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Biologie de la pulpe
S. SIMON

progressif des amalgames par les composites a souvent été


Des progrès significatifs ont été faits ces dernières années
dans le domaine de la cariologie, notamment à propos des motivé par la toxicité des alliages d’amalgame d’argent pour
processus de reminéralisation des tissus durs et de la bio- le patient et son environnement, bien que l’innocuité des
logie du complexe pulpo-dentinaire. Il apparaît doréna- résines soit loin d’être évidente.
vant clairement que, face à une multitude d’agressions, la
pulpe est capable de se défendre afin de maintenir la vita- Important ! Néanmoins, les restaurations adhésives présen-
lité pulpaire. Quand le développement initial de la dent tent un avantage biologique certain en réduisant significati-
est terminé, elle conserve une activité de synthèse par des vement l’élimination de tissu dentaire pendant la
mécanismes d’homéostasie d’autoprotection. Elle est éga- préparation coronaire, les extensions de rétention n’étant
lement capable de réactiver le processus de dentinoge- plus justifiées. Mis à part les avantages biomécaniques que
nèse à tout moment afin de se protéger des agressions. représente cette dentisterie a minima, l’agression du tissu
pulpaire sous-jacent s’en trouve considérablement dimi-
nuée et les voies de passage de l’extérieur de la dent vers la
Lorsque le processus carieux est très avancé, il est largement pulpe sont réduites par la baisse du nombre de tubuli
admis qu’il est trop tard pour envisager une thérapeutique de ouverts. Les avantages à long terme de cette approche pré-
régénération ; la pulpectomie est alors considérée comme la servatrice sont évidents (Murray et al., 2000).
thérapeutique de choix, dans la mesure où ce traitement
apparaît comme le plus prévisible et le plus adapté pour la La dentisterie « non invasive » ou « minimaliste » possède un
prévention des risques douloureux et d’infection du paren- potentiel certain (Pashley, 1996 et 2002 ; Banerjee et al.,
chyme pulpaire. Cependant, aucune « règle de bonne 2003 ; Ericson et al., 2003 ; Kidd et al., 2003 ; Kidd, 2004).
conduite » n’est actuellement proposée permettant de défi-
nir clairement la limite entre conservation de la pulpe et pul-
pectomie.
De nombreuses équipes de recherche s’intéressent depuis II - Complexe pulpo-dentinaire
plusieurs années au processus de cicatrisation pulpaire et les La dentine protège la pulpe qui, elle, assure la « vitalité » de
avancées récentes dans le domaine des biotechnologies ont la dent (Linde et Goldberg, 1993). Le complexe pulpo-denti-
ouvert de nombreuses perspectives en termes de mise au naire est ainsi qualifié à cause de la relation très étroite qui lie
point de nouvelles thérapeutiques permettant la conserva- ces deux tissus, l’un minéralisé et l’autre conjonctif. La sépa-
tion de la pulpe ou une régénération localisée, voire plus ration de l’un et de l’autre est difficile tant sur le plan histo-
large, du complexe pulpo-dentinaire dans le système endo- logique que fonctionnel.
dontique d’une dent. La dentine est un tissu minéralisé qui représente le principal
constituant de l’organe dentaire. Elle assure le support de
l’organe et lui confère une certaine élasticité. Soixante-dix
I - Vers une approche pour cent de la dentine est minéralisée par des cristaux d’hy-
droxyapatite. Elle contient également 20 % de matrice orga-
plus biologique de l’endodontie nique et 10 % d’eau. La matrice organique est majoritairement
Élaborer le concept de la conservation de la vitalité pulpaire constituée par des protéines qui jouent différents rôles de
nécessite une bonne connaissance et une bonne compréhen- structure, de signalisation et d’homéostasie pouvant être
sion des processus physiopathologiques du complexe pulpo- impliqués dans le processus de cicatrisation/régénération
dentinaire ainsi que la création de nouveaux biomatériaux pulpaire.
permettant une régénération pulpo-dentinaire. La prédentine, présente à l’interface entre la dentine et la
La mise au point de nouvelles thérapeutiques de régénéra- pulpe, constitue la phase non minéralisée à l’origine de la
tion en odontologie conservatrice impose, dans un premier, matrice dentinaire. Sa composition est très proche de celle
temps une approche moins délabrante qu’auparavant afin de de la dentine, même si quelques modifications peuvent sur-
réduire les dégâts tissulaires sous-jacents. Le remplacement venir au cours du processus de minéralisation (Linde, 1984).

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1 Endodontie

La dentine est composée de plusieurs types de collagènes, Dentine « circumpulpaire »


tels les collagènes de types I (le composant majeur), V et Tubulus ou canalicule
VI, mais également de nombreuses protéines non collagé- dentinaire
niques (protéoglycanes, glycoprotéines, phosphopro-
téines dentinaires, etc.)

Au sein de ces molécules, la sialoprotéine dentinaire (DSP,


dentine sialoprotein) et la phosphoprotéine dentinaire (DPP,
dentine phosphoprotein) sont considérées comme les plus Dentine
spécifiques du tissu dentaire (Goldberg et Smith, 2004). intratubulaire
Cependant, ces protéines ont également été mises en évi- ou péritubulaire
dence dans d’autres tissus comme le tissu osseux, mais à des Dentine intertubulaire
concentrations significativement plus basses que dans la
Lumière du Tubulus
dentine.
Les protéines non collagéniques sécrétées par le prolonge-
Figure 1.1 Description schématique de la structure de la dentine
ment distal de l’odontoblaste assurent la transformation de
périphérique ou circumpulpaire. Première molaire maxillaire de
la prédentine en dentine, en déclenchant et contrôlant le souris. Coloration Van Gieson. Barre = 500 µm.
processus de minéralisation de la matrice extracellulaire dans
la région du front de minéralisation (Butler, 1998).

La dentine est un tissu perméable qui est traversé par des La dentine intracanaliculaire est sécrétée tout au long de la
structures tubulaires appelées tubuli ou canalicules denti-
vie de la dent et peut être accélérée dans certaines condi-
naires. Ces canalicules traversent la dentine de part en
part, de la jonction amélo-dentinaire (ou jonction tions physiopathologiques (en cas d’agression carieuse par
cémento-dentinaire dans la région de la racine) jusqu’à la exemple) aboutissant parfois à la sclérose dentinaire par-
lumière canalaire qui contient le tissu pulpaire. tielle, voire complète (Senawongse et al., 2008).
La composition biochimique des dentines intercanaliculaire
et péricanaliculaire est différente, notamment au niveau de
Les tubuli contiennent le fluide dentinaire d’origine pulpaire la trame collagénique. Ces différences ont une incidence
et le prolongement de l’odontoblaste. Le niveau d’extension directe sur certaines procédures thérapeutiques, en particu-
de ces prolongements cellulaire au sein des canalicules reste lier lors de l’agression acide dans le conditionnement préa-
controversé puisque, pour certains, le prolongement cyto- lable de la dentine pendant les étapes d’adhésion. Les
plasmique occupe la lumière canaliculaire sur toute sa lon- protocoles doivent donc être adaptés à la nature de la den-
gueur (Maniatopoulos et Smith, 1983 ; Sigal et al., 1984 et tine concernée et seront différents selon qu’il s’agit d’une
1985), alors que d’autres suggèrent que cette extension dentine sclérotique ou d’une cavité profonde sur une dent
occupe au maximum un tiers de cette même longueur (Gar- d’un patient jeune. Ces différences structurelles sont égale-
beroglio et Brannström, 1976 ; Thomas et Carella, 1983 et ment importantes en endodontie lorsque l’on envisage de
1984 ; Pashley, 2002). mettre en œuvre des systèmes d’obturation canalaire fondés
Cette particularité de structure est importante car la pré- sur des propriétés adhésives. La dentine de la région apicale
sence de ces extensions cellulaires au sein du tissu minéralisé est majoritairement fibreuse (fibrodentine) et donc considé-
peut influencer l’approche thérapeutique. Certains canali- rablement différente d’une dentine tubulaire classique ren-
cules sont partiellement oblitérés par des produits issus de contrée sur le reste de la racine (Mjör et al., 2001).
l’activité cellulaire elle-même ; après agression carieuse de la
dent, cette fermeture même partielle confère à la dentine Remarque : cette différence structurelle pose donc un pro-
des propriétés de perméabilité vers la pulpe sensiblement blème dans l’élaboration de protocoles et de produits de
différentes de celles où les diamètres des canalicules expo- collage puisque l’on doit prendre en considération la diffé-
rence de tissus présents dans une unité radiculaire.
sés sont plus importants. Ces modifications doivent être
prises en compte lors de l’établissement du plan de traite-
ment de la dent à traiter. Pour ces raisons, les techniques ayant fait leurs preuves en
La dentine circumpulpaire ou périphérique est composée de termes d’adhésion sur la dentine coronaire ne sont pas repro-
dentine intercanaliculaire (entre les canalicules) et de den- ductibles au niveau radiculaire, ce qui explique en partie les
tine péricanaliculaire ou intracanaliculaire (qui a été déposée difficultés rencontrées lors de la mise au point de nouveaux
secondairement en périphérie du canalicule et qui réduit produits qui, en termes d’étanchéité, devraient permettre de
ainsi le diamètre de sa lumière) (fig. 1.1). palier les défauts des matériaux actuellement utilisés.

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Biologie de la pulpe 1
A - Types de dentines
Une certaine confusion perdure sur les qualificatifs appli-
qués aux trois types de dentines : primaire, secondaire et Dentine primaire
tertiaire. On retrouve de nombreuses définitions dans la
littérature médicale et plusieurs d’entre elles sont contra-
dictoires.
Dentine secondaire

Malgré l’absence de consensus, Goldberg et Smith (2004) ont


proposé les définitions ci-après.

1 - Dentine primaire
Il s’agit de la dentine sécrétée en première intention au cours
du développement de la dent. Elle donne la forme générale
de la couronne et de la racine et est ainsi responsable de la
morphologie de l’organe. La couche la plus externe, relative-
ment fine et immédiatement sous-jacente à la jonction
amélo-dentinaire, est sécrétée par les odontoblastes au
cours de leur différenciation terminale. Elle présente une
structure sans canalicules et est qualifiée de « dentine man-
teau » (mantle dentine).
Figure 1.2 Localisation histologique des deux types de dentines
2 - Dentine secondaire physiologiques (primaire et secondaire).
La dentine secondaire, quant à elle, est sécrétée physiologi-
quement après l’éruption de la dent dans la cavité buccale 3 - Dentine tertiaire
ou après l’apexogenèse. Elle est physiologique et ne doit en La dentine tertiaire est sécrétée en réponse à une agression
aucun cas être considérée comme une structure patholo- externe, telle que la carie ou l’abrasion, afin de protéger la
gique. Cette dentinogenèse est responsable de la diminution pulpe sous-jacente. Dans le cas d’un stress modéré, qui ne
progressive et asymétrique du volume canalaire au cours du conduit pas à la destruction des odontoblastes, la dentine
vieillissement, souvent improprement dénommée « calcifi- sécrétée est appelée « dentine réactionnelle » ; lorsque le
cation » ou « minéralisation ». stress est plus intense et que la survie des odontoblastes est
compromise, il s’agit alors de « dentine réparatrice ».
Ce processus biologique explique les différences qui La distinction entre dentine secondaire (physiologique) et
existent entre le volume canalaire d’une dent jeune et tertiaire (cicatricielle) est clairement définie, malgré une fré-
celui d’une dent plus âgée. quente confusion dans la littérature scientifique (fig. 1.3). La
bonne compréhension et connaissance de ces trois types de
dentinogenèses est primordiale pour une approche théra-
La sécrétion de dentine secondaire n’est pas uniforme ; elle peutique raisonnée.
est plus importante au niveau du toit et des parois externes
de la chambre pulpaire qu’au niveau du plancher. La compo-
sition chimique et la structure histologique des dentines pri- B - Dentine et os
maire et secondaire sont absolument identiques, bien que
ces similitudes aient rarement fait l’objet de recherches Important ! La dentine et l’os ont une composition biochi-
poussées (fig. 1.2). Seule la vitesse de sécrétion diffère : la mique très proche mais présentent des différences structu-
dentine primaire est sécrétée à une vitesse de 4 µm/j, alors relles essentielles.
que la sécrétion de dentine secondaire se fait à une vitesse
de 0,4 µm/j (Schour et Poncher, 1937 ; Ziskin et al., 1949 ; Plusieurs études récentes ont montré que la composition de
Nanci, 2003). ces tissus est beaucoup plus proche que cela a pu être appré-
cié pendant des années. Certaines molécules qui ont long-
En résumé, la dentinogenèse primaire existe au cours du temps été considérées comme spécifiques de la dentine (par
développement et conduit à la formation de la couronne exemple la DSP) ont finalement été également retrouvées
et de la racine de la dent, alors que la dentine secondaire dans l’os alvéolaire (Butler et al., 2003 ; Huang et al., 2008a). Il
est sécrétée tout au long du reste de la vie de la dent et est de plus en plus difficile de trouver des marqueurs spéci-
est responsable de la réduction de la taille de la chambre fiques permettant de caractériser chacun de ces tissus. Néan-
pulpaire, des canaux radiculaires et de la sécrétion conti- moins, l’expression des protéines SIBLINGs (small
nue de dentine péricanaliculaire (Baume, 1980).
integrin-binding ligand N-linked glycoproteins), par exemple,

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1 Endodontie

Dentinogenèse réactionnelle Dentinogenèse réparatrice

Destruction
pulpaire
localisée

Dentine Dentine
réactionnelle réparatrice

Figure 1.3 La densité des canalicules dentinaires est variable au sein de l’épaisseur
dentinaire. En section transversale (Pashley, 1996), les canalicules occupent de 2 à 3 %
de la surface dentinaire en périphérie de la dent et atteignent de 20 à 25 % à proximité
de la pulpe (d’après Olgart et Bergenholtz, 2003).
D : dentine ; P : pulpe.

permet cette différenciation grâce à une mise en évidence cellules dentaires et osseuses à différents stades de leur vie
d’expression différentielle quantitative (Huang et al., 2008a). cellulaire (Simon et al., 2009).
Sur le plan structurel, l’os et la dentine présentent un certain
nombre de similitudes. Les cellules de l’os alvéolaire et de la
dentine sont toutes issues des crêtes neurales, ce qui peut
C - Canalicules dentinaires :
expliquer un certain nombre des similarités retrouvées entre une zone de communication
les deux tissus en termes de formation et de structure. Au
niveau de l’os, les ostéoblastes sont responsables de la sécré- 1 - Structure tubulaire
tion de la matrice ; une fois enfermées dans cette matrice La densité des canalicules au sein de la dentine est impor-
minéralisée, ces cellules changent d’aspect, deviennent tante (environ 30 000/mm2 en moyenne) ; ils ont un dia-
quiescentes et se transforment en ostéocytes qui commu- mètre approximatif de 1 à 3 µm en moyenne dans la dent
niquent entre eux grâce à un important réseau de prolonge- humaine (fig. 1.4).
ments cytoplasmiques cellulaires, eux-mêmes enfermés dans
des canalicules. Au niveau du complexe pulpo-dentinaire, les
odontoblastes restent en surface de la matrice dentinaire Leur répartition est inégale dans l’épaisseur de la dentine et
dont ils assurent la sécrétion ; seul un prolongement cyto- leur densité augmente à proximité de la cavité pulpaire, reflet
plasmique persiste dans l’épaisseur de la dentine au sein d’un de la confluence des odontoblastes et de leur migration en
canalicule. Ce prolongement cellulaire présente de nom- direction centripète au cours de la dentinogenèse (fig. 1.4).
breuses ramifications latérales qui permettent également Ces canalicules ont un trajet sinusoïdal au niveau de la cou-
une communication intercellulaire. Des ressemblances mor- ronne et présentent de nombreuses ramifications. Ainsi, la
phologiques entre les canalicules dentinaires et ostéocy- surface de contact entre l’odontoblaste et la matrice denti-
taires ont été mises en évidence (Lu et al., 2007) et des naire est largement augmentée grâce à la présence du pro-
données récemment publiées montrent également des simi- longement au sein des canalicules et de nombreuses
litudes à l’échelle moléculaire dans le comportement des ramifications.

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Biologie de la pulpe 1
Densité des canalicules
à proximité de l’émail Émail

D Bactéries/toxines

Dentine
P

Os

Densité des canalicules


à proximité de la pulpe Pulpe

Figure 1.4 Il existe une différence de concentration des bacté-


ries/toxines entre la cavité carieuse et le tissu pulpaire. Les bac-
téries et les toxines ont tendance à diffuser du milieu le plus
concentré vers le milieu le moins concentré à travers les canali-
cules dentinaires. Ce phénomène est appelé diffusion. Figure 1.5 La différence de pression entre la cavité intrapulpaire
et la surface extérieure permet de protéger le parenchyme pul-
paire. La surpression a tendance à repousser vers l’extérieur les
Important ! Ce contact intime a une signification clinique bactéries et autres toxines.
importante en termes de communication entre l’intérieur
et l’extérieur de la dent, tant au niveau des pathologies den-
taires qu’à celui de l’impact que peuvent avoir les solutions Dans le cas de la dent, la présence d’une concentration éle-
thérapeutiques sur la pulpe. vée de bactéries dans la salive va induire leur passage vers la
pulpe stérile par diffusion passive. Cependant, le diamètre
Sur toute sa longueur, le canalicule dentinaire contient un des bactéries est généralement plus important que celui des
fluide dentinaire probablement issu d’une transsudation des canalicules, ce qui crée un obstacle à une vraie diffusion. Les
cellules du parenchyme pulpaire. toxines, quant à elles, peuvent diffuser sans problème.
La densité des tubules varie considérablement entre les
couches internes et externes de la dentine. En périphérie, b - Surpression intrapulpaire
immédiatement sous l’émail, les canalicules occupent environ La pression intrapulpaire est supérieure à la pression exté-
15 % de la surface dentinaire. À proximité de la pulpe, la surface rieure de la dent (fig. 1.6). Physiologiquement, la surpression
occupée est de 22 % (Fosse et al., 1992). Il est important de intrapulpaire est telle qu’elle a tendance à propulser le fluide
prendre en considération ces variations de répartition au dentinaire vers l’extérieur, s’opposant ainsi au phénomène de
moment de la réalisation d’une cavité ou d’une préparation diffusion passive. Les bactéries et toxines sont donc repous-
périphérique sur la dent. Plus la préparation est profonde, plus sées vers l’extérieur, limitant ainsi temporairement les risques
la communication entre l’endodonte et l’extérieur est impor- de contamination du parenchyme pulpaire. La mécanique
tante et plus le risque de diffusion des pathogènes (bactéries, des fluides est une science compliquée, notamment dans un
toxines et autres agents) vers la pulpe est grand. contexte d’architecture complexe telle que la dentine canali-
Il existe deux phénomènes permettant le passage de ces culaire.
pathogènes vers la pulpe lorsque les canalicules sont ouverts.
Note : la surpression intrapulpaire et les mouvements de
a - Diffusion (fig. 1.5) fluide au sein des canalicules contribuent à ce que la
Quand deux compartiments biologiques (par exemple la matrice dentinaire ne se comporte pas comme un simple
filtre perméable.
pulpe et le milieu de la cavité buccale) sont séparés par un
filtre (la dentine canaliculaire), un gradient de concentration
des agents pathogènes existe entre ces deux environne-
ments. 2 - Perméabilité dentinaire et implications cliniques
La surpression intrapulpaire est directement impliquée dans
La diffusion est le processus qui permet le passage des les procédures cliniques de dentisterie restauratrice. Dans les
molécules du milieu le plus concentré vers le moins protocoles de collage, il est recommandé de « sécher sans
concentré afin d’obtenir un équilibre.
dessécher » la surface dentinaire. Après séchage pendant

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1 Endodontie

Cette théorie permet d’expliquer comment, dans une même


cavité buccale, une dent peut devenir très sensible aux diffé-
rences de température après une exposition de la dentine
alors que les autres dents demeurent asymptomatiques. Elle
Bactéries/toxines permet également d’expliquer pourquoi, dans des conditions
Dentine
expérimentales, l’application de quelques gouttes de solu-
tion sucrée peut provoquer des douleurs violentes chez cer-
tains patients alors que d’autres tolèrent beaucoup mieux ce
genre d’agression. À partir d’observations histologiques et
physiologiques, Brannström (1963) a clairement démontré
que la sensibilité dentinaire était étroitement liée à des mou-
vements brefs et rapides du fluide dentinaire au sein des
canalicules, mouvements qui peuvent engendrer des
réponses de type vasculaire ou neuronal au niveau du tissu
pulpaire (fig. 1.7).
Depuis la publication de Brannström, de nouvelles théories
Pulpe biologiques ont été proposées pour expliquer la sensibilité
Fluide dentinaire dentinaire, telle que la possible innervation partielle des
canalicules (Carda et Peydro, 2006). Des découvertes récentes
suggèrent des propriétés sensorielles de l’odontoblaste lui-
même, et de son éventuel rôle de transmission du stimulus
Figure 1.6 Principe de la théorie hydrodynamique de Brannström.
La pression exercée sur l’obturation peut engendrer un déplace- vers le reste du parenchyme pulpaire (Okumura et al., 2005 ;
ment du fluide dentinaire dans les canalicules (A) et créer ainsi Allard et al., 2006).
une surpression au niveau de la pulpe responsable de l’inconfort
postopératoire (B et C). Bien que les mécanismes de transmission de la douleur au
niveau de la dent ne soient pas complètement élucidés,
nos connaissances actuelles nous permettent de com-
quelques secondes, il est fréquent de constater que la sur- prendre certaines douleurs postopératoires rencontrées
face dentinaire est à nouveau humide. en pratique quotidienne.

Remarque : à ce stade, il est recommandé de ne pas sécher Par exemple, il est relativement fréquent de rencontrer des
à nouveau la surface ; un excès de séchage pourrait occa- patients rapportant des douleurs postopératoires après le
sionner des dégâts irréversibles au niveau de la pulpe, res-
ponsables de douleurs postopératoires inévitables. La
collage d’un inlay/onlay en méthode indirecte. Cette sensibi-
nouvelle génération d’adhésifs prend en compte ce phéno- lité est particulièrement décrite au cours de la mastication et
mène et les produits tolèrent dorénavant l’humidité denti- peut facilement être expliquée par la théorie hydrodyna-
naire sans pour autant affecter les propriétés d’adhésion. mique. Au cours de la mastication, la couche hybride issue du
processus de collage se comporte comme un élément
« absorbeur » de choc grâce à ses propriétés viscoélastiques.
Essentiel : la perméabilité dentinaire est un facteur inévi- Les micromouvements de fluide engendrés au sein des cana-
table et nécessaire qu’il faut prendre en considération dans licules peuvent créer une surpression pulpaire responsable
les procédures cliniques en dentisterie. Une intervention au
niveau de la dent provoque inévitablement des dégâts pul- des douleurs décrites par le patient.
paires ; les réponses de défense sont nombreuses et com- Ces micromouvements du fluide dentinaire peuvent égale-
plexes et leur processus n’est, à ce jour, toujours pas ment expliquer les douleurs issues des fêlures ou fractures
complètement compris. radiculaires. Ce type de douleur est souvent troublant pour
le patient puisqu’il ne survient pas au moment de la pression
sur la dent concernée mais du relâchement. Dans le cas d’une
Néanmoins, ils sont à la base du processus de cicatrisation et
fêlure, la pression engendrée par l’occlusion provoque une
des douleurs postopératoires qui sont parfois rencontrées
séparation des deux parois dentinaires ; ainsi, le fluide pul-
après un traitement conservateur. Il est nécessaire de
paire interstitiel a tendance à pénétrer dans cette nouvelle
connaître et d’appréhender ces processus de défense afin
voie créée. Lorsque l’occlusion est relâchée, les deux parois
d’optimiser le confort du patient après un traitement quel
dentinaires ont tendance à se rapprocher, engendrant ainsi
qu’il soit.
une surpression intrapulpaire qui provoque une douleur
brève et aiguë. Le seul traitement permettant d’éviter cette
Important ! La théorie hydrodynamique pulpaire (Brannström, symptomatologie consiste à prévenir cette séparation des
1963) est probablement le processus le mieux connu permet-
tant d’expliquer les douleurs d’origine pulpaire.
parois, par exemple en protégeant la dent concernée avec
une couronne. Dans ce cas précis, et en l’absence d’autres

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Biologie de la pulpe 1
Émail

Obturation

Dentine

Pulpe

Figure 1.7 Coupe histologique d’une première molaire de bovin.


Coupe de 7 µm, coloration hématoxyline/éosine. Barre = 500 µm.
a A : vue à plus fort grandissement, barre = 250 µm.

Couche
Couche hybride hybride

Obturation

Obturation

Fluide
Dentine
dentinaire

Pulpe
Pulpe

b c

pathologies pulpaires associées, le traitement endodontique diffusion vers la pulpe sous-jacente. La mise au point de nou-
n’est pas indiqué. veaux produits d’adhésion notamment, permettant en plus
des propriétés adhésives une possible désinfection réma-
D - Conséquences sur l’élaboration nente, est une voie de recherche actuellement largement
exploitée. Le Protect Bond® (Kuraray®, Allemagne), dans lequel
de nouvelles technologies du 12-methacryloyloxy-dodecyl-pyridinium-bromide (MDPB)
Nos connaissances actuelles sur le complexe pulpo-denti- a été ajouté à l’agent d’adhésion, est un exemple significatif
naire nous permettent d’imaginer une nouvelle ère pour la de la nouvelle génération de ce type de produit. Une autre
dentisterie, fondée sur une approche plus biologique qu’au- voie de recherche consiste à imaginer l’ajout de molécules
paravant. Par exemple, le concept de la désinfection des cavi- biostimulantes, ce qui permettrait de contrôler la cicatrisa-
tés est d’une importance primordiale pour prévenir tout tion pulpaire par le biais d’un matériau de restauration coro-
risque de pénétration bactérienne dans les canalicules et sa naire.

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1 Endodontie

III - Histologie du tissu pulpaire longement odontoblastique contient un nombre limité d’or-
ganites intracellulaires (que l’on suspecte d’être responsables
La pulpe contient différentes populations cellulaires, parmi de la sécrétion tardive de dentine intratubulaire), principale-
lesquelles certaines sont très spécialisées et présentes des ment remplis par un réseau très dense de microfilaments ou
fonctions particulières (fig. 1.8). autres microtubules.
De plus, les odontoblastes coronaires sont considérés
comme des cellules différentes de celles que l’on retrouve au
Dentine niveau radiculaire (Nanci, 2003). Les odontoblastes coro-
naires sont allongés et pyramidaux, avec un noyau apical,
alors que les odontoblastes radiculaires sont plus cubiques,
ce qui confirme leur plus faible activité.

A
Cette différence est rarement prise en compte mais pour-
rait expliquer pourquoi des thérapeutiques qui ont été
Odontoblastes validées au niveau coronaire (coiffage pulpaire par
exemple) ne produisent pas les mêmes résultats au niveau
Cellules de la couche de Höhl
de la pulpe radiculaire.
Tissu pulpaire contenant des fibroblastes,
des cellules mésenchymateuses indifférenciées
(progéniteurs) et des cellulaires immunitaires B - Processus de différenciation terminale de
l’odontoblaste au cours du développement
Vaisseaux sanguins
Les odontoblastes synthétisent les composants de la pré-
dentine (collagène, glycoprotéines et autres protéines non
collagéniques) et sont responsables de sa minéralisation.
Comme pour les autres cellules de la pulpe dentaire,
Figure 1.8 Différenciation terminale de l’odontoblaste. À l’issue l’odontoblaste dérive des cellules mésenchymateuses issues
de la dernière mitose, la cellule fille en contact avec la mem- des crêtes neurales et la différenciation de ces cellules est
brane basale se différencie en odontoblaste, tandis que la
sous le contrôle de la membrane basale qui les sépare de
seconde cellule fille rejoint les cellules de la couche de Höhl.
Am : améloblaste ; BM : membrane basale ; UC : cellule indiffé- l’épithélium dentaire interne. Cette différenciation se
renciée, PO : pré-odontoblaste ; PMO : odontoblaste postmito- déclenche au niveau des pointes cuspidiennes et se poursuit
tique ; O : odontobalste sécréteur ; gf : facteur de croissance ; selon un patron temporo-spatial génétiquement prédéter-
HC : cellule de la couche de Höhl. miné. Chez la souris, les premiers odontoblastes différenciés
apparaissent au 18e jour du développement embryonnaire, au
niveau de la pointe cuspidienne de la première molaire infé-
A - Odontoblastes rieure. Le processus de différenciation s’étend graduellement
vers la région apicale et donne lieu à la formation d’un gra-
L’odontoblaste est une cellule très différenciée, post-
mitotique, organisée en palissade unicellulaire à la péri- dient de différenciation (Ruch et al., 1995).
phérie de la pulpe. La présence d’organites intracellulaires
impliqués dans les processus de sécrétion/minéralisation 1 - Du pré-odontoblaste à l’odontoblaste fonctionnel
confirme la forte activité de ces cellules, notamment au Au cours des étapes initiales du développement, les cellules
cours de la dentinogenèse primaire (Jones et Boyde, 1984). indifférenciées dérivant des crêtes neurales crâniennes
migrent vers le premier arc branchial. L’épithélium oral joue
un rôle clé dans le patron initial de la dent, en contrôlant
Les odontoblastes sont reliés entre eux par des jonctions cel- l’engagement des cellules ainsi que la morphologie générale
lulaires de type gap jonction, organisant ainsi les cellules en des germes dentaires (incisive, molaire, etc.).
une parfaite barrière perméable. Ces gap jonctions assurent La différentiation finale du pré-odontoblaste en odonto-
également la communication entre les cellules elles-mêmes, blaste mature intervient après un nombre spécifique de divi-
ce qui représente un élément important dans le processus de sions cellulaires (Ruch et al., 1995). Toutes les cellules de la
réponse cellulaire à l’agression et, à une plus grande échelle, papille dentaire ont le potentiel pour se différencier en
dans celui de la cicatrisation (Magloire, Couble et al., 2004). odontoblastes matures mais, finalement, seules les cellules
Contrairement aux ostéocytes, les odontoblastes ne sont pas en contact avec la membrane basale (qui les sépare de l’épi-
incorporés dans la matrice sécrétée, à l’exception de leur thélium dentaire interne) vont entrer dans le processus de
prolongement cellulaire qui reste enclavé dans le canalicule. différenciation terminale. Ces considérations ont des impli-
C’est l’une des raisons pour lesquelles la dentine ne doit pas cations importantes dans le processus de cicatrisation où
être considérée comme une entité individuelle mais plutôt d’autres voies de signalisation sont impliquées dans le
comme un complexe, qualifié de pulpo-dentinaire. Le pro- déclenchement de la différenciation en néo-odontoblaste.

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Biologie de la pulpe 1
Chez la souris, les pré-odontoblastes, localisés près de la D’autres jonctions intercellulaires, telles que les desmo-
membrane basale, doivent subir 14 ou 15 mitoses avant l’arrêt somes, assurent une cohésion mécanique entre les odonto-
du cycle de division ; chez l’humain, ce nombre reste à déter- blastes, créant ainsi une véritable barrière histologique ; elles
miner. Au cours de la dernière division, le fuseau mitotique, sont localisées près de la jonction du corps cellulaire et du
normalement parallèle à la membrane basale, s’oriente dans prolongement odontoblastique (Kagayama et al., 1995). La
un axe perpendiculaire à celle-ci (Osman et Ruch, 1976). À jonction distale crée une barrière physique entre le compar-
l’issue de la dernière mitose, seule la cellule en contact avec timent de la prédentine et les corps cellulaires des odonto-
la membrane basale est capable d’entrer dans le processus de blastes.
différenciation terminale alors que l’autre cellule, la cellule Les odontoblastes immatures sont petits, ovoïdes et présen-
fille (qui n’est pas en contact avec la membrane basale), tent un rapport noyau/cytoplasme élevé, un réticulum endo-
s’éloigne de la précédente pour rejoindre la couche des cel- plasmique granulaire rudimentaire et un appareil de Golgi
lules de Höhl (fig. 1.9). très peu développé (Goldberg et Smith, 2004). Les vésicules
matricielles, initialement identifiées dans le cartilage et les
os longs (Bernard, 1969), ont été décrites plus tard dans le
complexe pulpo-dentinaire. Ces vésicules sont situées au
Am niveau de la matrice extracellulaire à proximité des odonto-
blastes au moment de la formation de la dentine manteau.
Puis elles disparaissent lorsque cette première couche de
dentine est sécrétée et que le prolongement distal de la cel-
lule a commencé à se mettre en place.
Sur le plan ultrastructural, ces vésicules apparaissent sous
Bm gf forme de structures sphériques extracellulaires contenant un
matériel amorphe plus ou moins dense aux électrons et elles
sont entourées d’une membrane. Comme dans l’os et le car-
tilage, celle-ci est faite de trois couches et contient diverses
PMO enzymes, principalement des phosphatases, impliquées dans
O le processus de minéralisation. Ces vésicules sont le site ini-
tial de minéralisation de la dentine manteau et sont égale-
UC ment retrouvées dans le cartilage et l’os.
PO Des modifications à l’échelle ultrastructurale ont également
été mises en évidence au niveau des cellules sécrétrices au
HC cours des dentinogenèses primaire, secondaire et tertiaire, en
relation avec leur activité fonctionnelle (Couve, 1986). Les
Figure 1.9 Coupe histologique frontale d’une molaire de souris cellules actives apparaissent allongées, avec un noyau basal.
après obturation coronaire (5 semaines postopératoires). La Elles contiennent de nombreux organelles associés à de mul-
coloration de la dentine réactionnelle est plus prononcée que tiples vésicules, un réticulum endoplasmique très développé
pour l’orthodentine.
et un appareil de Golgi important situé entre le noyau et le
front dentinaire. Les cellules quiescentes, quant à elles, sont
2 - Modifications cytologiques plus mobiles, présentent moins de cytoplasme et un noyau
et différenciation odontoblastique très coloré à l’hématoxyline. Le nombre d’organelles décroît
La différenciation induit une polarisation du noyau et une parallèlement à la diminution d’activité des cellules (Nanci,
élongation de la cellule, impliquant un nombre important de 2003).
changements cytologiques. Le réticulum endoplasmique et
l’appareil de Golgi s’orientent parallèlement le long du grand 3 - Régulation de la différenciation odontoblastique
axe de la cellule et se placent en position distale de la cel-
lule, là où le prolongement cellulaire va se développer. Le Au cours du développement, la différenciation de l’odonto-
corps cellulaire de l’odontoblaste sécréteur est allongé et blaste est contrôlée par des interactions réciproques entre
mesure de 50 à 60 µm. l’épithélium dentaire interne et la papille apicale. La matrice
extracellulaire et la membrane basale jouent un rôle crucial
Les odontoblastes fonctionnels sont connectés entre eux dans cette régulation, en servant de réservoir de facteurs
par de nombreuses jonctions intercellulaires ; ces gap paracrines et autocrines.
jonctions permettent un transport rapide d’ions et de Seule une membrane basale dentaire spécifique est capable
petites molécules entre les cellules. Ces jonctions sont d’induire la différenciation des odontoblastes ; le pré-
présentes sur la membrane cytoplasmique du corps cellu- odontoblaste peut répondre à des signaux épigénétiques
laire, créant un contact entre les odontoblastes d’une part, uniquement après avoir atteint un nombre défini de divisions
et entre les cellules de la couche sous-odontoblastique cellulaires. De plus, pour jouer son rôle, la membrane basale
d’autre part (Sasaki et al., 1982).
est sujette à différentes modifications, sous la régulation de

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1 Endodontie

l’épithélium dentaire interne. Ces modifications sont fonda- calcine au cours de l’odontogenèse (Bidder et al., 1998 ;
mentales pour la régulation du développement dentaire. Blin-Wakkach et al., 2001).
En étant stimulés, les facteurs de transcription sont au cœur
Les principaux composants de la membrane basale sont le des événements de la cascade moléculaire et cellulaire inter-
collagène IV, la fibronectine, la laminine (Lesot et al., 1981), venant au cours du développement dentaire ; ils sont res-
le nidogène, la tenascine, l’acide hyaluronique et des pro- ponsables en grande partie de la régulation temporo-spatiale
téoglycanes incluant les héparines sulfate (Thesleff et al., et morphologique du développement des germes dentaires.
1981). La deuxième couche remarquable au niveau de la pulpe est la
zone dense en cellules appelée la couche de Höhl, séparée
de la palissade odontoblastique par la couche dite acellulaire
4 - Facteurs de croissance de Weil. Cette zone a longtemps été considérée comme un
réservoir potentiel de cellules de remplacement, incomplè-
De nombreux facteurs de croissance et leurs récepteurs ont
tement différenciées, qui pourraient être impliquées dans les
été mis en évidence à l’interface entre l’organe de l’émail et
processus de cicatrisation, de dentinogenèse réparatrice et
la papille dentaire par immunohistochimie et hybridation in
de formation du pont dentinaire, lorsque la couche d’odonto-
situ au cours du développement dentaire, et ont été impli-
blastes est endommagée (Fitzgerald, 1979).
qués dans le processus de différenciation de l’odontoblaste :
Le réseau capillaire et le plexus nerveux qui existent entre les
- l’hormone de croissance (GH, growth hormone), qui joue un
deux couches sont importants ; seule une petite quantité de
rôle paracrine et/ou autocrine au cours du développement
fibres nerveuses accompagne l’extension cytoplasmique dans
dentaire (Zhang et al., 1997) ;
les canalicules dentinaires, et ce sur une courte distance
- les IGF-1 et 2 (de la famille des IGF, insulin-like growth fac-
(Carda et Peydro, 2006). Les capillaires, quant à eux, sont
tor) (Begue-Kirn et al., 1994 ; Joseph et al., 1996 ; Cassidy
étroitement associés avec la palissade d’odontoblastes et
et al., 1997) ;
supplémentent ces cellules en nutriments nécessaires à leur
- les TGF-β1, 2 et 3 (transforming growth factor) (D’Souza
activité de synthèse et de minéralisation.
et al., 1990 ; Thesleff et Vaahtokari 1992) et les BMP 2 4 et 6
(bone morphogenetic protein) (Vainio et al., 1993), qui jouent
un rôle dans la polarisation et la différenciation de l’odonto- C - Fibroblastes pulpaires
blaste (Begue-Kirn et al., 1994). Dans la pulpe adulte notam-
ment, le TGF-β1 joue un rôle important dans la régulation Comme tout tissu conjonctif, la pulpe est majoritairement
de la réponse inflammatoire et le processus de régénération constituée de fibroblastes ; ces cellules sont responsables de
tissulaire (Cooper et al., 2010). la formation et du renouvellement de la matrice extracellu-
Ces facteurs de croissance séquestrés dans la matrice denti- laire. Celle-ci joue un rôle important ; sa viscosité varie avec
naire lors de la minéralisation pourraient être à l’origine de le temps (la fibrose augmente avec l’âge du tissu) et avec les
signalisations cellulaires dans le processus de régénération à processus physiopathologiques. Sa viscoélasticité lui permet
partir du moment où ils sont relargués de la dentine par le de s’adapter aux variations de pression, inhérentes au proces-
processus carieux (Smith et al., 1998). Le rôle exact de ces sus inflammatoire par exemple. Grâce à cette adaptabilité, la
molécules et leur réelle implication demeurent inconnus et plupart des épisodes d’inflammation pulpaire demeurent cli-
nécessitent de plus amples recherches. niquement asymptomatiques.

5 - Facteurs de transcription Important ! C’est lorsque la pression intrapulpaire, associée


Un deuxième niveau de régulation existe au cours du déve- à une vasodilatation d’origine inflammatoire, ne peut plus
être compensée que la douleur apparaît.
loppement dentaire par les facteurs de transcription. Msx1
est notamment exprimé dans les pré-odontoblastes polari-
sés et Msx2 est présent dans l’odontoblaste mature (Begue-
Kirn et al., 1994). La protéine Msx1 et son transcrit ont été
identifiés dans le parenchyme pulpaire à des stades précoces
D - Cellules immunitaires
du développement dentaire et leur concentration décroît au Des cellules dendritiques et des mastocytes ont été identi-
stade de l’organe en cloche (Coudert et al., 2005). L’ARN sens fiés dans le tissu pulpaire même en conditions physiolo-
est principalement exprimé dans la pulpe dentaire de la sou- giques (Jontell et al., 1987). Des macrophages sont également
ris au 15e jour. fréquemment rencontrés dans la pulpe saine, principalement
L’expression de ces facteurs de transcription est sous le en périphérie du tissu (Trowbridge, 2002). Ces cellules phago-
contrôle des facteurs de croissance qui peuvent avoir diffé- cytaires participent à la surveillance immunitaire de la pulpe
rents effets. La BMP 4 augmente significativement l’expres- et assurent une réponse rapide en cas d’invasion bactérienne
sion de Msx1 et Msx2. À leur tour, les facteurs de transcription (Okiji et al., 1992a ; Okiji et al., 1992b). Les produits d’origine
peuvent réguler l’expression des facteurs de croissance ; par bactérienne, comme les toxines, peuvent diffuser dans les
exemple, Msx1 stimule la synthèse de la BMP 4 dans le mésen- canalicules dentinaires et, lorsqu’ils entrent en contact avec
chyme, Msx2 régule l’expression des gènes RunX 2 et Ostéo- les cellules pulpaires, se comportent comme des antigènes.

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Biologie de la pulpe 1
Ainsi, le système immunitaire du parenchyme pulpaire joue dents lactéales, les SHED (stem cells from human exfoliated
un rôle important (Heyeraas et al., 2001). deciduous teeth) (Miura et al., 2003), cellules qui ont particu-
lièrement intéressé la communauté scientifique car elles
Important ! Des études récentes ont démontré que les cel- sont faciles à prélever lorsque la dent lactéale est amenée à
lules pulpaires humaines, en particulier les odontoblastes, tomber lors de son remplacement par la dent définitive.
pourraient se comporter comme la première ligne de Récemment, une autre niche de cellules souches mésenchy-
défense contre les bactéries cariogènes pénétrant la den- mateuses a été découverte, dans la région de la papille api-
tine immédiatement après déminéralisation de l’émail (Sta- cale de la dent humaine immature. Ces cellules pluripotentes
quet et al., 2008).
ont été dénommées stem cells of apical papilla (SCAP)
(Huang et al., 2008b). Comme les cellules de la moelle
Les odontoblastes pourraient déclencher les réponses osseuse, elles auraient un potentiel de différenciation ostéo-
immunes/inflammatoires au sein de la pulpe, en réponse aux génique et dentinogénétique (Sonoyama et al., 2008).
bactéries cariogènes, par la stimulation de leurs récepteurs L’implication de ces cellules dans le processus d’apexogenèse
toll-like (TLR, toll-like receptors) par ces pathogènes, la pro- induite sur les dents nécrosées immatures fait actuellement
duction de chimiokines et l’induction de la migration de cel- l’objet de recherches. De nombreuses études sont doréna-
lules dendritiques (Keller et al., 2010). Les gènes TLR sont vant conduites sur le processus de revascularisation comme
exprimés dans la pulpe humaine saine, qui est ainsi équipée nouvelle possibilité de traitement des dents immatures
pour se protéger des agressions bactériennes. TLR2, CCL2 et nécrosées. La désorganisation de la papille apicale avec un
CXCL1 sont surexprimés dans les odontoblastes en contact instrument et la colonisation du canal par les SCAP intro-
avec les pathogènes (Farges et al., 2009). Ces molécules sont duites dans le canal par le biais d’un caillot sanguin forment
dorénavant des cibles connues pour la mise au point de nou- actuellement une hypothèse de travail pour plusieurs
veaux agents thérapeutiques ayant pour objectif de diminuer auteurs. De nouvelles voies thérapeutiques pour le traite-
la réponse inflammatoire dans la pulpe agressée et de favori- ment des dents nécrosées pourraient apparaître dans un
ser la cicatrisation. futur proche, lorsque davantage de connaissances sur le pro-
Les cellules dendritiques ont pour rôle de capturer les anti- cessus impliquant éventuellement ces cellules seront dispo-
gènes et de les mobiliser vers les ganglions lymphatiques, où nibles (Iwaya et al., 2001 ; Banchs et Trope, 2004 ; Thibodeau
ils sont présentés aux lymphocytes T. Ensuite, ces derniers, et al., 2007 ; Thibodeau et Trope, 2007).
activés, retournent vers la pulpe endommagée.
Important ! La présence de cellules souches dans la pulpe
Grâce à ce processus, l’être est immunisé et pourra auto- dentaire offre des possibilités très intéressantes pour l’éla-
boration de nouvelles techniques d’ingénierie tissulaire et
matiquement répondre aux futures agressions par ces
de dentisterie régénératrice. Ces cellules sont plus faciles à
mêmes pathogènes. D’autres molécules, par exemple
collecter que celles de la moelle osseuse qui étaient, jusqu’à
celles de la famille des TGF, qui pourraient être libérées de présent, la principale source de cellules souches postna-
la dentine lors de la déminéralisation, sont également tales avec les adipocytes.
capables de réguler le système immunitaire de la pulpe
(Jontell et al., 1988).
Il semble que ces cellules soient un réservoir prometteur de
cellules multipotentes et l’on peut imaginer de nombreuses
Les cellules dendritiques interagissent également avec les implications biotechnologiques. La présence d’une popula-
fibres nerveuses et les vaisseaux sanguins au sein de la pulpe ; tion de cellules progénitrices dans la pulpe dentaire produit
la réponse neuro-immunitaire de la pulpe est probablement une source locale de cellules de remplacement pour la for-
la première phase de réaction inflammatoire du complexe mation de nouveaux « odontoblastes like » lors de la forma-
pulpo-dentinaire (Jontell et al., 1998 ; Farges et al., 2009). tion du pont dentinaire. Il reste cependant plusieurs points à
élucider, notamment le doute qui persiste sur le fait que ces
cellules progénitrices sont résidentes et pourraient migrer
E - Cellules souches de la pulpe vers la pulpe par la vascularisation. Les futures études devront
L’intérêt croissant de la communauté scientifique pour les mieux caractériser ces cellules souches et leur potentiel pour
cellules souches concerne également la recherche dentaire. permettre la conception de nouvelles applications de théra-
La mise en évidence de telles cellules, les DPSC (dental pulp pie régénératrice.
stem cells) (Gronthos et al., 2000), au sein du parenchyme
pulpaire a permis de démontrer que l’organe dentaire présen- La découverte de ces cellules souches dans la pulpe den-
tait une niche de cellules progénitrices éventuellement taire a été une avancée significative dans le domaine de la
dentisterie. Cependant, plusieurs problèmes demeurent
impliquées dans le remplacement des tissus lésés. Une autre
non résolus, notamment l’identification de ces cellules.
population de cellules souches a été découverte au sein des

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1 Endodontie

IV - Réponse pulpaire à l’agression Cavité

Les progrès réalisés dans le domaine de la régénération Dentine


tissulaire ont permis aux chercheurs de mieux comprendre (orthodentine)
comment les odontoblastes et, plus généralement, la
pulpe réagissent à l’agression. La dentine tertiaire dite Ligne
réactionnelle, sécrétée en l’absence d’exposition pulpaire, calcio-traumatique
permet de restaurer l’intégrité tissulaire de la dent et
d’augmenter la distance entre la pulpe et l’agent agresseur. Dentine
réactionnelle
Après la sécrétion initiale de dentine primaire, l’odontoblaste
Pulpe
sécréteur semble devenir semi-quiescent, avec une activité
sécrétrice diminuée. Le contrôle moléculaire permettant ce
changement d’état de l’odontoblaste n’est toujours pas com-
plètement élucidé.
Au cours des dommages dentaires (carie, traumatisme, abra-
sion), une cascade de réponses pulpaires est déclenchée. Le Figure 1.10 De nombreuses protéines matricielles (représentées
potentiel de régénération ou de cicatrisation de la pulpe par les points colorés) sont séquestrées au sein de la matrice
collagénique de la dentine pendant le processus de minéralisa-
implique des changements histologiques, mais ceux-ci ne tion. A : ces facteurs sont relargués lors de la dissolution de la
sont pas forcément corrélés à des manifestations cliniques matrice minérale (qu’elle soit pathologique ou thérapeutique).
(Seltzer et al., 1963). En fonction de la nature de l’agression B : ces molécules atteignent les odontoblastes par les canali-
(brève ou prolongée, de faible ou de forte intensité), la cules. C : elles sont dorénavant considérées comme d’impor-
réponse pulpaire diffère. Une agression d’intensité faible ou tants régulateurs des voies de signalisation dans le processus de
modérée sera souvent résolue par une brève réponse inflam- cicatrisation pulpaire.
matoire suivie d’une dentinogenèse réactionnelle. Dans le
cas d’une agression de plus forte intensité (carie profonde ou
traumatisme sévère), l’odontoblaste peut être amené à dispa- blastes. Les bactéries et leurs toxines sont des éléments clés
raître et, tant que l’inflammation reste contrôlée, le proces- dans la stimulation directe de l’odontoblaste au cours des
sus de régénération pulpo-dentinaire localisé peut agressions carieuses (Durand et al., 2006). Ainsi, les lipopoly-
s’enclencher et conduire à la formation d’un pont dentinaire. saccharides et autres toxines bactériennes déclenchent le
Ce processus est qualifié de dentinogenèse réparatrice. processus d’inflammation pulpaire mais d’autres voix de
signalisation sont impliquées dans le processus de cicatrisa-
A - Dentinogenèse réactionnelle tion qui entre en balance avec le précédent (Magloire et al.,
1992 ; Tziafas et al., 2000 ; Botero et al., 2006 ; Smith et al.,
Après un traumatisme, l’odontoblaste sort de sa phase quies- 2008 ; Choi et al., 2009). Par exemple, certains auteurs ont
cente et commence à se remettre à sécréter de façon plus récemment démontré que le TNF-alpha (tumor necrosis fac-
active, déposant ainsi une épaisseur de dentine réaction- tor alpha) pouvait stimuler la différenciation de cellules pul-
nelle. paires en phénotypes odontoblastiques via la phosphorylation
Histologiquement, la zone de stimulation de ces cellules est de p38 de la voie de signalisation des MAP kinase (mitogen-
démarquée par une ligne calcio-traumatique (fig. 1.10). Parce activated protein kinase) (Paula-Silva et al., 2009 ; Simon
que ce sont les mêmes cellules qui sont responsables de la et al., 2010).
sécrétion de l’orthodentine et de cette dentine réaction- La dentine est un tissu conjonctif minéralisé riche en colla-
nelle, il existe une solution de continuité au niveau des cana- gène mais qui contient également un nombre important
licules qui assure le maintien de la perméabilité du tissu. d’autres molécules bioactives, notamment des cytokines et
Bien que de nombreuses recherches complémentaires soient des facteurs de croissance, séquestrés au sein de la matrice
nécessaires, il a été envisagé que le contrôle moléculaire res- lors du processus de minéralisation. Lorsqu’une déminéralisa-
ponsable du changement d’état de l’odontoblaste lors des tion du tissu est engagée, elle s’accompagne d’un relargage
phases primaire et secondaire pourrait être inversé lorsque progressif de ces molécules (Smith, 2003). Dans ce cocktail
les cellules sont stimulées. de substances, plusieurs facteurs de croissance sont retrou-
vés, notamment ceux de la famille des TGF-β (Cassidy et al.,
La description de ces phénomènes reste nécessaire et per- 1997 ; Smith et al., 1998). Ces facteurs de croissance possè-
mettrait de mettre au point de nouvelles thérapeutiques dent de nombreuses propriétés de signalisation et peuvent
faisant intervenir le contrôle cellulaire. agir à de très faibles concentrations. Une fois libérés, ils che-
minent le long des canalicules vers la pulpe où ils peuvent
Il est également important de considérer la nature de la induire différentes réponses cellulaires, notamment l’activa-
signalisation entre les agents d’agression et les odonto- tion des odontoblastes (Smith et al., 1995b). Une fois stimu-

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Biologie de la pulpe 1
lés, ces derniers entrent à nouveau dans une phase accrue À partir de ce concept, il est possible d’imaginer des possibi-
d’activité et sécrètent de la dentine tertiaire réactionnelle lités de stimulation thérapeutique induisant le relargage
(fig. 1.11). contrôlé de molécules bioactives (Smith et al., 1990, 1994 et
Bien que la sécrétion dentinaire soit clairement diminuée 2001). Le mordançage de la dentine avec de l’acide ortho-
chez l’adulte, l’activité métabolique des odontoblastes pour- phosphorique, utilisé dans les phases de conditionnement de
rait être augmentée en réponse à une agression. Les molé- la dentine, induit également une déminéralisation de celle-ci
cules membres de la famille des TGF-β présentes au sein de et permet ainsi la libération de facteurs biologiques. D’autres
la dentine peuvent être solubilisées par les acides de la produits utilisés en odontologie et souvent délaissés pour-
plaque bactérienne (Smith et al., 1995b et 1998) ou par des raient redevenir intéressants avec de nouvelles indications.
thérapeutiques restauratrices appropriées. Ces molécules Pendant longtemps, l’hydroxyde de calcium a été utilisé
pourraient être responsables de la stimulation de l’activité comme fond de cavité protecteur, notamment sous les obtu-
des odontoblastes (Simon et al., 2010). rations à l’amalgame, mais ne l’est actuellement plus dans ce

a b

Dentine
réactionnelle

Figure 1.11 Pont dentinaire obtenu 5 semaines après coiffage


pulpaire avec du MTA® sur une première molaire maxillaire de
souris (coupe semi-fine, grossissement × 50, bleu de méthy-
c lène/bleu azur II. Barre = 200 µm).

15

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1 Endodontie

type d’indication. Néanmoins, ce matériau permet le relar-


Cavité
gage de composants bioactifs à partir de la dentine, en parti-
culier des facteurs de croissance (Graham et al., 2006). Matériau
Contrairement aux agents chélatants qui finalement sont en
contact avec la dentine pendant une période très courte, Dentine
l’hydroxyde de calcium reste en contact prolongé avec le réactionnelle
tissu et permettrait un relargage plus faible mais rémanent et
Pont
éventuellement contrôlable en fonction de la forme galé- dentinaire
nique du produit. Assez récemment, la libération de ces (dentine
molécules bioactives par le mineral trioxide aggregate (MTA®, réparatrice)
Dentsply Maillefer) a également été démontrée (Tomson
et al., 2007).
La quantité de substance relarguée varie en fonction du pro-
duit utilisé, ce qui est intéressant car cela pourrait expliquer
les différences de comportement entre ces deux matériaux. Figure 1.12 Dentinogenèse réparatrice. Contrairement aux autres
tissus conjonctifs, le processus de cicatrisation de la couche
Si les processus engagés étaient mieux compris, l’utilisa- odontoblastique ne se fait pas par la division des cellules bor-
tion des fonds de cavité sous les restaurations coronaires dant la plaie (A et B). Le recrutement de nouvelles cellules et
pourrait rapidement retrouver une indication et la mise au leur différenciation en cellules sécrétrices de dentine (C)
point de nouveaux matériaux bioactifs permettrait de induisent la formation d’un pont dentinaire en contact direct
faire évoluer l’approche biologique de l’odontologie. avec un matériau spécifique.

B - Dentinogenèse réparatrice
Les odontoblastes sont les seules cellules capables de
sécréter de la dentine. Lorsqu’ils disparaissent à la suite Remarque : plusieurs procédures cliniques ont été propo-
d’un traumatisme, la formation d’un pont dentinaire est sées pour la protection de la pulpe et l’hydroxyde de cal-
toujours possible à partir du moment où de nouvelles cel- cium a longtemps été considéré comme un matériau de
lules de phénotype odontoblastique sont disponibles sur choix. Cependant, la piètre qualité du pont dentinaire
le site lésé. obtenu et son manque d’étanchéité sont probablement à
l’origine des nombreux échecs cliniques rencontrés avec ce
matériau.
Traditionnellement, la cicatrisation conjonctive implique la
migration des cellules de la couche basale germinative, cel- Pour beaucoup de cliniciens, le coiffage pulpaire n’est pas
lules qui entrent en division et viennent ainsi fermer la brèche considéré comme une thérapeutique aux résultats prévi-
de façon centripète. Secondairement, une réorganisation du sibles et nombre d’entre eux considèrent que la pulpectomie
tissu permet d’obtenir une cicatrisation complète. offre un meilleur pronostic que la conservation de la vitalité
Les odontoblastes sont des cellules différenciées postmito- pulpaire. Plusieurs auteurs ont proposé de réaliser le coiffage
tiques ; ils ne sont pas capables de se diviser pour produire pulpaire directement avec le matériau d’obturation coronaire
de nouvelles cellules sécrétrices. Lorsqu’ils sont détruits, une lui-même, mais il n’existe aucune preuve histologique de la
autre forme de remplacement intervient, impliquant le recru- formation d’un pont dentinaire dans ces conditions. Même si,
tement de cellules progénitrices locales ou distantes (Fitzge- cliniquement, les résultats semblent satisfaisants, cette
rald, 1979 ; Fitzgerald et al., 1990) (fig. 1.12). Après exposition approche ne peut être considérée comme fiable à long
pulpaire et mise en place d’un matériau approprié, un pont terme. Cet exemple illustre parfaitement ce qui distingue le
dentinaire est formé en quelques semaines (fig. 1.13) par de clinicien du scientifique. Alors que les cliniciens se focalisent
nouvelles cellules de phénotype odontoblastique. L’origine sur les propriétés d’étanchéité du matériau et sur la préven-
exacte de ces cellules progénitrices n’est toujours pas claire- tion de la percolation bactérienne, les scientifiques sont plus
ment définie. Plusieurs auteurs considèrent que le processus intéressés par le caractère bioactif des matériaux et leur apti-
engagé pourrait être le même que celui du développement tude à induire une réponse tissulaire. Dans un futur proche,
initial (Smith et Lesot, 2001 ; Mitsiadis et Rahiotis, 2004) ; les matériaux existants pourront servir de tremplin à la mise
l’origine de ces cellules reste inconnue, et un recrutement à au point de biomolécules plus spécifiques afin de faire béné-
distance de la dent grâce à la vascularisation ne peut pas être ficier l’odontologie des dernières avancées biotechnolo-
complètement exclu. giques.

16

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Biologie de la pulpe 1

Matériau

a b

Matériau
Matériau

c d

Matériau Figure 1.13 Coupes histologiques d’une première molaire supé-


rieure de souris à 5 semaines postopératoires après coiffage pul-
paire au MTA®. A : coloration éosine/hématoxyline, coupe 7 µm.
B : mise en évidence de l’expression de la protéine DSP dans la
palissade odontoblastique par immunohistochimie (IHC). C :
contrôle négatif de l’IHC. D et E : coloration IHC anti-DSP à plus
fort grandissement. Noter l’expression de la protéine dans le
e cytoplasme des nouveaux odontoblastes (flèche).

C - Coiffage pulpaire soient qu’une récapitulation de ceux impliqués au cours de la


dentinogenèse physiologique (Tziafas et al., 2000 ; Smith et
Important ! Après exposition pulpaire, le coiffage direct de Lesot, 2001).
la pulpe avec un matériau spécifique permet d’induire la Plusieurs facteurs interviennent dans le pronostic du coiffage
formation d’un pont dentinaire qui assurera à terme la pro- pulpaire (Murray et al., 2002 et 2003) ; l’élimination de l’in-
tection du tissu sous-jacent. Puisque l’exposition pulpaire a flammation, le contrôle de l’infection et la biocompatibilité
conduit à la disparition des odontoblastes, le processus de des matériaux utilisés sont considérés comme des éléments
cicatrisation est sensiblement plus complexe, nécessitant le clés pouvant améliorer le pronostic clinique à long terme
recrutement et la différenciation de nouvelles cellules (Mjör, 2002 ; Ward, 2002).
sécrétrices.
Comme cela a été souvent démontré, une réponse inflamma-
toire apparaît au niveau de la pulpe dès que le processus
Il est cependant probable que les processus impliqués dans carieux atteint la dentine (même dans les couches les plus
la cicatrisation pulpaire (réactionnelle et réparatrice) ne superficielles). Il est donc quasiment impossible de vouloir

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1 Endodontie

traiter une pulpe indemne de toute inflammation. En


Dans une étude clinique randomisée récente sur des dents
revanche, une exposition pulpaire peut exister après un trau- humaines, Nair et al. (2008) concluaient que, clinique-
matisme et, dans ce cas, aucune inflammation n’est présente ; ment, le MTA® était plus approprié que l’hydroxyde de cal-
c’est la raison pour laquelle le coiffage pulpaire est particu- cium et qu’il devrait être considéré comme le nouveau
lièrement indiqué dans ces situations et constitue une très matériau de référence.
bonne approche thérapeutique.

Remarque : cette protection pulpaire est d’autant plus Plusieurs études in vivo ont montré que le MTA® induisait la
importante qu’il s’agit de patients jeunes, tout particulière- formation d’un pont dentinaire de bonne qualité, étanche et
ment sur les dents immatures où l’édification radiculaire est adhérant aux parois bordant la lésion, et dans lequel on peut
encore incomplète. noter la présence de canalicules dentinaires (fig. 1.14) (Simon
et al., 2008).
Le but ultime du coiffage pulpaire avec un matériau spéci- Si ce matériau présente des propriétés intéressantes, peu de
fique est d’induire la formation d’une barrière de dentine données sont actuellement disponibles sur sa composition
réparatrice entre la pulpe et le matériau d’obturation, en et son mécanisme d’action. Plusieurs études tendent à mon-
permettant aux cellules pulpaires d’exprimer leur potentiel trer que le ciment de Portland présenterait une composition
dentinogénétique (Schroder, 1985). En 1965, Kakehashi similaire et des propriétés très proches de celle du MTA®
démontrait la formation systématique d’un pont dentinaire (Estrela et al., 2000 ; Holland et al., 2001 ; Abdullah et al.,
après exposition pulpaire sur des animaux de laboratoire 2002 ; Funteas et al., 2003 ; Saidon et al., 2003).
élevés en milieu stérile (Kakehashi et al., 1965). Ses expéri-
mentations ont permis de mettre en évidence l’aptitude de
la pulpe à cicatriser en fonction de l’environnement dans Matériau v
lequel elle se trouve et le fait que le processus peut être Pulpe
engagé en l’absence de toute contamination bactérienne pd od od
(Cotton, 1974). db d
d
Depuis de nombreuses années, différents matériaux ont été
utilisés pour réaliser des coiffages pulpaires. Parmi eux, l’hy- Pulp 80 µm 80 µm
100 µm
droxyde de calcium a longtemps été considéré comme le A B C
matériau de référence. En effet, une recherche sur PubMed
(mots clés : calcium hydroxide et pulp capping) permet d’ob- db
tenir plus de 650 références (juillet 2009). Caractérisé par un
pH très basique (Faraco et Holland, 2001), l’hydroxyde de cal- E
cium ne semble plus être considéré comme le matériau idéal,
et ce pour les raisons suivantes :
100 µm 10 µm
- le pont dentinaire qu’il permet d’obtenir est inconstant et D E
poreux (Cox et al., 1996) ;
- il n’adhère pas aux parois dentinaires ; Figure 1.14 Titre à venir ?
- son aptitude au scellement est faible ;
- il a des propriétés antibactériennes limitées.
De plus, à cause de son pH très basique, l’hydroxyde de cal- 1 - Coiffage pulpaire et cicatrisation
cium en contact direct avec la pulpe provoque une destruc- Dans la plupart des cas, l’exposition pulpaire est inévitable-
tion tissulaire superficielle, créant ainsi la formation d’une ment associée à une réponse inflammatoire et le processus
couche nécrosée (Hargreaves et Goodis, 2002). de cicatrisation se déroule selon les étapes suivantes :
De nombreuses recherches sont effectuées sur les biomaté- - hémostase et formation d’un caillot sanguin ;
riaux et leurs aptitudes à induire la formation d’un pont den- - réponse inflammatoire ;
tinaire de qualité (Tarim et al., 1998). Cependant, les résultats - prolifération cellulaire et/ou recrutement ;
restent inconstants. - remodelage tissulaire.
Il y a une quinzaine d’années, l’introduction du MTA® Le processus de cicatrisation des tissus conjonctifs est tou-
(Abedi et al., 1996 ; Ford et al., 1996 ; Torabinejad et jours caractérisé par ces étapes successives. L’échec à
Chivian, 1999) a représenté la meilleure solution de rem- résoudre la réponse inflammatoire conduit à une inflamma-
placement à l’hydroxyde de calcium en tant que matériau tion chronique et, éventuellement, à la nécrose pulpaire. Le
de coiffage pulpaire. Plusieurs études ont montré que la tissu pulpaire immédiatement adjacent à l’exposition est
qualité du pont est meilleure (Nair et al., 2008) et que les caractérisé par la présence de débris nécrosés, la formation
cellules en contact direct avec le produit régénéré expri- d’un caillot sanguin et une réponse cellulaire impliquant l’in-
ment des marqueurs odontoblastiques (Simon et al., filtration significative de neutrophiles. Yamamura (1985) a
2008). décrit la chronologie du processus de cicatrisation chez le

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Biologie de la pulpe 1
chien après coiffage pulpaire avec de l’hydroxyde de calcium ont également montré que deux réplications d’ADN étaient
de la façon suivante : phase exsudative (de 3 à 5 jours), phase nécessaires avant la migration de ces cellules et leur différen-
de prolifération (de 3 à 7 jours), formation d’ostéodentine (de ciation.
5 à 14 jours), formation de dentine tubulaire (14 jours et plus). Malgré nos connaissances sur le développement dentaire,
Au bout de 3 à 6 jours, la couche inflammatoire est rempla- notre compréhension des cellules souches reste limitée. Les
cée par un tissu de granulation. Ce tissu se modèle tout cellules issues de la pulpe, cultivée dans certaines condi-
autour de la cicatrice et contient de nombreux fibroblastes tions, peuvent présenter un phénotype odontoblastique et
et capillaires néoformés (Fitzgerald, 1979). Une nouvelle la capacité de former des nodules de minéralisation in vitro
matrice extracellulaire et des nodules de minéralisation sont (Couble et al., 2000).
remarqués au cours de la cicatrisation (Schroder et Granath,
1972). Les premiers cristaux de minéraux apparaissent au sein Malgré tout, nous ne savons toujours pas si seule une par-
de vésicules matricielles, indiquant une grande similarité tie de la population des cellules pulpaires ou toutes les
entre le processus de réparation et la formation de dentine cellules du parenchyme sont capables de présenter cette
manteau (Hayashi, 1982). À 11 jours, la nouvelle matrice est évolution.
formée, bordée par des cellules cubiques, et quelques cel-
lules présentent les premières caractéristiques de différen-
ciation en odontoblastes et, à 14 jours, les cellules sont Beaucoup plus de données sont disponibles à propos des
organisées en palissade de la même façon que pour la den- cellules multipotentes de la moelle osseuse (BMSC, bone
tine primaire ou secondaire (Mjör et al., 1991). À 1 mois, le marrow stromal cells) et sur leur potentiel à se différencier
pont dentinaire et la couche nécrosée associée à une réponse en ostéoblastes, chondrocytes, adipocytes et, éventuelle-
inflammatoire du tissu pulpaire adjacent peuvent être nette- ment, en cellules musculaires ou neuronales (Bennett et al.,
ment distingués (Fitzgerald, 1979). Sur le plan ultrastructural, 1991 ; Krebsbach et al., 1997 ; Azizi et al., 1998 ; Ferrari et al.,
des défauts en tunnel sont clairement visibles dans les ponts 1998 ; Pittenger et al., 1999). Dans la pulpe, l’origine des cel-
dentinaires dans 89 % des cas étudiés (Cox et al., 1996). lules de remplacement n’est toujours pas identifiée. Pendant
La dentinogenèse réparatrice est complexe, associant plu- longtemps, les cellules de la couche de Höhl ont été consi-
sieurs cascades de processus biologiques. dérées comme un réservoir de cellules de remplacement.
Actuellement, cette niche ne semble pas la plus appropriée
L’interaction des cellules pulpaires avec les facteurs de et d’autres localisations sont à l’étude. Les péricytes dans la
croissance, les cytokines et autres médiateurs molécu- pulpe ont également été proposés comme des candidats aux
laires pendant les phases de cicatrisation sont à l’origine cellules réparatrices, bien que l’on ne sache toujours pas si
de chacune des trois étapes du processus de réparation : ces cellules sont résidantes ou issues d’une localisation dis-
- recrutement de cellules progénitrices ; tante et arrivées sur le site par la vascularisation (Yamamura,
- différenciation cellulaire ; 1985 ; Shi et Gronthos, 2003 ; Lovschall et al., 2007).
- activation des phases de synthèse et de sécrétions des
cellules.
Important ! Enfin, les DPSC, décrites plus récemment, pour-
raient vraisemblablement être les candidates les plus
2 - Cellules progénitrices des odontoblastes appropriées (Gronthos et al., 2000 et 2002).
de « seconde génération »
Plusieurs processus cellulaires initialement observés au cours
du développement embryonnaire semblent réapparaître 3 - Cicatrisation pulpaire et facteurs de croissance
in situ au moment de la cicatrisation et particulièrement de Au cours des premières étapes de la cicatrisation, plusieurs
la régénération pulpaire. Ces phénomènes conduisent à la cytokines, incluant les facteurs de croissance, sont relarguées
production de dentine réactionnelle ou réparatrice en fonc- à partir de la dentine et circulent dans la matrice extracellu-
tion de la préservation de la couche odontoblastique (Smith laire (Smith, 2002 ; McLachlan et al., 2004 et 2005 ; Smith
et al., 1995a). et al., 2008). Ces cytokines jouent un rôle important dans la
La dentinogenèse réparatrice nécessite le recrutement de régulation du recrutement des cellules, dans leur proliféra-
cellules progénitrices puis, dans un second temps, leur diffé- tion et, enfin, dans leur différenciation en cellules sécrétrices.
renciation en odontoblastes. Ces nouvelles cellules résultent Les membres de la famille des TGF-β ont clairement été
de la prolifération et de la différenciation de cellules souches, identifiés dans les tissus dentaires au cours de la cicatrisation
probablement résidant au sein de la pulpe (Ruch, 1998). (Rutherford et al., 1993 et 1994 ; Nakashima, 1994 ; Cassidy
Fitzgerald et al. (1990) ont étudié la migration et la proliféra- et al., 1997 ; Baker et al., 2009). La différenciation de nou-
tion des cellules au sein de la pulpe après coiffage pulpaire à veaux odontoblastes a également été décrite après coiffage
l’hydroxyde de calcium sur des singes. Ils ont mis en évidence pulpaire avec du bFGF (basic fibroblast growth factor), du
le fait que la migration de ces cellules commençait au centre TGF-β1 (Lovschall et al., 2001) et de la BMP 7 (Jepsen et al.,
de la pulpe et s’étendait vers l’interface pulpe/matériau. Ils 1997).

19

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1 Endodontie

discerner clairement l’état pathologique de la pulpe sous-


L’application directe de facteurs de croissance sur le tissu
pulpaire offre une voie d’investigation thérapeutique inté- jacente. L’épaisseur de dentine résiduelle après la taille d’une
ressante. Néanmoins, les processus biologiques et molé- cavité est un premier élément à prendre en considération, car
culaires impliqués devront indiscutablement être il influencera directement le pronostic du traitement (fig. 1.15).
appréhendés avant d’envisager une application clinique. Dans les cas de cavités profondes, où l’épaisseur de dentine
C’est à ce prix que les nouvelles procédures pourront être résiduelle est inférieure à 0,5 mm, le nombre et la longueur
exploitables, reproductibles et prédictibles (Tziafas et al., des tubuli ouverts sont tels que la communication entre la
2000). cavité et la pulpe est comparable à celle d’une effraction
franche (Smith, 2002).
4 - Implication clinique
La dentinogenèse réactionnelle et la dentinogenèse répara-
trice sont deux voies de cicatrisation différentes. V - Conclusion
La description faite plus haut de ces deux types de dentino-
genèses tertiaires met en évidence les différences qui doivent Ainsi, cliniquement, il peut être très difficile, voire impos-
être appréhendées pour élaborer une nouvelle stratégie sible, de connaître le statut inflammatoire exact de la
d’approche thérapeutique en odontologie. pulpe et l’état cytologique des odontoblastes puisque,
encore une fois, aucune corrélation n’existe entre l’histo-
logie du tissu et la symptomatologie clinique. Ces facteurs
Essentiel : cliniquement, le choix des procédures régénéra- compliquent considérablement l’établissement d’un plan
tives en endodontie sera fondé sur l’évaluation de l’étendue
traitement dans de telles situations et il devient réelle-
de la pathologie pulpaire et de la conservation ou non de la
palissade odontoblastique.
ment urgent de s’intéresser aux moyens diagnostiques et,
tout particulièrement, à l’évaluation de l’état inflamma-
toire pulpaire. Alors que les tests thermiques et élec-
La translation de nos connaissances biologiques vers une triques fournissent des informations sur l’innervation de la
application clinique nécessite une prise de conscience plus pulpe, aucun moyen fiable ne permet de tester la vascula-
biologique des plans de traitement. Les moyens de diagnos- risation ni, en particulier, une éventuelle vasodilatation,
tic actuellement disponibles ne permettent pas encore de signe de l’inflammation.

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2
Physiologie de la pulpe saine
Y. BOUCHER

Comme pour toute discipline médicale, la pratique de Important ! Ce chapitre a donc pour but d’explorer la phy-
l’endodontie impose d’établir un diagnostic, de fixer un siologie de la pulpe dentaire et ses répercussions dans
objectif thérapeutique et de mettre en œuvre des pro- l’exercice endodontique. Il mettra un accent particulier sur
cédures de soins. L’étape diagnostique repose sur la l’innervation et la vascularisation.
connaissance des signes et symptômes des maladies pul-
paires, qui peuvent être compris par la connaissance de
la physiologie. Les objectifs thérapeutiques dépendent C’est en effet sur l’innervation que s’apprécient bon nombre
de la nature de la maladie et du degré d’atteinte, réel ou de situations cliniques en l’absence de tests histologiques
estimé, des tissus dentaires. Les procédures endo-
objectifs fiables et utilisables à des coûts raisonnables en cli-
dontiques sont contraintes par l’anatomie et l’histologie
des tissus ainsi que par la nature des processus patholo- nique. La description des sensations perçues par le patient de
giques à l’œuvre. façon spontanée ou après des tests de sensibilité, qui consti-
tuent une sorte d’examen neurologique simple, reste un élé-
ment fondamental de l’appréciation diagnostique et
Comprendre les formes, les structures et les processus biolo- pronostique. La fonction vasculaire est quant à elle primor-
giques normaux et pathologiques constitue donc un objectif diale pour la vie du tissu. Sans apport sanguin, les cellules ne
important dans l’amélioration de nos thérapeutiques. survivent pas au-delà de quelques minutes. Elle fait l’objet
La pulpe est un tissu difficile à étudier du fait de sa situation d’une régulation dynamique à court et long termes qui
particulière, enclose dans des tissus durs et cachée au regard influence évidemment la physiologie pulpaire mais égale-
de l’observateur. Les procédures d’investigation altèrent bien ment les sensations perçues.
souvent le tissu ou n’en explorent qu’un aspect. Néanmoins,
grâce à des techniques sophistiquées et à des approches de
recherche aux méthodologies ingénieuses, nous commen-
çons à connaître une partie des mystères pulpaires. Ces limi-
I - Anatomie descriptive du
tations se retrouvent en clinique : il n’est à l’heure actuelle complexe vasculo-nerveux pulpaire
pas possible de connaître l’état histologique de la pulpe sans
effraction dentaire.
A - Vascularisation
Les tests d’exploration de la vitalité pulpaire se classent La pulpe est un tissu très vascularisé. Environ 15 % de son
aujourd’hui en deux grandes catégories : volume est occupé par les vaisseaux (Vongsavan et Matthews,
- ceux qui explorent la réponse nerveuse à une stimula- 1992a). L’apport sanguin est issu des artérioles qui pénètrent
tion, mécanique thermique ou électrique ; la pulpe par les foramina apicaux, cheminent vers la partie
- ceux qui explorent l’état de la vascularisation. centrale et donnent naissance à de nombreuses collatérales
Aucun de ces tests n’est idéal. radiantes. Les cellules musculaires lisses des artérioles per-
mettent de moduler rapidement le débit sanguin. On observe,
dans la pulpe, des sphincters précapillaires qui permettent
Les tissus durs s’opposent à la pénétration des stimuli et de contrôler l’irrigation de territoires tissulaires. Ils se fer-
entraînent une diffusion électrique (pulp tester), thermique ment et s’ouvrent régulièrement en conditions normales. En
(tests au chaud et au froid) et lumineuse (laser Doppler, oxy- périphérie de la pulpe, un réseau capillaire préterminal dense
métrie pulsée) qui est responsable de faux positifs et de faux et un réseau sous-odontoblastique suppléent les odonto-
négatifs (Petersson et al., 1999) et de confusion quant à l’ori- blastes qui peuvent y puiser les éléments métaboliques
gine du message nerveux ; l’innervation de la pulpe et du nécessaires à leur activité. Des boucles capillaires (U-loops)
parodonte par les branches terminales d’un même neurone très fines forment un réseau dense en constant remodelage
rend parfois les tests mécaniques difficiles à interpréter. Ces du fait de l’apposition dentinaire physiologique permanente
limitations sont une motivation supplémentaire pour mieux (fig. 2.1). Le réseau peut également se remodeler rapidement
connaître la physiologie qui permettra une meilleure inter- en cas de processus pathologique. Les cellules endothéliales
prétation des tests diagnostiques. formant la paroi des vaisseaux disparaissent et une néoangio-

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2 Endodontie

En aval des capillaires, des veinules collectent le sang modifié


par les échanges métaboliques et le ramènent vers le cœur,
en quittant la pulpe via les foramina. Des shunts artériovei-
Cellules neux jouent eux aussi un rôle dans la redistribution du flux
Odontoblaste sanguin. Enfin, des vaisseaux lymphatiques sont également
Lymphocyte présents dans le tissu pulpaire et jouent un rôle dans l’ab-
Macrophage sorption des fluides tissulaires et la circulation des cellules
Mastocyte blanches sanguines. Peu nombreux en conditions physiolo-
giques, leur taille et leur nombre augmentent en conditions
pathologiques (Berggreen et al., 2009).
Fibroblaste
Polynucléaire
Ostéoblaste La pulpe est donc un organe à vascularisation terminale et à
Ostéoclaste faible compliance (qui est le rapport entre le volume du
réservoir élastique et la pression du fluide qu’il contient ;
ses variations permettent d’évaluer la distension d’un tissu).
Cette condition la rend donc plus fragile du fait de l’absence
de suppléance collatérale et la conduit plus facilement
Aδ Fibres qu’un autre organe vers la nécrose tissulaire.
Aβ nerveuses
Système nerveux C sensitives
Artérioles autonome C C La régulation vasculaire fait l’objet d’un contrôle complexe
Veinules dépendant non seulement de facteurs locaux, produits par
Lymphatiques
les cellules, mais également de molécules produites à dis-
tance par différents organes de l’organisme, comme certaines
Figure 2.1 Vue schématique des principaux constituants pul- hormones ou cytokines, ainsi que des cellules nerveuses, très
paires. Les éléments vasculaires (artérioles, veinules, lympha-
nombreuses dans la pulpe dentaire.
tiques), nerveux (sensitifs et autonomes) et cellulaires
interagissent à l’état physiologique pour assurer la dentinoge- La circulation dans les vaisseaux artériels afférents aux capil-
nèse et réguler le flux sanguin. En conditions pathologiques, ils laires, dits résistifs, est décrite par la loi de Poiseuille, simi-
permettront la mise en jeu des réactions inflammatoires de laire à la loi d’Ohm pour l’électricité (U = R × I, soit différence
défense et de réparation. Voir le texte pour plus de détails. de potentiel = résistance × intensité) : la différence de pres-
sion sanguine entre deux points est égale au produit de la
résistance du tube multiplié par le flux sanguin. La résistance
genèse peut se développer dans des sites voisins à partir des vasculaire s’exprime en fonction du rayon du vaisseau élevé à
fibroblastes sous l’action de facteurs trophiques vasculaires un facteur de puissance 4. Par conséquent, de faibles varia-
tels que le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire tions du diamètre artériel entraîneront d’importantes modi-
(VEGF, vascular endothelial growth factor) (Rodd et Boisso- fications du débit sanguin.
nade, 2005). Dans les capillaires, les échanges tissulaires sont régis par
l’équation de Starling, qui fait intervenir les différences de
Important ! Les capillaires sont le lieu privilégié des pression hydraulique et les pressions osmotiques entre les
échanges avec les tissus environnants. La pression hydrosta- vaisseaux et les tissus interstitiels (fig. 2.2).
tique et la pression osmotique s’y équilibrent, la circulation L’estimation de la pression pulpaire varie, selon les études,
y est ralentie, la surface d’échange entre le sang et le tissu de 6 à 10 mmHg, ce qui la situe parmi les plus valeurs les
interstitiel est importante.
plus élevées de l’organisme. À l’état physiologique, la pres-
sion intrapulpaire qui en résulte est positive et entraîne un
Certaines substances, gazeuses notamment, traversent passi- flux sortant de fluide à travers les tubules (Vongsavan et
vement les membranes vasculaires par différences de Matthews, 1992b et 2000) qui exerce une résistance à la
concentration, d’autres sont dépendantes de transporteurs. pénétration de substances à travers les tubules. En cas de
Les parois des vaisseaux (cellules endothéliales) et des cel- diminution de la pression interstitielle, le flux tubulaire sor-
lules qui les entourent (péricytes) contiennent en outre de tant diminue.
nombreux récepteurs (aux catécholamines, cytokines, pep-
tides, glutamate, etc.) qui en font des capteurs environne-
mentaux permettant aux cellules de répondre aux variations
B - Innervation
du milieu. Les capillaires sont constitués d’une seule couche Le développement de l’innervation pulpaire et dentinaire est
cellulaire dont la perméabilité dépend de leur type – capil- fortement lié à celui de la dent et spécifiquement à certaines
laires qui, dans la pulpe, peuvent être fenestrés ou continus de ses cellules, dont l’odontoblaste. Les fibres nerveuses qui
(Yoshida et Ohshima, 1996) – et des molécules présentes approchent le bourgeon dentaire sont guidées par diffé-
dans le milieu. L’histamine par exemple augmente la perméa- rentes molécules qui contrôlent la survie des neurones et
bilité capillaire. sont impliquées dans la régulation de la densité de l’innerva-

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Physiologie de la pulpe saine 2
Flux net positif : Flux net négatif :
mouvement mouvement
de fluide Pc Pi de fluide Figure 2.2 Équations réglant les flux vasculaires.
vers les tissus πp vers le Artérioles : la différence de pression sanguine entre deux points
interstitiels πi capillaire du vaisseau afférent est égale au produit de la résistance du
Jv = Kf{(Pc – Pi) – σ(πp – πi)} tube multiplié par le flux sanguin. La résistance vasculaire s’ex-
prime en fonction du rayon du vaisseau élevé à un facteur de
puissance 4. Par conséquent, de faibles variations du diamètre
Capillaire artériel entraîneront d’importantes modifications du débit san-
B guin. R : résistance vasculaire ; η : viscosité ; l : longueur du seg-
ment A-B.
(PA – PB)
D= Capillaires : le mouvement net de fluide à travers les parois
R capillaires (Jv) est déterminé par l’équation de Starling qui prend
A en compte la pression hydraulique capillaire (Pc), la pression
r 8ηl
R= hydraulique interstitielle (Pi), la pression oncotique plasmatique
Artériole πr4 Veinule
(πp), la pression oncotique interstitielle (πi), le coefficient de fil-
tration (Kf) et le coefficient de réflexion (σ) qui représente la
Versant résistif Versant capacitif
perméabilité des capillaires aux protéines plasmatiques.

tion. Parmi ces molécules de signalisation, les facteurs neuro- Si certaines fibres nerveuses entrent dans la pulpe via des
trophiques tels que le facteur de croissance nerveuse (NGF, foramina accessoires, la majorité des éléments nerveux
nerve growth factor), le facteur neurotrophique dérivé du pénètre la dent au niveau du foramen principal sous forme
cerveau (BDNF, brain derived neurotrophic factor), le facteur de faisceaux de fibres myélinisées et amyéliniques. Ces fais-
nerveux dérivé de la glie (GDNF, glial derived nerve factor) et ceaux cheminent ensuite dans la partie centrale de la pulpe,
les neurotrophines de type 3 et 4 (NT3 et NT4) jouent un rôle donnent naissance à quelques ramifications à destination des
essentiel mais pas aux mêmes stades du développement zones périphériques où se produit une importante arborisa-
(Luukko et al., 2008 ; Nosrat et al., 1998). Cependant, l’expres- tion. La densité de l’innervation pulpaire est inégale. La région
sion de ces molécules cesse tandis que l’innervation du com- radiculaire est moins richement innervée que la partie coro-
plexe dentino-pulpaire n’est pas encore achevée et d’autres naire. Les régions des cornes pulpaires, qui sont également
signaux moléculaires attractifs ou répulsifs, issus des odonto- les plus sensibles, ont une densité d’innervation nettement
blastes, prennent le relais comme la sémaphorine 7A ou la supérieure au reste de la pulpe (Lilja, 1979 ; Lilja et al., 1982 ;
rééline (Maurin et al., 2004). Gunji, 1982) (fig. 2.1).
Les terminaisons nerveuses sont observées dans l’ensemble
1 - Topographie de l’innervation périphérique de la pulpe, mais c’est en périphérie que l’on en rencontre le
plus, notamment au voisinage des odontoblastes où elles
a - Innervation pulpaire forment le plexus sous-odontoblastique (dit de Raschkow)
qui est constitué de fibres fines, majoritairement amyéli-
Important ! La pulpe dentaire est un des tissus les plus niques, ou de fibres myélinisées ayant perdu leur gaine de
innervés de l’organisme : on y dénombre de 2 000 à myéline. Une partie des fibres nerveuses s’arborise à proxi-
2 500 axones environ au niveau de l’apex pour une prémo- mité des odontoblastes sans former de contacts synaptiques
laire adulte (Nair, 1995 ; Byers, 1984). Elle contient deux classiques ; d’autres traversent la couche odontoblastique.
grands types de fibres nerveuses (fig. 2.1) :
- des fibres sensitives, dont on a longtemps pensé que leur Certaines fibres nerveuses sont présentes dans la prédentine
seul rôle était de transmettre des informations périphé- et la dentine, à l’intérieur des tubules dentinaires, sur une dis-
riques vers le système nerveux central mais qui ont un rôle tance d’environ 100 µm, sans atteindre par conséquent la
actif de contrôle du milieu local, notamment via le sys- jonction amélo-dentinaire.
tème vasculaire, et de mise en jeu du système immunitaire
(Fristad et al., 2006). Leur corps cellulaire est situé dans le Remarque : il faut noter à ce propos que certaines observa-
ganglion trigéminal ; tions suggérant que la jonction amélo-dentinaire est une
- des fibres du système autonome, efférentes, qui contrôlent zone plus sensible que la dentine, plus interne, ne sont pas
la vascularisation pulpaire et participent également aux valides scientifiquement.
réactions immunitaires. Le corps cellulaire des fibres sym-
pathiques est situé dans le ganglion cervical supérieur. La
présence de fibres parasympathiques cholinergiques a fait Les fibres nerveuses intradentinaires sont des fibres qui sont
l’objet de controverses mais est maintenant établie (Borda restées dans la dentine au fur et à mesure du déplacement
et al., 2007 ; De Couto Pita et al., 2009) sans que l’origine
des odontoblastes et non des fibres qui ont colonisé l’espace
des neurones cholinergiques ait été identifiée.
tubulaire ensuite. On dénombre environ 8 % de tubules

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2 Endodontie

innervés au niveau coronaire alors que cette proportion est sont des fibres Aβ à conduction rapide (jusqu’à 48 m/s)
de 1 % dans la partie radiculaire (Fearnhead, 1957). Au niveau (Närhi, 1985 ; Cadden et al., 1983). Ces catégories ne forment
des cornes pulpaires, la densité est plus élevée et se situe aux pas elles-mêmes une classe homogène et plusieurs sous-
alentours de 25 % (Byers et Närhi, 1999). types de fibres nerveuses peuvent être distingués.
b - Innervation parodontale périradiculaire
Note : les fibres C sont dites polymodales en raison de leur
L’innervation parodontale provient pour l’essentiel de fibres capacité à répondre à des stimulations chimiques, ther-
nerveuses issues de la région apicale et qui se distribuent miques et mécaniques, mais elles n’ont pas toutes les
ensuite dans le desmodonte, que rejoignent des fibres addi- mêmes caractéristiques biochimiques.
tionnelles issues de foramina accessoires de l’os alvéolaire
(Linden, 1990). Les fibres nerveuses amyéliniques et myélini- b - Récepteurs
sées sont réparties le long de la racine uniformément sur un
axe horizontal, mais avec des différences de densité verti- 1 - Nocicepteurs et thermorécepteurs
cale, décroissante à partir de l’apex où elle est le plus forte. Les fibres nerveuses assurent leur fonction de détection de
Les fibres amyéliniques et faiblement myélinisées sont fine- l’environnement grâce à des récepteurs dont il existe de
ment arborisées dans le desmodonte sous forme de termi- nombreux types (fig. 2.3).
naisons libres. Les grosses fibres myélinisées se terminent Récepteurs TRP1 : la pulpe dentaire contient des récepteurs à
sous forme de récepteurs spécialisés, de forme et de struc- potentiel transitoire (TRP, transient receptor potentiel),
ture diverses, dont de nombreuses terminaisons caractéris- notamment de nombreux TRPV1 (sous-classe de récepteurs
tiques des mécanorecepteurs de type Ruffini. Une partie des TRP liant les molécules de la famille des vanilloïdes comme
fibres nerveuses est connectée à des mécanorécepteurs à la capsaïcine, le principe actif des piments) qui captent des
bas et haut seuils de stimulation qui participent à l’analyse informations nociceptives thermiques et chimiques. Elle
des forces occlusales. D’autres sont des récepteurs nocicep- contient également des récepteurs TRPV2 en moindre quan-
tifs et thermiques. tité, ainsi que des récepteurs TRPM8 et TRPA1 susceptibles de
2 - Innervation sensitive capter des informations thermiques dans les gammes noci-
ceptives et non nociceptives (Hermanstyne et al., 2008 ;
Note : l’innervation sensitive de la pulpe dentaire est assu- Alvarado et al., 2007 ; Ishikawa et Sugimoto, 2001).
rée par des neurones en T dont le corps cellulaire est situé
dans le ganglion trigéminal. Remarque : il est intéressant de remarquer que certains de
ces TRP sont également présents sur les odontoblastes (Son
et al., 2009) qui pourraient donc jouer un rôle dans la sensi-
Plusieurs types cellulaires ont été décrits : de gros neurones bilité thermique et la mécanotransmission. Tous ces récep-
reliés à des fibres myélinisées et des neurones plus petits teurs ne sont pas présents sur toutes les fibres nerveuses.
reliés à des fibres amyéliniques ou faiblement myélinisées
(Kruger et al., 1989 ; Azérad et al., 1992 ; Ichikawa et al., 1995).
Les fibres sensitives intrapulpaires sont pour l’essentiel des D’autres récepteurs sont sensibles aux variations chimiques
fibres de petit diamètre, amyéliniques ou faiblement myélini- du milieu. Les récepteurs ionotropiques2 de type ASIC (acid
sées, captant des informations chimiques, thermiques et des sensing ionic chanel) sont sensibles à la présence des ions
déformations mécaniques. Ces modifications de l’environne- H+ et détectent donc les variations de pH (Ichikawa et Sugi-
ment sont détectées via des récepteurs spécialisés dont il moto, 2002). Les récepteurs purinergiques de la famille des
existe de nombreux types. Leur activité dépend de l’état P2X détectent l’adénosine triphosphate (ATP), ce qui en fait
physiologique ou pathologique de la pulpe, c’est-à-dire de la des détecteurs des lésions tissulaires quand le contenu intra-
présence de diverses molécules, inflammatoires par exemple, cellulaire, riche en ATP, est libéré dans le milieu extracellu-
dans le milieu extracellulaire, présence qui est détectée par laire (Alavi et al., 2001 ; Renton et al., 2003 ; Cook et al., 1997).
de nombreux récepteurs. Les neurones sensitifs se projettent Les récepteurs P2X3 sont principalement retrouvés dans les
dans le complexe sensitif trigéminal (CST) qui intègre les neurones sensibles au GDNF. D’autres récepteurs fixent des
informations sensitives orales dans les différentes subdivi- agents algogènes issus de la rupture des membranes cellu-
sions (Dallel et al., 2003). Le CST relaie ensuite ces informa- laires comme les récepteurs à la bradykinine B1 et B2 en cas
tions à différentes structures cérébrales selon la nature, la de lésion vasculaire. D’autres encore sont sensibles à la pré-
qualité et la quantité des informations. sence de molécules inflammatoires telles que l’histamine ou

a - Fibres nerveuses 1. Récepteur TRP : récepteur potentiel transitoire. TRPV1 : sous-classe


Selon Byers (1984), 85 % des fibres nerveuses entrant dans de récepteurs TRP liant les molécules de la famille des vanilloïdes
comme la capsaïne, le principe actif des piments.
l’apex sont amyéliniques, de petit diamètre – inférieur à 1 µm 2. Récepteurs ionotropiques et métabotropiques : les premiers assurent
– et à faible vitesse de conduction (de – 0,5 à 2 m/s). Parmi leur fonction biologique en laissant passer des ions à travers les mem-
les 15 % de fibres myélinisées restantes, l’essentiel est consti- branes tandis que l’activation des seconds entraîne celle d’une enzyme
tué de fibres Aδ, plus rapides (de 4 à 30 m/s) et moins de 1 % membranaire qui mobilise à son tour des voies de signalisations cellulaires.

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Physiologie de la pulpe saine 2
2 - Mécanorécepteurs
Extravasation Certains récepteurs détectent les déformations tissulaires
Vasodilation via l’étirement des membranes. Ce sont par exemple les
TNF-α
Dommage IL6
LIF
Macrophage récepteurs ENaC, TREK1 et TREK2, TRAAK et ASIC 3, qui sont
tissulaire Mastocyte
présents sur les fibres myélinisées pulpaires (Ichikawa et
Chaleur
Bradykinine Sugimoto, 2002 ; Ichikawa et al., 2005 ; Hermanstyne et al.,
Pression
H+ ATP NGF IL1-β PGE2 His 5HT CAPS
2008) et qui semblent bien placés pour détecter les défor-
ASIC P2X TrkA IL1-R B1/B2 EP H1 5HT TRPV1 H+ mations liées aux déplacements de fluide dans les tubules.
K+
Ca2+ 3 - Récepteurs bactériens
Terminaison nociceptive
Les récepteurs de type Toll (TLR, Toll-like receptors) sont pré-
sents dans la pulpe dentaire et notamment sur les odonto-
blastes qui jouent donc un rôle important dans la détection
SP et la réponse aux micro-organismes (Farges et al., 2009). Ils
sont également présents sur les fibres nerveuses (Griffiths
et al., 2007).
NaV
(NaV1.7)
NaV Important ! Ces récepteurs participent à de nombreuses
(NaV1.8, 1.9) fonctions et jouent un rôle important dans les processus de
réparation cellulaire. Cependant, comme pour de nombreux
systèmes, la balance entre les effets bénéfiques réparateurs
et les effets néfastes dépend d’équilibres complexes liés à la
présence de nombreuses molécules du milieu considéré.
Figure 2.3 Principaux récepteurs présents sur les fibres nocicep-
tives pulpaires (d’après Gohar, 2003).
TRPV1 : il est activé non seulement par des molécules exogènes Les TLR ont par exemple été impliqués dans les mécanismes
comme la capsaïcine, la substance irritante des piments, mais
également par des températures supérieures à 42 °C. Par ailleurs, de dégénérescence neuronale. Dans la pulpe, Wadachi et Har-
les ions H+ facilitent l’activation du récepteur. Le TRPV1 peut greaves (2006) ont identifié les récepteurs TLR ainsi que le
donc être activé à des températures proches de la température CD14 qui joue un rôle de corécepteur au TLR, notamment pour
ambiante s’il est sensibilisé par l’acidité du milieu, ce qui est le le lipopolysaccharide (LPS). Du fait de la présence de ces
cas lors d’une inflammation. Il est également activé par des récepteurs sur une population de fibres nociceptives (mais pas
molécules endogènes proches de l’acide arachidonique (AA). uniquement), les auteurs ont suggéré que la douleur provo-
TRPV2 : ce récepteur, à la structure proche de TRPV1, est activé quée par les infections bactériennes était en partie véhiculée
par des températures supérieures à 52 °C. Il ne semble pas
par ces récepteurs. D’autres modèles animaux soulignent l’im-
exprimé dans les mêmes neurones. Il existe également des
récepteurs TRPV3 et TRPV4. portance des TLR4 dans la douleur (Lan et al., 2010).
TRPA1 : ce récepteur s’active à des températures inférieures à
17 °C, considérées comme nociceptives. Certains neurones 4 - Récepteurs aux cytokines/chimiokines
expriment à la fois TRPV1 et TRPA1, ce qui pourrait expliquer la Les chimiokines (ou chémokines) sont de petites molécules
confusion des sensations paradoxales de brûlure ressenties lors bioactives dont le rôle majeur est d’attirer les cellules por-
de stimuli froids. Il est également activé par certains composés tant leurs récepteurs par chimio-attraction. Les cellules atti-
irritants comme l’huile de moutarde. rées suivent un gradient de concentration en chémokines et
Récepteurs purinergiques : en cas de lésion tissulaire, l’ATP uti-
lisé par les cellules pour transférer de l’énergie lors du métabo-
« remontent » ainsi vers la source d’émission du signal. Cer-
lisme cellulaire peut être libéré dans le milieu extracellulaire. Il taines chémokines sont dites homéostatiques et sont sécré-
active divers types de récepteurs, dits purinergiques, tels que le tées en permanence. Elles peuvent par exemple contrôler les
P2X3. cellules immunitaires comme les lymphocytes afin qu’ils
ASIC : ces récepteurs canaux sont activés par des baisses de pH, puissent réagir aux invasions de pathogènes en interagissant
situations rencontrées dans les douleurs inflammatoires, les avec les cellules dendritiques présentatrices d’antigènes.
hématomes, les ischémies cardiaques ou musculaires ou les can- D’autres ont un rôle dans le développement, guident l’angio-
cers.
genèse ou certaines cellules vers des tissus spécifiques, déli-
vrant des signaux critiques pour la maturation des cellules.
des neuropeptides libérés par réflexe d’axone par le nerf lui- D’autres chimiokines sont inflammatoires et sont libérées par
même : récepteurs à neurokinines de type NK1 qui fixent la de nombreux types cellulaires en réponse à des infections
substance P (SP) ou récepteurs au CGRP (calcitonin gene-rela- bactériennes ou virales. Leur libération est souvent stimulée
ted peptide). Enfin, des récepteurs au glutamate (R-Glu) (Kim par des cytokines pro-inflammatoires comme l’interleukine 1
et al., 2009) ont été identifiés, suggérant un rôle de cet acide (IL1). Elles servent principalement de chémo-attractants pour
aminé excitateur dans le contrôle des réactions vasculaires les leucocytes, monocytes, neutrophiles, macrophages, gui-
pulpaires (Jackson et Hargreaves, 1999 ; Hofman et al., 2003). dant les cellules vers la lésion ou le site d’infection.

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2 Endodontie

en odontologie, semblent dues au blocage de ces canaux


Certaines chimiokines inflammatoires activent des cel-
lules qui, à leur tour, vont déclencher une réponse immu- dans certains types neuronaux (Park et al., 2009).
nitaire ou promouvoir la réparation tissulaire.
d - Terminaisons centrales
Après avoir cheminé dans les axones des neurones sensitifs
Comme dans la plupart des tissus, les cellules de la pulpe primaires, les potentiels d’action sont propagés jusqu’aux
dentaire réagissent aux agressions microbiennes en activant extrémités centrales du neurone dans le complexe sensitif
des récepteurs de l’immunité acquise et innée qui vont trigéminal (CST) qui reçoit les informations sensitives captées
ensuite entraîner une cascade d’événements défensifs et/ou par les fibres nerveuses trigéminales. Situé dans le tronc
réparateurs, mobilisant les cellules voisines et, à distance, les cérébral, il comprend deux noyaux : le noyau principal et le
odontoblastes, les fibroblastes, les macrophages et les mas- noyau spinal, lui-même divisé en trois sous-noyaux : oral,
tocytes mais aussi les neurones. Les cytokines, molécules de interpolaire et caudal, ce dernier prolongeant les cornes dor-
communication cellulaire, vont jouer les intermédiaires avec sales de la moelle cervicale. Le noyau principal est considéré
chacune des rôles spécifiques. Il existe souvent une redon- comme le relais des afférences sensitives oro-faciales de gros
dance des voies de signalisation. Une même cytokine peut diamètre, non douloureuses. Le noyau spinal, qui reçoit des
activer des récepteurs différents et plusieurs cytokines diffé- afférences de faible diamètre, joue un rôle important dans le
rentes peuvent activer un même récepteur. Toutes les cyto- traitement des informations nociceptives, essentiellement
kines et chémokines ne jouent pas le même rôle. Certaines grâce aux sous-noyaux caudal et oral (Dallel et al., 2003). On
sont pro-inflammatoires, tels l’IL1, l’IL6, le facteur de nécrose peut noter que 80 % des neurones du sous-noyau caudal
tumorale alpha (TNF-α, tumor necrosis factor alpha), et sont des neurones à convergence, qui intègrent donc des
d’autres sont anti-inflammatoires (IL10). Elles ne sont pas libé- informations nociceptives, tactiles et thermiques issues des
rées au même moment de la réaction inflammatoire. Parmi structures superficielles (peau, muqueuses) et profondes
ces cytokines, la CCL2 (précédemment appelée MCP1, mono- (muscles, viscères) du métamère correspondant. Cette orga-
cyte attractant protein), dont l’une des fonctions est d’attirer nisation permet de comprendre le caractère souvent diffus
les macrophages sur le site lésionnel, joue un rôle particulier et irradiant des douleurs trigéminales.
dans la douleur (Abbadie et al., 2009), tant nociceptif et L’exemple de la pulpe dentaire est à cet égard intéressant : si
inflammatoire que neuropathique. La CCL2 est colocalisée sa situation anatomique semble l’assimiler à une structure
dans les neurones nociceptifs avec les peptides, tels que la superficielle, l’organisation anatomo-physiologique de ses
substance P (SP) et le CGRP, ainsi qu’avec le récepteur TRPV1. circuits d’intégration centrale, récemment mis en évidence
Elle est libérée par les neurones et exerce un effet pro-noci- par imagerie fonctionnelle (Jantsch et al., 2005), est celle
ceptif central et périphérique. Elle est également impliquée d’un tissu profond, différente de celle des tissus superficiels.
dans les changements plastiques des cellules gliales observés
en condition de douleur chronique.
Important ! Ces données sont cohérentes avec la sympto-
matologie des douleurs pulpaires – proches des douleurs
Important ! En fin de compte, l’activation et la sensibilisa- viscérales et caractérisées notamment par leur irradiation,
tion de ces différents récepteurs vont modifier le voltage leur forte intensité sensorielle et émotionnelle – et l’im-
des terminaisons nerveuses et donc leur excitabilité. Les portance des phénomènes de sensibilisation. Les douleurs
fibres qui portent les récepteurs peuvent donc détecter issues de la pulpe dentaire sont ainsi souvent ressenties à
des informations et les transmettre au corps cellulaire, distance, dans une autre dent ou dans un muscle.
éventuellement aux terminaisons centrales, grâce à la pré-
sence de canaux ioniques, principalement sodiques et
potassiques, sur les membranes axonales. L’activation des
3 - Innervation autonome
voies centrales permettra ensuite de donner naissance à
une sensation. L’innervation de la pulpe comprend également des fibres du
système nerveux autonome, c’est-à-dire du système sympa-
thique et parasympathique.
c - Canaux ioniques
Les fibres nerveuses de la pulpe dentaire saine contiennent a - Système sympathique
des canaux NaV1.7 et NaV1.8, TTX résistants1, qui jouent un De nombreux auteurs ont apporté les preuves histologiques
rôle dans la propagation des potentiels d’action. Ce sont les et fonctionnelles d’une innervation sympathique de la pulpe
cibles des anesthésiques locaux (Boucher, 2006). Les proprié- dentaire chez l’animal et chez l’homme (Anneroth et Nor-
tés analgésiques de l’eugénol, utilisé depuis très longtemps berg, 1968 ; Pohto et Antila, 1968 ; Scott et al., 1972 ; Kerezou-
dis et al., 1992). Ces fibres efférentes sont originaires du
1. Il existe de nombreux sous-types de canaux Na, qui diffèrent selon ganglion cervical supérieur et situées au voisinage des vais-
leurs sous-unités constitutives et le tissu considéré. Les neurones sensi-
tifs contiennent des canaux NaV1.7, NaV1.8 et NaV1.9 que l’on peut sélec-
seaux qu’ils entourent parfois et sont plutôt dans les parties
tionner pharmacologiquement, par blocage avec certaines toxines centrales de la pulpe. Cependant, des fibres sympathiques
comme la tétrodotoxine (TTX). Les canaux NaV1.8, présents sélective- ont été décrites dans le plexus sous-odontoblastique et dans
ment sur les neurones sensitifs nociceptifs, résistent à l’action de la TTX. la couche odontoblastique, principalement au niveau des

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Physiologie de la pulpe saine 2
cornes pulpaires (Haug et al., 2001 ; Oswald et Byers, 1993 ; - Aβ et Aδ, rapides pour les sensations de prédouleur ;
Udmann et al., 1984). Elles sont principalement destinées aux - Aδ, lentes ;
vaisseaux sanguins sur lesquelles elles exercent un contrôle - C pour les sensations de douleur intense et mal localisée.
du diamètre via les péricytes et cellules musculaires lisses Ces distinctions recouvrent les notions de sensibilité « denti-
des artérioles et des sphincters précapillaires qui permettent naire » et de sensibilité « pulpaire » (Trowbridge, 1986), cor-
de moduler le diamètre des vaisseaux et, subséquemment, le respondant respectivement à l’activation de fibres de type A
débit sanguin. Elles exercent leur action via des catéchola- superficielles et de fibres C profondes (Nähri et al., 1992).
mines – la noradrénaline ou norépinéphrine (NA), l’adréna- Cependant, il semble critiquable d’assimiler les sensations de
line ou épinéphrine (A) – et le neuropeptide Y (NPY). faible intensité à des sensations prédouloureuses et cette
distinction pourrait résulter d’un a priori : l’innervation majo-
b - Système parasympathique ritairement amyélinique et faiblement myélinisée de la pulpe,
L’innervation parasympathique de la pulpe a parfois été dis- connue comme le support biologique de la douleur, a pu
cutée (Olgart, 1996) du fait de la non-spécificité des mar- conditionner les expérimentateurs à considérer la dent
queurs utilisés et l’ambiguïté des arguments fonctionnels comme une structure ne pouvant donner lieu qu’à des sensa-
(Sasano et al., 1995). Récemment, Borda et al. (2007) puis De tions de cette catégorie. Or la pulpe dentaire contient des
Couto et al. (2009) ont établi les preuves fonctionnelles d’un fibres de gros diamètre et des composantes mécaniques non
contrôle cholinergique de l’activité vasculaire par des récep- douloureuses ont été décrites (Carter et Matthews, 1989). Par
teurs muscariniques, via le monoxyde d’azote (NO) et les ailleurs, certaines sensations comme les démangeaisons ne
prostaglandines (PG), dépendant de l’inflammation. sont pas nécessairement des sensations de prédouleur (Ikoma
et al., 2006).

1 - Douleur « dentinaire »
II - Physiologie de la pulpe saine
a - Théorie hydrodynamique de Brännström
Cette théorie (Brännström, 1986 ; voir chapitre 1), selon
A - Sensations laquelle l’activation des fibres intrapulpaires résulte du
déplacement du contenu des tubules dentinaires à la suite
Important ! En l’absence de moyens diagnostiques de rou- d’un stimulus mécanique thermique ou osmotique, est
tine non invasifs et fiables, la seule façon d’approcher l’état aujourd’hui largement acceptée. Le déplacement des fluides
physiologique de la pulpe reste la symptomatologie, c’est- intratubulaires active ensuite les fibres nerveuses pulpaires
à-dire l’étude des sensations issues de la pulpe, qu’elles de type A (Nähri, 1985 ; Newton, 1969 ; Jyväsjärvi et Kniffki,
soient spontanées ou provoquées.
1987 ; Dong et al., 1985), évoquant une perception plus ou
moins douloureuse selon l’intensité du stimulus, qui ne dure
Normalement, les fibres intrapulpaires ne sont pas activables pas. Cette situation correspond à la stimulation des fibres de
de l’extérieur, sauf par des stimulations thermiques fortes du type Aδ. Charoenlarp et al. (2007) ont déterminé, chez
fait de la protection liée à l’émail ou de stimulations élec- l’homme, que le seuil de stimulation douloureuse était de
triques non physiologiques. Elles jouent un rôle trophique et – 125 mmHg (pression négative) et 200 mmHg (pression posi-
d’adaptation des conditions circulatoires aux besoins du tive), ce qui correspond respectivement à des flux de fluides
tissu, répondent aux stimulations physiologiques de la dent dentinaires de 3,29 nl/s/mm2 et 5,75 nl/s/mm2. Cependant,
(mastication) et accompagnent la sénescence pulpaire. Mais la façon dont s’opère la transduction n’est pas encore éluci-
lorsque la barrière amélaire a subi une effraction ou que l’at- dée. Plusieurs hypothèses ont été émises.
tache parodontale migre en exposant le cément, certains Pour certains, c’est l’odontoblaste qui effectue la transduc-
tubules communiquent alors avec l’extérieur et les stimuli tion. Cette hypothèse de l’odontoblaste cellule sensorielle a
externes peuvent être transmis à la pulpe. été émise depuis longtemps et a été renforcée par des obser-
Les études psychophysiques chez l’homme indiquent qu’il vations récentes. Les odontoblastes disposent en effet de
est possible de distinguer trois types de sensations princi- capteurs mécaniques ou chimiques susceptibles de détecter
pales issues des dents (Ahlquist et al., 1984 ; Anderson et les variations du micro-environnement induit par ces dépla-
Naylor, 1962 ; Anderson et al., 1970 ; Brännström et al., 1962 ; cements (changement des concentrations de calcium par
Nähri et al., 1992 ; Azérad et Woda, 1977) : exemple) sous forme de canaux ioniques mécanosensibles
- une sensation initiale, définie comme « pré-douloureuse », (TRPM3, TRPV4, TREK1), de canaux potassiques activés par le
ressentie pour les intensités de stimulation faibles, qui se calcium (KCa) ainsi que de canaux sodiques voltage dépen-
transforme en sensation de douleur aiguë quand l’intensité dants fonctionnels (Allard et al., 2006). Ils peuvent par ail-
du stimulus augmente ; leurs émettre des potentiels d’action en conditions
- une sensation de douleur aiguë brève et bien localisée ; expérimentales (Allard et al., 2006). Ils pourraient donc
- une sensation de douleur sourde, intense et mal localisée. répondre directement aux mouvements des fluides et trans-
À ces trois types de sensations semble correspondre le recru- mettre ensuite cette information (Magloire et al., 2009 et
tement de différents types de fibres nerveuses : 2010).

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2 Endodontie

b - Transduction directe par les fibres nerveuses Les cellules musculaires lisses de la paroi des artérioles et des
Aucun des éléments précédemment cités n’est une preuve veinules ainsi que les cellules endothéliales artériolaires et capil-
certaine du rôle sensoriel des odontoblastes. De nombreuses laires jouent un rôle actif. De plus, les cellules endothéliales sont
cellules sécrétrices sont excitables et les récepteurs obser- réunies par des gap-junctions qui permettent de les coupler et
vés pourraient jouer un autre rôle que celui de transduction. de se comporter comme une unité fonctionnelle en cas de sti-
De fait, il ne semble pas que la genèse d’une activité affé- mulation (de Wit et Griffith, 2010). Le rôle des péricytes qui les
rente après une stimulation dentinaire requière la présence entourent est de plus en plus exploré. Ils peuvent réguler la cir-
d’odontoblastes intacts (Lilja et al., 1982 ; Hirvonen et Närhi, culation capillaire via le glutamate dans d’autres modèles de
1986). Dans ce cas, les mouvements de fluides activeraient circulation terminale comme la rétine (Peppiatt et al., 2006 ;
directement les fibres nerveuses qui possèdent les mécano- Puro, 2007). Par ailleurs, des travaux récents indiquent que les
récepteurs (voir plus haut). Les récepteurs sont également hématies pourraient participer aussi à cette régulation (Jensen,
des chémorécepteurs. Or, de nombreuses fibres Aδ sont éga- 2009) : parallèlement à leur rôle d’apport d’oxygène aux tissus,
lement sensibles à des stimulations chimiques. Il est possible elles peuvent agir comme des capteurs d’activité métabolique
que les déformations tissulaires induisent la libération de et modifier en retour le débit sanguin. En effet, le diamètre des
molécules activant secondairement les récepteurs, comme capillaires fins est parfois peu supérieur à celui des globules
les lésions tissulaires induisent la libération de nombreux rouges, voire inférieur, et, dans ce cas, ces derniers s’y meuvent
ions et molécules directement ou indirectement (ATP, PG) grâce à la contraction de leur cytosquelette. La faible vitesse de
qui sont détectés secondairement par les fibres nerveuses. leur déplacement dans les capillaires et la proximité des parois
vasculaires favorisent ce rôle de senseur, qui fait par ailleurs inter-
2 - Douleur « pulpaire » venir la désoxygénation de l’hémoglobine, l’ATP et le monoxyde
d’azote (Jensen, 2009 ; Kleinbongard et al., 2007).
Important ! Une stimulation aiguë expérimentale de la
pulpe dentaire, telle qu’une stimulation thermique ou élec- a - Régulation métabolique
trique élevée ou l’application d’agents chimiques comme la Les besoins métaboliques de la pulpe en conditions normales
bradykinine, donne lieu à une sensation de douleur intense, correspondent principalement, outre à l’entretien du tissu, à
mal localisée, pénible, véhiculée par les fibres C (Nähri l’activité dentinogénique des odontoblastes qui nécessite un
et al., 1992). Ces douleurs partagent les caractéristiques des
apport en nutriments et en oxygène important. Yu et al.
douleurs viscérales (Jantsch et al., 2005).
(2002) ont montré, chez le rat, une consommation hétéro-
gène de la pulpe en oxygène plus élevée au niveau périphé-
Du fait des convergences centrales, les douleurs sont sou- rique où sont les odontoblastes. La consommation moyenne
vent ressenties dans d’autres structures faciales, dentaires et à ce niveau était de 3,2 ± 0,2 ml O2/min pour 100 g de tissu,
musculaires, ce qui les rend difficiles à localiser. Elles sont un chiffre voisin de la consommation cérébrale. Il a par ail-
dues à l’activation physiologique des fibres nociceptives, qui leurs été montré que les variations gazeuses – diminution
répondent grâce à l’équipement biochimique décrit précé- d’oxygène et augmentation de gaz carbonique – induisaient
demment. Cependant, vu la diversité des fibres C présentes une augmentation du flux sanguin (Okabe et al., 1990 ; Yu
dans la pulpe en termes de contenu neurochimique (neu- et al., 2002). D’autres molécules, comme l’ATP ou des ions H+,
ropeptides, récepteurs), il est possible qu’une analyse plus produites par activité cellulaire peuvent influencer la micro-
fine permette de distinguer des sensations plus nuancées circulation (Berggreen et al., 2003).
selon les modalités de stimulation (température, molécules
algogènes internes, etc.). Une des caractéristiques de ces b - Régulation paracrine (autacoïdes)
fibres est également d’être activées par l’anoxie et l’hypogly- Le système circulatoire est influencé par des molécules
cémie. En cas de privation d’oxygène et/ou de glucose, l’acti- vasoactives produites ou libérées à sa proximité, nommées
vité spontanée des fibres C augmente considérablement, ce autacoïdes. Ce sont principalement des peptides (endothé-
qui pourrait expliquer les douleurs de pulpite lorsque la line 1, bradykinine) et des éicosanoïdes, dérivés de l’acide ara-
microcirculation pulpaire est altérée. chidonique (prostaglandines, leucotriènes, thromboxanes).

1 - Endothéline
B - Contrôle de la microcirculation L’endothéline 11 (ET1) est un neuropeptide sécrété par l’endo-
1 - Régulation tonique du débit sanguin thélium vasculaire à partir de molécules précurseur clivées par
l’enzyme NEP (neutral endopeptidase, endopeptidase neutre)
qui dégrade également d’autres peptides comme la subs-
Les variations de flux sanguin sont difficiles à mettre en tance P. Elle a un effet vasoconstricteur puissant au niveau de
évidence en conditions basales mais la pulpe, comme les
autres tissus de l’organisme, est soumise à des influences
régulatrices métaboliques, nerveuses, paracrines/endo- 1. L’ET1 se fixe également sur le récepteur R-ET B exprimé à la surface des
crines et immunitaires. Les cellules actives dans ce proces- cellules endothéliales et qui entraîne une légère vasodilatation. Dans ce
cas, les cellules endothéliales produisent plus de monoxyde d’azote (ou
sus sont nombreuses.
NO) à effet relaxant sur les cellules musculaires lisses voisines.

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Physiologie de la pulpe saine 2
la pulpe dentaire (Yu et al., 2004 ; Berggreen et Heyeraas, 2003). Cependant, l’influx nerveux pouvant se propager dans les
C’est également un stimulant de la prolifération cellulaire, de deux sens, des potentiels d’action reviendront vers la péri-
la fibrose et de l’inflammation. Elle se fixe principalement sur phérie dans les terminaisons collatérales à la zone d’excita-
le récepteur à endothéline (ET) de type A (R-ET A) exprimé à la tion par excitation rétrograde. Il en résultera la libération a
surface des cellules musculaires lisses de la paroi des artères. retro de neuropeptides vasoactifs par un phénomène nommé
réflexe d’axone (fig. 2.4). Les molécules libérées telles que
2 - Bradykinine substance P (SP), neurokinine A (NKA) et CGRP exercent un
La bradykinine (BK) a des effets différents selon les tissus. Au effet vasodilatateur tonique sur les vaisseaux sanguins (Kim,
niveau des capillaires, c’est un puissant vasodilatateur dépen-
dant de l’endothélium, dont les effets sont véhiculés par le
monoxyde d’azote après activation des récepteurs B1. Les taux
de bradykinine sont élevés dans les pulpites irréversibles. La
bradykinine agit directement sur l’endothélium vasculaire ainsi
que sur les neurones sensitifs en amplifiant la libération de
K+
neuropeptides. Elle est par ailleurs fortement algogène.
Comme l’histamine, elle augmente la perméabilité vasculaire PG
et sa libération provient des veinules plutôt que des artérioles. BK

3 - Éicosanoïdes Vaisseau
Les dérivés de l’acide arachidonique issu de la dégradation Terminaisons
des lipides membranaires peuvent également modifier la vas- nerveuses A
cularisation. L’administration de prostaglandines E2 (PGE2),
par exemple, augmente le flux sanguin et amplifie l’effet de la
bradykinine. L’anandamide, un endocannabinoïde qui module
également l’activité des récepteurs TRPV1, a des effets vaso-
dilatateurs (Movahed et al., 2005 ; Taddei, 2005). Mastocyte
SP HIS CGRP
4 - Monoxyde d’azote
Le monoxyde d’azote est synthétisé à partir de l’arginine par
BK
la NOS (nitric oxyde synthase, monoxyde d’azote synthétase), Plaquette 5-HT
par les cellules endothéliales, les macrophages et les neu- B
rones. Il joue un rôle dans la régulation basale du flux sanguin
pulpaire mais ne semble pas impliqué dans la régulation pha-
sique (Kerezoudis et al., 1993a).
HIS
5 - Autres substances
Certains composés encore mal identifiés comme l’EDHF
SP
(endothelium-derived hyperpolarizing factor, nom sous 5-HT
lequel sont sans doute réunis plusieurs composés différents
dont l’action est similaire) semblent jouer un rôle important,
en particulier dans les vaisseaux les plus petits. Ils n’ont pas
Terminaisons nerveuses C
encore été recherchés dans la pulpe. voisines
6 - Adénosine
L’adénosine est une base purique qui joue un rôle important Figure 2.4 A. Les cellules lésées libèrent des ions potassium (K+)
dans les transferts d’énergie cellulaire. Elle exerce des effets et des molécules bioactives comme les prostaglandines (PG) ou
vasodilatateurs (Yu et al., 2004.) la bradykinine (BK). Les PG augmentent la sensibilité des termi-
naisons nerveuses aux stimulations chimiques, thermiques et
2 - Régulation nerveuse de la circulation intrapulpaire mécaniques. Les potentiels d’actions sont transmis vers le sys-
tème nerveux central. B. Réflexe d’axone : les potentiels d’ac-
a - Système nerveux sensitif tion émis par une terminaison peuvent se propager dans les
terminaisons voisines où ils vont provoquer la libération de
Dans un tissu sain, les fibres nerveuses peuvent présenter neuropeptides (substance P, CGRP, NKA). Ceux-ci provoquent
une activité faible spontanée ou déclenchée par des sti- des changements vasculaires directs et indirects : vasodilata-
mulations locales sans que celles-ci soient nécessairement tion, augmentation de la perméabilité vasculaire. C. La libéra-
perçues par la conscience car trop faibles pour passer le tion d’histamine (HIS) et de sérotonine (5-HT) par les mastocytes
barrage des filtres synaptiques centraux. et les plaquettes sensibilise les nocicepteurs voisins (d’après
Fields, 1987).

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2 Endodontie

1990 ; Heyeraas et al., 1994 ; Berggreen et Heyeraas, 2003). Le l’activation du récepteur Y1 entraînait une inhibition de l’acti-
mécanisme de ces effets est différent selon les neuropep- vité des nocicepteurs TRPV1 de la pulpe pouvant peut-être
tides. Substance P et NKA peuvent activer l’enzyme NOS qui expliquer pourquoi des pulpes enflammées n’étaient pas
synthétise, à partir de l’arginine, le monoxyde d’azote, aux nécessairement douloureuses.
propriétés relaxantes sur l’endothélium vasculaire ; le CGRP
exerce son effet via un mécanisme NOS indépendant (Hsu c - Système nerveux autonome parasympathique
et al., 2003). D’autres molécules telles que le glutamate Récemment, Borda et al. (2007) puis De Couto et al. (2009)
semblent exercer également des effets vasodilatateurs par ont établi les preuves fonctionnelles d’un contrôle choliner-
réflexe d’axone (Hofman et al., 2003 ; Braud et al., 2010). gique de l’activité vasculaire par des récepteurs muscari-
niques, via l’oxyde nitrique et les prostaglandines, dépendant
b - Système nerveux autonome sympathique de l’inflammation. La libération d’acétylcholine (ACh) entraîne
la stimulation de récepteurs muscariniques présents sur l’en-
L’élément principal de la vasoconstriction locale est
dothélium vasculaire, les fibroblastes et les macrophages.
assuré par le système sympathique (Scott et al., 1972 ;
Kerezoudis et al., 1992) (fig. 2.5). Ces fibres exercent leur Dans l’endothélium, une telle stimulation entraîne la produc-
effet via des catécholamines (NA, A, DA) et des neuropep- tion d’oxyde nitrique via l’activation de la NOS. L’oxyde
tides (NPY). nitrique diffuse vers les cellules musculaires lisses et pro-
voque leur relaxation. L’activation des récepteurs m-ACh des
macrophages et des fibroblastes entraîne la libération de
Les catécholamines se fixent principalement sur des récep- PGE2, elle aussi vasodilatatrice.
teurs adrénergiques α-1 et α-2, et dopaminergiques (D1-D6)
d - Interactions sensitives et autonomes
des parois vasculaires des artérioles et veinules avec des
effets principalement vasoconstricteurs (Yu et al., 2002). La Des interactions entre fibres autonomes et sensitives existent
quantité de catécholamines varie selon l’état inflammatoire aussi, qui permettent de réguler plus finement la vascularisa-
ou non de la pulpe (Nup et al., 2001). Le récepteur Y1 (R-Y1) du tion. Les fibres sympathiques, par exemple, exercent un effet
neuropeptide Y (NPY) a été détecté sur les parois des vais- inhibiteur sur la libération de neuropeptides via un méca-
seaux pulpaires de dents non cariées. Sur les dents cariées, il nisme adrénergique et NPY dépendant (Kerezoudis et al.,
a été observé sur les fibres nerveuses et des cellules inflam- 1993b et 1993c ; Olgart et Kerezoudis, 1994).
matoires (El Karim et al., 2006). Il y a donc une modulation de D’autres mécanismes existent certainement et suggèrent des
l’expression du Y1 en réponse à la pénétration carieuse, sug- interactions encore plus complexes. À titre d’exemple, cer-
gérant donc un rôle dans le contrôle de l’inflammation pul- tains canaux TRP présents sur les fibres nerveuses le sont éga-
paire. Par ailleurs, Gibbs et al. (2008) ont montré que lement sur les vaisseaux et modulent le tonus vasculaire (Di
et Malik, 2010).

3 - Régulation endocrine
La pulpe est sensible à l’action de molécules hormonales.
Métabolisme cellulaire Comme indiqué précédemment, elle contient des récepteurs
aux catécholamines qui peuvent capter l’adrénaline circu-
Dilatation Contraction lante. Cependant, cette composante semble faible par rap-
port à l’effet local des fibres nerveuses sympathiques. D’autres
CO2
+
hormones comme l’angiotensine exercent un effet vasculaire
ATP H NA
dans la pulpe dentaire (Berggreen et Heyeraas, 2003 ; Souza
NPY
Cytokines et al., 2007).
Cytokines
NO HormonesAdre Système nerveux
AT autonome Important ! La pulpe dentaire est donc soumise à des
BK orthosympathique influences vasoconstrictrices et vasodilatatrices qui per-
Autacoïdes mettent de réguler le débit sanguin et de l’adapter aux
CGRP ACh Système nerveux besoins physiologiques. Les fibres nerveuses jouent un rôle
His autonome important dans cette régulation mais ne sont pas les seules.
parasympathique Les fibroblastes, par exemple, peuvent produire des molé-
SP cules vasoactives.
Système nerveux sensitif Cellules immunocompétentes

Il faut aussi remarquer que certaines molécules n’ont pas d’ef-


Figure 2.5 Principales influences modulatrices s’exerçant sur les
parois vasculaires : voies métaboliques, nerveuses, hormonales fet vasodilatateur ou vasoconstricteur mais un effet sur la
et immunitaires mettant en jeu des substances biologiques de perméabilité en modifiant le facteur k de l’équation de Star-
natures diverses (catécholamines, neuropeptides, autacoïdes, ling, comme l’histamine, ou de modification du facteur σ de
cytokines, ions, etc.). Voir le texte pour plus de détails. réflexion de la pression oncotique comme l’IL1.

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Physiologie de la pulpe saine 2
En conditions basales, le flux sanguin est donc régulé par dif- tivité aux neuropeptides SP, CGRP et NKA dans les fibres ner-
férentes molécules bioactives d’origines diverses. En cas de veuses correspondant à leur libération dans le milieu, suivie
situation de crise ou d’exposition à des agresseurs comme les quelques jours plus tard par une augmentation, correspon-
bactéries, les paramètres hémodynamiques vont changer. Si dant à une synthèse par le neurone et un bourgeonnement
la régulation du flux sanguin était traditionnellement vue des extrémités des terminaisons périphériques sensitives
comme les effets de réponses vasomotrices immédiates et (sprouting) (Byers et Nähri, 1999 ; Kimberly et Byers, 1988 ;
d’adaptations à long terme via des changements structuraux Khayat et al., 1988). Les fibres sympathiques ne sont pas
incluant le remodelage des vaisseaux, leur raréfaction, la col- concernées par ce phénomène de bourgeonnement (Oswald
latéralisation et l’angiogenèse, de nouvelles données et Byers, 1993). Outre leur effet vasculaire, ces neuropeptides
indiquent plutôt un continuum plastique qui supprime les ont un effet neurotrope. La substance P sensibilise les fibres
frontières entre ces processus distincts en dessinant un lien nerveuses et abaisse le seuil de sensibilité douloureuse.
commun (Martinez-Lemus et al., 2009).
Il en résulte une douleur provoquée, parfois spontanée,
Au lieu de considérer le vaisseau sanguin comme une immédiatement après l’agression selon son ampleur, mais
structure statique comprenant adventice, cellules muscu- également une plus grande sensibilité aux tests de sensibi-
laires lisses et endothélium, on peut le voir comme des lité thermique (allodynie thermique) dans les jours suivant
cellules en constante adaptation à l’environnement local l’intervention.
mécanique, hémodynamique et neuro-humoral.
La régulation de ces trois neuropeptides n’obéit pas aux
mêmes mécanismes.
Les cellules musculaires, par exemple, peuvent modifier leurs
On rencontre également une élévation de leur taux dans les
attaches entre elles et la matrice extracellulaire, permettant
dents cariées, notamment symptomatiques, confirmant la
ainsi un ajustement actif de leur position dans le mur vascu-
participation des neuropeptides aux phénomènes doulou-
laire. Les effets à court terme sont relayés par des change-
reux (Rodd et Boissonade, 2000).
ments dans l’organisation du système du cytosquelette et
Cet état est normalement réversible. Il correspond à ce qu’on
des molécules d’attachement, différents de l’activation ini-
appelle une hyperémie pulpaire.
tiale (Martinez-Lemus et al., 2009).

IV - Méthodes cliniques
III - Réactions neuro-vasculaires d’exploration de la santé pulpaire
aiguës à un agent non infectieux
À la suite d’une stimulation aiguë non infectieuse, d’un frai- Essentiel : les tests permettant l’exploration de la « vitalité
sage dentinaire profond par exemple, les prolongements pulpaire » reposent sur l’exploration de la fonction ner-
odontoblastiques sont lésés, les fibres nerveuses peuvent veuse ou de la fonction vasculaire (Rowe et Pitt Ford, 1990 ;
l’être également, ce qui aboutit à la libération de substances Gopikrishna et al., 2009 ; Abd-Elmeguid et Yu, 2009a et
2009b). S’ils permettent, dans la majorité des cas, d’at-
algogènes dans le milieu interstitiel. teindre leur objectif, c’est-à-dire d’évaluer la fonction pul-
paire, ils ne sont malheureusement pas complètement
De même, si l’on fraise sans irrigation, l’échauffement fiables et conduisent parfois à des faux négatifs (dents pul-
entraîne une stimulation des fibres et la formation de pées dont la stimulation ne provoque pas de sensation) et à
lésions tissulaires qui vont entraîner un réflexe d’axone et des faux positifs (dent à pulpe nécrosée dont la stimulation
une réaction inflammatoire. provoque une sensation). L’anamnèse médicale ainsi que les
examens clinique et d’imagerie sont donc des éléments dia-
gnostiques complémentaires indispensables.
La libération a retro de neuropeptides vasoactifs déclen-
chera des phénomènes inflammatoires, en synergie avec le
système immunitaire, amplifiant les signaux intercellulaires A - Exploration de la fonction nerveuse
via par exemple les cytokines et chimiokines, recrutant les
cellules de défense et promouvant les mécanismes de répa- Important ! Ces tests sont les plus simples et les plus
ration tissulaire (fig. 2.4). Selon la modalité, l’ampleur de la employés en clinique. Ils reposent sur l’excitation des fibres
nerveuses et l’analyse des sensations qui en résultent.
stimulation et l’état du milieu, la réaction pourra varier
(Olgart et Kerezoudis, 1994) avec des effets biologiques diffé-
rents. L’extravasation des protéines plasmatiques peut par Ces tests permettent essentiellement de stimuler les fibres
exemple accompagner ou non la réaction de vasodilatation de type A, situées plus en périphérie et dont les seuils d’exci-
(Kerezoudis et al., 1993d). Dans divers modèles d’irritation tation sont plus faibles que les fibres de types C. Plusieurs
pulpaire, il a été observé une perte rapide de l’immunoréac- types de tests de sensibilité sont disponibles.

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2 Endodontie

1 - Tests thermiques 3 - Limites des tests électriques et thermiques


Ils consistent à appliquer un stimulus froid ou chaud de
courte durée sur une surface dentaire, ce qui ne provoque Remarque : si ces tests thermiques et électriques apportent
des renseignements cliniques souvent pertinents, ils ne
pas de dégâts lorsque la pulpe est saine et le stimulus sont malheureusement pas totalement fiables (Trope et
contrôlé (Rickoff et al., 1988 ; Ingram et Peters, 1983). Sigurdsson, 1998 ; Fuss et al., 1986).
a - Test au froid
Leur sensibilité (probabilité que le test soit positif si la mala-
L’application d’un stimulus froid (bâtonnet de glace, neige die est présente) est de 0,83 pour le test au froid, de 0,86
carbonique, coton refroidi par un spray réfrigérant de pour le test au chaud et de 0,72 pour le test électrique, pour
chlorure d’éthyle ou de dichlorodifluorométhane) pen-
une spécificité (soit la probabilité d’obtenir un test négatif
dant quelques secondes entraîne un mouvement sortant
de fluides dentinaires et une sensation de froid plus ou chez les non-malades) respective de 0,93, 0,48 et 0,88 (Peter-
moins douloureuse selon les caractéristiques du stimulus. son et al., 1999). La probabilité de ne pas avoir de réponse
sensible par une pulpe nécrotique est de 89 % avec le test au
froid, de 48 % avec le test au chaud et de 88 % avec le test
Cette sensation disparaît avec l’application du stimulus dans électrique (Peterson et al., 1999). Même s’il existe une corré-
le cas d’une pulpe saine (Trowbridge et al., 1980) mais peut lation significative entre l’absence de réponse aux tests et la
persister en cas de pulpe pathologique. Un froid intense présence d’une pulpe complètement nécrosée (Seltzer et al.,
appliqué pendant longtemps peut stimuler les fibres C et 1963 ; Lundy et Stanley, 1969), il est impossible d’être sûr à
provoquer une douleur intense. Par ailleurs, si le froid produit 100 % de la signification d’un test. Les raisons sont multiples.
une stimulation rapide des fibres Aδ, il produit également
a - Diffusion du stimulus
une vasoconstriction qui diminue la pression pulpaire et l’ex-
citabilité des fibres nerveuses (Cohen et Burns, 2002). Les tissus durs, et notamment l’émail du fait de sa densité
minérale importante et de son organisation compacte, s’op-
b - Test au chaud posent à la pénétration du stimulus qui diffuse aux structures
parodontales adjacentes. Plus l’épaisseur des tissus durs est
L’application de chaleur sur les surfaces dentaires produit grande, moins les stimuli atteindront la pulpe facilement.
un mouvement entrant de fluides et entraîne une sensa-
tion plus ou moins douloureuse et brève en cas de stimu- Note : le patient peut donc ne rien ressentir, ou ressentir
lation faible, due à l’activation des fibres nerveuses Aδ. En une sensation qui, en réalité, ne proviendra pas de la pulpe.
cas de stimulation intense et prolongée, une douleur Les tests électriques sont particulièrement sensibles à ces
intense due à l’activation des fibres C peut être ressentie limitations.
(Nähri, 1985). Cette sensation persiste après la cessation du
stimulus.
Ils doivent donc être l’objet d’une attention particulière (iso-
lation de la dent, pose d’une pâte conductrice entre l’élec-
Cette stimulation thermique s’effectue en clinique par appli- trode et la dent, choix du site de stimulation) (Mumford et
cation de gutta réchauffée ou d’eau chaude. Ces tests doivent Newton, 1969a et 1969b ; Myers, 1998 ; Lin et al., 2007). Les
être effectués avec précaution car la gutta se ramollit en problèmes de diffusion du stimulus sont accentués par la
effet à 65 °C et peut être chauffée jusqu’à 200 °C. L’élévation présence d’obturations ou d’éléments métalliques qui
de température des surfaces dentaires obtenues peut être conduisent mieux la chaleur et l’électricité que les tissus
importante et suffisante pour créer des dommages pulpaires. dentaires et peuvent les diffuser aux structures adjacentes.
Les tests au chaud sont considérés comme moins fiables que Par ailleurs, le courant électrique diffusant le long de lignes
les tests au froid (Gopikrishna et al., 2009). de moindre résistance, une pulpe nécrosée peut par exemple
transmettre l’électricité au parodonte. Le problème est par-
2 - Test électrique ticulièrement difficile à résoudre pour les dents pluriradicu-
La stimulation électrique se fait avec un pulp tester qui per- lées présentant une nécrose partielle.
met de délivrer un courant électrique via une électrode
monopolaire. En conditions normales, le courant induit la b - Dent immature
propagation d’un courant dépolarisant jusqu’à la pulpe per- Les dents à racine immature ont des seuils de sensibilité plus
mettant d’activer préférentiellement les fibres Aδ élevés et nécessitent des stimuli plus importants que les
(Greenwood et al., 1972). Le patient ressent alors une sensa- dents normales pour provoquer une réponse (Fulling et
tion plus ou moins douloureuse selon l’intensité du stimulus. Andreasen, 1976 ; Klein, 1978).

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Physiologie de la pulpe saine 2
c - Traumatisme b - Test anesthésique
L’identification de la dent causale peut être difficile en cas
Remarque : du fait de la rupture des fibres nerveuses ou de douleurs intenses, persistantes et mal localisées ou réfé-
d’un problème fonctionnel lié au traumatisme (inflamma-
tion, anoxie, sidération nerveuse), les fibres nerveuses
rées. Si les tests pulpaires n’ont pas été concluants, une anes-
peuvent ne pas répondre en dépit d’une vascularisation thésie para-apicale ou intraligamentaire peut être instructive,
conservée (Olgart et al., 1988, Teitler et al., 1972). la cessation de la douleur permettant d’identifier la dent
causale.
Cave et al. (2002) ont montré que des dents sujettes à des
forces orthodontiques ont des seuils de réponse aux tests B - Exploration de la fonction vasculaire
électriques plus élevés que les autres. Le retour de la réponse
en cas de choc ou d’activation orthodontique peut prendre
plusieurs semaines (Ozçelik et al., 2000). Remarque : comme en témoignent certains cas de trauma-
tismes où la vascularisation de la pulpe peut persister sans
d - État psychique/physiologique du sujet que l’on puisse détecter une réponse nerveuse, c’est la fonc-
tion vasculaire qui est prépondérante dans le maintien de la
Reiss et Furedi (1993) et Schaffer (1958) ont rapporté que la vitalité pulpaire.
réponse aux tests varie dans le temps. Ce manque de repro-
ductibilité traduit vraisemblablement les variations de l’état
physiologique et psychique du patient. L’application d’un sti- L’exploration de la fonction vasculaire peut se réaliser au
mulus à la surface de la dent constitue une situation particu- laboratoire grâce à différentes méthodes : thermographie,
lière où le patient appréhende l’effet de la stimulation ou photopléthysmographie, débitmétrie laser Doppler, oxymé-
anticipe les réponses attendues par le praticien ; il existe trie pulsée. Cependant, en raison des limitations de ces tech-
donc un contexte particulier qui va conduire certains sujets à niques et notamment des difficultés d’utilisation au cabinet
déclarer des sensations non ressenties (Cooley et Robinson, dentaire en routine et de leur coût, seules deux techniques
1980). Par ailleurs, la stimulation dentaire entraîne en règle sont actuellement utilisées en clinique : la débitmétrie laser
générale celle des mécanorécepteurs parodontaux respon- Doppler et l’oxymétrie pulsée, essentiellement à des fins de
sable d’une sensation que le patient peut interpréter à tort recherche.
comme issue de la pulpe. Il est donc nécessaire de renouve-
ler les tests en incluant des phases où le stimulus n’est pas 1 - Débitmétrie laser Doppler
appliqué réellement (coton sans le froid par exemple, appli- La débitmétrie laser Doppler (Moor Instruments, Devon,
cation de l’électrode sans passage de courant, etc.). Royaume-Uni, ou Perimed, Crapone, France) repose sur le
principe de l’effet Doppler et la transmission de la lumière
Note : l’état physiologique du patient et, notamment, sa par les tissus dentaires. Un faisceau laser incident est émis à
consommation de molécules neurotropes telles que benzo- la surface de la dent, transmis à travers l’émail puis les tubules
diazépines, alcool, antalgiques peuvent modifier les seuils dentinaires jusqu’à la pulpe. Il est réfléchi par les cellules san-
de sensibilité (Rost et Schenck, 1978). guines en mouvement et capté par un récepteur. L’analyse du
décalage de fréquence entre le faisceau incident et le fais-
Enfin, il faut bien avoir présent à l’esprit le fait qu’il n’y a pas de ceau réfléchi permet de mesurer la vitesse du mouvement et
corrélation entre la réponse aux tests pulpaires et l’état histo- donc le flux sanguin.
physiologique de la pulpe (Mumford, 1967 ; Dummer et al., 1980),
comme il existe une faible corrélation entre symptômes cli- Cette technique est indolore, non invasive et reproduc-
niques et histopathologie pulpaire (Tyldesley et Mumford, 1970). tible (Matthews et Vongsavan, 1993). Elle est particulière-
ment intéressante pour les dents jeunes et a prouvé son
4 - Autres tests utilité pour évaluer la vitalité de pulpes traumatisées ne
répondant pas aux tests de sensibilité (Olgart et al., 1988).
a - Test de cavité
Ce test peut être utilisé en dernier recours pour déterminer
la vitalité pulpaire quand il persiste un doute. Il consiste à En revanche, l’épaisseur des tissus durs, leur capacité à trans-
réaliser une cavité à travers l’émail puis la dentine, sous spray mettre la lumière, la présence de caries et le volume pulpaire
refroidissant et sur dent isolée par une digue. sont des facteurs limitant l’amplitude du signal (faux néga-
tifs). Du fait de la diffusion lumineuse, le flux sanguin paro-
Si le patient ressent une sensation douloureuse, le test est
dontal peut contaminer les mesures (faux positif) (Ingólfsson
positif et la dent peut être restaurée.
et al., 1994 ; Hartmann et al., 1996).

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2 Endodontie

2 - Oxymétrie pulsée Cette technique a subi plusieurs modifications depuis son


introduction par Schnettler et Wallace (1991) qui laissent
Important ! Le principe de l’oxymétrie pulsée (OP) repose sur augurer d’un avenir intéressant (Kahan et al., 1996 ; Gopikrishna
le fait que l’absorption de la lumière par un soluté dépend de et al., 2006). Gopikrishna et al. (2007), par exemple, ont éta-
sa concentration à une longueur d’onde donnée. L’oxymétrie bli une sensibilité de 100 %. Cependant, comme pour la tech-
pulsée utilise les propriétés de l’hémoglobine dans le rouge et
nique de débitmétrie laser Doppler, les caractéristiques
l’infrarouge : l’oxyhémoglobine absorbe plus de lumière dans
l’infrarouge que la déoxyhémoglobine, et vice-versa dans le optiques de la dent sont des limitations à son utilisation
rouge visible. Les changements pulsatiles de volume sanguin comme l’est l’importance de la source du signal. Un flux trop
induisent donc des variations dans la lumière absorbée qui per- faible ne permettant pas de mesures fiables (Gopikrishna
mettent de déterminer la saturation sanguine en oxygène. et al., 2009).

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3
Ingénierie tissulaire et endodontie
S. SIMON, J.-M. SAUTIER

D I - Principes biologiques
ans les années 1980, le chimiste Robert Langer et le
chirurgien Joseph Vacanti émettaient l’hypothèse qu’il
était possible de régénérer un tissu ou un organe en de l’ingénierie tissulaire
cultivant des cellules spécifiques sur un matériau biodégra-
dable (Langer et Vacanti, 1995). C’est ainsi qu’est née l’ingénie- Essentiel : pour imaginer pouvoir reconstruire un système
rie tissulaire. Cette approche interdisciplinaire de la médecine vivant et remplacer chez l’homme une structure détruite
fait appel aux principes de l’ingénierie de la science du vivant ou détériorée, il est primordial de connaître les principes
fondamentaux à partir duquel ce tissu s’est formé initiale-
et des effets biologiques qui permettent de restaurer, main-
ment. C’est la raison pour laquelle une connaissance par-
tenir ou améliorer la fonction d’un tissu (Skalak et Fox, 1998). faite de l’embryologie ou du développement initial est
La première application d’ingénierie tissulaire a été publiée nécessaire pour pouvoir créer de nouvelles thérapeutiques.
en 1990 et démontrait la possibilité de régénérer un tissu car-
tilagineux en forme d’oreille humaine dans le dos d’une souris
(Cao et al., 1997). Cette application très spectaculaire a réel- On reconnaît actuellement deux applications principales à la
lement fait prendre conscience à la communauté scientifique médecine régénératrice :
de l’intérêt de cette nouvelle approche médicale. Depuis, le - le traitement des maladies dégénératives (par exemple la
nombre d’applications d’ingénierie tissulaire n’a cessé de maladie de Parkinson), dans lesquelles la destruction des
croître et celles-ci permettent aujourd’hui d’avoir une cellules ou d’organes est à l’origine du développement de la
approche thérapeutique différente. La régénération de la pathologie ;
peau pour les grands brûlés et la reconstruction d’os dans les - la régénération partielle ou complète d’un organe détruit
cas de perte sévère sont des exemples de stratégies médi- par la maladie ou un accident.
cales qui sont dorénavant couramment utilisées en méde- Sur le plan pratique, il existe deux stratégies :
cine. - la thérapie cellulaire, qui consiste à transplanter des cellules
La demande médicale est parallèlement de plus en plus forte, directement dans l’organe receveur afin de permettre le
puisque le manque d’organes humains s’aggrave chaque développement ou la régénération d’un tissu ou d’un organe.
année. En 20 ans, la liste d’attente aux États-Unis pour les Cette approche permet de prévenir ou de traiter des patho-
transplantations a quadruplé (selon l’United Network for logies humaines en administrant des cellules qui ont été
Organ Sharing). sélectionnées, voire modifiées pharmacologiquement en
dehors de l’organisme à traiter ;
La découverte de niches de cellules souches adultes au - l’ingénierie tissulaire vraie qui consiste à implanter des subs-
sein de la plupart des organes, ainsi que leurs possibles tituts biologiques précédemment générés in vitro. Ces
applications thérapeutiques ont largement participé à techniques appliquent les principes de l’ingénierie et des
l’émergence de la médecine régénérative. sciences de la vie afin de créer des substituts biologiques
L’odontologie et, plus récemment, l’endodontie n’ont pas qui vont restaurer, maintenir ou améliorer la fonction du
été épargnées par l’engouement pour cette nouvelle tissu.
conception de la médecine ; l’innovation et l’intérêt crois- En odontologie, pour des raisons évidentes d’ordre écono-
sant pour cette discipline justifient à elles seules la place mique et éthique, la thérapie cellulaire trouve encore peu
de ce chapitre au sein de d’un ouvrage consacré à l’endo- d’indications. L’ingénierie tissulaire quant à elle, qui permet
dontie.
d’améliorer ou de remplacer des fonctions biologiques par la

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3 Endodontie

combinaison de cellules, de biomatériaux et de facteurs bio- thélium et le mésenchyme dérivé des cellules des crêtes
logiques, constitue un champ d’investigation pluridiscipli- neurales (ectomésenchyme). Ces signaux permettent égale-
naire qui trouve tout son intérêt dans cette discipline et qui ment de guider le positionnement des cellules le long du
fait appel à de nombreux domaines de la recherche, notam- front de minéralisation et de sécréter de nouvelles molé-
ment : cules. Ces protéines de la matrice extracellulaire vont partici-
- aux biomatériaux employés pour diriger l’organisation, la per au processus de minéralisation de la dent. L’implication
croissance et la différenciation des cellules. Ils se com- notamment des BMP (bone morphogenetic protein) et du
portent comme un support physique permettant la crois- TGF-β (transforming growth factor beta) au cours de ces
sance du tissu et, grâce à la chimie, une signalisation phases précoces ont été décrits dans le chapitre 1er de cet
physique ou biochimique peut être envisagée ; ouvrage. Ce sont ces voies de signalisation qui sont utilisées
- aux cellules. La source de cellules utilisées peut provenir de pour les approches d’ingénierie tissulaire en odontologie,
l’organisme du malade (source autologue), d’un autre indi- que ce soit pour régénérer aussi bien le complexe pulpo-
vidu de la même espèce (source allogénique) ou encore dentinaire qu’un tissu pulpaire, voire une dent entière.
d’un individu d’une espèce différente (source xénogénique) ;
- aux aspects biomécaniques qui permettent d’étudier les Cette signalisation moléculaire spécifique à l’organe den-
propriétés des tissus originaux et d’identifier les propriétés taire reste également un modèle d’étude de la signalisa-
minimales requises pour assurer la fonction de l’organe à tion épithélio-mésenchymateuse dans les autres organes.
régénérer. Ces connaissances permettent d’assurer l’effica-
cité et la sécurité des tissus néoformés ;
- aux biomolécules, regroupant les facteurs de croissance, les Quotidiennement, le chirurgien-dentiste doit gérer des
morphogènes, les facteurs angiogéniques, les facteurs de pertes tissulaires. La destruction de l’émail par la carie, d’une
différenciation et toute autre molécule qui permet d’in- part, et de la dentine, d’autre part, l’oblige à user de subter-
duire, d’inhiber ou de contrôler une signalisation cellulaire ; fuges qui doivent permettre à la fois de stopper la progres-
- au « design » tissulaire, qui permet d’envisager une expan- sion de la maladie carieuse et de restaurer la fonction sans
sion cellulaire en deux dimensions et une croissance tissu- nuire au reste de l’organe. Pendant très longtemps la mise au
laire en trois dimensions. Ces amplifications cellulaires font point de matériaux et de systèmes adhérant aux structures
appel à des bioréacteurs et à des conditions de stockage et dentaires a représenté la quasi-totalité du domaine de la
de distribution de cellules dans les tissus ; recherche en odontologie. Néanmoins, les cliniciens savent
- à l’informatique utilisée pour le séquençage génétique et pertinemment qu’aucun matériau n’est capable de mimer
protéomique des tissus. Elle est également sollicitée pour la complètement la structure dentaire sur les plans physique,
modélisation des cellules et des tissus et, évidemment, mécanique, esthétique et biologique. Si ces matériaux ne
comme outil de gestion des données. représentent pas la panacée, il convient cependant de recon-
naître qu’ils restent encore aujourd’hui les seuls moyens
fiables et stables à long terme pour remplir les missions
II - Ingénierie tissulaire imposées.

et odontologie Pour autant, il ne faut pas négliger les nouvelles voies de la


Depuis plusieurs années, les chercheurs en odontologie ont recherche qui permettent aujourd’hui d’imaginer une den-
commencé à explorer le potentiel de l’ingénierie tissulaire tisterie différente, biologique et probablement beaucoup
pour réparer les structures dentaires manquantes et éven- plus proche de la régénération que de la restauration.
tuellement imaginer le remplacement d’une dent entière ; les
stratégies d’ingénierie tissulaire conventionnelle associée
aux nanotechnologies et aux cellules souches ont considéra-
blement fait progresser la recherche en dentisterie au cours III - Ingénierie tissulaire et endodontie
des 20 dernières années. Dans le premier chapitre de cet ouvrage, il a été démontré
comment la biologie pouvait permettre d’imaginer une régé-
Important ! Les principes de régénération sont fondés sur la nération pulpo-dentinaire localisée. Le coiffage pulpaire
reproduction des voies de signalisation moléculaire mises représente effectivement un exemple d’ingénierie tissulaire,
en place au cours de l’odontogenèse précoce et de forma- exploité depuis presque 80 ans maintenant (Zander, 1939). La
tion des tissus dentaires.
complexité du processus de cicatrisation et l’absence d’un
certain nombre de facteurs (notamment cognitifs mais égale-
Les signaux morphogénétiques responsables de la différen- ment en termes de matériaux) restreignent encore considéra-
ciation et de la fonction des odontoblastes sont bien connus. blement le domaine d’application de ces thérapeutiques.
Ces échanges moléculaires commencent très tôt au cours du Si la régénération locale est de plus en plus indiquée et clini-
développement, dès le stade de lame dentaire, notamment quement reproductible, qu’en est-il d’une régénération plus
par des interactions séquentielles et réciproques entre l’épi- large intéressant l’intégralité d’un canal ?

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Ingénierie tissulaire et endodontie 3
Depuis quelques années, l’ambition n’est plus de régénérer
Ce n’est qu’à partir de 2001 que les avantages et les objec-
une petite surface dentinaire mais bien d’aller au-delà et tifs attendus de la revascularisation d’un canal ont connu
d’envisager la régénération complète d’un tissu pulpaire ou un regain d’intérêt.
pseudo-pulpaire au sein d’un canal préalablement vidé de
son contenu.
Depuis, de nombreux cas cliniques de revascularisation cana-
Bien que les procédures de traitement endodontique per- laire sur des dents immatures nécrosées ont été publiés
mettent d’obtenir des résultats prévisibles et reproduc- (Iwaya et al., 2001 ; Banchs et Trope, 2004 ; Thibodeau et al.,
tibles, il apparaît que la régénération de novo d’un tissu 2007 ; Thibodeau et Trope, 2007). La papille apicale présente
conjonctif au sein du système endodontique est une solu- à l’apex d’une dent immature pourrait être un réservoir de
tion plus appropriée que le remplissage canalaire avec un
cellules souches d’origine dentaire susceptibles de recoloni-
matériau inerte.
ser un canal lorsque cette papille est désorganisée avec une
lime endodontique passée au-delà de l’« apex ». Ces fameuses
cellules souches, appelées SCAP (stem cells of apical papilla,
Le traitement d’un canal « vide » avec une stratégie de régé-
cellules souches de la papille apicale) (voir chapitre 1),
nération pose un certain nombre de difficultés qui doivent
auraient la particularité de rester vivantes même en présence
être surmontées telles que :
d’une infection majeure du système endodontique, et leur
- le recrutement de cellules ;
rôle éventuel dans le processus de régénération a été pro-
- la mise au point de matériaux permettant la croissance et
posé (Huang et al., 2008). À partir de ce principe, un proto-
l’organisation du tissu néoformé ;
cole clinique « standardisé » en deux étapes peut être
- le choix et l’utilisation de molécules de signalisation ;
appliqué (fig. 3.1 à 3.14).
- la vascularisation du tissu néoformé.
La première séance comporte :
- anesthésie péri-apicale et pose du champ opératoire ;
Remarque : le problème de la revascularisation en endo- - accès au canal par une cavité d’accès respectant tous les
dontie est difficile à gérer dans la mesure où la seule voie critères requis ;
de pénétration des capillaires est le foramen, dont le dia- - irrigation abondante du canal avec du sérum physiologique,
mètre est en général inférieur à 200 µm.
le canal n’étant pas instrumenté ;
- séchage du canal ;
Néanmoins, partant du principe que la vie d’un tissu est asso- - application d’une couche d’adhésif sur les parois dentinaires
ciée à la circulation sanguine, les premières expérimentations de la cavité d’accès et photopolymérisation ;
de revascularisation ont été réalisées dès les années 1960. À
cette époque, les opérateurs tentaient d’induire un saigne-
ment dans le canal, considérant que le caillot sanguin lui-
même pouvait se comporter comme un réservoir de facteurs
de croissance nécessaires au processus de régénération
(Ostby, 1961). Mais finalement, la régénération d’un tissu vas-
culaire s’est révélée très limitée, de l’ordre d’une hauteur de
0,1 à 1 mm en moyenne dans un canal qui, quant à lui, mesu-
rait de 14 à 16 mm (Myers et Fountain, 1974). Le second pro-
blème posé est que la régénération était induite à partir d’un
saignement issu du ligament parodontal, permettant le
recrutement de cellules osseuses ou du ligament mais en
aucun cas d’origine dentaire. Dans l’état des connaissances de
l’époque, l’origine du recrutement de ces cellules était
incompatible avec le processus escompté. Un peu plus tard,
une nouvelle approche a consisté à utiliser un polymère bio-
dégradable comme support de produits pharmacologiques
susceptibles d’induire la régénération (Buurma et al., 2004).
Alors que les résultats ex vivo étaient très concluants, les
recherches cliniques menées dans un second temps ont dû
être rapidement stoppées à cause de l’intensité des douleurs
postopératoires rapportées par les patients (Rutherford,
2007). À nouveau, le manque de connaissances de l’époque
sur les cellules souches et, notamment, sur les niches den- Figure 3.1 Radiographie préopératoire d’une 11
taires s’est avéré être un facteur limitant l’élaboration d’autres immature, dont la pulpe est nécrosée et qui pré-
approches thérapeutiques. sente une lésion apicale, d’un garçon de 8 ans.

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3 Endodontie

Figure 3.2 Situation clinique. En rouge est Figure 3.3 La cavité d’accès permet d’accéder
schématisée la papille apicale contenant les au canal. Il est nettoyé sans instrumentation,
SCAP (stem cells of apical papilla). simplement avec un rinçage au sérum physio-
logique.

Figure 3.4 Une application d’adhésif sur les parois dentinaires Figure 3.5 Le gel contenant les trois antibiotiques est mis en
de la cavité d’accès permet de limiter les risques de coloration place directement dans le canal après séchage avec des pointes
de la couronne de la dent inhérente à la technique. de papier stériles.

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Ingénierie tissulaire et endodontie 3

Figure 3.6 Schématisation de la dent traitée, Figure 3.7 Vue clinique de la médication antibiotique en place
médication en place. dans le canal.

Figure 3.8 Schématisation du canal désinfecté Figure 3.9 Création d’un saignement intraca-
au bout de 2 semaines, prêt à être traité. nalaire avec un instrument endodontique
manuel passé au-delà du foramen de la dent.
La papille apicale est désorganisée.

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3 Endodontie

Figure 3.10 Vue clinique du canal rempli de sang. Figure 3.11 Schématisation du canal rempli
d’un caillot sanguin, surmonté par une obtura-
tion au ProRoot MTA® blanc, et de la cavité
d’accès obturé avec une restauration collée.

Figure 3.12 Vue clinique du bouchon de ProRoot MTA® placé au Figure 3.13 Radiographie de contrôle à 10 mois
contact du caillot sanguin intracanalaire. postopératoires. Noter la cicatrisation de la
lésion apicale osseuse, l’élargissement des
parois radiculaires et la probable légère édifi-
cation canalaire, laissant suspecter une apexo-
genèse en cours.

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Ingénierie tissulaire et endodontie 3
Note : un contrôle radiographique à chaque séance permet
de suivre l’évolution de la lésion osseuse péri-apicale, d’une
part, et d’observer une éventuelle fermeture du canal par
un tissu minéralisé d’autre part (fig. 3.15 et 3.16).

Certains auteurs ont rapporté que les dents ainsi traitées


pouvaient à nouveau répondre aux tests de vitalité, notam-
Figure 3.14 Reconstitution coronale de la dent traitée issue d’un ment au test électrique.
examen CBCT à 32 mois postopératoire. Noter la fermeture api-
cale de la dent initialement immature à pulpe nécrosée.

- mise en place dans le canal d’une pâte composée de trois


antibiotiques (voir tableau 3.1 pour les modalités de prépa-
ration) ;
- obturation provisoire de la cavité d’accès.
La seconde séance (2 à 3 semaines après la précédente) se
déroule comme suit :
- anesthésie péri-apicale sans vasoconstricteur ;
- élimination de la pâte antibiotique intracanalaire ;
- rinçage au sérum physiologique. Le canal doit pouvoir être
séché sans ambiguïté ;
- avec une lime endodontique stérile de 15/100, passage au-
delà du foramen pour induire un saignement apical et laisser
le sang remonter dans le canal jusqu’à la jonction amélo-
cémentaire ; Figure 3.15 Patiente âgée de 14 ans au moment de la consultation,
- attente de la formation d’un caillot sanguin ; rapportant un accident infectieux récent avec cellulite et hospi-
talisation. À l’examen clinique, un abcès en regard de la 11 est
- obturation de la partie coronaire du canal avec du ProRoot
encore présent. Les dents 11 et 12 ne répondent plus aux tests de
MTA® ; vitalité. Il est décidé d’entreprendre un traitement endodontique
- obturation de la cavité d’accès avec un composite étanche. conventionnel avec temporisation à l’hydroxyde de calcium sur
Le patient est ensuite suivi tous les 3 mois. la 12, et un traitement par revascularisation sur la 11 immature.

Tableau 3.1 Préparation de la médication intracanalaire à partir d’antibiotiques.


Composants Antibiotiques :
• ciprofloxacine 200 mg
• métronidazole 200 mg
• minocycline 100 mg
Gel :
• propylène glycol
• pommade à base de macrogol (excipient)
Préparation Éliminer les éventuels enrobages des comprimés avec une lame de bistouri ou vider les contenants des gélules en fonction
des formes galéniques et écraser les comprimés séparément dans un mortier avec un pilon. Les réduire à l’état de poudre
très fine
Mélanger en quantité égale (1/1) les poudres d’antibiotiques
Préparer le vecteur en mélangeant en quantité égale (1/1) le propylène glycol et la pommade à base de macrogol
Mélanger le mix d’antibiotiques au mélange précédent, en quantité de 1/5 pour une consistance crémeuse, voire 1/3 pour
une consistance plus compacte
Conservation Les poudres d’antibiotiques doivent être conservées séparément dans des récipients en porcelaine, à l’abri de l’humidité
Le propylène glycol et la pommade à base de macrogol doivent être conservés séparément
Ne pas conserver si le mélange est transparent (contamination évidente par l’humidité)

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3 Endodontie

Malgré toutes ces controverses, l’utilisation de la pâte


contenant des antibiotiques en guise de médication désin-
fectante semble pour le moment être la plus appropriée.

À ce sujet encore, une controverse existe. Pour certains, l’as-


sociation des 3 antibiotiques semble présenter le spectre
d’action le plus approprié, tandis que pour d’autres l’utilisa-
tion de l’association amoxicilline-acide clavulanique en
application topique constituerait la meilleure option. Il
convient de noter que dans le mélange proposé, l’utilisation
d’un antibiotique de la famille des tétracyclines n’est pas sans
risque, notamment dans ce type d’indications qui concerne
souvent une population jeune.

Figure 3.16 Contrôle à 24 mois postopératoires. La régénération


osseuse est quasiment complète et on note la présence d’une C - Que se passe-t-il sur le plan biologique ?
barrière calcifiée entre le matériau d’obturation coronaire et le
tissu régénéré. Néanmoins, aucun signe de radiculogenèse ni Important ! La cicatrisation quasi systématique des lésions
d’apexogenèse n’est notable, contrairement à ce qui est parfois apicales confirme la pertinence de ce genre de traitement.
décrit dans la littérature médicale. En effet, l’objectif d’un traitement en endodontie consiste à
replacer la dent dans un contexte biologique favorable, per-
mettant d’induire secondairement la cicatrisation d’une
lésion et d’éviter sa récidive.

A - Indications Cliniquement, il est impossible de définir la nature du tissu,


À ce jour, seules les dents immatures à apex larges peuvent probablement conjonctif, formé à l’intérieur du canal. Cer-
être traitées de cette façon. S’il est démontré dans les années tains auteurs ont rapporté, en plus de la cicatrisation osseuse,
à venir que les cellules progénitrices sont recrutées à dis- la possibilité d’une apexogenèse qui jusqu’ici était stoppée,
tance de la dent et non de la papille apicale, cette procédure voire même un épaississement des parois radiculaires. Ces
pourra être adaptée au traitement des dents matures en observations permettraient de confirmer la formation d’un
modifiant les protocoles d’instrumentation du canal. tissu ayant des capacités dentinogénétiques et, donc, proche
de la pulpe. Pour d’autres, il s’agirait uniquement de la forma-
tion d’un tissu conjonctif quelconque, assurant une vitalité
B - À propos de la désinfection au sein de la dent mais dépourvu de toute propriété dentino-
Il est important de désinfecter le canal avant d’envisager sa génétique. Par ces considérations différentes, les uns parlent
revascularisation : la persistance de bactéries compromet- de procédure de « régénération pulpaire » (Huang et Lin,
trait la survie du tissu conjonctif. Néanmoins, il a été 2008) alors que pour d’autres, il s’agirait d’une simple « revas-
démontré récemment que la contamination de la dentine cularisation » du canal (Trope, 2008).
canalaire par de l’hypochlorite de sodium limite, voire Si, sur le plan cognitif, connaître la nature du tissu néoformé
empêche, l’adhésion cellulaire (Ring et al., 2008). Un simple est intéressant, il s’avère que pour le clinicien, le fait d’obtenir
rinçage du canal avec cette solution suffirait à limiter, voire une « revitalisation » du canal marque déjà le franchissement
à empêcher, la régénération tissulaire à suivre. Ce point fait d’une étape importante.
actuellement l’objet d’une controverse et d’autres auteurs
ne voient pas d’inconvénient à l’utilisation d’hypochlorite Important ! Le remplissage du canal avec un tissu conjonctif
de sodium à faible concentration (1 %) pour désinfecter le permet d’obtenir une excellente obturation endodontique
canal. biologique assurant, en plus des rôles conventionnels de
L’hydroxyde de calcium, quant à lui, est déconseillé à cause tout autre matériau d’obturation, une action de défense
de ses propriétés de dissolution des matières organiques. d’origine vasculaire et cellulaire contre les micro-orga-
nismes.
L’application de cette médication en interséance provoque-
rait une destruction des cellules de la papille apicale et
empêcherait le recrutement de cellules progénitrices lors L’origine du recrutement des cellules reste également contro-
de la seconde séance. Cette observation est également versée. Une étude récente a clairement montré la présence
controversée, certains auteurs ayant décrit des situations de cellules souches mésenchymateuses dans le sang obtenu
cliniques où la revascularisation avait été possible malgré lors du remplissage du canal (Lovelace et al., 2011). Cette
une désinfection du canal à l’hydroxyde de calcium (Cotti étude est importante car elle est la première à démontrer
et al., 2008). qu’il ne s’agit pas d’un simple caillot sanguin. Il est intéressant

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Ingénierie tissulaire et endodontie 3
de noter que ce qui posait un problème aux chercheurs dans En cas d’échec, le traitement endodontique par apexification
les années 1970 (l’origine des cellules recrutées) devient pour sera toujours possible, à condition de pouvoir éliminer le
les équipes contemporaines une véritable aubaine. bouchon de MTA sur la partie coronaire. Tout praticien se
sentant « apte » à effectuer ce type d’intervention pourra
alors envisager la technique de revascularisation ; il devra
D - Limites… néanmoins se tenir informé de l’évolution des connaissances
Malgré la publication de nombreux cas cliniques dans la litté- afin de pouvoir appliquer et mettre en œuvre les nouvelles
rature endodontique, très peu de chose est connu sur les recommandations issues des travaux de la recherche.
processus biologiques et physiologiques impliqués. Ces
lacunes représentent la limite majeure de la généralisation de
cette approche thérapeutique. De nombreuses recherches IV - Évolution future
sont actuellement en cours pour améliorer la technique et
Si, cliniquement, nous sommes encore techniquement limi-
optimiser la compréhension du processus.
tés, il faut rester conscient que recréer de la pulpe in vivo
repose sur les principes de base de l’ingénierie tissulaire (Lan-
L’Association américaine d’endodontie a récemment
ouvert un site Internet pour collecter les cas cliniques trai- ger et Vacanti, 1993 ; Kaigler et Mooney, 2001 ; Nakashima et
tés de cette façon, par des spécialistes de la discipline ou Reddi, 2003).
non, afin d’évaluer les implications en termes de santé En complément de la recherche sur les signalisations molé-
publique à court, moyen et long termes. Les quelques ana- culaires, l’équipe de Nör s’est particulièrement intéressée à
lyses épidémiologiques publiées sur ce sujet sont encou- l’angiogenèse, étape primordiale et préalable à toute régéné-
rageantes, mais l’absence de connaissance sur les processus ration tissulaire. Les facteurs pro-angiogéniques et, notam-
biologiques engagés doit inciter à une certaine réserve sur ment, le vascular endothelial growth factor (VEGF) jouent un
le développement de ce type de thérapeutique. rôle prédominant dans la différenciation des cellules en cel-
lules endothéliales et la génération de nouveaux vaisseaux
À la question « Peut-on mettre en œuvre cette procédure sanguins. Cette molécule reste à ce jour une cible préféren-
dans son cabinet dentaire ? », nous pouvons répondre tielle de recherche pour le travail sur la néovascularisation
« oui », à condition que le suivi du patient à long terme soit (Nör et al., 1999 ; Ferrara, 2004). Plus récemment, il a été mon-
possible, tant au niveau de l’organisation du cabinet que de tré que les protéines matricielles de la dentine (DMP, dentine
la motivation du patient et de son entourage. Le patient (ou matrix proteins), décrites dans le chapitre 1er, présentaient
ses représentants) devra être informé du caractère novateur également un pouvoir angiogénique sur les cellules pulpaires
de la thérapeutique mais également des risques encourus. Le (Zhang et al., 2011). D’autres auteurs, quant à eux, ont démon-
noircissement de la couronne est par exemple une compli- tré qu’il était tout à fait possible de régénérer un tissu
cation fréquente (fig. 3.17) même si elle est diminuée par conjonctif lâche vascularisé au sein d’une racine complète à
l’application de l’adhésif dans l’intrados de la cavité d’accès partir de SCAP et d’un support collagénique (Huang et al.,
(fig. 3.4). 2010). Enfin, de façon encore plus surprenante, des auteurs se
sont intéressés à un autre processus de recrutement, celui de
cell homing. Avec le même modèle de laboratoire (implanta-
tion d’une dent humaine dans le dos d’une souris), cette
équipe a montré qu’en plaçant uniquement des facteurs de
croissance (VEGF en l’occurrence) dans le canal d’une dent
mature, le recrutement cellulaire se faisait simplement, sans
nécessité de l’induire par un acte mécanique (Kim et al., 2010a
et 2010b). Outre le fait que cette équipe a pu montrer qu’il
était possible de s’affranchir du problème d’implantation cel-
lulaire pour régénérer le tissu manquant, il faut noter qu’elle
a travaillé avec des dents matures et non immatures. Ce
concept de cell homing pourrait clairement ouvrir de nou-
velles voies thérapeutiques et, surtout, élargir les indications
jusqu’ici limitées au traitement des dents à apex ouverts.
On comprend alors que la régénération d’un tissu vivant soit
complexe et que de nombreuses recherches complémen-
taires soient nécessaires. Il devient impératif de comprendre
quelles associations de biomolécules seront nécessaires et
Figure 3.17 Noircissement de la couronne d’une dent traitée par
revascularisation. Pour éviter ce désagrément, il est conseillé
idéales pour induire cette régénération sans pour autant
d’appliquer une couche d’adhésif dans l’intrados de la cavité créer de processus pathologiques induits. Si les spéculations
d’accès avant l’application de la médication intracanalaire et la sont nombreuses, le processus complet permettant d’imagi-
création du saignement (voir fig. 3.4). ner une telle thérapeutique reste encore à définir.

49

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3 Endodontie

Si la recherche est particulièrement active et fournit de nom- Idéalement, le remplacement d’une dent absente ou détruite
breux résultats sur les précurseurs et progéniteurs susceptibles devrait se faire par une dent autologue. Depuis quelque
d’intervenir dans le processus de cicatrisation, l’évolution est temps, cette stratégie thérapeutique est envisageable grâce,
cependant plus lente dans la mise au point des matériaux qui encore une fois, à l’ingénierie tissulaire et aux progrès faits
permettraient de recruter les cellules et de se comporter dans le domaine du développement et de la biologie des cel-
comme un environnement favorable à leur développement et lules souches. La première publication démontrant la faisabi-
à la régénération proprement dite. La création de nouveaux lité d’une régénération d’une dent avec de la pulpe, de la
biomatériaux qui présenteraient les qualités idéales pour l’in- dentine et de l’émail date des années 2000 (Young et al.,
génierie tissulaire de la pulpe a commencé il y a de nombreuses 2002 ; Duailibi et al., 2004). Ces auteurs démontraient que
années. Les matrices synthétiques fabriquées à partir de fibres non seulement la régénération d’une dent à partir d’une
d’acide polyglycolique ont été les premiers matériaux propo- biopsie autologue était possible mais également que le pro-
sés et restent à ce jour les plus utilisés. Les cellules sont cessus de régénération mimait de très près celui du dévelop-
capables d’adhérer à ces fibres, de proliférer et de se différen- pement initial comme cela avait été suggéré depuis des
cier, fournissant à terme un tissu conjonctif lâche dont la den- années. La première régénération dentaire in vitro à partir de
sité est proche de celle de la pulpe. D’autres matériaux, tels cellules souches a, quant à elle, été démontrée par Paul
que les hydrogels à base de collagène et d’alginate, ont été Sharpe et son équipe en 2005 (Sharpe et Young, 2005). Et
également utilisés, mais avec des résultats plus aléatoires. c’est finalement en 2009 qu’Ikeda et son équipe sont parve-
Enfin, d’autres biomatériaux plus rigides, tels que des phos- nus à régénérer et réimplanter une dent dans une mâchoire
phates de calcium, semblent avoir un comportement compa- murine. Cette implantation s’est avérée être viable et asso-
tible avec l’utilisation de cellules pulpaires. En présence de ce ciée à un recouvrement de la physiologie pulpaire et desmo-
matériau, les cellules sont capables d’induire des processus de dontale (Ikeda et al., 2009). Pour certains, le rêve était donc
minéralisation en sécrétant des vésicules matricielles (Wang devenu réalité, pour d’autres les choses sérieuses pouvaient
et al., 2006). Cordeiro et al., (2008) ont, quant à eux, utilisé de commencer !
l’acide polylactique (PLA, polylactic acid) pour ensemencer
des cellules souches pulpaires (DPSC et SHED) dans des
tranches de dents secondairement implantées en sous-cutané
dans le dos de souris. En 28 jours, ils ont observé la présence V - Conclusion
d’un tissu conjonctif dont la nature histologique était très
proche de celle de la pulpe. L’ingénierie tissulaire est une discipline particulièrement
excitante et l’odontologie ne sera pas épargnée par cette
évolution. Le coiffage pulpaire et la revascularisation
Toutes ces études suggèrent la possibilité de régénérer de canalaire de la dent immature représentent les premières
la pulpe dentaire avec des caractéristiques morpholo- illustrations de l’évolution de l’endodontie dans les années
giques proches de celles du tissu physiologique. Cepen- à venir. D’ores et déjà, nous devons prendre conscience de
dant, beaucoup de travail reste à faire avant d’obtenir des la tournure que vont prendre les événements, tout en
résultats cliniquement reproductibles. acceptant également l’idée que la biologie est particuliè-
rement complexe et ne nous permettra probablement pas
S’oriente-t-on vers une régénération complète de l’organe de faire autant d’erreurs que celles qui étaient tolérées
avec l’approche mécanique.
dentaire ?

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4
Pathologies pulpaires et péri-apicales
et traitement de l’urgence
Y. BOUCHER, R. TOLEDO

D I - Pathologie pulpaire
ans le chapitre précédent, les mécanismes de régula-
tion physiologique de la pulpe en conditions normales
et les sensations associées aux stimulations aiguës ont
été décrits. Cependant, la douleur « physiologique » résul- A - Réactions immunitaires innées
tant de l’activation normale du système nociceptif n’est pas et acquises
une situation courante en clinique : les dents saines ne
donnent pas lieu à une symptomatologie spontanée et la Les bactéries sont à l’origine de la cause majeure d’inflam-
symptomatologie provoquée provient de nos tests diagnos- mation et d’infection pulpaire. Elles colonisent les sur-
tiques. Les dents à symptomatologie spontanée font l’objet faces dentaires et s’immiscent dans les interstices de la
d’un processus pathologique, c’est-à-dire que le tissu pul- trame minérale. Si l’invasion des tubuli est souvent consé-
paire a subi des modifications plus ou moins importantes par cutive à la dissolution minérale d’origine carieuse, la porte
rapport à la pulpe saine. d’entrée est parfois plus discrète et peut passer inaperçue.
Il est difficile de faire le point sur tous les changements
pathologiques consécutifs à une exposition bactérienne. Les bactéries peuvent en effet pénétrer via des fêlures de
L’inflammation est un phénomène complexe dont les carac- l’émail et coloniser un nombre limité de canalicules denti-
téristiques varient selon la surface d’exposition à l’agent naires. Une fois dans la place, les antigènes bactériens et/ou
agresseur/l’épaisseur de dentine résiduelle, la nature de cet leurs produits métaboliques peuvent diffuser à travers les
agent, la résistance des tissus, etc. La dynamique qui en résul- canalicules dentinaires et engendrer des réponses immuni-
tant dépend de ces interactions et des molécules inflamma- taires au sein de la pulpe (Bergenholtz, 1977 et 2000 ; Warf-
toires sécrétées par de nombreux acteurs comme les vinge et al., 1985 ; Nissan et al., 1995). Les odontoblastes sont
odontoblastes, les cellules de défense, les nerfs des trois les premières cellules concernées par ces changements du
contingents et les vaisseaux. Ces réactions aboutissent à des fait de leur position à l’interface entre la pulpe et la dentine
changements locaux qui peuvent survenir plus ou moins rapi- et sont ainsi les premières à réagir via les récepteurs de l’im-
dement. munité innée dépendante des récepteurs de type Toll (TLR,
Toll like receptor) qui aboutit à la production de cytokines
Les objectifs de ce chapitre sont : inflammatoires. L’exposition bactérienne entraîne également
- d’explorer les effets des processus pathologiques sur la stimulation du système immunitaire adaptatif, immunité
l’histophysiologie pulpaire et les conséquences en acquise, mettant en jeu les lymphocytes et la production
termes de sensations perçues. C’est en effet en partie sur d’anticorps spécifiques. Les complexes immuns antigènes-
l’analyse de ces données que seront prises les décisions anticorps et les produits dérivés des réactions immunitaires,
thérapeutiques ; tels que les enzymes protéolytiques extracellulaires libérées
- de décrire les traitements à mettre en œuvre lorsque ces lors de la phagocytose, peuvent aggraver l’inflammation pul-
changements sont constatés.
paire (Bergenholz, 1977).

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4 Endodontie

La pénétration carieuse initiale semble dominée par les bacté- alpha), les interleukines (IL) 1, 8 et 12 (Matsuguchi et al., 2003),
ries du groupe des streptocoques et des lactobacilles mais aussi de cytokines anti-inflammatoires comme l’IL10
(Loesche et al., 1973 ; Van Houte et al., 1994 ; Bowden et al., (Henderson et Wilson, 1996 ; Ginsburg, 2002) et de chémo-
1990) grâce à la production d’acides par fermentation des kines telles CCL2 et CXCL2 (tableaux 4.1 et 4.2). Ces cytokines
sucres alimentaires. Streptocoques et lactobacilles oraux permettent d’attirer les cellules dendritiques immatures et
envahissent les tubuli en se fixant au collagène dentinaire de d’induire l’angiogenèse et la perméabilité vasculaire via l’ex-
type I (McGrady et al., 1995 ; Love et al., 1997). Après déminéra- pression de VEGF (vascular endothelial growth factor)
lisation, le collagène exposé est ensuite dégradé par des (Durand et al., 2006 ; Botero et al., 2003 ; Telles et al., 2003 ;
métalloprotéinases dérivées de la matrice extracellulaire de Ferrara, 2004). De plus, l’acide lipotéichoïque induit l’apop-
l’hôte qui favorisent la progression carieuse (Tjäderhane et al., tose de nombreuses cellules, comme les fibroblastes, laquelle
1998). La progression de la lésion en profondeur s’accompagne peut rendre compte de la destruction cellulaire observée
d’une modification de la composition de la flore. Les bactéries dans les pulpites (Wang et al., 2001). L’acide lipotéichoïque
à Gram positif anaérobies facultatives sont remplacées par des peut également modifier l’orientation fonctionnelle des
lactobacilles et/ou anaérobies (Duchin et Van Houte, 1978 ; odontoblastes en favorisant la réponse immunitaire au détri-
Hoshino 1985, Milnes et al., 1985), probablement en raison d’un ment de la minéralisation via la régulation négative (down-
changement de l’écosystème (nutriments, oxygène, etc.). regulation) du TGF-β (tumor growth factor beta) (Durand
et al., 2006). Le lipopolysaccharide active par ailleurs le fac-
Parmi les constituants bactériens induisant des réactions teur de Hageman, qui entraîne la production de bradykinine,
inflammatoires, les lipopolysaccharides (LPS) et l’acide un algogène puissant (Miller et al., 1975).
lipotéichoïque (LTA, lipoteichoic acid) sont les toxines L’exposition bactérienne ne peut être réduite à un seul consti-
bactériennes les plus étudiées. Elles activent le système
tuant comme le lipopolysaccharide ou l’acide lipotéichoïque.
immun inné par des mécanismes similaires.
Il s’agit d’une stimulation complexe incluant des motifs antigé-
niques bactériens multiples, les toxines et enzymes bactériens,
Elles se lient au complexe CD14-TLR4 et activent les voies de des produits de dégradation des cellules et des tissus durs et
signalisation en aval, induisant la production de cytokines de la trame organique qui la soutient, etc. (Silva et al., 2004a et
pro-inflammatoires (tableaux 4.1 et 4.2) telles que le facteur 2004b) (fig. 4.1). Ces éléments activent des voies de signalisa-
de nécrose tumorale alpha (TNF-α, tumor necrosis factor tion multiples mais également redondantes.

Les pulpites sévères résultant de caries sont en général


Tableau 4.1 Cytokines. caractérisées par un infiltrat cellulaire important. Cer-
taines chimiokines et leurs récepteurs jouent un rôle
Interférons important dans l’attraction des éléments cellulaires.
Interleukines (IL)
Chimiokines Les couples chémokine-récepteur CCL2-CCR2, CCL20-CCR6
TNF (tumor necrosis factor) : facteur de nécrose tumorale et CXCL8/IL8-CCR6 par exemple sont détectés dans les
CSF (colony stimulating factor) pulpes enflammées mais pas dans les pulpes saines (Naka-
TGF (transforming growth factor) : facteur de croissance nishi et al., 2005 ; Huang et al., 1999 ; Levin et al., 1999). Les
transformant principales sources de ces cytokines semblent être les macro-
Les cytokines sont de petites protéines ou glycoprotéines solubles, jouant un rôle de phages, les odontoblastes et les fibroblastes (Nagaoka et al.,
communication intercellulaire. Elles sont synthétisées par les cellules du système 1996). La production d’IL8/CXCL8 et MCP-1/CCL2 est modu-
immunitaire ou par d’autres cellules et/ou tissus, et agissent à distance sur d’autres cellules
pour en réguler l’activité et la fonction, via des récepteurs spécifiques. Il en existe
lée in vitro par les neuropeptides comme la substance P (SP)
plusieurs familles. et le CGRP (calcitonin gene-related peptide) (Patel et al.,

Tableau 4.2 Principales chimiokines rencontrées dans le cas de l’inflammation pulpo-parodontale.


CC CXC CX3C
Nom actuel Ancien nom Nom actuel Ancien nom Nom actuel Ancien nom
CCL1 I-309, TCA-3 CXCL8 IL8 CX3CL1 Fractalkine
CCL2 MCP-1 CXCL8 MIG
CCL3 MIP-1α CXCL10 IP-10
CCL4 MIP-1β CXCL12 SDF-1
CCL5 RANTES
CCL8 MCP-2
Les chimiokines (ou chémokines) sont des cytokines de faible poids à pouvoir chimiotactique. Elles sont classées en quatre sous-familles en fonction de leur structure chimique (CC ou β,
CXC ou α, CXC3 ou δ, C ou γ) :

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
Fibre nerveuse

EP2 EP

Effets anti-inflammatoires IL1-ra PKA


IL4 Stimulus
IL10 Na+, Ca2+
inflammatoire TRP V1
IL13 Kininogènes
Effets sympathico-mimétiques
Prostaglandines Norépinéphrine IL8 Kallicréine
PGE, PGI PKCs

Hyperthermie TNF-α B2 Bradykinine


B1
B2
Circulation
générale B2 SP
NO synthase
COX-2 IL1-β IL6 Des-Arg-BK CGRP
Citrulline
Arginine NO
NGF

NF-κB
B1
Histamine H1

Acide
B1 B1 5-HT 5-HT2
arachidonique B2 5-HT3
Mastocytes 5-HT4
Effets hyperalgésiants
Plaquettes

Figure 4.1 Voie des kinines et cytokines. Les cytokines sont principalement pro-inflammatoires et hyperalgésiantes, en particulier via la
chaîne allant du TNF-α à l’IL6 puis à l’IL1-β, qui induit la synthèse de COX-2 et la libération des prostaglandines. Via l’IL8, le TNF-α induit
la libération de noradrénaline. Ces mécanismes sont contrebalancés par des cytokines anti-inflammatoires telles que l’IL1-ra, l’IL4, l’IL10
et l’IL13. La bradykinine (ou kallicréine chez l’homme) déclenche la libération de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL6, IL1-β et IL8)
et stimule la production d’acide arachidonique, induisant ainsi la production de prostaglandines. Elle entraîne la libération de neuropep-
tides par les fibres nerveuses afférentes primaires (substance P et CGRP) et augmente la production de monoxyde d’azote aux effets
vasodilatateurs. Un autre de ses effets est la dégranulation des mastocytes qui libèrent de l’histamine et de la sérotonine (5-HT). Ces
étapes entraînent une vasodilatation et une augmentation de la perméabilité vasculaire. Finalement, la bradykinine induit la phospho-
rylation des récepteurs TRPV1 qui abaisse son seuil d’activation et elle répond alors à température ambiante. Elle a une grande affinité
pour le récepteur B2, présent en conditions normales. Le récepteur B1 est activé par les métabolites de la bradykinine. Il est peu présent
en conditions normales mais induit par le NF-κB (nuclear factor-kappa B), qui est activé par de nombreux facteurs endogènes tels que
la bradykinine, le TNF-α et le facteur de croissance nerveuse (NGF, nerve growth factor) (d’après Coutaux et al., 2005).

2003 ; Park et al., 2004), illustrant la synergie fonctionnelle Le pus est principalement constitué de neutrophiles détruits
entre le système immunitaire et le système nerveux sensitif. par leurs propres enzymes, de restes cellulaires bactériens ou
La proximité des bactéries avec la pulpe augmente le risque endogènes. Le contenu lysosomal est riche en enzymes,
de débordement des défenses. La pulpe peut contenir une notamment des protéases qui favorisent la destruction du
agression modérée. Il a été observé des zones d’inflamma- tissu cellulaire environnant et la progression bactérienne.
tion localisée, voire des zones de micro-abcès, sans que le Déclenché par les neuropeptides et les cytokines, un rema-
phénomène ne soit étendu à toute la pulpe (Mjör et Tronstad, niement vasculaire s’opère autour de la source afin de fournir
1972). en permanence les cellules de défense qui vont contenir la
progression bactérienne (Rodd et Boissonade, 2000).

Important ! Les abcès sont dus à la prolifération bacté-


rienne et à leur détersion par les leucocytes, essentielle- B - Réactions vasculaires
ment les polynucléaires neutrophiles attirés par les à un agent infectieux
chimiokines et les neuropeptides qui viennent phagocyter
les micro-organismes envahisseurs grâce à un système enzy- 1 - Réactions aiguës
matique qui entraîne la libération d’acide hypochloreux
L’inflammation induit des modifications vasculaires dans la
(HOCl).
pulpe et une augmentation de la pression intrapulpaire : au

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4 Endodontie

cours d’une inflammation, la pression hydrostatique intersti- nombreux et distendus. Ces observations sont complétées
tielle (IFP, interstitial fluid pressure) de la pulpe augmente par le fait que le lipopolysaccharide induit la production
d’un facteur 3 environ (Heyeraas et Berggreen, 1999). Il est locale de cytokines TNF-α et IL1-α et β, tandis que d’autres
souvent avancé que l’augmentation du flux sanguin pulpaire cytokines comme l’interféron gamma (IFN-γ) et l’IL6 sont
(FSP) entraîne une augmentation de la pression intrapulpaire produits à distance et amenés par la vascularisation à la
qui provoque la compression des veinules et un étrangle- pulpe (Bletsa et al., 2006). Ces cytokines locales, probable-
ment de la circulation sanguine. La stase vasculaire qui en ment issues des macrophages, augmentent la perméabilité
résulte provoquerait ensuite la nécrose tissulaire par anoxie vasculaire. On ne sait pas encore comment le drainage lym-
(théorie du cercle vicieux). Cependant, Heyeraas et al. (1994) phatique peut être altéré en cas de pulpite mais il a été mon-
ont montré que la stimulation électrique de la pulpe den- tré que le nombre des vaisseaux lymphatiques, habituellement
taire entraînait une augmentation du flux sanguin pulpaire et difficiles à mettre en évidence dans la pulpe saine, augmen-
de la pression hydrostatique interstitielle, mais transitoire, tait en cas d’inflammation (Bernick, 1977 ; Marchetti et al.,
dépendante de la libération par les fibres nerveuses de neu- 1992 ; Berggreen et al., 2009).
ropeptides. Au bout de quelques minutes, le flux reste élevé La régulation vasculaire du milieu pulpaire dépend donc de
mais la pression diminue, indiquant un découplage entre les multiples facteurs. Il a par exemple été montré que le lipo-
deux phénomènes (fig. 4.2). polysaccharide activait le système sympathique (Vayssettes-
Courchay et al., 2005) et que les cytokines interagissaient
Note : ces résultats indiquent qu’une augmentation de la avec les récepteurs adrénergiques (Szelényi et Vizi, 2007). Par
pression interstitielle favorise la réabsorption des fluides conséquent, la douleur de pulpite ne peut être attribuée uni-
vers le sang, contrebalançant une augmentation future de la quement à l’augmentation de pression pulpaire mais doit
pression pulpaire. l’être également à la stimulation nerveuse par des substances
algogènes, telles que le lipopolysaccharide ou autres motifs
antigéniques. Cette stimulation peut se faire par des voies
Bletsa et al. (2006) ont provoqué une inflammation pulpaire indirectes par la production de cytokines, par les produits du
par exposition au lipopolysaccharide, mesuré le volume des métabolisme enzymatique ou encore par des cellules lésées
fluides interstitiels (IFV, interstitial fluid volume) et la pres- libérant des ions, etc.
sion osmotique de la pulpe (COP, colloid osmotic pressure) et
évalué les effets d’une inflammation aiguë induite par le lipo- 2 - Changements chroniques
polysaccharide sur ces mesures. Ils ont alors observé que le Les stimulations locales de la pulpe entraînent des change-
volume de fluide ne changeait pas et que le flux sanguin chu- ments vasculaires dynamiques immédiats bien documentés
tait après administration de lipopolysaccharide. Donc, pen- mais il existe peu d’études explorant les changements diffé-
dant l’inflammation, les vaisseaux pulpaires ne sont pas rés. Il a été rapporté des modifications vasculaires de type
comprimés jusqu’au point d’obstruction ; plus vraisemblable- vasodilatation des artérioles et des veinules, des occlusions
ment avec la diminution du flux sanguin pulpaire, la résis- partielles et des proliférations des petits vaisseaux (Baume,
tance post-capillaire est augmentée (Donaldson, 2006). Par 1970a ; Trowbridge, 1981 ; Tønder, 1983). Une étude de Rodd et
conséquent, l’inflammation pulpaire augmente la filtration, Boissonade (2005) indique une augmentation de la vasculari-
entraînant une accumulation de fluides. Ceux-ci doivent être sation en cas de lésions carieuses, mais qui reste limitée aux
drainés par les lymphatiques qui sont modifiés dans les cornes pulpaires et ne s’étend pas à toute la pulpe. Ces
phases d’inflammation chronique où ils apparaissent plus auteurs observent même que l’augmentation vasculaire ne
semble pas due à un accroissement du nombre des vaisseaux
mais à une élévation de leur diamètre, avec d’importantes
variations interindividuelles. Les auteurs suggèrent une aug-
mentation capillaire géographiquement limitée et selon un
décours temporel spécifique. Par ailleurs, ils n’ont pas observé
de différences de vascularisation entre les pulpes symptoma-
tiques, ce qui renforce les études indiquant une absence de
corrélation entre le statut histopathologique de la pulpe et
les symptômes rapportés par le patient (Baume, 1970b ;
Tyldesley et Mumford, 1970 ; Dummer et al., 1980).

Figure 4.2 Mesure simultanée du flux sanguin pulpaire (FSP), de C - Conséquences nerveuses
la pression interstitielle (IFP) et de la pression artérielle (PA) en
réponse à une stimulation électrique dentaire chez le chat. Le 1 - Stimulation périphérique
FSP est mesuré par débitmétrie Laser Doppler et l’IFP par un
microcapteur de pression inséré dans la pulpe. Le décalage Les bactéries libèrent de nombreux produits et activent la
entre les courbes de l’IFP et DU FSP indique des mécanismes de production de cytokines qui peuvent avoir un effet direct ou
régulation découplés (d’après Heyeraas et al., 1994). indirect sur les fibres nerveuses.

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
a - Acides organiques fibres C a été observée en l’absence de modification Aδ (MacIver
L’acide lactique (pH 4,9) est le métabolite prédominant dans et Tanelian, 1992) (voir cependant Kim, 1990).
les lésions carieuses actives alors que les caries arrêtées ont
un profil dominant à acide acétique (pH 5,7) (Hojo et al., 2 - Sensibilisation
1999). L’acide butyrique est un sous-produit du métabolisme
a - Sensibilisation périphérique
lipidique de divers pathogènes endodontiques qui a des
effets cytotoxiques sur les fibroblastes humains (Ho et Chang, La frontière est faible entre douleur nociceptive et douleur
2007). Son effet sur les fibres nerveuses est contradictoire inflammatoire dans laquelle entre en jeu une composante de
(Hahn et Liewehr, 2007). sensibilisation périphérique. L’ouverture des tubuli denti-
L’ammoniac, l’urée ou les indoles issus de la dégradation des naires expose les cellules pulpaires aux agents algogènes
acides aminés sont fortement algogènes (Panopoulos et al., issus des bactéries des cellules de défense ou cellules lésées
1983). Ils peuvent provenir de bactéries protéolytiques exclu- par l’agression : motifs bactériens, produits de dégradation
sives mais également de bactéries à métabolisme mixte sac- cellulaires (adénosine triphosphate, ions H+, K+). Ces subs-
charolytique et protéolytique. Plusieurs études ont démontré tances se fixent sur les récepteurs décrits précédemment.
une association significative entre la douleur et la présence de Certaines entraînent une excitation directe des nocicepteurs
certaines bactéries carieuses (Hahn et al., 1991 ; Massey et al., et peuvent provoquer une douleur, d’autres une diminution
1993) ou endodontiques (Gomes et al., 2004 ; Sundqvist, 1976). des seuils d’excitation et une augmentation de la décharge
neuronale, responsable d’une allodynie/hyperalgie1 par deux
b - Constituants bactériens types de mécanismes : l’un est l’amplification de la dépolari-
sation induite par le stimulus. L’autre est une augmentation
Le lipopolysaccharide et l’acide lipotéichoïque exercent des
de l’excitabilité membranaire par diminution du seuil d’émis-
effets algogènes directs et indirects. Leur présence est asso-
sion des potentiels d’action par action sur les canaux voltage
ciée à une sensibilité thermique ou à la douleur (Hahn et al.,
dépendants (fig. 4.3).
1993 ; Khabbaz et al., 2000 et 2001 ; Horiba et al., 1991).
b - Sensibilisation centrale
c - Cytokines
Le phénomène de sensibilisation centrale correspond sché-
Le rôle des cytokines dans la douleur et dans la physiopatho- matiquement à une modification prolongée de l’excitabilité
logie pulpaire est un champ en pleine expansion (Hahn et du système nerveux central et à l’extension des champs
Liewher, 2007a, 2007b et 2007c). Ces molécules ont un effet récepteurs des neurones centraux (Woolf, 1983). Ceux-ci
sur les fibres nerveuses, notamment du fait d’interactions neu- peuvent donc être activés plus facilement qu’à l’ordinaire et
rogliales. Parmi elles, CX3CL1 (fractalkine) et CCL2 (MCP-1) par des sources plus variées qu’en conditions normales. Ce
jouent un rôle particulier. L’IL1-β est également une cytokine phénomène est impliqué dans certaines douleurs persis-
pro-inflammatoire impliquée dans la douleur, l’inflammation et tantes. Il peut perdurer même après le retour à la normale
la signalisation immunitaire. Elle joue un rôle dans l’induction des neurones périphériques après lésion. Cette composante
de la douleur et le maintien de l’état de douleur chronique centrale explique que, parfois, les thérapeutiques périphé-
après une lésion nerveuse (Ren et Torres, 2009). Dans la pulpe, riques peuvent avoir un effet limité.
Bletsa et al. (2009) ont observé la présence du récepteur à
l’IL1-β sur les fibres nerveuses peptidergiques sensitives conte-
nant du CGRP et l’augmentation de l’expression du récepteur à La conséquence clinique est une hyperalgésie/allodynie
et une extension des champs récepteurs, que l’on retrouve
IL1-β dans le ganglion trigéminal après exposition au lipopoly-
fréquemment dans les pulpites avec des dents très sen-
saccharide, mais également sur les fibres sympathiques conte- sibles spontanément, à la percution palpation et aux tests
nant du neuropeptide Y (NPY) et les vaisseaux sanguins. thermiques et une douleur difficile à localiser, parfois irra-
diée, ressentie dans d’autres territoires.
Note : cette cytokine joue donc probablement un rôle
important dans la nociception et le contrôle microvascu-
laire via des effets directs sur les fibres nerveuses qui expri- 3 - Pulpites non douloureuses
ment son récepteur.
Comme cela a été rapporté précédemment, les pulpites sont
asymptomatiques dans de nombreux cas en dépit de change-
ments inflammatoires chroniques (Langeland, 1987 ; Lundy et
d - Autres Stanley, 1969). Les raisons ne sont pas connues. Plusieurs
Par ailleurs, il est également possible que des changements explications ont été avancées (pour revue, voir Hahn et
hypoxiques accompagnant les modifications vasculaires jouent Liewher 2007) :
un rôle non négligeable dans les douleurs. Il a en effet été mon-
tré qu’en cas d’anoxie, la décharge tonique des fibres nerveuses 1. Allodynie : sensation douloureuse perçue après une stimulation
augmentait de façon importante et que cette activation dépen- habituellement non douloureuse. Hyperalgésie : sensation douloureuse
dait du type des fibres nerveuses. Les fibres Aδ semblent en dont l’intensité perçue est supérieure à celle provoquée habituelle-
effet plus résistantes à l’hypoxie que les autres ; l’activation des ment par un même stimulus nociceptif.

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4 Endodontie

Bactéries Récepteurs Cellules Cytokines

IL6 Production
Ob Odontoblaste
IFN-y à distance
Polynucléaire
TLR CCL2 Production
Lymphocyte CCL3 locale
Inflammation CCL4
Gram négatif Cellule dendritique
pulpaire CCL5
LPS Macrophage TNF-α
Fibroblaste CXCL8
LTA IL1-β
Nécrose Ostéoblaste
Gram positif CXCL12
pulpaire
Ostéoclaste CXCL20
CCL20
Rank
Lésion
péri-apicale Peptides
His
SP
Artérioles, veinules, CGRP
lymphatiques, fibres nerveuses Neurones NPY

Figure 4.3 Représentation schématique des principales réactions induites dans la pulpe dentaire et les tissus péri-apicaux par une
exposition bactérienne. Les cytokines sont des éléments clés de ces réactions, agissant sur les cellules, les nerfs et les vaisseaux.

- l’inhibition nerveuse par des métabolites bactériens. Pano- donne lieu à des sensations brèves et modérées. Les change-
poulos et al. (1983) ont montré que l’acide lactique produit ments tissulaires au sein d’une pulpe enflammée ont été lar-
par les bactéries des caries profondes n’excitait pas les gement décrits (Dummer et al., 1980 ; Klausen et al., 1985 ;
fibres nerveuses intratubulaires Aδ, contrairement à l’action Woda et al., 1999) : celle-ci présente des seuils de sensibilité
algogène observée dans d’autres tissus, mais diminuait de abaissés et fait l’objet de changements tissulaires qui vont
façon réversible les potentiels d’action provoqués par entraîner une allodynie/hyperalgésie. L’application de froid
d’autres stimuli. Cela pourrait expliquer en partie la relative ou de chaud provoque une douleur qui dure après la cessa-
insensibilité thermique des dents cariées fortement infec- tion du stimulus. L’allodynie mécanique résultant des tests de
tées par les lactobacilles (Hahn et al., 1993), ainsi que l’ab- percussion et pression exercés sur le desmodonte est moins
sence de corrélation entre la densité nerveuse sous les connue, bien que fréquente. Khan et al. (2007) et Owatz et al.
caries et la douleur (Rodd et al., 2001) ; (2007) ont étudié l’incidence de l’allodynie mécanique et ont
- l’éventuelle annulation de l’effet algogène de certaines montré que plus de 50 % des pulpes avec un diagnostic de
cytokines inflammatoires, comme le TNF-α et l’IL6, par la pulpite irréversible entraînaient également une allodynie
libération de peptides opioïdes (β-endorphine et/ou mécanique. De plus, les patients atteints de pulpite avec allo-
enképhalines) issus des cellules immunitaires (lymphocytes) dynie mécanique étaient plus algiques que ceux atteints de
(Członkowski et al., 1993). De même, la bradykinine induit la pulpite irréversible sans allodynie mécanique, ce qui peut
synthèse d’enképhalines à effet antalgique (Kudo et al., avoir des conséquences thérapeutiques puisque la douleur
1986) ; préopératoire est un facteur de risque pour la survenue de
- la vasoconstriction. De nombreux facteurs peuvent entraî- douleurs postopératoires (Werner et al., 2010).
ner une vasoconstriction (endothéline vasculaire, catécho-
lamines et neuropeptides des fibres sympathiques) qui L’allodynie observée peut s’expliquer de plusieurs façons,
limite les phénomènes algiques favorisés par une augmenta- par :
tion de la pression pulpaire. - activation de mécanorécepteurs nociceptifs intrapulpaires ;
Inversement certaines pulpes peuvent être douloureuses - sensibilisation de fibres collatérales pulpo-parodontales ;
sans signes marqués d’inflammation (Seltzer et al., 1963). - médiateurs inflammatoires d’origine bactérienne diffu-
sant dans le péri-apex avant nécrose complète entraînant
4 - Sémiologie l’activation de nocicepteurs parodontaux ;
Une pulpe saine n’est pas sensible spontanément et la stimu- - sensibilisation centrale causée par activation des noci-
cepteurs pulpaires.
lation provoquée dans le cadre des tests diagnostiques

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
Ces hypothèses sont non exclusives : la quatrième pouvant pourrait modifier les connaissances sur l’étiopathogénie de
notamment se combiner avec les trois premières. ces lésions d’origine endodontique. Le rôle des virus est
Les deux dernières hypothèses semblent les plus vraisem- notamment exploré. En effet, le cytomégalovirus ou le virus
blables car on sait que les changements périradiculaires dans d’Epstein-Barr est détecté dans plus de 90 % des granulomes
la trame osseuse peuvent être objectivés avant nécrose symptomatiques (Slots et al., 2003). Le virus de l’herpès pour-
totale (Stashenko et al., 1995), que du tissu enflammé vital rait également jouer un rôle, mais plus indirect.
peut exister dans la partie apicale de dents avec des images
radio-claires (Ricucci et al., 2006) et que les phénomènes de
sensibilisation centrale peuvent entraîner une allodynie A - Lésions initiales (granulomes)
mécanique après une brève stimulation de certains types de
récepteurs (Chiang et al., 2005). Ce sont des lésions constituées par un tissu inflammatoire
circonscrit par une capsule fibreuse, très infiltré par des cel-
lules inflammatoires, principalement des polymorphonu-
cléaires, des macrophages, des lymphocytes T et B, des
II - Pathologies péri-apicales mastocytes, des ostéoclastes, des ostéoblastes, des fibro-
Une fois la pulpe contaminée, le processus infectieux s’étend blastes, des cellules épithéliales et des débris cellulaires
progressivement à l’ensemble de l’endodonte. La cinétique (Nair, 1997 et 2006 ; Rodini et Lara, 2001 ; Siqueira et Rôças,
de développement et la symptomatologie restent très 2007). Les chimiokines jouent un rôle essentiel dans la genèse
variables d’un individu à l’autre. La douleur n’est donc pas sys- des changements tissulaires observables dans une LIPOE. La
tématique et l’infection complète de l’endodonte peut sur- présence de CCL2, CCL3, CCL4, CCL5, CXCL8, CXCL10 et/ou
venir malgré un silence clinique complet. Environ 40 % des de leurs récepteurs a été démontrée dans les LIPOE humaines
nécroses pulpaires sont asymptomatiques (Michaelson et (Marton et al., 2000 ; Kabashima et al., 2001, Shimauchi et al.,
Holland, 2002). Il est également possible d’observer des cas 2001). Leur production dans les sites péri-apicaux peut être
de pulpite partielle sur les dents pluriradiculées. La nature causée par les micro-organismes endodontiques (bactéries,
des agents infectieux influence les réactions tissulaires et les fungis, virus) et leurs sous-produits, par des molécules inflam-
défenses de l’hôte. Avec la progression microbienne, la flore matoires telles que l’IL1, le TNF-α et l’IFN-γ, par les chimio-
bactérienne évolue en raison des changements de conditions kines elles-mêmes et par des molécules issues de la
nutritionnelles et métaboliques pour les bactéries (anaéro- dégradation des tissus mous et des tissus minéralisés (os,
bies) et de l’absence de cellules de défense. La colonisation dentine, cément) (Silva et al., 2004a). Silva et al. (2004b)
de la pulpe par les bactéries entraîne des réactions immuni- (fig. 4.3). Outre leurs nombreuses fonctions évoquées dans
taires innées et acquises dans le parodonte périradiculaire en les chapitres précédents telles que l’amplification et la régu-
regard du ou des foramina apicaux et latéraux des canaux lation des réactions inflammatoires, les cytokines sont à l’ori-
infectés qui aboutiront à la formation d’une lésion inflamma- gine de l’attraction des cellules de défense sur le site et
toire périradiculaire d’origine endodontique (LIPOE), ou paro- favorisent l’ostéoclasie.
dontite apicale dans la terminologie anglo-saxonne. L’intégrité du tissu osseux dépend de l’équilibre entre la
Inversement, les réactions inflammatoires induites dans le résorption ostéoclastique et l’apposition ostéoblastique. La
péri-apex par la colonisation bactérienne se mettent en famille des récepteurs du TNF-α joue un rôle majeur dans
place avant la destruction complète de la pulpe. Il est donc cette régulation par le biais du récepteur activant le facteur
possible d’en observer les manifestations alors que la pulpe nucléaire kappa B (RANK = receptor activator of nuclear fac-
est encore partiellement fonctionnelle, notamment par une tor-kappa B) et de l’ostéoprotégérine (OPG) qui fixent tous
symptomatologie parodontale et une image de résorption deux le ligand RANK-L (Boyle et al., 2003). RANK est expri-
osseuse avec une pulpe répondant aux tests de sensibilité mée sur les ostéoclastes matures et ses précurseurs, tandis
(Stashenko et al., 1995 ; Ricucci et al., 2006). que RANK-L est surtout exprimé sur les ostéoblastes en
conditions normales. La liaison du ligand sur RANK entraîne
la différenciation et l’activation des ostéoclastes.
Note : en l’absence d’intervention thérapeutique, l’endo-
donte est colonisé par des bactéries selon une cinétique Il existe deux voies d’activation des ostéoclastes par les lipo-
dépendant de la virulence des souches, des réactions de polysaccharides (Doucet et Lowenstein, 2006) :
l’hôte, etc. Il se développe une LIPOE dite initiale. Lorsqu’un - une voie indirecte, qui est mise en jeu par les cytokines pro-
traitement endodontique est réalisé, une lésion peut se inflammatoires libérées par les cellules présentes sur le site
développer en dépit de l’absence de lésion initiale ou per- de l’infection. Ces cytokines induisent l’expression de RANK-
sister dans le cas d’une lésion préexistante. Leurs caractéris- L à la surface des ostéoblastes et des lymphocytes Th1 qui
tiques sont différentes, notamment en termes de flore va se fixer secondairement sur le récepteur RANK (Wright
bactérienne (voir chapitre 5).
et al., 2005 ; Kim et al., 2006a). Les cytokines CCL5, CXCL10
et CCL2 ainsi que leurs récepteurs CCR3, CCR5, CXCR1 et
Une autre forme histologique de lésion apicale qui peut déri- CXCR3 ont des effets importants sur la différenciation des
ver ou non des précédentes est une lésion kystique. La nature cellules osseuses (Lisignoli et al., 2004 ; Okamatsu et al.,
de la flore microbienne fait l’objet de nombreuses études et 2004 ; Kwak et al., 2005 ; Yano et al., 2005 ; Kim et al., 2006a

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4 Endodontie

et 2006b) et sont probablement responsables de la résorp- La cinétique de progression des lésions dépend des caracté-
tion osseuse et radiculaire observée dans les lésions chro- ristiques individuelles et combinées des pathogènes et des
niques. CXCL8 a par ailleurs un rôle déterminant sur l’activité défenses de l’hôte. Divers mécanismes sont impliqués dans
et le recrutement des ostéoclastes (Bendre et al., 2003). ces phénomènes. Hashioka et al. (1994) ont par exemple
RANK-L induit aussi la production de CCL2, CCL3, CCL5, et montré que les symptômes cliniques et la taille des lésions
CXCL9 par les ostéoclastes, suggérant une boucle d’amplifi- étaient corrélés à la présence d’enzymes bactériennes de
cation composée de signaux autocrines et paracrines pen- dégradation de la matrice extracellulaire (collagénase ou
dant la différenciation en ostéoclastes (Kim et al., 2006b) ; chondroïtinase et hyaluronidase). L’équipement génétique
- une voie indirecte. Les lipopolysaccharides peuvent agir joue également un rôle comme l’indiquent les expérimenta-
directement sur certaines cellules, à différentes étapes, et tions animales avec des animaux invalidés génétiquement
entraîner l’activation des ostéoclastes indépendamment de pour tel ou tel récepteur ou messager de voie de signalisa-
toute sécrétion de cytokines pro-inflammatoires. tion cellulaire, ou avec des sujets ayant des déficiences
Les réactions tissulaires décrites précédemment aboutissent congénitales (pour revue, voir Stashenko, 2002).
également à la destruction tissulaire et à la résorption
osseuse qui se matérialiseront, à l’examen radiographique, par
2 - Exacerbation
des changements quantitatifs et qualitatifs. Les signes les Le passage d’une forme asymptomatique à une forme sympto-
plus utilisés sont l’épaississement desmodontal, la radio- matique n’est pas bien connu. Les infections aiguës sont en
clarté osseuse et les changements de structure des trabécu- général liées à des bactéries virulentes au stade planctonique,
lations osseuses (Brynolf, 1978 et 1979 ; Orstavik et al., 1986 ; à des diminutions des défenses ou à des propriétés bacté-
Matossian et al., 2005) (fig. 4.4). Les phénomènes de remanie- riennes particulières. Il a été démontré, pour certains patho-
ment tissulaire touchent également la dentine et le cément gènes, que des gènes codant pour la virulence sont plus
qui présentent des résorptions à des degrés divers dans la exprimés dans les cellules planctoniques que dans les bacté-
plupart des cas (Delzangles 1989). ries quand elles sont organisées en biofilm (Furukawa et al.,
2006). L’invasion des tissus périradiculaires se fait après des
changements d’équilibre microbien et peut aboutir à la forma-
tion d’un abcès. Certaines cytokines récemment identifiées,
comme l’IL17 et l’IL27, jouent un rôle dans la modulation des
phénomènes inflammatoires et le passage de l’état chronique
asymptomatique à symptomatique (Colić et al., 2007 et 2009).
On peut également noter que le passage en phase aiguë peut
survenir à la suite d’un traitement endodontique.

Les procédures de traitement peuvent entraîner une


modification de la flore, la mise en suspension de bacté-
ries ou de toxines, la perturbation de l’équilibre entre les
pathogènes ; la surinstrumentation peut provoquer une
réaction inflammatoire avec symptomatologie aiguë sans
nécessairement être associée à une contamination bacté-
rienne de la lésion.
Figure 4.4 Cellulite aiguë séreuse associée à un problème infec-
tieux sur la 48.

B - Évolution des LIPOE 3 - Autres formes : LIPOE résistantes, kystes, etc.


Les lésions initiales ne sont pas les seules formes de LIPOE.
1 - Progression Certaines n’apparaissent qu’après un traitement endo-
La persistance de l’agent infectieux dans l’endodonte inac- dontique qui est un des facteurs les plus fortement corrélés
cessible aux cellules défensives ne permet pas de stopper la à la présence d’une LIPOE (Boucher et al., 2002). La raison est
lésion qui, de ce fait, progresse. La lyse osseuse résultant des toujours la contamination de l’endodonte par les bactéries.
mécanismes exposés précédemment se poursuit. Les bacté- Dans ce cas, la flore peut être différente de celle des lésions
ries organisées en biofilm peuvent coloniser les surfaces initiales puisque les bactéries ne sont pas issues du même
péri-apicales et étendre la surface infectieuse. Leur progres- processus de sélection (Siqueira et Rôças, 2007). Enterococ-
sion dans les tissus mous est freinée par les réactions inflam- cus faecalis est par exemple le plus présent dans les lésions
matoires. Les bactéries orales sont en général peu virulentes persistantes (Sedgley et al., 2006). Les procédures elles-
et contenues par les défenses, jusqu’au moment où les colo- mêmes, telles que l’irritation du péri-apex par les instruments
nies sont suffisamment nombreuses ou que la synergie bac- endodontiques ou celle provoquée par des produits de mise
térienne dépasse les défenses de l’hôte. En général, les lésions en forme/désinfection et les matériaux endodontiques,
asymptomatiques ne sont donc pas infectées car les défenses peuvent entraîner des activations de cytokines différentes
de l’hôte éliminent les bactéries. (Schmalz et al., 2000). Des différences dans les taux d’expres-

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
sion des cytokines ont été observées, traduisant l’hétérogé-
- la présence n’équivaut pas à une quantité critique.
néité des phénomènes qui s’y déroulent (Silva et al., 2005). - les souches virulentes n’expriment pas toujours leurs fac-
Les kystes sont des lésions délimitées par une membrane épi- teurs de virulence selon les conditions locales (absence
théliale (Nair, 1997 et 2006). Ils contiennent eux aussi des cel- de ressources nutritionnelles, densité de population, pH,
lules infiltrées et des cytokines. En dépit de certaines similarités, température, etc.) ;
les rapports cytokines/cellules inflammatoires sont différents - il existe une variabilité des réactions de l’hôte.
entre kystes et granulomes (Silva et al., 2005). Par exemple, les
cytokines CCL5 et CCL2 et les récepteurs CCR3, CCR5 et CXCR1
sont plus élevés dans les kystes que dans les granulomes (Silva D’autres recherches ont exploré le lien entre douleur et cyto-
et al., 2005), suggérant à la fois une redondance des voies de kines. Une association positive a été trouvée entre les niveaux
signalisation pour garantir la migration des lymphocytes au de chimiokine CXCL8 et les symptômes douloureux (Shi-
site péri-apical et une signature biochimique spécifique pou- mauchi et al., 2001).
vant caractériser les lésions précoces des lésions chroniques. En ce qui concerne la sémiologie, il est difficile parfois de
Par ailleurs, il est possible que certaines cytokines, telles différencier les pathologies pulpaire et parodontale péri-api-
qu’IL8/CXCL8, jouent un rôle dans le passage de la forme gra- cale du fait du continuum pulpo-parodontal. Dans le cas
nulome à celle de kyste (Marton et al., 2000). d’atteinte parodontale cependant, la présence de fibres tac-
tiles non douloureuses de gros diamètre permet le plus sou-
4 - Abcès apical et cellulite vent de localiser l’origine des douleurs.
Quand les défenses de l’organisme sont débordées, les
bactéries peuvent envahir la lésion péri-apicale et créer un Un des signes essentiels des pathologies péri-apicales est
abcès apical qui peut soit évoluer vers la fistulisation et la l’allodynie mécanique. Khan et al. (2007) ont montré que
résolution des symptômes, soit vers la cellulite quand les les dents présentant une pulpite irréversible/LIPOE
bactéries envahissent les tissus cellulaires voisins. avaient des seuils de douleur mécanique significativement
abaissés (77 %) par rapport aux dents contrôles homolo-
gues. Cette allodynie n’était pas totalement supprimée
par anesthésie locale et les dents controlatérales étaient
C - Douleurs et pathologies apicales également un peu plus sensibles que chez les sujets
témoins, ce qui suggère une composante centrale. Par ail-
Classiquement, la parodontite apicale aiguë correspond à une
leurs, les femmes présentaient moins d’allodynie que les
inflammation parodontale sur une dent dont la pulpe ne hommes, suggérant une composante hormonale.
répond plus aux tests de vitalité. Cependant, les frontières sont
difficiles à cerner puisque les tests ne sont pas fiables à 100 %,
ni en spécificité ni en sensibilité (Petersson et al., 1999), et que
les changements péri-apicaux peuvent commencer avant que
la pulpe soit complètement nécrosée. La parodontite apicale
III - Diagnostic des pulpites
aiguë ou le passage à une forme aiguë de parodontite apicale et parodontites apicales
chronique s’accompagne de douleurs importantes semblables Il faut bien avoir présent à l’esprit que les catégories diagnos-
en intensité à celles de la pulpite qualifiée de modérée à intense tiques des maladies pulpaires ne correspondent pas à l’état
(Dummer et al., 1980 ; Segal, 1984 ; Nusstein et Beck, 2003 ; physiologique de la pulpe mais aux traitements possibles. La
Touré et al., 2007). Le délai de consultation est en revanche un symptomatologie des pulpites est très variée avec des dou-
peu plus long pour les pulpites que pour les lésions apicales, leurs pouvant être qualifiées de légères à intenses, ressenties
respectivement 8 et 4 jours, probablement en raison du carac- et décrites, provoquées et/ou spontanées (Mumford, 1973 ;
tère continu des douleurs parodontales alors que des périodes Dummer et al., 1980). Des différences de qualité existent éga-
de rémission sont souvent observées en cas de pulpite. lement. En revanche, la classification en pulpite réversible/
De nombreuses études ont cherché à corréler la symptoma- irréversible correspond à un état histologique ou, plutôt, à un
tologie des lésions apicales avec une souche bactérienne pronostic thérapeutique. Parmi les signes et symptômes ne
particulière. Les études semblent indiquer un rôle particulier sont utilisables que ceux que l’on retrouve systématiquement
pour les bactéries à Gram négatif anaérobies. Cependant, et ne sont pertinents pour le traitement que quelques signes
d’autres études ont parfois également retrouvé ces germes considérés comme pathognomoniques (Klausen et al., 1985).
dans des infections non symptomatiques. Le problème est donc d’identifier les éventuels signes de
passage du réversible à l’irréversible. Woda et al. (1999) ont
Siqueira et Rôças (2007) ont proposé plusieurs explica- synthétisé les signes et symptômes des affections pulpaires
tions pour ces différences : et parodontales et proposé des critères diagnostiques qui
- les bactéries peuvent exister sous différentes formes sont présentés dans les tableaux 4.3 à 4.5. C’est en combinant
variant selon leur degré de virulence ; ces informations avec les données de l’anamnèse, des exa-
- la présence de germes synergiques peut influencer le mens cliniques local, régional et général et avec celles de
comportement bactérien et, notamment, leur virulence ;
l’imagerie que la décision thérapeutique pourra être optimi-

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4 Endodontie

Tableau 4.3 Proposition de critères diagnostiques des maladies aiguës pulpaires et parodontales d’origine pulpaire (d’après Woda
et al., 1999).
Maladie et synonymes Critères diagnostiques
Pulpite aiguë réversible • Présence d’une cause expliquant l’existence de l’inflammation pulpaire
Hyperémie pulpaire • Douleur spontanée absente ou discrète
Pulpite subaiguë • Douleur provoquée par un test de sensibilité se prolongeant peu de temps au-delà de la
Prépulpite stimulation
Pulpite aiguë débutante
Pulpite aiguë irréversible • Présence d’une voie de contamination bactérienne du tissu pulpaire
Pulpite aiguë • Douleur spontanée
Carie du troisième degré • Réponse positive aux tests de sensibilité pulpaire*
Pulpite aiguë séreuse
Pulpalgie aiguë
Pulpite aiguë purulente
Pulpo-parodontite
Parodontite apicale aiguë • Existence d’une contamination parodontale d’origine bactérienne issue de l’endodonte
Parodontite apicale aiguë non suppurée • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire
Parodontite apicale symptomatique • Douleur spontanée et exacerbée par la percussion ou la pression
• Absence de douleur à la palpation apicale
Abcès apical aigu • Existence d’une contamination bactérienne parodontale d’origine endodontique
Parodontite aiguë suppurée • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire
Parodontite péri-apicale aiguë suppurée • Douleur spontanée et exacerbée par la percussion
Abcès alvéolaire aigu • Douleur à la palpation apicale**
Cellulite collectée
Abcès sous-périosté
Abcès secondaire • Critères identiques à ceux de l’abcès apical aigu
Abcès phœnix • Image osseuse radio-claire de lésion d’origine endodontique
Abcès récurrent
Abcès recrudescent
Abcès apical chronique
* Réponse douloureuse à la percussion possible dans le cas d’une pulpo-parodontite.
** Tuméfaction sous-périostée ou sous-muqueuse possible.

