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international
public
Nguyen Quoc Din t
Patrick Daillier
Mathias Forteau
Alain Pellet
8'édition
L.G.D.l
fE¡?f[ft?Jéditioñn
TEPTE
18981
6E$
w#",
DERECHO
Í23350
N4a
2009
3=1269211
D-3004a7
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58. Formation du droit international et sources du droit international.
Les sources formelles du droit sont les procédés d'élaboration du droit, les -
diverses techniques qui autorisent á considérer qu'une régle appartient au droit
positif. Les sources matérielles constituent les fondements sociologiques des
nornes intemationales, leur base politique, morale ou économique plus ou
moins explicitée par la doctrine ou les sujets du droit.
Les sources matérielles, traductions directes des strucfures internationales et
des idéologies dominantes, ont une dynamique que ne peuvent avoir les sources
formelles, simples procédés techniques. Aussi f intérét porté aux deux types de
sources du droit international varie-t-il selon les époques et les positions
doctrinales.
Les fondateurs du droit international, plus moralistes ou politiques que juristes, invitaient
á considérer les sources matérielles de ce droit en formation, en vue de le rendre plus dense
et plus conforme á des aspirations paciflques. La doctrine classique, attachée á une
stabilisation et á une opposabilité du droit international aussi étendue que possible, insistait
plus sur les sources formelles en vue de justifier leur force obligatoire pour les divers sujets
du droit. Par un retour partiel du balancie¡ l'époque actuelle s'attache á combiner les deux
i
perspectives: iI s'agit tout la fois de faciliter la transformation du droit international et
d'accélérer sa substitution au droit « classique ».
Si les sources formelles du droit sont les seules par lesquelles des normes
accédent au droit positif, les sources matérielles intéressent directement le droit,
en ce sens qu'elles participent au processus d'émergence du droit positif. Elles
ne peuvent suffire á parfaire une noÍne juridique, mais elles influencent les
procédures juridiques qui concrétisent les sources formelles: les résolutions
non obligatoires devront, par exemple, étre prises en considération pour
comprendre le processus contemporain de création d'une régle conventionnelle
ou coutumiére.
Dés lors, la distinction entre les sources n'a plus la méme signification, ni la méme portée,
surtout si l'on s'intéresse moins au contenu «définitif » de la norme qu'á ses modalités
d'établissement.
LA FORMATION DU DROIT INTERNATIONAL 125
11 ne faut pas voir 1á une simple mode doctrinale. ks acteurs intemationaux contribuent
directement á ce changement d'attitude. La jurisprudence internationale est de plus en plus
solücitée de prendre en compte des régles en voie de formation, dont la portée ne peut pas éte
appréciée en s'appuyant simplement sur la portée habituellement reconnue aux sources
formelles du droit, en particulier á la convention et á la coutume
i
Lorsque la CU est invitée par les parties régler leur différend sans négliger les
<< tendances » du droit de la mer contemporain (Compromis entre la Tunisie et la Libye dans
I'affaire dl Pl.ateau continental, Rec.1982,p.21-22), elle ne peut sans trahi¡ son mandat
rechercher ces tendances dans la seule exégése des conventions et coutumes en vigueur : elle
doit, sans négliger de telles sources, y trouver des indications de la régle en voie de formation
ou de transformaüon. Dans ce cas, les sources forrnelles servent d'appui á des sources
matérielles constituées par des comportements étatiques et le résultat ofEcieux de négocia-
tions encore inachevées.
L article 7 de la Convention XII de LaHaye de 1907, qui créait la Cour internationale des
Prises, fournissait l'énumération suivante des sources formelles du droit applicable par cette
juridiction internationale :
« Si la question de droit á résoudre est prévue par une convention en vigueur entre le
belligérant capteur et la puissance qui est elle-méme partie au litige ou dont le ressortissant
est partie au litige, la Cour se conforme aux stipulations de ladite convention ».
« A défaut de telles stipulations, la Cour applique les régles du droit international. Si des
régles généralement reco¡nues n'existent pas, la Cour statue d'aprés les principes généraux
de la justice et de l'équité ».
