Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Biologie de la pulpe
S. SIMON
La dentine est un tissu perméable qui est traversé par des La dentine intracanaliculaire est sécrétée tout au long de la
structures tubulaires appelées tubuli ou canalicules denti-
vie de la dent et peut être accélérée dans certaines condi-
naires. Ces canalicules traversent la dentine de part en
part, de la jonction amélo-dentinaire (ou jonction tions physiopathologiques (en cas d’agression carieuse par
cémento-dentinaire dans la région de la racine) jusqu’à la exemple) aboutissant parfois à la sclérose dentinaire par-
lumière canalaire qui contient le tissu pulpaire. tielle, voire complète (Senawongse et al., 2008).
La composition biochimique des dentines intercanaliculaire
et péricanaliculaire est différente, notamment au niveau de
Les tubuli contiennent le fluide dentinaire d’origine pulpaire la trame collagénique. Ces différences ont une incidence
et le prolongement de l’odontoblaste. Le niveau d’extension directe sur certaines procédures thérapeutiques, en particu-
de ces prolongements cellulaire au sein des canalicules reste lier lors de l’agression acide dans le conditionnement préa-
controversé puisque, pour certains, le prolongement cyto- lable de la dentine pendant les étapes d’adhésion. Les
plasmique occupe la lumière canaliculaire sur toute sa lon- protocoles doivent donc être adaptés à la nature de la den-
gueur (Maniatopoulos et Smith, 1983 ; Sigal et al., 1984 et tine concernée et seront différents selon qu’il s’agit d’une
1985), alors que d’autres suggèrent que cette extension dentine sclérotique ou d’une cavité profonde sur une dent
occupe au maximum un tiers de cette même longueur (Gar- d’un patient jeune. Ces différences structurelles sont égale-
beroglio et Brannström, 1976 ; Thomas et Carella, 1983 et ment importantes en endodontie lorsque l’on envisage de
1984 ; Pashley, 2002). mettre en œuvre des systèmes d’obturation canalaire fondés
Cette particularité de structure est importante car la pré- sur des propriétés adhésives. La dentine de la région apicale
sence de ces extensions cellulaires au sein du tissu minéralisé est majoritairement fibreuse (fibrodentine) et donc considé-
peut influencer l’approche thérapeutique. Certains canali- rablement différente d’une dentine tubulaire classique ren-
cules sont partiellement oblitérés par des produits issus de contrée sur le reste de la racine (Mjör et al., 2001).
l’activité cellulaire elle-même ; après agression carieuse de la
dent, cette fermeture même partielle confère à la dentine Remarque : cette différence structurelle pose donc un pro-
des propriétés de perméabilité vers la pulpe sensiblement blème dans l’élaboration de protocoles et de produits de
différentes de celles où les diamètres des canalicules expo- collage puisque l’on doit prendre en considération la diffé-
rence de tissus présents dans une unité radiculaire.
sés sont plus importants. Ces modifications doivent être
prises en compte lors de l’établissement du plan de traite-
ment de la dent à traiter. Pour ces raisons, les techniques ayant fait leurs preuves en
La dentine circumpulpaire ou périphérique est composée de termes d’adhésion sur la dentine coronaire ne sont pas repro-
dentine intercanaliculaire (entre les canalicules) et de den- ductibles au niveau radiculaire, ce qui explique en partie les
tine péricanaliculaire ou intracanaliculaire (qui a été déposée difficultés rencontrées lors de la mise au point de nouveaux
secondairement en périphérie du canalicule et qui réduit produits qui, en termes d’étanchéité, devraient permettre de
ainsi le diamètre de sa lumière) (fig. 1.1). palier les défauts des matériaux actuellement utilisés.
1 - Dentine primaire
Il s’agit de la dentine sécrétée en première intention au cours
du développement de la dent. Elle donne la forme générale
de la couronne et de la racine et est ainsi responsable de la
morphologie de l’organe. La couche la plus externe, relative-
ment fine et immédiatement sous-jacente à la jonction
amélo-dentinaire, est sécrétée par les odontoblastes au
cours de leur différenciation terminale. Elle présente une
structure sans canalicules et est qualifiée de « dentine man-
teau » (mantle dentine).
Figure 1.2 Localisation histologique des deux types de dentines
2 - Dentine secondaire physiologiques (primaire et secondaire).
La dentine secondaire, quant à elle, est sécrétée physiologi-
quement après l’éruption de la dent dans la cavité buccale 3 - Dentine tertiaire
ou après l’apexogenèse. Elle est physiologique et ne doit en La dentine tertiaire est sécrétée en réponse à une agression
aucun cas être considérée comme une structure patholo- externe, telle que la carie ou l’abrasion, afin de protéger la
gique. Cette dentinogenèse est responsable de la diminution pulpe sous-jacente. Dans le cas d’un stress modéré, qui ne
progressive et asymétrique du volume canalaire au cours du conduit pas à la destruction des odontoblastes, la dentine
vieillissement, souvent improprement dénommée « calcifi- sécrétée est appelée « dentine réactionnelle » ; lorsque le
cation » ou « minéralisation ». stress est plus intense et que la survie des odontoblastes est
compromise, il s’agit alors de « dentine réparatrice ».
Ce processus biologique explique les différences qui La distinction entre dentine secondaire (physiologique) et
existent entre le volume canalaire d’une dent jeune et tertiaire (cicatricielle) est clairement définie, malgré une fré-
celui d’une dent plus âgée. quente confusion dans la littérature scientifique (fig. 1.3). La
bonne compréhension et connaissance de ces trois types de
dentinogenèses est primordiale pour une approche théra-
La sécrétion de dentine secondaire n’est pas uniforme ; elle peutique raisonnée.
est plus importante au niveau du toit et des parois externes
de la chambre pulpaire qu’au niveau du plancher. La compo-
sition chimique et la structure histologique des dentines pri- B - Dentine et os
maire et secondaire sont absolument identiques, bien que
ces similitudes aient rarement fait l’objet de recherches Important ! La dentine et l’os ont une composition biochi-
poussées (fig. 1.2). Seule la vitesse de sécrétion diffère : la mique très proche mais présentent des différences structu-
dentine primaire est sécrétée à une vitesse de 4 µm/j, alors relles essentielles.
que la sécrétion de dentine secondaire se fait à une vitesse
de 0,4 µm/j (Schour et Poncher, 1937 ; Ziskin et al., 1949 ; Plusieurs études récentes ont montré que la composition de
Nanci, 2003). ces tissus est beaucoup plus proche que cela a pu être appré-
cié pendant des années. Certaines molécules qui ont long-
En résumé, la dentinogenèse primaire existe au cours du temps été considérées comme spécifiques de la dentine (par
développement et conduit à la formation de la couronne exemple la DSP) ont finalement été également retrouvées
et de la racine de la dent, alors que la dentine secondaire dans l’os alvéolaire (Butler et al., 2003 ; Huang et al., 2008a). Il
est sécrétée tout au long du reste de la vie de la dent et est de plus en plus difficile de trouver des marqueurs spéci-
est responsable de la réduction de la taille de la chambre fiques permettant de caractériser chacun de ces tissus. Néan-
pulpaire, des canaux radiculaires et de la sécrétion conti- moins, l’expression des protéines SIBLINGs (small
nue de dentine péricanaliculaire (Baume, 1980).
integrin-binding ligand N-linked glycoproteins), par exemple,
Destruction
pulpaire
localisée
Dentine Dentine
réactionnelle réparatrice
Figure 1.3 La densité des canalicules dentinaires est variable au sein de l’épaisseur
dentinaire. En section transversale (Pashley, 1996), les canalicules occupent de 2 à 3 %
de la surface dentinaire en périphérie de la dent et atteignent de 20 à 25 % à proximité
de la pulpe (d’après Olgart et Bergenholtz, 2003).
D : dentine ; P : pulpe.
permet cette différenciation grâce à une mise en évidence cellules dentaires et osseuses à différents stades de leur vie
d’expression différentielle quantitative (Huang et al., 2008a). cellulaire (Simon et al., 2009).
Sur le plan structurel, l’os et la dentine présentent un certain
nombre de similitudes. Les cellules de l’os alvéolaire et de la
dentine sont toutes issues des crêtes neurales, ce qui peut
C - Canalicules dentinaires :
expliquer un certain nombre des similarités retrouvées entre une zone de communication
les deux tissus en termes de formation et de structure. Au
niveau de l’os, les ostéoblastes sont responsables de la sécré- 1 - Structure tubulaire
tion de la matrice ; une fois enfermées dans cette matrice La densité des canalicules au sein de la dentine est impor-
minéralisée, ces cellules changent d’aspect, deviennent tante (environ 30 000/mm2 en moyenne) ; ils ont un dia-
quiescentes et se transforment en ostéocytes qui commu- mètre approximatif de 1 à 3 µm en moyenne dans la dent
niquent entre eux grâce à un important réseau de prolonge- humaine (fig. 1.4).
ments cytoplasmiques cellulaires, eux-mêmes enfermés dans
des canalicules. Au niveau du complexe pulpo-dentinaire, les
odontoblastes restent en surface de la matrice dentinaire Leur répartition est inégale dans l’épaisseur de la dentine et
dont ils assurent la sécrétion ; seul un prolongement cyto- leur densité augmente à proximité de la cavité pulpaire, reflet
plasmique persiste dans l’épaisseur de la dentine au sein d’un de la confluence des odontoblastes et de leur migration en
canalicule. Ce prolongement cellulaire présente de nom- direction centripète au cours de la dentinogenèse (fig. 1.4).
breuses ramifications latérales qui permettent également Ces canalicules ont un trajet sinusoïdal au niveau de la cou-
une communication intercellulaire. Des ressemblances mor- ronne et présentent de nombreuses ramifications. Ainsi, la
phologiques entre les canalicules dentinaires et ostéocy- surface de contact entre l’odontoblaste et la matrice denti-
taires ont été mises en évidence (Lu et al., 2007) et des naire est largement augmentée grâce à la présence du pro-
données récemment publiées montrent également des simi- longement au sein des canalicules et de nombreuses
litudes à l’échelle moléculaire dans le comportement des ramifications.
D Bactéries/toxines
Dentine
P
Os
Remarque : à ce stade, il est recommandé de ne pas sécher Par exemple, il est relativement fréquent de rencontrer des
à nouveau la surface ; un excès de séchage pourrait occa- patients rapportant des douleurs postopératoires après le
sionner des dégâts irréversibles au niveau de la pulpe, res-
ponsables de douleurs postopératoires inévitables. La
collage d’un inlay/onlay en méthode indirecte. Cette sensibi-
nouvelle génération d’adhésifs prend en compte ce phéno- lité est particulièrement décrite au cours de la mastication et
mène et les produits tolèrent dorénavant l’humidité denti- peut facilement être expliquée par la théorie hydrodyna-
naire sans pour autant affecter les propriétés d’adhésion. mique. Au cours de la mastication, la couche hybride issue du
processus de collage se comporte comme un élément
« absorbeur » de choc grâce à ses propriétés viscoélastiques.
Essentiel : la perméabilité dentinaire est un facteur inévi- Les micromouvements de fluide engendrés au sein des cana-
table et nécessaire qu’il faut prendre en considération dans licules peuvent créer une surpression pulpaire responsable
les procédures cliniques en dentisterie. Une intervention au
niveau de la dent provoque inévitablement des dégâts pul- des douleurs décrites par le patient.
paires ; les réponses de défense sont nombreuses et com- Ces micromouvements du fluide dentinaire peuvent égale-
plexes et leur processus n’est, à ce jour, toujours pas ment expliquer les douleurs issues des fêlures ou fractures
complètement compris. radiculaires. Ce type de douleur est souvent troublant pour
le patient puisqu’il ne survient pas au moment de la pression
sur la dent concernée mais du relâchement. Dans le cas d’une
Néanmoins, ils sont à la base du processus de cicatrisation et
fêlure, la pression engendrée par l’occlusion provoque une
des douleurs postopératoires qui sont parfois rencontrées
séparation des deux parois dentinaires ; ainsi, le fluide pul-
après un traitement conservateur. Il est nécessaire de
paire interstitiel a tendance à pénétrer dans cette nouvelle
connaître et d’appréhender ces processus de défense afin
voie créée. Lorsque l’occlusion est relâchée, les deux parois
d’optimiser le confort du patient après un traitement quel
dentinaires ont tendance à se rapprocher, engendrant ainsi
qu’il soit.
une surpression intrapulpaire qui provoque une douleur
brève et aiguë. Le seul traitement permettant d’éviter cette
Important ! La théorie hydrodynamique pulpaire (Brannström, symptomatologie consiste à prévenir cette séparation des
1963) est probablement le processus le mieux connu permet-
tant d’expliquer les douleurs d’origine pulpaire.
parois, par exemple en protégeant la dent concernée avec
une couronne. Dans ce cas précis, et en l’absence d’autres
Obturation
Dentine
Pulpe
Couche
Couche hybride hybride
Obturation
Obturation
Fluide
Dentine
dentinaire
Pulpe
Pulpe
b c
pathologies pulpaires associées, le traitement endodontique diffusion vers la pulpe sous-jacente. La mise au point de nou-
n’est pas indiqué. veaux produits d’adhésion notamment, permettant en plus
des propriétés adhésives une possible désinfection réma-
D - Conséquences sur l’élaboration nente, est une voie de recherche actuellement largement
exploitée. Le Protect Bond® (Kuraray®, Allemagne), dans lequel
de nouvelles technologies du 12-methacryloyloxy-dodecyl-pyridinium-bromide (MDPB)
Nos connaissances actuelles sur le complexe pulpo-denti- a été ajouté à l’agent d’adhésion, est un exemple significatif
naire nous permettent d’imaginer une nouvelle ère pour la de la nouvelle génération de ce type de produit. Une autre
dentisterie, fondée sur une approche plus biologique qu’au- voie de recherche consiste à imaginer l’ajout de molécules
paravant. Par exemple, le concept de la désinfection des cavi- biostimulantes, ce qui permettrait de contrôler la cicatrisa-
tés est d’une importance primordiale pour prévenir tout tion pulpaire par le biais d’un matériau de restauration coro-
risque de pénétration bactérienne dans les canalicules et sa naire.
III - Histologie du tissu pulpaire longement odontoblastique contient un nombre limité d’or-
ganites intracellulaires (que l’on suspecte d’être responsables
La pulpe contient différentes populations cellulaires, parmi de la sécrétion tardive de dentine intratubulaire), principale-
lesquelles certaines sont très spécialisées et présentes des ment remplis par un réseau très dense de microfilaments ou
fonctions particulières (fig. 1.8). autres microtubules.
De plus, les odontoblastes coronaires sont considérés
comme des cellules différentes de celles que l’on retrouve au
Dentine niveau radiculaire (Nanci, 2003). Les odontoblastes coro-
naires sont allongés et pyramidaux, avec un noyau apical,
alors que les odontoblastes radiculaires sont plus cubiques,
ce qui confirme leur plus faible activité.
A
Cette différence est rarement prise en compte mais pour-
rait expliquer pourquoi des thérapeutiques qui ont été
Odontoblastes validées au niveau coronaire (coiffage pulpaire par
exemple) ne produisent pas les mêmes résultats au niveau
Cellules de la couche de Höhl
de la pulpe radiculaire.
Tissu pulpaire contenant des fibroblastes,
des cellules mésenchymateuses indifférenciées
(progéniteurs) et des cellulaires immunitaires B - Processus de différenciation terminale de
l’odontoblaste au cours du développement
Vaisseaux sanguins
Les odontoblastes synthétisent les composants de la pré-
dentine (collagène, glycoprotéines et autres protéines non
collagéniques) et sont responsables de sa minéralisation.
Comme pour les autres cellules de la pulpe dentaire,
Figure 1.8 Différenciation terminale de l’odontoblaste. À l’issue l’odontoblaste dérive des cellules mésenchymateuses issues
de la dernière mitose, la cellule fille en contact avec la mem- des crêtes neurales et la différenciation de ces cellules est
brane basale se différencie en odontoblaste, tandis que la
sous le contrôle de la membrane basale qui les sépare de
seconde cellule fille rejoint les cellules de la couche de Höhl.
Am : améloblaste ; BM : membrane basale ; UC : cellule indiffé- l’épithélium dentaire interne. Cette différenciation se
renciée, PO : pré-odontoblaste ; PMO : odontoblaste postmito- déclenche au niveau des pointes cuspidiennes et se poursuit
tique ; O : odontobalste sécréteur ; gf : facteur de croissance ; selon un patron temporo-spatial génétiquement prédéter-
HC : cellule de la couche de Höhl. miné. Chez la souris, les premiers odontoblastes différenciés
apparaissent au 18e jour du développement embryonnaire, au
niveau de la pointe cuspidienne de la première molaire infé-
A - Odontoblastes rieure. Le processus de différenciation s’étend graduellement
vers la région apicale et donne lieu à la formation d’un gra-
L’odontoblaste est une cellule très différenciée, post-
mitotique, organisée en palissade unicellulaire à la péri- dient de différenciation (Ruch et al., 1995).
phérie de la pulpe. La présence d’organites intracellulaires
impliqués dans les processus de sécrétion/minéralisation 1 - Du pré-odontoblaste à l’odontoblaste fonctionnel
confirme la forte activité de ces cellules, notamment au Au cours des étapes initiales du développement, les cellules
cours de la dentinogenèse primaire (Jones et Boyde, 1984). indifférenciées dérivant des crêtes neurales crâniennes
migrent vers le premier arc branchial. L’épithélium oral joue
un rôle clé dans le patron initial de la dent, en contrôlant
Les odontoblastes sont reliés entre eux par des jonctions cel- l’engagement des cellules ainsi que la morphologie générale
lulaires de type gap jonction, organisant ainsi les cellules en des germes dentaires (incisive, molaire, etc.).
une parfaite barrière perméable. Ces gap jonctions assurent La différentiation finale du pré-odontoblaste en odonto-
également la communication entre les cellules elles-mêmes, blaste mature intervient après un nombre spécifique de divi-
ce qui représente un élément important dans le processus de sions cellulaires (Ruch et al., 1995). Toutes les cellules de la
réponse cellulaire à l’agression et, à une plus grande échelle, papille dentaire ont le potentiel pour se différencier en
dans celui de la cicatrisation (Magloire, Couble et al., 2004). odontoblastes matures mais, finalement, seules les cellules
Contrairement aux ostéocytes, les odontoblastes ne sont pas en contact avec la membrane basale (qui les sépare de l’épi-
incorporés dans la matrice sécrétée, à l’exception de leur thélium dentaire interne) vont entrer dans le processus de
prolongement cellulaire qui reste enclavé dans le canalicule. différenciation terminale. Ces considérations ont des impli-
C’est l’une des raisons pour lesquelles la dentine ne doit pas cations importantes dans le processus de cicatrisation où
être considérée comme une entité individuelle mais plutôt d’autres voies de signalisation sont impliquées dans le
comme un complexe, qualifié de pulpo-dentinaire. Le pro- déclenchement de la différenciation en néo-odontoblaste.
10
11
l’épithélium dentaire interne. Ces modifications sont fonda- calcine au cours de l’odontogenèse (Bidder et al., 1998 ;
mentales pour la régulation du développement dentaire. Blin-Wakkach et al., 2001).
En étant stimulés, les facteurs de transcription sont au cœur
Les principaux composants de la membrane basale sont le des événements de la cascade moléculaire et cellulaire inter-
collagène IV, la fibronectine, la laminine (Lesot et al., 1981), venant au cours du développement dentaire ; ils sont res-
le nidogène, la tenascine, l’acide hyaluronique et des pro- ponsables en grande partie de la régulation temporo-spatiale
téoglycanes incluant les héparines sulfate (Thesleff et al., et morphologique du développement des germes dentaires.
1981). La deuxième couche remarquable au niveau de la pulpe est la
zone dense en cellules appelée la couche de Höhl, séparée
de la palissade odontoblastique par la couche dite acellulaire
4 - Facteurs de croissance de Weil. Cette zone a longtemps été considérée comme un
réservoir potentiel de cellules de remplacement, incomplè-
De nombreux facteurs de croissance et leurs récepteurs ont
tement différenciées, qui pourraient être impliquées dans les
été mis en évidence à l’interface entre l’organe de l’émail et
processus de cicatrisation, de dentinogenèse réparatrice et
la papille dentaire par immunohistochimie et hybridation in
de formation du pont dentinaire, lorsque la couche d’odonto-
situ au cours du développement dentaire, et ont été impli-
blastes est endommagée (Fitzgerald, 1979).
qués dans le processus de différenciation de l’odontoblaste :
Le réseau capillaire et le plexus nerveux qui existent entre les
- l’hormone de croissance (GH, growth hormone), qui joue un
deux couches sont importants ; seule une petite quantité de
rôle paracrine et/ou autocrine au cours du développement
fibres nerveuses accompagne l’extension cytoplasmique dans
dentaire (Zhang et al., 1997) ;
les canalicules dentinaires, et ce sur une courte distance
- les IGF-1 et 2 (de la famille des IGF, insulin-like growth fac-
(Carda et Peydro, 2006). Les capillaires, quant à eux, sont
tor) (Begue-Kirn et al., 1994 ; Joseph et al., 1996 ; Cassidy
étroitement associés avec la palissade d’odontoblastes et
et al., 1997) ;
supplémentent ces cellules en nutriments nécessaires à leur
- les TGF-β1, 2 et 3 (transforming growth factor) (D’Souza
activité de synthèse et de minéralisation.
et al., 1990 ; Thesleff et Vaahtokari 1992) et les BMP 2 4 et 6
(bone morphogenetic protein) (Vainio et al., 1993), qui jouent
un rôle dans la polarisation et la différenciation de l’odonto- C - Fibroblastes pulpaires
blaste (Begue-Kirn et al., 1994). Dans la pulpe adulte notam-
ment, le TGF-β1 joue un rôle important dans la régulation Comme tout tissu conjonctif, la pulpe est majoritairement
de la réponse inflammatoire et le processus de régénération constituée de fibroblastes ; ces cellules sont responsables de
tissulaire (Cooper et al., 2010). la formation et du renouvellement de la matrice extracellu-
Ces facteurs de croissance séquestrés dans la matrice denti- laire. Celle-ci joue un rôle important ; sa viscosité varie avec
naire lors de la minéralisation pourraient être à l’origine de le temps (la fibrose augmente avec l’âge du tissu) et avec les
signalisations cellulaires dans le processus de régénération à processus physiopathologiques. Sa viscoélasticité lui permet
partir du moment où ils sont relargués de la dentine par le de s’adapter aux variations de pression, inhérentes au proces-
processus carieux (Smith et al., 1998). Le rôle exact de ces sus inflammatoire par exemple. Grâce à cette adaptabilité, la
molécules et leur réelle implication demeurent inconnus et plupart des épisodes d’inflammation pulpaire demeurent cli-
nécessitent de plus amples recherches. niquement asymptomatiques.
12
13
14
a b
Dentine
réactionnelle
15
B - Dentinogenèse réparatrice
Les odontoblastes sont les seules cellules capables de
sécréter de la dentine. Lorsqu’ils disparaissent à la suite Remarque : plusieurs procédures cliniques ont été propo-
d’un traumatisme, la formation d’un pont dentinaire est sées pour la protection de la pulpe et l’hydroxyde de cal-
toujours possible à partir du moment où de nouvelles cel- cium a longtemps été considéré comme un matériau de
lules de phénotype odontoblastique sont disponibles sur choix. Cependant, la piètre qualité du pont dentinaire
le site lésé. obtenu et son manque d’étanchéité sont probablement à
l’origine des nombreux échecs cliniques rencontrés avec ce
matériau.
Traditionnellement, la cicatrisation conjonctive implique la
migration des cellules de la couche basale germinative, cel- Pour beaucoup de cliniciens, le coiffage pulpaire n’est pas
lules qui entrent en division et viennent ainsi fermer la brèche considéré comme une thérapeutique aux résultats prévi-
de façon centripète. Secondairement, une réorganisation du sibles et nombre d’entre eux considèrent que la pulpectomie
tissu permet d’obtenir une cicatrisation complète. offre un meilleur pronostic que la conservation de la vitalité
Les odontoblastes sont des cellules différenciées postmito- pulpaire. Plusieurs auteurs ont proposé de réaliser le coiffage
tiques ; ils ne sont pas capables de se diviser pour produire pulpaire directement avec le matériau d’obturation coronaire
de nouvelles cellules sécrétrices. Lorsqu’ils sont détruits, une lui-même, mais il n’existe aucune preuve histologique de la
autre forme de remplacement intervient, impliquant le recru- formation d’un pont dentinaire dans ces conditions. Même si,
tement de cellules progénitrices locales ou distantes (Fitzge- cliniquement, les résultats semblent satisfaisants, cette
rald, 1979 ; Fitzgerald et al., 1990) (fig. 1.12). Après exposition approche ne peut être considérée comme fiable à long
pulpaire et mise en place d’un matériau approprié, un pont terme. Cet exemple illustre parfaitement ce qui distingue le
dentinaire est formé en quelques semaines (fig. 1.13) par de clinicien du scientifique. Alors que les cliniciens se focalisent
nouvelles cellules de phénotype odontoblastique. L’origine sur les propriétés d’étanchéité du matériau et sur la préven-
exacte de ces cellules progénitrices n’est toujours pas claire- tion de la percolation bactérienne, les scientifiques sont plus
ment définie. Plusieurs auteurs considèrent que le processus intéressés par le caractère bioactif des matériaux et leur apti-
engagé pourrait être le même que celui du développement tude à induire une réponse tissulaire. Dans un futur proche,
initial (Smith et Lesot, 2001 ; Mitsiadis et Rahiotis, 2004) ; les matériaux existants pourront servir de tremplin à la mise
l’origine de ces cellules reste inconnue, et un recrutement à au point de biomolécules plus spécifiques afin de faire béné-
distance de la dent grâce à la vascularisation ne peut pas être ficier l’odontologie des dernières avancées biotechnolo-
complètement exclu. giques.
16
Matériau
a b
Matériau
Matériau
c d
17
Remarque : cette protection pulpaire est d’autant plus Plusieurs études in vivo ont montré que le MTA® induisait la
importante qu’il s’agit de patients jeunes, tout particulière- formation d’un pont dentinaire de bonne qualité, étanche et
ment sur les dents immatures où l’édification radiculaire est adhérant aux parois bordant la lésion, et dans lequel on peut
encore incomplète. noter la présence de canalicules dentinaires (fig. 1.14) (Simon
et al., 2008).
Le but ultime du coiffage pulpaire avec un matériau spéci- Si ce matériau présente des propriétés intéressantes, peu de
fique est d’induire la formation d’une barrière de dentine données sont actuellement disponibles sur sa composition
réparatrice entre la pulpe et le matériau d’obturation, en et son mécanisme d’action. Plusieurs études tendent à mon-
permettant aux cellules pulpaires d’exprimer leur potentiel trer que le ciment de Portland présenterait une composition
dentinogénétique (Schroder, 1985). En 1965, Kakehashi similaire et des propriétés très proches de celle du MTA®
démontrait la formation systématique d’un pont dentinaire (Estrela et al., 2000 ; Holland et al., 2001 ; Abdullah et al.,
après exposition pulpaire sur des animaux de laboratoire 2002 ; Funteas et al., 2003 ; Saidon et al., 2003).
élevés en milieu stérile (Kakehashi et al., 1965). Ses expéri-
mentations ont permis de mettre en évidence l’aptitude de
la pulpe à cicatriser en fonction de l’environnement dans Matériau v
lequel elle se trouve et le fait que le processus peut être Pulpe
engagé en l’absence de toute contamination bactérienne pd od od
(Cotton, 1974). db d
d
Depuis de nombreuses années, différents matériaux ont été
utilisés pour réaliser des coiffages pulpaires. Parmi eux, l’hy- Pulp 80 µm 80 µm
100 µm
droxyde de calcium a longtemps été considéré comme le A B C
matériau de référence. En effet, une recherche sur PubMed
(mots clés : calcium hydroxide et pulp capping) permet d’ob- db
tenir plus de 650 références (juillet 2009). Caractérisé par un
pH très basique (Faraco et Holland, 2001), l’hydroxyde de cal- E
cium ne semble plus être considéré comme le matériau idéal,
et ce pour les raisons suivantes :
100 µm 10 µm
- le pont dentinaire qu’il permet d’obtenir est inconstant et D E
poreux (Cox et al., 1996) ;
- il n’adhère pas aux parois dentinaires ; Figure 1.14 Titre à venir ?
- son aptitude au scellement est faible ;
- il a des propriétés antibactériennes limitées.
De plus, à cause de son pH très basique, l’hydroxyde de cal- 1 - Coiffage pulpaire et cicatrisation
cium en contact direct avec la pulpe provoque une destruc- Dans la plupart des cas, l’exposition pulpaire est inévitable-
tion tissulaire superficielle, créant ainsi la formation d’une ment associée à une réponse inflammatoire et le processus
couche nécrosée (Hargreaves et Goodis, 2002). de cicatrisation se déroule selon les étapes suivantes :
De nombreuses recherches sont effectuées sur les biomaté- - hémostase et formation d’un caillot sanguin ;
riaux et leurs aptitudes à induire la formation d’un pont den- - réponse inflammatoire ;
tinaire de qualité (Tarim et al., 1998). Cependant, les résultats - prolifération cellulaire et/ou recrutement ;
restent inconstants. - remodelage tissulaire.
Il y a une quinzaine d’années, l’introduction du MTA® Le processus de cicatrisation des tissus conjonctifs est tou-
(Abedi et al., 1996 ; Ford et al., 1996 ; Torabinejad et jours caractérisé par ces étapes successives. L’échec à
Chivian, 1999) a représenté la meilleure solution de rem- résoudre la réponse inflammatoire conduit à une inflamma-
placement à l’hydroxyde de calcium en tant que matériau tion chronique et, éventuellement, à la nécrose pulpaire. Le
de coiffage pulpaire. Plusieurs études ont montré que la tissu pulpaire immédiatement adjacent à l’exposition est
qualité du pont est meilleure (Nair et al., 2008) et que les caractérisé par la présence de débris nécrosés, la formation
cellules en contact direct avec le produit régénéré expri- d’un caillot sanguin et une réponse cellulaire impliquant l’in-
ment des marqueurs odontoblastiques (Simon et al., filtration significative de neutrophiles. Yamamura (1985) a
2008). décrit la chronologie du processus de cicatrisation chez le
18
19
Bibliographie
Abdullah D, Ford TR, Papaioannou S, Nicholson J, McDonald F. Banerjee AE, Kidd A, Watson TF. In vitro validation of carious
An evaluation of accelerated Portland cement as a restorative dentin removed using different excavation criteria. Am J Dent
material. Biomaterials 2002 ; 23 : 4001-4010. 2003 ; 16 : 228-230.
Abedi H, Torabinejad M et al. The use of Mineral Trioxide Baume LJ. Definitions and classifications of the pulpodentinal
Aggregate cement (MTA) as a pulp capping material. J Endod tissues. In : The biology of pulp and dentine. Vol. 8. Genève :
1996 ; 22 : 199. Karger, 1980 : 60-62.
Begue-Kirn C, Smith AJ, Loriot M, Kupferle C, Ruch JV, Lesot H.
Allard B, Magloire H Couble ML, Maurin JC, Bleicher F. Voltage- Comparative analysis of TGF beta s, BMPs, IGF1, msxs, fibronec-
gated sodium channels confer excitability to human odonto- tin, osteonectin and bone sialoprotein gene expression during
blasts : possible role in tooth pain transmission. J Biol Chem normal and in vitro-induced odontoblast differentiation. Int J
2006 ; 281 : 29002-29010. Dev Biol 1994 ; 38 : 405-420.
Azizi SA, Stokes D, Augelli BJ, DiGirolamo C, Prockop DJ. Bennett JH, Joyner CJ, Triffitt JT, Owen ME. Adipocytic cells
Engraftment and migration of human bone marrow stromal cells cultured from marrow have osteogenic potential. J Cell Sci 1991 ;
implanted in the brains of albino rats. Similarities to astrocyte 99 : 131-139.
grafts. Proc Natl Acad Sci U S A 1998 ; 95 : 3908-3913.
Bernard GW. The ultrastructural interface of bone crystals and
Baker SM, Sugars RV, Wendel M, Smith AJ, Waddington RJ, organic matrix in woven and lamellar endochondral bone. J Dent
Cooper PR et al. TGF-beta/extracellular matrix interactions in Res 1969 ; 48 : 781-788.
dentin matrix : a role in regulating sequestration and protection Bidder M, Latifi T, Towler DA. Reciprocal temporospatial pat-
of bioactivity. Calcif Tissue Int 2009 ; 85 : 66-74. terns of Msx2 and osteocalcin gene expression during murine
Banchs F, Trope M. Revascularization of immature permanent odontogenesis. J Bone Miner Res 1998 ; 13 : 609-619.
teeth with apical periodontitis : new treatment protocol ? J Blin-Wakkach C, Lezot F, Ghoul-Mazgar S, Hotton D, Monteiro S,
Endod 2004 ; 30 : 196-200. Teillaud C et al. Endogenous Msx1 antisense transcript : in vivo
20
21
regeneration and bioroot engineering. J Endod 2008b ; 34 : Lu Y, Xie Y, Zhang S, Dusevich V, Bonewald LF, Feng JQ. DMP1-
645-651. targeted Cre expression in odontoblasts and osteocytes. J Dent
Iwaya SI, Ikawa M, Kubota M. Revascularization of an immature Res 2007 ; 86 : 320-325.
permanent tooth with apical periodontitis and sinus tract. Dent Magloire H, Bouvier M, Joffre A. Odontoblast response under
Traumatol 2001 ; 17 : 185-187. carious lesions. Proc Finn Dent Soc 1992 ; 88 (suppl. 1) : 257-274.
Jepsen S, Albers HK, Fleiner B, Tucker M, Rueger D. Recombinant Magloire H, Couble ML, Romeas A, Bleicher F. Odontoblast pri-
human osteogenic protein-1 induces dentin formation : an expe- mary cilia : facts and hypotheses. Cell Biol Int 2004 ; 28 : 93-99.
rimental study in miniature swine. J Endod 1997 ; 23 : 378-382. Maniatopoulos C, Smith DC. A scanning electron microscopic
Jones S, Boyde A. Ultrastructure of dentin and dentinogenesis. study of the odontoblast process in human coronal dentine.
In : A. Linde (ed). Dentin and dentinogenesis. Boca Raton : CRC Arch Oral Biol 1983 ; 28 : 701-710.
Press, 1984) : 81-134. McLachlan JL, Sloan AJ, Smith AJ, Landini G, Cooper PR. S100 and
Jontell M, Gunraj MN, Bergenholtz G. Immunocompetent cells cytokine expression in caries. Infect Immun 2004 ; 72 : 4102-4108.
in the normal dental pulp. J Dent Res 1987 ; 66 : 1149-1153. McLachlan JL, Smith AJ, Bujalska IJ, Cooper PR. Gene expression
Jontell M, Bergenholtz G, Scheynius A, Ambrose W. Dendritic profiling of pulpal tissue reveals the molecular complexity of
cells and macrophages expressing class II antigens in the normal dental caries. Biochim Biophys Acta 2005 ; 1741 : 271-281.
rat incisor pulp. J Dent Res 1988 ; 67 : 1263-1266. Mitsiadis TA, Rahiotis C. Parallels between tooth development
Jontell M, Okiji T, Dahlgren U, Bergenholtz G. Immune defense and repair : conserved molecular mechanisms following carious
mechanisms of the dental pulp. Crit Rev Oral Biol Med 1998 ; 9 : and dental injury. J Dent Res 2004 ; 83 : 896-902.
179-200. Miura M, Gronthos S, Zhao M, Lu B, Fisher LW, Robey PG et al.
Joseph BK, Savage NW, Daley TJ, Young WG. In situ hybridization SHED : stem cells from human exfoliated deciduous teeth. Proc
evidence for a paracrine/autocrine role for insulin-like growth Natl Acad Sci U S A 2003 ; 100 : 5807-5812.
factor-I in tooth development. Growth Factors 1996 ; 13 : 11-17. Mjör IA. Pulp-dentin biology in restorative dentistry. Part 7. The
Kagayama M, Akita H, Sasano Y. Immunohistochemical localiza- exposed pulp. Quintessence Int 2002 ; 33 : 113-135.
tion of connexin 43 in the developing tooth germ of rat. Anat Mjör IA, Dahl E, Cox CF. Healing of pulp exposures : an ultras-
Embryol (Berl) 1995 ; 191 : 561-568. tructural study. J Oral Pathol Med 1991 ; 20 : 496-501.
Kakehashi S, Stanley HR, Fitzgerald RJ. The effects of surgical Mjör IA, Sveen OB, Heyeraas KJ. Pulp-dentin biology in restora-
exposures of dental pulps in germ-free and conventional labora- tive dentistry. Part 1. Normal structure and physiology.
tory rats. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1965 ; 20 : 340-349. Quintessence Int 2001 ; 32 : 427-446.
Keller JF, Carrouel F, Colomb E, Durand SH, Baudouin C, Msika P Murray PE, About I, Lumley PJ, Smith G, Franquin JC, Smith AJ.
et al. Toll-like receptor 2 activation by lipoteichoic acid induces Postoperative pulpal and repair responses. J Am Dent Assoc
differential production of pro-inflammatory cytokines in human 2000 ; 131 : 321-329.
odontoblasts, dental pulp fibroblasts and immature dendritic Murray PE, Hafez AA, Windsor LJ, Smith AJ, Cox CF. Comparison
cells. Immunobiology 2010 ; 215 : 53-59. of pulp responses following restoration of exposed and non-
Kidd EA. How « clean » must a cavity be before restoration ? exposed cavities. J Dent 2002 ; 30 : 213-222.
Caries Res 2004 ; 38 : 305-313. Murray PE, Hafez AA, Smith AJ, Windsor LJ, Cox CF.
Kidd EA, Banerjee A, Ferrier S, Longbottom C, Nugent. Histomorphogenetic analysis of odontoblast-like cell numbers
Relationships between a clinical-visual scoring system and two and dentin bridge secretory activity following pulp exposure. Int
histological techniques : a laboratory study on occlusal and Endod J 2003 ; 36 : 106-116.
approximal carious lesions. Caries Res 2003 ; 37 : 125-129. Nair PN, Duncan HF, Pitt Ford TR, Luder HU. Histological, ultras-
Krebsbach PH, Kuznetsov SA, Satomura K, Emmons RV, Rowe tructural and quantitative investigations on the response of
DW, Robey PG. Bone formation in vivo : comparison of osteoge- healthy human pulps to experimental capping with mineral
nesis by transplanted mouse and human marrow stromal fibro- trioxide aggregate : a randomized controlled trial. Int Endod J
blasts. Transplantation 1997 ; 63 : 1059-1069. 2008 ; 41 : 128-150.
Lesot H, Osman M, Ruch JV. Immunofluorescent localization of Nakashima M. Induction of dentin formation on canine amputa-
collagens, fibronectin, and laminin during terminal differentia- ted pulp by recombinant human bone morphogenetic proteins
tion of odontoblasts. Dev Biol 1981 ; 82 : 371-381. (BMP)-2 and -4. J Dent Res 1994 ; 73 : 1515-1522.
Linde, 1984. Nanci A. Dentin-pulp complex. In : Nanci A (ed). Ten Cate’s oral
histology : development structure, and function. Saint-Louis :
Linde A, Goldberg M. Dentinogenesis. Crit Rev Oral Biol Med Mosby, 2003 : 192-239.
1993 ; 4 : 679-728.
Okiji T, Kawashima N, Kosaka T, Matsumoto A, Kobayashi C, Suda
Lovschall H, Fejerskov O, Flyvbjerg A Pulp-capping with recom- H. An immunohistochemical study of the distribution of immu-
binant human insulin-like growth factor I (rhIGF-I) in rat molars. nocompetent cells, especially macrophages and Ia antigen-
Adv Dent Res 2001 ; 15 : 108-112. expressing cells of heterogeneous populations, in normal rat
Lovschall H, Mitsiadis TA, Poulsen K, Jensen KH, Kjeldsen AL. molar pulp. J Dent Res 1992a ; 71 : 1196-1202.
Coexpression of Notch3 and Rgs5 in the pericyte-vascular Okiji T, Morita I, Suda H, Murota S. Pathophysiological roles of
smooth muscle cell axis in response to pulp injury. Int J Dev Biol arachidonic acid metabolites in rat dental pulp. Proc Finn Dent
2007 ; 51 : 715-721. Soc 1992b ; 88 (suppl. 1) : 433-438.
22
23
Tarim B, Hafez AA, Suzuki SH, Suzuki S, Cox CF. Biocompatibility Torabinejad M, Chivian N. Clinical applications of mineral
of Optibond and XR-Bond adhesive systems in nonhuman pri- trioxide aggregate. J Endod 1999 ; 25 : 197-205.
mate teeth. Int J Periodontics Restorative Dent 1998 ; 18 : 86-99. Trowbridge HO. Histology of pulpal inflammation. In : Hargreaves
Thesleff I, Barrach HJ, Foidart JM, Vaheri A, Pratt RM, Martin GR. GH, Goodis HE (eds). Seltzer and Bender’s dental pulp. Hanover
Changes in the distribution of type IV collagen, laminin, proteo- Park : Quintessence Publishing, 2002 ; : 227-245.
glycan, and fibronectin during mouse tooth development. Dev Tziafas D, Smith AJ, Lesot H. Designing new treatment strategies
Biol 1981. 81 : 182-192. in vital pulp therapy. J Dent 2000 ; 28 : 77-92.
Thesleff I, Vaahtokari A. The role of growth factors in determi- Vainio S, Karavanova I, Jowett A, Thesleff I. Identification of
nation and differentiation of the odontoblastic cell lineage. BMP-4 as a signal mediating secondary induction between epi-
Proc Finn Dent Soc 1992 ; 88 (suppl. 1) : 357-368. thelial and mesenchymal tissues during early tooth develop-
Thibodeau B, Trope M. Pulp revascularization of a necrotic infec- ment. Cell 1993 ; 75 : 45-58.
ted immature permanent tooth : case report and review of the Ward J. Vital pulp therapy in cariously exposed permanent teeth
literature. Pediatr Dent 2007 ; 29 : 47-50. and its limitations. Aust Endod J 2002 ; 28 : 29-37.
Thibodeau B, Teixeira F, Yamauchi M, Caplan DJ, Trope M. Pulp Yamamura T. Differentiation of pulpal cells ans inductive
revascularization of immature dog teeth with apical periodonti- influences ofvarious matrices with reference to pulpal wound
tis. J Endod 2007 ; 33 : 680-689. healing. J Dent Res 1985 ; 64 : 530-540.
Thomas HF, Carella P. A scanning electron microscope study of Zhang CZ, Li H, Young WG, Bartold PM, Chen C, Waters MJ.
dentinal tubules from un-erupted human teeth. Arch Oral Biol Evidence for a local action of growth hormone in embryonic
1983 ; 28 : 1125-1130. tooth development in the rat. Growth Factors 1997 ; 14 : 131-143.
Thomas HF, Carella P. Correlation of scanning and transmission Ziskin DE, Applebaum E, Gorlin RJ. The effect of hypophysec-
electron microscopy of human dentinal tubules. Arch Oral Biol tomy upon the permanent dentition of rhesus monkey. J Dent
1984 ; 29 : 641-646. Res 1949 ; 28 : 48-54.
Tomson PL, Grover LM, Lumley PJ, Sloan AJ, Smith AJ, Cooper PR.
Dissolution of bio-active dentine matrix components by mineral
trioxide aggregate. J Dent 2007 ; 35 : 636-642.
24
Comme pour toute discipline médicale, la pratique de Important ! Ce chapitre a donc pour but d’explorer la phy-
l’endodontie impose d’établir un diagnostic, de fixer un siologie de la pulpe dentaire et ses répercussions dans
objectif thérapeutique et de mettre en œuvre des pro- l’exercice endodontique. Il mettra un accent particulier sur
cédures de soins. L’étape diagnostique repose sur la l’innervation et la vascularisation.
connaissance des signes et symptômes des maladies pul-
paires, qui peuvent être compris par la connaissance de
la physiologie. Les objectifs thérapeutiques dépendent C’est en effet sur l’innervation que s’apprécient bon nombre
de la nature de la maladie et du degré d’atteinte, réel ou de situations cliniques en l’absence de tests histologiques
estimé, des tissus dentaires. Les procédures endo-
objectifs fiables et utilisables à des coûts raisonnables en cli-
dontiques sont contraintes par l’anatomie et l’histologie
des tissus ainsi que par la nature des processus patholo- nique. La description des sensations perçues par le patient de
giques à l’œuvre. façon spontanée ou après des tests de sensibilité, qui consti-
tuent une sorte d’examen neurologique simple, reste un élé-
ment fondamental de l’appréciation diagnostique et
Comprendre les formes, les structures et les processus biolo- pronostique. La fonction vasculaire est quant à elle primor-
giques normaux et pathologiques constitue donc un objectif diale pour la vie du tissu. Sans apport sanguin, les cellules ne
important dans l’amélioration de nos thérapeutiques. survivent pas au-delà de quelques minutes. Elle fait l’objet
La pulpe est un tissu difficile à étudier du fait de sa situation d’une régulation dynamique à court et long termes qui
particulière, enclose dans des tissus durs et cachée au regard influence évidemment la physiologie pulpaire mais égale-
de l’observateur. Les procédures d’investigation altèrent bien ment les sensations perçues.
souvent le tissu ou n’en explorent qu’un aspect. Néanmoins,
grâce à des techniques sophistiquées et à des approches de
recherche aux méthodologies ingénieuses, nous commen-
çons à connaître une partie des mystères pulpaires. Ces limi-
I - Anatomie descriptive du
tations se retrouvent en clinique : il n’est à l’heure actuelle complexe vasculo-nerveux pulpaire
pas possible de connaître l’état histologique de la pulpe sans
effraction dentaire.
A - Vascularisation
Les tests d’exploration de la vitalité pulpaire se classent La pulpe est un tissu très vascularisé. Environ 15 % de son
aujourd’hui en deux grandes catégories : volume est occupé par les vaisseaux (Vongsavan et Matthews,
- ceux qui explorent la réponse nerveuse à une stimula- 1992a). L’apport sanguin est issu des artérioles qui pénètrent
tion, mécanique thermique ou électrique ; la pulpe par les foramina apicaux, cheminent vers la partie
- ceux qui explorent l’état de la vascularisation. centrale et donnent naissance à de nombreuses collatérales
Aucun de ces tests n’est idéal. radiantes. Les cellules musculaires lisses des artérioles per-
mettent de moduler rapidement le débit sanguin. On observe,
dans la pulpe, des sphincters précapillaires qui permettent
Les tissus durs s’opposent à la pénétration des stimuli et de contrôler l’irrigation de territoires tissulaires. Ils se fer-
entraînent une diffusion électrique (pulp tester), thermique ment et s’ouvrent régulièrement en conditions normales. En
(tests au chaud et au froid) et lumineuse (laser Doppler, oxy- périphérie de la pulpe, un réseau capillaire préterminal dense
métrie pulsée) qui est responsable de faux positifs et de faux et un réseau sous-odontoblastique suppléent les odonto-
négatifs (Petersson et al., 1999) et de confusion quant à l’ori- blastes qui peuvent y puiser les éléments métaboliques
gine du message nerveux ; l’innervation de la pulpe et du nécessaires à leur activité. Des boucles capillaires (U-loops)
parodonte par les branches terminales d’un même neurone très fines forment un réseau dense en constant remodelage
rend parfois les tests mécaniques difficiles à interpréter. Ces du fait de l’apposition dentinaire physiologique permanente
limitations sont une motivation supplémentaire pour mieux (fig. 2.1). Le réseau peut également se remodeler rapidement
connaître la physiologie qui permettra une meilleure inter- en cas de processus pathologique. Les cellules endothéliales
prétation des tests diagnostiques. formant la paroi des vaisseaux disparaissent et une néoangio-
23
24
tion. Parmi ces molécules de signalisation, les facteurs neuro- Si certaines fibres nerveuses entrent dans la pulpe via des
trophiques tels que le facteur de croissance nerveuse (NGF, foramina accessoires, la majorité des éléments nerveux
nerve growth factor), le facteur neurotrophique dérivé du pénètre la dent au niveau du foramen principal sous forme
cerveau (BDNF, brain derived neurotrophic factor), le facteur de faisceaux de fibres myélinisées et amyéliniques. Ces fais-
nerveux dérivé de la glie (GDNF, glial derived nerve factor) et ceaux cheminent ensuite dans la partie centrale de la pulpe,
les neurotrophines de type 3 et 4 (NT3 et NT4) jouent un rôle donnent naissance à quelques ramifications à destination des
essentiel mais pas aux mêmes stades du développement zones périphériques où se produit une importante arborisa-
(Luukko et al., 2008 ; Nosrat et al., 1998). Cependant, l’expres- tion. La densité de l’innervation pulpaire est inégale. La région
sion de ces molécules cesse tandis que l’innervation du com- radiculaire est moins richement innervée que la partie coro-
plexe dentino-pulpaire n’est pas encore achevée et d’autres naire. Les régions des cornes pulpaires, qui sont également
signaux moléculaires attractifs ou répulsifs, issus des odonto- les plus sensibles, ont une densité d’innervation nettement
blastes, prennent le relais comme la sémaphorine 7A ou la supérieure au reste de la pulpe (Lilja, 1979 ; Lilja et al., 1982 ;
rééline (Maurin et al., 2004). Gunji, 1982) (fig. 2.1).
Les terminaisons nerveuses sont observées dans l’ensemble
1 - Topographie de l’innervation périphérique de la pulpe, mais c’est en périphérie que l’on en rencontre le
plus, notamment au voisinage des odontoblastes où elles
a - Innervation pulpaire forment le plexus sous-odontoblastique (dit de Raschkow)
qui est constitué de fibres fines, majoritairement amyéli-
Important ! La pulpe dentaire est un des tissus les plus niques, ou de fibres myélinisées ayant perdu leur gaine de
innervés de l’organisme : on y dénombre de 2 000 à myéline. Une partie des fibres nerveuses s’arborise à proxi-
2 500 axones environ au niveau de l’apex pour une prémo- mité des odontoblastes sans former de contacts synaptiques
laire adulte (Nair, 1995 ; Byers, 1984). Elle contient deux classiques ; d’autres traversent la couche odontoblastique.
grands types de fibres nerveuses (fig. 2.1) :
- des fibres sensitives, dont on a longtemps pensé que leur Certaines fibres nerveuses sont présentes dans la prédentine
seul rôle était de transmettre des informations périphé- et la dentine, à l’intérieur des tubules dentinaires, sur une dis-
riques vers le système nerveux central mais qui ont un rôle tance d’environ 100 µm, sans atteindre par conséquent la
actif de contrôle du milieu local, notamment via le sys- jonction amélo-dentinaire.
tème vasculaire, et de mise en jeu du système immunitaire
(Fristad et al., 2006). Leur corps cellulaire est situé dans le Remarque : il faut noter à ce propos que certaines observa-
ganglion trigéminal ; tions suggérant que la jonction amélo-dentinaire est une
- des fibres du système autonome, efférentes, qui contrôlent zone plus sensible que la dentine, plus interne, ne sont pas
la vascularisation pulpaire et participent également aux valides scientifiquement.
réactions immunitaires. Le corps cellulaire des fibres sym-
pathiques est situé dans le ganglion cervical supérieur. La
présence de fibres parasympathiques cholinergiques a fait Les fibres nerveuses intradentinaires sont des fibres qui sont
l’objet de controverses mais est maintenant établie (Borda restées dans la dentine au fur et à mesure du déplacement
et al., 2007 ; De Couto Pita et al., 2009) sans que l’origine
des odontoblastes et non des fibres qui ont colonisé l’espace
des neurones cholinergiques ait été identifiée.
tubulaire ensuite. On dénombre environ 8 % de tubules
25
innervés au niveau coronaire alors que cette proportion est sont des fibres Aβ à conduction rapide (jusqu’à 48 m/s)
de 1 % dans la partie radiculaire (Fearnhead, 1957). Au niveau (Närhi, 1985 ; Cadden et al., 1983). Ces catégories ne forment
des cornes pulpaires, la densité est plus élevée et se situe aux pas elles-mêmes une classe homogène et plusieurs sous-
alentours de 25 % (Byers et Närhi, 1999). types de fibres nerveuses peuvent être distingués.
b - Innervation parodontale périradiculaire
Note : les fibres C sont dites polymodales en raison de leur
L’innervation parodontale provient pour l’essentiel de fibres capacité à répondre à des stimulations chimiques, ther-
nerveuses issues de la région apicale et qui se distribuent miques et mécaniques, mais elles n’ont pas toutes les
ensuite dans le desmodonte, que rejoignent des fibres addi- mêmes caractéristiques biochimiques.
tionnelles issues de foramina accessoires de l’os alvéolaire
(Linden, 1990). Les fibres nerveuses amyéliniques et myélini- b - Récepteurs
sées sont réparties le long de la racine uniformément sur un
axe horizontal, mais avec des différences de densité verti- 1 - Nocicepteurs et thermorécepteurs
cale, décroissante à partir de l’apex où elle est le plus forte. Les fibres nerveuses assurent leur fonction de détection de
Les fibres amyéliniques et faiblement myélinisées sont fine- l’environnement grâce à des récepteurs dont il existe de
ment arborisées dans le desmodonte sous forme de termi- nombreux types (fig. 2.3).
naisons libres. Les grosses fibres myélinisées se terminent Récepteurs TRP1 : la pulpe dentaire contient des récepteurs à
sous forme de récepteurs spécialisés, de forme et de struc- potentiel transitoire (TRP, transient receptor potentiel),
ture diverses, dont de nombreuses terminaisons caractéris- notamment de nombreux TRPV1 (sous-classe de récepteurs
tiques des mécanorecepteurs de type Ruffini. Une partie des TRP liant les molécules de la famille des vanilloïdes comme
fibres nerveuses est connectée à des mécanorécepteurs à la capsaïcine, le principe actif des piments) qui captent des
bas et haut seuils de stimulation qui participent à l’analyse informations nociceptives thermiques et chimiques. Elle
des forces occlusales. D’autres sont des récepteurs nocicep- contient également des récepteurs TRPV2 en moindre quan-
tifs et thermiques. tité, ainsi que des récepteurs TRPM8 et TRPA1 susceptibles de
2 - Innervation sensitive capter des informations thermiques dans les gammes noci-
ceptives et non nociceptives (Hermanstyne et al., 2008 ;
Note : l’innervation sensitive de la pulpe dentaire est assu- Alvarado et al., 2007 ; Ishikawa et Sugimoto, 2001).
rée par des neurones en T dont le corps cellulaire est situé
dans le ganglion trigéminal. Remarque : il est intéressant de remarquer que certains de
ces TRP sont également présents sur les odontoblastes (Son
et al., 2009) qui pourraient donc jouer un rôle dans la sensi-
Plusieurs types cellulaires ont été décrits : de gros neurones bilité thermique et la mécanotransmission. Tous ces récep-
reliés à des fibres myélinisées et des neurones plus petits teurs ne sont pas présents sur toutes les fibres nerveuses.
reliés à des fibres amyéliniques ou faiblement myélinisées
(Kruger et al., 1989 ; Azérad et al., 1992 ; Ichikawa et al., 1995).
Les fibres sensitives intrapulpaires sont pour l’essentiel des D’autres récepteurs sont sensibles aux variations chimiques
fibres de petit diamètre, amyéliniques ou faiblement myélini- du milieu. Les récepteurs ionotropiques2 de type ASIC (acid
sées, captant des informations chimiques, thermiques et des sensing ionic chanel) sont sensibles à la présence des ions
déformations mécaniques. Ces modifications de l’environne- H+ et détectent donc les variations de pH (Ichikawa et Sugi-
ment sont détectées via des récepteurs spécialisés dont il moto, 2002). Les récepteurs purinergiques de la famille des
existe de nombreux types. Leur activité dépend de l’état P2X détectent l’adénosine triphosphate (ATP), ce qui en fait
physiologique ou pathologique de la pulpe, c’est-à-dire de la des détecteurs des lésions tissulaires quand le contenu intra-
présence de diverses molécules, inflammatoires par exemple, cellulaire, riche en ATP, est libéré dans le milieu extracellu-
dans le milieu extracellulaire, présence qui est détectée par laire (Alavi et al., 2001 ; Renton et al., 2003 ; Cook et al., 1997).
de nombreux récepteurs. Les neurones sensitifs se projettent Les récepteurs P2X3 sont principalement retrouvés dans les
dans le complexe sensitif trigéminal (CST) qui intègre les neurones sensibles au GDNF. D’autres récepteurs fixent des
informations sensitives orales dans les différentes subdivi- agents algogènes issus de la rupture des membranes cellu-
sions (Dallel et al., 2003). Le CST relaie ensuite ces informa- laires comme les récepteurs à la bradykinine B1 et B2 en cas
tions à différentes structures cérébrales selon la nature, la de lésion vasculaire. D’autres encore sont sensibles à la pré-
qualité et la quantité des informations. sence de molécules inflammatoires telles que l’histamine ou
26
27
28
1 - Douleur « dentinaire »
II - Physiologie de la pulpe saine
a - Théorie hydrodynamique de Brännström
Cette théorie (Brännström, 1986 ; voir chapitre 1), selon
A - Sensations laquelle l’activation des fibres intrapulpaires résulte du
déplacement du contenu des tubules dentinaires à la suite
Important ! En l’absence de moyens diagnostiques de rou- d’un stimulus mécanique thermique ou osmotique, est
tine non invasifs et fiables, la seule façon d’approcher l’état aujourd’hui largement acceptée. Le déplacement des fluides
physiologique de la pulpe reste la symptomatologie, c’est- intratubulaires active ensuite les fibres nerveuses pulpaires
à-dire l’étude des sensations issues de la pulpe, qu’elles de type A (Nähri, 1985 ; Newton, 1969 ; Jyväsjärvi et Kniffki,
soient spontanées ou provoquées.
1987 ; Dong et al., 1985), évoquant une perception plus ou
moins douloureuse selon l’intensité du stimulus, qui ne dure
Normalement, les fibres intrapulpaires ne sont pas activables pas. Cette situation correspond à la stimulation des fibres de
de l’extérieur, sauf par des stimulations thermiques fortes du type Aδ. Charoenlarp et al. (2007) ont déterminé, chez
fait de la protection liée à l’émail ou de stimulations élec- l’homme, que le seuil de stimulation douloureuse était de
triques non physiologiques. Elles jouent un rôle trophique et – 125 mmHg (pression négative) et 200 mmHg (pression posi-
d’adaptation des conditions circulatoires aux besoins du tive), ce qui correspond respectivement à des flux de fluides
tissu, répondent aux stimulations physiologiques de la dent dentinaires de 3,29 nl/s/mm2 et 5,75 nl/s/mm2. Cependant,
(mastication) et accompagnent la sénescence pulpaire. Mais la façon dont s’opère la transduction n’est pas encore éluci-
lorsque la barrière amélaire a subi une effraction ou que l’at- dée. Plusieurs hypothèses ont été émises.
tache parodontale migre en exposant le cément, certains Pour certains, c’est l’odontoblaste qui effectue la transduc-
tubules communiquent alors avec l’extérieur et les stimuli tion. Cette hypothèse de l’odontoblaste cellule sensorielle a
externes peuvent être transmis à la pulpe. été émise depuis longtemps et a été renforcée par des obser-
Les études psychophysiques chez l’homme indiquent qu’il vations récentes. Les odontoblastes disposent en effet de
est possible de distinguer trois types de sensations princi- capteurs mécaniques ou chimiques susceptibles de détecter
pales issues des dents (Ahlquist et al., 1984 ; Anderson et les variations du micro-environnement induit par ces dépla-
Naylor, 1962 ; Anderson et al., 1970 ; Brännström et al., 1962 ; cements (changement des concentrations de calcium par
Nähri et al., 1992 ; Azérad et Woda, 1977) : exemple) sous forme de canaux ioniques mécanosensibles
- une sensation initiale, définie comme « pré-douloureuse », (TRPM3, TRPV4, TREK1), de canaux potassiques activés par le
ressentie pour les intensités de stimulation faibles, qui se calcium (KCa) ainsi que de canaux sodiques voltage dépen-
transforme en sensation de douleur aiguë quand l’intensité dants fonctionnels (Allard et al., 2006). Ils peuvent par ail-
du stimulus augmente ; leurs émettre des potentiels d’action en conditions
- une sensation de douleur aiguë brève et bien localisée ; expérimentales (Allard et al., 2006). Ils pourraient donc
- une sensation de douleur sourde, intense et mal localisée. répondre directement aux mouvements des fluides et trans-
À ces trois types de sensations semble correspondre le recru- mettre ensuite cette information (Magloire et al., 2009 et
tement de différents types de fibres nerveuses : 2010).
29
b - Transduction directe par les fibres nerveuses Les cellules musculaires lisses de la paroi des artérioles et des
Aucun des éléments précédemment cités n’est une preuve veinules ainsi que les cellules endothéliales artériolaires et capil-
certaine du rôle sensoriel des odontoblastes. De nombreuses laires jouent un rôle actif. De plus, les cellules endothéliales sont
cellules sécrétrices sont excitables et les récepteurs obser- réunies par des gap-junctions qui permettent de les coupler et
vés pourraient jouer un autre rôle que celui de transduction. de se comporter comme une unité fonctionnelle en cas de sti-
De fait, il ne semble pas que la genèse d’une activité affé- mulation (de Wit et Griffith, 2010). Le rôle des péricytes qui les
rente après une stimulation dentinaire requière la présence entourent est de plus en plus exploré. Ils peuvent réguler la cir-
d’odontoblastes intacts (Lilja et al., 1982 ; Hirvonen et Närhi, culation capillaire via le glutamate dans d’autres modèles de
1986). Dans ce cas, les mouvements de fluides activeraient circulation terminale comme la rétine (Peppiatt et al., 2006 ;
directement les fibres nerveuses qui possèdent les mécano- Puro, 2007). Par ailleurs, des travaux récents indiquent que les
récepteurs (voir plus haut). Les récepteurs sont également hématies pourraient participer aussi à cette régulation (Jensen,
des chémorécepteurs. Or, de nombreuses fibres Aδ sont éga- 2009) : parallèlement à leur rôle d’apport d’oxygène aux tissus,
lement sensibles à des stimulations chimiques. Il est possible elles peuvent agir comme des capteurs d’activité métabolique
que les déformations tissulaires induisent la libération de et modifier en retour le débit sanguin. En effet, le diamètre des
molécules activant secondairement les récepteurs, comme capillaires fins est parfois peu supérieur à celui des globules
les lésions tissulaires induisent la libération de nombreux rouges, voire inférieur, et, dans ce cas, ces derniers s’y meuvent
ions et molécules directement ou indirectement (ATP, PG) grâce à la contraction de leur cytosquelette. La faible vitesse de
qui sont détectés secondairement par les fibres nerveuses. leur déplacement dans les capillaires et la proximité des parois
vasculaires favorisent ce rôle de senseur, qui fait par ailleurs inter-
2 - Douleur « pulpaire » venir la désoxygénation de l’hémoglobine, l’ATP et le monoxyde
d’azote (Jensen, 2009 ; Kleinbongard et al., 2007).
Important ! Une stimulation aiguë expérimentale de la
pulpe dentaire, telle qu’une stimulation thermique ou élec- a - Régulation métabolique
trique élevée ou l’application d’agents chimiques comme la Les besoins métaboliques de la pulpe en conditions normales
bradykinine, donne lieu à une sensation de douleur intense, correspondent principalement, outre à l’entretien du tissu, à
mal localisée, pénible, véhiculée par les fibres C (Nähri l’activité dentinogénique des odontoblastes qui nécessite un
et al., 1992). Ces douleurs partagent les caractéristiques des
apport en nutriments et en oxygène important. Yu et al.
douleurs viscérales (Jantsch et al., 2005).
(2002) ont montré, chez le rat, une consommation hétéro-
gène de la pulpe en oxygène plus élevée au niveau périphé-
Du fait des convergences centrales, les douleurs sont sou- rique où sont les odontoblastes. La consommation moyenne
vent ressenties dans d’autres structures faciales, dentaires et à ce niveau était de 3,2 ± 0,2 ml O2/min pour 100 g de tissu,
musculaires, ce qui les rend difficiles à localiser. Elles sont un chiffre voisin de la consommation cérébrale. Il a par ail-
dues à l’activation physiologique des fibres nociceptives, qui leurs été montré que les variations gazeuses – diminution
répondent grâce à l’équipement biochimique décrit précé- d’oxygène et augmentation de gaz carbonique – induisaient
demment. Cependant, vu la diversité des fibres C présentes une augmentation du flux sanguin (Okabe et al., 1990 ; Yu
dans la pulpe en termes de contenu neurochimique (neu- et al., 2002). D’autres molécules, comme l’ATP ou des ions H+,
ropeptides, récepteurs), il est possible qu’une analyse plus produites par activité cellulaire peuvent influencer la micro-
fine permette de distinguer des sensations plus nuancées circulation (Berggreen et al., 2003).
selon les modalités de stimulation (température, molécules
algogènes internes, etc.). Une des caractéristiques de ces b - Régulation paracrine (autacoïdes)
fibres est également d’être activées par l’anoxie et l’hypogly- Le système circulatoire est influencé par des molécules
cémie. En cas de privation d’oxygène et/ou de glucose, l’acti- vasoactives produites ou libérées à sa proximité, nommées
vité spontanée des fibres C augmente considérablement, ce autacoïdes. Ce sont principalement des peptides (endothé-
qui pourrait expliquer les douleurs de pulpite lorsque la line 1, bradykinine) et des éicosanoïdes, dérivés de l’acide ara-
microcirculation pulpaire est altérée. chidonique (prostaglandines, leucotriènes, thromboxanes).
1 - Endothéline
B - Contrôle de la microcirculation L’endothéline 11 (ET1) est un neuropeptide sécrété par l’endo-
1 - Régulation tonique du débit sanguin thélium vasculaire à partir de molécules précurseur clivées par
l’enzyme NEP (neutral endopeptidase, endopeptidase neutre)
qui dégrade également d’autres peptides comme la subs-
Les variations de flux sanguin sont difficiles à mettre en tance P. Elle a un effet vasoconstricteur puissant au niveau de
évidence en conditions basales mais la pulpe, comme les
autres tissus de l’organisme, est soumise à des influences
régulatrices métaboliques, nerveuses, paracrines/endo- 1. L’ET1 se fixe également sur le récepteur R-ET B exprimé à la surface des
crines et immunitaires. Les cellules actives dans ce proces- cellules endothéliales et qui entraîne une légère vasodilatation. Dans ce
cas, les cellules endothéliales produisent plus de monoxyde d’azote (ou
sus sont nombreuses.
NO) à effet relaxant sur les cellules musculaires lisses voisines.
30
3 - Éicosanoïdes Vaisseau
Les dérivés de l’acide arachidonique issu de la dégradation Terminaisons
des lipides membranaires peuvent également modifier la vas- nerveuses A
cularisation. L’administration de prostaglandines E2 (PGE2),
par exemple, augmente le flux sanguin et amplifie l’effet de la
bradykinine. L’anandamide, un endocannabinoïde qui module
également l’activité des récepteurs TRPV1, a des effets vaso-
dilatateurs (Movahed et al., 2005 ; Taddei, 2005). Mastocyte
SP HIS CGRP
4 - Monoxyde d’azote
Le monoxyde d’azote est synthétisé à partir de l’arginine par
BK
la NOS (nitric oxyde synthase, monoxyde d’azote synthétase), Plaquette 5-HT
par les cellules endothéliales, les macrophages et les neu- B
rones. Il joue un rôle dans la régulation basale du flux sanguin
pulpaire mais ne semble pas impliqué dans la régulation pha-
sique (Kerezoudis et al., 1993a).
HIS
5 - Autres substances
Certains composés encore mal identifiés comme l’EDHF
SP
(endothelium-derived hyperpolarizing factor, nom sous 5-HT
lequel sont sans doute réunis plusieurs composés différents
dont l’action est similaire) semblent jouer un rôle important,
en particulier dans les vaisseaux les plus petits. Ils n’ont pas
Terminaisons nerveuses C
encore été recherchés dans la pulpe. voisines
6 - Adénosine
L’adénosine est une base purique qui joue un rôle important Figure 2.4 A. Les cellules lésées libèrent des ions potassium (K+)
dans les transferts d’énergie cellulaire. Elle exerce des effets et des molécules bioactives comme les prostaglandines (PG) ou
vasodilatateurs (Yu et al., 2004.) la bradykinine (BK). Les PG augmentent la sensibilité des termi-
naisons nerveuses aux stimulations chimiques, thermiques et
2 - Régulation nerveuse de la circulation intrapulpaire mécaniques. Les potentiels d’actions sont transmis vers le sys-
tème nerveux central. B. Réflexe d’axone : les potentiels d’ac-
a - Système nerveux sensitif tion émis par une terminaison peuvent se propager dans les
terminaisons voisines où ils vont provoquer la libération de
Dans un tissu sain, les fibres nerveuses peuvent présenter neuropeptides (substance P, CGRP, NKA). Ceux-ci provoquent
une activité faible spontanée ou déclenchée par des sti- des changements vasculaires directs et indirects : vasodilata-
mulations locales sans que celles-ci soient nécessairement tion, augmentation de la perméabilité vasculaire. C. La libéra-
perçues par la conscience car trop faibles pour passer le tion d’histamine (HIS) et de sérotonine (5-HT) par les mastocytes
barrage des filtres synaptiques centraux. et les plaquettes sensibilise les nocicepteurs voisins (d’après
Fields, 1987).
31
1990 ; Heyeraas et al., 1994 ; Berggreen et Heyeraas, 2003). Le l’activation du récepteur Y1 entraînait une inhibition de l’acti-
mécanisme de ces effets est différent selon les neuropep- vité des nocicepteurs TRPV1 de la pulpe pouvant peut-être
tides. Substance P et NKA peuvent activer l’enzyme NOS qui expliquer pourquoi des pulpes enflammées n’étaient pas
synthétise, à partir de l’arginine, le monoxyde d’azote, aux nécessairement douloureuses.
propriétés relaxantes sur l’endothélium vasculaire ; le CGRP
exerce son effet via un mécanisme NOS indépendant (Hsu c - Système nerveux autonome parasympathique
et al., 2003). D’autres molécules telles que le glutamate Récemment, Borda et al. (2007) puis De Couto et al. (2009)
semblent exercer également des effets vasodilatateurs par ont établi les preuves fonctionnelles d’un contrôle choliner-
réflexe d’axone (Hofman et al., 2003 ; Braud et al., 2010). gique de l’activité vasculaire par des récepteurs muscari-
niques, via l’oxyde nitrique et les prostaglandines, dépendant
b - Système nerveux autonome sympathique de l’inflammation. La libération d’acétylcholine (ACh) entraîne
la stimulation de récepteurs muscariniques présents sur l’en-
L’élément principal de la vasoconstriction locale est
dothélium vasculaire, les fibroblastes et les macrophages.
assuré par le système sympathique (Scott et al., 1972 ;
Kerezoudis et al., 1992) (fig. 2.5). Ces fibres exercent leur Dans l’endothélium, une telle stimulation entraîne la produc-
effet via des catécholamines (NA, A, DA) et des neuropep- tion d’oxyde nitrique via l’activation de la NOS. L’oxyde
tides (NPY). nitrique diffuse vers les cellules musculaires lisses et pro-
voque leur relaxation. L’activation des récepteurs m-ACh des
macrophages et des fibroblastes entraîne la libération de
Les catécholamines se fixent principalement sur des récep- PGE2, elle aussi vasodilatatrice.
teurs adrénergiques α-1 et α-2, et dopaminergiques (D1-D6)
d - Interactions sensitives et autonomes
des parois vasculaires des artérioles et veinules avec des
effets principalement vasoconstricteurs (Yu et al., 2002). La Des interactions entre fibres autonomes et sensitives existent
quantité de catécholamines varie selon l’état inflammatoire aussi, qui permettent de réguler plus finement la vascularisa-
ou non de la pulpe (Nup et al., 2001). Le récepteur Y1 (R-Y1) du tion. Les fibres sympathiques, par exemple, exercent un effet
neuropeptide Y (NPY) a été détecté sur les parois des vais- inhibiteur sur la libération de neuropeptides via un méca-
seaux pulpaires de dents non cariées. Sur les dents cariées, il nisme adrénergique et NPY dépendant (Kerezoudis et al.,
a été observé sur les fibres nerveuses et des cellules inflam- 1993b et 1993c ; Olgart et Kerezoudis, 1994).
matoires (El Karim et al., 2006). Il y a donc une modulation de D’autres mécanismes existent certainement et suggèrent des
l’expression du Y1 en réponse à la pénétration carieuse, sug- interactions encore plus complexes. À titre d’exemple, cer-
gérant donc un rôle dans le contrôle de l’inflammation pul- tains canaux TRP présents sur les fibres nerveuses le sont éga-
paire. Par ailleurs, Gibbs et al. (2008) ont montré que lement sur les vaisseaux et modulent le tonus vasculaire (Di
et Malik, 2010).
3 - Régulation endocrine
La pulpe est sensible à l’action de molécules hormonales.
Métabolisme cellulaire Comme indiqué précédemment, elle contient des récepteurs
aux catécholamines qui peuvent capter l’adrénaline circu-
Dilatation Contraction lante. Cependant, cette composante semble faible par rap-
port à l’effet local des fibres nerveuses sympathiques. D’autres
CO2
+
hormones comme l’angiotensine exercent un effet vasculaire
ATP H NA
dans la pulpe dentaire (Berggreen et Heyeraas, 2003 ; Souza
NPY
Cytokines et al., 2007).
Cytokines
NO HormonesAdre Système nerveux
AT autonome Important ! La pulpe dentaire est donc soumise à des
BK orthosympathique influences vasoconstrictrices et vasodilatatrices qui per-
Autacoïdes mettent de réguler le débit sanguin et de l’adapter aux
CGRP ACh Système nerveux besoins physiologiques. Les fibres nerveuses jouent un rôle
His autonome important dans cette régulation mais ne sont pas les seules.
parasympathique Les fibroblastes, par exemple, peuvent produire des molé-
SP cules vasoactives.
Système nerveux sensitif Cellules immunocompétentes
32
IV - Méthodes cliniques
III - Réactions neuro-vasculaires d’exploration de la santé pulpaire
aiguës à un agent non infectieux
À la suite d’une stimulation aiguë non infectieuse, d’un frai- Essentiel : les tests permettant l’exploration de la « vitalité
sage dentinaire profond par exemple, les prolongements pulpaire » reposent sur l’exploration de la fonction ner-
odontoblastiques sont lésés, les fibres nerveuses peuvent veuse ou de la fonction vasculaire (Rowe et Pitt Ford, 1990 ;
l’être également, ce qui aboutit à la libération de substances Gopikrishna et al., 2009 ; Abd-Elmeguid et Yu, 2009a et
2009b). S’ils permettent, dans la majorité des cas, d’at-
algogènes dans le milieu interstitiel. teindre leur objectif, c’est-à-dire d’évaluer la fonction pul-
paire, ils ne sont malheureusement pas complètement
De même, si l’on fraise sans irrigation, l’échauffement fiables et conduisent parfois à des faux négatifs (dents pul-
entraîne une stimulation des fibres et la formation de pées dont la stimulation ne provoque pas de sensation) et à
lésions tissulaires qui vont entraîner un réflexe d’axone et des faux positifs (dent à pulpe nécrosée dont la stimulation
une réaction inflammatoire. provoque une sensation). L’anamnèse médicale ainsi que les
examens clinique et d’imagerie sont donc des éléments dia-
gnostiques complémentaires indispensables.
La libération a retro de neuropeptides vasoactifs déclen-
chera des phénomènes inflammatoires, en synergie avec le
système immunitaire, amplifiant les signaux intercellulaires A - Exploration de la fonction nerveuse
via par exemple les cytokines et chimiokines, recrutant les
cellules de défense et promouvant les mécanismes de répa- Important ! Ces tests sont les plus simples et les plus
ration tissulaire (fig. 2.4). Selon la modalité, l’ampleur de la employés en clinique. Ils reposent sur l’excitation des fibres
nerveuses et l’analyse des sensations qui en résultent.
stimulation et l’état du milieu, la réaction pourra varier
(Olgart et Kerezoudis, 1994) avec des effets biologiques diffé-
rents. L’extravasation des protéines plasmatiques peut par Ces tests permettent essentiellement de stimuler les fibres
exemple accompagner ou non la réaction de vasodilatation de type A, situées plus en périphérie et dont les seuils d’exci-
(Kerezoudis et al., 1993d). Dans divers modèles d’irritation tation sont plus faibles que les fibres de types C. Plusieurs
pulpaire, il a été observé une perte rapide de l’immunoréac- types de tests de sensibilité sont disponibles.
33
34
35
Bibliographie
Abbadie C, Bhangoo S, De Koninck Y, Malcangio M, Melik- Berggreen E, Heyeraas KJ. The role of sensory neuropeptides and
Parsadaniantz S, White FA. Chemokines and pain mechanisms. nitric oxide on pulpal blood flow and tissue pressure in the fer-
Brain Res Rev 2009 ; 60 : 125-134. ret. J Dent Res 1999 ; 78 : 1535-1543.
Abd-Elmeguid A, Yu DC. Dental pulp neurophysiology : part 1. Berggreen E, Heyeraas KJ. Role of K + ATP channels, endothelin A
Clinical and diagnostic implications. J Can Dent Assoc 2009a ; receptors, and effect of angiotensin II on blood flow in oral tis-
75 : 55-59. sues. J Dent Res 2003 ; 82 : 33-37.
Abd-Elmeguid A, Yu DC. Dental pulp neurophysiology : part 2. Berggreen E, Haug SR, Mkonyi LE, Bletsa A. Characterization of
Current diagnostic tests to assess pulp vitality. J Can Dent Assoc the dental lymphatic system and identification of cells immuno-
2009b ; 75 : 139-143. positive to specific lymphatic markers. Eur J Oral Sci 2009 ; 117 :
Ahlquist ML, Edwall LG, Franzén OG, Haegerstam GA. Perception 34-42.
of pulpal pain as a function of intradental nerve activity. Pain Borda E, Furlan C, Orman B, Reina S, Sterin-Borda L. Nitric oxide
1984 ; 19 : 353-366. synthase and PGE2 reciprocal interactions in rat dental pulp :
Alavi AM, Dubyak G. R, Burnstock G. Immunohistochemical evi- cholinoceptor modulation. J Endod 2007 ; 33 : 142-147.
dence for ATP receptors in human dental pulp. J Dent Res 2001 ; Boucher Y. Cibles biologiques de l’anesthésie locale. Real Clin
80 : 476-483. 2006 ; 17 : 109-124.
Allard B, Couble ML, Magloire H, Bleicher, F. Characterization Brännström M. The elicitation of pain in human dentine and
and gene expression of high conductance calcium-activated pulp by chemical stimuli. Arch Oral Biol 1962 ; 7 : 59-62.
potassium channels displaying mechanosensitivity in human
odontoblasts. J Biol Chem 2000 ; 275 : 25556-25561. Brännström, M. The hydrodynamic theory of dentinal pain : sen-
sation in preparations, caries, and the dentinal crack syndrome. J
Allard B, Magloire H, Couble ML, Maurin JC, Bleicher F. Voltage-
Endod 1986 ; 12 : 453-457.
gated sodium channels confer excitability to human odonto-
blasts : possible role in tooth pain transmission. J Biol Chem Braud A, Zerari-Mailly F, Boucher Y. Glutamate control of pulpal
2006 ; 281 ; 29002-29010. blood flow in rat dental pulp. Poster 1894. Barcelone : IADR,
Alvarado LT, Perry GM, Hargreaves KM, Henry MA. TRPM8 axonal 2010.
expression is decreased in painful human teeth with irreversible Byers MR. Dental sensory receptors. Int Rev Neurobiol 1984 ; 25 :
pulpitis and cold hyperalgesia. J Endod 2007 ; 33 ; 1167-1171. 39-94.
Anderson DJ, Naylor MN. Chemical excitants of pain in human Byers MR, Närhi MV. Dental injury models : experimental tools
dentine and dental pulp. Arch Oral Biol 1962 ; 7 : 413-415. for understanding neuroinflammatory interactions and polymo-
Anderson DJ, Hannam AG, Mathews B. Sensory mechanisms in dal nociceptor functions. Crit Rev Oral Biol Med 1999 ; 10 : 4-39.
mammalian teeth and their supporting structures. Physiol Rev Cadden SW, Lisney SJ, Matthews B. Thresholds to electrical sti-
1970 ; 50 : 171-195. mulation of nerves in cat canine tooth-pulp with A beta-, A
Anneroth G, Norberg KA. Adrenergic vasoconstrictor innerva- delta- and C-fibre conduction velocities. Brain Res 1983 ; 261 :
tion in the human dental pulp. Acta Odontol Scand 1968 ; 26 : 31-41.
89-93. Carter GM, Matthews B. Responses of jaw muscles to electrical
Azérad J, Woda A. Sensation evoked by bipolar intrapulpal sti- stimulation of tooth-pulp in rat, cat and man. In : Van Steenberghe
mulation in man. Pain 1977 ; 4 : 145-152. D, De Laat A (eds). Electromyography of jaw reflexes in man.
Louvain : Leuven University Press, 1989 : 205-236.
Azérad J, Boucher Y, Pollin, B. Demonstration of glutamate in pri-
mary sensory trigeminal neurons innervating dental pulp in rats. Cave SG, Freer TJ, Podlich HM. Pulp-test responses in ortho-
C R Acad Sci III 1992 ; 314 : 469-475. dontic patients. Aust Orthod J 2002 ; 18 : 27-34.
36
37
Jyväsjärvi E, Kniffki KD. Cold stimulation of teeth : a comparison Lin J, Chandler N, Purton D, Monteith B. Appropriate electrode
between the responses of cat intradental A delta and C fibres placement site for electric pulp testing first molar teeth. J Endod
and human sensation. J Physiol (Lond.) 1987 ; 391 : 193-207. 2007 ; 33 : 1296-1298.
Kahan RS, Gulabivala K, Snook M, Setchell DJ. Evaluation of a Linden WA. Periodontal mechanoreceptors and their functions.
pulse oximeter and customized probe for pulp vitality testing. J In : Taylor A (ed). Neurophysiology of the jaws and teeth.
Endod 1996 ; 22 : 105-109. Londres : MacMillan Press, 1990 : 53-95.
Kerezoudis NP, Olgart L, Edwall L, Gazelius B, Nomikos GG. Lundy T, Stanley HR. Correlation of pulpal histopathology and
Activation of sympathetic fibres in the pulp by electrical stimu- clinical symptoms in human teeth subjected to experimental
lation of rat incisor teeth. Arch Oral Biol 1992 ; 37 : 1013-1019. irritation. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1969 ; 27 : 187-201.
Kerezoudis NP, Olgart L, Edwall L. Differential effects of nitric Luukko K, Moe K, Sijaona A, Furmanek T, Hals Kvinnsland I,
oxide synthesis inhibition on basal blood flow and antidromic Midtbø M et al. Secondary induction and the development of
vasodilation in rat oral tissues. Eur J Pharmacol 1993a ; 241 : tooth nerve supply. Ann Anat 2008 ; 190 : 178-187.
209-219.
Magloire H, Couble M, Thivichon-Prince B, Maurin J, Bleicher F.
Kerezoudis NP, Funato A, Edwall L, Olgart L. Activation of sym- Odontoblast : a mechano-sensory cell. J Exp Zool B Mol Dev
pathetic nerves exerts an inhibitory influence on afferent nerve- Evol 2009 ; 312B : 416-424.
induced vasodilation unrelated to vasoconstriction in rat dental
Magloire H, Maurin JC, Couble ML, Shibukawa Y, Kimura-Tsumura
pulp. Acta Physiol Scand 1993b ; 147 : 27-35.
M, Thivichon-Prince B et al. Dental pain and odontoblasts : facts
Kerezoudis NP, Olgart L, Funato A, Edwall L. Inhibitory influence and hypothesis J Orofac Pain 2010 ; 24 : 335-349.
of sympathetic nerves on afferent nerve-induced extravasation
Martinez-Lemus LA, Hill MA, Meininger GA. The plastic nature
in the rat incisor pulp upon direct electrical stimulation of the
of the vascular wall : a continuum of remodeling events contri-
tooth. Arch Oral Biol 1993c ; 38 : 483-490.
buting to control of arteriolar diameter and structure. Physiology
Kerezoudis, NP, Olgart L, Edwall L. Evans blue extravasation in rat (Bethesda) 2009 ; 24 : 45-57.
dental pulp and oral tissues induced by electrical stimulation of
Matthews B, Vongsavan N. Advantages and limitations of laser
the inferior alveolar nerve. Arch Oral Biol 1993d ; 38 : 893-901.
Doppler flow meters. Int Endod J 1993 ; 26 : 9-10.
Khayat BG, Byers MR, Taylor PE, Mecifi K, Kimberly CL. Responses
Maurin, J, Couble ML, Didier-Bazes M, Brisson C, Magloire H,
of nerve fibers to pulpal inflammation and periapical lesions in
Bleicher F. Expression and localization of reelin in human
rat molars demonstrated by calcitonin gene-related peptide
odontoblasts. Matrix Biol 2004 ; 23 : 277-285.
immunocytochemistry. J Endod 1988 ; 14 : 577-587.
Movahed P, Evilevitch V, Andersson TL, Jönsson BA, Wollmer P,
Kim S. Neurovascular interactions in the dental pulp in health
Zygmunt PM et al. Vascular effects of anandamide and
and inflammation. J Endod 1990 ; 16 : 48-53.
N-acylvanillylamines in the human forearm and skin microcircu-
Kim YS, Kim YJ, Paik SK, Cho YS, Kwon TG, Ahn DK et al. lation. Br J Pharmacol 2005 ; 146 : 171-179.
Expression of metabotropic glutamate receptor mGluR5 in
Mumfor, JM. Pain perception threshold on stimulating human
human dental pulp. J Endod 2009 ; 35 : 690-694.
teeth and the histological condition of the pulp. Br Dent J 1967 ;
Kimberly CL, Byers MR. Inflammation of rat molar pulp and 123 : 427-433.
periodontium causes increased calcitonin gene-related peptide
Mumford JM, Newton AV. Transduction of hydrostatic pressure
and axonal sprouting. Anat Rec 1988 ; 222 : 289-300.
to electric potential in human dentin. J Dent Res 1969a ; 48 :
Klein H. Pulp responses to an electric pulp stimulator in the 226-229.
developing permanent anterior dentition. ASDC J Dent Child
Mumford JM, Newton AV. Zone of excitation when electrically
1978 ; 45 : 199-202.
stimulating human teeth. Arch Oral Biol 1969b ; 14 : 1383-1388.
Kleinbongard P, Keymel S, Kelm M. New functional aspects of
Myers JW. Demonstration of a possible source of error with an
the L-arginine-nitric oxide metabolism within the circulating
electric pulp tester. J Endod 1998 ; 24 : 199-200.
blood. Thromb Haemost 2007 ; 98 : 970-974.
Nair PN. Neural elements in dental pulp and dentin. Oral Surg
Kruger L, Silverman JD, Mantyh PW, Sternini C, Brecha NC.
Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1995 ; 80 : 710-719.
Peripheral patterns of calcitonin-gene-related peptide general
somatic sensory innervation : cutaneous and deep terminations. Närhi MV. The characteristics of intradental sensory units and
J Comp Neurol 1989 ; 280 : 291-30. their responses to stimulation. J Dent Res 1985 ; 64 (n° spécial)
564-571.
Lan LS, Ping YJ, Na WL, Miao J, Cheng QQ, Ni MZ et al. Down-
regulation of Toll-like receptor 4 gene expression by short inter- Närhi M, Jyväsjärvi E, Virtanen A, Huopaniemi T, Ngassapa D,
fering RNA attenuates bone cancer pain in a rat model. Mol Pain Hirvonen T. Role of intradental A- and C-type nerve fibres in
2010 ; 6 : 2. dental pain mechanisms. Proc Finn Dent Soc 1992 ; 88 (suppl. 1) :
507-516.
Lilja J. Innervation of different parts of the predentin and dentin
in young human premolars. Acta Odontol Scand 1979 ; 37 : Nosrat CA, Fried K, Ebendal T, Olson L. NGF, BDNF, NT3 : NT4
339-346. and GDNF in tooth development. Eur J Oral Sci 1998 ; 106
Lilja J, Nordenvall KJ, Bränström M. Dentin sensitivity, odonto- (suppl. 1) : 94-99.
blasts and nerves under desiccated or infected experimental Nup C, Rosenberg P, Linke H, Tordik P. Quantitation of catecho-
cavities. A clinical, light microscopic and ultrastructural investi- lamines in inflamed human dental pulp by high-performance
gation. Swed Dent J 1982 ; 6 : 93-103. liquid chromatography. J Endod 2001 ; 27 : 73-75.
38
39
Lectures conseillées
Byers MR. Large and small tengeminal nerve endings and their pulp in relation to caries and pain. J Orofac Pain 2009 ; 23 :
association wtth odontoblasts in rat molar dentin and pulp. In : 265-274.
Bonica JJ, Liebeskind JC, Albe-Fessard DG (eds). Advances in pain Mudie AS, Holland GR. Local opioids in the inflamed dental
research and therapy. Vol 3. New York : Raven Press, 1979 : 265-270. pulp. J Endod 2006 ; 32 : 319-323.
Byers MR, Dong WK. Comparison of trigeminal receptor loca- Nassery K, Marino V, Parker DAS. Uptake and release of [(3)H]
tion and structure in the periodontal ligament of different types GABA in human dental pulp. Arch Oral Biol 2007 ; 52 : 607-
of teeth from the rat, cat, and monkey. J Comp Neurol 1989 ; 613.
279 : 117-127.
Okumura R, Shima K, Muramatsu T, Nakagawa K, Shimono M,
Fristad I, Heyeraas KJ, Kvinnsland IH, Jonsson R. Recruitment of Suzuki T et al. The odontoblast as a sensory receptor cell ? The
immunocompetent cells after dentinal injuries in innervated and expression of TRPV1 (VR-1) channels. Arch Histol Cytol 2005 ; 68 :
denervated young rat molars : an immunohistochemical study. J 251-257.
Histochem Cytochem 1995 ; 43 : 871-879.
Patwardhan AM, Vela J, Farugia J, Vela K, Hargreaves KM.
Heyeraas KJ, Berggreen E. Interstitial fluid pressure in normal and Trigeminal nociceptors express prostaglandin receptors. J Dent
inflamed pulp. Crit Rev Oral Biol Med 1999 ; 10 : 328-336. Res 2008 ; 87 : 262-266.
Hsu Y, Jou YT, Wong R, Karabucak B, Simchon S, Kim S. Effect of Rodd HD, Loescher AR, Boissonade FM. Immunocytochemical
nitric oxide synthase inhibitor (L-NAME) on substance P-induced and electron-microscopic features of tooth pulp innervation in
vasodilatation in the dental pulp. Int Endod J 2003 ; 36 : 840-847. hereditary sensory and autonomic neuropathy. Arch Oral Biol
Hunt SP, Mantyh PW. The molecular dynamics of pain control. 1998 ; 43 : 445-454.
Nat Rev Neurosci 2001 ; 2 : 83-91. Taylor A. Neurophysiology of the jaws and teet. Basingstoke :
Ichikawa H, Yabuuchib T, Jina HW, Terayamaa R, Yamaaia T, Macmillan Press Scientific and Medical, 1990.
Deguchi T al. Brain-derived neurotrophic factor-immunoreac- Uddman R, Björlin G, Möller B, Sundler F. Occurrence of VIP
tive primary sensory neurons in the rat trigeminal ganglion and nerves in mammalian dental pulps. Acta Odontol. Scand 1980 ;
trigeminal sensory nuclei. Brain Res 2006 ; 1081 : 113-118. 38 : 325-328.
Kerezoudis NP, Nomikos GG, Olgart LM, Svensson TH. Serotonin Wakisaka S, Ichikawa H, Nishikawa S, Matsuo S, Takano Y, Akai M.
in rat oral tissues : role of 5-HT1 receptors in sympathetic vascu- Immunohistochemical observation on the correlation between
lar control. Eur J Pharmacol 1995 ; 275 : 191-198. substance P- and vasoactive intestinal polypeptide-like immu-
Kudo T, Chang HL, Kuroi M, Wakisaka S, Akai M, Inoki R. Influences noreactivities in the feline dental pulp. Arch Oral Biol 1987 ; 32 :
of bradykinin and substance P on the met-enkephalin-like peptide 449-453.
content in the rat incisor pulp. Neuropeptides 1986 ; 7 : 399-405. Wurm C, Richardson JD, Bowles W, Hargreaves KM. Evaluation of
Morgan CR, Rodd HD, Clayton N, Boissonade FM. Changes in functional GABA (B) receptors in dental pulp. J Endod 2001 ; 27 :
proteinase-activated receptor 2 expression in the human tooth 620-623.
40
D I - Principes biologiques
ans les années 1980, le chimiste Robert Langer et le
chirurgien Joseph Vacanti émettaient l’hypothèse qu’il
était possible de régénérer un tissu ou un organe en de l’ingénierie tissulaire
cultivant des cellules spécifiques sur un matériau biodégra-
dable (Langer et Vacanti, 1995). C’est ainsi qu’est née l’ingénie- Essentiel : pour imaginer pouvoir reconstruire un système
rie tissulaire. Cette approche interdisciplinaire de la médecine vivant et remplacer chez l’homme une structure détruite
fait appel aux principes de l’ingénierie de la science du vivant ou détériorée, il est primordial de connaître les principes
fondamentaux à partir duquel ce tissu s’est formé initiale-
et des effets biologiques qui permettent de restaurer, main-
ment. C’est la raison pour laquelle une connaissance par-
tenir ou améliorer la fonction d’un tissu (Skalak et Fox, 1998). faite de l’embryologie ou du développement initial est
La première application d’ingénierie tissulaire a été publiée nécessaire pour pouvoir créer de nouvelles thérapeutiques.
en 1990 et démontrait la possibilité de régénérer un tissu car-
tilagineux en forme d’oreille humaine dans le dos d’une souris
(Cao et al., 1997). Cette application très spectaculaire a réel- On reconnaît actuellement deux applications principales à la
lement fait prendre conscience à la communauté scientifique médecine régénératrice :
de l’intérêt de cette nouvelle approche médicale. Depuis, le - le traitement des maladies dégénératives (par exemple la
nombre d’applications d’ingénierie tissulaire n’a cessé de maladie de Parkinson), dans lesquelles la destruction des
croître et celles-ci permettent aujourd’hui d’avoir une cellules ou d’organes est à l’origine du développement de la
approche thérapeutique différente. La régénération de la pathologie ;
peau pour les grands brûlés et la reconstruction d’os dans les - la régénération partielle ou complète d’un organe détruit
cas de perte sévère sont des exemples de stratégies médi- par la maladie ou un accident.
cales qui sont dorénavant couramment utilisées en méde- Sur le plan pratique, il existe deux stratégies :
cine. - la thérapie cellulaire, qui consiste à transplanter des cellules
La demande médicale est parallèlement de plus en plus forte, directement dans l’organe receveur afin de permettre le
puisque le manque d’organes humains s’aggrave chaque développement ou la régénération d’un tissu ou d’un organe.
année. En 20 ans, la liste d’attente aux États-Unis pour les Cette approche permet de prévenir ou de traiter des patho-
transplantations a quadruplé (selon l’United Network for logies humaines en administrant des cellules qui ont été
Organ Sharing). sélectionnées, voire modifiées pharmacologiquement en
dehors de l’organisme à traiter ;
La découverte de niches de cellules souches adultes au - l’ingénierie tissulaire vraie qui consiste à implanter des subs-
sein de la plupart des organes, ainsi que leurs possibles tituts biologiques précédemment générés in vitro. Ces
applications thérapeutiques ont largement participé à techniques appliquent les principes de l’ingénierie et des
l’émergence de la médecine régénérative. sciences de la vie afin de créer des substituts biologiques
L’odontologie et, plus récemment, l’endodontie n’ont pas qui vont restaurer, maintenir ou améliorer la fonction du
été épargnées par l’engouement pour cette nouvelle tissu.
conception de la médecine ; l’innovation et l’intérêt crois- En odontologie, pour des raisons évidentes d’ordre écono-
sant pour cette discipline justifient à elles seules la place mique et éthique, la thérapie cellulaire trouve encore peu
de ce chapitre au sein de d’un ouvrage consacré à l’endo- d’indications. L’ingénierie tissulaire quant à elle, qui permet
dontie.
d’améliorer ou de remplacer des fonctions biologiques par la
41
combinaison de cellules, de biomatériaux et de facteurs bio- thélium et le mésenchyme dérivé des cellules des crêtes
logiques, constitue un champ d’investigation pluridiscipli- neurales (ectomésenchyme). Ces signaux permettent égale-
naire qui trouve tout son intérêt dans cette discipline et qui ment de guider le positionnement des cellules le long du
fait appel à de nombreux domaines de la recherche, notam- front de minéralisation et de sécréter de nouvelles molé-
ment : cules. Ces protéines de la matrice extracellulaire vont partici-
- aux biomatériaux employés pour diriger l’organisation, la per au processus de minéralisation de la dent. L’implication
croissance et la différenciation des cellules. Ils se com- notamment des BMP (bone morphogenetic protein) et du
portent comme un support physique permettant la crois- TGF-β (transforming growth factor beta) au cours de ces
sance du tissu et, grâce à la chimie, une signalisation phases précoces ont été décrits dans le chapitre 1er de cet
physique ou biochimique peut être envisagée ; ouvrage. Ce sont ces voies de signalisation qui sont utilisées
- aux cellules. La source de cellules utilisées peut provenir de pour les approches d’ingénierie tissulaire en odontologie,
l’organisme du malade (source autologue), d’un autre indi- que ce soit pour régénérer aussi bien le complexe pulpo-
vidu de la même espèce (source allogénique) ou encore dentinaire qu’un tissu pulpaire, voire une dent entière.
d’un individu d’une espèce différente (source xénogénique) ;
- aux aspects biomécaniques qui permettent d’étudier les Cette signalisation moléculaire spécifique à l’organe den-
propriétés des tissus originaux et d’identifier les propriétés taire reste également un modèle d’étude de la signalisa-
minimales requises pour assurer la fonction de l’organe à tion épithélio-mésenchymateuse dans les autres organes.
régénérer. Ces connaissances permettent d’assurer l’effica-
cité et la sécurité des tissus néoformés ;
- aux biomolécules, regroupant les facteurs de croissance, les Quotidiennement, le chirurgien-dentiste doit gérer des
morphogènes, les facteurs angiogéniques, les facteurs de pertes tissulaires. La destruction de l’émail par la carie, d’une
différenciation et toute autre molécule qui permet d’in- part, et de la dentine, d’autre part, l’oblige à user de subter-
duire, d’inhiber ou de contrôler une signalisation cellulaire ; fuges qui doivent permettre à la fois de stopper la progres-
- au « design » tissulaire, qui permet d’envisager une expan- sion de la maladie carieuse et de restaurer la fonction sans
sion cellulaire en deux dimensions et une croissance tissu- nuire au reste de l’organe. Pendant très longtemps la mise au
laire en trois dimensions. Ces amplifications cellulaires font point de matériaux et de systèmes adhérant aux structures
appel à des bioréacteurs et à des conditions de stockage et dentaires a représenté la quasi-totalité du domaine de la
de distribution de cellules dans les tissus ; recherche en odontologie. Néanmoins, les cliniciens savent
- à l’informatique utilisée pour le séquençage génétique et pertinemment qu’aucun matériau n’est capable de mimer
protéomique des tissus. Elle est également sollicitée pour la complètement la structure dentaire sur les plans physique,
modélisation des cellules et des tissus et, évidemment, mécanique, esthétique et biologique. Si ces matériaux ne
comme outil de gestion des données. représentent pas la panacée, il convient cependant de recon-
naître qu’ils restent encore aujourd’hui les seuls moyens
fiables et stables à long terme pour remplir les missions
II - Ingénierie tissulaire imposées.
42
43
Figure 3.2 Situation clinique. En rouge est Figure 3.3 La cavité d’accès permet d’accéder
schématisée la papille apicale contenant les au canal. Il est nettoyé sans instrumentation,
SCAP (stem cells of apical papilla). simplement avec un rinçage au sérum physio-
logique.
Figure 3.4 Une application d’adhésif sur les parois dentinaires Figure 3.5 Le gel contenant les trois antibiotiques est mis en
de la cavité d’accès permet de limiter les risques de coloration place directement dans le canal après séchage avec des pointes
de la couronne de la dent inhérente à la technique. de papier stériles.
44
Figure 3.6 Schématisation de la dent traitée, Figure 3.7 Vue clinique de la médication antibiotique en place
médication en place. dans le canal.
Figure 3.8 Schématisation du canal désinfecté Figure 3.9 Création d’un saignement intraca-
au bout de 2 semaines, prêt à être traité. nalaire avec un instrument endodontique
manuel passé au-delà du foramen de la dent.
La papille apicale est désorganisée.
45
Figure 3.10 Vue clinique du canal rempli de sang. Figure 3.11 Schématisation du canal rempli
d’un caillot sanguin, surmonté par une obtura-
tion au ProRoot MTA® blanc, et de la cavité
d’accès obturé avec une restauration collée.
Figure 3.12 Vue clinique du bouchon de ProRoot MTA® placé au Figure 3.13 Radiographie de contrôle à 10 mois
contact du caillot sanguin intracanalaire. postopératoires. Noter la cicatrisation de la
lésion apicale osseuse, l’élargissement des
parois radiculaires et la probable légère édifi-
cation canalaire, laissant suspecter une apexo-
genèse en cours.
46
47
48
49
Si la recherche est particulièrement active et fournit de nom- Idéalement, le remplacement d’une dent absente ou détruite
breux résultats sur les précurseurs et progéniteurs susceptibles devrait se faire par une dent autologue. Depuis quelque
d’intervenir dans le processus de cicatrisation, l’évolution est temps, cette stratégie thérapeutique est envisageable grâce,
cependant plus lente dans la mise au point des matériaux qui encore une fois, à l’ingénierie tissulaire et aux progrès faits
permettraient de recruter les cellules et de se comporter dans le domaine du développement et de la biologie des cel-
comme un environnement favorable à leur développement et lules souches. La première publication démontrant la faisabi-
à la régénération proprement dite. La création de nouveaux lité d’une régénération d’une dent avec de la pulpe, de la
biomatériaux qui présenteraient les qualités idéales pour l’in- dentine et de l’émail date des années 2000 (Young et al.,
génierie tissulaire de la pulpe a commencé il y a de nombreuses 2002 ; Duailibi et al., 2004). Ces auteurs démontraient que
années. Les matrices synthétiques fabriquées à partir de fibres non seulement la régénération d’une dent à partir d’une
d’acide polyglycolique ont été les premiers matériaux propo- biopsie autologue était possible mais également que le pro-
sés et restent à ce jour les plus utilisés. Les cellules sont cessus de régénération mimait de très près celui du dévelop-
capables d’adhérer à ces fibres, de proliférer et de se différen- pement initial comme cela avait été suggéré depuis des
cier, fournissant à terme un tissu conjonctif lâche dont la den- années. La première régénération dentaire in vitro à partir de
sité est proche de celle de la pulpe. D’autres matériaux, tels cellules souches a, quant à elle, été démontrée par Paul
que les hydrogels à base de collagène et d’alginate, ont été Sharpe et son équipe en 2005 (Sharpe et Young, 2005). Et
également utilisés, mais avec des résultats plus aléatoires. c’est finalement en 2009 qu’Ikeda et son équipe sont parve-
Enfin, d’autres biomatériaux plus rigides, tels que des phos- nus à régénérer et réimplanter une dent dans une mâchoire
phates de calcium, semblent avoir un comportement compa- murine. Cette implantation s’est avérée être viable et asso-
tible avec l’utilisation de cellules pulpaires. En présence de ce ciée à un recouvrement de la physiologie pulpaire et desmo-
matériau, les cellules sont capables d’induire des processus de dontale (Ikeda et al., 2009). Pour certains, le rêve était donc
minéralisation en sécrétant des vésicules matricielles (Wang devenu réalité, pour d’autres les choses sérieuses pouvaient
et al., 2006). Cordeiro et al., (2008) ont, quant à eux, utilisé de commencer !
l’acide polylactique (PLA, polylactic acid) pour ensemencer
des cellules souches pulpaires (DPSC et SHED) dans des
tranches de dents secondairement implantées en sous-cutané
dans le dos de souris. En 28 jours, ils ont observé la présence V - Conclusion
d’un tissu conjonctif dont la nature histologique était très
proche de celle de la pulpe. L’ingénierie tissulaire est une discipline particulièrement
excitante et l’odontologie ne sera pas épargnée par cette
évolution. Le coiffage pulpaire et la revascularisation
Toutes ces études suggèrent la possibilité de régénérer de canalaire de la dent immature représentent les premières
la pulpe dentaire avec des caractéristiques morpholo- illustrations de l’évolution de l’endodontie dans les années
giques proches de celles du tissu physiologique. Cepen- à venir. D’ores et déjà, nous devons prendre conscience de
dant, beaucoup de travail reste à faire avant d’obtenir des la tournure que vont prendre les événements, tout en
résultats cliniquement reproductibles. acceptant également l’idée que la biologie est particuliè-
rement complexe et ne nous permettra probablement pas
S’oriente-t-on vers une régénération complète de l’organe de faire autant d’erreurs que celles qui étaient tolérées
avec l’approche mécanique.
dentaire ?
Bibliographie
Banchs F, Trope M. Revascularization of immature permanent Cordeiro MM, Dong Z, Kaneko T, Zhang Z, Miyazawa M, Shi S
teeth with apical periodontitis : new treatment protocol ? J et al. Dental pulp tissue engineering with stem cells from exfo-
Endod 2004 ; 30 : 196-200. liated deciduous teeth. J Endod 2008 ; 34 : 962-969.
Buurma B, Gu K, Rutherford RB. Transplantation of human pulpal
Cotti E, Mereu M, Lusso D. Regenerative treatment of an imma-
and gingival fibroblasts attached to synthetic scaffolds. Eur J
ture, traumatized tooth with apical periodontitis : report of a
Oral Sci 2004 ; 107 : 282-289.
case. J Endod 2008 ; 34 : 611-616.
Cao Y, Vacanti JP, Paige KT, Upton J, Vacanti CA. Transplantation
of chondrocytes utilizing a polymer-cell construct to produce Duailibi MT, Duailibi SE, Young CS, Bartlett JD, Vacanti JP, Yelick
tissue-engineered cartilage in the shape of a human ear. Plast PC. Bioengineered teeth from cultured rat tooth bud cells. J
Reconstr Surg 1997 ; 100 : 297-304. Dent Res 2004 ; 83 : 523-528.
50
51
D I - Pathologie pulpaire
ans le chapitre précédent, les mécanismes de régula-
tion physiologique de la pulpe en conditions normales
et les sensations associées aux stimulations aiguës ont
été décrits. Cependant, la douleur « physiologique » résul- A - Réactions immunitaires innées
tant de l’activation normale du système nociceptif n’est pas et acquises
une situation courante en clinique : les dents saines ne
donnent pas lieu à une symptomatologie spontanée et la Les bactéries sont à l’origine de la cause majeure d’inflam-
symptomatologie provoquée provient de nos tests diagnos- mation et d’infection pulpaire. Elles colonisent les sur-
tiques. Les dents à symptomatologie spontanée font l’objet faces dentaires et s’immiscent dans les interstices de la
d’un processus pathologique, c’est-à-dire que le tissu pul- trame minérale. Si l’invasion des tubuli est souvent consé-
paire a subi des modifications plus ou moins importantes par cutive à la dissolution minérale d’origine carieuse, la porte
rapport à la pulpe saine. d’entrée est parfois plus discrète et peut passer inaperçue.
Il est difficile de faire le point sur tous les changements
pathologiques consécutifs à une exposition bactérienne. Les bactéries peuvent en effet pénétrer via des fêlures de
L’inflammation est un phénomène complexe dont les carac- l’émail et coloniser un nombre limité de canalicules denti-
téristiques varient selon la surface d’exposition à l’agent naires. Une fois dans la place, les antigènes bactériens et/ou
agresseur/l’épaisseur de dentine résiduelle, la nature de cet leurs produits métaboliques peuvent diffuser à travers les
agent, la résistance des tissus, etc. La dynamique qui en résul- canalicules dentinaires et engendrer des réponses immuni-
tant dépend de ces interactions et des molécules inflamma- taires au sein de la pulpe (Bergenholtz, 1977 et 2000 ; Warf-
toires sécrétées par de nombreux acteurs comme les vinge et al., 1985 ; Nissan et al., 1995). Les odontoblastes sont
odontoblastes, les cellules de défense, les nerfs des trois les premières cellules concernées par ces changements du
contingents et les vaisseaux. Ces réactions aboutissent à des fait de leur position à l’interface entre la pulpe et la dentine
changements locaux qui peuvent survenir plus ou moins rapi- et sont ainsi les premières à réagir via les récepteurs de l’im-
dement. munité innée dépendante des récepteurs de type Toll (TLR,
Toll like receptor) qui aboutit à la production de cytokines
Les objectifs de ce chapitre sont : inflammatoires. L’exposition bactérienne entraîne également
- d’explorer les effets des processus pathologiques sur la stimulation du système immunitaire adaptatif, immunité
l’histophysiologie pulpaire et les conséquences en acquise, mettant en jeu les lymphocytes et la production
termes de sensations perçues. C’est en effet en partie sur d’anticorps spécifiques. Les complexes immuns antigènes-
l’analyse de ces données que seront prises les décisions anticorps et les produits dérivés des réactions immunitaires,
thérapeutiques ; tels que les enzymes protéolytiques extracellulaires libérées
- de décrire les traitements à mettre en œuvre lorsque ces lors de la phagocytose, peuvent aggraver l’inflammation pul-
changements sont constatés.
paire (Bergenholz, 1977).
53
La pénétration carieuse initiale semble dominée par les bacté- alpha), les interleukines (IL) 1, 8 et 12 (Matsuguchi et al., 2003),
ries du groupe des streptocoques et des lactobacilles mais aussi de cytokines anti-inflammatoires comme l’IL10
(Loesche et al., 1973 ; Van Houte et al., 1994 ; Bowden et al., (Henderson et Wilson, 1996 ; Ginsburg, 2002) et de chémo-
1990) grâce à la production d’acides par fermentation des kines telles CCL2 et CXCL2 (tableaux 4.1 et 4.2). Ces cytokines
sucres alimentaires. Streptocoques et lactobacilles oraux permettent d’attirer les cellules dendritiques immatures et
envahissent les tubuli en se fixant au collagène dentinaire de d’induire l’angiogenèse et la perméabilité vasculaire via l’ex-
type I (McGrady et al., 1995 ; Love et al., 1997). Après déminéra- pression de VEGF (vascular endothelial growth factor)
lisation, le collagène exposé est ensuite dégradé par des (Durand et al., 2006 ; Botero et al., 2003 ; Telles et al., 2003 ;
métalloprotéinases dérivées de la matrice extracellulaire de Ferrara, 2004). De plus, l’acide lipotéichoïque induit l’apop-
l’hôte qui favorisent la progression carieuse (Tjäderhane et al., tose de nombreuses cellules, comme les fibroblastes, laquelle
1998). La progression de la lésion en profondeur s’accompagne peut rendre compte de la destruction cellulaire observée
d’une modification de la composition de la flore. Les bactéries dans les pulpites (Wang et al., 2001). L’acide lipotéichoïque
à Gram positif anaérobies facultatives sont remplacées par des peut également modifier l’orientation fonctionnelle des
lactobacilles et/ou anaérobies (Duchin et Van Houte, 1978 ; odontoblastes en favorisant la réponse immunitaire au détri-
Hoshino 1985, Milnes et al., 1985), probablement en raison d’un ment de la minéralisation via la régulation négative (down-
changement de l’écosystème (nutriments, oxygène, etc.). regulation) du TGF-β (tumor growth factor beta) (Durand
et al., 2006). Le lipopolysaccharide active par ailleurs le fac-
Parmi les constituants bactériens induisant des réactions teur de Hageman, qui entraîne la production de bradykinine,
inflammatoires, les lipopolysaccharides (LPS) et l’acide un algogène puissant (Miller et al., 1975).
lipotéichoïque (LTA, lipoteichoic acid) sont les toxines L’exposition bactérienne ne peut être réduite à un seul consti-
bactériennes les plus étudiées. Elles activent le système
tuant comme le lipopolysaccharide ou l’acide lipotéichoïque.
immun inné par des mécanismes similaires.