Tableau 4.4 Proposition de critères diagnostiques des maladies chroniques pulpaires et parodontales d’origine pulpaire (d’après
Woda et al., 1999).
Maladie et synonymes Critères diagnostiques
Pulpite chronique • Dent asymptomatique
Pulpalgie chronique • Réponses atténuées aux tests de sensibilité pulpaire (la vitalité pulpaire n’est souvent
Pulpite asymptomatique objectivée que par une manœuvre invasive intrapulpaire)
Pulpite chronique ouverte • Selon la forme clinique, présence d’un ou de plusieurs signes suivants :
Pulpite ulcéreuse - pulpe exposée
Pulpite hyperplasique - polype pulpaire
Pulpite chronique fermée - calcification de l’endodonte
Pulpite dégénérative - image radiologique de granulome interne, résorption interne
Granulome interne - image radiologique d’ostéosclérose péri-apicale
Résorption interne - image radio-claire péri-apicale
• Présence d’une cause expliquant l’existence de l’inflammation pulpaire
Nécrose asymptomatique • Dent asymptomatique
Carie du quatrième degré • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire*
Gangrène pulpaire
Nécrobiose
Parodontite apicale chronique • Dent asymptomatique
Granulome apical • Réponse négative aux tests de sensibilité pulpaire
Kyste radiculo-dentaire • Image radio-claire d’une lésion osseuse d’origine endodontique
Fistule • Présence d’un ostium fistulaire dont la relation avec la dent causale est objectivée à la
Parodontite apicale chronique purulente radiographie par l’introduction d’un cône de gutta
Parodontite péri-apicale chronique suppurée
Parodontite alvéolaire chronique
* Le diagnostic ne peut pas être porté dans les 6 ou 7 mois qui suivent un traumatisme.

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
Tableau 4.5 Répartition des principaux signes nécessaires à l’établissement des critères diagnostiques des maladies pulpaires et
parodontales d’origine pulpaire.
Douleur
provoquée Douleur
Douleur Œdème Image
prolongée Douleur à la Ostium
Vitalité à la des tissus radio-claire
après spontanée palpation fistulaire
percussion mous apicale
stimulation apicale
pulpaire
Hyperémie + – + – – – – –
Pulpite aiguë + + + ± – – – –
irréversible
Parodontite – + – + – – – ±
apicale aiguë
Abcès apical aigu – + – + + ± – ±
Abcès secondaire – + – + + ± – +
Pulpite chronique – – ± – – – – ±
Nécrose – – – – – – – –
asymptomatique
Granulome/kyste – – – – – – – +
Fistule – – – – – – + ±
Les tableaux sémiologiques pris en référence correspondent à des maladies types (± signifie que la réponse peut être soit présente, soit absente, soit ambiguë).

sée. Les recommandations de la Haute Autorité de Santé ticulier défini en fonction de l’état de santé du patient, qui
sont synthétisées dans le tableau 4.6. peut contre-indiquer certains traitements, et de la valeur
intrinsèque de la dent dans un projet thérapeutique global et
notamment prothétique (Zitzmann et al., 2009). Enfin, le trai-
tement peut être mené en plusieurs phases : une phase d’ur-
IV - Traitement d’urgence des gence et une phase retardée, le traitement d’urgence ne
pathologies pulpaires et péri-apicales devant pas compromettre les chances de succès du traite-
ment définitif à venir.
La prise en charge des pathologies douloureuses d’origine
pulpaire et parodontale s’appuie sur notre connaissance
de la physiopathologie, des informations issues de l’anam- A - Objectifs thérapeutiques
nèse, de l’examen clinique et des tests diagnostiques. Il est Les changements histo-physio-pathologiques pulpaires et
important de signaler à cet égard que de nouveaux proto- parodontaux sont principalement dus à :
coles thérapeutiques peuvent venir modifier rapidement
- des agressions non infectieuses (chocs, fraisage sans irriga-
nos comportements cliniques.
tion ou très proche de la pulpe, etc.) ;
- l’exposition aiguë de la pulpe aux pathogènes du milieu
L’utilisation du microscope opératoire permet par exemple de buccal après un traumatisme ;
mieux apprécier l’état de la plaie dentinaire et de mieux - des expositions chroniques à des pathogènes lors de caries
contrôler l’exérèse des tissus infectés sans effraction pulpaire ou après exposition aiguë traumatique et fracture d’un frag-
(Selden, 2002 ; Del Fabbro et al., 2009). La mise au point de ment coronaire.
matériaux cliniques biocompatibles et étanches de type
ciments – Pro-Root MTA® (Dentsply-Maillefer, France) ou Bio-
Les objectifs thérapeutiques seront donc différents selon
dentine® (Septodont, France) par exemple – permet d’envisa- les situations. L’objectif du traitement est :
ger des réparations tissulaires et la conservation partielle de - de stopper ou limiter l’inflammation en cours afin de
pulpes dans des situations où la pulpectomie totale était favoriser la réparation tissulaire ;
auparavant la seule thérapeutique indiquée (Modena et al., - d’éliminer les micro-organismes et les substances irri-
2009 ; Bakland, 2009 ; Witherspoon, 2008). La possible revas- tantes des tissus dentaires par :
cularisation de dents à pulpe nécrosée ouvre également la • curetage et désinfection dentinaire en cas de pulpite
voie à de nouvelles thérapeutiques (Banchs et Trope, 2004 ; réversible,
Murray et al., 2007). Ces progrès incitent à suivre la littérature • pulpotomie et désinfection pulpaire quand une partie
scientifique de près, dans un domaine en pleine évolution. de la pulpe présente une forme irréversible d’atteinte,
Il ne faut par ailleurs pas perdre de vue que le choix d’un mais que le reste garde un pouvoir de cicatrisation/
réparation,
traitement doit toujours être effectué dans un contexte par-

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4 Endodontie

séance de soins afin d’éviter une consultation en urgence.


• pulpectomie et désinfection endodontique si les chan-
gements histologiques sont irréversibles et risquent Ces douleurs sont passagères et doivent disparaître dans les
d’entraîner la nécrose tissulaire, 48 heures. L’objectif du traitement est de diminuer l’inflam-
• parage canalaire et désinfection endodontique si la mation afin de permettre un retour aux conditions physiolo-
pulpe est nécrosée ; giques. Il ne faut donc pas infliger une irritation supplémentaire
- de créer une barrière étanche entre les tissus sains et les à la pulpe par une réintervention. Dans les cas sévères cepen-
bactéries avec une obturation : dant, la pose de pansement à base d’eugénol aux propriétés
• coronaire en cas de dentinopathie, analgésiques (Markowitz et al., 1992 ; Park et al., 2009) peut
• radiculaire en cas de pulpopathie (qui doit être complé- diminuer la symptomatologie. Un complément médicamen-
tée par une obturation coronaire étanche) ; teux antalgique, préférentiellement de type anti-inflamma-
- de supprimer la douleur avec : toire non stéroïdien (AINS), peut aider le patient à patienter
• un traitement médicamenteux,
jusqu’au retour à la normale puisqu’il s’agit d’une inflamma-
• un traitement physique :
- par mise en sous-occlusion en cas de parodontite apicale, tion locale. Certains auteurs ont avancé l’idée que les vaso-
- par drainage d’une collection suppurée (ouverture de constricteurs associés à l’anesthésie pouvaient avoir des
la chambre pulpaire en cas d’abcès apical aigu ou de effets nocifs sur la pulpe en diminuant le flux sanguin pen-
cellulite). dant des périodes longues et compromettre l’élimination
des produits inflammatoires générés par les procédures de
fraisage dentinaire (Kim et al., 1992). Il faudra également véri-
Plusieurs difficultés accompagnent la réalisation de ces fier la vitalité ultérieurement pour s’assurer que la pulpe ne
objectifs : s’est pas nécrosée.
• évaluer la frontière entre inflammation dite réversible et
irréversible ; 2 - Exposition dentinaire au milieu buccal
• assurer la désinfection des tissus dentaires : après traumatisme
- de la dentine après curetage dentinaire, La procédure recommandée est le coiffage dentinaire.
- de l’endodonte (car de nombreuses études indiquent la Cependant, les études disponibles ne sont pas suffisantes
persistance de bactéries après les procédures de mise en pour fixer des règles de conduites claires (Andreasen et al.,
forme et désinfection). 2010). En effet, si les bactéries buccales colonisent les sur-
Par ailleurs, les études montrent que le risque de survenue de faces dentinaires exposées et pénètrent les tubules en
complications postendodontiques dépend de l’état histolo- quelques jours, la vitesse et l’ampleur de cette colonisation
gique de la pulpe. Les dents à pulpe nécrosée, du fait de l’in- varient selon les modèles étudiés. Elles dépendent des
fection, sont plus à risque que les autres de développer des souches bactériennes et du temps d’exposition (Olgart et al.,
complications infectieuses et douloureuses de type flambée 1974 ; Mjör, 1974 ; Orstavik et Haapasalo, 1990). La contamina-
(flare-up) (Hargreaves et Seltzer, 2002). tion des dents pulpées étant plus lente que celle des dents
dépulpées, cette différence suggère que différents facteurs,
comme les odontoblastes et/ou le fluide dentinaire, exer-
B - Procédures cent un rôle de frein à la pénétration bactérienne (Nagaoka
L’anesthésie fait partie intégrante des procédures (voir cha- et al., 1995). Aucune étude n’a à ce jour étudié les change-
pitre 9). ments histologiques pulpaires associés.

1 - Hyperémie pulpaire 3 - Exposition pulpaire au milieu buccal


Il s’agit d’une pathologie d’origine non infectieuse qui peut après traumatisme
survenir par exemple après un fraisage dentinaire profond ou Le traitement par coiffage d’une pulpe exposée dépend du
la pose d’un matériau irritant à proximité pulpaire. La sévérité degré d’exposition, des conditions du tissu pulpaire, du stade
de l’agression et la capacité de cicatrisation pulpaire s’appré- de développement radiculaire, du temps écoulé depuis l’ac-
cient (Murray et al., 2003) en fonction : cident, d’un éventuel traitement d’urgence et du degré d’at-
- de l’épaisseur de dentine résiduelle ; teinte desmodontale (Ozçelik et al., 2000). Les taux de
- du matériau posé et de sa toxicité ; succès varient de 57 à 90 % (Ravn, 1982 ; Cavalleri et Zerman,
- de l’importance des signes cliniques, c’est-à-dire principale- 1995). Les études consacrées au problème sont rares. Cvek
ment de l’inconfort ou de la douleur du patient et de sa et al. (1982), dans une étude réalisée chez le singe, observent
capacité à attendre le retour à la normale ; une aire d’inflammation superficielle avec formation de tissu
- des caractéristiques pulpaires et de ses capacités à réagir hyperplasique contenant des infiltrats leucocytaires et pré-
favorablement (pulpe jeune ou rétractée par exemple). conisent une éviction d’une zone de 2 mm de profondeur
L’hyperémie pulpaire consécutive à un soin restaurateur peut pour ancrer le traitement sur du tissu sain. Cependant, leur
être considérée comme une suite postopératoire « nor- étude ne comporte pas de marquage bactérien. Harrán-
male ». Il est préférable de prévenir le patient de la probabi- Ponce et al. (2002), chez le chien, ont observé, 48 et 72 heures
lité de survenue de ce genre de désagrément à la fin de la après le trauma, la même aire d’inflammation superficielle

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
avec formation de tissu hyperplasique contenant des infil- b - Pulpite irréversible
trats leucocytaires mais également la présence de bactéries
jusqu’à une profondeur de 4,6 mm, variable avec l’importance Important ! L’objectif principal du traitement d’urgence est
du trauma. Cette infiltration bactérienne pose la question d’éliminer les irritants bactériens et de réduire la pression
des limites de la zone d’éviction de surface et, donc, de l’am- intrapulpaire. La première étape consiste à poser un champ
pleur de la pulpotomie nécessaire au succès d’un traitement. opératoire étanche qui permettra de prévenir tout risque
de contamination de l’endodonte. À ce stade, la pulpe est
La capacité de réparation après contamination n’est actuelle-
enflammée mais non infectée. Effectuer un soin dans de
ment pas connue. mauvaises conditions conduirait inévitablement à la conta-
mination de l’endodonte et rendrait la situation plus com-
4 - Infection pulpaire et parodontale après exposition plexe au rendez-vous suivant.
chronique à des pathogènes

a - Pulpite réversible Si aucune douleur desmodontale n’est associée et si l’organi-


sation du cabinet s’y prête, le traitement endodontique peut
Important ! Le tissu carieux est retiré le plus soigneusement être conduit dans la séance. Sinon, le traitement d’urgence
possible avec un excavateur et/ou une fraise boule montée doit permettre de temporiser, de soulager le patient et de
sur contre-angle. L’utilisation d’aides optiques favorise gran- préparer la dent pour la suite des soins.
dement la précision de l’excision tissulaire. La technique La totalité du tissu carieux est éliminée avant de pénétrer
opératoire doit être guidée par une logique de contamina- dans la chambre pulpaire.
tion infectieuse : il s’agit d’éliminer le tissu carieux par une S’il s’agit d’une dent monoradiculée, la totalité du paren-
technique de crown down, c’est-à-dire éliminer les bacté- chyme pulpaire doit être éliminée à l’aide d’un tire-nerf et le
ries dans les zones superficielles, progresser à partir d’un
tissu sain vers la pulpe, nettoyer la fraise souillée avec une canal irrigué à l’aide d’hypochlorite de sodium à 2,5 %.
compresse imprégnée de chlorhexidine et changer de fraise S’il s’agit d’une dent pluriradiculée, la pulpotomie (éviction
quand on approche de la pulpe de façon à ne pas contami- de la pulpe camérale) seule est suffisante. De nombreuses
ner les tissus profonds et limiter les effractions pulpaires études ont souligné l’intérêt et l’efficacité de ces techniques
(Bjørndal et al., 2010). Ce respect microbiologique de la (Hasselgren et Reit, 1989 ; Oguntebi et al., 1992 ; Penniston et
pulpe permettra de tenter le coiffage avec des chances rai- Hargreaves, 1996).
sonnables de succès. La pose d’un champ opératoire (digue), Une compression est réalisée avec une boulette de coton
permettant d’isoler la dent du milieu buccal, est nécessaire.
imbibée d’hypochlorite de sodium pendant 2 minutes puis le
plancher pulpaire est inspecté. Si l’hémorragie est contrôlée,
Une fois le tissu carieux éliminé, une boulette de coton stérile, une boulette de coton stérile est placée dans la chambre
éventuellement légèrement imprégnée d’eugénol, est mise en pulpaire et recouverte d’un pansement non compressif. Si, au
place dans la cavité puis est recouverte par une obturation retrait de la boulette de coton, un saignement persiste dans
temporaire non hydrophile (IRM® Dentsply De Trey). un canal, la pulpectomie de ce canal est nécessaire. En l’ab-
En cas d’effraction pulpaire lors de l’éviction carieuse, il est sence de saignement, il n’y a aucune raison de pénétrer dans
possible de tenter un coiffage pulpaire. Dans ce cas, les les canaux ; l’agression d’un tissu physiologiquement sain ne
caractéristiques histophysiologiques de la pulpe sont modi- peut que générer un nouveau processus inflammatoire et
fiées du fait de l’exposition bactérienne (Lin et Langeland, être à l’origine de nouvelles douleurs.
1981 ; Komabayashi et Zhu, 2010). Les pourcentages de succès Une médication à l’hydroxyde de calcium peut être placée
des coiffages après exposition pulpaire dans le cas de dent dans le canal dépulpé et la cavité obturée avec un panse-
cariée en pulpite sont faibles (Tronstad et Mjör, 1972 ; Bergen- ment non compressif. L’obturation provisoire est effectuée
holz, 2005,) mais de l’ordre de 30 à 35 % selon les études à avec un matériau pseudo-définitif tel qu’un ciment au verre
long terme (Al-Hiyasat et al., 2006 ; Bjørndal et al., 2010), ionomère par exemple. La dent est ainsi reconstituée pour la
voire moins : 13 % pour Barthel et al. (2000), la plupart des suite des soins, ce qui permet d’obtenir facilement une cavité
pulpes exposées évoluant vers la nécrose. Il est donc recom- d’accès à 4 parois, situation idéale pour la poursuite du trai-
mandé de ne tenter la procédure que sur les dents à signes tement endodontique.
modérés (Stanley, 1998 ; Stockton, 1999). La technique est Dans le cas de la pulpite irréversible, la seule éviction chirur-
celle décrite par Cvek (1978), reprise de Granath et Hagman gicale du tissu pulpaire, qu’elle soit partielle ou totale, ne suf-
(1971). Le tissu pulpaire est sectionné à la fraise diamantée à fit pas du fait de la persistance d’agents irritants et de la
grande vitesse sous irrigation copieuse. La surface de la plaie sensibilisation des fibres nerveuses. Une prescription antal-
est lissée, débridée et nettoyée avant la mise en place du gique complémentaire doit donc être donnée au patient,
matériau. Les capacités de scellement du matériau et donc selon les modalités indiquées au chapitre 10. La prescription
d’établissement d’un joint étanche sont essentielles dans le d’antibiotiques n’est pas recommandée pour le patient sain
succès de la procédure (Cox et al., 1985). Les matériaux de (Keenan et al., 2006).
choix sont actuellement l’hydroxyde de calcium ou le MTA® Il faut également noter que la situation peut être compliquée
au contact de la pulpe qui doivent ensuite être recouverts dans le cas de dents pluriradiculées : l’état histopathologique
d’une obturation coronaire étanche. de la pulpe peut ne pas être le même dans les différents

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4 Endodontie

canaux. Cliniquement, si un saignement persiste après pulpo- étant les plus à risque), la prise de corticoïdes dans le cadre
tomie dans un canal, la pulpectomie devra être réalisée dans d’une affection générale et la présence d’un œdème préopé-
ce canal. ratoire. Après obturation endodontique, 40 % des patients
Les douleurs postopératoires sont plus fréquentes après pul- rapportaient des douleurs, faibles dans la plupart des cas, 12 %
pectomie qu’après pulpotomie (pour revue, voir Hargreaves des patients ressentant des douleurs modérées à sévères
et Seltzer, 2002) du fait de la différence d’indication des deux (échelle visuelle analogique : 4-5). Les facteurs prédictifs des
techniques, les pulpectomies étant conduites sur des pulpes douleurs étaient les mêmes que précédemment avec, en plus,
dont le statut bactérien n’est pas toujours facile à définir. la taille des lésions péri-apicales, un antécédent de douleur
après préparation et le traitement effectué en une séance.
c - Pulpite irréversible associée à une allodynie mécanique Si la dent est déjà traitée endodontiquement, il faut effectuer
Dans le cas d’une pulpite irréversible avec dent sensible à la le retraitement endodontique complet. Si le temps manque et
percussion, il a été montré que la mise en sous occlusion per- qu’un seul canal est à l’origine de la PAA, on peut ne retraiter
met d’améliorer le soulagement de la douleur (Rosenberg que ce canal. Le retraitement peut être compliqué par la pré-
et al., 1998). Une prescription antalgique adaptée à la douleur sence de reconstitutions et/ou d’ancrage radiculaires qu’il faut
complète le traitement. éliminer avant de désobturer le canal, négocier les obstacles
d - Parodontite apicale aiguë intracanalaires (calcifications, butées, etc.). Les douleurs étant
exacerbées par le moindre contact avec la dent, ceci est diffi-
La parodontite apicale aiguë (PAA) est liée à la présence de
cilement possible au cours de la consultation d’urgence et si
bactéries dans l’endodonte (Kakehashi et al., 1965). L’équilibre
c’est le cas la procédure ne peut être envisagée qu’après l’ob-
quiescent entre les bactéries canalaires et les défenses de
tention d’une anesthésie profonde.
l’organisme est rompu. Le desmodonte ou la lésion péri-api-
Il est souvent plus judicieux de programmer un second ren-
cale préexistante entre dans un état inflammatoire aigu qui,
dez-vous après avoir mis la dent en sous-occlusion et pres-
cliniquement, se traduit par l’apparition de douleurs impor-
crit un traitement antalgique/anti-inflammatoire adapté aux
tantes, spontanées et exacerbées par les contacts dentaires.
douleurs intenses. Dès que les signes douloureux ont disparu,
La première étape du traitement consiste à effectuer un
le démontage des éléments corono-radiculaires est entrepris
parage canalaire associé à une désinfection, c’est-à-dire ten-
et le traitement endodontique effectué. Suite à l’épisode
ter d’éliminer la totalité des débris organiques encore pré-
douloureux, il est rarement difficile de motiver et convaincre
sents dans l’endodonte (Sutherland et Matthews, 2003). La
le patient du bien-fondé de l’intervention.
question de la supériorité d’un traitement en une séance par
rapport à un traitement en deux séances n’est pas tranchée e - Abcès apical aigu
(Spångberg, 2001 ; Bergenholtz et Spångberg, 2004 ; Figini
et al., 2007 ; Penesis et al., 2008 ; Balto, 2009). Important ! Il s’agit d’une parodontite apicale suppurée. La
Si la dent n’est pas traitée endodontiquement, la cavité d’ac- présence de pus dans la lésion osseuse exacerbe les dou-
cès est réalisée, les canaux sont mis en forme et désinfectés leurs. L’objectif du traitement est double : supprimer la
conventionnellement (Simon et Pertot, 2003). Une médica- douleur et éviter la dissémination de l’infection dans les
tion à l’hydroxyde de calcium est mise en place dans les tissus environnants. Le traitement d’urgence consistera à
éliminer les tissus endodontiques infectés et à drainer la
canaux. Son pH élevé favorise le retour à la normale après collection suppurée (Matthews et al., 2003).
l’acidification induite par les bactéries et le processus inflam-
matoire (Enkel et al., 2008). La dent est ensuite obturée avec
une obturation provisoire étanche et mise en sous-occlusion. Si l’endodonte est accessible et perméable, le drainage intra-
Une prescription adaptée à la situation complète l’acte canalaire est le plus simple à obtenir. Après instrumentation
chirurgical. La disparition des douleurs s’effectue en et désinfection des canaux, une lime de petit diamètre est
48 heures. Le patient est reconvoqué pour la suite du traite- utilisée à 1 mm au-delà du foramen. Si du pus est présent
ment endodontique, qui peut être complété dans la séance dans la lésion apicale, celui-ci remonte immédiatement dans
suivante si toute symptomatologie a disparu. le canal et, grâce à cette décompression, le patient est immé-
Il faut noter que les douleurs post-traitement endodontique diatement soulagé.
sont fréquentes et concernent près de la moitié des patients La dent peut être laissée ouverte pendant 48 heures afin de
(Hargreaves et Seltzer, 2002). Deux études prospectives ont poursuivre le drainage. Cette notion a longtemps été contro-
étudié l’incidence de ces douleurs et les facteurs prédictifs de versée, arguant du fait que le canal devenait alors une voie de
leur apparition, l’une après préparation canalaire sans obtura- recontamination potentielle par les bactéries de la cavité
tion (Glennon et al., 2004), l’autre après obturation endo- buccale. Sans que l’on puisse dire aujourd’hui que l’idée de
dontique (Ng et al., 2004). Soixante-cinq pour cent des laisser la dent ouverte en interséance soit adoptée de façon
patients rapportaient des douleurs dans les 48 heures après consensuelle, une grande majorité de praticiens reconnaît
préparation canalaire, mais qui n’étaient intenses (échelle que les avantages sont largement supérieurs aux risques
visuelle analogique : 4-5) que dans 10 % des cas. Les facteurs encourus avec la fermeture de la dent.
prédictifs de ces douleurs postopératoires étaient la présence Si l’endodonte n’est pas accessible, certains proposent de
d’une douleur préopératoire, le type de dent (les molaires trépaner l’os alvéolaire en regard de la lésion enflammée

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
pour obtenir un drainage. Après anesthésie, la gencive est - l’apparition (rapide ou évolutive, primaire ou récurrente) ;
incisée en regard de l’apex de la dent concernée et la corti- - l’aspect clinique (circonscrit ou diffus) ;
cale osseuse est perforée avec une petite fraise boule ou le - la topographie, qui peut être vestibulaire, sous-périostée,
foret du matériel d’anesthésie intra-osseuse X-Tip. Cepen- affecter le corps de la mandibule, les régions infra-orbitaire,
dant, les études n’indiquent pas de gain significatif avec cette buccale, sous-mandibulaire, sous-mentale, sublinguale, pté-
procédure (Nist et al., 2001 ; Houck et al., 2000). rygo-mandibulaire, massétérine, temporale superficielle,
Si un abcès gingival est associé à l’abcès apical aigu, la dou- temporale profonde (pharyngienne latérale), rétro-pharyn-
leur est moins importante. Le patient rapporte lui-même que gienne, prétrachéale, médiastinale et intracrânienne.
la douleur a considérablement diminué quand l’abcès a tra- L’état bucco-dentaire du patient est le plus souvent négligé.
versé le périoste. La question de l’incision systématique d’un Afin de déceler la cause de l’infection, il s’agira de déterminer
abcès est pertinente. Si le drainage du pus est obtenu par la si l’infection est due à une dent en s’appuyant sur les résultats
voie intracanalaire, il n’y a aucune raison de chercher un nou- des tests de sensibilité pulpaire, l’état radiographique de la
veau drainage par la voie gingivale. Si, au contraire, l’accès au zone apicale, le parodonte, les éléments embryonnaires ves-
canal est compromis et que l’abcès est fluctuant, l’incision tigiaux, un éventuel traumatisme maxillo-facial ou un état
franche avec une lame de bistouri insérée jusqu’au contact post-chirurgical.
osseux est une solution simple pour obtenir l’évacuation du Parmi les diagnostics différentiels, seront évoqués les kystes
pus rapidement. sébacés, la staphylococcie maligne, les lithiases salivaires, les
L’incision de l’abcès peut également être décidée en complé- parotidites virales ourliennes, l’emphysème sous-cutané et
ment du parage canalaire s’il est décidé de ne pas laisser la l’œdème allergique de la face, entre autres (Molinari, 2003 ;
dent ouverte ou si la collection est importante. Witherow et al., 2004).
Tant que l’abcès reste localisé et que l’infection ne diffuse L’anamnèse (antécédents médicaux, hygiène de vie) et le
pas dans les tissus avoisinants, la prescription d’antibiotiques recueil des données cliniques (localité, aspect, évolution)
n’est pas justifiée en l’absence de signes généraux d’infection. sont de première importance dans l’établissement d’un dia-
gnostic fiable.
f - Prescription médicamenteuse et urgence endodontique Toutes les études épidémiologiques ont montré que les
hommes âgés de 40 ans représentent la population la plus
Essentiel : le geste opératoire chirurgical (pulpotomie/pul- concernée et que les dents causales sont généralement les
pectomie/incision), bien que souvent nécessaire, n’est pas molaires mandibulaires (Huang et al., 2004 ; Wang et al.,
toujours suffisant pour soulager totalement le patient. La 2005 ; Flynn et al., 2006 ; Azérad, 2007).
prescription antalgique est un complément indispensable
de la thérapeutique.
A - Signes cliniques
En dehors de certaines situations particulières, justifiées
Le signe pathognomonique des cellulites est la tuméfac-
médicalement, la prescription d’antibiotiques est inutile dans
tion maxillo-faciale, qui peut être dure ou fluctuante à la
le cas des urgences en endodontie (Matthews et al., 2003 ; palpation ; la peau semble tendue lors des premiers stades
Sutherland et Matthews, 2003 ; Keenan et al., 2006). Seul le et un trismus est souvent associé, lié à la présence de
cas de l’abcès alvéolaire aigu peut parfois donner lieu à dis- l’œdème dans le plan musculaire du masséter. Le patient
cussion et la décision devra se faire en fonction du tableau peut présenter les symptômes d’une infection généralisée
clinique et des éventuels signes généraux d’infection (fièvre, (hyperthermie, asthénie ), ainsi que ceux d’un syndrome
malaise, etc.) qui, s’ils sont présents, doivent inciter à la pres- infectieux sévère (sueurs, pâleurs, polypnées, hypotension).
cription d’une antibiothérapie.
Le pronostic vital peut être mis en jeu lors de la présence
Les thérapeutiques médicamenteuses utilisées dans le d’une dyspnée, d’une dysphagie ou des deux. Après l’examen
cadre de l’endodontie sont détaillées dans le chapitre 10.
clinique, il est nécessaire de confirmer radiologiquement le
diagnostic bien qu’une différence entre la cause radiologique
et l’observation clinique soit toujours possible. Dans certains
cas, une dent répondant faiblement aux tests de vitalité clas-
V - Cellulites siques peut être à l’origine d’une infection sévère. Compte
Les cellulites maxillo-faciales sont des infections qui enva- tenu des mécanismes de diffusion des cellulites, la localisa-
hissent les tissus de remplissage des espaces bucco-cervico- tion topographique peut aussi être décalée par rapport à la
faciaux, limités par les corticales osseuses et les insertions position de la dent.
musculo-aponévrotiques. Ces infections, ayant une étiologie Le premier stade de la pathologie est dénommé cellulite
à 90 % dentaire, sont donc appelées odontogènes (Heimdahl, aiguë séreuse (fig. 4.4), qui correspond au stade initial inflam-
1995). Plusieurs classifications sont possibles selon : matoire. Les quatre signes classiques de l’inflammation sont
- le stade (on parle alors de cellulite aiguë, subaiguë et chro- présents : tuméfaction, douleur, chaleur, rougeur. L’examen
nique, diffuse) ; clinique met en évidence une tuméfaction mal limitée com-

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4 Endodontie

blant les méplats de la face, survenue à la suite d’un épisode


algique de type parodontite apicale aiguë parfois associé à
une légère hyperthermie. La peau en regard est tendue, lisse,
imperceptiblement colorée et ne présente pas le signe du
godet (empreinte du doigt après pression sur le site de la
tuméfaction).
Si la cellulite n’est pas traitée ou est incomplètement traitée,
elle évoluera vers une phase suppurée (fig. 4.5) et/ou fistuli-
sée (fig. 4.6a et b). À ce stade, on observera une altération de
l’état général associée à une douleur constante et irradiante,
réfractaire aux antalgiques. La tuméfaction est bien délimitée
et fluctuante. La peau est enflammée, tendue et luisante ; à la
palpation, les tissus prennent le signe du godet.
L’examen est souvent compliqué par la présence d’un trismus
accompagné d’un comblement du vestibule en regard de la Figure 4.5 Cellulite aiguë suppurée au départ de la 36 avec tris-
dent causale qui est extrêmement mobile et sensible à la mus serré.
percussion. On observera également, dans la plupart des cas,
une hypersalivation et une odeur fétide.

Essentiel : les signes de gravité susceptibles de mettre en


jeu le pronostic vital sont à dépister impérativement :
- un érythème avec extension cervicale (pronostic de mor-
talité pouvant atteindre 40 %) (Zeitoun et Dhanarajani,
1995 ; Bratton, 2002 ; Baqain et al., 2004) ;
- une tuméfaction du plancher buccal, douloureuse et
gênant la déglutition, accompagnée d’un trismus serré
(Wang, 2005 ; Flynn 2006a) ;
- une crépitation neigeuse à la palpation indiquant une
nécrose tissulaire (Roccia et al., 2007) ;
- une tuméfaction jugale évoluant vers la région ophtal-
mique avec un risque de thrombophlébite faciale (Fiel-
ding, 1983) ;
- la présence d’une comorbidité, notamment un diabète
non contrôlé qui est considéré comme un facteur pouvant
aggraver les cellulites maxillo-faciales (Huang et al., 2004 a
et 2005).
L’élévation de la température n’est plus considérée comme
un signe de gravité (Wang, 2005 ; Flynn, 2006a et 2006b).
Néanmoins, elle est associée à un temps de rétablissement
plus long (Peters et al., 1996).

B - Prise en charge primaire


La conduite à tenir ne diffère pas de celle des autres infec-
tions corporelles. Ainsi, le traitement étiologique et le sup-
port médical doivent être entrepris une fois l’étiologie
identifiée (Davido et Toledo-Arenas, 2010). L’administration
d’antimicrobiens ne doit pas se substituer au traitement étio-
logique ; l’utilisation des seuls antibiotiques peut en effet
engendrer d’importantes complications (Schmidt et Zallen,
1990). Par contre, l’antibiothérapie améliore la résolution de
la cellulite quand elle est administrée juste avant le traite-
ment étiologique (Ehrenfeld, 1992).
Le traitement étiologique consiste à éliminer le foyer dentaire.
Si la dent peut être convenablement traitée, un parage cana- b
laire sera réalisé afin d’obtenir un éventuel drainage. La dent
restera ouverte pendant 48 heures de manière à favoriser l’éva- Figure 4.6a et b Fistulisation extra-orale d’une cellulite chro-
cuation de l’infection. À l’inverse, si la dent ne peut être nique au départ de la 41. c. Radiographie.

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Pathologies pulpaires et péri-apicales et traitement de l’urgence 4
conservée, l’avulsion est indiquée, avec recherche d’un drai-
nage par l’alvéole, et sera suivie d’un nettoyage rigoureux du
site (Davido et Toledo-Arenas, 2010). Le drainage peut être
obtenu à la lame froide en incisant le point le plus élevé de la
tuméfaction tout en respectant les éléments anatomiques
(fig. 4.7). Cette incision peut être réalisée dès les premiers
stades (Peterson, 2003). Le trismus peut compliquer le traite-
ment étiologique mais l’anesthésie par la méthode d’Akinosi
permet en général de lever cet obstacle (fig. 4.8 et 4.9) (Akinosi,
1977).
D’après les études microbiologiques, les cellulites odonto-
gènes sont causées par une flore mixte composée principale-
ment de streptocoques et de germes anaérobies (Labriola
et al., 1983 ; Heimdahl et Nord, 1985 ; Lewis et al., 1986 ;
Quayle et al., 1987). Une antibiothérapie à large spectre pro-
Figure 4.7 Drainage à la lame froide d’une cellulite suppurée au
babiliste associant amoxicilline (3 g/j) et métronidazole départ des racines des 35, 36 et 37.
(1,5 g/) ou amoxicilline et acide clavulanique doit donc être
instaurée, si possible juste avant le traitement étiologique
(Lewis et al., 1995 ; Kolokotronis 1999 ; Matto et al., 1999 ;
Kuriyama 2000 et 2001 ; Sanai et al., 2002 ; Swift et Gulden,
2002 ; Bascones Martínez ; et al., 2004 ; Boyanova et al.,
2006 ; Roberts et al., 2006). Si le patient est allergique aux
bêta-lactamines, on associera de la clindamycine (1,2 g/j) ou
de la pristinamicine (3 g/j) au métronidazole (Kirkwood
2003 ; Jimenez et al., 2004 ; Brazier et al., 2006).
Une prescription antalgique de niveau 2 selon la classifica-
tion de l’OMS (correspondant aux douleurs modérées à
sévères) sera associée à la prescription antibiotique. Elle peut
être composée de 600 g de paracétamol et de 60 mg de
codéine pendant 72 heures. Des bains de bouche à la polyvi-
done iodée seront également prescrits pendant 7 jours (Val-
derrama, 2006).

Figure 4.8 Technique d’anesthésie locorégionale d’Akinosi : l’ai-


C - Prise en charge secondaire guille est insérée parallèlement au plan d’occlusion, au niveau
des apex des molaires, et pénètre les tissus en distal de la 17.
Le patient devra se présenter au bout de 48 heures puis de
72 heures pour des contrôles postopératoires afin de surveil-
ler l’évolution de l’infection. Le traitement endodontique est
réalisé si la dent a été conservée. L’évolution est en général
favorable si le traitement étiologique est effectué dès confir-
mation du diagnostic.
Après des soins d’urgence, il convient d’expliquer clairement
au patient que les traitements étiologiques (endodontiques)
et médicaux (antibiotiques) doivent être rigoureusement
menés à leur terme afin d’éviter les risques de récidive dus à
des traitements inadaptés ou incomplets.

D - Cellulites particulières
1 - Cellulite subaiguë et chronique
Ce type de cellulite résulte d’une infection installée, consé-
cutive à un traitement incomplet ou à une absence de traite-
ment. Elle peut évoluer pendant plusieurs mois et se
matérialiser par l’apparition d’une fistulisation buccale ou Figure 4.9 Vue sur crâne sec du trajet de l’aiguille jusqu’à l’échan-
transcutanée. crure mandibulaire.

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4 Endodontie

C’est une cellulite moins virulente que les cellulites précé- b - Prise en charge primaire
demment décrites ; on observera une fistule au niveau de la La prise en charge devra être effectuée en milieu hospitalier spé-
dent causale ou du foyer infectieux. En cas de tuméfaction, cialisé dans les plus brefs délais avec le maintien des voies
celle-ci ne sera qu’intermittente. aériennes, une éradication totale des foyers infectieux et une mise
en place de drainages intrabuccaux et extra-buccaux accompa-
a - Prise en charge primaire gnés d’un traitement médical de soutien (perfusion, intubation,
La prise en charge doit se faire en milieu hospitalier spécia- anticoagulants ) et d’une hospitalisation (Zeitoun et Dhanarajani
lisé afin de procéder à l’ablation chirurgicale du foyer infec- 1995 ; Flynn, 2000 ; Parhiscar et Har-El, 2001 ; Bratton et al., 2002).
tieux et de la fistule. La dent causale sera extraite et d’autres Une antibiothérapie à large spectre sera instaurée par voie
foyers infectieux seront systématiquement recherchés. Le intraveineuse, associée à une prescription antalgique. Les
traitement pharmacologique est le même que pour les drains seront lavés à la polyvidone iodée 6 fois par jour
pathologies décrites précédemment. jusqu’à trouver 3 lavages successifs propres. Le patient restera
hospitalisé jusqu’à son rétablissement et on s’assurera de
b - Prise en charge secondaire l’absence de tout foyer infectieux avant sa sortie. Le pronos-
Le patient sera revu au bout de 48 heures et de 72 heures Il tic vital du patient dépend du temps écoulé entre la diffu-
peut s’avérer nécessaire de planifier une correction esthé- sion de l’infection et l’hospitalisation.
tique des éventuelles séquelles de la fistulisation transcuta-
née. L’évolution est globalement positive. 3 - Cellulite gangréneuse
Il s’agit d’une cellulite due à des germes anaérobies généra-
2 - Cellulite maxillo-faciale odontogène diffuse teurs de gaz et de nécrose tissulaire.
Il s’agit d’une cellulite très grave nécessitant une hospitali- a - Signes cliniques
sation dans les plus brefs délais. Elle fait en général suite à
une cellulite circonscrite mais peut cependant diffuser C’est l’évolution d’une cellulite circonscrite en l’absence ou
d’emblée. Ses complications sont graves et potentielle- malgré une antibiothérapie. À la palpation, on reconnaîtra
ment mortelles en raison de la propagation infectieuse une crépitation neigeuse, qui signe la présence de gaz, et une
vers les voies aériennes ou le médiastin. nécrose tissulaire ainsi qu’une altération de l’état général
(hyperthermie à 40 °C, pâleur, asthénie) très marquée.

a - Signes cliniques b - Prise en charge


La tuméfaction s’étend à plusieurs secteurs anatomiques. On La prise en charge doit être hospitalière en urgence avec un
notera la présence de douleur à la palpation et d’une gêne à drainage complet de l’abcès et un débridement chirurgical des
la déglutition due à des douleurs oropharyngées, accompa- tissus nécrotiques associés à une antibiothérapie intraveineuse
gnées d’un trismus et d’une atteinte de l’état général. avec traitement médical de soutien (Karkas et al., 2010).

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76

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5
Conséquences nerveuses
des traitements endodontiques
Y. BOUCHER, J. AZÉRAD

L
es traitements endodontiques peuvent être motivés par tinence de la décision thérapeutique. Par ailleurs, le traite-
différentes raisons qui sont essentiellement prothé- ment endodontique avait souvent modifié le niveau de
tiques, infectieuses et douloureuses, les dernières étant douleur initial. Enfin, parmi les facteurs de risque de persis-
souvent les conséquences des avant-dernières. tance des douleurs en l’absence de signes radiologiques,
étaient cités la présence et la durée d’une douleur préopéra-
toire ressentie au niveau du site dentaire considéré, des anté-
Le succès de ces traitements, qu’il s’agisse d’un traitement
orthograde sur dent pulpée ou dépulpée ou d’un traite- cédents de douleurs chroniques (dans le cou, les épaules, le
ment endodontique chirurgical est jugé selon deux cri- dos, les articulations temporo-mandibulaires) ou l’existence
tères principaux : de céphalées, des antécédents de traitements bucco-den-
- l’état parodontal périradiculaire, qui s’apprécie clinique- taires douloureux ainsi que le sexe féminin des sujets. Oshima
ment et radiographiquement ; et al. (2009) ont observé des patients consultant pour des
- la symptomatologie, c’est-à-dire le ressenti par le patient douleurs dentaires persistantes ne répondant pas au traite-
de phénomènes d’hyperalgiea, allodynieb ou de douleur ment endodontique dans 6 % des cas. Les sujets le plus fré-
spontanée consécutive au traitement. L’existence d’une quemment atteints étaient des femmes (81 %) âgées de
symptomatologie persistante en présence d’un paro- 45-50 ans et la région maxillaire était le plus souvent concer-
donte péri-apical apparemment sain conduit à s’interro- née (87 %), ce qui confirme les études précédentes (fig. 5.1).
ger sur la nature des phénomènes biologiques Nixdorf et al., dans une méta-analyse récente, ont rapporté
sous-jacents et des conséquences des traitements endo-
une occurrence de douleurs postendodontiques 6 mois
dontiques sur les tissus environnants, notamment sur les
fibres nerveuses périphériques, mais également sur le après traitement de 5 à 7 % toutes causes confondues et de
système nerveux central par l’intermédiaire de leurs pro- 3,5 % de causes non dentaires (Nixdorf et al., 2010a et 2010b).
jections. Ces données conduisent à s’interroger sur la nature de ces
douleurs et à les envisager comme des dysesthésies. Si l’on
a. L’hyperalgie correspond à une sensation de douleur intense provo- considère le traitement endodontique du point de vue ner-
quée par un stimulus habituellement douloureux. La douleur réma-
nente causée par une stimulation au chaud en cas de pulpite en est un
exemple.
b. L’allodynie est une douleur suscitée par un stimulus qui n’est norma-
lement pas ressenti comme douloureux. Si ces phénomènes semblent a
priori moins graves que les phénomènes d’hyperagésie ou de douleur
spontanée, il faut néanmoins bien réaliser qu’il peuvent être vécus de
façon très désagréable par le patient. Les douleurs engendrées par un
test au froid en cas de pulpite ou par le test de percussion en cas de
parodontite apicale sont des exemples d’allodynie.

Marbach et al. (1982) et Campbell (1990) ont respectivement


rapporté des incidences de douleurs persistantes post-trai-
tements endodontiques de 3 et 2,5 %. Polycarpou et al.
(2005), dans une étude plus récente, ont analysé la préva-
lence des douleurs persistantes après traitement endo-
dontique orthograde ou chirurgical présentant des signes
Figure 5.1 Localisation des zones douloureuses correspondant
radiographiques de guérison péri-apicale. Les douleurs ont
aux douleurs faciales persistantes après traitement dentaire. Les
été observées dans 12 % des cas. Cependant, une partie douleurs sont plus fréquemment rapportées au maxillaire, dans
d’entre elles existait avant les traitements endodontiques, ce les sites incisif et prémolo-molaire (d’après Marbach, 2002 ;
qui remet en question la valeur du diagnostic initial et la per- Oshima et al., 2009).

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5 Endodontie

veux, plusieurs situations peuvent être rencontrées. La pulpe l’objet d’abondantes descriptions et de nombreuses
dentaire est en effet un tissu hautement plastique, capable recherches mais restent en revanche relativement mal
de réagir aux stimulations environnementales, par exemple connues des chirurgiens-dentistes, qui sont pourtant les prati-
aux contraintes mécaniques exercées sur les dents (bruxisme), ciens de santé réalisant le plus de désafférentations nerveuses
aux agressions bactériennes ou aux diverses procédures de en pratique quotidienne, au cours des traitements endo-
fraisage dentinaire, par des remodelages tissulaires, vascu- dontiques et des extractions. Rappelons qu’une pulpe de pré-
laires et nerveux notamment. Ces changements, incluant des molaire adulte contient environ 2 000 fibres nerveuses
modifications de l’expression des phénotypes neuronaux sensitives et autonomes et que le nombre de désafférenta-
périphériques et centraux (champs récepteurs, excitabilité, tions en France peut être estimé à 12 millions rien que pour
bourgeonnements ou dégénérescences centrales, etc.) sont les traitements endodontiques, sans compter les extractions
susceptibles de retentir sur la fonction nerveuse et d’expli- ni les interventions chirurgicales (30 000 chirurgiens-den-
quer certains phénomènes tels que douleurs référées, altéra- tistes, 200 jours par an, 2 traitements endodontiques par jour).
tions de la sensibilité oro-faciale, douleurs persistantes mais Enfin, les traitements endodontiques ont également pour
également difficultés anesthésiques (Hargreaves et Keiser, caractéristique de donner lieu à une obturation canalaire
2002 ; Boucher, 2006). La libération de diverses molécules destinée à emplir la vacuité endodontique et à l’isoler du
signal conduit également, après des phases inflammatoires, à péri-apex par un scellement imperméable aux bactéries. Au
une réduction du volume de la chambre pulpaire et des den- cours de cette étape, il peut arriver que du matériau d’obtu-
sités d’innervation et de vascularisation jusqu’à leur dispari- ration soit projeté dans le péri-apex. Ces dépassements de
tion complète. Dans certains cas, la douleur précède la pâte d’obturation sont parfois sans conséquences cliniques.
nécrose complète de la pulpe (pulpite aiguë), dans d’autres Ils peuvent cependant donner lieu à des complications péri-
(environ 50 %), la nécrose est asymptomatique (Michaelson apicales du fait de la toxicité de certains matériaux, de la pré-
et Holland, 2002). sence de germes spécifiques, etc. (Nair, 2006) et avoir
Lorsqu’il est consécutif à une nécrose pulpaire totale, le trai- également à des conséquences nerveuses dont les plus évi-
tement endodontique n’interfère pas avec les fibres ner- dentes sont observées notamment à la mandibule du fait de
veuses de l’endodonte qui ont disparu. En revanche, lorsque la proximité du canal mandibulaire.
la pulpe est encore présente, les procédures chirurgicales
visant à élimination du contenu endodontique entraîneront Le but de ce chapitre est donc de décrire les conséquences
donc une éviction brutale des composants nerveux. potentielles des désafférentations nerveuses causées par
Cette désafférentation nerveuse peut être soit naturelle, suc- les procédures endodontiques. Il passera en revue les prin-
cédant ainsi à la phase de nécrose, soit volontaire, chirurgi- cipaux changements neuronaux connus, associés aux
cale, du fait de la procédure de traitement endodontique désafférentations nerveuses pulpaires observées dans des
modèles animaux, et les conséquences cliniques de ces
destinée à supprimer la source nociceptive en l’absence d’al-
lésions documentées chez l’homme.
ternative thérapeutique. Dans les deux cas, un nombre impor-
tant de fibres nerveuses seront sectionnées/arrachées/
dilacérées et les terminaisons disparaîtront. Si les procédures
chirurgicales peuvent être identiques d’une situation à l’autre,
l’environnement biologique où elles se déroulent peut, lui,
I - Changements induits
être très différent. Il pourra être sain dans le cas d’une « bio- par des lésions nerveuses
pulpectomie » à visée prothétique par exemple et altéré
dans d’autres cas, comme dans celui d’une pulpite en phase A - Changements périphériques
aiguë ou chronique, avec de nombreux changements portant
sur les molécules présentes dans le milieu, les modifications 1 - Changements morphologiques et biochimiques
d’expression de récepteurs présents sur les membranes cellu- Le tissu nerveux possède d’importantes capacités de répara-
laires, de voies enzymatiques et de signalisation cellulaire. tion. Lors d’un traumatisme, des réactions complexes se pro-
duisent, impliquant les cellules nerveuses et les cellules de
Note : ces différences d’environnement peuvent expliquer Schwann qui les entourent. Ces réactions permettent la plu-
la persistance de symptômes douloureux du fait des phé- part du temps aux axones soit de se réparer s’ils n’ont été que
nomènes de sensibilisation périphérique et centrale. légèrement lésés, soit de repousser après dégénérescence du
segment distal s’ils ont été plus sévèrement endommagés. Le
guidage des axones dans les gaines nerveuses joue un rôle
Les effets des désafférentations nerveuses sont relativement important dans ce phénomène et, par conséquent, l’intégrité
bien connus des neurologues, notamment dans le domaine de de ces gaines est un facteur clé de la cicatrisation (Horch,
la douleur. Les douleurs dites neuropathiques étaient aupara- 1979). Ces processus de cicatrisation s’accompagnent de
vant appelées douleurs de désafférentation d’après les dou- modifications phénotypiques dans les neurones dont le
leurs « de membre fantôme », ressenties après l’amputation contenu neurochimique se modifie. De nombreuses études
d’un membre ou la lésion de troncs nerveux. Elles ont fait ont révélé des changements portant sur l’expression et la

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Conséquences nerveuses des traitements endodontiques 5
libération de neuromédiateurs (substance P, CGRP, VIP, brady- leur trajet initial peut être compromise par l’interposition de
kinine, galanine…), de facteurs de croissance (NGF, BDNF…), de tissu non nerveux, par l’importance et la nature biochimique
cytokines (IL1, CCL2, TNF-α…), de récepteurs membranaires des changements occasionnés par la lésion, ou par la dispari-
(TRPV1, P2Y, TrKA, α-adrénergique), de facteurs de transcrip- tion du tissu cible. Des changements définitifs peuvent se
tion (Sox11, c-Jun, ATF3) ainsi que des canaux ioniques sodiques produire, entraînant un dysfonctionnement neuronal perma-
(NaV1.7, 1.8, 1.9) ou potassiques (Kir4.1) (pour revue, voir Woolf nent. C’est ainsi qu’un tissu cicatriciel appelé névrome peut
et Ma, 2007 ; Costigan et al., 2009). être observé au niveau des éléments lésés. Dans ces névromes,
l’arrangement initial des fibres tactiles douloureuses et auto-
Remarque : cependant, si ces changements favorisent les nomes se trouve modifié au sein de tissu non nerveux (Fried
réactions de défense (via la stimulation du système immu- et al., 1991), ce qui peut entraîner des modifications de la sen-
nitaire et l’attraction des cellules de défense), la cicatrisa- sibilité tactile, thermique et douloureuse ainsi que des réac-
tion tissulaire et la repousse axonale, ils sont également tions autonomes. De nombreux travaux ont impliqué les
susceptibles d’altérer l’excitabilité et la conduction neuro- névromes dans l’établissement et le maintien des douleurs
nale (fig. 5.2).
neuropathiques (Zimmermann, 2001). Cependant, toutes les
douleurs neuropathiques ne sont pas dues à la formation de
En cas de traumatisme important ou présentant des caracté- névromes ainsi que l’atteste la diversité des modèles animaux
ristiques particulières, la repousse des fibres nerveuses dans (Dowdall et al., 2005).

Système nerveux périphérique Système nerveux central

A
iGlu-R Interneurone
Canaux ioniques Corps mGlu-R
cellulaire
Cellules Neurone
Récepteurs Neurone sensitif primaire
de Schwann 2e ordre

Microglie,
Terminaison astrocytes
périphérique

Sensibilisation périphérique Modification phénotypique Sensibilisation centrale

Expression génique →
Lésion nerveuse Production neuropeptides, Modification
GABA,
récepteurs, canaux ioniques circuiterie
TRPV1-4 glycine
neuronale
TRPM8
NaV1.7, 1.8, 1.9
TRPA1 Modification
ASICs PKC, PKA
activité
P2X3 NOS, COX
électrique
TREK
Cytokines Glu,
TASK
(IL1, IL6, TNF-α, SP, CGRP,
ATP, IL1, IL6,
Phosphorylations enzymatiques CCL2…) BDNF, ATP Microglie,
TNF-α, CCL2,
Expression récepteurs CCL2, CCL3 astrocytes
Recrutement CXCL3
Expression canaux ioniques NO
Cellule
Modification de l’activité électrique Macrophage, Activation
inflammatoire
mastocytes,
Diminution du seuil d’excitation
lymphocytes
Décharges ectopiques

Figure 5.2 Représentation schématique des changements susceptibles d’affecter les neurones nociceptifs après lésion nerveuse
périphérique. A. Neurone sain. B. Neurone lésé. Ces changements incluent des modifications de l’expression des récepteurs, des
canaux ioniques et des neuropeptides, des modifications de l’excitabilité neuronale. Ils font intervenir les éléments neuronaux, les
cellules gliales et les cellules immunitaires. Ils affectent également le neurone post-synaptique qui devient plus excitable.

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5 Endodontie

2 - Conséquences fonctionnelles B - Changements ganglionnaires


Important ! Les conséquences fonctionnelles de ces altéra- Les atteintes nerveuses des afférences trigéminales dentaires
tions neuronales sont multiples. Des décharges dites ecto- induites par les extractions dentaires (Strassburg, 1967 ; Hansen,
piques, c’est-à-dire la genèse d’une activité électrique 1980 ; Fried et al., 1991) et les atteintes pulpaires (Stephenson
aberrante, non dépendante des stimuli, ont été décrites et Byers, 1995) induisent des changements structuraux dans les
dans les fibres nociceptives lésées et pourraient expliquer ganglions trigéminaux. Ces réactions, initialement interprétées
les douleurs spontanées ressenties par certains patients
comme des signes de dégénérescence, seraient plutôt des
(Devor et Seltzer, 1999), soit directement via les change-
ments périphériques orchestrés par les molécules signal signes d’activation, de réaction de défense. Une étude a toute-
citées précédemment (Robinson et al., 2004), soit indirec- fois montré une diminution du nombre de neurones ganglion-
tement par le biais d’une sensibilisation centrale résultant naires après des extractions (Fried et al., 1991).
d’un bombardement d’influx dans le système nerveux cen- Ces changements se traduisent par des modifications de l’ex-
tral et/ou de la libération de molécules bioactives telles pression cytoplasmique de nombreux neurotransmetteurs,
que le glutamate, la substance P, l’adénosine triphosphate ou neuromodulateurs, tels que la substance P et le CGRP, de
(ATP) ou le BDNF (brain derived neurotrophic factor). récepteurs membranaires aux neurotrophines (Henry et al.,
1993), de récepteurs vanilloïdes TRPV1 et TRPV2 (Stenholm
et al., 2002), de canaux ioniques Nav1.8 et Nav1.9 (Bongen-
3 - Lésions induites par des pulpectomies hielm et al., 2000), de cytokines inflammatoires (IL6 et IL1-β,
Une pulpectomie entraîne des changements structuraux CCR2) (Latrémolière et al., 2008 ; Dauvergne et al., 2008)
dans les neurones mais également une perte de l’organe (pour revue, voir Fried et al., 2004 ; Miller et al., 2009).
cible, avec des conséquences variables : les fibres nerveuses
pulpaires ont des collatérales dans le parodonte et les chan- C - Changements centraux
gements induits dans la pulpe affecteront donc, à des degrés
divers, le parodonte. En effet, du fait du réflexe d’axone1, les 1 - Tronc cérébral
extrémités arborisées à distance modifient la sensibilité
locale par libération de neuropeptides (substance P, CGRP). Important ! Les lésions nerveuses entraînent des change-
Ce phénomène peut expliquer en partie l’allodynie méca- ments morphologiques, neurochimiques et fonctionnels à
nique en cas de pulpite. L’effet des pulpectomies sur la sensi- court et long termes dans la moelle épinière et dans le
bilité mécanique des dents pulpectomisées est contradictoire. complexe sensitif trigéminal (CST) intéressant les neurones
Chez l’homme, une première étude avait décrit une perte de et les cellules gliales qui les entourent. Ces changements,
dépendants du type de la lésion, contribuent au dévelop-
sensibilité mécanique pour les dents dépulpées (Loewens- pement et au maintien de douleurs persistantes de type
tein et Rathkamp, 1955). Une étude ultérieure est venue infir- neuropathique par des phénomènes de sensibilisation cen-
mer ce résultat (Linden, 1975). trale impliquant des récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspar-
Par ailleurs, l’environnement péri-apical constitue le milieu tate) (Vos et al., 1994 ; Iwata et al., 2001).
de cicatrisation. En cas d’inflammation, les fibres lésées bai-
gneront dans un environnement modifié susceptible d’altérer
la cicatrisation normale. Holland (1994) a par exemple observé L’effet spécifique des lésions pulpaires est relativement peu
que la persistance d’une inflammation liée aux ciments ZOE documenté (Grant et Arvidsson, 1975 ; Westrum et al., 1976 ;
(zinc oxide eugenol, oxyde de zinc eugénol) pouvait entraîner Gobel et Binck, 1977 ; Westrum et Canfield, 1979 ; Johnson et
des modifications de la structure de l’innervation (névromes) Westrum, 1980). Gobel (1984) a décrit des réactions de dégéné-
sans modification observable de la densité osseuse. D’autres rescence 14 jours après pulpectomie dans le complexe sensitif
données, issues d’autres modèles, indiquent que l’inflamma- trigéminal mais qui peuvent également s’interpréter comme
tion nerveuse est un facteur clé dans le développement des des signes d’activation cellulaire plus que de dégénérescence.
douleurs neuropathiques (Scholz et Woolf, 2007). Ces changements semblent par ailleurs transitoires. Des don-
nées électrophysiologiques indiquent que chez le chat adulte,
les pulpectomies induisent des changements fonctionnels
Remarque : si ces névromes ont été incriminés dans les
douleurs neuropathiques, tous les névromes ne sont heu- dans le complexe sensitif trigéminal associés à des change-
reusement pas douloureux. De plus, la plupart des modifi- ments d’excitabilité neuronale, surtout dans la partie rostrale
cations induites par un traumatisme nerveux chez l’animal du complexe (oralis) (Hu et Sessle, 1989 ; Hu et al., 1990 et
au niveau trigéminal sont temporaires et régressent sponta- 1999 ; Kwan et al., 1993 ; Lapa et al., 1996 ; Sessle, 1987). Ces
nément (Bongenhielm et Robinson, 1996). changements portent sur l’augmentation de fréquence des
réponses de neurones ayant des champs récepteurs étendus,
des réponses anormales lors de la stimulation du champ
1. Libération de neuromédiateurs tels que substance P et CGRP par les
terminaisons périphériques d’un neurone par suite de l’excitation péri-
récepteur habituel, ou une activité spontanée augmentée,
phérique de collatérales voisines. Le transfert d’information dans la col- mais il n’a pas été noté d’hyperactivité spontanée. Des lésions
latérale à l’excitation se fait par excitation axonale rétrograde (voir incluant un nombre de dents plus important (Hu et al., 1990)
chapitre 1). amplifient les changements, avec une augmentation de la

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Conséquences nerveuses des traitements endodontiques 5
réactivité neuronale et l’extension des champs récepteurs, ainsi que des changements à long terme dus à des transcrip-
mais ils sont suivis d’un retour à la normale. tions géniques.

Le nombre de neurones ne répondant qu’aux stimulations Important ! Il est intéressant de constater que l’activation
mécaniques diminue, tant au maxillaire qu’à la mandibule, des récepteurs Toll-like (TLR) qui détectent certains motifs
mais le nombre de neurones ayant des champs récepteurs antigéniques présents à la surface des bactéries pathogènes
s’étendant aux 2 ou 3 branches du trijumeau augmente. entraîne également la production de cytokines pléiotro-
Cependant, là encore, dans les conditions expérimentales, piques telles que le TNF-α, l’IL1-β et l’IL6, impliquées dans
l’effet observé était transitoire et semblait affecter plutôt l’établissement et le maintien des douleurs neuropathiques
les neurones non nociceptifs que nociceptifs. (Miller et al., 2009). Cela suggère que lésions et infections
partagent des mécanismes d’activation neurogliaux et
peuvent se potentialiser.
Coull et al. (2003) ont montré qu’après lésion nerveuse, des
neurones inhibiteurs pouvaient se transformer en neurones
excitateurs : l’activation gliale spinale après lésion nerveuse 3 - Modifications des contrôles s’exerçant
entraîne une libération de BDNF ATP-dépendante qui modi- sur les informations sensitives
fie le potentiel de membrane des neurones GABAergiques de Il existe de nombreux filtres physiologiques permettant aux
la corne dorsale. Il en résulte une inversion des courants centres nerveux supra-segmentaires de moduler la transmis-
ioniques GABAergiques dans ces neurones qui contribuent à sion des informations ascendantes. Or, les changements péri-
l’allodynie mécanique postlésionnelle. phériques et centraux induits par les lésions nerveuses décrits
Plusieurs études ont montré que les lésions nerveuses pou- précédemment peuvent conduire à des modifications du
vaient entraîner des remaniements importants au niveau de traitement des informations douloureuses. Certains travaux
la circuiterie fonctionnelle des neurones trigéminaux. Par le ont par exemple montré que les contrôles inhibiteurs des-
biais de neuromédiateurs excitateurs (glutamate) et inhibi- cendants issus du tronc cérébral étaient réduits de moitié
teurs (GABA) ou modulateurs (glycine, D-sérine), l’architec- chez des animaux neuropathiques (Zimmermann, 1991) ;
ture du réseau neuronal peut être modifiée. Les fibres de gros d’autres au contraire indiquent une facilitation descendante
diamètre transmettant les informations tactiles non doulou- (Porreca et al., 2001 ; King et al., 2009).
reuses deviennent capables d’exciter des neurones nocicep-
tifs et de générer des sensations désagréables (Miraucourt
et al., 2007 ; Dieb, 2009). D - Autres territoires
Autre phénomène marquant des altérations nerveuses, des
2 - Réactions immunitaires
modifications de sensibilité peuvent être ressenties non seu-
Les lésions nerveuses entraînent le recrutement et l’activa- lement dans le territoire du nerf lésé mais également dans
tion de cellules immunitaires au niveau du site lésionnel, des territoires nerveux voisins du territoire lésé (Moalem
dans les ganglions spinaux ainsi que dans les sites de pro- et al., 2005 ; Iwata et al., 2004).
jection centrale de la moelle épinière et du complexe sen-
sitif trigéminal. La sensibilisation centrale qui résulte de la lésion est à
l’origine du phénomène et pourrait expliquer la fluctua-
tion des territoires douloureux ressentis dans certains cas
Les macrophages, lymphocytes T et mastocytes envahissent
de douleurs oro-faciales chroniques (Marbach, 1996).
le site lésionnel autour des extrémités lésées. Les cellules de
Schwann prolifèrent, se dédifférencient et forment des
bandes de Büngner, qui servent de guide aux axones en phase
de régénération. Des macrophages et quelques lympho-
cytes T sont présents dans les ganglions spinaux avant la
II - Conséquences cliniques
lésion. Leur nombre augmente de façon importante. Les des lésions nerveuses associées
macrophages se déplacent dans la gaine formée par les cel- aux traitements endodontiques
lules satellites autour des corps cellulaires des neurones sen-
sitifs primaires. Les cellules satellites prolifèrent et montrent
des signes d’activation. Une semaine après la lésion, des amas
A - Considérations
denses de cellules microgliales sont visibles dans les cornes générales/neuropathies trigéminales
ventrales autour des motoneurones. Une activation massive post-traumatiques
est présente dans les cornes dorsales au niveau des sites de
projection des afférences primaires lésées. Ces changements Remarque : il est toujours difficile d’extrapoler les résultats
sont également objectivables au niveau trigéminal (Dieb, obtenus au cours d’études animales à l’homme en raison des
2009 ; Dauvergne et al., 2008). différences biologiques et psychologiques entre espèces. De
Ces changements induisent des altérations rapides des pro- plus, les différents modèles utilisés pour étudier les change-
ments postlésionnels ne sont pas équivalents.
priétés des canaux ioniques contrôlant l’excitabilité nerveuse

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5 Endodontie

Certains modèles sont fondés sur des écrasements nerveux,


des dents mandibulaires (Carpentier et al., 2009) explique
d’autres sur des sections de nerfs, d’autres encore sur des
la fréquence des incidents qui concernent surtout les deu-
ligatures nerveuses, partielles ou totales ; les lésions inté- xièmes molaires, mais plus rarement les premières ou même
ressent parfois des nerfs sensitifs, parfois des nerfs mixtes, les prémolaires (Knowles et al., 2003). Par ailleurs, le fait
parfois des branches terminales de nerfs, parfois des troncs que le canal mandibulaire soit visible en imagerie favorise la
nerveux entiers et même plusieurs étages segmentaires. description des cas cliniques.

Remarque : il s’agit également de modèles où la sensation L’éventail des sensations anormales rapportées après lésions
de l’animal est inférée à partir de modifications comporte-
mentales et non, évidemment, de description verbale. Il
d’origine endodontique du nerf alvéolaire inférieur inclut de
existe cependant des études et observations cliniques chez simples dysesthésies plus ou moins gênantes, des douleurs
l’homme ainsi que des enregistrements effectués chez des d’intensité et de qualité variables allant de la douleur conti-
patients qui corroborent certaines données expérimentales nue légère du type brûlure ou tiraillements à des décharges
et permettent de valider une partie des changements électriques paroxystiques insupportables. Des signes d’allo-
observés chez l’animal. dynie locale à la mobilisation dentaire ou à la palpation du
site osseux sont également décrits. Le territoire de ressenti
Au niveau buccal, les neuropathies lésionnelles trigéminales est celui du V3 avec parfois des irradiations à l’oreille ou aux
consécutives à des extractions, de dents de sagesse le plus autres branches du trijumeau. Dans certains cas, le patient
souvent, à de la chirurgie orthognathique ou implantaire sont peut ressentir une douleur aiguë en dépit de l’anesthésie
bien connues et suivies dans les consultations spécialisées de (LaBlanc et Epker, 1984) mais, dans d’autres, les effets de la
neurologie généralement ou dans les centres antidouleur. lésion peuvent ne se manifester qu’après la disparition de
l’anesthésie. Il est même possible que ces dysesthésies ne
soient ressenties qu’après un certain temps, période qualifiée
Les traitements médicamenteux de ces douleurs et dyses-
de « lucid period », jusqu’à 36 heures après les soins (Pogrel,
thésies reposent sur des classes pharmacologiques diffé-
rentes de celles utilisées pour le traitement des douleurs 2007).
aiguës nociceptives, ce qui est une preuve supplémentaire 1 - Causes
de leur spécificité.
Les causes lésionnelles potentielles sont multiples :
• surinstrumentation. L’action mécanique des instruments
endodontiques au-delà de l’apex peut léser ou couper des
B - Neuropathies trigéminales fibres nerveuses (fig. 5.3) ;
postendodontiques • lésion chimique des solutions d’irrigation. Bien qu’il n’existe
Les données cliniques directement liées à l’endodontie sont pas, à notre connaissance, de cas décrits dans la littérature
moins nombreuses que celles se rapportant aux trauma- médicale, le pouvoir irritant des solutions d’irrigation endo-
tismes. Plusieurs situations peuvent être rencontrées. dontique semble suffisant pour provoquer des dommages
tissulaires nerveux en cas de dépassement apical ;
1 - Lésions liées à l’anesthésie locorégionale
La cause des douleurs/dysesthésies peut être reliée à la pro-
cédure anesthésique et soit être d’origine mécanique, du fait
du caractère piquant/tranchant de l’aiguille, soit relever de la
toxicité de la molécule. Les lésions semblent plus fréquentes
lors de l’anesthésie locorégionale du nerf alvéolaire inférieur
au foramen mandibulaire (tronculaire à l’épine de Spix). La
prévalence de ces accidents est faible : de 1/20 000 à
1/850 000 (Pogrel, 2007). La lésion est réversible dans la
majorité des cas, mais parfois irréversible. Il faut également
noter que des dysgueusies, temporaires ou définitives, sont
quelquefois rapportées après bloc nerveux mandibulaire
(Paxton et al., 1994 ; Hotta et al., 2002 ; Haas et Lennon, 1995).

2 - Lésions liées au traitement endodontique


a - Lésions du nerf alvéolaire inférieur
Figure 5.3 Traitement endodontique réalisé sur la 37, proche du
Important ! Parmi les lésions nerveuses postendodontiques, canal mandibulaire, associé à une paresthésie non douloureuse
les lésions du nerf alvéolaire inférieur sont les mieux docu- de l’hémilèvre ipsilatérale depuis un an et demi. On note un
mentées. La proximité anatomique de ce nerf et des apex dépassement d’obturation dans la racine distale et la présence
d’un fragment d’instrument cassé dans la racine mésiale.

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Conséquences nerveuses des traitements endodontiques 5
• dépassement de matériau d’obturation (fig. 5.4). L’effet délé- tectrice capable de s’opposer à la toxicité du ciment. En
tère du dépassement peut résulter lui-même de plusieurs cas de lésion de l’épinèvre, les fascicules nerveux internes
causes : seraient alors particulièrement exposés à la toxicité du
- d’une action mécanique, le matériau pouvant entraîner ciment,
une compression du nerf dans le canal, directement ou - de bactéries. Les germes présents dans le canal ou au
indirectement par l’œdème inflammatoire (Nitzan et al., niveau péri-apical sont susceptibles d’être projetés dans le
1983 ; Fanibunda et al., 1998), canal mandibulaire. Le matériau lui-même peut entraîner
- d’une irritation chimique, la plupart des matériaux d’obtu- la prolifération de certains germes (Legent et al., 1989) ;
ration endodontiques étant irritants dans des modèles
in vitro ou sur des cultures cellulaires. Certaines pâtes 2 - Traitement
d’obturation entraînent des processus de démyélinisation ◆ Prévention
et de changements d’excitabilité neuronale (Boiesen et Si les accidents sont toujours possibles, ils restent la plupart
Brodin, 1991 ; Asgari et al., 2003). Si certaines pâtes d’obtu- du temps évitables en respectant les procédures recomman-
ration peuvent se résorber spontanément dans un délai de dées : bilan d’imagerie préopératoire (fig. 5.5), mesure et res-
quelques mois avec disparition des symptômes (Kawakami pect de la longueur de travail, travail des instruments en
et al., 1991a et 1991b), d’autres en revanche induisent des retrait et non en poussée afin de ne rien propulser dans le
changements à plus long terme et parfois définitifs péri-apex, contrôle de la quantité de ciment et enduction
(Leinenbach et al., 1993). Les ciments les plus neuro- limitée des parois à l’aide du cône de gutta ou d’une lime et
toxiques semblent être ceux contenant du paraformaldé- surtout pas au bourre-pâte de Lentulo, utilisation de maté-
hyde ou ses analogues, mais les ciments ZOE sont riaux à faible toxicité…
également toxiques à des degrés divers (Hume, 1988). L’eu-
génol a également été incriminé mais des études récentes ◆ Traitement chirurgical
indiquent qu’il aurait plutôt une action analgésique (Park
et al., 2009). La toxicité seule du ciment ne semble pas Important ! L’approche thérapeutique reste controversée
expliquer à elle seule la symptomatologie. La situation du du fait de la rareté des cas et du manque d’études à fort
matériau vis-à-vis du nerf semble également importante. niveau de preuves. Elle dépend à la fois de la symptomato-
logie, de l’ampleur et de la localisation anatomique des
Pogrel (2007) constate, d’après ses observations chirurgi-
dépassements.
cales, que l’épinèvre semble jouer un rôle de barrière pro-

Figure 5.4 A. Représentation des effets nerveux iatrogènes pos- Figure 5.5 Bilan d’imagerie avant chirurgie endodontique sur la
sibles du bourre-pâte de Lentulo dans le cas d’un apex situé à 44 (scanner cone beam). L’émergence du nerf mentonnier est
proximité du canal mandibulaire. Le ciment d’obturation peut nettement visible (flèches jaunes). Un foramen accessoire est
être propulsé dans le canal, au voisinage des éléments nerveux. également objectivé (flèches rouges).
Il peut rester à l’extérieur de l’épinèvre ou s’insérer entre les
fascicules nerveux constituant le nerf alvéolaire inférieur. B, C et
D. Exemples cliniques de projections iatrogènes de ciment d’ob-
turation dans le canal mandibulaire.

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5 Endodontie

Pogrel (2007), sur des plus grandes séries publiées portant sur
douleurs qui surviennent après traitement endodontique
61 patients présentant des projections de matériau d’obtura-
sans lésion apparente autre que la pulpectomie. La douleur
tion dans le canal mandibulaire, observe que : peut être contemporaine de l’acte et la correspondance
- 8 patients étaient asymptomatiques, probablement parce sera facilitée.
que le matériau était resté à la périphérie de l’épinèvre sans
pénétrer dans l’endonèvre et/ou que le ciment n’était pas
neurotoxique ;
- 42 patients présentaient des symptômes légers et ont été Cependant, le fait qu’on ne puisse objectiver la lésion est
suivis sans intervention avec une amélioration des symp- une source d’incertitude et d’incompréhension entre le
tômes dans le temps pour 10 % d’entre eux ; patient et le praticien, ce dernier ayant souvent tendance
- 11 patients ont été traités chirurgicalement, dont 5 l’ont été à minimiser le problème et à attendre une éventuelle amé-
lioration. Avec le temps, la douleur s’installe et la plainte
dans les 48 heures et ont récupéré complètement. Les
du patient s’accentue, amplifiée par la non-reconnaissance
6 patients restants ont été opérés dans un délai de 10 jours de sa douleur.
à 3 mois et 4 d’entre eux ont ressenti une amélioration tan-
dis que 2 n’en ont ressenti aucune. L’auteur suggère qu’une
intervention précoce est la plus à même d’amener la résolu-
Du fait de la douleur persistante, le praticien peut penser
tion des symptômes. Ces résultats confortent ceux de Grötz
s’être trompé de diagnostic et proposer d’autres traitements
et al. (1998) qui observent également une amélioration
comme une chirurgie apicale ou l’extraction de la dent incri-
significative après chirurgie d’exérèse. Le type d’approche
minée. Parfois viennent s’ajouter des traitements endo-
chirurgicale est variable selon les auteurs et le type de
dontiques et/ou des extractions des dents voisines, sans
situation clinique incluant résection apicale et débride-
résultat. Non seulement la douleur va persister mais va s’y
ment, extraction et curetage, ostéotomie corticale d’accès
ajouter une incapacité fonctionnelle liée à l’édentement
par voie endobuccale ou exobuccale.
(Marbach et al., 1982). De plus, du fait de la sensibilisation de
la zone édentée, les prothèses seront mal tolérées, ce qui
Important ! Il est cependant difficile de juger du type de aggravera la plainte du patient.
lésion sur les documents d’imagerie et de la réversibilité
des symptômes. Le risque de lésion consécutive à une inter-
vention mal maîtrisée est important. Le choix de l’interven- Remarque : cenpendant, Vickers et Cousins (2000) rap-
tion chirurgicale doit donc être bien pesé, après examens pellent qu’il est impossible, en l’état actuel des connais-
d’imagerie 3D notamment, et la technique opératoire doit sances, d’affirmer que les procédures endodontiques sont
être particulièrement sûre. des facteurs causaux principaux du développement des
douleurs neuropathiques trigéminales. Les changements
pathologiques à l’œuvre en cas de pulpite (sensibilisation
Les progrès réalisés en matière d’aides optiques et de piézo- périphérique et centrale, changements phénotypiques et
fonctionnels, activation gliale, etc.) pourraient être au
tomes sont en ce sens prometteurs dans la mesure où les
moins aussi importants que les lésions nerveuses trauma-
risques de lésion nerveuse sont moindres avec ces instru- tiques.
ments qu’avec les instruments rotatifs. La connaissance de la
structure du nerf alvéolaire inférieur permet d’éviter les
écueils lors de la chirurgie (Carpentier et al., 2009 ; Pogrel
et al., 2009). 3 - Douleurs retardées
◆ Traitement médicamenteux
Note : quand le lien entre la lésion et l’apparition de la dou-
L’utilisation de corticoïdes a été conseillée par certains
leur n’est pas immédiat, il est plus difficile d’établir avec
auteurs (Morse, 1997 ; Gatot et Tovi, 1986) afin de diminuer certitude un lien de cause à effet.
l’œdème et la réponse inflammatoire au matériau d’obtura-
tion et apporter une amélioration de la symptomatologie ou
permettre d’attendre pendant 24 ou 48 heures une interven- Cependant, en raison des changements neuronaux décrits
tion. Cependant, il n’existe aucun consensus ni aucune précédemment, il est fort probable que les traitements
recommandation officielle pour ce traitement tant pour la endodontiques puissent expliquer certains tableaux cliniques
molécule que pour la posologie ou la durée du traitement. tels que l’odontalgie atypique, l’algie faciale atypique ou les
En cas de symptomatologie douloureuse installée, le traite- syndromes douloureux régionaux complexes (SDRC).
ment est celui des douleurs neuropathiques (Attal et al., 2010). Il faut noter également que l’effet des désafférentations
pourrait être cumulatif. Des lésions localisées et intéressant
b - Autres lésions peu de fibres nerveuses peuvent ne pas se traduire clinique-
ment tandis que des lésions intéressant un nombre de fibres
Note : les cas de lésions du nerf alvéolaire inférieur sont les plus important, soit lors de la même lésion soit à la suite de
mieux documentés car le tronc nerveux est important et
facilement objectivable en imagerie. Il existe également des lésions cumulées, deviendraient suffisantes pour affecter le
traitement des informations douloureuses (Woda, 2009).

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Conséquences nerveuses des traitements endodontiques 5
a - Odontalgie atypique/algie faciale atypique
Important ! En effet, les douleurs chroniques affectent
Important ! L’odontalgie atypique (OA), initialement bapti- négativement les émotions et l’humeur. Il est donc impos-
sée « douleur de dent fantôme » (Marbach, 1978, 1993a et sible d’affirmer l’existence d’une relation causale entre les
1993b) est une douleur dentaire sans cause organique déce- facteurs psychologiques ou émotionnels, les traits de per-
lable incluse dans le groupe des algies oro-faciales idiopa- sonnalité ou un quelconque événement de vie et la pré-
thiques regroupant les douleurs oro-faciales présentant des sence d’une douleur oro-faciale idiopathique. Néanmoins,
tableaux cliniques proches mais qui diffèrent par le lieu du les facteurs psycho-sociaux peuvent prédisposer certains
ressenti (Feinmann, 1996 ; Harris, 1996 ; Woda et Pionchon, individus à développer des douleurs (Okeson, 1996). Ils
1998 et 1999). peuvent aussi constituer des facteurs d’entretien de dou-
leurs déjà établies.

L’odontalgie atypique correspond à une douleur ressentie


Les examens radiologiques et les examens de laboratoire
dans une dent et l’algie faciale atypique (AFA) à une douleur
sont négatifs hormis la thermographie faciale (Graff-Radford
ressentie dans l’os (Woda et al., 2005). Ces douleurs sont
et Solberg, 1992 ; Gratt et al., 1989).
décrites chez l’adulte avec une prévalence de l’ordre de 2 à
Les caractéristiques de la douleur laissent supposer un méca-
6 % (Campbell et al., 1990 ; Marbach et al., 1982 ; Ram et al.,
nisme neuropathique et l’historique médical permet souvent
2009). Les prémolaires et molaires sont le plus souvent
d’identifier des antécédents de soins dentaires, de chirurgie
concernées, et le maxillaire plus que la mandibule (Graff-
buccale ou ORL.
Radford, 1993 ; Graff-Radford et Solberg, 1992). La douleur est
diurne, continue pendant tout ou partie de la journée, mais
ne perturbe pas le sommeil. Elle peut être présente pendant L’odontalgie atypique et l’algie faciale atypique pourraient
plusieurs mois ou revenir périodiquement sous la même donc être les conséquences de traumatismes nerveux consé-
forme pendant des années (Marbach, 1993a) (tableau 5.1). cutifs aux procédures chirurgicales orales (pulpectomies,
chirurgie apicale, extraction, chirurgie parodontale, etc.).
La douleur est modérée à intense, habituellement ressentie
sur un mode continu ; il n’existe pas de zone gâchette mais la
douleur peut être intensifiée par une stimulation non noci- Cependant, les traumatismes nerveux ne sont probablement
ceptive de la zone douloureuse ; elle peut être décrite pas les seuls facteurs responsables. La prédominance fémi-
comme pulsatile ou sourde, mais également avec d’autres nine laisse supposer un facteur hormonal, tout comme la
qualificatifs ; une ou plusieurs dents peuvent présenter une tranche d’âge concernée un facteur métabolique (Vickers
hypersensibilité aux stimulations thermiques, mais ne sont et al., 1998 ; Merskey et Bogduk, 1994 ; Brooke, 1998 ; Rees et
pas sensibles à la percussion ; la palpation alvéolaire peut Harris, 1979 ; Bates, 1991 ; Schnurr et Brooke, 1992 ; Graff-Rad-
également être sensible à la pression mécanique (Marbach ford, 1993). La prédominance maxillaire laisse également sup-
1993b ; Graff-Radford 1993 ; Graff-Radford et Solberg, 1992 ; poser l’intervention de spécificités anatomo-physiologiques.
Vickers et al., 1998). Le rôle du système nerveux autonome a été également été
La douleur est résistante aux antalgiques de palier 1 (AINS, évoqué (Vickers et al., 1998 ; Graff-Radford, 1993).
paracétamol, aspirine) et aux morphiniques. L’injection locale
ou régionale d’une solution anesthésique donne un résultat b - Syndromes douloureux régionaux complexes
incertain (Bates, 1991).
Certains auteurs ont établi des corrélations entre l’état psy- Les syndromes douloureux régionaux complexes sont des
chologique et la symptomatologie et ont proposé une ori- affections caractérisées par des douleurs spontanées :
gine psychogène aux douleurs. Ces hypothèses ont été allodynies ou hyperalgies disproportionnées par rapport à
l’événement initial. La douleur n’est pas limitée à un simple
réfutées : les corrélations ne sont pas plus marquées que
territoire nerveux périphérique.
dans les autres douleurs chroniques (Schnurr et al., 1990 ; de
Leeuw et al., 1994) et, dans de nombreux cas, les troubles psy-
chologiques seraient la conséquence et non la cause de la Les syndromes douloureux régionaux complexes de type II
douleur (Gamsa, 1994). (autrefois appelées causalgies) sont consécutifs à une lésion

Tableau 5.1 Critères diagnostiques de l’odontalgie atypique (d’après Woda et Pionchon, 2001).
Douleur Localisée au niveau d’une dent présente ou extraite récemment
Présente depuis plus de 4 à 6 mois ou revient périodiquement sous la même forme pour une
durée supérieure à plusieurs mois ou années
Continue, présente pendant tout ou partie de la journée, ne perturbe pas le sommeil
Ne présente pas de caractère paroxystique majeur
Examens cliniques et radiologiques Ne révèlent pas de cause locale manifeste
Éléments fréquents Allodynie (nommée hyperesthésie par Graff-Radford et Solberg, 1992)
Effet de l’anesthésie locorégionale ambigu

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5 Endodontie

nerveuse, tandis que l’événement initial est un événement D - Reconnaissance des douleurs
douloureux sans lésion nerveuse apparente dans ceux de
type I (autrefois appelés neuro-algodystrophies ou algodys-
non dentaires
trophies sympathiques) (Merskey et Bogduk 1994). L’histoire
Les douleurs neuropathiques ont fréquemment une
clinique indique un œdème, des anomalies vasomotrices et expression clinique différente de celle des autres types de
des sudations dans la région douloureuse depuis l’événe- douleurs et dysesthésies et les patients utilisent des
ment les ayant déclenchés. L’examen clinique ne permet pas termes différents pour les qualifier. Un questionnaire pré-
d’identifier un problème particulier. Ces syndromes ont été sentant de bonnes sensibilité et spécificité vis-à-vis des
décrits au niveau de la face avec des caractéristiques un peu douleurs neuropathiques, le DN4, a été mis au point.
différentes (Lynch et Elgeneidy, 1996 ; Saxen et Campbell,
1995 ; Veldman et Jacobs, 1994) et un rapprochement avec les
algies faciales atypiques a été proposé (Woda et Pionchon, Ce questionnaire, simple à mettre en œuvre, comprend une
2001 ; Melis et al., 2002). Dans les syndromes douloureux liste de qualificatifs les plus employés par les patients pour
régionaux complexes oro-faciaux comme dans l’algie faciale décrire les douleurs neuropathiques (Bouhassira et al., 2004),
atypique, les phénomènes sudomoteurs sont le plus souvent tels que fourmillement, décharges électriques, picotement
absents (Lynch et Elgeneidy, 1996 ; Jaeger et al., 1986) et les ou sensation de froid douloureux. Le DN4 comporte en outre
signes associés vasculaires ainsi que l’œdème sont moins une recherche clinique de dysesthésie et d’allodynie dyna-
visibles et/ou moins fréquents qu’au niveau des membres mique (douleur évoquée par un frottement habituellement
(Jaeger et al., 1986). Parallèlement, les signes sympathiques non douloureux). Sans se substituer à l’examen neurologique,
associés à l’algie faciale atypique semblent moins fréquents il constitue une aide précieuse pour le dépistage des dou-
et moins intenses que dans le syndrome douloureux régional leurs neuropathiques.
complexe de type I. Ces différences peuvent s’expliquer par Dans le même état d’esprit, Aggarwal et al. (2008) ont com-
le fait qu’il y a moins de fibres sympathiques dans le triju- paré les douleurs oro-faciales inexpliquées (DOI) et les dou-
meau que dans les racines dorsales de la moelle épinière leurs dentaires à l’aide des qualificatifs utilisés pour les
(Hoffmann et Matthews, 1990). décrire. Ils ont rapporté que les patients souffrant des pre-
mières les décrivaient plus fréquemment comme des picote-
ments douloureux et harcelant, elles étaient accrues par le
C - Conséquences gustatives stress, mal localisées, persistantes et chroniques, fortement
Plusieurs études ont montré que le système somesthésique
trigéminal et le système gustatif interagissaient à différents
niveaux. Les deux systèmes activés en parallèle lors de l’in- 120 % Contrôles
gestion alimentaire exercent l’un sur l’autre des modulations DD 1-3
bidirectionnelles. 100 % DD 4-6
DD 7-9
La stimulation des nerfs somesthésiques peut par exemple DD > 9
80 %
Seuil EGM (µV)

diminuer les réponses gustatives au niveau du tronc cérébral


(Simons et al., 2003 et 2006 ; Boucher et al., 2003). 60 %

Shafer et al. (1999) ont montré que l’extraction des dents 40 %


de sagesse pouvait induire des augmentations des seuils
gustatifs à long terme. Boucher et al., (2006) ont montré 20 %
que les pulpectomies et les extractions, responsables de
l’essentiel des désafférentations orales, entraînaient une 0%
Ld Pd Dd Ad Ac Ag Dg Pg Lg Pal
diminution à long terme de la sensibilité gustative.

Figure 5.6 Effet des désafférentations dentaires nerveuses (DD)


Cette diminution, mesurée par électrogustométrie, devenait résultant de pulpectomies et d’extractions sur les seuils gusta-
tifs mesurés par électrogustométrie (EGM) en divers sites de la
significative pour 7 désafférentations (fig. 5.6). Cette perte de
langue (L : latéral ; P : postérieur ; D : dorsal; A : antérieur ; d :
sensibilité n’était pas perceptible par le sujet. Les auteurs droit ; g : gauche ; c : central) et au palais (Pal). Les seuils gustatifs
interprétaient cette diminution de la sensibilité comme une sont significativement plus élevés par rapport à ceux des sujets
modification à long terme de l’organisation neuronale trigé- contrôles au-delà de 7 DD, pour tous les sites mesurés (d’après
mino-gustative. Boucher et al., 2006).

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Conséquences nerveuses des traitements endodontiques 5
invalidantes. Elles généraient par ailleurs des consultations récepteurs glutamatergiques NMDA peuvent être considérés
multiples et étaient plus associées à des comorbidités (grin- (Attal et al., 2010 ; O’Connor et Dworkin, 2009).
cements, plaintes d’autres syndromes inexpliqués) que les
douleurs dentaires. Ils concluaient qu’elles ont des caracté-
ristiques distinctes des douleurs dentaires et conseillaient
d’appliquer cette approche en clinique afin de réaliser un dia- III - Conclusion
gnostic précoce. Les complications mentionnées au cours de cette revue
pourraient constituer un frein à la pratique des traitements
endodontiques. Heureusement, toutes les lésions nerveuses
E - Traitement produites, volontaires ou involontaires, ne s’accompagnent
pas nécessairement des complications décrites ci-dessus.
Essentiel : le traitement des douleurs neuropathiques est
différent de celui des douleurs nociceptives ou inflamma-
toires et ne peut se limiter à une prescription médicamen- Le praticien doit cependant être conscient des risques de
teuse. Du fait de la chronicité et de la complexité de ces lésions nerveuses, des tableaux cliniques associés et des
douleurs et de leur impact sur la vie du sujet, les facteurs mécanismes qui les sous-tendent afin, d’une part, de les
psycho-sociaux doivent impérativement être pris en compte prévenir et, d’autre part, de les reconnaître, pour pouvoir
et une approche intégrée, psychologique et médicale, avec ensuite les traiter de manière appropriée. Il peut en préve-
projet thérapeutique, doit être mise en œuvre (Zakrzewska, nir un certain nombre en intégrant le risque de neuropa-
2002). Le but de cet article n’est pas de préciser la prise en thie dans l’évaluation bénéfice/risque pour le patient, en
charge de ces patients et le lecteur est invité à consulter des ne dépulpant que lorsque c’est nécessaire. La dépulpation
ouvrages plus détaillés (Bouhassira et Attal, 2007). à visée prothétique peut par exemple être reconsidérée à
la lumière de ces informations.
D’un point de vue médicamenteux, d’après les études cli-
niques contrôlées et randomisées, les molécules recomman- L’imagerie préopératoire peut également permettre de pré-
dées en première ligne pour le traitement des douleurs venir certaines complications. Enfin, en reconnaissant ces
neuropathiques sont des antidépresseurs (tricycliques et douleurs, le praticien pourra éviter des erreurs de diagnostic
inhibiteurs de recapture de la sérotonine et de la noradréna- et ne pas entreprendre de traitements non indiqués. Si la
line, ou IRSNA), les antagonistes des sous-unités α2-δ des douleur ne disparaît pas après un traitement endodontique,
canaux calciques (c’est-à-dire gabapentine et prégabaline) et la dépulpation ou l’extraction des dents voisines risque d’ac-
la lidocaïne topique. Les analgésiques opioïdes et le trama- croître les dommages et d’empirer la symptomatologie. Il
dol sont recommandés en seconde intention ou en première faut remarquer que le praticien n’est pas seul en cause dans
dans certaines circonstances cliniques particulières. En troi- ces traitements inadéquats. Il est souvent difficile de résister
sième intention, d’autres antidépresseurs et antiépileptiques, à la pression du patient demandant de dépulper ou d’extraire
la capsaïcine topique, la mexilétine et les antagonistes des la dent qui lui paraît responsable de ses douleurs.

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Conséquences nerveuses des traitements endodontiques 5
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6
Endodontie et état général
O. LABOUX, A. GAUDIN

É
tat général et endodontie ? Il est normal, il est déonto- décrite à partir des corrélations retrouvées entre la flore
logique, il est professionnel de se poser la question. Les endodontique et les bactéries prélevées sur les valves conta-
relations entre les thérapeutiques endodontiques et un minées. L’utilisation de techniques de biologie moléculaire,
certain nombre de pathologies sont connues, mais sont-elles telles que la transcription inverse de la réaction en chaîne par
réellement démontrées scientifiquement ? Par exemple, l’in- polymérase (RT-PCR, reverse transcription polymerase chain
fection focale sur une valve cardiaque ou une prothèse arti- reaction) ou la PCR quantitative (q-PCR, quantitative PCR), a
culaire reste théoriquement possible mais peu de preuves permis d’affiner les connaissances sur la microbiologie endo-
médicales et scientifiques permettent de la confirmer. Le dontique et, notamment, sur les biofilms.
plus souvent, et dans le meilleur des cas, des conférences de
consensus sont établies aux dires d’experts qui se fondent sur À ce jour, les répercussions cardiaques des procédures
la littérature scientifique disponible. Pour la cardiologie, ces endodontiques ne sont toujours pas scientifiquement
consensus sont de plus en plus nombreux et parfois contra- démontrées et de nouvelles recherches cliniques restent
dictoires. Quant aux prothèses articulaires, il n’y a actuelle- nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
ment aucun consensus à propos de la conduite à tenir.

Dans le doute, seul le principe de précaution impose des Au quotidien, le patient considéré comme à risque, pour un
recommandations, dont les conséquences sont un grand acte réputé lui aussi à risque, est au cœur d’une décision
nombre d’avulsions et des prescriptions antibioprophylac- médicale partagée entre le chirurgien-dentiste et le cardio-
tiques préventives probablement excessives et sans preuve logue, l’un ne maîtrisant que très peu les pathologies car-
d’une réelle efficacité. Cette attitude préventive doit diaques, l’autre ne connaissant que très peu les actes
constamment être révisée. Les objectifs de ce chapitre bucco-dentaires et leurs complications éventuelles.
sont de rappeler les recommandations actuelles concer-
nant l’endodontie et de décrire leurs fondements afin de
guider le praticien dans ses décisions thérapeutiques. Cette rencontre entre deux « ignorances » conduit à une
antibioprophylaxie presque systématique et des décisions
draconiennes du type avulsion.

I - Endodontie et endocardite À titre d’exemple, dans le cas d’un patient avec un prolapsus
infectieuse valvulaire mitral, le chirurgien-dentiste ne maîtrise peut-être
pas totalement l’importance de cette pathologie en fonction
de l’existence ou non d’un souffle, avec ou sans épaississe-
A - Théories, principe de précaution ment, caractérisé à l’échographie ou non. A contrario, le
et recommandations médecin généraliste ou le cardiologue auront du mal à éva-
luer le risque infectieux d’un retraitement endodontique.
La cavité buccale est considérée comme la porte d’entrée Dans ces conditions, le praticien doit se fonder sur les recom-
principale de nombreuses infections dites focales, notam- mandations en vigueur dans son pays d’exercice même si,
ment cardiaques, depuis de nombreuses années. À défaut parfois, celles-ci peuvent se révéler être contradictoires
de trouver l’origine de la pathologie, la bouche est sou- (Horstkotte et al., 2004 ; Danchin et al., 2005 ; Gould et al.,
vent incriminée. 2006 ; Naber et al., 2007 ; Wilson et al., 2007 ; Bonow et al.,
2008 ; Nishimura et al., 2008 ; Richey et al., 2008). Ces recom-
mandations sont régulièrement révisées, en fonction de
Des générations de praticiens ont été formées à partir de ce l’évolution des connaissances en microbiologie, des
modèle d’infection focale, considérant que des bactéries recherches en santé publique, du vieillissement de la popula-
essentiellement d’origine endodontique pouvaient coloniser tion et de l’accroissement de la population vieillissante et
les valves cardiaques à l’issue d’une bactériémie peropéra- fragilisée par les pathologies cardiaques. En revanche, une
toire. L’origine de cette endocardite infectieuse (EI) a été meilleure prise en charge des pathologies infantiles influence

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6 Endodontie

considérablement le nombre de patients ayant souffert d’un - addiction à des substances illicites par voie intraveineuse ou
rhumatisme articulaire aigu (RAA) et justifiant une prise en nasale (Friedman et al., 2002).
charge préventive. Un certain nombre d’études reflète l’accroissement des
En France, nous nous référons toujours à la conférence de infections à staphylocoque au détriment des infections à
2002, elle-même évolution du consensus de 1992. Or, depuis streptocoques buccaux (Moreillon et Que, 2004). Cela est
quelques années, de nombreuses conférences de consensus notamment le cas aux États-Unis d’Amérique et c’est proba-
sont publiées : il s’agit de recommandations établies aux dires blement lié à la forte prévalence des hémodialyses (par le fait
d’experts, s’appuyant sur la littérature scientifique ; tous ces d’une voie veineuse), du diabète sucré et du fort nombre de
travaux insistent sur le fait que le niveau de preuve dans le patients porteurs d’un dispositif intracardiaque (Cabell et al.,
domaine est faible. 2002 ; Fowler et al., 2005). Dans d’autres pays, la prévalence
Récemment (en 2007), s’appuyant notamment sur le fait que de l’endocardite infectieuse à Staphylococcus aureus (sta-
depuis les premières recommandations la prévalence de l’en- phylocoque doré) dépend davantage du nombre de consom-
docardite infectieuse n’avait pas été modifiée, l’American mateurs de stupéfiants par injection intraveineuse (Ribera
Heart Association (American Heart Association, 2007) a et al., 1998).
bousculé les principes érigés depuis des années en se focali-
sant sur une définition de patients à risque beaucoup plus L’endocardite infectieuse touche majoritairement le cœur
restreinte qu’auparavant. gauche, mais le cœur droit est atteint dans 5 à 10 % des cas
En 2008, la publication du National Institute for Health and (Frontera et Gradon 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wilson
Clinical Excellence (Richey et al., 2008) abonde en ce sens, en et al., 2002).
remettant grandement en cause nos protocoles.
En 2009 enfin, l’European Society of Cardiology (ESC) (Habib
et al., 2009) publie des recommandations. Cette pathologie peut concerner, d’une part, les patients
En 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits porteurs d’un stimulateur cardiaque (pacemaker) permanent,
de santé (ANSM) publie des recommandations sur la pres- d’un défibrillateur implantable, d’une maladie cardiaque
cription des antibiotiques en pratique buccodentaire et congénitale et, d’autre part, les consommateurs de stupé-
reprend les recommandations de l’ESC. fiants par injection intraveineuse (Wilson et al., 2002 ; Gebo
et al., 2006). Pour ces derniers, les particules de drogue injec-
Important ! L’endocardite infectieuse est une maladie qui tée bombardent la valve tricuspide (cœur droit) et peuvent
présente les particularités suivantes : en altérer la surface. Dans de mauvaises conditions d’hygiène,
- ni l’incidence ni la mortalité n’ont baissé depuis 30 ans qui plus est en cas de déficit immunitaire, une endocardite
(Moreillon et Que, 2004) ; infectieuse peut apparaître, dans laquelle le staphylocoque
- les formes cliniques sont diverses, en fonction de la lésion
doré est le plus souvent impliqué (Moss et Munt, 2003)
cardiaque sous-jacente, des micro-organismes impliqués,
de l’existence ou non de complications… ; (fig. 6.1).
- les recommandations préventives sont établies aux dires
d’experts compte tenu d’un niveau de preuves scienti-
fiques faible.

Valve mitrale
Thrombus
B - Épidémiologie de l’endocardite
infectieuse
Il y a plusieurs années, l’endocardite infectieuse concernait
essentiellement des adultes jeunes présentant des lésions
valvulaires identifiées, notamment associées à des antécé-
dents de rhumatisme articulaire aigu. Aujourd’hui, l’endocar- Végétations
dite infectieuse affecte principalement des patients âgés,
sans antécédents cardiaques connus ou porteurs d’une valve
prothétique.
Une étude récente conduite dans des pays industrialisés
montre une augmentation des endocardites infectieuses
chez les patients porteurs d’une valve prothétique ou souf-
frant d’un prolapsus valvulaire mitral (Tleyjeh et al., 2007). De
nouveaux facteurs de prédisposition se détachent désor- Figure 6.1 Valve mitrale présentant des végétations consécu-
mais : tives à une endocardite infectieuse. Noter la présence d’un
- valve prothétique ; thrombus proche d’un feston vestibulaire altéré. Photographie
- dégénérescence valvulaire sclérotique ; peropératoire sans préparation (Pr J.F. Godin, CHU de Nantes).

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Endodontie et état général 6
C - Incidence de l’endocardite infectieuse Important ! Une CNS peut toutefois provoquer une endo-
Selon les pays, l’incidence varie de 3 à 10 épisodes pour cardite infectieuse sur valve native, donnant alors une
forme clinique agressive :
100 000 personnes mais peut aller jusqu’à 14,5/100 000 pour
- endocardite infectieuse à culture négative due à un traite-
nos aînés de 70 à 80 ans. Les hommes sont deux fois plus ment antibiotique préalable ;
concernés que les femmes. Chez les secondes, la pathologie - endocardite infectieuse fréquemment associée à une
est généralement moins sévère et le recours à la chirurgie culture sanguine négative ;
moins fréquent que chez les premiers (Aksoy et al., 2007). - endocardite infectieuse associée à une culture négative
constante (5 % des endocardites infectieuses).

D - Classification et pronostic (tableau 6.1)


Remarque : le pronostic de l’endocardite infectieuse dépend F - Physiopathologie
d’un certain nombre de paramètres : de l’endocardite infectieuse
- de la topographie (cœur droit ou cœur gauche) ;
- du fait qu’il s’agit d’une infection nosocomiale ou non ; L’endothélium valvulaire, normalement résistant à la coloni-
- de la sévérité du tableau clinique ; sation bactérienne et à l’infection par les bactéries circu-
- de l’éventuelle récidive lantes, peut devenir le siège de dépôts de fibrine et de
plaquettes.

E - Microbiologie Les modifications topographiques engendrées créent des


zones de turbulences du flux sanguin (turbulences aggra-
L’endocardite infectieuse avec cultures positives est majori- vées par la présence de sondes ou de cathéters) ainsi que
taire, représentant 85 % de la totalité des endocardites infec- des zones inflammatoires et peuvent engendrer une dégé-
tieuses. Les germes impliqués sont les streptocoques (sanguis, nérescence valvulaire chez les personnes âgées (une fois
mutans, salivarius, mitis), les entérocoques (faecalis, faecium, sur deux chez les plus de 60 ans).
durans) et les staphylocoques (aureus). Ces derniers, sur valve
native, sont sensibles à l’oxacilline. Sur valve prothétique, le
staphylocoque est le plus souvent résistant à cet antibio- En cas d’inflammation associée ou non à une lésion préa-
tique (coagulase négative staphylococcique, CNS). lable, des intégrines de la famille β1 se lient à la surface endo-

Tableau 6.1 Classification des endocardites infectieuses à visée prothétique (d’après les recommandations de la Société européenne
de cardiologie, 2009).
En fonction de la localisation de l’infection Cœur gauche sur valve native
et de la présence ou non de matériel
Cœur gauche sur valve prothétique :
intracardiaque
❒ précoce (< 1 an après chirurgie)
❒ tardive (> 1 an après chirurgie)
Cœur droit
Dispositif médical (pacemaker ou défibrillateur)
En fonction du mode de contamination Endocardite infectieuse liée à un soin (nosocomiale ou non)
Communautaire (symptômes d’endocardite infectieuse < 48 heures après une admission d’un
malade ne présentant pas tous les signes d’endocardite infectieuse liée aux soins)
Drogue par voie intraveineuse
Endocardite Infectieuse active Avec fièvre persistante et culture positive
Ou morphologie inflammatoire observée en chirurgie
Ou patients toujours sous antibiothérapie
Ou résultats histopathologiques d’endocardite infectieuse
Récidive Rechute
Réinfection

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6 Endodontie

théliale et à la fibronectine circulante, facilitant ainsi le dépôt et donc très fréquentes. Cela expliquerait pourquoi la plu-
de S. aureus et autres pathogènes de l’endocardite infec- part des endocardites infectieuses ne seraient pas en rap-
tieuse sur la valve concernée. port avec des procédures invasives (Van der Meer et al.,
Il y aurait de la sorte deux grandes situations d’infection pri- 1992 ; Strom et al., 1998 ; Roberts et al., 1999 ; Duval et al.,
maire d’une valve : 2006 ; Forner et al., 2006) ;
- sur un endothélium physiquement modifié, favorisant l’in-
fection par la plupart des micro-organismes ; Il est ainsi établi que le risque de bactériémie serait de
- sur un endothélium indemne, propice à l’endocardite infec- 1 000 à 8 000 fois plus important dans la vie quotidienne
tieuse à S. aureus. qu’à la suite d’une procédure thérapeutique dentaire (Pal-
lasch et Wahl, 2003). Cela met l’accent sur l’importance du
maintien d’une bonne hygiène orale et d’un suivi régulier.
G - Diagnostic de l’endocardite infectieuse
L’endocardite infectieuse peut être suspectée cliniquement
- le risque de choc anaphylactique lié à l’emploi d’antibiotiques
dans les situations suivantes :
ne peut être écarté, bien qu’aucun cas fatal n’ait été rapporté
• apparition d’un nouveau souffle cardiaque ;
dans la littérature médicale à ce jour (Shanson, 2008) ;
• événement embolique de cause inconnue ;
- cette antibioprophylaxie systématique pourrait favoriser
• bactériémie de cause inconnue ;
l’apparition de résistances aux antibiotiques ;
• fièvre, notamment en cas :
- les preuves scientifiques montrant l’intérêt de l’antibiopro-
- de présence de matériel prothétique intracardiaque (valve
phylaxie sont inexistantes. En effet, les différentes études
prothétique, pacemaker, défibrillateur implanté),
concernant ce sujet sont souvent contradictoires (Hall et al.,
- d’antécédents d’endocardite infectieuse,
1993 ; Lockhart et al., 2008). À ce jour, aucune étude au
- d’antécédent de maladie valvulaire ou de maladie car-
niveau de preuve suffisant (prospective, randomisée, en
diaque congénitale.
double aveugle ) n’a permis de justifier une attitude théra-
peutique par rapport à une autre.
Essentiel : le diagnostic d’endocardite infectieuse sera C’est ainsi que plusieurs recommandations ont été proposées
fondé sur l’observation clinique, l’échocardiographie trans- par les sociétés cardio-vasculaires à travers le monde afin de
thoracique ou transœsophagienne et le prélèvement
microbiologique (avec PCR, polymerase chain reaction).
définir des protocoles (Danchin et al., 2002 ; Wilson et al.,
2007 ; Naber et al., 2007).

Le traitement consiste en une administration d’amoxicilline Important ! Même si des divergences subsistent, toutes ces
(de 100 à 200 mg/kg/j) par voie intraveineuse en 4 à 6 doses recommandations se rejoignent sur trois points :
pendant 4 semaines. Environ 50 % des patients hospitalisés - la large prescription antibioprophylactique n’est plus d’ac-
seront opérés (Castillo et al., 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wal- tualité ;
- l’antibioprophylaxie doit être limitée au haut risque d’en-
lace et al., 2002).
docardite infectieuse ;
La mortalité des patients hospitalisés varie entre 9,6 et 26 % - une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier des
(Hoen et al., 2002 ; Thuny et al., 2005 ; Delahaye et al., 2007 ; patients sont des éléments déterminants dans la préven-
San Román et al., 2007). Ce taux variable s’explique par diffé- tion de l’endocardite infectieuse.
rents facteurs : le patient lui-même, la présence ou non de
complications cardiaques et la nature du germe impliqué.

H - Mesures préventives II - Quels sont les principes


Le principe de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse
des nouvelles recommandations ?
a été proposé, sur la base d’observations cliniques, au début du Il convient finalement de distinguer les patients à risque,
XXe siècle. Ces mesures préventives restent aujourd’hui sujettes d’une part, et les procédures à risque, d’autre part.
à polémique, ainsi que l’implication des procédures odontolo-
giques sur les risques de contamination pouvant conduire à une
endocardite infectieuse. Pourquoi ? Parce que : A - Patients à risque
- la mesure du risque lié à la procédure est mal évaluée. La D’après l’ANSM, les patients à risque sont ceux :
bactériémie n’est pas seulement présente lors de procé- • qui sont porteurs d’une valve prothétique ou de matériel
dures de soins invasives, au cours desquelles elle est quasi- prothétique de réparation valvulaire. Ils présentent un haut
ment systématique (Moreillon et al., 1988 ; Lockhart, 2000), risque d’endocardite infectieuse, un risque de mortalité
mais elle peut également survenir au cours de la mastication accru et sont exposés à des complications particulièrement
et du brossage des dents. Ces bactériémies « spontanées » sévères (Anderson et al., 2005 ; Lalani et al., 2006) ;
sont faibles et limitées dans le temps (de 1 à 100 CFU/ml de • qui ont déjà eu une endocardite infectieuse ; ils sont égale-
sang pendant moins de 10 minutes) mais pluriquotidiennes ment exposés à une mortalité supérieure et des complica-

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Endodontie et état général 6
tions plus sévères que les autres (Renzulli et al., 2001 ; Chu B - Procédures à risque
et al., 2005) ;
• qui sont porteurs d’une cardiopathie congénitale cyanogène : Les procédures endodontiques à risque sont :
- non opérée ou dérivation chirurgicale pulmonaire-systé- - le sondage parodontologique à visée diagnostique ;
mique ; - la chirurgie de la région péri-apicale ;
- opérée, mais présentant un shunt résiduel ; - les thérapeutiques endodontiques.
- opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par
voie chirurgicale ou transcutanée, sans fuite résiduelle, Essentiel : l’antibioprophylaxie, ciblée principalement
seulement dans les 6 mois suivant la mise en place ; contre les streptocoques, est dans ces cas recommandée
- opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par pour les patients à risque décrits ci-dessus (tableau 6.2).
voie chirurgicale ou transcutanée avec shunt résiduel.
La Société européenne de cardiologie (Habib et al., 2009) ne Les fluoroquinolones et les glycopeptides ne sont pas recom-
recommande pas d’antibioprophylaxie pour les patients mandés car, d’une part, leur efficacité n’est pas démontrée et,
transplantés cardiaques ni pour ceux souffrant d’autres mala- d’autre part, ils présentent un potentiel important de déve-
dies sur valve native (incluant même les formes les plus cou- loppement de résistances bactériennes.
rantes : bicuspidie aortique, prolapsus valvulaire mitral,
sténose aortique) (fig. 6.2). En conclusion, les dernières recommandations limitent
l’antibioprophylaxie aux seuls patients à risque devant
Dent à pulpe Dent à pulpe subir des actes dentaires également à risque. Il apparaît
non vitale vitale qu’une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier
RTE* sont des éléments majeurs de réduction de la prévalence
de l’endocardite infectieuse. L’information du patient, tant
Endodontie strictement Endodontie strictement
pour les décisions thérapeutiques que pour le suivi à insti-
contre-indiquée contrôlée tuer, reste un élément primordial de prévention.

Antibioprophylaxie
À l’exception des groupes à risque, les prescriptions antibio-
prophylactiques sont de plus en plus limitées et les précau-
Asepsie stricte Séance Endodonte totalement tions d’asepsie locale, notamment la pose du champ
(digue étanche obligatoire) unique accessible (monoradiculées) opératoire, restent les moyens les plus appropriés pour
En tout temps : avis du cardiologue, information et consentement du patient,
prévenir tout risque de dissémination bactérienne. Afin de
praticien compétent, instauration d’un suivi préciser la ou les pathologies (tableau 6.1), le contact systé-
*RTE : retraitement endodontique.
matique avec le médecin traitant et/ou le cardiologue est
indispensable. Dans l’exemple de gauche (tableau 6.3), le
Figure 6.2 Résumé de la conduite à tenir chez un patient pré- courrier conduira probablement le cardiologue à prescrire
sentant un risque d’endocardite infectieuse. une antibioprophylaxie, le plus souvent parce qu’il ne connaît

Tableau 6.2 Recommandations de prescription de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse.


Simple dose 30-60 min avant l’intervention
Situation/pénicilline (per os ou IV)
Antibiotique
ou ampicilline
Adulte Enfant
Non allergique Amoxicilline ou ampicilline 2g 50 mg/kg
Allergique Clindamycine 600 mg 20 mg/kg

Tableau 6.3 Exemples de lettres du chirurgien-dentiste au cardiologue.


Dr Meslah DIGUE Dr Meslah DIGUE
Chirurgien-dentiste Chirurgien-dentiste

Dr Jacoud OSLER Dr Jacoud OSLER


Cardiologue Cardiologue

Mon cher Confrère Mon cher Confrère

Nous recevons en consultation ce jour M… Nous recevons en consultation ce jour M…


Je vous remercie de m’indiquer si vous jugez qu’il y a un risque oslérien Je vous remercie de m’indiquer la nature exacte de l’affection dont M…
nous déclare être porteur…

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6 Endodontie

pas la nature du risque lié à l’acte dentaire à venir. L’exemple A - Risque d’infection
de droite, quant à lui, permet au chirurgien-dentiste de
prendre une décision thérapeutique en toute connaissance
sur prothèse articulaire
de cause. Le risque est multifactoriel et complexe à analyser. En résumé,
il dépend de quatre facteurs : la bactériémie, le statut général
du patient, la prothèse en elle-même et la nature des micro-
organismes impliqués.
III - Patients porteurs de prothèse Les traitements endodontiques génèrent une bactériémie
articulaire faible, notamment par rapport aux extractions et aux soins
Le remplacement d’une prothèse articulaire (hanche et genou parodontaux. En revanche, les activités courantes (brossage,
principalement) est devenu une intervention courante en mastication) ont une probabilité plus élevée de déclencher
chirurgie orthopédique (fig. 6.3). Si le risque de contamina- une bactériémie, d’intensité plus importante (Olsen, 2008).
tion préopératoire a diminué grâce à l’amélioration des Souvent comparé à l’endocardite infectieuse, le sepsis d’un
conditions d’asepsie et à l’utilisation des antibiotiques, le implant articulaire se différencie par ses mécanismes physio-
risque d’infection secondaire persiste et s’élève en raison du pathologiques et sa bactériologie. Les travaux de Gristina et
nombre croissant d’arthroplasties et de l’augmentation de la Costerton (1985) ont montré que la présence d’un corps
durée de vie des patients (Bauer et al., 2007). L’infection étranger favorisait le développement d’un germe habituelle-
d’une arthroplastie constitue une complication dévastatrice, ment anodin. Ces auteurs décrivent une zone d’immuno-
notamment en termes de fonctionnalité, dont les évolutions incompétence autour de l’implant. Certaines particules de
les plus dramatiques sont l’amputation du membre concerné dégradation des matériaux de l’implant (métal, polyéthylène)
et le décès du patient. saturent les macrophages et diminuent leurs capacités de
Les soins bucco-dentaires représentent une cause poten- phagocytose. De la même manière, les débris de ciment de
tielle d’infection de prothèse articulaire par contamination méthacrylate réduisent le chimiotactisme et les fonctions
secondaire après les foyers cutanés et urinaires (Jacobson des macrophages. La prothèse en elle-même constitue un
et al., 1986 ; Maderazo et al., 1988). Les infections d’origine substrat favorable pour la formation de biofilm.
dentaire sont cependant difficiles à incriminer de manière
précise : pour confirmer le diagnostic étiologique, il faut Important ! Les prothèses de grande taille (caractérisées
retrouver le même micro-organisme au niveau de la prothèse par une grande cavité articulaire), les prothèses contraintes
et de la cavité buccale ainsi que dans les hémocultures, avec (entraînant une synovite) et les prothèses descellées pré-
sentent un risque accru d’infection par contamination
une relation chronologique entre les soins dentaires et la sur-
secondaire.
venue de l’infection. Les infections d’origine dentaire sont
donc rarement individualisées et on peut supposer qu’elles
restent sous-estimées (Bauer et al., 2007). La fréquence de Blomgren et Lindgren (1981) ont démontré que la présence
survenue d’une infection de prothèse articulaire à point de d’une prothèse articulaire provoquait une diminution des
départ bucco-dentaire serait de l’ordre de 0,04 à 0,2 % et défenses locales antibactériennes et que le risque d’infection
représenterait de 6 à 11 % des infections tardives survenant était plus important en postopératoire immédiat (première
sur arthroplasties (Waldman et al., 1997 ; La Porte et al., 1999). semaine) que tardif. Le délai pendant lequel les prothèses
restent sensibles aux infections diffère selon les auteurs,
allant de 3 semaines à 2 ans (Hanssen et al., 1997).
Les streptocoques sont retrouvés dans 37 à 78 % des cas lors
des hémocultures après infection sur prothèse associée à des
soins dentaires. Les staphylocoques sont responsables de
plus de 25 % des infections des prothèses articulaires après
des soins dentaires alors qu’ils ne représentent que 0,05 % de
la flore buccale. Leur pouvoir pathogène dans le risque de
contamination d’une prothèse articulaire est donc certaine-
ment plus important que celui du streptocoque. (Kim et
Weiss, 1993).

Important ! La survenue d’une infection sur prothèse articu-


laire peut également être influencée par l’état patholo-
gique du patient. Toutes les situations où il existe une
diminution des défenses immunitaires (polyarthrite rhuma-
toïde, patients traités par immunosuppresseurs, corticothé-
rapie, diabète) constituent un risque accru d’infection
(American Dental Association, 2003).
Figure 6.3 Mise en place chirurgicale d’une prothèse du genou.

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Endodontie et état général 6
Il semble donc difficile de déterminer précisément les situa-
tions à risques.
Le risque d’infection secondaire dépend essentiellement de
quatre facteurs (fig. 6.1) :
- la nature prothèse ;
- la nature des micro-organismes impliqués ;
- l’état général du patient ;
- les risques liés à la bactériémie.

B - Suggestions
pour la pratique endodontique
Le dépistage et le traitement des foyers infectieux à dis-
tance, chez un patient porteur d’un implant articulaire, se
font tout au long de la vie. Avant la pose d’une prothèse,
l’ensemble des soins nécessaires à la remise en état de la
cavité buccale doit être réalisé.

Dans la mesure où, dans la plupart des cas, la pose d’une pro- Figure 6.4 Fracture au niveau du
thèse n’est pas une chirurgie urgente, il est préférable de réa- fémur sur une prothèse orthopé-
liser les soins au moins 3 mois avant l’intervention. Si le dique.
patient est considéré comme « sain », tous les traitements
peuvent être envisagés dans les conditions d’asepsie clas-
sique (champ opératoire étanche). En revanche, s’il présente
un risque lié à son état général, les dents peu stratégiques ou C - Controverses
ayant un pronostic incertain seront extraites sous antibiopro- L’antibioprophylaxie chez le sujet porteur de prothèse arti-
phylaxie (Cottreel et al., 2006 ; Académie nationale de culaire reste cependant très controversée (indication, délai
chirurgie dentaire, 2007). de l’intervention, choix de l’antibiotique).
Après la pose de la prothèse, les recommandations par
accord professionnel entre l’Association dentaire américaine Les soins dentaires et notamment les traitements endo-
et l’Académie américaine de chirurgiens de 2003 retiennent dontiques entraînent théoriquement moins de bactérié-
le délai de 2 ans comme période à risque. Les traitements mie qu’un brossage de dents ou la mastication de
endodontiques sur des dents stratégiques pourront être chewing-gum mais ils sont soumis à une antibioprophy-
envisagés sous antibioprophylaxie tandis que pendant cette laxie.
période, toute dent suspecte ou à pronostic réservé sera L’amoxicilline reste la référence dans quasiment toutes les
extraite avec les mêmes précautions. recommandations pour la prévention de l’infection de la
Au-delà de cette période « critique » de 2 ans, les traitements prothèse articulaire car son spectre est large mais, d’après
Cioffi et al. (1988), la céphalosporine serait plus adaptée.
endodontiques pourront être envisagés ; se pose alors la
question de la nécessité de l’antibioprophylaxie.
Les patients porteurs de prothèse articulaire doivent-ils sys- Le délai de 2 ans après chirurgie comme période à risque est
tématiquement recevoir une antibioprophylaxie ? À l’heure également un sujet à controverse et certains auteurs
actuelle, les données scientifiques sont insuffisantes pour réduisent ce délai à plusieurs mois après l’intervention
répondre de manière précise et péremptoire. Il existe en (Sandhu et al., 1997 ; Seymour et al., 2003 ; Scott et al., 2005).
revanche des recommandations par accord professionnel
entre l’Association dentaire américaine et l’Académie améri-
caine de chirurgiens orthopédistes datées de 1997 et mises à
jour en 2003. En l’absence de plus d’éléments scientifiques IV - Diabète et endodontie
nous les retiendrons (American Dental Association, American
Academy of Orthopedic Surgeons, 2003). Le diabète est la première cause non seulement de cécité
avant 65 ans mais aussi d’amputations non traumatiques,
une des principales causes de dialyse et une source impor-
Important ! L’antibioprophylaxie n’est pas indiquée pour les tante de complications cardio-vasculaires.
soins de routine, mais elle est recommandée dans toutes
les situations où il existe un risque important de contamina-
tion des prothèses, c’est-à-dire lors de soins dentaires à À ce jour, en France, plus de 2 millions de personnes sont
haut risque de bactériémie réalisés chez certains patients
dits à haut risque d’infection hématogène (fig. 6.4). traitées pour cette pathologie. Ce chiffre est en constante
augmentation et est corrélé avec l’accroissement de la préva-

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6 Endodontie

lence de l’obésité. La prévalence du diabète augmente d’envi- En revanche, peu de données relatives à la pathogenèse, à la
ron 3 % par an (www.diabete.fr). progression et à la cicatrisation des lésions péri-apicales en
Le diabète se caractérise par un taux de sucre dans le sang relation directe avec le diabète sont disponibles.
(glycémie) trop élevé survenant lorsque l’organisme ne Les auteurs d’une étude rétrospective sur des cas traités non
fabrique plus d’insuline ou qu’il ne l’utilise pas correctement. chirurgicalement (Fouad et Burleson, 2003) ont noté que le
En l’absence d’insuline, le sucre entre mal dans le muscle et pronostic des dents atteintes de lésions endo-parodontales
s’accumule dans le sang. était inférieur, chez les patients diabétiques, à celui des non-
Il existe deux types de diabètes (tableau 6.4) : celui de type 1 diabétiques. Ils ont également remarqué que le pourcentage
touche les sujets jeunes alors que celui de type 2 touche les de réussite des traitements endodontiques était inférieur
personnes âgées de plus de 50 ans, souvent en situation de chez eux lorsqu’une lésion était décelable radiologiquement
surpoids. au début du traitement.
Le dépistage du diabète se fait en mesurant le taux de sucre Les lésions péri-apicales chez les patients diabétiques anciens
dans le sang. On parle de diabète lorsque la glycémie à jeun sont, en moyenne, plus importantes en taille que celles des
(le matin) est supérieure à 1,26 g/l lors de deux dosages sujets diabétiques récents ou non diabétiques (Falk et al.,
consécutifs ou lorsque la glycémie est supérieure à 2 g/l, 1989).
quel que soit le moment de la journée.
En revanche, le suivi d’un patient diabétique se fait en mesu-
rant un autre paramètre : l’hémoglobine glyquée (HBA1c).
C - Conduite à tenir
Celle-ci est réalisée tous les 3 ou 4 mois et reflète, l’équilibre chez le patient diabétique
des glycémies pendant une plus longue période que la glycé- Les patients diabétiques sont généralement suivis par leur
mie à jeun (jusqu’à 6,5 %, le contrôle est optimal ; en dessous médecin traitant en partenariat avec un diabétologue.
de 7 %, il est acceptable ; au-dessus de 8 % il est mauvais et il
faut revoir le traitement).
Important ! Il est important de prendre contact avec l’un de
ces deux médecins afin de connaître :
A - Implications orales - précisément le statut du patient (équilibré/non équili-
bré) ;
Le diabète peut entraîner différentes complications orales : - les éventuelles complications de la maladie (cardiaques,
- une xérostomie ; ophtalmologiques, nerveuses…).
- des infections ;
- un retard de cicatrisation ;
- une augmentation de la fréquence et de la sévérité des Le patient équilibré est considéré comme un sujet sain. Les
lésions carieuses ; traitements endodontiques initiaux et les retraitements
- une augmentation des risques de candidose ; endodontiques peuvent être réalisés en respectant les pré-
- une gingivite ; cautions d’usage, notamment la mise en place du champ
- une parodontite. opératoire étanche. Il n’y a pas non plus de contre-indication
à un traitement chirurgical (fig. 6.5 et 6.6).
Pour le patient non équilibré chez lequel un traitement endo-
B - Implications en endodontie dontique d’urgence est nécessaire, deux cas de figure sont
possibles :
Les patients diabétiques présentent une augmentation de la - s’il s’agit d’un traitement initial sur une dent pulpée, le trai-
prévalence des parodontites apicales par rapport aux patients tement peut être envisagé ;
non diabétiques (Britto et al., 2003 ; Fouad, 2003). Les flam- - s’il s’agit d’un traitement initial ou d’un retraitement sur une
bées infectieuses (flare-up) après traitement endodontique dent infectée présentant une lésion osseuse péri-apicale,
sont plus fréquentes chez les premiers (Fouad, 2003).
l’antibioprophylaxie fondée sur le protocole de l’endocar-

Tableau 6.4 Les deux types du diabète.


Type 1 (anciennement appelé diabète Il représente environ 10 % des diabétiques et est causé par une destruction auto-immune des
insulinodépendant ou diabète du sujet cellules bêta-pancréatiques
jeune) Le pancréas ne fabrique plus d’insuline. L’unique traitement possible consiste à administrer des
injections d’insuline et à suivre un régime alimentaire spécial
Il survient surtout dans l’enfance et peut durer pendant toute la vie
Type 2 (anciennement appelé diabète non Le pancréas fabrique de l’insuline en quantité insuffisante ou l’organisme utilise mal l’insuline
insulinodépendant ou diabète gras du sujet (défaut des récepteurs de l’insuline)
de plus de 50 ans) Ce diabète se retrouve surtout chez les adultes et se traite par un régime alimentaire, de
l’exercice physique et, parfois, des médications orales ou l’injection d’insuline
Sa prévalence augmente en raison de l’évolution des comportements : sédentarité et
alimentation déséquilibrée favorisant un surpoids

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Endodontie et état général 6

a b

Figure 6.5 Retraitement endodontique avec dépose d’un ins-


c trument fracturé chez un patient diabétique de type 1 équilibré.

101

6684_.indb 101 01/08/12 15:36


6 Endodontie

a b

Figure 6.6 Traitement d’une parodontite apicale chronique


c chez une patiente diabétique de type 1 équilibrée.

102

6684_.indb 102 01/08/12 15:36


Endodontie et état général 6
dite infectieuse peut s’avérer nécessaire si le risque de bac-

Nombre de CD4 + lymphocytes T (cell/mm3)


tériémie est élevé (forte septicité buccale, longueur de la Primo-infection Mort 107
1 200
durée du soin ). On privilégiera alors des traitements en une 1 100 Maladies opportunistes
séance afin de ne pas multiplier les antibioprophylaxies. Infection aigüe

ARN viral par ml de plasma


1 000 106
900
800 Latence clinique
V - Endodontie et VIH 700
105

600
A - Données acquises sur l’infection 500 104
400
par le VIH 300
103
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovi- 200
rus infectant l’homme et qui est responsable du syndrome 100
d’immunodéficience acquise (sida). Celui-ci est défini par 0 102
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une « défi- 0 3 6 9 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
cience acquise de l’immunité cellulaire par l’infection au VIH, Semaines Années
caractérisée par une numération des lymphocytes T CD4+
inférieure à 200/mm3 ou à 15 % des lymphocytes totaux, et Figure 6.7 Les différentes phases de la maladie en fonction de
une sensibilité accrue aux infections opportunistes et aux la charge virale et du taux de lymphocytes.
néoplasmes malins » (www.oms.org).

Important ! Transmis par plusieurs fluides corporels (sang,


sécrétions vaginales, sperme et lait maternel), le sida est - une primo-infection (de 50 à 75 % des cas) avec ou sans
une pandémie ayant causé à ce jour la mort d’environ symptômes ; il s’agit de la phase de séroconversion qui suit
28 millions de personnes, soit 8 000 par jour. la contamination ;
- une phase de latence, parfois accompagnée d’un état de
lymphadénopathie généralisée ;
En France, 120 000 personnes sont porteuses du VIH et
- une phase à symptômes mineurs de l’infection à virus de
6 500 personnes sont nouvellement contaminées tous les
l’immunodéficience humaine ;
ans. Ces contaminations concernent de plus en plus les
- la phase d’immunodépression profonde, ou « stade de
femmes. Si elles ne représentent que 20 % des cas de sida
sida », généralement symptomatique.
depuis le début de l’épidémie, plus de 42 % des nouvelles
contaminations annuelles les concernent (www.invs.sante.fr).
Une fois la séropositivité établie, un suivi régulier de l’infec- Dès la primo-infection, le virus se réplique activement
tion doit être effectué pour assurer une bonne prise en dans l’organisme, avec une production quotidienne de
10 milliards de virions, entraînant la destruction d’environ
charge de la maladie et, ainsi, évaluer au mieux l’état du
5 milliards de lymphocytes T CD4+.
malade. Deux facteurs sont pris en compte dans cette sur-
veillance :
- le taux de lymphocytes T4, pour définir le niveau de l’infec-
Cette réplication se stabilise, au bout de quelques semaines,
tion ;
à un niveau plus ou moins important selon les sujets. Le sys-
- la charge virale, indiquant le nombre de virions dans l’orga-
tème immunitaire, hyperactivé, compense partiellement la
nisme et, par voie de conséquence, la vitesse de réplication
destruction massive des lymphocytes T CD4+ en augmentant
du VIH dans l’organisme, permettant ainsi de prévoir l’évo-
leur production. Mais l’infection à VIH persiste malgré tout et
lution de l’infection.
entraîne l’émergence et la sélection de virus mutants qui
Le taux normal de lymphocytes T4 chez l’homme se situe
échappent à la réponse immune de l’hôte.
entre 600 et 1 200/mm3. On considère que (CDC, mmwr
2006) :
- jusqu’à 500 T4/mm3, le patient peut vivre dans des condi- Essentiel : pendant plusieurs années, les lymphocytes
T CD4+ semblent se renouveler rapidement malgré leur des-
tions normales et ne nécessite pas de traitement ; truction par le virus, jusqu’à ce que l’épuisement des organes
- entre 350 et 500 T4/mm3, un traitement antiviral est recom- lymphoïdes centraux (thymus) ne permette plus leur régé-
mandé et la baisse de la charge virale est escomptée pour nération. La destruction des lymphocytes T CD4+ est bien
permettre une remontée du taux de lymphocytes T4 ; souvent due à l’hyperactivation de ces cellules, par interac-
- en dessous de 200 T4/mm3, le patient est fortement immu- tion avec certaines structures du virus, et non à une destruc-
nodéprimé et a un risque important de souffrir de multiples tion directe par le VIH. Après 10 à 15 ans d’évolution
maladies opportunistes liées au sida. spontanée sans traitement, le sujet est immunodéprimé
(stade sida), des pathologies infectieuses ou tumorales rares
L’infection par le VIH évolue en plusieurs phases qui peuvent (dites opportunistes) surviennent et conduisent au décès.
se succéder dans le temps (fig. 6.7) :

103

6684_.indb 103 01/08/12 15:36


6 Endodontie

Actuellement, les traitements antirétroviraux évitent ou


retardent l’évolution vers le stade sida en maintenant les
VI - Endodontie et
niveaux de réplication du virus le plus bas possible. immunodéficience médicamenteuse
Près d’un tiers des patients infectés par le VIH sont égale- Il existe trois principales situations dans lesquelles le chirur-
ment infectés par le virus de l’hépatite C. Cette co-infection gien-dentiste peut être amené à prendre en charge des
n’est pas sans conséquences puisqu’elle est devenue la pre- patients sous traitement immunosuppresseur. Le patient :
mière cause de mortalité chez ces patients (Singal et al., - a bénéficié d’une allogreffe d’organe ou de cellules souches
2009). hématopoïétiques (CSH) ;
- a besoin d’un traitement de fond pour une maladie auto-immune ;
B - Répercussions orales et endodontiques - a besoin d’un traitement de fond pour une maladie inflam-
matoire chronique.
Sur le plan dentaire, la séropositivité en tant que telle ne pré-
dispose pas directement à la maladie carieuse. En revanche, Les complications odontostomatologiques liées à un trai-
l’hyposialie consécutive à la prise de certains médicaments tement immunodépresseur ou immunosuppresseur sont
psychotropes favorise la formation de lésions carieuse cervi- principalement dominées par des infections fongiques ou
cales (Birnbaum 1995 ; Hegarty et al 2008 ; Cavasin Filho et al., virales, des leucoplasies chevelues, des lésions cancé-
2009). reuses, des gingivites, voire des ulcérations.

Important ! Il n’existe pas de complications spécifiques Du point de vue des effets secondaires, on peut noter la clas-
directement liées au sida en rapport avec un acte endo- sique hyperplasie gingivale sous traitement par cyclosporine
dontique (Suchina et al., 2006). Le pronostic des traite- associée à un inhibiteur calcique (Nifédipine®).
ments endodontiques n’est pas affecté chez les patients Qu’en est-il exactement des complications endodontiques
porteurs du virus (Shetty et al., 2006, Alley et al., 2008). chez ces patients ? Actuellement, aucune étude ne montre
Il n’existe donc pas de contre-indication aux traitements
endodontiques initiaux et aux retraitements endo- de corrélation certaine entre ce type de traitement et des
dontiques, ni à l’anesthésie locale ou locorégionale (Pour- complications endodontiques inflammatoires ou infec-
riat et al., 2001). tieuses (Dodds et al., 1989 ; Teixeira et al., 2000).
Dans ces conditions, quelle peut être la meilleure conduite à
tenir avec ces patients ?
La première démarche consiste à prendre contact avec le
médecin traitant, afin de connaître les pathologies dont
C - Conduite à tenir souffrent le patient et la nature de son traitement.
Le contact avec le médecin traitant est important afin de En cas de greffe, il est recommandé d’effectuer les soins,
préciser : notamment endodontiques, à distance de la greffe.
- le taux sanguin de lymphocytes CD4+ (< 200/mm3 = risque
infectieux majeur) ; Important ! Le principe de précaution faisant souvent loi,
- la charge virale ; lorsqu’il y a allogreffe d’organe, le patient doit dès lors être
- la numération des plaquettes ; placé sous antibioprophylaxie pour tout acte endodontique
- la numération des polynucléaires neutrophiles (< 800/mm3 (Little et al., 1997).
= risque infectieux majeur) ;
- la nature du traitement médicamenteux en cours. En dehors de ces allogreffes, le traitement initial et le retraite-
ment n’imposeront pas de précautions particulières. En revanche,
Remarque : lorsque le risque infectieux est réel, notamment en cas de chirurgie endodontique, notamment si le patient est
en cas de neutropénie sévère, il faudra envisager de réaliser sous glucocorticoïdes, une prescription antibiotique s’impose.
les soins endodontiques sous antibioprophylaxie. Une attention particulière sera portée aux greffés rénaux, pour
lesquels certains médicaments pourraient être néphrotoxiques
(Bots et al., 2006 ; Grassi et al., 2006). Plus généralement, il faut
En cas de bilan d’hémostase perturbé et/ou de fonctions être très vigilant sur les interactions médicamenteuses entre
immunitaires perturbées, la chirurgie endodontique est traitement immunosuppresseur et traitement à visée odontos-
contre-indiquée. tomatologique (tableau 6.5).

104

6684_.indb 104 01/08/12 15:36


Endodontie et état général 6
Tableau 6.5 Interactions médicamenteuses entre les principaux médicaments immunosuppresseurs et des médicaments utilisés en
odontologie.
Famille (spécialité) Interactions Spécialités Effet
Macrolides : Inhibiteurs de la calcineurine et Cyclosporine A (Sandimmum®, Immunosuppression augmentée
• érythromycine (Érythrocine®), rapamycine Néoral®)
josamycine (Josacine®),
FK 506 tacrolimus (Prograf®) Immunosuppression augmentée
spiramycine (Rovamycine®)
• roxithromycine (Rulid®),
clarithromycine
(Zeclar®), azythromycine
(Zithromax®)
Amphotéricine B (Fungizone®) Inhibiteurs de la calcineurine et FK 506 tacrolimus (Prograf®) Synergie néphrotoxique
rapamycine
Aciclovir (Zovirax®, Activir®) Antiprolifératifs Mycophénolate mofétil Concurrence au niveau de la
(Cellcept®) sécrétion tubulaire.
Si insuffisance rénale,
augmentation de concentration
des 2 molécules

VII - Conclusion mais poser également un problème de santé publique. Le


risque d’infection focale en est un très bon exemple ; les
Dans le domaine médical, en 7 ans, 50 % des connaissances mesures prises depuis des années n’ont pas réduit le nombre
deviennent obsolètes. C’est notamment pour cette raison d’endocardites infectieuses.
que la formation continue régulière s’impose comme une
évidence. Se pose en revanche le problème de pratiques qui,
très souvent, ne sont pas assises sur des données scienti- Néanmoins, l’absence de preuve de haut niveau ne doit
fiques à niveau de preuve élevé ; c’est le cas des interrelations pas conduire le praticien à s’abstenir de toute précaution.
entre l’état général et l’endodontie. Dans ce concept, le prin- L’objectif de ce chapitre était de rappeler les éléments de
cipe de précaution prévaut le plus souvent. L’absence de réflexion afin que chacun puisse prendre ses décisions en
mesure d’efficacité de nos pratiques peut néanmoins engen- toute connaissance de cause, tout en gardant à l’esprit que
drer des effets négatifs tels que le développement de résis- les recommandations émises par les experts doivent tou-
tance aux antibiotiques ; celle-ci peut rester individuelle jours s’appliquer.

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7
Microbiologie et endodontie
F. PEREZ

dans la zone apicale du canal sont bordés par des tissus péri-
L’avancée des connaissances en microbiologie endo-
dontique a été le résultat de progressions technologiques apicaux enflammés, une zone d’accumulation de polynu-
dans les techniques de prélèvement, de culture et, récem- cléaires neutrophiles et des couches de tissu épithélial situé
ment, de biologie moléculaire. au niveau du foramen apical. C’est le résultat du système de
défense mis en place et entretenu par l’organisme pour limi-
ter, voire empêcher, la dissémination de l’infection. Il existe
ainsi un équilibre entre l’agent d’agression et l’hôte qui abou-
La contamination bactérienne de l’endodonte par les micro-
tit à l’apparition d’une inflammation de type chronique
organismes a été mise en évidence dès la fin du XVIIe siècle
autour de la zone infectée.
par van Leeuwenhoek et notamment l’invasion des tubuli
dentinaires par les travaux de Miller à la fin du XIXe siècle (Mil-
ler, 1890). Il fut le premier à observer la relation entre bacté- L’infection d’une pulpe peut donc résulter de deux pro-
ries et infection endocanalaire. Plus tard, ce sont les travaux cessus :
de Kakehashi (Kakehashi et al., 1965), qui ont contribué à - une nécrose septique de la pulpe par pénétration bacté-
comprendre l’étiologie de la parodontite d’origine endo- rienne dans l’endodonte ;
- une infection secondaire d’une pulpe nécrosée (la pulpe
dontique en montrant qu’en condition axénique, quand des
se nécrose puis les bactéries colonisent l’endodonte).
pulpes de rats étaient laissées ouvertes à la cavité buccale, Quelle que soit la situation, les bactéries expriment leur
elles restaient vitales et ne provoquaient pas l’apparition de pouvoir pathogène par trois aptitudes :
lésions au niveau apical ; toutefois la présence de bactéries - la capacité de coloniser l’endodonte ;
dans la cavité buccale de rats conventionnels non germ-free - la capacité de détruire les tissus ;
dans les mêmes conditions d’exposition pulpaire aboutissait, - la capacité d’échapper aux défenses propres à l’espace
chez ces derniers, à une nécrose pulpaire et à l’apparition de endodontique.
lésions au niveau péri-apical. Puis ce sont Möller (Möller,
1966 ; Möller et al., 1981), Fabricius (Fabricius et al., 1982a) et
Sundqvist (Sundqvist, 1976) qui ont amélioré la compréhen- Il existe différents types d’infections endodontiques en rela-
sion des mécanismes bactériens en montrant notamment tion avec des conditions cliniques différentes. La parodontite
que seule une pulpe nécrosée et infectée pouvait être à l’ori- apicale d’origine endodontique est principalement causée
gine d’une pathologie péri-apicale. Cela a permis de détermi- par une infection microbienne localisée dans le canal radicu-
ner le rôle essentiel des micro-organismes dans l’étiologie, la laire. Les manifestations cliniques initiales peuvent être dou-
mise en place et la persistance des parodontites apicales loureuses ou non (généralement appelées respectivement
d’origine endodontique. Cette dénomination de parodontite « aiguës » ou « chroniques »). Si l’infection est secondaire ou
apicale est liée à la localisation de ces lésions inflammatoires persistante, elle sera à l’origine de lésions périradiculaires
périradiculaires d’origine endodontique (LIPOE) qui se chroniques ou secondaires caractérisées par une symptoma-
mettent en place généralement près de l’extrémité radicu- tologie persistante, un exsudat ou un échec du traitement
laire, en regard du foramen, principale voie de communica- endodontique.
tion entre l’endodonte et le parodonte. En effet, bien qu’il ait L’apparition d’une infection endodontique dépend d’un équi-
été démontré que les facteurs chimiques et physiques sont libre fragile entre les agents agresseurs que sont les bactéries
capables d’induire une inflammation au niveau pulpaire et et les mécanismes de défense de l’hôte et la thérapeutique
péri-apical, le rôle des agents microbiens est essentiel dans la passera à la fois par un contrôle de l’infection microbienne
progression et l’installation de ces lésions péri-apicales. L’in- dans le canal et par une non-recontamination de l’endodonte
fection de l’endodonte constitue l’élément déterminant en évitant que d’autres agents bactériens de la cavité buccale
pour que se produise l’irritation des tissus péri-apicaux. Les ne pénètrent à l’intérieur du canal.
micro-organismes tendent à se loger dans des zones spéci- La compréhension de la microbiologie de l’endodonte est le
fiques du système canalaire nécrosé qui garantissent leur sur- résultat de nombreuses évolutions au cours du temps. Tradi-
vie ainsi que le pouvoir d’exprimer leurs facteurs de tionnellement, les cultures effectuées à partir de prélève-
pathogénicité. Ils peuvent alors s’y agglutiner, pénétrer et ments intracanalaires permettaient d’obtenir une image des
coloniser les tissus touchés. Les micro-organismes situés espèces bactériennes présentes au moment du prélèvement

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7 Endodontie

dans un canal infecté et supposées jouer un rôle important


3
dans la pathogenèse de la parodontite apicale. Progressive-
ment, les techniques de biologie moléculaires ont été adap-
tées à la spécificité de la flore endodontique, permettant
ainsi de s’affranchir des techniques de culture, sources d’ap-
proximation. De nouvelles espèces bactériennes et de nou- 1
veaux pathogènes, non cultivables, ont ainsi pu être mis en
évidence. Cette approche a notamment permis de confirmer
et de renforcer la notion d’associations d’espèces en pré- 2
sence d’une parodontite apicale (Siqueira et Roças, 2005). 4
De plus, la notion de biofilm canalaire a souvent été négligée
à cause du fait que les techniques de prélèvement (par
pointes de papier) ne permettaient de recueillir que les bac-
téries planctoniques (flottant librement dans le canal) et pas
celles adhérant au biofilm.

L’objectif de ce chapitre est de faire le point sur l’état


actuel des connaissances en microbiologie endodontique
en décrivant les notions clés qui régissent la colonisation
de l’endodonte, les interactions bactériennes et les
modèles de relations microbiennes pouvant s’établir lors
de la formation d’un biofilm canalaire. Enfin, il tentera
d’identifier les différents types d’infections endodontiques
et les modifications de la composition de la flore qui 5
peuvent en résulter et il abordera les difficultés tech-
niques d’analyse pouvant influencer les résultats et leurs Figure 7.1 Voies de contamination bacté-
interprétations. rienne de l’endodonte.
À partir d’une cavité de carie, les bactéries présentes dans la
lésion carieuse vont pénétrer dans les tubuli des couches
I - Voies de contamination dentinaires sous-jacentes et gagner ainsi l’endodonte (fig. 7.1
[1]). L’ouverture des tubuli peut être provoquée par :
- une carie ou une fracture dentinaire à distance de la pulpe ;
Dans la cavité buccale, quelque 800 espèces bactériennes
peuvent cohabiter. Des zones sont plus susceptibles que - la mise à nu des tubuli après taille des cavités, dans un milieu
d’autres d’être colonisées par les bactéries et constituent contaminé (salive) ;
des niches. On notera notamment, parmi celles-ci, la - des restaurations défectueuses, non étanches (fig. 7.1 [2]) ;
muqueuse orale, le dos de la langue, le sillon gingival, les - l’attrition due à la mastication ou l’abrasion ;
surfaces dentaires, les restaurations fixes ou amovibles et - une dénudation radiculaire (par suite d’un surfaçage-cure-
la salive. tage agressif par exemple). Cependant, les nécroses de la
pulpe directement liées à une récession gingivale n’ont
jamais pu être mises clairement en évidence (voir cha-
Les tissus durs de la dent agissent comme une barrière méca- pitre 15).
nique qui évite l’invasion microbienne vers la pulpe. Quand
cette barrière est détruite, de façon partielle ou complète,
Essentiel : les tubuli représentent la voie principale de colo-
les micro-organismes peuvent pénétrer et induire une inflam- nisation de l’endodonte à partir d’une dentine cariée. On sait
mation pulpaire, puis sa nécrose avec la possibilité d’atteindre que le diamètre des tubuli dentinaires varie de 1 à 3 µm et
les structures péri-apicales. qu’il est plus important chez le sujet jeune que chez le sujet
Au stade de la nécrose pulpaire, les bactéries vont coloniser âgé et à proximité pulpaire. Or, la taille moyenne des bacté-
l’endodonte. Plusieurs voies d’accès sont possibles (fig. 7.1). ries est de l’ordre du micron, voire inférieure. Les bactéries
ont donc la capacité de coloniser la dentine en profondeur
sur plusieurs centaines de microns, par l’intermédiaire de ses
A - Par ouverture de la chambre pulpaire tubuli (Perez et al., 1993a) (fig. 7.2 et 7.3).
La voie la plus fréquente de pénétration des micro-orga-
nismes de la flore buccale est transcoronaire ; elle permet Les bactéries progressent par division plutôt que par dépla-
aux bactéries de la salive et de la plaque dentaire d’accéder cement autonome et leur pénétration peut être facilitée par
directement à l’endodonte. Cette communication est la la pression des matériaux d’obturation, des ciments de scelle-
résultante d’une carie, d’un traumatisme concernant la pulpe ment ou par la présence ou non de boue dentinaire (Perez
ou d’une manœuvre iatrogène. et al., 1993a et 1996).

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Microbiologie et endodontie 7

a b

Figure 7.2 Bacilles et cocci sur la paroi canalaire (a) et pénétrant les tubuli (b) (microscope électronique à balayage).

a b

Figure 7.3 Streptococcus sanguis colonisant les tubuli dentinaires (microscope électronique à balayage).

Les tubuli servent à la fois de canaux de diffusion pour des l’hôte sont débordés, la progression de la pathologie pul-
substances exogènes ou d’invasion pour les bactéries de la paire se met en place, passant du stade de pulpite à la
cavité buccale. Des éléments comme le fluide dentinaire, la nécrose, puis à l’infection de la chambre pulpaire et du sys-
sclérose des tubuli, la formation de dentine réactionnelle et tème canalaire. Cette progression se fait ensuite en direction
la réponse inflammatoire permettent au complexe dentino- des tissus périradiculaires et une pathologie inflammatoire
pulpaire de lutter contre l’invasion bactérienne (Cooper péri-apicale s’établit (Love, 2009 ; Perez et al., 1993a).
et al., 2010 ; Simon et al., 2009). À côté de la barrière phy- Cette colonisation des tubuli est cependant soumise à plu-
sique que constituent la dentine et l’émail, la défense de sieurs facteurs : une adhésion bactérienne aux tissus hôtes
l’hôte au niveau pulpaire est assurée par trois types de cel- par l’intermédiaire de Fimbriae ou d’adhésines puis une coo-
lules immunocompétentes : les cellules dendritiques, les pération entre les bactéries une fois qu’elles ont commencé
macrophages et les lymphocytes T. Ces derniers, bien que à adhérer. Elles doivent aussi être capables d’utiliser les nutri-
moins nombreux que les autres cellules, participent avec les ments disponibles, d’affronter les autres espèces et de lutter
macrophages à l’élimination des bactéries par les interac- contre les moyens de défense de l’hôte. Lorsque la division
tions qu’ils établissent. La cellule dendritique, en fixant les et la croissance se produisent, les bactéries s’accumulent
antigènes protéiques « étrangers » à sa surface, permet leur dans différents sites et l’organe est alors colonisé. Outre les
dégradation et leur exposition (ou présentation) à des lym- nombreuses adhésines, l’adhésion des bactéries de la cavité
phocytes T4 pulpaires qui activent alors les cellules de l’im- buccale à la dentine se fait par l’intermédiaire de glycopro-
munité locale : les lymphocytes B et les macrophages (Farges téines ou des dépôts salivaires. De plus, les streptocoques
et Magloire, 2001). Cependant, si les moyens de défense de présentent une forte affinité pour le collagène I, composant

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7 Endodontie

dominant de la structure protéique de la dentine (Love et al.,


Le contenu des tubuli et, notamment, les éléments mis en
1997). La colonisation des tubuli sera ensuite dépendante de jeu lors de la réaction inflammatoire tels que les IgG, l’al-
l’apport nutritionnel disponible et donc du degré de diffu- bumine ou le fibrinogène peuvent, in vitro, diminuer le
sion des substances et de la perméabilité dentinaire (Love, flux du fluide dentinaire et inhiber l’invasion bactérienne
2007). Les bactéries entrent alors en coopération ou en com- des canalicules en réduisant la perméabilité dentinaire et
pétition pour envahir les tubuli ; c’est ainsi que Porphyromo- en empêchant physiquement la progression d’autres bac-
nas gingivalis envahit les tubuli quand il coopère avec téries (Love, 2002 ; Pashley et al., 1982).
Streptococcus gordonii mais jamais en présence de Strepto-
coccus mutans. De même, Prevotella intermedia seul ne De plus, le mode de groupement en amas de certaines espèces
pénètre pas dans les tubuli en culture pure alors que, associé comme Actinomyces naeslundii peut empêcher la migration
à Streptococcus sanguis, il peut les envahir profondément intratubulaire alors que la taille initiale de la bactérie seule est
(fig. 7.4) (Perez et al., 1993b). inférieure au diamètre du tubulus (fig. 7.5) (Perez et al., 1993b).

a b

Figure 7.4 a. Prevotella intermedia à l’entrée des tubuli (microscope électronique à balayage). b. Flore mixte (P. intermedia et S. san-
guis) colonisant les tubuli. Histologie (coloration de Brown et Brenn).

a b

Figure 7.5 a. Actinomyces naeslundii sur la paroi canalaire (microscope électronique à balayage). b. A. naeslundii (en violet) coloni-
sant la paroi sans envahissement des tubuli .Histologie (coloration de Brown et Brenn).

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Microbiologie et endodontie 7
B - Par des anomalies de la dent est exceptionnel que les bactéries survivent et atteignent
la pulpe par le courant sanguin du parodonte. Malgré leur
La pénétration bactérienne peut aussi se faire par des fêlures
intégrité macroscopique apparente, les dents peuvent
de l’émail ou de la dentine et engendrer des répercussions toutefois présenter des microtraumatismes qui pourraient
pulpaires plus ou moins directes. Toutes les malformations expliquer le passage des bactéries jusqu’à la pulpe.
(fissures, fêlures, érosions, abrasions) (fig. 7.1 [3]) qui ouvrent
les tubuli au milieu salivaire sont susceptibles de favoriser
une agression bactérienne de la pulpe mais l’infection bacté-
rienne est en général limitée par le potentiel de défense pul- II - Spécificités de la flore
paire (voir chapitre 4).
Si la dent est indemne de toute lésion, d’autres voies de endodontique par rapport
pénétration sont néanmoins possibles. à la flore buccale
Alors que plusieurs centaines d’espèces bactériennes peuvent
C - Autres voies de communication coloniser de façon commensale la cavité orale, la flore buc-
cale a la particularité de n’en dénombrer qu’une centaine par
1 - Par une lésion du parodonte individu. L’endodonte infecté n’en compte que 20 à 40 ; ce
Les bactéries présentes dans la poche peuvent théorique- nombre a été confirmé par l’utilisation de techniques sophis-
ment rejoindre l’endodonte par les canaux accessoires et/ou tiquées. La sélection d’espèces qui s’opère est conditionnée
le foramen apical (fig. 7.1 [4]) (voir chapitre 15). par de nombreux éléments.

2 - Par voie générale, via la circulation sanguine, L’infection endodontique est le résultat d’un déséquilibre
par anachorèse (fig. 7.1 [5]) entre les bactéries de la flore buccale ayant pénétré les
tubuli dentinaires habituellement coronaires et les moyens
Cette voie est toujours un sujet de controverse mais une bac- de défense mis en place par l’organisme.
tériémie transitoire peut être produite par des traumatismes,
des procédures parodontales, au cours desquels les micro-
organismes circulants sont attirés vers le tissu pulpaire déjà L’écologie du canal dépend de déterminants écologiques
enflammé et peuvent le coloniser. La bactériémie produite généraux, tels que les nutriments, le taux d’oxygène et le
permet le passage de germes par l’orifice canalaire depuis potentiel d’oxydoréduction, liés aux conditions spécifiques
l’extérieur vers l’intérieur de la cavité endodontique où ils se de l’endodonte et qui permettent d’opérer une sélection
développent ; la nécrose de la pulpe, d’abord stérile (nécro- bactérienne entre les espèces présentes, spécifiques de l’en-
biose), s’infecte secondairement par anachorèse. Un trauma- vironnement canalaire. Cette infection est généralement
tisme sans fracture, ayant entraîné une mortification confinée au canal ; elle peut néanmoins s’étendre par les
aseptique, peut être suivi d’une fixation de bactéries véhicu- tubuli dentinaires et les canaux latéraux et accessoires du
lées par le sang ; ainsi explique-t-on la présence d’une infec- réseau canalaire, voire s’extérioriser dans le péri-apex et
tion bactérienne dans des dents indemnes de toute lésion déclencher une réaction inflammatoire aiguë (parodontite
mais ayant des antécédents de traumatisme. À l’origine de apicale aiguë), générer une infection extra-radiculaire (acti-
cette bactériémie, on trouve le plus souvent des foyers infec- nomycose péri-apicale par exemple), voire une ostéomyélite
tieux bucco-dentaires, aigus ou chroniques, tels que les (Saleh et al., 2004).
poches parodontales, les abcès alvéolaires… La fixation bac-
térienne peut se produire dans les 30 minutes qui suivent la
bactériémie si la pulpe présente une inflammation. La conta- A - Conditions de l’infection
mination primitive de la pulpe par voie sanguine (pulpite endodontique
hématogène ou gangrène) semble exceptionnelle, elle n’ap-
Pour qu’un micro-organisme atteigne son objectif, les condi-
paraîtrait que dans des cas de maladie générale pyogène ; les
tions suivantes doivent être remplies :
autres cas ne seraient que des coïncidences. La notion de
- les micro-organismes doivent être présents en quantité suf-
bactériémie est bien connue chez l’humain. Cependant, les
fisante pour provoquer et entretenir une lésion péri-apicale
bactéries sont généralement éliminées de la circulation san-
(LIPOE, lésions inflammatoires périradiculaires d’origine
guine et le fait que certaines espèces sont rarement retrou-
endodontique) ;
vées dans les dents traumatisées sème un doute sur la
- ils doivent posséder des facteurs de pathogénicité qui
possibilité d’anachorèse comme voie de contamination d’une
seront exprimés pendant le processus infectieux ;
pulpe nécrosée.
- ils doivent être localisés spatialement dans le canal radicu-
laire pour que ces facteurs de pathogénicité atteignent les
D’une manière générale, on peut dire que l’infection endo- tissus péri-apicaux ;
dontique d’une dent indemne de toute lésion est rare car - le canal doit permettre la survie et la croissance des micro-
le système de défense immunitaire est très performant ; il
organismes ;

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7 Endodontie

- les relations antagonistes entre ces derniers doivent être tion d’acide lactique par les germes anaérobies facultatifs.
limitées ; L’acidose tend ensuite à disparaître pour faire place à un
- l’hôte peut se défendre en inhibant la dissémination de l’in- milieu neutre, voire alcalin, favorable aux germes anaérobies.
fection, ce qui peut aboutir à des atteintes du tissu péri-api-
cal (Baumgartner et al., 2003 ; Khemaleelakul et al., 2006 ; c - Température
Siqueira, 2002 ; Siqueira et al., 2002). La température buccale est proche de 37 °C mais tend à varier
transitoirement par l’ingestion d’aliments chauds ou froids,
ce qui permet d’éliminer des micro-organismes de manière
B - Déterminants écologiques transitoire.
Les micro-organismes de la flore orale cohabitent dans des
écosystèmes primaires réglés par une série de facteurs d - Potentiel d’oxydoréduction
connus comme les déterminants écologiques qui sont de L’habitat des germes anaérobies est pauvre en oxygène et en
cinq types : physico-chimiques, d’adhésion, d’agrégation et potentiel d’oxydoréduction diminué ; c’est la conséquence
de coagrégation, et nutritionnels, indispensables à la survie de l’activité métabolique des micro-organismes qui consom-
et à la persistance de bactéries buccales dans un environne- ment de l’oxygène par leur respiration. Cela permet une
ment canalaire. sélection des micro-organismes anaérobies stricts et de
quelques anaérobies facultatifs ainsi que, beaucoup plus
1 - Facteurs d’adhésion, d’agrégation et de coagrégation rarement, des aérobies stricts. L’oxygène entrant dans le canal
par la salive sera consommé par les anaérobies facultatifs.
a - Adhésion
Ces bactéries tolèrent la présence d’oxygène grâce à leurs
C’est la relation existant entre les micro-organismes et l’hôte enzymes qui catalysent l’élimination des produits toxiques.
qui permet la colonisation des tissus, première étape indis- Cet environnement assure une prédominance des anaérobies
pensable au développement d’une pathologie. stricts dans des biofilms denses.
b - Autoagrégation et coagrégation
3 - Facteurs nutritionnels
Il s’agit de l’association entre des bactéries d’une même
espèce ou d’espèces différentes qui leur permet de s’accu- La flore de l’endodonte obtient ses nutriments de trois
muler, de former des colonies et d’échapper aux défenses sources différentes :
immunitaires de l’hôte. Les bactéries des infections endo- - endogène, constituée par les tissus ou les sécrétions de
dontiques réalisent des coagrégations et des autoagrégations l’hôte (tissu pulpaire nécrosé, diffusion de l’exsudat inflam-
(Khemaleelakul et al., 2006). Parmi les espèces les plus com- matoire à travers le foramen apical, les canaux latéraux et
munes de la flore endodontique, on retrouve, notamment, les tubuli dentinaires ouverts) ;
Fusobacterium nucleatum qui montre une grande affinité à se - exogène, par le régime alimentaire ;
coagréger in vitro avec la majorité des autres bactéries de la - interbactériennes, par d’autres micro-organismes.
cavité orale. Dans les biofilms, les bactéries coagrégées pour- Tous ces éléments fournissent le minimum nécessaire en car-
raient transférer du matériel génétique et ainsi des facteurs bone, azote, sels et énergie ainsi que les éléments spécifiques
de virulence. tels que les acides aminés, les nucléotides, les vitamines et
l’hémine (Sundqvist, 1994). La dégradation de macromolé-
cules comme les protéines ou les glycoprotéines fournit éga-
D’autres facteurs écologiques importants déterminent le
lement des nutriments, par l’action concertée des enzymes
succès ou l’échec de la colonisation des micro-organismes
dans le système canalaire ainsi que leur survie et leur relarguées par les différentes espèces de la communauté
croissance, ce sont les facteurs physico-chimiques. microbienne. Les hydrates de carbone servent de nutriments
et de source d’énergie pour beaucoup d’habitants du biofilm.
Les organismes du biofilm peuvent aussi bénéficier des
2 - Facteurs physico-chimiques chaînes alimentaires internes microbiennes ou de produits
de fin de métabolisme tels que l’ammoniac (NH3) et le
a - Humidité dioxyde de carbone (CO2), car les acides organiques d’une
L’humidité est apportée par la salive et le fluide gingival. Les espèce peuvent servir de nutriments à d’autres espèces.
bactéries en dépendent pour l’échange de nutriments, les Comme la quantité d’hydrates de carbone directement dis-
réactions métaboliques et l’élimination de produits inhibi- ponible ou libérée par la dégradation des glycoprotéines est
teurs de déchets. faible, la croissance des micro-organismes dépendant de
cette source d’énergie est limitée. Inversement, le dévelop-
b - pH pement des micro-organismes utilisant des dégradations
Dans la cavité buccale et dans des conditions normales, le pH protéolytiques ou d’acides aminés est favorisé. C’est ainsi
oscille entre 6,7 et 7,5 mais il est soumis à des variations qui qu’une forte proportion de bactéries protéolytiques est pré-
affectent le métabolisme bactérien. Le pH pulpaire normal sente dans le microbiote endodontique. Les conditions de
est de 7,2 ; il descend à 5,3 au stade de la nécrose par forma- nutrition dans le système canalaire semblent donc être assez

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Microbiologie et endodontie 7
semblables à celles des biofilms dentaires sous-gingivaux Une compétition entre deux espèces peut aussi être active
(Svensäter et al., 2010). quand l’une interfère directement sur le métabolisme de
l’autre (par exemple, production de bactériocines inhibant la
Remarque : la persistance de bactéries, notamment dans les croissance de bactéries concurrentes). Des populations bac-
isthmes non préparés, empêche un scellement hermétique tériennes peuvent aussi partager une même ressource ou agir
du réseau canalaire et laisse, outre des éléments nutritifs, en synergie ; deux souches ou plus peuvent coopérer pour
un espace disponible pour une nouvelle colonisation bacté- métaboliser une ressource indispensable à la croissance de
rienne. l’ensemble de la communauté.
Les relations entre les espèces sont classiquement définies
L’élimination des tissus nécrosés intracanalaires permet de comme :
contrôler le processus inflammatoire apical, ce qui conduit à - positives. Ce sont des relations dans lesquelles 2 micro-
réduire la source du nutriment. Néanmoins, certains micro- organismes retirent un avantage de l’association. On parle
organismes peuvent alors survivre à de tels environnements alors de mutualisation ou de symbiose ;
hostiles en induisant une réponse de privation et en régulant - neutres. Dans cette relation, aucune espèce n’est touchée ;
leur équilibre métabolique de la multiplication vers l’acquisi- l’une peut tirer un avantage de l’autre mais sans lui nuire. Ce
tion d’une énergie de survie (Giard et al., 1997). Ils adoptent sont des micro-organismes qui maintiennent une relation
un état de « dormance » permettant la survie des bactéries commensale avec un autre mais qui, dans certaines condi-
dans les environnements canalaires dépourvus de nutri- tions, comme une diminution dans la capacité de défense de
ments, comme nous le verrons pour Enterococcus fæcalis l’hôte, peuvent établir une relation de parasitisme, voire de
(Chavez de Paz et al., 2008). développement d’une pathologie à la suite de l’introduction
D’autres facteurs peuvent assurer une protection de l’hôte d’un facteur extrinsèque (par exemple une antibiothérapie) ;
ou, au contraire, contribuer à son déséquilibre par l’intermé- - négatives. Il s’agit de la situation où l’un des micro-orga-
diaire d’interactions microbiennes. nismes est affaibli par la présence d’un autre. La principale
relation négative est l’antagonisme qui survient quand un
4 - Protecteurs de l’hôte micro-organisme empêche la croissance d’un autre, en
Les protecteurs de l’hôte sont tous les facteurs qui limitent, obtenant ainsi un avantage écologique puisqu’il diminue la
par leur présence, la pénétration et la colonisation bacté- concurrence. Cela est obtenu par la production de bacté-
rienne ; dans la cavité buccale, il s’agit de l’intégrité des riocines qui sont des substances inhibitrices de la croissance
muqueuses et du tissu dentaire, de la mastication, de la d’autres bactéries, parmi lesquelles on peut citer les muta-
déglutition, des tissus lymphoïdes et de la salive par son cines, bactériocines produites par quelques souches de
action mécanique, chimique et immunologique. S. mutans oraux. Le parasitisme est également une autre
relation négative dans laquelle une des espèces vit dans ou
5 - Interactions bactériennes sur l’autre en obtenant le bénéfice de l’hôte.
De nouveaux éléments de sémantique ont été introduits en Ainsi, les interactions microbiennes positives (mutualisme,
microbiologie ces dernières années. Si on parlait avant de commensalisme et synergie) ou négatives (compétition, para-
microflore correspondant à l’ensemble des micro-organismes sitisme et antagonisme) peuvent significativement réguler la
appartenant à l’écologie d’un milieu généralement humide, présence de différentes espèces microbiennes dans une
on définit dorénavant un microbiote comme « une popula- même niche et elles sont absolument essentielles dans le
tion de micro-organismes vivant en accord avec l’hôte » et un processus de colonisation de l’hôte. Chaque interaction peut
microbiome comme « l’aire de vie du microbiote », ce dernier revêtir différents aspects qui régiront les relations entre
correspondant au site où les espèces prédominent à la sur- espèces d’une même communauté, soit :
face ou à l’intérieur d’un organisme vivant (Filoche et al., - la synergie (coagrégation, maintenance d’un environnement
2010). anaérobie, complémentation enzymatique pour dégrada-
tion commune des macromolécules, chaînes alimentaires,
défense commune) ;
Important ! Ces définitions font intervenir des notions de
communauté bactérienne et, donc, d’interaction fonction- - l’antagonisme (compétition pour l’espace et les nutriments,
nelle entre les micro-organismes et entre ces derniers et produits métaboliques inhibiteurs, bactériocines).
l’hôte, comme le commensalisme ou la symbiose.
6 - Modèles de relation microbienne
au niveau endodontique
Les membres d’une communauté bactérienne entretiennent
entre eux des rapports complexes véhiculés par des interac-
tions qui peuvent être passives, actives, ou encore positives, Important ! Au niveau microbien, il existe donc une syner-
négatives ou neutres. gie entre les espèces bactériennes pour déterminer la sur-
vie ou l’élimination des différentes espèces et aboutir à une
Dans les interactions passives, la plus fréquente est la com-
véritable sélection bactérienne et à un type de microflore
pétition inter-espèces ou intra-espèces pour une ressource déterminé.
commune comme des nutriments ou un site d’attachement.

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7 Endodontie

Dans le canal infecté, des relations synergiques, condition- alors bénéficier de la capacité de quelques espèces à inacti-
nées par les besoins nutritionnels, s’établissent entre les bac- ver les moyens de défense de l’hôte en dégradant les anti-
téries. Par exemple, Wolinella recta a besoin de fumarate qui corps et en inhibant la phagocytose. De plus, des relations
ne lui est pas fourni par l’écosystème buccal ; elle est donc antagonistes peuvent se produire et quelques produits de
dépendante des bactéries productrices de formate et de dégradations métaboliques finals comme l’eau oxygénée, les
celles capables de donner des acides aminés à partir des pro- acides gras ou les composés sulfurés peuvent s’accumuler à
téines (Peptostreptococcus micros ou Porphyromonas endo- des concentrations qui sont inhibitrices ou toxiques pour
dontalis). Inversement, l’accumulation de produits de d’autres espèces.
certaines bactéries peut exercer un effet antagoniste sur
d’autres : l’ammoniac, par exemple, est toxique pour cer-
taines bactéries à forte concentration mais est une source C - Mécanismes de pathogénicité
d’azote indispensable pour d’autres (fig. 7.6). et facteurs de virulence
Plusieurs associations bactériennes dans les canaux de dents
Les pathogènes endodontiques sont composés d’espèces
nécrosées ont été rapportées, notamment entre F. nucleatum
cultivables, d’espèces difficiles à cultiver et de bactéries non
et P. micros, Selenomonas sputigena, Campylobacter rectus et
cultivables. Si les cultures ont sous-estimé la diversité des
P. endodontalis. P. intermedia présente des affinités pour
populations microbiennes (Hugenholtz, 2002 ; Relman, 2002),
P. micros, Peptostreptococcus anaerobius et Eubacterium spp.,
les études fondées sur le gène 16S ARNr ont démontré qu’en-
tandis que sa croissance semble inhibée par P. endodontalis.
viron 60 % des bactéries de la cavité buccale n’étaient ni
Toutes les associations bactériennes présentes dans le sys- caractérisées, ni cultivables (Aas et al., 2005 ; Paster et al.,
tème canalaire devraient théoriquement être pathogènes 2001).
car elles peuvent induire une parodontite apicale avec L’apparition d’une pathologie est toujours en relation avec un
destruction osseuse. Cependant, certaines le sont plus déséquilibre entre la pathogénicité des micro-organismes qui
que d’autres, et quelques associations de bactéries ont envahi l’organisme et la diminution des moyens de
s’avèrent plus pathogènes que d’autres, par exemple la défense de l’hôte. La capacité des bactéries à induire une
cohabitation de Prevotella, Porphyromonas, Fusobacte- lésion tissulaire est fonction de leur nombre infectant l’hôte ;
rium et Peptostreptococcus. un faible nombre de ces micro-organismes suffira pour
déclencher une pathologie chez un patient immunodéprimé
Ces relations sont aussi prépondérantes dans l’organisation alors qu’un grand nombre de la même espèce sera nécessaire
d’un biofilm bactérien et des biofilms canalaires. Dans les chez un hôte sain. À l’effet inoculum s’ajoutent les facteurs
biofilms, les membres d’une communauté microbienne sont de virulence intrinsèques des micro-organismes. Néanmoins,
activement impliqués dans une vaste gamme d’interactions la virulence est multifactorielle (Moine et Abraham, 2004) et
métaboliques moléculaires et physiques essentielles pour la susceptibilité de l’hôte est un paramètre critique (Casade-
l’attachement, la croissance et la survie des espèces sur un vall et Pirofski, 2001). Parmi ces facteurs, les molécules pro-
site, permettant aux micro-organismes de persister dans un duites par un pathogène peuvent influencer les fonctions de
environnement hostile. l’hôte pour lui permettre de coloniser, de résister aux
Les organismes bactériens à la surface du biofilm peuvent défenses de l’hôte et de déclencher la destruction tissulaire
aussi réaliser une protection pour les bactéries des couches (Sedgley, 2009).
plus profondes. Tous les membres de la communauté peuvent Par ailleurs, des variations des facteurs physico-chimiques du
canal (disponibilité des nutriments, degré d’anaérobiose, pH
ou surface disponible pour l’adhérence bactérienne) peuvent
Fusobacterium Capnocytophaga Streptococcus Veillonella
aussi influencer la pathogénicité des bactéries (Sedgley,
Eubacterium Eikenella corrodens Actinomyces 2009).
Bacteroides
Peptostreptococcus
Les principaux facteurs de virulence sont :
CO2 NH4 Lactate
- les lipopolysaccharides (LPS) qui sont des endotoxines de la
paroi des bactéries à Gram négatif comme Porphyromonas
ou Fusobacterium. Les endotoxines sont cytotoxiques, sont
Succinate Formate Acétate
responsables de l’apparition de l’inflammation en agissant
comme des antigènes et induisent une résorption osseuse.
Hémine H2 Ménadione
Ce composant bactérien est le principal facteur de patho-
génicité et possède de nombreux effets pro-inflammatoires.
Porphyromonas endodontalis Campylobacter Les endotoxines sont des antigènes qui sont neutralisés par
Porphyromonas gingivalis Wolinella Eubacterium
Prevotella intermedius Bacteroides gracilis alactolyticum les anticorps. Elles sont en outre capables d’activer la voie
du complément sans la participation d’anticorps. Elles sti-
Figure 7.6 Relations nutritionnelles possibles entre les bacté- mulent aussi la libération d’interleukine 1 (IL1) qui est capable
ries présentes dans le canal radiculaire (d’après Sundqvist, d’induire des réponses inflammatoires au niveau péri-apical
1992b). ainsi que la destruction osseuse ;

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Microbiologie et endodontie 7
- les peptidoglycanes qui sont les composants principaux des
faire directement par l’action des différentes enzymes ou
parois des bactéries à Gram positif et négatif ; endotoxines, ou indirectement par la réponse inflamma-
- l’acide lipotéichoïque, composant de la paroi des bactéries à toire générée par les micro-organismes pour qu’ils puissent
Gram positif, qui active le complément et déclenche la libéra- échapper aux moyens de défense mis en place par l’orga-
tion de nombreuses molécules des polynucléaires neutro- nisme (Svensäter et al., 2010).
philes et des macrophages tels que facteurs de croissance,
cytokines (Ginsburg, 2002)… Il a des effets pro-inflammatoires
et anti-inflammatoires (Plitnick et al., 2001 ; Telles et al., 2003) ; Dès que les barrières de protection de l’hôte sont altérées,
- les Fimbriae, qui sont des macromolécules filamenteuses l’invasion microbienne et le processus inflammatoire débutent.
plus longues que les flagelles et non motiles. Elles per- La gravité de l’inflammation dépend :
mettent l’attachement des bactéries aux surfaces et les - du caractère de l’invasion ;
interactions entre les bactéries à Gram positif et négatif ; - du type de micro-organismes ;
- la capsule, qui est formée de polysaccharides qui com- - des facteurs de pathogénicité ;
plètent la couche externe de la paroi et protègent le micro- - du taux métabolique des micro-organismes ;
organisme de la dessiccation et des matériaux toxiques - de la durée ;
hydrophobes, le rendant plus résistant à la destruction et au - de la capacité de défense de l’hôte.
traitement ; Plus l’invasion bactérienne est importante et dans un laps de
- les vésicules extracellulaires qui, développées à partir de temps limité, plus la réponse inflammatoire est grande. La
l’évagination de la membrane externe des bactéries à Gram pathogénicité des bactéries et leur capacité de se multiplier
négatif, contiennent des protéines et des lipides lesquels, une sont plus significatives que la quantité de bactéries elle-
fois libérés, permettent soit l’adhésion bactérienne, soit des même. Les bactéries ayant un haut taux métabolique, et donc
effets protéolytiques ou d’hémolyse (Kinder et Holt, 1989) ; une plus grande capacité à libérer des endotoxines, des exo-
- les exotoxines. Ce sont des protéines solubles et diffusibles toxines, des exoenzymes et d’autres produits métaboliques,
de bas poids moléculaire produites tant par des bactéries à seront donc particulièrement pathogènes.
Gram positif qu’à Gram négatif et qui présentent un pouvoir
immunogène important. Elles sont sécrétées par les micro- Remarque : à ce jour, il n’y a pas de pathogénicité d’espèce
organismes ou relarguées durant la lyse cellulaire. Elles reconnue, signifiant qu’aucune bactérie n’est plus respon-
peuvent cibler les cellules eucaryotes, d’autres micro-orga- sable qu’une autre de la maladie. Mais une pathogénicité de
nismes (et sont alors appelées bactériocines) ou encore la communauté semble être établie pour une même infection.
matrice extracellulaire. Une fois les produits toxiques enzy-
matiques et les métabolites d’origine bactérienne dispersés,
la colonisation microbienne débute à l’intérieur du canal ; Qu’est-ce que la notion de communauté ?
- les protéines extracellulaires, qui sont produites par les bac- Une population bactérienne correspond à la multiplication
téries ou relarguées lors de la lyse bactérienne. Ce sont sou- de micro-organismes individuels qui forment des microcolo-
vent des enzymes qui contribuent à l’extension de l’infection. nies. L’assemblage de différentes populations qui cohabitent
Ainsi, Sedgley a mis en évidence que la gélatinase était et interagissent dans un environnement donné conduit à la
observée dans plus de 70 % des souches d’E. fæcalis retrou- formation d’une communauté (Siqueira et Roças, 2009a). Un
vées dans les canaux infectés et survivant après obturation canal infecté contient donc une communauté bactérienne
canalaire (Sedgley, 2007 ; Sedgley et al., 2005b) ; endodontique composée de plusieurs populations elles-
- les exoenzymes. Des espèces bactériennes, de type Prevo- mêmes composées de plusieurs espèces. Certaines popula-
tella et Porphyromonas, ainsi que Peptostreptococcus spp., tions peuvent ne comporter qu’une seule espèce bactérienne
Fusobacterium spp. et Enterococcus spp., sont capables de mais chaque population a un rôle fonctionnel ; c’est une
libérer des enzymes qui prennent part à la destruction du niche écologique qui contribue au maintien de toute la com-
tissu pulpaire et péri-apical en favorisant la progression de munauté et à l’équilibre de l’écosystème. Le nombre de
l’invasion bactérienne. Les principales exoenzymes sont niches étant limité dans un même environnement, il y a com-
l’héparinase, la fibrinolysine et la collagénase ; pétition entre les populations. La composition de la flore
- les métabolites. L’ammoniaque, le dioxyde de carbone, le endodontique ne peut donc pas être réduite à l’étude de
métabolisme du lactate qui produit de l’hydrogène (gaz quelques espèces ; les communautés microbiennes doivent
nécessaire pour les espèces bactériennes anaérobies) font être considérées avec leur système de communication inter-
partie des métabolites qui sont produits par ces différentes cellulaire (le quorum sensing), les interactions entre les
espèces bactériennes. espèces synergiques ou antagonistes et la notion de biofilm,
qui ont été décrites précédemment.
Cependant, sachant que pour une même pathologie telle
Lors d’une infection endodontique, ces facteurs de viru- que la parodontite apicale la composition bactérienne est
lence vont s’associer pour, d’une part, favoriser la colonisa- différente en fonction des individus, de sa localisation géo-
tion du réseau canalaire par les bactéries et, d’autre part, graphique (Baumgartner et al., 2004) et de son caractère aigu
générer des dégâts tissulaires. Cette destruction peut se
ou chronique, l’étiologie de cette maladie est hétérogène et

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7 Endodontie

les combinaisons bactériennes sont multiples. Néanmoins,


bien qu’il n’existe pas de spécificité d’espèce pour une même
pathologie, il semble se dégager une spécificité de commu-
nauté et certaines communautés bactériennes semblent Étape 1
associées à certaines formes de parodontites apicales.

Plus qu’une connaissance des mécanismes pathogènes au


niveau de l’espèce, l’important est de comprendre com-
ment la communauté en place réagit vis-à-vis des autres Étape 2
communautés et par rapport à l’hôte, et d’identifier les
espèces présentes et la niche qu’elles occupent.

D - Mode de colonisation
Étape 3
1 - Biofilm
Selon Hall-Stoodley et al. (2004), un biofilm bactérien est
une communauté structurée de cellules bactériennes
incluses dans une matrice polymère qu’elles produisent et
adhérente à une surface biologique ou non. Le biofilm se
forme à partir de l’adsorption de bactéries planctoniques
(« flottant librement ») à une surface. Cette phase d’adhésion Étape 4
génère les premiers changements physiologiques : les bacté-
ries croissent et se divisent, et une signalisation moléculaire
intercellulaire s’instaure, permettant ainsi une communica- Figure 7.7 Les quatre étapes du développement d’un biofilm
(document Stéphane Simon, d’après http://www. ecogen. ie/
tion entre elles : le quorum sensing. Lorsque les colonies arri- DF_Biofilm. htm). Étape 1 : attachement initial des bactéries sur
vent à maturation, elles produisent une matrice extracellulaire le support. Étape 2 : attachement irréversible. Étape 3 : matura-
polysaccharidique contenant de l’ADN et des protéines. Des tion I. Étape 4 : maturation II. Il s’ensuit une étape 5 qui repré-
bactéries peuvent se détacher, elles quittent alors le biofilm sente la dispersion des bactéries.
pour en établir un nouveau avec d’autres bactéries plancto-
niques. Les signaux envoyés par la communauté permettent
le recrutement de nouvelles espèces microbiennes qui - coadhésion par attachement des colonisateurs secondaires
peuvent rejoindre le biofilm initial (Harrison et al., 2001). Un aux cellules déjà attachées ;
biofilm est composé en volume d’environ 15 % de bactéries - multiplication cellulaire et formation du biofilm par syn-
et 85 % de matrice (fig. 7.7) (Costerton et al., 2003 ; Hall-Stoo- thèse d’exopolysaccharides (interactions bactériennes par
dley et Stoodley, 2005). échanges métaboliques et génétiques conduisant à des
interactions compétitives entre les bactéries). Le biofilm
agit alors comme une barrière contre les antibiotiques, les
Les biofilms dentaires sont des écosystèmes multi-espèces antiseptiques et l’oxygène.
excessivement complexes où les bactéries buccales
Secondairement, certaines cellules se détachent. Ce déta-
peuvent agir en coopérant ou en s’opposant, c’est-à-dire
de façon synergique ou antagoniste. chement pourrait être une stratégie des bactéries qui colo-
nisent de nouvelles niches avant que l’espace et les nutriments
ne soient limités (Hall-Stoodley et al., 2004 et 2005). Ce
Ces mécanismes sont fondés sur une compétition entre les détachement peut se faire de trois façons :
bactéries pour les nutriments et pour le choix des sites d’at- - par dispersion ;
tachement ou par la production de substances antimicro- - par essaimage ;
biennes ou de bactériocines (Kreth et al., 2005b ; - par agglomérat ou dispersion de surface (Marsh, 2006).
Pangsomboon et al., 2006). Le plus connu des biofilms bacté- Au cours des différentes phases de formation du biofilm, des
riens de la cavité buccale est la plaque dentaire qui se forme interactions bactériennes s’établissent (fig. 7.8) :
à partir du dépôt de la pellicule exogène composée de pro- - par adhésion aux surfaces dentaires. Les premiers colonisa-
téines salivaires. teurs des surfaces dentaires se lient par des adhésines à la
La formation d’un biofilm, par exemple la plaque dentaire, se pellicule acquise. Ce sont souvent les Streptococcus viri-
fait en quatre étapes : dans qui ont la capacité de se lier aux protéines comme
- formation d’une pellicule exogène acquise ; l’alpha-amylase et les protéines et glycoprotéines riches en
- adhésion, dans un premier temps réversible, par des interac- proline (Kolenbrander et al., 2002). Streptococcus gordonii
tions faibles entre la surface cellulaire et la pellicule, puis et Streptococcus sanguinis, espèces fréquemment retrou-
attachement fort véhiculé par les récepteurs de l’adhésion ; vées dans la flore endodontique, font partie des colonisa-

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Microbiologie et endodontie 7
Co-agrégation produites par les bactéries pour inhiber la croissance de
souches ou d’espèces bactériennes proches. En sélection-
nant les espèces, elles peuvent ainsi réguler l’environne-
Infection ment bactérien à l’intérieur d’un biofilm et mettre en place
Co-infection
une communauté avec des espèces bactériennes spéci-
fiques qui peuvent jouer un rôle important dans l’équilibre
Coopération métabolique Compétition métabolique écologique de l’écosystème buccal (Kuramitsu et al., 2007).
D’autres métabolites bactériens comme le peroxyde d’hy-
drogène ou les acides gras (à chaîne courte) peuvent inhiber
Exclusion la croissance d’autres espèces ; par exemple, S. sanguinis
produit du peroxyde d’hydrogène (H2O2) qui inhibe
Compétition pour l’adhésion S. mutans (Kreth et al., 2008).
- par quorum sensing. C’est une régulation des gènes qui est à
Figure 7.8 Schéma des interactions bactériennes (d’après Jen- l’origine d’une communication biochimique entre les bacté-
kinson et Lamont, 2005). ries. Ce mode de communication influence des fonctions
essentielles comme la virulence, la tolérance aux acides ou
la formation d’un biofilm. Cette régulation est dépendante
teurs initiaux grâce à la protéine alpha-amylase qui se lie
de la densité cellulaire. Le quorum sensing est une fonction
avec l’amylase salivaire ;
primordiale dans un biofilm qui activerait le gène luxS, hau-
- par coagrégation entre les bactéries buccales. Les bactéries
tement conservé dans le génome de la plupart des bacté-
qui ne peuvent pas coloniser directement la surface den-
ries à Gram négatif et à Gram positif. Une espèce bactérienne
taire peuvent le faire par l’intermédiaire de récepteurs situés
déficiente en luxS n’aurait pas la possibilité d’intégrer un
sur les colonisateurs initiaux. Ainsi la coagrégation, réaction
biofilm polymicrobien. L’activation de luxS pour la forma-
spécifique de cellule à cellule, se produit et permet la colo-
tion d’un biofilm se fait après l’adhérence initiale aux sur-
nisation de bactéries buccales très différentes et la forma-
faces dentaires (McNab et al., 2003).
tion d’un biofilm. F. nucleatum peut se lier avec beaucoup
Un autre peptide stimulant la compétence (CSP, competence-
de bactéries orales telles que les streptocoques ou des bac-
stimulating peptide), produit par de nombreuses espèces de
téries anaérobies strictes ; c’est donc une espèce indispen-
streptocoques oraux, est aussi impliqué dans la production
sable pour la formation du biofilm car il permet la liaison
de bactériocines, la virulence et la formation du biofilm. En
entre colonisateurs initiaux et secondaires. Le processus est
augmentant la compétence génétique, le CSP favorise égale-
alors hautement spécifique et diffère selon que la coagré-
ment le transport d’ADN et les modifications génétiques des
gation se produit avec des bactéries à Gram positif ou néga-
bactéries du biofilm (Kreth et al., 2005a).
tif. La coagrégation ne permet pas seulement la colonisation
bactérienne par des mécanismes physico-chimiques mais
aussi la communication métabolique et les échanges de Important ! Le biofilm est une barrière contre les facteurs
matériel génétique (Hojo et al., 2009) ; extérieurs. Dès l’instant où les bactéries orales constituent
- par communication métabolique entre les bactéries orales. un biofilm, elles sont confrontées à l’oxygène, l’immunité de
l’hôte ou les agents antimicrobiens qui forment une barrière
La communication métabolique entre les bactéries peut se
unie. Leur comportement par rapport à des bactéries planc-
manifester par l’excrétion, par un micro-organisme, d’un toniques dans un même environnement est alors complète-
métabolite qui peut être utilisé comme nutriment par un ment modifié.
autre, ou par la rupture d’un substrat par l’activité enzyma-
tique extracellulaire d’un organisme qui crée alors des subs-
trats disponibles pour d’autres micro-organismes La différence la plus notable est certainement une tolérance
(Kolenbrander et al., 2002). Dans les biofilms dentaires, les accrue aux agents antimicrobiens. Selon Sedlacek et Walker
métabolites des bactéries orales sont par exemple utilisés (2007), la concentration nécessaire d’un antibiotique pour
comme source d’énergie pour d’autres bactéries du biofilm. inhiber la croissance de souches bactériennes dans un bio-
L’acide lactique produit par Veillonella est un élément film serait 250 fois plus importante que pour les mêmes
essentiel de la symbiose entre les streptocoques et cette souches à croissance planctonique.
espèce (Chalmers et al., 2008). Ces espèces se retrouvent Il existe trois mécanismes de résistance mis en place par les
souvent sur les mêmes sites de la cavité buccale (Kumar bactéries du biofilm qui sont les suivants :
et al., 2005). Un autre élément comme la vitamine K peut - la matrice extracellulaire du biofilm limite la diffusion des
cependant être nécessaire à la croissance de souches de agents antimicrobiens ;
Prevotella et Porphyromonas. Ces bactéries utilisent alors la - la croissance à l’intérieur du biofilm est plus lente, ce qui
Vit K2 (mélaquinone) produite par d’autres bactéries pré- favorise la résistance ;
sentes dans le biofilm, par exemple les Veillonella ; - le biofilm contient des facteurs de résistance comme les
- par les bactériocines et les métabolites inhibiteurs. Les bac- bêta-lactamases qui provoquent la dégradation des antibio-
tériocines sont des substances protéiniques bactéricides, tiques à cycle bêta-lactame.

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7 Endodontie

Des bactéries sensibles aux antibiotiques peuvent aussi Les biofilms sont souvent composés de bactéries de formes
acquérir une résistance à un antibiotique par un transfert très diverses qui forment des agrégats sur les parois denti-
horizontal de gènes ; l’échange d’ADN se fera alors par conju- naires du canal ou sur le tissu nécrosé avec une matrice extra-
gaison, transduction ou transformation. Cela a été démontré cellulaire d’origine vraisemblablement bactérienne.
sur un modèle dentaire ex vivo par échange d’un plasmide de Généralement, les biofilms canalaires ont une organisation
conjugaison portant la résistance à l’érythromycine entre similaire à celle des biofilms dentaires avec des structures en
S. gordonii et E. fæcalis (Sedgley et al., 2008). palissade de filaments et des chaînes de cocci perpendicu-
Les agents antimicrobiens ont souvent été mis au point et laires à la paroi canalaire (Nair, 1987) ou en épi de maïs atta-
optimisés pour leur activité contre les espèces unitaires à chés à des filaments (Molven et al., 1991 ; Nair, 1987). Cet
développement rapide. De nombreuses études ont démontré arrangement spatial permet à des molécules telles que des
que la croissance au sein d’un biofilm protégeait les bactéries nutriments ou des produits microbiens de pénétrer ou de
d’une atteinte des biocides, des désinfectants et des antibio- sortir des biofilms. Des expérimentations in vitro dans les
tiques ; cette caractéristique est particulièrement pertinente infections canalaires ont montré que les cultures d’E. fæcalis
dans l’infection canalaire. Certaines études montrent que les dans des canaux enduits ou non d’hydroxyde de calcium sont
micro-organismes au sein d’un biofilm pourraient être de 20 à capables de former des biofilms sur les parois canalaires (Dis-
1 000 fois plus résistants que leur forme planctonique (Gilbert tel et al., 2002) et que cette organisation semble permettre
et al., 1997). Les biofilms de bactéries buccales ont aussi mon- aux micro-organismes de résister au traitement.
tré qu’ils sont plus résistants à l’amoxicilline, à la doxycycline La localisation principale des micro-organismes à l’origine de
et au métronidazole (Larsen, 2002). Les mécanismes de protec- la parodontite apicale est le tissu nécrosé des pulpes non
tion du biofilm ne sont pas bien connus. Il semble que la struc- vitales (fig. 7.9). Néanmoins, la lésion en elle-même peut aussi
ture et l’organisation dense de la communauté à l’intérieur de contenir des micro-organismes. Ils peuvent être attachés à
la matrice polymère pourraient limiter la pénétration des l’extrémité radiculaire, se présenter en cellules planctoniques
agents dans le biofilm ; l’agent antiseptique pourrait ainsi être ou en amas. Des biofilms ont été décrits sur la surface radicu-
inactivé. De plus, dans un biofilm bactérien établi, les bactéries laire externe des dents au niveau du foramen apical (Leo-
croissent lentement lorsqu’elles sont dans des conditions de nardo et al., 2002). Ces amas peuvent contenir différentes
privation nutritionnelle. Elles seront alors beaucoup moins formes microbiennes, y compris des levures (Nair, 1987). L’ob-
susceptibles que les bactéries à division rapide. Il peut enfin y servation de ces espèces a modifié la conception de la théra-
avoir, dans les biofilms, des modifications du phénotype qui peutique endodontique dès lors qu’un traitement
augmentent la résistance ; le biofilm bactérien peut par endodontique seul ne permet pas d’éliminer l’infection et
exemple ne pas exprimer le gène cible d’un médicament ou que le recours à la chirurgie est la règle. La quantité d’agré-
peut utiliser des passages métaboliques différents de ceux gats microbiens extra-radiculaires est difficile à quantifier.
empruntés par les bactéries planctoniques. Ces îlots bactériens, décrits principalement lors de sympto-
Par conséquent, la structure et le mode de fonctionnement matologies aiguës avec ou sans fistule ou dans des infections
du biofilm lui permettent d’établir un ensemble de stratégies persistantes, contiennent des micro-organismes qui se
pour résister aux antibactériens : détachent continuellement de la surface des biofilms pour
- par faible pénétration dans les couches du biofilm grâce au coloniser d’autres sites. Ils peuvent alors être temporaire-
gradient de diffusion ;
- par altération du micro-environnement qui laisse les bacté-
ries en phase stationnaire ;
- par induction de modifications génétiques et biochimiques
en réponse au stress rencontré par la modification de l’envi-
ronnement ;
- par la présence de bactéries persistantes qui sont des cel-
lules « dormantes ».

2 - Biofilms canalaires

La formation d’un biofilm canalaire dépend des microbes


qui adaptent leur physiologie à un nouvel environnement
imposé ou non par le traitement (Chavez de Paz et al.,
2007). Les premiers biofilms canalaires ont été mis en évi-
dence par la microscopie optique, la microscopie électro-
nique à transmission et la microscopie électronique à
balayage sur des dents extraites présentant des paro-
dontites apicales. Observées initialement par Nair (1987),
ces structures n’étaient pas encore appelées « biofilm »
(Nair et al., 1990). Figure 7.9 Chaînes de streptocoques colonisant le tissu pul-
paire nécrosé (document P. Calas).

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Microbiologie et endodontie 7
ment présents dans la lésion tissulaire péri-apicale. Cela est
communément le cas des abcès apicaux qui peuvent conte-
III - Composition de la flore
nir un grand nombre et une grande variété de formes micro- endodontique
biennes. Bien que par des méthodes d’identification
complexes (FISH, fluorescence in situ hybridization), des A - Généralités
bacilles, des spirochètes et des cocci aient été identifiés dans
des lésions péri-apicales asymptomatiques de dents obtu-
Remarque : toutes les bactéries qui habitent la cavité buc-
rées (Nair et Schroeder, 1984 ; Sunde et al., 2003), les lésions cale ont la capacité théorique d’envahir l’espace canalaire
chroniques comme les granulomes apicaux ne sont normale- radiculaire au cours du processus de nécrose pulpaire et
ment pas infectés à l’exception des actinomycoses apicales d’induire une infection du canal puis de la zone péri-apicale.
(Baumgartner et Falkler, 1991 ; Nair et Rossinsky, 1984 ; Nair et Finalement, seules quelques espèces le font.
Schroeder, 1984). La découverte par Nair d’amas de micro-
organismes au sein de kystes radiculaires a été confirmée par
les travaux récents de Ricucci et Siqueira qui ont observé des Plusieurs études ont été menées afin de mettre en évidence
biofilms canalaires intraradiculaires dans la partie apicale de les bactéries responsables de l’infection endodontique ; des
77 % des canaux infectés (80 % non traités, 74 % traités) et résultats différents ont été publiés car la détermination de la
établi leur présence dans les volumineuses lésions épithélia- flore pathogène dépend de nombreux facteurs tels que la
lisées en plus des parois et des isthmes canalaires. Leur pré- méthode de prélèvement, la durée de mise en culture, le
valence dans les kystes, abcès et granulomes serait milieu nutritif utilisé, les conditions d’incubation, le recours à
respectivement de 95, 83 et 69,5 % alors que les biofilms la microscopie… Au siècle dernier, les bactéries les plus
extra-radiculaires ne seraient observés que dans 6 % des cas fréquemment retrouvées étaient les bactéries aérobies et
(Ricucci et Siqueira, 2010). anaérobies facultatives comme le Streptocoque alpha-
Les biofilms canalaires contiennent de nombreuses espèces hémolytique. Pendant les années 1970, l’avènement de nou-
avec un contact physique proche et cela augmente la proba- velles techniques de culture anaérobie a permis, par exemple,
bilité d’interactions à la fois synergiques et antagonistes de démontrer l’importance des bacilles à Gram négatif anaé-
entre les cellules microbiennes. Une communauté micro- robies, Bacteroides et Porphyromonas. L’amélioration des
bienne multi-espèces s’établit et les interactions micro- protocoles de prélèvement et de culture des bactéries anaé-
biennes augmentent aussi la capacité des micro-organismes robies a été d’un grand apport pour la caractérisation de la
à résister aux conditions stressantes de l’environnement. flore endocanalaire.
L’organisation d’une communauté en biofilm est certaine- Lors d’un prélèvement canalaire, on comptabilise en moyenne
ment la stratégie la plus efficace des bactéries pour survivre 400 000 cellules, soit de 101 à 107 bactéries par milligramme
et se développer dans un environnement hostile. Pour de prélèvement. Un nombre très variable d’espèces (de 1 à 12)
Siqueira et Roças (2009a), les principaux avantages du biofilm est identifié ; ces espèces diffèrent selon les prélèvements et
sont : les techniques de culture. L’introduction plus récente des
- la création d’un habitat plus vaste pour la croissance des techniques de biologie moléculaire a permis l’identification
bactéries et d’un microbiote plus diversifié ; de nouvelles souches dans les prélèvements endocanalaires
- la diversité métabolique augmentée et une meilleure effi- qui, selon les estimations, varient dorénavant entre 20 et
cience par les réseaux nutritionnels ; 40 espèces différentes.
- la protection vis-à-vis des micro-organismes agresseurs, des
défenses de l’hôte, des agents antimicrobiens et du stress B - Selon les techniques d’études
environnemental ;
- les échanges génétiques facilités ; La flore microbienne orale est l’écosystème le plus com-
- la pathogénicité augmentée. plexe du corps humain (Baumgartner et al., 2004). La flore
endodontique qui en est issue conserve cette caractéris-
Important ! Malgré les nombreuses techniques de biologie tique et sa composition a fait l’objet de nombreux ajuste-
moléculaire à notre disposition, la connaissance des bio- ments non seulement grâce à l’amélioration des techniques
films dentaires et canalaires reste limitée. Le développe- de prélèvement mais aussi, à la fin du XXe siècle, grâce à
ment de ces moyens d’investigation a néanmoins permis de des techniques de culture de plus en plus sophistiquées,
mieux connaître et comprendre la diversité des commu- notamment pour ce qui concerne les conditions d’anaéro-
nautés bactériennes de la cavité buccale. biose.

121

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7 Endodontie

À la différence de la parodontologie, les prélèvements cana- peuvent échanger leur ADN, modifier leur propre génome et
laires ont toujours été beaucoup plus complexes à réaliser à générer ainsi de nouvelles communautés en s’adaptant aux
cause des risques de contamination, d’une part, et de la changements d’environnements. Alors que la taxonomie bac-
nécessité, lors d’une infection secondaire à un traitement, térienne était fondée sur les caractéristiques phénotypiques,
d’éliminer le matériau d’obturation endodontique présent les informations génétiques obtenues ont permis de classer
avant de prélever, d’autre part. Les connaissances acquises à les espèces non cultivables d’après leur gène 16S ARNr qui
cette période ont été possibles grâce aux prélèvements réa- représente cependant une région très limitée du génome. Ce
lisés en anaérobiose et aux mises en culture avec des tech- gène code la sous-unité 16 de l’ARN ribosomal qui est la zone
niques favorisant la croissance d’espèces anaérobies strictes la plus stable et identique pour toutes les bactéries. Des
ou facultatives (Baumgartner et Falkler, 1991 ; Bergenholtz, communautés bactériennes complexes peuvent ainsi être
1974 ; Sundqvist, 1976 et 1992a). caractérisées par polymerase chain reaction (PCR), clonage et
En 1992, Sundqvist (1992a) a effectué des prélèvements dans séquençage du 16S ARNr.
65 dents humaines infectées et présentant une pathologie La nomenclature bactérienne fait référence à de nombreux
péri-apicale ; il a ainsi pu démontrer que les espèces le plus termes pour désigner une communauté :
souvent rencontrées étaient F. nucleatum, P. intermedia, - un taxon (ou unité taxonomique ou groupe taxonomique)
P. micros, P. anaerobius, Eubacterium alactolyticum, Eubacte- est un groupe d’organismes apparentés appartenant à l’un
rium lentum et Wolinella recta. Les bactéries anaérobies des rangs hiérarchiques suivants : espèce, genre, famille,
représentaient plus de 90 % des bactéries isolées. ordre ou classe. Un phylum et un règne sont aussi des
C’est ainsi que la détection des bactéries anaérobies strictes taxons. Par exemple, P. intermedia est un taxon de rang
est passée d’un pourcentage de 24 % (Brown et Rudolph, « spécifique d’espèce », Prevotella est un taxon de rang
1957), à 71 % (Bergenholtz, 1974 ; Sundqvist et al., 1991) puis « générique », Prevotellaceae est un taxon de rang « famille »,
91 % (Bergenholtz, 1974 ; Sundqvist et al., 1991). En résumé, les Bacteroidales est un taxon de rang « ordre », les Bacteroi-
espèces les plus fréquemment isolées étaient (tableau 7.1) : detes sont des taxons (taxa) de rang « classe » et « phylum »
- les coques (streptocoques, peptostreptocoques, Veillo- dans le domaine Bacteria (Euzéby, 2008) ;
nella) ; - la flore de la cavité buccale ou le microbiote buccal peut
- les bacilles (Fusobacterium, Actinomyces, Prevotella, Por- comporter plus de 800 taxons différents, cultivables ou
phyromonas). non, identifiés par leur séquençage du 16S ARNr (Aas et al.,
2005). Parmi cette flore, un individu est supposé posséder
une variété de 100 à 200 taxons dans la cavité buccale. Ces
Tableau 7.1 Composition de la flore endodontique par culture.
taxons sont des organismes ayant généralement une
Genres anaérobies Genres facultatifs séquence 16S ARNr différente. Cependant, certaines espèces
Bacilles Porphyromonas Capnocytophaga bactériennes comme Streptococcus oralis, Streptococcus
à Gram négatif Prevotella Eikenella mitis et Veillonella spp. peuvent avoir des séquences iden-
Fusobacterium tiques, ce qui conduit à une sous-estimation de la diversité
Campylobacter bactérienne (Beighton et al., 2008).
Treponema
Wolinella
Bacilles Actinomyces Corynebacterium Essentiel : même si certaines bactéries sont détectées en
à Gram positif Arachnia propionica Lactobacillus faible nombre, elles restent indispensables aux communau-
Eubacterium tés microbiennes (Sogin et al., 2006). L’intérêt fondamental
Propionibacterium est donc de détecter le maximum d’espèces sans préjuger
Pseudoramibacter de leur pathogénicité.
Cocci à Gram négatif Veillonella Neisseria
Cocci à Gram positif Peptostreptococcus Streptococcus Comme aucune technique ne permet actuellement de détec-
Enterococcus ter toutes les espèces d’un échantillon, il est préférable d’as-
socier les moyens d’investigation, de culture et de biologie
moléculaire (fig. 7.10).
Les coques à Gram positif et les bacilles à Gram négatif
étaient prédominants.
Pendant des années, la composition de la flore a été établie
C - Nouvelle taxonomie
à partir de cultures sur des milieux gélosés permettant la Ce n’est qu’avec l’application de techniques de biologie
croissance de pathogènes bactériens, de tests biochimiques moléculaires à l’endodontie telles l’hybridation ADN-ADN en
et d’observations au microscope. Selon les estimations, moins damier, les techniques d’amplification par PCR, spécifiques
de 2 % des bactéries terrestres seraient cultivables (Wade, d’espèces ou à large spectre, que de nouvelles études ont pu
2009). Les techniques de biologie moléculaire ont permis de cibler des bactéries cultivables et inclure des bactéries diffi-
mettre en évidence une diversité de la vie microbienne et ciles à cultiver comme des pathogènes endodontiques pos-
l’extrême complexité de la plupart des communautés. Elles sibles (Conrads et al., 1997 ; Siqueira et al., 2000a, 2000b et

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Microbiologie et endodontie 7
Culture
Biologie moléculaire
Culture + Biologie moléculaire

210

151

107
96
74
50
27 26 25 22 26 31 21 9
16 6 5 4 13 14 1 1 1
Global Actinobacteria Bacteroidetes Firmicutes Fusobacteria Proteobacteria Spirochaetes Synergistes TM7 SR1

Figure 7.10 Nombre de taxons bactériens identifiés dans la cavité buccale selon la technique d’identification (d’après Siqueira et
Roças, 2009b).

2001). D’autres méthodes comme l’électrophorèse en gra- Compte tenu de ces nouvelles données, la taxonomie de la
dient de gel dénaturant (DGGE, denaturing gradient gel elec- flore a été modifiée (Siqueira, 2003) et comprend dorénavant
trophoresis) ou le polymorphisme des longueurs des (tableau 7.3) :
fragments de restriction terminaux (T-RFLP, terminal restric- - les anciennes espèces détectées (Actinomyces israelii,
tion fragment length polymorphism) permettent d’analyser F. nucleatum, P. micros…) ;
toute une communauté. - les espèces dont le nom a changé récemment (P. endodon-
La physiologie et la fonction des communautés bactériennes talis, P. intermedia, Campylobacter gracilis et C. rectus…) ;
peuvent aussi être étudiées par des techniques métagéno- - les nouvelles espèces décrites (Actinomyces radicidentis,
miques, transcriptomiques ou protéomiques fondées respec- Campylobacter curtum…) ;
tivement sur l’analyse de l’ADN du génome, sur l’expression - les espèces retrouvées occasionnellement par culture dans
de l’ARN ou des protéines, mais qui ne sont pas encore utili- une dent infectée mais beaucoup plus fréquemment détec-
sées couramment en microbiologie endodontique. tées par biologie moléculaire ;
De nombreuses espèces n’étant pas cultivables, il faut asso- - les espèces qui n’avaient jamais été isolées auparavant dans
cier plusieurs techniques pour mieux comprendre les méca- les infections endodontiques.
nismes qui régissent les biofilms et essayer de les contrôler. À un niveau phylogénétique plus large, tous les taxons bacté-
La biologie moléculaire en microbiologie endodontique a riens appartiennent à 9 des 13 phyla oraux : Firmicutes, Bacte-
ainsi, en 10 ans, identifié 317 taxons dans les canaux infectés roidetes, Actinobacteria, Proteobacteria, Fusobacteria,
sur les 800 appartenant à la cavité buccale alors que les tech- Spirochaetes, Synergistes, TM7 et SR1 (tableau 7.4).
niques de culture n’en avaient identifié que 258 en 30 ans. La plupart des bactéries non cultivables ou non caractérisées
Les organismes vivants sont divisés en trois domaines : Bacte- appartiennent aux phyla Firmicutes, Bacteria et Actinobacte-
ria, Eucarya et Archaea, auxquels s’ajoutent les virus et les riae et sont des pathogènes endodontiques importants. Par
prions. Parmi les Bacteria, il existe 36 divisions ou phyla dont exemple Fusobactereia, Spirochaetes et Synergistes ne repré-
13 ont été détectées dans la cavité buccale. Comme il existe sentent que peu d’espèces dans les infections endodontiques
une grande diversité dans la composition génétique d’une (fig. 7.11) mais F. nucleatum, Treponema denticola et Syner-
souche bactérienne individuelle, une nouvelle approche gistes sont les taxons les plus communs retrouvés dans les
consiste à analyser la communauté bactérienne d’un habitat infections endodontiques primaires intraradiculaires (Siqueira
(le microbiome) et le matériel génétique de cette commu- et Roças, 2009b).
nauté (le métagénome) (Rondon et al., 2000). Ces nouvelles techniques de détection ont permis, par
Sur les 13 phyla (divisions) retrouvés dans la cavité buccale exemple, de connaître de 40 à 55 % des taxa bactériens trou-
(tableau 7.2), le domaine Bacteria prédomine dans les infec- vés dans les infections primaires (Conrads et al., 1997 ; Mun-
tions endodontiques et comporte 468 taxons bactériens son et al., 2002 ; Sakamoto et al., 2006 et 2008).
représentant 100 genres dont les principaux sont Prevotella,
Eubacterium, Streptococcus et Lactobacillus, et 22 indéfinis. Quelles que soient les techniques d’observation et d’iden-
Les domaines Archaea et Eucarya sont peu représentés dans tification bactérienne, il semble que chaque dent possède
les infections endodontiques. Eucarya n’a été identifié qu’en un modèle unique d’infection bactérienne dans lequel la
culture avec principalement l’identification de Candida et présence d’un biofilm bactérien est la règle bien que des
d’Archaea par PCR pour le genre Methanobravibacter bactéries planctoniques, flottant librement dans la lumière
canalaire, soient également retrouvées.
(Vickerman et al., 2007).

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7 Endodontie

Tableau 7.2 Principaux phyla, genres et espèces du domaine Bacteria de la cavité buccale (d’après Siqueira et Roças, 2010).
Phyla et genres Représentants des niveaux d’espèces
Firmicutes
Anaerococcus A. prevotii
Catonella C. morbi
Centipeda C. periodontii
Dialister D. invisus, D. pneumosintes, phylotypes non cultivés
Eggerthella E. lenta
Enterococcus E. fæcalis
Eubacterium E. sulci, E. infirmum, E. saphenum, E. nodatum, E. nodatum, E. brachy, E. minutum, phylotypes non cultivés
Filifactor F. alocis
Finegoldia F. magna
Gemella G. morbillorum
Granulicatella G. adiacens
Lactobacillus L. salivarius, L. acidophilus, L. fermentum, L. paracasei, L. catenaformis
Megasphaera Phylotypes non cultivés
Mogibacteriumi M. timidum, M. pumilum, M. neglectum, M. vescum
Parvimonas P. micra
Peptoniphilus P. asaccharolyticus, P. lacrymalis
Peptostreptococcus P. anaerobius, phylotypes non cultivés
Pseudoramibacter P. alactolyticus
Selenomonas S. sputigena, S. noxia, phylotypes non cultivés
Solobacterium S. moorei, phylotypes non cultivés
Streptococcus S. mutans, S. sobrinus, S. mitis, S. sanguinis, S. gordonii, S. oralis, S. anginosus, S. constellatus, S. intermedius, phylotypes
non cultivés
Veillonella V. parvula, phylotypes non cultivés
Bacteroidetes
Capnocytophaga C. gingivalis, C. ochracca
Porphyromonas P. endodontalis, P. gingivalis
Prevotella P. intermedia, P. nigrescens, P. tannerae, P. multissacharivorax, P. baroniae, P. denticola, phylotypes non cultivés
Tannerella T. forsythia
Actinobacteria mettre un point et non un point-virgule pour A. gerencseriae et A. naeslundii
Actinomyces A. israelii, A ;.gerencseriae, A .; naeslundii, A. meyeri, A. odontolyticus, phylotypes non cultivés
Atopobium A. parvulum, A. minutum, A. rimae, phylotypes non cultivés
Bifedobacterium B. dentium, B. adolescentis, B. bifidum
Corynebacterium C. matruchotii
Olsenella O. uli, O. profusa, phylotypes non cultivés
Propionibacterium P. acnes, P. propionicum
Rothia R. dentocariosa
Slackia S. exigua
Proteobacteria
Aggregatibacter A. actinomycetemcomitans, A. aphrophilus
Campylobacter C. rectus, C. gracilis, C. curvus, C. showae, C. consisus
Eikenella E. corrodens
Neisseria N. mucosa, N. sicca
Fusobacteria
Fusobacterium F. nucleatum, F. periodonticum, phylotypes non cultivés
Leptotrichia L. buccalis
Spirochaetes
Treponema T. denticola, T. socranskii, T. parvum, T. maltophilum, T. lecithinolyticum, phylotypes non cultivés

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Microbiologie et endodontie 7
Tableau 7.3 Distribution des espèces pathogènes de la flore endodontique selon la nouvelle taxonomie (d’après Siqueira, 2003).
Spirochaetes Fusobacteria Actinobacteria Firmicutes Proteobacteria Bacteroidetes
Treponema Fusobacterium Actinomyces Streptococcus Neisseria Prevotella
denticola nucleatum israelli israelii oralis mucosa intermedia
socranskii periodonticum gerencseriae mitis Eikenella nigrescens
maltophilum Leptotrichia naeslundii sanguis corrodens denticola
amylovorum buccalls odontolyticus anginosus Acinetobacter melaninogenica
medium radicidentis constellatus baumannii oris
lecithinolyticum Propionibacterium intermedius Pseudomonas loescheii
pectinovorum propionicus mutans aeruginosa buccae
vincentii acnes sobrinus Escherichia oralis
Slackia Enterococcus coli tannerae
exigua faecalis Actinobacillus dentalis
Eggerthella Gemella actinomycetemcomitans Porphyromonas
lenta morbillorum Haemophilus gingivalis
Cryptobacterium Lactobacillus aphrophilus endodontalis
curtum catenaforme Campylobacter Capnocytophaga
Corynebacterium Eubacterium gracilis gingivalis
matruchotii nodatum rectus ochracea
Rothia sulci showae Tannerella
dentocariosa saphenum forsythensis
Olsenella spp. minutum
Atopobium spp. Mogibacterium
timidum
neglectum
Peptostreptococcus
anaerobius
micros
Finegoldia
magna
Fillifactor
alocis
Pseudoramibacter
alactolyticus
Dialisfer Dialister
pneumosintes
Veillonella
parvula
Selenomonas
sputigena
Centipeda
periodontii
Staphylococcus
epidermidis
aureus

Tableau 7.4 Principaux phyla bactériens retrouvés dans les infections endodontiques (d’après Siqueira et Roças, 2009b).
Phyla Phylotypes ou Espèces
Firmicutes Dialister spp, Filifactor alocis, Parvimonas micra, Enterococcus faecalis, Eubacterium spp, Streptococcus spp.,
Lactobacillus spp., Peptostreptococcus spp.
Actinobacteria Olsonella uli, Actinomyces spp., Propionibacterium acnes, Propionibacterium propionicum
Synergistes Clone BA121, clone W090
Spirochaetes Treponema denticola, Treponema socranskii, Treponema maltophilum, Treponema parvum
Fusobacteria Fusobacterium nucleatum
Proteobacteria Eikenella corrodens, Campylobacter rectus, Campylobacter gracilis
TM7 Clone 1025
SR1 Clone X112
Bacteroidetes Tannerella forsythia, Porphyromonas endodontalis, Porphyromonas gingivalis, Prevotella spp., clone X083

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7 Endodontie

184

76
69
54
47 44
28 22 26
18 14 4 3 12 14
10 1 2 10 1 1 1
Actinobacteria Bacteroidetes Firmicutes Fusobacteria Proteobacteria Spirochaetes Synergistes TM7 SR1

Infection primaire Secondaire/persistante Extraradiculaire

Figure 7.11 Nombre de taxons bactériens identifiés dans les infections endodontiques selon le type d’infection (d’après Siqueira et
Roças, 2009b).

