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Contribution à la modélisation du
comportement des ouvrages d'art
lors des phases de construction
avec prise en compte des non
linéarités géométriques et
matérielles
Hugues Somja
Cette thèse représente le fruit de neuf années de travail au sein du département de recherches du
bureau d'études Greisch. Je tiens tout d'abord à remercier ceux qui ont créé les conditions pour rendre
possible ce travail. Je pense ici à messieurs Vincent DE VILLE et Jean Marie CREMER,
administrateurs du bureau d'études Greisch et de Greisch ingéniérie, mais je pense aussi à l'entièreté
de l'équipe du bureau d'études Greisch. Leur approche très scientifique de la construction des
ouvrages d'art a fourni le cadre idéal pour cette thèse, qui tente de franchir le pas entre le monde des
bureaux d'études et le monde académique.
Ma gratitude va ensuite au professeur Maquoi, sans qui cette thèse n'aurait certainement pas vu le jour.
Dans mes moments d'hésitation, son enthousiasme a levé mes derniers doutes et m'a lancé dans ce
travail.
Il me faut aussi remercier le professeur Dotreppe, promoteur de ce travail, pour sa contribution éclairée.
Il est difficile de citer nommément tous ceux qui, à des degrés divers, ont participé à l'achèvement de ce
travail. Que tous ceux qui m'ont aidé, d'un simple encouragement à un appui continu, trouvent ici
l'expression de ma reconnaissance la plus sincère.
Mais je me dois quand même de remercier tout particulièrement mon frère, Roland, ainsi que son
épouse, Myriam, à qui a incombé la tâche ingrate de la relecture de ce travail, et Evelyne, qui m'a tant
aidé pour toutes les tâches annexes. Je tiens à leur dire : Merci.
RESUME
La finalité de cette thèse est le développement de solutions numériques, essentiellement basées sur la
méthode des éléments finis, permettant d'effectuer le calcul de l'effet des phases de construction en
cours de montage sur le comportement des ouvrages d'art, en intégrant les non linéarités matérielles ou
géométriques et les effets des déformations différées.
Ce résultat est obtenu en se basant sur un programme d'éléments finis non linéaire existant, le FINELG.
Cet outil initial est complété dans ce travail par :
– une étude des lois mécaniques acier, et surtout béton, afin de disposer de modèles complets du
comportement du matériau, ainsi que des procédures pour déterminer les paramètres desdits
modèles;
– le développement, à l'intérieur du programme, d'éléments permettant la gestion des structures
évolutives, afin de pouvoir calculer les phases de construction des ouvrages d'art.
Dans cette première partie du travail, sont donc mis au point des modèles scientifiquement éprouvés, et
suffisamment fiables pour nous permettre d'aborder la modélisation de l'évolution des structures, qui
constitue la deuxième partie du travail.
Ces dernières applications à deux structures réelles prouvent que l'objectif du travail, la modélisation
des phases de construction :
– avec prise en compte des non linéarités, dans le cas du viaduc de Millau;
– avec prise en compte des effets différés, dans le cas du pont de l'Europe à Coïmbra;
est atteint.
TABLE DES MATIERES
PARTIE I – INTRODUCTION
T.1
TABLE DES MATIERES
T.2
TABLE DES MATIERES
T.3
TABLE DES MATIERES
III.3. Développements.........................................................................................................................III.14
III.3.1 Gestion des éléments poutre, treillis et ressort...............................................................III.14
III.3.1.1 Organisation commune ......................................................................................III.14
III.3.1.2 Particularités de l'élément câble ........................................................................III.18
III.3.2 Appui de lançage.............................................................................................................III.19
III.3.2.1 Définitions préliminaires .....................................................................................III.19
III.3.2.2 Fonctionnement .................................................................................................III.19
III.3.2.2.1 Principe général .................................................................................III.19
III.3.2.2.2 Détermination du point appuyé ..........................................................III.21
III.3.2.2.3 Ecriture de la matrice de raideur........................................................III.25
III.3.2.2.4 Traitement du décollement ................................................................III.26
III.3.3 Vérification des résultats par comparaison avec des analyses linéaires........................III.27
III.3.3.1 Méthode dite de "superposition des effets"........................................................III.28
III.3.3.2 Méthode des coefficients ...................................................................................III.29
T.4
TABLE DES MATIERES
T.5
TABLE DES MATIERES
PARTIE IV – CONCLUSIONS
T.6
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
T.7
I. INTRODUCTION
Première partie
INTRODUCTION
I.1. GÉNÉRALITÉS
Le cadre dans lequel s'inscrit cette thèse est le développement de solutions numériques,
essentiellement basées sur la méthode des éléments finis, permettant d'effectuer le calcul de l'effet des
phases de construction en cours de montage sur le comportement des ouvrages d'art.
Tout processus de montage d'une construction de quelque envergure, et en particulier d'un pont,
implique l'existence de phases intermédiaires, entre lesquelles le schéma statique ainsi que les
propriétés géométriques et mécaniques peuvent significativement varier. Ces étapes transitoires
influent sur la forme de la structure et sur la répartition des efforts de telle sorte qu'une analyse globale
de l'ouvrage, qui serait conduite dans sa configuration finale, fournirait des résultats très éloignés de ce
qui sera en réalité.
Par ailleurs, le dimensionnement de la construction est non seulement conditionné par le
fonctionnement en service de l'ouvrage, mais aussi par sa résistance tout au long des phases de
montage.
Ceci est particulièrement vrai dans le cadre des grands ouvrages d'art, qu'ils soient construits en acier,
en béton, ou d'une association de deux ou plusieurs matériaux. Un pont est par nature un ouvrage de
franchissement; les conditions de site compliquent souvent la mise en place de l'ouvrage, conduisent à
utiliser les matériaux au maximum de leurs capacités, et à faire preuve d'ingéniosité pour déterminer
une procédure de montage.
Les structures en acier sont souvent constituées d'éléments prémontés. La séquence des opérations
imaginées pour le montage détermine la répartition des efforts dans la configuration finale et les états
intermédiaires sont normalement plus critiques que la configuration définitive au niveau de la
résistance. Les circonstances conduisent parfois à recourir à des solutions très élaborées telles que le
lançage. La structure est construite sur la rive de la vallée à franchir, dans l'alignement du profil
théorique; elle est ensuite déplacée longitudinalement jusqu'à son emplacement définitif.
Les ouvrages en béton sont mis en place selon une multitude de techniques différentes. Il est possible
de couler le béton en place, sur cintre ou en encorbellement; il est alors armé ou précontraint. On peut
avoir recours à la préfabrication : des tronçons complets de l'ouvrage sont alors souvent montés en
encorbellement et solidarisés par de la précontrainte. On peut utiliser une technique similaire pour la
mise en place de maîtresses poutres métalliques, destinées à recevoir ultérieurement une dalle de
circulation coulée en place ( structures mixtes acier-béton ).
Enfin, les ouvrages d'art en béton peuvent aussi être mis en place, à l'instar des structures en acier, par
lançage, rotation, etc…
Les progrès effectués dans la connaissance des matériaux et de leur comportement ont permis de
grandes avancées dans les techniques de montage. Mais les matériaux ne savent être utilisés de
façon optimale que si l'analyse structurale intègre le comportement mécanique aussi correctement que
possible.
Le présent travail vise à développer un outil d'analyse des ouvrages dans les diverses phases de
construction, adapté aux exigences des technologies de montage les plus récentes.
I.1
I. INTRODUCTION
Les développements sont réalisés dans le cadre de la méthode aux éléments finis. En effet :
– les éléments finis intègrent le comportement non linéaire des matériaux, et la discrétisation de
l'évolution temporelle des caractéristiques.
– La souplesse de la méthode permet de mettre au point un outil général, capable de modéliser
n'importe quel procédé de construction.
Le travail se limite à l'analyse globale de l'ouvrage. L'étude des détails (nœuds de la structure,
assemblages…) n'est pas abordée. Dès lors, les modèles éléments finis utilisés sont de type poutre.
Pour des structures aussi filaires que les ouvrages d'art, cette hypothèse paraît assez naturelle.
L'usage d'éléments de type coque ne présente ici que peu d'intérêt :
– certes, ils permettent une meilleure modélisation de l'ouvrage pour l'étude des zones de nœud, ou
de la répartition transversale des efforts dans la section;
– mais cela a un coût en terme de préparation et d'introduction des données, et d'interprétation des
résultats, qui devient rapidement prohibitif lorsque la taille de l'ouvrage augmente;
– enfin, ils n'aident pas l'ingénieur à mieux comprendre le fonctionnement de la structure. En cas de
problème de conception, il est alors plus difficile de trouver une solution efficace.
Il ne s'agit pas de nier l'utilité d'études conduites avec des éléments de type coque, mais il paraît plus
opportun de réserver ces éléments pour des discrétisations de zones limitées de la structure, et d'en
tirer les enseignements pour la mise au point du modèle filaire.
I.2
I. INTRODUCTION
Il n'est pas davantage question de limiter le champ d'application de l'outil à développer aux structures
expérimentales, en laboratoire, pour lesquelles les données, tant au niveau matériel que du
chargement, peuvent être déterminées avec peu d'incertitudes. L'objectif est bien de développer un
outil utilisable aussi dans le cadre de structures réelles et de répondre à l'attente des bureaux d'études.
En résumé, l'objectif est de développer un outil de calcul autorisant la modélisation des différents
phénomènes à un haut niveau scientifique, tout en restant suffisamment simple d'utilisation.
Pour faciliter la compréhension des résultats, des méthodes simplifiées sont proposées, lorsque la
complexité des problèmes devient telle que les raisonnements classiques ne permettent plus de
comprendre le fonctionnement de l'ouvrage. L'objectif n'est pas seulement de développer l'outil de
calcul, mais aussi de fournir les informations utiles ou nécessaires à une utilisation correcte et efficace
de cet outil.
Les développements sont réalisés dans le logiciel FINELG. Ce programme, conçu par FREY [F05] en
1977 a été étoffé ultérieurement par des thèses de doctorat (DE VILLE [D03], JETTEUR[J02]) ou des
contrats de recherche européens. Initialement orienté vers l'analyse non linéaire (géométrique et
mécanique) des structures métalliques, STUDER [S02] d'abord, et BOERAEVE [B09] ensuite l'ont
étendu au calcul des structures béton et/ou mixtes de type poutre.
Dans ce travail, nous nous servons principalement des éléments mis au point par BOERAEVE :
– un élément poutre plane acier à 3 nœuds (appelé GPP33A);
– un élément poutre plane béton à 3 nœuds (appelé PPC33A);
– un élément de connexion partielle à 6 nœuds, CON33A, servant à modéliser l'interface acier-béton
des poutres mixtes.
Ces éléments, écrits pour une analyse non linéaire en grands déplacements et petites déformations,
contiennent déjà :
– un comportement élastoplastique pour l'acier;
– un comportement élastoplastique pour le béton en compression, et un comportement de type
endommagement en traction avec la possibilité de prendre en compte le "tension stiffening";
– la modélisation du comportement différé du béton, par la méthode du temps équivalent améliorée.
Les formulations et principes du logiciel et des éléments sont repris en annexe 1.
I.3
I. INTRODUCTION
Les travaux conduits en plan par P.BOERAEVE ont été étendus au domaine spatial, lors d'une
recherche subventionnée par la région wallone (appelée DYNAMIX [D04]), sur base de la poutre
spatiale développée par DE VILLE [D03].
Compte tenu des développements présentés ci-dessus, FINELG constitue une base idéale pour
l'élaboration de l'outil de calcul des phases de construction.
Cependant, l'outil de base n'est pas à l'abri des critiques :
– si, numériquement, les éléments finis existent et les lois mécaniques sont écrites, la détermination
des paramètres des modèles, notamment en traction, n'est pas pleinement clarifiée;
– la qualité des matériaux a évolué et certains modèles doivent être adaptés;
– les lois prises en compte ne conviennent pas pour les chargements répétés, ou cycliques, qui
prennent de plus en plus d'importance;
– enfin, la modélisation des phases de construction nécessite une gestion de l'évolution topologique
de la structure, qui fait pour ainsi dire totalement défaut.
Le présent travail complète les développements antérieurs pour élaborer un outil qui puisse être utilisé
pour le calcul des phases de construction des ouvrages d'art, en maintenant l'approche scientifique
générale du programme.
Il veille donc d'une part à déterminer une procédure de modélisation des matériaux incluant une
détermination complète des paramètres, et d'autre part à adapter le logiciel pour que les principales
phases de montage puissent être aisément calculées.
I.4
I. INTRODUCTION
La deuxième partie se termine par l'application de l'outil développé à deux exemples de calcul de
structures complètes :
– le calcul de la contreflèche du pont de l'Europe à Coïmbra, un ouvrage haubané en béton construit
par encorbellement. Dans ce calcul, les effets différés sont prépondérants. Cet exemple montre :
– la simplicité de l'application de l'outil à un cas concret;
– l'utilité du calcul éléments finis qui, par comparaison aux calculs linéaires, permet de bien
cerner le comportement de la structure.
– Le calcul du lançage du viaduc de Millau. Ce calcul intègre de nombreux phénomènes non
linéaires différents : non linéarité des haubans, soulèvement de la structure, système d'appuis sur
bogie, grands déplacements transversaux.
Le déroulement du lançage, incluant de nombreuses dénivellations d'appui, est suivi pas à pas par
le programme. Les nombreuses mesures réalisées durant le lançage ont permis de valider les
résultats des calculs, la concordance entre les valeurs mesurées et calculées étant excellente.
I.5
I. INTRODUCTION
I.4.3 Conclusions
Un chapitre de conclusions fait le point sur les différents enseignements à tirer de ce travail, et formule
diverses propositions de développements pour l'avenir.
I.6
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Deuxième partie
MODÉLISATION DU COMPORTEMENT
MÉCANIQUE
II.1.1 Acier
II.1.1.1 Aspects phénoménologiques
II.1.1.1.1 Comportement statique monotone
Si une éprouvette d'acier est soumise à un essai de traction jusqu'à rupture, deux types de
comportement sont possibles [L04] (fig 1.1) :
– soit une courbe à palier (fig 1.1.a);
– soit une courbe à module tangent continu (fig 1.1.b).
(a) (b)
II.1
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
L'acier est un matériau cristallin, dont la structure présente des défauts de type dislocation. Sans
mouvement de ces défauts, les déformations de la structure cristalline correspondent à des
déformations réversibles dites élastiques. Les mouvements des dislocations induisent des
déformations irréversibles, dites plastiques.
Les déformations réversibles sont considérées, en première approximation, linéaires.
Le matériau n'est pas parfait. Des dislocations existent dès le départ et rendent le comportement
immédiatement non linéaire. Mais dans un premier temps, elles sont peu nombreuses et peuvent être
négligées. La contrainte à partir de laquelle apparaissent des déformations irréversibles significatives
est appelée limite d'élasticité. Cette grandeur correspond au palier de plasticité et est fixée
conventionnellement, pour en obtenir une définition claire dans tous les cas, à la tension correspondant
à une déformation irréversible de 0.2 %.
Lorsque le matériau entre en plasticité, les dislocations se déplacent les unes par rapport aux autres de
manière à permettre un accroissement de déformation sous contrainte constante. Elles s'entremêlent
et finissent par se bloquer. Pour augmenter les déformations, il faut à nouveau augmenter la contrainte;
on parle d'écrouissage. En première approximation, la contrainte atteinte devient la nouvelle limite
d'élasticité.
Lorsque l'on soumet une éprouvette à une sollicitation alternée (traction suivie de compression), la
première plastification écrouit le matériau dans le sens de la traction mais diminue la limite d'élasticité
pour la compression subséquente, dans le même ordre de grandeur qu'elle augmente en traction
(fig 1.2). Ce phénomène est appelé l'effet BAUSCHINGER.
σ't
Par ailleurs, si le cycle de contraintes est symétrique par rapport à l'origine, la demi alternance BA
(fig 1.3) est obtenue en première approximation par une homothétie d'ordre 2 de la courbe de
chargement initial OA. Cette observation expérimentale est connue sous le nom de règle de MASING.
II.2
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Le comportement réel est cependant plus complexe. Lors de sollicitations cycliques, les propriétés
mécaniques évoluent. Pour l'acier à température ambiante, un adoucissement est observé : l'amplitude
des contraintes ∆σ diminue au cours de cycles successifs à déformation contrôlée, ou l'amplitude des
déformations augmente à contrainte imposée (fig 1.4).
Lorsque, après un certain nombre de cycles, apparaît une réponse périodique, le cycle est dit stabilisé.
Sous contrainte imposée non symétrique par rapport à l'origine, la déformation augmente
progressivement à chaque cycle même en régime stabilisé (fig 1.5). Ce phénomène est appelé effet de
rochet : à la déformation périodique vient se superposer un terme de déformation complémentaire.
cycles de
contraintes
imposés
A l'inverse, sous déformation imposée, on constate une relaxation de la contrainte moyenne (fig 1.6).
Fig 1.6 : Relaxation de la contrainte moyenne sous cycles de déformations non symétriques [L04]
II.3
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
L'acier est souvent représenté par une loi basée sur la théorie de la plasticité, parce qu'il en respecte
dans l'ensemble les hypothèses :
1. Partition des déformations :
e p
ε=ε +ε (II.1.1)
e
La déformation totale ε peut être divisée en une déformation élastique ε et une déformation
p
plastique ε ; cette distinction correspond aux déformations de la structure cristalline et aux
mouvements des dislocations.
2. Existence d'une surface de plasticité : F0(σ) = 0. (II.1.2)
Un état de contraintes est dit élastique s'il est situé à l'intérieur d'une surface de plasticité, et
plastique s'il est situé sur le pourtour de cette surface; un état associé à un point situé à l'extérieur
de la surface est impossible. Dans le cas unidimensionnel, la surface de plasticité du matériau
vierge est triviale :
F0 = |σ| - fy = 0 (II.1.3)
avec fy la limite d'élasticité initiale.
Lorsque l'écrouissage se produit, la surface de plasticité change. L'expression des différentes
surfaces de plasticité est appelée surface de charge. Elle dépend de la contrainte σ, de la
p
déformation plastique ε et d'un paramètre d'écrouissage k :
p
F(σ,ε ,k) = 0 (II.1.4)
p
Si l'état de contraintes est tel que F(σ,ε ,k) = 0, une variation des sollicitations est caractérisée par :
∂F
– un déchargement élastique si : dF = dσ < 0 (II.1.5)
∂σ
∂F ∂F ∂F
– un état élastoplastique si : dF = dσ + p dεp + dk = 0 (II.1.6)
∂σ ∂ε ∂k
3. Postulat de Drucker. Il s'exprime comme suit : "Le travail effectué pendant un cycle de charge
quelconque fermé dans l'espace des contraintes est non négatif."
Ce postulat entraîne deux conséquences :
– Normalité : le vecteur incrément des déformations plastiques est normal à la surface de
∂f
plasticité : dε ij p = λ (II.1.7)
∂σ ij
λ étant un facteur de proportionnalité.
– Convexité : la surface de plasticité est convexe.
4. Loi d'écrouissage
L'écrouissage est souvent supposé isotrope. Le paramètre d'écrouissage k est donné par :
k= ò dε p (II.1.8)
II.4
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Si l'hypothèse d'écrouissage isotrope n'est pas préjudiciable dans le cas d'un chargement monotone, au
cours duquel une inversion complète de la contrainte après plastification est suffisamment rare pour
pouvoir être négligée, il n'en va pas de même pour un chargement cyclique. En première
approximation, le modèle d'écrouissage cinématique linéaire permet d'assez bien représenter l'effet
BAUSCHINGER.
Comportement expérimental
Ces modèles constituent une adaptation des modèles classiques d'écrouissage au chargement
cyclique. Ils utilisent les maxima de contraintes pour adapter la forme de la loi. Pour le comportement
unidimensionnel, la simplicité de ces modèles les rend très attractifs. Ils sont capables de restituer les
effets de rochet et d'écrouissage non linéaire, comme par exemple le modèle de GIUFFRE-
MENEGOTTO-PINTO [M06,P03] (fig 1.8), d'ailleurs conseillé par le CEB pour la représentation du
comportement des armatures [C04]. Moyennant quelques aménagements, il peut être étendu aux
profilés métalliques.
II.5
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
L'écrouissage cinématique correspond aux contraintes internes provoquées dans la structure cristalline
par le blocage de deux dislocations. Dès lors il est assez naturel, pour représenter de multiples
blocages, de chercher à améliorer l'écrouissage linéaire de PRAGER en superposant plusieurs
modèles élémentaires correspondant à plusieurs grains : c'est le modèle multicouche. Ce type de
modèle permet de respecter :
– la concavité des courbes en traction et compression;
– la règle de MASING.
II.6
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
On peut résumer les capacités des différents modèles dans le tableau suivant :
II.7
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
II.1.2 Béton
Le béton est constitué d’un mélange de plus ou moins 70 % de sable et gravier regroupés sous
l'appellation de granulats, 10 à 15 % de ciment, 15 à 20 % d’eau et 2 à 5 % d’air (proportions en
volume). Le ciment et l’eau réalisent une réaction d’hydratation pour former la pâte de ciment, un solide
poreux dont les capillaires sont partiellement remplis d’eau. Les caractéristiques du béton dépendent
donc :
– des deux phases en présence, à savoir les granulats et la pâte de ciment, dont l’hydratation se
poursuit après durcissement du béton, ce qui la rend sensible aux conditions extérieures;
– de l’interface entre les deux phases.
Le comportement rhéologique du béton est complexe. Peu de modèles intègrent l'ensemble des
phénomènes en une seule formulation; ils sont plus souvent orientés vers un aspect particulier ou sont
constitués d'un assemblage de plusieurs formulations partielles.
Les déformations du béton sont classiquement divisées en trois :
– les déformations instantanées sous contrainte extérieure. Les courbes en traction et compression
sont différentes et sont étudiées séparément;
– les déformations différées sous charge extérieure appelées déformations de fluage ou, plus
simplement, le fluage;
– les déformations différées du béton libre appelées déformations de retrait ou, plus simplement, le
retrait.
Soit une éprouvette de béton, soumise à une charge de compression croissante par application d'une
déformation imposée. Le comportement axial est non linéaire, et passe par un maximum (fig 1.11).
σ σ
fc - fc -
1.0
tension critique
extension
latérale déformation
axiale
ε Ext. Volumétrique
Jusqu'à plus ou moins 30 % de la résistance en compression, appelée fc, le comportement est linéaire.
Ensuite, la non linéarité du comportement va croissant, jusqu'à atteindre la contrainte maximale. Cette
altération est due à l'apparition et la progression des microfissures. Au début du chargement, elles
restent localisées à l'interface granulats - pâte de ciment. Pour des contraintes proches de 70 % de fc,
elles s'étendent au mortier et commencent à s'interconnecter pour former des macrofissures. A partir
de 90 % de fc, ces fissures commencent à être instables; si la charge est maintenue à ce niveau durant
un certain temps, elles s'agrandissent jusqu'à provoquer la ruine (rupture différée).
Si la contrainte augmente encore, les déformations se concentrent et un mécanisme de ruine se met en
place. La charge atteint son maximum et commence à décroître. Si des contraintes tangentielles
existent (en raison d'un frettage ou d'un confinement), le comportement post-pic est plus ductile et la
descente qui fait suite à l'atteinte du maximum est moins brutale (fig 1.12).
II.8
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
La forme du diagramme σ-ε est variable en fonction de la résistance du béton (fig 1.13). Lorsque celle-
ci croît :
– le module initial et la déformation au pic augmentent;
– le comportement post-pic devient moins ductile.
Les décharges et recharges sont non linéaires, avec une raideur moyenne inférieure au module à
l'origine. Elle décroît en fonction de la déformation maximale atteinte (fig 1.14).
II.9
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
II.1.2.1.2 Modèles
Historiquement, les premiers modèles étaient basés sur des observations expérimentales directes. Ils
étaient par nature incomplets. Leurs successeurs actuels ont une base physique nettement plus
sérieuse, et sont donc plus robustes. Cependant, ils font généralement l'hypothèse d'un comportement
continu. Si ce postulat est vérifié au plan macroscopique, il est très éloigné de la réalité microscopique
du matériau. Dès lors, un calibrage empirique reste inévitable.
Certains modèles plus élaborés (Microplane model de BAZANT [B08], par exemple ) représentent la
microstructure du matériau, et les mécanismes microscopiques sous-jacents connus actuellement. Ils
sont essentiellement destinés à l'étude du matériau en lui-même et ils se prêtent mal aux calculs
d'ouvrages complets. C'est pourquoi nous ne nous attardons pas sur ces modèles.
Les modèles élastiques sont trop simples et n'ont que peu d'intérêt; ils ne sont pas abordés ici. La
plasticité ne permet pas de modéliser la dégradation de la raideur du matériau lorsque celui ci est
soumis à de fortes charges; tandis que l'endommagement seul ne prend pas en compte les
déformations résiduelles. La combinaison des deux approches apparaît comme une excellente solution
(fig 1.15 c). Il reste que, pour les mises en charge monotones, les décharges ont une importance
moindre de sorte qu'un modèle purement plastique peut se justifier. La plasticité, de par sa facilité,
reste donc l'approche la plus répandue.
Comme dans le cas de l'acier, la loi mécanique est complètement déterminée par la forme du
comportement enveloppe. Les formulations qui ont emporté le plus grand consensus ont été reprises
dans les normes nationales ou de référence.
II.10
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Pour les bétons normaux, l'EUROCODE 2 [E05] propose le modèle suivant (fig 1.16) :
σc kη − η2
= (II.1.14)
fc 1 + (k − 2)η
avec :
ε
– η= ,
ε c1
εc1 étant la déformation au maximum de contraintes;
1.1 Ec,nom ε c1
– k=
fc
– Ec,nom le module sécant relatif, conventionnellement, à une contrainte de 0.4 fc.
Il est admis d'adopter une approximation linéaire pour la partie post-pic, souvent prise horizontale pour
éviter les problèmes numériques liés à l'adoucissement. L'hypothèse influe peu sur la réponse globale.
STUDER [S02] propose pour la partie croissante, une expression mathématique différente mais dont
les valeurs sont confondues avec celles de l'EUROCODE 2 :
σ ε ε
= 2 − (II.1.15)
fc ε c1 ε c1
D'autres lois sont d'utilisation courante, ainsi celle de SARGIN [S01], reprise dans les codes français
BAEL et BPEL [B02,B10]. Il est évidemment impossible de passer toutes ces lois en revue.
Les lois présentées ci-dessus ne sont plus adaptées s'il s'agit de bétons à haute résistance. Il faut leur
substituer par exemple la loi présentée dans le document FIB de 1999 [F02] qui propose une mise à
jour du code-modèle CEB-FIP 90 (fig 1.17).