Il s’agit d’une stimulation complexe incluant des motifs antigé-
niques bactériens multiples, les toxines et enzymes bactériens,
Elles se lient au complexe CD14-TLR4 et activent les voies de des produits de dégradation des cellules et des tissus durs et
signalisation en aval, induisant la production de cytokines de la trame organique qui la soutient, etc. (Silva et al., 2004a et
pro-inflammatoires (tableaux 4.1 et 4.2) telles que le facteur 2004b) (fig. 4.1). Ces éléments activent des voies de signalisa-
de nécrose tumorale alpha (TNF-α, tumor necrosis factor tion multiples mais également redondantes.
54
EP2 EP
NF-κB
B1
Histamine H1
Acide
B1 B1 5-HT 5-HT2
arachidonique B2 5-HT3
Mastocytes 5-HT4
Effets hyperalgésiants
Plaquettes
Figure 4.1 Voie des kinines et cytokines. Les cytokines sont principalement pro-inflammatoires et hyperalgésiantes, en particulier via la
chaîne allant du TNF-α à l’IL6 puis à l’IL1-β, qui induit la synthèse de COX-2 et la libération des prostaglandines. Via l’IL8, le TNF-α induit
la libération de noradrénaline. Ces mécanismes sont contrebalancés par des cytokines anti-inflammatoires telles que l’IL1-ra, l’IL4, l’IL10
et l’IL13. La bradykinine (ou kallicréine chez l’homme) déclenche la libération de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL6, IL1-β et IL8)
et stimule la production d’acide arachidonique, induisant ainsi la production de prostaglandines. Elle entraîne la libération de neuropep-
tides par les fibres nerveuses afférentes primaires (substance P et CGRP) et augmente la production de monoxyde d’azote aux effets
vasodilatateurs. Un autre de ses effets est la dégranulation des mastocytes qui libèrent de l’histamine et de la sérotonine (5-HT). Ces
étapes entraînent une vasodilatation et une augmentation de la perméabilité vasculaire. Finalement, la bradykinine induit la phospho-
rylation des récepteurs TRPV1 qui abaisse son seuil d’activation et elle répond alors à température ambiante. Elle a une grande affinité
pour le récepteur B2, présent en conditions normales. Le récepteur B1 est activé par les métabolites de la bradykinine. Il est peu présent
en conditions normales mais induit par le NF-κB (nuclear factor-kappa B), qui est activé par de nombreux facteurs endogènes tels que
la bradykinine, le TNF-α et le facteur de croissance nerveuse (NGF, nerve growth factor) (d’après Coutaux et al., 2005).
2003 ; Park et al., 2004), illustrant la synergie fonctionnelle Le pus est principalement constitué de neutrophiles détruits
entre le système immunitaire et le système nerveux sensitif. par leurs propres enzymes, de restes cellulaires bactériens ou
La proximité des bactéries avec la pulpe augmente le risque endogènes. Le contenu lysosomal est riche en enzymes,
de débordement des défenses. La pulpe peut contenir une notamment des protéases qui favorisent la destruction du
agression modérée. Il a été observé des zones d’inflamma- tissu cellulaire environnant et la progression bactérienne.
tion localisée, voire des zones de micro-abcès, sans que le Déclenché par les neuropeptides et les cytokines, un rema-
phénomène ne soit étendu à toute la pulpe (Mjör et Tronstad, niement vasculaire s’opère autour de la source afin de fournir
1972). en permanence les cellules de défense qui vont contenir la
progression bactérienne (Rodd et Boissonade, 2000).
55
cours d’une inflammation, la pression hydrostatique intersti- nombreux et distendus. Ces observations sont complétées
tielle (IFP, interstitial fluid pressure) de la pulpe augmente par le fait que le lipopolysaccharide induit la production
d’un facteur 3 environ (Heyeraas et Berggreen, 1999). Il est locale de cytokines TNF-α et IL1-α et β, tandis que d’autres
souvent avancé que l’augmentation du flux sanguin pulpaire cytokines comme l’interféron gamma (IFN-γ) et l’IL6 sont
(FSP) entraîne une augmentation de la pression intrapulpaire produits à distance et amenés par la vascularisation à la
qui provoque la compression des veinules et un étrangle- pulpe (Bletsa et al., 2006). Ces cytokines locales, probable-
ment de la circulation sanguine. La stase vasculaire qui en ment issues des macrophages, augmentent la perméabilité
résulte provoquerait ensuite la nécrose tissulaire par anoxie vasculaire. On ne sait pas encore comment le drainage lym-
(théorie du cercle vicieux). Cependant, Heyeraas et al. (1994) phatique peut être altéré en cas de pulpite mais il a été mon-
ont montré que la stimulation électrique de la pulpe den- tré que le nombre des vaisseaux lymphatiques, habituellement
taire entraînait une augmentation du flux sanguin pulpaire et difficiles à mettre en évidence dans la pulpe saine, augmen-
de la pression hydrostatique interstitielle, mais transitoire, tait en cas d’inflammation (Bernick, 1977 ; Marchetti et al.,
dépendante de la libération par les fibres nerveuses de neu- 1992 ; Berggreen et al., 2009).
ropeptides. Au bout de quelques minutes, le flux reste élevé La régulation vasculaire du milieu pulpaire dépend donc de
mais la pression diminue, indiquant un découplage entre les multiples facteurs. Il a par exemple été montré que le lipo-
deux phénomènes (fig. 4.2). polysaccharide activait le système sympathique (Vayssettes-
Courchay et al., 2005) et que les cytokines interagissaient
Note : ces résultats indiquent qu’une augmentation de la avec les récepteurs adrénergiques (Szelényi et Vizi, 2007). Par
pression interstitielle favorise la réabsorption des fluides conséquent, la douleur de pulpite ne peut être attribuée uni-
vers le sang, contrebalançant une augmentation future de la quement à l’augmentation de pression pulpaire mais doit
pression pulpaire. l’être également à la stimulation nerveuse par des substances
algogènes, telles que le lipopolysaccharide ou autres motifs
antigéniques. Cette stimulation peut se faire par des voies
Bletsa et al. (2006) ont provoqué une inflammation pulpaire indirectes par la production de cytokines, par les produits du
par exposition au lipopolysaccharide, mesuré le volume des métabolisme enzymatique ou encore par des cellules lésées
fluides interstitiels (IFV, interstitial fluid volume) et la pres- libérant des ions, etc.
sion osmotique de la pulpe (COP, colloid osmotic pressure) et
évalué les effets d’une inflammation aiguë induite par le lipo- 2 - Changements chroniques
polysaccharide sur ces mesures. Ils ont alors observé que le Les stimulations locales de la pulpe entraînent des change-
volume de fluide ne changeait pas et que le flux sanguin chu- ments vasculaires dynamiques immédiats bien documentés
tait après administration de lipopolysaccharide. Donc, pen- mais il existe peu d’études explorant les changements diffé-
dant l’inflammation, les vaisseaux pulpaires ne sont pas rés. Il a été rapporté des modifications vasculaires de type
comprimés jusqu’au point d’obstruction ; plus vraisemblable- vasodilatation des artérioles et des veinules, des occlusions
ment avec la diminution du flux sanguin pulpaire, la résis- partielles et des proliférations des petits vaisseaux (Baume,
tance post-capillaire est augmentée (Donaldson, 2006). Par 1970a ; Trowbridge, 1981 ; Tønder, 1983). Une étude de Rodd et
conséquent, l’inflammation pulpaire augmente la filtration, Boissonade (2005) indique une augmentation de la vasculari-
entraînant une accumulation de fluides. Ceux-ci doivent être sation en cas de lésions carieuses, mais qui reste limitée aux
drainés par les lymphatiques qui sont modifiés dans les cornes pulpaires et ne s’étend pas à toute la pulpe. Ces
phases d’inflammation chronique où ils apparaissent plus auteurs observent même que l’augmentation vasculaire ne
semble pas due à un accroissement du nombre des vaisseaux
mais à une élévation de leur diamètre, avec d’importantes
variations interindividuelles. Les auteurs suggèrent une aug-
mentation capillaire géographiquement limitée et selon un
décours temporel spécifique. Par ailleurs, ils n’ont pas observé
de différences de vascularisation entre les pulpes symptoma-
tiques, ce qui renforce les études indiquant une absence de
corrélation entre le statut histopathologique de la pulpe et
les symptômes rapportés par le patient (Baume, 1970b ;
Tyldesley et Mumford, 1970 ; Dummer et al., 1980).
Figure 4.2 Mesure simultanée du flux sanguin pulpaire (FSP), de C - Conséquences nerveuses
la pression interstitielle (IFP) et de la pression artérielle (PA) en
réponse à une stimulation électrique dentaire chez le chat. Le 1 - Stimulation périphérique
FSP est mesuré par débitmétrie Laser Doppler et l’IFP par un
microcapteur de pression inséré dans la pulpe. Le décalage Les bactéries libèrent de nombreux produits et activent la
entre les courbes de l’IFP et DU FSP indique des mécanismes de production de cytokines qui peuvent avoir un effet direct ou
régulation découplés (d’après Heyeraas et al., 1994). indirect sur les fibres nerveuses.
56
57
IL6 Production
Ob Odontoblaste
IFN-y à distance
Polynucléaire
TLR CCL2 Production
Lymphocyte CCL3 locale
Inflammation CCL4
Gram négatif Cellule dendritique
pulpaire CCL5
LPS Macrophage TNF-α
Fibroblaste CXCL8
LTA IL1-β
Nécrose Ostéoblaste
Gram positif CXCL12
pulpaire
Ostéoclaste CXCL20
CCL20
Rank
Lésion
péri-apicale Peptides
His
SP
Artérioles, veinules, CGRP
lymphatiques, fibres nerveuses Neurones NPY
Figure 4.3 Représentation schématique des principales réactions induites dans la pulpe dentaire et les tissus péri-apicaux par une
exposition bactérienne. Les cytokines sont des éléments clés de ces réactions, agissant sur les cellules, les nerfs et les vaisseaux.
- l’inhibition nerveuse par des métabolites bactériens. Pano- donne lieu à des sensations brèves et modérées. Les change-
poulos et al. (1983) ont montré que l’acide lactique produit ments tissulaires au sein d’une pulpe enflammée ont été lar-
par les bactéries des caries profondes n’excitait pas les gement décrits (Dummer et al., 1980 ; Klausen et al., 1985 ;
fibres nerveuses intratubulaires Aδ, contrairement à l’action Woda et al., 1999) : celle-ci présente des seuils de sensibilité
algogène observée dans d’autres tissus, mais diminuait de abaissés et fait l’objet de changements tissulaires qui vont
façon réversible les potentiels d’action provoqués par entraîner une allodynie/hyperalgésie. L’application de froid
d’autres stimuli. Cela pourrait expliquer en partie la relative ou de chaud provoque une douleur qui dure après la cessa-
insensibilité thermique des dents cariées fortement infec- tion du stimulus. L’allodynie mécanique résultant des tests de
tées par les lactobacilles (Hahn et al., 1993), ainsi que l’ab- percussion et pression exercés sur le desmodonte est moins
sence de corrélation entre la densité nerveuse sous les connue, bien que fréquente. Khan et al. (2007) et Owatz et al.
caries et la douleur (Rodd et al., 2001) ; (2007) ont étudié l’incidence de l’allodynie mécanique et ont
- l’éventuelle annulation de l’effet algogène de certaines montré que plus de 50 % des pulpes avec un diagnostic de
cytokines inflammatoires, comme le TNF-α et l’IL6, par la pulpite irréversible entraînaient également une allodynie
libération de peptides opioïdes (β-endorphine et/ou mécanique. De plus, les patients atteints de pulpite avec allo-
enképhalines) issus des cellules immunitaires (lymphocytes) dynie mécanique étaient plus algiques que ceux atteints de
(Członkowski et al., 1993). De même, la bradykinine induit la pulpite irréversible sans allodynie mécanique, ce qui peut
synthèse d’enképhalines à effet antalgique (Kudo et al., avoir des conséquences thérapeutiques puisque la douleur
1986) ; préopératoire est un facteur de risque pour la survenue de
- la vasoconstriction. De nombreux facteurs peuvent entraî- douleurs postopératoires (Werner et al., 2010).
ner une vasoconstriction (endothéline vasculaire, catécho-
lamines et neuropeptides des fibres sympathiques) qui L’allodynie observée peut s’expliquer de plusieurs façons,
limite les phénomènes algiques favorisés par une augmenta- par :
tion de la pression pulpaire. - activation de mécanorécepteurs nociceptifs intrapulpaires ;
Inversement certaines pulpes peuvent être douloureuses - sensibilisation de fibres collatérales pulpo-parodontales ;
sans signes marqués d’inflammation (Seltzer et al., 1963). - médiateurs inflammatoires d’origine bactérienne diffu-
sant dans le péri-apex avant nécrose complète entraînant
4 - Sémiologie l’activation de nocicepteurs parodontaux ;
Une pulpe saine n’est pas sensible spontanément et la stimu- - sensibilisation centrale causée par activation des noci-
cepteurs pulpaires.
lation provoquée dans le cadre des tests diagnostiques
58
59
et 2006b) et sont probablement responsables de la résorp- La cinétique de progression des lésions dépend des caracté-
tion osseuse et radiculaire observée dans les lésions chro- ristiques individuelles et combinées des pathogènes et des
niques. CXCL8 a par ailleurs un rôle déterminant sur l’activité défenses de l’hôte. Divers mécanismes sont impliqués dans
et le recrutement des ostéoclastes (Bendre et al., 2003). ces phénomènes. Hashioka et al. (1994) ont par exemple
RANK-L induit aussi la production de CCL2, CCL3, CCL5, et montré que les symptômes cliniques et la taille des lésions
CXCL9 par les ostéoclastes, suggérant une boucle d’amplifi- étaient corrélés à la présence d’enzymes bactériennes de
cation composée de signaux autocrines et paracrines pen- dégradation de la matrice extracellulaire (collagénase ou
dant la différenciation en ostéoclastes (Kim et al., 2006b) ; chondroïtinase et hyaluronidase). L’équipement génétique
- une voie indirecte. Les lipopolysaccharides peuvent agir joue également un rôle comme l’indiquent les expérimenta-
directement sur certaines cellules, à différentes étapes, et tions animales avec des animaux invalidés génétiquement
entraîner l’activation des ostéoclastes indépendamment de pour tel ou tel récepteur ou messager de voie de signalisa-
toute sécrétion de cytokines pro-inflammatoires. tion cellulaire, ou avec des sujets ayant des déficiences
Les réactions tissulaires décrites précédemment aboutissent congénitales (pour revue, voir Stashenko, 2002).
également à la destruction tissulaire et à la résorption
osseuse qui se matérialiseront, à l’examen radiographique, par
2 - Exacerbation
des changements quantitatifs et qualitatifs. Les signes les Le passage d’une forme asymptomatique à une forme sympto-
plus utilisés sont l’épaississement desmodontal, la radio- matique n’est pas bien connu. Les infections aiguës sont en
clarté osseuse et les changements de structure des trabécu- général liées à des bactéries virulentes au stade planctonique,
lations osseuses (Brynolf, 1978 et 1979 ; Orstavik et al., 1986 ; à des diminutions des défenses ou à des propriétés bacté-
Matossian et al., 2005) (fig. 4.4). Les phénomènes de remanie- riennes particulières. Il a été démontré, pour certains patho-
ment tissulaire touchent également la dentine et le cément gènes, que des gènes codant pour la virulence sont plus
qui présentent des résorptions à des degrés divers dans la exprimés dans les cellules planctoniques que dans les bacté-
plupart des cas (Delzangles 1989). ries quand elles sont organisées en biofilm (Furukawa et al.,
2006). L’invasion des tissus périradiculaires se fait après des
changements d’équilibre microbien et peut aboutir à la forma-
tion d’un abcès. Certaines cytokines récemment identifiées,
comme l’IL17 et l’IL27, jouent un rôle dans la modulation des
phénomènes inflammatoires et le passage de l’état chronique
asymptomatique à symptomatique (Colić et al., 2007 et 2009).
On peut également noter que le passage en phase aiguë peut
survenir à la suite d’un traitement endodontique.
60
61
Tableau 4.3 Proposition de critères diagnostiques des maladies aiguës pulpaires et parodontales d’origine pulpaire (d’après Woda
et al., 1999).
Maladie et synonymes Critères diagnostiques
Pulpite aiguë réversible • Présence d’une cause expliquant l’existence de l’inflammation pulpaire
Hyperémie pulpaire • Douleur spontanée absente ou discrète
Pulpite subaiguë • Douleur provoquée par un test de sensibilité se prolongeant peu de temps au-delà de la
Prépulpite stimulation
Pulpite aiguë débutante
Pulpite aiguë irréversible • Présence d’une voie de contamination bactérienne du tissu pulpaire
Pulpite aiguë • Douleur spontanée
Carie du troisième degré • Réponse positive aux tests de sensibilité pulpaire*
Pulpite aiguë séreuse
Pulpalgie aiguë
Pulpite aiguë purulente
Pulpo-parodontite
Parodontite apicale aiguë • Existence d’une contamination parodontale d’origine bactérienne issue de l’endodonte
Parodontite apicale aiguë non suppurée • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire
Parodontite apicale symptomatique • Douleur spontanée et exacerbée par la percussion ou la pression
• Absence de douleur à la palpation apicale
Abcès apical aigu • Existence d’une contamination bactérienne parodontale d’origine endodontique
Parodontite aiguë suppurée • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire
Parodontite péri-apicale aiguë suppurée • Douleur spontanée et exacerbée par la percussion
Abcès alvéolaire aigu • Douleur à la palpation apicale**
Cellulite collectée
Abcès sous-périosté
Abcès secondaire • Critères identiques à ceux de l’abcès apical aigu
Abcès phœnix • Image osseuse radio-claire de lésion d’origine endodontique
Abcès récurrent
Abcès recrudescent
Abcès apical chronique
* Réponse douloureuse à la percussion possible dans le cas d’une pulpo-parodontite.
** Tuméfaction sous-périostée ou sous-muqueuse possible.
Tableau 4.4 Proposition de critères diagnostiques des maladies chroniques pulpaires et parodontales d’origine pulpaire (d’après
Woda et al., 1999).
Maladie et synonymes Critères diagnostiques
Pulpite chronique • Dent asymptomatique
Pulpalgie chronique • Réponses atténuées aux tests de sensibilité pulpaire (la vitalité pulpaire n’est souvent
Pulpite asymptomatique objectivée que par une manœuvre invasive intrapulpaire)
Pulpite chronique ouverte • Selon la forme clinique, présence d’un ou de plusieurs signes suivants :
Pulpite ulcéreuse - pulpe exposée
Pulpite hyperplasique - polype pulpaire
Pulpite chronique fermée - calcification de l’endodonte
Pulpite dégénérative - image radiologique de granulome interne, résorption interne
Granulome interne - image radiologique d’ostéosclérose péri-apicale
Résorption interne - image radio-claire péri-apicale
• Présence d’une cause expliquant l’existence de l’inflammation pulpaire
Nécrose asymptomatique • Dent asymptomatique
Carie du quatrième degré • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire*
Gangrène pulpaire
Nécrobiose
Parodontite apicale chronique • Dent asymptomatique
Granulome apical • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire
Kyste radiculo-dentaire • Image radio-claire d’une lésion osseuse d’origine endodontique
Fistule • Présence d’un ostium fistulaire dont la relation avec la dent causale est objectivée à la
Parodontite apicale chronique purulente radiographie par l’introduction d’un cône de gutta
Parodontite péri-apicale chronique suppurée
Parodontite alvéolaire chronique
* Le diagnostic ne peut pas être porté dans les 6 ou 7 mois qui suivent un traumatisme.
62
sée. Les recommandations de la Haute Autorité de Santé ticulier défini en fonction de l’état de santé du patient, qui
sont synthétisées dans le tableau 4.6. peut contre-indiquer certains traitements, et de la valeur
intrinsèque de la dent dans un projet thérapeutique global et
notamment prothétique (Zitzmann et al., 2009). Enfin, le trai-
tement peut être mené en plusieurs phases : une phase d’ur-
IV - Traitement d’urgence des gence et une phase retardée, le traitement d’urgence ne
pathologies pulpaires et péri-apicales devant pas compromettre les chances de succès du traite-
ment définitif à venir.
La prise en charge des pathologies douloureuses d’origine
pulpaire et parodontale s’appuie sur notre connaissance
de la physiopathologie, des informations issues de l’anam- A - Objectifs thérapeutiques
nèse, de l’examen clinique et des tests diagnostiques. Il est Les changements histo-physio-pathologiques pulpaires et
important de signaler à cet égard que de nouveaux proto- parodontaux sont principalement dus à :
coles thérapeutiques peuvent venir modifier rapidement
- des agressions non infectieuses (chocs, fraisage sans irriga-
nos comportements cliniques.
tion ou très proche de la pulpe, etc.) ;
- l’exposition aiguë de la pulpe aux pathogènes du milieu
L’utilisation du microscope opératoire permet par exemple de buccal après un traumatisme ;
mieux apprécier l’état de la plaie dentinaire et de mieux - des expositions chroniques à des pathogènes lors de caries
contrôler l’exérèse des tissus infectés sans effraction pulpaire ou après exposition aiguë traumatique et fracture d’un frag-
(Selden, 2002 ; Del Fabbro et al., 2009). La mise au point de ment coronaire.
matériaux cliniques biocompatibles et étanches de type
ciments – Pro-Root MTA® (Dentsply-Maillefer, France) ou Bio-
Les objectifs thérapeutiques seront donc différents selon
dentine® (Septodont, France) par exemple – permet d’envisa- les situations. L’objectif du traitement est :
ger des réparations tissulaires et la conservation partielle de - de stopper ou limiter l’inflammation en cours afin de
pulpes dans des situations où la pulpectomie totale était favoriser la réparation tissulaire ;
auparavant la seule thérapeutique indiquée (Modena et al., - d’éliminer les micro-organismes et les substances irri-
2009 ; Bakland, 2009 ; Witherspoon, 2008). La possible revas- tantes des tissus dentaires par :
cularisation de dents à pulpe nécrosée ouvre également la • curetage et désinfection dentinaire en cas de pulpite
voie à de nouvelles thérapeutiques (Banchs et Trope, 2004 ; réversible,
Murray et al., 2007). Ces progrès incitent à suivre la littérature • pulpotomie et désinfection pulpaire quand une partie
scientifique de près, dans un domaine en pleine évolution. de la pulpe présente une forme irréversible d’atteinte,
Il ne faut par ailleurs pas perdre de vue que le choix d’un mais que le reste garde un pouvoir de cicatrisation/
réparation,
traitement doit toujours être effectué dans un contexte par-
63
64
65
canaux. Cliniquement, si un saignement persiste après pulpo- étant les plus à risque), la prise de corticoïdes dans le cadre
tomie dans un canal, la pulpectomie devra être réalisée dans d’une affection générale et la présence d’un œdème préopé-
ce canal. ratoire. Après obturation endodontique, 40 % des patients
Les douleurs postopératoires sont plus fréquentes après pul- rapportaient des douleurs, faibles dans la plupart des cas, 12 %
pectomie qu’après pulpotomie (pour revue, voir Hargreaves des patients ressentant des douleurs modérées à sévères
et Seltzer, 2002) du fait de la différence d’indication des deux (échelle visuelle analogique : 4-5). Les facteurs prédictifs des
techniques, les pulpectomies étant conduites sur des pulpes douleurs étaient les mêmes que précédemment avec, en plus,
dont le statut bactérien n’est pas toujours facile à définir. la taille des lésions péri-apicales, un antécédent de douleur
après préparation et le traitement effectué en une séance.
c - Pulpite irréversible associée à une allodynie mécanique Si la dent est déjà traitée endodontiquement, il faut effectuer
Dans le cas d’une pulpite irréversible avec dent sensible à la le retraitement endodontique complet. Si le temps manque et
percussion, il a été montré que la mise en sous occlusion per- qu’un seul canal est à l’origine de la PAA, on peut ne retraiter
met d’améliorer le soulagement de la douleur (Rosenberg que ce canal. Le retraitement peut être compliqué par la pré-
et al., 1998). Une prescription antalgique adaptée à la douleur sence de reconstitutions et/ou d’ancrage radiculaires qu’il faut
complète le traitement. éliminer avant de désobturer le canal, négocier les obstacles
d - Parodontite apicale aiguë intracanalaires (calcifications, butées, etc.). Les douleurs étant
exacerbées par le moindre contact avec la dent, ceci est diffi-
La parodontite apicale aiguë (PAA) est liée à la présence de
cilement possible au cours de la consultation d’urgence et si
bactéries dans l’endodonte (Kakehashi et al., 1965). L’équilibre
c’est le cas la procédure ne peut être envisagée qu’après l’ob-
quiescent entre les bactéries canalaires et les défenses de
tention d’une anesthésie profonde.
l’organisme est rompu. Le desmodonte ou la lésion péri-api-
Il est souvent plus judicieux de programmer un second ren-
cale préexistante entre dans un état inflammatoire aigu qui,
dez-vous après avoir mis la dent en sous-occlusion et pres-
cliniquement, se traduit par l’apparition de douleurs impor-
crit un traitement antalgique/anti-inflammatoire adapté aux
tantes, spontanées et exacerbées par les contacts dentaires.
douleurs intenses. Dès que les signes douloureux ont disparu,
La première étape du traitement consiste à effectuer un
le démontage des éléments corono-radiculaires est entrepris
parage canalaire associé à une désinfection, c’est-à-dire ten-
et le traitement endodontique effectué. Suite à l’épisode
ter d’éliminer la totalité des débris organiques encore pré-
douloureux, il est rarement difficile de motiver et convaincre
sents dans l’endodonte (Sutherland et Matthews, 2003). La
le patient du bien-fondé de l’intervention.
question de la supériorité d’un traitement en une séance par
rapport à un traitement en deux séances n’est pas tranchée e - Abcès apical aigu
(Spångberg, 2001 ; Bergenholtz et Spångberg, 2004 ; Figini
et al., 2007 ; Penesis et al., 2008 ; Balto, 2009). Important ! Il s’agit d’une parodontite apicale suppurée. La
Si la dent n’est pas traitée endodontiquement, la cavité d’ac- présence de pus dans la lésion osseuse exacerbe les dou-
cès est réalisée, les canaux sont mis en forme et désinfectés leurs. L’objectif du traitement est double : supprimer la
conventionnellement (Simon et Pertot, 2003). Une médica- douleur et éviter la dissémination de l’infection dans les
tion à l’hydroxyde de calcium est mise en place dans les tissus environnants. Le traitement d’urgence consistera à
éliminer les tissus endodontiques infectés et à drainer la
canaux. Son pH élevé favorise le retour à la normale après collection suppurée (Matthews et al., 2003).
l’acidification induite par les bactéries et le processus inflam-
matoire (Enkel et al., 2008). La dent est ensuite obturée avec
une obturation provisoire étanche et mise en sous-occlusion. Si l’endodonte est accessible et perméable, le drainage intra-
Une prescription adaptée à la situation complète l’acte canalaire est le plus simple à obtenir. Après instrumentation
chirurgical. La disparition des douleurs s’effectue en et désinfection des canaux, une lime de petit diamètre est
48 heures. Le patient est reconvoqué pour la suite du traite- utilisée à 1 mm au-delà du foramen. Si du pus est présent
ment endodontique, qui peut être complété dans la séance dans la lésion apicale, celui-ci remonte immédiatement dans
suivante si toute symptomatologie a disparu. le canal et, grâce à cette décompression, le patient est immé-
Il faut noter que les douleurs post-traitement endodontique diatement soulagé.
sont fréquentes et concernent près de la moitié des patients La dent peut être laissée ouverte pendant 48 heures afin de
(Hargreaves et Seltzer, 2002). Deux études prospectives ont poursuivre le drainage. Cette notion a longtemps été contro-
étudié l’incidence de ces douleurs et les facteurs prédictifs de versée, arguant du fait que le canal devenait alors une voie de
leur apparition, l’une après préparation canalaire sans obtura- recontamination potentielle par les bactéries de la cavité
tion (Glennon et al., 2004), l’autre après obturation endo- buccale. Sans que l’on puisse dire aujourd’hui que l’idée de
dontique (Ng et al., 2004). Soixante-cinq pour cent des laisser la dent ouverte en interséance soit adoptée de façon
patients rapportaient des douleurs dans les 48 heures après consensuelle, une grande majorité de praticiens reconnaît
préparation canalaire, mais qui n’étaient intenses (échelle que les avantages sont largement supérieurs aux risques
visuelle analogique : 4-5) que dans 10 % des cas. Les facteurs encourus avec la fermeture de la dent.
prédictifs de ces douleurs postopératoires étaient la présence Si l’endodonte n’est pas accessible, certains proposent de
d’une douleur préopératoire, le type de dent (les molaires trépaner l’os alvéolaire en regard de la lésion enflammée
66
67
68
D - Cellulites particulières
1 - Cellulite subaiguë et chronique
Ce type de cellulite résulte d’une infection installée, consé-
cutive à un traitement incomplet ou à une absence de traite-
ment. Elle peut évoluer pendant plusieurs mois et se
matérialiser par l’apparition d’une fistulisation buccale ou Figure 4.9 Vue sur crâne sec du trajet de l’aiguille jusqu’à l’échan-
transcutanée. crure mandibulaire.
69
C’est une cellulite moins virulente que les cellulites précé- b - Prise en charge primaire
demment décrites ; on observera une fistule au niveau de la La prise en charge devra être effectuée en milieu hospitalier spé-
dent causale ou du foyer infectieux. En cas de tuméfaction, cialisé dans les plus brefs délais avec le maintien des voies
celle-ci ne sera qu’intermittente. aériennes, une éradication totale des foyers infectieux et une mise
en place de drainages intrabuccaux et extra-buccaux accompa-
a - Prise en charge primaire gnés d’un traitement médical de soutien (perfusion, intubation,
La prise en charge doit se faire en milieu hospitalier spécia- anticoagulants ) et d’une hospitalisation (Zeitoun et Dhanarajani
lisé afin de procéder à l’ablation chirurgicale du foyer infec- 1995 ; Flynn, 2000 ; Parhiscar et Har-El, 2001 ; Bratton et al., 2002).
tieux et de la fistule. La dent causale sera extraite et d’autres Une antibiothérapie à large spectre sera instaurée par voie
foyers infectieux seront systématiquement recherchés. Le intraveineuse, associée à une prescription antalgique. Les
traitement pharmacologique est le même que pour les drains seront lavés à la polyvidone iodée 6 fois par jour
pathologies décrites précédemment. jusqu’à trouver 3 lavages successifs propres. Le patient restera
hospitalisé jusqu’à son rétablissement et on s’assurera de
b - Prise en charge secondaire l’absence de tout foyer infectieux avant sa sortie. Le pronos-
Le patient sera revu au bout de 48 heures et de 72 heures Il tic vital du patient dépend du temps écoulé entre la diffu-
peut s’avérer nécessaire de planifier une correction esthé- sion de l’infection et l’hospitalisation.
tique des éventuelles séquelles de la fistulisation transcuta-
née. L’évolution est globalement positive. 3 - Cellulite gangréneuse
Il s’agit d’une cellulite due à des germes anaérobies généra-
2 - Cellulite maxillo-faciale odontogène diffuse teurs de gaz et de nécrose tissulaire.
Il s’agit d’une cellulite très grave nécessitant une hospitali- a - Signes cliniques
sation dans les plus brefs délais. Elle fait en général suite à
une cellulite circonscrite mais peut cependant diffuser C’est l’évolution d’une cellulite circonscrite en l’absence ou
d’emblée. Ses complications sont graves et potentielle- malgré une antibiothérapie. À la palpation, on reconnaîtra
ment mortelles en raison de la propagation infectieuse une crépitation neigeuse, qui signe la présence de gaz, et une
vers les voies aériennes ou le médiastin. nécrose tissulaire ainsi qu’une altération de l’état général
(hyperthermie à 40 °C, pâleur, asthénie) très marquée.
Bibliographie
Akinosi JO. A new approach to the mandibular nerve block. Br J Banchs F, Trope M. Revascularization of immature permanent
Oral Surg 1977 ; 15 : 83-87. teeth with apical periodontitis : new treatment protocol ? J
Al-Hiyasat AS, Barrieshi-Nusair KM, Al-Omari MA. The radiogra- Endod 2004 ; 30 : 196-200.
phic outcomes of direct pulp-capping procedures performed by Baqain ZH, Newman L, Hyde N. How serious are oral infections ?
dental students : a retrospective study. J Am Dent Assoc 2006 ; J Laryngol Otol 2004 ; 118 : 561-565.
137 : 1699-1705.
Bascones Martínez A, Aguirre Urizar JM, Bermejo Fenoll A,
Andreasen JO, Lauridsen E, Andreasen FM. Contradictions in the Blanco Carrion A, Gay-Escoda C, Gonzalez-Moles MA et al.
treatment of traumatic dental injuries and ways to proceed in Consensus statement on antimicrobial treatment of odontoge-
dental trauma research. Dent Traumatol 2010 ; 26 : 16-22. nic bacterial infections. Med Oral Patol Oral Cir Bucal 2004 ; 9 :
Azérad J. Urgence et permanence de soins au sein du groupe 363-376.
hospitalier Pitié-Salpêtrière. Inf Dent 2007 ; 13 : 678.
Baume LJ. Diagnosis of diseases of the pulp. Oral Surg Oral Med
Bakland LK. Revisiting traumatic pulpal exposure : materials, Oral Pathol 1970a ; 29 : 102-116.
management principles, and techniques. Dent Clin North Am
2009 ; 53, 661-673, v-vi. Baume LJ. Dental pulp conditions in relation to carious lesions.
Int Dent J 1970b ; 20 : 309-337.
Balto K. Single- or multiple-visit endodontics : which technique
results in fewest postoperative problems ? Evid Based Dent Bendre MS, Montague DC, Peery T, Akel NS, Gaddy D, Suva LJ.
2009 ; 10 : 16. Interleukin-8 stimulation of osteoclastogenesis and bone
70
Berggreen E, Haug SR, Mkonyi LE, Bletsa A. Characterization of Colić M, Vasilijić S, Gazivoda D, Vucević D, Marjanović M, Lukić
the dental lymphatic system and identification of cells immuno- A. Interleukin-17 plays a role in exacerbation of inflammation
positive to specific lymphatic markers. Eur J Oral Sci 2009 ; 117 : within chronic periapical lesions. Eur J Oral Sci 2007 ; 115 :
34-42. 315-320.
Bernick S. Morphological changes in lymphatic vessels in pulpal Colić, M, Gazivoda D, Majstorović I, Dragicević A, Vasilijić S,
inflammation. J Dent Res 1977 ; 56 : 841-849. Rudolf R et al. Immunomodulatory activity of IL-27 in human
periapical lesions. J Dent Res 2009 ; 88 : 1142-1147.
Bjørndal L, Reit C, Bruun G, Markvart M, Kjaeldgaard M, Näsman
P et al. Treatment of deep caries lesions in adults : randomized Cox CF, Bergenholtz G, Heys DR, Syed SA, Fitzgerald M, Heys RJ.
clinical trials comparing stepwise vs. direct complete excava- Pulp capping of dental pulp mechanically exposed to oral
tion, and direct pulp capping vs. partial pulpotomy. Eur J Oral Sci microflora : a 1-2 year observation of wound healing in the mon-
2010 ; 118 : 290-297. key. J Oral Pathol 1985 ; 14 : 156-168.
Bletsa A, Berggreen E, Fristad I, Tenstad O, Wiig H. Cytokine Cvek M. A clinical report on partial pulpotomy and capping with
signalling in rat pulp interstitial fluid and transcapillary fluid calcium hydroxide in permanent incisors with complicated
exchange during lipopolysaccharide-induced acute inflamma- crown fracture. J Endod 1978 ; 4 : 232-237.
tion. J Physiol (Lond.) 2006 ; 573 : 225-236. Cvek M, Cleaton-Jones PE, Austin JC, Andreasen JO. Pulp reac-
Bletsa A, Fristad I, Berggreen E. Sensory pulpal nerve fibres and tions to exposure after experimental crown fractures or grinding
trigeminal ganglion neurons express IL-1RI : a potential mecha- in adult monkeys. J Endod 1982 ; 8 : 391-397.
nism for development of inflammatory hyperalgesia. Int Endod J Członkowski A, Stein C, Herz A. Peripheral mechanisms of opioid
2009 ; 42 : 978-986. antinociception in inflammation : involvement of cytokines. Eur
Botero TM, Mantellini MG, Song W, Hanks CT, Nör JE. Effect of J Pharmacol 1993 ; 42 : 229-235.
lipopolysaccharides on vascular endothelial growth factor Davido N, Toledo-Arenas R. Foyers infectieux dentaires et com-
expression in mouse pulp cells and macrophages. Eur J Oral Sci plications. Encycl Med Chir (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité
2003 ; 111 : 228-234. de Médecine Akos 2010 ; 7-1105,
Boucher Y, Matossian L, Rilliard F, Machtou P. Radiographic eva- Del Fabbro M, Taschieri S, Lodi G, Banfi G, Weinstein RL.
luation of the prevalence and technical quality of root canal Magnification devices for endodontic therapy. Cochrane
treatment in a French subpopulation. Int Endod J 2002 ; 35 : Database Syst Rev 2009 ; 3 : CD005969.
229-238.
Delzangles B. Scanning electron microscopic study of apical and
Bowden GH, Ekstrand J, McNaughton B, Challacombe SJ.
intracanal resorption. J Endod 1989 ; 15 : 281-285.
Association of selected bacteria with the lesions of root surface
caries. Oral Microbiol. Immunol 1990 ; 5 : 346-351. Donaldson LF. Understanding pulpitis. J Physiol (Lond) 2006 ;
573 : 2-3.
Boyanova L, Kolarov R, Gergova G, Deliverska E, Madjarov J,
Marinov M et al. Anaerobic bacteria in 118 patients with deep- Doucet P, Lowenstein M. Osteoclasts activation by bacterial
space head and neck infections from the University Hospital of endotoxins during periodontal diseases. Med Sci (Paris) 2006 ;
Maxillofacial Surgery, Sofia, Bulgaria. J Med Microbiol 2006 ; 55 : 22 : 614-620.
1285-1289. Duchin S, van Houte J. Relationship of Streptococcus mutans
Boyle WJ, Simonet WS, Lacey DL. Osteoclast differentiation and and lactobacilli to incipient smooth surface dental caries in
activation. Nature 2003 ; 423 : 337-342. man. Arch Oral Biol 1978 ; 23 : 779-786.
Bratton TA, Jackson DC, Nkungula-Howlett T, Williams CW, Dummer PM, Hicks R, Huws D. Clinical signs and symptoms in
Bennett CR. Management of complex multi-space odontogenic pulp disease. Int Endod J 1980 ; 13 : 27-35.
infections. J Tenn Dent Assoc 2002 ; 82 : 39-47. Durand SH, Flacher V, Roméas A, Carrouel F, Colomb E, Vincent
Brazier JS, Hall V, Morris TE, Gal M, Duerden BI. Antibiotic sus- C et al. Lipoteichoic acid increases TLR and functional chemo-
ceptibilities of Gram-positive anaerobic cocci : results of a sen- kine expression while reducing dentin formation in in vitro dif-
tinel study in England and Wales. J Antimicrob Chemother 2006 ; ferentiated human odontoblasts. J Immunol 2006 ; 176 :
52 : 224-228. 2880-2887.
71
Ehrenfeld M. Clindamycin in the treatment of dental infections. Hashioka K, Suzuki K, Yoshida T, Nakane A, Horiba N, Nakamura
In : Zambrano D (ed). Clindamycin in the treatment of human H. Relationship between clinical symptoms and enzyme-produ-
infections. Kalamazoo : Upjohn Company, 1992. cing bacteria isolated from infected root canals. J Endod 1994 ;
20 : 75-77.
Enkel B, Dupas C, Armengol V, Akpe Adou J, Bosco J, Daculsi G
et al. Bioactive materials in endodontics. Expert Rev Med Hasselgren G, Reit C. Emergency pulpotomy : pain relieving
Devices 2008 ; 5 : 475-494. effect with and without the use of sedative dressings. J Endod
1989 ; 15 : 254-256.
Ferrara N. Vascular endothelial growth factor : basic science and
clinical progress. Endocr Rev 2004 ; 25 : 581-611. Heimdahl A, Nord CE. Treatment of orofacial infections of
odontogenic origin. Scand J Infect Dis 46 1985 ; (suppl.) : 101-105.
Fielding AF, Cross S, Matise JL, Mohnac AM. Cavernous sinus
thrombosis : report of case. J Am Dent Assoc 1983 ; 106 : 342-345. Henderson B, Wilson M. Cytokine induction by bacteria : beyond
lipopolysaccharide. Cytokine 1996 ; 8 : 269-282.
Figini L, Lodi G, Gorni F, Gagliani M. Single versus multiple visits
for endodontic treatment of permanent teeth. Cochrane Heyeraas KJ, Berggreen E. Interstitial fluid pressure in normal and
Database Syst Rev 2007 ; 4 : CD005296. inflamed pulp. Crit Rev Oral Biol Med 1999 ; 10 : 328-336.
Flynn TR. The swollen face. Severe odontogenic infections. Heyeraas KJ, Kim S, Raab WH, Byers MR, Liu M. Effect of electri-
Emerg Med Clin North Am 2000 ; 18 : 481-519. cal tooth stimulation on blood flow, interstitial fluid pressure
and substance P and CGRP-immunoreactive nerve fibers in the
Flynn TR, Shanti RM, Levi MH, Adamo AK, Kraut RA, Trieger N. low compliant cat dental pulp. Microvasc Res 1994 ; 47, 329-343.
Severe odontogenic infections, part 1 : prospective report. J Oral
Maxillofac Surg 2006a ; 64 : 1093-1103. Ho Y, Chang Y. Effects of a bacterial lipid byproduct on human
pulp fibroblasts in vitro. J Endod 2007 ; 33 ; 437-441.
Flynn TR, Shanti RM, Hayes C. Severe odontogenic infections,
part 2 : prospective outcomes study. J Oral Maxillofac Surg Hojo S, Komatsu M, Okuda R, Takahashi N, Yamada T. Acid pro-
2006b ; 64 : 1104-1113. files and pH of carious dentin in active and arrested lesions. J
Dent Res 1999 ; 73 ; 1853-1857.
Furukawa S, Kuchma SL, O’Toole GA. Keeping their options
Horiba N, Maekawa Y, Abe Y, Ito M, Matsumoto T, Nakamura H.
open : acute versus persistent infections. J Bacteriol 2006 ; 188 :
Correlations between endotoxin and clinical symptoms or
1211-1217.
radiolucent areas in infected root canals. Oral Surg Oral Med
Ginsburg I. Role of lipoteichoic acid in infection and inflamma- Oral Pathol 1991 ; 71 : 492-495.
tion. Lancet Infect Dis 2002 ; 2 : 171-179.
Hoshino E. Predominant obligate anaerobes in human carious
Glennon JP, Ng Y, Setchell DJ, Gulabivala K. Prevalence of and dentin. J Dent Res 1985 ; 64 : 1195-1198.
factors affecting postpreparation pain in patients undergoing Houck V, Reader A, Beck M, Nist R, Weaver J. Effect of trephina-
two-visit root canal treatment. Int Endod J 2004 ; 37 : 29-37. tion on postoperative pain and swelling in symptomatic necro-
Gomes BP, Pinheiro ET, Gadê-Neto CR, Sousa EL, Ferraz CC, Zaia tic teeth. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
AA et al. Microbiological examination of infected dental root 2000 ; 90 : 507-513.
canals. Oral Microbiol Immunol 2004 ; 19 : 71-76. Huang TT, Liu TC, Chen PR, Tseng FY, Yeh TH, Chen YS. Deep neck
Granath LE, Hagman G. Experimental pulpotomy in human infection : analysis of 185 cases. Head Neck 2004 ; 26 : 854-860.
bicuspids with reference to cutting technique. Acta Odontol Huang GT, Potente AP, Kim JW, Chugal N, Zhang X. Increased
Scand 1971 ; 29 : 155-163. interleukin-8 expression in inflamed human dental pulps. Oral
Hahn C, Liewehr FR. Relationships between caries bacteria, host Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1999 ; 88 : 214-
responses, and clinical signs and symptoms of pulpitis. J Endod 220.
2007a ; 33 : 213-219. Huang TT, Tseng FY, Liu TC, Hsu CJ, Chen YS. Deep neck infection
Hahn C, Liewehr FR. Innate immune responses of the dental pulp in diabetic patients : comparison of clinical picture and out-
to caries. J Endod 2007b ; 33 : 643-651. comes with nondiabetic patients. Otolaryngol Head Neck Surg
2005 ; 132 : 943-947.
Hahn C, Liewehr FR. Update on the adaptive immune responses
of the dental pulp. J Endod 2007c ; 33 : 773-781. Jimenez Y, Bagan JV, Murillo J, Poveda R. Odontogenic infections.
Complications. Systemic manifestations. Med Oral Patol Oral
Hahn CL, Falkler WA, Minah GE. Microbiological studies of Cir Bucal 2004 ; 9 (suppl.) : 139-147.
carious dentine from human teeth with irreversible pulpitis.
Arch Oral Biol 1991 ; 36 : 147-153. Kabashima H, Yoneda M, Nagata K, Hirofuji T, Ishihara Y,
Yamashita M et al. The presence of chemokine receptor (CCR5,
Hahn CL, Falkler WA, Minah GE. Correlation between thermal CXCR3, CCR3)-positive cells and chemokine (MCP1, MIP-1alpha,
sensitivity and microorganisms isolated from deep carious den- MIP-1beta, IP-10)-positive cells in human periapical granulomas.
tin. J Endod 1993 ; 19 : 26-30. Cytokine 2001 ; 16 : 62-66.
Hargreaves KM, Seltzer S. Pharmacologic control of dental pain. Kakehashi S, Stanley HR, Fitzgerald RJ. The effects of surgical
In : Seltzer and Bender’s dental pulp. Chicago : Quintessence, exposures of dental pulps in germ-free and conventional labora-
2002 : 205-225. tory rats. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1965 ; 20 : 340-349.
Harrán-Ponce E, Holland R, Barreiro-Lois A, López-Beceiro AM, Karkas A, Chahine K, Schmerber S, Brichon PY, Righini CA.
Pereira-Espinel JL. Consequences of crown fractures with pulpal Optimal treatment of cervical necrotizing fasciitis associated
exposure : histopathological evaluation in dogs. Dent Traumatol with descending necrotizing mediastinitis. Br J Surg 2010 ; 97 :
2002 ; 18 : 196-205. 609-615.
72
73
Matto J, Asikainen S, Vaisanen ML, Von Troil-Linden B, Kononen sible pulpitis or teeth with necrotic pulps. Oral Surg Oral Med
E, Saarela M et al. Beta-lactamase production in Prevotella Oral Pathol Oral Radiol Endod 2003 ; 96 : 207-214.
intermedia, Prevotella nigrescens, and Prevotella pallens geno- Oguntebi BR, DeSchepper EJ, Taylor TS, White CL, Pink FE.
types and in vitro susceptibilities to selected antimicrobial Postoperative pain incidence related to the type of emergency
agents. Antimicrob Agents Chemother 1999 ; 43 : 2383-2388. treatment of symptomatic pulpitis. Oral Surg Oral Med Oral
McGrady JA, Butcher WG, Beighton D, Switalski LM. Specific and Pathol 1992 ; 73 : 479-483.
charge interactions mediate collagen recognition by oral lacto-
Okamatsu Y, Kim D, Battaglino R, Sasaki H, Späte U, Stashenko P.
bacilli. J Dent Res 1995 ; 74 : 649-657.
MIP-1 gamma promotes receptor-activator-of-NF-kappa-B-
Michaelson PL, Holland GR. Is pulpitis painful ? Int Endod J ligand-induced osteoclast formation and survival. J Immunol
2002 ; 35 : 829-832. 2004 ; 173 : 2084-2090.
Miller RL, Webster ME, Melmon KL. Interaction of leukocytes Olgart L, Brännström M, Johnson G. Invasion of bacteria into
and endotoxin with the plasmin and kinin systems. Eur J dentinal tubules. Experiments in vivo and in vitro. Acta Odontol
Pharmacol 1975 ; 33 : 53-60. Scand 1974 ; 32 : 61-70.
Milnes AR, Bowden GH. The microflora associated with deve- Orstavik D, Kerekes K, Eriksen HM. The periapical index : a sco-
loping lesions of nursing caries. Caries Res 1985 ; 19 : 289-297. ring system for radiographic assessment of apical periodontitis.
Mjör IA. The penetration of bacteria into experimentally exposed Endod Dent Traumatol 1986 ; 2 : 20-34.
human coronal dentin. Scand J Dent Res 1974 ; 82 : 191-196. Orstavik D, Haapasalo M. Disinfection by endodontic irrigants
Mjör IA, Tronstad L. Experimentally induced pulpitis. Oral Surg and dressings of experimentally infected dentinal tubules.
Oral Med Oral Pathol 1972 ; 34 : 102-108. Endod Dent Traumatol 1990 ; 6 : 142-149.
Modena KC, Casas-Apayco LC, Atta MT, Costa CA, Hebling J, Owatz CB, Khan AA, Schindler WG, Schwartz SA, Keiser K,
Sipert CR et al. Cytotoxicity and biocompatibility of direct and Hargreaves KM. The incidence of mechanical allodynia in
indirect pulp capping materials. J Appl Oral Sci 2009 ; 17 : patients with irreversible pulpitis. J Endod 2007 ; 33, 552-556.
544-554. Ozçelik B, Kuraner T, Kendir B, Aşan E. Histopathological evalua-
Molinari JA. Diagnostic modalities for infectious diseases. Dent tion of the dental pulps in crown-fractured teeth. J Endod 2000 ;
Clin North Am 2003 ; 47 : 605-621. 26 : 271-273.
Murray PE, Smith AJ, Windsor LJ, Mjör IA. Remaining dentine Panopoulos P, Mejàre B, Edwall L. Effects of ammonia and orga-
thickness and human pulp responses. Int Endod J 2003 ; 36 : nic acids on the intradental sensory nerve activity. Acta Odontol
33-43. Scand 1983 ; 41 : 209-215.
Murray PE, Garcia-Godoy F, Hargreaves KM. Regenerative endo- Parhiscar A, Har-El G. Deep neck abscess : a retrospective review
dontics : a review of current status and a call for action. J Endod of 210 cases. Ann Otol Rhinol Laryngol 2001 ; 110 : 1051-1054.
2007 ; 33 : 377-390.
Park SH, Hsiao GY, Huang GT. Role of substance P and calcitonin
Nagaoka S, Miyazaki Y, Liu HJ, Iwamoto Y, Kitano M, Kawagoe M. gene-related peptide in the regulation of interleukin-8 and
Bacterial invasion into dentinal tubules of human vital and monocyte chemotactic protein-1 expression in human dental
nonvital teeth. J Endod 1995 ; 21 : 70-73. pulp. Int Endod J 2004 ; 37 : 185-192.
Nagaoka S, Tokuda M, Sakuta T, Taketoshi Y, Tamura M, Takada H Park CK, Kim K, Jung SJ, Kim MJ, Ahn DK, Hong SD et al. Molecular
et al. Interleukin-8 gene expression by human dental pulp fibro- mechanism for local anesthetic action of eugenol in the rat tri-
blast in cultures stimulated with Prevotella intermedia lipopoly- geminal system. Pain 2009 ; 144 : 84-94.
saccharide. J Endod 1996 ; 22 : 9-12.
Patel T, Park SH, Lin LM, Chiappelli F, Huang GT. Substance P
Nair PN. Apical periodontitis : a dynamic encounter between induces interleukin-8 secretion from human dental pulp cells.
root canal infection and host response. Periodontol 2000 1997 ; Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2003 ; 96 :
13 : 121-148. 478-485.
Nair PNR. On the causes of persistent apical periodontitis : a Penesis VA, Fitzgerald PI, Fayad MI, Wenckus CS, BeGole EA,
review. Int Endod J 2006 ; 39 : 249-281. Johnson BR. Outcome of one-visit and two-visit endodontic
Nakanishi T, Takahashi K, Hosokawa Y, Adachi T, Nakae H, Matsuo treatment of necrotic teeth with apical periodontitis : a rando-
T. Expression of macrophage inflammatory protein 3alpha in mized controlled trial with one-year evaluation. J Endod 2008 ;
human inflamed dental pulp tissue. J Endod 2005 ; 31 : 84-87. 34 : 251-257.
Ng Y, Glennon JP, Setchell DJ, Gulabivala K. Prevalence of and Penniston SG, Hargreaves KM. Evaluation of periapical injection
factors affecting post-obturation pain in patients undergoing of Ketorolac for management of endodontic pain. J Endod 1996 ;
root canal treatment. Int Endod J 2004 ; 37 : 381-391. 22 : 55-59.
Nissan R, Segal H, Pashley D, Stevens R, Trowbridge H. Ability of Peters ES, Fong B, Wormuth DW, Sonis ST. Risk factors affecting
bacterial endotoxin to diffuse through human dentin. J Endod hospital length of stay in patients with odontogenic maxillofa-
1995 ; 21 : 62-64. cial infections. J Oral Maxillofac Surg 1996 ; 54 : 1386-1392.
Nist E, Reader A, Beck M. Effect of apical trephination on posto- Peterson LJ. Contemporary oral and maxillofacial surgery.
perative pain and swelling in symptomatic necrotic teeth. J Philadelphie : Mosby Elsevier, 2003.
Endod 2001 ; 27 : 415-420.
Petersson K, Söderström C, Kiani-Anaraki M, Lévy G. Evaluation
Nusstein JM, Beck M. Comparison of preoperative pain and of the ability of thermal and electrical tests to register pulp
medication use in emergency patients presenting with irrever- vitality. Endod Dent Traumatol 1999 ; 15 : 127-131.
74
75
Tønder KJ. Vascular reactions in the dental pulp during inflam- Witherow H, Swinson BD, Amin M, Kalavrezos N, Newman L.
mation. Acta Odontol Scand 1983 ; 41 : 247-256. Management of oral and maxillofacial infection. Hosp Med
Tronstad L, Mjör IA. Capping of the inflamed pulp. Oral Surg 2004 ; 65 : 28-33.
Oral Med Oral Pathol 1972 ; 34 : 477-485. Witherspoon DE. Vital pulp therapy with new materials : new
Trowbridge HO. Pathogenesis of pulpitis resulting from dental directions and treatment perspectives. Permanent teeth. Pediatr
caries. J Endod 1981 ; 7 : 52-60. Dent 2008 ; 30 : 220-224.
Tyldesley WR, Mumford JM. Dental pain and the histological Woda A, Doméjean-Orliaguet S, Faulks D, Augusto F, Bourdeau L,
condition of the pulp. Dent Pract Dent Rec 1970 ; 20 : 333-336. Deluzarche S et al. Réflexions sur les critères diagnostiques des
maladies pulpaires et parodontales d’origine pulpaire. Inf Dent
Valderrama LS. Clinical application of povidone-iodine oral anti-
1999 ; 43 : 3473-3478.
septic 1 % (Betadine mouthwash) and povidone-iodine skin anti-
septic 10 % (Betadine solution) for the management of Woolf CJ. Evidence for a central component of post-injury pain
odontogenic and deep fascial space infection. Dermatology hypersensitivity. Nature 1983 ; 306 : 686-688.
2006 ; 212 (suppl. 1) : 112-114.
Wright LM, Maloney W, Yu X, Kindle L, Collin-Osdoby P, Osdoby
Van Houte J. Role of micro-organisms in caries etiology. J Dent P. Stromal cell-derived factor-1 binding to its chemokine recep-
Res 1994 ; 73 : 672-681. tor CXCR4 on precursor cells promotes the chemotactic recruit-
Vayssettes-Courchay C, Bouysset F, Verbeuren TJ. Sympathetic ment, development and survival of human osteoclasts. Bone
activation and tachycardia in lipopolysaccharide treated rats are 2005 ; 36 : 840-853.
temporally correlated and unrelated to the baroreflex. Auton Yano S, Mentaverri R, Kanuparthi D, Bandyopadhyay S, Rivera A,
Neurosci 2005 ; 120 : 35-45. Brown EM et al. Functional expression of beta-chemokine
Wang PL, Shirasu S, Daito M, Ohura K. Streptococcus mutans receptors in osteoblasts : role of regulated upon activation, nor-
lipoteichoic acid-induced apoptosis in cultured dental pulp mal T cell expressed and secreted (RANTES) in osteoblasts and
cells from human deciduous teeth. Biochem Biophys Res regulation of its secretion by osteoblasts and osteoclasts.
Commun 2001 ; 281 : 957-961. Endocrinology 2005 ; 146 : 2324-2335.
Wang J, Ahani A, Pogrel MA. A five-year retrospective study of Zeitoun IM, Dhanarajani PJ. Cervical cellulitis and mediastini-
odontogenic maxillofacial infections in a large urban public hos- tis caused by odontogenic infections : report of two cases
pital. Int J Oral Maxillofac Surg 2005 ; 34 : 646-649. and review of literature. J Oral Maxillofac Surg 1995 ; 53 : 203-
Warfvinge J, Dahlén G, Bergenholtz G. Dental pulp response to 208.
bacterial cell wall material. J Dent Res 1985 ; 64 : 1046-1050. Zitzmann NU, Krastl G, Hecker H, Walter C, Weiger R. Endodontics
Werner MU, Mjöbo HN, Nielsen PR, Rudin A. Prediction of pos- or implants ? A review of decisive criteria and guidelines for
toperative pain : a systematic review of predictive experimental single tooth restorations and full arch reconstructions. Int Endod
pain studies. Anesthesiology 2010 ; 112 : 1494-1502 J 2009 ; 42 : 757-774.
Lectures conseillées
Silva TA, Garlet GP, Fukada SY, Silva JS, Cunha FQ. Chemokines in Touré B, Kane AW, Diouf A, Faye B, Boucher Y. Preoperative pain
oral inflammatory diseases : apical periodontitis and periodon- and medications used in emergency patients with irreversible
tal disease. J Dent Res 2007 ; 86 : 306-319. acute pulpitis or acute apical periodontitis : a prospective com-
parative study. J Orofac Pain 2007 ; 21 : 303-308.
Stalfors J, Adielsson A, Ebenfelt A, Nethander G, Westin T. Deep
neck space infections remain a surgical challenge. A study of
72 patients. Acta Otolaryngol 2004 ; 124 : 1191-1196.
76
L
es traitements endodontiques peuvent être motivés par tinence de la décision thérapeutique. Par ailleurs, le traite-
différentes raisons qui sont essentiellement prothé- ment endodontique avait souvent modifié le niveau de
tiques, infectieuses et douloureuses, les dernières étant douleur initial. Enfin, parmi les facteurs de risque de persis-
souvent les conséquences des avant-dernières. tance des douleurs en l’absence de signes radiologiques,
étaient cités la présence et la durée d’une douleur préopéra-
toire ressentie au niveau du site dentaire considéré, des anté-
Le succès de ces traitements, qu’il s’agisse d’un traitement
orthograde sur dent pulpée ou dépulpée ou d’un traite- cédents de douleurs chroniques (dans le cou, les épaules, le
ment endodontique chirurgical est jugé selon deux cri- dos, les articulations temporo-mandibulaires) ou l’existence
tères principaux : de céphalées, des antécédents de traitements bucco-den-
- l’état parodontal périradiculaire, qui s’apprécie clinique- taires douloureux ainsi que le sexe féminin des sujets. Oshima
ment et radiographiquement ; et al. (2009) ont observé des patients consultant pour des
- la symptomatologie, c’est-à-dire le ressenti par le patient douleurs dentaires persistantes ne répondant pas au traite-
de phénomènes d’hyperalgiea, allodynieb ou de douleur ment endodontique dans 6 % des cas. Les sujets le plus fré-
spontanée consécutive au traitement. L’existence d’une quemment atteints étaient des femmes (81 %) âgées de
symptomatologie persistante en présence d’un paro- 45-50 ans et la région maxillaire était le plus souvent concer-
donte péri-apical apparemment sain conduit à s’interro- née (87 %), ce qui confirme les études précédentes (fig. 5.1).
ger sur la nature des phénomènes biologiques Nixdorf et al., dans une méta-analyse récente, ont rapporté
sous-jacents et des conséquences des traitements endo-
une occurrence de douleurs postendodontiques 6 mois
dontiques sur les tissus environnants, notamment sur les
fibres nerveuses périphériques, mais également sur le après traitement de 5 à 7 % toutes causes confondues et de
système nerveux central par l’intermédiaire de leurs pro- 3,5 % de causes non dentaires (Nixdorf et al., 2010a et 2010b).
jections. Ces données conduisent à s’interroger sur la nature de ces
douleurs et à les envisager comme des dysesthésies. Si l’on
a. L’hyperalgie correspond à une sensation de douleur intense provo- considère le traitement endodontique du point de vue ner-
quée par un stimulus habituellement douloureux. La douleur réma-
nente causée par une stimulation au chaud en cas de pulpite en est un
exemple.
b. L’allodynie est une douleur suscitée par un stimulus qui n’est norma-
lement pas ressenti comme douloureux. Si ces phénomènes semblent a
priori moins graves que les phénomènes d’hyperagésie ou de douleur
spontanée, il faut néanmoins bien réaliser qu’il peuvent être vécus de
façon très désagréable par le patient. Les douleurs engendrées par un
test au froid en cas de pulpite ou par le test de percussion en cas de
parodontite apicale sont des exemples d’allodynie.
77
veux, plusieurs situations peuvent être rencontrées. La pulpe l’objet d’abondantes descriptions et de nombreuses
dentaire est en effet un tissu hautement plastique, capable recherches mais restent en revanche relativement mal
de réagir aux stimulations environnementales, par exemple connues des chirurgiens-dentistes, qui sont pourtant les prati-
aux contraintes mécaniques exercées sur les dents (bruxisme), ciens de santé réalisant le plus de désafférentations nerveuses
aux agressions bactériennes ou aux diverses procédures de en pratique quotidienne, au cours des traitements endo-
fraisage dentinaire, par des remodelages tissulaires, vascu- dontiques et des extractions. Rappelons qu’une pulpe de pré-
laires et nerveux notamment. Ces changements, incluant des molaire adulte contient environ 2 000 fibres nerveuses
modifications de l’expression des phénotypes neuronaux sensitives et autonomes et que le nombre de désafférenta-
périphériques et centraux (champs récepteurs, excitabilité, tions en France peut être estimé à 12 millions rien que pour
bourgeonnements ou dégénérescences centrales, etc.) sont les traitements endodontiques, sans compter les extractions
susceptibles de retentir sur la fonction nerveuse et d’expli- ni les interventions chirurgicales (30 000 chirurgiens-den-
quer certains phénomènes tels que douleurs référées, altéra- tistes, 200 jours par an, 2 traitements endodontiques par jour).
tions de la sensibilité oro-faciale, douleurs persistantes mais Enfin, les traitements endodontiques ont également pour
également difficultés anesthésiques (Hargreaves et Keiser, caractéristique de donner lieu à une obturation canalaire
2002 ; Boucher, 2006). La libération de diverses molécules destinée à emplir la vacuité endodontique et à l’isoler du
signal conduit également, après des phases inflammatoires, à péri-apex par un scellement imperméable aux bactéries. Au
une réduction du volume de la chambre pulpaire et des den- cours de cette étape, il peut arriver que du matériau d’obtu-
sités d’innervation et de vascularisation jusqu’à leur dispari- ration soit projeté dans le péri-apex. Ces dépassements de
tion complète. Dans certains cas, la douleur précède la pâte d’obturation sont parfois sans conséquences cliniques.
nécrose complète de la pulpe (pulpite aiguë), dans d’autres Ils peuvent cependant donner lieu à des complications péri-
(environ 50 %), la nécrose est asymptomatique (Michaelson apicales du fait de la toxicité de certains matériaux, de la pré-
et Holland, 2002). sence de germes spécifiques, etc. (Nair, 2006) et avoir
Lorsqu’il est consécutif à une nécrose pulpaire totale, le trai- également à des conséquences nerveuses dont les plus évi-
tement endodontique n’interfère pas avec les fibres ner- dentes sont observées notamment à la mandibule du fait de
veuses de l’endodonte qui ont disparu. En revanche, lorsque la proximité du canal mandibulaire.
la pulpe est encore présente, les procédures chirurgicales
visant à élimination du contenu endodontique entraîneront Le but de ce chapitre est donc de décrire les conséquences
donc une éviction brutale des composants nerveux. potentielles des désafférentations nerveuses causées par
Cette désafférentation nerveuse peut être soit naturelle, suc- les procédures endodontiques. Il passera en revue les prin-
cédant ainsi à la phase de nécrose, soit volontaire, chirurgi- cipaux changements neuronaux connus, associés aux
cale, du fait de la procédure de traitement endodontique désafférentations nerveuses pulpaires observées dans des
modèles animaux, et les conséquences cliniques de ces
destinée à supprimer la source nociceptive en l’absence d’al-
lésions documentées chez l’homme.
ternative thérapeutique. Dans les deux cas, un nombre impor-
tant de fibres nerveuses seront sectionnées/arrachées/
dilacérées et les terminaisons disparaîtront. Si les procédures
chirurgicales peuvent être identiques d’une situation à l’autre,
l’environnement biologique où elles se déroulent peut, lui,
I - Changements induits
être très différent. Il pourra être sain dans le cas d’une « bio- par des lésions nerveuses
pulpectomie » à visée prothétique par exemple et altéré
dans d’autres cas, comme dans celui d’une pulpite en phase A - Changements périphériques
aiguë ou chronique, avec de nombreux changements portant
sur les molécules présentes dans le milieu, les modifications 1 - Changements morphologiques et biochimiques
d’expression de récepteurs présents sur les membranes cellu- Le tissu nerveux possède d’importantes capacités de répara-
laires, de voies enzymatiques et de signalisation cellulaire. tion. Lors d’un traumatisme, des réactions complexes se pro-
duisent, impliquant les cellules nerveuses et les cellules de
Note : ces différences d’environnement peuvent expliquer Schwann qui les entourent. Ces réactions permettent la plu-
la persistance de symptômes douloureux du fait des phé- part du temps aux axones soit de se réparer s’ils n’ont été que
nomènes de sensibilisation périphérique et centrale. légèrement lésés, soit de repousser après dégénérescence du
segment distal s’ils ont été plus sévèrement endommagés. Le
guidage des axones dans les gaines nerveuses joue un rôle
Les effets des désafférentations nerveuses sont relativement important dans ce phénomène et, par conséquent, l’intégrité
bien connus des neurologues, notamment dans le domaine de de ces gaines est un facteur clé de la cicatrisation (Horch,
la douleur. Les douleurs dites neuropathiques étaient aupara- 1979). Ces processus de cicatrisation s’accompagnent de
vant appelées douleurs de désafférentation d’après les dou- modifications phénotypiques dans les neurones dont le
leurs « de membre fantôme », ressenties après l’amputation contenu neurochimique se modifie. De nombreuses études
d’un membre ou la lésion de troncs nerveux. Elles ont fait ont révélé des changements portant sur l’expression et la
78
A
iGlu-R Interneurone
Canaux ioniques Corps mGlu-R
cellulaire
Cellules Neurone
Récepteurs Neurone sensitif primaire
de Schwann 2e ordre
Microglie,
Terminaison astrocytes
périphérique
Expression génique →
Lésion nerveuse Production neuropeptides, Modification
GABA,
récepteurs, canaux ioniques circuiterie
TRPV1-4 glycine
neuronale
TRPM8
NaV1.7, 1.8, 1.9
TRPA1 Modification
ASICs PKC, PKA
activité
P2X3 NOS, COX
électrique
TREK
Cytokines Glu,
TASK
(IL1, IL6, TNF-α, SP, CGRP,
ATP, IL1, IL6,
Phosphorylations enzymatiques CCL2…) BDNF, ATP Microglie,
TNF-α, CCL2,
Expression récepteurs CCL2, CCL3 astrocytes
Recrutement CXCL3
Expression canaux ioniques NO
Cellule
Modification de l’activité électrique Macrophage, Activation
inflammatoire
mastocytes,
Diminution du seuil d’excitation
lymphocytes
Décharges ectopiques
Figure 5.2 Représentation schématique des changements susceptibles d’affecter les neurones nociceptifs après lésion nerveuse
périphérique. A. Neurone sain. B. Neurone lésé. Ces changements incluent des modifications de l’expression des récepteurs, des
canaux ioniques et des neuropeptides, des modifications de l’excitabilité neuronale. Ils font intervenir les éléments neuronaux, les
cellules gliales et les cellules immunitaires. Ils affectent également le neurone post-synaptique qui devient plus excitable.
79
80
Le nombre de neurones ne répondant qu’aux stimulations Important ! Il est intéressant de constater que l’activation
mécaniques diminue, tant au maxillaire qu’à la mandibule, des récepteurs Toll-like (TLR) qui détectent certains motifs
mais le nombre de neurones ayant des champs récepteurs antigéniques présents à la surface des bactéries pathogènes
s’étendant aux 2 ou 3 branches du trijumeau augmente. entraîne également la production de cytokines pléiotro-
Cependant, là encore, dans les conditions expérimentales, piques telles que le TNF-α, l’IL1-β et l’IL6, impliquées dans
l’effet observé était transitoire et semblait affecter plutôt l’établissement et le maintien des douleurs neuropathiques
les neurones non nociceptifs que nociceptifs. (Miller et al., 2009). Cela suggère que lésions et infections
partagent des mécanismes d’activation neurogliaux et
peuvent se potentialiser.
Coull et al. (2003) ont montré qu’après lésion nerveuse, des
neurones inhibiteurs pouvaient se transformer en neurones
excitateurs : l’activation gliale spinale après lésion nerveuse 3 - Modifications des contrôles s’exerçant
entraîne une libération de BDNF ATP-dépendante qui modi- sur les informations sensitives
fie le potentiel de membrane des neurones GABAergiques de Il existe de nombreux filtres physiologiques permettant aux
la corne dorsale. Il en résulte une inversion des courants centres nerveux supra-segmentaires de moduler la transmis-
ioniques GABAergiques dans ces neurones qui contribuent à sion des informations ascendantes. Or, les changements péri-
l’allodynie mécanique postlésionnelle. phériques et centraux induits par les lésions nerveuses décrits
Plusieurs études ont montré que les lésions nerveuses pou- précédemment peuvent conduire à des modifications du
vaient entraîner des remaniements importants au niveau de traitement des informations douloureuses. Certains travaux
la circuiterie fonctionnelle des neurones trigéminaux. Par le ont par exemple montré que les contrôles inhibiteurs des-
biais de neuromédiateurs excitateurs (glutamate) et inhibi- cendants issus du tronc cérébral étaient réduits de moitié
teurs (GABA) ou modulateurs (glycine, D-sérine), l’architec- chez des animaux neuropathiques (Zimmermann, 1991) ;
ture du réseau neuronal peut être modifiée. Les fibres de gros d’autres au contraire indiquent une facilitation descendante
diamètre transmettant les informations tactiles non doulou- (Porreca et al., 2001 ; King et al., 2009).
reuses deviennent capables d’exciter des neurones nocicep-
tifs et de générer des sensations désagréables (Miraucourt
et al., 2007 ; Dieb, 2009). D - Autres territoires
Autre phénomène marquant des altérations nerveuses, des
2 - Réactions immunitaires
modifications de sensibilité peuvent être ressenties non seu-
Les lésions nerveuses entraînent le recrutement et l’activa- lement dans le territoire du nerf lésé mais également dans
tion de cellules immunitaires au niveau du site lésionnel, des territoires nerveux voisins du territoire lésé (Moalem
dans les ganglions spinaux ainsi que dans les sites de pro- et al., 2005 ; Iwata et al., 2004).
jection centrale de la moelle épinière et du complexe sen-
sitif trigéminal. La sensibilisation centrale qui résulte de la lésion est à
l’origine du phénomène et pourrait expliquer la fluctua-
tion des territoires douloureux ressentis dans certains cas
Les macrophages, lymphocytes T et mastocytes envahissent
de douleurs oro-faciales chroniques (Marbach, 1996).
le site lésionnel autour des extrémités lésées. Les cellules de
Schwann prolifèrent, se dédifférencient et forment des
bandes de Büngner, qui servent de guide aux axones en phase
de régénération. Des macrophages et quelques lympho-
cytes T sont présents dans les ganglions spinaux avant la
II - Conséquences cliniques
lésion. Leur nombre augmente de façon importante. Les des lésions nerveuses associées
macrophages se déplacent dans la gaine formée par les cel- aux traitements endodontiques
lules satellites autour des corps cellulaires des neurones sen-
sitifs primaires. Les cellules satellites prolifèrent et montrent
des signes d’activation. Une semaine après la lésion, des amas
A - Considérations
denses de cellules microgliales sont visibles dans les cornes générales/neuropathies trigéminales
ventrales autour des motoneurones. Une activation massive post-traumatiques
est présente dans les cornes dorsales au niveau des sites de
projection des afférences primaires lésées. Ces changements Remarque : il est toujours difficile d’extrapoler les résultats
sont également objectivables au niveau trigéminal (Dieb, obtenus au cours d’études animales à l’homme en raison des
2009 ; Dauvergne et al., 2008). différences biologiques et psychologiques entre espèces. De
Ces changements induisent des altérations rapides des pro- plus, les différents modèles utilisés pour étudier les change-
ments postlésionnels ne sont pas équivalents.
priétés des canaux ioniques contrôlant l’excitabilité nerveuse
81
Remarque : il s’agit également de modèles où la sensation L’éventail des sensations anormales rapportées après lésions
de l’animal est inférée à partir de modifications comporte-
mentales et non, évidemment, de description verbale. Il
d’origine endodontique du nerf alvéolaire inférieur inclut de
existe cependant des études et observations cliniques chez simples dysesthésies plus ou moins gênantes, des douleurs
l’homme ainsi que des enregistrements effectués chez des d’intensité et de qualité variables allant de la douleur conti-
patients qui corroborent certaines données expérimentales nue légère du type brûlure ou tiraillements à des décharges
et permettent de valider une partie des changements électriques paroxystiques insupportables. Des signes d’allo-
observés chez l’animal. dynie locale à la mobilisation dentaire ou à la palpation du
site osseux sont également décrits. Le territoire de ressenti
Au niveau buccal, les neuropathies lésionnelles trigéminales est celui du V3 avec parfois des irradiations à l’oreille ou aux
consécutives à des extractions, de dents de sagesse le plus autres branches du trijumeau. Dans certains cas, le patient
souvent, à de la chirurgie orthognathique ou implantaire sont peut ressentir une douleur aiguë en dépit de l’anesthésie
bien connues et suivies dans les consultations spécialisées de (LaBlanc et Epker, 1984) mais, dans d’autres, les effets de la
neurologie généralement ou dans les centres antidouleur. lésion peuvent ne se manifester qu’après la disparition de
l’anesthésie. Il est même possible que ces dysesthésies ne
soient ressenties qu’après un certain temps, période qualifiée
Les traitements médicamenteux de ces douleurs et dyses-
de « lucid period », jusqu’à 36 heures après les soins (Pogrel,
thésies reposent sur des classes pharmacologiques diffé-
rentes de celles utilisées pour le traitement des douleurs 2007).
aiguës nociceptives, ce qui est une preuve supplémentaire 1 - Causes
de leur spécificité.
Les causes lésionnelles potentielles sont multiples :
• surinstrumentation. L’action mécanique des instruments
endodontiques au-delà de l’apex peut léser ou couper des
B - Neuropathies trigéminales fibres nerveuses (fig. 5.3) ;
postendodontiques • lésion chimique des solutions d’irrigation. Bien qu’il n’existe
Les données cliniques directement liées à l’endodontie sont pas, à notre connaissance, de cas décrits dans la littérature
moins nombreuses que celles se rapportant aux trauma- médicale, le pouvoir irritant des solutions d’irrigation endo-
tismes. Plusieurs situations peuvent être rencontrées. dontique semble suffisant pour provoquer des dommages
tissulaires nerveux en cas de dépassement apical ;
1 - Lésions liées à l’anesthésie locorégionale
La cause des douleurs/dysesthésies peut être reliée à la pro-
cédure anesthésique et soit être d’origine mécanique, du fait
du caractère piquant/tranchant de l’aiguille, soit relever de la
toxicité de la molécule. Les lésions semblent plus fréquentes
lors de l’anesthésie locorégionale du nerf alvéolaire inférieur
au foramen mandibulaire (tronculaire à l’épine de Spix). La
prévalence de ces accidents est faible : de 1/20 000 à
1/850 000 (Pogrel, 2007). La lésion est réversible dans la
majorité des cas, mais parfois irréversible. Il faut également
noter que des dysgueusies, temporaires ou définitives, sont
quelquefois rapportées après bloc nerveux mandibulaire
(Paxton et al., 1994 ; Hotta et al., 2002 ; Haas et Lennon, 1995).
82
Figure 5.4 A. Représentation des effets nerveux iatrogènes pos- Figure 5.5 Bilan d’imagerie avant chirurgie endodontique sur la
sibles du bourre-pâte de Lentulo dans le cas d’un apex situé à 44 (scanner cone beam). L’émergence du nerf mentonnier est
proximité du canal mandibulaire. Le ciment d’obturation peut nettement visible (flèches jaunes). Un foramen accessoire est
être propulsé dans le canal, au voisinage des éléments nerveux. également objectivé (flèches rouges).
Il peut rester à l’extérieur de l’épinèvre ou s’insérer entre les
fascicules nerveux constituant le nerf alvéolaire inférieur. B, C et
D. Exemples cliniques de projections iatrogènes de ciment d’ob-
turation dans le canal mandibulaire.
83
Pogrel (2007), sur des plus grandes séries publiées portant sur
douleurs qui surviennent après traitement endodontique
61 patients présentant des projections de matériau d’obtura-
sans lésion apparente autre que la pulpectomie. La douleur
tion dans le canal mandibulaire, observe que : peut être contemporaine de l’acte et la correspondance
- 8 patients étaient asymptomatiques, probablement parce sera facilitée.
que le matériau était resté à la périphérie de l’épinèvre sans
pénétrer dans l’endonèvre et/ou que le ciment n’était pas
neurotoxique ;
- 42 patients présentaient des symptômes légers et ont été Cependant, le fait qu’on ne puisse objectiver la lésion est
suivis sans intervention avec une amélioration des symp- une source d’incertitude et d’incompréhension entre le
tômes dans le temps pour 10 % d’entre eux ; patient et le praticien, ce dernier ayant souvent tendance
- 11 patients ont été traités chirurgicalement, dont 5 l’ont été à minimiser le problème et à attendre une éventuelle amé-
lioration. Avec le temps, la douleur s’installe et la plainte
dans les 48 heures et ont récupéré complètement. Les
du patient s’accentue, amplifiée par la non-reconnaissance
6 patients restants ont été opérés dans un délai de 10 jours de sa douleur.
à 3 mois et 4 d’entre eux ont ressenti une amélioration tan-
dis que 2 n’en ont ressenti aucune. L’auteur suggère qu’une
intervention précoce est la plus à même d’amener la résolu-
Du fait de la douleur persistante, le praticien peut penser
tion des symptômes. Ces résultats confortent ceux de Grötz
s’être trompé de diagnostic et proposer d’autres traitements
et al. (1998) qui observent également une amélioration
comme une chirurgie apicale ou l’extraction de la dent incri-
significative après chirurgie d’exérèse. Le type d’approche
minée. Parfois viennent s’ajouter des traitements endo-
chirurgicale est variable selon les auteurs et le type de
dontiques et/ou des extractions des dents voisines, sans
situation clinique incluant résection apicale et débride-
résultat. Non seulement la douleur va persister mais va s’y
ment, extraction et curetage, ostéotomie corticale d’accès
ajouter une incapacité fonctionnelle liée à l’édentement
par voie endobuccale ou exobuccale.
(Marbach et al., 1982). De plus, du fait de la sensibilisation de
la zone édentée, les prothèses seront mal tolérées, ce qui
Important ! Il est cependant difficile de juger du type de aggravera la plainte du patient.
lésion sur les documents d’imagerie et de la réversibilité
des symptômes. Le risque de lésion consécutive à une inter-
vention mal maîtrisée est important. Le choix de l’interven- Remarque : cenpendant, Vickers et Cousins (2000) rap-
tion chirurgicale doit donc être bien pesé, après examens pellent qu’il est impossible, en l’état actuel des connais-
d’imagerie 3D notamment, et la technique opératoire doit sances, d’affirmer que les procédures endodontiques sont
être particulièrement sûre. des facteurs causaux principaux du développement des
douleurs neuropathiques trigéminales. Les changements
pathologiques à l’œuvre en cas de pulpite (sensibilisation
Les progrès réalisés en matière d’aides optiques et de piézo- périphérique et centrale, changements phénotypiques et
fonctionnels, activation gliale, etc.) pourraient être au
tomes sont en ce sens prometteurs dans la mesure où les
moins aussi importants que les lésions nerveuses trauma-
risques de lésion nerveuse sont moindres avec ces instru- tiques.
ments qu’avec les instruments rotatifs. La connaissance de la
structure du nerf alvéolaire inférieur permet d’éviter les
écueils lors de la chirurgie (Carpentier et al., 2009 ; Pogrel
et al., 2009). 3 - Douleurs retardées
◆ Traitement médicamenteux
Note : quand le lien entre la lésion et l’apparition de la dou-
L’utilisation de corticoïdes a été conseillée par certains
leur n’est pas immédiat, il est plus difficile d’établir avec
auteurs (Morse, 1997 ; Gatot et Tovi, 1986) afin de diminuer certitude un lien de cause à effet.
l’œdème et la réponse inflammatoire au matériau d’obtura-
tion et apporter une amélioration de la symptomatologie ou
permettre d’attendre pendant 24 ou 48 heures une interven- Cependant, en raison des changements neuronaux décrits
tion. Cependant, il n’existe aucun consensus ni aucune précédemment, il est fort probable que les traitements
recommandation officielle pour ce traitement tant pour la endodontiques puissent expliquer certains tableaux cliniques
molécule que pour la posologie ou la durée du traitement. tels que l’odontalgie atypique, l’algie faciale atypique ou les
En cas de symptomatologie douloureuse installée, le traite- syndromes douloureux régionaux complexes (SDRC).
ment est celui des douleurs neuropathiques (Attal et al., 2010). Il faut noter également que l’effet des désafférentations
pourrait être cumulatif. Des lésions localisées et intéressant
b - Autres lésions peu de fibres nerveuses peuvent ne pas se traduire clinique-
ment tandis que des lésions intéressant un nombre de fibres
Note : les cas de lésions du nerf alvéolaire inférieur sont les plus important, soit lors de la même lésion soit à la suite de
mieux documentés car le tronc nerveux est important et
facilement objectivable en imagerie. Il existe également des lésions cumulées, deviendraient suffisantes pour affecter le
traitement des informations douloureuses (Woda, 2009).
84
Tableau 5.1 Critères diagnostiques de l’odontalgie atypique (d’après Woda et Pionchon, 2001).
Douleur Localisée au niveau d’une dent présente ou extraite récemment
Présente depuis plus de 4 à 6 mois ou revient périodiquement sous la même forme pour une
durée supérieure à plusieurs mois ou années
Continue, présente pendant tout ou partie de la journée, ne perturbe pas le sommeil
Ne présente pas de caractère paroxystique majeur
Examens cliniques et radiologiques Ne révèlent pas de cause locale manifeste
Éléments fréquents Allodynie (nommée hyperesthésie par Graff-Radford et Solberg, 1992)
Effet de l’anesthésie locorégionale ambigu
85
nerveuse, tandis que l’événement initial est un événement D - Reconnaissance des douleurs
douloureux sans lésion nerveuse apparente dans ceux de
type I (autrefois appelés neuro-algodystrophies ou algodys-
non dentaires
trophies sympathiques) (Merskey et Bogduk 1994). L’histoire
Les douleurs neuropathiques ont fréquemment une
clinique indique un œdème, des anomalies vasomotrices et expression clinique différente de celle des autres types de
des sudations dans la région douloureuse depuis l’événe- douleurs et dysesthésies et les patients utilisent des
ment les ayant déclenchés. L’examen clinique ne permet pas termes différents pour les qualifier. Un questionnaire pré-
d’identifier un problème particulier. Ces syndromes ont été sentant de bonnes sensibilité et spécificité vis-à-vis des
décrits au niveau de la face avec des caractéristiques un peu douleurs neuropathiques, le DN4, a été mis au point.
différentes (Lynch et Elgeneidy, 1996 ; Saxen et Campbell,
1995 ; Veldman et Jacobs, 1994) et un rapprochement avec les
algies faciales atypiques a été proposé (Woda et Pionchon, Ce questionnaire, simple à mettre en œuvre, comprend une
2001 ; Melis et al., 2002). Dans les syndromes douloureux liste de qualificatifs les plus employés par les patients pour
régionaux complexes oro-faciaux comme dans l’algie faciale décrire les douleurs neuropathiques (Bouhassira et al., 2004),
atypique, les phénomènes sudomoteurs sont le plus souvent tels que fourmillement, décharges électriques, picotement
absents (Lynch et Elgeneidy, 1996 ; Jaeger et al., 1986) et les ou sensation de froid douloureux. Le DN4 comporte en outre
signes associés vasculaires ainsi que l’œdème sont moins une recherche clinique de dysesthésie et d’allodynie dyna-
visibles et/ou moins fréquents qu’au niveau des membres mique (douleur évoquée par un frottement habituellement
(Jaeger et al., 1986). Parallèlement, les signes sympathiques non douloureux). Sans se substituer à l’examen neurologique,
associés à l’algie faciale atypique semblent moins fréquents il constitue une aide précieuse pour le dépistage des dou-
et moins intenses que dans le syndrome douloureux régional leurs neuropathiques.
complexe de type I. Ces différences peuvent s’expliquer par Dans le même état d’esprit, Aggarwal et al. (2008) ont com-
le fait qu’il y a moins de fibres sympathiques dans le triju- paré les douleurs oro-faciales inexpliquées (DOI) et les dou-
meau que dans les racines dorsales de la moelle épinière leurs dentaires à l’aide des qualificatifs utilisés pour les
(Hoffmann et Matthews, 1990). décrire. Ils ont rapporté que les patients souffrant des pre-
mières les décrivaient plus fréquemment comme des picote-
ments douloureux et harcelant, elles étaient accrues par le
C - Conséquences gustatives stress, mal localisées, persistantes et chroniques, fortement
Plusieurs études ont montré que le système somesthésique
trigéminal et le système gustatif interagissaient à différents
niveaux. Les deux systèmes activés en parallèle lors de l’in- 120 % Contrôles
gestion alimentaire exercent l’un sur l’autre des modulations DD 1-3
bidirectionnelles. 100 % DD 4-6
DD 7-9
La stimulation des nerfs somesthésiques peut par exemple DD > 9
80 %
Seuil EGM (µV)
86
Bibliographie
Aggarwal VR, McBeth J, Zakrzewska JM, Macfarlane GJ. Bongenhielm U, Nosrat CA, Nosrat I, Eriksson J, Fjell J, Fried K.
Unexplained orofacial pain - is an early diagnosis possible ? Br Expression of sodium channel SNS/PN3 and ankyrin (G) mRNAs
Dent J 2008 ; 205 : E6 ; discussion 140-141. in the trigeminal ganglion after inferior alveolar nerve injury in
Asgari S, Janahmadi M, Khalilkhani H. Comparison of neurotoxi- the rat. Exp Neurol 2000 ; 164 : 384-395.
city of root canal sealers on spontaneous bioelectrical activity Bongenhielm U, Robinson PP. Spontaneous and mechanically
in identified Helix neurones using an intracellular recording evoked afferent activity originating from myelinated fibres in
technique. Int Endod J 2003 ; 36 : 891-897. ferret inferior alveolar nerve neuromas. Pain 1996 ; 67 : 399-406.
Attal N, Cruccu G, Baron R, Haanpää M, Hansson P, Jensen TS, Boucher Y. Cibles biologiques des anesthésiques locaux. Real
Nurmikko T. EFNS guidelines on the pharmacological treatment Clin 2006 ; 17 : 109-124.
of neuropathic pain : 2010 revision. Eur J Neurol 2010, 17 : 1113- Boucher Y, Simons CT, Faurion A, Azérad J, Carstens E. Trigeminal
e88. modulation of gustatory neurons in the nucleus of the solitary
Bates EB. Atypical odontalgia : phantom tooth pain. Oral Surg tract. Brain Res 2003 ; 973 : 265-274.
Oral Med Oral Pathol 1991 ; 72 : 479-483. Boucher Y, Berteretche MV, Farhang F, Arvy MP, Azérad J,
Boiesen J, Brodin P. Neurotoxic effect of two root canal sealers Faurion A. Taste deficits related to dental deafferentation : an
with calcium hydroxide on rat phrenic nerve in vitro. Endodont electrogustometric study in humans. Eur J Oral Sci 2006 ; 114 :
Dent Traumatol 1991 ; 7 : 242-245. 456-464.
87
Bouhassira D, Attal N. Douleurs neuropathiques. Rureil- Gobel S. An electron microscopic analysis of the trans-synaptic
Malmaison : Arnette, 2007. effects of peripheral nerve injury subsequent to tooth pulp
Bouhassira D, Attal N, Alchaar H, Boureau F, Brochet B, Bruxelle J extirpations on neurons in laminae I and II of the medullary dor-
et al., Comparison of pain syndromes associated with nervous sal horn. J Neurosci 1984 ; 4 : 2281-2290.
or somatic lesions and development of a new neuropathic pain Graff-Radford SB. Orofacial pain : assessment and management.
diagnostic questionnaire (DN4). Pain 2004 ; 114 : 29-36. IASP Refresher Course. Syllabus 1993 : 261-269.
Brooke RI. Atypical odontalgia : a report of twenty-two cases. Graff-Radford SB, Solberg WK. Atypical odontalgia.
Oral Surg 1998 ; 49 : 196-199. J. Craniomandib Disord Facial Oral Pain 1992 ; 6 : 260-266.
Campbell RL, Parks KW, Dodds RN. Chronic facial pain associa- Grant G, Arvidsson J. Transganglionic degeneration in trigeminal
ted with endodontic therapy. Oral Surg Oral Med Oral Pathol sensory neurons. Brain Res 1975 ; 95 : 265-279.
1990 ; 69 : 287-290. Gratt BM, Sickles EA, Graff-Radford SB, Solberg WK. Electronic
Carpentier P, Felizardo R, Cledes G, Etienne D. Anatomie clinique thermography in the diagnosis of atypical odontalgia : a pilot
et chirurgicale de la cavité orale : le secteur molaire mandibu- study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1989 ; 68 : 472-481.
laire. III. le nerf lingual. J Parodontol Implantol Orale 2009 ; 28 : Haas DA, Lennon D. A 21-year retrospective study of reports of
253-269. paresthesia following local anesthetic administration. J Can
Costigan M, Scholz J, Woolf CJ. Neuropathic pain : a maladap- Dent Assoc 1995 ; 61 : 319-330.
tive response of the nervous system to damage. Ann Rev Hansen HI. Neuro-histological reactions following tooth extrac-
Neurosci 2009 ; 32 : 1-32. tions. Int J Oral Surg 1980 ; 9 : 411-426.
Coull JA, Boudreau D, Bachand K, Prescott SA, Nault F, Sík A et al. Hargreaves KM, Keiser K. Local anesthetic failure in endodontics :
Trans-synaptic shift in anion gradient in spinal lamina I neurons mechanisms and management. Endodontic Topics 2002 ; 1 : 26-39.
as a mechanism of neuropathic pain. Nature 2003 ; 424 : 938-942.
Harris M. Idiopathic orofacial pain : a management overview. In :
Dauvergne C, Cailleux N, Mellik S, Pohl M, Boucher Y. Expression Campbell JN (ed). An updated review. Seattle : IASP Press, 1996 :
et distribution de MCP1/CCR2 dans le système trigéminal. Les 403-412.
cahiers de l’ADF 2008 ; 25 : 29-33.
Henry MA, Westrum LE, Bothwell M, Johnson LR. Nerve growth
de Leeuw J, Steenks MH, Ros WJ, Bosman F, Winnubst JA, Scholte factor receptor (p75)-immunoreactivity in the normal feline tri-
AM. Psychosocial aspects of craniomandibular dysfunction. An geminal system and following retrogassenan rhizotomy. J Comp
assessment of clinical and community findings. J Oral Rehabil Neurol 1993 ; 335 : 425-436.
1994 ; 21 : 127-143.
Hoffmann KD, Matthews MA. Comparison of sympathetic neu-
Devor M Selter Z. Pathophysiologv of damaged nerves in rela- rons in orofacial and upper extremity nerves : implications for
tion to chronic pain. In : Wall PD, Melzack R (eds). Textbook of causalgia. J Oral Maxillofac Surg 1990 ; 48 : 720-726.
pain. Édimbourgh : Churchill Livingstone, 1999 : 129-164.
Holland GR. A histological comparison of periapical inflamma-
Dieb W. Étude des mécanismes et des circuits neuronaux impli- tory and neural responses to two endodontic sealers in the fer-
qués dans la douleur neuropathique trigéminale post-trauma- ret. Arch Oral Biol 1994 ; 39 : 539-544
tique. Thèse neurosciences. Clermont-Ferrand : Université
d’Auvergne-Clermont 1, 2009. Horch K. Guidance of regrowing sensory axons after cutaneous
nerve lesion in the cat. J Neurophysiol 1979 ; 42 : 1437-1447.
Dowdall T, Robinson I, Meert TF. Comparison of five different rat
models of peripheral nerve injury. Pharmacol Biochem Behav Hotta M, Endo S, Tomita H. Taste disturbance in two patients
2005 ; 80 : 93-108. after dental anesthesia by inferior alveolar nerve block. Acta
Otolaryngol 2002 ; 546 (suppl.) : 94-98.
Fanibunda K, Whitworth J, Steele J. The management of ther-
Hu JW, Sessle BJ. Effects of tooth pulp deafferentation on noci-
momechanically compacted gutta percha extrusion in the infe-
ception and non-nociceptive neurons of the feline trigeminal
rior dental canal. Br Dent J 1998 ; 184 : 330-332.
subnucleus caudalis (medullary dorsal horn). J Neurophysiol
Feinmann C. Idiopathic orofacial pain : a multidisciplinary pro- 1989 ; 61 : 1197-1206.
blem : the contribution of psychiatry and medicine to diagnosis
Hu JW, Sharav Y, Sessle BJ. Effects of one- or two-stage deaffe-
and management. In : Campbell JN (ed). Pain. An updated review.
rentation of mandibular and maxillary tooth pulps on the func-
Seattle : IASP Press, 1996 : 397-402.
tional properties of trigeminal brainstem neurons. Brain Res
Fried K, Govrin-Lippmann R, Rosenthal F, Ellisman MH, Devor M. 1990 ; 516 : 271-279.
Ultrastructure of afferent axon endings in a neuroma. J
Hu JW, Woda A, Sessle BJ. Effects of pre-emptive local anaesthe-
Neurocytol 1991 ; 20 : 682-701.
sia on tooth pulp deafferentation-induced neuroplastic changes
Gamsa A. The role of psychological factors in chronic pain. I. A in cat trigeminal brainstem neurones. Arch Oral Biol 1999 ; 44 :
half century of study. Pain 1994 ; 57 : 5-15. 287-293.
Gatot A, Tovi F. Prednisone treatment for injury and compres- Hume WR. In vitro studies on the local pharmacodynamics,
sion of inferior alveolar nerve : report of a case of anesthesia pharmacology and toxicology of eugenol and zinc oxide-euge-
following endodontic overfilling. Oral Surg Oral Med Oral nol. Int Endod J 1988 ; 21 : 130-134.
Pathol 1986 ; 62 : 704-706. Iwata K, Imai T, Tsuboi Y, Tashiro A, Ogawa A, Morimoto T et al.
Gobel S, Binck JM. Degenerative changes in primary trigeminal Alteration of medullary dorsal horn neuronal activity following
axons and in neurons in nucleus caudalis following tooth pulp inferior alveolar nerve transection in rats. J Neurophysiol 2001 ;
extirpations in the cat. Brain Res 1977 ; 132 : 347-354. 86 : 2868-2877.
88
89
Pogrel MA, Dorfman D, Fallah H. The anatomic structure of the Strassburg M. Experimental studies on nerve-cell alterations in
inferior alveolar neurovascular bundle in the third molar region. the trigeminal ganglion after artificial fractures of the mandible.
J Oral Maxillofac Surg 2009 ; 67 : 2452-2454. Trans Int Conf Oral Surg 1967 : 165-170.
Pogrel MA. Permanent nerve damage from inferior alveolar Veldman PH, Jacobs PB. Reflex sympathetic dystrophy of the
nerve blocks. An update to include articaine. J Calif Dent Assoc head : case report and discussion of diagnostic criteria. J Trauma
2007 ; 4 : 271-273. 1994 ; 36 : 119-121.
Polycarpou N, Ng YL, Canavan D, Moles DR, Gulabivala K. Vickers ER, Cousins MJ, Walker S, Chisholm K. Analysis of
Prevalence of persistent pain after endodontic treatment and 50 patients with atypical odontalgia. A preliminary report on
factors affecting its occurrence in cases with complete radiogra- pharmacological procedures for diagnosis and treatment. Oral
phic healing. Int Endod J 2005 ; 38 : 169-178. Surg Oral Med Oral Pathol 1998 :85 : 24-32.
Porreca F, Burgess SE, Gardell LR, Vanderah TW, Malan Jr TP, Vickers ER, Cousins MJ. Neuropathic orofacial pain. Part 1 : preva-
Ossipov MH et al. Inhibition of neuropathic pain by selective lence and pathophysiology. Aust Endod J 2000 ; 26 : 19-26.
ablation of brainstem medullary cells expressing the m-opioid Vos BP, Strassman AM, Maciewicz RI. Behavioral evidence of
receptor. J Neurosci 2001 ; 15 : 5281-5288. trigeminal neuropathic pain following chronic constriction
Ram S, Teruel A, Kumar SK, Clark G. Clinical characteristics and injury to the rat’s infraorbital nerve. J Neurosci 1994 ; 14 : 2708-
diagnosis of atypical odontalgia : implications for dentists. J Am 2723.
Dent Assoc 2009 ; 140 : 223-228. Westrum LE, Canfield RC, Black RG. Transganglionic degenera-
Rees RT, Harris M. Atypical odontalgia. Br J Oral Surg 1979 ; 16 : tion in the spinal trigeminal nucleus following removal of tooth
212-218. pulps in adult cats. Brain Res 1976 ; 101 : 137-140.
Robinson PP, Boissonade FM, Loescher AR, Smith KG, Yates JM, Westrum LE, Canfield RC. Normal loss of milk teeth causes
Elcock C, Bird EV et al, Peripheral mechanisms for the initiation degeneration in brain stem. Exp Neurol 1979 ; 65 : 69-77.
of pain following trigeminal nerve injury. J Orofac Pain 2004 ; 18 : Woda A. A « dysfunctional » pain group in addition to the « neu-
287-292. ropathic » and « nociception/inflammatory » groups of orofa-
Saxen MA, Campbell RL. An unusual case of sympathetically cial pain entities ? J Orofac Pain 2009 ; 23 : 89-90.
maintained facial pain complicated by telangiectasia. Oral Surg Woda A, Pionchon P. Tableau sémiologique et hypothèses phy-
Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1995 ; 79 : 455-458. siopathologiques des algies oro-faciales idiopathiques.
Schnurr RF, Brooke RI. Atypical odontalgia. Update and com- Comptes-rendus du CNO : douleurs oro-faciales et appareil
ment on long-term follow-up. Oral Surg Oral Med Oral Pathol manducateur. Comprendre… Évaluer… Traiter… Paris : CNO, 1998 :
1990 ; 73 : 445-448. 101-138.
Scholz J, Woolf CJ. The neuropathic pain triad : neurons, immune Woda A, Pionchon P. A unified concept of idiopathic orofacial
cells and glia. Nat Neurosci 2007 ; 10 : 1361-1368. pain : clinical features. J Orofac Pain 1999 ; 13 : 153-165.
Sessle BJ. The neurobiology of facial and dental pain : present Woda A, Pionchon P. Douleurs orofaciales idiopathiques : signes
knowledge, future directions. J Dent Res 1987 ; 66 : 962-981. cliniques, causes et mécanismes. Rev Neurol (Paris) 2001 ; 157 :
Shafer DM, Frank ME, Gent JF, Fischer ME. Gustatory function 265-283.
after third molar extraction. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Woda A, Tubert-Jeannin S, Bouhassira D, Attal N, Fleiter B,
Oral Radiol Endod 1999 ; 87 : 419-428. Goulet JP et al. Towards a new taxonomy of idiopathic orofacial
Simons CT, Boucher Y, Carstens E. Suppression of central taste pain. Pain 2005 ; 116 : 396-406.
transmission by oral capsaicin. J Neurosci 2003 ; 23 : 978-985. Woolf CJ, Ma Q. Nociceptors – Noxious stimulus detectors.
Simons CT, Boucher Y, Carstens MI, Carstens E. Nicotine sup- Neuron 2007 ; 55 : 353-364.
pression of gustatory responses of neurons in the nucleus of the Zakrzewska JM. Facial pain : neurological and non-neurological. J
solitary tract. J Neurophysiol 2006 ; 96 : 1877-1886. Neurol Neurosurg Psychiatry 2002 ; 72 : 27-32.
Stenholm E, Bongenhielm U, Ahlquist M, Fried K. VRl- and VRL-l- Zimmermann M. Central nervous mechanisms modulating pain-
like immunoreactivity in normal and injured trigeminal dental related information : do they become deficient after lesions of
primary sensory neurons of the rat. Acta Odontol Scand 2002 ; the peripheral or central nervous system ? In : Casey KL (ed). Pain
60 : 72-79. and central nervous system disease : the central pain syndromes.
Stephenson JL, Byers MR. GFAP immunoreactivity in trigeminal New York : Raven Press, 1991 : 183-199.
ganglion satellite cells after tooth injury in rats. Exp Neurol Zimmermann M. Pathobiology of neuropathic pain. Eur J
1995 ; 131 : 11-22. Pharmacol 2001 ; 429 : 23-37.
90
91
É
tat général et endodontie ? Il est normal, il est déonto- décrite à partir des corrélations retrouvées entre la flore
logique, il est professionnel de se poser la question. Les endodontique et les bactéries prélevées sur les valves conta-
relations entre les thérapeutiques endodontiques et un minées. L’utilisation de techniques de biologie moléculaire,
certain nombre de pathologies sont connues, mais sont-elles telles que la transcription inverse de la réaction en chaîne par
réellement démontrées scientifiquement ? Par exemple, l’in- polymérase (RT-PCR, reverse transcription polymerase chain
fection focale sur une valve cardiaque ou une prothèse arti- reaction) ou la PCR quantitative (q-PCR, quantitative PCR), a
culaire reste théoriquement possible mais peu de preuves permis d’affiner les connaissances sur la microbiologie endo-
médicales et scientifiques permettent de la confirmer. Le dontique et, notamment, sur les biofilms.
plus souvent, et dans le meilleur des cas, des conférences de
consensus sont établies aux dires d’experts qui se fondent sur À ce jour, les répercussions cardiaques des procédures
la littérature scientifique disponible. Pour la cardiologie, ces endodontiques ne sont toujours pas scientifiquement
consensus sont de plus en plus nombreux et parfois contra- démontrées et de nouvelles recherches cliniques restent
dictoires. Quant aux prothèses articulaires, il n’y a actuelle- nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
ment aucun consensus à propos de la conduite à tenir.
Dans le doute, seul le principe de précaution impose des Au quotidien, le patient considéré comme à risque, pour un
recommandations, dont les conséquences sont un grand acte réputé lui aussi à risque, est au cœur d’une décision
nombre d’avulsions et des prescriptions antibioprophylac- médicale partagée entre le chirurgien-dentiste et le cardio-
tiques préventives probablement excessives et sans preuve logue, l’un ne maîtrisant que très peu les pathologies car-
d’une réelle efficacité. Cette attitude préventive doit diaques, l’autre ne connaissant que très peu les actes
constamment être révisée. Les objectifs de ce chapitre bucco-dentaires et leurs complications éventuelles.
sont de rappeler les recommandations actuelles concer-
nant l’endodontie et de décrire leurs fondements afin de
guider le praticien dans ses décisions thérapeutiques. Cette rencontre entre deux « ignorances » conduit à une
antibioprophylaxie presque systématique et des décisions
draconiennes du type avulsion.
I - Endodontie et endocardite À titre d’exemple, dans le cas d’un patient avec un prolapsus
infectieuse valvulaire mitral, le chirurgien-dentiste ne maîtrise peut-être
pas totalement l’importance de cette pathologie en fonction
de l’existence ou non d’un souffle, avec ou sans épaississe-
A - Théories, principe de précaution ment, caractérisé à l’échographie ou non. A contrario, le
et recommandations médecin généraliste ou le cardiologue auront du mal à éva-
luer le risque infectieux d’un retraitement endodontique.
La cavité buccale est considérée comme la porte d’entrée Dans ces conditions, le praticien doit se fonder sur les recom-
principale de nombreuses infections dites focales, notam- mandations en vigueur dans son pays d’exercice même si,
ment cardiaques, depuis de nombreuses années. À défaut parfois, celles-ci peuvent se révéler être contradictoires
de trouver l’origine de la pathologie, la bouche est sou- (Horstkotte et al., 2004 ; Danchin et al., 2005 ; Gould et al.,
vent incriminée. 2006 ; Naber et al., 2007 ; Wilson et al., 2007 ; Bonow et al.,
2008 ; Nishimura et al., 2008 ; Richey et al., 2008). Ces recom-
mandations sont régulièrement révisées, en fonction de
Des générations de praticiens ont été formées à partir de ce l’évolution des connaissances en microbiologie, des
modèle d’infection focale, considérant que des bactéries recherches en santé publique, du vieillissement de la popula-
essentiellement d’origine endodontique pouvaient coloniser tion et de l’accroissement de la population vieillissante et
les valves cardiaques à l’issue d’une bactériémie peropéra- fragilisée par les pathologies cardiaques. En revanche, une
toire. L’origine de cette endocardite infectieuse (EI) a été meilleure prise en charge des pathologies infantiles influence
93
considérablement le nombre de patients ayant souffert d’un - addiction à des substances illicites par voie intraveineuse ou
rhumatisme articulaire aigu (RAA) et justifiant une prise en nasale (Friedman et al., 2002).
charge préventive. Un certain nombre d’études reflète l’accroissement des
En France, nous nous référons toujours à la conférence de infections à staphylocoque au détriment des infections à
2002, elle-même évolution du consensus de 1992. Or, depuis streptocoques buccaux (Moreillon et Que, 2004). Cela est
quelques années, de nombreuses conférences de consensus notamment le cas aux États-Unis d’Amérique et c’est proba-
sont publiées : il s’agit de recommandations établies aux dires blement lié à la forte prévalence des hémodialyses (par le fait
d’experts, s’appuyant sur la littérature scientifique ; tous ces d’une voie veineuse), du diabète sucré et du fort nombre de
travaux insistent sur le fait que le niveau de preuve dans le patients porteurs d’un dispositif intracardiaque (Cabell et al.,
domaine est faible. 2002 ; Fowler et al., 2005). Dans d’autres pays, la prévalence
Récemment (en 2007), s’appuyant notamment sur le fait que de l’endocardite infectieuse à Staphylococcus aureus (sta-
depuis les premières recommandations la prévalence de l’en- phylocoque doré) dépend davantage du nombre de consom-
docardite infectieuse n’avait pas été modifiée, l’American mateurs de stupéfiants par injection intraveineuse (Ribera
Heart Association (American Heart Association, 2007) a et al., 1998).
bousculé les principes érigés depuis des années en se focali-
sant sur une définition de patients à risque beaucoup plus L’endocardite infectieuse touche majoritairement le cœur
restreinte qu’auparavant. gauche, mais le cœur droit est atteint dans 5 à 10 % des cas
En 2008, la publication du National Institute for Health and (Frontera et Gradon 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wilson
Clinical Excellence (Richey et al., 2008) abonde en ce sens, en et al., 2002).
remettant grandement en cause nos protocoles.
En 2009 enfin, l’European Society of Cardiology (ESC) (Habib
et al., 2009) publie des recommandations. Cette pathologie peut concerner, d’une part, les patients
En 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits porteurs d’un stimulateur cardiaque (pacemaker) permanent,
de santé (ANSM) publie des recommandations sur la pres- d’un défibrillateur implantable, d’une maladie cardiaque
cription des antibiotiques en pratique buccodentaire et congénitale et, d’autre part, les consommateurs de stupé-
reprend les recommandations de l’ESC. fiants par injection intraveineuse (Wilson et al., 2002 ; Gebo
et al., 2006). Pour ces derniers, les particules de drogue injec-
Important ! L’endocardite infectieuse est une maladie qui tée bombardent la valve tricuspide (cœur droit) et peuvent
présente les particularités suivantes : en altérer la surface. Dans de mauvaises conditions d’hygiène,
- ni l’incidence ni la mortalité n’ont baissé depuis 30 ans qui plus est en cas de déficit immunitaire, une endocardite
(Moreillon et Que, 2004) ; infectieuse peut apparaître, dans laquelle le staphylocoque
- les formes cliniques sont diverses, en fonction de la lésion
doré est le plus souvent impliqué (Moss et Munt, 2003)
cardiaque sous-jacente, des micro-organismes impliqués,
de l’existence ou non de complications… ; (fig. 6.1).
- les recommandations préventives sont établies aux dires
d’experts compte tenu d’un niveau de preuves scienti-
fiques faible.
Valve mitrale
Thrombus
B - Épidémiologie de l’endocardite
infectieuse
Il y a plusieurs années, l’endocardite infectieuse concernait
essentiellement des adultes jeunes présentant des lésions
valvulaires identifiées, notamment associées à des antécé-
dents de rhumatisme articulaire aigu. Aujourd’hui, l’endocar- Végétations
dite infectieuse affecte principalement des patients âgés,
sans antécédents cardiaques connus ou porteurs d’une valve
prothétique.
Une étude récente conduite dans des pays industrialisés
montre une augmentation des endocardites infectieuses
chez les patients porteurs d’une valve prothétique ou souf-
frant d’un prolapsus valvulaire mitral (Tleyjeh et al., 2007). De
nouveaux facteurs de prédisposition se détachent désor- Figure 6.1 Valve mitrale présentant des végétations consécu-
mais : tives à une endocardite infectieuse. Noter la présence d’un
- valve prothétique ; thrombus proche d’un feston vestibulaire altéré. Photographie
- dégénérescence valvulaire sclérotique ; peropératoire sans préparation (Pr J.F. Godin, CHU de Nantes).
