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(2) Cela est surtout évident lorsqu'on considère les peintures de grand format,
par exemple les représentations des «<peuples» sur les peintures murales des années
30 et 40 du XVI* siècle, qui décorent les façades des églises moldaves (v. in/ra).
(3) A. CtABAK, Un gra/ftie sur h façade d'une église de Bucovine. dans Revue
des études slaves, XXIII. 1947.
(41 G abiims. /. c . passim. Comme je le dis, dans ma note I . les peintures que je
cite le sont déjà dans l'article de Garidis. Il n'y a que les photographies de détail de
l'icône de Stockholm et celles qui reproduisent les icônes du Musée d'art ukrainien
de Lvov qui m'ont été fournies par ces Musées. Je les en remercie. Les photo
graphies des fresques moldaves appartiennent au Service des Monuments Histo
riques de Bucarest, qui a bien voulu m'en envoyer des tirages. Elles ont été exécu
tées en 1929 et 1930. pour moi. lors de mes deux voyages d'étude dans ce pays,
sur l'invitation du r^ re tté Georges Bal^ M. Garidis a eu l'amabilité de faire tirer
pour moi une nouvelle épreuve de la (ig. 3.
(5) G aridis. pl. IV et V.
LES «PEUPLES» DANS LES IMACES DU JUCEMEN1 DERNIER 189
(12) Album in-fol. publié par UNESCO, sous le titre Roumanie, pl. XVI.
93. Bibliographie étendue sur les peintures qui figurent le
G ariois . Ï .C .. P
Jugement Dernier, avec les «peuples».
LES «PEUPLES» DANS l£ S IMAGES DU JUGEMENT DERNIER 191
F k ;- 3 . - Moldovitsa. Moldavie
Une partie des «peuples» dans le Jugement Dernier
Phot. Mon. Hist. Roumains
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A. G rabar.
NOTE ADDITIONNELLE
Russes, à cet emplacement (parmi les pécheurs), sur une icône russe,
exclut l'hypothèse de M. Garidis (v. article cité note 1) qui. sans ignorer
l'icône de Stockholm, voyait dans tous les «peuples» figurés dans le
Jugement [>ernier des ennemis politiques ou religieux des orthodoxes de
l'époque et des Etats qu'ils gouvernaient alors.
Le cinquième groupe comprend un peu plus de personnages et montre,
à sa tête, un roi coifTé d'une grande couronne de type occidental, avec un
contour supérieur qui semble imiter des fleurs de lys ou des fleurons. Ce
groupe est accompagne d'une inscription, qui. elle aussi, comme
l'inscription auprès des «Russes», est particulière, mais d'une autre façon.
Elle dit «roi» et «Polonais» (к<^хш(ь) ляховн). Le roi est suivi par plusieurs
Polonais. Et si ces personnages ont leurs pendants chez les autres
«peuples», seuls les Polonais sont précédés par leur roi. Aucun autre
«peuple» n'est précédé par son chef quel qu'il soit A noter encore que
tous les Polonais, sur l'icône, portent leur main gauche sur le fourreau de
leur épée, tandis qu'aucun des représentants des autres groupes de ce
régistre n'est armé. Le costume des Polonais aussi se distingue des
vêtements des «peuples» qui les précèdent, mais sans être précis dans leur
coupe : Il est plus court ct rend visibles les jambes de tous les personnages
jusqu'à la hauteur du genou. Sans préciser les pièces de leur vêtement, le
peintre a certainement voulu leur donner une allure «occidentale».
La place ayant manqué au peintre, pour situer sur le même régistre tous
les peuples qu'il entendait y montrer, les deux derniers «peuples» de son
choix ont été reportés au registre suivant (au-dessous du premier). Ils y
apparaissent à côté d'un tout autre motif rattaché à l'iconographie tardive
du Jugement Dernier (fig. 6).
Le premier des deux «peuples» de ce second régistre représente les
Lithuaniens, en accompagnant les personnages de ce groupe d'une
inscription qui. tout comme les inscriptions à côté des «Russes» et des
«Polonais», est particulière. Le caractère spécial de ces trois inscriptions
nous fait supposer que le peintre ou celui qui l'avait chargé de cette œuvre,
connaissait mieux ces trois peuples que tous les autres. L'inscription
auprès des Lithuaniens proclame : «Lithuaniens courageux» (литва
xopoC^ia). Ces Lithuaniens portent de petits bonnets pointus, des
justaucorps occidentaux, aux manches courtes et de longs bas ; chacun
d'eux tient la poignée d'une courte épée semblable à celle des Polonais.
Tandis que les Pc4onais ne présentent que certains éléments du costume
occidental, les Lithuaniens ont tout à fait une allure d'occidentaux. Quant
à la légende «Lithuaniens courageux», elle est totalement inattendue, et se
laisse rapprocher de la légende qui accompagne les Russes, quant à son
originalité et la difTiculté de l'expliquer.
Enfin. le dernier groupe, en partie dissimulé par la courbe d'un motif
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faire figurer nous invite à attribuer cette peinture à une région où les
Russes, les Lithuaniens et les Polonais étaient voisins les uns des autres, et
peut-être même qu elle avait été confectionnée en Lithuanie à une époque
où ce pays n'était pas encore uni à la Pologne et où il luttait courageu
sement pour son indépendance politique et la pratique de l'orthodoxie,
religion qu'ils avaient encore en commun avec les Russes orthodoxes.
A. G rabar.