D - Selon la localisation et le temps Avec le temps, l’acidose disparaît et un milieu neutre, voire
alcalin, s’établit, permettant la croissance des bactéries ana-
Les bactéries de la flore endodontique colonisent la totalité érobies. Ainsi, une dent fermée peut compter jusqu’à 95 % de
du réseau canalaire radiculaire. On les retrouve donc : bactéries anaérobies strictes.
- sur les restes de tissu pulpaire nécrosé, où elles trouvent les Quand la dent est ouverte, on retrouve au niveau coronaire
éléments nutritifs nécessaires à leur croissance ; des cocci et des bacilles à Gram positif en plus grand nombre
- le long des parois canalaires, où elles adhérent les unes aux que les filaments et les spirochètes. Dans la partie apicale, les
autres sur plusieurs couches s’organisant en biofilm ; Gram négatif anaérobies stricts, bien que moins nombreux
- dans les canaux accessoires et les deltas apicaux ; que dans une dent fermée, sont plus abondants ; il semblerait
- à l’intérieur des tubuli dentinaires sur une profondeur de que les défenses de l’hôte jouent aussi un rôle sélectif.
plusieurs centaines de microns à partir de la lumière cana- Bien que la distribution bactérienne varie énormément sur
laire. Les bactéries se logent préférentiellement dans le pre- les parois canalaires et dans la lumière du canal d’une racine
mier tiers de la dentine péricanalaire si le cément est intact. à l’autre, une composition selon le site endocanalaire peut
Dans le cas contraire, une seconde source nutritionnelle aussi être établie.
provenant de l’extérieur permet une fixation bactérienne
sur le collagène des tubuli. 1 - Selon les sites endocanalaires
La composition de la flore endodontique varie selon de Dans la zone coronaire radiculaire, les coques et les bacilles à
nombreux critères – individu, localisation géographique, Gram positif sont plus abondants que les filaments, les spiro-
communication avec le milieu buccal et durée de l’infec- chètes et les bactéries motiles.
tion… – parmi lesquels le site, le type et le moment de l’infec- Dans la zone apicale radiculaire, les bactéries à Gram négatif
tion sont prépondérants. prédominent dans la zone apicale ; les défenses de l’hôte à
l’apex maintiennent un équilibre précaire avec les bactéries
E - Selon la communication canalaires et peuvent contribuer à sa rupture par une baisse
avec le milieu buccal des défenses ou une sélection bactérienne (fig. 7.12).
Dans les tubuli dentinaires, la colonisation bactérienne du
L’habitat est sélectif et, en l’absence d’oxygène, une sélec- canal est plus importante dans les parties coronaires et
tion progressive des bactéries va s’opérer. Selon par médianes du canal mais dans les tubuli, les bactéries sont
exemple que la chambre pulpaire est ouverte ou non, les plus nombreuses apicalement (Richardson et al., 2009). Bien
populations retrouvées dans le canal ne seront pas les que plusieurs centaines d’espèces cohabitent dans la cavité
mêmes. Les bactéries présentes dans les lésions carieuses buccale, la sélection qui s’opère entre elles conduit à une
(Streptococcus et Lactobacillus) vont peu à peu laisser la colonisation limitée à quelques espèces des tubuli denti-
place à des bactéries anaérobies strictes ou aéro-anaéro- naires. Des micro-organismes à Gram positif et anaérobies
bies car, lors de la nécrose, les germes facultatifs forment stricts comme Eubacterium spp., Propionibacterium spp. ou
de l’acide lactique ce qui conduit à un pH acide de 5,3.
Veillonella spp. sont essentiellement retrouvés dans les

126

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Microbiologie et endodontie 7

a b

Figure 7.12 Flore dans le tiers médian (a) et dans la zone apicale (b) du canal (document J.-C. Robert, université de Rennes 1).

tubuli de la dentine cariée et non cariée. Les bacilles anaéro- d’un nombre plus restreint d’espèces et souvent d’une prédo-
bies stricts à Gram négatif comme les Porphyromonas spp. minance de bactéries anaérobies à Gram négatif.
sont moins nombreux et plutôt identifiés dans les couches Sur les 103 à 108 cellules retrouvées par canal infecté (Siqueira
profondes de la dentine infectée (Love, 2009). et al., 2007 ; Sundqvist 1976), de 10 à 30 espèces anaérobies
Dans les cryptes cémentaires apicales, on identifie surtout ont été détectées par canal (Munson et al., 2002 ; Siqueira et
des Actinomyces. Leur localisation est alors extra-radiculaire Roças, 2004 et 2005).
et ils sont hors d’atteinte d’un traitement endodontique Récemment, dans les infections endodontiques primaires,
conventionnel. l’association des techniques de culture et moléculaires a per-
mis d’identifier 391 taxons bactériens, 4 taxons fongiques et
2 - Selon la durée de l’infection 1 taxon archal appartenant à 9 phyla et 82 genres bactériens
Dans les canaux nécrosés, avec le temps, la flore devient pro- (Siqueira et Roças, 2009b). Les espèces les plus représentées
téolytique, anaérobie et plus résistante aux mécanismes de sont Firmicutes, Bacteroidetes et Actinobacteria et, sur les
défense de l’hôte (Fabricius et al., 1982b). Il s’agit d’une flore 391 taxons détectés, 261 sont spécifiques des infections
polymicrobienne à prédominance anaérobie : au début, les endodontiques primaires et n’ont pas été observés dans
espèces facultatives comme Streptococcus, Enterococcus, d’autres infections. Les espèces identifiées comportent des
Lactobacillus et Corynebacterium sont en nombre équiva- Gram positif mais les Gram négatif prédominent avec, notam-
lent aux anaérobies tels Peptostreptococcus, Propionibacte- ment, les bacilles anaérobies à pigmentation noire dont les
rium, Eubacterium, Prevotella et Fusobacterium. Puis, les deux genres principaux sont Prevotella et Porphyromonas et
anaérobies à Gram négatif prédominent avec l’ancienneté de les espèces les plus représentées P. intermedia, P. nigrescens,
l’infection. Prevotella denticola, P. endodontalis et P. gingivalis. Ces der-
nières sont très présentes dans les infections endodontiques
et seraient à l’origine des abcès alvéolaires aigus (van Winkel-
F - Selon les différents types d’infections hoff et al., 1985).
endodontiques Tannerella forsythia, bacille à Gram négatif anaérobie strict,
Les infections endodontiques peuvent être classées en infec- n’avait jamais été détecté par culture avant sa mise en évi-
tions intraradiculaires primaires, secondaires, persistantes ou dence par PCR par Conrads (1997). On le retrouve aussi bien
en infections extra-radiculaires qui associent à la fois les dans les infections primaires que dans les abcès (Siqueira et
notions de localisation et de moment de l’infection endoca- Roças, 2003 ; Siqueira et al., 2000b). De la même façon Dialis-
nalaire. ter, qui est un coccobacille anaérobie strict à Gram négatif, a
été retrouvé dans des infections primaires symptomatiques
1 - Infection intraradiculaire : primaire, secondaire, persistante et asymptomatiques par les espèces Dialister pneumosintes
ou Dialister invisus.
a - Infection initiale F. nucleatum, bacille anaérobie fusiforme à Gram négatif, est
Les micro-organismes colonisent le tissu pulpaire nécrosé. certainement l’espèce la plus fréquemment rencontrée dans
Cette flore est mixte et essentiellement anaérobie. La flore les infections endodontiques.
fluctue en fonction de la pathologie péri-apicale associée : Les spirochètes, ordre souvent négligé et oublié par culture,
elle est plus variée lors d’une pathologie chronique alors ont été identifiés en biologie moléculaire dans le genre des
qu’une symptomatologie aiguë est associée à la présence tréponèmes par les espèces Treponema denticola et Tre-

127

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7 Endodontie

ponema socranskii (Siqueira et Roças, 2004 ; Siqueira et al., S. gordonii, S. anginosus, S. sanguinis, S. oralis), des Actino-
2000a). myces, Propionibacterium, des lactobacilles (Lactobacillus
Les spirochètes peuvent aussi être présents dans les infec- paracasei, Lactobacillus acidophilus) et E. fæcalis (tableau 7.5)
tions endodontiques avec lésion apicale associée. Treponema (Siqueira et Roças, 2009b).
maltophilum jouerait un rôle dans l’étiologie des infections
endodontiques et serait associé à Bacteroides forsythus et c - Flore des retraitements
P. gingivalis (Jung et al., 2001). Quand une infection se déclare sur une dent ayant déjà été
Même s’ils ne sont pas prédominants, quelques cocci et traitée, une sélection plus importante s’opère au sein du
bacilles à Gram positif (peptostreptocoques et strepto- canal et de 1 à 3 espèces sont généralement retrouvées dans
coques) sont retrouvés dans les infections primaires les derniers millimètres apicaux. Il s’agit principalement de
(tableau 7.5). bactéries à Gram positif. E. fæcalis représente jusqu’à 70 % de
De même, les Campylobacter ou Veillonella ont été détectés la flore des retraitements alors que les anaérobies représen-
grâce aux techniques de PCR qui ont permis de révéler une tent moins de 40 % de la flore. La densité bactérienne varie
flore beaucoup plus complexe qu’on ne le croyait. Sachant entre 103 et 107 cellules par canal (Sedgley et al., 2006). Les
que de 40 à 55 % du microbiote endodontique est composé espèces bactériennes détectées appartiennent à 7 phyla et
de phylotypes non cultivables, leur rôle dans la pathogenèse 58 genres. Les plus nombreuses font parties des Firmicutes,
des parodontites apicales n’est pas encore élucidé. Actinobacteria et Proteobacteria, suivies par les Bacteroi-
detes. Kalfas et al. (2001) ont mis en évidence une nouvelle
b - Infections intraradiculaires secondaires ou persistantes
espèce d’Actinomyces présente dans les canaux après échec
Selon Siqueira (2002), une infection est qualifiée de : de traitement endodontique : Actinomyces radicidentis.
- secondaire quand elle est causée par des micro-organismes Seuls quelques taxons de Fusobacteria, Spirochaetes et
qui n’étaient pas présents dans l’infection initiale et qui ont Synergistes ont été détectés par biologie moléculaire. En
pénétré dans le système canalaire soit lors du traitement plus d’E. fæcalis, Sundqvist et al. (1998) ont également
initial, soit entre les séances ou après la fin du traitement retrouvé un champignon, Candida albicans, déjà cité dans
endodontique ; des cas d’échec de traitement endodontique. C. albicans est
- persistante quand elle est causée par des micro-organismes le champignon le plus souvent détecté dans les cas de retrai-
appartenant à une infection primaire ou secondaire mais qui tement (jusqu’à 18 % de Candida identifiés) (Egan et al., 2002).
résistent aux procédures antibactériennes et aux manœuvres En effet, il pourrait profiter des conditions créées par l’élimi-
thérapeutiques et peuvent survivre à des périodes de priva- nation des autres micro-organismes et aurait la capacité de
tion nutritionnelle. se reproduire dans un environnement nutritif pauvre.
La mutualisation des techniques a permis de mettre en évi-
dence, dans ces infections, 51 taxons bactériens et 2 taxons
fongiques. Important ! Selon Nair et al. (1990), dans la majorité des cas
Avant obturation canalaire, de 102 à 105 cellules par canal de lésion péri-apicale résistante aux thérapies, les bactéries
peuvent persister. Elles appartiennent aux phyla Firmicutes, et les micromycètes restent présents dans les canaux obtu-
rés et jouent ainsi un rôle important dans l’échec du traite-
Proteobacteria et Actinobacteria. Ces bactéries résistantes
ment endodontique.
aux thérapeutiques incluent des streptocoques (S. mitis,

Tableau 7.5 Composition de la flore endocanalaire selon la pathologie périapicale (d’après Siqueira, 2002).
Infections initiales Infections secondaires
Infections extraradiculaires
Lésion chronique périradiculaire Abcès périapical aigu ou persistantes
Bacteroides Porphyromonas Enterococcus Actinomyces
Treponema Treponema Actinomyces Propionibacterium
Prevotella Fusobacterium Streptococcus
Porphyromonas Bacteroides Candida
Fusobacterium Prevotella Propionibacterium
Peptostreptococcus Streptococcus Staphylococcus
Streptococcus Peptostreptococcus Pseudomonas
Eubacterium
Actinomyces
Campylobacter

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d - Rôle d’E. fæcalis dans la flore endodontique développer des résistances à certains antibiotiques tels que
Sundqvist et al. (1998) ont cherché quelles étaient les bacté- l’ampicilline, le chloramphénicol, les macrolides ou les tétra-
ries présentes dans les échecs de traitement endodontique. cyclines (Tannock, 2002).
Avec les techniques de culture, la flore bactérienne patho- E. fæcalis a été détecté dans la cavité buccale de 11 % de
gène après obturation se limitait souvent à une seule espèce, patients présentant des infections endodontiques mais chez
voire à deux, et l’espèce la plus fréquemment retrouvée était seulement 1 % des patients sans problèmes endodontiques
E. fæcalis (38 % des dents). (Sedgley et al., 2005b). Ce sont les techniques de PCR qui ont
La présence d’entérocoques dans un canal infecté a été mise considérablement facilité sa détection par rapport aux tech-
en évidence dès les travaux de Möller (1966) qui en détectait niques de culture. Par PCR, sa présence a été détectée dans
27 % lorsqu’une parodontite apicale faisait suite à un retraite- 67,5 % d’échantillons prélevés sur des infections endo-
ment canalaire. Ce taux a augmenté à 47 % (Molander et al., dontiques primaires et 89,6 % d’échantillons issus de dents
1998) puis à 83 % (Sundqvist et al., 1998) et même à 90 % (Sed- déjà obturées endodontiquement. Cependant, son pourcen-
gley et al., 2006). De même, Siren et al. (1997) ont détecté, par tage par rapport au nombre total de bactéries par échan-
technique de culture, 63 % d’entérocoques dans les canaux tillon est supérieur dans les cas d’infection initiale par rapport
ouverts, 37 % dans des canaux fermés, 42 % lors d’une paro- au retraitement (13,5 contre 9,84) (Sedgley et al., 2006). Même
dontite apicale initiale et 71 % dans les cas de retraitement. s’il est détecté plus souvent par les techniques de PCR que
Bactérie phare de la microbiologie endodontique, E. fæcalis par culture, cela n’implique pas que toutes les bactéries iden-
semble être devenue « la » bactérie responsable de nom- tifiées soient viables. En effet, les techniques de PCR sont
breuses pathologies endodontiques depuis que sa détection fondées sur la détection de séquences d’ADN spécifiques
a été facilitée par les techniques de biologie moléculaire. sans préjuger de la viabilité cellulaire dont cette séquence
Alors que les premières études en faisaient la bactérie prédo- est issue.
minante dans la flore des canaux obturés et en échec de trai-
tement (Gomes et al., 2008 ; Hancock et al., 2001 ; Molander Cette bactérie n’est pas forcément présente au moment
et al., 1998 ; Roças et al., 2004 ; Sundqvist et al., 1998), son de l’infection initiale ; il semblerait qu’elle puisse pénétrer
rôle n’a-t-il pas été amplifié ? En effet, une seule technique dans le canal pendant la préparation, survivre aux agents
de détection par PCR peut être insuffisante pour identifier, antibactériens (irrigants et médication temporaire) et per-
sister après obturation. Il arrive qu’elle soit la seule espèce
par exemple, des streptocoques en détectant des faux posi-
bactérienne laissée au contact du péri-apex où elle se
tifs (Al-Ahmad et al., 2006 ; Paster et al., 2001). De même, les multiplie pour créer une infection difficile à juguler.
techniques biochimiques doivent parfois être couplées à la
biologie moléculaire pour parfaire l’identification de certains
genres comme les Eubacterium (Downes et al., 2001). E. fæca- E. fæcalis utilise le sérum comme source nutritionnelle et a
lis est donc une bactérie peut-être exagérément étudiée aussi la capacité d’envahir les tubuli et de survivre dans les
in vitro grâce à sa croissance facile. canaux obturés. Il peut survivre et croître dans les tubuli den-
Les entérocoques font partie de la flore normale de l’intestin tinaires puis réinfecter le canal obturé. Il survit et conserve la
et environ 30 espèces sont identifiées avec une prédomi- capacité d’envahir les tubuli dentinaires et d’adhérer au colla-
nance d’E. fæcalis et d’Enterococcus fæcium chez l’homme. gène en présence de sérum humain alors que S. gordonii et
E. fæcalis est un coccus à Gram positif, anaérobie facultatif, S. mutans ne le peuvent pas. Selon Sedgley dans une expéri-
élément de la flore commensale orale. Il s’agit d’une des bac- mentation ex vivo, des cellules viables d’E. fæcalis ont été
téries les plus résistantes de la cavité buccale. Bien qu’elle retrouvées 12 mois après obturation canalaire (Sedgley et al.,
soit présente dans la flore des dents déjà obturées endo- 2005a). On peut donc se demander quel est le réel potentiel
dontiquement, cette flore n’est plus considérée comme infectieux et virulent de telles bactéries emprisonnées dans
« mono-espèce » mais est bien polymicrobienne comme la la dentine.
flore primaire. E. fæcalis exprime aussi de nombreux facteurs de virulence :
E. fæcalis croît et survit à des températures allant de 10 à gélatinase, hyaluronidase, bactériocines, substance d’agréga-
60 °C (optimum à 35 °C) et à une large gamme de pH, notam- tion, protéines de surface entérococcique (Esp), gelE, ace
ment alcalins (Evans et al., 2002). Un mécanisme de pompe à (protéine de surface adhesin of collagen from Enterococci),
protons lui permettant d’acidifier son cytoplasme en pom- asa ou acide lipotéichoïque qui pourraient jouer un rôle dans
pant des protons de l’extérieur vers l’intérieur assurerait sa l’apparition de la parodontite apicale (Kayaoglu et Orstavik,
survie lors de contacts en milieu alcalin (Evans et al., 2002). 2004). La survie à long terme d’E. fæcalis dans une dent obtu-
Cela expliquerait pourquoi il est très résistant aux traite- rée est fonction de l’activité de la gélatinase qui hydrolyse le
ments endodontiques : la médication temporaire avec de collagène et des peptides. La production de gélatinase aug-
l’hydroxyde de calcium reste inefficace contre lui et, dans mente aussi celle de biofilm (Sedgley, 2007).
des conditions expérimentales in vitro, il peut résister à un Comme de nombreux cocci, E. fæcalis envahit les tubuli den-
pH de 11,5. tinaires sans toutefois adhérer fermement aux parois tubu-
Bien que bactérie commensale, E. fæcalis peut devenir laires, mais des gènes tels que l’ace peuvent favoriser son
opportuniste, provoquer des infections nosocomiales et adhérence à la dentine.

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Il exprime aussi des résistances à certains antibiotiques ont aussi été isolés dans des canaux de dents à pulpe nécro-
comme les tétracyclines ou la gentamycine (Reynaud af Gei- sée associée à des lésions péri-apicales (Gomes et al., 2010).
jersstam et al., 2007 ; Sedgley et al., 2005b). Les virus (parasites intracellulaires) sont aussi présents dans la
flore endodontique. Ce sont principalement les Herpès virus
En conclusion, dans les infections endodontiques, E. fæca- avec les cytomégalovirus (CMV) et le virus d’Epstein-Barr
lis est un pathogène détecté avec une prévalence élevée (EBV) qui, lorsqu’ils sont identifiés, sont retrouvés dans 100 %
dans les canaux par l’usage de techniques de biologie des parodontites apicales symptomatiques et 37 % des
moléculaire, mais il n’est pas encore établi que les échecs lésions asymptomatiques (Sabeti et al., 2003). Même s’ils ne
des traitements endodontiques soient nécessairement jouent pas un rôle majeur, ils pourraient contribuer à la
associés à des infections à entérocoques. pathologie péri-apicale des lésions symptomatiques et leur
rôle spécifique reste à déterminer.
Il faut aussi toujours garder à l’esprit que « l’action d’une
espèce particulière dans les infections endodontiques per-
sistantes est secondaire, comparée aux changements adapta-
IV - Flore et symptomatologie
tifs, physiologiques et génétiques ayant lieu au sein du
Les connaissances actuelles n’autorisent pas à établir une
biofilm polymicrobien, en réponse aux modifications de
corrélation stricte entre symptomatologie et espèces pré-
l’environnement intracanalaire » (Chavez de Paz, 2007). sentes lors d’une infection endodontique. Même si cer-
taines études font état de la présence de bactéries
2 - Infection extra-radiculaire spécifiques associées à des symptômes comme la douleur,
L’infection extra-radiculaire correspond à une invasion et à l’œdème ou la formation d’abcès ou de fistule, la spécifi-
une prolifération microbienne dans les tissus périradiculaires cité est très faible et de nombreuses espèces à faible
enflammés (Tronstad et al., 1987 ; Tronstad et Sunde 2003) potentiel de virulence peuvent, sous certaines conditions,
qui peut être dépendante ou indépendante de l’infection induire des infections aiguës (Dahlen, 2009).
intraradiculaire.
Selon Chavez de Paz, F. nucleatum serait responsable, entre les
Note : cette infection est rare et, bien que son origine soit séances de traitement, de l’apparition de douleurs violentes et
principalement l’infection endocanalaire, elle est la cause d’un exsudat intracanalaire (flare-up) (Chavez de Paz, 2002). Or
de nombreux échecs de traitement quand elle est pure- cette virulence n’est « activée » que lorsqu’un grand nombre
ment extra-radiculaire et que les bactéries sont inacces-
de bactéries de F. nucleatum sont présentes au sein du canal.
sibles aux manœuvres d’antisepsie intracanalaire.
Concernant la flore, les phylotypes de Dialister, Fusobacte-
rium, Prevotella et Veillonella sont retrouvés dans les infec-
Selon les techniques d’identification (culture ou PCR), de 11 à tions symptomatiques et asymptomatiques. La composition
34 espèces ont été retrouvées dans les lésions infectées de la flore des infections asymptomatiques comporte plus de
(Sunde et al., 2000). Ces espèces appartiennent à 6 phyla phylotypes que les symptomatiques. Des genres comme Por-
(Firmicutes, Bacteroidetes, Proteobacteria, Actinibacteria, phyromonas, Prevotella, Peptostreptococcus, Fusobacterium et
Fusobacteria, Spirochaetes) et 38 genres. Elle est surtout Eubacterium sont plus présents que d’autres dans les phéno-
caractérisée par la présence d’Actinomyces (A. israelii, mènes aigus. L’identification des Bacteroides à pigmentation
A. naeslundii, A. odontolyticus, A. viscosus) et de Propioni- noire (Porphyromonas, Prevotella) dans les pathologies aiguës
bacterium (tableau 7.5). avec, notamment, la formation d’abcès n’est pas nouvelle (Haa-
pasalo et al., 1986). Récemment, des Archaea (Methanobrevi-
bacter) ont été détectés dans les infections endodontiques
G - Autres éléments de la flore : levures, virus symptomatiques et asymptomatiques (Vickerman et al., 2007).
La présence de champignons (micro-organismes eucaryotes) a Il semble par ailleurs exister une corrélation positive entre la
été mise en évidence dans les canaux infectés (Sen et al., 1995). taille de la lésion péri-apicale et le nombre de germes et
La prévalence des levures varie de 1 à 61,5 % dans les infections d’espèces bactériennes (Sundqvist, 1990).
initiales en fonction du milieu de culture, du type d’identifica- La virulence semble donc liée à une flore de préférence poly-
tion par microscope (Akdeniz et al., 2002 ; Molven et al., 1991 ; microbienne et anaérobie ainsi qu’à l’organisation des bacté-
Sen et al., 1995) ou par PCR (Richardson et al., 2009). ries en biofilm.
Dans des infections persistantes, les levures ont une préva- Dans une infection aiguë, les espèces virulentes ou agissant
lence de 2,9 à 22 % et l’espèce la plus fréquemment identifiée en synergie sous une forme planctonique seraient prédomi-
est Candida albicans (Sen et Baksi, 2009). Les Candida sont nantes, alors que les bactéries d’un biofilm plutôt retrouvées
des levures aérobies qui peuvent se reproduire dans des dans les infections chroniques présenteraient un blocage
conditions anaérobies et C. albicans est retrouvé dans 11,36 % temporaire de toxines et d’enzymes (Furukawa et al., 2006).
des pulpes infectées. Il apparaît donc qu’en plus des bacté- La production de ces facteurs pourrait être déclenchée et
ries, les levures comme Candida jouent un rôle dans les amplifiée quand les cellules sont détachées du biofilm et
infections endodontiques. Des filaments du genre Aspergillus redeviennent planctoniques (Costerton et al., 2003).

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Dans une infection chronique, l’organisation des communautés Il est important de garder à l’esprit que cette flore détec-
en biofilm et l’impossibilité des moyens de défense de l’hôte à tée n’est qu’une observation instantanée de la situation
agir dans des zones inaccessibles où se localise l’infection clinique présente au moment du prélèvement et que les
constituent une source d’agression tissulaire permanente différentes manœuvres thérapeutiques donnent la possi-
même si les facteurs de virulence sont réduits (Brady et al., bilité aux espèces résistantes de développer des stratégies
2008 ; Costerton et al., 1999 et 2003). La présence d’un biofilm encore plus fines pour résister et s’adapter à un nouvel
canalaire au contact des tissus péri-apicaux conduit à une environnement canalaire. À l’avenir, la compréhension de
réponse inflammatoire des tissus environnants. De plus, les l’étiologie et de la pathogenèse des infections endo-
biofilms peuvent servir de foyers potentiels pour les exacerba- dontiques devrait nous permettre d’avoir une meilleure
tions aiguës en relarguant suffisamment de bactéries plancto- connaissance de la flore endocanalaire et des thérapeu-
niques pour déclencher une infection aiguë. L’inflammation et tiques les plus adaptées à cet environnement spécifique
les altérations tissulaires sont alors proportionnelles à la den- qu’est l’endodonte infecté.
sité cellulaire et à la composition des espèces du biofilm.

Il est cependant illusoire de vouloir aboutir à une « stérili-


sation » du canal infecté. Une élimination totale des bac-
V - Conclusion téries n’est pas envisageable mais nos manœuvres
La flore endodontique, responsable de la principale patholo- thérapeutiques doivent tendre vers une réduction signifi-
gie endodontique, à savoir la parodontite apicale, présente cative de la charge bactérienne canalaire pour permettre
des variations importantes de composition qui vont conduire d’atteindre un « taux critique » acceptable et garant du
succès du traitement endodontique.
à des manifestations cliniques très variées.

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8
Anesthésie locale en endodontie
F. BRONNEC

configuration spatiale peut être modifiée pour autoriser le


La première spécificité de l’acte endodontique est qu’il
nécessite toujours d’avoir recours à une analgésie des tis- passage unidirectionnel de certains ions. Les molécules anes-
sus pulpaires et/ou parodontaux, et ce pour toutes les thésiques agissent par blocage de la conduction nerveuse en
phases du traitement (de la réalisation de la cavité d’accès se fixant de manière spécifique sur des sites de liaison situés
à l’obturation canalaire). La deuxième réside dans les indi- du côté cytosolique de ces canaux et en les rendant imper-
cations du traitement endodontique qui contraignent fré- méables au passage des ions sodium. On distingue différents
quemment à intervenir dans un contexte algique (pulpite types de canaux sodiques en fonction de la structure et de la
aiguë irréversible, parodontite apicale aiguë et abcès composition des sous-unités les constituant, chaque type et
alvéolaire aigu). La dernière enfin est la durée de l’acte chaque sous-type étant exprimés de façon spécifique selon
opératoire dans un confort opératoire total afin de rester le type de neurone et ayant une affinité particulière pour lier
en permanence concentré sur la procédure en cours. la molécule anesthésique. De même, le neurone possède la
capacité d’exprimer sélectivement, en fonction des condi-
tions locales, un type particulier de canaux ioniques.
Le choix de la technique est d’abord fonction de l’arcade
considérée, de la position de la dent sur celle-ci et de sa
situation clinique (symptomatique ou non). Mais ce choix, Les neurones sensitifs pulpaires et desmodontaux peuvent
tout comme celui de la solution anesthésique utilisée, doit être classés en deux groupes hétérogènes en fonction de
la présence ou de l’absence d’une gaine de myéline. Il s’agit
également tenir compte du bénéfice pour le patient en
d’une sorte d’enveloppe lipidique isolant électriquement
termes d’efficacité (c’est-à-dire de délai d’apparition, de pro- la fibre à l’exception des nœuds de Ranvier expliquant la
fondeur et de durée) et de risque d’effets secondaires immé- nature saltatoire et plus rapide de l’influx nerveux au
diats (geste anesthésique douloureux, augmentation du niveau des fibres qui en sont pourvues.
rythme cardiaque) ou différés (risque d’hématome, de pares-
thésie, de douleur et de tuméfaction).
Concernant les fibres afférentes impliquées dans la nocicep-
tion au niveau pulpaire et desmodontal, on distingue les
I - Mécanisme d’action fibres Aδ, faiblement myélinisées, et les fibres C, amyéli-
niques. La répartition spatiale au sein du tissu pulpaire, les
de l’anesthésie locale dimensions, le type et la vitesse de propagation des informa-
tions transmises diffèrent (voir chapitre 2).
A - Cible biologique des molécules
anesthésiques B - Aspects pharmacologiques
L’anesthésie a une action sur les canaux sodiques
Important ! Les molécules anesthésiques utilisées en pra-
tique odontostomatologique sont toutes des amino-amides
Essentiel : la perception douloureuse en endodontie résulte à l’exception de la procaïne et de la benzocaïne (amino-
de l’intégration, au niveau central, d’informations périphé- esters).
riques nociceptives. Celles-ci sont émises par les terminai-
sons nerveuses lors de stimulations thermiques, mécaniques
ou chimiques et transmises sous forme de potentiels d’ac- Ce sont des molécules amphiphiles qui comprennent un pôle
tion par les neurones sensitifs pulpaires, desmodontaux ou lipophile (cycle aromatique dérivé de l’acide benzoïque, de
muqueux.
l’aniline ou un groupement thiophène), une chaîne intermé-
diaire hydrocarbonée (qui présente une liaison de type ester
Ce phénomène de dépolarisation membranaire à la base de ou de type amide) et une terminaison hydrophile sous forme
la conduction nerveuse est sous la dépendance du transfert d’une amine secondaire ou tertiaire. Le pôle hydrophile de la
passif de certaines espèces ioniques à travers des pores molécule est responsable de sa présence plus ou moins dis-
transmembranaires, en particulier les canaux sodiques vol- sociée en solution dans le liquide anesthésique puis, après
tage dépendants. Il s’agit de groupements protéiques dont la injection, dans le liquide extracellulaire et dans le cytoplasme

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8 Endodontie

de la fibre nerveuse. Le degré de dissociation de la molécule 4 - Élimination (résorption et dégradation)


anesthésique est ainsi fonction du pH du milieu et défini par
son pKa. Le pôle lipophile, quant à lui, permet le transport Important ! La vitesse d’absorption de la molécule anesthé-
passif transmembranaire en fonction du gradient de concen- sique est fonction de la vascularisation du site d’injection et
tration de la forme non ionisée. des propriétés vasoactives de la substance utilisée. En
dehors des situations accidentelles d’injection intravascu-
laire (prévenues par la réalisation systématique d’un test
1 - Latence d’induction d’aspiration), l’administration de solution anesthésique en
Le délai nécessaire au blocage de la conduction nerveuse est pratique odontologique n’expose pas à un risque élevé de
directement corrélé à la concentration locale de la fraction surdosage et d’effet toxique à distance.
libre de la molécule. On comprend donc que plus le pKa d’un
anesthésique local est bas et plus la liposolubilité est impor-
Une fois absorbée dans le système circulatoire, la molécule
tante, plus le transport passif de la substance à travers le
anesthésique est distribuée rapidement au niveau des
cytoplasme neuronal sera rapide. La concentration initiale de
organes les plus vascularisés de l’organisme (système nerveux
la solution et le site d’injection interviennent également
central, foie, reins, poumon et rate) avant d’être éliminée
dans la rapidité d’installation de l’effet anesthésique.
principalement par voie rénale après avoir subi une biotrans-
2 - Durée et continuité formation. La voie métabolique pour la transformation de la
procaïne (amino-ester) utilise une enzyme plasmatique, la
Cette propriété dépend pour partie du degré de liaison aux pseudo-cholinestérase, pour hydrolyser la forme active de la
protéines mais également de la résorption de la molécule au molécule en acide para-aminobenzoïque qui sera éliminé
niveau local (vascularisation du site d’injection, propriété dans les urines. Les amino-amides subissent quant à eux une
vasoactive propre à la molécule, adjonction de vasoconstric- biotransformation hépatique (à l’exception de l’articaïne qui
teur au mélange anesthésique). La longueur de la chaîne est dégradée également par les estérases plasmatiques) selon
hydrocarbonée intermédiaire déterminant l’affinité de la un mécanisme plus complexe et leurs métabolites sont éli-
molécule pour les sites de liaison des récepteurs transmem- minés dans les urines et dans la bile sous forme conjuguée.
branaires, il s’agit d’une caractéristique propre à chaque
molécule anesthésique.
C - Justification pharmacologique
3 - Puissance ou profondeur comparée et clinique de l’utilisation
Important ! La liposolubilité d’une molécule anesthésique
des vasoconstricteurs
caractérise théoriquement sa potentialité pharmacolo- Les amines sympathomimétiques (adrénaline et noradréna-
gique. La puissance des différents anesthésiques (amino- line) exercent localement une action pharmacologique par
amides) couramment employés en pratique odontologique
stimulation des récepteurs α1-adrénergiques des cellules
est équivalente cliniquement (tableau 8.1).
musculaires lisses des parois vasculaires périphériques. Leur

Tableau 8.1 Caractéristiques des anesthésiques utilisés en odontologie.


Demi-vie d’élimination
% base libre à pH 7,4
en vasoconstricteur

Durée
Latence d’action

Degré de laison
Concentration

Liposolubilité

aux protéines
Molécule

Puissance
(minutes)

(heures)
Dosage

pKa
(%)

Anesthésie
pulpaire Anesthésie
(infiltration/ muqueuse
bloc)
Non Non
Procaïne 4 Sans 9,1 2 15-20 1 1 5 0,1
documentée documentée
Sans 5-10 60-120
Lidocaïne 2 7,7 29 2-4 4 2 65 1,6
1/100 000 60 180-300
3 Sans 20-40 120-180
Mépivacaïne 7,9 33 2-4 1 2 75 1,9
2 1/200 000 45-60 120-300
1/200 000 45-60 120-300
Articaïne 4 7,8 29 2-4 17 2 95 0,5
1/100 000 60-75 180-360

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Anesthésie locale en endodontie 8
addition à la solution anesthésique a pour effet direct une tion utilisée et à la puissance de la molécule anesthésique, la
diminution localisée de la perfusion sanguine et une réduc- symptomatologie neurologique précédant en règle générale
tion de la résorption systémique de l’anesthésique. l’apparition des signes cardiaques.

1 - Système nerveux central


D’un point de vue clinique, les vasoconstricteurs présen-
tent donc des avantages : Les molécules anesthésiques sont capables de franchir la
- une augmentation de la durée de l’anesthésie ; barrière hémato-encéphalique, la précocité des signes neu-
- une diminution de la toxicité systémique par diminution rologiques est en rapport avec l’importante perfusion san-
du pic plasmatique de la molécule anesthésique. guine des centres nerveux supérieurs.

L’action des anesthésiques locaux au niveau cérébral est


S’ils présentent théoriquement un risque d’interactions médi- une action dépressive par inhibition corticale. La consé-
camenteuses et d’effets secondaires systémiques, leur inacti- quence du blocage des neurones inhibiteurs du cortex est
vation rapide après absorption et leur faible impact sur une désinhibition sous-corticale entraînant une décoordi-
l’augmentation du taux plasmatique de catécholamines cir- nation des centres nerveux inférieurs.
culantes (par rapport à celle observée lors d’une situation de
stress) en font des molécules dont la sécurité est documen-
tée par plus d’un siècle d’utilisation. Les manifestations cliniques de la toxicité cérébrale sont
fonction de la rapidité de l’augmentation de la concentration
plasmatique : initialement pour un surdosage faible, on
D - Effets secondaires indésirables observe une somnolence, une désorientation et une diffi-
culté à s’exprimer accompagnées de troubles auditifs et
1 - Toxicité intrinsèque des anesthésiques locaux
visuels ; avec l’augmentation de la concentration apparaissent
a - Au niveau local une agitation du patient avec des mouvements non coordon-
nés, un tremblement incontrôlable des extrémités et un nys-
1 - Toxicité nerveuse tagmus. La crise convulsive généralisée, qui présente une
Toutes les molécules anesthésiques possèdent in vitro une symptomatologie épileptique avec alternance de phases
toxicité nerveuse en relation directe et proportionnelle avec toniques (raideur) et cloniques (secousses généralisées), est
la concentration utilisée (Lambert et al., 1994 ; Haas et Len- en règle générale précédée de prodromes (goût métallique
non, 1995). Le mécanisme d’action serait lié à une augmenta- et sensation d’engourdissement de la région péribuccale et
tion du calcium intracellulaire par un phénomène d’asphyxie de la langue) qui ont une valeur pathognomonique. En cas de
mitochondriale et en rapport avec la durée d’action de la surdosage massif survient une dépression complète du sys-
molécule sur la fibre nerveuse. Cependant en clinique, les tème nerveux central.
incidents post-injections (anesthésie persistante, paresthésie
2 - Au niveau cardio-vasculaire
et dysesthésie) après la réalisation d’une infiltration régionale
ne sont pas observés plus fréquemment avec l’articaïne à 4 % La cardiotoxicité des anesthésiques locaux s’exerce à plu-
qu’avec la lidocaïne à 2 % (Pogrel, 2007 ; Hawkins, 2008). Les sieurs niveaux :
troubles neurologiques observés en pratique odontologique - au niveau de la conduction électrique d’abord, avec une
sont le plus souvent transitoires (Malamed et al., 2001). baisse de l’excitabilité des cellules myocardiques et un
ralentissement des vitesses de conduction au niveau des
2 - Toxicité musculaire oreillettes et des ventricules par inhibition du courant
L’injection intramusculaire de solution anesthésique entraîne entrant sodique ;
l’apparition d’altérations morphologiques localisées et réver- - au niveau de la contractilité du myocarde ensuite, par
sibles. Cette sensibilité importante des cellules musculaires inhibition des canaux calciques.
squelettiques justifie d’éviter la réalisation d’anesthésie tra-
çante lors de la réalisation d’une infiltration régionale au
À ces conséquences électriques et mécaniques s’ajoute une
foramen mandibulaire.
dépression du tonus vasculaire provoquée par la vasodilata-
b - Au niveau général tion périphérique.
Si le passage intravasculaire de faibles doses d’anesthésique
Les accidents toxiques sont imputables soit à un surdo- se traduit cliniquement par une tachycardie transitoire et une
sage lié à l’administration massive de solution anesthé- légère élévation de la tension du fait d’une augmentation de
sique, soit à une injection intravasculaire accidentelle. l’activité sympathique, l’action des anesthésiques sur le sys-
tème circulatoire à des doses toxiques peut provoquer une
bradycardie sinusienne associée à une hypotension pouvant
La sévérité des signes généraux observés est directement conduire à l’extrême, en cas de surdosage massif, au collapsus
proportionnelle à la concentration plasmatique de la solu- cardio-vasculaire.

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8 Endodontie

2 - En rapport avec l’adjonction d’un vasoconstricteur : réduction de la capacité métabolique des cytochromes P450
réaction cardio-vasculaire responsables de la transformation des amino-amides.
Les catécholamines sont rapidement inactivées par recapture Une contre-indication relative à l’usage des molécules anes-
neuronale et par métabolisme intraneuronal ou extraneuronal thésiques à fonction amide concerne principalement l’utili-
– catécholoxyméthyl transférase (COMT) et monoamine oxy- sation de la prilocaïne chez les sujets présentant une
dase (MAO). Des effets secondaires systémiques peuvent méthémoglobinémie congénitale. La prilocaïne est transfor-
néanmoins survenir à la suite de l’injection intravasculaire mée en 4- et 6-hydroxytoluidine au niveau hépatique, et ce
d’une solution anesthésique contenant un vasoconstricteur du sont ces métabolites qui, en bloquant la réduction de la
fait de l’affinité des sympathomimétiques pour les récepteurs méthémoglobine, sont susceptibles d’engendrer une situa-
β1-adrénergiques (cellules myocardiques) et β2-adrénergiques tion de cyanose en cas de surdosage anesthésique.
(muscles lisses des parois vasculaires, des bronches et de l’uté-
rus). L’effet vasoconstricteur de l’adrénaline est quatre fois plus 2 - À l’utilisation d’un vasoconstricteur (SFMBCB, 2003)
important que celui de la noradrénaline tout en présentant
une meilleure sécurité. Essentiel : la seule contre-indication médicale absolue à
l’utilisation d’un vasoconstricteur dans la solution anesthé-
sique est la situation clinique d’un patient atteint d’un phé-
Important ! Les manifestations cliniques sous forme de ochromocytome. Il s’agit d’une tumeur surrénalienne qui
troubles du rythme (tachycardie avec l’adrénaline, bradycar- entraîne une hypersécrétion d’adrénaline à l’origine d’une
die réflexe avec la noradrénaline), d’une crise hypertensive hypertension sévère.
ou d’un accident cardiaque ischémique doivent faire préférer
l’adrénaline à la noradrénaline et contre-indiquent l’utilisa-
tion de cette dernière chez les patients souffrant d’une mala- Les recommandations actuelles sont d’éviter l’association de
die coronarienne ou d’hypertension non équilibrée.
vasoconstricteur à la solution anesthésique lors des soins
endodontiques chez les patients ayant subi une irradiation
des maxillaires supérieure à 40 grays.
E - Réactions allergiques
Les réactions allergiques consécutives à l’utilisation d’un G - Précautions d’emploi en fonction
anesthésique à fonction amide sont exceptionnelles, ce qui des conditions systémiques
n’est pas le cas des anesthésiques à fonction ester (procaïne
et benzocaïne) dont un dérivé métabolique, l’acide para-ami- 1 - Femme enceinte ou allaitante
nobenzoïque, possède un potentiel allergisant bien docu- Il n’existe pas de contre-indication à l’utilisation des amino-
menté. La plupart des accidents observés lors de l’utilisation amides (absence d’effet tératogène démontré) ni à celle de
des solutions anesthésiques sont imputables aux adjuvants l’adrénaline (risque théorique de diminution de la perfusion
utilisés comme conservateurs antimicrobiens (méthylpara- utérine) chez la femme enceinte. Il est recommandé de pré-
bène) ou comme stabilisants dans les solutions additionnées venir celle-ci que l’absence de mouvements du fœtus pen-
d’un vasoconstricteur (métabisulfite de sodium) (Eggleston et dant la durée de l’anesthésie du fait du passage
Lush, 1996). Néanmoins, la littérature dans le domaine de la transplacentaire de ces molécules. Concernant l’allaitement,
pharmacovigilance permet de recenser des cas exception- il est recommandé à la mère de ne pas allaiter son enfant
nels de sensibilisation immédiate ou retardée consécutive à pendant les 4 heures qui suivent l’administration d’une solu-
l’utilisation d’amino-amides (Gall et al., 1996 ; Fuzier et al., tion anesthésique.
2009) et met en garde contre des phénomènes d’allergie
croisée avec d’autres représentants de cette famille de molé- 2 - Antécédent d’infarctus du myocarde
cules (Haas, 2002).
Si l’utilisation des vasoconstricteurs n’est pas contre-indi-
Les interactions médicamenteuses (voir tableau XX du cha-
quée chez les patients coronariens, il est recommandé d’évi-
pitre 19) sont :
ter leur usage dans les 6 mois suivant un accident cardiaque
- d’ordre pharmacocinétique ;
ischémique.
- d’ordre pharmacodynamique.
3 - Hypertension et hyperthyroïdie
F - Contre-indications médicales Les patients hypertendus sous traitement et les hyperthyroï-
diens corrigés par thyroxine peuvent se voir administrer des
1 - À l’utilisation d’un anesthésique local à fonction amide anesthésiques locaux avec vasoconstricteur (les recomman-
L’utilisation d’anesthésiques locaux à fonction amide est for- dations d’utilisation de la plus faible concentration efficace
mellement contre-indiquée chez les patients atteints d’une s’appliquent ici pleinement). Il est intéressant de noter que la
porphyrie hépatique. Cette affection est caractérisée par une noradrénaline est dorénavant interdite d’utilisation par l’In-
accumulation de porphyrine dans l’organisme du fait d’un ternational Federation of Dental Anesthesiology Societies
déficit de synthèse de l’hème. Ce dernier est à l’origine d’une (IFDAS) à cause de son action hypertensive.

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Anesthésie locale en endodontie 8
II - Choix des techniques pour but de mettre en évidence la profondeur du vestibule
anesthésiques en fonction du site labial ou jugal et les éventuelles insertions freinales par la
traction du miroir d’examen, et de repérer les proéminences
et des conditions locales radiculaires et le relief osseux sous-jacent par la palpation
digitale.
La réalisation d’une infiltration vestibulaire supra-périos-
tée est suffisante pour obtenir l’analgésie pulpaire et des-
La radiographie, quant à elle, permet d’objectiver la longueur
modontale de toutes les dents de l’arcade maxillaire, en
dehors des situations symptomatiques. et la divergence des racines ainsi que la position des élé-
ments anatomiques osseux par rapport à celles-là.
Après désinfection muqueuse (bain de bouche au digluco-
Néanmoins, une infiltration palatine est nécessaire à la pose nate de chlorhexidine à 0,12 %), la muqueuse alvéolaire est
du champ opératoire et complète l’infiltration vestibulaire séchée à l’aide d’une compresse et un anesthésique de
en cas de divergence radiculaire au niveau des dents cuspi- contact peut être appliqué au voisinage du futur point d’in-
dées. Face à une dent symptomatique, les techniques de jection – boulette pré-imprégnée de lidocaïne à 5 % (Xylo-
choix seront l’infiltration au niveau de la fosse canine pour nor®, Septodont, France) ou gel de lidocaïne à 5 % (Xogel®,
les incisives, canines et prémolaires maxillaires, et l’infiltra- Septodont, France), gel de benzocaïne à 20 % (Topex®, Pierre
tion rétrotubérositaire pour les molaires maxillaires. Fabre Oral Care, France). Son intérêt clinique controversé
À la mandibule, le recours à une technique régionale est la réside essentiellement sur la préparation psychologique du
règle, sauf pour les incisives en l’absence de symptomatolo- patient à l’acte qui va suivre. Un temps de contact minimum
gie. À part cette exception, l’infiltration au voisinage du trou de 2 minutes doit enfin être respecté pour permettre la dif-
mentonnier est systématique pour les canines et prémolaires fusion transmuqueuse de la molécule anesthésique (Nusstein
mandibulaires. Pour les molaires mandibulaires, et toutes les et Beck, 2003 ; Bhalla et al., 2009).
dents de l’arcade mandibulaire en cas de symptomatologie Après vérification de la vacuité de l’aiguille, celle-ci est posi-
pulpaire ou desmodontale, l’infiltration au foramen mandi- tionnée de façon à ce que le biseau soit parallèle à la surface
bulaire est la technique de référence en première intention. muqueuse alvéolaire en regard de l’apex de la dent considé-
Dans ces situations, seule une anesthésie régionale est à rée. L’effraction de la muqueuse et une traction de la lèvre ou
même de procurer la profondeur et la durée compatible avec de la joue sont effectuées concomitamment pour réaliser un
la réalisation du traitement endodontique. Une infiltration « bouton » anesthésique avant de poursuivre simultanément
linguale en gencive attachée et une infiltration du nerf buccal l’insertion et l’éjection de la solution (anesthésie traçante).
uniquement au niveau des molaires, compléteront l’anesthé- Une fois au contact osseux, l’extrémité de l’aiguille est retirée
sie afin de poser la digue et de « bloquer » d’éventuelles sup- d’une fraction de millimètre afin d’éviter une injection sous-
pléances nerveuses. périostée (cause fréquente de douleur postopératoire) et le
volume d’une cartouche anesthésique est délivré avec un
Cette approche académique trouve cependant ses limites débit lent de 1 ml/min. Le geste anesthésique est complété
avec un taux de succès très réduit de l’anesthésie régio- par un massage extra-oral des téguments afin de favoriser la
nale mandibulaire en cas de symptomatologie pulpaire diffusion de la solution anesthésique à travers le périoste.
(Hargreaves et Keiser, 2002). L’apparition, ces dernières
années, de dispositifs sécurisant et facilitant la réalisation
de l’anesthésie intra-osseuse (intraligamentaire et trans- Cas spécifique de la première molaire maxillaire. La seule
infiltration para-apicale est insuffisante pour garantir l’anes-
corticale) a séduit de nombreux praticiens qui se sentaient
thésie complète du tissu pulpaire du fait de la divergence
désarmés devant une situation d’urgence endodontique. fréquente des racines vestibulaires, de l’innervation incons-
tante de la racine mésio-vestibulaire par des fibres en prove-
Pour efficaces qu’elles soient, ces techniques anesthésiques nance du rameau moyen du nerf alvéolaire supérieur, de
présentent elles aussi une limite, qui est leur faible durée l’insertion basse de l’apophyse zygomatique du malaire sur
l’os maxillaire et de la procidence parfois importante du sinus
d’action, les contre-indiquant comme technique anesthé-
maxillaire entre ses racines vestibulaire et palatine. Afin
sique primaire pour les soins endodontiques longs. d’aborder le traitement endodontique avec le maximum de
Par contre, leur efficacité en association avec l’infiltration contrôle au niveau de l’analgésie du tissu pulpaire, il est
régionale permet d’envisager la réalisation du traitement recommandé de réaliser une première infiltration vestibu-
dans des conditions de confort inégalées à ce jour. laire en distal de la tubérosité, puis une deuxième infiltration
en mésial, à hauteur de l’apex de la seconde prémolaire, et,
enfin, de compléter l’anesthésie par une infiltration palatine.
A - Anesthésie para-apicale par infiltration
vestibulaire supra-périostée
B - Techniques régionales
Important ! Un examen clinique et radiographique est
impératif en préalable à la réalisation de l’anesthésie. Il a
L’intérêt clinique des techniques régionales d’anesthésie
orale repose sur trois points :

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8 Endodontie

- la possibilité d’obtenir l’analgésie complète du territoire


sous la dépendance d’un tronc nerveux sans nécessiter de
multiples injections ;
- une durée d’action prolongée par rapport aux techniques
d’infiltration locale ;
- un blocage de la conduction nerveuse à distance du site
opératoire qui peut présenter des conditions contre-indi-
quant la réalisation ou limitant l’efficacité d’une approche
locale.
Ces anesthésies sont réputées sensibles à la technique (résul-
tat opérateur dépendant) et présentent des inconvénients
(augmentation des risques vasculaire, nerveux et systémique)
et des limites (absence d’hémostase du site opératoire).

1 - Au maxillaire Figure 8.2 Le corps de la seringue étant positionné parallèle-


ment au rempart alvéolaire à hauteur de la première prémolaire,
a - Bloc incisivo-canin (fig. 8.1 et 8.2) l’aiguille pénètre à partir du fond du vestibule sur 1,5 cm.
La pratique de l’anesthésie infra-orbitaire est peu à peu Le repérage du relief osseux se fait par palpation digitale
abandonnée au profit d’un abord des rameaux du nerf après rétraction de la commissure labiale vers le haut afin de
alvéolaire antéro-supérieur au niveau de la fosse canine
dégager visuellement l’accès au vestibule jugal, le patient
pour des raisons de simplicité, d’efficacité et de sécurité.
La séparation de cette branche du nerf infra-orbitaire se maintenant la fermeture buccale pendant toute l’anesthésie.
réalise à une distance variable en amont du foramen infra- Le point de pénétration de l’aiguille est réalisé apicalement à
orbitaire, elle chemine ensuite antérieurement et inférieu- la première prémolaire (donc antérieurement à l’approche
rement en situation intra-osseuse dans la paroi antérieure infra-orbitaire), l’aiguille est insérée verticalement, parallèle-
du sinus maxillaire avant de se distribuer à la muqueuse du ment au rebord osseux sur une profondeur d’environ 1,5 cm
sinus et aux dents du groupe incisivo-canin homolatéral. en réalisant une infiltration traçante et une aspiration (du fait
de la proximité de la veine faciale et des branches terminales
de l’artère infra-orbitaire).
L’infiltration se fait à hauteur de la fosse canine, zone anato-
mique où la faible épaisseur osseuse favorise la diffusion de b - Approche palatine (fig. 8.3 et 8.4)
la solution anesthésique. La description de cette technique remonte à la fin des années
1990 et à l’apparition des dispositifs électroniques de
contrôle du débit d’injection.

Le principal intérêt de l’approche palatine repose sur l’ab-


sence de paresthésie des muscles d’expression de la lèvre,
tout en procurant une anesthésie effective des dents du
groupe prémolaire et de la muqueuse palatine, et, dans
une moindre mesure, de la canine, des incisives et de la
muqueuse vestibulaire.

La cible anatomique pour le dépôt de la solution est consti-


tuée des canaux nourriciers palatins du prémaxillaire qui per-
mettent la diffusion vers le plexus nerveux alvéolaire
supérieur et moyen. Leur situation est à mi-hauteur du rem-
part alvéolaire sur une ligne imaginaire séparant les deux pré-
molaires.
Le recours à un dispositif électronique de contrôle du débit
d’injection est particulièrement recommandé pour cette
technique qui, pour être efficace et atraumatique, nécessite
douceur et lenteur.
Après badigeonnage de la muqueuse palatine avec un anes-
thésique de contact, le biseau de l’aiguille est positionné « à
Figure 8.1 La fosse canine est la dépression osseuse située plat » sur la muqueuse palatine, tandis qu’avec l’extrémité
immédiatement au-dessus de l’apex de la première prémolaire. d’un coton-tige, on applique une pression sur l’extrémité de

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Anesthésie locale en endodontie 8
l’aiguille et la muqueuse du palais. L’injection débute avant c - Anesthésie rétro-tubérositaire (fig. 8.5 et 8.6)
même de pénétrer les tissus de revêtement, dès que le blan- Cette anesthésie assure le blocage des nerfs alvéolaires pos-
chiment de la surface palatine est observé, la pénétration de téro-supérieurs et est indiquée pour le traitement d’une ou
l’aiguille se poursuit en réalisant une anesthésie traçante de plusieurs molaires maxillaires.
jusqu’au contact osseux. L’extrémité de l’aiguille est alors reti-
rée d’une fraction de millimètre tandis que l’injection se Important ! C’est une technique qui présente un taux de suc-
poursuit à un rythme lent d’environ 0,5 ml par minute. Le cès élevé mais également un risque d’hématome et d’injec-
volume d’une cartouche de solution est ainsi délivré en tion intravasculaire. Elle offre l’avantage d’être complètement
4 minutes approximativement. indolore pour le patient et de ne pas engendrer de paresthé-
sie au niveau des tissus mous de revêtement de la face.

Figure 8.5 L’insertion de l’apophyse zygomatique du malaire sur


Figure 8.3 Le palais osseux est traversé de le maxillaire supérieur est située à hauteur des apex de la pre-
canaux nourriciers à hauteur des prémolaires. mière molaire.

Figure 8.4 L’aiguille, biseau positionné à plat sur la muqueuse à Figure 8.6 L’aiguille pénètre le fond du vestibule à hauteur de la
mi-hauteur du rempart alvéolaire entre les deux prémolaires, deuxième molaire avec une direction à 45° de bas en haut, de
est insérée jusqu’au contact osseux. dehors en dedans et d’avant en arrière sur environ 1,5 cm.

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8 Endodontie

Le patient est invité à ouvrir partiellement la bouche et à Cette technique nécessite un repérage de la position du fora-
décaler la mandibule du côté à anesthésier, de façon à déga- men mentonnier, ce dernier pouvant être localisé par palpa-
ger complètement le fond du vestibule jugal dans sa partie tion digitale ou sur la radiographie. Il est situé plusieurs
postérieure. L’opérateur bénéficie alors d’un contrôle visuel millimètres apicalement à la première ou deuxième prémo-
du site de pénétration de l’aiguille, de l’angulation de la laire mandibulaire et présente une orientation vers le haut et
seringue et de la profondeur d’insertion de l’aiguille. Le point l’arrière. Le patient maintenant la bouche fermée, l’aiguille
d’impact de l’aiguille se situe à hauteur de la deuxième pénètre la muqueuse au fond du vestibule d’arrière en avant,
molaire. Le corps de la seringue étant maintenu avec un axe de haut en bas et de dehors en dedans sans chercher à péné-
oblique à 45° d’avant en arrière, de dehors en dedans et de trer l’orifice osseux. Après injection lente du volume anesthé-
bas en haut, la pénétration de l’aiguille se fait sur 15 à 20 mm sique, un massage extra-oral est réalisé afin de favoriser la
(en fonction de la hauteur de l’étage moyen de la face) en pénétration de la solution anesthésique à travers l’orifice
veillant à éviter tout contact osseux afin de ne pas léser la osseux.
branche sous-périostée de l’artère alvéolaire postéro-supé-
rieure. L’injection débute par l’infiltration de la muqueuse du b - Bloc régional du nerf alvéolaire inférieur
(fig. 8.9 à 8.13)
vestibule jugal (0,2 ml), le parcours de l’aiguille jusqu’au site
ne nécessitant pas le recours à une anesthésie traçante ; le
dépôt du volume anesthésique (de 0,9 à 1,6 ml de solution en Important ! Le bloc du nerf alvéolaire inférieur est sans
aucun doute la technique anesthésique la plus importante
30 à 60 secondes) commencera après avoir confirmé la situa-
à maîtriser car elle s’impose de manière systématique en
tion extravasculaire de l’aiguille par un test d’aspiration. première intention pour le traitement endodontique des
dents du secteur postérieur mandibulaire. C’est en effet la
2 - À la mandibule seule technique permettant d’obtenir une anesthésie à la
fois profonde et durable (environ 120 minutes) au niveau de
a - Anesthésie par infiltration au foramen mentonnier ces dents.
(fig. 8.7 et 8.8)

Important ! La réalisation de l’anesthésie du bloc incisivo- Ses principaux inconvénients sont sa difficulté, avec en
canin et prémolaire par infiltration au foramen mentonnier corollaire des résultats réputés imprévisibles, un taux de suc-
est actuellement recommandée sans pénétration de l’ori- cès insuffisant dans un contexte d’inflammation pulpaire et
fice afin de limiter le risque de lésion mécanique du pédi- la paresthésie des tissus mous (pointe de la langue et lèvre
cule vasculo-nerveux émergeant de cet orifice osseux inférieure) qui se prolonge bien au-delà de la durée effective
naturel.
de l’anesthésie et du soin avec un risque de morsure en parti-
culier chez l’enfant.
Ses résultats sont variables selon les dents considérées du La principale difficulté de cette technique repose sur l’im-
fait des suppléances nerveuses fréquemment rencontrées possibilité de repérage visuel direct ou par palpation de la
pour l’innervation des incisives mandibulaires. Elle donne les cible anatomique pour le dépôt de la solution. Cette cible
meilleurs résultats pour l’anesthésie de la première prémo- est constituée par l’orifice du canal mandibulaire sur la face
laire mandibulaire suivie par celles de la canine et de la médiale de la branche montante de la mandibule : la solution
seconde prémolaire. devant être déposée dans la dépression osseuse située

Figure 8.7 Le foramen mentonnier est situé entre les apex de la Figure 8.8 L’aiguille est située au voisinage de l’orifice naturel sans
première et de la deuxième prémolaire mandibulaire. Il a une chercher à le pénétrer avec une orientation du corps de la seringue
orientation de bas en haut et d’avant en arrière. d’arrière en avant, de dehors en dedans et de haut en bas.

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Anesthésie locale en endodontie 8

Figure 8.9 La palpation digitale du bord antérieur de la branche Figure 8.10 Vue antérieure du défilé ostéo-musculaire emprunté
montante permet, lorsque le patient ouvre la bouche, de mettre par l’aiguille pour pénétrer la fosse ptérygo-maxillaire (1 : massé-
en évidence la saillie du ligament ptérygo-mandibulaire. ter ; 2 : tendon superficiel du temporal ; 3 : tendon profond du
temporal ; 4 : ptérygoïdien médial ; 5 : nerf lingual).

Figure 8.11 Vue de la face médiale de la branche Figure 8.12 L’aiguille longe la face médiale de la
montante (M : masséter ; TS et TP : tendons mandibule jusqu’à perdre le contact osseux au
superficiel et profond du muscle temporal ; L : niveau de la dépression située en arrière de
nerf lingual ; AI : nerf alvéolaire inférieur ; SM : l’éminence osseuse constituant l’épine de Spix.
ligament sphéno-mandibulaire).

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8 Endodontie

taires. La perte de contact osseux fréquemment rencontrée


atteste du bon positionnement de l’aiguille. L’anesthésie
débute après réalisation d’un test d’aspiration à un débit
d’environ 1 ml/min (soit 2 minutes pour l’injection du volume
d’une cartouche de 1,8 ml). Le parcours de l’aiguille à travers
les tissus est indolore chez la plupart des patients (en dehors
des patients anxieux) et permet de se dispenser de la réalisa-
tion d’une anesthésie traçante.

c - Bloc du nerf buccal

Important ! L’anesthésie du nerf buccal est considérée ici


comme le complément systématique du bloc régional du
nerf alvéolaire inférieur, à la fois pour obtenir l’anesthésie
de la muqueuse alvéolaire vestibulaire du secteur molaire
et pour augmenter le taux de succès du bloc précédent.

Figure 8.13 L’aiguille pénètre sur environ 1,5 cm après avoir Le nerf buccal se sépare du nerf mandibulaire très en amont
obtenu le contact osseux, le corps de la seringue étant posi-
de l’orifice du canal mandibulaire dans la fosse ptérygo-
tionné au niveau des prémolaires controlatérales.
maxillaire, raison pour laquelle il nécessite une approche
spécifique. Le point d’injection est situé immédiatement en
immédiatement en haut et en arrière de l’éminence consti- arrière et en dehors de la seconde molaire mandibulaire, ce
tuée par l’épine de Spix, à l’intérieur d’un entonnoir anato- nerf empruntant un trajet extra-osseux contournant en
mique (la fosse ptérygo-maxillaire) formé de dehors en « baïonnette » le bord antérieur de la branche montante
dedans par la face médiale de la branche montante de la pour distribuer ses terminaisons nerveuses sensorielles au
mandibule et le ligament sphéno-mandibulaire. périoste de la muqueuse vestibulaire en regard des molaires.
La technique préconisée dans ce chapitre reprend la descrip- La pénétration de l’aiguille biseau dirigé vers l’os se fait sur
tion de celle initialement décrite par Jorgensen et Hayden. 2 mm environ, le volume injecté étant inférieur à 0,5 ml.
Communément appelée technique anatomique, elle repose
sur la prise de repère ostéo-muqueux (Jorgensen et Hayden,
1980).
Le patient, placé en décubitus dorsal, est invité à maintenir III - Pronostic
grande ouverte sa bouche afin de tendre le ligament pté-
rygo-mandibulaire. L’opérateur droitier utilise la pulpe de son Les anesthésiques exercent une action analgésique par
blocage de la conduction de l’influx nerveux au niveau des
pouce gauche pour palper le rebord antérieur de la branche
fibres C amyéliniques et Aδ faiblement myélinisées.
montante et repérer l’échancrure coronoïde (la concavité du Cependant, leur action n’est pas limitée aux seules fibres
bord antérieur de la branche montante). Ces deux repères nociceptives.
définissent un triangle à base supérieure : le point d’insertion
de l’aiguille se situe sur une ligne imaginaire horizontale, au
tiers de la distance séparant le milieu de l’ongle du pouce du La conception classique de l’installation d’un bloc nerveux
relief muqueux constitué par le ligament. Ce point de péné- voulait que l’effet anesthésique s’installe plus rapidement
tration est situé en moyenne 5 mm en arrière et en dedans de au niveau des fibres dépourvues de myéline du fait d’un
l’ongle du pouce (afin d’éviter l’insertion du tendon profond accès plus facile au cytoplasme cellulaire, avec la chronolo-
du temporal sur la ligne oblique interne ou crête temporale) gie suivante : fibres C, blocage de la douleur sourde → Aδ,
et 1 cm au-dessus du plan d’occlusion mandibulaire. Le corps blocage de la douleur aiguë → Aγ, perte du tonus muscu-
de la seringue situé au niveau de la commissure labiale oppo- laire → Aβ, perte du sens tactile → Aα, perte de la proprio-
sée, l’aiguille pénètre la muqueuse sur environ 5 mm avant ception (Thiel et Roewer, 2006). Cette présentation a été
d’obtenir le contact osseux. Afin de rendre la pénétration remise en question par l’expérimentation et les données
indolore, il est recommandé de réaliser au préalable un badi- cliniques. Il semble au contraire que les anesthésiques
geonnage de la muqueuse au point d’injection avec un anes- peuvent conduire au blocage des fibres non nociceptives à
thésique topique et de tendre la muqueuse avec la pulpe du des concentrations inférieures à celles qui sont nécessaires
pouce. Le franchissement de l’épaisseur du rideau musculaire pour induire l’analgésie. L’explication rationnelle repose sur
constitué par le buccinateur est préférablement réalisé avant le fait que la molécule anesthésique se fixe sur le site de
de commencer l’injection afin de diminuer le risque de dou- liaison des récepteurs transmembranaires au cours de la
leur musculaire. Une fois le contact osseux obtenu, l’extré- phase d’inactivation du canal sodique, les fibres nerveuses à
mité de l’aiguille glisse sur la face interne de la branche vitesse de conduction élevée ayant donc une affinité parti-
montante sur une profondeur d’environ 15 mm supplémen- culière pour lier la molécule.

146

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Anesthésie locale en endodontie 8
A - Définition du succès anesthésique :
latence, profondeur, durée
Le succès anesthésique repose sur l’obtention d’un blocage
complet de la perception douloureuse d’installation rapide
et d’une durée compatible avec la réalisation de l’acte théra-
peutique. Cliniquement, l’échec se traduit par une anesthésie
d’installation lente, d’une profondeur insuffisante et/ou
d’une durée incompatible avec le soin envisagé (Reader et
Nusstein, 2002).

B - Moyens d’évaluation : valeur prédictive


des tests
Important ! Une des manières le plus fréquemment utili-
sées pour vérifier l’installation d’une anesthésie est d’inter-
roger le patient sur l’apparition de signes subjectifs Figure 8.14 Dispositif médical pour la réalisation du test élec-
d’engourdissement des tissus mous. La principale limite de trique.
cette méthode est qu’elle manque d’objectivité et qu’elle
est inefficace pour réellement prédire l’installation de
l’anesthésie au niveau pulpaire.

Par conséquent, un défaut d’évaluation risque d’entraîner


l’interruption des soins du fait de la persistance d’une sensi-
bilité douloureuse au cours de l’acte. Un engourdissement
des tissus de revêtement de la face ne garantit donc en rien
l’effet anesthésique (McLean et al., 1993). En revanche, l’ab-
sence de paresthésie labio-mentonnière après un bloc alvéo-
laire inférieur signe de façon certaine l’échec anesthésique.
D’apparition rapide, ce signe précède de plusieurs minutes
l’installation de l’anesthésie aux niveaux pulpaire et desmo-
dontal. Un délai d’attente raisonnable est donc nécessaire
avant de conclure à l’échec de l’infiltration régionale mandi-
bulaire (jusqu’à 15 minutes) (Mikesell et al., 2005).
Dans la mesure où les neurofibres responsables de la pro-
Figure 8.15 Test au froid avec une boulette de coton réfrigérée
prioception sont les premières à être bloquées lors d’une au gaz dichloro-difluoro-méthane.
infiltration locale ou régionale, il a été proposé de se fonder
sur la réponse douloureuse du patient lors de la neurostimu-
lation des fibres nociceptives pulpaires (Reader et Nusstein,
2002), au moyen d’un dispositif électrique de diagnostic pul-
de pulpite aiguë irréversible est de l’ordre de 80 % (Hsioa-
paire (Vitality Scanner, Sybron Endo, États-Unis) pour évaluer Wu et al., 2007). Une réponse négative au test au froid au
le taux de succès de l’anesthésie (fig. 8.14). niveau d’une dent en situation de pulpite ne garantit donc
pas le silence opératoire mais témoigne plutôt de la réalisa-
Essentiel : en cas de symptomatologie pulpaire ou desmo- tion correcte de la technique (Modaresi et al., 2005).
dontale, le seul moyen objectif pour évaluer la qualité de
l’anesthésie est de répéter les tests diagnostiques pulpaires
Les terminaisons nerveuses impliquées dans la réponse au
et péri-apicaux. En pratique, il est recommandé de com-
mencer le test par les dents saines adjacentes non concer- test au froid sont en effet principalement les fibres Aδ (non
nées par l’anesthésie (témoin positif) et controlatérales par stimulation directe mais par mouvement des fluides
(témoin négatif). Pour les dents à pulpe vivante, on applique intratubulaires, selon la théorie hydrodynamique) et l’expéri-
une boulette de coton réfrigérée sur la partie coronaire mentation a pu démontrer que ces fibres myélinisées résis-
(fig. 8.15) et, pour les dents à pulpe nécrosée ou les retraite- taient mal aux conditions locales d’hypoxie engendrées par
ments, on les soumet à la percussion avec la pulpe de l’in- la stase veineuse. On peut donc observer un échec anesthé-
dex d’abord, puis avec l’extrémité du manche du miroir. La sique malgré une absence de réponse au test au froid du fait
valeur prédictive du test au froid afin d’évaluer l’installation
effective de l’effet anesthésique en dehors d’un contexte de la persistance d’une capacité de nociception véhiculée
par les fibres C (Närhi et al., 1992).

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8 Endodontie

C - Confort per-injection et post-injection 100 %


La survenue de douleur pendant la réalisation de l’anesthésie Succès
Échec
(effraction muqueuse, injection) et les suites postopératoires
75 %
(douleur musculaire et trismus, ulcération, hématome et
risque de morsure) peut être prévenue par la mise en œuvre
d’une technique anesthésique adéquate (fig. 8.16) : 50 %
- anesthésie de surface, injection lente et traçante pour
l’anesthésie supra-périostée ;
- absence d’anesthésie traçante mais réalisation d’un test 25 %
d’aspiration avant l’injection lente de la solution pour toutes
les anesthésies locorégionales.
0%
Groupe contrôle Pulpite aiguë irréversible

Figure 8.18 Taux d’échec de l’anesthésie régionale mandibulaire


selon la situation physiologique (d’après Hargreaves et al., 2001).

IV - Facteurs d’échec des anesthésies


intra-orales
L’explication des échecs anesthésiques doit distinguer les
causes anatomiques, limitant l’accès de la solution anesthé-
sique au site d’action, des causes neurophysiologiques, indui-
Figure 8.16 Ulcération de la muqueuse palatine par suite de sant des modifications locales ou à distance du tissu cible.
l’emploi d’une solution concentrée en vasoconstricteur.

D - Résultats A - Causes anatomiques


L’obtention du silence opératoire ne pose pas de réel pro- 1 - Précision de la technique d’infiltration
blème en endodontie depuis l’apparition des amino-amides
qui procurent une anesthésie de durée compatible avec la Il semble accepté que, plus qu’une imprécision de posi-
réalisation du traitement canalaire. tionnement de l’aiguille (Kennedy et al., 2003 ; Simon
Cependant, le succès clinique est réduit en cas de symptomatolo- et al., 2010), c’est la diffusion de la solution à distance de
la cible anatomique qui est à l’origine des échecs anesthé-
gie, notamment au niveau des molaires mandibulaires en situation
siques observés lors de l’anesthésie régionale mandibu-
de pulpite irréversible (Segura-Egea et al., 2009) (fig. 8.17 et 18). laire.
100 %
Maxilaire
90 %
Mandibulaire
Cette déperdition peut être limitée par la lenteur de l’injec-
tion (Kanaa et al., 2006) et l’immobilisation des structures
75 %
ostéo-musculaires. L’ouverture buccale doit ainsi être main-
60 % tenue pendant le geste et, idéalement, pendant le temps
nécessaire à la réalisation des compléments anesthésiques
45 % (Carpentier et al., 2006).
30 %
2 - Obstacle anatomique
15 % L’épaisseur de l’étui cortical et la présence d’insertions mus-
0%
culaires à la mandibule, de même que la procidence du sinus,
Incisives, canines Prémolaires Molaires une insertion basse de l’apophyse zygomatique du malaire ou
la divergence des racines vestibulaires et palatines expliquent
Figure 8.17 Répartition des échecs anesthésiques selon l’arcade la diffusion difficile de la solution anesthésique aux racines
et les groupes dentaires (d’après Malamed, 2005). des molaires des deux arcades (fig. 8.19 et 8.20).

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Anesthésie locale en endodontie 8
laire ou d’un rameau moyen se séparant du nerf alvéolaire supé-
rieur dans le canal infra-orbitaire (Loetscher et Walton, 1988).

Remarque : le rameau moyen présent chez 70 % des sujets


serait responsable d’une partie des échecs anesthésiques
observés lors du traitement endodontique de cette dent.

4 - Innervation croisée
La participation de neurofibres du nerf alvéolaire inférieur
controlatéral à l’innervation des incisives mandibulaires contri-
Figure 8.19 Coupe transversale du corps mandibulaire au niveau
molaire illustrant l’épaisseur importante de la corticale à cet bue à expliquer les échecs anesthésiques observés au niveau
endroit. de ces dents lors de l’anesthésie régionale mandibulaire. Il est
donc recommandé de réaliser une infiltration locale controla-
térale (immédiatement latérale au frein labial médian inférieur)
après toute infiltration régionale (mandibulaire ou menton-
nière) pour les soins des incisives mandibulaires.

B - Mécanismes vasculo-nerveux mis en


place dans les conditions inflammatoires
1 - Vasodilatation à l’origine d’une augmentation
de la résorption sanguine
Un des effets physiologiques de l’inflammation est une vaso-
dilatation localisée. La résorption systémique de l’anesthé-
sique serait donc facilitée dans les conditions inflammatoires,
lesquelles sont fréquemment rencontrées en endodontie. S’il
est démontré que l’inflammation pulpaire entraîne une aug-
mentation du débit sanguin intrapulpaire, il est peu probable
qu’elle induise des modifications à distance, aussi bien au
niveau du site d’injection (muqueuse alvéolaire) que de la
cible (os alvéolaire et tissus desmodontaux).

2 - pH à l’origine d’une augmentation


de la fraction dissociée
Figure 8.20 Importante pneumatisation du
sinus maxillaire s’invaginant entre les racines Une fois injectée dans les tissus, la molécule anesthésique se
divergentes des molaires maxillaires. distribue sous forme acide ionisée et sous forme de base
libre. L’équilibre qui existe entre ces deux formes est fonction
du pKa de la molécule et du pH tissulaire et obéit à l’équa-
3 - Suppléances nerveuses tion d’Henderson-Hasselbalch :
L’hypothèse d’une innervation accessoire des molaires man- pH – pKa = log (base/acide).
dibulaires par le nerf du mylo-hyoïdien et le nerf buccal n’est Toute diminution de pH tend à favoriser la forme ionisée et à
pas formellement établie (Frommer et al., 1972 ; Jablonski réduire la proportion de la fraction libre disponible pour le
et al., 1985 ; Carpentier et al., 2006) mais pourrait expliquer la franchissement de la membrane cellulaire. Une acidose
grande variabilité des résultats interindividuels observés lors locale observée dans les conditions inflammatoires pourrait
de la réalisation d’une infiltration régionale mandibulaire donc constituer un véritable « piège à ions ». Cependant,
seule pour l’anesthésie des molaires et l’amélioration du taux hormis dans les situations d’abcès purulents (Nekoofar et al.,
de succès dès lors que des compléments anesthésiques 2009), les tissus conservent une capacité de tamponner les
« bloquant » ces afférences nerveuses sont réalisés (McKis- effets de l’inflammation qui serait supérieure à celle des tis-
sock et Meyer, 2000 ; Stein et al., 2007). sus sains (Punnia-Moorthy, 1988).
À l’arcade maxillaire supérieure, la distribution des terminaisons
nerveuses entre les différents rameaux du nerf alvéolaire supé- Important ! Il semble ainsi peu probable que des variations
localisées du débit sanguin et du pH puissent contribuer de
rieur présente également des variations interindividuelles. L’in-
façon significative aux échecs anesthésiques en particulier
nervation de la racine mésio-vestibulaire de la première molaire des techniques régionales.
maxillaire peut dépendre du rameau postérieur du nerf alvéo-

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8 Endodontie

3 - Sensibilisation périphérique et centrale


matoire avancé, de patients venant avec appréhension et
Les médiateurs de l’inflammation présents dans les tissus parfois enclins à choisir une solution radicale à leur pro-
sont à l’origine de l’activation (bradykinine) et de la sensibili- blème douloureux (Wong et Lytle, 1991 ; Cohen et al., 1993 ;
sation (prostaglandine E2) des terminaisons nerveuses noci- American Dental Association, 1998).
ceptives (Byers et Narhi, 1999). Même si les anesthésiques
« profitent » de la phase d’inactivation des canaux sodiques Si une attitude empathique doit être systématique face à un
pour se fixer sur ceux-ci, il est probable que la quantité d’in- patient algique, le recours à une approche psycho-compor-
flux nerveux plus ou moins spontanés ou déclenchée par des tementale pour faire accepter un choix thérapeutique
seuils de stimulation très inférieurs à la norme physiologique conservateur peut s’avérer indispensable chez le patient pho-
soit en mesure de dépasser les capacités de blocage de bique (Gale et al., 1984 ; Schouten et al., 2003). La plupart des
l’anesthésique dans des conditions d’inflammation (Roods et patients consultant pour un traitement endodontique anti-
Pateromichelakis, 1981). cipent la survenue d’une douleur peranesthésique ou pero-
Les fibres nerveuses vont répondre aux lésions tissulaires ou pératoire bien supérieure à la réalité (Rousseau et al., 2002).
à des modifications de leur environnement en synthétisant
des neuropeptides – substance P et CGRP (calcitonin gene La dédramatisation de la situation, fondée sur une attitude
related peptide) principalement ‒, qui vont agir au niveau rassurante, doit, pour ces patients anxieux, sans minimiser
local pour moduler la réponse inflammatoire et augmenter la leur appréhension, ménager une porte de sortie pour les
densité des terminaisons nerveuses à la périphérie des tissus amener à accepter librement le traitement proposé (van Wijk
enflammés (Byers et al., 1990), et en augmentant la quantité et Hoogstraten, 2006). Dès lors, la réalisation d’une technique
de canaux sodiques résistants aux anesthésiques (Gold et al., d’infiltration atraumatique et de tests objectivant l’installa-
1996). Ce phénomène de plasticité neuronale (Hargreaves tion de l’effet anesthésique trouve sa pleine justification.
et al., 2000) en réponse aux conditions inflammatoires met
en jeu un échange bidirectionnel d’informations et un trans-
port de substance du corps cellulaire vers les terminaisons B - Aide pharmacologique
nerveuses, par un mécanisme qualifié de réflexe d’axone. Elle consiste en une prémédication sédative pour diminuer
Les fibres nerveuses (fibres C et AÐ) transmettent les signaux l’anxiété et en une prescription préopératoire d’anti-inflam-
douloureux via le ganglion trigéminal au sous-noyau caudal matoires.
où les informations vont être modulées avant d’être redistri-
buées vers différentes régions du cerveau (pour intégration Important ! Il est démontré que les patients anxieux présen-
et élaboration d’une réponse). La stimulation continue des tent un seuil de détection de la douleur et de tolérance à
neurones nociceptifs est responsable d’un état d’excitabilité celle-ci abaissé, ainsi qu’une fréquence plus élevée de dou-
permanent des structures nerveuses supérieures. L’hyperalgie leur en peropératoire et post-opératoire (Malamed, 2005).
est caractérisée par une douleur spontanée, une diminution
du seuil de détection de la douleur et une perception ampli- La prescription d’une benzodiazépine (Ehrich et al., 1997) a un
fiée et prolongée du message douloureux. effet significatif sur la perception a posteriori de la douleur per-
Elle est mise en évidence par une réponse exagérée aux tests opératoire en endodontie. Cependant, les résultats en termes de
diagnostiques pulpaires et péri-apicaux, et se traduit par un succès anesthésique pour les patients en situation de pulpite
effet anesthésique insuffisant dans des conditions d’inflam- irréversible ne sont pas univoques (Lindemann et al., 2008).
mation locale. La prise en dose unique d’un comprimé d’alprazolam 25 mg
L’hyperalgie possède une composante périphérique et une présente l’avantage d’abaisser l’anxiété sans altérer la vigi-
composante centrale qui explique que la perception de la lance. Sa demi-vie courte (12 heures) et son délai d’action
douleur perdure après suppression de la cause de la douleur. rapide (20 minutes) en font une drogue de choix dans notre
arsenal thérapeutique (voir chapitre 19).
La prescription en préopératoire d’antalgiques à dose maxi-
V - Solutions thérapeutiques male, en particulier les anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS), associés ou non aux opiacés faibles (ibuprofène
pour améliorer le taux de succès 400 mg × 2, flurbiprofène 100 mg + tramadol 50 mg), a
anesthésique démontré chez les patients algiques son efficacité pour pré-
venir la survenue ou limiter la sévérité des douleurs postopé-
ratoires (Doroschak et al., 1999).
A - Conditionnement psychologique
du patient L’utilisation des AINS en prise unique 1 heure avant l’anes-
thésie présente également un intérêt pour améliorer le
Important ! La crainte150 d’une sensation douloureuse pen- taux de succès des infiltrations régionales mandibulaires
dant la réalisation d’un traitement endodontique explique dans un contexte d’inflammation pulpaire (Aggarwal et al.,
la consultation souvent tardive, dans un contexte inflam- 2010 ; Oleson et al., 2010 ; Parirokh et al., 2010).

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Anesthésie locale en endodontie 8
L’effet obtenu serait en rapport avec la réduction de la syn- peut être mise à profit pour lever partiellement un trismus
thèse de médiateurs pro-inflammatoires au niveau local, en réflexe dans le cas d’une cellulite.
particulier la prostaglandine E2(PGE2).
L’emploi de corticoïdes (méthyl prednisolone) à action prolon-
gée, déposés par voie transcorticale au voisinage des apex de
E - Multiplication des injections
dents en situation de pulpite aiguë irréversible, fait toujours Doubler la dose anesthésique en répétant l’injection au
l’objet de recherches cliniques. Les rares études publiées même point n’améliore pas le taux de succès en endodontie
mettent en évidence une réduction du taux de PGE2 au niveau (Vreeland et al., 1989 ; Wali et al., 2010). L’anesthésie observée
pulpaire au bout de 24 heures (Isett et al., 2003) et une amélio- par suite d’une seconde injection provient plus vraisembla-
ration très significative du taux de succès anesthésique lors blement d’un délai long d’installation de la première. L’hypo-
d’une prise en charge différée du traitement endodontique thèse d’une accoutumance à la molécule anesthésique, par
(Gallatin et al., 2000). Si ce protocole venait à être validé clini- un phénomène appelé tachyphylaxie, a été avancée pour
quement (non pas en termes d’efficacité mais de sécurité), il expliquer l’absence d’effet supérieur lors de la réinjection
constituerait à n’en pas douter la solution au problème de la d’une même solution anesthésique lors d’un échec. Il semble
gestion des urgences pulpaires d’origine inflammatoire. plus probable que celui-ci soit le fait de l’acidose tissulaire
locale provoquée lors de la première injection.
En cas d’échec avéré (vérifié par la réalisation des tests dia-
C - Choix de la solution gnostiques pulpaires ou desmodontaux), une seconde infil-
L’efficacité de l’anesthésie par infiltration dépend principale- tration régionale est réalisée, cette fois en amont (selon la
ment de son bon usage (infiltration locale ou régionale) et du technique de Vazirani-Akinosi ou de Gow-Gates). Cette der-
respect de la technique (notamment dans la précision du nière va concerner une nouvelle zone du tronc nerveux avec,
dépôt de la solution). Il n’est pas prouvé, à l’heure actuelle, comme résultat, une augmentation de la longueur de la fibre
d’efficacité supérieure d’une molécule par rapport aux autres nerveuse exposée à la molécule (Fink et Cairns, 1984 ; Ray-
(Cohen et al., 1993 ; McLean et al., 1993 ; Mikesell et al., 2005) mond et al., 1989) et un blocage du nerf du mylo-hyoïdien
pour les techniques d’infiltration régionale utilisant une solu- avant qu’il ne se sépare du nerf alvéolaire inférieur.
tion contenant un vasoconstricteur. Toutefois, la réalisation de deux infiltrations régionales avec un
temps d’attente multiplié par deux est peu compatible avec la
L’utilisation d’un vasoconstricteur prolonge l’effet obtenu prise en charge thérapeutique d’un patient en pratique libérale
(Knoll-Kohler et Fortsch, 1992) quel que soit le type d’anes- et plus particulièrement dans un contexte d’urgence.
thésie envisagée (locale ou régionale) sans que la concen-
tration de ce dernier soit un élément déterminant pour F - Compléments anesthésiques
l’obtention du succès anesthésique dans le cas des
molaires en situation de pulpite irréversible et de la réali- Si l’anesthésie de la muqueuse buccale et linguale est néces-
sation d’un bloc régional mandibulaire (Dagher et al., 1997 ; saire à la mandibule dans le secteur molaire afin de pouvoir
Wali et al., 2010). poser le champ opératoire dans des conditions confortables, il
est démontré que la réalisation d’infiltrations complémen-
taires buccale et linguale après une anesthésie régionale man-
D - Modification de la technique dibulaire augmente de manière significative le taux de succès
de l’analgésie pulpaire au niveau des molaires mandibulaires en
L’anesthésie du nerf alvéolaire inférieur a fait l’objet d’autres situation de pulpite irréversible aiguë (Aggarwal et al., 2009).
descriptions techniques. Les plus intéressantes sont celles de
Vazirani-Akinosi et de Gow-Gates : elles diffèrent radicale-
ment de l’approche classique qui vise à déposer la solution
anesthésique au voisinage du tronc nerveux avant son entrée
Techniques anesthésiques
dans la mandibule par le foramen mandibulaire. Ces deux alternatives ou complémentaires
techniques utilisent également comme voie d’accès la fosse à la mandibule pour les molaires
infra-temporale mais avec des points d’accès, des orienta-
tions et des profondeurs de pénétration différents. Les taux
en situation de pulpite irréversible :
de succès équivalents ou inférieurs à l’approche classique, la l’infiltration intra-osseuse
durée d’installation supérieure et la nécessité d’un apprentis-
sage relativement délicat n’ont pas permis à ces techniques G - Description des techniques
de s’imposer comme techniques de référence. Leur descrip-
tion complète et une revue exhaustive de leur intérêt sup-
(indications et limites)
posé ou réel pourront être trouvées dans des manuels L’emploi de techniques anesthésiques dites alternatives a vu
d’anesthésiologie (Malamed, 2004 ; Carpentier et al., 2006). le jour pour remplacer (anesthésie primaire) ou renforcer
Le principal intérêt de la technique de Vazirani-Akinosi est (anesthésie secondaire) l’efficacité des techniques d’infiltra-
qu’elle se pratique bouche fermée et que cette particularité tion classiques (Meechan, 2002).

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8 Endodontie

L’injection forcée de solution anesthésique dans la cavité


pulpaire ne constitue en rien une infiltration, il s’agit d’une
sidération de la pulpe, réversible et de courte durée, qui peut
être obtenue de la même façon en utilisant du sérum physio-
logique (Vangueluwe et Walton, 1997). C’est de surcroît une
manœuvre extrêmement douloureuse et qui nécessite d’avoir
pu réaliser une effraction pulpaire. Son emploi doit rester
exceptionnel, l’expérience étant traumatisante pour le
patient et préjudiciable à la poursuite du traitement endo-
dontique dans des conditions de stress minimales.

Toutes les options alternatives à l’infiltration muqueuse


reposent sur l’infiltration du tissu osseux médullaire. Qu’elles
s’appellent intraligamentaires, intraseptales ou transcorti-
cales, ce sont toutes en réalité des anesthésies intra-
osseuses : seul le site d’injection change (Walton, 1986).

1 - Anesthésie intraligamentaire Figure 8.21 Dispositif médical pour la réalisation de l’anesthésie


Même si elle ne nécessite pas de matériel spécifique, cette intraligamentaire : Sleeper One (DHT).
technique est plus facilement réalisée avec un dispositif d’in-
jection permettant de contrôler la quantité de solution déli-
vrée.
Différents systèmes permettent de contrôler le débit de
solution exprimée et autorisent l’opérateur à se concentrer
sur le point d’impact et l’insertion dans les tissus : il s’agit du
Wand® (Milestone Scientific, États-Unis), du Sleeper One®
(Dentalhitec, France) (fig. 8.21) et de l’Anaeject® (Septodont,
France) (fig. 8.22).

À l’heure actuelle, seul le premier système a fait l’objet de


publications scientifiques. Néanmoins, le principe de
fonctionnement de ces dispositifs est identique, faisant
appel à une aiguille suffisamment fine pour être insérée
dans le ligament parodontal, à une cartouche anesthé-
sique classique et à un piston motorisé contrôlé électroni-
quement. La différence réside dans l’encombrement et la
prise en main du dispositif. Figure 8.22 Dispositif médical pour la réalisation de l’anesthésie
intraligamentaire : Anaeject® (Septodont).

Les trois systèmes proposent un mode progressif (le débit


augmente progressivement jusqu’à atteindre une valeur pro- médullaires de l’os spongieux, résultant en une infiltration
grammée). osseuse (Tagger et al., 1994) (fig. 8.23 et 8.24).
Cette possibilité de moduler le débit est un avantage par rap- Cette technique est contre-indiquée en cas de maladie paro-
port aux seringues à cartouche classiques ou aux seringues à dontale (Cromley et Adams, 1991).
crémaillère, dites à intraligamentaire, en éliminant virtuelle-
ment la douleur lors de l’insertion et l’éjection de la solution. 2 - Anesthésie transcorticale (fig. 8.25 et 8.26)
Pour cela, après nettoyage ultrasonore et désinfection de la Cette voie d’abord nécessite un matériel spécifique, permet-
muqueuse, l’aiguille est positionnée dans le sulcus de la dent tant de franchir l’épaisseur de la corticale osseuse afin de
à anesthésier, en distal et/ou en mésial, en même temps que déposer la solution anesthésique directement au sein du
le dispositif est activé : on réalise ainsi la pré-injection, puis tissu osseux spongieux.
une anesthésie traçante et, enfin, une perfusion en goutte-à- Trois systèmes actuellement sont disponibles sur le mar-
goutte anesthésiant le ligament avant que le débit n’aug- ché français : le Stabident® (Fairfax Dental Inc.), le X-Tip™
mente progressivement. (Dentsply) et le QuickSleeper® (Dental Hi Tec). Le dernier per-
Contrairement aux idées reçues, la solution ne diffuse pas le met de réaliser à la fois la perforation corticale et l’injection
long du ligament mais selon le trajet de moindre résistance, à de la solution anesthésique (avec un contrôle électronique
travers les perforations de la lamina dura vers les espaces du débit).

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Anesthésie locale en endodontie 8

Figure 8.23 Perforations de la lamina dura au niveau d’une


alvéole dentaire.

Figure 8.25 Dispositif médical pour la réalisa-


tion de l’anesthésie transcorticale : QuickSlee-
per® 2 (DHT).

Figure 8.24 L’aiguille fine est insérée dans le ligament parodon-


tal au niveau d’une face proximale.

Seuls les deux premiers dispositifs ont fait l’objet de publica-


tions scientifiques (le X-Tip™ n’est actuellement plus distribué
par Dentsply sans que l’on sache s’il le sera à nouveau).
La perforation est réalisée à l’aide d’un instrument rotatif :
- pour le Stabident®, il s’agit d’un foret miniature (de calibre
identique à celui de l’aiguille servant à délivrer la solution Figure 8.26 Dispositif médical pour la réa-
anesthésique) ; lisation de l’anesthésie transcorticale :
- pour le X-Tip™, le dispositif comprend un cathéter qui est X-Tip™ (Dentsply Maillefer).
emmené avec le foret lors de la perforation et laissé en
place lors du retrait de ce dernier ; de réduction (vitesse de 15 000 tr/min, sans spray). Pour le
- pour le QuickSleeper®, c’est l’aiguille elle-même qui joue le QuickSleeper®, les aiguilles stériles à usage unique se mon-
rôle du perforateur (aiguille TransCort®, Dental Hi Tec, tent sur une pièce à main qui ressemble à celle du OneSleep®,
France). l’activation étant commandée par une pédale double (rota-
tion du perforateur et injection de la solution).
Les trois dispositifs nécessitent de réaliser une anesthésie Sur le plan pratique, les deux premiers systèmes s’avèrent les
muqueuse, de préférence une infiltration supra-périostée, moins encombrants en bouche et l’association avec un
afin de pouvoir franchir le périoste sans douleur. contre-angle permet un accès aisé quelle que soit la région
considérée. Cependant, contrairement au X-Tip™, l’insertion
de l’aiguille avec le Stabident® n’est pas facilitée du fait d’un
Le Stabident® et le X-Tip™ sont des dispositifs stériles à usage repérage difficile de la perforation dans les secteurs posté-
unique qui se montent sur un contre-angle à coefficient 1/1 rieurs.

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8 Endodontie

Après une anesthésie muqueuse, le point d’impact de l’ai- orthogonale). La perforation est réalisée à une hauteur
guille est marqué à l’aide d’une sonde parodontale puis le variable du septum interradiculaire, idéalement dans sa partie
perforateur est placé au contact de l’os avant d’être mis en la plus large ; pour cela, l’impact du perforateur se fait en
rotation. Une pression légère est nécessaire pour franchir gencive attachée, le foret en direction apicale (perpendicu-
l’épaisseur de la corticale. laire au rempart alvéolaire) (fig. 8.27 à 8.34).
Pour le Stabident®, la perforation est réalisée jusqu’à venir en Cette technique présente des limites techniques en cas d’al-
butée contre la gencive attachée, puis le retrait du foret s’ef- véolyse avancée ou de proximité radiculaire et est contre-
fectue en rotation. indiquée en cas d’abcès alvéolaire aigu.
Pour le X-Tip™, lorsque le système arrive en butée, la rotation
est arrêtée, le cathéter est bloqué à l’aide d’une paire de pré- 3 - Anesthésie transseptale
celles avant de retirer le foret. Décrite initialement à la fin des années 1960 (Marthaler, 1968),
Pour le QuickSleeper®, la rotation de l’aiguille est arrêtée dès cette technique très populaire dans les années 1980 présen-
que l’on ressent le franchissement de la corticale et l’aiguille tait de nombreuses limites avec, en premier lieu, une durée
est très légèrement retirée avant d’injecter la solution. d’action courte due à la faible quantité de solution utilisée.
Cette technique, quel que soit le dispositif utilisé, nécessite Le risque de nécrose du septum ou de la papille interdentaire
un examen clinique et radiographique minutieux (incluant un liée à l’emploi d’une solution contenant un vasoconstricteur
sondage parodontal et la prise de radiographies en incidence n’est pas négligeable (fig. 8.35). L’obstruction de la lumière de

Figure 8.27 La radiographie préopératoire permet de vérifier la Figure 8.28 Le point de pénétration de l’aiguille est situé en
largeur de l’os alvéolaire au niveau des septa interdentaires. gencive attachée à l’aplomb du point de contact interdentaire.

Figure 8.29 Le repérage du point d’impact du perforateur se fait Figure 8.30 Dispositif de perforation monté sur contre-angle
par marquage à l’aide d’une sonde parodontale. 1/1 (X-Tip™, Dentsply Maillefer).

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Anesthésie locale en endodontie 8

Figure 8.31 La perforation de l’épaisseur de la corticale est réa- Figure 8.32 Cathéter in situ après retrait du perforateur.
lisée en direction apicale jusqu’à venir en butée.

Figure 8.33 Injection lente de la solution anesthésique (l’aiguille Figure 8.34 Le retrait du cathéter est réalisé à l’aide d’une pince
est insérée jusqu’à venir en butée sur le cathéter pour prévenir hémostatique.
le reflux de la solution).

l’aiguille par des fragments des tissus traversés explique la


pression souvent nécessaire pour exprimer la solution. Enfin,
l’éventualité d’un bris d’aiguille doit faire écarter cette voie
d’abord au profit d’autres techniques (Woodmansey et al.,
2009).
Un nouveau type d’aiguille (Dental HiTec) a récemment été
mis au point pour être utilisé avec un dispositif motorisé, le
QuickSleeper S4 (Dental Hi Tec), afin de pallier les inconvé-
nients de la technique classique qui consistait à utiliser une
aiguille courte pour injecter sous pression la solution au
niveau coronaire du septum. Dans cette technique, qualifiée
d’ostéo-centrale par ses promoteurs, il s’agit, cette fois, d’uti-
liser une aiguille fine et longue (30 G, 19 mm), dont le design
de l’extrémité a été spécifiquement conçu pour franchir
l’épaisseur osseuse en rotation afin de déposer la solution au
niveau de la base du septum avec un débit contrôlé et non
plus sous pression.
Figure 8.35 Ulcération de la papille interdentaire par suite de la
réalisation d’une anesthésie intraseptale.

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8 Endodontie

H - Évaluation clinique 100 %


de l’anesthésie intra-osseuse
80 %
1 - Taux de succès
60 %
a - Anesthésie intraligamentaire
40 %
Le taux de succès de l’anesthésie intraligamentaire réalisée
avec un dispositif contrôlant le débit comme technique
primaire pour les molaires mandibulaires asymptoma- 20 %
tiques (Berlin et al., 2005) est équivalent à celui rapporté
avec les seringues dites à intraligamentaire (White et al., 0%
1988). 0 4 8 12 16 20 24 28 32 45 60
L’effet anesthésique se maintient plus longtemps avec les Min
dispositifs électroniques (plus d’une demi-heure contre
Bloc du nerf alvéolaire inférieur Bloc + transcorticale
moins de 10 minutes) du fait de la plus grande quantité de
solution injectée avec les premiers.
Figure 8.36 Taux de succès comparés du bloc régional mandi-
bulaire et de la combinaison bloc et transcorticale pour l’anes-
thésie des molaires mandibulaires asymptomatiques.
En présence d’une molaire asymptomatique, la réalisation
d’une anesthésie intraligamentaire secondairement à une
anesthésie régionale mandibulaire n’améliore pas l’efficacité
100 %
anesthésique pendant 1 heure. En revanche, sa rapidité d’ins-
tallation (de l’ordre de quelques minutes) augmente de façon 90 %
significative le taux de succès pendant les 20 premières
minutes (Childers et al., 1996) par rapport à un bloc alvéolaire 72 %
inférieur seul.
54 %
Une étude clinique réalisée en 2005, évaluant l’intérêt de
l’intraligamentaire dans le cas d’échec de l’anesthésie régio-
36 %
nale mandibulaire sur molaires mandibulaires atteintes de
pulpite irréversible, a donné des résultats décevants en
18 %
termes d’efficacité (Nusstein et al., 2005). Ce résultat est
imputable, selon ses auteurs, à une fuite de la solution par le 0%
sulcus et à la faible pression générée par le dispositif utilisé, 0 4 8 12 16 20 24 28 32 45 60
à savoir le Wand®. Min
Le taux de succès de 56 % de cette approche est en effet très Bloc du nerf alvéolaire inférieur Bloc + transcorticale
inférieur aux résultats des études antérieures (Cohen et al.,
1993). En utilisant une seringue à intraligamentaire, les auteurs
Figure 8.37 Taux de succès comparés du bloc régional mandi-
de cette étude obtenaient 74 % de succès avec une première
bulaire et de la combinaison bloc et transcorticale pour l’anes-
injection intraligamentaire après échec de l’infiltration régio- thésie des molaires mandibulaires symptomatiques.
nale, et 96 % de succès avec une seconde injection.

b - Anesthésie transcorticale (fig. 8.36 et 8.37) cité de cette technique utilisée seule pour permettre la ges-
Le taux de succès de l’infiltration intra-osseuse est virtuelle- tion d’une pulpotomie et encore moins d’un traitement
ment de 100 % pour l’anesthésie des molaires mandibulaires canalaire complet dans un contexte d’urgence inflammatoire.
saines et sa durée théorique est compatible avec la réalisa-
tion d’un traitement endodontique dans de bonnes condi- La réalisation d’une anesthésie transcorticale immédiate-
tions (Jensen et al., 2008). Il n’existe qu’une seule étude à ce ment après l’infiltration régionale mandibulaire augmente
jour pour comparer l’efficacité de l’infiltration intra-osseuse de façon significative le taux de succès (90 % contre 42 %
comme technique primaire à la réalisation d’un bloc régional pour l’infiltration régionale seule) pour les premières
mandibulaire pour l’anesthésie des molaires mandibulaires en molaires asymptomatiques (Dunbar et al., 1996).
situation de pulpite irréversible (Remmers et al., 2008). La
seule conclusion que l’on puisse tirer de cette étude est que
l’installation de l’anesthésie est de manière statistiquement L’effet est immédiat, mais ne prolonge pas l’effet de l’anes-
significative plus rapide avec la technique intra-osseuse. La thésie obtenue par l’infiltration régionale seule (Dunbar et al.,
durée de l’évaluation ne dépassant pas 20 minutes, il est 1996) : l’anesthésie est de courte durée dans 10 % des cas mais
impossible d’en tirer des conclusions quant à la réelle effica- est maintenue pendant 1 heure dans 90 % des cas.

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Anesthésie locale en endodontie 8
L’administration d’une demi-dose (0,9 ml) améliore de façon présente avec les deux voies d’abord) (Nusstein et al., 2005 ;
significative l’effet anesthésique au cours des 20 premières Reisman et al., 1997).
minutes seulement (Reitz et al., 1998).
L’administration par abord transcortical d’une seconde demi- 3 - Influence du choix de la technique
dose de solution anesthésique, 30 minutes après la première, sur le confort opératoire et les suites
ne prolonge pas la durée d’action (Reitz et al., 1999). Il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’études comparant l’effica-
Au niveau des molaires mandibulaires en situation de pulpite cité ni le confort opératoire ou les suites opératoires de l’in-
irréversible, la réalisation d’une anesthésie transcorticale, traligamentaire et de la transcorticale, que ce soit comme
après infiltration régionale, augmente de façon significative technique d’anesthésie primaire ou secondaire.
le taux de succès : 80 % contre 25 % (Nusstein et al., 1998 ;
Reisman et al., 1997). En cas d’échec de la première anesthé- Néanmoins, le clinicien doit être conscient qu’elles sont
sie intra-osseuse, l’injection d’une seconde dose de solution susceptibles de générer un inconfort, voire une douleur
améliore encore le taux de succès (entre 88 et 98 %) (Nuss- légère chez environ un tiers des patients (symptomatiques
tein et al., 1998 ; Reisman et al., 1997). ou non), et ce en dépit de l’utilisation d’un dispositif
contrôlant le débit pour l’intraligamentaire (Childers et al.,
2 - Influence du choix de la solution et de la quantité 1996 ; Nusstein et al., 2004 et 2005) et d’une infiltration
utilisée sur l’efficacité et les effets secondaires muqueuse préalablement à la réalisation de la transcorti-
À l’heure actuelle, il n’est pas démontré de différence d’effi- cale (Dunbar et al., 1996 ; Gallatin et al., 2003 ; Nusstein
cacité en fonction de la solution utilisée (Berlin et al., 2005). et al., 1998, Reisman et al., 1997).
La durée de l’anesthésie sera fonction de la quantité de solu-
tion initialement injectée (Reisman et al., 1997 ; Reitz et al., L’inconfort ressenti pendant l’injection semble plus fréquent
1999). lors de la réalisation d’une intraligamentaire que lors de celle
En revanche, l’utilisation d’une solution contenant un vaso- d’une transcorticale (Nusstein et al., 2004 et 2005).
constricteur semble prolonger la durée de l’effet anesthé- Les douleurs postopératoires, sous la forme d’une douleur à
sique (Dunbar et al., 1996 ; Gallatin et al., 2000). la mastication, après disparition de l’effet anesthésique, sont
Si la diffusion de la solution est limitée par l’emploi d’un plus fréquentes et plus importantes avec l’intraligamentaire
vasoconstricteur (Tagger et al., 1994), des craintes concernant qu’avec la transcorticale mais se résolvent rapidement (Nuss-
la résorption sanguine rapide de la molécule anesthésique et tein et al., 2005).
du vasoconstricteur ont été émises (Smith et Pashley, 1983). Des douleurs modérées à sévères sont possibles (dans un
Une augmentation subjective de la fréquence cardiaque a été quart des cas) les jours suivant une anesthésie transcorticale ;
rapportée immédiatement après l’injection de la solution elles peuvent s’accompagner d’un œdème au niveau du site
anesthésique adrénalinée avec les techniques intra-osseuses de la perforation (Gallatin et al., 2003).
(Nusstein et al., 1998 ; Reitz et al., 1998). Wood a en effet
montré une augmentation significative de la fréquence car-
diaque lors de la réalisation d’injection transcorticale en uti-
lisant une solution adrénalinée à 1/100 000, sans que le taux VI - Conclusion
sérique de la molécule anesthésique soit différent de celui
observé après une infiltration muqueuse (Wood et al., 2005). La pratique de l’endodontie a très fortement bénéficié des
L’augmentation de la fréquence cardiaque serait surtout due progrès réalisés en anesthésiologie (découverte des amino-
à la douleur ressentie lors de la réalisation du geste anesthé- amides, mise au point de dispositifs médicaux d’assistance à
sique. L’injection intra-osseuse ne doit donc pas être assimi- l’injection, compréhension des bases neurophysiologiques
lée à une injection intraveineuse (Cannell et al., 1993) pour les de la douleur d’origine inflammatoire, promotion d’études
cliniques à niveau de preuve élevé). Elle n’en demeure pas
doses prescrites.
moins confrontée à une limite avec la nécessaire prise en
L’injection lente d’une solution faiblement adrénalinée (avec charge de patients algiques dans un contexte d’urgence pul-
un dispositif contrôlant le débit) pour l’intraligamentaire paire inflammatoire, en particulier au niveau des molaires
(Nusstein et al., 2004) ou d’une solution faiblement vasodila- mandibulaires.
tatrice, comme la mépivacaïne à 3 %, pour la transcorticale
ne produit pas d’augmentation de la fréquence cardiaque
(Gallatin et al., 2000). Les perspectives ouvertes par les trop rares études sur le trai-
L’injection d’une quantité de solution supérieure à une car- tement médicamenteux à visée anti-inflammatoire laissent
touche ne doit être envisagée qu’en cas de fuite de la solu- entrevoir un avenir, espérons-le, davantage médical que
tion aboutissant à un échec anesthésique (éventualité chirurgical des pathologies pulpaires.

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8 Endodontie

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160

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9
Champ opératoire, préparation
pré-endodontique et cavité d’accès
G. CARON

J’aurai comme objectif de prodiguer à mes patients les


soins reconnus comme les plus efficients par les sciences
médicales du moment. » Cette citation issue du serment
d’Hippocrate illustre l’importance pour les chirurgiens-den-
Face à une infection microbienne, trois facteurs principaux
sont à prendre en considération pour savoir si l’infection pos-
sède un potentiel de propagation :
- la faculté de l’infection à produire de nouveaux agents
tistes de réaliser les soins selon les dernières données contaminants ;
acquises de la science. L’ensemble des autorités françaises - la dose d’agents infectieux contaminant le patient ;
(HAS, 2008), européenne (ESE, 2006) et américaine (AAE) - la défense immunitaire de l’hôte.
compétentes pour délivrer un guide de bonne pratique L’usage de la digue s’inscrit parfaitement dans le cadre du
endodontique ont mis en avant l’absolue nécessité d’utiliser contrôle du risque infectieux car l’unique facteur sur lequel
un champ opératoire avant toute manœuvre canalaire. le praticien peut agir est la dose d’agents contaminants qui
doit être le plus réduite possible (Cochran et al., 1989).
Malgré des réticences évoquées (voir § I. B), il ne peut y Les avantages de la digue en endodontie sont à considérer
avoir aucun compromis sur la pose de la digue sous peine tant du point de vue du patient que de celui du praticien
de contre-indiquer de manière formelle la réalisation du (Castellucci, 2004 ; Pertot et Simon, 2004) :
traitement endodontique. En d’autres termes, si une dent - le patient est protégé de l’ingestion ou de l’inhalation d’ins-
ne peut pas être isolée par un champ opératoire, seule truments endodontiques, de débris, de solution d’irrigation
l’avulsion est envisageable (Castellucci, 2004). ou d’autres solutions irritantes ;
- la réalisation de l’acte au sein d’un champ opératoire propre
assure l’asepsie du site ;
- la rétraction et la protection des tissus mous (lèvres, langue,
I - Champ opératoire endodontique joues, plancher buccal) sont assurées lors de l’utilisation
d’instruments rotatifs ;
A - De l’importance de la digue - la visibilité du site opératoire est améliorée. La vision du pra-
en endodontie ticien est alors seulement centrée sur la dent traitée, ce qui
améliore sa concentration et la qualité du soin qu’il effectue ;
Depuis le XIXe siècle (Barnum) et les premières descriptions de - les interruptions verbales du patient sont limitées. La fré-
la digue, les avantages et bénéfices du champ opératoire quente nécessité d’aspiration ou d’utilisation du crachoir est
endodontique n’ont eu de cesse de s’accroître. Il est intéres- aussi supprimée ;
sant de constater que ce dispositif visionnaire, décrit initiale- - l’équipe soignante (chirurgien-dentiste, assistantes) est pro-
ment pour une protection du patient et un confort opératoire tégée des infections transmises par la salive ;
du praticien, s’intègre parfaitement avec les évolutions - le praticien possède un confort opératoire accru qui lui per-
récentes des plateaux techniques, tel l’apport des aides
met de sereinement s’absenter le temps de répondre à un
optiques (loupes, microscope opératoire), et les conceptions
coup de fil urgent en laissant le patient protégé sous la sur-
modernes microbiologiques. En effet, la formation des
veillance de l’assistante ;
lésions inflammatoires périradiculaires est issue d’une réac-
- le praticien améliore considérablement les sensations tac-
tion immunitaire de l’hôte face à une infection provenant de
tiles de son exercice. L’utilisation d’instruments endo-
la flore commensale véhiculée en partie par la salive et le
dontiques doit se faire toujours du bout des doigts sans
fluide gingival (voir chapitre 7).
pression excessive ; or, l’absence de digue impose au prati-
cien de tenir fermement les limes pour éviter leur ingestion
Essentiel : seule la pose de la digue assure l’absence de réin- ou leur inhalation ;
fection microbienne durant le soin endodontique d’une - la digue permet d’éviter la formation de buée, élément
dent infectée et empêche une infiltration primaire bacté-
rienne lors du soin d’une dent vitale. déterminant pour une meilleure visibilité lorsque des aides
optiques sont utilisées ;

161

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9 Endodontie

- la situation est plus confortable pour les patients qui ne res-


Les conclusions de cette étude sont que l’acceptation de
sentent plus la présence oppressante des mains, d’instru- la digue par les patients est très importante et qu’elle est
ments ou de liquides au sein de leur sphère orale ; d’autant plus forte que celle-ci est posée par un praticien
- lors de séance longue, l’arceau du crampon permet au expérimenté.
patient de s’appuyer légèrement dessus et donc de limiter
l’effort d’ouverture buccale.
- Entraînement insuffisant. Le manque de pratique est un fac-
teur déterminant dans l’absence de pose de digue. Plus la
B - Digue et praticien : pose de digue est rare et plus elle va être compliquée, peu
un désamour incompréhensible reproductible et mal acceptée par le patient. Stewardson et
McHugues (2002) indiquent que l’attitude et la compétence
De nombreuses études de prévalence sur la pose de digue du praticien sont les facteurs essentiels pour l’acceptation
indiquent une grande variabilité suivant les pays étudiés et le future par les patients de la pose de digue. Ainsi, l’absence
niveau de formation (étudiants, praticiens généralistes, endo- de pose de digue n’est pas une fatalité reposant sur une atti-
dontistes). Silversin et al. (1975) ont montré que 92,4 % des tude hostile du patient mais plutôt sur une formation insuf-
étudiants en posaient une pour des cas nécessitant un traite- fisante du praticien. Après une longue interruption de
ment endodontique tandis que seulement 13,6 % des prati- l’usage de la digue ou lorsque les difficultés techniques
ciens privés l’utilisaient, et ce taux tombait à 3,4 % pour des s’accumulent, il est nécessaire pour le praticien d’améliorer
praticiens affectés à des centres de soins du National Health ses compétences au sein de formations spécifiques (Kaleka,
Service. Les résultats des études de prévalence présentent 2006). La solution de facilité visant à abandonner la digue
généralement un constat similaire où la pose de digue n’est ne pourra aboutir qu’à une baisse de la qualité des soins.
jamais exhaustive, laissant présager que la majorité des trai- - Difficulté d’utilisation. Cette récrimination revient à présen-
tements endodontiques sont effectués sans suivre le mini- ter la pose de digue comme un acte trop long qui diminue le
mum de guide de bonne pratique consistant à protéger la temps dévolu à la suite du soin. Concernant l’endodontie, le
dent avec un champ opératoire. champ opératoire ne peut être posé que sur une dent présen-
Ce constat est d’autant plus troublant que les praticiens, tant 4 parois. Comme nous le verrons dans la suite de ce cha-
durant leurs études, ont posé systématiquement la digue et pitre, la pose d’une digue sur une dent non restaurée ne peut
qu’ils projettent leur futur exercice endodontique ou restau- aboutir qu’à une situation instable et frustrante pour le prati-
rateur avec son utilisation (Ryan et O’Connell, 2007). Cepen- cien. Si le prérequis de reconstitution pré-endodontique est
dant, force est de constater que ce taux diminue effectué, la pose de la digue ne dure que quelques minutes au
dramatiquement dès l’arrivée de ces jeunes praticiens dans maximum même si le praticien est inexpérimenté. Steward-
une activité libérale ou salariée (Ahmad, 2009). son et McHugues (2002) ont montré que les étudiants
posaient une digue en moyenne en 4,65 minutes tandis que
Les raisons le plus fréquemment évoquées pour ne pas les praticiens mettaient en moyenne 1,27 minute.
utiliser la digue sont la mauvaise acceptation par le patient, - Coût de l’équipement et du matériel. Le plateau technique
l’entraînement insuffisant, la difficulté d’utilisation, le coût lié à la digue est peu onéreux face aux nombreuses charges
de l’équipement et du matériel ainsi que la faible rémuné- d’un cabinet libéral. Les principaux éléments consommables
ration liée à l’acte. Ces réticences sont autant d’idées
étant les feuilles de digue et le fil interdentaire (utilisés dans
reçues non fondées sur des données objectives et qu’il
convient d’éclaircir. d’autres disciplines odontologiques). Comme nous l’évo-
querons par la suite, les principaux éléments pour poser une
digue (pince à perforer, crampons, cadre à digue, pinces à
- Mauvaise acceptation par le patient. Stewardson et McHu- crampons) sont stérilisables et possèdent une longévité
gues (2002) ont utilisé un questionnaire auprès de patients excellente assurant un amortissement total au bout de
pour connaître leur opinion et leur ressenti après la pose quelques mois.
d’une digue réalisée par des étudiants ou des praticiens. - Faible rémunération liée à l’acte. Cette problématique repose
Lorsque celle-ci est effectuée par des praticiens, 70 % des sur une vision financière de l’exercice dentaire où chaque
patients souhaitent son usage lors du prochain rendez-vous acte doit être rentable pour le praticien. Cependant, le rôle
et 26 % n’ont pas de préférence. Le taux global d’accepta- du chirurgien-dentiste est d’abord de soigner son patient
tion de la digue par les patients est donc de 96 %. Les 4 % dans un cadre qui assure globalement sa rémunération. Ainsi,
des patients restants ne veulent pas de digue pour le pro- la réalisation d’un traitement endodontique satisfaisant aux
chain rendez-vous car leur première expérience a été dou- critères de bonne pratique s’inscrira idéalement dans un plan
loureuse ou trop longue. Lorsque la digue est posée par des de traitement global où les actes moins rémunérateurs seront
étudiants, le taux d’acceptation est de 87 % (43 % la sou- compensés par des actes prothétiques ou restaurateurs.
haitent, 44 % sont sans avis). Cette approche de gestion globale est mise à mal par les

162

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
nombreux actes d’urgence endodontique effectués dans les
cabinets dentaires où le suivi des patients peut être difficile à b
a
assurer. Abbott (1994) indique que parmi les facteurs influen-
çant les douleurs continues post-traitements endodontiques, c
l’absence de pose de digue en est un déterminant. Ainsi,
même dans un cadre d’urgence endodontique, la pose d’une
digue est un moyen d’améliorer la qualité des soins et de
réduire la prévalence des douleurs postopératoires. La dimi- d e
nution des phénomènes douloureux et l’attention engendrée f
par la pose d’une digue permettent, dans la plupart des cas, g h
d’établir une relation de confiance avec le patient qui le fidé-
lisera dans la structure de soins.
Face à l’argumentaire précédemment décrit pour contrer
l’usage de la digue, on doit aussi noter que l’exercice médical
et donc odontologique tend à une judiciarisation accrue. Les
patients sont de plus en plus attentifs aux résultats obtenus
et aux désagréments qu’ils peuvent subir. Figure 9.1 a. Cadre à digue (cadre de Young® métallique). b. Feuille
de digue médium. c. Sélection de crampons non exhaustive
Important ! L’ingestion ou l’inhalation d’instruments endo- (colonne de gauche, de haut en bas : Ivory 9, Ivory 212, W1.
dontiques reste un risque majeur pour la santé des patients Colonne de droite, de haut en bas : W8A, Ivory 14, 26 N). d. Pince
et pour le devenir professionnel du praticien qui devra à perforer. e. Pince à clamp. f. Seringue avec un embout White
répondre des soins prodigués en cas d’expertise médicale. Mac® (Ultradent) contenant de la crème adhésive utilisée pour
améliorer la rétention des prothèses amovibles et permettant un
Pourtant, Susini et al. (2007) indiquent que, en 11 ans et pour calfatage de la digue. g. Fil interdentaire ciré. h. Wedjets®.
24 651 dentistes français, 57 instruments ont été ingérés 1 seul
inhalé. Les conclusions des auteurs consistent à non pas
insister sur le côté répressif de la digue mais sur les points - fine (thin), peu indiquée en endodontie car ces digues sont
positifs qu’elle procure. Cependant, aucun doute n’est permis fragiles et se déchirent facilement, surtout lors d’utilisation
sur le fait que les dernières directives de la Haute Autorité de de solvants type tétrachloroéthylène pendant les retraite-
santé (HAS, 2008) imposant l’utilisation de la digue lors d’un ments ;
traitement endodontique deviennent un document princeps - moyenne (médium), qui est l’épaisseur de choix pour l’endo-
lors de tout litige patient-praticien. dontie. Sa résistance et son élasticité présentent un com-
promis idéal tout au long du traitement endodontique ;
- épaisse (heavy), peu indiquée en endodontie car la tension
C - Plateau technique importante de ces feuilles de digue a tendance à déloger le
Le plateau technique pour la pose d’une digue est relative- crampon. Cette tension est par contre intéressante lors des
ment restreint (fig. 9.1). De plus, son utilisation est commune soins restaurateurs pour repousser le sulcus et accéder aux
à de nombreux actes thérapeutiques (soins conservateurs, limites cervicales.
reconstitutions foulées, collage d’éléments prothétiques ou Ces catégories d’épaisseurs ne sont pas liées aux différentes
conservateurs) où l’absence de pollution salivaire est primor- couleurs des digues. Face aux nombreux coloris disponibles,
diale pour la pérennité du soin. Il est donc préférable de pos- seule la prise en compte du type de teinte influe sur l’usage
séder plusieurs exemplaires des différents éléments clinique. Les teintes claires permettent une transparence qui
nécessaires à la pose d’une digue pour faciliter le roulement s’avère utile lors du placement du film radiologique en pero-
entre les cycles de stérilisation. Afin d’optimiser l’ergonomie, pératoire. Les teintes foncées créent un environnement
une cassette de rangement spécifique (hub) peut être dévo- sombre autour de la dent augmentant les contrastes et amé-
lue au matériel lié à la digue. liorant le travail sous aide optique du type microscope opé-
ratoire. Lors de la pose de la digue, le côté sombre est placé
L’ensemble des éléments nécessaires à la pose du champ face à l’opérateur afin de diminuer l’éblouissement et la
opératoire est variable suivant les habitudes et les préfé- fatigue oculaire (Glickman et Pileggi, 2002 ; Pertot et Simon,
rences du praticien. Cependant seul importe le résultat final : 2004).
la digue doit toujours être posée de façon stable et étanche.
Important ! À l’image d’autres produits à base de latex, les
digues subissent une détérioration dans le temps si leur
1 - Digue conservation n’est pas adéquate. Il est essentiel d’en possé-
Les feuilles de digue existent en différentes tailles : der un stock restreint et de rester vigilant face aux dates de
péremption afin qu’elles conservent une élasticité opti-
6 × 6 pouces (patient adulte) ou 5 × 5 (pédodontie) et sont male.
constituées de latex. Elles existent en trois épaisseurs :

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9 Endodontie

Lors de la présence d’allergie au latex, le praticien doit être crampons sont dites à ailettes ou sans ailettes. La présence
attentif au type de gants qu’il utilise et poser un champ opé- ou l’absence d’ailettes jouent sur le dégagement autour de la
ratoire exempt de latex. Ces digues latex-free sont en nitrile dent traitée (plus grand avec des ailettes) et sur la technique
(Coltène Whaledent, Roeko) et ne présentent qu’une seule de pose de la digue. Suivant les fabricants, les références des
épaisseur et une seule taille (6 × 6). crampons sont différentes (tableau 9.1).

Leur fragilité importante nécessite leur conservation au Tableau 9.1 Références des différents crampons.
réfrigérateur et s’avère plus difficile à manipuler que les Référence
digues conventionnelles. Indications
Ivory Hygenic Hu-Friedy
Molaires maxillaires
W7 3 8
2 - Pinces et mandibulaires
Molaires dont la
a - Pince à perforer contre-dépouille 8 14 ou 14A 7A
L’appellation anglaise, rubber dam punches, laisse imaginer est sous-gingivale
l’action de cet instrument sur la digue qui doit réellement la Molaires maxillaires 26N W8 W4 ou 26N
« puncher ». Cette pince emporte-pièce va créer le trou per- Prémolaires maxillaires
mettant d’isoler la dent. La présence d’un plateau tournant W1 W2A 27N
et mandibulaires
contenant différentes tailles d’orifices (de 0,7 à 2 mm) permet
Crampons à ailettes
de choisir la taille appropriée à la dent traitée. Cependant, il 2 00 209
pour prémolaires
est intéressant de constater que l’avant-dernier des plus
Crampons papillons pour
larges orifices permet de gérer la quasi-totalité des situations le groupe incisivo-canin 9212
W9 212
cliniques rencontrées en endodontie. Si le champ opératoire 212 212SA
et les petites prémolaires
est posé sur une dent distale à la dent traitée, il est possible
de réaliser deux perforations contiguës afin d’isoler l’en-
semble des deux dents. Le bon état de la pince à perforer est La donnée principale à retenir est que le crampon est une aide
objectivé par la trace nette laissée sur la digue qui ne doit en à la pose de la digue et non une contrainte. Lors de l’essayage
aucun cas se déchirer quand celle-ci est tendue entre les du crampon en bouche, son adaptation est testée à l’aide
doigts du praticien. d’une précelle de Perry en tirant légèrement sur l’arceau. Si
une bascule est observée, le crampon est instable et doit être
b - Pince à crampons remplacé ou modifié. Le remplacement d’un crampon ins-
Cet instrument permet d’ouvrir le crampon et de le position- table laisse libre cours au choix du praticien qui peut se sentir
ner autour de la dent. Plusieurs modèles sont disponibles et plus à l’aise avec un crampon « papillon » antérieur sur une
le choix final dépend du praticien qui doit cependant être petite molaire qu’avec un crampon catégorisé molaire (fig. 9.2).
attentif à la maniabilité, au dégagement du champ visuel, à la
qualité du ressort de rappel et de l’élément de blocage de la
pince ouverte, au blocage du crampon dans les rainures et à
la facilité de retirer la pince une fois le champ posé. L’en-
coche permettant le blocage du crampon peut s’émousser
avec le temps et nécessite alors un léger meulage pour réac- a b c
tiver son efficacité. Cependant, ce meulage doit être le plus
léger possible afin d’éviter une difficulté accrue à relâcher le Figure 9.2 a. Radiographie préopératoire avant retraitement de
crampon si les rainures sont trop profondes. 36. b. Un crampon Ivory 9 est utilisé pendant le traitement car sa
stabilité est supérieure à un crampon molaire. c. Radiographie
postopératoire après dépose de la digue.
3 - Crampons (ou clamps)

L’objectif du crampon est de maintenir la digue autour de Le crampon mis en place est sécurisé à l’aide d’un fil interden-
la dent par une rétention stable en 4 points. Cette stabilité taire noué au niveau de son arceau et dont l’extrémité sort de
ne pourra être assurée que par une reconstitution pré- la cavité orale du patient. S’il est délogé, le praticien peut le
endodontique préalable si la dent est délabrée. De nom- récupérer en exerçant une traction sur le fil interdentaire et
breux crampons sont disponibles et aucun dogme n’est éviter son ingestion ou son inhalation par le patient.
envisageable, seules les préférences du praticien guide-
ront son choix. 4 - Cadres à digue

Pourtant, quelques grandes lignes facilitent la prise de déci- L’objectif du cadre à digue est de tendre le champ opéra-
sion qui s’affinera avec l’expérience et l’accumulation des toire pour accéder à la dent traitée tout en repoussant les
lèvres et les joues.
situations cliniques rencontrées. Les deux grandes familles de

164

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
Les formes et les matières des cadres à digue sont variables : 5 - En plus…
- le cadre Nygaard-Ostby® (Directa Dental, Suède) est fermé Quelques éléments supplémentaires peuvent se rajouter au
et en plastique. La présence d’ergots sous le nez du patient matériel précédemment décrit afin de faciliter la pose de
peut s’avérer inconfortable surtout lors d’une séance de digue et augmenter le confort du patient.
soin prolongée ;
- le cadre pliant de G. Sauveur (Hager Worldwide, Odessa, a - Aide de l’assistante
États-Unis) est fermé, pliable et en plastique. La présence Même si toutes les manœuvres de pose de la digue sont réa-
d’une charnière facilite la prise de cliché radiographique en lisables par le praticien, le travail à quatre mains facilite cette
permettant le positionnement aisé du film maintenu par mise en place. L’assistante va maintenir la feuille de digue,
une pince hémostatique ; augmentant la visibilité et l’ergonomie du praticien tout au
- le cadre de Young®, en U, est plastique (Starlite Visiframe) ou long de la pose du champ opératoire, en tenant délicatement
métallique. Il constitue le cadre le plus adapté à l’endodon- les angles.
tie. Selon le praticien, il est placé sous ou sur la feuille de
digue suivant la volonté de créer un réservoir pour recueillir b - Lubrifiant
les solutions employées et éviter les projections sur le La feuille de digue est parfois difficile à placer lorsque cer-
patient. Notons que ces désagréments sont évités si le taines dents postérieures sont à isoler. Par exemple, la branche
patient est protégé par un champ de tissu recouvrant ses montante de la mandibule devient un obstacle à la mise en
vêtements et des lunettes de protection (fig. 9.3). La prise de place de la digue pour une deuxième ou une troisième molaire
cliché radiographique (argentique ou numérique) est réali- maxillaire. L’utilisation d’un lubrifiant (savon, gel gynécolo-
sée à l’aide d’une pince hémostatique dont la préhension gique) au niveau interne de la digue facilite sa mise en place.
est assurée par le patient. Si le cadre est en plastique (radio- Lorsque les points de contact interproximaux sont serrés et
clair), aucune interférence ne sera obtenue sur la lecture du que la digue risque de se déchirer, le lubrifiant est placé au
cliché et le cadre pourra être maintenu en place. Lorsque le niveau interne de celle-ci mais aussi au niveau interdentaire.
cadre métallique est préféré, des artefacts sont possibles
empêchant la lecture du cliché s’il existe une superposition c - Fil interdentaire
du cadre et de la radio. La solution consiste à déposer le L’utilisation du fil dentaire est systématique lors de toute pose
cadre tout en maintenant la digue en dehors de la cavité de digue. Son passage est le seul garant de la mise en place cor-
orale et à utiliser un angulateur peropératoire spécifique recte de la digue en interdentaire et donc de son étanchéité.
– soit argentique (XCP Rinn vert, Dentsply France, Montigny- Afin de faciliter son action, le fil interdentaire est préféré ciré.
le-Bretonneaux), soit numérique (Endo positionneur Rinn,
Dentsply France, Montigny-le-Bretonneaux) pour capteur d - Serviettes sous-digues en papier (Coltène Whaledent)
RVG Kodak – qui assurera une prise de cliché sans déforma- Ces serviettes sont posées en interposition entre la digue et
tion et empêchera la digue d’être contaminée par la salive. les muqueuses du patient. Elles absorbent par capillarité le
Dès que la radiographie est prise, le cadre est reposé et la surplus salivaire du patient, lui évitant la sensation désa-
digue retendue. gréable de baver. Cette protection permet aussi de limiter les
risques allergiques vis-à-vis du latex.

e - Wedjet®
Il s’agit de cordons en silicone disponibles en trois diamètres,
qui permettent de coincer la feuille de digue sous le point de
contact entre deux dents. Ils remplacent le crampon et sont
particulièrement utilisés dans le secteur antérieur (fig. 9.4). En

a b

Figure 9.3 Installation du patient pendant un traitement endo- Figure 9.4 a. Digue stabilisée par des Wedgets® au niveau d’une
dontique avec protection oculaire (lunette teintée couvrante) incisive centrale couronnée. Les mors du crampon sont à éviter
et protection vestimentaire (champ large en coton blanc et pour préserver la céramique au niveau du joint céramo-métallique.
champ bleu à usage unique). b. Vue occlusale du champ opératoire stabilisé par des Wedgets®.

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9 Endodontie

leur absence, il est possible d’obtenir le même effet avec des le positionnement de la dent sur la digue et réalise la perfo-
morceaux découpés de digue et roulés de façon à passer les ration.
points de contact interproximaux. Les préalables à toute technique de mise en place de la digue
sont :
f - Perte d’étanchéité - la présence d’une dent à 4 parois et la réalisation d’une
Ces situations sont exceptionnelles et dans la majeure partie reconstitution pré-endodontique si nécessaire ;
des cas seule l’adaptation de la feuille de digue suffit. Une - le passage libre du fil interdentaire dans les espaces inter-
technique simple pour éviter les pertes d’étanchéité consiste proximaux. Si ce passage est difficile, il est rendu possible
à faire passer la feuille de digue entre les mors du crampon et par l’utilisation de strips de polissage de composite ou faci-
la surface dentaire une fois le crampon et le cadre à digue lité par le badigeonnage de lubrifiant ;
mis en place. La digue est alors pincée et l’étanchéité optimi- - la mise en place du crampon. Sa stabilité est vérifiée et elle
sée. Cependant dans certains cas, l’étanchéité procurée par peut être assurée par un fil interdentaire noué sur l’arceau
la feuille de digue est mise à mal et des matériaux de calfa- du crampon. Selon la technique choisie, le crampon est
tages sont nécessaires, tels que : laissé en place ou retiré.
- le Cavit™ (3M ESPE). Ce matériau d’obturation coronaire tem-
poraire est principalement utile face à des pertes d’étan- 1 - Technique dite directe
chéité ponctuelles. Son pouvoir de colmatage est faible et Le crampon stabilisé est laissé en place sur la dent à isoler. Le
dès qu’il a réalisé sa prise, il devient cassant et peu adhérent. praticien perfore la digue et tient entre ses deux mains la
Chaque mouvement de la digue aura tendance à le déloger feuille de digue. La perforation est écartée afin d’insérer la
et donc à découvrir le site de la perte d’étanchéité ; digue autour du crampon jusqu’à dégager complètement la
- de la crème adhésive utilisée pour améliorer la rétention dent (fig. 9.5). Le cadre à digue est mis en place et l’étanchéité
des prothèses amovibles, par exemple Corega (GSK), Oraday est assurée par un repositionnement du crampon au-dessus
(Pierre Fabre). Sa mise en place est réalisée à l’aide d’em- de la digue et par le passage de fil interdentaire (fig. 9.6).
bouts de gros diamètre (White Mac®, Ultradent) au niveau
des zones non étanches (Martin, 2004). La crème adhésive Cette technique présente deux avantages, la simplicité et
peut être associée à une poudre d’oxyde de zinc pour obte- la rapidité, qui en font une technique de choix pour l’en-
nir une consistance plus dure mais le mélange devient alors dodontie où une seule dent est à isoler. Même si sa réali-
radio-opaque ; sation est possible avec les crampons à ailettes (molaires),
- l’Oraseal® (Ultradent), qui est un matériau silicone spéciale- elle reste principalement indiquée pour les crampons sans
ment conçu pour améliorer l’étanchéité de la digue et com- ailettes.
mercialisé en deux consistances (standard et putty).

D - Techniques de mise en place


du champ opératoire

Plusieurs façons de poser la digue sont possibles et toutes


sont valables selon les habitudes du praticien et le choix
du crampon le plus adapté à la situation clinique. Pourtant,
toutes les techniques présentées reposent sur un postulat
essentiel qui est le positionnement de la perforation sur la
feuille de digue. La digue doit recouvrir l’ensemble de la
cavité orale du patient et être placée de façon symétrique
selon le plan sagittal. a b

L’utilisation d’un gabarit est indiquée lors des premières


manœuvres pour représenter l’ensemble des deux arcades
dentaires. La perforation préfigure la position de la dent à
traiter et s’inscrit alors logiquement au sein de la surface de
la digue. En d’autres termes, le positionnement de la perfora-
tion sera différent selon que l’on traite une incisive centrale c d
maxillaire ou une molaire mandibulaire. Une erreur sur la per-
Figure 9.5 Technique dite directe de pose de digue. a. Situation
foration engendre des difficultés pour réaliser le traitement
initiale avant la pose de la digue sur 27. b. Stabilité du crampon
car la digue gêne les manœuvres opératoires par une limita- vérifiée à l’aide d’une précelle de Perry. c. Perforation écartée
tion de l’espace nécessaire au passage de la main. Avec l’ex- entre les doigts du praticien. d. Insertion de la perforation au
périence, le praticien ou son assistante projette mentalement niveau de l’arceau du crampon.

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9

a b

c d

Figure 9.6 a. Le crampon est complètement dégagé à l’aide du


bout des doigts gantés. b. Vue occlusale montrant une étan- Figure 9.7 Technique dite du parachute de pose de digue. D’une
chéité perfectible en palatin et au niveau mésial. c. Passage de main, le praticien tient la pince à crampons au niveau des mors
fil interdentaire au niveau du point de contact mésial et distal. tandis que l’autre main tient la digue repliée donnant l’image
d. Situation finale montrant une digue parfaitement étanche. d’un parachute.

Sa réalisation est en revanche impossible avec les crampons


antérieurs en forme de « papillon » où la tension pour passer
les arceaux risque de déchirer la digue.

2 - Technique dite parachute


Après vérification de la stabilité du crampon (avec ou sans
ailettes), celui-ci est retiré et placé dans la perforation de
a b
telle façon que seuls les mors soient visibles. D’une main, le
praticien tient la digue repliée donnant l’image d’un para- Figure 9.8 a. Manque d’étanchéité au niveau palatin. b. Étan-
chute et, de l’autre, il utilise la pince à crampons au niveau chéité palatine obtenue par le passage de la digue sous les mors
des mors (fig. 9.7). La mise en place de la digue et du crampon du crampon.
s’effectue donc d’un seul tenant par le positionnement des
mors autour de la dent à isoler. La visibilité est améliorée car
le praticien garde dans une main la digue (forme de para-
chute) et permet ainsi de dégager la dent à clamper. Une fois
le crampon mis en place, la digue est relâchée et est passée
au niveau des mors à l’aide d’une spatule de bouche ou du
bout des doigts gantés du praticien. Le cadre à digue est mis
en place et l’étanchéité est assurée par un repositionnement
du crampon au-dessus de la digue (fig. 9.8) et par le passage
du fil interdentaire. Cette technique est possible avec tous
les types de crampons et pour tous les secteurs.

3 - Technique dite à ailettes


Après vérification de la stabilité du crampon à ailettes, celui-
ci est retiré et les ailettes sont placées dans la perforation de
telle façon qu’elles soient cachées par la digue. Les trous du
crampon sont, eux, atteignables et la pince à crampons per-
met la préhension de l’ensemble digue-crampon (fig. 9.9). La
mise en place de la digue et du crampon s’effectue donc d’un
seul tenant par le positionnement des mors autour de la dent
Figure 9.9 Technique dite à ailettes de pose de digue. Les
à isoler. À l’aide d’une spatule de bouche ou du bout de ses ailettes sont cachées par la digue tandis que le crampon est
doigts gantés, le praticien libère les ailettes. Le cadre à digue maintenu au niveau des trous. L’ensemble crampon-digue est
est mis en place et l’étanchéité est assurée par un reposition- alors amené au niveau de la dent à traiter.

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9 Endodontie

nement du crampon au-dessus de la digue et par le passage donnée est particulièrement intéressante pour améliorer les
du fil interdentaire. études où les prélèvements bactériens sont réalisés mais une
extrapolation clinique est aussi possible.
Cette technique, comme son nom l’indique, reste l’apa-
nage des crampons à ailettes et des situations cliniques où Ainsi, un moyen simple de décontaminer la digue est de la
la structure dentaire est importante. En effet, la visibilité badigeonner d’eau oxygénée à 30 %, d’attendre la fin de
de cette technique est limitée et la pose du champ est l’effervescence et d’utiliser pendant 1 minute une com-
rendue plus difficile si une dent de faible volume est à presse imbibée d’hypochlorite de sodium à 2,5 %. Les
isoler. manœuvres endodontiques seront alors entreprises dans
un environnement le plus aseptique possible.

4 - Technique de pose de la digue pour dents antérieures


et dents à faible structure coronaire
II - Reconstitution pré-endodontique
Après vérification du crampon (avec ou sans ailettes), celui-ci
est retiré et réservé sur le plateau de soin. Le praticien va, La réalisation d’un traitement endodontique s’adresse le
d’une main, faire passer la digue autour de la dent à isoler et plus souvent à des dents délabrées par des lésions
la maintenir en place en la pinçant de part et d’autre de la carieuses, traumatiques, d’anciennes restaurations ou
dent. De sa main libre, il va tenir le crampon à l’aide de la après des manœuvres à visée prothétique. La perte de
pince appropriée et le placer directement sur la dent isolée substance empêche la stabilité du crampon et remet en
par la digue (fig. 9.10). Lorsque le crampon est en place, le cause la pose du champ opératoire. La première étape cli-
praticien relâche le pincement effectué et peut alors placer nique est donc la reconstruction provisoire des parois
le cadre à digue. manquantes, appelée reconstitution pré-endodontique.

A - Objectifs et prise de décision


La reconstitution pré-endodontique est effectuée après
avoir éliminé les tissus carieux ainsi que les restaurations non
étanches et restauré les contours de la dent. À ce stade, le
praticien évalue le degré de conservation de la dent à traiter
a b (tissus résiduels suffisants) et la possible indication de
manœuvre pré-endodontique parodontale supplémentaire
Figure 9.10 Technique de pose de digue pour dents antérieures du type gingivectomie ou élongation coronaire. La reconsti-
et dents à faible structure coronaire. a. Situation initiale d’une tution pré-endodontique ne se réalise que sur des limites
dent antérieure délabrée. b. D’une main, le praticien maintient la dentaires saines et préfigurant les contours de la restauration
digue autour de la dent à traiter et de l’autre, il tient le crampon
finale. Elle va avoir plusieurs objectifs :
approprié (ici un crampon Ivory 212).
- rendre plus facile la pose de la digue, car le crampon ne sera
stable que s’il existe quatre parois coronaires ;
- créer un véritable réservoir de solutions d’irrigation tout au
Cette technique est particulièrement indiquée pour les
dents à faible structure coronaire et les dents antérieures long du traitement. Le réceptacle ainsi formé permet un
délabrées (racines), car la manœuvre pour libérer la digue renouvellement des solutions d’irrigation lors des
des ailettes ou des mors est absente. Celle-ci provoque manœuvres canalaires (voir chapitre 11) ;
des tensions sur le crampon qui pourraient le déloger sur - éviter les percolations liquidiennes des flux salivaires et gin-
les dents délabrées où la rétention est difficile à obtenir. givaux dans la cavité d’accès. De même, les solutions d’irri-
gation sont contenues dans le réservoir coronaire et ne sont
pas perçues par le patient ;
5 - Désinfection du champ opératoire - faciliter la pose d’un pansement étanche évitant une infil-
Une fois la digue en place, il est nécessaire d’effectuer une tration bactérienne en interséance endodontique ou avant
désinfection du champ opératoire avant de réaliser toute le projet final de restauration ;
manœuvre canalaire. En effet, la digue n’est pas stérile et doit - obtenir des repères occlusaux fiables par un placement
donc être décontaminée. Ng et al. (2003) ont étudié deux reproductible des stops en silicone des instruments endo-
protocoles pour la décontaminer avant prélèvement micro- dontiques utilisés lors de la mise en forme ;
bien : peroxyde d’hydrogène (30 %) suivi de Bétadine ou - limiter les risques de fracture d’une dent très délabrée par
d’hypochlorite de sodium (NaOCl) (2,5 %). Les résultats renforcement des parois résiduelles et mise en sous-occlu-
indiquent une présence diminuée d’ADN bactérien après le sion coronaire. La diminution des points de contact coro-
protocole peroxyde d’hydrogène et NaClO (2,5 %). Cette naire est particulièrement indiquée lorsque la dent traitée

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
présente une des caractéristiques suivantes : dent vitale,
pas de lésion apicale visible radiologiquement, dent symp-
tomatique à la percussion, dent avec une symptomatologie
préopératoire (Rosenberg et al., 1998).
a b c
1 - Problématique des restaurations coronaires présentes
Une grande partie des (re)traitements endodontiques est Figure 9.12 a. Lésion inflammatoire périradiculaire d’origine
effectuée sur des dents ayant déjà subi des restaurations coro- endodontique (LIPOE) de 17, dent pilier d’une reconstruction
plurale maxillaire. b. Radiographie peropératoire cône en place.
naires directes ou indirectes. Le praticien est alors confronté
c. Radiographie postopératoire. L’accès est à combler dans un
au dilemme de la dépose de ces anciennes restaurations pour second temps avec un composite micro-hybride.
réaliser une nouvelle reconstitution pré-endodontique ou de
leur conservation pour les utiliser temporairement comme
reconstitutions pré-endodontiques. Cette interrogation
repose sur une évaluation précise des restaurations présentes
et leur dépose est obligatoire en cas de :
- présence d’une perte d’étanchéité se traduisant par une
mauvaise adaptation marginale ; 2 - Problématique parodontale
- présence d’une lésion carieuse ;
- présence d’ancrages corono-radiculaires (screw-posts, tenons, Essentiel : l’environnement parodontal de la dent à traiter
inlay-core) ; est un critère essentiel dans le choix de la reconstitution
- difficulté d’appréhender l’anatomie canalaire et de visuali- pré-endodontique.
ser la chambre pulpaire.
Face à ces critères, peu de restaurations coronaires peuvent Ici, le sondage parodontal n’a pas un but diagnostique mais
être conservées et il est de toute façon toujours plus judi- permet d’évaluer une hyperplasie gingivale et la présence ou
cieux d’avoir une vision objective des structures dentaires l’absence d’un espace sulculaire (fig. 9.13) :
résiduelles avant toute manœuvre canalaire. Les principales - la présence d’une hyperplasie gingivale est souvent en
indications de conservation des restaurations coronaires pré- étroite relation avec des lésions carieuses volumineuses. Il
sentes sont : est alors nécessaire d’effectuer une gingivectomie du tissu
- les restaurations récentes sur dent vitale où la dent pré- hyperplasique afin de retrouver un site physiologique. Cette
sente une symptomatologie après assemblage (fig. 9.11) ; éviction gingivale se réalise à l’aide d’un bistouri électrique
- le traitement d’une dent incluse dans une restauration de qui permet d’assurer une hémostase immédiate. La reconsti-
grande étendue où la dépose des éléments remet en cause tution pré-endodontique est alors tout de suite envisa-
le pronostic des dents piliers (fig. 9.12). geable ;
- l’absence d’un espace sulculaire empêche la réalisation
Le patient doit cependant être toujours informé que les d’une reconstitution pré-endodontique étanche et la pose
manœuvres canalaires entreprises peuvent remettre en d’un crampon stable. Une élongation coronaire (avec ou
cause la pérennité de la restauration en modifiant sa résis- sans ostéoplastie) est alors indiquée pour recréer un espace
tance mécanique et son intégration esthétique ainsi que le biologique. Si la longueur radiculaire ne permet pas cette
matériau utilisé pour obturer la cavité d’accès après le trai- chirurgie, le traitement endodontique n’est pas réalisable
tement.
sous digue : la dent ne peut pas être conservée.

a b c a b

Figure 9.11 a. Nécrose de 22 sous restauration prothétique récente. Figure 9.13 a. Vue occlusale d’un secteur antérieur délabré avant
b. Radiographie peropératoire cône en place. Digue maintenue par reprise de traitement. b. Sondage parodontal permettant de
des Wedgets®. c. Radiographie postopératoire avec accès obturé mettre en évidence le sulcus et évitant une élongation coro-
avec un composite micro-hybride. naire pré-endodontique.

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9 Endodontie

B - Réalisation Sa mise en place nécessite une préparation périphérique som-


maire afin d’obtenir des parois de dépouille assurant la mise en
Plusieurs possibilités sont offertes au praticien pour recons- place aisée de la couronne préformée (fig. 9.15).
tituer une dent délabrée. Cependant, le choix de la technique
et les matériaux employés doivent présenter certaines carac-
téristiques :
- facilité d’utilisation et polyvalence dans les indications. Le
matériau employé peut être utilisé indifféremment pour
une molaire ou une prémolaire ;
- temps de prise rapide afin de limiter le temps dévolu au
prétraitement ;
- résistance suffisante pour assurer une reconstitution des a b
parois manquantes tout au long du traitement et en inter-
séance ;
- facilité d’éviction en fin de traitement pour restaurer de
manière définitive la dent.

Actuellement, seuls les ciments verre ionomère rem-


plissent le plus complètement ce cahier des charges. c d
Cependant, la présence de pertes volumineuses de subs-
tance dentaire nécessite soit un matériau plus résistant Figure 9.15 a. Diagnostic posé de fêlure au niveau de 36. La dent
mécaniquement, du type composite, soit l’adjonction d’un doit être cerclée à l’aide d’une coiffe préformée avant le traite-
artifice, du type bague de cuivre, pour cercler la dent. ment endodontique. b. Mise en évidence de la fêlure au niveau
mésial après dépose de l’amalgame. c. Préparation périphérique
sommaire afin d’éliminer les zones de contre-dépouille pour
Les différentes reconstitutions pré-endodontiques sont divi- faciliter l’ajustage de la coiffe préformée. d. Mise en évidence
sées en reconstitutions prothétiques ou conservatrices. de la cavité d’accès réalisée au travers de la coiffe préformée à
la fin du traitement endodontique (document du Dr D. Martin).
1 - Reconstitutions prothétiques
b - Couronne provisoire
a - Coiffe ou couronne préformée Face à une perte de substance modérée où la rétention de la
Cette reconstitution permet une mise en fonction de la dent couronne provisoire est assurée sans tenon, celle-ci est scel-
traitée (contacts occlusaux, contacts proximaux) et un cer- lée au verre ionomère (fig. 9.16). La cavité d’accès est réalisée
clage idéal (fig. 9.14). Son scellement est réalisé par ciment au travers de la couronne provisoire et le traitement endo-
verre ionomère et est particulièrement indiqué lors d’un traite- dontique est conduit (fig. 9.17). À la fin du traitement, l’impor-
ment réalisé sur des dents présentant des fêlures coronaires. tante utilisation d’hypochlorite de sodium ainsi que les
manœuvres des instruments rotatifs (cavité d’accès) per-
mettent un descellement aisé de la couronne provisoire à
l’aide de légères percussions par un arrache-couronne ou par
mobilisation à l’aide d’une pince de Péan.

a b

c d

Figure 9.16 a. Situation initiale de 36 nécessitant une reprise de


traitement. b. Mise en évidence des tissus dentaires résiduels
après dépose de la couronne. c. Scellement au verre ionomère
d’une couronne provisoire en résine. d. Mise en évidence du
Figure 9.14 Coiffe préformée choisie pour une reconstitution contour de la cavité d’accès obturée ici par une superposition
pré-endodontique (document du Dr D. Martin). de Cavit™ et d’un ciment verre ionomère.

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
La différence de consistance entre le ciment verre ionomère
et le coton ou Cavit™ permet au praticien d’avoir un repère de
profondeur pour arrêter l’usage de fraises long col lors de
l’approfondissement de la cavité d’accès. À ce titre, le Cavit™
a b c
est un matériau plus facile d’utilisation que les boulettes de
coton qui s’enroulent fréquemment dans les fraises et y sont
Figure 9.17 a. Radiographie préopératoire avant dépose de la difficiles à déloger.
couronne. b. Mise en évidence de la cavité d’accès réalisée au
travers de la couronne provisoire. c. Radiographie postopéra-
toire où la cavité d’accès est obturée par une superposition de C - Situations cliniques
Cavit™ et d’un ciment verre ionomère.
Le choix de la reconstitution pré-endodontique est fonc-
tion du délabrement coronaire mais aussi de la position de
2 - Reconstitutions conservatrices la dent sur l’arcade. Des facteurs esthétiques et fonction-
nels sont alors à prendre en considération par le praticien
a - Matriçage pour faciliter l’intégration de la reconstitution.
À l’aide d’une matrice métallique et d’un porte-matrice, les
pertes de substance sont reconstituées directement par
injection de matériau. Cette technique s’adresse aux cas où 1 - Secteur incisivo-canin
les pertes de substance sont légères à modérées.
a - Perte de substance faible à modérée
b - Bague de cuivre Dans ce secteur, il est important de privilégier les reconstitu-
Un anneau métallique en cuivre adapté aux limites cervicales tions esthétiques : ciments verre ionomère et composites. La
est scellé au ciment verre ionomère. La réussite de cette teinte du matériau doit être en adéquation avec les dents
reconstitution passe par le choix judicieux d’une bague rigide naturelles du patient. Ce type de reconstitution s’apparente
(et non molle) dont la taille doit correspondre le plus parfai- aux soins conservateurs classiques au niveau du secteur anté-
tement possible aux contours de la dent. Le sertissage est rieur.
réalisé par un décolletage de la bague à l’aide de ciseaux à Lorsque la couronne ne présente pas de ligne de plus grand
couronnes et d’une pince à bouteroller. Après polissage et contour (par exemple dent immature), il est possible d’ad-
avant scellement de la bague de cuivre, celle-ci doit possé- joindre des perles de composite fluide en palatin et en vesti-
der une rétention mécanique propre. bulaire. Le crampon sera alors maintenu par ces rétentions
(fig. 9.18).
c - Bague orthodontique
Cette reconstitution ne s’adresse qu’aux pertes de substance
volumineuses coronaires. À la différence de la bague de
cuivre, il n’est pas possible de reconstituer des pertes de
substances juxta-gingivales et sous-gingivales.

3 - En plus…

Important ! Toutes les étapes cliniques du prétraitement


endodontique (éviction carieuse, éviction des anciennes
restaurations coronaires, reconstitution pré-endodontique) a b
s’effectuent sans la digue en place. En effet, l’objectif est
d’avoir une vision directe sur les limites dentaires pour assu-
rer une adaptation idéale des reconstitutions. La pose pré-
maturée de la digue gêne le prétraitement en rendant
difficile l’accès aux limites juxta-gingivales.

Une atteinte de la chambre pulpaire, voire des entrées cana-


laires, est possible quand les restaurations coronaires sont c d
éliminées. Une protection des entrées canalaires est réalisée
à l’aide d’une boulette de coton ou de Cavit™. Cette mise en Figure 9.18 a. Situation initiale avant traitement d’une dent pré-
place de matériau a deux objectifs : parée périphériquement et présentant une dépouille impor-
tante. b. Mise en place d’une perle de composite fluide en
- élever une barrière contre le ciment verre ionomère pour vestibulaire (pas de préparation des tissus à l’acide orthophos-
éviter son intrusion dans les canaux ; phorique). c. Vue occlusale du site opératoire où le crampon est
- faciliter le repérage des entrées canalaires lors de la cavité stabilisé par la perle de composite. d. Vue vestibulaire du champ
d’accès. opératoire stabilisé par la perle de composite.

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9 Endodontie

b - Perte de substance sévère


Le traitement endodontique est alors réalisé sur des dents à
l’état de racines où la temporisation consiste en la présence
de couronnes provisoires à tenon. Cette situation clinique ne
nécessite pas de reconstitution pré-endodontique et seul le
choix judicieux du crampon permet d’effectuer une pose de a b
digue étanche.
Une « customisation » du crampon est souvent indiquée
lorsque la structure résiduelle dentaire est faible, à l’image
des racines monoradiculées. Pour obtenir un crampon stable,
les mors sont affûtés à l’aide d’une fraise transmétal et éver-
sés à l’aide d’une pince universelle. L’objectif est d’obtenir une
rétention intra-sulculaire non iatrogène de l’espace biolo-
gique. Si la couronne provisoire est parfaitement adaptée aux c e
limites, une cicatrisation gingivale prend place dès la fin du
traitement. Les empreintes de prothèse conjointe seront réa-
lisables au bout de quelques jours. Cette technique, particu-
lièrement indiquée pour les crampons ferriers 212, permet
d’isoler la racine unitairement et d’éviter les techniques de
calfatage (fig. 9.19). Celles-ci sont le plus souvent réalisables d
facilement au maxillaire tandis que leur mise en place à l’ar-
cade mandibulaire est beaucoup plus aléatoire. L’étanchéité Figure 9.19 a. Situation initiale d’une canine maxillaire délabrée
du calfatage est mise à mal à chaque déglutition du patient, et nécessitant une reprise de traitement. b. Vue vestibulaire
montrant l’importance du délabrement. c. Affûtage des mors à
se traduisant par une pollution salivaire inopportune lors du l’aide d’une fraise transmétal d’un crampon ferrier 212. d. Éver-
traitement endodontique. sion des mors du crampon 212 pour obtenir une meilleure réten-
tion au niveau sulculaire. e. Champ opératoire stable et étanche
2 - Secteur prémolaire au niveau de la canine.

Important ! Il s’agit du secteur le plus difficile à reconsti-


tuer ; le praticien est confronté à des impératifs esthétiques
(surtout la première prémolaire maxillaire) et à des
contraintes mécaniques. Le plus souvent, de volumineuses
pertes de substance coronaire fragilisent les prémolaires
qui, du fait de leur anatomie radiculaire (aspect réniforme),
sont très susceptibles à la fracture.

a - Perte de substance faible à modérée


Les ciments verre ionomère et les composites sont alors les
matériaux de reconstitution pré-endodontique les plus indi-
qués. Dans certains cas, la reconstitution composite est lais-
sée en place de manière définitive et préfigure la restauration a b
finale.
Si la mise en place du champ opératoire est aisée et si la pro-
fondeur de la chambre pulpaire de la dent répond aux cri-
tères de quatre parois résiduelles, la reconstitution
pré-endodontique n’est pas obligatoire. Seule l’évaluation
précise du cas par le praticien permet de déterminer si tous
les prérequis sont présents. c d
La matrice composite est préférée pour des pertes très sévères
(une ou deux parois résiduelles) tandis que le ciment verre Figure 9.20 a. Situation initiale d’une prémolaire maxillaire
ionomère est plus indiqué pour des délabrements modérés. nécessitant un traitement endodontique. Les cornes pulpaires
Cependant, le protocole clinique de réalisation de la recons- sont visibles. b. Matriçage de la dent à l’aide d’un porte-matrice
Tofflemire et d’un coin de bois distal. Mis en place de Cavit™ au
titution est très proche pour les deux types de matériaux niveau des cornes pulpaires pour faciliter l’intervention au tra-
(fig. 9.20) : vers du ciment verre ionomère de reconstitution. c. Mise en
- éviction de la lésion carieuse et des anciennes restaura- place du ciment verre ionomère de reconstitution. d. Mise en
tions ; évidence de la cavité d’accès avec quatre parois.

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
- matriçage de la dent à restaurer (préférer une matrice Tof- mésiale. Cependant, cette absence de reconstitution est
flemire) associé à des coins de bois pour restaurer les points envisageable si les marges sont supra-gingivales sous peine
de contact ; de perte d’étanchéité dans cette zone.
- protection des entrées canalaires par une boulette de coton
ou un incrément de Cavit™ (3M ESPE) ; b - Perte de substance sévère
- mordançage des parois à l’acide polyacrylique (pour ciment Dès que le délabrement coronaire est supérieur à deux parois,
verre ionomère) ou à l’acide orthophosphorique (pour com- il est nécessaire de cercler la dent.
posite) ; Actuellement, le meilleur moyen de réaliser ce cerclage reste
- rinçage et séchage ; l’utilisation d’une bague de cuivre. Le protocole clinique est
- mise en place d’un primer et d’un adhésif amélo-dentinaire le suivant (fig. 9.21) :
(seulement pour le composite) et polymérisation ; - éviction de la lésion carieuse et des anciennes restaura-
- apport du ciment verre ionomère ou d’incréments de com- tions ;
posite ; - choix de la bague adaptée à la dent (s’il y a une hésitation
- chémopolymérisation (pour ciment verre ionomère) ou entre deux tailles, toujours prendre la plus petite) ;
photopolymérisation (pour certains verres ionomères et les - réduction de la hauteur de la bague à l’aide de ciseaux à
composites) ; couronne courbes (ce qui augmente la visibilité. Cette
- réglage de l’occlusion, une mise en sous-occlusion com- manœuvre augmente le périmètre de la bague choisie, d’où
plète étant recherchée. une préférence pour les bagues de plus petite taille) ;
- découpage de la bague selon les limites dentaires à l’aide
b - Perte de substance sévère des ciseaux à couronne ;
- ajustage du diamètre de la bague à celui de la dent à l’aide
Face à des pertes volumineuses, le praticien doit rester
d’une pince à mors ronds ;
très attentif aux risques de fracture radiculaire avant la res-
tauration finale. Peu de solutions sont présentes pour - polissage de la bague à l’aide d’une fraise à polir montée sur
allier esthétique et résistance mécanique et seul le cer- pièce à main ;
clage par une bague de cuivre ou une couronne préformée - dernier essayage (bien visualiser le côté vestibulaire, par
renforce les structures dentaires résiduelles. exemple à l’aide d’une petite strie) et vérification des points
de contact ;

Ces reconstitutions pré-endodontiques sont inesthétiques


mais leur efficacité est inégalée et le patient acceptera d’au-
tant mieux leur présence qu’une explication précise lui sera
donnée sur leur importance dans la réalisation du traitement
endodontique.
a b
3 - Secteur molaire
À l’image du secteur prémolaire, le praticien doit toujours
prévenir la survenue de fracture coronaire et corono-radicu-
laire sur ces dents pluriradiculées.

a - Perte de substance faible à modérée


Les ciments verre ionomère et les composites restent les c d
matériaux de choix pour restaurer provisoirement les pertes
de substances.
À l’image des prémolaires, certaines molaires ne sont pas à
reconstituer si la chambre pulpaire est suffisamment pro-
fonde pour obtenir quatre parois. Le champ opératoire est
cependant parfaitement étanche et stable car le crampon
choisi est fixé en quatre points sur la substance dentaire. e f

Figure 9.21 a. Situation initiale après dépose des restaurations


La seule exception de la reconstitution systématique des coronaire et corono-radiculaire. Le délabrement important
pertes de substance est la paroi mésiale des molaires man- indique la réalisation d’une bague de cuivre. b. Bague de cuivre
dibulaires. Si la limite est supra-gingivale, il est possible de décolletée et adaptée précisément aux contours de la dent à
ne pas reconstituer cette paroi. traiter. c. Scellement de la bague de cuivre à l’aide d’un ciment
verre ionomère. d. Vue occlusale de la bague de cuivre scellée.
e. Essayage du crampon. f. Mise en évidence de la cavité d’accès
En effet, la relocalisation des orifices des canaux mésiaux réalisée au travers de la bague de cuivre (document du Dr
tend à fragiliser toute tentative de reconstitution de la paroi F. Bronnec).

173

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9 Endodontie

- protection des entrées canalaires par une boulette de coton


forme, désinfection, obturation tridimensionnelle. Si cette
humide ou un incrément de Cavit™ ;
chronologie opératoire est respectée, un fort taux de suc-
- scellement de la bague par remplissage de l’intrados à l’aide cès peut être attendu pour l’ensemble des situations cli-
de ciment verre ionomère et mise en place ; niques rencontrées (dent vitale, dent nécrosée, traitement
- remplissage de la cavité à l’aide de ciment verre ionomère ; initial, retraitement). Pourtant, ces étapes cliniques reposent
- réglage de l’occlusion (une mise en sous-occlusion com- sur un préalable obligatoire et d’une importance primor-
plète est recherchée). diale : l’accès aux canaux.

À la place de la bague de cuivre, il est possible d’utiliser


des bagues orthodontiques qui présentent l’avantage Force est de constater que la rationalité rencontrée dans les
d’une adaptation facilitée par un grand choix de tailles étapes du traitement endodontique laisse place à un certain
ainsi que des coiffes métalliques préformées. Le principal flou lorsqu’il s’agit de la cavité d’accès. L’ensemble des
défaut de ces reconstitutions est leur coût élevé par rap- ouvrages endodontiques de référence présentent une tech-
port à la bague de cuivre. nique de trépanation au point d’élection de la dent pour
déterminer la position de la chambre pulpaire puis un élargis-
La présence d’au moins deux parois résiduelles peut indiquer sement pour accéder aux canaux. Cette méthode soulève de
la réalisation d’une couronne provisoire en résine adaptée nombreuses limites qui aboutissent à des manœuvres iatro-
aux limites et scellée au ciment verre ionomère ou à l’oxy- gènes du type perforation ou affaiblissement majeur des
phosphate. Les entrées canalaires sont, au préalable, proté- parois :
gées et la digue est posée sur cette couronne provisoire - la présence d’un volume caméral diminué (calcifications,
scellée de manière définitive. apposition de dentine secondaire ou tertiaire) empêche la
sensation de chute de la fraise dans la chambre pulpaire
La cavité d’accès et la mise en forme canalaire se réalisent évoquée ci-dessus lors de la trépanation. En effet, l’instru-
au travers de la couronne provisoire, diminuant alors gran- ment rotatif n’atteindra jamais la chambre pulpaire si le
dement sa rétention. À la fin du traitement endodontique, plancher et le plafond sont coalescents ;
il est alors très facile de déposer la couronne provisoire - la méthode de trépanation-élargissement-finition est très
avec un arrache-couronne ou une pince Péan. « praticien dépendante ». La subjectivité des sensations en
fait une technique difficile à enseigner car non fondée sur
4 - En plus… des critères objectifs à part le point d’élection déterminé
pour chaque morphologie dentaire ;
La dépose des reconstitutions pré-endodontiques est d’autant
- la séquence de trépanation n’est possible que si une chambre
plus facile que le choix des matériaux repose sur des teintes
pulpaire est présente. Qu’en est-il alors des cas de retraite-
« tranchées » (claires, foncées, voire colorées) par rapport aux
ment où des matériaux de reconstitution coronaire sont
tissus dentaires résiduels. L’éviction des ciments verre ionomère
présents jusqu’aux entrées canalaires ?
se réalise simplement et rapidement à l’aide de fraises rotatives
en carbure de tungstène associées à une action ultrasonore par
des inserts parodontaux lisses pour détartrage supra-gingival. Face à ces nombreuses difficultés, une nouvelle approche
La dépose de la bague de cuivre (ou de la bague ortho- de la cavité d’accès a été proposée récemment. Cette
dontique) s’effectue en réalisant une tranchée verticale sur la méthode permet une reproductibilité des résultats quels
que soient la dent traitée, la situation clinique et l’opéra-
face vestibulaire à l’aide d’une fraise flamme ou fissure jusqu’à
teur. À l’image d’autres techniques, sa réalisation intègre
obtenir une séparation nette de la bague. Puis l’insertion les différents principes généraux de la cavité d’accès.
d’une spatule de bouche ou d’un excavateur endodontique
dans cette tranchée permet d’écarter et de déloger la bague
par un léger mouvement de rotation. Comme évoqué précé-
demment, le ciment verre ionomère de scellement est alors A - Objectifs d’une cavité d’accès idéale
retiré par une combinaison de fraises rotatives et d’ultrasons.
Le protocole est exactement similaire pour la dépose des Les objectifs de la cavité d’accès idéale sont au nombre de
couronnes préformées mais une tranchée au niveau de la cinq.
face occlusale doit le plus souvent être ajoutée à la tranchée Premièrement, supprimer le plafond pulpaire. Cette étape est
vestibulaire pour faciliter la dépose. la première phase du nettoyage du traitement endodontique.
L’élimination complète des tissus dentaires et des matériaux
d’obturation composant le plafond pulpaire assure une dimi-
nution immédiate des irritants bactériens et favorise par la
III - Cavité d’accès suite les manœuvres de désinfection. Aucune zone de
contre-dépouille résiduelle ne doit être décelée sous peine
Essentiel : le succès du traitement endodontique repose sur de persistance de débris organiques qui pourraient se com-
la réalisation d’une succession d’axiomes permettant l’ob-
tention de résultats reproductibles : nettoyage et mise en porter comme des pathogènes. Ces reliquats infectieux
seront une source de recontamination tout au long du traite-

174

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
ment et favoriseront la décoloration des dents traitées endo-
Cette notion essentielle de circuit dynamique des solu-
dontiquement. Ces zones de contre-dépouille sont mises en tions d’irrigation explique l’importance que revêt la
évidence à l’aide d’une sonde 17. reconstitution de toute paroi manquante avant de com-
Deuxièmement, visualiser les orifices canalaires en préservant mencer l’instrumentation.
le plancher pulpaire. Cette étape nécessite de connaître
l’anatomie endodontique de la dent traitée afin de déceler
Cinquièmement, permettre une bonne assise du pansement
l’ensemble des entrées canalaires. Comme nous le verrons
temporaire. Même si les techniques instrumentales per-
par la suite, de nombreuses variations sont possibles et le
mettent de réaliser des traitements endodontiques en une
praticien doit rester alors très attentif aux sillons de coales-
séance, la pose d’un pansement temporaire étanche évitera
cence du plancher pulpaire qui réalise une véritable carte
une percolation bactérienne avant la reconstitution coro-
topographique pour localiser les orifices. L’utilisation d’une
naire ou corono-radiculaire.
sonde endodontique fine DG16 est fortement recommandée.
Sa pointe fine permet de marquer les orifices en exerçant
une légère pression. A fortiori si l’obturation n’est pas réalisable dans la séance
(manque de temps, symptomatologie préopératoire, suin-
Troisièmement, permettre un accès direct des instruments
tement purulent ou hémorragique non contrôlable), la
au tiers apical avec les parois coronaires lors de la mise en stabilité d’un pansement temporaire en interséance est
forme et de l’obturation. La réalisation d’une cavité d’accès essentielle.
idéale doit faciliter et guider la gestuelle instrumentale.
Lors de la mise en forme canalaire, le praticien ne doit pas
chercher à orienter les limes manuelles ou rotatives pour Le choix du matériau mis en place en interséance dépend de
rester dans le canal. La réalisation d’une cavité d’accès idéale la perte de substance coronaire et de la durée de l’inter-
favorise une fluidité instrumentale, gage d’une ergonomie séance (Martin, 2004 ; Naoum et Chandler, 2002). Les prépa-
améliorée. rations oxyde de zinc/sulfate de calcium du type Cavit™ (3M
La gestion du tiers apical passe par une complète suppres- ESPE) (Spangberg, 2002) sont d’excellents pansements tem-
sion des obstacles coronaires et médians du canal. Lors de la poraires s’ils sont employés :
réalisation de la cavité d’accès, le praticien doit particulière- - au sein d’une cavité à quatre parois. Leur faible résistance
ment être attentif à l’angle d’insertion effectué par les pre- mécanique ne permet pas d’offrir une résistance suffisante
mières limes endodontiques introduites dans le canal. Si aux forces de mastication surtout si une paroi est absente ;
l’angulation est marquée, il est essentiel de rectifier la cavité - sur une épaisseur d’au moins 3,5 mm. Afin d’augmenter cette
d’accès par une mise de dépouille améliorée des parois et par épaisseur, le matériau est mis au contact direct de la gutta
un passage de forets de Gates (Dentsply Maillefer) sur la ou séparée d’elle par l’interposition d’une faible épaisseur
paroi de sécurité canalaire. Cette technique, décrite par de coton.
Abou-Rass et al. (1980), consiste à redresser les courbures Ces matériaux présentent une très bonne étanchéité (liée à
particulièrement marquées en s’appuyant sur la paroi oppo- une expansion volumétrique) pour une période n’excédant
sée à la courbe. Une manière simple de généraliser cette pas 3 semaines (Beach et al., 1996).
donnée est de toujours s’appuyer sur la paroi qui porte le Les matériaux eugénate modifiés par adjonction de résine
nom du canal. Par exemple, la paroi de sécurité du canal (IRM®, Dentsply) présentent des propriétés mécaniques supé-
mésio-vestibulaire d’une molaire maxillaire est sa paroi rieures au Cavit™ mais une étanchéité plus faible (Balto, 2002).
mésio-vestibulaire. Cette constatation a fait préconiser l’utilisation d’un panse-
ment « sandwich » avec une partie cervicale composée de
L’aspect dynamique de la cavité d’accès est aussi à souli- Cavit™ surmontée d’une partie coronaire d’IRM®.
gner. Si des difficultés sont rencontrées lors de la mise en Les ciments verre ionomère sont à privilégier pour des pertes de
forme liée à un axe d’insertion trop marqué, le praticien ne substance importantes afin de renforcer la dent traitée. Cepen-
doit pas hésiter à rectifier les parois de la cavité d’accès en dant, leur étanchéité n’est pas significativement supérieure à
cours de traitement. celle du Cavit™et de l’IRM® et une reconstitution corono-radicu-
laire définitive est aussi à prévoir dans une période de 3 semaines
(Ciftçi et al., 2009 ; Jensen et Abbott, 2007).
Quatrièmement, constituer un réservoir permanent pour les L’étanchéité des couronnes provisoires sans tenon et à
solutions d’irrigation. Seule une cavité d’accès à quatre parois ancrage radiculaire est principalement liée à l’adaptation de
est la garante d’une irrigation peropératoire satisfaisante. En la provisoire ; ainsi, les techniques indirectes sont supérieures
effet, la consommation de chlore actif pendant la mise en aux techniques directes. S’il existe un défaut d’étanchéité au
forme est rapide et la présence de solution fraîche au sein de niveau cervical, l’importance du ciment de scellement utilisé
la cavité d’accès permet un renouvellement de l’hypochlo- est accrue. Pourtant, aucun ciment de scellement provisoire
rite de sodium à chaque passage instrumental (Bronnec et al., ne permet de pallier un défaut d’adaptation sur une longue
2010). durée.

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9 Endodontie

tonneaux), objective l’anatomie endodontique canalaire.


Important ! En conclusion, en interséance du traitement
Mais ces radiographies permettent aussi de mettre en évi-
endodontique, mieux vaut privilégier un pansement tem-
poraire de type Cavit™ (facile à utiliser, ayant une bonne dence le volume de la chambre pulpaire et la présence d’obs-
étanchéité, facile à ôter) associé à la présence de quatre tacles coronaires (calcifications, matériaux de reconstitution).
parois coronaires. Un délai prolongé avant la réalisation de Dans des cas extrêmes de rétraction pulpaire, la réalisation
la reconstitution corono-radiculaire indiquera l’association de clichés bite-wing supplémentaires permet d’évaluer plus
de Cavit™ et de ciment verre ionomère. Cette restauration précisément le volume pulpaire et les éventuelles obstruc-
« sandwich » permet de bénéficier des propriétés d’étan- tions.
chéité du Cavit™ et de la résistance mécanique du ciment
verre ionomère. Cette période d’attente est cependant à 2 - Plateau technique
limiter au maximum et il est fortement conseillé de réaliser
une reconstitution corono-radiculaire foulée dans la séance La technique de trépanation-élargissement-finition précé-
si l’indication en est posée. demment évoquée est extrêmement « praticien dépen-
dante ». Cela se traduit par de multiples propositions
d’instruments rotatifs visant à standardiser cette procédure à
l’aide de kits. Cependant, la méthode décrite dans cet
1 - Connaissance théorique
ouvrage ne nécessite qu’un matériel réduit et parfaitement
a - Préalable à toute cavité d’accès codifié : le Cavity Access® Set ou le Cavity Access® Z Set
(Dentsply Maillefer) (fig. 9.22). Ce kit contient :
La réalisation de la cavité d’accès repose sur les connais-
• une fraise boule diamantée diamètre 016. Son action abra-
sances anatomiques du praticien et sur une analyse clinique
sive facilite l’éviction d’émail ou de céramique sur des
et radiographique. Seule la somme de cette réflexion aboutit
coiffes céramo-métalliques ou céramo-céramiques ;
au geste opératoire spécifique à la dent traitée.
• une fraise transmétal qui permet de traverser une couronne
b - Connaissance anatomique métallique ou l’infrastructure des couronnes céramo-métal-
liques ;
La cavité d’accès sera toujours située sur les faces palatines
• deux fraises boule en carbure de tungstène à long col. Le
ou linguales des monoradiculées et sur la face occlusale des
long col permet de dégager la vision du champ opératoire
dents cuspidées.
sous aide optique (microscope opératoire ou loupes) :
La chambre pulpaire se trouve toujours au centre de la cou-
- celle de diamètre 010 est utilisée pour les incisives mandi-
ronne et se situe, en général, dans le tiers cervical de la cou-
bulaires et les prémolaires maxillaires,
ronne dentaire. Pour les sujets jeunes, le volume est parfois
- celle de diamètre 014 l’est pour toutes les autres dents ;
plus important et les cornes pulpaires peuvent être décou-
• une fraise congé diamantée 016 (Cavity Access® Set) : Sa gra-
vertes à la moitié, voire aux deux tiers de la couronne.
nulométrie permet d’élargir la cavité et d’obtenir des parois
Le plancher pulpaire est toujours situé 1 ou 2 mm plus apica-
lisses lors de la finition. Sa pointe est active et ne doit pas
lement que le collet anatomique.
agir sur le plancher de la cavité ;
Le canal radiculaire est toujours au centre de la racine.
• une fraise Zekrya Endo (Cavity Access® Z Set). À lame active,
c - Analyse clinique elle permet d’élargir et de finir la cavité tout en évitant une
action iatrogène par sa pointe mousse ;
La morphologie de la couronne dentaire est à étudier afin de
• un foret X-Gates (réf. A 0008). Cet instrument permet un
réaliser la forme de contour idéale en préservant les poutres
marquage des orifices coronaires en pointant l’entrée cana-
de résistance de la dent (crêtes marginales, pont d’émail…).
laire et en effectuant un mouvement de brossage au retrait
Un sondage parodontal préalable à toute manœuvre opéra-
contre la paroi. Ce foret correspond à la combinaison des
toire est essentiel. Il n’est pas ici réalisé dans le but de poser
forets de Gates conventionnels n° 1, 2, 3 et 4. Il ne doit pas
le diagnostic (déjà établi) mais permet de mettre en évidence
être utilisé comme instrument de mise en forme intracana-
le contour de la couronne et les sillons de coalescence (signe
laire.
de racine surnuméraire).
Le grand axe de la dent doit guider l’utilisation des instru-
ments rotatifs. Si la dent est versée lingualement, cette mal-
position est à prendre en compte et à reporter sur l’axe de
l’instrument utilisé. L’axe entre la couronne dentaire et la
racine est aussi variable. Pour les prémolaires et molaires
mandibulaires, cet axe est orienté en direction occluso-lin-
guale et, pour les dents maxillaires, il est occluso-vestibu-
laire.
a b
d - Analyse radiographique
La prise d’un cliché orthogonal et excentré, à l’aide d’un Figure 9.22 a. Cavity Access® Set. b. Cavity Access® Z Set (docu-
angulateur de Rinn (XCP, Dentsply France, Montigny-le-Bre- ment Dentsply Maillefer).

176

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
Très souvent, la cavité d’accès nécessite des modifications
difficiles à réaliser avec des instruments rotatifs. Les inserts
ultrasonores ou sonores endodontiques permettent une éli-
mination contrôlée de substance dentaire tout en dégageant
le champ visuel du praticien. De nombreuses propositions
industrielles présentent des gammes répondant aux exi-
gences de la cavité d’accès. En voici quelques exemples.

a - Instruments ultrasonores

1 - Endo Success® (Satelec) (fig. 9.23)


Les inserts ETBD et ET18D sont indiqués pour la découverte
d’orifices canalaires cachés et pour finir les parois de la cavité
en éliminant les surplombs présents. L’insert ET20 permet
d’affiner la recherche de canaux supplémentaires au niveau
d’un isthme coronaire (racine mésiale de molaire mandibu-
laire).

Figure 9.24 Gamme Start-X® (document Dentsply Maillefer).

chement au fauteuil permet le passage d’air comprimé qui


entraîne la vibration des inserts diamantés. Un spray modu-
lable est aussi facilement ajouté à l’action sonore selon les
réglages du fauteuil. La gamme possède cinq inserts diffé-
rents dont trois ont une forme particulièrement adaptée à
l’amélioration de la cavité d’accès (fig. 9.25).

a b c

Figure 9.23 Endo Success® (Satelec). a. Insert ET18D. b. ETBD.


c. ET 20.

2 - Start-X® (Dentsply Maillefer) (fig. 9.24)


Ces inserts ne sont pas diamantés mais présentent une partie a b
active microfraisée. Cette gamme a été spécifiquement créée
Figure 9.25 a. Inserts SONICflex® (KaVo). b. Insert monté sur
pour la cavité d’accès et chaque insert présente une indica-
pièce à main sonique(document du Dr D. Martin).
tion propre. Leur mise au point est issue de la volonté de
rendre plus accessible l’utilisation des ultrasons aux omnipra-
ticiens, sans forcément recourir à des aides optiques tel le
microscope opératoire. Leurs indications sont les suivantes :
- Start-X1® pour la finition des parois ;
- Start-X2® pour l’élimination du surplomb dentinaire du MV2 ;
B - Protocole général
- Start-X3® pour l’élimination des obstacles coronaires au canal ; Comme cela a été évoqué précédemment, la technique
- Start-X4® pour l’élimination des ancrages corono-radiculaires ; décrite ici pour la réalisation de la cavité d’accès est une nou-
- Start-X5® pour l’élimination des calcifications adhérentes au velle approche fondée sur des données anatomiques pré-
plancher. cises permettant de définir exactement la position des
cornes pulpaires délimitant celle du plafond pulpaire (Pertot
b - Gamme sonore et Simon, 2004 ; Machtou, 2007 ; Simon, 2008). La projection
L’action abrasive des inserts est plus contrôlée qu’avec des des cornes pulpaires sur la face occlusale des dents permet
instruments rotatifs et permet d’obtenir des parois lisses. La donc de déterminer avec précision le contour du plafond
pièce à main SONICflex® (KaVo) se branche sur le raccord tur- pulpaire et de matérialiser la forme de contour idéale de la
bine du fauteuil à l’aide d’un adaptateur spécifique. Ce bran- cavité d’accès.

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9 Endodontie

La chronologie opératoire présente donc certaines caractéris- - approfondissement homogène de la cavité par abrasion du
tiques essentielles à la réussite de la cavité d’accès (fig. 9.26) : fond de la cavité. Les instruments rotatifs sont contenus au
- identification de la position des cornes pulpaires sur la sur- sein de la forme de contour et leur action aboutit à une
face occlusale à l’aide de repères anatomiques précis et d’un effraction pulpaire. Celle-ci peut survenir en regard de n’im-
dessin ou d’une projection mentale de la forme de contour porte quelle corne pulpaire en fonction du volume de la
englobant ces limites. Rien n’empêche le praticien de tracer, chambre, propre à chaque dent ;
à l’aide d’un stylo-feutre, les points de projection des cornes - prolongation de l’abrasion sur le reste de la cavité qui ne
pulpaires sur la face occlusale. Après une période d’appren- présente pas encore d’effraction. La finalité de cette étape
tissage, les points marqués seront remplacés par la visualisa- permet d’obtenir de multiples effractions pulpaires qui,
tion directe de la forme de contour ; lorsqu’elles sont reliées entre elles, favorisent l’élimination
- création d’une cavité occlusale de type « classe 1 de Black » du plafond pulpaire. À aucun moment, le praticien ne doit
à parois perpendiculaires au plancher sauf pour la paroi des chercher à pénétrer dans la chambre pulpaire par un mou-
molaires qui reste parallèle à la direction de la face proxi- vement de pression. L’utilisation avec spray d’inserts lisses
male. La superficie de la cavité correspond parfaitement à de type détartrage favorise l’éviction du plafond pulpaire ;
la forme de contour reliant les différents points de projec- - finition et mise de dépouille des parois de la cavité pour
tion des cornes pulpaires ; obtenir une continuité avec les parois de la chambre pulpaire.

Essentiel : cette technique présente un intérêt pédagogique


majeur car le dessin ou la projection mentale de la forme
de contour est exactement similaire à la cavité d’accès
finale. Une fois les repères visualisés, le geste opératoire du
praticien est parfaitement guidé et les entrées canalaires
sont toujours englobées au sein de la cavité d’accès réalisée.

1 - Application dent par dent


Les repères anatomiques présentés dans cette partie corres-
pondent à des dents intactes où la face occlusale est indemne de
a b restauration ou de lésion carieuse ; la réalité des traitements
endodontiques est tout autre. Cependant, la mise en place d’une
reconstitution pré-endodontique recrée une anatomie occlusale.
Cette restauration des pertes de substance permet aussi un réta-
blissement des repères pour tracer la forme de contour. Remar-
quons que face à une dent restaurée pré-endodontiquement, la
forme de contour est souvent plus large que sur une dent vierge
car la projection des cornes pulpaires est moins précise.

2 - Groupe incisivo-canin maxillaire


c d
a - Rappels anatomiques
Ce groupe de dents monoradiculées possède une trajectoire
rectiligne. Seule l’incisive latérale présente une particularité
notoire : une courbure apicale orientée en disto-palatin (Wil-
lershausen et al., 2008). Cette difficulté est souvent non
détectable à l’examen radiographique et doit toujours être
prévenue par une précourbure des instruments endo-
dontiques au moment de la négociation du tiers apical.
Au niveau incisif, la chambre pulpaire est élargie dans le sens
e f mésio-distal puis se trouve plus allongée dans le sens vesti-
bulo-palatin au niveau cervical. Cette variation spatiale crée
Figure 9.26 Étapes de la cavité d’accès. a. Situation initiale. une constriction à la transition entre la chambre pulpaire et
b. Projection mentale de la position des cornes pulpaires (MV, le canal radiculaire : le triangle dentinaire palatin. Ce triangle
DV, P, points rouges) et de la forme de contour (aire turquoise). est à supprimer lors de la réalisation de la cavité d’accès. Son
c. Réalisation de la cavité de classe I respectant la forme de
contour. d. Effraction pulpaire palatine. Les effractions vestibu- élimination permet d’obtenir une vision directe de la lumière
laires sont alors recherchées par un approfondissement au sein canalaire dans les contours de la cavité d’accès.
de la cavité de classe I. e. Élimination complète du plafond. Le canal unique a une section triangulaire qui a tendance à
f. Cavité d’accès terminée avec mise en évidence du MV2. devenir circulaire dans la région apicale. La présence d’un

178

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
second canal est exceptionnelle et est seulement décrite Cette angulation est perpendiculaire à la face occlusale lors
dans des rapports de cas. La présence de canaux latéraux est de l’approfondissement de la cavité puis doit être redressée
quant à elle beaucoup plus fréquente. pour devenir parallèle au grand axe de la dent dès la réalisa-
tion d’une effraction pulpaire. Cette particularité est d’autant
b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.27) plus marquée que la chambre pulpaire présente une rétrac-
La cavité d’accès est réalisée sur la face palatine du groupe tion en direction apicale. Le praticien doit donc, avant toute
incisivo-canin maxillaire. À aucun moment le bord libre des manœuvre opératoire, évaluer le degré de rétraction à l’aide
dents ne doit être intéressé par la cavité d’accès : d’une radiographie préopératoire de bonne qualité.
- incisive centrale maxillaire, présence de trois cornes pul- d - Suppression du plafond pulpaire et du triangle
paires situées de 1 à 2 mm du bord incisif ; dentinaire palatin
- incisive latérale maxillaire, présence aléatoire de cornes pul-
Une fois l’effraction pulpaire obtenue dans la forme de
paires (jusqu’à deux ou absentes). La forme de contour pour les
contour, le toit de la chambre pulpaire est éliminé à l’aide
incisives est d’aspect triangulaire à base incisale et est homo-
d’une fraise boule en carbure de tungstène long col. Cette
thétique à la face palatine de la dent traitée. Le sommet du
suppression du plafond met en évidence un triangle amélo-
triangle est situé au niveau de la partie haute du cingulum ;
dentinaire vestibulaire et un triangle dentinaire palatin. Ces
- canine maxillaire, absence de corne pulpaire. La chambre pul-
zones d’interférence doivent être supprimées car elles
paire est particulièrement allongée dans le sens vestibulo-pala-
génèrent des contraintes pour le passage des instruments de
tin et présente, à l’image des incisives maxillaires, un triangle
mise en forme canalaire. La suppression du triangle vestibu-
dentinaire palatin à éliminer sous peine de ne pouvoir correc-
laire est réalisée à l’aide de la fraise boule long col tandis que
tement nettoyer la paroi palatine. La forme de contour pour
le triangle palatin est éliminé par le passage d’une fraise
les canines maxillaires est d’aspect ovalaire allongé dans le sens
boule long col de plus petit calibre ou d’une fraise boule LN
vestibulo-palatin. La cavité d’accès est comprise entre la partie
e0205 (Dentsply). Le passage en retrait de foret de Gates-
haute du cingulum et l’arrière du bord incisif.
Glidden de diamètre croissant 2, 3, 4, 5 permet aussi l’élimina-
c - Approfondissement de la cavité tion rapide et sûre du triangle palatin.
La principale difficulté réside dans l’angulation présente e - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.28)
entre l’axe de la dent et l’instrument employé par le praticien. L’ensemble de la cavité est mis de dépouille et les aspérités
des parois sont éliminées à l’aide de fraises rotatives ou d’ins-
truments ultrasonores ou sonores.

a b

c d
Figure 9.27 Représentation schématique de la forme de contour
(aire violette) de la cavité d’accès des dents monoradiculées Figure 9.28 a. Vue clinique de la cavité d’accès sur une incisive
maxillaires. La division en trois tiers de la face palatine dans le centrale maxillaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès sur une
sens vertical et horizontal permet de déterminer le centre de la canine maxillaire. c. Mise en évidence de la continuité de la
dent (zone rouge). La cavité d’accès est de forme triangulaire à cavité d’accès avec le canal d’une incisive centrale maxillaire
sommet cingulaire et préserve les poutres de résistance de la obturée. d. Mise en évidence de la continuité de la cavité d’ac-
dent (cingulum, bord libre et crête marginale). cès avec le canal d’une canine maxillaire obturée.

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9 Endodontie

f - Spécificités de la cavité en fonction de la dent


Les règles générales de réalisation de la cavité d’accès sont
les mêmes pour l’incisive centrale, l’incisive latérale et la
canine maxillaire. Cependant, le praticien doit toujours
prendre en compte le degré d’inclinaison de la dent traitée :
l’incisive latérale présente une inclinaison marquée (120° par
rapport au plan occlusal) tandis que la canine est presque
verticale.

3 - Prémolaires maxillaires
a - Rappels anatomiques
Les prémolaires maxillaires peuvent être biradiculées (pre-
mière prémolaire maxillaire) ou monoradiculée (deuxième
prémolaire maxillaire). Pourtant, des variations anatomiques
majeures des deux prémolaires sont possibles allant de la Figure 9.29 Représentation schématique de la forme de
présence d’un canal-une racine à trois canaux-trois racines. contour (aire violette) de la cavité d’accès des prémolaires
maxillaires. Les cornes pulpaires (points rouges) sont situées sur
La chambre pulpaire est plus allongée dans le sens vestibulo-
l’axe intercuspidien (pointillé gris) et leur réunion délimite une
lingual que dans le sens mésio-distal. Cet aplatissement se cavité d’accès déplacée légèrement vestibulairement car le
poursuit au niveau canalaire et se traduit par une forme réni- sillon principal ne sépare pas la face occlusale en deux parties
forme caractéristique. égales.

b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.29)


Le sillon central de la face occlusale ne divise pas la dent en
deux parties égales. La partie vestibulaire est plus grande que
la partie palatine ; le centre de la dent se trouve donc à l’in-
tersection de la droite séparant la table occlusale en deux
parties égales et de l’axe joignant les deux sommets cuspi-
diens. Les canaux vestibulaire et palatin se trouvent de part
et d’autre du milieu de cet axe intercuspidien. Le canal pala-
tin est à proximité du sillon central et le canal vestibulaire en a b
est éloigné. La cavité d’accès idéale est aplatie, à grand axe
vestibulo-palatin, étroite dans le sens mésio-distal.

c - Approfondissement de la cavité
La cavité occlusale est approfondie selon le grand axe de la
dent. À l’aide d’une fraise boule long col, le plancher de la
cavité occlusale est pelé jusqu’à obtenir une effraction pul-
paire. Toujours par un travail en retrait, la totalité du plafond c d
de la chambre pulpaire est alors supprimée.
Figure 9.30 a. Vue clinique de la cavité d’accès sur une première
d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.30) prémolaire maxillaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès sur
une deuxième prémolaire maxillaire. c. Mise en évidence de la
L’ensemble de la cavité est mis de dépouille et les aspérités continuité de la cavité d’accès avec les canaux d’une première
des parois sont éliminées à l’aide de fraises rotatives ou d’ins- prémolaire maxillaire obturée. d. Mise en évidence de la conti-
truments ultrasonores ou sonores. nuité de la cavité d’accès avec le canal d’une deuxième prémo-
Si deux canaux sont présents et séparés par un isthme, le pra- laire maxillaire obturée.
ticien doit explorer cette zone à l’aide d’inserts ultrasonores
spécifiques. L’isthme peut receler un canal supplémentaire et
doit de toute façon être intéressé par les manœuvres d’irri-
gation lors de la mise en forme canalaire. Il est maintenant admis que la première molaire maxillaire
présente au minimum quatre canaux (Vertucci, 2005 ; Stropko,
4 - Première molaire maxillaire 1999) :
- le canal mésio-vestibulaire 1 (MV1) ;
L’anatomie canalaire de cette dent est particulièrement - le canal mésio-vestibulaire 2 (MV2) ;
complexe et en a fait une des dents les plus étudiées de - le canal disto-vestibulaire ;
l’arcade.
- le canal palatin.

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
Outre cette anatomie canalaire référencée, de nombreuses sentera une angulation marquée de la paroi mésiale qui est à
variations sont possibles. Chacune des trois racines (mésio- prendre en compte lors de l’approfondissement de la cavité
vestibulaire, disto-vestibulaire et palatine) peut présenter d’accès.
des canaux supplémentaires.
c - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.32)
a - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.31) La présence d’une chambre pulpaire volumineuse favorise
La forme de contour est trapézoïdale à grande base vestibu- l’utilisation d’instruments rotatifs du type fraise congé ou
laire et à petite base palatine et toujours homothétique à la Zekrya Endo pour la finition des parois. Les inserts sonores ou
face occlusale de la dent traitée. La cavité d’accès préserve ultrasonores permettent d’éliminer les zones de surplomb au
les poutres de résistance de la dent représentée par le pont niveau du MV2 et les possibles obstructions canalaires tels
d’émail en distal et la crête marginale mésiale. La projection que les pulpolithes.
de la corne palatine est légèrement en retrait du sillon prin-
cipal, pourtant l’orifice canalaire est en position plus palatine d - Mise en évidence du quatrième canal
et la forme de contour peut être étendue dans cette direc- Cette étape n’est envisagée qu’après la réalisation totale de
tion dès la réalisation de la cavité de classe I afin d’être le la cavité d’accès. Le surplomb dentinaire au niveau du MV2
plus à l’aplomb possible du canal. est éliminé soit par la pointe d’une fraise congé fine diaman-
tée, soit, de manière plus sûre et plus précise, par un insert
b - Approfondissement de la cavité approprié (par exemple ETD18D Satelec®, Start-X2® Dentsply
Comme pour les autres dents pluriradiculées, aucune parti- Maillefer). Le plus souvent, il est judicieux de réaliser la mise
cularité n’est notée lors de l’abrasion à l’aide d’une fraise en forme des trois canaux principaux puis de s’atteler à la
boule long col. L’axe de travail est équivalent au grand axe de négociation du MV2. L’utilisation de solution d’hypochlorite
la dent. En fonction de l’indice de Le Huche (différence entre de sodium pendant les étapes de mise en forme favorise la
le plus grand diamètre mésio-distal de la dent et le diamètre digestion des substances organiques pouvant cacher l’entrée
mésio-distal au niveau cervical de la préparation), le praticien du MV2.
doit rester attentif au parallélisme de la paroi mésiale de la D’autres techniques permettent, dans des cas difficiles, de
cavité d’accès pour éviter toute perforation. En effet, une découvrir le MV2 (et tout canal surnuméraire) (Bronnec,
dent « étranglée » au collet (indice de Le Huche élevé) pré- 2006).

a b

c d

Figure 9.31 Représentation schématique de la forme de contour Figure 9.32 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une première
(aire violette) de la cavité d’accès des molaires maxillaires. Elle molaire maxillaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès d’une
est délimitée vestibulairement par la parallèle à la face vestibu- deuxième molaire maxillaire. c. Mise en évidence de la conti-
laire passant par la corne mésio-vestibulaire et mésialement par nuité de la cavité d’accès avec les quatre canaux d’une première
la parallèle à la face mésiale passant par la corne palatine. L’in- molaire maxillaire. d. Mise en évidence de la continuité de la
tersection de ces deux droites détermine la projection de la cavité d’accès avec les trois canaux d’une deuxième molaire
corne disto-vestibulaire. La réunion des trois cornes pulpaires maxillaire.
(points rouges) délimite la cavité d’accès de forme triangulaire.
La localisation du MV2 est mésiale à l’axe MV-P.

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9 Endodontie

1 - Test de la ligne rouge canaux. Ceux-ci peuvent se rejoindre au niveau apical mais
L’inspection du plancher lors du traitement d’une dent vitale aussi rester indépendants sur toute la trajectoire canalaire.
permet de mettre en évidence les entrées canalaires par la La canine mandibulaire présente le plus souvent un canal
présence de points hémorragiques. Ces points sanglants cor- mais peut être bifide. La section du canal unique est ovalaire
respondent aux fibres pulpaires sectionnées aux orifices et une courbure apicale distale est fréquemment retrouvée.
canalaires.
b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.33)
2 - Test de la ligne blanche À l’image du groupe incisif maxillaire, la forme de contour
Lors de l’utilisation d’instruments rotatifs ou d’ultrasons, les triangulaire est comprise entre le sommet du cingulum et
copeaux dentinaires créés vont s’agglomérer, mettant en évi- l’arrière du bord incisif sur la face linguale. Le bord libre n’est
dence les reliefs du plancher de la chambre pulpaire. En fonction pas intéressé par la cavité d’accès.
de la position de cette accumulation, le praticien doit explorer La cavité d’accès de la canine mandibulaire est ovalaire et est
ces zones pour mettre en évidence les orifices canalaires. également comprise entre le sommet du cingulum et l’arrière
du bord libre.
3 - Test des « bulles de champagne »
L’objectif est de mettre à profit les propriétés solvantes de
l’hypochlorite de sodium. La réaction entre NaClO et tout
débris organique provoque une digestion des tissus avec pro-
duction d’une effervescence visible sous forme de bulle. En
d’autres termes, la présence localisée de bulles en fin de mise
en forme peut indiquer la position d’un orifice canalaire sur-
numéraire.
4 - Test du colorant
Un colorant spécifique des tissus organiques tel que le bleu
de méthylène peut être utilisé pour objectiver un orifice
canalaire. Le fond de la cavité est badigeonné de colorant
puis rincé. Les zones marquées après rinçage correspondent
aux endroits où persistent des débris organiques.
5 - Test de transillumination
Un éclairage à l’aide d’une fibre optique est appliqué contre
le rempart alvéolaire au niveau de la racine considérée. Il met
en évidence le canal par un aspect foncé différent de la den-
tine illuminée entourant le canal.
Figure 9.33 Représentation schématique de la forme de contour
5 - Deuxième et troisième molaires maxillaires (aire violette) de la cavité d’accès des dents monoradiculées
La description de la cavité d’accès reste identique pour les mandibulaires. La division en trois tiers de la face palatine dans
trois molaires maxillaires (fig. 9.31 et 9.32). L’anatomie cana- les sens vertical et horizontal permet de déterminer le centre
laire tend à se simplifier et le MV2 est moins fréquent pour la de la dent (zone rouge). La cavité d’accès est de forme triangu-
laire à sommet cingulaire et préserve les poutres de résistance
deuxième molaire maxillaire que pour la première – 60 %
de la dent (cingulum, bord libre et crête marginale).
contre plus de 90 % (Stropko, 1999).
Plus la dent est distale, plus la corne disto-vestibulaire a ten-
dance à se rapprocher de l’axe reliant le canal MV et le canal P.
Il n’est pas rare de constater un alignement des trois canaux au c - Approfondissement de la cavité
niveau d’une deuxième ou d’une troisième molaire maxillaire. La notion d’axe est essentielle à prendre en considération
6 - Groupe incisivo-canin mandibulaire pour éviter les manœuvres iatrogènes. La fraise boule long
col est orientée perpendiculairement à la face occlusale des
a - Rappels anatomiques incisives jusqu’à l’effraction pulpaire. Dès que celle-ci est
obtenue, l’orientation de la fraise est redressée selon le grand
La principale caractéristique des incisives centrales et axe de la dent afin d’éliminer totalement le plafond. Afin
latérales mandibulaires est le faible volume de leurs cou- d’éviter toute manœuvre iatrogène, l’orientation des instru-
ronnes. La cavité d’accès est donc particulièrement diffi- ments rotatifs doit être la plus linguale possible.
cile à réaliser sur une surface si réduite. La réalisation de la cavité d’accès doit être effectuée en
vision indirecte. Néanmoins, la vision directe est parfois pos-
Cette finesse est aussi présente au sein de l’anatomie cana- sible pour le traitement des incisives mandibulaires si la ver-
laire qui présente pourtant, dans la moitié des cas, deux sion vestibulaire est marquée.

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
Comme pour le groupe incisivo-canin maxillaire, les triangles
amélo-dentinaires vestibulaires et dentinaires linguaux sont à
éliminer pour obtenir un accès direct au canal. De plus, la fré-
quente présence de canaux surnuméraires sur la paroi linguale
est à prendre en considération. L’utilisation de fraises long col
contre la paroi linguale ou le passage successif de forets de
Gates-Glidden de diamètres croissants facilite la relocalisation
d’un second orifice canalaire. Les radiographies peropératoires
angulées mettent aussi en évidence le volume canalaire et la
possible présence d’un second canal si, par exemple, la lime
endodontique n’est pas centrée au sein du canal. a b

d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.34)


La difficulté de maîtrise des instruments rotatifs fait préférer
l’utilisation d’inserts ultrasonores ou de forets de Gates-Glid-
den pour améliorer la mise de dépouille des parois et élimi-
ner les aspérités.

7 - Première prémolaire mandibulaire

a - Rappels anatomiques
Cette dent présente un fort taux d’échecs qui peut s’expli-
quer par l’importante variation anatomique qu’elle présente. c d
Même si un canal unique est le plus fréquemment rencontré,
la prémolaire mandibulaire peut en présenter deux ou trois Figure 9.34 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une incisive
avec des orientations abruptes rendant difficile leur négocia- centrale mandibulaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès d’une
canine mandibulaire. c. Mise en évidence de la continuité des
tion.
cavités d’accès avec les canaux d’un secteur antérieur mandibu-
Cette dent présente deux cornes pulpaires : une volumi- laire traité. d. Mise en évidence de la continuité de la cavité
neuse, vestibulaire, et une atrophiée, linguale. La table occlu- d’accès avec le canal d’une canine mandibulaire traitée.
sale ressemble à celle de la canine mandibulaire où le
cingulum est remplacé par une cuspide linguale. La partie
vestibulaire représente environ les deux tiers de la face
occlusale de la couronne.

b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.35)


La forme de contour est ovalaire et centrée sur la face occlu-
sale. L’asymétrie de la table occlusale tend à déplacer la
forme de contour en direction vestibulaire et elle est fré-
quemment réalisée aux dépens de la cuspide vestibulaire.

c - Approfondissement de la cavité
La première prémolaire mandibulaire possède une angulation
marquée entre l’axe de la couronne et l’axe radiculaire. Cette
orientation différente doit être prise en considération par le
praticien lors de l’approfondissement de la cavité. Après l’ef-
fraction pulpaire, l’axe de l’instrument rotatif est redressé
pour être parallèle au grand axe de la dent afin d’éliminer
totalement le plafond de la chambre pulpaire.

d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.36)


Les finitions sont réalisées dans le sens vestibulo-lingual et le Figure 9.35 Représentation schématique de la forme de contour
praticien doit rester vigilant et bien scruter toute variation (aire violette) de la cavité d’accès des prémolaires mandibu-
anatomique de la chambre pulpaire afin de localiser d’éven- laires. La première prémolaire mandibulaire présente une cavité
déportée vestibulairement car la face occlusale est asymétrique
tuels canaux surnuméraires. Si les premières limes de négo- avec une partie vestibulaire plus prononcée que la partie lin-
ciation présentent une difficulté d’insertion alors que la guale. La deuxième prémolaire mandibulaire présente une cavité
lumière canalaire semble large, le praticien doit immédiate- d’accès centrée sur la face occlusale du fait d’une meilleure
ment penser à une bifurcation plus ou moins basse. répartition entre les cuspides vestibulaire et linguale.

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9 Endodontie

9 - Première molaire mandibulaire

a - Rappels anatomiques

Première dent à apparaître sur l’arcade, la première molaire


mandibulaire est très souvent concernée par les traite-
ments endodontiques.

a b
Elle présente deux racines (mésiale et distale) et une racine
surnuméraire est parfois détectée en vestibulaire (radix para-
molaris) ou lingualement (radix entomolaris). La racine
mésiale possède deux canaux (mésio-vestibulaire et mésio-
lingual) et la racine distale un seul canal (distal). Pourtant, de
nombreuses variations existent tant au niveau de la racine
mésiale que distale où des canaux surnuméraires sont pos-
sibles. Notons que la fréquence d’un second canal distal est
beaucoup plus importante que la présence d’un troisième
c d canal mésial.

Figure 9.36 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une première b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.37)
prémolaire mandibulaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès La forme de contour est située sur la partie mésiale de la
d’une deuxième prémolaire mandibulaire. c. Mise en évidence dent et ne dépasse jamais la zone neutre. Son aspect est tra-
de la continuité de la cavité d’accès avec le canal d’une pre-
pézoïdal à grande base mésiale et à petite base distale, pré-
mière prémolaire mandibulaire obturée. d. Mise en évidence de
la continuité de la cavité d’accès avec le canal d’une deuxième servant la crête marginale mésiale et restant homothétique à
prémolaire mandibulaire obturée. la table occlusale.

c - Approfondissement de la cavité
L’approfondissement de la cavité doit se faire en direction du
plafond de la chambre pulpaire. Deux orientations sont à
8 - Deuxième prémolaire mandibulaire prendre en considération :
- l’axe dans le sens mésio-distal ;
a - Rappels anatomiques - l’axe dans le sens vestibulo-lingual, où l’inclinaison linguale
La deuxième prémolaire mandibulaire est souvent décrite de la couronne ne doit pas être négligée.
comme une petite molaire avec une couronne dans l’axe
de la racine et la présence d’une cuspide vestibulaire et
deux cuspides linguales.

Le sillon principal divise la face occlusale en deux parties


presque égales.

b - Dessin de la cavité d’accès idéale (fig. 9.35)


La forme de contour est ovalaire allongée dans le sens vesti-
bulo-lingual. La cavité d’accès est en continuité avec le canal
(le plus souvent unique) d’aspect ovalaire ou exceptionnelle-
ment circulaire.

c - Approfondissement de la cavité
Cette étape ne présente pas de difficulté particulière et
l’orientation des instruments rotatifs reste perpendiculaire à Figure 9.37 Représentation schématique de la forme de contour
la table occlusale de la dent. (aire violette) de la cavité d’accès des molaires mandibulaires. La
cavité d’accès est de forme trapézoïdale à petite base distale et
d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.36) à grande base mésiale. Elle est délimitée mésialement par la pré-
servation de la crête marginale et distalement par le sillon cen-
À l’image de la première prémolaire mandibulaire, le prati- tral des cuspides linguales. La présence d’un second canal distal
cien doit rester vigilant et suspecter tout type de variation entraîne l’allongement de la petite base du trapèze jusqu’à par-
anatomique. fois arriver à une forme quasiment rectangulaire.

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Champ opératoire, préparation pré-endodontique et cavité d’accès 9
Une fois l’effraction pulpaire effectuée, l’ensemble du pla- e - Mise en évidence d’un second canal distal
fond est éliminé à l’aide de la fraise boule long col. Si un second orifice canalaire n’est pas détecté, le cathété-
risme initial à l’aide de limes endodontiques fines est un
d - Finition de la cavité d’accès (fig. 9.38) excellent moyen pour déceler la présence possible d’un
La présence d’une chambre pulpaire importante permet l’uti- second canal distal :
lisation d’instruments rotatifs du type fraise congé fine ou - si la lime endodontique est lâche au sein d’un canal large et
Zekrya Endo. L’inclinaison importante du canal distal peut centré sur la racine, un seul canal distal est attendu ;
contre-indiquer l’obtention d’une paroi de dépouille sous - si la lime présente des difficultés d’insertion et que son orien-
peine d’un délabrement inutile. Cependant, la totalité du pla- tation est angulée en direction vestibulaire ou linguale, un
fond pulpaire doit, à ce stade, avoir été éliminée. second canal distal est attendu dans la direction opposée.

10 - Deuxième et troisième molaires mandibulaires


La couronne des deuxième et troisième molaires mandibu-
laires ne présente plus de cuspide distale. La forme de
contour est similaire à celle de la première molaire mais la
cavité d’accès est moins étendue du fait d’un rapprochement
des orifices des canaux mésiaux, parfois jusqu’à leur fusion.
Cette modification anatomique tend à modifier la forme de
contour trapézoïdale vers une forme rectangulaire (fig. 9.37
et 9.38).

IV - Conclusion
Les phases pré-endodontiques et la réalisation d’une cavité
d’accès idéale conditionnent les étapes suivantes que sont la
a b
préparation instrumentale et l’obturation canalaire tridimen-
sionnelle. Ces phases, considérées comme primordiales, sont
donc directement dépendantes de la mise en place correcte
d’un champ opératoire sur une dent restaurée et dont tous
les orifices canalaires ont été localisés. En d’autres termes, il
n’est pas infondé de considérer que le prétraitement et la
cavité d’accès sont les prérequis indispensables à tout succès
c d endodontique.

Figure 9.38 a. Vue clinique de la cavité d’accès d’une première Le traitement endodontique doit se considérer comme
molaire mandibulaire. b. Vue clinique de la cavité d’accès d’une une somme de séquences cliniques dont les phases de
deuxième molaire mandibulaire. c. Mise en évidence de la conti- prétraitement et la cavité d’accès constituent les fonda-
nuité de la cavité d’accès avec les canaux d’une première tions : un manque de rigueur dans la réalisation de ce socle
molaire mandibulaire obturée. d. Mise en évidence de la conti- ne pourra que conduire à un effondrement de la structure
nuité de la cavité d’accès avec les canaux d’une deuxième et amener un échec opératoire.
molaire mandibulaire obturée.

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9 Endodontie

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186

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10
Mise en forme et nettoyage
du système canalaire
W.-J. PERTOT, L. POMMEL

L’
origine infectieuse de la pathologie endodontique a entre le système endodontique et le parodonte (Schilder,
été largement démontrée depuis les travaux de Kake- 1974 ; Siqueira et Roças, 2008) (fig. 10.1a, 10.2a, 10.3a, 10.4a).
hashi et al. (1965).
L’inflammation pulpaire irréversible aboutissant à une nécrose Par conséquent, l’objectif du traitement endodontique est
pulpaire transforme le système canalaire en une chambre de de prévenir ou d’éliminer l’infection, par l’éradication des
culture bactérienne totalement isolée des défenses de l’hôte. bactéries et de leurs toxines du système canalaire, d’une
Les produits de dégradation bactériens peuvent alors entraî- part, et de tous les débris pulpaires susceptibles de servir
ner des lésions de l’appareil parodontal apical et/ou latéral de support et de nutriments à la prolifération bactérienne,
d’autre part (fig. 10.1).
en diffusant à travers les multiples voies de communications (fig. 10.1, 10.2,10.3, 10.4)

a b c a b

Figure 10.1 a. Les produits de dégradation bactérienne peuvent Figure 10.3 a. Molaire mandibulaire nécrosée qui montrait un
entraîner des lésions de l’appareil parodontal apical et/ou laté- abcès alvéolaire et présentant une perte d’attache ponctuelle
ral en diffusant à travers toutes les voies de sorties du système (fistule desmodontale) objectivée par la sonde parodontale.
endodontique. b. Ces voies de communications sont objecti- b. Le traitement endodontique permet de mettre en évidence
vées par la fusée du matériau d’obturation visible sur la radio- un canal latéral dans la furcation et aboutit à la disparition de
graphie postopératoire. c. Radiographie de contrôle à 1 an. tous les signes cliniques.

a b c a b c

Figure 10.2 a et b. La mise en forme canalaire doit permettre Figure 10.4 a. Les produits de dégradation tissulaire entraînent
aux solutions d’irrigation d’atteindre toutes les zones du sys- l’apparition de lésions inflammatoires périradiculaires d’origine
tème endodontique et d’y être renouvelées afin d’être efficaces endodontique (LIPOE). b. La mise en forme correcte permet une
dans leur action antiseptique et solvante. c. Cela permet la cica- bonne irrigation et la réalisation d’une obturation canalaire tri-
trisation des lésions dans un fort pourcentage de cas. dimensionnelle dans la même séance, qui doit être suivie rapi-
dement d’une obturation coronaire étanche. c. Cicatrisation à
1 an postopératoire.

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10 Endodontie

Toutes les études portant sur le nettoyage du système endo-


dontique ont démontré que, du fait de la complexité du sys-
tème endodontique (fig. 10.5a), quel que soit le système de
mise en forme utilisé (limes en acier manuelles ou mécani-
sées, limes rotatives en nickel-titane), une quantité significa-
tive de débris et/ou de bactéries persistait dans les canaux,
notamment dans ceux présentant une géométrie à section
ovale (Hulsmann et al., 1997 ; Peters et Barbakow, 2000 ; Ahl-
quist et al., 2001 ; Gambarini et Laszkiewicz, 2002 ; Mayer
et al., 2002 ; Versumer et al., 2002 ; Wu et al., 2003 ; Peters,
2004 ; Crumpton et al., 2005 ; Paque et al., 2005). Concernant
l’instrumentation rotative en nickel-titane (NiTi), il a été
démontré que, sur les molaires maxillaires, près de 35 % des
surfaces dentinaires intracanalaires n’étaient pas concernées
par l’instrumentation, indépendamment du système utilisé
(Peters et al., 2001) (fig. 10.5b).
Il ne fait plus aucun doute que ce ne sont pas les instruments a b
qui permettent, malgré leur travail de coupe de la dentine et
d’élargissement, d’assurer directement le nettoyage et l’éli- Figure 10.5 a. Reconstitution tridimensionnelle d’une molaire
mination des débris et des bactéries du système canalaire, mandibulaire montrant la complexité du système endodontique.
mais que cela est rendu possible grâce aux solutions d’irriga- b. Superposition du système canalaire après mise en forme
(zones en vert). Une grande partie du système canalaire n’est pas
tion. Leur action est intimement liée à celle des instruments
touchée par un instrument lors de la mise en forme (zones en
qui créent l’espace nécessaire pour garantir leur pénétration rouge) (document Pr. Sergio Kuttler).
et leur renouvellement.

Le but du travail des instruments est donc d’obtenir une


mise en forme canalaire et apicale suffisante pour per-
riau d’obturation (la gutta-percha et un ciment de scelle-
mettre aux solutions d’irrigation d’atteindre toutes les
zones de l’espace canalaire, notamment la zone apicale, et ment) dans la totalité du système canalaire afin de combler
d’y être renouvelées, afin d’être efficaces dans leur action tous les espaces vides susceptibles d’abriter des irritants et
antiseptique et solvante (fig. 10.2). de sceller toutes les portes de communication avec le paro-
donte (fig. 10.3). Un canal difficile à obturer est donc souvent
un canal dont la mise en forme n’est pas adéquate avec, en
corollaire, un nettoyage insuffisant.
Un bon accès aux canaux facilite leur mise en forme, car il L’étanchéité de l’obturation sera complétée par une restaura-
permet leur localisation et facilite l’accès et le travail des ins- tion coronaire qui joue un rôle important dans le succès à
truments sans interférence au niveau coronaire. Il est donc long terme du traitement endodontique (Kirkevang et al.,
primordial de mettre en œuvre les moyens adéquats permet- 2001 ; Hommez et al., 2002 ; Segura-Egea et al., 2004 ; Ng
tant une localisation de tous les canaux (connaissance de et al., 2008).
l’anatomie, utilisation de la digue, utilisation des moyens de Les différentes études portant sur les facteurs prédictifs du
grossissement et d’éclairage additionnels) et d’adapter l’ac- succès endodontique (pour revue, voir Ng et al., 2008) ont
cès en fonction de l’anatomie de la dent à traiter. mis en évidence que les taux de succès des traitements
Une mise en forme adéquate permet le nettoyage tridimen- endodontiques étaient supérieurs dans les cas :
sionnel en éliminant la pulpe et/ou les débris pulpaires, la - d’absence de lésion préopératoire ;
prédentine et la dentine infectées, et l’élimination ou, au - d’obturation dense ;
moins, une réduction considérable de la charge bactérienne - d’obturation se situant dans la limite des 2 derniers milli-
intracanalaire. L’élimination des irritants est possible grâce à mètres par rapport à l’apex radiologique ;
la création d’une forme canalaire qui permet la pénétration, - de restauration coronaire de bonne qualité.
la circulation et le renouvellement d’un volume suffisant de Il est intéressant de noter que sur les quatre facteurs ayant
solutions d’irrigation dans le système canalaire, notamment une influence sur le succès du traitement, trois dépendent de
dans la zone apicale (Schilder, 1974). la qualité du traitement et donc de l’opérateur.
La mise en forme permet aussi la réalisation d’une obturation D’autres facteurs peuvent avoir une influence, même si leur
tridimensionnelle étanche, qui doit sceller toutes les portes rôle n’a pas été mis en évidence de manière concluante, et
de communication entre le réseau endodontique et le paro- sont toujours sujets à controverse (la taille et la nature histo-
donte (Schilder, 1967 et 1974). La forme du canal après prépa- logique de la lésion, le nombre de séances et l’intérêt de l’uti-
ration conditionne directement la qualité de l’obturation lisation d’une médication intracanalaire en interséance, la
canalaire, le but ultime étant de pouvoir compacter le maté- nature et la concentration des solutions d’irrigation…).

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
Essentiel : il est primordial de comprendre que la mise en
forme constitue la pierre angulaire de la réussite du traite-
ment endodontique puisqu’elle conditionne la qualité du
nettoyage et de l’obturation du système canalaire.

La gestion correcte d’un traitement, permettant la suppres-


sion la plus complète possible du contenu du système cana-
laire, conduira au succès du traitement dans un très grand
nombre de cas, succès qui s’objective par l’absence de signes
cliniques et soit par l’absence d’apparition d’une lésion api-
cale à long terme, soit par la cicatrisation d’une lésion pré-
existante (fig. 10.4).

I - Concepts de mise en forme


Important ! Il est surprenant de constater que malgré plusieurs
décennies d’endodontie moderne, il existe toujours des diver-
gences sur la forme idéale à donner au canal afin de permettre
un nettoyage optimal et une obturation de qualité (Haapsalo
et al., 2005.