94
Tableau 6.1 Classification des endocardites infectieuses à visée prothétique (d’après les recommandations de la Société européenne
de cardiologie, 2009).
En fonction de la localisation de l’infection Cœur gauche sur valve native
et de la présence ou non de matériel
Cœur gauche sur valve prothétique :
intracardiaque
❒ précoce (< 1 an après chirurgie)
❒ tardive (> 1 an après chirurgie)
Cœur droit
Dispositif médical (pacemaker ou défibrillateur)
En fonction du mode de contamination Endocardite infectieuse liée à un soin (nosocomiale ou non)
Communautaire (symptômes d’endocardite infectieuse < 48 heures après une admission d’un
malade ne présentant pas tous les signes d’endocardite infectieuse liée aux soins)
Drogue par voie intraveineuse
Endocardite Infectieuse active Avec fièvre persistante et culture positive
Ou morphologie inflammatoire observée en chirurgie
Ou patients toujours sous antibiothérapie
Ou résultats histopathologiques d’endocardite infectieuse
Récidive Rechute
Réinfection
95
théliale et à la fibronectine circulante, facilitant ainsi le dépôt et donc très fréquentes. Cela expliquerait pourquoi la plu-
de S. aureus et autres pathogènes de l’endocardite infec- part des endocardites infectieuses ne seraient pas en rap-
tieuse sur la valve concernée. port avec des procédures invasives (Van der Meer et al.,
Il y aurait de la sorte deux grandes situations d’infection pri- 1992 ; Strom et al., 1998 ; Roberts et al., 1999 ; Duval et al.,
maire d’une valve : 2006 ; Forner et al., 2006) ;
- sur un endothélium physiquement modifié, favorisant l’in-
fection par la plupart des micro-organismes ; Il est ainsi établi que le risque de bactériémie serait de
- sur un endothélium indemne, propice à l’endocardite infec- 1 000 à 8 000 fois plus important dans la vie quotidienne
tieuse à S. aureus. qu’à la suite d’une procédure thérapeutique dentaire (Pal-
lasch et Wahl, 2003). Cela met l’accent sur l’importance du
maintien d’une bonne hygiène orale et d’un suivi régulier.
G - Diagnostic de l’endocardite infectieuse
L’endocardite infectieuse peut être suspectée cliniquement
- le risque de choc anaphylactique lié à l’emploi d’antibiotiques
dans les situations suivantes :
ne peut être écarté, bien qu’aucun cas fatal n’ait été rapporté
• apparition d’un nouveau souffle cardiaque ;
dans la littérature médicale à ce jour (Shanson, 2008) ;
• événement embolique de cause inconnue ;
- cette antibioprophylaxie systématique pourrait favoriser
• bactériémie de cause inconnue ;
l’apparition de résistances aux antibiotiques ;
• fièvre, notamment en cas :
- les preuves scientifiques montrant l’intérêt de l’antibiopro-
- de présence de matériel prothétique intracardiaque (valve
phylaxie sont inexistantes. En effet, les différentes études
prothétique, pacemaker, défibrillateur implanté),
concernant ce sujet sont souvent contradictoires (Hall et al.,
- d’antécédents d’endocardite infectieuse,
1993 ; Lockhart et al., 2008). À ce jour, aucune étude au
- d’antécédent de maladie valvulaire ou de maladie car-
niveau de preuve suffisant (prospective, randomisée, en
diaque congénitale.
double aveugle ) n’a permis de justifier une attitude théra-
peutique par rapport à une autre.
Essentiel : le diagnostic d’endocardite infectieuse sera C’est ainsi que plusieurs recommandations ont été proposées
fondé sur l’observation clinique, l’échocardiographie trans- par les sociétés cardio-vasculaires à travers le monde afin de
thoracique ou transœsophagienne et le prélèvement
microbiologique (avec PCR, polymerase chain reaction).
définir des protocoles (Danchin et al., 2002 ; Wilson et al.,
2007 ; Naber et al., 2007).
Le traitement consiste en une administration d’amoxicilline Important ! Même si des divergences subsistent, toutes ces
(de 100 à 200 mg/kg/j) par voie intraveineuse en 4 à 6 doses recommandations se rejoignent sur trois points :
pendant 4 semaines. Environ 50 % des patients hospitalisés - la large prescription antibioprophylactique n’est plus d’ac-
seront opérés (Castillo et al., 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wal- tualité ;
- l’antibioprophylaxie doit être limitée au haut risque d’en-
lace et al., 2002).
docardite infectieuse ;
La mortalité des patients hospitalisés varie entre 9,6 et 26 % - une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier des
(Hoen et al., 2002 ; Thuny et al., 2005 ; Delahaye et al., 2007 ; patients sont des éléments déterminants dans la préven-
San Román et al., 2007). Ce taux variable s’explique par diffé- tion de l’endocardite infectieuse.
rents facteurs : le patient lui-même, la présence ou non de
complications cardiaques et la nature du germe impliqué.
96
Antibioprophylaxie
À l’exception des groupes à risque, les prescriptions antibio-
prophylactiques sont de plus en plus limitées et les précau-
Asepsie stricte Séance Endodonte totalement tions d’asepsie locale, notamment la pose du champ
(digue étanche obligatoire) unique accessible (monoradiculées) opératoire, restent les moyens les plus appropriés pour
En tout temps : avis du cardiologue, information et consentement du patient,
prévenir tout risque de dissémination bactérienne. Afin de
praticien compétent, instauration d’un suivi préciser la ou les pathologies (tableau 6.1), le contact systé-
*RTE : retraitement endodontique.
matique avec le médecin traitant et/ou le cardiologue est
indispensable. Dans l’exemple de gauche (tableau 6.3), le
Figure 6.2 Résumé de la conduite à tenir chez un patient pré- courrier conduira probablement le cardiologue à prescrire
sentant un risque d’endocardite infectieuse. une antibioprophylaxie, le plus souvent parce qu’il ne connaît
97
pas la nature du risque lié à l’acte dentaire à venir. L’exemple A - Risque d’infection
de droite, quant à lui, permet au chirurgien-dentiste de
prendre une décision thérapeutique en toute connaissance
sur prothèse articulaire
de cause. Le risque est multifactoriel et complexe à analyser. En résumé,
il dépend de quatre facteurs : la bactériémie, le statut général
du patient, la prothèse en elle-même et la nature des micro-
organismes impliqués.
III - Patients porteurs de prothèse Les traitements endodontiques génèrent une bactériémie
articulaire faible, notamment par rapport aux extractions et aux soins
Le remplacement d’une prothèse articulaire (hanche et genou parodontaux. En revanche, les activités courantes (brossage,
principalement) est devenu une intervention courante en mastication) ont une probabilité plus élevée de déclencher
chirurgie orthopédique (fig. 6.3). Si le risque de contamina- une bactériémie, d’intensité plus importante (Olsen, 2008).
tion préopératoire a diminué grâce à l’amélioration des Souvent comparé à l’endocardite infectieuse, le sepsis d’un
conditions d’asepsie et à l’utilisation des antibiotiques, le implant articulaire se différencie par ses mécanismes physio-
risque d’infection secondaire persiste et s’élève en raison du pathologiques et sa bactériologie. Les travaux de Gristina et
nombre croissant d’arthroplasties et de l’augmentation de la Costerton (1985) ont montré que la présence d’un corps
durée de vie des patients (Bauer et al., 2007). L’infection étranger favorisait le développement d’un germe habituelle-
d’une arthroplastie constitue une complication dévastatrice, ment anodin. Ces auteurs décrivent une zone d’immuno-
notamment en termes de fonctionnalité, dont les évolutions incompétence autour de l’implant. Certaines particules de
les plus dramatiques sont l’amputation du membre concerné dégradation des matériaux de l’implant (métal, polyéthylène)
et le décès du patient. saturent les macrophages et diminuent leurs capacités de
Les soins bucco-dentaires représentent une cause poten- phagocytose. De la même manière, les débris de ciment de
tielle d’infection de prothèse articulaire par contamination méthacrylate réduisent le chimiotactisme et les fonctions
secondaire après les foyers cutanés et urinaires (Jacobson des macrophages. La prothèse en elle-même constitue un
et al., 1986 ; Maderazo et al., 1988). Les infections d’origine substrat favorable pour la formation de biofilm.
dentaire sont cependant difficiles à incriminer de manière
précise : pour confirmer le diagnostic étiologique, il faut Important ! Les prothèses de grande taille (caractérisées
retrouver le même micro-organisme au niveau de la prothèse par une grande cavité articulaire), les prothèses contraintes
et de la cavité buccale ainsi que dans les hémocultures, avec (entraînant une synovite) et les prothèses descellées pré-
sentent un risque accru d’infection par contamination
une relation chronologique entre les soins dentaires et la sur-
secondaire.
venue de l’infection. Les infections d’origine dentaire sont
donc rarement individualisées et on peut supposer qu’elles
restent sous-estimées (Bauer et al., 2007). La fréquence de Blomgren et Lindgren (1981) ont démontré que la présence
survenue d’une infection de prothèse articulaire à point de d’une prothèse articulaire provoquait une diminution des
départ bucco-dentaire serait de l’ordre de 0,04 à 0,2 % et défenses locales antibactériennes et que le risque d’infection
représenterait de 6 à 11 % des infections tardives survenant était plus important en postopératoire immédiat (première
sur arthroplasties (Waldman et al., 1997 ; La Porte et al., 1999). semaine) que tardif. Le délai pendant lequel les prothèses
restent sensibles aux infections diffère selon les auteurs,
allant de 3 semaines à 2 ans (Hanssen et al., 1997).
Les streptocoques sont retrouvés dans 37 à 78 % des cas lors
des hémocultures après infection sur prothèse associée à des
soins dentaires. Les staphylocoques sont responsables de
plus de 25 % des infections des prothèses articulaires après
des soins dentaires alors qu’ils ne représentent que 0,05 % de
la flore buccale. Leur pouvoir pathogène dans le risque de
contamination d’une prothèse articulaire est donc certaine-
ment plus important que celui du streptocoque. (Kim et
Weiss, 1993).
98
B - Suggestions
pour la pratique endodontique
Le dépistage et le traitement des foyers infectieux à dis-
tance, chez un patient porteur d’un implant articulaire, se
font tout au long de la vie. Avant la pose d’une prothèse,
l’ensemble des soins nécessaires à la remise en état de la
cavité buccale doit être réalisé.
Dans la mesure où, dans la plupart des cas, la pose d’une pro- Figure 6.4 Fracture au niveau du
thèse n’est pas une chirurgie urgente, il est préférable de réa- fémur sur une prothèse orthopé-
liser les soins au moins 3 mois avant l’intervention. Si le dique.
patient est considéré comme « sain », tous les traitements
peuvent être envisagés dans les conditions d’asepsie clas-
sique (champ opératoire étanche). En revanche, s’il présente
un risque lié à son état général, les dents peu stratégiques ou C - Controverses
ayant un pronostic incertain seront extraites sous antibiopro- L’antibioprophylaxie chez le sujet porteur de prothèse arti-
phylaxie (Cottreel et al., 2006 ; Académie nationale de culaire reste cependant très controversée (indication, délai
chirurgie dentaire, 2007). de l’intervention, choix de l’antibiotique).
Après la pose de la prothèse, les recommandations par
accord professionnel entre l’Association dentaire américaine Les soins dentaires et notamment les traitements endo-
et l’Académie américaine de chirurgiens de 2003 retiennent dontiques entraînent théoriquement moins de bactérié-
le délai de 2 ans comme période à risque. Les traitements mie qu’un brossage de dents ou la mastication de
endodontiques sur des dents stratégiques pourront être chewing-gum mais ils sont soumis à une antibioprophy-
envisagés sous antibioprophylaxie tandis que pendant cette laxie.
période, toute dent suspecte ou à pronostic réservé sera L’amoxicilline reste la référence dans quasiment toutes les
extraite avec les mêmes précautions. recommandations pour la prévention de l’infection de la
Au-delà de cette période « critique » de 2 ans, les traitements prothèse articulaire car son spectre est large mais, d’après
Cioffi et al. (1988), la céphalosporine serait plus adaptée.
endodontiques pourront être envisagés ; se pose alors la
question de la nécessité de l’antibioprophylaxie.
Les patients porteurs de prothèse articulaire doivent-ils sys- Le délai de 2 ans après chirurgie comme période à risque est
tématiquement recevoir une antibioprophylaxie ? À l’heure également un sujet à controverse et certains auteurs
actuelle, les données scientifiques sont insuffisantes pour réduisent ce délai à plusieurs mois après l’intervention
répondre de manière précise et péremptoire. Il existe en (Sandhu et al., 1997 ; Seymour et al., 2003 ; Scott et al., 2005).
revanche des recommandations par accord professionnel
entre l’Association dentaire américaine et l’Académie améri-
caine de chirurgiens orthopédistes datées de 1997 et mises à
jour en 2003. En l’absence de plus d’éléments scientifiques IV - Diabète et endodontie
nous les retiendrons (American Dental Association, American
Academy of Orthopedic Surgeons, 2003). Le diabète est la première cause non seulement de cécité
avant 65 ans mais aussi d’amputations non traumatiques,
une des principales causes de dialyse et une source impor-
Important ! L’antibioprophylaxie n’est pas indiquée pour les tante de complications cardio-vasculaires.
soins de routine, mais elle est recommandée dans toutes
les situations où il existe un risque important de contamina-
tion des prothèses, c’est-à-dire lors de soins dentaires à À ce jour, en France, plus de 2 millions de personnes sont
haut risque de bactériémie réalisés chez certains patients
dits à haut risque d’infection hématogène (fig. 6.4). traitées pour cette pathologie. Ce chiffre est en constante
augmentation et est corrélé avec l’accroissement de la préva-
99
lence de l’obésité. La prévalence du diabète augmente d’envi- En revanche, peu de données relatives à la pathogenèse, à la
ron 3 % par an (www.diabete.fr). progression et à la cicatrisation des lésions péri-apicales en
Le diabète se caractérise par un taux de sucre dans le sang relation directe avec le diabète sont disponibles.
(glycémie) trop élevé survenant lorsque l’organisme ne Les auteurs d’une étude rétrospective sur des cas traités non
fabrique plus d’insuline ou qu’il ne l’utilise pas correctement. chirurgicalement (Fouad et Burleson, 2003) ont noté que le
En l’absence d’insuline, le sucre entre mal dans le muscle et pronostic des dents atteintes de lésions endo-parodontales
s’accumule dans le sang. était inférieur, chez les patients diabétiques, à celui des non-
Il existe deux types de diabètes (tableau 6.4) : celui de type 1 diabétiques. Ils ont également remarqué que le pourcentage
touche les sujets jeunes alors que celui de type 2 touche les de réussite des traitements endodontiques était inférieur
personnes âgées de plus de 50 ans, souvent en situation de chez eux lorsqu’une lésion était décelable radiologiquement
surpoids. au début du traitement.
Le dépistage du diabète se fait en mesurant le taux de sucre Les lésions péri-apicales chez les patients diabétiques anciens
dans le sang. On parle de diabète lorsque la glycémie à jeun sont, en moyenne, plus importantes en taille que celles des
(le matin) est supérieure à 1,26 g/l lors de deux dosages sujets diabétiques récents ou non diabétiques (Falk et al.,
consécutifs ou lorsque la glycémie est supérieure à 2 g/l, 1989).
quel que soit le moment de la journée.
En revanche, le suivi d’un patient diabétique se fait en mesu-
rant un autre paramètre : l’hémoglobine glyquée (HBA1c).
C - Conduite à tenir
Celle-ci est réalisée tous les 3 ou 4 mois et reflète, l’équilibre chez le patient diabétique
des glycémies pendant une plus longue période que la glycé- Les patients diabétiques sont généralement suivis par leur
mie à jeun (jusqu’à 6,5 %, le contrôle est optimal ; en dessous médecin traitant en partenariat avec un diabétologue.
de 7 %, il est acceptable ; au-dessus de 8 % il est mauvais et il
faut revoir le traitement).
Important ! Il est important de prendre contact avec l’un de
ces deux médecins afin de connaître :
A - Implications orales - précisément le statut du patient (équilibré/non équili-
bré) ;
Le diabète peut entraîner différentes complications orales : - les éventuelles complications de la maladie (cardiaques,
- une xérostomie ; ophtalmologiques, nerveuses…).
- des infections ;
- un retard de cicatrisation ;
- une augmentation de la fréquence et de la sévérité des Le patient équilibré est considéré comme un sujet sain. Les
lésions carieuses ; traitements endodontiques initiaux et les retraitements
- une augmentation des risques de candidose ; endodontiques peuvent être réalisés en respectant les pré-
- une gingivite ; cautions d’usage, notamment la mise en place du champ
- une parodontite. opératoire étanche. Il n’y a pas non plus de contre-indication
à un traitement chirurgical (fig. 6.5 et 6.6).
Pour le patient non équilibré chez lequel un traitement endo-
B - Implications en endodontie dontique d’urgence est nécessaire, deux cas de figure sont
possibles :
Les patients diabétiques présentent une augmentation de la - s’il s’agit d’un traitement initial sur une dent pulpée, le trai-
prévalence des parodontites apicales par rapport aux patients tement peut être envisagé ;
non diabétiques (Britto et al., 2003 ; Fouad, 2003). Les flam- - s’il s’agit d’un traitement initial ou d’un retraitement sur une
bées infectieuses (flare-up) après traitement endodontique dent infectée présentant une lésion osseuse péri-apicale,
sont plus fréquentes chez les premiers (Fouad, 2003).
l’antibioprophylaxie fondée sur le protocole de l’endocar-
100
a b
101
a b
102
600
A - Données acquises sur l’infection 500 104
400
par le VIH 300
103
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovi- 200
rus infectant l’homme et qui est responsable du syndrome 100
d’immunodéficience acquise (sida). Celui-ci est défini par 0 102
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une « défi- 0 3 6 9 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
cience acquise de l’immunité cellulaire par l’infection au VIH, Semaines Années
caractérisée par une numération des lymphocytes T CD4+
inférieure à 200/mm3 ou à 15 % des lymphocytes totaux, et Figure 6.7 Les différentes phases de la maladie en fonction de
une sensibilité accrue aux infections opportunistes et aux la charge virale et du taux de lymphocytes.
néoplasmes malins » (www.oms.org).
103
Important ! Il n’existe pas de complications spécifiques Du point de vue des effets secondaires, on peut noter la clas-
directement liées au sida en rapport avec un acte endo- sique hyperplasie gingivale sous traitement par cyclosporine
dontique (Suchina et al., 2006). Le pronostic des traite- associée à un inhibiteur calcique (Nifédipine®).
ments endodontiques n’est pas affecté chez les patients Qu’en est-il exactement des complications endodontiques
porteurs du virus (Shetty et al., 2006, Alley et al., 2008). chez ces patients ? Actuellement, aucune étude ne montre
Il n’existe donc pas de contre-indication aux traitements
endodontiques initiaux et aux retraitements endo- de corrélation certaine entre ce type de traitement et des
dontiques, ni à l’anesthésie locale ou locorégionale (Pour- complications endodontiques inflammatoires ou infec-
riat et al., 2001). tieuses (Dodds et al., 1989 ; Teixeira et al., 2000).
Dans ces conditions, quelle peut être la meilleure conduite à
tenir avec ces patients ?
La première démarche consiste à prendre contact avec le
médecin traitant, afin de connaître les pathologies dont
C - Conduite à tenir souffrent le patient et la nature de son traitement.
Le contact avec le médecin traitant est important afin de En cas de greffe, il est recommandé d’effectuer les soins,
préciser : notamment endodontiques, à distance de la greffe.
- le taux sanguin de lymphocytes CD4+ (< 200/mm3 = risque
infectieux majeur) ; Important ! Le principe de précaution faisant souvent loi,
- la charge virale ; lorsqu’il y a allogreffe d’organe, le patient doit dès lors être
- la numération des plaquettes ; placé sous antibioprophylaxie pour tout acte endodontique
- la numération des polynucléaires neutrophiles (< 800/mm3 (Little et al., 1997).
= risque infectieux majeur) ;
- la nature du traitement médicamenteux en cours. En dehors de ces allogreffes, le traitement initial et le retraite-
ment n’imposeront pas de précautions particulières. En revanche,
Remarque : lorsque le risque infectieux est réel, notamment en cas de chirurgie endodontique, notamment si le patient est
en cas de neutropénie sévère, il faudra envisager de réaliser sous glucocorticoïdes, une prescription antibiotique s’impose.
les soins endodontiques sous antibioprophylaxie. Une attention particulière sera portée aux greffés rénaux, pour
lesquels certains médicaments pourraient être néphrotoxiques
(Bots et al., 2006 ; Grassi et al., 2006). Plus généralement, il faut
En cas de bilan d’hémostase perturbé et/ou de fonctions être très vigilant sur les interactions médicamenteuses entre
immunitaires perturbées, la chirurgie endodontique est traitement immunosuppresseur et traitement à visée odontos-
contre-indiquée. tomatologique (tableau 6.5).
104
Bibliographie
Académie Américaine de chirurgiens, 2003. Anderson DJ, Olaison L, McDonald JR, Miro JM, Hoen B, Selton-
Académie nationale de chirurgie dentaire, Commission de l’exer- Suty C et al. Enterococcal prosthetic valve infective endocardi-
cice professionnel et Groupe de réflexion. Complications infec- tis : report of 45 episodes from the international collaboration
tieuses des prothèses articulaires et infection bucco-dentaire. on endocarditis-merged database. Eur J Clin Microbiol Infect Dis
Le Fil Dentaire 2007 ; 43 : 14-15. 2005 ; 24 : 665-670.
Aksoy O, Meyer LT, Cabell CH, Kourany WM, Pappas PA, Sexton Bauer T, Maman L, Matha C, Mamoudy P. Dental care and joint
DJ. Gender differences in infective endocarditis : pre- and co- prostheses. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 2007 ; 93 :
morbid conditions lead to different management and outcomes 607-618.
in female patients. Scand J Infect Dis 2007 ; 39 : 1001-1007. Birnbaum W. Dental care for patients with HIV. Dent Update
Alley BS, Buchanan TH, Eleazer PD. Comparison of the success of 1995 ; 22 : 359-362.
root canal therapy in HIV/AIDS patients and non-infected Blomgren G, Lindgren U. Late hematogenous infection in total
controls. Gen Dent 2008 ; 56 : 155-157. joint replacement : studies of gentamicin and bone cement in
American Dental Association, American Academy of Orthopedic the rabbit. Clin Orthop Relat Res 1981 ; 155 : 244-248.
Surgeons. Antibiotic prophylaxis for dental patients with total Blomgren G, Lundquist H, Nord CE, Lindgren U. Late anaerobic
joint replacements. J Am Dent Assoc 2003 ; 134 : 895-899. haematogenous infection of experimental total joint replace-
American Heart Association (AHA). AHA Guidelines. Prevention ment. A study in the rabbit using Propionibacterium acnes. J
of Infective Endocarditis. Circulation 2007 ; 116 : 1736-1754. Bone Joint Surg Br 1981 ; 63B : 614-618.
105
Bonow RO, Carabello BA, Chatterjee K, de Leon AC Jr, Faxon DP, Fowler VG Jr, Miro JM, Hoen B, Cabell CH, Abrutyn E, Rubinstein
Freed MD et al. 2008 focused update incorporated into the ACC/ E et al. Staphylococcus aureus endocarditis : a consequence of
AHA 2006 guidelines for the management of patients with valvu- medical progress. JAMA 2005 ; 294 : 900.
lar heart disease : a report of the American College of Cardiology/ Friedman ND, Kaye KS, Stout JE, McGarry SA, Trivette SL, Briggs
American Heart Association Task Force on practice guidelines JP et al. Health care-associated bloodstream infections in
(writing committee to revise the 1998 guidelines for the manage- adults : a reason to change the accepted definition of commu-
ment of patients with valvular heat disease). Endorsed by the nity-acquired infections. Ann Intern Med 2002 ; 137 : 791-797.
Society of Cardiovascular Anesthesiologists, Society for
Cardiovascular Angiography and Interventions, and Society of Frontera JA, Gradon JD. Right-side endocarditis in injection drug
Thoracic Surgeons. J Am Coll Cardiol 2008 ; 52 : e1-e142. users : review of proposed mechanisms of pathogenesis. Clin
Infect Dis 2000 ; 30 : 374-379.
Bots CP, Brand HS, Franse RL, van Nieuw AA. Oral health in
patients with chronic renal failure. Ned Tijdschr Tankeelkd Gebo KA, Burkey MD, Lucas GM, Moore RD, Wilson LE. Incidence
2006 ; 113 : 182-185. of risk factors for clinical presentation and 1-year outcomes of
Britto LR, Katz J, Guelmann M, Heft M. Periradicular radiographic infective endocarditis in an urban HIV cohort. J Acquir Immune
assessment in diabetic and control individuals. Oral Surg Oral Defic Syndr 2006 ; 43 : 426-432.
Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2003 ; 96 : 449-445. Gould FK, Elliott TS, Foweraker J, Fulford M, Perry JD, Roberts GJ
Cabell CH, Jollis JG, Peterson GE, Corey GR, Anderson DJ, Sexton et al. Guidelines for the prevention of endocarditis : report of
DJ et al. Changing patient characteristics and the effect on mor- the working party of the British society for antimicrobial che-
tality in endocarditis. Arch Intern Med 2002 ; 162 : 90-94. motherapy. J Antimicrob Chemother 2006 ; 57 : 1035-42.
Castillo JC, Anguita MP, Ramírez A, Siles JR, Torres F, Mesa D et al. Grassi FR, Pappalardo S, Baglìo OA, Frateiacci A, Scortichini A,
Long term outcome of infective endocarditis in patients who Papa F et al. Gingival overgrowth in renal transplant recipients
were not drug addicts : a 10-year study. Heart 2000 ; 83 : 525-530. induced by pharmacological treatment. Review of the literature.
Minerva Stomatol 2006 ; 55 : 59-65.
Cavasin Filho JC, Giovani EM. Xerostomy, dental caries and
periodontal disease in HIV+ patients. Braz J Infect Dis 2009 ; 13 : Gristina AG, Costerton JW. Bacterial adherence to biomaterials
13-17. and tissue. The significance of its role in clinical sepsis. J Bone
Joint Surg Am 1985 ; 67 : 264-273.
CDC, mmwr 2006.
Chu VH, Sexton DJ, Cabell CH, Reller LB, Pappas PA, Singh RK Habib G, Hoen B, Tornos P, Thuny F, Prendergast B, Vilacosta I
et al. Repeat infective endocarditis : differentiating relapse from et al. Guidelines on the prevention, diagnosis, and treatment of
reinfection. Clin Infect Dis 2005 ; 41 : 406-9. infective endocarditis of the European Society of Cardiology
(ESC). European Heart J 2009 ; 30 : 2369-2413.
Cioffi GA, Terezhalmy GT, Taybos GM. Total joint replacement :
a consideration for antimicrobial prophylaxis. Oral Surg Oral Hall G, Hedström SA, Heimdahl A, Nord CE. Prophylactic admi-
Med Oral Pathol 1988 ; 66 : 124-129. nistration of penicillins for endocarditis does not reduce the
incidence of postextraction bacteremia. Clin Infect Dis 1993 ; 17 :
Cottreel L, Laboux O, Lasfargues JJ. Pratique endodontique et 188-194.
patients à risque infectieux (II). Real Clin 2006 ; 17 : 259-274.
Hanssen AD, Osmon DR, Nelson CL. Prevention of deep peri-
Danchin N, Duval X, Leport C. Prophylaxis of infective endocar- prosthetic joint infection. Instr Course Lect 1997 ; 46 : 555-567.
ditis : French recommendations 2002. Heart 2005 ; 91 : 715-718.
Hegarty AM, Chaudhry SI, Hodgson TA. Oral healthcare for HIV-
Delahaye F, Alla F, Béguinot I, Bruneval P, Doco-Lecompte T,
infected patients : an international perspective. Expert Opin
Lacassin F et al. In-hospital mortality of infective endocarditis
Pharmacother 2008 ; 9 : 387-404.
prognostic factors and evolution over 8-year period. Scand J
Infect Dis 2007 ; 39 : 849-857. Hoen B, Alla F, Selton-Suty C, Béguinot I, Bouvet A, Briançon S
Dodds RN, Holcom JB, England MC. Periradicular healing in a et al. Changing profile of infective endocarditis : results of a
renal transplant patient. J Endod 1989 ; 15 : 36-39. 1-year survey in France. JAMA 2002 ; 288 : 75-81.
Duval X, Alla F, Hoen B, Danielou F, Larrieu S, Delahaye F et al. Horstkotte D, Follath F, Gutschik E, Lengyel M, Oto A, Pavie A
Estimated risk of endocarditis in adults with predisposing car- et al. Guidelines on prevention, diagnosis and treatment of
diac conditions undergoing dental procedures with or without infective endocarditis executive summary : the Task Force on
antibiotic prophylaxis. Clin Infect Dis 2006 ; 42 : e102-e107. Infective Endocarditis of the European Society of Cardiology.
Eur Heart J 2004 ; 25 : 267-276.
Falk H, Hugoson A, Thorstensson H. Number of teeth, preva-
lence of caries and periapical lesions in insulindependent diabe- Jacobson JJ, Millard HD, Plezia R, Blankenship JR. Dental treat-
tics. Scand J Dent Res 1989 ; 97 : 198-206. ment and late prosthetic joint infections. Oral Surg Oral Med
Oral Pathol 1986 ; 61 : 413-417.
Forner L, Larsen T, Kilian M, Holmstrup P. Incidence of bactere-
mia after chewing, tooth brushing and scalling in individuals Kim B, Weiss LP. Dentally induced bacteremia and infection of
with periodontal inflammation. J Clin Periodontol 2006 ; 33 : total joint replacement arthroplasty. Focus Ohio Dent 1993 ; 67 :
401-407. 10-11.
Fouad AF. Diabetes mellitus as a modulating factor of endo- La Porte DM, Waldman BJ, Mont MA, Hungerford DS. Infections
dontic infections. J Dent Educ 2003 ; 67 : 459-467. associated with dental procedures in total hip arthroplasty. J
Bone Joint Surg Br 1999 ; 81 : 56-59.
Fouad AF, Burleson J. The effect of diabetes mellitus on endo-
dontic treatment outcome : data from an electronic patient Lalani T, Kanafani ZA, Chu VH, Moore L, Corey GR, Pappas P et al.
record. J Am Dent Assoc 2003 ; 134 : 43-51. Prosthetic valve endocarditis due to coagulase-negative staphy-
106
107
Wilson W, Taubert KA, Gewitz M, Lockhart PB, Baddour LM, Cardiovascular Disease in the Young, American Heart Association
Levison M et al. Prevention of infective endocarditis : guidelines Council on Clinical Cardiology, American Heart Association
from the American Heart Association, American Heart Council on Cardiovascular Surgery and Anesthesia, Quality of
Association Rheumatic Fever, Endocarditis, and Kawasaki Disease Care and Outcomes Research Interdisciplinary Working Group.
Committee, American Heart Association Council on Circulation 2007 ; 116 : 1736-54.
108
dans la zone apicale du canal sont bordés par des tissus péri-
L’avancée des connaissances en microbiologie endo-
dontique a été le résultat de progressions technologiques apicaux enflammés, une zone d’accumulation de polynu-
dans les techniques de prélèvement, de culture et, récem- cléaires neutrophiles et des couches de tissu épithélial situé
ment, de biologie moléculaire. au niveau du foramen apical. C’est le résultat du système de
défense mis en place et entretenu par l’organisme pour limi-
ter, voire empêcher, la dissémination de l’infection. Il existe
ainsi un équilibre entre l’agent d’agression et l’hôte qui abou-
La contamination bactérienne de l’endodonte par les micro-
tit à l’apparition d’une inflammation de type chronique
organismes a été mise en évidence dès la fin du XVIIe siècle
autour de la zone infectée.
par van Leeuwenhoek et notamment l’invasion des tubuli
dentinaires par les travaux de Miller à la fin du XIXe siècle (Mil-
ler, 1890). Il fut le premier à observer la relation entre bacté- L’infection d’une pulpe peut donc résulter de deux pro-
ries et infection endocanalaire. Plus tard, ce sont les travaux cessus :
de Kakehashi (Kakehashi et al., 1965), qui ont contribué à - une nécrose septique de la pulpe par pénétration bacté-
comprendre l’étiologie de la parodontite d’origine endo- rienne dans l’endodonte ;
- une infection secondaire d’une pulpe nécrosée (la pulpe
dontique en montrant qu’en condition axénique, quand des
se nécrose puis les bactéries colonisent l’endodonte).
pulpes de rats étaient laissées ouvertes à la cavité buccale, Quelle que soit la situation, les bactéries expriment leur
elles restaient vitales et ne provoquaient pas l’apparition de pouvoir pathogène par trois aptitudes :
lésions au niveau apical ; toutefois la présence de bactéries - la capacité de coloniser l’endodonte ;
dans la cavité buccale de rats conventionnels non germ-free - la capacité de détruire les tissus ;
dans les mêmes conditions d’exposition pulpaire aboutissait, - la capacité d’échapper aux défenses propres à l’espace
chez ces derniers, à une nécrose pulpaire et à l’apparition de endodontique.
lésions au niveau péri-apical. Puis ce sont Möller (Möller,
1966 ; Möller et al., 1981), Fabricius (Fabricius et al., 1982a) et
Sundqvist (Sundqvist, 1976) qui ont amélioré la compréhen- Il existe différents types d’infections endodontiques en rela-
sion des mécanismes bactériens en montrant notamment tion avec des conditions cliniques différentes. La parodontite
que seule une pulpe nécrosée et infectée pouvait être à l’ori- apicale d’origine endodontique est principalement causée
gine d’une pathologie péri-apicale. Cela a permis de détermi- par une infection microbienne localisée dans le canal radicu-
ner le rôle essentiel des micro-organismes dans l’étiologie, la laire. Les manifestations cliniques initiales peuvent être dou-
mise en place et la persistance des parodontites apicales loureuses ou non (généralement appelées respectivement
d’origine endodontique. Cette dénomination de parodontite « aiguës » ou « chroniques »). Si l’infection est secondaire ou
apicale est liée à la localisation de ces lésions inflammatoires persistante, elle sera à l’origine de lésions périradiculaires
périradiculaires d’origine endodontique (LIPOE) qui se chroniques ou secondaires caractérisées par une symptoma-
mettent en place généralement près de l’extrémité radicu- tologie persistante, un exsudat ou un échec du traitement
laire, en regard du foramen, principale voie de communica- endodontique.
tion entre l’endodonte et le parodonte. En effet, bien qu’il ait L’apparition d’une infection endodontique dépend d’un équi-
été démontré que les facteurs chimiques et physiques sont libre fragile entre les agents agresseurs que sont les bactéries
capables d’induire une inflammation au niveau pulpaire et et les mécanismes de défense de l’hôte et la thérapeutique
péri-apical, le rôle des agents microbiens est essentiel dans la passera à la fois par un contrôle de l’infection microbienne
progression et l’installation de ces lésions péri-apicales. L’in- dans le canal et par une non-recontamination de l’endodonte
fection de l’endodonte constitue l’élément déterminant en évitant que d’autres agents bactériens de la cavité buccale
pour que se produise l’irritation des tissus péri-apicaux. Les ne pénètrent à l’intérieur du canal.
micro-organismes tendent à se loger dans des zones spéci- La compréhension de la microbiologie de l’endodonte est le
fiques du système canalaire nécrosé qui garantissent leur sur- résultat de nombreuses évolutions au cours du temps. Tradi-
vie ainsi que le pouvoir d’exprimer leurs facteurs de tionnellement, les cultures effectuées à partir de prélève-
pathogénicité. Ils peuvent alors s’y agglutiner, pénétrer et ments intracanalaires permettaient d’obtenir une image des
coloniser les tissus touchés. Les micro-organismes situés espèces bactériennes présentes au moment du prélèvement
109
110
a b
Figure 7.2 Bacilles et cocci sur la paroi canalaire (a) et pénétrant les tubuli (b) (microscope électronique à balayage).
a b
Figure 7.3 Streptococcus sanguis colonisant les tubuli dentinaires (microscope électronique à balayage).
Les tubuli servent à la fois de canaux de diffusion pour des l’hôte sont débordés, la progression de la pathologie pul-
substances exogènes ou d’invasion pour les bactéries de la paire se met en place, passant du stade de pulpite à la
cavité buccale. Des éléments comme le fluide dentinaire, la nécrose, puis à l’infection de la chambre pulpaire et du sys-
sclérose des tubuli, la formation de dentine réactionnelle et tème canalaire. Cette progression se fait ensuite en direction
la réponse inflammatoire permettent au complexe dentino- des tissus périradiculaires et une pathologie inflammatoire
pulpaire de lutter contre l’invasion bactérienne (Cooper péri-apicale s’établit (Love, 2009 ; Perez et al., 1993a).
et al., 2010 ; Simon et al., 2009). À côté de la barrière phy- Cette colonisation des tubuli est cependant soumise à plu-
sique que constituent la dentine et l’émail, la défense de sieurs facteurs : une adhésion bactérienne aux tissus hôtes
l’hôte au niveau pulpaire est assurée par trois types de cel- par l’intermédiaire de Fimbriae ou d’adhésines puis une coo-
lules immunocompétentes : les cellules dendritiques, les pération entre les bactéries une fois qu’elles ont commencé
macrophages et les lymphocytes T. Ces derniers, bien que à adhérer. Elles doivent aussi être capables d’utiliser les nutri-
moins nombreux que les autres cellules, participent avec les ments disponibles, d’affronter les autres espèces et de lutter
macrophages à l’élimination des bactéries par les interac- contre les moyens de défense de l’hôte. Lorsque la division
tions qu’ils établissent. La cellule dendritique, en fixant les et la croissance se produisent, les bactéries s’accumulent
antigènes protéiques « étrangers » à sa surface, permet leur dans différents sites et l’organe est alors colonisé. Outre les
dégradation et leur exposition (ou présentation) à des lym- nombreuses adhésines, l’adhésion des bactéries de la cavité
phocytes T4 pulpaires qui activent alors les cellules de l’im- buccale à la dentine se fait par l’intermédiaire de glycopro-
munité locale : les lymphocytes B et les macrophages (Farges téines ou des dépôts salivaires. De plus, les streptocoques
et Magloire, 2001). Cependant, si les moyens de défense de présentent une forte affinité pour le collagène I, composant
111
a b
Figure 7.4 a. Prevotella intermedia à l’entrée des tubuli (microscope électronique à balayage). b. Flore mixte (P. intermedia et S. san-
guis) colonisant les tubuli. Histologie (coloration de Brown et Brenn).
a b
Figure 7.5 a. Actinomyces naeslundii sur la paroi canalaire (microscope électronique à balayage). b. A. naeslundii (en violet) coloni-
sant la paroi sans envahissement des tubuli .Histologie (coloration de Brown et Brenn).
112
2 - Par voie générale, via la circulation sanguine, L’infection endodontique est le résultat d’un déséquilibre
par anachorèse (fig. 7.1 [5]) entre les bactéries de la flore buccale ayant pénétré les
tubuli dentinaires habituellement coronaires et les moyens
Cette voie est toujours un sujet de controverse mais une bac- de défense mis en place par l’organisme.
tériémie transitoire peut être produite par des traumatismes,
des procédures parodontales, au cours desquels les micro-
organismes circulants sont attirés vers le tissu pulpaire déjà L’écologie du canal dépend de déterminants écologiques
enflammé et peuvent le coloniser. La bactériémie produite généraux, tels que les nutriments, le taux d’oxygène et le
permet le passage de germes par l’orifice canalaire depuis potentiel d’oxydoréduction, liés aux conditions spécifiques
l’extérieur vers l’intérieur de la cavité endodontique où ils se de l’endodonte et qui permettent d’opérer une sélection
développent ; la nécrose de la pulpe, d’abord stérile (nécro- bactérienne entre les espèces présentes, spécifiques de l’en-
biose), s’infecte secondairement par anachorèse. Un trauma- vironnement canalaire. Cette infection est généralement
tisme sans fracture, ayant entraîné une mortification confinée au canal ; elle peut néanmoins s’étendre par les
aseptique, peut être suivi d’une fixation de bactéries véhicu- tubuli dentinaires et les canaux latéraux et accessoires du
lées par le sang ; ainsi explique-t-on la présence d’une infec- réseau canalaire, voire s’extérioriser dans le péri-apex et
tion bactérienne dans des dents indemnes de toute lésion déclencher une réaction inflammatoire aiguë (parodontite
mais ayant des antécédents de traumatisme. À l’origine de apicale aiguë), générer une infection extra-radiculaire (acti-
cette bactériémie, on trouve le plus souvent des foyers infec- nomycose péri-apicale par exemple), voire une ostéomyélite
tieux bucco-dentaires, aigus ou chroniques, tels que les (Saleh et al., 2004).
poches parodontales, les abcès alvéolaires… La fixation bac-
térienne peut se produire dans les 30 minutes qui suivent la
bactériémie si la pulpe présente une inflammation. La conta- A - Conditions de l’infection
mination primitive de la pulpe par voie sanguine (pulpite endodontique
hématogène ou gangrène) semble exceptionnelle, elle n’ap-
Pour qu’un micro-organisme atteigne son objectif, les condi-
paraîtrait que dans des cas de maladie générale pyogène ; les
tions suivantes doivent être remplies :
autres cas ne seraient que des coïncidences. La notion de
- les micro-organismes doivent être présents en quantité suf-
bactériémie est bien connue chez l’humain. Cependant, les
fisante pour provoquer et entretenir une lésion péri-apicale
bactéries sont généralement éliminées de la circulation san-
(LIPOE, lésions inflammatoires périradiculaires d’origine
guine et le fait que certaines espèces sont rarement retrou-
endodontique) ;
vées dans les dents traumatisées sème un doute sur la
- ils doivent posséder des facteurs de pathogénicité qui
possibilité d’anachorèse comme voie de contamination d’une
seront exprimés pendant le processus infectieux ;
pulpe nécrosée.
- ils doivent être localisés spatialement dans le canal radicu-
laire pour que ces facteurs de pathogénicité atteignent les
D’une manière générale, on peut dire que l’infection endo- tissus péri-apicaux ;
dontique d’une dent indemne de toute lésion est rare car - le canal doit permettre la survie et la croissance des micro-
le système de défense immunitaire est très performant ; il
organismes ;
113
- les relations antagonistes entre ces derniers doivent être tion d’acide lactique par les germes anaérobies facultatifs.
limitées ; L’acidose tend ensuite à disparaître pour faire place à un
- l’hôte peut se défendre en inhibant la dissémination de l’in- milieu neutre, voire alcalin, favorable aux germes anaérobies.
fection, ce qui peut aboutir à des atteintes du tissu péri-api-
cal (Baumgartner et al., 2003 ; Khemaleelakul et al., 2006 ; c - Température
Siqueira, 2002 ; Siqueira et al., 2002). La température buccale est proche de 37 °C mais tend à varier
transitoirement par l’ingestion d’aliments chauds ou froids,
ce qui permet d’éliminer des micro-organismes de manière
B - Déterminants écologiques transitoire.
Les micro-organismes de la flore orale cohabitent dans des
écosystèmes primaires réglés par une série de facteurs d - Potentiel d’oxydoréduction
connus comme les déterminants écologiques qui sont de L’habitat des germes anaérobies est pauvre en oxygène et en
cinq types : physico-chimiques, d’adhésion, d’agrégation et potentiel d’oxydoréduction diminué ; c’est la conséquence
de coagrégation, et nutritionnels, indispensables à la survie de l’activité métabolique des micro-organismes qui consom-
et à la persistance de bactéries buccales dans un environne- ment de l’oxygène par leur respiration. Cela permet une
ment canalaire. sélection des micro-organismes anaérobies stricts et de
quelques anaérobies facultatifs ainsi que, beaucoup plus
1 - Facteurs d’adhésion, d’agrégation et de coagrégation rarement, des aérobies stricts. L’oxygène entrant dans le canal
par la salive sera consommé par les anaérobies facultatifs.
a - Adhésion
Ces bactéries tolèrent la présence d’oxygène grâce à leurs
C’est la relation existant entre les micro-organismes et l’hôte enzymes qui catalysent l’élimination des produits toxiques.
qui permet la colonisation des tissus, première étape indis- Cet environnement assure une prédominance des anaérobies
pensable au développement d’une pathologie. stricts dans des biofilms denses.
b - Autoagrégation et coagrégation
3 - Facteurs nutritionnels
Il s’agit de l’association entre des bactéries d’une même
espèce ou d’espèces différentes qui leur permet de s’accu- La flore de l’endodonte obtient ses nutriments de trois
muler, de former des colonies et d’échapper aux défenses sources différentes :
immunitaires de l’hôte. Les bactéries des infections endo- - endogène, constituée par les tissus ou les sécrétions de
dontiques réalisent des coagrégations et des autoagrégations l’hôte (tissu pulpaire nécrosé, diffusion de l’exsudat inflam-
(Khemaleelakul et al., 2006). Parmi les espèces les plus com- matoire à travers le foramen apical, les canaux latéraux et
munes de la flore endodontique, on retrouve, notamment, les tubuli dentinaires ouverts) ;
Fusobacterium nucleatum qui montre une grande affinité à se - exogène, par le régime alimentaire ;
coagréger in vitro avec la majorité des autres bactéries de la - interbactériennes, par d’autres micro-organismes.
cavité orale. Dans les biofilms, les bactéries coagrégées pour- Tous ces éléments fournissent le minimum nécessaire en car-
raient transférer du matériel génétique et ainsi des facteurs bone, azote, sels et énergie ainsi que les éléments spécifiques
de virulence. tels que les acides aminés, les nucléotides, les vitamines et
l’hémine (Sundqvist, 1994). La dégradation de macromolé-
cules comme les protéines ou les glycoprotéines fournit éga-
D’autres facteurs écologiques importants déterminent le
lement des nutriments, par l’action concertée des enzymes
succès ou l’échec de la colonisation des micro-organismes
dans le système canalaire ainsi que leur survie et leur relarguées par les différentes espèces de la communauté
croissance, ce sont les facteurs physico-chimiques. microbienne. Les hydrates de carbone servent de nutriments
et de source d’énergie pour beaucoup d’habitants du biofilm.
Les organismes du biofilm peuvent aussi bénéficier des
2 - Facteurs physico-chimiques chaînes alimentaires internes microbiennes ou de produits
de fin de métabolisme tels que l’ammoniac (NH3) et le
a - Humidité dioxyde de carbone (CO2), car les acides organiques d’une
L’humidité est apportée par la salive et le fluide gingival. Les espèce peuvent servir de nutriments à d’autres espèces.
bactéries en dépendent pour l’échange de nutriments, les Comme la quantité d’hydrates de carbone directement dis-
réactions métaboliques et l’élimination de produits inhibi- ponible ou libérée par la dégradation des glycoprotéines est
teurs de déchets. faible, la croissance des micro-organismes dépendant de
cette source d’énergie est limitée. Inversement, le dévelop-
b - pH pement des micro-organismes utilisant des dégradations
Dans la cavité buccale et dans des conditions normales, le pH protéolytiques ou d’acides aminés est favorisé. C’est ainsi
oscille entre 6,7 et 7,5 mais il est soumis à des variations qui qu’une forte proportion de bactéries protéolytiques est pré-
affectent le métabolisme bactérien. Le pH pulpaire normal sente dans le microbiote endodontique. Les conditions de
est de 7,2 ; il descend à 5,3 au stade de la nécrose par forma- nutrition dans le système canalaire semblent donc être assez
114
115
Dans le canal infecté, des relations synergiques, condition- alors bénéficier de la capacité de quelques espèces à inacti-
nées par les besoins nutritionnels, s’établissent entre les bac- ver les moyens de défense de l’hôte en dégradant les anti-
téries. Par exemple, Wolinella recta a besoin de fumarate qui corps et en inhibant la phagocytose. De plus, des relations
ne lui est pas fourni par l’écosystème buccal ; elle est donc antagonistes peuvent se produire et quelques produits de
dépendante des bactéries productrices de formate et de dégradations métaboliques finals comme l’eau oxygénée, les
celles capables de donner des acides aminés à partir des pro- acides gras ou les composés sulfurés peuvent s’accumuler à
téines (Peptostreptococcus micros ou Porphyromonas endo- des concentrations qui sont inhibitrices ou toxiques pour
dontalis). Inversement, l’accumulation de produits de d’autres espèces.
certaines bactéries peut exercer un effet antagoniste sur
d’autres : l’ammoniac, par exemple, est toxique pour cer-
taines bactéries à forte concentration mais est une source C - Mécanismes de pathogénicité
d’azote indispensable pour d’autres (fig. 7.6). et facteurs de virulence
Plusieurs associations bactériennes dans les canaux de dents
Les pathogènes endodontiques sont composés d’espèces
nécrosées ont été rapportées, notamment entre F. nucleatum
cultivables, d’espèces difficiles à cultiver et de bactéries non
et P. micros, Selenomonas sputigena, Campylobacter rectus et
cultivables. Si les cultures ont sous-estimé la diversité des
P. endodontalis. P. intermedia présente des affinités pour
populations microbiennes (Hugenholtz, 2002 ; Relman, 2002),
P. micros, Peptostreptococcus anaerobius et Eubacterium spp.,
les études fondées sur le gène 16S ARNr ont démontré qu’en-
tandis que sa croissance semble inhibée par P. endodontalis.
viron 60 % des bactéries de la cavité buccale n’étaient ni
Toutes les associations bactériennes présentes dans le sys- caractérisées, ni cultivables (Aas et al., 2005 ; Paster et al.,
tème canalaire devraient théoriquement être pathogènes 2001).
car elles peuvent induire une parodontite apicale avec L’apparition d’une pathologie est toujours en relation avec un
destruction osseuse. Cependant, certaines le sont plus déséquilibre entre la pathogénicité des micro-organismes qui
que d’autres, et quelques associations de bactéries ont envahi l’organisme et la diminution des moyens de
s’avèrent plus pathogènes que d’autres, par exemple la défense de l’hôte. La capacité des bactéries à induire une
cohabitation de Prevotella, Porphyromonas, Fusobacte- lésion tissulaire est fonction de leur nombre infectant l’hôte ;
rium et Peptostreptococcus. un faible nombre de ces micro-organismes suffira pour
déclencher une pathologie chez un patient immunodéprimé
Ces relations sont aussi prépondérantes dans l’organisation alors qu’un grand nombre de la même espèce sera nécessaire
d’un biofilm bactérien et des biofilms canalaires. Dans les chez un hôte sain. À l’effet inoculum s’ajoutent les facteurs
biofilms, les membres d’une communauté microbienne sont de virulence intrinsèques des micro-organismes. Néanmoins,
activement impliqués dans une vaste gamme d’interactions la virulence est multifactorielle (Moine et Abraham, 2004) et
métaboliques moléculaires et physiques essentielles pour la susceptibilité de l’hôte est un paramètre critique (Casade-
l’attachement, la croissance et la survie des espèces sur un vall et Pirofski, 2001). Parmi ces facteurs, les molécules pro-
site, permettant aux micro-organismes de persister dans un duites par un pathogène peuvent influencer les fonctions de
environnement hostile. l’hôte pour lui permettre de coloniser, de résister aux
Les organismes bactériens à la surface du biofilm peuvent défenses de l’hôte et de déclencher la destruction tissulaire
aussi réaliser une protection pour les bactéries des couches (Sedgley, 2009).
plus profondes. Tous les membres de la communauté peuvent Par ailleurs, des variations des facteurs physico-chimiques du
canal (disponibilité des nutriments, degré d’anaérobiose, pH
ou surface disponible pour l’adhérence bactérienne) peuvent
Fusobacterium Capnocytophaga Streptococcus Veillonella
aussi influencer la pathogénicité des bactéries (Sedgley,
Eubacterium Eikenella corrodens Actinomyces 2009).
Bacteroides
Peptostreptococcus
Les principaux facteurs de virulence sont :
CO2 NH4 Lactate
- les lipopolysaccharides (LPS) qui sont des endotoxines de la
paroi des bactéries à Gram négatif comme Porphyromonas
ou Fusobacterium. Les endotoxines sont cytotoxiques, sont
Succinate Formate Acétate
responsables de l’apparition de l’inflammation en agissant
comme des antigènes et induisent une résorption osseuse.
Hémine H2 Ménadione
Ce composant bactérien est le principal facteur de patho-
génicité et possède de nombreux effets pro-inflammatoires.
Porphyromonas endodontalis Campylobacter Les endotoxines sont des antigènes qui sont neutralisés par
Porphyromonas gingivalis Wolinella Eubacterium
Prevotella intermedius Bacteroides gracilis alactolyticum les anticorps. Elles sont en outre capables d’activer la voie
du complément sans la participation d’anticorps. Elles sti-
Figure 7.6 Relations nutritionnelles possibles entre les bacté- mulent aussi la libération d’interleukine 1 (IL1) qui est capable
ries présentes dans le canal radiculaire (d’après Sundqvist, d’induire des réponses inflammatoires au niveau péri-apical
1992b). ainsi que la destruction osseuse ;
116
117
D - Mode de colonisation
Étape 3
1 - Biofilm
Selon Hall-Stoodley et al. (2004), un biofilm bactérien est
une communauté structurée de cellules bactériennes
incluses dans une matrice polymère qu’elles produisent et
adhérente à une surface biologique ou non. Le biofilm se
forme à partir de l’adsorption de bactéries planctoniques
(« flottant librement ») à une surface. Cette phase d’adhésion Étape 4
génère les premiers changements physiologiques : les bacté-
ries croissent et se divisent, et une signalisation moléculaire
intercellulaire s’instaure, permettant ainsi une communica- Figure 7.7 Les quatre étapes du développement d’un biofilm
(document Stéphane Simon, d’après http://www. ecogen. ie/
tion entre elles : le quorum sensing. Lorsque les colonies arri- DF_Biofilm. htm). Étape 1 : attachement initial des bactéries sur
vent à maturation, elles produisent une matrice extracellulaire le support. Étape 2 : attachement irréversible. Étape 3 : matura-
polysaccharidique contenant de l’ADN et des protéines. Des tion I. Étape 4 : maturation II. Il s’ensuit une étape 5 qui repré-
bactéries peuvent se détacher, elles quittent alors le biofilm sente la dispersion des bactéries.
pour en établir un nouveau avec d’autres bactéries plancto-
niques. Les signaux envoyés par la communauté permettent
le recrutement de nouvelles espèces microbiennes qui - coadhésion par attachement des colonisateurs secondaires
peuvent rejoindre le biofilm initial (Harrison et al., 2001). Un aux cellules déjà attachées ;
biofilm est composé en volume d’environ 15 % de bactéries - multiplication cellulaire et formation du biofilm par syn-
et 85 % de matrice (fig. 7.7) (Costerton et al., 2003 ; Hall-Stoo- thèse d’exopolysaccharides (interactions bactériennes par
dley et Stoodley, 2005). échanges métaboliques et génétiques conduisant à des
interactions compétitives entre les bactéries). Le biofilm
agit alors comme une barrière contre les antibiotiques, les
Les biofilms dentaires sont des écosystèmes multi-espèces antiseptiques et l’oxygène.
excessivement complexes où les bactéries buccales
Secondairement, certaines cellules se détachent. Ce déta-
peuvent agir en coopérant ou en s’opposant, c’est-à-dire
de façon synergique ou antagoniste. chement pourrait être une stratégie des bactéries qui colo-
nisent de nouvelles niches avant que l’espace et les nutriments
ne soient limités (Hall-Stoodley et al., 2004 et 2005). Ce
Ces mécanismes sont fondés sur une compétition entre les détachement peut se faire de trois façons :
bactéries pour les nutriments et pour le choix des sites d’at- - par dispersion ;
tachement ou par la production de substances antimicro- - par essaimage ;
biennes ou de bactériocines (Kreth et al., 2005b ; - par agglomérat ou dispersion de surface (Marsh, 2006).
Pangsomboon et al., 2006). Le plus connu des biofilms bacté- Au cours des différentes phases de formation du biofilm, des
riens de la cavité buccale est la plaque dentaire qui se forme interactions bactériennes s’établissent (fig. 7.8) :
à partir du dépôt de la pellicule exogène composée de pro- - par adhésion aux surfaces dentaires. Les premiers colonisa-
téines salivaires. teurs des surfaces dentaires se lient par des adhésines à la
La formation d’un biofilm, par exemple la plaque dentaire, se pellicule acquise. Ce sont souvent les Streptococcus viri-
fait en quatre étapes : dans qui ont la capacité de se lier aux protéines comme
- formation d’une pellicule exogène acquise ; l’alpha-amylase et les protéines et glycoprotéines riches en
- adhésion, dans un premier temps réversible, par des interac- proline (Kolenbrander et al., 2002). Streptococcus gordonii
tions faibles entre la surface cellulaire et la pellicule, puis et Streptococcus sanguinis, espèces fréquemment retrou-
attachement fort véhiculé par les récepteurs de l’adhésion ; vées dans la flore endodontique, font partie des colonisa-
118
119
Des bactéries sensibles aux antibiotiques peuvent aussi Les biofilms sont souvent composés de bactéries de formes
acquérir une résistance à un antibiotique par un transfert très diverses qui forment des agrégats sur les parois denti-
horizontal de gènes ; l’échange d’ADN se fera alors par conju- naires du canal ou sur le tissu nécrosé avec une matrice extra-
gaison, transduction ou transformation. Cela a été démontré cellulaire d’origine vraisemblablement bactérienne.
sur un modèle dentaire ex vivo par échange d’un plasmide de Généralement, les biofilms canalaires ont une organisation
conjugaison portant la résistance à l’érythromycine entre similaire à celle des biofilms dentaires avec des structures en
S. gordonii et E. fæcalis (Sedgley et al., 2008). palissade de filaments et des chaînes de cocci perpendicu-
Les agents antimicrobiens ont souvent été mis au point et laires à la paroi canalaire (Nair, 1987) ou en épi de maïs atta-
optimisés pour leur activité contre les espèces unitaires à chés à des filaments (Molven et al., 1991 ; Nair, 1987). Cet
développement rapide. De nombreuses études ont démontré arrangement spatial permet à des molécules telles que des
que la croissance au sein d’un biofilm protégeait les bactéries nutriments ou des produits microbiens de pénétrer ou de
d’une atteinte des biocides, des désinfectants et des antibio- sortir des biofilms. Des expérimentations in vitro dans les
tiques ; cette caractéristique est particulièrement pertinente infections canalaires ont montré que les cultures d’E. fæcalis
dans l’infection canalaire. Certaines études montrent que les dans des canaux enduits ou non d’hydroxyde de calcium sont
micro-organismes au sein d’un biofilm pourraient être de 20 à capables de former des biofilms sur les parois canalaires (Dis-
1 000 fois plus résistants que leur forme planctonique (Gilbert tel et al., 2002) et que cette organisation semble permettre
et al., 1997). Les biofilms de bactéries buccales ont aussi mon- aux micro-organismes de résister au traitement.
tré qu’ils sont plus résistants à l’amoxicilline, à la doxycycline La localisation principale des micro-organismes à l’origine de
et au métronidazole (Larsen, 2002). Les mécanismes de protec- la parodontite apicale est le tissu nécrosé des pulpes non
tion du biofilm ne sont pas bien connus. Il semble que la struc- vitales (fig. 7.9). Néanmoins, la lésion en elle-même peut aussi
ture et l’organisation dense de la communauté à l’intérieur de contenir des micro-organismes. Ils peuvent être attachés à
la matrice polymère pourraient limiter la pénétration des l’extrémité radiculaire, se présenter en cellules planctoniques
agents dans le biofilm ; l’agent antiseptique pourrait ainsi être ou en amas. Des biofilms ont été décrits sur la surface radicu-
inactivé. De plus, dans un biofilm bactérien établi, les bactéries laire externe des dents au niveau du foramen apical (Leo-
croissent lentement lorsqu’elles sont dans des conditions de nardo et al., 2002). Ces amas peuvent contenir différentes
privation nutritionnelle. Elles seront alors beaucoup moins formes microbiennes, y compris des levures (Nair, 1987). L’ob-
susceptibles que les bactéries à division rapide. Il peut enfin y servation de ces espèces a modifié la conception de la théra-
avoir, dans les biofilms, des modifications du phénotype qui peutique endodontique dès lors qu’un traitement
augmentent la résistance ; le biofilm bactérien peut par endodontique seul ne permet pas d’éliminer l’infection et
exemple ne pas exprimer le gène cible d’un médicament ou que le recours à la chirurgie est la règle. La quantité d’agré-
peut utiliser des passages métaboliques différents de ceux gats microbiens extra-radiculaires est difficile à quantifier.
empruntés par les bactéries planctoniques. Ces îlots bactériens, décrits principalement lors de sympto-
Par conséquent, la structure et le mode de fonctionnement matologies aiguës avec ou sans fistule ou dans des infections
du biofilm lui permettent d’établir un ensemble de stratégies persistantes, contiennent des micro-organismes qui se
pour résister aux antibactériens : détachent continuellement de la surface des biofilms pour
- par faible pénétration dans les couches du biofilm grâce au coloniser d’autres sites. Ils peuvent alors être temporaire-
gradient de diffusion ;
- par altération du micro-environnement qui laisse les bacté-
ries en phase stationnaire ;
- par induction de modifications génétiques et biochimiques
en réponse au stress rencontré par la modification de l’envi-
ronnement ;
- par la présence de bactéries persistantes qui sont des cel-
lules « dormantes ».
2 - Biofilms canalaires
120
121
À la différence de la parodontologie, les prélèvements cana- peuvent échanger leur ADN, modifier leur propre génome et
laires ont toujours été beaucoup plus complexes à réaliser à générer ainsi de nouvelles communautés en s’adaptant aux
cause des risques de contamination, d’une part, et de la changements d’environnements. Alors que la taxonomie bac-
nécessité, lors d’une infection secondaire à un traitement, térienne était fondée sur les caractéristiques phénotypiques,
d’éliminer le matériau d’obturation endodontique présent les informations génétiques obtenues ont permis de classer
avant de prélever, d’autre part. Les connaissances acquises à les espèces non cultivables d’après leur gène 16S ARNr qui
cette période ont été possibles grâce aux prélèvements réa- représente cependant une région très limitée du génome. Ce
lisés en anaérobiose et aux mises en culture avec des tech- gène code la sous-unité 16 de l’ARN ribosomal qui est la zone
niques favorisant la croissance d’espèces anaérobies strictes la plus stable et identique pour toutes les bactéries. Des
ou facultatives (Baumgartner et Falkler, 1991 ; Bergenholtz, communautés bactériennes complexes peuvent ainsi être
1974 ; Sundqvist, 1976 et 1992a). caractérisées par polymerase chain reaction (PCR), clonage et
En 1992, Sundqvist (1992a) a effectué des prélèvements dans séquençage du 16S ARNr.
65 dents humaines infectées et présentant une pathologie La nomenclature bactérienne fait référence à de nombreux
péri-apicale ; il a ainsi pu démontrer que les espèces le plus termes pour désigner une communauté :
souvent rencontrées étaient F. nucleatum, P. intermedia, - un taxon (ou unité taxonomique ou groupe taxonomique)
P. micros, P. anaerobius, Eubacterium alactolyticum, Eubacte- est un groupe d’organismes apparentés appartenant à l’un
rium lentum et Wolinella recta. Les bactéries anaérobies des rangs hiérarchiques suivants : espèce, genre, famille,
représentaient plus de 90 % des bactéries isolées. ordre ou classe. Un phylum et un règne sont aussi des
C’est ainsi que la détection des bactéries anaérobies strictes taxons. Par exemple, P. intermedia est un taxon de rang
est passée d’un pourcentage de 24 % (Brown et Rudolph, « spécifique d’espèce », Prevotella est un taxon de rang
1957), à 71 % (Bergenholtz, 1974 ; Sundqvist et al., 1991) puis « générique », Prevotellaceae est un taxon de rang « famille »,
91 % (Bergenholtz, 1974 ; Sundqvist et al., 1991). En résumé, les Bacteroidales est un taxon de rang « ordre », les Bacteroi-
espèces les plus fréquemment isolées étaient (tableau 7.1) : detes sont des taxons (taxa) de rang « classe » et « phylum »
- les coques (streptocoques, peptostreptocoques, Veillo- dans le domaine Bacteria (Euzéby, 2008) ;
nella) ; - la flore de la cavité buccale ou le microbiote buccal peut
- les bacilles (Fusobacterium, Actinomyces, Prevotella, Por- comporter plus de 800 taxons différents, cultivables ou
phyromonas). non, identifiés par leur séquençage du 16S ARNr (Aas et al.,
2005). Parmi cette flore, un individu est supposé posséder
une variété de 100 à 200 taxons dans la cavité buccale. Ces
Tableau 7.1 Composition de la flore endodontique par culture.
taxons sont des organismes ayant généralement une
Genres anaérobies Genres facultatifs séquence 16S ARNr différente. Cependant, certaines espèces
Bacilles Porphyromonas Capnocytophaga bactériennes comme Streptococcus oralis, Streptococcus
à Gram négatif Prevotella Eikenella mitis et Veillonella spp. peuvent avoir des séquences iden-
Fusobacterium tiques, ce qui conduit à une sous-estimation de la diversité
Campylobacter bactérienne (Beighton et al., 2008).
Treponema
Wolinella
Bacilles Actinomyces Corynebacterium Essentiel : même si certaines bactéries sont détectées en
à Gram positif Arachnia propionica Lactobacillus faible nombre, elles restent indispensables aux communau-
Eubacterium tés microbiennes (Sogin et al., 2006). L’intérêt fondamental
Propionibacterium est donc de détecter le maximum d’espèces sans préjuger
Pseudoramibacter de leur pathogénicité.
Cocci à Gram négatif Veillonella Neisseria
Cocci à Gram positif Peptostreptococcus Streptococcus Comme aucune technique ne permet actuellement de détec-
Enterococcus ter toutes les espèces d’un échantillon, il est préférable d’as-
socier les moyens d’investigation, de culture et de biologie
moléculaire (fig. 7.10).
Les coques à Gram positif et les bacilles à Gram négatif
étaient prédominants.
Pendant des années, la composition de la flore a été établie
C - Nouvelle taxonomie
à partir de cultures sur des milieux gélosés permettant la Ce n’est qu’avec l’application de techniques de biologie
croissance de pathogènes bactériens, de tests biochimiques moléculaires à l’endodontie telles l’hybridation ADN-ADN en
et d’observations au microscope. Selon les estimations, moins damier, les techniques d’amplification par PCR, spécifiques
de 2 % des bactéries terrestres seraient cultivables (Wade, d’espèces ou à large spectre, que de nouvelles études ont pu
2009). Les techniques de biologie moléculaire ont permis de cibler des bactéries cultivables et inclure des bactéries diffi-
mettre en évidence une diversité de la vie microbienne et ciles à cultiver comme des pathogènes endodontiques pos-
l’extrême complexité de la plupart des communautés. Elles sibles (Conrads et al., 1997 ; Siqueira et al., 2000a, 2000b et
122
210
151
107
96
74
50
27 26 25 22 26 31 21 9
16 6 5 4 13 14 1 1 1
Global Actinobacteria Bacteroidetes Firmicutes Fusobacteria Proteobacteria Spirochaetes Synergistes TM7 SR1
Figure 7.10 Nombre de taxons bactériens identifiés dans la cavité buccale selon la technique d’identification (d’après Siqueira et
Roças, 2009b).
2001). D’autres méthodes comme l’électrophorèse en gra- Compte tenu de ces nouvelles données, la taxonomie de la
dient de gel dénaturant (DGGE, denaturing gradient gel elec- flore a été modifiée (Siqueira, 2003) et comprend dorénavant
trophoresis) ou le polymorphisme des longueurs des (tableau 7.3) :
fragments de restriction terminaux (T-RFLP, terminal restric- - les anciennes espèces détectées (Actinomyces israelii,
tion fragment length polymorphism) permettent d’analyser F. nucleatum, P. micros…) ;
toute une communauté. - les espèces dont le nom a changé récemment (P. endodon-
La physiologie et la fonction des communautés bactériennes talis, P. intermedia, Campylobacter gracilis et C. rectus…) ;
peuvent aussi être étudiées par des techniques métagéno- - les nouvelles espèces décrites (Actinomyces radicidentis,
miques, transcriptomiques ou protéomiques fondées respec- Campylobacter curtum…) ;
tivement sur l’analyse de l’ADN du génome, sur l’expression - les espèces retrouvées occasionnellement par culture dans
de l’ARN ou des protéines, mais qui ne sont pas encore utili- une dent infectée mais beaucoup plus fréquemment détec-
sées couramment en microbiologie endodontique. tées par biologie moléculaire ;
De nombreuses espèces n’étant pas cultivables, il faut asso- - les espèces qui n’avaient jamais été isolées auparavant dans
cier plusieurs techniques pour mieux comprendre les méca- les infections endodontiques.
nismes qui régissent les biofilms et essayer de les contrôler. À un niveau phylogénétique plus large, tous les taxons bacté-
La biologie moléculaire en microbiologie endodontique a riens appartiennent à 9 des 13 phyla oraux : Firmicutes, Bacte-
ainsi, en 10 ans, identifié 317 taxons dans les canaux infectés roidetes, Actinobacteria, Proteobacteria, Fusobacteria,
sur les 800 appartenant à la cavité buccale alors que les tech- Spirochaetes, Synergistes, TM7 et SR1 (tableau 7.4).
niques de culture n’en avaient identifié que 258 en 30 ans. La plupart des bactéries non cultivables ou non caractérisées
Les organismes vivants sont divisés en trois domaines : Bacte- appartiennent aux phyla Firmicutes, Bacteria et Actinobacte-
ria, Eucarya et Archaea, auxquels s’ajoutent les virus et les riae et sont des pathogènes endodontiques importants. Par
prions. Parmi les Bacteria, il existe 36 divisions ou phyla dont exemple Fusobactereia, Spirochaetes et Synergistes ne repré-
13 ont été détectées dans la cavité buccale. Comme il existe sentent que peu d’espèces dans les infections endodontiques
une grande diversité dans la composition génétique d’une (fig. 7.11) mais F. nucleatum, Treponema denticola et Syner-
souche bactérienne individuelle, une nouvelle approche gistes sont les taxons les plus communs retrouvés dans les
consiste à analyser la communauté bactérienne d’un habitat infections endodontiques primaires intraradiculaires (Siqueira
(le microbiome) et le matériel génétique de cette commu- et Roças, 2009b).
nauté (le métagénome) (Rondon et al., 2000). Ces nouvelles techniques de détection ont permis, par
Sur les 13 phyla (divisions) retrouvés dans la cavité buccale exemple, de connaître de 40 à 55 % des taxa bactériens trou-
(tableau 7.2), le domaine Bacteria prédomine dans les infec- vés dans les infections primaires (Conrads et al., 1997 ; Mun-
tions endodontiques et comporte 468 taxons bactériens son et al., 2002 ; Sakamoto et al., 2006 et 2008).
représentant 100 genres dont les principaux sont Prevotella,
Eubacterium, Streptococcus et Lactobacillus, et 22 indéfinis. Quelles que soient les techniques d’observation et d’iden-
Les domaines Archaea et Eucarya sont peu représentés dans tification bactérienne, il semble que chaque dent possède
les infections endodontiques. Eucarya n’a été identifié qu’en un modèle unique d’infection bactérienne dans lequel la
culture avec principalement l’identification de Candida et présence d’un biofilm bactérien est la règle bien que des
d’Archaea par PCR pour le genre Methanobravibacter bactéries planctoniques, flottant librement dans la lumière
canalaire, soient également retrouvées.
(Vickerman et al., 2007).
123
Tableau 7.2 Principaux phyla, genres et espèces du domaine Bacteria de la cavité buccale (d’après Siqueira et Roças, 2010).
Phyla et genres Représentants des niveaux d’espèces
Firmicutes
Anaerococcus A. prevotii
Catonella C. morbi
Centipeda C. periodontii
Dialister D. invisus, D. pneumosintes, phylotypes non cultivés
Eggerthella E. lenta
Enterococcus E. fæcalis
Eubacterium E. sulci, E. infirmum, E. saphenum, E. nodatum, E. nodatum, E. brachy, E. minutum, phylotypes non cultivés
Filifactor F. alocis
Finegoldia F. magna
Gemella G. morbillorum
Granulicatella G. adiacens
Lactobacillus L. salivarius, L. acidophilus, L. fermentum, L. paracasei, L. catenaformis
Megasphaera Phylotypes non cultivés
Mogibacteriumi M. timidum, M. pumilum, M. neglectum, M. vescum
Parvimonas P. micra
Peptoniphilus P. asaccharolyticus, P. lacrymalis
Peptostreptococcus P. anaerobius, phylotypes non cultivés
Pseudoramibacter P. alactolyticus
Selenomonas S. sputigena, S. noxia, phylotypes non cultivés
Solobacterium S. moorei, phylotypes non cultivés
Streptococcus S. mutans, S. sobrinus, S. mitis, S. sanguinis, S. gordonii, S. oralis, S. anginosus, S. constellatus, S. intermedius, phylotypes
non cultivés
Veillonella V. parvula, phylotypes non cultivés
Bacteroidetes
Capnocytophaga C. gingivalis, C. ochracca
Porphyromonas P. endodontalis, P. gingivalis
Prevotella P. intermedia, P. nigrescens, P. tannerae, P. multissacharivorax, P. baroniae, P. denticola, phylotypes non cultivés
Tannerella T. forsythia
Actinobacteria mettre un point et non un point-virgule pour A. gerencseriae et A. naeslundii
Actinomyces A. israelii, A ;.gerencseriae, A .; naeslundii, A. meyeri, A. odontolyticus, phylotypes non cultivés
Atopobium A. parvulum, A. minutum, A. rimae, phylotypes non cultivés
Bifedobacterium B. dentium, B. adolescentis, B. bifidum
Corynebacterium C. matruchotii
Olsenella O. uli, O. profusa, phylotypes non cultivés
Propionibacterium P. acnes, P. propionicum
Rothia R. dentocariosa
Slackia S. exigua
Proteobacteria
Aggregatibacter A. actinomycetemcomitans, A. aphrophilus
Campylobacter C. rectus, C. gracilis, C. curvus, C. showae, C. consisus
Eikenella E. corrodens
Neisseria N. mucosa, N. sicca
Fusobacteria
Fusobacterium F. nucleatum, F. periodonticum, phylotypes non cultivés
Leptotrichia L. buccalis
Spirochaetes
Treponema T. denticola, T. socranskii, T. parvum, T. maltophilum, T. lecithinolyticum, phylotypes non cultivés
124
Tableau 7.4 Principaux phyla bactériens retrouvés dans les infections endodontiques (d’après Siqueira et Roças, 2009b).
Phyla Phylotypes ou Espèces
Firmicutes Dialister spp, Filifactor alocis, Parvimonas micra, Enterococcus faecalis, Eubacterium spp, Streptococcus spp.,
Lactobacillus spp., Peptostreptococcus spp.
Actinobacteria Olsonella uli, Actinomyces spp., Propionibacterium acnes, Propionibacterium propionicum
Synergistes Clone BA121, clone W090
Spirochaetes Treponema denticola, Treponema socranskii, Treponema maltophilum, Treponema parvum
Fusobacteria Fusobacterium nucleatum
Proteobacteria Eikenella corrodens, Campylobacter rectus, Campylobacter gracilis
TM7 Clone 1025
SR1 Clone X112
Bacteroidetes Tannerella forsythia, Porphyromonas endodontalis, Porphyromonas gingivalis, Prevotella spp., clone X083
125
184
76
69
54
47 44
28 22 26
18 14 4 3 12 14
10 1 2 10 1 1 1
Actinobacteria Bacteroidetes Firmicutes Fusobacteria Proteobacteria Spirochaetes Synergistes TM7 SR1
Figure 7.11 Nombre de taxons bactériens identifiés dans les infections endodontiques selon le type d’infection (d’après Siqueira et
Roças, 2009b).
D - Selon la localisation et le temps Avec le temps, l’acidose disparaît et un milieu neutre, voire
alcalin, s’établit, permettant la croissance des bactéries ana-
Les bactéries de la flore endodontique colonisent la totalité érobies. Ainsi, une dent fermée peut compter jusqu’à 95 % de
du réseau canalaire radiculaire. On les retrouve donc : bactéries anaérobies strictes.
- sur les restes de tissu pulpaire nécrosé, où elles trouvent les Quand la dent est ouverte, on retrouve au niveau coronaire
éléments nutritifs nécessaires à leur croissance ; des cocci et des bacilles à Gram positif en plus grand nombre
- le long des parois canalaires, où elles adhérent les unes aux que les filaments et les spirochètes. Dans la partie apicale, les
autres sur plusieurs couches s’organisant en biofilm ; Gram négatif anaérobies stricts, bien que moins nombreux
- dans les canaux accessoires et les deltas apicaux ; que dans une dent fermée, sont plus abondants ; il semblerait
- à l’intérieur des tubuli dentinaires sur une profondeur de que les défenses de l’hôte jouent aussi un rôle sélectif.
plusieurs centaines de microns à partir de la lumière cana- Bien que la distribution bactérienne varie énormément sur
laire. Les bactéries se logent préférentiellement dans le pre- les parois canalaires et dans la lumière du canal d’une racine
mier tiers de la dentine péricanalaire si le cément est intact. à l’autre, une composition selon le site endocanalaire peut
Dans le cas contraire, une seconde source nutritionnelle aussi être établie.
provenant de l’extérieur permet une fixation bactérienne
sur le collagène des tubuli. 1 - Selon les sites endocanalaires
La composition de la flore endodontique varie selon de Dans la zone coronaire radiculaire, les coques et les bacilles à
nombreux critères – individu, localisation géographique, Gram positif sont plus abondants que les filaments, les spiro-
communication avec le milieu buccal et durée de l’infec- chètes et les bactéries motiles.
tion… – parmi lesquels le site, le type et le moment de l’infec- Dans la zone apicale radiculaire, les bactéries à Gram négatif
tion sont prépondérants. prédominent dans la zone apicale ; les défenses de l’hôte à
l’apex maintiennent un équilibre précaire avec les bactéries
E - Selon la communication canalaires et peuvent contribuer à sa rupture par une baisse
avec le milieu buccal des défenses ou une sélection bactérienne (fig. 7.12).
Dans les tubuli dentinaires, la colonisation bactérienne du
L’habitat est sélectif et, en l’absence d’oxygène, une sélec- canal est plus importante dans les parties coronaires et
tion progressive des bactéries va s’opérer. Selon par médianes du canal mais dans les tubuli, les bactéries sont
exemple que la chambre pulpaire est ouverte ou non, les plus nombreuses apicalement (Richardson et al., 2009). Bien
populations retrouvées dans le canal ne seront pas les que plusieurs centaines d’espèces cohabitent dans la cavité
mêmes. Les bactéries présentes dans les lésions carieuses buccale, la sélection qui s’opère entre elles conduit à une
(Streptococcus et Lactobacillus) vont peu à peu laisser la colonisation limitée à quelques espèces des tubuli denti-
place à des bactéries anaérobies strictes ou aéro-anaéro- naires. Des micro-organismes à Gram positif et anaérobies
bies car, lors de la nécrose, les germes facultatifs forment stricts comme Eubacterium spp., Propionibacterium spp. ou
de l’acide lactique ce qui conduit à un pH acide de 5,3.
Veillonella spp. sont essentiellement retrouvés dans les
126
a b
Figure 7.12 Flore dans le tiers médian (a) et dans la zone apicale (b) du canal (document J.-C. Robert, université de Rennes 1).
tubuli de la dentine cariée et non cariée. Les bacilles anaéro- d’un nombre plus restreint d’espèces et souvent d’une prédo-
bies stricts à Gram négatif comme les Porphyromonas spp. minance de bactéries anaérobies à Gram négatif.
sont moins nombreux et plutôt identifiés dans les couches Sur les 103 à 108 cellules retrouvées par canal infecté (Siqueira
profondes de la dentine infectée (Love, 2009). et al., 2007 ; Sundqvist 1976), de 10 à 30 espèces anaérobies
Dans les cryptes cémentaires apicales, on identifie surtout ont été détectées par canal (Munson et al., 2002 ; Siqueira et
des Actinomyces. Leur localisation est alors extra-radiculaire Roças, 2004 et 2005).
et ils sont hors d’atteinte d’un traitement endodontique Récemment, dans les infections endodontiques primaires,
conventionnel. l’association des techniques de culture et moléculaires a per-
mis d’identifier 391 taxons bactériens, 4 taxons fongiques et
2 - Selon la durée de l’infection 1 taxon archal appartenant à 9 phyla et 82 genres bactériens
Dans les canaux nécrosés, avec le temps, la flore devient pro- (Siqueira et Roças, 2009b). Les espèces les plus représentées
téolytique, anaérobie et plus résistante aux mécanismes de sont Firmicutes, Bacteroidetes et Actinobacteria et, sur les
défense de l’hôte (Fabricius et al., 1982b). Il s’agit d’une flore 391 taxons détectés, 261 sont spécifiques des infections
polymicrobienne à prédominance anaérobie : au début, les endodontiques primaires et n’ont pas été observés dans
espèces facultatives comme Streptococcus, Enterococcus, d’autres infections. Les espèces identifiées comportent des
Lactobacillus et Corynebacterium sont en nombre équiva- Gram positif mais les Gram négatif prédominent avec, notam-
lent aux anaérobies tels Peptostreptococcus, Propionibacte- ment, les bacilles anaérobies à pigmentation noire dont les
rium, Eubacterium, Prevotella et Fusobacterium. Puis, les deux genres principaux sont Prevotella et Porphyromonas et
anaérobies à Gram négatif prédominent avec l’ancienneté de les espèces les plus représentées P. intermedia, P. nigrescens,
l’infection. Prevotella denticola, P. endodontalis et P. gingivalis. Ces der-
nières sont très présentes dans les infections endodontiques
et seraient à l’origine des abcès alvéolaires aigus (van Winkel-
F - Selon les différents types d’infections hoff et al., 1985).
endodontiques Tannerella forsythia, bacille à Gram négatif anaérobie strict,
Les infections endodontiques peuvent être classées en infec- n’avait jamais été détecté par culture avant sa mise en évi-
tions intraradiculaires primaires, secondaires, persistantes ou dence par PCR par Conrads (1997). On le retrouve aussi bien
en infections extra-radiculaires qui associent à la fois les dans les infections primaires que dans les abcès (Siqueira et
notions de localisation et de moment de l’infection endoca- Roças, 2003 ; Siqueira et al., 2000b). De la même façon Dialis-
nalaire. ter, qui est un coccobacille anaérobie strict à Gram négatif, a
été retrouvé dans des infections primaires symptomatiques
1 - Infection intraradiculaire : primaire, secondaire, persistante et asymptomatiques par les espèces Dialister pneumosintes
ou Dialister invisus.
a - Infection initiale F. nucleatum, bacille anaérobie fusiforme à Gram négatif, est
Les micro-organismes colonisent le tissu pulpaire nécrosé. certainement l’espèce la plus fréquemment rencontrée dans
Cette flore est mixte et essentiellement anaérobie. La flore les infections endodontiques.
fluctue en fonction de la pathologie péri-apicale associée : Les spirochètes, ordre souvent négligé et oublié par culture,
elle est plus variée lors d’une pathologie chronique alors ont été identifiés en biologie moléculaire dans le genre des
qu’une symptomatologie aiguë est associée à la présence tréponèmes par les espèces Treponema denticola et Tre-
127
ponema socranskii (Siqueira et Roças, 2004 ; Siqueira et al., S. gordonii, S. anginosus, S. sanguinis, S. oralis), des Actino-
2000a). myces, Propionibacterium, des lactobacilles (Lactobacillus
Les spirochètes peuvent aussi être présents dans les infec- paracasei, Lactobacillus acidophilus) et E. fæcalis (tableau 7.5)
tions endodontiques avec lésion apicale associée. Treponema (Siqueira et Roças, 2009b).
maltophilum jouerait un rôle dans l’étiologie des infections
endodontiques et serait associé à Bacteroides forsythus et c - Flore des retraitements
P. gingivalis (Jung et al., 2001). Quand une infection se déclare sur une dent ayant déjà été
Même s’ils ne sont pas prédominants, quelques cocci et traitée, une sélection plus importante s’opère au sein du
bacilles à Gram positif (peptostreptocoques et strepto- canal et de 1 à 3 espèces sont généralement retrouvées dans
coques) sont retrouvés dans les infections primaires les derniers millimètres apicaux. Il s’agit principalement de
(tableau 7.5). bactéries à Gram positif. E. fæcalis représente jusqu’à 70 % de
De même, les Campylobacter ou Veillonella ont été détectés la flore des retraitements alors que les anaérobies représen-
grâce aux techniques de PCR qui ont permis de révéler une tent moins de 40 % de la flore. La densité bactérienne varie
flore beaucoup plus complexe qu’on ne le croyait. Sachant entre 103 et 107 cellules par canal (Sedgley et al., 2006). Les
que de 40 à 55 % du microbiote endodontique est composé espèces bactériennes détectées appartiennent à 7 phyla et
de phylotypes non cultivables, leur rôle dans la pathogenèse 58 genres. Les plus nombreuses font parties des Firmicutes,
des parodontites apicales n’est pas encore élucidé. Actinobacteria et Proteobacteria, suivies par les Bacteroi-
detes. Kalfas et al. (2001) ont mis en évidence une nouvelle
b - Infections intraradiculaires secondaires ou persistantes
espèce d’Actinomyces présente dans les canaux après échec
Selon Siqueira (2002), une infection est qualifiée de : de traitement endodontique : Actinomyces radicidentis.
- secondaire quand elle est causée par des micro-organismes Seuls quelques taxons de Fusobacteria, Spirochaetes et
qui n’étaient pas présents dans l’infection initiale et qui ont Synergistes ont été détectés par biologie moléculaire. En
pénétré dans le système canalaire soit lors du traitement plus d’E. fæcalis, Sundqvist et al. (1998) ont également
initial, soit entre les séances ou après la fin du traitement retrouvé un champignon, Candida albicans, déjà cité dans
endodontique ; des cas d’échec de traitement endodontique. C. albicans est
- persistante quand elle est causée par des micro-organismes le champignon le plus souvent détecté dans les cas de retrai-
appartenant à une infection primaire ou secondaire mais qui tement (jusqu’à 18 % de Candida identifiés) (Egan et al., 2002).
résistent aux procédures antibactériennes et aux manœuvres En effet, il pourrait profiter des conditions créées par l’élimi-
thérapeutiques et peuvent survivre à des périodes de priva- nation des autres micro-organismes et aurait la capacité de
tion nutritionnelle. se reproduire dans un environnement nutritif pauvre.
La mutualisation des techniques a permis de mettre en évi-
dence, dans ces infections, 51 taxons bactériens et 2 taxons
fongiques. Important ! Selon Nair et al. (1990), dans la majorité des cas
Avant obturation canalaire, de 102 à 105 cellules par canal de lésion péri-apicale résistante aux thérapies, les bactéries
peuvent persister. Elles appartiennent aux phyla Firmicutes, et les micromycètes restent présents dans les canaux obtu-
rés et jouent ainsi un rôle important dans l’échec du traite-
Proteobacteria et Actinobacteria. Ces bactéries résistantes
ment endodontique.
aux thérapeutiques incluent des streptocoques (S. mitis,
Tableau 7.5 Composition de la flore endocanalaire selon la pathologie périapicale (d’après Siqueira, 2002).
Infections initiales Infections secondaires
Infections extraradiculaires
Lésion chronique périradiculaire Abcès périapical aigu ou persistantes
Bacteroides Porphyromonas Enterococcus Actinomyces
Treponema Treponema Actinomyces Propionibacterium
Prevotella Fusobacterium Streptococcus
Porphyromonas Bacteroides Candida
Fusobacterium Prevotella Propionibacterium
Peptostreptococcus Streptococcus Staphylococcus
Streptococcus Peptostreptococcus Pseudomonas
Eubacterium
Actinomyces
Campylobacter
128
129
Il exprime aussi des résistances à certains antibiotiques ont aussi été isolés dans des canaux de dents à pulpe nécro-
comme les tétracyclines ou la gentamycine (Reynaud af Gei- sée associée à des lésions péri-apicales (Gomes et al., 2010).
jersstam et al., 2007 ; Sedgley et al., 2005b). Les virus (parasites intracellulaires) sont aussi présents dans la
flore endodontique. Ce sont principalement les Herpès virus
En conclusion, dans les infections endodontiques, E. fæca- avec les cytomégalovirus (CMV) et le virus d’Epstein-Barr
lis est un pathogène détecté avec une prévalence élevée (EBV) qui, lorsqu’ils sont identifiés, sont retrouvés dans 100 %
dans les canaux par l’usage de techniques de biologie des parodontites apicales symptomatiques et 37 % des
moléculaire, mais il n’est pas encore établi que les échecs lésions asymptomatiques (Sabeti et al., 2003). Même s’ils ne
des traitements endodontiques soient nécessairement jouent pas un rôle majeur, ils pourraient contribuer à la
associés à des infections à entérocoques. pathologie péri-apicale des lésions symptomatiques et leur
rôle spécifique reste à déterminer.
Il faut aussi toujours garder à l’esprit que « l’action d’une
espèce particulière dans les infections endodontiques per-
sistantes est secondaire, comparée aux changements adapta-
IV - Flore et symptomatologie
tifs, physiologiques et génétiques ayant lieu au sein du
Les connaissances actuelles n’autorisent pas à établir une
biofilm polymicrobien, en réponse aux modifications de
corrélation stricte entre symptomatologie et espèces pré-
l’environnement intracanalaire » (Chavez de Paz, 2007). sentes lors d’une infection endodontique. Même si cer-
taines études font état de la présence de bactéries
2 - Infection extra-radiculaire spécifiques associées à des symptômes comme la douleur,
L’infection extra-radiculaire correspond à une invasion et à l’œdème ou la formation d’abcès ou de fistule, la spécifi-
une prolifération microbienne dans les tissus périradiculaires cité est très faible et de nombreuses espèces à faible
enflammés (Tronstad et al., 1987 ; Tronstad et Sunde 2003) potentiel de virulence peuvent, sous certaines conditions,
qui peut être dépendante ou indépendante de l’infection induire des infections aiguës (Dahlen, 2009).
intraradiculaire.
Selon Chavez de Paz, F. nucleatum serait responsable, entre les
Note : cette infection est rare et, bien que son origine soit séances de traitement, de l’apparition de douleurs violentes et
principalement l’infection endocanalaire, elle est la cause d’un exsudat intracanalaire (flare-up) (Chavez de Paz, 2002). Or
de nombreux échecs de traitement quand elle est pure- cette virulence n’est « activée » que lorsqu’un grand nombre
ment extra-radiculaire et que les bactéries sont inacces-
de bactéries de F. nucleatum sont présentes au sein du canal.
sibles aux manœuvres d’antisepsie intracanalaire.
Concernant la flore, les phylotypes de Dialister, Fusobacte-
rium, Prevotella et Veillonella sont retrouvés dans les infec-
Selon les techniques d’identification (culture ou PCR), de 11 à tions symptomatiques et asymptomatiques. La composition
34 espèces ont été retrouvées dans les lésions infectées de la flore des infections asymptomatiques comporte plus de
(Sunde et al., 2000). Ces espèces appartiennent à 6 phyla phylotypes que les symptomatiques. Des genres comme Por-
(Firmicutes, Bacteroidetes, Proteobacteria, Actinibacteria, phyromonas, Prevotella, Peptostreptococcus, Fusobacterium et
Fusobacteria, Spirochaetes) et 38 genres. Elle est surtout Eubacterium sont plus présents que d’autres dans les phéno-
caractérisée par la présence d’Actinomyces (A. israelii, mènes aigus. L’identification des Bacteroides à pigmentation
A. naeslundii, A. odontolyticus, A. viscosus) et de Propioni- noire (Porphyromonas, Prevotella) dans les pathologies aiguës
bacterium (tableau 7.5). avec, notamment, la formation d’abcès n’est pas nouvelle (Haa-
pasalo et al., 1986). Récemment, des Archaea (Methanobrevi-
bacter) ont été détectés dans les infections endodontiques
G - Autres éléments de la flore : levures, virus symptomatiques et asymptomatiques (Vickerman et al., 2007).
La présence de champignons (micro-organismes eucaryotes) a Il semble par ailleurs exister une corrélation positive entre la
été mise en évidence dans les canaux infectés (Sen et al., 1995). taille de la lésion péri-apicale et le nombre de germes et
La prévalence des levures varie de 1 à 61,5 % dans les infections d’espèces bactériennes (Sundqvist, 1990).
initiales en fonction du milieu de culture, du type d’identifica- La virulence semble donc liée à une flore de préférence poly-
tion par microscope (Akdeniz et al., 2002 ; Molven et al., 1991 ; microbienne et anaérobie ainsi qu’à l’organisation des bacté-
Sen et al., 1995) ou par PCR (Richardson et al., 2009). ries en biofilm.
Dans des infections persistantes, les levures ont une préva- Dans une infection aiguë, les espèces virulentes ou agissant
lence de 2,9 à 22 % et l’espèce la plus fréquemment identifiée en synergie sous une forme planctonique seraient prédomi-
est Candida albicans (Sen et Baksi, 2009). Les Candida sont nantes, alors que les bactéries d’un biofilm plutôt retrouvées
des levures aérobies qui peuvent se reproduire dans des dans les infections chroniques présenteraient un blocage
conditions anaérobies et C. albicans est retrouvé dans 11,36 % temporaire de toxines et d’enzymes (Furukawa et al., 2006).
des pulpes infectées. Il apparaît donc qu’en plus des bacté- La production de ces facteurs pourrait être déclenchée et
ries, les levures comme Candida jouent un rôle dans les amplifiée quand les cellules sont détachées du biofilm et
infections endodontiques. Des filaments du genre Aspergillus redeviennent planctoniques (Costerton et al., 2003).
130
Bibliographie
Aas JA, Paster BJ, Stokes LN, Olsen I, Dewhirst FE. Defining the Brown LR Jr, Rudolph CE Jr. Isolation and identification of
normal bacterial flora of the oral cavity. J Clin Microbiol 2005 ; microorganisms from unexposed canals of pulp-involved teeth.
43 : 5721-5732. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1957 ; 10 : 1094-1099.
Akdeniz BG, Koparal E, Sen BH, Ates M, Denizci AA. Prevalence of Casadevall A, Pirofski L. Host-pathogen interactions : the attri-
Candida albicans in oral cavities and root canals of children. butes of virulence. J Infect Dis 2001 ; 184 : 337-344.
ASDC J Dent Child 2002 ; 69 : 289-292. Chalmers NI, Palmer RJ Jr, Cisar JO, Kolenbrander PE.
Al-Ahmad A, Auschill TM, Braun G, Hellwig E, Arweiler NB. Characterization of a Streptococcus sp.-Veillonella sp. commu-
Overestimation of Streptococcus mutans prevalence by nested nity micromanipulated from dental plaque. J Bacteriol 2008 ;
PCR detection of the 16S rRNA gene. J Med Microbiol 2006 ; 55 : 190 : 8145-8154.
109-113. Chavez de Paz L. Fusobacterium nucleatum in endodontic flare-
Baumgartner JC, Falkler WA Jr. Bacteria in the apical 5 mm of ups. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002 ;
infected root canals. J Endod 1991 ; 17 : 380-383. 93 : 179-183.
Baumgartner JC, Khemaleelakul SU, Xia T. Identification of spiro- Chavez de Paz L. Redefining the persistent infection in root
chetes (treponemes) in endodontic infections. J Endod 2003 ; canals : possible role of biofilms communities. J Endod 2007 ;
29 : 794-797. 33 : 652-662.
Baumgartner JC, Siqueira JF Jr, Xia T, Roças IN. Geographical dif- Chavez de Paz LE, Bergenholtz G, Dahlen G, Svensater G.
ferences in bacteria detected in endodontic infections using Response to alkaline stress by root canal bacteria in biofilms. Int
polymerase chain reaction. J Endod 2004 ; 30 : 141-144. Endod J 2007 ; 40 : 344-355.
Beighton D, Clark D, Hanakuka B, Gilbert S, Do T. The predomi- Chavez de Paz LE, Hamilton IR, Svensater G. Oral bacteria in bio-
nant cultivable Veillonella spp. of the tongue of healthy adults films exhibit slow reactivation from nutrient deprivation.
identified using rpoB sequencing. Oral Microbiol Immunol Microbiology 2008 ; 154 : 1927-1938.
2008 ; 23 : 344-347. Conrads G, Gharbia SE, Gulabivala K, Lampert F, Shah HN. The
Bergenholtz G. Micro-organisms from necrotic pulp of trauma- use of a 16s rDNA directed PCR for the detection of endodonto-
tized teeth. Odontol Revy 1974 ; 25 : 347-358. pathogenic bacteria. J Endod 1997 ; 23 : 433-438.
Brady RA, Leid JG, Calhoun JH, Costerton JW, Shirtliff ME. Cooper P, Takahashi Y, Graham L, Simon S, Imazato Y, Smith AJ.
Osteomyelitis and the role of biofilms in chronic infection. Inflammatory modulation of dental tissue regeneration. J Dent
FEMS Immunol Med Microbiol 2008 ; 52 : 13-22. 2010 ; 38 : 687-697.
131
Costerton JW, Stewart PS, Greenberg EP. Bacterial biofilms : a Hall-Stoodley L, Stoodley P. Biofilm formation and dispersal and
common cause of persistent infections. Science 1999 ; 284 : the transmission of human pathogens. Trends Microbiol 2005 ;
1318-1322. 13 : 7-10.
Costerton W, Veeh R, Shirtliff M, Pasmore M, Post C, Ehrlich G. Hancock HH 3rd, Sigurdsson A, Trope M, Moiseiwitsch J. Bacteria
The application of biofilm science to the study and control of isolated after unsuccessful endodontic treatment in a North
chronic bacterial infections. J Clin Invest 2003 ; 112 : 1466-1477. American population. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral
Dahlen G. Culture-based analysis of endodontic infections. In : Radiol Endod 2001 ; 91 : 579-586.
Fouad AF (ed). Endodontic microbiology. Ames : Wiley-Blackwell, Harrison I, Williams GM, Higgo JJ, Leader RU, Kim AW, Noy DJ.
2009 : 40-67. Microcosm studies of microbial degradation in a coal tar dis-
Distel JW, Hatton JF, Gillespie MJ. Biofilm formation in medica- tillate plume. J Contam Hydrol 2001 ; 53 : 319-340.
ted root canals. J Endod 2002 ; 28 : 689-693. Hojo K, Nagaoka S, Ohshima T, Maeda N. Bacterial interactions
Downes J, Munson MA, Spratt DA, Kononen E, Tarkka E, in dental biofilm development. J Dent Res 2009 ; 88 : 982-990.
Jousimies-Somer H et al. Characterisation of Eubacterium-like Hugenholtz P. Exploring prokaryotic diversity in the genomic era.
strains isolated from oral infections. J Med Microbiol 2001 ; 50 : Genome Biol 2002 ; 3 : REVIEWS0003.
947-951.
Jenkinson HF, Lamont RJ. Oral microbial communities in sickness
Egan MW, Spratt DA, Ng YL, Lam JM, Moles DR, Gulabivala K. and in health. Trends Microbiol 2005 ; 13 : 589-595.
Prevalence of yeasts in saliva and root canals of teeth associated
with apical periodontitis. Int Endod J 2002 ; 35 : 321-329. Jung IY, Choi B, Kum KY, Yoo YJ, Yoon TC, Lee SJ et al. Identification
of oral spirochetes at the species level and their association
Euzéby JP. List of prokaryotic names with standing in nomencla- with other bacteria in endodontic infections. Oral Surg Oral
ture (2008). http://www.bacterio.cict.fr. Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2001 ; 92 : 329-334.
Evans M, Davies JK, Sundqvist G, Figdor D. Mechanisms involved Kakehashi S, Stanley HR, Fitzgerald RJ. The effects of surgical
in the resistance of Enterococcus fæcalis to calcium hydroxide. exposures of dental pulps in germ-free and conventional labora-
Int Endod J 2002 ; 35 : 221-228. tory rats. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1965 ; 20 : 340-349.
Fabricius L, Dahlen G, Holm SE, Moller AJ. Influence of combina- Kalfas S, Figdor D, Sundqvist G. A new bacterial species associa-
tions of oral bacteria on periapical tissues of monkeys. Scand J ted with failed endodontic treatment : identification and des-
Dent Res 1982a ; 90 : 200-206. cription of Actinomyces radicidentis. Oral Surg Oral Med Oral
Fabricius L, Dahlen G, Ohman AE, Moller AJ. Predominant indige- Pathol Oral Radiol Endod 2001 ; 92 : 208-214.
nous oral bacteria isolated from infected root canals after varied Kayaoglu G, Orstavik D. Virulence factors of Enterococcus fæca-
times of closure. Scand J Dent Res 1982b ; 90 : 134-144. lis : relationship to endodontic disease. Crit Rev Oral Biol Med
Farges JC, Magloire H. Complexe pulpo-dentinaire. In : Piette E, 2004 ; 15 : 308-320.
Goldberg M (eds). La dent normale et pathologique. Bruxelles : Khemaleelakul S, Baumgartner JC, Pruksakom S. Autoaggregation
De Boeck Université, 2001 : 85-98. and coaggregation of bacteria associated with acute endodontic
Filoche S, Wong L, Sissons CH. Oral biofilms : emerging concepts infections. J Endod 2006 ; 32 : 312-318.
in microbial ecology. J Dent Res 2010 ; 89 : 8-18.
Kinder SA, Holt SC. Characterization of coaggregation between
Furukawa S, Kuchma SL, O’Toole GA. Keeping their options Bacteroides gingivalis T22 and Fusobacterium nucleatum T18.
open : acute versus persistent infections. J Bacteriol 2006 ; 188 : Infect Immun 1989 ; 57 : 3425-3433.
1211-1217.
Kolenbrander PE, Andersen RN, Blehert DS, Egland PG, Foster JS,
Giard JC, Hartke A, Flahaut S, Boutibonnes P, Auffray Y. Glucose Palmer RJ Jr. Communication among oral bacteria. Microbiol Mol
starvation response in Enterococcus fæcalis JH2-2 : survival and Biol Rev 2002 ; 66 : 486-505.
protein analysis. Res Microbiol 1997 ; 148 : 27-35.
Kreth J, Merritt J, Shi W, Qi F. Co-ordinated bacteriocin produc-
Gilbert P, Das J, Foley I. Biofilm susceptibility to antimicrobials. tion and competence development : a possible mechanism for
Adv Dent Res 1997 ; 11 : 160-167. taking up DNA from neighbouring species. Mol Microbiol
Ginsburg I. Role of lipoteichoic acid in infection and inflamma- 2005a ; 57 : 392-404.
tion. Lancet Infect Dis 2002 ; 2 : 171-179. Kreth J, Merritt J, Shi W, Qi F. Competition and coexistence
Gomes BP, Pinheiro ET, Jacinto RC, Zaia AA, Ferraz CC, Souza- between Streptococcus mutans and Streptococcus sanguinis in
Filho FJ. Microbial analysis of canals of root-filled teeth with the dental biofilm. J Bacteriol 2005b ; 187 : 7193-7203.
periapical lesions using polymerase chain reaction. J Endod Kreth J, Zhang Y, Herzberg MC. Streptococcal antagonism in oral
2008 ; 34 : 537-540. biofilms : Streptococcus sanguinis and Streptococcus gordonii
Gomes C, Fidel S, Fidel R, de Moura Sarquis MI. Isolation and interference with Streptococcus mutans. J Bacteriol 2008 ; 190 :
taxonomy of filamentous fungi in endodontic infections. J 4632-4640.
Endod 2010 ; 36 : 626-629. Kumar PS, Griffen AL, Moeschberger ML, Leys EJ. Identification
Haapasalo M, Ranta H, Ranta K, Shah H. Black-pigmented of candidate periodontal pathogens and beneficial species by
Bacteroides spp. in human apical periodontitis. Infect Immun quantitative 16S clonal analysis. J Clin Microbiol 2005 ; 43 :
1986 ; 53 : 149-153. 3944-3955.
Hall-Stoodley L, Costerton JW, Stoodley P. Bacterial biofilms : Kuramitsu HK, He X, Lux R, Anderson MH, Shi W. Interspecies
from the natural environment to infectious diseases. Nat Rev interactions within oral microbial communities. Microbiol Mol
Microbiol 2004 ; 2 : 95-108. Biol Rev 2007 ; 71 : 653-670.
132
133
Sedgley CM. The influence of root canal sealer on extended Siqueira JF Jr, Roças IN, Favieri A, Santos KR. Detection of
intracanal survival of Enterococcus fæcalis with and without Treponema denticola in endodontic infections by 16S rRNA
gelatinase production ability in obturated root canals. J Endod gene-directed polymerase chain reaction. Oral Microbiol
2007 ; 33 : 561-566. Immunol 2000a ; 15 : 335-337.
Sedgley CM. Virulence and endodontic bacterial pathogens. In : Siqueira JF Jr, Roças IN, Souto R, de Uzeda M, Colombo AP.
Fouad AF (ed). Endodontic microbiology. Ames : Wiley-Blackwell, Checkerboard DNA-DNA hybridization analysis of endodontic
2009 : 130-151. infections. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
2000b ; 89 : 744-748.
Sedgley CM, Lennan SL, Appelbe OK. Survival of Enterococcus
fæcalis in root canals ex vivo. Int Endod J 2005a ; 38 : 735-742. Siqueira JF Jr, Roças IN, Souto R, Uzeda M, Colombo AP.
Microbiological evaluation of acute periradicular abscesses by
Sedgley CM, Molander A, Flannagan SE, Nagel AC, Appelbe OK,
DNA-DNA hybridization. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral
Clewell DB et al. Virulence, phenotype and genotype characte-
Radiol Endod 2001 ; 92 : 451-457.
ristics of endodontic Enterococcus spp. Oral Microbiol Immunol
2005b ; 20 : 10-19. Siqueira JF Jr, Roças IN, Lopes HP. Patterns of microbial coloniza-
tion in primary root canal infections. Oral Surg Oral Med Oral
Sedgley CM, Nagel A, Dahlen G, Reit C, Molander A. Real-
Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; 93 : 174-178.
time quantitative polymerase chain reaction and culture ana-
lyses of Enterococcus fæcalis in root canals. J Endod 2006 ; Siqueira JF Jr, Magalhaes KM, Roças IN. Bacterial reduction in
32 : 173-177. infected root canals treated with 2.5 % NaOCl as an irrigant and
calcium hydroxide/camphorated paramonochlorophenol paste
Sedgley CM, Lee EH, Martin MJ, Flannagan SE. Antibiotic resis- as an intracanal dressing. J Endod 2007 ; 33 : 667-672.
tance gene transfer between Streptococcus gordonii and
Enterococcus fæcalis in root canals of teeth ex vivo. J Endod Siren EK, Haapasalo MP, Ranta K, Salmi P, Kerosuo EN.
2008 ; 34 : 570-574. Microbiological findings and clinical treatment procedures in
endodontic cases selected for microbiological investigation. Int
Sedlacek MJ, Walker C. Antibiotic resistance in an in vitro sub- Endod J 1997 ; 30 : 91-95.
gingival biofilm model. Oral Microbiol Immunol 2007 ; 22 :
333-339. Sogin ML, Morrison HG, Huber JA, Mark Welch D, Huse SM, Neal
PR et al. Microbial diversity in the deep sea and the underex-
Sen BH, Baksi BG. Fungi in endodontic infections. In : Fouad AF plored « rare biosphere ». Proc Natl Acad Sci U S A 2006 ; 103 :
(ed). Endodontic microbiology. Ames : Wiley-Blackwell, 2009 : 12115-12120.
164-194.
Sunde PT, Olsen I, Gobel UB, Theegarten D, Winter S, Debelian
Sen BH, Piskin B, Demirci T. Observation of bacteria and fungi in GJ et al. Fluorescence in situ hybridization (FISH) for direct visua-
infected root canals and dentinal tubules by SEM. Endod Dent lization of bacteria in periapical lesions of asymptomatic root-
Traumatol 1995 ; 11 : 6-9. filled teeth. Microbiology 2003 ; 149 : 1095-1102.
Simon S, Cooper PR, Lumley PJ, Berdal A, Tomson PL, Smith AJ. Sunde PT, Tronstad L, Eribe ER, Lind PO, Olsen I. Assessment of
Understanding pulp biology for routine clinical practice. ENDO periradicular microbiota by DNA-DNA hybridization. Endod
(Lond Engl) 2009 ; 3 : 171-184. Dent Traumatol 2000 ; 16 : 191-196.
Siqueira JF Jr. Endodontic infections : concepts, paradigms, and Sundqvist G. Bacteriological studies of necrotic dental pulps.
perspectives. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod Umeå : Umeå University, 1976. (Umeå University Odontological
2002 ; 94 : 281-293. Dissertations n° 7.)
Siqueira JF Jr. Taxonomic changes of bacteria associated with Sundqvist G. Endodontic microbiology In : Spangberg LSW
endodontic infections. J Endod 2003 ; 29 : 619-623. (ed). Experimental endodontic. Boca Raton : CRC Press, 1990 :
Siqueira JF Jr, Roças IN. Bacteroides forsythus in primary endo- 131-153.
dontic infections as detected by nested PCR. J Endod 2003 ; 29 : Sundqvist G. Associations between microbial species in dental
390-393. root canal infections. Oral Microbiol Immunol 1992a ; 7 :
Siqueira JF Jr, Roças IN. Treponema species associated with abs- 257-262.
cesses of endodontic origin. Oral Microbiol Immunol 2004 ; 19 : Sundqvist G. Ecology of the root canal flora. J Endod 1992b ; 18 :
336-339. 427-430.
Siqueira JF Jr, Roças IN. Exploiting molecular methods to explore Sundqvist G. Taxonomy, ecology, and pathogenicity of the root
endodontic infections. Part 2 : Redefining the endodontic canal flora. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1994 ; 78 : 522-530.
microbiota. J Endod 2005 ; 31 : 488-498.
Sundqvist G, Figdor D, Hanstrom L, Sorlin S, Sandstrom G.
Siqueira JF Jr, Roças IN. Community as the unit of pathogenicity : Phagocytosis and virulence of different strains of Porphyromonas
an emerging concept as to the microbial pathogenesis of apical gingivalis. Scand J Dent Res 1991 ; 99 : 117-129.
periodontitis. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
Sundqvist G, Figdor D, Persson S, Sjogren U. Microbiologic analy-
2009a ; 107 : 870-878.
sis of teeth with failed endodontic treatment and the outcome
Siqueira JF Jr, Roças IN. Diversity of endodontic microbiota revi- of conservative re-treatment. Oral Surg Oral Med Oral Pathol
sited. J Dent Res 2009b ; 88 : 969-981. Oral Radiol Endod 1998 ; 85 : 86-93.
Siqueira Jr JF, Rôças IN. The Oral Microbiota : General Overview, Svensäter G, Chavez de Paz LE, Theilade E. The microbiology of
Taxonomy, and Nucleic Acid Techniques. In : Seymour GJ, the dental pulp. In : Bergenholtz G, Horsted-Bindslev P, Reit C
Cullinan MP, Heng NCK. Oral Biology, Methods in Molecular (eds). Textbook of endodontology. Chichester : Wiley-Blackwell,
Biology, New York : Humana Press Inc., 2010 : 55-69. 2010 : 95-112.
