11, 15, 23, 32 sqq.,
différence du contenu et de la 36, 38, 43 sqq., 46 sq., 49,
forme, différence entre forme 52, 76, 78, 84, 86, 94 sq.,
et contenu : Unterschied des 100, 109, 116 sq., 119, 120
lnhalts und der Form, Unter­ sq., 122 sq., 126, 152, 154,
schied zwischen Form und In- 157 sq., 161, 167, 184 sq.,
halt : 237, 264, 273. 192, 205, 216, 234, 243 sq.,
différence essentielle : der we- 256, 260, 267, 286. Cf. non-
sentliche Unterschied : 85, différent.
102. diriger au gouffre (se) : sich zu
différence extérieure (ou indiffé­ Grunde richten : 73, 78. Voir :
rente) : der ausserliche (oder aller au gouffre.
gleichgültige) Unterschied : 34, discourir (le) : das Reden : 44,
51, 53, 55 sq., 174, 279. 111.
différence formelle, différence disparaître (en soi-même) : (an
de la forme : der formelle sich selbst) vergehen, ver-
Unterschied, Unterschied der schwinden : 38, 40, 44 sqq.,
Form : 114, 117 sq., 224, 248, 53, 72, 78, 119, 137, 140, 142,
260. 150 sq., 165, 170, 174, 182,
différence indifférente : der gleich­ 184, 207 sqq., 210, 231 sq.,
gültige Unterschield : 34, 51, 235, 241, 243, 245, 259, 264,
164. ' 267, 269, 271 sqq., 274, 276,
différence réfléchie (dans soi) : 278, 287, 293 sqq. Cf. ^ sphère
der (in sich) reflektierte Un­ du surgir et du disparaître.
terschied : 32, 40, 47 sq., 56, dispersé : cf. effectivité non ré­
► 164, 196. fléchie dans soi, dispersée.
• différence simple : der einfâche disposition : Beschaffenheit :
Unterschied : 45, 47, 51, 183.
159.
différence vide ou extérieure : dissoluble (le) : dos Auflôsbare :
der leere oder ausserliche Un­
terschied : 217, 228. nO.
dissolution : Auflôsung : 44, 52,
différence-formelle : Formun-
56 85 sq., 95, 170 sq., 184,
terschied : 116, 231, 278, 285.
différenciable : unterschiedbar : 189, 242, 250, 264.
dissolution du phénomène : Auf­
86. lôsung der Erscheinung r 195-
■ différenciation Unterschei-
dung : 97, 154, 245. Cf. état- 198.
de-différenciation. dissoudre, se dissoudre : auflô-
différencié, le différencié : unter- sen sich auflôsen : 58, 72,
schieden, das Unterschiedene, 75, 83, 88, 100, 176, 186, 211,

320

i
INDEX DES MATIÈRES

229, 235, 237 sq., 256. Cf. gent (1’) : das Wirkliche be-
contradiction dissoute. stimmt als zufàllig : 253.
divers, le divers : verschieden, effectif nécessaire (1*) • das not-
das Verschiedene : 37, 41, 44, wendige Wirkliche : 271.
49 sqq., 52, 54-58, 62, 64 sqq., effectif réel (1*) : das reale Wirk­
84 sqq., 102, 107, 121 sq., 126, liche : 260.
142, 149, 157, 163, 180, 184, effectivité, Effectivité : Wirklich-
187, 189 sqq., 198, 205 sq., keit ; 6, 115, 146, 225, 227,
212 sq., 218 sq., 235, 243, 245, 238, 246 sqq, 249, 252 sqq.,
255, 265, 278, 280, 282 sq., 255 sqq., 258 sqq., 261, 262
287. Cf. contenu (varié) di­ sq.. 265 sq., 272 sq., 277, 289.
vers. Cf. être-en-soi de l’effectivité
divers autonome (le) : das selb- réelle, unité de la possibilité et
standige Verschiedene : 173, de l’effectivité.
205. effectivité absolue : die absolute
diversité : Verschiedenheit : 34, Wirklichkeit : 228, 248, 262,
37, 39, 41 sq., 43 sqq., 48, 268.
49-54, 54-58, 69, 80 sq., 85, effectivité absolue égale à soi-
96, 120 sq., 139, 156, 158, 166, même : die sich selbst gleiche
180, 183 sq., 196, 224, 231, absolute Wirklichkeit : 269.
effectivités absolument effecti­
247, 258, 294.
ves : absolut wirkliche Wir-
diversité indifférente : die gleich- klichkeiten : 267.
giiltige Verschiedenheit : 39, effectivité contingente : die zu-
54, 199, 250, 271. fallige Wirklichkeit : 253.
divisibilité : Teilbarkeit : 207. effectivité déterminée : die be-
division : Division : 67 sq. stimmte Wirklichkeit : 257.
Doctrine de la connaissance : effectivité formelle : die formelle
Lehre der Erkenntnis : 150. Wirklichkeit : 252, 257, 259.
Doctrine de l’essence : Lehre des effectivité immédiate : die unmit-
Wesens : 145. telbare Wirklichkeit : 248,
Doctrine de l’Etre : Lehre des 253, 257 sq., 261, 270, 272,
Seins : 145. 279.
dogmatique : dogmatisch : cf. effectivité indifférente : die
réflexion dogmatique. gleichgiiltige Wirklichkeit :
donné, un donné : gegeben, ein 267, 278.
Gegebenes : 13, 26 sqq., 114, effectivité libre : die freie Wirk­
239, 279. lichkeit : 266, 294 sq.
droit : Recht : 267. effectivité non réfléchie dans soi,
dispersée : die in sich njçht
effectif, l’effectif : wirklich, das reflektierte, zerstreute Wirk­
Wirkliche, quelque chose d’ef­ lichkeit : 257.
fectif : ein Wirkliches : 202, effectivités P-^res absolues :^
247 sq., 252 sqq., 256, 258, ue ersten
261, 271, 277, 283. Cf. sub­ keiten : -267.
stance effective. effectivité réelle : die reale
effectif comme tel est possible Wirklichkeit : 248’ sqq.\ .
effectivité réfléchie (dans so ) .
G’) : das Wirkliche als solches die (in sich) reflektierte Wirk-
ist môglich : 252.
lichkeit : 249, 252, 257.
effectif déterminé (1’) : das be- effectivité substantielle '. die sub­
stimmte Wirkliche : 260. stantielle Wirklichkeit : 291.
effectif déterminé comme contin­

321 m
'> ■J
APPENDICES

effectivité sursumée : die auf- (1’), dépourvu-d’essence, déter­


gehobene Wirklichkeit : 252. mination de l’essence, détermi­
effet : Wirkung : 160, 275 sqq., nation absolue de l’essence,
278 sqq., 281 sqq., 285 sq., Doctrine de l’Essence, être
287 sqq., 291 sq., 293, 294. comme essence (T), être est
Cf. identité de la cause et essence (1’), être rétabli par
de l’effet. l’essence (T), identité de l’être
égal, l’égal : gleich, das Gleiche, et de l’essence, médiation de
égal à soi (-même) : sich l’essence avec l’existence, mou­
(selbst) gleich : 22, 29, 33, 37 vement de l’essence, paraître
sq., 52, 53, 54 sq., 57, 196, de l’essence dans soi-même
205 sq., 218, 269. Cf. effecti­ (le), réflexion de l’essence,
vité absolue égale à soi-même, sphère de l'Essence, unité de
égalité ’. Gleichheit : 51 sq., l’essence et de l’existence,
53 sq., 55 sqq., 58, 59 sq., 84, unité ultime de l’essence et
205. de l’être.
égalité de la négation avec soi : essence absolue : das absolute
Gleichheit der Négation mit Wesen : 4, 150 sq.
sich : 18. essence de l’absolu : das Wesen
égalité (simple) avec soi des Absoluten : 240.
(-même) : die (einfache) mit essence autonome : das selb-
sich (selbst) Gleichheit : 9, 14, standige Wesen : 1S.
18 sqq., 22, 29, 31, 32, 38, essence comme fondement : das
39, 41, 145. Wesen aïs Grand : 93.
égalité vide avec soi : die leere essence dépourvue-de-figure :
mit sich Gleichheit : 46. das gestaltlose Wesen : 227.
élément : Elément : 31, 271. essence déterminée : das be-
élément de l’être : Elément des stimmte Wesen : 34, 95 sq.,
Seins : 138. 121.
émanation : Emanation : 242. essence est être (1’) : das Wesen
empiriquement : empirisch : 240. ist Sein : 145.
en soi, l’en soi : an sich, das An- essence identique (à soi) : das
sich : 30, 32, 63 sq., 88 sq., (mit sich) identische Wesen :
136. 75 sq., 89, 93, 98, 120, 146.
entéléchie : Entelechie : 243.
entendement : Verstand : 239, essence immédiate (en soi-
même) : das (an sich selbst)
249 sq. unmittelbare Wesen : 10, 16,
espèce : Art : 149. 152.
esprit absolu : der absolute
essence pure : das reine Wesen :
Geist : 223. 3 sq., 265.
essence : Wesen : 1 sqq., 7 sqq., essence qui est identique à soi
10 sq., 14 sqq., 17 sq., 19, 21, dans son être-posé : das We­
22, 23, 27, 29, 30 sq., 32, 34, sen, das in seinem Gesetztsein
38 sq., 47, 74 sq., 88 sqq., 91, mit sich identisch ist : 107.
93 sqq., 96 sqq., 99, 102, 105
essence simple : das einfâche
sq., 116, 138, 141, 145, 146,
151 sq., 178 sq., 192, 199, Wesen : 74, 97, 100, 118, 149.
218, 220, 222, 223 sq., 225, essentialité : Wesentlichkeit : 8,
227, 229 sq., 231, 233, 239 sq., 31, 33 sq., 91, 111, 133 sq.,
247, 251, 265 sqq., 268, 271, 142, 146, 179, 180 sq., 188,
288. Cf. abstraction de l’es­ 219, 250 sq. Cf. unité de l’ex­
sence pure, autre de l’essence tériorité et de l’essentialité.

322
INDEX DES MATIÈRES ;
essentialité déterminée : die be- ment de l’être, essence est
stimmte Wesentlichkeit : 256. être (1’), identité de l’être et de
essentialité positive : die positive l’essence, immédiateté de l’être,
Wesentlichkeit : 182, 188. négativité absolue de l’être,
essentiel, l’essentiel : wesentlich, non-être, première négation de
das Wesentliche, un essentiel, l’être, sphère de l’Etre, unité
quelque chose d’essentiel : ein de l’être et de la réflexion,
Wesentliches : 9 sqq., 27, 31, unité ultime de l’essence et de
42, 85, 122, 124, 146, 154, l’être, vérité de l’être,
165, 180, 183 sq., 200, 283. être absolu : das absolute Sein :
Cf. apparence essentielle, au­ 237.
tonomie essentielle, contenu es­ être apparaissant : das erschei-
sentiel, détermination essen­ nende Sein : 146.
tielle, différence essentielle, être autonome (un) : ein selb-
être essentiel, être-là essentiel, stdndiges Sein : 63.
existence essentielle, forme es­ être comme essence (1’) : das Sein
sentielle, identité essentielle, als Wesen : 29.
immédiateté essentielle, mo­ être comme négativité pure (1’) :
ment essentiel, moment de das Sein als reine Negativitàt :
l’essence, monde essentiel, né­ 29.
gativité essentielle, phénomène
essentiel, rapport essentiel, re­ être contingent : das zufallige
Sein : 87.
lation essentielle, totalité es­
sentielle du phénomène, unité être dépourvu-d’essence : das we­
essentielle. sen lose Sein : 9.
étant (1’) : das Seiende : 31, 37 être de l'absolu : Sein des Absolu-
sq., 192, 254. Voir : qui-est, ten : 87.
qui-sont. être du fini : Sein des Endli-
étant dans soi (1’) : das in sich chen : 87.
Seiende : 33. être est essence (1’) : das Sein
étant immédiat (1’) : das unmittel- ist Wesen : 145.
bare Seiende : 27. être essentiel : das wesentliche
état-de-différenciation : Unter- Sein : 145, 146.
schiedenheit : 45, 53, 101, être étant en soi : das an sich
116. seiende Sein : 172.
étendue : Ausdehnung : 239 sqq. être immédiat : das unmittel-
étranger : fremd, quelque chose bare Sein : 1, 9, 11, 16, 29,
d’étranger : ein Fremdes : 28, 47, 49,142,148, 185, 192, 211,
162, 290. Cf. autonomie étran- 222, 260.
gère. être immédiatement existant G’) :
être : Sein : 1 sq., 3, 4, 6 sq., 9 das unmittelbar existierende
sqq., 12, 13 sqq., 16,17 sq., 22, Sein : 248.
24, 27, 28 sq., 31, 37, 38, être intemporellement passé G ) ’•
59, 60, 64, 67, 85 sq, 88, 95, das zeitlos vergangene Sein : 2.
133, 139, 141 sq, 145, 154, être médiatisé : das vermittelte '■

i-
192, 220, 224, 229, 230, 233, Sein : 155. .. .. i

239 sq, 242, 244, 247 sq, 251 être originaire : das ursprungli- :
sq-, 253 sq, 264 sqq, 267, che Sein : 295. <
269 sqq, 294 sq. Cf. cercle
rétabli de l’être, déterminité
de l’être, devenir (propre) de
l’être, Doctrine de l’Etre, élé­
être pur : das reine Sein : 2, Z2i,
223, 265, 288. .
être réfléchi dans soi G) : das
in sich reflektierte Sein : 248.
II
323
Il:
APPENDICES