Par « régles de droit international », cette disposition désignait des régles coutumiéres
générales.
a. les conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant des régles
expressément reconnues par les Etats en litige;
b. la coutume internationale comme preuve d'une pratique générale, acceptée comme étant
le droit;
c. les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées;
d. sous réserve de la disposition de l'article 59, les décisions judiciaires et la doctrine des
publicistes les plus qualifiés des différentes nations, comme moyen auxiliaire de détermina-
tion de la régle de droit.
i
2. La présente disposition ne porte pas atteinte la faculté pour la Cour, si les parties sont
d'accord, de statuer ex aequo et bono >>.
Alors que le texte de 1920 débutait simplement par les termes : << La Cour
applique... >>, celui de 1945, le seul en vigueur, s'ouvre par une évocation de la
mission de la Cour : « La Cour, dont la mission est de régler conformément au
droit international les différends qui lui sont soumis, applique... ».
Cette précision n'est pas inutile, si elle n'est pas nécessaire: elle indique
clairement que les sources énumérées sont celles du droit international et qu'il
s'agit bien de sources/ormelles de ce droit, puisque directement applicables par
le juge.
L article 38 du Statut présente une tr¿s $ande importance. En effet, tous les
États membres des Natións Unies, pratiquiment tous les pays du monde, sont
ipso facto parties au Statut de la Cour et liés par lui. Son champ d'application
est méme, en fait, plus large que le Statut, dans la mesure oü les termes de
I'article 38 sont repris dans d'autres traités sur le réglement pacifique des
différends ou leur servent de référence (cas de nombreux traités d'arbitrage de
l'entre-deux-guerres). On y voit donc une énumération universellement accep-
tée des sources formelles du droit international.
Bien qu'il ne renvoie pas expressément á l'article 38, l'article 7 du Mémorandum d'accord
sur les régles de procédure régissant le réglement des différends au sein de I'OMC de 1994
(v. infra, n" 522), a été interprété comme fixant de maniére comparable le droit applicable par
I'ORD (cf. D. Palmeter et P. C. Mavroidis, « The WTO Legal System : Sources of Law »,
AIIL 1998, p.398-413).
La confusion entre norme et source est d'autant plus fréquente qu'elle est entretenue par le
vocabulaire. Pa¡ un raccourci abusif mais commode, le méme mot ou la méme expression
peut viser á la fois une source et les normes qui en sont issues : ainsi des « principes généraux
de droit » ou de la << coutume ». Aussi, pour plus de clarté, devrait-on toujours parler de
normes coutumiéres pour les distinguer de la coutume cornme source formelle.
L idée d'une hiérarchie des sources est particuliérement inacceptable dans une approche
volontariste. Dans cette perspective, toutes les sources formelles reposent, en derniére
analyse, sur la volonté diecte ou indirecte des États, volonté qui s'exprime différemment,
d'un point de vue technique, selon le procédé d'élaboration du droit. Il n'y a donc pas de
raison a priori de faire prévaloir I'une de ces techniques sur une autre, sauf á faire prévaloir
la source qui permet l'expression la plus claire dans chaque cas d'espéce de ces
- -
volontés des sujets du droit. Or Ia cla¡té de I'expression n'est pas le propre d'un procédé : tout
dépend des circonstances. Les conflits entre plusieurs sources formelles n'ont donc de
réponses qu'au cas par cas.
L'absence de hiérarchie des sources ne vaut que pour le droit interétatique. Il en va
différemment dans les systémes juridiques plus organisés tels ceux élaborés au sein des
organisations intemationales. Lorsqu'á une hiérarchie des organes correspond une hiérarchie
des actes émis par chacun d'eux, il existe bien une hiérarchie entre les procédés d'adoption
des actesjuridiques, enfe les sources formelles propres aux organes en cause (v. P.-Y. Monjal,
Recherche sur la hiérarchie des normes communautaires, LGDJ, 2000, XV-629 p.).
