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RETARD ABYSSAL !
leseco
Budget territorialisé
Le budget devra aussi être territorialisé. Certes, ce n’est pas une mince
affaire, mais il y a nécessité de structurer les budgets. De larges
prérogatives seront octroyées aux directeurs régionaux et provinciaux en
matière d’exécution du budget et d’élaboration de budgets régionaux sur
la base de programmes tout en renforçant les mécanismes de contrôle et
de reddition des comptes. À l’heure actuelle, le budget régional est plutôt
une déclinaison des actions de l’État décidées au niveau central que la
résultante d’une convergence de l’action de l’État à l’échelle du territoire.
La gouvernance, la démocratie et le développement devront aussi faire
partie de la mouture finale. À cela s’ajoute un volet important, celui des
ressources humaines. L’idée est de faire émerger des élites régionales à
même d’accompagner les ambitions de développement régional. En effet, il
ne faut pas trop compter sur la mobilité que le gouvernement a échoué à
mettre en place. Le système lancé en 2015 est au point mort et devra être
revu en mettant, entre autres, un dispositif d’incitation relatif aux postes
de responsabilité. Outre la révision du système de mobilité, il s’avère
nécessaire de ficeler des programmes de formation en vue de renforcer
les compétences des ressources humaines des administrations
territorialisées. La faiblesse au niveau des compétences techniques des
ressources humaines affectées aux régions est un constat dressé depuis
des années déjà; aussi, les missions qui sont dévolues aux fonctionnaires
locaux ne sont-elles pas accomplies comme il se doit. Les conseils
régionaux sont les premiers concernés par cette question car ils sont
incapables d’attirer les compétences de haut niveau dont ils ont besoin.
Dysfonctionnements
La mise en place de la déconcentration administrative va mettre fin à
nombre de dysfonctionnements relevés au niveau de la gestion actuelle,
dont la faible coordination interministérielle, en raison de l’absence d’un
interlocuteur unique représentant l’État au niveau territorial ainsi que la
faiblesse des outils d’animation de l’action de l’État au niveau territorial. Il
n’existe pas, actuellement, d’espace d’échange et de concertation des
représentants de l’administration centrale au niveau territorial. Ainsi, il
manque une vision commune du développement territorial alors qu’il s’agit
d’une nécessité pour la convergence des différentes politiques
sectorielles. Le système actuel a montré ses limites car chaque
département dispose de son propre schéma de déconcentration. Il est à
rappeler que la Banque mondiale recommande au Maroc la mise en œuvre
effective du processus de décentralisation/déconcentration dans le
contexte de la régionalisation avancée, à travers le transfert de nouvelles
compétences par voie contractuelle, la refonte du système de transferts
et de péréquations financières, la mobilisation des moyens techniques et
humains nécessaires, et la mise en place d’un système de suivi-évaluation
de la performance des services locaux. Pour cette institution
internationale, le processus devrait être particulièrement vigilant et mené
avec diligence pour que la déconcentration ne se traduise pas par la
multiplication de services déconcentrés, la duplication pure et simple
d’organigrammes centraux ou par le développement d’une bureaucratie
régionale sans pouvoir réel de décision ni moyens adéquats d’intervention.
Le Maroc est appelé à bien planifier ce chantier pour pouvoir accompagner
efficacement le chantier de la régionalisation avancée qui constitue une
opportunité considérable en termes de démocratie locale et de
développement territorial inclusif. La mauvaise planification déteindra sur
le développement régional et risque d’engendrer des coûts financiers
considérables.