134
135
137
Durée
Latence d’action
Degré de laison
Concentration
Liposolubilité
aux protéines
Molécule
Puissance
(minutes)
(heures)
Dosage
pKa
(%)
Anesthésie
pulpaire Anesthésie
(infiltration/ muqueuse
bloc)
Non Non
Procaïne 4 Sans 9,1 2 15-20 1 1 5 0,1
documentée documentée
Sans 5-10 60-120
Lidocaïne 2 7,7 29 2-4 4 2 65 1,6
1/100 000 60 180-300
3 Sans 20-40 120-180
Mépivacaïne 7,9 33 2-4 1 2 75 1,9
2 1/200 000 45-60 120-300
1/200 000 45-60 120-300
Articaïne 4 7,8 29 2-4 17 2 95 0,5
1/100 000 60-75 180-360
138
139
2 - En rapport avec l’adjonction d’un vasoconstricteur : réduction de la capacité métabolique des cytochromes P450
réaction cardio-vasculaire responsables de la transformation des amino-amides.
Les catécholamines sont rapidement inactivées par recapture Une contre-indication relative à l’usage des molécules anes-
neuronale et par métabolisme intraneuronal ou extraneuronal thésiques à fonction amide concerne principalement l’utili-
– catécholoxyméthyl transférase (COMT) et monoamine oxy- sation de la prilocaïne chez les sujets présentant une
dase (MAO). Des effets secondaires systémiques peuvent méthémoglobinémie congénitale. La prilocaïne est transfor-
néanmoins survenir à la suite de l’injection intravasculaire mée en 4- et 6-hydroxytoluidine au niveau hépatique, et ce
d’une solution anesthésique contenant un vasoconstricteur du sont ces métabolites qui, en bloquant la réduction de la
fait de l’affinité des sympathomimétiques pour les récepteurs méthémoglobine, sont susceptibles d’engendrer une situa-
β1-adrénergiques (cellules myocardiques) et β2-adrénergiques tion de cyanose en cas de surdosage anesthésique.
(muscles lisses des parois vasculaires, des bronches et de l’uté-
rus). L’effet vasoconstricteur de l’adrénaline est quatre fois plus 2 - À l’utilisation d’un vasoconstricteur (SFMBCB, 2003)
important que celui de la noradrénaline tout en présentant
une meilleure sécurité. Essentiel : la seule contre-indication médicale absolue à
l’utilisation d’un vasoconstricteur dans la solution anesthé-
sique est la situation clinique d’un patient atteint d’un phé-
Important ! Les manifestations cliniques sous forme de ochromocytome. Il s’agit d’une tumeur surrénalienne qui
troubles du rythme (tachycardie avec l’adrénaline, bradycar- entraîne une hypersécrétion d’adrénaline à l’origine d’une
die réflexe avec la noradrénaline), d’une crise hypertensive hypertension sévère.
ou d’un accident cardiaque ischémique doivent faire préférer
l’adrénaline à la noradrénaline et contre-indiquent l’utilisa-
tion de cette dernière chez les patients souffrant d’une mala- Les recommandations actuelles sont d’éviter l’association de
die coronarienne ou d’hypertension non équilibrée.
vasoconstricteur à la solution anesthésique lors des soins
endodontiques chez les patients ayant subi une irradiation
des maxillaires supérieure à 40 grays.
E - Réactions allergiques
Les réactions allergiques consécutives à l’utilisation d’un G - Précautions d’emploi en fonction
anesthésique à fonction amide sont exceptionnelles, ce qui des conditions systémiques
n’est pas le cas des anesthésiques à fonction ester (procaïne
et benzocaïne) dont un dérivé métabolique, l’acide para-ami- 1 - Femme enceinte ou allaitante
nobenzoïque, possède un potentiel allergisant bien docu- Il n’existe pas de contre-indication à l’utilisation des amino-
menté. La plupart des accidents observés lors de l’utilisation amides (absence d’effet tératogène démontré) ni à celle de
des solutions anesthésiques sont imputables aux adjuvants l’adrénaline (risque théorique de diminution de la perfusion
utilisés comme conservateurs antimicrobiens (méthylpara- utérine) chez la femme enceinte. Il est recommandé de pré-
bène) ou comme stabilisants dans les solutions additionnées venir celle-ci que l’absence de mouvements du fœtus pen-
d’un vasoconstricteur (métabisulfite de sodium) (Eggleston et dant la durée de l’anesthésie du fait du passage
Lush, 1996). Néanmoins, la littérature dans le domaine de la transplacentaire de ces molécules. Concernant l’allaitement,
pharmacovigilance permet de recenser des cas exception- il est recommandé à la mère de ne pas allaiter son enfant
nels de sensibilisation immédiate ou retardée consécutive à pendant les 4 heures qui suivent l’administration d’une solu-
l’utilisation d’amino-amides (Gall et al., 1996 ; Fuzier et al., tion anesthésique.
2009) et met en garde contre des phénomènes d’allergie
croisée avec d’autres représentants de cette famille de molé- 2 - Antécédent d’infarctus du myocarde
cules (Haas, 2002).
Si l’utilisation des vasoconstricteurs n’est pas contre-indi-
Les interactions médicamenteuses (voir tableau XX du cha-
quée chez les patients coronariens, il est recommandé d’évi-
pitre 19) sont :
ter leur usage dans les 6 mois suivant un accident cardiaque
- d’ordre pharmacocinétique ;
ischémique.
- d’ordre pharmacodynamique.
3 - Hypertension et hyperthyroïdie
F - Contre-indications médicales Les patients hypertendus sous traitement et les hyperthyroï-
diens corrigés par thyroxine peuvent se voir administrer des
1 - À l’utilisation d’un anesthésique local à fonction amide anesthésiques locaux avec vasoconstricteur (les recomman-
L’utilisation d’anesthésiques locaux à fonction amide est for- dations d’utilisation de la plus faible concentration efficace
mellement contre-indiquée chez les patients atteints d’une s’appliquent ici pleinement). Il est intéressant de noter que la
porphyrie hépatique. Cette affection est caractérisée par une noradrénaline est dorénavant interdite d’utilisation par l’In-
accumulation de porphyrine dans l’organisme du fait d’un ternational Federation of Dental Anesthesiology Societies
déficit de synthèse de l’hème. Ce dernier est à l’origine d’une (IFDAS) à cause de son action hypertensive.
140
141
142
Figure 8.4 L’aiguille, biseau positionné à plat sur la muqueuse à Figure 8.6 L’aiguille pénètre le fond du vestibule à hauteur de la
mi-hauteur du rempart alvéolaire entre les deux prémolaires, deuxième molaire avec une direction à 45° de bas en haut, de
est insérée jusqu’au contact osseux. dehors en dedans et d’avant en arrière sur environ 1,5 cm.
143
Le patient est invité à ouvrir partiellement la bouche et à Cette technique nécessite un repérage de la position du fora-
décaler la mandibule du côté à anesthésier, de façon à déga- men mentonnier, ce dernier pouvant être localisé par palpa-
ger complètement le fond du vestibule jugal dans sa partie tion digitale ou sur la radiographie. Il est situé plusieurs
postérieure. L’opérateur bénéficie alors d’un contrôle visuel millimètres apicalement à la première ou deuxième prémo-
du site de pénétration de l’aiguille, de l’angulation de la laire mandibulaire et présente une orientation vers le haut et
seringue et de la profondeur d’insertion de l’aiguille. Le point l’arrière. Le patient maintenant la bouche fermée, l’aiguille
d’impact de l’aiguille se situe à hauteur de la deuxième pénètre la muqueuse au fond du vestibule d’arrière en avant,
molaire. Le corps de la seringue étant maintenu avec un axe de haut en bas et de dehors en dedans sans chercher à péné-
oblique à 45° d’avant en arrière, de dehors en dedans et de trer l’orifice osseux. Après injection lente du volume anesthé-
bas en haut, la pénétration de l’aiguille se fait sur 15 à 20 mm sique, un massage extra-oral est réalisé afin de favoriser la
(en fonction de la hauteur de l’étage moyen de la face) en pénétration de la solution anesthésique à travers l’orifice
veillant à éviter tout contact osseux afin de ne pas léser la osseux.
branche sous-périostée de l’artère alvéolaire postéro-supé-
rieure. L’injection débute par l’infiltration de la muqueuse du b - Bloc régional du nerf alvéolaire inférieur
(fig. 8.9 à 8.13)
vestibule jugal (0,2 ml), le parcours de l’aiguille jusqu’au site
ne nécessitant pas le recours à une anesthésie traçante ; le
dépôt du volume anesthésique (de 0,9 à 1,6 ml de solution en Important ! Le bloc du nerf alvéolaire inférieur est sans
aucun doute la technique anesthésique la plus importante
30 à 60 secondes) commencera après avoir confirmé la situa-
à maîtriser car elle s’impose de manière systématique en
tion extravasculaire de l’aiguille par un test d’aspiration. première intention pour le traitement endodontique des
dents du secteur postérieur mandibulaire. C’est en effet la
2 - À la mandibule seule technique permettant d’obtenir une anesthésie à la
fois profonde et durable (environ 120 minutes) au niveau de
a - Anesthésie par infiltration au foramen mentonnier ces dents.
(fig. 8.7 et 8.8)
Important ! La réalisation de l’anesthésie du bloc incisivo- Ses principaux inconvénients sont sa difficulté, avec en
canin et prémolaire par infiltration au foramen mentonnier corollaire des résultats réputés imprévisibles, un taux de suc-
est actuellement recommandée sans pénétration de l’ori- cès insuffisant dans un contexte d’inflammation pulpaire et
fice afin de limiter le risque de lésion mécanique du pédi- la paresthésie des tissus mous (pointe de la langue et lèvre
cule vasculo-nerveux émergeant de cet orifice osseux inférieure) qui se prolonge bien au-delà de la durée effective
naturel.
de l’anesthésie et du soin avec un risque de morsure en parti-
culier chez l’enfant.
Ses résultats sont variables selon les dents considérées du La principale difficulté de cette technique repose sur l’im-
fait des suppléances nerveuses fréquemment rencontrées possibilité de repérage visuel direct ou par palpation de la
pour l’innervation des incisives mandibulaires. Elle donne les cible anatomique pour le dépôt de la solution. Cette cible
meilleurs résultats pour l’anesthésie de la première prémo- est constituée par l’orifice du canal mandibulaire sur la face
laire mandibulaire suivie par celles de la canine et de la médiale de la branche montante de la mandibule : la solution
seconde prémolaire. devant être déposée dans la dépression osseuse située
Figure 8.7 Le foramen mentonnier est situé entre les apex de la Figure 8.8 L’aiguille est située au voisinage de l’orifice naturel sans
première et de la deuxième prémolaire mandibulaire. Il a une chercher à le pénétrer avec une orientation du corps de la seringue
orientation de bas en haut et d’avant en arrière. d’arrière en avant, de dehors en dedans et de haut en bas.
144
Figure 8.9 La palpation digitale du bord antérieur de la branche Figure 8.10 Vue antérieure du défilé ostéo-musculaire emprunté
montante permet, lorsque le patient ouvre la bouche, de mettre par l’aiguille pour pénétrer la fosse ptérygo-maxillaire (1 : massé-
en évidence la saillie du ligament ptérygo-mandibulaire. ter ; 2 : tendon superficiel du temporal ; 3 : tendon profond du
temporal ; 4 : ptérygoïdien médial ; 5 : nerf lingual).
Figure 8.11 Vue de la face médiale de la branche Figure 8.12 L’aiguille longe la face médiale de la
montante (M : masséter ; TS et TP : tendons mandibule jusqu’à perdre le contact osseux au
superficiel et profond du muscle temporal ; L : niveau de la dépression située en arrière de
nerf lingual ; AI : nerf alvéolaire inférieur ; SM : l’éminence osseuse constituant l’épine de Spix.
ligament sphéno-mandibulaire).
145
Figure 8.13 L’aiguille pénètre sur environ 1,5 cm après avoir Le nerf buccal se sépare du nerf mandibulaire très en amont
obtenu le contact osseux, le corps de la seringue étant posi-
de l’orifice du canal mandibulaire dans la fosse ptérygo-
tionné au niveau des prémolaires controlatérales.
maxillaire, raison pour laquelle il nécessite une approche
spécifique. Le point d’injection est situé immédiatement en
immédiatement en haut et en arrière de l’éminence consti- arrière et en dehors de la seconde molaire mandibulaire, ce
tuée par l’épine de Spix, à l’intérieur d’un entonnoir anato- nerf empruntant un trajet extra-osseux contournant en
mique (la fosse ptérygo-maxillaire) formé de dehors en « baïonnette » le bord antérieur de la branche montante
dedans par la face médiale de la branche montante de la pour distribuer ses terminaisons nerveuses sensorielles au
mandibule et le ligament sphéno-mandibulaire. périoste de la muqueuse vestibulaire en regard des molaires.
La technique préconisée dans ce chapitre reprend la descrip- La pénétration de l’aiguille biseau dirigé vers l’os se fait sur
tion de celle initialement décrite par Jorgensen et Hayden. 2 mm environ, le volume injecté étant inférieur à 0,5 ml.
Communément appelée technique anatomique, elle repose
sur la prise de repère ostéo-muqueux (Jorgensen et Hayden,
1980).
Le patient, placé en décubitus dorsal, est invité à maintenir III - Pronostic
grande ouverte sa bouche afin de tendre le ligament pté-
rygo-mandibulaire. L’opérateur droitier utilise la pulpe de son Les anesthésiques exercent une action analgésique par
blocage de la conduction de l’influx nerveux au niveau des
pouce gauche pour palper le rebord antérieur de la branche
fibres C amyéliniques et Aδ faiblement myélinisées.
montante et repérer l’échancrure coronoïde (la concavité du Cependant, leur action n’est pas limitée aux seules fibres
bord antérieur de la branche montante). Ces deux repères nociceptives.
définissent un triangle à base supérieure : le point d’insertion
de l’aiguille se situe sur une ligne imaginaire horizontale, au
tiers de la distance séparant le milieu de l’ongle du pouce du La conception classique de l’installation d’un bloc nerveux
relief muqueux constitué par le ligament. Ce point de péné- voulait que l’effet anesthésique s’installe plus rapidement
tration est situé en moyenne 5 mm en arrière et en dedans de au niveau des fibres dépourvues de myéline du fait d’un
l’ongle du pouce (afin d’éviter l’insertion du tendon profond accès plus facile au cytoplasme cellulaire, avec la chronolo-
du temporal sur la ligne oblique interne ou crête temporale) gie suivante : fibres C, blocage de la douleur sourde → Aδ,
et 1 cm au-dessus du plan d’occlusion mandibulaire. Le corps blocage de la douleur aiguë → Aγ, perte du tonus muscu-
de la seringue situé au niveau de la commissure labiale oppo- laire → Aβ, perte du sens tactile → Aα, perte de la proprio-
sée, l’aiguille pénètre la muqueuse sur environ 5 mm avant ception (Thiel et Roewer, 2006). Cette présentation a été
d’obtenir le contact osseux. Afin de rendre la pénétration remise en question par l’expérimentation et les données
indolore, il est recommandé de réaliser au préalable un badi- cliniques. Il semble au contraire que les anesthésiques
geonnage de la muqueuse au point d’injection avec un anes- peuvent conduire au blocage des fibres non nociceptives à
thésique topique et de tendre la muqueuse avec la pulpe du des concentrations inférieures à celles qui sont nécessaires
pouce. Le franchissement de l’épaisseur du rideau musculaire pour induire l’analgésie. L’explication rationnelle repose sur
constitué par le buccinateur est préférablement réalisé avant le fait que la molécule anesthésique se fixe sur le site de
de commencer l’injection afin de diminuer le risque de dou- liaison des récepteurs transmembranaires au cours de la
leur musculaire. Une fois le contact osseux obtenu, l’extré- phase d’inactivation du canal sodique, les fibres nerveuses à
mité de l’aiguille glisse sur la face interne de la branche vitesse de conduction élevée ayant donc une affinité parti-
montante sur une profondeur d’environ 15 mm supplémen- culière pour lier la molécule.
146
147
148
4 - Innervation croisée
La participation de neurofibres du nerf alvéolaire inférieur
controlatéral à l’innervation des incisives mandibulaires contri-
Figure 8.19 Coupe transversale du corps mandibulaire au niveau
molaire illustrant l’épaisseur importante de la corticale à cet bue à expliquer les échecs anesthésiques observés au niveau
endroit. de ces dents lors de l’anesthésie régionale mandibulaire. Il est
donc recommandé de réaliser une infiltration locale controla-
térale (immédiatement latérale au frein labial médian inférieur)
après toute infiltration régionale (mandibulaire ou menton-
nière) pour les soins des incisives mandibulaires.
149
150
151
152
153
Après une anesthésie muqueuse, le point d’impact de l’ai- orthogonale). La perforation est réalisée à une hauteur
guille est marqué à l’aide d’une sonde parodontale puis le variable du septum interradiculaire, idéalement dans sa partie
perforateur est placé au contact de l’os avant d’être mis en la plus large ; pour cela, l’impact du perforateur se fait en
rotation. Une pression légère est nécessaire pour franchir gencive attachée, le foret en direction apicale (perpendicu-
l’épaisseur de la corticale. laire au rempart alvéolaire) (fig. 8.27 à 8.34).
Pour le Stabident®, la perforation est réalisée jusqu’à venir en Cette technique présente des limites techniques en cas d’al-
butée contre la gencive attachée, puis le retrait du foret s’ef- véolyse avancée ou de proximité radiculaire et est contre-
fectue en rotation. indiquée en cas d’abcès alvéolaire aigu.
Pour le X-Tip™, lorsque le système arrive en butée, la rotation
est arrêtée, le cathéter est bloqué à l’aide d’une paire de pré- 3 - Anesthésie transseptale
celles avant de retirer le foret. Décrite initialement à la fin des années 1960 (Marthaler, 1968),
Pour le QuickSleeper®, la rotation de l’aiguille est arrêtée dès cette technique très populaire dans les années 1980 présen-
que l’on ressent le franchissement de la corticale et l’aiguille tait de nombreuses limites avec, en premier lieu, une durée
est très légèrement retirée avant d’injecter la solution. d’action courte due à la faible quantité de solution utilisée.
Cette technique, quel que soit le dispositif utilisé, nécessite Le risque de nécrose du septum ou de la papille interdentaire
un examen clinique et radiographique minutieux (incluant un liée à l’emploi d’une solution contenant un vasoconstricteur
sondage parodontal et la prise de radiographies en incidence n’est pas négligeable (fig. 8.35). L’obstruction de la lumière de
Figure 8.27 La radiographie préopératoire permet de vérifier la Figure 8.28 Le point de pénétration de l’aiguille est situé en
largeur de l’os alvéolaire au niveau des septa interdentaires. gencive attachée à l’aplomb du point de contact interdentaire.
Figure 8.29 Le repérage du point d’impact du perforateur se fait Figure 8.30 Dispositif de perforation monté sur contre-angle
par marquage à l’aide d’une sonde parodontale. 1/1 (X-Tip™, Dentsply Maillefer).
154
Figure 8.31 La perforation de l’épaisseur de la corticale est réa- Figure 8.32 Cathéter in situ après retrait du perforateur.
lisée en direction apicale jusqu’à venir en butée.
Figure 8.33 Injection lente de la solution anesthésique (l’aiguille Figure 8.34 Le retrait du cathéter est réalisé à l’aide d’une pince
est insérée jusqu’à venir en butée sur le cathéter pour prévenir hémostatique.
le reflux de la solution).
155
b - Anesthésie transcorticale (fig. 8.36 et 8.37) cité de cette technique utilisée seule pour permettre la ges-
Le taux de succès de l’infiltration intra-osseuse est virtuelle- tion d’une pulpotomie et encore moins d’un traitement
ment de 100 % pour l’anesthésie des molaires mandibulaires canalaire complet dans un contexte d’urgence inflammatoire.
saines et sa durée théorique est compatible avec la réalisa-
tion d’un traitement endodontique dans de bonnes condi- La réalisation d’une anesthésie transcorticale immédiate-
tions (Jensen et al., 2008). Il n’existe qu’une seule étude à ce ment après l’infiltration régionale mandibulaire augmente
jour pour comparer l’efficacité de l’infiltration intra-osseuse de façon significative le taux de succès (90 % contre 42 %
comme technique primaire à la réalisation d’un bloc régional pour l’infiltration régionale seule) pour les premières
mandibulaire pour l’anesthésie des molaires mandibulaires en molaires asymptomatiques (Dunbar et al., 1996).
situation de pulpite irréversible (Remmers et al., 2008). La
seule conclusion que l’on puisse tirer de cette étude est que
l’installation de l’anesthésie est de manière statistiquement L’effet est immédiat, mais ne prolonge pas l’effet de l’anes-
significative plus rapide avec la technique intra-osseuse. La thésie obtenue par l’infiltration régionale seule (Dunbar et al.,
durée de l’évaluation ne dépassant pas 20 minutes, il est 1996) : l’anesthésie est de courte durée dans 10 % des cas mais
impossible d’en tirer des conclusions quant à la réelle effica- est maintenue pendant 1 heure dans 90 % des cas.
156
157
Bibliographie
Aggarwal V, Jain A, Kabi D. Anesthetic efficacy of supplemental Frommer J, Mele FA, Monroe CW. The possible role of the mylo-
buccal and lingual infiltrations of articaine and lidocaine after an hyoid nerve in mandibular posterior tooth sensation. J Am Dent
inferior alveolar nerve block in patients with irreversible pulpi- Assoc 1972 ; 85 : 113-117.
tis. J Endod 2009 ; 35 : 925-929. Fuzier R, Lapeyre-Mestre M, Mertes PM, Nicolas JF, Benoit Y,
Aggarwal V, Singla M, Kabi D. Comparative evaluation of effect Didier A et al. Immediate and delayed type allergic reactions to
of preoperative oral medication of ibuprofen and ketorolac on amide local anesthetics : clinical features and skin testing.
anesthetic efficacy of inferior alveolar nerve block with lido- Pharmacoepidemiol Drug Saf 2009 ; 18 : 595-601.
caine in patients with irreversible pulpitis : a prospective, Gale EN, Carlsson SG, Ericksson A, Jontell M. Effects of dentists’
double-blind, randomized clinical trial. J Endod 2010 ; 36 : behavior on patients’ attitudes. J Am Dent Assoc 1984 ; 109 :
375-378. 444-446.
American Dental Association. ADA News 1998 ; Nov : 4. Gall H, Kaufmann R, Kalveram CM. Adverse reactions to local
Berlin J, Nusstein J, Reader A, Beck M, Weaver J. Efficacy of arti- anesthetics : analysis of 197 cases. J Allergy Clin Immunol 1996 ;
caine and lidocaine in a primary intraligamentary injection 97 : 933-937.
administered with a computer-controlled local anesthetic deli- Gallatin E, Reader A, Nist R, Beck M. Pain reduction in untreated
very system. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod irreversible pulpitis using an intraosseous injection of Depo-
2005 ; 99 : 361-366. Medrol. J Endod 2000a ; 26 : 633-638.
Bhalla J, Meechan JG, Lawrence HP, Grad HA, Haas DA. Effect of Gallatin E, Stabile P, Reader A, Nist R, Beck M. Anesthetic effi-
time on clinical efficacy of topical anesthesia. Anesth Prog cacy and heart rate effects of the intraosseous injection of 3 %
2009 ; 56 : 36-41. mepivacaine after an inferior alveolar nerve block. Oral Surg
Byers MR, Taylor PE, Khayat BG, Kimberly CL. Effects of injury Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2000b ; 89 : 83-87.
and inflammation on pulpal and periapical nerves. J Endod 1990 ; Gallatin J, Nusstein J, Reader A, Beck M, Weaver J. A comparison
16 : 78-84. of injection pain and postoperative pain of two intraosseous
Byers MR, Narhi MV. Dental injury models : experimental tools anesthetic techniques. Anesth Prog 2003 ; 50 : 111-120.
for understanding neuroinflammatory interactions and polymo- Gold M, Reichling D, Shuster M, Levine JD. Hyperalgesic agents
dal nociceptor functions. Crit Rev Oral Biol Med 1999 ; 10 : 4-39. increase a tetrodotoxin-resistant Na+ current in nociceptors.
Cannell H, Kerawala C, Webster K, Whelpton R. Are intraliga- Proc Natl Acad Sci U S A 1996 ; 93 : 1108-1112.
mentary injections intravascular ? Br Dent J 1993 ; 175 : 281-284. Haas DA. An update on local anaesthetics in dentistry. J Can
Carpentier P, Felizardo R, Cledes G. Anatomie des techniques Dent Assoc 2002 ; 68 : 546-551.
anesthésiques intra-orales. Real Clin 2006 ; 17 : 159-176. Haas DA, Lennon D. A 21 year retrospective study of reports of
Childers M, Reader A, Nist R, Beck M, Meyers WJ. Anesthetic paresthesia following local anesthetic administration. J Can
efficacy of the periodontal ligament injection after an inferior Dent Assoc 1995 ; 61 : 319-330.
alveolar nerve block. J Endod 1996 ; 22 : 317-320. Hargreaves K, Dryden J, Schwarze M, Garcia N, Martin W, Flores
Cohen HP, Cha BY, Spangberg LS. Endodontic anesthesia in man- CM. Development of a model to evaluate phenotypic plasticity
dibular molars : a clinical study. J Endod 1993 ; 19 : 370-373. in human nociceptors. Abstract 0292 Soc Neurosci 2000.
http://iadr.confex.com/iadr/2002SanDiego/techprogram/
Cromley NL, Adams DF. The effect of intraligamentary injections abstract_15776.htm
on diseased periodontiums in dogs. Gen Dent 1991 ; 39 : 33-37.
Hargreaves K, Keiser K. Local anesthetic failure in endodontics :
Dagher FB, Yared GM, Machtou P. An evaluation of 2 % lidocaine mechanisms and management. Endodontic Topics 2002 ; 1 :
with different concentrations of epinephrine for inferior alveo- 26-39.
lar nerve block. J Endod 1997 ; 23 : 178-180.
Hawkins MJ. Articaine : efficacy and paresthesia in dental local
Doroschak A, Bowles W, Hargreaves K. Evaluation of the combi- anesthesia. 2008. http://ineedce.com/.
nation of flurbiprofen and tramadol for management of endo-
Hsiao-Wu GW, Susarla SM, White R. Use of the cold test as a
dontic pain. J Endod 1999 ; 25 : 660-663.
measure of pulpal anesthesia during endodontic therapy : a ran-
Dunbar D, Reader A, Nist R, Beck M, Meyers WJ. Anesthetic effi- domized, blinded, placebo-controlled clinical trial. J Endod
cacy of the intraosseous injection after an inferior alveolar 2007 ; 33 : 406-410.
nerve block. J Endod 1996 ; 22 : 481-486.
Isett J, Reader A, Gallatin E, Beck M, Padgett D. Effect of an
Eggleston ST, Lush LW. Understanding allergic reactions to local intraosseous injection of depo-medrol on pulpal concentra-
anesthetics. Ann Pharmacother 1996 ; 30 : 851-857. tions of PGE2 and IL-8 in untreated irreversible pulpitis. J Endod
Ehrich DG, Lundgren JP, Dionne RA, Nicoll BK, Hutter JW. 2003 ; 29 : 268-271.
Comparison of triazolam, diazepam, and placebo as outpatient Jablonski NG, Cheng CM, Cheng LC, Cheung HM. Unusual origins
oral premedication for endodontic patients. J Endod 1997 ; 23 : of the buccal and mylohyoid nerves. Oral Surg Oral Med Oral
181-184. Pathol 1985 ; 60 : 487-488.
Fink BR, Cairns AM. Differential solwing and block of conduction Jensen J, Nusstein J, Drum M, Reader A, Beck M. Anesthetic effi-
by lidocaine in individual affererent myelinated and unmyelina- cacy of a repeated intraosseous injection following a primary
ted axons. Anesthesiology 1984 ; 60 : 111-120. intraosseous injection. J Endod 2008 ; 34 : 126-130.
158
159
Rousseau WH, Clark SJ, Newcomb BE, Walker ED, Eleazer PD, Vangheluwe J, Walton R. Intrapulpal injection : factors related to
Scheetz JP. A comparison of pain levels during pulpectomy, effectiveness. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
extractions, and restorative procedures. J Endod 2002 ; 28 : 1997 ; 83 : 38-40.
108-110. van Wijk AJ, Hoogstraten J. Pain associated with root canal treat-
Schouten BC, Eijkman MA, Hoogstraten J. Dentists’ and patients’ ment. Int Endod J 2006 ; 39 : 384-388.
communicative behavior and their satisfaction with the dental Vreeland DL, Reader A, Beck M, Meyers WJ, Weaver J. An evalua-
encounter. Community Dent Health 2003 ; 20 : 11-15 tion of volumes and concentrations of lidocaine in human infe-
rior alveolar nerve block. J Endod 1989 ; 15 : 6-12.
Segura-Egea JJ, Cisneros-Cabello R, Llamas-Carreras JM, Velasco-
Ortega E. Pain associated with root canal treatment. Int Endod J Wali M, Drum M, Reader A, Nusstein J. Prospective, randomized
2009 ; 42 : 614-620. single-blind study of the anesthetic efficacy of 1.8 and 3.6 milli-
liters of 2 % lidocaine with 1 : 50,000 epinephrine for inferior
Simon F, Reader A, Drum M, Nusstein J, Beck M. A prospective, alveolar nerve block. J Endod 2010 ; 36 : 1459-1462.
randomized single-blind study of the anesthetic efficacy of the
inferior alveolar nerve block administered with a peripheral Walton EW. Distribution of solutions with the periodontal liga-
nerve stimulator. J Endod 2010 ; 36 : 429-433. ment injection : clinical, anatomical, and histological evidence. J
Endod 1986 ; 12 : 492-500.
Smith GN, Pashley DH. Periodontal ligament injection : evalua-
White JJ, Reader A, Beck M, Meyers WJ. The periodontal liga-
tion of systemic effects. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1983 ;
ment injection : a comparison of the efficacy in human maxillary
56 : 571-574.
and mandibular teeth. J Endod 1988 ; 14 : 508-514.
SFMBCB. Emploi des vasoconstricteurs en odonto-stomatolo- Wong M, Lytle WR. A comparison of anxiety levels associated
gie. Recommandations. Med Buccale Chir Buccale 2003 ; 9 : with root canal therapy and oral surgery. J Endod 1991 ; 17 :
65-94. 461-465.
Stein P, Brueckner J, Milliner M. Sensory innervation of mandibu- Wood M, Reader A, Nusstein J, Beck M, Padgett D, Weaver J.
lar teeth by the nerve to the mylohyoid : implications in local Comparison of intraosseous and infiltration injections for
anesthesia. Clin Anat 2007 ; 20 : 591-595. venous lidocaine blood concentrations and heart rate changes
after injection of 2 % lidocaine with 1 : 100,000 epinephrine. J
Tagger M, Tagger E, Sarnat H. Periodontal ligament injection : Endod 2005 ; 31 : 435-438.
spread of the solution in the dog. J Endod 1994 ; 20 : 283-287.
Woodmansey KF, White RK, He J. Osteonecrosis related to
Thiel H, Roewer N. Pharmacologie et thérapeutique en anesthé- intraosseous anesthesia : report of a case. J Endod 2009 ; 35 :
sie. Paris : Flammarion Médecine-Sciences, 2006. 288-291.
160
161
162
163
Lors de la présence d’allergie au latex, le praticien doit être crampons sont dites à ailettes ou sans ailettes. La présence
attentif au type de gants qu’il utilise et poser un champ opé- ou l’absence d’ailettes jouent sur le dégagement autour de la
ratoire exempt de latex. Ces digues latex-free sont en nitrile dent traitée (plus grand avec des ailettes) et sur la technique
(Coltène Whaledent, Roeko) et ne présentent qu’une seule de pose de la digue. Suivant les fabricants, les références des
épaisseur et une seule taille (6 × 6). crampons sont différentes (tableau 9.1).
Leur fragilité importante nécessite leur conservation au Tableau 9.1 Références des différents crampons.
réfrigérateur et s’avère plus difficile à manipuler que les Référence
digues conventionnelles. Indications
Ivory Hygenic Hu-Friedy
Molaires maxillaires
W7 3 8
2 - Pinces et mandibulaires
Molaires dont la
a - Pince à perforer contre-dépouille 8 14 ou 14A 7A
L’appellation anglaise, rubber dam punches, laisse imaginer est sous-gingivale
l’action de cet instrument sur la digue qui doit réellement la Molaires maxillaires 26N W8 W4 ou 26N
« puncher ». Cette pince emporte-pièce va créer le trou per- Prémolaires maxillaires
mettant d’isoler la dent. La présence d’un plateau tournant W1 W2A 27N
et mandibulaires
contenant différentes tailles d’orifices (de 0,7 à 2 mm) permet
Crampons à ailettes
de choisir la taille appropriée à la dent traitée. Cependant, il 2 00 209
pour prémolaires
est intéressant de constater que l’avant-dernier des plus
Crampons papillons pour
larges orifices permet de gérer la quasi-totalité des situations le groupe incisivo-canin 9212
W9 212
cliniques rencontrées en endodontie. Si le champ opératoire 212 212SA
et les petites prémolaires
est posé sur une dent distale à la dent traitée, il est possible
de réaliser deux perforations contiguës afin d’isoler l’en-
semble des deux dents. Le bon état de la pince à perforer est La donnée principale à retenir est que le crampon est une aide
objectivé par la trace nette laissée sur la digue qui ne doit en à la pose de la digue et non une contrainte. Lors de l’essayage
aucun cas se déchirer quand celle-ci est tendue entre les du crampon en bouche, son adaptation est testée à l’aide
doigts du praticien. d’une précelle de Perry en tirant légèrement sur l’arceau. Si
une bascule est observée, le crampon est instable et doit être
b - Pince à crampons remplacé ou modifié. Le remplacement d’un crampon ins-
Cet instrument permet d’ouvrir le crampon et de le position- table laisse libre cours au choix du praticien qui peut se sentir
ner autour de la dent. Plusieurs modèles sont disponibles et plus à l’aise avec un crampon « papillon » antérieur sur une
le choix final dépend du praticien qui doit cependant être petite molaire qu’avec un crampon catégorisé molaire (fig. 9.2).
attentif à la maniabilité, au dégagement du champ visuel, à la
qualité du ressort de rappel et de l’élément de blocage de la
pince ouverte, au blocage du crampon dans les rainures et à
la facilité de retirer la pince une fois le champ posé. L’en-
coche permettant le blocage du crampon peut s’émousser
avec le temps et nécessite alors un léger meulage pour réac- a b c
tiver son efficacité. Cependant, ce meulage doit être le plus
léger possible afin d’éviter une difficulté accrue à relâcher le Figure 9.2 a. Radiographie préopératoire avant retraitement de
crampon si les rainures sont trop profondes. 36. b. Un crampon Ivory 9 est utilisé pendant le traitement car sa
stabilité est supérieure à un crampon molaire. c. Radiographie
postopératoire après dépose de la digue.
3 - Crampons (ou clamps)
L’objectif du crampon est de maintenir la digue autour de Le crampon mis en place est sécurisé à l’aide d’un fil interden-
la dent par une rétention stable en 4 points. Cette stabilité taire noué au niveau de son arceau et dont l’extrémité sort de
ne pourra être assurée que par une reconstitution pré- la cavité orale du patient. S’il est délogé, le praticien peut le
endodontique préalable si la dent est délabrée. De nom- récupérer en exerçant une traction sur le fil interdentaire et
breux crampons sont disponibles et aucun dogme n’est éviter son ingestion ou son inhalation par le patient.
envisageable, seules les préférences du praticien guide-
ront son choix. 4 - Cadres à digue
Pourtant, quelques grandes lignes facilitent la prise de déci- L’objectif du cadre à digue est de tendre le champ opéra-
sion qui s’affinera avec l’expérience et l’accumulation des toire pour accéder à la dent traitée tout en repoussant les
lèvres et les joues.
situations cliniques rencontrées. Les deux grandes familles de
164
e - Wedjet®
Il s’agit de cordons en silicone disponibles en trois diamètres,
qui permettent de coincer la feuille de digue sous le point de
contact entre deux dents. Ils remplacent le crampon et sont
particulièrement utilisés dans le secteur antérieur (fig. 9.4). En
a b
Figure 9.3 Installation du patient pendant un traitement endo- Figure 9.4 a. Digue stabilisée par des Wedgets® au niveau d’une
dontique avec protection oculaire (lunette teintée couvrante) incisive centrale couronnée. Les mors du crampon sont à éviter
et protection vestimentaire (champ large en coton blanc et pour préserver la céramique au niveau du joint céramo-métallique.
champ bleu à usage unique). b. Vue occlusale du champ opératoire stabilisé par des Wedgets®.
165
leur absence, il est possible d’obtenir le même effet avec des le positionnement de la dent sur la digue et réalise la perfo-
morceaux découpés de digue et roulés de façon à passer les ration.
points de contact interproximaux. Les préalables à toute technique de mise en place de la digue
sont :
f - Perte d’étanchéité - la présence d’une dent à 4 parois et la réalisation d’une
Ces situations sont exceptionnelles et dans la majeure partie reconstitution pré-endodontique si nécessaire ;
des cas seule l’adaptation de la feuille de digue suffit. Une - le passage libre du fil interdentaire dans les espaces inter-
technique simple pour éviter les pertes d’étanchéité consiste proximaux. Si ce passage est difficile, il est rendu possible
à faire passer la feuille de digue entre les mors du crampon et par l’utilisation de strips de polissage de composite ou faci-
la surface dentaire une fois le crampon et le cadre à digue lité par le badigeonnage de lubrifiant ;
mis en place. La digue est alors pincée et l’étanchéité optimi- - la mise en place du crampon. Sa stabilité est vérifiée et elle
sée. Cependant dans certains cas, l’étanchéité procurée par peut être assurée par un fil interdentaire noué sur l’arceau
la feuille de digue est mise à mal et des matériaux de calfa- du crampon. Selon la technique choisie, le crampon est
tages sont nécessaires, tels que : laissé en place ou retiré.
- le Cavit™ (3M ESPE). Ce matériau d’obturation coronaire tem-
poraire est principalement utile face à des pertes d’étan- 1 - Technique dite directe
chéité ponctuelles. Son pouvoir de colmatage est faible et Le crampon stabilisé est laissé en place sur la dent à isoler. Le
dès qu’il a réalisé sa prise, il devient cassant et peu adhérent. praticien perfore la digue et tient entre ses deux mains la
Chaque mouvement de la digue aura tendance à le déloger feuille de digue. La perforation est écartée afin d’insérer la
et donc à découvrir le site de la perte d’étanchéité ; digue autour du crampon jusqu’à dégager complètement la
- de la crème adhésive utilisée pour améliorer la rétention dent (fig. 9.5). Le cadre à digue est mis en place et l’étanchéité
des prothèses amovibles, par exemple Corega (GSK), Oraday est assurée par un repositionnement du crampon au-dessus
(Pierre Fabre). Sa mise en place est réalisée à l’aide d’em- de la digue et par le passage de fil interdentaire (fig. 9.6).
bouts de gros diamètre (White Mac®, Ultradent) au niveau
des zones non étanches (Martin, 2004). La crème adhésive Cette technique présente deux avantages, la simplicité et
peut être associée à une poudre d’oxyde de zinc pour obte- la rapidité, qui en font une technique de choix pour l’en-
nir une consistance plus dure mais le mélange devient alors dodontie où une seule dent est à isoler. Même si sa réali-
radio-opaque ; sation est possible avec les crampons à ailettes (molaires),
- l’Oraseal® (Ultradent), qui est un matériau silicone spéciale- elle reste principalement indiquée pour les crampons sans
ment conçu pour améliorer l’étanchéité de la digue et com- ailettes.
mercialisé en deux consistances (standard et putty).
166
a b
c d
167
nement du crampon au-dessus de la digue et par le passage donnée est particulièrement intéressante pour améliorer les
du fil interdentaire. études où les prélèvements bactériens sont réalisés mais une
extrapolation clinique est aussi possible.
Cette technique, comme son nom l’indique, reste l’apa-
nage des crampons à ailettes et des situations cliniques où Ainsi, un moyen simple de décontaminer la digue est de la
la structure dentaire est importante. En effet, la visibilité badigeonner d’eau oxygénée à 30 %, d’attendre la fin de
de cette technique est limitée et la pose du champ est l’effervescence et d’utiliser pendant 1 minute une com-
rendue plus difficile si une dent de faible volume est à presse imbibée d’hypochlorite de sodium à 2,5 %. Les
isoler. manœuvres endodontiques seront alors entreprises dans
un environnement le plus aseptique possible.
168
a b c a b
Figure 9.11 a. Nécrose de 22 sous restauration prothétique récente. Figure 9.13 a. Vue occlusale d’un secteur antérieur délabré avant
b. Radiographie peropératoire cône en place. Digue maintenue par reprise de traitement. b. Sondage parodontal permettant de
des Wedgets®. c. Radiographie postopératoire avec accès obturé mettre en évidence le sulcus et évitant une élongation coro-
avec un composite micro-hybride. naire pré-endodontique.
169
a b
c d
170
3 - En plus…
171
172
173
174
175
176
a - Instruments ultrasonores
a b c
177
La chronologie opératoire présente donc certaines caractéris- - approfondissement homogène de la cavité par abrasion du
tiques essentielles à la réussite de la cavité d’accès (fig. 9.26) : fond de la cavité. Les instruments rotatifs sont contenus au
- identification de la position des cornes pulpaires sur la sur- sein de la forme de contour et leur action aboutit à une
face occlusale à l’aide de repères anatomiques précis et d’un effraction pulpaire. Celle-ci peut survenir en regard de n’im-
dessin ou d’une projection mentale de la forme de contour porte quelle corne pulpaire en fonction du volume de la
englobant ces limites. Rien n’empêche le praticien de tracer, chambre, propre à chaque dent ;
à l’aide d’un stylo-feutre, les points de projection des cornes - prolongation de l’abrasion sur le reste de la cavité qui ne
pulpaires sur la face occlusale. Après une période d’appren- présente pas encore d’effraction. La finalité de cette étape
tissage, les points marqués seront remplacés par la visualisa- permet d’obtenir de multiples effractions pulpaires qui,
tion directe de la forme de contour ; lorsqu’elles sont reliées entre elles, favorisent l’élimination
- création d’une cavité occlusale de type « classe 1 de Black » du plafond pulpaire. À aucun moment, le praticien ne doit
à parois perpendiculaires au plancher sauf pour la paroi des chercher à pénétrer dans la chambre pulpaire par un mou-
molaires qui reste parallèle à la direction de la face proxi- vement de pression. L’utilisation avec spray d’inserts lisses
male. La superficie de la cavité correspond parfaitement à de type détartrage favorise l’éviction du plafond pulpaire ;
la forme de contour reliant les différents points de projec- - finition et mise de dépouille des parois de la cavité pour
tion des cornes pulpaires ; obtenir une continuité avec les parois de la chambre pulpaire.
178
a b
c d
Figure 9.27 Représentation schématique de la forme de contour
(aire violette) de la cavité d’accès des dents monoradiculées Figure 9.28 a. Vue clinique de la cavité d’accès sur une incisive
maxillaires. La division en trois tiers de la face palatine dans le centrale maxillaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès sur une
sens vertical et horizontal permet de déterminer le centre de la canine maxillaire. c. Mise en évidence de la continuité de la
dent (zone rouge). La cavité d’accès est de forme triangulaire à cavité d’accès avec le canal d’une incisive centrale maxillaire
sommet cingulaire et préserve les poutres de résistance de la obturée. d. Mise en évidence de la continuité de la cavité d’ac-
dent (cingulum, bord libre et crête marginale). cès avec le canal d’une canine maxillaire obturée.
179
3 - Prémolaires maxillaires
a - Rappels anatomiques
Les prémolaires maxillaires peuvent être biradiculées (pre-
mière prémolaire maxillaire) ou monoradiculée (deuxième
prémolaire maxillaire). Pourtant, des variations anatomiques
majeures des deux prémolaires sont possibles allant de la Figure 9.29 Représentation schématique de la forme de
présence d’un canal-une racine à trois canaux-trois racines. contour (aire violette) de la cavité d’accès des prémolaires
maxillaires. Les cornes pulpaires (points rouges) sont situées sur
La chambre pulpaire est plus allongée dans le sens vestibulo-
l’axe intercuspidien (pointillé gris) et leur réunion délimite une
lingual que dans le sens mésio-distal. Cet aplatissement se cavité d’accès déplacée légèrement vestibulairement car le
poursuit au niveau canalaire et se traduit par une forme réni- sillon principal ne sépare pas la face occlusale en deux parties
forme caractéristique. égales.
c - Approfondissement de la cavité
La cavité occlusale est approfondie selon le grand axe de la
dent. À l’aide d’une fraise boule long col, le plancher de la
cavité occlusale est pelé jusqu’à obtenir une effraction pul-
paire. Toujours par un travail en retrait, la totalité du plafond c d
de la chambre pulpaire est alors supprimée.
Figure 9.30 a. Vue clinique de la cavité d’accès sur une première
d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.30) prémolaire maxillaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès sur
une deuxième prémolaire maxillaire. c. Mise en évidence de la
L’ensemble de la cavité est mis de dépouille et les aspérités continuité de la cavité d’accès avec les canaux d’une première
des parois sont éliminées à l’aide de fraises rotatives ou d’ins- prémolaire maxillaire obturée. d. Mise en évidence de la conti-
truments ultrasonores ou sonores. nuité de la cavité d’accès avec le canal d’une deuxième prémo-
Si deux canaux sont présents et séparés par un isthme, le pra- laire maxillaire obturée.
ticien doit explorer cette zone à l’aide d’inserts ultrasonores
spécifiques. L’isthme peut receler un canal supplémentaire et
doit de toute façon être intéressé par les manœuvres d’irri-
gation lors de la mise en forme canalaire. Il est maintenant admis que la première molaire maxillaire
présente au minimum quatre canaux (Vertucci, 2005 ; Stropko,
4 - Première molaire maxillaire 1999) :
- le canal mésio-vestibulaire 1 (MV1) ;
L’anatomie canalaire de cette dent est particulièrement - le canal mésio-vestibulaire 2 (MV2) ;
complexe et en a fait une des dents les plus étudiées de - le canal disto-vestibulaire ;
l’arcade.
- le canal palatin.
180
a b
c d
Figure 9.31 Représentation schématique de la forme de contour Figure 9.32 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une première
(aire violette) de la cavité d’accès des molaires maxillaires. Elle molaire maxillaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès d’une
est délimitée vestibulairement par la parallèle à la face vestibu- deuxième molaire maxillaire. c. Mise en évidence de la conti-
laire passant par la corne mésio-vestibulaire et mésialement par nuité de la cavité d’accès avec les quatre canaux d’une première
la parallèle à la face mésiale passant par la corne palatine. L’in- molaire maxillaire. d. Mise en évidence de la continuité de la
tersection de ces deux droites détermine la projection de la cavité d’accès avec les trois canaux d’une deuxième molaire
corne disto-vestibulaire. La réunion des trois cornes pulpaires maxillaire.
(points rouges) délimite la cavité d’accès de forme triangulaire.
La localisation du MV2 est mésiale à l’axe MV-P.
181
1 - Test de la ligne rouge canaux. Ceux-ci peuvent se rejoindre au niveau apical mais
L’inspection du plancher lors du traitement d’une dent vitale aussi rester indépendants sur toute la trajectoire canalaire.
permet de mettre en évidence les entrées canalaires par la La canine mandibulaire présente le plus souvent un canal
présence de points hémorragiques. Ces points sanglants cor- mais peut être bifide. La section du canal unique est ovalaire
respondent aux fibres pulpaires sectionnées aux orifices et une courbure apicale distale est fréquemment retrouvée.
canalaires.
b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.33)
2 - Test de la ligne blanche À l’image du groupe incisif maxillaire, la forme de contour
Lors de l’utilisation d’instruments rotatifs ou d’ultrasons, les triangulaire est comprise entre le sommet du cingulum et
copeaux dentinaires créés vont s’agglomérer, mettant en évi- l’arrière du bord incisif sur la face linguale. Le bord libre n’est
dence les reliefs du plancher de la chambre pulpaire. En fonction pas intéressé par la cavité d’accès.
de la position de cette accumulation, le praticien doit explorer La cavité d’accès de la canine mandibulaire est ovalaire et est
ces zones pour mettre en évidence les orifices canalaires. également comprise entre le sommet du cingulum et l’arrière
du bord libre.
3 - Test des « bulles de champagne »
L’objectif est de mettre à profit les propriétés solvantes de
l’hypochlorite de sodium. La réaction entre NaClO et tout
débris organique provoque une digestion des tissus avec pro-
duction d’une effervescence visible sous forme de bulle. En
d’autres termes, la présence localisée de bulles en fin de mise
en forme peut indiquer la position d’un orifice canalaire sur-
numéraire.
4 - Test du colorant
Un colorant spécifique des tissus organiques tel que le bleu
de méthylène peut être utilisé pour objectiver un orifice
canalaire. Le fond de la cavité est badigeonné de colorant
puis rincé. Les zones marquées après rinçage correspondent
aux endroits où persistent des débris organiques.
5 - Test de transillumination
Un éclairage à l’aide d’une fibre optique est appliqué contre
le rempart alvéolaire au niveau de la racine considérée. Il met
en évidence le canal par un aspect foncé différent de la den-
tine illuminée entourant le canal.
Figure 9.33 Représentation schématique de la forme de contour
5 - Deuxième et troisième molaires maxillaires (aire violette) de la cavité d’accès des dents monoradiculées
La description de la cavité d’accès reste identique pour les mandibulaires. La division en trois tiers de la face palatine dans
trois molaires maxillaires (fig. 9.31 et 9.32). L’anatomie cana- les sens vertical et horizontal permet de déterminer le centre
laire tend à se simplifier et le MV2 est moins fréquent pour la de la dent (zone rouge). La cavité d’accès est de forme triangu-
laire à sommet cingulaire et préserve les poutres de résistance
deuxième molaire maxillaire que pour la première – 60 %
de la dent (cingulum, bord libre et crête marginale).
contre plus de 90 % (Stropko, 1999).
Plus la dent est distale, plus la corne disto-vestibulaire a ten-
dance à se rapprocher de l’axe reliant le canal MV et le canal P.
Il n’est pas rare de constater un alignement des trois canaux au c - Approfondissement de la cavité
niveau d’une deuxième ou d’une troisième molaire maxillaire. La notion d’axe est essentielle à prendre en considération
6 - Groupe incisivo-canin mandibulaire pour éviter les manœuvres iatrogènes. La fraise boule long
col est orientée perpendiculairement à la face occlusale des
a - Rappels anatomiques incisives jusqu’à l’effraction pulpaire. Dès que celle-ci est
obtenue, l’orientation de la fraise est redressée selon le grand
La principale caractéristique des incisives centrales et axe de la dent afin d’éliminer totalement le plafond. Afin
latérales mandibulaires est le faible volume de leurs cou- d’éviter toute manœuvre iatrogène, l’orientation des instru-
ronnes. La cavité d’accès est donc particulièrement diffi- ments rotatifs doit être la plus linguale possible.
cile à réaliser sur une surface si réduite. La réalisation de la cavité d’accès doit être effectuée en
vision indirecte. Néanmoins, la vision directe est parfois pos-
Cette finesse est aussi présente au sein de l’anatomie cana- sible pour le traitement des incisives mandibulaires si la ver-
laire qui présente pourtant, dans la moitié des cas, deux sion vestibulaire est marquée.
182
a - Rappels anatomiques
Cette dent présente un fort taux d’échecs qui peut s’expli-
quer par l’importante variation anatomique qu’elle présente. c d
Même si un canal unique est le plus fréquemment rencontré,
la prémolaire mandibulaire peut en présenter deux ou trois Figure 9.34 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une incisive
avec des orientations abruptes rendant difficile leur négocia- centrale mandibulaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès d’une
canine mandibulaire. c. Mise en évidence de la continuité des
tion.
cavités d’accès avec les canaux d’un secteur antérieur mandibu-
Cette dent présente deux cornes pulpaires : une volumi- laire traité. d. Mise en évidence de la continuité de la cavité
neuse, vestibulaire, et une atrophiée, linguale. La table occlu- d’accès avec le canal d’une canine mandibulaire traitée.
sale ressemble à celle de la canine mandibulaire où le
cingulum est remplacé par une cuspide linguale. La partie
vestibulaire représente environ les deux tiers de la face
occlusale de la couronne.
c - Approfondissement de la cavité
La première prémolaire mandibulaire possède une angulation
marquée entre l’axe de la couronne et l’axe radiculaire. Cette
orientation différente doit être prise en considération par le
praticien lors de l’approfondissement de la cavité. Après l’ef-
fraction pulpaire, l’axe de l’instrument rotatif est redressé
pour être parallèle au grand axe de la dent afin d’éliminer
totalement le plafond de la chambre pulpaire.
183
a - Rappels anatomiques
a b
Elle présente deux racines (mésiale et distale) et une racine
surnuméraire est parfois détectée en vestibulaire (radix para-
molaris) ou lingualement (radix entomolaris). La racine
mésiale possède deux canaux (mésio-vestibulaire et mésio-
lingual) et la racine distale un seul canal (distal). Pourtant, de
nombreuses variations existent tant au niveau de la racine
mésiale que distale où des canaux surnuméraires sont pos-
sibles. Notons que la fréquence d’un second canal distal est
beaucoup plus importante que la présence d’un troisième
c d canal mésial.
Figure 9.36 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une première b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.37)
prémolaire mandibulaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès La forme de contour est située sur la partie mésiale de la
d’une deuxième prémolaire mandibulaire. c. Mise en évidence dent et ne dépasse jamais la zone neutre. Son aspect est tra-
de la continuité de la cavité d’accès avec le canal d’une pre-
pézoïdal à grande base mésiale et à petite base distale, pré-
mière prémolaire mandibulaire obturée. d. Mise en évidence de
la continuité de la cavité d’accès avec le canal d’une deuxième servant la crête marginale mésiale et restant homothétique à
prémolaire mandibulaire obturée. la table occlusale.
c - Approfondissement de la cavité
L’approfondissement de la cavité doit se faire en direction du
plafond de la chambre pulpaire. Deux orientations sont à
8 - Deuxième prémolaire mandibulaire prendre en considération :
- l’axe dans le sens mésio-distal ;
a - Rappels anatomiques - l’axe dans le sens vestibulo-lingual, où l’inclinaison linguale
La deuxième prémolaire mandibulaire est souvent décrite de la couronne ne doit pas être négligée.
comme une petite molaire avec une couronne dans l’axe
de la racine et la présence d’une cuspide vestibulaire et
deux cuspides linguales.
c - Approfondissement de la cavité
Cette étape ne présente pas de difficulté particulière et
l’orientation des instruments rotatifs reste perpendiculaire à Figure 9.37 Représentation schématique de la forme de contour
la table occlusale de la dent. (aire violette) de la cavité d’accès des molaires mandibulaires. La
cavité d’accès est de forme trapézoïdale à petite base distale et
d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.36) à grande base mésiale. Elle est délimitée mésialement par la pré-
servation de la crête marginale et distalement par le sillon cen-
À l’image de la première prémolaire mandibulaire, le prati- tral des cuspides linguales. La présence d’un second canal distal
cien doit rester vigilant et suspecter tout type de variation entraîne l’allongement de la petite base du trapèze jusqu’à par-
anatomique. fois arriver à une forme quasiment rectangulaire.
184
IV - Conclusion
Les phases pré-endodontiques et la réalisation d’une cavité
d’accès idéale conditionnent les étapes suivantes que sont la
a b
préparation instrumentale et l’obturation canalaire tridimen-
sionnelle. Ces phases, considérées comme primordiales, sont
donc directement dépendantes de la mise en place correcte
d’un champ opératoire sur une dent restaurée et dont tous
les orifices canalaires ont été localisés. En d’autres termes, il
n’est pas infondé de considérer que le prétraitement et la
cavité d’accès sont les prérequis indispensables à tout succès
c d endodontique.
Figure 9.38 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une première Le traitement endodontique doit se considérer comme
molaire mandibulaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès d’une une somme de séquences cliniques dont les phases de
deuxième molaire mandibulaire. c. Mise en évidence de la conti- prétraitement et la cavité d’accès constituent les fonda-
nuité de la cavité d’accès avec les canaux d’une première tions : un manque de rigueur dans la réalisation de ce socle
molaire mandibulaire obturée. d. Mise en évidence de la conti- ne pourra que conduire à un effondrement de la structure
nuité de la cavité d’accès avec les canaux d’une deuxième et amener un échec opératoire.
molaire mandibulaire obturée.
185
Bibliographie
Abbott PV. Factors associated with continuing pain in endo- ment while under load in a multiple axis chewing simulator. J
dontics. Aust Dent J 1994 ; 39 : 157-161. Endod 2007 ; 33 : 1243-1246.
Abou-Rass M, Frank AL, Glick DH. The anticurvature filing Kaleka R. La digue en endodontie : posez-là, reposez-vous sur
method to prepare the curved root canal. J Am Dent Assoc elle. Real Clin 2006 ; 17 : 341-355.
1980 ; 101 : 792-794. Machtou P. La cavité d’accès. In : Les 10 points clefs en endodon-
Ahmad IA. Rubber dam usage for endodontic treatment : a tie. Paris : Alpha Omega, 2007.
review. Int Endod J 2009 ; 42 : 963-972. Martin D. La temporisation endoprothétique : aspects cliniques.
American Association of Endodontists. Guidelines and postiion Real Clin 2004 ; 15 : 55-66.
statements. http://www.aae.org/guidelines/ Naoum HJ, Chandler NP. Temporization for endodontics. Int
Endod J 2002 ; 35 : 964-978.
Balto H. An assessment of microbial coronal leakage of tempo-
rary filling materials in endodontically treated teeth. J Endod Ng YL, Spratt D, Sriskantharajah S, Gulabivala K. Evaluation of
2002 ; 28 : 762-764. protocols for field decontamination before bacterial sampling
of root canals for contemporary microbiology techniques. J
Beach CW, Calhoun JC, Bramwell JD, Hutter JW, Miller GA. Endod 2003 ; 29 : 317-320.
Clinical evaluation of bacterial leakage of endodontic tempo-
rary filling materials. J Endod 1996 ; 22 : 459-462. Pertot WJ, Simon S. Les phases pré-endodontiques. In : Le traite-
ment endodontique. Paris : Quintessence International, 2004 :
Bronnec F. Localisation des orifices canalaires. Real Clin 2006 ; 23.
17 : 357-370.
Rosenberg PA, Babick PJ, Schertzer L, Leung A. The effect of
Bronnec F, Bouillaguet S, Machtou P. Ex vivo assessment of irri- occlusal reduction on pain after endodontic instrumentation. J
gant penetration and renewal during the cleaning and shaping of Endod 1998 ; 24 : 492-496.
root canals : a digital subtraction radiographic study. Int Endod J
Ryan W, O’Connel A. The attitudes of undergraduate dental stu-
2010 ; 43 : 275-282.
dents to the use of the rubber dam. J Ir Dent Assoc 2007 ; 53 :
Castellucci A. Tooth isolation : the rubber dam. In : Endodontics. 87-91.
Volume I. Florence : Il Tridente, 2004 : 226. Silversin B, Shafer M, Sheiham A, Smales FC. The teaching and
Ciftçi A, Vardarli DA, Sönmez IS. Coronal microleakage of four practice of some clinical aspects of endodontics in Great Britain.
endodontic temporary restorative materials : an in vitro study. J Dent 1975 ; 3 : 77-80.
Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2009 ; 108 : Simon S. Cavité d’accès en endodontie. In : Endodontie.
67-70. Volume 1. Traitements. Rueil-Malmaison : CdP, 2008 : 47-56.
Cochran MA, Miller CH, Sheldrake MA. The efficacy of the rub- Spangberg L. Instruments, materials and devices In : Pathways of
ber dam as a barrier to the spread of microorganisms during the pulp. Saint-Louis : Mosby, 2002 : 521.
dental treatment. J Am Dent Assoc 1989 ; 119 : 141-144.
Stewardson DA, McHugh ES. Patients’ attitudes to rubber dam.
European Society of Endodontology. Quality guidelines for Int Endod J 2002 ; 35 : 812-819.
endodontic treatment : consensus report of the European Stropko JJ. Canal morphology of maxillary molars : clinical
Society of Endodontology. Int Endod J 2006 ; 39 : 921-930 observations of canal configurations. J Endod 1999 ; 25 : 446-450.
Glickman GN, Pileggi R. Preparation for treatment. In : Pathways Susini G, Pommel L, Camps J. Accidental ingestion and aspiration
of the pulp. Saint-Louis : Mosby, 2002 : 103. of root canal instruments and other dental foreign bodies in a
Haute Autorité de santé. Fiche Bon usage des technologies de French population. Int Endod J 2007 ; 40 : 585-589
santé ‒ Traitement endodontique. Paris : HAS, 2008. http:// Vertucci FJ. Root canal morphology and its relationship to endo-
www.has-sante.fr/portail/jcms/c_816003/traitement-endo- dontic procedures. Endodontics Topics 2005 ; 10 : 3-29.
dontique.
Willershausen B, Kasaj A, Tekyatan H, Roehrig B, Briseno B.
Jensen AL, Abbott PV. Experimental model : dye penetration of Radiographic investigation of location and angulation of curva-
extensive interim restorations used during endodontic treat- tures in human maxillary incisors. J Endod 2008 ; 34 : 1052-1056.
186
L’
origine infectieuse de la pathologie endodontique a entre le système endodontique et le parodonte (Schilder,
été largement démontrée depuis les travaux de Kake- 1974 ; Siqueira et Roças, 2008) (fig. 10.1a, 10.2a, 10.3a, 10.4a).
hashi et al. (1965).
L’inflammation pulpaire irréversible aboutissant à une nécrose Par conséquent, l’objectif du traitement endodontique est
pulpaire transforme le système canalaire en une chambre de de prévenir ou d’éliminer l’infection, par l’éradication des
culture bactérienne totalement isolée des défenses de l’hôte. bactéries et de leurs toxines du système canalaire, d’une
Les produits de dégradation bactériens peuvent alors entraî- part, et de tous les débris pulpaires susceptibles de servir
ner des lésions de l’appareil parodontal apical et/ou latéral de support et de nutriments à la prolifération bactérienne,
d’autre part (fig. 10.1).
en diffusant à travers les multiples voies de communications (fig. 10.1, 10.2,10.3, 10.4)
a b c a b
Figure 10.1 a. Les produits de dégradation bactérienne peuvent Figure 10.3 a. Molaire mandibulaire nécrosée qui montrait un
entraîner des lésions de l’appareil parodontal apical et/ou laté- abcès alvéolaire et présentant une perte d’attache ponctuelle
ral en diffusant à travers toutes les voies de sorties du système (fistule desmodontale) objectivée par la sonde parodontale.
endodontique. b. Ces voies de communications sont objecti- b. Le traitement endodontique permet de mettre en évidence
vées par la fusée du matériau d’obturation visible sur la radio- un canal latéral dans la furcation et aboutit à la disparition de
graphie postopératoire. c. Radiographie de contrôle à 1 an. tous les signes cliniques.
a b c a b c
Figure 10.2 a et b. La mise en forme canalaire doit permettre Figure 10.4 a. Les produits de dégradation tissulaire entraînent
aux solutions d’irrigation d’atteindre toutes les zones du sys- l’apparition de lésions inflammatoires périradiculaires d’origine
tème endodontique et d’y être renouvelées afin d’être efficaces endodontique (LIPOE). b. La mise en forme correcte permet une
dans leur action antiseptique et solvante. c. Cela permet la cica- bonne irrigation et la réalisation d’une obturation canalaire tri-
trisation des lésions dans un fort pourcentage de cas. dimensionnelle dans la même séance, qui doit être suivie rapi-
dement d’une obturation coronaire étanche. c. Cicatrisation à
1 an postopératoire.
187
188
A - Définitions
Avant d’aborder la mise en forme du concept, le rappel de
quelques définitions s’impose afin d’en faciliter la compré- Figure 10.6 Comparaison des diamètres à la
hension. pointe des instruments (D0), à 10 (D10) et à
16 mm de la pointe (D16) pour une lime K de 10
1 - Différences et relations entre diamètres et conicités de diamètre et de 2 % de conicité, une lime K
de 30 de diamètre et de 2 % de conicité et
En endodontie, le diamètre d’un instrument ou d’un canal d’un instrument en nickel-titane de 30 de dia-
indique la dimension de la section transversale en un point mètre et de 6 % de conicité.
donné. Traditionnellement, le diamètre est exprimé en cen-
tièmes de millimètre. Pour les instruments, le diamètre inscrit
sur le manche indique celui de la pointe.
3 - Pas d’hélice d’un instrument
La conicité quant à elle correspond à l’augmentation du dia-
mètre (donc de la section transversale) par millimètre, le long Le pas d’hélice désigne la distance séparant deux spires
d’un volume (instrument ou canal). Des instruments peuvent consécutives. Pour deux instruments de même diamètre, de
avoir le même diamètre à la pointe mais des conicités diffé- même section, de même alliage et de même conicité, il
rentes. Pour un diamètre 30/100 à la pointe, l’instrument de influencera la flexibilité de l’instrument et son effet de vis-
2 % de conicité voit son diamètre augmenter de 0,02 mm sage quand il est utilisé en rotation.
(2/100 de mm) par millimètre de longueur ; à 1 mm de la
4 - Masse centrale d’un instrument
pointe, son diamètre sera de 0,32 mm (32/100), de 0,34 mm
(34/100) à 2 mm, etc. Sur l’instrument de 6 % de conicité, le La masse centrale correspond à la masse résiduelle au centre
diamètre sera de 0,36 mm (36/100) à 1 mm de la pointe, de de l’instrument après meulage. Elle dépend donc de la pro-
0,42 mm (42/100e) à 2 mm, etc. (fig. 10.6). fondeur de la spire. À alliage, diamètre et conicité identiques,
Le calcul géométrique se fait de la même façon pour un canal. elle conditionnera la flexibilité et la résistance à la fracture
en torsion.
2 - Angle d’hélice d’un instrument
Il s’agit de l’angle formé entre l’axe de l’instrument et ses B - Les deux principaux concepts de mise
spires. Pour deux instruments de même diamètre, de en forme
même section, de même alliage et de même conicité,
l’angle d’hélice influencera la dynamique de l’instrument. 1 - Approche « standardisée »
Plus cet angle est fermé, plus l’instrument est actif en rota- Cette approche (fig. 10.7a), décrite dans les années 1960 par
tion ; plus l’angle est ouvert, plus l’instrument est efficace John Ingle (Ingle, 1961), a pour objectif d’éliminer une épais-
en traction.
seur importante de dentine au niveau du tiers apical et de
189
190
191
Trop petite -
possible de B - Choix de la limite apicale de préparation
l'agrandir un
peu ? La limite apicale de préparation constitue un autre sujet de
controverse entre les deux écoles de mise en forme.
Dans l’approche standardisée, la limite apicale de prépara-
tion distingue des longueurs de travail différentes s’il s’agit de
traitements endodontiques réalisés sur une dent à pulpe
vivante ou à pulpe nécrosée et infectée. Dans le cas de pulpe
vivante, la limite conseillée est située entre 1 et 2 mm de
l’apex radiographique, en espérant maintenir un moignon
Figure 10.8 La constriction apicale (CA) constitue le point le pulpaire apical vital. Dans le cas de pulpe nécrosée et infec-
plus étroit apicalement. Il sépare deux structures triangulaires tée, la limite conseillée est la plus proche possible de l’apex
opposées en ce point qui en constitue leur sommet : la jonction radiographique, dans la limite du dernier millimètre apical,
cémento-dentinaire (JCD), identifiable histologiquement seule- afin de tenter d’éliminer la totalité des tissus nécrosés et des
ment et de hauteur très variable d’une dent à l’autre et sur les
bactéries (Sjögren et al., 1990 ; Spangberg 1998).
parois d’une même racine, et le foramen apical (FA), qui consti-
tue la sortie principale du canal vers le parodonte. Le dôme api- Afin de pouvoir réaliser le stop apical, il est nécessaire de se
cal (DA) représente le vertex de la dent alors que l’apex tenir en retrait afin de s’assurer que les limes travaillent dans
radiologique (AR) est l’image projetée de la partie la plus apicale la dentine.
de la dent.
L’estimation « entre 1 et 2 mm » de l’apex radiographique
est fondée sur des moyennes statistiques (Kuttler, 1955).
Or, l’anatomie de cette zone est par définition différente
Important ! Cliniquement, la radiographie permet d’appor- pour chaque patient et arrêter la préparation à un niveau
ter des éléments anatomiques indispensables à l’opérateur. estimé sur la base de statistiques générales ne permet pas
Néanmoins, étant donné l’extrême variabilité des courbures d’évaluer la longueur de canal restée non nettoyée.
apicales dans tous les plans de l’espace (notamment les
courbures vestibulaires et linguales) et l’accumulation du
cément apical, cette image ne peut à elle seule permettre Dans l’approche « schildérienne », fondée sur la conicité api-
une détermination précise de la longueur canalaire (fig. 10.9). cale, la limite de la mise en forme doit se rapprocher le plus
possible de la constriction apicale, voire se confondre avec
L’utilisation des localisateurs d’apex électroniques s’impose elle, et ce quelle que soit la situation clinique préopératoire.
donc comme une évidence du fait de leur précision supé- Cet objectif permet de s’assurer que le canal est nettoyé sur
rieure par rapport à la radiographie (Cianconi et al., 2010 ; toute sa longueur. La perméabilité du foramen est même
Vieyra et al., 2010). recherchée avec une lime fine (lime K 10 à longueur de travail
+ 0,5 mm) afin de s’assurer de la vacuité du canal jusqu’à son
terminus.
La longueur de travail, établie en fonction de l’objectif de
mise en forme, est mesurée à l’aide d’un localisateur d’apex
électronique et confirmée à la radiographie.
La détection de la constriction apicale par la sensibilité tactile
peut constituer une pièce supplémentaire du puzzle mais n’est
pas assez fiable pour déterminer de manière reproductible la
longueur de travail : elle n’est détectée que dans 64 % des cas
par des opérateurs expérimentés (Seidberg et al., 1975).
C - Détermination électronique
de la longueur de travail
La plupart des localisateurs présents sur le marché indiquent
a b de manière fiable la constriction apicale. Le Root ZX® (Morita)
indique quant à lui le foramen ou la constriction apicale :
Figure 10.9 a et b. L’image radiologique, qui constitue la projec- - après la mise en place de l’électrode labiale et la mise sous
tion bidimensionnelle d’un volume, ne peut pas rendre compte tension du localisateur, la deuxième électrode est mise au
à elle seule de la localisation de la sortie apicale et ne peut pas
être précise dans la détermination de la longueur de travail. À
contact de l’instrument, que l’on va faire progresser dans le
gauche, une vue orthogonale. À droite, la vue de profil montre canal jusqu’à ce que l’appareil indique par un signal sonore
des limes en dépassement apical. Noter aussi les courbures non et visuel la constriction (ou le foramen en cas d’utilisation
visibles sur la vue orthogonale. du Root ZX®) ;
192
193
de débris dans la zone péri-apicale, source de desmodontite est restée fastidieuse, chronophage, très opérateur-dépen-
postopératoire) ; dante et avec des résultats qui ne sont souvent pas à la hau-
- les instruments présentant une longueur active de 16 mm, teur des efforts fournis.
lorsqu’ils sont utilisés en va-et-vient, coupent indistincte- Les études épidémiologiques publiées depuis 20 ans dans
ment sur toutes les parois canalaires, avec un risque de fra- différents pays européens et aux États-Unis, portant sur la
gilisation de l’une d’entre elles, voire même de perforation qualité des traitements endodontiques réalisés en omnipra-
latérale dans la zone interradiculaire des pluriradiculées tique, montrent que le pourcentage de traitements techni-
(stripping). quement inadéquats (préparation courte, trajectoire canalaire
non respectée, apex déchiré, obturation courte et manquant
Plus l’instrument augmente en diamètre ou en conicité, de densité…) varie de 50 à 79 % (Kirkevang et al., 2001 ; Bou-
plus sa flexibilité diminue et plus le risque de déplace- cher et al., 2002 ; Segura-Egea et al., 2004 ; Kirkevang et al.,
ment canalaire est important. En revanche, si les diamètres 2006 ; Sunay et al., 2007).
ou les conicités finalement obtenus sont trop faibles, la À la fin des années 1980, le nickel-titane, alliage superélastique,
forme de préparation est insuffisante et ne permet pas de
a fait son apparition en endodontie sous la forme de limes
répondre aux objectifs.
manuelles de 15/100 de diamètre et de 2 % de conicité dont
les propriétés en flexion et en torsion ont été comparées à
celles des limes identiques en acier (Walia et al., 1988). Les pre-
B - Évolution des concepts mières limes manuelles en nickel-titane à conicité et diamètre
Depuis la description de la technique standardisée (Ingle, ISO ont été commercialisées par Dentsply Maillefer (Nitiflex®).
1961) et afin de pallier les problèmes engendrés par l’utilisa- Néanmoins, le vrai potentiel de l’alliage nickel-titane n’a été
tion des limes en acier utilisées avec un mouvement de va- exploité que quelques années plus tard, avec l’introduction
et-vient vertical dans le canal (butée, déchirure apicale, des instruments à conicité accentuée, qui possédaient une
bouchon apical), différentes techniques de mise en forme flexibilité supérieure à celle des instruments en acier inoxy-
ont été décrites : technique du step-back dite aussi tech- dable (à diamètre et conicité comparables) et bien plus adap-
nique télescopique (Weine, 1972 ; Martin, 1974 ; Mullaney, tée à l’utilisation attendue. Ainsi, au lieu d’utiliser un grand
1979), technique du crown-down (Morgan et Montgomery, nombre d’instruments de faible conicité et de les faire tra-
1984), anticurvature filing technique (Abou-Rass et al., 1980), vailler successivement par un mouvement de va-et-vient ver-
technique du step-down (Goerig et al., 1982). tical, il a finalement été possible d’utiliser des instruments de
Au milieu des années 1980, Roane (1985) propose un concept conicité plus importante, capables de transférer leur propre
totalement différent pour l’utilisation des instruments en forme au canal.
acier, celui des « forces équilibrées ». Il est fondé sur l’utilisa- Le mouvement de rotation permet de maintenir les instru-
tion de limes non plus avec un mouvement vertical mais avec ments centrés dans le canal, leur guidage étant assuré par
un mouvement alterné de rotation horaire/antihoraire asy- leur pointe non coupante. Il est facile de comprendre que la
métrique. Le mouvement horaire s’effectue sans pression et condition sine qua non pour que ces techniques fonctionnent
engage les spires dans la dentine. Suit alors le mouvement implique que le canal soit perméable pour permettre à la
antihoraire, réalisé alors que la lime est maintenue sous pres- pointe guide d’avancer librement dans la direction apicale.
sion, qui permet de sectionner la dentine engagée dans les Ces techniques permettent, quand elles sont bien utilisées,
spires. L’alternance de ces mouvements permet à la lime de d’obtenir des préparations parfaitement calquées sur l’anato-
progresser dans le canal qui doit être perméable. Afin de mie originelle (Peters, 2004).
rendre possible ce mouvement, des limes spécifiques ont été Les différentes études publiées, comparant les préparations
mises au point. Ces instruments, dont l’angle de transition réalisées à l’aide d’instruments manuels en acier inoxydable
entre la pointe et la première spire a été supprimé afin de ou en nickel-titane avec celles réalisées avec des instruments
limiter l’« effet de pointe », présentent une section triangu- rotatifs en nickel-titane, ont montré que la plupart de ces
laire et sont usinés au lieu d’être torsadés. derniers permettaient :
- de limiter le déplacement de la trajectoire originelle, évitant
En résumé, Roane avait démontré que si le mouvement de ainsi les butées et les déchirures du foramen apical (Esposito
va-et-vient déplaçait la trajectoire canalaire, le mouve- et Cunningham, 1995 ; Short et al., 1997 ; Coleman et Svec,
ment de rotation permettait à un instrument de rester 1997 ; Kavanagh et Lumley, 1998 ; Schäfer et Lohmann, 2002) ;
centré dans un canal et d’éliminer la dentine de manière - d’obtenir une préparation canalaire plus rapidement (Glus-
homogène. périapex
L’utilisation de ce mouvement préfigurait la rotation kin et al., 2001 ; Sonntag et al., 2003) ;
continue qui sera mise au point une dizaine d’années plus - d’éviter le refoulement de débris dans le péri-apex, principale
tard avec les instruments en nickel-titane. cause des inflammations ligamentaires postopératoires (Bee-
son et al., 1998 ; Reddy et Hicks, 1998 ; Ferraz et al., 2001) ;
- d’obtenir des résultats fiables et reproductibles, même par
Malgré toutes ces techniques, la préparation manuelle ou des opérateurs inexpérimentés (Gluskin et al., 2001 ; Sonn-
mécanisée réalisée avec les instruments en acier inoxydable tag et al., 2003 ; Gekelman et al., 2009) ;
194
3 - Lime K
La lime K (fig. 10.11) est généralement fabriquée à partir d’une
IV - Instruments canalaires matrice carrée torsadée. Elle est disponible également en
section triangulaire (plus flexible par la diminution de la
masse de métal, plus efficace par ses arêtes) (FlexoFile®,
A - Instruments manuels ou mécanisés Dentsply Maillefer ; Triple-Flex®, SybronEndo) ou losangique
en acier (Camps et Pertot, 1992) (K-Flex®, SybronEndo). Elles sont généralement utilisées avec
un mouvement de traction pure ou de rotation/traction.
1 - Tire-nerf Certaines sont usinées au lieu d’être torsadées (Flex-R®, Mil-
Constitué d’un corps parallèle dans lequel des entailles sont tex), d’autres sont fabriquées avec des angles de transition
réalisées pour créer des barbelures, le tire-nerf (fig. 10.11) peut modifiés au niveau de la pointe (Flex-R®, FlexoFile®). Cette
être utilisé occasionnellement pour éliminer la pulpe en une modification leur permet d’être utilisées avec la technique
seule pièce avant la mise en forme canalaire. Il peut aussi être des forces équilibrées (mouvement de rotation horaire/anti-
Saut de
ligne utilisé pour accrocher et retirer des pointes en papier ou des horaire) en minimisant les risques de butée.
boulettes de coton par exemple.
Les instruments de préparation canalaire les plus connus et 4 - Broche
les plus utilisés sont la lime K, la broche et la lime H (racleur) La broche est traditionnellement fabriquée à partir d’une
(fig. 10.11). matrice triangulaire qui est torsadée (fig. 10.11). La différence
La norme ISO confère à ces instruments des caractéristiques essentielle avec la lime K réside dans le nombre de tours,
communes : moins important dans le cas de la broche, appliqués à la
- correspondance entre le diamètre de pointe et un code cou- matrice lors de la torsion. Une broche présente donc moins
leur (06 : rose, 08 : gris, 10 : violet, 15 : blanc, 20 : jaune, etc.) ; de spires sur la partie active qu’une lime K, avec comme
- la progression des diamètres de pointe entre deux instru- conséquence des angles d’hélice et des pas d’hélice diffé-
ments successifs ; rents. Par conséquent, la broche n’est pas efficace en mouve-
ment de traction mais est recommandée dans une dynamique
de rotation.
Tous les instruments ISO ont une partie active de 16 mm,
avec un diamètre de pointe indiqué en centièmes de milli-
mètre, et ont une conicité de 2 %.
195
B - Instruments en nickel-titane rotatifs Maillefer), HERO 642®, HERO Shaper® et RevoS® (Micro Mega),
FlexMaster® et MTwo® (Dentsply VDW), RaCe® (FKG), Alpha-
et manuels Kite® (Komet), K3® et Twisted Files® (TF) (SybronEndo).
1 - Systèmes rotatifs en nickel-titane Tous ces systèmes possèdent deux caractéristiques communes :
Depuis l’introduction des premiers systèmes en France à la l’alliage nickel-titane et des conicités élevées. Ils diffèrent par leur
fin de l’année 1996 (ProFile® de Maillefer, puis HERO 642® de section ainsi que par leur angle d’hélice et leur pas d’hélice, ce qui
Micro Mega quelques mois plus tard), de nombreux systèmes leur confère une flexibilité, une efficacité de coupe et un compor-
ont fait leur apparition (Pertot, 2009). tement différents quant à l’effet de vissage dans le canal (tableau 10.1).
Plus de dix systèmes différents sont actuellement dispo- Ces instruments sont à conicité constante, ce qui signifie une
nibles sur le marché français : ProFile® et ProTaper® (Dentsply progression uniforme du diamètre transversal le long des
Tableau 10.1 Liste non exhaustive des instruments en nickel-titane présents sur le marché français et caractéristiques principales.
Angle et Ouverture
Nom Fabricant Conicité Section Lame pas Diamètre/conicité coronaire
d’hélice Diamètre/conicité
ProFile® Maillefer Constante Triangulaire Méplat Constants 15-40/6 % Orifice Shapers®
concave radiant 15-90/4 % (6 instruments)
15-40/2 %
HERO 642® Micro Mega Constante Triangulaire Arête active Constants 20-30/6 % –
en hélice 20-30/4 %
20-45/2 %
FlexMaster® VDW Constante Triangulaire Arête active Constants 20-35/6 % IntroFile®
convexe 20-30/4 % 21/11 %
20-45/2 %
HERO Micro Mega Constante Triangulaire Arête active Variables 20-30/6 % EndoFlare®
Shaper® en hélice 20-45/4 % 25/12 %
HERO Apical® 30/6 et 8 %
RaCe® FKG Constante Triangulaire Arête active Variables 10-40/6 % PreRace®
10-40 et 50/4 % 40/10 %, 35/8 %,
10-60/2 % 30 et 40/6 %
K3® SybronEndo Constante Triangulaire Méplat Variables 15-60/6 % Orifice Opener®
concave radiant 15-60/4 % 25/12 %, 10 %, 8 %
15-45/2 %
MTwo® VDW Constante Asymétrique Arête active Variables 10, 35, 40/4 % –
2 arêtes 15 et 30/5 %
coupantes 20 et 25/6 %
25/7 %
AlphaKite® Komet Constante Losangique Arête active Variables 20, 30 et 40/8 % Opener®
dont un côté 20, 25 et 30/4 et 6 % 35/10 %
plus accentué 15/3 %
RevoS® Micro Mega Constante* Triangulaire en Arête active Variables SC1 et SU 25/6 % EndoFlare®
hélice avec SC2 25/4 % 25/12 %
1 face excentrée AS1 30, AS2 35 et AS3
40/6 %
Twisted SybronEndo Constante Triangulaire Arête active Variables 25, 30 et 35/6 % 25/8, 10 et 12 %
File®** 25, 40 et 50/4 %
ProTaper® Maillefer Variable Triangulaire Arête active Variables S1 18 : variable/croissante SX
convexe : S2 20 : variable/croissante 19/variable
Shaping Files® F1 20/7 % : variable/
Triangulaire décroissante
concave : F2 25/8 % : variable
Finishing Files® décroissante
F3 30/9 % : variable/
décroissante
F4 40/6 % : variable/
décroissante
F5 50/5 % : variable/
décroissante
* Les AS1, AS2 et AS3 présentent une conicité de 6 % sur les 5 mm apicaux puis 0 % de conicité sur le reste de la lame.
** Les Twisted Files® sont les seuls instruments en nickel-titane torsadés (et non usinés).
196
197
30 et 35 de diamètre en 6 % de conicité et de 40 et 50 de
diamètre en 4 % de conicité. Les instruments sont dispo-
nibles en 23 et 27 mm de longueur ;
- le système AlphaKite® (Komet) présente des instruments
d’ouverture coronaire de 10 % et de 8 % de conicité, et des
instruments de préparation de 6 et 4 % de conicité. Les ins-
truments sont recouverts de nitrure de titane censé amélio-
rer et prolonger l’efficacité de coupe ;
- le système RevoS® (Micro Mega) (fig. 10.15) est composé
d’une séquence de base de trois instruments (SC1, SC2, SU)
et de trois instruments d’élargissement apical. Ces derniers
présentent une conicité sur 5 mm puis des lames parallèles
destinées à leur conférer une meilleure flexibilité (AS1, AS2,
AS3). À part le SC2, les cinq autres instruments présentent
une face décalée, censée entraîner l’instrument dans le
canal selon un mouvement de reptation. Ces instruments
sont aussi disponibles avec un manche classique ou un
manche InGet® ; Figure 10.16 Instruments MTwo®.
Figure 10.15 Instruments RevoS®. De gauche a droite : SC1, SC2, Figure 10.17 Instruments ProTaper® rotatifs. De gauche à droite :
SU (séquence de base) AS1, AS2 et AS3 (élargissement apical). SX, S1, S2, F1, F2, F3, F4 et F5.
198
199
Shaper®, RevoS®, MTwo®, ProTaper Universal®), les angles et les b - Fracture par fatigue cyclique
pas d’hélice ont été modifiés afin de réduire le vissage et La fatigue cyclique est la conséquence d’une accumulation
d’augmenter la flexibilité (Calas, 2003). Les instruments RaCe® de stress dans la masse de l’alliage au cours d’une utilisation
(FKG) sont, quant à eux, dotés d’une arête coupante alternée prolongée dans une courbure ou lors d’utilisations succes-
qui élimine totalement l’effet de vissage (fig. 10.12 et 10.13). sives.
La résistance à la fatigue cyclique indique le nombre de
2 - Fracture instrumentale et ses conséquences cliniques cycles (rotations) qu’un instrument est capable d’effectuer
La fracture instrumentale peut survenir par torsion ou par sous l’action d’une contrainte. Les cycles se cumulent, leur
fatigue cyclique. Les paramètres qui entrent en jeu influencent nombre peut être obtenu en multipliant la vitesse de rota-
aussi la flexibilité des instruments. Les comprendre permet tion par le temps écoulé jusqu’au moment ou l’instrument se
de préparer correctement un canal en évitant les déplace- fracture (Pruett et al., 1997 ; Haikel et al., 1999).
ments de la trajectoire canalaire et de limiter les fractures. Les fractures en fatigue cyclique surviennent sans déforma-
Les deux types de fractures et leurs relations avec la flexibi- tion permanente préalable visible à l’œil nu. Elles sont donc
lité des instruments sont discutés dans les paragraphes sui- impossibles à détecter ou à prévoir précisément (Haikel
vants. et al., 1999 ; Ullmann et Peters, 2005 ; Kramkowski et Bahcall,
2009).
a - Fracture par torsion De plus, l’accumulation de fatigue cyclique après chaque uti-
lisation réduit la résistance à la torsion de l’instrument,
Lors de l’application d’une torsion sur un instrument, celui-ci
notamment pour les instruments de diamètre et de conicité
subit d’abord une déformation élastique et peut, si la torsion
importants (Ullmann et Peters, 2005).
s’arrête, reprendre sa forme initiale sans déformation perma-
nente. Si la torsion est maintenue, la déformation devient
permanente, indiquant que la limite élastique a été atteinte. À alliage identique, les facteurs qui augmentent la résis-
À ce stade, l’instrument ne peut plus récupérer sa forme ini- tance à la fatigue cyclique sont :
tiale. Dès lors, la fracture peut intervenir plus ou moins rapi- - la diminution de la masse centrale de l’instrument (plus
celle-ci est faible, plus l’instrument est résistant à la fatigue
dement si la torsion persiste.
cyclique) (Haikel et al., 1999 ; Ullmann et Peters, 2005) ;
Ce type de fracture avec déformation permanente préalable - la diminution du diamètre et de la conicité de l’instru-
est appelé fracture ductile. ment.
À alliage identique, les facteurs qui augmentent la résistance
à la torsion sont :
- l’augmentation de la masse centrale ; Le rayon de courbure du canal et la vitesse de rotation de
- l’augmentation du diamètre ; l’instrument influencent également la résistance à la fracture
- l’augmentation de la conicité de l’instrument. cyclique d’un instrument. Plus la courbure est marquée et la
De manière générale, l’augmentation du volume d’un instru- vitesse de rotation élevée, plus la fracture sera rapide (Pruett
ment augmente sa résistance à la torsion (Best et al., 2004 ; et al., 1997 ; Haikel et al., 1999 ; Martin et al., 2003 ; Kitchens
Guilford et al., 2005 ; Kramkowski et Bahcall, 2009 ; Park et al., 2007 ; Lopes et al., 2007 et 2009).
et al., 2010).
Cliniquement, la fracture par torsion est la plus fréquente
(Sattapan et al., 2000). Ce type de fracture survient : Important ! Cliniquement, les courbures abruptes tels les
crochets apicaux et les doubles courbures représentent un
- lorsque la pointe d’un instrument rotatif est forcée et blo-
risque important de fracture instrumentale par fatigue
quée dans un canal dont le diamètre est beaucoup plus cyclique, surtout si la masse de l’instrument est importante.
petit que celui de la pointe. C’est précisément pour cette
raison que le canal doit être exploré et élargi suffisamment
avec des limes manuelles avant d’envisager le passage des Dans ce type de morphologie canalaire, il est conseillé d’uti-
instruments rotatifs (Peters et al., 2003). Le diamètre de cet liser des instruments rotatifs de faible conicité ou, mieux, de
élargissement précoce dépendra du diamètre de l’instru- mettre en forme ces portions du canal à l’aide d’instruments
ment rotatif qui sera utilisé par la suite (Berutti et al., 2004) ; en nickel-titane utilisés manuellement (Pertot et Simon,
- lorsque l’instrument est gainé et engagé en force dans le 2003 ; Simon et al., 2008) (fig. 10.20).
canal lors de la coupe, car les débris dentinaires s’accu- Les efforts des fabricants ont porté sur la mise au point de
mulent dans les spires et augmentent la surface de contact procédés permettant d’améliorer les propriétés physiques
et donc la friction sur l’instrument. Parallèlement, l’instru- des instruments. L’électropolissage des instruments (RaCe®,
ment devenant moins efficace, le praticien exercera incon- FKG) (fig. 10.17), les traitements thermiques (instruments en
sciemment une pression plus importante afin de le faire NiTi MWire et les Twisted Files®) ou l’implantation ionique
progresser. Il est donc indispensable de retirer l’instrument ont été étudiés pour tenter d’améliorer la résistance à la frac-
fréquemment pendant le travail de coupe, d’essuyer les ture.
lames actives et d’irriguer le canal avant de réinsérer l’ins- Les résultats obtenus sont assez disparates, mais il semblerait
trument pour le faire progresser plus apicalement. que si ces procédés ont peu d’effet sur la résistance à la frac-
200
A - Principes
Les instruments en nickel-titane permettent d’obtenir des
résultats fiables et reproductibles si les quelques principes
de base présentés ci-après
Respectsontdescrupuleusement respectés :
- il faut respecter la vitesse de rotation préconisée par le
a b fabricant en utilisant des contre-angles ou des moteurs spé-
cifiques ;
Figure 10.20 a et b. Les courbures abruptes et les doubles cour-
- une lime rotative en nickel-titane ne doit jamais être insérée
bures constituent une contre-indication à la rotation continue
et peuvent être préparées de manière sûre et reproductible à d’emblée dans un canal si sa perméabilité n’a pas été véri-
l’aide des instruments en nickel-titane utilisés manuellement fiée avec une lime manuelle en acier et s’il n’a pas été pré-
(dans ce cas, ProTaper® manuels). élargi ;
- la pression sur le contre-angle doit être faible et accompa-
ture par torsion (Barbosa et al., 2008), ils améliorent la résis- gnée d’un mouvement de va-et-vient dans le sens vertical,
tance à la fatigue cyclique (Anderson et al., 2007 ; Johnson ce qui permet à l’instrument d’avancer dans le canal ;
et al., 2008 ; Gao et al., 2010). - après quelques secondes de travail, les instruments doivent
Certains fabricants ont tenté de diminuer le risque de frac- être retirés et essuyés pour éviter l’encrassement des spires,
ture par fatigue cyclique par des systèmes de comptage du et le canal doit être irrigué afin d’éliminer les débris en sus-
nombre d’utilisations des instruments (FKG avec un stop sili- pension ;
cone à pétales, Micro Mega avec un séquenceur doté d’un - les instruments ne doivent jamais être maintenus en rota-
curseur, etc.). tion à la même longueur dans le canal sans mouvement ver-
Néanmoins, l’accumulation de la fatigue est multifactorielle tical de va-et-vient. L’immobilité dans le sens vertical peut
et reste impossible à quantifier. Pour un même canal et dans entraîner une fracture de l’instrument par fatigue cyclique
les mêmes conditions cliniques d’utilisation, les instruments ou un déplacement de la trajectoire canalaire avec appari-
de la même séquence auront un comportement différent en tion de butée ;
fonction de leur diamètre et de leur conicité. - les instruments doivent être vérifiés après chaque passage
En plus du problème lié à la fatigue cyclique et à l’augmenta- afin de déceler un défaut éventuel, précurseur de la fracture
tion du risque de fracture, l’usure des lames de l’instrument, par torsion.
qui le rend moins efficace après chaque utilisation, la fragili-
sation des instruments lors de leur travail dans l’hypochlorite Important ! Il est surtout primordial de connaître les
de sodium (NaOCl) lors de la préparation canalaire (Darabara contre-indications et les limites d’utilisation des instru-
et al., 2004 ; Peters et al., 2007), ainsi que la difficulté de net- ments rotatifs en nickel-titane.
toyage et de stérilisation d’un instrument endodontique (Lin-
suwanont et al., 2004 ; Sonntag et Peters, 2007 ; Popovic
et al., 2010) plaident en faveur de l’usage unique.
B - Matériel
3 - Flexibilité L’apparition des instruments en nickel-titane a imposé la
À alliage égal, plus la masse d’un instrument augmente (par commercialisation et la mise au point de matériel adapté
accroissement de la masse centrale, du diamètre ou de la coni- permettant leur utilisation à la vitesse adéquate (pour revue,
cité) et plus sa flexibilité diminue. Une flexibilité réduite aug- voir Pertot, 2009).
mente le risque de déplacement de la trajectoire canalaire. Il existe actuellement plusieurs types de matériels dyna-
miques adaptés à l’utilisation des instruments rotatifs en nic-
Important ! Ainsi, si le système utilisé présente une masse kel-titane.
centrale importante, il est indispensable de compenser ce
facteur par une diminution de la conicité des instruments 1 - Contre-angles réducteurs montés directement
utilisés dans les courbures et, donc, d’utiliser plus d’instru- au fauteuil
ments pour parvenir à une mise en forme correcte.
Les contre-angles réservés aux instruments en nickel-titane
présentent des facteurs de réduction importants (de 1/75 à
Si le système présente une masse centrale plus faible, des 1/128). Certains d’entre eux offrent seulement une réduction
instruments de plus forte conicité pourront être utilisés dans alors que d’autres y associent une fonction de contrôle de
les courbures. couple avec débrayage automatique, entraînant l’arrêt de
201
2 - Moteurs
Les moteurs les plus récents sont compacts, fonctionnent
sur piles rechargeables et, pour certains, sont dépourvus de
pédale (X-Smart®, Dentsply-Maillefer). Ils possèdent des pos-
sibilités de réglage de couple avec une fonction de débrayage
et d’inversion automatique (auto-reverse). Ils offrent un
double avantage : vitesse précise, contrôlée électronique-
ment et absence de vibration, de bruit et d’échauffement. Ils
constituent cependant un périphérique supplémentaire.
202
Figure 10.23 Les limes, même de faible diamètre, présentent sou- Figure 10.24 La mise en forme des deux tiers coronaires du
vent une conicité supérieure à celle du canal, ce qui entraîne un canal crée un réservoir pour la solution d’irrigation coronaire-
blocage coronaire au niveau des parois. De plus, le fait que l’ins- ment et élimine les contraintes coronaires, ce qui libère les
trument soit gainé coronairement contre les parois dentinaires limes apicalement et potentialise la sensibilité tactile.
supprime toute sensibilité tactile et donc tout contrôle apical.
203
- une meilleure sensibilité tactile qui permet d’optimiser le général, seront concomitantes cette étape et la mesure de la
travail de la pointe des instruments précourbés pour explo- longueur de travail qui doit se faire à l’aide d’un localisateur
rer la zone apicale sans friction coronaire, permettant ainsi d’apex électronique et qui, en cas de doute, doit être confir-
de détecter par exemple les courbures non visibles à la mée à l’aide d’une radiographie. Cette longueur sera établie
radiographie et les dédoublements du canal ; en fonction du concept de mise en forme choisi (élargisse-
- une précision accrue des localisateurs d’apex électroniques, ment/stop apical ou conicité) ;
dont la mesure est plus fiable lorsque la lime est en contact 3. enfin, l’étape de la mise en forme et de la finition apicales
avec les parois dentinaires au niveau apical (Stabholz et al., sera réalisée de différentes manières en fonction de l’ob-
1995 ; Shahabang et al., 1996 ; Kova evi et Tamarut, 1998 ; jectif fixé :
Tennert et al., 2010). Cette longueur mesurée après élargis- - si cet objectif est l’élargissement apical, les instruments de
sement coronaire sera également plus précise et plus stable diamètres croissants, généralement de faible conicité,
étant donné que la courbure coronaire du canal a préalable- seront amenés successivement à la longueur de travail,
ment été redressée avant la réalisation de la mesure. - si l’objectif est l’obtention d’une conicité apicale, le dia-
L’élargissement des deux tiers coronaires réalisés, la mise en mètre du foramen devra être jaugé et une conicité établie
forme apicale peut être effectuée de manière plus prévisible. soit en amenant à la longueur de travail des instruments
Elle se fera en trois étapes : de conicité augmentée (dont le diamètre de la pointe est
1. étant donné l’anatomie particulière de cette zone, le tiers api- supérieur ou au moins égal au diamètre du foramen), soit
cal doit d’abord être exploré avec des limes manuelles pré- en faisant travailler des instruments de diamètres crois-
courbées de petit diamètre pour en déterminer le diamètre et sants en retrait de 0,5 mm les uns des autres à partir du
pour détecter les courbures ou divisions éventuelles. Les ren- foramen,
seignements recueillis lors de cette exploration sont primor- - la lime de perméabilité sera réutilisée entre les passages
diaux pour le choix des instruments lors de la mise en forme successifs d’instruments de préparation afin de confirmer
et de la finition apicale à venir (fig. 10.24) ; la vacuité canalaire et apicale, et prévenir l’accumulation
2. la perméabilité apicale doit ensuite être vérifiée et la lon- des débris en les mettant en suspension dans la solution
gueur de travail établie. La lime de perméabilité est une lime d’irrigation. L’utilisation d’une lime de perméabilité apicale
de faible diamètre (généralement lime K 10) qui est amenée de faible diamètre légèrement au-delà du foramen n’en-
de 0,5 à 1 mm au-delà du foramen (Schilder, 1974) (fig. 10.25). traîne pas de déplacement de la trajectoire canalaire ou
Elle a pour but de s’assurer de la vacuité du foramen et de de déchirure apicale (Goldberg et Massone, 2002).
prévenir l’accumulation de débris pouvant aboutir à la for- Pour qu’une préparation apicale soit correctement réalisée, il
mation d’un bouchon et d’une butée (Buchanan, 1989). En est primordial que la dernière lime qui atteint la longueur de
travail soit d’un diamètre supérieur ou au moins égal au dia-
mètre apical du canal avant préparation, et ce quelle que soit
la technique utilisée.
204
205
a b
206
a b
Figure 10.30 a. La portion coronaire préalablement explorée et pré-élargie est mise en forme à l’aide du PreRaCe® 40/10 (gauche)
puis du PreRaCe® 35/08 (centre). Cela permet à la lime manuelle d’explorer librement la partie apicale du canal afin de rassembler
des informations importantes (diamètre, courbure) pour la suite de la procédure (droite). C’est à ce stade que la longueur de travail
est déterminée. b. Les RaCe® 02 ou 04 sont alors amenés successivement à la longueur de travail depuis le diamètre 15 jusqu’au dia-
mètre décidé pour la mise en forme apicale finale et la création du box apical.
a b
Figure 10.31 a. La portion coronaire préalablement explorée et pré-élargie est mise en forme à l’aide de l’EndoFlare® (gauche) puis
du RevoS® SC1 (25/06) (centre). Cela permet à la lime manuelle d’explorer librement la partie apicale du canal afin de rassembler des
informations importantes (diamètre, courbure) pour la suite de la procédure (droite). C’est à ce stade que la longueur de travail est
déterminée. b. Les RevoS® SC2 (25/04) puis SU (25/06) sont alors amenés à la longueur de travail. Les AS1 (30/06), AS2 (35/06) et
AS3 (40/06) peuvent être utilisés si plus d’élargissement ou de conicité apicale est souhaité.
a b
Figure 10.32 a. La portion coronaire préalablement explorée et pré-élargie est mise en forme avec le S1 (à gauche) jusqu’au niveau de
pénétration de la lime manuelle. Cela permet à la lime manuelle d’explorer librement la partie apicale du canal afin de rassembler
des informations importantes (diamètre, courbure) pour la suite de la procédure et de déterminer la longueur de travail (au centre).
Une fois la partie apicale pré-élargie, le S1 est alors amené à la longueur de travail (à droite). b. Le S2 est amené à la longueur de
travail suivi du F1 puis du F2, en rotation continue ou manuellement. Les Finishing Files® plus larges peuvent être utilisées si plus
d’élargissement ou de conicité apicale est souhaité.
La pénétration du S1 doit se faire sans pression, en va-et-vient Dès que l’instrument ne peut plus avancer apicalement, l’ins-
combiné à un mouvement de brossage sur la paroi opposée à trument suivant de la séquence est utilisé selon les mêmes
l’espace interradiculaire, en appui pariétal et au retrait. Le principes. La progression s’arrête dès que l’un des instruments
mouvement de brossage des parois fait avancer l’instrument parvient à la profondeur du canal pré-élargi.
sans pression et sans jamais dépasser le niveau de pénétra- À ce stade, les deux tiers coronaires du canal sont élargis,
tion du canal qui a été pré-élargi. permettant un accès sans restriction pour l’exploration et la
mise en forme de la zone apicale.
Quel que soit le système utilisé, les instruments sont fré-
quemment nettoyés et le canal irrigué à l’hypochlorite de
sodium entre chaque passage des limes.
207
B - Mise en forme du tiers apical Essentiel : quand la lime manuelle K 10 en acier met en évi-
Cette étape sera aussi réalisée en deux temps : une phase dence une courbure apicale abrupte qu’elle ne peut pas
d’exploration et de pré-élargissement, suivie d’une phase de négocier facilement, cela constitue une contre-indication à
mise en forme et de finition. l’utilisation de la rotation continue dans les gros diamètres
ou dans les grosses conicités. Il est plus prudent, dans ces cas,
1 - Phase d’exploration du tiers apical d’utiliser des limes NiTi manuelles pour la mise en forme api-
cale (Pertot et Simon, 2003 ; Simon et al., 2008 ; Simon 2008).
Une lime K 10 manuelle en acier est précourbée et utilisée
pour explorer la zone apicale.
essentielle Une fois que la longueur de travail est établie et que la
Important ! Cette étape est importante car elle permet de : lime K 10 est libérée apicalement par les mouvements de va-
- rassembler des renseignements sur l’anatomie de la zone et-vient de faible amplitude (entre 1 et 3 mm), elle est douce-
apicale., lesquels permettront de choisir la méthode de
ment poussée à la longueur de travail, puis à la longueur de
mise en forme ;
- déterminer de manière précise et définitive la longueur de travail + 0,5 ou 1 mm afin de confirmer la perméabilité api-
travail à l’aide d’un localisateur d’apex électronique et cale (fig. 10.25). Cette manœuvre sera répétée tout au long de
d’une radiographie si nécessaire ; la mise en forme apicale afin de s’assurer qu’aucun bouchon
- confirmer la perméabilité du foramen apical. ne vient obstruer le foramen.
La longueur de travail, qui correspond donc à la limite apicale
de préparation, sera différente en fonction du concept de
Avec la partie coronaire du canal remplie d’hypochlorite de mise en forme choisi :
sodium et/ou de gel chélatant, la lime K 10 manuelle reliée - elle sera, au foramen, de moins 1,5 à 2 mm pour une prépa-
au localisateur d’apex est insérée passivement dans le canal. ration avec stop apical ;
Comme le canal a été préalablement élargi coronairement, - elle sera à la constriction apicale (foramen électronique
cette lime ne peut pas entrer en contact avec les parois cana- moins 0,5 mm) pour une préparation avec conicité apicale.
laires au niveau coronaire, ce qui potentialise
(fig. 10.24) la sensibilité À partir de ce stade, un pré-élargissement supplémentaire de
tactile apicale de l’opérateur. la zone apicale doit être réalisé et peut être obtenu :
Quand la lime entre en contact avec les parois, elle est avan- - soit par l’utilisation d’une lime K 15 manuelle précourbée et
cée doucement par mouvement de quart de tour horaire/ amenée à la longueur de travail par des mouvements de
antihoraire et la longueur de travail est finalement détermi- rotation horaire/antihoraire ;
née et confirmée comme décrit précédemment. - soit par l’utilisation très avantageuse d’instruments rotatifs
Quand la lime pénètre facilement et sans effort particulier NiTi de pré-élargissement (Pathfile® 13, 16 et parfois 19,
sur toute la longueur de travail, le canal peut être mis en Scout-RaCe® ou SApex® 15, 20). L’avantage de ces instru-
forme en utilisant les instruments NiTi en rotation continue. ments est leur flexibilité et leur très haute résistance à la
Si la lime bloque apicalement (alors qu’elle est libre au niveau fatigue cyclique, ce qui leur permet de négocier des cour-
des parois), cela peut indiquer la présence d’une division bures très importantes et de les pré-élargir sans risque de
canalaire ou la courbure abrupte du canal au niveau apical. bouchon et de butée.
La lime K 10 est alors ressortie, précourbée plus fortement et La zone apicale ayant été explorée (lime K 08 et/ou K 10), la lon-
réinsérée. Elle peut aussi être remplacée par une lime K 08 ou gueur de travail déterminée, le foramen perméabilisé (lime K 10 à
K 06 fortement précourbée. longueur de travail + 1 mm) et le canal pré-élargi dans sa zone
Le repère (trait noir ou encoche) du stop silicone est posi- apicale (lime K 15 ou lime rotative NiTi de faible conicité), la mise
tionné face à la courbure afin de repérer l’emplacement de la en forme peut être réalisée de manière extrêmement fiable avec
précourbure de l’instrument lorsque celui-ci est inséré dans les instruments du système choisi par le praticien.
le canal. Il est à noter que certaines séquences opératoires proposées
Le manche de la lime est alors tourné lentement sur lui- par les fabricants comme séquences de base ne sont pas suf-
même, tout en exerçant une légère pression apicale, afin que fisantes pour permettre de remplir les objectifs biologiques.
la pointe « accroche » le canal. Quand l’opérateur sent la En effet, dans un souci de simplification, certaines d’entre
pointe de la lime s’engager dans la portion apicale, la lime est elles n’assurent pas une mise en forme suffisante (par exemple
alors avancée par un mouvement de rotation horaire/antiho- celle du HERO 642® avec une finition apicale de 30 de dia-
raire jusqu’à la longueur de travail. Elle est ensuite « libérée » mètre à 2 % de conicité) ; elles devront être complétées pas
par des mouvements de va-et-vient de très faible amplitude, l’utilisation d’instruments supplémentaires, en fonction du
retirée, puis le canal est irrigué. La manœuvre et répétée plu- diamètre du canal et de l’objectif à atteindre : conicité api-
sieurs fois jusqu’au moment où la lime flotte dans le canal et cale ou élargissement avec mise en place d’un stop apical.
que le mouvement de va-et-vient peut se faire avec une sen-
sation de glissement doux de la lime dans le canal. Cette 2 - Phase de mise en forme et de finition du tiers apical
manœuvre est aidée par l’utilisation d’un gel chélatant sur la De manière générale, certains systèmes disposent d’une
lime ou dans le canal (Glyde File Prep®). gamme d’instruments suffisamment étendue pour permettre
208
209
210
2 - WaveOne® (Dentsply-Maillefer)
Le système (fig. 10.34) comprend trois instruments :
- WaveOne® primaire, de 25 de diamètre et de conicité
variable inversée de 8 % sur les 3 mm apicaux ;
- WaveOne® fin, de 21 de diamètre et de conicité constante
de 6 % ;
- WaveOne® large, de 40 de diamètre et de conicité variable
inversée de 8 % sur les 3 mm apicaux.
La section de l’instrument est triangulaire concave au niveau
de la pointe et triangulaire au niveau coronaire.
3 - Reciproc® (Dentsply-VDW)
Le système (fig. 10.35) comprend trois instruments :
- Reciproc® 1, de 25 de diamètre et de conicité variable inver-
Figure 10.34 Les limes WaveOne® (de haut en bas : fin 21/06, sée de 8 % sur les 3 mm apicaux ;
primaire 25/08 et large 40/08) et le moteur spécifique. Ce der-
- Reciproc® 2, de 40 de diamètre et de conicité variable inver-
nier permet le mouvement de réciprocité ainsi que la rotation
continue. sée de 6 % sur les 3 mm apicaux ;
- Reciproc® 3, de 50 de diamètre et de conicité variable inver-
sée de 5 % sur les 3 mm apicaux.
La section de l’instrument est asymétrique et présente deux
arêtes coupantes (section semblable à celle du MTwo®).
4 - Protocole opératoire
a - Protocole standard
Pour pouvoir préparer un canal efficacement, l’instrument
choisi doit avoir un diamètre et une conicité supérieurs à
Figure 10.35 Limes Reciproc® (de haut en bas : 25/08, 40/06 et ceux du canal concerné afin de pouvoir l’élargir lors de sa
50/05). pénétration.
211
212
213
Bibliographie
Abou-Rass M, Franck AL, Glick DH. The anticurvature filing Buchanan LS. Management of the curved root canal : predic-
method to prepare the curved canal. J Am Dent Assoc 1980 ; 101 : tably treating the most common endodontic complexity. J Calif
792-794. Dent Assoc 1989 ; 17 : 40.
Ahlquist M, Henningsson O, Hultenby K, Ohlin J. The effec- Bystrom A, Sundqvist G. Bacteriological evaluation of the effect
tiveness of manual and rotary techniques in the cleaning of root of 0.5 percent sodium hypochlorite in endodontic therapy. Oral
canals : a scanning electron microscopy study. Int Endod J 2001 ; Surg Oral Med Oral Pathol 1983 ; 55 : 307-312.
34 : 533-537.
Byström A, Claesson R, Sundqvist G. The antibacterial effect of
Albrecht LJ, Baumgartner JC, Marshall JG. Evaluation of apical camphorated paramonochlorophenol, camphorated phenol
debris removal using various sizes and tapers of ProFile GT files. and calcium hydroxide in the treatment of infected root canals.
J Endod 2004 ; 30 : 425-428. Endod Dent Traumatol 1985 ; 1 : 170-175.
Anderson ME, Price JWH, Parashos P. Fracture resistance of elec- Calas P. Préparation canalaire en rotation continue : le concept
tropolished rotary nickel-titanium endodontic instruments. J du « pas adapté ». Inf Dent 2003 ; 25 : 1753-1761.
Endod 2007 ; 33 : 1212-1216.
Campbell D, Friedman S, Nguyen HQ, Kaufman A, Keila S. Apical
Barbosa FOG, Gomes JACP, Araújo MCP. Influence of electroche- extent of rotary canal instrumentation with an apex-locating
mical polishing on the mechanical properties of K3 nickel-tita- handpiece in vitro. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Endod
nium rotary instruments. J Endod 2008 ; 34 : 1533-1536 1998 ; 85 : 319-323.