être rétabli par l’essence (1’) : das être-en-soi dépourvu-d’effectivi-


dureh das Wesen wiederher- té : das wirklichkeitslose An-
gestellte Sein : 90. sichsein : 254.
être se sursumant : das sich auf- être-en-soi d’un être-autre : das
hebende Sein : 145. Ansichsein eines Andersseins :
être sursumé : das aufgehobene 259.
Sein : 9 sqq., 29. être-en-soi identique à soi : das
être vrai : das wahre Sein : mit sich identische Ansich­
231. sein : 133.
être-autre (1’) : das Anderssein : être-en-soi piein-de-contenu : das
4, 11, 20, 32 sq., 38, 46, 49, inhaltsvolle Ansichsein : 256.
60, 116, 130, 146, 149, 191, être-en-soi posé comme être-
251, 285, 288. Cf. être-en-soi posé : das Ansichsein gesetzt
d’un être-autre, monde de als Gesetztsein : 253.
l’être - autre, réflexion dans être-en-soi qui est seulement être-
l’être-autre. posé : das Ansichsein, das nur
être-autre autonome : das selb- Gesetztsein ist : 260.
stdndige Anderssein : 210. être-en-soi réfléchi : das reflek-
être-autre de l’être-là : das An­ tierte Ansichsein : 271.
derssein des Daseins : 47. être-en-soi simple : das einfache
êtire-autre substantiel : das sub­ Ansichsein : 254.
stantielle Dasein : 294. être-en-soi sursumé : das auf-
être-conditionné : das Bedingt- gehobene Ansichsein : 251.
sein : 210, 213.
être-en-soi véritable : das wahr-
être-dans-soi : das Insichsein :
153. hafte Ansichsein : 165.
être-là : Dasein : 2, 4 sqq., 10
être-déterminé : das Bestimmt-
sqq., 29 sq., 47, 93, 122, 130,
sein : 89, 93, 169, 171, 263.
134 sq., 138, 139, 141, 155,
• être-en-dehors-de-soi de l’absolu :
162, 175, 182, 192. Cf. autre
das Aussersichsein des Abso-
de l’être-là (P), être-autre de
luten : 236. l’être-là, sphère de l’Etre-là,
être-en-et-pour-soi : das Anund-
variété de l’être-là.
fürsichsein : 4, 6, 10, 28, 91,
246, 273. être-là (non-) : Nichtdasein : 2.
être-en-relation : das Verhalten : Cf. moment pur du non-être-là.
être-là contingent : das zufallige
100, 157 sqq., 256.
être-en-soi : das Ansichsein : 4, 6, Dasein : 182.
64, 104, 132 sqq., 135 sq., être-là déterminé : das bestimmte
161, 162 sq., 172, 181, 243 Dasein : 7, 132, 149.
sq., 247, 249, 251, 254 sqq., être-là essentiel : das Wesentliche
257, 259 sq., 261 sqq., 264 sq., Dasein : 7.
272, 277, 286, 289, 291, 295. être-là immédiat (varié) : das
être-en-soi absolu : das absolute (verschiedene) unmittelbare
Ansichsein : 3, 14. Dasein : 2, 64, 82, 91, 93,
être-en-soi abstrait : das abstrakte 113, 130, 132 sqq., 135, 140
Ansichsein : 164, 257. sqq., 189, 210, 222.
être-en-soi dans son être-posé : être-là inessentiel : das unwesent-
das Ansichsein in seinem Ge­ liche Dasein : 7, 11, 155, 182.
setztsein : 165. être-là négatif : das négative Da­
être-en-soi de l’effectivité réelle : sein : 183.
das Ansichsein der reellen être-là phénoménal : das erschei-
Wirklichkeit : 256. nende Dasein : 196.

324
!
INDEX DES MATIÈRES

être-là réfléchi dans soi : das in das Insichreflektiertsein : 31


sich reflektierte Dasein : 111. sq., 64, 84, 113, 249, 253 sq.,
être-là sensible : das sinnliche Da­ 279.
sein : 175. être-réfléchi dans soi absolu : das
être-nié : das Negiertsein : 18, absoluie Reflektiertsein in
31, 98. sich : 270.
être-passé dans l’op-posé sans être-réfléchi-dans-soi réfléchi :
retour dans soi : das Ueber- das reflektierte Insich-reflek-
gegangensein ins Entgegenge- tiertsein : 250.
setzte ohne Riickkehr in sich : être-retourné dans soi-même :
236. das Zuriickgekehrtsein in sich
être-posé : das Gesetztsein : 7, selbst : 30.
20, 23 sq., 29 sqq., 32 sq., 41, être-sursumé : das Aufgeho-
- 48, 50, 51, 54, 55, 59, 60 sqq., bensein : 32 sq., 97, 172, 200,
63 sqq., 70, 71 sq., 73 sqq., 77, 263.
89, 93, 94, 95 sq., 98, 102, être-venu au jour : das Hervor-
104, 107 sq., 109, 117, 125, gegangensein : .145.
131, 133 sq., 136 sq., 140, 142, être-vers-le-dehors : das Sein-
146, 155, 158, 160, 164, 175, nach-Aussen : 237.
181, 182 sq., 184, 185 sqq., événement : Geschehen : 242.
188, 189, 190, 193, 197, 203, exclu, l’exclu : ausgeschlossen,
211 sq., 231, 238, 248, 253 das Ausgeschlossene : 70, 75.
sqq., 264, 266, 272, 274, 275 excluant, l'excluant : ausschlies-
sqq., 278, 283, 284 sqq., 288, send, das Ausschliessende :
290, 291, 295. Cf. essence qui 70. Cf. détermination ex­
est identique à soi dans son cluante, rapport excluant, ré­
être-posé (!’), être-en-soi dans flexion excluante, unité-de-
son être-posé, être-en-soi posé réflexion excluante,
comme être-posé, être-en-soi exclure, acte-d’exclure, l’exclure :
qui est seulement être-posé, ré­ ausschliessen, das Ausschlies-
flexion dans soi de l’être-posé. sen : 70, 71 sq.
être-posé étant en soi : das an exclure de soi : aus sich aus­
sich seiende Gesetztsein : 161. schliessen : 63, 70.
être-posé réfléchi dans soi : das exclure (s’), s’exclure (soi-même)
in sich reflektierte Gesetzt­ de soi (-même) : sich aus­
sein : 36, 59, 276. schliessen, (sich selbst) aus
être-posé sursumé : das aufgeho- sich (selbst) ausschliessen : 72,
bene Gesetztsein : 24, 29, 63, 75. Cf. réflexion s’excluant
a 73 sqq., 89, 90, 93, 96, 98
elle-même.
être-posé identique à soi : das existant, l’existant : existierend,
.
mit sich identische Gesetzt­ das Existierende, un existant,
sein : 63, 182, 184, 270, 276 quelque chose d’existant : em
sq. Existierendes : 146, 149, 153
sq., 156, 181, 183, 189, 202
être-pour-soi : das Fürsichsein :
4 sqq. sq , 208, 211 sq. Cf. être un-
existant, monde
être-pour-soi en regard d’un au­ existant,^variété (extérieure)
tre : Fürsichsein gegen ein
Anderes : 269. existante.
existant médiatise par sa néga­
être-réfléchi : das Reflektiertsein, tion (I’) : das Existierende ver-
être-réfléchi dans soi (-même) : mittelt durch seine Négation :
das in sich (selbst) Reflektiert­
sein, être-réfléchi-dans-soi :

Üff
APPENDICES

existence : Existenz : 6, 8, 91, existence véritable : die wahr-


137, 140, 141, 142, 143, 145 hafte Existenz : 192.
sq., 148, 149 sqq., 152 sqq., exister : existieren : 141.
155, 156, 157, 161, 172, 178 expérience : Erfahrung : 82, 149,
sq., 180 sq., 183 sq., 185, 186, 188.
191, 192, 194, 199 sq., 202, exposer, l’exposer : auslegeti, das
203, 211-2, 227, 229 sq., 231, Auslegen : 233, 275 sqq. Cf.
239, 247, 249, 252, 254, 259. réflexion exposante,
Cf. fondement objectif de exposer de l’absolu (1’) : das Aus­
l’existence de Dieu, médiation legen des Absoluten : 233.
de l’essence avec l’existence, exposition : Auslegung : 229, 231
preuves de l’existence de Dieu, sq., 235, 238, 246.
preuve ontologique de l’exis­ exposition des déterminations :
tence de Dieu, proposition de Auslegung der Bestimmungen :
l’existence, totalité de l’exis­ 232.
tence, unité de l’apparence et exposition (propre) de l’absolu :
de l’existence, unité de l’es­ die (eigene) Auslegung des Ab­
sence et de l’existence, vérité soluten : 229 sqq., 232, 236,
(propre) de l’existence. 267.
existence dépourvue-d’essence : extérieur, l’extérieur : ausser,
die wesenlose Existenz : 156. ausserlich, das Aeussere, das
existence essentielle : die wesent- Aeusserliche, quelque chose
liche Existenz : 157, 178, 179, d’extérieur : ein Aeusserli-
180. liches : 2, 3, 5, 9 sq., 24, 27
existence étant en soi : die an sq., 39, 50 sq., 78, 104, 116,
sich seiende Existenz : 168. 118, 122, 131 sq., 142, 155,
existence extérieure : die ciusserli- 161, 163, 164, 166, 168, 170
che Existenz •' 154 sqq. sq., 209 sqq., 212, 213, 214
existence (première) immédiate : sq., 216 sqq., 219, 221 sqq.,
die (erste) unmittelbare Exis­ 224, 227, 228, 230 sqq., 233
tenz : 88, 154, 179, 189, 196 sqq., 238, 239, 246, 253, 284,
sqq., 202 sq., 211 sqq., 214, 289, 292, 293. Cf. abstraction
249, 256, 283 sq. extérieure, apparence exté-
existence immédiate (autonome) : rieure, causalité extérieure,
die (selbstcindige) unmittelbare composition extérieure déter­
Existenz : 179, 196, 200 sq., mination extérieure (indiffé­
256, 259. rente), déterminité (immédia­
existence inessentielle : die unwe- tement) extérieure, différence
sentliche Existenz •' 155, 157, extérieure (ou indifférente),
172, 186. immédiateté extérieure, liai-
existence réfléchie : die rejlek- son extérieure, négation exté­
tierte Existenz •' 146, 178, 191, rieure, rapport extérieur, ré­
192, 197 sq., 202. flexion extérieure, relation de
existence (seulement) posée : die l’intérieur et de l’extérieur, re­
(nur) gesetzte Existenz : 146, lation extérieure, totalité exté­
rieure à soi, unité de l’intérieur
284.
existence (seulement) négative : et de l’extérieur,
die (bloss) négative Existenz : extérioration : A eusse) ung . 207,
167, 187. 209, 210, 214, 216 sq., 219,
existence variée : die mannigfal- 225, 235, 238, 246. Cf. relation
tige Existenz •' 203 sq., 258, de la force et de son extério­
260. ration.

326
;

INDEX DES MATIÈRES

extérioration active : die tàtige fondement : Grund : 8, 10, 13,


Aeusserung : 215. 17, 25, 31, 34, 49, 74 sq., 76,
extérioration de la force : Aeusse­ 78, 86 sqq., 89 sqq., 92 sqq.,
rung der Kraft : 216 sq., 234. 95, 96, 98, 100, 105 sq., 107
extériorer : aussern, s’extériorer : sq., 109, 110 sq., 111 sqq.,
sich aussern : 160, 214, 216 114 sqq., 117 sqq., 120, 121
sq. sqq., 124 sqq., 127 sq., 129,
extériorisation : Entciusserung : 130 sqq., 133 sqq., 136 sqq.,
101, 267. 139 sqq., 142, 143, 146, 150
extériorisation absolue : die abso­ sqq., 153, 160, 161, 178, 181
lute Entausserung : 152. sq., 184, 186, 189, 193 sq.,
207, 210, 227, 230 sqq., 247,
extériorisé : entaussert : 58. Cf.
réflexion extériorisée, 251, 253 sq., 265, 271, 280,
extérioriser, s’extérioriser : ent- 295. Cf. dépourvu-de-fonde-
ment, essence comme fonde­
àussern, sich entaussern : 222.
ment, identité du fondement et
Cf. réflexion extériorisante, du fondé, immédiateté venue
extériorité : Aeusserlichkeit : 13, au jour à partir du fondement,
26, 104, 119, 123, 160, 161, proposition du fondement, ré­
170, 211, 214 sq., 216 sqq., flexion du fondement, sphère
219, 222, 224, 236, 237, 247, du fondement conditionné.
256, 260, 263, 266, 286, 292. fondement absolu : der absolute
Cf. unité de l’extériorité et de Grund : 86, 90, 91, 93-108,
l’essentialité. 137.
extériorité de l’absolu : Aeusser­ fondement complet : der voll-
lichkeit des Absoluten : 246. stiindige Grund : 124-129,
extra-essentiel (1’) : das Ausser- 130.
wesentliche : 138. fondement conditionné : der be-
extrême : Extrem : 157 sq., 164 dingîe Grund : 134, 160-1,
sq., 210, 235, 273. 258.
fondement déterminé : der be-
faculté : Vermôgen : 26, 176. stimmte Grund : 90, 91, 108-
figure : G estait : 136, 138, 163, 129, 193, 195.
180. Cf. dépourvu-de-figure. fondement formel : der formelle
fini, le fini : endlich, das Endli- Grund : 108, 111, 121, 125,
che, quelque chose de fini : 127, 129.
ein Endliches : 2, 25, 86, 87, fondement objectif de l’existence
105, 232. Cf. être du fini, non- de Dieu : der objekîive Grund
être du fini, raison finie, des Daseins Gottes : 150.
finité : Endlichkeit : 229, 279. fondement réel : der reale
foi : Glauben : 151. Grund : 116-119, 121, 124
-fondamental : Grund-. Cf. dé­ sq., 128 sqq.
termination-fondamentale, rap­ fondement simple : der einfache
port-fondamental, Grund : 129, 186.
fondé (le) : das Begriindete, quel- fondement suffisant : der zurei-
que chose de fondé : ein Be- chende Grund 91 sq., 110,
gründetes : 93 sq., 96, 106, 124. /
108 sq., 110 sq., 112, 116, fondement sursumé : der auf-
117 sqq., 124, 125, 126 sq., gehobene Grund : 125, 137-8,
129, 134, 142, 151, 244. Cf. 140, 194, 196.
identité du fondement et du fondement téléologique : der te-
leologische Grund : 92.
fondé.