II.11
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Une autre loi, présentée par CUSSON et PAULTRE [C11], est particulièrement adaptée au
comportement cyclique et à la prise en compte du confinement. Sa forme est reprise dans
l'EUROCODE 8 [E06] (fig 1.18).
La raideur en décharge des modèles élastoplastiques classiques est constante et égale à la raideur à
l'origine. Toutefois, cette hypothèse est contraire aux observations expérimentales : lorsque le béton a
été soumis à de fortes contraintes, son module en décharge diminue. Cette dégradation du matériau
doit donc être représentée pour le calcul sous sollicitations cycliques.
Il est possible, en état unidimensionnel, de modifier simplement les modèles plastiques classiques en
considérant un module d'élasticité variable en fonction du niveau de charges atteint. Ce faisant, on
néglige la non linéarité du comportement en charge-décharge. La loi de MERCER [M07], par exemple,
donne la variation du module élastique en fonction de la déformation maximale εmax atteinte lors des
cycles précédents :
æ æ ε max ö
2 ö
ç ç ÷ ÷
ç ç ε ÷ ÷
è c1 ø
E d = E 0 ç1 − ÷ (II.1.16)
ç æ ö æ ö
2 ÷
ç 1 + ç ε max ÷ + ç ε max ÷ ÷
ç ç ε ÷ ç ÷ ÷
è è c1 ø è ε c1 ø ø
De nombreux modèles basés sur la théorie de l'endommagement existent. Ils combinent généralement
endommagement et plasticité. Celui développé par CRUZ [C10], sur base des travaux de ROVIRA,
OLIVER et al. [R03], est un bon exemple de l'approche la plus classique. Le fonctionnement de la loi se
fait en deux temps (fig 1.19) :
II.12
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Le modèle développé par MAZARS [M05], étendu par LA BORDERIE [L01] et utilisé par un nombre
important d'auteurs (LEGERON [L03], DAVENNE [D01],….) vise à la représentation du béton sous
charges cycliques. Il est basé sur les lois de la thermodynamique, et combine également
l'endommagement et la plasticité. La compression et la traction sont séparées, mais interviennent
respectivement avec la même forme mathématique. Ce modèle incorpore un terme de refermeture des
fissures.
La déformation est exprimée par :
σ+ σ− β1D1 β 2D 2
ε= + + f ' (σ) + (II.1.18)
E 0 (1 − D1 ) E 0 (1 − D 2 ) E 0 (1 − D1 ) E 0 (1 − D 2 )
avec :
1
D1 = 1 − si Y1>Z1 avec Z1=max(Y1,Y01) (II.1.19)
1 + A 1 (Y1 − Y01 )B1
1
D2 = 1− si Y2>Z2 avec Z2=max(Y2,Y02) (II.1.20)
1 + A 2 (Y2 − Y02 )B2
Y01 , Y02 sont les seuils d'endommagements initiaux, Z1 et Z2 sont les seuils d'endommagement variable.
L'identification des paramètres n'est pas évidente. LEGERON [L03] a mis au point une procédure dans
le cas d'un béton à hautes performances, à partir de la loi de CUSSON et PAULTRE [C11]. Au final, le
comportement est celui représenté sur la figure 1.20.
II.13
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
σ
-3
ε (10 )
σF
En traction :
– la loi est linéaire jusqu'à la résistance en traction, suivie d'une branche non linéaire de "tension
stiffening".
– Les décharges sont linéaires, avec une déformation résiduelle (plastique).
– ensuite, un segment de droite rejoint le comportement monotone en compression au niveau de σF.
En compression :
– la loi monotone est non linéaire;
– les décharges sont linéaires, avec un module en décharge variable en fonction de la déformation
maximale atteinte.
Sous chargement sismique, les cycles de contraintes sont utilisés pour dissiper une partie de l'énergie
de la sollicitation. Pour optimiser cette dissipation, il importe de maximiser l'aire dans la courbe σ-ε. Le
confinement du béton dans les zones de rotule plastique, obtenu par une grande densité d'armaturage
transversal, crée un état triaxial de contraintes qui augmente d'une part la résistance en compression
pour les sollicitations selon l'axe de la poutre, et d'autre part la ductilité (déformation ultime) (fig 1.21).
Cet état tridimensionnnel ne peut être représenté dans le cadre d'un modèle unifilaire. L'effet du
confinement est donc reporté sur la loi uniaxiale par des modifications des paramètres des lois
classiques, répondant à des formules semi-empiriques. L'EUROCODE 8 [E06] propose une formule,
on peut aussi citer les formules de CUSSON et PAULTRE [C11], MADAS et ELNASHAI [M01].
II.14
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
H (kN)
Zone de discontinuité
II.15
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
II.1.2.2 Traction
II.1.2.2.1 Aspects phénoménologiques
Lorsqu'une éprouvette de béton est soumise à traction, elle a un comportement quasi linéaire jusqu'à la
limite de fissuration, fct. Ensuite, si l'essai est effectué à déformation imposée, il apparaît une branche
descendante non linéaire appelée tension softening. La contrainte ne tombe pas directement à zéro, il
faut maintenir un certain effort pour continuer à ouvrir la fissure (fig 1.23 a).
Tout comme en compression, en cas de décharge, la raideur est inférieure à la raideur initiale et
diminue lorsque la déformation maximale atteinte augmente (fig 1.23 b). Si, après un chargement en
traction ayant entraîné l'ouverture de fissures, on inverse le signe des contraintes (fig 1.23 c), un
surcroît d'énergie est nécessaire pour refermer les fissures. Le chargement en compression ne se fait
dès lors pas selon la courbe monotone.
Sur un diagramme force-déplacement d'un tirant de béton armé, quatre zones différentes apparaissent
(fig 1.25) :
1. Une première phase, élastique (zone a);
2. Ensuite, une phase de formation des fissures au cours de laquelle leur nombre augmente, jusqu'à
l'atteinte d'un schéma stabilisé (zone b);
3. Une phase de fissuration stabilisée, durant laquelle une augmentation de l'effort entraîne une
dégradation de la transition béton-fissures existantes et une augmentation de l'ouverture des
fissures (zone c);
4. La phase stabilisée prend fin avec la plastification de l'acier dans les fissures, qui entraîne une ruine
du tirant (zone d).
II.16
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
II.1.2.2.2 Modèles
Comme déjà mentionné, le comportement du béton non armé ne nous intéresse pas. Le béton sera
supposé élastique linéaire jusqu'à sa résistance en traction, fct, qui correspond à une déformation εct.
Par contre, le tension stiffening ne peut être négligé. Pour représenter l'interaction acier-béton, il existe
plusieurs possibilités :
– Utiliser des modèles volumiques 3D, dans lesquels l'engrènement et le lien des matériaux sont
représentés. Cette démarche ne convient évidemment pas pour les calculs d'ensemble des
ouvrages d'art.
– Utiliser des modèles simplifiés semi-empiriques. Ils peuvent être divisés en deux catégories :
– approche armature : seule l'armature y est considérée, le béton fissuré est supposé sans
résistance et la contrainte dans l'acier est augmentée;
– approche béton : une branche de tension stiffening dans la loi de matériau béton permet de
prendre en compte l'effet du béton entre les fissures.
De nombreux modèles existent : GILBERT et WARNER (fig 1.26) [G02], CHEN[C03], MARI[M02],….
L'EUROCODE 2 a adopté le même modèle que le CEB 78 [C05]. Il suppose que la déformation peut
être obtenue par une moyenne pondérée de deux états extrêmes : la section supposée toujours
élastique (stade I) et la section complètement fissurée (stade II). Cette moyenne représente l'état de
II.17
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
contrainte variable dans le béton : de nul au bord de la fissure, il atteint un effort maximum avant de
diminuer pour s'annuler à la fissure suivante (fig 1.27). La déformation s'écrit :
ε m = (1 − ζ ) ε I + ζ ε II (II.1.22)
Le facteur ζ établit le rapport entre les zones I et II :
2
æσ ö
ζ = 1 − β1β 2 çç sr ÷
÷ (II.1.23)
è σs ø
σs étant la contrainte courante de l'armature dans la section supposée fissurée, σsr la contrainte dans la
section fissurée sous sollicitation de fissuration.
β1 et β2 sont deux paramètres représentant l'adhérence entre la barre et le béton.
β1 = 0.5 si les armatures sont lisses, 1 pour les barres adhérentes.
β2 = 0.8 pour les charges instantanées monotones, 0.5 pour les charges à long terme ou les charges
cycliques.
σ
σ armature
σI
fct
σ béton
σm
σII = 0
ROTILIO [R02] se sert de la formulation du CEB 78 pour étudier une poutre précontrainte soumise à un
chargement cyclique représentant une charge de trafic. Il est arrivé à la conclusion que le facteur
β2 = 0.5 permet bien de représenter la dégradation du tension stiffening sous chargement répété (fig
1.28).
15
∆courbure expérience-CEB(β2=0.5) (%)
Etat initial
10
0
0 100000 200000 300000 400000 500000 1000000
Nombre de cycles
II.18
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
De nouveau, de nombreux modèles fort différents ont été proposés (fig. 1.29). La loi peut être continue
à la contrainte de fissuration, ou bien une chute brutale de contrainte, de moitié plus ou moins, est
supposée. La déformation où la contrainte s'annule est parfois liée à la déformation de plastification,
parfois à la contrainte de fissuration.
Un modèle très abouti est présenté par CARREIRA et CHU [C01]. Le béton est supposé avoir un
comportement de même forme en traction qu'en compression (fig. 1.30) :
ε
βf ct
ε ct
σ= (II.1.24)
ε
β − 1+
ε ct
fct est la résistance en traction, εct la déformation à la fissuration, et β un paramètre qui peut être
déterminé en fonction de la densité et de l'enrobage des armatures. Ainsi, β varie entre 1.5 et 3, ce qui
peut créer des différences non négligeables. La corrélation à l'expérience est discutable (fig 1.30 ).
3.5
β=3
2.5
β=2
2
β = 1.5
σ
β calculé
1.5
β=1
0.5
0
0 0.0005 0.001 0.0015 0.002 0.0025 0.003 0.0035
II.19
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
MASSICOTTE et al. [M04] ont développé un modèle de "tension stiffening" de type béton, basé sur la
même approche que la méthode armature du CEB 78. Le modèle est initialement présenté pour un
tirant de béton; il est ensuite appliqué à l'étude de plaques.
2. Dans la zone II, le béton suit une loi de "tension softening" (fig 1.31) :
fct
fct/3
3. A l'initiation de la fissuration, un lien parfait entre le béton et l'acier est supposé exister.
4. La déformation moyenne de l'acier et du béton, sur la même région, est supposée identique.
5. Le "tension stiffening" est supposé s'annuler à la plastification de l'acier (même s'il s'écrouit
ensuite).
6. Le béton dans lequel apparaît le "tension stiffening" est supposé couvrir une zone de 15 φ autour de
chaque armature (fig 1.32).
II.20
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
La courbe σ-ε est supposée parabolique. Le modèle détermine deux points (fig 1.33) :
– le premier correspond à la fissuration stabilisée, avec σsr = σs et ζcr=1-β1β2;
2
æσ ö
– le deuxième à la plastification de l'armature dans la fissure (σs = fy et ζ = 1 − β1β 2 ç sr ÷ ).
ç fy ÷
è ø
Une tangente horizontale de la loi à la plastification de l'armature fixe la troisième condition, nécessaire
à la définition de la parabole.
II.1.2.3.1 Phénoménologie
– Le retrait : le béton, laissé libre, a tendance à diminuer de volume, sauf s'il est immergé, auquel cas
il gonfle.
– Le vieillissement : plus le béton est âgé quand on le charge, plus il est résistant et raide.
II.21
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Ces différents phénomènes ne sont pas indépendants. Au contraire, du point de vue des mécanismes
microscopiques, même la distinction entre comportement différé et déformation instantanée n'a pas de
sens.
La liaison entre le retrait et les autres déformations est faible et peu investiguée; elle peut donc être
négligée ici. En outre, la représentation du retrait, dans un modèle poutre, s'il n'est pas tenu compte
des flux hydriques dans la section (ce qui est notre cas), n'est pas influencée par la nature physique du
phénomène. En conséquence, il est inutile d'aborder ici dans le détail les mécanismes de retrait.
Il en va tout autrement des déformations sous charge.
La physique microscopique des déformations du béton n'est encore que partiellement maîtrisée à ce
jour. Elle est évidemment à relier directement à la composition du matériau. Le béton est composé de
granulats, de ciment et d'eau. Au départ liquide, il se solidifie suite à la réaction d'hydratation du ciment.
Celle-ci, d'abord très rapide, continue à se développer au cours du temps, créant de nouveaux liens
chimiques dans la pâte intergranulaire, ce qui explique le comportement vieillissant.
La déformation totale du béton ε(t) (hors retrait) est déduite de la contrainte σ(t') appliquée au temps t'
par la fonction de compliance J(t,t') :
J(t,t’) σ(t') = ε(t) (II.1.27)
Autrement dit, ε(t) est la déformation totale du béton (hors retrait) au temps t provoquée par une
contrainte σ appliquée au temps t’.
Les déformations sont la superposition de phénomènes d’origines différentes [L02] : J(t,t’) peut être
décomposée en :
J(t,t’) = q1 + C0 +Cd (II.1.28)
avec :
– q1 la déformation de la matrice de granulats, que l'on admet instantanée.
– C0 le fluage de l’éprouvette à humidité constante, appelé le fluage de base, "basic creep".
– Cd le fluage dû aux échanges d’humidité avec l’extérieur, appelé le fluage de séchage, "drying
creep".
Fluage de base
L'étude de la vitesse de déformation du fluage de base permet de distinguer deux phénomènes de
cinétiques différentes, une à court terme et une à long terme (fig 1.35).
Fig 1.35 : Cinétique du fluage pour un béton ordinaire chargé à différents âges [L02]
II.22
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
L'échelle de temps du fluage à court terme est proche de celle de la recouvrance, c'est à dire de la
diminution de déformation de fluage lorsqu'une charge est supprimée sur le béton. Elle évolue très
rapidement avec l'âge du béton quand il est jeune. Elle semble donc liée au processus d'hydratation et
suggère un phénomène de diffusion interne de l'eau, incluant l'eau présente dans les capillaires et l'eau
adsorbée.
La cinétique à long terme ne dépend que de l'âge du matériau, et pas du moment où la contrainte est
appliquée. Elle se poursuit après que l'hydratation soit terminée et décroît comme l'inverse du temps.
Le fluage à long terme est causé par des phénomènes physico-chimiques dont on ne connaît pas
encore avec certitude les mécanismes. Il s'agirait d'une réorganisation des liaisons atomiques dans la
pâte de ciment, proche des mécanismes de mouvement des dislocations dans l'acier. De plus, la
déformation ne semble pas bornée.
Fluage de séchage
Le fluage de séchage est lié au phénomène de diffusion de l'eau hors du béton. Il existe une relation
directe entre la vitesse de fluage et la vitesse de perte d'eau de la structure. Quand l'équilibre hydrique
est atteint, il ne peut plus y avoir de mouvement d'eau et le fluage ne peut plus évoluer. Il a donc une
valeur bornée à l'infini. Le phénomène est vieillissant (plus le béton est vieux, moins il y a d'eau à
évacuer et moins il y a de fluage de séchage).
Lorsqu'une éprouvette, déjà chargée, est soumise à une nouvelle contrainte, la déformation totale de
fluage est égale, en première approximation, à la somme des déformations que causeraient seules
chacune des deux contraintes (principe de superposition ou de VOLTERRA) :
ε
superposition
réel
recharge
réel
décharge
superposition
Fig 1.36 : Comparaison des déformations expérimentales et prédites par le principe de superposition
[C10]
II.23
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
II.1.2.3.2 Modélisation
Bien que, comme expliqué auparavant, cela ne reflète pas la réalité physique du phénomène, les
déformations sont commodément divisées en deux :
1. Les déformations instantanées, qui intègrent à la fois la déformation de la matrice de granulats et
une part de la déformation de fluage.
2. Les déformations temporelles, qui sont représentées par la superposition de deux modèles :
– un modèle de fluage sous charge constante;
– un modèle de fluage sous charge variable, souvent inspiré du principe de superposition.
Le premier point a été traité aux paragraphes précédents. Pour le deuxième point, les différentes
possibilités existantes sont envisagées dans ce paragraphe.
Il existe de nombreux modèles de fluage sous charge constante. On peut citer les modèles de
BAZANT-PANULA, du CEB 78 [C05], de l'ACI [A01], de l'EUROCODE 2 [E05], modèles B3
[B04,B05,B06] et GZ [G01].
Selon l'approche de base (macroscopique ou microscopique), ils sont plus ou moins complexes.
Certains ont pour données la composition du béton (rapport w/c, etc…), d'autres des paramètres plus
généraux, comme la résistance du béton par exemple, chargée de représenter à elle toute seule la
composition.
L'étude des bétons de masse nécessite la modélisation des flux hydriques et de chaleur. Pour les
éléments linéiques, la connaissance de l'humidité moyenne extérieure et d'une épaisseur moyenne est
souvent jugée suffisante.
Les mécanismes de fluage sont bien maîtrisés par les modèles les plus récents, comme le modèle B3
[B03]. Celui-ci ne sépare pas les déformations instantanées des déformations temporelles, mais
respecte la division expérimentale entre granulats, fluage de séchage et fluage de base. Pour un béton
donné, si les paramètres du modèle B3 sont calibrés sur des essais de fluage à court terme, les
prévisions pour le fluage au cours du temps sont excellentes. Mais si l'on se sert des valeurs
paramétrées par BAZANT et al., en fonction des conditions extérieures et de la composition du béton,
l'écart peut monter jusqu'à 30 % par rapport au comportement réel. Cette dispersion est comparable à
celle obtenue par des modèles beaucoup moins sophistiqués, comme celui adopté par l'EC2.
Le béton, de par sa nature, est un matériau extrêmement variable :
– la nature des granulats et du ciment varie;
– il est sensible à sa mise en œuvre, et aux conditions hydriques et thermiques à ce moment;
– le matériau en lui-même est en constante évolution : les bétons utilisés couramment ont une
résistance de plus en plus élevée, et les adjuvants chimiques (destinés à améliorer la maniabilité, la
vitesse de mise en place, etc…) sont de plus en plus présents.
Il n'est dès lors pas étonnant que les modèles les plus scientifiquement fondés ne soient pas toujours à
même d'apporter une plus grande précision que d'autres, plus simples, même dans un cadre
expérimental.
Malgré ses défauts, le principe de superposition reste le modèle le plus adéquat. Cependant, il est trop
coûteux en simulation numérique, parce qu'il nécessite le stockage de l'ensemble des variations de
contrainte. De nombreuses alternatives, destinées à restituer au mieux les équations de VOLTERRA,
ont été développées.
II.24
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
σ
Fig 1.37 : Modèles de MAXWELL en parallèle
2. La méthode du module effectif ajusté, qui est surtout utilisée dans les calculs de précontrainte, mais
dont la formulation se prête mal au calcul numérique;
3. Les modèles récursifs exponentiels. Ces modèles sont basés sur une décomposition en série de
Dirichlet de la fonction de fluage, et peuvent être représentés par un ensemble de modèles de
Kelvin en série ou de modèles de Maxwell en parallèle, à caractéristiques variables au cours du
temps. Seules les contraintes dans chaque unité sont mémorisées (8 à 10 unités sont nécessaires,
selon ESPION [E02]).
Cependant, l'intégration pas à pas de la variation des caractéristiques au cours du temps entraîne
des approximations numériques, qui peuvent être de l'ordre de 15 %.
4. Enfin, la méthode du temps équivalent (MTE), qui est admise par les règlements français.
Cette dernière méthode présente de nombreux avantages pratiques et est celle qui sera reprise et
améliorée dans la suite du texte, il est donc utile de la développer plus avant.
La déformation de fluage sous charge constante est supposée donnée par une expression du type :
εc(t) = ψ(σ(t'),t',t) (II.1.30)
où :
– σ est la contrainte appliquée en t' et maintenue constante,
– t' est l'âge du béton au chargement,
– t est l'âge actuel.
Pour une application successive mais discrète de contraintes ∆σ(t'i), appliquées en N temps t'i
différents, le principe de superposition prédit une déformation :
ε c (t) = å ψ(∆σ(t'i ), t'i , t ) (II.1. 31)
ti
La méthode du temps équivalent remplace cette somme par un seul terme :
ε c ( t ) = ψ(σ( t ), t' c , t ) (II.1.32)
σ(t) est la contrainte totale σ( t ) = å ∆σ(t'i )
t 'i
t'c est un temps fictif de chargement, dit temps équivalent, qui variera à chaque mise en charge.
Pour le premier chargement, ∆σ(t'1), t'c est pris égal à t'1. En t'2, la déformation de fluage est égale à :
ε c ( t'1 ) = ψ( ∆σ( t'1 ), t'1 , t' 2 ) (II.1.33)
II.25
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Une nouvelle contrainte est appliquée en t'2. Il faut recalculer le temps équivalent t'c. Il est choisi pour
respecter la continuité de la déformation en t'2 :
ε c ( t'1 ) = ψ( ∆σ( t'1 ) + ∆σ( t' 2 ), t' c , t' 2 ) (II.1.34)
Entre t'2 et l'infini, et en l'absence de l'application de toute autre contrainte, la MTE reste proche du
principe de superposition (fig.1.38).
Ψ(∆σ(t'1),t'1,t )
Ψ(∆σ(t'2),t'2,t )
Cependant, si deux contraintes d'égale valeur mais de signe opposé ∆σ(t'2) = -∆σ(t'1) sont appliquées
sur le béton, il est impossible de trouver un temps équivalent t'c respectant la condition de continuité :
ε c ( t' 2 ) = ψ( ∆σ( t'1 ) + ∆σ( t' 2 ) = 0, t' c , t' 2 ) = 0 ∀ t' c (II.1.35)
Il n'est donc pas possible de représenter la recouvrance. L'hypothèse classique est alors de supposer
que la déformation de fluage est constante (fig 1.39).
t
εc
MTE : Ψ(∆σ(t'1)+∆σ(t'2),t'c,t )
+ -
S est la somme des incréments de contrainte positifs, et S la somme des incréments de contrainte
négatifs. La MTE est appliquée à chacun des 2 termes. Il y a deux temps fictifs équivalents, un positif
et un négatif. Chacun des deux historiques de contraintes étant croissant en valeur absolue, il y a
toujours une solution à l'équation de continuité.
II.26
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
t
20 40
σ
= t
20 40
+ 20 40
t
Cette méthode est très efficace. Elle a pour seuls paramètres deux contraintes et deux temps fictifs, et
il faut seulement résoudre une équation non linéaire pour déterminer un nouveau temps équivalent à
chaque variation de contrainte. BOERAEVE l'a appelée méthode du temps équivalent améliorée
( MTEA ).
La comparaison avec des essais réalisés par ROSS [R01] montre un écart limité à 10-15 % par rapport
au principe de superposition, et certainement inférieur à l'écart entre le principe de superposition et les
mesures expérimentales ( fig1.41 et fig 1.42 ).
Expérience
MTEA
Principe de superposition
Rate of creep method
Effective modulus method
II.27
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Expérience
MTEA
Principe de superposition
En France, pour résoudre le problème de la recouvrance, la MTE a été étendue à la notion de méthode
incrémentale [E07]. Elle suppose que le fluage peut être représenté par une famille de courbes :
εc(t) = σ0 Φ(t,C1, C2, C3,…) (II.1.37)
Les Ci sont des variables d'état qui changent de valeur à chaque variation de l'état du béton.
Pour une contrainte σ0 appliquée à l'instant t0, la déformation de fluage suivra la courbe :
εc(t) = σ0 Φ(t,C1,0, C2,0,..) (II.1.38)
Si l'éprouvette est soumise à une succession de paliers de contraintes σi entre les âges ti,ti+1 pour i=0,…
le modèle incrémental conduit à l'existence d'un ensemble de constantes Ci telles que, pour tout t
appartenant à l'intervalle [ ti, ti+1 ], on puisse écrire : εc(t) = σi Φ(t,C1,i, C2,i,…).
Les Ci sont déterminées par la continuité de la déformation au moment de la variation de contrainte :
σi Φ(ti,C1,i ,…) = σi-1 Φ(ti-1,C1,i-1, ..) (II.1.39)
Dans le cas d'un problème à température et hygrométrie constantes, le seul paramètre libre est le
temps d'application de la charge, et donc C=t'. Pour des paliers de contrainte monotonément
croissants, la méthode incrémentale dégénère en MTE. En cas de décharge, la valeur de C est
déterminée par des essais de recouvrance.
Le modèle incrémental, ainsi que la MTE, ne sont pas assez sensibles aux variations de chargement
qui interviennent tard dans la vie du béton. Ceci résulte de la forme des lois de fluage. Après un
certain temps, la déformation se stabilise et suit un palier horizontal ou quasi horizontal selon les
modèles. La variation de C, ou de temps équivalent, ne permet pas de modifier suffisamment la
courbe.
KRETZ et PEYRAC [K02] résolvent ce problème en enrichissant le modèle incrémental d'un nouveau
paramètre : la déformation de fluage prédite au temps infini. Les lois de fluage bornées peuvent
s'écrire :
εc(t) = ε∞ (σ,t') f(t,t') (II.1.40)
II.28
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Il a déjà été dit que le fluage ne respecte pas le principe de superposition. Or les modèles classiques,
basés sur le découplage du fluage sous contrainte constante et du fluage sous contrainte variable, s'en
inspirent tous. En effet, les modèles de type récursif exponentiel le décomposent en séries de Dirichlet,
la MTE essaie d'en restituer la tendance, et KRETZ et PEYRAC s'en servent pour obtenir la
déformation finale.
Pour développer un modèle plus performant, il est nécessaire de revenir à la mécanique microscopique
du fluage, comme le fait la théorie de la solidification, qui sert de base au modèle B3 [B03,B04,B05].
Le modèle est de type somme :
J(t,t') = q1 +C0(t,t') + Cd(t,t') (II.1.44)
Le fluage de séchage dépend de l'évolution de l'humidité et est une fonction de type racine carrée.
La forme de C0 est déduite de la théorie de la solidification. q2, q3, q4 sont des paramètres dépendant
de la composition du béton. Les deux premiers termes modélisent une déformation viscoélastique
réversible, représentant la cinétique à court terme du fluage de base. Le troisième terme permet de
tenir compte de la déformation à long terme, irréversible et non bornée.
Sous contrainte variable, le fluage viscoélastique pourrait être modélisé par un modèle de type récursif
exponentiel, mais les chaînes de Kelvin auraient des modules de ressort vieillissants, ce qui complique
singulièrement leur utilisation. La théorie de la solidification permet de passer outre cette difficulté en
considérant le matériau comme un ensemble de bandes parallèles, qui durcissent au cours du temps
selon une fonction v(t) commune (fig 1.43).