A - Définitions
Avant d’aborder la mise en forme du concept, le rappel de
quelques définitions s’impose afin d’en faciliter la compré- Figure 10.6 Comparaison des diamètres à la
hension. pointe des instruments (D0), à 10 (D10) et à
16 mm de la pointe (D16) pour une lime K de 10
1 - Différences et relations entre diamètres et conicités de diamètre et de 2 % de conicité, une lime K
de 30 de diamètre et de 2 % de conicité et
En endodontie, le diamètre d’un instrument ou d’un canal d’un instrument en nickel-titane de 30 de dia-
indique la dimension de la section transversale en un point mètre et de 6 % de conicité.
donné. Traditionnellement, le diamètre est exprimé en cen-
tièmes de millimètre. Pour les instruments, le diamètre inscrit
sur le manche indique celui de la pointe.
3 - Pas d’hélice d’un instrument
La conicité quant à elle correspond à l’augmentation du dia-
mètre (donc de la section transversale) par millimètre, le long Le pas d’hélice désigne la distance séparant deux spires
d’un volume (instrument ou canal). Des instruments peuvent consécutives. Pour deux instruments de même diamètre, de
avoir le même diamètre à la pointe mais des conicités diffé- même section, de même alliage et de même conicité, il
rentes. Pour un diamètre 30/100 à la pointe, l’instrument de influencera la flexibilité de l’instrument et son effet de vis-
2 % de conicité voit son diamètre augmenter de 0,02 mm sage quand il est utilisé en rotation.
(2/100 de mm) par millimètre de longueur ; à 1 mm de la
4 - Masse centrale d’un instrument
pointe, son diamètre sera de 0,32 mm (32/100), de 0,34 mm
(34/100) à 2 mm, etc. Sur l’instrument de 6 % de conicité, le La masse centrale correspond à la masse résiduelle au centre
diamètre sera de 0,36 mm (36/100) à 1 mm de la pointe, de de l’instrument après meulage. Elle dépend donc de la pro-
0,42 mm (42/100e) à 2 mm, etc. (fig. 10.6). fondeur de la spire. À alliage, diamètre et conicité identiques,
Le calcul géométrique se fait de la même façon pour un canal. elle conditionnera la flexibilité et la résistance à la fracture
en torsion.
2 - Angle d’hélice d’un instrument

Il s’agit de l’angle formé entre l’axe de l’instrument et ses B - Les deux principaux concepts de mise
spires. Pour deux instruments de même diamètre, de en forme
même section, de même alliage et de même conicité,
l’angle d’hélice influencera la dynamique de l’instrument. 1 - Approche « standardisée »
Plus cet angle est fermé, plus l’instrument est actif en rota- Cette approche (fig. 10.7a), décrite dans les années 1960 par
tion ; plus l’angle est ouvert, plus l’instrument est efficace John Ingle (Ingle, 1961), a pour objectif d’éliminer une épais-
en traction.
seur importante de dentine au niveau du tiers apical et de

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10 Endodontie

rienne intracanalaire (Dalton et al., 1998 ; Rollison et al.,


2002 ; Card et al., 2002 ; Falk et Sedgley, 2005) et un meilleur
nettoyage (élimination des débris) lorsque des préparations
apicales larges sont réalisées (Usman et al., 2004 ; Albrecht
et al., 2004 ; Fornari et al., 2010).
Bien que l’étude de Coldero et al. (2002) n’ait pas mis en évi-
dence une différence de réduction du nombre de bactéries
a b résiduelles dans les canaux préparés avec un diamètre apical
de 25/100 ou de 35/100, il semble néanmoins possible que la
Figure 10.7 a. Dans la technique standardisée, le but est d’obte- différence de diamètre entre les deux préparations (25/100
nir un élargissement apical et de créer une « boîte apicale » ou
« stop apical » afin de bloquer les matériaux d’obturation cana- et 35/100) soit trop faible pour permettre d’obtenir une dif-
laire. b. La technique schildérienne préconise le maintien du férence significative en termes de désinfection. En revanche,
foramen apical le plus étroit possible et la création d’une coni- Rollison et al. (2002) ont démontré une réduction significa-
cité à partir de la limite de préparation apicale. La partie apicale tive du nombre de bactéries intracanalaires entre les canaux
du canal a la forme d’un entonnoir. préparés à 35/100 ou à 50/100.
créer une boîte apicale cylindrique (cône d’arrêt ou stop api-
cal) permettant de bloquer les matériaux au moment de l’ob- Théoriquement, il semble logique que la réduction des
bactéries intracanalaires puisse aboutir à une élévation du
turation (fig. 10.7a). Elle reposait initialement sur l’utilisation
taux de succès (Baugh et Wallace, 2005). Néanmoins, il
successive de broches de diamètre croissant selon la lon- n’existe aucune étude clinique contrôlée, prospective et
gueur de travail pour élargir progressivement les derniers mil- randomisée qui démontre l’influence positive des prépara-
limètres du canal, suivie de l’utilisation de limes d’Hedströem tions apicales larges sur le pronostic à long terme du trai-
en limage circonférentiel (limes H ou racleurs) et de forets de tement endodontique.
Gates pour mettre en forme le reste du canal.
Cette technique, largement adoptée et enseignée, a été
considérée pendant longtemps comme la technique de réfé- La technique de choix pour l’obturation proposée dans ce cas
rence (Baugh et Wallace, 2005). Elle reste actuellement est la gutta condensée latéralement à froid, bien que d’autres
défendue par l’école scandinave (Bystrom et Sundqvist, 1983 ; techniques puissent être envisagées. Les techniques de
Kerekes et Tronstad, 1979) qui soutient l’idée que seule l’éli- condensation verticale à chaud restent cependant délicates
mination d’une épaisseur de dentine apicale permet d’élimi- à mettre en œuvre à cause de l’absence de conicité de la
ner les débris et les bactéries dans la région apicale. préparation.
Se fondant sur des études morphométriques du diamètre Les détracteurs de ce concept soutiennent quant à eux :
canalaire des dents avant traitement (Kerekes et Tronstad, - qu’afin de créer ce stop apical, il est primordial de se trou-
1977a, 1977b et 1977c), cette théorie soutient l’idée qu’une ver dans la dentine et que le fait de limiter la préparation à
préparation apicale optimale doit être égale ou supérieure distance du foramen oblige à maintenir une portion indéfi-
au plus grand diamètre initial du canal afin d’éliminer de la nie du canal sans préparation ni nettoyage, risquant ainsi de
dentine sur l’ensemble des parois canalaires. conduire à l’échec ;
- que le fait de conserver un moignon pulpaire apical dans le
Pour ce faire, il est recommandé d’augmenter la prépara- traitement des dents à pulpe vivante est dangereux car sa
tion apicale de trois calibres supplémentaires de limes par survie est aléatoire et que sa nécrose ultérieure peut com-
rapport à celle qui s’ajuste initialement en friction à la lon- promettre le résultat du traitement ;
gueur de travail afin d’obtenir des copeaux dentinaires - qu’il est très difficile, dans un canal courbe, d’obtenir une
propres. élimination homothétique de la dentine des deux côtés de
la courbure au niveau apical et qu’en réalité, le stop apical
se transforme en butée apicale ; en effet, les instruments
Ce diamètre devrait encore être plus large dans le cas de éliminent préférentiellement la dentine du côté opposé à la
dents infectées vu la profondeur de pénétration des bacté- courbure. Si cela est vrai avec l’utilisation des instruments
ries dans les canalicules dentinaires (Matsuo et al., 2003 ; en acier en mouvement de traction, cela ne l’est plus actuel-
Gutierrez et al., 1990 ; Sen et al., 1995 ; Love 1996). lement avec l’utilisation des instruments nickel-titane
Dans les dents infectées, cette école déconseille le traite- flexible en rotation ;
ment endodontique en une seule séance et préconise une ou - qu’il est difficile dans certains canaux ovales d’obtenir des
plusieurs séances intermédiaires avec placement d’hydroxyde préparations qui englobent le plus grand diamètre du canal
de calcium dans les canaux afin de parfaire la désinfection sans risquer de créer une perforation de la racine, le plus
canalaire (Byström et al., 1985 ; Chong et Pitt Ford, 1992 ; Sun- grand diamètre canalaire étant parfois plus large que le plus
dqvist et Fidgor, 2008). petit diamètre externe de la racine elle-même ;
Cette théorie est soutenue par des études in vitro et in vivo - que la moindre erreur de longueur lors des manipulations
démontrant une meilleure réduction de la charge bacté- instrumentales entraîne la destruction du stop apical qui est

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
la seule barrière s’opposant à la périapex
« fuite » des matériaux d’ob- concepts et qui permettraient de mettre en évidence la
turation dans le péri-apex lors de l’obturation. supériorité de l’un par rapport à l’autre.
La seule étude publiée à ce jour et comparant les deux
2 - Approche fondée sur la conicité concepts (préparation avec élargissement apical et obtura-
Cette approche (fig. 10.7b), dont les bases ont été proposées tion en condensation latérale à froid de gutta-percha avec
par Schilder (1974), soutient qu’une mise en forme idéale doit préparation manuelle en technique sérielle et obturation en
permettre d’obtenir : compactage vertical à chaud) a montré un taux de succès :
- une conicité continue à partir du terminus apical jusqu’à - identique entre les deux concepts dans les traitements ini-
l’orifice caméral ; tiaux sur les dents sans lésion inflammatoire périradiculaire
- le respect de la trajectoire originelle du canal, notamment d’origine endodontique (LIPOE) préopératoire ;
dans les deux tiers apicaux ; - de 10 % supérieur avec la technique sérielle et obturation à
- une mise en forme suffisante à la jonction entre le tiers apical la gutta chaude dans les dents avec LIPOE préopératoire
et le tiers moyen, permettant d’obtenir une conicité apicale (Friedman et al., 2003 ; Farzaneh et al., 2004).
adéquate, garante de la pénétration et du renouvellement Cette absence de corrélation entre les études in vitro qui
des solutions d’irrigation ; montrent une réduction plus importante de la charge bacté-
- le maintien du foramen le plus étroit possible ; rienne lors de l’élargissement par rapport aux préparations
- le maintien du foramen apical dans sa position spatiale ori- en conicité apicale et les résultats cliniques provient proba-
ginelle sans déchirure ni déplacement. blement du fait que la plupart des études bactériologiques
En fin de préparation, le canal doit présenter un évasement in vitro portent sur l’élimination des bactéries sous forme
régulier depuis l’apex jusqu’à l’orifice coronaire, dans tous les planctonique. Or, cliniquement, il ne fait plus de doute
plans de l’espace, en se calquant sur son anatomie initiale aujourd’hui que, outre ces dernières, les bactéries intracana-
sans surélargissement ni déchirure du foramen. laires sont organisées sous la forme d’un biofilm très résistant
que ni l’élargissement ni la conicité ne parviennent à éliminer
Ces objectifs mécaniques vont permettre de remplir les totalement.
objectifs biologiques du traitement qui sont l’élimination
des débris vivants ou nécrosés et celle des bactéries du Essentiel : bien que le débat ne soit pas clos, il est primor-
système canalaire. dial de comprendre ces deux concepts afin d’avoir un objec-
tif final clairement défini dès le début du traitement.
La compréhension et le choix de l’une ou l’autre de ces deux
méthodes conditionneront le choix de la technique et des
Au niveau de l’obturation, la création de la forme en enton- instruments en fonction du résultat final escompté.
noir au niveau apical a un double rôle :
- créer une forme de résistance qui bloquera la progression
du cône de gutta lorsque ce dernier sera compacté vertica-
lement ;
- transformer la poussée verticale en pression latérale par la II - Longueur de travail et limite
convergence des parois, permettant ainsi une obturation apicale de la préparation
tridimensionnelle.
En opposition, les partisans de l’école scandinave sou-
tiennent que : A - Anatomie apicale
- le manque d’élargissement ne permet pas d’éliminer suffi- Plusieurs structures anatomiques sont identifiables dans la
samment la dentine apicale infectée et engendre donc une zone apicale de la racine (Kuttler, 1955) (fig. 10.8) :
insuffisance du nettoyage final ; • la constriction apicale, point le plus étroit apicalement, qui
- l’absence du cône d’arrêt apical augmente le risque de définit deux structures triangulaires opposées à ce point qui
dépassement du matériau d’obturation dans le péri-apex, en constitue leur sommet :
lequel entraînera des réactions inflammatoires ou des réac- - la jonction cémento-dentinaire, identifiable histologique-
tions à corps étranger pouvant compromettre le pronostic. ment seulement, qui est de hauteur très variable d’une
dent à l’autre, voire même sur les parois d’une même
3 - Élargissement ou conicité ? racine, ou est parfois détruite,
Ces deux concepts de mise en forme et d’obturation s’af- - le foramen apical, qui constitue la sortie principale du
frontent depuis de nombreuses années sans parvenir à se canal vers le parodonte. Sa situation le positionne dans le
départager cliniquement. Les partisans de l’approche scandi- parodonte ;
nave reprochent aux tenants de la conicité d’ignorer les réa- • le dôme apical représente le vertex de la dent ;
lités anatomiques et scientifiques (Baugh et Wallace, 2005). • l’apex radiologique est l’image projetée sur un support
À ce jour, il n’existe quasiment pas d’études cliniques qui ont radiologique (argentique ou numérique) de la partie la plus
comparé de manière prospective et randomisée les deux apicale de la dent.

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10 Endodontie

Trop petite -
possible de B - Choix de la limite apicale de préparation
l'agrandir un
peu ? La limite apicale de préparation constitue un autre sujet de
controverse entre les deux écoles de mise en forme.
Dans l’approche standardisée, la limite apicale de prépara-
tion distingue des longueurs de travail différentes s’il s’agit de
traitements endodontiques réalisés sur une dent à pulpe
vivante ou à pulpe nécrosée et infectée. Dans le cas de pulpe
vivante, la limite conseillée est située entre 1 et 2 mm de
l’apex radiographique, en espérant maintenir un moignon
Figure 10.8 La constriction apicale (CA) constitue le point le pulpaire apical vital. Dans le cas de pulpe nécrosée et infec-
plus étroit apicalement. Il sépare deux structures triangulaires tée, la limite conseillée est la plus proche possible de l’apex
opposées en ce point qui en constitue leur sommet : la jonction radiographique, dans la limite du dernier millimètre apical,
cémento-dentinaire (JCD), identifiable histologiquement seule- afin de tenter d’éliminer la totalité des tissus nécrosés et des
ment et de hauteur très variable d’une dent à l’autre et sur les
bactéries (Sjögren et al., 1990 ; Spangberg 1998).
parois d’une même racine, et le foramen apical (FA), qui consti-
tue la sortie principale du canal vers le parodonte. Le dôme api- Afin de pouvoir réaliser le stop apical, il est nécessaire de se
cal (DA) représente le vertex de la dent alors que l’apex tenir en retrait afin de s’assurer que les limes travaillent dans
radiologique (AR) est l’image projetée de la partie la plus apicale la dentine.
de la dent.
L’estimation « entre 1 et 2 mm » de l’apex radiographique
est fondée sur des moyennes statistiques (Kuttler, 1955).
Or, l’anatomie de cette zone est par définition différente
Important ! Cliniquement, la radiographie permet d’appor- pour chaque patient et arrêter la préparation à un niveau
ter des éléments anatomiques indispensables à l’opérateur. estimé sur la base de statistiques générales ne permet pas
Néanmoins, étant donné l’extrême variabilité des courbures d’évaluer la longueur de canal restée non nettoyée.
apicales dans tous les plans de l’espace (notamment les
courbures vestibulaires et linguales) et l’accumulation du
cément apical, cette image ne peut à elle seule permettre Dans l’approche « schildérienne », fondée sur la conicité api-
une détermination précise de la longueur canalaire (fig. 10.9). cale, la limite de la mise en forme doit se rapprocher le plus
possible de la constriction apicale, voire se confondre avec
L’utilisation des localisateurs d’apex électroniques s’impose elle, et ce quelle que soit la situation clinique préopératoire.
donc comme une évidence du fait de leur précision supé- Cet objectif permet de s’assurer que le canal est nettoyé sur
rieure par rapport à la radiographie (Cianconi et al., 2010 ; toute sa longueur. La perméabilité du foramen est même
Vieyra et al., 2010). recherchée avec une lime fine (lime K 10 à longueur de travail
+ 0,5 mm) afin de s’assurer de la vacuité du canal jusqu’à son
terminus.
La longueur de travail, établie en fonction de l’objectif de
mise en forme, est mesurée à l’aide d’un localisateur d’apex
électronique et confirmée à la radiographie.
La détection de la constriction apicale par la sensibilité tactile
peut constituer une pièce supplémentaire du puzzle mais n’est
pas assez fiable pour déterminer de manière reproductible la
longueur de travail : elle n’est détectée que dans 64 % des cas
par des opérateurs expérimentés (Seidberg et al., 1975).

C - Détermination électronique
de la longueur de travail
La plupart des localisateurs présents sur le marché indiquent
a b de manière fiable la constriction apicale. Le Root ZX® (Morita)
indique quant à lui le foramen ou la constriction apicale :
Figure 10.9 a et b. L’image radiologique, qui constitue la projec- - après la mise en place de l’électrode labiale et la mise sous
tion bidimensionnelle d’un volume, ne peut pas rendre compte tension du localisateur, la deuxième électrode est mise au
à elle seule de la localisation de la sortie apicale et ne peut pas
être précise dans la détermination de la longueur de travail. À
contact de l’instrument, que l’on va faire progresser dans le
gauche, une vue orthogonale. À droite, la vue de profil montre canal jusqu’à ce que l’appareil indique par un signal sonore
des limes en dépassement apical. Noter aussi les courbures non et visuel la constriction (ou le foramen en cas d’utilisation
visibles sur la vue orthogonale. du Root ZX®) ;

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
- l’instrument est alors légèrement poussé au-delà de la
mesure (0,5 mm) (le localisateur doit indiquer un dépasse-
III - Problèmes mécaniques
ment) puis est replacé à la longueur indiquée précédem- de la mise en forme
ment. La même valeur obtenue initialement doit s’afficher à
nouveau au même niveau. Enfin, l’instrument est retiré de 1,5 A - Incidents lors de la mise en forme
à 2 mm, puis avancé à nouveau en direction apicale : la
valeur « constriction » ou « foramen » doit s’afficher à nou- Afin de permettre un nettoyage correct, une mise en forme
veau au même niveau. Ces deux dernières manœuvres per- adéquate (élargissement ou conicité) doit être obtenue,
mettent de vérifier la reproductibilité, la stabilité et la notamment au niveau apical à l’aide des instruments.
précision de la mesure ; Ces derniers, s’ils sont utilisés en mouvement de va-et-vient
- le stop silicone est alors ajusté par rapport à un repère vertical, peuvent engendrer des problèmes décrits dans la lit-
coronaire horizontal stable et la longueur séparant ce stop térature endodontique depuis de nombreuses années (Weine
de la pointe de l’instrument est mesurée en utilisant une et al., 1975) :
réglette millimétrée. Cette valeur mesurée correspond à la - dans le cas de courbure canalaire, les instruments prennent
longueur séparant la constriction apicale (ou le foramen) du appui sur la face interne de la courbure, engendrant ainsi un
repère choisi ; bras de levier qui déplace leur pointe du côté opposé. Cela
- la longueur de travail à partir de laquelle devra se faire la entraîne une déviation de la trajectoire canalaire et contri-
mise en forme est la longueur mesurée à la constriction ou, bue à la création de butées (fig. 10.10a). Dès lors, l’instru-
dans le cas du Root ZX®, celle au foramen moins 0,5 mm ; ment forcé en direction apicale peu aboutir à une
- cette mesure peut être confirmée par une radiographie lime perforation (fig. 10.10b) ;
en place. - un déplacement interne du foramen, qui correspond à
l’usure du mur radiculaire en regard de la courbure et qui se
produit lorsque l’on cherche à travailler en deçà du foramen,
D - Fausses mesures aboutissant à la création d’une butée apicale (fig. 10.10c) ;
Les fausses mesures sont essentiellement dues à des pro- - un déplacement externe du foramen, qui se produit lorsque
blèmes de dérivation du courant électrique tels que : l’instrument arrive au foramen ou le dépasse tout en se
- la présence de fuites salivaires ; redressant, aboutissant à un foramen déchiré (zipping), en
- le contact du crochet labial avec un élément métallique ; forme de sablier, impossible à obturer de manière étanche
- le contact de l’électrode ou d’un instrument endodontique (fig. 10.10d) ;
avec un élément métallique (cavité d’accès réalisée à travers - un tassement des copeaux de dentine apicalement (créa-
une prothèse par exemple). tion de bouchon/perte de longueur de travail ou expulsion
D’autres facteurs, tels que l’utilisation d’un instrument d’un
diamètre trop faible par rapport au diamètre apical du canal,
la présence d’un exsudat apical purulent ou sanguin abon-
dant ou les dents immatures (apex ouverts), peuvent égale-
ment être à l’origine d’une mesure imprécise ou erronée.

Par ailleurs, aucune mesure n’est possible en cas de blo-


cage apical. Donc, dans les cas de retraitement, le canal
doit être entièrement désobturé et perméabilisé jusqu’au
foramen avant d’envisager la détermination de la longueur
de travail avec un appareil électronique. Dans certains cas, a b
lorsque le localisateur n’est pas stable, il suffit de l’éteindre
et de le rallumer afin de le réinitialiser. Il est aussi impor-
tant de vérifier le niveau de charge des batteries du locali-
sateur qui, s’il est trop bas, influencera négativement le
fonctionnement.

La détermination d’une longueur de travail précise se fait par


un recoupement entre la mesure donnée par le localisateur
d’apex, la sensibilité tactile (après ouverture des deux tiers
c d
coronaires) et la radiographie. La vérification finale se fait
lors du séchage du canal à l’aide d’une pointe de papier Figure 10.10 Les instruments endodontiques forcés apicale-
absorbante : une coloration brunâtre ou l’humidité présente ment, ou travaillant en mouvement de va-et-vient vertical dans
sur l’extrémité de la pointe de papier indique un dépasse- les courbures engendrent butée (a), perforation (b), déplace-
ment. ment interne (c) ou déchirure du foramen apical (d).

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10 Endodontie

de débris dans la zone péri-apicale, source de desmodontite est restée fastidieuse, chronophage, très opérateur-dépen-
postopératoire) ; dante et avec des résultats qui ne sont souvent pas à la hau-
- les instruments présentant une longueur active de 16 mm, teur des efforts fournis.
lorsqu’ils sont utilisés en va-et-vient, coupent indistincte- Les études épidémiologiques publiées depuis 20 ans dans
ment sur toutes les parois canalaires, avec un risque de fra- différents pays européens et aux États-Unis, portant sur la
gilisation de l’une d’entre elles, voire même de perforation qualité des traitements endodontiques réalisés en omnipra-
latérale dans la zone interradiculaire des pluriradiculées tique, montrent que le pourcentage de traitements techni-
(stripping). quement inadéquats (préparation courte, trajectoire canalaire
non respectée, apex déchiré, obturation courte et manquant
Plus l’instrument augmente en diamètre ou en conicité, de densité…) varie de 50 à 79 % (Kirkevang et al., 2001 ; Bou-
plus sa flexibilité diminue et plus le risque de déplace- cher et al., 2002 ; Segura-Egea et al., 2004 ; Kirkevang et al.,
ment canalaire est important. En revanche, si les diamètres 2006 ; Sunay et al., 2007).
ou les conicités finalement obtenus sont trop faibles, la À la fin des années 1980, le nickel-titane, alliage superélastique,
forme de préparation est insuffisante et ne permet pas de
a fait son apparition en endodontie sous la forme de limes
répondre aux objectifs.
manuelles de 15/100 de diamètre et de 2 % de conicité dont
les propriétés en flexion et en torsion ont été comparées à
celles des limes identiques en acier (Walia et al., 1988). Les pre-
B - Évolution des concepts mières limes manuelles en nickel-titane à conicité et diamètre
Depuis la description de la technique standardisée (Ingle, ISO ont été commercialisées par Dentsply Maillefer (Nitiflex®).
1961) et afin de pallier les problèmes engendrés par l’utilisa- Néanmoins, le vrai potentiel de l’alliage nickel-titane n’a été
tion des limes en acier utilisées avec un mouvement de va- exploité que quelques années plus tard, avec l’introduction
et-vient vertical dans le canal (butée, déchirure apicale, des instruments à conicité accentuée, qui possédaient une
bouchon apical), différentes techniques de mise en forme flexibilité supérieure à celle des instruments en acier inoxy-
ont été décrites : technique du step-back dite aussi tech- dable (à diamètre et conicité comparables) et bien plus adap-
nique télescopique (Weine, 1972 ; Martin, 1974 ; Mullaney, tée à l’utilisation attendue. Ainsi, au lieu d’utiliser un grand
1979), technique du crown-down (Morgan et Montgomery, nombre d’instruments de faible conicité et de les faire tra-
1984), anticurvature filing technique (Abou-Rass et al., 1980), vailler successivement par un mouvement de va-et-vient ver-
technique du step-down (Goerig et al., 1982). tical, il a finalement été possible d’utiliser des instruments de
Au milieu des années 1980, Roane (1985) propose un concept conicité plus importante, capables de transférer leur propre
totalement différent pour l’utilisation des instruments en forme au canal.
acier, celui des « forces équilibrées ». Il est fondé sur l’utilisa- Le mouvement de rotation permet de maintenir les instru-
tion de limes non plus avec un mouvement vertical mais avec ments centrés dans le canal, leur guidage étant assuré par
un mouvement alterné de rotation horaire/antihoraire asy- leur pointe non coupante. Il est facile de comprendre que la
métrique. Le mouvement horaire s’effectue sans pression et condition sine qua non pour que ces techniques fonctionnent
engage les spires dans la dentine. Suit alors le mouvement implique que le canal soit perméable pour permettre à la
antihoraire, réalisé alors que la lime est maintenue sous pres- pointe guide d’avancer librement dans la direction apicale.
sion, qui permet de sectionner la dentine engagée dans les Ces techniques permettent, quand elles sont bien utilisées,
spires. L’alternance de ces mouvements permet à la lime de d’obtenir des préparations parfaitement calquées sur l’anato-
progresser dans le canal qui doit être perméable. Afin de mie originelle (Peters, 2004).
rendre possible ce mouvement, des limes spécifiques ont été Les différentes études publiées, comparant les préparations
mises au point. Ces instruments, dont l’angle de transition réalisées à l’aide d’instruments manuels en acier inoxydable
entre la pointe et la première spire a été supprimé afin de ou en nickel-titane avec celles réalisées avec des instruments
limiter l’« effet de pointe », présentent une section triangu- rotatifs en nickel-titane, ont montré que la plupart de ces
laire et sont usinés au lieu d’être torsadés. derniers permettaient :
- de limiter le déplacement de la trajectoire originelle, évitant
En résumé, Roane avait démontré que si le mouvement de ainsi les butées et les déchirures du foramen apical (Esposito
va-et-vient déplaçait la trajectoire canalaire, le mouve- et Cunningham, 1995 ; Short et al., 1997 ; Coleman et Svec,
ment de rotation permettait à un instrument de rester 1997 ; Kavanagh et Lumley, 1998 ; Schäfer et Lohmann, 2002) ;
centré dans un canal et d’éliminer la dentine de manière - d’obtenir une préparation canalaire plus rapidement (Glus-
homogène. périapex
L’utilisation de ce mouvement préfigurait la rotation kin et al., 2001 ; Sonntag et al., 2003) ;
continue qui sera mise au point une dizaine d’années plus - d’éviter le refoulement de débris dans le péri-apex, principale
tard avec les instruments en nickel-titane. cause des inflammations ligamentaires postopératoires (Bee-
son et al., 1998 ; Reddy et Hicks, 1998 ; Ferraz et al., 2001) ;
- d’obtenir des résultats fiables et reproductibles, même par
Malgré toutes ces techniques, la préparation manuelle ou des opérateurs inexpérimentés (Gluskin et al., 2001 ; Sonn-
mécanisée réalisée avec les instruments en acier inoxydable tag et al., 2003 ; Gekelman et al., 2009) ;

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
- d’améliorer la qualité des traitements réalisés sur patients - la conicité de 2 % ;
(Molander et al., 2007 ; Cheung et Liu, 2009). - les angles des pointes (entre 60 et 90°) ;
- la longueur de la partie active (16 mm) ;
Bien qu’une relation de cause à effet soit difficile à prou- - la longueur totale des instruments (21 mm, 25 mm, 31 mm).
ver scientifiquement, il semble évident qu’une préparation
symétrique, calquée sur l’anatomie originelle du canal, 2 - Lime Hedströem (lime H) ou racleur
aboutira à une meilleure élimination de l’infection intraca- Cet instrument (fig. 10.11), qui s’apparente à une vis à bois, est
nalaire en permettant à la solution d’irrigation un meilleur obtenu par usinage d’une matrice ronde. Il présente des
accès à toutes les zones du canal, notamment à la zone arêtes actives agressives et est utilisé avec un mouvement de
apicale (Pettiette et al., 1999 et 2001). traction pure.

3 - Lime K
La lime K (fig. 10.11) est généralement fabriquée à partir d’une
IV - Instruments canalaires matrice carrée torsadée. Elle est disponible également en
section triangulaire (plus flexible par la diminution de la
masse de métal, plus efficace par ses arêtes) (FlexoFile®,
A - Instruments manuels ou mécanisés Dentsply Maillefer ; Triple-Flex®, SybronEndo) ou losangique
en acier (Camps et Pertot, 1992) (K-Flex®, SybronEndo). Elles sont généralement utilisées avec
un mouvement de traction pure ou de rotation/traction.
1 - Tire-nerf Certaines sont usinées au lieu d’être torsadées (Flex-R®, Mil-
Constitué d’un corps parallèle dans lequel des entailles sont tex), d’autres sont fabriquées avec des angles de transition
réalisées pour créer des barbelures, le tire-nerf (fig. 10.11) peut modifiés au niveau de la pointe (Flex-R®, FlexoFile®). Cette
être utilisé occasionnellement pour éliminer la pulpe en une modification leur permet d’être utilisées avec la technique
seule pièce avant la mise en forme canalaire. Il peut aussi être des forces équilibrées (mouvement de rotation horaire/anti-
Saut de
ligne utilisé pour accrocher et retirer des pointes en papier ou des horaire) en minimisant les risques de butée.
boulettes de coton par exemple.
Les instruments de préparation canalaire les plus connus et 4 - Broche
les plus utilisés sont la lime K, la broche et la lime H (racleur) La broche est traditionnellement fabriquée à partir d’une
(fig. 10.11). matrice triangulaire qui est torsadée (fig. 10.11). La différence
La norme ISO confère à ces instruments des caractéristiques essentielle avec la lime K réside dans le nombre de tours,
communes : moins important dans le cas de la broche, appliqués à la
- correspondance entre le diamètre de pointe et un code cou- matrice lors de la torsion. Une broche présente donc moins
leur (06 : rose, 08 : gris, 10 : violet, 15 : blanc, 20 : jaune, etc.) ; de spires sur la partie active qu’une lime K, avec comme
- la progression des diamètres de pointe entre deux instru- conséquence des angles d’hélice et des pas d’hélice diffé-
ments successifs ; rents. Par conséquent, la broche n’est pas efficace en mouve-
ment de traction mais est recommandée dans une dynamique
de rotation.
Tous les instruments ISO ont une partie active de 16 mm,
avec un diamètre de pointe indiqué en centièmes de milli-
mètre, et ont une conicité de 2 %.

5 - Instruments mécanisés soixantes


Depuis le milieu des années 1960, différents systèmes ont été
mis au point afin de permettre une utilisation mécanisée des
instruments. Les contre-angles créés permettent d’animer les
instruments d’un mouvement alternatif d’amplitude égale
dans le sens horizontal (Giromatic®, Micro Mega ; EndoLift®,
Kerr). Ce mouvement horizontal pouvait être associé à un
mouvement vertical (Canal Finder®). S’ils permettaient un tra-
vail plus rapide, ces mécanismes ne permettaient pas de
Figure 10.11 De haut en bas, tire-nerf, lime H (racleur), lime K et résoudre les problèmes associés à la mise en forme canalaire
broche. Noter la différence entre lime K et broche dans le puisque les instruments utilisés étaient en acier et que l’élar-
nombre de spires (plus nombreux sur la lime K) et l’angle d’hé- gissement du canal nécessitait leur animation dans un mou-
lice (angle entre l’axe de l’instrument et les spires) qui en résulte. vement vertical de va-et-vient.

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10 Endodontie

B - Instruments en nickel-titane rotatifs Maillefer), HERO 642®, HERO Shaper® et RevoS® (Micro Mega),
FlexMaster® et MTwo® (Dentsply VDW), RaCe® (FKG), Alpha-
et manuels Kite® (Komet), K3® et Twisted Files® (TF) (SybronEndo).
1 - Systèmes rotatifs en nickel-titane Tous ces systèmes possèdent deux caractéristiques communes :
Depuis l’introduction des premiers systèmes en France à la l’alliage nickel-titane et des conicités élevées. Ils diffèrent par leur
fin de l’année 1996 (ProFile® de Maillefer, puis HERO 642® de section ainsi que par leur angle d’hélice et leur pas d’hélice, ce qui
Micro Mega quelques mois plus tard), de nombreux systèmes leur confère une flexibilité, une efficacité de coupe et un compor-
ont fait leur apparition (Pertot, 2009). tement différents quant à l’effet de vissage dans le canal (tableau 10.1).
Plus de dix systèmes différents sont actuellement dispo- Ces instruments sont à conicité constante, ce qui signifie une
nibles sur le marché français : ProFile® et ProTaper® (Dentsply progression uniforme du diamètre transversal le long des

Tableau 10.1 Liste non exhaustive des instruments en nickel-titane présents sur le marché français et caractéristiques principales.
Angle et Ouverture
Nom Fabricant Conicité Section Lame pas Diamètre/conicité coronaire
d’hélice Diamètre/conicité
ProFile® Maillefer Constante Triangulaire Méplat Constants 15-40/6 % Orifice Shapers®
concave radiant 15-90/4 % (6 instruments)
15-40/2 %
HERO 642® Micro Mega Constante Triangulaire Arête active Constants 20-30/6 % –
en hélice 20-30/4 %
20-45/2 %
FlexMaster® VDW Constante Triangulaire Arête active Constants 20-35/6 % IntroFile®
convexe 20-30/4 % 21/11 %
20-45/2 %
HERO Micro Mega Constante Triangulaire Arête active Variables 20-30/6 % EndoFlare®
Shaper® en hélice 20-45/4 % 25/12 %
HERO Apical® 30/6 et 8 %
RaCe® FKG Constante Triangulaire Arête active Variables 10-40/6 % PreRace®
10-40 et 50/4 % 40/10 %, 35/8 %,
10-60/2 % 30 et 40/6 %
K3® SybronEndo Constante Triangulaire Méplat Variables 15-60/6 % Orifice Opener®
concave radiant 15-60/4 % 25/12 %, 10 %, 8 %
15-45/2 %
MTwo® VDW Constante Asymétrique Arête active Variables 10, 35, 40/4 % –
2 arêtes 15 et 30/5 %
coupantes 20 et 25/6 %
25/7 %
AlphaKite® Komet Constante Losangique Arête active Variables 20, 30 et 40/8 % Opener®
dont un côté 20, 25 et 30/4 et 6 % 35/10 %
plus accentué 15/3 %
RevoS® Micro Mega Constante* Triangulaire en Arête active Variables SC1 et SU 25/6 % EndoFlare®
hélice avec SC2 25/4 % 25/12 %
1 face excentrée AS1 30, AS2 35 et AS3
40/6 %
Twisted SybronEndo Constante Triangulaire Arête active Variables 25, 30 et 35/6 % 25/8, 10 et 12 %
File®** 25, 40 et 50/4 %
ProTaper® Maillefer Variable Triangulaire Arête active Variables S1 18 : variable/croissante SX
convexe : S2 20 : variable/croissante 19/variable
Shaping Files® F1 20/7 % : variable/
Triangulaire décroissante
concave : F2 25/8 % : variable
Finishing Files® décroissante
F3 30/9 % : variable/
décroissante
F4 40/6 % : variable/
décroissante
F5 50/5 % : variable/
décroissante
* Les AS1, AS2 et AS3 présentent une conicité de 6 % sur les 5 mm apicaux puis 0 % de conicité sur le reste de la lame.
** Les Twisted Files® sont les seuls instruments en nickel-titane torsadés (et non usinés).

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
spires de l’instrument (conicité de 2, 4, 6 %…), à l’exception du sans effet de vissage. Il offre également une série d’instru-
ProTaper® qui présente une conicité variable. Un instrument à ments pour l’exploration et le pré-élargissement canalaire
conicité constante présente une forme pyramidale. Dans le (Scout RaCe®) et des instruments pour la préparation api-
concept de la conicité variable, la conicité varie sur la partie cale (SApex®) qui peuvent être utilisés pour sécuriser la por-
active d’un même instrument (Pertot et Simon, 2003). tion apicale du canal en début de préparation avec les
Certains de ces instruments présentent des méplats radiants, instruments de petit diamètre, ou préparer la zone apicale
d’autres des arêtes actives. en forme de box avec les instruments de gros diamètre. Les
Les principaux instruments présents sur le marché français et instruments ont subi un traitement de surface par électro-
leurs caractéristiques sont résumés dans le tableau 10.1 : polissage censé augmenter leur résistance à la fatigue
- le système ProFile® (Dentsply-Maillefer) est composé des cyclique (fig. 10.14) ;
ProFile® OS destinés à l’ouverture coronaire et des ProFile® - le système Twisted File®, ou TF, (SybronEndo) et le seul qui
en conicité de 6, 4 et 2 % ; présente des limes en nickel-titane torsadées (et non usi-
- le système K3® (SybronEndo) comprend 2 orifice openers, nées), grâce à un traitement thermique spécial de l’alliage
instruments courts (17 mm), de 25 de diamètre et de 10 et (R-Phase). Il présente des instruments de 25 de diamètre en
8 % de conicité, ainsi que des instruments de 6 et 4 % de 12, 10, 8, 6 et 4 % de conicité, ainsi que des instruments de
conicité en 15 à 60 de diamètre et de 2 % de conicité en 15 à
45 de diamètre ;
- dans le système HERO 642® (Micro Mega), le profil de l’ins-
trument est hélicoïdal, sans méplat radiant, avec trois angles
de coupe et une âme centrale importante. Il comporte neuf
instruments principaux : des instruments de 20, 25 et 30 de
diamètre, chacun étant décliné en 6, 4 et 2 % de conicité,
complétés par des instruments de 2 % de conicité en 35, 40
et 45 de diamètre ;
- le système FlexMaster® (Dentsply VDW) comprend des ins-
truments à section triangulaire convexe dont les caractéris-
tiques sont proches de celles du HERO 642®. Il comporte
l’IntroFile®, instrument court (19 mm), de 22 de diamètre et
de 11 % de conicité, ainsi que des instruments de 20, 25 et 30
de diamètre, chacun en conicité de 2, 4 et 6 % ;
- le système HERO Shaper® (Micro Mega) présente la même
section hélicoïdale que le HERO 642®. La modification Figure 10.12 Instruments Pre-
essentielle concerne le pas des lames de l’instrument : le RaCe® (FKG). De gauche à
pas et la longueur de la partie active varient en fonction de droite : 40 conicité 10 %, 35
la conicité, ce qui permet de limiter l’effet de vissage res- conicité 8 %, 30 conicité 6 %.
senti avec le HERO 642® et d’améliorer la flexibilité de l’ins- Ces instruments sont aussi dis-
trument (Calas, 2003). En complément du HERO Shaper®, un ponibles en version acier.
instrument court (15 mm) et rigide, de 25 de diamètre et de
12 % de conicité, destiné à l’ouverture coronaire du canal, a
été introduit : l’EndoFlare®. Pour la région apicale, et afin de
permettre l’obtention d’une meilleure conicité, le praticien
pourra utiliser les HERO Apical® (deux instruments de 30 de
diamètre, en 6 et 8 % de conicité). Ces instruments sont dis-
ponibles avec deux types de manches : un manche classique
qui leur permet d’être utilisés sur les contre-angles à atta-
chement traditionnel ou un manche InGet® (integrated gear
technology) nécessitant leur utilisation sur un contre-angle
spécifique, l’ensemble contre-angle/instrument permet-
tant alors une réduction de la hauteur et de l’encombre-
ment par rapport aux instruments classiques ;
- le système RaCe® (FKG) présente des instruments d’ouver-
ture coronaire de 10 % et de 8 % de conicité (fig. 10.12). Les
instruments de préparation du tiers apical sont des instru- Figure 10.13 Instruments RaCe® (FKG) du diamètre 10 au dia-
ments de 4 et 2 % de conicité (fig. 10.13). C’est le système par mètre 50, en 4 % de conicité. Les instruments RaCe® sont égale-
excellence pour la mise en forme apicale selon le concept ment disponibles dans les conicités 2 % (diamètres : de 10 à 60)
de l’élargissement apical, avec des instruments flexibles, et 6 % (diamètres : de 10 à 40).

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10 Endodontie

- le système MTwo® (Dentsply VDW) (fig. 10.16) présente des


instruments de diamètre et de conicité croissants. L’instru-
ment a un profil asymétrique avec deux lames de coupe. À
l’opposé de tous les autres instruments qui fonctionnent en
préparation corono-apicale, le fabricant recommande une
utilisation successive de tous les instruments jusqu’à l’apex ;
- le système ProTaper Universal® (Dentsply Maillefer) com-
prend huit instruments : trois Shaping Files et cinq Finishing
Files. Ces instruments existent en version mécanisée ou
manuelle (fig. 10.17 et 10.18). Les Shaping Files sont destinées
Figure 10.14 Images au microscope électronique à balayage
montrant (a) la pointe guide des instruments RaCe® et (b) l’état
de surface obtenu par polissage électrochimique.

30 et 35 de diamètre en 6 % de conicité et de 40 et 50 de
diamètre en 4 % de conicité. Les instruments sont dispo-
nibles en 23 et 27 mm de longueur ;
- le système AlphaKite® (Komet) présente des instruments
d’ouverture coronaire de 10 % et de 8 % de conicité, et des
instruments de préparation de 6 et 4 % de conicité. Les ins-
truments sont recouverts de nitrure de titane censé amélio-
rer et prolonger l’efficacité de coupe ;
- le système RevoS® (Micro Mega) (fig. 10.15) est composé
d’une séquence de base de trois instruments (SC1, SC2, SU)
et de trois instruments d’élargissement apical. Ces derniers
présentent une conicité sur 5 mm puis des lames parallèles
destinées à leur conférer une meilleure flexibilité (AS1, AS2,
AS3). À part le SC2, les cinq autres instruments présentent
une face décalée, censée entraîner l’instrument dans le
canal selon un mouvement de reptation. Ces instruments
sont aussi disponibles avec un manche classique ou un
manche InGet® ; Figure 10.16 Instruments MTwo®.

Figure 10.15 Instruments RevoS®. De gauche a droite : SC1, SC2, Figure 10.17 Instruments ProTaper® rotatifs. De gauche à droite :
SU (séquence de base) AS1, AS2 et AS3 (élargissement apical). SX, S1, S2, F1, F2, F3, F4 et F5.

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
remontée des débris et évite les bouchons) à la flexibilité du
nickel-titane en faible conicité (qui évite les butées).
Les Scout Race, au nombre de 3 instruments, présentent un
même diamètre de pointe de 10/100, avec des conicités 2 %,
4 % et 6 %.
Les S-ApeX® présentent une conicité inversée. À partir de la
pointe, la conicité décroît vers le manche. Cette conicité
inversée leur confère un point de fragilité coronaire et donc
une fracture haute en cas de blocage, permettant théorique-Pas de saut de ligne ici
ment la récupération facile du fragment.
Ces instruments sont disponibles du diamètre 10 au diamètre
60, en 21 et 25 mm de longueur. Les faibles diamètres servent à
l’ouverture initiale, les diamètres les plus importants à l’élargis-
sement apical et à la création du stop apical. Néanmoins, la
conicité inversée des S-ApeX® limite leur travail coronaire dans
les petits diamètres. Ils seront plus utiles dans les gros dia-
mètres afin de créer le stop apical en fin de préparation.
Les Pathfiles® sont au nombre de trois. Ce sont des instruments
à section carrée, de 2 % de conicité, à lame coupante, de 13
Figure 10.18 Instruments ProTaper® manuels. Ces instruments, (violet), 16 (blanc) et 19 (jaune) de diamètre (fig. 10.19). Ils sont
munis de manches larges en silicone, sont très utiles lorsque disponibles en 21, 25 et 31 mm de longueur. Ils sont destinés à
l’anatomie canalaire contre-indique la rotation continue. sécuriser la trajectoire canalaire en l’élargissant rapidement
jusqu’à un diamètre avoisinant 20/100 sans risque de créer un
bouchon ou des butées (Berutti et al., 2009), éliminant ainsi,
à l’ouverture de la trajectoire canalaire. Elles présentent une par la même occasion, le risque de blocage de la pointe des
conicité variable croissante. Les diamètres de pointe sont instruments NiTi de mise en forme (Berutti et al., 2004).
respectivement de 18/100 pour la Shaping File 1, de 20/100 Il ne s’agit pas d’instruments de cathétérisme à proprement
pour la Shaping File 2 et de 19/100 pour la Shaping File SX. parler puisqu’ils ne doivent être utilisés qu’après le passage
Ce dernier instrument est utilisé dans la partie coronaire du d’une lime manuelle en acier (08 ou 10) qui assure l’explora-
canal pour relocaliser les entrées coronaires. Les Finishing tion initiale du canal et confirme la perméabilité du canal
Files sont destinées à la finition apicale et présentent des concerné.
conicités variables décroissantes. Cette caractéristique per-
met de donner à l’instrument une conicité importante sur
les trois premiers millimètres apicaux, dans la zone active
de l’instrument. La conicité s’inverse à partir du quatrième
millimètre, conférant à l’instrument une meilleure flexibilité
par rapport à une conicité constante.

2 - Instruments en nickel-titane pour l’ouverture


de la trajectoire canalaire, ou de pré-élargissement
Figure 10.19 Instruments de pré-élargissement PathFiles®, dia-
Important ! Dans l’étape de mise en forme canalaire, deux mètres 13 (violet), 16 (blanc) et 19 (jaune) en 2 % de conicité. Ces
problèmes cliniques se présentent de façon récurrente : instruments permettent, après passage d’une lime manuelle de
- le blocage précoce des canaux fins et courbés par création faible diamètre (08 ou 10), d’ouvrir rapidement et de sécuriser la
de bouchons ou de butées lors du cathétérisme avec l’uti- trajectoire canalaire sans risque de butée ou de bouchon apical.
lisation successive en va-et-vient des limes acier manuelles
08, 10 et 15 ;
- la fracture de la pointe des instruments en nickel-titane C - Considérations à propos
rotatifs.
des instruments en nickel-titane rotatifs
Pour pallier ces problèmes, certains fabricants proposent, en 1 - Effet de vissage
complément des séquences de mise en forme, des instru- L’une des conséquences indésirables de la rotation continue
ments rotatifs en nickel-titane destinés à l’élargissement pré- est l’effet de vissage qui était problématique, notamment sur
coce du canal. les instruments de première génération non munis de méplats
Ces limes NiTi, de 2 % de conicité (Pathfile®, Dentsply Maille- radiants (HERO 642®, FlexMaster®). La sensation d’aspiration
fer ; Scout-RaCe®, FKG) ou de conicité inversée (S-ApeX®, est importante lorsque la conicité de l’instrument approche
FKG), associent le mouvement de rotation (qui permet la la conicité du canal. Sur les instruments plus récents (HERO

199

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10 Endodontie

Shaper®, RevoS®, MTwo®, ProTaper Universal®), les angles et les b - Fracture par fatigue cyclique
pas d’hélice ont été modifiés afin de réduire le vissage et La fatigue cyclique est la conséquence d’une accumulation
d’augmenter la flexibilité (Calas, 2003). Les instruments RaCe® de stress dans la masse de l’alliage au cours d’une utilisation
(FKG) sont, quant à eux, dotés d’une arête coupante alternée prolongée dans une courbure ou lors d’utilisations succes-
qui élimine totalement l’effet de vissage (fig. 10.12 et 10.13). sives.
La résistance à la fatigue cyclique indique le nombre de
2 - Fracture instrumentale et ses conséquences cliniques cycles (rotations) qu’un instrument est capable d’effectuer
La fracture instrumentale peut survenir par torsion ou par sous l’action d’une contrainte. Les cycles se cumulent, leur
fatigue cyclique. Les paramètres qui entrent en jeu influencent nombre peut être obtenu en multipliant la vitesse de rota-
aussi la flexibilité des instruments. Les comprendre permet tion par le temps écoulé jusqu’au moment ou l’instrument se
de préparer correctement un canal en évitant les déplace- fracture (Pruett et al., 1997 ; Haikel et al., 1999).
ments de la trajectoire canalaire et de limiter les fractures. Les fractures en fatigue cyclique surviennent sans déforma-
Les deux types de fractures et leurs relations avec la flexibi- tion permanente préalable visible à l’œil nu. Elles sont donc
lité des instruments sont discutés dans les paragraphes sui- impossibles à détecter ou à prévoir précisément (Haikel
vants. et al., 1999 ; Ullmann et Peters, 2005 ; Kramkowski et Bahcall,
2009).
a - Fracture par torsion De plus, l’accumulation de fatigue cyclique après chaque uti-
lisation réduit la résistance à la torsion de l’instrument,
Lors de l’application d’une torsion sur un instrument, celui-ci
notamment pour les instruments de diamètre et de conicité
subit d’abord une déformation élastique et peut, si la torsion
importants (Ullmann et Peters, 2005).
s’arrête, reprendre sa forme initiale sans déformation perma-
nente. Si la torsion est maintenue, la déformation devient
permanente, indiquant que la limite élastique a été atteinte. À alliage identique, les facteurs qui augmentent la résis-
À ce stade, l’instrument ne peut plus récupérer sa forme ini- tance à la fatigue cyclique sont :
tiale. Dès lors, la fracture peut intervenir plus ou moins rapi- - la diminution de la masse centrale de l’instrument (plus
celle-ci est faible, plus l’instrument est résistant à la fatigue
dement si la torsion persiste.
cyclique) (Haikel et al., 1999 ; Ullmann et Peters, 2005) ;
Ce type de fracture avec déformation permanente préalable - la diminution du diamètre et de la conicité de l’instru-
est appelé fracture ductile. ment.
À alliage identique, les facteurs qui augmentent la résistance
à la torsion sont :
- l’augmentation de la masse centrale ; Le rayon de courbure du canal et la vitesse de rotation de
- l’augmentation du diamètre ; l’instrument influencent également la résistance à la fracture
- l’augmentation de la conicité de l’instrument. cyclique d’un instrument. Plus la courbure est marquée et la
De manière générale, l’augmentation du volume d’un instru- vitesse de rotation élevée, plus la fracture sera rapide (Pruett
ment augmente sa résistance à la torsion (Best et al., 2004 ; et al., 1997 ; Haikel et al., 1999 ; Martin et al., 2003 ; Kitchens
Guilford et al., 2005 ; Kramkowski et Bahcall, 2009 ; Park et al., 2007 ; Lopes et al., 2007 et 2009).
et al., 2010).
Cliniquement, la fracture par torsion est la plus fréquente
(Sattapan et al., 2000). Ce type de fracture survient : Important ! Cliniquement, les courbures abruptes tels les
crochets apicaux et les doubles courbures représentent un
- lorsque la pointe d’un instrument rotatif est forcée et blo-
risque important de fracture instrumentale par fatigue
quée dans un canal dont le diamètre est beaucoup plus cyclique, surtout si la masse de l’instrument est importante.
petit que celui de la pointe. C’est précisément pour cette
raison que le canal doit être exploré et élargi suffisamment
avec des limes manuelles avant d’envisager le passage des Dans ce type de morphologie canalaire, il est conseillé d’uti-
instruments rotatifs (Peters et al., 2003). Le diamètre de cet liser des instruments rotatifs de faible conicité ou, mieux, de
élargissement précoce dépendra du diamètre de l’instru- mettre en forme ces portions du canal à l’aide d’instruments
ment rotatif qui sera utilisé par la suite (Berutti et al., 2004) ; en nickel-titane utilisés manuellement (Pertot et Simon,
- lorsque l’instrument est gainé et engagé en force dans le 2003 ; Simon et al., 2008) (fig. 10.20).
canal lors de la coupe, car les débris dentinaires s’accu- Les efforts des fabricants ont porté sur la mise au point de
mulent dans les spires et augmentent la surface de contact procédés permettant d’améliorer les propriétés physiques
et donc la friction sur l’instrument. Parallèlement, l’instru- des instruments. L’électropolissage des instruments (RaCe®,
ment devenant moins efficace, le praticien exercera incon- FKG) (fig. 10.17), les traitements thermiques (instruments en
sciemment une pression plus importante afin de le faire NiTi MWire et les Twisted Files®) ou l’implantation ionique
progresser. Il est donc indispensable de retirer l’instrument ont été étudiés pour tenter d’améliorer la résistance à la frac-
fréquemment pendant le travail de coupe, d’essuyer les ture.
lames actives et d’irriguer le canal avant de réinsérer l’ins- Les résultats obtenus sont assez disparates, mais il semblerait
trument pour le faire progresser plus apicalement. que si ces procédés ont peu d’effet sur la résistance à la frac-

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
V - Principes de base
pour l’utilisation des instruments
en nickel-titane et matériel

A - Principes
Les instruments en nickel-titane permettent d’obtenir des
résultats fiables et reproductibles si les quelques principes
de base présentés ci-après
Respectsontdescrupuleusement respectés :
- il faut respecter la vitesse de rotation préconisée par le
a b fabricant en utilisant des contre-angles ou des moteurs spé-
cifiques ;
Figure 10.20 a et b. Les courbures abruptes et les doubles cour-
- une lime rotative en nickel-titane ne doit jamais être insérée
bures constituent une contre-indication à la rotation continue
et peuvent être préparées de manière sûre et reproductible à d’emblée dans un canal si sa perméabilité n’a pas été véri-
l’aide des instruments en nickel-titane utilisés manuellement fiée avec une lime manuelle en acier et s’il n’a pas été pré-
(dans ce cas, ProTaper® manuels). élargi ;
- la pression sur le contre-angle doit être faible et accompa-
ture par torsion (Barbosa et al., 2008), ils améliorent la résis- gnée d’un mouvement de va-et-vient dans le sens vertical,
tance à la fatigue cyclique (Anderson et al., 2007 ; Johnson ce qui permet à l’instrument d’avancer dans le canal ;
et al., 2008 ; Gao et al., 2010). - après quelques secondes de travail, les instruments doivent
Certains fabricants ont tenté de diminuer le risque de frac- être retirés et essuyés pour éviter l’encrassement des spires,
ture par fatigue cyclique par des systèmes de comptage du et le canal doit être irrigué afin d’éliminer les débris en sus-
nombre d’utilisations des instruments (FKG avec un stop sili- pension ;
cone à pétales, Micro Mega avec un séquenceur doté d’un - les instruments ne doivent jamais être maintenus en rota-
curseur, etc.). tion à la même longueur dans le canal sans mouvement ver-
Néanmoins, l’accumulation de la fatigue est multifactorielle tical de va-et-vient. L’immobilité dans le sens vertical peut
et reste impossible à quantifier. Pour un même canal et dans entraîner une fracture de l’instrument par fatigue cyclique
les mêmes conditions cliniques d’utilisation, les instruments ou un déplacement de la trajectoire canalaire avec appari-
de la même séquence auront un comportement différent en tion de butée ;
fonction de leur diamètre et de leur conicité. - les instruments doivent être vérifiés après chaque passage
En plus du problème lié à la fatigue cyclique et à l’augmenta- afin de déceler un défaut éventuel, précurseur de la fracture
tion du risque de fracture, l’usure des lames de l’instrument, par torsion.
qui le rend moins efficace après chaque utilisation, la fragili-
sation des instruments lors de leur travail dans l’hypochlorite Important ! Il est surtout primordial de connaître les
de sodium (NaOCl) lors de la préparation canalaire (Darabara contre-indications et les limites d’utilisation des instru-
et al., 2004 ; Peters et al., 2007), ainsi que la difficulté de net- ments rotatifs en nickel-titane.
toyage et de stérilisation d’un instrument endodontique (Lin-
suwanont et al., 2004 ; Sonntag et Peters, 2007 ; Popovic
et al., 2010) plaident en faveur de l’usage unique.
B - Matériel
3 - Flexibilité L’apparition des instruments en nickel-titane a imposé la
À alliage égal, plus la masse d’un instrument augmente (par commercialisation et la mise au point de matériel adapté
accroissement de la masse centrale, du diamètre ou de la coni- permettant leur utilisation à la vitesse adéquate (pour revue,
cité) et plus sa flexibilité diminue. Une flexibilité réduite aug- voir Pertot, 2009).
mente le risque de déplacement de la trajectoire canalaire. Il existe actuellement plusieurs types de matériels dyna-
miques adaptés à l’utilisation des instruments rotatifs en nic-
Important ! Ainsi, si le système utilisé présente une masse kel-titane.
centrale importante, il est indispensable de compenser ce
facteur par une diminution de la conicité des instruments 1 - Contre-angles réducteurs montés directement
utilisés dans les courbures et, donc, d’utiliser plus d’instru- au fauteuil
ments pour parvenir à une mise en forme correcte.
Les contre-angles réservés aux instruments en nickel-titane
présentent des facteurs de réduction importants (de 1/75 à
Si le système présente une masse centrale plus faible, des 1/128). Certains d’entre eux offrent seulement une réduction
instruments de plus forte conicité pourront être utilisés dans alors que d’autres y associent une fonction de contrôle de
les courbures. couple avec débrayage automatique, entraînant l’arrêt de

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10 Endodontie

l’instrument si la pression exercée au cours du travail est trop


importante (NiTi Control®, Anthogyr ; SiroNiTi®, Sirona). Le
débrayage est censé réduire le risque de fracture par torsion.
La plupart de ces contre-angles possèdent des têtes plus
petites que celles d’un contre-angle bleu classique.

2 - Moteurs
Les moteurs les plus récents sont compacts, fonctionnent
sur piles rechargeables et, pour certains, sont dépourvus de
pédale (X-Smart®, Dentsply-Maillefer). Ils possèdent des pos-
sibilités de réglage de couple avec une fonction de débrayage
et d’inversion automatique (auto-reverse). Ils offrent un
double avantage : vitesse précise, contrôlée électronique-
ment et absence de vibration, de bruit et d’échauffement. Ils
constituent cependant un périphérique supplémentaire.

3 - Contre-angle moteur sans fil


Certains de ces moteurs se présentent sous la forme de
contre-angles dont le moteur miniaturisé est logé dans le
manche (X-Smart Easy®, Dentsply-Maillefer ; Entran®, W & H ;
EndoMate TC2®, NSK) (fig. 10.21). Ils possèdent toutes les Figure 10.22 Moteurs couplés à des localisateurs d’apex : VDW
fonctionnalités de réglage de vitesse et de couple avec fonc- Gold® (VDW), X-Smart Dual® (Maillefer), EndoAce® (Micro
tion inversion automatique. Ils fonctionnent sur pile rechar- Mega), Endy 6200® (Ionyx).
geable et offrent l’avantage indéniable d’être sans fil, même si
le couple maximum autorisé est parfois un peu bas. Ils repré-
sentent néanmoins la solution de choix. der à l’esprit qu’un localisateur d’apex n’est jamais fiable à
100 % et que la longueur de travail doit être déterminée à
l’aide d’une lime manuelle en acier et non en engageant un
instrument en nickel-titane en rotation dans la portion api-
cale d’un canal qui n’a pas été perméabilisé au préalable. Des
études scientifiques ont par ailleurs montré que certains de
ces systèmes induisaient un surélargissement apical, proba-
blement lié à une surestimation de la longueur de travail
(Campbell et al., 1998).

Remarque : le débrayage est enclenché lors d’une pression


importante sur l’instrument lors de son utilisation. Il pro-
tège donc de la fracture par torsion mais ne peut pas éviter
les fractures associées à la fatigue cyclique (qui n’est pas liée
à la pression). De plus, il faut garder à l’esprit que la fatigue
cyclique accumulée diminue aussi la résistance d’un instru-
ment à la torsion par rapport à un instrument neuf.

Figure 10.21 Contre-angles sans fil. De gauche à droite : X-Smart


Easy (Maillefer), Entran (W & H) et EndoMate TC2 (NSK). VI - Principes généraux
4 - Moteurs couplés à un localisateur d’apex et stratégie de mise en forme
Certains fabricants proposent l’association d’un moteur Des générations de praticiens ont été formées à préparer le
d’endodontie avec un localisateur d’apex électronique inté- canal « en bloc » : dès que la première lime atteignait la lon-
gré et fonction inversion automatique (Morita ; VDW-Gold, gueur de travail, toutes les autres limes de la séquence sui-
Dentsply-VDW, X-Smart Dual™, Dentsply-Maillefer ; Endy vaient et devaient pénétrer à cette longueur.
6000 et Endy 6200, Ionyx ; ENDOAce®, Micro Mega) (fig. 10.22). La première lime était introduite dans le canal avec pour
Lors de la détection de la longueur de travail par le localisa- objectif d’atteindre d’emblée la longueur de travail. Si la pro-
teur d’apex, le contre-angle débraye automatiquement et fondeur de pénétration n’était pas satisfaisante, la lime était
amorce une rotation antihoraire. Si ces systèmes sont inté- poussée en rotation en direction apicale dans l’espoir qu’elle
ressants sur le plan ergonomique de prime abord, il faut gar- atteigne la zone escomptée. Le problème essentiel de cette

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
méthode est que les limes présentent souvent une conicité La gestion correcte des premières parties permet d’aborder
supérieure à celle du canal (fig. 10.6 et 10.23). Ainsi, lorsqu’une correctement la dernière, alors qu’une erreur dans les stades
lime n’atteint pas la longueur de travail, cela est souvent dû au antérieurs compromet la course entière.
fait qu’elle bloque coronairement au niveau des parois, bien Il s’agit donc de diviser la mise en forme canalaire en plu-
que sa pointe soit libre. De plus, le fait que l’instrument soit sieurs étapes : d’abord une mise en forme des deux tiers
engainé coronairement contre les parois dentinaires supprime coronaires est réalisée afin de libérer les instruments des
toute sensibilité tactile et donc tout contrôle apical (fig. 10.23). contraintes coronaires. Cette première étape achevée per-
Le tiers apical constitue la partie la plus étroite et la plus mettra d’aborder la seconde étape, qui consiste en un travail
difficile d’accès du canal. De plus, les racines apparemment plus contrôlé et en douceur dans la zone apicale sans pres-
droites présentent souvent une courbure apicale, fréquem- sion dans le canal évitant ainsi les butées et les déplacements
ment non visible à la radiographie (Pineda et Kuttler, 1972). Le apicaux (Swindle et al., 1991 ; Machtou, 1993 ; Ruddle, 2002 ;
gainage coronaire des instruments empêche la pointe de Ruddle, 2004).
négocier les courbures apicales, engendrant ainsi des débuts L’élargissement précoce des deux tiers coronaires offre plu-
de butée. Même lorsque l’instrument est initialement pré- sieurs avantages (fig. 10.24) :
courbé dans une tentative de lui permettre de négocier une - la pénétration d’emblée d’un plus grand volume de solution
éventuelle courbure apicale, cette précourbure est effacée d’irrigation dans le corps du canal, qui constituera une sorte
par le passage dans la partie coronaire non préparée du canal. de réservoir, permettant ainsi un temps de contact plus
Ces butées sont amplifiées par le passage successif des instru- long avec les débris tissulaires et les bactéries ;
ments de la séquence et peuvent se transformer en faux canal - grâce à ce réservoir coronaire, la constitution d’un espace
puis en perforation lorsque le praticien force l’instrument api- de remontée des débris qui sont mis en suspension lors de
calement dans une tentative de progression (Scianamblo, l’irrigation ;
1988 ; Machtou, 1993 ; Luiten et al., 1995 ; Ruddle, 2004). - une réduction du refoulement apical, puisqu’une grande
partie des débris pulpaires et des bactéries a préalablement
Pour pallier ces problèmes, la stratégie de la mise en forme été éliminée. Les limes travaillant apicalement passent à tra-
d’un canal s’apparente à la gestion d’un marathon, qui vers un réservoir d’irrigation dans une portion du canal déjà
consiste à « tronçonner » mentalement le parcours. La nettoyée et désinfectée. Les limes poussées apicalement à
gestion correcte des premières parties du parcours per- travers des débris pulpaires et des bactéries ont tendance à
met de se rapprocher de plus en plus de la ligne d’arrivée, refouler les irritants dans la zone apicale, avec le risque
en gardant en tête et que la dernière partie est la plus d’augmenter l’inflammation ligamentaire postopératoire
difficile à négocier.
(Fairbourne et al., 1987 ; Reddy et Hicks, 1998) ;

Figure 10.23 Les limes, même de faible diamètre, présentent sou- Figure 10.24 La mise en forme des deux tiers coronaires du
vent une conicité supérieure à celle du canal, ce qui entraîne un canal crée un réservoir pour la solution d’irrigation coronaire-
blocage coronaire au niveau des parois. De plus, le fait que l’ins- ment et élimine les contraintes coronaires, ce qui libère les
trument soit gainé coronairement contre les parois dentinaires limes apicalement et potentialise la sensibilité tactile.
supprime toute sensibilité tactile et donc tout contrôle apical.

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10 Endodontie

- une meilleure sensibilité tactile qui permet d’optimiser le général, seront concomitantes cette étape et la mesure de la
travail de la pointe des instruments précourbés pour explo- longueur de travail qui doit se faire à l’aide d’un localisateur
rer la zone apicale sans friction coronaire, permettant ainsi d’apex électronique et qui, en cas de doute, doit être confir-
de détecter par exemple les courbures non visibles à la mée à l’aide d’une radiographie. Cette longueur sera établie
radiographie et les dédoublements du canal ; en fonction du concept de mise en forme choisi (élargisse-
- une précision accrue des localisateurs d’apex électroniques, ment/stop apical ou conicité) ;
dont la mesure est plus fiable lorsque la lime est en contact 3. enfin, l’étape de la mise en forme et de la finition apicales
avec les parois dentinaires au niveau apical (Stabholz et al., sera réalisée de différentes manières en fonction de l’ob-
1995 ; Shahabang et al., 1996 ; Kova evi et Tamarut, 1998 ; jectif fixé :
Tennert et al., 2010). Cette longueur mesurée après élargis- - si cet objectif est l’élargissement apical, les instruments de
sement coronaire sera également plus précise et plus stable diamètres croissants, généralement de faible conicité,
étant donné que la courbure coronaire du canal a préalable- seront amenés successivement à la longueur de travail,
ment été redressée avant la réalisation de la mesure. - si l’objectif est l’obtention d’une conicité apicale, le dia-
L’élargissement des deux tiers coronaires réalisés, la mise en mètre du foramen devra être jaugé et une conicité établie
forme apicale peut être effectuée de manière plus prévisible. soit en amenant à la longueur de travail des instruments
Elle se fera en trois étapes : de conicité augmentée (dont le diamètre de la pointe est
1. étant donné l’anatomie particulière de cette zone, le tiers api- supérieur ou au moins égal au diamètre du foramen), soit
cal doit d’abord être exploré avec des limes manuelles pré- en faisant travailler des instruments de diamètres crois-
courbées de petit diamètre pour en déterminer le diamètre et sants en retrait de 0,5 mm les uns des autres à partir du
pour détecter les courbures ou divisions éventuelles. Les ren- foramen,
seignements recueillis lors de cette exploration sont primor- - la lime de perméabilité sera réutilisée entre les passages
diaux pour le choix des instruments lors de la mise en forme successifs d’instruments de préparation afin de confirmer
et de la finition apicale à venir (fig. 10.24) ; la vacuité canalaire et apicale, et prévenir l’accumulation
2. la perméabilité apicale doit ensuite être vérifiée et la lon- des débris en les mettant en suspension dans la solution
gueur de travail établie. La lime de perméabilité est une lime d’irrigation. L’utilisation d’une lime de perméabilité apicale
de faible diamètre (généralement lime K 10) qui est amenée de faible diamètre légèrement au-delà du foramen n’en-
de 0,5 à 1 mm au-delà du foramen (Schilder, 1974) (fig. 10.25). traîne pas de déplacement de la trajectoire canalaire ou
Elle a pour but de s’assurer de la vacuité du foramen et de de déchirure apicale (Goldberg et Massone, 2002).
prévenir l’accumulation de débris pouvant aboutir à la for- Pour qu’une préparation apicale soit correctement réalisée, il
mation d’un bouchon et d’une butée (Buchanan, 1989). En est primordial que la dernière lime qui atteint la longueur de
travail soit d’un diamètre supérieur ou au moins égal au dia-
mètre apical du canal avant préparation, et ce quelle que soit
la technique utilisée.

VII - Technique de mise en forme


canalaire
Chaque partie du canal est abordée de la manière suivante :
exploration, pré-élargissement puis mise en forme.
L’exploration d’un tronçon canalaire est toujours réalisée
avec des limes en acier manuelles ou mécanisée de faible
diamètre. Le pré-élargissement peut être réalisé avec des
limes manuelles en acier de diamètre supérieur ou avec des
instruments en nickel-titane rotatifs ou manuels. La mise en
forme est réalisée par la suite à l’aide des instruments en nic-
kel-titane, rotatifs ou manuels.
Afin d’éviter les fractures des instruments en nickel-titane, le
diamètre de la lime en acier la plus large à utiliser avant de
s’autoriser à utiliser un instrument NiTi dépendra du diamètre
et de la conicité de ce dernier : dans certains cas, une lime en
acier 08 ou 10 sera suffisante, si l’instrument rotatif utilisé est
Figure 10.25 La lime de perméabilité apicale est de faible dia- par exemple le PathFile® 13 ou le MTwo® 10.04. Si l’instrument
mètre et travaille de 0,5 à 1 mm au-delà de la longueur de tra- rotatif à utiliser est le ProTaper® S1 (diamètre de pointe 18/100)
vail. Elle permet de prévenir la formation d’un bouchon apical ou un RevoS® (25.06 ou 25.04), un élargissement jusqu’à une
et de vérifier la vacuité du foramen. lime K 15 minimum est conseillé (ou PathFile® 16 ou 19).

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
Une fois que la lime K 10 passe librement dans le canal, on
Remarque : en aucun cas, un instrument en nickel-titane ne
peut utiliser
ou soit une lime K 15 manuelle de la même manière,
doit être forcé dans une portion canalaire qui n’a pas été
préalablement explorée et pré-élargie. soit un instrument rotatif NiTi de diamètre de pointe faible
peuvent être utilisés
(PathFile® 13, Scout-RaCe® ou MTwo® 10.04) jusqu’au niveau de
pénétration de la lime K 10 afin de réaliser le pré-élargisse-
ment, de cette partie du canal qui peut alors être mise en
A - Mise en forme des deux tiers forme.
coronaires
2 - Mise en forme des deux tiers coronaires
1 - Exploration de la portion accessible du canal
et pré-élargissement De nombreux instruments sont à la disposition du praticien
pour la préparation des deux tiers coronaires du canal.
L’objectif à ce stade n’est pas d’atteindre la longueur de tra- Cette préparation peut se faire soit manuellement, soit à
vail à tout prix mais de recueillir des informations relatives à l’aide de forets de Gates utilisés en séquence ascendante
l’accès et d’assurer un passage aux pointes des instruments pour élargir la partie coronaire du canal.
rotatifs qui viendront mettre en forme les parties les plus Actuellement, les instruments NiTi rotatifs constituent les
coronaires du canal, afin de permettre un accès à la zone api- instruments de choix pour mettre en forme rapidement et de
cale sans contraintes coronaires. manière sûre la partie coronaire des canaux.
Quasiment tous les systèmes présents sur le marché pro-
Essentiel : la clé du succès réside dans le principe qu’il n’y a
posent des instruments de mise en forme coronaire. Ils ont
pas de longueurs préétablies pour la pénétration des instru-
ments. Chaque instrument pénètre jusqu’au niveau où le deux caractéristiques communes : ils sont de plus forte coni-
canal peut l’accepter. Cette portion du canal est alors élar- cité et plus courts que les autres instruments de la série qui
gie, libérant les contraintes coronaires et permettant à l’ins- sont destinés à travailler plus apicalement.
trument d’avancer dans la direction apicale.
Tous ces instruments doivent être utilisés sans aucune
poussée apicale, sous peine de provoquer des butées
Après anesthésie et pose de la digue, la cavité d’accès est
coronaires, notamment ceux dont la conicité est très
réalisée. importante.
L’entrée des canaux est repérée et la cavité d’accès est rincée
à l’hypochlorite de sodium.
À partir de la radiographie préopératoire correctement réali- Les instruments doivent être guidés par le canal à la descente
sée avec un angulateur, la longueur du canal est estimée. Elle et par la main du praticien à la remontée. Dans la phase de
est reportée sur une lime manuelle de petit diamètre (géné- retrait, l’instrument est appuyé sur la paroi du canal où de la
ralement une lime K 08 ou K 10) qui est utilisée à ce stade dentine doit être éliminée :
pour explorer le canal. Un gel chélatant à base d’EDTA (Glyde • sur les racines rondes, ce mouvement de brossage des parois
File Prep®, Dentsply-Maillefer) peut être utilisé pour lubrifier se fait de manière circonférentielle ;
les instruments et faciliter leur progression. • sur les racines plates (notamment les racines mésiales des
Si la lime K 10 se rapproche de la longueur de travail estimée molaires maxillaires et mandibulaires qui présentent une
et est en contact avec les parois canalaires, une première concavité marquée du côté de la furcation), l’action des ins-
mesure de la longueur de travail peut être réalisée avec le truments est dirigée sélectivement du côté opposé à la fur-
localisateur d’apex électronique. La lime est alors animée cation afin de relocaliser l’entrée canalaire tout en évitant la
d’un mouvement de va-et-vient de faible amplitude afin de fragilisation de la paroi interne des racines (fig. 10.26) :
lisser la trajectoire. - la relocalisation des entrées canalaire et la mise en forme
Si la lime K 10 est complètement libre dans le canal et ne coronaire permettent de libérer les instruments coronaire-
présente aucune friction, la lime K 15 est utilisée de la même ment et de leur assurer un accès direct au tiers apical
manière : légère poussée jusqu’au blocage, puis mouvement (fig. 10.27),
de rotation horaire-antihoraire/traction. - la paroi opposée à la furcation, dite « de sécurité », est celle
Le mouvement de va-et-vient vertical d’amplitude impor- qui porte le nom du canal. En d’autres termes, les instru-
tante doit être proscrit pour éviter tout risque de création ments devront être appuyés au retrait en mésial et en vesti-
d’un bouchon dentinaire ou d’une butée. bulaire dans un canal mésio-vestibulaire et en mésial et en
Si la lime K 08 ou K 10 bloque avantelle ne doitlapas
d’atteindre être forcée
longueur de lingual dans un canal mésio-lingual (fig. 10.26 à 10.28).
travail estimée, il ne faut pas forcer. La lime est légèrement Dans les systèmes RaCe®, HERO 642®, HERO Shaper®, RevoS®,
poussée jusqu’à la friction contre les parois puis libérée en AlphaKite®, FlexMaster®, K3®, la séquence préconise l’utilisation
l’animant d’un mouvement horaire-antihoraire/traction. des instruments d’ouverture coronaire (PreRaCe®, EndoFlare®,
Après quatre ou cinq répétitions de ce mouvement, la lime Openers®, IntroFile®) qui ouvrent la voie aux instruments de
aura avancé de quelques millimètres. Elle sera alors retirée et plus faible conicité. Pour le Twisted File®, il s’agit d’un instru-
le canal sera abondamment irrigué afin d’éliminer les débris ment 25 en 8 % de conicité. Ainsi, quel que soit le système, les
en suspension. instruments de conicité importante sont utilisés d’abord afin

205

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10 Endodontie

a b

Figure 10.28 a. Radiographie préopératoire montrant l’accès


aux canaux mésiaux et schématisant la relocalisation des entrées
canalaire qui doit se faire dès le début de la procédure de mise
en forme. b. Radiographie postopératoire visualisant l’accès
obtenu au niveau coronaire.

Figure 10.26 Les racines mésiales des molaires maxillaires et


mandibulaires présentent des canaux excentrés vers la furcation
et une concavité au niveau de la paroi interradiculaire. L’action
des instruments devra être dirigée vers les parois opposées à
cette zone (flèches rouges).

Figure 10.29 Une lime manuelle en acier est


utilisée pour explorer la portion accessible du
canal, sans chercher à la forcer apicalement si
elle n’est pas acceptée par le canal.

profondeur de pénétration des limes manuelles. Il est cepen-


Figure 10.27 Le travail dans les zones opposées à l’espace inter- dant recommandé d’utiliser d’abord un instrument d’ouverture
radiculaire relocalise les entrées canalaires et permet un accès coronaire tel que l’IntroFile® (pointe 22, conicité de 11 %).
direct aux instruments vers la zone apicale. Dans le système ProTaper Universal®, les instruments S1 (Sha-
ping File 1) et SX présentent une conicité variable croissante,
d’ouvrir la voie aux instruments de plus faible conicité, jusqu’au une pointe fine et des diamètres coronaires croissants. Contrai-
niveau où le canal a été pré-élargi (fig. 10.29, 30a et 31a). rement aux autres systèmes où les instruments utilisés présen-
Une particularité concerne le système MTwo® pour lequel la tent une conicité constante et dont la pointe ou la conicité
préparation corono-apicale n’est pas préconisée : tous les ins- décroît en diamètre pour avancer dans le canal, les S1 et SX
truments de la séquence sont utilisés successivement jusqu’à présentent une pointe fine qui guide l’instrument dans le canal
la longueur de travail. L’instrument 10.04 est utilisé dans le pré-élargi. La progression de plus en plus apicale de l’instru-
canal par un mouvement de brossage de la paroi en évitant ment permet d’élargir le canal coronairement. L’instrument
que la pointe ne s’engage plus apicalement par rapport à la réalise ainsi son propre crown-down (fig. 10.29 et 32a).

206

6684_.indb 206 01/08/12 15:36


Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10

a b

Figure 10.30 a. La portion coronaire préalablement explorée et pré-élargie est mise en forme à l’aide du PreRaCe® 40/10 (gauche)
puis du PreRaCe® 35/08 (centre). Cela permet à la lime manuelle d’explorer librement la partie apicale du canal afin de rassembler
des informations importantes (diamètre, courbure) pour la suite de la procédure (droite). C’est à ce stade que la longueur de travail
est déterminée. b. Les RaCe® 02 ou 04 sont alors amenés successivement à la longueur de travail depuis le diamètre 15 jusqu’au dia-
mètre décidé pour la mise en forme apicale finale et la création du box apical.

a b

Figure 10.31 a. La portion coronaire préalablement explorée et pré-élargie est mise en forme à l’aide de l’EndoFlare® (gauche) puis
du RevoS® SC1 (25/06) (centre). Cela permet à la lime manuelle d’explorer librement la partie apicale du canal afin de rassembler des
informations importantes (diamètre, courbure) pour la suite de la procédure (droite). C’est à ce stade que la longueur de travail est
déterminée. b. Les RevoS® SC2 (25/04) puis SU (25/06) sont alors amenés à la longueur de travail. Les AS1 (30/06), AS2 (35/06) et
AS3 (40/06) peuvent être utilisés si plus d’élargissement ou de conicité apicale est souhaité.

a b

Figure 10.32 a. La portion coronaire préalablement explorée et pré-élargie est mise en forme avec le S1 (à gauche) jusqu’au niveau de
pénétration de la lime manuelle. Cela permet à la lime manuelle d’explorer librement la partie apicale du canal afin de rassembler
des informations importantes (diamètre, courbure) pour la suite de la procédure et de déterminer la longueur de travail (au centre).
Une fois la partie apicale pré-élargie, le S1 est alors amené à la longueur de travail (à droite). b. Le S2 est amené à la longueur de
travail suivi du F1 puis du F2, en rotation continue ou manuellement. Les Finishing Files® plus larges peuvent être utilisées si plus
d’élargissement ou de conicité apicale est souhaité.

La pénétration du S1 doit se faire sans pression, en va-et-vient Dès que l’instrument ne peut plus avancer apicalement, l’ins-
combiné à un mouvement de brossage sur la paroi opposée à trument suivant de la séquence est utilisé selon les mêmes
l’espace interradiculaire, en appui pariétal et au retrait. Le principes. La progression s’arrête dès que l’un des instruments
mouvement de brossage des parois fait avancer l’instrument parvient à la profondeur du canal pré-élargi.
sans pression et sans jamais dépasser le niveau de pénétra- À ce stade, les deux tiers coronaires du canal sont élargis,
tion du canal qui a été pré-élargi. permettant un accès sans restriction pour l’exploration et la
mise en forme de la zone apicale.
Quel que soit le système utilisé, les instruments sont fré-
quemment nettoyés et le canal irrigué à l’hypochlorite de
sodium entre chaque passage des limes.

207

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10 Endodontie

B - Mise en forme du tiers apical Essentiel : quand la lime manuelle K 10 en acier met en évi-
Cette étape sera aussi réalisée en deux temps : une phase dence une courbure apicale abrupte qu’elle ne peut pas
d’exploration et de pré-élargissement, suivie d’une phase de négocier facilement, cela constitue une contre-indication à
mise en forme et de finition. l’utilisation de la rotation continue dans les gros diamètres
ou dans les grosses conicités. Il est plus prudent, dans ces cas,
1 - Phase d’exploration du tiers apical d’utiliser des limes NiTi manuelles pour la mise en forme api-
cale (Pertot et Simon, 2003 ; Simon et al., 2008 ; Simon 2008).
Une lime K 10 manuelle en acier est précourbée et utilisée
pour explorer la zone apicale.
essentielle Une fois que la longueur de travail est établie et que la
Important ! Cette étape est importante car elle permet de : lime K 10 est libérée apicalement par les mouvements de va-
- rassembler des renseignements sur l’anatomie de la zone et-vient de faible amplitude (entre 1 et 3 mm), elle est douce-
apicale., lesquels permettront de choisir la méthode de
ment poussée à la longueur de travail, puis à la longueur de
mise en forme ;
- déterminer de manière précise et définitive la longueur de travail + 0,5 ou 1 mm afin de confirmer la perméabilité api-
travail à l’aide d’un localisateur d’apex électronique et cale (fig. 10.25). Cette manœuvre sera répétée tout au long de
d’une radiographie si nécessaire ; la mise en forme apicale afin de s’assurer qu’aucun bouchon
- confirmer la perméabilité du foramen apical. ne vient obstruer le foramen.
La longueur de travail, qui correspond donc à la limite apicale
de préparation, sera différente en fonction du concept de
Avec la partie coronaire du canal remplie d’hypochlorite de mise en forme choisi :
sodium et/ou de gel chélatant, la lime K 10 manuelle reliée - elle sera, au foramen, de moins 1,5 à 2 mm pour une prépa-
au localisateur d’apex est insérée passivement dans le canal. ration avec stop apical ;
Comme le canal a été préalablement élargi coronairement, - elle sera à la constriction apicale (foramen électronique
cette lime ne peut pas entrer en contact avec les parois cana- moins 0,5 mm) pour une préparation avec conicité apicale.
laires au niveau coronaire, ce qui potentialise
(fig. 10.24) la sensibilité À partir de ce stade, un pré-élargissement supplémentaire de
tactile apicale de l’opérateur. la zone apicale doit être réalisé et peut être obtenu :
Quand la lime entre en contact avec les parois, elle est avan- - soit par l’utilisation d’une lime K 15 manuelle précourbée et
cée doucement par mouvement de quart de tour horaire/ amenée à la longueur de travail par des mouvements de
antihoraire et la longueur de travail est finalement détermi- rotation horaire/antihoraire ;
née et confirmée comme décrit précédemment. - soit par l’utilisation très avantageuse d’instruments rotatifs
Quand la lime pénètre facilement et sans effort particulier NiTi de pré-élargissement (Pathfile® 13, 16 et parfois 19,
sur toute la longueur de travail, le canal peut être mis en Scout-RaCe® ou SApex® 15, 20). L’avantage de ces instru-
forme en utilisant les instruments NiTi en rotation continue. ments est leur flexibilité et leur très haute résistance à la
Si la lime bloque apicalement (alors qu’elle est libre au niveau fatigue cyclique, ce qui leur permet de négocier des cour-
des parois), cela peut indiquer la présence d’une division bures très importantes et de les pré-élargir sans risque de
canalaire ou la courbure abrupte du canal au niveau apical. bouchon et de butée.
La lime K 10 est alors ressortie, précourbée plus fortement et La zone apicale ayant été explorée (lime K 08 et/ou K 10), la lon-
réinsérée. Elle peut aussi être remplacée par une lime K 08 ou gueur de travail déterminée, le foramen perméabilisé (lime K 10 à
K 06 fortement précourbée. longueur de travail + 1 mm) et le canal pré-élargi dans sa zone
Le repère (trait noir ou encoche) du stop silicone est posi- apicale (lime K 15 ou lime rotative NiTi de faible conicité), la mise
tionné face à la courbure afin de repérer l’emplacement de la en forme peut être réalisée de manière extrêmement fiable avec
précourbure de l’instrument lorsque celui-ci est inséré dans les instruments du système choisi par le praticien.
le canal. Il est à noter que certaines séquences opératoires proposées
Le manche de la lime est alors tourné lentement sur lui- par les fabricants comme séquences de base ne sont pas suf-
même, tout en exerçant une légère pression apicale, afin que fisantes pour permettre de remplir les objectifs biologiques.
la pointe « accroche » le canal. Quand l’opérateur sent la En effet, dans un souci de simplification, certaines d’entre
pointe de la lime s’engager dans la portion apicale, la lime est elles n’assurent pas une mise en forme suffisante (par exemple
alors avancée par un mouvement de rotation horaire/antiho- celle du HERO 642® avec une finition apicale de 30 de dia-
raire jusqu’à la longueur de travail. Elle est ensuite « libérée » mètre à 2 % de conicité) ; elles devront être complétées pas
par des mouvements de va-et-vient de très faible amplitude, l’utilisation d’instruments supplémentaires, en fonction du
retirée, puis le canal est irrigué. La manœuvre et répétée plu- diamètre du canal et de l’objectif à atteindre : conicité api-
sieurs fois jusqu’au moment où la lime flotte dans le canal et cale ou élargissement avec mise en place d’un stop apical.
que le mouvement de va-et-vient peut se faire avec une sen-
sation de glissement doux de la lime dans le canal. Cette 2 - Phase de mise en forme et de finition du tiers apical
manœuvre est aidée par l’utilisation d’un gel chélatant sur la De manière générale, certains systèmes disposent d’une
lime ou dans le canal (Glyde File Prep®). gamme d’instruments suffisamment étendue pour permettre

208

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
la préparation selon les deux concepts (K3®, RaCe®, ProFile®).
D’autres permettent de préparer en technique d’élargisse-
ment uniquement, avec utilisation des faibles conicités, les
fortes conicités étant soit inexistantes dans la gamme, soit
trop rigides pour permettre la préparation apicale de canaux
courbés (HERO 642®, FlexMaster®). D’autres enfin sont desti-
nés à la préparation en conicité apicale seulement, les faibles
conicités étant inexistantes (AlphaKite®, RevoS®, Twisted
Files®, ProTaper®).

La décision finale reviendra toujours au praticien qui, se


fondant sur son sens clinique, jugera de l’utilisation d’un
instrument ou d’un autre, en prenant en compte les para-
mètres suivants :
- la courbure et le diamètre canalaire ;
Figure 10.33 Une lime manuelle de 2 % de conicité
- la masse centrale de l’instrument, son diamètre et sa est utilisée pour jauger le diamètre du foramen apical
conicité, donc sa flexibilité. et s’assurer que le diamètre apical correspond à celui
du dernier instrument utilisé. Si la lime bloque, la pré-
paration est suffisante. Si la lime n’est pas bloquée et
Pour une préparation en technique de stop apical (concept peut avancer, cela indique que le diamètre apical du
d’élargissement) (fig. 10.7), après utilisation des premiers ins- canal est supérieur à celui de l’instrument. Des instru-
truments d’une séquence choisie pour mettre en forme le ments de mise en forme de diamètre supérieurs
canal coronairement, les instruments d’un diamètre de plus doivent alors être utilisés.
en plus important seront amenés successivement à la limite
apicale choisie pour la préparation (fig. 10.30b).
Dans la mesure où les diamètres des instruments travaillant à
la longueur de travail sont augmentés, il est préférable d’uti- longueur de travail et n’avance pas plus apicalement, cela
liser des limes de plus faible conicité (4 % jusqu’à des dia- indique que le diamètre apical du canal préparé correspond
mètres de 35 ou 40 maximum en fonction de la flexibilité du à celui de l’instrument utilisé pour le test et que la prépara-
système et de la courbure du canal, ou 2 % en cas de dia- tion apicale est suffisante (si le canal est suffisamment
mètres supérieurs). conique).
Pour les systèmes RaCe®, HERO 642®, FlexMaster®, K3®, une fois Si la lime de 25 (ou de 30) n’est pas bloquée et qu’elle peut
la séquence de base achevée, les instruments de 30, 35 et 40 avancer (même d’une fraction de millimètre), cela indique
ou 45 de diamètre en 2 ou 4 % peuvent être utilisés (fig. 10.30b). que le diamètre du canal est supérieur à celui de la dernière
Pour le HERO Shaper®, les instruments de 35 ou 40 de dia- lime de mise en forme utilisée et qu’un élargissement apical
mètre, en 4 % si la courbure du canal le permet, sont choisis supplémentaire est nécessaire (fig. 10.31b).
et utilisés en fonction de la racine à traiter. Ainsi, pour le HERO Shaper®, après le passage de tous les ins-
Il apparaît clairement que pour finaliser un élargissement api- truments successifs de la séquence de base (le dernier étant
cal, un nombre plus important d’instruments sera nécessaire. un 30/4 %), les instruments HERO Apical® (30/6 % et 30/8 %)
Néanmoins, le temps de travail pour le passage de trois ou rotatifs ou manuels peuvent être utilisés pour optimiser la
quatre instruments supplémentaires est très court (moins de conicité. Le diamètre apical sera jaugé avec une lime K 30. Si
2 minutes). le diamètre s’avère supérieur à 30, les instruments de dia-
Pour une préparation en conicité apicale (fig. 10.7), les instru- mètre supérieurs sont utilisés.
ments suivants de la séquence utilisée sont amenés à la lon- Pour le RevoS®, l’AlphaKite®, le K3®, le Twisted File® et le MTwo®,
gueur de travail. Dans la plupart des systèmes existants, il la séquence de base préconise un instrument apical de 25.06.
s’agit d’un instrument 25.06 (fig. 10.31b). La lime utilisée pour jauger le diamètre apical sera donc une
Une fois la séquence de base achevée, le praticien doit déci- lime K 25 :
der si un élargissement et/ou une conicité supplémentaire - si elle bloque apicalement, cela indique que la préparation
sont nécessaires. Si le diamètre apical préopératoire est minimale nécessaire a été réalisée (fig. 10.33). Le praticien
supérieur au diamètre du dernier instrument de la séquence peut néanmoins décider d’un élargissement supplémen-
de base utilisée, la mise en forme apicale n’est pas optimale. taire ;
Afin de déterminer si la séquence de base est suffisante, le - si elle ne bloque pas, le praticien doit réaliser un élargisse-
diamètre apical doit être jaugé (fig. 10.33) : une lime manuelle ment supplémentaire. L’instrument suivant de la séquence
en acier, choisie en fonction du diamètre du dernier instru- est amené à la longueur de travail, puis une lime 30 est uti-
ment de la séquence de base, est insérée à la longueur de lisée pour jauger le diamètre, etc. (fig. 10.31b).
travail. La pulpe de l’index est utilisée pour tapoter verticale- Concernant le ProTaper Universal®, le S1 qui a servi à élargir
ment sur le manche de l’instrument. Si la lime « bloque » à la les deux tiers coronaires est alors utilisé à la longueur de tra-

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6684_.indb 209 01/08/12 15:36


10 Endodontie

vail, par le même mouvement de brossage associé au va-et-


vient, en appui au retrait contre les parois canalaires. Il est
VIII - Nouveaux concepts
alors suivi par le S2 à la longueur de travail.
Le F1, manuel ou rotatif, sera amené à la longueur de travail, A - Mise en forme mono-instrumentale
suivi du F2 (l’utilisation de limes manuelles ou rotatives dans en mouvement réciproque
la zone apicale est discutée dans le paragraphe suivant)
(fig. 10.32b). 1 - Définitions et caractéristiques
Après passage du F2, la lime K 25 est utilisée pour jauger le Très vite après le lancement des instruments en nickel-titane
diamètre apical selon la procédure décrite précédemment en rotation continue au milieu des années 1990, le mouve-
et, si nécessaire, les Finishing Files de diamètres plus impor- ment de réciprocité a été exploré par différents praticiens.
tants pourront être utilisées. Il s’agit d’un mouvement alternatif d’amplitude différente dans
Lorsque des instruments rotatifs de diamètre supérieur ou un sens et dans l’autre. On pourrait parler de « mouvement
égal à 25 et de conicité supérieure ou égale à 4 % sont utilisés alternatif asymétrique ». Les termes « réciprocité » ou « mou-
dans les courbures, ils sont avancés à la longueur de travail et vement réciproque » ont été préférés afin d’éviter la confusion
immédiatement retirés. Il est contre-indiqué de les faire tra- avec le mouvement alternatif connu des praticiens. En effet,
vailler par un mouvement de pompage à la longueur de tra- celui-ci est un mouvement d’amplitude égale dans les deux
vail une fois cette dernière atteinte ou de les laisser en sens, dans le plan vertical ou horizontal. Dans les systèmes à
rotation sur place à la longueur de travail sous peine de mouvement alternatif (tel que le Giromatic, le Canal Finder,
déplacement de la trajectoire canalaire ou de fracture par l’EndoLift ou plus récemment l’EndoExpress), le mouvement
fatigue cyclique. du contre-angle a pour but de reproduire le mouvement effec-
tué par les doigts du praticien pour couper la dentine avec des
3 - Mise en forme apicale manuelle limes en acier de 2 % de conicité, l’élargissement du canal se
ou en rotation continue faisant par le mouvement de va-et-vient vertical de la main qui
Les courbures apicales abruptes et les doubles courbures plaque la lime contre les parois dentinaires. Les conséquences
constituent une contre-indication pour l’utilisation des ins- de ce mouvement dès lors que les limes de diamètre impor-
truments NiTi en rotation continue. Dans de telles courbures, tant travaillent dans les courbures sont connues et déjà
un instrument utilisé en rotation continue subit des décrites plus haut dans ce chapitre.
contraintes importantes alliant torsion et fatigue cyclique, Le mouvement de réciprocité consiste à animer les limes de
pouvant entraîner rapidement sa fracture. Plus le rayon de conicité élevée d’un mouvement horaire/antihoraire d’am-
courbure du canal est faible (crochet) et plus la masse de plitude variable. Ce mouvement s’apparente à celui de la
l’instrument est importante, plus la fatigue cyclique est éle- technique des forces équilibrées (Roane et al., 1985) à la dif-
vée (Pruett et al., 1997 ; Haikel et al., 1999). Ces courbures férence que, en mouvement réciproque mécanisé, le mouve-
peuvent être détectées à la radiographie préopératoire mais ment de vissage est plus important en amplitude que le
peuvent aussi passer inaperçues si elles se situent en vestibu- mouvement de dévissage, ce qui évite de repousser des
laire ou en palatin (ou en lingual). débris en direction apicale.
Elles sont détectées lors de la phase d’exploration du tiers
apical, après élargissement des deux tiers coronaires. L’intérêt principal du mouvement réciproque est la réduc-
Si les instruments de faibles diamètre et conicité peuvent tion de la fatigue cyclique des instruments par rapport au
négocier de telles courbures, cela n’est pas le cas des instru- mouvement de rotation continue. En effet, une séquence
ments dont le diamètre augmente et dont la conicité dépasse d’instruments animée d’un mouvement réciproque pré-
4 %. sente une durée de vie plus longue que la même séquence
Une fois ces courbures détectées, elles sont pré-élargies avec utilisée en rotation continue (Varela-Patino et al., 2010).
des limes en acier manuelles (08 et 10 maximum) puis avec Par ailleurs, il permet un maintien parfait du centrage de
l’instrument dans le canal.
des instruments NiTi rotatifs de faibles conicité et diamètre
(PathFile®, MTwo® 10.04).
Dans certains cas, les Shaping File 1 et Shaping File 2 (ProTa- L’intérêt secondaire est que ce mouvement élimine virtuelle-
per®) rotatives peuvent permettre de passer dans ces canaux, ment tout effet de vissage et d’aspiration.
la finition apicale se faisant avec les ProTaper® Finishing File En 2008, une technique expérimentale de mise en forme fon-
manuelles (fig. 10.32b) (Pertot et Simon, 2003 ; Simon 2008). dée sur l’utilisation d’un seul instrument en mouvement réci-
Cette approche peut aussi être systématisée sur tous les proque a été décrite (Yared, 2008). Un seul instrument, la
canaux indépendamment de leur difficulté (Simon et al., Finishing File 2 du système ProTaper® (instrument de 25 de
2008). diamètre et de 8 % de conicité) était utilisée avec un ancien
Dans les cas extrêmes, toute la préparation de la partie cour- moteur (qui n’est plus disponible sur le marché depuis plu-
bée sera réalisée avec les instruments ProTaper® manuels sieurs années) pour mettre en forme la totalité du canal
(figures 10.20). (Yared, 2008 ; Pertot et al., 2008).

210

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
Cela est possible si : Les deux systèmes présentent des caractéristiques com-
- le canal est perméable, ce qui permet à la pointe de guider munes (Pertot et al., 2011) :
l’instrument dans les courbures canalaires ; - les limes sont fabriquées en alliage nickel-titane MWire. Il
- le mouvement horaire est plus ample que le mouvement s’agit d’un procédé de mise sous tension du fil en NiTi en le
antihoraire, ce qui permet à chaque cycle de faire avancer soumettant à des cycles de variation thermique. Ce pro-
l’instrument en direction apicale ; cédé permet l’augmentation de la résistance à la fatigue
- l’instrument, plus large que le canal, coupe et met en forme cyclique (Johnson et al., 2008 ; Gao et al., 2010) ;
lors de la pénétration. - les instruments présentent un pas à gauche. En d’autres
Il a été démontré par ailleurs que le mouvement ne provo- termes, ils présentent une hélice inversée par rapport à tous
quait pas plus d’extrusion de débris apicaux que la rotation les autres instruments. Ils coupent donc en sens antihoraire.
continue (De-Deus et al., 2010). Lors du travail en réciprocité, l’amplitude du mouvement
antihoraire sera donc plus importante que le mouvement
Les intérêts de cette technique semblent évidents : réduc- horaire ;
tion du nombre d’instruments, du temps nécessaire à la mise - les instruments présentent un angle et un pas d’hélice
en forme (permettant ainsi un temps plus long pour l’irriga- variables pour augmenter la flexibilité et permettre une
tion), des coûts et, surtout, de la courbe d’apprentissage. meilleure évacuation des débris ;
- ils sont à usage unique et sont conditionnés en blisters sté-
Le concept a été développé, passant d’un procédé expéri- riles. Une bague en caoutchouc sur le manche de l’instru-
mental à une réalité clinique sous la forme de deux instru- ment se déforme à la chaleur et empêche sa réintroduction
ments différents utilisant le mouvement de réciprocité mais dans le contre-angle ;
avec des angulations différentes qui correspondent à leur - l’utilisation de ces limes nécessite un moteur spécial, préré-
profil : WaveOne® (Dentsply-Maillefer) (fig. 10.34) et Reci- glé aux valeurs angulaires spécifiques pour chacun des deux
proc® (Dentsply-VDW) (fig. 10.35). systèmes, qui permet aussi la rotation continue horaire et
comporte des programmes spécifiques de vitesse et de
couple pour plusieurs instruments rotatifs.

2 - WaveOne® (Dentsply-Maillefer)
Le système (fig. 10.34) comprend trois instruments :
- WaveOne® primaire, de 25 de diamètre et de conicité
variable inversée de 8 % sur les 3 mm apicaux ;
- WaveOne® fin, de 21 de diamètre et de conicité constante
de 6 % ;
- WaveOne® large, de 40 de diamètre et de conicité variable
inversée de 8 % sur les 3 mm apicaux.
La section de l’instrument est triangulaire concave au niveau
de la pointe et triangulaire au niveau coronaire.

3 - Reciproc® (Dentsply-VDW)
Le système (fig. 10.35) comprend trois instruments :
- Reciproc® 1, de 25 de diamètre et de conicité variable inver-
Figure 10.34 Les limes WaveOne® (de haut en bas : fin 21/06, sée de 8 % sur les 3 mm apicaux ;
primaire 25/08 et large 40/08) et le moteur spécifique. Ce der-
- Reciproc® 2, de 40 de diamètre et de conicité variable inver-
nier permet le mouvement de réciprocité ainsi que la rotation
continue. sée de 6 % sur les 3 mm apicaux ;
- Reciproc® 3, de 50 de diamètre et de conicité variable inver-
sée de 5 % sur les 3 mm apicaux.
La section de l’instrument est asymétrique et présente deux
arêtes coupantes (section semblable à celle du MTwo®).

4 - Protocole opératoire

a - Protocole standard
Pour pouvoir préparer un canal efficacement, l’instrument
choisi doit avoir un diamètre et une conicité supérieurs à
Figure 10.35 Limes Reciproc® (de haut en bas : 25/08, 40/06 et ceux du canal concerné afin de pouvoir l’élargir lors de sa
50/05). pénétration.

211

6684_.indb 211 01/08/12 15:36


10 Endodontie

En général, les racines mésiales des molaires et les racines


distales des molaires maxillaires, les prémolaires à deux
canaux ou deux racines et les dents du groupe incisivo-
canin mandibulaire seront préparés au WaveOne® Primaire
ou au Reciproc® 1 (25.08).
Les racines distales des molaires mandibulaires, les prémo-
laires à un canal et les dents du groupe incisivo-canin
maxillaire seront mises en forme avec le WaveOne® 40.08
ou le Reciproc® 40.06 ou 50.05.
Comme pour tous les autres systèmes, chaque cas doit
être appréhendé de façon spécifique et particulière en
fonction de son anatomie (courbure, diamètre apical du
canal). Les indications proposées ci-dessus ne sont pas
absolues ni systématiques.

La mise en forme canalaire avec ces instruments suit la même


stratégie que celle évoquée plus haut dans ce chapitre : Figure 10.36 Première molaire supérieure mise en forme au
exploration (lime K manuelle), pré-élargissement (lime K WaveOne®. Après exploration avec une lime manuelle et pré-
élargissement, les deux canaux mésiaux et le canal distal ont été
manuelle ou avec PathFile®) puis mise en forme des deux tiers traités avec un même WaveOne® primaire, le canal palatin avec
coronaires d’abord et, ensuite, exploration, pré-élargissement un WaveOne® large.
et mise en forme du tiers apical.
La radiographie préopératoire permet d’estimer la difficulté
du cas : la courbure canalaire mésio-distale, le diamètre de la
lumière canalaire. WaveOne® ou le Reciproc® 40 seront sélectionnés d’emblée
Après réalisation de la cavité d’accès et repérage de l’entrée et utilisés selon le même protocole (fig. 10.36).
canalaire, le canal est exploré à l’aide d’une lime manuelle
b - Utilisation du WaveOne® 21.06
K 10, puis pré-élargi manuellement ou à l’aide des PathFile®.
La portion pré-élargie est alors mise en forme à l’aide du Sur des canaux très fins et courbés, le WaveOne® 21.06 peut
WaveOne® primaire ou du Reciproc® 1 (25.08). L’instrument est être utilisé d’emblée pour réaliser la mise en forme (au lieu du
introduit dans le canal en réciprocité et animé de légers mou- primaire).
vements de picotage, en va-et-vient vertical. Du fait d’un mou- Si, au cours de la préparation, l’instrument 25.08 n’avance pas
vement antihoraire plus ample que le mouvement horaire, plus apicalement à cause d’une courbure canalaire, et ce mal-
l’instrument avance apicalement de quelques millimètres. gré le pré-élargissement du passage, le WaveOne® 21.06 peut
Après deux ou trois mouvements de va-et-vient ou dès qu’une alors être utilisé. En effet, son diamètre et sa conicité plus
sensation de blocage se fait sentir, l’instrument est retiré et faibles lui permettront de négocier certaines courbures et de
nettoyé, et le canal irrigué. L’instrument est alors remis en les élargir.
place dans le canal et avancé plus apicalement sans pression. À la suite du passage du 21.06 jusqu’à la longueur de travail, il
Au moindre blocage, il est retiré, nettoyé et le canal est irrigué. est conseillé d’amener également le 25.08 à la longueur de
Ce cycle (picotage, retrait, nettoyage de la lime, irrigation) est travail afin de donner plus de conicité à la préparation.
répété jusqu’à ce que l’instrument atteigne le niveau apical En général, la mise en forme canalaire ne dépasse pas 1 ou
du canal pré-élargi. 2 minutes.
Pendant cette première étape, si cela s’avère nécessaire, l’ins- Le temps de mise en forme étant raccourci, cela permet aux
trument peut être utilisé en mouvement de brossage contre solutions d’irrigation d’atteindre la zone apicale plus vite. Le
la paroi opposée à la courbure afin de relocaliser l’entrée temps gagné lors de la mise en forme est mis à profit pour
canalaire. rallonger le temps d’irrigation et rendre celle-ci plus efficace.
Une fois cette portion canalaire mise en forme, la zone api-
cale du canal est explorée avec la lime K 10 manuelle, la lon- c - Contre-indications
gueur de travail est mesurée et le foramen perméabilisé. Les contre-indications de cette technique sont les mêmes
Le tiers apical est pré-élargi puis mis en forme en amenant le que pour la rotation continue : courbures abruptes et doubles
WaveOne® ou le Reciproc® à la longueur de travail en utilisant courbures. Dans ces cas, la mise en forme doit être complé-
le même mouvement de va-et-vient vertical de faible ampli- tée manuellement (voir plus haut).
tude si le diamètre apical est jaugé à un diamètre supérieur à
25, un ProTaper manuel F3 (30,9 % de conicité) permettra de d - Reprise du traitement canalaire
finaliser la mise en forme apicale en quelques secondes. Le protocole de reprise du traitement comprend plusieurs
Si les différents éléments (radiographie préopératoire, explo- étapes : d’abord désobturation canalaire, puis passage de la
ration canalaire) indiquent un canal relativement large, le butée et établissement de la perméabilité canalaire, enfin

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Mise en forme et nettoyage du système canalaire 10
mise en forme. Bien que les limes utilisées en mouvement Les limes insérées dans le canal sont au départ comprimées
réciproque permettent l’élimination des anciens matériaux et vont graduellement s’expandre en abrasant une couche de
d’obturation du canal, le mouvement n’est pas aussi efficace dentine de 0,6 à 0,75 mm d’épaisseur de la circonférence
que la rotation continue qui fait remonter plus facilement les canalaire.
matériaux. Par rapport aux limes traditionnelles qui ont tendance à créer
Il est donc préférable d’éliminer ces matériaux en rotation une préparation ronde au centre d’un canal ovale, les SAF®
continue avec les limes spécifiques (ProTaper D®, R-Endo®, s’adaptent à l’anatomie canalaire, éliminant ainsi la dentine
etc.). de manière uniforme et tridimensionnelle.
Une fois la butée franchie et la perméabilité canalaire obte- Une étude réalisée sur des canaux larges d’incisives centrales
nue, les instruments en réciprocité peuvent alors être utilisés a montré que, après 5 minutes de travail avec le SAF® de
pour la mise en forme rapide du canal. 2 mm, 91,4 % des surfaces canalaires étaient touchées par
l’instrument, mais que sur seulement 56,6 % des surfaces,
plus de 100 µm de dentine étaient éliminés (Peters et al.,
B - Système Self Adjusting File® (SAF) 2010).
(ReDent-Nova) Dans une seconde étude sur les racines des molaires maxil-
laires (Peters et Paqué, 2011), environ 38,5 % des surfaces
1 - Descriptions et caractéristiques canalaires n’étaient pas touchées par l’instrument de 1,5 mm,
Les instruments endodontiques constitués d’un corps plein ce qui représente malgré tout une amélioration notable par
et rigide ne peuvent pas s’adapter à l’anatomie canalaire. rapport aux instruments rotatifs qui, eux, laissent 47,4 % des
L’instrument SAF® est constitué d’un tube creux compres- surfaces non traitées (Peters et al., 2003 ; Hübscher et al.,
sible, de 1,5 ou 2 mm de diamètre, composé d’un treillis en 2003).
nickel-titane, initialement utilisé pour la fabrication des Les limes semblent respecter les trajectoires canalaires même
stents cardiaques (fig. 10.37). Cet instrument « mou » puisque dans le cas de canaux courbes (Metzger et al., 2010a ; Peters
à corps creux s’adapte à la forme du canal dans lequel il est et Paqué, 2011).
introduit. L’instrument est couplé à un système d’irrigation L’étude des parois canalaires au microscope électronique à
(VATEA, ReDent-Nova) (fig. 10.37) qui permet de délivrer la balayage de 20 dents extraites après préparation au SAF®
solution d’irrigation en continu au sein de l’instrument lui- montre des résidus de débris et de la boue dentinaire sur les
même avec un débit de 1 à 5 ml/min. L’ensemble de ce sys- parois lorsque l’irrigation interne est réalisée avec de l’hypo-
tème permet donc d’associer préparation canalaire et chlorite seul, alors qu’une irrigation alternée hypochlorite/
irrigation simultanée. EDTA/hypochlorite entraîne une élimination quasi complète
Le SAF® de 1,5 mm de diamètre peut être inséré dans un canal des débris et de la boue dentinaire (Metzger et al., 2010b).
élargi au diamètre d’une lime de 20/10 alors que celui de La résistance à la fatigue cyclique des SAF® est très impor-
2 mm de diamètre pourra être inséré dans un canal préparé tante, diminuant de manière significative les risques de frac-
avec une lime de 20/100. ture et de blocage du canal (Metzger et al., 2010a ; Hof et al.,
Une fois dans le canal, la lime, en tentant de retrouver sa 2010).
forme initiale, appliquera une pression faible et constante sur
les parois dentinaires, tout en s’adaptant à la section du canal 2 - Protocole opératoire
(ronde ou ovalaire). La surface du treillis est abrasive ce qui lui Après réalisation de la cavité d’accès et repérage de l’entrée
permet d’éliminer la dentine. canalaire, le canal est mis en forme jusqu’au diamètre 20
Les limes sont animées d’un mouvement vibratoire vertical minimum, avec des instruments manuels ou en nickel-titane.
de 3 000 à 5 000 vibrations par minutes et de 0,4 mm d’am- Le SAF®, en mode vibratoire actif, est alors inséré doucement
plitude, obtenu à l’aide d’un contre-angle spécifique. dans le canal jusqu’à la longueur de travail puis est animé d’un
mouvement de va-et-vient vertical sous irrigation continue
en deux cycles de 2 minutes chacun (total 4 minutes) par
canal.
Au bout de 4 minutes le canal est séché et obturé.
Les SAF® sont recommandées en usage unique par leurs
concepteurs (Metzger et al., 2010a). En effet, de par leur
forme en treillis enroulé en tube creux, il est à l’évidence très
difficile de débarrasser ces limes de leurs débris.

Important ! Ce système récent, très intéressant, semble


constituer un complément idéal pour parfaire le nettoyage
Figure 10.37 Le système SAF® (moteur avec pompe pour irriga- canalaire après une mise en forme.
tion, contre-angle et lime).

213

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10 Endodontie

IX - Conclusion Des instruments de plus en plus performants permettent


de réduire les temps de mise en forme et rendent le trai-
La procédure du traitement canalaire initial est très bien tement moins opérateur dépendant.
codifiée et permet de réaliser des traitements endo-
dontiques de qualité si les règles de base sont respectées.
La pose de la digue et l’utilisation des moyens de grossis- La facilité et surtout la rapidité de la mise en forme avec
sement sont des prérequis. ces nouvelles techniques ne doivent pas occulter l’impor-
La compréhension des objectifs, la connaissance de l’ana- tance de l’irrigation qui, elle seule, permettra la désinfec-
tomie, le respect du protocole opératoire et, surtout, la tion et le nettoyage du système canalaire avant son
connaissance des limites et des contre-indications per- scellement. Le temps gagné sur la mise en forme doit être
mettent de traiter la majorité des anatomies canalaires exploité pour permettre une irrigation plus importante de
avec succès.
la zone apicale.

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11
Irrigation et désinfection
en endodontie
P. MACHTOU

séquentiellement afin d’évaluer la contribution de chacune


Lorsque l’on passe en revue les concepts et modalités cli-
niques d’hier et d’aujourd’hui en endodontie, il est frap- d’entre elles à l’élimination finale des bactéries. Dans la pre-
pant de constater qu’il n’existe pas de consensus sur la mière (Byström et Sundqvist, 1981), où une solution de sérum
plupart des différentes étapes du traitement radiculaire. physiologique a été utilisée pour l’irrigation, les bactéries ont
Dans ce contexte, l’irrigation canalaire ne fait pas excep- persisté dans 8/15 cas en dépit d’un traitement en 5 séances,
tion. En effet, les avis divergent sur le type de solution à suggérant donc que l’instrumentation mécanique per se peut
utiliser, sur la concentration de l’hypochlorite de sodium si réduire considérablement le nombre de bactéries mais est
l’on choisit cette solution et, dans ce cas, sur le volume insuffisante pour une élimination complète de l’infection.
adéquat et le temps d’utilisation minimum. Par ailleurs, Les mêmes auteurs ont ensuite testé l’action de l’hypochlo-
doit-on combiner les solutions ? Doit-on les chauffer ? rite de sodium (NaOCl) à 0,5 % par rapport à celle du sérum
Doit-on utiliser les ultrasons ? Est-il nécessaire d’éliminer physiologique (Bystrom et Sundqvist, 1983) et ont montré
la boue dentinaire ? Doit-on utiliser une médication intra- que le premier agent était plus efficace que le second comme
canalaire entre deux rendez-vous ? Autant de controverses
solution d’irrigation endodontique, permettant d’éliminer les
qui durent…
bactéries dans 12/15 canaux à la 5e séance, justifiant ainsi
l’expression « préparation chimio-mécanique des canaux
L’objectif de ce chapitre est de faire le point sur ces diffé- radiculaires ». Dans leur troisième article, Byström et Sundq-
rentes interrogations en se fondant sur la meilleure preuve vist (1985) ont comparé l’effet antimicrobien du NaOCl à
scientifique disponible afin d’aboutir à une application cli- 0,5 % à celui de son association à de l’EDTA (acide éthylène
nique validée. diamine tétra-acétique, ethylenediamine tetra-acetic acid)
sans trouver un avantage au NaOCl à 5 %, bien que l’ajout
d’EDTA ait donné un meilleur résultat mais non statistique-
ment significatif. Près de 20 ans plus tard, une équipe de
I - Fondements rationnels chercheurs de Caroline du Nord a dupliqué les expérimenta-
de l’irrigation tions de Byström et Sundqvist mais, cette fois, en substituant
la rotation continue à l’instrumentation manuelle pour la
La nature infectieuse de la maladie endodontique est bien mise en forme canalaire (Dalton et al., 1998 ; Shuping et al.,
documentée dans des études réalisées sur des rats axéniques 2000). Les résultats, confirmés par Siqueira et al. (1999 et
(Kakehashi et al., 1965 ; Korzen et al., 1974 ; Paterson, 1976 ; 2000), n’ont montré aucune amélioration sur la réduction de
Paterson et Watts, 1987), sur des primates (Möller et al., 1981 ; la charge bactérienne, suggérant une efficacité comparable
Fabricius et al., 1982) ainsi que chez l’homme, sur des dents des deux approches techniques.
intactes ayant subi un traumatisme accidentel (Bergenholtz, Les études de Byström et Sundqvist, au protocole non discu-
1974 ; Sundqvist, 1992). Si l’on applique une approche systé- table, ont pourtant été l’objet d’une polémique qui dure
matique en endodontie pour prévenir l’accès des micro- encore car on ne comprend toujours pas pourquoi une concen-
organismes buccaux à la chambre pulpaire ou pour éliminer tration forte d’hypochlorite de sodium n’apporte pas l’effica-
les bactéries présentes dans les dents à pulpe nécrosée, on cité espérée par rapport à une concentration plus faible. Il en
peut atteindre un taux élevé de succès pour les traitements est de même pour l’adjonction d’EDTA, normalement dépourvu
endodontiques orthogrades (Byström et al., 1987). Dans cette d’action antiseptique, qui améliore les résultats…
étude, 74/79 lésions péri-apicales ont pu guérir en 2 à 5 ans.
De façon surprenante, les différentes procédures mises en
œuvre lors des traitements endodontiques n’ont été rigou- Remarque : en résumé, on peut arbitrairement diviser le
reusement évaluées que dans un petit nombre d’études. Bys- traitement chimique des canaux en trois entités distinctes :
tröm et Sundqvist ont conduit une série d’études sur l’irrigation peropératoire, le rinçage final et la mise en place
d’une médication intracanalaire (Mohammadi et Abbott,
140 dents monoradiculées à pulpe nécrosée infectée, dans 2009).
lesquelles les variables du traitement ont été changées

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11 Endodontie

II - Rôle de l’irrigation Cl2 + 2NaOH → NaOCl + NaCl + H2O

Le rôle de l’irrigation en endodontie est double. L’irrigation Actuellement, quel que soit son usage, il est généralement
doit avoir : fabriqué par électrolyse d’une solution de chlorure de
• une action physique, qui est essentielle afin d’aider à l’élimi- sodium.
nation des débris organiques et minéraux ainsi que des
micro-organismes. La mise en suspension des débris évite
leur sédimentation et un blocage potentiel du canal radicu-
laire. L’irrigation permet en outre une lubrification des ins- En solution, il est dissocié selon l’équation suivante (HOCl =
truments qui facilite leur nettoyage et maintient leur acide hypochloreux) :
efficacité de coupe ; NaOCl + H2O → NaOH + HOCl.
• une action chimique combinant : En solution aqueuse, l’acide hypochloreux se dissocie partiel-
- une bonne efficacité antibactérienne, lement en anion OCl– (OCl– = ion hypochlorite) :
- une bonne action solvante sur les débris organiques, HOCl → H + OCl–.
- une absence de cytotoxicité pour le péri-apex. Les deux formes HOCl et OCl– sont en équilibre et déter-
À l’évidence, cette dernière propriété s’avère difficilement minent la concentration du produit qui est exprimée en
compatible avec les deux premières, expliquant par là les « chlore actif » ou « chlore disponible ». Le niveau de chlore
recommandations d’utiliser des solutions d’hypochlorite de disponible dépend du pH de la solution. Au-dessus d’un pH
sodium peu concentrées ou de recourir à d’autres produits. de 7,6, la forme prédominante est l’OCl–, en dessous de cette
valeur, c’est l’acide hypochloreux. Les solutions l’hypochlo-
rite de sodium utilisées en endodontie ont un pH de 12, donc
A - Solutions d’irrigation le chlore disponible existe sous forme d’OCl–. À pH 10, tout
Historiquement, de nombreux produits ont été utilisés le chlore disponible est sous la forme d’OCl– et l’inverse se
comme solutions d’irrigation en endodontie. On peut citer produit à pH 4,5, lorsque tout le chlore est sous la forme
en vrac l’eau distillée, les solutions anesthésiques, les acides d’HOCl. Les deux formes sont des agents oxydants extrême-
(citrique et phosphorique), les chélateurs (EDTA), les enzymes ment puissants ; cependant, à des niveaux identiques de
protéolytiques, les solutions alcalines (hypochlorite de chlore actif, l’acide hypochloreux a une capacité oxydante
sodium, hydroxyde de sodium, urée, hydroxyde de potas- bien plus importante que l’ion hypochlorite. Il est respon-
sium), les agents oxydants (eau oxygénée, peroxyde d’urée, sable des actions d’oxydation et de chloration sur les tissus et
eau superoxydée), différents antibiotiques, les ammoniums les bactéries. La dissociation de l’acide hypochloreux dépend
quaternaires, l’eau ozonée et, enfin, la chlorhexidine. du pH, mais l’équilibre clinique entre acide hypochloreux et
ion hypochlorite se maintient au fur et à mesure que l’acide
hypochloreux est dissipé lors de sa fonction bactéricide. Les
Important ! Mais, à l’heure actuelle, rien ne peut remplacer propriétés désinfectantes décroissent avec l’augmentation
l’hypochlorite de sodium qui demeure la solution d’irriga-
du pH de manière parallèle à la concentration de l’acide
tion de choix (Zehnder, 2006) car, elle seule, remplit au
mieux les conditions requises. hypochloreux dissocié (Christensen et al., 2008).
L’hypochlorite de sodium agit comme un solvant des graisses
et des matières organiques en dégradant les acides gras qui
Dans ce chapitre, seules les solutions d’irrigation actuelle- sont transformés en sels d’acides gras (savons) et en glycérol
ment recommandées seront évoquées. (alcool), réduisant ainsi la tension superficielle de la solution
(réaction de saponification).
L’hypochlorite de sodium neutralise les acides aminés en for-
B - Hypochlorite de sodium mant de l’eau et un sel (réaction de neutralisation). La perte
L’hypochlorite de sodium est la solution la plus utilisée en des ions hydroxyle induit une réduction du pH. En présence
endodontie. Elle possède un large spectre antibactérien et son de matières organiques, l’acide hypochloreux présent dans
efficacité a pu être démontrée sur les bactéries, les spores, les les solutions d’hypochlorite libère du chlore qui, combiné au
levures et les virus (McDonnell et Russell, 1999). Cette action groupe de protéines aminées, forme des chloramines qui
est due à sa capacité d’oxydation et d’hydrolyse des protéines perturbent le métabolisme cellulaire (réaction de chlorami-
cellulaires et son hypertonicité permet, par diffusion, l’évacua- nation). L’acide hypochloreux et les ions hypochlorites pro-
tion les fluides cellulaires (Pashley et al., 1985). voquent la dégradation et l’hydrolyse des acides aminés. Par
L’hypochlorite de sodium utilisé sous forme de solution ailleurs, le chlore provoque une oxydation irréversible des
aqueuse (eau de Javel) n’est jamais pur mais est mélangé à du groupements sulfhydryle (SH) et inhibe les principales
chlorure de sodium (NaCl), ce dernier étant naturellement enzymes bactériennes (Estrela et al., 2002).
présent lors de la fabrication de l’hypochlorite.
Historiquement, l’hypochlorite de sodium a traditionnelle- 1 - Historique
ment été produit par barbotage de gaz de chlore à travers Le chlore est découvert en 1774 par le chimiste suédois
une solution de soude (NaOH). Scheele. Quelques années après, Berthollet étudie les pro-

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
priétés décolorantes du chlore et en tire un procédé de blan- à des concentrations inférieures à 0,1 %, éradiquait très rapi-
chiment des toiles utilisant une solution de chlorure et dement les bactéries (Waltimo et al., 1999 ; Vianna et al.,
d’hypochlorite de potassium : c’est l’invention de la « lessive 2004 ; Portenier et al., 2005). Par ailleurs, il existe une grande
de Berthollet » bientôt dénommée « eau de Javel » du nom distorsion entre les excellents résultats obtenus in vitro et
du premier site de production. ceux des études in vivo qui s’avèrent extrêmement déce-
En 1820, le pharmacien Labarraque étudie les qualités désin- vants.
fectantes des dérivés chlorés et des hypochlorites de potas-
sium et de sodium. Il met au point une solution de chlorure Cliniquement, il faut comprendre que la présence d’exsu-
et d’hypochlorite de sodium qu’il appelle « liqueur de Labar- dat inflammatoire et de débris tissulaires ainsi que la
raque ». En 1900, on appelle eau de Javel l’hypochlorite de charge bactérienne dissipent rapidement le chlore dispo-
potassium et eau de Labarraque l’hypochlorite de sodium. nible et réduisent l’efficacité de l’hypochlorite de sodium.
Plus tard, le procédé de fabrication remplace le potassium
par le sodium, sans changement de nom.
Lors de la Première Guerre mondiale, le chimiste américain Il s’ensuit donc qu’une irrigation continue et que le temps
Dakin (1915) met au point, avec le chirurgien français Carrel, d’action de la solution sont des facteurs importants qui
un antiseptique à base d’hypochlorite de sodium dilué à régissent son efficacité. Enfin, la complexité de l’anatomie
0,5 % et tamponné avec du bicarbonate de soude à un pH de endodontique et la difficulté de pénétration de l’irrigation
9, pour l’irrigation des blessures cutanées infectées. Austin et dans la région apicale (Senia et al., 1971) doivent être prises en
Taylor (1918) démontrent in vivo et in vitro son action sol- compte d’un œil critique.
vante sur les tissus nécrosés et sa bonne tolérance par les
tissus vivants. La première mention de l’hypochlorite de 3 - Action solvante (Grossman et Meiman, 1941 ; Senia
sodium dans un ouvrage de dentisterie est faite par Coolidge et al., 1971 ; The, 1979 ; Koskinen et al., 1980 ; Gordon
(1919), mais son utilisation en solution d’irrigation canalaire et al., 1981)
est recommandée pour la première fois par Walker en 1936. En 1941, Grossman et Meiman ont réalisé une expérimenta-
Grossman (1943), comme Walker, conseille la solution de tion simplissime pour évaluer la capacité solvante de l’hypo-
NaOCl USP « double strength » contenant plus de 5 % de chlorite de sodium. Après avoir extirpé des pulpes de dents
chlore actif qui correspond à peu près à la concentration des vivantes, ils les ont immergées dans un récipient contenant
solutions à usage domestique comme le Clorox. Lewis (1954) une solution d’hypochlorite de sodium à 5 %. La digestion
est le précurseur de l’utilisation du Clorox aux États-Unis. complète du tissu pulpaire a pu être observée dans une four-
chette de temps de 20 minutes à 2 heures.
Remarque : récemment, Frais et Gulabivala (2001) ont mon-
tré que les solutions d’hypochlorite du commerce étaient Deux facteurs peuvent expliquer l’extrême efficacité de
facilement disponibles, peu coûteuses, stables dans le l’hypochlorite de sodium dans cette étude :
temps et donc parfaitement utilisables cliniquement. - le grand volume de la solution (donc du chlore dispo-
nible) par rapport à la quantité de tissu présent ;
- le parfait contact de la solution avec le tissu.
2 - Action antibactérienne
Une littérature pléthorique existe sur l’action antibactérienne Naenni et al. (2004) ont comparé la capacité solvante de dif-
de l’hypochlorite de sodium en endodontie avec, souvent, férentes solutions d’irrigation sur des échantillons standardi-
des résultats contradictoires. Certaines études rapportent sés du tissu palatin porcin nécrosé : hypochlorite de sodium
que l’hypochlorite de sodium élimine les bactéries en à 1 % (wt/vol), chlorhexidine à 10 %, eau oxygénée à 3 et
quelques secondes, même à faible concentration, alors que 30 %, acide acétique à 10 %, dichloro-isocyanurate (NaDCC) à
d’autres évaluent des temps d’action considérablement plus 5 % et acide citrique à 10 %. Aucune des solutions testées, à
longs sur les mêmes espèces. Ainsi, plutôt que de faire une l’exception de l’hypochlorite de sodium, n’a montré d’action
revue de littérature médicale exhaustive qui n’ajouterait que solvante substantielle sur les tissus. Les auteurs concluent
davantage de confusion, il est plus utile d’essayer de com- que l’on doit tenir compte cliniquement de ces résultats si
prendre pourquoi cette disparité existe. Haapasalo et al. l’on décide de choisir une solution d’irrigation différente de
(2010) attribuent ces différences de résultats aux nombreux l’hypochlorite de sodium.
facteurs de confusion présents dans la plupart des études Okino et al. (2004) ont comparé l’action protéolytique sur du
publiées. Ainsi, la présence de matières organiques, qui n’est tissu pulpaire bovin de différentes concentrations d’hypo-
pas contrôlée, ainsi que le pH (Zehnder et al., 2002 ; Chris- chlorite de sodium (0,5 %, 1 % et 2,5 %) avec une solution
tensen et al., 2008) réduisent l’efficacité bactéricide de l’hy- aqueuse de digluconate de chlorhexidine (CHX) à 2 % et un
pochlorite de sodium. De même, l’environnement dentinaire gel de chlorhexidine (Natrosol™), l’eau distillée étant utilisée
retarde considérablement l’action antiseptique des médica- comme contrôle. Au bout de 6 heures, les deux solutions de
ments (Haapasalo et al., 2000). Lorsque ces facteurs sont éli- chlorhexidine et l’eau distillée n’ont eu aucune action sol-
minés, on a pu montrer que l’hypochlorite de sodium, même vante sur le tissu pulpaire alors que les taux moyens de disso-

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11 Endodontie

lution pour l’hypochlorite de sodium à 0,5 %, 1 % et 2,5 % ont tion de brûlure, un larmoiement profus et une rougeur de la
été respectivement de 0,31, 0,43 et 0,55 mg/min. cornée. Les conséquences d’un tel incident sont en en géné-
Clarkson et al. (2006) ont testé l’action solvante de deux ral bénignes si l’on prend soin de pratiquer une irrigation ocu-
concentrations d’hypochlorite de sodium sur le tissu pul- laire abondante avec de l’eau du robinet ou du sérum
paire d’incisives porcines et ont trouvé que la concentration physiologique. Il est également possible d’adresser le patient
la plus élevée provoquait la dissolution la plus rapide. Récem- à un ophtalmologiste pour un examen ultérieur plus appro-
ment, un surfactant a été ajouté à de l’hypochlorite de fondi et un éventuel traitement (Ingram, 1990). Pendant le
sodium à 6 % (Chlor-Xtra™, Vista Dental) (fig. 11.1). traitement, le port systématique d’une paire de lunettes de
soleil permet d’éviter ce type de désagrément.
Par rapport à une solution classique de même concentra-
tion, on constate une dissolution plus rapide du tissu pul- Remarque : mais, de loin, le principal reproche que l’on fait
paire, vraisemblablement à cause d’une meilleure habituellement à l’hypochlorite de sodium concerne sa
mouillabilité (Clarkson et al., 2006 ; Stojicic et al., 2010). cytotoxicité, notamment en cas d’injection accidentelle
dans le péri-apex.

En effet, il est bien documenté que l’hypochlorite de sodium


a des effets toxiques sur les tissus vivants, provoquant une
hémolyse, une ulcération et une nécrose des tissus (Pashley
et al., 1985). Cliniquement, la majorité des endodontistes
nord-américains utilisent une solution d’hypochlorite de
sodium du commerce à 5 %. Pourtant, très tôt, Spangberg
et al. (1973) avaient stigmatisé la toxicité des solutions
concentrées de l’hypochlorite de sodium sur des cellules
HeLa et recommandaient l’utilisation d’une concentration à
0,5 %, tamponnée avec du bicarbonate de sodium (Dakin,
1915) dont les propriétés antibactériennes sont maintenues et
la toxicité considérablement réduite. Ces résultats ont
conduit à penser qu’une solution d’hypochlorite de sodium à
0,5 % ou 1 % tamponnée était bien adaptée pour un usage
endodontique. Mais, contrairement aux idées reçues, il
s’avère qu’il n’y a aucun avantage à tamponner l’hypochlorite
de sodium avec du bicarbonate de sodium pour en diminuer
sa toxicité. C’est la quantité de chlore disponible qui est res-
ponsable des propriétés solvantes et bactéricides de l’hypo-
chlorite de sodium et non l’osmolarité, le pH et l’effet
tampon. L’abaissement du pH à 9 ne rend pas la solution
moins agressive qu’une solution pure (Zehnder et al., 2002).

Figure 11.1 Chlor-Xtra™ (Vista Den-


Le problème de la toxicité de l’hypochlorite de sodium est
tal Products).
l’objet de pléthore de textes mais il faut bien réaliser qu’ils
font référence à de multiples rapports de cas où une faute
opératoire évidente a été commise : il s’agit soit d’une
4 - Inconvénients et complications potentielles pression extrême sur le piston de la seringue lors de l’irri-
gation, soit d’un blocage de l’aiguille dans le canal. Dans la
On a reproché à l’hypochlorite de sodium sa mauvaise majorité des cas, une perforation ou un apex ouvert ou
odeur, son mauvais goût et la possibilité d’endommager déchiré par l’action des instruments était présent (Hüls-
les vêtements en cas de contact car c’est un produit mann et Hahn, 2000).
domestique blanchissant.

Ces désagréments peuvent être facilement évités par la mise La réaction est immédiate, extrêmement violente et doulou-
en place d’une digue étanche, par la protection adéquate du reuse même sous anesthésie, avec un gonflement des tissus,
praticien et du patient dans le cadre d’une organisation de un hématome et un saignement profus. L’acte opératoire doit
travail efficace et réfléchie et par l’utilisation d’une seringue être interrompu, des compresses froides doivent être immé-
avec un dispositif Luer-Lock d’attache de l’aiguille. On a éga- diatement appliquées sur la région faciale pour soulager la
lement rapporté l’incidence d’une blessure oculaire si une douleur et la dent doit être laissée ouverte pour optimiser le
goutte d’hypochlorite de sodium est projetée dans les yeux drainage. Une prescription antibiotique et antalgique est
du patient, provoquant une douleur immédiate, une sensa- recommandée ainsi que l’application de compresses chaudes

222

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
après dissipation de la douleur. Il est important de rassurer le
- elle doit être agitée mécaniquement (Moorer et Wesse-
patient, de lui faire part de l’évolution probable de la situa- link, 1982 ; Stojicic et al., 2010) ;
tion dans les jours qui suivent et de rester quotidiennement - elle doit être régulièrement renouvelée (Baumgartner et
en contact téléphonique avec lui. En général, tout rentre Cuenin, 1992).
dans l’ordre en 2 semaines.
Par ailleurs, des études in vitro ont montré qu’une exposition
prolongée de la dentine à une concentration élevée d’hypo- Une revue de littérature médicale, synthétique et actualisée,
chlorite de sodium réduisait ses propriétés mécaniques (élas- sur l’hypochlorite de sodium en endodontie est disponible
ticité et résistance à la flexion) par la dégradation de sa (Mohammadi, 2008b).
composante organique (Marending et al., 2007a). Enfin, un
seul rapport de cas existe sur le risque allergique lié à l’utili-
sation de l’hypochlorite de sodium en endodontie (Calişkan
C - Digluconate de chlorhexidine
et al., 1994). Ce risque semble donc exceptionnel.
La tendance actuelle est de vouloir remplacer l’hypochlo-
rite de sodium par la chlorhexidine car cette dernière ne
5 - Faut-il chauffer l’hypochlorite de sodium ? possède pas certaines des caractéristiques indésirables de
Il est admis que l’augmentation de température optimise les l’hypochlorite de sodium, notamment sa cytotoxicité sup-
réactions chimiques. En 1980, Cunningham et Balekjian ont posée trop grande pour le péri-apex et son odeur désa-
gréable.
montré qu’une solution d’hypochlorite de sodium à 2,6 %
chauffée à 37 °C avait la même efficacité solvante et antibac-
térienne qu’une solution à 5,25 % à température ambiante, La littérature endodontique récente est pléthorique sur l’usage
mais que, dans ces conditions, le chlore actif était plus rapi- de la chlorhexidine, comme l’atteste une recherche bibliogra-
dement dissipé. Il apparaît donc intéressant d’utiliser des phique effectuée sur PubMed – avec les termes MeSH sui-
solutions moins concentrées mais chauffées afin d’en dimi- vants : « chlorhexidine » [MeSH Terms] OR « chlorhexidine »
nuer la toxicité sans préjudice pour leur efficacité. Récem- [All Fields] AND « endodontics » [MeSH Terms] OR « endo-
ment, Sirtes et al. (2005) ont évalué les effets de la dontics » [All Fields] – et qui ne propose pas moins de 251 publi-
température sur la stabilité à court terme, l’action solvante et cations dont 207 pour les 10 dernières années.
antibactérienne de l’hypochlorite de sodium. Les conclu-
sions suivantes en ont été tirées :
La chlorhexidine est un antiseptique à large spectre et un
- les solutions chauffées demeurent stables pendant la agent antifongique efficace spécialement sur Candida
période d’observation (60 min), ce qui correspond au temps albicans (Siqueira et Sen, 2004).
moyen de réalisation du traitement endodontique ;
- la solution d’hypochlorite de sodium à 1 % à 45 °C dissout le
tissu pulpaire aussi efficacement que celle à 5,25 % à 20 °C. Elle est largement utilisée en dentisterie en tant que denti-
À 60 °C, la solution à 1 % est significativement plus efficace frice et bains de bouche, car elle permet un bon contrôle de
(p < 0,05) ; la plaque dentaire. C’est un biguanide cationique chloré syn-
- à concentration égale, une solution d’hypochlorite de thétique qui réagit avec les groupements chargés négative-
sodium a une action antibactérienne 100 fois plus grande à ment de la paroi bactérienne et qui est immédiatement
45 °C qu’à 20 °C. adsorbé à la surface des bactéries. L’effet sur la cellule bacté-
Rossi-Fedele et Figueiredo (2008) confirment que l’efficacité rienne dépend de la quantité de produit adsorbé et du type
solvante est la plus grande quand hypochlorite de sodium est de micro-organisme atteint :
chauffé à 60 °C. Il est clair qu’à l’intérieur du canal, les tempéra- - pour des concentrations faiblement bactéricides, la paroi
tures s’équilibrent rapidement. Il est donc nécessaire de renou- cellulaire est altérée avec fuite des éléments cytoplas-
veler fréquemment la solution d’irrigation chauffée. En l’état miques et inhibition de certaines enzymes cellulaires ;
actuel des choses, il n’y a pas de contre-indication à chauffer - pour des concentrations fortement bactéricides, la cellule
extemporanément l’hypochlorite de sodium à 45 ou 60 °C à semble intacte, en fait le cytoplasme apparaît coagulé, pro-
l’aide d’un réchauffe-café ou d’un chauffe-biberon par exemple. bablement par précipitation des protéines et de l’acide
Si l’on veut résumer l’ensemble des données existantes sur nucléique.
l’action solvante et antibactérienne de l’hypochlorite de En endodontie, la chlorhexidine est recommandée comme
sodium, quatre facteurs doivent impérativement être pris en solution d’irrigation et/ou en médication intracanalaire sous
considération : forme de liquide ou de gel (Wang et al., 2007), à une concen-
tration de 2 % (fig. 11.2). L’adjonction d’un agent tensio-actif à
- il faut utiliser de grandes quantités d’hypochlorite de une solution de chlorhexidine à 2 % (CHX-Plus, Vista Dental)
sodium afin d’avoir une réserve de chlore actif toujours semble apporter une meilleure efficacité pour éliminer les
disponible (The, 1979) ; bactéries planctoniques et partiellement celles du biofilm
- la solution doit arriver au contact des tissus (Trepagnier (Williamson et al., 2009 ; Shen et al., 2010a). Il est à noter, dès
et al., 1977) ;
à présent, qu’à cette concentration, la chlorhexidine n’est pas

223

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11 Endodontie

médication intracanalaire in vivo pendant 7 à 15 jours ne


réduit pas la concentration bactérienne en dessous de celle
obtenue à la fin de première séance ». L’utilisation d’un gel à
2 % n’est pas plus concluante (Wang et al., 2007).

Reste son utilisation potentielle en rinçage final à la fin


de la mise en forme canalaire pour bénéficier de son
action bactéricide rémanente… Malheureusement, si l’on
a utilisé de l’hypochlorite de sodium en solution d’irriga-
tion peropératoire, la chlorhexidine interagit avec l’hypo-
chlorite sodium résiduel en formant un précipité brunâtre
qui contient de la « parachloroaniline (PCA) et son pro-
duit de dégradation, le 1-chloro-4-nitrobenzène, qui sont
carcinogènes et mutagènes » (Basrani et al., 2007 ; Bui
et al., 2008).

On peut néanmoins prévenir l’apparition de ce précipité non


pas en utilisant un rinçage final avec de l’eau distillée ou du
sérum physiologique mais avec de l’alcool pur (Krishnamur-
thy et Sudhakaran, 2010) afin d’éliminer toute trace d’hypo-
chlorite de sodium. Mais cette étape supplémentaire
complique encore la procédure d’irrigation.
Pour une revue exhaustive de l’action de la chlorhexidine en
endodontie, le lecteur peut consulter avec profit deux articles
synthétiques récents : Mohammadi (2008a) et Mohammadi et
Abbott (2009).
Figure 11.2 Cavity Cleanser™ (Bisco).

moins caustique que l’hypochlorite de sodium (Spangberg D - Rinçage final : EDTA, acide citrique
et al., 1973). Une des raisons de la popularité de la chlorhexi- MTAD (Hülsmann et al., 2003)
dine réside dans ses propriétés bactéricides rémanentes car
Les manœuvres instrumentales effectuées lors de la mise en
elle se fixe sur les tissus durs, ce qui prolonge son action.
forme canalaire créent, en milieu humide, une pellicule de
Mais comme la plupart des antiseptiques utilisés en endo-
boue dentinaire (ou smear layer) de 1 à 5 µm d’épaisseur
dontie, le pH du milieu, la présence des constituants de la
(Mader et al., 1984), composée d’un agrégat de débris orga-
dentine (hydroxyapatite et collagène) ainsi que les débris
niques et minéraux (fig. 11.3). Aujourd’hui, même s’il n’existe
organiques ou les liquides inflammatoires réduisent considé-
pas de consensus sur l’élimination de la boue dentinaire (Vio-
rablement son efficacité (Haapasalo et al., 2000).
lich et Chandler, 2010), il est généralement recommandé de
le faire afin de réaliser un parage canalaire complet et d’amé-
Note : par ailleurs, son action antibactérienne, qui est loin liorer l’efficacité des médications intracanalaires ainsi que
d’être meilleure que celle de l’hypochlorite de sodium (Rin-
gel et al., 1982 ; Jeansonne et White, 1994) a principalement l’étanchéité de l’obturation (Shahravan et al., 2007). La boue
été mise en évidence in vitro et ex vivo, sur des germes ana- dentinaire n’existe que là où les instruments ont travaillé
érobies à Gram positif, que l’on rencontre surtout dans les (Mader et al., 1984). À condition d’utiliser les produits appro-
priés, on peut donc l’éliminer de façon prévisible et repro-
cas d’échec endodontique. Son efficacité est bien moindre ductible car les solutions d’irrigation suivront la trajectoire
sur les bactéries anaérobies à Gram négatif, présentes de la préparation canalaire (Caron et al., 2010) (fig. 11.4).
essentiellement dans les traitements initiaux des dents Cependant, selon la situation clinique, elle n’a pas la même
infectées, ce qui laisse supposer que son utilité en tant
composition (tableau 11.1).
qu’agent antibactérien en endodontie est surestimée.
L’hypochlorite de sodium n’étant actif que sur la compo-
De plus, dépourvue de toute action solvante sur les débris sante organique, il est donc nécessaire d’utiliser d’autres
organiques nécrosés (Naenni et al., 2004), elle ne peut donc solutions d’irrigation pour se débarrasser de la compo-
remplacer l’hypochlorite de sodium comme solution d’irriga- sante minérale de la dentine. L’EDTA et l’acide citrique (AC)
tion peropératoire. dissolvent les tissus minéraux mais n’ont pas ou peu d’ac-
Sous forme liquide, elle peut faire office de médication intra- tion sur les matières organiques. En revanche, la gestion du
canalaire, mais une étude récente (Paquette et al., 2007) biofilm doit faire l’objet de mesures spécifiques qui seront
abordées plus loin.
conclue que « l’application de chlorhexidine 2 %, liquide, en

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
Cependant, on a pu montrer que « réduire la tension superfi-
cielle des solutions chélatrices en endodontie est sans effet
sur leur capacité à déplacer les ions calcium de la dentine »
(Zehnder et al., 2005a).

Actuellement, l’EDTA est habituellement utilisé sous


forme liquide à 17 % (fig. 11.5). Il en est de même pour
l’acide citrique dont la concentration la plus courante est
10 %. Les deux produits ont une efficacité comparable
pour éliminer la boue dentinaire en rinçage final alterné
avec de l’hypochlorite de sodium (Zehnder et al., 2005b)
en fin de mise en forme.

Cette combinaison améliore l’action antibactérienne des


médications intracanalaires au niveau des couches profondes
Figure 11.3 Boue dentinaire sur les parois cana- de la dentine (Ørstavik et Haapasalo, 1990). Cependant, dans
laires. ces conditions d’utilisation, on a constaté une érosion signifi-
cative de l’orifice des canalicules dentinaires (Niu et al., 2002)
dont l’impact clinique reste à démontrer. Dans le doute, il y a
donc intérêt à réduire le temps d’action des deux solutions
lors du rinçage final puisqu’on ne note pas de différence d’ef-
ficacité dans l’élimination de la boue dentinaire après 1, 2 ou
3 minutes d’utilisation des deux produits (Teixeira et al.,
2005 ; Saito et al., 2008). Par ailleurs, une pratique clinique
fréquente consiste à alterner hypochlorite de sodium et
EDTA en irrigation peropératoire lors de la mise en forme
canalaire.

Figure 11.4 Élimination de la boue dentinaire.


À gauche, paroi instrumentée, à droite, zone
non instrumentée.

Tableau 11.1 Élimination de la boue dentaire


Débris Débris Matériaux
Biofilm
organiques minéraux d’obturation
Dent vivante × ×
Dent nécrosée × × ×
Retraitement

L’EDTA a été introduit en endodontie par Nygaard-Østby


(1957) pour ses propriétés chélatantes afin de faciliter les
manœuvres instrumentales lors de la préparation canalaire. Il
s’agissait au départ d’une solution à 15 %, de pH 7,3, qui a été
ensuite modifiée par l’adjonction d’un surfactant, le Ceta-
vlon, et qui a pris le nom d’EDTAC (ethylenediamine tetra-
acetic acid plus Cetavlon) pour améliorer la mouillabilité et
la pénétration du produit (donc son efficacité) dans les Figure 11.5 EDTA 17 % liquide
canaux radiculaires (Von der Fehr et Nygaard-Østby, 1963). (Vista Dental Products).

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11 Endodontie

(Solovyeva et Dummer, 2000) et l’ozone sous forme de gaz,


Remarque : cette approche doit être évitée car « mélangé à
d’eau ozonée puis d’eau ozonée chlorée (Azarpazhooh et
l’hypochlorite de sodium, l’EDTA conserve son action chéla-
trice, mais fait perdre à l’hypochlorite de sodium son action Limeback, 2008) ont pu connaître un certain crédit consécuti-
solvante et antibactérienne par élimination du chlore libre » vement à de rares études apparemment prometteuses mais
(Grawehr et al., 2003). dont les résultats n’ont jamais pu être confirmés.

L’EDTA et l’acide citrique existent également sous forme de


gel sans qu’il y ait d’études comparatives sur leur efficacité
respective. Cependant, la forme liquide doit être recomman-
III - Médication intracanalaire
dée en cas d’instrumentation mécanisée des canaux car, Le succès en endodontie dépend de la possibilité d’éradiquer
contrairement aux idées reçues, elle diminue de manière complètement la contamination bactérienne lors du traite-
significative les stress mécaniques et, en particulier, le couple ment endodontique ; mais si des micro-organismes persistent
de torsion (Boessler et al., 2007). au moment de l’obturation, le risque d’échec augmente (Sjö-
Récemment, des combinaisons de produits telles que le Bio- gren et al., 1997). Byström et Sundqvist (1981, 1985) ont souli-
Pure™ MTAD (Dentsply Tulsa Dental) ou le Tetraclean™ ont été gné l’importance d’utiliser une solution d’irrigation
mises sur le marché afin de disposer d’une solution d’irriga- antiseptique lors du traitement radiculaire pour réduire sen-
tion universelle pour la désinfection canalaire. Comme ces siblement la charge bactérienne, mais celle-ci ne peut être
solutions sont dépourvues d’action solvante, on s’est vite complètement éliminée à la fin de la mise en forme (Siqueira
rendu compte qu’elles ne pouvaient remplacer l’hypochlo- et al., 2002). Si le canal est laissé vide entre deux séances, les
rite de sodium. Leur utilisation a donc été restreinte à l’élimi- bactéries se multiplient pour rapidement atteindre leur
nation de la boue dentinaire en combinaison avec niveau initial (Byström et Sundqvist, 1983). Il semble donc
l’hypochlorite de sodium. Le BioPure™ est une mixture d’un logique d’envisager la mise en place d’une médication intra-
agent tensio-actif, le Tween 80, d’une tétracycline, la doxycy- canalaire non seulement pour maintenir l’assainissement réa-
cline, et d’acide citrique. Malgré une longue série d’articles lisé par la mise en forme canalaire mais encore pour
par Torabinejad et son équipe (Torabinejad et al., 2003a, compléter la désinfection (Byström et Sundqvist, 1985). L’effi-
2003b et 2003c ; Shabahang et al., 2003 ; Shabahang et Tora- cacité des médicaments formolés ou phénolés qu’on utilisait
binejad 2003) destinés à prouver son efficacité antimicro- initialement s’étant avérée totalement illusoire, car leur
bienne, l’intérêt clinique du produit est discutable. Kho et action désinfectante disparaît au bout d’une journée
Baumgartner (2006) ne trouvent pas de différence entre les (Koontongkaew et al., 1988), l’hydroxyde de calcium [Ca(OH)2]
combinaisons NaOCl/BioPure™ MTAD et NaOCl/EDTA pour s’est alors imposé comme le pansement canalaire de choix et
éliminer Enterococcus faecalis. Ruff et al. (2006) ont montré le plus largement utilisé en endodontie (Law et Messer, 2004).
sa complète inefficacité sur les levures. De plus, il s’avère que L’hydroxyde de calcium a été introduit en dentisterie par
le rinçage final alterné de NaOCl/EDTA s’avère plus efficace Hermann en 1920. C’est une substance alcaline puissante
que la combinaison NaOCl/BioPure™ pour éliminer la boue dont le pH est situé entre 12, 5 et 12,8 et qui présente des
dentinaire (Johal et al., 2007). Enfin, les résistances bacté- propriétés biologiques intéressantes dans plusieurs situa-
riennes à la tétracycline ne sont pas rares, de même que la tions cliniques : une capacité de stimulation et d’induction
décoloration de la dentine (Tay et al., 2006). En raison de la des tissus durs ainsi qu’une action antibactérienne impor-
présence de tétracycline, le BioPure™ n’a pas reçu l’autorisa- tante liée à son pH élevé. En effet, les bactéries ne peuvent
tion de mise sur le marché en Europe. Le Tetraclean™ est un survivre dans un tel environnement alcalin (Heithersay, 1975),
produit similaire mais la doxycycline y est réduite d’un tiers. ce qui fait de l’hydroxyde de calcium un médicament intraca-
Elle est combinée avec du propylène glycol, de l’acide nalaire approprié. Son action antibactérienne est liée à la
citrique et du cétrimide. Par rapport au BioPure™, le Tetra- libération des ions hydroxyles (OH–) qui endommagent la
clean™ semble montrer une meilleure efficacité antibacté- membrane cytoplasmique des micro-organismes, inhibent la
rienne (Giardino et al., 2007 ; Pappen et al., 2010). réplication de leur ADN et provoquent la dénaturation des
protéines (Siqueira et Lopes, 1999). Pour être efficaces, les
ions OH– doivent pouvoir diffuser dans la dentine radiculaire
E - Autres solutions d’irrigation mais le changement du pH dentinaire dépend à la fois du
À différentes périodes, l’eau distillée, le sérum physiologique, temps d’application et de la distance par rapport à la cible
l’eau oxygénée, le peroxyde d’urée et les composés iodés ont bactérienne (Nerwich et al., 1993). La meilleure diffusion est
pu être recommandés pour l’irrigation canalaire. À l’exception obtenue en mélangeant l’hydroxyde de calcium avec un véhi-
de l’iode, sous forme d’iode dans de l’iodure de potassium (IKI), cule aqueux mais les pansements doivent être changés plu-
dont l’action antibactérienne est importante mais qui colore la sieurs fois. Les véhicules visqueux (glycérine, polyéthylène
dentine et qui présente un risque allergique, aucune des autres glycol, propylène glycol) favorisent une solubilité plus lente
solutions n’a une action bactéricide comparable à celle de donc maintiennent la pâte pendant de plus longues périodes,
l’hypochlorite de sodium et toutes sont dépourvues de pou- mais il semble qu’ils ralentissent la libération des ions OH–
voir solvant. Récemment, l’eau activée électrochimiquement (Safavi et Nakayama, 2000).

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
D’innombrables études in vitro sont disponibles pour étayer totalité du réseau canalaire, leur fonction première de parage
l’efficacité antibactérienne de l’hydroxyde de calcium (voir canalaire s’est vue substituée par celle de fournir un accès
revues effectuées par Law et Messer, 2004 ; El Karim et al., radiculaire aux solutions d’irrigation pour qu’elles puissent
2007 ; Athanassiadis et al., 2007) mais celle-ci ne peut s’exer- atteindre ces zones difficiles. » Ainsi, si l’on recherche le
cer que s’il y a contact direct avec les bactéries, ce qui n’est maximum d’efficacité de l’irrigation antiseptique, celle-ci
pas toujours possible cliniquement. De plus, une revue systé- doit pouvoir atteindre le tiers apical.
matique et une méta-analyse sur l’action antibactérienne de Une revue exhaustive de la littérature actuelle sur l’irrigation
l’hydroxyde de calcium montrent que sa capacité à éradiquer en endodontie – utilisant les termes MeSH suivants : « irriga-
complètement les bactéries est remise en question (Sathorn tion » [MeSH Terms] OR « irrigation » [All Fields] AND « endo-
et al., 2007a). Par ailleurs, la résistance d’E. faecalis à l’action dontics » « [MeSH Terms] OR « endodontics » [All
de l’hydroxyde de calcium est bien documentée (Siqueira et Fields] – identifie 687 publications dont plusieurs centaines
de Uzeda, 1996) et, comme pour tous les médicaments, la se focalisent sur l’action chimique de l’irrigation alors que
présence de dentine inhibe les propriétés antiseptiques de très peu d’entre elles ont cherché à comprendre le compor-
l’hydroxyde de calcium (Haapasalo et al., 2000 ; Portenier tement physique des solutions lorsqu’elles sont délivrées
et al., 2001). Dans une étude clinique, Peters et al. (2002) ont dans les canaux radiculaires. En effet, le meilleur des produits
émis des doutes sur son efficacité antimicrobienne et ne sera d’aucune utilité s’il ne peut pénétrer profondément
trouvent un nombre de cultures positives accru après médi- dans les canaux, entrer en contact avec les tissus et/ou les
cation à l’hydroxyde de calcium. D’autres études ont confirmé bactéries et être renouvelé.
ces résultats et mettent en évidence, de façon inattendue, Quelques rares études sur la pénétration des solutions ont
une inversion de culture qui, de négative à la fin de la mise en été publiées dans les années 1970 et 1980, suivies d’un long
forme, devient positive après médication à l’hydroxyde de silence de près de 20 ans. C’est seulement récemment que ce
calcium lors du deuxième rendez-vous (Reit et al., 1999 ; problème crucial a été de nouveau étudié de façon plus
Peters et Wesselink 2002 ; Waltimo et al., 2005). Aujourd’hui, scientifique et plus large (tableau 11.2). Les méthodologies
afin d’améliorer l’efficacité antibactérienne de l’hydroxyde utilisées sont résumées dans le tableau 11.3.
de calcium, on en arrive à le combiner à l’iodure de potas- Comme Senia et al. (1971), l’ensemble des études récentes
sium ou à la chlorhexidine (Siren et al., 2004) mais le meilleur concluent que le tiers apical représente la limite d’efficacité
résultat est obtenu par la combinaison hydroxyde de cal- de l’irrigation. Pourtant, sur les dents infectées, c’est dans les
cium/CMCP (calcium hydroxide camphorated parachlorphe- derniers millimètres apicaux que se situent les bactéries
nol) (Siqueira et al., 2007)… nocives (Molven et al., 1991 ; Nair 2004), ce qui a conduit à la
Par ailleurs, la validité de la culture bactérienne en anaérobie recommandation de sur-préparer mécaniquement la région
est remise en question (Sathorn et al., 2007b) en raison de la apicale des canaux (Baugh et Wallace, 2005) pour éliminer la
complexité du réseau canalaire et de la diversité de la flore dentine infectée (Card et al., 2002). Ces études ne donnent
microbienne endodontique que l’on a pu identifier plus pré- cependant qu’une information indirecte sur la façon dont
cisément par les techniques moléculaires (Rolph et al., 2001 ; l’irrigation a été délivrée et sur les effets respectifs de l’ins-
Siqueira et Rôças, 2009). Enfin, l’hydroxyde de calcium est trumentation et de l’irrigation qu’il est impossible de distin-
difficile à éliminer des parois canalaires et sa présence com- guer. Une étude récente par Khademi et al. (2006) a montré
promet la sensibilité des prélèvements microbiens (Molan- que lorsque des canaux courbes sont préparés avec une coni-
der et al., 1990). Toutes ces nouvelles données remettent cité de 6 %, un diamètre apical de 30 est suffisant pour per-
aujourd’hui en cause le bien-fondé du traitement endo- mettre d’éliminer la boue dentinaire dans la région apicale.
dontique en plusieurs séances (Peters et Wesselink, 2002 ;
Sathorn et al., 2005). Tableau 11.2 Études sur la pénétration des solutions d’irrigation.
Années 1970-1980 Depuis 2004
Senia et al. (1971) Sedgley et al. (2004)
IV - Dynamique de l’irrigation Ram (1977) Sedgley et al. (2005)
Salzgeber et Brilliant (1977) Nguy et Sedgley (2006)
Même s’il existe, aujourd’hui, un consensus sur l’hypochlorite
Machtou (1980) Van der Sluis et al. (2006)
de sodium comme solution d’irrigation de choix en endo- Moser et Heuer (1982) Boutsioukis et al. (2007)
dontie, toutes les études montrent clairement qu’il n’est pas Abou-Rass et Piccinino (1982) Hsieh et al. (2007)
possible de stériliser un réseau canalaire infecté car la région Chow (1983) Boutsioukis et al. (2009)
apicale représente la limite d’efficacité de l’irrigation (Senia Teplisky et al. (1987) De Gregorio et al. (2009)
et al., 1971). S’il est acquis que les instruments font la mise en Druttman et Stock (1989) Gao et al. (2009)
Boutsioukis et al. (2010a et 2010b)
forme et que les solutions d’irrigation nettoient et désin- Bronnec et al. (2010a et 2010b)
fectent (Schilder, 1974 ; Baumgartner et Mader, 1987), De Gregorio et al. (2010)
aujourd’hui, en accord avec Gulabivala et al. (2005), nous Shen et al. (2010b)
assistons en endodontie à un changement de paradigme : Tay et al. (2010)
« Puisque les manœuvres instrumentales ne peuvent gérer la Zou et al. (2010)

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11 Endodontie

Tableau 11.3 Études sur la pénétration des solutions d’irrigation : méthodologie.


Moyen Étude
Colorants Machtou, (1980), Chow (1983), Druttman et Stock(1989)
Milieu de contraste radio-opaque Ram (1977), Salzgeber (1977), Machtou (1980), Abou-Rass et Piccinino (1982), Teplisky
et al. (1987)
Imagerie en temps réel de bactéries bio-luminescentes Sedgley et al. (2004 et 2005), Nguy et Sedgley (2006)
Analyse d’image thermique Hsieh et al. (2007)
Modélisation de la dynamique des fluides Boutsioukis et al. (2009, 2010a et 2010b), Gao et al. (2010), Shen et al. (2010b)
Coloration de dentine et hypochlorite de sodium Zou et al. (2010)
Soustraction digitale radiographique Bronnec et al. (2010a et 2010b)

Le même résultat peut être obtenu avec un diamètre forami- seule la mise en forme conique complète du canal permet
nal plus petit et une conicité apicale avoisinant 10 %. Bron- d’intéresser totalement sa trajectoire.
nec et al. (2010a et 2010b) ont montré que la réutilisation Klinghofer (1990) duplique le protocole de Yana, cette fois
d’une lime de perméabilité de petit calibre tout au long de la sur des dents nécrosées. Les résultats sont confirmés et
mise en forme permet une pénétration et un échange com- mettent en évidence que la pénétration de la solution est
plets de la solution jusqu’à la limite apicale dans les canaux plus facile et rapide, que les canaux latéraux peuvent être
courbes, quand ceux-ci sont préparés de façon conique avec concernés par l’irrigation et que cette dernière ne dépasse
un diamètre apical réduit. pas le foramen apical même sur des apex ouverts si l’aiguille
En 1980, Machtou, soulignait l’importance, dans les études de la seringue reste libre dans le canal.
in vitro et ex vivo, de sceller le foramen apical avec une bou- Utilisant la soustraction digitale radiographique pour plus de
lette de cire à modeler pour simuler les tissus péri-apicaux, précision, Bronnec et al. (2010b) ont évalué ex vivo la péné-
éviter l’extrusion de la solution et donc une surestimation de tration et l’échange de l’irrigation lors du rinçage final sur des
sa capacité de pénétration. Les recherches ont été menées canaux courbes et étroits en fonction de quatre variables
sur un modèle de dent rendue transparente avec, comme importantes : l’augmentation de la conicité apicale, le calibre
solution d’irrigation, de l’éosine utilisée en alternance avec et le niveau d’insertion de l’aiguille et le volume de la solu-
de l’hypochlorite de sodium, ainsi que sur des dents extraites, tion, avec les conclusions suivantes :
le colorant étant remplacé par une solution de contraste - seule l’irrigation active a permis une pénétration et un
radio-opaque, l’Hypaque, aux propriétés physiques proches échange complets de la solution d’irrigation ;
de celles de l’hypochlorite de sodium (Bronnec et al., 2010a). - concernant l’irrigation passive, les quatre variables ont une
Les conclusions suivantes en ont été tirées : influence (p < 0,005) significative sur la pénétration des
- la solution d’irrigation délivrée à la seringue sans coincer solutions ;
l’aiguille dans le canal ne va pas plus loin que le bout de - pour l’irrigation passive (IP), le niveau de l’aiguille dans le
l’aiguille, en raison de la présence d’une colonne d’air (Luks, canal a été le facteur dominant le plus important pour la
1974) dont, étonnamment, on redécouvre l’importance pénétration des solutions.
aujourd’hui (Tay et al., 2010) ; Les études précédemment citées restent essentiellement
- la pénétration et l’échange de la solution sont améliorés fondées sur l’observation macroscopique de la dynamique
avec la progression de la mise en forme ; intracanalaire des fluides et procurent peu d’informations sur
- l’irrigation n’est réellement efficace qu’à la fin de la mise en l’élimination des débris et micro-organismes. Afin de com-
forme canalaire. L’espace de reflux situé entre l’aiguille de la penser ces limites, l’imagerie en temps réel de bactéries bio-
seringue et les parois canalaires permet la création d’un cir- luminescentes (Sedgley et al., 2004 et 2005 ; Nguy et Sedgley,
cuit hydraulique qui autorise un échange progressif de la 2006) et l’utilisation de stéréo-microscopes et d’images digi-
solution. tales pour évaluer l’élimination de débris dentinaires placés
Yana (1989), dans une étude radiographique sur patients, a dans des anfractuosités artificiellement créées (van der Sluis
repris le même protocole sur 60 canaux de dents vivantes et et al., 2005) ont fourni des données complémentaires inté-
a défini et distingué, pour la première fois, les deux types ressantes mais ne renseignent aucunement sur l’étiologie de
d’irrigations rencontrés dans la procédure d’irrigation : ces effets, à savoir le débit et le mode d’écoulement de la
- l’irrigation est dite passive (IP) lorsqu’elle est délivrée à la seringue ; solution à l’intérieur de l’aiguille et du canal. L’analyse
- l’irrigation est dite active (IA) quand tout type d’instrument d’images thermiques (Hsieh et al., 2007) présente un incon-
ou de dispositif travaille dans la solution. vénient lié à la différence de température entre la solution
L’étude confirme que la progression de la mise en forme chauffée qui est délivrée et celle refroidie à l’intérieur du
améliore la pénétration et l’échange de la solution et que canal, ce qui peut altérer et réduire la viscosité de la solution.

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
La modélisation informatique d’un canal préparé (Boutsioukis
et al., 2009, 2010a et 2010b) permet, par le calcul mathéma-
tique, l’étude précise des paramètres physiques comme la
dynamique du fluide, la vitesse d’écoulement, la pression et
la contrainte turbulente sur les parois qui sont impossibles à
évaluer cliniquement. Cependant, les résultats de ces études
ne peuvent être extrapolés aux canaux étroits et courbes.
Gao et al. (2009) ont modélisé numériquement une aiguille
et un canal en répliquant le dessin d’une aiguille Maxi-Probe
(Dentsply Tulsa Dental) à ouverture latérale et extrémité
borgne et celui d’un canal courbe en plastique mis en forme
(Endo Training Block, Dentsply Maillefer). Contrairement à
Bronnec et al. (2010b), les résultats montrent que la solution
ne peut être délivrée qu’à une distance limitée par rapport à
l’extrémité de l’aiguille. Les auteurs recommandent donc le
positionnement le plus apical possible de celle-ci, ce qui
Figure 11.6 Aspect propre du tiers apical d’une
augmente le risque d’extrusion apicale. La vitesse du débit a racine courbe après rinçage final et activation
été considérée comme un facteur hautement significatif avec EDTA/NaOCl (d’après Caron et al., 2010).
pour l’échange de la solution. Elle est la plus rapide dans la
zone turbulente adjacente à l’orifice latéral de l’aiguille et la chlorite, une concentration plus faible peut être utilisée pour
vitesse minimum est rencontrée au niveau de la paroi cana- un parage et une désinfection soigneuse du réseau cana-
laire. Ce modèle apparaît comme une bonne plateforme laire », précisée par Siqueira et al. (2000) : « Il n’y a pas eu de
pour étudier l’irrigation canalaire et la performance de diffé- différence significative entre les trois concentrations d’hypo-
rents types d’aiguilles, mais reproduit-il la situation clinique, chlorite de sodium testées. Un échange régulier et l’utilisa-
vu les limites liées à l’utilisation de canaux en plastique ? tion d’un grand volume de solution maintiennent l’efficacité
Zou et al. (2010), après avoir fait pénétrer un colorant (cristal antibactérienne de l’hypochlorite de sodium, ce qui com-
violet) dans des blocs de dentine et après traitement avec pense les effets de la concentration. »
différentes concentrations d’hypochlorite de sodium, ont L’irrigation canalaire est habituellement effectuée avec des
conclu que la température, le temps d’application et la seringues en plastique qui peuvent être de différentes tailles
concentration contribuaient à la pénétration de l’hypochlo- (de 1 à 20 ml). Ce type d’irrigation est qualifié d’irrigation par
rite de sodium dans les canalicules dentinaires. « pression positive ». Les grosses seringues sont déconseillées
La qualité et le type de mise en forme canalaire sont des car, selon la loi de Poiseuille, la pression sur le piston est diffi-
facteurs qui sont souvent sous-estimés ou occultés dans la cile à contrôler. Pour plus de sécurité, il vaut mieux recom-
majorité des publications et qui peuvent expliquer la diver- mander des seringues de 3 ou 5 ml avec une attache Luer-Lock
sité des résultats obtenus sur l’efficacité du nettoyage et de et, si l’on utilise plusieurs solutions d’irrigation, il est préfé-
la désinfection canalaire ainsi que sur la dynamique de l’irri- rable de choisir des seringues différentes pour chaque solu-
gation intracanalaire. Albrecht et al. (2004) ont montré que si tion (Haapasalo, 2010). Le type et le dessin des aiguilles
une conicité de 10 % est obtenue dans le tiers apical, il n’y a forment l’un des éléments déterminants pour la distribution
pas de différence dans l’élimination des débris entre une pré- apicale des solutions. Le calibre le plus courant est de 27 G qui
paration effectuée jusqu’au calibre 0.40 et celle effectuée correspond 0,40 mm, mais la meilleure efficacité est obtenue
jusqu’à un diamètre de 0.20. Il ne semble donc pas nécessaire avec des aiguilles plus fines de 30 G, soit 0,30 mm (Navy Tips,
de sur-préparer, au risque d’être iatrogène, la région apicale Ultradent), qui peuvent être insérées plus loin (Bronnec et al.,
des canaux lorsqu’une conicité coronaire adéquate a été 2010b) et éliminent le problème de la colonne d’air. Celles-ci
obtenue afin de permettre une irrigation satisfaisante du sont également disponibles en nickel-titane (Stropko NiTi
réseau canalaire à l’aide d’agents antiseptiques (Coldero Flex-Tips™, Vista Dental) ou en plastique (Flexi-Glide™, Vista
et al., 2002 ; Bronnec et al., 2010a et 2010b ; Caron et al., Dental) (fig. 11.7) et sont utiles dans les canaux courbes. Actuel-
2010) (fig. 11.6). S’il est possible d’intéresser au mieux le trajet lement, une tendance clinique consiste à choisir des aiguilles
canalaire par le biais de l’irrigation, on comprend mieux, à ce fermées à l’extrémité avec une fenêtre latérale (Max-i-Probe®,
stade, la conclusion de Moorer et Wesselink (1982) quant à la Dentsply) pour éviter une extrusion apicale de solution ; mais
concentration optimale d’hypochlorite de sodium qu’il est pour Huang et al. (2008), l’irrigation avec ce type d’aiguille
possible d’utiliser : « Bien que toute concentration d’hypo- n’est efficace que du côté de l’ouverture latérale. Boutsioukis
chlorite de sodium entre 0,5 % et 5 % puisse être utilisée et al. (2010b) ont effectué une modélisation numérique des
avec succès en endodontie, l’aspect mécanique de la tech- différents types d’aiguilles existant sur le marché et ont éva-
nique est plus important que la concentration initiale de lué respectivement la qualité du débit de la solution d’irriga-
l’hypochlorite de sodium. Avec une meilleure technique de tion. Le débit pour les aiguilles ouvertes était différent par
mise en forme, et avec des changements fréquents de l’hypo- rapport aux aiguilles fermées avec, comme résultat, davantage

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11 Endodontie

Plutôt que de chercher à impliquer une ou deux espèces


dites résistantes (dont E. faecalis en est l’archétype) dans les
infections persistantes, comme c’est souvent la tendance
dans la littérature médicale actuelle (Portenier et al., 2005), il
faut comprendre que l’action d’une espèce particulière est
secondaire par rapport aux changements adaptatifs, physio-
logiques et génétiques qui ont lieu au sein du biofilm polymi-
crobien en réponse aux modifications de l’environnement
intracanalaire (Chavez de Paz, 2007).
Alors que les bactéries planctoniques peuvent être facile-
ment éliminées lors du traitement chimio-mécanique, la ges-
tion du biofilm polymicrobien reste un défi, en raison de la
complexité de l’anatomie endodontique. Il y a deux façons
d’éliminer le biofilm :
- soit de manière chimique à l’aide des solutions antiseptiques
utilisées lors de l’irrigation intracanalaire. Dunavant et al.
(2006) ont comparé l’action de l’hypochlorite de sodium à
1 % et 6 %, du Smear Clear (SybronEndo), de la chlorhexidine
à 2 %, du RETA et du BioPure™ MTAD™ sur un biofilm mono-
espèce d’E. faecalis. L’hypochlorite de sodium à 1 % et 6 % a
été plus efficace que les autres solutions testées. Pour Clegg
Figure 11.7 Aiguille à embout en plastique Flexi-Glide™ 30 G et al. (2006), qui comparent l’effet de l’exposition de l’hypo-
(Vista Dental Products). chlorite de sodium à 3 % et 6 %, de la chlorhexidine à 2 % et
de l’hypochlorite de sodium 1 % + BioPure™ MTAD™ sur des
de solution échangée devant les aiguilles ouvertes, mais aussi biofilms apicaux, l’hypochlorite de sodium à 6 % a été la
davantage de pression apicale. Avec la même approche, Shen seule solution capable à la fois d’éliminer les bactéries et de
et al. (2010b) montrent que le type d’aiguille influence le détruire physiquement le biofilm. Après comparaison de l’ac-
débit, la vitesse et la pression apicale. Dans les canaux droits, tion de l’iode, de l’hypochlorite de sodium, de l’EDTA et de la
la solution atteint l’apex quand les aiguilles sont placées à chlorhexidine sur deux types de biofilms mono-espèces et
3 mm de celui-ci. Pour les aiguilles avec fenêtre latérale, la bi-espèces, la désorganisation du biofilm n’a pu être accom-
vitesse de l’écoulement est légèrement plus rapide dans la plie qu’avec l’hypochlorite de sodium, et ce dès la première
zone opposée à l’ouverture. minute de contact (Bryce et al., 2009) ;
- soit de manière mécanique par l’action de l’instrumentation.
Cependant, la recherche a montré (Peters et al., 2001 ; Berg-
mans et al., 2001), sur des reconstructions tridimension-
V - Problème du biofilm nelles de la géométrie endodontique après mise en forme
en endodontie canalaire obtenues par micro-scanner, que « sur les molaires
maxillaires, quelle que soit la technique rotative utilisée,
Le terme « biofilm » désigne un agrégat de micro-orga- plus de 35 % des surfaces canalaires demeurent non instru-
nismes organisés en multicouches dans une matrice extra- mentées ». Le biofilm étant présent sur les parois canalaires,
cellulaire polysaccharidique que l’on peut rencontrer sur son élimination mécanique dans ces conditions apparaît
des surfaces de structures diverses. La présence de bacté- donc illusoire. Pourtant, avec un protocole de mise en forme
ries en flottaison dans un environnement aqueux (ou bac- optimal et précis (Ruddle, 2005), Bergmans et Lambrechts
téries planctoniques) est un prérequis nécessaire à la
(étude non publiée, 2004) constatent un résultat différent
formation d’un biofilm. En dentisterie, la plaque dentaire
attachée sur les surfaces des dents en est un bon exemple. avec plus de 90 % des surfaces canalaires concernées par les
manœuvres instrumentales (fig. 11.8 et 11.9).
Les isthmes, les ramifications canalaires et les autres régions
En endodontie, le concept du biofilm a d’abord été discuté non accessibles à l’instrumentation abritent des bactéries
dans le cadre de la mise en évidence de bactéries sur la sur- (Nair et al., 2005) et ne peuvent être nettoyés que par le biais
face radiculaire des apex de dents infectées (Tronstad et de l’irrigation. Par suite de la mise en forme canalaire, ces
Sunde, 2003) ; cette « plaque apicale » a été reliée à la pré- zones sont souvent remplies de débris dont une portion non
sence de pathologies apicales persistantes. Cependant, dès négligeable est minérale (Paqué et al., 2009). Il est donc
1990, Nair avait décrit de telles condensations microbiennes nécessaire, pour un nettoyage et une désinfection complets,
sur les parois canalaires (Nair et al., 1990). On a rapporté que de pouvoir déplacer par agitation les solutions d’irrigation
de telles bactéries sont 1 000 fois plus résistantes que leurs antiseptiques et déminéralisantes dans ces zones anfrac-
homologues planctoniques (Svensater et Bergenholtz, 2004). tueuses. C’est le rôle de l’activation de l’irrigation.

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
miser l’efficacité du parage et de la désinfection. L’activa-
tion intracanalaire peut être mécanique, sonore, ultrasonore,
hydrodynamique ou engendrée par un rayon laser.

A - Maître cône de gutta-percha


(activation mécanique)
Il est admis que l’efficacité de l’hypochlorite de sodium est
améliorée par l’agitation (Moorer et Wesselink, 1982). Le maître
cône de gutta-percha est le moyen le plus simple, le moins
onéreux et le plus facilement disponible pour agiter la solu-
tion d’irrigation en fin de mise en forme. Utilisé avec un mou-
vement de faible amplitude (2 mm), il permet de déplacer la
solution à la fois apicalement et latéralement (Bronnec et al.,
2010a et 2010b). Proposé de manière empirique par Machtou
(1980), son efficacité a été récemment validée. Sur un modèle
a b
de biofilm à base de collagène coloré, Huang et al. (2008) puis
Figure 11.8 Images au micro-scanner de la mise en forme canalaire McGill et al. (2008) ont constaté que son efficacité était signi-
à l’aide des ProTaper®. Plus de 90 % des parois canalaires sont ficativement supérieure à celles de l’irrigation à la seringue et
instrumentées (avec l’aimable autorisation de L. Bergmans, 1994). du RinsEndo. De façon intéressante, ils montrent qu’une
aiguille borgne avec fenêtre latérale n’est efficace que du côté
de l’ouverture. Avec le même modèle, l’EndoActivator® s’est
avéré plus efficace que le maître cône (Bryce et al., 2010). Dans
une étude au microscope électronique à balayage évaluant la
qualité du nettoyage et l’élimination de la boue dentinaire sur
des canaux courbes après mise en forme canalaire selon le
protocole décrit par Ruddle (2005), Caron et al. (2010) ont
obtenu des résultats de propreté extrêmement probants dans
les derniers millimètres apicaux de canaux courbes après
1 minute d’utilisation dans l’EDTA et 30 secondes dans l’hypo-
chlorite de sodium lors du rinçage final. L’utilisation du maître
cône reste néanmoins une manœuvre fastidieuse et parfois
délicate sur les canaux mésiaux des dents postérieures.

B - EndoActivator® (activation sonore)


L’EndoActivator® (Dentsply, Tulsa Dental Specialities) est un
perfectionnement de la technique du maître cône. Il s’agit
d’une pièce à main sonore sans fil, qui permet d’activer la
vibration d’inserts en plastique flexibles et résistants qui se
conforment à la préparation canalaire finale à une fréquence
de 10 000 cycles par minute (fig. 11.10). Le mode de vibration
a b sonore est différent de celui des ultrasons : la vibration ultra-
sonore engendre une série de nœuds (zones d’oscillation mini-
Figure 11.9 Images au micro-scanner de la mise en forme canalaire
mum) et d’anti-nœuds (zones d’oscillation maximum) sur la
à l’aide des ProTaper®. Plus de 90 % des parois canalaires sont
instrumentées (avec l’aimable autorisation de L. Bergmans, 1994). longueur des inserts. Pour la vibration sonore, il n’existe qu’un
nœud au niveau de l’attache de l’insert sur la pièce à main et
qu’un anti-nœud à son extrémité. En cas de contraintes parié-
tales, les oscillations latérales disparaissent pour laisser la
VI - Dispositifs d’irrigation place à une oscillation longitudinale pure. Ce mode de vibra-
tion s’avère être efficace pour le parage canalaire car il n’est
et techniques pas affecté par la charge et la contrainte (Walmsley, 1989).
Si la seringue d’irrigation garde toujours sa place dans l’irri- Comme le maître cône, l’insert de l’EndoActivator® est utilisé
gation peropératoire, un nombre croissant de dispositifs et à 1 mm de la longueur de travail avec un court mouvement de
d’équipements réservés à l’activation des solutions a va-et-vient vertical pendant 1 minute après instillation dans le
émergé récemment afin de compléter son action et d’opti- canal de 1 ml d’EDTA et pendant 30 secondes après instilla-

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11 Endodontie

tion de la mise en forme canalaire (Martin et al., 1980), a été


ensuite restreinte à l’irrigation en raison des erreurs iatro-
gènes que cela engendrait (Tronstad et Niemczyk, 1986).
Depuis cette époque, les units à magnétostriction ont laissé
la place aux units piézo-électriques plus puissants. Les fré-
quences des ultrasons sont plus élevées (entre 25 et 30 kHz)
que les fréquences sonores et le mode d’oscillation des limes
est également différent (Walmsley et al., 1989) : on peut
dénombrer toute une série de nœuds et d’anti-nœuds sur la
longueur de la lime ultrasonore avec présence d’un nœud à
l’extrémité. La cavitation gazeuse n’existant pas à l’intérieur
d’un canal radiculaire, les effets produits sont qualifiés de
« turbulences acoustiques » (Ahmad et al., 1987). Deux types
d’irrigations ultrasonores doivent être distingués : le premier
consiste en une combinaison simultanée de l’instrumenta-
tion et de l’irrigation ; le second, qualifié improprement
Figure 11.10 EndoActivator® (Dentsply, Tulsa Dental Specialities).
d’« irrigation passive ultrasonore » (Jensen et al., 1999 ; van
der Sluis et al., 2007), implique la vibration d’une lime dans la
tion de 3 ml d’hypochlorite de sodium (Caron et al., 2010). solution mais sans instrumentation simultanée, ce qui en
Quatorze publications sur l’EndoActivator® sont actuellement minimise les effets délétères. L’instrumentation/irrigation
disponibles depuis 2009 (Brito et al., 2009 ; Desai et Himel, simultanée étant abandonnée, seule l’irrigation passive ultra-
2009 ; de Gregorio et al., 2009 et 2010 ; Townsend et Maki, sonore sera envisagée dans le cadre de ce chapitre. Pour une
2009 ; Caron et al., 2010 ; Huffaker et al., 2010 ; Jiang et al., revue de littérature exhaustive sur les ultrasons en endodon-
2010 ; Klyn et al., 2010 ; Paragliola et al., 2010 ; Pasqualini et al., tie, le lecteur est invité à se référer à Gu et al. (2009).
2010 ; Shen et al., 2010a ; Uroz-Torres et al., 2010). Elles com- Deux modes d’irrigation passive ultrasonore existent : l’irriga-
parent son efficacité à l’irrigation conventionnelle à la tion y est pratiquée soit de manière continue (Gutarts et al.,
seringue et à divers autres dispositifs (ultrasons, Finishing 2005) soit de façon intermittente (van der Sluis et al., 2010).
Files®, EndoVac®). Par rapport à l’irrigation à la seringue, tous D’abord étudiée expérimentalement par une équipe de
les résultats sont significativement favorables à l’EndoActiva- l’Ohio avec des résultats prometteurs sur le parage et la
tor® tant sur la pénétration de la solution et la sécurité d’utili- désinfection canalaire (Gutarts et al., 2005 ; Burleson et al.,
sation (Desai et Himel, 2009) que sur la qualité de la 2007 ; Carver et al., 2007), l’irrigation passive ultrasonore
désinfection (Shen et al., 2010a). Pour Jiang et al. (2010), l’élimi- effectuée en continu utilise un unit ultrasonore spécifique
nation des débris est meilleure avec les ultrasons. Uroz-Torres avec une pièce à main sur laquelle est soudée une aiguille de
et al. (2010) obtiennent des résultats différents de ceux de 25 G qui délivre à pleine puissance la solution et la vibration.
Caron et al. (2010) sur l’élimination de la boue dentinaire mais Un tel appareil a été commercialisé en 2010 sous le nom de
ceux-ci peuvent être attribués à un protocole d’activation dif- ProUltra® PiezoFlow™ par Dentsply Tulsa Dental Specialities.
férent. Paragliola et al. (2010) estiment que pénétration de la D’un prix élevé, ses premières utilisations cliniques se sont
solution est supérieure avec l’activation ultrasonique. En révélées décevantes en raison de problèmes techniques liés
contradiction avec Townsend et Maki (2009), Shen et al. à l’attache de l’aiguille et aux dégâts créés dans les canaux.
(2010a) et Huffaker et al. (2010) ne trouvent pas de différence Des études cliniques sont nécessaires dans le futur pour vali-
entre l’irrigation à la seringue et l’EndoActivator® sur l’élimina- der les promesses initiales de cette technique d’irrigation.
tion bactérienne mais, comme toujours, la diversité des résul-
tats s’explique par l’emploi de méthodologies différentes. L’irrigation passive ultrasonore intermittente implique d’ef-
L’EndoActivator® est d’utilisation pratique et, outre l’irriga- fectuer plusieurs remplissages du canal avec la solution d’irri-
tion canalaire finale, se montre efficace dans l’élimination de gation et de mettre en œuvre plusieurs cycles d’activation
l’hydroxyde de calcium en conjonction avec de l’EDTA, des avec la lime ultrasonore. Cette procédure s’est montrée plus
restes de ciment canalaire dans le retraitement et pour la performante qu’un cycle unique d’activation de la solution
vibration du ProRoot® MTA (Dentsply Maillefer) afin de le (van der Sluis et al., 2009 et 2010). van der Sluis et al. (2005)
propulser et l’étaler. ont suggéré que l’utilisation d’une lime lisse est aussi efficace
mais plus sûre qu’une lime K. De telles limes non actives sont
maintenant disponibles chez EMS (Endo Soft Instrument) et
C - Ultrasons et irrigation passive chez Acteon-Satelec (Irrisafe) L’irrigation passive ultrasonore
a surtout montré son efficacité dans l’élimination de débris
ultrasonore artificiellement créés dans des rainures effectuées sur les
Les ultrasons ont une longue histoire en endodontie depuis parois canalaires de dents extraites (van der Sluis et al., 2006
leur introduction par Richman en 1957 pour faciliter le parage et 2010) mais il faut noter que la plupart des études sur l’irri-
canalaire. Leur utilisation, initialement destinée à la réalisa- gation passive ultrasonore ont été effectuées sur des canaux

232

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
droits. De plus, la lime doit pouvoir vibrer dans la solution dans des rainures artificiellement créées a été meilleure avec
d’irrigation sans contact avec les parois canalaires au risque l’irrigation passive ultrasonore, l’action du RinsEndo étant
de perdre toute efficacité et de créer de la boue dentinaire supérieure à celle de la seringue manuelle (Rödig et al., 2010a
indésirable. Même si la lime ultrasonore est précourbée, cela et 2010b).
s’avère impossible dans les canaux courbes. Lea et al. (2010),
étudiant l’oscillation des limes ultrasonores à l’intérieur des Selon nos observations, le RinsEndo semble plus efficace
canaux radiculaires, concluent : « Aux puissances élevées des dans l’irrigation peropératoire pendant la mise en forme
units ultrasonores, l’énergie délivrée à la lime est dissipée qu’en rinçage final où, par rapport aux autre dispositifs,
dans des vibrations non souhaitables avec la conséquence de l’échange de la solution demande plus de temps et de
réduire les amplitudes de déplacement vibratoire de la lime. volume.
Cela peut réduire l’apparition des forces biophysiques néces-
saires pour optimiser l’efficacité de la technique. L’anatomie
complexe des canaux (qui sont rarement droits) implique E - Seringue Vibringe® (activation sonore)
qu’un contact entre les murs canalaires et la lime peut se pro-
duire. Un tel contact modifiera la vibration de la lime et peut La seringue Vibringe® (Vibringe BV) s’apparente à une seringue
affecter l’apparition des forces biophysiques (comme la cavi- manuelle pour délivrer l’irrigation mais, fonctionnant à piles,
tation et les microturbulences). » elle engendre des vibrations sonores au niveau de l’aiguille à
Par ailleurs, les résultats sur l’élimination des bactéries et de une fréquence de 9 000 cycles par minute (fig. 11.12). Une
la boue dentinaire sont controversés (Sjögren et Sundqvist, seule étude a été conduite avec ce dispositif (Rödig et al.,
1987 ; Ciucchi et al., 1989 ; Abbott et al., 1991 ; Mayer et al., 2010a et 2010b). Elle utilise le modèle décrit par van der Sluis
2002 ; Gu et al., 2009). Pour Al-Jadaa et al. (2009), les bons (van der Sluis et al., 2006) pour évaluer l’élimination des
résultats obtenus avec l’irrigation passive ultrasonore combi- débris. Elle a été moins efficace que l’irrigation passive ultra-
née à l’hypochlorite de sodium seraient dus tout simplement sonore mais meilleure que la seringue manuelle classique
à l’augmentation de la température de la solution liée à l’ac- dans le tiers apical.
tion des ultrasons. Une revue sur l’irrigation passive ultraso-
nore est disponible (van der Sluis et al., 2007).

D - RinsEndo (irrigation hydrodynamique)


Le RinsEndo (Dürr Dental) fonctionne avec un mécanisme
d’injection-aspiration de la solution d’irrigation à un rythme
de 100 cycles par minute. Il s’agit d’une pièce à main reliée au Figure 11.12 Seringue Vibringe® (Vibringe BV).
raccord de la turbine sur l’unit dentaire (fig. 11.11). Il n’existe
que peu de données sur l’évaluation de son efficacité et sur
la sécurité d’utilisation. Hauser et al. (2007) ont comparé la
pénétration dentinaire d’un colorant après irrigation à la F - EndoVac®
seringue et à l’aide du RinsEndo et ont constaté que le rin-
çage hydrodynamique améliorait significativement la péné-
(irrigation par pression négative)
tration du colorant. En revanche, ils ont mis en évidence un Contrairement aux autres dispositifs décrits, il ne s’agit pas
risque d’extrusion apical élevé avec le RinsEndo, ce qui a été d’un système d’activation mais d’un moyen de délivrer la
confirmé par Desai et Himel (2009). Pour McGill et al. (2008), solution de façon sûre et prévisible dans les derniers milli-
testant l’efficacité d’élimination d’un biofilm moléculaire à mètres apicaux. Proposé par Schoeffel en 2007, l’EndoVac®
base de collagène coloré, le RinsEndo s’est montré plus effi- (Sybron Endo) est dérivé du concept d’irrigation par pression
cace que l’irrigation à la seringue mais significativement négative décrit par Fukumoto et al. (2006). La solution d’irri-
moins que le maître cône. Ces résultats ont été confirmés par gation est déposée dans la chambre pulpaire et aspirée
Caron et al. (2010) sur l’élimination de la boue dentinaire. Sur jusqu’à l’extrémité du canal par le biais d’une aiguille fine per-
des canaux droits, l’élimination de débris dentinaires placés forée, ce qui permet d’établir un circuit hydraulique lorsque
la solution y remonte. Par rapport à l’irrigation à la seringue
et aux autres dispositifs, à l’exception de l’EndoActivator®
avec lequel la différence n’est pas significative (Desai et
Himel, 2009), la recherche a montré que l’EndoVac® diminuait
considérablement le risque d’extrusion apicale des solutions
(Mitchell et al., 2010). Par conséquent, la douleur postopéra-
toire est significativement réduite (Gondim et al., 2010).
L’évacuation des débris est bonne (Nielsen et Baumgartner,
Figure 11.11 RinsEndo (Dürr Dental). 2007 ; Shin et al., 2010) mais nécessite, pour être effective,

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11 Endodontie

une augmentation à ISO 40 du diamètre apical de la prépara- seringue pour éliminer E. faecalis (Siqueira et al., 2010). On peut
tion (Brunson et al., 2010). L’action antibactérienne a été étu- craindre pourtant certaines limites cliniques dans l’utilisation
diée sur des canaux en plastique infectés avec E. faecalis ; de cet instrument : la nécessité de placer une lime K n° 20 à la
pour Townsend et Maki (2009), l’irrigation passive ultraso- longueur de travail dans des canaux courbes n’est pas toujours
nore s’est montrée plus efficace que l’EndoVac®. In vitro sur évidente. Les courbures apicales sévères sont difficiles à gérer
dents extraites infectées avec E. faecalis, Hockett et al. (2008) et l’insuffisance de mise en forme canalaire complique les
ont constaté une réduction bactérienne hautement significa- techniques classiques d’obturation. Des recherches complé-
tive mais, pour Brito et al. (2009), celle-ci n’est pas différente mentaires diront si, comme le clament les auteurs, cette lime
de l’irrigation classique – à l’aide d’une aiguille Navy Tip 30 G auto-adaptée est dépourvue des défauts des systèmes en nic-
(Ultradent) placée à 3 mm de la longueur de travail – et de kel-titane actuels et représente un pas en avant dans la réalisa-
l’EndoActivator®. De la même façon, Miller et Baumgartner tion de la préparation canalaire. Pour l’auteur, il semble que la
(2010) ne trouvent pas de différence significative entre l’En- SAF doit davantage être considérée comme un dispositif d’irri-
doVac® et l’irrigation classique avec une aiguille Maxi-Probe gation finale plutôt que comme un instrument de mise en
de 30 G. Deux études conduites sur des dents immatures de forme canalaire.
chiens avec parodontite apicale concluent qu’une médica-
tion antibiotique intracanalaire est inutile après irrigation
avec l’EndoVac® (Cohenca et al., 2010) et constatent une
H - Désinfection par photo-activation
réparation péri-apicale plus avancée (da Silva et al., 2010). La désinfection par photo-activation est une voie promet-
En résumé, l’EndoVac® permet d’obtenir un bon nettoyage teuse qui a besoin d’être davantage approfondie. Les bacté-
apical à 1 mm de la longueur de travail, avec une bonne action ries sont marquées à l’aide d’un colorant, le bleu de toluidine,
antimicrobienne si on l’utilise en association avec de l’hypo- afin d’être détruites par le rayonnement d’un laser à basse
chlorite de sodium, ainsi qu’un risque d’extrusion apicale puissance comme le laser à diode (Lee et al., 2004). In vitro,
réduit. Ce n’est pas un dispositif d’activation mais un moyen sa capacité à éliminer E. faecalis a été démontrée, de même
de délivrer la solution d’irrigation. Son utilisation clinique est que son action sur des biofilms polymicrobiens (Fimple et al.,
fastidieuse car c’est un matériel encombrant qui nécessite 2008), mais une stérilisation totale n’a pas pu être obtenue.
une aide opératoire et son prix de revient n’est pas négli- In vivo, dans un essai clinique effectué en omnipratique (Bon-
geable. sor et al., 2006), la réduction bactérienne a été efficace mais
non complète. Bergmans et al. (2008), dans une étude effec-
tuée à l’aide d’un microscope électronique à balayage envi-
G - Lime universelle auto-adaptée SAF ronnemental, ont étudié l’effet bactéricide de la désinfection
(Self-Adjusting File®) par photo-activation sur différents pathogènes inoculés dans
des canaux radiculaires avec une attention particulière à la
Un nouvel instrument apparu tout récemment sur le marché
formation et à la destruction du biofilm. La conclusion sti-
propose un concept original de mise en forme canalaire et
pule que la désinfection par photo-activation n’est pas une
d’irrigation intracanalaire simultanées à l’aide d’une lime unique
solution de remplacement mais un complément possible aux
dont le dessin spécifique lui permet de se conformer à l’anato-
protocoles habituels de désinfection canalaire. Une activa-
mie des canaux (Metzger et al., 2010a). La tige de l’instrument
tion préalable du colorant avec l’EndoActivator® ou l’irriga-
est creusée sur sa longueur par une rainure dont les bords sont
tion passive ultrasonore est nécessaire pour répartir la
reliés d’un fin lacis en nickel-titane lui permettant de s’adapter
solution dans les anfractuosités du réseau canalaire.
à la section du canal (Hof et al., 2010). Une lime unique, animée
Récemment, les effets de la désinfection par photo-activa-
par une courte oscillation longitudinale de 0,4 mm d’ampli-
tion ont été évalués in vitro sur différentes espèces bacté-
tude, est utilisée pour la mise en forme du canal préalable-
riennes planctoniques en utilisant une lampe à polymériser
ment négocié et sécurisé par une lime K n° 20. La pression
classique (Schlafer et al., 2010) à la place du laser. Cette tech-
circonférentielle des parois canalaires permet à la lime d’abra-
nique a permis de réduire efficacement, mais jamais totale-
ser une fine couche de dentine sur toute la surface du canal.
ment, la population bactérienne.
De cette façon, les canaux ovales ou aplatis peuvent être élar-
gis dans le respect de l’anatomie initiale. La lime est très
flexible et l’irrigation est renouvelée en permanence. Une pre-
mière étude (Metzger et al., 2010b) montre, au microscope VII - Conclusion
électronique à balayage, une bonne élimination des débris et
de la boue dentinaire. Pour Peters et al. (2010), utilisant un Dans le cadre du traitement endodontique, l’irrigation est
micro-scanner et des incisives maxillaires droites, un temps de un facteur essentiel du succès en présence de parodontite
préparation de 5 minutes s’avère nécessaire car la durée d’utili- apicale. Son action est complémentaire et indissociable de
sation influe sur la capacité de la lime à intéresser la majorité la mise en forme mécanique du canal radiculaire. Aujourd’hui,
des parois canalaires. In vitro, sur des canaux ovales de dents l’hypochlorite sodium reste la solution d’irrigation de choix
monoradiculées, la SAF a été plus efficace que la combinaison par son excellente action antiseptique et son action sol-
vante sur les matières organiques. Néanmoins, l’EDTA ou
instrumentation rotative en nickel-titane/irrigation à la

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Irrigation et désinfection en endodontie 11
concentration de 2,5 à 6 %. Les solutions moins concentrées
l’acide citrique doit être utilisé en complément pour élimi-
ner la portion minérale de la boue dentinaire. L’activation doivent être chauffées ;
des solutions lors du rinçage final est une étape importante - le rinçage final est effectué avec de l’EDTA à 17 % activé
pour optimiser le nettoyage et la désinfection, même si, en pendant 1 minute, suivi de l’activation de l’hypochlorite
l’état actuel des connaissances, la stérilisation totale du de sodium pendant 30 secondes avec l’EndoActivator®
réseau canalaire n’est pas possible. ou par le biais de l’irrigation passive ultrasonore intermit-
tente.
Pourtant, malgré l’essor croissant de la recherche et l’ac-
Le protocole d’irrigation suivant peut être recommandé : cumulation des connaissances couplés aux innovations
- l’exploration initiale peut être effectuée avec un lubrifiant du techniques de ces dernières années, force est de constater
type Glyde (Dentsply Maillefer), en particulier dans les canaux que le pronostic du traitement endodontique n’est pas
étroits et sur les dents vivantes. Sur les dents nécrosées, il est meilleur aujourd’hui qu’avant (Ng et al., 2007 et 2008).
préférable d’utiliser l’hypochlorite de sodium d’emblée ; Dans la mise en œuvre du traitement endodontique, le
- la mise en forme corono-apicale sera réalisée dans un bain facteur opérateur dépendant reste toujours le pivot du
permanent et renouvelé d’hypochlorite de sodium à une succès.

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Lectures conseillées
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sequence on mechanical properties of human root dentin. J the effect of two chlorhexidine préparations on biofilm bacteria
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241

6684_.indb 241 01/08/12 15:36


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12
Obturation de l’endodonte
L. POMMEL, W.-J. PERTOT

mise en forme qui entraîne un manque de nettoyage et de


- Ce que l’on place dans l’endodonte est plus important
que ce que l’on peut en retirer. Que pensez-vous de cette désinfection ;
affirmation ? Argumentez. - les différentes études in vitro réalisées sur l’étanchéité ont
- Ce que l’on ôte de l’endodonte est plus important que ce donné des résultats souvent contradictoires. De plus, cer-
que l’on peut y placer. Que pensez-vous de cette affirma- taines études, ne détruisant pas les échantillons, ont permis
tion ? Argumentez. de croiser différentes méthodes d’analyse dans les mêmes
Ces deux questions devraient figurer dans les urnes de groupes et montrent l’absence de corrélation entre elles (Bar-
sujet d’examen d’endodontie de la majorité des facultés. À thel et al., 1999 ; Pommel et al., 2001). En clair, les résultats
laquelle de ces deux questions serions-nous le plus à d'obturation
obtenus sur les mêmes dents et pour une même technique
même d’apporter une réponse ? Le choix est difficile tant étaient différents en fonction de la méthode d’analyse ;
elles ont alimenté la controverse et continuent de le faire.
- cela souligne le faible degré de validité à accorder aux
études in vitro en termes d’étanchéité et la nécessité de
Pendant longtemps, la première affirmation semblait préva- déterminer la place de ce paramètre dans le pronostic cli-
loir pour expliquer la présence de lésions péri-apicales sur nique du traitement, par des études fondées sur la preuve
les radiographies de contrôle de dents mal obturées. Cet (evidence-based studies). Ces raisons ont d’ailleurs poussé le
« épisode de l’histoire endodontique » a été parfaitement comité de rédaction du Journal of Endodontics (publication
illustré dans une revue de littérature (Machtou, 2004). officielle de l’American Association of Endodontists) à refu-
Rickert et Dixon (1931) concluaient que la stagnation puis la ser, en décembre 2007, la publication d’articles émanant
dégradation organique des fluides sériques « absorbés » par d’études in vitro sur l’étanchéité canalaire. Cette décision a
les espaces endodontiques vides de canaux mal obturés libé- été immédiatement suivie par l’ensemble des autres revues
raient des substances très immunogènes qui provoquaient et scientifiques d’endodontie référencées. Elle porte unique-
entretenaient l’inflammation péri-apicale. Cette théorie du ment sur les techniques d’évaluation, qui servent finalement
tube creux (hollow tube theory) a été soutenue par une étude à classer les différents matériaux entre eux. Celles-ci ne
de suivi clinique de cas traités à l’université de Washington remettent pas en cause le principe d’évaluer cette étan-
en 1965 et publiée depuis dans l’ouvrage Endodontics (Ingle, chéité dans les conditions cliniques mais celui d’en extrapo-
1965). La conclusion mentionnait la corrélation entre un taux ler le « résultat biologique » de l’obturation. Une seule
d’échecs de plus de 58 % et une mauvaise obturation endo- étude sur l’animal (Friedman et al., 1997) a consisté à placer
dontique. Ce résultat a engendré depuis toute une série de la plaque bactérienne sous la restauration coronaire des
d’études dont le but était de déterminer quelle technique dents dont l’obturation devait être testée. L’évaluation a
(matériaux et méthode) était susceptible de fournir la meil- porté sur l’inflammation péri-apicale induite par le biais
leure étanchéité, si ce n’est l’étanchéité absolue, et cela de d’une observation histologique. Mis à part l’aspect subjectif
manière itérative et durable. Plus de 500 articles publiés inhérent à l’évaluation histologique ainsi que la faible durée
entre 1975 et 2010 sont référencés dans la base de données de l’étude (14 semaines), ce modèle semble être celui qui se
médicales PubMed. La plupart des matériaux et des tech- rapproche le plus des conditions cliniques et de la réalité. Il
niques d’obturation canalaire ont été évalués in vitro par dif- a cependant rarement été réutilisé ;
férentes méthodes : traceurs radioactifs, pénétration de - l’obturation canalaire pour but, outre l’étanchéité, d’empê-
colorant, analyse électrochimique, filtration de fluide, de cher la recolonisation du système canalaire par les bactéries
bactéries et/ou de toxines (lipopolysaccharides) et, plus et de supprimer tout espace libre susceptible de les abriter.
récemment, utilisation de gaz (Romieu et al., 2008). Il faut considérer un paramètre supplémentaire : la tridi-
Plusieurs remarques en découlent : mensionalité de l’obturation, c’est-à-dire le volume du canal
- la Washington study, ayant essentiellement porté sur le occupé par le matériau d’obturation. La quasi-totalité des
défaut d’obturation, a occulté l’importance de la mise en études in vitro ont démontré que les techniques de com-
forme et de la désinfection canalaires. Or, il est évident pactage de gutta-percha chaude permettaient une obtura-
qu’un manque de mise en forme ne peut aboutir qu’à une tion plus complète du système canalaire (notamment des
obturation défectueuse. En d’autres termes une mauvaise canaux ovales) que les techniques mono-cône ou de la
obturation est, dans la majorité des cas, liée à un manque de gutta-percha condensée à froid ;

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12 Endodontie

- il est nécessaire de sceller l’endodonte. La seule étude comparative publiée à ce jour et évaluant
Il est admis, depuis 1965, que les inflammations apicales et deux concepts de mise en forme et d’obturation (préparation
péri-apicales ont pour origine une contamination par des avec élargissement apical puis obturation en condensation
bactéries endodontiques et leurs toxines (Kakehashi et al., latérale à froid de gutta-percha versus préparation manuelle
1965 ; Möller et al., 1981). Depuis cette date, deux types d’in- en technique sérielle puis obturation en compactage vertical
fections endodontiques ont été distingués : à chaud) a montré :
• l’infection primaire de la pulpe suite à une contamination - un taux de succès identique entre les deux concepts dans les
directe par percolation coronaire (carie, fêlure, infiltration traitements initiaux sur les dents sans lésion inflammatoire
autour d’une restauration…) ; périradiculaire d’origine endodontique (LIPOE) préopératoire ;
• l’infection secondaire d’un canal déjà traité, induite : - un taux de succès supérieur de 10 % avec la technique
- par la persistance dans le système canalaire de bactéries sérielle et l’obturation à la gutta chaude pour les dents avec
résiduelles non éliminées au cours du traitement, LIPOE préopératoire (Friedman et al., 2003 ; Farzaneh et al.,
- par des bactéries introduites pendant le traitement initial 2004 ; de Chevigny et al., 2008).
(défaut d’asepsie),
- par percolation bactérienne survenant dans le temps asso- Important ! Un consensus existe cependant sur le fait qu’au-
ciée à un défaut d’étanchéité coronaire. cune technique de mise en forme et de désinfection ne per-
Ces deux types d’infections n’ont pas les mêmes consé- met d’éliminer à 100 % les débris pulpaires ou les bactéries
de l’endodonte (Shuping et al., 2000 ; Card et al., 2002 ; Sjö-
quences car elles incriminent des communautés bactériennes gren et al., 1997). Dès lors, la nécessité de placer une obtu-
différentes et leur réaction au traitement est soit plutôt ration la plus étanche, la plus tridimensionnelle et la plus
favorable (infection primaire) soit moins favorable et moins stable possible est évidente.
prévisible (infection secondaire) (Sjögren et al., 1990), et ce
quelle que soit la technique d’obturation utilisée.
L’influence de la qualité du traitement endodontique et de la
restauration coronaire dans le succès clinique a été confir-
Essentiel : le défaut d’obturation endodontique est large- mée dans plusieurs études. La première étude clinique
ment considéré comme un facteur prédominant dans l’in- publiée (Ray et Trope, 1995) a, de manière étonnante, accordé
duction ou l’entretien des infections apicales. Néanmoins, il
convient de garder à l’esprit que ce sont le nettoyage et la une plus grande importance à la restauration coronaire qu’au
mise en forme qui sont les principaux facteurs du succès traitement endodontique : les résultats avaient montré un
endodontique et que l’obturation ne peut jouer son rôle taux de succès plus élevé dans les dents avec une bonne res-
que dans des canaux préalablement mis en forme et désin- tauration coronaire et un mauvais traitement endodontique
fectés. Le terme obturation, qui évoquait essentiellement que dans les dents avec un bon traitement endodontique et
l’endodonte, s’est progressivement élargi à la qualité de une mauvaise restauration coronaire.
l’obturation coronaire (restauration corono-radiculaire) Néanmoins, toutes les études suivantes ont relativisé les
pour considérer la « porte d’entrée » secondaire des bacté-
effets de la restauration coronaire par rapport au rôle du trai-
ries et prévenir une nouvelle contamination.
tement endodontique (Tronstad et al., 2000). Ricucci et Ber-
genholtz (2003) ont remis en question le rôle de la restauration
Cette situation soulève donc deux questions principales : coronaire lors d’une étude clinique rétrospective d’une durée
- quelle est l’implication de chacun des facteurs tels que la de 3 ans. Elle portait sur des dents manifestement contami-
nature de l’infection initiale, la désinfection, l’obturation nées après traitement endodontique (carie, perte de restau-
coronaire et apicale, dans le succès thérapeutique ? ration…) : 78 % d’entre elles ne montraient aucun signe
- ôter le contenu du canal est-il plus important que ce que radiologique de parodontite apicale.
l’on peut y placer ? Au final, l’ensemble des études a souligné les limites des
Les auteurs ont alors voulu déterminer la meilleure tech- études in vitro et confirmé l’importance de la bonne réalisa-
nique de mise en forme et de désinfection : tests de diffé- tion du traitement endodontique, toutes étapes confondues,
rentes solutions d’irrigation et de concentrations, mise en depuis la mise en forme et la désinfection du système cana-
place d’une médication en interséance, sélection de la meil- laire, en passant par l’obturation tridimensionnelle étanche
leure technique de mise en forme (élargissement apical ou et jusqu’à la restauration coronaire qui permet la stabilité du
conicité accentuée) etc. traitement dans le temps. Priver les bactéries résiduelles d’es-
pace où se développer ainsi que de nutriment susceptible de
les sustenter incombe à l’obturation canalaire. Bloquer le pas-
Concernant la mise en forme et la désinfection canalaires, sage des bactéries dans l’endodonte et prévenir sa réinfec-
il n’apparaît aucune corrélation entre les résultats obtenus tion incombe à la reconstitution coronaire (fig. 12.1).
entre les expérimentations in vitro et les études in vivo.
Aucune étude ne permet de confirmer la supériorité cli- Les objectifs de l’endodontie moderne énoncés par Schilder
nique d’une méthode par rapport à une autre de manière (Schilder, 1967 et 1974) sont ainsi confirmés et la triade du suc-
indiscutable (voir chapitres 10 et 11 sur la mise en forme et cès (nettoyer, mettre en forme et obturer de manière tridi-
l’irrigation). mensionnelle et étanche) est dorénavant acceptée par tous.

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Obturation de l’endodonte 12
techniques et matériaux d’obturation n’ont cessé d’évoluer
ainsi que le cahier des charges qui leur incombe. Ainsi, pour
Grossman (1970), le matériau d’obturation idéal devait :
- être facile à introduire dans le canal ;
- sceller le canal latéralement et apicalement ;
- être bactéricide ou au moins bactériostatique ;
- être radio opaque ;
- être stérilisable ;
- être facile à enlever et désobturer.
Il ne devait pas :
- subir de rétraction au cours de la prise ou après ;
- être altéré par l’humidité ;
a b - entraîner de coloration de la dent ;
- irriter les tissus péri-apicaux ;
Figure 12.1 La mise en forme et le nettoyage du système cana- - altérer la structure dentaire.
laire, puis son obturation tridimensionnelle étanche par compac- Pour Schmalz (2003), le matériau doit présenter des proprié-
tage de gutta chaude, suivie d’une obturation coronaire étanche, tés techniques, biologiques et de manipulation :
permettent le succès à long terme du traitement endodontique. • propriétés techniques :
- absence de rétraction,
À l’issue du traitement initial et surtout du retraitement, l’ob- - non soluble dans les fluides apicaux,
turation doit sceller l’ensemble du réseau endodontique - bonne adhésion/adaptation à la dentine et entre les diffé-
dont la complexité a été décrite dès 1917 par Hess et a été rents matériaux,
récemment confirmée par plusieurs études (Vertucci, 2005). - absence de porosité,
Anastomoses, isthmes, canaux secondaires, dédoublements, - absence de coloration dentaire ;
conjonctions, asymétrie du foramen sont autant d’écueils à • propriétés biologiques :
gérer au cours des étapes cliniques de désinfection, de mise - non allergène pour le patient et le personnel soignant,
en forme et d’obturation. - non irritant pour les tissus,
L’indication générale est d’isoler l’intérieur de la dent de - stérile,
toute présence bactérienne. Ainsi, l’obturation est donc évo- - bactéricide ou bactériostatique,
quée pour toutes les voies thérapeutiques concernant le - stimulant du processus de cicatrisation ;
canal radiculaire : • propriétés pratiques de manipulation :
- pour les traitements par voie orthograde, lors du traitement - être radio-opaque selon la norme ISO 6876,
initial et du retraitement. L’obturation des canaux finalise et - présenter un temps de prise adéquat pour la mise en place
assure les résultats de la mise en forme et de la désinfec- et le contrôle radiographique,
tion. Elle doit également participer au scellement d’une - être facile à mettre en place et à éliminer en utilisant un
éventuelle communication endo-parodontale (d’origines solvant, la chaleur ou une instrumentation mécanique.
iatrogène ou physiopathologique) et permettre l’apexifica- Il est étonnant de constater que ce dernier auteur a supprimé la
tion des dents immatures infectées ; préservation des structures dentaires puisque certains (Grigora-
- pour les traitements par voie rétrograde, qui le plus souvent tos et al., 2001) ont montré que l’hydroxyde de calcium, large-
sont utilisés pour pallier un échec de la précédente, si la ment utilisé, peut altérer la résistance biomécanique de la dent
mise en forme d’une cavité réduite à l’aide d’insert ultraso- et que d’autres (Teixeira et al., 2004) prétendent qu’il l’augmente.
nore est envisageable, la désinfection est utopique et le Nous aborderons successivement :
rôle de l’obturation primordial. - les matériaux d’obturation canalaire en utilisation tempo-
raire pour l’interséance ;
Essentiel : cette entrée en matière permet de soulever plu- - les matériaux pour obturations canalaires définitives ;
sieurs questions : comment obturer et avec quoi ? Quand - les matériaux d’obturation utilisés en endodontie pour
obturer ? Quelle technique utiliser ? Quels sont les résul- d’autres applications. Il s’agit des ciments minéraux et des
tats publiés en termes de santé publique ?
ciments à base d’oxyde de zinc renforcé avec de la résine. Ils
sont utilisés pour l’obturation des apex ouverts, dans le trai-
tement des perforations et en chirurgie endodontique.

I - Comment obturer ? Essentiel : tous ces matériaux sont placés au contact de la


circulation sanguine et des tissus vivants, de manière inten-
Les premières méthodes et techniques d’obturation ont été tionnelle ou non : os, muqueuse et tissu conjonctif, sinus,
décrites dès la fin du XIXe siècle (Baldensperger et Buquet, nerf, mais aussi peau et organes du personnel soignant. Par
conséquent, un bon niveau de biocompatibilité est requis
1984). Depuis Schilder en 1967, Grossman en 1970 et Marmasse
et, idéalement, une certaine bioactivité est recherchée.
en 1974, jusqu’à Schmalz en 2003, l’ensemble des méthodes,

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12 Endodontie

En Europe, les premières exigences de qualité pour tout pro duit


de 12. Cette alcalinité, obtenue après mélange de la poudre
composé, ou dispositif médical reposent sur l’attribution du
avec de l’eau distillée, lui confère des propriétés antisep-
marquage « CE ». En France, c’est l’Agence française de sécurité tiques intéressantes.
sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), sous tutelle du minis-
tère de la Santé, qui est habilitée à valider le processus d’attribu-
tion du marquage et à garantir le produit (article L. 5311-1 du Son utilisation a été proposée dès 1920 pour le coiffage pul-
Code de la santé publique). La directive s’appliquant aux maté- paire (Hermann, 1920) puis a été reprise dans les années 1960
riaux et dispositifs d’obturation est la 93/42 CEE. La marque CE (Laws, 1962).
doit être présente sur l’emballage du produit et garantit des cri- L’effet bactéricide du matériau est lié à la causticité de l’OH–
tères de sécurité et de qualité mais ne signifie pas pour autant qui provoque la destruction de la membrane cellulaire bacté-
que le matériau a subi un ou plusieurs tests cliniques. Ainsi et rienne et la dénaturation de l’ADN (Siqueira et Lopes, 1999).
dans ces conditions, le choix du matériau est sous la responsa- Cet effet a été clairement mis en évidence in vitro (Byström
bilité directe du praticien qui sera libre d’effectuer les demandes et al., 1985) et in vivo (Sjögren et al., 1991).
ou recherches bibliographiques concernant le produit. Un À cause de sa dissolution lente, il doit être laissé dans le
nombre important de tests de biocompatibilité a été établi. La canal au minimum 1 semaine pour en optimiser l’antisepsie
norme ISO 10993 se répartit en une vingtaine d’amendements (Byström et al., 1985 ; Sjögren et al., 1991). Toutefois, cette
qui portent sur les tests de cytotoxicité in vitro (n° 5), de sensi- propriété est amoindrie par l’effet tampon exercé par les
bilisation et d’irritation cutanée (n° 10), d’identification et de cristaux d’hydroxyapatite présents dans les copeaux et la
quantification des produits de dégradation des dispositifs médi- dentine en général (Haapasalo et al., 2000), et par les fluides
caux à base de polymères (n° 13), de génotoxicité, cancérogéni- tissulaires tels que le sang et le sérum (Portenier et al., 2001).
cité (n° 3), etc. Ces tests, réalisés in vitro sur des cultures Par ailleurs, il a été montré que certains micro-organismes,
cellulaires, ont une portée limitée car le matériau n’est pas testé tels qu’Enterococcus faecalis, ou champignons, tels que Can-
dans la situation clinique et histologique réelle. dida albicans, sont résistants au pouvoir bactéricide de ce
Les tests in vivo sur l’animal sont divisés en deux parties : matériau (Waltimo et al., 1999). Evans et al. (2002) ont sug-
- les tests d’implantation, qui consistent à implanter le maté- géré que E. faecalis pourrait abaisser le pH du produit grâce à
riau en sous-cutané, en intramusculaire, en intra-osseux ou sa membrane qui agit comme une puissante pompe à pro-
au contact d’un nerf chez le rat, la souris, le lapin… Ils ont tons. Une autre cause de résistance de cette bactérie, en par-
pour intérêt de vérifier la cicatrisation tissulaire au contact ticulier dans les cas de retraitement, serait son aptitude à se
des matériaux ; développer dans les anfractuosités anatomiques et les cana-
- les tests d’utilisation, qui ne sont théoriquement réalisés licules dentinaires (Gomes et al., 1996).
que si les tests d’implantation sont positifs et qui consistent Cette résistance particulière a alimenté la polémique sur l’uti-
à utiliser les matériaux chez les animaux dans les mêmes lité de l’hydroxyde de calcium dans le traitement des échecs
conditions que leur utilisation clinique (obturation cana- endodontiques qui seraient essentiellement dus à E. faecalis.
laire, obturation de perforation, obturation a retro en Pour Schröder (1985), l’hydroxyde de calcium provoque une
chirurgie endodontique). nécrose tissulaire superficielle mais sa lente et faible dissolu-
tion va limiter sa diffusion à la surface des tissus concernés,
soit à 1,5 mm. Cette causticité facilite grandement l’hémos-
A - Matériau d’interséance, tase et participe à la formation de tissu minéralisé, mais elle
l’hydroxyde de calcium peut aussi être à l’origine de lésions nerveuses (Boiesen et
Brodin, 1991).
L’hydroxyde de calcium (CaOH2) est disponible soit pur, sous Sur le plan biochimique, la forte alcalinité de l’hydroxyde de
forme de poudre à mélanger à de l’eau stérile, soit en prépa- calcium inhibe aussi l’action ostéolytique engendrée par les
ration commerciale conditionnée sous forme de seringues lipopolysaccharides (LPS) bactériens en les hydrolysant
(Pulpdent®, Calasept®, Hypocal®, Calxyl®). La forme galénique (Safavi et Nichols, 1994), diminuant ainsi les phénomènes de
la plus fréquente est l’association d’une poudre d’hydroxyde résorption osseuse associés au processus inflammatoires. Le
de calcium (78 %) et de sulfate de baryum (22 %) qui permet mécanisme impliqué dans l’induction et la formation de tissu
d’optimiser la radio-opacité. minéralisé par l’hydroxyde de calcium est encore incertain. Il
Il est utilisé comme matériau de coiffage pulpaire (bien repose apparemment sur l’alcalinité mais aussi sur la diffu-
qu’actuellement le MTA lui soit préféré) ou comme antisep- sion de Ca++. Il en résulterait une action sur l’activation des
tique à placer dans le canal. macrophages et la neutralisation des acides produits par les
ostéoclastes en formant des complexes phosphocalciques.
1 - Propriétés La libération de protéines matricielles – dont certains fac-
teurs de croissance, par exemple le TGF-β (transforming
Essentiel : les trois propriétés fondamentales de ce maté- growth factor-beta, facteur de croissance transformant
riau (antiseptique, hémostatique et inducteur de minérali-
bêta) – de la dentine par déminéralisation partielle jouerait
sation) reposent sur sa dissociation en ions calcium et ions
hydroxyde. Cette libération d’ions OH– lui confère un pH un rôle majeur dans le processus de cicatrisation pulpaire
(Graham et al., 2006).