327
13
1
-=
-

APPENDICES

fondement-originaire déterminé : mell, das Formelle : 41, 109,


bestimmter Urgrund : 48. 116, 229, 249 sq., 255, 275. *
fonder (le) : das Begrïmden : Cf. causalité' formelle, contra­
115. diction la plus formelle, dif­
force : Kraft .' 112, 176, 201, férence formelle, effectivité
207, 209 sqq., 212 sqq., 215 formelle, fondement formel,
-Sqq.,. 219, 222, 231, 277. Cf. moment formel, possibilité for­
extérioration de la force, rela­ melle, rapport-fondamental
tion de la force et de son ex­ formel, rapport-formel,- ré­
térioration. flexion-formelle, unité-for­
force attractive, forcc-d’attrac- melle.
tion : Anziehungskraft : 112,
211. idéalisme : Idealismus : 12. sq.,
,/ 162.
' forces-de-l’âme./. Seelenkrafte :
176. idéalisme subjectif : der subjek-
formalisme : Formalismus : 113, tive Idealismus : 162.
121. idéalisme transcendantal : der
forme : Form : 93, 94, 95 sqq., transzendentale Idealismus :
98 sqq., 101 sq., 103, 104 162.
' sqq., 107, 108 sq., 110 sq., 116, idéalité : Idealitcit : 197.
119, 122, 126 sq., 128, 129 idée : Idee : 282.
sq., 133, 135 sq., 138 sqq., identique, l'identique : identisch,
141, 146, 164, 166, 170, 182, das Identische, quelque chose
185, 191, 218, 219, 220, 224, d'identique : ein Identisches :
227, 228, 230 sq., 233, 234 15, 16, 37, 39 sq., 44, 46 sq.,
sq., 250, 255, 257, 260, 261, 49 sq., 55, 71, 77, 107, 109,
264 sq., 273, 278, 286. Cf. acti­ 115, 118, 120 sq., 125 sqq.,
vité de la forme, dépourvu-de- 137, 156 sq., 182, 195, 213,
forme, différence du contenu 217, 225, 233, 237, 250, 257,
et de la forme, identité de la 266, 269, 271 sq., 274, 279,
forme, moment de la forme, 283, 286 sq., 289, 295. Cf.
totalité de la forme, base identique, contenu iden­
forme absolue : die absolute tique (à soi), essence identique
Form : 19, 97, 193, 221, 230, à soi dans son être-posé, être-
234, 237 sqq., 244, 247, 248 en-soi identique à soi, être-posé
■ • sq., 251,‘253 sq., 268, 295. identique à soi, immédiat iden­
forme déterminante : die bestim- tique à soi (T), médiation iden­
jtnende Form : 98, 102. tique à soi, proposition iden­
foïme essentielle : die yvesentli- tique, rapport identique, ré­
che Form, 128, 188. flexion identique à soi.
forme indifférente : die gleich- identique à soi (-même), l’identi­
~ gültige Form : 255, 264. que- à soi : identisch mit sich '
forme inessentielle : die unwe- (selbst), das mit sich Identi­
sentliche Form : 118, 132, sche : 71, *73, 74, 76 sqq., 90,
93-4, 94, 98, 106, 109 sqq.,
240.
forme pure : die reine Form : 119 sqq., 123, 126, 134 sq.,
143, 223. 143, 153, 168 sq., 182 sq., 186,
forme simple : die einfache 196, 198, 216, 236, 250, 255,
Form : 136, 202, 219, 250. • 257, 260, 269, 273 sq., 277,
forme totale : die totale Form : 284, 290, 295.
110 sq., 131, 134. identique simple (1’) : das ein-
formel, le formel : formai, for- fâche Identische : 43, 78, 186.

328
s
i INDEX DES MATIÈRES

identité : Identitdt : 34 sq., 37, und des Begriindeten : 100,


38-46, 47 sqq., 50 sq.. 54, 56, 110, 119, 125.
identité essentielle (avec soi) :
58, 61 sq., 71 sq., 79, SI, 89, die wesentliche Identitdt (mit
94, 96 sq., 98. 100 sq., 102
sich) : 38, 42, 102 sq., 108,
sqq., 107, 108, 109 sq., 116,
156, 185, 205, 217.
119, 130, 132, 133, 135, 182
identité immédiate : die unmit-
sq., 1S6 sq., 190, 194, 197,
telbare Identitdt : 119, 127,
200 sqq., 205, 208, 212, 214,
186 sq., 221, 224, 273, 2S5,
218 sqq., 222 sqq., 225, 227,
230 sqq., 235, 241 sq., 246, 294.
254, 255, 257, 260, 264, 267, identité indifférente : die gleick-
giïltige Identitdt : 224, 237,
271 sq., 274, 2S3, 284, 287,
255, 260 sq., 264.
289, 291, 295 sq. Cf. détermi- identité intérieure : die innere
nité de l’identité à soi, propo­ Identitdt : 187, 197, 294 sq.
sition de l’identité, identité négative : die négative
identité abstraite : die abstrakte Identitdt : 94, 97, 136, 194,
Identitdt : 38, 39, 42 sqq.. 46, 22i. A
54, 83, 100, 149, 167, 206, identité négative absolue à soi :
233, 235, 256, 288. die négative absolute Identi­
identité à soi, avec soi (-même) : tdt mit sich : 97.
Identitdt mit sich (selbst) : 28, identité réfléchie (dans soi) : die
38, 40, 49, 55, 59 sq., 70, 72, (in sich) rcflektiertc Identitdt :
75, 78, 92, 95, 97 sq., 100 sq., 59, 224, 264. , . v
- 107, 117, 128 sqq., 132, 135, identité simple : die einjache
140, 149, 153, 157, 159, 160 Identitdt : 44, 88, 94, 99, 119,
sq., 180, 182, 184 sq., 187, 132, 159, 179 sq., 186, 189,
193, 208, 217 sq., 231, 235 sq., 218, 224, 229, 231, 234 sq.,
238, 249, 249-50, 259, 264, 264, 272, 274, 296.
274, 284, 288, 292. identité-de-réflexion : Reflexions-
identité à soi, avec soi (-même) identitdt : 206.
absolue : die absolute mit sich illimité : grenzenlos : 250.
(selbst) Identitdt : 40, 101, 230 imagination : Einbildungskraft :
sq., 233 sq., 236, 238, 241, 90, 176.
246, 265, 267, 294. immanence (!’) : das Inwohnen :
identité à soi indéterminée : die 229.
unbestimmte Identitdt mit immanent : immanent, in-
sich : 272. wohnend : 81, 85, 118, 120,
identité de la cause et de l’effet : 239. Cf. réflexion immanente,
Identitdt der Ursache und der immatériel : immateriell : 17 • .
Wirkung : 278, 283. immédiat, l’immcdiat : unnutte-
identité de la forme, identité se­ bar, das Unmittelbare.m mi-
lon la forme : Identitdt der médiat : ein Ummtielbares ■
Form, Identitdt der Form l, 7, 11, 12 sqq., 1? 2 '
nach : 110, 227, -270. 23 sqq., 26, 27 sq., *?,
identité de l’être et de i’essence :
Identitdt des Seins und des
Wesehs : 233.
identité déterminée : die be-
119 àHss’mS- 141
sq! 148, 151 sq, 1W M
stimmte Identitdt : 94, 235.
identité du fondement et du
fondé : Identitdt des Grundes

329
:

APPENDICES

207, 210 sqq., 213, 215 sq., stàndige Unmittelbarkeit


223 sq., 240, 246, 248, 252, 185, 212.
254, 255, 261, 263, 269, 270 immédiateté de l’être : Unmit­
sq., 273, 276, 285 sq., 288. telbarkeit des Seins : 139, 154,
Cf. autonomie immédiate, con­ 161, 178, 184, 254.
cept immédiat, contradiction immédiateté essentielle, immédia­
immédiate en elle-même, dé­ teté de l’essence : die wesent-
termination immédiate, déter- liche Unmittelbarkeit, Unmit­
minité immédiate, effectivité telbarkeit des Wesens : 14, 26,
immédiate, effectivité première 142, 155, 192.
immédiate, essence immédiate, immédiateté étante, immédiateté
étant immédiat (1’), être im­ qui-est : die seiende Unmittel­
médiat (1’), être-là immédiat barkeit : 14, 184, 192, 199,
(varié) (T), existence immé­ 207, 210, 217, 222, 234.
diate, identité immédiate, non- immédiateté extérieure : die âus-
être immédiat, pluralité immé­ serliche Unmittelbarkeit : 142,
diate, rapport immédiat, rela­ 161, 169, 182.
tion immédiate, renversement immédiateté indifférente : die
immédiat, simplicité immé­ gleichgültige Unmittelbarkeit :
diate, substance immédiate, 130, 132, 278.
unité immédiate, immédiateté médiatisée : die ver-
immédiat identique à soi (1’) : mittelte Unmittelbarkeit : 14,
das mit sich identische Unmit- 134, 143.
telbare : 67, 136. immédiateté posée : die gesetzte
immédiat simple (1’) : das ein- Unmittelbarkeit : 193, 218.
fâche Unmittelbare : 81, 108. immédiateté première : die erste
immédiatement : unmittelbar : Unmittelbarkeit : 138, 154, 230,
1 sq., 5, 7, 13, 15, 23 sq., 25, 247.
29, 32, 35 sq., 40, 42, 45, 49, immédiateté réfléchie : die re-
51, 55, 67, 70 sq., 74, 76 sq., flektierte Unmittelbarkeit
83, 86, 95, 100, 123, 127 sq., 12, 14 sq., 49, 154, 161, 178,
140, 142, 146, 153, 159, 162, 184, 192, 199, 207, 212, 217
176, 178, 181, 184, 186, 201 sq., 219, 224, 230, 234.
sq, 204, 208, 211, 213, 216 immédiateté simple : die einfa-
sq, 219, 221, 223/ 230, 233, che Unmittelbarkeit : 14, 38,
239 sqq, 252 sqq, 256 sq, 142, 184, 265.
260, 262 sqq, 273-4, 276, 278, immédiateté sursumée : die auf-
283, 285, 296, Cf. être immé­ gehobene Unmittelbarkeit
diatement existant (1’). 22, 38, 73, 207, 252.
immédiateté : Unmittelbarkeit : immédiateté venue au jour à par­
9 sq, 12, 13, 14 sq, 17, 18, tir du fondement : die aus dem
20 sqq, 23 sqq, 26, 43, 59, Grunde hervorgegangene Un­
90, 92, 95, 115, 126, 129 sqq, mittelbarkeit : 227, 247.
133, 138, 139, 140, 146, 148, immergé, immerger : versenkt,
151, 153, 154, 182, 184 sq, versenken : 139, 232, 235,
192, 203, 207, 212, 216, 218, 241.
223, 230, 247, 254, 263 sqq, immobile : unbewegt : 41, 44,
266, 270 sq, 285 sq, 290, 155, 241.
293. Cf. apparence de l’immé- imparfait : unvollkommen, quel­
diateté, déterminité de l’immé- que chose d’imparfait : ein
diateté. Unvollkommenes : 42, 147,
immédiateté autonome : die selb- 168, 233, 242.

330
-
=
s
-
=
INDEX DES MATIÈRES

imperceptible (1’), le non-percep­ 68 sq., 78 sqq., 84, 95, 99


tible : das Ùnbemerkbare, das sqq., 106 sq., 109 sqq., 116
Nichtwahrnehmbare : 174 sq. sq., 120 sq., 130, 132,135,138,
impossibilité : Unmôglichkeit : 155, 158, 164, 166, 169 sqq.^
251. 172, 176, 185 sq., 188, 190,
impossible : unmôglich : 250. 198, 204, 206, 208, 210 sq.,
impulsion : Anstoss : 13, 214 218 sqq., 230, 238, 251, 282,
sqq. 295. Cf. autonomie indiffé­
inactif : untâtig : 96, 211. rente, base indifférente, conte­
inactivité : Untatigkeit : 176. nu indifférent, détermination
inautonome (1’) : das Unselbstan- extérieure (indifférente), diffé­
dige : 15. rence indifférente, diversité in­
incomplet : unvollstàndig : 41, différente, effectivité indiffé­
67, 220. rente, forme indifférente, iden­
inclure : schliessen : 69, 239. tité indifférente, immédiateté
inconditionné, l’inconditionné : indifférente, subsister indiffé­
unbedingt, das Unbedingte : rent, unité indifférente, variété
91, 129-132, 138 sqq., 141 indifférente.
sq., 148, 204. Cf. apparence indiquer, l’indiquer : angeben,
de l’inconditionné, Chose in­ das Angeben : 44, 111 sq., 123,
conditionnée. 149 sq., 167.
inconditionné absolu (1’) das ab- indissocié : unausgeschieden :
solute Unbedingte : 133-137. 116.
inconsistant : haltlos : 156, 180, individu : lndividuum : 281.
227. individualité : Individualité :
indémontrable : unbeweisbar : 177.
35. individuation : Individuation :
indépendant : unabhàngig : 11, 244 sq.
14, 65 sq., 84. inégal, l’inégal : ungleich, das
indéterminable : unbestimmbar : Ungleiche : 31, 39, 51 sqq.,
191. 55 sqq., 71, 273.
indéterminé (de façon indétermi­ inégalité : Ungleichheit : 46, 51
née), l’indéterminé : unbe- sqq., 54, 56 sqq., 59 sq., 71,
stimmt, das Unbestimmte : 4,
10, 54 sq., 68, 85, 93, 95 sq., 84, 201.
inégalité (l’acte-de-poser-1’) : das
98, 99, 103, 119 sq., 124, 155,
162, 166, 168, 174, 194, 229, Ungleichsetzen : 39.
241, 250, 272. Cf. identité à soi inessentialité : Unwesentlichkeit.
indéterminée, matière indéter­ 168, 172, 191, 219, 242.
minée. inessentiel, l’inessentiel : unwe-
indéterminité : Unbestimmtheit : sentlich, das Unwesentliche J
80, 167. 9 sqq., 12, 16, 98, 106 sq., 118,
indifférence : Gleichgültigkeit : 138, 155, 165, 168 sq., 180,
4, 5, 13 sq., 49 sq., 52, 59, 84, 182, 184, 209, 234. Cf. con­
100 sq., 164, 174, 200, 263, tenu inessentiel, etre-la mes-
271. sentiel, existence inessentielle,
indifférencié : ununterschieden : forme inessentielle, ^ monde
146. inessentiel, pluralité inessen­
indifférent (indifféremment), l’in­ tielle.
différent : gleichgültig, das infini, l’infini : unendlich, das
Gleichgültige : 4, 10, 12 sq., Unendliche : 4, 6, 13 sq.,,16,
28, 49, 50, 53, 59, 62, 65 sqq., 25, 31, 33 sq*» 78, 207-