II.29
II.1. COMPORTEMENT MECANIQUE – ETAT DE LA QUESTION
Le terme v(t) peut être sorti du modèle de Kelvin, qui devient à caractéristiques constantes au cours du
temps.
Par ailleurs, un terme non linéaire en fonction de la contrainte, F(σ), permet de représenter le fluage
jusqu'à 60 % de la résistance en compression, alors que les modèles classiques sont limités – de par
leur linéarité – à 40 %.
Le modèle de fluage de base a été développé complètement par BAZANT, pour obtenir un modèle
numérique. Il montre que ses prévisions, en cas de contrainte variable, sont supérieures au principe de
superposition.
II.30
II.2. COMPORTEMENT MECANIQUE – ACIER
En se référant au paragraphe II.1.1.1.2 de l'état de la question, dès que le matériau est soumis à des
sollicitations cycliques, l'écrouissage isotrope n'est plus suffisant. C'est le cas par exemple pour le
dimensionnement au séisme. Il faut évaluer l'énergie dissipée dans les rotules plastiques lors des
vibrations de la structure. Au niveau local, elle est égale à l'aire à l'intérieur des cycles dans le
diagramme σ-ε. Le choix entre les différents modèles exposés dans l'état de la question doit être guidé
par un équilibre entre la précision et la complexité des modèles.
Dans la littérature, l'écrouissage cinématique linéaire est souvent utilisé. La transition progressive entre
l'état élastique et l'état plastique n'est pas prise en compte. La variation de raideur, et donc le contenu
fréquentiel, ne sont qu'approchés. Cependant, l'énergie dissipée est bien estimée, pour un coût
numérique raisonnable.
Dans le cadre des lois unidimensionnelles, il est aisé de choisir un modèle plus complet. La formulation
de MROZ (superposition de plusieurs modèles à écrouissage cinématique linéaire) reste fort limitée.
II.31
II.2. COMPORTEMENT MECANIQUE – ACIER
Les modèles à écrouissage cinématique non linéaire sont assez complexes, et par ailleurs peu utilisés
pour le calcul des structures. Les modèles avec réactualisation des coefficients caractéristiques sont
par contre plus courants. C'est cette voie qui est choisie ici.
Le CEB [C05] conseille l'utilisation du modèle de GIUFFRE-MENEGOTTO-PINTO [M06] pour les
armatures, et considère qu'il est aussi suffisant pour la modélisation de profilés métalliques, à condition
d'y ajouter un écrouissage isotropique. LEGERON [L03], dans sa thèse, consacrée à l'étude de
colonnes en béton à hautes performances sous chargement cyclique, a développé une loi simplifiée
basée sur une loi empirique de DODD ET COOKE [D02]. Nous allons tout d'abord expliciter les deux
formulations, et ensuite les comparer par rapport à l'expérience.
Au premier chargement :
σ
σ=
σ0
(II.2.2)
ε
ε=
ε0
Ensuite :
σ − σr
σ=
σ0 − σr
(II.2.3)
ε − εr
ε= Fig 2.2 : Loi de GIUFFRE
ε0 − εr
avec :
– σr, εr la contrainte et la déformation au dernier changement de signe de la variation de la
déformation;
– σ0, ε0 la contrainte et la déformation de la limite élastique (fictive) courante;
– b, le rapport du module d'écrouissage au module élastique;
– R, un paramètre définissant la forme de la loi de comportement et dépendant de la déformation
plastique dans le demi-cycle précédent, c'est-à-dire entre changements de signe de la variation de
la déformation.
a1ξ
R est donné par : R = R 0 − (II.2.4)
a2 + ξ
σ r,i − σ r,i−1
ε r,i − ε r,i−1 −
E0
avec ξ = (II.2.5)
ε 0,i − ε r,i
où l'indice i désigne les valeurs au dernier changement de signe de la variation de la déformation, et i-1
au changement de signe précédent.
II.32
II.2. COMPORTEMENT MECANIQUE – ACIER
æ ö
ç ÷
ç ε max ÷
σ 0,new = σ 0,ini a 3 ç a 5 − a4 ÷ (II.2.6)
σ 0,ini
ç ÷
ç E ÷
è s ø
avec: b(2)
σe = E ε (II.2.8)
figure 3.15 Légeron.
et
p
æ ε − εa ö
σ p = çç ÷ (E s (ε b − ε a ) − (σ b − σ a )) (II.2.9)
÷
è εb − εa ø
æ c ö
E s çç1 − ÷(ε b − ε a ) b(1)
E ÷
è s ø Fig 2.3 : loi de Légeron
p= (II.2.10)
E s (ε b − ε a ) − (σ b − σ a )
Fig 2.3 : Modèle de LEGERON
Le point b étant représenté sur la figure 2.3 ci-contre.
Un exemple expérimental permet de comparer les deux lois. Il s'agit d'une armature testée par DODD
et COOKE [D02]. L'écrouissage est très faible, et considéré comme nul.
Les paramètres du chargement monotone sont :
E = 221000 N/mm²
Et = 0
fy = 321 N/mm²
II.33
II.2. COMPORTEMENT MECANIQUE – ACIER
300
200
s 100
σ (N/mm²)
asup
ainf
σ0
100
expérimental
200
Modèle de Légeron
300 Modèle de Giuffre
-400
− 400.00001 400
0 e , e , e , εre, ε0 .02500001
ε
En réglant les paramètres de GIUFFRE, il est possible d'optimiser la simulation (fig 2.5) :
R0 = 20
a1 = 18.7
a2 = 0.1
400 400
300
200
s 100
σ (N/mm²)
ainf
asup
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025
σre
σ0
100
200
expérimental
Modèle de Légeron
300 Modèle de Giuffre
-400 400
e , e , e , εre, ε0
ε
II.2.2.5 Conclusions
Il est difficile, sur base de ce test, de départager les deux lois. Certes, les valeurs choisies sont
arbitraires, mais en réglant les paramètres de la loi de GIUFFRE, le comportement est meilleur. Le
choix s'est donc porté sur la loi de GIUFFRE, en outre plus utilisée et reconnue. Par ailleurs, la
possibilité de prendre en compte l'écrouissage isotrope permet d'envisager une extension aux profilés
laminés.
II.34
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
II.3.1 Compression
Comme présenté dans l'état de la question, les modèles de compression du béton peuvent être divisés
en trois classes principales :
– les modèles élastiques, cités pour mémoire;
– les modèles élastoplastiques;
– les modèles d'endommagement.
Les premiers modèles sont insuffisants, car le comportement réel en compression est un mélange
d'endommagement et de plasticité.
Adopter la théorie plastique permet d'incorporer très facilement une nouvelle forme de comportement.
En se référant aux notations du paragraphe II.1.1.2.1, la fonction de charge s'écrit : F = |σ|-σy(k).
L'application de n'importe quelle loi élastoplastique est identique, seule change la forme de la fonction
σy(k). A contrario, tous les modèles basés sur la théorie de l'endommagement sont différents et ne
rentrent pas dans un cadre unique. Il suffit de comparer les modèles utilisés par CRUZ [C10] et LA
BORDERIE [L01] pour s'en rendre compte.
Il a donc été décidé d'utiliser des modèles plastiques pour leur adaptabilité et leur généralité. Trois
surfaces plastiques sont choisies (fig 3.1) :
1. Le modèle de STUDER pour les bétons normaux [S02];
2. Le modèle du FIB 99 pour les bétons à hautes performances [F02];
3. Le modèle de CUSSON et PAULTRE pour le béton confiné [C11].
Ceux-ci ont déjà été présentés dans l'état de la question.
II.35
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
σ σcc
f'f cc σ
σcu
ccu
c
Et
εεcc
εεc1
c εccu
εcu
a) b) c)
Fig 3.1 : Modèles de STUDER (a), du FIB 99 (b) et de CUSSON et PAULTRE (c)
Les décharges, dans un modèle élastoplastique, sont élastiques, avec une raideur constante, quelle
que soit la contrainte atteinte. En adoptant cette hypothèse, deux faits expérimentaux sont négligés :
– tout d'abord, les décharges et recharges du béton ne se font pas selon un segment de droite mais
par deux courbes distinctes;
– ensuite, ces décharges et recharges sont de moins en moins raides, au fur et à mesure que la
contrainte maximale atteinte augmente.
Il a déjà été dit dans l'état de la question que le premier point a une importance modérée sur le
comportement global des structures, et qu'il sera ici négligé. Par contre le deuxième ne peut
raisonnablement être oublié dès que les sollicitations ne croissent pas monotonément. Il est donc
décidé d'ajouter une loi de variation du module de décharge. La loi de MERCER [M07], paramétrée, est
adoptée :
æ æ εmax ö
a ö
ç çç ÷÷ ÷
ç ÷
E d = E0 ç1 − è εc0 ø ÷ (II.3.1)
ç b a
æε ö æε ö ÷
ç 1 + çç max ÷÷ + çç max ÷÷ ÷
ç ÷
è è εc0 ø è εc0 ø ø
E0 est le module à l'origine de la courbe σ-ε. εc0 est la déformation à la contrainte maximale sur la
courbe enveloppe. εmax est la contrainte maximale atteinte précédemment. Ed est le module de
décharge.
a et b sont des paramètres. Les valeurs proposées par MERCER sont a=2, b=1. Mais il est possible
de les calibrer, pour restituer exactement un essai ou un autre modèle. Un exemple expérimental,
étudié par YANKELEVSKY et REINHARDT [Y01], permettra de le montrer. Il s'agit d'une éprouvette
soumise à des cycles de contraintes en compression, tels que représentés à la figure 3.2.
II.36
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
Il a été décidé de ne pas représenter la variation de raideur en cours de décharge. Les décharges sont
donc idéalisées par une droite, comme représenté sur la figure 3.3 ci-dessous :
Supposons que l'on dispose d'une loi enveloppe capable de reproduire correctement les chargements
monotones. Calculons les modules de décharge avec les paramètres de MERCER. Le comportement
expérimental n'est pas bien restitué (fig. 3.4).
σ / f'c
ε/εc
Mais la figure 3.5 montre que l'ajustement peut être quasi parfait en optimisant a et b. Les valeurs
obtenues pour a et b sont a = 5.347 et b = 2.448.
1
0.9 expérience
expérience
Loi dede
Modèle Mercer ajustée
CASTEM ajusté
0.8
0.7
0.6
σ / f'c
σ /f'c
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
ε/ε
ε/ε
εc
0
II.37
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
Il est possible, par la même démarche, de reproduire le comportement prévu par n'importe quel autre
modèle de type endommagement-plasticité combiné :
– en calculant la courbe enveloppe du modèle de référence, et en la restituant par la fonction
d'écrouissage dans notre modèle;
– en optimisant la loi de MERCER [M07] pour représenter au mieux la raideur en décharge.
Cette démarche sera appliquée dans l'exemple de validation du paragraphe II.5.1.3.
En conservant, même quand l'endommagement doit être pris en compte, un modèle de type plastique,
nous maintenons donc une approche très ouverte, susceptible de s'adapter à n'importe quel autre
modèle théorique. Dans un domaine où :
– le matériau et ses caractéristiques sont en constante évolution;
– il n'existe aucun modèle emportant le consensus général, en tout cas pour le comportement
cyclique;
il s'agit d'une approche à la fois pragmatique et efficace.
II.3.2 Traction
Comme annoncé dans l'état de la question, le béton est supposé suivre une loi élastique linéaire
jusqu'à la résistance en traction. Ensuite, la contrainte s'annule. Le "tension softening" est négligé, vu
son caractère très aléatoire.
Le "tension stiffening" du béton armé ne peut, lui, être oublié, car il est déterminant dans le calcul des
flèches en service. Parmi les approches de type armature et de type béton, distinguées au paragraphe
II.1.3.2, la seconde est choisie, afin de pouvoir prendre en compte le fluage en traction dans le béton
après fissuration. Les modèles basés uniquement sur des paramètres géométriques (densité
d'armatures, espacement des barres, etc..) n'apportent pas une grande précision. Les modèles qui
prennent en compte l'état de contraintes (modèle armature de l'EC2 [E05] ou du CEB 90 [C04],
MASSICOTTE [M04], ..) sont plus performants. Nous allons développer une approche originale,
adaptée à l'étude des poutres planes régulières et inspirée de celle de MASSICOTTE [M04].
Par poutre plane régulière, on entend une poutre de forme simple, dont l'armaturage peut être
représenté par deux couches d'armature, en fibre supérieure et inférieure (fig 3.6).
As
II.38
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
σc fissuration
stabilisée
plastification
de l'armature
fct dans la fissure
σc1
σc2
Fig 3.7 : Aire effective de béton tendu définie par le CEB 78 et loi parabolique
Pour que la parabole soit déterminée, il faut encore définir deux conditions. Comme MASSICOTTE,
nous allons calculer deux points particuliers. Le premier correspond à l'initiation de la fissuration :
1. La section est calculée juste sous le niveau de sollicitation (Nf, Mf) provoquant la fissuration. La
contrainte dans le béton au niveau de l'armature est appelée σcr,I, et la déformation εcr,I .
2. Ensuite, l'effort est augmenté d'un epsilon. L'état de contraintes dans la section est recalculé. Il y a
fissuration. La contrainte dans le béton au niveau de l'armature est nulle et la déformation est
appelée εcr,II . La contrainte dans l'acier correspond à σsr.
3. Le point de la parabole est défini par la moyenne pondérée des deux états :
σ1 = (1-ζcr) σcr,I
ε1 = (1-ζcr) εcr,I + ζcr εcr,II (II.3.4)
ζcr = 1-β1β2
A partir de l'équilibre à la fissuration, nous déterminons ensuite l'aire effective Aeff d'un tirant équivalent.
L'effort de traction associé dans la partie fissurée est donné par :
Ntirant,II = σsr As (II.3.5)
L'effort dans la partie non fissurée est supposé égal à :
N tirant,I = σ cr,I A eff + E s ε cr,I A s (II.3.6)
II.39
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
Par équilibre :
(σ sr − E s ε cr,I ) As
Ntirant,I = Ntirant,II Þ A eff = (II.3.7)
σ cr,I
Grâce à la définition de Aeff, le second point de la parabole, situé à la plastification de l'acier, est obtenu
sans nouveau calcul de la section complète :
Ntirant,II = fy As (II.3.8)
(σ sr − E s ε cr,I )A s
Ntirant,I = Ntirant,II Þ σ cy,I = (II.3.9)
A eff
2
æσ ö
ζy = 1 − β1β 2 ç sr ÷ (II.3.10)
ç fy ÷
è ø
et donc : σc2 = (1-ζy) σcy,I (II.3.11)
σ c2
(
ε c2 = ζ y fy + 1 − ζ y ) Eb
(II.3.12)
Notre objectif principal est la modélisation des phases de construction des ouvrages d'art. Durant
l'érection de la structure, la forme de la section ainsi que la sollicitation peuvent varier. La méthode
décrite au paragraphe précédent est destinée à des sections invariables de forme régulière. En outre,
elle fait implicitement l'hypothèse d'un chargement monotone. Cette méthode n'est donc pas
directement utilisable.
Dans ce cas, l'approche tirant constitue une simplification valable. Elle consiste à :
– isoler de la structure, les armatures tendues, et une zone de béton proche des armatures, qui sera
le siège de tension stiffening. Le ou les ensembles isolés constituent les "tirants";
– calculer les paramètres de tension stiffening des tirants isolés, par la même méthode que pour
l'approche poutre régulière, en supposant les tirants soumis à un effort normal pur.
Mais cette approche n'est pas nécessairement plus facile à appliquer car il faut définir les tirants
équivalents à la zone de béton tendue. Dans l'approche régulière, une zone potentielle de "tension
stiffening" était délimitée sur base d'un critère purement géométrique (15 φ autour de chaque armature),
et le calcul sectionnel définissait la zone de béton effectivement tendue.
Or, définir les tirants uniquement sur des considérations géométriques peut amener à surévaluer l'aire
de béton tendue et à mal estimer le "tension stiffening". Il faut plutôt déterminer les tirants en tenant
compte non seulement de la limite de 15 φ mais aussi de la forme de la sollicitation et de la section.
L'aire effective de béton tendu définie dans l'EC2, quoiqu'elle ne soit présentée que pour des sections
régulières, peut donner des indications (fig 3.8).
II.40
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
L'ordonnée x est le niveau de contrainte nulle dans la section. Avec une telle approche, la zone de
"tension stiffening" ne peut donc être déterminée a priori, contrairement à la définition purement
géométrique de l'approche régulière.
Une fois l'aire de béton tendu connue, l'approche développée au paragraphe précédent peut être
appliquée, en profitant des simplifications possibles pour le calcul d'un tirant :
– Etat à la plastification :
Ntirant,II = fy As (II.3.18)
(σ sr − E s ε cr,I )A s
Ntirant,I = Ntirant,II Þ σ cy,I = (II.3.19)
A eff
2
æσ ö
ζy = 1 − β1β 2 ç sr ÷ (II.3.20)
ç fy ÷
è ø
et donc : σc2 = (1-ζy) σcy,I
(
ε c2 = ζ y fy + 1 − ζ y ) σEc2 (II.3.21)
b
Cette méthode ne tient pas compte de l'état de contraintes éventuellement non uniforme dans le tirant.
Dès lors, les résultats seront d'autant meilleurs que l'armaturage sera dense, et la variation de
contraintes dans les différents tirants isolés faible.
Au niveau ELS, pour une section convenablement armée, le "tension stiffening" a une influence sur la
flèche d'environ 20 %. Lorsque l'on utilise les modèles décrits précédemment, la chute de contraintes
dans le béton fissuré est de l'ordre de moitié. Il est dès lors possible d'obtenir une très bonne
approximation de l'effet de tension stiffening en adoptant une branche de "tension stiffening" linéaire
avec fct0 = 0.5 fct et εm = εsy (fig 3.9). Même si l'erreur sur les caractéristiques réelles est de l'ordre de
30 %, cela ne représentera sur la flèche qu'une erreur de l'ordre de 6 % (30 % de 20 % = 6 %).
fct
fct0
εm ε
Fig 3.9 : Branche de tension stiffening linéaire pour une évaluation rapide
II.41
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
II.3.2.3 Conclusions
Les trois approches présentées dans ce chapitre ont toutes leur utilité :
– la première apporte un maximum de précision pour les poutres régulières;
– la seconde supplée la première lorsque la section ou la sollicitation deviennent moins simples;
– la troisième permet, lorsque le "tension stiffening" n'a qu'une importance limitée dans le problème
abordé, de déterminer une loi moyenne satisfaisante sans calcul supplémentaire.
Ces méthodes de calcul ne sont certes pas les plus élaborées qui existent actuellement. Mais il est
utile de rappeler l'objectif poursuivi par ce travail : disposer d'un outil de bon niveau scientifique, qui
reste applicable à l'étude d'ouvrages d'art. Ces modèles semi-empiriques peuvent être améliorés, mais
au détriment de leur simplicité et en exigeant des données le plus souvent inconnues dans la pratique
courante.
La comparaison à l'expérience montrera que ces modèles apportent une précision amplement
suffisante dans le cadre des problèmes étudiés.
II.42
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
æ æ ε max ö
a ö
ç ç ÷ ÷
ç ç ε (t ) ÷ ÷
è c0 ø
E d ( t, ε max ) = E 0 ( t )ç1 − ÷
ç æ ö
b
æ ö
a ÷
ç 1 + ç ε max ÷ + ç ε max ÷ ÷
ç ç ε (t) ÷ ç ε (t) ÷ ÷
è è c0 ø è c0 ø ø
(II.3.22)
II.43
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
Dans les modèles sous contrainte variable, à partir d'un relevé assez exhaustif, BOERAEVE avait choisi
la méthode du temps équivalent (MTE), améliorée pour représenter la recouvrance (MTEA). Ce choix
est toujours d'actualité : les modèles les plus utilisés dans la littérature sont ceux de type récursif
exponentiel, et la MTEA offre les mêmes performances à un coût moindre.
La MTE a évolué en méthode incrémentale en France, pour représenter la recouvrance. Mais celle-ci
nécessite la détermination de courbes de retour de fluage, alors que la méthode du temps équivalent
améliorée (MTEA) ne demande aucun développement complémentaire.
Cependant, la MTEA est perfectible. Elle a été pensée pour restituer au mieux le principe de
superposition. Mais lorsque deux contraintes sont appliquées à des âges fort différents, l'écart entre la
MTEA et sa référence peut devenir important, comme souligné par KRETZ et PEYRAC [K02].
Considérons par exemple une éprouvette de béton C30/37, en conditions extérieures (HR= 80 %), et
d'une épaisseur fictive de 350 mm. On suppose l'éprouvette soumise à deux chargements, à 28 et
100 j, provoquant une même contrainte unitaire.
La déformation de fluage, après 100 j , est supposée donnée par le principe de superposition :
1 1
ε f ( t ) = φ( t,28) + φ( t,100 ) (II.3.24)
E 28 E 28
avec : − E28 = 32000 Mpa (module sécant)
0.3
æ t − t0 ö 1
− φ( t, t 0 ) = 3.5 ç ÷
0.2 ç 1000 + t − t ÷
0.1 + t 0 è 0ø
Comme on peut le voir sur la figure 3.12, l'accroissement de déformation de fluage est sous-estimé.
L'erreur est systématique pour un chargement croissant. Nous allons remédier à ce problème.
5
8 .10
epsilon1
epsilon2
superposition
5
6 .10 MTEA
déformation de fluage
epsilon
5
4 .10
5
2 .10
0
2 1 0 1 2 3 4 5
log(t-t2)
II.44
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
Cette nouvelle formulation, qui est une contribution personnelle de l'auteur, est appelée MTEA2. La
figure 3.13 ci-dessous permet de visualiser l'amélioration par rapport à la MTEA :
5
8 .10 epsilon1
epsilon2
superposition
MTEA2
6 .10
5 MTEA
déformation de fluage
epsilon
5
4 .10
5
2 .10
0
2 1 0 1 2 3 4 5
log(t-t2)
II.45
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
Afin de comparer les résultats donnés par la MTEA2 et ceux donnés par la méthode de KRETZ-
PEYRAC, il est utile de rappeler la formulation de cette dernière approche, particularisée ici au modèle
de fluage sous charge constante de l'EC2.
8 .10
5 epsilon1
epsilon2
superposition
6 .10
5 MTEA2
déformation de fluage
incrémentale
epsilon
5
4 .10
5
2 .10
0
2 1 0 1 2 3 4 5
log(t-t2)
Lorsque le chargement est très variable, les différences peuvent devenir très importantes.
Pour le montrer, la MTEA, la MTEA2 et la méthode de KRETZ sont comparées ci-dessous (fig 3.15) au
principe de superposition pour une éprouvette de béton soumise à des histoires de contraintes à
plusieurs paliers. Le béton est toujours supposé être un C30/37. Afin d'avoir un fluage très variable en
fonction du temps d'application de la contrainte, l'humidité relative est prise égale à 50 % et l'épaisseur
fictive à 100 mm.
Remarque
La méthode incrémentale utilise normalement des courbes spéciales pour représenter la recouvrance.
Nous n'utilisons pas ici cette formulation, mais deux historiques de contraintes comme dans la MTEA,
un positif et un négatif.
II.46
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
er
1 exemple
0.0007
superposition
0.0006 MTEA
MTEA2
Incrémentale
0.0005
0.0004
ε
12
0.0003 10
sigma (N/mm²)
6
0.0002
4
0
0.0001 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
t(j)
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
t(j)
Fig 3.15 : Comparaison de la MTEA, MTEA2 et méthode incrémentale pour un historique de contraintes
complexe
Des trois formulations, c'est la MTEA2 qui suit au mieux le principe de superposition parce qu'elle
donne les plus grands temps équivalents. Par conséquent, à chaque nouveau palier, c'est la MTEA2
qui a la plus grande vitesse de fluage. Or, par le principe de superposition, la vitesse de fluage à
chaque nouvel incrément de contrainte est très grande. C'est donc la MTEA2 qui sera la plus proche
du principe de superposition aux stades intermédiaires. A l'infini, l'écart entre la MTEA et le principe de
superposition est important, alors que la MTEA2 et la méthode de KRETZ-PEYRAC s'en approchent
asymptotiquement.
Cet exemple met par ailleurs en lumière une limitation du principe de superposition, qui prédit, alors que
la contrainte appliquée est nulle, une augmentation de la déformation de fluage (fig 3.16). La MTEA2 et
la méthode de KRETZ, par définition, suivent la même tendance. Cette incohérence physique a déjà
été soulignée par BAZANT [B03]. Mais dans les applications pratiques, les cas de décharge complète
sont rares et le principe de superposition reste une bonne approximation du comportement de fluage
sous charge variable.
0.0007
superposition
0.0006
MTEA2
Incrémentale
0.0005
0.0004
ε
0.0003
0.0002
0.0001
0
1 10 100 1000 10000
t(j)
II.47
II.3. COMPORTEMENT MECANIQUE – BETON
e
2 exemple
De nouveau, dans ce deuxième exemple (fig 3.17), la MTEA2 a une allure plus proche du principe de
superposition que la MTEA et la méthode incrémentale. A l'infini, la déformation de fluage augmente
aussi dans cet exemple alors que l'éprouvette est libre de contrainte (fig 3.18).
0.0009
12
10
0.0008
sigma (N/mm²)
6
superposition
4 MTEA
0.0007 2
0
MTEA2
0 20 40 60 80 100 120 140
temps (j) incrémentale
0.0006
0.0005
ε
0.0004
0.0003
0.0002
0.0001
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
t(j)
0.0009
superposition
0.0008
MTEA
MTEA2
0.0007
Incrémentale
0.0006
0.0005
ε
0.0004
0.0003
0.0002
0.0001
0
1 10 100 1000 10000
t(j)
II.48
II.4. COMPORTEMENT MECANIQUE – MIXTE
Selon leur nombre, la connexion peut être totale si elle permet de développer le moment ultime de la
section mixte calculée par la théorie du calcul plastique simple ou partielle dans le cas contraire.
De même, l'interaction sera totale tant qu'il n'y a pas de glissements entre les deux matériaux. Elle sera
partielle dans le cas contraire.
Dans le FINELG, comme rappelé à l'annexe 1, il existe un élément fini béton, et un élément fini acier.
Si l'interface est modélisée, ils sont reliés par un élément de connexion, qui assure une liaison rigide
transversalement et en rotation, mais qui permet un glissement relatif longitudinalement. Les deux
éléments sont reliés par un ressort uniformément réparti. L'élément de connexion souple, développé par
BOERAEVE [B09], est présenté à l'annexe 1.
La loi mécanique des connecteurs est souvent considérée comme une loi parabolique, suivie d'un palier
plastique, dépendant du type de connecteurs utilisés (fig 4.2.)