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Obturation de l’endodonte 12
Pour le traitement d’une communication endo-parodontale,
Du fait de sa solubilité, ce matériau présente une faible
étanchéité, ce qui a été souvent considéré comme étant à l’hydroxyde de calcium est également préparé à une consis-
l’origine des échecs cliniques à long terme après coiffage tance plus épaisse et plus sèche. Après nettoyage minutieux
pulpaire (Murray et al., 2003). Cette solubilité implique de la zone et irrigation à l’aide de d’hypochlorite de sodium
que, lorsqu’il n’est pas associé à un ciment, ses propriétés à faible concentration de (0,5 à 1,5 %), le site est séché avec
mécaniques sont très faibles. des pointes de papier stériles et l’hydroxyde de calcium est
placé à l’aide d’un porte-amalgame ou d’un porte-matériau
Enfin, plus récemment, il a été reproché à ce matériau de stérile. Il est appliqué dans la communication, contre les tis-
diminuer considérablement la résistance mécanique à la sus, avec un fouloir. Si nécessaire, un éventuel excès d’eau est
flexion de la dentine (Grigoratos et al., 2001) en cas d’exposi- enlevé avec une pointe de papier de gros diamètre, geste qui
tion prolongée, et donc d’entraîner une plus grande propen- peut également servir à l’étaler.
sion à la fracture des dents traitées à l’hydroxyde de calcium
par des procédures d’apexification (Andreasen et al., 2002). B - Matériaux d’obturation
2 - Indications canalaire définitifs
L’hydroxyde de calcium est principalement indiqué comme Actuellement, bien que les techniques de remplissage
matériau de coiffage pulpaire (voir chapitre 1), comme médi- canalaire à l’aide de pâtes seulement soient encore utili-
cament endodontique d’interséance et de fermeture apicale sées, la plupart des techniques d’obturation endo-
(apexification). dontiques définitives par voie orthograde font appel à un
En tant que médicament d’interséance : cône de gutta-percha non condensé (technique mono-
- il peut être utilisé lors du traitement initial pour faciliter cône) ou condensé à froid ou à chaud et associé à un
l’hémostase sur une pulpe enflammée, éventuellement ciment de scellement canalaire.
hémorragique. Lors du traitement d’un canal infecté, il est
placé dans le canal afin de compléter la désinfection pen- Il existe actuellement cinq familles de pâtes/ciments de
dant quelques jours ou d’arrêter un exsudat inflammatoire scellement :
apical qui compromet la siccité des parois et empêche de - à base d’oxyde de zinc-eugénol ;
procéder à l’obturation dans la même séance ; - à base de résine ;
- sur une communication endo-parodontale infectée (résorp- - à base d’hydroxyde de calcium ;
tion ou perforation), il aide à la désinfection et séchera la plaie - à base de verre ionomère ;
pour mettre les tissus en condition d’accepter le matériau d’ob- - à base de silicone.
turation définitif. Il n’est pas nécessaire dans le cas où la perfo- Dans une tentative de remplacer la gutta-percha et les
ration peut être séchée et ne présente pas d’exsudat purulent ; ciments de scellement, un nouveau matériau pour l’obtura-
- en post-traumatique, il est surtout utilisé en traitement pré- tion définitive des canaux a été mis au point : le Resilon®.
ventif et curatif des résorptions radiculaires de type inflam- Pâtes et ciments de scellement canalaire ont généralement la
matoire (voir chapitre 17) ; même composition de base. Ils diffèrent par quelques com-
- en interséance longue, pour une durée allant de 3 à 24 mois, posants et, surtout, par leur utilisation : les pâtes sont géné-
il est utilisé dans les traitements d’apexification sur les dents ralement destinées à être utilisées seules ou en technique
immatures. L’objectif est d’obtenir une fermeture apicale par mono-cône, pour réaliser un « remplissage canalaire » à l’aide
formation d’une barrière apicale de tissu minéralisé et de d’un bourre-pâte, alors que les ciments de scellement sont
rendre ainsi possible l’obturation canalaire. destinés à être utilisés sous la forme d’un mince film avec de
la gutta condensée.
3 - Manipulation en médication d’interséance Le ciment de scellement, utilisé sous la forme d’un mince
Facile à manipuler, l’hydroxyde de calcium nécessite cepen- film, sert :
dant quelques précautions d’usage en rapport avec la situa- - à assurer un joint entre la gutta-percha et les parois canalaires ;
tion clinique. - à combler les vides au sein de la masse de gutta-percha ;
La poudre est mélangée à de l’eau stérile pour obtenir une - à participer à l’obturation du réseau canalaire (canaux laté-
consistance crémeuse. La pâte obtenue est ensuite déposée raux, isthmes, canaux accessoires…).
dans le canal avec un Lentulo. Des pointes de papier sont
utilisées à l’envers pour la tasser et éliminer les excès d’humi- 1 - Gutta-percha
dité. La cavité d’accès est refermée avec un ciment tempo-
raire sur une épaisseur de 4 mm minimum. a - Composition
Une fois mélangé à l’eau stérile, l’hydroxyde de calcium peut La gutta-percha est un produit naturel issu d’arbres de Malai-
être aussi exprimé dans une compresse stérile afin d’obtenir sie ou d’Amérique du Sud, de la famille des Sopotaceæ : Pala-
une consistance plus dense. Il est placé dans le canal à l’aide quium oblongifolia ou Pallaquia gutta. Les feuilles des arbres
d’un porte-amalgame stérile puis foulé avec un fouloir de sont broyées et bouillies afin de récupérer la gomme de
compactage vertical. gutta-percha. C’est une molécule à haut poids moléculaire :

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12 Endodontie

un poly-isoprénoïde, comme le caoutchouc (qui en est son


Important ! Il est donc impératif de compacter la gutta-percha
isomère cis) mais elle est moins élastique que lui. C’est un
pour limiter l’épaisseur du joint et optimiser le scellement.
matériau isolant, non résorbable et biocompatible.
La gutta-percha a été préconisée en endodontie depuis 1867
par Bowman. La composition des spécialités endodontiques La gutta-percha ne présente pas ou peu de toxicité et celle-
est variable suivant les fabricants. La gutta-percha intervient ci est variable en fonction des marques (Geurtsen et Leyhau-
dans 20 à 25 % du produit fini, l’oxyde de zinc dans 60 à 65 %, sen, 1997 ; Dahl, 2005). Les études par implantation ont
le sulfate de baryum dans 11 % environ et, enfin, la colophane, montré des résultats variables, avec une absence de réaction
la cire et les colorants dans 4 %. ou l’induction de réactions inflammatoires chroniques, en
La gutta-percha dentaire est malléable et plastique, et peut fonction des marques de gutta-percha testées (Geurtsen et
être déformée à froid, mais c’est en la réchauffant et en la Leyhausen, 1997 ; Dahl, 2005).
compactant que l’on exploite au mieux ses propriétés, en la Un seul cas d’allergie est décrit dans la littérature médicale
« moulant » à l’intérieur du système canalaire (Schilder, 1967). chez un patient qui présentait déjà une allergie au latex
(Boxer et al., 1994). Eu égard à l’origine végétale très voisine
La qualité d’un cône dépend des proportions relatives des deux produits, la question de possibles allergies croisées
d’oxyde de zinc et de gutta-percha. Plus la proportion de a été recherchée sans pouvoir être démontrée (Hamann
gutta-percha augmente, moins le cône est malléable et et al., 2002).
plus il est dur ; il est peu thermoplastifiable. La gutta n’est pas résorbable et une réaction antigène-anti-
corps peut intervenir si les fragments sont considérés par
l’organisme comme un corps étranger (Serene et al., 1988).
b - Propriétés
Chez le cobaye, seules de petites particules de gutta-percha
(50-100 µm) semblent influencer l’apparition d’une réaction
Remarque : la gutta-percha est disponible sous deux
formes ; la forme β qui compose les cônes et la forme α qui inflammatoire à cellules géantes qui évoque une réaction à
compose les bâtonnets à chauffer et qui est destinée à être corps étranger (Sjögren et al., 1995).
injectée dans le canal. Enfin, la gutta-percha a des propriétés antimicrobiennes dues
certainement à l’oxyde de zinc (ZnO) (Moorer et Genet, 1982).
La radio-opacité de la gutta-percha est de 6,1 à 8,8 mm d’alu-
La forme α recouvre aussi les tuteurs en plastique (Therma- minium, ce qui est suffisant pour une bonne visibilité radio-
fil®) qui seront également chauffés à 64 °C avant d’être placés graphique (Shah et al., 1996).
dans les canaux. La forme β peut également être chauffée
pour être plastifiée, mais cela à plus haute température (envi- c - Présentations commerciales
ron 180 à 200 °C) que la forme α, et elle sera moins fluide. À
température ambiante, la forme α est en général rigide et la 1 - Gutta-percha sous la forme de cônes
forme β flexible et souple mais très peu élastique. La gutta- Différents types de cônes de gutta sont disponibles :
percha est donc liquéfiable entre 60 et 200 °C. C’est cette - cônes ISO, avec des diamètres de 10 à 140 en conicité 2 % ;
gamme de températures qui est utilisée dans les différentes - cônes non standardisés avec une pointe fine et des conici-
techniques d’obturation qui plastifient/liquéfient la gutta- tés différentes (extra-fine, fine-fine, fine, medium-fine, fine-
percha à chaud. Lorsqu’elle est ainsi chauffée, la gutta-percha medium, medium, medium-large, large, extra-large) ;
subit une expansion volumétrique puis une contraction au - cônes de conicité accentuée, présentant des diamètres ISO
refroidissement qui doit être compensée par un compactage mais des conicités 4 %, 6 % ou plus (Greater Taper, Roeko ;
ou par un maintien de pression afin d’éviter la perte d’adhé- 4 % et 6 %, Dentsply-Maillefer) ;
sion entre elle et la paroi (Schilder et al., 1985). Elle est soluble - cônes « systèmes », correspondant par leur diamètre et leur
dans le chloroforme, l’eucalyptol, les essences d’agrumes, le conicité aux dernières limes de mise en forme apicale d’un
tétrachloréthylène et le xylène. Cette solubilité, responsable système de mise en forme (cônes F1 à F5 pour ProTaper par
d’un ramollissement et d’une liquéfaction du matériau, peut exemple).
être mise à profit dans certaines techniques d’obturation Pour une même dénomination, les compositions, les dia-
(voir plus loin la technique du cône moulé). Mais elle subit mètres et les conicités varient énormément d’un fabricant à
aussi une rétraction lors de l’évaporation du solvant préjudi- l’autre.
ciable à l’étanchéité. De même, pour un même fabricant et pour un même lot, la
La gutta-percha n’adhère pas au canal, et ce qu’elle soit utili- norme ISO impose une tolérance de plus ou moins de
sée à froid ou réchauffée. L’adjonction d’un ciment pour 5/100 mm. Ainsi, une boîte de cônes de gutta de diamètre 30
compléter le joint est impérative mais crée ainsi une nou- peut contenir des cônes dont les diamètres varient de 25 à
velle interface gutta-percha/ciment qui s’ajoute à l’interface 35, dans le respect de la norme ISO. C’est pour cette raison
dentine/ciment. Afin d’éviter la dissolution du ciment, qui qu’il est illusoire de penser qu’un cône d’un certain diamètre
constitue le point faible de l’obturation, et de limiter l’effet s’adaptera automatiquement à la mise en forme réalisée avec
des ciments se contractant à la prise, la quantité de ciment et une lime du même diamètre et, avant toute obturation, un
donc le joint doivent être les plus fins possible. ajustage du cône doit être réalisé.

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Obturation de l’endodonte 12
2 - Gutta-percha sur tuteur Sealite® Regular (Pierre Rolland) a une formulation identique
La gutta-percha est aussi utilisée sur des tuteurs en plastique bien que les grains de poudre soient plus fins, ce qui lui
de 4 % de conicité et du diamètre 20 au diamètre 140 (Ther- confère un comportement différent.
mafil®) ou bien sur des tuteurs adaptés aux limes des sys- Dans certains ciments, d’autres composants ont été rajoutés
tèmes de mise en forme (ProTaper Obturators® ou WaveOne à la formule de Rickert initiale :
Obturators®). - une résine acide dimérique qui ralentit le temps de prise :
Pulp Canal Sealer® EWT (SybronEndo) :
3 - Gutta-percha en bâtonnets et en réservoir - de l’énoxolone dans le Sealite® Ultra (Pierre Rolland), l’En-
Dans les systèmes de gutta injectables, la gutta est fournie dospad® (Dentsply), l’Endobtur® (Septodont) et l’Obtural®
sous la forme de bâtonnets, (pour les systèmes en forme de (ATO Zizine).
pistolet), alors que celle utilisée dans les systèmes plus La formule de Grossman se distingue par l’absence de grains
récents est disponible dans des réservoirs métalliques munis d’argent. Le liquide étant de l’eugénol, la poudre est compo-
d’une aiguille. sée de :
- 42 % d’oxyde de zinc (masse) ;
- 27 % de résine (stabilité dimensionnelle/adhésion) ;
Toutes ces présentations doivent être stockées dans l’obs-
- 15 % de carbonate de bismuth (temps de prise) ;
curité et au froid sous peine d’accélérer le vieillissement
de la gutta qui la rend dure et cassante par cristallisation, - 13 % de sulfate de baryum (radio-opacité) ;
en particulier les cônes. - 1 % de borate de sodium (temps de prise).
Au niveau des pâtes à base d’oxyde de zinc, dans la quasi-
totalité des formulations, un antiseptique (polyoxyméthy-
Les cônes de gutta-percha ne sont pas stériles et doivent lène, parachlorophénol) et/ou un anti-inflammatoire
être désinfectés juste avant l’utilisation par immersion dans (dexaméthasone, énoxolone, hydrocortisone, prednisolone)
de l’hypochlorite de sodium à 5,25 % durant quelques ont été rajoutés à la formule de base. C’est le cas de pâtes
minutes (Siqueira et al., 1998 ; Cardoso et al., 1999). d’obturation telles que le Cortisomol® (Pierre Rolland), l’En-
dométhasone® et l’Endométhasone N® (Septodont), le Propy-
2 - Ciments et pâtes oxyde de zinc-eugénol lor® (Dentsply) et le Pulpispad® (Dentsply).
Les pâtes et ciments à l’oxyde de zinc-eugénol font partie Les antiseptiques ont pour but de compenser des défauts
des ciments les plus anciens et qui ont été les plus utilisés d’asepsie et d’antisepsie résultant d’une mise en forme et
soit seuls, pour réaliser un remplissage canalaire, soit en asso- d’une irrigation insuffisantes.
ciation avec des cônes de résine, d’argent ou de gutta-per- Les anti-inflammatoires, quant à eux, ont pour but de dimi-
cha. nuer les douleurs postopératoires engendrées par l’acte
À l’heure actuelle, les techniques recommandées sont celles endodontique et, surtout, par l’agressivité des antiseptiques.
utilisant un ciment de scellement avec des cônes de gutta L’utilité du rajout de ces produits antiseptiques et anti-
condensés à froid ou à chaud, avec les techniques utilisant la inflammatoires dans la formulation de ces matériaux est dis-
gutta-percha sur tuteurs (Thermafil® ou Herofill®), ainsi cutable puisque aucune étude n’a prouvé leur supériorité par
qu’avec la gutta-percha préchauffée, injectée dans le canal. rapport aux matériaux qui en sont exempts.
Comme ces ciments ont accompagné durant de nombreuses Les effets néfastes de composants tels que le polyoxyméthy-
années les obturations à l’aide de cônes d’argent, il est parfois lène ou le parachlorophénol sont potentialisés, d’une part,
possible de les déposer en utilisant un solvant pour réaliser par la solubilité des ciments oxyde de zinc-eugénol auxquels
un passage latéral. ils sont associés (Kontakiotis et al., 1997) et, d’autre part, par
Les ciments à base d’oxyde de zinc-eugénol répondent géné- leur mise en place dans le canal avec un Lentulo dont la
ralement à deux formules, celle de Rickert et celle de Gross- dynamique rotative propulse le ciment de manière incontrô-
Dans man. lable.
Selon la formule de Rickert, la poudre est composée de : En ce qui concerne les propriétés physiques et biologiques
- 40 à 45 % d’oxyde de zinc (masse) ; des matériaux à base d’oxyde de zinc-eugénol, la réaction de
- 25 à 30 % d’argent (radio-opacité) ; prise de ces derniers est accélérée par la chaleur. C’est pour
- 16 % de résine (colophane) (stabilité dimensionnelle/adhé- cette raison que certaines formulations présentent un adju-
sion) ; vant pour allonger le temps de travail et permettre leur mise
- 12 % de di-iodothymol (consistance, fluidité et légèrement en place correcte (version EWT – extended working time –
antiseptique). du Pulp Canal Sealer®).
Le liquide est composé d’eugénol (80 %) et de baume du Au niveau de l’étanchéité, les résultats comparés à ceux des
Canada. autres ciments sont en général corrects (Pommel et al., 2003).
Après mélange, le temps de prise complet est de 24 heures à Comme tous les ciments, ceux avec oxyde de zinc subissent
37 °C. une rétraction à la prise et, malgré la présence de colophane,
Le ciment de scellement le plus ancien et le plus représenta- ils sont solubles en libérant de l’eugénol et des ions Zn. Ce
tif de cette famille est le Pulp Canal Sealer® (SybronEndo). Le phénomène, bénéfique sur le plan antibactérien, est respon-

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12 Endodontie

sable d’une perte d’étanchéité à long terme et est propor-


Remarque : sur le plan clinique, ils ont l’avantage de posséder
tionnel à l’épaisseur de ciment (Kontakiotis et al., 1997). Cela
des solvants utiles à leur désobturation en cas de réinterven-
plaide en défaveur de l’utilisation d’une masse importante de tion. Il s’agit des essences d’agrume, du tétrachloréthylène,
pâte lors de l’obturation et en faveur d’une obturation à la de l’acétate d’éthyle et, à un degré moindre, de l’eucalyptol.
gutta condensée avec un joint de ciment le plus faible pos-
sible.
La radio-opacité des ciments oxyde de zinc est 5,16 à 7,97 mm
d’aluminium, ce qui est suffisant pour les contrôles (Shah
L’eugénol est très utilisé en pharmacie et en odontologie,
et al., 1996).
notamment pour ses propriétés antiseptiques et analgé-
siques (Hume, 1986). Au niveau de leur utilisation clinique, le ciment est malaxé
Les ciments à base d’oxyde de zinc-eugénol relarguent de extemporanément en incorporant progressivement la poudre
l’eugénol qui se retrouve à l’état libre au contact des tissus. au liquide sur une plaque de verre stérile. Sa consistance doit
L’effet de l’eugénol libre sur les tissus diffère en fonction être crémeuse et permettre de l’étirer sur 1 cm environ. Un
de sa concentration. ciment trop liquide est plus soluble dans le temps, aboutis-
sant à une perte d’étanchéité, et est plus toxique par un relar-
gage important d’eugénol.
Au niveau cellulaire, cet eugénol libre est toxique à concen-
tration élevée et a des effets néfastes sur les cultures de 3 - Ciments résineux
fibroblastes et d’ostéoblastes (Ho et al., 2006 ; Lee et al., Deux types de matériaux sont à distinguer : les ciments de
2007), mais il semble relativement bien supporté par les tis- scellement et les pâtes.
sus (Kolokouris et al., 1998 ; Holland, 1994). Les ciments de scellement (sealers), sous la forme pâte-pâte,
À de faibles concentrations, l’eugénol est anti-inflammatoire sont destinés à être utilisés en mince film avec des tech-
et sédatif (Markowitz et al., 1992). niques de condensation de gutta, à l’instar de leurs homolo-
Le relargage d’eugénol ainsi que la présence d’oxyde de zinc, gues de la famille des oxydes de zinc-eugénol.
® ®
de colophane et de thymol confèrent aussi à ces ciments Ils sont à®base de résine époxy (AH+ et AH+ Jet, Dentsply ;
un pouvoir bactéricide certain (Hume, 1986 ; Heling et TopSeal, Dentsply Maillefer) ou de résine méthacrylate
Chandler, 1996 ; Saleh et al., 2004). De plus ils limiteraient la (EndoREZ®, Ultradent).
pénétration des toxines bactériennes (Williamson et al., Ces ciments ont, d’après Orstavik (2005), été mis au point en
2005) sans la prévenir totalement (Trope et al., 1995) ni évi- Suisse il y a 50 ans par Schröder.
ter la pénétration des bactéries elles-mêmes (Chailertva- Les pâtes résineuses, sous la forme poudre-liquide, sont des-
nitkul et al., 1996). tinées à être utilisées en grande quantité
® dans le canal à l’aide ®
Lorsqu’ils sont implantés chez l’animal, les ciments tels que le d’un bourre-pâte
® (Obturation
® Spad, Dentsply ; Forfénan,
Pulp Canal Sealer® ou le Sealite Regular® (sans adjonction Endoplast et Méthode Z, groupe Septodont).
d’anti-inflammatoire ou d’antiseptique) montrent une inflam- La poudre contient de l’énoxolone et du sulfate de baryum.
mation de courte durée. L’inflammation diminue avec le Le liquide est composé de 2 liquides différents à mélanger
temps (Economides et al., 1995) et, s’il est noté des réactions extemporanément : le liquide de traitement qui contient du
inflammatoires légères à modérées au bout de 4 semaines, la paraformaldéhyde et des excipients, et le liquide durcissant
cicatrisation à 12 semaines montre soit des zones de contact qui est composé de résorcinol, d’acide chlorhydrique et d’ex-
direct entre l’os et le ciment, soit une légère couche d’inter- cipients.
position fibreuse dépourvue de cellules inflammatoires (Per-
tot et al., 1992a et b). a - Propriétés physiques et biologiques
Lorsqu’ils sont testés sur des animaux pour la réalisation de des ciments de scellement résineux
traitements endodontiques orthogrades, les ciments à base Les ciments de scellement à base de résine époxy possèdent
d’oxyde de zinc-eugénol montrent une bonne cicatrisation de bonnes propriétés mécaniques et d’adhérence, une bonne
apicale (Leonardo et al., 1999). étanchéité et une excellente résistance à la résorption.
L’eugénol peut être responsable de réactions allergiques Ils libèrent peu de monomères mais peuvent montrer une
(Barkin et al., 1984 ; Silvestre et al., 2005) et agir comme un toxicité initiale (Huang et al., 2002 ; Bouillaguet et al., 2006).
allergène de contact en produisant une réaction d’hypersen- Leur étanchéité est parmi les meilleures dans la plupart des
sibilité retardée au niveau local pour les patients ou pour le études (Pommel et al., 2003) mais semble diminuer avec le
personnel soignant (Kanerva et al., 1998). temps et n’est pas influencée par l’épaisseur du matériau
L’eugénol est également neurotoxique (Holland, 1994 ; Kozam, (Kontakiotis et al., 1997).
1977) mais, aux concentrations utilisées, son effet serait réver- Ils présentent une bonne biocompatibilité (Leonardo et al.,
sible (Brodin, 1988). 1999). Implantés sous la peau, les muscles et l’os d’animaux de
Ces ciments peuvent donc influencer la réponse immunitaire laboratoire, ils induisent une inflammation initiale qui dimi-
de l’hôte en la stimulant ou en l’inhibant (Bratel et al., 1998) nue avec le temps et aucune réaction n’est visible au bout de
et entraîner des réactions inflammatoires (Holland, 1994). 3 mois (Schmalz, 2003 ; Leyhausen et al., 1999).

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Obturation de l’endodonte 12
Sur le plan de la génotoxicité, le bisphénol-A-diglycidyl éther mis à une autorisation de mise sur le marché, ce qui explique
ne semble pas présenter de risque cancérigène chez l’homme qu’ils échappent aux réglementations européenne et fran-
aux dosages utilisés et après la prise (Dahl, 2005), mais comme çaise citées.
le personnel du cabinet peut être en contact fréquent avec Le diméthylformamide possède une très faible activité sol-
les excès de cette substance, il est recommandé d’en éviter le vante sur les composés phénol-formol, ce qui rend la reprise
contact direct avec la peau (Schmalz, 2003). Les ciments de de traitement extrêmement difficile et hasardeuse.
scellement résineux diminuent également la conduction ner-
veuse comme les oxydes de zinc-eugénol et de manière Important ! Au niveau clinique, les ciments de scellement à
réversible (Brodin et al., 1982). Enfin, ils ont un effet antibac- base de résine doivent être utilisés en tant que ciment asso-
térien important et en profondeur des canalicules denti- cié à de la gutta et en aucun cas en tant que pâte d’obtura-
naires (Orstavik, 1988). tion en remplissage canalaire, car leur inconvénient
principal est leur insolubilité dans les solvants en cas de
b - Propriétés physiques et biologiques nécessité de retraitement.
des pâtes résineuses Les pâtes résineuses sont, quand à elles, totalement contre-
indiquées.
L’association de résorcinol et de formol a pour vocation de
momifier les tissus pulpaires résiduels et de placer un anti-
septique permanent dans l’endodonte (Wu et Wang, 1986). La 4 - Ciments à base d’hydroxyde de calcium
mise en forme n’est pas utile (Schwandt et Gound, 2003) et la Ces ciments sont disponibles en général sous forme pâte-
pâte est placée à l’aide d’un Lentulo. Après sa prise, il ne pos- pâte :
sède pas de solvant ce qui compromet la réintervention (Vra- - le catalyseur contient une résine obtenue à partir de l’acide
nas et al., 2003). Son surnom, Russian-red, provient de la salicylique (polyméthylène méthyl salicylate) et des adju-
coloration brun-rouge qu’il induit dans les dents et du fait de vants (dioxyde de silicone, trioxyde de bismuth) ;
son utilisation intensive dans les pays de l’Est (Matthews, - la base contient de l’oxyde de calcium et/ou de l’hydroxyde
2000). de calcium, de l’oxyde de zinc et des adjuvants (résine,
dioxyde de silicone).
Ces pâtes contiennent du formaldéhyde. Elles sont aller- Les plus connus sont l’Apexit® (Vivadent), le Sealapex® (Sybro-
gènes (Braun et al., 2003), cytotoxiques (Geursten et nEndo) et le CRCS® (Hygenic).
Leyhausen, 1997), génotoxiques (Ersev et al., 1999) et neu- Certaines formulations contiennent, ® en plus, de® l’énoxolone
rotoxiques irréversibles (Brodin et al., 1982). Elles génèrent et de la méthénamine (Obtuseal ou Acroseal, groupe Septo-
des paresthésies irréversibles rapportées dans plusieurs dont).
études (Orstavik et al., 1983 ; LaBanc et Epker 1984).
Ces ciments de scellement ont été élaborés sur la base des
propriétés connues de l’hydroxyde de calcium.
En juin 2004, le formaldéhyde a été classé comme « cancéri- Leur réaction de prise aboutit à un hydroxyde de calcium pris
gène certain » par le Centre international de recherche sur le dans une matrice résineuse. Le ciment libère des ions Ca++ et
cancer (CIRC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la des ions OH– censés augmenter le pH des tissus péri-apicaux.
santé (OMS). Jusqu’alors, il n’était considéré que comme De plus, le calcium est censé favoriser la cicatrisation apicale
« cancérigène probable ». Il est à l’origine de cancers de la par la formation de néocément et exercer une action anti-
cavité buccale, des fosses nasales et des sinus, et son implica- septique.
tion dans les leucémies est jugée quasi certaine. La libération des ions OH– ne modifie pas le pH au niveau du
Malgré les faibles quantités théoriquement utilisées pour cément, malgré un pH alcalin mesuré au niveau de la surface
l’obturation des canaux en endodontie, des cas d’urticaire et du matériau (Huang et Kao, 1998). En effet, le pouvoir tampon
de réactions allergiques fortes allant jusqu’à l’œdème de de la dentine du fait des phosphates de l’hydroxyapatite
Quincke, survenant dans les heures suivant l’introduction de limite la diffusion des ions H+ et OH– (Camps et Pashley,
la pâte dans les canaux, sont rapportés dans la littérature 2000).
(Fanibunda, 1984 ; Braun et al., 2003). L’inconvénient majeur de ces ciments est leur dissolution
Pour l’Union européenne, cette substance active est interdite dans les fluides tissulaires (Hovland et Dumsha, 1985).
par la décision 2007/442/CE à la suite de l’examen relatif à
Remarque : au niveau clinique, les taux de succès obtenus
l’inscription à l’annexe I de la directive 91/414/CEE. avec ces ciments ne sont pas plus importants que ceux
Pour la France, cette substance active n’est pas autorisée obtenus avec les ciments à base d’oxyde de zinc-eugénol
dans la composition de préparations bénéficiant d’une auto- (Waltimo et al., 2001).
risation de mise sur le marché. Les produits contenant du for-
maldéhyde ont un délai à la distribution fixé au 30 juin 2008
et un délai à l’utilisation fixé au 20 décembre 2008, par l’avis 5 - Ciments à base de verre ionomère
paru au Journal officiel du 31 octobre 2007. La poudre contient un fluoro-alumino-silicate de calcium
Malheureusement, contrairement aux médicaments, les pro- ainsi qu’un radio-opacifiant. Le liquide est un acide polycar-
duits et matériaux employés en dentisterie ne sont pas sou- boxylique.

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12 Endodontie

Les ciments à base de verre ionomère ont comme avantage - présenterait une parfaite compatibilité avec les matériaux
théorique leur adhésion spontanée à la dentine radiculaire. de restauration coronaire collés (Shipper et al., 2004).
Ils présentent une désintégration et une solubilité impor- Le système est fondé sur l’utilisation du Resilon® comme
tantes, dont la conséquence est une perte d’étanchéité (Car- matériau principal d’obturation (en remplacement de la
valho-Junior et al., 2003). Leur sensibilité à l’humidité gutta) couplé à un adhésif, l’Epiphany® (qui joue le rôle du
constitue un inconvénient majeur. ciment de scellement). Il comprend :
La libération de fluor leur confère un effet bactéricide immé- - l’Epiphany® (Pentron Clinical Technologies), qui est utilisé
diat qui diminue avec le temps (Shalhav et al., 1997). comme un système adhésif automordançant à deux temps
Ils semblent très toxiques au moment du mélange mais cette (sixième génération) comprenant un primer et un ciment de
toxicité diminue et disparaît avec la prise (Schmalz et al., scellement ;
1994 ; Geurtsen et Leyhausen, 1997 ; Dahl, 2005). - le primer acide, qui contient un monomère d’acide sulfo-
L’implantation chez l’animal met en évidence une bonne bio- nique, de l’HEMA (hydroxy-éthylène méthacrylate), de l’eau
compatibilité (Kolokouris et al., 1996). et un déclencheur de polymérisation. Il est d’abord appli-
Au niveau clinique, l’idée initiale lors de la mise au point de qué sur la surface dentinaire intracanalaire. Il pénètre à tra-
ces ciments était d’exploiter l’adhésion spontanée des vers la boue dentinaire et déminéralise la couche
ciments verre ionomère à la dentine afin d’assurer une excel- superficielle de la dentine. Puis il est séché à l’air afin d’éli-
lente étanchéité apicale. Or, il s’avère que leurs propriétés ne miner le solvant et de permettre l’application du ciment de
sont pas celles espérées et que si le ciment adhère à la den- scellement ;
tine, il ne présente aucune adhésion à la gutta-percha. - le sealer Epiphany®, qui est une résine composite autopoly-
mérisable et photopolymérisable qui contient du bis-GMA
6 - Ciments à base de silicone (glycidyl méthacrylate), de l’UDMA (uréthane dimétha-
Ciment de ®scellement à base de polydiméthylsiloxane crylate) et des méthacrylates di-fonctionnels. Les charges,
(RoekoSeal, Coltène/Whaledent), ce matériau est préconisé qui représentent 70 % du poids, sont de l’hydroxyde de cal-
par le fabricant en tant que ciment de scellement en conden- cium, du sulfate de baryum (radio-opacité), du verre de
sation de gutta. ® baryum, de l’oxychloride de bismuth et de la silice. Il est
La version mélangée avec de la gutta en poudre (GuttaFlow, appliqué sur les parois canalaires et polymérisé ;
Coltène/Whaledent) est préconisée comme pâte d’obtura- - le Resilon® (RealSeal™, SybronEndo) sous forme de cône et
tion canalaire en technique mono-cône. de bâtonnet, qui est un polyester thermoplastique conte-
Les tests d’étanchéité montrent que le RSA® utilisé en nant des verres bioactifs, de l’oxychloride de bismuth et du
condensation de gutta donne une®étanchéité égale à celle sulfate de baryum. Les charges représentent 65 % du poids.
des ciments à base de résine (AH+) ou d’oxyde de zinc-eugé- Sa thermoplasticité est attribuée à l’incorporation de poly-
nol (Lucena-Martín et al., ® 2002. Özok et al., 2008). En caprolactone, un polyester aliphatique semi-cristallin, syn-
revanche, le GuttaFlow en technique mono-cône semble thétique et biodégradable. Son pouvoir adhésif est dû à
donner une moins bonne étanchéité (Özok et al., 2008). l’inclusion dans la résine de groupes méthacryloxy di-fonc-
tionnels, capables de se coupler aux adhésifs dentinaires ou
Ces ciments présentent une cytotoxicité faible sur cultures aux ciments de scellement à base de résine (Shipper et al.,
cellulaires (Mileti et al., 2005 ; Bouillaguet et al., 2006) et 2004 ; Teixeira et al., 2004). % %
une bonne biocompatibilité en implantation chez l’animal Le Resilon® est disponible en cône de 2, 4 et 6 % et en bâton-
(Gençoglu et al., 2003). nets destinés aux pistolets d’injection, son utilisation est la
même que pour les techniques de condensation de gutta à
froid ou à chaud.
Une étude clinique comparant les cicatrisations apicales Les études in vitro sur l’étanchéité sont nombreuses et
après mises en forme canalaire identiques et obturation à la donnent des résultats contradictoires : certaines ont montré
gutta en utilisant soit un ciment de Grossman ou du RSA® n’a une étanchéité supérieure du Resilon® (Shipper et al., 2004 ;
pas permis de mettre en évidence une différence entre les Skidmore et al., 2006 ; Tunga et Bodrumlu, 2006), alors que
deux ciments (Huumonen et al., 2003). d’autres ont montré une étanchéité identique ou même infé-
rieure à celle de la gutta-percha associée à un ciment de scel-
7 - Resilon® lement (Tay et al., 2005a et 2005b ; Onay et al., 2006 ;
Ce concept, apparu sur le marché français en 2005, utilise les Shemesh et al., 2006 ; Biggs et al., 2006 ; Paqué et Sirtes,
propriétés d’adhésion dentinaire des résines polymétha- 2007).
crylates afin de réaliser une « obturation monobloc » qui : Le matériau serait susceptible de se dégrader par hydrolyse
- permettrait l’obtention d’une étanchéité optimale sur alcaline (Tay et al., 2005a) et par hydrolyse enzymatique (Tay
chaque interface (dentine/ciment de scellement, ciment de et al., 2005b), ce qui entraînerait une perte d’étanchéité dans
scellement/cône) (Shipper et al., 2004) ; le temps expliquant en partie sa mauvaise étanchéité.
- assurerait une consolidation biomécanique de la dent Pour d’autres auteurs, la solubilité importante de l’adhésif
(Teixeira et al., 2004) ; (Epiphany®) utilisé comme ciment de scellement (Versiani

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Obturation de l’endodonte 12
et al., 2006 ; Paqué et Sirtes, 2007) serait responsable des propriétés mécaniques, son étanchéité (dans les perforations
résultats négatifs du Resilon®. latérales, du plancher, en obturation a retro), sa cytocompa-
Trope (2006) évoque des biais et des erreurs de manipulation tibilité et sa cytotoxicité, sa biocompatibilité par implanta-
et d’interprétation dans toutes ces études. tion ou en obturation a retro chez les animaux, son utilisation
Le matériau est approuvé par la Food and Drug Administra- pour le coiffage pulpaire direct et en bouchon apical pour
tion. l’apexification des dents immatures. De nombreuses publica-
Sa cytocompatibilité semble correcte : il est non mutagène tions cliniques sur ses différentes applications sont égale-
et ne provoque pas de réaction cutanée. ment disponibles.
En termes de biocompatibilité, il présente le plus grand
Important ! Les études sur la toxicité montrent une excel- nombre de publications par rapport aux autres matériaux uti-
lente cytocompatibilité du Resilon® mais une toxicité initiale lisés en endodontie (65 publications, contre 41 pour la gutta-
importante de l’adhésif qui sert de ciment de scellement percha et 20 pour les ciments de scellement).
(Epiphany®) (Bouillaguet et al., 2006 ; Key et al., 2006 ; Susini Il est composé de 50 à 75 % d’oxyde de calcium et 15 à 25 %
et al., 2006). Le Resilon® ne montre aucune activité antisep- de dioxyde de silicium : silicate tricalcique, silicate dical-
tique, contrairement aux autres ciments endodontiques
cique, aluminate tricalcique, aluminate ferrique tricalcique.
habituellement utilisés (Melker et al., 2006).
De l’oxyde de bismuth est rajouté pour la radio-opacité. Trois
parts de poudre de ce ciment doivent être mélangées à une
Une meilleure santé péri-apicale a été observée sur les dents part d’eau stérile pour obtenir un gel colloïdal qui effectue sa
de chiens dont les cavités d’accès restaient exposées à l’envi- prise en 2 h 45 min (Torabinejad et al., 1995a). Le MTA est dis-
ronnement oral après obturation au Resilon®/Epiphany® par ponible sous deux formes : le MTA gris (MTAG), commercia-
rapport à celles obturée à la gutta-percha/ciment résine. Les lisé en premier, et le MTA blanc (MTAB). Ce dernier ne
auteurs concluent que ces résultats pourraient provenir d’une posséderait pas d’aluminate ferrique (Camilleri et al., 2005).
meilleure étanchéité du Resilon® qui empêcherait l’infiltra- Un autre ciment minéral de composition très semblable a été
tion bactérienne (Shipper et al., 2005). plus récemment commercialisé : le MTA Angelus® (MTAA)
Cette interprétation n’a pas été confirmée par une étude avec un temps de prise plus court, situé entre 14 et 15 minutes
in vitro qui n’a pu démontrer une meilleure étanchéité du (Torabinejad et Parirokh, 2010).
Resilon® à l’infiltration coronaire par rapport à la gutta (Pitout Le brevet déposé en 1995 l’a classé dans les ciments ordi-
et al., 2006). naires types ciment de Portland et les études ont montré une
Le matériau peut être désobturé aisément (de Oliveira et al., grande similitude de composition (Asgary et al., 2004).
2006).
Par ailleurs, une étude clinique en pratique généraliste, sans 2 - Propriétés physiques et biologiques
technique standardisée mais avec obturation au Resilon®, Malgré des similitudes de composition, le ciment de Port-
montre des résultats équivalents à ceux déjà publiés en uni- land contient des métaux lourds et la taille variable et gros-
versité et utilisant la gutta-percha (Conner et al., 2007). sière de ses particules ne permet pas de le substituer au MTA
Quant à l’éventuel renforcement de la structure radiculaire où elles sont d’une finesse et d’une régularité constantes
par l’obturation monobloc, les différentes études n’ont pas (Dammaschke et al., 2005). La solubilité du MTA est décrite
trouvé une augmentation de la résistance à la fracture des comme nulle ou faible (Shie et al., 2009) mais elle augmente
racines lorsqu’elles étaient obturées au Resilon® ou à la gutta- avec le temps (Fridland et Rosado, 2005).
percha condensée et ciment de scellement (Stuart et al., Quelles que soient la méthode d’évaluation de l’étanchéité
2006 ; Sagsen et al., 2007). (colorant, pénétration bactérienne ou de protéine, filtration)
et l’indication étudiée (scellement rétrograde, scellement de
C - Autres matériaux d’obturation communication endo-parodontale pathologique ou iatrogène,
apexification, pulpotomie ou coiffage), il montre d’excellentes
en endodontie aptitudes de scellement et d’étanchéité (Torabinejad et al.,
1 - Ciments minéraux 1993 et 1995b ; Fischer et al., 1998 ; Tang et al., 2002 ; Torabine-
jad et Parirokh, 2010), et ce à 3, 6 ou 12 mois (Wu et al., 1998). La
a - Mineral trioxide aggregate (ProRoot MTA®, Dentsply taille des particules de MTA serait, pour certains, voisine de
Maillefer) et MTA Angelus® 1,5 µm (Komabayashi et Spångberg, 2008) et donc inférieure au
diamètre des canalicules dentinaires. Cela expliquerait la
1 - Composition bonne adhésion obtenue.
Ce matériau, initialement conçu pour une utilisation en Après sa prise, le module d’élasticité du MTA est de
chirurgie endodontique et connu sous le nom de MTA (mine- 40 MPa. Il passe à 67,3 MPa au bout de 21 jours, ce qui n’est
ral trioxide aggregate), a été commercialisé en 1998 sous le pas significativement plus faible que les autres matériaux
nom de ProRoot MTA® (Dentsply Maillefer). Il a généré de loin destinés aux mêmes usages (Torabinejad et al., 1995a). Le
le plus grand nombre de publications depuis 1993 (Lee et al., MTA voit ses propriétés physiques augmentées lorsqu’il
1993) : plus de 765 études ont porté sur sa composition, ses est maintenu en milieu humide après sa mise en place

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12 Endodontie

(Parirokh et Torabinejad, 2010), mais la contamination san-


Important ! Lors du traitement des perforations, les tissus
guine affaiblirait sa résistance à la compression (Nekoofar
parodontaux montrent une excellente cicatrisation au
et al., 2010). contact du MTA avec une absence d’inflammation et une
Toutefois, le rapport poudre/liquide influencerait la solubi- croissance des cellules desmodontales. Une apposition de
lité du ciment : plus la quantité d’eau est importante, plus la néocément est constatée au contact direct du MTA (Pitt
solubilité et la porosité augmentent (Fridland et Rosado, Ford et al., 1995 ; Holland et al., 2001 ; Main et al., 2004).
2005).
Il a été montré que l’hydratation du MTA produit de l’hy-
L’apposition directe de cément sur le MTA a été confirmée après
droxyde de calcium (Camilleri et al., 2005) qui expliquerait la
son utilisation en obturation a retro en chirurgie endodontique
réponse tissulaire favorable (Holland et al., 2001). Il libère
(Torabinejad et al., 1997 ; Regan et al., 2002 ; Baek et al., 2005 ;
des ions OH– qui maintiennent un pH alcalin à 12,5 au bout
Bernabé et al., 2007). Deux études récentes confirment la
de 3 heures (Torabinejad et al., 1995a) et des ions Ca++ qui, en
cémento-conduction et cémento-induction du MTA ainsi que
présence des phosphates tissulaires, favorisent la produc-
l’ostéo-induction (Chen et al., 2009 ; Hakki et al., 2009).
tion d’hydroxyapatite (Duarte et al., 2003 ; Sarkar et al.,
L’apposition de néocément et une régénération du parodonte
2005).
apical ont été aussi observées lors de l’utilisation du MTA en
Ainsi, le MTA possède une activité antibactérienne envers
bouchon apical dans le cas de dents immatures à apex ouverts
les souches aérobies anaérobies facultatives (AAF) comme
(Shabahang et Torabinejad, 2000 ; Ham et al., 2005).
Streptococcus faecalis et autres streptocoques et lactoba-
Les études comparant le MTA gris au MTA blanc ont montré
cilles ainsi qu’Escherichia coli mais il n’a pas d’activité sur les
que la taille des cristaux est 8 fois supérieure à la surface du
souches anaérobies strictes (AS) (Torabinejad et al., 1995c).
premier que du second, mais que la présence des oxydes est
Cependant, il est évoqué une activité sur C. albicans (Al- identique dans les deux formes (Asgary et al., 2006b). La bio-
Hezaimi et al., 2005). Mais les propriétés antibactériennes compatibilité du MTA gris semble supérieure à celle du MTA
et antifongiques du MTA sont très controversées, la littéra- blanc (Perez et al., 2003). La différence d’état de surface
ture médicale donnant autant de conclusions positives que expliquerait cette supériorité.
négatives, et leur effet semble dépendre de la concentra- Mais d’autres études ont conclu à une biocompatibilité simi-
tion en ciment. Pour qu’il se manifeste, celle-ci doit être laire à 28 jours et évoqué une biocompatibilité immédiate
supérieure à 25 mg/ml (Al-Hezaimi et al., 2006), mais cette supérieure à la tardive, certainement expliquée par la quan-
concentration s’avère trop élevée et cytotoxique (Hakki tité de libération d’hydroxyde de calcium plus importante
et al., 2009). dans la phase initiale d’hydratation. De plus, il a été mis en
Les études de cytocompatibilité cellulaire montrent des évidence que la surface de la poudre de MTA avant mélange
résultats favorables (Torabinejad et al., 1995d ; Laurent et al., contenait 3 fois moins de sulfure qu’après sa prise (Dam-
2008). En général, le MTA favorise la production cellulaire de maschke et al., 2005). Cette couche isolerait le matériau de
cytokine et améliore l’attachement et la croissance cellulaire l’hydratation et augmenterait son temps de prise tout en
à son contact (Keiser et al., 2000 ; Huang et al., 2005). La syn- limitant la libération ultérieure d’hydroxyde de calcium.
thèse d’ostéocalcine, de phosphatase alcaline et d’interleu- La radio-opacité du MTA est équivalente à 7,17 mm d’alumi-
kines 6 et 8 est aussi augmentée en présence de MTA nium (Torabinejad et Parirokh, 2010), ce qui permet de contrô-
(Thomson et al., 2003) ainsi que l’activité de la phosphatase ler son placement et son évolution.
alcaline au niveau des fibroblastes parodontaux (Bonson En général, le MTA Angelus®, outre un temps de prise plus
et al., 2004). court, montre des propriétés similaires à celles du MTA
Le MTA n’est pas mutagène ni génotoxique (Torabinejad et (Komabayashi et Spångberg, 2008 ; Torabinejad et Parirokh,
Parirokh, 2010). La concentration semble jouer un rôle impor- 2010, Parirokh et Torabinejad, 2010).
tant (Hakki et al., 2009).
Les études histologiques en coiffage pulpaire direct, aussi 3 - Manipulation
bien chez l’animal (Pitt Ford et al., 1996 ; Asgary et al., 2006a) Ces ciments minéraux sont indiqués en endodontie pour réa-
que chez l’humain (Andelin et al., 2003 ; Iwamoto et al., liser les obturations rétrogrades, le scellement des communi-
2006 ; Nair et al., 2008), montrent que le MTA génère moins cations endo-parodontales, le scellement apical en
d’inflammation pulpaire et induit la formation d’un pont den- apexification, le coiffage pulpaire direct et la pulpotomie.
tinaire plus épais et de manière plus reproductible que les Leur difficulté de mise en œuvre a souvent été évoquée
autres matériaux utilisés (Simon et al., 2008). (Asgary et al., 2006a et 2006b) et de nombreuses solutions
L’implantation sous-cutanée de MTA génère une importante ont été proposées. Quelques remarques issues de la littéra-
réaction avec zones de nécrose et calcification dystrophique ture médicale peuvent influencer le pronostic et sont néces-
(Yaltirik et al., 2004) tandis qu’aucune modification de la saires. L’inflammation tissulaire génère un milieu acide qui
microcirculation du tissu conjonctif n’est observée (Masuda favorise la libération de l’oxyde de bismuth (radio-opacité) par
et al., 2005). L’implantation intra-osseuse entraîne une faible le MTA. L’oxyde de bismuth gêne à son tour la libération de
réaction avec ostéogenèse (Torabinejad et al., 1995d ; Saidon En cas dedeprésence
l’hydroxyde calciumd'un exsudat sa
et diminue purulent
biocompatibilité car il
et al., 2003 ; Moretton et al., 2005). affecte la prolifération tissulaire (Camilleri, 2007). L’usage

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Obturation de l’endodonte 12
d’hydroxyde de calcium en interséance est recommandé. Ces propriétés originales et améliorées reposent sur l’ab-
Durant les apexifications, pour une meilleure étanchéité bac- sence d’aluminosilicate, qui constituerait une impureté, sur la
térienne, il faut hydrater le MTA par le canal à l’aide d’une variation de taille des particules, qui optimiserait la densité,
éponge humide (côté apex, l’eau tissulaire assure l’hydratation sur l’ajout de carbonate de calcium, qui représenterait une
bilatérale) (Chogle et al., 2007) ; l’éponge humide est ôtée au charge supplémentaire et participerait à la biocompatibilité.
bout de 24 heures pour une meilleure résistance à la flexion Comme pour tous les ciments minéraux, le rapport poudre/
du matériau (Walker et al., 2006). L’épaisseur de ciment à uti- liquide est important. L’augmentation de liquide augmente la
liser est aussi controversée et on peut admettre que de 3 à porosité et réduit la résistance ; la diminution de liquide
5 mm de matériau sont suffisants. Le MTA ne doit pas être altère l’homogénéité du mélange. L’ajout de polymères
mordancé dans les 96 heures au risque d’affaiblir encore sa hydrosolubles est censé réguler le rapport. Il a été montré
résistance à la compression (Kayahan et al., 2009). Ce fait est à que l’ajout de chlorure de calcium (Cl2Ca) au MTA augmente
considérer pour les restaurations corono-radiculaires fibrées l’étanchéité (Bortoluzzi et al., 2006). Les valeurs données ici
et collées sur des dents traitées après perforation. De plus, la au niveau de restaurations coronaires semblent corréler ce
résistance à l’expulsion (push-out test) est aussi améliorée si le fait et placent le Biodentine™ comme un substitut dentinaire
matériau a achevé sa prise en milieu humide (Gancedo-Cara- à utiliser sans traitement de surface préalable dans les tech-
via et Garcia-Barbero 2006). Il est également recommandé de niques sandwichs.
protéger le MTA placé sur une perforation avec un ciment La biocompatibilité du Biodentine™ a été étudiée sur des lym-
verre ionomère qui n’altérera pas ses propriétés (Nandini phocytes et des fibroblastes pulpaires humains ainsi que sur
et al., 2007). Le mordançage procure une adhésion maximale Salmonella typhimurium. Les résultats sont similaires à ceux
du composite sur le MTA avec l’acide orthophosphorique du du MTA (Laurent et al., 2008).
système « Total Etch » (Tunç et al., 2008). La méthode de mise
en place du MTA influence ses propriétés mais aucun résultat D’après le fabricant, le matériau est non cytotoxique, non
n’est saillant concernant l’usage de fouloirs manuels par rap- génotoxique, non mutagène et les tests cutanés et sous-
port aux ultrasons (Parirokh et Torabinejad, 2010). cutanés sont exempts d’inflammation. Le Biodentine™ en
Quant au ciment de Portland, son utilisation in vivo est for- coiffage pulpaire stimule l’angiogenèse et induit la forma-
tement contre-indiquée (Parirokh et Torabinejad, 2010). tion de dentine réparatrice.
Il est enfin à noter que les ciments minéraux ne possèdent
pas de solvant. L’ensemble de ses propriétés cliniques (mise en place et prise
en une séance), physiques et biologiques lui ouvrent les
b - Biodentine™
portes de l’endodontie pour les indications similaires à celles
Un nouveau ciment minéral de fabrication française a été mis des précédents ciments mais les études in vitro, in vivo et
au point, sous l’appellation Biodentine™, par le laboratoire cliniques axées sur ces indications font pour l’instant défaut
Septodont. Sa récente mise au marché ne permet pas de pré- par rapport au MTA qui est actuellement le ciment de réfé-
senter des études similaires aux précédents et les renseigne- rence.
ments ci-dessous émanent du fabricant.
Les modifications portent sur le temps de prise nettement 2 - Ciments oxyde de zinc-eugénol renforcés à la résine
inférieur à celui du MTA, de 9 à 12 minutes, et de meilleures (OZnR)
propriétés physiques avec une résistance à la compression de Ces ciments ont été initialement indiqués comme matériau
200 MPa à 24 heures. de restauration provisoire. Leur composition est issue des
Initialement, ce matériau, qui prétend offrir une biocompatibi- ciments à base d’oxyde de zinc-eugénol mais ils ont été
lité similaire à celle du MTA, a été conçu pour les restaurations modifiés afin d’en raccourcir le temps de prise, trop long, et
coronaires sur dents pulpées. La radio-opacité est ici obtenue d’en diminuer la solubilité (Oynick et Oynick, 1978). Les modi-
avec de l’oxyde de zirconium, la poudre est voisine des précé- fications ont porté sur le remplacement d’une partie de l’eu-
dents ciments : silicate tricalcique, silicate dicalcique, carbonate génol par l’acide orthoétoxybenzoïque (EBA, ethoxy benzoic
et oxyde de calcium, oxyde ferrique. Cette poudre ne contient acid) et/ou en incorporant de la résine en plus grande quan-
pas d’aluminosilicate et l’eau nécessaire à la prise contient 15 % tité dans la poudre.
de chlorure de calcium, destiné à accélérer celle-ci, et des poly- Les deux spécialités les plus connues sont l’IRM® (Dentsply)
mères résineux. Comme les autres ciments, il libère de l’hy- et le Super-EBA® (Harry J. Bosworth), dont la composition est
droxyde de calcium et induit la formation d’hydroxyapatite à résumée dans le tableau 12.1.
partir des phosphates de calcium dentinaires et tissulaires.
Ses propriétés sont les suivantes : Tableau 12.1 Composition du Super-EBA® et de l’IRM®.
- dureté = 90 VHN (Vickers hardness number) à 1 mois ; Super-EBA® IRM®
- flexion = 34,5 MPa au bout de 2 heures ; Poudre Oxyde de zinc : 60 % Oxyde de zinc : 80 %
- compression = 200 MPa au bout de 24 heures et 300 MPa au Aluminium : 34 % Polyméthacrylate : 20 %
bout de 28 jours (MTA = 140 MPa au bout de 28 jours) ; Résine naturelle : 6 %
- porosité = 6 % (MTA = 22 %) ; Liquide EBA : 62,5 % Eugénol : 99 %
- radio-opacité = 3,5 mm d’aluminium. Eugénol : 37,5 % Acide acétique : 1 %

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12 Endodontie

tion de techniques de mise en œuvre codifiées. Nul doute


Important ! À part l’obturation coronaire transitoire, l’indi-
que les ciments minéraux montreront une aptitude simi-
cation la plus connue en endodontie concerne l’obturation
des cavités rétrogrades. laire.
En effet, ces matériaux se sont imposés comme les solu-
tions de remplacement de choix à l’amalgame pour les
obturations a retro en endodontie chirurgicale : ils sont plus
biocompatibles, de manipulation plus facile et, surtout, non II - Quand et comment obturer ?
corrodables.
Dans ces situations, la surface de contact entre le matériau De manière générale, l’obturation canalaire peut être réali-
et les tissus est plus importante et les effets tissulaires sont sée chaque fois que :
exacerbés. - le canal a été correctement mis en forme ;
- le canal peut être séché. En effet, s’il présente un suinte-
ment apical et que le séchage parfait à la longueur de
Par rapport à des ciments à base d’oxyde de zinc-eugénol travail ne peut pas être obtenu, l’obturation devra être
classiques, les modifications dans la composition permet- remise à une séance ultérieure et un hydroxyde de cal-
traient de limiter l’hydrolyse du ciment et la libération de cium placé en interséance ;
l’eugénol et du zinc qui sont les composés toxiques (Meryon - la dent est asymptomatique sur le plan desmodontal. Il
et al., 1988). Le Super-EBA® est particulièrement recommandé est totalement contre-indiqué d’obturer une dent qui
pour ses propriétés mécaniques et sa faible solubilité (Civjan présente des symptômes de desmodontite apicale, sous
et Brauer, 1964). La présence de fibre de collagène observée à peine d’entraîner une exacerbation des signes cliniques.
la surface du Super-EBA® a été décrite en 1978 (Oynick et En revanche, en cas de pulpite sans association desmo-
Oynick, 1978) et interprétée comme un signe de biocompati- dontale, l’obturation peut être réalisée dans la séance de
la mise en forme.
bilité.
En implantation intra-osseuse, le Super-EBA® montre une
bonne biocompatibilité, avec des réactions inflammatoires
légères au bout de 4 semaines, suivie à 12 semaines d’une Il existe une controverse sur le traitement en une ou plu-
résorption de l’inflammation avec observation soit d’une sieurs séances de dent présentant une LIPOE asymptoma-
interposition fibreuse d’épaisseur variable entre l’os et le tique.
matériau, soit d’une néoformation osseuse au contact direct Pour certains auteurs, ces dents doivent être soignées en
du matériau (Pertot et al., 1997 ; Tassery et al., 1997). deux ou plusieurs séances, avec mise en place d’hydroxyde
Le bon comportement tissulaire de ces matériaux a aussi été de calcium dans les canaux, afin de parfaire la désinfection
souligné chez le chien (Trope et al., 1996). canalaire (Byström et al., 1985. Sjögren et al., 1991 et 1997. Shu-
ping et al., 2000).
Pour d’autres, une obturation dans la séance est indiquée à
Important ! Cliniquement, les dents obturées a retro avec
les ciments oxyde de zinc-eugénol renforcés à la résine partir du moment où la dent a été correctement préparée et
montrent des taux de succès de 91 % pour l’IRM®, de 95 % irriguée, qu’elle est asymptomatique et que les canaux sont
pour le Super-EBA® et de seulement 75 % pour l’amalgame secs, même en présence de lésions.
(Dorn et Gartner, 1990). Leur utilisation pour l’obturation a La plupart des études cliniques publiées dernièrement et
retro de dent préparées aux ultrasons sous microscope comparant les résultats de dents porteuses de LIPOE et trai-
opératoire permet d’obtenir des taux de succès de plus tées en une séance ou en plusieurs séances avec mise en
96 % à court terme (Rubinstein et Kim, 1999) et d’environ
place d’antiseptique dans les canaux ne mettent pas en évi-
90 % à 7 ans postopératoires (Rubinstein et Kim, 2002).
dence de taux de succès plus élevé dans l’un ou l’autre des
groupes (Weiger et al., 2000 ; Peters et Wesselink, 2002 ;
Les ciments oxyde de zinc-eugénol renforcés à la résine ont Molander et al., 2007 ; Penesis et al., 2008).
une activité antibactérienne marquée (Torabinejad et al., Deux méta-analyses de la littérature médicale (Sathorn et al.,
1995c ; Eldeniz et al., 2006) et les oxydes de zinc en général 2005 ; Figini et al., 2008) et une revue de littérature exhaus-
ont une activité antifongique (Cassanho et al., 2005). tive récemment publiées confortent ces résultats (Su et al.,
Les valeurs d’étanchéité de ces ciments, bien que conve- 2011).
nables par rapport à d’autres matériaux, sont inférieures à S’il existe un saignement provenant du canal, plusieurs étio-
celles du MTA (Fernández-Yáñez Sánchez et al., 2008), y logies sont possibles :
compris sur des perforations (Hashem et Hassanien, 2008). - longueur de travail trop courte sur une pulpectomie vitale
Leur biocompatibilité semble inférieure au MTA (Fernández- ou trop longue ;
Yáñez Sánchez et al., 2008). La résistance à la compression - fausse route avec communication endo-parodontale ;
est similaire à celle du MTA (Torabinejad et al., 1995a). Leur - déplacement externe du foramen.
étanchéité semble plus affectée par la contamination san- Si les deux premières situations sont gérables une fois dia-
guine que le MTA (Torabinejad et al., 1994). gnostiquées, il en est autrement du déplacement externe
Leur manipulation est décrite comme aisée, mais ils bénéfi- dont la seule gestion est chirurgicale avec une obturation
cient de 50 ans d’antériorité, ce qui a contribué à l’élabora- rétrograde après résection apicale.

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Obturation de l’endodonte 12
Si la mise en forme a été correctement réalisée et que le Sous-obturation et surextension sont des sources poten-
foramen apical n’est pas surélargi ou trop résorbé, l’obtura- tielles d’échecs puisqu’elles n’assurent pas le scellement du
tion canalaire se fera à l’aide d’une technique de condensa- foramen apical et permettent la persistance de vides pro-
tion de gutta associée à un ciment de scellement. pices au développement des bactéries. Elles sont la consé-
À partir d’un diamètre apical plus large que 50, la technique quence directe du non-respect des principes mécaniques de
du cône moulé peut être utile. la mise en forme canalaire, des erreurs d’évaluation de la lon-
gueur de travail et du manque d’ajustage du maître cône lors
Si le diamètre apical est supérieur à 90 ou si la dent est de l’obturation (van Zyl et al., 2005).
immature, le bouchon de MTA est la solution de choix.
Après la mise en forme, le canal doit être séché pour opti-
miser son scellement. La siccité est obtenue par aspiration B - Techniques d’obturation canalaires
et passage de pointes de papier stériles et conformes aux (tableau 12.2)
dimensions du canal.
1 - Techniques utilisant de la gutta-percha

Les techniques d’obturation actuellement recommandées


A - Sous-obturation, se fondent sur la condensation de gutta-percha, à froid ou
surextension et surobturation à chaud, associée à un film de ciment de scellement cana-
Une sous-obturation désigne une obturation incomplète du laire.
Quelle que soit la technique d’obturation, la première
système canalaire avec présence de vides. L’obturation est
étape, primordiale, consiste à choisir et à ajuster apicale-
généralement courte à la radiographie. Elle peut néanmoins ment le cône de gutta.
apparaître à la bonne longueur, mais sans sceller le foramen
apical. C’est le cas lorsqu’un cône de gutta-percha sous-
dimensionné par rapport au diamètre apical de la prépara-
a - Ajustage du maître cône et préparation du ciment
tion est amené à la longueur de travail.
Une surextension désigne un dépassement du matériau d’ob- Cette étape consiste à ajuster un cône de gutta-percha non
turation canalaire au-delà du foramen apical, avec un volume seulement à la longueur de travail mais aussi, et surtout, au
canalaire incomplètement obturé et un mauvais scellement diamètre apical de la préparation afin d’assurer un scellement
apical. Cela résulte généralement de l’utilisation d’un Lentulo et une étanchéité de cette zone. C’est la notion de « largeur
qui propulse du matériau dans les tissus péri-apicaux mais de travail » qui vient compléter la classique longueur de tra-
sans sceller l’apex, du manque d’ajustage du cône de gutta au vail (Jou et al., 2004). Elle est réalisée par un ensemble de
niveau apical et qui a été poussé dans les tissus apicaux lors tests cliniques tactiles et radiographiques et le canal doit
de la condensation, ou d’une obturation succédant à une être rempli d’hypochlorite de sodium.
manœuvre iatrogène dans le tiers apical (destruction du stop Les cônes utilisés sont fonction de la mise en forme réalisée
apical par surestimation de la longueur de travail, surélargis- et de la technique d’obturation.
sement ou transport apical avec création d’un foramen en Pour une mise en forme avec la technique du stop apical et
forme de sablier). une obturation en condensation latérale à froid, les cônes de
Une surobturation indique un dépassement du matériau gutta ISO sont indiqués.
d’obturation canalaire au-delà du foramen apical, mais avec Le cône qui sera ajusté apicalement est appelé maître cône
un volume canalaire complètement obturé et une bonne et les cônes supplémentaires sont les « cônes accessoires ».
étanchéité apicale. Elle est fréquente lorsque la mise en Un cône du même diamètre que le dernier instrument qui a
forme est correcte, le foramen respecté et libre par utilisa- travaillé à la longueur de travail est choisi. Il est inséré dans le
tion de la lime de perméabilité apicale (Lambrianidis et al., canal et glissera jusqu’à atteindre la zone apicale. Le cône
2001) et la technique de compactage efficace (généralement doit venir s’adapter à 0,5 mm de la longueur de travail, en
des techniques d’obturation se fondant sur le compactage à friction apicale sur les 2 derniers millimètres de la prépara-
chaud de la gutta-percha). Il s’agit généralement d’une fusée tion canalaire.
de ciment de scellement dans le péri-apex (puff apical). Afin de vérifier cette adaptation, le cône est légèrement
Le seul cas où une surobturation peut aboutir à un échec, poussé puis il est retiré avec des précelles. S’il présente une
malgré l’étanchéité obtenue, est celui d’une dent dont l’apex bonne adaptation, il résistera avant de se désinsérer d’un
est vestibulé et où la corticale vestibulaire est absente ou coup sec. Il est très important d’obtenir cette résistance au
très fine. Ce sont en majorité les racines vestibulaires des retrait, appelée tug-back. Elle indique que le diamètre du
premières prémolaires maxillaires qui présentent ce type cône correspond à celui de la préparation apicale.
d’apex extra-cortical. Le ciment et/ou la gutta sont alors en
contact avec le périoste et le tissu sous-muqueux, et peuvent Si ce cône flotte dans le canal à la longueur, cela indique
être responsables de douleurs persistantes après l’obtura- qu’il est sous-dimensionné par rapport à la mise en forme
tion. Dans ce cas, l’élimination chirurgicale du dépassement apicale. Il sera retiré et sectionné sur 1 mm, ou un cône de
est indiquée (Machtou, 1993). diamètre supérieur sera essayé.

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12 Endodontie

Tableau 12.2 Comparaison des avantages et inconvénients des techniques d’obturation canalaires.
Caractéristiques/techniques Avantages (dans l’ordre décroissant) Inconvénients (dans l’ordre décroissant)
Technique mono-cône Rapide Incontrôlable/dépassement
Facile Fracture du bourre-pâte
Faible coût Pas tridimensionnelle
Peu de matériel Pas de densité
Condensation latérale Contrôlable Longue
Peu de matériel Difficile
Faible coût Fêlure radiculaire
Pas tridimensionnelle
Pas de tenon dans la séance
Thermocompactage Peu de matériel Incontrôlable/dépassement
Rapide Fracture du condenseur
Faible coût Échauffement tissulaire
Tenon dans la séance
Condensation latérale modifiée Contrôlable Apprentissage
Rapide Échauffement parodonte
Matériel peu coûteux Pas tridimensionnelle à l’apex
Tenon dans la séance Fracture instrument
Condensation verticale Tridimensionnelle Longue
Contrôlable Apprentissage important
Tenon dans la séance Matériel annexe
Condensation verticale en une vague Rapide Matériel annexe
(Buchanan) Contrôlable Coût initial
Tridimensionnelle Apprentissage
Tenon dans la séance Risque d’échauffement
Tuteur enrobé Très rapide Matériel annexe
Tridimensionnelle Coût
Préparation du logement de tenon parfois
difficile
Dépassement de gutta-percha

Pour une mise en forme conique et une obturation en com-


Bien que déconseillée, la technique mono-cône reste lar-
pactage de gutta chaude, les cônes non standardisés (en gement utilisée. Dans ce cas, le cône de gutta n’est pas
général des cônes medium, ou plus larges pour les racines condensé et l’ajustage du cône par résistance au retrait
larges), les cônes à conicité accentuée ou les cônes systèmes devra se faire directement à la longueur de travail afin que
(cônes ProTaper par exemple) seront utilisés. tout l’espace canalaire mis en forme soit obturé.
Une réglette de calibrage de la gutta (Dentsply Maillefer) est
utilisée pour calibrer les cônes de gutta medium. Le cône est L’ajustage du cône peut être défaillant lorsque sa conicité est
inséré dans l’orifice correspondant au diamètre du dernier supérieure à celle du canal. La sensation de friction ressentie
instrument utilisé à la longueur de travail (fig. 12.2). Cette est soit la conséquence d’un frottement bien avant que le
manœuvre permet rarement l’ajustage dès le premier cône atteigne la longueur voulue lors de l’insertion, soit une
essayage mais elle réalise un « dégrossissage ». Le cône est sensation de friction « longue » lors de la désinsertion. Dans
alors introduit dans le canal et la sensation de tug-back à ces conditions, la condensation entraîne l’extrémité du cône
0,5 mm de la longueur de travail est recherchée. Si le cône au-delà du foramen et l’épaisseur du joint de ciment est plus
atteint la longueur de travail sans la sensation de résistance importante au niveau apical.
de retrait, il est ressorti du canal et son extrémité est section- Un bon ajustage est vérifié tactilement lorsque l’insertion se
née sur 0,5 mm. Il est alors réessayé et, si nécessaire, sec- fait sans friction sur toute la longueur canalaire et qu’elle inter-
tionné à nouveau. vient uniquement à 1 ou 2 mm de la longueur, et lorsque la
La sensation de tug-back est recherchée à 0,5 mm de la lon- désinsertion se fait d’un coup sec après résistance au retrait.
gueur de travail car, une fois le cône condensé, il sera poussé Une fois ajusté, le cône est placé dans un récipient contenant
et bloqué à la longueur de travail, assurant ainsi une excel- de l’hypochlorite de sodium à 5 % pour en assurer la désin-
lente étanchéité. fection avant utilisation.

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Obturation de l’endodonte 12

b c

Figure 12.2 a et b. Le maître cône est calibré à l’aide d’une jauge et sectionné. c. Il est ajusté à la longueur de travail moins 0,5 mm
avec une résistance au retrait due à la friction contre les parois apicales des deux derniers millimètres. Une radiographie de contrôle
de l’ajustage du cône est conseillée.

Le ciment est alors malaxé en respectant les proportions Le ciment peut aussi être mis en place dans le canal à l’aide
préconisées de poudre et de liquide. Sa consistance est celle d’une pointe de papier adaptée au diamètre de la prépara-
d’une pâte dentifrice et elle doit répondre au test d’étire- tion.
ment sur 10 mm minimum (fig. 12.3). Suivant le principe d’adaptation d’un cône plein inséré dans
Le canal est séché par aspiration puis par utilisation de cônes un cône creux, la vitesse du déplacement apical du ciment va
de papier stériles. s’accélérer sous l’effet de la réduction du diamètre du canal,
Le cône est séché dans une compresse stérile, badigeonné de en particulier lorsque la conicité du cône est similaire à celle
ciment de scellement puis placé dans le canal. du canal (cas des cônes à forte conicité). Le cône se dépla-
çant à vitesse constante lors de son insertion, les pressions
générées au sein du ciment vont permettre une première
adaptation dont l’intimité va conditionner le résultat final du
compactage.
La densité de l’obturation sera fonction de l’aptitude de la
technique choisie à remplir la totalité du réseau endo-
dontique préalablement mis en forme, nettoyé et désinfecté
par l’irrigation. L’insertion d’une quantité suffisante de gutta-
percha et son compactage diminuent le volume et l’épais-
seur du joint de ciment.

Important ! C’est avec les techniques de compactage à


chaud que l’adaptation et la densité sont les meilleures
avec une quantité de ciment minimale.

b - Obturation à l’aide de gutta-percha à froid

1 - Technique mono-cône
Figure 12.3 Test d’étirement du ciment de scellement. Celui-ci,
mélangé à la bonne consistance, doit s’étirer sur 10 mm au mini- Cette technique consiste à injecter de la pâte dans le canal avec
mum entre le bloc à spatuler et la spatule avant de se rompre. un instrument rotatif puis à insérer un cône de gutta unique.

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12 Endodontie

Dans les années 1930, Lentulo (cité par Marmasse, 1974) met- Bien que la technique mono-cône ne soit pas recommandée,
tait au point un instrument rotatif destiné à l’obturation des il est conseillé à ses utilisateurs inconditionnels de vérifier le
canaux, le « bourre-pâte », appellation qui s’est transformée sens de rotation du Lentulo, d’employer des cônes à la coni-
de nos jours en « Lentulo » (Dentsply Maillefer). Il était défini cité augmentée plutôt que les pointes ISO (afin de diminuer
comme « une très fine vis sans fin conique, formée par un fil la quantité de pâte dans le canal), d’adapter d’abord le cône
d’acier souple spiralé à gauche ». En rotation horaire, il agit (comme cela est décrit et mieux, dans la partie précédente :
comme une vis d’Archimède inversée qui propulse le ciment. recherche du tug-back), d’utiliser le cône lui-même en le
Cette technique a été enseignée dans l’ensemble des facultés badigeonnant de ciment de scellement plutôt que de le pro-
d’odontologie durant des années et bon nombre de prati- pulser au Lentulo et, enfin, d’utiliser des ciments de scelle-
ciens continuent de l’appliquer. Elle est toujours utilisée par ment canalaire du type Sealite® Regular (Acteon) plutôt que
le seul fait de sa rapidité de mise en œuvre et des habitudes des pâtes contenant antiseptiques et anti-inflammatoires.
acquises. C’est ignorer qu’il existe maintenant des méthodes
beaucoup plus fiables, aux résultats prévisibles, efficaces et 2 - Condensation latérale à froid de gutta-percha
tout aussi rapides. D’autres instruments rotatifs similaires ◆ Matériel
sont proposés avec la prétention d’optimiser la poussée du Outre le cône de gutta-percha préalablement ajusté (maître
ciment (Pastinject™, Micro Mega) et/ou d’éviter le dépasse- cône) de conicité ISO et du ciment de scellement, cette
ment de ciment en inversant la trajectoire hélicoïdale de la technique nécessite des fouloirs manuels pour condensation
lame sur les derniers millimètres d’un instrument en nickel- latérale à froid appelés spreaders (to spread : étaler),
fine des
titane (EZ-Fill® Bi-Directional Spiral Past Filler, EDS). cônes de gutta-percha « accessoires » (25#.02 ou F), un exca-
Cette technique ne permet pas une réelle obturation du sys- vateur usagé destiné à sectionner l’excédent coronaire de
tème canalaire mais, au mieux, d’effectuer un remplissage du gutta-percha et un fouloir à bout plat de type plugger.
canal principal. Outre l’absence de densité et de scellement
◆ Technique
(vu les volumes importants de pâte) qui en résulte, elle est
Les spreaders sont essayés dans le canal. Le plus apical doit
caractérisée par une rétraction de prise importante et les
atteindre la longueur de travail moins 2 mm (fig. 12.4a). Le
résorptions qui s’ensuivent entraînent un réel manque d’étan-
maître cône, badigeonné de ciment de scellement, est inséré
chéité.
dans le canal. Un spreader large est alors inséré le plus loin
possible, latéralement entre la paroi du canal et le cône de
Cette technique est difficilement contrôlable et reproduc- gutta, puis celui-ci est écrasé contre la paroi canalaire en
tible et présente l’inconvénient d’entraîner des sous-obtura- direction apicale (fig. 12.4b). Le spreader est alors retiré par
tions ainsi que des fractures du Lentulo ou, pire, des des mouvements de rotation de très faible amplitude en pre-
dépassements importants de pâte. Ces dépassements nant soin de ne pas enlever le cône. Un spreader plus fin
peuvent avoir des conséquences désastreuses si la pâte à vient se loger dans l’empreinte laissée par le précédent en
base d’oxyde de zinc est propulsée dans le sinus (Khongkhun- pénétrant plus loin dans le canal et la manœuvre de conden-
thian et Reichart, 2001) ou dans le nerf dentaire inférieur. sation latérale de la gutta est répétée (fig. 12.4c). Lorsque le

a b c d e f

Figure 12.4 a. L’essayage des fouloirs (spreaders) permet de sélectionner celui qui peut atteindre longueur de travail moins 2 mm.
b et c. Le cône badigeonné de ciment de scellement est inséré dans le canal. Le fouloir D, le plus gros, compacte le tiers cervical du
maître cône et crée l’espace pour que le fouloir suivant puisse pénétrer plus apicalement. d. Le fouloir le plus fin est ensuite inséré
le long du cône et le compacte à son tour au niveau du tiers apical, le faisant progresser jusqu’à longueur de travail. Vue en section
du canal après retrait du fouloir au niveau des tiers coronaire et moyen. e et f. Le maître cône compacté contre la paroi canalaire
laisse un vide latéral qui sera comblé par les cônes accessoires, qui y sont insérés. Ils sont compactés à leur tour jusqu’à l’obturation
complète.

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Obturation de l’endodonte 12
dernier spreader a condensé la gutta en pénétrant à moins 4 - Condensation latérale modifiée
2 mm de la longueur de travail (fig. 12.4d), il est désinséré et par thermocompactage (Peli et al. 1988) (fig. 12.5)
un premier cône accessoire est inséré dans l’espace libre. Le C’est la combinaison des deux techniques précédentes.
spreader est alors réutilisé pour condenser latéralement le La première phase consiste à condenser latéralement le
cône accessoire (fig. 12.4e). Un autre cône accessoire est maître cône puis à rajouter et condenser latéralement 2 ou 3
inséré dans le canal et condensé latéralement. Cette cônes accessoires seulement afin d’assurer l’obturation du
manœuvre est répétée jusqu’à l’obturation complète tiers apical.
(fig. 12.4f). Les extrémités des cônes sont alors sectionnées à Après cette « sécurisation » du tiers apical, un thermocom-
l’orifice canalaire avec l’excavateur chauffé au rouge et la pacteur de gros diamètre est utilisé pour obturer le canal en
masse de gutta-percha est condensée à l’entrée du canal se servant de la portion coronaire des cônes.
avec le fouloir plat (plugger) jusqu’à son refroidissement. Cette méthode permet d’obtenir une obturation plus dense
dans les deux tiers coronaires que celle obtenue avec la
3 - Condensation thermomécanique
condensation latérale pure, tout en évitant les dépassements
(ou technique de McSpadden)
inhérents au thermocompactage, qui est délicat à contrôler
Le principe est de réchauffer et de ramollir la gutta par fric- lorsqu’elle est utilisée seule pour la totalité du canal.
tion contre les parois canalaires.
Pour ce faire, un instrument spécial, appelé thermocompac-
teur, est utilisé en rotation sur contre-angle bleu, entre
5 000 et 8 000 tr/min (Gutta Condensors®, Dentsply Maille-
fer). Cet instrument ressemble à une lime H, mais les épaule-
ments des lames sont dirigés vers la pointe ce qui implique
que l’instrument présente une trajectoire hélicoïdale inver-
sée : lorsqu’il est en rotation horaire, il remonte coronaire-
ment tout en propulsant la gutta en direction apicale.
Le compacteur sélectionné pour l’obturation sera celui qui
pénètre à la longueur de travail sans aucun blocage.
Le sens de rotation sera toujours vérifié à l’extérieur du canal
afin de s’assurer que le thermocompacteur remonte et ne se
visse pas apicalement.
Après insertion du cône de gutta-percha badigeonné de
ciment de scellement dans le canal, le thermocompacteur
est alors inséré le long du cône de gutta jusqu’au blocage,
puis il est mis en rotation et maintenu en place pendant 1 à
2 secondes, sans poussée apicale et en contrecarrant la ten-
dance de l’instrument à vouloir ressortir du canal.
La gutta-percha est happée par l’instrument qui la fait tour-
ner sur elle-même dans le canal, ce qui conduit à son ramol-
lissement par friction contre les parois. Dès que la friction a
plastifié la gutta-percha, le thermocompacteur est inséré en
direction apicale et en s’arrêtant au maximum à 1,5 mm de la
longueur de travail. Le compacteur est alors retiré lentement,
en maintenant le contact avec une paroi canalaire.
Cette étape ne doit pas excéder 6 à 8 secondes sous peine d’élé-
vation très importante de la température, ce qui peut endom-
mager de façon irréversible le parodonte (Saunders, 1990).
Un plugger ou un spreader est utilisé pour compacter la gutta
coronairement.
Dans les canaux droits et dans le cas d’apex larges, il est
Figure 12.5 Les étapes initiales sont identiques
conseillé d’éviter les mouvements de pompage sous peine à celles des figures 12.4a, b et c. L’obturation
de dépassement important de gutta dans la zone apicale. du tiers apical est assurée par le maître cône
et le compactage latéral à froid. Après le pre-
Cette technique est rapide mais sa courbe d’apprentissage mier cône accessoire, le thermocompacteur
est longue. Elle peut s’avérer dangereuse dans des mains est utilisé en rotation horaire pour plastifier et
non expérimentées. propulser la gutta dans le réseau canalaire des
deux tiers coronaires.

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12 Endodontie

c - Techniques d’obturation par compactage le plus large des deux sera utilisé. Le cône de gutta est badi-
de gutta chaude geonné de ciment puis inséré à la longueur. Le heat carrier
est activé et sectionne le cône de gutta à l’entrée du canal
1 - Condensation verticale ou compactage vertical, (fig. 12.6a). Le plus gros fouloir est alors utilisé pour com-
ou technique de Schilder pacter la gutta et créer rapidement un bouchon de gutta-
Il s’agit de la technique princeps décrite par Schilder (1967). percha (fig. 12.6b). Ce bouchon est réchauffé en y plongeant
◆ Matériel
à nouveau le heat carrier, dont le retrait s’accompagne de
Cette technique utilise des instruments réchauffeurs, qui l’éviction d’une petite portion de gutta (fig. 12.6c). Un plug-
sont destinés à apporter la chaleur au cœur de la gutta-per- ger plus fin est alors utilisé pour compacter la gutta plus
cha. Ils sont appelés heat carriers. Ils sont complétés par profondément dans le canal (fig. 12.6d). Le cycle de réchauf-
l’usage de fouloirs manuels longs, à extrémité plate : les plug- fage-compactage est poursuivi avec, à chaque réchauffage,
gers (plug : bouchon). Les pluggers sont disponibles en diffé- le retrait d’une petite portion de gutta. Le passage d’un
rents diamètres et gradués tous les 5 mm. plugger à un autre plus petit se fait lorsque le plugger utilisé
Différents fabricants proposent divers types de fouloirs avec arrive à sa profondeur de pénétration maximale (fig. 12.6e et
des diamètres et des angulations différents. 12.6f). Ces pluggers peuvent être plongés au préalable dans
Les heat carriers requièrent une source de chaleur jadis assu- le godet de poudre d’oxyde de zinc pour empêcher la gutta-
rée par une flamme dure (torche à gaz), afin de réchauffer percha d’y adhérer.
rapidement l’instrument. L’ensemble a été remplacé par un La technique repose sur l’apport régulier de chaleur dans la
appareil électronique : le Touch’n Heat® (SybronEndo) qui est gutta, qui entraîne sa plastification, et sur la création d’un
composé d’un bloc électrique qui alimente une pièce a main bouchon de gutta qui est compacté, permettant ainsi l’obtu-
et un insert heat carrier. ration des espaces latéraux. Ce phénomène s’accompagne
Un godet rempli de poudre d’oxyde de zinc peut être utile d’un transfert progressif de chaleur à une portion plus apicale
pour le trempage de l’extrémité des fouloirs afin d’éviter du cône qui forme à son tour un bouchon qui est compacté.
l’adhésion de la gutta lors de son compactage. La phase de descente permet l’obturation des espaces laté-
raux et aboutit à la formation d’un bouchon apical de gutta-
percha (fig. 12.6g).
Comme cela a été précédemment indiqué, le cône à utili-
ser et à ajuster devra présenter une conicité importante
afin d’assurer une masse de gutta suffisante à la création Essentiel : la conicité du canal joue un rôle essentiel
des bouchons successifs lors du compactage. puisqu’elle permet le transfert de la pression appliquée ver-
ticalement sur la gutta en pression latérale, du fait de la
convergence des parois. Le maintien de la pression avec le
fouloir, sur la gutta-percha compense sa rétraction durant
Lors des phases de réchauffage-compactage, l’augmentation son refroidissement.
de pression va pousser la gutta-percha et le ciment de scel-
lement latéralement, contribuant ainsi à l’obturation tridi-
mensionnelle. Lors de la phase finale, la gutta qui a été La dernière phase est celle de la remontée apico-coronaire
ajustée à 0,5 mm de la longueur est poussée vers le foramen (back-fill). Elle peut être réalisée de 2 manières différentes :
et finira par le sceller de manière étanche, alors qu’elle pousse - par utilisation d’un système de gutta injectable. L’aiguille est
le ciment latéralement dans les anfractuosités du système insérée dans le canal jusqu’au contact du bouchon de gutta
canalaire, permettant ainsi de capturer l’anatomie apicale apical, elle est maintenue en place pendant 3 ou 4 secondes
tout en limitant l’épaisseur du joint de ciment. afin de réchauffer la partie supérieure du bouchon. La gutta
est alors injectée en maintenant l’aiguille au même niveau
Remarque : un faible dépassement péri-apical de matériau dans le canal sans pression excessive, jusqu’au moment où la
(ciment et/ou gutta-percha) peut apparaître mais lorsque le pression de la gutta repousse la main du praticien. Un fouloir
foramen a été respecté en diamètre et position au cours de la manuel de gutta est alors utilisé pour compacter la gutta
mise en forme, cet éventuel dépassement est appelé « surob-
turation » et il est garant d’une étanchéité convenable. injectée ;
- un ou deux cônes de gutta sont insérés dans l’espace laissé
libre qui est obturé par thermocompactage mécanique à
◆ Technique l’aide d’un Gutta-Condensor® de diamètre adapté monté sur
Les pluggers sont essayés dans le canal. En général, trois contre-angle entre 5 000 et 8 000 tr/min.
fouloirs sont suffisants pour permettre d’obturer un canal.
Dès qu’un fouloir est en contact avec les parois canalaires, 2 - Technique de compactage vertical centré
il est légèrement retiré et un stop en silicone marque sa en vague unique, ou technique de Buchanan
limite de pénétration maximale afin d’éviter les effets de Dérivée de la technique de Schilder, la technique de compac-
coin sur la racine. La profondeur de pénétration du dernier tage vertical centrée en vague unique a été mise au point par
fouloir doit correspondre à la longueur de travail moins 4 Buchanan (1994). Dans cette technique, le heat carrier et les
ou 5 mm. Pour deux fouloirs qui atteignent cette longueur, différents pluggers sont remplacés par un seul instrument

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Obturation de l’endodonte 12

a b c d

Figure 12.6 a et b. Le maître cône est sectionné à l’aide du heat


carrier chaud. Noter la portion coronaire du maître cône qui est
ainsi chauffée et plastifiée. La gutta-percha est immédiatement
compactée en direction apicale en créant un bouchon de gutta-
percha à l’aide du plugger 4 ou 3. Le bouchon sera progressive-
ment chauffé et déplacé plus bas. c et d. Le heat carrier est
activé puis à nouveau plongé dans la gutta. En ressortant, il
ramène une portion de gutta-percha. Il faut veiller à ne pas tou-
cher les parois dentinaires. La partie apicale plastifiée sera à
nouveau compacté avec le plugger de diamètre inférieur. e, f
et g. Les mêmes étapes se succèdent jusqu’à ce que le dernier
plugger atteigne la profondeur présélectionnée, c’est-à-dire
longueur de travail moins 4 ou 5 mm. Le tiers apical et les canaux
latéraux sont obturés de manière tridimensionnelle lors de
cette phase de descente. La portion coronaire du canal peut
être obturée avec un ou deux cônes accessoires et un thermo-
compacteur, de la gutta-percha injectée à chaud à partir d’une
e f g seringue ou d’un pistolet.

jouant le rôle de fouloir et de réchauffeur. Ce fouloir/réchauf-


À l’heure actuelle, différents systèmes permettent de réa-
feur est utilisé pour compacter verticalement, et en un seul liser uniquement soit l’étape de descente (down-pack) soit
mouvement de descente, un cône de gutta-percha qui a été l’étape de remontée (back-fill), ou des appareils 2 en 1,
préalablement calibré à l’apex. À l’instar de la technique de combinant les outils nécessaires aux deux étapes, sont
Schilder, cette vague de descente aboutit à l’obturation du sys- proposés par différents fabricants (fig. 12.7 et 12.8).
tème canalaire latéralement et à la création d’un bouchon api- Les différences entre les systèmes résident dans l’ergo-
cal. Elle est suivie d’une phase de remontée qui permet nomie et le design des appareils, la source d’alimenta-
d’obturer la partie du canal coronairement au bouchon apical. tion (branchement électrique ou batterie permettant
un fonctionnement sans fil) et le nombre de fouloirs
◆ Matériel
proposés.
Le matériel initialement créé pour la mise en œuvre de cette
technique, le System B® (SybronEndo), est longtemps resté
unique sur le marché et sa popularité est devenue synonyme La technique est rigoureusement la même quel que soit le
de la technique. matériel utilisé.

263

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12 Endodontie

Figure 12.7 Element Obturation® (gauche) et Calamus® Dual. Figure 12.8 Système Super Endo BL® : la pièce à main et le pisto-
Ces deux appareils 2 en 1 possèdent une pièce à main plugger et let à injecter sont sans fil et fonctionnent sur batteries rechar-
un stylo à injecter. Une pression du doigt active la chauffe du geables.
heat carrier-plugger (HCP) ou délivre la gutta-percha à l’extré-
mité de l’aiguille.

◆ Technique À ce niveau, l’émission de chaleur est arrêtée par relâche-


À l’instar de toutes les techniques fondées sur la condensa- ment du contacteur, tout en maintenant la pression verticale
tion de gutta-percha, l’ajustage d’un maître cône est primor- sur le fouloir, qui continue sa progression jusqu’à ce que la
dial pour l’obtention d’une bonne étanchéité apicale. Les profondeur repérée par le stop soit atteinte. Cette phase de
cônes utilisés et leur ajustage apical ont été décrits dans le descente dure 2 à 3 secondes maximum.
paragraphe précédent (technique de Schilder). La pression sur le bouchon apical de gutta est maintenue à
Une fois le cône de gutta ajusté, les fouloirs sont essayés froid pendant une dizaine de secondes afin de permettre la
dans le canal. Le fouloir adéquat est celui qui pénétrera poussée de la gutta et du ciment de scellement dans l’ana-
jusqu’à 4-5 mm de la longueur de travail. tomie canalaire apicale et de contrebalancer la rétraction
Un stop en silicone sera positionné sur le fouloir à la profon- de la gutta-percha lors de son refroidissement (fig. 12.9f).
deur de pénétration maximum moins 0,5 mm. En effet, lors
du compactage, le fouloir ne doit pas rentrer en contact avec
Remarque : cette phase de descente aboutit à l’obturation des
les parois canalaires, ni latéralement ni apicalement, afin
espaces latéraux du système canalaire ainsi qu’à la création d’un
d’éviter les élévations importantes de température pouvant bouchon apical, grâce à l’hydraulique générée par les fouloirs
entraîner des lésions des cellules desmodontales (McCullagh chauds qui propulsent la gutta-percha et le ciment de scelle-
et al., 2000) ou une fracture de la racine par effet de coin. Si ment.
2 fouloirs pénètrent au même niveau, le choix se portera sur
le plus large.
Le cône de gutta est alors retiré de la solution d’hypochlorite Une impulsion de chaleur d’une seconde est donnée en acti-
de sodium dans laquelle il avait été préalablement trempé vant à nouveau le contacteur tout en animant le fouloir d’un
pour assurer sa décontamination, séché à l’aide d’une com- léger mouvement de rotation (afin de le séparer de la gutta-
presse stérile, puis il est badigeonné de ciment de scellement percha), puis ce dernier est retiré du canal (fig. 12.9g).
du type Pulp Canal Sealer®. Il est alors inséré lentement à la Un fouloir manuel de compactage vertical fin est alors utilisé
longueur à laquelle il a été précédemment ajusté. à froid pour ramener la gutta-percha des parois et la com-
Le fouloir/réchauffeur du système est alors activé afin de pacter au centre du canal (fig. 12.9h).
sectionner le cône de gutta au niveau de l’orifice canalaire La phase de descente permet l’obturation des espaces laté-
(fig. 12.9a). Un fouloir manuel de compactage vertical est raux et aboutit à la formation d’un bouchon apical de gutta-
alors utilisé pour compacter à froid le cône de gutta à l’en- percha (fig. 12.9i).
trée du canal, afin de créer un plateau (fig. 12.9b). Une radiographie peut être prise à ce moment afin de vérifier
Le fouloir/réchauffeur est centré sur la surface de la gutta- la qualité du bouchon apical.
percha, le contacteur est activé, et est descendu dans l’axe La remontée (back-fill) est réalisée comme pour la technique
du canal (fig. 12.9c), dans un mouvement continu jusqu’à 1 à de Schilder par utilisation de gutta injectée ou de thermo-
2 mm de la longueur marquée par le stop (fig. 12.9d et 12.9e). compacteurs (fig. 12.10).

264

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Obturation de l’endodonte 12

a b c d e f

Figure 12.9 a. Le plugger chauffant est actionné pour sectionner


le maître cône à l’entrée du canal. b. Un plugger manuel n° 4
ou 3 est utilisé à froid pour créer un bouchon de gutta-percha
coronaire. c. Le plugger chauffant est centré dans la gutta et
pénètre en direction apicale en évitant le contact avec les
parois. d et e. La progression du plugger chauffant se poursuit
jusqu’à la limite apicale matérialisée par le stop et qui corres-
pond à longueur de travail moins 4 ou 5 mm. f. Le heat carrier-
plugger est alors arrêté pour maintenir la pression verticale à
froid sur le bouchon de gutta-percha et lui permettre ainsi de se
déplacer et d’obturer le réseau canalaire. g. Une dernière chauffe
du plugger chauffant avant le retrait permet de le séparer de
l’obturation apicale. h et i. Un plugger manuel de petit diamètre
est utilisé pour parfaire le compactage apical avant de réaliser
g h i l’obturation ascendante.

Figure 12.10 Les techniques de gutta chaude sont celles qui per-
mettent le mieux une obturation tridimensionnelle du système
a b canalaire.

265

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12 Endodontie

3 - Technique de compactage vertical centré Le système comprend en outre des fraises spéciales (Therma-
en technique hybride cut®), réservées à la section de l’obturateur à l’entrée du
Il s’agit d’une variante de la technique en vague unique. Elle canal, ainsi que des forets spéciaux permettant la réalisation
est réalisée avec le même matériel. d’un logement de tenon (Post Space Bur®) (fig. 12.11).
Les étapes sont toutes identiques jusqu’à la section du cône Il existe actuellement, chez le même fabricant, en plus de la
à l’entrée du canal et à la création du plateau de gutta coro- version originale du Thermafil®, des variantes correspondant
naire. à des systèmes de mise en forme canalaire (ProTaper Obtura-
À partir de ce stade, la descente, au lieu d’être réalisée en un tor®, WaveOne Obturator®). Ils sont identiques dans le prin-
seul mouvement continu de 2 à 3 secondes, l’est en plusieurs cipe et dans la composition de la gutta au Thermafil®.
cycles successifs de réchauffage/pénétration de 2 à 3 mm/ D’autres fabricants ont par ailleurs mis sur le marché des sys-
maintien de la pression à froid pendant quelques secondes. tèmes semblables dans le principe avec des modifications au
Ainsi, le réchauffeur/fouloir est activé et pénètre le canal sur niveau des tuteurs (Soft Core® ou HeroFill®). Il semblerait
2 à 3 mm seulement. La pression est alors maintenue à froid néanmoins que la composition de la gutta-percha soit diffé-
pendant quelques secondes. Puis le réchauffeur est réactivé rente de celle du Thermafil®, avec présence de porosités dans
et pénètre à chaud plus profondément sur 2 à 3 mm supplé- la masse de la gutta-percha, et les études sur l’étanchéité
mentaires, et la pression est maintenue à froid pendant portant sur le Soft Core® sont contradictoires (De Moor et
quelques secondes. Le cycle réchauffage/pénétration/pres- Martens, 1999 ; De Moor et De Boever, 2001).
sion est répété jusqu’à ce que le réchauffeur atteigne la lon- ◆ Technique
gueur de pénétration maximale. Le fouloir est alors désinséré Contrairement aux cônes de gutta, les obturateurs sur tuteur
après un dernier réchauffage et un fouloir manuel est utilisé ne peuvent pas être essayés dans le canal avant utilisation.
pour compacter le bouchon apical. La remontée de la gutta Si la mise en forme a été réalisée à l’aide des systèmes de
est réalisée comme décrit plus haut. mise en forme correspondants (ProTaper ou WaveOne) et
Cette technique hybride a pour objectif de se rapprocher de que le diamètre apical a été correctement jaugé, l’obturateur
la technique originelle de Schilder en reproduisant les cycles choisi sera celui dont le diamètre correspond au dernier ins-
de réchauffage/compactage. trument utilisé pour la mise en forme apicale.
Si la mise en forme a été réalisée avec une autre technique et
4 - Techniques de gutta préchauffée sur tuteur
d’autres instruments, il est utile de jauger le canal afin de
◆ Matériel sélectionner le Thermafil® qui correspondra le mieux à la
Initialement décrite par Ben Johnson en 1978 et commerciali- mise en forme finale (fig. 12.12a). Ainsi, un Verifier® du même
sée sous le nom de Thermafil®, la technique consiste en un diamètre que le dernier instrument de mise en forme est uti-
obturateur composé d’un tuteur en plastique radio-opaque lisé pour jauger le diamètre apical du canal : il doit s’adapter,
et flexible enduit de gutta-percha en phase alpha (fig. 12.11). avec une sensation de friction, entre 0,5 mm et la longueur
Cet obturateur est préchauffé dans un four spécial (fig. 12.11) de travail, et ne doit pas avancer plus apicalement si une
qui assure un contrôle du temps et de la température et, une légère poussée y est appliquée avec la pulpe du doigt. Si le
fois thermoplastifié, il est inséré à la longueur de travail. Verifier® atteint la longueur de travail sans aucune friction
apicale, cela indique que son diamètre (et par conséquent le
Thermafil® correspondant) est sous-dimensionné par rapport
au diamètre final de la préparation. L’obturateur Thermafil®
doit correspondre au Verifier® qui s’est bloqué à la longueur
de travail. Le stop en silicone de l’obturateur est réglé à la
longueur de travail afin de contrôler la pénétration du Ther-
mafil®.
Afin de jauger le diamètre apical, une autre possibilité
consiste à utiliser un tuteur Thermafil® dont la gutta-percha a
été retirée (Pertot, 2000). Le tuteur en plastique qui bloquera
entre 0,5 et 1 mm de la longueur de travail, en présentant une
sensation de friction et de blocage dans son dernier milli-
mètre sans contact latéral, indiquera le Thermafil® à utiliser.
Il est utile, avant réchauffage, d’estimer la longueur canalaire
(depuis le plancher ou depuis la jonction émail-cément) et
d’éliminer la gutta coronaire en excès à l’aide d’une lame de
bistouri. Cela évitera l’accumulation d’un excédent de gutta-
Figure 12.11 Éléments du système Thermafil® : les obturateurs
percha dans la chambre pulpaire lors de l’obturation (Pertot,
ainsi que le four Thermaprep® qui sert à les réchauffer. Les 2000 ; Pertot et Simon, 2003).
fraises Thermacut® et Post Space Bur® permettent de section- Le canal est séché par aspiration, puis avec des cônes de
ner le tuteur et de réaliser un espace pour le logement du tenon. papier. Le ciment de scellement est préparé puis mis en place

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Obturation de l’endodonte 12
Un fouloir manuel de compactage vertical est alors utilisé
pour compacter la gutta autour du tuteur en plastique au
niveau coronaire (fig. 12.12c).
L’obturateur est sectionné à l’entrée du canal à l’aide d’une
fraise Thermacut® utilisée sur turbine sans eau (fig. 12.11). La
même procédure est suivie pour l’obturation des autres
canaux, le pansement provisoire est posé et les radiographies
postopératoires sont réalisées.
En général, dans le cas d’une obturation sur une pluriradicu-
lée, les canaux sont obturés et les Thermafil® sectionnés l’un
à la suite de l’autre.
Si la préparation d’un logement de tenon est nécessaire, elle
peut être réalisée dans la séance par utilisation de la Post
Space Bur® (fig. 12.11). La préparation du logement de tenon
a b c dans la même séance ne semble pas altérer le scellement api-
cal du Thermafil® (Saunders et al., 1993). Utilisée sur turbine ou
Figure 12.12 a. En général, le diamètre et la conicité du canal
sont contrôlés à l’aide d’un Verifier® afin de choisir l’obturateur sur contre-angle rouge, sans spray d’eau, la Post Space Bur® est
correspondant et le régler à longueur de travail. b. Après pré- positionnée à l’entrée du canal au contact du tuteur en plas-
chauffage dans le four, le tuteur est inséré lentement dans le tique. Elle est actionnée sur place pendant 1 ou 2 secondes
canal jusqu’à ce que le stop rencontre le repère coronaire. c. Un afin de ramollir le tuteur puis, elle est enfoncée dans l’obtura-
plugger permet de compacter la gutta-percha autour du tuteur tion, d’un mouvement lent et continu, et sans pression exces-
pendant son refroidissement. sive. Une fois la désobturation du tuteur en plastique réalisée,
les parois canalaires sont nettoyées à l’aide d’un foret de Gates
de faible diamètre utilisé au retrait ou d’inserts ultrasonores.
sur les parois au niveau de tiers coronaire à l’aide d’une pointe
de papier ou d’une sonde droite. Le fabricant recommande
Le Thermafil® est une technique intéressante par sa courbe
l’utilisation d’un ciment de scellement à base de résine époxy d’apprentissage courte et sa rapidité de mise en œuvre cli-
(Topseal® ou AH Plus®) mais d’autres ciments de scellement, nique, ainsi que par sa capacité à obturer l’ensemble du
comme le Pulp Canal Sealer® (SybronEndo) ou le Sealite® réseau canalaire et à assurer un bon scellement apical.
(Pierre Rolland) conviennent aussi.
Pendant ce temps, le Thermafil® est immergé dans une solu-
Bien qu’indiquée pour toutes les dents, cette technique est
tion d’hypochlorite de sodium afin d’en assurer la déconta-
surtout très intéressante pour l’obturation des canaux longs
mination.
et courbés (fig. 12.13).
L’obturateur est retiré de son bain d’hypochlorite, séché à
Les inconvénients des techniques d’obturation sur tuteur
l’aide d’une compresse stérile puis placé dans la cuve de
sont :
réchauffage (fig. 12.11), après avoir sélectionné le diamètre sur
- la difficulté de préparation d’un logement de tenon dans les
le panneau frontal, ce qui permettra un temps correct de
canaux ovales, ou le tuteur en plastique se retrouve bruni
chauffage en fonction de la masse de gutta de l’obturateur.
contre une paroi au lieu d’être éliminé ;
Quand le signal sonore retentit, l’ascenseur est remonté len-
- la difficulté à contrôler les dépassements de gutta-percha
tement et le Thermafil® est récupéré et inséré directement
et/ou de ciment de scellement.
dans le canal, par un mouvement lent, ferme et continu,
jusqu’à la longueur de travail préalablement repérée grâce au 2 - Considération sur les obturations à la gutta chaude
stop en silicone (fig. 12.12b).
Au fur et à mesure de son insertion, le tuteur en plastique
Important ! Les techniques de gutta chaude sont les seules
exerce une pression hydraulique latérale de plus en plus qui permettent l’obturation tridimensionnelle du réseau
importante (effet de coin) sur la gutta-percha plastifiée et le canalaire. Elles permettent une meilleure obturation du
ciment de scellement. volume canalaire des canaux ovales, une meilleure obtura-
tion du système canalaire (canaux latéraux, canaux acces-
Note : en cas d’absence d’anesthésie, le patient est suscep- soires, isthmes) et une meilleure étanchéité apicale que les
tible de ressentir une légère douleur lors de l’insertion, dou- obturations à la pâte ou au mono-cône ou que la gutta-per-
leur résultant de la compression, dans les tissus péri-apicaux, cha condensée à froid (fig. 12.14).
de l’air contenu dans le canal. Cette douleur cesse dès que
l’obturateur atteint la longueur de travail.
Néanmoins, si la condensation latérale a été tenue comme res-
ponsable du déclenchement de certaines fêlures radiculaires,
L’obturateur est maintenu en place avec une légère pression les techniques de gutta chaude peuvent être problématiques
pendant quelques secondes, afin de compenser la rétraction en raison des élévations importantes de températures qu’elles
de la gutta-percha lors de son refroidissement. peuvent provoquer si elles sont mal utilisées.

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12 Endodontie

L’élément intéressant est l’élévation de température à la


surface externe de la racine à la suite des manipulations à
l’intérieur du canal. Une élévation de température de la
surface externe de la racine de 10 °C, c’est-à-dire qui atteint
47 °C, au-delà de 1 minute est suffisante pour induire des
altérations irréversibles du cément et du ligament paro-
dontal (McCullagh et al., 2000 ; Eriksson et Albrektsson,
1983).
Cela peut se produire lors de la chauffe à 200 °C des réchauf-
feurs/fouloirs utilisés dans les techniques de compactage
vertical en vague unique. C’est pour cette raison qu’il faut
éviter le contact de leur extrémité avec les parois du canal et
le blocage apical. Cela peut également se produire lors du
compactage vertical en technique de Schilder avec l’utilisa-
tion du heat carrier du système Touch and Heat® ou lorsqu’il
est chauffé à la flamme, mais également pendant l’injection
de gutta-percha préchauffée à 200 °C dans le « pistolet » ou,
enfin, lors de l’usage en rotation du condenseur de gutta qui,
par friction, plastifie le cône de gutta-percha.
Pour une température interne du canal de 60 °C (pistolet
d’injection), la température externe est accrue de 8 à 9 °C.
Figure 12.13 Les systèmes d’obturation utilisant la gutta chaude Pour une température interne de 45 à 80 °C (pour le heat car-
sur tuteur sont flexibles et très efficaces dans les canaux fins et rier de la condensation verticale), la température externe est
courbés. augmentée de 3 à 7 °C. Pour une température interne de 55 à
100 °C (thermocompacteur), la température externe est
accrue de 14 à 35 °C (Schmalz, 2003).
L’élévation de température externe causée par le condenseur
de gutta (Saunders, 1990) et le System B™ (McCullagh et al.,
2000) peut être de 15 à 30 °C.
Si, dans le cas du System B™ (et des systèmes équivalents), il
suffit de s’assurer que le fouloir ne reste pas en contact avec
les parois, dans le cas du thermocompactage, l’élévation de
la température est inhérente à la technique.

Ces valeurs sont conditionnées par l’épaisseur de la den-


tine, la durée d’application et la vitesse de rotation (dans
le cas du thermocompactage). La présence du ciment dans
le canal contribue à limiter l’élévation de la température
(Barkhodar et al., 1990).

Pour les pistolets d’injection, bien que la température de


chauffe s’effectue entre 160 et 200 °C, elle n’est que de 61 °C
dans le canal et le processus de refroidissement est rapide. Il
s’agit aussi de la température des tuteurs en plastique enro-
bés de gutta après passage au four.

C - Obturation des dents à foramen large


Les apex larges peuvent l’être du fait d’une résorption apicale
importante sur une dent mature ou par suite de l’arrêt de
l’édification radiculaire sur une dent immature qui s’est
nécrosée à cause d’une carie profonde ou d’un traumatisme.
En général, quatre possibilités de traitement s’offrent au pra-
Figure 12.14 La gutta chaude permet une obturation tridimen- ticien : l’apexification par mise en place d’hydroxyde de cal-
sionnelle du système canalaire matérialisée par l’obturation des cium dans le canal, la mise en place d’un bouchon apical, le
canaux latéraux. cône moulé et la chirurgie apicale.

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Obturation de l’endodonte 12
1 - Apexification à l’aide d’hydroxyde de calcium taux de succès escompté est de 79 à 96 % (Andreasen et
Andreasen, 1994). Elle présente néanmoins de nombreux
Cette procédure est le plus souvent utilisée dans les cas de
inconvénients :
dents immatures.
- le renouvellement du matériau doit se faire pendant plu-
Après mise en place du champ opératoire et réalisation de la
sieurs mois (parfois jusqu’à 2 ans) avec toutes les contraintes
cavité d’accès, le canal est nettoyé et irrigué. De l’hydroxyde
que cela implique au niveau de la coopération et du suivi du
de calcium est placé dans le canal au contact des tissus api-
patient ;
caux puis est renouvelé jusqu’à l’obtention d’une barrière api-
- l’obturation définitive du canal et, donc, la restauration
cale de tissu minéralisé. Une fois la barrière apicale obtenue,
coronaire finale de la dent ne peuvent pas être réalisées
elle est utilisée pour « appuyer » l’obturation du canal qui est
tant que la barrière apicale n’a pas été obtenue. Les dents
réalisée à la gutta-percha soit par injection, soit avec un cône
immatures (souvent les incisives), à parois radiculaires fines,
moulé.
non restaurées, sont sujettes aux fractures. De plus, des
Dans le cas d’un canal large, la longueur du travail est estimée
, les
publications récentes (Andreasen et al., 2002 ; Doyon et al.,
en présence d’une ouverture apicale importante. Les locali-
2005) mettent en évidence une diminution des propriétés
sateurs d’apex ne peuvent pas être utilisés. La longueur de
mécaniques de la dentine lorsqu’elle est exposée longtemps
travail est déterminée par une radiographie avec un instru-
à l’hydroxyde de calcium.
ment de gros diamètre dans le canal.
Le canal est nettoyé avec des limes H de gros diamètre en
appui sur les parois canalaires et par irrigation à l’hypochlo- 2 - Traitement par mise en place d’un bouchon de MTA
rite de sodium à 2,5 ou 3 %. Il est ensuite séché puis rempli Pour pallier ces difficultés et ces risques, il a été envisagé
avec de l’hydroxyde de calcium pur ou en préparation com- d’utiliser un matériau permettant d’obtenir un bouchon api-
merciale (Pulpdent®, Calasept®, Hypocal®, Calxyl®), jusqu’au cal solide et étanche en une séance, afin de permettre d’ob-
niveau coronaire. turer rapidement la dent et de la restaurer.
Le mécanisme d’action de ce matériau impose un contact
direct avec les tissus. Il est donc important de s’assurer qu’il
est bien en contact avec les tissus apicaux, sans pour autant
périapicale L’avantage de la technique du bouchon apical est de pou-
le refouler dans la zone péri-apicale. voir terminer le traitement en deux séances rapprochées,
Afin d’empêcher la recontamination bactérienne pendant en assurant rapidement une restauration coronaire quasi
l’interséance, la cavité d’accès de la dent est ensuite obturée immédiate de la dent, ce qui limite considérablement le
avec un matériau étanche, du type composite ou ciment risque de fracture.
verre ionomère (CVI).
Une radiographie de contrôle permet de vérifier que l’en-
semble du canal a bien été rempli d’hydroxyde de calcium. Différents biomatériaux ont été proposés : collagène ou
La durée moyenne nécessaire pour obtenir une barrière api- matériaux de comblement osseux. Bien qu’ils soient biocom-
cale de tissu dur est fonction du stade de développement de patibles, leur mauvaise étanchéité n’en fait pas des matériaux
la dent, de la divergence des parois radiculaires et de la pré- de choix.
sence ou non d’une pathologie apicale. Il n’y a pas de véri- Les propriétés du ProRoot MTA® (étanchéité, biocompatibi-
table consensus sur la fréquence du renouvellement de lité) l’ont imposé comme la solution idéale dans ce type d’in-
l’hydroxyde de calcium (Rafter, 2005). dication (fig. 12.15).
Néanmoins, le suivi régulier du patient, en général tous les Le principe du traitement est de créer une barrière apicale en
3 mois, est important. Il permet de vérifier, à l’aide d’une radio- plaçant un bouchon de ProRoot MTA® qui, une fois durci, per-
graphie de contrôle, la dissolution éventuelle du matériau met de terminer le traitement endodontique lors d’une
dans le canal et de suivre la formation de la barrière apicale. seconde séance et de restaurer alors la dent.
L’hydroxyde de calcium peut alors être changé tous les La fermeture apicale par un tissu dur (apexification) se fait
3 mois, jusqu’à l’obtention de la barrière apicale. À chaque ultérieurement, et directement au contact du matériau, avec
séance, après pose du champ opératoire et élimination de la restitution d’un parodonte apical quasi normal (Shabahang
l’obturation coronaire, il est supprimé du canal. Avec une et al., 1993 ; Felippe et al., 2006).
lime de petit diamètre réglée à la longueur de travail, la zone
apicale est délicatement sondée pour détecter la présence Cette technique trouve son indication principale dans les
éventuelle de la barrière apicale. Si la fermeture apicale est dents immatures, mais elle est aussi utilisée pour l’obtura-
présente et apparente à la radiographie, l’obturation du canal tion des dents permanentes matures à apex résorbés par
peut être envisagée. Si ce n’est pas le cas, le matériau est suite d’une pathologie apicale (Simon et al., 2007). En
renouvelé et la cavité d’accès à nouveau obturée. La même effet, une obturation à la gutta (en technique classique ou
procédure est répétée jusqu’à l’obtention de la barrière api- en cône moulé) peut être envisagée sur des diamètres api-
cale. caux autour de 80 ou 90. Au-delà du diamètre 90, la gutta
L’apexification par renouvellement d’hydroxyde de calcium sera très difficile à contrôler et il est conseillé d’obturer
ces dents avec un bouchon apical de MTA.
est une thérapeutique ancienne aux résultats éprouvés. Le

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12 Endodontie

a
a c

Figure 12.15 Sachet de MTA (a) et matériel de placement (b) : un


porte-amalgame stérile fin ou le MTA Gun® servent à déposer
les incréments de MTA blanc dans le canal.

La technique est la suivante (Simon et Pertot, 2008).


Dans les cas de dents à apex larges (fig. 12.16a et 12.16b), les
étapes de nettoyage et de désinfection canalaire sont iden-
tiques à celle décrites dans le paragraphe précédent.
Une fois la désinfection terminée et le canal séché avec des
pointes de papier de gros diamètre, un fouloir de condensa-
tion verticale est essayé dans le canal. Il doit pénétrer sur
d e
toute la longueur du canal et sera utilisé pour pousser le MTA
et le mettre en contact avec les tissus apicaux. Figure 12.16 a. Retraitement de 11 à apex ouvert chez un ado-
Un porte-matériau spécial, le MTA Gun®, est nécessaire pour lescent. b. Vue clinique des tissus apicaux au microscope. c. Vue
déposer le matériau dans le canal. Sa taille est préalablement clinique du bouchon de MTA après placement à l’apex. d. Radio-
choisie pour permettre un dépôt le plus apical possible graphie de contrôle du bouchon apical de MTA. e. La restaura-
(fig. 12.15). tion corono-radiculaire fibrée et collée est placée lors d’une
Le ProRoot MTA® mélangé sur une plaque de verre stérile est autre séance. Elle assure la consolidation de la dent.
chargé dans le MTA Gun® puis est déposé le plus apicalement
possible dans le canal. Il est amené alors délicatement au
contact des tissus apicaux à l’aide du fouloir préalablement Le canal ne doit jamais être obturé entièrement au ProRoot
essayé et de cônes de papier de gros diamètre utilisés à l’en- MTA®, celui-ci étant difficile à éliminer si une désobturation
vers. partielle s’avère nécessaire par la suite pour poser un ancrage
Le ProRoot MTA® est un matériau qui ne doit pas être forte- radiculaire.
ment condensé mais juste amené au contact des tissus api- Au cours de la seconde séance, qui peut être réalisée dès le
caux. Une radiographie peut être réalisée pour contrôler la lendemain, le pansement provisoire est éliminé et la prise du
mise en place du matériau. ProRoot MTA® est vérifiée. Si un ancrage radiculaire n’est pas
L’opération est renouvelée jusqu’à l’obtention d’un bouchon nécessaire, le reste du canal est obturé conventionnelle-
de 4 à 5 mm d’épaisseur qui permet d’assurer l’étanchéité api- ment avec de la gutta-percha associée à un ciment de scel-
cale (fig. 12.16c et 12.16d). lement.
Une éponge humidifiée et essorée est placée dans le canal et Dans le cas des dents antérieures immatures, il est préférable
la cavité d’accès est obturée de façon provisoire. de ne pas remonter l’obturation à la gutta au-delà de la jonc-

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Obturation de l’endodonte 12
tion amélo-cémentaire afin de permettre au matériau de res-
tauration collé de pénétrer dans la racine sous le niveau de la
crête osseuse et de renforcer ainsi les parois résiduelles très
fines de ces dents (fig. 12.16e).
Le passage par une interséance systématique d’hydroxyde de
calcium avant la mise en place du bouchon apical de ProRoot
MTA® ne présente pas d’intérêt thérapeutique. Les résultats
en termes d’étanchéité sont inférieurs à ceux obtenus avec
l’obturation au ProRoot MTA® dans la séance (Hachmeister
et al., 2002 ; Felippe et al., 2006).
Les séances intermédiaires à l’hydroxyde de calcium ne sont a b c
réservées qu’aux cas où la présence d’un exsudat contre-
indique l’obturation dans la séance.

3 - Obturation par la technique du cône moulé

La technique du cône moulé consiste à réaliser une


empreinte du tiers apical avec de la gutta-percha de sorte
que cette dernière puisse s’adapter à l’anatomie apicale
particulière résultant de la résorption (apex large ou ova-
laire). C’est la technique du chloroform-dip (littéralement
« trempage dans le chloroforme »). Elle est indiquée dans
des canaux dont le diamètre apical est situé entre 60 et 90 d e f
(fig. 12.17a et 17b).
Figure 12.17 a. Radiographie préopératoire de 35 avec LIPOE et
apex ouvert. b. Le cône de gutta dépasse apicalement. Le dia-
Dans ces cas, le cône de gutta est d’abord sectionné apicale- mètre apical est évalué à 70. c. Le maître cône est ajusté par
section, puis l’extrémité est badigeonnée de solvant. d. Le cône
ment à un diamètre légèrement supérieur à celui de la prépa-
est replacé dans le canal rempli d’hypochlorite de sodium. e. Il
ration apicale. Ses 3 derniers millimètres sont trempés dans est ressorti et a pris l’empreinte du tiers apical. Si une portion
du chloroforme pendant 2 ou 3 secondes afin de ramollir la transfixe le foramen, elle est sectionnée. f. Le canal est séché
surface du cône (fig. 12.17c). Le cône est alors placé dans le puis le maître cône moulé, enduit de ciment à l’extrémité, est
canal rempli d’hypochlorite, à la longueur de travail, et laissé replacé totalement dans le canal. Il est sectionné et condensé
en place pendant quelques secondes (fig. 12.17d). La gutta au niveau coronaire. La restauration peut être placée.
ramollie du cône se moule ainsi à la forme exacte du tiers
apical à obturer. Le cône est retiré et observé. Il est fréquent 4 - Obturation par l’endodontie chirurgicale
de distinguer la limite de préparation apicale (fig. 12.17e). La Dans le cas des apex ouverts, la décision d’une intervention
gutta en dépassement est sectionnée. Le cône et le canal par première intention peut être prise dans certains cas par-
sont alors séchés et le cône, enduit de ciment, est mis en ticuliers mais ne constitue pas la règle.
place et délicatement compacté (fig. 12.17f). Sauf cas exceptionnels, la chirurgie n’est pas considérée
Une variante de cette technique est aussi utilisée pour obturer comme une thérapeutique de première intention. En effet,
la partie coronaire très large des canaux après avoir réalisé une son indication première est la gestion d’un échec éventuel
apexification à l’hydroxyde de calcium ou après avoir placé un d’un traitement par voie orthograde, même si d’autres indica-
bouchon de MTA. Un très gros cône est confectionné en pla- tions peuvent être envisagées. Les indications et les règles de
çant tête bêche plusieurs cônes de gutta. Ils sont délicatement cette intervention sont décrites dans le chapitre consacré à
ramollis avec une flamme puis sont fusionnés en les roulant la chirurgie.
entre deux plaques de verre ou à l’aide d’une spatule très large.
La taille et le diamètre sont adaptés en fonction du canal à
traiter. L’extrémité du cône est ensuite trempée dans le chloro-
forme afin de le mouler aux parois du canal. III - Résultats
Il est à noter que cette dernière technique du cône confec- A - Complications de l’obturation
tionné était proposée pour l’obturation directe des apex Outre les possibles réactions allergiques évoquées dans la
ouverts des dents immatures. Néanmoins, du fait de la dif- première partie de ce chapitre, les complications sont essen-
ficulté de contrôle de l’étanchéité apicale sur les dents tiellement représentées par les dépassements de matériau,
immatures, l’obturation à l’aide d’un bouchon de MTA est en particulier lorsque les sinus maxillaires et le nerf alvéo-
actuellement la règle.
laire sont impliqués.

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12 Endodontie

d’obturation rotative mal contrôlée (Lentulo ou condenseur


Important ! Les dépassements ou excès de matériau dans le
de gutta) (fig. 12.18). Ces erreurs peuvent être évitées par une
sinus peuvent avoir trois conséquences : une réaction à un
corps étranger, un blocage de l’aération sinusienne par obs- évaluation correcte de la longueur de travail et par le contrôle
truction du méat et le développement d’une aspergillose des instruments au niveau apical afin d’éviter surinstrumen-
intrasinusienne dont les conséquences peuvent être graves tation et déchirure apicale, ainsi que par l’ajustage apical du
chez un patient immunodéprimé. cône de gutta avant obturation (fig. 12.19).

Les dépassements ou excès de matériau en contact avec le nerf


alvéolaire inférieur sont en général volumineux et exercent leurs
effets délétères non seulement chimiques, en raison de la com-
position du matériau (Brodin et al., 1982 ; Orstavik et al., 1983 ;
Geursten et Leyhausen, 1997 ; LaBanc et Epker, 1984 ; Escoda-
Francoli et al., 2007), mais aussi thermiques et mécaniques, par
compression directe (Fanibunda et al., 1998). L’attitude thérapeu-
tique lors d’un constat de dépassement au niveau du nerf alvéo-
laire inférieur est l’exérèse la plus rapide (Pogrel, 2007).
Ces dépassements sont provoqués par une erreur de dia-
gnostic ou d’évaluation (perforation non identifiée ou dia-
mètre apical sous-évalué, erreur de mise en forme et longueur
de travail surévaluée) mais aussi et surtout par une technique

Figure 12.19 Proximité apicale du nerf alvéolaire inférieur sur 47.


La mise en forme et l’ajustage du maître cône sont la clé. Lorsque
le foramen est respecté, l’obturation est contrôlée et tridimen-
sionnelle.

B - Étanchéité : notion évolutive et subjective


Il est question ici d’évoquer l’aspect et la stabilité, dans les
conditions cliniques, de l’étanchéité évoquée sur le plan
expérimental dans l’introduction. Il a été noté que tous les
matériaux subissaient une dégradation biochimique dans le
temps ainsi qu’une modification de leur structure et de leurs
propriétés. La gutta-percha devient cassante en vieillissant
(Katz et al., 1987), la dentine se déforme sous la contrainte et
sa résistance mécanique est altérée par le traitement endo-
dontique et la perte d’émail (Zhang et al., 2010).

Ces phénomènes peuvent contribuer à une perte de cohé-


sion des interfaces et à une percolation de l’obturation.
Cet élément est favorable à la mise en place d’une restau-
ration corono-radiculaire étanche et d’une restauration
coronaire périphérique à haut module d’élasticité qui se
Figure 12.18 Important dépassement de matériau sur une 47 substitue à l’émail et oriente les contraintes sur le desmo-
provoquée par un Lentulo ou un condenseur de gutta. Les donte en épargnant la dentine.
risques de lésion du nerf alvéolaire sont importants.

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Obturation de l’endodonte 12
Par ailleurs, le premier critère clinique d’évaluation d’une (Friedman et al., 2003 ; Farzaneh et al., 2004 ; de Chevigny
obturation est fondé non seulement sur sa longueur et sur sa et al., 2008), il n’y a pas de technique d’obturation véritable-
densité, qui sont des critères très subjectifs (Schaeffer et al., ment supérieure en termes de pronostic. Par ailleurs, cette
2005), mais aussi sur la présence de canaux latéraux obturés. étude compare deux concepts complets de mise en forme
En aucun cas les notions d’asepsie de l’endodonte sont évo- et d’obturation : technique d’élargissement apical et obtura-
quées, tout simplement car elles sont impossibles à mesurer tion en condensation latérale à froid, et technique de coni-
précisément dans la pratique clinique, surtout lors des études cité apicale et obturation en compactage vertical à chaud.
épidémiologiques, alors que ce paramètre est sans aucun Aucune étude clinique ne porte sur l’effet de l’obturation
doute l’élément fondamental. Force est de constater que ces dans des conditions de mise en forme identique ;
notions échappent aux critères de la médecine fondée sur la - les facteurs les plus importants semblent être l’état pulpaire
preuve. Le simple examen des planches anatomiques (Ver- et péri-apical préopératoire (Sjögren et al., 1990 ; Smith
tucci, 2005) et des microscanners montre que, dans la plupart et al., 1993).
des cas, des nombreux canaux latéraux ne sont pas obturés, ce - concernant les aspects techniques, le niveau de l’obturation
qui ne signe pas forcément un échec si le système canalaire a pourrait être le facteur qui semble influencer le plus le pro-
été correctement nettoyé. De même, l’obturation d’un ou de nostic (Sjögren et al., 1990 ; Smith et al., 1993). Néanmoins,
plusieurs canaux latéraux, même si elle indique une obtura- les techniques de mise en forme décrites dans ces publica-
tion théoriquement plus tridimensionnelle et peut aboutir à tions étant différentes, des conclusions définitives sont
la cicatrisation (fig. 12.20), ne signifie pas que leur totalité a été impossibles à tirer.
traitée et n’est pas synonyme de succès (fig. 12.21).
Important ! En effet, il est impossible de tirer des conclu-
sions en comparant les résultats obtenus lorsque le dépas-
C - Données épidémiologiques sement est dû à une surextension (par suite d’erreurs de
Une brève consultation des publications sur le sujet permet longueur de travail ou d’ajustage du maître cône dans une
technique de mise en forme avec stop apical) avec un
de mettre en avant quelques remarques relatives aux facteurs
dépassement consécutif à un puff de ciment de scellement.
susceptibles d’influencer le résultat et concernant directe- Ce dernier résultant d’un compactage vertical de gutta
ment l’obturation : après mise en forme en technique de conicité apicale a per-
- à part une seule étude clinique qui a suggéré que la conden- mis de sceller le canal apicalement.
sation verticale permettait d’obtenir de meilleurs résultats
Par conséquent, quelques remarques complémentaires à ces
publications s’imposent :
• l’état initial des cas fait surtout allusion à la présence d’une
infection ou d’une lésion péri-apicale mais n’évoque pas la
présence, fréquente, d’une résorption apicale initiale qui
peut l’accompagner. Celle-ci influence le diamètre du fora-
a b c men à obturer et, de fait, la présence d’un dépassement
associé à une infection. Cette résorption ainsi que le dia-
Figure 12.20 a. Radiographie préopératoire d’une molaire man- mètre et la configuration du foramen sont difficiles à éva-
dibulaire avec lésion apicale et interradiculaire. b. Radiographie
postopératoire immédiate avec obturation de canaux latéraux luer sur la radiographie préopératoire ;
dans la furcation. c. Radiographie de contrôle 2 ans postopéra- • l’examen radiographique sur lequel reposent les études épi-
toires montrant la cicatrisation complète de la lésion. démiologiques est très subjectif, ce n’est qu’une image bidi-
mensionnelle et il n’a pas la capacité d’évaluer la qualité du
scellement à l’échelle bactérienne ;
• cet examen ne prend pas en compte la qualité de la mise en
forme (voir la partie sur la surextension et le déplacement
du foramen) et de la désinfection ;
• Kirkevang et al. (2007) ont montré, dans une étude épidé-
miologique, que la qualité de l’obturation n’a pas d’inci-
dence sur le développement d’une LIPOE mais qu’elle
influence sa cicatrisation. En d’autres termes, une obtura-
a b tion de qualité va favoriser la cicatrisation des lésions ;
• si le dépassement diminue le taux de succès et que la majo-
Figure 12.21 Radiographie du retraitement sur 45 et 46. Malgré rité des matériaux modernes d’obturation sont biocompa-
le traitement et l’obturation d’un second canal distal ainsi que
de canaux latéraux, l’échec est matérialisé à 3 mois postopéra- tibles, c’est que le facteur prépondérant est bien ailleurs.
toires par la présence d’une fistule dont le trajet est matérialisé Sjögren et al. (1990) ont précisé que le dépassement durant
par un cône de gutta-percha. Sont-ils tous obturés ou bien la un retraitement avec LIPOE était associé à 60 % d’échecs et
cause est-elle extra-radiculaire ? qu’en l’absence de LIPOE, il ne l’est plus qu’à 20 %. Le dépas-

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12 Endodontie

sement n’est pas le facteur prépondérant et les infections • le foramen n’est pas altéré, il a été perméabilisé durant la
résiduelles sont bien les premières visées et les causes mise en forme qui est conique, le matériau peut alors,
majeures des échecs ; sous l’effet de la compaction, déborder le foramen mais
• enfin si nous analysons les différentes situations apicales le sceller de manière optimale et permettre la cicatrisa-
possibles après obturation et en fonction des différentes tion (Lin et al., 1992 ; Kirkevang et al., 2007). Cette situa-
théories de mise en forme et de longueur de travail, cinq tion est cliniquement contrôlable et représente l’objectif
états sont à considérer : recherché.
- cas pour lesquels la limite apicale est courte et comprise
entre le foramen et 2 mm :
• il existe de la pulpe résiduelle à l’apex. Si elle est vivante
et aseptique, elle peut se minéraliser et oblitérer le fora-
IV - Conclusion
men, bref, cicatriser si elle n’est pas contaminée durant le
L’obturation est indissociable de la qualité de la mise en
traitement (Baume et al., 1971a et 1971b). Si elle est conta-
forme, mais aussi de la restauration coronaire (fig. 12.22).
minée, aucune cicatrisation ne peut être espérée et une La biocompatibilité est un facteur prédominant dans le
LIPOE s’installe. La certitude clinique de l’état pulpaire choix des matériaux utilisés.
est dans les deux cas difficile, voire impossible à établir, Les techniques d’obturation à privilégier sont celles qui
• il existe un bouchon apical de copeaux dentinaires. Ils permettent une obturation tridimensionnelle et un scelle-
peuvent se minéraliser et induire la fermeture apicale si ment apical étanche. Ce sont essentiellement celles repo-
la pulpe était vitale (Tronstad, 1978). À défaut, et en pré- sant sur le compactage de la gutta chaude associé à un
sence de bactéries, une LIPOE va s’installer. Le contrôle ciment de scellement.
clinique de l’antisepsie est ici aussi difficile,
• il existe un « vide » apical mais le canal est scellé. En l’ab-
sence de bactéries, les tissus parodontaux vont coloniser
l’espace et induire la cicatrisation (Holland et al., 1979).
Cela est impossible s’il persiste des bactéries dans le vide
apical et/ou en l’absence de scellement (sous-exten-
sion) ; la pathologie peut alors s’installer. Encore une fois,
cette situation n’est pas cliniquement contrôlable. La
situation est similaire pour la sous-obturation, a b
- cas pour lesquels l’obturation dépasse le foramen :
• si le foramen est altéré, le scellement est difficilement Figure 12.22 Radiographies préopératoires et postopératoires
du retraitement de 36 et de 37. La cicatrisation puis la pérennité
contrôlable et inexistant (surextension), les fluides api- du résultat sont obtenues par une mise en forme et une irriga-
caux vont servir de nutriment aux bactéries résiduelles tion abondante permettant la désinfection, puis par l’obtura-
(cf. le début de chapitre) qui peuvent alors engendrer une tion tridimensionnelle et la qualité de la restauration
LIPOE, corono-radiculaire et prothétique.

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13
Retraitement orthograde
des échecs endodontiques
D. MARTIN, P. MACHTOU

L
e retraitement endodontique est habituellement consi-
Une meilleure définition a été proposée par Gary Carr qui
déré comme une tentative d’améliorer un traitement inclut toutes les options thérapeutiques pouvant être
précédent. Le glossaire de l’endodontie de l’Association considérées comme des retraitements : « Le retraitement
américaine d’endodontie le définit comme « une procédure endodontique est une procédure entreprise sur une dent
consistant à retirer l’ancienne obturation canalaire et à refaire qui a reçu une première tentative de traitement définitif
le nettoyage, la mise en forme et l’obturation des canaux, qui a abouti à une situation qui requiert la mise en œuvre
cette procédure est entreprise lorsque le traitement initial d’un nouveau traitement endodontique pour arriver au
apparaît inadéquat ou a échoué, ou lorsque le canal a été succès » (fig. 13.1). Il ajoute que l’objectif du retraitement
contaminé par une exposition prolongée à l’environnement est « d’effectuer une thérapeutique endodontique qui vise
intra-oral » (American Association of Endodontists, 1994). à redonner à la dent sa fonction et à permettre une répa-
Cette définition a l’inconvénient de ne décrire qu’un type de ration complète des tissus de soutien » (Carr, 1998).
Cette dernière définition nous paraît plus adaptée tant la
retraitement, celui qui consiste à retirer une ancienne obtura-
diversité des situations cliniques est grande.
tion, et d’ignorer d’autres types tel celui consistant à retraiter
une dent dont un des canaux a été oublié ou impossible à
repérer lors du traitement précédent.

a b

Figure 13.1 Le retraitement endodontique est une procédure entreprise sur une dent qui a reçu une première tentative de traitement
définitif, lequel a abouti à une situation qui requiert la mise en œuvre d’un nouveau traitement endodontique pour arriver au succès
(d’après Carr, 1998).

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13 Endodontie

Les retraitements peuvent être considérés sous deux aspects : À ces observations optimistes s’opposent les résultats des
- retraitements liés à un échec endodontique potentiel (indi- études évaluant la fréquence des LIPOE et la qualité des trai-
cations d’ordre technique) ; tements dans la population générale. Ces résultats montrent
- retraitements liés à un échec endodontique avéré (indica- qu’une LIPOE est présente dans environ 30 à 60 % des cas sur
tions d’ordre pathologique). les dents ayant subi un traitement endodontique et que
Les retraitements liés à un échec endodontique potentiel celle-ci est clairement associée à la qualité du traitement
s’adressent à des dents ayant subi une première tentative de (Imfeld, 1991 ; Buckley et Spänberg, 1995 ; Saunders et al.,
traitement qui a été interrompue ou jugée techniquement 1997 ; Marques et al., 1998 ; Sidaravicius et al., 1999 ; De Moor
insuffisante sans pour autant que la dent ne présente de et al., 2000 ; Boucher et al., 2002). Il y a manifestement une
signe objectif d’échec endodontique (pas de symptôme, pas contradiction entre le taux de succès qu’il est possible d’at-
de signe clinique, pas de signe radiologique visible). La ques- teindre (de 85 à 90 %) et celui réellement obtenu (de 40 à
tion de la réintervention dans ces situations se pose principa- 70 %). Le nombre de retraitements potentiels est donc gigan-
lement lorsqu’une restauration prothétique est envisagée. tesque et ne cesse de croître dans tous les pays. Toutefois,
l’attitude clinique en face d’un échec endodontique varie
L’insuffisance du traitement endodontique fait alors craindre considérablement d’un praticien à l’autre (Kvist et al., 2004).
un échec endodontique secondaire potentiel qui mettrait
en péril la pérennité de la restauration prothétique.
B - Variation dans la prise de décision
Dans les cas de retraitements liés à un échec endodontique
thérapeutique
avéré, ce dernier est objectivé par la présence d’une image La grande variation dans l’attitude des praticiens face à un acte
radio-claire évoquant une lésion inflammatoire périradicu- endodontique a été démontrée en premier lieu par Smith et al.
laire d’origine endodontique (LIPOE) (Collège national des (1981). Plusieurs publications ont montré que le simple diagnos-
enseignants d’odontologie conservatrice, 2004), associée ou tic de LIPOE sur une dent avec un traitement endodontique pré-
non à des symptômes ou à des signes cliniques. Cette image senté à plusieurs praticiens ne conduisait pas forcément à la
radiographique est liée à une infection du réseau canalaire. décision de retraitement. Reit et Gröndahl (1988) ont trouvé
que, face à un diagnostic de LIPOE, seulement 39 % des prati-
Remarque : l’objectif du retraitement est de renégocier la ciens prenaient la décision de retraiter. L’hypothèse avancée par
totalité de l’espace endodontique afin de parvenir à une Kahneman et al. (1982) est que la plupart des décisions sont
désinfection la plus complète possible. Le succès de cette prises à partir de quelques principes empiriques. Dans le cas du
thérapeutique est directement lié à la capacité technique
du praticien d’accéder à l’ensemble du réseau canalaire et à retraitement endodontique, plusieurs éléments de la décision
éliminer les bactéries présentes (voir chapitre 11). peuvent être perçus de façon très différente en fonction de la
personnalité du praticien (Kvist et Reit, 2002 ; Reit, 2003) (fig. 13.2).
La décision de retraiter dépend principalement de la notion
de succès et d’échec, notion assez difficile à définir car elle
I - Prise de décision est perçue différemment par le patient et par le praticien,
mais également d’un praticien à l’autre Elle repose sur l’exa-
men clinique et radiographique. Il a été démontré qu’il pou-
A - Prévalence de l’échec endodontique vait y avoir une variation importante dans l’interprétation
L’étude du devenir des traitements est une tradition ancienne radiographique pouvant entraîner une différence de diagnos-
en endodontie et de nombreuses études, fondées sur un suivi tic (Reit et Hollender, 1983). Kvist et Reit ont proposé un
radiographique, ont été publiées. Elles montrent que le traite- modèle pour expliquer les différences de comportement face
ment endodontique est fiable. Lorsqu’une dent sans image de à la décision de retraiter. Dans ce « praxis concept », les auteurs
LIPOE (indépendamment de l’état de la pulpe, vivante ou suggèrent que les praticiens perçoivent différemment les
nécrosée) est traitée selon les règles de l’art, le succès peut
être attendu dans environ 96 % des cas (Sjögren et al., 1990 ; Valeurs
Imura et al., 2007). Lorsque la dent présente une LIPOE, le taux personnelles
de succès est moindre. Dans ce cas, les micro-organismes sont
présents et, en fonction de la complexité du réseau canalaire,
l’infection ne pourra pas être éliminée de façon prévisible. Coût élevé Coût peu élevé
Bonne obturation Mauvaise obturation
Important ! Cependant, les procédures endodontiques Difficulté d’accès Facilité d’accès
actuelles permettent d’obtenir une guérison dans 80 à 85 %
des cas en fonction de la réduction de la charge bacté- Présence de PA Point de rupture Absence de PA
rienne obtenue (De Chevigny et al., 2008). Le seuil mini-
mum de charge bactérienne au-dessus duquel la guérison
intervient reste toutefois inconnu (Siqueira et al., 2009). Figure 13.2 Prise de décision en fonction des valeurs personnelles
du praticien (d’après Kvist et al., 1994). PA : parodontite apicale.

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
lésions d’origine endodontique en fonction de leur taille ; plus raître un échec différé doit être corrélé au risque d’échec lié à
celle-ci est importante, plus l’incitation à retraiter sera forte. l’intervention elle-même. Bergenholtz et al. (1979) ont montré,
La différence de décision entre les praticiens se traduit par dans une étude évaluant le pronostic du retraitement, qu’en
une position différente du point de rupture sur une échelle de l’absence de LIPOE, une réintervention menée pour des raisons
santé péri-apicale. Cette prise de décision est essentielle- techniques pouvait conduire à un échec dans 6 % des cas. En
ment influencée par les valeurs personnelles du praticien l’absence de modification de l’étanchéité coronaire (carie, frac-
(Kvist et al., 1994 ; Reit et Kvist, 1998 ; Kvist et Reit, 2002). ture, remplacement d’une restauration), l’abstention associée à la
surveillance radiographique est l’option la plus appropriée.
Les critères pratiques comme le coût de l’intervention, la Lorsqu’une modification de l’étanchéité coronaire survient par
difficulté technique d’accès aux canaux et la qualité de l’apparition d’une carie ou d’une fracture, ou quand le rempla-
l’obturation sont autant de facteurs pouvant être perçus cement de la restauration est envisagé, l’espace endodontique
de façon très différente d’un praticien à l’autre et suscep- se trouve exposé à un changement environnemental (apport
tibles d’influencer la décision de retraiter (fig. 13.2). d’oxygène, contamination par les bactéries de la cavité buc-
cale) qui peut mettre en péril cet équilibre et entraîner l’appa-
rition d’une pathologie endodontique. La préparation d’un
C - Arbre décisionnel logement de tenon peut également engendrer une perte
d’étanchéité de l’obturation canalaire résiduelle et être asso-
D’un point de vue analytique, le problème peut être structuré ciée à un risque de contamination bactérienne pendant la
sous forme d’un arbre décisionnel qui illustre les différentes phase de préparation, la mise sous provisoire ou le scellement.
options cliniques et sert de base de réflexion pour la prise de L’élaboration d’un projet prothétique représente un risque
décision. Il sert également à exposer les différentes options spécifique d’autant moins acceptable qu’une fois la prothèse
thérapeutiques au patient de façon à le faire participer à la prise scellée, le retraitement orthograde ne pourra être envisagé
de décision. Le patient sera d’autant plus impliqué dans l’acte sans destruction de celle-ci. Dans ce cas, le retraitement est
thérapeutique qu’il aura été acteur de la prise de décision. indiqué pour prévenir l’apparition d’une pathologie (Taintor
et al., 1983 ; Friedman et Stabholz, 1986 ; Friedman, 1998).
1 - Arbre décisionnel en l’absence de LIPOE
2 - Arbre décisionnel en présence d’une LIPOE
Note : cette situation correspond à une dent qui ne présente
aucun symptôme ni signe clinique ni signe radiographique
Cette situation correspond à une dent qui présente des
d’échec, mais un traitement techniquement insuffisant.
signes radiographiques de LIPOE associés ou non à des
symptômes et/ou à des signes cliniques.
La structure de l’arbre décisionnel est dans ce cas assez
simple (fig. 13.3) : doit-on intervenir à titre préventif ou non ? Dans cette situation et avant d’aborder la prise de décision, il
L’absence apparente de lésion suggère qu’il existe un équilibre sera nécessaire de poser trois questions :
entre les bactéries présentes dans les canaux, leur environne- - la lésion est-elle susceptible de guérir sans nouvelle inter-
ment et la réponse de l’hôte (Molander et al., 1998). Cet équilibre vention ;
peut être rompu par un changement de la flore bactérienne, une - le traitement doit-il être repris ;
modification de la résistance de l’hôte ou une contamination - si le traitement doit être repris, de quelle façon ?
par voie coronaire. Les résultats des études sur le pronostic Ces trois questions structurent l’arbre décisionnel (fig. 13.4).
montrent que ce risque est très faible. Van Nieuwenhuysen et al.
(1994) ont montré que, sur un échantillon de 420 dents asympto-
matiques avec traitement endodontique insuffisant, surveillées
Racine traitée avec traitement
pendant une dirée moyenne de 6 ans, des complications étaient canalaire insuffisant sans LIPOE
observées dans seulement 2,8 % des cas. Le risque de voir appa-

Surveillance Décision
Racine traitée
avec traitement canalaire
insuffisant sans LIPOE Pas d’intervention Intervention

Extraction Retraitement

Retraitement Retraitement Retraitement


Surveillance
non chirurgical chirurgical non chirurgical

Figure 13.3 Arbre décisionnel du retraitement en l’absence de LIPOE. Figure 13.4 Arbre décisionnel du retraitement en présence de LIPOE.

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13 Endodontie

a - Première décision : Certaines images peuvent toutefois être associées à un défaut


surveillance ou éventuelle intervention ? osseux non pathologique comme une cicatrice fibreuse résul-
La prise de cette décision est en rapport avec la première tant d’une chirurgie apicale ou à une étiologie non dentaire
question : la lésion est-elle susceptible de guérir sans nouvelle comme un cémentome.
intervention ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire
2 - Quels sont les risques si la lésion n’est pas traitée ?
de considérer la qualité du traitement et de connaître l’histo-
rique du traitement précédent. Le processus de cicatrisation Les risques de laisser une lésion péri-apicale sans traitement
d’une lésion d’origine endodontique est assez lent. Dans la plu- ne sont pas vraiment connus. Les répercussions sur l’état
part des cas, la cicatrisation intervient dans les 2 ans qui suivent général ne sont pas négligeables (voir le chapitre 6). Sur le
le traitement mais, en élargissant la période de surveillance, on plan local, le risque possible d’apparition d’un épisode aigu
constate une augmentation du taux de cicatrisation ; dans cer- est estimé à moins de 5 % par an (Eriksen, 1998). Il est admis
tains cas, la cicatrisation a nécessité 10 années (Strindberg, que la flore bactérienne présente dans les canaux des dents
1956). La plupart des auteurs proposent une période de sur- traitées est différente de celle présente lorsque la pulpe est
veillance de 4 ans après le traitement. nécrosée (Sundqvist et al., 1998) mais la relation avec le risque
local n’est pas connue (voir chapitre 7). Les faibles risques sur
Important ! Il est donc nécessaire d’obtenir des informa-
le plan local et sur le plan général sont la source d’apprécia-
tions sur la date du traitement endodontique initial et/ou tions très diverses du degré de gravité d’une LIPOE asympto-
de la dernière intervention. matique (Ree et al., 2003).
3 - Quels sont les risques liés à l’intervention ?
Voici quelques exemples : En clinique, pour réintervenir par voie coronaire, il est sou-
- si le traitement semble radiographiquement satisfaisant et vent nécessaire de déposer une couronne et un ancrage radi-
que la dernière intervention a été entreprise à la suite d’un culaire. Cette opération peut fragiliser la structure dentaire
épisode infectieux il y a moins de 4 ans, il sera nécessaire ou provoquer une fracture et compromettre la conservation
d’obtenir des informations complémentaires et les clichés de la dent. Le retraitement chirurgical peut comporter des
radiographiques pris à cette occasion pour déterminer si la risques anatomiques comme la lésion du nerf dentaire infé-
lésion est en cours de cicatrisation ou non ; rieur par exemple.
- si, lors de la dernière intervention, la dent était vivante, la
lésion est le résultat d’une infection canalaire. Si la contami- c - Troisième décision : retraitement ou extraction ?
nation bactérienne a eu lieu au cours de cette première Le choix de retraiter ou d’extraire tient essentiellement dans la
intervention, la lésion sera détectée dans l’année qui suit réponse à cette question : « La dent pourra-t-elle être restau-
(Ørstavik, 1996) et une réintervention sera nécessaire ; rée de façon durable après le retraitement ? » Les manœuvres
- dans quelques situations peu fréquentes, une image de raré- de dépose des anciennes restaurations, d’accès coronaire et
faction osseuse peut être le résultat d’une réaction inflam- de mise en forme canalaire vont inévitablement affaiblir la
matoire liée à l’effet toxique de certains matériaux structure dentaire restante et compromettre les possibilités
d’obturation. La toxicité décroît généralement avec le temps de restauration ultérieure. Il faut donc chercher à évaluer,
et la lésion disparaît. Cette hypothèse doit être envisagée si avant le retraitement, la valeur de la structure dentaire rési-
la lésion est associée à une surobturation et que le traite- duelle après l’intervention. Cette évaluation sera replacée
ment a été réalisé quelques mois plus tôt. dans le contexte clinique global en tenant compte de l’état
parodontal, de l’état des autres dents et du projet de soin.
b - Deuxième décision : intervenir ou pas ?
d - Quatrième décision : retraitement orthograde
Si la lésion n’est pas supposée guérir, se pose le choix d’in- ou chirurgical ?
tervenir ou non. Avant de décider, il est nécessaire de
1 - Objectifs
répondre à trois questions :
- cette image représente-t-elle une lésion ; Lors du retraitement endodontique par voie orthograde, les
- quels sont les risques si la lésion n’est pas traitée ; obturations présentes sont retirées, le réseau canalaire réins-
- quels sont les risques liés à l’intervention ? trumenté et l’espace endodontique à nouveau obturé. L’ob-
jectif est d’éliminer les bactéries présentes dans les canaux et
de permettre une cicatrisation des tissus de soutien. Lors d’un
1 - Cette image représente-t-elle une lésion ? retraitement par voie rétrograde, le tissu inflammatoire péri-
Les résultats des examens histologiques pratiqués à partir de radiculaire est retiré, la racine sectionnée et une obturation a
biopsies faites dans la région apicale montrent la présence retro est placée à l’extrémité apicale du canal. L’impossibilité
d’un tissu pathologique (granulome ou kyste) dans environ d’utiliser des solutions antimicrobiennes au cours de la chirur-
95 % des cas (Spatafore et al., 1990). Ces réactions sont dues à gie et la difficulté d’instrumenter la totalité du canal a retro
la présence de toxines bactériennes présentes dans le canal laissent supposer que les bactéries ne peuvent être totale-
(Nair et al., 1990 ; Molander et al., 1998 ; Sundqvist et al., 1998) ment éliminées du réseau canalaire. L’objectif est d’isoler les
ou dans le péri-apex (Sunde et al., 2000 ; Tronstad et al., 1987). bactéries résiduelles du péri-apex par l’obturation apicale.

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
2 - Pronostic - échec d’un retraitement orthograde techniquement satis-
La plupart des données sur le pronostic du retraitement faisant ;
orthograde sont incluses dans les études de suivi plus géné- - échec sur une dent porteuse d’une prothèse complexe.
rales. Le taux de succès généralement atteint varie entre 56
et 88 % (Ng et al., 2008 ; Torabinejad et al., 2009). Pour une D - Dialogue avec le patient
dent présentant une LIPOE, il est généralement moins élevé
que celui d’un traitement initial. Cependant, Gorni et Gagliani
Important ! Il est essentiel d’exposer les différentes options
(2004) rapportent un taux de succès de 86 %, comparable à thérapeutiques au patient et de le faire participer à la prise
un traitement initial, si l’anatomie canalaire n’a pas été alté- de décision. Il est ainsi plus impliqué dans l’acte thérapeu-
rée lors du ou des traitements précédents et si la totalité du tique et devient acteur de la décision.
réseau canalaire a pu être désinfectée et obturée.
Les études comparant les pronostics de ces deux solutions
thérapeutiques ne montrent pas de différence statistiquement Pour cela, il convient de lui fournir une information complète
significative (Allen et al., 1989 ; Torabinejad et al., 2009). Cepen- et compréhensible sur les différentes options thérapeutiques.
dant, elles mettent en évidence une différence dans le pronos-
tic à court et long termes : la solution chirurgicale présente un 1 - Dent avec traitement endodontique insuffisant sans
meilleur taux de succès à court terme (1 an) qu’à long terme LIPOE devant recevoir une restauration prothétique
(Kvist et Reit, 1999). Les résultats s’équilibrent au bout de 4 ans Dans ce cas précis, l’interrogation du patient quant à la néces-
mais 4 cas ayant subi une chirurgie apicale et jugés comme sité de retraiter la dent est légitime. À la question souvent
guéris à 1 an se sont révélés être des échecs à 4 ans. Ces échecs posée : « Docteur, je n’ai pas mal, vous me dites que la dent
différés pourraient s’expliquer par la disparité des objectifs est saine, faut-il vraiment réintervenir avant la pose de la pro-
cités précédemment. La solution chirurgicale, en éliminant le thèse ? », il est possible de répondre de la façon suivante :
tissu de granulation ou kystique et en favorisant la formation « Votre dent ne présente pas de pathologie parce qu’elle
d’un caillot sanguin, accélère le processus de cicatrisation. n’est pas infectée ou que les bactéries présentes ne sont pas
Cependant, la persistance de bactéries dans le réseau canalaire pathogènes ou sont en sommeil. En l’absence de retraite-
est susceptible de conduire à un échec retardé par la percola- ment, les travaux prothétiques que nous devons entreprendre
tion des toxines ou des bactéries elles-mêmes. Une chirurgie peuvent provoquer un réveil de la flore bactérienne et une
apicale peut donc aboutir à un succès à court terme mais à un pathologie peut apparaître ; si cela se produit, il sera néces-
échec à long terme (Kvist et Reit, 1999). saire de déposer la prothèse pour retraiter la dent et de faire
une nouvelle prothèse. Êtes-vous prêt à prendre ce risque ? »
3 - Coût biologique S’il n’y a pas de projet prothétique et que la restauration
La solution chirurgicale est par nature plus invasive que le coronaire est correcte, l’abstention est de mise et une sur-
traitement orthograde et les séquelles possibles sont à veillance dans le temps instaurée.
prendre en considération :
- risque de fragilisation de la racine par la perte de hauteur liée 2 - Dent avec LIPOE asymptomatique
à l’amputation de la partie apicale ou par l’utilisation d’inserts À la question du patient : « Docteur, je n’ai pas mal, quels
ultrasonores pour la préparation de la cavité apicale ; risques y a-t-il à laisser la dent en l’état ? », il est possible de
- risque de léser les structures anatomiques voisines (nerf répondre de la façon suivante : « Vous ne souffrez pas parce
dentaire inférieur, sinus maxillaire) ; qu’un équilibre s’est créé entre les bactéries présentes dans
- risque esthétique lié à la cicatrisation des tissus mous. les canaux et les défenses de votre organisme. Cet équilibre
L’inconfort postopératoire est également plus important peut être rompu soit par une modification de la flore bacté-
après une intervention chirurgicale qu’après un retraitement rienne, soit par une diminution de vos défenses. Le risque est
orthograde (Kvist et Reit, 2000). statistiquement faible à la fois sur le plan local et sur le plan
Il est difficile de comparer les solutions chirurgicales et non général, mais vous devrez vivre avec en sachant qu’un épi-
chirurgicales en dehors du contexte clinique et la décision doit sode aigu survient le plus souvent de façon inattendue. Il
être prise en fonction de facteurs spécifiques liés à la situation serait préférable d’intervenir mais il n’y a pas d’urgence. Vou-
clinique – étiologie supposée de la lésion, accès au canal, coût lez-vous prendre le temps d’y réfléchir ? »
de l’intervention, qualité du traitement précédent, position de
la dent, préférences du patient – et à la compétence du prati- 3 - Dent avec LIPOE symptomatique
cien. Idéalement, le choix ne doit pas se faire entre les deux À la question du patient : « Docteur, je souffre (ou j’ai souf-
solutions thérapeutiques : la préférence doit être donnée au fert), ne vaut-il pas mieux extraire la dent ? », il est possible de
retraitement non chirurgical si cette solution est technique- répondre : « Extraire la dent est le moyen le plus sûr d’éliminer
ment envisageable et la solution chirurgicale doit être réser- le foyer infectieux mais c’est une action irréversible. Retraiter
vée à des situations cliniques spécifiques : la dent peut vous paraître une solution assez lourde à mettre
- échec d’un traitement orthograde iatrogène (transport en œuvre mais c’est une tentative qui n’interdit pas les autres
canalaire, perforation, surextension de l’obturation) ; solutions thérapeutiques : si l’évolution est favorable, vous

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13 Endodontie

gardez votre dent et si l’évolution est défavorable, il sera tou- radiographiques montrent que la présence d’une carie ou une
jours temps de l’extraire et il faudra alors envisager de la rem- perte d’étanchéité de la restauration coronaire visible sur le
placer. Voulez-vous que nous évoquions ces solutions de cliché radiographique augmente de façon significative le
remplacement ? » risque d’échec endodontique sur les dents préalablement
À la question : « Docteur, que pensez-vous de la solution traitées. L’influence de la qualité de l’étanchéité coronaire a
implantaire ? », il est possible de répondre : « L’implantation été comparée à celle de la qualité du traitement canalaire,
n’est pas une solution de remplacement au retraitement endo- jugée elle aussi sur un plan radiographique. Les résultats sont
dontique. La seule possibilité est l’extraction de la dent, ce diversement interprétés, Ray et Trope (1995) allant jusqu’à
n’est qu’après cicatrisation et réévaluation du site osseux que considérer que la perte d’étanchéité coronaire avait une
la solution implantaire pourra être envisagée. Voulez-vous que influence plus grande que la qualité du traitement endo-
nous évoquions les étapes d’un traitement implantaire ? » dontique. Cependant, tous les auteurs admettent que la qua-
lité de l’obturation canalaire reste prépondérante mais que
l’étanchéité coronaire joue un rôle significatif sur l’apparition
d’un échec endodontique (Tronstad et al., 2000 ; Riccuci
II - Procédures cliniques et al., 2000 ; Siqueira et al., 2005).

Important ! En clinique, la perte d’étanchéité d’une restau-


A - Révolution technique ration coronaire n’est pas toujours décelable, particulière-
ment si une restauration prothétique à structure métallique
Important ! Les techniques de retraitement ont connu, est présente, et le risque est grand de réintervenir en lais-
depuis 10 ans, un essor considérable grâce à l’utilisation des sant une porte d’entrée bactérienne. La démarche clinique
aides optiques, à la mise au point des inserts ultrasonores devra toujours tenir compte d’une perte d’étanchéité coro-
(Iqbal, 2004) et à l’arrivée de nouveaux matériaux comme le naire potentielle et préférer le démontage systématique
MTA (mineral trioxide aggregate) (ProRoote MTA®, Dentsply des restaurations coronaires.
Maillefer), le MTA® Angelus (Angelus, Londina, Brésil) et les
biosilicates (Biodentine®, Septodont).
La décision de laisser la restauration prothétique en place peut
toutefois être prise s’il s’agit d’une restauration récente, bien
Le microscope opératoire en particulier a véritablement adaptée et répondant parfaitement aux critères esthétiques et
transformé l’approche du retraitement et a considérable- fonctionnels et si la cavité d’accès peut être réalisée sans com-
ment augmenté la capacité des praticiens à gérer les situa- promettre sa résistance mécanique (Scianamblo, 1988 ; Ruddle,
tions d’échec endodontique. Il permet de démonter les 1997). Après le retrait des matériaux, les parois coronaires
constructions prothétiques les plus sophistiquées, de trouver devront être restaurées afin de permettre la pose de la digue
les canaux calcifiés, de retirer les fragments d’instrument et de constituer une cavité d’accès à 4 parois (voir chapitre 9).
fracturé et de traiter les perforations avec une facilité
jusqu’ici insoupçonnée. Il permet d’avoir une maîtrise visuelle
de l’intervention là où le geste clinique se faisait à l’aveugle C - Dépose des couronnes et des bridges
avec pour seule aide le sens tactile.
1 - Descellement versus démontage
Le descellement correspond à la dépose de la prothèse par
La diffusion du microscope opératoire a entraîné la mise
au point d’une instrumentation spécifique, exclusivement désagrégation du joint de ciment sans endommager ni
conçue pour cet usage et adaptée à l’utilisation sous fort détruire l’élément. Il est généralement obtenu par effet de
grossissement. Toutes les techniques décrites ci-après choc (arrache-couronne, maillet automatique), micropulsa-
tiennent compte de l’utilisation d’une aide optique. tions (CORONAflex®, KaVo) ou par effet de traction (pince de
Furrer, davier). Ces effets exercés de façon inappropriée
peuvent être extrêmement dommageables pour les struc-
tures dentaires et provoquer des luxations ou des fractures.
B - Étanchéité coronaire Le descellement ne doit s’appliquer qu’à des prothèses ayant
La présence d’une lésion périradiculaire est liée à la contami- une faible rétention ou scellées avec un ciment temporaire.
nation du réseau canalaire par les bactéries de la cavité buc- Par démontage, on entend la dépose des éléments prothé-
cale. Cette contamination se fait, à l’exception des situations tiques en vue d’un nouvel accès aux tissus dentaires. Le
de parodontite terminale, par voie coronaire et joue un rôle démontage se fait au détriment de la pièce prothétique en
déterminant dans la genèse de la pathologie endodontique. place afin de préserver la structure dentaire sous-jacente. Il
Il est maintenant admis qu’une porte d’entrée bactérienne ne doit pas pour autant aboutir à une destruction systéma-
par voie coronaire, telle une perte d’étanchéité de la restau- tique de la prothèse. Chaque fois que cela est possible, la
ration coronaire, a également une influence sur le pronostic prothèse déposée est nettoyée et réadaptée, elle consti-
d’une dent ayant déjà subi un traitement endodontique. De tuera ainsi une prothèse temporaire réalisée rapidement et
nombreuses études rétrospectives menées sur des bilans présentant une bonne résistance mécanique (Trevelo, 1996).

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
Certains facteurs ayant une influence sur la dépose d’un élé- et parodontale : s’ils sont employés de façon systématique,
ment prothétique doivent être pris en compte : le risque de fracture de la structure dentaire est réel et,
- le type de préparation (hauteur, diamètre, dépouille) ; lorsque le support parodontal est déficient, cela peut abou-
- la résistance de l’élément prothétique (matériau, épaisseur, tir à une luxation. Ils peuvent être utilisés pour le retrait de
forme) ; pièces prothétiques scellées avec un ciment provisoire ou
- le ciment de scellement ; pour tester prudemment la rétention d’une prothèse avant
- l’outil de retrait. d’entreprendre une démarche destructrice.

Important ! Lors de la dépose des éléments prothétiques, il c - Instruments actifs


est important de préserver autant que possible la structure
L’objectif de cette catégorie d’outils est de préparer un
dentaire, la résistance mécanique de la dent étant directe-
ment fonction de la structure restante.
accès à un instrument permettant d’exercer une force de
dissociation entre la structure dentaire et la prothèse
(Metalift, Classic Practice Ressource ; WAMkey®, Wam
France).
2 - Descellement
Il existe un grand nombre d’instruments de dépose. Seuls
ceux qui font l’objet d’un consensus de la part de nombreux C’est une démarche semi-destructrice puisqu’elle oblige à
utilisateurs sont présentés ici. Ces instruments ont été arbi- endommager la prothèse mais de façon minimale et elle pré-
trairement divisés en trois catégories. sente un risque limité pour la structure dentaire restante. Il
faut procéder de la façon suivante :
a - Instruments de préhension - première étape (fig. 13.5a), créer une tranchée sur la face
Le principe est d’utiliser une pince (pince de Furrer, Prodont- vestibulaire de la couronne à l’aide d’une fraise transmétal
Holliger ; KY pliers, GC-France) ayant un moyen d’accrocher la (s’il s’agit d’une couronne céramo-métallique, utiliser aupa-
prothèse afin de la desceller. Le principal avantage est de ravant une fraise boule diamantée pour meuler la céra-
pouvoir retirer cette dernière sans l’endommager. Ces outils mique). Cette tranchée doit être parallèle à la face occlusale
sont plutôt destinés au retrait des éléments prothétiques et située à 1 mm environ sous le niveau du sillon principal ;
provisoires en résine ou des éléments prothétiques scellés - deuxième étape (fig. 13.5b), la cavité est prolongée horizon-
provisoirement. talement en direction linguale jusqu’à la moitié de la face
occlusale de la dent. L’objectif est de situer la cavité à l’in-
b - Instruments à percussion terface entre la couronne et la dent ;
Ces instruments délivrent une onde de choc dont l’objet est - troisième étape (fig. 13.5c), introduire dans cette cavité la clé
de casser le film de ciment de scellement (arrache-couronne, adaptée. Elle doit bouger librement lorsque son grand axe
CORONAflex®, KaVo ; Safe Relax®, Anthogyr). L’objectif est de correspond à celui de la cavité mais rencontrer une résis-
retirer la prothèse rapidement en la conservant intacte. À tance lors de sa rotation ;
l’exception du CORONAflex® qui agit par micropulsations et - quatrième étape (fig. 13.5d), la clé est tournée d’un quart de
selon l’axe d’insertion de l’élément prothétique, leur utilisa- tour autour de son grand axe. L’effet de came provoque le
tion présente toutefois un danger pour la structure dentaire descellement de la couronne.

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13 Endodontie

a b

c d

Figure 13.5 Descellement d’une couronne à l’aide d’une WAMkey®. a. Créer une tranchée sur la face vestibulaire de la couronne à
l’aide d’une fraise transmétal. b. La cavité est prolongée horizontalement en direction linguale jusqu’à la moitié de la face occlusale
de la dent. c. Introduire dans cette cavité la clé adaptée. d. La clé est tournée d’un quart de tour autour de son grand axe : l’effet de
came provoque le descellement de la couronne.

3 - Démontage restauration vers l’ancrage, de façon à ne pas endommager la


La prothèse peut également être partiellement découpée à tête du tenon. Une fois que celle-ci est dégagée, les frag-
l’aide d’une fraise transmétal : une tranchée verticale est creusée ments résiduels du matériau de restauration ainsi que les
sur la face vestibulaire, à partir de la région cervicale, puis est résidus de ciment sont retirés à l’aide d’un insert ultrasonore
prolongée sur la moitié de la face occlusale. À ce stade, l’utilisa- (Start-X n° 3, ET 20, Acteon, Dentsply) utilisé à forte puissance
tion d’un insert ultrasonore dans la tranchée permet de désagré- (fig. 13.6c). La partie émergente du tenon est ensuite vibrée
ger en partie le ciment de scellement. Les deux fragments sont avec un insert ultrasonore spécifique (Start-X n° 4, Dentsply,
ensuite écartés à l’aide d’un élévateur pour le rompre définitive- ET PR Acteon) jusqu’à l’obtention du descellement du tenon
ment. La prothèse peut alors être retirée et temporairement (fig. 13.6d). S’il s’agit d’un screw-post, l’insert est tourné en
réutilisée après préparation périphérique sommaire et rebasage. sens anti-horaire autour de la tête du tenon (fig. 13.6e et 13.6f).
Une fois le tenon descellé, le ciment de scellement présent à
l’extrémité du logement est retiré avec un insert ultrasonore
D - Dépose des ancrages radiculaires fin (fig. 13.6g et 13.6h).

1 - Dépose des tenons préformés métalliques,


associés à un matériau de restauration inséré en phase Important ! Le temps nécessaire pour obtenir le descellement
plastique (composite, amalgame…) varie de 1 à 10 minutes. Il est impératif d’utiliser ces inserts
La démarche (fig. 13.6a et 13.6b) consiste à retirer prudem- avec une irrigation abondante afin d’éviter le transfert de cha-
leur vers les tissus parodontaux susceptible de provoquer une
ment le matériau de restauration coronaire à l’aide d’une nécrose du tissu osseux avoisinant (Gluskin et al., 2005).
fraise turbine de façon concentrique, de la périphérie de la

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13

a b

c d

e f

g h

Figure 13.6 Dépose des tenons préformés métalliques. a. Le matériau de restauration coronaire est retiré prudemment à l’aide d’une
fraise turbine de façon concentrique, de la périphérie de la restauration vers l’ancrage, de façon à ne pas endommager la tête du tenon.
b et c. Une fois que celle-ci est dégagée, les fragments résiduels du matériau de restauration ainsi que les résidus de ciment sont retirés
à l’aide d’un insert ultrasonore. d, e et f. La partie émergente du tenon est ensuite vibrée avec un insert ultrasonore spécifique jusqu’à
obtenir le descellement du tenon. S’il s’agit d’un screw-post, l’insert est tourné dans le sens anti-horaire autour de la tête du tenon. g et
h. Une fois le tenon descellé, le ciment de scellement présent à l’extrémité du logement est retiré avec un insert ultrasonore fin.

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13 Endodontie

Afin de limiter l’échauffement dû à l’utilisation des inserts - après avoir placé les trois rondelles dans le bon ordre sur la
ultrasonores de descellement, les précautions suivantes filière, celle-ci est vissée à la main et en sens anti-horaire sur
doivent être observées : la partie préparée du tenon. La rondelle plate est destinée à
- examiner la radiographie préopératoire pour évaluer l’épais- recevoir le mors inférieur de la pince extractrice, la rondelle
seur de la dentine entre le tenon et le desmodonte (une concave sous-jacente est orientée vers la structure radiculaire
épaisseur inférieure à 1 constitue un risque d’échauffement et la rondelle en silicone viendra au contact de la dentine ;
rapide des tissus de soutien) ; - l’extracteur est mis en place, le mors supérieur étant engagé
- utiliser l’irrigation de façon continue en veillant à ce que le dans la gorge de la filière et le mors inférieur venant en
spray atteigne l’extrémité de l’insert ; appui sur les rondelles. En vissant la mollette, les mors de
- ne pas utiliser l’énergie ultrasonore de façon continue, faire l’extracteur s’écartent progressivement et provoquent le
des poses de 1 à 2 minutes régulièrement ; descellement du tenon. En cas de résistance lors de la rota-
- appliquer éventuellement un réfrigérant (test au froid) sur la tion de la molette, un insert ultrasonore peut être placé sur
tête du tenon ; la filière pour faciliter le descellement.
- si la séance se prolonge sans succès, utiliser la trousse de Lorsqu’il s’agit d’un inlay-core à clavette sur une dent plurira-
Gonon. diculée, la pièce prothétique est découpée en autant de
morceaux que de tenons présents en prenant un soin particu-
2 - Dépose d’un tenon fibré lier à ne pas endommager le plancher pulpaire avec la fraise.
Le composite de restauration coronaire associé au tenon Chaque tenon est ensuite descellé indépendamment, en
fibré ainsi que la partie extra-radiculaire du tenon sont retirés général à l’aide des ultrasons, les vibrations engendrées lors
prudemment à l’aide d’une fraise turbine. Le principe est de la découpe de l’inlay-core ayant déjà contribué à désagré-
ensuite de détruire la résine de liaison présente entre les ger le ciment de scellement. Lorsque le tenon est fracturé à
fibres par échauffement. Un insert ultrasonore fin (ET 25, l’intérieur de la racine, la trousse de Masseran (Micro Mega)
Satelec, par exemple) peut être utilisé sans irrigation sous est utilisée. Un premier trépan de diamètre approprié doit
contrôle visuel. Le même résultat peut être obtenu avec un être engagé sur approximativement la moitié de la longueur
foret Peeso de petit calibre (n° 2) utilisé à vitesse rapide du tenon. Un second trépan de diamètre immédiatement
(15 000 tr/min) sans irrigation placé au centre du tenon après inférieur est inséré en force sur la partie dégagée du tenon et
avoir créé un avant-trou à l’aide d’un insert ultrasonore ou du se déforme grâce à la structure souple de l’alliage. La force de
foret pointeur disponible dans la nouvelle trousse de Gonon. friction ainsi engendrée devient supérieure à la force de
Les résidus de colle persistant dans le logement de tenon rétention du tenon et permet son extraction.
sont ensuite éliminés par un léger balayage des parois avec Avec l’aide des instruments décrits, le tenon peut être déposé
un insert ultrasonore fin. Cette procédure doit être ponctuée dans la plupart des cas avec un très faible risque de fracture
par des pauses pour refroidir la dentine radiculaire. radiculaire (Abbott, 2002). La présence d’un ancrage radicu-
laire ne constitue donc pas une contre-indication du retraite-
3 - Dépose des inlay-cores ment orthograde.

Lorsqu’il s’agit d’une dent monoradiculée présentant un


inlay-core avec un tenon anatomique, il est nécessaire E - Recherche des canaux non traités
d’avoir recours à un extracteur (trousse de Gonon, FFDM-
Pneumat) qui permet d’exercer une traction sur le tenon La recherche de canaux non traités repose avant tout sur
en prenant appui sur la dentine radiculaire. une bonne connaissance de l’anatomie endodontique.
L’examen attentif des clichés préopératoires donne une
Cette solution, plus lourde techniquement que la précé- information sur la morphologie de la dent à traiter (Pineda
dente, présente l’avantage de pouvoir desceller le tenon dans et Kuttler, 1972).
l’axe de la racine avec un minimum de contraintes sur les
parois radiculaires (Machtou et al., 1989). La trousse de Gonon La possibilité de réaliser un examen radiologique tridimension-
fonctionne selon le principe du tire-bouchon, le tenon pre- nel peut également donner une information sur l’anatomie et
nant la place du bouchon et la dentine radiculaire celle du la présence éventuelle de canaux non traités. C’est surtout
goulot, la force d’appui et la force de traction étant parfaite- l’examen visuel à fort grossissement qui donne des informa-
ment équilibrées : tions précieuses sur l’emplacement des orifices canalaires. Une
- l’inlay-core est réduit de façon centripète avec la fraise dia- fois les canaux principaux nettoyés et mis en forme, le plan-
mantée jusqu’à ne garder qu’une portion cylindrique en pro- cher pulpaire est examiné attentivement à la recherche de dif-
longement du tenon. La dentine périphérique doit être férences de teinte de la dentine et d’une invagination qui
dégagée de toute trace métallique pour servir d’appui aux pourrait conduire à l’orifice d’un canal surnuméraire. Afin de
mors de l’extracteur ; localiser la présence du canal MV2 des molaires maxillaires,
- la partie émergente du tenon est ensuite calibrée avec le une stratégie précise doit être mise en œuvre (fig. 13.7) :
trépan de la taille adaptée, utilisé sur un contre-angle bague - les canaux principaux sont désobturés, mis en forme et le
bleue avec une irrigation abondante ; plancher pulpaire est nettoyé ;

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
(21 mm) et, pour l’instrumentation rotative, des instruments
spécifiques (ProTaper Retreatment Kit, Dentsply Maillefer ;
R-Endo Micro Mega ; GPX, Komet). Ces instruments sont éga-
lement plus courts et plus rigides que leurs homologues des-
tinés au traitement initial. Les instruments rotatifs ne doivent
cependant pas être utilisés si un minimum de mise en forme
n’a pas été réalisé lors du précédent traitement.
2 - Retrait de la gutta-percha et des pâtes
La gutta est le matériau le plus facile à éliminer : il est thermo-
plastique et pourra être ramolli par un apport de chaleur. De
plus, il est sensible aux solvants les plus courants. Les pâtes
d’obturation peuvent être plus difficiles à retirer en fonction
de leur nature ; certaines (résine phénoplaste, résine époxy) ne
Figure 13.7 L’orifice du MV2 se situe en mésial du sillon qui joint sont pas sensibles aux solvants (Cohen, 1986). Chaque fois que
le MV1 et le canal palatin. cela est possible, il est préférable d’éliminer le matériau d’ob-
turation sans avoir recours aux solvants et préférer la désobtu-
- le plancher pulpaire est examiné à fort grossissement, l’ori-
ration purement mécanique, car l’utilisation des solvants est
fice du MV2 se situe en mésial du sillon qui joint le MV1 et
actuellement controversée pour des raisons diverses :
le canal palatin ;
- en raison de leur toxicité (Barbosa et al., 1994), l’inhalation
- la portion dentinaire jaunâtre de la paroi mésiale de la
de leurs vapeurs pourrait avoir un effet néfaste sur le prati-
cavité d’accès surplombant le plancher pulpaire grisâtre est
cien et son assistante et l’expulsion au-delà du péri-apex
éliminée avec un insert ultrasonore utilisé sans irrigation en
pourrait avoir un effet oncogène pour le patient ;
suivant une ligne blanche qui se crée progressivement sur le
- ils conduisent à la formation d’une boue collante très difficile
plancher. Cette ligne blanche est due au dépôt des débris
à éliminer des parois canalaires, ce qui augmente de façon
dentinaires détachés par l’insert dans le sillon naturel qui
importante les débris résiduels après la mise en forme.
mène à l’orifice du canal MV2 ;
L’utilisation d’aides optiques et d’inserts ultrasonores spéci-
- la recherche peut être facilitée par l’examen de la cavité
fiques permet de visualiser le matériau d’obturation et de
d’accès remplie d’hypochlorite de sodium, le contact de la
l’éliminer sans avoir recours à un solvant.
solution avec les débris organiques présents dans le canal
S’il est indispensable d’y recourir pour perméabiliser le canal,
dégage de petites bulles visibles à fort grossissement.
le solvant doit être utilisé avec parcimonie et suivi d’une irri-
gation abondante à l’hypochlorite de sodium.
1 - Désobturation et mise en forme canalaire
Remarque : il faut noter que le ciment canalaire sur les
Le retraitement canalaire implique le retrait de la totalité des
parois reste la partie de l’obturation la plus difficile à élimi-
matériaux présents dans le ou les canaux de façon à permettre ner. Seule la réinstrumentation permet son élimination
aux solutions d’irrigation d’accéder à l’ensemble des parois. après perméabilisation du canal.

La démarche clinique est comparable à celle d’un traitement La stratégie est différente selon qu’il s’agit d’éliminer un cône
initial. La désobturation est menée de façon corono-apicale ; de gutta flottant dans le canal ou une obturation dense. Dans
le canal est artificiellement divisé en trois portions préparées le premier cas, l’objectif est de retirer le cône en un morceau
indépendamment. Cela permet de se placer dans les meil- en procédant de la façon suivante (fig. 13.8) :
leures conditions sur le plan mécanique car, en libérant les - examiner la radiographie préopératoire ;
contraintes et en redressant les courbures coronaires, les - ne pas utiliser de solvant ;
conditions seront idéales pour accéder à la portion apicale - une fois que la cavité d’accès est remplie d’hypochlorite de
avec les instruments. Sur le plan biologique, cette approche sodium, vérifier la vacuité du canal à l’aide d’une lime K n° 10
permet d’assurer la désinfection des deux tiers coronaires jusqu’à la longueur de travail ;
avant d’aborder le tiers apical. Le risque de propulser des débris - insérer les limes K en calibre croissant jusqu’à ce que l’on note
infectés au-delà du foramen se trouve ainsi réduit. que l’une d’elles bloque environ aux deux tiers de la longueur
La mise en forme de chaque portion du canal n’est réalisée de travail ;
qu’une fois la perméabilité retrouvée. Les moyens pour retrou- - utiliser une lime H d’un calibre immédiatement supérieur à
ver cette perméabilité seront toutefois différents de ceux uti- la lime K précédente, la visser pour atteindre le niveau de
lisés lors d’un traitement initial, la désobturation nécessitant cette dernière et tracter l’instrument pour retirer le cône de
des instruments rigides et tranchants afin de pouvoir pénétrer gutta en un morceau.
le matériau d’obturation. Il est possible d’utiliser indifférem- Si le cône dépasse l’extrémité radiculaire, la technique est la
ment une instrumentation manuelle ou rotative : pour l’instru- même mais la lime H de retrait doit être amenée au niveau ou
mentation manuelle, on utilise des limes de Hedström courtes au-delà du foramen apical.

293

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13 Endodontie

b c

Figure 13.8 Lorsque l’obturation à la gutta est peu dense, elle


peut être éliminée sans solvant en utilisant une lime H vissé
dans la gutta et tractée afin de retirer le cône de gutta en un
d morceau.

294

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
Si l’obturation gutta plus pâte est dense :
• dans le tiers coronaire, l’utilisation d’une instrumentation rota-
tive utilisée sans irrigation et sans solvant permet à la fois de
faire un apport de chaleur par friction et d’éliminer la gutta
ramollie. Une instrumentation spécifique peut être utilisée
(ProTaper Retreatment Kit, Dentsply ; R-Endo, Micro Mega) ou,
plus simplement, un foret de Gates de petit calibre (n° 2) uti-
lisé à vitesse rapide en exerçant une pression légère au centre
de la gutta. Une fois le tiers coronaire désobturé, il est mis en
forme et irrigué abondamment à l’hypochlorite de sodium.
L’orifice est éventuellement relocalisé (forets de Gates n° 3
et 4) afin d’avoir un accès en ligne droite au tiers moyen ;
• la désobturation du tiers moyen est effectuée à l’aide soit
de limes de Hedström, soit de l’instrumentation rotative
spécifique. En cas de difficulté, un solvant peut éventuelle-
a
ment être utilisé pour faciliter et guider la pénétration de la
lime. Une fois le tiers moyen perméabilisé, il est mis en
forme et irrigué abondamment à l’hypochlorite de sodium ;
• la désobturation du tiers apical est fonction de la situation
clinique :
- si le tiers apical n’était pas obturé, il est exploré à l’aide de
limes K de petit calibre précourbées à leur extrémité, puis
mis en forme à son tour,
- si l’obturation est peu dense, elle est retirée à l’aide de
lime H de petit calibre, puis mis le tiers apical en forme,
- si l’obturation est dense, utiliser une goutte de solvant.

3 - Retrait des cônes d’argent et des tuteurs en plastique

Note : retirer un cône d’argent est souvent un exercice dif-


ficile. La difficulté vient du fait que l’argent est un métal
ductile et que le cône aura tendance à se fracturer si une b
traction est exercée pour l’extraire.

Lorsqu’il y a percolation, un phénomène de corrosion du


métal s’ajoute et rend le cône plus fragile encore. Il faudra
résister à la tentation d’exercer une forte traction et privilé-
gier le dégagement du cône des parois. La réussite de la
manœuvre dépend de deux facteurs, la possibilité de pré-
hension et l’adaptation du cône aux parois du canal. La pos-
sibilité de préhension dépend avant tout de la longueur de
cône présent dans la chambre pulpaire. Il faudra être très
attentif, lors du retrait du matériau de restauration coronaire,
à préserver la partie émergente du cône. Il faut également
avoir à disposition des instruments de préhension (précelles
de Perry, Hu-Friedy ; pince de Stieglitz, Hu-Friedy ; extracteur
de Masseran, Micro-Mega). De l’adaptation du cône d’argent
dépend la possibilité de passer un instrument endocanalaire
entre le cône et les parois. Cette adaptation pourra être éva- c
luée sur la radiographie préopératoire (fig. 13.9) :
- le matériau de restauration coronaire est retiré avec beau- Figure 13.9 Retrait des cônes d’argent. Le cône d’argent est
dégagé en passant une lime n° 10 puis n° 15 entre le cône et les
coup de précaution, en veillant à ne pas endommager la parois canalaires. Il est ensuite saisi et tracté légèrement (pré-
partie émergente du cône. Il est préférable d’utiliser pour celles de Perry, pince de Stieglitz, extracteur de Masseran). Une
cela des inserts ultrasonores ; fois qu’il est retiré, le canal est mis en forme de façon habituelle.
- une lime n° 10 est glissée entre le cône et les parois, un sol-
vant peut éventuellement être utilisé pour faciliter la péné-
tration de la lime. Il est nécessaire de passer en alternance

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13 Endodontie

une lime K n° 10 et une lime H n° 15 au fur et à mesure de la - la partie coronaire du tuteur est dégagée en éliminant la gutta
progression apicale afin de libérer le cône d’argent. Si pos- par échauffement (insert ultrasonore utilisé sans irrigation,
sible, la lime est amenée jusqu’à l’extrémité apicale du cône touch and heat, instrument rotatif de désobturation). Ne pas
puis remplacée par une lime K n° 15 ; chercher à progresser trop apicalement au risque de section-
- à l’aide d’une sonde à pointe fine placée à l’opposé du cône, ner le tuteur ;
la partie émergente est poussée dans la cavité créée précé- - une lime H (n° 25 en 21 mm) est immédiatement placée à
demment et les limes K n° 10 et H n° 15 sont à nouveau glis- l’interface entre le tuteur et les parois canalaires, une gorge
sées de l’autre côté le long du cône ; est généralement prévue à cet effet dans le tuteur ;
- une fois le cône dégagé sur deux côtés opposés, il est saisi - la lime est vissée dans le plastique du tuteur et tractée hors
et tracté légèrement (précelles de Perry, pince de Stieglitz, du canal, le tuteur sort, agrippé par les spires de la lime H.
extracteur de Masseran). Si une résistance est rencontrée,
un insert ultrasonore est placé sur les mors de la pince près 4 - Réinstrumentation du réseau canalaire,
du cône pour aider à le dégager ; suppression des butées
- si la partie émergente du cône n’est pas assez longue pour être
saisie, une lime H n° 25 est vissée le long du cône et tractée Important ! L’objectif est d’éliminer le plus complètement
hors du canal, le cône sort, agrippé par les spires de la lime H ; possible les anciens matériaux d’obturation et de retrouver le
- si le cône d’argent est fracturé à l’intérieur du canal, il faut contact dentinaire ; pour cela, la préparation doit être d’un
passer à côté avec une lime K n° 10 puis n° 15 et insérer à calibre plus important que la précédente et, en fin de mise en
l’arrêt une lime ultrasonore n° 15 au-delà de l’extrémité api- forme, les parois canalaires doivent être examinées attenti-
cale du cône d’argent. Cette dernière est ensuite activée vement afin de localiser d’éventuels résidus de ciment.
avec un spray d’eau important. La vibration déloge le cône
d’argent qui est évacué coronairement par le spray. Dans tous les cas, il convient d’associer les concepts de pré-
Le retrait des tuteurs en plastique est sensiblement plus aisé paration corono-apicale et de perméabilité apicale afin de
car ils sont moins fragiles que les cônes d’argent (fig. 13.10) : créer un réservoir d’hypochlorite qui va se déplacer de plus

a b c

d e f

Figure 13.10 Retrait des tuteurs en plas-


tique. La partie coronaire du tuteur est
dégagée en éliminant la gutta par échauf-
fement (insert ultrasonore utilisé sans irri-
gation, touch and heat, instrument rotatif
de désobturation). Une lime H (n° 25 en
21 mm) est immédiatement placée à l’in-
terface entre le tuteur et les parois cana-
laires. La lime est vissée dans le plastique
du tuteur puis est tractée hors du canal.
Le tuteur sort, agrippé par les spires de la
lime H. Une fois le tuteur retiré, le canal
g h est mis en forme de façon habituelle.

296

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
en plus profondément et désinfecter le corps du canal avant - lorsqu’elle se situe dans le tiers moyen, il est nécessaire d’effa-
d’aborder la région apicale. La préparation apicale est réali- cer la courbure coronaire puis de rechercher la perméabilité
sée en dernier lieu en prenant soin d’obtenir une conicité suf- à l’aide d’une lime manuelle de petit calibre, précourbée à son
fisante pour permettre un renouvellement de la solution extrémité, utilisée en alternance avec 1 ml d’hypochlorite de
d’irrigation et une obturation tridimensionnelle du canal par sodium. Une fois retrouvé, le passage est élargi avec des ins-
compactage de la gutta (voir chapitre 10). truments de taille croissante et le canal est mis en forme.
Lorsque l’ancienne obturation est insuffisante, il est fréquent Dans cette situation, il n’est pas nécessaire d’effacer la marche
de rencontrer une butée correspondant à la limite de l’obtura- si elle ne gêne pas l’ajustage du cône de gutta-percha ;
tion. La procédure pour retrouver la perméabilité canalaire est - lorsque la butée se situer dans le tiers apical, le tiers coro-
différente en fonction de la situation de la butée dans le canal : naire et le tiers moyen sont mis en forme puis la perméabi-
- lorsqu’elle se situe dans le tiers coronaire, la priorité est de lité est recherchée à l’aide d’une lime précourbée. Une fois
relocaliser l’orifice canalaire et d’effacer la courbure coro- la perméabilité retrouvée, la butée doit être effacée pour
naire (Machtou et Martin, 2000), la butée disparaît alors pouvoir ajuster le cône (Machtou et Reit, 2003 ; Simon et
avec la mise en forme du tiers coronaire ; Pertot, 2007 ; Gluskin et al., 2008) (fig. 13.11).

a b c

Figure 13.11 Élimination d’une butée dans


le tiers apical. a, b et c. Les tiers coronaire
et moyen du canal sont mis en forme
puis la perméabilité est recherchée à
l’aide d’une lime précourbée de petit
calibre. d et e. Une fois la perméabilité
retrouvée, la butée est effacée par le
passage des instruments de mise en
d e forme précourbés.

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13 Endodontie

F - Retrait des fragments 3 - Retrait à l’aide d’un extracteur (fig. 13.12)


d’instrument fracturé En cas d’échec de la solution précédente, il est nécessaire
de dégager la portion coronaire du fragment aux dépens de
Important ! Il n’est pas rare de rencontrer des fragments la dentine radiculaire. Cette opération se fait en deux temps.
d’instrument fracturé dans le réseau canalaire et l’utilisa-
tion grandissante d’une instrumentation rotative en nickel-
titane augmente la fréquence de ces accidents opératoires Dans un premier temps, un accès sur l’instrument doit être
(Spili et al., 2005). réalisé à l’aide d’un foret de Gates n° 4 pour relocaliser l’ori-
fice, suivi des forets n° 2 et 3 positionnés au contact du frag-
Il est important de comprendre que le fragment fracturé ne ment. Les étapes suivantes impliquent l’utilisation d’un
constitue pas en lui-même un risque direct d’échec endo- microscope opératoire, car il est nécessaire d’être en mesure
dontique, mais un risque indirect du fait qu’il interdit l’accès à la de visualiser précisément la tête de l’instrument fracturé.
portion canalaire située apicalement (Simon et al., 2008). Le Une plate-forme est ensuite aménagée autour de la partie
risque d’échec endodontique est lié à la contamination réelle ou coronaire du fragment à l’aide d’un foret de Gates n° 3 dont la
potentielle de cette portion canalaire qui ne pourra être ni désin- tête est coupée dans sa partie la plus large (Ruddle, 2002) ou
fectée ni obturée. Dans le cadre d’un retraitement, il est impor- à l’aide du pointeur du kit Endorescue®, Komet) qui présente
tant de garder à l’esprit que l’objectif thérapeutique est de une partie conique concave permettant de centrer la plate-
neutraliser l’espace canalaire et de préserver au maximum les forme autour du fragment (Martin, 2010).
tissus dentaires et non d’éliminer le fragment. Les moyens tech- Dans un second temps la dentine autour du fragment est éli-
niques pour éliminer ces fragments ont toutefois été considéra- minée en utilisant soit un insert ultrasonore fin (ET 25, Sate-
blement améliorés ces dernières années, principalement grâce au lec ; Pro-Ultra 6, 7, 8, Dentsply ; RT3, EMS), soit un trépan
microscope opératoire (Suter et al., 2005). La possibilité de voir le (Endorescue®, Komet ; trousse de Masseran®, Micro Mega). Le
fragment facilite grandement son dégagement et sa préhension trépan de la trousse Endorescue® doit être utilisé à vitesse
mais nécessite une micro-instrumentation spécifique (Shen et al., lente (300 tr/min) et en sens anti-horaire.
2004). Face à cette obstruction canalaire, il est nécessaire d’adop- Une fois le fragment dégagé sur une longueur de 1 à 2 mm, il
ter une démarche clinique systématique (Martin, 2006). pourra être évacué en direction coronaire soit directement
par le trépan du kit Endo Rescue®, soit par les vibrations de
1 - Améliorer l’accès coronaire l’insert ultrasonore, soit par un extracteur (trousse de Mas-
seran®), soit par une aiguille de taille adaptée remplie de
La fracture instrumentale étant le plus souvent associée à composite. Dans ce dernier cas, après la prise du composite
une courbure canalaire, le premier geste doit être d’élargir (4 minutes), le fragment sera dévissé dans le sens anti-
le canal coronairement en redressant la courbure. horaire.

Cette intervention peut être réalisée à l’aide de forets de Cette technique peut être employée dans toutes les situa-
Gates travaillant en appui sur la paroi opposée à la courbure. tions cliniques mais tout particulièrement si l’instrument
La préparation ainsi réalisée crée un espace de reflux pour est long ou fortement coincé (fig. 13.13 et 13.14). À noter que
évacuer le fragment en direction coronaire. le retrait d’un Lentulo ou d’un thermocompacteur implique
un dévissage dans le sens horaire.
2 - Tenter de passer un instrument à côté du fragment
La partie coronaire du canal est remplie d’un gel lubrifiant
(Glyde, Dentsply Maillefer ; RC Prep, Premier Products Comp ; 4 - Techniques complémentaires
File-Eze, Ultradent Products) et un instrument manuel de petit L’utilisation d’un laser optique Nd:YAP permet, dans certaines
diamètre est introduit pour chercher un passage le long du conditions, de vaporiser l’instrument (Farge et al., 1998, Yu
fragment fracturé (Al-Fouzan, 2003). Une fois le passage trouvé, et al., 2000). La fibre optique doit être placée au contact du
il est progressivement élargi à l’aide d’une séquence d’instru- fragment. Il faut toutefois veiller à ne pas provoquer de sur-
ments manuels de calibre croissant. Si le trajet initial du canal chauffe des parois radiculaires environnantes.
est retrouvé de cette façon, le fragment peut soit être retiré à
l’aide d’une lime montée sur une pièce à main ultrasonore avec En cas d’échec des tentatives de retrait du fragment par
la même procédure que celle décrite pour le retrait de cônes voie orthograde et devant la persistance ou l’apparition
d’argent, soit être laissé en place et noyé dans l’obturation. d’une pathologie, un retraitement par voie chirurgicale
Cette démarche permet de résoudre bon nombre de cas de pourra être envisagé. Les techniques actuelles de chirurgie
façon simple, peu mutilante pour les tissus dentaires environ- endodontique permettent de nettoyer et de désinfecter
nants et avec une grande économie de moyens. Elle doit être la portion du canal située apicalement au fragment avant
systématiquement tentée en première intention. obturation a retro.

298

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13

a b c

d e f

Figure 13.12 Retrait d’un fragment d’instrument fracturé à l’aide de l’extracteur Endo Rescue®. L’accès au fragment est réalisé en
redressant la courbure située coronairement puis par le passage d’un foret de Gates n° 3. La partie coronaire du fragment est ensuite
dégagée et centrée sur la préparation par le passage du pointeur. Puis c’est au tour du fragment d’être dégagé des parois radiculaires
à l’aide du trépan de même calibre utilisé à vitesse lente (300 tr/min) et en sens anti-horaire. Une fois qu’il l’est sur une longueur de 1
à 2 mm, il pourra être évacué en direction coronaire soit directement par le trépan, soit par une aiguille de taille adaptée remplie de
composite.

299

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13 Endodontie

g h i

j k l

Figure 13.12 (suite) Retrait d’un fragment d’instrument fracturé à l’aide de l’extracteur Endo Rescue®. L’accès au fragment est réalisé en
redressant la courbure située coronairement puis par le passage d’un foret de Gates n° 3. La partie coronaire du fragment est ensuite
dégagée et centrée sur la préparation par le passage du pointeur. Puis c’est au tour du fragment d’être dégagé des parois radiculaires
à l’aide du trépan de même calibre utilisé à vitesse lente (300 tr/min) et en sens anti-horaire. Une fois qu’il l’est sur une longueur de 1
à 2 mm, il pourra être évacué en direction coronaire soit directement par le trépan, soit par une aiguille de taille adaptée remplie de
composite.

300

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13

a b c

d e

Figure 13.13 Retrait d’un fragment long avec la trousse Endorescue (Komet). a, b et c. Lorsque le fragment est long, il ne pourra pas
être dégagé en totalité par le trépan. d et e. La partie coronaire du fragment est dégagée sur environ 2 mm à l’aide du trépan puis
une aiguille de même calibre que le trépan et remplie de composite autopolymérisable (ou dual) est positionnée à la place du trépan
puis laissée le temps de la prise du composite. L’aiguille est ensuite tractée en direction coronaire avec un mouvement de rotation
antihoraire. Le fragment, emprisonné dans le composite, ressort avec l’aiguille.

301

6684_.indb 301 01/08/12 15:37


13 Endodontie

a b

c e

Figure 13.14 a. Retraitement d’une 17 présentant une lésion et un fragment d’instrument dans la racine mésio-vestibulaire. La restau-
ration prothétique est déposée et l’orifice canalaire relocalisé de façon à obtenir un accès en ligne droite à la partie coronaire du
fragment. b. Accès au fragment avec la trousse Endorescue (Komet) : passage du foret de Gates n° 3 jusqu’au contact du fragment,
puis du pointeur, puis du trépan à vitesse lente (300 trs/min) et en sens antihoraire afin de dégager la partie coronaire du fragment
des parois dentinaires. c et d. Le fragment est retiré à l’aide d’une aiguille de même calibre que le trépan (20 gauges) et remplie de
composite autopolymérisable (ou dual).

302

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13
G - Traitement des perforations étanche en milieu humide (Lee et al., 1993). Le matériau doit
sa bonne étanchéité à une légère expansion de prise. Il faut
Une perforation radiculaire est presque toujours d’origine donc pouvoir le placer en épaisseur suffisante dans une
iatrogène et se comporte comme une porte de sortie de cavité préparée à 4 parois. Plus récemment, les études préli-
l’espace endodontique vers les tissus parodontaux. L’ob- minaires faites avec la Biodentine™ (Septodont) qui semble
jectif du traitement est d’obturer cette communication présenter les mêmes propriétés biologiques que le MTA
avec un matériau étanche et biocompatible pour per- mais, avec un temps de prise d’environ 12 minutes et une
mettre une cicatrisation des tissus parodontaux. adhésion intrinsèque à la dentine, ce matériau pourrait avan-
tageusement remplacer le MTA. Des études complémen-
Plusieurs facteurs sont à prendre en considération afin d’éva- taires sont nécessaires afin de valider son utilisation clinique.
luer le pronostic et de juger de la faisabilité du traitement Le protocole du traitement est fonction de la position de la
(Ruddle, 2002 ; Gluskin et al., 2008). perforation.

1 - Niveau de la perforation 5 - Perforations situées sur le plancher pulpaire


ou dans le tiers coronaire
Le facteur essentiel pour le pronostic est la position de la
perforation par rapport à l’attache épithéliale. Une proximité Ces perforations sont généralement liées à une fausse
de l’attache peut entraîner une rupture de celle-ci et provo- manœuvre lors de la préparation de la cavité d’accès ou de la
quer une contamination bactérienne des tissus de soutien recherche des entrées canalaires. Le facteur clé est la proxi-
par la poche parodontale, réduisant ainsi considérablement mité de l’attache épithéliale. Si celle-ci est intacte, le proto-
les possibilités de réparation des tissus parodontaux. cole opératoire comprend les étapes suivantes :
- les anciens matériaux d’obturation sont retirés et l’ensemble
Important ! Avant d’entreprendre le traitement d’une per- du réseau canalaire est nettoyé et mis en forme dans un
foration, une évaluation de l’état parodontal est indispen- bain d’hypochlorite de sodium ;
sable avec un sondage méticuleux de l’attache épithéliale. - la perforation est obturée de façon temporaire à l’aide de
coton afin d’éviter la contamination des parois par le ciment
d’obturation canalaire, puis les canaux sont obturés ;
2 - Position de la perforation - le MTA est déposé par petits incréments successifs dans la
La perforation peut être située en vestibulaire, lingual ou perforation à l’aide d’un instrument spécifique (Messing
proximal. La position est peu importante si le traitement envi- Gun®, porte-amalgame, Dentsply) puis est condensé légère-
sagé est non chirurgical mais peut contre-indiquer un traite- ment à l’aide d’un fouloir vertical et/ou vibré de façon indi-
ment chirurgical en cas de situation linguale ou palatine. recte par un insert ultrasonore utilisé sans irrigation et placé
à distance sur une paroi de la cavité d’accès. Un coton
3 - Taille de la perforation humide est placé au contact du MTA et la cavité d’accès est
obturée avec un ciment verre ionomère ;
Plus la taille de la perforation est importante, plus la possibi-
- dans une séance ultérieure, le ciment temporaire et le coton
lité d’obtenir un scellement étanche est réduite, compromet-
sont retirés, la prise du MTA est vérifiée à l’aide d’une sonde
tant ainsi les possibilités de réparation parodontale. Une
et la dent est restaurée de façon conventionnelle (fig. 13.15) ;
perforation de grande taille peut également affaiblir la struc-
- en cas d’utilisation de la Biodentine™, attendre et vérifier la
ture dentaire résiduelle et compromettre les possibilités de
prise du matériau avant la mise en place de l’obturation
restauration.
temporaire ou définitive.
4 - Ancienneté de la perforation Si l’attache épithéliale est lésée, une chirurgie parodontale
devra être pratiquée pour espérer un gain d’attache.
Le risque d’échec est lié à la contamination bactérienne de
la perforation entraînant une inflammation parodontale et 6 - Perforations du tiers moyen
une perte osseuse.
Important ! Les perforations du tiers moyen sont la consé-
quence d’une mauvaise utilisation des forets de Gates ou
Comme pour un traitement endodontique classique, une d’une préparation trop invasive d’un logement de tenon. La
contamination bactérienne préalable au traitement compro- difficulté est de réussir à traiter la portion apicale du canal
met le pronostic. L’intervalle de temps entre la création de la sans contaminer les parois de la perforation avec le maté-
perforation et son traitement joue donc un rôle critique. Une riau d’obturation canalaire.
obturation immédiate de la perforation dans un milieu asep-
tique optimise le pronostic. Une fois la portion apicale du canal traitée, la sortie latérale
De nombreux matériaux ont été proposés pour obturer les de la perforation est précisément identifiée à l’aide d’une
perforations, mais le consensus actuel est orienté vers le pointe de papier dont la limite entre la partie humide ou
MTA (ProRoot MAT®, Dentsply Maillefer) (Pitt Ford et al., tachée de sang indique l’extrémité de la perforation. La por-
1995 ; Nakata et al., 1998), qui présente l’avantage d’être bio- tion coronaire en regard de la perforation est obturée au
compatible (Koh et al., 1998) et de permettre un scellement MTA ou avec de la Biodentine™.

303

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13 Endodontie

a b c

d e f

g h

Figure 13.15 Traitement d’une perforation située sur le plancher pulpaire. Les anciens matériaux d’obturation sont retirés et l’en-
semble du réseau canalaire est nettoyé et mis en forme dans un bain d’hypochlorite de sodium. Le MTA est déposé par petits incré-
ments successifs dans la perforation à l’aide d’un instrument spécifique (Messing Gun®, porte-amalgame, Dentsply) puis condensé
légèrement à l’aide d’un fouloir vertical et/ou vibré de façon indirecte par un insert ultrasonore utilisé sans irrigation et placé à
distance sur une paroi de la cavité d’accès. Un coton humide est placé au contact du MTA et la cavité d’accès est obturée avec un
ciment verre ionomère. Dans une séance ultérieure, le ciment temporaire et le coton sont retirés, la prise du MTA est vérifiée à l’aide
d’une sonde et la dent restaurée de façon conventionnelle. En cas d’utilisation de la Biodentine, attendre et vérifier la prise du
matériau avant la mise en place de l’obturation temporaire ou définitive.

7 - Perforations du tiers apical bons résultats, mais le succès n’est pas aussi prévisible qu’après
Ces perforations sont le résultat d’une fausse route créée un retraitement orthograde. Le pronostic endodontique est
lors d’une tentative de traitement précédent. La difficulté est de optimisé lorsque l’ensemble du réseau canalaire a pu être net-
retrouver la trajectoire du canal originel et de la mettre en forme. toyé, désinfecté et obturé (Scianamblo et Ruddle, 1988).

La fausse route sera alors obturée comme un canal surnu- Face à un échec de la chirurgie endodontique, une perco-
méraire en même temps que le canal principal par com- lation doit être recherchée au niveau de l’obturation a
pactage vertical de gutta chaude. retro, de l’obturation canalaire et de l’obturation coronaire.
Selon la situation clinique, une réintervention par voie
orthograde peut permettre d’éliminer les bactéries rési-
duelles et résoudre le problème infectieux.
H - Retraitement des dents ayant subi
une chirurgie apicale Sur le plan clinique, la difficulté est liée à la résection en
Historiquement, la chirurgie endodontique consistait à obtu- biseau de la racine. De ce fait le foramen est très large, sou-
rer l’extrémité apicale du canal avec l’espoir que cette obtura- vent ovale et situé à distance de l’apex radiographique de la
tion contiendrait les toxines bactériennes à l’intérieur du canal racine. Le retraitement par voie orthograde est alors compa-
de façon permanente. Cette approche peut donner quelques rable au traitement d’une dent immature (fig. 13.16) :

304

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Retraitement orthograde des échecs endodontiques 13

a b

c d

e f

Figure 13.16 Retraitement orthograde d’une dent ayant subi une résection apicale. a. L’échec après la chirurgie endodontique est dû à
l’absence d’étanchéité de la restauration coronaire, l’absence d’obturation canalaire et l’absence d’étanchéité de l’obturation a retro. b et
c. Les anciens matériaux d’obturation sont retirés et le canal est nettoyé dans un bain d’hypochlorite de sodium sans déplacer le matériau
d’obturation apical. Le passage d’une lime au-delà de l’obturation a retro permet d’objectiver l’absence d’étanchéité. d et e. Le canal est
obturé au MTA de la même façon que celui d’une dent immature. Un coton humide est placé au contact du MTA et la cavité d’accès est
obturée avec un ciment temporaire. f. La radiographie de contrôle prise à 1 an postopératoire montre une guérison de la lésion.

305

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13 Endodontie

- l’échec est dû à l’absence d’étanchéité de la restauration - la radiographie de contrôle prise à 1 an postopératoire


coronaire, d’obturation canalaire et d’étanchéité de l’obtu- montre une guérison de la lésion.
ration a retro ; Le matériau d’obturation est choisi en fonction de la taille du
- les anciens matériaux d’obturation sont retirés et le canal canal : en cas de canal résiduel court et de fort diamètre, le
est nettoyé dans un bain d’hypochlorite de sodium sans MTA ou la Biodentine™ sont les matériaux de choix.
déplacer le matériau d’obturation apical ;
- la longueur de travail est recherchée à l’aide d’un localisa-
teur d’apex car, du fait de la résection en biseau, la sortie
apicale se trouve à distance de l’apex radiographique. III - Conclusion
Comme pour une perforation, l’utilisation d’une pointe de
papier indique avec précision la limite apicale et latérale de Contrairement à un traitement initial, le retraitement endo-
la racine ; dontique reste difficile à systématiser tant la diversité des
- le canal est obturé au MTA de la même façon que celui d’une situations cliniques est grande. La complexité anatomique
dent immature. Un coton humide est placé au contact du du réseau canalaire mais, surtout, les obstacles liés aux ten-
MTA et la cavité d’accès obturée avec un ciment temporaire ; tatives précédentes rendent l’approche plus difficile et le
- dans une séance ultérieure, le ciment temporaire et le coton résultat moins prévisible. Le bond en avant technique de
sont retirés, la prise du MTA est vérifiée à l’aide d’une sonde cette dernière décennie a toutefois permis de mieux appré-
et la dent est restaurée de façon conventionnelle ; hender les difficultés liées au retraitement et lorsque les
- avec la Biodentine™, le canal peut être obturé dans la même obstacles peuvent être levés, le taux de succès est compa-
séance après vérification de la prise du matériau ; rable à celui d’un traitement initial (Gorni et Gagliani, 2004).

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14
Restaurations coronaires et corono-
radiculaires des dents dépulpées
S. BOUILLAGUET, G.-T. ROCCA

cet effet. Contrairement aux idées reçues, la mise en place


Si la construction de couronnes prothétiques supportées
par des ancrages métalliques ou inlay-cores reste la tech- d’un ancrage intracanalaire n’augmente pas la résistance
nique la plus couramment utilisée pour la restauration mécanique de la racine dentaire mais, au contraire, contribue
dents dévitalisées, certains travaux récents mettent en à son affaiblissement (Robbins, 2001). En premier lieu, il faut
évidence les limites de ce type de traitement (Dietschi et souligner que la forme d’un tenon métallique ne correspond
Bouillaguet, 2011). que très partiellement aux formes anatomiques observées au
niveau des différents canaux radiculaires. (Grandini et al.,
2005). De ce fait, la modification de forme du canal radicu-
La littérature endodontique démontre que le succès clinique laire en vue d’assurer la friction et la rétention du tenon s’ac-
à long terme des dents non vitales dépend de l’élimination compagne d’une élimination tissulaire supplémentaire qui
complète de l’infection bactérienne contenue dans le sys- augmente les risques de fracture radiculaire (fig. 14.1). D’autres
tème canalaire. Alors que des taux de succès approchant les études critiquent le caractère mutilant de ce type de recons-
95 % peuvent être observés en cas d’inflammation pulpaire truction et suggèrent l’utilisation de techniques de restaura-
irréversible ou de nécrose sans complications péri-apicales, tion moins invasives, fondées sur l’utilisation de restaurations
les taux de guérison diminuent significativement lorsque l’in- collées (Krejci et al., 2003). La tendance actuelle est à la
fection radiculaire s’accompagne d’une lésion péri-apicale conservation maximale des structures dentaires résiduelles
radio-visible (Farzaneh et al., 2004 ; Friedman, 2008). Il est car cette approche influence positivement la longévité des
donc admis que la nature et l’extension de l’infection bacté- restaurations dentaires (Manhart et al., 2004).
rienne influencent la guérison endodontique.
Il a été également démontré que la qualité de la restauration
coronaire influençait significativement le succès du traite- Le but de ce chapitre est de présenter les fondements
d’une approche thérapeutique moderne fondée sur un
ment endodontique car, en présence d’un défaut d’étan-
concept d’invasivité minimale et visant à restaurer l’esthé-
chéité, les taux d’échecs augmentent, et ce malgré la présence tique et la fonction des dents non vitales. Les caractéris-
d’une obturation canalaire jugée radiographiquement satis- tiques physiques de la dent non vitale seront discutées
faisante (Ray et Trope, 1995). dans le but d’étayer ces nouvelles options thérapeutiques.
Sur la base de ces premières observations, il semble clairement
établi que les techniques de restauration conventionnelles, qui
nécessitent différentes étapes de laboratoire (fabrication d’un Différentes options de traitement faisant appel à des restau-
inlay-core, mise en place d’une couronne provisoire, fabrica- rations directes en composite, à des restaurations indirectes
tion de la couronne prothétique) sont autant d’étapes inter- de type onlay et endocrown, ou encore à des couronnes
médiaires qui augmentent les risques de réinfection prothétiques sont décrites et illustrées à partir de différents
bactérienne et de complications endodontiques à long terme. cas cliniques.
La mise en place d’une couronne prothétique peut être indi-
quée dans le but de restaurer l’esthétique et la fonction des
dents non vitales présentant un délabrement coronaire
important. Certaines études démontrent que le recouvre-
ment cuspidien réalisé par la couronne prothétique assure un
meilleur pronostic à long terme pour les dents dévitalisées
(Salehrabi et Rotstein, 2004).
Lorsque l’indication d’une couronne prothétique a été posée,
le praticien procède généralement à la mise en place d’un
ancrage radiculaire (inlay-core) destiné à assurer la rétention
de la future couronne prothétique. Pendant des décennies, Figure 14.1 Augmentation du risque de fracture en fonction de
des tenons métalliques de formes variables ont été utilisés à la perte tissulaire corono-radiculaire.

309

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14 Endodontie

I - Caractéristiques physico- en vue de l’insertion d’un ancrage radiculaire (Trope et Ray,


1992). Lorsque la préparation cavitaire concerne seulement la
chimiques de la dent dévitalisée cavité d’accès endodontique, la rigidité de la dent est dimi-
nuée de seulement 5 %.
Important ! La perte de la vitalité pulpaire et le traitement
endodontique qui s’en suit entraînent des modifications Remarque : en revanche, l’extension de la cavité coronaire
qualitatives et quantitatives au niveau des structures den- et, notamment, la perte des crêtes proximales entraînent
taires résiduelles. une perte de résistance mécanique de l’ordre de 65 %. Les
mêmes auteurs concluent que la fragilisation maximale de
la dent est obtenue après préparation d’une cavité d’accès
Du point de vue qualitatif, il a été longtemps supposé que la endodontique associée à une cavité mésio-occluso-distale
dent non vitale devenait plus fragile en raison d’une diminu- (MOD) (Reeh et al., 1989).
tion de son contenu en eau. La littérature médicale étaye le
concept d’une perte liquidienne d’environ 9 % pour les dents Plus récemment, Lang et al. (2006) ont étudié la déformabilité
dévitalisées, mais il est intéressant de noter que seul le contenu de racines humaines en fonction du diamètre de préparation
en eau libre, et non l’eau liée aux tissus, est modifié (Helfer du canal radiculaire. Une méthode de mesure non destructive,
et al., 1972). Ainsi, la résistance mécanique en tension ou en faisant appel à l’interférométrie 3D, a permis de mesurer la
compression de la dentine canalaire reste inchangée ; seule déformation radiculaire après préparation manuelle ISO 40,
une légère diminution du module d’élasticité est observée. En 60, 80, 110 et après forage canalaire en vue de l’insertion de
revanche, les irrigants endodontiques tels que l’hypochlorite différents types de tenons radiculaires. Les résultats
de sodium (NaOCl), l’EDTA ou l’hydroxyde de calcium exercent démontrent une augmentation significative de la déformabi-
tous des interactions chimiques sur le contenu soit minéral lité de la racine après la préparation canalaire par rapport à la
soit organique de la dentine canalaire (Grigoratos et al., 2001 ; racine intacte. Lorsqu’un logement pour ancrage radiculaire est
Sim et al., 2001 ; Chiba et al., 1989 ; Saleh et al., 1999 ; Cruz- réalisé, la déformabilité de la racine est augmentée de 180 %
Filho et al., 2001 ; Hulsmann et al., 2002). Parmi les plus cou- (Lang et al., 2006). Sur la base de ces observations, il semble
ramment utilisés, l’hypochlorite de sodium, dont l’action important de reconsidérer le rôle et la nécessité d’un ancrage
protéolytique est bien démontrée, entraîne une fragmentation radiculaire support de couronne prothétique.
du collagène dentinaire, responsable d’une diminution de cer- Un facteur souvent négligé mais pouvant également influencer
taines propriétés mécaniques de surface, telles que la micro- les risques de fracture radiculaire pourrait être issu de la prépa-
dureté. Des effets similaires ont également été rapportés par ration canalaire elle-même. En effet, une utilisation mal maîtri-
suite de l’application prolongée d’hydroxyde de calcium. Les sée d’instruments mécanisés en nickel-titane peut entraîner
agents chélateurs (EDTA) sont quant à eux responsables d’un des contraintes mécaniques susceptibles de favoriser la forma-
ramollissement de la dentine résultant de l’interaction avec le tion des fissures, à leur tour responsables de la propagation de
calcium contenu dans l’hydroxyapatite dentinaire. Ces diffé- fractures par fatigue de la dentine radiculaire. Ainsi, une vitesse
rentes interactions chimiques sont donc toutes susceptibles de rotation trop rapide, un torque trop élevé ou encore une
de fragiliser la structure dentinaire et d’altérer la qualité des conicité abusive de l’instrument de préparation par rapport à
collages intracanalaires. Ce point a également été soulevé à la morphologie canalaire considérée sont autant de facteurs à
propos des ciments endodontiques contenant de l’eugénol prendre en considération lors du traitement des dents non
dont la présence interfère avec la polymérisation des résines vitales (Zandbiglari et al., 2006). D’autres études impliquent le
composites qui sont susceptibles d’être utilisées dans le non-respect de la longueur de travail et la technique de
contexte endodontique (Tjan et Nemetz, 1992). condensation du matériau de remplissage canalaire dans la
Il est enfin important de rappeler ici toutes les variations de formation de fissures radiculaires (Adorno et al., 2010). La
densité minérale qui peuvent être observées au niveau de la figure 14.2 illustre parfaitement ce problème de préparation
dentine humaine en fonction de l’âge du patient, de la profon- canalaire inappropriée ayant entraîné la formation d’une fausse
deur cavitaire et du type de dentine considéré (Pashley et al., route, point de départ de la fissure radiculaire.
1985). Il a été démontré que le module d’élasticité de la den-
tine péritubulaire est de 29,8 GPa, alors que les valeurs rappor- Essentiel : la conservation des tissus résiduels situés dans la
tées pour la dentine intertubulaire varient entre 17,7 GPa (à zone cervicale de la préparation est sans aucun doute le
proximité de la pulpe) et 21,1 GPa (près de la surface radiculaire) facteur le plus important dans le comportement clinique à
(Meredith et al., 1996 ; Craig et Peyton, 1958 ; Kinney et al., long terme des dents traitées endodontiquement (Dietschi
1996). Sur la base de ces observations, il est admis que plus les et al., 2008).
pertes tissulaires intéressent la profondeur de la dent, plus la
résistance mécanique diminue. Cela est particulièrement pertinent dans le contexte d’une
Objectivement, le facteur le plus important dans l’affaiblisse- restauration faisant appel à une couronne prothétique. Plus
ment mécanique de la dent après traitement endodontique le sertissage périphérique de celle-ci recouvre la dentine cer-
est la perte tissulaire résultant de l’évolution des pathologies vicale, plus la résistance à la fracture de l’assemblage dent-
carieuses, des tailles cavitaires et des préparations canalaires couronne est élevée. Il a été démontré que des préparations

310

6684_.indb 310 01/08/12 15:37


Restaurations coronaires et corono-radiculaires des dents dépulpées 14

Figure 14.2 a. Radiographie avec cône de gutta-percha en place.


b. Dent extraite. c. Fausse route et fissures vues en microscopie
électronique à balayage.
Figure 14.3 Restauration de type endocrown collée aux tissus
marginales périphériques présentant 1 mm de dentine cervi- dentaires résiduels.
cale présentaient des risques de fracture 2 fois moins élevés
qu’en présence d’une préparation périphérique située au
niveau de la gencive marginale. Qudeimat, 1999 ; Dahl et Pallesen, 2003 ; Plotino et al., 2008).
Ces problèmes de décoloration prennent toute leur impor-
Si la conservation des tissus dentaires résiduels situés dans tance dans les zones hautement esthétiques et en présence
la zone cervicale est nécessaire pour stabiliser la future d’un parodonte fin (Olsson et Lindhe, 1991 ; Muller et Eger,
couronne, la littérature médicale n’a pas mis en évidence 1997 ; Muller et Eger, 2002). Dans ces conditions, des tech-
d’influence du type de préparation marginale (chanfrein, niques de blanchiment interne sont souvent nécessaires.
épaulement) dans la résistance à la fracture des dents trai-
tées endodontiquement (Sorensen et al., 1990 ; Cathro
et al., 1996 ; Barkhodar et al., 1989).
II - Évaluation
Par analogie, certains auteurs ont transposé ce concept de des paramètres cliniques
conservation tissulaire aux autres techniques de restaura-
tions et, notamment, aux inlays, onlays, overlays et endo- A - Évaluation endodontique
crowns. Selon Clark et Khademi (2009), le maintien des tissus
dentaires résiduels commence dès la préparation de la cavité Avant d’entreprendre toute restauration sur une dent dévi-
d’accès endodontique et doit prendre en compte les pertes talisée, le praticien aura soin de contrôler la qualité du
tissulaires engendrées par la relocalisation des entrées cana- traitement endodontique préexistant. Une reprise de trai-
laires ainsi que par la conicité et le diamètre des instruments tement endodontique est indiquée en présence de signes
de préparation. De ce fait, il est important de tenter d’équili- radiologiques de parodontite apicale, de symptômes cli-
brer les besoins liés au traitement endodontique (relocalisa- niques d’inflammation ou lorsque la qualité du remplis-
tion des entrées canalaires) et la conservation de la structure sage canalaire est jugée insuffisante.
dentinaire. La figure 14.3 illustre une approche conservatrice
visant à restaurer une première molaire inférieure. On note le Parce que les taux de guérison des tissus péri-apicaux après
respect de la morphologie de la paroi dentinaire mésiale lors retraitement endodontique sont élevés, les chances de main-
de la taille de la cavité d’accès, une conicité correcte de la tenir une dent non vitale en fonction, après mise en place
préparation canalaire, l’absence d’ancrage ou de tenon radi- d’une restauration coronaire, sont excellentes. L’évolution
culaire et la présence d’une restauration indirecte adhésive. d’une pathologie péri-apicale suit un schéma dynamique et
Parmi les modifications physico-chimiques pouvant être peut être considérée (Friedman, 2008) :
observées au niveau des dents non vitales, il est également - comme une guérison lorsque les signes cliniques et radiolo-
important de citer d’éventuelles modifications de couleur de giques sont normaux ;
la racine dentaire. - en voie de guérison lorsque la taille de la lésion diminue
Il est généralement admis que les produits de dégradation de dans une période postopératoire allant de 1 de 4 ans et que
l’hémoglobine d’origine pulpaire ainsi que certains ciments les signes cliniques sont normaux ;
endodontiques ou matériaux de remplissage canalaire - comme une lésion persistante ou émergente en présence d’une
peuvent altérer la couleur des tissus dentaires (Hattab et lésion au bout de 4 ans avec ou sans symptômes cliniques.