331
APPENDICES

209, 240, 244, 279, 285, 292. Cf. Critique de la Judiciaire,


Cf. mouvement infini, judiciaire déterminante : die be-
infini (le mauvais-) : das stimmende Urteilskraft : 26 sq.
Schlecht-Unendliche : 285, judiciaire réfléchissante : die re-
292. flektierende Urteilskraft : 26
infini (à 1’) : ins Unendliche : sq.
84, 164, 208, 281. Cf. progrès jugement : Urteil : 36, 41.
à l’infini. justification : Begriindung, Recht-
infinité : Unendlichkeit : 146, fertigung : 42, 45.
208 sq.
infinité de la force : Unend­ liaison : Verbindung, Verknïip-
lichkeit der Kraft : 216-217. fung : 65, 92, 118 sq., 121,
influence : Einwirkung : 244, 124 sqq., 128 sq., 166, 169,
290, 293. 223, 234, 281.
inhérer : inhàrieren : 169, 286, liaison extérieure : die àusserli-
288. che Verbindung, Verktiüp-
inséparable : untrennbar : 238. fung : 118, 125, 170, 173.
insoluble : unauflôsbar : 64. libéré : befreit : 166, 169.
instigation : Veranlassung : 282. libérer (se) : sich befreien : 284.
intégralité : Vollstandigkeit : 258. liberté : Freiheit : 162, 266,
intemporellement : zeitlos : cf. 294 sqq.
être intemporellement passé (1’). libre, de façon libre : frei : 5,
intérieur, l’intérieur : inner, in- 28, 31, 70, 103, 108, 118,
nerlich, das Innere, das Inner- . 120, 126 sq.. Cf. effectivités
liche, quelque chose d’inté­ libres.
rieur : ein lnneres : 40, 83, lier : verbinden, verkniipfen :
116, 136, 192, 201, 218, 223 39, 92, 118 sq., 121 sq., 127,
sq., 225, 230, 231, 233, 234 169 sq., 186 sq., 202, 280 sq.,
sq., 236, 238, 242, 256, 274, 283.
280, 282. Cf. identité inté­ limitation : Beschranktheit, Be-
rieure, nécessité intérieure, re­ schrankung : 163, 169, 243,
lation de l’intérieur et de l’ex­ 261, 264.
térieur, unité de l’intérieur et limite : Grenze : 5, 18, 243.
de l’extérieur, unité intérieure, limite quantitative : die quanti­
intérieur et [l’I extérieur (1’) : das tative Grenze : 169, 173.
Innere und Aeussere : 218, limité : begrenzt, beschrànkt :
228, 231, 246, 248, 253. 61, 92, 243.
intériorisation : Erinnerung : 2, logique : logisch : 35, 81. Cf.
101, 141. mouvement logique de la
•* intérioriser (s’) : sich erinnern : sphère de l’Etre et de. l’Es­
1 sq., 141, 222. sence.
intériorité : Innerlichkeit : 145, loi : Gésetz : 27, 180, 184, 189,
222, 237, 267, 295. 190 sq., 194, 197, 198. Cf.
intervertir : verwechseln : 62. contenu de la loi, royaume des
. intropasser (1’) : das Hinein- lois.
gehen : 1. loi du phénomène : Gesetz der
intuition : Anschauung : 173, Erscheinung : 180, 181-188,
192. 197.
isolement : Absonderung : 10. loi-du-penser : Denkgesetz : 41,
46.
Je : Ich : 13, 162 sq. lois-du-penser absolues : die ab-
judiciaire : Urteilskraft : 26 sq. soluten Denkgesetze : 37.

332
INDEX DES MATIÈRES

maintenir, se maintenir : erhal- médiation identique à soi : die


ten, sich erhalten : 9, 11, 14, mit sich identische Vermitt-
J- 29, 48, 54, 57 sq., 75, 84, lung : 153, 159.
105, 160, 167, 176, 202, 206, médiation négative (de soi avec
210 sq., 232, 256, 273, 289 sq., soi-même) : die négative Ver- 11
293. mittlung (seiner mit sich
maintenir-fermement, tenir-fer- selbst) : 180,' 182 sq.
mement : festhalten : 57, 81, médiation pure : die reine Ver­
. 83, 98. ^ mittlung : 16, 90, 219.
manière d’être : Art und Weise : médiation réelle : die reale Ver-
. 235, 236, 238, 243, 246, 293. mittlung : 90.
manifestation : Manifestation : médiation sursumée : die auf-
243 sq., 246 sq., 256, 267, gehobene Vermittlung : 154
269, 277; 279, 282, 289, 294 sq., 159.
sq.'. médiation (otale : die gahze Ver- . -•
manifester (se) : sich manifestie- mittlung : 110.
ren : 237-8, 238, 247, 266, 272 médiatisant (le) : das Vermit-
sq., 276, 286, 290, 295. telnde : 109, 273.
masse : Masse : 281, 284. médiatisé, le médiatisé : vermit-
massif : gediegen : 229 sq. telt, das Vermittelte, quelque
massivité : Gediegenheit : 118. chose de médiatisé : ein Ver-
matérialiser (se) : sich materia- mitteltes : 2, 56, 69 sq., 129,
lisieren : 101. 132, 134, 148, 151, 207, 224,
matériau : Matériel, Stoff : 28, 253, 264, 277, 293. Cf. con­
85, 130, 132 sq., 135, 139, naissance médiatisée, être mé­
166 sq., 169, 173. diatisé (1’), existant médiatisé
matériel : materiell : 104, 108. par sa négation (1’), immédia-
matière, matières : Materie, Ma- teté médiatisée, savoir média-
terien : 9, 98, 99-106, 107 sq., - tisé.
116, 120, 135, 166-170, 171 médiatiser, se médiatiser : ver-
sqq., 174 sqq., 185, 207, 211 mitteln, sich vermitteln : 15,
sq. 59, 90, 125, 127 sqq., 132
mécanisme : Mechanismus : 292 sq., 142, 155, 158, 183, 204,
sq. 207, 210, 214 sq., 217, 224,
médiat : mittelbar : 128. 264, 277, 288, 293 sq. Cf.
médiation : Vermittlung : 1, 12, mouvement médiatisant,
15, 34, 61, 91 sq., 94, 101, médiatiser autonome (le) : das
105, 108 sq., 118, 128 sq., 132, selbstcindige Vermitteln : 131.
140, 142, 148 sq., 151, 152, medium : Medium : 232.
153 sq., 155, 157, 158 sq., 172, mémoire : Geddchtnis i 176.
. 180, 183, 188, 190, 206 sq., mesure : Mass : 170. ■ .
209, 217, 221 sqq., 295. métaphysique : Metaphysik : 55.
médiation absolue avec soi : die méthode : Méthode : 114.
* mit sich absoluté Vermittlung : mettre en évidence, Tacte-de-met-
34, 270. tre en évidence : aufzeigen,
médiation abstraite : die ab- das Aufzeigen : 16, 56, 258.
strakte Vermittlung : 219. mettre-en-rapport : beziehen :
médiation avec soi : Vermittlung 251.
mit sich : 266, 269. mode : Modus : 235-238, 239
médiation de l’essence avec sq., 241 sq., 246.
l’existence : Vermittlung des moment : Moment : 12, 15, *o,
Wesens mit der Existent : 150. 24, 34, 40, 42, 47 sqq., 50 sq.>

333
-M
APPENDICES

53 sqq, 57 sq., 59, 60, 62 monde inessentiel : die unwesent-


sqq., 69, 73, 86, 90, 95 sq., liche Welt : 194, 198.
98, 106, 110, 127 sq., 130, monde phénoménal : die erschei-
132 sq., 135 sq., 142, 154, nende Welt : 180, 186, 189-
156 sq., 165, 167, 169, 173, 195, 196, 198, 202, 231, 234.
176 sq., 179 sqq., 185, 187, monde renversé : die verkehrte
190 sq., 193 sq., 197, 201 sqq., Welt : 195, 200.
204 sq., 208, 210 sqq., 213 monde sensible : die sinnliche
sq., 216, 218, 222, 230, 236, Welt : 192.
241, 247, 249 sqq., 252, 254, monde suprasensible : die über-
259 sq., 263, 268 sq., 271, sinnliche Welt : 192.
274, 289 sq., 296. montrer, se montrer : zeigen, sich
moment de la forme : Moment zeigcn : 2, 13 sq, 45, 76, 114,
der Fonn : 139, 188, 285. 116, 121, 128, 162, 206, 229,
moment de l’essence : Moment 237, 240, 252, 261, 263, 266
des Wesens, moment essen­ sq.
tiel : das wesentliche Moment : mouvement : Bewegung : 2, 6,
15, 46, 132, 152, 178, 191, 7, 17 sq, 20, 23, 26, 28, 34,
229. 39, 42, 44, 83, 89 sq, 95, 101,
moment de l’opposition : Mo­ 103 sqq, 110, 112, 120, 131,
ment des Gegensatzes : 59, 61, 137, 140, 186 sqq, 201, 206,
64. 210, 218, 221 sq, 228, 237
moment formel : das formelle sqq, 241, 246 sq, 259, 267,
Moment : 228, 257. 280, 284, 286, 293 sqq.
moment négatif : das négative mouvement de l’essence : Bewe-
Moment : 167, 193, 195 sq. gung des Wesens : 221.
moment pur du non-être-là : das mouvement de rien à rien, mou­
reine Moment des Nichtda- vement du rien à rien : Bewe-
seins : 12. gung von Nichts zu Nichts,
monade : Monade : 13, 83, 242- Bewegung des Nichts zu
245. Nichts : 18 sqq, 179.
monde : Welt : 120 sq., 189, mouvement retournant (faisant
192 sqq, 195 sqq, 198, 227, retour) dans soi : die in sich
234, 243. zurückkehrende Bewegung :
monde de l’être-autre : Welt des 246, 261.
Andersseins : 193. mouvement infini de l’être : die
monde du phénomène : Welt unendliche Bewegung des
der Erscheinung : 193. Seins : 4, 17.
monde essentiel : die wesentliche mouvement logique de la sphère
Welt : 193 sq, 196, 198. de l’Etre et de l’Essence : die
monde étant en et pour soi, logische Bewegung der Sphare
monde étant-en-et-pour-soi : des Seins und des Wesens :
die an sich seiende Welt, die an- 231-2.
sichseiende Welt : 98, 191 sq, mouvement médiatisant : die ver-
194 sqq, 202, 234. mittelnde Bewegung : 151 sq.
monde étant en soi, monde étant- mouvement (pur) de la réflexion :
en-soi : die an sich seiende die (reine) Bewegung der Re­
Welt, die ansichseiende Welt : flexion : 44 sq, 231.
180, 189-195, 231. mouvement réfléchissant : die re-
monde existant : die existierende flektierende Bewegung : 17,
Welt : 186, 189, 191 sq. 20, 22, 236 sq.

334
INDEX DES MATIÈRES

mouvement-de-réflexion : Re- 291, 295. Cf. contradiction ab­


flexionsbewegung : 46. solue du négatif, être-là néga­
mouvement-de-sortie : Heraus- tif, existence (simplement) né­
bewegung : 142. gative, identité négative, mé­
mouvoir, se mouvoir : bewegen, diation négative (de soi avec
sich bewegen : 18, 81 sq., 112, soi-même), moment négatif,
187, 277, 284. positif et le négatif (le), rap­
moyen-terme : Mitte : 6, 25, 30, port négatif, rapport négatif à
157, 164, 235, 273. soi (-même), réflexion néga­
mutuel : gegenseitig : 164. Cf. tive, unité négative,
causalité mutuelle. Voir : réci­ négatif de soi (-même) (le) : das
proque. Négative seiner (selbst) : 83,
mutuellement : gegenseitig : 204. 260.
Voir : réciproquement. négatif posé comme négatif (le) :
clas Négative gesetzt als Néga­
nature : Natur : 120 sq., 123, tives : 11, 71, 75, 235, 235-6,
268. 238, 249, 296.
néant : Nichts : 29, 38, 45 sq., négation : Négation : 2, 6, 11,
85 sq., 88, 221, 232, 266 sq., 12, 15, 17-8, 18, 20 sq., 25,
271. Voir : rien, 29, 30 sqq., 33, 37, 40, 45,
néant : nichtig : 11, 213. Voir : 50, 54 sq., 69, 71, 73 sqq.,
nul. 76 sq., 79, 88, 100, 106, 128,
nécessaire, le nécessaire : not- 135, 140, 152 sq., 172, 174
wendig, das Notwendige, un sq., 180 sqq., 189, 206, 208,
nécessaire : ein Notwendiges : 211 sq., 214, 216, 229, 234
5, 97, 156, 162, 187, 239, 244, sq., 239, 242, 250, 259, 263,
254, 260, 261, 265 sq., 268, 264 sq., 266 sq., 285, 288, 293
277. Cf. effectif nécessaire (I’). sq. Cf. concept-intégratif de
nécessité : Notwendigkeit : 36, toutes les négations, égalité
44, 76, 114, 119, 167, 188, même de la négation, existant
228, 242, 248-255, 255-262, médiatisé par sa négation (1’),
262-267, 268, 270, 272 sq., première négation de l’être,
277, 279, 294 sq. négation absolue : die absolute
nécessité absolue : die absolute Négation : 40, 77, 239, 266.
Notwendigkeit : 248, 262-267, négation comme négation : Né­
268, 270. gation als Négation : 18, 3-,
nécessité aveugle : die blinde 60, 242.
Notwendigkeit : 265. négation de la négation:^'
nécessité intérieure : die innere tion der Négation : 174, 180.
Notwendigkeit : 232, 295. négation de la sphère de lEtre
négatif, le négatif : negativ, das en général : Négation der
Négative, quelque chose de né­ S phare des Seins iiberhaupt ■
gatif : ein Négatives : 10, 15, 9.
16, 17 sqq., 20 sq., 23, 24, 25 négation de soi (-meme) : ^^'
sq., 34, 45, 49, 60, 61 sqq., tion seiner (selbst) : 54, 105,
64 sqq., 67, 69 sqq., 72, 73 133
sqq., 76 sqq., 79 sq., 82 sq., 90, négation extérieure : die aus-
93 sq., 96 sq., 100, 103, 109, serliche Négation :3.
152, 159, 167, 182 sq., 187 négation se niant : die sich
sq., 191, 193, 195 sq., 203, gierende Négation : 23!».
216, 228, 230 sq., 233, 242,
249, 263, 266, 274 sq., 288,
né!a4iVîoTi Æ/m 137,’
335 JSf V=
•s
APPENDICES