II.49
II.5. VALIDATION
II.5. VALIDATION
II.5.1 Comportement statique monotone instantané
Il s'agit d'une poutre symétrique à deux travées essayée par TAERWE [T01] en 1981. Elle est sollicitée
jusqu'à la ruine par deux charges ponctuelles. Elle permet d'étudier à la fois :
– l'ELS, et l'influence du tension stiffening sur l'évaluation des flèches;
– l'ELU, donc la charge de rupture.
ESPION [E02] et BOERAEVE [B09] l'ont déjà étudiée précédemment. Le second a repris les
caractéristiques mécaniques choisies par le premier; les simulations se distinguent par la formulation
des éléments finis. Les éléments de poutre à trois nœuds développés par BOERAEVE, qui sont par
ailleurs ceux que nous utilisons, sont les plus performants. Il paraît dès lors logique de ne plus
confronter nos résultats qu'avec ceux de BOERAEVE.
II.5.1.1.2 Données
II.50
II.5. VALIDATION
ε
Fig 5.4 : Loi σ-ε du béton
II.51
II.5. VALIDATION
Sollicitation
La poutre est d'abord chargée par son propre poids. Ensuite, les deux charges ponctuelles sont
incrémentées jusqu'à la ruine.
II.5.1.1.3 Résultats
La courbe flèche-charge expérimentale est bien restituée par la simulation numérique. Les résultats de
BOERAEVE ont aussi été reportés sur le graphique 5.6. Ils sont très proches, eux aussi.
11
10 expérience
tension stiffening approche poutre régulière
9
BOERAEVE
8
6
P(kN)
0
0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 -9 -10 -11 -12 -13 -14 -15
flèche (mm)
II.52
II.5. VALIDATION
Nous avons développé au paragraphe 3.3 trois modèles différents pour le comportement en traction :
– Un modèle de "tension stiffening" parabolique basé sur l'état de contraintes de la section complète
(approche"poutre régulière"). C'est l'approche de référence, mais qui n'est applicable qu'aux
sections régulières;
– Un modèle de "tension stiffening" parabolique basé sur une idéalisation de la zone tendue par un
tirant.
Cette approche, plus délicate d'utilisation, a l'avantage de convenir pour toute forme de section et
de sollicitation;
– Un modèle de "tension stiffening" linéaire forfaitaire.
La branche de tension stiffening est fixée a priori sans prise en compte de la forme de la section, ni
de la densité d'armature.
Au paragraphe précédent, nous avons utilisé la méthode la plus élaborée, c'est-à-dire la première citée.
Nous allons maintenant évaluer le degré de précision des deux autres.
L'aire efficace du tirant est prise conformément à l'EC2 [E05] (voir figure 3.8) :
Aeff = b * ( 2.5 ( h – d )) = 165 * 87.5 mm²
Les paramètres déduits sont :
fct0 = 2.21 N/mm²
σc2 = 0.447 N/mm²
εm = 0.00212
Les caractéristiques de l'approche "tirant" sont légèrement inférieures à celles de l'approche "poutre
régulière" (fig 5.7).
3.5
2.5
approche tirant
σ(N/mm²)
1.5
0.5
0
0 0.0005 0.001 0.0015 0.002 0.0025
ε
II.53
II.5. VALIDATION
3.5
2.5
approche tirant
approche poutre régulière
σ(N/mm²)
2
approche forfaitaire
1.5
0.5
0
0 0.0005 0.001 0.0015 0.002 0.0025
ε
II.5.1.1.4.3 Résultats
La comparaison des simulations avec les différentes formes de "tension stiffening" (fig 5.9) fait
apparaître les points suivants :
– Les courbes des différentes approches restent proches, y compris celle de l'approche rapide.
– La ruine n'est évidemment pas influencée par le "tension stiffening".
11
expérience
10
approche poutre régulière
9 approche tirant
8 approche forfaitaire
sans tension stiffening
7
6
P(kN)
NIVEAU ELS
5
0
0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 -9 -10 -11 -12 -13 -14 -15
flèche (mm)
II.54
II.5. VALIDATION
Il est bien connu que les normes de calcul distinguent le niveau des charges de service (ELS), pour
lesquelles il faut vérifier que les déformations restent acceptables, et le niveau des charges ultimes
(ELU), pour lesquelles il faut vérifier la capacité portante de la structure.
Les charges ELS sont une estimation la plus correcte possible des charges réellement appliquées sur
la structure. Les charges ELU sont obtenues en multipliant les charges ELS par un coefficient de
pondération. Dans les cas simples, les charges de poids propre sont multipliées par 1.35 et les charges
variables par 1.5.
C'est donc au niveau des charges ELS que les critères de déformation sont vérifiés. Nous allons dès
lors déterminer le niveau de charges ELS normatif correspondant à notre exemple et y comparer les
flèches prédites par les différentes approches de tension stiffening.
Le calcul ELS doit être mené avec les caractéristiques les plus exactes possibles. Il faut adopter les
valeurs moyennes des caractéristiques de la classe du béton dont est faite la structure (par exemple fcm
pour la résistance du béton). Pour notre structure expérimentale, les caractéristiques moyennes sont
assimilées aux caractéristiques réelles. Les résultats de l'expérience fournissent donc directement les
résultats ELS.
La charge de ruine ELU est calculée sur base des caractéristiques mécaniques minimales auxquelles
on peut s'attendre pour le béton. On adopte la résistance de "design" ( de calcul ). En se référant à
(f − 8)
l'EC2, la résistance à adopter est donnée par : f cd = 0.85 cm . La résistance à la traction est
1.5
habituellement négligée. De la même façon, la résistance des armatures est divisée par γs=1.15.
-5
-15
-20
-25
-30
-0.004 -0.003 -0.002 -0.001 0 0.001 0.002 0.003
ε
II.55
II.5. VALIDATION
Un calcul numérique, en adoptant les caractéristiques mécaniques de "design", est mené. La charge
ultime obtenue est de 84 kN. La ruine est provoquée par plastification des armatures, ce qui explique la
faible différence avec le calcul en caractéristiques moyennes.
Partant de ce niveau de charges ELU, nous pouvons déterminer le niveau de charges ELS. En effet la
charge ELU est fixée à 1.35 fois les charges permanentes + 1.5 fois les charges variables. Les charges
variables étant prédominantes dans cet exemple, la charge ELS est prise égale à la charge ELU divisée
par 1.5, soit PELS = 84 / 1.5 = 56 kN. On a adopté ici 50 kN.
Les flèches à ce niveau de charge ont été reportées dans le tableau ci-dessous avec une précision
allant jusqu'au 1/100 de mm, même si cela n'a pas beaucoup de sens physique. En fait, la différence
entre la flèche expérimentale et celle de l'approche poutre régulière est négligeable et pourrait être
considérée comme nulle.
Supposons, pour notre comparaison des différentes approches de tension stiffening, toute l'erreur de
notre calcul numérique concentrée dans la formulation de tension stiffening.
L'erreur sur le tension stiffening est alors donnée par le rapport :
flècheapproche − flècheréelle
erreur T.S. =
flèche sans T.S. − flècheréelle
Les flèches ELS des approches "tirant" et "simplifiée" sont quasi égales. Si l'erreur sur l'effet du tension
stiffening est de l'ordre de 20 %, elle n'est plus que de 7-8 % sur la valeur totale de la flèche, ce qui est
très raisonnable. De nouveau, les différences en valeur absolue sont faibles et de l'ordre de grandeur
de la précision des mesures.
II.5.1.1.5 Conclusions
1. Les résultats de l'essai ont été correctement reproduits avec les caractéristiques mécaniques
choisies, tant pour le niveau ELU que pour le niveau ELS.
2. Les trois modèles de tension stiffening donnent des résultats comparables. L'approche poutre
régulière assure une meilleure prévision dans le cadre de cet exemple expérimental, mais la
différence entre les modèles est certainement en deçà de la précision avec laquelle les
caractéristiques de traction sont connues pour une structure réelle.
II.56
II.5. VALIDATION
Les colonnes présentées ici ont été testées en laboratoire par ESPION [E03,E04]. Elles sont destinées
à étudier le flambement d'éléments construits en béton à hautes performances et sont donc
particulièrement élancées.
Il est connu que le comportement du BHP ne peut être représenté par les lois classiques du béton.
C'est pourquoi, dans ce travail, notre outil de calcul a été complété par des lois spécifiques aux BHP.
La simulation de ces colonnes permet de valider ces lois et de montrer leur importance, non seulement
pour modéliser la raideur initiale, mais aussi pour représenter le comportement à la ruine.
II.5.1.2.2 Données
Géométrie
Il s'agit de colonnes de section carrée de 180 mm de côté, armées de 4 φ12 , avec un enrobage de
32 mm à l'axe de la barre (fig 5.11).
148 180
φ12
Fig 5.11 : Section des colonnes
La première dénomination de l'essai est issue de l'article paru dans la revue du groupement belge du
er
béton [E03], la seconde de la présentation au 1 congrès de la FIB [E04].
Les colonnes ont été coulées horizontalement dans un coffrage métallique. Les essais R ont été
pratiqués avec l'excentricité vers la face en contact avec le fond du coffrage, les autres du côté opposé.
La déformée initiale n'est pas connue. Sa direction est fixée par le bétonnage des colonnes. La face R
étant du côté du sol, il est logique de penser que la déformée initiale sera orientée vers la face R.
L'EUROCODE 2 préconise une valeur de la déformée initiale de l'ordre de L/400. Cette valeur paraît
excessive pour un essai expérimental réalisé avec soin. Il est décidé d'adopter une valeur de L/1000.
II.57
II.5. VALIDATION
Toujours en conformité avec le FIB 99, la résistance à la traction est déterminée par :
æ f ö æ 93 ö
f ctm = f ctm0 lnçç1 + cm ÷ = 2.12 lnç1 +
÷ ÷ = 4.94 MPa
è f cm0 ø è 10 ø
Les colonnes sont essentiellement comprimées, et le tension stiffening n'a qu'une importance très
faible. Pour ce type de problème, l'approche simplifiée du § II.3.2.1.3 est amplement suffisante. La
branche de stiffening est prise linéaire, avec fct0 = fct/2 = 2.5 Mpa et εm = εsy = 0.0027, ε sy étant la
déformation associée à la limite élastique des armatures (fig 5.14).
fctm
fct0
E
εct εm ε
Discrétisation
La colonne est discrétisée en 10 éléments égaux sur la longueur, avec 21 points d'intégration sur la
hauteur de la section répartis selon la règle du trapèze, et 4 points d'intégration longitudinaux de Gauss
par élément.
II.58
II.5. VALIDATION
II.5.1.2.3 Résultats
II.5.1.2.3.1 Série 72
Il apparaît une différence très marquée dans la précision de la simulation des essais de la série 72. Les
courbes force-déplacement transversal sont reprises aux figures 5.15 et 5.16. Le comportement des
colonnes 72-9, 72-12 et 72-18 est très bien restitué. Tant la pente initiale, la valeur au pic que la pente
après le maximum correspondent aux valeurs expérimentales. Seule la déformation maximale atteinte,
représentative de la ductilité à la ruine, est sous-estimée.
A contrario, les essais de type "R" sont moins bien modélisés. La différence maximale se marque pour
l'essai 72-18R. La charge maximale est sous-estimée.
1500
1400
1300
1200
1100
1000
900
800
P(kN)
700
600
72-9 experimentaux
500
72-9 numerique
400 72-12 experimentaux
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
d(mm)
2000
1900
1800
1700
1600
1500
1400
1300
1200
1100
P(kN)
1000
900
800
72-9R numérique
700
600 72-9 R expérimentaux
500
72-18R numérique
400
300 72-18R expérimentaux
200
100
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
d(mm)
II.59
II.5. VALIDATION
Afin de bien cerner l'influence de la déformée initiale, qui n'est pas connue et sur laquelle il a fallu faire
une hypothèse, un calcul des essais 18 et 18/R est effectué en utilisant la déformée initiale préconisée
par l'EC2, à savoir L/400. La charge ultime de l'essai 18 est sous-estimée, alors que les valeurs
numériques de l'essai 18 R se situent au-dessus de la courbe expérimentale (fig 5.17).
2000
1900
1800
1700
1600
1500
1400
1300
1200
1100
P(kN)
1000
900
800
72-18 expérimentaux
700
72-18 numérique
600
72-18 numerique deformée initiale ec2
500
72-18R expérimentaux
400 72-18R numérique
300 72-18R numérique deformée initiale ec2
200
100
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
d(mm)
La forme des courbes charge-déplacement obtenues pour les deux simulations de l'essai 18 sont
similaires. Le maximum a lieu pour le même déplacement. Ce n'est pas le cas pour l'essai 18R. Les
essais 18 sont donc moins sensibles à la déformée initiale que les 18R, ce qui paraît raisonnable
physiquement. En effet, pour les essais de type non R, la déformée initiale s'ajoute à l'excentricité alors
qu'elle s'y soustrait pour les essais de type R (fig 5.18). En supposant que la déformée initiale est
comprise entre 4.5 et 9.5 mm, pour l'essai 72-18, l'excentricité totale de la section médiane doit être
comprise entre 14.5 et 19.5 mm. Par contre, pour l'essai 72-18R, elle doit varier entre 0.5 et 5.5 mm.
L'incertitude quant à la déformée initiale pèse plus pour les essais de type R, car la valeur absolue de la
déformée est connue avec moins de précision.
déformée déformée
initiale EC2 déformée initiale L/1000 déformée
initiale L/1000 initiale EC2
II.60
II.5. VALIDATION
II.5.1.2.3.2 Série 83
Les résultats expérimentaux des colonnes de la série 83 sont en moins bon accord avec ceux de la
simulation numérique (fig 5.19). L'excentricité de la charge est plus faible; la déformée initiale a donc
encore plus d'importance pour fixer le niveau de divergence et le comportement est plus difficile à
prévoir. D'ailleurs, plus l'excentricité de chargement est grande, meilleure est la simulation numérique.
1600
1500
1400
1300
1200
1100
1000
900
P(kN)
800
700 83-18 numerique
600 83-18 experimentaux
500 83-36 numerique
400 83-36 experimentaux
300 83-90 numerique
200 83-90 experimentaux
100
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85
d(mm)
II.61
II.5. VALIDATION
On constate une bonne concordance des valeurs numériques avec les résultats expérimentaux :
– Pour les essais 72, l'erreur sur la charge maximale est inférieure à 1 %.
– Pour les essais 83, l'erreur varie de 1 à 10 %. Elle augmente quand l'excentricité de la charge
diminue.
– Pour les essais 72 R, l'erreur est de 10 %.
– Les résultats de la simulation présentent cependant, en règle générale, une ductilité moindre à la
ruine.
II.5.1.2.4 Conclusions
En résumé, la simulation numérique des colonnes a donné de très bons résultats. L'objectif de ces
simulations était de montrer la validité de la modélisation mécanique des bétons haute performance.
Ce but a été atteint :
– la charge maximale admissible pour la colonne est obtenue avec une très bonne précision;
– la courbe flèche-déplacement numérique est très proche de la courbe expérimentale;
tant que nous ne sommes pas limités par la précision des données géométriques, comme la déformée
initiale. Les résultats sont d'autant meilleurs que l'excentricité de la charge axiale est importante, et
prend le pas sur la déformée initiale, ou les éventuelles autres imperfections, par exemple la position
des armatures ou la répartition de la résistance en compression sur la hauteur de la poutre.
La ductilité à la ruine est parfois sous-estimée.
Cette colonne est issue d'une série d'essais réalisés par F.LEGERON à CACHAN [L03]. Elle est
comprimée et soumise à des cycles croissants de déformation transversale, jusqu'à atteinte de la ruine.
La colonne a été armée en pied pour pouvoir tenir compte d'un effet de confinement.
L'essai est désigné dans la thèse de LEGERON par C100 B60 N25.
Cette simulation pourrait sembler sortir quelque peu du sujet de cette thèse. Elle permet néanmoins de
mettre en évidence l'efficacité de l'approche choisie pour la simulation des décharges.
Elle nous permet par ailleurs de tester la validité de la loi de GIUFFRE [M06] (voir § II.2.1.2) pour la
simulation du comportement cyclique des armatures.
Cependant, vu son caractère subsidiaire, elle sera présentée sans entrer dans les détails.
II.62
II.5. VALIDATION
II.5.1.3.2 Données
Section A-A
La colonne a une longueur de 2.15 m et une section carrée de 305 mm de côté. L'armaturage
longitudinal est composé de 1 φ20 à chaque coin de la section, complétés par 1 φ15 au milieu de
chaque face. L'armaturage transversal est constitué d'étriers de diamètre φ10. Elle est soumise à une
charge verticale constante appliquée en tête à une hauteur de 2.15 m et à une charge transversale
variable à une hauteur de 2.00 m.
fy Et
φ20 φ15
Es (N/mm²) 200000 200000
fy (N/mm²) 430 494 Es
Et (N/mm²) 1652 1814
ε
Fig 5.21 : Loi σ-ε monotone de l'acier
Les étriers ne sont pas discrétisés mais servent à déterminer les caractéristiques de confinement.
Les armatures longitudinales sont supposées suivre une loi bilinéaire avec module de décharge
variable, selon la loi de GIUFFRE-MENEGOTTO-PINTO [M06]. Les paramètres adoptés sont :
R0 = 20
a1 = 18.7
a2 = 0.1
II.63
II.5. VALIDATION
Nous allons adopter l'approche présentée au chapitre II.3.1. Les paramètres de notre modèle plastique
à module de décharge variable sont ajustés sur base du modèle de MAZARS-LA BORDERIE [M05 et
L01], un modèle d'endommagement-plasticité très élaboré présenté au paragraphe II.1.2.2.2. et dont les
caractéristiques ont été déterminées pour cet essai par LEGERON.
En compression, il détermine d'abord les paramètres de la loi de CUSSON et PAULTRE [C11] (fig 5.22)
en différenciant dans la section le béton confiné, situé à l'intérieur des étriers, du béton non confiné, à
l'extérieur de ces derniers. Les valeurs sont reprises au tableau ci-dessous. Pour le béton non confiné,
l'hypothèse est faite qu'au delà d'une déformation de 0.0035, il éclate et ne reprend plus aucune
contrainte. Les paramètres de la partie descendante ne sont donc pas utiles pour le béton non confiné.
II.64
II.5. VALIDATION
77 .106
6.3 6
6 .10
6
4 .10
σ(N/mm²)
sigma
6
3 .10
6
2 .10
1.3
6
1 .10
0
4 4 4 4 4 4 4 4 4
0 1 .10 2 .10 3 .10 4 .10 5 .10 6 .10 7 .10 8 .10 9 .10
ε
epsilon 0.0009
Pour l'évolution du module de décharge en compression, on adopte la loi de MERCER [M07] avec des
paramètres ajustés pour restituer la même évolution que celle prédite par le modèle de MAZARS-LA
BORDERIE. Pour le béton confiné, les paramètres de MERCER sont suffisants (fig 5.24 a). Par contre,
pour le béton non confiné, les paramètres sont adaptés (a = 3.5 et b = 2) (fig 5.24 b).
40000 4 .10
10
40000
4 .10
10
10 10
.5 .10 3.5 .10
10
3 .10
10
3 .10
10
.5 .10
10 2.5 .10
E décharge
10
.5 .10
10 1.5 .10
10
1 .10
10 1 .10
9
5 .10
9 5 .10
0 0
0 0.002 0.004 0.006 0.008 0.01 0.012 0.014 0.016 0.018
0 0
0 0.002 0.004 0.006 0.008 0.01 0.012 0.014 0.016 0.018
0 epsilon max
0.02 0
epsilon max
0.02
εmax εmax
(a) (b)
Fig 5.24 : Evolution du module de décharge du béton confiné (a) et non confiné (b)..
Discrétisation
La poutre est découpée en 4 éléments avec 2 points d'intégration longitudinaux jusqu'au point
d'application de la charge transversale, plus un élément élastique pour atteindre le niveau de mise en
charge axiale (fig 5.25).
Le premier élément à la base a une longueur de 800 mm afin que la longueur attribuée aux points
d'intégration longitudinaux soit de 400 mm. Ainsi, le poids numérique attribué à chaque élément
respecte la longueur de rotule plastique déterminée par LEGERON. En effet, à la plastification, la
déformation se concentre en un seul point d'intégration, qui de ce fait représente la rotule plastique.
II.65
II.5. VALIDATION
H(t)
Sollicitation
Le poteau est soumis à une charge verticale P = 0.28 A f'c. La mise en charge transversale est
effectuée en plusieurs cycles. Le niveau maximal atteint pour chaque cycle correspond :
− à 75 % de la capacité ultime du poteau pour le premier cycle;
− à la plastification des armatures (déplacement ∆εy à hauteur du point d'application de la charge
transversale) dans le deuxième cycle;
− ensuite à 1.5 ∆εy, 2 ∆εy, 3 ∆εy, … jusqu'à la ruine de la structure. Tous les cycles sont répétés 2 fois
dans l'expérience, mais pas dans la simulation numérique.
La technique de mise en charge axiale de l'essai est telle que la force de compression est astreinte à
passer par un point fixe (fig 5.26). Le modèle numérique respecte cette particularité importante.
P
l = 2.85 m
l' = 3 m F
h = 2.00 m
h' = 2.15 m
P
Fig 5.26 : Montage expérimental et discrétisation
II.66
II.5. VALIDATION
II.5.1.3.3 Résultats
REAC
H (kN)
240000.00
200000.00
noir : expérience
bleu : FINELG
167620.98
160000.00
120000.00
80000.00
40000.00
-240.00 -200.00 -160.00 -120.00 -80.00 -40.00 40.00 80.00 120.00 160.00 200.00 240.00
-40000.00 ∆ (mm)
-80000.00
-120000.00
-160000.00
-166422.17
-200000.00
-240000.00
II.5.1.3.4 Conclusions
Quoique ce ne soit pas l'objectif principal de ce travail, nous disposons de lois mécaniques capables de
restituer fidèlement le comportement cyclique du béton armé.
L'énergie dissipée dans la rotule plastique est connue avec une très bonne précision, et l'évolution de la
raideur de déchargement est globalement très bien estimée.
II.67
II.5. VALIDATION
Ces essais ont été réalisés à l’IBAP de Lausanne entre 1977 et 1983 [F01]. La série expérimentale C a
pour but de bien cerner la relation moment-courbure pour tous les niveaux de sollicitation. 7 poutres
isostatiques de 3.1 m de long ont été sollicitées par deux charges ponctuelles symétriques (Fig 5.28 a)
sous 5 niveaux de charge différents. Les niveaux de sollicitations choisis créent des moments, entre
les deux charges, qui s’échelonnent sur l’ensemble des phases caractéristiques du comportement des
structures en béton armé (fig 5.28 b). Certains essais ont été doublés afin d’obtenir des
renseignements quant à la dispersion des résultats.
Mfissuration
poutre
(a) (b)
Fig 5.28 : Description des essais
II.5.2.1.2 Données
II.68
II.5. VALIDATION
La simulation est effectuée avec une loi moyenne pour tous les essais (fig 5.30) :
– en compression, on utilise la loi de type parabole-rectangle conforme à l'EC2 [E05] avec :
– la résistance en compression fc = 30.9 N/mm², valeur moyenne des mesures,
– la déformation au maximum de la parabole εc = 0.0022,
– la contrainte à la rupture σccu = 30.9 N/mm², pour une déformation correspondante
εccu = 0.0035, sans importance pour cet essai limité à l'ELS;
– en traction :
– d'abord une loi linéaire jusqu'à la résistance en traction fct = 2.8 N/mm²;
– ensuite, une branche de tension stiffening parabolique calculée selon l'approche poutre
régulière, avec β1 = β2 = 0.5 (chargement non instantané). L'aire efficace est limitée au béton
situé à moins de 7.5 φ d'une armature, selon les règles du CEB 78.
(fct,εct)
(fcto,εct) (εm)
(σccu,εccu) (fc,εc)
II.69
II.5. VALIDATION
Le fluage et le retrait ont été mesurés sur des éprouvettes 120 x 120 x 360 mm pour certains essais.
Les déformations, calculées avec le modèle de l'EC2 avec l’épaisseur fictive des éprouvettes, une
humidité relative de 60 %, et fc = 30.9 N/mm², correspondent assez bien à la borne supérieure des
courbes expérimentales (fig 5.31).
2.5
1.5
1
éprouvettes issues de C15
Fig 5.31 : Comparaison du coefficient de fluage expérimental et des valeurs prédites par l'EC2
Les déformations de retrait prédites par la formule de l'EC2 correspondent à la moyenne des valeurs
expérimentales (fig 5.32).
450
400
350
300
ε retrait (µ m/m)
250
200
éprouvettes issues de C22
150 éprouvettes issues de C15
moyenne des éprouvettes
100
retrait des éprouvettes selon EC2
50
0
0 100 200 300 400 500 600
t (j)
II.70
II.5. VALIDATION
P axe de symétrie
milieu de la poutre
Fig 5.33 : Discrétisation
Mise en charge :
Le calcul commence au décoffrage de la poutre, à 7 jours. L'effet du retrait est pris en compte de 7 à
28 j, afin de mettre en évidence l'influence du retrait empêché sur le début de la fissuration.
Ensuite, à 28 j, le poids propre et la charge ponctuelle P sont appliqués. Le comportement temporel est
alors étudié jusqu'à 528 j.
II.5.2.1.3 Résultats
Sur le graphique 5.34 ci-dessous, le temps est reporté en abscisse en échelle logarithmique, et la
flèche en ordonnée.
Fig 5.34 : Evolution des flèches au cours du temps pour les différents essais
II.71
II.5. VALIDATION
Les flèches finales sont mieux prédites que les flèches initiales. Le modèle de tension stiffening
représente la perte d'adhérence des armatures en fonction du temps à travers le coefficient β2. En se
conformant au code modèle 78, il faudrait adopter une valeur de 0.8 pour les charges court terme, et de
0.5 pour les charges long terme. L'évolution de β2 au cours du temps n'est pas spécifiée, et le calcul
temporel complet est réalisé avec β2 = 0.5, ce qui entraine une surestimation des flèches court terme.
De fait, en adoptant β2 = 0.8, les flèches instantanées sont bien prédites (fig 5.35).
35
Expérience C15
30 Expérience
β2 = 0.5
FINELG b2
C14,C24
25 β2 = 0.8
FINELG b2
20 C13
P(kN)
15
C12,C22
10
C11
5
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
f(mm)
Les calculs sont effectués avec la MTEA, en adoptant l'approche poutre régulière pour le tension
stiffening, et ensuite comparés à la MTEA2. Les différences sont minimes (fig 5.36). Les poutres sont
isostatiques et soumises à une charge constante. Les contraintes varient peu au cours du temps : la
seule redistribution possible serait due, à l'intérieur de la section, à la fissuration, et elle est visiblement
faible.