311

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14 Endodontie

protection offerte par les dents antérieures est réduite et les


Important ! Il est intéressant de souligner ici qu’une restau-
dents postérieures supportent davantage de contraintes de
ration adhésive permet d’assurer la restauration d’une dent
dont la pathologie apicale régresse lentement, et ce dans le cisaillement. La littérature médicale rapporte des forces
but de suivre son évolution à long terme. moyennes de mastication variant entre 25 et 75 N dans la
région antérieure et entre 40 et 125 N dans la région posté-
rieure ; ces variations dépendent du type d’aliments, du
B - Évaluation parodontale nombre de dents présentes et de certaines habitudes fonc-
tionnelles (Frontijn-Tekamp et al., 2000 ; Hidaka et al., 1999).
Le maintien de la santé parodontale est également associé au En cas de parafonctions, les forces masticatoires peuvent
succès à long terme de la dent non vitale. L’évaluation paro- atteindre 1 000 N, ce qui peut justifier l’utilisation de maté-
dontale doit mettre en évidence la présence de tissus gingi- riaux de reconstruction mécaniquement très résistants pour
vaux sains ou assainis, une architecture osseuse normale, un protéger la dent restaurée d’éventuelles fractures.
niveau d’attache favorable au maintien de la santé parodontale
et une conservation de l’espace biologique avec des limites de 2 - Biomécanique de la dent à restaurer
préparation/restauration qui ne violent pas les 2 mm de l’at-
tache parodontale. Alors que des chirurgies préprothétiques Important ! Parmi les grands principes qui dictent la prise
(allongement de couronne clinique) sont souvent indiquées de décision concernant la technique de restauration à utili-
pour recréer le sertissage périphérique d’une couronne pro- ser pour les dents dévitalisées, il faut en premier lieu consi-
thétique et déplacer apicalement l’attache parodontale, les dérer la perte de substance observée au sein de la dent
concernée.
techniques modernes de restaurations collées permettent,
dans une grande majorité des cas, de s’affranchir de cette
étape chirurgicale. La figure 14.4 met en évidence les pro- Dans la pratique quotidienne, l’observation de fissures ou de
blèmes de hauteur nécessaire en vue de la pose d’une cou- fractures radiculaires au niveau des dents traitées endodonti-
ronne ou du scellement d’un onlay. Dans ce sens, l’approche quement est n’est pas exceptionnelle. En effet, les pertes tis-
collée (onlay, endocrown) est beaucoup plus conservatrice. sulaires engendrées par les traitements endodontiques et
prothétiques fragilisent les racines dentaires et augmentent
les risques de fracture en fatigue à long terme (Tamse, 2006 ;
C - Évaluation fonctionnelle Kishen, 2006).
Les dents présentant des pertes tissulaires ne pouvant être
1 - Position de la dent sur l’arcade, forces occlusales restaurées ou des fissures radiculaires doivent être extraites ;
et parafonctions la solution implantaire s’impose de nos jours comme étant la
L’ensemble de la denture est soumis à des forces mastica- solution de choix dans de telles situations. En revanche, les
toires cycliques appliquées axialement ou transversalement dents faiblement délabrées telles que celles présentant des
(forces de cisaillement). Dans un contexte occlusal normal pertes de substance de classe I ou II peuvent être restaurées
(classe I dentaire, protection canine, guidage antérieur), les à l’aide de restaurations en composite directes ou de restau-
dents postérieures sont principalement soumises à des forces rations indirectes du type inlay, onlay ou endocrown. Le
axiales alors que les dents antérieures sont plus exposées à tableau 14.1 illustre les conditions dans lesquelles tel type de
des forces de cisaillement. En présence de parafonctions, la restauration est indiqué.

Sulcus : 0,89 mm
Attache épithéliale :
0,97 mm Espace biologique :
Attache conjonctive : 2,04 mm
1,07 mm

a b

Figure 14.4 a. Espace biologique. b. Hauteur clinique d’une couronne céramo-céramique comparée à une restauration de type endocrown.

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Restaurations coronaires et corono-radiculaires des dents dépulpées 14
Recouvrement
Cavité Restauration conseillée
occlusal
M D
Obturation directe
Classe I Non
en composite

M D
Obturation directe
Non (sauf dans
Classe II en composite
contexte occlusal
MO/OD Restauration indirecte 1/5 = 0,2 2/4 = 0,5 3/3 = 1 2 5 > 200
défavorable)
(inlay)

M D
Classe II Endocrown Tableau 14.2 Calcul de la configuration cavitaire (facteur C).
MOD

Endocrown Oui (McLeod et al., 2010). Il est intéressant de noter que la confi-
M D
Tenon guration cavitaire d’un logement de tenon radiculaire est
Remplacement radiculaire généralement supérieure à 200, ce qui laisse présager des
des cuspides + moignon
+ couronne diminutions significatives des performances d’adhésion des
résines de scellement dans ce contexte clinique particulier.
Prémolaires Molaires

Tableau 14.1 Options thérapeutiques en fonction de la perte Remarque : ainsi, il est donc important que le praticien
tissulaire observée. puisse optimiser la forme de sa préparation cavitaire pour
MOD : mésio-occluso-distal ; MO : mésio-occlusal ; OD : occluso- limiter les défauts de collage ; cela est particulièrement indi-
distal. qué dans le cadre des restaurations indirectes avec, par
exemple, la préférence pour une restauration de type onlay
(configuration favorable, facteur C = 0,2) plutôt qu’une res-
3 - Préparation des tissus dentaires tauration de type inlay (facteur C = 1). Cette prise de déci-
Quelle que soit la technique de restauration utilisée, le sion est souvent facilitée en présence des parois sous-minées,
affaiblies ou fissurées qui doivent être éliminées.
concept de conservation tissulaire reste valide et applicable
à toute situation. Cependant, deux facteurs peuvent entraî-
ner des modifications ou des ajustements de forme de la Les préparations cavitaires peuvent aussi être adaptées en
préparation. Les préparations coronaires peuvent être adap- réponse à des impératifs esthétiques particuliers. Le
tées en réponse à des impératifs esthétiques particuliers ou tableau 14.3 illustre les différents types de finition marginale
encore afin de mieux contrôler les contraintes de polyméri- visant à assurer une meilleure esthétique à une restauration
sation s’exerçant lors de la photopolymérisation des résines indirecte en composite. Si la limite de préparation palatine
d’obturation. présente souvent une ligne de finition horizontale, en
En effet, toutes les résines composites subissent une contrac- revanche des finitions de type chanfrein large ou plan incliné
tion volumétrique lors de leur polymérisation. Cette contrac- peuvent être utilisées au niveau des faces vestibulaires pour
tion génère des contraintes au niveau des interfaces de un meilleur rendu esthétique.
collage qui perdent en adhérence et étanchéité (Braga et al.,
2005). La littérature médicale récente démontre que ces Cuspides Réduction occlusale Marges
interfaces défaillantes sont alors particulièrement sensibles à
la dégradation en fonction (dégradation mécanique, enzyma- P V
Palat./ > 1,5 mm (composite)
Marge horizontale
tique) (Breschi et al., 2008 ; Carrilho et al., 2009). Ling. > 2 mm (céramique)

Cependant, la modification de la forme cavitaire permet > 1,5 mm (composite) Plan


de réduire l’intensité des contraintes appliquées au niveau P V Vestib.
> 2 mm (céramique) incliné
Chanfrein
des interfaces de collage. Ce concept (Feilzer et al., 1987)
décrit le rapport des surfaces susceptibles de se déformer
par fluage lors de la rétraction de la résine sur les surfaces Tableau 14.3 Finitions marginales selon les impératifs esthétiques.
non déformables. En d’autres termes, plus ce rapport est
élevé, plus sont les stress appliqués au niveau des inter-
faces de collage le sont également (tableau 14.2).
III - Options thérapeutiques
Dans le cas d’une cavité MOD (tableau 14.2, facteur C = 1), le
retrait de polymérisation peut être plus facilement absorbé
A - Restaurations en composite directes
que dans le cas d’une cavité MO (tableau 14.2, facteur C = 2) La restauration d’une cavité d’accès (cavité occlusale ou pala-
car 3 surfaces sont susceptibles de se déformer par fluage. Il tine) ou celle d’une cavité à une seule face proximale peuvent
a été démontré que les performances des adhésifs modernes être réalisées à l’aide de résines composites photopolyméri-
diminuaient lorsque le facteur de configuration augmentait sables qui sont directement collées aux tissus dentaires.

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14 Endodontie

Remarque : la littérature médicale récente démontre que B - Restaurations en composites


les résines composites modernes peuvent résister à des indirectes
contraintes en compression d’environ 300 MPa et que leur
module d’élasticité est proche de celui de la dentine Lorsque deux parois proximales ou plus ont été perdues par
humaine (de 10 à 16 GPa) (Craig et Powers, 2002). fraisage ou carie, l’utilisation d’onlays ou d’endocrowns est
indiquée pour la restauration des dents non vitales.
Les onlays en résine composite ou en céramique sont indi-
Si les résines composites modernes possèdent des proprié- qués en présence de pertes de substances plus étendues et,
tés mécaniques suffisantes, il faut cependant noter que cette notamment, lorsque le contexte occlusal est défavorable
approche thérapeutique devient contre-indiquée lorsque la (guidage de groupe, parafonctions). De plus, lorsque la limite
perte tissulaire intéresse deux crêtes marginales de la dent à gingivale de la préparation se situe sous-gingivalement, il
restaurer (Reeh et al., 1989). devient alors impossible d’assurer à la fois l’étanchéité gingi-
Du point de vue clinique, le praticien prendra soin de placer vale et la qualité de la surface de contact proximale avec une
un champ opératoire étanche afin de limiter tout risque de restauration en technique directe.
contamination salivaire susceptible d’altérer les propriétés
de collage des résines adhésives. La restauration coronaire
peut être réalisée dans la même séance que l’obturation
Note : une stratégie mise en œuvre pour pallier cet incon-
canalaire pour autant que celle-ci ait fait appel à une tech- vénient consiste à rehausser la limite proximale puis, dans
nique de compaction de gutta-percha à chaud qui limite les un second temps, à préparer une cavité non rétentrice des-
risques de pollution des parois cavitaires avec un ciment tinée à recevoir une restauration indirecte collée.
endodontique, notamment les ciments à base d’eugénol.

Note : il est conseillé de sceller les cônes de gutta-percha à La figure 14.6 illustre la pose d’une matrice métallique per-
l’aide d’une résine fluide transparente qui permettra de
relocaliser les entrées canalaires si une révision endo-
mettant d’accéder à la limite cervicale de la préparation qui
dontique s’avère nécessaire ultérieurement (fig. 14.5). se situe sous-gingivalement. Le fond de la cavité est rempli
de résine composite fluide après imprégnation de la dentine
cavitaire à l’aide d’un système adhésif. Bien que les résines
Sur cette vue finale, on observe la restauration réalisée en fluides aient été critiquées en raison de leur contraction de
composite direct. En raison de la perte de substance limitée, prise élevée, elles ne sont pas contre-indiquées dans cette
du respect des procédures de collage et de l’application de la situation clinique en raison de la configuration cavitaire favo-
résine d’obturation en couches successives, les risques de rable. Leur utilisation est souhaitable afin de limiter les
perte d’étanchéité sont réduits au minimum. défauts de remplissage dans les zones profondes.

L’association des techniques et matériaux de collage per-


met de restreindre les pertes tissulaires, de restaurer les Certaines situations cliniques autorisent également l’utili-
propriétés mécaniques de la dent dévitalisée et d’assurer sation de résines composites hybrides pour la relocalisa-
une étanchéité immédiate garante de la pérennité du trai- tion de la limite de préparation d’un onlay au-dessus du
tement endodontique. sillon gingivo-dentaire.

a b

Figure 14.5 a. Vue de l’obturation des entrées canalaires. b. Obturation finale en composite directe.

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Restaurations coronaires et corono-radiculaires des dents dépulpées 14

a b

Figure 14.6 a. Situation initiale. b. Après mise en place de la matrice métallique.

La figure 14.7 montre l’onlay en résine après scellement et la tions plutôt qu’à 8 mm de profondeur à l’intérieur du canal
radiographie de contrôle. Il convient de noter la proximité radiculaire lors du collage d’un tenon radiculaire.
entre le rebord alvéolaire et la limite de la restauration. Le cas clinique présenté ici (fig. 14.8) illustre l’approche utili-
L’endocrown utilise la chambre pulpaire pour accroître sa sée pour la restauration d’une prémolaire maxillaire après
surface de collage et faciliter son repositionnement lors du traitement endodontique. Celle-ci présente deux parois rési-
scellement, car ce type de restaurations ne possède pas de duelles de faible épaisseur ainsi que des fissures transversales
stabilité primaire en raison du peu de tissu dentaire résiduel ayant contribué à la nécrose pulpaire sous l’ancienne obtura-
(Bindl et Mömann, 1999 ; Lander et Dietschi, 2008). Il a été tion à l’amalgame. Dans ce cas, l’élimination des parois non
récemment démontré, à l’aide de mesures de calculs par élé- soutenues permet de créer une forme de préparation adap-
ments finis, qu’une restauration de type endocrown sur pré- tée à une restauration de type endocrown. La configuration
molaire générait moins de stress et de contraintes au niveau cavitaire et les propriétés esthétiques de la restauration col-
de l’interface de collage qu’une restauration de type cou- lée ont ainsi été optimisées.
ronne (Lin et al., 2010). Il faut souligner que dès que la mise en forme de la cavité est
Il est intéressant de noter que la surface de collage offerte terminée, toute la surface dentinaire est imprégnée à l’aide
par la chambre pulpaire est souvent égale, voire supérieure, à de résine qui est polymérisée (Magne et al., 2005). L’applica-
celle obtenue lors du collage d’un ancrage radiculaire de tion de cette couche de résine est souvent associée à la mise
8 mm de profondeur. De plus, l’application des résines et leur en place d’une fine couche de résine composite qui permet
polymérisation sont bien mieux contrôlables dans ces condi- de combler les zones rétentrices de la préparation sans avoir

a b

Figure 14.7 Onlay en résine après scellement et radiographie de contrôle.

315

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14 Endodontie

a b

Figure 14.8 a. Vue préopératoire. b. Cavité terminée avec mise en place d’une base résineuse.

à éliminer de tissu par fraisage. Cette première imprégnation esthétique de la restauration dans un contexte difficile (colo-
de résine assure également l’étanchéité du système canalaire ration de la dentine radiculaire) et de l’endocrown avant scel-
pendant la phase de laboratoire (Rocca et Krejci, 2007a). lement. Une activation de l’intrados de l’endocrown (sablage,
L’empreinte de la préparation est réalisée à l’aide d’un matériau silanisation) est nécessaire pour optimiser l’adhésion avec la
de type silicone par addition de viscosité moyenne et la res- résine de scellement.
tauration indirecte fabriquée au laboratoire. Une obturation
provisoire est réalisée à l’aide d’une résine autopolymérisable C - La couronne prothétique
ou photopolymérisable souple et non collée (Rocca et Bouilla-
Les dents ayant subi un traitement endodontique et qui pré-
guet, 2008). Dès la réception de la restauration en composite,
sentent un fort délabrement coronaire requièrent un ancrage
celle-ci est essayée en bouche et ajustée si nécessaire. Il est
pour la future couronne prothétique. Les procédures cliniques
toujours intéressant de procéder aux ajustements des points
actuelles reposent sur l’utilisation de tenons en fibres de verre
de contact interproximaux avant scellement. À ce stade, la
qui sont collés à la dentine canalaire à l’aide de ciments rési-
conformité de la teinte de la restauration est également véri-
neux adhésifs. Différentes études ont mis en évidence une
fiée (Rocca et Krejci, 2007b). Un composite de scellement à
meilleure rétention ainsi qu’une diminution du risque de frac-
activation lumineuse peut être utilisé lorsque l’épaisseur de la
ture radiculaire des tenons collés que des tenons métalliques
restauration n’excède pas 4 à 6 mm d’épaisseur, et pour autant
scellés à l’aide de ciments conventionnels (Ferrari et al., 2000 ;
que l’on utilise une source lumineuse à haute énergie
Sirimai et al., 1999).
(1 000 mW/cm²/60 s par face) (Park et al., 2004). L’utilisation
de résines de scellement à activation duale (chimique et lumi-
neuse) est également possible en présence d’onlays d’épais- Note : bien que l’utilisation de tenons en fibre de verre collés
soit en constante augmentation, certains facteurs liés à la mise
seur et d’opacité plus grandes (Hikita et al., 2007 ; Asmussen et
en œuvre de cette technique restent cependant mal définis.
Peutzfeldt, 2006). La figure 14.9 met en évidence l’intégration

a b

Figure 14.9 a. Endocrown avant scellement. b. Endocrown 15 après scellement.

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Restaurations coronaires et corono-radiculaires des dents dépulpées 14
qui sont polymérisées avant la mise en place du tenon a été
Essentiel : pour garantir le fonctionnement clinique d’un
préconisé. Avec cette technique, on favorise la formation d’une
élément prothétique, la couronne et la préparation coro-
naire doivent répondre aux impératifs suivants : couche de résine polymérisée qui recouvre les parois canalaires
- le sertissage périphérique (férule) s’effectue sur 2 à 3 mm et qui n’a pas été contrainte au décollement durant la rétraction
de dentine périphérique ; centripète de la résine de scellement. Le collage du tenon sur
- les parois de la préparation doivent être parallèles ; cette première couche polymérisée, qui intervient dans un
- la restauration doit encercler toute la structure corono- second temps, semble mieux résister aux contraintes de poly-
radiculaire ; mérisation que lorsque l’opération est réalisée en une seule
- les limites de la préparation sont situées sur de la dentine
étape. En outre, cette procédure évite une ablation supplémen-
saine ;
- la couronne et la préparation de la couronne ne doivent taire de tissu dentaire par forage et procure des valeurs d’adhé-
pas irriter l’attache parodontale. sion plus élevées (Bouillaguet et al., 2007 ; Jongsma et al., 2010).
L’adhésion à la dentine radiculaire est également compromise en
Il semble donc admis que les dents présentant une quantité raison des changements volumétriques induits lors de la poly-
importante de tissus dentaires résiduels peuvent tout à fait mérisation des résines de scellement (Bergmans et al., 2005). Les
se passer de tenon pour autant que le moignon en résine contraintes de polymérisation, développées au niveau de l’inter-
composite soit parfaitement collé au niveau de la chambre face résine/dentine, sont responsables du décollement partiel
pulpaire des dents à restaurer. du matériau (Bouillaguet et al., 2003). À l’intérieur du canal radi-
Selon certains auteurs, le collage de tenon radiculaires permet- culaire, ces tensions sont exacerbées car la surface d’adhésion
trait de restaurer l’intégrité mécanique de la racine dentaire, de est grande et le volume de matériau susceptible de se déformer
diminuer les risques de fracture radiculaire et d’assurer une par fluage est faible. De plus, les parois canalaires ne peuvent pas
meilleure rétention de la restauration finale (Boschian Pest compenser les stress de contraction par une déformation élas-
et al., 2002 ; Butz et al., 2001). Une étude récente indique que la tique (Tay et al., 2005). Du point de vue pratique, il a été égale-
résistance mécanique en flexion des tenons en fibre de verre, ment démontré que la qualité du collage diminue en profondeur
silice ou quartz approche les 1 000 MPa et que leur module et, de ce fait, la recommandation actuelle est de limiter la pro-
d’élasticité est d’environ 23 GPa (D’Arcangelo et al., 2007). Ces fondeur d’insertion du tenon radiculaire à 5 ou 6 mm.
propriétés mécaniques sont appropriées pour ce type de res-
tauration. De plus, certains tenons possèdent la propriété de Important ! D’une manière générale, on souhaite que la
transmettre la lumière, ce qui influence positivement la poly- moitié du tenon soit contenue dans le canal et l’autre moi-
tié dans la partie coronaire (dans le moignon en résine).
mérisation des résines dans les zones profondes du canal radi-
culaire (Roberts et al., 2004 ; Yoldas et Alaçam, 2005). La qualité
du collage entre le tenon et la résine de scellement peut éga- La composition de la résine de scellement et son mode de
lement être améliorée par un traitement de surface des fibres polymérisation peuvent également influencer les perfor-
de verre (sablage 30-50 µm à l’alumine – Al2O3 –, mordançage mances des ancrages radiculaires collés. Il est intéressant de
acide, silanisation) (Balbosh et Kern, 2006). rappeler qu’une photopolymérisation génère plus de
Cependant, l’adaptation d’un tenon préfabriqué dans le canal contraintes qu’une polymérisation chimique qui se fait plus
radiculaire est souvent perturbée par la présence de parois cana- lentement. Dans le cas des résines de scellement, la contrac-
laires fortement divergentes et résultant de l’utilisation d’instru- tion de polymérisation est nettement plus élevée que celle
ments endodontiques mécanisés de forte conicité (Pettiette des résines d’obturation.
et al., 2003). Pour rétablir une adaptation adéquate du tenon, le Dans la situation clinique présentée à la figure 14.10, il a été
remplissage du canal radiculaire à l’aide de résines composites procédé au nettoyage (débris) et à la décontamination de la

a b

Figure 14.10 a. Vue clinique post-traitement endodontique. b. Après réalisation du moignon adhésif.

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14 Endodontie

dentine résiduelle (irrigants et ciments endodontiques) à


l’aide inserts diamantés ultrasonores. Après application de
l’adhésif et scellement du tenon fibré, le moignon est recons-
titué en résine composite. Le succès de cette préparation est
significativement influencé par la hauteur de dentine au
niveau cervical. La couronne est quant à elle scellée à l’aide
d’une résine de scellement autoadhésive. La figure 14.11 met
en évidence la profondeur du tenon radiculaire ainsi que la
restauration finale.

Figure 14.11 a. Radiographie de contrôle après scellement.


b. Couronne scellée. Noter la présence des fibres de verre non-
a radio opaques.

IV - Conclusion
Le but de ce chapitre était d’illustrer les différentes options thérapeutiques destinées au traitement des dents dévitalisées.
Bien que peu de travaux cliniques démontrent le bien-fondé de ce concept de traitement, de nombreux travaux in vitro ont
permis d’analyser séparément les différents paramètres impliqués dans le succès clinique.
Il va de soi que le « tout adhésif » présenté ici ne peut fonctionner qu’avec une grande rigueur dans la sélection des cas et
l’exécution ces procédures.

V - Remerciements
Les auteurs remercient MM. Dominique Vinci et Sylvain Carciofo (Genève) pour la réalisation des travaux prothétiques.

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Restaurations coronaires et corono-radiculaires des dents dépulpées 14
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15
Lésions endo-parodontales
E. MANDEL

I - Définitions II - Historique
L’entité « syndrome endo-parodontal » est introduite, pour la
La pathologie pulpaire et les maladies parodontales par-
première fois, par Seltzer et al. (1963) alors que l’appellation
tagent un organe cible commun, les tissus de soutien de la
dent. Elles ont néanmoins des caractéristiques propres et « lésion endo-parodontale » est attribuée à Simiring et Gold-
leur diagnostic est habituellement aisé. Toutefois, une berg (1964). Schilder (1963), au cours du premier congrès d’en-
même racine peut être atteinte, en même temps et de dodontie à Philadelphie, propose les termes « lésion d’origine
façon indépendante, par les deux lésions ; cette situation endodontique », « lésion d’origine parodontale » et « lésion
est appelée classiquement lésion endo-parodontale. d’origine endo-parodontale ». L’élimination de certaines
poches parodontales à l’aide d’une combinaison des théra-
peutiques endodontique et parodontale est proposée la
Ces lésions peuvent, au cours de leur évolution, confluer et même année par Hiatt (1977). Parlant des difficultés de dia-
former une entité pathologique mixte. Le diagnostic diffé- gnostic de la lésion endo-parodontale, cet auteur proclame :
rentiel d’une telle manifestation peut s’avérer laborieux. De « Lorsque vous n’êtes pas à même de poser le diagnostic de
plus, l’une des lésions peut revêtir des caractéristiques dégui- la lésion, considérez-la comme étant d’origine pulpaire. »
sées et simuler l’apparence clinique et radiologique de l’autre.
Pour la clarté du propos, les différentes pathologies des tis-
sus du soutien sont dénommées de la façon qui suit.
III - Dilemme endo-parodontal
Se situant à la frontière de deux disciplines, le « dilemme
A - Inflammation périradiculaire endo-parodontal » a stigmatisé l’intérêt des deux spécialités
consécutive à l’infection endodontique et a fait couler beaucoup d’encre durant plus de 5 décennies.
La lésion inflammatoire périradiculaire consécutive à l’infec- En effet, si l’on s’intéresse de manière rétrospective à l’évolu-
tion endodontique a une double dénomination : tion du problème « endo-parodontal » au travers de nom-
- lésion d’origine endodontique (LOE) ; breuses publications, on s’aperçoit de l’existence d’une
- parodontite apicale (PA). controverse, d’une confusion qui perdure. Pour en avoir une
approche objective, il est nécessaire d’en analyser les causes.
Il est possible d’en identifier cinq.
B - Inflammation périradiculaire
consécutive aux maladies parodontales
Quatre dénominations sont utilisées pour qualifier l’inflamma-
A - Un organe cible commun :
tion périradiculaire consécutive aux maladies parodontales : l’appareil d’attache
- lésion d’origine parodontale (LOP) ; Les manifestations pathologiques des maladies pulpaires et
- parodontite chronique généralisée (PCG) ; parodontales visent un même et unique organe : l’appareil
- parodontite marginale (PM) ; d’attache parodontale.
- poche parodontale.

Le diagnostic des lésions dont le site est commun et, par


C - Inflammation combinée voie de conséquence, dont les symptômes cliniques et
L’inflammation combinée, d’origine endodontique et paro- radiographiques sont parfois similaires, voire déguisés,
dontale, est distinguée de deux façons : s’avère laborieux. Un diagnostic erroné, source de compli-
cations, débouche inéluctablement sur un traitement
- les lésions endodontique et parodontale indépendantes (LEPI) ;
inefficace.
- la lésion endo-parodontale confluente (LEPCO).

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15 Endodontie

L’incompréhension se fait jour lors du contrôle postopéra- E - L’absence de modèle expérimental


toire, quand la guérison attendue n’est pas au rendez-vous.
Ce constat explique l’intérêt porté par les deux disciplines Malgré l’existence d’une littérature médicale pléthorique,
sur certaines lésions qui résistent à un traitement censé être l’absence d’un modèle étiopathologique expérimental, repro-
étiopathologique. ductible d’une étude à l’autre, fait cruellement défaut.

Par ailleurs, les résultats souvent contradictoires constatés


B - Une réaction tissulaire identique : dans les études sont aussi liés à :
l’inflammation - l’absence de groupes témoins ;
- l’absence d’études randomisées et en double aveugle ;
Important ! Il convient de noter que la réaction des tissus - l’imprécision dans les critères de sélection des dents exa-
parodontaux vis-à-vis de l’infection pulpaire et de la plaque minées ;
dentaire est pratiquement toujours du type inflammatoire. - l’absence d’interprétation des résultats étayée par des
critères objectifs.

C - Une réciprocité pathologique


Durant le siècle dernier, les possibles interactions étiopatholo- IV - Plan de traitement, choix
giques de la pulpe avec le parodonte et vice-versa ont soulevé thérapeutique et prise de décision
beaucoup de spéculations. Dès 1920, l’existence d’une réper-
cussion de la poche parodontale sur le tissu pulpaire est évo-
quée par Lang et Mac Connel, puis par Cahn (1927). Rubach et A - Interface endo-parodontale (fig. 15.1)
Mitchell (1965a) constatent la présence de calcifications pul-
paires d’intensité variable en face d’une poche parodontale. Remarque : l’existence hypothétique d’une réciprocité
L’hypothèse de la réciprocité pathologique de la pulpe et du pathologique tant pulpaire que parodontale complique
l’identification des facteurs de risque pour établir un plan
parodonte est la source d’une littérature scientifique proli-
de traitement.
fique. De nombreuses publications dans les deux disciplines
laissent entrevoir des limites évidentes quant à la compréhen-
sion du mécanisme étiopathogénique. À la fin des années Les effets de l’infection endodontique sur les tissus de soutien
2000, on se trouvait en présence de diverses classifications, ce de la dent sont, de nos jours, unanimement admis. Bactéries et/
qui prouve qu’aucune d’entre d’elles n’est pleinement satisfai- ou produits exogènes ainsi que virus ou champignons émanant
sante. Au lieu de faciliter la démarche diagnostique et théra- de l’endodonte infecté provoquent et entretiennent des mani-
peutique, elles n’ont fait qu’ajouter de la confusion dans l’esprit festations inflammatoires périradiculaires qui se traduisent par
des praticiens. une destruction osseuse. C’est la lésion « d’origine endo-
dontique » (Schilder, 1963) ou de « parodontite apicale » (Alves
D - Un biofilm similaire
Initialement, des spirochètes en nombre ont pu être détectés
dans le biofilm des poches profondes alors qu’ils étaient bien
plus rares dans un canal infecté (Dewhirst et al., 2000). On a
donc pensé pouvoir poser le diagnostic différentiel entre les
deux lésions à l’aide de la microscopie à fond noir (Trope
et al., 1988). Cependant, avec des méthodes d’investigation
plus affinées, on a pu constater la présence fréquente de spi-
rochètes dans les canaux infectés (Dahle et al., 1996 ; Jung
et al., 2001 ; Rôças et al., 2001 ; Siqueira et Rôças 2009). Plus
récemment, l’existence d’un même écosystème bactérien
polymorphe, le biofilm (Costerton et al., 1994), au sein des
deux tissus a été démontrée (Kobayashi, 1990 ; Newman et
Socransky, 1999 ; Dewhirst, 2000 ; Siqueira et Rôças, 2009 ;
Siqueira et al., 2009 et 2010).
D’ordinaire, toute maladie infectieuse est identifiée et défi-
nie par son propre agent pathogène. Or, tant en matière d’in-
fection endodontique que parodontale, cette spécificité
n’existe pas. L’absence d’un agent infectieux spécifique n’est Figure 15.1 Constituants de l’interface endo-parodontale. De
pas de nature à contribuer à la compréhension du processus gauche à droite : cément, fibres alvéolo-dentaires, périoste et
pathogénique. os alvéolaire.

322

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Lésions endo-parodontales 15
et al., 2009 ; Siqueira et al., 2009 ; Siqueira et Rôças, 2009). Le reste inconstante. Par ailleurs, on n’a pas réussi à démontrer,
siège de la lésion n’étant pas exclusivement apical, la termino- sur une base reproductible, le mécanisme selon lequel une
logie « parodontie apicale » apparaît quelque peu impropre. infection pulpaire pourrait être à l’origine de la formation, de
En revanche, les effets de la maladie parodontale sur la pulpe l’entretien et de l’aggravation d’une poche parodontale.
(Adriaens et al., 1988a et 1988b ; Bender et Seltzer, 1972 ; Ber-
genholtz et Lindhe, 1978 ; Bergenholtz et Nyman, 1975 et Quatre questions fondamentales méritent d’être posées,
1984 ; Mazur et Masseler, 1964 ; Gold et Moskow, 1987 ; Selt- car elles sont au cœur de la polémique :
zer et al., 1963 ; Wong et al., 1989) et, plus récemment, ceux - la maladie parodontale peut-elle provoquer l’infection
de l’infection endodontique sur le déclenchement et la pro- et la nécrose pulpaire ;
gression de la perte d’attache parodontale sont sujets à de - la thérapeutique parodontale peut-elle provoquer l’in-
vives discussions (Ehnevid et al., 1993a et 1993b ; Jansson fection et la nécrose pulpaire ;
et al., 1998a, 1998b, 1993a, 1993b, 1995). - le biofilm endodontique peut-il entretenir ou aggraver
une maladie parodontale ;
- le biofilm endodontique peut-il déclencher la formation
Important ! En fait, deux questions essentielles restent posées :
d’une maladie parodontale ?
- la maladie parodontale peut-elle être à l’origine d’une
infection pulpaire ;
- l’infection pulpaire peut-elle être la cause d’une maladie
parodontale ? A - La maladie parodontale
peut-elle provoquer l’infection
et la nécrose pulpaire ?
B - Réciprocité pathologique
La question est de savoir si l’interface endo-parodontale
et plan traitement constitue une voie de communication à double sens, c’est-à-
Une réponse affirmative à ces deux questions supposerait dire ouvre non seulement une voie de transmission de l’in-
que la maladie parodontale peut être considérée comme un fection pulpaire vers le parodonte (chose que l’on sait à
facteur de risque pour la santé de la pulpe au même titre que l’évidence) mais aussi du parodonte vers la pulpe, et donc si
l’infection pulpaire l’est pour les tissus parodontaux. elle est ainsi à l’origine d’infections et de nécroses pulpaires.
L’effet que pourrait avoir la contamination de la surface radi-
La répercussion d’un tel processus pathogénique sur la culaire par le biofilm contenu dans une poche parodontale
prise de décision et le choix thérapeutique est directe. Par sur le tissu pulpaire est étudié depuis de nombreuses années
exemple, en cas de maladie parodontale, le traitement avec des résultats souvent contradictoires.
endodontique, à titre préventif, devrait faire partie du plan Il est un fait reconnu (Mattscheck, 2008) que les intercon-
de traitement initial. De même, on doit prendre en compte nexions vasculaires sont des voies de passage des irritants pul-
l’association d’un éventuel échec du traitement endo- paires vers les tissus parodontaux (Russel et Kramer, 1956 ;
dontique avec la présence d’une parodontite marginale.
Chacker, 1974). De facto, on peut tout aussi croire que l’interface
endo-parodontale peut être perméable dans le sens inverse,
L’intérêt que l’on porte actuellement sur la réciprocité patho- donc depuis une poche parodontale vers la pulpe, et être ainsi
génique entre les tissus pulpaires et parodontaux fait préci- à l’origine d’une infection pulpaire, et ce malgré les nombreuses
sément partie d’un axe général de recherche, apparu à la fin études qui concluent à l’absence de toute relation de cause à
des années 2000, portant sur l’identification des « facteurs effet entre l’infection parodontale et le tissu pulpaire.
de risque ». Un exemple en est le tabagisme qui s’est avéré
être un facteur de risque tant pour les thérapeutiques paro- 1 - La présence d’une poche parodontale
dontales qu’implantaires. a une répercussion certaine sur la pulpe
Certaines publications témoignent du renouveau d’intérêt porté Certaines études sont habituellement citées pour étayer
sur la réciprocité pathologique que les deux étages pourraient l’idée que, face à une poche parodontale, il y a, de façon sys-
avoir (Adriaens et al., 1988a et 1988b ; Wong et al., 1989 ; Chen tématique, une réponse pulpaire de nature dystrophique et/
et al., 1997 ; Paul et Hutter 1997 ; Kornman et Robertson, 2000). ou atrophique.
On note, au niveau des dents atteintes de poche parodon-
tale, la formation de dentine irrégulière associée à une réduc-
tion de la lumière canalaire (Massler, 1964 ; Rubach et
V - Controverse Mitchell, 1965a ; Bender et Seltzer, 1972 ; Stahl, 1966 ; Mandi,
Quand bien même la contamination bactérienne depuis l’en- 1972 ; Seltzer et Bender, 1984). Lantelme et al. (1976) confir-
dodonte vers les tissus de soutien de la dent est reproduc- ment ce résultat par une réduction de 35 % du diamètre
tible et a été démontrée par de nombreuses publications des canalaire au tiers cervical des dents monoradiculées.
années 1960 à nos jours (Kakehashi et al., 1965 ; Möller et al., Stassen et al. (2006) évaluent l’existence du rapport potentiel
1981 ; Roussel et al., 1988 ; Ricucci et al., 2009 ; Siqueira et al., existant entre un certain nombre de variables cliniques et la
2009), celle provenant d’une poche parodontale vers la pulpe prévalence des parodontites apicales au sein d’une population

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15 Endodontie

de 94 patients. Des paramètres parodontaux (perte d’attache, 2 - La réponse pulpaire face à une poche parodontale
niveau le plus apical de la crête osseuse et histoire de la mala- n’est ni reproductible, ni systématique
die) et endodontiques (niveau apical de l’obturation, son carac- L’absence d’interconnexion entre le biofilm contenu dans
tère homogène et son aspect global) ainsi que la qualité de la une poche parodontale et le tissu pulpaire est confirmée par
restauration coronaire sont pris en compte par rapport à la l’observation quotidienne et de multiples travaux de
prévalence de la parodontite apicale. Les résultats révèlent recherche.
que la condition parodontale peut avoir une répercussion sur
la santé du péri-apex. a - Observation quotidienne
Il est possible de constater que la pulpe est en mesure de
Critiques et commentaires surmonter les agressions lentes qui surviennent tout au long
La plupart de ces études ont été réalisées sans groupe de la vie. En effet, de nombreux patients atteignent de plus
témoin, sans critères précis de sélection des dents et sans en plus un âge souvent avancé tout en conservant leurs dents
critères histologiques standardisés. dans un état de santé pulpaire tout à fait acceptable. Pour-
Ainsi, l’étude de Stassen et al. (2006) souffre de deux tant, il est difficile d’imaginer qu’à un moment donné au
écueils de taille : celui de l’introduction d’un nombre cours de la vie, bon nombre d’entre eux n’aient pas été
important de variables pour étudier la prévalence de la
atteints de maladie parodontale.
parodontite apicale et celui du nombre relativement
réduit de la population de l’étude (94 patients). Cette observation empirique est corroborée par des données
scientifiques bien établies. En effet, l’imperméabilité de l’in-
terface dans le sens parodonte-pulpe est constatée tant chez
Pour ce qui concerne les études histologiques sur l’animal, il l’animal que chez l’homme. Une telle imperméabilité n’exclut
semble que des erreurs d’interprétation de l’état histolo- pas l’éventualité d’une réponse pulpaire du type réactionnel
gique exact de la pulpe des dents soumises à une atteinte ou réparateur (fig. 15.2).
parodontale soient en rapport avec la vieille idée qui consi-
dère la maladie parodontale comme un facteur de risque
pour la santé pulpaire. Plus précisément, le problème se situe
à deux niveaux :
- fixation inadéquate des spécimens pulpaires. Selon Stanley
et Weaver (1968), en accord avec Harrington et Steiner
(2002), une fixation inadéquate est à l’origine d’artefacts tels
que la présence de vacuoles au niveau de la couche odonto-
blastique, le déplacement des odontoblastes dans la couche
de la prédentine, l’atrophie réticulaire et la présence de
fibrose. Ces altérations sont habituellement décrites pour
les agressions pulpaires incluant la maladie parodontale ;
- coupe histologique et véritable état de la pulpe. Il est cer-
tain que l’observation d’une coupe histologique de la pulpe
ne peut représenter qu’un état instantané et transitoire
d’une entité en constant remaniement. À partir d’une coupe
histologique, il est difficile de prévoir l’évolution patholo-
gique du tissu pulpaire et toute description de l’état pul-
paire en présence d’une pathologie parodontale ne peut
être que spéculation. Par exemple, l’observation histolo- Figure 15.2 La macrophotographie de la molaire montre les
gique du parenchyme pulpaire en instance d’inflammation deux sièges des calcifications en réaction à une dénudation du
montre, sur une même coupe histologique, la présence d’un collet : calcification intratubulaire, intertubulaire et pulpaire
abcès localisé à un endroit et des signes de guérison à un (flèches). Ces barrières calciques limitent considérablement la
perméabilité de l’interface endo-parodontale vis-à-vis d’une
autre (Swerdlow et Stanley, 1962). Est-ce une telle pulpe qui poche parodontale et de ses thérapeutiques.
pourra évoluer vers un état de santé acceptable ou qui, au
contraire, évoluera vers un abcès généralisé et une nécrose
totale ? Personne ne peut prévoir, dans un sens comme dans
l’autre, son devenir. b - Imperméabilité de l’interface parodonte-pulpe
Pourtant, certaines études, récentes continuent, à tort, d’en- chez l’animal
visager la maladie parodontale comme un facteur d’atrophie Sinai et Soltanoff (1973) ont montré que la réaction du tissu
et de nécrose pulpaire (Wong et al., 1989 ; Petka, 2001). pulpaire vis-à-vis de plaies parodontales induites expérimen-
Il est à noter que ces travaux ne permettent pas de démontrer talement chez le rat était de type réparateur avec présence
la présence d’une réaction pulpaire de type inflammatoire en de dentine irrégulière et absence de toute réaction inflam-
réponse au biofilm contenu dans la poche parodontale. matoire.

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Lésions endo-parodontales 15
Dans une même expérimentation effectuée sur le singe, Ber-
Critiques et commentaires
genholtz et Lindhe (1978) trouvent le même type de réaction Ces études montrent de façon tangible la capacité de la
tissulaire seulement dans 30 % des spécimens examinés pulpe à résister, malgré la présence des canalicules denti-
puisque, dans 70 % des cas, on ne note aucune modification naires, des ramifications latérales et du foramen principal,
histologique pulpaire bien qu’environ 35 % de l’attache paro- à l’agression liée à la présence d’une poche parodontale
dontale ait été expérimentalement détruite. Si une réaction qui atteint la région apicale (fig. 15.3).
inflammatoire est observée par endroits, elle reste néan- Mais, avec l’accentuation de la mobilité, le trauma occlusal
moins localisée et légère ou modérée. peut provoquer une rupture mécanique du paquet vas-
culo-nerveux et une nécrose pulpaire peut alors appa-
c - Imperméabilité de l’interface parodonte-pulpe raître. Dans ce cas, en l’absence de toute carie, on note une
chez l’homme similitude entre le biofilm du canal infecté et celui des
Tagger et Smukler (1977) et Haskell et al. (1980) ont examiné la poches parodontales profondes (Kipioti et al., 1984 ; New-
pulpe de racines amputées à cause de poches parodontales man et Socransky, 1999 ; Rupf et al., 2000).
profondes et n’y ont observé aucune ou très peu d’inflamma- Il faut noter que le tissu conjonctif pulpaire, qui est très
tion pulpaire. polymérisé et riche en fibres conjonctives, est le tissu le
Czarnecki et Schilder (1979) ont conduit une étude histolo- plus visqueux de l’organisme. Cette caractéristique unique
gique comparative de l’état pulpe-parodonte par rapport : explique le fait que sa réaction vis-à-vis des agressions
lentes ou d’intensité modérée, comme celle qu’une poche
- à l’âge du patient ;
parodontale pourrait exercer, puisse rester localisée et
- à l’atteinte carieuse ; passagère sans répercussion globale sur l’ensemble du
- à la présence de restaurations profondes ; parenchyme pulpaire.
- à l’atteinte parodontale.
Quelle que soit la tranche d’âge considérée, les auteurs n’ob-
servent de pathologie pulpaire qu’en cas de restauration pro-
fonde ou de carie. Les dents indemnes de carie et de
restauration mais atteintes de poche ne présentent aucune
pathologie pulpaire.
Une étude clinique conduite par Torabinejad et Kiger (1985)
sur un patient atteint de maladie parodontale terminale cor-
robore les précédents résultats, à savoir que la présence de
poches parodontales, même en phase avancée, n’a peu ou
pas de répercussion pulpaire.
Dans une étude histologique comparative, Frank et Freydt
(1974) ont noté peu de modifications du tissu pulpaire adja-
cent à une poche profonde. Les changements minimes
constatés par endroits sont du type hyalin ou dystrophique, a b c
dont l’incidence n’est d’ailleurs pas plus élevée qu’au niveau
Figure 15.3 Radiographie d’une deuxième molaire mandibulaire
des dents indemnes de parodontite. atteinte d’une poche parodontale terminale de sa racine distale.
Langeland et al. (1974) ont fait une observation histologique a. La flèche bleue indique la présence de tarte et la blanche
de la pulpe de dents atteintes de maladie parodontale à des celle de résorption sur la surface radiculaire. b. L’introduction
degrés différents. Elle révèle que, face à la progression api- de deux cônes de gutta percha montre l’architecture habituelle
cale de la perte osseuse, la vitalité pulpaire n’est pas atteinte. d’une lésion parodontale, ouverte au collet en forme de « V ».
En cas de poche profonde atteignant la région péri-apicale, Les tests de diagnostic pulpaire sont positifs et indiquent sim-
les foramina latéral et principal résistent plutôt bien à l’inva- plement la présence d’une sensibilité exacerbée au froid. Ici, en
raison d’un risque majeur d’atteinte pulpaire lors d’un curetage
sion du tissu inflammatoire parodontal et de la plaque den-
parodontal profond, le traitement endodontique est effectué à
taire. Dans ce cas, on note simplement une petite réaction titre préventif. c. Radiographie 1 an après le traitement endo-
inflammatoire localisée face au foramen apical et sa pré- parodontal.
sence ne semble pas affecter l’état histologique global de la
pulpe. En cas de poche parodontale envahissant les tissus
péri-apicaux, des lacunes de résorption apicale interne ou
externe peuvent, ici et là, être constatées sans répercussion d - Interface endo-parodontale, interconnexions
aucune sur la vitalité pulpaire. pulpaires et théorie de la réciprocité
On a pu noter, également, la présence de formations cal-
caires au niveau de l’apex de dents atteintes de parodontite Important ! L’une des raisons majeures qui semble, à tort,
terminale (Harn et al., 1998). justifier le bien-fondé de la théorie de la réciprocité entre
En réaction aux zones de résorption, on note la présence de les maladies parodontales et la pathologie du tissu pulpaire
est l’existence d’interconnexions anatomiques et vascu-
dentine de réparation (Rubach et Mitchell, 1965b ; Bender et laires entre les deux tissus.
Seltzer, 1972 ; Mandi 1972).

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15 Endodontie

Les tissus pulpaires et parodontaux peuvent communiquer


par le foramen apical, les connexions latérales du canal prin-
cipal et les canalicules dentinaires. Pour les tenants de la
théorie de la réciprocité, ces interconnexions sont des voies
privilégiées de communication et d’échanges tant dans les
conditions physiologiques que pathologiques.

1 - Interconnexions latérales de la pulpe


Contenant des vaisseaux sanguins et du tissu conjonctif, les
connexions latérales de la pulpe constituent des relais vascu-
laires entre le tissu pulpaire et l’appareil d’attache desmo-
dontale (Russel et Kramer, 1956). L’étude de DeDeus (1975),
portant sur 1 140 dents de tous les secteurs, permet de
constater que le tiers apical contient le taux le plus élevé de
ramifications, soit 17 %, le tiers moyen en contient 8,8 % et le
tiers cervical 1,6 % (fig. 15.4).
Si le diamètre des ramifications latérales (entre 7 et 34 µm) ne
les rend pas radio-visibles, leur mise en évidence ne peut se
faire que dans les conditions de laboratoire (Vertucci et
Anthony, 1986). Cliniquement, on se rend compte de leur
existence par la présence d’un petit débordement du ciment
endodontique produit par le compactage de gutta-percha
lors de l’obturation canalaire (fig. 15.5) (Mandel, 1983 et 2005).
Il existe aussi des ramifications latérales de la pulpe au niveau
du plancher pulpaire des molaires (Lowman et al., 1973 ; Gut-
mann, 1978 ; Perlich et al., 1981 ; Vertucci et Anthony, 1986).
Seltzer et al. (1963) montrent pour la première fois que les
canaux accessoires de cette région peuvent être respon-
sables de l’inflammation des tissus parodontaux au niveau de a b

Figure 15.4 La radiographique ne révèle pas toujours la présence


d’interconnexions latérales de la pulpe. Seul le débordement
que, parfois, le compactage de la gutta-percha peut entraîner
révèle leur présence, en haut. La prémolaire mandibulaire était
atteinte d’une lésion latérale située au tiers cervical sans aucune
possibilité de sondage (a). La radiographie de l’obturation cana-
laire n’a pas permis, par l’absence de débordement, de mettre
en évidence l’existence d’un canal latéral, à l’origine de la lésion.
Toutefois, 3 ans plus tard, au contrôle postopératoire de son
retraitement, on constate la guérison de la lésion (a et b).
17 %

8,8 %
l’espace interradiculaire (fig. 15.6). Sur 100 molaires exami-
nées, Gutmann (1978) en trouve 25,5 % présentant un canal
1,6 % latéral au niveau du plancher ou dans la zone interradiculaire.
Très exagérée dans la littérature scientifique, leur prévalence
varie entre 23 et 76 % (Simiring et Goldberg 1964 ; Lowman
et al., 1973 ; Burch et Hulen 1974). En réalité, l’âge, les agres-
sions pulpaires et la présence nombreuse de canaux acces-
soires calcifiés ou borgnes réduisent leur possibilité
a b pathogénique (Kirkham, 1975 ; Goldberg et Masson, 1987 ;
Zuza et al., 2006).
Le tiers apical contient l’incidence la plus élevée La prévalence d’un canal latéral associé à une poche paro-
d’interconnexions de la pulpe avec le desmodonte (DeDeus,
1975) (a). L’image à droite est une observation au microscope
dontale est relativement faible. Kirkham (1975) a examiné
électronique à balayage des surfaces canalaires après la mise en 1 000 dents humaines atteintes de poches parodontales pro-
forme. La flèche montre la présence d’un canal latéral situé très fondes et ne trouve que 2 % d’entre elles présentant un canal
proche du foramen apical (grossissement × 90) (b). latéral qui s’ouvre directement dans une poche.

326

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Lésions endo-parodontales 15
Le segment restant des canalicules, proche du cément, est
occupé par un liquide provenant du parenchyme pulpaire,
similaire dans sa composition au fluide extra-cellulaire (Cof-
fey et al., 1970). La présence de ce liquide est à l’origine de la
théorie hydrodynamique dont le déplacement provoque une
activation de l’innervation pulpaire en entraînant sensibilité
et douleur dentinaires. L’exsudation permanente du liquide
a b
intratubulaire est à l’origine de l’humidité permanente de la
surface dentinaire exposée. Elle est exploitée pour former la
couche hybride lors du collage des composites ;
- les caractéristiques histologiques et physiologiques des
canalicules dentinaires sont de nature à limiter la diffusion
des irritants depuis une poche parodontale vers le tissu pul-
paire (fig. 15.8) ;
- la pénétration des bactéries dans les canalicules dentinaires
c d est démontrée depuis une cavité de carie ou une infection
pulpaire mais jamais dans le sens inverse, c’est-à-dire depuis
Figure 15.5 a. Cette deuxième molaire mandibulaire était
une infection parodontale vers la pulpe ;
atteinte de nécrose pulpaire et de 3 lésions d’origine
endodontique, l’une au niveau de l’espace interradiculaire et les - on observe, in vitro, que la dentine d’une dent pulpée est
deux autres à l’apex de ses racines. b. L’obturation canalaire met capable de limiter la diffusion intratubulaire des protéines
en évidence la présence d’un canal latéral au niveau de l’espace liées à Porphyromonas gingivalis (Pissiotis et Spangberg, 1992).
interradiculaire. c. Une radiographie de contrôle postopératoire En revanche, les canalicules de la dentine dépulpée se laissent
à 2 an révèle la guérison des lésions. d. Présence d’un canal plus aisément envahir par la pénétration bactérienne selon le
latéral dans l’espace interradiculaire d’une molaire maxillaire. phénomène de diffusion passive (Nagaoka et al., 1996) ;
- du côté pulpaire, on a démontré une pénétration bacté-
rienne à l’intérieur des canalicules dentinaires de la dentine
2 - Canalicules dentinaires
cariée ou à partir des parois canalaires d’une pulpe infectée
Outre les interconnexions de la pulpe, d’aucuns considèrent (Rotstein et Simon, 2000).
les canalicules dentinaires comme des voies de passage d’irri-
tants d’un étage à l’autre. Pour bien saisir le rôle que ces cana-
licules pourraient jouer dans la transmission pulpaire d’agents
pathogènes contenus dans une poche parodontale, il est
important de rappeler quelques données anatomiques et his-
tologiques (Garberoglio et Brännström, 1976) :
- chez l’adulte, un canalicule dentinaire ressemble à un cône
inversé dont le sommet (0,8 µm) est scellé par du cément
en regard des fibres alvéolo-dentaires et dont l’extrémité,
large (2,5 µm), se trouve en périphérie de la pulpe ;
- en direction corono-apicale, le nombre des canalicules den-
tinaires diminue (fig. 15.7) ;
- la pénétration du procès odontoblastique à l’intérieur des
canalicules (de la dentine) se fait sur une distance de 0,5 mm.

Figure 15.7 Illustration du rôle de filtre qu’assure la dentine.


L’existence d’une pression intrapulpaire plus élevée qu’au niveau
a b de l’interface endo-parodontale entraîne un gradient positif de
pression pulpaire, à l’origine d’un écoulement liquidien « extra-
Figure 15.6 Le nombre des tubules dentinaires diminue depuis le cellulaire » via les tubules dentinaires. Ce lavage permanent
parenchyme pulpaire vers le cément ainsi qu’en partant de la (Pashley et Matthews, 1993) assure à la dentine un rôle de filtre
couronne (a) vers le au tiers apicale (b) (observation au à la diffusion intratubulaire du biofilm de la poche parodontale
microscope électronique à balayage, grossissement × 900). (d’après Simon et Machtou, 2010).

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15 Endodontie

3 - Conclusion Critiques et commentaires


On peut dire que : S’il y a une infection pulpaire, elle intervient durant la
- les résultats de la plupart des études histologiques menées phase de maintenance.
avant 1975 pourraient être consécutifs à des erreurs d’inter- L’atteinte carieuse constitue la principale cause du traite-
prétation ; ment endodontique.
- l’interface pulpo-parodontale n’est pas une « membrane » Lorsque la limite cervicale de la prothèse intéresse le tiers
perméable dans les deux sens. La réaction de la pulpe au cervical de la racine, il existe un plus grand risque de com-
contenu de la poche est inexistante, mineure et non repro- plication endodontique ultérieure (de 9 à 11 %) (Bergen-
holtz et Nyman, 1984 ; Karlsson 1986).
ductive. Lorsqu’elle existe, elle est de nature réparatrice dégé-
En dehors du risque carieux et de celui de la présence d’une
nérative, dystrophique ou atrophique – et non inflammatoire ; restauration étendue, le recours au traitement endodon-
- en cas de parodontite avancée, la contamination de la pulpe tique lié à la progression apicale d’une poche représente
par voie rétrograde via le foramen principal, un canal latéral moins de 1 % d’un échantillon total de 672 dents.
ou les canalicules dentinaires adjacents à une poche pro-
fonde paraît exceptionnelle ; Une étude longitudinale française (Jaoui et al., 1995) porte sur 571
- la dentine de la dent pulpée semble jouer un rôle de bar- dents ayant reçu un traitement parodontal et suivies en mainte-
rière à la diffusion du biofilm parodontal vers la pulpe. nance durant une période de 5 à 14 ans. Les résultats révèlent
que parmi les dents de l’étude, aucune n’a requis de traitement
B - La thérapeutique parodontale endodontique au cours de la thérapeutique parodontale. Pour
peut-elle provoquer infection ce qui concerne la période de suivi postopératoire, seulement
1 dent a nécessité un traitement endodontique (0,175 %).
et nécrose pulpaire ?
La question est de savoir si les thérapeutiques parodontales Critiques et commentaires
représentent un facteur de risque pour la santé pulpaire. La combinaison des trois études citées ci-dessus donne une
La thérapeutique parodontale élimine la dernière barrière cohorte de 1 600 dents testées pulpées au terme du traite-
physique à la pénétration du contenu soluble de la poche ment parodontal et au début de la période du suivi postopé-
parodontale vers la pulpe : le cément radiculaire (Stallard, ratoire. Toutes causes confondues, le nombre de dents ayant
1968 ; Bergenholtz et Lindhe, 1978). Pourtant, d’importantes nécessité un traitement endodontique durant la période de
études semblent démontrer le contraire. maintenance n’est que de 67 (4 % des 1 600 dents). Dans la
plupart des cas, les raisons de la nécrose pulpaire sont identi-
1 - Les thérapeutiques parodontales ne sont pas fiées par les praticiens et sont classées en deux catégories :
un facteur de risque pour le tissu pulpaire - l’atteinte profonde d’une carie récurrente ayant entraîné
une exposition pulpaire est la raison principale de l’ins-
Dans une étude longitudinale, Ross et Thompson (1978) ont tauration d’un traitement endodontique ;
suivi l’évolution de 100 patients atteints de lésion interradi- - la progression apicale de la maladie parodontale attei-
culaire au niveau des molaires maxillaires. Parmi les gnant l’apex est citée comme la deuxième cause de l’in-
387 molaires retenues, 79 % présentaient une perte d’os d’au tervention endodontique (tableau 15.1).
moins 50 % localisée sur l’une des racines avant que toute
thérapeutique parodontale ne soit prodiguée. Soixante-deux
Tableau 15.1 Les études longitudinales révèlent un pourcentage
d’entre elles ont été ainsi suivies pendant 10 ans. Les résultats très faible de recours au traitement endodontique durant la période
révèlent que seulement 4 % (14 des 387 dents) ont nécessité de maintenance parodontale et de suivi post-thérapeutique.
un traitement endodontique consécutif au traitement paro-
dontal. La présence de poche profonde n’était, en aucun cas, Nombre Suivi Recours au traitement
Étude
de dents (ans) endodontique (%)
la cause du traitement endodontique mais, l’atteinte carieuse
ou la présence d’une restauration étendue si. Bergenholtz
672 4-13 0,780
L’étude longitudinale effectuée par Bergenholtz et Nyman et Nyman (1984)
(1984) représente sans doute une publication phare en la Jaoui et al. (1995) 571 5-14 0,175
matière. Elle porte sur le suivi des patients atteints de poches Ross et Thomson
387 10 4,000
parodontales profondes pendant 4 à 13 ans. Les dents ont reçu (1978)
des traitements parodontaux et soit ont servi de piliers pour
des restaurations plurales (255 dents) soit ont reçu une restau- Bergenholtz et Lindhe (1978) ont réalisé une étude expérimen-
ration coronaire unitaire (417 dents). Parmi les 672 dents de tale sur des singes, comparant des dents saines à des dents au
l’étude, dans 60 % des cas, la crête osseuse résiduelle était parodonte affaibli. Ils ont constaté que le détartrage des dents
située aux deux tiers de la racine. L’étude montre que, durant la au parodonte affaibli n’augmentait ni la fréquence ni la sévérité
période de suivi postopératoire, seulement 6 dents ont néces- des modifications pulpaires. L’examen du tissu pulpaire adjacent
sité un recours au traitement endodontique inhérent à la pro- aux surfaces radiculaires détartrées a révélé, pour quelques
gression apicale de l’atteinte parodontale (0,87 %) alors que dents, la présence d’une inflammation localisée et une forma-
l’atteinte carieuse en était la cause pour 15 d’entre elles (2,2 %). tion de dentine réactionnelle alors que pour d’autres, aucune

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Lésions endo-parodontales 15
modification histologique n’a pu être observée même si on avait dentaire ne serait pas la cause principale de la maladie paro-
laissé la plaque dentaire s’accumuler sur les surfaces radiculaires. dontale (Hirsh et Clarke, 1993 ; Jansson et al., 1993a, 1993b, 1995,
L’argument qui consiste à présenter les sensibilités consécu- 1998a, 1998b). Ces auteurs émettent l’hypothèse de la présence
tives à un traitement parodontal comme preuve de la trans- du biofilm endodontique comme un cofacteur de déclenche-
mission du biofilm parodontal à la pulpe n’est pas suffisant ment et de progression de la perte d’attache parodontale. Le
car cela justifierait de pratiquer une pulpectomie préventive biofilm endodontique jouerait un rôle étiopathologique cer-
après curetage du cément sur la surface radiculaire. tain dans la maladie parodontale par l’effet de la dissémination
bactérienne.
En réalité, face à une irritation post-thérapeutique paro- Les travaux à l’appui de cette théorie sont les suivants :
dontale, la pulpe est parfaitement capable de s’organiser, - une série de 4 études expérimentales sur l’animal portant
de se défendre et de surmonter l’agression par le biais sur la répercussion défavorable que l’état de la pulpe peut
d’une inflammation passagère.
avoir sur la cicatrisation des tissus parodontaux ;
- une expérimentation menée par Lima et al. (1997) qui montre
Les réactions pulpaires modérées constatées face à l’accumula-
que le traitement endodontique prodigué en même temps que
tion de la plaque dentaire sur la surface radiculaire curetée (Ber-
la chirurgie parodontale ou peu après nuit à la néoformation
genholtz et Lindhe, 1978) peuvent être expliquées par la réduction
ostéo-cémentaire et à la réattache des fibres ligamentaires ;
en nombre et en diamètre des canalicules dentinaires du côté de
- Blomlöf et al. (1988), dans une expérimentation, portant sur
l’interface endo-parodontale. De plus, par le lavage permanent
un modèle de réimplantation de dents à pulpe infectée
qu’elle assure, l’exsudation du liquide intratubulaire au niveau de
chez le singe, concluent que l’infection pulpaire favorise
l’interface endo-parodontale constitue une barrière physique à
une prolifération épithéliale marginale des tissus parodon-
la diffusion des irritants de la poche vers la pulpe.
taux alors que dans une autre étude (Blomlöf et al., 1992), ils
2 - En résumé concluent qu’en retardant la cicatrisation marginale, l’infec-
tion pulpaire a un effet négatif sur le curetage parodontal ;
Il est possible de conclure que :
- Jansson et al. (1995) infectent par inoculation la pulpe de
• l’influence de la maladie parodontale et des thérapeutiques
prémolaires et de molaires de jeunes singes puis réalisent
qui tentent de la stabiliser sur le tissu pulpaire est largement
un lambeau palatin pour éliminer le support parodontal de
exagérée dans la littérature médicale car elle semble, en
la racine palatine sur une profondeur des deux tiers aux
réalité, être mineure ;
trois quarts de la hauteur radiculaire. Les spécimens témoins
• tant que la poche parodontale ne s’étend pas à l’apex de la
sont les dents controlatérales soumises à une procédure
dent, la pulpe est parfaitement capable de résister aussi
identique de réduction chirurgicale du support parodontal
bien à l’irritation représentée par la maladie parodontale
mais qui ont une pulpe intacte. Les auteurs trouvent que les
qu’à ses thérapeutiques ;
défauts osseux sont davantage recouverts d’épithélium,
• l’incidence de la nécrose pulpaire durant la période de suivi
approximativement 20 % pour les dents à pulpe infectée
post-thérapeutique parodontale est très faible et augmente
que les dents témoins alors que celles-ci montrent 10 % de
dans trois conditions :
plus de comblement par du tissu conjonctif ;
- l’atteinte secondaire d’une carie radiculaire,
- dans une étude d’une série de 6 études cliniques (Jansson
- la présence d’une restauration étendue,
et al., 1993a, 1993b, 1998a, 1998b ; Ehnevid et al., 1993a, 1993b),
- le risque de nécrose pulpaire par le passage d’une curette
les dents examinées constituent 2 groupes : « sans lésion api-
parodontale dans la région apicale ou au niveau d’un canal cale » (groupe 1) et « avec lésion apicale » (groupe 2). Les
latéral lors du traitement parodontal. auteurs suggèrent qu’une dent à pulpe infectée associée à
une lésion apicale favorise le déclenchement de la perte d’at-
C - Le biofilm endodontique tache ainsi que sa progression et interférerait avec le proces-
peut-il entretenir ou aggraver sus de guérison. Cliniquement, pour le groupe « avec lésion
la maladie parodontale ? apicale », on note une progression plus ample de la maladie
parodontale, un sondage plus profond, une perte osseuse
La question est de savoir si le biofilm contenu dans un canal plus importante et une absence de guérison après traitement
infecté peut constituer un facteur de risque pour l’entretien parodontal (Jansson et al., 1993a). De même, dans deux études
et la résolution de la maladie parodontale. ultérieures, les mêmes auteurs étudient l’influence de l’infec-
La question a été soulevée à la suite de certains travaux tion endodontique sur la profondeur de l’attache parodon-
menés sur la constatation d’un retard de cicatrisation posto- tale (Jansson et al., 1998a, 1998b). Dans la première, ils trouvent
pératoire des poches parodontales concernant des dents que parmi les 162 patients atteints de la maladie parodontale,
portant une obturation canalaire. les dents qui portent une lésion endodontique ont une inci-
dence de 10 % plus élevée de perte d’attache que les dents
1 - Les dents traitées en endodontie sont associées
à une plus grande perte d’os de soutien indemnes de lésion endodontique. Dans la seconde étude,
statistique et transversale, menée sur 100 patients, ils relèvent
Certaines expérimentations menées, pour la plupart, par la une atteinte parodontale plus profonde au niveau des
même équipe de chercheurs laissent à penser que la plaque molaires dont 2 racines portent une parodontite apicale ;

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15 Endodontie

- dans une autre étude, ces auteurs comparent, par observa-


un autre écueil dans les études de Jansson concerne l’éva-
tion radiographique, l’état péri-apical et parodontal des luation du taux relatif de la perte de l’os proximal, réalisée
dents monoradiculées chez 162 patients (Jansson 1993b). Le simplement par l’observation radiographique. Les auteurs
résultat est que les dents atteintes de lésion apicale ont introduisent la notion de « perte radiographique d’at-
environ 2 mm de plus de perte d’attache parodontale que tache » qui correspond, en fait, à l’observation du niveau
les autres. Et ces auteurs de conclure que « l’infection endo- de la crête osseuse proximale ;
dontique […] favorise la formation de la poche parodontale - dans une autre étude fondée également sur l’observation
au niveau des surfaces radiculaires instrumentées et que, de documents radiographiques, les auteurs évaluent le
par conséquent, elle devrait être considérée comme facteur « taux radiographique » de la perte d’os interproximal à
de risque dans la progression de la parodontite marginale » ; 0,19 mm par an pour le groupe « avec lésion apicale » et à
- dans une dernière étude, les mêmes auteurs comparent 0,06 mm par an pour le groupe « sans lésion apicale »
pendant 3 ans, chez 133 patients sujets à la maladie paro- (Jansson et al., 1998a). Comment peut-on affirmer, pour le
groupe « avec lésion apicale », que « la perte d’os est
dontale, 175 dents monoradiculées atteintes de parodontite
3 fois plus importante » pour des différences aussi faibles
apicale (groupe 1) avec des dents sans atteinte apicale relevées à partir d’un dispositif aussi peu fiable que l’ob-
(groupe 2) (Jansson et al., 1998a). Leur conclusion est que le servation de documents radiographiques ? ;
taux de la perte d’os marginal chez les patients atteints de - quant à l’étude de Timmerman et Weijden (2006), la perte
parodontite apicale est 3 fois plus important. d’os reste faible puisqu’elle est estimée par les auteurs à
Les études sur l’évaluation radiographique menées par Jans- 0,6 mm. La perte d’os interradiculaire que l’on constate
son et son équipe sont à mettre en parallèle avec une étude notamment dans cette étude au niveau du groupe des
plus récente qui compare le niveau cervical de la crête dents multiradiculées peut être imputée simplement à la
osseuse des côtés mésial et distal de dents traitées en endo- présence d’ancrage, probablement à l’origine de fenestra-
dontie (groupe 1) aux dents controlatérales sans traitement tion et de perforation interradiculaire. Cette lyse osseuse
(groupe 2) (Timmerman et Van der Weijden, 2006). Par rap- serait responsable de la perte globale d’os puisque, pour
les deux groupes, les auteurs ne trouvent pas de différence
port au groupe 2, les auteurs trouvent significativement
de perte d’os au niveau des faces proximales. Par ailleurs,
davantage de perte d’os global pour le groupe 1 (0,6 mm de Ehnevid et al. (1993a et 1993b) ne trouvent pas de rapport
plus) alors que, pour les deux groupes, ils ne trouvent pas de entre la présence ou l’absence d’une lésion apicale et la
différence de perte d’os ni en mésial ni en distal. En revanche, réduction moyenne de la profondeur des poches verti-
chose importante, ils observent davantage d’images interra- cales ou horizontales. Il aurait été plus pertinent dans
diculaires pour les dents traitées en endodontie. l’étude de Timmerman et Weijden d’exclure du groupe 1
Sanders et al. (1983), dans une étude multicentrique, exa- les dents porteuses d’ancrage radiculaire.
minent la différence du niveau de régénérescence de l’appa-
reil d’attache parodontal entre des dents avec obturation
En accord avec Paul et Hutter (1997), on peut se demander aussi
canalaire (groupe 1) et de dents sans obturation (groupe 2).
dans quelle mesure le curetage parodontal en soi, en tant que
L’étude est effectuée avec des allogreffes d’os congelé pla-
thérapeutique, n’est pas à origine de l’aggravation de la perte
cées dans des défauts d’os parodontaux. Les auteurs trouvent
d’attache sur les dents atteintes de lésion endodontique.
que les dents traitées en endodontie répondent moins bien
aux techniques régénératives que celles qui n’ont pas reçu de 2 - Les dents traitées en endodontie ne sont pas associées
traitement endodontique. La différence de remplissage des à une plus grande perte d’os de soutien
défauts en postopératoire est respectivement de 33 et 65 %.
Face à ces études, il existe d’autres travaux, plus nombreux,
Ils incriminent la qualité du traitement endodontique comme
qui présentent des conclusions opposées. Globalement, il
cause possible de la différence de comblement constatée.
s’agit de travaux plus fiables, car longitudinaux, à moyen et
long termes, qui visent à évaluer, sur des échantillons assez
larges, le devenir des dents après traitement endodontique,
Critiques et commentaires parodontal et prothétique.
Les résultats des études citées doivent être interprétés
L’étude rétrospective de Miyashita et al. (1998) compare,
avec la plus grande prudence car, en accord avec Harring-
ton et al. (2002), celles-ci contiennent un certain nombre chez l’homme, trois groupes de dents : groupe contrôle
d’écueils importants : (dents intactes), dents traitées en endodontie (groupe testé)
- quand bien même on peut noter une différence de la pro- et dents à pulpe infectée (groupe témoin). En ce qui concerne
fondeur du sondage statistiquement significative entre les la réduction du niveau de l’os marginal par rapport à l’état
groupes « avec lésion apicale » et « sans lésion apicale », endodontique des dents, l’étude ne montre pas de corréla-
l’écart moyen reste trop faible pour une interprétation tion statistiquement significative entre les trois groupes de
fiable puisqu’il ne varie que de 0,5 à 0,98 mm ; patients. Malgré ce résultat, il est intéressant de noter que
- dans les études citées, le faible nombre de dents dans les 61 % des dents du groupe testé portaient une obturation ina-
deux groupes est également un maillon faible pour déquate dans le tiers cervical du canal.
comparer de façon fiable des variations interindividuelles Les résultats d’une observation tant histologique que clinique
entre les groupes ;
comparant ces mêmes groupes chez des singes ne montrent

330

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Lésions endo-parodontales 15
pas de différence de réattache parodontale au niveau des trois ce qui confirme, une fois de plus, la nécessité d’une bonne
groupes examinés (Perlmutter et al., 1987). maintenance et d’un suivi postopératoire assidu des dents
De même, l’étude de Nyman et Lindhe (1979) comparent, traitées en parodontie (fig. 15.9 et 15.10).
pendant une période 5 à 8 ans, l’état parodontal de patients
traités en endodontie et restaurés par prothèse (groupe 1) à Endodontique
des patients sans traitement endodontique (groupe 2). Lors Fêlure 10 %
du contrôle postopératoire, les auteurs ne trouvent aucun 20 %
décalage du niveau d’os résiduel entre les deux groupes.
Les quatre études de McGuire et Nunn (1992, 1996a, 1996b et
1998) portent sur l’évaluation des paramètres qui interviennent
sur le pronostic de survie des dents. Les auteurs constatent
qu’un certain nombre de paramètres cliniques qui sont com- Restauration Parodontal
munément rapportés n’ont pas concrètement une véritable 23 % 47 %
influence sur le maintien ou la perte des dents. Par exemple, on
croit souvent que les dents atteintes de lésion endodontique
ont un taux de survie inférieure à celles sans atteinte endo-
Figure 15.8 La part de l’« échec endodontique » ne présente que
dontique. L’étude de McGuire (laquelle ?) révèle que, parmi les 10 % de l’« échec global », alors que 47 % des échecs sont attri-
131 dents perdues d’une cohorte de 2 509 dents, aucune n’était bués à l’« échec parodontal ». Viennent ensuite, par ordre décrois-
atteinte de lésion apicale. Et de conclure que la présence d’une sant, l’« atteinte carieuse et perte de la restauration coronaire »
parodontite apicale au moment même de l’établissement d’un (23 %), les « fêlures et fractures » (20 %) (d’après Mandel, 1992).
plan de traitement parodontal ne constitue pas un facteur de
risque cliniquement significatif pour le devenir de la dent.

Critiques et commentaires
Les études de McGuire et Nunn ont un très bon niveau de
preuve. Le nombre de dents de leurs 4 études est impor-
tant : 2 509 en tout. L’unique variable étudiée est le taux
de survie des dents traitées en endodontie et/ou en paro-
dontie et en prothèse.

Quatre études longitudinales à long terme (Mandel, 1997 ;


Svärdström et Wennström, 2000 ; Chambrone et Cham-
brone, 2006 ; Huynh-Ba et al., 2009) concernent les facteurs
qui peuvent influencer le devenir des dents à la suite de dif- a
férentes thérapeutiques. Elles précisent toutes qu’en termes
de « taux de survie », le traitement endodontique joue un
rôle tout à fait mineur.
L’étude de Mandel (1997) porte sur le devenir des dents après
traitement endodontique, parodontal et prothétique. L’éva-
luation du traitement est faite par l’observation radiogra-
phique complétée par les données cliniques recueillies lors
du rappel du patient. Un total de 599 dents a fait l’objet de
cette étude rétrospective longitudinale allant de 12 mois à
12 ans. Les données de l’examen clinique en préopératoire et
postopératoire ont été paramétrées et enregistrées dans un
logiciel statistique multiparamétrique. Dans une perspective
à long terme (au-delà de 5 ans), les résultats révèlent qu’en b c
termes de taux de survie, le traitement endodontique joue
un rôle mineur car le pronostic de la dent demeure large- Figure 15.9 La maladie parodontale est la première cause de la
ment dépendant des facteurs postendodontiques. Une fois perte des dents. a. Cette molaire maxillaire est atteinte de
le succès du traitement endodontique obtenu (entre 6 et lésion endodontique et de poche parodontale qui indique la
24 mois), d’autres facteurs peuvent ensuite, à moyen et à long nécessité d’un retraitement endodontique ainsi que d’un
traitement parodontal adjuvant. b. Une radiographie de contrôle
terme (de 5 à 12 ans), interférer avec le succès en le faisant postopératoire à 4 ans montre une bonne stabilité des tissus
basculer vers l’échec et, finalement, la perte de la dent. Dans parodontaux. c. Une radiographie de contrôle à 10 ans révèle un
cette étude, la maladie parodontale représente à elle seule la effondrement spectaculaire des tissus de soutien à cause de la
cause la plus élevée de la perte des dents (47 % des échecs), maladie parodontale.

331

6684_.indb 331 10/08/12 12:04


15 Endodontie

Svärdström et Wennström (2000) évaluent le devenir à long Tableau 15.2 Répartition du motif de la perte des dents (d’après
terme (de 8 à 12 ans) de molaires atteintes de lésion interradi- Chambrone et Chambrone, 2006).
culaire suivant une modalité de traitement parodontal. Les Lésion Lésion
résultats révèlent que 96 % des dents examinées sont pré- Perte* Fracture Carie
parodontale endodontale
sentes sur l’arcade et en fonction. Et ces auteurs de conclure
Nombre (% ) 82 (2,8 %) 16 (0,5 %) 6 (0,2 %) 5 (0,2 %)
qu’en cas de lésion interradiculaire même profonde, une
*Étude portant sur un total de 2 927 dents.
approche conservatrice du traitement peut donner, à long
terme, un niveau élevé de succès pourvu qu’une période de
maintenance soit assurée. En cas de traitement par amputa- dernière publication est une revue systématique portant sur
tion, le seul facteur déterminant à 10 ans est l’importance du le taux de survie et l’incidence de complications postopéra-
support osseux de la racine résiduelle qui doit être supérieur toires de dents atteintes de lésion interradiculaire durant une
à 50 % au moment de l’intervention (Park et al., 2009) (fig. 15.11). période d’au moins 5 ans (Huynh-Ba et al., 2009). Trois obser-
vateurs indépendants ont participé à la recherche électro-
nique et manuelle des publications sur le sujet. Trente-deux
d’entre elles ont été sélectionnées selon les critères établis
en amont. Dans un suivi compris entre 5 et 10 ans, les résul-
tats font état, ici encore, d’un excellent taux de survie (90 %)
à long terme des dents multiradiculées avec lésion interradi-
culaire même quand elles sont associées à des modalités
thérapeutiques différentes.
a b
Critiques et commentaires
Figure 15.10 a. La racine mésiale de la molaire, atteinte d’une Ce dernier résultat reflète le taux relatif de survie des
fêlure longitudinale, est programmée pour amputation (flèche). molaires atteintes de lésion interradiculaire après diffé-
b. Radiographie de contrôle postopératoire après l’amputation rentes approches thérapeutiques comprenant la théra-
et la reconstruction prothétique.
peutique chirurgicale (période de l’observation : 5-13 ans),
la tunnélisation (période de l’observation : 5-6 ans), l’am-
putation et l’hémisection (période de l’observation :
5-13 ans) et la régénérescence tissulaire guidée (période de
Important ! Cinq paramètres semblent intervenir directe- l’observation : 5-12 ans). Les complications les plus fré-
ment pour la réussite d’une amputation radiculaire : quentes sont :
- la longueur radiculaire ; - l’atteinte carieuse au collet pour le groupe « tunnélisation » ;
- l’importance d’os autour de la racine résiduelle ; - les fêlures et fractures radiculaires pour le groupe
- l’absence de bec résiduel au moment de l’amputation ; « amputation et hémisection ».
- une restauration prothétique adéquate, si elle est nécessaire ;
- la maintenance.
Ces complications peuvent expliquer le décalage que l’on
La troisième étude est celle de Chambrone et Chambrone trouve entre le taux de survie des molaires dans cette étude
(2006) qui évalue les raisons de la perte dentaire au sein d’un (90 %) par rapport à celui de Svärdström et Wennström
échantillon de 2 927 dents traitées pour une maladie paro- (2000) (96 %). Autrement dit, le traitement par soustraction
dontale et suivies après thérapeutique pendant 10 ans ou (amputation, tunnélisation et séparation radiculaire) est sus-
plus. Un protocole de traitement identique a été prodigué à ceptible de réduire le taux de survie de 6 %. Les traitements
tous les patients. Les raisons de la perte de l’organe dentaire par addition (os bovin + membrane) ne donnent pas un meil-
sont identifiées par catégorie : parodontale, carie, endo- leur taux de recouvrement du défaut osseux interradiculaire
dontique et fracture radiculaire. par rapport au simple curetage par lambeau (Pradeep et al.,
Dans cette étude, la prévalence de la perte des dents pour 2009). D’autres travaux rapportent que le pronostic peut res-
raison parodontale, bien que classée en premier, reste néan- ter favorable à l’aide d’un simple curetage à ciel ouvert même
moins faible car les dents ont été examinées pendant la pour une atteinte parodontale interradiculaire associée à une
période post-thérapeutique de maintenance parodontale. lyse osseuse profonde (Carnevale et al., 1991 ; Basten et al.,
Les résultats corroborent ceux des précédentes études, à 1996 ; Blomlöf et al., 1997 ; Ammos, 2002).
savoir, une incidence très faible de perte des dents pour
« motif endodontique » avec une incidence plus élevée pour Important ! Deux paramètres importants interviennent
« motif parodontal ». Une analyse statistique par régression pour la survie à long terme des dents :
des différentes variables révèle que l’âge et l’habitude taba- - la prise en charge adéquate du patient car, pour remplacer
gique sont les seules variables significatives retenues pour la l’extraction, les traitements parodontal et endodontique
doivent se prévaloir d’une haute qualité technique.
perte des dents consécutive à la maladie parodontale. Les
- la qualité du suivi postopératoire en parodontie.
résultats de l’étude sont présentés dans le tableau 15.2. La

332

6684_.indb 332 10/08/12 12:04


Lésions endo-parodontales 15
En ce qui concerne l’amputation radiculaire, une étude révèle 3 - Le biofilm endodontique peut-il déclencher
un taux de survie égal à celui des implants ostéo-intégrés la formation d’une poche parodontale ?
(Buhler, 1994). Et deux études validées (Mattscheck, 2008) La question est de savoir si le biofilm contenu dans un canal
semblent apporter une indication de plus en faveur d’un trai- infecté pourrait être à l’origine d’une poche parodontale.
tement conservateur en cas de lyse osseuse interradiculaire : La question a été soulevée à la suite de travaux, plutôt récents,
- Langer et al. (1981) mènent une étude longitudinale de 10 ans indiquant une propagation bactérienne possible aux tissus du
sur 100 cas d’amputation radiculaire avec 38 % d’échecs. Le soutien de la dent via la pulpe infectée. L’étude bibliogra-
taux d’échecs au bout de 5 ans s’élève à plus de 84 %, dont phique effectuée ci-dessus a réfuté cette hypothèse.
47 % sont attribués à la fracture de la racine résiduelle ; Mais une vieille idée reçue énonce qu’une fistule desmodon-
- Buhler (1994) étudie l’incidence d’échec de l’amputation à tale d’origine endodontique serait une voie potentielle de
10 ans et trouve un taux d’échecs de 32 %. contamination bactérienne et pourrait être à l’origine d’une
Lindhe (1983) préconise que le remplacement par un implant poche parodontale secondaire. D’après la classification de
d’une molaire atteinte de lésion interradiculaire de classe III Simon et al., il s’agirait, dans cette situation, « d’une lésion
soit évalué avec beaucoup de précaution et uniquement endodontique primaire avec atteinte parodontale secondaire ».
lorsque celui-ci améliore le pronostic global du traitement. Certains arguments semblent contredire cette assertion :
Les études rétrospectives à long terme mentionnées précé- - la revue bibliographique a démontré qu’une nécrose pul-
demment (Ross et Thompson, 1978 ; Bergenholtz et Nyman, paire associée à une parodontite apicale ne pouvait ni
1984 ; Jaoui et al., 1995 ; McGuire et Nunn, 1992, 1996a, 1996b déclencher ni aggraver la maladie parodontale ;
et 1998) rapportent toutes un excellent taux de survie des - même si la plaque dentaire est considérée comme l’étiologie
dents ayant eu un traitement parodontal et endodontique. primaire de la formation d’une poche parodontale, il existe
Concernant l’extraction d’une dent à support parodontal néanmoins un certain nombre de cofacteurs tels que le tartre,
amoindri, une telle décision est souvent fondée sur des cri- les anomalies anatomiques, les restaurations coronaires ina-
tères subjectifs car l’absence d’un modèle décisionnel d’ex- déquates et la réponse de l’hôte. Actuellement, il n’a pas été
traction dentaire fait défaut. Zitzmann et al. (2009) font une prouvé, ni expérimentalement ni cliniquement, que la pré-
revue systématique de l’ensemble des critères décisionnels sence d’une fistule desmodontale pouvait être impliquée.
qui interviennent pour traiter ou extraire une dent en prenant
en compte les critères endodontiques et parodontaux, les
Essentiel : la maladie parodontale étant une maladie multi-
possibilités de la restauration de la dent et l’avis du spécia-
sites, il semble que la formation isolée d’une poche paro-
liste en la matière. L’étude prend en compte deux faits : dontale sur une dent atteinte d’une fistule desmodontale
- le traitement endodontique se prévaut d’un très bon pro- doive plutôt s’inscrire dans le contexte global d’une maladie
nostic à long terme ; parodontale dans laquelle d’autres sites sont atteints.
- le maintien de la dent autorise une plus grande flexibilité
des possibilités restauratrices.
Étant donné que le pronostic du traitement endodontique Dans certaines situations, une infection endodontique peut
ou implantaire ne peut être évalué que sur une durée mini- déclencher une rupture localisée de l’attache épithélio-
male de 4 à 5 ans, d’autres critères doivent intervenir pour conjonctive. Il s’agit d’une « fistule desmodontale » (Rossman
décider du maintien de la dent ou de son extraction suivie de et al., 1982) (voir plus bas) qui ne doit pas être considérée
son remplacement par un implant. La conclusion souligne comme une poche parodontale car elle présente des carac-
que la décision d’extraction doit plutôt être favorisée lorsque téristiques particulières que la maladie parodontale ne par-
les possibilités de restauration de la dent sont minces, en tage pas.
particulier lorsqu’elle doit être incluse dans une restauration La fistule desmodontale est la seule et l’unique condition
plurale qui risquerait, de ce fait, de mettre en péril le pronos- dans laquelle il se produit une rupture localisée de l’attache
tic de l’ensemble de la construction. épithélio-conjonctive par le fait d’une infection d’origine
L’étude de Popelut et al. (2010) semble prometteuse car elle se endodontique. Toutefois, ce défaut d’attache reste réversible
propose de formuler un modèle décisionnel pour le maintien après la mise en œuvre du seul traitement endodontique.
ou l’extraction de la dent et son remplacement par un implant. Cette situation exceptionnelle peut simuler une poche pro-
fonde et conduire à un diagnostic et à un traitement erronés
(fig. 15.12).
Important ! En conclusion : Quelle différence y a-t-il entre une poche parodontale et
- si la dent dépulpée est toujours considérée comme un une fistule desmodontale ?
facteur de risque pour la maladie parodontale et son évo- La fistule desmodontale est consécutive à une rupture méca-
lution, un tel risque reste néanmoins négligeable en regard nique des fibres desmodontales qui ne demandent qu’à se
du devenir et du pronostic à long terme de la dent ; réparer lorsque l’exsudat inflammatoire aura été tari consé-
- dans l’évaluation à long terme des causes liées à la perte cutivement au traitement endodontique. Dans ce cas, l’os-
des dents, le paramètre parodontal et la période de suivi tium de la fistule a tendance à s’oblitérer, n’autorisant aucune
postopératoire jouent un rôle majeur alors que le para-
mètre endodontique intervient peu.
possibilité de pénétration rétrograde de la plaque dentaire
donc de formation d’une poche parodontale secondaire.

333

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15 Endodontie

- vraie lésion combinée à double origine endodontique et


parodontale.
Dès 1963, Schilder avait proposé une classification des lésions
en fonction de leur origine en trois catégories distinctes :
- lésion d’origine endodontique ;
- lésion d’origine parodontale ;
- lésion endo-parodontale » (Schilder, 1963 et 1965).
a b
En 1979, Harrington et al., établissent une classification inté-
Figure 15.11 a. Dans certaines circonstances, une parodontite
ressante fondée, pour la première fois, sur le sondage paro-
apicale peut s’extérioriser à travers du ligament alvéolo-den- dontal. Ils démontrent de façon très judicieuse que le type
taire et simuler l’apparence d’une poche parodontale. b. Une du sondage ainsi que l’architecture de la lésion osseuse
radiographie postopératoire à 9 mois du retraitement endo- jouent un rôle important pour l’identification de son origine
dontique montre la lésion osseuse en voie de guérison sans ainsi que pour son pronostic (Harrington et al., 1979 et 2002).
aucun traitement parodontal adjuvant (cas clinique : J.P. Albou). Le sondage parodontal est aujourd’hui un paramètre impor-
tant de diagnostic et de pronostic.
Notre démarche diagnostique et thérapeutique va tenir
compte de ces trois classifications et, systématiquement, les
En période d’acuité inflammatoire, la fistule est une soupape cinq points suivants seront déclinés pour chaque entité
qui, à l’image d’une cocote minute, assure l’évacuation du pus pathologique :
et de l’exsudat endodontique, réduisant par là la pression tis- - les facteurs étiologiques ;
sulaire et la douleur. À ce stade, il existe un gradient de pres- - les caractéristiques propres ;
sion positif à l’origine de l’évacuation du pus qui empêche la - les moyens cliniques simples de diagnostic ;
pénétration de la plaque dentaire. Un exemple similaire à - le pronostic ;
cette condition concerne, dans la sphère buccale, les canaux - la modalité thérapeutique
d’excrétion salivaire qui, tout en débouchant dans un milieu
septique, la bouche, n’occasionnent pas d’infection de la
glande salivaire par voie rétrograde. A - Lésion d’origine endodontique (LOE)
Il s’agit d’une lésion inflammatoire périradiculaire d’origine
Essentiel : en conclusion, comme pour toute fistule, la fis-
tule desmodontale obéit à la loi de la moindre résistance
endodontique (LIPOE, selon Lasfargues et Machtou, 2004)
tissulaire. En provoquant une rupture mécanique des fibres connue sous le vocable « parodontite apicale ».
ligamentaires, elle constitue la seule et unique condition
dans laquelle la parodontite apicale établit une communi- 1 - Facteurs étiologiques
cation tant avec la crête osseuse que le milieu buccal. L’ensemencement du desmodonte par des toxines bacté-
riennes, des germes et des produits issus de la dégradation
En absence d’évacuation de l’exsudat endodontique (période des protéines pulpaires en est le facteur pathogénique. Outre
de rémission inflammatoire), l’orifice fistuleux a tendance à le foramen principal, ces éléments sont véhiculés aux tissus
s’oblitérer, n’autorisant aucune possibilité de pénétration du soutien via les ramifications pulpaires telles que les
rétrograde de la plaque dentaire et de formation d’une poche canaux latéraux, secondaires et accessoires, identifiées par
parodontale secondaire. Schilder (1974) comme « des portes de sortie endodontiques »
(fig. 15.13 et 15.14).
Note : à l’heure actuelle, il n’a pas été possible de proposer
2 - Caractéristiques propres de la lésion d’origine
un modèle expérimental pour reproduire l’établissement
d’une fistule desmodontale. endodontique
La parodontite apicale n’est pas systématiquement localisée
aux tissus péri-apicaux. Au même titre que la parodontite
marginale, elle détruit les tissus de soutien de la dent. Toute-
fois, cinq caractéristiques lui sont propres (Schilder, 1963 et
VI - Applications cliniques 1965 ; Goldman et Schilder, 1988).
La classification des lésions endo-parodontales qui est la
plus couramment acceptée aujourd’hui (Simon et al., 2008) a - Lésion fermée
est celle proposée pour la première fois par Simon et al. en Sur le plan topographique, les portes de sortie endodontiques
1972, qui tient compte de l’antériorité de l’atteinte initiale : se trouvent le long de la racine et, le plus souvent, dans le
- lésion endodontique primaire avec lésion parodontale tiers apical. La lésion d’origine endodontique est localisée
secondaire ; dans la masse d’os. Entourée de cinq parois d’os et d’une paroi
- lésion parodontale primaire avec lésion endodontique dentinaire, elle ne communique pas avec la cavité buccale,
secondaire ; elle est dite « lésion fermée ».

334

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Lésions endo-parodontales 15

a b c

Figure 15.12 a. Illustration des ramifications de la pulpe. Le canal a


latéral se trouve au tiers cervical et moyen de la racine. Son axe
est perpendiculaire à celui du canal principal (flèche blanche).
L’interconnexion de la pulpe au tiers apical est appelée le canal
secondaire et son axe est tangentiel à celui du canal principal
(flèche jaune). Le canal accessoire est une émanation du canal
secondaire (d’après DeDeus, 1975). b. Radiographie présentant une
deuxième prémolaire maxillaire atteinte d’une nécrose pulpaire
et d’une lésion d’origine endodontique située en face de chaque
ramification. c. Radiographie de contrôle postopératoire à 1 an.

b c

Figure 15.14 a. Retraitement endodontique d’une molaire atteinte


de volumineuses parodontites apicales de texture très radio-
claire, délimitées par une bordure radio-opaque du type « kys-
I II III
tique ». b. À 2 ans postopératoires, on peut toujours deviner la
présence de la bordure (flèche). À 7 ans, on observe une guérison
ad integrum des lésions.

diculaire et simuler une lésion parodontale. La nécrose pul-


paire, l’absence de sondage parodontal et de contexte
IV V IV parodontal généralisé signent une origine endodontique.

d - Extension apico-coronaire
Figure 15.13 Classification de l’anatomie endodontique d’une Des expériences menées sur des dents de rats, après une
racine. I : un canal, une entrée et une sortie apicale. II : un canal exposition pulpaire, montrent qu’une fois induite, la lésion
et deux sorties apicales. III : un canal, deux entrées et deux sor- apicale s’étend d’abord latéralement aux dépens de l’os spon-
ties apicales. IV : deux canaux, deux entrées et une sortie apicale gieux avant de remonter verticalement en direction de la
déterminant un trajet apical commun (TAC). V : deux canaux
crête osseuse cervicale (Yamasaki et al., 1994) (fig. 15.16).
indépendants. VI : deux ou trois canaux qui communiquent
entre eux par un couloir commun formant ainsi, en section
transversale, une forme en C.

b - Absence de sondage
Il n’y a pas de possibilité de sondage de la lésion à travers
l’attache épithéliale. La lésion ne présente aucune communi-
cation avec l’environnement buccal. La fistule endodontique
(voir plus loin) représente la seule exception à cette règle.

c - Image radiographique
La lésion osseuse, située souvent mais pas toujours au niveau
a b
de la porte de sortie principale, le foramen apical, est plus ou
moins radio-claire à la radiographie. Sa présence est fré- Figure 15.15 a. La parodontite apicale s’étend d’abord latérale-
quemment associée à une nécrose pulpaire ou à une dent ment avant de remonter en direction cervicale, vers le collet et
présentant un traitement endodontique (fig. 15.15). Sur les la crête osseuse (flèche). b. Radiographie de contrôle postopé-
molaires, l’image radio-claire peut intéresser l’espace interra- ratoire à 4 ans.

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15 Endodontie

Plusieurs lésions d’origine endodontique peuvent se situer


sur une même dent, chacune siégeant en face d’une porte de
sortie endodontique. Avec le temps et en l’absence de traite-
ment, elles augmentent de volume de façon indépendante et
peuvent se rencontrer quelque part sur la surface radiculaire
pour ne former qu’une seule mais importante lésion d’origine
endodontique enveloppant une partie ou la totalité de la
surface radiculaire.

En général, la base de la lésion qui se trouve dans la masse


de l’os vers le tiers apical est plus large que son sommet, a b
au collet de la dent. Pour qualifier cette situation Simiring
c
et Goldberg (1964) ont utilisé l’expression « parodontite
rétrograde » (fig. 15.17).
Figure 15.17 Le traitement endodontique de la deuxième
molaire maxillaire atteinte d’une volumineuse lésion d’origine
endodontique située à l’apex de sa racine palatine, à l’origine de
la destruction de la table osseuse interne (a), a abouti à la for-
mation d’une cicatrice fibreuse (b, flèche). c. Cette image de
guérison bien circonscrite peut exister alors que la dent est
extraite dès lors que l’une des tables osseuse est absente.

3 - Moyens cliniques simples de diagnostic


a Le diagnostic est fait par :
- les tests de vitalité pulpaire qui indiquent une absence de
réponse pulpaire ;
- la radiographie qui montre habituellement une image radio-
claire. Elle peut révéler également la présence d’un traitement
endodontique souvent inadéquat ou une carie profonde ;
- le niveau de la crête alvéolaire du côté mésial et distal qui
b reste inchangé.
- la normalité du sondage parodontal ; on ne note pas la pré-
Figure 15.16 Une dent peut être atteinte de plusieurs lésions sence d’un défaut de l’attache épithéliale.
d’origine endodontique, chaque lésion siégeant en face d’une
porte de sortie endodontique. a. En l’absence de traitement, ces a - Extériorisation de la lésion d’origine endodontique
lésions peuvent confluer et ne former qu’une seule et unique Généralement, le corps humain a tendance à se débarrasse
lésion volumineuse. Habituellement, une telle lésion se présente
de ses déchets. La sueur, l’urine et les matières fécales en
avec sa base plus large au niveau apical et son sommet plus étroit
au collet de la dent. b. Radiographie de contrôle postopératoire. sont les exemples quotidiens.
Les lésions d’origine endodontique sont habituellement chro-
niques et leur découverte est fortuite, notamment lors de la
prise d’une radiographie. Mais parfois, pour des raisons encore
e - Guérison ad integrum hypothétiques, elles peuvent passer par une phase aiguë. L’accu-
Entourée de cinq parois d’os et ne communiquant pas avec le mulation du liquide exsudatif est alors à l’origine d’une surpres-
milieu buccal, une telle lésion bénéficie d’un grand pouvoir sion, de douleurs et de tuméfaction (fig. 15.19). Il y a collection de
de régénérescence. Le nettoyage, la mise en forme et l’obtu- pus qui tend à se frayer un chemin d’évacuation au travers des
ration tridimensionnelle stoppent l’ensemencement d’irri- tissus mous. Cette voie de drainage, ou « fistule », est régie géné-
tants et la guérison ad integrum de la lésion survient de façon ralement par la loi de moindre résistance tissulaire.
prévisible. La réversibilité de la lésion s’accompagne de la
reconstitution des tissus de soutien parodontaux incluant le b - Abcès d’origine endodontique
cément, les fibres desmodontales, le périoste et l’os. et voies d’extériorisation
Toutefois, la cicatrice fibreuse constitue une exception à La fistule représente une voie de communication de la lésion
cette règle. Lorsque le volume de la lésion a détruit l’une des d’origine endodontique avec le milieu extérieur. Il est impor-
tables osseuses ou, a fortiori, les deux tables osseuses externe tant de noter que la seule et l’unique condition pour que la
et interne, la guérison ne s’accompagne pas d’un comblement lésion d’origine endodontique se trouve en communication
osseux ad integrum mais d’un amas de fibres de collagène avec le milieu extérieur (dans la plupart des cas avec le milieu
intimement enchevêtrées qui ne se minéralisent pas en l’ab- buccal, exceptionnellement avec les téguments) est l’exis-
sence de toute cellule inflammatoire (fig. 15.18). tence d’une fistule.

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Lésions endo-parodontales 15
endodontique qui aboutit à l’effraction ou à l’amincissement
de la table osseuse interne ou externe. Dans l’étude de Mor-
tensen et al. (1970), 20 % des lésions avec fistule avaient un dia-
mètre supérieur à 5 mm. Parmi les 1 600 dents à pulpe infectée,
8,5 % présentaient une fistule. La grande majorité d’entre elles
étaient des fistules alvéolaires et, dans 87,5 % des cas, elles
s’ouvraient du côté vestibulaire. Se frayant une issue au travers
des tissus selon un trajet de moindre résistance, une fistule
a b peut se trouver à distance de la dent causale (Baumgartner
et al., 1984 ; Kelly et Ellinger, 1988).
d - Moyens cliniques de diagnostic
de la fistule alvéolaire (fig. 15.21)

c L’introduction d’un cône de gutta-percha dans le trajet de


la fistule et la prise d’une radiographie restent deux gestes
Figure 15.18 L’évolution de la plupart des lésions d’origine endo- incontournables pour déterminer la dent causale et la
dontique est chronique. Plus rarement, elles peuvent occasionner racine causale pour les dents multiradiculées. Cet acte,
un abcès, s’accompagner de douleurs et de tuméfaction (a). Trai- pratiquement indolore, ne nécessite pas d’anesthésie
tement endodontique (b) et radiographie de contrôle (c). locale. Habituellement, la fistule disparaît en une dizaine
de jours après nettoyage et mise en forme canalaire.
Celle-ci n’étant à l’origine d’aucune symptomatologie, la décou-
verte des lésions fistulaires se fait de façon fortuite. Si le trajet
de la fistule s’oblitère, il peut s’ensuivre abcès et tuméfaction
Quand le trajet est intrabuccal, on distingue deux types de
fistules : alvéolaire et desmodontale.
b c d
c - Fistule alvéolaire (fig. 15.20)
Il s’agit de la voie de d’extériorisation la plus fréquente. Elle
correspond à une voie de drainage de la lésion à travers l’os
alvéolaire et débouche au niveau l’enveloppe muco-gingivale. a
Elle est souvent favorisée par le volume de la lésion d’origine

Figure 15.20 Une lésion d’origine endodontique peut s’extérioriser


par une fistule alvéolaire. La racine responsable est identifiée par
l’introduction d’un cône de gutta-percha (c) et la prise d’une radio-
graphie (a). Noter (d) la disparition de la fistule 7 jours après les
manœuvres instrumentales et l’extrusion du ciment endodontique,
le long du trajet de la fistule, lors de l’obturation canalaire (e).

e - Fistule desmodontale (fig. 15.22)


Plus rarement, la voie d’extériorisation du pus peut se situer
au niveau du sulcus, le pus disséquant les fibres alvéolo-den-
taires le long de la racine. C’est la « fistule desmodontale ».
Cette voie d’extériorisation particulière a été décrite pour la
première fois par deux parodontistes, Prichard et Simon en
1979. On la rencontre plutôt au niveau des molaires mandibu-
laires (Rossman et al., 1982). Son origine peut être soit le fora-
men apical soit, plus rarement, un canal latéral.
Figure 15.19 Schéma représentant les cheminements d’une fis-
tule endodontique : fistule alvéolaire en bleu et fistule desmo- Important ! Il convient de noter que la fistule desmodon-
dontale en marron. D’un cheminement intermédiaire entre les tale représente une voie de communication de la lésion
deux dernières, la fistule sous-périostée (en vert) quitte son trajet d’origine endodontique non seulement avec le milieu buc-
initial intra-osseux, celui qui appartient à la fistule alvéolaire, pour cal mais aussi avec le sillon gingivo-dentaire au travers des
suivre un cheminement sous-périosté et sourdre finalement, fibres desmodontales et la crête osseuse.
comme pour la fistule desmodontale, dans le sillon gingival.

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15 Endodontie

même il existe un défaut profond de l’attache épithéliale, la


formation de cette pseudo-poche n’indique en aucun cas la
présence d’une poche et d’une maladie parodontale.
En revanche, la lyse osseuse de la fistule desmodontale change
suivant son siège et son ancienneté autour du collet de la
racine. On peut distinguer trois types d’images radiographiques :
- type I, image peu radio-claire (fig. 15.23). Lorsque la fistule
sourd en vestibulaire dans le sillon gingival en regard de
l’espace interradiculaire, les crêtes osseuses en mésial, distal
et lingual restent intactes et l’image radiographique est peu
radio-claire ;
- type II, image radio-claire (fig. 15.24). Lorsque la lyse osseuse
est localisée en mésial ou distal de la crête osseuse, son

Figure 15.21 Schéma représentant la fistule desmodontale. Elle


constitue la seule et unique condition dans laquelle une lésion
endodontique est à l’origine d’un défaut d’attache épithéliale
matérialisé par un sondage profond et étroit qui décrit dans
b
l’espace une forme en U.

À cet effet, la fistule desmodontale déroge aux caractéris- a


c
tiques habituelles de la lésion d’origine endodontique, car
c’est la seule et unique situation dans laquelle : Figure 15.22 a. La radiographie révèle une atteinte apicale au
- la lésion d’origine endodontique n’est plus localisée dans la niveau de la molaire mandibulaire présentant un traitement
masse d’os ; ce n’est plus une lésion fermée ; endodontique inadéquat. b. L’introduction d’un cône de gutta-
- elle s’extériorise directement à travers le sulcus. Générale- percha indique la présence d’une fistule desmodontale dont
l’origine est la racine distale. La lyse osseuse, de type I, étant
ment, la crête osseuse concernée est atteinte et participe à
limitée à la face vestibulaire de la crête interradiculaire, l’image
l’image lésionnelle. Mais une observation attentive de radiographique en reste peu marquée. Le retraitement de la dent
l’image radiographique révèle sa persistance ; est programmé. c. Radiographie de contrôle postopératoire.
- elle est à l’origine d’un défaut de l’attache épithéliale maté-
rialisé, pour la première fois, par un sondage ponctuel au image apparaît localisée de façon longitudinale du même
niveau de la dent atteinte. À l’opposé d’une poche parodon- côté et la crête osseuse semble être effondrée. Une obser-
tale, le trajet fistulaire n’est épithélialisé que dans 33 % des vation attentive de l’image radiographique permet de
cas, complètement ou partiellement (Baumgartner 1984) ; constater la persistance de cette dernière ;
- la couche cémentaire en regard de la fistule, sur la surface radi- - type III, image très radio-claire (fig. 15.25). Dans la troisième
culaire, ne serait pas altérée, ce qui permet une réattache com- situation, la lyse de la crête osseuse peut englober totale-
plète au cours du processus de guérison (Safar et al., 1988) ment une racine. Mais, chose importante, lorsqu’elle est
d’origine endodontique, le sondage au collet reste toujours
f - Moyens cliniques de diagnostic étroit et localisé uniquement sur un côté, en mésial, en dis-
de la fistule desmodontale tal ou au niveau de l’espace interradiculaire.
Là encore, le diagnostic de la fistule desmodontale est posé Parmi les trois types d’images radiographiques, il existe, natu-
par deux moyens : les tests de vitalité et la prise d’une radio- rellement, une infinité de situations cliniques intermédiaires.
graphie après l’introduction d’un cône de gutta-percha au Toutefois, quelle que soit son expression radiologique, la fis-
niveau du trajet fistuleux. Habituellement, cette exploration tule desmodontale partage quatre points communs :
ne nécessite pas d’anesthésie locale. Les tests de vitalité - il existe une infection endodontique (pulpe nécrosée ou
révèlent une nécrose pulpaire et la radiographie une nécrose traitement endodontique inadéquat) ;
pulpaire ou une obturation canalaire inadéquate. - le niveau de la crête osseuse reste inchangé ;
La fistule desmodontale étant généralement en rapport avec - l’image radiologique autour de la racine atteinte est en
la porte de sortie principale, le foramen apical, le sondage se forme de U ;
révèle profond, atteignant souvent la région apicale. Conduit - le sondage est ponctuel et profond ;
de façon circonférentielle autour du collet de la dent, il révèle - la palpation cervicale peut faire sourdre du pus et/ou un
un défaut d’attache localisé et étroit en forme de U (Mandel exsudat hémorragique au niveau du sulcus, à l’endroit où se
et al., 1993a et 1993b). Ce type de sondage indique l’effondre- trouve le défaut d’attache épithéliale.
ment d’une partie de la crête osseuse du côté vestibulaire, lin- Le tableau 15.3 résume les éléments de diagnostic de la fis-
gual ou proximal au niveau de la dent causale. Quand bien tule desmodontale.

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Lésions endo-parodontales 15
Tableau 15.3 Éléments de diagnostic différentiel d’une poche
parodontale intra-osseuse et de la fistule desmodontale d’origine
15 ans
endodontique.
Données Poche
Fistule desmodontale
cliniques infra-osseuse
b État de la pulpe Normal Nécrosé ou échec
du traitement endodontal
a c Antécédents Absents Coiffage, obturation
pulpaires volumineuse
18 ans
État parodontal Parodontite Normal
généralisée
Indices Augmentés Normaux
parodontaux
Sondage Ouvert au collet Profond et étroit
En forme de V En forme de U
d
Indices Augmentés Normaux
parodontaux
Figure 15.23 a. La radiographie révèle nécrose pulpaire et
atteinte apicale au niveau de la racine mésiale remontant vers la Mobilité Plus ou moins Absente
crête osseuse en mésiale de la molaire mandibulaire. b. L’intro- présente
duction d’un cône de gutta-percha matérialise la présence d’une Pronostic Variable Excellent
fistule desmodontale dont l’origine est la racine mésiale. c. La
flèche indique la persistance de la crête osseuse. Le retraite-
ment de la dent est programmé et une radiographie de contrôle 4 - Pronostic
postopératoire montre la guérison des lésions sans aucun trai-
tement parodontal adjuvant. Un défaut d’attache épithéliale consécutif à une fistule des-
modontale sur une dent à pulpe nécrosée ou portant un trai-
tement endodontique inadéquat doit être distingué d’une
vraie poche parodontale due à la maladie parodontale.

La voie de l’extériorisation fistulaire se faisant aux dépens de


structures parodontales saines par ailleurs, cela explique son
origine endodontique, sa totale réversibilité et sa guérison
ad integrum après nettoyage/mise en forme et obturation
endodontique tridimensionnelle.

Note : l’ancienneté d’une fistule n’est pas un facteur qui réduit


le pronostic, lequel reste favorable (Strömberg et al., 1972).

5 - Modalité thérapeutique
a b La fistule étant consécutive à l’évolution d’une lésion d’origine
endodontique, le nettoyage, la mise en forme et l’obturation
tridimensionnelle de l’espace endodontique (Schilder, 1974)
assurent de façon prévisible la guérison de la lésion et la dispa-
rition de la fistule en très peu de temps, habituellement, en une
dizaine de jours. D’ailleurs, sa disparition doit être considérée
comme les « prémices d’une guérison » (Ostravik et al., 2008).
c
6 - Diagnostic différentiel de la fistule desmodontale
Figure 15.24 La radiographie révèle une lyse osseuse périradicu- Il existe six situations cliniques qui peuvent simuler, chacune,
laire au stade III englobant la racine mésio-vestibulaire de la une fistule desmodontale car elles partagent des manifesta-
molaire mandibulaire. a. L’introduction d’un cône de gutta-
percha met en évidence un trajet fistulaire étroit, ponctuel et tions identiques :
profond. Noter le niveau inchangé de la crête osseuse en mésial - un défaut d’attache localisé, profond et étroit en forme de U ;
et en distal. b. Retraitement endodontique. c. Radiographie de - une image radiographique qui révèle une zone d’opacité
contrôle postopératoire. tubulaire située le long de la surface radiculaire répondant à

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15 Endodontie

une lyse osseuse étroite et profonde. De ce fait, l’image - la transillumination met en évidence le trait de la fracture
radiographique paraît plutôt grise que complètement noire ; (fig. 15.27) ;
- un niveau de la crête osseuse qui reste inchangé. - habituellement d’origine traumatique, fêlure et fracture sur-
viennent plutôt sur une dent délabrée, dépulpée et portant
Important ! En réalité, ces situations correspondent à une assez souvent un ancrage radiculaire (fig. 15.28) ;
poche parodontale infra-osseuse simulant une lyse osseuse - la fracture fait apparaître une certaine mobilité des frag-
étroite et profonde en forme de U du même type que la fistule ments (fig. 15.29) ;
desmodontale. Mais l’origine n’étant pas pulpaire, le traite-
ment endodontique n’amènera pas la résolution de la lésion.

a - Fêlure et fracture radiculaires


La fêlure radiculaire est une fracture partielle de la racine qui
intéresse l’une des surfaces radiculaires, vestibulaire linguale
ou proximale.
La fracture radiculaire correspond à une fêlure bilatérale, de
part et d’autre de la racine. Elle entraîne souvent la sépara-
tion des fragments radiculaires. Les lésions provoquées par
une fêlure et une fracture se drainent systématiquement à
travers les fibres desmodontales et finissent par former des
poches profondes et irréversibles (Lustig et al., 2000 ; Cohen
et al., 2003 ; Martin et Machtou, 2002). Alors que la fracture
est à l’origine d’un sondage bilatéral de façon symétrique en
forme de U, la fêlure, pour sa part, entraîne un sondage du
même type mais unilatéral, du même côté de la surface radi-
culaire atteinte.
a b
1 - Diagnostic différentiel
Les tests spécifiques de la fêlure et de la fracture radiculaires Figure 15.26 La présence d’un ancrage radiculaire doit être
sont les suivants : considérée comme un facteur de risque qui prédispose à la
- la percussion est positive ; fêlure/fracture radiculaire. a. Noter, sur la radiographie de l’in-
- la fonction est atteinte car, généralement, le patient se cisive latérale maxillaire, une lyse osseuse en U simulant celle
plaint de ne pas pouvoir mastiquer sur la dent causale. De d’une fistule desmodontale. b. Sur la pièce extraite, la transillu-
mination permet de visualiser la présence d’une fêlure.
ce fait, les surfaces coronaires sont souvent chargées de
plaque et de tartre (fig. 15.26) ;

b c

b c d a

Figure 15.25 a à c. La deuxième molaire maxillaire est atteinte


d’une fracture radiculaire mésio-distale. De chaque côté, le trait d
de la fracture est à l’origine d’une lyse osseuse symétrique, pro-
fonde et étroite dans laquelle on peut introduire un cône de Figure 15.27 a à c. La canine maxillaire, support d’un bridge à
gutta-percha. La dent n’étant pas fonctionnelle, on observe les ancrage radiculaire, est atteinte de façon concomitante d’une
surfaces coronaires chargées de tartre. d. Extraction du frag- poche vestibulaire et d’une fistule alvéolaire. L’inclinaison d’un
ment palatin. Les flèches indiquent la perte d’attache épithé- lambeau d’exploration révèle la présence d’un trait de la frac-
liale et la poche provoquée par la fracture. ture du côté vestibulaire.

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Lésions endo-parodontales 15
- quand on badigeonne la couronne à l’aide d’un coton-tige Généralement moins contrastée, la lyse osseuse apparaît gri-
imbibé de bleu méthylène, la coloration permet de mettre en sâtre car, comme pour la fistule desmodontale, la destruc-
évidence le trait de la fracture ou de la fêlure. Le patient est tion osseuse est limitée à un nombre restreint de parois
invité à se rincer la bouche à l’eau. La dent est ensuite séchée, osseuses (Tames et al., 1999). Mais, l’expression radiogra-
isolée et observée à l’aide de dispositifs grossissants comme phique des fêlures et fractures est très variée ; on peut assis-
les loupes ou, mieux encore, le microscope opératoire. ter à l’absence totale d’image (fig. 15.30), à un simple
épaississement desmodontal limité au collet (fig. 15.31), elle
peut simuler une parodontite apicale (fig. 15.32) ou une lésion
d’origine parodontale (fig. 15.33).

c d

a e f a b

Figure 15.28 a à c. Portant un ancrage canalaire, la canine maxil- Figure 15.30 Un sondage limité, un épaississement desmodontal
laire support de bridge est atteinte d’un sondage symétrique en (flèche) et la présence d’ancrage canalaire au niveau de la canine
U de la face vestibulaire et linguale, d’une fistule alvéolaire (a et maxillaire ont fait soupçonner la présence d’une petite fêlure.
b, flèche) et d’une mobilité dans le sens vestibulo-lingual (c). Le Un lambeau d’exploration permet de poser son diagnostic.
lambeau d’exploration (c) et les photographies (d et e) illustrent
la présence d’un trait de fracture en vestibulaire et lingual (d), à
l’origine de la séparation des deux fragments et la mobilité
constatée (e).

a b

a b

Figure 15.29 Quatre mois après son traitement endodontique, c


l’incisive centrale reste sensible à la mastication. La radiographie
prise le jour de l’examen (a) révèle un épaississement ligamen- Figure 15.31 Atteinte d’une parodontite apicale au niveau de sa
taire limité du côté distal. L’anamnèse indique que la dent avait racine mésio-vestibulaire, la molaire maxillaire est programmée
subi un traumatisme avant le début du traitement endodontique. pour un retraitement endodontique (a). Le sondage de l’attache
Un lambeau d’exploration et l’observation sous microscope épithéliale (b) révèle une poche profonde en U et une fêlure
opératoire révèlent la présence d’une petite fêlure au collet. (flèche) (c).

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15 Endodontie

a b
a b

c d
c d
a. Le bridge et l’inlay-core au niveau de la molaire
Figure 15.32 a. Des douleurs fortement exacerbées par les chan-
ont été déposés car il existait une carie sous la couronne de la
gements de température ont posé l’indication d’une pulpectomie
prémolaire (flèche). b et c. La présence d’une poche au niveau
au niveau de la deuxième molaire mandibulaire. b. L’inspection
de l’espace interradiculaire de la molaire a été décelée. d. L’ob-
des parois dentinaires a révélé la présence d’une fêlure de la crête
servation sous microscope du plancher pulpaire révèle la pré-
mésiale et distale. L’observation sous microscope opératoire
sence d’une fêlure.
montre que la fêlure distale s’étend à l’entrée canalaire sans
atteindre le plancher pulpaire (flèche). c. Avant la restauration
prothétique de cette fêlure, la gutta-percha aux entrées cana-
2 - Pronostic et traitement laires est ôtée et remplacée par du composite collé.
Si le pronostic de la fracture verticale est souvent sombre et
indique l’extraction de la dent causale, celui de la fêlure
dépendra de sa situation par rapport :
- à l’attache épithéliale ;
- à la pulpe ;
- au plancher pulpaire.
Suivant la profondeur de la poche, ou peut envisager :
- une élongation coronaire ;
- un procédé de collage ;
- un comblement associé à la régénérescence tissulaire gui- b
dée ou la mise en place d’un dérivé de la matrice amélaire,
l’Emdogain® (Esposito et al., 2005 ; Needleman et al., 2006). a
Sa proximité avec la pulpe peut être à l’origine d’une inflam-
mation pulpaire irréversible justifiant une pulpectomie et la Figure 15.33 a. L’incisive latérale maxillaire est atteinte d’une
mise en place d’une couronne avec un bon sertissage cervical. poche étroite du côté lingual (flèche noire). b. Une invagination
amélo-dentinaire (flèches blanches) est responsable d’un défaut
Important ! L’extension de toute fêlure radiculaire au plan- de l’attache épithéliale et d’une migration secondaire de la
cher pulpaire entraîne une poche interradiculaire et plaque dentaire, à l’origine de la formation de la poche.
condamne la dent atteinte, surtout si cette dernière doit
être incluse dans un projet prothétique (fig. 15.33 et 15.34).
peuvent être concernées. Selon l’étude de Kogan (1986), son
incidence est de 4,6 % au niveau des incisives latérales et
b - Sillon embryonnaire (fig. 15.35) centrales ; 43 % des sillons s’étendent de moins de 5 mm en
Le sillon embryonnaire correspond à une malformation au direction apicale, 47 % s’étendent entre 6 et 10 mm et 10 %
cours du développement de la dent. Il s’agit d’un défaut de s’étendent de plus de 10 mm (tableau 15.4).
coalescence amélo-dentinaire qui forme une invagination
corono-radiculaire. Suivant sa profondeur, il peut être à l’ori- Tableau 15.3 Prévalence de la présence du sillon lingual au
gine d’un défaut localisé de la jonction cémento-dentinaire niveau des incisives maxillaires et de son extension radiculaire
et de l’attache épithélio-conjonctive. Sur le plan anatomopa- (d’après Kogan, 1986).
thologique, il forme un repli en forme de dépression longitu- Présence Localisation radiculaire
dinale sur la surface coronaire et/ou radiculaire (Lara et al., Incisives
de sillon lingual > 5 mm < 5 mm < 10 mm
1999). La dent la plus atteinte est l’incisive latérale maxillaire
au niveau de la fosse de son cingulum. Mais d’autres dents 3 168 4,6 % 42,0 % 58,0 % 10,0 %

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Lésions endo-parodontales 15
Cette dépression est un lieu de prédilection pour l’accu-
mulation et la pénétration de la plaque dentaire et du
tartre, à l’origine d’une infection parodontale localisée et
d’une poche intra-osseuse. La profondeur de la poche
dépendra de celle du sillon sur la surface radiculaire.

1 - Diagnostic
Sur le plan de la symptomatologie, la poche parodontale
entraîne un sondage positif et peut occasionner un abcès paro-
dontal ou rester, dans la plupart des cas, chronique et asympto-
matique. La dent est pulpée et les tests de vitalité sont positifs.
La radiographie révèle :
- un épaississement ligamentaire de part et d’autre de la racine.
Cette image, qui pourrait simuler l’apparence d’une fêlure radi- a b
culaire, correspond en fait à une destruction de la paroi osseuse
Figure 15.34 a. La radiographie de la molaire révèle la présence,
du côté lingual de la racine, en face du défaut radiculaire ;
au niveau apical, d’une lyse osseuse importante et d’un sondage
- une image opaque en forme de goutte d’eau située en cer- de l’espace interradiculaire. b. Un lambeau d’exploration avait
vical de la couronne, qui correspond à l’invagination de mis en évidence la présence d’une coulée de l’émail, comme la
l’émail au niveau du cingulum de la dent. montre la photographie de la pièce (flèche).
2 - Pronostic et traitement
Le pronostic du sillon embryonnaire est celui d’une atteinte La radiographie peut révéler la présence d’une zone radio-
parodontale. Il dépend essentiellement de la profondeur api- claire au niveau de l’espace interradiculaire. L’atteinte osseuse
cale du sillon. peut être plus profonde et son image peut se projeter sur la
L’inclinaison d’un lambeau peut associer (Mattscheck, 2008) : région péri-apicale simulant une parodontite apicale.
- un curetage parodontal profond et/ou une radiculoplastie. L’inclinaison d’un lambeau d’exploration révèle la présence
Dans ce cas, un traitement endodontique préalable peut de la perle ou coulée d’émail.
s’avérer nécessaire ;
- la mise en place d’un greffon d’os de substitution et une 2 - Pronostic et traitement
technique de régénérescence tissulaire associée à la mise en Le pronostic est celui d’une atteinte parodontale. Il dépend
place d’une membrane. essentiellement de la profondeur apicale de la poche et de
ses possibilités thérapeutiques.
c - Perle et coulée d’émail (fig. 15.36) Le traitement est identique à celui d’un sillon embryonnaire.
C’est Masters et Hoskins (1964) qui, pour la première fois, ont
présenté cette anomalie structurale et, 1 an plus tard, Grewe d - Racines fusionnées (fig. 15.37)
et al. (1965) ont insisté sur les complications parodontales qui Comparée à la première molaire, la deuxième molaire chez
en découlaient. l’homme montre une contraction anatomique de ses struc-
En effet, comme le sillon embryonnaire, une telle malforma- tures corono-radiculaires et endodontiques. Au niveau radi-
tion est à l’origine d’un défaut de la jonction cémento-denti-
naire et de l’attache épithéliale. Localisée au niveau de l’espace
interradiculaire des molaires, sa situation constitue un lieu
favorable à l’accumulation de plaque dentaire qui provoquera
une infection parodontale localisée. Il peut se produire un
approfondissement étroit de l’attache épithéliale en direction
apicale et simuler le défaut en U de la fistule desmodontale.
Une étude épidémiologique portant sur 87 molaires perma-
nentes en phase de parodontite terminale et vouées à être
extraites a permis d’évaluer l’incidence de cette malformation
à 63,2 %. Sa prévalence est plus élevée pour la première molaire
que pour la deuxième (Hou et Tsai, 1997). En présence de telles a b
anomalies structurales, l’étude révèle des valeurs plus élevées
Figure 15.35 a. La radiographie de la deuxième molaire révèle la
de l’indice de plaque et de l’indice gingival ainsi qu’un sondage présence d’une importante lyse osseuse péri-apicale associée,
et une perte d’attache plus profonds qu’en leur absence. au niveau de l’espace interradiculaire, à un sondage positif. a. Un
1 - Diagnostic lambeau d’exploration montre la présence d’une dent en C qui
a constitué un lieu de prédilection pour l’accumulation et la
Sur le plan symptomatologie, la dent est pulpée et les tests pénétration de la plaque dentaire du côté vestibulaire, à l’ori-
de vitalité sont positifs. gine de la poche parodontale constatée.

343

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15 Endodontie

culaire et canalaire, on peut constater un rapprochement des L’avènement de l’agrégat trioxyde minéral, ou MTA (mineral
racines et des canaux de la deuxième molaire mandibulaire trioxide aggregate), et du microscope opératoire ont profon-
qui peuvent finir par fusionner. C’est la dent en forme de C. dément bouleversé l’attitude thérapeutique vis-à-vis des
Au niveau de la deuxième molaire maxillaire, la fusion radicu- perforations radiculaires, en particulier de celles du tiers cer-
laire concerne plutôt la racine disto-vestibulaire avec la vical de la racine pour lesquelles les risques de contamina-
racine palatine. Habituellement, à l’endroit de la coalescence tion du milieu buccal sont grands (fig. 15.38 et 15.39).
radiculaire, il se produit une dépression longitudinale qui En accord avec Paul et Hutter (1997), on est en droit de se
représente un lieu favorable à l’accumulation et à la pénétra- demander pourquoi les lésions provoquées par fêlure et frac-
tion de la plaque dentaire et de tarte, à l’origine d’une poche ture ainsi que par une perforation radiculaire se drainent sys-
étroite et profonde. tématiquement à travers les fibres desmodontales et finissent
par former des poches profondes et irréversibles.
1 - Diagnostic
Dans ce cas, les tests pulpaires sont positifs et l’inclinaison La plupart des lésions endodontiques ont plutôt tendance
d’un lambeau d’exploration confirme la présence des racines à rester localisées dans la masse de l’os. Peu d’entre elles se
fusionnées. L’image radiographique peut présenter la projec- drainent à travers l’os cortical et donnent lieu à une fistule.
tion apicale de la lyse osseuse au niveau de l’espace interra-
diculaire et simuler une parodontite apicale. La tomographie
volumique (cone beam CT) permet de déceler la présence La question qui se pose est de savoir pourquoi les fibres des-
des racines fusionnées. modontales résistent plutôt bien à l’invasion bactérienne via
une pulpe infectée alors que ce n’est pas le cas en présence
2 - Pronostic et traitement
d’une atteinte traumatique (fêlure et fracture) ou iatrogène
Le pronostic est celui d’une atteinte parodontale. Il dépend (perforation cervicale).
essentiellement de la profondeur apicale de la poche et de Peut-on affirmer que l’agression des tissus parodontaux, d’un
ses possibilités thérapeutiques. point de vue quantitatif, est une réponse à la différence
Le traitement est identique à celui d’un sillon embryonnaire. constatée ? Ou alors d’autres facteurs, méconnus jusqu’à pré-
Si l’évaluation parodontale est favorable, le traitement endo- sent, seraient-ils à l’origine de cette différence de réponse
dontique doit être programmé en préalable à toute théra- tissulaire ?
peutique parodontale conservatrice.

e - Racines concaves

La concavité radiculaire au niveau des faces proximales


des incisives mandibulaires et de la face mésiale de la pre-
mière prémolaire maxillaire peut également constituer un
lieu favorable à l’accumulation de plaque et de tarte. Une
poche intra-osseuse étroite et profonde peut s’y former. 15a

f - Perforation radiculaire
Les perforations radiculaires de situation cervicale finissent b
par se drainer au travers des fibres desmodontales et abou-
tissent à une rupture de l’attache épithéliale formant, avec le a c
temps, une poche étroite et irréversible.
18a
Elles peuvent être occasionnées par (Torabinejad et Kiger,
1985 ; Kvinnsland et al., 1989 ; Mandel 2001) :
- une carie profonde ;
- une résorption ;
- la préparation d’un logement de tenon radiculaire.
La profondeur de la lyse osseuse dépend du niveau où l’ef-
fraction s’est produite. Son pronostic dépend d’un certain d
nombre de paramètres tels que :
- son ancienneté et le contrôle de l’infection (Hiatt et Charles, Figure 15.36 a. La radiographie présente une deuxième molaire
1964 ; Hiatt, 1977) ; mandibulaire atteinte de deux lésions distinctes, l’une péri-apicale
et l’autre cervicale, du côté mésial de la surface radiculaire (flèche).
- son accessibilité opératoire ; b. Cette dernière est en rapport avec une perforation. c. La radio-
- la possibilité de son obturation étanche ; graphie est pratiquée 15 ans après son retraitement et sa restaura-
- son niveau par rapport à la crête osseuse (Fuss et Trope, tion prothétique. d. Trois ans plus tard, le patient consulte pour un
1996 ; Trope et al., 1988). abcès et une radiographie prise révèle la fracture de la dent.

344

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Lésions endo-parodontales 15
2 - Caractéristiques
La lésion d’origine parodontale se distingue par des caracté-
ristiques tout à fait opposées à celles de la lésion d’origine
endodontique. Elles sont au nombre de sept.
a - Lésion ouverte
Sur le plan topographique, les irritants parodontaux (plaque
et tartre) se trouvent au collet et la poche parodontale est
plus large à son sommet coronaire qu’à sa base apicale. Il
s’agit d’une lésion ouverte au milieu buccal.
b - Type du sondage
Le sondage d’une poche parodontale dessine une lésion en
cuvette, ouverte au collet de la dent et en forme de V, par
a b
opposition au sondage en U (Mandel et al., 1993a et 1993b). La
sonde rencontre plaque et tartre (fig. 15.40).

6M
c d a b c

Figure 15.37 a. Une perforation cervicale est survenue au moment Figure 15.38 Schéma représentant l’architecture de la lyse
de la préparation du logement prothétique. b. Le diamètre de la osseuse consécutive aux maladies parodontales en forme de
perforation est celui d’un foret de Gates-Glidden n° IV. c. Obtura- cuvette, ouverte au collet de la dent (a) alors que la sonde ren-
tion de la perforation à l’aide du MTA. d. Contrôle radiographique. contre du tartre (b). Radiographie (c).

B - Lésion d’origine parodontale c - Image radiographique


La radiographie révèle une atteinte osseuse en forme de
Les lésions d’origine parodontale (LOP) sont des manifesta-
cuvette, ouverte au collet. La destruction osseuse due à une
tions inflammatoires du tissu de soutien des dents consécu-
poche parodontale étant large, plusieurs parois osseuses
tives aux maladies parodontales.
sont concernées. L’image radiographique est radio-contras-
1 - Facteurs étiologiques tée, plutôt noire que grise.

Essentiel : les facteurs étiologiques sont la plaque dentaire d - Extension corono-apicale


et le tartre. La réponse de l’hôte, à l’origine des médiateurs À l’opposé d’une lésion d’origine endodontique, la lyse
de l’inflammation, ainsi que les endotoxines bactériennes osseuse et l’approfondissement de la poche se produisent en
sont responsables de la destruction osseuse. direction corono-apicale.

Considérée comme étant irréversible, la destruction du tissu e - Mobilité


de soutien de la dent comprend le cément, l’os et les fibres Une mobilité apparaît lorsque le niveau coronaire de la lyse
alvéolo-dentaires. La manifestation clinique de cette altéra- osseuse dépasse la moitié de la hauteur radiculaire.
tion est une migration apicale de l’attache épithéliale et la
formation d’une poche parodontale. Le sondage de la lésion f - Réparation, absence de guérison
permet de mesurer son extension et, indirectement, la quan-
tité d’os alvéolaire perdue. Dans la plupart des cas, l’évacua- Essentiel : contrairement à la lésion d’origine endodontique,
tion permanente du pus et de l’exsudat inflammatoire au la poche parodontale ne guérit pas, elle se cicatrise dans les
travers de la poche est à origine de la chronicité des lésions meilleurs des cas. À ce sujet, on parle de réparation qui
implique la substitution d’un tissu par un autre de moins
parodontales, sans épisodes aigus notables ni symptomato- bonne qualité.
logie douloureuse.

345

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15 Endodontie

La formation d’une longue attache épithélio-conjonctive à la parodontale s’inscrit dans un contexte de maladie où d’autres
suite des thérapeutiques parodontales en est un exemple. dents sont atteintes, comme en témoignent les indices de
Globalement, on considère que la perte de l’os alvéolaire est plaque et de tartre ainsi que le charting des poches.
irréversible. En absence de néoformation osseuse, on parle
généralement de stabilisation des maladies parodontales. La 4 - Pronostic
réattache post-thérapeutique s’effectue à un niveau plus apical Le pronostic de la poche parodontale dépend :
et la destruction des fibres alvéolo-dentaires est irréversible. - du type de la maladie ;
Les cas d’exception à cette règle sont les thérapeutiques par - de son stade évolutif ;
régénérescence tissulaire guidée et les parodontites aiguës - de la réponse de l’hôte ;
(agressives) (fig. 15.41). - du nombre de murs osseux résiduels ;
- de l’efficacité thérapeutique ;
- de l’aptitude du malade à contrôler sa plaque ;
- du suivi post-thérapeutique.

Important ! Notons que le nombre important de para-


mètres dont l’évolution favorable de la lésion d’origine
parodontale est tributaire contraste avec le seul et unique
paramètre qui régit l’évolution favorable de la lésion d’ori-
gine endodontique : l’efficacité thérapeutique, autrement
dit la compétence du praticien.

5 - Diagnostic différentiel de la poche infra-osseuse


(intra-osseuse) (fig. 15.42)
a b Dans le contexte endo-parodontal, une mention particulière
doit être portée à la poche infra-osseuse ou intra-osseuse car
Figure 15.39 Rétablissement post-thérapeutique des tissus du elle est à l’origine des déformations osseuses qui peuvent
soutien de la dent à la suite d’une parodontite aiguë juvénile simuler l’apparence clinique et radiologique de la fistule des-
chez ce patient âgé de 17 ans (document P. Lemaitre). modontale.
Mais, dans le cas de poche infra-osseuse, il existe quatre
caractéristiques qui la différencient de la lésion fistulaire
g - Atteinte multisites d’origine endodontique.
Les maladies parodontales ne concernent pas une dent iso-
lée ou l’une des faces d’une dent. Habituellement, elles a - Vitalité pulpaire positive
s’adressent aux différents groupes de dents ou, à l’intérieur Lorsque la dent porte une obturation canalaire, le type du
d’un même groupe, à plusieurs dents. Par exemple, la paro- sondage et la prise des tomographies à faisceaux coniques
dontite agressive (aiguë juvénile) concerne plutôt le bloc (cone beam CT) permettent de poser le diagnostic différen-
incisif mandibulaire et les premières molaires et la paro- tiel (fig. 15.43).
dontite chronique de l’adulte l’ensemble des dents.

h - État de la pulpe

La revue de bibliographie montre que l’influence de la mala-


die parodontale sur la pulpe est mineure, voire inexistante.

On a présenté, encore récemment, des dents en état de paro-


dontite avancée, associant des poches profondes et qui renfer-
ment une pulpe vivante et non inflammatoire (Rotstein et
Simon, 2008). En revanche, les calcifications pulpaires que les
dents atteintes de maladie parodontale ou après thérapeutiques
parodontales peuvent éventuellement présenter constituent
une entrave à la bonne conduite des tests de vitalité pulpaire.
a b
3 - Moyens cliniques simples de diagnostic
Figure 15.40 a. et b. Schéma de l’architecture lésionnelle de la
De par leurs caractéristiques propres, les lésions d’origine poche infra-osseuse (intra-osseuse) dont le sondage présente
parodontale ne peuvent pas simuler l’apparence clinique ni dans l’espace une forme en V, ouverte au collet. La sonde ren-
radiologique d’une lésion d’origine endodontique. La poche contre du tartre sur la surface radiculaire.

346

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Lésions endo-parodontales 15
La sonde va rencontrer plaque et tartre sur la surface radicu-
laire et, parfois, des zones de déminéralisation superficielles
interposant cément et dentine (Selvig et Hals, 1977) (fig. 15.45).
Il existe un contexte plutôt global de maladie parodontale
où on peut noter la présence d’autres poches sur d’autres
b dents. Les indices parodontaux sont augmentés.
Certaines situations cliniques, notamment les anomalies
structurales présentées précédemment, peuvent favoriser la
formation d’une poche infra-osseuse. De même, des particu-
larités anatomiques telles que la présence de concavités
radiculaires proximales au niveau des incisives mandibulaires,
de la face mésiale de la première prémolaire maxillaire ainsi
que de la racine mésio-vestibulaire de la première molaire
maxillaire constituent des zones favorables à l’accumulation
de plaque dentaire et à la formation de poche intra-osseuse,
a c sans oublier la fêlure et fracture.

Figure 15.41 a. La radiographie de la première prémolaire indique 6 - Modalités thérapeutiques


la présence de deux lésions, l’une apicale et l’autre cervicale.
Le traitement est celui d’une poche profonde d’origine paro-
Cette dernière semble respecter la crête osseuse. b. La coupe
axiale révèle la racine palatine entièrement dénuée d’os. c. La dontale.
coupe coronale montre l’absence de table osseuse vestibulaire. Plus il existe de parois osseuses résiduelles, plus le pronostic
de la lésion est favorable.
Une étude comparative et contrôlée conduite sur 90 défauts
b - Type du sondage et architecture lésionnelle osseux proximaux d’origine parodontale traités par trois
À l’opposé de la fistule desmodontale, la chute de la sonde, modalités chirurgicales différentes montre que le procédé
en cas de poche infra-osseuse, ne se produit pas de façon régénératif associé à la pose d’une membrane non résor-
abrupte mais de façon progressive à un endroit du collet bable donne le meilleur niveau de gain d’attache (Zucchelli
pour atteindre sa profondeur maximale dans la région api- et al., 2002). La figure 15.44 pose toute la problématique
cale. Ensuite, la lésion perd progressivement sa profondeur concernant la difficulté de diagnostic de certaines lésions
pour rejoindre la profondeur normale du sulcus quelque part osseuses pour lesquelles les caractéristiques habituelles de
de l’autre côté du collet de la dent. Au niveau des molaires, la « parodontite apicale » ainsi que celles de la « maladie
une racine ou, même, l’une de ses faces peut être atteinte parodontale » sont absentes. Par ailleurs, en cas de présence
alors que les autres peuvent être épargnées (fig. 15.44). d’un traitement endodontique, on ne peut évaluer une éven-

c
a b
Figure 15.42 a. La molaire, futur pilier de bridge, est atteinte
d’une poche infra-osseuse. Elle est localisée sur la face palatine Figure 15.43 a. Les tests pulpaires au niveau de la molaire man-
de sa racine palatine. Les racines vestibulaires et la paroi interra- dibulaire sont positifs et l’exploration de la lésion osseuse
diculaire en sont épargnées, d’où l’image grisâtre qui englobe la montre un sondage positif au niveau de la face distale. b. L’ex-
racine. b et c. L’introduction des cônes de gutta-percha permet traction de la dent révèle une architecture en V de la poche, la
de visualiser la forme de la poche en cuvette, ouverte au collet. présence de déminéralisations superficielles ainsi qu’un encom-
Le retraitement des canaux vestibulaires est réalisé et l’amputa- brement important de tartre.
tion de la racine linguale est programmée.

347

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15 Endodontie

tuelle participation de la flore bactérienne endodontique à


la formation de la lésion. Les éléments déterminants, dans
ce cas, ne sont que l’architecture lésionnelle qu’un sondage
attentif peut préfigurer et la recherche des indices parodon-
taux (fig. 15.46).

3 ans
a b

Figure 15.45 a. La radiographie montre, au collet de la molaire


mandibulaire, une poche parodontale et, au niveau apical, une
lésion d’origine endodontique. b. Chaque lésion étant indépen-
a dante de l’autre, un retraitement endodontique et un traite-
ment parodontal sont instaurés pour abouti, au bout de 3 ans,
aux résultats escomptés.

apico-coronaire de la lésion d’origine endodontique et


corono-apicale de la lésion d’origine parodontale favorise la
confluence des deux lésions (fig. 15.48).

Dans cette situation, il devient impossible de connaître


6M 10 ans l’antériorité de l’une ou l’autre atteinte. De fait, sans qu’il y
b c ait une relation de réciprocité entre les deux lésions
constatées, la lésion entière peut être tout autant issue
Figure 15.44 a. La radiographie révèle deux types de lésions à son- d’une lésion endodontique primaire avec atteinte paro-
dage positif mais de topographie différente. La première siège au dontale secondaire que d’une lésion parodontale primaire
tiers cervical de la prémolaire (flèche blanche), sondage en U. La avec atteinte endodontique secondaire.
seconde siège au niveau de la molaire ; son sondage montre une
poche intra-osseuse autour de la face palatine de sa racine pala-
tine (flèches noires). b. Six mois après le retraitement, la radiogra-
phie de contrôle montre une évolution favorable au niveau de la
prémolaire. Une thérapeutique parodontale associée à la régéné-
rescence tissulaire guidée est appliquée au niveau de la molaire.
c. La radiographie montre l’évolution des tissus parodontaux des
deux dents au bout de 10 ans.

C - Lésion endo-parodontale 6 ans


concomitante
Mattscheck (2008) a proposé que « lésion endo-parodontale
concomitante » (LEPC) devienne une dénomination com-
mune. Cette proposition a été relayée par la Société améri-
caine d’endodontie. Les lésions concomitantes ont une
double origine, endodontique et parodontale.
1 - Facteurs étiologiques a b
Il s’agit d’une dent atteinte simultanément d’une lésion endo-
dontique et d’une lésion provenant d’une maladie parodon- Figure 15.46 La molaire mandibulaire est atteinte, de façon simul-
tale. Au départ, les deux lésions peuvent coexister mais de tanée, d’une poche parodontale au collet et de lésions apicales.
La flèche noire indique la présence de tartre. Le patient ayant
façon indépendante (fig. 15.47). Puis, avec le temps et en l’ab-
refusé les traitements proposés, il n’est revu que 6 ans plus tard à
sence de traitement, elles augmentent de volume et peuvent l’occasion d’un abcès. Pendant ce temps, chaque lésion ayant
confluer quelque part sur la surface radiculaire de la dent et évolué pour son propre compte mais en direction opposée l’une
former une lésion endo-parodontale confluente, ou « vraie de l’autre, leur rencontre quelque part sur la surface radiculaire a
lésion endo-parodontale » (Simon, et al., 1972). L’évolution formé une importante lésion endo-parodontale confluente.

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Lésions endo-parodontales 15
2 - Conditions strictement indispensables à une lésion
endo-parodontale confluente

La formation d’une lésion endo-parodontale confluente


(LEPCO) est conditionnée par la coexistence, au niveau
d’une même lésion, des deux origines (endodontique et
parodontale). Il faut qu’il y ait :
- une atteinte de la maladie parodontale ;
- une nécrose pulpaire ou un échec avéré du traitement
a b
endodontique de la dent ;
- une communication entre les deux lésions soit au niveau
de leur image radiologique, soit au niveau du sondage,
soit aux deux.

3 - Caractéristiques propres
Les lésions confluentes réunissent les caractéristiques
5 ans
propres à chacune des lésions d’origine. c d

a - Lésion ouverte Figure 15.47 a. La molaire mandibulaire est atteinte d’une fistule
et du côté vestibulaire et d’une lésion interradiculaire de classe
La présence d’une lésion ouverte au collet et au milieu buc- II. b. Le sondage est caractéristique d’une lésion endo-parodon-
cal correspond à l’existence d’une poche parodontale. tale confluente. c. Radiographie de contrôle postopératoire à la
suite de son traitement endodontique et parodontal sans tech-
b - Sondage nique de régénérescence. d. La patiente reçoit des instructions
Le sondage met en évidence un défaut de l’attache épithé- pour contrôler sa plaque dentaire.
liale en forme de V, large au collet. C’est le sondage typique
d’une poche parodontale qui constitue la composante paro-
dontale de la lésion. Ensuite, au centre de la lésion, on
découvre un autre type de sondage, celui propre à la fistule
desmodontale, étroit et profond, en forme de U. C’est la
composante endodontique de la lésion.
Par ailleurs, le passage de la sonde avec une angulation de 15°
par rapport à l’axe de la paroi radiculaire permet de déceler
la présence de tartre et, parfois, de caries radiculaires.

c - Image radiologique
La radiographie peut révéler deux types d’atteintes :
- une atteinte osseuse en V, ouverte au collet de la dent, à
base cervicale plus large qu’à son sommet apical. Une a b 1 an
telle image est souvent rencontrée pour des lésions affec-
tant la face vestibulaire ou linguale de la crête osseuse Figure 15.48 Deux ans après le scellement du bridge, un abcès se
(fig. 15.49) ; déclare au niveau du pilier postérieur. a. L’introduction de trois
- une atteinte osseuse englobant la crête osseuse soit en cônes de gutta-percha matérialise l’architecture de la lésion
caractéristique de celle d’une lésion confluente. Conduit à travers
mésial soit en distal ou les deux. Dans ce cas, il s’agit des
de la coiffe, le test de cavité a montré une nécrose pulpaire. b.
atteintes importantes où une prédominance parodontale Radiographie de contrôle postopératoire à la suite du traitement
est à suspecter (fig. 15.50). endodontique et parodontal sans technique de régénérescence.

d - État de la pulpe
Les tests de vitalité découvrent une nécrose pulpaire. En cas 4 - Moyens cliniques simples de diagnostic
d’obturation canalaire, on note souvent un traitement endo- Lorsque les deux lésions sont indépendantes (concomitantes
dontique inadéquat. mais non confluentes), chacune porte ses propres caractéris-
tiques et nous avons vu qu’il ne peut y avoir de confusion
e - Mobilité possible.
L’effondrement des parois osseuses autour de la racine, En revanche, le diagnostic devient plus difficile lorsque les
consécutif à la maladie parodontale, est à l’origine de l’appa- deux lésions convergent quelque part sur la surface radicu-
rition d’une mobilité dont le degré dépendra de l’ampleur de laire de la racine pour ne former qu’une et unique lésion
la lyse osseuse due à la maladie parodontale. confluente. Dans d’autres cas, obéissant à la loi de la moindre

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15 Endodontie

résistance, une fistule desmodontale pourra simplement détermine la force minimale nécessaire, pratiquement de moi-
s’ouvrir dans une poche parodontale pour y drainer son exsu- tié inférieure, c’est-à-dire à 106 N/cm2. Cette pression corres-
dat endodontique. pond à un poids de 30 g exercé par la pointe de la sonde d’un
En tout état de cause, une fois une lésion confluente formée, diamètre de 0,6 mm (Keagle et al., 1995), ce qui montre les
il est difficile, voire impossible, de connaître ni la prédomi- deux paramètres déterminant la pénétration d’une sonde dans
nance ni l’antériorité de chacune des deux lésions. C’est la un tissu granulomateux : la pression exercée par la sonde et le
difficulté majeure du diagnostic de telles lésions (tableau 15.5). diamètre de la pointe.
Tableau 15.5 Éléments de diagnostic différentiel d’une poche b - Sondage dans le cadre endo-parodontal
parodontale intra-osseuse et de la lésion endo-parodontale
confluente (LEPCO). L’objectif du sondage en parodontologie est de détermi-
Données Lésion d’origine ner le niveau le plus coronaire de l’attache épithélio-
LEPCO conjonctive.
cliniques parodontale
État de la pulpe Normal Nécrosé ou échec
du traitement endodontal Cette opération ne nécessite pas d’exercer une pression particu-
État parodontal Parodontite Parodontite généralisée lière sur la pointe de la sonde car la structure recherchée est de
généralisée texture molle (le probing des Anglo-Saxons) (Machtou et Cohen,
Antécédents Absents Coiffage, obturation 1988). Cette exploration peut être conduite à l’aide d’une sonde
pulpaires volumineuse dont le diamètre de la pointe est de 0,6 mm et sur laquelle on
Sondage Ouvert au collet Ouvert au collet exerce une pression de 30 g. Dans ce contexte, l’action de son-
En forme de V avec un pic apical dage est pratiquement passive, ce qui explique le fait que, géné-
Indices Augmentés Augmentés ralement, cette exploration soit conduite sans anesthésie locale
parodontaux et à l’aide d’une sonde à bout tronqué, émoussé ou arrondi.
Mobilité Variable Plus ou moins présente En revanche, dans le contexte endo-parodontal, concernant
la modalité du sondage de l’architecture lésionnelle, il est
Traitement Parodontal Endodontique
puis parodontal important de faire une distinction de taille. En effet, ici, le
sondage vise la recherche d’une structure dure : le sommet
Pronostic Excellent Dépend du pronostic
parodontal de la crête osseuse résiduelle autour d’une racine. Cette opé-
ration, appelée « sondage actif » (sounding), implique d’exer-
cer une certaine pression sur la sonde car, ici, le corps
recherché à travers les tissus mous est une structure rigide.
Le diagnostic d’une lésion confluente est effectué à l’aide Impliquant d’exercer une pression certaine sur la sonde, cette
des tests de vitalité pulpaire et par le type du sondage, sans
opération est généralement conduite sous anesthésie locale
négliger pour autant les possibilités qu’offrent les images
scannographiques. En permettant de visualiser le nombre et l’extrémité de la sonde doit être plutôt pointue (fig. 15.51).
de murs osseux résiduels autour d’une racine, la tomogra-
phie volumétrique à faisceaux coniques permet d’avoir une
solide présomption de la part parodontale de la lésion.

a - Sondage en parodontologie 3
2
En parodontologie, le sondage a pour objectif de déterminer
1
tactilement la profondeur des poches à l’aide d’une sonde
parodontale graduée.
On a démontré que l’inflammation tissulaire constituait une
entrave au sondage et à la détermination précise de la perte
d’attache. On a incriminé la présence du tissu de granulation et
le degré de l’inflammation tissulaire (Garnick et al., 1989 ;
Durwin et al., 1993 ; Kim et Rethman 2000). Il est possible que
la réduction en fibres de collagène au sein du tissu de la granu-
lation soit responsable de la résistance tissulaire au sondage. À
cet effet, on a introduit l’emploi des sondes automatiques
pour assurer une meilleure reproductibilité du sondage entre
différents examinateurs (Samuel et al., 1997). C’est pourquoi on
Figure 15.49 En matière du diagnostic endo-parodontal, le son-
a proposé une force de pénétration de la sonde au moins égale dage a pour objectif la recherche du niveau le plus apical de la
à 240 N/cm2 (Van der Velden et al., 1982). À cette pression, la crête osseuse résiduelle. Il implique d’exercer une pression cer-
pointe de la sonde se trouve systématiquement au niveau le taine sur la sonde. Dans cet objectif, il est préférable de choisir
plus coronaire de l’attache. Une autre étude, sur l’animal, une sonde à bout pointu (1) plutôt qu’arrondi ou tronqué (2 et 3).

350

6684_.indb 350 10/08/12 12:04


Lésions endo-parodontales 15
c - Type du sondage (fig. 15.52)
Lorsque la lésion devient confluente, le sondage associe un
sondage en U, étroit au fond de la poche, et un sondage en V,
ouvert au collet. Situé habituellement au centre de la lésion, le
sondage en U révèle la part d’origine endodontique de la lésion
et en périphérie, et celui en V celle d’origine parodontale.
a b

c d 7 ans

Figure 15.51 La patiente était atteinte d’une parodontite chro-


nique de l’adulte. a. Un an après la fin des traitements parodon-
taux, elle est reçue en consultation d’urgence car elle souffre
d’un abcès au niveau de la molaire. Le test de cavité effectué par
la taille d’un petit pertuis occlusal s’avère négatif et indique une
Figure 15.50 Le sondage de la lésion confluente associe les deux nécrose subite de la pulpe associée à un effondrement specta-
types du sondage, celui de la fistule desmodontale, en U, et celui culaire des tissus périradiculaires. b et c. Le petit pertuis est
d’une poche parodontale, en V. Étant progressif au départ, il immédiatement transformé en cavité d’accès puis le nettoyage
atteint de façon brusque son niveau le plus profond dans la région et la mise en forme sont conduits dans la même séance. d. Une
apicale puis il remonte de la même façon pour perdre de sa pro- radiographie de contrôle postopératoire montre le rétablisse-
fondeur et rejoindre progressivement un niveau normal au collet. ment des tissus périradiculaires.

d - Tests de vitalité pulpaire dans le cadre endo-parodontal


Bien que, durant la dernière décennie, des progrès sensibles
aient été accomplis tant en thérapeutique endodontique 12 A
que parodontale, la possibilité de connaître exactement la
santé pulpaire reste encore une démarche plutôt utopique.
Pourtant, le diagnostic d’une pulpe nécrosée permet d’affir-
mer sa participation à la lésion constatée.
Il existe deux événements qui peuvent indiquer une nécrose
pulpaire :
- la présence d’une destruction osseuse inhabituelle et rapide a b c d
(fig. 15.53) ;
- la résistance d’une lésion au traitement parodontal, par Figure 15.52 a. Le sondage parodontal en mésial de l’incisive
exemple la persistance d’une suppuration en dépit d’un trai- maxillaire fait sourdre une exsudation purulente que des cure-
tement parodontal récemment instauré au niveau d’une tages parodontaux répétitifs n’arrivent pas à tarir. L’introduction
d’un cône de gutta-percha le long de la fistule desmodontale
lésion osseuse (fig. 15.54). permet de visualiser la profondeur de la lésion sur la paroi
L’avènement de procédés plus fiables pour le diagnostic pul- mésiale. b. Le test de cavité pratiqué a alors conclu à l’absence
paire, tels que l’emploi du laser Doppler, l’oxymétrie pulsée de réponse pulpaire. c. L’obturation canalaire met en évidence
et l’imagerie par résonance magnétique (IRM), semble pro- plusieurs sorties latérales du canal principal, à l’origine de l’en-
metteur (Nissan et al., 1992 ; Schnettler et Wallace, 1991 ; tretien de la lésion (flèches). d. Radiographie de contrôle.
Diaz-Arnold et al., 1996, Evans et al., 1999) mais reste encore
du domaine expérimental.
- pratiquer tout test de façon ponctuelle pour éviter d’obte-
e - Points communs aux tests pulpaires nir une fausse réponse touchant les structures avoisinantes ;
Afin de tirer un maximum d’informations des tests pulpaires, - commencer à tester à partir d’une dent non suspecte pour
il faut respecter attentivement six conditions : procurer au patient une réponse témoin ;
- bien isoler la dent à l’aide d’un coton salivaire placé dans le - avoir au moins deux réponses convergentes pour poser un
vestibule ; diagnostic pulpaire ;
- bien sécher la dent à l’aide d’une compresse (pas de seringue - ne pas répéter un test sur une même dent car, après un test
à air) ; au froid, la pulpe devient réfractaire à la réponse.

351

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15 Endodontie

1 - Test électrique - racines fusionnées ;


La mort vasculaire précède celle du filet nerveux de la pulpe. - racines concaves ;
Le test électrique n’indique que la sensibilité sensorielle du - perforation radiculaire.
tissu pulpaire. Il ne peut nous renseigner sur sa « vitalité ». Il
ne nous informe pas, non plus, sur le degré de sa vascularisa- 7 - Modalités thérapeutiques
tion. Son importance réside dans le fait qu’en présence d’une Dans le contexte endo-parodontal, le sondage et l’absence
réponse négative, on peut affirmer que la pulpe est respon- de vitalité pulpaire se trouvent directement en relation avec
sable/coresponsable de la lésion. En revanche, en cas de le diagnostic et, par voie de conséquence, avec le choix thé-
réponse positive, les choses sont plus subtiles, car une rapeutique :
nécrose pulpaire par liquéfaction peut être à l’origine d’une - avant toute tentative de traitement, l’extraction de la dent
fausse réponse positive. On peut aussi avoir une fausse devrait être prise en compte comme une solution de rem-
réponse positive lorsque l’électrode touche par inadvertance placement possible au traitement conservateur ;
une structure métallique au niveau coronaire. - devant une pulpe qui ne répond pas aux tests de vitalité, le
traitement endodontique doit être instauré en premier lieu.
2 - Test de cavité (fraisage) De la sorte, il soustrait de facto et avec un excellent pronos-
Ce test, très important dans le contexte endo-parodontal, tic sa composante endodontique. Le pronostic de la lésion
doit être effectué en dernier lieu. Son indication porte essen- dépendra alors directement de l’importance de sa compo-
tiellement sur les dents pour lesquelles les tests classiques sante parodontale, de la qualité de la thérapeutique paro-
sont difficiles, voire impossibles, à pratiquer ou se sont avé- dontale entreprise et des réactions de l’hôte ;
rés non concluants. Par exemple, la présence d’une couronne - lorsque la dent porte une obturation canalaire, il s’agit de
céramique ou d’une pulpe calcifiée rend tout test thermique savoir si la présence d’une parodontite apicale n’accom-
ou électrique non concluant. pagne pas simultanément une poche parodontale. Dans ce
Dans ce contexte, la réalisation d’une petite cavité occlusale cas, l’observation de la qualité technique du traitement
procure des renseignements précieux. Avant de pratiquer le endodontique sur la radiographie de diagnostic (obturation
test de cavité, le patient doit être informé et consentant. homogène, niveau apical de l’obturation et aspect global de
D’une façon générale, doit être considérée comme une pulpe celle-ci) ainsi que la connaissance de l’historique du traite-
nécrosée celle qui autorise la taille d’une cavité et la pénétra- ment initial sont des paramètres importants à prendre en
tion dans la chambre pulpaire sans avoir recours à une anes- compte. En cas de décision de retraitement, le praticien
thésie. Le processus nécrotique se faisant en direction doit anticiper les probables difficultés anatomiques ou
corono-apicale, on peut constater, par exemple au niveau des iatrogéniques (voir chapitre 13).
dents multiradiculées, un canal en voie de dégénérescence ou Sur le plan thérapeutique, l’antériorité d’une lésion par rap-
à l’origine de sensibilité alors qu’un autre est déjà nécrosé. port à une autre n’a qu’une importance mineure dans la
mesure où le traitement endodontique doit, de toute façon,
5 - Pronostic être instauré avant toute thérapeutique parodontale. En
revanche, il est important de connaître la prédominance
Lorsque les deux lésions sont indépendantes, le pronostic d’une lésion sur l’autre tout en sachant que l’antériorité de
de la conservation de la dent dépendra de l’importance de l’une des lésions ne veut pas dire sa prédominance sur l’autre.
la lésion parodontale. La séquence thérapeutique peut se résumer de la façon
suivante :
De même, en cas de lésion confluente, l’étiologie initiale de - préparation initiale et instruction à l’hygiène quotidienne ;
la lésion ne joue aucun rôle dans son pronostic qui ne dépen- - traitement ou retraitement endodontique ;
dra que de l’importance de sa composante parodontale. - début de la guérison endodontique et évaluation parodon-
Mais, précisément, le plus difficile est de déterminer la part tale.
de la maladie parodontale de la lésion. C’est pourtant bien
elle qui déterminera le pronostic final de la lésion. Essentiel : une fois le traitement endodontique effectué, il
est bon de laisser s’écouler une période de 3 mois. Ce laps de
6 - Diagnostic différentiel temps permet une assez bonne guérison de la composante
endodontique de la lésion et offre une situation favorable
Lorsque les deux lésions sont indépendantes, chacune d’elles pour la réparation tissulaire de la composante parodontale.
ayant ses propres caractéristiques, leur diagnostic respectif
ne pose de problème.
En revanche, en cas de la confluence des deux lésions, les Une intervention chirurgicale instaurée trop tôt risque d’en-
caractéristiques tant cliniques que radiographiques peuvent lever définitivement le cément et les fibres desmodontales
simuler celles d’un certain nombre de pathologies vues pré- sur la surface radiculaire, ces dernières étant simplement
cédemment à propos de la fistule desmodontale : rompues par l’exsudat endodontique mais non détruites défi-
- fêlure et fracture ; nitivement. Cette démarche évite une détérioration sévère
- perle et coulée d’émail ; et irréversible de la condition parodontale.

352

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Lésions endo-parodontales 15
En cas de prédominance endodontique importante, une gué-
rison est amorcée (Ostravik et Pitt Ford, 2008 ; Larheim, 2008)
et est suffisante pour entamer une thérapeutique parodon-
tale qui sera mineure du fait d’une faible participation paro-
dontale à la lésion. Pendant ce temps, l’étanchéité coronaire
Avant Après
doit être assurée et la dent mise en fonction (fig. 15.55).
Cette première étape est consacrée à l’évaluation du pronos-
tic parodontal et à l’instauration d’une thérapeutique paro-
dontale adaptée. Au bout de la période de 3 mois, lorsqu’il y
a eu peu d’amélioration de la lésion, on peut alors entrevoir
une prédominance parodontale de la lésion. Dans cette
situation, il s’agit souvent d’une lésion qui comprend une
parodontite apicale associée à une absence totale de la table
osseuse externe ou interne (fig. 15.56). En accord avec Merino
(2009), le traitement d’une telle lésion confluente représente Figure 15.54 Le traitement d’une lésion endo-parodontale
un défi thérapeutique majeur. La régénération tissulaire gui- confluente représente un véritable défi thérapeutique. Les
dée (RTG) (Danesh-Mayer, 1999 ; Paul et Hutter, 1997) associée radiographies à gauche et à droite sont prises avant et après la
ou non à un matériau de comblement (la protéine de matrice soustraction osseuse. Noter qu’à part d’une radio-clarté apicale
amélaire) ou à une greffe osseuse (Zucchelli et al., 2002) (flèche), les lésions confluentes ont peu d’expression sur une
radiographie rétroalvéolaire, d’où tout l’intérêt des tomogra-
semble procurer une bonne reconstruction des tissus de sou- phies en 3D.
tien et un bon gain d’attache. Anand et Nandakumar (2005)
proposent une approche rationnelle de l’emploi des mem-
branes pour les lésions confluentes. Toute thérapeutique par
la technique de RTG doit intervenir après le traitement endo-
dontique (Chen et al., 1997). Depuis peu, la technique de
régénération tissulaire induite par les protéines amélaires
VII - Indice endo-parodontal
(amélogenine) semble prometteuse.
A - Définition
S’agissant d’une lésion confluente, s’il est impossible, voire
inutile, de connaître l’antériorité de l’une des lésions, il est
néanmoins important, d’un point de vue pronostique et thé-
rapeutique, de connaître en préalable la prédominance de
l’une ou l’autre lésion (tout en sachant que l’antériorité d’une
lésion ne veut pas dire sa prédominance). En calculant la
quantité d’os résiduel autour d’une racine, la détermination
de l’indice endo-parodontal (IEP) peut nous y aider.
a b
B - Comment le déterminer ?
Nous avons vu que l’évolution de la parodontite apicale se
fait dans le sens apico-coronaire et celle de la parodontite
cervicale dans le sens corono-apical.
L’évolution de chaque lésion en sens opposé explique le fait
qu’elles puissent se rencontrer quelque part sur la surface
radiculaire. La distance qu’une lésion doit parcourir sur la sur-
c 9 mois face radiculaire à la rencontre de l’autre dépendra de deux
paramètres :
Figure 15.53 Deux ans après l’extraction de la deuxième molaire - de la longueur radiculaire (LOR). Évaluée en millimètres, elle
et la mise en place d’une coiffe prothétique sur la première, un est mesurée depuis la jonction amélo-dentinaire jusqu’au
abcès se déclare. Une fois la couronne déposée, les tests de dôme apical de la racine. La hauteur de l’os résiduel est pro-
vitalité concluent à une nécrose pulpaire et le sondage décrit portionnelle à la longueur radiculaire ;
une architecture lésionnelle caractéristique de la lésion - de la profondeur des poches (POP). Relevée par le sondage,
confluente. b. Obturation canalaire. c. Radiographie de contrôle
après le traitement parodontal initial. Durant la période posto- elle est inversement proportionnelle à la longueur radicu-
pératoire d’évaluation parodontale, la fonction est assurée par laire et à la quantité d’os résiduel. Elle est obtenue par l’ad-
une couronne provisoire et l’étanchéité coronaire par un faux dition de la profondeur des poches dans les quatre cadrans
moignon scellé définitivement. de la racine que l’on divise par quatre (fig. 15.57).

353

6684_.indb 353 10/08/12 12:04


15 Endodontie

VIII - Conclusion
Ce chapitre doit être considéré comme un guide pour éta-
blir le diagnostic différentiel et la modalité thérapeutique
des lésions dites endo-parodontales. En posant les quatre
questions clés qui concernent la perméabilité de l’interface
endo-parodontale, l’irrationalité de certaines idées reçues,
hypothétiques et qui perdurent, a été mise en évidence et
a b une clarification qui permet de mieux comprendre le pro-
cessus pathologique en cours a été apportée. En effet, l’hy-
Figure 15.55 a. La molaire maxillaire est atteinte d’une paro- pothèse de la réciprocité pathologique de l’interface
dontite apicale au niveau de sa racine mésio-vestibulaire ainsi endo-parodontale est, de loin, la source de l’énorme argu-
que d’une poche infra-osseuse à l’origine d’une lésion interradi- mentation constatée dans la littérature médicale. En s’ap-
culaire de classe II du côté mésio-lingual. Le tableau de sondage puyant sur une revue bibliographique exhaustive et actuelle,
révèle trois sites atteints de poche d’une profondeur de respec- l’existence d’une possible perméabilité de l’interface dans le
tivement 6, 5 et 3 (soit 14 mm en tout). Par ailleurs, la longueur
sens parodontal-parenchyme pulpaire a pu être réfutée.
radiculaire est de 6 mm. L’indice endo-parodontal, de 0,42, est
de loin défavorable au maintien de la dent puisqu’il est inférieur
à 1. b. La dent est extraite et remplacée par un implant.
En outre, la difficulté du diagnostic de la lésion confluente a
été prise en compte car sur les plans bactériologique, topogra-
phique, clinique et radiographique, il n’y a pas de spécificité qui
permette d’identifier clairement son étiologie. Par ailleurs,
l’éventail des différentes étiologies, à l’origine de symptômes
identiques qui peuvent simuler l’apparence clinique et radio-
L’indice endo-parodontal est obtenu par le rapport LOR/
graphique d’une lésion intra-osseuse d’origine endodontique
POP. Il doit être supérieur à 1 pour que l’on puisse attribuer un
ou/et parodontale, a été passé en revue de façon détaillée.
pronostic favorable à la dent.
Il est proportionnel à la hauteur moyenne de la crête osseuse,
à la longueur radiculaire et au pronostic de la dent. En Il apparaît, toutefois, que la lésion endo-parodontale
revanche, il est inversement proportionnel à la profondeur confluente réunit systématiquement trois caractéristiques :
des poches, ce qui détermine un mauvais pronostic de la - une image de lyse osseuse intra-osseuse ;
- une atteinte pulpaire ou un échec avéré d’un traitement
lésion confluente et de la dent.
endodontique existant ;
- un sondage de l’attache épithélio-conjonctive progressif
C - Intérêt avec un pic apical.

L’indice endo-parodontal permet de disposer d’un guide cli-


nique préopératoire. Le diagnostic simple d’une telle lésion repose sur l’état de la
Le connaître prend toute son importance lorsque l’on pulpe et le type de sondage parodontal. Si les tests de vita-
consulte les résultats d’une étude rétrospective évaluant le lité pulpaire s’avèrent négatifs, un traitement endodontique
devenir à 10 ans des molaires atteintes de lésion interradicu- doit être instauré le plus rapidement possible. En cas de trai-
laire avec un support parodontal réduit (Park et al., 2009). tement endodontique existant, la qualité technique et
Concernant le devenir des racines résiduelles après amputa- l’anamnèse doivent être prises en compte ainsi que les indi-
tion, ses auteurs concluent que le pronostic de l’amputation cations d’un retraitement conventionnel ou chirurgical.
est pauvre lorsque l’os résiduel autour de la racine conservée Lorsque la qualité du traitement antérieur semble satisfai-
est inférieur à 50 %. Mais l’on ne sait pas exactement par quel sante et quand le sondage décrit une architecture lésionnelle
moyen ce pourcentage est obtenu. De même, dans leur étude étroite et profonde en forme de U, un lambeau d’exploration
longitudinale à long terme, Svärdström et Wennström (2000) s’impose pour visualiser la présence éventuelle :
parlent du « degré d’atteinte interradiculaire » et de la quan- - d’une fêlure ;
tité d’« os résiduel », sans que l’on puisse savoir à quelle - d’une condition anatomique défavorable (sillon embryon-
quantité de perte d’os les auteurs font référence. naire, fêlure, coalescence radiculaire, etc.) ;
- d’un accident iatrogène (perforation cervicale).
Important ! La détermination de l’indice endo-parodontal En revanche, lorsque l’architecture lésionnelle est plutôt
n’a d’intérêt qu’en cas de lésion confluente où la prédomi- ouverte au collet et en forme de V et que la sonde parodon-
nance d’une lésion sur l’autre reste à évaluer. Elle permet de tale rencontre plaque et tartre, il faut suspecter une partici-
disposer d’un guide préopératoire sur la prédictibilité des pation de la maladie parodontale. Dans ce dernier cas, les
traitements qui vont être instaurés. Il s’agit d’un outil indices parodontaux sont augmentés et la lésion doit être
permettant de disposer d’un indicateur de risque théra-
peutique.
inscrite dans le tableau d’une maladie parodontale plus ou
moins généralisée (fig. 15.58).

354

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Lésions endo-parodontales 15
Lésion endoparodontale confluente IX - Remerciements
L’auteur remercie les Dr Dov Derman et Antoine Sabet pour
Dent sans traitement Dent avec traitement leur contribution à la réalisation des schémas.
endodontique endodontique

Tests pulpaires négatifs Mauvaise qualité Bonne qualité

Traitement Retraitement Lambeau


endodontique endodontique d’exploration

Guérison Guérison Pathologie Perforation Fêlure


complète partielle* anatomique cervicale

Traitement Obturation Extraction


parodontale

Figure 15.56 Arbre décisionnel de la lésion endo-parodontale.


* La « guérison partielle » fait référence à une lésion clinique-
ment persistante après le traitement endodontique. Habituelle-
ment, il s’agit d’une lésion qui présente les mêmes symptômes
qu’avant le traitement, ou des symptômes atténués.
Dans le contexte endo-parodontal, la terminologique « guérison
partielle » est justifiée par le fait que le traitement endo-
dontique peut amener à une réduction du volume de la lésion
et de la profondeur de son sondage sans qu’une guérison ad
integrum soit constatée.

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16
Endodontie chirurgicale
J.-Y. COCHET, B. KHAYAT

M I - Contre-indications générales
algré les connaissances et les moyens actuellement
mis à notre disposition pour réaliser les traitements
endodontiques dans d’excellentes conditions, la
stérilisation des canaux infectés demeure un vœu pieux. De A - Risques majeurs :
plus, des études récentes en microbiologie ont montré que contre-indications strictes
la persistance d’une lésion osseuse apicale pouvait être liée à
la présence de corps étrangers ou d’une colonisation extra- 1 - Hypertension artérielle
radiculaire par des micro-organismes bactériens ou non.
La conservation de l’organe dentaire n’est dans ces cas pos- Essentiel : L’hypertension artérielle (HTA) constitue un
sibles que grâce à la chirurgie endodontique qui permet de risque majeur et représente le problème médical le plus
compléter le geste orthograde, voire dans certains cas de s’y fréquemment rencontré en pratique quotidienne.
C’est une élévation chronique et persistante de la pression
substituer. Elle permet également de gérer des situations ren-
artérielle systolique, diastolique, ou des deux, au-dessus
dues complexes par différents facteurs, tels que des supra- des valeurs normales. Le stress d’une chirurgie peut induire
structures prothétiques complexes et risquées à démonter, une augmentation brutale de la tension artérielle et
ou encore des facteurs d’origine iatrogénique, tels que des conduire un patient sous traitement en état de malaise.
dilacérations, des perforations radiculaires ou la présence de
fragments d’instruments fracturés dans les canaux et empê-
chant l’accès à leur tiers apical. Les vasoconstricteurs peuvent également induire une aug-
La progression du taux de succès de la chirurgie endo- mentation significative de la pression artérielle et être à
dontique est directement liée à la mise au point d’une instru- l’origine de troubles du rythme.
mentation spécifique qui permet progressivement d’étendre
les indications d’intervention et de faire de cette chirurgie 2 - Infarctus du myocarde
une voie thérapeutique faisant partie intégrante de notre
exercice quotidien. Important ! Les problèmes sont liés au stress et à l’anxiété.
L’acte chirurgical peut aggraver la pathologie et provoquer
Pour beaucoup de spécialistes, elle est devenue indispen- un nouvel infarctus, notamment à cause de l’utilisation de
sable car elle permet de conserver des dents qui, sans elle, vasoconstricteurs qui peuvent induire une élévation de la
auraient été extraites. pression artérielle.

Avant toute intervention chirurgicale, quelle qu’elle soit,


un examen approfondi du dossier médical du patient est Les patients sous aspirine, antivitamines K ou antiagrégants
indispensable et l’endodontie chirurgicale n’échappe pas à plaquettaires peuvent présenter des hémorragies.
cette règle.
L’analyse et l’anticipation des risques sont deux étapes pri- 3 - Insuffisance cardiaque
mordiales, le praticien étant responsable de la santé du
patient pendant et après la chirurgie. Important ! Les maladies coronariennes, l’hypertension
artérielle, les pathologies valvulaires, les cardiopathies, l’en-
docardite bactérienne, les affections cardiaques congéni-
tales, l’hypertension pulmonaire, l’embolie pulmonaire et
Dans un premier temps, nous aborderons les contre-indica-
les myocardites sont les causes les plus fréquentes d’insuf-
tions générales strictes et relatives puis nous traiterons les fisance coronarienne.
indications de l’endodontie chirurgicale.

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16 Endodontie

Outre les arythmies, le risque de mort subite par arrêt car- 7 - Leucémies
diaque est non négligeable. Les leucémies peuvent être aiguës ou chroniques Les risques
Les risques sont nombreux : infarctus du myocarde, accident majeurs sont liés à l’hémostase et à la coagulation.
vasculaire cérébral, endocardite et infection générale.
Le patient peut avoir des troubles de la respiration et être
sujet aux effets secondaires croisés avec les traitements 8 - Troubles de la coagulation et de l’hémostase
médicamenteux.
L’anxiété et le stress peuvent précipiter les troubles du a - Désordres plaquettaires
rythme et exposer à un arrêt cardiaque. Les désordres plaquettaires sont constitués par les thrombo-
pénies et les thrombopathies.
4 - Endocardite infectieuse : patients à risque Ils peuvent créer des risques d’hémorragie et se traduisent
Aucun traitement chirurgical n’est autorisé sur un patient par un allongement du temps de saignement.
symptomatique.
Les cardiopathies à risque d’endocardite sont classiquement b - Désordres du système de coagulation
classées, selon les risques (Prophylaxie de l’endocardite infec-
Il s’agit :
tieuse, 2002), en :
• des coagulopathies héréditaires, telles que la maladie de
• cardiopathies à haut risque :
von Willebrand, et de l’hémophilie ;
- prothèses valvulaires (mécaniques, homogreffes ou bio-
• des coagulopathies acquises. Elles ne sont pas liées au défi-
prothèses),
cit d’un seul facteur, comme dans les formes héréditaires,
- cardiopathies congénitales et cyanogènes non opérées et
mais sont généralement provoquées par les anticoagulants,
dérivations chirurgicales (pulmonaires systémiques),
par exemple. Il peut s’agir des complications :
- antécédents d’endocardite infectieuse ;
- d’un déficit en vitamine K dépendant ;
• cardiopathies à risque moins élevé :
- d’une pathologie hépatique ;
- valvulopathies, insuffisance aortique, insuffisance mitrale,
- d’un traitement anticoagulant.
rétrécissement aortique,
- prolapsus de la valve mitrale, avec insuffisance mitrale et/
ou épaississement et/ou épaississement valvulaire,
Les traitements anticoagulants sont représentés par deux
- bicuspide aortique, grandes familles : les antivitamines K et l’héparine. L’arrêt
- cardiopathies congénitales non cyanogènes sauf commu- de ces anticoagulants est formellement déconseillé : le
nication interauriculaire (cardiopathie non à risque), risque hémorragique devra être évalué avec l’INR, qui
- cardiomyopathie hypertrophique obstructive (avec souffle traduit les risques d’anticoagulation, et les risques éven-
à l’auscultation). tuels anticipés par l’opérateur. Quand ces pathologies sont
présentes, la contre-indication de la chirurgie n’est pas
Important ! Sur ces patients à risque, outre les traitements formelle mais doit conduire à la plus grande prudence.
endodontiques sur dents nécrosées et les reprises de traite-
ment, la chirurgie endodontique est contre-indiquée, ainsi
que toute autre intervention permettant l’amputation radicu-
laire, la réimplantation et la mise en place de matériaux de En revanche, sont considérés comme des contre-indications
comblement (Prophylaxie de l’endocardite infectieuse, 2002). formelles au traitement de chirurgie endodontique (Société
francophone de médecine buccale, 2005 ; Roche, 2010), les
patients :
5 - Anémies - présentant une anomalie connue de la coagulation ou de
En cas d’anémie, le risque infectieux, les saignements et un l’hémostase (voire des deux) ;
retard de cicatrisation sont des facteurs à considérer et à - sous antivitamines K dont l’INR est supérieur à 3 ;
anticiper en cas de chirurgie (Roche 2010). - présentant des tests de laboratoire anormaux, traduisant un
Les risques sont élevés, notamment : désordre de la coagulation ou de l’hémostase jusque-là non
- en cas d’anémie non diagnostiquée ; diagnostiqué.
- en présence d’un hématocrite inférieur à 30 % ;
- en cas de coagulopathie, thrombopénie ou leucopénie
associée. 9 - Ostéoradionécrose (risque majeur)

6 - Désordres leucocytaires non prolifératifs Important ! La diminution de la vascularisation de l’os après


irradiation contre-indique la chirurgie endodontique au
L’importance des systèmes de défense dans l’acte chirurgi- même titre que les autres interventions chirurgicales. Ces
cal oblige à ne pas négliger ces éléments. Tout désordre de patients doivent être traités en milieu hospitalier avec une
la lignée leucocytaire interdit une intervention chirurgicale prise en charge personnalisée et des plans de traitement
(lymphopénie, lymphocytose, neutrophilie, neutropénie ). prenant en compte leur pathologie.

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Endodontie chirurgicale 16
B - Risques modérés : contre-indications - en ambulatoire si l’INR (réalisé dans les 24 heures précédant
l’acte) est inférieur ou égal à 3 ;
générales relatives - en milieu hospitalier si l’INR est compris entre 3 et 4 ou si
C’est le cas, par exemple, des patients sous traitement par le risque hémorragique est élevé, et/ou s’il existe un risque
acide acétylsalicylique et ses dérivés (ou autre antiagrégant médical associé ;
plaquettaire), et des patients sous antivitamines K, dont l’INR • en cas de complication hémorragique postopératoire, le
est inférieur à 3. patient doit pouvoir contacter un praticien capable de le
L’arrêt de ces médications peut exposer le patient à un acci- prendre en charge et de gérer son problème ou doit être hos-
dent athérothrombotique. pitalisé si l’hémorragie persiste après la reprise chirurgicale ;
Le risque hémorragique existe donc et peut être contrôlé par • le relais par héparine relève du milieu hospitalier et doit
des mesures rigoureuses d’hémostase locale. être exceptionnel ;
• l’anesthésie locorégionale est contre-indiquée, l’anesthésie
1 - Patients sous traitement par antiagrégants plaquettaires locale doit, sauf contre-indication, contenir un vasocons-
Les précautions à prendre en cas de soins invasifs chez le tricteur ;
patient sous antiagrégants plaquettaires (aspirine ou autre) • toute plaie doit être suturée convenablement. Les colles
sont les suivantes : chirurgicales et/ou un agent fibrinolytique sont recommandés ;
- réaliser une évaluation préopératoire précise et détaillée • une compression d’au moins 10 minutes doit être faite ;
(interrogatoire médical, examen clinique, recherche de fac- • concernant les prescriptions, l’acide acétylsalicylique et les
teur d’aggravation, appréciation et étendue de l’acte invasif) ; anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont contre-
- prendre éventuellement contact avec le médecin traitant ; indiqués, tout comme le miconazole (Aframian et al., 2006).
- prévoir une prise en charge ambulatoire à réévaluer toute-
fois si le traitement associé interfère également sur l’hé-
mostase et si le patient est à haut risque hémorragique ; II - Contre-indications locales
- ne pas interrompre le traitement antiagrégant qui ne contre-
Les contre-indications locales sont particulièrement liées à
indique pas la chirurgie buccale (dento-alvéolaire, implan-
des conditions anatomiques, parodontales et financières et
taire ou parodontale) sous anesthésie locale. L’anesthésie
elles sont modulées en fonction de l’habileté et des compé-
locorégionale est déconseillée sauf si elle est indispensable
tences de l’opérateur.
(injection lente avec diamètre externe de l’aiguille < 27 G,
Si certains cas peuvent être facilement gérés, d’autres, plus
0,4 mm). En cas d’anesthésie générale, l’intubation naso-tra-
complexes, nécessitent de référer les patients aux praticiens
chéale est déconseillée ;
ayant une expertise en la matière.
- réaliser une hémostase locale rigoureuse ;
- prodiguer les conseils postopératoires et les modalités à
suivre, et remettre un document écrit au patient ; A - Facteurs anatomiques
- effectuer une visite de contrôle postopératoire dans les 24 L’utilisation des inserts ultrasonores et du microscope a
à 48 heures ; considérablement diminué le nombre de contre-indications.
- en cas de complications hémorragiques postopératoires, En effet, en « oubliant » la microfraise boule, encombrante et
prévoir une reprise chirurgicale de l’hémostase (révision de nécessitant une large voie d’abord compte tenu de sa taille,
la plaie et hémostase). loin d’être « micro », et de l’encombrement du contre-angle,
certaines zones à risque sont dorénavant devenues acces-
2 - Patients sous antivitamines K
sibles et abordables.
Le microscope, quant à lui, a ouvert un « nouveau monde » et
Essentiel : toute intervention chirurgicale sur ces patients
expose à un risque hémorragique. La stratégie sera discutée
a élargi considérablement les indications et possibilités thé-
en fonction des risques hémorragiques et thrombo-embo- rapeutiques aux dépens, bien entendu, des contre-indica-
lytiques. tions « de l’époque ».

1 - Facteurs anatomiques liés à la mandibule


Il est donc indispensable d’entrer en contact avec le médecin
traitant. Ces facteurs anatomiques restent liés à l’accessibilité de la
Les recommandations à prendre en cas de réalisation de zone apicale et aux rapports avec le nerf dentaire inférieur.
soins invasifs chez le patient sous antivitamines K sont les L’épaisseur des corticales et la position très linguale, voire
suivantes (Société francophone de médecine buccale et de au-delà du nerf dentaire inférieur, de certains apex contre-
chirurgie buccale, 2006) : indiquent à elles seules bon nombre d’interventions.
• le contact avec le médecin traitant et éventuellement le
cardiologue est indispensable. L’arrêt systématique des anti- Le microscope opératoire permet néanmoins de bien visuali-
vitamines K avant une intervention de chirurgie buccale ser le nerf dentaire, de le protéger, de l’isoler et, éventuelle-
(chirurgie dento-alvéolaire, implantaire, parodontale) n’est ment, de le libérer et de lui éviter tout risque de tension
pas justifié. Les actes invasifs peuvent être réalisés : excessive par microdissection des fibres environnantes.

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16 Endodontie

Les micro-inserts nécessitent moins de place entre le nerf den-


taire inférieur et les apex que les microfraises et permettent
d’intervenir apicalement sans créer de lésions compressives.
Particulièrement vrai pour les deuxièmes et troisièmes
molaires, le délabrement osseux serait trop important. Pour
ces mêmes dents, la proximité du nerf dentaire et la position
linguale des racines à traiter peuvent représenter une contre-
indication technique à la chirurgie endodontique. Une
solution implantaire ou une technique de réimplantation
intentionnelle pourront être préférées.
L’abord chirurgical par voie linguale est contre-indiqué
compte tenu de l’hyper-vascularisation du plancher buccal
et des risques hémorragiques. Une autre stratégie d’interven-
tion devra alors être choisie (fig. 16.1).

Figure 16.2 L’élimination de la pâte est contre-indiquée par voie


palatine. La gouttière de l’artère grande palatine borde la zone
concernée.

B - Contre-indications parodontales
Une mauvaise hygiène bucco-dentaire peut être une contre-
Figure 16.1 La radiographie ne permet pas de situer la position indication, bien sûr transitoire. La qualité et la hauteur de la
exacte de la perforation. Seul le scanner ou le cone beam CT le gencive attachée ainsi que la présence de poches parodon-
permettra.
tales sont des facteurs trop souvent négligés. Ces défauts
parodontaux, gingivaux et osseux, doivent être minutieuse-
ment analysés ; le sondage parodontal reste indispensable et
2 - Facteurs anatomiques liés au maxillaire permet de mettre en évidence des fractures radiculaires qui
Le problème du sinus doit être démystifié et de nombreuses peuvent passer inaperçues en l’absence de symptomatologie.
contre-indications ont, là aussi, disparu grâce au microscope
et aux inserts ultrasonores. C - Incidence dentaire
Les contre-indications sont principalement constituées par Il est évidemment contre-indiqué d’intervenir sur des dents
un problème d’accessibilité et directement liées à la com- dont la restauration prothétique est inadéquate ; l’absence
pétence du praticien. Si l’accès aux racines vestibulaires est d’étanchéité induira, par percolation et passage bactérien, un
relativement facile, il est beaucoup plus difficile d’interve- échec à plus ou moins long terme du traitement. Dans ce cas,
nir au niveau des racines palatines qui peuvent être très un retraitement par voie orthograde ou l’extraction de la
distantes des racines vestibulaires. Elles obligent à passer dent doit être envisagé à la place d’une chirurgie.
au travers du sinus, ce qui complique le geste opératoire. La hauteur des racines et leur situation par rapport au niveau
osseux doivent également être prises en considération. Les
racines trop courtes, ne pouvant pas être conservées, rendent
La résection et l’obturation a retro devront être gérées sans la hauteur osseuse résiduelle après intervention trop faible
dissémination de débris dans la cavité antrale. pour espérer un bon pronostic de conservation de l’organe
L’abord palatin, parfois plus aisé, peut être contre-indiqué en dentaire à long terme. Le rapport couronne/racine reste
fonction de la position de l’artère grande palatine, qui peut valable et devra être évalué avant d’intervenir chirurgicale-
croiser à proximité (fig. 16.2). ment (fig. 16.3).

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Endodontie chirurgicale 16

Figure 16.4 Lésion apicale. Traitement endodontique insuffisant.


Figure 16.3 Problèmes parodontaux et faiblesse des tissus résiduels Tenon indémontable.
indiquant l’extraction.

En conclusion, il est fondamental d’imaginer quelle sera la


situation clinique en cas d’échec de la chirurgie endodontique.

Important ! Si l’intervention risque de compliquer, voire


rendre impossible, la mise en place d’implants, il vaut mieux
anticiper et faire place à une approche de meilleur pronos-
tic, implantaire ou autre. Ce sera une contre-indication judi-
cieuse qui rendra service au patient.

III - Indications
L’amélioration de l’endodontie conventionnelle, avec des
instruments plus performants, des connaissances très élar-
gies et l’arrivée du microscope opératoire, a fait considéra-
blement chuter les indications de chirurgie endodontique.
De nombreux échecs endodontiques d’autrefois auraient,
de nos jours pu être évités.

Paradoxalement, l’abandon de la fraise boule chirurgicale, qui Figure 16.5 Contrôle 1 an après chirurgie endodontique et obtu-
a fait place aux inserts ultrasonores a retro inventés par Carr ration a retro. L’élément prothétique est refait pour assurer
(1997), et l’apparition du microscope opératoire ont élargi les l’étanchéité coronaire.
indications et rendu le geste chirurgical incroyablement plus
performant qu’auparavant. Trey), le Super-EBA® (Harry J. Bosworth) (Dorn, 1990) ou encore
Ultime recours, l’endodontie chirurgicale permet de conser- le MTA (mineral trioxide aggregate) (ProRoot®, Dentsply Mail-
ver des dents qui auraient été extraites. Il faut également lefer), a, là aussi, considérablement élargi le champ des indi-
oublier cette « mauvaise image » des chirurgies réalisées par cations.
résection seule, laissant le canal infecté, colonisé par des Il y a deux types de chirurgies, la chirurgie de complément et
espèces bactériennes qui relarguaient encore plus facilement la chirurgie d’emblée, qui ont toutes deux des indications
leurs toxines par un foramen « élargi » chirurgicalement précises et parfaitement codifiées.
(fig. 16.4 et 16.5). Cela était, de toute évidence, à l’origine Il est logique, dans notre approche, de commencer par les
d’échecs, donc de destructions tissulaires massives. indications de chirurgie de complément car, de façon évi-
L’obturation a retro avec de l’amalgame, remplacée par des dente, le retraitement par voie orthograde doit être privilé-
matériaux plus performants, tels que l’IRM® (Dentsply De gié si celui-ci est possible et raisonnable.

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16 Endodontie

A - Endodontie chirurgicale des causes iatrogènes responsables d’échec endodontique et


pouvant constituer des indications de chirurgie de complé-
de complément ment (fig. 16.6 et 16.7).
1 - Incisions de drainage – décompression de kyste La partie non traitée sera réséquée et la racine obturée a
retro. Dans certains cas, si l’obturation endodontique est cor-
C’est le complément immédiat d’un traitement endo- recte et dense au niveau de la zone de résection, l’obturation
dontique sur des dents qui présentent des volumineuses a retro ne sera pas nécessaire.
lésions, asymptomatiques ou symptomatiques, refroidies
par antibiothérapie.

Une incision est réalisée pour permettre le drainage et l’éva-


cuation des exsudats sous pression.
Sur des lésions plus anciennes, cette incision accélérera la
guérison de manière physique en diminuant la pression intra-
lésionnelle. Un drain peut être laissé en place pendant 2 à
3 jours mais, dans la grande majorité des cas, l’incision élargie
par le passage de curettes dans la lésion suffit.

2 - Persistance de douleurs ou de lésions après un


traitement endodontique convenablement conduit

Dans le cas d’un échec persistant après traitement ou


retraitement endodontique associé ou non à une antibio-
thérapie complémentaire, la chirurgie peut devenir indi- Figure 16.6 Traitement apical de la racine mésio-vestibulaire
quée si aucun signe de guérison, voire si l’apparition de impossible (butée de calcification). Indication de chirurgie de
signes d’aggravation de la maladie, confirme l’échec du complément.
traitement précédent. Dans ce cas, la chirurgie endo-
dontique est bien un traitement complémentaire.

La cicatrisation osseuse est un processus lent qui peut


prendre plusieurs mois voire plusieurs années. Des contrôles
radiographiques effectués régulièrement (tous les 3 ou
6 mois) permettent de suivre et d’évaluer le processus de
guérison en cours.
Si, à 6 mois postopératoires, aucun signe évident de cicatrisa-
tion n’est visible à la radiographie, un examen scanner ou cone
beam CT doit être réalisé afin de confirmer l’échec et d’éva-
luer les possibilités d’une éventuelle intervention chirurgicale
dans certaines zones à risque.
Il est à souligner que grand nombre de lésions ne sont pas
visibles radiologiquement ni mises en évidence seulement
par un scanner (Roisin-Chausson, 1991 ; Roisin-Chausson et
Cochet, 2000). Figure 16.7 Contrôle à 6 ans après obturation a retro avec de l’IRM.

3 - Persistance de lésions ou de douleurs 4 - Fenestrations


après un traitement Certaines dents dont les traitements endodontiques ont par-
L’anatomie canalaire complexe peut rendre le traitement faitement bien été conduits peuvent devenir douloureuses.
conventionnel insuffisant. C’est le cas, par exemple, de certains Les racines vestibulaires de certaines molaires maxillaires, mais
canaux des prémolaires mandibulaires en C ou de zones inac- aussi de canines ou incisives, peuvent présenter des fenestra-
cessibles à l’instrumentation et aux solutions d’irrigation telles tions de la corticale en vestibulaire et l’apex devient alors
que les canaux très courbés, les calcifications, les résorptions, « sous-périosté ». Cette zone apicale est sensible, notamment
certains canaux latéraux, etc. Toutes ces zones non désinfec- à la palpation, et peut indiquer une intervention chirurgicale
tées peuvent être à l’origine d’échecs endodontiques. qui permet de « réenfouir » les racines par résection.
Les épaulements, les butées, les fractures d’instrument, les La mise en place d’une membrane peut optimiser la régéné-
dépassements de matériaux d’obturation sont, quant à eux, ration osseuse dans certains cas.

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Endodontie chirurgicale 16
B - Endodontie chirurgicale d’emblée A - Principaux objectifs du lambeau
C’est le traitement de choix lorsque toutes les options de Une fois récliné, le lambeau doit permettre :
traitements par voie orthograde sont impossibles. C’est le - d’avoir une bonne visibilité de la zone opérée ;
cas, par exemple, de dents présentant une suprastructure - d’éviter tout saignement gênant pendant le geste chirurgical ;
prothétique complexe dont le démontage est risqué. La pré- - de ne pas « croiser » la lésion ;
sence de restaurations corono-radiculaires avec un gros - de pouvoir repositionner les berges par recouvrement à dis-
tenon dont le démontage risque d’engendrer une fracture tance du site opéré. Une incision très à distance permettra,
radiculaire est un exemple de ce type d’indication. le cas échéant, de mettre en place une membrane, si elle est
Néanmoins, la reconstitution corono-radiculaire devra être indiquée ;
parfaitement étanche et adéquate pour éviter tout risque - d’effectuer une suture simple et efficace en fin d’intervention ;
d’échec par percolation secondaire (fig. 16.8). - de prévenir tout défaut esthétique à long terme après cica-
trisation dans la mesure du possible ;
- de ne pas induire de préjudice esthétique au niveau de
l’adaptation des éléments prothétiques, notamment au
niveau de l’adaptation marginale.
L’environnement parodontal est également important, car
les déhiscences, les pertes d’attache parodontale ou encore
une destruction de la papille gingivale interdentaire sont pré-
judiciables.
La prise en compte de tous ces éléments est importante
pour le choix du lambeau à adopter. Aucun type d’incision ne
répond à toutes les situations cliniques et le choix est fait au
cas par cas, en fonction des éléments anatomiques.

B - Description et analyse des différents


types de lambeaux classiques
1 - Lambeau semi-lunaire
Réalisé en gencive libre, proche de la zone apicale intéressée,
le lambeau semi-lunaire a été largement utilisé, probable-
ment par facilité. C’est malheureusement celui qui présente
Figure 16.8 Indication de chirurgie endodontique d’emblée. Obtu- le plus d’inconvénients : outre le risque de « croiser la
ration a retro de la racine mésio-vestibulaire. Contrôle à 2 ans. lésion », il ne permet pas de contrôler l’hémostase. Les cica-
trices sont souvent disgracieuses et les brides cicatricielles
IV - Incisions quasiment systématiques.
Ce type d’incision est actuellement complètement abandonné.
Comme pour tout acte chirurgical, le choix de l’incision
permet d’anticiper de nombreuses difficultés de la suite 2 - Lambeau de Luebke-Oshenbein (fig. 16.9)
de l’acte. Le lambeau réalisé doit permettre de dégager au
maximum le champ opératoire et d’optimiser le contrôle Ce lambeau est particulièrement indiqué en présence
du saignement peropératoire. d’éléments prothétiques car l’incision horizontale se fait à
distance de la gencive marginale, dans l’épaisseur de la
Le tracé dépend du nombre de dents concernées par le geste gencive attachée, et permet notamment de maintenir l’es-
chirurgical, de leur situation anatomique et de la taille de la pace biologique initial.
lésion. Conventionnellement, on considère que le lambeau
doit englober la dent concernée ainsi qu’une dent de part et Malheureusement, ses indications sont rares car l’incision
d’autre. Cette précaution permet d’anticiper la « sous-évalua- doit se trouver à une distance supérieure ou égale de 3 mm
tion » de la taille de lésion par la radiographie, mais égale- du fond du sulcus pour permettre une suture hermétique et
ment de s’assurer que les sutures reposent sur un tissu sain et sans excès de tension. Une hauteur minimale de gencive atta-
en aucun cas sur la lésion qui vient d’être traitée. chée et un sondage parodontal préalable permettant d’ex-
clure toute présence de pathologie parodontale localisée
Important ! Il est fondamental d’avoir une idée précise de la sont nécessaires.
taille de la lésion à traiter avant de choisir le type de lam- De plus, l’incision devra également se trouver à distance de
beau et sa taille, pour pouvoir définir l’emplacement des
incisions, notamment de décharge. la ligne muco-gingivale, pour éviter toute cicatrisation
disgracieuse.

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16 Endodontie

Visible par définition et soumise à la dynamique musculaire, la


cicatrisation de l’incision sulculaire est très souvent inesthé-
tique. Une inflammation importante peut provoquer la rupture
d’un point de suture lors des 48 premières heures et compro-
mettre la cicatrisation. Il devient alors intéressant de placer
cette incision de décharge non pas en mésial de la dent concer-
née mais plutôt en distal. Par expérience, l’incision de décharge
distale est moins visible, moins mobilisée dans la dynamique
mandibulaire et, donc, cicatrise bien mieux que celle en mésial.
Contrairement à ce qui a trop souvent été dit, la vascularisa-
tion n’est pas issue de la zone postérieure mais se fait paral-
lèlement à l’axe des racines. Placer cette incision de décharge
en distal ne compromet donc absolument pas la vascularisa-
Figure 16.9 Incision de Luebke-Oshenbein.
tion du lambeau et les risques de nécrose ne sont pas plus
importants que pour l’incision en mésial. Le seul inconvé-
Le lambeau de Luebke-Oshenbein est donc réservé aux patients
nient avancé pourrait être associé aux difficultés rencontrées
présentant des éléments prothétiques antérieurs, avec une
en fin d’intervention, au moment de la suture.
hauteur de gencive attachée d’au moins 6 ou 7 mm, ce qui est
fort rare. La lésion devra, également, être de faible étendue.

3 - Lambeau à incision sulculaire (fig. 16.10)


C - Sélection du lambeau par secteur
L’incision horizontale est intra-sulculaire. Particulièrement 1 - Au maxillaire
indiqué en chirurgie endodontique, ce lambeau permet de
s’adapter aux différentes situations cliniques. L’incision de a - Chirurgie maxillaire antérieure
décharge pourra être déterminée en fonction de la dent L’indication sulculaire est la règle en présence de restaura-
concernée, afin d’optimiser l’accès, la visibilité et l’hémos- tions prothétiques ; l’incision en gencive attachée peut être
tase. Ce type de lambeau permet de prévenir les risques de indiquée. Dans ce cas, l’absence de fracture radiculaire et de
déhiscence liés aux erreurs de diagnostic de fracture non déhiscence osseuse verticale devra avoir été anticipée.
détectée avant l’intervention, et ceux directement liés à une Une lésion qui croiserait l’incision serait préjudiciable, tant
sous-estimation de l’étendue de la lésion. pour la guérison que pour le désastre esthétique quasi iné-
De nombreux auteurs ont décrit des lambeaux triangulaires, luctable après cicatrisation.
rectangulaires ou trapézoïdaux, selon qu’ils réalisent une ou
deux incisions de décharge. b - Chirurgie maxillaire postérieure
L’incision horizontale est généralement intra-sulculaire et
Il s’agit, en fait, du même principe, mais il est indispensable l’incision de décharge verticale est placée deux dents en dis-
de garder à l’esprit que les incisions de décharge verticales tal du site d’intervention. Ce type d’incision permet de parer
doivent absolument être déportées à distance de la lésion à toute éventualité de complication et, notamment, d’autori-
et de la dent à traiter. Trop souvent réalisée pour des ser la réalisation d’une fenêtre osseuse sinusienne le cas
pseudo-concepts de vascularisation, l’incision mésiale échéant.
semble désormais discutable. Son seul intérêt pourrait Dans les cas très limités de petite lésion, un lambeau triangu-
être une suture aisée en fin d’intervention. laire, restreint à une dent, peut être indiqué. La taille de la
lésion concernée doit impérativement être compatible avec
une bonne régénération osseuse après l’intervention.

2 - À la mandibule

a - Secteur antérieur
L’incision horizontale peut être sulculaire ou en gencive atta-
chée lorsque l’environnement parodontal le permet. Une ou
deux incisions de décharge sont ajoutées. Le repérage anato-
mique du foramen mentonnier est très important puisque
l’incision verticale devra toujours être à distance de cet ori-
fice de façon à protéger le nerf dentaire inférieur dans sa
zone de sortie. Il est également très important de prendre en
considération cet orifice anatomique au moment de la réali-
sation de la crypte osseuse à venir. En effet, le nerf dentaire
Figure 16.10 Incision sulculaire. inférieur et les éléments vasculaires qui l’accompagnent

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Endodontie chirurgicale 16
forment une crosse antérieure à l’orifice avant de ressortir par 2 - La lésion a détruit la corticale
le foramen. Ne pas anticiper cette spécificité anatomique La fraise sera guidée par le trajet fistulaire.
peut conduire à créer une hémorragie peropératoire ou une L’exérèse de la lésion permettra un abord facile à la zone api-
lésion du nerf concerné. cale. Plus la lésion est grande, moins l’ostéotomie d’accès est
nécessaire. Le contour de la crypte ne sera modifié que par
b - Secteurs latéraux
nécessité technique pour le passage des différents instru-
La zone à risque est représentée par l’émergence du nerf ments de préparation et d’obturation a retro.
dentaire inférieur, au niveau du trou mentonnier. Une fois de
plus, c’est cette émergence qui va dicter le choix et le type
du lambeau. Important ! Cette cavité doit permettre l’exérèse complète
de la lésion et le passage des micromiroirs pour contrôler
Seule la première prémolaire mandibulaire oblige, dans la les zones radiculaires non visibles. Cela est indispensable
majorité des cas, à une incision en avant de l’émergence du pour le contrôle du nettoyage radiculaire, de la présence de
nerf dentaire inférieur. canaux latéraux et même de fractures ou de fêlures (Kim,
Pour toutes les autres dents, deuxièmes prémolaires et 2000).
molaires, l’incision sera généralement postérieure.
L’incision postérieure verticale et horizontale intra-sulculaire
est suffisante dans l’indication éventuelle d’une fenêtre osseuse. 3 - La corticale osseuse est intacte
Cette situation rend, de toute évidence, l’abord plus difficile.
Le lambeau intra-sulculaire avec décharge verticale reste La radiographie permet d’estimer la longueur de la dent et
le lambeau de choix et mettra à l’abri de grand nombre de
permet d’estimer :
complications peropératoires et post-chirurgicales.
- la position des apex ;
- le niveau de résection nécessaire des apex.
- Les trois fraises principalement utilisées sont :
- la fraise boule, montée sur pièce à main (fraise chirurgicale
V - Accès à la zone apicale diamètre 06 ou 08, en carbure de tungstène, Dentsply Mail-
lefer) ;
L’objectif est d’atteindre la ou les racines concernées et de - la fraise 1171 montée sur pièce à main chirurgicale ;
faciliter l’accès aux instruments nécessaires au curetage de - les fraises L 151 et L 151-L (Prima®) qui permettent à la fois
la lésion, à la résection de la racine, à sa préparation api- l’ostéotome et la résection apicale.
cale et à son obturation. L’ostéotomie à la fraise génère une légère élévation de tem-
pérature et nécessite une irrigation continue avec de l’eau
stérile ou du sérum physiologique.
Ce sont ces impératifs qui vont guider la taille minimale de la L’ostéotomie peut également être réalisée avec la turbine
crypte osseuse à adopter. Plus cette cavité sera petite et Impact Air 45® décrite ci-dessus et destinée à la chirurgie. Le
meilleures seront la régénération et les suites postopéra- choix entre ces deux types d’instrumentations dépend de
toires. L’évolution de l’instrumentation et, notamment, l’ap- l’opérateur et de la précision de son geste.
parition des micro-instruments (instrumentation de Carr ou L’ostéotomie est réalisée a minima. La taille minimale se situe
de Kim) ont permis de réduire la taille de la cavité et, donc, aux alentours de 4 mm mais devra être élargie si les apex sont
de limiter considérablement le délabrement osseux. éloignés des corticales. Il est, là aussi, préférable d’ajuster la
taille de la cavité en fonction des impératifs anatomiques au
fur et à mesure du déroulement de l’intervention.
A - Accès conventionnel Si la cavité est profonde, dans le cas d’apex en position lin-
Trois éventualités cliniques sont possibles. guale à la mandibule par exemple, il est nécessaire d’éviter la
« tunnélisation » (cavité traversant de part en part la mandi-
1 - Une fenestration osseuse laisse apparaître la racine bule) qui rendra l’intervention difficile par manque de visibilité.
La partie apicale et la lésion sont immédiatement visibles La cavité sera alors élargie en nappe pour améliorer la visibi-
après élévation du lambeau. Il est alors possible de réaliser lité et faciliter l’accès aux apex. Pour pallier cet inconvénient,
la résection de la racine sans trop de difficultés. L’utilisation un volet osseux découpé par piézo-chirurgie et repositionné
d’une fraise chirurgicale (151-Z Prisma®, Classic, ou Zekrya®, en fin d’intervention peut être réalisé (Cochet, 2009 et 2010)
Dentsply Maillefer) montée sur une turbine Impact Air 45® (fig. 16.11 à 16.14).
(Palisades Dental LLC) semble l’idéal. Cette turbine permet L’accès sera facilité pour des racines éloignées des corticales
une irrigation constante de la fraise sans air qui est rejeté à externes.
l’arrière de la pièce à main. Cette particularité permet d’évi- Dans le cas de lésion de grande taille, l’exérèse complète du
ter tout risque d’emphysème. La limite apicale de la racine tissu inflammatoire ou kystique devra être faite le plus rapi-
sera réenfouie au fur et à mesure de sa résection et de l’os- dement possible pour déclencher l’hémostase et prévenir les
téotomie. saignements secondaires.

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16 Endodontie

Figure 16.11 Instruments fracturés et butée empêchant de Figure 16.13 Résection et obturation a retro des racines mésiale
reprendre le traitement endodontique convenablement. Les et distale. Radiographie postopératoire et de contrôle à 1 an.
corticales sont très épaisses.

Figure 16.12 L’utilisation des inserts Piezotome® (Satelec) per- Figure 16.14 Contrôle à 1 an montrant une excellente régénéra-
met une « découpe du volet ». L’épaisseur des corticales indique tion tissulaire et une conservation ad integrum de la corticale
son utilisation. externe.

Le curetage sera manuel avec l’utilisation de curettes de type exagérément la cavité dans le sens vertical en direction api-
Lucas ou d’inserts ultrasonores. cale pour éviter toute communication avec cette cavité.
Il est souhaitable de demander une analyse anatomopatholo- Dans le secteur prémolaire, il y a peu de complications ana-
gique en cas de doute quelconque sur la nature de cette lésion. tomiques ; les apex sont généralement proches des corti-
cales. Parfois la racine palatine peut diverger en direction
B - Anatomie et précautions chirurgicales palatine et contraindre à réaliser un abord palatin, moins des-
La position des apex et des particularités anatomiques tructeur.
doivent guider le geste chirurgical et peuvent contraindre le Dans le secteur molaire, la difficulté majeure reste le manque
praticien à prendre un certain nombre de précautions. de visibilité ; plus les racines sont postérieures, plus le geste
est difficile et peut être encore compliqué par une forte
1 - Au maxillaire tonicité musculaire.
Dans le secteur antérieur, les apex peuvent être en rapport Les racines vestibulaires peuvent également plonger dans le
avec les fosses nasales. Il convient donc de ne pas étendre sinus. Dans ce cas, un examen scanner, ou cone beam CT,

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Endodontie chirurgicale 16
permet d’anticiper les difficultés techniques et fournit une
précieuse cartographie de la zone d’intervention. Ces informa-
tions seront prises en compte pour le choix de la voie d’abord.
La chirurgie transsinusienne est préférée par certains prati-
ciens, qui considèrent que l’accès aux racines palatines des
molaires maxillaires est alors plus facile. Néanmoins, les
risques de propulsion de débris dans la cavité antrale, le
manque de visibilité et les suites postopératoires ORL ne
sont pas négligeables et doivent être pris en considération.
Techniquement, la résection apicale, la préparation et l’obtu-
ration a retro de la racine palatine sont finalement plus diffi-
ciles par cet abord vestibulaire et engendrent une résection
osseuse importante pouvant parfois conduire à un défaut de
cicatrisation (fig. 16.15).

L’abord palatin est finalement plus « noble » et moins des-


tructeur, et la régénération tissulaire souvent meilleure. La
qualité de l’os palatin et l’épaisseur de la muqueuse pala-
tine qui recouvre le site d’intervention sont des éléments
favorables pour anticiper une bonne cicatrisation posto- Figure 16.16 La lésion borde le nerf dentaire inférieur. Obtura-
pératoire. tion a retro, contrôle à 3 ans.

très utile et rassurant afin d’éviter toute lésion du paquet vas-


culo-nerveux. En effet, l’effet de coupe sélectif de ces inserts
de chirurgie osseuse préserve les tissus mous et prévient tout
risque de lésion du nerf dentaire inférieur.
Dans le secteur molaire, les problèmes sont plus nombreux.
L’accès est difficile, les corticales sont épaisses et la position
du nerf dentaire inférieur complique considérablement l’acte
chirurgical.

Remarque : l’imagerie tridimensionnelle est particulière-


ment indiquée pour déterminer le nombre de racines à trai-
ter, définir leur position et leurs rapports anatomiques, et
évaluer la faisabilité d’intervention. Il est incohérent de
créer des destructions osseuses massives, irréversibles, qui,
Figure 16.15 1. Sinusite chronique entretenue par un ancien en cas d’échec de la thérapeutique, compliqueraient les
dépassement de pâte. 2. Chirurgie transsinusienne permettant traitements ultérieurs, implantaires ou autres.
l’élimination du petit fragment de pâte, le curetage du dôme
apical et l’élimination des tissus inflammatoires chroniques. 3 et
4. Contrôle à 2 ans objectivant une totale stabilisation clinique. Là aussi, il convient d’éviter l’effet de « tunnel » qui rendrait
le geste imprécis, voire impossible.
L’intérêt des inserts montés sur un générateur ultrasonore
2 - À la mandibule piézoélectrique pour procéder à la résection osseuse est
Dans le secteur antérieur, les corticales osseuses peuvent indéniable (Poblete-Michel et Michel, 2008).
être épaisses, surtout en présence de proéminence menton- L’effet piézoélectrique imprime, des vibrations qui déplacent
nière. Un dédoublement des racines devra être cherché. l’insert longitudinalement. Ces inserts ultrasonores permettent
Dans le secteur prémolaire, la voie d’abord devra tenir une coupe sous irrigation plus fine que celle obtenue avec une
compte de l’émergence du nerf dentaire inférieur au niveau fraise, traumatique, et quasiment sans élévation de température.
du trou mentonnier. L’incision de décharge sera donc située L’irrigation activée par l’effet de cavitation facilite l’hémos-
en avant de cet orifice anatomique dans le cas des premières tase et le nettoyage du site chirurgical.
prémolaires et en arrière de celui-ci pour les secondes pré- L’effet piézoélectrique, actif sur les tissus durs, n’a aucun
molaires. La position du trou mentonnier peut varier d’un effet sur les tissus mous, ce qui indique son utilisation dans
patient à l’autre et il doit être repéré sur la radiographie les zones à risque.
préopératoire (fig. 16.16). La chirurgie ultrasonique ou piézoélectrique permet d’inter-
En cas de proximité du nerf dentaire inférieur, l’emploi d’un venir en respectant les structures biologiques, de réduire
système ultrasonore pour réaliser l’ostéoectomie peut s’avérer l’échauffement et d’irriguer de façon optimale. La possibilité

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16 Endodontie

de réaliser un volet osseux pour accéder à la lésion et de L’action est sélective, efficace sur les tissus durs et inefficace
repositionner ce volet en fin d’intervention a considérable- sur les tissus mous. Cela est particulièrement intéressant
ment modifié la philosophie de la chirurgie endodontique. Le pour les interventions à proximité des éléments nobles tels
Piezotome® (Satelec) se compose d’un générateur d’ultrasons que le nerf dentaire inférieur par exemple (fig. 16.20).
piézoélectrique, d’un système d’irrigation au sérum physiolo- Le volet osseux peut être repositionné en fin d’intervention
gique et de deux pièces à main : l’une pour l’usage des inserts (fig. 16.21), ce qui permet de restituer in situ un capital osseux
de chirurgie (Piezotome®) (fig. 16.17 et 16.18) et l’autre pour l’uti- optimisant de manière inégalée la régénération tissulaire
lisation des inserts ultrasonores classiques de chirurgie endo- (fig. 16.22 et 16.23).
dontique de préparation a retro (PMax-Newtron®, Satelec).
La chirurgie piézoélectrique combine ainsi les ultrasons et
l’action d’ostéotomes contrôlés électroniquement par les
générateurs. Ces ostéotomes ultrasonores offrent de nom-
breux avantages :
- l’optimisation de la visibilité et l’accès au champ opératoire
exsangue et irrigué en nappe permettent une approche
claire de la voie d’abord. Cette irrigation constante prévient
toute surchauffe des tissus sectionnés ;
- la section est précise et sûre, tel le stylo guidé par l’index et
le majeur dont la maniabilité est totale.

Figure 16.19 Dépassement de pâte et suspicion de perforation au


niveau de la racine distale. Indication de chirurgie endodontique.

Figure 16.20 Les corticales osseuses sont très épaisses : indica-


tion d’un volet osseux.

Figure 16.17 et 16.18 Piezotome® (Satelec) et inserts. Figure 16.21 Repositionnement en fin d’intervention.

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Endodontie chirurgicale 16
A - Résection apicale
1 - Objectifs
Après avoir récliné le lambeau muco-périosté, le dégage-
ment osseux est réalisé sous aide visuelle (microscope ou
loupe) et permet d’accéder à l’apex de la dent à traiter. Le
seul curetage de la lésion est insuffisant. La résection apicale
est nécessaire afin de faciliter l’élimination du tissu patholo-
gique et de mettre en évidence les contours radiculaires ainsi
que l’anatomie canalaire (fig. 16.24 et 16.25).
Les variations anatomiques telles les deltas apicaux, les
canaux accessoires et les bifurcations basses sont générale-
ment localisés dans les 3 mm apicaux de la racine. Les études
anatomiques de Vertucci (Vertucci, 1978 et 1984 ; Vertucci et
Figure 16.22 Contrôle radiographique à 6 mois. Williams, 1974) confirment que la majorité des ramifications
canalaires se situent dans la zone apicale.

Figure 16.23 Le contrôle scannographique à 6 mois objective


une excellente conservation du capital osseux.

Cette approche ouvre des perspectives prometteuses aussi Figure 16.24 Mise en évidence d’un troisième canal sur une pré-
bien pour les chirurgies sinusiennes que mandibulaires, dans molaire supérieure lors de la résection apicale.
le respect des corticales épaisses.

VI - Mise en forme canalaire apicale


La préparation et l’obturation en chirurgie endodontique
doivent suivre les mêmes concepts et répondre aux mêmes
objectifs que l’endodontie conventionnelle. La désinfection et
le scellement du système canalaire doivent être effectués du
mieux possible lors du traitement endodontique chirurgical.

Remarque : il est désormais admis que la seule résection


apicale n’est pas suffisante pour obtenir une guérison après
une chirurgie endodontique. Sans préparation canalaire
a retro, les bactéries présentes dans le système canalaire
continueront de libérer leurs toxines vers les tissus péri-api-
caux empêchant tout succès thérapeutique. Il est donc
indispensable de nettoyer puis d’obturer le système cana- Figure 16.25 Découverte, après résection apicale, de l’anatomie
laire accessible par la voie chirurgicale. complexe de cette prémolaire maxillaire : 3 canaux reliés par un
isthme.

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16 Endodontie

La résection apicale de ces 3 mm permet d’éliminer ces com- résection est perpendiculaire au grand axe de la dent. Un
plexités anatomiques et d’accéder au système canalaire. Les angle de biseau réduit permet d’être économe en tissu den-
différentes complications (calcification, perforation, fausse taire et de conserver un rapport couronne/racine suffisant
route, instrument fracturé) rencontrées lors d’un retraite- (Kim et Kratchman, 2006).
ment sont difficilement négociables par la voie orthograde si En réalisant un biseau trop prononcé, le nombre de tubuli
elles se situent dans le tiers apical (Gorni et Gagliani, 2004). dentinaires mis à nu augmente. Il existe donc alors un risque
En revanche, elles seront facilement éliminées lors de la augmenté de percolation au niveau de l’obturation a retro.
résection apicale. Cependant un angle de 0° ne permet pas une visibilité suffi-
En cas de racines courtes, il est important d’évaluer la valeur sante, notamment dans le secteur molaire. Un compromis
résiduelle de la racine réséquée afin d’en préserver la plus entre un accès chirurgical adéquat et un angle de résection le
grande partie. Il est donc possible, dans certains cas, d’effec- plus petit possible doit être trouvé.
tuer une simple mise à plat la plus conservatrice possible de
l’extrémité apicale. 4 - Mise en évidence du système canalaire
Après avoir réséqué la portion apicale de la dent, le système
2 - Mode opératoire canalaire est mis en évidence. La surface de la résection est
La résection apicale est réalisée, à l’aide d’une fraise à os examinée sous microscope opératoire à l’aide d’une sonde 17
chirurgicale, type Zekrya, montée sur turbine. Une irrigation et d’un micromiroir (fig. 16.28 et 16.29).
importante est utilisée afin d’éviter toute augmentation de Dix fois plus petits que les miroirs conventionnels, les micro-
température au niveau de la dent et des structures osseuses miroirs sont spécialement conçus pour la chirurgie endo-
avoisinantes. Les turbines disposant d’un spray à air et à eau dontique. Leur surface réfléchissante peut être en rhodium,
utilisées en dentisterie conventionnelle ne conviennent pas en saphir ou en tungstène poli. Ils permettent de visualiser
pour la chirurgie endodontique. Une turbine sans aucune sor- plus facilement les contours radiculaires et la surface de la
tie d’air telle que celle décrite précédemment est préférée section apicale, en particulier sur des dents difficiles d’accès.
afin d’éviter tout risque d’emphysème (Stropko et Gutmann, Si la cavité d’accès est suffisante, il est possible, avec ces
2005). La sortie d’eau proviendra d’une bouteille d’eau stérile miroirs, d’inspecter la partie palatine ou linguale de la racine.
directement connectée à l’équipement. Des colorants tels que le bleu de méthylène peuvent être
Une turbine présentant une angulation de 45° est utilisée utilisés pour mettre en évidence le ligament parodontal
pour réséquer la racine tout en conservant un contrôle visuel autour de l’apex réséqué ainsi que les entrées canalaires, les
permanent sur l’apex de la dent (fig. 16.26). Ce type de turbine isthmes et les canaux en C.
facilite la réalisation de la résection sur des dents difficiles
d’accès telle que les molaires inférieures.
L’apex de la dent est progressivement biseauté jusqu’à réaliser B - Hémostase
une résection apicale perpendiculaire au grand axe de la racine. L’obtention d’une hémostase est absolument nécessaire pour
avoir une excellente visibilité de la zone de travail et per-
mettre de réaliser les étapes de préparation et d’obturation a
retro dans les meilleures conditions.

L’hémostase est obtenue par l’utilisation d’un anesthésique


local avec vasoconstricteur. L’ostéotomie et le curetage de
la lésion peuvent compliquer cette hémostase et il est
important d’éliminer soigneusement les petits fragments
tissulaires qui entretiennent le saignement.

Cependant, au niveau de la crypte osseuse où l’hémostase


doit être parfaite, il est nécessaire d’utiliser des agents
Figure 16.26 Turbine à tête angulée à 45° permettant un meilleur hémostatiques complémentaires.
accès à l’extrémité apicale.
1 - Adrénaline
3 - Angulation du biseau Une boulette de coton imprégnée d’un vasoconstricteur est
Une attention particulière doit être apportée à la réalisation souvent utilisée pour parfaire l’hémostase au niveau de la
du biseau. La résection apicale doit être perpendiculaire au crypte osseuse (Vickers et al., 2004). Elle est appliquée avec
grand axe de la dent afin de mettre en évidence la totalité du une légère pression contre le tissu osseux au fond de la
système canalaire (fig. 16.27). Il faut éviter d’avoir un angle de crypte pendant 2 à 3 minutes. L’adrénaline va agir directe-
biseau trop important qui pourrait masquer une partie du ment sur les récepteurs alpha des vaisseaux sanguins, entraî-
système canalaire. Plus l’angle du biseau est petit, plus la nant leur vasoconstriction. Son action est potentialisée par

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Endodontie chirurgicale 16

a b

c d

Figure 16.27 a. Molaire supérieure présentant une seule lésion sur les racines mésio-vestibulaires. b. La résection apicale semble
montrer un seul canal dans la racine mésio-vestibulaire. c. Après résection plus perpendiculaire au grand axe de la dent, mise en
évidence d’un second canal mésio-vestibulaire et d’un isthme. d. Extrémité apicale après obturation a retro.