140, 190, 207, 213, 215, 229, non-être immédiat : das unmittel-
243, 284, 288. Cf. rapporter bare Nichtsein : 13, 16.
(se) négativement à soi non-être-là (le) : das Nichtda-
(■même). sein : 12.
négativité : Negativitat : 5 sq., non-êtrc-posé (le) : das Nicht-
14 sqq.,. 17, .19,. 21, 38, 45 gesetztsein : 59, 93.
sqq., 53, 75, 78, 85, 89, 93, non-identique, le non-identique :
97, 102, 104, 109, 145, 179, nichlidentisch, das Nichtiden-
181, 184, 187, 189 sq., 214, tische : 71.
222, 273, 278, 295 sq. Cf. être non-identité : Nichtidentitàt : 40.
comme négativité pure. non-médiatisé : imvermittelt :
négativité absolue : die absolute 221, 223, 253.
Negativitat : 15 sq., 18, 78, non-op-posé (le) : das Nichtentge-
88, 97, 101, 103 sqq., 145, gengesetzte : 63, 67.
178, 191, 193, 265 sq. non-rapporté, le non-rapporté :
négativité absolue de l’être : die nichtbezogen, das Nichlbezo-
absolute Negativitat des Seins : gene : 52, 132, 206.
11. non réfléchi, non-réfléchi : nicht
négativité essentielle : die we- reflektiert, unreflektiert : 154,
sentliche Negativitat : 97, 143, 230, 237, 248-9, 270.
191. non-subsister (le) : das Nichtbe-
négativité de la réflexion : Ne­ stehen : 183.
gativitat der Reflexion : 146, non-vrai, le non-vrai : umvahr,
157, 159, 179. das Uinvahre : 92, 163.
négativité pure : die reine Nega­ nul (néant), le nul : nichtig, das
tivitat : 18, 29, 88. Nichtige, quelque chose de
négativité se rapportant à soi nul : ein Nichtiges : 11, 15,
(-même) : die sich auf sich 19, 27, 232.
(selbst) beziehende Négativi­ nullité : Nichtigkeit : 11, 14 sq.,
té : 16, 19, 21, 39 sq., 97, 56, 172, 241.
236,,244, 274.
négativité sursumée : die auf- objectif : objektiv, quelque chose
gehobene Negativitat : 19, 101. d’objectif : ein Objektives :
nier, le nier : negieren, das Ne- Tl, 79, 163, 175, 188.
gieren, se nier : sich negieren : ob-jectif : gegenstandlich : 175.
2, 15, 18 sq., 20, 22, 24 sq., objet : Objekt : 79, 223.
26, 29, 38, 49, 51, 63, 83, 89 ob-jet : Gegenstand : 175, 233.
sq., 108, 213 sq., 229. Cf. né­ objectivité : Objektivitât : 149.
gation se niant, ontologique : ontologisch : cf.
nombre-numéré : Anzahl : 68. preuve ontologique de l’exis­
non-déterminé (le) : das Nicht- tence de Dieu,
bestimmte : 89. opinion : Meinung : 39, 79.
non-différent (quelque chose op-posé, l’op-posé : entgegenge-
de) : ein Ununterschiedenes : setzt, das Entgegengesetzte :
158. 34 sq., 37, 58, 61, 62 sqq.,
non-être (le) : das Nichtsein : 65 sqq., 68, 72 sq., 76 sqq.,
14, 23 sq., 32, 40, 59, 60, 61, 80 sq., 84, 113, 120, 124,
64, 70, 80, 90, 101, 105, 189 180, 187, 191, 193, 194, 195,
sq. 200, 202 sq., 218 sqq., 223,
non-être du fini : das Nichtsein 234, 242, 254, 269, 285. Cf.
des Endlichen : 87. être-passé dans l’op-posé sans

336
INDEX DES MATIÈRES

retour dans soi, non-op-posé particulier, le particulier : be-


(le). sonder, das Besondere : 27.
op-poser : entgegensetzen, s’op­ 124, 176 sq.
poser : sich entgegensetzen : partie : Teil : 10, 231, 234, 273.
124, 135, 184. Cf. relation du tout et des
op-position : Entgegensetzung : parties.
37, 57, 64 sq., 67, 72, 78 sqq., parvenir à : anlangen bei, le par­
81, 194 sqq., 200, 233, 250, venir à : das Ankommen bei,
258, 271. das Werden zu : 2, 22 sq., 80,
opposition : Gegensatz : 10, 30, 133, 139, 233, 235, 245, 295.
34, 41, 46 sq., 54, 58-64, 65 passage : Uebergang : 6, 37, 56,
sq., 69, 73 sqq., 80, 84 sq., 154, 166, 280.
87, 90, 96, 108, 155, 180 sq., passé : vergangen : cf. être in-
184, 194, 240. Cf. moments temporellement passé G’)-
de l’opposition. passer, le passer : iibergehen, das
opposition sursumée : der auf- Uebergehen : 5, 17, 18, 20,
gehobene Gegensatz : 63, 74. 31, 35, 39, 47 sq., 57, 72,
originaire, l’originaire : wspriing- 80 sq., 84 sqq., 91, 102, IM,' -
lich, das Urspriingliche, quel­ 139, 152, 159, 161, 166, 182,
que chose d’originaire : ein 187, 194, 207, 210, 212, 218
Urspriingliches : 48, 101, 104, sqq., 224, 247, 250, 256, 259,
128, 275 sqq., 281, 288, 290, 267, 271, 273 sqq., 276, 287
293 sqq. Cf. causalité origi­ sq., 292, 294 sq.
naire, être originaire. passer (acte-de-) comme sursumer
originairement : ursprünglich : de l’acte-de-passer : Ueber­
127, 277, 286. gehen als Aufheben des Ueber-
originalité : Ursprünglichkeit : gehens : 20.
277, 284 sq., 290, 293, 295. passif, le passif : passiv, das Pas­
outrepasser, l’outrepasser : hi- sive, quelque chose de passif :
nausgehen, das Hinausgehen : ein Passives : 100, 215 sq.,
1, 13, 22 sq., 26 sq., 44, 146, 222 sq., 288 sqq., 291, 293.
163, 169. Cf. substance passive,
passivité : Passivitat : 214, 216,
paraître, le paraître : scheinen, 243 sq., 293 sq.
das Scheinen : 9, 11, 19 sq., pénétrer : durchdringen, eindrin-
24, 34, 57, 76, 85, 90, 95, gen : 114, 123, 264.
133 sq., 137, 139 sq., 179, pensée : Gedanke : 42, 209.
-184, 202, .232, 233, 237, 247, penser, le penser : denken; das
266, 267, 268 sq., 270 sq., Denken : 34, 36, 38, 73, 82
272, 274 sqq., 280, 294 sq. sq., 85, 177, 223, 238, 239
paraître de l’essence dans soi- sqq. Cf. réflexion pensante,
même (dans elle-même) : das perception : Wahrnehnïung :
Scheinen des Wesens in sich 115, 175.
selbst (in ihm selbst) : 16 sq.} permanent : perennierend285.
24, 34, 97-8, 145-6. perspective : Rjicksicht : 10, 47,
paraître qui est posé comme pa­ 52, 53, 57, 65 sq., 70, 83 sq.,
raître : das als Scheinen ge- 120, 123, 124, 130, 155, 163,
setzte Scheinen : 236. 171, 205, 261, 285.
parfait, le parfait : vollkommen, phénoménal, le phénoménal :
das Vollkommene v 42, 201. erscheinend, das Erscheinende,
Cf. déterminité parfaite, quelque chose de phénoménal :
particularité : Besonderheit : 296. ein Erscheinendes : 181» 183

337

” "i
APPENDICES

sq., 189 sq. Cf. être-là phéno­ diateté posée, négatif posé
ménal, monde phénoménal, comme négatif, unité posée,
univers phénoménal. poser, le poser : setzen, das Set-
phénomène : Erscheinung, Pha- zen, se poser : sich setzen :
nomert : 6, 8, 12 sq., 45, 112 4 sq., 6 sq., 10, 21, 24, 25,
sq., 115 sq., 146 sq., 172, 176, 26 sq., 29, 31 sq., 40, 41, 43,
178-198, 200, 212, 224, 225, 47, 50 sq., 54 sq., 62 sq., 70
227, 247, 270, 279, 282, 289. sq., 73 sqq., 76, 81 sq., 87
Cf. base du phénomène, con­ sq., 90 sqq., 93 sq., 95 sqq.,
tenu du phénomène, dissolu­ 100 sqq., 103 sq., 118, 120,
tion du phénomène, loi du 122, 124 sqq., 127 sq., 130
phénomène, totalité essentielle sq., 134, 136, 139 sq., 142,
du phénomène, vérité du phé­ 146, 174, 178, 186, 192, 200
nomène. sq., 204, 207, 210, 213 sqq.,
phénomène dépourvu-d’essence : 216, 218, 221, 223, 224, 227
die wesenlose Erscheinung : sqq., 230, 233 sq., 236 sq.,
179. 241 sqq., 244, 246 sq., 251,
phénomène essentiel : die we- 254, 261 sqq., 264, 268 sq.,
sentliche Erscheinung : 186. 271, 273 sqq., 276 sqq., 284
philosophie : Philosophie : 79, sqq., 287 sqq., 290 sqq., 295.
163, 238 sq. Cf. réflexion posante.
philosophique : philosophisch : poser déterminant (le) : das be-
162, 242, 245. stimmende Setzen : 140, 215,
plein-de-contenu : inhaltsvoll : 277.
218, 260. Cf. être-en-soi plein- poser-égal à soi-même (le) : das
de-contenu. Sichselbstgleichsetzen : 237.
pluralité : Mannigfaltigkeit, Mehr- positif, le positif : positiv, das
heit : 55 sq., 121, 136, 141, Positive : 60 sqq., 63 sqq.,
156, 163, 169, 183, 260, 265, 66 sq., 69 sqq., 72, 75 sqq.,
272. 78 sq., 83, 86, 90, 94, 99 sq.,
pluralité immédiate : die unmit- 103, 109, 118, 152 sq., 167,
telbare Mannigfaltigkeit : 118 169, 179, 182 sqq., 187, 195
136. sq., 202, 207, 212, 232, 235,
pluralité inessentielle : die unwe- 240, 249, 263, 290, 294. Cf.
sentliche Mannigfaltigkeit essentialité positive,
118, 183. positif et [le] négatif (\é): das Po­
pore : Pore : 172 sq., 175. sitive und Négative : 60 sqq.,
porosité : Porositàt : 170, 173- 63 sq., 68, 70, 72, 74 sq.,
177. 76-79, 88, 200, 272.
posé, le posé : gesetzt. das Ge- possibilité : Môglichkeit : 155,
setzte, quelque chose d? posé : 254, 270 sqq., 273, 281, 289.
ein Gesetztes : 109, 110, 111, Cf. unité de la possibilité et de
113, 117, 119, 122, 130, 134, l’effectivité.
142, 148, 151 sq., 179, 187, possibilité absolue : die absolute
190, 199, 202, 207 sq., 213, Môglichkeit : 248, 263.
217, 220, 235, 247, 251 sqq., possibilité réelle : die reale Mô­
254, 275, 279, 284 sq., 287, glichkeit : 248, 255-262.
289 sq., 293, 295. Cf. appa­ possibilité sursumée : die auf-
rence posée comme apparence, gehobene Môglichkeit : 252,
contradiction posée, être-cn-soi 254.
posé comme être-posé, exis­ possible, le possible : môglich,
tence (seulement) posée, immé- das Môgliche : quelque chose

338
INDEX DES MATIÈRES

de possible : ein Môgliches : Beweis des Daseins Gottes :


85, 155, 248, 249 sqq., 252 85, 149.
sqq., 258, 260 sq., 272, 290. preuves de l’existence de Dieu :
Cf. effectif comme tel est pos­ Beweise des Daseins (der Exis-
sible (1’). tenz) Gottes : 148-152.
prédicat : Pradikat : 35, 36, 57, principe : Prinzip : 27, 91, 114
80, 152, 229. sq., 239, 242, 244 sq.
premier, le premier : erst, das procéder : fortgehen : cf. pro­
Erste, quelque chose de pre­ gresser.
mier : ein Erstes : 18, 25, 62, produire (au jour) : hervorbrin-
114 sq., 154, 202, 206 sq., gen, vorbringen : 44, 55, 113,
210, 222, 237. 240, 246, 248, 256, 258 sq., 277, 286, 293.
252, 262, 267, 273, 285 sq. produire (le se) : das Herausstel-
Cf. effectivité première immé­ len : 140.
diate, effectivités premières ab­ produit : Produkt : 3, 39.
solues, immédiateté première, progrès : Progress : 209, 285,
unité première. 292.
première négation de l’être : erste progrès à l’infini : Progress ins
Négation des Seins : 6. Unendliche : 136, 292.
présentation : Darstellung : 82, progresser, le progresser : fort­
gehen, das Fortgehen : 23, 27,
95, 114 sq., 151, 162, 231,
244. 285.
proposition : Satz •' 29, 35 sqq.,
présenter : darsteîlen, se présen­ 43, 54-58, 87, 91 sq., 113, 145,
ter : sich darsteîlen : 42, 45, 152, 251.
83, 106, 157, 222, 229, 238, proposition analytique : der ana-
261, 279 sq., 291, 293 sq. lytische Satz •' 46, 279.
présupposé, le présupposé : proposition de la contradiction :
vorausgesetzt, das Vorausge- Satz des Widerspruchs : 45
setzte, quelque chose de pré­ sq., 80, 81-87, 253.
supposé : ein Vorausgesetztes : proposition de l’existence : Satz
24, 30, 139 sq., 182, 206, 213, der Existenz : 148.
240, 269, 271, 287 sqq., 292 proposition de l’identité, propo­
sq. sition identique (formelle) :
présupposer : voraussetzen, se Satz der Identitat, der iden-
présupposer : sich vorausset­ tische (formelle) Satz : 41-46,
zen, le présupposant : das Vo- 54 sq., 80, 111-2, 250 sq.
raussetzende : 2, 21 sqq., 24, proposition du fondement : Satz
28, 64, 91, 93, 98 sqq., 101, des Grundes : 91, 148.
104 sq., 109, 129, 131, 134 proposition du tiers exclu : Satz
sq., 136, 137, 139, 141, 162, des ausgeschlossenen Dritten .
201, 204, 213 sqq., 219 sq., 79-81.
260 sq., 263, 267, 287 sqq., proposition synthétique :
Cf. réflexion présupposante, synthetische Satz •' 43, 46, ■
présupposition : Voraussetzung : propriété : Eigenschaft : >
1, 14, 22 sqq., 29, 102, 114, 153, 159-161, 163 sq., 165,
130 sq., 138, 141, 156, 204, 166 sq., 168, 169, 173, 185,
■3s
210 sqq., 260, 263, 287. 256, 273, 280. .
preuve : Beweis : 36, 42, 56, 67, prouver, le prouver: beweis
115, 188, 190. das Beweisen : 149, 1 • ~
preuve ontologique de l’existence provenir : herkommen . 9*»
de Dieu : der ontologische 23, 27.