Baugh D, Wallace J. The role of apical instrumentation in root Camps J, Pertot WJ. Le choix des instruments endodontiques
canal treatment : a review of the literature. J Endod 2005 ; 31 : manuels. Real Clin 1992 ; 3 : 79-90.
333-340.
Card SJ, Sigurdsson A, Orstavik D, Trope M. The effectiveness of
Beeson TJ, Hatwell GR, Thornton JD, Gunsolley JC. Comparison increased apical enlargement in reducing intracanal bacteria. J
of debris extruded apically in straight canals : conventional Endod 2002 ; 28 : 779-783.
filing versus Profile 04 taper serie 29. J Endod 1998 ; 24 : 18-22.
Cheung G, Liu C. A retrospective study of endodontic treatment
Berutti E, Negro AR, Lendini M, Pasqualini D. Influence of manual outcome between nickel-titanium rotary and stainless steel
pre-flaring and torque on the breakage rate of ProTaper rotary hand filing Techniques. J Endod 2009 ; 35 : 938-944
instruments. J Endod 2004 ; 30 : 228-230.
Chong BS, Pitt Ford TR. The role of intracanal medication in root
Berutti E, Cantatore G, Castellucci A, Chiandussi G, Pera F, canal treatment. Inter Endod J 1992 ; 25 : 97-106.
Migliaretti G et al. Use of nickel-titanium rotary PathFile to
create the glide path : comparison with manual pre-flaring in Cianconi L, Angotti V, Felici R, Conte G, Mancini M. Accuracy of
simulated root canals. J Endod 2009 ; 35 : 408-412. three electronic apex locators compared with digital radiogra-
phy : an ex vivo study. J Endod 2010 ; 36 : 2003-2007
Best S, Watson P, Pilliar R, Kulkarni GGK, Yared G. Torsional
fatigue and endurance limit of a size 30.06 ProFile rotary instru- Coldero LG, McHugh S, MacKenzie D, Saunders WP. Reduction in
ment. Int Endod J 2004 ; 37 : 370 373. intracanal bacteria during root canal preparation with and wit-
hout apical enlargement. Int Endod J 2002 ; 35 : 437-446.
Boucher Y, Matossian L, Rilliard F, Machtou P. Radiographic eva-
luation of the prevalence and technical quality of root canal Coleman CL, Svec TA. Analysis of Ni-Ti versus stainless steel ins-
treatment in a French subpopulation. Inter Endod J 2002 ; 35 : trumentation in resin simulated canals. J Endod 1997 ; 23 :
229-238. 232-235.
214
215
Kramkowski TR, Bahcall J. An in vitro comparison of torsional Park SY, Cheung GSP, Yum J, Hur B, Park JK, Kim HC. Dynamic tor-
stress and cyclic fatigue resistance of ProFile GT and ProFile GT sional resistance of nickel-titanium rotary instruments. J Endod
Series X rotary nickel-titanium files. J Endod 2009 ; 35 : 404-407. 2010 ; 36 : 1-5.
Kuttler Y. Microscopic investigation of the root apexes. J Am Pertot WJ. Quinze ans de nouveautés technologiques en endo-
Dent Assoc 1955 ; 50 : 544-552. dontie. Clinic 2009 ; 146 : 28-39.
Linsuwanont P, Parashos P, Messer HH. Cleaning of rotary nickel- Pertot WJ, Simon S. Réussir le traitement endodontique. Paris :
titanium endodontic instruments. Int Endod J 2004 ; 37 : 19-28. Quintessence International, 2003.
Lopes HP, Moreira EJ, Elias CN, Andriola de Almeida R, Schultz Pertot WJ, Machtou P, Webber J, Lumley P. L’avenir de la mise en
Neves M. Cyclic fatigue of Protaper instruments. J Endod 2007 ; forme canalaire : rotation continue ou mouvement réciproque ?
33 : 55-57. Clinic 2008 ; 29 : 153-159.
Lopes HP, Ferreira AAP, Elias CN, Edson JL, Moreira EJL, Machado Pertot WJ, Webber J, Machtou P, Kuttler S. Mise en forme cana-
de Oliveira JC et al. Influence of rotational speed on the cyclic laire en mouvement réciproque : WaveOne et Reciproc. Inf Dent
fatigue of rotary nickel-titanium endodontic instruments. J 2011 ; 38 : 10-18.
Endod 2009 ; 35 : 1013-1016.
Peters OA. Challenges in root canal preparation. J Endod 2004 ;
Love RM. Regional variation in root dentinal tubule infection by 30 : 539-567.
Streptococcus gordonii. J Endod 1996 ; 22 : 290-293.
Peters OA, Barbakow F. Effects of irrigation on debris and smear
Luiten DJ, Morgan LA, Baumgartner JC, Marschall JG. A compari- layer on canal walls prepared by two rotary techniques : a scan-
son of four instrumentation techniques on apical canal trans- ning electron microscopic study. J Endod 2000 ; 26 : 6-10.
portation. J Endod 1995 ; 21 : 26-32.
Peters OA, SchönenbergerK, Laib A. Effects of four Ni-Ti prepa-
Machtou P,. Guide clinique d’endodontie. Rueil-Malmaison : ration techniques on root canal geometry assessed by micro
CdP, 1993. computed tomography. Int Endod J 2001 ; 34 : 221-230.
Martin H. A telescopic technique for endodontics. J District Peters OA, Peters CI, Schonenberger K, Barbakow F. ProTaper
Columbia Dent Soc 1974 ; 49 : 12. rotary root canal preparation : assessment of torque and force in
Martin B, Zelada G, Varela P, Bahillo JG, Magan F, Ahn S et al. relation to canal anatomy. Int Endod J 2003 ; 36 : 93-99.
Factors influencing the fracture of nickel- titanium rotary instru- Peters OA, Roehlike JO, Baumann MA. Effect of immersion in
ments. Int Endod J 2003 ; 36 : 262-266. sodium hypochlorite on torque and fatigue resistance of nickel-
Matsuo T, Shirakami T, Ozaki K, Nakanishi T, Yumoto H, Ebisu S. titanium instruments. J Endod 2007 ; 33 : 589-593.
An immunohistological study of the localization of bacteria Peters OA, Boessler C, Paque F. Root canal preparation with a
invading root pulpal walls with teeth with periapical lesions. J novel nickel-titanium instrument evaluated with micro-compu-
Endod 2003 ; 29 : 194-200. ted tomography : canal surface preparation over time. J Endod
Mayer BE, Peters OA, Barbakow F. Effect of rotary instruments 2010 ; 36 : 1068-1072.
and ultrasonic irrigation on debris and smear layer scores : a Peters OA, Paqué F. Root canal preparation of maxillary molars
scanning electron microscopic study. Int Endod J 2002 ; 35 : with the Self-adjusting File : a micro-computed tomography
582-589. study. J Endod 2011 ; 37 : 53-57.
Metzger Z, Teperovich E, Zary R, Cohen R, Hof R. The Self- Pettiette MT, Metzger Z, Phillips C, Trope M. Endodontic com-
adjusting File (SAF). Part 1 : respecting the root canal anatomy plications of root canal therapy performed by dental students
A new concept of endodontic files and its implementation. J with stainless-steel K-files and nickel-titanium hand files. J
Endod 2010a ; 36 : 679-690. Endod 1999 ; 25 : 230-234.
Metzger Z, Teperovich E, Cohen R, Zary R, Paque F, Hülsmann M. Pettiette MT, Delano EO, Trope M. Evaluation of success rate of
The Self Adjusting File (SAF). Part 3 : removal of debris and smear endodontic treatment performed by students with stainless-steel
layer. A scanning electron microscope study. J Endod 2010b ; 36 : K-files and nickel-titanium hand files. J Endod 2001 ; 27 : 124-127.
697-702.
Pineda F, Kuttler Y. Mesiodistal and buccolingual roentgenogra-
Molander A, Caplan D, Bergenholtz G, Reit C. Improved quality phic investigation of 7,275 root canals. Oral Surg 1972 ; 33 : 101-110.
of root fillings provided by general dental practitioners educa-
ted on nickel-titanium rotary instrumentation. Int Endod J 2007 ; Popovic J, Gasic J, Zivkovic S, Petrovic A, Radicevic G. Evaluation
40 : 254-260. of biological debris on endodontic instruments after cleaning
and sterilization procedures. Int Endod J 2010 ; 43 : 336-341.
Morgan LF, Montgomery S. An evaluation of the crown down
presureless technique. J Endod 1984 ; 10 : 491-498. Pruett JP, Clement DJ, Carnes DL. Cyclic fatigue testing of nickel-
titanium endodontic instruments. J Endod 1997 ; 23 : 77-85.
Mullaney T. Instrumentation of finely curved canals. Dent Clin
North Am 1979 ; 4 : 575-592. Reddy SA, Hicks ML. Apical extrusion of debris using two hand
and two rotary instrumentation techniques. J Endod 1998 ; 24 :
Ng YL, Mann V, Rahbaran S, Lewsey J, Gulabivala K. Outcome of
180-183.
primary root canal treatment : systematic review of the litera-
ture. Part 2. Influence of clinical factors. Int Endod J 2008 ; 41 : Roane JB, Sabala CL, Duncanson MG Jr. The « balanced force »
6-31. concept for instrumentation of curved canals. J Endod 1985 ; 11 :
Paque F, Musch U, Hulsmann M. Comparison of root canal pre- 203-211.
paration using RaCe and ProTaper rotary Ni-Ti instruments. Int Rollison S, Barnett F, Stevens RH. Efficacy of bacterial removal
Endod J 2005 ; 38 : 8-16. from instrumented root canals in vitro related to instrumenta-
216
217
219
Le rôle de l’irrigation en endodontie est double. L’irrigation Actuellement, quel que soit son usage, il est généralement
doit avoir : fabriqué par électrolyse d’une solution de chlorure de
• une action physique, qui est essentielle afin d’aider à l’élimi- sodium.
nation des débris organiques et minéraux ainsi que des
micro-organismes. La mise en suspension des débris évite
leur sédimentation et un blocage potentiel du canal radicu-
laire. L’irrigation permet en outre une lubrification des ins- En solution, il est dissocié selon l’équation suivante (HOCl =
truments qui facilite leur nettoyage et maintient leur acide hypochloreux) :
efficacité de coupe ; NaOCl + H2O → NaOH + HOCl.
• une action chimique combinant : En solution aqueuse, l’acide hypochloreux se dissocie partiel-
- une bonne efficacité antibactérienne, lement en anion OCl– (OCl– = ion hypochlorite) :
- une bonne action solvante sur les débris organiques, HOCl → H + OCl–.
- une absence de cytotoxicité pour le péri-apex. Les deux formes HOCl et OCl– sont en équilibre et déter-
À l’évidence, cette dernière propriété s’avère difficilement minent la concentration du produit qui est exprimée en
compatible avec les deux premières, expliquant par là les « chlore actif » ou « chlore disponible ». Le niveau de chlore
recommandations d’utiliser des solutions d’hypochlorite de disponible dépend du pH de la solution. Au-dessus d’un pH
sodium peu concentrées ou de recourir à d’autres produits. de 7,6, la forme prédominante est l’OCl–, en dessous de cette
valeur, c’est l’acide hypochloreux. Les solutions l’hypochlo-
rite de sodium utilisées en endodontie ont un pH de 12, donc
A - Solutions d’irrigation le chlore disponible existe sous forme d’OCl–. À pH 10, tout
Historiquement, de nombreux produits ont été utilisés le chlore disponible est sous la forme d’OCl– et l’inverse se
comme solutions d’irrigation en endodontie. On peut citer produit à pH 4,5, lorsque tout le chlore est sous la forme
en vrac l’eau distillée, les solutions anesthésiques, les acides d’HOCl. Les deux formes sont des agents oxydants extrême-
(citrique et phosphorique), les chélateurs (EDTA), les enzymes ment puissants ; cependant, à des niveaux identiques de
protéolytiques, les solutions alcalines (hypochlorite de chlore actif, l’acide hypochloreux a une capacité oxydante
sodium, hydroxyde de sodium, urée, hydroxyde de potas- bien plus importante que l’ion hypochlorite. Il est respon-
sium), les agents oxydants (eau oxygénée, peroxyde d’urée, sable des actions d’oxydation et de chloration sur les tissus et
eau superoxydée), différents antibiotiques, les ammoniums les bactéries. La dissociation de l’acide hypochloreux dépend
quaternaires, l’eau ozonée et, enfin, la chlorhexidine. du pH, mais l’équilibre clinique entre acide hypochloreux et
ion hypochlorite se maintient au fur et à mesure que l’acide
hypochloreux est dissipé lors de sa fonction bactéricide. Les
Important ! Mais, à l’heure actuelle, rien ne peut remplacer propriétés désinfectantes décroissent avec l’augmentation
l’hypochlorite de sodium qui demeure la solution d’irriga-
du pH de manière parallèle à la concentration de l’acide
tion de choix (Zehnder, 2006) car, elle seule, remplit au
mieux les conditions requises. hypochloreux dissocié (Christensen et al., 2008).
L’hypochlorite de sodium agit comme un solvant des graisses
et des matières organiques en dégradant les acides gras qui
Dans ce chapitre, seules les solutions d’irrigation actuelle- sont transformés en sels d’acides gras (savons) et en glycérol
ment recommandées seront évoquées. (alcool), réduisant ainsi la tension superficielle de la solution
(réaction de saponification).
L’hypochlorite de sodium neutralise les acides aminés en for-
B - Hypochlorite de sodium mant de l’eau et un sel (réaction de neutralisation). La perte
L’hypochlorite de sodium est la solution la plus utilisée en des ions hydroxyle induit une réduction du pH. En présence
endodontie. Elle possède un large spectre antibactérien et son de matières organiques, l’acide hypochloreux présent dans
efficacité a pu être démontrée sur les bactéries, les spores, les les solutions d’hypochlorite libère du chlore qui, combiné au
levures et les virus (McDonnell et Russell, 1999). Cette action groupe de protéines aminées, forme des chloramines qui
est due à sa capacité d’oxydation et d’hydrolyse des protéines perturbent le métabolisme cellulaire (réaction de chlorami-
cellulaires et son hypertonicité permet, par diffusion, l’évacua- nation). L’acide hypochloreux et les ions hypochlorites pro-
tion les fluides cellulaires (Pashley et al., 1985). voquent la dégradation et l’hydrolyse des acides aminés. Par
L’hypochlorite de sodium utilisé sous forme de solution ailleurs, le chlore provoque une oxydation irréversible des
aqueuse (eau de Javel) n’est jamais pur mais est mélangé à du groupements sulfhydryle (SH) et inhibe les principales
chlorure de sodium (NaCl), ce dernier étant naturellement enzymes bactériennes (Estrela et al., 2002).
présent lors de la fabrication de l’hypochlorite.
Historiquement, l’hypochlorite de sodium a traditionnelle- 1 - Historique
ment été produit par barbotage de gaz de chlore à travers Le chlore est découvert en 1774 par le chimiste suédois
une solution de soude (NaOH). Scheele. Quelques années après, Berthollet étudie les pro-
220
221
lution pour l’hypochlorite de sodium à 0,5 %, 1 % et 2,5 % ont tion de brûlure, un larmoiement profus et une rougeur de la
été respectivement de 0,31, 0,43 et 0,55 mg/min. cornée. Les conséquences d’un tel incident sont en en géné-
Clarkson et al. (2006) ont testé l’action solvante de deux ral bénignes si l’on prend soin de pratiquer une irrigation ocu-
concentrations d’hypochlorite de sodium sur le tissu pul- laire abondante avec de l’eau du robinet ou du sérum
paire d’incisives porcines et ont trouvé que la concentration physiologique. Il est également possible d’adresser le patient
la plus élevée provoquait la dissolution la plus rapide. Récem- à un ophtalmologiste pour un examen ultérieur plus appro-
ment, un surfactant a été ajouté à de l’hypochlorite de fondi et un éventuel traitement (Ingram, 1990). Pendant le
sodium à 6 % (Chlor-Xtra™, Vista Dental) (fig. 11.1). traitement, le port systématique d’une paire de lunettes de
soleil permet d’éviter ce type de désagrément.
Par rapport à une solution classique de même concentra-
tion, on constate une dissolution plus rapide du tissu pul- Remarque : mais, de loin, le principal reproche que l’on fait
paire, vraisemblablement à cause d’une meilleure habituellement à l’hypochlorite de sodium concerne sa
mouillabilité (Clarkson et al., 2006 ; Stojicic et al., 2010). cytotoxicité, notamment en cas d’injection accidentelle
dans le péri-apex.
Ces désagréments peuvent être facilement évités par la mise La réaction est immédiate, extrêmement violente et doulou-
en place d’une digue étanche, par la protection adéquate du reuse même sous anesthésie, avec un gonflement des tissus,
praticien et du patient dans le cadre d’une organisation de un hématome et un saignement profus. L’acte opératoire doit
travail efficace et réfléchie et par l’utilisation d’une seringue être interrompu, des compresses froides doivent être immé-
avec un dispositif Luer-Lock d’attache de l’aiguille. On a éga- diatement appliquées sur la région faciale pour soulager la
lement rapporté l’incidence d’une blessure oculaire si une douleur et la dent doit être laissée ouverte pour optimiser le
goutte d’hypochlorite de sodium est projetée dans les yeux drainage. Une prescription antibiotique et antalgique est
du patient, provoquant une douleur immédiate, une sensa- recommandée ainsi que l’application de compresses chaudes
222
223
moins caustique que l’hypochlorite de sodium (Spangberg D - Rinçage final : EDTA, acide citrique
et al., 1973). Une des raisons de la popularité de la chlorhexi- MTAD (Hülsmann et al., 2003)
dine réside dans ses propriétés bactéricides rémanentes car
Les manœuvres instrumentales effectuées lors de la mise en
elle se fixe sur les tissus durs, ce qui prolonge son action.
forme canalaire créent, en milieu humide, une pellicule de
Mais comme la plupart des antiseptiques utilisés en endo-
boue dentinaire (ou smear layer) de 1 à 5 µm d’épaisseur
dontie, le pH du milieu, la présence des constituants de la
(Mader et al., 1984), composée d’un agrégat de débris orga-
dentine (hydroxyapatite et collagène) ainsi que les débris
niques et minéraux (fig. 11.3). Aujourd’hui, même s’il n’existe
organiques ou les liquides inflammatoires réduisent considé-
pas de consensus sur l’élimination de la boue dentinaire (Vio-
rablement son efficacité (Haapasalo et al., 2000).
lich et Chandler, 2010), il est généralement recommandé de
le faire afin de réaliser un parage canalaire complet et d’amé-
Note : par ailleurs, son action antibactérienne, qui est loin liorer l’efficacité des médications intracanalaires ainsi que
d’être meilleure que celle de l’hypochlorite de sodium (Rin-
gel et al., 1982 ; Jeansonne et White, 1994) a principalement l’étanchéité de l’obturation (Shahravan et al., 2007). La boue
été mise en évidence in vitro et ex vivo, sur des germes ana- dentinaire n’existe que là où les instruments ont travaillé
érobies à Gram positif, que l’on rencontre surtout dans les (Mader et al., 1984). À condition d’utiliser les produits appro-
priés, on peut donc l’éliminer de façon prévisible et repro-
cas d’échec endodontique. Son efficacité est bien moindre ductible car les solutions d’irrigation suivront la trajectoire
sur les bactéries anaérobies à Gram négatif, présentes de la préparation canalaire (Caron et al., 2010) (fig. 11.4).
essentiellement dans les traitements initiaux des dents Cependant, selon la situation clinique, elle n’a pas la même
infectées, ce qui laisse supposer que son utilité en tant
composition (tableau 11.1).
qu’agent antibactérien en endodontie est surestimée.
L’hypochlorite de sodium n’étant actif que sur la compo-
De plus, dépourvue de toute action solvante sur les débris sante organique, il est donc nécessaire d’utiliser d’autres
organiques nécrosés (Naenni et al., 2004), elle ne peut donc solutions d’irrigation pour se débarrasser de la compo-
remplacer l’hypochlorite de sodium comme solution d’irriga- sante minérale de la dentine. L’EDTA et l’acide citrique (AC)
tion peropératoire. dissolvent les tissus minéraux mais n’ont pas ou peu d’ac-
Sous forme liquide, elle peut faire office de médication intra- tion sur les matières organiques. En revanche, la gestion du
canalaire, mais une étude récente (Paquette et al., 2007) biofilm doit faire l’objet de mesures spécifiques qui seront
abordées plus loin.
conclue que « l’application de chlorhexidine 2 %, liquide, en
224
225
226
227
Le même résultat peut être obtenu avec un diamètre forami- seule la mise en forme conique complète du canal permet
nal plus petit et une conicité apicale avoisinant 10 %. Bron- d’intéresser totalement sa trajectoire.
nec et al. (2010a et 2010b) ont montré que la réutilisation Klinghofer (1990) duplique le protocole de Yana, cette fois
d’une lime de perméabilité de petit calibre tout au long de la sur des dents nécrosées. Les résultats sont confirmés et
mise en forme permet une pénétration et un échange com- mettent en évidence que la pénétration de la solution est
plets de la solution jusqu’à la limite apicale dans les canaux plus facile et rapide, que les canaux latéraux peuvent être
courbes, quand ceux-ci sont préparés de façon conique avec concernés par l’irrigation et que cette dernière ne dépasse
un diamètre apical réduit. pas le foramen apical même sur des apex ouverts si l’aiguille
En 1980, Machtou, soulignait l’importance, dans les études de la seringue reste libre dans le canal.
in vitro et ex vivo, de sceller le foramen apical avec une bou- Utilisant la soustraction digitale radiographique pour plus de
lette de cire à modeler pour simuler les tissus péri-apicaux, précision, Bronnec et al. (2010b) ont évalué ex vivo la péné-
éviter l’extrusion de la solution et donc une surestimation de tration et l’échange de l’irrigation lors du rinçage final sur des
sa capacité de pénétration. Les recherches ont été menées canaux courbes et étroits en fonction de quatre variables
sur un modèle de dent rendue transparente avec, comme importantes : l’augmentation de la conicité apicale, le calibre
solution d’irrigation, de l’éosine utilisée en alternance avec et le niveau d’insertion de l’aiguille et le volume de la solu-
de l’hypochlorite de sodium, ainsi que sur des dents extraites, tion, avec les conclusions suivantes :
le colorant étant remplacé par une solution de contraste - seule l’irrigation active a permis une pénétration et un
radio-opaque, l’Hypaque, aux propriétés physiques proches échange complets de la solution d’irrigation ;
de celles de l’hypochlorite de sodium (Bronnec et al., 2010a). - concernant l’irrigation passive, les quatre variables ont une
Les conclusions suivantes en ont été tirées : influence (p < 0,005) significative sur la pénétration des
- la solution d’irrigation délivrée à la seringue sans coincer solutions ;
l’aiguille dans le canal ne va pas plus loin que le bout de - pour l’irrigation passive (IP), le niveau de l’aiguille dans le
l’aiguille, en raison de la présence d’une colonne d’air (Luks, canal a été le facteur dominant le plus important pour la
1974) dont, étonnamment, on redécouvre l’importance pénétration des solutions.
aujourd’hui (Tay et al., 2010) ; Les études précédemment citées restent essentiellement
- la pénétration et l’échange de la solution sont améliorés fondées sur l’observation macroscopique de la dynamique
avec la progression de la mise en forme ; intracanalaire des fluides et procurent peu d’informations sur
- l’irrigation n’est réellement efficace qu’à la fin de la mise en l’élimination des débris et micro-organismes. Afin de com-
forme canalaire. L’espace de reflux situé entre l’aiguille de la penser ces limites, l’imagerie en temps réel de bactéries bio-
seringue et les parois canalaires permet la création d’un cir- luminescentes (Sedgley et al., 2004 et 2005 ; Nguy et Sedgley,
cuit hydraulique qui autorise un échange progressif de la 2006) et l’utilisation de stéréo-microscopes et d’images digi-
solution. tales pour évaluer l’élimination de débris dentinaires placés
Yana (1989), dans une étude radiographique sur patients, a dans des anfractuosités artificiellement créées (van der Sluis
repris le même protocole sur 60 canaux de dents vivantes et et al., 2005) ont fourni des données complémentaires inté-
a défini et distingué, pour la première fois, les deux types ressantes mais ne renseignent aucunement sur l’étiologie de
d’irrigations rencontrés dans la procédure d’irrigation : ces effets, à savoir le débit et le mode d’écoulement de la
- l’irrigation est dite passive (IP) lorsqu’elle est délivrée à la seringue ; solution à l’intérieur de l’aiguille et du canal. L’analyse
- l’irrigation est dite active (IA) quand tout type d’instrument d’images thermiques (Hsieh et al., 2007) présente un incon-
ou de dispositif travaille dans la solution. vénient lié à la différence de température entre la solution
L’étude confirme que la progression de la mise en forme chauffée qui est délivrée et celle refroidie à l’intérieur du
améliore la pénétration et l’échange de la solution et que canal, ce qui peut altérer et réduire la viscosité de la solution.
228
229
230
231
232
233
une augmentation à ISO 40 du diamètre apical de la prépara- seringue pour éliminer E. faecalis (Siqueira et al., 2010). On peut
tion (Brunson et al., 2010). L’action antibactérienne a été étu- craindre pourtant certaines limites cliniques dans l’utilisation
diée sur des canaux en plastique infectés avec E. faecalis ; de cet instrument : la nécessité de placer une lime K n° 20 à la
pour Townsend et Maki (2009), l’irrigation passive ultraso- longueur de travail dans des canaux courbes n’est pas toujours
nore s’est montrée plus efficace que l’EndoVac®. In vitro sur évidente. Les courbures apicales sévères sont difficiles à gérer
dents extraites infectées avec E. faecalis, Hockett et al. (2008) et l’insuffisance de mise en forme canalaire complique les
ont constaté une réduction bactérienne hautement significa- techniques classiques d’obturation. Des recherches complé-
tive mais, pour Brito et al. (2009), celle-ci n’est pas différente mentaires diront si, comme le clament les auteurs, cette lime
de l’irrigation classique – à l’aide d’une aiguille Navy Tip 30 G auto-adaptée est dépourvue des défauts des systèmes en nic-
(Ultradent) placée à 3 mm de la longueur de travail – et de kel-titane actuels et représente un pas en avant dans la réalisa-
l’EndoActivator®. De la même façon, Miller et Baumgartner tion de la préparation canalaire. Pour l’auteur, il semble que la
(2010) ne trouvent pas de différence significative entre l’En- SAF doit davantage être considérée comme un dispositif d’irri-
doVac® et l’irrigation classique avec une aiguille Maxi-Probe gation finale plutôt que comme un instrument de mise en
de 30 G. Deux études conduites sur des dents immatures de forme canalaire.
chiens avec parodontite apicale concluent qu’une médica-
tion antibiotique intracanalaire est inutile après irrigation
avec l’EndoVac® (Cohenca et al., 2010) et constatent une
H - Désinfection par photo-activation
réparation péri-apicale plus avancée (da Silva et al., 2010). La désinfection par photo-activation est une voie promet-
En résumé, l’EndoVac® permet d’obtenir un bon nettoyage teuse qui a besoin d’être davantage approfondie. Les bacté-
apical à 1 mm de la longueur de travail, avec une bonne action ries sont marquées à l’aide d’un colorant, le bleu de toluidine,
antimicrobienne si on l’utilise en association avec de l’hypo- afin d’être détruites par le rayonnement d’un laser à basse
chlorite de sodium, ainsi qu’un risque d’extrusion apicale puissance comme le laser à diode (Lee et al., 2004). In vitro,
réduit. Ce n’est pas un dispositif d’activation mais un moyen sa capacité à éliminer E. faecalis a été démontrée, de même
de délivrer la solution d’irrigation. Son utilisation clinique est que son action sur des biofilms polymicrobiens (Fimple et al.,
fastidieuse car c’est un matériel encombrant qui nécessite 2008), mais une stérilisation totale n’a pas pu être obtenue.
une aide opératoire et son prix de revient n’est pas négli- In vivo, dans un essai clinique effectué en omnipratique (Bon-
geable. sor et al., 2006), la réduction bactérienne a été efficace mais
non complète. Bergmans et al. (2008), dans une étude effec-
tuée à l’aide d’un microscope électronique à balayage envi-
G - Lime universelle auto-adaptée SAF ronnemental, ont étudié l’effet bactéricide de la désinfection
(Self-Adjusting File®) par photo-activation sur différents pathogènes inoculés dans
des canaux radiculaires avec une attention particulière à la
Un nouvel instrument apparu tout récemment sur le marché
formation et à la destruction du biofilm. La conclusion sti-
propose un concept original de mise en forme canalaire et
pule que la désinfection par photo-activation n’est pas une
d’irrigation intracanalaire simultanées à l’aide d’une lime unique
solution de remplacement mais un complément possible aux
dont le dessin spécifique lui permet de se conformer à l’anato-
protocoles habituels de désinfection canalaire. Une activa-
mie des canaux (Metzger et al., 2010a). La tige de l’instrument
tion préalable du colorant avec l’EndoActivator® ou l’irriga-
est creusée sur sa longueur par une rainure dont les bords sont
tion passive ultrasonore est nécessaire pour répartir la
reliés d’un fin lacis en nickel-titane lui permettant de s’adapter
solution dans les anfractuosités du réseau canalaire.
à la section du canal (Hof et al., 2010). Une lime unique, animée
Récemment, les effets de la désinfection par photo-activa-
par une courte oscillation longitudinale de 0,4 mm d’ampli-
tion ont été évalués in vitro sur différentes espèces bacté-
tude, est utilisée pour la mise en forme du canal préalable-
riennes planctoniques en utilisant une lampe à polymériser
ment négocié et sécurisé par une lime K n° 20. La pression
classique (Schlafer et al., 2010) à la place du laser. Cette tech-
circonférentielle des parois canalaires permet à la lime d’abra-
nique a permis de réduire efficacement, mais jamais totale-
ser une fine couche de dentine sur toute la surface du canal.
ment, la population bactérienne.
De cette façon, les canaux ovales ou aplatis peuvent être élar-
gis dans le respect de l’anatomie initiale. La lime est très
flexible et l’irrigation est renouvelée en permanence. Une pre-
mière étude (Metzger et al., 2010b) montre, au microscope VII - Conclusion
électronique à balayage, une bonne élimination des débris et
de la boue dentinaire. Pour Peters et al. (2010), utilisant un Dans le cadre du traitement endodontique, l’irrigation est
micro-scanner et des incisives maxillaires droites, un temps de un facteur essentiel du succès en présence de parodontite
préparation de 5 minutes s’avère nécessaire car la durée d’utili- apicale. Son action est complémentaire et indissociable de
sation influe sur la capacité de la lime à intéresser la majorité la mise en forme mécanique du canal radiculaire. Aujourd’hui,
des parois canalaires. In vitro, sur des canaux ovales de dents l’hypochlorite sodium reste la solution d’irrigation de choix
monoradiculées, la SAF a été plus efficace que la combinaison par son excellente action antiseptique et son action sol-
vante sur les matières organiques. Néanmoins, l’EDTA ou
instrumentation rotative en nickel-titane/irrigation à la
234
Bibliographie
Abbott PV, Heijkoop PS, Cardaci SC, Hume WR, Heithersay GS. A Baumgartner JC, Cuenin PR. Efficacy of several concentrations of
SEM study of the effects of different irrigation sequences and sodium hypochlorite for root canal irrigation. J Endod 1992 ; 18 :
ultrasonics. Int Endod J 1991 ; 24 : 308-316. 605-612.
Abou-Rass M, Piccinino MV. The effectiveness of four clinical Bergenholtz G. Micro-organisms from necrotic pulp of trauma-
irrigation methods on the removal of root canal debris. Oral tized teeth. Odontol Revy 1974 ; 25 : 347-358.
Surg Oral Med Oral Pathol 1982 ; 54 : 323-328. Bergmans L, Van Cleynenbreugel J, Wevers M, Lambrechts P. A
Ahmad M, Pitt Ford TJ, Crum LA. Ultrasonic debridement of root methodology for quantitative evaluation of root canal instru-
canals : acoustic streaming and its possible role. J Endod 1987 ; mentation using microcomputed tomography. Int Endod J 2001 ;
13 : 490-499. 34 : 390-398.
Albrecht LJ, Baumgartner JC, Marshall JG. Evaluation of apical Bergmans L, Moisiadis P, Huybrechts B, Van Meerbeek B,
debris removal using various sizes and tapers of ProFile GT files. Quirynen M, Lambrechts P. Effect of photo-activated disinfec-
J Endod 2004 ; 30 : 425-428. tion on endodontic pathogens ex vivo. Int Endod J 2008 ; 41 :
227-239.
Al-Jadaa A, Paqué F, Attin T, Zehnder M. Necrotic pulp tissue
dissolution by passive ultrasonic irrigation in simulated acces- Boessler C, Peters OA, Zehnder M. Impact of lubricant parame-
sory canals : impact of canal location and angulation. Int Endod ters on rotary instrument torque and force. J Endod 2007 ; 33 :
J 2009 ; 42 : 59-65. 280-283.
Athanassiadis B, Abbott PV, Walsh LJ. The use of calcium Bonsor SJ, Nichol R, Reid TM, Pearson GJ. Microbiological eva-
hydroxide, antibiotics and biocides as antimicrobial medica- luation of photo-activated disinfection in endodontics (an
ments in endodontics. Aust Dent J 2007 ; 52 (suppl.) : S64-S82. in vivo study). Br Dent J 2006 ; 200 : 337-341.
Austin JH, Taylor HD. Behaviour of hypochlorite and chloramine- Boutsioukis C, Lambrianidis T, Kastrinakis E, Bekiaroglou P.
T solutions in contact with necrotic and normal tissue in vivo. J Measurement of pressure and flow rates during irrigation of a
Exp Med 1918 ; 27 : 627-633. root canal ex vivo with three endodontic needles. Int Endod J
2007 ; 40 : 504-513.
Azarpazhooh A, Limeback H. The application of ozone in dentis-
try : a systematic review of literature. J Dent 2008 ; 36 : 104-116. Boutsioukis C, Lambrianidis T, Kastrinakis E. Irrigant flow within a
prepared root canal using various flow rates : a computational
Basrani BR, Manek S, Sodhi RN, Fillery E, Manzur A. Interaction fluid dynamics study. Int Endod J 2009 ; 42 : 144-155.
between sodium hypochlorite and chlorhexidine gluconate. J
Boutsioukis C, Verhaagen B, Versluis M, Kastrinakis E, van der
Endod 2007 ; 33 : 966-969.
Sluis LW. Irrigant flow in the root canal : experimental validation
Baugh D, Wallace J. The role of apical instrumentation in root of an unsteady computational fluid dynamics model using high-
canal treatment : a review of the littérature. J Endod 2005 ; 31 : speed imaging. Int Endod J 2010a ; 43 : 393-403.
333-340. Boutsioukis C, Verhaagen B, Versluis M, Kastrinakis E, Wesselink
Baumgartner JC, Mader CL. A scanning electron microscopic PR, van der Sluis LW. Evaluation of irrigant flow in the root canal
evaluation of four root canal irrigation regimens. J Endod 1987 ; using different needle types by an unsteady computational fluid
13 : 147-157. dynamics model. J Endod 2010b ; 36 : 875-879.
235
Brito PR, Souza LC, Machado de Oliveira JC, Alves FR, De-Deus Christensen CE, McNeal SF, Eleazer P. Effect of lowering the pH
G, Lopes HP et al. Comparison of the effectiveness of three irri- of sodium hypochlorite on dissolving tissue in vitro. J Endod
gation techniques in reducing intracanal Enterococcus faecalis 2008 ; 34 : 449-452.
populations : an in vitro study. J Endod 2009 ; 35 : 1422-1427. Ciucchi B, Khettabi M, Holz J. The effectiveness of different
Bronnec F, Bouillaguet S, Machtou P. Ex vivo assessment of irri- endodontic irrigation procedures on the removal of the smear
gant penetration and renewal during the cleaning and shaping of layer : a scanning electron microscopic study. Int Endod J 1989 ;
root canals : a digital subtraction radiographic study. Int Endod J 22 : 21-28.
2010a ; 43 : 275-282. Clarkson RM, Moule AJ, Podlich H, Kellaway R, Macfarlane R,
Bronnec F, Bouillaguet S, Machtou P. Ex vivo assessment of irri- Lewis D et al. Dissolution of porcine incisor pulps in sodium
gant penetration and renewal during the final irrigation regimen. hypochlorite solutions of varying compositions and concentra-
Int Endod J 2010b ; 43 : 663-672. tions. Aust Dent J 2006 ; 51 : 245-251.
Brunson M, Heilborn C, Johnson DJ, Cohenca N. Effect of apical Clegg MS, Vertucci FJ, Walker C, Belanger M, Britto LR. The effect
preparation size and preparation taper on irrigant volume deli- of exposure to irrigant solutions on apical dentine biofilms
vered by using negative pressure irrigation system. J Endod 2010 ; in vitro. J Endod 2006 ; 32 : 434-437.
36 : 721-724.
Cohenca N, Heilborn C, Johnson JD, Flores DS, Ito IY, da Silva LA.
Bryce G, O’Donnell D, Ready D, Ng YL, Pratten J, Gulabivala K. Apical negative pressure irrigation versus conventional irrigation
Contemporary root canal irrigants are able to disrupt and eradi- plus triantibiotic intracanal dressing on root canal disinfection
cate single- and dual-species biofilms. J Endod 2009 ; 35 : in dog teeth. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
1243-1248. 2010 ; 109 : e42-e46.
Bryce G, Mac Beth N, Ng YL, Gulabival K. A Collagen « bio-mole- Coldero LG, McHugh S, MacKenzie D, Saunders WP. Reduction in
cular film » ex-vivo model to evaluate the efficacy of dynamic intracanal bacteria during root canal preparation with and wit-
irrigation using the EndoActivator® system. Int Endod J 2010 ; 43 : hout apical enlargement. Int Endod J 2002 ; 35 : 437-446.
828-831.
Coolidge ED. The diagnosis and treatment of conditions resul-
Bui TB, Baumgartner JC, Mitchell JC. Evaluation of the interac- ting from diseased dental pulp. J Nat Dent Assoc 1919 ; 6 : 337-349.
tion between sodium hypochlorite and chlorhexidine gluconate
Cunningham WT, Balekjian AY. Effect of temperature on col-
and its effect on root dentin. J Endod 2008 ; 34 : 181-185.
lagen-dissolving ability of NaOCl endodontic irrigant. Oral Surg
Burleson A, Nusstein J, Reader A, Beck M. The in vivo evaluation 1980 ; 49 : 175-177.
of hand/rotary/ultrasound instrumentation in necrotic, human
mandibular molars. J Endod 2007 ; 33 : 782-787. Dakin HD. On the use of certain antiseptic substances in treat-
ment of infected wounds. Br Med J 1915 ; 2 : 318-320.
Byström A, Sundqvist G. Bacteriologic evaluation of the efficacy
of mechanical root canal instrumentation in endodontic the- Dalton BC, Ørstavik D, Phillips C, Pettiette M, Trope M. Bacterial
rapy. Scand J Dent Res 1981 ; 89 : 321-328. reduction with nickel-titanium rotary instrumentation. J Endod
1998 ; 24 : 763-767.
Byström A, Sundqvist G. Bacteriologic evaluation of the effect
of 0.5 percent sodium hypochlorite in endodontic therapy. Oral da Silva LA, Nelson-Filho P, da Silva RA, Flores DS, Heilborn C,
Surg Oral Med Oral Pathol 1983 ; 55 : 307-312. Johnson JD et al. Revascularization and periapical repair after
endodontic treatment using apical negative pressure irrigation
Byström A, Sundqvist G. The antibacterial action of sodium versus conventional irrigation plus triantibiotic intracanal dres-
hypochlorite and EDTA in 60 cases of endodontic therapy. Int sing in dogs’ teeth with apical periodontitis. Oral Surg Oral Med
Endod J 1985 ; 18 : 35-40. Oral Pathol Oral Radiol Endod 2010 ; 109 : 779-787.
Byström A, Happonen RP, Sjogren U, Sundqvist G. Healing of de Gregorio C, Estevez R, Cisneros R, Heilborn C, Cohenca N.
periapical lesions of pulpless teeth after endodontic treatment Effect of EDTA, sonic, and ultrasonic activation on the penetra-
with controlled asepsis. Endod Dent Traumatol 1987 ; 3 : 58-63. tion of sodium hypochlorite into simulated lateral canals : an
Calişkan MK, Türkün M, Alper S. Allergy to sodium hypochlorite in vitro study. J Endod 2009 ; 35 : 891-895.
during root canal therapy : a case report. Int Endod J 1994 ; 27 : de Gregorio C, Estevez R, Cisneros R, Paranjpe A, Cohenca N.
163-167. Efficacy of different irrigation and activation systems on the
Card SJ, Sigurdsson A, Orstavik D, Trope M. The effectiveness of penetration of sodium hypochlorite into simulated lateral
increased apical enlargement in reducing intracanal bacteria. J canals and up to working length : an in vitro study. J Endod 2010 ;
Endod 2002 ; 28 : 779-783. 36 : 1216-1221.
Caron G, Nham K, Bronnec F, Machtou P. Effectiveness of dif- Desai P, Himel V. Comparative safety of various intracanal irriga-
ferent final irrigant activation protocols on smear layer removal tion systems. J Endod 2009 ; 35 : 545-549.
in curved canals. J Endod 2010 ; 36 : 1361-1366. Druttman AC, Stock CJ. An in vitro comparison of ultrasonic and
Carver K, Nusstein J, Reader A, Beck M. In vivo antibacterial effi- conventional methods of irrigant replacement. Int Endod J 1989 ;
cacy of ultrasound after hand and rotary instrumentation in 22 : 174-178.
human mandibular molars. J Endod 2007 ; 33 : 1038-1043. Dunavant TR, Regan JD, Glickman GN, Solomon ES, Honeyman
Chavez de Paz LE. Redefining the persistent infection in root AL. Comparative evaluation of endodontic irrigants against
canals : possible role of biofilm communities. J Endod 2007 ; 33 : Enterococcus faecalis biofilms. J Endod 2006 ; 32 : 527-531.
652-662. El Karim I, Kennedy J, Hussey D. The antimicrobial effects of root
Chow TW. Mechanical effectiveness of root canal irrigation. J canal irrigation and medication. Oral Surg Oral Med Oral Pathol
Endod 1983 ; 9 : 475-479. Oral Radiol Endod 2007 ; 103 : 560-569.
236
237
nic irrigation, and NaOCl irrigation alone after hand-rotary ins- layer. A scanning electron microscope study. J Endod 2010b ; 36 :
trumentation in human mandibular molars. J Endod 2010 ; 36 : 697-702.
1367-1371. Miller TA, Baumgartner JC. Comparison of the antimicrobial effi-
Koontongkaew S, Silapichit R, Thaweboon B. Clinical and labora- cacy of irrigation using the EndoVac to endodontic needle deli-
tory assessments of camphorated monochlorophenol in endo- very. J Endod 2010 ; 36 : 509-511.
dontic therapy. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1988 ; 65 : Mitchell RP, Yang SE, Baumgartner JC. Comparison of apical
757-762. extrusion of NaOCl using the EndoVac or needle irrigation of
Korzen BH, Krakow AA, Green DB. Pulpal and periapical tissue root canals. J Endod 2010 ; 36 : 338-341.
responses in conventional and monoinfected gnotobiotic rats. Mohammadi Z. Chlorhexidine gluconate in endodontics : an
Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1974 ; 37 : 783-802. update review. Int Dent J 2008a ; 58 : 247-257.
Koskinen KP, Stenvall H, Uitto VJ. Dissolution of bovine pulp tis- Mohammadi Z. Sodium hypochlorite in endodontics : an update
sue by endodontic solutions. Scand J Dent Res 1980 ; 88 : 406-411. review. Int Dent J 2008b ; 58 : 329-341.
Krishnamurthy S, Sudhakaran S. Evaluation and prevention of Mohammadi Z, Abbott PV. The properties and application of
the precipitate formed on interaction between sodium hypo- chlorhexidine in endodontics. Int Endod J 2009 ; 42 : 288-302.
chlorite and chlorhexidine. J Endod 2010 ; 36 : 1154-1157.
Molander A, Reit C, Dalhen G. Microbiological evaluation of
Law A, Messer H. An evidence-based analysis of the antibacte- clindamycin as a root canal dressing in teeth with apical perio-
rial effectiveness of intracanal medicaments. J Endod 2004 ; 30 : dontitis. Int Endod J 1990 ; 23 : 113-118.
689-694.
Möller AJ, Fabricius L, Dahlén G, Ohman AE, Heyden G. Influence
Lea SC, Walmsley AD, Lumley PJ. Analyzing endosonic root canal on periapical tissues of indigenous oral bacteria and necrotic
file oscillations : an in vitro evaluation. J Endod 2010 ; 36 : pulp tissue in monkeys. Scand J Dent Res 1981 ; 89 : 475-484.
880-883.
Molven O, Olsen I, Kerekes K. Scanning electron microscopy of
Lee MT, Bird PS, Walsh LJ. Photo-activated disinfection of the bacteria in the apical part of root canals in permanent teeth
root canal : a new role for lasers in endodontics. Aust Endod J with periapical lesions. Endod Dent Traumatol 1991 ; 7 : 226-229.
2004 ; 30 : 93-98.
Moorer WR, Wesselink PR. Factors promoting the tissue dissol-
Lewis PR. Sodium hypochlorite root canal therapy. J Florida Dent ving capability of sodium hypochlorite. Int Endod J 1982 ; 15 :
Soc 1954 ; 24 : 10-11. 187-196.
Luks S. Practical endodontics. Philadelphie : JB Lippincott, 1974 : Moser JB, Heuer MA. Forces and efficacy in endodontic irriga-
82-85. tion systems. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1982 ; 53 : 425-428.
Machtou P. Investigations sur l’irrigation en endodontie. Thèse Naenni N, Thoma K, Zehnder M. Soft tissue dissolution capacity
de doctorat en sciences odontologiques. Paris : Université Paris of currently used and potential endodontic irrigants. J Endod
7, 1980. 2004 ; 30 : 785-787.
Mader CL, Baumgartner JC, Peters DD. Scanning electron micros- Nair PN, Sjögren U, Krey G, Kahnberg KE, Sundqvist G.
copic investigation of the smeared layer on root canal walls. J Intraradicular bacteria and fungi in root-filled, asymptomatic
Endod 1984 ; 10 : 477-483. human teeth with therapy-resistant periapical lesions : a long-
Marending M, Luder HU, Brunner TJ, Knecht S, Stark WJ, Zehnder term light and electron microscopic follow-up study. J Endod
M. Effect of sodium hypochlorite on human root dentine. 1990 ; 16 : 580-588.
Mechanical, chemical and structural evaluation. Int Endod J Nair PNR. Pathogenesis of apical periodontitis and the causes of
2007a ; 40 : 786-793. endodontic failures. Crit Rev Oral Biol Med 2004 ; 15 : 348-381.
Martin H, Cunningham WT, Norris JP, Cotton WR. Ultrasonic ver- Nair PN, Henry S, Cano V, Vera J. Microbial status of apical root
sus hand filing of dentin : a quantitative study. Oral Surg Oral canal system of human mandibular first molars with primary api-
Med Oral Pathol 1980 ; 49 : 79-81. cal periodontitis after « one-visit » endodontic treatment. Oral
Mayer BE, Peters OA, Barbakow F. Effects of rotary instruments Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2005 ; 99 : 231-252.
and ultrasonic irrigation on debris and smear layer scores : a Nerwich A, Figdor D, Messer HH. pH changes in root dentin a
scanning electron microscopic study. Int Endod J 2002 ; 35 : 4-week period following root canal dressing with calcium
582-589. hydroxide. J Endod 1993 ; 19 : 302-306.
McDonnell G, Russell AD. Antiseptics and disinfectants : activity, Ng YL, Mann V, Rahbaran S, Lewsey J, Gulabivala K. Outcome of
action and résistance. Clin Microbiol Rev 1999 ; 12 : 147-179. primary root canal treatment : systematic review of the litera-
McGill S, Gulabivala K, Mordan N, Ng YL. The efficacy of dyna- ture. Part 1. Effects of study characteristics on probability of suc-
mic irrigation using a commercially available system (RinsEndo) cess. Int Endod J 2007 ; 40 : 921-939.
determined by removal of a collagen « bio-molecular film » Ng YL, Mann V, Rahbaran S, Lewsey J, Gulabivala K. Outcome of
from an ex vivo model. Int Endod J 2008 ; 41 : 602-608. primary root canal treatment : systematic review of the litera-
Metzger Z, Teperovich E, Zary R, Cohen R, Hof R. The self-adjus- ture. Part 2. Influence of clinical factors. Int Endod J 2008 ; 41 :
ting file (SAF). Part 1 : respecting the root canal anatomy. A new 6-31.
concept of endodontic files and its implementation. J Endod Nguy D, Sedgley C. The influence of canal curvature in the
2010a ; 36 : 679-690. mechanical efficacy of root canal irrigation in vitro using real-
Metzger Z, Teperovich E, Cohen R, Zary R, Paqué F, Hülsmann M. time imaging of bioluminescent bacteria. J Endod 2006 ; 32 :
The self-adjusting file (SAF). Part 3 : removal of debris and smear 1077-1080.
238
239
an in vitro and ex vivo study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol regimens in reducing the bacterial population within root canals.
Oral Radiol Endod 2010 ; 109 : 634-641. J Endod 2002 ; 28 : 181-184.
Schoeffel GJ. The EndoVac method of endodontic irrigation : Siqueira JF Jr, Magalhaes KM, Rôças IN. Bacterial reduction in
safety first. Dent Today 2007 ; 26 : 92, 94, 96. infected root canals treated with 2,5 % NaOCl as an irrigant and
Sedgley C, Applegate B, Nagel A, Hall D. Realtime imaging and calcium hydroxide/camphorated paramonochlorophenol paste
quantification of bioluminescent bacteria in root canals in vitro. as an intracanal dressing. J Endod 2007, 33 : 667-672
J Endod 2004 ; 30 : 893-898. Siqueira JF Jr, Alves FR, Almeida BM, de Oliveira JC, Rôças IN.
Ability of chemomechanical preparation with either rotary ins-
Sedgley CM, Nagel AC, Hall D, Applegate B. Influence of irrigant
truments or self-adjusting file to disinfect oval-shaped root
needle depth in removing bacteria inoculated into instrumented
canals. J Endod 2010 ; 36 : 1860-1865.
root canals using real-time imaging in vitro. Int Endod J 2005 ;
38 : 97-104. Siren EK, Haapasalo MP, Waltimo TM, Orstavik D. In vitro anti-
bacterial effect of calcium hydroxide combined with chlorhexi-
Senia ES, Marshall JF, Rosen S. The solvent action of sodium
dine or iodine potassium iodide on Enterococcus faecalis. Eur J
hypochlorite on pulp tissue of extracted teeth. Oral Surg Oral
Oral Sci 2004 ; 112 : 326-331.
Med Oral Pathol 1971 ; 31 : 96-103.
Sirtes G, Waltimo T, Schaetzle M, Zehnder M. The effects of
Shabahang S, Torabinejad M. Effect of MTAD on Enterococcus temperature on sodium hypochlorite short-term stability, pulp
faecalis-contaminated root canals of extracted human teeth. J dissolution capacity, and antimicrobial efficacy. J Endod 2005 ;
Endod 2003 ; 29 : 576-579. 31 : 669-671.
Shabahang S, Pouresmail M, Torabinejad M. In vitro antimicro- Sjögren U, Sundqvist G. Bacteriologic evaluation of ultrasonic
bial efficacy of MTAD and sodium. J Endod 2003 ; 29 : 450-452. root canal instrumentation. Oral Surg Oral Med Oral Pathol
Shahravan A, Haghdoost AA, Adl A, Rahimi H, Shadifar F. Effect 1987 ; 63 : 366-370.
of smear layer on sealingability of canal obturation : a systema- Sjögren U, Figdor D, Personn S, Sundqvist G. Influence of infection
tic review and meta-analysis. J Endod 2007 ; 33 : 96-105. at the time of root filling on the outcome of endodontic treatment
Shen Y, Stojicic S, Qian W, Olsen I, Haapasalo M. The synergistic of teeth with apical periodontitis. Int Endod J 1997 ; 30 : 297-306.
antimicrobial effect by mechanical agitation and two chlorhexi- Solovyeva AM, Dummer PM. Cleaning effectiveness of root
dine preparations on biofilm bacteria. J Endod 2010a ; 36 : canal irrigation with electrochemically activated anolyte and
100-104. catholyte solutions : a pilot study. Int Endod J 2000 ; 33 : 494-504.
Shen Y, Gao Y, Qian W, Ruse ND, Zhou X, Wu H et al. Three- Spangberg L, Engström B, Langeland K. Biologic effects of dental
dimensional numeric simulation of root canal irrigant flow with materials. 3. Toxicity and antimicrobial effect of endodontic
different irrigation needles. J Endod 2010b ; 36 : 884-889. antiseptics in vitro. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1973 ; 36 :
Shin SJ, Kim HK, Jung IY, Lee CY, Lee SJ, Kim E. Comparison of the 856-871.
cleaning efficacy of a new apical negative pressure irrigating sys- Stojicic S, Zivkovic S, Qian W, Zhang H, Haapasalo M. Tissue dis-
tem with conventional irrigation needles in the root canals. Oral solution by sodium hypochlorite : effect of concentration, tem-
Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2010 ; 109 : perature, agitation, and surfactant. J Endod 2010 ; 36 : 1558-1562.
479-484.
Svensater G, Bergenholtz G. Biofilms in endodontic infections.
Shuping GB, Orstavik D, Sigurdsson A, Trope M. Reduction of Endodontic Topics 2004 ; 9 : 27-36.
intracanal bacteria using nickel-titanium rotary instrumentation
and various medications. J Endod 2000 ; 26 : 751-755. Sundqvist G. Ecology of the root canal flora. J Endod 1992 ; 18 :
427-430.
Siqueira JF Jr, de Uzeda M. Disinfection by calcium hydroxide
pastes of dentinal tubules infected with two obligate and one Tay FR, Mazzoni A, Pashley DH, Day TE, Ngoh EC, Breschi L.
facultative anaerobic bacteria. J Endod 1996 ; 22 : 674-676. Potential iatrogenic tetracycline staining of endodontically
treated teeth via NaOCl/MTAD irrigation : a preliminary report.
Siqueira JF Jr, Lopes HP. Mechanisms of antimicrobial activity of J Endod 2006 ; 32 : 354-358.
calcium hydroxide : a critical review. Int Endod J 1999 ; 32 :
Tay FR, Gu LS, Schoeffel GJ, Wimmer C, Susin L, Zhang K et al.
361-369.
Effect of vapor lock on root canal debridement by using a side-
Siqueira JF Jr, Sen BH. Fungi in endodontic infections. Oral Surg vented needle for positive-pressure irrigant delivery. J Endod
Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2004 ; 97 : 632-641. 2010 ; 36 : 745-750.
Siqueira JF Jr, Rôças IN. Diversity of endodontic microbiota revi- Teixeira CS, Felippe MC, Felippe WT. The effect of application
sited. J Dent Res 2009 ; 88 : 969-981. time of EDTA and NaOCl on intracanal smear layer removal : a
Siqueira JF Jr, Lima KC, Magalhaes FA, Lopes HP, de Uzeda M. SEM analysis. Int Endod J 2005 ; 38 : 285-290.
Mechanical reduction of the bacterial population in the root Teplitsky PE, Chenail BL, Mack B, Machnee CH. Endodontic irri-
canal by three instrumentation techniques. J Endod 1999 : 25 : gation. A comparison of endosonic and syringe delivery systems.
332-335. Int Endod J 1987 ; 20 : 233-241.
Siqueira JF Jr, Rôças IN, Favieri A, Lima KC. Chemomechanical The SD. The solvent action of sodium hypochlorite on fixed and
reduction of the bacterial population in the root canal after ins- unfixed necrotic tissue. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1979 ;
trumentation and irrigation with 1 %, 2,5 %, and 5,25 % sodium 47 : 558-561.
hypochlorite. J Endod 2000 ; 26 : 331-334. Torabinejad M, Khademi AA, Babagoli J, Cho Y, Johnson WB,
Siqueira JF Jr, Rôças IN, Santos SR, Lima KC, Magalhães FA, de Bozhilov K et al. A new solution for the removal of the smear
Uzeda M. Efficacy of instrumentation techniques and irrigation layer. J Endod 2003a ; 29 : 170-175.
240
Lectures conseillées
Marending M, Paqué F, Fischer J, Zehnder M. Impact of irrigant Shen Y, Qian W, Chung C, Olsen I, Haapasalo M. Evaluation of
sequence on mechanical properties of human root dentin. J the effect of two chlorhexidine préparations on biofilm bacteria
Endod 2007b ; 33 : 1325-1328. in vitro : a three-dimensional quantitative analysis. J Endod
2009 ; 35 : 981-985.
241
243
- il est nécessaire de sceller l’endodonte. La seule étude comparative publiée à ce jour et évaluant
Il est admis, depuis 1965, que les inflammations apicales et deux concepts de mise en forme et d’obturation (préparation
péri-apicales ont pour origine une contamination par des avec élargissement apical puis obturation en condensation
bactéries endodontiques et leurs toxines (Kakehashi et al., latérale à froid de gutta-percha versus préparation manuelle
1965 ; Möller et al., 1981). Depuis cette date, deux types d’in- en technique sérielle puis obturation en compactage vertical
fections endodontiques ont été distingués : à chaud) a montré :
• l’infection primaire de la pulpe suite à une contamination - un taux de succès identique entre les deux concepts dans les
directe par percolation coronaire (carie, fêlure, infiltration traitements initiaux sur les dents sans lésion inflammatoire
autour d’une restauration…) ; périradiculaire d’origine endodontique (LIPOE) préopératoire ;
• l’infection secondaire d’un canal déjà traité, induite : - un taux de succès supérieur de 10 % avec la technique
- par la persistance dans le système canalaire de bactéries sérielle et l’obturation à la gutta chaude pour les dents avec
résiduelles non éliminées au cours du traitement, LIPOE préopératoire (Friedman et al., 2003 ; Farzaneh et al.,
- par des bactéries introduites pendant le traitement initial 2004 ; de Chevigny et al., 2008).
(défaut d’asepsie),
- par percolation bactérienne survenant dans le temps asso- Important ! Un consensus existe cependant sur le fait qu’au-
ciée à un défaut d’étanchéité coronaire. cune technique de mise en forme et de désinfection ne per-
Ces deux types d’infections n’ont pas les mêmes consé- met d’éliminer à 100 % les débris pulpaires ou les bactéries
de l’endodonte (Shuping et al., 2000 ; Card et al., 2002 ; Sjö-
quences car elles incriminent des communautés bactériennes gren et al., 1997). Dès lors, la nécessité de placer une obtu-
différentes et leur réaction au traitement est soit plutôt ration la plus étanche, la plus tridimensionnelle et la plus
favorable (infection primaire) soit moins favorable et moins stable possible est évidente.
prévisible (infection secondaire) (Sjögren et al., 1990), et ce
quelle que soit la technique d’obturation utilisée.
L’influence de la qualité du traitement endodontique et de la
restauration coronaire dans le succès clinique a été confir-
Essentiel : le défaut d’obturation endodontique est large- mée dans plusieurs études. La première étude clinique
ment considéré comme un facteur prédominant dans l’in- publiée (Ray et Trope, 1995) a, de manière étonnante, accordé
duction ou l’entretien des infections apicales. Néanmoins, il
convient de garder à l’esprit que ce sont le nettoyage et la une plus grande importance à la restauration coronaire qu’au
mise en forme qui sont les principaux facteurs du succès traitement endodontique : les résultats avaient montré un
endodontique et que l’obturation ne peut jouer son rôle taux de succès plus élevé dans les dents avec une bonne res-
que dans des canaux préalablement mis en forme et désin- tauration coronaire et un mauvais traitement endodontique
fectés. Le terme obturation, qui évoquait essentiellement que dans les dents avec un bon traitement endodontique et
l’endodonte, s’est progressivement élargi à la qualité de une mauvaise restauration coronaire.
l’obturation coronaire (restauration corono-radiculaire) Néanmoins, toutes les études suivantes ont relativisé les
pour considérer la « porte d’entrée » secondaire des bacté-
effets de la restauration coronaire par rapport au rôle du trai-
ries et prévenir une nouvelle contamination.
tement endodontique (Tronstad et al., 2000). Ricucci et Ber-
genholtz (2003) ont remis en question le rôle de la restauration
Cette situation soulève donc deux questions principales : coronaire lors d’une étude clinique rétrospective d’une durée
- quelle est l’implication de chacun des facteurs tels que la de 3 ans. Elle portait sur des dents manifestement contami-
nature de l’infection initiale, la désinfection, l’obturation nées après traitement endodontique (carie, perte de restau-
coronaire et apicale, dans le succès thérapeutique ? ration…) : 78 % d’entre elles ne montraient aucun signe
- ôter le contenu du canal est-il plus important que ce que radiologique de parodontite apicale.
l’on peut y placer ? Au final, l’ensemble des études a souligné les limites des
Les auteurs ont alors voulu déterminer la meilleure tech- études in vitro et confirmé l’importance de la bonne réalisa-
nique de mise en forme et de désinfection : tests de diffé- tion du traitement endodontique, toutes étapes confondues,
rentes solutions d’irrigation et de concentrations, mise en depuis la mise en forme et la désinfection du système cana-
place d’une médication en interséance, sélection de la meil- laire, en passant par l’obturation tridimensionnelle étanche
leure technique de mise en forme (élargissement apical ou et jusqu’à la restauration coronaire qui permet la stabilité du
conicité accentuée) etc. traitement dans le temps. Priver les bactéries résiduelles d’es-
pace où se développer ainsi que de nutriment susceptible de
les sustenter incombe à l’obturation canalaire. Bloquer le pas-
Concernant la mise en forme et la désinfection canalaires, sage des bactéries dans l’endodonte et prévenir sa réinfec-
il n’apparaît aucune corrélation entre les résultats obtenus tion incombe à la reconstitution coronaire (fig. 12.1).
entre les expérimentations in vitro et les études in vivo.
Aucune étude ne permet de confirmer la supériorité cli- Les objectifs de l’endodontie moderne énoncés par Schilder
nique d’une méthode par rapport à une autre de manière (Schilder, 1967 et 1974) sont ainsi confirmés et la triade du suc-
indiscutable (voir chapitres 10 et 11 sur la mise en forme et cès (nettoyer, mettre en forme et obturer de manière tridi-
l’irrigation). mensionnelle et étanche) est dorénavant acceptée par tous.
244
245
246
247
248
249
250
251
Les ciments à base de verre ionomère ont comme avantage - présenterait une parfaite compatibilité avec les matériaux
théorique leur adhésion spontanée à la dentine radiculaire. de restauration coronaire collés (Shipper et al., 2004).
Ils présentent une désintégration et une solubilité impor- Le système est fondé sur l’utilisation du Resilon® comme
tantes, dont la conséquence est une perte d’étanchéité (Car- matériau principal d’obturation (en remplacement de la
valho-Junior et al., 2003). Leur sensibilité à l’humidité gutta) couplé à un adhésif, l’Epiphany® (qui joue le rôle du
constitue un inconvénient majeur. ciment de scellement). Il comprend :
La libération de fluor leur confère un effet bactéricide immé- - l’Epiphany® (Pentron Clinical Technologies), qui est utilisé
diat qui diminue avec le temps (Shalhav et al., 1997). comme un système adhésif automordançant à deux temps
Ils semblent très toxiques au moment du mélange mais cette (sixième génération) comprenant un primer et un ciment de
toxicité diminue et disparaît avec la prise (Schmalz et al., scellement ;
1994 ; Geurtsen et Leyhausen, 1997 ; Dahl, 2005). - le primer acide, qui contient un monomère d’acide sulfo-
L’implantation chez l’animal met en évidence une bonne bio- nique, de l’HEMA (hydroxy-éthylène méthacrylate), de l’eau
compatibilité (Kolokouris et al., 1996). et un déclencheur de polymérisation. Il est d’abord appli-
Au niveau clinique, l’idée initiale lors de la mise au point de qué sur la surface dentinaire intracanalaire. Il pénètre à tra-
ces ciments était d’exploiter l’adhésion spontanée des vers la boue dentinaire et déminéralise la couche
ciments verre ionomère à la dentine afin d’assurer une excel- superficielle de la dentine. Puis il est séché à l’air afin d’éli-
lente étanchéité apicale. Or, il s’avère que leurs propriétés ne miner le solvant et de permettre l’application du ciment de
sont pas celles espérées et que si le ciment adhère à la den- scellement ;
tine, il ne présente aucune adhésion à la gutta-percha. - le sealer Epiphany®, qui est une résine composite autopoly-
mérisable et photopolymérisable qui contient du bis-GMA
6 - Ciments à base de silicone (glycidyl méthacrylate), de l’UDMA (uréthane dimétha-
Ciment de ®scellement à base de polydiméthylsiloxane crylate) et des méthacrylates di-fonctionnels. Les charges,
(RoekoSeal, Coltène/Whaledent), ce matériau est préconisé qui représentent 70 % du poids, sont de l’hydroxyde de cal-
par le fabricant en tant que ciment de scellement en conden- cium, du sulfate de baryum (radio-opacité), du verre de
sation de gutta. ® baryum, de l’oxychloride de bismuth et de la silice. Il est
La version mélangée avec de la gutta en poudre (GuttaFlow, appliqué sur les parois canalaires et polymérisé ;
Coltène/Whaledent) est préconisée comme pâte d’obtura- - le Resilon® (RealSeal™, SybronEndo) sous forme de cône et
tion canalaire en technique mono-cône. de bâtonnet, qui est un polyester thermoplastique conte-
Les tests d’étanchéité montrent que le RSA® utilisé en nant des verres bioactifs, de l’oxychloride de bismuth et du
condensation de gutta donne une®étanchéité égale à celle sulfate de baryum. Les charges représentent 65 % du poids.
des ciments à base de résine (AH+) ou d’oxyde de zinc-eugé- Sa thermoplasticité est attribuée à l’incorporation de poly-
nol (Lucena-Martín et al., ® 2002. Özok et al., 2008). En caprolactone, un polyester aliphatique semi-cristallin, syn-
revanche, le GuttaFlow en technique mono-cône semble thétique et biodégradable. Son pouvoir adhésif est dû à
donner une moins bonne étanchéité (Özok et al., 2008). l’inclusion dans la résine de groupes méthacryloxy di-fonc-
tionnels, capables de se coupler aux adhésifs dentinaires ou
Ces ciments présentent une cytotoxicité faible sur cultures aux ciments de scellement à base de résine (Shipper et al.,
cellulaires (Mileti et al., 2005 ; Bouillaguet et al., 2006) et 2004 ; Teixeira et al., 2004). % %
une bonne biocompatibilité en implantation chez l’animal Le Resilon® est disponible en cône de 2, 4 et 6 % et en bâton-
(Gençoglu et al., 2003). nets destinés aux pistolets d’injection, son utilisation est la
même que pour les techniques de condensation de gutta à
froid ou à chaud.
Une étude clinique comparant les cicatrisations apicales Les études in vitro sur l’étanchéité sont nombreuses et
après mises en forme canalaire identiques et obturation à la donnent des résultats contradictoires : certaines ont montré
gutta en utilisant soit un ciment de Grossman ou du RSA® n’a une étanchéité supérieure du Resilon® (Shipper et al., 2004 ;
pas permis de mettre en évidence une différence entre les Skidmore et al., 2006 ; Tunga et Bodrumlu, 2006), alors que
deux ciments (Huumonen et al., 2003). d’autres ont montré une étanchéité identique ou même infé-
rieure à celle de la gutta-percha associée à un ciment de scel-
7 - Resilon® lement (Tay et al., 2005a et 2005b ; Onay et al., 2006 ;
Ce concept, apparu sur le marché français en 2005, utilise les Shemesh et al., 2006 ; Biggs et al., 2006 ; Paqué et Sirtes,
propriétés d’adhésion dentinaire des résines polymétha- 2007).
crylates afin de réaliser une « obturation monobloc » qui : Le matériau serait susceptible de se dégrader par hydrolyse
- permettrait l’obtention d’une étanchéité optimale sur alcaline (Tay et al., 2005a) et par hydrolyse enzymatique (Tay
chaque interface (dentine/ciment de scellement, ciment de et al., 2005b), ce qui entraînerait une perte d’étanchéité dans
scellement/cône) (Shipper et al., 2004) ; le temps expliquant en partie sa mauvaise étanchéité.
- assurerait une consolidation biomécanique de la dent Pour d’autres auteurs, la solubilité importante de l’adhésif
(Teixeira et al., 2004) ; (Epiphany®) utilisé comme ciment de scellement (Versiani
252
253
254
255
256
257
Tableau 12.2 Comparaison des avantages et inconvénients des techniques d’obturation canalaires.
Caractéristiques/techniques Avantages (dans l’ordre décroissant) Inconvénients (dans l’ordre décroissant)
Technique mono-cône Rapide Incontrôlable/dépassement
Facile Fracture du bourre-pâte
Faible coût Pas tridimensionnelle
Peu de matériel Pas de densité
Condensation latérale Contrôlable Longue
Peu de matériel Difficile
Faible coût Fêlure radiculaire
Pas tridimensionnelle
Pas de tenon dans la séance
Thermocompactage Peu de matériel Incontrôlable/dépassement
Rapide Fracture du condenseur
Faible coût Échauffement tissulaire
Tenon dans la séance
Condensation latérale modifiée Contrôlable Apprentissage
Rapide Échauffement parodonte
Matériel peu coûteux Pas tridimensionnelle à l’apex
Tenon dans la séance Fracture instrument
Condensation verticale Tridimensionnelle Longue
Contrôlable Apprentissage important
Tenon dans la séance Matériel annexe
Condensation verticale en une vague Rapide Matériel annexe
(Buchanan) Contrôlable Coût initial
Tridimensionnelle Apprentissage
Tenon dans la séance Risque d’échauffement
Tuteur enrobé Très rapide Matériel annexe
Tridimensionnelle Coût
Préparation du logement de tenon parfois
difficile
Dépassement de gutta-percha
258
b c
Figure 12.2 a et b. Le maître cône est calibré à l’aide d’une jauge et sectionné. c. Il est ajusté à la longueur de travail moins 0,5 mm
avec une résistance au retrait due à la friction contre les parois apicales des deux derniers millimètres. Une radiographie de contrôle
de l’ajustage du cône est conseillée.
Le ciment est alors malaxé en respectant les proportions Le ciment peut aussi être mis en place dans le canal à l’aide
préconisées de poudre et de liquide. Sa consistance est celle d’une pointe de papier adaptée au diamètre de la prépara-
d’une pâte dentifrice et elle doit répondre au test d’étire- tion.
ment sur 10 mm minimum (fig. 12.3). Suivant le principe d’adaptation d’un cône plein inséré dans
Le canal est séché par aspiration puis par utilisation de cônes un cône creux, la vitesse du déplacement apical du ciment va
de papier stériles. s’accélérer sous l’effet de la réduction du diamètre du canal,
Le cône est séché dans une compresse stérile, badigeonné de en particulier lorsque la conicité du cône est similaire à celle
ciment de scellement puis placé dans le canal. du canal (cas des cônes à forte conicité). Le cône se dépla-
çant à vitesse constante lors de son insertion, les pressions
générées au sein du ciment vont permettre une première
adaptation dont l’intimité va conditionner le résultat final du
compactage.
La densité de l’obturation sera fonction de l’aptitude de la
technique choisie à remplir la totalité du réseau endo-
dontique préalablement mis en forme, nettoyé et désinfecté
par l’irrigation. L’insertion d’une quantité suffisante de gutta-
percha et son compactage diminuent le volume et l’épais-
seur du joint de ciment.
1 - Technique mono-cône
Figure 12.3 Test d’étirement du ciment de scellement. Celui-ci,
mélangé à la bonne consistance, doit s’étirer sur 10 mm au mini- Cette technique consiste à injecter de la pâte dans le canal avec
mum entre le bloc à spatuler et la spatule avant de se rompre. un instrument rotatif puis à insérer un cône de gutta unique.
259
Dans les années 1930, Lentulo (cité par Marmasse, 1974) met- Bien que la technique mono-cône ne soit pas recommandée,
tait au point un instrument rotatif destiné à l’obturation des il est conseillé à ses utilisateurs inconditionnels de vérifier le
canaux, le « bourre-pâte », appellation qui s’est transformée sens de rotation du Lentulo, d’employer des cônes à la coni-
de nos jours en « Lentulo » (Dentsply Maillefer). Il était défini cité augmentée plutôt que les pointes ISO (afin de diminuer
comme « une très fine vis sans fin conique, formée par un fil la quantité de pâte dans le canal), d’adapter d’abord le cône
d’acier souple spiralé à gauche ». En rotation horaire, il agit (comme cela est décrit et mieux, dans la partie précédente :
comme une vis d’Archimède inversée qui propulse le ciment. recherche du tug-back), d’utiliser le cône lui-même en le
Cette technique a été enseignée dans l’ensemble des facultés badigeonnant de ciment de scellement plutôt que de le pro-
d’odontologie durant des années et bon nombre de prati- pulser au Lentulo et, enfin, d’utiliser des ciments de scelle-
ciens continuent de l’appliquer. Elle est toujours utilisée par ment canalaire du type Sealite® Regular (Acteon) plutôt que
le seul fait de sa rapidité de mise en œuvre et des habitudes des pâtes contenant antiseptiques et anti-inflammatoires.
acquises. C’est ignorer qu’il existe maintenant des méthodes
beaucoup plus fiables, aux résultats prévisibles, efficaces et 2 - Condensation latérale à froid de gutta-percha
tout aussi rapides. D’autres instruments rotatifs similaires ◆ Matériel
sont proposés avec la prétention d’optimiser la poussée du Outre le cône de gutta-percha préalablement ajusté (maître
ciment (Pastinject™, Micro Mega) et/ou d’éviter le dépasse- cône) de conicité ISO et du ciment de scellement, cette
ment de ciment en inversant la trajectoire hélicoïdale de la technique nécessite des fouloirs manuels pour condensation
lame sur les derniers millimètres d’un instrument en nickel- latérale à froid appelés spreaders (to spread : étaler),
fine des
titane (EZ-Fill® Bi-Directional Spiral Past Filler, EDS). cônes de gutta-percha « accessoires » (25#.02 ou F), un exca-
Cette technique ne permet pas une réelle obturation du sys- vateur usagé destiné à sectionner l’excédent coronaire de
tème canalaire mais, au mieux, d’effectuer un remplissage du gutta-percha et un fouloir à bout plat de type plugger.
canal principal. Outre l’absence de densité et de scellement
◆ Technique
(vu les volumes importants de pâte) qui en résulte, elle est
Les spreaders sont essayés dans le canal. Le plus apical doit
caractérisée par une rétraction de prise importante et les
atteindre la longueur de travail moins 2 mm (fig. 12.4a). Le
résorptions qui s’ensuivent entraînent un réel manque d’étan-
maître cône, badigeonné de ciment de scellement, est inséré
chéité.
dans le canal. Un spreader large est alors inséré le plus loin
possible, latéralement entre la paroi du canal et le cône de
Cette technique est difficilement contrôlable et reproduc- gutta, puis celui-ci est écrasé contre la paroi canalaire en
tible et présente l’inconvénient d’entraîner des sous-obtura- direction apicale (fig. 12.4b). Le spreader est alors retiré par
tions ainsi que des fractures du Lentulo ou, pire, des des mouvements de rotation de très faible amplitude en pre-
dépassements importants de pâte. Ces dépassements nant soin de ne pas enlever le cône. Un spreader plus fin
peuvent avoir des conséquences désastreuses si la pâte à vient se loger dans l’empreinte laissée par le précédent en
base d’oxyde de zinc est propulsée dans le sinus (Khongkhun- pénétrant plus loin dans le canal et la manœuvre de conden-
thian et Reichart, 2001) ou dans le nerf dentaire inférieur. sation latérale de la gutta est répétée (fig. 12.4c). Lorsque le
a b c d e f
Figure 12.4 a. L’essayage des fouloirs (spreaders) permet de sélectionner celui qui peut atteindre longueur de travail moins 2 mm.
b et c. Le cône badigeonné de ciment de scellement est inséré dans le canal. Le fouloir D, le plus gros, compacte le tiers cervical du
maître cône et crée l’espace pour que le fouloir suivant puisse pénétrer plus apicalement. d. Le fouloir le plus fin est ensuite inséré
le long du cône et le compacte à son tour au niveau du tiers apical, le faisant progresser jusqu’à longueur de travail. Vue en section
du canal après retrait du fouloir au niveau des tiers coronaire et moyen. e et f. Le maître cône compacté contre la paroi canalaire
laisse un vide latéral qui sera comblé par les cônes accessoires, qui y sont insérés. Ils sont compactés à leur tour jusqu’à l’obturation
complète.
260
261
c - Techniques d’obturation par compactage le plus large des deux sera utilisé. Le cône de gutta est badi-
de gutta chaude geonné de ciment puis inséré à la longueur. Le heat carrier
est activé et sectionne le cône de gutta à l’entrée du canal
1 - Condensation verticale ou compactage vertical, (fig. 12.6a). Le plus gros fouloir est alors utilisé pour com-
ou technique de Schilder pacter la gutta et créer rapidement un bouchon de gutta-
Il s’agit de la technique princeps décrite par Schilder (1967). percha (fig. 12.6b). Ce bouchon est réchauffé en y plongeant
◆ Matériel
à nouveau le heat carrier, dont le retrait s’accompagne de
Cette technique utilise des instruments réchauffeurs, qui l’éviction d’une petite portion de gutta (fig. 12.6c). Un plug-
sont destinés à apporter la chaleur au cœur de la gutta-per- ger plus fin est alors utilisé pour compacter la gutta plus
cha. Ils sont appelés heat carriers. Ils sont complétés par profondément dans le canal (fig. 12.6d). Le cycle de réchauf-
l’usage de fouloirs manuels longs, à extrémité plate : les plug- fage-compactage est poursuivi avec, à chaque réchauffage,
gers (plug : bouchon). Les pluggers sont disponibles en diffé- le retrait d’une petite portion de gutta. Le passage d’un
rents diamètres et gradués tous les 5 mm. plugger à un autre plus petit se fait lorsque le plugger utilisé
Différents fabricants proposent divers types de fouloirs avec arrive à sa profondeur de pénétration maximale (fig. 12.6e et
des diamètres et des angulations différents. 12.6f). Ces pluggers peuvent être plongés au préalable dans
Les heat carriers requièrent une source de chaleur jadis assu- le godet de poudre d’oxyde de zinc pour empêcher la gutta-
rée par une flamme dure (torche à gaz), afin de réchauffer percha d’y adhérer.
rapidement l’instrument. L’ensemble a été remplacé par un La technique repose sur l’apport régulier de chaleur dans la
appareil électronique : le Touch’n Heat® (SybronEndo) qui est gutta, qui entraîne sa plastification, et sur la création d’un
composé d’un bloc électrique qui alimente une pièce a main bouchon de gutta qui est compacté, permettant ainsi l’obtu-
et un insert heat carrier. ration des espaces latéraux. Ce phénomène s’accompagne
Un godet rempli de poudre d’oxyde de zinc peut être utile d’un transfert progressif de chaleur à une portion plus apicale
pour le trempage de l’extrémité des fouloirs afin d’éviter du cône qui forme à son tour un bouchon qui est compacté.
l’adhésion de la gutta lors de son compactage. La phase de descente permet l’obturation des espaces laté-
raux et aboutit à la formation d’un bouchon apical de gutta-
percha (fig. 12.6g).
Comme cela a été précédemment indiqué, le cône à utili-
ser et à ajuster devra présenter une conicité importante
afin d’assurer une masse de gutta suffisante à la création Essentiel : la conicité du canal joue un rôle essentiel
des bouchons successifs lors du compactage. puisqu’elle permet le transfert de la pression appliquée ver-
ticalement sur la gutta en pression latérale, du fait de la
convergence des parois. Le maintien de la pression avec le
fouloir, sur la gutta-percha compense sa rétraction durant
Lors des phases de réchauffage-compactage, l’augmentation son refroidissement.
de pression va pousser la gutta-percha et le ciment de scel-
lement latéralement, contribuant ainsi à l’obturation tridi-
mensionnelle. Lors de la phase finale, la gutta qui a été La dernière phase est celle de la remontée apico-coronaire
ajustée à 0,5 mm de la longueur est poussée vers le foramen (back-fill). Elle peut être réalisée de 2 manières différentes :
et finira par le sceller de manière étanche, alors qu’elle pousse - par utilisation d’un système de gutta injectable. L’aiguille est
le ciment latéralement dans les anfractuosités du système insérée dans le canal jusqu’au contact du bouchon de gutta
canalaire, permettant ainsi de capturer l’anatomie apicale apical, elle est maintenue en place pendant 3 ou 4 secondes
tout en limitant l’épaisseur du joint de ciment. afin de réchauffer la partie supérieure du bouchon. La gutta
est alors injectée en maintenant l’aiguille au même niveau
Remarque : un faible dépassement péri-apical de matériau dans le canal sans pression excessive, jusqu’au moment où la
(ciment et/ou gutta-percha) peut apparaître mais lorsque le pression de la gutta repousse la main du praticien. Un fouloir
foramen a été respecté en diamètre et position au cours de la manuel de gutta est alors utilisé pour compacter la gutta
mise en forme, cet éventuel dépassement est appelé « surob-
turation » et il est garant d’une étanchéité convenable. injectée ;
- un ou deux cônes de gutta sont insérés dans l’espace laissé
libre qui est obturé par thermocompactage mécanique à
◆ Technique l’aide d’un Gutta-Condensor® de diamètre adapté monté sur
Les pluggers sont essayés dans le canal. En général, trois contre-angle entre 5 000 et 8 000 tr/min.
fouloirs sont suffisants pour permettre d’obturer un canal.
Dès qu’un fouloir est en contact avec les parois canalaires, 2 - Technique de compactage vertical centré
il est légèrement retiré et un stop en silicone marque sa en vague unique, ou technique de Buchanan
limite de pénétration maximale afin d’éviter les effets de Dérivée de la technique de Schilder, la technique de compac-
coin sur la racine. La profondeur de pénétration du dernier tage vertical centrée en vague unique a été mise au point par
fouloir doit correspondre à la longueur de travail moins 4 Buchanan (1994). Dans cette technique, le heat carrier et les
ou 5 mm. Pour deux fouloirs qui atteignent cette longueur, différents pluggers sont remplacés par un seul instrument
262
a b c d
263
Figure 12.7 Element Obturation® (gauche) et Calamus® Dual. Figure 12.8 Système Super Endo BL® : la pièce à main et le pisto-
Ces deux appareils 2 en 1 possèdent une pièce à main plugger et let à injecter sont sans fil et fonctionnent sur batteries rechar-
un stylo à injecter. Une pression du doigt active la chauffe du geables.
heat carrier-plugger (HCP) ou délivre la gutta-percha à l’extré-
mité de l’aiguille.
264
a b c d e f
Figure 12.10 Les techniques de gutta chaude sont celles qui per-
mettent le mieux une obturation tridimensionnelle du système
a b canalaire.
265
3 - Technique de compactage vertical centré Le système comprend en outre des fraises spéciales (Therma-
en technique hybride cut®), réservées à la section de l’obturateur à l’entrée du
Il s’agit d’une variante de la technique en vague unique. Elle canal, ainsi que des forets spéciaux permettant la réalisation
est réalisée avec le même matériel. d’un logement de tenon (Post Space Bur®) (fig. 12.11).
Les étapes sont toutes identiques jusqu’à la section du cône Il existe actuellement, chez le même fabricant, en plus de la
à l’entrée du canal et à la création du plateau de gutta coro- version originale du Thermafil®, des variantes correspondant
naire. à des systèmes de mise en forme canalaire (ProTaper Obtura-
À partir de ce stade, la descente, au lieu d’être réalisée en un tor®, WaveOne Obturator®). Ils sont identiques dans le prin-
seul mouvement continu de 2 à 3 secondes, l’est en plusieurs cipe et dans la composition de la gutta au Thermafil®.
cycles successifs de réchauffage/pénétration de 2 à 3 mm/ D’autres fabricants ont par ailleurs mis sur le marché des sys-
maintien de la pression à froid pendant quelques secondes. tèmes semblables dans le principe avec des modifications au
Ainsi, le réchauffeur/fouloir est activé et pénètre le canal sur niveau des tuteurs (Soft Core® ou HeroFill®). Il semblerait
2 à 3 mm seulement. La pression est alors maintenue à froid néanmoins que la composition de la gutta-percha soit diffé-
pendant quelques secondes. Puis le réchauffeur est réactivé rente de celle du Thermafil®, avec présence de porosités dans
et pénètre à chaud plus profondément sur 2 à 3 mm supplé- la masse de la gutta-percha, et les études sur l’étanchéité
mentaires, et la pression est maintenue à froid pendant portant sur le Soft Core® sont contradictoires (De Moor et
quelques secondes. Le cycle réchauffage/pénétration/pres- Martens, 1999 ; De Moor et De Boever, 2001).
sion est répété jusqu’à ce que le réchauffeur atteigne la lon- ◆ Technique
gueur de pénétration maximale. Le fouloir est alors désinséré Contrairement aux cônes de gutta, les obturateurs sur tuteur
après un dernier réchauffage et un fouloir manuel est utilisé ne peuvent pas être essayés dans le canal avant utilisation.
pour compacter le bouchon apical. La remontée de la gutta Si la mise en forme a été réalisée à l’aide des systèmes de
est réalisée comme décrit plus haut. mise en forme correspondants (ProTaper ou WaveOne) et
Cette technique hybride a pour objectif de se rapprocher de que le diamètre apical a été correctement jaugé, l’obturateur
la technique originelle de Schilder en reproduisant les cycles choisi sera celui dont le diamètre correspond au dernier ins-
de réchauffage/compactage. trument utilisé pour la mise en forme apicale.
Si la mise en forme a été réalisée avec une autre technique et
4 - Techniques de gutta préchauffée sur tuteur
d’autres instruments, il est utile de jauger le canal afin de
◆ Matériel sélectionner le Thermafil® qui correspondra le mieux à la
Initialement décrite par Ben Johnson en 1978 et commerciali- mise en forme finale (fig. 12.12a). Ainsi, un Verifier® du même
sée sous le nom de Thermafil®, la technique consiste en un diamètre que le dernier instrument de mise en forme est uti-
obturateur composé d’un tuteur en plastique radio-opaque lisé pour jauger le diamètre apical du canal : il doit s’adapter,
et flexible enduit de gutta-percha en phase alpha (fig. 12.11). avec une sensation de friction, entre 0,5 mm et la longueur
Cet obturateur est préchauffé dans un four spécial (fig. 12.11) de travail, et ne doit pas avancer plus apicalement si une
qui assure un contrôle du temps et de la température et, une légère poussée y est appliquée avec la pulpe du doigt. Si le
fois thermoplastifié, il est inséré à la longueur de travail. Verifier® atteint la longueur de travail sans aucune friction
apicale, cela indique que son diamètre (et par conséquent le
Thermafil® correspondant) est sous-dimensionné par rapport
au diamètre final de la préparation. L’obturateur Thermafil®
doit correspondre au Verifier® qui s’est bloqué à la longueur
de travail. Le stop en silicone de l’obturateur est réglé à la
longueur de travail afin de contrôler la pénétration du Ther-
mafil®.
Afin de jauger le diamètre apical, une autre possibilité
consiste à utiliser un tuteur Thermafil® dont la gutta-percha a
été retirée (Pertot, 2000). Le tuteur en plastique qui bloquera
entre 0,5 et 1 mm de la longueur de travail, en présentant une
sensation de friction et de blocage dans son dernier milli-
mètre sans contact latéral, indiquera le Thermafil® à utiliser.
Il est utile, avant réchauffage, d’estimer la longueur canalaire
(depuis le plancher ou depuis la jonction émail-cément) et
d’éliminer la gutta coronaire en excès à l’aide d’une lame de
bistouri. Cela évitera l’accumulation d’un excédent de gutta-
Figure 12.11 Éléments du système Thermafil® : les obturateurs
percha dans la chambre pulpaire lors de l’obturation (Pertot,
ainsi que le four Thermaprep® qui sert à les réchauffer. Les 2000 ; Pertot et Simon, 2003).
fraises Thermacut® et Post Space Bur® permettent de section- Le canal est séché par aspiration, puis avec des cônes de
ner le tuteur et de réaliser un espace pour le logement du tenon. papier. Le ciment de scellement est préparé puis mis en place
266
267
268
269
a
a c
270
271
272
273
sement n’est pas le facteur prépondérant et les infections • le foramen n’est pas altéré, il a été perméabilisé durant la
résiduelles sont bien les premières visées et les causes mise en forme qui est conique, le matériau peut alors,
majeures des échecs ; sous l’effet de la compaction, déborder le foramen mais
• enfin si nous analysons les différentes situations apicales le sceller de manière optimale et permettre la cicatrisa-
possibles après obturation et en fonction des différentes tion (Lin et al., 1992 ; Kirkevang et al., 2007). Cette situa-
théories de mise en forme et de longueur de travail, cinq tion est cliniquement contrôlable et représente l’objectif
états sont à considérer : recherché.
- cas pour lesquels la limite apicale est courte et comprise
entre le foramen et 2 mm :
• il existe de la pulpe résiduelle à l’apex. Si elle est vivante
et aseptique, elle peut se minéraliser et oblitérer le fora-
IV - Conclusion
men, bref, cicatriser si elle n’est pas contaminée durant le
L’obturation est indissociable de la qualité de la mise en
traitement (Baume et al., 1971a et 1971b). Si elle est conta-
forme, mais aussi de la restauration coronaire (fig. 12.22).
minée, aucune cicatrisation ne peut être espérée et une La biocompatibilité est un facteur prédominant dans le
LIPOE s’installe. La certitude clinique de l’état pulpaire choix des matériaux utilisés.
est dans les deux cas difficile, voire impossible à établir, Les techniques d’obturation à privilégier sont celles qui
• il existe un bouchon apical de copeaux dentinaires. Ils permettent une obturation tridimensionnelle et un scelle-
peuvent se minéraliser et induire la fermeture apicale si ment apical étanche. Ce sont essentiellement celles repo-
la pulpe était vitale (Tronstad, 1978). À défaut, et en pré- sant sur le compactage de la gutta chaude associé à un
sence de bactéries, une LIPOE va s’installer. Le contrôle ciment de scellement.
clinique de l’antisepsie est ici aussi difficile,
• il existe un « vide » apical mais le canal est scellé. En l’ab-
sence de bactéries, les tissus parodontaux vont coloniser
l’espace et induire la cicatrisation (Holland et al., 1979).
Cela est impossible s’il persiste des bactéries dans le vide
apical et/ou en l’absence de scellement (sous-exten-
sion) ; la pathologie peut alors s’installer. Encore une fois,
cette situation n’est pas cliniquement contrôlable. La
situation est similaire pour la sous-obturation, a b
- cas pour lesquels l’obturation dépasse le foramen :
• si le foramen est altéré, le scellement est difficilement Figure 12.22 Radiographies préopératoires et postopératoires
du retraitement de 36 et de 37. La cicatrisation puis la pérennité
contrôlable et inexistant (surextension), les fluides api- du résultat sont obtenues par une mise en forme et une irriga-
caux vont servir de nutriment aux bactéries résiduelles tion abondante permettant la désinfection, puis par l’obtura-
(cf. le début de chapitre) qui peuvent alors engendrer une tion tridimensionnelle et la qualité de la restauration
LIPOE, corono-radiculaire et prothétique.
Bibliographie
Al-Hezaimi K, Al-Hamdan K, Naghshbandi J, Oglesby S, Simon JH, Andreasen JO, Andreasen FM. Textbook and colored atlas of
Rotstein I. Effect of white-colored mineral trioxide aggregate in traumatic injuries to the teeth. Copenhague : Munksgaard, 1994.
different concentrations on Candida albicans in vitro. J Endod Andreasen JO, Farik B, Munksgaard EC. Long term calcium
2005 ; 31 : 684-686. hydroxide as a root canal dressing may increase risk of fracture.
Al-Hezaimi K, Naghshbandi J, Oglesby S, Simon JH, Rotstein I. Endod Dent Traumatol 2002 ; 18 : 134-137.
Comparison of antifungal activity of white-colored and gray- Asgary S, Parirokh M, Eghbal MJ, Brink F. A comparative study of
colored mineral trioxide aggregate (MTA) at similar concentra- white mineral trioxide aggregate and white Portland cements
tions against Candida albicans. J Endod 2006 ; 32 : 365-367. using X-ray microanalysis. Aust Endod J 2004 ; 30 : 89-92.
Andelin WE, Shabahang S, Wright K, Torabinejad M. Identification Asgary S, Parirokh M, Eghbal MJ, Ghoddusi J, Eskandarizadeh A. SEM
of hard tissue after experimental pulp capping using dentin sia- evaluation of neodentinal bridging after direct pulp protection
loprotein (DSP) as a marker. J Endod 2003 ; 29 : 646-650. with mineral trioxide aggregate. Aust Endod J 2006a ; 32 : 26-30.
274
275
De Moor, De Boever. The sealing ability of an epoxy resin root Fridland M, Rosado R. MTA solubility : a long term study. J Endod
canal sealer used with five gutta-percha obturation techniques. 2005 ; 31 : 376-379.
Endod Dent Traumatol 2000 ; 16 : 291-297. Friedman S, Torneck CD, Komorowski R, Ouzounian Z, Syrtash P,
de Oliveira DP, Barbizam JV, Trope M, Teixeira FB. Comparison Kaufman A. In vivo model for assessing the functional efficacy
between gutta-percha and resilon removal using two different of endodontic filling materials and techniques. J Endod 1997 ;
techniques in endodontic retreatment. J Endod 2006 ; 32 : 23 : 557-561.
362-364. Friedman S, Abitbol S, Lawrence HP. Treatment outcome in
Dorn S, Gartner AH. Retrograde filling materials : a retrospective endodontics. The Toronto Study. Phase I : initial treatment. J
success-failure study of amalgam, EBA and IRM. J Endod 1990 ; Endod 2003 ; 29 : 787-793.
16 : 391-393. Gancedo-Caravia L, Garcia-Barbero E. Influence of humidity and
Doyon GE, Dumsha T, Von Fraunhofer JA. Fracture resistance of setting time on the push-out strength of mineral trioxide aggre-
human root dentin exposed to intracanal calcium hydroxide. J gate obturations. J Endod 2006 ; 32 : 894-896.
Endod 2005 ; 31 : 895-897. Gençoglu N, Türkmen C, Ahiskali R. A new silicon-based root
Duarte MA, Demarchi AC, Yamashita JC, Kuga MC, Fraga Sde C. canal sealer (Roekoseal-Automix). J Oral Rehabil 2003 ; 30 :
pH and calcium ion release of 2 root-end filling materials. Oral 753-757.
Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2003 ; 95 : 345-347. Geurtsen W, Leyhausen G. Biological aspects of root canal filling
Economides N, Kostavi-Kovasti VP, Poupopoulos A, Kolokuris I, materials-histocompatibility, cytotoxicity, and mutagenicity.
Rozos G, Shore R. Experimental study of the biocompatibility of Clin Oral Investig 1997 ; 1 : 1-11.
four root canal sealers and their influence on the zinc and the Gomes BP, Lilley JD, Drucker DB. Variations in the susceptibilities
calcium content of several tissues. J Endod 1995 ; 21 : 122-127. of components of the endodontic microflora to biomechanical
Eldeniz AU, Hadimli HH, Ataoglu H, Orstavik D. Antibacterial procedures. Int Endod J 1996 ; 29 : 235-241.
effect of selected root-end filling materials. J Endod 2006 ; 32 : Graham L, Cooper PR, Cassidy N, Nor JE, Sloan AJ, Smith AJ. The
345-349. effect of calcium hydroxide on solubilisation of bio-active den-
Eriksson AR, Albrektsson T. Temperature threshold levels for tine matrix components. Biomaterials 2006 ; 27 : 2865-2873.
heat-induced bone tissue injury : a vital-microscopic study in Grigoratos D, Knowles J, Ng YL, Gulabivala K. Effect of exposing
the rabbit. J Prosthet Dent 1983 ; 50 : 101-107. dentine to sodium hypochlorite and calcium hydroxide on its
Ersev H, Schmalz G, Bayirli G, Schweikl H. Cytotoxic and mutage- flexural strength and elastic modulus. Int Endod J 2001 ; 34 :
nic potencies of various root-canal filling materials in eukaryotic 113-119.
and prokaryotic cells in vitro. J Endod 1999 ; 25 : 359-363. Grossman LI. Endodontic practice. Philadelphie : Lea and Febiger,
Escoda-Francoli J, Canalda-Sahli C, Soler A, Figueiredo R, Gay- 1970.
Escoda C. Inferior alveolar nerve damage because of overex- Haapasalo HK, Sirén EK, Waltimo TM, Ørstavik D, Haapasalo MP.
tended endodontic material : a problem of sealer cement Inactivation of local root canal medicaments by dentine : an
biocompatibility ? J Endod 2007 ; 33 : 1484-1489. in vitro study. Int Endod J 2000 ; 33 : 126-131.
Evans M, Davies JK, Sundqvist G, Figdor D. Mechanisms involved Hachmeister DR, Schindler WG, Thomas DD. The sealing ability
in the resistance of Enterococcus faecalis to calcium hydroxide. and retention characteristics of mineral trioxide aggregate in a
Int Endod J 2002 ; 35 : 221-228. model of apexification. J Endod 2002 ; 28 : 386-390.
Fanibunda KB. Adverse response to endodontic material contai- Hakki SS, Bozkurt SB, Hakki EE, Belli S. Effects of mineral trioxide
ning paraformaldehyde. Br Dent J 1984 ; 157 : 231-235. aggregate on cell survival, gene expression associated with
Fanibunda K, Whitworth J, Steele J. The management of ther- mineralized tissues, and biomineralization of cementoblasts. J
momechanically compacted gutta percha extrusion in the infe- Endod 2009 ; 35 : 513-519.
rior dental canal. Br Dent J 1 998 ; 184 : 330-332. Ham KA, Witherspoon DE, Gutmann JL, Ravindranath S, Gait TC,
Farzaneh M, Abitbol S, Lawrence HP, Friedman S. Treatment out- Opperman LA. Preliminary evaluation of BMP-2 expression and his-
come in endodontics. The Toronto Study. Phase II : initial treat- tological characteristics during apexification with calcium
ment J Endod 2004 ; 30 : 302-309. hydroxide and mineral trioxide aggregate. J Endod 2005 ; 31 : 275-279.
Felippe W, Felippe M, Rocha MJC. The effect of mineral trioxide Hamann C, Rodgers PA, Alenius H, Halsey JF, Sullivan K. Cross-
aggregate on the apexification and periapical healing of teeth reactivity between gutta-percha and natural rubber latex :
with incomplete root formation. Int Endod J 2006 ; 39 : 2-9. assumptions vs. reality. J Am Dent Assoc 2002 ; 133 : 1357-1367.
Fernández-Yáñez Sánchez A, Leco-Berrocal MI, Martínez- Hashem AA, Hassanien EE. ProRoot MTA, MTA-Angelus and IRM
González JM. Metaanalysis of filler materials in periapical sur- used to repair large furcation perforations : sealability study. J
gery. Med Oral Patol Oral Cir Bucal 2008 ; 13 : 180-185. Endod 2008 ; 34 : 59-61.
Figini F, Lodi G, Gorni F, Gagliani M. Single versus multiple visits Heling I, Chandler NP. The antimicrobial effect within dentinal
for endodontic treatment of permanent teeth : a Cochrane sys- tubules of four root canal sealers. J Endod 1996 ; 22 : 257-259.
tematic review. J Endod 2008 ; 34 : 1041-1047 Hermann BW. Calciumhydroxide als mittel zum Behandel und
Fischer EJ, Arens DE, Miller CH. Bacterial leakage of mineral Füllungen von Zahnwurzlkanälen. Medical Diss. V. Würzburg, 1920.
trioxide aggregate as compared with zinc-free amalgam, inter- Ho YC, Huang FM, Chang YC. Mechanism of cytotoxicity of
mediate restorative material, and Super-EBA as root-end filling eugenol in human osteoblastic cells in vitro. Int Endod J 2006 ;
material. J Endod 1998 ; 24 : 176-179. 39 : 389-393.
276
277
Marmasse A. Dentisterie opératoire. Tome 1. Thérapeutique Orstavik D. Materials used for root canal obturation. Endod
endodontique. Paris : J.B. Ballière, 1974. Topics 12 ; 2005 ; 25-38.
Masuda YM, Wang X, Hossain M, Unno A, Jayawardena JA, Saito Orstavik D, Brodin P, Aas E. Paraesthesia following endodontic
K et al. Evaluation of biocompatibility of mineral trioxide aggre- treatment : survey of the literature and report of a case. Int
gate with an improved rabbit ear chamber. J Oral Rehabil 2005 ; Endod J 1983 ; 16 : 167-172.
32 : 145-150. Oynick J, Oynick T. A study of a new material for retrograde fil-
Matthews JD Jr. Pink teeth resulting from Russian endodontic lings. J Endod 1978 ; 4 : 203-206.
therapy. J Am Dent Assoc 2000 ; 131 : 1598-1599. Özok AR, van der Sluis L, Wu MK, Wesselink P. Sealing ability of
McCullagh JJ, Setchell DJ, Gulabivala K, Hussey DL, Biagioni P, a new polymethylsiloxane-based root canal filling material. J
Lamey PJ et al. A comparison of thermocouple and infrared Endod 2008 ; 34 : 204-207.
thermographic analysis of temperature rise on the root surface Paqué F, Sirtes G. Apical sealing ability of Resilon/Epiphany ver-
during the continuous wave of condensation technique. Int sus gutta-percha/AH Plus : immediate and 16-months leakage.
Endod J 2000 ; 33 : 326-332. Int Endod J 2007 ; 40 : 722-729.
Melker KB, Vertucci FJ, Rojas MF, Progulske-Fox A, Bélanger M. Parirokh M, Torabinejad M. Mineral trioxide aggregate : a com-
Antimicrobial efficacy of medicated root canal filling materials. prehensive literature review. Part I : Chemical, physical, and anti-
J Endod 2006 ; 32 : 148-151. bacterial properties. J Endod 2010 ; 36 : 16-27.
Meryon SD, Johnson SG, Smith AJ. Eugenol release and the cyto- Peli JF, de Jaureguiberry M, Oriez D, Peli-Joineau C. Compactages
toxicity of different zinc oxide-eugenol combination. J Dent latéral et thermomécanique combinés : intérêt clinique. Rev
1988 ; 16 : 66-70. Franç Endodontie 1988 ; 7 : 9-27.
Mileti I, Dev i N, Ani I, Bor i J, Karlovi Z, Osmak M. The Penesis VA, Fitzgerald PI, Fayad MI, Wenckus CS, BeGole EA,
cytotoxicity of Roeko Seal and AH Plus compared during dif- Johnson BR. Outcome of one-visit and two-visit endodontic
ferent setting periods. J Endod 2005 ; 31 : 307-309. treatment of necrotic teeth with apical periodontitis : a rando-
Molander A, Warfvinge J, Reit C, Kvist T. Clinical and radiogra- mized controlled trial with one-year evaluation. J Endod 2008 ;
phic evaluation of one- and two-visit endodontic treatment of 34 : 251-257.
asymptomatic necrotic teeth with apical periodontitis : a ran- Perez AL, Spears R, Gutmann JL, Opperman LA. Osteoblasts and
domized clinical trial. J Endod 2007 ; 33 : 1145-1148. MG-63 osteosarcoma cells behave differently when in contact
Möller AJ, Fabricius L, Dahlén G, Ohman AE, Heyden G. Influence with ProRoot MTA and White MTA. Int Endod J 2003 ; 36 :
on periapical tissues of indigenous oral bacteria and necrotic 564-570.
pulp tissue in monkeys. Scand J Dent Res 1981 ; 89 : 475-484. Pertot WJ. How to use Thermafil successfully. Endodontic
Practice 2000 ; 3 : 20-29.
Moorer WR, Genet JM. Antibacterial activity of gutta-percha
cones attributed to the zinc oxide component. Oral Surg Oral Pertot WJ, Simon S. L’obturation canalaire. In : Pertot WJ, Simon S.
Med Oral Pathol 1982 ; 53 : 508-517. Le traitement endodontique. Paris : Quintessence International,
coll. « Réussir » 2003.
Moretton TR, Brown CE Jr, Legan JJ, Kafrawy AH. Tissue reactions
after subcutaneous and intraosseous implantation of mineral Pertot WJ, Camps J, Franquin JC. La biocompatibilité des maté-
trioxide aggregate and ethoxybenzoic acid cement. J Biomed riaux d’obturation canalaire. Real Clin 1992a ; 3 : 103-112.
Mater Res 2005 ; 52 : 528-533. Pertot WJ, Stéphan G, Tardieu C, Proust JP. Comparison of the
Murray PE, Hafez AA, Smith AJ, Cox CF. Identification of hierar- intraosseous biocompatibility of Dyract and Super EBA by
chical factors to guide clinical decision making for successful implantation into the femur of rabbits. J Endod 1997 ; 23 : 315-319.
long-term pulp capping. Quintessence Int 2003 ; 34 : 61-70. Peters LB, Wesselink PR. Periapical healing of endodontically
Nair PNR, Duncan HF, Pitt Ford TR, Luder HU. Histological, ultras- treated teeth in one and two visits obturated in the presence or
tructural and quantitative investigations on the response of absence of detectable microorganisms Int Endod J 2002 ; 35 ;
healthy human pulps to experimental capping with mineral 660-667.
trioxide aggregate : a randomized controlled trial. Int Endod J Pitout E, Oberholzer TG, Blignaut E, Molepo J. Coronal leakage
2008 ; 41 : 128-150. of teeth root-filled with gutta-percha or resilon root canal fil-
Nandini S, Ballal S, Kandaswamy D. Influence of glass-ionomer ling material. J Endod 2006 ; 32 : 879-881.
cement on the interface and setting reaction of mineral trioxide Pitt Ford TR, Torabinejad M, McKendry DJ, Hong CU, Kariyawasam
aggregate when used as a furcal repair material using laser SP. Use of mineral trioxide aggregate for repair of furcal perfora-
Raman spectroscopic analysis. J Endod 2007 ; 33 : 167-172. tions. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1995 ;
Nekoofar MH, Stone DF, Dummer PM. The effect of blood 79 : 756-762.
contamination on the compressive strength and surface micros- Pitt Ford TR, Torabinejad M, Abedi HR, Backland LK, Kariyawasam
tructure of mineral trioxide aggregate. Int Endod J 2010 ; 43 : SP. Using mineral trioxide aggregate as a pulp-capping material. J
782-791. Am Dent Assoc 1996 : 127 ; 1491-1494.
Onay EO, Ungor M, Hasan Orucoglu H. An in vitro evaluation of Pogrel MA. Damage to the inferior alveolar nerve as the result of
the apical sealing ability of a new resin-based root canal obtura- root canal therapy. J Am Dent Assoc 2007 ; 138 : 65-69.
tion system. J Endod 2006 ; 32 : 976-978. Pommel L, Jacquot B, Camps J. Lack of correlation among three
Orstavik D. Antibacterial properties of endodontic materials. Int methods for evaluation of apical leakage. J Endod 2001 ; 27 :
Endod J 1988 ; 21 : 161-169. 347-350.
278
279
Simon S, Rilliard F, Berdal A, Machtou P. The use of mineral Thomson TS, Berry JE, Somerman MJ, Kirkwood KL. Cementoblasts
trioxide naggregate in one-visit apexification treatment : a pros- maintain expression of osteocalcin in the presence of mineral
pective study. Int Endod J 2007 ; 40 : 186-197. trioxide aggregate. J Endod 2003 ; 29 : 407-412.
Simon S, Cooper P, Smith A, Picard B, Ifi CN, Berdal A. Evaluation Torabinejad M, Parirokh M. Mineral trioxide aggregate : a com-
of a new laboratory model for pulp healing : preliminary study. prehensive literature review. Part II : leakage and biocompatibi-
Int Endod J 2008 ; 41 : 781-790. lity investigations. J Endod 2010 ; 36 : 190-202.
Siqueira JF Jr, Lopes HP. Mechanisms of antimicrobial activity of Torabinejad M, Watson TF, Pitt Ford TR. Sealing ability of a mine-
calcium hydroxide : a critical review. Int Endod J 1999 ; 32 : ral trioxide aggregate when used as a root end filling material. J
361-369. Endod 1993 ; 19 : 591-595.
Siqueira JF Jr, Pereira da Silva CHF, Cerqueira MDO, Lopes HP, Torabinejad M, Hilga RK, Mckendry DJ, Pitt Ford TR. Dye leakage
Uzeda M. Effectiveness of four chemical solutions in eliminating of four root end filling materials : effects of blood contamina-
Bacillus subtilis spores on gutta-percha cones. Endod Dent tion. J Endod 1994 ; 20 : 159-163.
Traumatol 1998 ; 14 : 124-126. Torabinejad M, Hong CU, McDonald F, Pitt Ford TR. Physical and
Sjögren U, Hagglund B, Sundqvist G, Wing K. Factors affecting chemical properties of a new root-end filling material. J Endod
the long-term results of endodontic treatment. J Endod 1990 ; 1995a ; 21 : 349-353.
23 : 498-504. Torabinejad M, Hong CU, Lee SJ, Monsef M, Pitt Ford TR.
Sjögren U, Figdor D, Spångberg L, Sundqvist G. The antibacterial Investigation of mineral trioxide aggregate for root-end filling in
effect of calcium hydroxide as a short-term intracanal dressing. dogs. J Endod 1995b ; 21 : 603-608
Int Endod J 1991 ; 24 : 119-125. Torabinejad M, Hong CU, Pitt Ford TR, Kettering JD. Antibacterial
Sjögren U, Sundqvist G, Nair PN. Tissue reaction to gutta-percha effects of some root end filling materials. J Endod 1995c, 21 :
particles of various sizes when implanted subcutaneously in gui- 403-6.
nea pigs. Eur J Oral Sci.1995 ; 103 : 313-321. Torabinejad M, Hong CU, Pit Ford TR, Kettering JD. Cytotoxicity
Sjögren U, Figdor D, Persson S, Sundqvist G. Influence of infec- of four root end filling materials. J Endod 1995d ; 21 : 489-492.
tion at the time of root filling on the outcome of endodontic Torabinejad M, Pitt Ford TR, McKendry D, Abedi HR, Miller DA,
treatment of teeth with apical periodontitis. Int Endod J 1997 ; Kariyawasam SP. Histologic assessment of mineral trioxide aggre-
30 : 297-306. gate as a root-end filling in monkeys. J Endod 1997 ; 23 : 225-228.
Skidmore LJ, Berzins DW, Bahcall JK. An in vitro comparison of Tronstad L. Tissue reactions following apical plugging of the
the intraradicular dentin bond strength of Resilon and gutta- root canal with dentin chips in monkey teeth subjected to pul-
percha. J Endod 2006 ; 32 : 963-966. pectomy. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1978 ; 45 : 297-304.