Figure 16.28 Comparaison de la taille d’un micromiroir de Figure 16.29 La sonde 17 met en évidence l’absence d’étanchéité
chirurgie endodontique à celle d’un miroir de bouche habituel. de l’obturation canalaire.

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16 Endodontie

la pression appliquée. Il est possible de laisser en place le C - Préparation canalaire a retro


coton imprégné qui sera retiré en fin d’intervention avant de
rincer la crypte avec du sérum physiologique. Cette tech- 1 - Inserts à ultrasons
nique peut être répétée autant de fois que nécessaire jusqu’à
l’obtention d’une hémostase suffisante. La préparation canalaire a retro s’est longtemps limitée à
une simple cavité réalisée à l’aide d’une fraise boule montée
2 - Cire à os sur une pièce à main ou sur un contre-angle dédié à la
De la cire à os peut également être utilisée au niveau de la chirurgie endodontique. Néanmoins, cette technique com-
porte plusieurs limites et inconvénients. Il est difficile d’ac-
crypte osseuse pour contrôler le saignement (Selden, 1970).
céder à l’apex des dents dans le secteur postérieur. La tête
Cet agent hémostatique est constitué de cire d’abeille cou- du contre-angle est toujours trop encombrante et il est très
plée à de l’isopropyl palmitate. La cire est appliquée avec une rarement possible de l’utiliser dans l’axe de la racine.
légère pression dans la totalité de la crypte osseuse afin de
bloquer les sorties vasculaires et de contrôler le saignement. Dans les années 1990, Garry Carr a proposé d’utiliser des inserts
Cette technique est peu fiable et progressivement abandon- à ultrasons spécifiques à la chirurgie endodontique (Carr, 1997).
née. La cire doit être totalement éliminée de la crypte Ces inserts sont nettement moins encombrants et permettent
osseuse après l’intervention chirurgicale car elle peut provo- un travail plus précis et moins délabrant que les autres. Il est
quer une réaction inflammatoire importante. enfin possible de positionner leur partie active selon le grand
axe du canal en minimisant les risques de perforation radicu-
3 - Sulfate ferrique
laire. Ainsi, la préparation a retro ne se limite plus à une simple
Le sulfate ferrique est également utilisé en chirurgie endo- cavité mais permet un nettoyage et une mise en forme du sys-
dontique comme agent hémostatique. Les protéines du sang tème canalaire sur plusieurs millimètres.
semblent réagir avec les ions sulfates et ferriques formant Les inserts conçus pour la chirurgie endodontique sont actifs
des agglomérats de protéines obturant ainsi les capillaires sur leurs derniers millimètres et leur pointe peut être dia-
sanguins. mantée, ce qui augmente leur efficacité. Les inserts utilisés
Le sulfate ferrique est appliqué sur la surface osseuse à l’aide dans le secteur antérieur présentent deux courbures dans le
d’une boulette de coton qui en est imprégnée. Aucune pres- même plan de l’espace (fig. 16.31), alors que ceux réservés au
sion n’est nécessaire au niveau du tissu osseux. Un simple secteur postérieur disposent de deux courbures dans deux
contact permet d’obtenir une hémostase. Un coagulum bru- plans de l’espace. Seul un type d’insert présente trois cour-
nâtre se forme alors immédiatement. bures dans deux plans : le BK3® (SybronEndo) (fig. 16.32). Il
Le sulfate ferrique peut provoquer une inflammation modé- peut aussi bien être utilisé, pour une chirurgie endodontique,
rée de la zone s’il est laissé en place après l’intervention. Un sur une incisive maxillaire que sur une molaire mandibulaire.
rinçage final au sérum physiologique et un léger curetage de Les trois courbures permettent de déporter la pointe de l’in-
la crypte en fin d’intervention permettent d’éliminer tous les sert par rapport à la pièce à main ultrasonore et de garder
résidus de coagulum de sulfate ferrique et d’éviter cette ainsi un contrôle visuel permanent de la zone de travail.
inflammation (Jeansonne et al., 1993a et 1993b). L’utilisation La grande majorité des inserts à ultrasons disponibles sur le mar-
de sulfate ferrique, en raison de la qualité de l’hémostase ché disposent d’une partie travaillante de seulement 3 mm. Il
obtenue, tend à se généraliser en chirurgie endodontique existe désormais des inserts dont la partie active est allongée et
(fig. 16.30). mesure 6 ou 9 mm (Apical Surgery®, Satelec), permettant ainsi de
nettoyer et de préparer le canal plus profondément (Khayat et
Michonneau, 2006) (fig. 16.33). Ils doivent être utilisés de manière
séquentielle, du plus court au plus long, chaque insert préparant
le passage du suivant afin de rester dans l’axe du canal (fig. 16.34).

Figure 16.30 Une parfaite hémostase est obtenue avec l’utilisa-


tion du sulfate ferrique dans la crypte osseuse. Figure 16.31 Vue d’un insert ultrasonore conventionnel.

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Endodontie chirurgicale 16

Figure 16.33 Vue du système Endo Success Apical Surgery®. Les


inserts ont trois longueurs successives (3, 6 et 9 mm).

Figure 16.32 Vue d’un insert à ultrasons BK3®. Il présente une triple
courbure dans les trois plans de l’espace.

a b

Figure 16.34 a. Dent pilier faisant partie d’un grand bridge.


b. Préparation et obturation par la voie chirurgicale de l’intégra-
lité du système canalaire résiduel. c. Guérison complète à 1 an
c postopératoire.

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16 Endodontie

2 - Préparation canalaire présents au niveau des prémolaires mandibulaires et des


deuxièmes molaires mandibulaires (Baidsen et al., 1992).
Un insert à pointe non diamantée est d’abord utilisé afin de L’action mécanique des inserts permet de nettoyer le système
commencer le plus délicatement possible la préparation canalaire et d’éliminer l’ancien matériau d’obturation générale-
canalaire. Sa pointe est délicatement posée sur l’entrée cana- ment présent. La préparation canalaire est régulièrement exa-
laire puis, avec un mouvement léger sans pression verticale, minée sous microscope opératoire à l’aide d’un micromiroir
l’insert pénètre dans le canal. Un insert à pointe diamantée pendant la phase d’utilisation des inserts pour s’assurer qu’elle
permet ensuite de travailler plus efficacement dans le corps progresse bien dans l’axe du canal. Si l’insert rencontre une
du canal. Tous les inserts à ultrasons doivent être utilisés avec résistance, il ne doit jamais être forcé. Il faut le retirer et
une irrigation abondante. contrôler visuellement l’axe de la préparation en cours pour le
Dans les isthmes interradiculaires et les canaux en C, un insert modifier le cas échéant. Les parois canalaires doivent être le
à pointe non diamantée et peu agressive est généralement plus propres possible, sans aucun résidu d’obturation.
utilisé pour ne pas risquer d’abîmer les parois radiculaires Les nouveaux concepts de préparation et d’obturation cana-
plus fines. Seule la chirurgie endodontique permet de net- laires en chirurgie endodontique permettent d’effectuer un
toyer ces portions canalaires inaccessibles par la voie conven- traitement plus fiable et plus conservateur qu’auparavant,
tionnelle. Ces anatomies radiculaires ne sont pas rares dont les objectifs sont superposables à ceux de l’endodontie
puisque la grande majorité des molaires maxillaires présen- conventionnelle (fig. 16.35). Les nouveaux inserts à ultrasons
tent un isthme entre les deux canaux mésio-vestibulaires permettent de travailler profondément dans l’axe du canal et
(Vertucci et Williams, 1974). Les canaux en C sont souvent de respecter la complexité de l’anatomie canalaire.

a b

Figure 16.35 a. Lésion d’origine endodontique sur 36. b. Prépara-


tion et obturation a retro des 4 canaux. c. Guérison à 1 an pos-
c topératoire.

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Endodontie chirurgicale 16
VII - Obturation a retro
Important ! La mise en place d’un matériau d’obturation est
une étape primordiale en chirurgie endodontique. Il est en
effet indispensable de placer une barrière physique pour
empêcher le passage des bactéries et de leurs endotoxines
vers le péri-apex. L’élargissement du canal par la prépara-
tion rétrograde préalable est nécessaire pour pouvoir
mettre en place cette obturation étanche. Le matériau
d’obturation idéal pour une cavité rétrograde doit répondre
aux critères suivants (Gatner et Dorn, 1992) :
Figure 16.36 Petite « carotte » d’IRM® apportée sur une spatule.
- assurer un scellement hermétique du système canalaire ;
- être biocompatible ;
- stimuler la régénération des tissus péri-apicaux ;
- durcir sans être affecté par l’humidité ;
- présenter une stabilité volumétrique ;
- ne pas présenter d’aptitude à la corrosion, ni d’activité
électrochimique ;
- ne pas générer de coloration de la dent ni des tissus
adjacents ;
- être facile à manipuler ;
- présenter une radio-opacité différente de celle de la dentine.

L’amalgame a longtemps été considéré comme le matériau


de choix en chirurgie endodontique mais les risques de cor- Figure 16.37 Différentes longueurs de fouloirs pour obturer plus
rosion, la faible biocompatibilité et le peu d’étanchéité api- profondément.
cale obtenu ont progressivement amené les cliniciens à lui
préférer l’IRM® (De Trey), le Super-EBA® (Bothworth) et le MTA manipulation du Super-EBA® est un peu plus délicate que
(ProRoot MTA®, Dentsply Maillefer ; MTA Angelus®, Angelus) celle de l’IRM®, le temps de prise étant plus court. La prise des
qui semblent mieux répondre que lui aux exigences de la deux matériaux est complète en quelques minutes et permet
chirurgie endodontique moderne. une finition des bords et un polissage de l’obturation.

A - IRM® et Super-EBA® B - MTA


L’IRM® est composé d’une poudre (oxyde de zinc + 2° % de Le MTA (ProRoot MTA® et MTA Angelus®) est une poudre
polyméthacrylate et d’hydroxyapatite) et d’un liquide (eugé- dont la composition rapportée est proche de celle du ciment
nol et acide acétique). de Portland. Elle est constituée de fines particules hydro-
Le Super-EBA® est également le mélange d’une poudre (oxyde philes d’oxydes minéraux et d’oxyde de bismuth pour amélio-
de zinc renforcé par de l’oxyde d’aluminium et des résines rer sa radio-opacité. Les principaux composants sont des
naturelles) et d’un liquide (eugénol et acide éthoxybenzoïque). silicates tricalciques, des aluminates tricalciques, des oxydes
La préparation de ces deux matériaux pour obtenir un tricalciques et des oxydes silicates. L’hydratation de la poudre
mélange dont la consistance permet une manipulation et avec de l’eau stérile forme une pâte de consistance sableuse
une condensation compatibles avec les impératifs cliniques qui se solidifie, en milieu humide, en une structure dure.
est délicate. La poudre est progressivement incorporée au Le MTA est conditionné en sachets prédosés de poudre, avec
liquide par petites quantités jusqu’à l’obtention d’une consis- une unité d’eau stérile. Sa consistance sableuse rend toute-
tance suffisamment ferme. Pour faciliter la mise en place fois sa manipulation délicate. Des instruments spécifiques
dans la cavité a retro, il est nécessaire de former à la spatule ont été mis au point pour essayer de faciliter son insertion
un petit « boudin » de ciment d’un diamètre d’environ 1 à dans la cavité a retro. Le « porte-MTA », ou MTA Gun®,
1,5 mm au maximum. Le ciment est alors prélevé sur la plaque reprend le concept d’un porte-amalgame (fig. 16.33). Il pré-
de mélange par petites portions, mis en place dans la cavité sente plusieurs têtes courbes permettant de déposer direc-
rétrograde préalablement préparée à l’aide d’une spatule tement le MTA dans la cavité a retro aussi bien dans les
(fig. 16.36), puis condensé par apports successifs à l’aide de secteurs antérieurs que postérieurs. Lee a quant à lui proposé
fouloirs spéciaux. L’opération est répétée jusqu’au remplis- un dispositif permettant de réaliser facilement de petits
sage de la cavité. Comme pour les inserts à ultrasons, il existe blocs de MTA qui peuvent être ensuite manipulés plus sim-
désormais des fouloirs de différentes longueurs (3, 4,5 et plement avec une spatule. Le temps de travail du ProRoot
6 mm) (Hu-Friedy®) qui permettent de pousser le matériau MTA® est de 5 minutes mais son temps de prise est en
d’obturation le plus loin possible dans le canal (fig. 16.37). La moyenne de 2 h 45 min (Torabinejad et al., 1995a).

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16 Endodontie

C - Propriétés des matériaux


1 - Propriétés antimicrobiennes
Les propriétés antimicrobiennes du MTA, de l’IRM® et du
Super-EBA® ont été analysées et comparées (Torabinejad
et al., 1995b). Le MTA, par son pH élevé, présente un effet
antibactérien sur les bactéries anaérobies facultatives mais
n’a aucun effet sur les bactéries anaérobies strictes prédomi-
nantes dans la flore endodontique. L’IRM® et le Super-EBA®,
par la présence d’eugénol, possèdent également un léger
pouvoir inhibiteur sur la croissance bactérienne.

2 - Biocompatibilité
Aucun des ciments couramment utilisés en chirurgie endo-
dontique ne présente de potentiel mutagène (Torabinejad Figure 16.38 Contrôle de l’étanchéité de l’obturation a retro.
et al., 1995b). Keiser et al. (2000) ont étudié les effets cyto-
toxiques du ProRoot® MTA et du Super-EBA® sur des fibro-
blastes parodontaux d’origine humaine. La cytotoxicité du VIII - Succès et échec
premier, indépendamment de la concentration considérée,
est significativement inférieure à celle du second.
en endodontie chirurgicale
Le MTA possède une bonne tolérance tissulaire et permet
une excellente cicatrisation osseuse à son contact. Il peut A - Définition du succès
parfois induire une apposition de cément, la formation d’un
ligament parodontal et l’apposition de tissu osseux. Ces pro- La définition du « succès » généralement utilisée dans les
priétés régénératrices ont été observées in vivo lors de études scientifiques prend principalement en compte des
chirurgies endodontiques pratiquées sur le singe (Torabine- critères radiographiques. Cependant il ne permet pas de
jad, 1997). Il a été mis en évidence au niveau de la couche de décrire de façon suffisante le pronostic de la chirurgie
MTA, des néoformations cémentaires et ligamentaires. L’IRM® endodontique.
et le Super-EBA® ne permettent pas d’obtenir une régénéra-
tion mais possèdent une biocompatibilité suffisante pour L’indice de mesure radiologique communément utilisée est
parvenir à une réparation tissulaire fiable en chirurgie endo- l’indice péri-apical (periapical index) décrit par Orstavik et al.
dontique. (1986). Il est en fait issu des travaux de recherche de Brynolf
fondés uniquement sur les incisives maxillaires. Orstavik a
tenté de démontrer qu’il pouvait être utilisé pour objectiver la
3 - Étanchéité et adaptation marginale
présence des lésions péri-apicales au niveau de toutes les
L’étanchéité des matériaux d’obturation a été analysée en dents. Son utilisation permet de suivre l’évolution (guérison ou
utilisant des protocoles cliniques très différents (pénétration aggravation) d’une lésion péri-apicale. Cet outil de diagnostic
de colorants, migration bactérienne). L’analyse de l’adapta- n’est pas spécifique à la chirurgie et peut être utilisé dans
tion marginale sous microscope électronique est également toutes les situations cliniques pour le suivi des patients. Rud et
très dépendante des conditions d’investigation. Andreasen ont quant à eux étudié la corrélation entre l’histo-
Une revue de littérature médicale menée par Torabinejad et logie des tissus de la zone apicale et l’interprétation radiogra-
Parirokh (2010) montre que le MTA présente une étanchéité phique lors d’une chirurgie endodontique. Ils ont ainsi proposé
marginale légèrement supérieure à celle obtenue avec l’IRM® une classification radiographique permettant de standardiser
ou le Super-EBA®. La capacité de scellement du MTA est liée la notion de succès en chirurgie endodontique.
à son caractère hydrophile et à l’absence de rétraction de Les travaux plus anciens de Bender et Seltzer (1961, cités dans
prise même en condition humide. En revanche, l’adaptation Bender et Seltzer, 2003) montrent toutefois la difficulté d’ob-
marginale de ces trois matériaux semble équivalente jectiver une lésion sur une image radiographique. En effet,
(fig. 16.38). celle-ci n’est clairement visible sur une radiographie intrabuc-
cale que si la corticale osseuse est détruite. L’utilisation de
Il semble donc possible d’utiliser chacun de ces matériaux radiographies de dernière génération (film Ektaspeed® F, Kodak)
en chirurgie endodontique, la mise en œuvre du MTA ou de radiographies numériques ne fournit pas d’informations
étant plus délicate que celle les deux autres. Les études significativement meilleures. Seule l’imagerie tridimension-
cliniques montrent des résultats similaires indépendam- nelle, du type cone beam CT, permet de mettre en évidence de
ment du matériau d’obturation a retro utilisé (Tsesis et al., façon certaine la présence d’une lésion apicale. Aucune étude
2009). Le choix de l’opérateur se portera donc sur le maté- utilisant cette technique n’a à ce jour été publiée pour analyser
riau dont il a la plus grande maîtrise.
les résultats de la chirurgie endodontique.

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Endodontie chirurgicale 16
Wang et al. (2004) proposent, dans la Toronto Study, une l’amalgame (succès égal à 59 %) à celui de la chirurgie utilisant
nouvelle définition de la notion de succès adaptée à la des techniques dites modernes (succès égal à 94 %) et confir-
chirurgie endodontique. Trois catégories permettent désor- ment ainsi l’intérêt de l’approche décrite dans ce chapitre.
mais de définir les critères d’un succès en se fondant sur une Cette conclusion est confirmée par une méta-analyse de la
analyse radiographique mais également clinique : littérature médicale proposée par Tsesis et al. (2009) qui faisait
- guérison, soit absence de signes cliniques et disparition de ressortir un taux de dents fonctionnelles après intervention
la lésion sur la radiographie ; chirurgicale de 91,6 % à 1 an postopératoire.
- en voie de guérison, soit absence de signes cliniques accom-
pagnée d’une diminution de la taille de la lésion ;
- échec, soit persistance de la lésion ou des signes cliniques. C - Facteurs influençant le pronostic
Important ! Ces nouveaux critères permettent de définir de Certains facteurs peuvent influencer le taux de succès de
façon plus précise qu’avant les résultats de la chirurgie la chirurgie endodontique. Si l’âge et le sexe du patient ne
endodontique. La nouvelle définition du succès ne se fonde semblent pas constituer des critères déterminants dans la
plus seulement sur les résultats radiologiques mais prend guérison de la chirurgie endodontique (Tsesis et al., 2009),
aussi en compte les signes cliniques. d’autres facteurs tels que la localisation, la taille de la
lésion péri-apicale, l’état parodontal ou le mode opéra-
toire doivent être pris en compte.
En effet, une dent « en voie de guérison » présente encore
une lésion péri-apicale mais sans aucun signe clinique. Elle ne
peut cependant être considérée comme un échec de la 1 - Restauration coronaire
chirurgie endodontique. Friedman (2005) considère qu’une La qualité de la restauration coronaire est un facteur impor-
dent asymptomatique présentant encore une lésion péri-api- tant mais particulièrement délicat à analyser. Les dents trai-
cale réduite est considérée comme « fonctionnelle ». tées chirurgicalement présentent le plus souvent des
éléments prothétiques qui rendent la qualité de l’étanchéité
Le terme « succès » est ainsi remplacé par « dent fonction- coronaire très difficilement mesurable. Une restauration
nelle », notion regroupant les termes « guérison » et « en coronaire de mauvaise qualité sera une contre-indication
voie de guérison » et permettant une appréciation plus absolue à la chirurgie endodontique.
fine du pronostic de la chirurgie endodontique.
2 - Localisation
La localisation de la dent ne semble pas être un facteur influen-
B - Pronostic de la chirurgie endodontique çant directement le pronostic. Le protocole opératoire reste le
Jusque dans les années 1990, la chirurgie endodontique était même quelle que soit la dent traitée. Cependant, une chirurgie
limitée à une simple résection apicale avec ou sans obtura- est techniquement plus compliquée à réaliser dans certains
tion a retro de l’extrémité apicale. Ce type d’intervention secteurs que dans d’autres et l’anatomie des dents du secteur
donnait cependant des résultats satisfaisants sans pouvoir postérieur est nettement plus complexe que celle du secteur
prétendre au taux de succès du retraitement orthograde. antérieur. L’abord chirurgical des secteurs postérieurs est en
Depuis l’avènement des nouvelles techniques de microchi- effet parfois compliqué par la tonicité musculaire du patient
rurgie, la chirurgie endodontique s’est rapprochée de l’acte qui peut limiter l’accès au site chirurgical. La proximité du sinus
endodontique conventionnel. Une seule revue systématique maxillaire ou du trou mentonnier rend également l’approche
issue de la Cochrane Library est disponible et permet de plus délicate. Les études cliniques les plus récentes ne se
comparer la chirurgie endodontique avec le retraitement contentent pas d’évaluer les dents du secteur maxillaire mais
conventionnel (Del Fabbro et al., 2007). Dans cette revue, l’ensemble des dents tous secteurs confondus. Les actes
trois études répondant le mieux aux critères de « la dentiste- chirurgicaux sont conduits par des endodontistes expérimen-
rie fondée sur la preuve » ont été retenues (Danin et al., 1996 ; tés ou par des étudiants d’un programme postuniversitaire en
Kvist et Reit, 1996 ; Kvist et Reit, 2000). Il apparaît ainsi qu’il endodontie. Ces opérateurs ont suivi un programme de forma-
n’existe pas de différence significative entre le retraitement tion spécialisée qui leur confère une compétence spécifique
par la voie chirurgicale et le retraitement conventionnel. La en chirurgie endodontique. Rahbaran et al. (2001) confirment
chirurgie endodontique est donc une alternative au retraite- que l’expérience clinique est un facteur important dans le pro-
ment orthograde. nostic de la chirurgie endodontique, en particulier pour des
Le mode opératoire de la chirurgie endodontique est souvent dents difficiles d’accès.
très différent suivant les études. En effet, les plus anciennes (de
plus de 10 ans) respectent rarement les concepts de prépara- 3 - Taille de la lésion
tion avec des inserts à ultrasons et d’obturation a retro à l’aide Très peu d’études ont analysé de façon précise l’influence de
d’IRM® ou de MTA. Setzer et al. (2010) ont comparé, dans une la taille de la lésion péri-apicale sur le pronostic de la chirur-
étude récente, le taux de succès de la chirurgie endodontique gie endodontique. Les dents présentant des lésions de petite
réalisée traditionnellement à la fraise boule et obturée à taille (inférieures à 5 mm de diamètre) semblent cependant

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16 Endodontie

présenter un meilleur taux de guérison que celles ayant une 9 mm est désormais disponible. Une méthode de prépara-
lésion de grande étendue (supérieure à 5 mm de diamètre) tion utilisant des limes ultrasonores précoudées par le prati-
(Wang et al., 2004 ; von Arx, 2010). Une lésion de grande taille cien permet également de descendre plus loin dans le
mettra cependant plus de temps à guérir et un suivi à long système canalaire (Reit et Hirsch, 1986). Il semble donc inté-
terme est nécessaire pour confirmer qu’il ne s’agit que d’un ressant d’étudier l’incidence de la longueur de préparation
simple retard de cicatrisation. Une cicatrice fibreuse peut sur le pronostic de la chirurgie endodontique.
également apparaître lors de la guérison des lésions de D’après Wang et al. (2005), plus la longueur d’obturation est
grande étendue, rendant l’interprétation radiographique plus importante et meilleur est le pronostic. Dans leur étude
difficile. prospective, ces auteurs ont obtenu un taux de guérison de
100 % à partir du moment où ils obturaient le canal sur plus
4 - État parodontal de 3 mm. Ces résultats intéressants devront cependant être
L’état parodontal de la dent doit être examiné avec précision confirmés avec un plus grand nombre de patients (l’étude
avant d’envisager le traitement chirurgical. Lorsque la dent n’en ayant retenu que 7).
présente un sondage parodontal de plus de 4 mm ou dans Plus récemment, deux nouveaux critères ont été proposés
des cas de lésions endo-parodontales, le taux de dents fonc- par Khayat et Michonneau (2010) pour caractériser l’obtura-
tionnelles au bout de 2 ans n’est que de 77,5 %. Si la chirurgie tion a retro :
est réalisée dans un environnement parodontal sain, il atteint - obturation « complète », où la totalité du système canalaire
95,2 % (Kim et al., 2008). résiduel a été préparée et obturée a retro ;
- obturation « longue », où le système canalaire a été préparé
5 - Réintervention chirurgicale et obturé a retro sur plus de 6 mm (fig. 16.39).
En cas d’échec d’une première chirurgie, une nouvelle inter- Aucune étude comparative rapportant l’influence de la lon-
vention peut s’avérer nécessaire. Néanmoins, le taux de suc- gueur d’obturation sur le pronostic de la chirurgie endo-
cès du traitement de seconde intention est sensiblement dontique n’a, à ce jour, été publiée.
plus faible (Peterson et Gutmann, 2001). Ces résultats ont été
confirmés dans une étude plus récente qui prenait en compte
les techniques dites modernes de chirurgie. Ses auteurs D - Échecs en chirurgie endodontique
avancent un taux de succès de 93 % pour les chirurgies de Bien que les échecs puissent être attribués aux mêmes causes
première intention et de 76 % pour les réinterventions qu’en endodontie conventionnelle, une cause d’échec fré-
(Gagliani et al., 2005). Si la chirurgie de seconde intention quemment rencontrée en chirurgie endodontique est la
apparaît donc comme une solution de remplacement fiable à fêlure ou la fracture radiculaires (Friedman, 2005). Les dents
l’extraction de la dent, le taux de succès reste cependant plus nécessitant une intervention chirurgicale ont généralement
faible que celui d’une chirurgie endodontique initiale. été fortement restaurées. La présence d’une reconstitution
importante associée à un tenon parfois de grande taille peut
6 - Type de matériaux être à l’origine de ces fêlures fréquentes.
Les ciments à base d’oxyde de zinc et d’eugénol (IRM® ou Il est extrêmement difficile d’attribuer ces fêlures à l’utilisation
Super-Eba®) et le ciment MTA sont les matériaux les plus uti- des ultrasons en chirurgie endodontique. Différentes études
lisés en chirurgie endodontique. Le MTA semble présenter ont été réalisées sur dents extraites pour évaluer l’incidence
des propriétés d’étanchéité et de biocompatibilité supé- de microfêlures par suite d’une préparation a retro. De Bruyne
rieures à celle de l’IRM® (pour revue, voir Torabinejad et Pari- et De Moor (2005) ont montré que les observations faites in
rokh, 2010). vitro sur dents extraites n’étaient pas corrélées en pratique cli-
Malgré cette différence de comportement biologique nique. En effet, l’incidence des fêlures est plus importante sur
démontré in vitro, aucune étude clinique ne permet de des dents extraites que sur des dents encore positionnées sur
démontrer l’influence d’un matériau sur le pronostic de la cadavres. La présence d’un ligament parodontal et la structure
chirurgie endodontique (Chong et al., 2009). osseuse autour de la dent pourraient amortir les vibrations
engendrées par la préparation ultrasonore.
7 - Longueur d’obturation Le type d’insert à ultrasons a une incidence directe sur l’appa-
La longueur de l’obturation a retro est directement liée à la rition de fêlures au niveau de la zone apicale. Les inserts non
technique de préparation du système canalaire. Les premiers diamantés nécessitent une vibration plus importante et un
inserts à ultrasons spécifiques à la chirurgie endodontique temps d’action plus long que les autres, pouvant entraîner
avaient une partie travaillante de seulement 3 mm (Carr, l’apparition de microfêlures (Peters et al., 2001). Des inserts
1997). Une nouvelle gamme d’inserts (Endo Succes Apical Sur- diamantés travaillant plus efficacement dans le canal per-
gery®, Satelec) ayant une partie travaillante de 6 mm et de mettent de limiter ce phénomène.

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Endodontie chirurgicale 16

a b

Figure 16.39 a. Lésion sur 23, pilier d’un grand bridge.


b. Préparation et obturation de plus de 6 mm jusqu’au contact
c du tenon. c. Guérison complète à un an.

IX - Conclusion
Pendant de nombreuses années, la chirurgie endodontique a s’effectuant dans le grand axe du canal et ayant pour objectif
été considérée comme le dernier recours lorsque le retraite- la mise en forme et le scellement du système canalaire rési-
ment par voie orthograde ne permettait pas d’obtenir la gué- duel. Par ailleurs, les études récentes montrent que les taux
rison. L’avènement de nouvelles techniques, principalement de succès de la chirurgie endodontique sont comparables à
l’utilisation du microscope opératoire et des inserts à ultra- ceux du retraitement orthograde. La chirurgie endodontique
sons, a permis de transformer cette chirurgie en un acte est aujourd’hui une technique codifiée et reproductible
endodontique à part entière, la préparation et l’obturation offrant une solution fiable pour conserver l’organe dentaire.

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385

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17
Résorptions radiculaires
pathologiques
A. CLAISSE-CRINQUETTE, M. GUIGAND

L
es résorptions dentaires ont été définies en 1994 par
Les résorptions internes sont finalement assez rares et
l’American Association of Endodontists comme étant peuvent affecter toutes les dents ; toutefois, les dents mono-
« un état associé à un processus physiologique ou radiculées, notamment les incisives, restent les plus concer-
pathologique provoquant une perte de tissu dentaire, cémen- nées. Ces résorptions sont issues d’une inflammation
taire ou osseux ». chronique de la pulpe, accompagnée d’une dégénérescence
qui se manifeste par une transformation métaplasique ayant
potentiellement le pouvoir de résorber la dentine, d’une part,
Les résorptions résultent d’un processus de destruction
et de former des tissus durs de nature ostéoïde, d’autre part.
partielle ou totale des tissus dentaires, consécutif à une
infection et/ou un traumatisme. En fonction de la nature
et de la localisation du dommage, les répercussions seront
internes ou externes, inflammatoires ou de remplacement, Ainsi, il existe deux formes de résorptions internes : la pre-
superficielles ou profondes, réversibles ou non (Gunrag, mière inflammatoire, l’autre dite de remplacement.
1999).
1 - Résorption interne inflammatoire (fig. 17.1)

Important ! La résorption interne inflammatoire est asso-


On les dénomme aussi « rhizalyses » mais la majorité des ciée à une inflammation chronique pulpaire avec perte pro-
auteurs considèrent aujourd’hui les rhizalyses comme des gressive de la dentine péricanalaire mais sans réparation par
phénomènes physiologiques et les résorptions comme des un tissu minéralisé. La résorption des parois dentinaires est
manifestations pathologiques. régulière, ronde ou ovalaire, et comblée par un tissu de gra-
Plusieurs classifications ont été proposées en fonction de la nulation métaplasié.
situation topographique, des mécanismes inducteurs et du
mode d’évolution (Heithersay, 1999a ; Tronstad, 1988 ; Trope, Pour que la résorption devienne évolutive, un stimulus est
1998). nécessaire. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un passage de
Nous reprendrons la classification de Tronstad (1988), facile- bactéries mais surtout de leurs toxines à travers les canaux
ment identifiable en clinique, qui distingue les résorptions accessoires et les canalicules dentaires vers la pulpe encore
internes et externes, tout en y associant la classification de vivante mais dont la palissade odontoblastique n’est plus
Heithersay (1999b) concernant les résorptions cervicales protégée, la prédentine ayant été endommagée ou détruite
externes. (Tronstad, 1988).
La résorption peut évoluer très rapidement, notamment sur
les dents jeunes, et détruire la dent en quelques mois ; le pro-
cessus peut également se développer plus lentement et
I - Classification s’étendre sur plusieurs années. Le phénomène étant irréver-
sible, la prudence incite à intervenir dès la découverte de la
A - Résorptions radiculaires internes lésion.
La résorption inflammatoire interne peut être coronaire. Elle
Le point de départ de la résorption interne se situe à l’inté- se caractérise alors cliniquement par une coloration rosée de
rieur de la cavité pulpaire. La dentine circum pulpaire est la couronne (pink spot). Ce phénomène est rare et n’affecte-
résorbée à partir de la pulpe et le processus aboutit à une rait que 1,6 % de la population (Levin et Trope, 2002).
cavitation à l’intérieur de la dent. Sans traitement, la résorption inflammatoire interne peut
Ce phénomène peut concerner n’importe quelle zone radi- conduire, suivant son site, à une perforation coronaire ou
culaire et/ou camérale mais il est préférentiellement ren- radiculaire qui devient une communication endo-parodon-
contré dans le tiers médian du canal et, plus rarement, dans tale vraie. Cette aggravation complique le traitement et
le tiers apical. assombrit le pronostic.

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17 Endodontie

2 - Résorption interne de remplacement (fig. 17.2)

Important ! La résorption interne de remplacement ou de


substitution peut être progressive ou transitoire, notam-
ment à la suite d’une faible irritation pulpaire (pulpite chro-
nique, nécrose partielle ou léger traumatisme). Elle est alors
auto-limitante, les contours de la lésion sont irréguliers et
les pertes de substance dentinaire sont comblées par un
nouveau tissu minéralisé.

Il semble donc que ce type de résorption interne se caracté-


rise par l’alternance de phases de résorption active et de
phases de rémission, durant lesquelles un nouveau tissu
a minéralisé peut se déposer (Beer et al., 2008).

B - Résorptions radiculaires externes


1 - Résorptions de surface

Les résorptions externes de surface sont des résorptions


radiculaires discrètes, limitées, superficielles et transi-
toires. Les lésions lacunaires, localisées au cément, sont
réversibles et auto-limitantes.

En absence de stimuli iatrogènes, elles peuvent se réparer spon-


tanément par apposition cémentaire à partir de cémentoblastes
intacts présents au sein du ligament alvéolo-dentaire dans la
zone adjacent. Il s’agit d’une réponse physiologique adaptative.
b
2 - Résorptions de remplacement
Figure 17.1 a, b. Résorption radiculaire inflammatoire interne sur et ankylose dento-alvéolaire (fig. 17.3)
34, consécutive à une inflammation pulpaire chronique associée
à une dégénérescence qui se manifeste par une transformation La résorption externe de remplacement et l’ankylose, sou-
métaplasique de la pulpe matérialisée sur la radiographie préo- vent utilisées à tort comme synonymes, se caractérisent par
pératoire par une image radio claire (a) et sur la radiographie le remplacement progressif de la racine résorbée par de l’os.
postopératoire par l’obturation radio opaque. (b).

a b

Figure 17.2 a, b. Résorption radiculaire interne de remplacement de 31 faisant suite à une faible irritation pulpaire. Elle se caractérise
par une cavité irrégulière, progressivement comblée par un tissu radio-opaque non homogène, qui s’apparente à de l’os (a). Elle peut
à terme évoluer de façon importante (b) et entraîner en absence de traitement, une perforation de la racine.

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
clastiques qui détruisent la dent. En l’absence d’infection sura-
joutée, les pertes de tissu dentaire résorbé sont progressive-
ment remplacées par un tissu osseux néoformé. Cette
résorption externe de remplacement peut être transitoire et
évoluer comme une résorption de surface si la destruction du
ligament alvéolo-dentaire ne touche que de petites zones ;
elle peut également être progressive si la nécrose du ligament
représente plus de 20 % de la surface radiculaire, laissant de
grandes plages radiculaires sans protection. La matrice osseuse
va alors progressivement se substituer aux tissus dentaires
résorbés. La vitesse de remplacement, qui est notamment
fonction du métabolisme, est plus rapide chez les jeunes que
chez les adultes (Naulin-Ifi, 2005).
4 - L’ankylose
L’ankylose, du grec agkulôsis, « immobile », est un mécanisme
dynamique considéré comme physiologique car il se caracté-
rise par une perte de mobilité normale et une fusion, transi-
a toire ou permanente selon l’aire résorbée, de la dent et de
l’os après disparition de l’espace ligamentaire. À son issue, il y
a une vraie continuité entre l’os et la dent, qui fait alors partie
intégrante du système osseux. La structure dentinaire est
alors concernée par le remodelage au même titre que l’os lui-
même (Sauveur et Mesbah, 2003).
5 - Résorptions inflammatoires externes
Les résorptions inflammatoires externes peuvent être radicu-
laires, cervicales ou idiopathiques.
a - Résorptions inflammatoires radiculaires externes
Elles sont une des formes les plus répandues. Elles sont la
conséquence de l’association d’une infection endodontique
et de l’altération d’éléments anatomiques (ligament alvéolo-
dentaire et cément) par un traumatisme. Les produits de
dégradation pulpaire, les bactéries mais surtout leurs toxines
(lipopolysaccharides) pénètrent dans les tubuli vers la sur-
face radiculaire exposée et provoquent une réponse inflam-
matoire qui intensifie le processus de résorption.
b
Ce processus peut être stoppé si l’infection pulpaire est
Figure 17.3 a, b. Résorption de remplacement sur 11, 21 et 22 enrayée par un traitement endodontique précoce mais il
expulsées et réimplantées tardivement. La résorption de rempla- reste évolutif en cas de persistance de l’infection ou de fac-
cement et l’ankylose se caractérisent par le remplacement plus teurs d’activation des mécanismes de résorption. Cette
ou moins rapide de la racine résorbée par de l’os et font suite à pathologie peut évoluer très rapidement sur les dents imma-
une blessure ligamentaire et cémentaire importante. Une théra- tures et aboutir à la résorption totale de la racine (fig. 17.4).
peutique à l’hydroxyde de calcium ne stoppe pas le processus, il
permet de le ralentir et d’éviter une résorption inflammatoire
surajoutée. (a) À 5 mois post-traumatiques. (b) Contrôle à 4 ans. Les résorptions inflammatoires et de remplacement peuvent
évoluer de façon concomitante (Naulin-Ifi, 2005).
Les processus biologiques engagés sont différents dans les deux b - Résorptions inflammatoires cervicales externes
pathologies (Sauveur et Mesbah, 2003). Elles font suite à une Ces résorptions se développent progressivement, en général
blessure ligamentaire et cémentaire relativement importante. aux collets des dents après une lésion cémentaire sous l’at-
tache épithéliale, mais pas exclusivement, d’où leur autre
3 - La résorption de remplacement appellation : résorptions radiculaires cervicales. Chez l’adulte,
La résorption de remplacement est un processus pathologique en raison de la migration de l’attache épithéliale lors de
actif durant lequel le ligament est toujours présent mais, récessions ou de parodontopathies, elles peuvent survenir
stimulé par un traumatisme, il réagit en mobilisant les cellules plus apicalement sur la surface radiculaire. Cette connota-

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17 Endodontie

tion anatomique a induit beaucoup de confusions sur le plan


de la terminologie ; c’est pourquoi on trouve aussi les déno-
minations résorption supra-crestale, infracrestale, crestale,
supra-osseuse, intra-osseuse, etc.

Ces formes, relativement rares, sont souvent très agres-


sives et s’accompagnent d’une résorption du cément, de la
dentine, voire de l’émail, avant d’atteindre tardivement la
pulpe si elle est nécrosée.

Au départ, les lacunes de résorption sont envahies de tissu


fibreux et de vaisseaux sanguins puis de cellules clastiques
qui résorbent les tissus dentaires. Secondairement, un tissu
fibro-osseux, issu d’une calcification anarchique de la matrice
ostéoïde, se forme et remplit la lésion (Heithersay 1999).

c - Résorptions inflammatoires externes idiopathiques


Les résorptions inflammatoires externes idiopathiques peuvent
être localisées ou généralisées (Wilson et Makdissi, 2005). Elles
sont souvent en relation avec des maladies systémiques ou des
pathologies endocriniennes en rapport avec le métabolisme
phosphocalcique (Lambrechts et Vanhoorebeeck, 1992).

Elles peuvent évoluer rapidement ou lentement et se mani-


fester sous la forme d’un cratère peu profond ou comme
une résorption envahissante, décrite sous le nom de résorp-
tion térébrante intradentaire, envahissante extra-canalaire
a ou cervicale invasive (Heithersay 1999, Sogur et al., 2008).

II - Mécanismes biologiques
des résorptions
L’os, le cément et la dentine comprennent deux composants
majeurs, le minéral et la matrice organique, dont le pourcen-
tage varie. La dentine présente pratiquement 70 % de com-
posant minéral alors que le cément et l’os en contiennent
entre 60 et 70 % (Ten Cate, 1994). Bien que le cément pré-
sente une composition biochimique proche de celle de l’os,
certaines différences l’en individualisent.

Important ! Dans des conditions physiologiques normales,


l’os est un tissu en perpétuel remaniement et il subit conti-
nuellement des phases de résorption suivies de phases
d’apposition. Le cément étant un tissu non vascularisé, il ne
subit pas de remodelage et présente une croissance conti-
nue. Les résorptions dentaires, physiologiques en denture
temporaire, sont pathologiques lorsqu’elles concernent les
dents définitives.
b
Le cément possède des protéines matricielles spécifiques,
Figure 17.4 a, b. Résorption radiculaire inflammatoire externe enfermées dans la matrice minérale, qui sont libérées lors de
post-traumatique de 11 consécutive à une nécrose pulpaire la désorganisation de la matrice au cours des curetages radi-
associée à une altération ligamentaire et cémentaire. Cette
pathologie peut évoluer très rapidement notamment sur les culaires ou des phénomènes de résorption. Ces protéines
dents immatures, tant sur le plan clinique que radiographique peuvent moduler la réparation tissulaire via la migration, la
comme le révèlent la photographie (a) et la radiographie (b) réa- division, l’attachement et la différenciation cellulaire (Boss-
lisées 4 semaines après le traumatisme. hardt et Selvig, 2000).

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
Le cément présente un taux de fluor, élevé par rapport aux Les ostéoclastes sont des cellules géantes multinucléées
autres tissus durs, qui augmente avec l’âge et les apports nutri- dont les précurseurs proviennent de la lignée hématopoïé-
tionnels. En raison de son affinité pour l’hydroxyapatite, le fluor tique monocyte ou macrophage. Ces précurseurs expriment
se concentre au niveau de la couche cémentaire de surface RANK (receptor activator of nuclear factor kappa-B)I, une
exposée aux fluides circulant dans le ligament alvéolo-dentaire protéine transmembranaire de 616 acides aminés membre de
et diffuse très peu vers les couches profondes. La concentra- la superfamille des récepteurs TNF (tumor necrosis factor,
tion de fluor est donc proportionnellement plus importante facteur nécrosant des tumeurs). Ils peuvent se différencier en
dans la fine couche de cément cervicale que dans le cément de monocytes/macrophages, en cellules dendritiques ou en
la région apicale, d’épaisseur plus importante. Cette différence cellules clastiques en fonction des facteurs présents dans
de concentration entre la couche superficielle et les couches l’environnement. Ces facteurs sont soit exprimés à la surface
profondes pourrait expliquer le caractère invasif des résorp- des cellules stromales, d’où ils peuvent être libérés par pro-
tions dentaires externes et leur morphologie particulière, téolyse, soit directement secrétés (Baron, 2001).
notamment dans la région cervicale (Bosshardt et Selvig, 2000). La différenciation en cellules ostéoclastiques implique des
Cependant, quels que soient ces tissus, les mêmes acides et interactions étroites avec des cellules stromales, population
enzymes sont impliqués dans le contrôle de la dégradation dont sont issus les ostéoblastes. Ces interactions se font via
tissulaire lors du processus de résorption. Ce dernier com- des contacts intercellulaires directs ou des molécules syn-
porte une première étape de dissolution de la phase miné- thétisées par la cellule stromale et actives sur les précurseurs
rale par acidification du compartiment de résorption puis ostéoclastiques (Baron, 2001). L’expression de M-CSF (macro-
une seconde étape de dégradation de la matrice organique phage-colony stimulating factor) par les cellules stromales
par des enzymes protéolytiques – métalloprotéinases, ostéoblastiques est nécessaire mais n’est pas suffisante en
cathepsines, TRACP (tartrate-resistant acid phosphatase), elle-même pour aboutir à la différenciation des cellules pro-
collagénases de types I et IV. Ces enzymes vont hydrolyser génitrices en ostéoclastes ; cette différenciation nécessite
les protéines collagéniques de la matrice, libérant ainsi les également l’expression de RANK-L (peptide composé de
protéines matricielles comprenant des facteurs de croissance 317 acides aminés et ligand de RANK) par les cellules ostéo-
– TGF-bêta (transforming growth factor beta, facteur de blastiques stromales et de RANK par les précurseurs ostéo-
croissance transformant bêta), IGF (insulin-like growth fac- clastiques (Boyce et Xing, 2008) (fig. 17.5).
tor), BMP (bone morphogenetic protein), FGF2 (fibroblast Les précurseurs ostéoclastiques qui possèdent la protéine
growth factor 2) – qui, à leur tour, vont jouer un rôle dans les transmembranaire RANK reconnaissent RANK-L via les
phénomènes de réparation (Chappard et al., 2003). contacts intercellulaires avec les cellules ostéoblastiques/
Les cellules impliquées dans les phénomènes de résorption stromales. Ce phénomène d’adhésion intercellulaire, via les
dentaire sont des cellules géantes multinucléées dont les molécules de jonction, est nécessaire pour permettre une
caractéristiques ultra-structurales et histochimiques sont présentation efficiente de ces deux facteurs et une liaison de
similaires à celles des ostéoclastes. RANK-L à RANK (Civitelli et al., 2002).
Cette liaison entraîne une cascade d’activations enzymatiques
Bien que ces cellules, fréquemment nommées odonto- aboutissant à l’activation de gènes permettant la différencia-
clastes dans la littérature médicale, soient plus petites et tion des précurseurs en ostéoclastes en présence de M-CSF.
possèdent moins de noyaux cellulaires que les ostéo-
clastes, leurs propriétés enzymatiques et métaboliques
sont identiques (Harokopakis-Hajishengallis, 2007). Il n’est
d’ailleurs pas prouvé scientifiquement que les odonto-
clastes/cémentoclastes et les ostéoclastes possèdent un
phénotype et un génotype différents. Dans ce chapitre,
ces cellules seront donc considérées comme appartenant
au même type cellulaire.
RANK

Cellule ostéoblastique
A - Origine et différenciation stromale
des cellules ostéoclastiques
RANKL M-CSF
La différenciation cellulaire fait appel à des contacts inter-
cellulaires ou entre la cellule et son micro-environnement
via des molécules d’adhérence. À cela s’ajoute l’effet de fac-
teurs solubles tels que les hormones, les cytokines ou les fac- Précurseur
teurs de croissance qui vont agir selon un mode autocrine ou ostéoclastique
paracrine. Cette différenciation se solde par l’expression de
gènes qui vont constituer des marqueurs du type cellulaire Figure 17.5 Rôle des cellules ostéoblastiques stromales dans la
concerné (Civitelli et al., 2002). différenciation des cellules ostéoclastiques.

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17 Endodontie

Le M-CSF est un facteur de croissance hématopoïétique pro- La lignée ostéoblastique contrôle donc la formation et l’acti-
duit également par les fibroblastes, les cellules endothéliales, vité des ostéoclastes par l’intermédiaire d’un certain nombre
les macrophages et les monocytes. Il est impliqué dans la de facteurs de croissance et de cytokines dont la synthèse
croissance, la survie, la prolifération et la différenciation des est sous le contrôle d’hormones circulantes. Les jonctions
cellules hématopoïétiques en régulant positivement l’expres- intercellulaires et cellule/matrice extracellulaire jouent éga-
sion génique de RANK et négativement celle de l’ostéoproté- lement un rôle très important.
gérine (OPG).
L’OPG, également appelée facteur inhibiteur de l’ostéoclas- L’activation du phénomène de résorption fait intervenir
togenèse, est une protéine soluble composée de 380 acides deux processus : l’un impliquant une nouvelle génération
aminés et de structure proche de celle de RANK. Elle est d’ostéoclastes provenant des précurseurs, l’autre activant
encore connue sous le nom d’OCIF (osteoclastogenesis inhi- les ostéoclastes préexistant dans l’os. Les facteurs systé-
bitory factor) (Suda et Takahashi, 2008). Elle est sécrétée miques et locaux agissent sur ces deux mécanismes (Sau-
principalement par les cellules de la lignée ostéoblastique et veur et Mesbah, 2003).
se comporte comme un récepteur « leurre » pour RANK-L.
Elle entre en compétition avec RANK pour se lier à RANK-L et Des études immunohistochimiques ont montré par ailleurs
bloquer l’effet inducteur de ce dernier sur la différenciation que RANK-L, M-CSF et OPG sont exprimés par les odonto-
ostéoclastique (Baron, 2001) (fig. 17.6). Elle est produite par de blastes et les fibroblastes pulpaires (Rani et al., 2000), et que
nombreux tissus et son expression est modulée par diffé- RANK est exprimé par les odontoclastes (Harokopakis-
rentes cytokines, hormones ou médications. Certaines cyto- Hajishengallis, 2007). RANK-L est également exprimé par les
kines, telles que le TNF-alpha (tumor necrosis factor alpha), cellules du ligament alvéolo-dentaire lors de résorptions api-
les interleukines 1-alpha et 18, le TGF-bêta, les BMP et cer- cales externes (Yamaguchi et al., 2006). Ces observations
taines hormones stéroïdiennes, stimulent son expression confirment que l’activité de résorption des odontoclastes est
alors que les glucocorticoïdes, l’hormone parathyroïdienne, également sous la dépendance du système OPG/RANK-L/
la prostaglandine E2 et le bFGF (basic fibroblast growth fac- RANK. Cependant, même si le processus de résorption den-
tor) inhibent son expression (Tyrovola et al., 2008) taire est similaire à celui de l’os, certaines différences peuvent
Les ostéoclastes multinucléés sont ensuite formés par la être notées. Dans des conditions physiologiques normales, l’os
fusion de précurseurs mononucléés RANK+ après contact subit un remaniement constant pour s’adapter aux change-
avec les cellules exprimant RANK-L ; la cadhérine E-cad, pré- ments fonctionnels, ce qui n’est pas le cas, en principe, des
sente au niveau de ces précurseurs mononucléés, semble tissus dentaires. La régulation hormonale de la résorption
importante pour leur fusion (Civitelli et al., 2002). osseuse se fait par l’intermédiaire des ostéoblastes ; la stimula-
En réponse à l’activation par le système RANK/RANK-L, l’os- tion de l’hormone parathyroïdienne engendre une contraction
téoclaste va se lier à la matrice osseuse par le biais de ses des ostéoblastes pour exposer la surface osseuse aux ostéo-
récepteurs de type intégrine et la participation indirecte des clastes mais n’agit pas directement sur les ostéoclastes.
cadhérines. Cette hormone n’exerce aucune influence sur les cémento-
blastes (cela explique pourquoi l’os, et non la dent, est remo-
Précurseur delé pour s’adapter aux changements fonctionnels).
ostéoclastique
Dans des conditions normales, les tissus durs sont donc
RANK
protégés de la résorption par leurs couches de surface de
cellules blastiques. Tant que ces couches cellulaires sont
intactes, la résorption ne peut avoir lieu. La couche cellu-
OPG laire blastique forme donc une barrière protectrice qui
Cellule ostéoblastique
doit être détruite pour déclencher l’activité clastique.
stromale

RANKL M-CSF Au niveau osseux, cette protection est assurée par la couche
ostéoblastique et une couche de tissu non minéralisé, le tissu
OPG
ostéoïde.
Au niveau du ligament alvéolo-dentaire, la racine dentaire est
protégée par la couche cémentoblastique et une fine couche
OPG
de tissu cémentoïde située sous les cémentoblastes. La den-
tine tubulaire est également protégée, d’une part, par la zone
de Hopewell-Smith qui se comporte comme une barrière
Figure 17.6 L’OPG sécrétée par les cellules ostéoblastiques étanche empêchant la diffusion de substances irritantes et,
stromales entre en compétition avec RANK et empêche sa fixa- d’autre part, par le cément qui présente une résistance à la
tion à RANK-L, bloquant ainsi l’effet inducteur de RANK-L sur la résorption plus importante que celle de l’os (fig. 17.7). Cette
différenciation ostéoclastique. différence de résistance à la résorption entre le cément et l’os

392

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
lus est présent, entraînant la formation d’un tissu de granula-
tion au sein des lacunes de résorption. Une nécrose pulpaire
complète implique l’arrêt du processus de résorption en rai-
son de la disparition totale des cellules odontoblastiques.
d
2 - Résorption interne de remplacement
h Une agression du tissu pulpaire à proximité d’une région où la
couche odontoblastique et la prédentine sont lésées va entraî-
ner une réaction inflammatoire au cours de laquelle une résorp-
tion dentinaire va se produire. Cette activité clastique peut
avoir lieu en raison de la perte de cette barrière protectrice des
cellules blastiques et de tissu en voie de minéralisation. Lors de
T phase de réparation, un tissu dur ressemblant à de l’os ou à du
c cément se dépose au sein de la cavité de résorption.

C - Physiopathologie
des résorptions externes
Figure 17.7 Zone hyaline de Hopewell Smith (h), dentine (d), En cas de blessure ou d’irritation du ligament alvéolo-den-
zone granulaire de Tomes (T) et cément (c). taire, du cément et de la dentine, une cascade d’événe-
ments a lieu afin de nettoyer la zone lésée et de créer des
conditions favorables à une cicatrisation. Ces phénomènes
pourrait s’expliquer par le fait que le cément est un tissu non de cicatrisation font intervenir trois phases principales :
vascularisé ; par conséquent, les cellules progénitrices des - hémostase ;
cellules clastiques présentes au sein des vaisseaux sont situées - inflammation ;
plus à distance que dans l’os qui est richement vascularisé. - prolifération et remodelage.
Au niveau pulpaire, la protection s’effectue par le biais des
cellules odontoblastiques et de la prédentine.
La couche cellulaire blastique forme donc une barrière 1 - Phase d’hémostase
protectrice qui doit être détruite pour déclencher l’activité La phase d’hémostase est caractérisée par une vasoconstric-
clastique. Hormis les facteurs constitutionnels et d’ordre géné- tion, une agrégation et une activation plaquettaire ainsi que
ral, dans certaines conditions cliniques, différentes formes de l’activation de toute une cascade de réactions enzymatiques
dommages mécaniques, traumatiques, physiques, chimiques, (complément, kinine, plasminogène).
infectieux ou encore iatrogènes peuvent affecter ces couches Les plaquettes dans le coagulum jouent un rôle significatif non
blastiques. Tant que ces stimuli sont présents, le phénomène de seulement dans la transformation du fibrinogène en fibrine
résorption se poursuit, la guérison ne pouvant intervenir qu’après mais aussi grâce à leur contenu en facteurs de croissance
traitement incluant la suppression des facteurs irritants. (PDGF – platelet-derived growth factor –, TGF-β) déclenchant
le processus de réparation (Andreasen et al., 2007).
B - Physiopathologie des résorptions 2 - Phase tissulaire
radiculaires internes Une phase inflammatoire succède à l’hémostase. Au cours de
La résorption interne résulte d’une activité dentinoclastique cette phase, de nombreux facteurs de croissance et de
centrifuge. Elle ne peut avoir lieu qu’en présence d’une altéra- médiateurs, intervenant dans les remaniements vasculaires, la
tion de la couche odontoblastique et de la prédentine. Elle migration et la prolifération cellulaire, sont libérés.
peut être transitoire, lorsqu’aucun stimulus n’entretient l’inflam- La phagocytose des débris tissulaires et des agents infectieux
mation, ou progressive. La physiopathologie de la résorption fait intervenir des leucocytes neutrophiles, des macrophages
interne transitoire est similaire à celle d’une résorption externe. mais également des cellules clastiques dont les précurseurs
proviennent de la lignée hématopoïétique monocyte ou
1 - Résorption interne inflammatoire macrophage. Le phénomène de résorption osseuse, cémen-
Lorsqu’une altération de la couche odontoblastique et de la taire et dentinaire fait donc partie intégrante de la phase de
prédentine expose la dentine à l’activité clastique, la des- détersion. Il a lieu en raison de la perte de la couche protec-
truction du tissu minéralisé se poursuit tant que l’inflamma- trice de cémentoblastes et des débris épithéliaux de Mallassez
tion pulpaire est présente. La présence de bactéries au sein le long de la surface radiculaire, entraînée par le traumatisme.
de la pulpe coronaire nécrosée ou de toxines bactériennes Quand ces couches cellulaires disparaissent, l’accès est libéré
diffusant via les tubuli dentinaires entretient les phénomènes pour les ostéoclastes et les macrophages pour éliminer le liga-
inflammatoires. Le phénomène se poursuit tant que le stimu- ment et le cément endommagés à la surface radiculaire.

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17 Endodontie

Une compétition cellulaire s’installe alors pour la réparation


Remarque : en l’absence de stimulation continue, cette acti-
entre les cellules provenant du mur de l’alvéole osseuse et
vité clastique impliquée dans le débridement n’excède pas
2 à 3 semaines et le processus de réparation tissulaire se les cellules ligamentaires adjacentes.
met en place. Dans le cas de lésions larges, les cellules osseuses peuvent
arriver les premières et s’établir au contact de la surface
résorbée. Dans ce cas, la formation de néocément ou de nou-
Deux mécanismes sont donc impliqués dans la résorption velles fibres de collagène ne peut avoir lieu ; l’os est formé
du tissu dur, un mécanisme déclenchant, la blessure de la directement au contact du tissu dur dentaire, entraînant une
couche de cellules blastiques et une raison pour que la fusion entre l’os et la dent connue sous le nom d’ankylose.
résorption continue, la persistance de stimuli. La dent devient alors partie intégrante du remodelage osseux
incluant la résorption ostéoclastique sous le contrôle de
3 - Phase tissulaire l’hormone parathyroïdienne (PTH, parathyroid hormone).
La réparation tissulaire comprend la revascularisation des tissus Tous ces processus, très actifs chez l’enfant, conduisent à une
ischémiques ou la formation de nouveaux tissus en cas de perte infraclusie graduelle, à un arrêt du développement du procès
tissulaire. Dans les deux cas, la réparation se met en place par alvéolaire et à la perte de la dent au bout de 1 à 5 ans par
des mouvements coordonnés des cellules dans la zone trauma- destruction des tissus par résorption. Pour les individus plus
tisée où les macrophages forment le front de réparation, suivis âgés, la résorption de remplacement est plus lente et permet
par les cellules endothéliales et les fibroblastes. souvent à la dent de rester en fonction pendant une plus
La régénération cémentaire nécessite la présence de cémento- longue période, de 5 à 20 ans (Andreasen et al., 2007).
blastes adjacents à la zone lésée ou de cellules indifférenciées La fusion entre la dent et l’os peut être transitoire ou perma-
provenant du ligament alvéolo-dentaire et susceptibles de se nente et son évolution semble dépendre de l’importance de
différencier en cémentoblastes. Le micro-environnement la surface résorbée. Si la surface d’ankylose est petite, l’os au
cémentaire contient tous les composants nécessaires au recru- contact de la racine peut se résorber et être remplacé par
tement, à la prolifération et à la différenciation cellulaire. Le une réparation cémentaire. Si l’ankylose est large, une quan-
mécanisme de sélection des précurseurs cémentoblastiques fait tité suffisante d’os est formée au contact de la racine pour
probablement intervenir des intégrines et des événements de entraîner une fusion permanente.
signalisation spécifiques. Lorsque ces précurseurs ont été sélec-
6 - Résorptions inflammatoires externes
tionnés, ils adhèrent à la surface radiculaire et leur développe-
ment peut être favorisé par la présence de facteurs de croissance Cette dénomination suggère la présence d’une lésion inflam-
dans la matrice cémentaire (Grzesik et Narayanan, 2002). matoire dans le tissu parodontal adjacent au processus de
Les événements suivants sont ensuite déterminés par plu- résorption. Il existe deux formes principales : la résorption
sieurs facteurs : l’exposition éventuelle des tubuli, le contenu inflammatoire radiculaire externe et la résorption inflamma-
pulpaire stérile et ischémique ou bien nécrotique et infecté, toire cervicale, auxquelles s’ajoute la résorption inflamma-
la présence de cémentoblastes vivants adjacents. La combi- toire dite idiopathique.
naison de ces facteurs peut conduire à différents types de Ces formes sont également déclenchées par la destruction
résorptions radiculaires. des cémentoblastes et de la couche cémentoïde.

4 - Résorption de surface
Important ! Dans les résorptions inflammatoires radicu-
laires externes, le stimulus bactérien entretenant la résorp-
Note : après une blessure localisée de la couche cémento- tion provient de la pulpe infectée par le biais des tubuli
blastique et en l’absence de stimuli mécaniques ou infec- exposés à la résorption alors qu’en cas de résorption inflam-
tieux entretenant le phénomène de résorption, la réparation matoire cervicale, l’inflammation du tissu parodontal entre-
tissulaire peut avoir lieu dans un laps de temps assez rapide tenant le phénomène de résorption initial est provoquée
(1 semaine environ) après le traumatisme. par des bactéries provenant du sulcus.

En effet, si la zone lésée est de petite taille et si la couche adja-


cente de cémentoblastes est intacte, cette cavité de résorption En d’autres termes, le facteur commun pour ces deux types
est réparée par du néocément. Parallèlement, une formation de de résorptions est l’inflammation des tissus adjacents.
nouveau collagène permettra la réparation des fibres ligamen-
a - Résorption inflammatoire radiculaire externe
taires et une nouvelle insertion des fibres de Sharpey.
Dans ce cas de résorption, les stimuli vont être les toxines
5 - Résorption de remplacement, ankylose dento-alvéolaire bactériennes provenant d’une pulpe nécrosée via les tubuli
dentinaires, la nécrose pulpaire pouvant être liée à la rupture
Dans le cas d’une blessure plus importante, la surface du paquet vasculo-nerveux ou à une colonisation secondaire
endommagée est plus large, il faudra par conséquent plus par voie coronaire (fêlure) ou foraminale.
de temps pour que les cellules du ligament recouvrent Les composants bactériens vont alors maintenir dans les tis-
l’intégralité de cette surface pour la réparer.
sus parodontaux adjacents un processus inflammatoire qui

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
va, en retour, entretenir la continuité du phénomène de d - Troubles rénaux
résorption. Plus les canalicules sont larges (dents jeunes), plus L’insuffisance rénale engendre une altération du métabo-
la progression de la résorption est favorisée. lisme de la vitamine D qui entraîne un défaut d’absorption du
L’infiltrat parodontal consiste en un tissu de granulation calcium. L’hypocalcémie est à l’origine de lésions osseuses
contenant des lymphocytes, des cellules plasmatiques et des fréquemment localisées à la face mais aussi de résorptions
leucocytes. L’os et la surface radiculaire sont résorbés tant radiculaires internes qui seraient réversibles (Hutton, 1985).
que le stimulus est présent.
L’oxalose, quant à elle, est une maladie génétique rare res-
b - Résorption inflammatoire cervicale externe
ponsable, entre autres, d’une accumulation systémique de
À la suite d’un traumatisme ou d’une irritation physique ou cristaux d’oxalate qui se déposent notamment dans la
chimique, la surface radiculaire peut être endommagée sur pulpe, la moelle des os alvéolaires, le chorion gingival et le
une petite surface. La présence de bactéries provenant du ligament alvéolo-dentaire où ils provoquent une inflam-
sulcus maintient le phénomène inflammatoire initial et la mation sévère qui entraîne des résorptions radiculaires
résorption progresse au sein de la dentine de part et d’autre externes très agressives (Moskow, 1989 ; Piral, 2000).
de la zone lésée.
Quand la résorption approche de la zone de la prédentine,
elle se développe alors latéralement de manière irrégulière 2 - Facteurs généraux non constitutionnels
et n’envahit pas la pulpe, d’où son autre appellation, « résorp-
Important ! Des facteurs généraux non constitutionnels,
tion extra-canalaire invasive ». La prédentine se comportant
acquis et iatrogènes, comme des carences vitaminiques
comme une barrière protectrice, l’extension se fait parallèle- liposolubles, des intoxications chroniques au phosphore ou
ment au canal, apicalement et coronairement. Dans le cas des dysfonctionnements hépatiques peuvent induire des
d’une dent dépulpée, cette zone de protection n’existe plus, résorptions radiculaires.
la résorption traverse alors la racine.
Quand cette résorption existe depuis longtemps, le tissu de
granulation présent dans les lacunes de résorption peut appa- a - Traitement de l’épilepsie
raître à travers l’émail de la couronne sous la forme de pink spot. Des cas de résorption cervicale invasive ont été décrits chez
des patients traités pour l’épilepsie. L’administration de diphé-
nylhydantoïnate de soude provoque des hyperplasies gingi-
III - Étiologie vales qui seraient à l’origine de résorptions (Macres, 1990).

b - Traitement de la tuberculose
A - Facteurs généraux De nombreuses résorptions radiculaires ont été observées
chez des patients ayant reçu un traitement antituberculeux.
Important ! Des résorptions radiculaires pathologiques ont
Le thorium X en serait responsable (Macres, 1990).
été associées à des désordres généraux, liés à des facteurs
constitutionnels ou non.
c - Infection par le virus de l’herpès zoster
Dans 18 % des cas, cette affection affecte le trijumeau et par
1 - Facteurs généraux constitutionnels conséquent les terminaisons nerveuses pulpaires. Elle peut
a - Influence génétique être à l’origine, 4 à 8 ans plus tard, d’anomalies morpholo-
giques ou d’exfoliations dentaires, de racines courtes et irré-
Des observations cliniques ont montré des cas de résorp-
gulières, d’agénésies, de maladies parodontales, de nécroses
tions dentaires multiples de type héréditaire (Macres, 1990).
pulpaires et de résorptions radiculaires (Macres, 1990 ; Solo-
b - Pathologies endocriniennes mon et al., 1986).
Certaines pathologies qui provoquent des déséquilibres hor-
monaux peuvent être à l’origine de résorptions dentaires. B - Facteurs locaux
L’hypothyroïdie, seule ou associée à un hypofonctionnement
des gonades ou de l’hypophyse, est la maladie endocrinienne 1 - Facteurs locaux des résorptions radiculaires internes
la plus souvent mise en cause. L’hyperparathyroïdie a été Bien qu’il n’y ait pas d’étiologie locale ou générale bien défi-
incriminée de façon occasionnelle (Arens, 1995 ; Macres, 1990). nie, plusieurs causes ont été avancées (De Cort et Lambrecht,
1995 ; Fuss et al., 2003).
c - Maladies systémiques
Certaines maladies ostéoclastiques dont les mécanismes a - Résorptions internes inflammatoires ou progressives
restent mal connus, comme la maladie de Paget, la maladie de
Gauchet, l’hypophosphatémie ou l’hypocalcémie, peuvent Ces résorptions sont associées à une inflammation pul-
être à l’origine de résorptions radiculaires (Delzangles et Mal- paire chronique irréversible et se caractérisent par le rem-
placement des tissus résorbés par un tissu de granulation.
let, 2002 ; Lambrechts et Vanhoorebeeck, 1992 ; Macres, 1990).

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17 Endodontie

Les étiologies envisagées sont nombreuses : traumatismes 2 - Facteurs locaux des résorptions radiculaires externes
(luxation, extrusion, fracture radiculaire, expulsion), traite-
ments orthodontiques, infections pulpaires, agents chimiques a - Résorptions radiculaires externes de surface
(endodontiques, parodontaux, éclaircissements), agents ther- Ces résorptions sont essentiellement consécutives à un trau-
miques (meulages, matériaux à prise exothermique…). matisme léger ou modéré. Il peut s’agir de multiples micro-
Diverses causes ont été avancées comme étant à l’origine de traumatismes liés à l’occlusion ou à une parafonction, d’un
la pulpite chronique qui donne lieu à des résorptions radicu- traumatisme accidentel ou iatrogénique (orthodontique,
laires internes. La pulpe est initialement vivante. Les bacté- parodontal, prothétique, endodontique ou anesthésique)
ries (milieu buccal ou poche parodontale) envahissent le (Sauveur et Mesbah, 2003).
tissu pulpaire et entraînent une nécrose pulpaire lorsqu’il y a Ces résorptions de surface sont présentes sur 90 % des dents
une communication endo-parodontale (résorption perfo- (Andreasen, 1985) et sont qualifiées de résorption de transition
rante, canal latéral…). Cela explique le fait que coronairement (Tronstad, 1993). On les retrouverait aussi dans 60 % des cas de
à la résorption, on trouve habituellement un tissu pulpaire fracture radiculaire où elles se caractérisent par un adoucisse-
nécrosé alors qu’apicalement, la pulpe est vivante (Beer et al., ment des angles du plan de fracture (Tronstad, 1988).
2008).
La carie peut être à l’origine d’une pulpite et d’une infection b - Résorptions radiculaires externes de remplacement
de la pulpe. Elle n’est pas systématiquement mise en cause et ankylose
dans l’apparition d’une résorption interne mais le processus Les résorptions externes de remplacement sont également
de résorption semble associé à une pulpe enflammée et à la appelées résorptions de substitution ou résorptions-ossifica-
présence de bactéries. Le facteur causal semble bien être tions.
l’inflammation pulpaire chronique irréversible (Levin et
Trope, 2002). C’est un processus d’origine parodontale durant lequel la
Les lésions traumatiques (luxation, extrusion, expulsion, racine se résorbe progressivement pour être remplacée
fracture) sont souvent associées à l’apparition de résorp- par de l’os.
tions radiculaires internes et on les retrouve dans 2 % des
cas après luxation (Tronstad, 1993). Les occlusions trauma-
tiques, le bruxisme, les maladies parodontales et les traite- Au niveau de l’interface, le tissu conjonctif présent (le liga-
ments orthodontiques sont aussi évoqués comme facteurs ment) renferme des cellules inflammatoires et ostéoclas-
de déclenchement (Brezniak et Wasserstein, 2002 ; Brady et tiques qui résorbent la dent et l’os (Tronstad, 1988).
Lewis, 1984). Ces résorptions sont la conséquence d’un traumatisme qui a
Les irritations iatrogènes thermiques ou chimiques sont incri- lésé partiellement le ligament. En fonction de la sévérité de
minées. Les préparations périphériques ou cavitaires trauma- la luxation, l’évolution va se faire vers une forme transitoire si
tiques ainsi que les irritations cumulées dues aux restaurations moins de 20 % de la surface radiculaire est détruite ou vers
peuvent être à l’origine de résorptions internes. Il peut en une forme progressive si la destruction est supérieure à 20 %
être de même en cas d’absence d’étanchéité des matériaux (Sauveur et Mesbah, 2003).
de restauration, lors de coiffages pulpaires avec de l’hy-
droxyde de calcium, à la suite de l’utilisation pour les pulpo- L’ankylose entraîne la fusion de la dent à l’os sans interposi-
tomies de produits à base de glutaraldéhyde, de formol, tion de tissu conjonctif, il y a une absence totale de ligament.
d’eugénol ou lors de certaines techniques d’éclaircissement
(De Cort et Lambrecht, 1995).
Ce type de lésion est en rapport avec une lésion traumatique
b - Résorptions internes de remplacement sévère, qui a provoqué l’arrachement de fibres ligamentaires
et de plages cémentaires. Il est consécutif à une nécrose du
Ces résorptions se produisent lorsque les zones odonto- ligament après une réimplantation tardive ou réalisée dans
blastiques et la prédentine sont lésées par des causes de mauvaises conditions (conservation au sec pendant plus
traumatiques, thermiques, accidentelles ou liées à des de 60 minutes).
techniques opératoires iatrogènes, mais elles sont généra-
lement consécutives à de faibles irritations pulpaires et c - Résorptions inflammatoires externes
font souvent suite à une pulpite chronique ou à une
nécrose partielle (De Cort et Lambrecht, 1995 ; Delzangles Important ! Les résorptions inflammatoires radiculaires
et Mallet, 2002). externes sont les plus fréquentes et leurs causes sont
variées (Trope, 2000). Elles peuvent être induites par des
causes mécaniques et, notamment, par une pression trop
Lors des phases de réparation, les cellules vitales adjacentes importante exercée lors d’une tentative d’éruption de dent
incluse (localisation latéro-radiculaire) ou lors d’un traite-
élaborent un tissu dur, ressemblant à de l’os et du cément, qui ment orthodontique (localisation apicale).
se dépose au sein des cavités de résorption.

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
Les résorptions radiculaires apicales externes inflammatoires racine et qui entoure le canal, protégé par la prédentine
peuvent survenir avec ou sans traitement orthodontique mais (Heithersay, 1999c). La résorption s’accompagne de la forma-
il semble que leur apparition soit liée, chez certains patients tion d’un tissu ostéoïde entouré par un tissu organisé haute-
prédisposés à ce genre de pathologies (Brezniak et Wassers- ment vascularisé (Andreasen, 2007).
tein, 2002), à des facteurs biologiques et/ou mécaniques plu- L’Emdogain® (protéine d’origine porcine issue des cellules de
rifactoriels (Abuabara, 2007 ; Brezniak et Wasserstein, 1993) en la gaine de Hertwig), utilisé dans le cadre de traitements
relation significative avec la durée du traitement, les forces parodontaux, pour induire une céméntogenèse responsable
appliquées (mal réparties ou trop intenses) et le type des mou- de la régénération de l’attache épithéliale (Charon et Mou-
vements orthodontiques (Lopatiene et Dumbravaite, 2008). ton, 2003), pourrait être à l’origine de résorptions inflamma-
toires externes (George et al., 2006).
Certains facteurs génétiques (Hartsfied, 2009), désordres
systémiques, anomalies radiculaires ou traumatismes Important ! Les résorptions cervicales idiopathiques doivent
dentaires joueraient un rôle dans leur apparition (Pizzo leur nom au fait que dans certains cas, aucune cause locale
et al., 2007). Les points de contact trop serrés, les occlu- n’est identifiable. Ces pathologies inexpliquées, dites idiopa-
sions traumatiques, les parafonctions et le bruxisme pour- thiques, touchent plus fréquemment les hommes que les
raient aussi être à l’origine de ce type de pathologies. femmes avec une prédilection pour les prémolaires et les
molaires, de façon symétrique (Cholia et al., 2005 ; Liang et al.,
2003 ; Sogur et al., 2008). Elles peuvent parfois être associées
à une origine occlusale et systémique (Macres, 1990).
Les résorptions radiculaires externes inflammatoires de causes
infectieuses viennent compliquer une altération parodontale
consécutive à un choc, un traitement orthodontique ou paro-
dontal qui, suite à une perte de cément et une exposition des
tubuli à ce niveau, déclenche une réponse inflammatoire avec IV - Diagnostic
production de facteurs de résorption des tissus durs.
A - Résorptions radiculaires internes
Parallèlement, l’infection se développe le plus souvent à
partir de la pulpe nécrosée. Les produits de dégradation 1 - Diagnostic clinique
pulpaire et les toxines bactériennes passent par les tubuli
et intensifient le processus de résorption qui peut se situer La résorption radiculaire interne n’est pas décelable clinique-
à n’importe quel endroit et entraîner la perte totale de la ment de façon précoce. Elle est le plus souvent asymptoma-
racine (Balto et al., 2002). tique mais peut devenir douloureuse en cas de perforation
radiculaire avec formation d’une lésion parodontale, voire
accompagnée de signes inconstants d’inflammation ligamen-
Les résorptions cervicales externes d’origine inflammatoire taire. La dent devient alors douloureuse, notamment à la per-
débutent dans la partie cervicale de la dent en dessous de cussion.
l’attache épithéliale, après traumatisme de celle-ci, et de la Pour que la résorption soit active, une partie au moins de la
surface radiculaire (Heithersay, 2004 ; Tronstad, 1993). pulpe doit être vivante. Les tests de sensibilité pulpaire sont
donc parfois positifs. La partie coronaire de la pulpe est sou-
Le point de départ est donc une lésion du ligament alvéolo- vent nécrotique, elle peut ainsi induire une fausse réponse
dentaire avec rupture de l’attache épithéliale, puis la négative (Ne et al., 1999).
communication avec le milieu buccal septique entretient
l’infection à ce niveau.
Remarque : la résorption coronaire peut être diagnostiquée
à l’examen clinique lorsqu’elle intéresse la chambre pul-
paire. Elle se caractérise alors par une coloration rose de la
La nature du traumatisme peut être physique (choc, para- couronne, encore appelée pink spot, qui est due à la pré-
fonction, trouble de l’occlusion…), iatrogène (traitement sence d’un tissu de granulation sous-jacent (Levin et Trope,
orthodontique, chirurgie parodontale…) ou chimique, après 2002).
un éclaircissement par voie interne avec une technique
thermocatalytique et/ou l’utilisation de concentrations trop
élevées de peroxyde d’hydrogène (Attin et al., 2003 ; Claisse- 2 - Diagnostic radiographique
Crinquette et al., 2000 ; Dahl et Pallensen, 2003 ; Heithersay, La découverte d’une résorption radiculaire interne est sou-
1999c ; Plotino et al., 2008). vent radiographique et fortuite. Elle peut être rencontrée sur
Cette résorption invasive est dite envahissante extra-cana- les dents des deux dentures (temporaire et définitive) et sur
laire car son extension se fait dans l’épaisseur de la racine toutes les dents avec une plus forte prévalence sur les dents
tout autour du collet de la dent. Elle se caractérise par une antérieures. Elle peut concerner la couronne et la zone cervi-
destruction dentinaire périphérique, progressive et anar- cale ou radiculaire. Elle est le plus souvent retrouvée dans le
chique qui peut s’étendre au-delà du tiers coronaire de la tiers moyen du canal.

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17 Endodontie

a a

b b

Figure 17.8 a, b. Les résorptions inflammatoires internes se carac- Figure 17.9 a, b. La résorption inflammatoire interne peut être
térisent par une image radio-claire, régulière, ronde ou ovalaire, coronaire. Elle est caractérisée par une coloration rose de la
centrée sur le canal, située le plus souvent dans le tiers moyen de couronne due à la présence d’un tissu de granulation néovascu-
la racine et au niveau des incisives mandibulaires (a) ou maxillaires larisé sous-jacent visible par transparence à travers la dent (pink
(b). Elles sont plus visibles sur les radiographies postopératoires spot). Elle peut s’extérioriser (a) et évoluer de façon concomi-
grâce à la présence du matériau d’obturation radio-opaque (b). tante à une résorption de remplacement (b).

a - Résorptions inflammatoires internes


Ces résorptions se développent à l’intérieur de la cavité pul- Le diagnostic différentiel doit être fait avec une résorption
paire en détruisant la couche protectrice de prédentine, radiculaire externe qui peut apparaître centrée sur le canal en
exposant ainsi la dentine au tissu conjonctif enflammé. Les raison d’une projection radiographique lorsqu’elle est vesti-
lésions se caractérisent par des images radio-claires, rondes bulaire ou buccale. Dans ce cas, une incidence radiographique
ou ovalaires, régulières et à bords nets, centrées sur le canal, légèrement oblique permet de mettre en évidence un canal
en continuité avec les parois canalaires et bien séparées du normal de part et d’autre du défaut alors qu’en présence
ligament alvéolo-dentaire par une bande de dentine (fig. 17.8). d’une résorption interne, le canal est en continuité avec le
Ces lacunes sont localisées au niveau de la chambre pulpaire défaut (fig. 17.10).
en cas de résorption inflammatoire intracoronaire (fig. 17.9).

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Résorptions radiculaires pathologiques 17

a b

Figure 17.10 a, b. Le diagnostic différentiel entre la résorption inflammatoire interne et externe peut se faire, entre autres, sur une
radiographie rétroalvéolaire. Dans le cas d’une résorption inflammatoire interne, le canal est en continuité avec le défaut quelle que
soit l’incidence, orthogonale (a) ou oblique (b).

En cas de perforation, cette dernière est généralement non forme de petites excavations mais sont quasiment invisibles
visible sur la radiographie rétroalvéolaire préopératoire sauf sur les radiographies. Le ligament est sain et se prolonge le
dans des cas très avancés. On peut cependant retrouver des long des lacunes qui peuvent parfois être plus facilement
signes radiographiques d’une inflammation apicale et/ou latéro- décelées avec une incidence radiographique appropriée.
radiculaire (Levin et Trope, 2002). La communication endo-paro-
dontale est souvent visualisée sur la radiographie postopératoire. 2 - Résorptions de remplacement et ankylose
Cliniquement, ces résorptions sont asymptomatiques mais
Important ! L’utilisation d’un scanner ou d’un appareil de les tests de mobilité et de percussion sont révélateurs. En cas
tomographie volumétrique à faisceau conique (TVFC ou de résorption de remplacement transitoire, le son est normal
CBCT) (cone beam CT) permet d’affiner le diagnostic en à la percussion. En cas d’ankylose, la dent est fréquemment
visualisant avec précision l’ensemble des dommages. en sous-occlusion, le son est clair et métallique à la percus-
sion et la mobilité diminue progressivement.
Sur le plan radiographique, l’ankylose est difficile à mettre
b - Résorptions internes de remplacement
en évidence. Elle ne peut pas être diagnostiquée avant
Ces résorptions sont caractérisées par un élargissement du 6 mois d’évolution et sa vitesse d’apparition correspond à
canal avec une cavité pulpaire asymétrique et irrégulière. La celle du remodelage osseux, qui est plus rapide chez les
zone de résorption semble remplacée par un tissu radio- sujets jeunes que chez les adultes. Elle se caractérise par
opaque non homogène, moins dense que la dentine et qui une disparition lente de l’espace ligamentaire et un rempla-
s’apparente à un tissu osseux. cement progressif et irrégulier du cément et de la dentine
par de l’os.
B - Résorptions radiculaires externes
1 - Résorptions de surface Le maintien du capital osseux, après la chute de la dent,
Les résorptions de surface sont asymptomatiques et les tests permet la pose d’un implant dans de bonnes conditions
(fig. 17.11).
de vitalité pulpaire sont positifs. Elles se présentent sous la

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17 Endodontie

Figure 17.11 a, b. La résorption externe de remplacement est


d’origine parodontale post-traumatique. Elle se caractérise par
un remplacement progressif du cément et de la dentine radicu-
laire par de l’os comme le montre la radiographie (a) prise avant
l’extraction des 2 couronnes dentaires résiduelles (b).

3 - Résorptions inflammatoires b

a - Résorptions inflammatoires radiculaires externes Figure 17.12 a, b. Les résorptions inflammatoires externes, visibles
Fréquemment, ces résorptions sont cliniquement asympto- notamment en regard des flèches sur 11 et 21, sont caractérisées
par des radio-clartés, présentes sous forme d’excavations, plus ou
matiques. Mais en cas d’évolution, on relève parfois des dou-
moins régulières et profondes, dans le cément, la dentine et l’os
leurs d’origine pulpaire, spontanées, continues, diffuses et alvéolaire (a). Sans traitement elles aboutissent, comme le montre
lancinantes. La dent peut aussi devenir mobile et sensible à la un autre cas clinique sur la dent 11, à une communication endo-
palpation et à la percussion. parodontale avec une importante lésion osseuse latéroradicu-
Radiologiquement, les résorptions inflammatoires radicu- laire (b).
laires externes se manifestent par des radio-clartés présentes
sous la forme d’excavations irrégulières dans le cément, la traitement, la progression de cette résorption en direction
dentine et l’os alvéolaire en regard. Le canal reste longtemps pulpaire peut créer une communication endo-parodontale
régulier et ne présente pas de modification. En l’absence de (Vinckier et al., 1998) (fig. 17.12).

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
b - Résorptions inflammatoires cervicales externes
Les résorptions inflammatoires cervicales externes sont
généralement non douloureuses et le diagnostic précoce est
difficile à poser (Bergmans et al., 2002). Elles évoluent en pré-
servant la prédentine qui constitue une barrière protectrice
(Heithersay, 1999c).
La vitalité pulpaire est longtemps préservée et la dent répond
aux tests de vitalité électriques et thermiques. Les signes cli-
niques varient en fonction de l’évolution de la pathologie.
On peut observer une anomalie gingivale plus ou moins mar-
quée et, parfois, une coloration rosée de la couronne corres-
pondant à une invagination du tissu de granulation richement
vascularisé (Patel et al., 2009 ; Vinckier et al., 1998).
Radiologiquement, on observe une image radio-claire un peu
floue et au contour irrégulier, face à une crête osseuse normale.
Une ligne radio-opaque sépare la lésion de la pulpe (fig. 17.13). Figure 17.14 Résorptions inflammatoires cervicales externes idio-
pathiques sur 35 (distal) et 37 (mésial). Leur étiologie reste mécon-
c - Résorptions radiculaires externes idiopathiques nue. Elles sont souvent envahissantes, à progression lente ou
Ces résorptions sont longtemps asymptomatiques, elles fulgurante. Les lacunes de résorption peuvent être secondaire-
ment réhabitées par un tissu fibro-osseux. Aucun traitement local
peuvent se localiser au niveau apical ou cervical.
ne donne de résultat satisfaisant et le pronostic reste très sombre.
Au niveau apical, la racine est raccourcie de façon homothé-
tique, l’apex est arrondi et l’espace ligamentaire respecté. Au
niveau cervical, elle peut évoluer sous la forme d’un cratère
large et peu profond ou se manifester comme une résorption
envahissante (Heithersay 1999 ; Sogur et al., 2008) (fig. 17.14).
V - Traitement et pronostic
A - Matériaux
L’hydroxyde de calcium, le MTA et la Biodentine® sont les
trois matériaux les plus couramment utilisés pour le traite-
ment des résorptions.

1 - Hydroxyde de calcium
L’hydroxyde de calcium est utilisé dans le traitement des
résorptions en raison de ses nombreuses propriétés. Il est
bactéricide, dégrade les tissus nécrosés et dénature les pro-
téines. Il favorise la réparation car il neutralise l’action des
produits acides, inhibe l’action des hydrolases ostéoclas-
tiques et stimule secondairement la prolifération cellulaire
(Guigand et al., 1999). Il déclenche aussi la minéralisation en
agissant sur l’ATPase, la phosphatase alcaline et la pyrophos-
phatase qui sont des activateurs de la minéralisation (Fore-
man et Barnes, 1990).

2 - MTA
Le MTA (mineral trioxide aggregate) permet une bonne étan-
chéité, une excellente adaptation marginale et n’est pas per-
turbé par l’humidité. Il est biocompatible, non toxique,
tolérant vis-à-vis des tissus parodontaux, permet une apposi-
tion cémentaire et osseuse ainsi que la formation d’un liga-
Figure 17.13 La résorption inflammatoire cervicale externe
débute en dessous de l’attache épithéliale. Elle est consécutive
ment alvéolo-dentaire (Koh et al., 1998 ; Zhu et al., 2000).
à une lésion ligamentaire post-traumatique associée à une com- Le temps de prise varie selon les spécialités commerciales, de
munication avec le milieu buccal septique qui entretient une 20 minutes à 3 à 4 heures, en milieu humide. L’obturation cana-
infection à ce niveau. laire définitive est donc réalisée dans une séance ultérieure.

401

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17 Endodontie

3 - Biodentine® 2007 ; Webber, 1983). En cas de perforation de la racine, le


La Biodentine® est un substitut dentinaire « bioactif ». Ce protocole opératoire sera modifié (Andreasen et al., 2007 ;
matériau, à base de silicate de calcium, a une composition Trope et al., 2006 ; Webber, 1983).
très proche de celle du MTA, mais il est synthétisé directe-
ment dans les laboratoires du fabricant (Septodont), ce qui a - Résorption radiculaire interne non perforante
lui confère une granulométrie contrôlée et garantit une maî- Le traitement endodontique a pour but de mettre en forme
trise de la pureté. Il est conditionné en capsules unidoses le système canalaire et de supprimer soigneusement l’en-
avec une partie liquide et une partie solide qui sont mixées semble du tissu pulpaire nécrosé, métaplasié ou minéralisé.
dans un vibreur classique. La Biodentine® durcit en milieu La difficulté consiste, d’une part, à éliminer complètement le
humide et son temps de prise total est de 9 à 12 minutes, ce tissu de granulation ou minéralisé et le tissu nécrotique des
qui permet d’effectuer l’obturation canalaire définitive dans lacunes de résorption car leur persistance entretient l’évolu-
la même séance (Colon et al., 2010 ; Dejou et al., 2005 ; Gold- tion de la résorption et, d’autre part, à négocier le passage
berg et al., 2009 ; Laurent et al., 2008). des instruments endodontiques au-delà des irrégularités de
la cavité de résorption.
Important ! Ses propriétés mécaniques en termes de dureté
et de résistance à la compression sont proches de celles de L’action mécanique des instruments endodontiques doit
la dentine humaine et sa résistance à la flexion s’apparente impérativement être complétée par l’action physico-chi-
à celle des verres ionomère (Laurent et al., 2008). Son étan- mique de l’irrigation.
chéité s’avère excellente tant au niveau de l’interface avec
l’émail et la dentine qu’avec des adhésifs (Dejou et al.,
2005). On note une très bonne biocompatibilité du maté-
riau (Dejou et al., 2005 ; Goldberg et al., 2009). Face au saignement abondant dû à l’éviction du tissu de gra-
nulation richement vascularisé et à la quantité de tissu orga-
nique à éliminer, l’irrigation est primordiale ; elle doit être
Le MTA et la Biodentine® seraient tous les deux biocompa- abondante, pénétrante et renouvelée. L’hypochlorite de
tibles et inducteurs de tissus minéralisés. Ils sont donc parti- sodium (de 2,5 à 5,25 %) est la solution de choix car, outre son
culièrement indiqués dans le traitement des résorptions action antibactérienne, elle présente l’avantage de favoriser
radiculaires avec perforations. La Biodentine® possède cer- la dissolution du tissu pulpaire et son élimination dans les
taines qualités physico-chimiques (temps de prise court, lacunes de résorption.
conditionnement ergonomique, consistance et meilleure L’utilisation passive (sans appui pariétal) des techniques
résistance à la compression que le MTA) qui augmentent le sonores ou ultrasonores permet d’optimiser l’effet de la solu-
champ de ses indications cliniques. Ils s’avèrent tous deux tion d’hypochlorite de sodium. Elle crée des turbulences qui
supérieurs aux autres matériaux pour l’obturation des com- permettent un meilleur nettoyage des espaces irréguliers et
munications endo-parodontales mais l’hydroxyde de calcium des zones inaccessibles. De plus, elle réchauffe la solution,
se révèle quant à lui indispensable en présence de phéno- potentialisant ainsi son action désinfectante et son pouvoir
mènes infectieux et inflammatoires. solvant sur les tissus organiques.
Une obturation canalaire provisoire à l’hydroxyde de calcium
Essentiel : par conséquent, ces trois matériaux sont à l’heure peut être mise en place afin de compléter la dissolution du
actuelle complémentaires et indissociables dans le traite- tissu pulpaire résiduel. Après une période qui varie selon les
ment des résorptions avec communication endo-parodon- auteurs de 1 semaine à 2 mois, le système canalaire est parfai-
tale. (Holland et al., 1999 ; Suda et Takahashi, 2008 ; tement nettoyé pour permettre une élimination complète
Torabinejad et Chivian, 1999).
de l’hydroxyde de calcium et des résidus pulpaires avant l’ob-
turation définitive du système canalaire (De Cort et Lam-
brecht, 1995 ; Tronstad, 1988 ; Trope et al., 2006 ; Wesselink,
B - Situations cliniques 2004). Le système canalaire peut ensuite être obturé définiti-
vement de façon tridimensionnelle, hermétique et durable
1 - Résorptions radiculaires internes par méthode compressive de gutta chaude (fig. 17.15).
En l’absence de traitement, la résorption interne peut évoluer
vers une stabilisation plus ou moins longue, une apposition b - Résorption radiculaire interne perforante
de tissus minéralisés dans la zone de résorption, une perfora-
tion avec ou sans pathologies associées ou une nécrose pul- Remarque : si la résorption est perforante, la pathologie est
paire totale. plus avancée. Le traitement endodontique est toujours
L’arrêt spontané des résorptions étant un phénomène rare et indiqué mais la méthode dépend de la localisation et de
imprévisible, la prudence incite donc à intervenir dès la l’importance de la perforation. Il est nécessaire, avant d’ob-
turer définitivement le système canalaire, d’obtenir une
découverte de la lésion et à mettre en œuvre dans les meil-
barrière latéro-radiculaire entre l’endodonte et le paro-
leurs délais un traitement endodontique conventionnel afin donte au niveau de la perforation.
de stopper ce processus de résorption (Andreasen et al.,

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Résorptions radiculaires pathologiques 17

a b

a, b. La 36 présente une résorption inflammatoire interne non perforante (tiers supérieur de la racine mésiale) et une
résorption apicale externe (racine distale) à la suite d’une nécrose pulpaire (a). Un traitement endodontique classique, avec une irri-
gation abondante et une éventuelle obturation transitoire avec de l’hydroxyde de calcium, stoppe le processus de résorption
inflammatoire interne (b). En l’absence de traitement, la pathologie évolue souvent vers une perforation radiculaire avec ou sans
autre pathologie associée.

En cas de lésion supra-osseuse, après nettoyage mécanique Après nettoyage et mise en forme du système canalaire et de
et physico-chimique soigneux de la lésion, la perforation est la cavité de résorption, selon le site et l’importance du dom-
obturée par voie chirurgicale avec un matériau d’obturation mage, le MTA ou la Biodentine® sont condensés au niveau de
plus ou moins esthétique (verre ionomère, composite ou Bio- la perforation par voie endodontique ou chirurgicale.
dentine®) avant d’envisager l’obturation du canal. Les résultats obtenus, bien que parfois aléatoires, semblent
Si la lésion est en position sous-crestale, la technique de sti- globalement satisfaisants (Germain, 1999) même dans les cas
mulation canalaire à l’hydroxyde de calcium peut être une de perforations anciennes (Arens et Torabinejad, 1996) ; il faut
solution séduisante car elle évite l’approche chirurgicale sou- cependant noter qu’en présence d’une inflammation trop
vent plus délabrante. Elle permet d’obtenir une fermeture de importante, la réaction de prise du MTA est impossible. Un
la perforation par néoformation cémentaire à partir du liga- passage préalable à l’hydroxyde de calcium est alors conseillé
ment alvéolo-dentaire mais elle est longue et prend environ car il stoppe le phénomène de résorption et favorise un
1 année avec plusieurs renouvellements du matériau. Par ail- dépôt de tissu dur sur le site de la perforation.
leurs, elle n’est possible que si l’extériorisation est de petite
taille et surtout confinée au sein des structures osseuses 2 - Résorptions radiculaires externes
(Webber, 1983). a - Résorptions radiculaires de surface
C’est pourquoi, en présence de résorptions perforantes, Les résorptions radiculaires externes de surface sont les
grâce à leurs propriétés physiques et biologiques, le MTA et seules formes de résorption dont l’évolution s’arrête naturel-
la Biodentine® trouvent leur indication. Malgré une mise en lement si le stimulus est stoppé. Elles guérissent spontané-
place plus ou moins délicate, ces matériaux permettent de ment en 14 jours par apposition cémentaire initiée par les
fermer rapidement, hermétiquement et biologiquement la zones intactes du ligament alvéolo-dentaire qui bordent la
communication endo-parodontale. Ils autorisent ensuite lésion. Un néocément comble alors les lacunes de résorption
l’obturation définitive du système canalaire, évitant ainsi la (Hammarström et Lindskog, 1992).
prolifération bactérienne et la réaction inflammatoire qui
entretiennent les lésions endo-parodontales. Les aides b - Résorptions de remplacement et ankylose
optiques (loupe ou microscope opératoire) apportent une
aide incontestable dans le traitement de ces pathologies. Hormis le traitement préventif (Flores et al., 2007a et
Si la communication est récente, de petite taille et bien 2007b ; Panzarini et al., 2008 ; Sauveur et Mesbah, 2003 ;
Tsukiboshi, 2002), il n’y a aucun traitement spécifique des
située, l’approche endodontique est préférée à l’abord chirur-
résorptions de remplacement et de l’ankylose. Ce proces-
gical estimé plus délabrant. Si la zone de la perforation est sus aboutit à la destruction plus ou moins rapide de la
étendue et qu’elle ne peut être atteinte par voie canalaire, racine et à son remplacement par de l’os (Fuss et al., 2003 ;
l’abord chirurgical trouve son indication (Arens, 1998). Wesselink, 2004 ; Trope, 2000) (fig. 17.16).

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17 Endodontie

Une thérapeutique à l’hydroxyde de calcium permet cepen- culaire, entraînant un arrêt de la croissance de l’os alvéolaire
dant de ralentir le phénomène et d’éviter une résorption à ce niveau (fig. 17.17).
inflammatoire surajoutée. Face aux problèmes esthétiques, orthodontiques et prothé-
Suite à une réimplantation tardive chez un enfant très jeune, tiques qui s’ensuivent, les techniques de décoronation
la dent fortement immature peut s’ankyloser prématurément peuvent être une solution. Elles consistent à réaliser un lam-
et être à l’origine d’une infra-position secondaire plus ou beau de pleine épaisseur en vestibulaire, à couper la racine à
moins sévère selon l’état d’évolution et de maturation radi- environ 1 mm sous le rebord alvéolaire, à nettoyer soigneuse-

a b

c d

a, b, c, d. La résorption de remplacement de 11 et 21, consécutive à une réimplantation tardive (a), se caractérise par une
disparition lente de l’espace ligamentaire et un remplacement progressif et irrégulier du cément et de la dentine par de l’os (b). Il n’y
a aucun traitement spécifique mais le maintien du capital osseux grâce à la réimplantation (c) permet, à la chute de la dent 14 ans
après la réimplantation, la pose d’un implant dans de bonnes conditions (d).

404

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Résorptions radiculaires pathologiques 17

a c

b d

Figure 17.15 a, b, c, d. Réimplantation tardive de 11 immature chez un enfant très jeune (a, b). Le contrôle à 4 ans montre un préjudice
esthétique et fonctionnel lié à une infraposition consécutive à une ankylose et une résorption de remplacement radiculaire (c, d).

ment le canal qui se remplit du sang environnant afin de per- c - Résorptions inflammatoires externes
mettre une formation osseuse secondaire sur les parois
canalaires, puis à suturer le lambeau après pose éventuelle 1 - Résorptions inflammatoires radiculaires
d’un substitut osseux et d’une membrane (Filippi et al., 2001 ; Si l’étiologie est mécanique, la suppression de la cause stop-
Cohenca et Stabholz, 2007 ; Sapir et Shapira, 2008 ; Sapir pera les effets délétères. Ainsi, en cas de résorption apicale
et al., 2009). d’origine orthodontique, l’arrêt du traitement permettra la
Le but de cette technique est de préserver l’os alvéolaire en stabilisation du processus inflammatoire (Abuabara, 2007 ;
vue de la restauration prothétique. Elle est réalisée idéale- Hamilton et Gutmann, 1999 ; Segal et al., 2004).
ment 2 à 3 ans avant la pose d’un implant afin de permettre Si l’étiologie est liée à une infection endodontique, un traite-
un total remodelage de la racine enfouie. ment canalaire doit rapidement être mis en œuvre avant
l’apparition d’une perforation radiculaire.
Dans le cas d’une dent mature ou immature, réimplantée
après un temps extra-oral supérieur à 1 heure et sans milieu Une thérapeutique à l’hydroxyde de calcium peut être
de conservation adapté, l’immersion durant 20 minutes mise en place durant 1 à 2 semaines pour les résorptions
dans une solution de fluorure de sodium à 2,5 % et pH 5,5 d’origine endodontique ou durant 6 à 12 mois en cas de
augmente la résistance de la dent face aux phénomènes résorptions traumatiques qui associent des altérations
de résorption (Naulin-Ifi, 2005). cémentaires et ligamentaires.

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17 Endodontie

Les stimulations successives à l’hydroxyde de calcium per- La calcitonine, hormone qui inhibe l’activité ostéoclastique,
mettent de stabiliser les résorptions inflammatoires externes. pourrait par application se substituer à l’hydroxyde de cal-
Lorsque l’espace desmodontal est radiologiquement rétabli, cium (Wiebkin et al., 1996). Il semblerait que la propolis, qui
l’obturation canalaire définitive est alors envisagée (Andrea- inhibe les stades tardifs de maturation des ostéoclastes,
sen et al., 2007 ; Barnett, 2002 ; Delzangles et Mallet, 2002 ; pourrait être utilisée pour réduire les résorptions associées
Fuss et al., 2003 ; Tsukiboshi, 2002 ; Wesselink, 2004) (fig. 17.18). aux atteintes traumatiques.

a b

c d

Figure 17.16 a, b, c, d. Luxation de 11 (a). La nécrose pulpaire complique l’altération parodontale consécutive au choc et intensifie le
processus de résorption inflammatoire externe visible, en regard des flèches, au huitième jour post-traumatique (b). L’étiologie
endodontique nécessite la mise en œuvre rapide d’un traitement canalaire, avec stimulations à l’hydroxyde de calcium durant 6 à 12
mois (b), pour stopper les phénomènes inflammatoires, avant l’obturation à la gutta condensée. Les contrôles à 2 ans, clinique (c) et
radiographique (d), sont satisfaisants.

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Résorptions radiculaires pathologiques 17
Le MTA ou la Biodentine® peuvent trouver, comme cela a été dite invasive ou envahissante (Cholia et al., 2005 ; Franck et
précédemment décrit, leur indication en cas de communica- Bakland, 1987 ; Sauveur et Mesbah, 2003 ; Sogur et al., 2008).
tion endo-parodontale. L’étiologie demeurant méconnue, le traitement local sera
adapté au type de la lésion observée mais aucune thérapeu-
2 - Résorptions inflammatoires cervicales externes tique ne donne de résultats satisfaisants et le pronostic reste
Le traitement de ces lésions se fait par abord chirurgical ; la sombre si la pathologie générale n’est pas traitée avec succès.
lésion est curetée avec une instrumentation manuelle et/ou
ultrasonore puis un topique d’acide trichloracétique est
appliqué. Le débridement de la lésion peut également être
effectué à l’aide du laser. La restauration est réalisée à l’aide
VI - Conclusion
d’un matériau biocompatible (du type verre ionomère ou
Il est important de retenir que les résorptions sont des
Biodentine®) qui allie des propriétés plus ou moins esthé- pathologies évolutives, souvent insidieuses. Il est donc
tiques et un durcissement rapide. Mais plus la destruction est indispensable de les identifier et de les traiter rapidement.
importante et étendue, plus le pronostic est réservé (Hei- Une bonne connaissance des différentes formes de résorp-
thersay, 1999 ; Patel et al., 2009) (fig. 17.19). tions, des étiologies et des mécanismes biologiques mis
en œuvre permet un diagnostic et une prise en charge
3 - Résorptions idiopathiques précoces.
Bon nombre de résorptions idiopathiques sont en relation avec Le pronostic, c’est-à-dire la conservation à terme de la
des pathologies systémiques. Les localisations apicales évoluent dent, est directement lié à la rapidité d’intervention et à la
lentement et peuvent s’arrêter soudainement. Les localisations qualité des traitements endodontiques et/ou chirurgicaux
cervicales peuvent avoir une progression lente ou fulgurante sont dispensés et à leur qualité.

a b

a, b. La radiographie préopératoire visualise, sur 11, une résorption inflammatoire cervicale externe radiculaire et interne
coronaire. La résorption cervicale est invasive et extra-canalaire. La destruction dentinaire, périphérique et anarchique, entoure le
canal (a). Le traitement chirurgical est associé à un traitement endodontique (b).

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18
Sinusites d’origine dentaire
Traitement endodontique et chirurgical
J.-Y. COCHET

A I - Anatomie du sinus maxillaire


vant d’envisager tout geste chirurgical au niveau du
sinus maxillaire, il est important de s’entourer de
moyens convenables de diagnostic et de comprendre Classiquement, sous forme de pyramide quadrangulaire, le
la physiopathologie sinusienne. sinus maxillaire présente 4 parois (Cantaloube et Suc, 1993 ;
Donald et al., 1995).
Les pathologies sinusiennes d’origine dentaire sont nom-
breuses et reflètent de manière objective la difficulté des
traitements endodontiques des dents maxillaires, notam- A - Paroi antérieure
ment des molaires, dont l’anatomie complexe rend les
C’est le rebord orbitaire dans sa partie supérieure. Cette face
traitements difficiles et trop souvent inadéquats.
est plus ou moins excavée et répond à la fosse canine. Elle
présente, dans sa partie haute, le foramen infra-orbitaire.
Le deuxième canal mésio-vestibulaire et les isthmes interca-
nalaires non traités se comportent comme des niches de B - Paroi supérieure
bactéries, et favorisent le relargage de toxines dans les
espaces de voisinage dont le sinus maxillaire. Ces dents C’est le plancher orbitaire. Très fine et fragile, la paroi supé-
peuvent entraîner, par continuité ou contiguïté, une infection rieure présente, au niveau de sa zone de jonction avec la
du sinus sus-jacent qui s’inscrit dans le système classique des paroi interne des fosses nasales, l’ostium maxillaire qui fait
pathologies endodontiques. communiquer les fosses nasales et le sinus maxillaire. Elle est
creusée par le conduit sous-orbitaire qui contient le nerf
Le traitement de ces pathologies induites sera donc endo- infra-orbitaire qui se ramifie en nerfs alvéolaires supéro-
dontique et répond, bien évidemment, aux critères de l’en- moyen et supéro-antérieur.
dodontie moderne. Si le traitement endodontique reste le
traitement de choix en première intention, la chirurgie
conserve sa place, ses indications et ses difficultés. C - Paroi postéro-inférieure
Convexe, elle constitue la paroi antéro-interne de la fosse
zygomatique. Elle correspond à la tubérosité qui sépare le
Le sinus est souvent une entité peu connue par les chirur- sinus de la fosse infratemporale. Au sein de cette paroi che-
giens-dentistes Les différents sinus et para-sinus du massif minent les nerfs dentaires postérieurs.
facial communiquent les uns avec les autres.

Le sinus maxillaire se développe à partir de l’évagination D - Paroi interne


de la muqueuse pituitaire du méat moyen des fosses
nasales. Cette origine embryonnaire explique la continuité Il s’agit de la cloison inter-sinuso-nasale qui constitue la paroi
histologique existant entre les fosses nasales et le sinus externe des fosses nasales. Sa partie inférieure, limitée par le
maxillaire. Ces deux entités constituent une unité histolo- plancher des fosses nasales, correspond au méat inférieur. Sa
gique tapissée par la même muqueuse respiratoire sécré- partie supérieure correspond quant à elle au méat moyen,
toire et ciliée. limitée par le cornet inférieur en bas et par l’insertion du cor-
net moyen en haut. C’est à ce niveau que se trouve l’ostium
du sinus maxillaire qui fait communiquer les fosses nasales et
Il faut donc parler d’unité naso-sinusienne. Potentialisées sur le sinus.
les terrains allergiques, les agressions infectieuses augmentent La cavité sinusienne présente un plancher, partie la plus déclive
la production de mucus et provoquent une détérioration du du sinus maxillaire, en rapport avec les racines dentaires dont
système muco-ciliaire dans les cavités nasales et sinusiennes. elle reste séparée par une fine couche d’os spongieux.

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18 Endodontie

L’artère alvéolo-antrale, branche importante de l’artère alvéo- région du méat moyen ce qui, là encore, favorise l’extension
laire postéro-supérieure, chemine dans cette paroi. Son pla- des infections mais aussi de l’inflammation d’un sinus aux
fond orbitaire est une muqueuse fine, en rapport avec la lame autres en cas de pathologie.
osseuse papyracée du plancher orbitaire. Les prolongements Le drainage des sinus maxillaires est assuré grâce à la fonc-
inférieurs s’étendent dans la partie inférieure, vers les dents. tion muco-ciliaire de la muqueuse sinusienne, histologique-
ment identique à celle de la muqueuse nasale.
Le flux muco-ciliaire part du fond du plancher et remonte vers
l’ostium. Du côté nasal, l’air inspiré véhicule les particules, les
II - Importance du complexe irritants, les micro-organismes et les allergènes contre la
ostio-méatal muqueuse respiratoire et la couche de mucus qui la recouvre.

A - Situation stratégique Important ! Ce drainage constitue la première ligne de


défense de l’organisme Elle présente une composante inflam-
matoire qui est à l’origine de l’augmentation de la quantité de
Important ! Le complexe ostio-méatal permet l’aération du mucus sécrétée. En stagnant au niveau de l’ostium, ce mucus
sinus maxillaire indispensable à sa physiologie. Cette aéra- participe à la diminution de la perméabilité du sinus.
tion peut être modifiée par l’accumulation de mucus au
sein de son orifice ou par un flux d’air modifié.
C - Influence de l’allergie
Les déviations du septum sont relativement fréquentes. Elles
Un terrain allergique s’accompagne d’une augmentation de la
peuvent être d’origine traumatique ou malformative. Ces
sécrétion de mucus. Celui-ci peut conduire à l’obstruction de
déviations peuvent avoir des conséquences importantes de
l’ostium et le sinus va progressivement se retrouver en situa-
deux types, mécanique ou aérodynamique.
tion d’anaérobiose. Le développement des bactéries anaéro-
1 - Hypothèse mécanique bies, qui semblent représenter la majeure partie de la flore
d’origine dentaire, est ainsi favorisé.
L’hypothèse mécanique est soutenue par plusieurs auteurs
dont Stammberger (Stammberger 1986 ; Stammberger et
Posawetz, 1990) pour qui le complexe ostio-méatal est la Le terrain allergique est donc un terrain aggravant dans
zone clé de la pathologie sinusienne. Une déviation septale, l’évolution des sinusites d’origine dentaire.
si elle réalise un obstacle physique, prédispose les patients à
des sinusites aiguës, ou à des récidives en modifiant le drai-
nage muqueux et provoquant ainsi l’accumulation de subs-
tances exogènes ou de germes pathogènes.
III - Sinusites d’origine dentaire
Le rapport entre les organes dentaires et les répercussions
sinusiennes a été largement démontré (Melen et al., 1986 ;
Cette accumulation favorise l’inflammation, qui s’aggrave
au lieu de disparaître. Le processus inflammatoire pro- Abrahams et Glassberg, 1996). Dès 1943, Bauer parlait des
voque une diminution du diamètre des voies de drainage, sinusites maxillaires d’origine dentaire (Bauer, 1943). Ses
conduisant à l’inhibition d’une activité ciliaire efficace, études sur cadavres montraient les relations directes entre
voire à son occlusion. lésions d’origine dentaire et pathologies du sinus maxillaire.

Dans cette hypothèse, la déviation septale agit soit directe- A - Sinusites aiguës
ment par l’obturation du méat moyen, soit de façon indirecte Dans les sinusites aiguës de l’adulte, la flore bactérienne est
par refoulement du cornet moyen et fermeture du méat. composée de Pneumococcus, d’Haemophilus influenzae, de
Streptococcus (Streptococcus pyogenes, Streptococcus inter-
2 - Hypothèse aérodynamique medius et Streptococcus alfa-haemolyticus) et de bactéries
L’autre hypothèse est aérodynamique (Danese et al., 1997) : la anaérobies strictes (Bilaniuk et Zimmerman, 1982 ; Brook,
modification du flux aérien nasal conduirait à une sécheresse 1989 ; Brook et al. 1996).
muqueuse, à une perturbation de l’activité ciliaire et, donc, à Ces bactéries anaérobies strictes (Prevotella, Fusobacterium
la disparition des fonctions de protection de cette muqueuse. et Peptostreptococcus) sont retrouvées dans les sinusites
Cela provoque donc un état inflammatoire local. aiguës d’origine dentaire (de 10 à 15 % des sinusites aiguës).

B - Fonction de drainage B - Sinusites chroniques


Le drainage est une fonction importante du sinus. Les sinus La flore présente dans les sinusites aiguës persiste au stade
antérieurs (sinus maxillaire et sinus frontal) et les cellules chronique de la pathologie mais de nouvelles bactéries sont
ethmoïdales ont leurs orifices de drainage regroupés dans la également retrouvées. On note une augmentation du nombre

412

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Traitement endodontique et chirurgical 18
de bactéries anaérobies et la présence de Streptococcus viri- ment, la dent présente les signes d’une parodontite apicale
dans. La présence de ces bactéries anaérobies est responsable aiguë et est notamment sensible à la percussion. Le patient
de la sensation d’odeur fétide rapportée par les patients. est souvent fébrile et la cacosmie est fréquente (Cantaloube
La présence de Prevotella, Porphyromonas et Fusobacterium et Suc, 1993).
nucleatum a été rapportée par Brook ; ces espèces sont lar- Le mouchage et la rhinorrhée sont des signes quasi constants ;
gement retrouvées dans la flore pathogène endodontique l’examen radiographique permet d’identifier les dents sus-
(Brook 1996, 2005a et 2005b). pectes.
L’origine dentaire de ces pathologies sinusiennes chroniques
est estimée à 40,6 % (Melen et al., 1986) et la guérison sur-
vient très souvent après traitement endodontique de la dent
B - Sinusites chroniques d’origine dentaire
causale ou son extraction (Donald et al., 1995 ; Legert et al., De loin les plus fréquentes, ces sinusites n’entraînent pas ou
2004). peu d’altération de l’état général. Les douleurs sont irrégu-
La symptomatologie sinusienne efface souvent la douleur lières. Elles présentent un caractère monomorphe unilatéral
dentaire qui, finalement, peut ne pas être considérée comme avec la sensation de « narine bouchée » et sont caractérisées
l’agent causal. Dans ces cas, le traitement de la sinusite est par un écoulement nasal purulent, fétide, unilatéral intermit-
fait par antibiothérapie ou chirurgie ORL. L’origine dentaire tent, qui peut être plus abondant au réveil que pendant le
n’étant pas résolue, les récidives sont fréquentes et inévi- reste de la journée.
tables. Les conséquences médicales sont parfois dramatiques Comme toute infection chronique, la sinusite chronique
et génèrent des complications régionales et locorégionales. d’origine dentaire peut présenter des phases aiguës : les dou-
Leur prise en charge médicale doit être rapide. Il s’agit notam- leurs sont modérées, unilatérales, souvent exacerbées par
ment (Brook, 1989 ; Legert et al., 2004 ; Pushkar et Haitham, des mouvements de la tête. Ces douleurs seraient dues aux
2004 ; Wagenmann et Naclerio, 1992) : déplacements de fluide intrasinusien et ressenties comme
- de cellulite péri-orbitaire ; une augmentation de la pression sanguine. Les écoulements
- de cécité ; peuvent être plus postérieurs, associés à des expectorations
- d’abcès du cerveau ; purulentes (toux, crachats et signes de bronchite) (Pushkar et
- d’empyème sous-dural, Haitham, 2004).
- de thrombose du sinus caverneux ; Les dents en rapport avec le sinus peuvent être sensibles à la
- de méningite. pression. Elles sont examinées radiographiquement puis clini-
quement. Les tests de vitalité confirment en général la
Important ! Ces complications montrent combien il est
nécrose pulpaire si la dent n’a pas été traitée au préalable.
important de diagnostiquer et de traiter l’origine dentaire
dans les cas de sinusite aussi bien chronique qu’aiguë. Dans Ces dents suspectes peuvent être directement à l’origine de
ces cas précis, la communication entre l’endodontiste et l’infection sinusienne en jouant un rôle de « perfusion » de
l’ORL prend toute son importance. toxines.
L’antibiothérapie sera adaptée à la flore anaérobie. Le choix
de l’antibiotique, souvent prescrit pour plus d’une semaine,
est essentiel car ces patients ont fréquemment déjà reçu de
IV - Diagnostic et mise en évidence multiples traitements. Une pénétration osseuse de l’antibio-
tique est notamment utile à cause des remaniements osseux
de l’origine dentaire souvent observés dans ces formes cliniques.
Compte tenu de l’origine de la sinusite, il conviendra de dis- Les antibiotiques de choix sont (Slavin et al., 2005) :
socier les formes cliniques en fonction de l’origine, aiguë ou - une association amoxicilline et acide clavulanique ;
chronique (Cantaloube et Suc, 1993 ; Kretzschmar et - la clindamycine ;
Kretzschmar, 2003 ; Lopatin et al., 2002). - une association amoxicilline et métronidazole ;
- une association pristinamycine et métronidazole.
Un spray nasal de corticoïdes peut faciliter la « réouverture »
A - Sinusites aiguës d’origine dentaire de l’ostium et redonner une aération du sinus, aération certes
Elles associent les signes d’une sinusite maxillaire aiguë unila- préjudiciable aux bactéries anaérobies mais qui permet éga-
térale et ceux d’une infection d’origine dentaire. Clinique- lement de retrouver un drainage (fig. 18.1 à 18.6).

413

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18 Endodontie

1 2

Figures 18.1 et 18.2 Mise en évidence du drainage via l’ostium en coupes coronales après guérison de la sinusite d’origine dentaire.

3 4

Figures 18.3 et 18.4 Coupe axiale : mise en évidence de la guérison totale.

5 6

Figures 18.5 et 18.6 Coupes coronales postérieures : l’inflammation étendue aux cornets a guéri complètement.

414

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Traitement endodontique et chirurgical 18
C - Pathologies dentaires V - Place de l’imagerie
d’origine sinusienne dans le diagnostic et le traitement
Inversement, les affections sinusiennes peuvent avoir des des sinusites
répercussions sur les dents et induire des pathologies den-
taires. Elles peuvent passer du stade inflammatoire à celui de Dans le cas des pathologies sinusiennes infectieuses, le dia-
nécrose, par un processus qui n’est toujours pas élucidé gnostic, l’élaboration du plan de traitement, l’intervention
(fig. 18.7 à 18.9). chirurgicale éventuelle et le contrôle de guérison nécessitent
le recours à une imagerie de choix et adaptée (Cochet, 2009 ;
Roisin-Chausson et Cochet, 2000).
Un éventuel « écrasement » du paquet vasculo-nerveux
par les tissus inflammatoires chroniques, représenté par un
épaississement de la membrane sinusienne, conduisant à Essentiel : en cas de suspicion de sinusite d’origine dentaire,
une véritable thrombose et à l’arrêt de la vascularisation la radiographie panoramique et le cliché rétroalvéolaire
restent incontournables.
endodontique a été proposé mais jamais clairement
démontré.
Complétés par des examens cliniques, tels que tests de vitalité
pulpaire et sondage parodontal, les examens radiographiques
permettront d’établir le diagnostic dentaire. Des examens plus
adaptés à l’exploration des sinus sont souvent nécessaires pour
définir avec précision l’origine et l’étendue de la pathologie
sinusienne (White et Pharoah, 2004 ; Zinreich, 1992).
Les clichés standards face haute, incidence de Blondeau, sont
désormais abandonnés au profit d’examens d’imagerie prati-
qués avec des protocoles tomodensitométriques (TDM),
délivrant de faibles doses et peu irradiants, qui s’avèrent plus
modernes et plus contributifs.
L’image en deux dimensions est souvent éloignée de la réalité
clinique et de précision insuffisante pour l’appréciation ana-
tomique par effets de superposition des structures, pouvant
7 parfois conduire à une erreur d’interprétation et de diagnos-
tic. Elle est de plus en plus abandonnée au profit de la TDM
(Roisin-Chausson, 1991 ; Roisin-Chausson et Cochet, 2000) ;

A - Reconstructions coronales
Important ! Les reconstructions coronales sont indispen-
sables en cas de suspicion de pathologie sinusienne. Elles
permettent de visualiser précisément l’épaississement de la
muqueuse sinusienne et de contrôler l’aération du sinus
maxillaire, via l’ostium.
8

Les solutions de continuité ou de contiguïté entre la patho-


logie sinusienne, la lésion d’origine endodontique et la dent
causale peuvent ainsi être parfaitement définies (Bilaniuk et
Zimmerman, 1982). Ces coupes permettent également, dans
les cas d’indication chirurgicale, de choisir la voie d’abord
(vestibulaire ou palatine) (Cochet, 2009).

B - Coupes axiales
Les coupes axiales sont utilisées pour affiner le diagnostic.
Elles permettent de se représenter l’anatomie dentaire « vue
d’avion », d’analyser ses particularités et éventuelles compli-
cations, qui sont nombreuses, et, ainsi, de les anticiper.
9
Les deuxièmes canaux mésio-vestibulaires (MV2), les isthmes,
Figures 18.7 à 18.9 Dents 26 et 27 nécrosées par possibles com- les canaux et racines surnuméraires apparaissent ainsi claire-
pression et contamination de la sinusite chronique massive. Les ment et justifient l’intérêt d’un travail minutieux en endo-
traitements endodontiques sont réalisés. dontie (Roisin-Chausson et Cochet, 2001).

415

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18 Endodontie

manière systématique par l’une ou l’autre, il semble préfé-


Cette analyse précise de la morphologie dentaire, de
l’anatomie de voisinage et des possibilités thérapeutiques rable de choisir la voie d’accès en fonction des éléments de
endodontiques orienteront alors la décision d’interven- la situation, notamment anatomiques.
tion (conventionnelle ou chirurgicale), voire, dans certains
cas, de contre-indication chirurgicale. 1 - Voie palatine (fig. 18.10 à 18.13)
C’est la meilleure voie pour accéder aux racines proches de la
corticale palatine. Les spécificités de cette voie d’abord sont :
VI - Indications chirurgicales - la présence du paquet vasculo-nerveux de l’artère grande
palatine qui chemine d’arrière en avant sur la voûte palatine,
Les indications chirurgicales correspondent aux indications pouvant être enchâssée dans une gouttière du même nom.
classiques de la chirurgie endodontique, associant générale- Sa position et l’inclinaison de la voûte palatine par rapport
ment une insuffisance de traitement endodontique conven- au rempart alvéolaire peuvent compliquer, voire contre-
tionnel, et l’impossibilité de l’améliorer (voir chapitre 16). indiquer, ce type d’abord ;
Il s’agit alors d’indications de chirurgie dite d’emblée ou, au - une incision sulculaire associée à une incision verticale
contraire, de chirurgie dite de complément, dont l’objectif entre les deux prémolaires afin de protéger l’artère précé-
est de compléter un traitement endodontique réalisé dans demment décrite. Le lambeau doit permettre un accès
de bonnes conditions mais ne pouvant atteindre les objectifs direct à la racine palatine.
nécessaires à la cicatrisation (Cochet, 2010).
2 - Voie vestibulaire (fig. 18.14 à 18.21)
A - Choix d’une voie d’abord Principalement indiquée dans le traitement des racines vesti-
La voie d’abord chirurgicale peut être vestibulaire ou palatine bulaires, la voie vestibulaire peut également être choisie dans
(Cochet, 2009 et 2010). Si certains auteurs procèdent de le cas de contre-indication de la voie palatine pour accéder à

10 11

Figures 18.10 et 18.11 Important dépassement de pâte au niveau de la racine palatine. Le scanner permet de voir la situation spatiale
du dépassement qui est proche de la corticale palatine.

13

Figures 18.12 et 18.13 Abord palatin. Élévation du lambeau et de


l’artère grande palatine visible au sein de ce dernier. Élimination
de la pâte en excès et contrôle au bout de 4 ans, signant la
12 bonne stabilité clinique.

416

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Traitement endodontique et chirurgical 18

14

Figures 18.14 et 18.15 Sinusite chronique fortement symptoma-


tique. Les tenons importants collés au Super Bond indiquent
une chirurgie d’emblée. 15

16 17

Figures 18.16 à 18.18 La voie d’abord vestibulaire est choisie,


avec le traitement des 2 racines vestibulaires et de la racine
palatine en « transsinusien ». Résection et obturation délicate
18 de la racine palatine.

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18 Endodontie

19 20

Figures 18.19 à 18.21 Contrôle radiographique et scanner, au


bout de 3 ans, objectivant une excellente stabilité clinique et la
21 guérison de la pathologie sinusienne d’origine endodontique.

la racine palatine et pratiquer ainsi une chirurgie dite transsi- L’aspergillose est une mycose des voies aériennes supérieures
nusienne. Dans ce cas, l’accès à la racine palatine se fait après par contamination à Aspergillus fumigatus fréquemment en
avoir traversé le sinus. relation avec une infection dentaire, même si ce n’est pas la
Endommager un sinus sain pour intervenir sur une racine seule étiologie. Elle présente le tableau clinique d’une sinu-
palatine devrait contre-indiquer cette voie d’abord. site maxillaire purulente, chronique et unilatérale. Générale-
ment, elle est associée à des épisodes douloureux avec des
B - Problème des dépassements signes d’épistaxis. Radiographiquement, on note une opacité
de la cavité antrale, associée ou non à des microcalcifica-
de pâte d’obturation tions.
Il s’agit là d’une véritable complication d’un traitement endo- Les aspergilloses sont très souvent d’origine dentaire et sont
dontique mal conduit au cours duquel la pâte d’obturation particulièrement marquées chez les patients immunodépri-
endodontique a été projetée dans le sinus maxillaire. més (Saeed et Brookes, 1995) (fig. 18.22 à 18.28).

418

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Traitement endodontique et chirurgical 18

22 23

Figures 18.22 à 18.24 Greffe aspergillaire. Les microcalcifications


24 sont visibles.

19
25 26

27 28

Figures 18.25 à 18.28 Élimination de la greffe aspergillaire, sous anesthésie générale (Dr Jean-François Andréani). La voie d’abord est
visible sur le scanner. L’aération du sinus est restaurée. Les dents 26 et 27, nécrosées consécutivement à la pathologie sinusienne, ont
été traitées endodontiquement.

419

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18 Endodontie

Ces greffes aspergillaires sont également appelées mycé- Dans ce type d’intervention, la voie d’abord doit être suffisam-
tomes (Beck-Managetta et Necek, 1983 ; Fligny et al., 1991 ; ment haute pour permettre, à la fois, d’intervenir sur les zones
Zinreich et al., 1988). La présence de pâte dentaire en excès apicales et d’atteindre les corps étrangers intrasinusiens.
dans le sinus ne suffit pas à expliquer à elle seule l’origine et Afin d’éviter une destruction osseuse trop importante, la tech-
le développement de ces mycétomes. Il pourrait donc s’agir nique du volet osseux est particulièrement intéressante. Les
de la conjonction de plusieurs facteurs : inserts ultrasonores récemment mis au point permettent de
- une diminution du flux d’air au niveau des fosses nasales par réaliser une découpe osseuse propre et non mutilante, et de
la présence de modifications anatomiques telles qu’une repositionner le volet en fin d’intervention sans grande béance.
concha bullosa (formation bulleuse des cornets) ; La chirurgie piézoélectrique facilite effectivement ce type
- la perte de perméabilité de l’ostium à cause d’un excès de d’intervention. Elle combine les ultrasons et l’action d’ostéo-
mucus inflammatoire ; tomes contrôlés électroniquement par un même générateur.
- le comportement de la pâte en tant que corps étranger La visibilité est améliorée par une irrigation en nappe, activée
dans le sinus. par la synergie ultrasonore (Poblete-Michel et Michel, 2008).
La présence de corticoïdes dans certaines pâtes d’obturation Le volet est déposé et conservé dans du sérum physiolo-
peut entraîner le développement de mycoses. Cette hypothèse gique le temps du geste intrasinusien.
personnelle ne s’appuie pour l’instant sur aucune recherche Il est alors possible d’intervenir au niveau des racines pour les
médicale. réséquer, les préparer et les obturer a retro quand cela s’avère
nécessaire (fig. 18.29 à 18.31).
Important ! La stratégie opératoire pour procéder à l’élimi- Pendant ce temps opératoire, le sinus pourra être protégé par
nation de ces excès de pâte reste un problème entier. Préa- des membranes collagéniques ou des compresses chirurgi-
lablement à toute intervention intrasinusienne, les cales retirées après traitement de la racine.
problèmes d’origine endodontique doivent être résolus et Dans le temps opératoire suivant, la pâte, les tissus poly-
l’endodontie conventionnelle reste le choix de première poïdes et les épaississements chroniques de la membrane
intention à privilégier. La chirurgie de complément sera pla- sinusienne sont éliminés. La cavité sinusienne est finalement
nifiée dans un second temps opératoire, conjointement à
l’accès intrasinusien. rincée abondamment et le volet osseux est repositionné
(Cochet, 2010) (fig. 18.32 à 18.35).

29 30

Figures 18.29 à 18.31 Un important dépassement de pâte et des


traitements endodontiques insuffisants sont responsables de la
pathologie sinusienne. L’examen scanner (Dr Marie-Hélène Roi-
sin-Chausson) permet d’objectiver l’étendue de la pathologie et
31 la situation spatiale intrasinusienne de la pâte.

420

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Traitement endodontique et chirurgical 18

À venir

32 33

Figures 18.32 et 18.33 Les inserts piézoélectriques Satelec® sont utilisés pour réaliser un volet osseux large, pour englober les deux
destructions osseuses. Le volet est délicatement décollé et gardé dans du sérum physiologique.

34 35

Figures 18.34 et 18.35 La pâte est extraite délicatement, puis les tissus inflammatoires chroniques sont éliminés. Le volet sera repo-
sitionné pour augmenter la régénération osseuse.

Des contrôles radiographiques et scannographiques réalisés Les traitements endodontiques inadéquats sont donc des
6 mois après l’opération permettront de contrôler la guéri- sources intarissables de contamination intrasinusienne, les
son de la pathologie sinusienne, la résolution du problème dents agissant comme un système de perfusion des bactéries
dentaire et l’aération du sinus maxillaire, garante du maintien vers la sphère antrale.
d’une bonne santé sinusienne à long terme. Toute intervention chirurgicale visant à drainer un sinus en
présence de dents infectées est vouée à l’échec.

Dans le traitement des pathologies sinusiennes d’origine


endodontique, le diagnostic doit être précoce et le traite-
VII - Conclusion ment endodontique bien conduit. Des chirurgies de com-
Les sinusites maxillaires d’origine dentaire sont fréquentes plément peuvent être secondairement indiquées afin de
résoudre de manière élégante des pathologies évolutives
compte tenu des rapports anatomiques entre les dents
dont les répercussions médicales peuvent être dramatiques.
maxillaires et le sinus.

421

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18 Endodontie

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422

6684_.indb 422 10/08/12 12:04


19
Pharmacologie et thérapeutiques
médicamenteuses en endodontie
V. DESCROIX, V. BAAROUN

C
e chapitre est consacré à l’étude pharmacologique et afin d’en préserver le meilleur rapport bénéfice/risque. Ces
thérapeutique des médicaments d’intérêt en endodon- règles sont les suivantes :
tie. L’endodontie, comme toutes les disciplines de la - la prise en compte de l’état de santé du patient. Cela
médecine bucco-dentaire, s’appuie d’abord et avant tout sur comprend ses antécédents médicaux et chirurgicaux, la
des procédures chirurgicales qui permettent à elles seules de connaissance exhaustive de ses traitements médicamen-
traiter en majeure partie les différentes pathologies rencon- teux actuels et passés ainsi que ses différentes allergies ;
trées. L’utilisation de thérapeutiques médicamenteuses, bien - la nécessité de fixer des objectifs thérapeutiques précis et
que le plus souvent adjuvantes, s’avère cependant nécessaire clairement identifiés. Cela est indispensable pour pouvoir
dans de nombreuses situations cliniques, en particulier pour mesurer et évaluer l’efficacité de la thérapeutique médica-
prendre en charge l’anxiété, prévenir et traiter la douleur ou menteuse avec des critères validés, et ce quelle que soit la
les infections bactériennes. Contrairement à beaucoup classe thérapeutique antalgique, anti-infectieuse ou à visée
d’autres spécialités médicales, la médecine bucco-dentaire sédative ;
souffre d’une carence majeure en données cliniques validées - la connaissance et le respect des différentes recommanda-
et au niveau de preuve suffisant. Pour cette raison, de nom- tions émises par les instances sanitaires (Agence française
breux schémas thérapeutiques présentés dans ce chapitre ne de sécurité sanitaire des produits de santé – AFSSAPS –,
sont que des extrapolations d’autres disciplines médicales. Haute Autorité de santé – HAS) ;
Cela est particulièrement vrai concernant les traitements de - le respect des indications de l’autorisation de mise sur le
la sédation consciente et des infections bactériennes. marché du médicament.
Dans ce chapitre sera détaillé l’ensemble des médicaments
Comme c’est le cas dans de nombreux domaines de la utiles à l’endodontiste avec une approche à la fois pharmaco-
médecine bucco-dentaire, le traitement des pathologies logique et thérapeutique. Chaque fois que cela sera possible,
pulpaires et péri-apicales repose d’abord sur un geste les données cliniques qui permettent de faire un choix éclairé
chirurgical étiologique, et ce quelle que soit l’origine en fonction de l’intérêt de chaque classe médicamenteuse
inflammatoire, infectieuse ou traumatique. Le recours à seront détaillées.
une thérapeutique médicamenteuse par voie systémique
ne se conçoit qu’après la prise en charge étiologique de la
pathologie considérée.
I - Prise en charge pharmacologique
de l’anxiété
Par ailleurs, les preuves scientifiques et médicales de l’intérêt
de telles thérapeutiques médicamenteuses sont peu nom- A - Anxiété et médecine bucco-dentaire
breuses et souvent de qualité méthodologique relativement
faible. Ainsi, l’endodontie souffre d’une carence importante La prise en compte et le traitement de l’anxiété engendrée
en études cliniques répondant aux critères scientifiques par les soins sont encore trop souvent négligés en médecine
actuellement admis. Il en ressort que bien souvent, il est dif- bucco-dentaire en France, contrairement à beaucoup d’autres
ficile, voire parfois impossible, d’émettre des recommanda- pays européens.
tions au niveau de preuve élevé. C’est une raison de plus pour
utiliser les thérapeutiques médicamenteuses avec parcimo- D’un point de vue médical, le stress et l’anxiété préopéra-
nie et seulement lorsque c’est nécessaire. toires peuvent être considérés comme un déséquilibre
Cela étant dit, quand bien même l’utilisation d’une thérapeu- entre la demande émotionnelle engendrée par la situation
tique médicamenteuse est peu fréquente et le plus souvent et les capacités du patient à y faire face. Les conséquences
en adjuvant de la thérapeutique chirurgicale, il n’en reste pas sont multiples, allant du refus de soin et de ses consé-
moins qu’elle doit dans tous les cas respecter des règles quences épidémiologiques à l’inconfort tant pour le prati-
cien que pour le patient.
strictes qui doivent concourir au bon usage du médicament

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19 Endodontie

Par ailleurs, l’ensemble des réactions neurovégétatives induites pour adapter les posologies aux besoins des patients et évi-
par un soin stressant sont nombreuses et compliquent le plus ter un surdosage source d’effets secondaires. L’échelle de
souvent les suites opératoires (Brotman et al., 2007 ; George- Ramsay (tableau 19.1), de par sa simplicité et sa faisabilité en
lin-Gurgel et al., 2009). Enfin, il existe des liens étroits entre la pratique de routine, est le minimum recommandé pour l’éva-
douleur et l’anxiété. Il est clairement démontré que les patients luation de la sédation. D’autres échelles peuvent être utili-
dont le niveau d’anxiété préopératoire est maîtrisé et faible sées en fonction d’une situation donnée.
ressentent moins la douleur que les autres (Lang, et al., 2000 ;
American Society of Anesthesiologists, 2002). Tableau 19.1 Score de Ramsay (d’après Ramsay et al., 1974).
Ainsi, l’utilisation de l’ensemble des moyens de sédation Niveau
(pharmacologiques ou non) ne doit pas s’adresser aux seuls Réponse du patient attendue
de sédation
enfants non coopérants (Soares et al., 2006) mais doit 1 Malade anxieux, agité
s’étendre à toute forme soit d’anxiété soit de stress. La seule
2 Malade coopérant, orienté et calme
étude épidémiologique réalisée en France montre que 13,5 %
de la population française présente une anxiété due aux soins 3 Malade répondant aux ordres
bucco-dentaires (Nicolas et al., 2007) ce qui, évidemment, 4 Malade endormi mais avec une réponse nette à la
est loin d’être négligeable. stimulation de la glabelle ou à un bruit intense
5 Malade endormi répondant faiblement aux
Important ! Par ailleurs, de manière intéressante et peut- stimulations ci-dessus
être inattendue, les soins endodontiques sont parmi l’en- 6 Pas de réponse aux stimulations nociceptives
semble des actes de médecine bucco-dentaire les plus
anxiogènes pour les patients (Wong et Lytle, 1991 ; Peretz et
Moshonov, 1998 ; Georgelin-Gurgel et al., 2009). Essentiel : enfin, il est absolument nécessaire de ne réaliser
de sédation consciente que dans des conditions de sécurité
optimales, notamment en possédant un matériel de soins
La réduction du stress ou de l’anxiété des patients qui le d’urgence adapté et les compétences nécessaires. Tout
nécessitent passe par un acte de sédation. Cette notion est patient ayant bénéficié d’une sédation pharmacologique
relativement complexe à cerner. Elle a été définie, par une doit être accompagné.
recommandation de la Société française d’anesthésie et de
réanimation (SFAR 2000), comme l’ensemble des moyens
médicamenteux ou non destinés à assurer le confort physique
et psychique du patient et à faciliter les techniques de soins.
B - Sédation consciente par voie orale
Cette recommandation insiste sur le fait que l’indication d’une La réalisation d’une sédation consciente par voie orale s’appuie
sédation doit comporter une analyse des besoins et la fixa- sur des médicaments dont le principal effet thérapeutique est
tion d’objectifs précis en termes de qualité (analgésie, anxio- anxiolytique et/ou hypnotique. Il s’agit des benzodiazépines
lyse ou sédation proprement dite), d’intensité et de durée. et des antihistaminiques de première génération.

Essentiel : une bonne connaissance des médicaments et de 1 - Benzodiazépines


leurs effets indésirables est indispensable à la prescription a - Choix des benzodiazépines.
adéquate des agents de la sédation.
Plus d’une vingtaine de benzodiazépines sont commerciali-
sées en France mais seules quelques-unes présentent un inté-
Les moyens pharmacologiques disponibles en milieu extra- rêt en prémédication sédative ambulatoire : le lorazépam,
hospitalier ainsi que leur voie d’administration sont peu nom- l’alprazolam et le bromazépam (tableau 19.2). L’intérêt majeur
breux et généralement peu appropriés à l’exception du de ces molécules est de présenter une demi-vie d’élimination
mélange équimolaire de protoxyde d’azote et d’oxygène relativement courte, permettant une cessation de l’effet séda-
(MEOPA). tif relativement rapide. Une seule étude (Ehrich et al., 1997)
Quel que soit le moyen pharmacologique de sédation utilisé, portant sur l’évaluation des benzodiazépines en endodontie
l’évaluation régulière de la profondeur de la sédation est une mais n’évaluant pas les médicaments utilisés en France dans
nécessité et, quelle que soit l’échelle utilisée, est essentielle cette indication est retrouvée dans la littérature médicale.

Tableau 19.2 Benzodiazépines d’intérêt pour la sédation consciente.


DCI* Spécialités Posologie adulte Tmax** Demi-vie plasmatique
Bromazépam Lexomil®, génériques 1,5-3 mg 0,5-4 h 20 h
Alprazolam Xanax®, génériques 0,5-1 mg 0,5-2 h 10-20 h
Lorazépam Temesta® 1 mg 0,5-4 h 20 h
* Dénomination commune internationale.
** Temps à partir duquel la concentration plasmatique est maximale et donc, par extrapolation, temps à partir duquel l’effet thérapeutique est le plus important.

424

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
b - Données pharmacologiques
C’est dans le cadre de ces indications qu’elle peut être
Les benzodiazépines possèdent différentes propriétés utilisée comme agent de sédation consciente.
thérapeutiques : elles sont sédatives, hypnotiques, anxio-
lytiques, myorelaxantes et elles induisent une amnésie
antérograde (Woods et al., 1992). b - Données cliniques

1 - Posologie
L’hydroxyzine peut être administrée par voie orale. La dose
D’une façon générale les benzodiazépines sont des médica-
moyenne usuelle est de 1 mg par kilo de poids corporel chez
ments bien tolérés qui présentent peu d’effets indésirables,
l’adulte comme chez l’enfant (Trifa et al., 2010). Après admi-
notamment s’ils sont utilisés à bon escient. Ces effets sont
nistration orale, l’effet clinique maximal est observé au bout
dominés par des troubles mnésiques et un risque de dépen-
de 90 à 120 minutes.
dance lors d’un traitement prolongé. Les seuls effets indési-
rables gênants, mais exceptionnels, sont les réactions
paradoxales à type d’abréaction avec affabulation et réac- À cette dose, l’hydroxyzine a peu d’effets cardio-vasculaires
tions dysphoriques. ou ventilatoires. Elle est fréquemment utilisée pour la
Après administration orale, la concentration plasmatique prémédication des sujets âgés ou des sujets dits à risque
(polypathologiques).
maximale des benzodiazépines est observée entre 15 et
120 minutes. Ainsi, elles doivent être administrées entre 1 et
2 heures avant l’anesthésie. Chez les sujets âgés, une dose de 50 mg est suffisante, une
Cependant, si l’anxiété du patient est importante, l’adminis- dose plus élevée pouvant entraîner une sédation postopéra-
tration peut se faire quelques heures avant l’intervention. toire résiduelle.
Dans ce cas, le lorazépam est intéressant en raison de sa
demi-vie relativement longue. 2 - Autres données cliniques
La pharmacocinétique des benzodiazépines est influencée L’hydroxyzine est un médicament bien toléré. Les effets indé-
par des facteurs physiologiques (âge, vieillissement), patho- sirables sont principalement liés à son action sur le système
logiques (insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique) et nerveux central (somnolence), à ses effets anticholinergiques
certains traitements (cimétidine, isoniazide, contraceptifs et aux réactions d’hypersensibilité qu’elle peut provoquer
oraux…). (tableau 19.3).

c - Données cliniques Tableau 19.3 Hydroxyzine : données cliniques.


Contre- • Hypersensibilité
1 - Posologie indications • Liées à l’effet anticholinergique :
Les posologies données dans le tableau 19.2 sont des risque de glaucome par fermeture de l’angle,
moyennes pour l’adulte. Dans l’indication officielle de ces risque de rétention urinaire lié à un trouble
médicaments – « traitement symptomatique des manifesta- urétro-prostatique
tions anxieuses sévères et/ou invalidantes » –, il existe une Interactions • Alcool
grande variabilité interindividuelle qui demandera parfois de médicamenteuses • Autres médicaments dépresseurs du système
nerveux central
devoir ajuster les posologies d’une séance à l’autre. • Atropine et substances atropiniques
2 - Hydroxyzine Grossesse • Peut être prescrit pendant la grossesse si
et allaitement besoin à des doses faibles et sur de courte
période
a - Données pharmacologiques
• Peut être prescrit pendant l’allaitement si
L’hydroxyzine est, d’un point de vue pharmacologique, un besoin à des doses faibles et sur de courte
antagoniste des récepteurs à l’histamine de type H1 (Leurs période
et al., 1995). Son indication principale est le traitement symp- Effets indésirables • Affections neurologiques : somnolence,
tomatique des manifestations allergiques. Sa très faible spéci- céphalées, fatigue, confusion
ficité pour les récepteurs à l’histamine lui permet de posséder, • Effets gastro-intestinaux : sécheresse buccale
entre autres, des effets sédatifs vagolytiques et antiémétiques. Surdosage • Les symptômes observés en cas de surdosage
Très peu de travaux publiés ont étudié la pharmacologie et important incluent nausées, vomissements,
l’efficacité de l’hydroxyzine en prémédication, bien qu’elle tachycardie, somnolence, troubles de
l’accommodation, tremblements, confusion,
soit largement utilisée depuis une cinquantaine d’années
hallucinations et parfois troubles de la
dans la prémédication de l’enfant. Ces études ont été conscience, voire coma, dépression respiratoire,
publiées presque exclusivement dans des indications odon- convulsions, hypotension, troubles du rythme
tologiques. En France, l’hydroxyzine possède comme indica- cardiaque, voire arrêt cardio-respiratoire
tion officielle le traitement des manifestations mineures de • Un traitement symptomatique devra être mis
l’anxiété et la prémédication à l’anesthésie générale. en place en milieu spécialisé

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19 Endodontie

c - Dénomination et formes pharmaceutiques (de 15 à 30 minutes) mais ne dispense pas de l’utilisation


Ces informations sont résumées dans le tableau 19.4. d’autres méthodes analgésiques, notamment l’anesthésie
locale.
Tableau 19.4 Hydroxyzine : dénomination et forme pharmaceu-
tique. Remarque : en médecine bucco-dentaire, le premier objec-
Forme tif thérapeutique recherché par l’utilisation du MEOPA est
Dénomination Dosage essentiellement sédatif.
pharmaceutique
Atarax® Comprimés sécables 25 mg
Comprimés sécables 100 mg b - Données cliniques
Sirop 0,2 g/100 ml
1 - Posologie
Selon le mode de ventilation du patient, un masque nasal ou
3 - Sédation par inhalation naso-buccal peut être utilisé. Pour les patients dont le handi-
cap ne permet pas de conserver le masque en place, celui-ci
a - Aspects réglementaires est maintenu par un aide opératoire, sans contrainte phy-
sique forte.
Remarque : la sédation par inhalation est représentée uni- Après une période d’induction de 3 minutes, l’acte peut être
quement par l’utilisation du mélange équimolaire (50/50) réalisé, en continu si un masque nasal est utilisé ou par
d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA). périodes de 20 à 30 secondes en cas d’utilisation d’un masque
naso-buccal, qui sera alors remonté sur le nez pendant ces
Le protoxyde d’azote et l’oxygène sont des gaz. Leur mélange périodes.
est considéré réglementairement comme un médicament et Le débit du mélange est déterminé par la ventilation sponta-
est donc régi par les mêmes règles d’utilisation. Depuis 2009, née du patient. L’efficacité antalgique du mélange se mani-
le MEOPA peut être prescrit par les chirurgiens-dentistes au feste pleinement après 3 minutes d’inhalation. La durée de
sein d’un cabinet libéral. Cependant l’AFSSAPS conditionne l’inhalation du mélange est liée à celle de l’acte concerné et
l’utilisation de ce dispositif de sédation consciente par le ne doit pas dépasser 60 minutes en continu. Enfin, à l’arrêt de
chirurgien-dentiste libéral à la nécessité de se former. Ainsi, l’inhalation, le retour à l’état initial est quasi immédiat sans
tout chirurgien-dentiste souhaitant obtenir la reconnais- effet rémanent.
sance de l’aptitude à l’utilisation du MEOPA doit nécessaire-
2 - Autres données cliniques (tableau 19.5)
ment communiquer au Conseil national de l’Ordre :
- le programme détaillé de la formation « MEOPA » suivie si
cette dernière ne figure pas dans la liste des formations Important ! L’administration de MEOPA nécessite une sur-
reconnues conformes ; veillance continue du patient par une personne se consa-
crant exclusivement à cette tâche.
- l’attestation de suivi de la formation « MEOPA » ;
- une attestation de suivi de la formation aux gestes d’urgence
datant de moins de 5 ans. L’administration du mélange doit être immédiatement inter-
Administré par inhalation, le MEOPA permet ainsi la prise en rompue en cas de perte du contact verbal.
charge de la douleur engendrée par les soins ou des actes À la fin des soins, le masque est ôté et le patient doit rester
médicaux d’intensité légère à modérée et de courte durée au repos dans le fauteuil pendant 5 minutes.

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
Tableau 19.5 MEOPA : données cliniques.
Contre- • Patients nécessitant une ventilation en oxygène pur
indications • Hypertension intracrânienne
• Toute altération de l’état de conscience empêchant la coopération du patient
• Pneumothorax
• Bulles d’emphysème
• Embolie gazeuse
• Accident de plongée
• Distension gazeuse abdominale
• Patient ayant reçu récemment un gaz ophtalmique (SF6, C3F8, C2F6) utilisé dans la chirurgie oculaire tant que persiste
une bulle de gaz à l’intérieur de l’œil et au minimum pendant une période de 3 mois. Des complications postopératoires
graves peuvent survenir en rapport avec l’augmentation de la pression intra-oculaire
• Déficit connu et non substitué en vitamine B12
• Anomalies neurologiques d’apparition récente et non expliquées
Mises en garde • Le mélange doit être stocké et administré à une température supérieure à 0 °C ; à une température inférieure, il peut
spéciales apparaître une séparation des deux gaz exposant au risque d’hypoxie
Interactions • Gaz ophtalmiques (SF6, C3F8, C2F6)
médicamenteuses • Potentialisation en cas d’association avec des médicaments à action centrale (opiacés, benzodiazépines et autres
psychotropes)
Grossesse • Peut être prescrit pendant la grossesse si besoin.
et allaitement
Effets indésirables • Affections du système nerveux : paresthésies, approfondissement de la sédation, modification des perceptions
sensorielles. Des mouvements anormaux ont pu être observés ; ils sont survenus le plus souvent dans un contexte
d’hyperventilation
• Affections de l’oreille et du labyrinthe : sensations vertigineuses
• Affections de l’appareil digestif : nausées, vomissements
• Affections psychiatriques : agitation, angoisse, euphorie, rêves
Surdosage • Un surdosage peut survenir en cas de stockage inapproprié à une température inférieure à 0 °C : les deux gaz peuvent
alors se dissocier, exposant le patient au risque de surdosage en protoxyde d’azote et, donc, d’hypoxie. Dans ces
circonstances, si une cyanose apparaît lors de l’administration, il est impératif d’arrêter immédiatement le traitement
et si la cyanose ne régresse pas très rapidement, il faut ventiler le patient avec un ballon manuel rempli d’air ambiant

II - Prévention et traitement chimique et le mécanisme d’action des molécules. Ainsi,


deux grandes classes d’antalgiques nous intéresserons ici :
de la douleur - les non-morphiniques (paracétamol et anti-inflammatoires
non stéroïdiens) ;
A - Antalgiques des douleurs nociceptives - les morphiniques (faibles et forts).

Les médicaments antalgiques constituent un groupe très 1 - Antalgiques non morphiniques


hétérogène de molécules. Il est donc intéressant d’avoir Cette classe regroupe les molécules antalgiques qui diffèrent
recours à une classification des antalgiques afin de faciliter la d’un point de vue chimique et mécanisme d’action de la mor-
compréhension et l’utilisation de ces diverses molécules. phine. Il s’agit du paracétamol et des anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS).
La classification la plus largement utilisée est celle mise en
place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous a - Paracétamol
forme de paliers. Elle différencie les antalgiques en fonc-
tion de leur puissance d’action, selon qu’ils traitent une Important ! Le paracétamol (N-acétyl-para-aminophénol)
douleur d’intensité : est un antalgique de première intention. Il est indiqué dans
- légère = EVA de 1 à 4 (palier I) ; le traitement symptomatique des douleurs d’intensité
- modérée = EVA de 4 à 6 (palier II) ; légère à modérée.
- sévère = EVA de 6 à 10 (palier III).
Malgré sa très large utilisation depuis de nombreuses années,
son mécanisme d’action précis reste encore mal défini ; il sem-
Cependant, cette classification a été mise au point pour la blerait agir au niveau du système nerveux central, en diminuant
prise en charge des douleurs cancéreuses chroniques. Il est la synthèse de prostaglandines par inhibition d’une cyclo-oxy-
donc préférable, pour traiter des douleurs d’origine endo- génase cérébrale (Botting, 2006). Il aurait également un effet
dontique (c’est-à-dire principalement aiguës d’origine inflam- sérotoninergique en potentialisant les contrôles inhibiteurs de
matoire), de retenir une classification fondée sur la nature la douleur (Mallet et al., 2008).

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19 Endodontie

Après une prise par voie orale, son absorption se fait au


Important ! Aucune molécule n’a pu montrer une efficacité
niveau gastrique. Il est ensuite métabolisé au niveau du foie,
supérieure à celle des autres ; il est cependant à retenir que
par l’intermédiaire du cytochrome P450. L’élimination se fera l’ibuprofène reste la molécule la plus utilisée et la plus étu-
par voie rénale, sous forme de métabolites. diée (Rainsford, 2009).
Par voie orale, le paracétamol agit en 30 à 60 minutes. La
durée d’action est de 6 heures lors d’une prise de 1 g.
La posologie adulte est de 1 g par prise, prises espacées de Le point commun de tous les AINS est leur mécanisme d’ac-
6 h, sans dépasser 4 g/24 h. Les prises pourront être réduites tion : il se fait principalement par inhibition des cyclo-oxygé-
à 500 mg en cas d’insuffisance rénale et espacées de 8 heures. nases 1 (COX-1) et 2 (COX-2) et, donc, par réduction de la
Il ne faudra alors pas dépasser 3 g/24 h. production de prostaglandines (Baek et al., 2002 ; Botting,
2006). Les COX-1 et 2 étant impliquées dans les phénomènes
Important ! Les seules contre-indications à l’utilisation de
inflammatoires, algiques, d’agrégation plaquettaire et de
paracétamol sont l’hypersensibilité et l’insuffisance hépa- fièvre (Rouzer et Marnett, 2009), les AINS possèdent alors
tocellulaire. Ainsi, l’on pourra tout à fait prescrire du para- tous des effets communs : anti-inflammatoire, antalgique,
cétamol aux posologies usuelles à la femme enceinte ou qui antipyrétique et antiagrégant plaquettaire. Ces effets seront
allaite. plus ou moins marqués selon la molécule considérée.
Les contre-indications à l’administration des AINS sont l’hy-
persensibilité (à la molécule, aux autres AINS ou à l’aspirine),
Le paracétamol ne présente aucune interaction médicamen-
la grossesse (déconseillée en dessous de 35 semaines d’amé-
teuse ni effet indésirable notable lorsque les doses thérapeu-
norrhée ; contre-indiquée au-delà), un ulcère gastro-intesti-
tiques sont respectées. En effet, le principal risque lié à son
nal en évolution, l’insuffisance rénale sévère, l’insuffisance
utilisation est l’intoxication par surdosage pouvant conduire
cardiaque sévère non contrôlée, l’insuffisance hépatocellu-
à une cytolyse hépatique parfois mortelle.
laire sévère et le lupus érythémateux disséminé.
b - Anti-inflammatoires non stéroïdiens Les AINS présentent de nombreuses interactions médica-
menteuses : avec les anticoagulants oraux, les AINS eux-
Important ! Les anti-inflammatoires non stéroïdiens forment mêmes, le lithium, les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de
une classe présentant un grand intérêt dans le traitement des la recapture de la sérotonine (ISRS), les inhibiteurs de l’en-
douleurs aiguës, notamment d’origine inflammatoire, comme zyme de conversion (IEC), les antagonistes de l’angiotensine,
on peut les rencontrer en endodontie. les diurétiques, les médicaments hyperkaliémiants, le métho-
trexate, le tacrolimus et la cyclosporine.
Il s’agit d’une classe médicamenteuse large, regroupant des
centaines de molécules. Parmi celles-ci, seules quelques- Les principaux effets indésirables liés à l’utilisation des
unes peuvent être prescrites en traitement symptomatique AINS sont gastro-intestinaux ou à type d’hypersensibilité
possible (Rainsford, 1999) (tableau 19.7).
de la douleur, notamment d’origine dentaire. Il s’agit de l’acide
méfénamique, de l’acide niflumique, de l’ibuprofène, de
l’acide tiaprofénique, du fénoprofène, du kétoprofène, du Le risque de survenue d’effets indésirables a été corrélé à la
naproxène, du diclofénac et du nimésulide. Les posologies dose et à la durée du traitement. La posologie devra donc
par prise et quotidienne de chacune de ces molécules sont être le plus faible possible et sur la durée la plus courte
résumées dans le tableau 19.6. (Jones et al., 2008 ; Farkouh et Greenberg, 2009).

Tableau 19.6 AINS commercialisés en France ayant une AMM en tant qu’antalgiques.
DCI* Spécialités Dosage (mg) Dose par prise (mg) Dose par 24 heures (mg)
Acide méfénamique Ponstyl® 250 250-500 1 500
Acide tiaprofénique Surgam®, Flanid Gé® 100, 200 100-200 600
Ibuprofène Advil® 200, 400 200-400 1 200
Fénoprofène Nalgésic® 300 300-600 1 200
Nimésulide Nexen® 100 100 200
Naproxène Aleve®, Apranax® 220, 275, 500, 550 220, 275 ou 550 1 100
Acide niflumique Nifluril® 250 250 1 000
Diclofénac Voltarène Dolo® 12,5 12,5 à 25 75
Kétoprofène Toprec® 25 25 75
* Dénomination commune internationale.

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
Tableau 19.7 Principaux effets indésirables des AINS.
Remarque : il est nécessaire de rappeler que la codéine
Réactions Dermatologiques : éruption, rash, prurit, œdème seule ne possède pas d’activité antalgique ; il est indispen-
d’hypersensibilité sable de l’associer au paracétamol.
Respiratoires : survenue de crise d’asthme
Générales : œdème de Quincke, choc
anaphylactique L’association ayant montré les meilleurs effets antalgiques
Effets gastro- Nausées, vomissements, ulcérations digestives correspond à 60 mg de codéine et 1 g de paracétamol, renou-
intestinaux avec ou sans hémorragie velée toutes les 6 heures.
Les principales contre-indications à l’utilisation de la codéine
sont l’hypersensibilité, l’insuffisance respiratoire et l’allaite-
ment. Il est important de ne pas omettre les contre-indica-
2 - Antalgiques morphiniques tions liées à l’utilisation du paracétamol en raison de
l’association des deux molécules.
Le chef de file de cette classe est la morphine. Les antal-
giques morphiniques partagent alors avec elle soit une Les effets indésirables les plus notables de la codéine sont
structure chimique similaire, soit des propriétés pharma- les nausées et vomissements, les vertiges et la dépression
cologiques similaires. respiratoire. Il s’agit des effets indésirables partagés par
tous les morphiniques, faibles ou forts.

Au sein de cette classe peuvent être distingués les opioïdes


dits faibles (codéine et tramadol) et les opioïdes dits forts La codéine présente quelques interactions médicamen-
(morphine). teuses, notamment avec les agonistes-antagonistes morphi-
Cette distinction est faite en fonction de l’affinité de la molé- niques et l’alcool
cule considérée vis-à-vis des récepteurs aux opioïdes (µ, κ et
δ). Ces récepteurs sont retrouvés à différents niveaux du sys- 2 - Tramadol
tème nerveux central, mais également en périphérie (systèmes
Important ! Le tramadol est indiqué dans le traitement
gastro-intestinal, respiratoire, digestif, urinaire, ophtalmique).
symptomatique des douleurs d’intensité modérée à sévère.
Cette affinité va moduler l’intensité d’action non seulement de Il s’agit d’un analogue synthétique de la codéine.
la molécule mais aussi des effets indésirables.

a - Opioïdes faibles (codéine, tramadol) Le tramadol lui-même a une affinité faible pour les récep-
teurs aux opioïdes, 200 fois plus faible que celle de son
1 - Codéine métabolite actif, l’O-déméthyl-tramadol (Bamigbade et Lan-
La codéine est un agoniste pur de la morphine. Il s’agit en fait gford, 1998). Cette biotransformation se fait au niveau hépa-
de méthyl-morphine. Elle est indiquée dans le traitement tique, par les cytochromes 3A et 2D6. L’élimination du
symptomatique des douleurs d’intensité modérée à sévère. métabolite se fera par voie urinaire, environ 6 heures après
Après administration orale, entre 5 et 15 % de la codéine est administration.
transformée en morphine au niveau du foie par O-démétyla- Bien que faisant partie des morphiniques faibles, le méca-
tion. Cette transformation se fait par une enzyme hépatique, nisme d’action du tramadol repose plus sur la modulation de
le cytochrome 2D6. Cette transformation de la codéine en la réponse aux monoamines biogènes que sont la noradréna-
morphine est nécessaire à l’activité antalgique. Il est à noter line et la sérotonine que sur la stimulation des récepteurs aux
que cette enzyme étant soumise à un polymorphisme géné- opioïdes. Ce « double » mécanisme d’action repose sur le fait
tique, certains patients ne seront pas répondeurs à un traite- que le tramadol correspond à un mélange racémique de deux
ment par codéine (« métaboliseurs faibles », de 5 à 10 % de la énantiomères (l’un ayant une affinité pour les récepteurs µ et
population caucasienne) alors que chez d’autres, la codéine inhibant la recapture de la sérotonine, l’autre inhibant la
sera beaucoup plus biotransformée (« métaboliseurs forts », recapture de la noradrénaline et les récepteurs a2-adréner-
environ 2 % de la population caucasienne) (Dayer et al., 1988). giques) (Driessen et Reimann, 1992 ; Raffa et al., 1992).
La posologie adulte efficace de la codéine est de 30 à 60 mg Le tramadol peut être prescrit seul ou en association au para-
par prise, sans excéder 180 à 240 mg/24 h. cétamol (tableau 19.8). La posologie efficace du tramadol est

Tableau 19.8 Spécialités commercialisées en France contenant du tramadol.


DCI* Spécialités Dosage Dose par prise Dose par 24 heures
Tramadol Contramal®, Topalgic®, générique 50 ou 100 mg 50 ou 100 mg 400 mg
Tramadol + paracétamol Ixprim®, Zaldiar® 37,5 mg + 325 mg 75 mg + 650 mg 8 comprimés
* Dénomination commune internationale.

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19 Endodontie

de 50 à 100 mg par prise, renouvelée toutes les 6 heures, en débuter par les doses les plus faibles possible (10 mg par
ne dépassant pas 400 mg/24 h. Après une prise orale, l’effet prise renouvelée toutes les 4 à 6 heures) et de les augmenter
antalgique est obtenu en 1 heure environ, avec un pic d’action en cas de nécessité. Il n’existe alors pas réellement de dose
au bout de 3 heures. Pour une prise de 100 mg, la durée d’ac- plafond, sous réserve de contrôle des effets indésirables.
tion est d’environ 6 heures.
Les spécialités contenant du tramadol et du paracétamol les
associent à des doses respectives de 37,5 et 325 mg. Dans ce B - Modalités de prise en charge
cas, les prises seront de 2 comprimés, soit 75 mg de tramadol pharmacologiques des douleurs
et 650 mg de paracétamol, renouvelées toutes les 6 heures. endodontiques
Certaines études ont montré une efficacité antalgique et des
effets indésirables moindres de l’administration d’une associa- Les douleurs endodontiques seront rencontrées dans
tion paracétamol/tramadol par rapport à celle du paracéta- deux types de situations : après un traitement, chirurgical
mol et du tramadol seuls (Fricke et al., 2004 ; Filitz et al., 2008). ou non, ou lors d’une situation d’urgence du type pulpite,
parodontite apicale aiguë ou abcès apical aigu. Dans tous
Les effets indésirables du tramadol sont les mêmes que ceux ces cas, il s’agit d’une douleur aiguë inflammatoire.
de la codéine, à savoir nausées, vomissements et vertiges.

Le plus souvent, le traitement premier est l’acte endo-


L’incidence de la dépression respiratoire induite par le trama- dontique : pulpotomie, pulpectomie, drainage canalaire… La
dol semble toutefois moins importante que celle induite par prescription antalgique ne fera qu’accompagner le geste.
la codéine. Comme pour toute prescription antalgique, l’intensité de la
Les contre-indications à l’utilisation du tramadol sont l’hy- douleur devra être évaluée.
persensibilité au tramadol ou aux opiacés, l’intoxication Après un traitement endodontique orthograde, certains
aiguë ou le surdosage avec des produits dépresseurs du sys- patients peuvent rapporter une douleur postopératoire, en
tème nerveux central (alcool, hypnotiques, autres analgé- général d’intensité légère à modérée (Mattscheck et al.,
siques…), un traitement simultané ou récent (moins de 2001 ; DiRenzo et al., 2002 ; Wang et al., 2010).
15 jours) par inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), Il en est de même après une intervention de chirurgie endo-
une insuffisance respiratoire sévère, une insuffisance hépato- dontique (Chong et Pitt Ford, 2005 ; Christiansen et al., 2008).
cellulaire sévère ou l’épilepsie non contrôlée par un traite- Cependant, l’intensité des douleurs rencontrées peut parfois
ment. De plus, il ne pourra être prescrit que chez l’enfant âgé être plus élevée (douleur sévère), notamment dans le cadre
de plus de 15 ans. des pulpopathies et de leurs complications.
Les interactions médicamenteuses du tramadol sont, avec les
IMAO sélectifs ou non (iproniazide), le linézolide, les ago- Important ! La classe médicamenteuse privilégiée en endo-
nistes-antagonistes morphiniques (buprénorphine, nalbu- dontie est constituée par les AINS, du fait de leur action
phine), l’alcool, la carbamazépine, le naltrexone. anti-inflammatoire, même si celle-ci est largement infé-
rieure à celle des anti-inflammatoires stéroïdiens. Les AINS
b - Opioïdes forts permettent ainsi de prendre en charge des douleurs d’in-
tensité modérée à sévère, que l’on rencontre couramment
en endodontie.
Important ! La morphine représente le principal opioïde
fort. C’est l’antalgique de référence dans la prise en charge
de la douleur aiguë ou chronique.
Il est à noter que quelques études ont montré une efficacité
de l’administration d’AINS avant traitement endodontique
La morphine est un stupéfiant ; de ce fait, il existe une régle- dans la réduction de la douleur postopératoire (Menke et al.,
mentation spécifique concernant sa prescription, sa déli- 2000) de même que dans l’efficacité de l’anesthésie locoré-
vrance et sa consommation. Ainsi, elle ne pourra être gionale en cas de pulpite sur molaire mandibulaire (Modaresi
prescrite que sur des ordonnances sécurisées. et al., 2006 ; Parirokh et al., 2010) même si des études
La morphine peut être administrée par voie orale, intravei- montrent des résultats contradictoires (Ianiro et al., 2007 ;
neuse, sous-cutanée, sous forme de patchs… Cependant, en Aggarwal et al., 2010 ; Oleson et al., 2010).
odontologie, la voie orale sera préférentiellement utilisée. Toutefois, les AINS présentant de nombreuses contre-indica-
Après administration, l’activité antalgique apparaît au bout de tions et interactions médicamenteuses, leur utilisation peut
60 minutes environ et reste efficace durant 4 heures. La mor- parfois être impossible, auquel cas les opioïdes faibles, asso-
phine subit un important effet de premier passage hépatique ciés ou non au paracétamol, les remplaceront avantageuse-
où elle sera biotransformée en deux métabolites : les mor- ment (Menhinick et al., 2004).
phine 3 glucuronide (M3G) et morphine 6 glucuronide (M6G). Les stratégies thérapeutiques en fonction de l’intensité de la
La dose journalière de morphine est en général de 60 mg, douleur et de la possibilité ou non de prescrire des AINS sont
répartie en 2 prises égales. Toutefois, il est préconisé de résumées dans la figure 19.1.

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
- les effets indésirables sont nombreux, immédiats et indivi-
AINS possibles AINS contre-indiqués duels, secondaires et collectifs (résistance bactérienne) ;
Ibuprofène 400 mg Paracétamol 1 g
- toute fièvre n’est pas infectieuse ; toute infection n’est pas
Douleur faible bactérienne ; toute infection bactérienne ne justifie pas
toutes les 6 heures toutes les 6 heures
obligatoirement un traitement antibiotique et dans bien des
En alternance : cas, le traitement antibiotique n’est pas urgent ;
Ibuprofène 400 mg Paracétamol 1 g - les antibiotiques n’assurent pas le traitement symptoma-
toutes les 6 heures Douleur modérée + codéine 60 mg
Paracétamol 1 g toutes les 6 heures tique et systématique de la fièvre.
toutes les 6 heures

En alternance :
B - Notion de risque infectieux
Ibuprofène 400 mg Paracétamol 1 g
toutes les 6 heures Douleur sévère + tramadol 50 mg Au-delà de la présence d’une infection bactérienne carac-
Tramadol 100 mg toutes les 6 heures térisée par des signes cliniques locaux ou généraux, la
toutes les 6 heures
décision d’une prescription d’antibiotiques est générale-
ment guidée par la notion de risque infectieux.

Figure 19.1 Stratégie thérapeutique antalgique en endodontie.


Sans qu’il soit possible de caractériser clairement cette
notion, il est classique de dire que le risque infectieux se défi-
nit comme toute cause potentielle liée à une contamination
microbiologique qui peut entraîner des conséquences infec-
III - Antibiotiques et antibiothérapies tieuses. Les causes potentielles sont alors liées à l’état de
santé du sujet et/ou à l’acte pratiqué. En fonction de ces
A - Mise au point deux paramètres, le risque peut être local ou systémique. Le
risque est donc créé lorsqu’il existe, dans une situation déter-
La France est l’un des pays d’Europe qui consomme le plus minée, une possibilité de rencontre d’un élément dangereux
d’antibiotiques (Coenen et al., 2009) avec de 20 à 50 % des et d’une cible. Toutefois, cette situation à risque ne préjuge
prescriptions considérées comme inutiles ou inappropriées pas de l’apparition de l’effet indésirable. Ainsi, plusieurs élé-
(Pulcini et al., 2007). Les prescriptions d’antibiotiques étant ments doivent être réunis pour sa survenue : l’agent infec-
une cause majeure du développement de la résistance bacté- tieux, l’hôte et, éventuellement, l’environnement.
rienne, des recommandations nationales et internationales Concernant l’hôte, mis à part le patient présentant une car-
ont été diffusées afin de promouvoir le bon usage des anti- diopathie à risque d’endocardite infectieuse (EI), la notion de
biotiques. Celles-ci privilégient une approche globale, asso- sujet à risque est relativement incertaine et serait considérée
ciant de multiples interventions complémentaires visant à comme liée à tout facteur responsable d’une immunodépres-
améliorer l’organisation des soins et à modifier le comporte- sion, qu’elle soit congénitale ou acquise. Cependant, en l’ab-
ment des prescripteurs. sence de critères objectifs (biologiques ou cliniques)
permettant de l’évaluer, la décision d’inclure un patient dans
Essentiel : en médecine bucco-dentaire en général et en cette catégorie de risque doit être prise en bonne intelli-
endodontie en particulier, la prescription d’antibiotiques gence entre, d’une part, le chirurgien-dentiste et, d’autre part,
doit rester exceptionnelle et se limiter aux seules situa- le médecin traitant.
tions, peu nombreuses, où leur efficacité a été démontrée.
Enfin, concernant les patients à risque d’endocardite infec-
tieuse, des recommandations européennes publiées en 2009
En termes d’antibiothérapie, l’ensemble des professions par l’Association européenne de cardiologie (Habib et al.,
médicales a le devoir d’éduquer les patients sur l’importance 2009) ont profondément modifié la prise en charge de ces
d’une prescription parcimonieuse de cette classe médica- patients. Le principe de ces nouvelles recommandations est
menteuse. C’est à ce prix seulement que les antibiotiques le suivant : « L’antibioprophylaxie n’est plus recommandée
pourront continuer à être efficaces dans les cas qui le néces- que chez les patients porteurs des cardiopathies les plus à
sitent. risque d’endocardite infectieuse (tableau 19.9), dans les situa-
Des messages simples doivent être transmis aux patients tions les plus à risque d’endocardite infectieuse. » Cela signi-
comme aux prescripteurs : fie que l’antibioprophylaxie n’est plus indiquée pour toutes
- les antibiotiques sont « précieux » ; les autres cardiopathies, y compris les valvulopathies les plus
- de nombreuses pathologies infectieuses bénignes ne justi- courantes.
fient pas leur prescription ; Les gestes les plus à risque sont ceux qui touchent les gencives
- le bénéfice ressenti n’est souvent pas prouvé ; et la région péri-apicale ou ceux qui s’accompagnent d’une
- un bénéfice mineur n’est pas suffisant pour justifier une effraction de la muqueuse buccale, ainsi que ceux concernant
prescription d’antibiotique ; la sphère ORL et accompagnés d’une effraction muqueuse.

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19 Endodontie

Tableau 19.9 Patients les plus à risque d’endocardite infectieuse. spectre d’activité antibactérienne des antibiotiques indiqués
• Prothèse valvulaire (mécanique ou bioprothèse) ou matériel en médecine bucco-dentaire (AFSSAPS, 2005).
étranger pour une chirurgie conservatrice (anneau prothétique )
• Antécédent d’endocardite infectieuse Essentiel : le choix d’un antibiotique doit se faire en toute
• Cardiopathie congénitale cyanogène : rigueur à partir de trois éléments :
– non opérée ou dérivation chirurgicale pulmonaire-systémique - le site infectieux, en choisissant l’antibiotique qui y diffuse
– opérée, mais présentant un shunt résiduel le mieux ;
– opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par voie - la ou les bactéries et sa ou ses sensibilités ;
chirurgicale ou transcutanée, sans fuite résiduelle, seulement dans - le terrain sous-jacent, notamment en fonction de l’état phy-
les 6 mois suivant la mise en place siologique (enfant, femme enceinte, sujet âgé) et de l’état
– opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par voie pathologique (immunodépression, hypersensibilité aller-
chirurgicale ou transcutanée avec shunt résiduel
gique, interactions médicamenteuses, insuffisance d’organe).

Enfin, concernant l’environnement, l’utilisation d’antibio-


tiques ne peut pallier l’insuffisance d’hygiène orale ni se Au regard de ces trois critères, les antibiotiques de choix concer-
substituer aux règles universelles d’hygiène et d’asepsie inhé- nant les pathologies endodontiques et leurs conséquences sont
rentes à toute pratique de soins. l’amoxicilline, la clindamycine, le métronidazole et la pristina-
mycine, et deux macrolides : la spiramycine et l’azithromycine.
D’après les études épidémiologiques concernant la prescrip-
C - Antibiothérapies tion d’antibiotiques en endodontie dans d’autres pays que la
France, les molécules utilisées sont très majoritairement
Les antibiotiques sont des molécules produites par des l’amoxicilline puis la clindamycine et le métronidazole
champignons, par des bactéries ou par synthèse capables (Palmer et al., 2001 ; Yingling et al., 2002 ; Mainjot et al.,
d’inhiber la réplication d’une bactérie (antibiotique bacté- 2009 ; Segura-Egea et al., 2010). La pristinamycine étant une
riostatique) ou de la tuer (antibiotique bactéricide). Ils molécule purement française, son utilisation n’est pas retrou-
sont regroupés en familles selon leur structure, leur mode vée dans les autres pays.
d’action, leur spectre d’activité, leurs propriétés pharma-
codynamiques et pharmacocinétiques.
2 - Indications des antibiotiques

Les antibiotiques peuvent être utilisés selon des modalités et a - Antibiothérapie prophylactique
à des fins différentes : Les deux études cliniques publiées dans cette indication et
- d’une part, l’antibiothérapie prophylactique, qui doit per- de niveaux de preuve suffisant (Walton et Chiappinelli, 1993 ;
mettre de prévenir la survenue d’une infection bactérienne, Pickenpaugh et al., 2001) mettent clairement en évidence
consiste en l’administration d’un antibiotique pour prévenir que l’antibiothérapie prophylactique n’a pas d’intérêt chez le
le développement d’une infection locale, générale ou à dis- patient présumé sain avant la réalisation d’un traitement
tance (endocardite infectieuse essentiellement). Elle est endodontique. Les poussées inflammatoires comme les phé-
mise en place en l’absence de tout foyer infectieux et nomènes douloureux sont identiques avec ou sans traite-
consiste en l’administration d’une dose unique d’antibio- ment antibiotique préopératoire. Aucune autre étude
tique dans l’heure qui précède l’acte invasif ; clinique ne se penche sur l’intérêt de l’antibioprophylaxie
- d’autre part, l’antibiothérapie curative est indiquée pour pour les traitements ni les retraitements endodontiques,
traiter une infection bactérienne. chez les sujets sains comme à surrisque d’infection.
De la même façon, il n’existe pas de différence significative
Important ! Dans la très grande majorité des cas, l’antibio- en termes d’infection postopératoire après chirurgie endo-
thérapie curative sera réalisée pendant 6 à 8 jours et l’effi- dontique avec ou sans antibiothérapie prophylactique (Lin-
cacité de la thérapeutique sera évaluée 48 heures après la deboom et al., 2005).
mise en place du traitement.
En dehors donc des indications spécifiques concernant la
prévention de l’endocardite infectieuse, l’antibiothérapie
D - Antibiotiques d’intérêt en endodontie prophylactique n’a pas de justification en endodontie.
et indications
b - Antibiothérapie curative
1 - Choix des antibiotiques
Dans la quasi-totalité des cas, la prescription d’un antibio- 1 - Pathologies pulpaires
tique en endodontie ne nécessite pas l’identification des Bien que l’ampicilline soit retrouvée au sein du tissu pulpaire
souches bactériennes en présence (antibiogramme) et sera à des concentrations identiques aux concentrations plasma-
probabiliste en fonction, d’une part, des données épidémio- tiques, l’antibiothérapie ne présente aucun intérêt clinique
logiques sur les infections endodontiques et péri-apicales dans le traitement des pulpites irréversibles (Nagle et al.,
(Siqueira et Rôças, 2008 ; 2009a et 2009b) et, d’autre part, du 2000 ; Keenan et al., 2005).

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
sur les PLP. Ce sont des antibiotiques temps dépendants,
Ainsi, quel que soit le risque infectieux l’antibiothérapie
curative ne peut être une indication pour le traitement des pour lesquels la bactéricidie est directement liée au temps
pulpopathies. de contact entre l’antibiotique et les bactéries cibles, sans
préjuger de la durée requise pour obtenir une efficacité
maximale (Descroix, 2010). La biodisponibilité de l’amoxicil-
2 - Nécrose line est quasiment complète par voie orale (90 %), l’élimina-
Aucune étude clinique n’a comparé l’intérêt d’une antibio- tion est rénale et biliaire sous forme active, nécessitant
thérapie curative dans le traitement endodontique. Il semble d’adapter les doses à la fonction rénale.
néanmoins que l’utilisation d’un antibiotique dans cette indi-
cation ne soit pas nécessaire. 2 - Données cliniques
◆ Posologie en antibiothérapie prophylactique
3 - Pathologies péri-apicales
La posologie usuelle d’amoxicilline en antibiothérapie pro-
Au regard des études randomisées et d’une méta-analyse
phylactique est de 2 g, 1 heure avant le geste à risque (Habib
(Fouad et al., 1996 ; Henry et al., 2001 ; Matthews et al., 2003),
et al., 2009). Cette dose est celle retenue pour la prévention
la prescription d’un antibiotique associée au traitement
de l’endocardite infectieuse. Elle sera également utilisée
endodontique des dents présentant une lésion inflamma-
chaque fois qu’une antibioprophylaxie est nécessaire.
toire périradiculaire d’origine endodontique (LIPOE) en phase
aiguë n’apporte aucune supériorité par rapport au placebo en ◆ Posologie en antibiothérapie curative
termes de douleur, de sensibilité à la percussion, de tuméfac- Chez l’adulte à la fonction rénale normale, l’amoxicilline se
tion ou de quantité d’antalgiques consommé. À plus forte prescrit à la dose de 2 g/j répartis toutes les 12 heures pen-
raison, l’utilisation d’un antibiotique ne présente aucun avan- dant une durée de 6 à 8 jours.
tage dans le traitement des lésions péri-apicales chroniques. ◆ Autres données cliniques
Les autres données cliniques sont présentées dans le tableau 19.10.
Important ! Ainsi, d’après les données de la littérature
médicale, une antibiothérapie curative ne sera associée au Tableau 19.10 Amoxicilline : données cliniques.
traitement endodontique qu’en présence d’une infection
avérée accompagnée des signes suivants : fièvre, altération
de l’état général, trismus inexpliqué, adénopathies cervi-
cales, œdème persistant ou progressif.

3 - Antibiotiques d’intérêt en endodontie


a - Amoxicilline
Parmi l’ensemble des antibiotiques de la famille des bêta-lac-
tamines, l’amoxicilline est la molécule de choix. Il s’agit d’une
pénicilline à spectre large qui inclut les cocci à Gram positif
et à Gram négatif, les bacilles à Gram positif et les anaérobies
à Gram négatif de façon variable (Wright, 1999).

Essentiel : en l’absence d’hypersensibilité allergique connue


à l’amoxicilline, celle-ci sera la molécule de choix et de pre-
mière intention en antibiothérapie aussi bien prophylac-
tique que curative.

1 - Propriétés pharmacologiques
Les bêta-lactamines sont des antibiotiques bactéricides qui
perturbent la synthèse du peptidoglycane (ou mucopeptide,
ou muréine), polymère majeur spécifique de la paroi des bac-
téries à Gram négatif et positif (Salvo et al., 2009). La modifi-
cation de la synthèse passe par l’inhibition des enzymes
responsables de la transpeptidation, étape essentielle à la
formation du peptidoglycane. Ces enzymes, collectivement
appelées PLP (protéine liant la pénicilline), sont insérées dans
la partie externe de la membrane cytoplasmique bactérienne.
Pour être actives, les bêta-lactamines vont devoir atteindre
leur cible en pénétrant dans la paroi bactérienne et se fixer

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19 Endodontie

3 - Dénomination et formes pharmaceutiques spécifiques dans ces indications. Mis à part la spiramycine,
Il existe en France plus de 280 spécialités contenant de tous les macrolides présentent d’importantes interactions
l’amoxicilline. Les formes pharmaceutiques chez l’adulte sont médicamenteuses. Il sera donc important de ne pas les pres-
très nombreuses (comprimés, gélules, comprimés pour sus- crire chez les patients polymédiqués.
pension buvable), les dosages les plus adaptés aux posolo- ◆ Posologie en antibiothérapie curative
gies adultes sont 500 mg et 1 g. Du fait de sa spécificité pharmacocinétique, l’azithromycine
se prescrit pendant une durée de 3 jours et la spiramycine
b - Macrolides
pendant 6 à 8 jours. Les posologies moyennes chez l’adulte
Contrairement aux bêta-lactamines, les macrolides sont des sont reprises dans le tableau 19.11.
antibiotiques bactériostatiques, ils inhibent la croissance
bactérienne sans entraîner la mort des différentes souches. Tableau 19.11 Posologie des antibiotiques macrolides d’intérêt
Ils forment une famille d’antibiotiques qui regroupe, en en endodontie.
France, 7 molécules différentes qui se différencient par leurs
Dénomination commune Posologie adulte
propriétés physico-chimiques et pharmacologiques et par
leur spectre antibactérien. Azithromycine 500 mg en une prise par jour
Spiramycine 3 MUI trois fois par jour
1 - Propriétés pharmacologiques
Le spectre antibactérien naturel des macrolides, quelle que
soit leur structure, recouvre les bactéries à Gram positif, les
cocci à Gram négatif, certains bacilles à Gram négatif (Hae- ◆ Autres données cliniques

mophilus inflenzae, Moraxella catarrhalis, Pasteurella sp., Le tableau 19.12 résume les autres données cliniques des
Bordetella sp.), les bactéries à développement anaérobie, macrolides.
celles à développement intracellulaire, les mycoplasmes et
3 - Dénomination et formes pharmaceutiques
apparentés, les spirochètes et les bactéries responsables
d’infections gastro-intestinales. Le tableau 19.13 présente ces données.

Tableau 19.13 Dénomination et forme pharmaceutique des


2 - Données cliniques
macrolides.
Parmi l’ensemble des macrolides commercialisés, la spira- DCI Forme
Dosage
mycine et l’azithromycine sont les plus appropriés en (nom commercial) pharmaceutique
médecine bucco-dentaire. Azithromycine Comprimés 250 mg
(Zithromax®) pelliculés
Les études cliniques portant sur ces antibiotiques en médecine Spiramycine Comprimés 1,5 MUI
bucco-dentaire ou en endodontie sont très peu nombreuses (Rovamycine®)
Comprimés 3 MUI
et ne permettent pas d’établir des schémas thérapeutiques

Tableau 19.12 Macrolides : données cliniques.


Azithromycine Spiramycine
Contre-indications • Allergie • Allergie
• Interactions médicamenteuses (ergot de seigle,
cisapride)
Interactions médicamenteuses • Très nombreuses, dont certaines formellement • Lévodopa (associée à la carbidopa)
contre-indiquées • Anticoagulants oraux
Grossesse et allaitement • Contre-indiquée au 1er trimestre • Peut être prescrit pendant la grossesse si besoin
• Contre-indiqué chez la femme qui allaite
Effets indésirables • Troubles gastro-intestinaux : nausées, vomissements, gastralgies, diarrhée, colite à Clostridium difficile,
candidose buccale, glossite, coloration (noire) de la langue, stomatite
• Troubles du système immunitaire : des réactions cutanées bulleuses, dont d’exceptionnels érythèmes
polymorphes, syndromes de Stevens-Johnson et syndromes de Lyell, ont été rapportées
• Troubles hépatobiliaires : augmentation généralement transitoire des transaminases ASAT-ALAT et des
phosphates alcalines, pouvant aboutir exceptionnellement à une cytolyse et/ou à une cholestase
symptomatiques
• Troubles cardiaques : allongement de l’intervalle QT, torsades de pointe, tachycardie ventriculaire
• Troubles neurologiques : vertiges, de rares cas de dysgueusies, d’anosmie et d’agueusie ont été rapportés
• Troubles musculo-squelettiques : myalgies
Surdosage • Il n’y a pas de dose toxique connue pour les macrolides. Le traitement des surdosages est symptomatique

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
c - Clindamycine macodynamiques de cet antibiotique, une posologie de
600 mg deux fois par jour pendant 6 à 8 jours (Brook et al.,
1 - Propriétés pharmacologiques 2005 ; Guay 2007).
La clindamycine est un antibiotique de la famille des lincosa-
◆ Autres données cliniques
mides (Guay, 2007). Ces antibiotiques agissent au niveau de la
fraction 50 S du ribosome bactérien. Les sites sont identiques Le tableau 19.14 résume ces données.
ou très voisins de ceux de l’érythromycine A. Les lincosamides
3 - Dénomination et formes pharmaceutiques
empêchent la transpeptidation pendant le processus de forma-
tion de la chaîne peptidique en inhibant la peptidyltransférase. Elles sont présentées dans le tableau 19.15.
Le spectre antibactérien des lincosamides est large mais ne La Dalacine® est contre-indiquée chez l’enfant de moins de
comprend pas les bacilles aérobies à Gram négatif. Celui de la 6 ans en raison de la forme pharmaceutique.
clindamycine est donc particulièrement adapté à la flore
Tableau 19.15 Dénomination et forme pharmaceutique de la
pathogène de la cavité buccale (Brook et al., 2005 ; Guay, 2007). clindamycine.
Forme
Important ! Après les pénicillines et particulièrement chez Dénomination Dosage
pharmaceutique
les patients allergiques pour cette famille d’antibiotiques, la
clindamycine est l’antibiotique de choix dans les infections Dalacine® (adultes) Comprimés 75 mg
endodontiques (Yingling et al., 2002 ; Rodriguez-Nuñez Comprimés sécables 150 mg
et al., 2009). C’est d’ailleurs, avec l’amoxicilline, l’antibio- Gélules 300 mg
tique le plus étudié dans le traitement des infections endo-
dontique (Isla et al., 2005).

d - Pristinamycine

2 - Données cliniques Note : la pristinamycine est un antibiotique qui n’est prescrit


qu’en France.
◆ Posologie en antibiothérapie prophylactique
Dans une indication d’antibiothérapie prophylactique, la clin-
damycine sera prescrite à la dose de 600 mg dans l’heure qui Les données concernant son efficacité dans les pathologies
précède le geste (Habib et al., 2009). orales sont relativement parcellaires et ne concernent que
les pathologies d’évolution de la troisième molaire (Sixou
◆ Posologie en antibiothérapie curative et al., 2003a et 2003b). C’est la raison pour laquelle cette
Il n’existe pas de posologie définie de clindamycine dans une molécule ne figure plus dans les recommandations euro-
indication d’antibiothérapie curative, aucune donnée de la péennes sur la prévention et le traitement de l’endocardite
littérature scientifique ne permet d’en définir une précisé- infectieuse (Habib et al., 2009). Elle reste cependant dans les
ment. Au regard des propriétés pharmacocinétiques et phar- recommandations françaises.

Tableau 19.14 Clindamycine : données cliniques


Contre-indications • Allergie à la lincomycine ou à la clindamycine
• Allaitement
• Enfant de moins de 6 ans compte tenu de la forme galénique
Mises en garde spéciales • Des diarrhées dues à une colite pseudo-membraneuse peuvent survenir pendant ou après un traitement
par la clindamycine (même plusieurs semaines après l’arrêt). Elles peuvent être graves si elles ne sont pas
traitées par un antibiotique actif contre Clostridium difficile, producteur de toxines. Elles imposent l’arrêt
immédiat de la clindamycine ainsi qu’une antibiothérapie spécifique.
Interactions médicamenteuses • Aluminium : sels et hydroxydes
• Cyclosporine
• Anticoagulants oraux
Grossesse et allaitement • Peut être prescrite pendant la grossesse si besoin
• Contre-indiquée chez la femme qui allaite
Effets indésirables • Manifestations digestives : douleurs abdominales, diarrhée persistante, nausées, vomissements,
œsophagite
• Manifestations hématologiques : neutropénie, leucopénie, agranulocytose, purpura thrombopénique
• Manifestations cutanées et allergiques : des réactions d’hypersensibilité telles qu’œdème de Quincke et
anaphylaxie ont été signalées chez quelques sujets allergiques à la pénicilline
• Prurit, éruptions cutanées, urticaire
Surdosage • Sans objet

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19 Endodontie

1 - Propriétés pharmacologiques Tableau 19.17 Dénomination et formes pharmaceutiques de la


pristinamycine.
La pristinamycine appartient à la famille des streptogra-
mines appelées encore synergistines (Barriere et al., 1998 ; Forme
Dénomination Dosage
Bonfiglio et Furneri, 2001). Ces antibiotiques agissent en pharmaceutique
inhibant la synthèse protéique bactérienne en se fixant de Pyostacine® (adultes) Comprimés 250 mg
façon séquentielle sur les ribosomes bactériens. La pristina- Comprimés sécables 500 mg
mycine est particulièrement active sur les cocci à Gram posi-
tif. Elle possède une bonne activité sur les souches de
Staphylococcus aureus résistantes ou non à la méticilline. e - Métronidazole
Les streptogramines présentent une bonne efficacité sur les Le métronidazole est un antibiotique de la famille des nitro-
bactéries anaérobies. imidazolés caractérisé par son spectre antibactérien qui est
limité aux seules bactéries anaérobies strictes, ainsi qu’à
2 - Données cliniques quelques espèces micro-aérophiles (Helicobacter pylori,
◆ Posologie en antibiothérapie curative
Campylobacter, Gardnerella vaginalis) (Löfmark et al., 2010).
Il n’existe pas de posologie définie de pristinamycine dans 1 - Propriétés pharmacologiques
une indication d’antibiothérapie curative en médecine bucco-
dentaire, aucune donnée de la littérature médicale ne per- Après pénétration dans la bactérie par simple diffusion, le
met d’en définir une précisément. Au regard des propriétés métronidazole est activé par réduction de son groupement
pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de cet antibio- nitro. Cette réduction n’a lieu que chez les bactéries anaéro-
tique, une posologie de 1 g deux fois par jour pendant 6 à bies (et chez les quelques rares espèces micro-aérophiles citées
8 jours. ci-dessus) qui sont à même d’opérer des réactions d’oxydoré-
duction à un potentiel REDOX suffisamment bas pour réduire
◆ Autres données cliniques le groupement nitro. Ces bactéries anaérobies sont capables
Elles sont résumées dans le tableau 19.16. de métaboliser le pyruvate en acétyl-CoA en produisant de
l’hydrogène par une réaction catalysée par la pyruvate-ferré-
Tableau 19.16 Pristinamycine : données cliniques. doxine oxydoréductase. La réduction du dioxyde d’azote (NO2)
du nitro-imidazole s’opère préférentiellement à celle des
Contre-indications • Allergie à la pristinamycine et/ou à la
virginiamycine coenzymes bactériens (NAD+ et NADP+), conduisant à une
• Antécédent d’éruption pustuleuse avec la diminution du stock des enzymes réduits importants pour le
pristinamycine métabolisme de la bactérie. Par ailleurs, certains des radicaux
Mises en garde • La survenue, en début de traitement, d’un libres et produits intermédiaires sont très réactifs et dès lors
spéciales érythème généralisé fébrile associé à des susceptibles de causer directement des dommages à l’ADN
pustules doit faire suspecter une pustulose (Löfmark et al., 2010).
exanthématique aiguë généralisée, impose Administré par voie orale, le métronidazole présente une
l’arrêt du traitement et contre-indique toute absorption complète et rapide (80 % au moins en 1 heure). Sa
nouvelle administration
demi-vie plasmatique est de 8 à 10 heures. La liaison aux pro-
Interactions • Colchicine téines sanguines est faible (inférieure à 20 %). La diffusion est
médicamenteuses • Cyclosporine rapide et importante, avec des concentrations proches des
• Tacrolimus
• Anticoagulants oraux taux sériques dans la salive entre autres. Le métronidazole
traverse la barrière placentaire et passe dans le lait maternel.
Grossesse • Peut être prescrite pendant la grossesse si Le métabolisme est essentiellement hépatique. Son excré-
et allaitement besoin
• Envisageable chez la femme qui allaite tion est surtout urinaire (Freeman et al., 1997).
Effets indésirables • Gastro-intestinaux : vomissements, diarrhée, 2 - Données cliniques
pesanteur gastrique. La pristinamycine peut
également être responsable de colites ◆ Posologie en antibiothérapie curative
pseudo-membraneuses et de colites aiguës Au cours des infections d’origine endodontique, le métroni-
hémorragiques dazole ne présente pas d’intérêt en monothérapie (Moen-
• Cutanés : la pristinamycine est susceptible ning et al., 1989). Il ne devra être prescrit qu’associé à de
d’entraîner une pustulose exanthématique
l’amoxicilline ou à un macrolide en seconde intention après
aiguë généralisée
échec de la monothérapie.
Surdosage • Sans objet D’après les données de l’autorisation de mise sur le marché, la
posologie usuelle du métronidazole est de 1 à 1,5 g/j en 2 ou
3 prises.
3 - Dénomination et formes pharmaceutiques ◆ Autres données cliniques
Elles sont présentées dans le tableau 19.17. Elles sont résumées dans le tableau 19.18.

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
Tableau 19.18 Métronidazole : données cliniques.
Contre-indication • Hypersensibilité aux imidazolés
Mises en garde spéciales • Interrompre le traitement en cas d’ataxie, de vertiges, de confusion mentale
Interactions médicamenteuses • Alcool
• Disulfirame
• Anticoagulants oraux
Grossesse et allaitement • Peut être prescrit pendant la grossesse si besoin
• Éviter l’administration de ce médicament pendant l’allaitement
Effets indésirables • Système gastro-intestinal : troubles digestifs bénins (douleurs épigastriques, nausées, vomissements,
diarrhées), glossite avec sensation de sécheresse de la bouche, stomatite, goût métallique, anorexie
• Peau et ses annexes : bouffées congestives, prurit, éruption cutanée parfois fébrile
• Système nerveux central et périphérique : céphalées, neuropathies sensitives périphériques, convulsions,
vertiges, ataxie
• Possible apparition d’une coloration brun rougeâtre des urines due à la présence de pigments hydrosolubles
provenant du métabolisme du produit
Surdosage • Des cas d’administration d’une dose unique jusqu’à 12 g ont été rapportés lors de tentatives de suicide et de
surdosage accidentel. Les symptômes se sont limités à des vomissements, ataxie et légère désorientation. Il n’y a
pas d’antidote spécifique pour les surdosages de métronidazole. En cas de surdosage massif, le traitement est
symptomatique

3 - Dénomination et formes pharmaceutiques tielle. Cette homéostasie repose en grande partie sur l’axe
Elles sont présentées dans le tableau 19.19. hypothalamo-hypophysaire-surrénalien et, donc, sur la pro-
duction de glucocorticoïdes (Rhen et Cidlowski, 2005).
Tableau 19.19 Dénomination et formes pharmaceutiques du Le fonctionnement de cet axe repose sur la sécrétion d’hor-
métronidazole. mones : sous l’influence de la sécrétion hypothalamique de
Dénomination Forme Dosage CRH (corticotropin releasing hormone), les cellules hypophy-
pharmaceutique saires vont synthétiser de l’ACTH (adrenocorticotrophic hor-
mone, hormone corticotrope). En réponse, les glandes
Flagyl® (adultes) Comprimés 250 mg
surrénales vont sécréter du cortisol. En rétrocontrôle négatif,
Comprimés 500 mg le cortisol va inhiber la sécrétion de CRH par l’hypothalamus
Flagyl® (enfants) Solution buvable 4 g/100 ml (Rhen et Cidlowski, 2005). En dehors des situations de stress,
de 10 à 20 mg environ de cortisol sont sécrétés par jour. Cette
sécrétion se fait selon un rythme circadien : le pic plasma-
tique est atteint vers 8 heures du matin et le nadir vers minuit.
IV - Glucocorticoïdes Le mécanisme d’action des glucocorticoïdes repose sur la
liaison de la molécule aux récepteurs des glucocorticoïdes
A - Propriétés pharmacologiques (GR) au niveau du cytoplasme des cellules. Le complexe hor-
mone-récepteur passe ensuite au niveau nucléaire pour acti-
La réaction inflammatoire est un phénomène réflexe fai- ver (transactivation) ou réprimer (transrépression) l’expression
sant suite à de nombreuses étiologies, en particulier une de divers gènes. Cette modulation de l’expression de divers
infection ou un traumatisme. gènes se fait grâce à la liaison du complexe hormone-récep-
teur aux domaines GRE (glucocorticoid response element) de
Des médiateurs inflammatoires vont être localement pro- l’ADN (Roumestan et al., 2004 ; Smoak et Cidlowski, 2004). Il
duits par les cellules résidantes (mastocytes et macrophages), y aura donc augmentation de la production de molécules
tels que l’interleukine 1 (IL1) ou le TNF-α (tumor necrosis fac- anti-inflammatoires (la lipocortine-1, le serum leukoprotease
tor alpha). Ces médiateurs ont une action sur le système vas- inhibitor, CC10, l’IL1-Ra, l’IL10, la neural endopeptidase et la
culaire, entraînant une vasodilatation, une augmentation de MAP-kinase 1), mais aussi répression de la synthèse de molé-
la perméabilité vasculaire, l’extravasion de protéines plasma- cules pro-inflammatoires (TNF-α, GM-CSF, IL1-b, IL2, IL3, IL6,
tiques et de leucocytes. Ces phénomènes concourent à l’ap- IL8 et IL11) (Smoak et Cidlowski, 2004).
parition de signes cardinaux de l’inflammation : calor, dolor, D’autres gènes seront également concernés, notamment des
rubor, tumor. Les leucocytes, une fois activés, vont à leur tour enzymes contrôlant la néoglucogenèse, la tension artérielle,
produire des cytokines pro-inflammatoires, sorte de rétro- l’équilibre osmotique, le catabolisme protéique et la pression
contrôle positif. Afin de limiter la réaction inflammatoire et intra-oculaire. La modulation d’expression de ces gènes par
de résoudre le phénomène une fois que celui-ci n’est plus les glucocorticoïdes explique la survenue des effets secon-
nécessaire, une homéostasie anti-inflammatoire est essen- daires (tableau 19.20) (Schäcke et al., 2002).

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19 Endodontie

Tableau 19.20 Effets indésirables des glucocorticoïdes (d’après Schacke et al., 2002).
Système Effet
Cutané Atrophie, retard de cicatrisation, acné, érythème, télangiectasie, pétéchie, hypertrichose, dermatite péri-orale
Squelette et muscles Atrophie musculaire, myopathie, ostéoporose, ostéonécrose
Système oculaire Glaucome, cataracte
Système nerveux central Troubles de l’humeur, du comportement, psychose, dépendance aux stéroïdes, atrophie cérébrale
Électrolytes, métabolisme et Syndrome de Cushing, diabète, atrophie des glandes surrénales, retard de croissance, hypogonadisme, retard de
système endocrine puberté, rétention de sodium et fuite de potassium
Système cardio-vasculaire Hypertension, dyslipidémie, thrombose, vascularite
Système immunitaire Augmentation du risque infectieux, réactivation de virus latents
Système gastro-intestinal Ulcère, hémorragie gastro-intestinale, pancréatite

Les glucocorticoïdes de synthèse sont des dérivés de l’hor- demi-vies les plus courtes possibles, telles que la prednisone
mone naturelle (cortisol). et la prednisolone.
Comme cela a été dit précédemment, environ 20 mg de cor-
Par rapport à la molécule mère, les glucocorticoïdes de tisol sont sécrétés par jour. L’activité anti-inflammatoire du
synthèse ont une durée d’action plus longue, une activité cortisol étant 4 fois moins importante que celle de la predni-
anti-inflammatoire plus importante et une activité miné- sone et de la prednisolone, cette dose a les mêmes effets
ralo-corticoïde réduite. qu’une dose de 5 mg de prednisone ou prednisolone
(tableau 19.22).
Il n’existe aucune contre-indication formelle à l’utilisation de
Les différents glucocorticoïdes de synthèse sont classés en glucocorticoïdes si la corticothérapie est de courte durée et
fonction de leur durée d’action, ou demi-vie (tableau 19.21). l’indication vitale. Il existe cependant des situations où l’on
En endodontie, les glucocorticoïdes sont essentiellement évitera de prescrire ce type de médicaments, notamment si
prescrits dans l’objectif de limiter les phénomènes inflamma- le rapport bénéfice/risque est peu favorable :
toires locaux à la suite d’un traumatisme chirurgical. Ils seront - grossesse et allaitement ;
dont utilisés en cure courte, pour des durées n’excédant - tout état infectieux à l’exclusion des indications spécifiées ;
généralement pas quelques jours (5 au maximum). Il est - certaines viroses en évolution (notamment hépatites, herpès,
logique d’avoir recours préférentiellement aux molécules aux varicelle, zona) ;

Tableau 19.21 Activité comparée des principaux glucocorticoïdes.


Molécule Demi-vie biologique (h) Activité anti-inflammatoire Équivalence des doses (mg)
Cortisol 8-12 1,0 20,00
Cortisone 8-12 0,8 25,00
Prednisone 12-36 4,0 5,00
Prednisolone 12-36 4,0 5,00
Méthylprednisolone 12-36 5,0 4,00
Bêtaméthasone 36-54 25,0 0,75
Dexaméthasone 36-54 25,0 0,75

Tableau 19.22 Spécialités de glucocorticoïdes administrés par voie orale disponibles en France.
DCI Spécialité Dosage (mg) Posologie
Bêtaméthasone phosphate disodique Betnesol® 0,5 mg 0,05 à 0,2 mg/kg/j
Bêtaméthasone Célestène® 0,5 et 2 mg 0,05 à 0,2 mg/kg/j
Dexaméthasone acétate Dectancyl® 0,5 mg 0,05 à 0,2 mg/kg/j
Méthylprednisolone Médrol® 4, 16, 32 et 100 mg 0,3 à 1 mg/kg/j
Prednisolone Hydrocortancyl® 5 mg 0,35 à 1,2 mg/kg/j
Métasulfobenzoate sodique de prednisolone Solupred®, génériques 1 mg/ml, 5 et 20 mg 0,35 à 1,2 mg/kg/j
Prednisone Cortancyl® 1, 5 et 20 mg 0,35 à 1,2 mg/kg/j

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Pharmacologie et thérapeutiques médicamenteuses en endodontie 19
- états psychotiques encore non contrôlés par un traitement ; 2009 ; Jalalzadeh et al., 2010). Les mêmes effets sont observés
- vaccins vivants atténués. en cas de chirurgie endodontique (Lin et al., 2006). Il a été
Il est également déconseillé d’utiliser des corticoïdes chez décrit ce même type d’utilisation en interséance (Glassman
les patients traités par sultopride. et al., 1989).
Quelle que soit la voie d’administration choisie, les études
sont généralement menées sur des doses comparables à
B - Principales indications en endodontie celles évaluées en chirurgie buccale, dans le cadre d’une
extraction d’une dent de sagesse : sont le plus souvent éva-
Les glucocorticoïdes de synthèse sont principalement uti-
luées des doses de dexaméthasone allant de 4 à 10 mg (soit
lisés en tant qu’anti-inflammatoires. Il semble donc logique
de s’intéresser à leur utilisation en endodontie, que celle- de 25 à 67 mg en équivalent prednisolone) et de predniso-
ci se fasse localement ou par voie générale. lone allant de 20 à 30 mg environ. Ces doses préopératoires
sont parfois suivies d’une ou de plusieurs prises postopéra-
toires, mais ces administrations ne semblent pas améliorer
La majorité des études à propos de l’utilisation des glucocor- les résultats.
ticoïdes en endodontie concerne leur administration locale, Il reste difficile d’évaluer la dose administrée en cas d’utilisa-
par injection ou par voie orale. Quelle que soit la voie utili- tion sous forme de pâte intracanalaire.
sée, le but est de limiter les douleurs postopératoires après
un traitement conventionnel ou chirurgical.

1 - Glucocorticoïdes locaux V - Conclusion


L’administration locale de glucocorticoïdes peut se faire par Les données cliniques concernant l’intérêt des médicaments
une injection intramusculaire, péri-apicale ou en intracanalaire. en endodontie sont relativement parcellaires et hétérogènes
Cette administration est généralement liée à une réduction tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. De nom-
des douleurs postopératoires, mais uniquement dans les pre- breuses données sont extrapolées soit aux autres disciplines
mières heures (Liesinger et al., 1993 ; Negm, 2001 ; Mehrvarzfar de l’odontologie (notamment la chirurgie buccale), soit aux
et al., 2008). disciplines médicales.

2 - Glucocorticoïdes administrés par voie systémique


En endodontie, les glucocorticoïdes sont généralement admi- Il est dès lors essentiel pour le prescripteur de comprendre
nistrés entre 30 et 60 minutes avant un traitement endo- que prescrire un médicament, c’est avant tout le choisir.
dontique conventionnel afin de réduire les douleurs Ce choix repose essentiellement sur l’état de santé du
postopératoires. Il s’agit le plus souvent de prednisolone ou de patient mais également sur des objectifs thérapeutiques
qui doivent être le plus précis possibles.
dexaméthasone (Krasner et Jackson, 1986 ; Pochapski et al.,

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20
Succès, échec et facteurs pronostiques
F. RILLIARD, L. FRIEDLANDER, J. AZERAD

La mesure du niveau de preuve des études cliniques publiées,


La volonté de formalisation des pratiques médicales au
cours du XXe siècle illustre le remplacement progressif du la « médecine fondée sur la preuve », ne prenant pas en
concept d’art par celui de science et l’instauration d’une considération les études in vitro, dépend du type d’études
médecine reposant plus sur une connaissance validée et réalisées et de la méthodologie expérimentale (tableau 20.1).
partagée que sur l’intuition ou l’empirisme.
Tableau 20.1 Niveau de preuve scientifique selon le type de
publications cliniques (d’après Torabinejad et Bahjri, 2005).
1 Revues systématiques quantitatives d’essais comparatifs
randomisés (méta-analyses)
I - Médecine fondée sur la preuve – 2 Essais comparatifs randomisés
La preuve et ses niveaux Études de cohortes
Revues systématiques quantitatives d’études de cohorte
(méta-analyses)
Essentiel : la notion de validation de la connaissance est pri-
mordiale, à l’origine du principe de « médecine factuelle » 3 Études cas-témoins
Revues systématiques quantitatives d’études cas-témoins
ou de « médecine fondée sur la preuve », traductions de
(méta-analyses)
l’anglais « evidence-based medicine ».
4 Études de cohorte et études cas-témoins de faible puissance
Séries de cas cliniques
Cet objectif, élaboré à des fins pédagogiques dans les années 5 Cas cliniques
1980, notamment sous l’impulsion de l’école épidémiolo- Opinions d’experts
gique canadienne, avait pour but de construire un enseigne- Revues de littérature
ment en fonction de la valorisation du niveau de preuve de la
recherche clinique publiée (Evidence Medecine Working
Group, 1992). L’intérêt de valider en quelque sorte le bien- Le niveau de preuve le plus fort correspond à une revue
systématique quantitative d’essais comparatifs randomisés
fondé thérapeutique s’est rapidement imposé à l’ensemble
autour d’un thème précis par des experts (Torabinejad et
du monde médical et a représenté la base des recommanda- Bahjri, 2005).
tions pour la pratique clinique publiées à partir des années
1990 (Rosenberg et Donald, 1995).
L’expression quantitative signifie, d’une part, que les experts
Le principe de médecine fondée sur la preuve repose sur peuvent disposer des résultats statistiques complets de
la possibilité du praticien d’évaluer et d’utiliser la recherche chaque étude et, d’autre part, que la méthode de collecte et
clinique pour lui permettre de répondre à des questions d’analyse mathématique des données est superposable d’une
précises. étude à l’autre. Ce type de recherches, ou méta-analyse, se dis-
tingue de la revue de littérature, au niveau de preuve singuliè-
rement plus faible, qui ne concerne que des critères qualitatifs.
Il s’agit ainsi d’un outil d’aide à la décision suggérant que La Haute Autorité de santé (HAS) a par ailleurs construit une
chaque clinicien ait accès de manière exhaustive à la littéra- gradation destinée à hiérarchiser les recommandations
ture médicale et qu’il ait la capacité de l’interpréter et de qu’elle publie régulièrement. Elle répertorie des recomman-
l’analyser. Le développement de la communication numé- dations fondées sur une preuve scientifique établie, dites de
rique a rendu accessibles gratuitement des bases de données grade A, des recommandations fondées sur une présomption
bibliographiques à partir desquelles une recherche par « mots scientifique, dites de grade B, et des recommandations fon-
clés » permet de consulter les résumés des publications cor- dées sur des études de faible niveau de preuve, dites de grade
respondantes dans un ensemble de revues possédant un fac- C. En l’absence de niveau de preuve dégagé par l’analyse de la
teur d’impact (impact factor). La plupart des éditeurs de ces littérature médicale, la HAS retient la notion d’accord profes-
revues possèdent des sites où, moyennant un abonnement sionnel en fonction de l’expression du groupe d’experts solli-
individuel ou institutionnel, il est possible de consulter ou de cité lorsque la question abordée relève a priori de réponses
télécharger une version électronique des publications. évidentes (Haute Autorité de santé, 2008).

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20 Endodontie

Important ! Le principe de médecine factuelle représente B - Critères de succès et d’échec


donc, in fine, le moyen pour les cliniciens d’adapter leur en endodontie
pratique sur la base de critères concourant clairement ou
vraisemblablement au meilleur résultat thérapeutique. L’appréciation du succès ou de l’échec d’un traitement endo-
dontique constitue en soi un élément sujet à discussion, dépen-
dant de la définition initiale du résultat attendu (Friedman et
Ce principe complète, sans s’y substituer, d’autres principes Mor, 2004). Trois approches sont classiquement décrites.
fondamentaux tels ceux dictés par l’éthique ou le sacro-saint Se fondant sur une définition médicale de l’endodontie,
primum non nocere. Il n’obère donc jamais la possibilité, ni la « discipline […] qui concerne la prévention, le diagnostic et le
responsabilité, d’un arbitrage individuel. traitement des maladies de la pulpe et des manifestations
périradiculaires associées » (Lasfargues et Machtou, 2004),
A - Endodontie et niveau de preuve les travaux consacrés à ce sujet reposent sur une expertise
scientifique du résultat. Principalement radiographique, c’est-
En 1996, l’Agence nationale pour le développement de l’éva- à-dire relevant d’une interprétation menée par des observa-
luation médicale, intégrée aujourd’hui à la HAS, retenait quatre teurs qualifiés en raison de leur compétence professionnelle,
thèmes principaux pour sa première publication de recom- le résultat s’évalue en fonction de l’identification plus ou
mandations dentaires dont celui du retraitement endo- moins exhaustive de critères de morbidité (Torabinejad et
dontique des dents permanentes matures (Agence nationale Bahjri, 2005). La méthode de réalisation des clichés doit obéir
pour le développement de l’évaluation médicale, 1996). à des règles extrêmement précises afin d’identifier au mieux
Sur la base de l’analyse critique de la littérature médicale les modifications des tissus périradiculaires et les caractéris-
existante, les experts conclurent au faible niveau de preuve tiques endodontiques (fig. 20.1).
des travaux publiés mais parvinrent cependant à publier des
recommandations de pratiques endodontiques construites Important ! Dans le cadre d’une approche longitudinale,
essentiellement à partir d’accords professionnels. c’est-à-dire destinée à mesurer les critères radiographiques
Au cours des 15 dernières années, plusieurs publications inter- de guérison, la reproductibilité des incidences est essentielle.
nationales ont constitué un inventaire actualisé des facteurs
habituellement admis d’échec ou de succès des traitements Les clichés orthopantomographiques de face ont été utilisés
endodontiques. Conjointement, la recherche clinique a évolué principalement à des fins transversales et descriptives à un
selon une méthodologie plus proche de la conformité requise instant donné. Le plus souvent, l’évaluation de la santé péri-
pour la construction d’un niveau de preuve satisfaisant. apicale repose sur l’identification de l’existence de clartés
Il ressort de ces différents travaux que la preuve en endodontie péri-apicales traduisant des remaniements inflammatoires
repose plus sur une connaissance théorique élaborée à partir secondaires à l’infection pulpaire. La lecture endodontique
d’expérimentations in vitro que sur des constats cliniques validés. repose principalement sur des critères de densité et de lon-
gueur d’obturation canalaire radio-opaque. La présence d’an-
Essentiel : les données acquises de la science endodontique crages radiculaires et de densités censées objectiver des
reposent donc encore essentiellement, au même titre que restaurations coronaires peut également être notifiée.
beaucoup d’autres disciplines médicales, sur des fonde- Des clichés rétroalvéolaires réalisés selon la technique des
ments empiriques destinés à évoluer au fur et à mesure de
l’élargissement de nos connaissances.
plans parallèles ont été utilisés transversalement, à partir de
bilans long cône, ou longitudinalement, à partir d’examens

a b

Figure 20.1 Les études consacrées au succès en endodontie utilisent la radiologie panoramique de face, surtout à des fins descrip-
tives, et la radiologie rétroalvéolaire ; la reproductibilité des incidences (utilisation d’angulateurs) est fondamentale.

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Succès, échec et facteurs pronostiques 20
unitaires. Les critères qualitatifs endodontiques restent le plus standards de la recherche clinique en endodontie (Wu et al.,
souvent comparables aux précédents mais les remaniements 2009 ; Garcia de Paula-Sylva et al., 2009) (fig. 20.3).
péri-apicaux ont été l’objet d’interprétations radiologiques
plus conformes à la précision de l’incidence rétroalvéolaire. La valorisation du résultat thérapeutique à partir d’un tel
Les premières évaluations formalisées datent de plus d’une type d’expertise se caractérise par sa très grande spécifi-
cinquantaine d’années, instaurées principalement par Strind- cité, les taux de succès décrits étant en principe les plus
berg (1956). L’indice péri-apical (periapical index) d’Orstavik faibles.
(1988) a par la suite représenté l’indice le plus détaillé de cette
analyse péri-apicale (fig. 20.2). Il a été utilisé par de nom-
breuses études, descriptives et analytiques, mais son intérêt Paradoxalement, elle n’intéresse en endodontie orthograde
en termes d’interprétation étiopathogénique est discuté (Wu que rarement des critères cliniques. Les travaux utilisant
et al., 2009). Le développement et la « démocratisation » de cette approche, de très loin les plus nombreux et les plus
la radiologie numérisée, notamment tomodensitométrique, publiés, se caractérisent par des protocoles thérapeutiques
sont, selon toute vraisemblance, appelés à constituer les gold conformes aux données acquises de la science du moment.
Cela leur confère force de preuve mais affecte leur intérêt de
limites « élitistes ».
PAI 1 PAI 2 PAI 3
Cet argument constitue l’indication d’une vision plus com-
munautaire du résultat utilisée principalement à des fins de
planification et/ou de financement sanitaire. Les données
utilisées sont le plus souvent issues de registres d’assurances
Peu ou pas de Augmentation de la largeur Déminéralisation
modifications osseuses desmodontale et/ou perte de péri-apicale publiques, corporatives ou privées. Elles correspondent donc
(trabéculation concentrique) l’organisation concentrique ponctuelle (shot gun) à des échantillons volumineux, parfois suivis pendant de
(très) longues périodes. Les éléments d’analyse corres-
PAI 4 PAI 5
pondent à des mesures de survie, c’est-à-dire à l’appréciation
du taux de conservation dans le temps des dents ayant fait
l’objet de traitements canalaires. Statistiquement, alors que
Déminéralisation péri-apicale Déminéralisation péri-apicale
la première approche décrite repose plus sur la maîtrise du
« Inflammation chronique » « Inflammation aigüe » risque de première espèce, c’est-à-dire l’identification des
différences, par exemple entre deux traitements, cette
Figure 20.2 Le peri apical index (PAI), ou indice péri-apical, approche répond plus à l’exploration du risque de deuxième
d’Orstavik (1988) décrit les remaniements inflammatoires péri- espèce, c’est-à-dire l’identification des similitudes. Les pro-
apicaux selon une chronologie histopathogénique. La majorité grès en matière de collecte et d’analyse informatique des
des travaux publiés depuis une vingtaine d’années l’ont utilisé. données ont favorisé le développement de cette approche.

a b

Figure 20.3 L’interprétation des structures péri-apicales apparaît significativement différente entre la radiographie rétroalvéolaire
(à gauche) et l’imagerie tomodensitométrique (à droite, plan de coupe interproximal au niveau des racines vestibulaires). Noter la
lésion au niveau de la racine mésio-vestibulaire, invisible à gauche.