339
APPENDICES

puissance : Macht : 211, 272, rapport : Beziehung : 4 sq., 10,


273, 274, 275 sqq., 278, 288, 12, 18, 20, 27 sq., 29, 32, 33,
289 sq., 295. 36, 37, 43, 48, 50 sqq., 56
puissance absolue : die absolute sq., 59 sq., 63 sq., 66 sq., 69
Macht : 272, 279. sqq., 73, 77, 79, 82, 85, 90
pur : rein : 34, 38, 40, 149, 179, sqq., 100, 104, 112, 117 sqq.,
279. Cf. abstraction pure, es­ 120, 124 sq., 126, 127, 128,
sence pure, être comme néga­ 131 sq., 137, 139, 146, 155
tivité pure, être pur, forme sq., 158 sqq., 164 sq., 169,
pure, médiation pure, moment 171, 180 sq., 187, 188, 195,
pur du non-être-là, mouvement 196, 198, 201, 203 sq., 208,
(pur) de la réflexion, négativité 210, 216, 220 sq., 230, 232
pure, réflexion pure, sq., 243, 246, 248 sq., 251,
purification : Reinigung : 273. 260, 267, 270, 293 sqq.
purifier : reinigen, se purifier : rapport absolu à soi : die abso-
sich reinigen : 2, 273. lute Beziehung auf sich 60, . ....
125 sq.
qualitatif : qualitativ : 36, 68, rapport à, soi (-même) : Be­
78. ziehung auf sich (selbst) : 15,
qualité : Qualitcit : 31, 33, 35, 24, 32 sqq., 48 sq., 54, 60,
37, 50, 71, 95, 112, 159, 160, 71 sq., 104, 128, 159, 216.
271, 280. rapport à autre-chose : Beziehung
quantitatif : quantitativ : 78, auf anderes : 17, 31, 33, 38,
164, 170, 174. Cf. limite 48, 63, 73, 119, 149, 159,
quantitative. 164, 169, 216.
quantité : Quantitàt : 5, 35, 169, rapport à l’autre : Beziehung auf
207. das Andere : 60, 62, 73, 199,
quantum : Quantum : 5, 66 sq., 266.
170, 280. rapport déterminé : die be-
quelque-chose, un quelque- stimmte Beziehung : 36, 60,
chose : etwas, ein Etwas : 1, 90, 155, 221.
5, 33, 37, 44, 51 sq., 64, 70, rapport essentiel : die wesentli- ;
76, 78 sqq., 81, 83 sq., 99 che Beziehung : 147, 184, 191,
sq., 118, 121, 124 sqq., 127 194, 197, 201, 209.
sq., 131, 149, 154, 159, 165 rapport excluant (à autre-chose) :
sq., 179, 211, 214, 224, 256, die ausschliessende Beziehung
259, 271, 273. (auf anderes) : 63 sq.
qui-est, qui-sont ; seiend, rapport extérieur : die âusserliche
seiende : 3, 10, 13, 33, 59, Beziehung : 130, 132, 142,
183, 192, 222, 265, 283. Cf. 158, 161, 188, 203.
immédiateté qui-est, substrat rapport formel : die formale (for­
qui-est. Voir : étant. melle) Beziehung : 1.17, 133,
230, 248j 284, 286.
' raison : Grund : 56, 1J2, 211, - rapport identique (à soi) : die
285. Voir : fondement. identische Beziehung (auf
raison : Vernunft : 39, 85, 92, sich) : 61, 66, 71, 128, 284.
114. rapport immédiat : die unmittel-
raison finie : die endliche Ver- bare Beziehung : 126, 152,
nunft : 152. 187, 208.. ^ •
* ” raisonnement* : Raisonnement : rapport négatif : die négative Be-
68, 124. ziehung : 73, 84, 169, 171,
rappeler : erinnern : 3. 207.

340
.♦
INDEX DES MATIÈRES . ï
rapport négatif à soi (-même) : die aufgehobene Grundbezie­ i
die négative Beziehung auf hung : 128, 133, 136, 139. *3
sich (selbst) : 4, 15, 20, 48, rapport-fondamental total : die
102, 109, 141, 193, 203, 210, ganze Grundbeziehung : 128
223, 246, 267, 276, 283 sq., sq.
287, 289, 296. ropport-formel : Formbeziehung :
rapport réfléchi (dans • soi) : 98, 100, 118, 130, 133, 135,
die (in sich) reflektierte Be­ 137, 227, 230, 284, 286.
ziehung : 32, 126. rapport-réciproque : Wechsel- '
rapport sursumé : die aufgeho- beziehung : 164, 214.
bene Beziehung : 126,. 169. rassembler (se) : zusammenbrin-
rapport rotai : die ganze Bezie­ gen, zusammen bringen, zu-. *
hung, die totale Beziehung : sammengehen : 102, 142, 209,
108, 194. 284. Voir : coïncider,
rapport-à-soi : Beziehung-auf- réaction : Gegenwirkung, Reak-
sich : 206. tion : 216, 292.
rapporté, le rapporté : bezogen, réaliser : realisieren, se réaliser : r'" <

das Bezogene, quelque chose sich realisieren : 117, 197, 200


de rapporté : ein Bezogenes : sq., 204, 222, 247.
33,. 95, 149. réalité : Realitat : 85, 119, 1.49•••-•*
rapporter, mettre en rapport : sq., 175, 191, 279. Cf. con-. -
beziehen, se rapporter : sich cept-intégratif de toutes les
beziehen : 16, 24, 27, 30, 33, réalités.
36, 45, 47, 49 sqq., 52, 59 recevoir : empfangen, erhalten :
sq., 71 sq., 75, 77 sq., 80, 84, 28, 142, 151, 290 sq.
90, 97 sqq., 100 sqq., 105, réciprocité : Gegenseitigkeit :
108 sq., 117 sq., 129 sqq., 137 135.
sq., 140, 155 sqq., 161, 165, réciproque : gegenseitig : 102,
168 sq., 171, 182, 184, 188, 157, 175, 181, 213. Voir mu­
190, 205 sq., 208 sq., 212 sq., tuel.
216, 221, 230, 232, 244, 251, réciproquement : gegenseitig :
256 sqq., 270, 274 sq., 277 28, 84, 101, 135, 171, 173
sq., 283, 286, 288, 292, 294. sq., 182, 201, 214. Voir : mu­
Cf. négativité se rapportant à tuellement.
soi. reconduire : zuriickfiihren : 237,
rapporter (se) négativement à soi 239, 241-,-246, 272.-- — -----
(-même) : sich auf sich (selbst) reconnaître : anerkennen : 35,
negativ beziehen : 109, 131, 42 sq.
• 134-5, 140. redoublé : gedoppelt, verdoppelt.
rapport-fondamental : Grund- 24, 93‘ ^ 0 .
beziehung : 91, 96, 106 sqq., réduire : reduzieren, se réduire .
109, 111, 113, 116 sq., 119, sich reduzieren : 3, 99, 183.
122, 125 sqq., 128, 129 sq., réel, le réel : real, das ReaU? :
131, 132, 134 sq., 139, 146, 25, 64, 90, 188, 190, 255-
161, 194, 254. 262, 264, 273, 294. Cf. appa­
rapport-fondamental formel : die rence réelle, effectif reel (U
formelle Grundbeziehung effectivité réelle, etre-en-soi de
119, 127 sq. Teffectivité réelle /ondement.
réel, médiation réeUe possibi
rapport-fondamental réel : die
reale Grundbeziehung : 118, lité réelle, réflexion réelle, to
119, 125, 127 sqq. talité (réelle) du tout.
réfléchi, le réfléchi : reflektierty .
rapport-fondamental sursumé :
t- '

.• ï
341 ....
APPENDICES

das Reflektierte, un réfléchi : Reflexion : 19, 24, 27, 32,


ein Reflektiertes : 30, 32, 49, 51, 63, 98, 100, 141, 231.
56, 58 sqq., 70 sq., 75 sq., réflexion absolue de l’essence :
86, 113, 117, 146, 154, 158 die absoluîe Reflexion des
sqq., 161 sq., 168 sq., 171, Wesens : 19.
173, 183, 188 sqq., 191, 197, réflexion abstraite : die abstrakte
211 sq., 224, 227, 230, 243, Reflexion : 179.
247, 252, 261, 271, 275 sq., réflexion achevée : die vollendete
288. Cf. absoluité réfléchie, au­ Reflexion : 29.
tonomie réfléchie, détermina­ réflexion complète : die vollstàn-
tion réfléchie, différence réflé­ dige Reflexion : 137, 196.
chie, effectivité non réfléchie réflexion dans autre-chose : Ré­
(dans soi), être réfléchi (dans flexion in anderes, réflexion-
soi), être-en-soi réfléchi, être-là dans-autre-chose : Reflexion-
réfléchi dans soi, être-posé ré­ in-anderes : 142, 168, 187.
fléchi dans soi, être-réfléchi 197, 199, 284.
dans soi réfléchi (1’), existence réflexion dans l’être-autre : Re­
réfléchie, identité réfléchie flexion in das Anderssein, ré­
(dans soi), immédiateté réflé­ flexion dans son autre : Re­
chie, rapport réfléchi (dans flexion in sein Anderes : 147,
soi), totalité réfléchie (dans 195, 196, 198 sq., 206.
soi), unité réfléchie (dans soi). réflexion dans soi-même : Re­
réfléchi-dans-soi : insichreflek- flexion in sich selbst : 7, 24,
tiert : 185. 25 29, 31, 32, 33, 40 sq., 48
réfléchir : reflektieren, se réflé­ sqq.. SI, 59 sqq., 62 sq., 65,
chir : sich reflektieren : 20, 34, 71, 73, 91, 94 sq., 99, 102,
49 sq., 61, 96, 127, 161, 172, 107, 111, 125, 142, 147, 156
181, 189 sqq., 211, 213, 215, sqq., 167, 178, 183, 186, 199,
231. 203, 219, 236, 241 sq., 244,
réfléchissant : reflektierend : 59, 246, 248, 254, 292, 295.
76, Cf. judiciaire réfléchis­ réflexion dans soi de l’etre-
sante, mouvement réfléchis­ posé : Reflexion in sich des
sant. Gesetztseins : 190.
reflet : Reflex : 156, 266. réflexion de l’essence : Réflexion
réflexion : Reflexion : 3, 5 sqq., des Wesens : 19, 90, 99, 178,
8 sq., 17-33, 34, 37 sq., 41, 45 232.
sqq., 48, 49 sqq., 52 sqq., 57 réflexion dépourvue-d’essence .
sqq., 61 sqq., 71, 76, 81 sq., die wesenlose Reflexion : 156.
85, 88, 90 sq., 94 sqq., 98, réflexion déterminante : die be-
102, 111, 113, 115, 124, 129, stimmende Reflexion : 19, 26,
132 sqq., 135, 138 sqq., 145, 28, 29-33, 70, 90, 94, 106.
151, 154, 155, 157 sqq., 160, réflexion déterminée : die be-
162, 165, 175, 179, 184, 185, stimmte Reflexion : 23, 34,
200, 212 sq., 216, 228 sq., 58.
230, 231 sqq., 235 sq., 238, réflexion du fondement : Re­
244 sqq., 247, 251, 258, 265, flexion des Grundes : 89, 140,
267 sq., 270, 271, 274, 285, 146, 153.
295, 296. Cf. mouvement (pur) réflexion dogmatique : die dog-
de la réflexion, négativité de matische Reflexion : 245.
la réflexion, unité de l’être et réflexion excluante : die aus-
de la réflexion. schliessende Reflexion : 70, 72
réflexion absolue : die absolute sqq., 75.

342
INDEX DES MATIÈRES

réflexion exposante : die ausle-


gende Reflexion : 237.
réflexion simple paraissant
dans soi : die einfache in
u%
réflexion extérieure (à soi) : die sich scheinende Reflexion ■
(sich) àusserliche Reflexion : 64-5, 133, 140.
3, 19, 23, 24-26, 27, 28 sq., réflexion sursumée : die aufgeho-
30, 50 sq., 53 sq., 56, 58 sq., bene Reflexion : 24, 90, 94,
62, 76, 78 sqq., 84, 97, 124, 95, 97, 138, 234.
128 sq., 155, 156, 157 sq., réflexion totale : die ganze Re­
158-9, 160 sq., 162 sq., 179, flexion, die totale Reflexion :
228 sq., 232, 233, 239 sqq., 39-40, 50, 167, 191.
243, 246, 247, 268, 269, 279, réflexion-dans-soi : Reflexion-in-
287. sicli : 138, 163, 168, 171,
réflexion extériorisante : die ent- 193, 219, 235, 244, 246 sq.,
aussernde Reflexion : 129. 253 sq., 256, 265 sq., 275,
réflexion extériorisée : die entàus- 286, 294 sqq.
serte Reflexion : 58-9. régression : Regress : 285.
réflexion formelle : die formelle relatif, le relatif : relativ, das Re­
Reflexion : 190. lative, quelque chose de rela­
réflexion identique à soi : die mit tif : ein Relatives : 28, 38,
sich identische Reflexion : 126, 199, 201, 203, 233, 248,
164, 196, 199, 212. 255-262.
réflexion immanente : die imma­ relation : Verhàltnis : 68, 85,
nente Reflexion : 26, 98. 113, 115, 121, 124, 147, 151,
réflexion négative (dans soi) : 158, 174, 181, 200 sqq., 203
die négative Reflexion (in sich) : sqq., 206, 207, 209, 212 sq.,
54, 107, 164, 167, 171, 179, 219, 222, 224, 238, 245, 256,
189 sq. 269, 273 sq., 279, 281 sqq.,
réflexion pensante : die denkende 287, 295.
Reflexion : 28, 82. relation absolue : das absolute
réflexion posante : die setzende Verhàltnis : 228, 268-296.
Reflexion : 19-23, 24, 26, 29, relation à soi-même : Verhàltnis
72, 129, 160. zu sich selbst : 267.
réflexion présupposante : die relation de cause et effet : Ver­
voraussetzende Reflexion : 23 hàltnis von Ursache und Wir-
sq., 29, 134 sq., 214, 216, kung : 275, 278, 282.
224, 258. relation de la force et de son
réflexion pure : die reine Re­ extérioration : Verhàltnis der
flexion : 19, 94. Kraft und ihrer Aeusserung :
réflexion réelle : die reale Re­ 201, 207, 209-217, 222.
flexion : 24, 247. relation de la substantialité :
réflexion retournant (faisant re­ Verhàltnis der Substantialitàt : :
tour) dans soi : die in sich zu- 270-274. Voir : relation-de- :
rückkehrende Reflexion : 98, substantialité. ;
^ 146, 216. relation de l’intérieur et de [1’] ex­
réflexion se sursumant : die sich térieur : Verhàltnis des Innern
aufhebende Reflexion : 133-4, und Aeussern : 201-2, 217-
^ 146. 221, 223-225, 227, 230. :
réflexion s’excluant elle-même : relation du tout et des parties : :
die sich selbst ausschliessende Verhàltnis des Ganzen und dei
Reflexion : 72. Telle : 201, 202-207, 208 sq.,
réflexion simple (dans soi) : die 217 222.
einfache Reflexion (in sich), relation essentielle : das wesent-