Smith CS, Setchell DJ, Harty FJ. Factors influencing the success of Tronstad L, Asbjørnsen K, Døving L, Pedersen I, Eriksen HM.
conventional root canal therapy. A five-year retrospective study. Influence of coronal restorations on the periapical health of
Int Endod J 1993 ; 26 : 321-333. endodontically treated teeth. Endod Dent Traumatol 2000 ; 16 :
Stuart CH, Schwartz SA, Beeson TJ. Reinforcement of immature 218-221.
roots with a new resin filling material. J Endod 2006 ; 32 : Trope M. Resilon will biodegrade from lipases released by bac-
350-353. teria or by bacterial or salivary enzymes. J Endod 2006 ; 32 :
Su Y, Wang C, Ye L. Healing rate and post-obturation pain of 85-86.
single- versus multiple-visit endodontic treatment for infected Trope M, Chow E, Nissan R. In vitro endotoxin penetration of
root canals : a systematic review. J Endod 2011 ; 37 : 125-132. coronally unsealed endodontically treated teeth. Endod Dent
Susini G, About I, Tran-Hung L, Camps J. Cytotoxicity of Epiphany Traumatol 1995 ; 11 : 90-94.
and Resilon in a root canal model. Int Endod J 2006 ; 39 : 940-944. Trope M, Lost C, Schmitz HJ, Friedman S. Healing of apical perio-
Tang HM, Torabinejad M, Kettering JD. Leakage evaluation of dontitis in dogs after apicoectomy and retrofilling with various
root end filling materials using endotoxin. J Endod 2002 ; 28 ; 5-7. filling materials. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol
Tassery H, Rémusat M, Koubi G, Pertot WJ. A comparison of the Endod 1996 ; 81 : 221-228.
intraosseous biocompatibility of Vitremer and Super EBA by Tunç ES, Sönmez IS, Bayrak S, EÐilmez T. The evaluation of bond
implantation into the mandible of rabbits. Oral Surg Oral Med strength of a composite and a compomer to white mineral
Oral Pathol 1997 ; 83 : 602-608. trioxide aggregate with two different bonding systems. J Endod
Tay FR, Pashley DH, Williams MC, Raina R, Loushine RJ, Weller 2008 ; 34 : 603-605.
RN et al. Suceptibility of polycaprolactone-based root canal fil- Tunga U, Bodrumlu E. Assessment of the sealing ability of a new
ling material to degradation. I. Alcaline hydrolysis. J Endod root canal obturation material. J Endod 2006 ; 32 : 876-878.
2005a ; 31 : 593-598. van Zyl SP, Gulabivala K, Ng YL. Effect of customization of mas-
Tay FR, Yiu CKY, Yau JYY, Yiu-Fai M, Loushine RJ, Weller RN et al. ter gutta-percha cone on apical control of root filling using dif-
Suceptibility of Polycaprolactone-based root canal filling mate- ferent techniques : an ex vivo study. Int Endod J 2005 ; 38 :
rial to degradation. II. Gravimetric evaluation of enzymatic 658-666.
hydrolysis. J Endod 2005b ; 31 : 737-741. Versiani MA, Carvalho-Junior JR, Padilha MI, Lacey S, Pascon EA,
Teixeira FB, Teixeira ECN, Thompson JY, Trope M. Fracture resis- Sousa-Neto MD. A comparative study of physicochemical pro-
tance of endodontically treated roots using a new type of resin perties of AH Plus and Epiphany root canal sealants. Int Endod J
filling material. J Am Dent Assoc 2004 ; 135 : 646-652. 2006 ; 39 : 464-471.
280
Lectures conseillées
Clinton K, Himel V. Comparison of a warm gutta-percha obturation Pertot WJ, Machtou P. L’étanchéité coronaire : un facteur de
technique and lateral condensation. J Endod 2001 ; 27 : 692-695. réussite du traitement endodontique. Cah Prothese 2001 ; 116 :
De-Deus G, Brandão MC, Fidel RAS, Fidel SR. The sealing ability 21-29.
of GuttaFlow™ in oval-shaped canals : an ex vivo study using a Pertot WJ, Camps J, Rémusat M, Proust JP. In vivo comparison
polymicrobial leakage model. Int Endod J 2007 ; 40 : 794-799. of two root canal sealers implanted into the mandibular
Felippe M, Felippe W, Marques M, Antoniazzi J. The effect of the bone of rabbit. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1992b ; 73 :
renewal of calcium hydroxide paste on the apexification and 613-620.
periapical healing of teeth with incomplete root formation. Int Sarrami N, Pemberton MN, Thornhill MH, Theaker ED. Adverse
Endod J 2005 ; 38 : 436-442. reaction associated with the use of eugenol in dentistry. Br Dent
Goldberg F, Artaza L, De Silvio A. Effectiveness of different J 2002 ; 193 : 257-259.
obturation techniques in the filling of simulated lateral canals. J Torabinejad M, Smith PW, Kettering JD, Pitt Ford TR. Comparative
Endod 2001 ; 27 : 362-364. investigation of marginal adaptation of mineral trioxide aggre-
Leonardo MR, Almeida WA, da Silva LA, Utrilla LS. Histological gate and other commonly used root-end filling materials. J
evaluation of the response of apical tissues to glass ionomer Endod 1995e ; 21 : 295-299.
and zinc oxide-eugenol based sealers in dog teeth after root Webber RT. Apexogenesis versus apexification. Dent Clin North
canal treatment. Endod Dent Traumatol 1998 ; 14 : 257-261 Am 1984 ; 28 : 669-697.
Montgomery S. Chemical decontamination of gutta percha Wu M, Kast’akova A, Wesselink P. Quality of cold and warm
cones with polyvinyl pyrolidone-iodine. Oral Surg Oral Pathol gutta-percha fillings in oval canals in mandibular premolars. Int
Oral Med 1971 ; 31 : 358-366. Endod J 2001 ; 34 : 485-491.
281
L
e retraitement endodontique est habituellement consi-
Une meilleure définition a été proposée par Gary Carr qui
déré comme une tentative d’améliorer un traitement inclut toutes les options thérapeutiques pouvant être
précédent. Le glossaire de l’endodontie de l’Association considérées comme des retraitements : « Le retraitement
américaine d’endodontie le définit comme « une procédure endodontique est une procédure entreprise sur une dent
consistant à retirer l’ancienne obturation canalaire et à refaire qui a reçu une première tentative de traitement définitif
le nettoyage, la mise en forme et l’obturation des canaux, qui a abouti à une situation qui requiert la mise en œuvre
cette procédure est entreprise lorsque le traitement initial d’un nouveau traitement endodontique pour arriver au
apparaît inadéquat ou a échoué, ou lorsque le canal a été succès » (fig. 13.1). Il ajoute que l’objectif du retraitement
contaminé par une exposition prolongée à l’environnement est « d’effectuer une thérapeutique endodontique qui vise
intra-oral » (American Association of Endodontists, 1994). à redonner à la dent sa fonction et à permettre une répa-
Cette définition a l’inconvénient de ne décrire qu’un type de ration complète des tissus de soutien » (Carr, 1998).
Cette dernière définition nous paraît plus adaptée tant la
retraitement, celui qui consiste à retirer une ancienne obtura-
diversité des situations cliniques est grande.
tion, et d’ignorer d’autres types tel celui consistant à retraiter
une dent dont un des canaux a été oublié ou impossible à
repérer lors du traitement précédent.
a b
Figure 13.1 Le retraitement endodontique est une procédure entreprise sur une dent qui a reçu une première tentative de traitement
définitif, lequel a abouti à une situation qui requiert la mise en œuvre d’un nouveau traitement endodontique pour arriver au succès
(d’après Carr, 1998).
283
Les retraitements peuvent être considérés sous deux aspects : À ces observations optimistes s’opposent les résultats des
- retraitements liés à un échec endodontique potentiel (indi- études évaluant la fréquence des LIPOE et la qualité des trai-
cations d’ordre technique) ; tements dans la population générale. Ces résultats montrent
- retraitements liés à un échec endodontique avéré (indica- qu’une LIPOE est présente dans environ 30 à 60 % des cas sur
tions d’ordre pathologique). les dents ayant subi un traitement endodontique et que
Les retraitements liés à un échec endodontique potentiel celle-ci est clairement associée à la qualité du traitement
s’adressent à des dents ayant subi une première tentative de (Imfeld, 1991 ; Buckley et Spänberg, 1995 ; Saunders et al.,
traitement qui a été interrompue ou jugée techniquement 1997 ; Marques et al., 1998 ; Sidaravicius et al., 1999 ; De Moor
insuffisante sans pour autant que la dent ne présente de et al., 2000 ; Boucher et al., 2002). Il y a manifestement une
signe objectif d’échec endodontique (pas de symptôme, pas contradiction entre le taux de succès qu’il est possible d’at-
de signe clinique, pas de signe radiologique visible). La ques- teindre (de 85 à 90 %) et celui réellement obtenu (de 40 à
tion de la réintervention dans ces situations se pose principa- 70 %). Le nombre de retraitements potentiels est donc gigan-
lement lorsqu’une restauration prothétique est envisagée. tesque et ne cesse de croître dans tous les pays. Toutefois,
l’attitude clinique en face d’un échec endodontique varie
L’insuffisance du traitement endodontique fait alors craindre considérablement d’un praticien à l’autre (Kvist et al., 2004).
un échec endodontique secondaire potentiel qui mettrait
en péril la pérennité de la restauration prothétique.
B - Variation dans la prise de décision
Dans les cas de retraitements liés à un échec endodontique
thérapeutique
avéré, ce dernier est objectivé par la présence d’une image La grande variation dans l’attitude des praticiens face à un acte
radio-claire évoquant une lésion inflammatoire périradicu- endodontique a été démontrée en premier lieu par Smith et al.
laire d’origine endodontique (LIPOE) (Collège national des (1981). Plusieurs publications ont montré que le simple diagnos-
enseignants d’odontologie conservatrice, 2004), associée ou tic de LIPOE sur une dent avec un traitement endodontique pré-
non à des symptômes ou à des signes cliniques. Cette image senté à plusieurs praticiens ne conduisait pas forcément à la
radiographique est liée à une infection du réseau canalaire. décision de retraitement. Reit et Gröndahl (1988) ont trouvé
que, face à un diagnostic de LIPOE, seulement 39 % des prati-
Remarque : l’objectif du retraitement est de renégocier la ciens prenaient la décision de retraiter. L’hypothèse avancée par
totalité de l’espace endodontique afin de parvenir à une Kahneman et al. (1982) est que la plupart des décisions sont
désinfection la plus complète possible. Le succès de cette prises à partir de quelques principes empiriques. Dans le cas du
thérapeutique est directement lié à la capacité technique
du praticien d’accéder à l’ensemble du réseau canalaire et à retraitement endodontique, plusieurs éléments de la décision
éliminer les bactéries présentes (voir chapitre 11). peuvent être perçus de façon très différente en fonction de la
personnalité du praticien (Kvist et Reit, 2002 ; Reit, 2003) (fig. 13.2).
La décision de retraiter dépend principalement de la notion
de succès et d’échec, notion assez difficile à définir car elle
I - Prise de décision est perçue différemment par le patient et par le praticien,
mais également d’un praticien à l’autre Elle repose sur l’exa-
men clinique et radiographique. Il a été démontré qu’il pou-
A - Prévalence de l’échec endodontique vait y avoir une variation importante dans l’interprétation
L’étude du devenir des traitements est une tradition ancienne radiographique pouvant entraîner une différence de diagnos-
en endodontie et de nombreuses études, fondées sur un suivi tic (Reit et Hollender, 1983). Kvist et Reit ont proposé un
radiographique, ont été publiées. Elles montrent que le traite- modèle pour expliquer les différences de comportement face
ment endodontique est fiable. Lorsqu’une dent sans image de à la décision de retraiter. Dans ce « praxis concept », les auteurs
LIPOE (indépendamment de l’état de la pulpe, vivante ou suggèrent que les praticiens perçoivent différemment les
nécrosée) est traitée selon les règles de l’art, le succès peut
être attendu dans environ 96 % des cas (Sjögren et al., 1990 ; Valeurs
Imura et al., 2007). Lorsque la dent présente une LIPOE, le taux personnelles
de succès est moindre. Dans ce cas, les micro-organismes sont
présents et, en fonction de la complexité du réseau canalaire,
l’infection ne pourra pas être éliminée de façon prévisible. Coût élevé Coût peu élevé
Bonne obturation Mauvaise obturation
Important ! Cependant, les procédures endodontiques Difficulté d’accès Facilité d’accès
actuelles permettent d’obtenir une guérison dans 80 à 85 %
des cas en fonction de la réduction de la charge bacté- Présence de PA Point de rupture Absence de PA
rienne obtenue (De Chevigny et al., 2008). Le seuil mini-
mum de charge bactérienne au-dessus duquel la guérison
intervient reste toutefois inconnu (Siqueira et al., 2009). Figure 13.2 Prise de décision en fonction des valeurs personnelles
du praticien (d’après Kvist et al., 1994). PA : parodontite apicale.
284
Surveillance Décision
Racine traitée
avec traitement canalaire
insuffisant sans LIPOE Pas d’intervention Intervention
Extraction Retraitement
Figure 13.3 Arbre décisionnel du retraitement en l’absence de LIPOE. Figure 13.4 Arbre décisionnel du retraitement en présence de LIPOE.
285
286
287
gardez votre dent et si l’évolution est défavorable, il sera tou- radiographiques montrent que la présence d’une carie ou une
jours temps de l’extraire et il faudra alors envisager de la rem- perte d’étanchéité de la restauration coronaire visible sur le
placer. Voulez-vous que nous évoquions ces solutions de cliché radiographique augmente de façon significative le
remplacement ? » risque d’échec endodontique sur les dents préalablement
À la question : « Docteur, que pensez-vous de la solution traitées. L’influence de la qualité de l’étanchéité coronaire a
implantaire ? », il est possible de répondre : « L’implantation été comparée à celle de la qualité du traitement canalaire,
n’est pas une solution de remplacement au retraitement endo- jugée elle aussi sur un plan radiographique. Les résultats sont
dontique. La seule possibilité est l’extraction de la dent, ce diversement interprétés, Ray et Trope (1995) allant jusqu’à
n’est qu’après cicatrisation et réévaluation du site osseux que considérer que la perte d’étanchéité coronaire avait une
la solution implantaire pourra être envisagée. Voulez-vous que influence plus grande que la qualité du traitement endo-
nous évoquions les étapes d’un traitement implantaire ? » dontique. Cependant, tous les auteurs admettent que la qua-
lité de l’obturation canalaire reste prépondérante mais que
l’étanchéité coronaire joue un rôle significatif sur l’apparition
d’un échec endodontique (Tronstad et al., 2000 ; Riccuci
II - Procédures cliniques et al., 2000 ; Siqueira et al., 2005).
288
289
a b
c d
Figure 13.5 Descellement d’une couronne à l’aide d’une WAMkey®. a. Créer une tranchée sur la face vestibulaire de la couronne à
l’aide d’une fraise transmétal. b. La cavité est prolongée horizontalement en direction linguale jusqu’à la moitié de la face occlusale
de la dent. c. Introduire dans cette cavité la clé adaptée. d. La clé est tournée d’un quart de tour autour de son grand axe : l’effet de
came provoque le descellement de la couronne.
290
a b
c d
e f
g h
Figure 13.6 Dépose des tenons préformés métalliques. a. Le matériau de restauration coronaire est retiré prudemment à l’aide d’une
fraise turbine de façon concentrique, de la périphérie de la restauration vers l’ancrage, de façon à ne pas endommager la tête du tenon.
b et c. Une fois que celle-ci est dégagée, les fragments résiduels du matériau de restauration ainsi que les résidus de ciment sont retirés
à l’aide d’un insert ultrasonore. d, e et f. La partie émergente du tenon est ensuite vibrée avec un insert ultrasonore spécifique jusqu’à
obtenir le descellement du tenon. S’il s’agit d’un screw-post, l’insert est tourné dans le sens anti-horaire autour de la tête du tenon. g et
h. Une fois le tenon descellé, le ciment de scellement présent à l’extrémité du logement est retiré avec un insert ultrasonore fin.
291
Afin de limiter l’échauffement dû à l’utilisation des inserts - après avoir placé les trois rondelles dans le bon ordre sur la
ultrasonores de descellement, les précautions suivantes filière, celle-ci est vissée à la main et en sens anti-horaire sur
doivent être observées : la partie préparée du tenon. La rondelle plate est destinée à
- examiner la radiographie préopératoire pour évaluer l’épais- recevoir le mors inférieur de la pince extractrice, la rondelle
seur de la dentine entre le tenon et le desmodonte (une concave sous-jacente est orientée vers la structure radiculaire
épaisseur inférieure à 1 constitue un risque d’échauffement et la rondelle en silicone viendra au contact de la dentine ;
rapide des tissus de soutien) ; - l’extracteur est mis en place, le mors supérieur étant engagé
- utiliser l’irrigation de façon continue en veillant à ce que le dans la gorge de la filière et le mors inférieur venant en
spray atteigne l’extrémité de l’insert ; appui sur les rondelles. En vissant la mollette, les mors de
- ne pas utiliser l’énergie ultrasonore de façon continue, faire l’extracteur s’écartent progressivement et provoquent le
des poses de 1 à 2 minutes régulièrement ; descellement du tenon. En cas de résistance lors de la rota-
- appliquer éventuellement un réfrigérant (test au froid) sur la tion de la molette, un insert ultrasonore peut être placé sur
tête du tenon ; la filière pour faciliter le descellement.
- si la séance se prolonge sans succès, utiliser la trousse de Lorsqu’il s’agit d’un inlay-core à clavette sur une dent plurira-
Gonon. diculée, la pièce prothétique est découpée en autant de
morceaux que de tenons présents en prenant un soin particu-
2 - Dépose d’un tenon fibré lier à ne pas endommager le plancher pulpaire avec la fraise.
Le composite de restauration coronaire associé au tenon Chaque tenon est ensuite descellé indépendamment, en
fibré ainsi que la partie extra-radiculaire du tenon sont retirés général à l’aide des ultrasons, les vibrations engendrées lors
prudemment à l’aide d’une fraise turbine. Le principe est de la découpe de l’inlay-core ayant déjà contribué à désagré-
ensuite de détruire la résine de liaison présente entre les ger le ciment de scellement. Lorsque le tenon est fracturé à
fibres par échauffement. Un insert ultrasonore fin (ET 25, l’intérieur de la racine, la trousse de Masseran (Micro Mega)
Satelec, par exemple) peut être utilisé sans irrigation sous est utilisée. Un premier trépan de diamètre approprié doit
contrôle visuel. Le même résultat peut être obtenu avec un être engagé sur approximativement la moitié de la longueur
foret Peeso de petit calibre (n° 2) utilisé à vitesse rapide du tenon. Un second trépan de diamètre immédiatement
(15 000 tr/min) sans irrigation placé au centre du tenon après inférieur est inséré en force sur la partie dégagée du tenon et
avoir créé un avant-trou à l’aide d’un insert ultrasonore ou du se déforme grâce à la structure souple de l’alliage. La force de
foret pointeur disponible dans la nouvelle trousse de Gonon. friction ainsi engendrée devient supérieure à la force de
Les résidus de colle persistant dans le logement de tenon rétention du tenon et permet son extraction.
sont ensuite éliminés par un léger balayage des parois avec Avec l’aide des instruments décrits, le tenon peut être déposé
un insert ultrasonore fin. Cette procédure doit être ponctuée dans la plupart des cas avec un très faible risque de fracture
par des pauses pour refroidir la dentine radiculaire. radiculaire (Abbott, 2002). La présence d’un ancrage radicu-
laire ne constitue donc pas une contre-indication du retraite-
3 - Dépose des inlay-cores ment orthograde.
292
La démarche clinique est comparable à celle d’un traitement La stratégie est différente selon qu’il s’agit d’éliminer un cône
initial. La désobturation est menée de façon corono-apicale ; de gutta flottant dans le canal ou une obturation dense. Dans
le canal est artificiellement divisé en trois portions préparées le premier cas, l’objectif est de retirer le cône en un morceau
indépendamment. Cela permet de se placer dans les meil- en procédant de la façon suivante (fig. 13.8) :
leures conditions sur le plan mécanique car, en libérant les - examiner la radiographie préopératoire ;
contraintes et en redressant les courbures coronaires, les - ne pas utiliser de solvant ;
conditions seront idéales pour accéder à la portion apicale - une fois que la cavité d’accès est remplie d’hypochlorite de
avec les instruments. Sur le plan biologique, cette approche sodium, vérifier la vacuité du canal à l’aide d’une lime K n° 10
permet d’assurer la désinfection des deux tiers coronaires jusqu’à la longueur de travail ;
avant d’aborder le tiers apical. Le risque de propulser des débris - insérer les limes K en calibre croissant jusqu’à ce que l’on note
infectés au-delà du foramen se trouve ainsi réduit. que l’une d’elles bloque environ aux deux tiers de la longueur
La mise en forme de chaque portion du canal n’est réalisée de travail ;
qu’une fois la perméabilité retrouvée. Les moyens pour retrou- - utiliser une lime H d’un calibre immédiatement supérieur à
ver cette perméabilité seront toutefois différents de ceux uti- la lime K précédente, la visser pour atteindre le niveau de
lisés lors d’un traitement initial, la désobturation nécessitant cette dernière et tracter l’instrument pour retirer le cône de
des instruments rigides et tranchants afin de pouvoir pénétrer gutta en un morceau.
le matériau d’obturation. Il est possible d’utiliser indifférem- Si le cône dépasse l’extrémité radiculaire, la technique est la
ment une instrumentation manuelle ou rotative : pour l’instru- même mais la lime H de retrait doit être amenée au niveau ou
mentation manuelle, on utilise des limes de Hedström courtes au-delà du foramen apical.
293
b c
294
295
une lime K n° 10 et une lime H n° 15 au fur et à mesure de la - la partie coronaire du tuteur est dégagée en éliminant la gutta
progression apicale afin de libérer le cône d’argent. Si pos- par échauffement (insert ultrasonore utilisé sans irrigation,
sible, la lime est amenée jusqu’à l’extrémité apicale du cône touch and heat, instrument rotatif de désobturation). Ne pas
puis remplacée par une lime K n° 15 ; chercher à progresser trop apicalement au risque de section-
- à l’aide d’une sonde à pointe fine placée à l’opposé du cône, ner le tuteur ;
la partie émergente est poussée dans la cavité créée précé- - une lime H (n° 25 en 21 mm) est immédiatement placée à
demment et les limes K n° 10 et H n° 15 sont à nouveau glis- l’interface entre le tuteur et les parois canalaires, une gorge
sées de l’autre côté le long du cône ; est généralement prévue à cet effet dans le tuteur ;
- une fois le cône dégagé sur deux côtés opposés, il est saisi - la lime est vissée dans le plastique du tuteur et tractée hors
et tracté légèrement (précelles de Perry, pince de Stieglitz, du canal, le tuteur sort, agrippé par les spires de la lime H.
extracteur de Masseran). Si une résistance est rencontrée,
un insert ultrasonore est placé sur les mors de la pince près 4 - Réinstrumentation du réseau canalaire,
du cône pour aider à le dégager ; suppression des butées
- si la partie émergente du cône n’est pas assez longue pour être
saisie, une lime H n° 25 est vissée le long du cône et tractée Important ! L’objectif est d’éliminer le plus complètement
hors du canal, le cône sort, agrippé par les spires de la lime H ; possible les anciens matériaux d’obturation et de retrouver le
- si le cône d’argent est fracturé à l’intérieur du canal, il faut contact dentinaire ; pour cela, la préparation doit être d’un
passer à côté avec une lime K n° 10 puis n° 15 et insérer à calibre plus important que la précédente et, en fin de mise en
l’arrêt une lime ultrasonore n° 15 au-delà de l’extrémité api- forme, les parois canalaires doivent être examinées attenti-
cale du cône d’argent. Cette dernière est ensuite activée vement afin de localiser d’éventuels résidus de ciment.
avec un spray d’eau important. La vibration déloge le cône
d’argent qui est évacué coronairement par le spray. Dans tous les cas, il convient d’associer les concepts de pré-
Le retrait des tuteurs en plastique est sensiblement plus aisé paration corono-apicale et de perméabilité apicale afin de
car ils sont moins fragiles que les cônes d’argent (fig. 13.10) : créer un réservoir d’hypochlorite qui va se déplacer de plus
a b c
d e f
296
a b c
297
Cette intervention peut être réalisée à l’aide de forets de Cette technique peut être employée dans toutes les situa-
Gates travaillant en appui sur la paroi opposée à la courbure. tions cliniques mais tout particulièrement si l’instrument
La préparation ainsi réalisée crée un espace de reflux pour est long ou fortement coincé (fig. 13.13 et 13.14). À noter que
évacuer le fragment en direction coronaire. le retrait d’un Lentulo ou d’un thermocompacteur implique
un dévissage dans le sens horaire.
2 - Tenter de passer un instrument à côté du fragment
La partie coronaire du canal est remplie d’un gel lubrifiant
(Glyde, Dentsply Maillefer ; RC Prep, Premier Products Comp ; 4 - Techniques complémentaires
File-Eze, Ultradent Products) et un instrument manuel de petit L’utilisation d’un laser optique Nd:YAP permet, dans certaines
diamètre est introduit pour chercher un passage le long du conditions, de vaporiser l’instrument (Farge et al., 1998, Yu
fragment fracturé (Al-Fouzan, 2003). Une fois le passage trouvé, et al., 2000). La fibre optique doit être placée au contact du
il est progressivement élargi à l’aide d’une séquence d’instru- fragment. Il faut toutefois veiller à ne pas provoquer de sur-
ments manuels de calibre croissant. Si le trajet initial du canal chauffe des parois radiculaires environnantes.
est retrouvé de cette façon, le fragment peut soit être retiré à
l’aide d’une lime montée sur une pièce à main ultrasonore avec En cas d’échec des tentatives de retrait du fragment par
la même procédure que celle décrite pour le retrait de cônes voie orthograde et devant la persistance ou l’apparition
d’argent, soit être laissé en place et noyé dans l’obturation. d’une pathologie, un retraitement par voie chirurgicale
Cette démarche permet de résoudre bon nombre de cas de pourra être envisagé. Les techniques actuelles de chirurgie
façon simple, peu mutilante pour les tissus dentaires environ- endodontique permettent de nettoyer et de désinfecter
nants et avec une grande économie de moyens. Elle doit être la portion du canal située apicalement au fragment avant
systématiquement tentée en première intention. obturation a retro.
298
a b c
d e f
Figure 13.12 Retrait d’un fragment d’instrument fracturé à l’aide de l’extracteur Endo Rescue®. L’accès au fragment est réalisé en
redressant la courbure située coronairement puis par le passage d’un foret de Gates n° 3. La partie coronaire du fragment est ensuite
dégagée et centrée sur la préparation par le passage du pointeur. Puis c’est au tour du fragment d’être dégagé des parois radiculaires
à l’aide du trépan de même calibre utilisé à vitesse lente (300 tr/min) et en sens anti-horaire. Une fois qu’il l’est sur une longueur de 1
à 2 mm, il pourra être évacué en direction coronaire soit directement par le trépan, soit par une aiguille de taille adaptée remplie de
composite.
299
g h i
j k l
Figure 13.12 (suite) Retrait d’un fragment d’instrument fracturé à l’aide de l’extracteur Endo Rescue®. L’accès au fragment est réalisé en
redressant la courbure située coronairement puis par le passage d’un foret de Gates n° 3. La partie coronaire du fragment est ensuite
dégagée et centrée sur la préparation par le passage du pointeur. Puis c’est au tour du fragment d’être dégagé des parois radiculaires
à l’aide du trépan de même calibre utilisé à vitesse lente (300 tr/min) et en sens anti-horaire. Une fois qu’il l’est sur une longueur de 1
à 2 mm, il pourra être évacué en direction coronaire soit directement par le trépan, soit par une aiguille de taille adaptée remplie de
composite.
300
a b c
d e
Figure 13.13 Retrait d’un fragment long avec la trousse Endorescue (Komet). a, b et c. Lorsque le fragment est long, il ne pourra pas
être dégagé en totalité par le trépan. d et e. La partie coronaire du fragment est dégagée sur environ 2 mm à l’aide du trépan puis
une aiguille de même calibre que le trépan et remplie de composite autopolymérisable (ou dual) est positionnée à la place du trépan
puis laissée le temps de la prise du composite. L’aiguille est ensuite tractée en direction coronaire avec un mouvement de rotation
antihoraire. Le fragment, emprisonné dans le composite, ressort avec l’aiguille.
301
a b
c e
Figure 13.14 a. Retraitement d’une 17 présentant une lésion et un fragment d’instrument dans la racine mésio-vestibulaire. La restau-
ration prothétique est déposée et l’orifice canalaire relocalisé de façon à obtenir un accès en ligne droite à la partie coronaire du
fragment. b. Accès au fragment avec la trousse Endorescue (Komet) : passage du foret de Gates n° 3 jusqu’au contact du fragment,
puis du pointeur, puis du trépan à vitesse lente (300 trs/min) et en sens antihoraire afin de dégager la partie coronaire du fragment
des parois dentinaires. c et d. Le fragment est retiré à l’aide d’une aiguille de même calibre que le trépan (20 gauges) et remplie de
composite autopolymérisable (ou dual).
302
303
a b c
d e f
g h
Figure 13.15 Traitement d’une perforation située sur le plancher pulpaire. Les anciens matériaux d’obturation sont retirés et l’en-
semble du réseau canalaire est nettoyé et mis en forme dans un bain d’hypochlorite de sodium. Le MTA est déposé par petits incré-
ments successifs dans la perforation à l’aide d’un instrument spécifique (Messing Gun®, porte-amalgame, Dentsply) puis condensé
légèrement à l’aide d’un fouloir vertical et/ou vibré de façon indirecte par un insert ultrasonore utilisé sans irrigation et placé à
distance sur une paroi de la cavité d’accès. Un coton humide est placé au contact du MTA et la cavité d’accès est obturée avec un
ciment verre ionomère. Dans une séance ultérieure, le ciment temporaire et le coton sont retirés, la prise du MTA est vérifiée à l’aide
d’une sonde et la dent restaurée de façon conventionnelle. En cas d’utilisation de la Biodentine, attendre et vérifier la prise du
matériau avant la mise en place de l’obturation temporaire ou définitive.
7 - Perforations du tiers apical bons résultats, mais le succès n’est pas aussi prévisible qu’après
Ces perforations sont le résultat d’une fausse route créée un retraitement orthograde. Le pronostic endodontique est
lors d’une tentative de traitement précédent. La difficulté est de optimisé lorsque l’ensemble du réseau canalaire a pu être net-
retrouver la trajectoire du canal originel et de la mettre en forme. toyé, désinfecté et obturé (Scianamblo et Ruddle, 1988).
La fausse route sera alors obturée comme un canal surnu- Face à un échec de la chirurgie endodontique, une perco-
méraire en même temps que le canal principal par com- lation doit être recherchée au niveau de l’obturation a
pactage vertical de gutta chaude. retro, de l’obturation canalaire et de l’obturation coronaire.
Selon la situation clinique, une réintervention par voie
orthograde peut permettre d’éliminer les bactéries rési-
duelles et résoudre le problème infectieux.
H - Retraitement des dents ayant subi
une chirurgie apicale Sur le plan clinique, la difficulté est liée à la résection en
Historiquement, la chirurgie endodontique consistait à obtu- biseau de la racine. De ce fait le foramen est très large, sou-
rer l’extrémité apicale du canal avec l’espoir que cette obtura- vent ovale et situé à distance de l’apex radiographique de la
tion contiendrait les toxines bactériennes à l’intérieur du canal racine. Le retraitement par voie orthograde est alors compa-
de façon permanente. Cette approche peut donner quelques rable au traitement d’une dent immature (fig. 13.16) :
304
a b
c d
e f
Figure 13.16 Retraitement orthograde d’une dent ayant subi une résection apicale. a. L’échec après la chirurgie endodontique est dû à
l’absence d’étanchéité de la restauration coronaire, l’absence d’obturation canalaire et l’absence d’étanchéité de l’obturation a retro. b et
c. Les anciens matériaux d’obturation sont retirés et le canal est nettoyé dans un bain d’hypochlorite de sodium sans déplacer le matériau
d’obturation apical. Le passage d’une lime au-delà de l’obturation a retro permet d’objectiver l’absence d’étanchéité. d et e. Le canal est
obturé au MTA de la même façon que celui d’une dent immature. Un coton humide est placé au contact du MTA et la cavité d’accès est
obturée avec un ciment temporaire. f. La radiographie de contrôle prise à 1 an postopératoire montre une guérison de la lésion.
305
Bibliographie
Abbott PV. Incidence of root fractures and methods used for Cohen AG. The efficiency of different solvants used in the
post removal. Int Endod J 2002 ; 35 : 63-67. retreatment of paste-filled root canals. Master thesis. Boston :
Al-Fouzan KS. Incidence of rotary ProFile instrument fracture Boston University, 1986.
and the potential for bypassing in vivo. Int Endod J 2003 ; 36 : De Chevigny C, Dao TT, Basrani BR, Marquis V, Farzaneh M,
864-867. Abitbol S et al. Treatment outcome in endodontics : the Toronto
Allen RK, Newton CW, Beoen CE. A statistical analysis of surgical study. Phase 4 : initial treatment. J Endod 2008 ; 34 : 258-263.
and non surgical retreatment cases. J Endod 1989 ; 15 : 261-266. De Moor RJG, Hommez GMG, De Boever JG, Delme KIM, Martens
American Association of Endodontists. Glossary of contempo- GEL. Periapical health related to the quality of root canal treat-
rary terminology for endodontics. Chicago : AAE, 1994. ment in a Belgian population. Int Endod J 2000 ; 33 : 113-120.
Aryanpour S, Van Niewenhuysen JP, D’Hoore W. Endodontic Eriksen H. Epidemiology of apical periodontitis. In : Ørstavik D,
treatment décisions. Int Endod J 2000 ; 33 : 208-218. Pitt Ford TR (eds). Essential endodontology. Oxford : Blackwell
Science, 1998.
Barbosa SV, Burkhard DH, Spangberg LSV. Cytotoxic effects of
gutta percha solvents. J Endodont 1994 ; 20 : 6-8. Farge P, Nahas P, Bonin P. In vitro study of a Nd:YAP laser in endo-
Bergenholtz G, Lekholm U, Milthon R, Heden G, Ödesjö B, dontic retreatment. J Endod 1998 ; 24 : 359-363.
Engström B. Retreatment of endodontic fillings. Scand J Dent Friedman S. Treatment outcome and prognosis of endodontic
Res 1979 ; 87 : 217-224. therapy. In : Ørstavik D, Pitt Ford TR (eds). Essential endodonto-
Boucher Y, Matossian L, Rilliard F, Machtou P. Radiographic evalua- logy. Oxford : Blackwell Science, 1998 : 367-391.
tion of the prevalence and technical quality of root canal treat- Friedman S, Stabholz A. Endodontic retreatment : case selection
ment in a French subpopulation. Int Endod J 2002 ; 35 : 229-238. and technique. Part 1. Criteria for case selection. J Endod 1986 ;
Buckley M, Spänberg LS. The prevalence and technical quality of 12 : 28-33.
endodontic treatment in an American subpopulation. Oral Surg Gluskin AH, Ruddle CJ, Zinman EJ. Thermal injuriy throught intra-
Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1995 ; 79 : 92-100. radicular heat transfer using ultrasonic devices : precautions and
Burns RC, Herbranson EJ. Tooth morphology and cavity prepara- practical preventive strategies. J Am Dent Assoc 2005 ; 136 :
tions. In : Cohen S, Burns RC (eds). Pathways of the pulp. Saint- 1286-1293.
Louis : Mosby Co, 1998. Gluskin AH, Peters CI, Wong RDM, Ruddle CJ. Retreatment of
Carr G. New definition of retreatment. In : Cohen S, Burns RC non-healing endodontic therapy and management of mishaps.
(eds). Pathways of the pulp. Saint-Louis : Mosby Co, 1998. In : Ingle JI, Bakland LK, Baumgartner JG (eds). Endodontics.
Shelton : People’s Medical Publishing House, 2008.
Collège national des enseignants d’odontologie conservatrice.
Dictionnaire francophone des termes d’odontologie conservatrice. Gorni FG, Gagliani MM. The outcome of endodontic retreat-
Endodontie et odontologie conservatrice. Paris : SNPMD, 2004. ment : a 2-year follow-up. J Endod 2004 ; 30 : 1-4.
306
307
Simon S, Machtou P, Tomson P, Adams N, Lumley P. Influence of Sundqvist G, Figdor D, Persson S, Sjögren U. Microbiologic analy-
fractured instruments on the success rate of endodontic treat- sis of teeth with failed endodontic treatment and the outcome
ment. Dent Update 2008 ; 35 : 172-174, 176, 178-179. of conservative re-treatment. Oral Surg Oral Med Oral Pathol
Siqueira JF, Rôças IN, Alves FR, Campos LC. Periradicular status Oral Radiol Endod 1998 ; 85 : 86-93.
related to the quality of coronal restorations and root canal fil- Suter B, Lussi A, Sequeira P. Probability of removing fractured
lings in a Brazilian population. Oral Surg Oral Med Oral Pathol instruments from root canals. Int Endod J 2005 ; 38 : 112-123.
Oral Radiol Endod 2005 ; 100 : 369-374. Taintor JF, Ingle JI, Fahid A. Retreatment versus further treatment.
Siqueira JF Jr, Rôças IN, Alves FR, Silva MG. Bacteria in the apical Clin Prev Dent 1983 ; 5 : 8-14.
root canal of teeth with primary apical periodontitis. Oral Surg Trevelo A. Le démontage des couronnes prothétiques à recou-
Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2009 ; 107 : 721-726. vrement périphérique. Real Clin 1996 ; 7 : 281-290.
Sjögren U, Hagglund B, Sundqvist G, Wing K. Factors affecting Torabinejad M, Corr R, Handysides R, Shabahang S. Outcomes of
the long-term results of endodontic treatment. J Endod 1990 ; nonsurgical retreatment and endodontic surgery : a systematic
16 : 498-504. review. J Endod 2009 ; 35 : 930-937.
Smith J, Crisp J, Torney D. A survey : controversies in endodontic Tronstad L, Asbjørnsen K, Døving L, Pedersen I, Eriksen HM.
treatment and re-tratment. J Endod 1981 ; 7 : 477-483. Influence of coronal restorations on the periapical health of
Spatafore CM, Griffin JA, Keyes GG, WeardenS, Skidmore AE. endodonticaly treated teeth. Endod Dent Traumatol 2000 ; 16 :
Periapical biopsy report : an analysis over a 10-year period. J 218-221.
Endod 1990 ; 16 : 239-241. Tronstad L, Barnett F, Riso K, Slots J. Extraradicular endodontic
Spili P, Parashos P, Messer HH. The impact of instrument fracture infections. Endod Dent Traumatol 1987 ; 3 : 86-90.
on outcome of endodontic treatment. J Endod 2005 ; 31 : 845-850. Van Nieuwenhuysen JP, Aouar M, D’Hoore W. Retreatment or
Strindberg LZ. The dependence of the results of pulp therapy on radiographic monitoring in endodontics Int Endod J 1994 ; 27 :
certain factors : an analytical study based on radiographic and 75-81.
clinical follow-up examinations. Acta Odontol Scand 1956 ; 14 Yu DG, Kimura Y, Tomita Y, Nakamura Y, Watanabe H, Matsumoto
(suppl. 21) : 1-175. K. Study on removal effects of filling materials and broken files
Sunde PT, Olsen I, Lind PO, Tronstad L. Extraradicular infection : a from root canals using pulsed Nd:YAG laser. J Clin Laser Med
methodological study. Endod Dent Traumatol 2000 ; 16 : 84-90. Surg 2000 ; 18 : 23-28.
308
309
310
311
Sulcus : 0,89 mm
Attache épithéliale :
0,97 mm Espace biologique :
Attache conjonctive : 2,04 mm
1,07 mm
a b
Figure 14.4 a. Espace biologique. b. Hauteur clinique d’une couronne céramo-céramique comparée à une restauration de type endocrown.
312
M D
Obturation directe
Non (sauf dans
Classe II en composite
contexte occlusal
MO/OD Restauration indirecte 1/5 = 0,2 2/4 = 0,5 3/3 = 1 2 5 > 200
défavorable)
(inlay)
M D
Classe II Endocrown Tableau 14.2 Calcul de la configuration cavitaire (facteur C).
MOD
Endocrown Oui (McLeod et al., 2010). Il est intéressant de noter que la confi-
M D
Tenon guration cavitaire d’un logement de tenon radiculaire est
Remplacement radiculaire généralement supérieure à 200, ce qui laisse présager des
des cuspides + moignon
+ couronne diminutions significatives des performances d’adhésion des
résines de scellement dans ce contexte clinique particulier.
Prémolaires Molaires
Tableau 14.1 Options thérapeutiques en fonction de la perte Remarque : ainsi, il est donc important que le praticien
tissulaire observée. puisse optimiser la forme de sa préparation cavitaire pour
MOD : mésio-occluso-distal ; MO : mésio-occlusal ; OD : occluso- limiter les défauts de collage ; cela est particulièrement indi-
distal. qué dans le cadre des restaurations indirectes avec, par
exemple, la préférence pour une restauration de type onlay
(configuration favorable, facteur C = 0,2) plutôt qu’une res-
3 - Préparation des tissus dentaires tauration de type inlay (facteur C = 1). Cette prise de déci-
Quelle que soit la technique de restauration utilisée, le sion est souvent facilitée en présence des parois sous-minées,
affaiblies ou fissurées qui doivent être éliminées.
concept de conservation tissulaire reste valide et applicable
à toute situation. Cependant, deux facteurs peuvent entraî-
ner des modifications ou des ajustements de forme de la Les préparations cavitaires peuvent aussi être adaptées en
préparation. Les préparations coronaires peuvent être adap- réponse à des impératifs esthétiques particuliers. Le
tées en réponse à des impératifs esthétiques particuliers ou tableau 14.3 illustre les différents types de finition marginale
encore afin de mieux contrôler les contraintes de polyméri- visant à assurer une meilleure esthétique à une restauration
sation s’exerçant lors de la photopolymérisation des résines indirecte en composite. Si la limite de préparation palatine
d’obturation. présente souvent une ligne de finition horizontale, en
En effet, toutes les résines composites subissent une contrac- revanche des finitions de type chanfrein large ou plan incliné
tion volumétrique lors de leur polymérisation. Cette contrac- peuvent être utilisées au niveau des faces vestibulaires pour
tion génère des contraintes au niveau des interfaces de un meilleur rendu esthétique.
collage qui perdent en adhérence et étanchéité (Braga et al.,
2005). La littérature médicale récente démontre que ces Cuspides Réduction occlusale Marges
interfaces défaillantes sont alors particulièrement sensibles à
la dégradation en fonction (dégradation mécanique, enzyma- P V
Palat./ > 1,5 mm (composite)
Marge horizontale
tique) (Breschi et al., 2008 ; Carrilho et al., 2009). Ling. > 2 mm (céramique)
313
Note : il est conseillé de sceller les cônes de gutta-percha à La figure 14.6 illustre la pose d’une matrice métallique per-
l’aide d’une résine fluide transparente qui permettra de
relocaliser les entrées canalaires si une révision endo-
mettant d’accéder à la limite cervicale de la préparation qui
dontique s’avère nécessaire ultérieurement (fig. 14.5). se situe sous-gingivalement. Le fond de la cavité est rempli
de résine composite fluide après imprégnation de la dentine
cavitaire à l’aide d’un système adhésif. Bien que les résines
Sur cette vue finale, on observe la restauration réalisée en fluides aient été critiquées en raison de leur contraction de
composite direct. En raison de la perte de substance limitée, prise élevée, elles ne sont pas contre-indiquées dans cette
du respect des procédures de collage et de l’application de la situation clinique en raison de la configuration cavitaire favo-
résine d’obturation en couches successives, les risques de rable. Leur utilisation est souhaitable afin de limiter les
perte d’étanchéité sont réduits au minimum. défauts de remplissage dans les zones profondes.
a b
Figure 14.5 a. Vue de l’obturation des entrées canalaires. b. Obturation finale en composite directe.
314
a b
La figure 14.7 montre l’onlay en résine après scellement et la tions plutôt qu’à 8 mm de profondeur à l’intérieur du canal
radiographie de contrôle. Il convient de noter la proximité radiculaire lors du collage d’un tenon radiculaire.
entre le rebord alvéolaire et la limite de la restauration. Le cas clinique présenté ici (fig. 14.8) illustre l’approche utili-
L’endocrown utilise la chambre pulpaire pour accroître sa sée pour la restauration d’une prémolaire maxillaire après
surface de collage et faciliter son repositionnement lors du traitement endodontique. Celle-ci présente deux parois rési-
scellement, car ce type de restaurations ne possède pas de duelles de faible épaisseur ainsi que des fissures transversales
stabilité primaire en raison du peu de tissu dentaire résiduel ayant contribué à la nécrose pulpaire sous l’ancienne obtura-
(Bindl et Mömann, 1999 ; Lander et Dietschi, 2008). Il a été tion à l’amalgame. Dans ce cas, l’élimination des parois non
récemment démontré, à l’aide de mesures de calculs par élé- soutenues permet de créer une forme de préparation adap-
ments finis, qu’une restauration de type endocrown sur pré- tée à une restauration de type endocrown. La configuration
molaire générait moins de stress et de contraintes au niveau cavitaire et les propriétés esthétiques de la restauration col-
de l’interface de collage qu’une restauration de type cou- lée ont ainsi été optimisées.
ronne (Lin et al., 2010). Il faut souligner que dès que la mise en forme de la cavité est
Il est intéressant de noter que la surface de collage offerte terminée, toute la surface dentinaire est imprégnée à l’aide
par la chambre pulpaire est souvent égale, voire supérieure, à de résine qui est polymérisée (Magne et al., 2005). L’applica-
celle obtenue lors du collage d’un ancrage radiculaire de tion de cette couche de résine est souvent associée à la mise
8 mm de profondeur. De plus, l’application des résines et leur en place d’une fine couche de résine composite qui permet
polymérisation sont bien mieux contrôlables dans ces condi- de combler les zones rétentrices de la préparation sans avoir
a b
315
a b
Figure 14.8 a. Vue préopératoire. b. Cavité terminée avec mise en place d’une base résineuse.
à éliminer de tissu par fraisage. Cette première imprégnation esthétique de la restauration dans un contexte difficile (colo-
de résine assure également l’étanchéité du système canalaire ration de la dentine radiculaire) et de l’endocrown avant scel-
pendant la phase de laboratoire (Rocca et Krejci, 2007a). lement. Une activation de l’intrados de l’endocrown (sablage,
L’empreinte de la préparation est réalisée à l’aide d’un matériau silanisation) est nécessaire pour optimiser l’adhésion avec la
de type silicone par addition de viscosité moyenne et la res- résine de scellement.
tauration indirecte fabriquée au laboratoire. Une obturation
provisoire est réalisée à l’aide d’une résine autopolymérisable C - La couronne prothétique
ou photopolymérisable souple et non collée (Rocca et Bouilla-
Les dents ayant subi un traitement endodontique et qui pré-
guet, 2008). Dès la réception de la restauration en composite,
sentent un fort délabrement coronaire requièrent un ancrage
celle-ci est essayée en bouche et ajustée si nécessaire. Il est
pour la future couronne prothétique. Les procédures cliniques
toujours intéressant de procéder aux ajustements des points
actuelles reposent sur l’utilisation de tenons en fibres de verre
de contact interproximaux avant scellement. À ce stade, la
qui sont collés à la dentine canalaire à l’aide de ciments rési-
conformité de la teinte de la restauration est également véri-
neux adhésifs. Différentes études ont mis en évidence une
fiée (Rocca et Krejci, 2007b). Un composite de scellement à
meilleure rétention ainsi qu’une diminution du risque de frac-
activation lumineuse peut être utilisé lorsque l’épaisseur de la
ture radiculaire des tenons collés que des tenons métalliques
restauration n’excède pas 4 à 6 mm d’épaisseur, et pour autant
scellés à l’aide de ciments conventionnels (Ferrari et al., 2000 ;
que l’on utilise une source lumineuse à haute énergie
Sirimai et al., 1999).
(1 000 mW/cm²/60 s par face) (Park et al., 2004). L’utilisation
de résines de scellement à activation duale (chimique et lumi-
neuse) est également possible en présence d’onlays d’épais- Note : bien que l’utilisation de tenons en fibre de verre collés
soit en constante augmentation, certains facteurs liés à la mise
seur et d’opacité plus grandes (Hikita et al., 2007 ; Asmussen et
en œuvre de cette technique restent cependant mal définis.
Peutzfeldt, 2006). La figure 14.9 met en évidence l’intégration
a b
316
a b
Figure 14.10 a. Vue clinique post-traitement endodontique. b. Après réalisation du moignon adhésif.
317
IV - Conclusion
Le but de ce chapitre était d’illustrer les différentes options thérapeutiques destinées au traitement des dents dévitalisées.
Bien que peu de travaux cliniques démontrent le bien-fondé de ce concept de traitement, de nombreux travaux in vitro ont
permis d’analyser séparément les différents paramètres impliqués dans le succès clinique.
Il va de soi que le « tout adhésif » présenté ici ne peut fonctionner qu’avec une grande rigueur dans la sélection des cas et
l’exécution ces procédures.
V - Remerciements
Les auteurs remercient MM. Dominique Vinci et Sylvain Carciofo (Genève) pour la réalisation des travaux prothétiques.
318
319
Kinney JH, Balooch M, Marshall SJ, Marshall GW, Weihs TP. Reeh ES, Messer HH, Douglas WH. Reduction in tooth stiffness
Hardness and Young’s modulus of human peritubular and inter- as a result of endodontic and restorative procedures. J Endod
tubular dentine. Arch Oral Biol 1996 ; 41 : 9-13. 1989 ; 15 : 512-516.
Kishen A. Mechanisms and risk factors for fracture predilection Robbins JW. Restoration of endodontically treated teeth. In :
in endodontically treated teeth. Endod Topics 2006 ; 13 : 57-83. Summit JB, Robbins JW, Hilton TJ, Schwart RS. Fundamentals of
Krejci I, Duc O, Dietschi D, de Campos E. Marginal adaptation, operative dentistry. A contemporary approach. Hanover Park :
retention and fracture resistance of adhesive composite resto- Quintessence Publishing, 2001 : 546-566.
rations on devital teeth with and without posts. Oper Dent Roberts HW, Leonard DL, Vandewalle KS, Cohen ME, Charlton
2003 ; 28 : 127-135. DG. The effect of a translucent post on resin composite depth
Lander E, Dietschi D. Endocrowns : a clinical report. Quintessence of cure. Dent Mater 2004 ; 20 : 617-622.
Int 2008 ; 39 : 99-106. Rocca GT, Krejci I. Bonded indirect restorations for posterior
Lang H, Korkmaz Y, Schneider K, Raab WH. Impact of endodontic teeth : from cavity preparation to provisionalization. Quintessence
treatments on the rigidity of the root. J Dent Res 2006 ; 85 : 364-368. Int 2007a ; 3 : 371-379.
Lin CL, Chang YH, Chang CY, Pai CA, Huang SF. Finite element Rocca GT, Krejci I. Bonded indirect restorations for posterior
and Weibull analyses to estimate failure risks in the ceramic teeth : the luting appointment. Quintessence Int 2007b ; 38 :
endocrown and classical crown for endodontically treated 543-553.
maxillary premolar. Eur J Oral Sci 2010 ; 118 : 87-93. Rocca GT, Bouillaguet S. Alternative treatments for the restora-
Magne P, Kim TH, Cascione D, Donovan TE. Immediate dentin tion of non-vital teeth. Rev Odonto Stomatol 2008 ; 37 : 259-
sealing improves bond strenght of indirect restorations. 272.
J Prosthet Dent 2005 ; 94 : 511-519. Saleh AA, Ettman WM. Effect of endodontic irrigation solutions
Manhart J, Chen H, Hamm G, Hickel R. Buonocore memorial lec- on microhardness of root canal dentin. J Dent 1999 ; 27 : 43-46.
ture. Review of the clinical survival of direct and indirect resto- Salehrabi R, Rotstein I. Endodontic treatment outcomes in a
rations in posterior teeth of the permanent dentition. Oper large patient population in the USA : an epidemiological study.
Dent 2004 ; 29 : 481-508. J Endod 2004 ; 30 : 846-850.
McLeod ME, Price RB, Felix CM. Effect of configuration factor on Sim TP, Knowles JC, Ng YL, Shelton J, Gulabivala K. Effect of
shear bond strengths of self-etch adhesive systems to ground sodium hypochlorite on mechanical properties of dentine and
enamel and dentin. Oper Dent 2010 ; 35 : 84-93. tooth surface strain. Int Endod J 2001 ; 33 : 120-132.
Meredith N, Sheriff M, Stechell DJ, Swanson SA. Measurements Sirimai S, Riis DN, Morgano SM. An in vitro study of the fracture
of the microhardness and Young’s modulus of human enamel resistance and the incidence of vertical root fracture of pulpless
and dentine using an indentation technique. Arch Oral Biol teeth restored with six post-and-core systems. J Prosthet Dent
1996 ; 41 : 539-545. 1999 ; 81 : 262-269.
Muller HP, Eger T. Gingival phenotypes in young male adults. Sorensen JA, Engelman MJ. Ferrule design and fracture resistance
J Clin Periodontol 1997 ; 24 : 65-71. of endodontically treated teeth. J Prosthet Dent 1990 ; 63 : 529-
Muller HP, Eger T. Masticatory mucosa and periodontal phenotype : 536.
a review. Int J Periodontics Restorative Dent 2002 ; 22 : 172-183. Tamse A. Vertical root fractures in endodontically treated teeth :
Olsson M, Lindhe J. Periodontal characteristics in individuals diagnostic signs and clinical management. Endod Topics 2006 ;
with varying form of the upper central incisors. J Clin Periodontol 13 : 84-94.
1991 ; 18 : 78-82. Tay FR, Loushine RJ, Lambrechts P, Weller RN, Pashley DH
Park SH, Kim SS, Cho YS, Lee CK, Noh BD. Curing units’ ability to Geometric factors affecting dentin bonding in root canals : a
cure restorative composites and dual-cured composite cements theoretical modeling approach. J Endod 2005 ; 31 : 584-589.
under composite overlay. Oper Dent 2004 ; 29 : 627-635. Tjan AH, Nemetz H. Effect of eugenol-containing endodontic
Pashley D, Okabe A, Parham P. The relationship between dentin sealer on retention of prefabricated posts luted with adhesive
microhardness and tubule density. Endod Dent Traumatol 1985 ; composite resin cement. Quintessence Int 1992 ; 23 : 839-844.
1 : 176-179. Trope M, Ray HL. Resistance to fracture of endodontically
Pettiette MT, Phillips C, Trope M. Effect of endodontic instru- treated roots. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1992 ; 73 : 99-102.
ment taper on post retention. J Endod 2003 ; 29 : 65-68. Yoldas O, Alaçam T. Microhardness of composites in simulated
Plotino G, Grande NM, Pameijer CH, Somma F. Nonvital tooth root canals cured with light transmitting posts and glass-fiber
bleaching : a review of the literature and clinical procedures. reinforced composite posts. J Endod 2005 ; 31 : 104-106.
J Endod 2008 ; 34 : 394-407. Zandbiglari T, Davids H, Schäfer E. Influence of instrument taper
Ray HA, Trope M. Periapical status of endodontically treated on the resistance to fracture of endodontically treated roots.
teeth in relation to the technical quality of the root filling and Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2006 ; 101 :
the coronal restoration. Int Endod J 1995 ; 28 : 12-18. 126-31.
320
I - Définitions II - Historique
L’entité « syndrome endo-parodontal » est introduite, pour la
La pathologie pulpaire et les maladies parodontales par-
première fois, par Seltzer et al. (1963) alors que l’appellation
tagent un organe cible commun, les tissus de soutien de la
dent. Elles ont néanmoins des caractéristiques propres et « lésion endo-parodontale » est attribuée à Simiring et Gold-
leur diagnostic est habituellement aisé. Toutefois, une berg (1964). Schilder (1963), au cours du premier congrès d’en-
même racine peut être atteinte, en même temps et de dodontie à Philadelphie, propose les termes « lésion d’origine
façon indépendante, par les deux lésions ; cette situation endodontique », « lésion d’origine parodontale » et « lésion
est appelée classiquement lésion endo-parodontale. d’origine endo-parodontale ». L’élimination de certaines
poches parodontales à l’aide d’une combinaison des théra-
peutiques endodontique et parodontale est proposée la
Ces lésions peuvent, au cours de leur évolution, confluer et même année par Hiatt (1977). Parlant des difficultés de dia-
former une entité pathologique mixte. Le diagnostic diffé- gnostic de la lésion endo-parodontale, cet auteur proclame :
rentiel d’une telle manifestation peut s’avérer laborieux. De « Lorsque vous n’êtes pas à même de poser le diagnostic de
plus, l’une des lésions peut revêtir des caractéristiques dégui- la lésion, considérez-la comme étant d’origine pulpaire. »
sées et simuler l’apparence clinique et radiologique de l’autre.
Pour la clarté du propos, les différentes pathologies des tis-
sus du soutien sont dénommées de la façon qui suit.
III - Dilemme endo-parodontal
Se situant à la frontière de deux disciplines, le « dilemme
A - Inflammation périradiculaire endo-parodontal » a stigmatisé l’intérêt des deux spécialités
consécutive à l’infection endodontique et a fait couler beaucoup d’encre durant plus de 5 décennies.
La lésion inflammatoire périradiculaire consécutive à l’infec- En effet, si l’on s’intéresse de manière rétrospective à l’évolu-
tion endodontique a une double dénomination : tion du problème « endo-parodontal » au travers de nom-
- lésion d’origine endodontique (LOE) ; breuses publications, on s’aperçoit de l’existence d’une
- parodontite apicale (PA). controverse, d’une confusion qui perdure. Pour en avoir une
approche objective, il est nécessaire d’en analyser les causes.
Il est possible d’en identifier cinq.
B - Inflammation périradiculaire
consécutive aux maladies parodontales
Quatre dénominations sont utilisées pour qualifier l’inflamma-
A - Un organe cible commun :
tion périradiculaire consécutive aux maladies parodontales : l’appareil d’attache
- lésion d’origine parodontale (LOP) ; Les manifestations pathologiques des maladies pulpaires et
- parodontite chronique généralisée (PCG) ; parodontales visent un même et unique organe : l’appareil
- parodontite marginale (PM) ; d’attache parodontale.
- poche parodontale.
321
322
323
de 94 patients. Des paramètres parodontaux (perte d’attache, 2 - La réponse pulpaire face à une poche parodontale
niveau le plus apical de la crête osseuse et histoire de la mala- n’est ni reproductible, ni systématique
die) et endodontiques (niveau apical de l’obturation, son carac- L’absence d’interconnexion entre le biofilm contenu dans
tère homogène et son aspect global) ainsi que la qualité de la une poche parodontale et le tissu pulpaire est confirmée par
restauration coronaire sont pris en compte par rapport à la l’observation quotidienne et de multiples travaux de
prévalence de la parodontite apicale. Les résultats révèlent recherche.
que la condition parodontale peut avoir une répercussion sur
la santé du péri-apex. a - Observation quotidienne
Il est possible de constater que la pulpe est en mesure de
Critiques et commentaires surmonter les agressions lentes qui surviennent tout au long
La plupart de ces études ont été réalisées sans groupe de la vie. En effet, de nombreux patients atteignent de plus
témoin, sans critères précis de sélection des dents et sans en plus un âge souvent avancé tout en conservant leurs dents
critères histologiques standardisés. dans un état de santé pulpaire tout à fait acceptable. Pour-
Ainsi, l’étude de Stassen et al. (2006) souffre de deux tant, il est difficile d’imaginer qu’à un moment donné au
écueils de taille : celui de l’introduction d’un nombre cours de la vie, bon nombre d’entre eux n’aient pas été
important de variables pour étudier la prévalence de la
atteints de maladie parodontale.
parodontite apicale et celui du nombre relativement
réduit de la population de l’étude (94 patients). Cette observation empirique est corroborée par des données
scientifiques bien établies. En effet, l’imperméabilité de l’in-
terface dans le sens parodonte-pulpe est constatée tant chez
Pour ce qui concerne les études histologiques sur l’animal, il l’animal que chez l’homme. Une telle imperméabilité n’exclut
semble que des erreurs d’interprétation de l’état histolo- pas l’éventualité d’une réponse pulpaire du type réactionnel
gique exact de la pulpe des dents soumises à une atteinte ou réparateur (fig. 15.2).
parodontale soient en rapport avec la vieille idée qui consi-
dère la maladie parodontale comme un facteur de risque
pour la santé pulpaire. Plus précisément, le problème se situe
à deux niveaux :
- fixation inadéquate des spécimens pulpaires. Selon Stanley
et Weaver (1968), en accord avec Harrington et Steiner
(2002), une fixation inadéquate est à l’origine d’artefacts tels
que la présence de vacuoles au niveau de la couche odonto-
blastique, le déplacement des odontoblastes dans la couche
de la prédentine, l’atrophie réticulaire et la présence de
fibrose. Ces altérations sont habituellement décrites pour
les agressions pulpaires incluant la maladie parodontale ;
- coupe histologique et véritable état de la pulpe. Il est cer-
tain que l’observation d’une coupe histologique de la pulpe
ne peut représenter qu’un état instantané et transitoire
d’une entité en constant remaniement. À partir d’une coupe
histologique, il est difficile de prévoir l’évolution patholo-
gique du tissu pulpaire et toute description de l’état pul-
paire en présence d’une pathologie parodontale ne peut
être que spéculation. Par exemple, l’observation histolo- Figure 15.2 La macrophotographie de la molaire montre les
gique du parenchyme pulpaire en instance d’inflammation deux sièges des calcifications en réaction à une dénudation du
montre, sur une même coupe histologique, la présence d’un collet : calcification intratubulaire, intertubulaire et pulpaire
abcès localisé à un endroit et des signes de guérison à un (flèches). Ces barrières calciques limitent considérablement la
perméabilité de l’interface endo-parodontale vis-à-vis d’une
autre (Swerdlow et Stanley, 1962). Est-ce une telle pulpe qui poche parodontale et de ses thérapeutiques.
pourra évoluer vers un état de santé acceptable ou qui, au
contraire, évoluera vers un abcès généralisé et une nécrose
totale ? Personne ne peut prévoir, dans un sens comme dans
l’autre, son devenir. b - Imperméabilité de l’interface parodonte-pulpe
Pourtant, certaines études, récentes continuent, à tort, d’en- chez l’animal
visager la maladie parodontale comme un facteur d’atrophie Sinai et Soltanoff (1973) ont montré que la réaction du tissu
et de nécrose pulpaire (Wong et al., 1989 ; Petka, 2001). pulpaire vis-à-vis de plaies parodontales induites expérimen-
Il est à noter que ces travaux ne permettent pas de démontrer talement chez le rat était de type réparateur avec présence
la présence d’une réaction pulpaire de type inflammatoire en de dentine irrégulière et absence de toute réaction inflam-
réponse au biofilm contenu dans la poche parodontale. matoire.
324
325
8,8 %
l’espace interradiculaire (fig. 15.6). Sur 100 molaires exami-
nées, Gutmann (1978) en trouve 25,5 % présentant un canal
1,6 % latéral au niveau du plancher ou dans la zone interradiculaire.
Très exagérée dans la littérature scientifique, leur prévalence
varie entre 23 et 76 % (Simiring et Goldberg 1964 ; Lowman
et al., 1973 ; Burch et Hulen 1974). En réalité, l’âge, les agres-
sions pulpaires et la présence nombreuse de canaux acces-
soires calcifiés ou borgnes réduisent leur possibilité
a b pathogénique (Kirkham, 1975 ; Goldberg et Masson, 1987 ;
Zuza et al., 2006).
Le tiers apical contient l’incidence la plus élevée La prévalence d’un canal latéral associé à une poche paro-
d’interconnexions de la pulpe avec le desmodonte (DeDeus,
1975) (a). L’image à droite est une observation au microscope
dontale est relativement faible. Kirkham (1975) a examiné
électronique à balayage des surfaces canalaires après la mise en 1 000 dents humaines atteintes de poches parodontales pro-
forme. La flèche montre la présence d’un canal latéral situé très fondes et ne trouve que 2 % d’entre elles présentant un canal
proche du foramen apical (grossissement × 90) (b). latéral qui s’ouvre directement dans une poche.
326
327
328
329
330
Critiques et commentaires
Les études de McGuire et Nunn ont un très bon niveau de
preuve. Le nombre de dents de leurs 4 études est impor-
tant : 2 509 en tout. L’unique variable étudiée est le taux
de survie des dents traitées en endodontie et/ou en paro-
dontie et en prothèse.
331
Svärdström et Wennström (2000) évaluent le devenir à long Tableau 15.2 Répartition du motif de la perte des dents (d’après
terme (de 8 à 12 ans) de molaires atteintes de lésion interradi- Chambrone et Chambrone, 2006).
culaire suivant une modalité de traitement parodontal. Les Lésion Lésion
résultats révèlent que 96 % des dents examinées sont pré- Perte* Fracture Carie
parodontale endodontale
sentes sur l’arcade et en fonction. Et ces auteurs de conclure
Nombre (% ) 82 (2,8 %) 16 (0,5 %) 6 (0,2 %) 5 (0,2 %)
qu’en cas de lésion interradiculaire même profonde, une
*Étude portant sur un total de 2 927 dents.
approche conservatrice du traitement peut donner, à long
terme, un niveau élevé de succès pourvu qu’une période de
maintenance soit assurée. En cas de traitement par amputa- dernière publication est une revue systématique portant sur
tion, le seul facteur déterminant à 10 ans est l’importance du le taux de survie et l’incidence de complications postopéra-
support osseux de la racine résiduelle qui doit être supérieur toires de dents atteintes de lésion interradiculaire durant une
à 50 % au moment de l’intervention (Park et al., 2009) (fig. 15.11). période d’au moins 5 ans (Huynh-Ba et al., 2009). Trois obser-
vateurs indépendants ont participé à la recherche électro-
nique et manuelle des publications sur le sujet. Trente-deux
d’entre elles ont été sélectionnées selon les critères établis
en amont. Dans un suivi compris entre 5 et 10 ans, les résul-
tats font état, ici encore, d’un excellent taux de survie (90 %)
à long terme des dents multiradiculées avec lésion interradi-
culaire même quand elles sont associées à des modalités
thérapeutiques différentes.
a b
Critiques et commentaires
Figure 15.10 a. La racine mésiale de la molaire, atteinte d’une Ce dernier résultat reflète le taux relatif de survie des
fêlure longitudinale, est programmée pour amputation (flèche). molaires atteintes de lésion interradiculaire après diffé-
b. Radiographie de contrôle postopératoire après l’amputation rentes approches thérapeutiques comprenant la théra-
et la reconstruction prothétique.
peutique chirurgicale (période de l’observation : 5-13 ans),
la tunnélisation (période de l’observation : 5-6 ans), l’am-
putation et l’hémisection (période de l’observation :
5-13 ans) et la régénérescence tissulaire guidée (période de
Important ! Cinq paramètres semblent intervenir directe- l’observation : 5-12 ans). Les complications les plus fré-
ment pour la réussite d’une amputation radiculaire : quentes sont :
- la longueur radiculaire ; - l’atteinte carieuse au collet pour le groupe « tunnélisation » ;
- l’importance d’os autour de la racine résiduelle ; - les fêlures et fractures radiculaires pour le groupe
- l’absence de bec résiduel au moment de l’amputation ; « amputation et hémisection ».
- une restauration prothétique adéquate, si elle est nécessaire ;
- la maintenance.
Ces complications peuvent expliquer le décalage que l’on
La troisième étude est celle de Chambrone et Chambrone trouve entre le taux de survie des molaires dans cette étude
(2006) qui évalue les raisons de la perte dentaire au sein d’un (90 %) par rapport à celui de Svärdström et Wennström
échantillon de 2 927 dents traitées pour une maladie paro- (2000) (96 %). Autrement dit, le traitement par soustraction
dontale et suivies après thérapeutique pendant 10 ans ou (amputation, tunnélisation et séparation radiculaire) est sus-
plus. Un protocole de traitement identique a été prodigué à ceptible de réduire le taux de survie de 6 %. Les traitements
tous les patients. Les raisons de la perte de l’organe dentaire par addition (os bovin + membrane) ne donnent pas un meil-
sont identifiées par catégorie : parodontale, carie, endo- leur taux de recouvrement du défaut osseux interradiculaire
dontique et fracture radiculaire. par rapport au simple curetage par lambeau (Pradeep et al.,
Dans cette étude, la prévalence de la perte des dents pour 2009). D’autres travaux rapportent que le pronostic peut res-
raison parodontale, bien que classée en premier, reste néan- ter favorable à l’aide d’un simple curetage à ciel ouvert même
moins faible car les dents ont été examinées pendant la pour une atteinte parodontale interradiculaire associée à une
période post-thérapeutique de maintenance parodontale. lyse osseuse profonde (Carnevale et al., 1991 ; Basten et al.,
Les résultats corroborent ceux des précédentes études, à 1996 ; Blomlöf et al., 1997 ; Ammos, 2002).
savoir, une incidence très faible de perte des dents pour
« motif endodontique » avec une incidence plus élevée pour Important ! Deux paramètres importants interviennent
« motif parodontal ». Une analyse statistique par régression pour la survie à long terme des dents :
des différentes variables révèle que l’âge et l’habitude taba- - la prise en charge adéquate du patient car, pour remplacer
gique sont les seules variables significatives retenues pour la l’extraction, les traitements parodontal et endodontique
doivent se prévaloir d’une haute qualité technique.
perte des dents consécutive à la maladie parodontale. Les
- la qualité du suivi postopératoire en parodontie.
résultats de l’étude sont présentés dans le tableau 15.2. La
332
333
334
a b c
b c
d - Extension apico-coronaire
Figure 15.13 Classification de l’anatomie endodontique d’une Des expériences menées sur des dents de rats, après une
racine. I : un canal, une entrée et une sortie apicale. II : un canal exposition pulpaire, montrent qu’une fois induite, la lésion
et deux sorties apicales. III : un canal, deux entrées et deux sor- apicale s’étend d’abord latéralement aux dépens de l’os spon-
ties apicales. IV : deux canaux, deux entrées et une sortie apicale gieux avant de remonter verticalement en direction de la
déterminant un trajet apical commun (TAC). V : deux canaux
crête osseuse cervicale (Yamasaki et al., 1994) (fig. 15.16).
indépendants. VI : deux ou trois canaux qui communiquent
entre eux par un couloir commun formant ainsi, en section
transversale, une forme en C.
b - Absence de sondage
Il n’y a pas de possibilité de sondage de la lésion à travers
l’attache épithéliale. La lésion ne présente aucune communi-
cation avec l’environnement buccal. La fistule endodontique
(voir plus loin) représente la seule exception à cette règle.
c - Image radiographique
La lésion osseuse, située souvent mais pas toujours au niveau
a b
de la porte de sortie principale, le foramen apical, est plus ou
moins radio-claire à la radiographie. Sa présence est fré- Figure 15.15 a. La parodontite apicale s’étend d’abord latérale-
quemment associée à une nécrose pulpaire ou à une dent ment avant de remonter en direction cervicale, vers le collet et
présentant un traitement endodontique (fig. 15.15). Sur les la crête osseuse (flèche). b. Radiographie de contrôle postopé-
molaires, l’image radio-claire peut intéresser l’espace interra- ratoire à 4 ans.
335
336
337
338
5 - Modalité thérapeutique
a b La fistule étant consécutive à l’évolution d’une lésion d’origine
endodontique, le nettoyage, la mise en forme et l’obturation
tridimensionnelle de l’espace endodontique (Schilder, 1974)
assurent de façon prévisible la guérison de la lésion et la dispa-
rition de la fistule en très peu de temps, habituellement, en une
dizaine de jours. D’ailleurs, sa disparition doit être considérée
comme les « prémices d’une guérison » (Ostravik et al., 2008).
c
6 - Diagnostic différentiel de la fistule desmodontale
Figure 15.24 La radiographie révèle une lyse osseuse périradicu- Il existe six situations cliniques qui peuvent simuler, chacune,
laire au stade III englobant la racine mésio-vestibulaire de la une fistule desmodontale car elles partagent des manifesta-
molaire mandibulaire. a. L’introduction d’un cône de gutta-
percha met en évidence un trajet fistulaire étroit, ponctuel et tions identiques :
profond. Noter le niveau inchangé de la crête osseuse en mésial - un défaut d’attache localisé, profond et étroit en forme de U ;
et en distal. b. Retraitement endodontique. c. Radiographie de - une image radiographique qui révèle une zone d’opacité
contrôle postopératoire. tubulaire située le long de la surface radiculaire répondant à
339
une lyse osseuse étroite et profonde. De ce fait, l’image - la transillumination met en évidence le trait de la fracture
radiographique paraît plutôt grise que complètement noire ; (fig. 15.27) ;
- un niveau de la crête osseuse qui reste inchangé. - habituellement d’origine traumatique, fêlure et fracture sur-
viennent plutôt sur une dent délabrée, dépulpée et portant
Important ! En réalité, ces situations correspondent à une assez souvent un ancrage radiculaire (fig. 15.28) ;
poche parodontale infra-osseuse simulant une lyse osseuse - la fracture fait apparaître une certaine mobilité des frag-
étroite et profonde en forme de U du même type que la fistule ments (fig. 15.29) ;
desmodontale. Mais l’origine n’étant pas pulpaire, le traite-
ment endodontique n’amènera pas la résolution de la lésion.
b c
b c d a
340
c d
a e f a b
Figure 15.28 a à c. Portant un ancrage canalaire, la canine maxil- Figure 15.30 Un sondage limité, un épaississement desmodontal
laire support de bridge est atteinte d’un sondage symétrique en (flèche) et la présence d’ancrage canalaire au niveau de la canine
U de la face vestibulaire et linguale, d’une fistule alvéolaire (a et maxillaire ont fait soupçonner la présence d’une petite fêlure.
b, flèche) et d’une mobilité dans le sens vestibulo-lingual (c). Le Un lambeau d’exploration permet de poser son diagnostic.
lambeau d’exploration (c) et les photographies (d et e) illustrent
la présence d’un trait de fracture en vestibulaire et lingual (d), à
l’origine de la séparation des deux fragments et la mobilité
constatée (e).
a b
a b
341
a b
a b
c d
c d
a. Le bridge et l’inlay-core au niveau de la molaire
Figure 15.32 a. Des douleurs fortement exacerbées par les chan-
ont été déposés car il existait une carie sous la couronne de la
gements de température ont posé l’indication d’une pulpectomie
prémolaire (flèche). b et c. La présence d’une poche au niveau
au niveau de la deuxième molaire mandibulaire. b. L’inspection
de l’espace interradiculaire de la molaire a été décelée. d. L’ob-
des parois dentinaires a révélé la présence d’une fêlure de la crête
servation sous microscope du plancher pulpaire révèle la pré-
mésiale et distale. L’observation sous microscope opératoire
sence d’une fêlure.
montre que la fêlure distale s’étend à l’entrée canalaire sans
atteindre le plancher pulpaire (flèche). c. Avant la restauration
prothétique de cette fêlure, la gutta-percha aux entrées cana-
2 - Pronostic et traitement laires est ôtée et remplacée par du composite collé.
Si le pronostic de la fracture verticale est souvent sombre et
indique l’extraction de la dent causale, celui de la fêlure
dépendra de sa situation par rapport :
- à l’attache épithéliale ;
- à la pulpe ;
- au plancher pulpaire.
Suivant la profondeur de la poche, ou peut envisager :
- une élongation coronaire ;
- un procédé de collage ;
- un comblement associé à la régénérescence tissulaire gui- b
dée ou la mise en place d’un dérivé de la matrice amélaire,
l’Emdogain® (Esposito et al., 2005 ; Needleman et al., 2006). a
Sa proximité avec la pulpe peut être à l’origine d’une inflam-
mation pulpaire irréversible justifiant une pulpectomie et la Figure 15.33 a. L’incisive latérale maxillaire est atteinte d’une
mise en place d’une couronne avec un bon sertissage cervical. poche étroite du côté lingual (flèche noire). b. Une invagination
amélo-dentinaire (flèches blanches) est responsable d’un défaut
Important ! L’extension de toute fêlure radiculaire au plan- de l’attache épithéliale et d’une migration secondaire de la
cher pulpaire entraîne une poche interradiculaire et plaque dentaire, à l’origine de la formation de la poche.
condamne la dent atteinte, surtout si cette dernière doit
être incluse dans un projet prothétique (fig. 15.33 et 15.34).
peuvent être concernées. Selon l’étude de Kogan (1986), son
incidence est de 4,6 % au niveau des incisives latérales et
b - Sillon embryonnaire (fig. 15.35) centrales ; 43 % des sillons s’étendent de moins de 5 mm en
Le sillon embryonnaire correspond à une malformation au direction apicale, 47 % s’étendent entre 6 et 10 mm et 10 %
cours du développement de la dent. Il s’agit d’un défaut de s’étendent de plus de 10 mm (tableau 15.4).
coalescence amélo-dentinaire qui forme une invagination
corono-radiculaire. Suivant sa profondeur, il peut être à l’ori- Tableau 15.3 Prévalence de la présence du sillon lingual au
gine d’un défaut localisé de la jonction cémento-dentinaire niveau des incisives maxillaires et de son extension radiculaire
et de l’attache épithélio-conjonctive. Sur le plan anatomopa- (d’après Kogan, 1986).
thologique, il forme un repli en forme de dépression longitu- Présence Localisation radiculaire
dinale sur la surface coronaire et/ou radiculaire (Lara et al., Incisives
de sillon lingual > 5 mm < 5 mm < 10 mm
1999). La dent la plus atteinte est l’incisive latérale maxillaire
au niveau de la fosse de son cingulum. Mais d’autres dents 3 168 4,6 % 42,0 % 58,0 % 10,0 %
342
1 - Diagnostic
Sur le plan de la symptomatologie, la poche parodontale
entraîne un sondage positif et peut occasionner un abcès paro-
dontal ou rester, dans la plupart des cas, chronique et asympto-
matique. La dent est pulpée et les tests de vitalité sont positifs.
La radiographie révèle :
- un épaississement ligamentaire de part et d’autre de la racine.
Cette image, qui pourrait simuler l’apparence d’une fêlure radi- a b
culaire, correspond en fait à une destruction de la paroi osseuse
Figure 15.34 a. La radiographie de la molaire révèle la présence,
du côté lingual de la racine, en face du défaut radiculaire ;
au niveau apical, d’une lyse osseuse importante et d’un sondage
- une image opaque en forme de goutte d’eau située en cer- de l’espace interradiculaire. b. Un lambeau d’exploration avait
vical de la couronne, qui correspond à l’invagination de mis en évidence la présence d’une coulée de l’émail, comme la
l’émail au niveau du cingulum de la dent. montre la photographie de la pièce (flèche).
2 - Pronostic et traitement
Le pronostic du sillon embryonnaire est celui d’une atteinte La radiographie peut révéler la présence d’une zone radio-
parodontale. Il dépend essentiellement de la profondeur api- claire au niveau de l’espace interradiculaire. L’atteinte osseuse
cale du sillon. peut être plus profonde et son image peut se projeter sur la
L’inclinaison d’un lambeau peut associer (Mattscheck, 2008) : région péri-apicale simulant une parodontite apicale.
- un curetage parodontal profond et/ou une radiculoplastie. L’inclinaison d’un lambeau d’exploration révèle la présence
Dans ce cas, un traitement endodontique préalable peut de la perle ou coulée d’émail.
s’avérer nécessaire ;
- la mise en place d’un greffon d’os de substitution et une 2 - Pronostic et traitement
technique de régénérescence tissulaire associée à la mise en Le pronostic est celui d’une atteinte parodontale. Il dépend
place d’une membrane. essentiellement de la profondeur apicale de la poche et de
ses possibilités thérapeutiques.
c - Perle et coulée d’émail (fig. 15.36) Le traitement est identique à celui d’un sillon embryonnaire.
C’est Masters et Hoskins (1964) qui, pour la première fois, ont
présenté cette anomalie structurale et, 1 an plus tard, Grewe d - Racines fusionnées (fig. 15.37)
et al. (1965) ont insisté sur les complications parodontales qui Comparée à la première molaire, la deuxième molaire chez
en découlaient. l’homme montre une contraction anatomique de ses struc-
En effet, comme le sillon embryonnaire, une telle malforma- tures corono-radiculaires et endodontiques. Au niveau radi-
tion est à l’origine d’un défaut de la jonction cémento-denti-
naire et de l’attache épithéliale. Localisée au niveau de l’espace
interradiculaire des molaires, sa situation constitue un lieu
favorable à l’accumulation de plaque dentaire qui provoquera
une infection parodontale localisée. Il peut se produire un
approfondissement étroit de l’attache épithéliale en direction
apicale et simuler le défaut en U de la fistule desmodontale.
Une étude épidémiologique portant sur 87 molaires perma-
nentes en phase de parodontite terminale et vouées à être
extraites a permis d’évaluer l’incidence de cette malformation
à 63,2 %. Sa prévalence est plus élevée pour la première molaire
que pour la deuxième (Hou et Tsai, 1997). En présence de telles a b
anomalies structurales, l’étude révèle des valeurs plus élevées
Figure 15.35 a. La radiographie de la deuxième molaire révèle la
de l’indice de plaque et de l’indice gingival ainsi qu’un sondage présence d’une importante lyse osseuse péri-apicale associée,
et une perte d’attache plus profonds qu’en leur absence. au niveau de l’espace interradiculaire, à un sondage positif. a. Un
1 - Diagnostic lambeau d’exploration montre la présence d’une dent en C qui
a constitué un lieu de prédilection pour l’accumulation et la
Sur le plan symptomatologie, la dent est pulpée et les tests pénétration de la plaque dentaire du côté vestibulaire, à l’ori-
de vitalité sont positifs. gine de la poche parodontale constatée.
343
culaire et canalaire, on peut constater un rapprochement des L’avènement de l’agrégat trioxyde minéral, ou MTA (mineral
racines et des canaux de la deuxième molaire mandibulaire trioxide aggregate), et du microscope opératoire ont profon-
qui peuvent finir par fusionner. C’est la dent en forme de C. dément bouleversé l’attitude thérapeutique vis-à-vis des
Au niveau de la deuxième molaire maxillaire, la fusion radicu- perforations radiculaires, en particulier de celles du tiers cer-
laire concerne plutôt la racine disto-vestibulaire avec la vical de la racine pour lesquelles les risques de contamina-
racine palatine. Habituellement, à l’endroit de la coalescence tion du milieu buccal sont grands (fig. 15.38 et 15.39).
radiculaire, il se produit une dépression longitudinale qui En accord avec Paul et Hutter (1997), on est en droit de se
représente un lieu favorable à l’accumulation et à la pénétra- demander pourquoi les lésions provoquées par fêlure et frac-
tion de la plaque dentaire et de tarte, à l’origine d’une poche ture ainsi que par une perforation radiculaire se drainent sys-
étroite et profonde. tématiquement à travers les fibres desmodontales et finissent
par former des poches profondes et irréversibles.
1 - Diagnostic
Dans ce cas, les tests pulpaires sont positifs et l’inclinaison La plupart des lésions endodontiques ont plutôt tendance
d’un lambeau d’exploration confirme la présence des racines à rester localisées dans la masse de l’os. Peu d’entre elles se
fusionnées. L’image radiographique peut présenter la projec- drainent à travers l’os cortical et donnent lieu à une fistule.
tion apicale de la lyse osseuse au niveau de l’espace interra-
diculaire et simuler une parodontite apicale. La tomographie
volumique (cone beam CT) permet de déceler la présence La question qui se pose est de savoir pourquoi les fibres des-
des racines fusionnées. modontales résistent plutôt bien à l’invasion bactérienne via
une pulpe infectée alors que ce n’est pas le cas en présence
2 - Pronostic et traitement
d’une atteinte traumatique (fêlure et fracture) ou iatrogène
Le pronostic est celui d’une atteinte parodontale. Il dépend (perforation cervicale).
essentiellement de la profondeur apicale de la poche et de Peut-on affirmer que l’agression des tissus parodontaux, d’un
ses possibilités thérapeutiques. point de vue quantitatif, est une réponse à la différence
Le traitement est identique à celui d’un sillon embryonnaire. constatée ? Ou alors d’autres facteurs, méconnus jusqu’à pré-
Si l’évaluation parodontale est favorable, le traitement endo- sent, seraient-ils à l’origine de cette différence de réponse
dontique doit être programmé en préalable à toute théra- tissulaire ?
peutique parodontale conservatrice.
e - Racines concaves
f - Perforation radiculaire
Les perforations radiculaires de situation cervicale finissent b
par se drainer au travers des fibres desmodontales et abou-
tissent à une rupture de l’attache épithéliale formant, avec le a c
temps, une poche étroite et irréversible.
18a
Elles peuvent être occasionnées par (Torabinejad et Kiger,
1985 ; Kvinnsland et al., 1989 ; Mandel 2001) :
- une carie profonde ;
- une résorption ;
- la préparation d’un logement de tenon radiculaire.
La profondeur de la lyse osseuse dépend du niveau où l’ef-
fraction s’est produite. Son pronostic dépend d’un certain d
nombre de paramètres tels que :
- son ancienneté et le contrôle de l’infection (Hiatt et Charles, Figure 15.36 a. La radiographie présente une deuxième molaire
1964 ; Hiatt, 1977) ; mandibulaire atteinte de deux lésions distinctes, l’une péri-apicale
et l’autre cervicale, du côté mésial de la surface radiculaire (flèche).
- son accessibilité opératoire ; b. Cette dernière est en rapport avec une perforation. c. La radio-
- la possibilité de son obturation étanche ; graphie est pratiquée 15 ans après son retraitement et sa restaura-
- son niveau par rapport à la crête osseuse (Fuss et Trope, tion prothétique. d. Trois ans plus tard, le patient consulte pour un
1996 ; Trope et al., 1988). abcès et une radiographie prise révèle la fracture de la dent.
344
6M
c d a b c
Figure 15.37 a. Une perforation cervicale est survenue au moment Figure 15.38 Schéma représentant l’architecture de la lyse
de la préparation du logement prothétique. b. Le diamètre de la osseuse consécutive aux maladies parodontales en forme de
perforation est celui d’un foret de Gates-Glidden n° IV. c. Obtura- cuvette, ouverte au collet de la dent (a) alors que la sonde ren-
tion de la perforation à l’aide du MTA. d. Contrôle radiographique. contre du tartre (b). Radiographie (c).
345
La formation d’une longue attache épithélio-conjonctive à la parodontale s’inscrit dans un contexte de maladie où d’autres
suite des thérapeutiques parodontales en est un exemple. dents sont atteintes, comme en témoignent les indices de
Globalement, on considère que la perte de l’os alvéolaire est plaque et de tartre ainsi que le charting des poches.
irréversible. En absence de néoformation osseuse, on parle
généralement de stabilisation des maladies parodontales. La 4 - Pronostic
réattache post-thérapeutique s’effectue à un niveau plus apical Le pronostic de la poche parodontale dépend :
et la destruction des fibres alvéolo-dentaires est irréversible. - du type de la maladie ;
Les cas d’exception à cette règle sont les thérapeutiques par - de son stade évolutif ;
régénérescence tissulaire guidée et les parodontites aiguës - de la réponse de l’hôte ;
(agressives) (fig. 15.41). - du nombre de murs osseux résiduels ;
- de l’efficacité thérapeutique ;
- de l’aptitude du malade à contrôler sa plaque ;
- du suivi post-thérapeutique.
h - État de la pulpe
346
c
a b
Figure 15.42 a. La molaire, futur pilier de bridge, est atteinte
d’une poche infra-osseuse. Elle est localisée sur la face palatine Figure 15.43 a. Les tests pulpaires au niveau de la molaire man-
de sa racine palatine. Les racines vestibulaires et la paroi interra- dibulaire sont positifs et l’exploration de la lésion osseuse
diculaire en sont épargnées, d’où l’image grisâtre qui englobe la montre un sondage positif au niveau de la face distale. b. L’ex-
racine. b et c. L’introduction des cônes de gutta-percha permet traction de la dent révèle une architecture en V de la poche, la
de visualiser la forme de la poche en cuvette, ouverte au collet. présence de déminéralisations superficielles ainsi qu’un encom-
Le retraitement des canaux vestibulaires est réalisé et l’amputa- brement important de tartre.
tion de la racine linguale est programmée.
347
3 ans
a b
348
3 - Caractéristiques propres
Les lésions confluentes réunissent les caractéristiques
5 ans
propres à chacune des lésions d’origine. c d
a - Lésion ouverte Figure 15.47 a. La molaire mandibulaire est atteinte d’une fistule
et du côté vestibulaire et d’une lésion interradiculaire de classe
La présence d’une lésion ouverte au collet et au milieu buc- II. b. Le sondage est caractéristique d’une lésion endo-parodon-
cal correspond à l’existence d’une poche parodontale. tale confluente. c. Radiographie de contrôle postopératoire à la
suite de son traitement endodontique et parodontal sans tech-
b - Sondage nique de régénérescence. d. La patiente reçoit des instructions
Le sondage met en évidence un défaut de l’attache épithé- pour contrôler sa plaque dentaire.
liale en forme de V, large au collet. C’est le sondage typique
d’une poche parodontale qui constitue la composante paro-
dontale de la lésion. Ensuite, au centre de la lésion, on
découvre un autre type de sondage, celui propre à la fistule
desmodontale, étroit et profond, en forme de U. C’est la
composante endodontique de la lésion.
Par ailleurs, le passage de la sonde avec une angulation de 15°
par rapport à l’axe de la paroi radiculaire permet de déceler
la présence de tartre et, parfois, de caries radiculaires.
c - Image radiologique
La radiographie peut révéler deux types d’atteintes :
- une atteinte osseuse en V, ouverte au collet de la dent, à
base cervicale plus large qu’à son sommet apical. Une a b 1 an
telle image est souvent rencontrée pour des lésions affec-
tant la face vestibulaire ou linguale de la crête osseuse Figure 15.48 Deux ans après le scellement du bridge, un abcès se
(fig. 15.49) ; déclare au niveau du pilier postérieur. a. L’introduction de trois
- une atteinte osseuse englobant la crête osseuse soit en cônes de gutta-percha matérialise l’architecture de la lésion
caractéristique de celle d’une lésion confluente. Conduit à travers
mésial soit en distal ou les deux. Dans ce cas, il s’agit des
de la coiffe, le test de cavité a montré une nécrose pulpaire. b.
atteintes importantes où une prédominance parodontale Radiographie de contrôle postopératoire à la suite du traitement
est à suspecter (fig. 15.50). endodontique et parodontal sans technique de régénérescence.
d - État de la pulpe
Les tests de vitalité découvrent une nécrose pulpaire. En cas 4 - Moyens cliniques simples de diagnostic
d’obturation canalaire, on note souvent un traitement endo- Lorsque les deux lésions sont indépendantes (concomitantes
dontique inadéquat. mais non confluentes), chacune porte ses propres caractéris-
tiques et nous avons vu qu’il ne peut y avoir de confusion
e - Mobilité possible.
L’effondrement des parois osseuses autour de la racine, En revanche, le diagnostic devient plus difficile lorsque les
consécutif à la maladie parodontale, est à l’origine de l’appa- deux lésions convergent quelque part sur la surface radicu-
rition d’une mobilité dont le degré dépendra de l’ampleur de laire de la racine pour ne former qu’une et unique lésion
la lyse osseuse due à la maladie parodontale. confluente. Dans d’autres cas, obéissant à la loi de la moindre
349
résistance, une fistule desmodontale pourra simplement détermine la force minimale nécessaire, pratiquement de moi-
s’ouvrir dans une poche parodontale pour y drainer son exsu- tié inférieure, c’est-à-dire à 106 N/cm2. Cette pression corres-
dat endodontique. pond à un poids de 30 g exercé par la pointe de la sonde d’un
En tout état de cause, une fois une lésion confluente formée, diamètre de 0,6 mm (Keagle et al., 1995), ce qui montre les
il est difficile, voire impossible, de connaître ni la prédomi- deux paramètres déterminant la pénétration d’une sonde dans
nance ni l’antériorité de chacune des deux lésions. C’est la un tissu granulomateux : la pression exercée par la sonde et le
difficulté majeure du diagnostic de telles lésions (tableau 15.5). diamètre de la pointe.
Tableau 15.5 Éléments de diagnostic différentiel d’une poche b - Sondage dans le cadre endo-parodontal
parodontale intra-osseuse et de la lésion endo-parodontale
confluente (LEPCO). L’objectif du sondage en parodontologie est de détermi-
Données Lésion d’origine ner le niveau le plus coronaire de l’attache épithélio-
LEPCO conjonctive.
cliniques parodontale
État de la pulpe Normal Nécrosé ou échec
du traitement endodontal Cette opération ne nécessite pas d’exercer une pression particu-
État parodontal Parodontite Parodontite généralisée lière sur la pointe de la sonde car la structure recherchée est de
généralisée texture molle (le probing des Anglo-Saxons) (Machtou et Cohen,
Antécédents Absents Coiffage, obturation 1988). Cette exploration peut être conduite à l’aide d’une sonde
pulpaires volumineuse dont le diamètre de la pointe est de 0,6 mm et sur laquelle on
Sondage Ouvert au collet Ouvert au collet exerce une pression de 30 g. Dans ce contexte, l’action de son-
En forme de V avec un pic apical dage est pratiquement passive, ce qui explique le fait que, géné-
Indices Augmentés Augmentés ralement, cette exploration soit conduite sans anesthésie locale
parodontaux et à l’aide d’une sonde à bout tronqué, émoussé ou arrondi.
Mobilité Variable Plus ou moins présente En revanche, dans le contexte endo-parodontal, concernant
la modalité du sondage de l’architecture lésionnelle, il est
Traitement Parodontal Endodontique
puis parodontal important de faire une distinction de taille. En effet, ici, le
sondage vise la recherche d’une structure dure : le sommet
Pronostic Excellent Dépend du pronostic
parodontal de la crête osseuse résiduelle autour d’une racine. Cette opé-
ration, appelée « sondage actif » (sounding), implique d’exer-
cer une certaine pression sur la sonde car, ici, le corps
recherché à travers les tissus mous est une structure rigide.
Le diagnostic d’une lésion confluente est effectué à l’aide Impliquant d’exercer une pression certaine sur la sonde, cette
des tests de vitalité pulpaire et par le type du sondage, sans
opération est généralement conduite sous anesthésie locale
négliger pour autant les possibilités qu’offrent les images
scannographiques. En permettant de visualiser le nombre et l’extrémité de la sonde doit être plutôt pointue (fig. 15.51).
de murs osseux résiduels autour d’une racine, la tomogra-
phie volumétrique à faisceaux coniques permet d’avoir une
solide présomption de la part parodontale de la lésion.
a - Sondage en parodontologie 3
2
En parodontologie, le sondage a pour objectif de déterminer
1
tactilement la profondeur des poches à l’aide d’une sonde
parodontale graduée.
On a démontré que l’inflammation tissulaire constituait une
entrave au sondage et à la détermination précise de la perte
d’attache. On a incriminé la présence du tissu de granulation et
le degré de l’inflammation tissulaire (Garnick et al., 1989 ;
Durwin et al., 1993 ; Kim et Rethman 2000). Il est possible que
la réduction en fibres de collagène au sein du tissu de la granu-
lation soit responsable de la résistance tissulaire au sondage. À
cet effet, on a introduit l’emploi des sondes automatiques
pour assurer une meilleure reproductibilité du sondage entre
différents examinateurs (Samuel et al., 1997). C’est pourquoi on
Figure 15.49 En matière du diagnostic endo-parodontal, le son-
a proposé une force de pénétration de la sonde au moins égale dage a pour objectif la recherche du niveau le plus apical de la
à 240 N/cm2 (Van der Velden et al., 1982). À cette pression, la crête osseuse résiduelle. Il implique d’exercer une pression cer-
pointe de la sonde se trouve systématiquement au niveau le taine sur la sonde. Dans cet objectif, il est préférable de choisir
plus coronaire de l’attache. Une autre étude, sur l’animal, une sonde à bout pointu (1) plutôt qu’arrondi ou tronqué (2 et 3).
350
c d 7 ans
351
352
353
VIII - Conclusion
Ce chapitre doit être considéré comme un guide pour éta-
blir le diagnostic différentiel et la modalité thérapeutique
des lésions dites endo-parodontales. En posant les quatre
questions clés qui concernent la perméabilité de l’interface
endo-parodontale, l’irrationalité de certaines idées reçues,
hypothétiques et qui perdurent, a été mise en évidence et
a b une clarification qui permet de mieux comprendre le pro-
cessus pathologique en cours a été apportée. En effet, l’hy-
Figure 15.55 a. La molaire maxillaire est atteinte d’une paro- pothèse de la réciprocité pathologique de l’interface
dontite apicale au niveau de sa racine mésio-vestibulaire ainsi endo-parodontale est, de loin, la source de l’énorme argu-
que d’une poche infra-osseuse à l’origine d’une lésion interradi- mentation constatée dans la littérature médicale. En s’ap-
culaire de classe II du côté mésio-lingual. Le tableau de sondage puyant sur une revue bibliographique exhaustive et actuelle,
révèle trois sites atteints de poche d’une profondeur de respec- l’existence d’une possible perméabilité de l’interface dans le
tivement 6, 5 et 3 (soit 14 mm en tout). Par ailleurs, la longueur
sens parodontal-parenchyme pulpaire a pu être réfutée.
radiculaire est de 6 mm. L’indice endo-parodontal, de 0,42, est
de loin défavorable au maintien de la dent puisqu’il est inférieur
à 1. b. La dent est extraite et remplacée par un implant.
En outre, la difficulté du diagnostic de la lésion confluente a
été prise en compte car sur les plans bactériologique, topogra-
phique, clinique et radiographique, il n’y a pas de spécificité qui
permette d’identifier clairement son étiologie. Par ailleurs,
l’éventail des différentes étiologies, à l’origine de symptômes
identiques qui peuvent simuler l’apparence clinique et radio-
L’indice endo-parodontal est obtenu par le rapport LOR/
graphique d’une lésion intra-osseuse d’origine endodontique
POP. Il doit être supérieur à 1 pour que l’on puisse attribuer un
ou/et parodontale, a été passé en revue de façon détaillée.
pronostic favorable à la dent.
Il est proportionnel à la hauteur moyenne de la crête osseuse,
à la longueur radiculaire et au pronostic de la dent. En Il apparaît, toutefois, que la lésion endo-parodontale
revanche, il est inversement proportionnel à la profondeur confluente réunit systématiquement trois caractéristiques :
des poches, ce qui détermine un mauvais pronostic de la - une image de lyse osseuse intra-osseuse ;
- une atteinte pulpaire ou un échec avéré d’un traitement
lésion confluente et de la dent.
endodontique existant ;
- un sondage de l’attache épithélio-conjonctive progressif
C - Intérêt avec un pic apical.
354
Bibliographie
Adriaens PA, Edwards CA, De Boever JA, Loesche WJ. Bender IB, Seltzer S. The effect of periodontal disease on the
Ultrastructural observations on bacterial invasion in cementum pulp. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1972 ; 33 : 458-474.
and radicular dentin of periodontally diseased human teeth. Bergenholtz G, Lindhe J. Effect of experimentally induced margi-
J Periodontol 1988a ; 59 : 493-503. nal periodontitis and periodontal scaling on the dental pulp.
Adriaens PA, De Boever JA, Loesche WJ. Bacterial invasion in J Clin Periodontol 1978 ; 5 : 59-73.
root cementum and radicular dentin of periodontally diseased Bergenholtz G, Nyman S. Effect of solubale plaque factors on
teeth in humans. A reservoir of periodontopathic bacteria. inflammatory reaction in dental pulp. Scand J Dent Res 1975 ; 83 :
J Periodontol 1988b ; 59 : 222-230. 153-158.
Alves F, Siqueira JF Jr, Carmo FL, Santos AL, Peixoto RS, Rôças IN Bergenholtz G, Nyman S. Endodontic complications following
et al. Bacterial community profiling of cryogenically ground periodontal and prosthetic treatment of patients with advanced
samples from the apical and coronal segments of teech with periodontal disease. J Periodontol 1984 ; 55 : 63-68.
apical periodontitis. J Endod 2009 ; 35 : 486-492.
Blomlöf L, Lindskog S, Hammarström L. Influence of pulpal
Ammos WF, Harrington GW. The periodontic-endodontic conti- treatments on cell and tissue reactions in the marginal perio-
nuum. In : Newton MG, Takei HH, Carranza FA (eds). Caranzan’s dontium. J Periodontol 1988 ; 59 : 577-583.
clinical periodontal. Philadelphi : WB Sauders Co, 2002.
Blomlöf L, Lengheden A, Lindskog S. Endodontic infection and
Anand PS, Nandakumar K. Management of periodontitis associa- calcium hydroxide treatment : effects on periodontal healing in
ted with endodotically involved teeth. J Contemp Dent Pract mature and immature replanted monkey teeth. J Clin Periodontol
2005 ; 6 : 118-129. 1992 ; 19 : 652-658.
Basten CHJ, Ammons WF, Persson R. Long-term evaluation of Blomlöf L, Jansson L, Applegren R, Ehnevid H, Lindskog S.
root resected molars : a retrospective study. Int J Periodontics Prognosis and mortality of root-resected molars. Int J
Restorative Dent 1996 ; 16 : 207-219. Periodontics Restorative Dent 1997 ; 17 : 191-201.
Baumgartner JC, Picket AB, Muller JT. Microscopic examination Buhler H. Survival rates of hemisected teeth : an attempt to
of oral sinus tract and their associated périapical lesions. J Endod compare them with survival rates of alloplastic implants. Int J
1984 ; 10 : 145-152. Periodontics Restorative Dent 1994 ; 14 : 537-543.
355
Burch JG, Hulen S. A study of the presence of accessory fora- Frank RM, Freydt A. comportement pulpaire en cas de paro-
mina and the topography of molar furcations. Oral Surg Oral dontite profonde. Rev Odonto Stomatol 1974 ; 3 : 447-453.
Med Oral Pathol 1974 ; 38 : 451-455.
Fuss Z, Trope M. Root perforations : classification and treatment
Cahn L. Pathology of pulp found in pyorrhetic teeth. Dent Item choices based on prognostic factors. Endod Dent Traumatol
Int Rest 1927 ; 49 : 596-617. 1996 ; 12 : 255-264.
Carnevale G, DiFebo G, Tonelli MP, Marin C, Fuzzi M. A retros- Garberoglio R, Brännström M. Scanning electron microscopic
pective analysis of the periodontal-prosthetic treatment of investigation of human dentinal tubules. Arch Oral Biol 1976 ; 21 :
molars with interradicular lesions. Int J Periodontics Restorative 355-362.
Dent 1991 ; 11 : 188-205.
Garnick J, Keagle J, Searle J, Thompson W. The effect of inflam-
Chacker FM. The endodontic-periodontic continuum. Dent Clin mation and pressure on probe displacement in beagle dog
North Am 1974 ; 18 : 393-414. gingivitis. J Periodontol 1989 ; 60 : 498-505.
Chambrone LA, Chambrone L. Tooth loss in well-maintained Gold SI, Moskow BS. Periodontal repair of periapical lesions :
patients with chronic periodontitis during log-term supporting the borderland between pulpal and periodontal disease. J Clin
therapy in Brazil. J Clin Periodontol 2006 ; 33 : 759-764. Periodontol 1987 ; 14 : 251-256.
Chen SY, Wang HL, Glickman GN. The influence of endodontic Goldman HM, Schilder H. Regeneration of attachment appara-
treatment upon periodontal wound healing. J Clin Periodontol tus lost due to disease of endodontic origin. J Periodontol 1988 ;
1997 ; 24 : 449-456. 9 : 609-610.
Coffey CT, Ingram MJ, Bijondall A. Analysis of human dentinal Grewe JM, Meskin LH, Miller T. Cervical enamel projection : pre-
fluid. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1970 ; 30 : 835-837. valence, localisation and extent with associated periodontal
Cohen S, Blanco L, Berman L. Vertical root fractures, clinical and implication. J Periodontol 1965 ; 36 : 460-465.
radiographic diagnosis. J Am Dent Assoc 2003 ; 134 : 434-441. Gutmann JL. Prevalence, location, and patency of accessory
Costerton JW, Lewandowski Z, DeBeer D, Caldwell D, Korber D, canals in the furcation region of permanent molars. J Periodontol
James G. Biofilms, the customized microniche. J Bacteriol 1994 ; 1978 ; 49 : 21-26.
176 : 2137-2142. Harn WM, Chen YHM, Yuan K, Chung CH, Huang PH. Calculus-
Czarnecki RT, Schilder H. A histological evaluation of the human like deposit at apex of tooth with refractory apical periodonti-
pulp in teeth with varying degrees of periodontal disease. tis. Endod Dent Traumatol 1998 ; 14 : 237-240.
J Endod 1979 ; 5 : 242-253.
Harrington GW. The perio-endo question : differential diagnosis
Dahle UR, Tronstad L, Olsen I. Characterization of new perio- Dent Clin North Am 1979 ; 23 : 673-690.
dontal and endodontic isolates of spirochetes. Eur J Oral Sci
Harrington GW, Steiner DR. Periodontal-endodontic considera-
1996 ; 104 : 41-47.
tions. In : Walton, RE. Torabinejad, M (eds). Principles and prac-
Danesh-Mayer MJ. Guided tissues regeneration in the manage- tice of endodontics Philadelphie : WB Saunders, 2002.
ment of severe periodontal-endodontic lesions. N Z Dent J
1999 ; 95 : 7-10. Harrington GW, Steiner DR, Ammons WF Jr. The periodontal-
endodontic controversy. Periodontol 2000 ; 30 : 123-130.
DeDeus QD. Frequency, location and direction of the lateral,
secondary, and accessory canals. J Endod 1975 ; 1 : 361-366. Haskell EW, Stanley H, Goldman S. A new approach to vital root
resection. J Periodontol 1980 ; 51 : 217-224.
Dewhirst FE, Tamer MA, Ericson RE, Lau CN, Levanos VA, Boches
SK et al. The diversity of periodontal spirochetes by 16S rRNA Hiatt WH. Pulpal periodontal disease. J Periodontol 1977 ; 48 :
analysis. Oral Microbiol Immunol 2000 ; 15 : 196-202. 598-609.
Diaz-Arnold AM, Arnold MA, Wilcox LR. Optical detection of Hiatt WH, Charles RA. Periodontal pocket elimination by combi-
hemoglobin in pulpal blood. J Endod 1996 ; 22 : 19-22. ned therapy. Dent Clin North Am 1964 ; 8 : 133-144.
Durwin J, Chamberlain H, Renvert S, Garrett S, Nilvens R, Edelberg Hirsh RS, Clarke NG. Pulpal disease and bursts of periodontal
J. Significance of probing force for evaluation of healing fol- loss. Int Endod J 1993 ; 26 : 362-368.
lowing periodontal therapy. J Clin Periodontol 1993 ; 12 : 306-311. Hou GL, Tsai CC. Cervical enamel projection and intermediate
Ehnevid H, Jansson L, Lindskog S, Blomlöf L. Periodontal healing bifurcation ridge correlated with molar furcation involvements.
in teeth with periapical lesions. A clinical retrospective study. J Periodontol 1997 ; 7 : 687-693.
J Clin Periodontol 1993a ; 20 : 254-258. Huynh-ba G, Kuonen P, Hofer D, Schmid J, Lang NP, Salvi GE. The
Ehnevid H, Jansson LE, Lindskog SF, Blomlöf LB. Periodontal effect of periodontal therapy on the survival rate and incidence
healing in relation to radiographic attachment and endodontic of complications of multirooted teeth with furcation involve-
infection. J Periodontol 1993b ; 64 : 1199-1204. ment after an observation period of at leasr 5 years : a systema-
tic review. J Clin Periodontol 2009 ; 36 : 164-176.
Esposito M, Grusovin MG, Coulthard P, Worthington HV. Enamel
matrix derivative (Endogain) for periodontal tissue regeneration in Jansson L, Ehnevid H, Lindskog S, Blomlöf L. Relationship
infrabony defects. Cochran Database Syst Rev 2005 ; 4 : 3870-3875. between periapical and periodontal status. A clinical retrospec-
tive study. J Clin Periodontol 1993a ; 20 : 117-123.
Evans D, Reid J, Strang R, Stirrups D. A comparison of laser
Doppler flowmetry with other methods of assessing vitality of Jansson LE, Ehnevid H, Lindskog S, Blomlöf LB. Radiographic
traumatized anterior teeth. Endod Dent Traumatol 1999 ; 15 : attachment in periodontitis-prone teeth with endodontic infec-
284-290. tion. J Periodontol 1993b ; 64 : 947-953.
356
357
Miyashita H, Bergenholtz G, Gröndahl K, Wennström JL. Impact pective study from twenty-four patients. J Endod 2009 ; 35 :
of endodontic conditions on marginal bone loss. J Periodontol 493-502.
1998. 69 : 158-164. Rôças IN, Siqueira JF Jr, Santos KRN, Coelho AMA. « Red com-
Möller AJR, Fabricius L, Dahlén G, Öhman A, Heyden G. influence plex » (Bacteroides forsythus, Porphyromonas gingivalis, and
on pEriapical tissues of indigenous oal bacteria and necrotic Treponema denticola) in endodontic infections : a molecular
pulp tissues in monkeys. Scand J Dent Res 1981 ; 89 : 475-484. approach. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
2001 ; 91 : 468-471.
Mortensen H, Winther JE, Bim H. Periapical granulomas and
cysts. Scand J Res 1970 ; 3 : 214-250. Ross IF, Thompson RH. A long term study of root retention in
the treatment of maxillary molars with furcation involvement.
Nagaoka S, Miyazaki Y, Liu HJ, Iwamoto Y, Kitano M, Kawagoe M J Periodontol 1978 ; 49 : 238-244.
Bacterial invasion into dentinal tubules of human vital and non
vital teeth. J Endod 1996 ; 21 : 70-73. Rossman LE, Rosmann CR, Garber DA. The endodontic-perio-
dontic fistula. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1982 ; 53 : 78-81.
Needleman I, Worthington H, Giedrys-Leeper E, Tucker RJ.
Guided tissue regeneration for periodontal infrabony defects. Rotstein I, Simon JH. Diagnosis, prognosis and decision-making
Cochran Database Syst Rev 2006 ; 2 : CD001724. in the treatment of combined periodontal-endodontic lesions.
Periodontol 2000 ; 34 : 165-203.
Newman MG, Socransky SS. Predominant cultivable microbiota
in periodontisis. J Periodontal Res 1999 ; 12 : 120-126. Rotstein I, Simon JH. Endodontics. Philadelphie : Saunders Ldt,
2008.
Nissan R, Trope M, Zhang CD, Chance B. Dual wavelength spec-
trophotometry as a diagnostic test of the pulp chamber Roussel T, Lasfargues JJ, Saffar JL. Passage de l’inflammation de la
contents. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1992 ; 74 : 508-514. pulpe au parodonte. J Parodontol 1988 ; 36 : 131-137.
Rubach WC, Mitchell DF. Periodontal disease, accessory canals
Nyman S, Lindhe J. A longitudinal study of combined periodon-
and pulp pathosis. J Parodontol 1965a ; 36 : 34-38.
tal and prosthetic treatment of patients with advanced perio-
dontal disease. J Periodontol 1979 ; 50 : 163-169. Rubach WC, Mitchell DF. Periodontal disease, age, and pulp sta-
tus. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1965b ; 19 : 483-493.