II.72
II.5. VALIDATION
Cette expérimentation, investiguant tous les niveaux de charge possibles à l'ELS, est idéale pour
comparer les trois modèles de tension stiffening présentés au paragraphe II.3.2.2.
L'aire efficace où a lieu le tension stiffening est choisie conformément à l'EC2. Dans le cas de ces
dalles de faible hauteur, c'est la condition basée sur l'ordonnée x du point de déformation nulle qui est
prépondérante (fig 5.37) :
h−x
A eff = b = 750 * 40
3
Les paramètres déduits sont :
fct0 = 1.74 N/mm²
σc2 = 0.41 N/mm² Fig 5.37 : Aire effective pour une dalle de béton armé
εm = 0.0028 selon l'EUROCODE 2
Contrairement à ce qui avait pu être observé pour la simulation de la poutre essayée par TAERWE au
paragraphe II.5.1.1, l'approche tirant est assez éloignée de l'approche poutre régulière (fig 5.38) :
régulière
ε
Fig 5.38 : Loi de tension stiffening approche tirant
A la figure 5.39, les résultats restent globalement bons, la faible aire effective limitant l'augmentation de
raideur de la loi σ-ε, sauf pour l'essai C12 pour lequel la fissuration ne monte pas dans la section au-
delà de la limite de (h-x) / 3.
régulière
régulière
régulière
régulière
La courbe σ-ε de tension stiffening linéaire est fort proche de l'approche tirant (fig 5.40). Logiquement,
les résultats de déplacements sont eux aussi fort similaires (fig 5.41).
régulière
II.74
II.5. VALIDATION
II.5.2.1.6 Conclusions
L'interprétation de nos simulations a fait apparaître que le comportement des poutres de FAVRE est
principalement dicté par :
– le fluage du béton sous charge constante ;
– le niveau de fissuration, fonction du niveau de charge.
Par contre, le choix du modèle de fluage sous charge variable n'a qu'un impact très limité sur le
comportement, parce que les contraintes varient peu au cours du temps, ce qui est assez logique pour
ces poutres isostatiques.
Le fluage du béton sous charge constante a été représenté par le modèle de l'EUROCODE 2. La
comparaison aux essais de fluage sur cubes normalisés a montré une bonne concordance, et le
modèle a pu être directement utilisé, sans devoir être optimisé, ce qui en démontre l'efficacité.
La fissuration a été prise en compte, avec de bons résultats, par les différents modèles de tension
stiffening, tant l'approche "poutre régulière" que l'approche "tirant".
La simulation a cependant mis en évidence une des limites de l'approche, inspirée des modèles du
CEB 78. Elle ne prend pas en compte la dégradation de l'adhérence au cours du temps. Cette
dernière est prise en compte au travers d'un paramètre β = β1 β2, β1 prenant en compte la qualité des
barres et β2 la durée ou la répétition de la charge. β2 doit être pris égal à 1 pour un chargement
instantané unique, et à 0.5 pour des charges long terme ou cycliques. L'évolution de β2 entre l'état
instantané et l'état long terme n'est pas connue.
Il faut cependant relativiser cette limitation en rappelant la destination de notre approche aux ouvrages
d'art. La dégradation de l'adhérence est à la fois provoquée par les effets différés et les chargements
répétés de la circulation. Dans ce cas, il n'est évidemment pas envisageable de réaliser un calcul sous
chargement cyclique pour représenter les charges variables. Elles sont donc appliquées sur la
structure par un chargement statique fixe, en adoptant un coefficient d'adhérence β2 = 0.5. Une
approche forfaitaire étant inévitable, il est assez logique de l'appliquer aussi pour l'effet temporel.
Nous simulons ici trois essais de flambement de colonnes dont les résultats proviennent d'une
importante recherche réalisée au Service d'Etudes des Structures (SES) du Centre d'Essais du
Bâtiment et des Travaux Publics (CEBTP) par FOURE B. en 1978 [F04]. Il s'agit de la série d'essais
n° II.
Les colonnes sont chargées excentriquement. Certaines sont mises en charge instantanément jusqu'à
la rupture, d'autres sont soumises à une sollicitation maintenue constante au cours du temps jusqu'à la
ruine éventuelle par flambement sous fluage. Si la flèche se stabilise après un certain temps, environ
200 j, elles sont remises en charge jusqu'à la ruine.
Ces essais se sont déroulés dans de très bonnes conditions expérimentales :
– température et humidité constante (21°C, 55 % H. R. );
– cure humide de sept jours;
– courbes de fluage et de retrait relevées sur prismes;
– caractéristiques des matériaux connues avec précision.
II.75
II.5. VALIDATION
II.5.2.2.2 Données
σ
fy = 476 N/mm² fy
Es= 203000 N/mm²
Es
ε
Fig 5.43 : Loi σ-ε pour l'acier
II.76
II.5. VALIDATION
En compression, nous adoptons le modèle parabole-rectangle de l'EC2 (fig 5.44). Les paramètres qui
ne sont pas connus par le test de résistance sont déduits, en fonction de la résistance, des
recommandations EC2 [E05] :
σccu = 38.25 N/mm²
εc = 0.0022
εccu = 0.0033
En traction, comme dans le cas des colonnes en béton à hautes performances de B.ESPION
(§ II.5.1.2), le comportement après fissuration n'a pas grande importance. Une modélisation simplifiée
suffit. Nous adopterons donc une branche linéaire de tension stiffening avec une chute de moitié de la
contrainte à la fissuration et une contrainte s'annulant dans le béton à la déformation de plastification de
l'acier εsy = 0.0024.
5 (fct,εct)
0
(fcto,εct) (εm)
-5
-35
-40
(σccu,εccu) (fc,εc)
-45
-0.004 -0.003 -0.002 -0.001 0 0.001 0.002 0.003
II.77
II.5. VALIDATION
1.8
1.6
1.4
1.2
φ(t,28)
Expérience
0.8
Loi EC2
0.6 Loi EC2 optimisée
0.4
0.2
0
28 48 68 88 108 128 148 168 188 208 228
t(j)
Tout comme pour le fluage, la loi de retrait de l'EC2 doit être modifiée pour correspondre aux résultats
des essais sur éprouvettes (fig 5.46). La loi s'écrit :
a
æ t − ts ö
ε = εcs0 çç ÷
÷ (II.5.2)
è βs + t − t s ø
4.00E-04
3.50E-04
3.00E-04
2.50E-04
epsilon retrait
2.00E-04
Expérience
1.50E-04
Loi EC2
1.00E-04 Loi EC2 optimisée
5.00E-05
0.00E+00
0 100 200 300 400 500 600 700
t(j)
Fig 5.46 : Evolution de la déformation de retrait expérimentale et selon les différents modèles
II.78
II.5. VALIDATION
Discrétisation :
Une demi-colonne est représentée par 6 éléments de longueur égale (fig 5.47). L'intégration
longitudinale se fait selon le schéma de Gauss avec 4 points, l'intégration transversale est faite avec 21
points de trapèze sur la hauteur de la section.
axe de symétrie
milieu de la poutre
P
Sollicitation :
Le poteau SES-II-1 est soumis à une charge axiale instantanée croissante appliquée à l’âge de 28 j
jusqu’à la ruine.
Le poteau SES-II-2 est soumis à une charge axiale constante de 280 kN à partir de 28 j jusqu'à la ruine
par fluage qui survient après 197 jours de chargement.
Le poteau SES-II-3 est soumis à une charge axiale constante de 250 kN à partir de 28 j pendant 206
jours, puis à une charge croissante jusqu'à la ruine.
II.5.2.2.3 Résultats
Les courbes flèche-charge expérimentale et numériques sont reprises à la figure 5.48, tandis que les
charges ultimes Pu sont reprises au tableau ci-dessous. Deux simulations sont effectuées :
– la première avec la loi mécanique instantanée du béton présentée ci-dessus. Par rapport au
comportement expérimental, les résultats numériques sont un peu trop souples à faible charge. La
charge de ruine Pu est bien restituée, avec une différence de 1 %.
– La seconde sans branche de tension stiffening, pour justifier l'usage de l'approche forfaitaire. Elle
est confondue avec la première simulation à faible charge. La différence de charge ultime est
faible, de l'ordre de 2 %.
La différence entre l'approche simplifiée et l'approche poutre régulière, pour la poutre de TAERWE,
était de l'ordre de 20 % sur le surcroît de raideur apporté par le tension stiffening. Cela signifie
qu'une modélisation plus raffinée du tension stiffening apportera au maximum une différence de
0.2*2 % = 0.4 % sur la valeur de la charge de ruine. Cette différence négligeable justifie l'utilisation,
dans ce cas, de l'approche simplifiée.
Pu (kN)
expérimental 445
FINELG avec tension stiffening 441
FINELG sans tension stiffening 433
II.79
II.5. VALIDATION
Pour simuler le comportement de cette colonne, qui flambe par fluage, trois calculs différents ont été
effectués (fig 5.49) :
1. un premier avec la MTEA2 sans déformée initiale;
2. un second avec la MTEA2 et une déformée initiale de 2 mm;
3. un troisième avec la MTEA et une déformée initiale de 2 mm.
70
60 expérience
FINELG MTEA2 déformée initiale nulle
40
flèche (mm)
30
20
10
0
25
1.4 31.6
1.5 40
1.6 50
1.7 63
1.8 79
1.9 100
2 125
2.1 158
2.2 199
2.3 251
2.4 316
2.5 398
2.6
log(t)
t(j)
II.80
II.5. VALIDATION
Les deux premiers calculs montrent l'importance, comme dans le cas des colonnes en BHP d'ESPION
(chap II.5.1.2), de la déformée initiale sur la réponse de la structure. L'âge de la ruine numérique peut
varier de 126 à 316 jours. Ces deux résultats encadrent le comportement expérimental.
Le dernier montre la différence entre la MTEA et la MTEA2. La réponse de la MTEA est plus raide.
Compte tenu de l'importance de la déformée initiale, il est difficile de tirer d'autres conclusions.
La colonne SES-II-3 est soumise à une charge axiale constante de 28 à 216 j. A cette date, la colonne
est remise en charge jusqu'à la ruine.
On réalise les mêmes simulations que pour l'essai SES-II-2. De nouveau, l'importance de la déformée
initiale ne permet pas de tirer de conclusions très précises (fig 5.50 et 5.51).
400
350
300
250
P(kN)
200
expérience
50
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
flèche (mm)
30
25
20
flèche (mm)
P(kN)
15 expérience
FINELG MTEA2 deformée initiale nulle
FINELG MTEA2 déformée initiale 2 mm
10 FINELG MTEA déformée initiale 2mm
0
25
1.4 31.6
1.5 40
1.6 50
1.7 63
1.8 79
1.9 100
2 125
2.1 158
2.2 199
2.3 251
2.4
flèche (mm)
t(j)
II.5.2.2.4 Conclusions
D'un point de vue global, les essais ont été correctement simulés.
Pour la colonne chargée instantanément jusqu'à la ruine, les résultats sont excellents.
Pour les deux colonnes soumises au fluage, les résultats sont très bons : la forme du comportement, la
stabilisation au cours du temps ou la ruine, sont bien prédites. La charge ou la date de ruine sont aussi
évaluées de façon satisfaisante, compte tenu de l'importance de la déformée initiale, qui est inconnue.
Il est cependant difficile de tirer des conclusions plus avant, notamment concernant la comparaison de
la MTEA et de la MTEA2, l'incertitude amenée par la déformée initiale étant trop importante.
II.82
III.1. INTRODUCTION
Troisième partie
III.1. INTRODUCTION
III.1.1 Généralités
Un pont est un ouvrage de franchissement d'obstacle. La difficulté ne réside pas seulement dans le
calcul de la structure en service, mais aussi dans l'établissement et la vérification d'une procédure de
montage. Le concepteur doit souvent faire preuve d'astuce et d'ingéniosité, et est parfois amené à
repousser les limites de ses connaissances. Les matériaux sont utilisés au maximum de leur capacité.
Dans ce cadre, hautement technologique, l'usage d'un programme éléments finis non linéaire peut se
justifier.
Dans le cas des ouvrages en béton, il pourra aider l'ingénieur concepteur à mieux maîtriser les effets :
– de la fissuration;
– des déformations différées, éventuellement bridées en cours de montage;
– du vieillissement du matériau.
Pour les structures en acier, plus légères, il permettra de déterminer les effets géométriques du second
ordre, ou éventuellement de représenter un comportement non linéaire, par exemple si la structure
intègre des câbles ou des appuis unilatéraux.
La première partie du travail a défini une modélisation complète du comportement mécanique du béton
et de l'acier, à l'intérieur d'un programme éléments finis non linéaire, pour des chargements statiques ou
en dynamique lente. S'il s'agit là d'une base nécessaire pour la modélisation des phases de
construction de structures béton, acier ou mixte, ces développements relatifs aux matériaux ne sont pas
suffisants.
En effet, les programmes d'éléments finis non linéaires classiques, tels que le FINELG, ont été écrits
pour étudier des structures dont la géométrie et le schéma statique sont invariables. Il est souvent
impossible, avec ces logiciels, d'envisager l'étude de la construction d'un ouvrage d'art. Ils doivent être
adaptés pour pouvoir intégrer l'ajout de parties de la structure et l'enlèvement d'ouvrages provisoires en
cours de calcul. La deuxième partie du travail présentera l'adaptation du FINELG pour avoir la
possibilité de calculer des structures évolutives.
Cette transformation, pour être efficiente, doit être mûrement réfléchie en fonction du problème étudié.
Dans la littérature, si le calcul des phases de construction a souvent été abordé, il existe peu de
références pour une approche globale de la gestion des structures évolutives adaptée aux ouvrages
d'art. On peut citer MARI [M03], et CRUZ [C01], le deuxième utilisant le logiciel développé par le
premier, sans cependant de description détaillée de l'organisation du calcul. Certains logiciels, comme
TDV [T02], disposent d'outils spécialement dédicacés au calcul des phases de construction. Mais, ici
aussi, la documentation scientifique est assez pauvre. Par ailleurs, il faut noter que l'on peut adresser à
ce programme un reproche quant à la relative complexité des données.
Un de nos objectifs sera la simplicité. L'interprétation d'études non linéaires, incluant de nombreux
phénomènes différents (fluage, fissuration, effet de câble, décollement d'appui,…), est déjà
suffisamment complexe, que pour ne pas encombrer l'esprit du calculateur avec des problèmes
informatiques. Mais avant toute chose, afin de bien cerner le problème à résoudre, un relevé des
techniques de construction des ouvrages d'art s'impose.
III.1
III.1. INTRODUCTION
Cette catégorie regroupe la construction par grue au sol, par grue sur barge, par crémaillère, … (fig 1.1)
III.2
III.1. INTRODUCTION
Des éléments de taille plus ou moins importante sont assemblés au sol et posés à leur emplacement
définitif par un moyen de levage quelconque. Cette technique, lorsqu'elle est applicable, est souvent la
plus facile, la plus économique et la plus sûre. Mais elle nécessite de bonnes conditions de site (pour
une grue au sol, terrain plat; …). Les moyens de levage limitent la taille des éléments, et leur hauteur.
Elle sera donc moins utilisée sur les grands ouvrages. Cependant, comme elle pourra être combinée à
d'autres techniques, nous ne pouvons la négliger. Par ailleurs, dans le cas de structures en béton, le
schéma statique en cours de montage peut varier et influer sur la prise en compte des effets différés.
III.3
III.1. INTRODUCTION
La construction par encorbellement consiste à construire le tablier par tronçons à partir d'une berge ou
d'une pile, en ajoutant systématiquement à la partie existante du tablier un nouvel élément en console.
Cette technique est très spectaculaire, et permet des franchissements très importants, puisqu'elle libère
totalement des conditions de site. Elle se marie particulièrement bien avec la construction haubanée,
qui permet de soutenir l'encorbellement au fur et à mesure de l'avancement (fig 1.4). Les exemples les
plus connus sont certainement le pont Vasco de Gama à Lisbonne et le pont de Normandie au Havre.
Elle est cependant lente et coûteuse, et elle ne sera utilisée qu'en dernier recours, si aucune technique
meilleur marché n'est envisageable.
Dans ce type d'ouvrage, la géométrie est directement influencée par le mode de construction. C'est en
cours d'érection que les sollicitations sont les plus importantes, tant que le pont est constitué de deux
consoles séparées. Pour pouvoir supporter les charges, la section sur pile doit être nettement plus
importante qu'en travée (fig 1.5).
Ensuite, lorsque les consoles sont solidarisées pour former une poutre continue, le comportement
général de l'ouvrage change. S'il s'agit d'un ouvrage en béton, le fluage entraîne une redistribution des
efforts, un moment apparaissant au clavage. La prise en compte de l'interaction entre les effets différés
et le phasage est donc obligatoire.
Fig 1.6 : Montage en encorbellement avec utilisation d'un haubanage provisoire [C09]
– introduction d'un réglage au clavage, pour assurer une redistribution des moments dans la
structure;
– pour les sections mixtes ou en béton armé, bétonnage transversal en plusieurs phases, afin de
diminuer les charges soutenues en console.
III.5
III.1. INTRODUCTION
Entre deux appuis, la première travée lancée est en console. Il est possible d'ajouter à la tête du pont
un avant bec, plus léger, qui permet d'accoster plus rapidement l'appui suivant (fig 1.8).
Fig 1.8 : Vue du pont canal en cours de lançage et de son avant bec
Un haubanage provisoire peut s'avérer nécessaire lorsque les travées deviennent importantes (fig 1.9).
On peut aussi rappeler quelques techniques apparentées, comme le ripage (déplacement de l'ouvrage
transversalement à son axe) ou la mise en place par rabattement ou rotation, comme le pont de Ben
Ahin (fig 1.10).
III.6
III.1. INTRODUCTION
Comme nous nous sommes fixés un objectif de simplicité, la deuxième voie s'impose. Il nous faut
maintenant préciser comment :
– définir la discrétisation de la géométrie de la structure,
– gérer l'apparition des éléments et définir la discrétisation temporelle.
III.7
III.2. STRATEGIE DE MODELISTATION
De ces trois modes d'évolution, les deux premiers caractérisent l'évolution de la forme de l'ouvrage,
tandis que le troisième est plutôt un mouvement de la structure, qui modifie ses conditions d'appui. On
ne peut pas véritablement parler, dans ce cas, de gestion d'élément. Il en sera donc question dans un
paragraphe séparé.
La séquence typique de construction par encorbellement peut être représentée de la façon suivante :
position de référence
position déformée
éléments virtuels
position finale
déformée
III.8
III.2. STRATEGIE DE MODELISTATION
Un élément de structure, modélisé par un (ou plusieurs) éléments finis de type poutre, est ajouté à la
partie déjà existante, de façon isostatique. S'il avait déjà été présent dans la discrétisation, sans être
chargé, il n'aurait pas modifié la réponse de la partie existante.
En se servant de ce fait, le traitement d'un élément d'encorbellement est donc très simple :
– il est présent dans la discrétisation, dès le début du calcul;
– la simulation de sa mise en place consiste simplement à activer à l'instant voulu sa charge
permanente.
Cette procédure a l'avantage de gérer automatiquement le positionnement du nouveau tronçon, qui se
trouvera ainsi placé tangentiellement à la partie existante, ce qui représente en effet la réalité pour :
– la contruction en encorbellement;
– certains montages sur cintres ou par moyens de levage.
Lorsque l'élément n'est pas ajouté de façon isostatique à la structure - par exemple s'il s'agit de la
fermeture d'un arc dont les deux versants ont été construits par encorbellement - il ne peut avoir de
raideur qu'au moment de sa création.
Génération de la position
initiale des nouveaux noeuds
éléments de fermeture
Sa configuration de référence, c'est-à-dire sa longueur et son orientation sans effort, est définie à
l'instant de création (fig 2.2). A ce moment, si la fermeture est faite par un seul élément, la position de
ses nœuds est déterminée. S'il y en a plusieurs, les nœuds intermédiaires sont toujours à leur position
dans la configuration initiale : leurs déplacements sont nuls. Ils doivent être déplacés lors de la création
de l'élément, selon une règle d'interpolation entre les deux noeuds déjà actifs.
III.9
III.2. STRATEGIE DE MODELISTATION
Les éléments ajoutés de façon hyperstatique peuvent être utilisés, en plus de la fonction de fermeture
présentée ci-dessus, pour représenter la construction sur cintre, le montage d'éléments structuraux
préfabriqués, ou le bétonnage sur une partie déjà existante comme dans le cas d'une poutre mixte
(fig 2.3).
ppc ,4 j ppc ,6 j
pps ,0 j pps ,2 j
t=0j
Elément d'encorbellement
t=2j
t=4j
t=6j
III.10
III.2. STRATEGIE DE MODELISTATION
Dans un programme d'éléments finis, à côté des éléments poutres et barres qui servent de base aux
discrétisations filaires, le calculateur dispose aussi d'éléments "utilitaires" :
– ressorts à un, deux nœuds;
– éléments de contrainte linéaire, permettant de définir des relations entre les degrés de liberté de la
structure;
– …
A ces éléments, une distinction similaire à celle des éléments filaires, entre éléments de fermeture et
éléments isostatiques, est appliquée. Les éléments peuvent prendre en compte soit :
1. les déplacements relatifs à partir de leur création,
2. les déplacements depuis le début du calcul.
Leur raideur n'est cependant activée qu'à la création de l'élément.
Ceci permet de représenter, par exemple, pour un élément de ressort :
– dans le premier cas, un élément d'appui placé sous la structure à sa position courante;
– dans le deuxième, un appui qui remonterait le pont au niveau de la configuration de référence.
III.2.4 Chronologie
Le calcul est divisé en deux types de séquences :
– les séquences de temps, qui permettent d'avancer d'un instant à l'autre selon l'algorithme de
tangentialisation de la matrice de rigidité (annexe 1, § 2.4). Durant ces séquences, il n'y a pas de
charges appliquées sur l'ouvrage.
– Les séquences de chargement, instantanées. Elles permettent l'application de forces.
III.11
III.2. STRATEGIE DE MODELISTATION
Par rapport à cette discrétisation du temps, l'évolution de la structure sera gérée en associant à chaque
élément fini deux temps caractéristiques :
– un temps de création, appelé TINI;
– un temps de suppression, appelé TFIN.
III.12
III.2. STRATEGIE DE MODELISTATION
Or, les programmes d'éléments finis non linéaires, comme le FINELG, sont construits pour pouvoir
prendre en compte de grands déplacements, et de petites déformations. Imposer à la structure des
mouvements de corps rigide, comme lors des avancements de lançage, ne pose dès lors pas de
problème numérique particulier, tout en ayant l'avantage de fournir des résultats plus simples à
interpréter.
A chaque avancement, les points appuyés du tablier changent. Afin de gérer le changement continuel
du schéma statique, un élément original, du type contact, doit être développé. Il sera défini :
– par un noeud d'appui, fixe;
– par une structure à appuyer (le tablier du pont), définie par une suite de nœuds.
– par une raideur fixant la rigidité de la liaison entre tablier et nœud d'appui.
Afin de répondre aux besoins d'un calcul de lançage, il devra respecter les points suivants :
– afin de libérer la discrétisation de conditions géométriques qui seraient liées au pas d'avancement
de l'étude du mouvement de lançage, le point du tablier appuyé ne correspond pas nécessairement
à un nœud de la discrétisation;
– il doit prendre en compte un éventuel décollement de la structure de ses appuis. Les appuis sont
capables de supporter la structure, mais rarement de la retenir. Dans les lançages, il n'est pas rare
que la structure se désolidarise provisoirement de certains appuis.
– La surface de glissement n'est pas située au niveau du nœud de la discrétisation, ou du centre de
gravité de la section, mais en fibre inférieure du tablier. L'élément doit donc intégrer une éventuelle
excentricité de la surface de glissement par rapport à la ligne de nœuds (fig 2.7).
– Le nœud d'appui "fixe" est situé en tête des piles ou de palées provisoires, dont la déformabilité est
souvent importante. Le seul ressort de l'appui est insuffisant pour la représenter. La structure
d'appui doit pouvoir elle aussi être discrétisée, et le nœud d'appui n'est donc pas nécessairement
une liaison avec le monde extérieur.
point
surface de glissement appuyé
structure d'appui
III.13
III.3. DEVELOPPEMENTS
III.3. DÉVELOPPEMENTS
Sur base du programme existant, et en fonction des options générales définies au paragraphe III.3.2,
les développements, outre l'introduction des données, ont consisté à :
– permettre la modification de la taille de la structure en cours de résolution;
– développer, pour tous les éléments de poutre, treillis (y compris comportement câble équivalent) et
ressort, la notion d'élément évolutif (par encorbellement, de fermeture);
– mettre au point l'élément de contact.
Le premier point est rencontré en construisant, au départ, une matrice de rigidité dite de référence,
correspondant à la structure complète. Sa taille correspond donc au nombre de degrés de liberté de la
structure entière. A chaque pas de calcul, associé à l'instant t du montage de la structure, l'assemblage
des matrices de raideur est réalisé dans cette matrice de référence. Les lignes et colonnes de la
matrice qui sont vides car associées à des degrés de liberté non utilisés sont éliminées.
Les deux autres points méritent d'être expliqués plus en détail.
Le calcul des forces internes et de la matrice tangente (point 3) est propre à chaque élément fini.
L'organigramme est repris page suivante :
1. Après la lecture de l'état de l'élément, sauvé de l'itération précédente, il est vérifié si le programme
a détecté la convergence pour l'itération en cours ou non.
2. S'il n'y a pas convergence :
– calcul des déplacements, des déformations, de l'état de contraintes. Intégration de l'état de
contraintes, pour obtenir les efforts internes;
– calcul de la matrice de raideur, et assemblage dans la matrice de référence;
– calcul des forces extérieures appliquées sur l'élément, assemblage des forces hors équilibre;
– sauvetage de l'état de l'élément.
3. S'il y a convergence, les efforts internes sont imprimés et sauvés.
III.14
III.3. DEVELOPPEMENTS
SEQUENCE: i
TIME: Ti
Read:
• TANGENT STIFFNESS MATRIX
Convergence Yes
?
No
Computation:
• DISPLACEMENTS
• DEFORMED LENGTH
• STRAINS
• STRESSES
• PLASTIFICATION
• INTERNAL FORCES
Computation:
• TANGENT STIFFNESS MATRIX
• ROTATION MATRIX
Assembling:
• TANGENT STIFFNESS MATRIX
Fig 3.1 : Organigramme d'un élément pour un calcul non linéaire traditionnel [P02]
III.15
III.3. DEVELOPPEMENTS
L'intégration de la notion d'élément évolutif est faite en modifiant au minimum cette organisation.