343
APPENDICES

liche Varhaltnis : 146, 198, 212, 244, 259, 264, 276, 292,
199, 208, 210, 222, 225, 227, 295.
230, 234, 247. repousser (acte-de-se) de soi
. . .relation extérieure : das aussêr- (-même) : Abstossen, seiner *
liche Verhaltnis : 222. von sich (selbst) : 4, 22, 105,
relation immédiate : das unmU- 214.
telbare Verhaltnis : 202, 217, reprendre : zuriicknehmen, se re­
222. prendre : sich zuriicknehmen :
relation (être-en), l’être en rela­ 32, 40, 217.
tion : verhalien, das Verhait en : représentation : Vorstellung : 13,
21, 157 "sqq., 190, 195, 256. 26, 84, 149, 155, 176, 188,
-Voir : comporter (se), 192, 209, 240 sq., 245.
relation-de-causalité : Kausali- représenter, le représenter : vor-
tatsverhalinis : 274, 275-292. stellen, das Vorstellen, se re­
relation-de-causalité déterminée : présenter : sich vorstellen : 2,
das bestimmte Kausalitats- 56, 76, 81 sqq., 84 sq., 120,
verhaltnis : 278-287. 173 sqq., 176, 188, 231, 239
relation-de-substantialité : Sub- sq., 243 sq., 272.
stantialitatsverhaltnis : 174, reproduction : Abbild : 186, 232.
276 sq. Voir : relation de la répulsion : Abstossung 31.
substantialité. résolution : Auflôsung : 104.
relativement-inconditionné (le) : résoudre : auflosen : 208 sq.
das relativ-Unbedingte : 133, rester : iibrigbleiben, zuriickblei-
136. ben : 3, 5, 11, 99, 152.
relativité : Relativitat : 261. résultat : Résultat : 7, 66, 72,
reliquat : Rest : 11, 16. 104.
renversé : verkehrt. Cf. monde rétablir (restaurer), un rétablir :
renversé. wiederherstellen, ein Wie- I
renversement : Umkehrung : derherstellen : 38, 74, 89, 167,
221, 282. 194, 284, 288. Cf. cercle réta­
renversement immédiat : die bli de. l’être, être rétabli par '
unmittelbare Umkehrung l’essence.
221, 223. rétablissement Wiederherstel-
renverser (se) : sich verkehren : lung : 101, 128, 247.
196. retomber : zuriïckfallen : 10,
repos : Ruhe : 292. 273.
repos (en-) : ruhig : 33, 186 sq. retour : Riickgang, Riickkehr :
Voir : calme. 4, 20 sqq., 27, 34, 117, 140,
repos (non-) absolu : die absolute 150, 216, 226, 242, 264, 276
Unruhe : 254. sq. , 284, 288. Cf. être-passé
repos (sans-) : unruhig : 187, dans l’opposé sans retour dans
262. soi.
reposer sur : beruhen auf : 113, retour dans soi (-même) : Riick­
169. kehr in sich (selbst) : 15, 20
reposer sur soi : auf sich be­ sq., 23, 29 sq., 41, 88, 90,
ruhen : 63, 72, 78. 168, 181, 204, 209, 218, 237,
repousser, le repousser : abstos­ 267. i
sen, das Abstossen, se repous­ retourner, faire retour : kehreti,
ser : sich abstossen : 15, 22, zuriickkehren, riickschlagen :
j
30, 40, 82, 97, 100, 106, 129, 20 sq., 23, 34, 90, 93, 107,
134, 136, 156 sqq., 161, 165, 207, 223, 233, 235, 239, 242,
167 sq., 193 sq., 197, 203, 261, 272, 276, 284, 286. I

9
344
5

INDEX DES MATIÈRES

retourner dans soi ; in sich zu- scision : Entzweiung : 238, 273.


rückkehren : 74, 90, 159, 219. sensible : sinnlich : 82, 166, 188,
Cf. mouvement retournant 192. Cf. être-là sensible,
dans soi, réflexion retournant monde sensible.
dans soi. sentiment : Gefühl : 192.
révéler Qe) : das Offenbaren, sentiment : Gesinnung : 280.
se révéler : sich offenbaren : séparation : Trennung : 10, 42,
89, 225, 243, 274. 52, 70, 164, 209.
revenir : zurückgehen : 14 sq., séparé : getrennt : 28, 70, 81,
23 sq 44, 53, 65, 74, 78, 98, 152.
80 sq, 86 sq, 90 sq, 93, 95, séparer : trennen, se séparer :
100, 105, 107, 109, 125, 130, sich trennen : 38, 42, 52.
136, 139, 140, 169, 177, 184, 162, 184, 239, 254, 261, 284.
186 sq, 191, 193, 200, 207, signe : Zeichen : 67.
210, 230, 233, 257, 264, 271. signification : Bedeutung : 45,
Cf. apparence revenue dans 52, 67 sq, 77, 89, 93, 187,
soi. 199, 211, 234, 237.
revenir dans soi (le) : das in sich simple, le simple : einfach, das
Zurüclcgehen : 24, 138. Einfache, quelque chose de
revenir au gouffre : zu Grande simple : ein Einfâches : 5,
zurückgehen : 74. Voir : aller 44 sq, 47, 77, 96 sqq, 114,
au gouffre. 116, 140, 142, 155, 166, 168,
rien, le rien : nichts, das Nichts : 171, 177, 180, 182 sqq, 191,
18 sqq, 42, 44, 81 sqq, 90, 208, 221, 235, 255, 257, 263,
151, 152, 164, 179, 181, 192, 265, 271, 290, 295. Cf. con­
232. Cf. mouvement de rien cept simple, déterminité sim­
à rien, mouvement du rien à ple, différence simple, égalité
rien. Voir : néant, (simple) avec soi (-même), es­
royaume : Reich : 250. sence simple, être-en-soi sim­
royaume des lois : Reich der Ge- ple, fondement simple, forme
setze : 186 sq, 189, 191, 193 simple, identité simple, immé­
sq. diat simple (1’), immédiateté
royaume de la subjectivité : simple, réflexion simple (pa­
Reich der Subjektivitat : 296. raissant) dans soi, unité sim-
saisir : fassen, auffassen, ergrei- pie.
fen, saisir ensemble : zusam- simplicité : Einfachheit : 3, 4, • -
menfassen : 35 sq, 38, 83, 34, 83, 250, 262, 296.
85, 151, 267, 293. singularité : Einzelhèit.: 296.
savoir, le savoir : w issen, das singulier, le singulier : einzel,
Wissen : 1, 12, 79, 152, 162. das Einzelne, un singulier : ein
Cf. chemin du savoir, Einzelnes : 27, 97, 122, 295 sq*-.. .
savoir médiatisé : das vermittelte sollicitation : Sollizitàtion : 273.
Wissen : 1. solliciter : sollizitieren : 210, 214,
scepticisme : Skeptizismus : 12 215 sq., 277. .
sq. sophistication : Sophisterei : T24:
science : Wissenschaft : 239. sortie, venue au jour (de la Chose
sciences : Wissenschaften : 112, dans l’existence) : Hervorgang
114 sq, 239. (der Sache in die Existenz) :
scientifique : wissenschaftlich : 137-143..
222. sortir : herauskommen : 235.
scinder (se) : sich entzweien : sortir, venir au jour : hervor-^ ,
102, 273. gehen, hervorkommen, hervor

345
APPENDICES

treten : 52, 99, 117, 123, 140, 163, 166, 169, 171 sqq., 174
142, 143, 148, 149, 151 sq., sq., 180, 181 sqq., 184, 189
157, 187, 231, 247^ sq., 250, sq., 196, 199 sq., 202, 204,
271. Cf. immédiateté venue au 206, 208, 210, 212, 216 sq.,
jour à partir du fondement, 222, 227, 232, 234 sqq., 2'68,
sortir vers : hinausgehen zu : 270, 273, 279, 283, 286.
44. subsister autonome (le) : das selb-
source : Quelle : 245, 277. stdndige Bestehen : 132, 146,
soustraire : entnelimen, we- 156, 172 sqq., 175, 197, 199,
gnehmen : 37, 99, 159, 182, 203, 208, 217.
196. subsister immédiat (le) : das un-
spéculatif : spekulativ : 37, 83, mittelbare Bestehen : 153,
85. Cf. concept spéculatif, 180, 211 sq., 222, 234, 283.
sphère : Sphare : 47, 86, 222. subsister indifférent (le) : das
Cf. mouvement logique de la gleichgültige Bestehen : 56, 60,
sphère de l’Etre et de l’Es­ 108, 183, 222.
sence, négation de la sphère subsister substantiel (le) : das
de l’Etre en général, substantielle Bestehen : 284.
sphère contradictoire : die wi- subsomption : Subsumtion : 149.
derspriichliche Sphàre : 86. substance : Substanz ■' 201 sq.,
sphère de l’Essence : Sphàre des 228, 238-242, 243 sq., 267,
Wesens : 5, 16, 29. 269-274, 275, 276 sq., 279,
sphère de l’Etre : Sphàre des 283 sq., 286, 288, 290 sqq.,
Seins : 4 sq., 11, 16, 25, 29, 293 sq.
35, 82, 138, 222. substance absolue : die absolute
sphère de l’Etre-là : Sphàre des Substanz : 276, 295.
Daseins : 10, 47. substance active : die aktive
sphère du changement : Sphàre Substanz ■' 290 sq., 293.
der Verànderung : 247. substance agissante : die wir-
sphère du fondement condi­ kende Substanz '■ 288.
tionné : Sphàre des bedingten substance causale : die ursachli-
Grandes : 258. che Substanz : 284, 289, 292,
sphère du surgir et [du] disparaî­ 295.
tre : Sphàre des Entstehens substance effective : die wirkli-
und Vergeliens : 270. che Substanz : 277, 279.
spirituel : geistig, le domaine spi­ substance passive : die passive
rituel : das Geistige : 176, 222, Substanz : 288-293, 295.
281. substantialité : Substantialitàt :
subjectif, le subjectif : subjekdv, 290, 293, 295. Cf. relation de
das Subjektive, quelque chose la substantialité.
de subjectif : ein Subjektives : substantialité absolue : die abso­
30, 53, 58, 76 sq., 82, 151, lute Substantialitdt : 294.
163, 175, 279. Cf. idéalisme substantialité causale : die ur-
subjectif. sachliche Substantialitàt : 291.
subjectivité : Subjektivitât ; cf. substantialité sursumée : die auf-
royaume de la subjectivité, gehobene Substantialitàt : 215.
subsister, le subsister (la subsis*- substantiel : substantiell : 272,
tance) : bestehen, das Be­ 274, 276, 287, 294. Cf. acti­
stehen : 15, 31, 49, 61, 63, 65, vité substantielle, effectivité
70, 77, 94 sqq., 97 sqq., 100 substantielle, être-autre sub­
sqq., 103 sqq., 106, 108 sq., stantiel 0’), subsister substan­
117, 132, 135, 140, 146, 156, tiel Qe).

346
i INDEX DES MATIÈRES
!
- substrat : Substrat : 45, 55, 90, 252, 254 sq, 258 sq, 261,
95, 99, 124, 127, 283, 285 264, 271, 276 sqq, 281 sq,
m
■ ■

sqq., 288, 293. 284, 287, 288 sqq, 290 sqq,


substrat qui-est : das seiende 291 sqq, 295. Cf. être se sur-
Substrat : 18, 285. sumant (1’), passer (acte-de-)
subsumer : subsumieren : 27, comme sursumer de l’acte-de-
in­ passer, réflexion se sursumant.
suffisant : zureichend : cf. fon­ sursumer absolu : das absolute
dement suffisant, Aufheben : 15.
sujet : Subjekt : 36 sq., 86, 177, sursumer de soi (-même) (le) :
280. das Aufheben seiner (selbst) :
suprasensible : übersinnlich : cf. 15, 22, 93, 110, 151, 156.
monde suprasensible. syllogiser : zusammenschliessen :
surgir : entstehen : 16, 38, 40, 30, 87.
125, 154, 170, 174, 208, 273, syllogisme : Schluss : 25, 86 sq,
282, 292 sqq. Cf. sphère du 127, 149 sq, 157, 209.
surgir et du disparaître, synthétique : synthetisch : cf.
sursumé : aufgehoben, quelque proposition synthétique,
chose de sursumé : ein Auf- système : System : 162, 239,
gehobenes : 7, 21, 24, 29, 31, 244.
50, 89, 91, 93, 96, 100,
106, 109, 128 sq., 131, 135, tautologie : Tautologie : 41,111-
146, 168, 181 sq., 190, 197, 116, 117, 119, 205 sq, 280.
199, 210, 247, 249, 251, 289 tautologique : tautologisch : 111-
sq., 296. Cf. détermination
116, 142, 279.
sursumée, effectivité sursumée,
être sursumé (!’), être-en-soi téléologique : teleologisch : cf.
sursumé, être-posé sursumé, fondement téléologique,
fondement sursumé, immédia- temps : Zeit : 288.
teté sursumée, médiation sur­ tendance : Trieb : 79, 81, 83.
sumée, négativité sursumée, tendresse (pour les choses) : Zàrt-
possibilité sursumée, opposi­ lichkeit (für die Dinge) : 57.
tion sursumée, rapport sur­ tenir en face (se) : gegenüber-
sumé, rapport - fondamental stehen : 3, 51, 106 sq.
sursumé, réflexion (extérieure) tiers, troisième [terme], le tiers :
sursumée, substantialité sur­ dritt, das D rit te, un tiers :
sumée, unité sursumée. ein Drittes : 10, 51, 53, 65,
sursumer, le sursumer : aufhe- 121 sqq, 199, 221, 241 sq.,
ben, das Aufheben : 2 sq., 4, 248, 285.
5, 9, 11, 13 sqq., 16, 18 sq., tirer : hernehmen, ztehen : 239,
20 sq, 22 sqq, 25, 26, 32, 247.
38, 40, 49, 52 sq, 60, 65 sq, tomber : fallen : 10, 51, 53, 87,
70, 72, 73, 74 sqq, 79, 84, 120, 155, 158, 162, 165, 201,
87 sq, 89, 90, 98 sq, 101 243 272.
sqq, 105 sq, 109, 114, 123, tomber l’un en dehors de 1 au­
125, 128, 130, 132 sqq, 136 tre : aussereinanderfallen :
sq., 139 sq, 142, 143, 146, 47, 65 sq. ;
148, 141 sqq, 165, 167 sqq, total : ganz, ganzlich, total : 63,
171, 174, 183 sq, 187, 193 69 sq., 72, 75, 86, 97, 126,
sq-, 196, 201, 203, 206 sq, 138, 141, 204, 232, 234, 273, .
210 sqq, 213 sqq, 216 sqq, 276. Cf. forme totale, média­ !-
224, 228, 231, 234 sq, 246, tion totale, rapport total, rap-