Ostravik D, Pitt Ford TR. Essential endodontology. Prevention
and treatment of apical periodontotis. Oxford : Blackwel Rupf S, Kannengiesser S, Merte K, Pfister W, Sigusch B, Eschrich
Publishing Science, 2008. K. Comparison of profiles of key periodontal pathogens in the
periodontium and endodontium. Endod Dent Traumatol 2000 ;
Park SY, Shin SY, Yang SM, Kye SB. Factors influencing the out- 16 : 269-275.
come of root-resection therapy in molars : a 10-years retrospec-
tive study. J Periodontol 2009 ; 80 : 32-40. Russel LH. Kramer IRH. Observation on the vascular architecture
of the dental pulpe. J Dent Res 1956 ; 35 : 956-960.
Pashley DH, Matthews WG. The effects of outward forced
convective flow on inward diffusion in human dentine in vitro. Safar JL, Giovanolli JL. Échange réciproque entre les pathologies
Arch Oral Biol 1993 ; 38 : 577-582. pulpaires et parodontales. J Parodontol 1988 ; 7 : 123-129.
Paul BF, Hutter JW. The endodontic-periodontal continuum revi- Samuel ED, Griffiths GS, Petrie A. In vitro accuracy and reprodu-
sited : new insights into etiology, diagnosis and treatment. J Am cibility of automated and conventional periodontal probes.
Dent Assoc 1997 ; 128 : 1541-1548. J Clin Periodontal 1997 ; 24 : 340-345.
Sanders JJ, Sepe WW, Bowers GM, Koch RW, Williams JE, Lekas JS
Perlich MA, Reader A, Foreman DW. A scanning electron micros-
et al. Clinical evaluation of freeze-dried bone allografts in perio-
copic investigation of accessory foramens on the pulpal floor of
dontal osseous defects. 3. Composite freeze-dried bone allo-
human molars. J Endod 1981 ; 7 : 4002-4006.
grafts with and without autogenous bone grafts. J Periodontol
Perlmutter S, Tagger M, Tagger E, Abram M. Effect of the endo- 1983 ; 54 : 1-8.
dontic status of the tooth on experimental periodontal reat- Schilder H. Periodontally-endodontically involved teeth. In :
tachment in baboons: a preliminary investigation. Oral Surg Oral Transaction of the Third International Conference of Endodontics.
Med Oral Pathol 1987 ; 63 : 232-236. Philadelphie : Grossman Ed, 1963 : 178-200.
Petka K. The 14 warning signs. Endodontic Prac 2001 ; 4 : 18-26. Schilder H. Endodontic practice. Philadelphie : Lea and Febiger,
Pissiotis E, Spangberg L. Dentin as inhibitor of bacterial toxicity 1965.
on pulpal cells in vitro. J Endod 1992 ; 18 : 1661-1671. Schilder H. Cleaning and shaping the root canal. Dent Clin North
Popelut A, Rousval B, Fromentain O, Fegali M, Mora F, Bouchard Am 1974 ; 18 : 269-296.
P. Tooth extraction decision model in periodontitis patients. Schnettler JM, Wallace JA. Pulse oximetry as a diagnostic tool of
Clin Oral Implants Res 2010 ; 21 : 80-89. pulpal vitality. J Endod 1991 ; 17 : 488-490.
Pradeep AR, Pai S, Grag G, Shetty SK. A randomized clinical trial Seltzer S, Bender IB. The dental pulp. Philadelphie : J.B. Lippincott,
of autologous plateled rich plasma in treatment of mandibular 1984.
degree II furcation defects. J Clin Periodontol 2009 ; 36 : 581-588.
Seltzer S, Bender IB, Ziontz M. The interrelationship of pulp and
Prichard JF, Simon P. The diagnosis and treatment of periodontal periodontal disease. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1963 ; 16 :
disease in general practice. In : Prichard P (ed). The diagnosis and 1474-1490.
treatment of periodontal disease. Philadelphie : Saunders, 1979.
Selvig KA, Hals E. Periodontally diseased cementum studied by
Ricucci D, Siqueira JR, Bate A, Pitt Ford TH. Histological investi- correlation microradiography, electron probe analysis and elec-
gation of root canal teeth with apical periodontitis : a retros- tron microscopy. J Parodontol Res 1977 ; 36 : 419-429.
358
Lectures conseillées
Andreasen JO, Hjorting-Hassen E. Replentation of teeth. McGuire MK. Prognosis versus actual outcome. A longterm sur-
Histological study of 22 replanted teeth in humains. Acta vey of 100 treated periodontal patients under maintenance care.
Odontol Scand 1966 ; 24 : 287-306. J Periodontol 1991 ; 62 : 51-58.
Bergenholtz G. In : Lindhe J (ed). Texbook of clinical periodonto- McGuire MK. Prognosis vs. outcome : predicting tooth survival.
logy. Copenhague : Munksgaard, 1983. Compend Contin Educ Dent 2000 ; 21 : 217-228.
Jung IY, Choi BK, Kum KY, Roh BD, Lee SJ, Lee CY et al. Molecular Morfis AS. Vertical root fractures. Oral Surg Oral Med Oral
epidemiology and association of putative pathogens in root Pathol 1990 ; 69 : 631-635.
canal infection. J Endod 2000 ; 26 : 599-604.
359
M I - Contre-indications générales
algré les connaissances et les moyens actuellement
mis à notre disposition pour réaliser les traitements
endodontiques dans d’excellentes conditions, la
stérilisation des canaux infectés demeure un vœu pieux. De A - Risques majeurs :
plus, des études récentes en microbiologie ont montré que contre-indications strictes
la persistance d’une lésion osseuse apicale pouvait être liée à
la présence de corps étrangers ou d’une colonisation extra- 1 - Hypertension artérielle
radiculaire par des micro-organismes bactériens ou non.
La conservation de l’organe dentaire n’est dans ces cas pos- Essentiel : L’hypertension artérielle (HTA) constitue un
sibles que grâce à la chirurgie endodontique qui permet de risque majeur et représente le problème médical le plus
compléter le geste orthograde, voire dans certains cas de s’y fréquemment rencontré en pratique quotidienne.
C’est une élévation chronique et persistante de la pression
substituer. Elle permet également de gérer des situations ren-
artérielle systolique, diastolique, ou des deux, au-dessus
dues complexes par différents facteurs, tels que des supra- des valeurs normales. Le stress d’une chirurgie peut induire
structures prothétiques complexes et risquées à démonter, une augmentation brutale de la tension artérielle et
ou encore des facteurs d’origine iatrogénique, tels que des conduire un patient sous traitement en état de malaise.
dilacérations, des perforations radiculaires ou la présence de
fragments d’instruments fracturés dans les canaux et empê-
chant l’accès à leur tiers apical. Les vasoconstricteurs peuvent également induire une aug-
La progression du taux de succès de la chirurgie endo- mentation significative de la pression artérielle et être à
dontique est directement liée à la mise au point d’une instru- l’origine de troubles du rythme.
mentation spécifique qui permet progressivement d’étendre
les indications d’intervention et de faire de cette chirurgie 2 - Infarctus du myocarde
une voie thérapeutique faisant partie intégrante de notre
exercice quotidien. Important ! Les problèmes sont liés au stress et à l’anxiété.
L’acte chirurgical peut aggraver la pathologie et provoquer
Pour beaucoup de spécialistes, elle est devenue indispen- un nouvel infarctus, notamment à cause de l’utilisation de
sable car elle permet de conserver des dents qui, sans elle, vasoconstricteurs qui peuvent induire une élévation de la
auraient été extraites. pression artérielle.
361
Outre les arythmies, le risque de mort subite par arrêt car- 7 - Leucémies
diaque est non négligeable. Les leucémies peuvent être aiguës ou chroniques Les risques
Les risques sont nombreux : infarctus du myocarde, accident majeurs sont liés à l’hémostase et à la coagulation.
vasculaire cérébral, endocardite et infection générale.
Le patient peut avoir des troubles de la respiration et être
sujet aux effets secondaires croisés avec les traitements 8 - Troubles de la coagulation et de l’hémostase
médicamenteux.
L’anxiété et le stress peuvent précipiter les troubles du a - Désordres plaquettaires
rythme et exposer à un arrêt cardiaque. Les désordres plaquettaires sont constitués par les thrombo-
pénies et les thrombopathies.
4 - Endocardite infectieuse : patients à risque Ils peuvent créer des risques d’hémorragie et se traduisent
Aucun traitement chirurgical n’est autorisé sur un patient par un allongement du temps de saignement.
symptomatique.
Les cardiopathies à risque d’endocardite sont classiquement b - Désordres du système de coagulation
classées, selon les risques (Prophylaxie de l’endocardite infec-
Il s’agit :
tieuse, 2002), en :
• des coagulopathies héréditaires, telles que la maladie de
• cardiopathies à haut risque :
von Willebrand, et de l’hémophilie ;
- prothèses valvulaires (mécaniques, homogreffes ou bio-
• des coagulopathies acquises. Elles ne sont pas liées au défi-
prothèses),
cit d’un seul facteur, comme dans les formes héréditaires,
- cardiopathies congénitales et cyanogènes non opérées et
mais sont généralement provoquées par les anticoagulants,
dérivations chirurgicales (pulmonaires systémiques),
par exemple. Il peut s’agir des complications :
- antécédents d’endocardite infectieuse ;
- d’un déficit en vitamine K dépendant ;
• cardiopathies à risque moins élevé :
- d’une pathologie hépatique ;
- valvulopathies, insuffisance aortique, insuffisance mitrale,
- d’un traitement anticoagulant.
rétrécissement aortique,
- prolapsus de la valve mitrale, avec insuffisance mitrale et/
ou épaississement et/ou épaississement valvulaire,
Les traitements anticoagulants sont représentés par deux
- bicuspide aortique, grandes familles : les antivitamines K et l’héparine. L’arrêt
- cardiopathies congénitales non cyanogènes sauf commu- de ces anticoagulants est formellement déconseillé : le
nication interauriculaire (cardiopathie non à risque), risque hémorragique devra être évalué avec l’INR, qui
- cardiomyopathie hypertrophique obstructive (avec souffle traduit les risques d’anticoagulation, et les risques éven-
à l’auscultation). tuels anticipés par l’opérateur. Quand ces pathologies sont
présentes, la contre-indication de la chirurgie n’est pas
Important ! Sur ces patients à risque, outre les traitements formelle mais doit conduire à la plus grande prudence.
endodontiques sur dents nécrosées et les reprises de traite-
ment, la chirurgie endodontique est contre-indiquée, ainsi
que toute autre intervention permettant l’amputation radicu-
laire, la réimplantation et la mise en place de matériaux de En revanche, sont considérés comme des contre-indications
comblement (Prophylaxie de l’endocardite infectieuse, 2002). formelles au traitement de chirurgie endodontique (Société
francophone de médecine buccale, 2005 ; Roche, 2010), les
patients :
5 - Anémies - présentant une anomalie connue de la coagulation ou de
En cas d’anémie, le risque infectieux, les saignements et un l’hémostase (voire des deux) ;
retard de cicatrisation sont des facteurs à considérer et à - sous antivitamines K dont l’INR est supérieur à 3 ;
anticiper en cas de chirurgie (Roche 2010). - présentant des tests de laboratoire anormaux, traduisant un
Les risques sont élevés, notamment : désordre de la coagulation ou de l’hémostase jusque-là non
- en cas d’anémie non diagnostiquée ; diagnostiqué.
- en présence d’un hématocrite inférieur à 30 % ;
- en cas de coagulopathie, thrombopénie ou leucopénie
associée. 9 - Ostéoradionécrose (risque majeur)
362
363
B - Contre-indications parodontales
Une mauvaise hygiène bucco-dentaire peut être une contre-
Figure 16.1 La radiographie ne permet pas de situer la position indication, bien sûr transitoire. La qualité et la hauteur de la
exacte de la perforation. Seul le scanner ou le cone beam CT le gencive attachée ainsi que la présence de poches parodon-
permettra.
tales sont des facteurs trop souvent négligés. Ces défauts
parodontaux, gingivaux et osseux, doivent être minutieuse-
ment analysés ; le sondage parodontal reste indispensable et
2 - Facteurs anatomiques liés au maxillaire permet de mettre en évidence des fractures radiculaires qui
Le problème du sinus doit être démystifié et de nombreuses peuvent passer inaperçues en l’absence de symptomatologie.
contre-indications ont, là aussi, disparu grâce au microscope
et aux inserts ultrasonores. C - Incidence dentaire
Les contre-indications sont principalement constituées par Il est évidemment contre-indiqué d’intervenir sur des dents
un problème d’accessibilité et directement liées à la com- dont la restauration prothétique est inadéquate ; l’absence
pétence du praticien. Si l’accès aux racines vestibulaires est d’étanchéité induira, par percolation et passage bactérien, un
relativement facile, il est beaucoup plus difficile d’interve- échec à plus ou moins long terme du traitement. Dans ce cas,
nir au niveau des racines palatines qui peuvent être très un retraitement par voie orthograde ou l’extraction de la
distantes des racines vestibulaires. Elles obligent à passer dent doit être envisagé à la place d’une chirurgie.
au travers du sinus, ce qui complique le geste opératoire. La hauteur des racines et leur situation par rapport au niveau
osseux doivent également être prises en considération. Les
racines trop courtes, ne pouvant pas être conservées, rendent
La résection et l’obturation a retro devront être gérées sans la hauteur osseuse résiduelle après intervention trop faible
dissémination de débris dans la cavité antrale. pour espérer un bon pronostic de conservation de l’organe
L’abord palatin, parfois plus aisé, peut être contre-indiqué en dentaire à long terme. Le rapport couronne/racine reste
fonction de la position de l’artère grande palatine, qui peut valable et devra être évalué avant d’intervenir chirurgicale-
croiser à proximité (fig. 16.2). ment (fig. 16.3).
364
III - Indications
L’amélioration de l’endodontie conventionnelle, avec des
instruments plus performants, des connaissances très élar-
gies et l’arrivée du microscope opératoire, a fait considéra-
blement chuter les indications de chirurgie endodontique.
De nombreux échecs endodontiques d’autrefois auraient,
de nos jours pu être évités.
Paradoxalement, l’abandon de la fraise boule chirurgicale, qui Figure 16.5 Contrôle 1 an après chirurgie endodontique et obtu-
a fait place aux inserts ultrasonores a retro inventés par Carr ration a retro. L’élément prothétique est refait pour assurer
(1997), et l’apparition du microscope opératoire ont élargi les l’étanchéité coronaire.
indications et rendu le geste chirurgical incroyablement plus
performant qu’auparavant. Trey), le Super-EBA® (Harry J. Bosworth) (Dorn, 1990) ou encore
Ultime recours, l’endodontie chirurgicale permet de conser- le MTA (mineral trioxide aggregate) (ProRoot®, Dentsply Mail-
ver des dents qui auraient été extraites. Il faut également lefer), a, là aussi, considérablement élargi le champ des indi-
oublier cette « mauvaise image » des chirurgies réalisées par cations.
résection seule, laissant le canal infecté, colonisé par des Il y a deux types de chirurgies, la chirurgie de complément et
espèces bactériennes qui relarguaient encore plus facilement la chirurgie d’emblée, qui ont toutes deux des indications
leurs toxines par un foramen « élargi » chirurgicalement précises et parfaitement codifiées.
(fig. 16.4 et 16.5). Cela était, de toute évidence, à l’origine Il est logique, dans notre approche, de commencer par les
d’échecs, donc de destructions tissulaires massives. indications de chirurgie de complément car, de façon évi-
L’obturation a retro avec de l’amalgame, remplacée par des dente, le retraitement par voie orthograde doit être privilé-
matériaux plus performants, tels que l’IRM® (Dentsply De gié si celui-ci est possible et raisonnable.
365
366
367
2 - À la mandibule
a - Secteur antérieur
L’incision horizontale peut être sulculaire ou en gencive atta-
chée lorsque l’environnement parodontal le permet. Une ou
deux incisions de décharge sont ajoutées. Le repérage anato-
mique du foramen mentonnier est très important puisque
l’incision verticale devra toujours être à distance de cet ori-
fice de façon à protéger le nerf dentaire inférieur dans sa
zone de sortie. Il est également très important de prendre en
considération cet orifice anatomique au moment de la réali-
sation de la crypte osseuse à venir. En effet, le nerf dentaire
Figure 16.10 Incision sulculaire. inférieur et les éléments vasculaires qui l’accompagnent
368
369
Figure 16.11 Instruments fracturés et butée empêchant de Figure 16.13 Résection et obturation a retro des racines mésiale
reprendre le traitement endodontique convenablement. Les et distale. Radiographie postopératoire et de contrôle à 1 an.
corticales sont très épaisses.
Figure 16.12 L’utilisation des inserts Piezotome® (Satelec) per- Figure 16.14 Contrôle à 1 an montrant une excellente régénéra-
met une « découpe du volet ». L’épaisseur des corticales indique tion tissulaire et une conservation ad integrum de la corticale
son utilisation. externe.
Le curetage sera manuel avec l’utilisation de curettes de type exagérément la cavité dans le sens vertical en direction api-
Lucas ou d’inserts ultrasonores. cale pour éviter toute communication avec cette cavité.
Il est souhaitable de demander une analyse anatomopatholo- Dans le secteur prémolaire, il y a peu de complications ana-
gique en cas de doute quelconque sur la nature de cette lésion. tomiques ; les apex sont généralement proches des corti-
cales. Parfois la racine palatine peut diverger en direction
B - Anatomie et précautions chirurgicales palatine et contraindre à réaliser un abord palatin, moins des-
La position des apex et des particularités anatomiques tructeur.
doivent guider le geste chirurgical et peuvent contraindre le Dans le secteur molaire, la difficulté majeure reste le manque
praticien à prendre un certain nombre de précautions. de visibilité ; plus les racines sont postérieures, plus le geste
est difficile et peut être encore compliqué par une forte
1 - Au maxillaire tonicité musculaire.
Dans le secteur antérieur, les apex peuvent être en rapport Les racines vestibulaires peuvent également plonger dans le
avec les fosses nasales. Il convient donc de ne pas étendre sinus. Dans ce cas, un examen scanner, ou cone beam CT,
370
371
de réaliser un volet osseux pour accéder à la lésion et de L’action est sélective, efficace sur les tissus durs et inefficace
repositionner ce volet en fin d’intervention a considérable- sur les tissus mous. Cela est particulièrement intéressant
ment modifié la philosophie de la chirurgie endodontique. Le pour les interventions à proximité des éléments nobles tels
Piezotome® (Satelec) se compose d’un générateur d’ultrasons que le nerf dentaire inférieur par exemple (fig. 16.20).
piézoélectrique, d’un système d’irrigation au sérum physiolo- Le volet osseux peut être repositionné en fin d’intervention
gique et de deux pièces à main : l’une pour l’usage des inserts (fig. 16.21), ce qui permet de restituer in situ un capital osseux
de chirurgie (Piezotome®) (fig. 16.17 et 16.18) et l’autre pour l’uti- optimisant de manière inégalée la régénération tissulaire
lisation des inserts ultrasonores classiques de chirurgie endo- (fig. 16.22 et 16.23).
dontique de préparation a retro (PMax-Newtron®, Satelec).
La chirurgie piézoélectrique combine ainsi les ultrasons et
l’action d’ostéotomes contrôlés électroniquement par les
générateurs. Ces ostéotomes ultrasonores offrent de nom-
breux avantages :
- l’optimisation de la visibilité et l’accès au champ opératoire
exsangue et irrigué en nappe permettent une approche
claire de la voie d’abord. Cette irrigation constante prévient
toute surchauffe des tissus sectionnés ;
- la section est précise et sûre, tel le stylo guidé par l’index et
le majeur dont la maniabilité est totale.
Figure 16.17 et 16.18 Piezotome® (Satelec) et inserts. Figure 16.21 Repositionnement en fin d’intervention.
372
Cette approche ouvre des perspectives prometteuses aussi Figure 16.24 Mise en évidence d’un troisième canal sur une pré-
bien pour les chirurgies sinusiennes que mandibulaires, dans molaire supérieure lors de la résection apicale.
le respect des corticales épaisses.
373
La résection apicale de ces 3 mm permet d’éliminer ces com- résection est perpendiculaire au grand axe de la dent. Un
plexités anatomiques et d’accéder au système canalaire. Les angle de biseau réduit permet d’être économe en tissu den-
différentes complications (calcification, perforation, fausse taire et de conserver un rapport couronne/racine suffisant
route, instrument fracturé) rencontrées lors d’un retraite- (Kim et Kratchman, 2006).
ment sont difficilement négociables par la voie orthograde si En réalisant un biseau trop prononcé, le nombre de tubuli
elles se situent dans le tiers apical (Gorni et Gagliani, 2004). dentinaires mis à nu augmente. Il existe donc alors un risque
En revanche, elles seront facilement éliminées lors de la augmenté de percolation au niveau de l’obturation a retro.
résection apicale. Cependant un angle de 0° ne permet pas une visibilité suffi-
En cas de racines courtes, il est important d’évaluer la valeur sante, notamment dans le secteur molaire. Un compromis
résiduelle de la racine réséquée afin d’en préserver la plus entre un accès chirurgical adéquat et un angle de résection le
grande partie. Il est donc possible, dans certains cas, d’effec- plus petit possible doit être trouvé.
tuer une simple mise à plat la plus conservatrice possible de
l’extrémité apicale. 4 - Mise en évidence du système canalaire
Après avoir réséqué la portion apicale de la dent, le système
2 - Mode opératoire canalaire est mis en évidence. La surface de la résection est
La résection apicale est réalisée, à l’aide d’une fraise à os examinée sous microscope opératoire à l’aide d’une sonde 17
chirurgicale, type Zekrya, montée sur turbine. Une irrigation et d’un micromiroir (fig. 16.28 et 16.29).
importante est utilisée afin d’éviter toute augmentation de Dix fois plus petits que les miroirs conventionnels, les micro-
température au niveau de la dent et des structures osseuses miroirs sont spécialement conçus pour la chirurgie endo-
avoisinantes. Les turbines disposant d’un spray à air et à eau dontique. Leur surface réfléchissante peut être en rhodium,
utilisées en dentisterie conventionnelle ne conviennent pas en saphir ou en tungstène poli. Ils permettent de visualiser
pour la chirurgie endodontique. Une turbine sans aucune sor- plus facilement les contours radiculaires et la surface de la
tie d’air telle que celle décrite précédemment est préférée section apicale, en particulier sur des dents difficiles d’accès.
afin d’éviter tout risque d’emphysème (Stropko et Gutmann, Si la cavité d’accès est suffisante, il est possible, avec ces
2005). La sortie d’eau proviendra d’une bouteille d’eau stérile miroirs, d’inspecter la partie palatine ou linguale de la racine.
directement connectée à l’équipement. Des colorants tels que le bleu de méthylène peuvent être
Une turbine présentant une angulation de 45° est utilisée utilisés pour mettre en évidence le ligament parodontal
pour réséquer la racine tout en conservant un contrôle visuel autour de l’apex réséqué ainsi que les entrées canalaires, les
permanent sur l’apex de la dent (fig. 16.26). Ce type de turbine isthmes et les canaux en C.
facilite la réalisation de la résection sur des dents difficiles
d’accès telle que les molaires inférieures.
L’apex de la dent est progressivement biseauté jusqu’à réaliser B - Hémostase
une résection apicale perpendiculaire au grand axe de la racine. L’obtention d’une hémostase est absolument nécessaire pour
avoir une excellente visibilité de la zone de travail et per-
mettre de réaliser les étapes de préparation et d’obturation a
retro dans les meilleures conditions.
374
a b
c d
Figure 16.27 a. Molaire supérieure présentant une seule lésion sur les racines mésio-vestibulaires. b. La résection apicale semble
montrer un seul canal dans la racine mésio-vestibulaire. c. Après résection plus perpendiculaire au grand axe de la dent, mise en
évidence d’un second canal mésio-vestibulaire et d’un isthme. d. Extrémité apicale après obturation a retro.
Figure 16.28 Comparaison de la taille d’un micromiroir de Figure 16.29 La sonde 17 met en évidence l’absence d’étanchéité
chirurgie endodontique à celle d’un miroir de bouche habituel. de l’obturation canalaire.
375
376
Figure 16.32 Vue d’un insert à ultrasons BK3®. Il présente une triple
courbure dans les trois plans de l’espace.
a b
377
a b
378
379
2 - Biocompatibilité
Aucun des ciments couramment utilisés en chirurgie endo-
dontique ne présente de potentiel mutagène (Torabinejad Figure 16.38 Contrôle de l’étanchéité de l’obturation a retro.
et al., 1995b). Keiser et al. (2000) ont étudié les effets cyto-
toxiques du ProRoot® MTA et du Super-EBA® sur des fibro-
blastes parodontaux d’origine humaine. La cytotoxicité du VIII - Succès et échec
premier, indépendamment de la concentration considérée,
est significativement inférieure à celle du second.
en endodontie chirurgicale
Le MTA possède une bonne tolérance tissulaire et permet
une excellente cicatrisation osseuse à son contact. Il peut A - Définition du succès
parfois induire une apposition de cément, la formation d’un
ligament parodontal et l’apposition de tissu osseux. Ces pro- La définition du « succès » généralement utilisée dans les
priétés régénératrices ont été observées in vivo lors de études scientifiques prend principalement en compte des
chirurgies endodontiques pratiquées sur le singe (Torabine- critères radiographiques. Cependant il ne permet pas de
jad, 1997). Il a été mis en évidence au niveau de la couche de décrire de façon suffisante le pronostic de la chirurgie
MTA, des néoformations cémentaires et ligamentaires. L’IRM® endodontique.
et le Super-EBA® ne permettent pas d’obtenir une régénéra-
tion mais possèdent une biocompatibilité suffisante pour L’indice de mesure radiologique communément utilisée est
parvenir à une réparation tissulaire fiable en chirurgie endo- l’indice péri-apical (periapical index) décrit par Orstavik et al.
dontique. (1986). Il est en fait issu des travaux de recherche de Brynolf
fondés uniquement sur les incisives maxillaires. Orstavik a
tenté de démontrer qu’il pouvait être utilisé pour objectiver la
3 - Étanchéité et adaptation marginale
présence des lésions péri-apicales au niveau de toutes les
L’étanchéité des matériaux d’obturation a été analysée en dents. Son utilisation permet de suivre l’évolution (guérison ou
utilisant des protocoles cliniques très différents (pénétration aggravation) d’une lésion péri-apicale. Cet outil de diagnostic
de colorants, migration bactérienne). L’analyse de l’adapta- n’est pas spécifique à la chirurgie et peut être utilisé dans
tion marginale sous microscope électronique est également toutes les situations cliniques pour le suivi des patients. Rud et
très dépendante des conditions d’investigation. Andreasen ont quant à eux étudié la corrélation entre l’histo-
Une revue de littérature médicale menée par Torabinejad et logie des tissus de la zone apicale et l’interprétation radiogra-
Parirokh (2010) montre que le MTA présente une étanchéité phique lors d’une chirurgie endodontique. Ils ont ainsi proposé
marginale légèrement supérieure à celle obtenue avec l’IRM® une classification radiographique permettant de standardiser
ou le Super-EBA®. La capacité de scellement du MTA est liée la notion de succès en chirurgie endodontique.
à son caractère hydrophile et à l’absence de rétraction de Les travaux plus anciens de Bender et Seltzer (1961, cités dans
prise même en condition humide. En revanche, l’adaptation Bender et Seltzer, 2003) montrent toutefois la difficulté d’ob-
marginale de ces trois matériaux semble équivalente jectiver une lésion sur une image radiographique. En effet,
(fig. 16.38). celle-ci n’est clairement visible sur une radiographie intrabuc-
cale que si la corticale osseuse est détruite. L’utilisation de
Il semble donc possible d’utiliser chacun de ces matériaux radiographies de dernière génération (film Ektaspeed® F, Kodak)
en chirurgie endodontique, la mise en œuvre du MTA ou de radiographies numériques ne fournit pas d’informations
étant plus délicate que celle les deux autres. Les études significativement meilleures. Seule l’imagerie tridimension-
cliniques montrent des résultats similaires indépendam- nelle, du type cone beam CT, permet de mettre en évidence de
ment du matériau d’obturation a retro utilisé (Tsesis et al., façon certaine la présence d’une lésion apicale. Aucune étude
2009). Le choix de l’opérateur se portera donc sur le maté- utilisant cette technique n’a à ce jour été publiée pour analyser
riau dont il a la plus grande maîtrise.
les résultats de la chirurgie endodontique.
380
381
présenter un meilleur taux de guérison que celles ayant une 9 mm est désormais disponible. Une méthode de prépara-
lésion de grande étendue (supérieure à 5 mm de diamètre) tion utilisant des limes ultrasonores précoudées par le prati-
(Wang et al., 2004 ; von Arx, 2010). Une lésion de grande taille cien permet également de descendre plus loin dans le
mettra cependant plus de temps à guérir et un suivi à long système canalaire (Reit et Hirsch, 1986). Il semble donc inté-
terme est nécessaire pour confirmer qu’il ne s’agit que d’un ressant d’étudier l’incidence de la longueur de préparation
simple retard de cicatrisation. Une cicatrice fibreuse peut sur le pronostic de la chirurgie endodontique.
également apparaître lors de la guérison des lésions de D’après Wang et al. (2005), plus la longueur d’obturation est
grande étendue, rendant l’interprétation radiographique plus importante et meilleur est le pronostic. Dans leur étude
difficile. prospective, ces auteurs ont obtenu un taux de guérison de
100 % à partir du moment où ils obturaient le canal sur plus
4 - État parodontal de 3 mm. Ces résultats intéressants devront cependant être
L’état parodontal de la dent doit être examiné avec précision confirmés avec un plus grand nombre de patients (l’étude
avant d’envisager le traitement chirurgical. Lorsque la dent n’en ayant retenu que 7).
présente un sondage parodontal de plus de 4 mm ou dans Plus récemment, deux nouveaux critères ont été proposés
des cas de lésions endo-parodontales, le taux de dents fonc- par Khayat et Michonneau (2010) pour caractériser l’obtura-
tionnelles au bout de 2 ans n’est que de 77,5 %. Si la chirurgie tion a retro :
est réalisée dans un environnement parodontal sain, il atteint - obturation « complète », où la totalité du système canalaire
95,2 % (Kim et al., 2008). résiduel a été préparée et obturée a retro ;
- obturation « longue », où le système canalaire a été préparé
5 - Réintervention chirurgicale et obturé a retro sur plus de 6 mm (fig. 16.39).
En cas d’échec d’une première chirurgie, une nouvelle inter- Aucune étude comparative rapportant l’influence de la lon-
vention peut s’avérer nécessaire. Néanmoins, le taux de suc- gueur d’obturation sur le pronostic de la chirurgie endo-
cès du traitement de seconde intention est sensiblement dontique n’a, à ce jour, été publiée.
plus faible (Peterson et Gutmann, 2001). Ces résultats ont été
confirmés dans une étude plus récente qui prenait en compte
les techniques dites modernes de chirurgie. Ses auteurs D - Échecs en chirurgie endodontique
avancent un taux de succès de 93 % pour les chirurgies de Bien que les échecs puissent être attribués aux mêmes causes
première intention et de 76 % pour les réinterventions qu’en endodontie conventionnelle, une cause d’échec fré-
(Gagliani et al., 2005). Si la chirurgie de seconde intention quemment rencontrée en chirurgie endodontique est la
apparaît donc comme une solution de remplacement fiable à fêlure ou la fracture radiculaires (Friedman, 2005). Les dents
l’extraction de la dent, le taux de succès reste cependant plus nécessitant une intervention chirurgicale ont généralement
faible que celui d’une chirurgie endodontique initiale. été fortement restaurées. La présence d’une reconstitution
importante associée à un tenon parfois de grande taille peut
6 - Type de matériaux être à l’origine de ces fêlures fréquentes.
Les ciments à base d’oxyde de zinc et d’eugénol (IRM® ou Il est extrêmement difficile d’attribuer ces fêlures à l’utilisation
Super-Eba®) et le ciment MTA sont les matériaux les plus uti- des ultrasons en chirurgie endodontique. Différentes études
lisés en chirurgie endodontique. Le MTA semble présenter ont été réalisées sur dents extraites pour évaluer l’incidence
des propriétés d’étanchéité et de biocompatibilité supé- de microfêlures par suite d’une préparation a retro. De Bruyne
rieures à celle de l’IRM® (pour revue, voir Torabinejad et Pari- et De Moor (2005) ont montré que les observations faites in
rokh, 2010). vitro sur dents extraites n’étaient pas corrélées en pratique cli-
Malgré cette différence de comportement biologique nique. En effet, l’incidence des fêlures est plus importante sur
démontré in vitro, aucune étude clinique ne permet de des dents extraites que sur des dents encore positionnées sur
démontrer l’influence d’un matériau sur le pronostic de la cadavres. La présence d’un ligament parodontal et la structure
chirurgie endodontique (Chong et al., 2009). osseuse autour de la dent pourraient amortir les vibrations
engendrées par la préparation ultrasonore.
7 - Longueur d’obturation Le type d’insert à ultrasons a une incidence directe sur l’appa-
La longueur de l’obturation a retro est directement liée à la rition de fêlures au niveau de la zone apicale. Les inserts non
technique de préparation du système canalaire. Les premiers diamantés nécessitent une vibration plus importante et un
inserts à ultrasons spécifiques à la chirurgie endodontique temps d’action plus long que les autres, pouvant entraîner
avaient une partie travaillante de seulement 3 mm (Carr, l’apparition de microfêlures (Peters et al., 2001). Des inserts
1997). Une nouvelle gamme d’inserts (Endo Succes Apical Sur- diamantés travaillant plus efficacement dans le canal per-
gery®, Satelec) ayant une partie travaillante de 6 mm et de mettent de limiter ce phénomène.
382
a b
IX - Conclusion
Pendant de nombreuses années, la chirurgie endodontique a s’effectuant dans le grand axe du canal et ayant pour objectif
été considérée comme le dernier recours lorsque le retraite- la mise en forme et le scellement du système canalaire rési-
ment par voie orthograde ne permettait pas d’obtenir la gué- duel. Par ailleurs, les études récentes montrent que les taux
rison. L’avènement de nouvelles techniques, principalement de succès de la chirurgie endodontique sont comparables à
l’utilisation du microscope opératoire et des inserts à ultra- ceux du retraitement orthograde. La chirurgie endodontique
sons, a permis de transformer cette chirurgie en un acte est aujourd’hui une technique codifiée et reproductible
endodontique à part entière, la préparation et l’obturation offrant une solution fiable pour conserver l’organe dentaire.
383
Bibliographie
Aframian DJ, Lalla RV, Peterson DE. Management of dental Khayat BK, Michonneau JC. Endodontie chirurgicale : une chance
patients taking common hemostasis-altering medications. supplémentaire. Inf Dent 2010 ; 10 : 119-124.
Recommandations from the 4th World Worshop on Oral Kim S, Kratchman S. Modern endodontic surgery concepts and
Medicine. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod practice : a review. J Endod 2006 ; 32 : 601-623.
2006 ; 103 : S45-S49.
Kim S, Pecora G, Rubinstein RA. Color atlas in microsurgery in
Baidsen MK, Kullid JC, Weller RN. Root canal configuration of endodontics. Philadelphie : W.B. Saunders, 2000.
the mandibular first remolar. J Endod 1992 ; 18 : 505-508.
Kim E, Song JS, Jung IY, Lee SJ, Kim S. Prospective clinical study
Bender IB, Seltzer S. Roentgenographic and direct observation evaluating endodontic microsurgery outcomes for cases with
of experimental lesions in bone. II. J Endod 2003 ; 29 : 707-712. lesions of endodontic origin compared with cases with lesions
Carr GB. Ultrasonic root end preparation. Dent Clin North Am of combined periodontal-endodontic origin. J Endod 2008 ; 34 :
1997 ; 41 : 541-554. 546-551.
Chong BS, Pitt Ford TR, Hudson MB. A prospective clinical study of Kvist T, Reit C. Results of endodontic retreatment : a rando-
Mineral Trioxide Aggregate and IRM when used as root-end filling mized clinical study comparing surgical and nonsurgical pro-
materials in endodontic surgery. Int Endod J 2009 ; 42 : 414-412. cedures. J Endod 1999 ; 25 : 814-817.
Cochet JY. Aspect endodontique du traitement chirurgical des Kvist T, Reit C. Postoperative discomfort associated with surgical
sinusites d’origine dentaire. Alpha-Omega News 2009 ; 128 : 13. and nonsurgical endodontic retreatment. DentTraumatol 2000 ;
Cochet JY. Une nouvelle approche de la chirurgie endodontique. 16 : 71-74.
Dental Tribune 2010 ; 15 : 13. Orstavik D, Kerekes K, Eriksen HM. The periapical index : a sco-
Danin J, Stromberg T, Forsgren H, Linder LE, Ramskold LO. Clinical ring system for radiographic assessment of apical periodontitis.
management of nonhealing periradicular pathosis. Surgery ver- Endod Dent Traumatol 1986 ; 2 : 20-34.
sus endodontic retreatment. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Peterson J, Gutmann JL. The outcome of endodontic resurgery :
Oral Radiol Endod 1996 ; 82 : 213-217. a systematic review. Int Endod J 2001 ; 34 : 169-175.
De Bruyne MA, De Moor RJ. SEM analysis of the integrity of Peters CI, Peters OA, Barbakow F. An in vitro study comparing
resected root apices of cadaver and extracted teeh after ultra- root-end cavities prepared by diamond-coated and stainless
soni root-end preparation at different intensities. Int Endod J steel ultrasonic retrotips. Int Endod J 2001 ; 34 : 142-148.
2005 ; 38 : 310-319. Poblete-Michel MG, Michel JF. Les applications chirurgicales des
Del Fabbro M, Taschieri S, Testori T, Francetti L, Weinstein RL. ultrasons. Réussir. Paris : Quintessence international, 2008.
Surgical versus non-surgical endodontic re-treatment for perira- Prophylaxie de l’endocardite infectieuse. Révision de la conférence
dicular lesions. Cochrane Database Syst Rev 2007 ; 3 : CD005511. de consensus de mars 2002. Med Mal Infect 2002 ; 32 : 542-552.
Folk RB, Thorpe JR, McClanahan SB, Johnson JD, Strother JM. Rahbaran S, Gilthorpe MS, Harrison SD, Gulabivala K. Comparison
Comparison of two different direct digital radiography systems of clinical outcome of periapical surgery in endodontic and oral
for the ability to detect artificially prepared periapical lesions. surgery units of a teaching dental hospital : a retrospective
J Endod 2005 ; 31 : 304-306. study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2001 ;
Friedman S. The prognosis and expected outcome of apical sur- 91 : 700-709.
gery. Endod Topics 2005 ; 11 : 219-262. Reit C, Hirsch J. Surgical endodontic retreatment. Int Endod J
Gagliani MM, Gorni FGM, Strohmenger L. Periapcial resurgery 1986 ; 19 : 107-112.
versus periapical surgery : a 5-year longitudinal comparison. Int Roche Y. Risques médicaux au cabinet dentaire en pratique quo-
Endod J 2005 ; 38 : 320-327. tidienne. Paris : Masson, 2010.
Gartner AH, Dorn SO. Advances in endodontic surgery. Dent Clin Roisin-Chausson MH. L’examen TDM. Cah Stomatol Chir Maxillo-
North Am 1992 ; 36 : 357-378. Fac 1991 ; 5 : 12-16.
Gorni FG, Gagliani MM. The outcome of endodontic retreat- Roisin-Chausson MH, Cochet JY. L’image endodontique, scanner
ment : a 2-yr follow-up. J Endod 2004 ; 30 : 1-4. et microscope : de l’image virtuelle à l’image réelle. Cah ADF
Jeansonne BG, Boggs WS, Lemon RR. Ferric sulfate hemostasis : 2000 ; 7 ; 24-31.
effect on osseous wound healing. I. Left in situ for maximum Selden HS. Bone wax as an effective hemostat in periapical sur-
exposure. J Endod. April 1993a ; 19 : 170-173. gery. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1970 ; 29 : 262-264.
Jeansonne BG, Boggs WS, Lemon RR. Ferric sulfate hemostasis : Setzer FC, Shah SB, Kohli MR, Karabucak B, Kim S. Outcome of
effect on osseous wound healing. II. With curetagge and irriga- endodontic surgery : a meta-analysis of the literature. Part 1.
tion. J Endod 1993b ; 19 : 174-176. Comparison of traditional root-end surgery and endodontic
Keiser K, Johnson CC, Tipton DA. Cytotoxicity of mineral trioxide microsurgery. J Endod 2010 ; 36 : 1757-1765.
aggregate using human periodontal ligament fibroblasts. J Endod Société francophone de médecine buccale et de chirurgie buc-
2000 ; 26 : 288-291. cale. Prise en charge des patients sous traitement anti-vitamines
Khayat BK, Michonneau JC. Chirurgie endodontique ou endo- K en chirurgie bucco-dentaire. Recommandations. Med Buc Chir
dontie chirurgicale ? Inf Dent 2006 ; 88 : 1523-1528. Buc 2006 ; 12 : 187-212.
384
385
L
es résorptions dentaires ont été définies en 1994 par
Les résorptions internes sont finalement assez rares et
l’American Association of Endodontists comme étant peuvent affecter toutes les dents ; toutefois, les dents mono-
« un état associé à un processus physiologique ou radiculées, notamment les incisives, restent les plus concer-
pathologique provoquant une perte de tissu dentaire, cémen- nées. Ces résorptions sont issues d’une inflammation
taire ou osseux ». chronique de la pulpe, accompagnée d’une dégénérescence
qui se manifeste par une transformation métaplasique ayant
potentiellement le pouvoir de résorber la dentine, d’une part,
Les résorptions résultent d’un processus de destruction
et de former des tissus durs de nature ostéoïde, d’autre part.
partielle ou totale des tissus dentaires, consécutif à une
infection et/ou un traumatisme. En fonction de la nature
et de la localisation du dommage, les répercussions seront
internes ou externes, inflammatoires ou de remplacement, Ainsi, il existe deux formes de résorptions internes : la pre-
superficielles ou profondes, réversibles ou non (Gunrag, mière inflammatoire, l’autre dite de remplacement.
1999).
1 - Résorption interne inflammatoire (fig. 17.1)
387
a b
Figure 17.2 a, b. Résorption radiculaire interne de remplacement de 31 faisant suite à une faible irritation pulpaire. Elle se caractérise
par une cavité irrégulière, progressivement comblée par un tissu radio-opaque non homogène, qui s’apparente à de l’os (a). Elle peut
à terme évoluer de façon importante (b) et entraîner en absence de traitement, une perforation de la racine.
388
389
II - Mécanismes biologiques
des résorptions
L’os, le cément et la dentine comprennent deux composants
majeurs, le minéral et la matrice organique, dont le pourcen-
tage varie. La dentine présente pratiquement 70 % de com-
posant minéral alors que le cément et l’os en contiennent
entre 60 et 70 % (Ten Cate, 1994). Bien que le cément pré-
sente une composition biochimique proche de celle de l’os,
certaines différences l’en individualisent.
390
Cellule ostéoblastique
A - Origine et différenciation stromale
des cellules ostéoclastiques
RANKL M-CSF
La différenciation cellulaire fait appel à des contacts inter-
cellulaires ou entre la cellule et son micro-environnement
via des molécules d’adhérence. À cela s’ajoute l’effet de fac-
teurs solubles tels que les hormones, les cytokines ou les fac- Précurseur
teurs de croissance qui vont agir selon un mode autocrine ou ostéoclastique
paracrine. Cette différenciation se solde par l’expression de
gènes qui vont constituer des marqueurs du type cellulaire Figure 17.5 Rôle des cellules ostéoblastiques stromales dans la
concerné (Civitelli et al., 2002). différenciation des cellules ostéoclastiques.
391
Le M-CSF est un facteur de croissance hématopoïétique pro- La lignée ostéoblastique contrôle donc la formation et l’acti-
duit également par les fibroblastes, les cellules endothéliales, vité des ostéoclastes par l’intermédiaire d’un certain nombre
les macrophages et les monocytes. Il est impliqué dans la de facteurs de croissance et de cytokines dont la synthèse
croissance, la survie, la prolifération et la différenciation des est sous le contrôle d’hormones circulantes. Les jonctions
cellules hématopoïétiques en régulant positivement l’expres- intercellulaires et cellule/matrice extracellulaire jouent éga-
sion génique de RANK et négativement celle de l’ostéoproté- lement un rôle très important.
gérine (OPG).
L’OPG, également appelée facteur inhibiteur de l’ostéoclas- L’activation du phénomène de résorption fait intervenir
togenèse, est une protéine soluble composée de 380 acides deux processus : l’un impliquant une nouvelle génération
aminés et de structure proche de celle de RANK. Elle est d’ostéoclastes provenant des précurseurs, l’autre activant
encore connue sous le nom d’OCIF (osteoclastogenesis inhi- les ostéoclastes préexistant dans l’os. Les facteurs systé-
bitory factor) (Suda et Takahashi, 2008). Elle est sécrétée miques et locaux agissent sur ces deux mécanismes (Sau-
principalement par les cellules de la lignée ostéoblastique et veur et Mesbah, 2003).
se comporte comme un récepteur « leurre » pour RANK-L.
Elle entre en compétition avec RANK pour se lier à RANK-L et Des études immunohistochimiques ont montré par ailleurs
bloquer l’effet inducteur de ce dernier sur la différenciation que RANK-L, M-CSF et OPG sont exprimés par les odonto-
ostéoclastique (Baron, 2001) (fig. 17.6). Elle est produite par de blastes et les fibroblastes pulpaires (Rani et al., 2000), et que
nombreux tissus et son expression est modulée par diffé- RANK est exprimé par les odontoclastes (Harokopakis-
rentes cytokines, hormones ou médications. Certaines cyto- Hajishengallis, 2007). RANK-L est également exprimé par les
kines, telles que le TNF-alpha (tumor necrosis factor alpha), cellules du ligament alvéolo-dentaire lors de résorptions api-
les interleukines 1-alpha et 18, le TGF-bêta, les BMP et cer- cales externes (Yamaguchi et al., 2006). Ces observations
taines hormones stéroïdiennes, stimulent son expression confirment que l’activité de résorption des odontoclastes est
alors que les glucocorticoïdes, l’hormone parathyroïdienne, également sous la dépendance du système OPG/RANK-L/
la prostaglandine E2 et le bFGF (basic fibroblast growth fac- RANK. Cependant, même si le processus de résorption den-
tor) inhibent son expression (Tyrovola et al., 2008) taire est similaire à celui de l’os, certaines différences peuvent
Les ostéoclastes multinucléés sont ensuite formés par la être notées. Dans des conditions physiologiques normales, l’os
fusion de précurseurs mononucléés RANK+ après contact subit un remaniement constant pour s’adapter aux change-
avec les cellules exprimant RANK-L ; la cadhérine E-cad, pré- ments fonctionnels, ce qui n’est pas le cas, en principe, des
sente au niveau de ces précurseurs mononucléés, semble tissus dentaires. La régulation hormonale de la résorption
importante pour leur fusion (Civitelli et al., 2002). osseuse se fait par l’intermédiaire des ostéoblastes ; la stimula-
En réponse à l’activation par le système RANK/RANK-L, l’os- tion de l’hormone parathyroïdienne engendre une contraction
téoclaste va se lier à la matrice osseuse par le biais de ses des ostéoblastes pour exposer la surface osseuse aux ostéo-
récepteurs de type intégrine et la participation indirecte des clastes mais n’agit pas directement sur les ostéoclastes.
cadhérines. Cette hormone n’exerce aucune influence sur les cémento-
blastes (cela explique pourquoi l’os, et non la dent, est remo-
Précurseur delé pour s’adapter aux changements fonctionnels).
ostéoclastique
Dans des conditions normales, les tissus durs sont donc
RANK
protégés de la résorption par leurs couches de surface de
cellules blastiques. Tant que ces couches cellulaires sont
intactes, la résorption ne peut avoir lieu. La couche cellu-
OPG laire blastique forme donc une barrière protectrice qui
Cellule ostéoblastique
doit être détruite pour déclencher l’activité clastique.
stromale
RANKL M-CSF Au niveau osseux, cette protection est assurée par la couche
ostéoblastique et une couche de tissu non minéralisé, le tissu
OPG
ostéoïde.
Au niveau du ligament alvéolo-dentaire, la racine dentaire est
protégée par la couche cémentoblastique et une fine couche
OPG
de tissu cémentoïde située sous les cémentoblastes. La den-
tine tubulaire est également protégée, d’une part, par la zone
de Hopewell-Smith qui se comporte comme une barrière
Figure 17.6 L’OPG sécrétée par les cellules ostéoblastiques étanche empêchant la diffusion de substances irritantes et,
stromales entre en compétition avec RANK et empêche sa fixa- d’autre part, par le cément qui présente une résistance à la
tion à RANK-L, bloquant ainsi l’effet inducteur de RANK-L sur la résorption plus importante que celle de l’os (fig. 17.7). Cette
différenciation ostéoclastique. différence de résistance à la résorption entre le cément et l’os
392
C - Physiopathologie
des résorptions externes
Figure 17.7 Zone hyaline de Hopewell Smith (h), dentine (d), En cas de blessure ou d’irritation du ligament alvéolo-den-
zone granulaire de Tomes (T) et cément (c). taire, du cément et de la dentine, une cascade d’événe-
ments a lieu afin de nettoyer la zone lésée et de créer des
conditions favorables à une cicatrisation. Ces phénomènes
pourrait s’expliquer par le fait que le cément est un tissu non de cicatrisation font intervenir trois phases principales :
vascularisé ; par conséquent, les cellules progénitrices des - hémostase ;
cellules clastiques présentes au sein des vaisseaux sont situées - inflammation ;
plus à distance que dans l’os qui est richement vascularisé. - prolifération et remodelage.
Au niveau pulpaire, la protection s’effectue par le biais des
cellules odontoblastiques et de la prédentine.
La couche cellulaire blastique forme donc une barrière 1 - Phase d’hémostase
protectrice qui doit être détruite pour déclencher l’activité La phase d’hémostase est caractérisée par une vasoconstric-
clastique. Hormis les facteurs constitutionnels et d’ordre géné- tion, une agrégation et une activation plaquettaire ainsi que
ral, dans certaines conditions cliniques, différentes formes de l’activation de toute une cascade de réactions enzymatiques
dommages mécaniques, traumatiques, physiques, chimiques, (complément, kinine, plasminogène).
infectieux ou encore iatrogènes peuvent affecter ces couches Les plaquettes dans le coagulum jouent un rôle significatif non
blastiques. Tant que ces stimuli sont présents, le phénomène de seulement dans la transformation du fibrinogène en fibrine
résorption se poursuit, la guérison ne pouvant intervenir qu’après mais aussi grâce à leur contenu en facteurs de croissance
traitement incluant la suppression des facteurs irritants. (PDGF – platelet-derived growth factor –, TGF-β) déclenchant
le processus de réparation (Andreasen et al., 2007).
B - Physiopathologie des résorptions 2 - Phase tissulaire
radiculaires internes Une phase inflammatoire succède à l’hémostase. Au cours de
La résorption interne résulte d’une activité dentinoclastique cette phase, de nombreux facteurs de croissance et de
centrifuge. Elle ne peut avoir lieu qu’en présence d’une altéra- médiateurs, intervenant dans les remaniements vasculaires, la
tion de la couche odontoblastique et de la prédentine. Elle migration et la prolifération cellulaire, sont libérés.
peut être transitoire, lorsqu’aucun stimulus n’entretient l’inflam- La phagocytose des débris tissulaires et des agents infectieux
mation, ou progressive. La physiopathologie de la résorption fait intervenir des leucocytes neutrophiles, des macrophages
interne transitoire est similaire à celle d’une résorption externe. mais également des cellules clastiques dont les précurseurs
proviennent de la lignée hématopoïétique monocyte ou
1 - Résorption interne inflammatoire macrophage. Le phénomène de résorption osseuse, cémen-
Lorsqu’une altération de la couche odontoblastique et de la taire et dentinaire fait donc partie intégrante de la phase de
prédentine expose la dentine à l’activité clastique, la des- détersion. Il a lieu en raison de la perte de la couche protec-
truction du tissu minéralisé se poursuit tant que l’inflamma- trice de cémentoblastes et des débris épithéliaux de Mallassez
tion pulpaire est présente. La présence de bactéries au sein le long de la surface radiculaire, entraînée par le traumatisme.
de la pulpe coronaire nécrosée ou de toxines bactériennes Quand ces couches cellulaires disparaissent, l’accès est libéré
diffusant via les tubuli dentinaires entretient les phénomènes pour les ostéoclastes et les macrophages pour éliminer le liga-
inflammatoires. Le phénomène se poursuit tant que le stimu- ment et le cément endommagés à la surface radiculaire.
393
4 - Résorption de surface
Important ! Dans les résorptions inflammatoires radicu-
laires externes, le stimulus bactérien entretenant la résorp-
Note : après une blessure localisée de la couche cémento- tion provient de la pulpe infectée par le biais des tubuli
blastique et en l’absence de stimuli mécaniques ou infec- exposés à la résorption alors qu’en cas de résorption inflam-
tieux entretenant le phénomène de résorption, la réparation matoire cervicale, l’inflammation du tissu parodontal entre-
tissulaire peut avoir lieu dans un laps de temps assez rapide tenant le phénomène de résorption initial est provoquée
(1 semaine environ) après le traumatisme. par des bactéries provenant du sulcus.
394
b - Traitement de la tuberculose
A - Facteurs généraux De nombreuses résorptions radiculaires ont été observées
chez des patients ayant reçu un traitement antituberculeux.
Important ! Des résorptions radiculaires pathologiques ont
Le thorium X en serait responsable (Macres, 1990).
été associées à des désordres généraux, liés à des facteurs
constitutionnels ou non.
c - Infection par le virus de l’herpès zoster
Dans 18 % des cas, cette affection affecte le trijumeau et par
1 - Facteurs généraux constitutionnels conséquent les terminaisons nerveuses pulpaires. Elle peut
a - Influence génétique être à l’origine, 4 à 8 ans plus tard, d’anomalies morpholo-
giques ou d’exfoliations dentaires, de racines courtes et irré-
Des observations cliniques ont montré des cas de résorp-
gulières, d’agénésies, de maladies parodontales, de nécroses
tions dentaires multiples de type héréditaire (Macres, 1990).
pulpaires et de résorptions radiculaires (Macres, 1990 ; Solo-
b - Pathologies endocriniennes mon et al., 1986).
Certaines pathologies qui provoquent des déséquilibres hor-
monaux peuvent être à l’origine de résorptions dentaires. B - Facteurs locaux
L’hypothyroïdie, seule ou associée à un hypofonctionnement
des gonades ou de l’hypophyse, est la maladie endocrinienne 1 - Facteurs locaux des résorptions radiculaires internes
la plus souvent mise en cause. L’hyperparathyroïdie a été Bien qu’il n’y ait pas d’étiologie locale ou générale bien défi-
incriminée de façon occasionnelle (Arens, 1995 ; Macres, 1990). nie, plusieurs causes ont été avancées (De Cort et Lambrecht,
1995 ; Fuss et al., 2003).
c - Maladies systémiques
Certaines maladies ostéoclastiques dont les mécanismes a - Résorptions internes inflammatoires ou progressives
restent mal connus, comme la maladie de Paget, la maladie de
Gauchet, l’hypophosphatémie ou l’hypocalcémie, peuvent Ces résorptions sont associées à une inflammation pul-
être à l’origine de résorptions radiculaires (Delzangles et Mal- paire chronique irréversible et se caractérisent par le rem-
placement des tissus résorbés par un tissu de granulation.
let, 2002 ; Lambrechts et Vanhoorebeeck, 1992 ; Macres, 1990).
395
Les étiologies envisagées sont nombreuses : traumatismes 2 - Facteurs locaux des résorptions radiculaires externes
(luxation, extrusion, fracture radiculaire, expulsion), traite-
ments orthodontiques, infections pulpaires, agents chimiques a - Résorptions radiculaires externes de surface
(endodontiques, parodontaux, éclaircissements), agents ther- Ces résorptions sont essentiellement consécutives à un trau-
miques (meulages, matériaux à prise exothermique…). matisme léger ou modéré. Il peut s’agir de multiples micro-
Diverses causes ont été avancées comme étant à l’origine de traumatismes liés à l’occlusion ou à une parafonction, d’un
la pulpite chronique qui donne lieu à des résorptions radicu- traumatisme accidentel ou iatrogénique (orthodontique,
laires internes. La pulpe est initialement vivante. Les bacté- parodontal, prothétique, endodontique ou anesthésique)
ries (milieu buccal ou poche parodontale) envahissent le (Sauveur et Mesbah, 2003).
tissu pulpaire et entraînent une nécrose pulpaire lorsqu’il y a Ces résorptions de surface sont présentes sur 90 % des dents
une communication endo-parodontale (résorption perfo- (Andreasen, 1985) et sont qualifiées de résorption de transition
rante, canal latéral…). Cela explique le fait que coronairement (Tronstad, 1993). On les retrouverait aussi dans 60 % des cas de
à la résorption, on trouve habituellement un tissu pulpaire fracture radiculaire où elles se caractérisent par un adoucisse-
nécrosé alors qu’apicalement, la pulpe est vivante (Beer et al., ment des angles du plan de fracture (Tronstad, 1988).
2008).
La carie peut être à l’origine d’une pulpite et d’une infection b - Résorptions radiculaires externes de remplacement
de la pulpe. Elle n’est pas systématiquement mise en cause et ankylose
dans l’apparition d’une résorption interne mais le processus Les résorptions externes de remplacement sont également
de résorption semble associé à une pulpe enflammée et à la appelées résorptions de substitution ou résorptions-ossifica-
présence de bactéries. Le facteur causal semble bien être tions.
l’inflammation pulpaire chronique irréversible (Levin et
Trope, 2002). C’est un processus d’origine parodontale durant lequel la
Les lésions traumatiques (luxation, extrusion, expulsion, racine se résorbe progressivement pour être remplacée
fracture) sont souvent associées à l’apparition de résorp- par de l’os.
tions radiculaires internes et on les retrouve dans 2 % des
cas après luxation (Tronstad, 1993). Les occlusions trauma-
tiques, le bruxisme, les maladies parodontales et les traite- Au niveau de l’interface, le tissu conjonctif présent (le liga-
ments orthodontiques sont aussi évoqués comme facteurs ment) renferme des cellules inflammatoires et ostéoclas-
de déclenchement (Brezniak et Wasserstein, 2002 ; Brady et tiques qui résorbent la dent et l’os (Tronstad, 1988).
Lewis, 1984). Ces résorptions sont la conséquence d’un traumatisme qui a
Les irritations iatrogènes thermiques ou chimiques sont incri- lésé partiellement le ligament. En fonction de la sévérité de
minées. Les préparations périphériques ou cavitaires trauma- la luxation, l’évolution va se faire vers une forme transitoire si
tiques ainsi que les irritations cumulées dues aux restaurations moins de 20 % de la surface radiculaire est détruite ou vers
peuvent être à l’origine de résorptions internes. Il peut en une forme progressive si la destruction est supérieure à 20 %
être de même en cas d’absence d’étanchéité des matériaux (Sauveur et Mesbah, 2003).
de restauration, lors de coiffages pulpaires avec de l’hy-
droxyde de calcium, à la suite de l’utilisation pour les pulpo- L’ankylose entraîne la fusion de la dent à l’os sans interposi-
tomies de produits à base de glutaraldéhyde, de formol, tion de tissu conjonctif, il y a une absence totale de ligament.
d’eugénol ou lors de certaines techniques d’éclaircissement
(De Cort et Lambrecht, 1995).
Ce type de lésion est en rapport avec une lésion traumatique
b - Résorptions internes de remplacement sévère, qui a provoqué l’arrachement de fibres ligamentaires
et de plages cémentaires. Il est consécutif à une nécrose du
Ces résorptions se produisent lorsque les zones odonto- ligament après une réimplantation tardive ou réalisée dans
blastiques et la prédentine sont lésées par des causes de mauvaises conditions (conservation au sec pendant plus
traumatiques, thermiques, accidentelles ou liées à des de 60 minutes).
techniques opératoires iatrogènes, mais elles sont généra-
lement consécutives à de faibles irritations pulpaires et c - Résorptions inflammatoires externes
font souvent suite à une pulpite chronique ou à une
nécrose partielle (De Cort et Lambrecht, 1995 ; Delzangles Important ! Les résorptions inflammatoires radiculaires
et Mallet, 2002). externes sont les plus fréquentes et leurs causes sont
variées (Trope, 2000). Elles peuvent être induites par des
causes mécaniques et, notamment, par une pression trop
Lors des phases de réparation, les cellules vitales adjacentes importante exercée lors d’une tentative d’éruption de dent
incluse (localisation latéro-radiculaire) ou lors d’un traite-
élaborent un tissu dur, ressemblant à de l’os et du cément, qui ment orthodontique (localisation apicale).
se dépose au sein des cavités de résorption.
396
397
a a
b b
Figure 17.8 a, b. Les résorptions inflammatoires internes se carac- Figure 17.9 a, b. La résorption inflammatoire interne peut être
térisent par une image radio-claire, régulière, ronde ou ovalaire, coronaire. Elle est caractérisée par une coloration rose de la
centrée sur le canal, située le plus souvent dans le tiers moyen de couronne due à la présence d’un tissu de granulation néovascu-
la racine et au niveau des incisives mandibulaires (a) ou maxillaires larisé sous-jacent visible par transparence à travers la dent (pink
(b). Elles sont plus visibles sur les radiographies postopératoires spot). Elle peut s’extérioriser (a) et évoluer de façon concomi-
grâce à la présence du matériau d’obturation radio-opaque (b). tante à une résorption de remplacement (b).
398
a b
Figure 17.10 a, b. Le diagnostic différentiel entre la résorption inflammatoire interne et externe peut se faire, entre autres, sur une
radiographie rétroalvéolaire. Dans le cas d’une résorption inflammatoire interne, le canal est en continuité avec le défaut quelle que
soit l’incidence, orthogonale (a) ou oblique (b).
En cas de perforation, cette dernière est généralement non forme de petites excavations mais sont quasiment invisibles
visible sur la radiographie rétroalvéolaire préopératoire sauf sur les radiographies. Le ligament est sain et se prolonge le
dans des cas très avancés. On peut cependant retrouver des long des lacunes qui peuvent parfois être plus facilement
signes radiographiques d’une inflammation apicale et/ou latéro- décelées avec une incidence radiographique appropriée.
radiculaire (Levin et Trope, 2002). La communication endo-paro-
dontale est souvent visualisée sur la radiographie postopératoire. 2 - Résorptions de remplacement et ankylose
Cliniquement, ces résorptions sont asymptomatiques mais
Important ! L’utilisation d’un scanner ou d’un appareil de les tests de mobilité et de percussion sont révélateurs. En cas
tomographie volumétrique à faisceau conique (TVFC ou de résorption de remplacement transitoire, le son est normal
CBCT) (cone beam CT) permet d’affiner le diagnostic en à la percussion. En cas d’ankylose, la dent est fréquemment
visualisant avec précision l’ensemble des dommages. en sous-occlusion, le son est clair et métallique à la percus-
sion et la mobilité diminue progressivement.
Sur le plan radiographique, l’ankylose est difficile à mettre
b - Résorptions internes de remplacement
en évidence. Elle ne peut pas être diagnostiquée avant
Ces résorptions sont caractérisées par un élargissement du 6 mois d’évolution et sa vitesse d’apparition correspond à
canal avec une cavité pulpaire asymétrique et irrégulière. La celle du remodelage osseux, qui est plus rapide chez les
zone de résorption semble remplacée par un tissu radio- sujets jeunes que chez les adultes. Elle se caractérise par
opaque non homogène, moins dense que la dentine et qui une disparition lente de l’espace ligamentaire et un rempla-
s’apparente à un tissu osseux. cement progressif et irrégulier du cément et de la dentine
par de l’os.
B - Résorptions radiculaires externes
1 - Résorptions de surface Le maintien du capital osseux, après la chute de la dent,
Les résorptions de surface sont asymptomatiques et les tests permet la pose d’un implant dans de bonnes conditions
(fig. 17.11).
de vitalité pulpaire sont positifs. Elles se présentent sous la
399
3 - Résorptions inflammatoires b
a - Résorptions inflammatoires radiculaires externes Figure 17.12 a, b. Les résorptions inflammatoires externes, visibles
Fréquemment, ces résorptions sont cliniquement asympto- notamment en regard des flèches sur 11 et 21, sont caractérisées
par des radio-clartés, présentes sous forme d’excavations, plus ou
matiques. Mais en cas d’évolution, on relève parfois des dou-
moins régulières et profondes, dans le cément, la dentine et l’os
leurs d’origine pulpaire, spontanées, continues, diffuses et alvéolaire (a). Sans traitement elles aboutissent, comme le montre
lancinantes. La dent peut aussi devenir mobile et sensible à la un autre cas clinique sur la dent 11, à une communication endo-
palpation et à la percussion. parodontale avec une importante lésion osseuse latéroradicu-
Radiologiquement, les résorptions inflammatoires radicu- laire (b).
laires externes se manifestent par des radio-clartés présentes
sous la forme d’excavations irrégulières dans le cément, la traitement, la progression de cette résorption en direction
dentine et l’os alvéolaire en regard. Le canal reste longtemps pulpaire peut créer une communication endo-parodontale
régulier et ne présente pas de modification. En l’absence de (Vinckier et al., 1998) (fig. 17.12).
400
1 - Hydroxyde de calcium
L’hydroxyde de calcium est utilisé dans le traitement des
résorptions en raison de ses nombreuses propriétés. Il est
bactéricide, dégrade les tissus nécrosés et dénature les pro-
téines. Il favorise la réparation car il neutralise l’action des
produits acides, inhibe l’action des hydrolases ostéoclas-
tiques et stimule secondairement la prolifération cellulaire
(Guigand et al., 1999). Il déclenche aussi la minéralisation en
agissant sur l’ATPase, la phosphatase alcaline et la pyrophos-
phatase qui sont des activateurs de la minéralisation (Fore-
man et Barnes, 1990).
2 - MTA
Le MTA (mineral trioxide aggregate) permet une bonne étan-
chéité, une excellente adaptation marginale et n’est pas per-
turbé par l’humidité. Il est biocompatible, non toxique,
tolérant vis-à-vis des tissus parodontaux, permet une apposi-
tion cémentaire et osseuse ainsi que la formation d’un liga-
Figure 17.13 La résorption inflammatoire cervicale externe
débute en dessous de l’attache épithéliale. Elle est consécutive
ment alvéolo-dentaire (Koh et al., 1998 ; Zhu et al., 2000).
à une lésion ligamentaire post-traumatique associée à une com- Le temps de prise varie selon les spécialités commerciales, de
munication avec le milieu buccal septique qui entretient une 20 minutes à 3 à 4 heures, en milieu humide. L’obturation cana-
infection à ce niveau. laire définitive est donc réalisée dans une séance ultérieure.
401
402
a b
a, b. La 36 présente une résorption inflammatoire interne non perforante (tiers supérieur de la racine mésiale) et une
résorption apicale externe (racine distale) à la suite d’une nécrose pulpaire (a). Un traitement endodontique classique, avec une irri-
gation abondante et une éventuelle obturation transitoire avec de l’hydroxyde de calcium, stoppe le processus de résorption
inflammatoire interne (b). En l’absence de traitement, la pathologie évolue souvent vers une perforation radiculaire avec ou sans
autre pathologie associée.
En cas de lésion supra-osseuse, après nettoyage mécanique Après nettoyage et mise en forme du système canalaire et de
et physico-chimique soigneux de la lésion, la perforation est la cavité de résorption, selon le site et l’importance du dom-
obturée par voie chirurgicale avec un matériau d’obturation mage, le MTA ou la Biodentine® sont condensés au niveau de
plus ou moins esthétique (verre ionomère, composite ou Bio- la perforation par voie endodontique ou chirurgicale.
dentine®) avant d’envisager l’obturation du canal. Les résultats obtenus, bien que parfois aléatoires, semblent
Si la lésion est en position sous-crestale, la technique de sti- globalement satisfaisants (Germain, 1999) même dans les cas
mulation canalaire à l’hydroxyde de calcium peut être une de perforations anciennes (Arens et Torabinejad, 1996) ; il faut
solution séduisante car elle évite l’approche chirurgicale sou- cependant noter qu’en présence d’une inflammation trop
vent plus délabrante. Elle permet d’obtenir une fermeture de importante, la réaction de prise du MTA est impossible. Un
la perforation par néoformation cémentaire à partir du liga- passage préalable à l’hydroxyde de calcium est alors conseillé
ment alvéolo-dentaire mais elle est longue et prend environ car il stoppe le phénomène de résorption et favorise un
1 année avec plusieurs renouvellements du matériau. Par ail- dépôt de tissu dur sur le site de la perforation.
leurs, elle n’est possible que si l’extériorisation est de petite
taille et surtout confinée au sein des structures osseuses 2 - Résorptions radiculaires externes
(Webber, 1983). a - Résorptions radiculaires de surface
C’est pourquoi, en présence de résorptions perforantes, Les résorptions radiculaires externes de surface sont les
grâce à leurs propriétés physiques et biologiques, le MTA et seules formes de résorption dont l’évolution s’arrête naturel-
la Biodentine® trouvent leur indication. Malgré une mise en lement si le stimulus est stoppé. Elles guérissent spontané-
place plus ou moins délicate, ces matériaux permettent de ment en 14 jours par apposition cémentaire initiée par les
fermer rapidement, hermétiquement et biologiquement la zones intactes du ligament alvéolo-dentaire qui bordent la
communication endo-parodontale. Ils autorisent ensuite lésion. Un néocément comble alors les lacunes de résorption
l’obturation définitive du système canalaire, évitant ainsi la (Hammarström et Lindskog, 1992).
prolifération bactérienne et la réaction inflammatoire qui
entretiennent les lésions endo-parodontales. Les aides b - Résorptions de remplacement et ankylose
optiques (loupe ou microscope opératoire) apportent une
aide incontestable dans le traitement de ces pathologies. Hormis le traitement préventif (Flores et al., 2007a et
Si la communication est récente, de petite taille et bien 2007b ; Panzarini et al., 2008 ; Sauveur et Mesbah, 2003 ;
Tsukiboshi, 2002), il n’y a aucun traitement spécifique des
située, l’approche endodontique est préférée à l’abord chirur-
résorptions de remplacement et de l’ankylose. Ce proces-
gical estimé plus délabrant. Si la zone de la perforation est sus aboutit à la destruction plus ou moins rapide de la
étendue et qu’elle ne peut être atteinte par voie canalaire, racine et à son remplacement par de l’os (Fuss et al., 2003 ;
l’abord chirurgical trouve son indication (Arens, 1998). Wesselink, 2004 ; Trope, 2000) (fig. 17.16).
403
Une thérapeutique à l’hydroxyde de calcium permet cepen- culaire, entraînant un arrêt de la croissance de l’os alvéolaire
dant de ralentir le phénomène et d’éviter une résorption à ce niveau (fig. 17.17).
inflammatoire surajoutée. Face aux problèmes esthétiques, orthodontiques et prothé-
Suite à une réimplantation tardive chez un enfant très jeune, tiques qui s’ensuivent, les techniques de décoronation
la dent fortement immature peut s’ankyloser prématurément peuvent être une solution. Elles consistent à réaliser un lam-
et être à l’origine d’une infra-position secondaire plus ou beau de pleine épaisseur en vestibulaire, à couper la racine à
moins sévère selon l’état d’évolution et de maturation radi- environ 1 mm sous le rebord alvéolaire, à nettoyer soigneuse-
a b
c d
a, b, c, d. La résorption de remplacement de 11 et 21, consécutive à une réimplantation tardive (a), se caractérise par une
disparition lente de l’espace ligamentaire et un remplacement progressif et irrégulier du cément et de la dentine par de l’os (b). Il n’y
a aucun traitement spécifique mais le maintien du capital osseux grâce à la réimplantation (c) permet, à la chute de la dent 14 ans
après la réimplantation, la pose d’un implant dans de bonnes conditions (d).
404
a c
b d
Figure 17.15 a, b, c, d. Réimplantation tardive de 11 immature chez un enfant très jeune (a, b). Le contrôle à 4 ans montre un préjudice
esthétique et fonctionnel lié à une infraposition consécutive à une ankylose et une résorption de remplacement radiculaire (c, d).
ment le canal qui se remplit du sang environnant afin de per- c - Résorptions inflammatoires externes
mettre une formation osseuse secondaire sur les parois
canalaires, puis à suturer le lambeau après pose éventuelle 1 - Résorptions inflammatoires radiculaires
d’un substitut osseux et d’une membrane (Filippi et al., 2001 ; Si l’étiologie est mécanique, la suppression de la cause stop-
Cohenca et Stabholz, 2007 ; Sapir et Shapira, 2008 ; Sapir pera les effets délétères. Ainsi, en cas de résorption apicale
et al., 2009). d’origine orthodontique, l’arrêt du traitement permettra la
Le but de cette technique est de préserver l’os alvéolaire en stabilisation du processus inflammatoire (Abuabara, 2007 ;
vue de la restauration prothétique. Elle est réalisée idéale- Hamilton et Gutmann, 1999 ; Segal et al., 2004).
ment 2 à 3 ans avant la pose d’un implant afin de permettre Si l’étiologie est liée à une infection endodontique, un traite-
un total remodelage de la racine enfouie. ment canalaire doit rapidement être mis en œuvre avant
l’apparition d’une perforation radiculaire.
Dans le cas d’une dent mature ou immature, réimplantée
après un temps extra-oral supérieur à 1 heure et sans milieu Une thérapeutique à l’hydroxyde de calcium peut être
de conservation adapté, l’immersion durant 20 minutes mise en place durant 1 à 2 semaines pour les résorptions
dans une solution de fluorure de sodium à 2,5 % et pH 5,5 d’origine endodontique ou durant 6 à 12 mois en cas de
augmente la résistance de la dent face aux phénomènes résorptions traumatiques qui associent des altérations
de résorption (Naulin-Ifi, 2005). cémentaires et ligamentaires.
405
Les stimulations successives à l’hydroxyde de calcium per- La calcitonine, hormone qui inhibe l’activité ostéoclastique,
mettent de stabiliser les résorptions inflammatoires externes. pourrait par application se substituer à l’hydroxyde de cal-
Lorsque l’espace desmodontal est radiologiquement rétabli, cium (Wiebkin et al., 1996). Il semblerait que la propolis, qui
l’obturation canalaire définitive est alors envisagée (Andrea- inhibe les stades tardifs de maturation des ostéoclastes,
sen et al., 2007 ; Barnett, 2002 ; Delzangles et Mallet, 2002 ; pourrait être utilisée pour réduire les résorptions associées
Fuss et al., 2003 ; Tsukiboshi, 2002 ; Wesselink, 2004) (fig. 17.18). aux atteintes traumatiques.
a b
c d
Figure 17.16 a, b, c, d. Luxation de 11 (a). La nécrose pulpaire complique l’altération parodontale consécutive au choc et intensifie le
processus de résorption inflammatoire externe visible, en regard des flèches, au huitième jour post-traumatique (b). L’étiologie
endodontique nécessite la mise en œuvre rapide d’un traitement canalaire, avec stimulations à l’hydroxyde de calcium durant 6 à 12
mois (b), pour stopper les phénomènes inflammatoires, avant l’obturation à la gutta condensée. Les contrôles à 2 ans, clinique (c) et
radiographique (d), sont satisfaisants.
406
a b
a, b. La radiographie préopératoire visualise, sur 11, une résorption inflammatoire cervicale externe radiculaire et interne
coronaire. La résorption cervicale est invasive et extra-canalaire. La destruction dentinaire, périphérique et anarchique, entoure le
canal (a). Le traitement chirurgical est associé à un traitement endodontique (b).
407
Bibliographie
Abuabara A. Biomechanical aspects of external root resorption Cholia SS, Wilson PH, Makdissi J. Multiple idiopathic external
in orthodontic therapy. Med Oral Pathol Oral Cir Buccal 2007 ; root resorption : report of four cases. Dentomaxillofac Radiol
1 ; 12 : E610-E613. 2005 ; 34 : 240-246.
Andreasen JO. External root resorption : its implication in dental Civitelli R, Lecanda F, Jorgensen NR, Steinberg T. Intercellular
traumatology, pedodontics, periodontics, orthodontics and junctions and cell-cell communication in bone. In : Bilezikian J,
endodontics. Int Endod J 1985 ; 18 : 109-118. Raisz LG, Rodean GA (eds). Principles of bone biology. Londres :
Academic Press, 2002 : 289-292.
Andreasen JO, Andreasen FM, Andersson L. Textbook and color
atlas of traumatic injuries to the teeth. Saint-Louis : Blackwell Claisse-Crinquette A, Bonnet E, Claisse D. Blanchiment des dents
Munsgaard Ldt, 2007. pulpées et dépulpées. Encycl Med Chir (Elsevier SAS, Paris),
Odontologie 2000 ; 23150-A-10 : 10 p.
Arens DE. An alterative treatement for the severely resorped
maxillary lateral incisor : a sequela of ectopic eruption. J Endod Cohenca N, Stabholz A. Decoronation – A conservative method
1995 ; 21 : 95-100. to treat ankylosed teeth for preservation of alveolar ridge to
prosthetic reconstruction : literature review and case presenta-
Arens DE. Practical lessons in endodontic surgery. Hanover Park : tion. Dent Traumatol 2007 ; 23 : 87-94.
Quintessence Publishing, 1998.
Colon P, Golberg M. Biodentine : vers une dentisterie synthé-
Arens DE, Torabinejad M. Repair of furcal perforations with tique en capsule ? Le Cercle Dentaire 2010 ; 42 : 2-12.
mineral trioxide aggregate. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Dahl JE, Pallensen U. Tooth bleaching. A critical review of the
Radiol Endod 1996 ; 82, 1 : 84-88. biological aspects. Crit Rev Oral Biol Med 2003 ; 4 : 292-304.
Attin T, Paqué F, Ajam F, Lennon AM. Review of the current sta- De Cort S, Lambrechts P. Les résorptions radiculaires internes.
tus of tooth whitening with the walking bleach tecnique. Int Real Clin 1995 ; 6 : 227-237.
Endod J 2003 ; 36 : 313-329.
Dejou J, Colombani J, About I. Physical, chemical and mechanical
Balto K, White R, Mueller R, Stashenko P. A mouse model of behaviour of a new material for direct posterior fillings. Europ
inflammatory root resorption induced by pulpal infection. Oral Cells Mater 2005 ; 10 : 22.
Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; 93 : 461-468.
Delzangles B, Mallet JP. Les résorptions radiculaires. Real Clin
Barnett F. The role of endodontics in the treatment of luxated 2002 ; 13 : 227-237.
permanent teeth. Dent Traumatol 2002 ; 18 : 47-56.
Filippi A, Pohl Y, von Arx T. Decoronation of an ankylosed tooth
Baron R. L’ostéoclaste et les mécanismes moléculaires de la for preservation of alvealor bone prior to implant placement.
résorption osseuse. Med Sci 2001 ; 17 : 1260-1269. Dent Traumatol 2001 ; 17 : 93-95.
Beer R, Baumann MA, Kielbassa AM. Anatomie et pathologie Flores MT, Andersson L, Andreaen JO, Bakland LK, Malmgren B,
affectant l’endodonte. In : Atlas de poche d’endodontie. Paris : Barnett F et al. Guidelines for the management of traumatic
Flammarion Médecine-Sciences, 2008. dental injuries. I. Fractures and luxations of permanent teeth.
Dent Traumatol 2007a ; 23 : 66-71.
Bergmans L, Van Cleynenbreugel J, Verbeken E, Wevers M, Van
Meerbeek B, Lambrechts P. Cervical externe root resorption in Flores MT, Andersson L, Andreaen JO, Bakland LK, Malmgren B,
vital teeth. X-ray microfocus-tomographical and histopathologi- Barnett F et al. Guidelines for the management of traumatic
cal case study. J Clin Periodontol 2002 ; 29 : 580-585. dental injuries. II. Avulsion of permanent teeth. Dent Traumatol
2007b ; 23 : 130-136.
Bosshardt DD, Selvig KA. Dental cementum : the dynamic tissue
covering of the root. Peridontol 2000 1997 ; 13 : 41-75. Foreman PC, Barnes IE. A review of calcium hydroxide. Int Endo J
1990 ; 23 : 283-297.
Boyce BF, Xing L. Functions of RANKL/RANK/OPG in bone
Frank AL. Resorptions, perforations and fractures. Dent Clin
modeling and remodeling. Arch Biochem Biophys 2008 ; 473 :
North Am 1974 ; 18 : 465-487.
139-146.
Franck AL, Bakland L. Non endodontic therapy for supraossious
Brady J, Lewis DH. Internal resorption complicating orthodontic extracanal invavise resorption. J Endod 1987 ; 13 : 348-355.
tooth movement. Br J Orthodont 1984 ; 11 : 155-157.
Franck AL, Torabinejad M. Diagnosis and treatement of external
Brezniak N, Wasserstein A. Root resorption after orthodontic invasive resorption. J Endod 1998 ; 24 : 500-504.
treatment. Part II. Literature review. Am J Orthod Dentofacial
Orthop 1993, 103 : 138-146. Fuss Z, Tsesis I, Lin S. Root resorption : diagnostic, classification
and treatment choices based on stimulation factors. Dent
Brezniak N, Wasserstein A. Orthodontically induced inflamma- Traumatol 2003 ; 19 : 175-182.
tory root resorption. Part II. The clinical aspects. Angle Orthod
2002 ; 72 : 180-184. George G, Darbar U, Thomas G. Inflammatory external root
resorption following surgical treatment intra-bony defects : a
Chappard D, Legrand E, Massin P, Basle MF, Audran M. report of two cases involving Emdogain and a review of the lite-
Pathophysiologie des métastases osseuses. Progrès en urologie rature. J Clin Periodontol 2006 ; 33 : 449-454.
2003 ; 13 : 9-17.
Germain LP. Mineral trioxide aggregate : a new material for the
Charon J. Parodontie médicale. Rueil-Malmaison : CdP, 2009. new millennium. Dent Today 1999 ; 18 : 66-71.
408
409
Trope M. Luxation injuries and external root resorption : etio- Wesselink R. Tooth resorption. In : Stock C, Gulabivala K, Walker
logy, treatement and prognosis. J Calif Dent Assoc 2000 ; 28 : RT (eds). Endodontics. Philadelphie : Elsevier/Mosby, 2004 : 261-
860-866. 268.
Trope M, Blanco L, Chivian N, Sigurdsson A. The role of endo- Wiebkin OW, Cardaci SZC, Heithersay GS, Pierce AM. Therapeutic
dontics after dental traumatic injuries. In : Cohen S, Henneth M, delivery of calcitonin to inhibit external inflammatory root
Hargreaves KM. Pathways of the pulp. Saint-Louis ; Mosby/ resorption. II. Influence of calcitonin binding to root mineral.
Elsevier, 2006 : 610-649. Endod Dent Traumatol 1996 ; 12 : 272-276.
Tsukiboshi M, Shcmelzeisen R, Hellwig E. Traitement des trauma- Wilson PH, Makdissi J. Multiple idiopathic external root resorption :
tismes dentaires. Paris : Quintessence International, 2002. report of four cases. Dentomaxillofac Radiol 2005 ; 34 : 240-246.
Tyrovola JB, Spyropoulos MN, Makou M, Perrea D. Root resorp- Yamaguchi M, Aihara N, Kojima T, Kasai K. RANKL increase in
tion and the OPG/RANKL/RANK system : a mini-review. J Oral compressed periodontal ligament cells from root resorption.
Sci 2008 ; 50 : 367-376. J Dent Res 2006 ; 85 : 751-756.
Vinckier F, Declerk D, Verhaeghe V, Vanassche K. Traumatismes Yavropoulou MP, Yovos JG. Osteoclastogenesis. Current knowle-
des dents permanentes, lésions parodontales. Rev Belge Med dge and future perspectives. J Musculoskelet Neuronal Interact
Dent 1998 ; 53 : 105-151. 2008 ; 8 : 204-216.
Webber RT. Traumatic injuries and the expanded endodontic Zhu Q, Kamran RH, Safavi E, Spangberg LSW. Adhesion of human
role of calcium hydroxide. In : Gerstein H (ed). Techniques in cli- osteoblasts on root-end filling materials. J Endod 2000 ; 26 :
nical endodontics. Philadelphie : W.B. Saunders, 1983. 404-406.
410
411
L’artère alvéolo-antrale, branche importante de l’artère alvéo- région du méat moyen ce qui, là encore, favorise l’extension
laire postéro-supérieure, chemine dans cette paroi. Son pla- des infections mais aussi de l’inflammation d’un sinus aux
fond orbitaire est une muqueuse fine, en rapport avec la lame autres en cas de pathologie.
osseuse papyracée du plancher orbitaire. Les prolongements Le drainage des sinus maxillaires est assuré grâce à la fonc-
inférieurs s’étendent dans la partie inférieure, vers les dents. tion muco-ciliaire de la muqueuse sinusienne, histologique-
ment identique à celle de la muqueuse nasale.
Le flux muco-ciliaire part du fond du plancher et remonte vers
l’ostium. Du côté nasal, l’air inspiré véhicule les particules, les
II - Importance du complexe irritants, les micro-organismes et les allergènes contre la
ostio-méatal muqueuse respiratoire et la couche de mucus qui la recouvre.
Dans cette hypothèse, la déviation septale agit soit directe- A - Sinusites aiguës
ment par l’obturation du méat moyen, soit de façon indirecte Dans les sinusites aiguës de l’adulte, la flore bactérienne est
par refoulement du cornet moyen et fermeture du méat. composée de Pneumococcus, d’Haemophilus influenzae, de
Streptococcus (Streptococcus pyogenes, Streptococcus inter-
2 - Hypothèse aérodynamique medius et Streptococcus alfa-haemolyticus) et de bactéries
L’autre hypothèse est aérodynamique (Danese et al., 1997) : la anaérobies strictes (Bilaniuk et Zimmerman, 1982 ; Brook,
modification du flux aérien nasal conduirait à une sécheresse 1989 ; Brook et al. 1996).
muqueuse, à une perturbation de l’activité ciliaire et, donc, à Ces bactéries anaérobies strictes (Prevotella, Fusobacterium
la disparition des fonctions de protection de cette muqueuse. et Peptostreptococcus) sont retrouvées dans les sinusites
Cela provoque donc un état inflammatoire local. aiguës d’origine dentaire (de 10 à 15 % des sinusites aiguës).
412
413
1 2
Figures 18.1 et 18.2 Mise en évidence du drainage via l’ostium en coupes coronales après guérison de la sinusite d’origine dentaire.
3 4
5 6
Figures 18.5 et 18.6 Coupes coronales postérieures : l’inflammation étendue aux cornets a guéri complètement.
414
A - Reconstructions coronales
Important ! Les reconstructions coronales sont indispen-
sables en cas de suspicion de pathologie sinusienne. Elles
permettent de visualiser précisément l’épaississement de la
muqueuse sinusienne et de contrôler l’aération du sinus
maxillaire, via l’ostium.
8
B - Coupes axiales
Les coupes axiales sont utilisées pour affiner le diagnostic.
Elles permettent de se représenter l’anatomie dentaire « vue
d’avion », d’analyser ses particularités et éventuelles compli-
cations, qui sont nombreuses, et, ainsi, de les anticiper.
9
Les deuxièmes canaux mésio-vestibulaires (MV2), les isthmes,
Figures 18.7 à 18.9 Dents 26 et 27 nécrosées par possibles com- les canaux et racines surnuméraires apparaissent ainsi claire-
pression et contamination de la sinusite chronique massive. Les ment et justifient l’intérêt d’un travail minutieux en endo-
traitements endodontiques sont réalisés. dontie (Roisin-Chausson et Cochet, 2001).
415
10 11
Figures 18.10 et 18.11 Important dépassement de pâte au niveau de la racine palatine. Le scanner permet de voir la situation spatiale
du dépassement qui est proche de la corticale palatine.
13
416
14
16 17
417
19 20
la racine palatine et pratiquer ainsi une chirurgie dite transsi- L’aspergillose est une mycose des voies aériennes supérieures
nusienne. Dans ce cas, l’accès à la racine palatine se fait après par contamination à Aspergillus fumigatus fréquemment en
avoir traversé le sinus. relation avec une infection dentaire, même si ce n’est pas la
Endommager un sinus sain pour intervenir sur une racine seule étiologie. Elle présente le tableau clinique d’une sinu-
palatine devrait contre-indiquer cette voie d’abord. site maxillaire purulente, chronique et unilatérale. Générale-
ment, elle est associée à des épisodes douloureux avec des
B - Problème des dépassements signes d’épistaxis. Radiographiquement, on note une opacité
de la cavité antrale, associée ou non à des microcalcifica-
de pâte d’obturation tions.
Il s’agit là d’une véritable complication d’un traitement endo- Les aspergilloses sont très souvent d’origine dentaire et sont
dontique mal conduit au cours duquel la pâte d’obturation particulièrement marquées chez les patients immunodépri-
endodontique a été projetée dans le sinus maxillaire. més (Saeed et Brookes, 1995) (fig. 18.22 à 18.28).
418
22 23
19
25 26
27 28
Figures 18.25 à 18.28 Élimination de la greffe aspergillaire, sous anesthésie générale (Dr Jean-François Andréani). La voie d’abord est
visible sur le scanner. L’aération du sinus est restaurée. Les dents 26 et 27, nécrosées consécutivement à la pathologie sinusienne, ont
été traitées endodontiquement.
419
Ces greffes aspergillaires sont également appelées mycé- Dans ce type d’intervention, la voie d’abord doit être suffisam-
tomes (Beck-Managetta et Necek, 1983 ; Fligny et al., 1991 ; ment haute pour permettre, à la fois, d’intervenir sur les zones
Zinreich et al., 1988). La présence de pâte dentaire en excès apicales et d’atteindre les corps étrangers intrasinusiens.
dans le sinus ne suffit pas à expliquer à elle seule l’origine et Afin d’éviter une destruction osseuse trop importante, la tech-
le développement de ces mycétomes. Il pourrait donc s’agir nique du volet osseux est particulièrement intéressante. Les
de la conjonction de plusieurs facteurs : inserts ultrasonores récemment mis au point permettent de
- une diminution du flux d’air au niveau des fosses nasales par réaliser une découpe osseuse propre et non mutilante, et de
la présence de modifications anatomiques telles qu’une repositionner le volet en fin d’intervention sans grande béance.
concha bullosa (formation bulleuse des cornets) ; La chirurgie piézoélectrique facilite effectivement ce type
- la perte de perméabilité de l’ostium à cause d’un excès de d’intervention. Elle combine les ultrasons et l’action d’ostéo-
mucus inflammatoire ; tomes contrôlés électroniquement par un même générateur.
- le comportement de la pâte en tant que corps étranger La visibilité est améliorée par une irrigation en nappe, activée
dans le sinus. par la synergie ultrasonore (Poblete-Michel et Michel, 2008).
La présence de corticoïdes dans certaines pâtes d’obturation Le volet est déposé et conservé dans du sérum physiolo-
peut entraîner le développement de mycoses. Cette hypothèse gique le temps du geste intrasinusien.
personnelle ne s’appuie pour l’instant sur aucune recherche Il est alors possible d’intervenir au niveau des racines pour les
médicale. réséquer, les préparer et les obturer a retro quand cela s’avère
nécessaire (fig. 18.29 à 18.31).
Important ! La stratégie opératoire pour procéder à l’élimi- Pendant ce temps opératoire, le sinus pourra être protégé par
nation de ces excès de pâte reste un problème entier. Préa- des membranes collagéniques ou des compresses chirurgi-
lablement à toute intervention intrasinusienne, les cales retirées après traitement de la racine.
problèmes d’origine endodontique doivent être résolus et Dans le temps opératoire suivant, la pâte, les tissus poly-
l’endodontie conventionnelle reste le choix de première poïdes et les épaississements chroniques de la membrane
intention à privilégier. La chirurgie de complément sera pla- sinusienne sont éliminés. La cavité sinusienne est finalement
nifiée dans un second temps opératoire, conjointement à
l’accès intrasinusien. rincée abondamment et le volet osseux est repositionné
(Cochet, 2010) (fig. 18.32 à 18.35).
29 30
420
À venir
32 33
Figures 18.32 et 18.33 Les inserts piézoélectriques Satelec® sont utilisés pour réaliser un volet osseux large, pour englober les deux
destructions osseuses. Le volet est délicatement décollé et gardé dans du sérum physiologique.
34 35
Figures 18.34 et 18.35 La pâte est extraite délicatement, puis les tissus inflammatoires chroniques sont éliminés. Le volet sera repo-
sitionné pour augmenter la régénération osseuse.
Des contrôles radiographiques et scannographiques réalisés Les traitements endodontiques inadéquats sont donc des
6 mois après l’opération permettront de contrôler la guéri- sources intarissables de contamination intrasinusienne, les
son de la pathologie sinusienne, la résolution du problème dents agissant comme un système de perfusion des bactéries
dentaire et l’aération du sinus maxillaire, garante du maintien vers la sphère antrale.
d’une bonne santé sinusienne à long terme. Toute intervention chirurgicale visant à drainer un sinus en
présence de dents infectées est vouée à l’échec.
421
Bibliographie
Abrahams JJ, Glassberg RM. Dental diseases, a frequently unre- Legert KG, Zimmerman M, Stierna P. Sinusitis of odontogenic ori-
cognized cause of maxillary sinus abnormalities ? Am J Roentenol gin : pathophysiological implications of early treatment. Acta
1996 ; 166 : 1219-1223. Otolaryngol 2004 ; 124 : 655-663.
Bauer WH. Maxillary sinusitis of dental origin, Am J Orthod Oral Lopatin A, Sysolyatin S, Sysolatyn P, Melnikov MM. Chronic
Surg 1943 ; 29 : 133-151. maxillary sinusitis of dental origin : is the external approach
Beck-Managetta J, Necek D. Solitary aspergillosis of maxillary mandatory ? The laryngoscope 2002 ; 112 : 1056-1059.
sinus, a complication of dental treatment. Lancet 1983 ; 26 : 1260. Melen I, Lindahl L, Andreasson L, Rundcrantz H. Chronic maxillary
Bilaniuk LT, Zimmerman RA. Computed tomography in evaluation sinusitis : definition, diagnosis and relation to dental infections
of the paranasal sinuses. Radiol Clin of North Am 1982 ; 20 : 1. and nasal polyposis. Acta Otolaryngol 1986 ; 101 : 320-327.
Brook I. Bacteriology of chronic maxillary sinusitis in adults. Ann Ngeow WC. Orbital cellulitis as a sole symptom of odontogenic
Otol Rhinol Laryngol 1989 ; 98 : 426-428. infection. Singap Med J 1999 ; 40 : 101-103.
Brook I. Microbiology and antimicrobial management of sinusi- Poblete-Michel MG, Michel JF. Les applications chirurgicales des
tis. J Laryngol Otol 2005a ; 119 : 251-258. ultrasons. Réussir. Paris : Quintessence International, 2008.
Brook I. Microbiology of acute and chronic maxillary sinusitis Pushkar M, Haitham M. Maxillary sinus disease of odontogenic
associated with an odontogenic origin. Laryngoscope 2005b ; origin. Otolaryngol Clin North Am 2004 ; 37 : 347-364.
115 : 823-825.
Roisin-Chausson MH. L’examen TDM. Cah Stomatol Chir Maxillo-
Brook I, Frazier EH, Foote PA. Microbiology of the transition Fac 1991 ; 5 : 12-16.
from acute to chronic maxillary sinusitis. J Med Microbiol 1996a ;
45 : 372-375. Roisin-Chausson MH, Cochet JY. L’image endodontique. Scanner
et Microscope : de l’image virtuelle à l’image réelle. Cah ADF
Brook I, Frazier, Gher ME Jr, Microbiology of periapical abscesses 2000 ; 7 : 24-31.
and associated maxillary sinusitis. J Periodontol 1996b ; 67 : 608-610.
Roisin-Chausson MH, Cochet JY. Endodontie 2001. Savoir utiliser
Cantaloube D, Suc B. Relations pathologiques entre les dents et le bilan TDM. Endo-Contact 2001 ; 10 : 4-8.
les sinus maxillaires. – Editions Techniques – Encycl Med Chir,
Stomatologie et Odontologie 1993 ; 22-036-A-10 : 1-10. Saeed SR, Brookes GB. Aspergillosis of the paranasal sinuses.
Rhinology 1995 ; 33 : 46-51.
Cochet JY. Aspect endodontique du traitement chirurgical des
sinusites d’origine dentaire. Alpha-Omega News 2009 ; 128 : 13. Slavin RG, Spector SL, Bernstein IL, Kaliner MA, Kennedy DW,
Virant FS et al. The diagnosis and management of sinusitis. A
Cochet JY. Une nouvelle approche de la chirurgie endodontique.
practice parameter update. J Allergy Clin Immunol 2005 ; 116 :
Dental Tribune 2010 ; 15 : 13.
S13-S47.
Danese M, Duvoisin B, Agrifolio A, Cherpillod J, Krayenbuhl M.
Influence des variantes anatomiques naso-sinusales sur les sinu- Stammberger H. Nasal and paranasal sinus endoscopy. A dia-
sites récidivantes persistantes ou chroniques : évaluation TDM gnostic and surgical approach to recurrent sinusitis. Endoscopy
chez 112 patients. J Radiol 1997 ; 78 : 651-657. 1986 ; 18 : 213-218.
Dodd RB, Dodds RN, Hocomb JB. An endodontically induced Stammberger H, Posawetz W. Functional endoscopic sinus sur-
maxillary sinusitis. J Endod 1984 ; 10 : 504-506. gery : concept, indications and results of the Messerklinger
technique. Eur Arch Otorhinolaryngol 1990 ; 247 : 63-76.
Donald PJ, Guckman JL, Rice DH. The sinuses. New York : Raven
Press, 1995. Wagenmann M, Naclerio RM. Complications of sinusitis J Allergy
Clin Immunol 1992 ; 90 : 552-554.
Fligny I, Lamas G, Rouhani F, Soudant J. Sinusites maxillaires chro-
niques d’origine dentaire et aspergillose naso-sinusienne. Quelle White SC, Pharoah MJ. Oral radiology principles and interpreta-
conduite à tenir vis-à-vis des corps étrangers intrasinusiens ? Ann tion. Philadelphie : Mosby, 2004.
Otolaryngol Chir Cervicofac (Paris) 1991 ; 108 : 465-468. Zinreich SJ. Imaging of chronic sinusitis in adults : X-ray, compu-
Kim S, Kratchman S. Modern endodontic surgery concepts and ted tomography, and magnetic resonance imaging. J Allergy Clin
practice : a review. J Endod 2006 ; 32 : 601-623. Immunol 1992 ; 90 : 445-451.
Kretzschmar DP, Kretzschmar JL. Rhinosinusitis : review from a Zinreich SJ, Kennedy DW, Malat J, Curtin HD, Epstein JI, Huff LC
dental perspective. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol et al. Fungal sinusitis : diagnosis with CT and MR imaging.
Endod 2003 ; 96 : 128-135. Radiology 1988 ; 169 : 439-444.
422
C
e chapitre est consacré à l’étude pharmacologique et afin d’en préserver le meilleur rapport bénéfice/risque. Ces
thérapeutique des médicaments d’intérêt en endodon- règles sont les suivantes :
tie. L’endodontie, comme toutes les disciplines de la - la prise en compte de l’état de santé du patient. Cela
médecine bucco-dentaire, s’appuie d’abord et avant tout sur comprend ses antécédents médicaux et chirurgicaux, la
des procédures chirurgicales qui permettent à elles seules de connaissance exhaustive de ses traitements médicamen-
traiter en majeure partie les différentes pathologies rencon- teux actuels et passés ainsi que ses différentes allergies ;
trées. L’utilisation de thérapeutiques médicamenteuses, bien - la nécessité de fixer des objectifs thérapeutiques précis et
que le plus souvent adjuvantes, s’avère cependant nécessaire clairement identifiés. Cela est indispensable pour pouvoir
dans de nombreuses situations cliniques, en particulier pour mesurer et évaluer l’efficacité de la thérapeutique médica-
prendre en charge l’anxiété, prévenir et traiter la douleur ou menteuse avec des critères validés, et ce quelle que soit la
les infections bactériennes. Contrairement à beaucoup classe thérapeutique antalgique, anti-infectieuse ou à visée
d’autres spécialités médicales, la médecine bucco-dentaire sédative ;
souffre d’une carence majeure en données cliniques validées - la connaissance et le respect des différentes recommanda-
et au niveau de preuve suffisant. Pour cette raison, de nom- tions émises par les instances sanitaires (Agence française
breux schémas thérapeutiques présentés dans ce chapitre ne de sécurité sanitaire des produits de santé – AFSSAPS –,
sont que des extrapolations d’autres disciplines médicales. Haute Autorité de santé – HAS) ;
Cela est particulièrement vrai concernant les traitements de - le respect des indications de l’autorisation de mise sur le
la sédation consciente et des infections bactériennes. marché du médicament.
Dans ce chapitre sera détaillé l’ensemble des médicaments
Comme c’est le cas dans de nombreux domaines de la utiles à l’endodontiste avec une approche à la fois pharmaco-
médecine bucco-dentaire, le traitement des pathologies logique et thérapeutique. Chaque fois que cela sera possible,
pulpaires et péri-apicales repose d’abord sur un geste les données cliniques qui permettent de faire un choix éclairé
chirurgical étiologique, et ce quelle que soit l’origine en fonction de l’intérêt de chaque classe médicamenteuse
inflammatoire, infectieuse ou traumatique. Le recours à seront détaillées.
une thérapeutique médicamenteuse par voie systémique
ne se conçoit qu’après la prise en charge étiologique de la
pathologie considérée.
I - Prise en charge pharmacologique
de l’anxiété
Par ailleurs, les preuves scientifiques et médicales de l’intérêt
de telles thérapeutiques médicamenteuses sont peu nom- A - Anxiété et médecine bucco-dentaire
breuses et souvent de qualité méthodologique relativement
faible. Ainsi, l’endodontie souffre d’une carence importante La prise en compte et le traitement de l’anxiété engendrée
en études cliniques répondant aux critères scientifiques par les soins sont encore trop souvent négligés en médecine
actuellement admis. Il en ressort que bien souvent, il est dif- bucco-dentaire en France, contrairement à beaucoup d’autres
ficile, voire parfois impossible, d’émettre des recommanda- pays européens.
tions au niveau de preuve élevé. C’est une raison de plus pour
utiliser les thérapeutiques médicamenteuses avec parcimo- D’un point de vue médical, le stress et l’anxiété préopéra-
nie et seulement lorsque c’est nécessaire. toires peuvent être considérés comme un déséquilibre
Cela étant dit, quand bien même l’utilisation d’une thérapeu- entre la demande émotionnelle engendrée par la situation
tique médicamenteuse est peu fréquente et le plus souvent et les capacités du patient à y faire face. Les conséquences
en adjuvant de la thérapeutique chirurgicale, il n’en reste pas sont multiples, allant du refus de soin et de ses consé-
moins qu’elle doit dans tous les cas respecter des règles quences épidémiologiques à l’inconfort tant pour le prati-
cien que pour le patient.
strictes qui doivent concourir au bon usage du médicament
423
Par ailleurs, l’ensemble des réactions neurovégétatives induites pour adapter les posologies aux besoins des patients et évi-
par un soin stressant sont nombreuses et compliquent le plus ter un surdosage source d’effets secondaires. L’échelle de
souvent les suites opératoires (Brotman et al., 2007 ; George- Ramsay (tableau 19.1), de par sa simplicité et sa faisabilité en
lin-Gurgel et al., 2009). Enfin, il existe des liens étroits entre la pratique de routine, est le minimum recommandé pour l’éva-
douleur et l’anxiété. Il est clairement démontré que les patients luation de la sédation. D’autres échelles peuvent être utili-
dont le niveau d’anxiété préopératoire est maîtrisé et faible sées en fonction d’une situation donnée.
ressentent moins la douleur que les autres (Lang, et al., 2000 ;
American Society of Anesthesiologists, 2002). Tableau 19.1 Score de Ramsay (d’après Ramsay et al., 1974).
Ainsi, l’utilisation de l’ensemble des moyens de sédation Niveau
(pharmacologiques ou non) ne doit pas s’adresser aux seuls Réponse du patient attendue
de sédation
enfants non coopérants (Soares et al., 2006) mais doit 1 Malade anxieux, agité
s’étendre à toute forme soit d’anxiété soit de stress. La seule
2 Malade coopérant, orienté et calme
étude épidémiologique réalisée en France montre que 13,5 %
de la population française présente une anxiété due aux soins 3 Malade répondant aux ordres
bucco-dentaires (Nicolas et al., 2007) ce qui, évidemment, 4 Malade endormi mais avec une réponse nette à la
est loin d’être négligeable. stimulation de la glabelle ou à un bruit intense
5 Malade endormi répondant faiblement aux
Important ! Par ailleurs, de manière intéressante et peut- stimulations ci-dessus
être inattendue, les soins endodontiques sont parmi l’en- 6 Pas de réponse aux stimulations nociceptives
semble des actes de médecine bucco-dentaire les plus
anxiogènes pour les patients (Wong et Lytle, 1991 ; Peretz et
Moshonov, 1998 ; Georgelin-Gurgel et al., 2009). Essentiel : enfin, il est absolument nécessaire de ne réaliser
de sédation consciente que dans des conditions de sécurité
optimales, notamment en possédant un matériel de soins
La réduction du stress ou de l’anxiété des patients qui le d’urgence adapté et les compétences nécessaires. Tout
nécessitent passe par un acte de sédation. Cette notion est patient ayant bénéficié d’une sédation pharmacologique
relativement complexe à cerner. Elle a été définie, par une doit être accompagné.
recommandation de la Société française d’anesthésie et de
réanimation (SFAR 2000), comme l’ensemble des moyens
médicamenteux ou non destinés à assurer le confort physique
et psychique du patient et à faciliter les techniques de soins.
B - Sédation consciente par voie orale
Cette recommandation insiste sur le fait que l’indication d’une La réalisation d’une sédation consciente par voie orale s’appuie
sédation doit comporter une analyse des besoins et la fixa- sur des médicaments dont le principal effet thérapeutique est
tion d’objectifs précis en termes de qualité (analgésie, anxio- anxiolytique et/ou hypnotique. Il s’agit des benzodiazépines
lyse ou sédation proprement dite), d’intensité et de durée. et des antihistaminiques de première génération.
424
1 - Posologie
L’hydroxyzine peut être administrée par voie orale. La dose
D’une façon générale les benzodiazépines sont des médica-
moyenne usuelle est de 1 mg par kilo de poids corporel chez
ments bien tolérés qui présentent peu d’effets indésirables,
l’adulte comme chez l’enfant (Trifa et al., 2010). Après admi-
notamment s’ils sont utilisés à bon escient. Ces effets sont
nistration orale, l’effet clinique maximal est observé au bout
dominés par des troubles mnésiques et un risque de dépen-
de 90 à 120 minutes.
dance lors d’un traitement prolongé. Les seuls effets indési-
rables gênants, mais exceptionnels, sont les réactions
paradoxales à type d’abréaction avec affabulation et réac- À cette dose, l’hydroxyzine a peu d’effets cardio-vasculaires
tions dysphoriques. ou ventilatoires. Elle est fréquemment utilisée pour la
Après administration orale, la concentration plasmatique prémédication des sujets âgés ou des sujets dits à risque
(polypathologiques).
maximale des benzodiazépines est observée entre 15 et
120 minutes. Ainsi, elles doivent être administrées entre 1 et
2 heures avant l’anesthésie. Chez les sujets âgés, une dose de 50 mg est suffisante, une
Cependant, si l’anxiété du patient est importante, l’adminis- dose plus élevée pouvant entraîner une sédation postopéra-
tration peut se faire quelques heures avant l’intervention. toire résiduelle.
Dans ce cas, le lorazépam est intéressant en raison de sa
demi-vie relativement longue. 2 - Autres données cliniques
La pharmacocinétique des benzodiazépines est influencée L’hydroxyzine est un médicament bien toléré. Les effets indé-
par des facteurs physiologiques (âge, vieillissement), patho- sirables sont principalement liés à son action sur le système
logiques (insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique) et nerveux central (somnolence), à ses effets anticholinergiques
certains traitements (cimétidine, isoniazide, contraceptifs et aux réactions d’hypersensibilité qu’elle peut provoquer
oraux…). (tableau 19.3).
425
426
427
Tableau 19.6 AINS commercialisés en France ayant une AMM en tant qu’antalgiques.
DCI* Spécialités Dosage (mg) Dose par prise (mg) Dose par 24 heures (mg)
Acide méfénamique Ponstyl® 250 250-500 1 500
Acide tiaprofénique Surgam®, Flanid Gé® 100, 200 100-200 600
Ibuprofène Advil® 200, 400 200-400 1 200
Fénoprofène Nalgésic® 300 300-600 1 200
Nimésulide Nexen® 100 100 200
Naproxène Aleve®, Apranax® 220, 275, 500, 550 220, 275 ou 550 1 100
Acide niflumique Nifluril® 250 250 1 000
Diclofénac Voltarène Dolo® 12,5 12,5 à 25 75
Kétoprofène Toprec® 25 25 75
* Dénomination commune internationale.
428
a - Opioïdes faibles (codéine, tramadol) Le tramadol lui-même a une affinité faible pour les récep-
teurs aux opioïdes, 200 fois plus faible que celle de son
1 - Codéine métabolite actif, l’O-déméthyl-tramadol (Bamigbade et Lan-
La codéine est un agoniste pur de la morphine. Il s’agit en fait gford, 1998). Cette biotransformation se fait au niveau hépa-
de méthyl-morphine. Elle est indiquée dans le traitement tique, par les cytochromes 3A et 2D6. L’élimination du
symptomatique des douleurs d’intensité modérée à sévère. métabolite se fera par voie urinaire, environ 6 heures après
Après administration orale, entre 5 et 15 % de la codéine est administration.
transformée en morphine au niveau du foie par O-démétyla- Bien que faisant partie des morphiniques faibles, le méca-
tion. Cette transformation se fait par une enzyme hépatique, nisme d’action du tramadol repose plus sur la modulation de
le cytochrome 2D6. Cette transformation de la codéine en la réponse aux monoamines biogènes que sont la noradréna-
morphine est nécessaire à l’activité antalgique. Il est à noter line et la sérotonine que sur la stimulation des récepteurs aux
que cette enzyme étant soumise à un polymorphisme géné- opioïdes. Ce « double » mécanisme d’action repose sur le fait
tique, certains patients ne seront pas répondeurs à un traite- que le tramadol correspond à un mélange racémique de deux
ment par codéine (« métaboliseurs faibles », de 5 à 10 % de la énantiomères (l’un ayant une affinité pour les récepteurs µ et
population caucasienne) alors que chez d’autres, la codéine inhibant la recapture de la sérotonine, l’autre inhibant la
sera beaucoup plus biotransformée (« métaboliseurs forts », recapture de la noradrénaline et les récepteurs a2-adréner-
environ 2 % de la population caucasienne) (Dayer et al., 1988). giques) (Driessen et Reimann, 1992 ; Raffa et al., 1992).