Reprenons l'organigramme point par point dans le cas de l'élément évolutif (fig 3.2) :
3. S'il y a convergence :
3.1. Si le pas n'est pas le dernier de la séquence, il n'y a rien de particulier à faire, si ce n'est
imprimer les efforts internes et les sauver. La matrice de raideur ne doit pas être calculée,
comme elle est identique à celle de l'itération précédente.
3.2. Si le pas est le dernier d'une séquence de temps, il faut vérifier l'état de l'élément (zone bleue) :
– Etat inchangé (chemin brun) : la matrice de raideur est réassemblée.
– Elément disparaissant (chemin jaune) : plus aucune opération ne doit être faite.
– Elément d'encorbellement : qu'il existe ou non, la matrice de raideur est assemblée. S'il
commence à exister, les charges de poids propre lui afférentes sont assemblées dans le
second membre.
– Elément de fermeture non existant : aucune opération n'est faite.
– Elément de fermeture créé au pas courant : il est nécessaire de déterminer l'état initial de
l'élément :
– déplacements initiaux,
– longueur initiale.
Ensuite, la matrice de raideur est calculée, assemblée, ainsi que les charges sur l'élément.
III.16
III.3. DEVELOPPEMENTS
SEQUENCE: i
TIME: Ti
Read:
• TANGENT STIFFNESS MATRIX
Yes
No Ti < TINI
Ti ε [TINI,TFIN]
Yes
Yes
Computation:
• DISPLACEMENTS
• DEFORMED LENGTH No
Closing No • STRAINS
element? • STRESSES
Ti+1 > TINI No
• PLASTIFICATION
Yes • INTERNAL FORCES
Yes
Computation: No Closing No
• TANGENT STIFFNESS MATRIX (steel)
(concrete) element?
• ROTATION MATRIX
Yes
Computation:
• INITIAL JOINT DISPLACEMENT
• INITIAL LENGTH
• INITIAL INDEFORMED ANGLES
Assembling:
• TANGENT STIFFNESS MATRIX
No Closing
element?
Yes
Computation: SAVE ELEMENT DATA
• LOADS VECTOR
III.17
III.3. DEVELOPPEMENTS
Comme précisé au paragraphe III.2.3.3., l'état du câble n'est entièrement fixé que si un réglage lui est
associé. Quatre définitions sont possibles :
1. Par la longueur morte du câble. L'effort normal est alors calculé pour respecter l'équation d'état :
p2L3 NL
s =L + 2
− (III.3.1)
24N EA
avec E, le module du câble, p, la charge transversale, L, la longueur de la corde, A, son aire et s, la
longueur morte de l'élément, c'est à dire la longueur développée du câble, posé par terre et sans
effort.
2. Par un effort initial de précontrainte Nini. Il s'agit d'un effort fictif, qui serait celui du câble si ses deux
extrémités étaient fixes. Cette définition est équivalente à celle d'une longueur morte :
p 2L 0 3 NiniL 0
s = L0 + − (III.3.2)
2 EA
24Nini
avec L0, la longueur de la corde juste avant le réglage.
3. Par une variation de longueur morte, si le réglage n'est pas le premier. Elle correspond à la
longueur de toron qui est tirée hors d'un ancrage dans un réglage intermédiaire.
4. Par la force désirée dans le câble à la fin du réglage. Le pas de charge du réglage de l'élément de
câble est réalisé en supposant le câble sans raideur, mais en appliquant à ses extrémités l'effort F
voulu.
A la convergence, l'état du câble est calculé en déterminant la longueur morte par la formule :
p2L3 FL
s =L + 2
− (III.3.3)
24F EA
avec L, la longueur de la corde du câble à l'état convergé, et F, la force imposée.
Cette dernière technique doit être utilisée avec prudence. Dans le cas de structures souples, elle
peut converger vers une solution autre que celle cherchée.
Soit l'exemple d'un câble à courbure inversée, soutenu par des suspentes (fig 3.3).
Câble inversé
Section
Si, pour calculer la position du câble inférieur en fonction d'un réglage donné par les suspentes, la
raideur de ces dernières est supprimée et la force de réglage est appliquée simplement à leurs
deux nœuds d'extrémité, et si la force choisie n'équilibre pas totalement le poids du câble, il
reprendra une position d'équilibre plus naturelle, avec sa courbure vers le bas.
III.18
III.3. DEVELOPPEMENTS
nœud d'appui
NA
ligne de glissement
du tablier
III.3.2.2 Fonctionnement
y x
N1 N3 N2
Fig 3.5 : Axes locaux des éléments poutre plane à trois noeuds
Dans ces axes, les déplacements de tout point sont déduits des déplacements des nœuds, en utilisant
les fonctions d'interpolation de la poutre. Plaçons nous dans les axes locaux de l'élément situé juste au
droit de l'appui (fig 3.6). Appelons NS le point de la ligne de glissement supporté, et N1, N2 et N3 les 3
nœuds de l'élément poutre.
III.19
III.3. DEVELOPPEMENTS
(XS, YS), (XA, YA) sont les coordonnées des points NS et NA dans les axes locaux de l'élément fini. Les
coordonnées en configuration déformée du nœud NS peuvent être déterminées à partir des
coordonnées et des déplacements des nœuds d'extrémité :
a
v2
θ2
u2
v1
u1 YA2
u3
θ1
x NS
YA1
NA
Connaissant l'expression de la force dans le ressort en fonction des déplacements des nœuds de la
discrétisation, il est possible d'écrire la matrice de raideur reliant N1, N2 et N3 à NA par le principe
incrémentiel des travaux virtuels, ainsi que les efforts internes nodaux correspondants.
Mais, avant toute chose, il faut déterminer quel point de la ligne de glissement est appuyé.
Dans les calculs de lançage, habituellement, les appuis sont supposés à direction fixe, le plus souvent
verticale. En fonction du type d'appui choisi, la réalité peut cependant être tout autre. Dans le cas d'un
système de galets qui supporte le pont, l'appui est radial à la surface de glissement (fig 3.7).
III.20
III.3. DEVELOPPEMENTS
Comme les fonctions d'interpolation intègrent l'influence de la force F du ressort sur la déformée de la
ligne de glissement, et que celle-ci ne peut être connue avant que la position du point appuyé ne soit
déterminée, le processus sera itératif.
Les opérations à effectuer sont les suivantes :
1. déterminer une première estimation de la force F, nulle au premier pas, ou égale à sa valeur au pas
précédent pour les pas suivants.
2. En se servant de l'estimation de F, calculer le point appuyé de la ligne de glissement, l'élément
auquel il appartient, et éventuellement la direction de l'appui.
3. Calculer la déformation du ressort, et la réaction F.
4. La comparer à l'estimation de F. Si elles sont trop éloignées, adopter la nouvelle valeur comme
estimation et reprendre au point 2.
5. Calculer la matrice de raideur reliant NA aux nœuds de l'élément appuyé et les forces appliquées
aux nœuds.
Les opérations 2,3 et 5 sont détaillées respectivement dans les paragraphes III.3.2.2.2, III.3.2.2.3 et
III.3.2.2.4.
N1 L
YA1
αP
αA NA d
III.21
III.3. DEVELOPPEMENTS
La position du point appuyé est définie par l'intersection entre la ligne de glissement (en position
déformée) et une droite passant par NA et de vecteur directeur (cos αP, sin αP). La direction de la
raideur du ressort, fixée par l'angle αA, peut être distincte de αP, ce qui permettrait éventuellement de
représenter le frottement de l'appui de glissement.
L'élément fini est écrit en description corotationnelle totale. L'origine des axes locaux est placée au
nœud N1 en configuration déformée, et l'axe x est situé sur la corde de l'élément déformé. Dès lors,
certains termes de l'équation de la ligne de glissement sont nuls :
(
X = X 2 h 4 + h UP (Fx ) + u 2 h 4 + u 3 h 7 − Y θ1h 9 + θ 2 h11 + h θP (Fx , Fy ) )
Y = YA 1h1 + YA 2 h 4 + θ1h 3 + θ 2 h 6 + h vP (Fx , Fy ) (III.3.6)
Le point appuyé est déterminé par l'intersection de la surface de glissement et de la droite d'équation :
X = XA + L cos(αP)
Y = YA + L sin(αP) (III.3.7)
L'égalisation des expressions des abscisses et ordonnées fournit deux équations à deux inconnues, ξ
et L. En éliminant L, une équation polynomiale du troisième degré en ξ est dégagée. Elle est résolue
numériquement.
Dans ce cas, le fonctionnement est similaire aux éléments de type contact, tels que ceux utilisés en
formage par exemple [C12, H02,..].
N2
N3
YA2
y
x
NS
N1
YA1
nA
d NA
Le point appuyé NS est tel que la normale à la ligne de glissement passe par NA. En conséquence, il
s'agit du point de la ligne de glissement pour lequel la distance à l'appui est minimale. Cette définition
n'est pas univoque, il pourrait exister plusieurs points appuyables : si la déformée de la poutre est un
cercle centré sur NA, il en existe une infinité. Cependant, dans le cas du poussage d'un pont, la solution
est quasi univoque et nous la supposerons telle : le premier point trouvé dans le sens de parcours de la
ligne de glissement sera appuyé.
III.22
III.3. DEVELOPPEMENTS
A l'appui est associé un vecteur normal de référence, appelé nA (fig 3.10). Tout point situé au-dessus de
la droite passant par NA et de normale nA est supposé au-dessus de l'appui. Le ressort d'appui sera
alors tendu. Dans le cas contraire, le ressort sera comprimé.
droite limite
nA
NS
droite limite
nA
NA
NA NS
La détermination du point appuyé est plus complexe que dans le cas de l'appui à direction fixe. Dès
lors, une première estimation de la position de l'appui est faite en négligeant les déformées locales de
l'élément, avant d'en déterminer les coordonnées exactes.
N2
NS
NP
N1
NA
III.23
III.3. DEVELOPPEMENTS
b 2 − b1
L'intersection est donnée par : xP =
m1 − m 2
y P = m1x 3 + b 1 (III.3.10)
æ x + x2 ö
x P − çç 1 ÷÷
è 2 ø
Elle correspond à une abscisse non dimensionnelle : ξ P = (III.3.11)
x 2 − x1
2
Plaçons-nous dans les axes locaux de l'élément (fig 3.12). ξP, déterminé au point précédent, sert de
première estimation de la position de l'appui ξS.
L'angle entre la droite NANP et l'axe x local est donné par l'expression :
y − yA
tg(θ A ) = P (III.3.12)
xP − x A
La ligne de glissement en NP a une tangente d'angle δ=θ(ξ)+αy avec :
tg(θ(ξ)) = θ1h 9 + θ 2 h11 (III.3.13)
NP est le point d'appui si : θA-δ=+/- 90°.
1
Ce qui peut s'écrire : tg(θ A ) = −
tg(δ )
1 y − yA
ou − = P (III.3.14)
tg(δ ) x P − x A
YA2
y NP
x
N1
YA1
θA
NA
N2
Ny
YA2
y
x αy
N1
YA1
III.24
III.3. DEVELOPPEMENTS
Une fois ξS déterminé, les coordonnées du point appuyé sur la ligne de glissement sont connues :
(
X s = X 2 h 4 + h UP (Fx ) + u 2 h 4 + u 3 h 7 − Y θ1h 9 + θ 2 h11 + h θP (Fy ) )
Ys = YA 1h1 + YA 2 h 4 + θ1h 3 + θ 2 h 6 + h vP (Fy ) (III.3.15)
Pour déterminer la matrice de raideur, les déplacements du point appuyé sont exprimés en fonction des
inconnues nodales :
(
u = h UP (Fx ) + u1h1 + u 2 h 4 + u 3 h 7 − Y v 1h 8 + θ1h 9 + v 2 h10 + θ 2 h11 + h θP (Fy ) )
v = v 1h 2 + θ1h 3 + v 2 h 5 + θ 2 h 6 + h vP (Fy ) (III.3.17)
é u1 ù
ê ú
ê v1 ú
ê θ1 ú
ê ú
ê u2 ú
êv ú
avec u = ê 2 ú
ê θ2 ú
êu ú
ê 3ú
êu A ú
êv ú
ê Aú
ëê θ A ûú
Pour trouver la matrice de raideur, nous devons exprimer le principe incrémentiel des travaux virtuels
(voir annexe 2 §2.1.5). Dans le cas des ressorts, il a une forme triviale :
d(d) étant l'accroissement de l'élongation du ressort, et Pi les forces appliquées aux inconnues nodales.
III.25
III.3. DEVELOPPEMENTS
En général, et durant les lançages en particulier, les appuis sont conçus pour supporter la structure, et
non la retenir. Il est tout à fait envisageable que le pont, en cours de mouvement, se désolidarise de
certains appuis. Ce comportement est modélisé en adoptant une loi mécanique unilatérale, c'est-à-dire
qu'elle n'a de raideur que pour un sens de déformation, positif ou négatif (fig 3.13).
La dualité du comportement engendre des problèmes numériques. Imaginons la structure lancée sur
une suite d'appuis à direction fixe verticale, mais de niveaux différents et alignés selon une droite de
pente négative. Le mouvement de lançage est imprimé par un déplacement horizontal de la structure
(fig 3.14). Comme, sur les appuis verticaux, rien n'empêche le déplacement horizontal, à la première
itération, la poutre suit un mode de déplacement rigide de translation horizontale et tous les appuis sont
décollés. A l'itération suivante, le pont n'est plus appuyé verticalement, et il apparaît un mode
cinématique.
Pour éviter cette difficulté, un amortissement artificiel est ajouté à la loi. En cas de décollement, la
réaction est annulée, mais la raideur n'est diminuée que d'un quart de sa valeur pour l'itération en
cours. Si, à l'itération suivante, le soulèvement se maintient, elle est encore amputée de la même
valeur, et ainsi de suite jusqu'à l'annulation complète.
III.26
III.3. DEVELOPPEMENTS
Le calcul de ce type d'effets a bien évidemment déjà été traité dans le passé (Favre, Trost,…). Parmi
les méthodes existantes, deux sont exposées et justifiées ici.
La première, que nous appellerons "méthode de superposition des effets", restitue au mieux le principe
de superposition par une suite de calculs linéaires. Elle peut être présentée comme la recomposition
III.27
III.3. DEVELOPPEMENTS
d'un calcul non linéaire par une suite de calculs linéaires. Ses résultats sont très précis, mais elle est
assez lourde à mettre en œuvre.
La seconde, baptisée "méthode des coefficients", est beaucoup plus simple à appliquer. Elle consiste à
déterminer par des calcul instantanés :
– l'état à la fin des phases de construction;
– un état fictif à long terme de l'ouvrage, sans prise en compte des phases de construction;
et à en déduire par une moyenne pondérée une approximation de l'état final effectif. Elle est très facile
à appliquer, mais sa simplicité se paie par une perte de précision.
Exemple
Reprenons l'exemple exposé dans l'introduction. Supposons les deux travées constituées d'un béton
idéalisé, présentant des déformations différées sous charge mais sans vieillissement (modules
instantanés et à long terme constants pour tout moment d'application de la charge).
E E
Le module du béton à court terme est pris égal à ECT = acier (soit mCT = acier = 6 )
6 Ebéton
E acier E
Le module du béton à long terme est pris égal à E LT = (soit mLT = acier = 18 )
18 Ebéton
Inertie I
θ
L
pL2
Mtravée,1 = Mappui,1 = 0
8
(III.3.23)
pL3
θ1 =
24 ELT I
III.28
III.3. DEVELOPPEMENTS
pL2
M travée,2 = Mappui,2 = 0
8
pL3
θ2 =
24 E CT I
3. Calcul de l'effet du clavage (cas 3)
Le clavage empêche la rotation sur appui de se développer au-delà de celle atteinte en instantané
(cas 2). Son effet peut être représenté par une sollicitation, appliquée avec un module long terme,
consistant en une rotation imposée égale à θ cas2 - θcas 1 :
pL3 pL3 2pL3
θcas2 − θcas1 = − =
24 ELTI 24 ECTI 24 ECTI
m=18
Mtravée,3 = 3ELTI
(θcas2 − θcas1) (θ − θcas1)
Mappui,3 = 3ELTI cas2
2L L
2
pL pL2
=− =− (III.3.24)
24 12
4. Etat à terme
L'état à terme est donné par la superposition de l'effet des contraintes avant clavage (cas 1) et de l'effet
du clavage (cas 3).
pL2 pL2 pL2
Donc Mtravée = Mtravée,1 + Mtravée,3 = − =
8 24 12
pL2 pL2 (III.3.25)
M appui = Mappui,1 + M appui,3 = 0 − =−
12 12
pL3
θ = θ1 =
24 E CT I
III.29
III.3. DEVELOPPEMENTS
Intuitivement, cette moyenne représente une redistribution partielle due au fluage, atténuant l'effet des
phases de construction sur la répartition des efforts.
Pour une structure homogène et à caractéristiques non vieillissantes, les résultats sont exacts. Nous
allons le démontrer.
La structure est d'abord calculée sous ses charges dans sa configuration initiale, avec les modules
court terme et long terme. Comme la structure est homogène, les moments sont identiques dans les
deux calculs :
M(p, config ini, CT) = M(p, config finale, LT) (III.3.27)
Les déplacements aux bridages ui et uf sont, eux, dans le rapport inverse des modules :
uf E
= i (III.3.28)
ui Ef
Par la méthode de superposition des effets - qui est exacte dans ces conditions, rappelons-le - l'état
final est donné par l'addition du calcul à long terme dans la configuration initiale et du calcul de l'effet
des bridages.
Mfinal = M(p, config ini, LT) + M(ui-uf, config finale, LT) (III.3.29)
Mcas 2=M(p,config ini, LT) + M(-uf, config finale, LT) = M(p,config ini, LT) - M(uf, config finale, LT)
(III.3.32)
Repartons de Mfinal (expression III.3.31) :
æ ö æE ö
E
Ei
E
M final = çç1 − f + f
Ei
( ) (
÷÷ M p, config ini, LT + çç f − 1÷÷ M u f , config finale, LT )
è ø è Ei ø
III.30
III.3. DEVELOPPEMENTS
æE ö æ E ö æE ö
M final = çç f ( )
÷÷ M p, config ini, LT + çç1 − f ( ) (
÷÷ M p, config ini, LT + çç f − 1÷÷ M u f , config finale, LT )
è Ei ø è Ei ø è Ei ø
(III.3.33)
En se souvenant de (III.3.27), on écrit :
æE ö æ E ö æE ö
( )
M final = çç f ÷÷ M p, config ini, LT + çç1 − f (( )) (
÷÷ M p, config ini, LT + çç f − 1÷÷ M u f , config finale, LT )
è Ei ø è Ei ø è Ei ø
æE ö æ E ö
( )
M final = çç f ÷÷ M p, config ini, LT + çç1 − f (( ) (
÷÷ M p, config in, LT − M u f , config finale, LT ))
è Ei ø è Ei ø
Soit :
æE ö æ E ö
M final = çç f ÷÷ M cas1 + çç1 − f ÷÷ M cas2 (III.3.34)
è Ei ø è Ei ø
et on retrouve bien l'expression de la méthode des coefficients.
m=6
pL2
Mcas1,travée = Mcas1,appui = 0 (III.3.35)
8
m=18
pL2 pL2
Mcas2,travée = M cas2,appui = − uf = 0 (III.3.36)
16 8
Etat à terme
α= Ef/Ei = 0.33
Suivant (III.3.34) : M = 0.33 Mcas1 + 0.66 Mcas2 (III.3.37)
Soit :
pL2
M travée =
12
pL2
M appui = − (III.3.38)
12
On retrouve bien les mêmes valeurs que dans la méthode dite de "superposition des effets".
III.31
III.4. VALIDATION
III.4. VALIDATION
III.4.1.1 Données
Géométrie
La structure étudiée est un pont haubané simplifié (fig 4.1). Le pylône est remplacé par une fondation
rigide et le tablier est supposé être constitué par deux dalles en béton.
0.5
3.8
0.5
50
10
50 25 25 25 25 25 55
230
Les câbles sont des barres d'acier rotulées de section A = 0.05 m².
Caractéristiques mécaniques
Le module de l'acier est égal à 200000 N/mm².
Le béton est de classe C30/37. Le matériau est supposé élastique linéaire sous charge. L'effet du
retrait est négligé.
Le module à 28 j est pris égal à 34545 N/mm².
L'étude est réalisée avec les lois de fluage et de vieillissement du CEB90-EC2 avec :
– épaisseur fictive h = 0.1m ;
– humidité relative HR = 50 %.
Ces valeurs peu académiques sont choisies volontairement pour augmenter les effets du vieillissement
et des déformations de fluage.
III.32
III.4. VALIDATION
Sollicitations
Le poids propre du tablier est de 250 kN/m. Il supporte des charges quasi-permanentes (équipement)
de 135 kN/m. Le poids des câbles est négligé.
Séquence de construction
Le tablier est construit en encorbellement par assemblage successif d'éléments préfabriqués, mis en
place 45 jours après leur bétonnage. La construction est divisée en quelques grandes phases,
représentatives des différents schémas statiques que traverse la structure. Les montages sont
supposés instantanés, et sont séparés par des intervalles de temps représentatifs du délai réel
nécessaire à la construction.
rotule
III.33
III.4. VALIDATION
hauban 1 2 3 4 5
effort (kN) 11418 8483 14937 17309 16414
Rouge : déformée à 45 j
Vert : déformée à 600 j
f=+0.14 m
III.34
III.4. VALIDATION
Phase 2
Le diagramme de moments à 600 j, après montage du dernier tronçon de la travée haubanée et de la
travée d'approche, est bien nul sur appui, puisque la travée d'approche n'est pas clavée à la travée
haubanée (fig 4.6).
20000 kN m
Y
X
Phase 3
Jusqu'à 700 j, le fluage permet une redistribution du moment du milieu de la travée d'approche vers
l'appui (fig 4.8). Les flèches des 2 travées augmentent faiblement (fig 4.7).
La mise en charge de l'équipement à 700 j provoque une augmentation des moments, particulièrement
importante sur l'appui intermédiaire (fig 4.8). Le moment choisi pour le clavage a permis de décharger
partiellement l'appui milieu.
III.35
III.4. VALIDATION
20000 kN m
Y
X
Etat à terme
Le fluage jusqu'à la fin de la vie de l'ouvrage (18000 j) provoque un report de charge entre le tablier et
les haubans. Cela se traduit par une diminution des moments sur toute la structure (fig 4.9), et une
augmentation des efforts dans les haubans.
20000 kN m
Y
X
Fig 4.9 : Diagramme des moments : mise en place de l'équipement et état à terme
Puisque les déformations de fluage augmentent, les déplacements sont également amplifiés (fig 4.10).
La diminution des moments est donc accompagnée d'une augmentation des déformations et de l'effort
dans les haubans. Le tableau 4.1 reprend l'évolution des efforts dans les haubans au cours de tout le
phasage de construction.
III.36
III.4. VALIDATION
f = -0.0625 m
f = -0.181 m
M = 156000 kN m
Rouge = MTEA2
M = 141000 kN m
Vert = MTEA
20000 kN m
Y
X
III.37
III.4. VALIDATION
Rouge=MTEA2
Vert = MTEA
f = 0.181 m
f = 0.166 m
Par contre les efforts dans les haubans sont quasi identiques (tableau 4.2).
Comme les méthodes linéaires visent à restituer le principe de superposition, elles seront comparées à
l'analyse non linéaire avec MTEA2 qui est la plus proche du principe de superposition.
III.38
III.4. VALIDATION
Les calculs linéaires sont la superposition de plusieurs calculs. Afin de simplifier le texte et d'augmenter
la lisibilité, chaque calcul est décrit par un schéma résumé reprenant :
– la configuration calculée;
– les zones chargées;
– Les modules de béton définis, zone par zone, par la valeur E(t0,t1) telle que :
1 1 φ( t 0 , t 1 )
= + (III.4.1)
E( t 0 , t 1 ) E 28 E( t 0 )
avec t0 l'âge de chargement et t1 l'âge où la déformation est évaluée.
– Les résultats utiles pour la suite du calcul.
Ces schémas n'entrent pas dans la numérotation des figures, mais sont présentés par un titre,
reprenant un numéro de cas, et une description succincte.
La dernière est appliquée dans la structure définitive, son effet n'est donc pas affecté par les phases de
construction. Les deux premières sont appliquées dans une configuration intermédiaire. Selon le
principe de la méthode, trois calculs seront effectués pour chacune des deux charges :
1. calcul sous charges avec des modules long terme dans la configuration de chargement (cas 1 et
cas 4);
2. calcul sous charges avec des modules court terme dans la configuration de chargement (cas 2 et
cas 3);
3. calcul avec des modules long terme dans la configuration définitive, sous l'effet de la différence de
déplacement aux bridages entre les deux calculs précédents (cas 5).
L'effet global est donné par la somme des premier et troisième calculs, auquel on ajoute l'effet de la
mise en charge des équipements (cas 6).
réglage E(45,18000)
f11,f
θ11,f
III.39
III.4. VALIDATION
réglage E(45,600)
f11,i
θ11,i
E(600,600) E(45,45)
rotule
θ12,i θ22,i
E(600,18000) E(45,18000)
rotule
θ12,f θ22,f
(*) remarque : pour rappel, la travée d'approche est mise en place à t = 600 j, et le béton a un âge initial
de 45 j.
III.40
III.4. VALIDATION
E(600,18000) E(45,18000)
f11,f-f11,i
E(600,18000)
E(45,18000)
E(700,18000)
E(145,18000)
III.41
III.4. VALIDATION
Le diagramme de moments est reporté figure 4.13. Les analyses linéaire et non linéaire (MTEA2) sont
confondues. Par contre, les déformées (fig 4.14) sont légèrement différentes.
20000 kNm
M = 141000 kN m
M = 142722 kN m
Y
X
M = 86460 kN m
M = 83975 kN m
Fig 4.13 : Diagrammes de moments - analyse non linéaire et méthode linéaire
f = 0.062 m
f = 0.181 m f = 0.056 m
f = 0.175 m
Y
L'état final réel est obtenu par une moyenne pondérée des deux états :
α étant donné par le rapport des modules de béton utilisés pour les deux calculs.
L'équipement, appliqué en configuration définitive, peut de nouveau être chargé sans prise en compte
des phases de construction.
III.42
III.4. VALIDATION
E(45,600)
f11,i
θ11,i
E(600,600)
rotule
E(45,18000)
p=-250 kN/m
E(45,18000)
E(145,18000)
III.43
III.4. VALIDATION
Coefficients à adopter :
Le béton est vieillissant, et les phases de construction ne sont pas instantanées. La moyenne des
coefficients relatifs au début et à la fin des phases de construction est adoptée.