347

ÉM
APPENDICES

port-fondamental total, ré­ transposer : übersetzen, se trans­


flexion totale. poser : sich iiber setzen : 13,
totalité : Toialitàt : 14, 42, 128, 72, 113, 163, 210, 217, 272.
136, 138, 141, 158, 187, 191, traverser : hindurchdringen : 1.
193 sqq., 196 sq., 200 sq., 203, transposition : Versetzung : 58.
218, 220, 224, 227, 229 sq., trivial : trivial : 80, 83.
231, 234, 238, 240 sqq., 243, trivialitiit : Trivialitat : 80.
251, 255, 258, 268 sqq., 273 trouver-déjà-là : vorfinden : 22,
sq., 295, 296. 24, 237, 246, 276.
totalité absolue : die absohite To-
talitat : 228, 234. Un, un : ein, Eins : 243.
totalité de la forme : Totalitat une-chose : eines, das Eine : 84,
der Form : 244, 249, 251, 260, 216.
273. unifié : vereinigt : 43.
totalité de l’existence : Totalitat unification : Vereinigung : 102,
dej Existenz : 158, 192. 142, 147, 164, 199, 285.
totalité dépourvue-de-forme de la unilatéral r eins'eitig : 41, 85,
variété : die formlose Tota­ 124.
litat der Mannigfaltigkeit : unilatéralité : Einseitgikeit : 242,
198. 273.
totalité essentielle du phéno­ unité : Einheit : 3 sqq., 15, 32,
mène : die wesentliche Totali­ 38, 42, 50, 58 sq., 62 sq.,
tat der Erscheinung : 191. 70, 74, 75 sq., 81, 83, 86, 88,
totalité extérieure à soi : die sich 91 sq., 94, 97, 99, 104 sqq.,
ausserliche Totalitat : 260. 107, 117, 136, 139 sq., 173,
totalité (réelle) du tout : die 193, 197, 199 sqq., 203 sqq.,
(reale) Totalitat des Ganzen : 206, 208 sqq., 212, 214, 218
220 sq., 271. sqq., 228, 239 sq., 246, 252,
totalité réfléchie (dans soi) : die 255, 262, 263, 274, 286, 294
(in sich) reflektierte Totalitat : sq.
197, 227. unité absolue : die absohite
tout (le) : das Ganze, un tout : Einheit ; 4, 15, 105, 177, 202,
ein Ganzes : 5, 41, 47 sq., 230, 239 sq., 244, 272.
50, 59 sq., 92, 109, 126, 135, unité abstraite : die abstrakte
161, 191, 197, 210, 230 sq., Einheit : 189, 205.
i.
234, 269, 273, 295. Cf. rela­ unité de la possibilité et de [1’] ef­
tion du tout et des parties, fectivité : Einheit der Môglich-
totalité (réelle) du tout. keit uhd Wirklichkeit, unité
tout achevé de la réflexion (le) : du possible et de [1’] effectif :
das vollendete Ganze der Re­ Einheit des Môglichen und
flexion : 97. Wirklichen : 254, 261 sq., 270.
transcendantal : transzendental : unité de l’apparence et de l’exis-
cf. idéalisme transcendantal. tence : Einheit des Scheines
transformation : Verwandlung : und der Existenz '■ 180.
17. unité de l’essence et de l’exis­
transformer : verwandeln : 244, tence : Einheit des Wesens und
281. der Existenz : 227.
transparence : Durchsichtigkeit : unité de l’être et de la réflexion :
332. Einheit des Seins und der Re­
transparent : durchsichtig : 237, flexion : 270.
264. Cf. apparence transpa­ unité de l’extériorité et de [1’] es-
rente. sentialité : Einheit der Aeus-

348
$.
o *
*...

\w
■i

INDEX DES MATIÈRES


»
7
serlichkeit und Wesentlichkeit : universel, l’universel : allgemein, !-
168. das Allgemeine : 6, 36, 43,
unité de l’intérieur et de [1’] exté- 121, 150, 162, 221, 295 sq. „ ii
...... -rieur '.Einheit des Innern und
Aeussern : 227, 246. vacuité : Leerheit : 111.
unité essentielle : die wesentliche vacuum : Vacuum : 85, 176.
Einheit, unité de l’essence : valeur : Wert : 10, 66, 166, 253,
Einheit des fVesens : 74, 273, 280.
101-2, 135, 187, 200, 215. valoir, valoir comme, valoir
unité immédiate : die unmittel- pour : gelten, gelten als, gel-
bare Einheit : 88, 189, 214, ten fiir : 27, 35, 115, 124,
254 sqq., 296. 176, 231.
unité indifférente : die gleichgiil- variabilité : Vercinderlichkeit :
tige Einheit : 109, 130, 255, 191, 236.
278. variation : Wechsel : 180, 182,
unité intérieure : die innere 187, 272.
*■ - Einheit : 190, 213. varié, le varié : mannigfaltig, das
* unité négative : die négative Mannigfaltige, quelque chose
Einheit : 53 sq., 70, 86, 106, de varié : ein Mannigfaltiges :
109, 117, 153 sq., 167 sq., 2, 13, 43, 85, 155, 203, 205
172 sq., 176, 189 sq., 193 sq., sq., 224, 231, 243, 250, 257,
199 sqq., 203, 207, 209, 211 273. Cf. contenu (varié) di­
sq., 214, 217, 221. vers, déterminations variées,
unité posée : die gesetzte existence variée.
Einheit : 104, 105, 106-7, 269. variété : Mannigfaltigkeit : 85,
unité première : die erste 191, 193, 198, 202, 209 sq.,
Einheit : 72, 246. 227, 231, 233, 236, 257 sq.
unité réfléchie (dans soi) : die Cf. totalité dépourvue-de-
(in sich) reflektierte Einheit : forme de la variété.
- 201, 203 sq., 205, 207, 210, variété de l’être-là : Mannigfal-.........
212, 213 sq., 217, 224. tigkeit des Daseinsr : 257. . . .. „
unité "simple : die einfache variété (extérieure) existante : die
Einheit : 2, 65, 74, 88, 188, (ausserliche) existierende Man­
196, 255, 263. nigfaltigkeit : 204, 212.
unité sursumée : die aufgeho- variété indifférente : die
» bene Einheit : 207. gleichgiiltige Mannigfaltigkeit :
unité ultime de l’essence et de 86, 230.
[1’] être : die letzte Einheit des venir au jour, venue au jour :
fVesens und Seins : 270. hervorgehen, Hervôrgang.
unité véritable : die wahrhafte Voir : sortir, sortie,
Einheit : 201, 229. véracité : Wahrhaftigkeit : 166.
unité-de-réflexion excluante : die véritable, le véritable : wahrhaft,
ausschliessende Reflexionsein- das Wahrhafte : 27, 88 sq.,
heit : 74. 92, 151, 162, 179, 199, 223,
unité-fondamentale : Grundein- 231, 235, 237, 239. Cf. etre-
heit : 97. en-soi véritable, existence véri­
unité-formelle : Formeinheit : table, unité véritable,
139, 199, 219, 272, 283, 285. vérité : Wahrheit : 16, 41 sqq.,
univers phénoménal : erschei- 44, 78, 79, 81, 87, 105, 139,
nendes Universum : 186. 150, 165, 182, 192, 198, 206,
universalité : AUgemeinheit : 43, 209, 216, 220, 227, 251 sq.,
296. 264, 272, 290.
-. -
349

mm
APPENDICES

vérité absolue : die absolute vide, égalité vide (avec soi),


Wahrheit : 42, 44. violence : Gewalt : 289 sq.
vérité abstraite : die abstrakte viser, être d’avis : meinen : 28,
Wahrheit : 41. 39, 46, 76.
vérité de l’être : Wahrheit des vivant, le vivant : lebendig, das
Seins : 1, 148. Lebendige : 83, 281.
vérité du phénomène : Wahrheit vrai, le vrai : wahr, das Wahre,
der Erscheinung : 199. quelque chose de vrai : ein
vérité (propre) de l’existence : die Wahres : 1, 35, 41 sqq., 46,
(eigene) Wahrheit der Exis- 81, 86, 192, 234. Cf. être vrai
tenz : 172, 179. 0’).
vide, le vide, leer, das Leere : vraiment : wahrhaft : 126, 161,
31, 41, 111 sq., 115, 117, 175, 167, 184, 198, 201, 246, 277.
229, 250, 262 sq., 266. Cf.
abstraction vide, différence zéro : Null : 66, 72.
-:
[i
;

TABLE DES MATIERES

Le -premier chiffre, entre crochets, renvoie à la pagination de


l’édition originale, celle de 1813 (rappelée sous cette forme dans les
marges du présent ouvrage), le second à l’édition courante de Hoff-
meister (pagination indiquée elle aussi dans les marges de ce vo­
lume), le troisième enfin aux pages mêmes de la présente traduc­
tion.
Nous avons traduit• très exactement la Table des matières de l’ori­
ginal, même lorsqu'elle diffère des titres qui figurent dans le texte.

Présentation V-XXXII

Deuxième livre

L’Essence Cl] 3 1

Première section

L’essence comme réflexion dans elle-même .. [6] 7 7

Chapitre premier

L’apparence ............................... [7] 7 9


A. L’essentiel et [1'] inessentiel [7] 7 9

B. L’apparence ...................... [9] 9 U

351

. .,
: ■

I
APPENDICES
'
C. La réflexion .......................... [1 6] 13 17 ;
14 19 !
1. La réflexion posante . [17]
2. La réflexion extérieure . [21] 17 24
3. La réflexion déterminante [25] 20 29

.. Chapitre second

Les essentialités ou les déterminations-de-ré-


flexion .......................................................... [30] 23 34
i v ^ Remarque. Les déterminations-de-
»*■
réflexion dans la forme de pro­
positions [31] 23 35

A. L’identité [34] 26 38
Remarque I. Identité abstraite . . [35] 26 38
Remarque IL Première loi-du-pen-
ser originaire, proposition de
l’identité.................................... [37] 28 41

B. La différence ......................................... [43] 32 46


1. La différence absolue...................... [43] 32 46
2. La diversité ........................ -•••••• . [44] . 35 49
Remarque. Proposition de la diver-
sité [51] 38 54
3. L’opposition ................................... [54] 40 58
Remarque. Les grandeurs op-po-
,sées de l’arithmétique ............ [59] 44 64

C. La. contradiction ............................... • • [65] 48 69


4 Remarque I. Unité du positif et
[du] négatif.............................. [72] 54 76
Remarque IL La proposition du
tiers exclu ...... ....................... [75] 56 79
Remarque III. Proposition de la
contradiction ........................ .. [77] 58 81 *v-
* *> *■

Chapitre troisième

[84] 63 88
Le fondement
Remarque. Proposition du fondement [87] 65 91

352

i
'■ im
TABLE DES MATIÈRES

A. Le fondement absolu [89] 66 93


a. Forme et essence [89] 66 93
b. Forme et matière [94] 70 99
c. Forme et contenu [101] 75 106
B. Le fondement déterminé ..................... [103] . 76 108
a. Le fondement formel .................... [103] 76 108
Remarque. Type-d’explication for­
mel à partir de fondements tau­
tologiques ... [106] 78 111
b. Le fondement réel . [110] 82 116
r Remarque. Type-d’explication for­
mel à partir d’un fondement di­
vers par rapport au fondé .... [113] 84 119
c. Le fondement complet .................. [H8] 88 124
C. La condition ......................................... [123] 91 129
3. a. Le relativement inconditionné . . [123] 91 129
b. L’inconditionné absolu .................. [126] 94 133
c. Venue au jour de la Chose dans <
l’existence ....................................... [130] 97 137 -

Deuxième section

Le Phénomène [136] 101 145

Chapitre premier

L’existence . [138] 102 148


A. La chose et ses propriétés ... . [.143] 105 153 .
a. Chose en soi et existence [143] 105 .154
*
b. La propriété . . [148] 109 159-
Remarque. La chose-en-soi de
l’idéalisme transcendantal ... • [150] 111 162
c. L’action-réciproque des choses . • • • [152] 112 . 163-

B. Le subsister de la chose à partir de ma- 114 166


tières ............................................... [155]
117. 170
C. La dissolution de la chose ................... [158]
Remarque. La porosité des matiè- 173 j;
[161] 119
res ■iil
!

APPENDICES

Chapitre second

Le phénomène ................................................ [166] 122 178


A. La loi du phénomène .......................... [169] 124 181
B. Le monde phénoménal et le [monde]
étant-en-soi .............................................. [176] 129 189
C. La dissolution du phénomène .............. [183] 134 195

Chapitre troisième

La relation essentielle [186] 136 199


A. Le relation du tout et des parties .... [189] 138 202
Remarque. Divisibilité infinie . .
[194] 143 207
B. La relation de la force et de son exté-
rioration ................................................. [197] 144 209
a. Letre-conditionné de la force .... [198] 145 210
h. La sollicitation de la force [201] 147 213
c. L’infinité de la force .... [204] 149 216
C. Relation de l’extérieur et de [1'] intérieur [205] 150 217
Remarque. Identité immédiate de
l’intérieur et de [!’]extérieur . . [209] 153 221

Troisième section

L'Effectivité [213] 156 227

Chapitre premier

L’absolu ................................ [215] 157 229

A. L’exposition de l’absolu [216] 157 230

B. L’attribut absolu ........ [220] 160 233


C. Le mode de l’absolu .............................. [222] 162 235
Remarque. Philosophie spinoziste
et leibnizienne ........................ [225] 164 238

354

• i

TABLE DES MATIERES

Chapitre second

L’effectivité ..................................................... [232] 169 246


A. Contingence, ou effectivité, possibilité et
nécessité formelles ............................... [235] 171 248
B. Nécessité relative, ou effectivité, possibi­
lité et nécessité réelles ......................... [241] 175 255
C. Nécessité absolue ................................. [248] 180 262

Chapitre troisième

La relation absolue ........................ [252] 184 268


A. La relation de la substantialité [256] 185 270
B. Relation de la causalité........ [261] 189 275
a. La causalité formelle . .. [261] 189 275
b. La causalité déterminée . [264] 191 278
c. Action et réaction ........ [274] 198 287
C. L’action-réciproque .............. [279] 202 292

Appendices 297
Index des noms de personnes cités dans le texte de Hegel . 299
Index des noms de personnes cités dans notre texte de pré­
sentation et dans nos notes ......................................... 2 99
Glossaire allemand-français ................................................ 301
Index des matières .............................................................. 310
Table des matières .................................................................. 351
•»
i

L’impression de ce livre
a été réalisée sur les presses
des Imprimeries Aubin
à Poitiers/Ligugé

t
pour les Editions Aubier Montaigne
Achevé" d'imprimer le 30 avril 1976
N° d’édition, 1409. — N° d’impression, 8946.
Dépôt légal, 2° trimestre 1976.

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Imprimé en France

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