La posologie adulte efficace de la codéine est de 30 à 60 mg Le tramadol peut être prescrit seul ou en association au para-
par prise, sans excéder 180 à 240 mg/24 h. cétamol (tableau 19.8). La posologie efficace du tramadol est
429
de 50 à 100 mg par prise, renouvelée toutes les 6 heures, en débuter par les doses les plus faibles possible (10 mg par
ne dépassant pas 400 mg/24 h. Après une prise orale, l’effet prise renouvelée toutes les 4 à 6 heures) et de les augmenter
antalgique est obtenu en 1 heure environ, avec un pic d’action en cas de nécessité. Il n’existe alors pas réellement de dose
au bout de 3 heures. Pour une prise de 100 mg, la durée d’ac- plafond, sous réserve de contrôle des effets indésirables.
tion est d’environ 6 heures.
Les spécialités contenant du tramadol et du paracétamol les
associent à des doses respectives de 37,5 et 325 mg. Dans ce B - Modalités de prise en charge
cas, les prises seront de 2 comprimés, soit 75 mg de tramadol pharmacologiques des douleurs
et 650 mg de paracétamol, renouvelées toutes les 6 heures. endodontiques
Certaines études ont montré une efficacité antalgique et des
effets indésirables moindres de l’administration d’une associa- Les douleurs endodontiques seront rencontrées dans
tion paracétamol/tramadol par rapport à celle du paracéta- deux types de situations : après un traitement, chirurgical
mol et du tramadol seuls (Fricke et al., 2004 ; Filitz et al., 2008). ou non, ou lors d’une situation d’urgence du type pulpite,
parodontite apicale aiguë ou abcès apical aigu. Dans tous
Les effets indésirables du tramadol sont les mêmes que ceux ces cas, il s’agit d’une douleur aiguë inflammatoire.
de la codéine, à savoir nausées, vomissements et vertiges.
430
En alternance :
B - Notion de risque infectieux
Ibuprofène 400 mg Paracétamol 1 g
toutes les 6 heures Douleur sévère + tramadol 50 mg Au-delà de la présence d’une infection bactérienne carac-
Tramadol 100 mg toutes les 6 heures térisée par des signes cliniques locaux ou généraux, la
toutes les 6 heures
décision d’une prescription d’antibiotiques est générale-
ment guidée par la notion de risque infectieux.
431
Tableau 19.9 Patients les plus à risque d’endocardite infectieuse. spectre d’activité antibactérienne des antibiotiques indiqués
• Prothèse valvulaire (mécanique ou bioprothèse) ou matériel en médecine bucco-dentaire (AFSSAPS, 2005).
étranger pour une chirurgie conservatrice (anneau prothétique )
• Antécédent d’endocardite infectieuse Essentiel : le choix d’un antibiotique doit se faire en toute
• Cardiopathie congénitale cyanogène : rigueur à partir de trois éléments :
– non opérée ou dérivation chirurgicale pulmonaire-systémique - le site infectieux, en choisissant l’antibiotique qui y diffuse
– opérée, mais présentant un shunt résiduel le mieux ;
– opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par voie - la ou les bactéries et sa ou ses sensibilités ;
chirurgicale ou transcutanée, sans fuite résiduelle, seulement dans - le terrain sous-jacent, notamment en fonction de l’état phy-
les 6 mois suivant la mise en place siologique (enfant, femme enceinte, sujet âgé) et de l’état
– opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par voie pathologique (immunodépression, hypersensibilité aller-
chirurgicale ou transcutanée avec shunt résiduel
gique, interactions médicamenteuses, insuffisance d’organe).
Les antibiotiques peuvent être utilisés selon des modalités et a - Antibiothérapie prophylactique
à des fins différentes : Les deux études cliniques publiées dans cette indication et
- d’une part, l’antibiothérapie prophylactique, qui doit per- de niveaux de preuve suffisant (Walton et Chiappinelli, 1993 ;
mettre de prévenir la survenue d’une infection bactérienne, Pickenpaugh et al., 2001) mettent clairement en évidence
consiste en l’administration d’un antibiotique pour prévenir que l’antibiothérapie prophylactique n’a pas d’intérêt chez le
le développement d’une infection locale, générale ou à dis- patient présumé sain avant la réalisation d’un traitement
tance (endocardite infectieuse essentiellement). Elle est endodontique. Les poussées inflammatoires comme les phé-
mise en place en l’absence de tout foyer infectieux et nomènes douloureux sont identiques avec ou sans traite-
consiste en l’administration d’une dose unique d’antibio- ment antibiotique préopératoire. Aucune autre étude
tique dans l’heure qui précède l’acte invasif ; clinique ne se penche sur l’intérêt de l’antibioprophylaxie
- d’autre part, l’antibiothérapie curative est indiquée pour pour les traitements ni les retraitements endodontiques,
traiter une infection bactérienne. chez les sujets sains comme à surrisque d’infection.
De la même façon, il n’existe pas de différence significative
Important ! Dans la très grande majorité des cas, l’antibio- en termes d’infection postopératoire après chirurgie endo-
thérapie curative sera réalisée pendant 6 à 8 jours et l’effi- dontique avec ou sans antibiothérapie prophylactique (Lin-
cacité de la thérapeutique sera évaluée 48 heures après la deboom et al., 2005).
mise en place du traitement.
En dehors donc des indications spécifiques concernant la
prévention de l’endocardite infectieuse, l’antibiothérapie
D - Antibiotiques d’intérêt en endodontie prophylactique n’a pas de justification en endodontie.
et indications
b - Antibiothérapie curative
1 - Choix des antibiotiques
Dans la quasi-totalité des cas, la prescription d’un antibio- 1 - Pathologies pulpaires
tique en endodontie ne nécessite pas l’identification des Bien que l’ampicilline soit retrouvée au sein du tissu pulpaire
souches bactériennes en présence (antibiogramme) et sera à des concentrations identiques aux concentrations plasma-
probabiliste en fonction, d’une part, des données épidémio- tiques, l’antibiothérapie ne présente aucun intérêt clinique
logiques sur les infections endodontiques et péri-apicales dans le traitement des pulpites irréversibles (Nagle et al.,
(Siqueira et Rôças, 2008 ; 2009a et 2009b) et, d’autre part, du 2000 ; Keenan et al., 2005).
432
1 - Propriétés pharmacologiques
Les bêta-lactamines sont des antibiotiques bactéricides qui
perturbent la synthèse du peptidoglycane (ou mucopeptide,
ou muréine), polymère majeur spécifique de la paroi des bac-
téries à Gram négatif et positif (Salvo et al., 2009). La modifi-
cation de la synthèse passe par l’inhibition des enzymes
responsables de la transpeptidation, étape essentielle à la
formation du peptidoglycane. Ces enzymes, collectivement
appelées PLP (protéine liant la pénicilline), sont insérées dans
la partie externe de la membrane cytoplasmique bactérienne.
Pour être actives, les bêta-lactamines vont devoir atteindre
leur cible en pénétrant dans la paroi bactérienne et se fixer
433
3 - Dénomination et formes pharmaceutiques spécifiques dans ces indications. Mis à part la spiramycine,
Il existe en France plus de 280 spécialités contenant de tous les macrolides présentent d’importantes interactions
l’amoxicilline. Les formes pharmaceutiques chez l’adulte sont médicamenteuses. Il sera donc important de ne pas les pres-
très nombreuses (comprimés, gélules, comprimés pour sus- crire chez les patients polymédiqués.
pension buvable), les dosages les plus adaptés aux posolo- ◆ Posologie en antibiothérapie curative
gies adultes sont 500 mg et 1 g. Du fait de sa spécificité pharmacocinétique, l’azithromycine
se prescrit pendant une durée de 3 jours et la spiramycine
b - Macrolides
pendant 6 à 8 jours. Les posologies moyennes chez l’adulte
Contrairement aux bêta-lactamines, les macrolides sont des sont reprises dans le tableau 19.11.
antibiotiques bactériostatiques, ils inhibent la croissance
bactérienne sans entraîner la mort des différentes souches. Tableau 19.11 Posologie des antibiotiques macrolides d’intérêt
Ils forment une famille d’antibiotiques qui regroupe, en en endodontie.
France, 7 molécules différentes qui se différencient par leurs
Dénomination commune Posologie adulte
propriétés physico-chimiques et pharmacologiques et par
leur spectre antibactérien. Azithromycine 500 mg en une prise par jour
Spiramycine 3 MUI trois fois par jour
1 - Propriétés pharmacologiques
Le spectre antibactérien naturel des macrolides, quelle que
soit leur structure, recouvre les bactéries à Gram positif, les
cocci à Gram négatif, certains bacilles à Gram négatif (Hae- ◆ Autres données cliniques
mophilus inflenzae, Moraxella catarrhalis, Pasteurella sp., Le tableau 19.12 résume les autres données cliniques des
Bordetella sp.), les bactéries à développement anaérobie, macrolides.
celles à développement intracellulaire, les mycoplasmes et
3 - Dénomination et formes pharmaceutiques
apparentés, les spirochètes et les bactéries responsables
d’infections gastro-intestinales. Le tableau 19.13 présente ces données.
434
d - Pristinamycine
435
436
3 - Dénomination et formes pharmaceutiques tielle. Cette homéostasie repose en grande partie sur l’axe
Elles sont présentées dans le tableau 19.19. hypothalamo-hypophysaire-surrénalien et, donc, sur la pro-
duction de glucocorticoïdes (Rhen et Cidlowski, 2005).
Tableau 19.19 Dénomination et formes pharmaceutiques du Le fonctionnement de cet axe repose sur la sécrétion d’hor-
métronidazole. mones : sous l’influence de la sécrétion hypothalamique de
Dénomination Forme Dosage CRH (corticotropin releasing hormone), les cellules hypophy-
pharmaceutique saires vont synthétiser de l’ACTH (adrenocorticotrophic hor-
mone, hormone corticotrope). En réponse, les glandes
Flagyl® (adultes) Comprimés 250 mg
surrénales vont sécréter du cortisol. En rétrocontrôle négatif,
Comprimés 500 mg le cortisol va inhiber la sécrétion de CRH par l’hypothalamus
Flagyl® (enfants) Solution buvable 4 g/100 ml (Rhen et Cidlowski, 2005). En dehors des situations de stress,
de 10 à 20 mg environ de cortisol sont sécrétés par jour. Cette
sécrétion se fait selon un rythme circadien : le pic plasma-
tique est atteint vers 8 heures du matin et le nadir vers minuit.
IV - Glucocorticoïdes Le mécanisme d’action des glucocorticoïdes repose sur la
liaison de la molécule aux récepteurs des glucocorticoïdes
A - Propriétés pharmacologiques (GR) au niveau du cytoplasme des cellules. Le complexe hor-
mone-récepteur passe ensuite au niveau nucléaire pour acti-
La réaction inflammatoire est un phénomène réflexe fai- ver (transactivation) ou réprimer (transrépression) l’expression
sant suite à de nombreuses étiologies, en particulier une de divers gènes. Cette modulation de l’expression de divers
infection ou un traumatisme. gènes se fait grâce à la liaison du complexe hormone-récep-
teur aux domaines GRE (glucocorticoid response element) de
Des médiateurs inflammatoires vont être localement pro- l’ADN (Roumestan et al., 2004 ; Smoak et Cidlowski, 2004). Il
duits par les cellules résidantes (mastocytes et macrophages), y aura donc augmentation de la production de molécules
tels que l’interleukine 1 (IL1) ou le TNF-α (tumor necrosis fac- anti-inflammatoires (la lipocortine-1, le serum leukoprotease
tor alpha). Ces médiateurs ont une action sur le système vas- inhibitor, CC10, l’IL1-Ra, l’IL10, la neural endopeptidase et la
culaire, entraînant une vasodilatation, une augmentation de MAP-kinase 1), mais aussi répression de la synthèse de molé-
la perméabilité vasculaire, l’extravasion de protéines plasma- cules pro-inflammatoires (TNF-α, GM-CSF, IL1-b, IL2, IL3, IL6,
tiques et de leucocytes. Ces phénomènes concourent à l’ap- IL8 et IL11) (Smoak et Cidlowski, 2004).
parition de signes cardinaux de l’inflammation : calor, dolor, D’autres gènes seront également concernés, notamment des
rubor, tumor. Les leucocytes, une fois activés, vont à leur tour enzymes contrôlant la néoglucogenèse, la tension artérielle,
produire des cytokines pro-inflammatoires, sorte de rétro- l’équilibre osmotique, le catabolisme protéique et la pression
contrôle positif. Afin de limiter la réaction inflammatoire et intra-oculaire. La modulation d’expression de ces gènes par
de résoudre le phénomène une fois que celui-ci n’est plus les glucocorticoïdes explique la survenue des effets secon-
nécessaire, une homéostasie anti-inflammatoire est essen- daires (tableau 19.20) (Schäcke et al., 2002).
437
Tableau 19.20 Effets indésirables des glucocorticoïdes (d’après Schacke et al., 2002).
Système Effet
Cutané Atrophie, retard de cicatrisation, acné, érythème, télangiectasie, pétéchie, hypertrichose, dermatite péri-orale
Squelette et muscles Atrophie musculaire, myopathie, ostéoporose, ostéonécrose
Système oculaire Glaucome, cataracte
Système nerveux central Troubles de l’humeur, du comportement, psychose, dépendance aux stéroïdes, atrophie cérébrale
Électrolytes, métabolisme et Syndrome de Cushing, diabète, atrophie des glandes surrénales, retard de croissance, hypogonadisme, retard de
système endocrine puberté, rétention de sodium et fuite de potassium
Système cardio-vasculaire Hypertension, dyslipidémie, thrombose, vascularite
Système immunitaire Augmentation du risque infectieux, réactivation de virus latents
Système gastro-intestinal Ulcère, hémorragie gastro-intestinale, pancréatite
Les glucocorticoïdes de synthèse sont des dérivés de l’hor- demi-vies les plus courtes possibles, telles que la prednisone
mone naturelle (cortisol). et la prednisolone.
Comme cela a été dit précédemment, environ 20 mg de cor-
Par rapport à la molécule mère, les glucocorticoïdes de tisol sont sécrétés par jour. L’activité anti-inflammatoire du
synthèse ont une durée d’action plus longue, une activité cortisol étant 4 fois moins importante que celle de la predni-
anti-inflammatoire plus importante et une activité miné- sone et de la prednisolone, cette dose a les mêmes effets
ralo-corticoïde réduite. qu’une dose de 5 mg de prednisone ou prednisolone
(tableau 19.22).
Il n’existe aucune contre-indication formelle à l’utilisation de
Les différents glucocorticoïdes de synthèse sont classés en glucocorticoïdes si la corticothérapie est de courte durée et
fonction de leur durée d’action, ou demi-vie (tableau 19.21). l’indication vitale. Il existe cependant des situations où l’on
En endodontie, les glucocorticoïdes sont essentiellement évitera de prescrire ce type de médicaments, notamment si
prescrits dans l’objectif de limiter les phénomènes inflamma- le rapport bénéfice/risque est peu favorable :
toires locaux à la suite d’un traumatisme chirurgical. Ils seront - grossesse et allaitement ;
dont utilisés en cure courte, pour des durées n’excédant - tout état infectieux à l’exclusion des indications spécifiées ;
généralement pas quelques jours (5 au maximum). Il est - certaines viroses en évolution (notamment hépatites, herpès,
logique d’avoir recours préférentiellement aux molécules aux varicelle, zona) ;
Tableau 19.22 Spécialités de glucocorticoïdes administrés par voie orale disponibles en France.
DCI Spécialité Dosage (mg) Posologie
Bêtaméthasone phosphate disodique Betnesol® 0,5 mg 0,05 à 0,2 mg/kg/j
Bêtaméthasone Célestène® 0,5 et 2 mg 0,05 à 0,2 mg/kg/j
Dexaméthasone acétate Dectancyl® 0,5 mg 0,05 à 0,2 mg/kg/j
Méthylprednisolone Médrol® 4, 16, 32 et 100 mg 0,3 à 1 mg/kg/j
Prednisolone Hydrocortancyl® 5 mg 0,35 à 1,2 mg/kg/j
Métasulfobenzoate sodique de prednisolone Solupred®, génériques 1 mg/ml, 5 et 20 mg 0,35 à 1,2 mg/kg/j
Prednisone Cortancyl® 1, 5 et 20 mg 0,35 à 1,2 mg/kg/j
438
Bibliographie
AFSSAPS. Spectre d’activité antimicrobienne. Répertoire de Bamigbade TA, Langford RM. Tramadol hydrochloride : an over-
spectres validés par la commission d’autorisation de mise sur le view of current use. Hosp Med 1998 ; 59 : 373-376.
marché. Paris : AFSSAPS 2005.
Barriere JC, Berthaud N, Beyer D, Dutka-Malen S, Paris JM,
Aggarwal V, M. Singla, Kabi D. Comparative evaluation of effect of Desnottes JF. Recent developments in streptogramin research.
preoperative oral medication of ibuprofen and ketorolac on Curr Pharm Des 1998 ; 4 : 155-180.
anesthetic efficacy of inferior alveolar nerve block with lidocaine
in patients with irreversible pulpitis : a prospective, double-blind, Bonfiglio G, Furneri PM. Novel streptogramin antibiotics. Expert
randomized clinical trial. J Endod 2010 ; 36 : 375-378. Opin Investig Drugs 2001 ; 10 : 185-198.
American Society of Anesthesiologists. Practice guidelines for Botting RM. Inhibitors of cyclooxygenases : mechanisms, selec-
sedation and analgesia by non-anesthesiologists. An updated tivity and uses. J Physiol Pharmacol 2006 ; 57 (suppl. 5) : 113-124.
report by the American Society of Anesthesiologists Task Force on
Sedation and Analgesia by non-anesthesiologists Anesthesiology Brook I, Lewis MA, Sándor GK, Jeffcoat M, Samaranayake LP, Vera
2002 ; 96 : 1004-1017. Rojas J. Clindamycin in dentistry : more than just effective pro-
phylaxis for endocarditis ? Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral
Baek SJ, Wilson LC, Lee CH, Eling TE. Dual function of nonsteroi- Radiol Endod 2005 ; 100 : 550-558.
dal anti-inflammatory drugs (NSAIDs) : inhibition of cyclooxyge-
nase and induction of NSAID-activated gene. J Pharmacol Exp Brotman DJ, Golden SH, Wittstein IS. The cardiovascular toll of
Ther 2002 ; 301 : 1126-1131. stress. Lancet 2007 ; 370 : 1089-1100.
439
Chong BS, Pitt Ford TR. Postoperative pain after root-end resec- Prevention, Diagnosis, and Treatment of Infective Endocarditis
tion and filling. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol of the European Society of Cardiology (ESC). Endorsed by the
Endod 2005 ; 100 : 762-766. European Society of Clinical Microbiology and Infectious
Christiansen R, Kirkevang LL, Hørsted-Bindslev P, Wenzel A. Diseases (ESCMID) and the International Society of
Patient discomfort following periapical surgery. Oral Surg Oral Chemotherapy (ISC) for Infection and Cancer. Eur Heart J 2009 ;
Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2008 ; 105 : 245-250. 30 : 2369-2413.
Henry M, Reader A, Beck M. Effect of penicillin on postoperative
Coenen S, Muller A, Adriaenssens N, Vankerckhoven V, Hendrickx
endodontic pain and swelling in symptomatic necrotic teeth.
E, Goossens H et al. European Surveillance of Antimicrobial
J Endod 2001 ; 27 : 117-123.
Consumption (ESAC) : outpatient parenteral antibiotic treat-
ment in Europe. J Antimicrob Chemother 2009 ; 64 : 200-205. Ianiro SR, Jeansonne BG, McNeal SF, Eleazer PD. The effect of
preoperative acetaminophen or a combination of acetami-
Dayer P, Desmeules J, Leemann T, Striberni R. Bioactivation of the
nophen and ibuprofen on the success of inferior alveolar nerve
narcotic drug codeine in human liver is mediated by the poly-
block for teeth with irreversible pulpitis. J Endod 2007 ; 33 : 11-14.
morphic monooxygenase catalyzing debrisoquine 4-hydroxyla-
tion (cytochrome P-450 dbl/bufI). Biochem Biophys Res Isla A, Canut A, Gascón AR, Labora A, Ardanza-Trevijano B,
Commun 1988 ; 152 : 411-416. Solinís MA et al. Pharmacokinetic/pharmacodynamic evalua-
tion of antimicrobial treatments of orofacial odontogenic infec-
Descroix V. Antibiotiques en médecine buccale. Encycl Med Chir tions. Clin Pharmacokinet 2005 ; 44 : 305-316.
Medecine buccale 2010 ; 28-190-U-10.
Jalalzadeh SM, Mamavi A, Shahriari S, Santos FA, Pochapski MT.
DiRenzo A, Gresla T, Johnson BR, Rogers M, Tucker D, BeGole EA. Effect of pretreatment prednisolone on postendodontic pain : a
Postoperative pain after 1- and 2-visit root canal therapy. Oral double-blind parallel-randomized clinical trial. J Endod 2010 ;
Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; 93 : 605- 36 : 978-981.
610.
Jones R, Rubin G, Berenbaum F, Scheiman J. Gastrointestinal and
Driessen B, Reimann W. Interaction of the central analgesic, tra- cardiovascular risks of nonsteroidal anti-inflammatory drugs.
madol, with the uptake and release of 5-hydroxytryptamine in Am J Med 2008 ; 121 : 464-474.
the rat brain in vitro. Br J Pharmacol 1992 ; 105 : 147-151.
Keenan JV, Farman AG, Fedorowicz Z, Newton JT. Antibiotic use
Ehrich DG, Lundgren JP, Dionne RA, Nicoll BK, Hutter JW. for irreversible pulpitis. Cochrane Database Syst Rev 2005 ; 2 :
Comparison of triazolam, diazepam, and placebo as outpatient CD004969.
oral premedication for endodontic patients. J Endod 1997 ; 23 :
181-184. Krasner P, Jackson E. Management of posttreatment endodontic
pain with oral dexamethasone : a double-blind study. Oral Surg
Farkouh ME, Greenberg BP. An evidence-based review of the car- Oral Med Oral Pathol 1986 ; 62 : 187-190.
diovascular risks of nonsteroidal anti-inflammatory drugs. Am J
Cardiol 2009 ; 103 : 1227-1237. Lang EV, Benotsch EG, Fick LJ, Lutgendorf S, Berbaum ML,
Berbaum KS et al. Adjunctive non-pharmacological analgesia for
Filitz J, Ihmsen H, Günther W, Tröster A, Schwilden H, Schüttler J invasive medical procedures : a randomised trial. Lancet 2000 ;
et al. Supra-additive effects of tramadol and acetaminophen in 355 : 1486-1490.
a human pain model. Pain 2008 ; 136 : 262-270.
Leurs R, Smit MJ, Timmerman H. Molecular pharmacological
Fouad AF, Rivera EM, Walton RE. Penicillin as a supplement in aspects of histamine receptors. Pharmacol Ther 1995 ; 66 : 413-463.
resolving the localized acute apical abscess. Oral Surg Oral Med
Oral Pathol Oral Radiol Endod 1996 ; 81 : 590-595. Liesinger A, Marshall FJ, Marshall JG. Effect of variable doses of
dexamethasone on posttreatment endodontic pain. J Endod
Freeman CD, Klutman NE, Lamp KC. Metronidazole. A therapeu- 1993 ; 19 : 35-39.
tic review and update. Drugs 1997 ; 54 : 679-708.
Lin S, Levin L, Emodi O, Abu El-Naaj I, Peled M. Etodolac versus
Fricke JR Jr, Hewitt DJ, Jordan DM, Fisher A, Rosenthal NR. dexamethasone effect in reduction of postoperative symptoms
A double-blind placebo-controlled comparison of tramadol/ following surgical endodontic treatment : a double-blind study.
acetaminophen and tramadol in patients with postoperative Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2006 ; 101 :
dental pain. Pain 2004 ; 109 : 250-257. 814-817.
Georgelin-Gurgel M, Diemer F, Nicolas E, Hennequin M. Surgical Lindeboom JA, Frenken JW, Valkenburg P, van den Akker HP. The
and nonsurgical endodontic treatment-induced stress. J Endod role of preoperative prophylactic antibiotic administration in
2009 ; 35 : 19-22. periapical endodontic surgery : a randomized, prospective
Glassman G, Krasner P, Morse DR, Rankow H, Lang J, Furst ML. double-blind placebo-controlled study. Int Endod J 2005 ; 38 :
A prospective randomized double-blind trial on efficacy of 877-881.
dexamethasone for endodontic interappointment pain in teeth Löfmark S, Edlund C, Nord CE. Metronidazole is still the drug of
with asymptomatic inflamed pulps. Oral Surg Oral Med Oral choice for treatment of anaerobic infections. Clin Infect Dis
Pathol 1989 ; 67 : 96-100. 2010 ; 50 (suppl. 1) : S16-S23.
Guay D. Update on clindamycin in the management of bacterial, Mainjot A, D’Hoore W, Vanheusden A, Van Nieuwenhuysen JP.
fungal and protozoal infections. Expert Opin Pharmacother Antibiotic prescribing in dental practice in Belgium. Int Endod J
2007 ; 8 : 2401-2444. 2009 ; 42 : 1112-1117.
Habib G, Hoen B, Tornos P, Thuny F, Prendergast B, Vilacosta I Mallet C, Daulhac L, Bonnefont J, Ledent C, Etienne M, Chapuy
et al. Guidelines on the prevention, diagnosis, and treatment of E. Endocannabinoid and serotonergic systems are needed for
infective endocarditis (new version 2009) : the Task Force on the acetaminophen-induced analgesia. Pain 2008 ; 139 : 190-200.
440
441
Trifa M, Khalifa SB, Gargouri F, Kaouech N, Friaa M. Effects of Wong M, Lytle WR. A comparison of anxiety levels associated
hydroxyzine on tolerance of facial mask during induction in with root canal therapy and oral surgery treatment. J Endod
children. Ann Fr Anesth Reanim 2010 ; 29 : 53-54. 1991 ; 17 : 461-465.
Walton RE, Chiappinelli J. Prophylactic penicillin : effect on Woods JH, Katz JL, Winger G. Benzodiazepines : use, abuse, and
posttreatment symptoms following root canal treatment of consequences. Pharmacol Rev 1992 ; 44 : 151-347.
asymptomatic periapical pathosis. J Endod 1993 ; 19 : 466-470.
Wright AJ. The penicillins. Mayo Clin Proc 1999 ; 74 : 290-307.
Wang C, Xu P, Ren L, Dong G, Ye L. Comparison of post-obtura-
tion pain experience following one-visit and two-visit root Yingling NM, Byrne BE, Hartwell GR. Antibiotic use by members
canal treatment on teeth with vital pulps : a randomized of the American Association of Endodontists in the year 2000 :
controlled trial. Int Endod J 2010 ; 43 : 692-697. report of a national survey. J Endod 2002 ; 28 : 396-404.
442
443
a b
Figure 20.1 Les études consacrées au succès en endodontie utilisent la radiologie panoramique de face, surtout à des fins descrip-
tives, et la radiologie rétroalvéolaire ; la reproductibilité des incidences (utilisation d’angulateurs) est fondamentale.
444
a b
Figure 20.3 L’interprétation des structures péri-apicales apparaît significativement différente entre la radiographie rétroalvéolaire
(à gauche) et l’imagerie tomodensitométrique (à droite, plan de coupe interproximal au niveau des racines vestibulaires). Noter la
lésion au niveau de la racine mésio-vestibulaire, invisible à gauche.
445
Son intérêt majeur est la représentativité de l’impact de la Le taux de succès est plus faible, compris entre 50 et 70 %,
discipline sur la santé des populations concernées. pour les études descriptives à partir de l’analyse radiogra-
Une troisième approche en matière de recherche clinique phique d’échantillons censés représenter des populations
repose sur l’évaluation du résultat par les patients. L’endo- générales.
dontie correspondant à une discipline intervenant dans le Les études de survie montrent en revanche que le taux de
cadre de traitements globaux, elle n’est directement que peu conservation à terme des dents ayant fait l’objet de traite-
concernée par ce type d’approche, notamment en termes de ments canalaires est plus favorable, supérieur à 90 %, mais
satisfaction, à l’exception des études consacrées à l’efficacité dans ce cas les critères d’inclusion et d’exclusion ne
de certains protocoles anesthésiques ou prescriptions médi- concernent que les patients et il est par exemple impossible
camenteuses. d’évaluer la proportion de dents conservées malgré l’exis-
Les taux de succès en endodontie émergeant de ces trois tence d’une symptomatologie clinique ou la présence de
types d’approches sont très différents (tableau 20.2). Lorsque lésions péri-apicales.
l’analyse porte sur des traitements sur des dents vivantes ne Il n’existe enfin que très peu d’études de satisfaction permet-
présentant pas de difficultés particulières, menés selon des tant de valoriser le succès thérapeutique en endodontie mais
procédures validées, le taux de succès avoisine 90 % pour on peut supposer que l’hypothétique taux d’insatisfaction,
des traitements initiaux et se situe autour de 80 % pour les ou de perte de qualité de vie, associé à l’existence de traite-
retraitements ou en présence de lésion périradiculaire d’ori- ments canalaires défectueux soit compris entre les four-
gine endodontique (LIPOE). Bien évidemment, les indications chettes dégagées par les deux approches précédentes et
représentent des critères fondamentaux d’inclusion ou d’ex- principalement associé aux épisodes douloureux d’origine
clusion. pulpaire ou thérapeutique (Dugas et al., 2002).
446
Important ! Les travaux les plus récents montrent que les Remarque : enfin, si le taux de succès initial du traitement
traitements endodontiques sont assortis d’un meilleur taux endodontique chirurgical apparaît plus favorable que celui
de succès quand ils sont conduits sur des dents à pulpe du retraitement par voie orthograde, cette relation s’in-
vivante que lorsque la pulpe est nécrosée et la dent asso- verse avec le temps au cours duquel l’approche non chirur-
ciée à une lésion d’origine endodontique (Kojima et al., gicale est associée à une meilleure survie (Torabinejad et al.,
2004) (fig. 20.4). 2009) pour que les taux de succès sur de plus longs termes
deviennent analogues (Del Fabbro et al., 2007).
447
448
Bibliographie
Agence nationale pour le développement de l’évaluation médi- Fleming CH, Litaker MS, Alley LW, Eleazer PD. Comparison of
cale. Recommandations et références dentaires. Paris : ANDEM, classic endodontic techniques versus contemporary techniques
1996. on endodontic treatment success. J Endod 2010, 36 : 414-418.
Benenati FW, Khajotia SS. A radiographic recall evaluation of Friedman S, Mor C. The success of endodontic therapy – Healing
894 endodontic cases treated in a dental school setting. J Endod and functionality. Calif. Dent. Ass. J. 2004, 32 : 493-503.
2002 ; 28 : 391-395.
Garcia de Paula-Sylva FW, Wu MK, Leonardo MR, Bezerra da
Cheung GS. Survival of first time nonsurgical root canal treat- Silva LA, Wesselink PR. Accuracy of periapical radiography and
ment performed in a dental teaching hospital. Oral Surg Oral cone-beam computed tomography scans in diagnosing apical
Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; 93 : 596-604. periodontitis using histopathological findings as a gold stan-
Chugal NM, Clive JM, Spangberg LSW. Endodontic treatment dard. J Endod 2009 ; 35 : 1009-1012.
outcome : effect of the permanent restoration. Oral Surg Oral Haute Autorité de Santé. Service d’évaluation des actes profes-
Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2007 ; 104 : 576-582. sionnels. Traitement endodontique. Rapport d’évaluation tech-
De Chevigny C, Dao TT, Basrani BR, Marquis V, Farzaneh M, nologique. Saint-Denis-la-Plaine : HAS, 2008.
Abitbol S et al. Treatment outcome in endodontics : the Toronto Hoskinson SE, Ng YL, Hoskinson AE, Moles DR, Gulabivala K.
study. Phases 3 and 4 : orthograde retreatment. J Endod 2008 ; A retrospective comparison of outcome of root canal treat-
34 : 131-137. ment using two different protocols. Oral Surg Oral Med Oral
Del Fabbro M, Taschieri S, Testori T, Francetti L, Weinstein. Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; 93 : 705-715.
Surgical versus non-surgical endodontic re-treatment for perira- Kojima K, Inamoto K, Nagamatsu K, Hara A, Nakata K, Morita I
dicular lesions. Cochrane Database Syst Rev 2007 ; 3 : CD005511. et al. Success rate of endodontic treatment of teeth with vital
Dugas NN, Lawrence HP, Teplitsky P, Friedman S. Quality of life and non vital pulps. A meta-analysis. Oral Surg Oral Med Oral
and satisfaction outcomes of endodontic treatment. J Endod Pathol Oral Radiol Endod 2004 ; 97 : 95-99.
2002 ; 28 : 819-827. Laraski MP, Walker WA, Flores CM, Schindler WG, Hargreaves
Evidence Medicine Working Group. Evidence-based medicine. KM. Epidemiological evaluation of the outcomes of nonsurgical
JAMA 1992 ; 268 : 2420-2425. root canal treatment in a large cohort of insured dental patients.
J Endod 2001 ; 27 : 791-796.
Figini L, Lodi G, Gorni F, Gagliani M. Single versus multiple visits
for endodontic treatment of permanent teeth. Cochrane Lasfargues JJ, Machtou P. Dictionnaire francophone des termes
Database Syst Rev 2007 ; 4 : CD005296. d’odontologie conservatrice et d’endodontie. Paris, SNPMD, 2004.
449
Marquis VL, Dao T, Farzaneh M, Abitbol S, Friedman S. Treatment Rosenberg W, Donald A. Evidence based medecine : an approach
outcome in endodontics : the Toronto study. Phase III : initial to clinical problem solving. Brit Med J 1995 ; 310 : 1122-1129.
treatment. J Endod 2006 ; 32 : 299-306. Salehrabi R, Rotstein I. Endodontic treatment outcomes in a
Ng YL, Mann V, Rahbaran S, Lewsey J, Gulabivala K. Outcome of large patient population in the USA : an epidemiological study.
primary root canal treatment : systematic review of the litera- J Endod 2004 ; 30 : 846-850.
ture. Part 1. Effects of study characteristics on probability of suc- Strindberg LZ. The dependence of the results of pulp therapy on
cess. Int Endod J 2007 ; 40 : 921-939. certain factors-an analytical study based on radiographic and
Ng YL, Mann V, Gulabivala K. Outcome of secondary root canal clinical follox-up examinations. Acta Odontol Scand 1956 ; 14 :
treatment : a systematic review of the literature. Int Endod J 1-175.
2008a ; 41 : 1026-1046. Torabinejad M, Bahjri K. Essential elements of evidence-endo-
Ng YL, Mann V, Rahbaran S, Lewsey J, Gulabivala K. Outcome of dontics : steps involved in conducting clinical research. J Endod
primary root canal treatment : systematic review of the litera- 2005 ; 31 : 563-569.
ture. Part 2. Influence of clinical factors. Int Endod J 2008b ; 41 : Torabinejad M, Corr R, Handsydes R, Shabahang S. Outcomes of
6-31. nonsurgical retreatment and endodontic surgery : a systematic
Orstavik D. Reliability of the peri apical index scoring system. review. J Endod 2009 ; 35 : 930-937.
Scand J Dent Res 1988 ; 96 : 108-111. Wu MK, Shemesh H, Wesselink PR. Limitations of previously
Paik S, Sechrist C, Torabinejad M. Levels of evidence for the out- published systematic reviews evaluating the outcome of endo-
come of endodontic retreatment. J Endod 2004 ; 30 : 745-750. dontic treatment. Int Endod J 2009 ; 42 : 656-666.
450
451
cours des années 1990, d’autres endodontistes, tels Ruddle 3 - Influence des aberrations sur la vision
(1994 et 1997), Buchanan, Arens, Stropko et Kim, commencent
à promouvoir le microscope opératoire en endodontie à la L’augmentation des aberrations (myopie, astigmatisme,
fois pour le traitement endodontique initial, le retraitement presbytie) diminue la perception des images et impose
et la chirurgie endodontique. En 1998, l’American Association progressivement une diminution de la distance de travail
nécessaire à une bonne vision. Ainsi l’accommodation
of Endodontics (AAE) décide d’imposer l’utilisation des
devient de plus en plus importante et la posture de travail
microscopes opératoire dans tous les programmes postuni- est perturbée.
versitaires accrédités dans la délivrance de la spécialité en
endodontie.
Les performances de l’opérateur diminuent et son état de
Important ! Historiquement, la loupe est le premier et le plus fatigue s’en ressent. Celui-ci perd petit à petit la finesse de
simple des systèmes optiques grossissants. Elle a été adaptée perception des images : le cercle infernal de la baisse de la
en système frontal, puis améliorée en téléloupe avant d’être vision est déclenché (fig. 21.1).
rendue plus performante par l’adjonction de sources lumi- En endodontie, le travail s’effectue dans des volumes de pro-
neuses. Néanmoins, son pouvoir de grossissement reste fondeur de quelques millimètres pour la cavité d’accès et de
limité et dépasse rarement le grossissement × 2,5. 10 à 20 mm pour l’espace canalaire. L’endodontie est donc
bien une spécialité de microchirurgie à part entière. Les aides
optiques se justifient notamment pour :
C - Intérêt des aides visuelles : - profiter d’une image agrandie ;
- optimiser les détails ;
mieux voir pour mieux comprendre - assurer la précision du geste ;
La nécessité de mieux voir pour mieux comprendre est l’apa- - confirmer un diagnostic ;
nage de toute profession qui exerce son activité sur des - augmenter la vitesse d’exécution ;
objets dont la taille est inférieure au millimètre. En cela, - préserver une vision sans fatigue ;
l’odontologie peut être rapprochée d’autres spécialités médi- - conserver une distance de travail ergonomique.
cales telles que l’ophtalmologie, l’oto-rhino-laryngologie, la
chirurgie orthopédique, la dermatologie, la neurochirurgie Essentiel : toutes ces notions imposent de privilégier une
ou encore la chirurgie vasculaire qui, depuis de nombreuses qualité optique maximale tant pour la surface observée que
années, voire des décennies, utilisent des aides optiques de pour la profondeur de champ requise, et ce surtout à de
travail. forts grossissements.
Les grands principes des aides visuelles dans ces spécialités
sont :
- un grossissement du champ opératoire de × 4 à × 40 pour
une distance de travail de 200 à 300 mm ; ↑ Aberrations ↓ Précision des images
- la conservation d’une vision stéréoscopique et donc bino-
culaire ;
↓ Distance de travail
- l’association d’un éclairage du champ opératoire impliquant
↑ Fatigue
la confusion des champs optiques et lumineux.
↓ Performance Accomodation
1 - Distance de travail ↑ Posture viciée
452
453
Profondeur
de champ
Figure 21.5 Production de l’image avant l’accommodation.
Largeur
de champ
Figure 21.3 Champ de vision et profondeur de champ. Figure 21.6 Production de l’image durant l’accommodation.
a - Vision de loin
Lorsque l’objet observé est éloigné, l’image du point objet
fixé est sur la rétine (fig. 21.4). Figure 21.7 Production de l’image au relâchement de l’accom-
modation.
Figure 21.4 Production de l’image en vision de loin. Figure 21.8 Production de l’image après accommodation.
454
a - Myopie
L’œil présente le plus souvent une anomalie dite axiale.
Lorsque l’accommodation est relâchée, l’image d’un objet
éloigné est focalisée en avant de la rétine (fig. 21.9).
Le myope non corrigé conservera toujours sa vision de près,
même à l’âge de la presbytie. Un œil myope sera compensé Figure 21.12 Hypermétropie : production de l’image corrigée
par un verre « divergent » (de puissance négative) (fig. 21.10). par une lentille convergente.
c - Astigmatisme
Lorsque l’œil est astigmate, la perception d’un point est
déformée (ellipse, segment de droite). L’œil astigmate ne voit
théoriquement jamais net. Souvent associé à la myopie ou à
l’hypermétropie, l’astigmatisme augmente alors le trouble
visuel.
455
456
Grt Total = Foc bin/foc obj x Grt occ X Grt tourelle 5 - Modifications sur les composants du microscope
Les focales de l’objectif déterminent la distance de travail Tous les éléments décrits ci-dessus peuvent modifier, en
séparant le microscope du champ observé. Selon les modèles fonction de leurs composants, les propriétés du microscope.
de microscopes opératoire, des objectifs interchangeables, Les principaux effets sont récapitulés dans le tableau 21.2. Ce
échelonnés de 25 en 25 mm, peuvent être disponibles pour tableau permet à l’opérateur de choisir une configuration qui
des distances focales variant de 200 à 400 mm. Leur valeur lui convient en fonction des données qui lui semblent priori-
modifie proportionnellement les grossissements. taires dans le cadre de son propre exercice.
6 - Accessoires et périphériques (fig. 21.14) Des filtres peuvent être ajoutés sur l’objectif ou dans la fibre
Les tubes binoculaires peuvent être proposés en différentes optique d’illumination pour éviter la polymérisation prématu-
versions ; il peut s’agir d’une version fixe avec une inclinaison rée des composites photopolymérisables (orange) ou pour
à 45° ou de versions plus élaborées proposant des inclinai- faciliter la lecture d’un champ opératoire hémorragique (vert).
sons variant de 0 à 180°. Ils sont surmontés d’oculaires qui Un diaphragme, situé entre le tube binoculaire et le corps du
présentent une bonnette en caoutchouc destinée aux opéra- microscope, peut permettre d’augmenter la profondeur de
teurs qui ne portent pas de lunettes correctrices, et ce afin champ jusqu’à × 2 mais réduit l’intensité lumineuse.
d’éloigner l’œil de l’oculaire. Les oculaires peuvent être pro-
posés avec un système de visée et permettent le réglage des 7 - Installation
dioptries œil par œil. Le microscope opératoire peut être installé de trois façons
Le diviseur optique, interposé entre les tubes binoculaires et auprès d’un fauteuil dentaire :
le corps du microscope, agit comme séparateur de lumière. Il - statif de plafond. Considéré comme le choix idéal dans
permet de partager le faisceau lumineux au cours de son tra- l’exercice du chirurgien-dentiste, il permet une rapide mise
jet lors de son retour vers les yeux de l’utilisateur Cette déri- à disposition de l’aide visuelle. Généralement, la platine sera
vation est notamment nécessaire pour apporter la lumière à fixée, pour un droitier, légèrement décalée en arrière de
un périphérique tel qu’un appareil photo, une caméra vidéo l’opérateur sur la droite du patient. Le choix ergonomique
ou un tube d’observation auxiliaire. reste cependant à l’appréciation de chaque opérateur ;
Les oculaires annexés au tube pour un travail en équipe peuvent - statif à fixation murale. Cette version est choisie lorsque la
être des tubes binoculaires fixes ou articulés, ou un tube mono- hauteur de plafond ne permet pas une version plafonnier. La
culaire. platine de fixation est idéalement située sur le mur, perpen-
Les poignées facilitent le déplacement du microscope pen- diculairement à l’axe du fauteuil, afin de permettre à l’opé-
dant l’intervention. Elles peuvent être en configuration axiale rateur une mise en œuvre facilitée « main droite » ou « main
ou de type « guidon ». gauche ». La circulation autour du fauteuil est alors pertur-
bée lorsque le microscope est déployé ;
- statif de sol. Cette version, la plus encombrante de par le
volume du socle monté sur roulettes, ne devrait être choi-
sie que si le microscope doit être utilisé dans différentes
salles de soins. Il faut cependant respecter la fragilité de ces
appareils et connaître les risques de dommages encourus
lors de leurs déplacements du fait de l’augmentation du
poids apportée par le socle.
458
50 % Œil nu AV : 20/10
se rapprochant Acc : 7,5 dpt
25 % Loupe simple AV : 20/10
Acc : 6,6 dpt
0%
Œil nu Œil nu Loupe Loupe Microscope Loupe binoculaire AV : 30/10
près binoculaire Acc : 2,37 dpt
Accommodation mise en jeu Réserve restante Microscope AV : 30/10
Acc : 0 dpt
Exemple d’une tache visuelle située à 40 cm
Hypothèse : Œil emmétropisé, âge 30 ans, souhait de grossir x 3 AV : Acuité visuelle ; Acc : Accomodation
Figure 21.15 Mise en jeu de l’acuité visuelle et de l’accommodation pour les différentes aides optiques.
459
Basse def.
utilisation reste cependant limitée à une visualisation sur un
écran vidéo, ce qui détache l’opérateur de l’observation
directe du champ du soin.
Ce type d’aide visuelle ne peut, à l’heure actuelle, être privi-
légié en endodontie. Cependant, pour des raisons didac-
tiques, par exemple pour la visualisation d’une fêlure, la
caméra endobuccale reste un bon outil de communication
IV - Applications cliniques
Comme cela arrive pour toutes les approches innovantes
censées présenter une avancée considérable dans la pratique
clinique, il est essentiel de déterminer si l’utilisation de dis-
positifs de grossissement dans le traitement endodontique
Figure 21.17 Endodontiste visualisant l’image sur un moniteur. est réellement corrélée à une amélioration des résultats du
traitement.
Pour un grand nombre d’indications, l’intérêt des aides
utilisé, maintenu à la place du miroir, pour examiner le plan-
visuelles (loupes et microscopes) est indéniable, notamment
cher pulpaire. Il est recommandé de stabiliser l’endoscope en
pour l’observation du site opératoire (Gordon, 2003 ; Clauder,
le posant sur la partie coronaire de la dent. Pour l’examen
2007). Cependant, une méta-analyse de la littérature médi-
intracanalaire, le canal doit être préparé dans les 15 premiers
cale (Del Fabbro et al., 2009 ; Del Fabbro et Tasschieri, 2010)
millimètres coronaires à un diamètre de 90 pour rendre pos-
n’a pas permis de mettre en évidence que l’utilisation d’un
sible l’observation. Ainsi, la sonde de 15 mm introduite dans le
dispositif de grossissement dans toute procédure endo-
canal permet de visualiser l’anatomie du tiers apical à l’aide
dontique améliorait les résultats cliniques, seules des études
de l’orascope de 0,8 mm à condition que le canal soit sec.
in vitro ou des d’études à faible niveau de preuve étant à
cette époque disponibles. Ces auteurs suggèrent néanmoins
L’utilisation de l’orascope est identique au cours de la que, dans la plupart des procédures endodontiques, l’utilisa-
chirurgie endodontique et du traitement endodontique tion d’un dispositif d’aide visuelle peut offrir de nombreux
conventionnel : l’aide optique est tenue par l’opérateur.
avantages techniques et cliniques.
460
461
462
463
464
465
© Perrin, 2000.
des genoux du praticien (fig. 21.20) ;
- le patient est informé qu’il devra le cas échéant légèrement
incliner la tête en fonction des besoins du traitement ;
- le microscope opératoire est amené en position telle que le
praticien puisse adopter une position confortable, dos droit Figure 21.22 Mise en position du fauteuil.
(fig. 21.21) ;
- la hauteur du fauteuil et la position de la tête sont modi-
fiées de façon à ce que la zone souhaitée se définisse avec
précision (fig. 21.22) ;
- l’unit est amené dans une position accessible à l’aveugle,
sans détournement du regard du praticien (fig. 21.23) ;
© Perrin, 2000.
466
© Perrin, 2000.
Figure 21.26 Microscope faisant fonction de scialytique.
467
Bibliographie
Apotheker H. The application of the dental microscope : preli- Friedman MJ, Landesman HM. Microscope assisted precision
minary report. J Microsurg 1981 ; 3 : 103-106. dentistry. A challenge for a new knowledge. J Calif Dent Assoc
Bahcall JK, Barss J. Orascopic visualization technique for conven- 1998 ; 26 : 900-905.
tional and surgical endodontics. Int Endod J 2003 ; 36 : 441-447. Gordon J. Magnification in dentistry Useful tool or another gim-
Baldassari-Cruz LA, Lilly JP, Riviera EM. The influence of dental mick. J Am Dent Assoc 2003 ; 134 : 1647-1650.
operating microscope in locating the mesiolingual dental ori- Harms H, Mackensen G. Ocular surgery under the microscope.
fice. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; Chicago : Yearbook Medical Publishers, 1967.
93 : 190-194.
Khayat BG. The use of magnification in endodontic therapy : the
Baldassari LA, Wilcox LR. Effectiveness of gutta percha removal operating microscope. Pract Periodontics Aesthet Dent 1998 ;
with and without the microscope. J Endod 1999 ; 25 : 627-628. 10 : 103-144.
Cantatorre G, Berutti E, Castellucci A. Missed anatomy : fre-
Kim S. Principes of endodontics microsurgery. Dent Clin North
quency and clinical impact. Endod Topics 2009 ; 15 : 3-31.
Am 1997 ; 41 : 481-449.
Carr GB. Microscopes in endodontics. J Calif Dent Assoc 1992 ;
20 : 55-61. Kinomoto Y, Takeshige F, Hasashi M, Ebisu S. Optimal positioning
for a dental operating microscope during non surgical endo-
Carr GB. Common errors in periradicular surgery. Endod Report dontics. J Endod 2004 ; 30 : 860-862.
1993 ; 8 : 12-18.
Perrin P, Jacky D, Hotz P. Le microscope opératoira au cabinet
Clark D. The operating microscope and ultrasonics ; a perfect généraliste. Rev Mens Suisse Odontol 2000 ; 110 : 9.
mariage. Dent Today 2004 ; 23 : 74-6, 78-81.
Plotino G, Pameijer CH, Grande NM, Somma F. Ultrasonics in
Clauder T. The dental microscope : an indispensable tool in
endodontics : a review of the literature. J Endos 2007 ; 33 : 81-95.
endodontic pratice. In : The microscope in dentistry.
Oberkochen : Carl Zeiss Surgical GmbH, 2007 : 16-19. Rampado ME, Tjaderhame L, Friedman S. Hamstra S. The benefit
Coelho De Carvalho Mc, Zuolo ML. Orifice locating with a of the operative microscope for access cavity preparation by
microscope. J Endod 2000 ; 26 : 532-534. undergraduate students. J. Endod 2004 ; 30 : 863-867.
Del Fabbro M, Tasschieri S, Lodi G, Banfi G, Weinstein RL. Rubinstein RA. The anatomy of the surgical microscope and
Magnification devices for endodontics therapy. Cochrane operating positions. Dent Clin North Am 1997 ; 41 : 391-413.
Database Syst Rev 2009 ; 3 : CD005969. Rubinstein RA, Kim S. Short-term observation of the results of
Del Fabro M, Taschieri S. Endodontic therapy using magnifica- endodontic surgery with the use of a surgical operation micros-
tion devices : a systematic rewiew. Dent Today 2010 ; 38 : 269- cope and Super-EBA as root-end filling material. J Endod 1999 ;
275. 25 : 43-48.
Detsch SG, Cunningham WT, Langloss JM. Endoscopy as an aid Ruddle CJ. Endodontic perforation repair using the surgical ope-
to endodontic diagnosis. J Endod 1979 ; 5 : 60-2. rating microscope. Dent Today 1994 ; 48-53.
468
469
471
1 - Fractures coronaires sans exposition pulpaire blastique sont plus sujettes aux agressions et aux variables liées
à la préparation cavitaire et à la technique de restauration
a - Fêlures (About et al., 2001). L’hydroxyde de calcium, même dans les
Les fêlures sont des fractures incomplètes ou des craque- cavités profondes, a permis un bon taux de survie des odonto-
lures de l’émail sans perte de structure dentaire. blastes et s’est mieux comporté que les autres matériaux étu-
Aucun traitement n’est nécessaire, mais la pose de sealants diés (About et al., 2001). Il semble donc utile de placer une
sur le trait de fracture peut s’avérer bénéfique pour prévenir couche protectrice d’hydroxyde de calcium sur les parties les
la pénétration de bactéries et les risques de dyschromie plus profondes de la dentine préalablement à la restauration.
d’origine exogène.
L’état de santé pulpaire doit être surveillé pendant au moins 2 - Fractures coronaires avec exposition pulpaire
1 an.
Ce sont des fractures coronaires avec perte de structure
b - Fractures amélaires et amélo-dentinaires dentaire intéressant l’émail, la dentine et la pulpe. L’objec-
Ce sont des fractures de l’émail ou de l’émail et de la dentine, tif du traitement des fractures coronaires avec exposition
avec perte de structure coronaire, sans exposition pulpaire pulpaire est de préserver la vitalité pulpaire, surtout sur
(fig. 22.1). les dents immatures, afin de permettre la radiculogenèse.
Les thérapeutiques comprennent le coiffage pulpaire, la
pulpotomie partielle et la pulpotomie totale. Quelque-
Important ! L’objectif premier du traitement est de proté- fois, la pulpectomie sera nécessaire si ces objectifs ne
ger la dentine et la pulpe contre la pénétration bactérienne.
peuvent être atteints.
Le deuxième objectif est d’offrir au patient plus de confort
en rendant la dent moins sensible à l’air et à la température.
Le scellement des tubuli dentinaires exposés est donc utile.
Le traitement est choisi en fonction :
- du stade de développement radiculaire ;
Si le morceau de dent fracturé n’a pu être retrouvé, ou s’il - du temps écoulé entre le traumatisme et le traitement ;
s’avère impossible de le recoller, ou encore si le temps - des traumatismes concomitants au niveau des structures de
manque pour qu’une reconstitution complète en composite soutien qui peuvent affecter négativement le pronostic ;
soit réalisée le jour même, il convient de placer une protec- - des options restauratrices.
tion temporaire (verre ionomère ou adhésif) pour recouvrir
toute la dentine exposée. a - Coiffage pulpaire direct
L’épaisseur de dentine résiduelle en regard de la pulpe doit être Ce traitement consiste à placer un matériau de coiffage en
prise en compte. Si l’épaisseur de dentine résiduelle est supé- contact direct avec la pulpe exposée, sans amputation pul-
rieure à 0,5 mm, la dent peut être restaurée avec le matériau paire préalable.
choisi par le dentiste (ciment verre ionomère modifié, résine La technique opératoire est décrite dans la section suivante, car
adhésive, ciment de polycarboxylate, hydroxyde de calcium et la seule différence entre les deux traitements est l’absence de
oxyde de zinc et eugénol) sans que cela semble provoquer la l’étape d’amputation pulpaire pour le coiffage pulpaire direct.
diminution du nombre d’odontoblastes sous-jacents (About
et al., 2001). A contrario, dans le cas où l’épaisseur de dentine b - Pulpotomie partielle (pulpotomie de Cvek)
résiduelle est inférieure à 0,5 mm, la pulpe et la couche odonto-
La pulpotomie partielle consiste en l’amputation de la partie
enflammée de la pulpe coronaire, de sorte que le matériau
de coiffage puisse ensuite être placé au contact de pulpe
saine (fig. 22.2).
La technique opératoire est la suivante :
- anesthésie ;
- pose du champ opératoire ;
- nettoyage et désinfection de la dent, de la plaie pulpaire
avec de l’hypochlorite de sodium et du champ opératoire
avec de la Bétadine® ;
- agrandissement du site d’exposition pulpaire en préparant une
cavité d’environ 2 mm de profondeur dans la chambre camé-
rale avec une fraise boule diamantée stérile et irrigation stérile
abondante (l’utilisation de fraises boules à basse vitesse ou
d’excavateurs dentinaires est à éviter car cela risque d’entraî-
ner des déchirures pulpaires plutôt qu’une section nette).
Si le saignement est abondant et persistant, la pulpe sera ampu-
Figure 22.1 Fracture amélo-dentinaire sans exposition pulpaire tée plus profondément jusqu’à l’obtention d’une hémostase
sur 11 et 21. Vue clinique. normale. L’hémostase d’une pulpe normale se fait au bout de
472
Figure 22.2 a. Fracture amélo-dentinaire avec exposition pulpaire Pour cette raison, la pulpotomie totale est contre-indi-
de 21. b. Radiographie de diagnostic. La dent 21 est immature, le quée pour les dents matures (il est alors préférable d’opter
canal large et l’apex ouvert. c. Contrôle à 9 ans postopératoires pour la pulpectomie dont le taux de succès et plus élevé),
après pulpotomie de Cvek. L’édification radiculaire et la ferme- mais doit être tentée dans les cas de dents immatures avec
ture apicale ont pu se faire. apex ouvert et parois dentaires fines.
473
Figure 22.3 Vue histologique d’une exposition pulpaire de Le taux de succès pour le coiffage pulpaire direct semble
7 jours sur prémolaire de chien. Le tissu pulpaire superficiel est plus bas (80 %) (Fuks et al., 1987 ; Ravn et al., 1982) que la pul-
nécrosé. La zone sous-jacente est légèrement inflammatoire. potomie partielle (95 %) (Cvek, 1978). Il convient de noter ici
Bien que la pulpe ait été exposée au milieu buccal et aux bacté- que ces taux de succès se réfèrent à des pulpes exposées par
ries pendant une durée relativement longue, le tissu pulpaire
profond ne semble pas affecté. Néanmoins, au fur et à mesure
traumatisme. Le taux de succès des pulpes exposées par carie
que le temps passe, la nécrose pulpaire tend à avancer en direc- est nettement inférieur : 31,8 % pour le coiffage pulpaire
tion apicale si aucun traitement n’est réalisé. (D : dentine, PN : direct et 34,5 % pour la pulpotomie, au bout de 1 an (Bjørndal
pulpe nécrosée, PS : pulpe saine) (document du Dr A. Ritter) et al., 2010).
474
3 - Fractures corono-radiculaires
4 - Fractures radiculaires a b c
Les fractures radiculaires sont le plus souvent obliques ou Figure 22.6 Fracture corono-radiculaire avec exposition pul-
horizontales et sont finalement rarement rencontrées sur les paire sur une patiente de 11 ans. a. Radiographie de diagnostic
dents immatures dont la pulpe est vitale. Plus le trait de frac- 3 semaines après le traumatisme. Un pansement non étanche
ture est cervical, plus le fragment coronaire tend à se dépla- avait été placé en urgence. La dent semble mature. b. Une pul-
cer. Le fragment apical, quant à lui, est difficilement délogé potomie profonde est tentée, car la patiente est jeune et, clini-
et sa pulpe se nécrose rarement. quement, il semble exister du tissu pulpaire viable au niveau de
À l’examen clinique, la dent fracturée pourra se montrer la pulpe radiculaire. De l’hydroxyde de calcium est placé sur la
plaie pulpaire et la cavité est temporairement fermée avec de
mobile, ainsi que déplacée ou extrudée, simulant une luxa- l’IRM®. c. Contrôle à 8 semaines post-pulpotomie profonde.
tion de la dent en entier alors qu’en réalité, seul le fragment Observer qu’une barrière calcifiée s’est formée au niveau du tiers
coronaire est luxé. Si la fracture s’est produite au niveau du moyen de la racine et à l’interface entre l’hydroxyde de calcium
tiers apical de la racine, la mobilité de la dent est normale. et le tissu pulpaire viable.
475
476
Remarque : les dents ayant subi concussion et subluxation ne Figure 22.9 a. Luxation latérale et extrusion de la dent 21, lacéra-
requièrent pas de traitement d’urgence, mais le résultat des tions gingivales et labiales. b. Contention placée après le reposi-
tests de sensibilité pulpaire doit être soigneusement noté. tionnement de 21. Cette contention est adéquate car, semi-flexible,
elle n’empiète pas sur la gencive et autorise une bonne hygiène.
477
Les dents permanentes intruses ont peu de chances de se Le pronostic des luxations (Andreasen et Vestergaard Peder-
repositionner spontanément, surtout si l’intrusion est sévère sen, 1985 ; Andreasen et al., 1987 ; Andreasen, 1989 ; Andersson
(> 6 mm) (Kenny et al., 2003) et si la dent est mature. De plus, et Malmgren, 1999) est le suivant :
les dents intruses tendent à s’ankyloser très rapidement, au - nécrose pulpaire, de 15 à 52 %. Le taux de nécrose est plus
bout de 11 à 13 jours quelquefois, même si la traction ortho- élevé pour les dents luxées et déplacées que pour les dents
dontique a débuté 5 à 7 jours après le traumatisme (Turley non déplacées ;
et al., 1984). La pulpe d’une dent mature se nécrose toujours - oblitération canalaire, de 3 à 35 %. Les dents à risque sont les
après une intrusion. Du fait que la pulpe nécrosée peut s’in- dents immatures déplacées et mobiles ;
fecter et entraîner une résorption inflammatoire en 2 à - résorptions radiculaires externes, de 1 à 18 %. Les dents
3 semaines, il est important que la dent intruse soit reposi- intruses sont les plus affectées.
tionnée, même partiellement, pour permettre à l’endodon-
tiste de préparer la cavité d’accès et de commencer le 7 - Gestion de l’urgence traumatique : avulsions dentaires
traitement endodontique dans ce délai. Pour les dents imma-
tures, il est préférable de laisser ces dents se remettre en Les avulsions constituent de 0,5 à 3 % des traumatismes de la
place spontanément si l’intrusion n’est pas trop sévère. Si, au denture permanente. Les incisives centrales maxillaires sont
bout de 2 semaines, l’éruption ne semble pas se faire, cer- les dents le plus fréquemment concernées. Les avulsions se
tains auteurs suggèrent de procéder à l’extrusion la dent produisent souvent chez les enfants vers l’âge de 7 à 9 ans, au
orthodontiquement avec des forces légères. Mais il convient moment où l’éruption des dents permanentes est en cours.
de noter que certaines publications récentes montrent que Les chutes, activités sportives et bagarres en sont l’étiologie
l’extrusion chirurgicale immédiate des dents intruses pré- principale.
sente de nombreux avantages par rapport à l’extrusion ortho- La réimplantation doit être faite le plus rapidement possible
dontique (Cunha et al., 2002 ; Ebeleseder et al., 2000). en respectant les étapes suivantes :
- préparation de la racine ;
b - Prescriptions et recommandations postopératoires - préparation de l’alvéole ;
- réimplantation et vérification radiographique du bon repo-
Important ! Le patient doit être informé que l’hygiène buc- sitionnement ;
cale associant un brossage doux et des bains de bouche - contention ;
antiseptiques est primordiale afin d’éviter l’accumulation
- prescriptions et recommandations postopératoires ;
de plaque au niveau de la gencive marginale, ce qui nuirait à
la réparation parodontale. Une alimentation molle sera - contrôle à 10 jours postopératoires ;
conseillée pendant 10 jours. - organisation du suivi en prévenant le patient de son importance.
478
479
480
a b
a b
481
Les principales séquelles des traumatismes dentaires sont Figure 22.15 Oblitérations canalaires post-traumatiques. Exemples
décrites ci-dessous. Il en existe d’autres, mais seulement les de différents types. a. Oblitération canalaire de 21. Un fin canal
principales et les plus fréquentes sont étudiées dans ce cha- semble persister. b. Oblitération canalaire de 22. La portion coro-
pitre. Le clinicien devra être attentif à les diagnostiquer pré- naire du canal est oblitérée mais la portion apicale ne l’est pas.
cocement lors des séances de contrôle et de suivi. Certaines c. Oblitération de 12 et 11. La dent 12 semble complètement obli-
séquelles peuvent évoluer de façon fulgurante, d’autres de térée et il n’est pas certain qu’un canal, même filiforme, persiste.
façon progressive. Elles peuvent se manifester à court, moyen L’étude et la comparaison des radiographies prises lors des
séances de suivi est utile pour mieux évaluer le type d’oblitération
ou long terme (10 ans et plus). qui a eu lieu.
1 - Oblitérations canalaires
Les oblitérations pulpaires sont fréquentes après les luxations Les oblitérations canalaires sont le plus souvent diagnosti-
(fig. 22.15). Le taux d’oblitérations semble inversement propor- quées pendant la première année qui suit le traumatisme et
tionnel au taux de nécrose pulpaire (tableaux 22.1 et 22.2). sont plus fréquentes sur les dents immatures (apex > 0,7 mm
radiographiquement), sur les dents extrudées et luxées laté-
Tableau 22.1 Fréquence d’oblitérations canalaires post-luxations,
ralement et sur celles qui ont reçu une contention rigide
tous types de luxations confondus.
(Andreasen et al., 1987).
Nombre Nombre de Cliniquement, la dent oblitérée répond faiblement ou pas du
Étude
de dents dents oblitérées tout aux tests de sensibilité pulpaire. La couronne dentaire
Andreasen (1970) 189 42 (22 %) peut jaunir progressivement (fig. 22.16).
Stälhane et Hedegärd (1975) 1 116 67 (6 %) La pulpe de la dent oblitérée peut se nécroser et s’infecter
dans certains cas (fig. 22.17), surtout si l’oblitération évolue
Rock et Grundy (1981) 517 83 (16 %)
rapidement, dans les 2 ans après le traumatisme. Dans ce cas,
Andreasen et al. (1987) 637 96 (15 %) il faut entreprendre le traitement endodontique. Toutefois,
Robertson (1997) 196 36 (18 %) celui-ci ne doit pas être institué de façon systématique sur
toute dent oblitérée (Andreasen et al., 1987).
Tableau 22.2 Fréquence de nécrose pulpaire secondaire à une
oblitération canalaire, tous types de luxations confondus. Important ! Bien qu’insuffisamment décrite dans la littéra-
Temps Nombre Nécrose ture, l’oblitération se fait quelquefois de façon totalement
Étude anarchique et dystrophique à l’intérieur de l’espace pulpaire
d’observation de dents pulpaire
de la dent immature, sans qu’aucun vrai canal persiste. L’exa-
Holcomb men radiologique attentif de l’évolution au cours des mois,
4 41 3 (7 %)
et Gregory (1967) en observant les différentes radiographies de suivi, est donc
Andreasen (1970) 1-12 (3,4) 42 3 (7 %) fondamental pour desceller la possible présence ou pas
Stälhane (1971) 13-21 76 12 (16 %) d’un canal résiduel.
Jacobsen
10-23 (16) 122 16 (13 %)
et Kerekes (1977)
Si l’évolution de l’oblitération montre que le canal a peu de
Robertson et al. chances d’exister, il vaut mieux s’abstenir plutôt que de tenter
7-22 (16) 82 7 (9 %)
(1996) un traitement endodontique sur un « canal » illusoire et qui
ne pourra donc être ni retrouvé ni traité comme un canal fin,
Le mécanisme exact reste inconnu. Différentes explications même avec l’aide du microscope opératoire. Si nécessaire, en
ont été proposées : cas d’infection, il sera alors préférable d’opter pour une
- la circulation sanguine altérée provoquerait la formation chirurgie endodontique.
incontrôlée d’un tissu calcifié le long des parois canalaires Pronostic : les oblitérations canalaires se produisent dans 3 à
ou l’hémorragie pulpaire et les caillots sanguins qui consti- 35 % des dents luxées selon les études. Les dents les plus
tueraient des nids à calcifications ; fréquemment atteintes sont les dents immatures qui ont subi
- des perturbations au niveau de l’innervation. un fort déplacement et sont devenues mobiles.
482
483
Tableau 22.3 Prévalence de la nécrose pulpaire selon le type de mulus responsable de l’inflammation persistent, la résorption
luxation (dents permanentes) (d’après Andreasen et Vestergaard pourra se poursuivre soit selon un mode transitoire (stimulus
Pedersen, 1985). de courte durée), soit selon un mode progressif (stimulus de
Type de luxation Nombre de dents Nécrose pulpaire longue durée). De plus, l’inflammation post-traumatique peut
Concussion 178 5 (3 %)
agir à la fois comme inducteur et comme facteur de maintien
de la résorption radiculaire. Ce concept est d’importance car
Subluxation 223 14 (6 %)
il oriente le traitement vers des approches tendant à minimi-
Extrusion 53 14 (26 %) ser la réponse inflammatoire post-traumatique, de façon à ce
Luxation latérale 122 71 (58 %) que la réparation cémentaire puisse se faire.
Intrusion 61 52 (85 %)
Après un traumatisme, trois principaux types de résorp-
tions externes peuvent survenir : les résorptions de sur-
Tableau 22.4 Prévalence de la nécrose pulpaire post-luxation face, les résorptions de remplacement et les résorptions
(dents permanentes) selon le stade de développement radicu- inflammatoires. Quelquefois, des résorptions cervicales
laire (d’après Andreasen et Vestergaard Pedersen, 1985). (résorptions externes sous-épithéliales) peuvent se mani-
Stade de développement Nombre Nécrose fester ainsi que des résorptions internes.
radiculaire de dents pulpaire
Dent immature (apex ouvert) 279 21 (8 %) Toutefois, si les traitements d’urgence et les suivis sont mis en
place de façon adéquate après le traumatisme, ces complica-
Dent mature (apex fermé) 358 135 (38 %)
tions peuvent être évitées ou minimisées (fig. 22.19 à 22.23).
484
a b c
485
À cet égard, il est conseillé de suivre les modalités de traitement Les tests de sensibilité les plus courants sont le froid et le
indiquées dans ce chapitre, ainsi que dans les « Recommanda- test pulpaire électrique (electric pulp test, EPT) (voir cha-
tions pour l’évaluation et la gestion des traumatismes dentaires » pitre 4). Néanmoins, ils sont loin d’être fiables pour établir le
préconisées et constamment réactualisées par l’IADT. diagnostic de nécrose pulpaire. En post-traumatique immé-
Il est également nécessaire d’instaurer un calendrier des diat, une grande majorité des dents luxées ne répondent pas
séances de suivi post-traumatique (qui peut être adapté en aux tests de sensibilité, ce qui ne veut pas dire que la pulpe
fonction des séquelles détectées lors de chaque visite de soit nécrosée puisque ces dents pourront recommencer à
contrôle) se décomposant comme suit : répondre aux tests après un certain laps de temps. La perte
- jour du traumatisme ; de l’excitabilité peut être due à des pressions ou à des ten-
- 10 jours post-traumatisme ; sions au niveau des fibres nerveuses dans la région apicale, ou
- au bout de 3 semaines ; à leur déchirement. En cas de rupture totale des fibres ner-
- au bout de 1 mois ; veuses, il faut compter environ 36 jours avant qu’une réponse
- au bout de 2 mois ; positive puisse être obtenue sur une dent immature (Öhman,
- puis tous les 3 mois pendant 1 an ; 1965 ; Skieller, 1960). Sur une dent mature, le délai est plus
- puis tous les 6 mois pendant 1 an ; long : environ 1 an ou plus (Skieller, 1960 ; Andreasen, 1986).
- puis tous les ans le plus longtemps possible (10 ans ou plus). Une non-réponse pendant de nombreux mois peut faire sup-
À chaque visite de contrôle, le praticien doit interroger son poser que la pulpe est irréversiblement endommagée mais
patient sur la présence ou l’absence de symptômes. Il doit même dans ce cas, on ne peut affirmer avec certitude qu’elle
également procéder à l’examen clinique et radiologique est nécrosée.
complet des dents traumatisées. Les tests de sensibilité pul-
paire doivent être réalisés et les résultats devront être com- Lors de contrôles subséquents, une réponse initialement
parés aux résultats obtenus en post-traumatisme immédiat. négative peut devenir positive, ce qui est plutôt bon signe
car cela peut indiquer que la physiologie pulpaire se réta-
Essentiel : la coopération du patient pour les séances de blit progressivement. Ce phénomène peut se produire
suivi est donc indispensable, surtout que certaines séquelles, dans un délai de 2 mois à 1 an et arrive plus fréquemment
comme les résorptions inflammatoires, peuvent évoluer de sur les dents immatures que matures. Quelquefois, une
façon fulgurante (en quelques semaines). réponse positive peut devenir négative dans les mêmes
délais, ce qui indique en général que la pulpe se nécrose.
486
a b
487
Une étude menée sur des chiens a montré que le laser avait Pour cela, dans le cas de dents fracturées coronairement par
détecté correctement la reprise du flux sanguin dès la 2e ou exemple, il faudra veiller à ce que la dentine et la pulpe
la 3e semaine après l’avulsion d’une dent immature. Le laser a soient protégées de l’invasion bactérienne le plus rapide-
également indiqué correctement la non-présence de flux ment possible. En cas d’exposition pulpaire, le coiffage pul-
sanguin pour les dents qui étaient restées nécrosées et paire ou la pulpotomie devront être réalisés dans des
n’avaient pu se revasculariser (Yanpiset et al., 2001). conditions d’asepsie et en respectant le protocole opératoire
Mais la technique présente encore à ce jour de gros inconvé- afin d’obtenir la meilleure adhésion et la meilleure étanchéité
nients, notamment : possible de la restauration (fig. 22.25).
- le coût de l’appareil ; Dans les cas où le paquet vasculo-nerveux pulpaire a été
- la précision que requiert la technique car la sonde doit res- déchiré ou sectionné après un traumatisme sévère, il est
ter immobile et être placée exactement (à 0,5 mm près) au quelquefois possible de favoriser la revascularisation sponta-
même endroit de la couronne pour que les résultats soient née de l’espace pulpaire. Par exemple, la revascularisation de
comparables ; dents luxées jeunes à apex ouvert est favorisée par le reposi-
- le positionnement exactement à l’identique du patient à tionnement correct et rapide. Et dans le cas de dents expul-
chaque examen. sées, si la dent est réimplantée dans un délai de 60 minutes
Par ailleurs, il semblerait que de faux résultats puissent appa- après avoir été trempée dans de la doxycycline pendant
raître sur les dents grises (Heithersay et Hirsch, 1993). 5 minutes ou si la racine a été recouverte de minocycline
avant la réimplantation, le taux de revascularisation pulpaire
b - Oxyométrie est doublé, voire triplé (Cvek et al., 1990 ; Ritter et al., 2004).
Comme le laser Doppler, le procédé de l’oxyométrie est non
invasif et ne dépend pas de la réponse subjective du patient.
Une source lumineuse émet deux faisceaux, un rouge et un
infrarouge, dirigés vers le tissu à examiner. Un photocapteur
placé à l’arrière du tissu recueille les informations. L’hémo-
globine oxygénée et l’hémoglobine non oxygénée absorbent
des quantités distinctes de lumière rouge et infrarouge. Le
rapport entre les lumières absorbées est calculé et indiqué
en pourcentage de sang artériel oxygéné.
488
489
100 %
90 %
80 %
70 %
60 % Survenue d’ankylose
50 % Réparation de
40 % résorption inflammatoire
30 %
20 %
10 %
a b c 0%
Figure 22.29 Réparation d’une résorption externe inflammatoire Figure 22.30 Réparation de résorption inflammatoire et incidence
localisée sur cette dent n° 11 qui a été luxée en direction palatine. d’ankylose après traitement endodontique à l’hydroxyde de cal-
a. Radiographie préopératoire 1 an après le traumatisme. Noter cium sur dents luxées (d’après Cvek, 1974 et 1992 ; études portant
la zone de résorption localisée au niveau distal du tiers cervical sur 192 dents luxées non vitales traitées avec de l’hydroxyde de
moyen de la racine ainsi que la radio-clarté péri-apicale. b. Trai- calcium).
tement endodontique à l’hydroxyde de calcium. c. Contrôle
18 mois après le début du traitement endodontique. La lacune
de résorption semble être en partie comblée par un tissu calci-
fié ; un espace ligamentaire normal s’est rétabli. Une réparation
partielle de la résorption semble avoir eu lieu.
490
Bibliographie
Abbott PV, Heithersay GS, Hume WR. Release and diffusion Andreasen JO, Borum M, Jacobsen HL, Andreasen FM.
through human tooth roots in vitro of corticosteroids and tetra- Replantation of 400 traumatically avulsed permanent incisors.
cycline trace molecules from Ledermix paste. Endod Dent IV. Factors related to periodontal ligament healing. Endod Dent
Traumatol 1988 ; 4 : 55-62. Traumatol 1995c ; 11 : 76-89.
About I, Murray PE, Franquin JC, Remusat M, Smith AJ. The effect Andreasen JO, Farik B, Munksgaard EC. Long-term calcium
of cavity restoration variables on odontoblast cell numbers and hydroxide as a root canal dressing may increase risk of root frac-
dental repair. J Dent 2001 ; 29 : 109-117. ture. Dent Traumatol 2002 ; 18 : 134-137.
Andersson L, Malmgren B. The problem of dentoalveolar anky- Andreasen JO, Andreasen FM, Mejare I, Cvek M. Healing of 400
losis and subsequent replacement resorption in the growing intra-alveolar root fractures. 1. Effect of pre-injury and injury
patient. Aust Endod J 1999 ; 25 : 57-61. factors such as sex, age, stage of root development, fracture
Andreasen JO. Luxation of permanent teeth due to trauma. type, location of fracture and severity of dislocation. Dent
A clinical and radiographic follow-up study of 189 injured teeth. Traumatol 2004a ; 20 : 192-202.
Scand J Dent Res 1970 ; 78 : 273-286. Andreasen JO, Andreasen FM, Mejare I, Cvek M. Healing of 400
Andreasen FM. Transient apical breakdown and its relation to intra-alveolar root fractures. 2. Effect of treatment factors such
color and sensibility changes after luxation injuries to teeth. as treatment delay, repositioning, splinting type and period and
Endod Dent Traumatol 1986 ; 2 : 9-19. antibiotics. Dent Traumatol 2004b ; 20 : 203-211.
Andreasen FM. Pulpal healing after luxation injuries and root Andreasen JO, Munksgaard EC, Bakland LK. Comparison of frac-
fracture in the permanent dentition. Endod Dent Traumatol ture resistance in root canals of immature sheep teeth after fil-
1989 ; 5 : 111-131. ling with calcium hydroxide or MTA. Dent Traumatol 2006 ; 22 :
154-156.
Andreasen FM, Vestergaard Pedersen B. Prognosis of luxated per-
manent teeth-the development of pulp necrosis. Endod Dent Avery J. Repair potential of the pulp. J Endod 1981 ; 7 : 205-212.
Traumatol 1985 ; 1 : 207-220. Barthel CR, Rosenkranz B, Leuenberg A, Roulet JF. Pulp capping
Andreasen FM, Zhijie Y, Thomsen BL, Andersen PK. Occurrence of carious exposures : treatment outcome after 5 and 10 years :
of pulp canal obliteration after luxation injuries in the perma- a retrospective study. J Endod 2000 ; 26 : 525-529.
nent dentition. Endod Dent Traumatol 1987 ; 3 : 103-115. Bergenholtz G. Micro-organisms from necrotic pulp of trauma-
Andreasen JO, Borum M, Jacobsen HL, Andreasen FM. tized teeth. Odontol Revy 1974 ; 25 : 347-358.
Replantation of 400 traumatically avulsed permanent incisors. I. Bernick S. Differences in nerve distribution between erupted
Diagnosis of healing complications. Endod Dent Traumatol end non-erupted human teeth. J Dent Res 1964 ; 43 : 406-416.
1995a ; 11 : 51-58. Bjørndal L, Reit C, Bruun G, Markvart M, Kjaeldgaard M, Näsman
Andreasen JO, Borum M, Jacobsen HL, Andreasen FM. P et al., Treatment of deep caries lesions in adults : randomized
Replantation of 400 traumatically avulsed permanent incisors. clinical trials comparing stepwise vs. direct complete excava-
II. Factors related to pulp healing. Endod Dent Traumatol 199b5 ; tion, and direct pulp capping vs. partial pulpotomy. Eur J Oral Sci
11 : 59-68. 2010 ; 118 : 290-297.
491
Blömlof L, Lindskog S, Andersson L, Hedstrom KG, Hammarström Gopikrishna V, Tinagupta K, Kandaswamy D. Evaluation of effi-
L. Storage of experimentally avulsed teeth in milk prior to cacy of a new custom-made pulse oximeter probe in compari-
replantation. J Dent Res 1983 ; 62 : 912-916. son with the electrical and thermal tests for assessing pulp
Caliskan MK, Sen BH. Endodontic treatment of teeth with apical vitality. J Endod 2007 ; 33 : 411-414.
periodontitis using calcium hydroxide : a long-term study. Endod Heithersay GS, Hirsch RS. Tooth discoloration and resolution
Dent Traumatol 1996 ; 12 : 215-221. following a luxation injury : significance of blood pigment in
Castelli WA, Nasileti CE, Cafesse RG, Diaz-Perez R. Vascular res- dentin to laser Doppler flowmetry readings. Quintessence Int
ponse of periodontal membrane after replantation of teeth. 1993 ; 24 : 669-676.
Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1980 ; 50 : 390-397. Jacobsen I. Root fractures in permanent anterior teeth with
Chazine M, Sedda M, Ounsi HF, Paragliola R, Ferrari M, Grandini incomplete root formation. Scand J Dent Res 1976 ; 84 : 210-217.
S. Evaluation of the fracture resistance of reattached incisal Kenny DJ, Barrett EJ, Casas MJ. Avulsions and intrusions : the
fragments using different materials and techniques. Dent controversial displacement injuries. J Can Dent Assoc 2003 ; 69 :
Traumatol 2011 ; 27 : 15-18. 308-313.
Chiego DJ Jr, Avery JK, Klein RM. Neuroregulation of protein Kirakozova A, Teixeira F, Curran A, Fang Gu, Tawil PZ, Trope M.
synthesis in odontoblasts of the first molar of the rat after Effect of intracanal corticosteroids on healing of replanted dog
wounding. Cell Tissue Res 1987 ; 248 : 119-123. teeth after extended dry times. J Endod 2009 ; 35 : 663-667.
Cox CF, Tarim B, Kopel H, Gürel G, Hafez A. Technique sensiti- Klein H. Pulp responses to an electric pulp stimulator in the
vity : biological factors contributing to clinical success with developing permanent anterior dentition. ASDC J Dent Child
various restorative materials. Adv Dent Res 2001 ; 15 : 85-90. 1978 ; 45 : 199-202.
Crona-Larson G, Bjarnason S, Norén JG. Effect of luxation injuries
Kling M, Cvek M, Mejare I. Rate and predictability of pulp revas-
on permanent teeth. Endod Dent Traumatol 1991 ; 7 : 199-206.
cularization in therapeutically reimplanted permanent incisors.
Cunha RF, Pavarini A, Percinoto C, Lima JE. Influence of surgical Endod Dent Traumatol 1986 ; 2 : 83-89.
repositioning of mature permanent dog teeth following experi-
mental intrusion : a histologic assessment. Dent Traumatol Kristerson L, Andreasen JO. Autotransplantation and replanta-
2002 ; 18 : 304-308. tion of tooth germs in monkeys. Effect of damage to the dental
follicle and position of transplant in the alveolus. Int J Oral Surg
Cvek M. A clinical report on partial pulpotomy and capping with 1984 ; 13 : 324-333.
calcium hydroxide in permanent incisors with complicated
crown fracture. J Endod 1978 ; 4 : 232-337. Kubota K, Yonaga T, Hosaka K, Katayama K, Nagae K, Shibanai S
et al. Experimental morphological studies on the functional role
Cvek M. Prognosis of luxated non-vital maxillary incisors treated of pulpal nerves in dentinogenesis. Anat Anz (Jena) 1985 ; 158 :
with calcium hydroxide and filled with gutta-percha. A retros- 323-336.
pective clinical study. Endod Dent Traumatol 1992 ; 8 : 45-55.
Öhman A. Healing and sensitivity to pain in young replanted
Cvek M, Cleaton-Jones PE, Austin JC, Andreasen JO. Pulp reac- human teeth, an experimental clinical and histological study.
tions to exposure after experimental crown fractures or grinding Odontologisk Tidsskrift 1965 ; 73 : 165-228.
in adult monkeys. J Endod 1982 ; 8 : 391-397.
Oikarinen K, Gundlach KKH, Pfeifer G. Late complications of
Cvek M, Cleaton-Jones P, Austin J, Lownie J, Kling M, Fatti P. Effect
luxation injuries to teeth. Endod Dent Traumatol 1987 ; 3 : 296-
of topical application of doxycycline on pulp revascularization
303.
and periodontal healing in reimplanted monkey incisors. Endod
Dent Traumatol 1990 ; 6 : 170-176. Olgart L, Matsuo M, Lindskog S, Wall L. Enhanced formation of
Da Silva AC, Passeri LA, Mazzonetto R, De Moraes M, Moreira secondary dentine in the absence of nerve supply to feline
RW. Incidence of dental trauma associated with facial trauma in teeth. Eur J Oral Sci 1995 ; 103 : 160-165.
Brazil : a 1-year evaluation. Dent Traumatol 2004 ; 20 : 6-11. Pierce A, Heyhersay G, Lindskog. Evidence for direct inhibition
Ebeleseder KA, Santler G, Glockner K, Hulla H, Pertl C, of dentinoclasts by a corticosteroid/antibiotic endodontic
Quehenberger F. An analysis of 58 traumatically intruded and paste. Endod Dent Tramatol 1988 ; 4: 44-45.
surgically extruded permanent teeth. Endod Dent Traumatol Ravn JJ. Follow-up study of permanent incisors with complica-
2000 ; 16 : 34-39. ted crown fractures after acute trauma. Scand J Dent Res 1982 ;
Flores MT, Andreasen JO, Bakland LK, Feiglin B, Gutmann JL, 90 : 363-372.
Oikarinen et al. Guidelines for the evaluation and management Ritter AL, Ritter AV, Murrah V, Sigurdsson A, Trope M. Pulp revas-
of traumatic dental injuries. Dent Traumatol 2001 ; 17 : 1-4. cularization of replanted immature dog teeth after treatment
Fuks AB, Cosack A, Klein H, Eidelman E. Partial pulpotomy as a with minocycline and doxycycline assessed by laser Doppler
treatment alternative for exposed pulps in crown-fractured per- flowmetry, radiography, and histology. Dent Traumatol 2004 ;
manent incisors. Endod Dent Traumatol 1987 ; 3 : 100-102. 20 : 75-84.
Fulling HJ, Andreasen JO. Influence of maturation status and Rock WP, Grundy MC. The effect of luxation and subluxation
tooth type of permanent teeth upon electrometric and thermal upon the prognosis of traumatized incisor teeth. J Dent 1981 ; 9 :
pulp testing. Scand J Dent Res 1976 ; 84 : 286-290. 224-230.
Fuss Z, Trowbridge H, Bender IB, Rickoff B, Sorin S. Assessment of Schröder U. Reaction of human dental pulp to experimental
reliability of electrical and thermal pulp testing agents. J Endod pulpotomy and capping with calcium hydroxide. Odont Revy
1986 ; 12 : 301-305. 1973 ; 24 (suppl. 25) : 97.
492
493
L
e professeur W. Roentgen découvre, en novembre 1895, Le besoin de disposer d’un détecteur de rayons X de haute
une nouvelle radiation pénétrante produite par des sensibilité permettant d’améliorer de façon très significative
décharges électriques dans un tube électronique à vide. la résolution spatiale de l’image (c’est-à-dire le nombre de
Il observe le squelette de sa main sur un écran fluorescent et pixels ainsi que son contraste) apparaît donc très tôt.
enregistre cette image sur une plaque photographique. Pour
cette découverte fondamentale pour la médecine, il reçoit le La radiographie est un outil indispensable au diagnostic en
prix Nobel en 1901. Dès l’année suivante, des entreprises endodontie (Arens et al., 2009 ; Cohen et al., 2010).
vendent des générateurs de rayons X, des écrans de visualisa- L’examen radiographique est tellement riche en informa-
tion et des générateurs électriques à haute tension. Si l’inté- tions que la tentation est parfois grande d’établir un plan
rêt des rayons X pour le diagnostic médical apparaît évident, de traitement fondé sur la seule lecture d’un cliché rétroal-
il n’existe cependant, à cette époque, aucune protection véolaire (fig. 23.1). Cependant, l’interrogatoire du patient et
pour le patient ni pour le médecin qui observe l’intérieur du l’examen clinique doivent demeurer prépondérants et les
corps humain, puisque seuls les matériaux denses comme les informations issues de la lecture de la radiographie ne
os absorbent les rayons X. Très rapidement l’exposition pro- doivent être qu’un complément, certes indispensable mais
pas suffisant (fig. 23.2).
longée aux rayons X s’avère être délétère, conduisant à des
brûlures irréversibles sur le corps et à l’apparition de cancers.
Les rayons X à forte dose sont donc dangereux et, pour les Un diagnostic fondé uniquement sur l’interprétation radio-
utiliser à des fins médicales, il faut impérativement diminuer graphique peut conduire à une erreur de traitement à venir
les doses reçues par le patient par des facteurs 100 et 1 000. (White et Pharoah, 2009).
495
I - Générateur de rayons X
Un générateur de rayons X se compose du tube et de son
alimentation électrique. Monté sur un bras articulé fixé au
mur ou au plafond, il se compose des éléments suivants.
A - Tube à rayons X
Les tubes à rayons X utilisés dans le monde médical et den-
taire sont des tubes de type Coolidge, du nom de leur inven-
teur en 1913 (fig. 23.5). À l’intérieur se trouvent les deux
Figure 23.3 Radiographie rétroalvéolaire préopératoire : on
détecte la carie de la face distale de la dent 16 proximale ainsi
éléments principaux que sont l’anode et la cathode avec son
que son étendue en direction de la pulpe. On détecte la pré- filament. Le filament chauffé par un courant génère la pro-
sence d’une parodontite apicale sur la dent 17. Le cone beam CT duction d’électrons qui, placés dans un champ électrique
préopératoire objective la présence de courbures radiculaires entre l’anode et la cathode, sont fortement accélérés :
et d’une perforation dans le tiers apical de la racine mésio-ves- - le filament, en tungstène, mesure environ 2 mm de diamètre
tibulaire ainsi que l’étendue de la perte osseuse et ses rapports et 1 cm, voire moins, de long. Quand il est porté à incandes-
avec le sinus maxillaire. cence, la quantité d’électrons qu’il émet dépend de la tem-
pérature obtenue. Il est placé dans un réflecteur en
molybdène chargé négativement. Il y a alors concentration
des électrons émis en un faisceau fin dirigé vers une petite
surface de l’anode nommée le focal spot ;
Réceptacle en molybdène
Anode (+)
Filament (cathode)
Enveloppe en cuivre
Enveloppe
en métal
Huile Huile du générateur
Huile Huile
Circuit
Obturateur de la Fenêtre en verre à faible
tête en aluminium non plombé tension
ou en verre
Collimateur
Figure 23.4 Suivi de la guérison. Radiographie préopératoire : Filtres en aluminium
on note la radio-clarté apicale et latéro-radiculaire au niveau de supplémentaires
Tube indicateur du faisceau
la racine distale de 46. Radiographie postopératoire : elle per-
met d’objectiver le respect des objectifs du traitement endo-
dontique. Contrôle radiographique à 12 mois, objectivant la Figure 23.5 Schéma d’un générateur de rayons X (d’après docu-
reconstruction osseuse ad integrum. ment Kodak Carestream).
496
2 - Intensité (mA)
À temps de pose et kilovoltage égaux, le fait d’augmenter
l’ampérage permet de produire plus de rayons X.
3 - Voltage (kVp)
Lorsque le voltage augmente, l’énergie de chacun des élec-
trons augmente également ainsi que la quantité de photons
Figure 23.6 Plus le focal spot est petit (idéalement punctiforme), émis. Leur pouvoir de pénétration est également lié à cette
moins il y aura d’« ombres » sur le cliché radiographique et plus tension.
celui-ci sera précis.
4 - Filtration
Le faisceau de rayons X est constitué de photons avec diffé-
B - Alimentation électrique rents niveaux d’énergie. Seuls ceux ayant un niveau d’énergie
Le courant électrique est caractérisé par le mouvement des suffisant pour traverser la matière et impressionner le film
électrons dans un matériau conducteur. L’intensité du cou- sont utilisables pour le diagnostic radiologique. Afin de
rant (le nombre d’électrons qui circulent à un endroit par réduire la dose absorbée par le patient, la filtration permet
seconde) se mesure en ampères. La différence de potentiel se de ne conserver que les rayons utiles. Généralement consti-
mesure en volts et la résistance du conducteur se mesure en tué d’aluminium, ce filtre ne laisse passer que les rayons X à
ohms en répondant à la formule U = R × I (où U est le poten- haute énergie.
tiel électrique en volts, R la résistance du conducteur en
ohms et I l’intensité du courant en ampères). 5 - Collimation
La première fonction de l’alimentation électrique d’un généra- C’est le moyen de réduire le diamètre du faisceau de rayons X
teur de rayons X est de fournir du courant faible (courant alter- et, donc, la surface de la zone irradiée. L’usage d’un collima-
natif de 10 V) pour chauffer le filament à l’aide d’un transformateur teur permet également d’améliorer la qualité de l’image en
courant fort/courant faible et de produire une importante dif- réduisant fortement le rayonnement secondaire responsable
férence de potentiel entre l’anode et la cathode grâce à un de sa dégradation.
transformateur haute tension. L’ensemble baigne dans un iso-
lant, la plupart du temps constitué par un bain d’huile.
B - Interaction des rayons X avec la matière
Pour générer des rayons X, il faut une grande différence de L’intensité du faisceau de rayons X est réduite quand il tra-
potentiel entre l’anode et la cathode ; celle-ci se mesure verse la matière par l’interaction des photons avec la matière.
en kilovolts. Les générateurs modernes utilisent générale- Les rayons X atteignant un objet produisent trois types d’ef-
ment une tension de 70 kV. fets qui dépendent de l’énergie du rayonnement incident.
L’énergie des rayons X est proportionnelle à la différence
de potentielle entre l’anode et la cathode. 1 - Effet photoélectrique
Ce phénomène est généré quand le photon incident donne
toute son énergie à un électron d’une orbite interne d’un
C - Minuteur atome et qui sera éjecté. Il y a alors ionisation atomique et un
Le minuteur permet de contrôler le temps d’exposition. Le électron d’une couche énergétique supérieure vient rempla-
générateur de rayons X doit rester allumé en permanence pour cer l’électron éjecté pour stabiliser l’atome. Le déplacement
que le filament reste à la bonne température. Le temps d’expo- de ces couches électroniques génère la production d’une
sition se mesure soit en millisecondes, soit en impulsions. énergie appelée photoélectrique.
497
498
Figure 23.7 Déformation de l’image en fonction du rayon inci- Figure 23.8 La même dent prise sous deux incidences diffé-
dent et de la position de la dent par rapport au film. En fonction rentes. Les rapports de déformation ne sont pas homogènes, il
de l’incidence du faisceau, l’image portée sur le film sera soit y a plus d’allongement au niveau des racines qu’au niveau de la
plus grande soit, au contraire, plus petite que l’objet lui-même. couronne.
Quand le faisceau est perpendiculaire à la bissectrice formée
par le plan du film et l’axe de la dent, la déformation est limitée
(d’après Castellucci, 2004).
499
a b
Figure 23.9 Pour les clichés préopératoires et postopératoires, la radiographie long cône diminue les risques de distorsion de l’image
en éloignant la source de rayonnement et en alignant le plan du film et l’axe de la dent (documents du Dr S. Simon).
V - Examen radiographique intra-oral grande qualité. Pour les clichés intra-oraux, la tension du tube
est de 60 kV, 70 kV ou, plus exceptionnellement, 90 kV.
En endodontie, l’examen radiographique est le seul moyen La minuterie permet de régler le temps d’exposition et de
mis à la disposition du praticien pour appréhender l’anato- choisir l’intensité du courant (ampérage) en fonction de la
mie interne et radiculaire de la dent, d’une part, et obser- zone à explorer.
ver l’état des tissus de soutien, d’autre part. Il ne fournit
cependant aucune information directe sur l’état physiopa-
thologique de la pulpe. B - Techniques
1 - Radiographie rétroalvéolaire
Pour être exploitable sans ambiguïté, une radiographie doit La radiographie rétroalvéolaire fait appel à deux techniques
répondre à certains critères de qualité. Une bonne radiogra- principales ; celle dite des plans parallèles et celle dite de la
phie doit donner des informations sur l’ensemble de la dent bissectrice. La première reste la technique de choix car elle
et de ses racines et englober au minimum 2 mm d’os au-delà entraîne moins de déformations que la seconde.
des apex. De plus, la déformation doit être le plus faible pos- Une fois le patient confortablement installé, le film est intro-
sible. Enfin, la densité et le contraste doivent fournir une duit en bouche grâce à un porte-film. Le plan du film sera
échelle de gris compatible avec l’interprétation endo- éloigné de la dent en le maintenant parallèlement au grand
dontique. Il faut noter que ces critères peuvent différer de axe de la dent, dans la mesure du possible. Le patient ferme
ceux escomptés dans d’autres disciplines telles que la paro- délicatement la bouche, maintenant ainsi le porte-film en
dontologie, où les informations recherchées sont différentes. place dans la bonne position. Le tube radiographique est
À défaut de qualité ou en cas de doute, le cliché doit être alors placé perpendiculairement au film et à la dent, en utili-
repris ou complété par d’autres réalisés avec des incidences sant le guide du porte-film comme repère spatial.
différentes (White et Pharoah, 2009). Le film est exposé en fonction de la région à explorer avec des
paramètres prédéfinis par le constructeur mais toujours modi-
fiables par le praticien lui-même sur la console de l’appareil.
A - Matériel Dans la technique des plans parallèles (ou technique long
Dans un cabinet dentaire, le générateur est installé dans la salle cône), l’alignement film-objet-source de rayons X minimise la
de soins. Le déclencheur est quant à lui déporté à l’extérieur de distorsion géométrique et participe à la définition et à la
la pièce afin de protéger le personnel médical des radiations qualité de l’image.
ionisantes. Cet appareil contient un générateur de rayons X à Il existe sur le marché différents porte-films et le choix doit
très haute fréquence permettant d’obtenir des images de se faire en fonction des habitudes du praticien (fig. 23.10).
500
C - Supports
Le film argentique est longtemps resté la référence en image-
rie dentaire, grâce à la précision de l’image pouvant être
obtenue et à la quantité d’informations disponibles. Cette
Figure 23.11 Vue transversale des différentes couches que traverse qualité est cependant directement liée à la façon d’utiliser et
le faisceau de rayons X avant de venir impressionner le film. surtout de traiter ces clichés. Depuis une dizaine d’années, la
501
technique numérique a énormément évolué et est aujourd’hui dans un niveau de gris. Cette technique est moins onéreuse
en passe de devenir la référence (Bhaskaran et al., 2007). que la précédente et les résultats obtenus en termes de
performance sont actuellement équivalents. La lecture de
1 - Film argentique l’image se fait en temps réel sur l’écran de lecture ;
Le film argentique existe en plusieurs sensibilités et son traite- - les plaques au phosphore (photostimulable phosphor
ment nécessite une chambre noire, des bains ou une machine plates). Elles absorbent et stockent l’énergie des rayons X
à développer. L’observation doit se faire sur un négatoscope. La pour ensuite la restituer sous forme de photons lorsqu’elles
communication avec le patient autour de ce cliché reste déli- sont exposées à une autre lumière de longueur d’onde
cate. Le stockage et l’archivage doivent être parfaitement maî- déterminée. Avant d’être exposées, les plaques sont initiali-
trisés pour que le suivi d’une pathologie soit possible. sées afin d’éliminer les images fantômes. Pratiquement, la
plaque est maintenue dans une pochette en carton, elle-
2 - Film numérique même placée dans une pochette en plastique souple. La
souplesse de l’ensemble est très proche de celle d’un film
L’imagerie numérique intrabuccale est née en France en 1987
argentique et l’utilisation de ce capteur est identique à celle
avec la mise au point de la radiovisiographie (RVG) par un
d’une radiographie conventionnelle. Le traitement de
Français, le Dr Francis Mouyen. Les rayons X, au lieu d’être
l’image est électronique ; le capteur est placé dans un lec-
réceptionnés sur un film argentique, sont récupérés sur un
teur qui restitue l’image en quelques secondes. Contraire-
capteur numérique. Les structures électroniques composant
ment aux capteurs CCD ou CMOS, l’image n’est pas obtenue
ce capteur transforment l’énergie du rayon X réceptionné en
instantanément mais nécessite un traitement supplémen-
un courant électrique, lui-même matérialisé sur un écran par
taire qui prend quelques secondes. Ces capteurs ont ten-
un pixel d’un niveau de gris dépendant de la quantité d’éner-
dance à s’abîmer et doivent être remplacés régulièrement
gie générée. L’ensemble de ces pixels fournit une image inter-
pour ne pas perdre en qualité d’image. Le coût est tout à fait
prétable sur un écran (ou sur un support papier, comme
raisonnable. Sur le plan pratique, un lecteur peut être par-
c’était le cas pour la première génération d’appareils). Le
tagé par plusieurs praticiens dans le cas d’exercice de groupe
pixel est l’équivalent numérique du cristal de bromure d’ar-
par exemple, ce qui est plus difficile avec les capteurs
gent en radiographie analogique. Chaque pixel peut avoir un
conventionnels décrits plus haut (fig. 23.13).
niveau de gris différent parmi les 256 disponibles. La valeur 0
sur l’échelle de gris correspond à la couleur noire sur le film
et la valeur 255 à la radio-opacité maximum, qui est blanche.
La taille du grain de bromure d’argent reste largement infé-
rieure à la taille d’un pixel numérique, ce qui théoriquement
devrait conférer à l’image argentique une netteté et une qua-
lité supérieure par rapport aux images numériques. Si cela a
été vrai pendant très longtemps, l’essor de l’électronique et
les progrès de la technique permettent aujourd’hui d’obtenir,
avec la radiologie numérique, des images au moins d’aussi
bonne qualité qu’avec l’argentique mais surtout plus facile à
exploiter cliniquement.
Parmi les techniques disponibles en radiologie dentaire, on
retrouve :
- les capteurs du type charge-coupled device (CCD). Il s’agit du
procédé le plus ancien en radiologie numérique. Il est issu de
la technique d’autres équipements (fax, caméra vidéo). Le
CCD est sensible à la lumière et aux rayons X. Les cellules du
Figure 23.13 Appareil pour traitement des plaques au phos-
capteur transforment ces derniers en lumière puis en signal
phore. Un seul appareil suffit pour plusieurs cabinets. Il y a une
électrique par les photodiodes au silicium. Ce signal est reconnaissance automatique des films et un archivage informa-
secondairement amplifié, digitalisé et mémorisé. Le CCD tisé (document Kodak Carestream).
étant plus sensible à la lumière qu’aux rayons X, une couche
de scintillateur est en général placé directement sur le cap-
teur avec ou sans interposition d’une couche supplémentaire 3 - Caractéristiques du film numérique
de fibres optiques qui orientent le signal et atténuent le bruit.
Le processus de fabrication est complexe et onéreux ; a - Contraste
- la technique CMOS (complementary metal oxide semi- C’est la possibilité de distinguer différentes densités sur la
conductors). Il s’agit de l’élément de base des caméras vidéo. radiographie. C’est un paramètre qui dépend de la capacité
Chaque pixel est isolé de son voisin et est connecté à un de l’objet à absorber les rayons X, de celle du capteur à enre-
transistor. La différence essentielle avec le CCD repose sur gistrer ces différences, de celle du système informatique à le
le fait que la charge du pixel est lue puis stockée et restituée restituer et de celle de l’observateur à reconnaître ces diffé-
502
f - Analyse de l’image
Cette opération consiste à extraire de l’image les données à VI - Examen radiographique extra-oral
valeur diagnostique. Le plus important reste la connaissance
de l’observateur ainsi que sa capacité à analyser l’image en
fonction des observations cliniques.
A - Radiographie panoramique
g - Stockage Important ! Il ne s’agit pas vraiment d’un examen systéma-
L’utilisation d’imagerie numérique impose un mode de stoc- tique en endodontie mais il permet d’avoir une vision glo-
kage différent de celui utilisé en imagerie argentique. Les bale de la cavité buccale, de noter les rapports des dents
avec les structures anatomiques (canal dentaire, sinus, fosses
radiographies vont être automatiquement stockées et archi- nasales, etc.), de délimiter les lésions de grande étendue
vées dans la fiche numérique du patient. Les possibilités dont la taille est supérieure à celle d’un film rétroalvéolaire
offertes par l’informatique sont telles qu’aucun système de et d’anticiper les problèmes en cas de traumatisme (fracture
classement et d’archivage physique ne peut actuellement des maxillaires, des articulations temporo-mandibulaires,
rivaliser avec celui qu’elle offre. etc.) C’est un excellent document pour la première consulta-
Les études ont montré que la précision d’une radiographie tion et la présentation du plan de traitement au patient.
numérique était comparable à celle des clichés argentiques en
termes de radiodiagnostic des lésions carieuses (Nair, 2007). La radiographie panoramique est une tomographie, ce qui
La quantité de rayons X nécessaire en imagerie numérique est sous-entend que les structures situées en avant ou en arrière
7 fois inférieure à la dose nécessaire pour obtenir une image du plan de coupe ne seront presque pas visibles sur le film.
503
La radiographie panoramique donne des informations sur les évoluent. Nul doute que des aides au diagnostic pour la
rapports qui existent entre les apex des dents et les struc- recherche de lésions ou de structures anatomiques fassent
tures anatomiques nobles telles que les sinus maxillaires et le leur apparition dans un futur proche (Patel et al., 2009b ;
nerf mandibulaire (fig. 23.15). Cotti, 2010).
1 - Capteur
Comme tous les détecteurs digitaux, le détecteur de la 3D
est composé de pixels. Comme toujours, la taille du pixel
conditionne la sensibilité et la précision du système.
2 - Acquisition d’images
Figure 23.15 Radiographie panoramique : très utile pour la Il faut également faire attention aux artefacts liés à la pré-
consultation et pour déterminer quelles sont les zones à explo- sence de matériaux radio-opaques. La diffraction engendrée
rer plus en détail. Cette radiographie permet de diagnostiquer au moment de l’irradiation peut être la source d’erreurs
des pathologies silencieuses.
majeures d’interprétation. Dans la mesure du possible, le
patient est débarrassé de tout objet métallique situé à l’exté-
rieur de la bouche.
B - Cone beam computerized tomography
Si l’utilisation systématique de la radiographie rétroalvéolaire
est évidente, l’utilisation du cone beam CT n’est, quant à elle,
pas encore largement répandue en endodontie. Mais étant
donné la quantité de nouvelles informations fournies par ce
type d’appareil, les indications vont probablement s’étoffer
dans les années à venir (Patel et al., 2007). L’analyse volumé-
trique des pièces que permet cette nouvelle technique rend
dorénavant accessible la visualisation de la troisième dimen-
sion, jusqu’ici limitée à la reconstruction mentale.
En endodontie, les appareils à petit champ offrent l’avantage
d’un « voxel » (équivalent du pixel en volume) de très petite Figure 23.16 Positionnement du patient dans le cone beam CT
taille. En augmentant la résolution de l’image finale, la lec- (K9000 de Kodak). L’objet à radiographier doit se trouver au centre
ture des structures anatomiques et l’interprétation des du cylindre d’acquisition, le plan d’occlusion est horizontal.
images obtenues sont optimisées (Patel et al., 2009a).
Pour le scanner médical conventionnel, l’acquisition est héli-
coïdale et les coupes sont espacées la plupart du temps de 3 - Reconstruction du volume
1 mm, ce qui laisse un vide dans les reconstructions. La Une fois que toutes les vues sont prises, la reconstruction
reconstitution des différentes couches acquises est assurée peut commencer. Il y a plusieurs méthodes de reconstruction
par un logiciel, dont la définition dépend très étroitement de mais la plus répandue est l’algorithme de Feldkamp. Après la
l’algorithme et de la technique choisis par le fabricant. reconstruction du volume, on obtient un cylindre composé
Pour l’examen cone beam CT, la source de rayonnement est un de voxels.
faisceau conique et la source ainsi que le capteur se déplacent Le temps de reconstruction dépend de plusieurs facteurs tels
selon une trajectoire déterminée (Scarfe et Farman, 2005). que :
L’acquisition d’un cylindre de données en un passage offre - la quantité de données ;
plusieurs avantages par rapport à l’acquisition de tranches - la taille du champ ;
comme dans le cas du scanner médical, à savoir : - la taille du pixel ;
- une meilleure précision ; - la taille du voxel ;
- une plus grande résolution ; - la performance de l’algorithme.
- une réduction du temps d’acquisition ; Contrairement à l’observation d’un cliché radiographique, l’ana-
- une réduction de la dose d’exposition (Cotton et al., 2010). lyse des résultats issus d’un examen cone beam CT doit être
Le potentiel d’utilisation du cone beam CT en endodontie « dynamique ». La présentation du logiciel en quatre parties
semble s’élargir à mesure que les logiciels de reconstruction permet de faire défiler les images dans plusieurs plans de l’es-
504
B - Fractures radiculaires
Seules les fractures horizontales peuvent être visibles sur la
radiographie. Il faut cependant que les fragments soient
séparés et que le faisceau de rayons X passe par le plan de
fracture (fig. 23.19).
Dans les autres situations, la dent fracturée est entourée d’une
Figure 23.17 La fonction « stitching » permet de faire l’acquisition zone radio-claire caractéristique (cela n’est pas systématique).
d’une arcade complète. De gauche à droite et de haut en bas : plan
horizontal, reconstruction 3D et matérialisation des différents
plans, coupe transversale et coupe sagittale médiane. Sur la coupe
transversale, on note l’émergence du canal dentaire inférieur.
505
a b c
d e f
506
507
Bibliographie
Arens D, Gluskin AH, Peters CI, Peters OA. Radiographic examina- Goldman M, Pearson AH, Darzenta N. Reliability of radiographic
tion and interpretation. In : Practical lessons in endodontic treat- interpretations. J Endod 2007 ; 33 : 1-6.
ment. Hanover Parc : Quintessence Publishing Co, Inc., 2009 : 21-35.
Nair MK, Nair UP. Digital and advanced imaging in endodontics :
Bhaskaran V, Qualtrough AJ, Rushton VE, Worthington HV, a review. Dent Clin North Am 2010 ; 54 : 215-235.
Horner K. A laboratory comparison of three imaging systems for
image quality and radiation exposure characteristics. J Endod Patel S, Dawood A, Ford TP, Whaites E. The potential applica-
2007 ; 33 : 1121-1132. tions of cone beam computed tomography in the management
Castellucci A. Endodontic radiography. In : Castelluci A (ed). of endodontic problems. Int Endod J 2007 ; 40 : 818-830.
Endodontics. Vol. 1. Venise : Il Tridente, 2004 : 66-119. Patel S, Dawood A, Whaites E, Pitt Ford T. New dimensions in
Cavézian R, Pasquet G, Bel G, Baller G. Imagerie dento-maxil- endodontic imaging. Part 1. Conventional and alternative radio-
laire : approche radio-clinique. Paris : Masson, 2006. graphic systems. Dent Clin North Am 2008 ; 52 : 707-730.
Cotti E. Advanced techniques for detecting lesions in bone. Patel S, Dawood A, Mannocci F, Wilson R, Pitt Ford T. Detection
Dent Clin North Am 2010 ; 54 : 215-235. of periapical bone defects in human jaws using cone beam com-
Cotton TP, Geisler TM, Holden DT, Schwartz SA, Schindler WG. puted tomography and intraoral radiography Int Endod J 2009a ;
Endodontic applications of cone-beam volumetric tomography. 42 : 507-515.
Dent Update 2010 ; 37 : 373-379. Patel S, Kanagasingam S, Mannocci F. Cone beam computed
Estevez R, Aranguren J, Escorial A, de Gregorio C, De La Torre F, tomography (CBCT) in endodontics. Eur J Oral Implantol 2009b ;
Vera J et al. Invasive cervical resorption class III in a maxillary 2 : 201-208.
central incisor : diagnosis and follow-up by means of cone-beam
computed tomography. J Endod 2010 ; 36 : 2012-2014. Scarfe WC, Farman AG. What is cone-beam CT and how does it
work ? Int Endod J 2005 ; 38 : 645-652.
Glickman GN, Vogt MW. Preparation for treatment. In : Kenneth
M, Cohen HS (eds). Cohen’s pathways of the pulp. Philadelphie : White SC, Pharoah MJ. Oral radiology principles and interpreta-
Mosby Elsevier, 2010 : 88-123. tion. Saint-Louis : Mosby, 2009.
508