Début fin
E(45,600) = 11272 MPa E(600,600) = 37894 MPa
E(45,18000) = 10106 MPa E(600,18000) = 17079 MPa
Cas 3 + cas 4
Y
X État final linéaire
Fig 4.15 : Comparaison des diagrammes de moment entre l'analyse non linéaire et la méthode des
coefficients
La corrélation est excellente pour la travée haubanée, et bonne pour la travée d'approche.
Dans cet exemple simple, il est possible d'ajuster le coefficient de répartition pour affiner les résultats de
l'analyse linéaire. Comme les phases de construction n'ont pas beaucoup d'influence sur la répartition
des moments dans la travée haubanée (les deux courbes bleues sont confondues) mais bien pour les
moments de la travée d'approche, adoptons les coefficients de répartition relatifs au chargement de la
travée d'approche, c'est–à-dire à la fin du montage : α=0.4.
L'estimation du diagramme de moments ( fig 4.16 ) est quasi exacte.
III.44
III.4. VALIDATION
20000 kNm
Cas 3 + cas 4
Y
X État final linéaire
Fig. 4.16 : Comparaison des diagrammes de moment de l'analyse non linéaire et de la méthode des
coefficients ajustée
Par contre, dans les deux cas, la flèche est relativement mal estimée (fig. 4.17).
Fig 4.17 : Diagramme de moments obtenus par analyse non linéaire et par la méthode des coefficients
Tableau 4.3 : Comparaison des valeurs caractéristiques obtenues par les différents calculs
flèche travée flèche travée moment moment max moment appui moment milieu
haubanée d'approche encastrement travée haub. intermédiaire travée d'appr.
(m) (m) (kN m) (kN m) (kN m) (kN m)
MTEA2 0.181 0.062 141000 64940 133500 86460
non linéaire
MTEA 0.166 0.061 156000 64240 128600 88470
non linéaire
superposition 0.175 0.056 142722 63042 138820 83975
des effets
coeff. moyens 0.161 0.042 142438 67582 118740 92593
(α=0.65)
coeff. travée 0.167 0.045 142700 66491 131587 86934
d'appr. (α=0.40)
III.45
III.4. VALIDATION
L= 100 m
A= 1.3532 m²
4
I= 3.039310 m
A' = 0.1 m² mouvement de lançage appui de lançage à direction
8
E= 2.1 10 kN/m² fixe
ν= 0.3 90 10
p= -106.22 kN/m
Fig 4.18 : Poutre d'essai en configuration initiale
Elle est discrétisée en dix éléments de longueur égale.
Le ressort de l'appui de lançage est choisi suffisamment raide que pour pouvoir être considéré comme
8
indéformable : k = 2.1 10 kN/m.
III.46
III.4. VALIDATION
Pour cet exemple purement académique, il est aisé de déterminer la solution linéaire exacte. Les
résultats du calcul éléments finis sont donc comparés avec les valeurs théoriques linéaires.
Deux simulations sont faites :
– la première avec l'élément fini tel que développé au paragraphe III.3.2. Cette simulation sera
appelée "calcul complet" dans la suite du texte.
– la seconde, en n'utilisant pas, dans la formulation des déplacements, les termes hθP et hvP. Ce
calcul sera appelé "calcul sans déformée sous charge ponctuelle".
La détermination du point appuyé dans le calcul complet est écrit avec deux boucles itératives :
– la première sur la valeur de la réaction, rendue obligatoire par l'utilisation de hθP et hvP;
– la seconde pour déterminer la position du point appuyé, une fois hθP et hvP fixées.
S'affranchir des valeurs de hθP et hvP permet donc d'accélérer le calcul. Ce test montre l'approximation
commise.
La comparaison des résultats est entreprise sur des grandeurs au droit de l'appui de lançage :
– la réaction;
– le moment dans la poutre au droit de l'appui;
– la rotation de la poutre au droit de l'appui;
pour des avancements de la structure de 0 à 80 m.
La réaction de l'appui de lançage obtenue par le calcul complet correspond quasi exactement à la
valeur théorique pour tout avancement (fig 4.19). Lorsque le point d'appui est un nœud, l'erreur est
même nulle. Sans la déformée de la charge ponctuelle, l'erreur est quasi nulle pour les avancements
intermédiaires, pour atteindre 2 % au maximum pour des avancements inférieurs à 10 m ou supérieurs
à 70 m. Dans cette situation, la plus courte des deux travées délimitées par l'appui de lançage ne
comprend qu'un seul élément complet et une fraction d'un deuxième. Comme la déformée de la charge
ponctuelle n'est pas prise en compte, la discrétisation est insuffisante dans cette travée. Mais l'erreur
reste finalement faible.
-16000
-14000
théorique
calcul complet
-12000
calcul sans déformée charge ponctuelle
-10000
R (kN)
-8000
-6000
-4000
-2000
avancement
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
avancement (m)
III.47
III.4. VALIDATION
Pour le moment sur appui (fig 4.20), le calcul complet fournit aussi quasi la solution exacte pour tous les
avancements. L'erreur ne dépasse pas 0.3 %.
Par contre, sans la déformation de la charge ponctuelle, les différences sont plus importantes, de l'ordre
de 6 à 8 %, pour toute configuration. Cette erreur se réduirait cependant si la structure était discrétisée
plus finement. Par ailleurs, les moments sont surestimés.
90000
80000
théorique
50000
M (kNm)
40000
30000
20000
10000 avancement
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
avancement (m)
Le calcul complet fournit toujours la solution exacte pour la rotation sur appui (fig 4.21). Le calcul sans
la déformée de la charge ponctuelle donne d'excellents résultats pour des appuis intermédiaires, mais
sous estime jusqu'à 13 % les rotations pour des avancements inférieurs à 10 m ou supérieurs à 80 m.
0.0015
théorique
calcul complet
0.0010
calcul sans déformée charge ponctuelle
0.0005
rotation (rad)
0.0000
0 10 20 30 40 50 60 70 80
-0.0005
-0.0010
avancement
-0.0015
avancement (m)
III.48
III.4. VALIDATION
Il s'agit d'une poutre console lancée au dessus d'un appui de poussage (fig 4.22). La ligne de
glissement est dissociée de la ligne de nœuds. Elle est constituée de deux segments de droite. Son
excentricité est nulle aux deux extrémités de la poutre pour être maximale en son milieu. La déformée
d'effort tranchant de la poutre est nulle.
ligne de
glissement
x
x
La discrétisation filaire ne permet pas de bien visualiser l'effet de l'appui. Des éléments sans rôle
structurel sont ajoutés pour matérialiser la ligne de glissement (fig 4.23).
III.49
III.4. VALIDATION
L'appui de lançage, à direction radiale, est très raide. La poutre va devoir passer au dessus de l'appui.
Les déplacements sont importants et le comportement non linéaire. Il n'est pas possible de déterminer
le comportement théorique de la poutre.
A la figure 4.24, la structure déformée est dessinée pour divers avancements. Malgré le caractère
excessif des déformations imposées, le programme a convergé pour tous les avancements, ce qui
prouve la robustesse à la fois de l'élément de lançage et de l'élément poutre.
déformée
structure initiale
III.50
III.5. APPLICATIONS
III.5. APPLICATIONS
Il s’agit d’un pont haubané dissymétrique. Il est constitué de trois travées d’approche et d’une travée
principale qui franchit le fleuve (fig 5.1). Le pylône, situé sur une des berges, soutient le tablier de la
travée principale par deux nappes de haubans parallèles, ancrés dans la berme centrale du tablier. Les
haubans arrières, aussi divisés en deux nappes, s’écartent de l’axe central pour venir s’ancrer dans
deux culées contrepoids, de part et d’autre du tablier.
La section du tablier est constituée de deux dalles de béton, reliées par un treillis métallique spatial
(fig 5.2). La dalle supérieure supporte une chaussée de 2 x 3 voies, alors que la dalle inférieure est
destinée aux piétons. Les principales dimensions de l'ouvrage sont données à la figure 5.3.
III.51
III.5. APPLICATIONS
III.52
III.5. APPLICATIONS
Le pylône, en béton, est incliné vers la culée d'ancrage. Sa dimension longitudinale décroît avec la
hauteur, avant de rester constante dans la zone d’ancrage des haubans. Par contre, sa largeur
transversale augmente avec la hauteur (fig. 5.4).
Coupe A-A'
Coupe B-B'
A A'
Coupe C-C'
B B'
C C'
III.53
III.5. APPLICATIONS
partie bétonnée
en place
clefs en béton
en dalle supérieure
clefs métalliques
en dalle inférieure
Fig 5.5 : Voussoir préfabriqué
III.54
III.5. APPLICATIONS
L’objet du calcul est la détermination de la contreflèche de l’ouvrage. Le réglage des haubans est
déterminé par les conditions en service. Il assure la non décompression des deux dalles du tablier sans
se soucier de la forme de l'ouvrage. Le profil en long est établi par une contreflèche.
Ce calcul intègre l'interaction entre les phases de construction et les effets différés du béton.
La solidarisation de la travée 4 à la travée haubanée construite en encorbellement empêche le
développement des déformations de fluage de la travée principale en console et elle induit un moment
de coaction (cf. § III.3.3) au droit de P4.
Le calcul des phases de construction sera mené par une analyse non linéaire. Il sera ensuite vérifié par
une analyse linéaire au moyen de la méthode de superposition des effets telle que présentée en
III.3.3.1.
Quoique l’ouvrage soit tridimensionnel, tant à cause des haubans arrières, qui ne sont pas dans un plan
parallèle à l’axe de l’ouvrage, que du treillis spatial, un modèle bidimensionnel est possible après avoir
rabattu le comportement des haubans et des treillis dans le plan vertical passant par l'axe de l'ouvrage.
La discrétisation est réalisée avec des éléments poutres et des éléments treillis.
III.55
III.5. APPLICATIONS
Le dessin ci-dessous présente une vue en plan de la discrétisation (fig 5.7). L’ensemble des
caractéristiques géométriques et de la topologie est présenté en annexe 3. Les points suivants doivent
être soulignés :
1. La souplesse du treillis entraîne une grande déformabilité au cisaillement du tablier et un traînage
de cisaillement important. La largeur collaborante des deux dalles est déterminée sur base d'un
modèle tridimensionnel de type coque de tronçons de l’ouvrage. Il faut adopter :
– dans les travées d’approche, l’aire totale et une inertie réduite de moitié;
– dans la travée principale, l’aire et l’inertie totales;
– un bras de levier entre dalle supérieure et inférieure de 3.5 m.
2. Le treillis spatial et les haubans arrières sont remplacés par des éléments équivalents dont les
caractéristiques sont obtenues par un raisonnement énergétique original présenté en annexe 3,
paragraphe 2.
Le béton est de classe C45/55. Le calcul de la contreflèche, de type ELS, présuppose que la contrainte
dans le béton restera faible. Nous adoptons un comportement instantané élastique linéaire de module
E = 36000 N/mm² à 28 j. Par hypothèse, cet ouvrage ne peut pas fissurer à l'ELS; au niveau du calcul
la fissuration n'est donc pas considérée.
Comme déjà expliqué, il est impossible de connaître, au stade du projet, les caractéristiques de
déformation différée du béton à moins de 30%. Cependant, des comparaisons entre la formulation de
l’Eurocode 2 et le comportement réellement observé ont été menées sur plusieurs ouvrages au
Portugal (ponte Internacional do Guadiana à Castro Marim, ponte sobre o Rio Arade à Portimao, ponte
Sao Joao à Porto…). A la suite de ces mesures, des modifications des équations ont été proposées.
Comme l’ouvrage sera construit dans la même zone géographique, il est raisonnable de penser que les
conditions climatiques, le type de ciment et de granulats seront proches de ceux des ouvrages
construits dans un passé récent. Nous adopterons donc les lois modifiées, qui sont présentées en
annexe 3. En résumé, par rapport à l'EC2 :
– le fluage est augmenté de 25 %;
– la vitesse de développement du retrait est multipliée par deux. Cette valeur peut paraître
importante, mais il faut se rappeler que l’échelle de temps pour le comportement différé est de type
logarithmique. Sur cette base, la différence ne paraît plus si importante (fig 5.8).
III.56
III.5. APPLICATIONS
0.9 eurocode 2
/εεretrait,∞
∞
0.6
ε retrait
0.5
ε retrait
0.4
0.3
0.2
0.1
0
-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6
log(t)
Le comportement des différents éléments (dalle supérieure, inférieure et pylône) varie en fonction de
leurs dimensions géométriques. Les caractéristiques détaillées sont reprises en annexe 3. Le
coefficient de fluage est en moyenne égal à 2 pour un chargement à 28 j (fig 5.9). La déformation finale
0
de retrait est de 0.35 /00.
2.50
t0 = 28 j
t0 = 29 j
2.00 t0 = 200 j
t0 = 300 j
t0 = 500 j
1.50 t0 = 1000 j
φ (t,t0)
t0 = 10000 j
1.00
0.50
0.00
10 100 1000 10000 100000
t (j)
Fig 5.9 : Coefficient de fluage de la dalle supérieure pour différents temps de chargement
La précontrainte est assurée par des torons gainés graissés post-tendus. Dans les travées d’approche,
la précontrainte est surtout placée dans la dalle supérieure sur appui et dans la dalle inférieure en
travée. Dans la partie haubanée, elle est placée à la fois dans les dalles supérieure et inférieure pour
avoir une résultante centrée. Combinée à la compression engendrée par les haubans, elle contribue à
solidariser les voussoirs préfabriqués. Dans le calcul, elle est représentée par des éléments de
chargement, sans raideur, allant d'un ancrage à l'autre des câbles et soumis à deux efforts
longitudinaux d'extrémité (fig 5.10).
III.57
III.5. APPLICATIONS
F F
III.5.1.4.4 Chargement
Le but du calcul est la détermination de la contreflèche. Le phasage modélisé est une simplification du
phasage réel, les résultats pour les phases intermédiaires ne nous intéressent pas.
Le montage est divisé en 18 phases :
– phase 1 : construction sur cintre des voussoirs 1 à 29 (travées 1, 2 et début de la travée 3);
– phases 2 à 9 : construction par encorbellement de la travée 3, jusqu’au voussoir 73;
– phase 10 : réglage des haubans;
– phases 11 à 15 : construction des voussoirs 74 à 87 (travée 4);
– phase 16 : mise en place des équipements;
– phase 17 : réglage final des haubans.
Ces différentes étapes, avec les temps correspondants, sont reprises sur le planning de la page
suivante (fig 5.11). Les voussoirs sont supposés avoir un âge de 35 j à leur mise en place. Comme le
montage de plusieurs éléments est rassemblé en une seule phase dans le calcul, les temps utilisés
(temps de création et âge initial) sont des moyennes. Le planning distingue aussi le temps de mise en
place des voussoirs et le temps de bétonnage des encorbellements.
Les différents réglages des haubans sont repris en annexe 3. La précontrainte appliquée est elle aussi
décrite en annexe 3. Elle est supposée mise en place dès que les deux ancrages des câbles font partie
de la structure existante.
III.58
III.5. APPLICATIONS
III.59
III.5. APPLICATIONS
TINI = 183.5 j
AGEINI = 7 j
TINI = 164.5 j
AGEINI = 7 j
TINI = 154 j
AGEINI = 25 j
TINI = 35 j
AGEINI = 0 j
TINI est l'instant de création des différents éléments, et AGEINI l'âge du béton à cet instant.
Le calcul débute à t = 154 j. Les deux premières travées d’approche sont déjà en place. Dans la travée
haubanée, les éléments sont représentés par des éléments d’encorbellement sauf un élément de la
dalle supérieure qui est défini comme un élément de fermeture (fig 5.13). Ainsi, la partie non encore
construite est isostatique, et l’élément de fermeture permet de tenir compte de la variation de longueur
de la dalle supérieure due à la courbure de la contreflèche, de la même manière que la contreflèche est
réellement imposée dans la structure. Le pylône est composé d’éléments d’encorbellement et les
haubans sont évidemment des éléments de fermeture.
III.60
III.5. APPLICATIONS
Un premier calcul est mené en supposant le pont construit avec la géométrie correspondant à sa
configuration de référence. La déformation trouvée à terme (50 ans = 18000 j) changée de signe donne
une première approximation de la contreflèche. En raison des non linéarités, il faut effectuer un
nouveau calcul en ajoutant cette contreflèche à la configuration de référence, les longueurs mortes des
haubans étant adaptées à la nouvelle géométrie de l’ouvrage sans poids, afin de vérifier que la
géométrie finale est bien ramenée à la configuration de référence. Si la différence est trop grande, il
s'avérera nécessaire d'effectuer de nouvelles itérations dans le calcul de la contreflèche. Le résultat
des deux calculs est reporté à la figure 5.14. La différence de contreflèche entre les deux calculs est de
2 cm à l’extrémité du porte-à-faux, ce qui est suffisamment faible pour ne pas devoir effectuer une
nouvelle itération de calcul.
f = 0.310 m
f = 0.329 m
III.5.1.6 Résultats
III.5.1.6.1 Déplacements
Les déplacements obtenus pour les différentes phases par le calcul à partir de la configuration
contrefléchée sont repris pages suivantes (fig 5.15 et 5.16).
En cours de construction, les réglages des haubans sont tels que le pont est situé au-dessus de son
profil de référence, jusqu’à ce que les voussoirs 70 à 73 soient construits. Comme ils ne sont pas
directement suspendus, ils provoquent une flèche importante lors de leur mise en place, et ramènent le
pont vers son profil définitif. L’état à terme obtenu correspond bien au profil de référence de la
structure.
III.61
III.5. APPLICATIONS
Rouge : déformée
Noir : configuration de référence contrefléchée
t = 154 j
t = 164 j
t = 183.3 j
t = 236.2 j
t = 278.2 j
t = 295.8 j
III.62
III.5. APPLICATIONS
t = 337 j : clavage
III.63
III.5. APPLICATIONS
La figure 5.18 reprend l’évolution de la flèche à l’extrémité du porte-à-faux (voussoir 73) au cours du
temps. Cette flèche, fictive avant la construction du voussoir, est connue parce que les éléments sont
modélisés en encorbellement et, même non construits, ils suivent la partie déjà construite de l’ouvrage
avec un mouvement de corps rigide (fig 5.17). Le graphique permet de visualiser clairement les
déformations de fluage entre phases de construction. Il montre aussi l'effet du réglage initial des
haubans. Celui-ci relève le pont pour compenser la flèche importante amenée par la pose des
voussoirs 70 à 73 à t = 307.5 j. Ensuite, après clavage, le voussoir 73 est situé à proximité de l'appui
P4 et il est logique que la flèche ne varie plus guère.
bras rigide
fictif
extrémité
porte à faux
(voussoir 73)
1.6
1.4
1.2
Mise en place des
1
voussoirs 71 à 73
0.8
d (m)
0.6
0.4
0.2
-0.2
-0.4
150 200 250 300 350 400 450 500
t (j)
Le calcul effectué n'est pas destiné à vérifier les efforts en service ni en construction. Néanmoins, à
titre indicatif, les diagrammes d'effort normal dans les dalles supérieures et inférieures, les diagrammes
d'effort normal et de moment dans le pylône, et le tableau des efforts dans les haubans, à la fin des
phases de construction (t = 384 j) et à terme (t = 18300 j) sont représentés page suivante (fig 5.19, 5.20
et 5.21).
III.64
III.5. APPLICATIONS
100000 kN
20000 kN
III.65
III.5. APPLICATIONS
L'analyse est réalisée à partir de la configuration de référence. Sont actives les seules parties de la
structure pour lesquelles le temps de création des éléments TINI est plus petit ou égal à 315 j. Les
câbles sont remplacés par des éléments de barre, et le réglage est imposé par une variation de
température dans la barre (voir annexe 3, paragraphe 3).
La contreflèche est obtenue par la sommation de deux calculs :
1. La mise en charge des voussoirs 1 à 70, c’est-à-dire des deux travées d’approche et de la partie
directement suspendue de la travée principale. La valeur de la flèche est principalement dictée par
la longueur morte des haubans. Les caractéristiques rhéologiques du béton jouent un rôle moindre
et peuvent être seulement approchées, sans dégrader la précision de la réponse. Toutes les
phases sont étudiées en un seul calcul, en adoptant un module de béton moyen par élément.
2. La mise en charge des voussoirs 71 à 73, les trois voussoirs d’extrémité de la travée haubanée.
Dans ce cas, le tablier est également sollicité en flexion. Le module du béton doit être le plus exact
possible, d'autant que cette phase joue un rôle important dans la flèche globale (voir fig 5.18).
Cette phase sera donc calculée avec, pour chaque élément, un module du béton exact par rapport
à la discrétisation temporelle de l'analyse non linéaire.
Le calcul du module moyen est basé sur le principe de superposition. La mise en charge de la travée
en encorbellement est principalement provoquée par la mise en tension des haubans. Ceux-ci
équilibrent à peu près le poids des voussoirs. Si tous les haubans avaient la même inclinaison, ils
apporteraient le même effort de compression. L’angle varie, mais nous faisons l’hypothèse, pour le
calcul du module moyen, que les variations de contraintes amenées dans le tablier sont identiques à
chaque mise en tension de hauban.
En un point du tablier, la phase i se déroulant au temps ti provoque au temps t une déformation ∆εi :
∆σ i ∆σ i ∆σ i
∆ε i ( t ) = + φ( t, t i ) = (III.5.1)
E inst ( t i ) E 28 E b ( t, t i )
Le principe de superposition est applicable. Donc, pour connaître la déformation provoquée par
l'ensemble des phases :
∆σ i
ε( t ) = å
E b ( t, t i )
(III.5.2)
i
σ tot
Comme par hypothèse ∆σ i = , N étant le nombre de phases considérées :
N
N
∆σ i σ 1
ε( t ) = å E b ( t, t i )
= tot
N å E b (t, t i ) (III.5.3)
i i=1
Nous cherchons un module équivalent tel que :
σ tot
ε( t ) = (III.5.4)
E bm ( t )
N
1 1 1
Donc :
E bm ( t )
=
N å E b (t, t i ) (III.5.5)
i=1
Cette simple moyenne peut sembler un peu brutale. L'inclinaison des haubans n'est pas constante, et
nous nous intéressons plus aux déplacements qu'aux déformations. Dès lors, les haubans les plus
longs ont une plus grande importance que les courts, puisqu'ils provoquent des déformations sur des
longueurs plus grandes et donc de plus grands déplacements. Par ailleurs, le raisonnement est basé
sur l'effort normal, alors que les déplacements transversaux, qui nous intéressent au premier chef, sont
liés aux caractéristiques flexionnelles du tablier. Cependant, établir une moyenne plus scientifique
s'avérerait une tâche fort complexe alors que, comme nous allons le montrer, cette simple moyenne
apporte des résultats excellents.
III.66
III.5. APPLICATIONS
La déformée obtenue est comparée ci-dessous à celle issue du calcul non linéaire complet (fig 5.22).
La différence de flèche au bout du porte à faux est seulement de 3.6 %.
flin = 0.369 m
fnon lin = 0.356 m
Fig 5.22 : Comparaison entre les calculs linéaires et non linéaires pour t = 315 j
Contrairement à l’état à 315 j qui pouvait être obtenu par simple addition des sollicitations amenées par
chaque phase, il nous faut intégrer, pour le calcul de l’état à terme, l’effet du clavage du voussoir 73 au
voussoir 74, qui introduit un moment de coaction.
La méthode dite de "superposition des effets" (§ III.3.3) est utilisée.
Trois calculs différents, schématisés à la figure 5.23 , sont effectués :
1. l’état de la structure à t = 315 j avant clavage , c’est-à-dire le calcul réalisé au paragraphe
précédent;
2. l’état de la structure à terme sans clavage, c’est-à-dire le même calcul mais avec les modules de
béton pour l'état à long terme ;
3. un calcul de déplacement imposé au droit du clavage qui, ajouté au cas 2, restitue l’ouverture au
clavage du cas 1.
L’état à terme est la somme des cas 2 et 3.
f1
Ebéton pour t = 315 j
Calcul 1
f1 – f2
Ebéton pour situation à 18000 j
Calcul 3
pour un chargement à 315 j
III.67
III.5. APPLICATIONS
La différence des déplacements u,v,θ des calculs 1 et 2 est appliquée comme déplacement imposé
dans le calcul 3.
Ci-dessous, les déformées à terme obtenues par calcul linéaire et non linéaire sont comparées
(fig 5.24). Les différences sont très faibles.
rouge : analyse non linéaire
vert : analyse linéaire
Fig 5.24 : Déformées à terme obtenues par analyse linéaire et non linéaire
Le tableau ci-dessous compare les efforts dans les haubans (fig 5.25). Comme la similitude entre les
déformées le laissait deviner, ils sont aussi très proches. Il en est de même pour les efforts dans le
tablier.
III.68
III.5. APPLICATIONS
Tableau 5.1 : Efforts dans les haubans obtenus par calcul linéaire et non linéaire
Par contre, dans le pylône, si les efforts normaux linéaires et non linéaires sont quasi identiques
(fig 5.26), les moments sont différents, en tout cas dans la partie inférieure (fig 5.27).
N = -203000 kN
20000 kN N = -200000 kN
III.69
III.5. APPLICATIONS
M = -14539 kNm
M = -44500 kNm
10000 kNm
Fig 5.27 : Diagrammes de moment dans le pylône obtenus par calcul linéaire et non linéaire
La cassure de pente dans la géométrie du pylône, en dessous de la zone d’accrochage des haubans,
provoque un effet non linéaire géométrique important. En effet, le déplacement à la tête du pylône est
de 0.11 m alors qu’il est quasi nul à la brisure. L’effort normal de la partie supérieure, dont la direction
est fixée par l’axe du pylône, s’incline (fig 5.28).
flèche = 0.11 m
déformée
Nlin 33 m
Nnon lin
54 m
Tlin < T non lin
Le calcul non linéaire fait apparaître un effort tranchant supplémentaire dans la partie inférieure :
Tnon lin –Tlin = N x 0.11/ 33 = 533 kN
Il provoque un moment en pied : ∆M = 533 x 54 = 28782 kNm
Cette valeur peut être comparée à la différence entre moments du premier et second ordre obtenus par
calcul numérique, qui vaut : 44500 - 14539 = 29961 kNm.
L’explication semble donc satisfaisante.
III.5.1.8 Conclusions
Cet exemple, basé sur une structure réelle, permet de montrer l’adéquation entre les développements
présentés dans ce travail et les besoins inhérents à la pratique courante. Il prouve l'utilité :
– des éléments de fermeture et d’encorbellement. La combinaison des deux types d’éléments permet
une représentation facile et systématique du mode de construction du tablier, alors que la structure,
de par la forme de la section, est assez particulière.
– Des procédures de calculs linéaires, qui ont ici servi à vérifier et justifier les résultats obtenus, en
permettant de dégager hors de l’analyse non linéaire l’influence séparée des déformations
différées, et des effets non linéaires géométriques.
