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10 propositions de conférences
de Bruno Parmentier
Auteur des livres :
• « Nourrir l’humanité » (Ed. La Découverte 2009, prix Terra)
• « Manger tous et bien » (Editions du Seuil 2011)
• « Faim zéro, en finir avec la faim dans le monde » (Editions La Découverte 2014)
• « Agriculture, alimentation et réchauffement climatique », 2018 Téléchargeable ici (gratis)
• « Bien se loger pour mieux vieillir » (Editions ERES 2020)
Voir aussi mon blog Nourrir – Manger, et ma chaîne You Tube Nourrir Manger Bruno Parmentier
5- Agriculture, alimentation
et réchauffement climatique.
Qu’en est-il du réchauffement climatique, alors que certains
détracteurs affirment que c’est une pure invention ? Quelle ampleur
risque-t-il de prendre au XXIe siècle, à la ville et à la campagne, au Nord
comme au Sud ? En particulier quelles seront ses conséquences
concrètes dans les différentes régions
de France ?
Alors même qu’il faudra
augmenter de 70 % la production
agricole mondiale d’ici à 2050, pour
faire face à l’augmentation de la population, à l’accroissement
du nombre de gens qui mangeront de la viande et des produits
lactés, et à la nécessité de produire un peu plus que de
l’alimentation sur nos champs, en quoi le réchauffement
climatique va-t-il compliquer cet immense défi ? Car
l'agriculture (et plus généralement l'alimentation) est en fait
triplement concernée par le problème du réchauffement
climatique, car elle en est tout à la fois :
• Victime : d’une part c’est probablement une des activités humaines qui va le plus
souffrir des effets du réchauffement, lequel compromettra gravement son
développement dans de nombreuses régions du monde.
• Cause : d’autre part, c’est un paradoxe, elle est une des acteurs majeurs de ce
réchauffement, car elle émet à elle seule entre 20 et 25 % des gaz à effet de serre
d’origine humaine.
• Solution : mais aussi c’est elle qui détient un des seuls outils que nous possédons pour
contribuer à résoudre le problème : la réduction de la teneur en gaz carbonique via sa
fixation dans les arbres et le sol.
On analyse en particulier dans le détail des contraintes qui vont croitre fortement : des
cyclones plus violents, des canicules plus fréquentes, la disparition des deltas fertiles, l’avancée
des déserts sur les savanes, la raréfaction de l’eau douce disponible, la plus grande fréquence des
inondations, l’augmentation du risque sanitaire, la migration des cultures et la baisse des
rendements de nombreuses cultures.
On passe alors en revue la liste des actions à mettre en œuvre aujourd’hui pour anticiper à
temps, et continuer à produire malgré ces nouvelles contraintes, et en plus rendre de réels services
à la société en fixant du carbone : entreprendre des travaux agro-environnementaux, manger
moins de viande, surtout de ruminants, couvrir les sols en permanence, replanter des arbres
partout, privilégier les cultures peu gourmandes en eau, en inventer de nouvelles, garder
suffisamment de terres agricoles, stocker l’eau partout où l’on peut, améliorer l’efficacité de l’eau
d’irrigation, et promouvoir une agriculture écologiquement intensive.
Compte tenu de l’ampleur du sujet, 2 conférences possibles sur ce thème :
• Le constat : les dangers que fait courir le réchauffement de la planète sur la nourriture des
humains.
• Les solutions : comment l’agriculture peut contribuer à moins réchauffer la planète, fixer
davantage de carbone, et produire suffisamment malgré le réchauffement.
Et, bien entendu, on peut « régionaliser la conférence en fonction des réels enjeux du
département où on se trouve.
La planète Terre dispose de beaucoup d’eau, mais 97 % de celle-ci est salée, et plus de
2 % gelée ou inaccessible. En fait l’eau « utile pour manger » représente moins de 1 % de
l’eau de la planète et se trouve très mal répartie : beaucoup de pays très peuplés en manquent
cruellement tandis que d’autres subissent de fréquentes inondations.
Or les plantes ont besoin d’énormément d’eau pour pousser, et utilisent à cet effet
70 % de cette eau douce disponible, soit en direct, via la pluie, soit indirectement via
l’irrigation (qui occupe actuellement un champ sur sept sur la planète).
Avec le réchauffement climatique, les problèmes vont s’aggraver considérablement
dans de nombreuses régions : cyclones plus violents, disparition des deltas fertiles, avancée
des déserts sur la savane, asséchement de lacs et de rivières, baisse des nappes phréatiques,
augmentation des risques sanitaires, canicules, etc.
De graves conflits vont apparaître au XXIe siècle pour le contrôle et l’appropriation de
l’eau, au niveau local, régional et international. Ils vont provoquer des migrations sans
précédent.
Comment, dans ces conditions, pourrons-nous malgré tout augmenter de 70 % la
production agricole mondiale pour se nourrir tous et bien dans l’avenir ?
Par exemple, en France, comment ferons-nous dans le Sud-Ouest quand la Garonne
sera à sec plusieurs mois par an ?
Face au défi de nourrir l’humanité demain, l’énergie occupe dorénavant une place
centrale. Auparavant l’agriculture ne consommait pratiquement que de l’énergie solaire (on
considère que la production de nourriture pour les animaux occupés par la traction occupait
près du tiers des surfaces arables !).
Maintenant, on a beaucoup augmenté la production agricole, mais au prix de la
consommation d’énormément d’énergie fossile (celle emmagasinée dans les forêts il y a des
millions d’année !).
Il y a un siècle, il fallait mobiliser 1 calorie fossile pour produire 1 calorie alimentaire,
maintenant près de 100.
Pour remplir l’assiette quotidienne d’un français, il faut dorénavant mobiliser ¼
d’hectares arable, mais aussi 4 500 litres d’eau et 4 litres d’équivalent pétrole.
Les principaux postes de consommation énergétique sont :
• Le labour : labourer 1 hectare
consiste à remuer 4 000 tonnes
de terre à l’aide de 15 à 40 litres
de fuel, suivant la nature du sol.
• Les engrais azotés, fabriqués
avec du gaz naturel ; on en
consomme actuellement en
France 74 kilos à l’hectare.
Depuis 50 ans, on a certes triplé
la production mondiale de
céréales dans le monde sur les
mêmes surfaces, mais en
multipliant par 9 la
consommation d’engrais.
• Les pesticides qui consomment beaucoup d’énergie dans le processus de
fabrication.
• Les transports successifs, tant de produits intermédiaires (nourriture pour animaux,
ingrédients pour l’agroindustrie) que de produits finis, vu la mondialisation de
l’alimentation.
• Le chauffage des serres
Du coup, l’agriculture est à la fois cause majeure du réchauffement climatique,
puisqu’elle émet dorénavant le quart des gaz à effet de serre d’origine humaine, et
directement menacée par ses effets délétères, qui à leur tour risquent de l’obliger à
consommer plus d’énergie pour s’en sortir.
Il faudra donc dorénavant produire toujours plus de nourriture, mais avec beaucoup
moins d’énergie fossile. Et en plus, si possible, produire un peu d’énergie sur nos champs, en
plus de la nourriture. On pourra le faire en trouvant des techniques qui permettront
d’intensifier les processus écologiques, alors qu’on avait l’habitude d’intensifier les processus
chimiques.