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20 Endodontie

Son intérêt majeur est la représentativité de l’impact de la Le taux de succès est plus faible, compris entre 50 et 70 %,
discipline sur la santé des populations concernées. pour les études descriptives à partir de l’analyse radiogra-
Une troisième approche en matière de recherche clinique phique d’échantillons censés représenter des populations
repose sur l’évaluation du résultat par les patients. L’endo- générales.
dontie correspondant à une discipline intervenant dans le Les études de survie montrent en revanche que le taux de
cadre de traitements globaux, elle n’est directement que peu conservation à terme des dents ayant fait l’objet de traite-
concernée par ce type d’approche, notamment en termes de ments canalaires est plus favorable, supérieur à 90 %, mais
satisfaction, à l’exception des études consacrées à l’efficacité dans ce cas les critères d’inclusion et d’exclusion ne
de certains protocoles anesthésiques ou prescriptions médi- concernent que les patients et il est par exemple impossible
camenteuses. d’évaluer la proportion de dents conservées malgré l’exis-
Les taux de succès en endodontie émergeant de ces trois tence d’une symptomatologie clinique ou la présence de
types d’approches sont très différents (tableau 20.2). Lorsque lésions péri-apicales.
l’analyse porte sur des traitements sur des dents vivantes ne Il n’existe enfin que très peu d’études de satisfaction permet-
présentant pas de difficultés particulières, menés selon des tant de valoriser le succès thérapeutique en endodontie mais
procédures validées, le taux de succès avoisine 90 % pour on peut supposer que l’hypothétique taux d’insatisfaction,
des traitements initiaux et se situe autour de 80 % pour les ou de perte de qualité de vie, associé à l’existence de traite-
retraitements ou en présence de lésion périradiculaire d’ori- ments canalaires défectueux soit compris entre les four-
gine endodontique (LIPOE). Bien évidemment, les indications chettes dégagées par les deux approches précédentes et
représentent des critères fondamentaux d’inclusion ou d’ex- principalement associé aux épisodes douloureux d’origine
clusion. pulpaire ou thérapeutique (Dugas et al., 2002).

Tableau 20.2 Exemples de variabilité du taux de succès selon le type d’analyse.


Nombre de cas Taux de
Auteurs, année Type d’étude Critères de succès
et période de suivi succès moyen
Salehrabi et Rotstein (2004) Épidémiologique 1 126 288 patients Conservation des dents traitées 97 %
8 ans
Marquis et al. (2006) Enquête de cohorte 132 dents Radiographique : indice péri-apical 86 %
4-6 ans
Ng et al. (2007) Méta-analyse, études 63 publications Guérisons clinique et radiographique 68-85 %
cliniques 80 ans prouvées à au moins 1 an postopératoire

II - Facteurs pronostiques de succès logique construite à partir d’une connaissance expérimentale


ou empirique. Cela signifie que nombre de facteurs de succès
Certains facteurs pronostiques de succès, peu nombreux, ou d’échec décrits peuvent, et de toute évidence doivent,
sont identifiés par des travaux caractérisés par un niveau de être discutés, à condition qu’ils le soient sur la base d’argu-
preuve requis par les exigences de la médecine factuelle. ments scientifiquement acceptables.
D’autres le sont par de très nombreuses études dont la
méthodologie expérimentale est plus ou moins perfectible. Mais cela ne pourrait justifier le non-respect de procé-
L’hétérogénéité des informations recueillies rend ainsi sou- dures progressivement établies par la somme d’expertises
vent délicate, voire impossible, l’interprétation méta-analy- ou de preuves, même si celles-ci sont susceptibles d’évo-
tique (Ng et al., 2007). luer, quelquefois de disparaître, au fur et à mesure de
Les expérimentations in vitro représentent également une l’amélioration des connaissances.
source importante de contribution à la validation de tech-
niques, de matériels ou de matériaux, même si leurs effets ne
sont pas toujours formellement corrélés au pronostic clinique ;
une technique d’obturation canalaire peut par exemple être A - Facteurs généraux
évaluée en fonction de son aptitude à assurer in vitro un scelle- L’analyse de la littérature médicale consacrée aux résultats
ment hermétique sans que pour autant cette prérogative du traitement endodontique ne montre globalement pas
admise du traitement endodontique ne fasse partie des fac- d’effets de l’âge et du sexe du patient sur le taux de succès à
teurs de succès ou d’échecs identifiés par la recherche clinique. terme. Une étude épidémiologique montre cependant que le
Le concept même de l’endodontie actuelle – nettoyage, risque d’avulsion chirurgicale de dents ayant fait l’objet d’un
mise en forme et obturation (cleaning, shaping and filling) – traitement canalaire augmente graduellement par année au-
ne repose pour une très large part que sur des principes d’une delà de 60 ans (Laraski et al., 2001).

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Succès, échec et facteurs pronostiques 20
L’influence des paramètres médicaux généraux n’a fait l’objet
Important ! Une étude prospective conduite pendant 4 à
que de très peu de travaux et, à ce jour, aucune affection
6 ans à partir de traitements réalisés par des étudiants
générale ne semble susceptible d’influencer le résultat des évoque un taux de succès proche de 80 %, en excluant tou-
traitements endodontiques. tefois de ce calcul les dents extraites au cours de la période
de suivi pour d’autres raisons qu’endodontiques (De Chevi-
1 - Dent traitée gny et al., 2008). Elle montre que, comme pour les traite-
Le résultat des traitements endodontiques ne semble pas ments initiaux, l’existence d’une lésion péri-apicale constitue
être influencé par le type de dent, les molaires mandibulaires un facteur d’échec thérapeutique. Les taux de succès sont
par ailleurs, ou concomitamment, plus faibles lorsque l’obtu-
étant cependant, dans deux études menées en milieu univer- ration initiale apparaît radiographiquement adéquate et
sitaire, affectées de taux d’échecs significativement plus éle- quand il existe une perforation. Le taux d’échecs est signifi-
vés que les autres molaires (Cheung, 2002 ; Benenati et cativement plus élevé lorsque le retraitement est conduit en
Khajotia, 2002). plus d’une séance (Paik et al., 2004 ; Ng et al., 2008).
L’influence du statut pulpaire sur le résultat thérapeutique a
fait l’objet de plusieurs travaux aux résultats contradictoires.

Important ! Les travaux les plus récents montrent que les Remarque : enfin, si le taux de succès initial du traitement
traitements endodontiques sont assortis d’un meilleur taux endodontique chirurgical apparaît plus favorable que celui
de succès quand ils sont conduits sur des dents à pulpe du retraitement par voie orthograde, cette relation s’in-
vivante que lorsque la pulpe est nécrosée et la dent asso- verse avec le temps au cours duquel l’approche non chirur-
ciée à une lésion d’origine endodontique (Kojima et al., gicale est associée à une meilleure survie (Torabinejad et al.,
2004) (fig. 20.4). 2009) pour que les taux de succès sur de plus longs termes
deviennent analogues (Del Fabbro et al., 2007).

Le statut pulpaire à proprement parler ne semble pas à lui


seul constituer un facteur pronostique significatif puisque les
taux de succès entre les traitements sur dents à pulpe vivante 2 - Praticien
et sur dents à pulpe nécrosée sans lésion péri-apicale ne dif- L’expérience et/ou la compétence du praticien ne semblent
fèrent pas significativement. pas constituer un facteur influençant le résultat lorsque les
La présence d’une lésion périradiculaire secondaire à la techniques opératoires sont comparables (Wu et al., 2009)
contamination canalaire est en revanche un facteur contri- ou qu’elles sont effectuées par des omnipraticiens ou des
buant significativement à l’échec thérapeutique. Plusieurs spécialistes, malgré des difficultés cliniques différentes selon
études évoquent un taux différent de succès en fonction du la qualification des opérateurs (Garcia de Paula-Sylva et al.,
diamètre de la lésion initiale ; en l’absence de standardisation 2009).
de collecte des données, notamment en matière de durées La réalisation d’un traitement endodontique par un spécia-
de suivi, ce constat ne peut être prouvé (Ng et al., 2008), liste apparaît cependant moins souvent associée à des épi-
d’autant plus qu’il ne repose a priori sur aucune hypothèse sodes douloureux postopératoires (Dugas et al., 2002) que
étiopathogénique. lorsqu’il l’est par un omnipraticien et les retraitements par
Le résultat des retraitements canalaires a fait l’objet d’un voie rétrograde sont assortis de meilleurs taux de succès
nombre encore plus faible d’études décrivant des taux de lorsqu’ils sont conduits par des praticiens spécialisés.
succès compris entre 48 et 97 % (Paik et al., 2004).
B - Facteurs opératoires
L’utilisation d’un champ opératoire (digue) n’a à ce jour fait
Marquis et al., 2006 77
94 l’objet d’aucune étude spécifique, telle qu’une enquête de
79 cohorte, et il est impossible de quantifier son influence
Farzaneh et al., 2004* 94 sur le résultat thérapeutique compte tenu de la quasi-
Friedman et al., 2003* 74 inexistence d’études cliniques ne l’incluant pas dans les
92
protocoles opératoires.
Hoskinson et al., 2002 74
88

Strindberg, 1956 80 Les travaux concernant l’influence des techniques de mise en


90
forme sur le résultat clinique sont également peu nombreux.
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
L’utilisation des techniques modernes de mise en forme à
LIPOE Pulpe vivante l’aide d’instrumentation rotative en nickel-titane ne montre
ainsi pas de supériorité en termes de succès radiographique
Figure 20.4 Taux de succès en fonction de l’absence ou de la par rapport aux techniques manuelles, à l’exception d’une
présence d’une LIPOE préopératoire. diminution significative des temps opératoires permettant
* d’après Friedman et Mor, 2004. une réduction des séances de soins (Flemming et al., 2010).

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20 Endodontie

Il n’existe pas de formes de préparation associées à un meil-


leur résultat clinique, une étude évoquant toutefois une
diminution des taux de succès corrélée à l’augmentation du
diamètre apical de mise en forme, retenant les taux de succès
les plus favorables pour les diamètres compris entre 20 et
30/100 mm (Hoskinson et al., 2002).
La méta-analyse des publications consacrées aux solutions
d’irrigation et aux médications intracanalaires ne permet pas
de dégager d’informations concernant leur influence sur le
résultat, seul l’emploi de stéroïdes apparaissant associé à des
taux de succès plus faibles (Ng et al., 2008).
L’obtention de culture négative préalablement à l’obturation
définitive ne représente pas d’intérêt significatif et il n’existe
aucune justification scientifique à la multiplication du
nombre de séances de soins, tant au niveau des suites opéra-
toires immédiates qu’à celui du pronostic sur de plus longues
périodes (Figini et al., 2007).
L’analyse de la littérature médicale ne permet pas de dégager
de matériaux et de techniques d’obturation significativement
associés à des résultats plus favorables. Un des volets de
l’étude longitudinale menée par l’université de Toronto
montre néanmoins que l’association d’une mise en forme Figure 20.5 L’existence de vides radiographiques au niveau de
régulièrement conique suivie d’une obturation par compac- l’obturation canalaire est significativement associée à l’échec
tage vertical de gutta chaude, scellée avec un ciment à base thérapeutique.
d’eugénolate de zinc, fournit à terme des résultats significati-
vement meilleurs que le binôme technique du step-back/
obturation par compactage latéral à froid de gutta avec le
même type de ciment (Marquis et al., 2006).

Important ! La densité et le niveau de l’obturation consti-


tuent en revanche des critères participant significativement
au pronostic thérapeutique. La présence de vides radiogra-
phiquement décelables au niveau de l’obturation est ainsi
associée à une diminution des taux de succès d’autant plus
marquée que ceux-là sont proches de l’extrémité apicale
(Laraski et al., 2001) (fig. 20.5).

En l’absence de lésion inflammatoire périradiculaire d’origine


endodontique (LIPOE), les taux de succès les plus favorables
sont associés à des obturations comprises entre 0 et 2 mm
de l’apex et aux obturations plus courtes, les surobturations
étant significativement associées à un résultat moins favo-
rable (Benenati et Khajotia, 2002).
En présence de LIPOE, les meilleurs résultats correspondent
de manière statistiquement significative aux obturations
dont la limite est comprise entre 0 et 2 mm de l’apex, les
deux autres longueurs d’obturation décrites, au-delà en deçà
de ces limites, étant associées à des pronostics analogues
moins favorables (Ng et al., 2008).
Dans tous les cas, le niveau d’obturation « idéal » est donc Figure 20.6 Un niveau « idéal » d’obturation, entre 0 et 2 mm de
compris entre 0 et 2 mm de l’apex (fig. 20.6). l’apex, est significativement associé aux meilleurs taux de succès.

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Succès, échec et facteurs pronostiques 20
C - Facteurs postopératoires L’existence de lésion péri-apicale préalable au traitement,
L’absence de restauration coronaire « satisfaisante » des les sous-obturations et surobturations ainsi que les défauts
d’étanchéité de l’obturation canalaire et de la restauration
dents ayant fait l’objet d’un traitement endodontique est un
coronaire sont des facteurs d’échec du traitement endo-
facteur d’échec thérapeutique (Ng et al., 2008). Une étude dontique initial.
menée sur plus de 1 million d’assurés sociaux américains, sui- Le retraitement, quant à lui, est en outre associé à des
vis pendant 8 ans, montre que 85 % des dents extraites après résultats d’autant moins bons que l’obturation initiale est
traitement canalaire, à moyen et à long terme, sont associées meilleure, qu’il existe une perforation et qu’il est conduit
à la persistance des restaurations coronaires provisoires, sou- en plusieurs séances.
lignant l’impact pronostique majeur du continuum corono-
radiculaire (Salehrabi et Rotstein, 2004).
L’absence de standardisation des données recueillies par les
Important ! S’appuyant sur l’influence pronostique de la travaux publiés au cours des 30 dernières années explique,
présence de LIPOE, et constatant la pratique de délais plus pour une large part, la méconnaissance de l’influence pro-
rapides de restauration coronaire en l’absence de lésion nostique de nombreux déterminants thérapeutiques. L’ana-
péri-apicale, Chugal et al. (2007) suggèrent que l’évaluation lyse critique de la littérature spécialisée ne dégage par
des effets de la restauration coronaire sur le pronostic est
partiellement biaisée par des recours plus tardifs à la res- ailleurs qu’un nombre réduit de publications d’un niveau de
tauration coronaire d’usage en cas de LIPOE. preuve suffisant, les essais comparatifs randomisés ou autres
études de cohorte étant quasiment inexistants.
Ces conditions ne donnent cependant que plus de valeur aux
critères identifiés par l’approche méta-analytique et contri-
III - Conclusion buent à valider les pratiques maîtrisant ces critères, même si
Les critères prédictifs de succès endodontique clairement la plupart de ces pratiques ne reposent que sur une connais-
identifiés par la recherche clinique sont peu nombreux. sance validée par la seule expérimentation in vitro.

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Aides visuelles en endodontie
J.-P. MALLET, É. DEVEAUX

Le nettoyage, la mise en forme et l’obturation hermétique I - Aides visuelles


sont nécessaires pour obtenir une guérison en endodon-
tie, aussi bien lors du traitement initial que lors du retrai-
tement orthograde. Pour les chirurgies endodontiques, la A - Définition
bonne gestion de la préparation apicale et de son obtura-
tion hermétique est indispensable. Compte tenu de l’im- Au sens littéral, les aides optiques regroupent l’ensemble
portance des variations anatomiques rencontrées au cours des appareils visant à corriger une déficience visuelle, à
des thérapeutiques endodontiques, une bonne connais- compenser une incapacité visuelle et à prévenir ou à
sance de la morphologie du canal radiculaire est impor- réduire une situation de handicap.
tante (Weine et al., 1969 ; Sjögren et al., 1990 ; Wolcott
et al., 2002).
En odontologie, les aides visuelles sont les outils qui se
situent dans l’interface visuelle entre l’opérateur et le site
L’éclairage focalisé et les dispositifs de grossissement, asso- opératoire. Elles permettent notamment de grossir le champ
ciés à l’utilisation de micro-instruments, ont considérable- d’observation. Même si certains outils peuvent corriger
ment amélioré la capacité du clinicien à appréhender quelques défauts visuels, le but des aides visuelles est de
l’endodontie et ont directement participé à l’amélioration de faciliter l’acte opératoire.
la qualité des traitements (Kim, 1997). Les systèmes grossissants utilisés en endodontie ne rempla-
Introduits en endodontie dans les années 1990, les outils de cent donc pas les dispositifs de correction de l’acuité visuelle.
grossissement les plus courants sont les loupes et le micros- Associés à ceux-ci, ils apportent une meilleure ergonomie et
cope opératoire (Rubinstein, 1997 ; Rubinstein et Kim, 1999) et, une position naturelle de travail, d’une part, et un inconfort
plus récemment, l’endoscope (von Arx et al., 2002 ; Bahcall et visuel permettant d’accéder à des détails invisibles à l’œil nu,
Barss, 2003). Les caméras intrabuccales, quant à elles, peuvent quelles que soient les performances visuelles, d’autre part.
rendre service lors de la communication avec le patient.
Cependant, comme pour l’endoscope, leur utilisation pen-
dant l’acte opératoire reste complexe car, d’une part, elle ne
B - Historique
procure qu’une image en 2 dimensions sur un écran de Si l’utilisation du microscope opératoire en chirurgie ophtal-
contrôle et d’autre part nécessite leur tenu d’une main de mologique a été préconisée dès les années 1960 aux États-
l’opérateur, ce qui est difficilement compatible avec le travail Unis et en Europe (Harms et Mackensen, 1967), elle a
au fauteuil. Elles présentent finalement peu d’intérêt en endo- également été proposée en odontologie en France dès cette
dontie et le chapitre qui leur est consacré ne sera pas descrip- époque par les docteurs Boussens et Ducamin de l’Université
tif. Les indications des aides visuelles sont nombreuses car de Bordeaux. En 1981, Apotheker introduit l’idée que des
celles-ci sont directement associées à l’augmentation de la améliorations considérables de l’acuité visuelle, rendues pos-
précision des procédures et à une meilleure visualisation de la sibles grâce à l’utilisation du microscope opératoire, seraient
zone d’intérêt. Elles permettent de détecter des isthmes, des bénéfiques à la discipline de l’endodontie (Apotheker, 1981).
canaux accessoires ou des microfractures radiculaires, diffi- Cependant, le travail en position debout et l’utilisation d’un
ciles à observer et à traiter en l’absence d’un bon grossisse- seul niveau de grossissement rendent impossible son utilisa-
ment (Coelho de Carvalho et Zuolo, 2000 ; Schwartz et al., tion de manière routinière. À la fin des années 1980, Carr, en
2002 ; Slaton et al., 2003 ; Von Arx et al., 2003 ; Rampado travaillant avec Tanaka sur l’articulation temporo-mandibu-
et al., 2004 ; Von Arx, 2005). Il a été également démontré que laire en laboratoire d’anatomie, découvre l’intérêt du micros-
l’utilisation de loupes et, surtout, du microscope opératoire cope lors de ses dissections. Il conclut que le microscope
diminuait, chez le praticien, le nombre de pathologies induites opératoire associé à un éclairage peut être utile en endodon-
liées au stress et aux mauvaises positions de travail, en amé- tie et, en particulier, conduire à l’amélioration des résultats
liorant l’ergonomie et la posture de l’opérateur. des chirurgies endodontiques apicales (Carr, 1992 et 1993). Au

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21 Endodontie

cours des années 1990, d’autres endodontistes, tels Ruddle 3 - Influence des aberrations sur la vision
(1994 et 1997), Buchanan, Arens, Stropko et Kim, commencent
à promouvoir le microscope opératoire en endodontie à la L’augmentation des aberrations (myopie, astigmatisme,
fois pour le traitement endodontique initial, le retraitement presbytie) diminue la perception des images et impose
et la chirurgie endodontique. En 1998, l’American Association progressivement une diminution de la distance de travail
nécessaire à une bonne vision. Ainsi l’accommodation
of Endodontics (AAE) décide d’imposer l’utilisation des
devient de plus en plus importante et la posture de travail
microscopes opératoire dans tous les programmes postuni- est perturbée.
versitaires accrédités dans la délivrance de la spécialité en
endodontie.
Les performances de l’opérateur diminuent et son état de
Important ! Historiquement, la loupe est le premier et le plus fatigue s’en ressent. Celui-ci perd petit à petit la finesse de
simple des systèmes optiques grossissants. Elle a été adaptée perception des images : le cercle infernal de la baisse de la
en système frontal, puis améliorée en téléloupe avant d’être vision est déclenché (fig. 21.1).
rendue plus performante par l’adjonction de sources lumi- En endodontie, le travail s’effectue dans des volumes de pro-
neuses. Néanmoins, son pouvoir de grossissement reste fondeur de quelques millimètres pour la cavité d’accès et de
limité et dépasse rarement le grossissement × 2,5. 10 à 20 mm pour l’espace canalaire. L’endodontie est donc
bien une spécialité de microchirurgie à part entière. Les aides
optiques se justifient notamment pour :
C - Intérêt des aides visuelles : - profiter d’une image agrandie ;
- optimiser les détails ;
mieux voir pour mieux comprendre - assurer la précision du geste ;
La nécessité de mieux voir pour mieux comprendre est l’apa- - confirmer un diagnostic ;
nage de toute profession qui exerce son activité sur des - augmenter la vitesse d’exécution ;
objets dont la taille est inférieure au millimètre. En cela, - préserver une vision sans fatigue ;
l’odontologie peut être rapprochée d’autres spécialités médi- - conserver une distance de travail ergonomique.
cales telles que l’ophtalmologie, l’oto-rhino-laryngologie, la
chirurgie orthopédique, la dermatologie, la neurochirurgie Essentiel : toutes ces notions imposent de privilégier une
ou encore la chirurgie vasculaire qui, depuis de nombreuses qualité optique maximale tant pour la surface observée que
années, voire des décennies, utilisent des aides optiques de pour la profondeur de champ requise, et ce surtout à de
travail. forts grossissements.
Les grands principes des aides visuelles dans ces spécialités
sont :
- un grossissement du champ opératoire de × 4 à × 40 pour
une distance de travail de 200 à 300 mm ; ↑ Aberrations ↓ Précision des images
- la conservation d’une vision stéréoscopique et donc bino-
culaire ;
↓ Distance de travail
- l’association d’un éclairage du champ opératoire impliquant
↑ Fatigue
la confusion des champs optiques et lumineux.
↓ Performance Accomodation
1 - Distance de travail ↑ Posture viciée

La distance de travail correspond à celle qui sépare la zone


de travail de l’aide visuelle. Elle est propre à chaque opéra-
teur car elle dépend de sa taille mais surtout de la longueur Figure 21.1 Influence des aberrations sur la vision.
de ses bras et de ses avant-bras. Elle sera déterminée par une
posture dorsale rectiligne ergonomique. Cela met chaque
patient à une distance fixe en fonction du praticien qui le
soigne. II - Œil humain
2 - Éclairage Quelques notions d’optique physiologique sont nécessaires à
la bonne compréhension des impératifs demandés aux aides
Important ! À partir de 40 ans, la demande d’éclairage par optiques.
le praticien double tous les 10 ans. Cette notion impose un
éclairage périphérique de la pièce du cabinet, qui doit être
adapté à son exercice en fonction de son âge, mais égale- A - Description de l’œil humain
ment à une illumination précise de la zone de travail. Ce
L’œil humain (fig. 21.2) est l’organe des sens essentiel à la per-
besoin d’éclairage est bien souvent à l’origine de l’augmen-
tation des aberrations de la vision. ception du monde qui nous entoure par l’acquisition
constante des informations nouvelles que notre cerveau

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Aides visuelles en endodontie 21
percevons consciemment n’est réalisée que dans le cerveau,
plus précisément lorsque le cortex visuel du cervelet est
Humeur atteint. Les signaux en provenance des yeux ont encore des
aqueuse liaisons avec d’autres endroits du cerveau, par exemple pour
Rétine
Cornée le sens de l’équilibre.
Corps vitré
Cristallin
Iris 2 - Formation de l’image
Si l’on considère que les surfaces optiques des différents
Nerf
dioptres oculaires sont des surfaces de révolution de rayon
optique de courbure régulier sur toute leur surface, l’œil produit d’un
point, objet réel, une image qui sera également un point. Si
l’image d’un point objet se forme sur la rétine, l’image focali-
Figure 21.2 Coupe schématique de l’œil.
sée sur la rétine est perçue nettement. Si l’image d’un point
objet ne se forme pas sur la rétine, l’image est alors défocali-
sée et est perçue comme floue.
La vision normale est une vision binoculaire responsable de
la sensation de distance et du relief. Cette sensation est due
à la superposition des images rétiniennes et à la fusion des
deux perceptions correspondantes de chaque œil. Ces deux
images ne sont pas identiques, elles diffèrent d’autant plus
reçoit de notre environnement. Plus de 80 % des informa-
que l’objet est rapproché. De la même façon, la notion de
tions sensorielles que notre cerveau reçues par parviennent
relief diminue au fur et à mesure de l’éloignement de l’objet.
de la vision.
Dans la vision normale, le mécanisme de l’accommodation
La cornée, l’iris et le cristallin sont trois éléments majeurs qui
nous permet de voir nettement l’un après l’autre, mais non
permettent de focaliser les rayons lumineux sur la rétine, réa-
simultanément, des objets situés à des distances différentes.
lisant ainsi une vision nette.
L’iris réagit à la lumière en modifiant la taille de la pupille,
3 - Champ visuel
permettant à l’œil de s’adapter aux variations d’intensité de
la lumière. C’est le champ de lecture optique composé de la vision
Le cristallin, lentille biconvexe située en arrière de l’iris, est le centrale et de la vision périphérique.
second dioptre oculaire majeur de l’œil.
Dans le cas d’un œil dit normal sur le plan de l’optique, qua-
lifié d’œil emmétrope, la vision de loin est nette sans effort Le champ visuel est plus grand dans le sens horizontal que
ni lunettes. vertical (ce qui explique par exemple la norme des diaposi-
Le système optique qui forme l’œil comporte deux lentilles tives en 24 × 36). Cette largeur de champ représente un angle
convergentes : la cornée (baignant dans l’air et l’humeur de vision de 40° sans effort à 80° avec effort.
aqueuse et constituant les deux tiers de la puissance optique
du globe oculaire) et le cristallin (baignant dans l’humeur
4 - Profondeur de champ
aqueuse et le corps vitré). La puissance du cristallin varie au
cours de l’accommodation, permettant ainsi de faire la mise La profondeur de champ est la distance qui sépare les par-
au point à différentes distances chez un sujet non presbyte. ties extrêmes de l’objet qui sont vues nettement, sans varia-
Les rayons lumineux qui traversent la cornée et le cristallin tion de mise au point ou d’accommodation visuelle par
donnent sur la rétine une image de l’objet fixé. Les photoré- l’opérateur. On en distingue le punctum remotum, le point
cepteurs vont ensuite transmettre l’information qui sera le plus éloigné qu’un œil peut voir nettement sans accom-
véhiculée le long des voies optiques jusqu’aux centres visuels. moder. Sa distance (D) par rapport à l’œil définit la distance
Ce que l’on perçoit est donc une extériorisation, une « pro- maximale de vision distincte. Le punctum proximum est,
jection » dans l’espace, des informations traitées par la rétine, quant à lui, le point le plus rapproché qui peut être distin-
les voies et centres visuels, notamment ceux du cortex. gué par l’œil grâce à sa faculté d’accommodation. Sa dis-
tance (d) par rapport à l’œil est la distance minimum de
vision distincte. Si D et d sont exprimés en mètre, leur
B - Optique physiologique inverse (1/D et 1/d) l’est en dioptries. Le rapport 1/d – 1/D
est l’amplitude dioptrique d’accommodation, valeur impor-
1 - Œil emmétrope tante à connaître pour régler convenablement les objectifs
L’image d’un objet à l’infini se forme sur la rétine quand l’ac- des appareils optiques.
commodation est relâchée, cet œil ne présente pas de défaut Chez une personne jeune et emmétrope, le punctum remo-
de réfraction. Avec une vision normale, les rayons lumineux tum est à l’infini et le punctum proximum à moins de 25 cm
sont focalisés par le cristallin sur la rétine. L’image que nous du cristallin (fig. 21.3).

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21 Endodontie

• Lorsque le grossissement augmente, la profondeur et la largeur


de champ diminuent
• A grossissement équivalent, la profondeur et la largeur de champ
diminuent lorsque la distance de travail diminue

Profondeur
de champ
Figure 21.5 Production de l’image avant l’accommodation.

Largeur
de champ

0 50 100 150 200


x 2,5 - 420 mm x 2,5 - 340 mm
x 2 - 420 mm x 2 - 340 mm

Figure 21.3 Champ de vision et profondeur de champ. Figure 21.6 Production de l’image durant l’accommodation.

5 - Accommodation c - Si l’œil accommodé regarde de nouveau


un objet éloigné.
Il s’agit de la capacité à voir nettement des objets à des dis-
tances différentes grâce à la déformation du cristallin s’adaptant Avant le relâchement de l’accommodation, l’image du point
pour maintenir une vision claire. Le pouvoir d’accommodation fixé se forme en avant de la rétine. L’objet est flou (fig. 21.7).
d’un individu est directement lié, entre autres, à la fatigue. Au Après le relâchement de l’accommodation, l’image du point
cours de la lecture ou de toute autre activité visuelle de près, le fixé est à nouveau sur la rétine. La vision est nette (fig. 21.8).
cristallin va se déformer sous l’action du corps ciliaire, muscle
circulaire auquel il est relié par une infinité de petites fibrilles.
Cette accommodation permet de refocaliser automatiquement
et sans effort les images sur la rétine afin d’obtenir une vision
nette en vision rapprochée.

a - Vision de loin
Lorsque l’objet observé est éloigné, l’image du point objet
fixé est sur la rétine (fig. 21.4). Figure 21.7 Production de l’image au relâchement de l’accom-
modation.

Figure 21.4 Production de l’image en vision de loin. Figure 21.8 Production de l’image après accommodation.

b - Si l’objet est rapproché 6 - Acuité visuelle


Avant accommodation, l’image du point objet fixé se forme L’acuité visuelle, un des critères de « bonne vision », corres-
en arrière de la rétine. L’objet apparaît comme flou (fig. 21.5). pond à la performance de discrimination de 2 points.
Après accommodation, l’image du point objet fixé est sur la L’acuité visuelle de l’œil emmétrope varie avec l’âge et les
rétine. La vision est nette. méthodes d’examen. Sa dégradation survenant avec l’âge est
Le cristallin s’est bombé, sa puissance augmente (fig. 21.6). liée à des changements structuraux incluant des modifications

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Aides visuelles en endodontie 21
dans les performances optiques de l’œil, la perte de récep-
teurs et d’autres éléments neuronaux impliqués dans le sys-
tème de la vision. La vitesse de perception, l’état de vigilance,
l’émotivité ainsi que l’hypoxie sont également des facteurs de
variation individuelle de l’acuité visuelle.

7 - Compensation des défauts optiques sphériques


(hors astigmatisme)
Figure 21.11 Hypermétropie : production de l’image en arrière
Le principe d’une compensation optique est d’assurer à de la rétine.
l’amétrope, personne présentant une anomalie de position
du point de vision situé hors du plan de la rétine (myopie,
hypermétropie), une vision nette et sans fatigue.

a - Myopie
L’œil présente le plus souvent une anomalie dite axiale.
Lorsque l’accommodation est relâchée, l’image d’un objet
éloigné est focalisée en avant de la rétine (fig. 21.9).
Le myope non corrigé conservera toujours sa vision de près,
même à l’âge de la presbytie. Un œil myope sera compensé Figure 21.12 Hypermétropie : production de l’image corrigée
par un verre « divergent » (de puissance négative) (fig. 21.10). par une lentille convergente.

c - Astigmatisme
Lorsque l’œil est astigmate, la perception d’un point est
déformée (ellipse, segment de droite). L’œil astigmate ne voit
théoriquement jamais net. Souvent associé à la myopie ou à
l’hypermétropie, l’astigmatisme augmente alors le trouble
visuel.

Figure 21.9 Myopie : production de l’image en avant de la rétine. d - Presbytie


Au-delà de la quarantaine, l’œil emmétrope devient pres-
byte : la vision de loin est normale et seule la vision de près
diminue. La presbytie se définit par la perte progressive de
l’accommodation.

III - Outils d’aides visuelles


Figure 21.10 Myopie : production de l’image corrigée par une
lentille divergente. A - Loupes
Ces systèmes optiques offrent des grossissements et des dis-
tances de travail fixes et définis au départ.

b - Hypermétropie 1 - Loupes simples


Lorsque l’accommodation est relâchée, l’image d’un objet La loupe est la forme la plus simple d’aide visuelle de gros-
éloigné est focalisée en arrière de la rétine. Cependant, la sissement. Appelées également flip-up, les loupes simples
vision de loin peut être nette si l’œil a suffisamment de pou- sont des systèmes optiques qui ne présentent qu’un seul
voir accommodatif pour compenser le défaut de réfraction. élément grossissant pour les deux yeux. De grossissement
L’œil hypermétrope présente un déséquilibre axial en étant optique × 0,7 à × 2, ils multiplient d’autant l’acuité visuelle.
en quelque sorte trop petit par rapport à sa puissance diop- Toutefois, les facteurs de grossissement sont commerciale-
trique totale (fig. 21.11). ment augmentés afin de compenser la réduction des dis-
Un œil hypermétrope sera compensé par un verre « conver- tances de travail (de 12,5 à 35 cm), distances d’autant plus
gent » (de puissance positive) (fig. 21.12). réduites que le grossissement est important (tableau 21.1).

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21 Endodontie

Tableau 21.1 Valeurs optiques obtenues par des loupes simples.


Remarque : la limitation de l’utilisation des téléloupes,
Grossissement outre les grossissements, réside également dans l’éclairage
0,7 1,0 1,5 2
(grandissement optique) du site observé.
Grossissement
1,7 2,0 2,5 3,0
commercial De nombreuses solutions sont dorénavant proposées de
Distance de travail (mm) 350 250 166 125 façon à apporter sur les montures un flux lumineux. Il sera de
type halogène, xénon ou plus récemment LED (diodes élec-
troluminescentes). Cet éclairage doit être réglé afin de faire
2 - Loupes binoculaires converger au maximum les flux lumineux et optiques. Ces
systèmes présentent cependant deux inconvénients majeurs,
La loupe binoculaire est en réalité un stéréo-microscope qui
à savoir le poids du dispositif qui impose souvent d’une part
fournit une image tridimensionnelle de faible grossissement.
le port d’un casque support des systèmes optiques et de la
La solution à un problème de grossissement lié à une dis-
source lumineuse, et d’autre part, parfois, la connexion par
tance de travail raisonnable est constituée par la téléloupe. Il
une fibre au générateur de lumière situé à distance. De plus,
s’agit d’une loupe combinée avec un télescope. La fonction
la puissance du flux lumineux des générateurs est limitée, ce
de la loupe n’est pas de grossir l’objet observé mais de le
qui en réduit considérablement l’efficacité. La technologie
reproduire dans un plan éloigné qui est celui de la netteté du
LED vise à résoudre tous ces inconvénients par une basse
télescope. C’est le télescope qui reproduit le grossissement
demande d’énergie et un allègement des loupes.
proprement dit.
Les caractéristiques communes des loupes sont :
Deux principes optiques peuvent être appliqués pour réaliser
- le grossissement et la distance de travail qui sont définis au
des téléloupes :
départ en fonction de l’opérateur ;
- le principe optique de la lunette de Galilée, qui se rapproche
- les systèmes de monture, de distance interoculaire et d’in-
de l’effet d’un verre épais. L’œil capte les rayons lumineux de
clinaison des optiques qui sont adaptées à l’opérateur.
la formation de l’image qui traversent les zones marginales du
Généralement, ces aides visuelles sont collées ou annexées à
système de Galilée avec toutes leurs aberrations ;
des lunettes et formées d’objectifs, de lentilles et de prismes.
- le principe optique du système de Kepler, qui présente un
De ces caractéristiques une posture ergonomique doit être
rayon principal passant toujours par le centre de l’objectif
adaptée. Elle implique une légère flexion permanente de la
ainsi qu’un diaphragme réel dans le champ visuel duquel les
nuque en relation avec la distance opératoire à adopter pour
aberrations sont à peine perçues.
obtenir une vision nette. Par exemple, les loupes « collées »
Pour ces raisons, les lunettes de Galilée sont réservées à des
qui présentent un champ optique plus ou moins horizontal
grossissements relativement faibles en binoculaire, jusqu’à
sont défavorables à la musculature de la nuque.
environ × 2,5. Les téléloupes qui adoptent le système de
Kepler seront quant à elles équipées de prismes redressant
l’image inversée et offrent un libre choix du facteur de gros- B - Microscope opératoire
sissement et de la distance focale.
En odontologie, les grossissements compris entre × 3,2 et × 7 1 - Principe du microscope
et des distances de travail de 250 à 450 mm sont habituels
(fig. 21.13). Important ! L’objectif d’un microscope forme, dans un tube,
une image agrandie (image intermédiaire) de l’objet observé
et éclairé par une source lumineuse. Cette image est ensuite
grossie à l’aide d’un oculaire. Les tubes binoculaires du
microscope opératoire constituent la meilleure solution
pour l’observation visuelle.

Lunettes de Galilée : x 1 à x 2,5


Objectif Lentilles
Après le prisme de renvoi à double réflexion, le tube principal
comprend une série de prismes qui répartissent le faisceau lumi-
neux en deux parties égales dirigées vers les manchons porte-
oculaire. Pour pouvoir adapter le tube à l’écart pupillaire,
différent à chaque observateur, l’entraxe des oculaires est
réglable de 55 à 75 mm. La distance interoculaire idéale obtenue
Lunettes de Kepler : x 3,2 à x 7
permet ainsi de parvenir à la fusion complète des deux images.
Lentilles + primes Pour la vision sous microscope opératoire (et par là-même, la
distance opératoire), le mécanisme de l’accommodation
n’entre pas en jeu. L’opérateur ne peut percevoir qu’un seul
plan (dont l’épaisseur dépend de la profondeur de champ) de
l’objet à examiner et, pour observer les autres plans, il doit
Figure 21.13 Principes optiques des loupes binoculaires. faire varier la mise au point du système optique.

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Aides visuelles en endodontie 21
2 - Stéréo-microscopie Les focales des oculaires déterminent de manière inverse-
Il existe deux types de stéréo-microscopies : ment proportionnelle les champs de vision sans modifica-
- la stéréo-microscopie de Greenough, où deux tubes ocu- tion de la distance de travail.
laires sont disposés côte à côte de façon à ce que l’angle
focal formé par les deux objectifs se situe sur l’objet ; 4 - Éclairage du site opératoire
- la stéréo-microscopie de type galiléen, qui est fondée sur L’éclairage est de type coaxial à la visée. Cela signifie que la
l’association de la loupe et d’un système optique binocu- lumière est focalisée entre les oculaires de manière à ce que
laire. Les images observées œil par œil sont redressées par le praticien puisse voir à l’intérieur du site avec une absence
un assemblage de prismes entre l’objectif et les oculaires totale d’ombre et d’éblouissement. Cet avantage est rendu
afin de les situer sur un axe de vision parallèle. possible grâce aux optiques galiléennes qui focalisent à l’in-
Les stéréo-microscopes bénéficient d’une profondeur de fini et envoient des faisceaux parallèles à chaque œil. L’opé-
champ considérable, adaptée à une distance de travail relati- rateur regarde une image située au-delà du site opératoire
vement longue. (dans l’objectif), ce qui lui évite toute fatigue oculaire. La
En odontologie, seuls les systèmes de type galiléen sont utilisés. lumière est concentrée à travers une suite de prismes et tra-
verse l’objectif pour illuminer le site opératoire. Une fois
3 - Valeurs de grossissement optique l’objet atteint, le faisceau est réfléchi et retraverse l’objectif,
Le grossissement optique est une grandeur sans dimension les lentilles de grossissement, les binoculaires puis il sort
qui est le rapport de la taille de l’objet observé au travers de divisé en deux faisceaux lumineux de façon à produire un
l’aide optique par rapport à celle de l’objet observé à l’œil nu. effet stéréoscopique et fournir à l’opérateur une grande pro-
Ces valeurs de grossissement sont obtenues, d’une part, par un fondeur de champ.
viseur formé d’oculaires de 10 à 12,5 mm de focale qui sur- Les sources lumineuses sont réglementairement disposées à dis-
monte des binoculaires, de 150 à 250 mm de focale, et, d’autre tance du corps du microscope et transmises par fibre optique.
part, grâce à la rotation d’un barillet dans une tourelle qui Trois sortes d’entre elles sont habituellement proposées :
interpose un prisme grossissant entre l’objectif et l’oculaire. - une ampoule halogène-quartz où la lumière est fournie par
Ces valeurs de grossissement (3 ou 5 niveaux en fonction des un système de fibres optiques. Dans ce cas, le câblage par
options) varient de × 4 à × 25 ou × 40. Les appareils les plus fibre optique absorbe la lumière et tend à diminuer l’inten-
perfectionnés présentent dans la tourelle un zoom électrique sité du faisceau, mais l’intensité lumineuse initiale peut être
qui fait varier la puissance non plus par niveau mais en continu plus puissante que pour une ampoule halogène-xénon ;
en modifiant la hauteur du prisme entre optique et oculaire. - une ampoule halogène-xénon utilisée avec un système de
D’autres proposent la variation de la focale de l’objectif, ce qui refroidissement puissant par ventilateur. La lumière procu-
permet de modifier la puissance sans changer la distance opé- rée par cette énergie au xénon est plus brillante mais élève
ratoire. Ces variations peuvent être commandées au pied ou au la température sur le site opératoire ;
niveau des poignées de préhension du microscope. - celles qui exploitent la technique LED. Prometteuses, elles
La puissance optique peut être calculée selon la formule pourraient supplanter les sources traditionnelles dans les
suivante : années futures.

Grt Total = Foc bin/foc obj x Grt occ X Grt tourelle 5 - Modifications sur les composants du microscope
Les focales de l’objectif déterminent la distance de travail Tous les éléments décrits ci-dessus peuvent modifier, en
séparant le microscope du champ observé. Selon les modèles fonction de leurs composants, les propriétés du microscope.
de microscopes opératoire, des objectifs interchangeables, Les principaux effets sont récapitulés dans le tableau 21.2. Ce
échelonnés de 25 en 25 mm, peuvent être disponibles pour tableau permet à l’opérateur de choisir une configuration qui
des distances focales variant de 200 à 400 mm. Leur valeur lui convient en fonction des données qui lui semblent priori-
modifie proportionnellement les grossissements. taires dans le cadre de son propre exercice.

Tableau 21.2 Effets des modifications sur les composants du microscope.


Valeur Grossissement Champ Intensité Distance
total de vision lumineuse de travail
Binoculaire (distance focale) de 150 à 250 mm
   
Objectif (distance focale) de 200 à 400 mm
   
Tourelle (coefficient de de 0,4 à 2,5 (sauf à coefficient
grossissement) 1 : absence de lentille)    
Oculaire de 10 à 12,5 mm
   
457

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21 Endodontie

6 - Accessoires et périphériques (fig. 21.14) Des filtres peuvent être ajoutés sur l’objectif ou dans la fibre
Les tubes binoculaires peuvent être proposés en différentes optique d’illumination pour éviter la polymérisation prématu-
versions ; il peut s’agir d’une version fixe avec une inclinaison rée des composites photopolymérisables (orange) ou pour
à 45° ou de versions plus élaborées proposant des inclinai- faciliter la lecture d’un champ opératoire hémorragique (vert).
sons variant de 0 à 180°. Ils sont surmontés d’oculaires qui Un diaphragme, situé entre le tube binoculaire et le corps du
présentent une bonnette en caoutchouc destinée aux opéra- microscope, peut permettre d’augmenter la profondeur de
teurs qui ne portent pas de lunettes correctrices, et ce afin champ jusqu’à × 2 mais réduit l’intensité lumineuse.
d’éloigner l’œil de l’oculaire. Les oculaires peuvent être pro-
posés avec un système de visée et permettent le réglage des 7 - Installation
dioptries œil par œil. Le microscope opératoire peut être installé de trois façons
Le diviseur optique, interposé entre les tubes binoculaires et auprès d’un fauteuil dentaire :
le corps du microscope, agit comme séparateur de lumière. Il - statif de plafond. Considéré comme le choix idéal dans
permet de partager le faisceau lumineux au cours de son tra- l’exercice du chirurgien-dentiste, il permet une rapide mise
jet lors de son retour vers les yeux de l’utilisateur Cette déri- à disposition de l’aide visuelle. Généralement, la platine sera
vation est notamment nécessaire pour apporter la lumière à fixée, pour un droitier, légèrement décalée en arrière de
un périphérique tel qu’un appareil photo, une caméra vidéo l’opérateur sur la droite du patient. Le choix ergonomique
ou un tube d’observation auxiliaire. reste cependant à l’appréciation de chaque opérateur ;
Les oculaires annexés au tube pour un travail en équipe peuvent - statif à fixation murale. Cette version est choisie lorsque la
être des tubes binoculaires fixes ou articulés, ou un tube mono- hauteur de plafond ne permet pas une version plafonnier. La
culaire. platine de fixation est idéalement située sur le mur, perpen-
Les poignées facilitent le déplacement du microscope pen- diculairement à l’axe du fauteuil, afin de permettre à l’opé-
dant l’intervention. Elles peuvent être en configuration axiale rateur une mise en œuvre facilitée « main droite » ou « main
ou de type « guidon ». gauche ». La circulation autour du fauteuil est alors pertur-
bée lorsque le microscope est déployé ;
- statif de sol. Cette version, la plus encombrante de par le
volume du socle monté sur roulettes, ne devrait être choi-
sie que si le microscope doit être utilisé dans différentes
salles de soins. Il faut cependant respecter la fragilité de ces
appareils et connaître les risques de dommages encourus
lors de leurs déplacements du fait de l’augmentation du
poids apportée par le socle.

8 - Caractéristiques comparées des loupes


et des microscopes opératoires
La vision sous loupes binoculaires est assimilable à une vision
grossie de près, ce qui implique un relâchement accommoda-
tif mais impose le port de correction optique. La vision obte-
nue avec le microscope opératoire est assimilable à une
vision de loin (à l’infini), ce qui permet de corriger le défaut
visuel sphérique dans l’oculaire (myopie, hypermétropie).
Les mises en jeu de l’acuité visuelle et de l’accommodation
sont différentes selon l’utilisation des loupes ou du micros-
Figure 21.14 Éclaté d’un microscope (Leica® M650). cope opératoire. La figure 21.15 démontre leur incidence.

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Aides visuelles en endodontie 21
100 %
Œil nu AV : 12/10
75 % Acc : 2,5 dpt

50 % Œil nu AV : 20/10
se rapprochant Acc : 7,5 dpt
25 % Loupe simple AV : 20/10
Acc : 6,6 dpt
0%
Œil nu Œil nu Loupe Loupe Microscope Loupe binoculaire AV : 30/10
près binoculaire Acc : 2,37 dpt
Accommodation mise en jeu Réserve restante Microscope AV : 30/10
Acc : 0 dpt
Exemple d’une tache visuelle située à 40 cm
Hypothèse : Œil emmétropisé, âge 30 ans, souhait de grossir x 3 AV : Acuité visuelle ; Acc : Accomodation

Figure 21.15 Mise en jeu de l’acuité visuelle et de l’accommodation pour les différentes aides optiques.

C - Endoscope en chirurgie dentaire : Important ! Il est important de noter que la qualité de


l’orascopie l’image est en corrélation directe avec le nombre de fibres
et la taille de la lentille que comporte un orascope.
L’orascopie est une procédure qui utilise un endoscope
pour explorer la cavité buccale (Bahcall et Barss, 2003). L’en- Les fibres optiques utilisées pour la visualisation intracana-
dodontie orascopique est utilisée pour mieux voir lors d’un
laire ont un diamètre de 0,8 mm. L’orascope présente
traitement endodontique conventionnel ou chirurgical.
10 000 fibres optiques d’un diamètre de 3,7 à 5 µm de dia-
mètre, montées parallèlement entre elles. Un anneau de
Un orascope est composé de fibres optiques alors qu’un fibres de lumière entoure les fibres visuelles pour l’éclairage
endoscope est constitué de tiges de verre. L’orascope comme de la zone de traitement.
l’endoscope sont utilisés en liaison avec une caméra, une Contrairement au microscope ou aux loupes, l’utilisation de
source de lumière et un moniteur. l’orascope au cours du traitement endodontique est limitée.
L’utilisation d’un endoscope en endodontie a été proposée Il est utilisé lorsque le grossissement est nécessaire, en com-
dès 1979 (Detsch et al., 1979), pour aider au diagnostic des frac- plément des loupes, lors des procédures de préparation
tures dentaires. En 1996, elle a été finalement proposée pour la endodontiques. L’opérateur tient l’orascope d’une main et
microchirurgie endodontique. Depuis cette date, les progrès peut observer l’image soit dans des lunettes LCD, soit sur un
techniques ont permis la mise au point de petits endoscopes écran (fig. 21.16 et 21.17). Une fois la cavité d’accès préparée,
avec une meilleure angulation. Les endoscopes actuels utilisés l’orascope, de 4 mm de diamètre et de 30° d’angulation, est
en endodontie chirurgicale ont une tige de 3 cm, un objectif
de 2,7 mm de diamètre et une angulation de 70°. Ceux utilisés
en endodontie par voie orthograde ont une tige de 4 cm, un
objectif de 4 mm de diamètre avec une angulation de 30°.

L’orascope permet un grossissement de plus grande clarté


par rapport au microscope et à la loupe. La visualisation
d’un champ opératoire à différents angles et distances
sans perdre la profondeur de champ et la mise au point est Basse def.
© Blackwell Publishing Ltd, 2003.

possible. Il permet en outre de visualiser de manière très


précise les isthmes et craquelures apicales au cours des
chirurgies endodontiques (Von Arx, 2001, 2005).

Le manque de vision intracanalaire en endodontie a été le


catalyseur du développement et de l’utilisation des fibres
optiques. Auparavant, les fibres optiques d’imagerie souffraient
d’une qualité d’image médiocre. Aujourd’hui, les fibres optiques
en verre ou en plastique sont petites, légères et très flexibles. Figure 21.16 Le système Orascopic (Jedmed, 2001).

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6684_.indb 459 10/08/12 12:05


21 Endodontie

Basse def.
utilisation reste cependant limitée à une visualisation sur un
écran vidéo, ce qui détache l’opérateur de l’observation
directe du champ du soin.
Ce type d’aide visuelle ne peut, à l’heure actuelle, être privi-
légié en endodontie. Cependant, pour des raisons didac-
tiques, par exemple pour la visualisation d’une fêlure, la
caméra endobuccale reste un bon outil de communication

© Blackwell Publishing Ltd, 2003.


avec le patient.

IV - Applications cliniques
Comme cela arrive pour toutes les approches innovantes
censées présenter une avancée considérable dans la pratique
clinique, il est essentiel de déterminer si l’utilisation de dis-
positifs de grossissement dans le traitement endodontique
Figure 21.17 Endodontiste visualisant l’image sur un moniteur. est réellement corrélée à une amélioration des résultats du
traitement.
Pour un grand nombre d’indications, l’intérêt des aides
utilisé, maintenu à la place du miroir, pour examiner le plan-
visuelles (loupes et microscopes) est indéniable, notamment
cher pulpaire. Il est recommandé de stabiliser l’endoscope en
pour l’observation du site opératoire (Gordon, 2003 ; Clauder,
le posant sur la partie coronaire de la dent. Pour l’examen
2007). Cependant, une méta-analyse de la littérature médi-
intracanalaire, le canal doit être préparé dans les 15 premiers
cale (Del Fabbro et al., 2009 ; Del Fabbro et Tasschieri, 2010)
millimètres coronaires à un diamètre de 90 pour rendre pos-
n’a pas permis de mettre en évidence que l’utilisation d’un
sible l’observation. Ainsi, la sonde de 15 mm introduite dans le
dispositif de grossissement dans toute procédure endo-
canal permet de visualiser l’anatomie du tiers apical à l’aide
dontique améliorait les résultats cliniques, seules des études
de l’orascope de 0,8 mm à condition que le canal soit sec.
in vitro ou des d’études à faible niveau de preuve étant à
cette époque disponibles. Ces auteurs suggèrent néanmoins
L’utilisation de l’orascope est identique au cours de la que, dans la plupart des procédures endodontiques, l’utilisa-
chirurgie endodontique et du traitement endodontique tion d’un dispositif d’aide visuelle peut offrir de nombreux
conventionnel : l’aide optique est tenue par l’opérateur.
avantages techniques et cliniques.

Si les images observées et les profondeurs de champ sont de A - Diagnostic


bien meilleure qualité que celle obtenues avec un micros-
Le diagnostic des fêlures et fractures lors de l’examen coro-
cope opératoire, notamment grâce à une profondeur de
naire ou radiculaire est grandement facilité si des aides
champ à l’infini, l’immobilisation des deux mains de l’opéra-
visuelles de grossissement sont utilisées. Il permet non seule-
teur complique quelque peu l’ergonomie, même si l’on peut
ment de confirmer leur existence, mais encore d’en préciser
considérer que l’orascope remplace le miroir.
leur étendue et leurs limites anatomiques afin d’en tirer toute
De plus, l’imagerie se situant sur un plan en 2 dimensions, la
décision thérapeutique. De plus, la communication avec le
perte de la notion de profondeur et donc de relief nécessite
patient ou le chirurgien-dentiste référent n’en sera que plus
un apprentissage particulier. Le coût d’un endoscope dépasse
facile si cette fêlure peut être matérialisée sur un support
également les capacités financières d’un cabinet dentaire
numérique. L’utilisation d’un colorant (bleu de méthylène en
libéral.
solution à 0,5 %) permet notamment de révéler les fêlures de
manière plus explicite.
D - Caméras
Pour les mêmes raisons d’ergonomie et de visualisation en 2 B - Traitement endodontique orthograde
dimensions que l’endoscope, l’utilisation d’une caméra intra-
orale n’est pas une solution adéquate pour l’endodontie, 1 - Traitement endodontique initial
d’autant que la qualité des images sera bien moindre que
celle obtenue par un microscope opératoire (Sopro®, Acteon™ ; Important ! L’utilisation des aides optiques visuelles s’est
Stomavision®, Trophy™) D’autres systèmes d’aide visuelle de rapidement avérée indispensable en endodontie. Elle per-
grossissement déclinés à partir de caméras intra-orales sont met d’apprécier les couleurs et les volumes du plancher des
apparus sur le marché (MagnaVu PSII®, Digital Surgical chambres pulpaires, de faciliter la localisation des émer-
gences canalaires et de supprimer sélectivement les
Scope™…). Ils allient la vidéotransmission à leur intégration sur contraintes anatomiques coronaires.
des bras articulés afin de libérer les mains de l’opérateur. Leur

460

6684_.indb 460 10/08/12 12:05


Aides visuelles en endodontie 21
a - Cavité d’accès turbine, ou encore à l’aide d’inserts ultrasonores diamantés de
Si cette préparation ne requiert pas en première intention l’uti- type boule des dentines secondaires ou tertiaires, permet de
lisation d’aides visuelles, dès lors que l’effraction pulpaire est découvrir l’anatomie primaire du plancher pulpaire ainsi que
obtenue, un grossissement et une illumination du champ opé- l’accès à des entrées canalaires ou à des isthmes intercanalaires
ratoire permettent à l’opérateur de faire l’analyse de la cavité oblitérés par ces minéralisations.
pulpaire. Les observations des calcifications et des pulpolithes,
le repérage des saignements, les observations des surplombs c - Anatomie radiculaire
ou des éperons de dentine secondaire ou réactionnelle sont
autant d’informations qui, analysées, permettent une meil- Note : la lecture de l’anatomie radiculaire, tout particulière-
ment des sillons intercanalaires, est une clé du succès en
leure réalisation de cette cavité d’accès (Rampado et al., 2004 ; endodontie.
Selden, 1989). À titre d’exemple, il a été largement démontré
que le repérage de l’entrée canalaire du canal MV2 lors de la
préparation endodontique d’une molaire maxillaire était faci- Cette lecture des premiers millimètres des entrées canalaires
lité sous aide optique de grossissement et, plus particulière- renseigne l’opérateur sur la forme du canal (rond, ovale, aplati
ment, sous microscope opératoire (Ting et Nga, 1992 ; Stropko, dans un sens vestibulo-lingual ou vestibulo-palatin) ainsi que
1999 ; Baldassari-Cruz et al., 2002 ; Schwartz et al., 2002). sur l’angulation de la première courbe. La lecture du sillon et
son nettoyage sous aide optique permettent d’apprécier si
les canaux se rejoignent ou si l’anfractuosité de ce sillon
La chambre pulpaire présente de nombreux pièges et obs- révèle un plancher intercanalaire. Cette appréciation fine ne
tacles qui doivent être surmontés avant toute pénétration peut être réalisée que sous aide optique avec illumination.
instrumentale. Les pulpolithes, le plus souvent libres dans la
chambre ou dans les entrées canalaires, ne cèdent parfois d - Qualité de préparation canalaire
pas et ne se désolidarisent des parois dentinaires que par
rupture des fibres à l’aide d’une instrumentation ultrasonore. Le respect des objectifs du traitement initial (mise en forme et
désinfection canalaire) génère la formation de boue dentinaire
qui est plaquée sur les parois lors des passages instrumentaux.
Cette action est plus aisée si des aides visuelles sont utilisées Si son élimination peut être réalisée par une irrigation et l’utili-
(Cantatorre et al., 2009). L’entrée du canal radiculaire peut sation d’une instrumentation ultrasonore, le contrôle de ce net-
être partiellement oblitérée par un surplomb dentinaire. toyage sera plus efficace sous aide visuelle. Les débris
Seule la précourbure des limes endodontiques saura le pulpo-dentinaires appliqués dans les recessus canalaires pour-
contourner. L’appréciation des courbures primaires sous aide ront être repérés et éliminés par l’utilisation des Micro-Opener®
optique permet de positionner la lime de cathétérisme en (Dentsply Maillefer) ou Micro-Debrider® (Dentsply Maillefer)
adéquation avec sa pénétration initiale. dont la pointe sera orientée en direction des parois à nettoyer.
Enfin, l’observation du nettoyage des canaux radiculaires et des
b - Lecture des teintes dentinaires isthmes intercanalaires permet d’obtenir des préparations
endodontiques de meilleure qualité (Khayat, 1998).
Lors de tout traitement endodontique, à l’indispensable lecture
préalable de la « carte routière radiologique » succède la lec-
ture topographique du plancher pulpaire. La lecture de la 2 - Retraitement endodontique
« carte dentinaire » par l’appréciation de ses couleurs est la De meilleurs résultats sont obtenus pour les retraitements
seule garante de l’appréciation topographique de l’anatomie endodontiques réalisés sous aide optique. La lecture des
dentaire. Une entrée radiculaire est repérée par son ouverture causes des échecs endodontiques ainsi que l’aide à la visuali-
emplie de tissu pulpaire hémorragique ou simplement par son sation de l’efficacité instrumentale permettent à l’opérateur,
aspect fibreux blanc qui sera digéré par l’action protéolytique d’une part, de comprendre ces échecs et, d’autre part, d’agir
de la solution d’hypochlorite de sodium. Les berges des entrées directement sur leurs causes (Zaugg et al., 2004). Les réamé-
canalaires sont bordées d’une dentine à l’aspect bleu nacré, de nagements coronaires, les rectifications radiculaires et les
couleur uniforme et particulière au plancher dentinaire, que déposes de fragments d’instruments sont réalisés avec plus
l’on retrouve d’une entrée canalaire à l’autre. Parfois, au milieu de succès si la zone de travail est grossie et éclairée (Suter
de cette zone nacrée, peut être distinguée une ligne de dentine et al., 2005). L’élimination de gutta-percha lors des retraite-
de couleur plus brune. L’œil de l’opérateur est alors guidé vers ments endodontiques est également plus efficace sous
une deuxième ou troisième entrée canalaire. En périphérie, sur microscope opératoire (Baldassari et Wilcox, 1999).
les bords mésiaux et distaux des dents pluriradiculées, une den-
tine d’un blanc crayeux, caractéristique d’une minéralisation a - Analyse et réaménagement
plus spécifique, détermine les frontières mésiales et distales du La majeure partie des causes d’échecs endodontiques étant
plancher pulpaire. Les entrées des canaux radiculaires sont due à une mauvaise préparation de la cavité d’accès, la lec-
situées exclusivement en position interne à ces limites. La den- ture des surplombs lors des retraitements endodontiques
tine tertiaire est de couleur brunâtre plus marquée. L’élimina- permet, dès la rectification des cavités d’accès, de résoudre
tion à la fraise boule acier sur contre-angle ou diamantée sur de nombreuses situations endodontiques défavorables.

461

6684_.indb 461 10/08/12 12:05


21 Endodontie

b - Préparation coronaire 4 - Enregistrement des données (aspect médico-légal


La dépose des éléments de reconstruction coronaires, tels et communication)
que faux moignons scellés ou foulés, réalisée sous aide
visuelle permet de limiter le délabrement des surfaces den- Important ! Le microscope opératoire peut être un atout
taires résiduelles. L’action de la fraise qui détoure le métal exceptionnel pour la pratique quotidienne quand il s’agit de
documenter un cas clinique. L’adjonction d’un diviseur
scellé ou qui élimine la reconstitution foulée sera contrôlée
optique et d’un adaptateur permet la connection d’un
afin qu’elle ne travaille qu’aux dépens du matériau à éliminer. appareil photographique numérique sur un côté du micros-
Lors de la dépose d’un faux moignon, la pointe de la fraise cope et/ou d’une caméra vidéo de l’autre côté.
transmétal sera positionnée sur le ciment de scellement et le
détourage se limitera à l’élimination du métal. Lors de l’élimi-
nation de tenons vissés type Screw-Post®, la différenciation L’association de ces accessoires permet de garder une trace
d’avec le matériau qui le retient aux parois dentinaires per- des procédures. La documentation sera utilisée à des fins
mettra à l’opérateur de le dégager plus facilement sans risque médico-légales, pour les assurances, la communication avec
de le fracturer à l’entrée canalaire. le patient, mais également avec le personnel ou les chirur-
giens-dentistes référents ou encore lors de conférences (Tan,
c - Réaménagement du plancher pulpaire. 2007). Les appareils de photographie numériques offrent un
Les aides visuelles permettent d’améliorer le nettoyage du nombre de mégapixels, une qualité de la couleur et une net-
plancher pulpaire, afin de le débarrasser des débris de pâte, de teté des images ainsi qu’un nombre d’options de traitement
ciment et de gutta-percha, et la relocalisation des entrées de l’image suffisants pour fournir facilement de bonnes
canalaires. Le nettoyage du plancher pulpaire à l’aide de fraises images. Le coût et le poids des caméras ayant sensiblement
boules acier ou d’inserts ultrasonores « boule diamantée » diminué au cours des dernières années, de nombreux utilisa-
permet, sous aide visuelle, de retrouver le plancher originel de teurs de microscope opératoire ont opté pour elles au lieu
la dent à retraiter sans risquer de créer une perforation. Cette de l’appareil photo, privilégiant la retransmission directe sur
opération se fera sans irrigation et de préférence sous air pulsé. un écran grâce à l’incorporation de plus en plus fréquente
Les rinçages successifs des débris éliminés à l’aide de solutions d’une caméra dans le corps du microscope en remplacement
d’hypochlorite de sodium révéleront, tout au long de cette d’un diviseur optique. Le microscope, utilisé comme une
préparation, les teintes dentinaires initiales par élimination des caméra intra-orale, permet une co-observation, mais il per-
pigments résiduels de pâte d’obturation. met également aux membres du personnel d’observer le trai-
tement et de s’impliquer lors des procédures opératoires. Les
d - Accès canalaire patients sont informés sur leur état buccal, et cela est très
utile au cours de la consultation comme pour les examens
Dès que le plancher canalaire est débarrassé des résidus pul-
complémentaires ou expertises. Le stockage de ces images
paires, voire des pulpolithes, ou bien des résidus du traitement
sur des cartes mémoire, sur des disques durs ou sur des DVD
endodontique précédent, les entrées canalaires peuvent être
a transformé l’archivage des cas cliniques.
facilement localisées par la lecture des couleurs dentinaires
lors des traitements initiaux ou bien par le repérage des maté-
riaux d’obturation lors des retraitements endodontiques.
V - Ergonomie et aides visuelles
e - Désinsertion de fragments d’instruments fracturés
Lors des tentatives de retrait des débris instrumentaux, l’uti- A - Santé au travail
lisation d’aide visuelle de fort grossissement et plus particu-
lièrement du microscope opératoire est indispensable. La Les chirurgiens-dentistes souffrent du dos et du cou et ces
dépose instrumentale de ces débris, surtout retrouvés dans douleurs sont attribuées, dans de nombreux cas, à leur posi-
des canaux radiculaires à courbure prononcée ou lumière tion de travail (Rucker et Sunell, 2002). L’utilisation des aides
réduite, ne peut être réalisée, en toute sécurité, qu’avec l’ap- visuelles contribue à diminuer ce risque de douleurs neuro-
plication d’une instrumentation spécifique, ultrasonore dans musculaires. Cependant, s’il semble que, bien choisis et ajus-
la majorité des cas, et selon des procédures qui diffèrent en tés, les systèmes de grossissement peuvent effectivement
fonction du type instrumental à éliminer et de sa position diminuer les pathologies neuro-musculaires, ils peuvent éga-
intracanalaire (voir chapitre 13). lement, en cas de mauvaise utilisation, augmenter les risques
lors des situations suivantes : torsion dorsale, angulation des
épaules, coude levé en cours de traitement, lumière du scia-
3 - Autres applications lytique éloignée de la ligne de visibilité du praticien, champ
La prise en charge des perforations, le traitement endo- opératoire rapproché du visage, augmentation des positions
dontique des dents à apex ouvert ou encore la chirurgie entre 7 h et 8 h 30 ou entre 3 h 30 et 5 h 00, utilisation accrue
endodontique sont autant indications de l’utilisation du des instruments ultrasonores. Il est alors important que le
microscope opératoire. Les procédures cliniques sont détail- praticien détermine son environnement et sa position ergo-
lées dans les chapitres correspondants de cet ouvrage nomique idéale, avant de faire son choix vers un système

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Aides visuelles en endodontie 21
d’aide visuelle. Il y a très souvent une adéquation entre posi- la vision de près, ce qui engendre fatigue ophtalmique, même
tion de travail idéal et acuité visuelle, le praticien non équipé si elles diminuent l’accommodation visuelle. La mise au point
d’aide visuelle ayant tendance à se rapprocher de son champ se fera par la focale du dispositif qui implique la convergence
de travail. L’aide visuelle, en éloignant l’opérateur de l’objet, des champs visuels liée à l’accommodation et par l’inclinai-
permet de redresser la posture et d’optimiser la position de son de la tête au niveau des vertèbres cervicales.
travail (Sunell et Rucker, 2003 et 2004) Le positionnement de Les loupes seront adaptées à la vision de prêt de chaque
la lumière est aussi un facteur d’ergonomie important et de individu. Cette vision varie au cours de l’âge et l’opérateur
nombreux opérateurs oublient que, lors de l'utilisation de devra régulièrement changer de loupes afin de les adapter à
loupes, le champ lumineux ne doit pas s’écarter de plus de 15° ses modifications de vision de près au cours du temps (pres-
de leur champ optique. bytie), sauf s’il porte des lunettes adaptées à sa vue sous le
dispositif de loupe.
Important ! C’est pourquoi l’adjonction d’une source lumi- Il faut s’assurer que la lumière adjointe aux loupes soit confo-
neuse sur les aides optiques est souvent primordiale, non cale à la vision, faute de quoi cela engendrerait des zones
seulement pour augmenter l’éclairage mais également pour d’ombre sur l’objet observé.
obtenir une confluence des champs optique et lumineux.
2 - Microscope
Le microscope opératoire permet de grossir une image objet
Quand un clinicien choisit un système de grossissement observée de loin. La fatigue ophtalmique ne se fera pas sentir
(loupe ou microscope opératoire), il est important non seu- pendant toute la durée de l’observation. L’acuité visuelle est,
lement de sélectionner le grossissement désiré mais égale- bien entendu, augmentée, mais l’accommodation est nulle
ment de déterminer que la distance de travail, la profondeur car les oculaires permettent une vision parallèle sans conver-
de champ et l’angle de déclinaison optique du système gence. Elle est comparable à celle obtenue avec une paire de
choisi correspondent aux besoins de l’appareil locomoteur jumelles.
du clinicien. Plus le grossissement augmente et plus le Les modifications de dioptrie liée à l’âge n’entrent pas en jeu
champ de vision diminue ainsi que la profondeur de champ lors de l’utilisation du microscope. Soit l’opérateur porte ses
et la lumière disponible. Le choix des endodontistes se por- lunettes, soit les dioptries sont réglées sur les viseurs des
tera sur des grossissements élevés, permettant d’améliorer oculaires.
la précision des procédures opératoires. L’évaluation de Les diamètres des objectifs du microscope sont suffisam-
l’angle de déclinaison optimale est enfin prépondérante ment grands pour que la profondeur de champ soit impor-
dans la détermination de la posture de travail (Rucker et al., tante sur de faibles grossissements, ce qui permet d’obtenir
2009). Elle se calcule individuellement et, pour les loupes, une image nette sur quelques millimètres sans avoir à modi-
par la sensation de liberté de posture entre les positions fier la distance opératoire. Seuls les forts grossissements
extrêmes de réglage et l’abaissement de la nuque lors du (supérieurs à × 10) diminuent cette profondeur de champ. Les
travail en bouche. Les adaptations aux systèmes de grossis- microscopes munis de variation de focale permettent de pal-
sement sont difficiles pour certains et imposent des lier cet inconvénient en modifiant la mise au point sans chan-
mesures transitoires. Le poids des lunettes peut être sur- ger de position opératoire.
monté par l’utilisation contraignante de supports, tandis La lumière est axiale au champ de vision et, ainsi, aucune
que les sources lumineuses intégrées imposent des fibres ombre portée n’est engendrée.
optiques qui devront être maîtrisées lors des mouvements
de la tête. Cependant, l’avènement des LED semble à l’ave-
3 - Incidences comparées des systèmes grossissants
nir résoudre ces inconvénients.
sur la posture
L’habitude du grossissement implique deux notions : la pre-
mière est l’intégration du grossissement à proprement par- Les loupes binoculaires redressent la posture de l’opérateur.
ler qui, pour certains, passe par des sensations de vertiges Elles sont adaptables à sa morphologie et imposent des dis-
et de nausées lors des premières utilisations. La seconde tances de travail de 30 à 40 cm. L’opérateur aura une vision du
concerne l’intégration du passage de l’instrument d’un champ opératoire directe avec réglages de la mise au point
champ non amplifié à un champ amplifié. Les sources lumi- par inclinaison de la nuque.
neuses adjointes, sur le microscope opératoire, comme sur Les microscopes opératoires imposent une posture droite de
les loupes, facilitent cette transition par la vision de l’ins- l’opérateur qui regarde à l’infini, nuque redressée. Il adapte la
trument dans le halo de lumière. position de son microscope en fonction de sa morphologie.
Sa distance de travail est également imposée par le choix de
la focale de son objectif. Il peut cependant opter pour des
B - Ergonomie et outils d’aide visuelle microscopes dont la focale de l’objectif est variable et la
modifier en fonction de son type d’activité (fig. 21.18 et 21.19).
1 - Loupes Quel que soit le système optique, le choix de la focale adap-
Les loupes ont pour caractéristique principale de grossir tée aux données individuelles de l’opérateur est primordial
l’image optique observée de près. Elles mettent donc en jeu pour une ergonomie optimale.

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21 Endodontie

En premier lieu, la distance interoculaire doit être définie.


Cette distance, qui sépare les centres oculaires, se règle par un
écartement manuel ou à l’aide d’une molette. La vision binocu-
laire doit être telle que la confusion des champs optiques droit
et gauche permet de ne voir qu’un champ unique. En second
lieu, la dioptrie œil par œil doit être réglée. Elle peut être
déterminée par l’ophtalmologiste ou calculée de telle sorte
que, pour une longueur de travail donnée, chaque œil, indé-
pendamment, voie nettement l’objet observé dans le viseur.

Depuis l’introduction des aides visuelles en odontologie,


chaque praticien a dû étudier et définir ses propres posi-
tions opératoires (Kinomoto et al., 2004).

La distance de travail est déterminée par l’opérateur afin que


Figure 21.18 Positions opératoires comparées sous loupes et celui-ci se trouve en position de confort. Le patient doit être
microscope opératoire. confortablement installé en position de repos de telle sorte
que les muscles de sa tête et de son cou soient relâchés.
L’idéal serait de pouvoir obtenir un plan d’occlusion parallèle
au sol pour les actes à la mandibule et perpendiculaire pour
les actes au maxillaire. Cependant, toute position inconfor-
table entraîne à moyen terme une tentative de décontrac-
tion de la part du patient qui déstabilise la position opératoire
initiale. Un oreiller en gel peut encore être avantageusement
situé sous le cou du patient afin d’augmenter son confort.

2 - Réglages spécifiques du microscope opératoire.


Avant l’intervention, il est important de privilégier le maintien
du microscope en une position opératoire unique. Cela permet
un accès visuel le plus efficace possible. La position finale du
microscope peut être fixée différemment selon le type du
microscope. Pour la plupart des microscopes, les réglages sont
obtenus par des vis qui ralentissent les mouvements de chacun
des axes pris un à un. Certains microscopes sont équipés d’un
système qui permet un recentrage manuel du centre de gravité
du microscope. Dès lors que l’équilibre est obtenu, le système
est verrouillé par une seule vis de serrage. D’autres sont munis
d’un système électromagnétique d’immobilisation qui peut
être libéré par simple pression sur un bouton, le temps de défi-
Figure 21.19 Position idéale sous microscope opératoire.
nir une nouvelle position opératoire. L’équilibrage fin du micros-
cope est d’autant plus indispensable qu’on lui ajoute des
C - Ergonomie et mode d’emploi éléments comme un appareil photo ou un oculaire annexe. En
des aides visuelles effet, le poids de ceux-ci nécessite une répartition des charges
par un réglage particulier des axes de rotation des bras afin de
1 - Mise en œuvre des aides visuelles ne pas les fausser et, par là même, rendre plus difficile les mou-
vements du microscope dans les trois dimensions de l’espace.
L’apprentissage de la microchirurgie doit développer une
coordination spécifique des mains, des yeux et de l’esprit. La
microchirurgie, différente de la macrochirurgie, est régie par
un champ visuel limité dans lequel seule l’extrémité tra- D - Ergonomie et matériel spécifique
vaillante des instruments est visible. aux aides visuelles
Important ! Lors de la prise en main d’un appareil d’aide Le travail sous aide visuelle impose non seulement des
visuelle, loupe ou microscope opératoire, différents positions opératoires particulières mais également l’utili-
réglages sont indispensables avant de pouvoir réaliser un sation d’instruments spécifiques réservés à chaque type
acte opératoire (Friedman et Landesman, 1998). d’utilisation des aides de grossissement.

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Aides visuelles en endodontie 21
Les instruments dont nous disposons en endodontie sont, s’avèrent d’une grande utilité pour l’élimination d’instruments
pour la plupart, détournés d’instruments déjà mis au point fracturés. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les
pour d’autres domaines. L’utilisation d’une instrumentation ultrasons sont utilisés par petites touches à puissance modé-
en endodontie sous microscope doit respecter deux impéra- rée et, surtout, sous aide optique à fort grossissement.
tifs : d’une part une dimension de la partie travaillante de
l’instrument en adéquation avec les valeurs de grossissement,
d’autre part une utilisation telle qu’elle ne doit pas interférer Important ! L’utilisation des ultrasons sous aide optique
avec le champ de vision. Il faut donc disposer de supports augmente la précision de l’opérateur et réduit les risques de
perforation iatrogène ou la création de butées (Clark, 2004).
dont la taille est la plus réduite possible et, de préférence,
qui permettent un dégagement à 60° sur le champ.
Les inserts ultrasonores existent en différents longueurs, dia-
1 - Miroir
mètres, angulations et formes, avec ou sans irrigation (Endo-
Les odontologistes travaillent confortablement en vision success® Acteon®, StartX® Dentsply®, Système EndoPlus EMS®).
indirecte. Néanmoins, la vision directe est préférable chaque Pour Ruddle (1997), l’utilisation de l’irrigation associée aux
fois que possible, même si elle se limite à 20 ou 30 % de leur ultrasons lors des procédures non chirurgicales était contre-
exercice. Le miroir ne doit pas déformer l’image reçue et indiquée pour les raisons suivantes : diminution des perfor-
grossie. Il doit présenter la surface réfléchissante devant le mances ultrasonores, fragilisation des pointes instrumentales
verre par une couche de rhodium réalisée par évaporation des inserts, réduction de visibilité par création d’aérosol de
sous vide (miroir « front de surface »). Sa taille peut être stan- poussière ou de boues augmentant les risques de perforation.
dard (n° 5) ou réduite. Pour les chirurgies endodontiques, des Cependant, l’absence d’irrigant associé aux ultrasons augmente
micromiroirs de toutes tailles et formes sont proposés. les risques d’oblitération des entrées canalaires par les pous-
sières dentinaires et de brûlure de la dentine. L’alternance
2 - Fraises d’utilisation des inserts avec et sans spray est indispensable
D’une manière générale, seule une instrumentation à long col lors de l’utilisation des ultrasons. Dorénavant, ces derniers
peut être utilisée. L’utilisation des fraises sous spray d’eau peuvent être couplés à une source d’air pulsée. Cependant, en
impose un travail efficace à 4 mains, sauf si le spray d’eau est l’absence de ces générateurs relativement récents (PMax XS®,
coupé, lors de l’utilisation de fraises en acier ou diamantées Satelec) une aide opératoire qui visualise le travail de l’opéra-
montées sur contre-angle. Dans ce cas, un spray d’air est teur par la retransmission vidéo peut nettoyer le champ opé-
indispensable. Parmi les fraises utiles, la fraise LN® (Dentsply ratoire avec des Micro-Tips (Ultradent) montés sur la seringue
Maillefer) avec son extrémité travaillante extrêmement fine à air ou une micro-seringue à air (Stropko™ Irrigator, KaVo
et, surtout, le diamètre réduit de son fût, est d’une grande FINEAir) au fur et à mesure du travail du praticien. Dans ce cas,
efficacité. De même le kit de fraises Endoguide® de SS White® une seringue à débit d’air contrôlé est indispensable.
répond parfaitement aux impératifs du travail sous aide
optique. L’utilisation de fraises diamantées sur turbine pré- 5 - Pinces et précelles
sente également un intérêt dans les petits diamètres en lais- Seule la préhension des instruments endodontiques par une
sant moins de traces dentinaires à l’origine de confusion avec instrumentation spécifique éloignée du champ visuel permet
la lecture des appositions concentriques de dentine secon- de ne pas occulter la vision. Les instruments canalaires à uti-
daire intracanalaire. lisation manuelle et, en premier lieu, les limes endodontiques
manuelles en 21 mm de longueur sont difficiles à manier sous
3 - Sondes microscope car le champ visuel est trop souvent caché par
Les traditionnelles sondes DG 16 ou 17 présentant bien sou- les doigts de l’opérateur. L’utilisation de pinces ou de pré-
vent une pointe épaisse, des microsondes issues du matériel celles est possible. Cependant, la mise au point de porte-
ophtalmologique ou encore les Micro-Opener®, limes ou limes prend de l’ampleur. Les Micro-Openers® (Dentsply
racleurs, de diamètre 10/100, 15/100 ou 20/100, montés sur Maillefer), limes montées sur manche, bien que fragiles de la
un manche sont préférables d’utilisation. pointe, sont très efficaces. Les Micro-Debrider® (Dentsply
Maillefer), travaillant en traction, ne peuvent être préconisés
4 - Ultrasons que pour extirper une partie du paquet vasculo-nerveux par
L’instrumentation ultrasonore est probablement la plus adap- un appui pariétal ou bien pour éliminer manuellement des
tée à ce jour pour le travail sous aide visuelle (Plotino et al., résidus d’anciennes obturations canalaires.
2007). Elle répond aux critères de dégagement du champ
opératoire comme de réduction de la taille de la partie tra- 6 - Aspiration
vaillante. Dans les parties hautes du canal, des limes striées ou Des micro-canules montées sur des systèmes d’aspiration
diamantées sont préférées aux limes lisses. L’instrumentation chirurgicale permettent également de maîtriser les fluides
diamantée, de plus gros diamètre, sera cependant réservée au sous aide optique, aussi bien lors des traitements ortho-
travail des isthmes ou du nettoyage canalaire plutôt que du grades que lors des chirurgies endodontiques apicales
cathétérisme. Enfin, certaines limes ultrasonores précoudées (Capillary Tips, Surgi-Tips, Ultradent™).

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21 Endodontie

E - Positions de travail sous microscope


opératoire y
zoom/focus
Les techniques de travail imposent généralement une visuali-
sation en vision indirecte. Le miroir permet à tout moment x
de régler la focale et de modifier l’angle de vision sans dépla-
cer le microscope opératoire ni le patient. Il peut être posi-
tionné à distance des dents observées, voire même en dehors
de la cavité buccale.
Selon Perrin et al. (2000), la mise en place du patient sous
microscope opératoire doit se dérouler de la manière suivante :
- le patient est installé dans une position horizontale fixée à
l’avance, le dossier du fauteuil se trouvant juste au-dessus

© Perrin, 2000.
des genoux du praticien (fig. 21.20) ;
- le patient est informé qu’il devra le cas échéant légèrement
incliner la tête en fonction des besoins du traitement ;
- le microscope opératoire est amené en position telle que le
praticien puisse adopter une position confortable, dos droit Figure 21.22 Mise en position du fauteuil.
(fig. 21.21) ;
- la hauteur du fauteuil et la position de la tête sont modi-
fiées de façon à ce que la zone souhaitée se définisse avec
précision (fig. 21.22) ;
- l’unit est amené dans une position accessible à l’aveugle,
sans détournement du regard du praticien (fig. 21.23) ;
© Perrin, 2000.

Figure 21.20 Mise en position du patient. © Perrin, 2000.

Figure 21.23 Mise en position de l’unit.

- lorsque le praticien est équipé d’accoudoirs réglables indivi-


duellement, il peut facilement déposer l’instrument « à
l’aveugle » sur l’unit en exécutant une rotation de l’avant-
bras, le coude restant fermement en appui sur l’accoudoir ;
- la mise au point au cours du traitement sera réalisée par de
subtils changements de la distance du miroir ; si nécessaire,
une petite pression par le genou relève légèrement le dos-
sier du fauteuil (fig. 21.24).
© Perrin, 2000.

L’assistante opératoire peut aider le praticien à diriger de


façon précise les instruments situés en dehors de son champ
visuel. Elle amène la main du praticien ou l’instrument qu’elle
lui présente dans la zone souhaitée sous le faisceau de
Figure 21.21 Mise en position du praticien. lumière (fig. 21.25).

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Aides visuelles en endodontie 21

© Perrin, 2000.
Figure 21.26 Microscope faisant fonction de scialytique.

© Perrin, 2000. F - Microchirurgie endodontique


et aides opératoires
Une microchirurgie endodontique apicale idéale devrait être
Figure 21.24 Ajustement de la mise au point au genou.
réalisée avec deux assistantes. La première est principale-
ment responsable de l’aspiration et de l’élimination de la
buée et des microgouttelettes sur le miroir. Elle est assise et
peut assister en vision microscopique binoculaire par l’inter-
médiaire d’oculaires annexés ou sur un écran de rappel vidéo
dans le cas d’une utilisation de la caméra. La seconde assis-
tante tient le rôle de l’instrumentiste. Elle prépare les pro-
duits et passe les instruments. Elle est située près du
chirurgien qui tend la main afin de se faire passer l’instrumen-
tation nécessaire. Elle suit l’intervention uniquement en
vision directe ou sur la retransmission sur un écran vidéo.

G - Conclusion : microscope optique


ou loupes binoculaires ?
Les loupes binoculaires améliorent la précision visuelle
dans tous les domaines de la profession. Même si des
phases d’apprentissage sont nécessaires, elles ne modi-
© Perrin, 2000.

fient pas les techniques de travail.


Mais les modifications de l’angle de vision et de la mise au
point se font le plus souvent par adaptation de la position
de l’opérateur et, surtout, par l’inclinaison de la tête.
Figure 21.25 Instrumentation et faisceau de lumière.

Enfin, lorsque la source lumineuse devient indispensable, cet


équipement supplémentaire se fait au prix d’un encombre-
ment non négligeable.
Le microscope nécessite une phase d’apprentissage plus
La source de lumière intégrée dans le microscope opératoire longue et rigoureuse que les loupes. Elle concerne l’ergono-
doit être puissante et, de ce fait, elle risque d’éblouir. Le cône mie, mais également la maîtrise d’une nouvelle visualisation
de lumière devra donc être réglé de façon à rester centré sur des tissus observés et celle de la mise en œuvre d’une instru-
le champ opératoire. Cette source lumineuse peut aussi ser- mentation spécifique.
vir de scialytique lors d’examens ne nécessitant pas l’utilisa- À de faibles grossissements, le microscope correspond à des
tion du microscope opératoire. L’appareil est alors relevé sur lunettes-loupes à lumière intégrée. Pour de plus grandes
son axe vertical de telle sorte qu’il puisse être facilement valeurs de grossissement en endodontie, l’utilisation du
récupéré pour une utilisation rapide (fig. 21.26). microscope opératoire devient incontournable.

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21 Endodontie

VI - Conclusion VII - Remerciements


Les auteurs remercient le Dr Philippe Perrin pour son aide à la
Lorsque les aides optiques sont entrées dans l’arsenal tech-
préparation de ce manuscrit.
nique des spécialités chirurgicales (neurologie, chirurgie
orthopédique, ophtalmologie…) il y a quelques dizaines
d’années, nombre des chirurgiens ont dû s’adapter à de
nouvelles lectures des sites opératoires et à de nouveaux
protocoles chirurgicaux. Cependant, ces révolutions leur
ont permis de réaliser des interventions de plus en plus
efficaces au profit de la santé des patients. Gageons que
leur contribution permettra d’adapter encore le matériel et
les techniques à la chirurgie dentaire, que ce soit en endo-
dontie ou dans d’autres disciplines odontologiques, et ce
pour le bien du patient comme pour celui du praticien.

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22
Endodontie et traumatologie dentaire
C. BOURGUIGNON

doit pas se focaliser sur les apex dentaires uniquement mais


Un choc traumatique peut provoquer des dommages au
niveau de plusieurs tissus et structures dentaires et périra- sur la racine dans sa totalité ainsi que sur les tissus parodon-
diculaires. La gestion des traumatismes dentaires est donc taux et osseux voisins.
multifactorielle. La connaissance des modes de réparation
des différents tissus et de leurs interrelations a donc toute La bonne gestion de l’urgence traumatique influe sur le
son importance. pronostic de façon déterminante. Les séances de suivi
sont indispensables et le praticien doit s’attacher à faire
comprendre à son patient (et à ses parents) leur impor-
L’examen clinique et radiographique post-traumatique doit
tance capitale. En effet, les séquelles post-traumatiques
être complet et inclure, après l’anamnèse, l’examen des tissus peuvent être graves et se manifester à court, moyen et
mous et durs, de l’occlusion, les tests de sensibilité pulpaire, long termes (même au bout de 10 ans), certaines évoluant
les tests à la percussion, palpation et mobilité ainsi que la de façon fulgurante alors que d’autres évoluent de façon
prise de quatre radiographies minimum par dent traumatisée progressive.
(trois clichés péri-apicaux avec des angulations horizontales L’objectif « pilier » de l’approche thérapeutique pour les
distinctes et une incidence occlusale). La prise de ces radio- dents traumatisées est de gérer correctement (primum
graphies doit être standardisée de façon à ce qu’elles puissent non nocere) chacun des tissus concernés afin de réunir les
être comparées avec précision à celles des contrôles futurs. conditions propices qui favoriseront autant que possible
Les séances de suivi post-traumatique exigent, elles aussi, de la réparation ad integrum de l’ensemble de ces tissus.
la rigueur au niveau de l’examen clinique et radiographique.
Le diagnostic de toutes les lésions subies conditionnera la
gestion de l’urgence, le plan de traitement et le suivi. Ce cha-
pitre sera divisé en deux grandes parties : la première se I - Gestion de l’urgence traumatique
concentre sur la gestion de l’urgence traumatique et la
seconde sur la biologie pulpaire et les réactions de la pulpe
face aux traumatismes, sur les séquelles post-traumatiques, A - Fractures coronaires
ainsi que sur le suivi et la gestion endodontique de la dent
traumatisée. La plupart des fractures coronaires se produisent sur des
Les traumatismes dentaires sont souvent des traumatismes dents antérieures permanentes jeunes et dépourvues de
combinés entre six types de luxations et neuf types de frac- caries. Le pronostic est bon, à condition que les traite-
tures possibles, ce qui donne cinquante-quatre possibilités ments et le suivi adéquat soient institués.
de scénarios traumatiques différents. Mais le nombre de
scenari est en réalité plus élevé encore puisque l’approche
thérapeutique change selon le stade de l’évolution radicu- L’objectif est de tout mettre en œuvre pour préserver la vita-
laire (dent mature ou immature) et selon la denture (perma- lité pulpaire de ces dents.
nente ou lactéale). Toutes les possibilités ne pourront, bien Pour cela, il est indispensable de travailler dans des condi-
sûr, être approfondies dans le cadre de ce chapitre. Mais tions d’asepsie et en respectant les protocoles opératoires
l’objectif ici est de guider le praticien en lui donnant des de l’adhésion.
indications pratiques et des éléments de réflexion néces-
saires pour la prise de décision dans la gestion des trauma- Remarque : si le choc a provoqué de façon concomitante à
tismes, avec une emphase particulière sur les aspects la fracture coronaire une luxation (cf. infra), celle-ci aggrave
endodontiques. le cadre clinique et doit être gérée.
La pulpe joue un rôle essentiel dans les mécanismes de répa-
ration post-traumatiques. Néanmoins, la réparation pulpaire
ne peut être dissociée de la réparation parodontale, l’une Toute dent fracturée, quel que soit le type de fracture, doit
dépendant de l’autre. Le praticien devra donc surveiller la être surveillée dans le temps. Pour plus de détails, consulter
réparation de ces deux entités et les prendre en compte lors la section « Diagnostic de l’état de santé pulpaire de la dent
des choix thérapeutiques. En traumatologie, l’attention ne traumatisée » de ce chapitre.

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22 Endodontie

1 - Fractures coronaires sans exposition pulpaire blastique sont plus sujettes aux agressions et aux variables liées
à la préparation cavitaire et à la technique de restauration
a - Fêlures (About et al., 2001). L’hydroxyde de calcium, même dans les
Les fêlures sont des fractures incomplètes ou des craque- cavités profondes, a permis un bon taux de survie des odonto-
lures de l’émail sans perte de structure dentaire. blastes et s’est mieux comporté que les autres matériaux étu-
Aucun traitement n’est nécessaire, mais la pose de sealants diés (About et al., 2001). Il semble donc utile de placer une
sur le trait de fracture peut s’avérer bénéfique pour prévenir couche protectrice d’hydroxyde de calcium sur les parties les
la pénétration de bactéries et les risques de dyschromie plus profondes de la dentine préalablement à la restauration.
d’origine exogène.
L’état de santé pulpaire doit être surveillé pendant au moins 2 - Fractures coronaires avec exposition pulpaire
1 an.
Ce sont des fractures coronaires avec perte de structure
b - Fractures amélaires et amélo-dentinaires dentaire intéressant l’émail, la dentine et la pulpe. L’objec-
Ce sont des fractures de l’émail ou de l’émail et de la dentine, tif du traitement des fractures coronaires avec exposition
avec perte de structure coronaire, sans exposition pulpaire pulpaire est de préserver la vitalité pulpaire, surtout sur
(fig. 22.1). les dents immatures, afin de permettre la radiculogenèse.
Les thérapeutiques comprennent le coiffage pulpaire, la
pulpotomie partielle et la pulpotomie totale. Quelque-
Important ! L’objectif premier du traitement est de proté- fois, la pulpectomie sera nécessaire si ces objectifs ne
ger la dentine et la pulpe contre la pénétration bactérienne.
peuvent être atteints.
Le deuxième objectif est d’offrir au patient plus de confort
en rendant la dent moins sensible à l’air et à la température.
Le scellement des tubuli dentinaires exposés est donc utile.
Le traitement est choisi en fonction :
- du stade de développement radiculaire ;
Si le morceau de dent fracturé n’a pu être retrouvé, ou s’il - du temps écoulé entre le traumatisme et le traitement ;
s’avère impossible de le recoller, ou encore si le temps - des traumatismes concomitants au niveau des structures de
manque pour qu’une reconstitution complète en composite soutien qui peuvent affecter négativement le pronostic ;
soit réalisée le jour même, il convient de placer une protec- - des options restauratrices.
tion temporaire (verre ionomère ou adhésif) pour recouvrir
toute la dentine exposée. a - Coiffage pulpaire direct
L’épaisseur de dentine résiduelle en regard de la pulpe doit être Ce traitement consiste à placer un matériau de coiffage en
prise en compte. Si l’épaisseur de dentine résiduelle est supé- contact direct avec la pulpe exposée, sans amputation pul-
rieure à 0,5 mm, la dent peut être restaurée avec le matériau paire préalable.
choisi par le dentiste (ciment verre ionomère modifié, résine La technique opératoire est décrite dans la section suivante, car
adhésive, ciment de polycarboxylate, hydroxyde de calcium et la seule différence entre les deux traitements est l’absence de
oxyde de zinc et eugénol) sans que cela semble provoquer la l’étape d’amputation pulpaire pour le coiffage pulpaire direct.
diminution du nombre d’odontoblastes sous-jacents (About
et al., 2001). A contrario, dans le cas où l’épaisseur de dentine b - Pulpotomie partielle (pulpotomie de Cvek)
résiduelle est inférieure à 0,5 mm, la pulpe et la couche odonto-
La pulpotomie partielle consiste en l’amputation de la partie
enflammée de la pulpe coronaire, de sorte que le matériau
de coiffage puisse ensuite être placé au contact de pulpe
saine (fig. 22.2).
La technique opératoire est la suivante :
- anesthésie ;
- pose du champ opératoire ;
- nettoyage et désinfection de la dent, de la plaie pulpaire
avec de l’hypochlorite de sodium et du champ opératoire
avec de la Bétadine® ;
- agrandissement du site d’exposition pulpaire en préparant une
cavité d’environ 2 mm de profondeur dans la chambre camé-
rale avec une fraise boule diamantée stérile et irrigation stérile
abondante (l’utilisation de fraises boules à basse vitesse ou
d’excavateurs dentinaires est à éviter car cela risque d’entraî-
ner des déchirures pulpaires plutôt qu’une section nette).
Si le saignement est abondant et persistant, la pulpe sera ampu-
Figure 22.1 Fracture amélo-dentinaire sans exposition pulpaire tée plus profondément jusqu’à l’obtention d’une hémostase
sur 11 et 21. Vue clinique. normale. L’hémostase d’une pulpe normale se fait au bout de

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
ment coronaire a été récupéré, il sera aussi mordancé et
collé. Il peut être intéressant de terminer le protocole de
collage en réalisant un biseau au niveau périphérique du trait
de fracture et en effectuant de nouveaux mordançage et col-
lage. Ce procédé semble augmenter l’étanchéité et la résis-
tance au décollage (Chazine et al., 2011).
Si le fragment coronaire ne peut être recollé, une reconstitu-
tion en composite la plus étanche (et la plus cosmétique)
possible doit être réalisée.
En remplacement de l’hydroxyde de calcium, le MTA® peut être
utilisé comme matériau de coiffage pulpaire après pulpotomie
partielle. Après hémostase et coiffage au MTA®, une boulette
a de coton humide bien essorée doit être placée dans la cavité
et recouverte d’un pansement temporaire afin de permettre au
MTA® d’achever sa prise. La dent sera restaurée lors d’une
séance ultérieure.

c - Pulpotomie totale (pulpotomie cervicale)


Cette pulpotomie consiste en l’amputation complète de la
pulpe coronaire, jusqu’au niveau cervical.
Ce type de pulpotomie est indiqué quand le praticien pense
que l’inflammation pulpaire s’étendra au-delà de la pulpe
coronaire, typiquement dans les cas où l’exposition pulpaire
traumatique date de plus de 72 heures. Le niveau d’amputa-
tion demeure arbitraire, puisque l’inflammation peut s’être
étendue plus profondément vers la pulpe radiculaire rendant
b c
le pronostic du coiffage moins bon.

Figure 22.2 a. Fracture amélo-dentinaire avec exposition pulpaire Pour cette raison, la pulpotomie totale est contre-indi-
de 21. b. Radiographie de diagnostic. La dent 21 est immature, le quée pour les dents matures (il est alors préférable d’opter
canal large et l’apex ouvert. c. Contrôle à 9 ans postopératoires pour la pulpectomie dont le taux de succès et plus élevé),
après pulpotomie de Cvek. L’édification radiculaire et la ferme- mais doit être tentée dans les cas de dents immatures avec
ture apicale ont pu se faire. apex ouvert et parois dentaires fines.

5 minutes environ. L’excès de sang est éliminé en rinçant délica-


Le protocole opératoire est sensiblement le même que pour
tement avec du sérum physiologique stérile ou avec de l’hypo-
la pulpotomie partielle, mais l’amputation pulpaire est réali-
chlorite de sodium à 5 %.
sée plus profondément, au niveau de la pulpe cervicale.
Important ! L’hypochlorite de sodium a pour avantage de
Remarque : malheureusement avec cette technique, du fait
permettre d’éliminer chimiquement le caillot sanguin, les
de l’amputation totale de la pulpe coronaire, les tests de
cellules pulpaires endommagées ainsi que les copeaux den-
sensibilité pulpaire ne peuvent être réalisés lors des
tinaires et les débris et de favoriser le contrôle de l’hémor-
contrôles ultérieurs. La prise de radiographies devient donc
ragie en ne causant que des dommages a minima à la pulpe
essentielle en vue de surveiller le développement radicu-
« normale » sous-jacente (Cox et al., 2001).
laire de la dent immature et de détecter la survenue éven-
tuelle de parodontite apicale.
La plaie est ensuite séchée avec de gros cônes de papier sté-
riles utilisés à l’envers ou avec des boulettes de coton sté-
riles. La formation d’un caillot sanguin doit être évitée car d - Pulpectomie
celui-ci compromet le pronostic (Cvek, 1978 ; Schröder, 1973). Elle est indiquée dans les cas de fracture coronaire compli-
De l’hydroxyde de calcium, mélangé en pâte consistante avec quée (avec exposition pulpaire) de dents matures où les
du sérum physiologique stérile ou avec de l’anesthésique, est conditions ne sont pas réunies pour que la pulpe puisse être
alors déposé en couche mince sur la pulpe, délicatement et conservée vivante, par exemple si l’exposition pulpaire est
sans appliquer de pression. La cavité est alors obturée avec ancienne (de plus de 1 semaine), si la restauration de la dent
un matériau le plus étanche possible contre les bactéries exige une rétention intracanalaire ou encore, si la dent est
(ciment à base d’oxyde de zinc et eugénol du type IRM® ou destinée à devenir un pilier de prothèse.
verre ionomère) jusqu’au niveau du trait de fracture. Puis le La technique opératoire est la même que pour un traitement
matériau et la dentine exposée sont mordancés. Si le frag- endodontique de dent vitale non traumatisée.

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22 Endodontie

Il est rare que la pulpe d’un patient se présentant au cabinet


avec une fracture coronaire compliquée soit nécrosée. Tou-
tefois, cela peut se produire si le patient a attendu longtemps
avant de consulter ou si la dent a également subi une lésion
du type luxation lors du traumatisme.

e - Réactions pulpaires aux fractures coronaires


et à leur traitement. Pronostic
La réponse pulpaire aux fractures coronaires avec ou sans
exposition pulpaire est l’hémorragie et l’inflammation locali-
sée, suivie par la formation d’un tissu de granulation. Les bac-
téries peuvent pénétrer à l’intérieur des tubuli dentinaires et
peuvent être retrouvées sur la surface pulpaire. Il ne se produit
pas de vraie colonisation bactérienne si la pulpe est vivante.
En cas d’exposition pulpaire, pendant les premières 48 heures,
la réponse pulpaire initiale est proliférative et la profondeur
de l’inflammation ne dépasse pas les 2 mm de profondeur
(Cvek et al., 1982). Au bout de 48 heures, les risques de conta- a
mination bactérienne augmentent et la zone inflammatoire
s’étend en direction apicale. Au fur et à mesure que le temps
passe, la probabilité de maintenir la pulpe saine décroît (Cvek
et al., 1982) et la nécrose s’installe (fig. 22.3).
La littérature scientifique est riche et a déjà bien documenté le
fait que la pulpe exposée par traumatisme peut réagir en for-
mant une barrière calcifiée quand un matériau non seulement
biocompatible mais aussi le plus étanche possible contre les
bactéries est placé à son contact (fig. 22.4). La pulpe peut alors

Figure 22.4 Traitement d’une pulpe exposée par traumatisme.


Observer la barrière calcifiée qui s’est formée au contact du
matériau de protection pulpaire. a. Vue radiographique. b. Vue
clinique de la barrière minéralisée.

rester vivante et non enflammée (pour plus de détails sur la


formation de la barrière calcifiée, voir le chapitre 1).
Le suivi des dents fracturées est indispensable. Les tests de
vitalité pulpaire et les radiographies sont essentiels.

Essentiel : plus la prise en charge des fractures coronaires


est précoce, meilleur est le pronostic. Mais la technique
opératoire des « thérapies vitales » est complexe quand il y
a exposition pulpaire. De ce fait, en cas d’impossibilité pour
le praticien, il est préférable de retarder le traitement plu-
tôt que d’intervenir dans la précipitation en négligeant
l’asepsie, car le pronostic du traitement décroît fortement.

Figure 22.3 Vue histologique d’une exposition pulpaire de Le taux de succès pour le coiffage pulpaire direct semble
7 jours sur prémolaire de chien. Le tissu pulpaire superficiel est plus bas (80 %) (Fuks et al., 1987 ; Ravn et al., 1982) que la pul-
nécrosé. La zone sous-jacente est légèrement inflammatoire. potomie partielle (95 %) (Cvek, 1978). Il convient de noter ici
Bien que la pulpe ait été exposée au milieu buccal et aux bacté- que ces taux de succès se réfèrent à des pulpes exposées par
ries pendant une durée relativement longue, le tissu pulpaire
profond ne semble pas affecté. Néanmoins, au fur et à mesure
traumatisme. Le taux de succès des pulpes exposées par carie
que le temps passe, la nécrose pulpaire tend à avancer en direc- est nettement inférieur : 31,8 % pour le coiffage pulpaire
tion apicale si aucun traitement n’est réalisé. (D : dentine, PN : direct et 34,5 % pour la pulpotomie, au bout de 1 an (Bjørndal
pulpe nécrosée, PS : pulpe saine) (document du Dr A. Ritter) et al., 2010).

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
Le taux de succès relativement bas des coiffages pulpaires
directs peut être expliqué par le fait que la pulpe s’enflamme
rapidement après une exposition pulpaire et que, comme le
traitement est trop superficiel, le matériau de coiffage se
trouve en réalité au contact d’un tissu inflammatoire. De plus,
l’épaisseur trop fine du matériau de coiffage direct rend diffi-
cile l’obtention d’une restauration étanche par rapport à la
technique de pulpotomie partielle, où la cavité préparée peut
être obturée avec un matériau le plus étanche possible contre
les bactéries (ciment à base d’oxyde de zinc et eugénol du type
IRM® ou verre ionomère au-dessus de la couche d’hydroxyde
de calcium, ou alors MTA®) jusqu’au niveau du trait de fracture.
Au vu de cela, certains praticiens optent systématiquement
pour la pulpotomie partielle plutôt que pour le coiffage pul-
paire direct après une exposition pulpaire post-traumatique.

La technique de pulpotomie cervicale est plus aléatoire


du fait de la difficulté d’évaluer cliniquement à quelle
profondeur précisément doit être réalisée l’amputation
pour éliminer le tissu inflammatoire. Pour cette raison et
dans les cas de dents matures, il peut être préférable
d’opter pour la pulpectomie préventive afin d’éviter (en
cas d’échec de la pulpotomie cervicale) d’avoir à réaliser
plus tard le traitement endodontique d’une dent dont la
Figure 22.5 Fracture corono-radiculaire sans exposition pulpaire.
pulpe se serait nécrosée et infectée.

En effet, le taux de succès du traitement endodontique des


dents vitales ou non vitales sans radio-clarté apicale est
supérieur à 96 % et est donc nettement supérieur à celui de
dents non vitales et porteuses de radio-clarté apicale (d’envi-
ron 86 %) (Sjögren et al., 1990).

3 - Fractures corono-radiculaires

Remarque : ce type de fractures peut être extrêmement


complexe à gérer sur le plan parodontal et sur celui des
possibilités de restaurations.

Le traitement vise à permettre la pose d’une restauration la plus


hermétique possible. S’il semble possible de restaurer la dent
après gingivectomie ou après traction orthodontique ou chirur-
gicale, la fracture est gérée comme cela a été décrit plus haut
dans la section sur les fractures coronaires (fig. 22.5 à 22.7).

4 - Fractures radiculaires a b c
Les fractures radiculaires sont le plus souvent obliques ou Figure 22.6 Fracture corono-radiculaire avec exposition pul-
horizontales et sont finalement rarement rencontrées sur les paire sur une patiente de 11 ans. a. Radiographie de diagnostic
dents immatures dont la pulpe est vitale. Plus le trait de frac- 3 semaines après le traumatisme. Un pansement non étanche
ture est cervical, plus le fragment coronaire tend à se dépla- avait été placé en urgence. La dent semble mature. b. Une pul-
cer. Le fragment apical, quant à lui, est difficilement délogé potomie profonde est tentée, car la patiente est jeune et, clini-
et sa pulpe se nécrose rarement. quement, il semble exister du tissu pulpaire viable au niveau de
À l’examen clinique, la dent fracturée pourra se montrer la pulpe radiculaire. De l’hydroxyde de calcium est placé sur la
plaie pulpaire et la cavité est temporairement fermée avec de
mobile, ainsi que déplacée ou extrudée, simulant une luxa- l’IRM®. c. Contrôle à 8 semaines post-pulpotomie profonde.
tion de la dent en entier alors qu’en réalité, seul le fragment Observer qu’une barrière calcifiée s’est formée au niveau du tiers
coronaire est luxé. Si la fracture s’est produite au niveau du moyen de la racine et à l’interface entre l’hydroxyde de calcium
tiers apical de la racine, la mobilité de la dent est normale. et le tissu pulpaire viable.

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22 Endodontie

Dans un deuxième temps, une contention semi-rigide est


mise en place et laissée pendant 2 à 4 semaines (Andreasen
et al., 2004).
Après la période de contention, les séances de suivi, indispen-
sables, devront être réalisées à 3, 6 et 12 mois puis tous les ans.
La réparation des fractures radiculaires est influencée par :
a b c d
- le degré de déplacement du fragment coronaire. Plus il est
élevé et plus la mobilité est grande, moins le pronostic sera
Figure 22.7 Fracture corono-radiculaire avec exposition pulpaire. bon ;
Il ne s’agit pas ici d’une « vraie » fracture corono-radiculaire car la - l’immaturité des racines, qui se fracturent rarement, mais
racine n’est pas concernée ; le trait de fracture est néanmoins alors le pronostic est bon (Andreasen et al., 2004a et 2004b ;
sous-gingival. La prise en charge thérapeutique de cette dent Jacobsen 1976) ;
immature est donc complexe car similaire à celle d’une dent pré- - la qualité du traitement d’urgence, fondamentale pour favo-
sentant une vraie fracture corono-radiculaire. a. Radiographie
riser la réparation. Le pronostic s’améliore si ce traitement
préopératoire 4 mois après le traumatisme. La pulpe est infectée
et une radio-clarté péri-apicale est présente. b. Contrôle à se fait rapidement après le traumatisme, avec la réduction la
6 semaines après le début du traitement endodontique. Noter la plus proche possible entre les fragments et la pose d’une
formation d’une barrière calcifiée à l’interface entre la pulpe contention semi-rigide pendant 2 à 4 semaines (Andreasen
viable et le niveau où l’hydroxyde de calcium a pu être placé et al., 2004a et 2004b).
dans le canal. c. Contrôle à 1 an après début du traitement endo- La réparation des fractures radiculaires peut se faire de trois
dontique. La radio-clarté péri-apicale a disparu et un espace liga- façons :
mentaire normal entoure la racine. L’édification radiculaire s’est - réparation par interposition de tissu calcifié. Les fragments
poursuivie. d. Obturation canalaire réalisée 1 an après le début du
traitement endodontique. Une restauration la plus étanche pos- sont très proches, mais le trait de fracture reste identifiable
sible doit être réalisée, bien que le trait de fracture soit sous-gin- (fig. 22.8) ;
gival et qu’il faille tenir compte du jeune âge de la patiente. - réparation par interposition de tissu conjonctif. Les frag-
ments semblent séparés par une fine ligne radio-claire et les
angles fracturés s’arrondissent progressivement. Un nouvel
espace desmodontal peut se créer ;
Une fracture radiculaire peut passer inaperçue à la radio- - réparation par interposition de tissu osseux et conjonctif.
graphie. Pour éviter des erreurs de diagnostic, il est Radiographiquement, les deux fragments se retrouvent
conseillé de prendre au moins quatre clichés radiogra- séparés par un pont osseux et un ligament parodontal nor-
phiques : trois radiographies péri-apicales avec des inci- mal entoure les deux fragments.
dences horizontales différentes (45, 90 et 110°) et une Il peut y avoir aussi non-réparation, auquel cas il y a interpo-
radiographie occlusale. La prise des radiographies doit sition de tissu inflammatoire entre les fragments. Radiogra-
être standardisée de façon à pouvoir les comparer aux
phiquement, un écart entre les fragments est visible ainsi
futurs clichés de suivi.
qu’une radio-clarté associée au trait de fracture. Cela est dû

Dans un premier temps, le traitement des fractures radicu-


laires consiste à repositionner les fragments aussi près que
possible l’un de l’autre et à les réaligner. En effet, le fragment
coronaire peut être géré comme s’il s’agissait d’une dent
immature luxée. Quelquefois, les fragments ne peuvent être
complètement repositionnés, surtout si le laps de temps
entre le traumatisme et le traitement est trop long.
Des études montrent que les chances de réparation des
racines fracturées sont équivalentes pour les fractures des
tiers cervical, moyen et apical, à condition que le reposition- a b c d e
nement et la contention aient été correctement réalisés
(Zachrisson et Jacobsen, 1975). Pour plus de détails sur le Figure 22.8 Fracture radiculaire horizontale du tiers moyen. Dent
repositionnement de racines fracturées, se référer à la partie mature. a. Radiographie de diagnostic. b. Contrôle à 1 mois après
traitant des luxations dans ce chapitre. Toutefois, si la frac- le traumatisme. c. Contrôle à 9 mois après le traumatisme ; l’as-
ture radiculaire cervicale se situe coronairement ou au niveau pect de la zone fracturée change avec le temps. L’espace entre les
de la crête osseuse marginale et s’il y a communication entre fragments a augmenté. Une radio-clarté arrondie au niveau de la
périphérie canalaire des deux fragments s’installe. Ces remanie-
le trait de fracture et le milieu buccal, le pronostic est mau-
ments se produisent souvent. Ils sont transitoires et cessent spon-
vais. Il est alors indiqué d’extraire le fragment coronaire et tanément. Ils ne doivent pas être confondus avec une nécrose
d’envisager une élongation coronaire ou l’extrusion ortho- pulpaire et une résorption radiculaire. d. Contrôle à 3 ans après le
dontique de la racine en vue de réaliser une couronne. traumatisme. e. Contrôle à 5 ans après le traumatisme.

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
à la nécrose pulpaire et à la présence de bactéries dans le Quelquefois, la dent peut rester sans réponse aux tests pen-
fragment coronaire. Le traitement endodontique de ce frag- dant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Les contrôles
ment devra donc être instauré. Toutefois, il est extrêmement sont nécessaires, comme pour tout traumatisme dentaire, en
rare que la pulpe du fragment apical se nécrose ; elle tend vue de détecter précocement tout signe de complication et
plutôt à se calcifier. de nécrose pulpaire.
Selon Andreasen et al. (2004a et 2004b), le pronostic des Les étapes du traitement d’urgence des dents luxées et
fractures radiculaires se répartit comme suit : déplacées sont :
- nécrose pulpaire, de 20 à 40 % des cas (selon l’âge) ; - le repositionnement ;
- oblitération canalaire, de 69 à 73 % des cas ; - la contention ;
- résorption radiculaire, 60 % des cas. - les prescriptions et recommandations postopératoires ;
Parfois, des résorptions de surface (internes ou externes) qui - la prise d’un rendez-vous de suivi à 10 jours postopératoires ;
tendent à arrondir les angles de la surface radiculaire peuvent - l’établissement d’un calendrier de suivi après information
apparaître au niveau de la zone fracturée. Mais elles sont du patient de l’importance des suivis.
transitoires, réversibles et s’interrompent spontanément. Le cas particulier de la gestion de la dent expulsée (avulsée)
Aucun traitement n’est nécessaire. est décrit plus loin.
Les résorptions inflammatoires et l’ankylose sont rares.
a - Repositionnement et contention
5 - Réactions pulpaires aux fractures radiculaires Idéalement, les dents déplacées doivent être repositionnées
le plus rapidement possible. La contention doit être semi-
Remarque : la pulpe des dents fracturées peut soit survivre, flexible afin de permettre une certaine mobilité physiolo-
soit se nécroser. Il peut aussi y avoir revascularisation de gique de la dent. Elle ne doit pas léser la gencive ni les tissus
l’espace pulpaire à partir des tissus environnants ainsi que mous et doit autoriser une bonne hygiène (fig. 22.9).
calcification pulpaire (ou oblitération canalaire). Les dents extrudées peuvent être repositionnées digitalement.
Dans les cas de luxation latérale, l’apex dentaire peut avoir frac-
La pulpe du fragment coronaire est souvent plus affectée turé et/ou perforé la table osseuse et se trouver bloqué, ce qui
que le fragment apical par le traumatisme, surtout s’il y a eu rend le repositionnement plus difficile. Il faudra alors extruder
luxation du fragment coronaire. délicatement la dent pour ensuite la repositionner. Les nou-
velles recommandations de l’International Association of Den-
6 - Gestion de l’urgence traumatique : luxations dentaires tal Traumatology (IADT) préconisent la mise en place d’une
Il existe deux types de luxations : contention semi-rigide laissée en place pendant 2 semaines
• sans déplacement. Il s’agit de : dans les cas de dents extrudées et pendant 4 semaines dans les
- concussion, la dent n’est pas déplacée, la mobilité est nor- cas de dents luxées latéralement (Flores et al., 2001).
male, mais la dent est sensible à la percussion, Le fragment coronaire d’une dent présentant une fracture
- subluxation, la dent n’est pas déplacée, elle est sensible à radiculaire horizontale ou oblique (voir plus haut) et présen-
la percussion et elle est plus mobile que la normale ; tant un déplacement peut être géré comme une dent luxée.
• avec déplacement. Il s’agit : Le bon repositionnement des dents luxées doit toujours être
- de luxation latérale, la dent est déplacée en vestibulaire, vérifié radiographiquement.
en palatin, en distal ou en direction incisale,
- d’extrusion, la dent est déplacée en direction coronaire, Note : l’éruption spontanée des dents intruses peut deman-
- d’intrusion, la dent est déplacée en direction apicale à der 2 à 3 mois. Ainsi, selon certains auteurs, le traitement de
l’intérieur de l’alvéole osseux, choix est le repositionnement orthodontique, même s’il est
- d’avulsion (expulsion, luxation totale), la dent est complè- partiel, en 3 à 4 semaines.
tement expulsée de l’alvéole.
Les cinq premières formes de luxations citées ci-dessus
décrivent des traumatismes de magnitude croissante en
termes d’intensité et de risque de complications. Les avul-
sions présentent aussi des risques graves de complications,
même si elles peuvent se produire à la suite de chocs de
moindre intensité que pour les intrusions.
Les luxations constituent le type de traumatismes le plus
fréquent, leur incidence oscillant entre 30 et 44 % (Da Silva
et al., 2004). a b

Remarque : les dents ayant subi concussion et subluxation ne Figure 22.9 a. Luxation latérale et extrusion de la dent 21, lacéra-
requièrent pas de traitement d’urgence, mais le résultat des tions gingivales et labiales. b. Contention placée après le reposi-
tests de sensibilité pulpaire doit être soigneusement noté. tionnement de 21. Cette contention est adéquate car, semi-flexible,
elle n’empiète pas sur la gencive et autorise une bonne hygiène.

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22 Endodontie

Les dents permanentes intruses ont peu de chances de se Le pronostic des luxations (Andreasen et Vestergaard Peder-
repositionner spontanément, surtout si l’intrusion est sévère sen, 1985 ; Andreasen et al., 1987 ; Andreasen, 1989 ; Andersson
(> 6 mm) (Kenny et al., 2003) et si la dent est mature. De plus, et Malmgren, 1999) est le suivant :
les dents intruses tendent à s’ankyloser très rapidement, au - nécrose pulpaire, de 15 à 52 %. Le taux de nécrose est plus
bout de 11 à 13 jours quelquefois, même si la traction ortho- élevé pour les dents luxées et déplacées que pour les dents
dontique a débuté 5 à 7 jours après le traumatisme (Turley non déplacées ;
et al., 1984). La pulpe d’une dent mature se nécrose toujours - oblitération canalaire, de 3 à 35 %. Les dents à risque sont les
après une intrusion. Du fait que la pulpe nécrosée peut s’in- dents immatures déplacées et mobiles ;
fecter et entraîner une résorption inflammatoire en 2 à - résorptions radiculaires externes, de 1 à 18 %. Les dents
3 semaines, il est important que la dent intruse soit reposi- intruses sont les plus affectées.
tionnée, même partiellement, pour permettre à l’endodon-
tiste de préparer la cavité d’accès et de commencer le 7 - Gestion de l’urgence traumatique : avulsions dentaires
traitement endodontique dans ce délai. Pour les dents imma-
tures, il est préférable de laisser ces dents se remettre en Les avulsions constituent de 0,5 à 3 % des traumatismes de la
place spontanément si l’intrusion n’est pas trop sévère. Si, au denture permanente. Les incisives centrales maxillaires sont
bout de 2 semaines, l’éruption ne semble pas se faire, cer- les dents le plus fréquemment concernées. Les avulsions se
tains auteurs suggèrent de procéder à l’extrusion la dent produisent souvent chez les enfants vers l’âge de 7 à 9 ans, au
orthodontiquement avec des forces légères. Mais il convient moment où l’éruption des dents permanentes est en cours.
de noter que certaines publications récentes montrent que Les chutes, activités sportives et bagarres en sont l’étiologie
l’extrusion chirurgicale immédiate des dents intruses pré- principale.
sente de nombreux avantages par rapport à l’extrusion ortho- La réimplantation doit être faite le plus rapidement possible
dontique (Cunha et al., 2002 ; Ebeleseder et al., 2000). en respectant les étapes suivantes :
- préparation de la racine ;
b - Prescriptions et recommandations postopératoires - préparation de l’alvéole ;
- réimplantation et vérification radiographique du bon repo-
Important ! Le patient doit être informé que l’hygiène buc- sitionnement ;
cale associant un brossage doux et des bains de bouche - contention ;
antiseptiques est primordiale afin d’éviter l’accumulation
- prescriptions et recommandations postopératoires ;
de plaque au niveau de la gencive marginale, ce qui nuirait à
la réparation parodontale. Une alimentation molle sera - contrôle à 10 jours postopératoires ;
conseillée pendant 10 jours. - organisation du suivi en prévenant le patient de son importance.

c - Contrôle à 10 jours postopératoires a - Objectif du traitement d’urgence : préservation


du ligament parodontal et du cément
Ce rendez-vous a pour objectif de contrôler la réparation ini-
tiale des tissus mous et durs, d’évaluer si un traitement endo- Important ! La dent avulsée doit être réimplantée le plus
dontique devra être institué ou non et, éventuellement, de rapidement possible afin d’éviter le dessèchement et la
déposer la contention. mort des cellules recouvrant la surface radiculaire. Il a été
La décision d’entreprendre le traitement endodontique montré que la plupart des cellules desmodontales se
dépend essentiellement du stade d’évolution radiculaire. Si nécrosaient après 5 à 30 minutes d’exposition à l’air et que
la dent est immature (apex ouvert), il est préférable d’at- le taux d’échecs des réimplantations était directement lié à
la non-survie de ces cellules. Parmi les facteurs liés à l’éten-
tendre et de voir si la revascularisation se fait. Si la dent est
due et à la progression des résorptions, la durée du temps
mature (apex fermé) et si l’apex de la dent a été déplacé par extra-alvéolaire à l’air semble être le facteur le plus néfaste
le traumatisme, il y a de fortes chances que la pulpe se soit (Andreasen et al., 1995a) (fig. 22.10).
nécrosée et il est alors recommandé d’instaurer le traitement
endodontique 2 semaines environ après le traumatisme.
Les dents sévèrement intruses qui n’ont pas retrouvé leur posi- Si le patient téléphone avant de se rendre au cabinet, le pra-
tion originale suffisamment tôt, spontanément ou par reposi- ticien devra immédiatement lui conseiller de rincer et de
tionnement, posent un problème d’un point de vue endodontique nettoyer la dent de ses souillures, délicatement, sans frotter
puisque l’évaluation pulpaire ainsi que l’éventuel traitement la surface radiculaire, puis de tenter de la remettre en place
endodontique ne peuvent être réalisés. Le suivi rapproché de sans forcer. Si le patient n’y parvient pas, le praticien devra lui
ces dents est indispensable, car les intrusions sont des trauma- recommander de mettre la dent dans du lait, qui permet la
tismes sévères et les séquelles telles que résorption radiculaire survie des cellules desmodontales pendant 6 heures maxi-
sont non seulement fréquentes mais également graves. mum (Blömlof et al., 1983), ou de la salive (cracher dans un
gobelet et immerger la dent expulsée dans la salive), puis de
L’évaluation endodontique ainsi que le traitement des venir au cabinet dentaire le plus vite possible. Il est à noter
dents luxées sont étudiés plus bas dans la section « Ges-
que le sérum physiologique et l’eau ne sont pas de bons
tion endodontique des dents traumatisées ».
milieux de transport.

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
ce sérum. Au cours de ces manipulations, la dent sera tou-
jours tenue par la couronne afin de ne pas endommager le
cément et les fibres ligamentaires.

b - Préparation de la racine avant la réimplantation


La « préparation » de la racine sera faite de façon différente
en fonction de trois paramètres principaux, à savoir :
- la durée du temps extra-alvéolaire (inférieure ou supérieure
à 60 minutes) ;
- le milieu dans lequel la dent a été conservée durant le
temps extra-alvéolaire ;
- le stade de développement radiculaire (dent mature ou
immature).
Ainsi, par exemple, la racine sera immergée soit dans de la
doxycycline, soit dans une solution de fluorure de sodium à
2 % pendant 20 minutes. Il serait trop long, dans le cadre de
ce chapitre, d’entrer dans le détail et le pourquoi des diffé-
rents protocoles préconisés par l’IADT. Le lecteur est toute-
fois invité à les consulter dans le site Internet de cette
association, dans la rubrique Guidelines for the evaluation
and management of traumatic dental injuries (www.iadt-
dentaltrauma.org ou www.dentaltraumaguide.org).

Dans les cas de dents à apex fermé et si le temps extra-


alvéolaire est long et supérieur à 60 minutes, le traitement
Figure 22.10 Dent expulsée (avulsée). endodontique peut être réalisé extra-oralement.

Il existe d’autres milieux de transport et de conservation de c - Préparation de la racine avant réimplantation


la dent expulsée qui peuvent permettre la survie des cellules
desmodontales pour des durées plus longues, par exemple la 1 - Dents à apex fermé
solution saline de Hank’s (Hank’s balanced salt solution, HBSS) Si le temps extra-alvéolaire est inférieur à 60 minutes à l’air
et le Viaspan® qui permettent la survie d’un taux élevé de et/ou si la dent a été immergée dans un milieu de conserva-
cellules desmodontales pendant respectivement 24 heures tion approprié (HBSS, lait, sérum physiologique, salive), la
et 6 jours. L’inconvénient de ces milieux est qu’ils présentent racine sera délicatement nettoyée avec une compresse humi-
une durée de vie courte et sont relativement onéreux. Des difiée avec du sérum physiologique puis la dent sera réim-
kits du type Save-a-Tooth® (Provia Laboratories) sont ergono- plantée.
miques et peuvent être utiles mais présentent pratiquement Si le temps extra-alvéolaire est supérieur à 60 minutes à l’air
les mêmes inconvénients (fig. 22.11). et la dent non conservée de façon appropriée, il convient
Dès l’arrivée du patient au cabinet dentaire, le praticien doit d’éliminer le desmodonte nécrosé avec une compresse, de
rincer la dent avec du sérum physiologique stérile et retirer tremper la dent dans une solution de fluorure de sodium à
délicatement les souillures avec une compresse imbibée de 2 % pendant 20 minutes puis de la réimplanter.

2 - Dents à apex ouvert


Si le temps extra-alvéolaire est inférieur à 60 minutes à l’air
et/ou si la dent a été immergée dans un milieu de conserva-
tion approprié (HBSS, lait, sérum physiologique, salive), la
racine sera délicatement nettoyée avec une compresse humi-
difiée avec du sérum physiologique puis recouverte de mino-
cycline avant d’être réimplantée.
Si le temps extra-alvéolaire est supérieur à 60 minutes à l’air,
il convient d’éliminer le desmodonte nécrosé avec une com-
presse puis de réimplanter la dent.
d - Préparation de l’alvéole
Figure 22.11 Le kit Save-a-Tooth® est une bonne solution pour
transporter la dent expulsée lorsque celle-ci ne peut être réim- Pendant que la racine est préparée, l’alvéole est également
plantée immédiatement. examiné. Pour cela, elle est rincée avec du sérum physiolo-

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22 Endodontie

gique afin de retirer le caillot sanguin et les éventuels débris.


Si une paroi osseuse est fracturée, elle est repositionnée avec
II - Endodontie dans le suivi et le
un instrument mousse. Une radiographie permet d’examiner traitement des dents traumatisées
non seulement l’alvéole et son contenu (tel un fragment de
racine) mais aussi de détecter la présence d’éventuels dégâts A - Biologie de la pulpe : réactions
collatéraux, tels que des fractures radiculaires sur les dents
adjacentes par exemple.
pulpaires aux luxations et avulsions
La suite du traitement d’urgence des dents avulsées suit les
mêmes étapes que le traitement des dents luxées et dépla- Les luxations provoquent souvent la compression, le
cées (voir plus haut). déchirement ou la rupture complète du paquet vasculo-
nerveux pulpaire. La pulpe devient ischémique et la tota-
1 - Contention lité des cellules pulpaires est affectée.
La contention des dents expulsées doit être semi-flexible et
suivre les mêmes critères que ceux indiqués pour la conten- Étant donné que les phénomènes de réparation commencent
tion des dents luxées. Mais elle doit être conservée pendant à partir de la région apicale et se dirigent en direction coro-
1 à 2 semaines, sauf s’il y a fracture osseuse concomitante, naire, la revascularisation de l’espace pulpaire pourra se faire
auquel cas la contention devra être laissée pendant 4 à d’autant plus facilement que l’interface pulpe-parodonte
8 semaines (Trope, 2002). apical est large. Les dents à apex ouvert présentent ainsi un
2 - Prescriptions et recommandations postopératoires potentiel de réparation de l’espace pulpaire plus important
que celles à apex fermé. Il semblerait que le diamètre apical
Ce sont les mêmes que pour les luxations. En fonction des critique soit 1 mm (Kling et al., 1986).
circonstances, le patient est invité à contacter son médecin
traitant pour une éventuelle prophylaxie antitétanique. Une
antibiothérapie est prescrite : doxycycline deux fois par jour Important ! Le principe de base qui régit la réponse pulpaire
face aux traumatismes est le remplacement du tissu pulpaire
au dosage adapté à l’âge et au poids du patient. En cas de
endommagé par un nouveau tissu. Ce remplacement se fait
risque de dyschromie dentaire pour les enfants de moins de par l’arrivée d’abord de macrophages, puis de vaisseaux san-
12 ans, prescrire de la pénicilline. guins et de cellules progénitrices sur le site endommagé,
lequel sera graduellement remplacé par un nouveau tissu.
3- Rendez-vous de suivi
Un premier rendez-vous doit être fixé à 10 jours après la
séance d’urgence. Le plus souvent, le résultat de la rupture du paquet vasculo-
Cette séance a pour objectif de contrôler la réparation ini- nerveux apical sera l’ischémie pulpaire suivie soit de la revascu-
tiale des tissus mous et durs, d’évaluer si un traitement endo- larisation de l’espace pulpaire, soit de l’évolution vers la nécrose
dontique devra être institué ou non et, éventuellement, de septique de la pulpe. La contamination bactérienne empêche
déposer la contention. le bon déroulement de la revascularisation. On ne sait pas exac-
tement à quel moment commence la revascularisation de l’es-
pace pulpaire, mais certaines études ont montré qu’au bout de
La décision d’entreprendre le traitement endodontique 4 jours, le processus était enclenché au niveau apical (Castelli
dépend essentiellement du stade d’évolution radiculaire. et al., 1980 ; Skoglund et al., 1978 ; Skoglund 1981). Au bout de
Si la dent est immature (apex ouvert), il est préférable d’at-
3 semaines, la revascularisation de l’espace pulpaire de dents
tendre et de voir si une revascularisation de l’espace pul-
paire se met en place ou non. Si la dent est mature (apex immatures de chien avulsées puis immédiatement réimplantées
fermé), les chances de revascularisation pulpaire sont très était complète (Skoglund et al., 1978) (fig. 22.12).
faibles et il est alors recommandé d’instaurer le traitement Quand une revascularisation idéale a eu lieu, on peut observer
endodontique environ 2 semaines après le traumatisme. une couche intacte d’odontoblastes en apparente continuité
avec les prolongements odontoblastiques. On peut observer
aussi des anastomoses entre les vaisseaux apicaux sectionnés,
L’évaluation endodontique ainsi que le traitement endo- la « recanaliculation » (Skoglund et al., 1978 ; Skoglund, 1981).
dontique des dents avulsées sont étudiés plus loin (voir Les molécules irritantes gênent le processus de revascularisation
« Gestion endodontique des dents traumatisées »). et sont éliminées par l’activation des altérations vasculaires et
Il convient de prévenir le patient de l’importance du suivi et par l’infiltration des cellules inflammatoires. Si l’inflammation
de fixer le prochain rendez-vous. primaire ne se résout pas, une inflammation chronique s’installe
et tend à évoluer vers la nécrose en empêchant la réparation.
4 - Pronostic des avulsions La revascularisation de l’espace pulpaire se fait en fonction de
Selon Andreasen et al. (1995b et 1995c) : l’origine des cellules progénitrices. Si les cellules progénitrices
- la survie de la dent réimplantée varie de 21 à 89 % ; proviennent du desmodonte, il y aura formation de ligament
- la réparation desmodontale varie de 9 à 50 % ; parodontal et de cément qui se déposera le long des parois
- la réparation pulpaire est de 4 à 27 %. canalaires. De plus, si le foramen apical est largement ouvert, il

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Endodontie et traumatologie dentaire 22

a b

a b

Figure 22.12 Poursuite de la radiculogénèse sur 11 et 21 après c d


réimplantation suite à expulsion traumatique.
Figure 22.14 Revascularisation de l’espace pulpaire sur dents de
chien immatures restées à l’air pendant 5 minutes, puis traite-
peut aussi y avoir invasion de l’espace canalaire par des cellules ment de la surface radiculaire avec de la minocycline ou de la
qui formeront de l’os et des fibres de Sharpey (fig. 22.13). doxycycline avant la réimplantation. Vues histologiques au bout
Dans la plupart des cas, la reprise d’une dentinogenèse nor- de 2 mois. Différents modes de réparation sont observés.
male, telle que mentionnée plus haut, n’a pas lieu en réponse a. Pulpe saine. b. Un tissu conjonctif remplit l’espace pulpaire.
Une couche épaisse de dentine tertiaire comprenant beaucoup
au déchirement ou section du paquet vasculo-nerveux api-
d’inclusions cellulaires longe la dentine primaire. Une couche de
cal. Après revascularisation, il y a plutôt formation sur les cellules qui ressemblent à des odontoblastes est présente. Cette
parois canalaires d’un tissu calcifié « dentinoïde » ressem- couche est aplatie ou inexistante par endroits. c. Ici, la revascu-
blant à de l’ostéo-dentine, à du tissu osseux ou à du tissu larisation a créé un tissu conjonctif minéralisé du type
cémentaire. Les raisons pour lesquelles ces différents types « ostéoïde », ou « dentinoïde », ou de l’« ostéodentine ». d. Ici
de réponses ont lieu restent à être clarifiées (fig. 22.14). on observe la nécrose pulpaire car la revascularisation de l’es-
La formation de tissu calcifié dentinaire ou ostéo-dentinoïde pace pulpaire ne s’est pas faite. (PS : pulpe saine, CO : couche
est souvent excessive et entraîne assez rapidement l’oblitéra- d’odontoblaste, D : dentine, DT : dentine tertiaire, OsDen :
ostéodentine ; PN : pulpe nécrosée) (document du Dr A. Ritter).
tion canalaire. Une étude d’une durée de 9 mois portant sur
des incisives de singe réimplantées ou transplantées a montré
que la production journalière de dentine était de 4 µm (Kris-
Cette production accélérée de dentine est peut-être due à la
terson et Andreasen, 1984), donc similaire à la production jour-
perte du contrôle nerveux autonome et sensitif de la pulpe
nalière de dentine primaire – à titre d’indicatif, chez le singe, le
(Kubota et al., 1985 ; Chiego et al., 1987 ; Olgart et al., 1995).
rythme journalier de production de dentine secondaire phy-
siologique semble être de l’ordre de 0,4 à 0,8 µm (Avery, 1981.)
La pulpe de la dent expulsée peut être infectée pendant le
temps extra-alvéolaire. Les infractions et fractures coro-
naires non traitées peuvent, elles aussi, constituer une
porte d’entrée pour l’invasion bactérienne de la pulpe via
les tubuli dentinaires.

Si le faisceau vasculo-nerveux pulpaire est intact et si l’agres-


a b c d e
sion bactérienne est modérée, il y aura formation de dentine
Figure 22.13 Revascularisation et invasion de l’espace pulpaire tertiaire et la pulpe survivra. Dans le cas contraire, si le fais-
par des cellules qui forment de l’os et des fibres de Sharpey. La ceau vasculo-nerveux pulpaire est endommagé (cas des luxa-
dent 11 a été expulsée et réimplantée au bout de 3 heures. Bien tions ou avulsions), la pulpe ne peut se défendre correctement
que la gestion de l’urgence n’ait pas été optimale, un type de et l’invasion bactérienne se fait plus facilement, ce qui a pour
guérison dont l’occurrence est rare a eu lieu. Observer l’invasion effet de perturber ou d’empêcher la réparation et la revascu-
progressive de l’espace pulpaire par de l’os et du tissu parodon- larisation de l’espace pulpaire.
tal en direction apico-coronaire. Un espace desmodontal est Il y aura alors installation de nécrose pulpaire septique et des
présent à l’intérieur du canal. a. Radiographie de diagnostic à
1 mois post-réimplantation. b. Contrôle à 3 mois. c. Contrôle à radio-clartés pourront apparaître au niveau apical ainsi que
4 mois. d. Contrôle à 3 ans. La dent est en cours de déplacement latéralement à la racine (résorptions externes inflamma-
orthodontique (elle n’est pas ankylosée). e. Contrôle à 12 ans. toires). Dans ce cas, le traitement endodontique devra être
L’état de 11 semble stable. institué immédiatement.

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22 Endodontie

La gaine épithéliale de Hertwig, structure impliquée dans la


croissance radiculaire, peut être affectée lors de trauma-
tismes dentaires, surtout ceux qui provoquent la lacération
du ligament parodontal. Elle peut alors entrer dans une phase
d’hyperactivité et produire rapidement de la dentine et du
cément au niveau apical. Cette hyperactivité est temporaire
et le phénomène s’estompe progressivement.

B - Séquelles des traumatismes dentaires a b c

Les principales séquelles des traumatismes dentaires sont Figure 22.15 Oblitérations canalaires post-traumatiques. Exemples
décrites ci-dessous. Il en existe d’autres, mais seulement les de différents types. a. Oblitération canalaire de 21. Un fin canal
principales et les plus fréquentes sont étudiées dans ce cha- semble persister. b. Oblitération canalaire de 22. La portion coro-
pitre. Le clinicien devra être attentif à les diagnostiquer pré- naire du canal est oblitérée mais la portion apicale ne l’est pas.
cocement lors des séances de contrôle et de suivi. Certaines c. Oblitération de 12 et 11. La dent 12 semble complètement obli-
séquelles peuvent évoluer de façon fulgurante, d’autres de térée et il n’est pas certain qu’un canal, même filiforme, persiste.
façon progressive. Elles peuvent se manifester à court, moyen L’étude et la comparaison des radiographies prises lors des
séances de suivi est utile pour mieux évaluer le type d’oblitération
ou long terme (10 ans et plus). qui a eu lieu.
1 - Oblitérations canalaires
Les oblitérations pulpaires sont fréquentes après les luxations Les oblitérations canalaires sont le plus souvent diagnosti-
(fig. 22.15). Le taux d’oblitérations semble inversement propor- quées pendant la première année qui suit le traumatisme et
tionnel au taux de nécrose pulpaire (tableaux 22.1 et 22.2). sont plus fréquentes sur les dents immatures (apex > 0,7 mm
radiographiquement), sur les dents extrudées et luxées laté-
Tableau 22.1 Fréquence d’oblitérations canalaires post-luxations,
ralement et sur celles qui ont reçu une contention rigide
tous types de luxations confondus.
(Andreasen et al., 1987).
Nombre Nombre de Cliniquement, la dent oblitérée répond faiblement ou pas du
Étude
de dents dents oblitérées tout aux tests de sensibilité pulpaire. La couronne dentaire
Andreasen (1970) 189 42 (22 %) peut jaunir progressivement (fig. 22.16).
Stälhane et Hedegärd (1975) 1 116 67 (6 %) La pulpe de la dent oblitérée peut se nécroser et s’infecter
dans certains cas (fig. 22.17), surtout si l’oblitération évolue
Rock et Grundy (1981) 517 83 (16 %)
rapidement, dans les 2 ans après le traumatisme. Dans ce cas,
Andreasen et al. (1987) 637 96 (15 %) il faut entreprendre le traitement endodontique. Toutefois,
Robertson (1997) 196 36 (18 %) celui-ci ne doit pas être institué de façon systématique sur
toute dent oblitérée (Andreasen et al., 1987).
Tableau 22.2 Fréquence de nécrose pulpaire secondaire à une
oblitération canalaire, tous types de luxations confondus. Important ! Bien qu’insuffisamment décrite dans la littéra-
Temps Nombre Nécrose ture, l’oblitération se fait quelquefois de façon totalement
Étude anarchique et dystrophique à l’intérieur de l’espace pulpaire
d’observation de dents pulpaire
de la dent immature, sans qu’aucun vrai canal persiste. L’exa-
Holcomb men radiologique attentif de l’évolution au cours des mois,
4 41 3 (7 %)
et Gregory (1967) en observant les différentes radiographies de suivi, est donc
Andreasen (1970) 1-12 (3,4) 42 3 (7 %) fondamental pour desceller la possible présence ou pas
Stälhane (1971) 13-21 76 12 (16 %) d’un canal résiduel.
Jacobsen
10-23 (16) 122 16 (13 %)
et Kerekes (1977)
Si l’évolution de l’oblitération montre que le canal a peu de
Robertson et al. chances d’exister, il vaut mieux s’abstenir plutôt que de tenter
7-22 (16) 82 7 (9 %)
(1996) un traitement endodontique sur un « canal » illusoire et qui
ne pourra donc être ni retrouvé ni traité comme un canal fin,
Le mécanisme exact reste inconnu. Différentes explications même avec l’aide du microscope opératoire. Si nécessaire, en
ont été proposées : cas d’infection, il sera alors préférable d’opter pour une
- la circulation sanguine altérée provoquerait la formation chirurgie endodontique.
incontrôlée d’un tissu calcifié le long des parois canalaires Pronostic : les oblitérations canalaires se produisent dans 3 à
ou l’hémorragie pulpaire et les caillots sanguins qui consti- 35 % des dents luxées selon les études. Les dents les plus
tueraient des nids à calcifications ; fréquemment atteintes sont les dents immatures qui ont subi
- des perturbations au niveau de l’innervation. un fort déplacement et sont devenues mobiles.

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Endodontie et traumatologie dentaire 22

Figure 22.16 Changement de teinte de la couronne d’une dent


dont le canal s’est oblitéré.

Figure 22.18 Vue histologique d’un apex de dent immature présen-


tant une nécrose pulpaire. Nécrose pulpaire et inflammation péri-
apicale d’une dent immature. (OA : os alvéolaire, LP : ligament
parodontal ; D : dentine, PN : pulpe nécrosée, RI : résorption
inflammatoire, ZIP : zone inflammatoire péri-apicale) (documents
du Dr A. Ritter).

Dans le cas de dents luxées, la nécrose pulpaire survient


lorsque le traumatisme est sévère et provoque la compression,
le déchirement ou la section du paquet vasculo-nerveux api-
cal. La pulpe devient alors ischémique et/ou hémorragique et
peut se nécroser. Mais si l’apex est large et si la dent a pu être
réimplantée (avulsion) ou repositionnée (luxation) rapidement
et en parfaite position, la « recanaliculation » ou alors la revas-
cularisation de l’espace pulpaire peut se faire.
Les facteurs déterminants conduisant à la nécrose sont le
type de traumatisme (dans le cas de concussion la nécrose
Figure 22.17 Dent oblitérée (12) dont la pulpe s’est nécrosée et
pulpaire survient rarement, alors qu’elle est quasi systéma-
infectée. Une radio-clarté apicale associée est présente.
tique dans le cas d’intrusion) et le stade de développement
radiculaire (la nécrose pulpaire est plus fréquente sur les dents
Le fragment apical des dents présentant une fracture radicu- matures que sur les dents immatures) (tableaux 22.3 et 22.4).
laire s’oblitère souvent.
Important ! Les pulpes nécrosées ne peuvent se défendre
2 - Nécrose pulpaire contre les bactéries et constituent un bon support pour le
développement bactérien. Les bactéries y accèdent princi-
La pulpe de dents ayant subi une fracture coronaire, une palement par contamination pendant la période extra-
fracture corono-radiculaire (avec ou sans exposition pul- alvéolaire, ou à partir de craquelures (infractions) coronaires
paire) ou une fracture radiculaire peut, bien sûr, se nécro- ou encore à partir de zones de dentine ou de pulpe exposée.
ser, surtout s’il y a eu un traumatisme du type luxation de L’infection du système canalaire aggrave le cadre clinique et
façon concomitante ou si la protection pulpaire a été ina- crée des complications, y compris au niveau parodontal
déquate ou a été posée trop tard (fig. 22.18). (résorptions radiculaires externes inflammatoires).

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22 Endodontie

Tableau 22.3 Prévalence de la nécrose pulpaire selon le type de mulus responsable de l’inflammation persistent, la résorption
luxation (dents permanentes) (d’après Andreasen et Vestergaard pourra se poursuivre soit selon un mode transitoire (stimulus
Pedersen, 1985). de courte durée), soit selon un mode progressif (stimulus de
Type de luxation Nombre de dents Nécrose pulpaire longue durée). De plus, l’inflammation post-traumatique peut
Concussion 178 5 (3 %)
agir à la fois comme inducteur et comme facteur de maintien
de la résorption radiculaire. Ce concept est d’importance car
Subluxation 223 14 (6 %)
il oriente le traitement vers des approches tendant à minimi-
Extrusion 53 14 (26 %) ser la réponse inflammatoire post-traumatique, de façon à ce
Luxation latérale 122 71 (58 %) que la réparation cémentaire puisse se faire.
Intrusion 61 52 (85 %)
Après un traumatisme, trois principaux types de résorp-
tions externes peuvent survenir : les résorptions de sur-
Tableau 22.4 Prévalence de la nécrose pulpaire post-luxation face, les résorptions de remplacement et les résorptions
(dents permanentes) selon le stade de développement radicu- inflammatoires. Quelquefois, des résorptions cervicales
laire (d’après Andreasen et Vestergaard Pedersen, 1985). (résorptions externes sous-épithéliales) peuvent se mani-
Stade de développement Nombre Nécrose fester ainsi que des résorptions internes.
radiculaire de dents pulpaire
Dent immature (apex ouvert) 279 21 (8 %) Toutefois, si les traitements d’urgence et les suivis sont mis en
place de façon adéquate après le traumatisme, ces complica-
Dent mature (apex fermé) 358 135 (38 %)
tions peuvent être évitées ou minimisées (fig. 22.19 à 22.23).

L’espace pulpaire des dents à apex fermé ne peut se revasculari-


ser et peut s’infecter au bout de 3 semaines (Bergenholtz, 1974).
La prévention et le traitement de la nécrose et de l’infection
pulpaire sont discutés plus loin (voir « Gestion endodontique
des dents traumatisées »).
3 - Principales résorptions radiculaires post-traumatiques
Les résorptions radiculaires sont largement abordées dans le
chapitre 17. Nous ne traiterons ici que des principales
résorptions radiculaires directement liées aux traumatismes
(tableau 22.5).

Tableau 22.5 Fréquence des résorptions radiculaires évolutives


post-luxations (tous types de luxations confondus).
Résorptions évolutives
Nombre
Étude (ankylose et résorption
de dents
inflammatoire)
Andreasen (1970) 189 21 (11 %)
Stälhane et Hedegärd 1 116 16 (1 %)
(1975)
Rock et Grundy (1981) 517 7 (8 %)
Andreasen et Vestergaard 637 47 (7 %)
Pedersen (1985)
Oikarinen et al. (1987) 147 27 (18 %)
Crona-Larsson et al. (1991) 104 15 (14 %)

Les résorptions radiculaires post-traumatiques sont le plus


souvent dites externes, car elles se localisent sur la surface
externe de la racine. Elles tendent à survenir lorsqu’un dom- Figure 22.19 Coupe histologique d’une dent présentant des
mage de la couche protectrice précémentaire a eu lieu. Ce résorptions de surface en phase de guérison. De la droite vers la
dommage peut être localisé ou diffus. Il peut être créé direc- gauche : dentine ; couche de cément et présence de zones de
cément néoformé sur la lacune de résorption radiculaire de sur-
tement par le traumatisme lui-même ou indirectement, face ; desmodonte normal avec fibres parodontales ainsi que
lorsqu’il résulte de l’inflammation post-traumatique. Un cer- léger infiltrat de cellules inflammatoires dans la zone en regard
tain degré d’inflammation initiale est toujours prévisible après de la lacune. (D : dentine, RI : résorption inflammatoire, C :
un traumatisme. Toutefois, si l’inflammation ainsi que le sti- cément) (documents du Dr A. Ritter).

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Endodontie et traumatologie dentaire 22

Figure 22.22 Coupe histologique d’une dent présentant une


résorption externe inflammatoire. En partant de la droite vers la
Figure 22.20 Coupe histologique d’une dent présentant une résorp- gauche : dentine non recouverte de cément ; lacune de résorp-
tion de remplacement (ankylose). De la droite vers la gauche : den- tion dentinaire et osseuse remplie de cellules inflammatoires et
tine ; os alvéolaire en contact direct avec la dentine. Noter l’absence de quelques cellules géantes clastiques multinucléées ; os
de cément et de ligament parodontal. (OA : os alvéolaire, D : den- alvéolaire (OA : os alvéolaire, OC : ostéoclastes, Resl : lacune de
tine, RR : résorption de remplacement) (documents du Dr A. Ritter). résorption) (documents du Dr A. Ritter).

a b c

Figure 22.21 Résorption de remplacement (ankylose). Aspect


radiologique et clinique. Dent 11 immature expulsée et réimplan-
tée. Patient âgé de 8 ans. a. Radiographie de diagnostic. b. Contrôle
à 6 mois post-traumatisme. Observer que l’espace desmodontal a b
n’existe plus par endroits. La dent se résorbe et est graduellement
remplacée par du tissu osseux. d. Contrôle 4 ans après le trauma- Figure 22.23 Résorptions externes inflammatoires. Vues radiolo-
tisme. La dent 11 est pratiquement entièrement remplacée par de giques. a. Noter la destruction massive de la racine de 21 ainsi que
l’os alvéolaire. Observer que l’ankylose provoque l’infra-position l’étendue de la zone radio-claire associée qui englobe tout le
de 11 par rapport aux dents voisines. e. Vue clinique de 11 en infra- pourtour radiculaire. b. La résorption externe inflammatoire est
position. Noter le décalage des bords incisifs par rapport aux localisée au niveau distal du tiers moyen de la racine et au niveau
dents adjacentes. La dent 12 est également affectée, cela en raison apical de 21. Présence d’une large radio-clarté péri-apicale
du blocage de la croissance osseuse du secteur par la dent 11 anky-
losée ; les dents adjacentes (12 et 21) ont basculé vers l’espace libre
laissé par 11 ; la décoronation aurait déjà dû être réalisée afin d’évi-
ter l’évolution de ces complications.

C - Gestion endodontique Il devra s’enquérir aussi des éventuels traitements reçus. À


partir de ces informations, le praticien pourra déterminer si
des dents traumatisées un traitement doit d’ores et déjà être institué ou s’il est pré-
1 - Diagnostic de l’état de santé pulpaire férable d’attendre et de suivre le patient en vue de détecter
de la dent traumatisée d’éventuelles séquelles post-traumatiques et, finalement,
Le patient doit être vu le plus rapidement possible après le d’intervenir le cas échéant.
traumatisme. S’il ne se présente qu’au bout de quelques jours
ou de quelques mois, le praticien devra recueillir un maxi- Note : si les traitements d’urgence et les suivis sont adéqua-
tement institués immédiatement après le traumatisme, les
mum d’informations sur le traumatisme afin d’établir un dia- complications peuvent être évitées ou minimisées.
gnostic précis et le plus complet possible des lésions subies.

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22 Endodontie

À cet égard, il est conseillé de suivre les modalités de traitement Les tests de sensibilité les plus courants sont le froid et le
indiquées dans ce chapitre, ainsi que dans les « Recommanda- test pulpaire électrique (electric pulp test, EPT) (voir cha-
tions pour l’évaluation et la gestion des traumatismes dentaires » pitre 4). Néanmoins, ils sont loin d’être fiables pour établir le
préconisées et constamment réactualisées par l’IADT. diagnostic de nécrose pulpaire. En post-traumatique immé-
Il est également nécessaire d’instaurer un calendrier des diat, une grande majorité des dents luxées ne répondent pas
séances de suivi post-traumatique (qui peut être adapté en aux tests de sensibilité, ce qui ne veut pas dire que la pulpe
fonction des séquelles détectées lors de chaque visite de soit nécrosée puisque ces dents pourront recommencer à
contrôle) se décomposant comme suit : répondre aux tests après un certain laps de temps. La perte
- jour du traumatisme ; de l’excitabilité peut être due à des pressions ou à des ten-
- 10 jours post-traumatisme ; sions au niveau des fibres nerveuses dans la région apicale, ou
- au bout de 3 semaines ; à leur déchirement. En cas de rupture totale des fibres ner-
- au bout de 1 mois ; veuses, il faut compter environ 36 jours avant qu’une réponse
- au bout de 2 mois ; positive puisse être obtenue sur une dent immature (Öhman,
- puis tous les 3 mois pendant 1 an ; 1965 ; Skieller, 1960). Sur une dent mature, le délai est plus
- puis tous les 6 mois pendant 1 an ; long : environ 1 an ou plus (Skieller, 1960 ; Andreasen, 1986).
- puis tous les ans le plus longtemps possible (10 ans ou plus). Une non-réponse pendant de nombreux mois peut faire sup-
À chaque visite de contrôle, le praticien doit interroger son poser que la pulpe est irréversiblement endommagée mais
patient sur la présence ou l’absence de symptômes. Il doit même dans ce cas, on ne peut affirmer avec certitude qu’elle
également procéder à l’examen clinique et radiologique est nécrosée.
complet des dents traumatisées. Les tests de sensibilité pul-
paire doivent être réalisés et les résultats devront être com- Lors de contrôles subséquents, une réponse initialement
parés aux résultats obtenus en post-traumatisme immédiat. négative peut devenir positive, ce qui est plutôt bon signe
car cela peut indiquer que la physiologie pulpaire se réta-
Essentiel : la coopération du patient pour les séances de blit progressivement. Ce phénomène peut se produire
suivi est donc indispensable, surtout que certaines séquelles, dans un délai de 2 mois à 1 an et arrive plus fréquemment
comme les résorptions inflammatoires, peuvent évoluer de sur les dents immatures que matures. Quelquefois, une
façon fulgurante (en quelques semaines). réponse positive peut devenir négative dans les mêmes
délais, ce qui indique en général que la pulpe se nécrose.

Conventionnellement, l’infection de la pulpe nécrosée peut


se manifester par des signes et symptômes tels que des dou- Il convient de noter que, sur dents immatures, les résultats
leurs spontanées ou provoquées, une douleur à la percus- aux tests de sensibilité pulpaire sont beaucoup moins fiables
sion, à l’occlusion ou à la palpation, une tuméfaction ou que sur dents matures, une des explications avancées étant
l’apparition d’une fistule. que le plexus nerveux de Rashkov atteint la couche odonto-
Toutefois, en traumatologie dentaire, la nécrose pulpaire est blastique seulement au fur et à mesure de l’éruption dentaire
le plus souvent asymptomatique. Il est donc impératif que le (Bernick, 1964 ; Fulling et Andreasen, 1976 ; Klein, 1978). De
diagnostic soit établi à l’aide de l’examen clinique et radio- plus, le test au froid (réalisé avec de la neige carbonique ou
graphique. La décision d’entreprendre ou non le traitement avec du dichlorodifluorométhane) est plus fiable que le test
endodontique doit également être fondée sur l’histoire du électrique sur les dents immatures (Fuss et al., 1986).
traumatisme et sur la comparaison minutieuse entre les Les tests de sensibilité pulpaire évaluent la fonction nerveuse
radiographies prises immédiatement après le traumatisme et exclusivement et n’apportent aucune indication sur la pré-
celles prises lors des visites de suivi. La technique de prise de sence ou l’absence de circulation sanguine (voir chapitre 3).
ces radiographies doit être standardisée afin que la compa- Malgré toutes ces limitations, les tests de sensibilité doivent
raison détaillée des radiographies soit possible. être réalisés en post-traumatique immédiat ainsi qu’à chaque
La transillumination peut révéler une baisse de la translucidité séance de suivi et les résultats doivent être méticuleusement
coronaire et la couleur de la dent peut changer vers le gris. Cela notés dans le dossier du patient. Ce ne sont pas tant les
peut être accompagné d’une radio-clarté péri-apicale, décelable résultats obtenus le jour du traumatisme qui sont importants
quelquefois 2 à 3 semaines après le traumatisme. Mais il peut que leur évolution dans le temps.
aussi n’y avoir aucun changement radiographique péri-apical. Une pulpe sera donc considérée nécrosée seulement si une
Dans ce cas, il faut toujours suspecter la possibilité d’une nécrose combinaison de plusieurs signes et symptômes mène vers ce
aseptique de la pulpe. La pulpe de dents présentant une raréfac- diagnostic. Dans le doute, il est préférable de privilégier l’hy-
tion osseuse péri-apicale est pratiquement toujours infectée. Le pothèse que la pulpe est vivante, jusqu’à obtention de la
diagnostic de nécrose pulpaire doit ensuite être confirmé par preuve du contraire lors des contrôles futurs, qui devront
l’absence de réponse aux tests de sensibilité pulpaire, bien que le alors se faire de façon plus rapprochée, car il y tout intérêt à
résultat de ces tests puisse être aléatoire et difficile à interpréter. « donner sa chance à la pulpe », puisqu’elle est indispensable
Mais si ce résultat, de positif devient négatif avec le temps, la pour l’édification radiculaire et l’épaississement des parois
suspicion de nécrose pulpaire s’accentue. dentaires des dents immatures.

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
Les dents présentant une oblitération du canal peuvent soit a - Mesure du flux sanguin par laser Doppler (fig. 22.24)
ne pas répondre, soit répondre tardivement aux tests de sen- La technique du laser Doppler est intéressante en endodon-
sibilité, bien que la pulpe soit vivante. tie car elle permet d’étudier le flux sanguin par l’émission
d’un rayon laser dirigé par des fibres optiques vers le tissu à
En conclusion, le diagnostic de nécrose pulpaire ne doit étudier. Lorsque le faisceau pénètre le tissu, il est dispersé
pas être uniquement fondé sur les résultats des tests de différemment par les cellules mobiles, les érythrocytes, et
sensibilité mais doit prendre en considération au moins par les cellules statiques. Les photons qui cognent les
deux des éléments suivants : réaction à la percussion, érythrocytes en mouvement sont dispersés et la fréquence
radio-clarté péri-apicale, signes de résorption radiculaire de la lumière est alors modifiée selon le principe Doppler.
externe inflammatoire, cessation de l’édification radicu- Une partie de cette lumière est alors retournée vers un pho-
laire, décoloration évolutive vers le gris de la couronne.
tocapteur qui transforme l’information récupérée en signal.

a b

Figure 22.24 a. Appareil de mesure du flux sanguin laser Doppler.


b. Schéma illustrant le principe de fonctionnement du laser Dop-
pler. Lorsque le faisceau pénètre le tissu, il est dispersé différem-
ment par les cellules mobiles, les érythrocytes, et par les cellules
statiques. Les photons qui cognent les érythrocytes en mouve-
ment sont dispersés et la fréquence de la lumière est alors modi-
fiée selon le principe Doppler. Une partie de cette lumière est
alors retournée vers un photocapteur qui transforme l’informa-
tion récupérée en signal. c. Patient prêt pour examen de la vita-
c lité pulpaire par laser Doppler (documents Dr A. Sigurdsson).

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22 Endodontie

tions externes inflammatoires n’ont pas de raison de s’instal-


L’utilisation du Doppler a pour objectif de permettre une
évaluation plus précoce et plus précise de l’état de vitalité ler et ne pourront pas s’installer. De plus, l’édification
pulpaire (flux sanguin) que les tests de sensibilité (ner- radiculaire pourra se poursuivre, les parois dentaires s’épais-
veuse). Les résultats obtenus sont encourageants et siront et deviendront résistantes aux fractures.
montrent que la technique est fiable et permet de détec-
ter la présence d’une vascularisation au sein de l’espace Essentiel : il y a donc tout intérêt soit à favoriser la survie pul-
pulpaire. paire, soit à tenter la revascularisation de l’espace pulpaire.

Une étude menée sur des chiens a montré que le laser avait Pour cela, dans le cas de dents fracturées coronairement par
détecté correctement la reprise du flux sanguin dès la 2e ou exemple, il faudra veiller à ce que la dentine et la pulpe
la 3e semaine après l’avulsion d’une dent immature. Le laser a soient protégées de l’invasion bactérienne le plus rapide-
également indiqué correctement la non-présence de flux ment possible. En cas d’exposition pulpaire, le coiffage pul-
sanguin pour les dents qui étaient restées nécrosées et paire ou la pulpotomie devront être réalisés dans des
n’avaient pu se revasculariser (Yanpiset et al., 2001). conditions d’asepsie et en respectant le protocole opératoire
Mais la technique présente encore à ce jour de gros inconvé- afin d’obtenir la meilleure adhésion et la meilleure étanchéité
nients, notamment : possible de la restauration (fig. 22.25).
- le coût de l’appareil ; Dans les cas où le paquet vasculo-nerveux pulpaire a été
- la précision que requiert la technique car la sonde doit res- déchiré ou sectionné après un traumatisme sévère, il est
ter immobile et être placée exactement (à 0,5 mm près) au quelquefois possible de favoriser la revascularisation sponta-
même endroit de la couronne pour que les résultats soient née de l’espace pulpaire. Par exemple, la revascularisation de
comparables ; dents luxées jeunes à apex ouvert est favorisée par le reposi-
- le positionnement exactement à l’identique du patient à tionnement correct et rapide. Et dans le cas de dents expul-
chaque examen. sées, si la dent est réimplantée dans un délai de 60 minutes
Par ailleurs, il semblerait que de faux résultats puissent appa- après avoir été trempée dans de la doxycycline pendant
raître sur les dents grises (Heithersay et Hirsch, 1993). 5 minutes ou si la racine a été recouverte de minocycline
avant la réimplantation, le taux de revascularisation pulpaire
b - Oxyométrie est doublé, voire triplé (Cvek et al., 1990 ; Ritter et al., 2004).
Comme le laser Doppler, le procédé de l’oxyométrie est non
invasif et ne dépend pas de la réponse subjective du patient.
Une source lumineuse émet deux faisceaux, un rouge et un
infrarouge, dirigés vers le tissu à examiner. Un photocapteur
placé à l’arrière du tissu recueille les informations. L’hémo-
globine oxygénée et l’hémoglobine non oxygénée absorbent
des quantités distinctes de lumière rouge et infrarouge. Le
rapport entre les lumières absorbées est calculé et indiqué
en pourcentage de sang artériel oxygéné.

Une étude récente a proposé un dessin de sonde adaptée


à l’usage dentaire. Les résultats obtenus sont encoura-
geants puisque le taux d’exactitude était de 97,5 % pour
l’oxyométrie, de 86 % pour le test au froid et de 81 % pour
le test électrique (Gopikrishna et al., 2007). L’oxyométrie
est une technique prometteuse.
a b

Figure 22.25 Cette patiente âgée de 8 ans a subi un choc trau-


2 - Traitement endodontique de la dent à pulpe nécrosée matique qui a provoqué la fracture coronaire avec exposition
et des résorptions externes de type inflammatoire pulpaire des 2 incisives centrales. La gestion de l’urgence, qui
Instituer le traitement endodontique d’une dent traumatisée aurait pourtant dû favoriser la survie pulpaire, n’a pas été opti-
peut avoir un caractère préventif ou thérapeutique. male : des abcès sont survenus à la suite de l’infection pulpaire.
a. Radiographie de diagnostic à 6 mois post-traumatisme. On
a - Prévention de l’infection pulpaire observe que les dents sont immatures. Un traitement d’apexifi-
cation est donc indiqué. b. Radiographie 12 mois après le début
1 - En favorisant la survie pulpaire du traitement endodontique d’apexification à l’hydroxyde de
calcium. Les dents ont bien réagi au traitement et une barrière
et la revascularisation de l’espace pulpaire
calcifiée s’est formée au niveau apical. Cette barrière a servi de
Par suite d’un traumatisme, si la vitalité pulpaire persiste, le butée pour l’obturation canalaire à la gutta-percha. Les dents
système canalaire ne contient pas de bactéries et les résorp- sont asymptomatiques.

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
Toutefois, même dans des conditions apparemment idéales,
il arrive que la revascularisation ne se fasse pas.

Essentiel : la sévérité du traumatisme ainsi que toutes les


étapes du traitement, depuis le traitement d’urgence
jusqu’aux séances de suivi, conditionnent le pronostic pul-
paire, parodontal et de survie de la dent traumatisée.

2 - En évitant l’infection du système canalaire a b c


Pour éviter l’infection du système canalaire, il convient d’ins-
Figure 22.26 La dent n° 11, expulsée, a été réimplantée 2 heures
tituer le traitement endodontique des dents matures luxées
après le choc. Une contention semi-rigide a été placée pendant
ou expulsées 10 jours après le traumatisme. 5 semaines. a. Radiographie préopératoire 6 semaines après le
L’espace pulpaire des dents matures luxées ou expulsées ne se traumatisme. Noter la rapidité et l’agressivité avec laquelle la
revascularise pratiquement jamais. Ces dents doivent donc résorption inflammatoire s’est installée. b. Contrôle à 3 mois
être traitées dans un délai de 7 à 10 jours afin d’éviter que la après le début du traitement endodontique à l’hydroxyde de
pulpe ischémiée ne s’infecte (Trope et al., 1992 et 1995). Dans calcium. Noter la dissolution de l’hydroxyde de calcium et l’at-
un tel cas de figure, la dent peut en principe être traitée en une ténuation des radio-clartés. c. Contrôle 1 an après le début du
séance, avant la dépose de la contention. Toutefois, la dent et traitement endodontique. Les radio-clartés se sont encore atté-
nuées et ont disparu. L’espace ligamentaire s’est rétabli par
les tissus environnants tendent à être encore sensibles à ce endroits, mais semble inexistant ailleurs (zones d’ankylose). Pour
stade et il peut être judicieux de reporter la phase d’obturation éviter l’installation de la résorption externe inflammatoire sur
à une séance ultérieure. Le canal est nettoyé, désinfecté et cette dent mature, le traitement endodontique aurait dû être
rempli avec une pâte préparée avec de la poudre d’hydroxyde institué dans les 10 jours suivant le traumatisme.
de calcium et du sérum physiologique stérile en attendant
l’obturation. Il n’est pas nécessaire de prolonger l’étape de
médication à l’hydroxyde de calcium à long terme si le traite-
ment endodontique est commencé dans les 7 à 10 jours sui-
vant le traumatisme (Trope et al., 1995).

b - Élimination de l’infection du système canalaire


par le traitement endodontique

Quand le traitement endodontique est commencé plus tard,


plus de 10 jours après le traumatisme, ou s’il existe des signes
avérés de résorption externe inflammatoire, le protocole de
traitement à l’hydroxyde de calcium à long terme est indiqué. a b c

Figure 22.27 Dent 21 expulsée, réimplanté, après 4 heures à l’air,


sur un garçon de 11 ans. Une contention rigide pendant 6 semaines
Il est alors poursuivi jusqu’à la cessation significative des
a été mise en place. Le traitement endodontique aurait dû être
signes de résorption inflammatoire (diminution des radio- institué dans les 10 jours suivant le traumatisme pour prévenir
clartés) (fig. 22.26 et 22.27). Cela peut être détecté après envi- l’installation de l’infection pulpaire et de cette résorption
ron 3 ou 6 mois de traitement. La pâte est préparée en externe inflammatoire. a. Contrôle de 21 4 mois après le trauma-
consistance ferme avec de la poudre d’hydroxyde de calcium tisme. b. Contrôle 5 semaines après le début du traitement endo-
et du sérum physiologique stérile ou de l’anesthésique (Trope dontique avec de l’hydroxyde de calcium. c. Contrôle 5 mois
et al., 1995). Pour les dents immatures, ce protocole consti- après le début du traitement. Observer que les radio-clartés ont
tuera simultanément un traitement d’apexification (voir cha- disparu. Certaines lacunes de résorption radiculaire semblent se
remplir d’un tissu calcifié. Un espace ligamentaire se rétablit par
pitre 12). L’hydroxyde de calcium est capable de changer le endroits, mais semble inexistant à d’autres (ankylose).
pH des tubuli dentinaires, de tuer des bactéries et de neutra-
liser des endotoxines, lesquelles sont de puissants promo-
teurs des réactions inflammatoires.
D’un point de vue pratique, lors de la première visite, le canal riau radio-opaque, tel le sulfate de baryum, à la pâte puisqu’il
est nettoyé et mis en forme (dent mature), puis de l’hydroxyde aurait un effet « trompeur » sur le bon remplissage du canal.
de calcium en consistance crémeuse est placé avec un bourre- Une radiographie doit être prise tous les 3 mois et un examen
pâte. Au bout de 3 semaines, le canal est rempli avec de l’hy- clinique est réalisé afin d’évaluer la dissolution de l’hydroxyde
droxyde de calcium en consistance ferme. Une fois bien rempli, de calcium, auquel cas il doit être renouvelé dans le canal. La
il doit « disparaître » et être de la même radio-opacité que la radiographie permettra aussi de surveiller l’apparition ou la
dentine (fig. 22.28). Il n’est pas recommandé d’ajouter un maté- persistance de signes de parodontite apicale ou latérale. Étant

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22 Endodontie

Pour plus de détails sur le traitement endodontique pro-


prement dit, sur l’hydroxyde de calcium, sur les traite-
ments d’apexification et le protocole de revascularisation
de dent infectée, consulter les chapitres correspondants
de cet ouvrage.

Bien qu’anciennes, un certain nombre d’études (sur humains)


montrent que l’hydroxyde de calcium est nécessaire dans le trai-
tement des dents traumatisées (fig. 22.30).
a b c Certaines études sur dents de mouton ont montré que l’uti-
lisation de l’hydroxyde de calcium à long terme pouvait
Figure 22.28 Dissolution de l’hydroxyde de calcium (calcium amoindrir la résistante aux fractures des dents (Andreasen
hydroxyde wash-out). a. Radiographie préopératoire. Dent 21 et al., 2002 et 2006). Il est clair que les dents immatures ont
immature, avec canal très large et radio-clarté péri-apicale indica- des parois plus fines et sont donc plus sujettes aux fractures
trice de nécrose et d’infection pulpaire. b. Radiographie après
désinfection et remplissage du canal avec de l’hydroxyde de cal- que les dents matures. De plus, les dents les plus sujettes aux
cium. S’il est bien rempli, le canal « disparaît » à la radiographie, fractures sont les dents immatures qui présentent des défauts
car il devient de la même radio-opacité que la dentine. Noter radiculaires liés aux résorptions inflammatoires (Cvek, 1992).
qu’aucun agent radio-opacifiant, tel le sulfate de baryum, n’a été Bien que l’hydroxyde de calcium soit considéré comme la
ajouté au mélange Ca(OH)2-sérum physiologique. c. Radiographie médication de choix dans la prévention et le traitement des
1 mois après le début du traitement endodontique. Observer l’im- résorptions inflammatoires, d’autres médications ont été sug-
portante dissolution de l’hydroxyde de calcium non seulement gérées : le Ledermix®, une pâte antibiotique/corticostéroïde,
sur la portion apicale, mais aussi sur toute la longueur canalaire.
présente une bonne aptitude à la diffusion de ses principes
L’hydroxyde de calcium doit alors être changé si le plan de traite-
ment prévoit une apexification par Ca(OH)2. Autrement, le canal actifs à travers la dentine (Abbott et al., 1988) et s’est montré
peut être traité par la technique d’apexification au MTA®. efficace dans la prévention des résorptions inflammatoires en
inhibant ou en réduisant la prolifération des dentinoclastes
in vitro (Pierce et al., 1988). Mais pour être vraiment efficace, le
Ledermix® doit idéalement être placé à l’intérieur du canal dès
donné qu’il est difficile d’évaluer au niveau de la racine elle- la réimplantation, ce qui n’est pas toujours pratique. De plus, la
même si la résorption s’atténue, c’est l’os adjacent qu’il convient doxycycline qu’il contient entraîne une dyschromie des dents.
d’observer. Si une ostéogenèse réparatrice est évidente, il est Le Ledermix® n’est actuellement pas disponible en France. Une
probable que le processus de résorption ait cessé aussi au autre étude sur prémolaires de chien extraites et réimplantées
niveau de la racine. Dans ce cas, le canal peut alors être obturé au bout de 60 minutes puis observées histologiquement à
avec le matériau d’obturation définitive (fig. 22.29). 4 mois a montré des effets positifs de l’utilisation immédiate
de corticostéroïdes à l’intérieur du canal sur la réparation
parodontale (Kirakozova et al., 2009).

100 %
90 %
80 %
70 %
60 % Survenue d’ankylose
50 % Réparation de
40 % résorption inflammatoire
30 %
20 %
10 %
a b c 0%

Figure 22.29 Réparation d’une résorption externe inflammatoire Figure 22.30 Réparation de résorption inflammatoire et incidence
localisée sur cette dent n° 11 qui a été luxée en direction palatine. d’ankylose après traitement endodontique à l’hydroxyde de cal-
a. Radiographie préopératoire 1 an après le traumatisme. Noter cium sur dents luxées (d’après Cvek, 1974 et 1992 ; études portant
la zone de résorption localisée au niveau distal du tiers cervical sur 192 dents luxées non vitales traitées avec de l’hydroxyde de
moyen de la racine ainsi que la radio-clarté péri-apicale. b. Trai- calcium).
tement endodontique à l’hydroxyde de calcium. c. Contrôle
18 mois après le début du traitement endodontique. La lacune
de résorption semble être en partie comblée par un tissu calci-
fié ; un espace ligamentaire normal s’est rétabli. Une réparation
partielle de la résorption semble avoir eu lieu.

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Endodontie et traumatologie dentaire 22
III - Conclusion
En traumatologie dentaire, les points suivants sont fondamentaux :
- préserver la pulpe vivante ;
- préserver le ligament parodontal ;
- en restant vigilant, tenter de laisser la revascularisation spontanée des dents immatures se faire ;
- pour les dents luxées et expulsées, lors du rendez-vous à 10 jours :
• si l’apex est fermé (< 1 mm), instituer le traitement endodontique,
• si l’apex est ouvert (>1 mm), tenter d’obtenir la revascularisation spontanée.
Les séances de suivi sont indispensables et incluent la prise de radiographies standardisées et comparables dans le temps.
Si les traitements d’urgence et les suivis sont instaurés de façon adéquate, les complications peuvent être évitées ou
minimisées.
Il n’existe pas, à ce jour, de véritables études randomisées et « fondées sur la preuve » sur patients en traumatologie dentaire.
Toutefois, les études existantes, rétrospectives sur patients et sur animaux de laboratoire, dont certaines figurent dans ce
chapitre, ont le mérite d’avoir pointé un grand nombre des facteurs essentiels qui influent sur le pronostic des dents trauma-
tisées. Mais de nouvelles recherches pouvant aboutir à des approches de traitement différentes sont en cours et permettront
probablement une amélioration du pronostic des dents traumatisées.

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Radiographie en endodontie
D. C. BENSOUSSAN

L
e professeur W. Roentgen découvre, en novembre 1895, Le besoin de disposer d’un détecteur de rayons X de haute
une nouvelle radiation pénétrante produite par des sensibilité permettant d’améliorer de façon très significative
décharges électriques dans un tube électronique à vide. la résolution spatiale de l’image (c’est-à-dire le nombre de
Il observe le squelette de sa main sur un écran fluorescent et pixels ainsi que son contraste) apparaît donc très tôt.
enregistre cette image sur une plaque photographique. Pour
cette découverte fondamentale pour la médecine, il reçoit le La radiographie est un outil indispensable au diagnostic en
prix Nobel en 1901. Dès l’année suivante, des entreprises endodontie (Arens et al., 2009 ; Cohen et al., 2010).
vendent des générateurs de rayons X, des écrans de visualisa- L’examen radiographique est tellement riche en informa-
tion et des générateurs électriques à haute tension. Si l’inté- tions que la tentation est parfois grande d’établir un plan
rêt des rayons X pour le diagnostic médical apparaît évident, de traitement fondé sur la seule lecture d’un cliché rétroal-
il n’existe cependant, à cette époque, aucune protection véolaire (fig. 23.1). Cependant, l’interrogatoire du patient et
pour le patient ni pour le médecin qui observe l’intérieur du l’examen clinique doivent demeurer prépondérants et les
corps humain, puisque seuls les matériaux denses comme les informations issues de la lecture de la radiographie ne
os absorbent les rayons X. Très rapidement l’exposition pro- doivent être qu’un complément, certes indispensable mais
pas suffisant (fig. 23.2).
longée aux rayons X s’avère être délétère, conduisant à des
brûlures irréversibles sur le corps et à l’apparition de cancers.
Les rayons X à forte dose sont donc dangereux et, pour les Un diagnostic fondé uniquement sur l’interprétation radio-
utiliser à des fins médicales, il faut impérativement diminuer graphique peut conduire à une erreur de traitement à venir
les doses reçues par le patient par des facteurs 100 et 1 000. (White et Pharoah, 2009).

Figure 23.1 Radiographies rétroalvéolaires préopératoires. En haut


à gauche : la dent n’est pas douloureuse, en revanche le patient est
traité pour des sinusites maxillaires à répétition. On remarque
l’extrusion du matériau d’obturation au-delà du péri-apex. La Figure 23.2 Vues cliniques correspondantes : importance de
superposition des apex avec le sinus maxillaire ne permet pas l’examen clinique minutieux. La fistule vestibulaire au niveau de
d’objectiver la présence et l’étendue de la perte osseuse. En bas à la dent 17 explique l’absence de douleur ; en revanche, la patho-
gauche : parodontite apicale au niveau de la racine distale ainsi logie sinusienne est bien d’origine endodontique. Atteinte de la
qu’atteinte de la furcation, obstacles dans les canaux de la racine furcation de la dent 36. Fracture verticale de la dent 11. La dent
mésiale. À droite : parodontite apicale des deux incisives maxil- 17 peut être traitée du point de vue endodontique, en revanche
laires et début de fausse route sur la 11. les dents 36 et 21 sont à extraire.

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23 Endodontie

La règle de l’exposition minimum aux radiations ionisantes


Comme les autres phases du diagnostic (examen clinique,
doit être respectée, mais un minimum de clichés radiogra- tests de vitalité), l’interprétation radiographique reste sub-
phiques est nécessaire pour établir un diagnostic précis et un jective. C’est l’association de toutes les informations qui
plan de traitement adapté. Un maximum d’informations sur permet de conduire à un diagnostic objectif.
l’anatomie endodontique, sur les rapports entre la ou les
dents et les structures anatomiques environnantes, sur le
nombre de racines et sur la présence de caries ou de résorp- Dans les phases de suivi de la guérison en endodontie, la
tion, voire de fractures radiculaires, doivent pouvoir être radiographie est l’élément indispensable pour objectiver la
obtenues et peuvent nécessiter la prise de clichés complé- cicatrisation osseuse d’une parodontite apicale en compa-
mentaires (intra-oraux et extra-oraux) (fig. 23.3). rant les clichés réalisés à des intervalles de temps réguliers
(fig. 23.4).

I - Générateur de rayons X
Un générateur de rayons X se compose du tube et de son
alimentation électrique. Monté sur un bras articulé fixé au
mur ou au plafond, il se compose des éléments suivants.

A - Tube à rayons X
Les tubes à rayons X utilisés dans le monde médical et den-
taire sont des tubes de type Coolidge, du nom de leur inven-
teur en 1913 (fig. 23.5). À l’intérieur se trouvent les deux
Figure 23.3 Radiographie rétroalvéolaire préopératoire : on
détecte la carie de la face distale de la dent 16 proximale ainsi
éléments principaux que sont l’anode et la cathode avec son
que son étendue en direction de la pulpe. On détecte la pré- filament. Le filament chauffé par un courant génère la pro-
sence d’une parodontite apicale sur la dent 17. Le cone beam CT duction d’électrons qui, placés dans un champ électrique
préopératoire objective la présence de courbures radiculaires entre l’anode et la cathode, sont fortement accélérés :
et d’une perforation dans le tiers apical de la racine mésio-ves- - le filament, en tungstène, mesure environ 2 mm de diamètre
tibulaire ainsi que l’étendue de la perte osseuse et ses rapports et 1 cm, voire moins, de long. Quand il est porté à incandes-
avec le sinus maxillaire. cence, la quantité d’électrons qu’il émet dépend de la tem-
pérature obtenue. Il est placé dans un réflecteur en
molybdène chargé négativement. Il y a alors concentration
des électrons émis en un faisceau fin dirigé vers une petite
surface de l’anode nommée le focal spot ;

Enveloppe en verre plombé


du tube à rayons X

Réceptacle en molybdène
Anode (+)
Filament (cathode)
Enveloppe en cuivre
Enveloppe
en métal
Huile Huile du générateur

Huile Huile
Circuit
Obturateur de la Fenêtre en verre à faible
tête en aluminium non plombé tension
ou en verre
Collimateur
Figure 23.4 Suivi de la guérison. Radiographie préopératoire : Filtres en aluminium
on note la radio-clarté apicale et latéro-radiculaire au niveau de supplémentaires
Tube indicateur du faisceau
la racine distale de 46. Radiographie postopératoire : elle per-
met d’objectiver le respect des objectifs du traitement endo-
dontique. Contrôle radiographique à 12 mois, objectivant la Figure 23.5 Schéma d’un générateur de rayons X (d’après docu-
reconstruction osseuse ad integrum. ment Kodak Carestream).

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Radiographie en endodontie 23
- l’anode se compose d’une cible en tungstène noyée dans du
cuivre. Son but est de transformer l’énergie cinétique des
II - Production de rayons X
électrons en photons de rayons X. Le rendement est très Les électrons qui viennent frapper la cible voient leur énergie
faible et 99 % de cette énergie est transformée en chaleur. cinétique transformée en photons de rayons X.
Celle-ci est dissipée par le cuivre et le bain d’huile dans
lequel est placé le tube.
La finesse de l’image radiographique est inversement propor- A - Facteurs contrôlant le faisceau
tionnelle à la taille du focal spot (fig. 23.6). de rayons X
1 - Temps de pose (ms)
En ne faisant varier que le temps de pose, on ne modifie pas
le type de photons émis mais seulement le nombre qui
atteint la cible.

2 - Intensité (mA)
À temps de pose et kilovoltage égaux, le fait d’augmenter
l’ampérage permet de produire plus de rayons X.

3 - Voltage (kVp)
Lorsque le voltage augmente, l’énergie de chacun des élec-
trons augmente également ainsi que la quantité de photons
Figure 23.6 Plus le focal spot est petit (idéalement punctiforme), émis. Leur pouvoir de pénétration est également lié à cette
moins il y aura d’« ombres » sur le cliché radiographique et plus tension.
celui-ci sera précis.
4 - Filtration
Le faisceau de rayons X est constitué de photons avec diffé-
B - Alimentation électrique rents niveaux d’énergie. Seuls ceux ayant un niveau d’énergie
Le courant électrique est caractérisé par le mouvement des suffisant pour traverser la matière et impressionner le film
électrons dans un matériau conducteur. L’intensité du cou- sont utilisables pour le diagnostic radiologique. Afin de
rant (le nombre d’électrons qui circulent à un endroit par réduire la dose absorbée par le patient, la filtration permet
seconde) se mesure en ampères. La différence de potentiel se de ne conserver que les rayons utiles. Généralement consti-
mesure en volts et la résistance du conducteur se mesure en tué d’aluminium, ce filtre ne laisse passer que les rayons X à
ohms en répondant à la formule U = R × I (où U est le poten- haute énergie.
tiel électrique en volts, R la résistance du conducteur en
ohms et I l’intensité du courant en ampères). 5 - Collimation
La première fonction de l’alimentation électrique d’un généra- C’est le moyen de réduire le diamètre du faisceau de rayons X
teur de rayons X est de fournir du courant faible (courant alter- et, donc, la surface de la zone irradiée. L’usage d’un collima-
natif de 10 V) pour chauffer le filament à l’aide d’un transformateur teur permet également d’améliorer la qualité de l’image en
courant fort/courant faible et de produire une importante dif- réduisant fortement le rayonnement secondaire responsable
férence de potentiel entre l’anode et la cathode grâce à un de sa dégradation.
transformateur haute tension. L’ensemble baigne dans un iso-
lant, la plupart du temps constitué par un bain d’huile.
B - Interaction des rayons X avec la matière
Pour générer des rayons X, il faut une grande différence de L’intensité du faisceau de rayons X est réduite quand il tra-
potentiel entre l’anode et la cathode ; celle-ci se mesure verse la matière par l’interaction des photons avec la matière.
en kilovolts. Les générateurs modernes utilisent générale- Les rayons X atteignant un objet produisent trois types d’ef-
ment une tension de 70 kV. fets qui dépendent de l’énergie du rayonnement incident.
L’énergie des rayons X est proportionnelle à la différence
de potentielle entre l’anode et la cathode. 1 - Effet photoélectrique
Ce phénomène est généré quand le photon incident donne
toute son énergie à un électron d’une orbite interne d’un
C - Minuteur atome et qui sera éjecté. Il y a alors ionisation atomique et un
Le minuteur permet de contrôler le temps d’exposition. Le électron d’une couche énergétique supérieure vient rempla-
générateur de rayons X doit rester allumé en permanence pour cer l’électron éjecté pour stabiliser l’atome. Le déplacement
que le filament reste à la bonne température. Le temps d’expo- de ces couches électroniques génère la production d’une
sition se mesure soit en millisecondes, soit en impulsions. énergie appelée photoélectrique.

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23 Endodontie

Le film argentique se compose d’un support en plastique sur


Essentiel : l’absorption photoélectrique est très importante
lequel est déposée l’émulsion sensible aux rayons X :
pour le diagnostic en imagerie. Elle est proportionnelle au
cube du nombre atomique de la matière. La différence d’ab- - l’émulsion est formée de grains de bromure d’argent sen-
sorption de ces rayons par la matière en fonction de sa den- sibles aux rayons X et à la lumière du jour, qui sont noyés
sité atomique est à l’origine de l’imagerie radiographique. dans une matrice. Plus les grains sont gros, plus le film est
sensible mais moins la définition de l’image produite est
bonne. Inversement, plus les grains sont fins, meilleure est la
2 - Diffusion de Compton définition, mais plus l’exposition doit être importante ;
Ce phénomène est observé quand le photon percute un - le support, en polyester polyéthylène téréphtalate, est
électron de la couche extérieur, avec production d’un pho- souple, ce qui lui permet de s’adapter facilement aux struc-
ton de moindre énergie que le photon incident ; ce choc est tures anatomiques sans provoquer de déformation ni de
à l’origine de la libération d’un électron libre. destruction de l’image.

3 - Création de paires ou matérialisation


Cela est le résultat de l’interaction d’un photon incident de
B - Caractéristiques des images
faible énergie avec un électron de la couche externe entraî- Une fois que le film a été exposé aux rayons, l’image est révé-
nant non pas son expulsion mais uniquement sa vibration. lée grâce au traitement dans des bains de révélation et de fixa-
Dans ce cas, un photon de même niveau énergétique est émis tion. Après avoir été lavé et séché, le film est conservé dans le
avec un angle différent de celui du photon incident. dossier du patient, dans un endroit propre et sec, à l’abri de la
lumière. Sur le cliché obtenu, les zones non exposées (matéria-
lisant les structures ayant arrêté sélectivement le faisceau de
C - Dosimétrie et la protection vis-à-vis rayons) vont apparaître en blanc alors que les zones exposées
des radiations ionisantes (qui n’ont rencontré aucun obstacle) apparaissent en noir. Les
nombreuses variations de gris témoignent de la densité ato-
Important ! La dosimétrie mesure le niveau d’exposition aux mique de chaque structure rencontrée par le faisceau.
radiations ionisantes. Les effets des rayonnements ionisants
peuvent s’accumuler et représenter un risque potentiel 1 - Densité
pour la santé, même à faible dose, à la fois pour le patient La densité est fonction de l’exposition ainsi que de l’épaisseur
et pour le personnel médical souvent exposé. L’accumula- et de la densité de la matière. En augmentant le milli-ampérage
tion des radiations ionisantes par le personnel de santé est
surveillée par un organisme spécialisé, grâce à la lecture du ou le kilovoltage, on augmente la quantité de photons suscep-
dosimètre porté par les personnes concernées. tibles d’atteindre le film. En fonction du sujet (enfant ou adulte)
et de la zone à radiographier, la variation de certains para-
mètres, notamment la durée d’exposition, permet d’optimiser
D’autres dosimètres, dits d’ambiance, permettent également la densité des rayons et donc la qualité de l’image obtenue. Les
de surveiller les enceintes professionnelles et de détecter structures radio-claires (caries, lésions osseuses) se distinguent
des éventuels dysfonctionnements des appareils (fuite, plus ou moins nettement des structures radio-opaques (os
défauts, etc.) Un rapport d’exposition délivré par l’organisme dense, amalgame, gutta-percha…).
de contrôle permet d’indiquer régulièrement la dose de
rayonnement reçue par la personne concernée pendant une 2 - Contraste
période définie. La périodicité des examens dépend de la Il s’agit de l’échelle des gris qui doit être le plus large possible
profession et de la nature de l’exposition. En odontologie, le pour permettre une analyse le plus fine possible. Le contraste
suivi est trimestriel. radiographique est une combinaison entre la matière, le type
de film et la radiation diffuse. Le traitement de l’image revêt
également une importance capitale.

III - Principes de l’imagerie 3 - Finesse des grains du film


De la taille des grains de bromure d’argent dépend la quantité
de photons nécessaire pour obtenir une image. Elle permet
A - Film radiographique donc de qualifier la vitesse du film. On peut également jouer
Il s’agit d’un film de très haute définition, sans écran, contenu sur la température des bains pour obtenir une image plus
dans une pochette étanche à la lumière et à l’environnement. rapidement, mais cela comporte des risques d’erreur.
Une feuille de plomb introduite dans la pochette permet de
stopper les rayons et de limiter ainsi l’irradiation des tissus 4 - Résolution
situés en arrière du film ; il protège également le film lui- On distingue la netteté et le pouvoir de séparation entre
même d’artefacts potentiels générés par d’éventuels rayon- deux structures proches l’une de l’autre. Pour ce faire, une
nements secondaires (Cavézian et al., 2006). mire spéciale permet de lire le nombre de paires de lignes par

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Radiographie en endodontie 23
millimètre : une résolution de 20 paires de lignes par milli- Pour s’approcher de la réalité et limiter les erreurs d’interpré-
mètre est un résultat excellent pour peu que le chiffre donné tation, il est important de connaître quelques principes de
soit réel et non théorique. Ces mires sont disponibles à la base de l’imagerie.
vente et peuvent être utilisées pour contrôler régulièrement
la qualité des clichés au cabinet dentaire.
A - Taille de l’objet et distorsion
C - Qualité des images L’éloignement du film de la dent étudiée ou une mauvaise
Il s’agit d’une notion assez subjective portée par l’observateur orientation de la source de rayons X peut engendrer une
dans laquelle interviennent de nombreux paramètres, dont déformation de l’image qui peut ainsi apparaître plus courte
ceux cités ci-dessus. En endodontie, les besoins sont spéci- ou plus longue que dans la réalité. Cette distorsion peut
fiques et sensiblement différents de ceux des autres disci- être minimisée en éloignant la source de rayons X de l’objet,
plines. Il faut notamment pouvoir suivre, sur le film, la lamina tout en maintenant le film le plus près possible de l’objet
dura, image radiographique matérialisant les limites du desmo- (fig. 23.7).
donte, ou encore objectiver le rapport de l’extrémité d’un ins-
trument endodontique métallique avec la surface radiculaire.
B - Forme de l’objet et déformation
Les différentes parties de la dent ne subissent pas le même
IV - Projection géométrique rapport de déformation, notamment lorsque le film n’est pas
placé perpendiculairement au faisceau et si l’objet n’est pas
Important ! L’image radiographique est la projection d’un parallèle au film (fig. 23.8).
volume, donc tridimensionnel, sur une surface plane, bidi-
mensionnelle. Pour interpréter ces images sans ambiguïté,
le clinicien doit ainsi avoir des connaissances approfondies Important ! Ces deux sources d’erreur peuvent être réduites
en anatomie et une bonne compréhension des principes de en utilisant des techniques appropriées et, notamment, la
l’imagerie médicale afin de pouvoir reconstituer mentale- technique dite des plans parallèles. C’est pourquoi il est
ment le volume d’une structure à l’aide de quelques clichés indispensable d’utiliser un porte-film, notamment pour les
pris sous des incidences différentes. phases de diagnostic (fig. 23.9).

Figure 23.7 Déformation de l’image en fonction du rayon inci- Figure 23.8 La même dent prise sous deux incidences diffé-
dent et de la position de la dent par rapport au film. En fonction rentes. Les rapports de déformation ne sont pas homogènes, il
de l’incidence du faisceau, l’image portée sur le film sera soit y a plus d’allongement au niveau des racines qu’au niveau de la
plus grande soit, au contraire, plus petite que l’objet lui-même. couronne.
Quand le faisceau est perpendiculaire à la bissectrice formée
par le plan du film et l’axe de la dent, la déformation est limitée
(d’après Castellucci, 2004).

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23 Endodontie

a b

Figure 23.9 Pour les clichés préopératoires et postopératoires, la radiographie long cône diminue les risques de distorsion de l’image
en éloignant la source de rayonnement et en alignant le plan du film et l’axe de la dent (documents du Dr S. Simon).

V - Examen radiographique intra-oral grande qualité. Pour les clichés intra-oraux, la tension du tube
est de 60 kV, 70 kV ou, plus exceptionnellement, 90 kV.
En endodontie, l’examen radiographique est le seul moyen La minuterie permet de régler le temps d’exposition et de
mis à la disposition du praticien pour appréhender l’anato- choisir l’intensité du courant (ampérage) en fonction de la
mie interne et radiculaire de la dent, d’une part, et obser- zone à explorer.
ver l’état des tissus de soutien, d’autre part. Il ne fournit
cependant aucune information directe sur l’état physiopa-
thologique de la pulpe. B - Techniques
1 - Radiographie rétroalvéolaire
Pour être exploitable sans ambiguïté, une radiographie doit La radiographie rétroalvéolaire fait appel à deux techniques
répondre à certains critères de qualité. Une bonne radiogra- principales ; celle dite des plans parallèles et celle dite de la
phie doit donner des informations sur l’ensemble de la dent bissectrice. La première reste la technique de choix car elle
et de ses racines et englober au minimum 2 mm d’os au-delà entraîne moins de déformations que la seconde.
des apex. De plus, la déformation doit être le plus faible pos- Une fois le patient confortablement installé, le film est intro-
sible. Enfin, la densité et le contraste doivent fournir une duit en bouche grâce à un porte-film. Le plan du film sera
échelle de gris compatible avec l’interprétation endo- éloigné de la dent en le maintenant parallèlement au grand
dontique. Il faut noter que ces critères peuvent différer de axe de la dent, dans la mesure du possible. Le patient ferme
ceux escomptés dans d’autres disciplines telles que la paro- délicatement la bouche, maintenant ainsi le porte-film en
dontologie, où les informations recherchées sont différentes. place dans la bonne position. Le tube radiographique est
À défaut de qualité ou en cas de doute, le cliché doit être alors placé perpendiculairement au film et à la dent, en utili-
repris ou complété par d’autres réalisés avec des incidences sant le guide du porte-film comme repère spatial.
différentes (White et Pharoah, 2009). Le film est exposé en fonction de la région à explorer avec des
paramètres prédéfinis par le constructeur mais toujours modi-
fiables par le praticien lui-même sur la console de l’appareil.
A - Matériel Dans la technique des plans parallèles (ou technique long
Dans un cabinet dentaire, le générateur est installé dans la salle cône), l’alignement film-objet-source de rayons X minimise la
de soins. Le déclencheur est quant à lui déporté à l’extérieur de distorsion géométrique et participe à la définition et à la
la pièce afin de protéger le personnel médical des radiations qualité de l’image.
ionisantes. Cet appareil contient un générateur de rayons X à Il existe sur le marché différents porte-films et le choix doit
très haute fréquence permettant d’obtenir des images de se faire en fonction des habitudes du praticien (fig. 23.10).

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Radiographie en endodontie 23
Par exemple, pour dissocier les racines vestibulaire et pala-
tine d’une prémolaire maxillaire, il suffit d’anguler le faisceau
de rayons X en mésial ou en distal par rapport au grand axe
de la dent, selon la règle de l’objet vestibulaire (fig. 23.12).
Règle de l’objet vestibulaire : si l’incidence du faisceau de
rayons X est distale par rapport à l’axe perpendiculaire,
l’image du canal vestibulaire se trouve projetée en distal sur
le plan du film et inversement (règle de Clark), et en mésial si
l’incidence est mésiale (règle de Walton).

Figure 23.10 Exemples de dispositifs utilisés pour tenir le film


pendant la prise de radiographie avec film argentique, plaque au
phosphore ou capteur numérique. La pince et les supports de
capteur sont surtout utilisés pour les clichés pris digue en place.

Parfois, pour des raisons anatomiques notamment (palais


plat par exemple), cette technique n’est pas réalisable. La
technique de la bissectrice, ou incidence de Cieszynski, est
alors indiquée. Le rayon incident est dirigé perpendiculai-
rement à la bissectrice de l’angle formé par le plan du film
et le grand axe de la dent.

Il convient de toujours garder à l’esprit que l’image obtenue


est une projection bidimensionnelle d’un volume, et que les
structures se projettent toutes sur le même film en se super-
posant (fig. 23.11).
Le fait de prendre des clichés excentrés permet, dans une
certaine mesure et sous réserve de bonnes connaissances des
structures traversées, de dissocier certaines superpositions
de structure, de faciliter l’interprétation des images obtenues Figure 23.12 Règle de l’objet vestibulaire : l’objet le plus éloigné
et de reconstituer mentalement les structures anatomiques du film se déplace en fonction de l’incidence du rayon principal
observées. (d’après Castellucci, 2004).

2 - Radiographie rétrocoronaire ou bite-wing


Cette radiographie permet d’observer les couronnes et des
chambres pulpaires (notamment leur volume) des dents du
maxillaire et de la mandibule. Elle permet de détecter les
caries interproximales, la présence de calcifications intra-
camérales (notamment la présence de pulpolithes) ainsi que
les récidives de carie sous d’anciennes restaurations. Elle per-
met également d’observer le niveau de l’os crestal.

C - Supports
Le film argentique est longtemps resté la référence en image-
rie dentaire, grâce à la précision de l’image pouvant être
obtenue et à la quantité d’informations disponibles. Cette
Figure 23.11 Vue transversale des différentes couches que traverse qualité est cependant directement liée à la façon d’utiliser et
le faisceau de rayons X avant de venir impressionner le film. surtout de traiter ces clichés. Depuis une dizaine d’années, la

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23 Endodontie

technique numérique a énormément évolué et est aujourd’hui dans un niveau de gris. Cette technique est moins onéreuse
en passe de devenir la référence (Bhaskaran et al., 2007). que la précédente et les résultats obtenus en termes de
performance sont actuellement équivalents. La lecture de
1 - Film argentique l’image se fait en temps réel sur l’écran de lecture ;
Le film argentique existe en plusieurs sensibilités et son traite- - les plaques au phosphore (photostimulable phosphor
ment nécessite une chambre noire, des bains ou une machine plates). Elles absorbent et stockent l’énergie des rayons X
à développer. L’observation doit se faire sur un négatoscope. La pour ensuite la restituer sous forme de photons lorsqu’elles
communication avec le patient autour de ce cliché reste déli- sont exposées à une autre lumière de longueur d’onde
cate. Le stockage et l’archivage doivent être parfaitement maî- déterminée. Avant d’être exposées, les plaques sont initiali-
trisés pour que le suivi d’une pathologie soit possible. sées afin d’éliminer les images fantômes. Pratiquement, la
plaque est maintenue dans une pochette en carton, elle-
2 - Film numérique même placée dans une pochette en plastique souple. La
souplesse de l’ensemble est très proche de celle d’un film
L’imagerie numérique intrabuccale est née en France en 1987
argentique et l’utilisation de ce capteur est identique à celle
avec la mise au point de la radiovisiographie (RVG) par un
d’une radiographie conventionnelle. Le traitement de
Français, le Dr Francis Mouyen. Les rayons X, au lieu d’être
l’image est électronique ; le capteur est placé dans un lec-
réceptionnés sur un film argentique, sont récupérés sur un
teur qui restitue l’image en quelques secondes. Contraire-
capteur numérique. Les structures électroniques composant
ment aux capteurs CCD ou CMOS, l’image n’est pas obtenue
ce capteur transforment l’énergie du rayon X réceptionné en
instantanément mais nécessite un traitement supplémen-
un courant électrique, lui-même matérialisé sur un écran par
taire qui prend quelques secondes. Ces capteurs ont ten-
un pixel d’un niveau de gris dépendant de la quantité d’éner-
dance à s’abîmer et doivent être remplacés régulièrement
gie générée. L’ensemble de ces pixels fournit une image inter-
pour ne pas perdre en qualité d’image. Le coût est tout à fait
prétable sur un écran (ou sur un support papier, comme
raisonnable. Sur le plan pratique, un lecteur peut être par-
c’était le cas pour la première génération d’appareils). Le
tagé par plusieurs praticiens dans le cas d’exercice de groupe
pixel est l’équivalent numérique du cristal de bromure d’ar-
par exemple, ce qui est plus difficile avec les capteurs
gent en radiographie analogique. Chaque pixel peut avoir un
conventionnels décrits plus haut (fig. 23.13).
niveau de gris différent parmi les 256 disponibles. La valeur 0
sur l’échelle de gris correspond à la couleur noire sur le film
et la valeur 255 à la radio-opacité maximum, qui est blanche.
La taille du grain de bromure d’argent reste largement infé-
rieure à la taille d’un pixel numérique, ce qui théoriquement
devrait conférer à l’image argentique une netteté et une qua-
lité supérieure par rapport aux images numériques. Si cela a
été vrai pendant très longtemps, l’essor de l’électronique et
les progrès de la technique permettent aujourd’hui d’obtenir,
avec la radiologie numérique, des images au moins d’aussi
bonne qualité qu’avec l’argentique mais surtout plus facile à
exploiter cliniquement.
Parmi les techniques disponibles en radiologie dentaire, on
retrouve :
- les capteurs du type charge-coupled device (CCD). Il s’agit du
procédé le plus ancien en radiologie numérique. Il est issu de
la technique d’autres équipements (fax, caméra vidéo). Le
CCD est sensible à la lumière et aux rayons X. Les cellules du
Figure 23.13 Appareil pour traitement des plaques au phos-
capteur transforment ces derniers en lumière puis en signal
phore. Un seul appareil suffit pour plusieurs cabinets. Il y a une
électrique par les photodiodes au silicium. Ce signal est reconnaissance automatique des films et un archivage informa-
secondairement amplifié, digitalisé et mémorisé. Le CCD tisé (document Kodak Carestream).
étant plus sensible à la lumière qu’aux rayons X, une couche
de scintillateur est en général placé directement sur le cap-
teur avec ou sans interposition d’une couche supplémentaire 3 - Caractéristiques du film numérique
de fibres optiques qui orientent le signal et atténuent le bruit.
Le processus de fabrication est complexe et onéreux ; a - Contraste
- la technique CMOS (complementary metal oxide semi- C’est la possibilité de distinguer différentes densités sur la
conductors). Il s’agit de l’élément de base des caméras vidéo. radiographie. C’est un paramètre qui dépend de la capacité
Chaque pixel est isolé de son voisin et est connecté à un de l’objet à absorber les rayons X, de celle du capteur à enre-
transistor. La différence essentielle avec le CCD repose sur gistrer ces différences, de celle du système informatique à le
le fait que la charge du pixel est lue puis stockée et restituée restituer et de celle de l’observateur à reconnaître ces diffé-

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Radiographie en endodontie 23
rences. L’œil humain est capable de lire environ une soixan- de qualité équivalente avec un système argentique ; ce seul
taine de niveaux de gris dans de bonnes conditions point rend cette technique intéressante tant pour le patient
d’observation alors que le moniteur peut en afficher 242. Les que pour le personnel médical.
conditions de lecture dans un cabinet dentaire font tomber
ce nombre à 30 niveaux de gris. Les points faibles des capteurs en général restent leur épais-
seur, la surface d’exposition réduite, leur rigidité et la pré-
b - Résolution
sence de fil les reliant à l’unité informatique. Ces inconvénients
C’est la capacité à observer des détails fins. Théoriquement, compliquent parfois la prise des clichés intrabuccaux.
elle est directement liée à la taille du pixel. En dentisterie, la
taille des pixels des meilleurs capteurs CCD est d’environ 20 µm
alors que celle d’un grain de bromure d’argent est de 8 µm. La Il est possible de pallier ces difficultés en utilisant, comme
résolution se mesure en nombre de paires de lignes par milli- pour le film argentique, des aides au positionnement (angula-
mètre. La résolution s’accroît avec le nombre de paires de lignes. teurs, ou IPS) (fig. 23.14).
Cependant, il ne faut pas confondre la mesure théorique avec Au-delà de la qualité du capteur, c’est l’adéquation de l’en-
la mesure effectivement disponible. semble des éléments de la chaîne numérique, de l’acquisition à
c - Latitude d’exposition la lecture, qui permet d’obtenir des images de qualité et fidèles.
Les choix du générateur de rayons X, du type de capteur, du
C’est la capacité à enregistrer l’ensemble des densités tissu-
logiciel de traitement de l’image ainsi que du moniteur doivent
laire des différents tissus analysés, qui vont de celle de la
être mûrement réfléchis car le résultat final dépend de la
gencive à celle de l’émail. Il est également intéressant de
valeur de chacun des maillons de cette chaîne.
pouvoir discerner toute variation de densité au sein d’un tissu
lui-même, notamment pour établir un radiodiagnostic.
d - Sensibilité
C’est la capacité d’un capteur à répondre à une faible exposi-
tion. Il n’existe pas de standardisation et les fabricants ont
tendance à systématiquement exagérer les performances de
leur matériel. En tout état de cause, la dose reçue par le
patient en imagerie numérique est très inférieure à celle
reçue en radiographie argentique.
e - Écran de visualisation
C’est le dernier maillon de la chaîne et c’est sur lui que repose
la lecture finale. Non seulement la lecture sur écran agrandit
l’image mais elle offre également la possibilité de modifier
l’image native grâce à des outils fournis avec les logiciels de Figure 23.14 Tube radiographique équipé du système IPS de
gestion d’imagerie (filtres, réglages de la luminosité, du Kodak et l’écran de lecture : le risque d’avoir des clichés inex-
contraste, colorisation de l’image, etc.). ploitables est largement diminué (document Kodak Carestream).

f - Analyse de l’image
Cette opération consiste à extraire de l’image les données à VI - Examen radiographique extra-oral
valeur diagnostique. Le plus important reste la connaissance
de l’observateur ainsi que sa capacité à analyser l’image en
fonction des observations cliniques.
A - Radiographie panoramique
g - Stockage Important ! Il ne s’agit pas vraiment d’un examen systéma-
L’utilisation d’imagerie numérique impose un mode de stoc- tique en endodontie mais il permet d’avoir une vision glo-
kage différent de celui utilisé en imagerie argentique. Les bale de la cavité buccale, de noter les rapports des dents
avec les structures anatomiques (canal dentaire, sinus, fosses
radiographies vont être automatiquement stockées et archi- nasales, etc.), de délimiter les lésions de grande étendue
vées dans la fiche numérique du patient. Les possibilités dont la taille est supérieure à celle d’un film rétroalvéolaire
offertes par l’informatique sont telles qu’aucun système de et d’anticiper les problèmes en cas de traumatisme (fracture
classement et d’archivage physique ne peut actuellement des maxillaires, des articulations temporo-mandibulaires,
rivaliser avec celui qu’elle offre. etc.) C’est un excellent document pour la première consulta-
Les études ont montré que la précision d’une radiographie tion et la présentation du plan de traitement au patient.
numérique était comparable à celle des clichés argentiques en
termes de radiodiagnostic des lésions carieuses (Nair, 2007). La radiographie panoramique est une tomographie, ce qui
La quantité de rayons X nécessaire en imagerie numérique est sous-entend que les structures situées en avant ou en arrière
7 fois inférieure à la dose nécessaire pour obtenir une image du plan de coupe ne seront presque pas visibles sur le film.

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23 Endodontie

La radiographie panoramique donne des informations sur les évoluent. Nul doute que des aides au diagnostic pour la
rapports qui existent entre les apex des dents et les struc- recherche de lésions ou de structures anatomiques fassent
tures anatomiques nobles telles que les sinus maxillaires et le leur apparition dans un futur proche (Patel et al., 2009b ;
nerf mandibulaire (fig. 23.15). Cotti, 2010).

1 - Capteur
Comme tous les détecteurs digitaux, le détecteur de la 3D
est composé de pixels. Comme toujours, la taille du pixel
conditionne la sensibilité et la précision du système.

2 - Acquisition d’images

Important ! Le positionnement du patient au moment de


l’examen est très important ; il est debout, placé au milieu
de l’appareil de telle façon que son plan d’occlusion soit
horizontal (fig. 23.16). La zone d’intérêt doit se trouver au
plus près du centre du cylindre.

Figure 23.15 Radiographie panoramique : très utile pour la Il faut également faire attention aux artefacts liés à la pré-
consultation et pour déterminer quelles sont les zones à explo- sence de matériaux radio-opaques. La diffraction engendrée
rer plus en détail. Cette radiographie permet de diagnostiquer au moment de l’irradiation peut être la source d’erreurs
des pathologies silencieuses.
majeures d’interprétation. Dans la mesure du possible, le
patient est débarrassé de tout objet métallique situé à l’exté-
rieur de la bouche.
B - Cone beam computerized tomography
Si l’utilisation systématique de la radiographie rétroalvéolaire
est évidente, l’utilisation du cone beam CT n’est, quant à elle,
pas encore largement répandue en endodontie. Mais étant
donné la quantité de nouvelles informations fournies par ce
type d’appareil, les indications vont probablement s’étoffer
dans les années à venir (Patel et al., 2007). L’analyse volumé-
trique des pièces que permet cette nouvelle technique rend
dorénavant accessible la visualisation de la troisième dimen-
sion, jusqu’ici limitée à la reconstruction mentale.
En endodontie, les appareils à petit champ offrent l’avantage
d’un « voxel » (équivalent du pixel en volume) de très petite Figure 23.16 Positionnement du patient dans le cone beam CT
taille. En augmentant la résolution de l’image finale, la lec- (K9000 de Kodak). L’objet à radiographier doit se trouver au centre
ture des structures anatomiques et l’interprétation des du cylindre d’acquisition, le plan d’occlusion est horizontal.
images obtenues sont optimisées (Patel et al., 2009a).
Pour le scanner médical conventionnel, l’acquisition est héli-
coïdale et les coupes sont espacées la plupart du temps de 3 - Reconstruction du volume
1 mm, ce qui laisse un vide dans les reconstructions. La Une fois que toutes les vues sont prises, la reconstruction
reconstitution des différentes couches acquises est assurée peut commencer. Il y a plusieurs méthodes de reconstruction
par un logiciel, dont la définition dépend très étroitement de mais la plus répandue est l’algorithme de Feldkamp. Après la
l’algorithme et de la technique choisis par le fabricant. reconstruction du volume, on obtient un cylindre composé
Pour l’examen cone beam CT, la source de rayonnement est un de voxels.
faisceau conique et la source ainsi que le capteur se déplacent Le temps de reconstruction dépend de plusieurs facteurs tels
selon une trajectoire déterminée (Scarfe et Farman, 2005). que :
L’acquisition d’un cylindre de données en un passage offre - la quantité de données ;
plusieurs avantages par rapport à l’acquisition de tranches - la taille du champ ;
comme dans le cas du scanner médical, à savoir : - la taille du pixel ;
- une meilleure précision ; - la taille du voxel ;
- une plus grande résolution ; - la performance de l’algorithme.
- une réduction du temps d’acquisition ; Contrairement à l’observation d’un cliché radiographique, l’ana-
- une réduction de la dose d’exposition (Cotton et al., 2010). lyse des résultats issus d’un examen cone beam CT doit être
Le potentiel d’utilisation du cone beam CT en endodontie « dynamique ». La présentation du logiciel en quatre parties
semble s’élargir à mesure que les logiciels de reconstruction permet de faire défiler les images dans plusieurs plans de l’es-

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Radiographie en endodontie 23
pace. Les outils disponibles et sélectionnés avec la souris per-
Important ! De nombreux facteurs, notamment la superposi-
mettent de se déplacer dans les plans sagittal, frontal et
tion de structures anatomiques sur les extrémités radiculaires
horizontal, de zoomer, d’éclaircir, d’augmenter le contraste, etc. (trou mentonnier ou canal palatin antérieur), peuvent conduire
Une option de reconstitution permet également de fournir des à des erreurs d’interprétation. En cas de doute, des clichés
images tridimensionnelles, à la fois didactiques pour le patient voire des examens complémentaires doivent permettre de
et très riches en informations pour le soignant (fig. 23.17). lever le doute et d’établir un diagnostic différentiel (fig. 23.18).
La gutta-percha, de par sa radio-opacité, se comporte comme
du métal et peut engendrer une diffraction des rayons X au
g h
moment de l’acquisition.
Les appareils à petit champ offrent l’avantage d’une plus
grande finesse de coupe avec un temps d’acquisition raison-
nable. La définition susceptible d’être obtenue permet de a b c
mettre en évidence des détails allant jusqu’à la taille d’un
canal latéral. Les logiciels d’exploitation de ces images per-
mettent quant à eux une meilleure appréhension de l’anato- i j
f d e
mie endodontique en 3D et des différents obstacles auxquels
doit faire face l’opérateur. k l
L’imagerie cone beam CT trouve également sa place en pré-
chirurgical afin d’apprécier les épaisseurs d’os cortical à tra- Figure 23.18 a. Radiographie préopératoire : image radio-claire à
verser avant d’atteindre les apex des dents. l’apex de la dent 35 et symptomatologie douloureuse. b. Coupe
horizontale du cone beam CT. c. Reconstruction panoramique.
d. Reconstruction 3D et visualisation de l’émergence du canal
mandibulaire. e. Reconstruction sagittale et superposition de
l’émergence du trou mentonnier avec l’apex de 35. f. Radiographie
postopératoire. g. Radiographie préopératoire, fistule vestibulaire
et image radio-claire à l’apex de 11 et 21. h. Coupe sagittale passant
par la dent 21 : parodontite apicale. i. Coupe horizontale et mise en
évidence du canal palatin antérieur. j. Reconstruction 3D. k. Coupe
transversale. l. Coupe sagittale passant par la 11 et mise en évidence
de la superposition canal palatin antérieur et apex de la dent.

B - Fractures radiculaires
Seules les fractures horizontales peuvent être visibles sur la
radiographie. Il faut cependant que les fragments soient
séparés et que le faisceau de rayons X passe par le plan de
fracture (fig. 23.19).
Dans les autres situations, la dent fracturée est entourée d’une
Figure 23.17 La fonction « stitching » permet de faire l’acquisition zone radio-claire caractéristique (cela n’est pas systématique).
d’une arcade complète. De gauche à droite et de haut en bas : plan
horizontal, reconstruction 3D et matérialisation des différents
plans, coupe transversale et coupe sagittale médiane. Sur la coupe
transversale, on note l’émergence du canal dentaire inférieur.

VII - Interprétation radiographique


A - Radio-clartés apicales et latérales
Ces lésions apparaissent en zones plus foncées sur les radio-
graphies et sont ou non bordées par une ligne dense. Dans le
cas de lésion osseuse d’origine endodontique, la continuité
du ligament alvéolo-dentaire apparaît comme rompue à la
radiographie (Goldman et al., 2007).
Une pathologie débutante peut, quant à elle, simplement Figure 23.19 Radiographie rétroalvéolaire : résorption radiculaire
provoquer un élargissement du ligament. sur la 11 et parodontite apicale au niveau de 21. Sur la reconstruc-
La pathologie peut également se manifester sous forme de tion sagittale, on note l’étendue de la résorption et la fracture
radio-densité ; on parle alors d’ostéite condensante. radiculaire.

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23 Endodontie

C - Nombre de racines et de canaux


Les dents pluriradiculées sont radiographiées sous diffé-
rentes incidences afin d’objectiver la présence de racines
supplémentaires (fig. 23.20).
Sur les dents monoradiculées, un brusque changement de
diamètre canalaire signe souvent une bifurcation, les deux
canaux cheminant au cœur de la même racine.

a b c

d e f

Figure 23.20 a. Coupe horizontale et mise en évidence de


4 racines distinctes sur la dent 27. b. Reconstruction 3D.
c. Radiographie rétroalvéolaire. d. Coupe transversale. e. Coupe Figure 23.22 La calcification canalaire remonte en direction
sagittale et mise en évidence de la parodontie apicale, de la apicale.
courbure et des relations étroites avec le sinus maxillaire.
f. Radiographie postopératoire.
E - Résorptions
Il s’agit de phénomènes inflammatoires à l’étiologie le plus
D - Calcifications souvent mal définie (voir chapitre 17). L’examen cone beam
Le vieillissement de la pulpe peut entraîner des phénomènes CT trouve ici tout son intérêt car il permet d’évaluer précisé-
de minéralisation rendant le traitement endodontique com- ment les pertes de substance et les dégâts collatéraux à
pliqué et le résultat aléatoire. prendre en considération pour traiter la dent concernée
Sur les dents pluriradiculées, il s’agit en premier de pulpo- (Estevez et al., 2010) (fig. 23.23).
lithes (fig. 23.21). Sur les dents monoradiculées, la calcifica-
tion remonte plus ou moins haut dans le canal (fig. 23.22).

Figure 23.21 De gauche à droite : radiographie préopératoire (mise


en évidence des courbures radiculaire et de la présence de pulpo- Figure 23.23 Résorption radiculaire vue sur une radiographie
lithe) ; cavité d’accès et pulpolithe ; radiographie postopératoire. rétroalvéolaire, un cone beam CT et une vue clinique.

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Radiographie en endodontie 23
F - Cas complexes VIII - Conclusion
Certaines situations cliniques nécessitent une réflexion pous-
sée : extraire, traiter, implanter, suivre l’évolution… (fig. 23.24). La radiographie, de la prise du cliché jusqu’à son interpré-
Le plan de traitement doit tenir compte de nombreux para- tation, fait partie intégrante du traitement endodontique.
Elle seule permet de détecter et de suivre l’évolution
mètres Pour prendre une décision thérapeutique, le clinicien
d’une pathologie même en l’absence de signes cliniques.
a besoin d’un maximum d’informations pour essayer d’antici- Sur elle repose l’appréciation d’une endodontie de qualité
per au mieux le taux de succès d’un traitement éventuel. Le en fonction de critères clairement établis.
cone beam CT s’inscrit dans le panel des examens disponibles Il ne faut pas oublier que la radiographie rétroalvéolaire
et, au-delà de son utilité indiscutable, il peut même se révé- n’est qu’une représentation en deux dimensions d’une
ler indispensable. Ces informations associées à l’examen cli- structure tridimensionnelle.
nique dentaire et parodontal permettent d’établir un
diagnostic précis et de donner au patient tous les éléments Les performances offertes par les techniques sans cesse en
nécessaires à la compréhension de sa pathologie et à la prise évolution ne doivent pas affranchir le praticien d’un interro-
de décision d’un éventuel traitement. Le praticien doit gatoire poussé, d’un examen clinique performant ainsi que de
cependant limiter ses prescriptions aux situations indispen- connaissances dans de nombreux domaines en permanence
sables et ne pas tomber dans l’examen systématique. réactualisées.

Figure 23.24 Mise en évidence d’une trajectoire canalaire atypique.

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23 Endodontie

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