Une auhe question est de savoir si les sources proprement interétatiques sont hiérarchique-
ment supérieures á celles caractéristiques des organisations intemationales ou d'autres sujets
du droit international. Ici encore on ne peut pas postuler que les sources interétatiques sont,
par nature, supérieures á celle du droit des organisations intemationales. Techniquement, ce
sont d'ailleurs souvent les mémes (conventions et coufumes).
Par contre, il faut considérer que les sources du droit << transnational », méme lorsqu'il
s'agit de procédés qui engagent des États et des personnes privées pour certains auteurs,
elles font partie du droit international pubüc -
sont subordonnées aux sources du droit
-,
interétatique; compte tenu de la structure actuelle de la société internaüonale, la volonté
concertée des États l'emporte sur l'accord d'un État et d'une personne privée ou sur I'accord
entre personnes privées. La question est importante, en pratique, lorsqu'il faut appliquer des
principes généraux de droit qui n'ont pas la méme portée en droit intemational public et dans
128 DROIT INTERNATIONAL PUBLIC
la lex mercatoria.' la doctrine et la pratique arbitrale ont préféré, jusqu'ici, une démarche
pragmatique en niant l'existence d'une contradiction au fond.
Il est vrai, cependant, que certaines sources, á défaut d'étre secondaires, ont un caractére
second : c,est lé cas des principes généraux de droit. L interpréte n'y recourt qu'á défaut
d'autres sources pertinentes. Le conflit potentiel est alors contoumé.
3" Que les sources formelles ne soient pas hiérarchisées n'oblige pas á
considérer qu'il n'existe pas de hiérarchie entre les norrnes juridiques. Cette
hiérarchie ne pourra évidemment pas etre déduite de l'origine de ces normes,
puisqu'il s'agit de sources formelles (qui ne sont pas hiérarchisées). Mais elle
peut résulter d'autres caractéristiques: le degré relatif de génétalité des régles
en cause, leur position chronologique, par exemple.
Le seul cas oü l'on peut, á proprement parler, faire application du principe
hiérarchique est celui d'un conflit entre une noÍne << impérative >> (jus cogens)
et une autre noÍne, conventionnelle ou coutumiére (v. infra, n"" 174,204 ef
219).
La Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités afñrme le caractére « impératif »
hiérarchiquement supérieur de certaines normes, non de leur procédé d'élabora-
-tion,donc
qui reste une source classique-», conventionnelle
<< ou coutumiére.
Dans les autres cas, il existe, sinon un principe hiérarchique, du moins des
régles de solution des conflits, soit entre régles conventionnelles (v. infra,
no' 196-197¡, soit entre régles coutumiéres (v. infra, no 219), soit entre nonne
conventionnelle et norme coutumiére (v. infra, n" 220).
Les solutions du droit positif s'inspirent de deux adages: specialia generalibus derogant
(les normes spéciales dérogent aux normes générales) et lex posterior priori derogat (la régle
postérieure l'emporte sur la régle antérieure).
Une faiblesse du droit international tient au fait que de telles régles permettent certes de
savoir laquelle de deux régles incompatibles doit trouver application, mais pas de poser le
probléme de la licéité d'une norme par rapport e une autre.
tant la forme d'actes juridiques (traités, certains actes unilatéraux des Etats et
des organisations intemationales).
La distinction qui reste la plus fondamentale en pratique oppose les modes
conventionnels de formation du droit international et les autres sources
formelles. Cadrant avec le texte de l'article 38 du Statut de la CIJ, cette
distinction présente plusieurs avantages. Elle rappelle d'abord que le droit
international n'est pas un droit strictement consensuel. Elle autorise, aussi, á
prendre en compte, en tant que sources, les actes unilatéraux des sujets du droit
dont il est démontré qu'ils ont des effets juridiques. Enfin, elle tient compte du
développement relativement plus marqué du régime de la source convention-
nelle (le droit des traités) que du régime des autres sources du droit internatio-
nal.
Titre I. La formation conventionnelle du droit international.
Titre II.- La formation non conventionnelle du droit international.
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