III.70
III.5 APPLICATIONS
Le viaduc de Millau est le dernier maillon de l’autoroute A75 Clermont Ferrand-Béziers. Il franchit la
vallée du Tarn à 5 km à l’ouest de la ville de Millau (fig 5.29). Le concepteur de l’ouvrage, Michel
VIRLOGEUX, a dessiné dans un souci d’esthétique et de légèreté un viaduc multi-haubané, composé
de 7 piles élancées et d’un tablier de faible hauteur.
L’état français a confié par décret à la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau (CEVM), la concession
de financement, conception, construction, exploitation et entretien du viaduc de Millau pour une durée
de 78 années.
Le viaduc est un ouvrage exceptionnel dont les caractéristiques sont les suivantes (fig 5.30) :
– Son profil en long a une pente constante de 3.025 %. Sa longueur totale est de 2460 m. Son tracé
en plan est une courbe de 20000 m de rayon.
– Le tablier franchit la vallée à une hauteur variable qui culmine, au droit du Tarn, à 270 m.
– Le viaduc est multi-haubané. Il est constitué de 8 travées. Les travées de rive ont une longueur de
204 m, et les travées intermédiaires de 342 m.
– Les piles, d’une hauteur variant de 77 à 244 m, sont en béton alors que le tablier est constitué d’un
caisson trapézoïdal métallique. Les pylônes, d’une hauteur de 87 m, sont en acier, et soutiennent
le tablier par une nappe unique de 2 fois 11 haubans.
III.71
III.5 APPLICATIONS
Le tablier supporte deux chaussées séparées par un terre plein central, et comprenant chacune deux
voies de circulation et une bande d’arrêt d’urgence (fig 5.31). Il est équipé d’écrans brise-vent de 3.5 m
de haut et a une largeur totale de 32.050 m pour une hauteur maximale de 4.2 m au centre. Il est
constitué d’un caisson central et de deux caissons latéraux à hauteur dégressive vers les extrémités.
Le raidissage transversal est assuré par des diaphragmes en treillis, espacés de 4.17 m, alors que le
raidissage longitudinal est constitué d'augets.
Les pylônes ont une forme générale en Y inversé (fig 5.32). Les jambes du
Y, d’une hauteur de 38 m, sont constituées de caissons métalliques raidis,
d'une dimension transversale de 3.5 m et d’une dimension longitudinale de
4.75 m. Les jambes sont surmontées par un mât d’une hauteur de 49 m
dans lequel sont ancrés les haubans. Il est de même largeur que les
jambes du pylône. Sa dimension longitudinale varie de 9.7 m à sa base à
2.4 m à son sommet.
1000 3050
Axe transversal
du pylone
1750
1300
Axe longitudinal
du pylone
3500
88.92
88;92
800
1050
950
700
1500
38.49
1300
38.49
300
1050
800
950
III.72
III.5 APPLICATIONS
90.00
87
– par les charges de tablier;
– par le vent;
– aux effets du second ordre en fonction de leur élancement.
240.00
Dans le sens transversal, leur largeur varie paraboliquement de
10 m au sommet à 27 m au pied de la pile la plus haute. Dans la
var
partie dédoublée, la largeur dans le sens longitudinal de chacun
des deux fûts varie de 5 m en tête à 8.60 m en base.
Les piles sont construites par levées successives de 5 m à l’aide de coffrages de type auto-grimpant
pour la partie extérieure et à l’aide de coffrages semi-grimpants pour la partie intérieure.
Le tablier métallique est préassemblé partiellement en atelier. Sur le chantier, seul le caisson central
arrive monté, les autres éléments de platelage sont alors soudés sur place.
III.73
III.5 APPLICATIONS
Le tablier est mis en place par lançage à partir des deux culées, sur les piles définitives et sur des
palées provisoires disposées à mi-distance des piles. Le lançage est dissymétrique : du côté de C0, la
longueur lancée est de 717 m. Du côté de C8, elle est de 1743m (fig 5.34) .
Toutes les travées courantes, excepté la travée P2-P3 au-dessus du Tarn, sont équipées d’une palée
provisoire à mi-longueur. Pour les travées de rive, les palées sont implantées à 33 m des culées, c’est
à dire à 171 m des piles P1 et P7.
Afin de franchir ces passes de 171 m par lançage, le premier pylône est lancé monté et équipé de 2x6
haubans. Le tablier est précédé d’un avant bec de 50 m de longueur, dont les 12.5 premiers mètres
sont susceptibles de reprendre à la fois des réactions verticales et transversales, alors que le reste du
porte à faux est constitué d’une partie mobile uniquement susceptible de reprendre des réactions
transversales.
Les lançages se font par mouvement de 171m, les arrêts correspondant à une position telle que le
pylône se trouve au droit d’un appui. Dans cette position, l'ouvrage est mis en sécurité, pendant la
nouvelle période d'assemblage, afin de pouvoir résister au vent, qui peut être particulièrement violent à
l’altitude du tablier. Il a été vérifié qu’en cas d’avarie en cours de mouvement, qui bloquerait le pont
dans une position intermédiaire quelconque, la structure pourrait résister à une vitesse de vent
correspondant à 90 % du vent en service, avec une pondération des charges associée à la notion de
situation accidentelle, donc exceptionnelle.
Sur les appuis P2 à P6 et les palées π2 à π6, le niveau du plan de lançage est le niveau définitif des
appuis. Par contre, les culées ayant été construites avant le lançage du pont, l’aire de lancement sur la
berge est 0.8 m au-dessus de la couche de roulement, ce qui place le dessus du caisson 5 m au-
dessus du profil théorique (fig 5.35). Le rattrapage du niveau se fait par une double courbure sur une
distance de 342 m, imposée par la position des appuis en C0 et π1 d'une part, π7 et C8 d'autre part.
C0 P1 P2
S3 S2 S1
252 204 342
Les appuis de lançage sur chaque pile et palée sont constitués d’un système de 4 appuis de lançage,
espacés transversalement de 4 m et longitudinalement de 20 m sur les palées (fig 5.36) et 21 m sur les
piles. Les appuis de lançage, appelés balancelles, ont une capacité de 3000 t. Ils sont reliés entre eux
III.74
III.5 APPLICATIONS
hydrauliquement durant le mouvement pour assurer l’égalité des réactions sur les paires d'appuis
longitudinales. Sur C8, π7, π1 et C0, seuls deux appuis sont utilisés, dans un même plan transversal.
4000 20
4000
Translateur
hydraulique
12000 12000
Les deux parties lancées séparément se rejoignent au milieu de la travée P2-P3 où elles sont clavées.
Les pylônes sont alors montés sur la berge et amenés en position couchée à leur emplacement définitif
où, par un mouvement de rotation, ils sont redressés. Les haubans sont mis en place et réglés, avant
que les palées provisoires ne soient démontées.
III.5.2.1.3 Etudes
Le bureau d’études Greisch a été chargé de réaliser les calculs d’ensemble de l’ouvrage, le calcul des
phases de lançage, le dimensionnement du tablier, des pylônes et des haubans, la conception des
méthodes d’exécution et des ouvrages provisoires, ainsi qu'une assistance aux opérations de lançage.
Le dimensionnement a été avant tout conditionné par :
– les études au vent : compte tenu de la très grande hauteur de l’ouvrage au-dessus du sol, les
vitesses de vent sont très importantes, et des analyses spectrales au vent turbulent ont dû être
menées, tant en configuration définitive qu‘en phase de montage.
– Les études de lançage : compte tenu de l’importance des passes à franchir, et de la différence de
niveau entre l’aire de lancement et le reste du profil de lançage, les efforts générés sont
déterminants dans les 342 premiers mètres de l’ouvrage lancé.
Toutes ces études ont été menées avec le programme de calcul FINELG, et les calculs de lançage à
l’aide des développements qui ont été présentés dans ce travail. Ces calculs ont été initiés par l’auteur,
avant d’être poursuivis par d’autres ingénieurs du bureau Greisch, à savoir François Bachy et Charles
Havelange. La version définitive est présentée ici, en s’attardant sur le développement numérique, les
choix de discrétisation, et l’interprétation de l'analyse non linéaire, travaux propres à l’auteur.
Les lançages sud et nord sont en tous points similaires. Seul le lançage sud sera présenté ici.
Deux phases seront développées :
– le lançage durant lequel le pylône passe de S1, le dernier appui de l'aire de lançage, à π7, appelé
lançage de S1 à π7, soit L3;
– le lançage de P7 à π6, soit L5.
Les lançages précédant L3 se font sur l'aire de lancement, sans pylône, et sont classiques. L3 est le
premier lançage où le pylône descend de l'aire de lancement vers le profil en long; il est un des plus
complexes. L5 est le premier lançage "courant", c'est à dire un lançage où le pylône franchit une passe
de 171 m entre deux appuis situés sur le profil définitif.
III.75
III.5 APPLICATIONS
Quoique le tracé en plan ait une courbure, elle est faible et les effets de torsion et de flexion hors plan
induits sont suffisamment faibles que pour pouvoir être négligés. Le modèle est donc plan.
Comme il apparaîtra dans le calcul, le lançage fait intervenir des phénomènes non linéaires :
– décollement des appuis sur l'aire de lançage;
– comportement non linéaire des câbles qui, en fonction de l'avancement, sont soit tendus, soit
souples.
Une analyse au second ordre s'impose.
Le tablier, s'il présente une géométrie extérieure constante, est constitué de tôles d'épaisseur variable
sur la longueur de l'ouvrage; le découpage du plan de matières ne correspond pas à l'espacement des
haubans, qui lui même ne s'accorde pas à la longueur des travées. Si l'étude devait être menée avec
des éléments d'appui classiques, en réalisant un calcul par configuration considérée, il serait
nécessaire, pour relier le tablier à ses appuis, de déplacer les nœuds du tablier pour les faire coïncider
à la position des piles et palées. L'usage de l'élément d'appui de lançage montre ici tout son intérêt en
nous permettant de nous affranchir de cette contrainte.
La description complète du modèle (coordonnées des nœuds, éléments, géométries, charges) est
présentée dans l'annexe 2. Il n'en sera fait ici qu'une description sommaire, en insistant sur les points
particuliers.
Le tablier et le pylône sont discrétisés par des éléments de poutre à 3 nœuds, de longueur variable
fixée par la position des attaches de câble et les changements d'épaisseurs de tôle. Les nœuds du
tablier sont définis au niveau de l'axe de symétrie de la section, en fibre supérieure. La ligne de
glissement doit donc être excentrée de la ligne de nœuds de 4.2 m. Les haubans sont discrétisés par
des éléments de treillis avec une loi mécanique non linéaire de type Bleich-Ernst.
Au début du lançage L3, le pylône est situé sur l'appui S1 de l'aire de lancement. L'extrémité du porte à
faux est au delà de C8, dans la zone de rattrapage du profil théorique. Le pont est donc déjà, dans
cette configuration, considérablement déformé. La discrétisation est cependant réalisée avec un profil
de l'ouvrage rectiligne (fig 5.37). Les premiers pas de calcul servent à calculer la configuration initiale
(fig 5.38).
π7 C8 S1 S2 S3 …
π6 P7
Fig 5.37 : Configuration non déformée de la structure initiale : le tablier est situé sous les appuis
III.76
III.5 APPLICATIONS
excentricité de la
ligne de glissement
Pour l’étude du mouvement, la sollicitation des piles et palées est uniquement appliquée en tête. Les
palées et piles sont chacune représentées par un seul élément, de raideur axiale et flexionnelle
équivalentes à la pile ou palée complète.
Le système des quatre balancelles d'appui, sur chaque pile ou palée, est représenté par deux éléments
d'appui supposés à direction verticale fixe, appelés S1 et N1. Comme les balancelles sont reliées
hydrauliquement, les réactions dans les éléments d'appui doivent être égales. Numériquement, cette
condition est respectée en construisant un système de "balance" reliant les deux appuis à la pile (fig.
5.39).
d
FS1
N1 S1 FN1
FN1=FS1
rotule
Cette "balance" pose cependant un problème lorsque le tablier accoste pour la première fois la pile (ou
palée). Seul le premier appui reprend une charge; la rotule de la balance doit être bloquée. Un blocage
réel de la rotule est bien entendu possible, mais il obligerait à maîtriser le pas d'accostage a priori.
Une autre solution, qui a le mérite de ne demander aucune intervention de l'ingénieur chargé du calcul,
a été mise en place : un élément supplémentaire d'appui, appelé S2, fixé à la pile en dessous de la
rotule, a été défini (fig 5.40). Cet élément a comme ligne de glissement les d premiers mètres du
tablier, reportés en rouge sur la figure. L'appui S1 a pour ligne de glissement la suite du tablier. L'appui
N1 peut appuyer l'entièreté du tablier. Ainsi, S1 et S2 ne sont jamais actifs en même temps, et la balance
S1-N1 ne fonctionne que lorsque l'extrémité du tablier a dépassé le deuxième appui.
III.77
III.5 APPLICATIONS
sens d'avancement
d
d sens d'avancement
2. Accostage nord
Entrée en fonction de N1 actif S1 actif
la balance.
Désactivation de S2. S2 inactif
Activation de S1 et N1. rotule
L'appui S2 est unilatéral et tolère un décollement du tablier, le système S1-N1 de balancelles n'en tolère
pas, ce qui correspond au fonctionnement réel du système. De la même façon, les appuis sur l’aire de
lancement, la culée et la première palée accostée permettent le décollement. Même si ces derniers
sont par construction à direction radiale par rapport au pont, ils sont supposés verticaux dans le
modèle.
Le mouvement du pont est généré par déplacement imposé d'un appui horizontal placé au bout du
porte à faux du tablier (fig 5.41). Tous les autres appuis du pont étant verticaux et toutes les charges
étant gravitaires, la réaction y sera toujours nulle.
appui horizontal
III.78
III.5. APPLICATIONS
Comme déjà précisé, le lançage est dimensionnant pour le tablier métallique. Les efforts doivent donc
être minimisés. D'autre part, les opérations à réaliser en cours de lançage doivent être limitées au
maximum, car les mouvements de lançage ne peuvent être réalisés que sous un vent inférieur à 72
km/h, et les fenêtres météo, basées sur les prévisions de Météo France, sont assez courtes. Par
ailleurs, toute manipulation a un coût.
Dès lors, pour les lançages courants, c'est à dire les lançages de 171 m où le pylône franchit des
travées éloignées de l'aire de lancement comme le lançage L5, peu de paramètres peuvent donner lieu
à une optimisation :
– Les tassements d'appui sont sans effet en raison des grandes portées franchies;
– le réglage des haubans ne peut être modifié en cours de lançage, les réglages étant trop coûteux,
tant en temps qu'en argent.
Le réglage des haubans est dès lors choisi :
– pour permettre l’accostage de l’avant bec lorsque le porte à faux arrive au droit de l'appui suivant;
– pour éviter de ramener trop de charges au pylône lorsque celui-ci est en travée, ce qui provoquerait
de grands moments, positifs au droit du pylône, et négatifs au droit des appuis.
La figure 5.42 reprend les déformations du pont, lorsque le pylône est en position initiale, au quart, à la
moitié, aux trois-quarts et à la fin de la travée. Sur ces diagrammes, seules les déformations du tablier
et du pylône sont représentées. La vallée, la palée et les piles sont représentées par un fond fixe, afin
d'obtenir une vision réaliste du lançage. Les déformations transversales, et le relèvement de l'aire de
lancement, sont multipliés par 10.
La figure 5.43 représente l'évolution de la flèche au point d'accostage de l'avant bec et au droit du
pylône au cours du lançage. Un avancement de 0 m correspond à la position pylône sur P7, et un
avancement de 171 m à la position pylône sur π6.
Les figures 5.44 et 5.45 représentent l'évolution de l'effort dans les haubans.
III.79
III.5. APPLICATIONS
Avancement 0 m
Avancement 42.75 m
Avancement 85.5 m
Avancement 128.25 m
Avancement 171 m
III.80
III.5. APPLICATIONS
Pied du pylône
-1
-2
0.00 42.75 85.50 128.25 171.00
Avancement (m) - Position du pylône
Fig 5.43 : Lançage L5 (pylône de P7 à π6) : évolution des niveaux par rapport au profil de référence
avancement
8S 10S 11S
11 N 10 N 8N
12000
11000
10000
11N
9000
8000 10N
7000
Effort (kN)
8N
6000
5000 8S
4000
10S
3000
2000
11S
1000
0
0.00 42.75 85.50 128.25 171.00
Avancement (m)
Fig 5.44 : Lançage L5 (pylône de P7 à π6) : évolution de l'effort dans les haubans longs
III.81
III.5. APPLICATIONS
avancement
6N 4N 2N 2S 4S 6S
10000
9000
8000 6N
7000
4N
6000
Effort (kN)
2N
5000
4000 2S
3000
4S
2000
6S
1000
0
0.00 42.75 85.50 128.25 171.00
Avancement (m)
Fig 5.45 : Lançage L5 (pylône de P7 à π6) : évolution de l'effort dans les haubans courts
La figure 5.46 reprend les diagrammes de moments pour différents avancements, comparés aux
diagrammes enveloppes sur l'ensemble du lançage L5.
Il apparaît que les moments maxima négatifs et positifs ont lieu en même temps. Contrairement à ce
qui est attendu, les plus grandes valeurs n'apparaissent pas lorsque le pylône est situé en milieu de
travée, mais plutôt lorsqu'il est au quart et aux trois-quarts de la travée. En effet, en position médiane,
les haubans se détendent totalement, tandis qu'aux positions intermédiaires, les haubans longs ( 8, 10
et 11 ) ramènent de la charge sur le pylône, avec pour conséquence d'augmenter les moments dans le
tablier.
Le moment positif au droit du pylône présente un maxima très important, et doit être limité pour être
technologiquement admissible.
III.82
III.5. APPLICATIONS
10000 kNm
III.83
III.5 APPLICATIONS
Les premiers lançages sont assez complexes. En effet, le tablier doit descendre de l'aire de lancement
vers le profil théorique; il apparaît alors des moments négatifs complémentaires. L'objectif visé dans
ces lançages est de maintenir les moments de flexion dans le tablier dans des valeurs proches de
celles qui apparaissent lors des lançages courants. Pour rencontrer cet objectif, les appuis :
– sont plus rapprochés;
– sont disposés verticalement pour suivre au mieux la courbe naturelle du pont.
Mais le tablier n’est pas le seul point critique. Les appuis à l'arrière de la culée ont une capacité
inférieure aux 4 balancelles disposées sur les piles et palées :
– 900 t par balancelle pour les appuis sur l’aire de lancement;
– 2000 t par balancelle sur π1, π7, C0 et C8, où sont placées deux balancelles.
Au début du lançage L3, afin de ne pas ramener trop de charge au droit du pylône lorsqu’il passe sur
les appuis, seuls 2x3 haubans (8S, 10S, 11S et 8N, 10N, 11N) sont tendus.
Ces mesures sur les haubans ne sont pas suffisantes lorsque le pylône passe de π7 à C8. Afin de
limiter la charge ramenée sur chacun de ces appuis :
– π7 est relevée lorsque le pylône arrive à proximité de C8 afin de décharger ce dernier,
– π7 est abaissée lorsqu’elle supporte elle-même le pylône.
En fait, π7 et C8 étant fort proches, elles sont utilisées comme si elles formaient conjointement une
"balance" comme sur les piles et palées courantes.
Par ailleurs, les rotations sur appui doivent être surveillées pour rester dans des limites
technologiquement acceptables. En effet, les appuis sur les piles, palées et culées sont constitués de 4
vérins en long (fig 5.47). La longueur de l'appui est de 4 m, et la variation des rotations en cours de
lançage doit être compatible avec la course des vérins : ∆hvérin < (θappui,max -θappui,min) x 4.00
Rotations
extrêmes en position de référence
fonction de
la course
vérins
Pile ou palée
4m
Sur le diagramme de la figure 5.48 sont reportés les enveloppes positives et négatives des moments
sur le lançage L3 en rouge, et le diagramme de moment au début du lançage en bleu. Ce dernier est
nettement inférieur aux enveloppes. On note que, grâce aux faibles portées, le diagramme enveloppe
des moments positifs est faible part rapport à celui du lançage L5.
III.84
III.5. APPLICATIONS
100000 kNm
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
Après 25 m d'avancement, le moment au droit de C8 atteint 400 000 kNm (fig 5.49). C8 est abaissé
pour diminuer ce moment, qui va encore croître aux avancements suivants, ainsi que la réaction sur C8.
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
Fig 5.49 : Diagramme de moments pour un avancement de 25 m, avant et après opération
A l'avancement 41 m, le moment sur C8 atteint de nouveau 400000 kNm (fig 5.50). La réaction et le
moment en S1 décroissent lorsque le pylône s'éloigne. Afin de décharger au maximum l'appui C8, il est
abaissé, et S1 est relevé.
rouge : diagramme enveloppe
vert : +041 m : avant abaissement C8
bleu : +041 m : abaissement C8
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
III.85
III.5. APPLICATIONS
Après ces opérations, C8 est clairement en dessous du profil naturel du pont, comme on peut le voir sur
le dessin de la déformée à l'avancement 41 m (fig 5.57), ce qui permet de le décharger au profit de π7,
comme c'est très visible pour les avancements de 61 et 66 m (fig 5.51). A partir de ce moment, la
réaction sur C8 décroît, et celle sur π7 augmente.
rouge : diagramme enveloppe
vert: +061 m
bleu : +066 m
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
A l'avancement 81, C8 est relevé pour décharger π7 et donner à la déformation du pont un profil plus
naturel (fig 5.52).
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
Fig 5.52 : Diagramme de moments pour un avancement de 81 m, en cours d'opérations
Ensuite, toujours à la même position, π7 et C8 sont abaissés, pour les décharger (fig 5.53).
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
Fig 5.53 : Diagramme de moments pour un avancement de 81 m en cours d'opérations
III.86
III.5. APPLICATIONS
S1 est alors relevé, toujours dans le même but (fig 5.54). Cela a pour conséquence de réaugmenter
aussi le moment sur π7. Mais, au final de toutes les opérations effectuées en +081 m, les moments et
réactions sur π7 sont bien diminuées.
rouge : diagramme enveloppe
vert : +081 m : abaissement simultané de π7 et C8
bleu : +081 m : relèvement S1
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
Fig 5.55 : Diagramme de moments pour un avancement de 94 m avant et après opérations
A ce stade, les moments sur π7 et C8 croissent tous deux. π7 est abaissé graduellement jusqu'à la fin
du lançage, pour égaliser les moments au droit des deux appuis.
C8 S1 S2 S3 …
π7
P7
III.87
III.5. APPLICATIONS
III.88
III.5. APPLICATIONS
III.89
III.5 APPLICATIONS
On peut constater sur le diagramme d'évolution des réactions comment la limite de réaction, fixée à
40000 kN, est respectée grâce aux tassements d'appui. A partir de l'avancement 41 m, le tablier est
décollé de S2. De même, P7 ne soutient le pont qu'à partir de l'avancement 94 m. Ces variations d'état
des appuis, comme expliqué dans la description de la discrétisation, ne nécessitent aucune donnée
particulière et sont gérées automatiquement.
-45000
-40000
-35000 P7sud
-30000 pi7
Réactions (kN)
-25000 C8
-20000 S1
-15000 S2
-10000
-5000
0
0 20 40 60 80 100
Avancement (m)
Fig 5.60 : Evolution des réactions sur une paire de balancelles au cours du lançage L3
III.90
III.5 APPLICATIONS
2.50%
1.50%
0.50% P7 sud
pi7
Rotations
C8
S1
-0.50% S2
-1.50%
-2.50%
0 20 40 60 80 100
Avancement (m)
Contrairement au cas du lançage courant, les haubans ne se détendent pas au cours de L3. Pour
rappel, seuls les haubans longs reprennent des efforts, les autres étant posés sans tension.
avancement
8S 10S 11S
11 N 10 N 8N
14000
13000
12000
11000 11N
10000
10N
9000
8000
Effort (kN)
8N
7000
6000
8S
5000
4000 10S
3000
2000 11S
1000
0
0 20 40 60 80 100
Avancement (m)
III.91
III.5. APPLICATIONS
III.5.2.2.4.1 Lançage L3
En cours de lançage, différentes valeurs d'efforts et de déplacements ont été mesurées sur chantier. Il
s'agit :
– de la flèche d'un point de l'avant bec dont la position est mesurée par GPS;
– des réactions aux appuis S3, S1, π7 et C8;
– de l'effort dans les haubans 8N, 10N et 11S.
Elles ont été comparées aux valeurs obtenues par calcul.
Niveau GPS
La position de l'extrémité du porte à faux du tablier est mesurée par DGPS; sa précision est de l'ordre
du centimètre.
Les valeurs de flèche sont mesurées par rapport au niveau du profil de référence, soit une droite de
3.025 % située au niveau du profil définitif de l'ouvrage. La flèche reprise sur le graphique inclut donc
aussi le relèvement de l'aire de lancement (fig 5.63).
10.0
9.5
valeurs théoriques z (m)
valeurs chantier
9.0
8.5
8.0
Niveau (m)
7.5
7.0
6.5
6.0
5.5
5.0
0 20 40 60 80 100
Avancement (m)
Fig 5.63 : L3 : Comparaison des niveaux GPS théoriques et mesurés par rapport au profil de référence
[B01]
Les allures des deux courbes sont fort proches. La différence la plus significative provient de la
variation de niveau de –130 mm de π7, qui a été effectuée à l'avancement de 91.7 m plutôt que 94 m.
Sinon, la différence ne dépasse pas 0.1 m. Il est difficile de transformer cette différence absolue en
différence relative. En effet, l'avant bec est situé dans la zone de descente de l'aire de lancement, où il
n'existe pas réellement de configuration de référence pour définir une valeur de flèche par rapport à un
état non contraint.
III.92
III.5. APPLICATIONS
Réactions
Ci-dessous (fig 5.64 et 5.65) sont reprises l'évolution des réactions sur C8 et π7, les deux appuis les
plus importants pour ce lançage. Les valeurs sur chantier ont été mesurées de deux façons
différentes :
– les mesures enregistrées par ENERPAC en cours de lançage;
– les mesures beg, relevées manuellement sur les écrans de contrôle pendant le lançage.
Compte tenu des techniques de mesure, lorsque les valeurs sont différentes, il est impossible de dire
quelle est la valeur la plus fiable.
-50000
-45000
-40000
-35000
-30000
Réaction (kN)
-25000
-20000
-15000
-10000
-5000
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Avancement (m)
-50000
-45000
-40000
-35000
-30000
Réaction (kN)
-25000
-20000
-15000
-10000
-5000
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Avancement (m)
III.93
III.5. APPLICATIONS
Les valeurs en général correspondent très bien. On peut noter les points particuliers suivants :
– Entre les avancements 25 et 41, une partie de la charge qui aurait dû être sur C8 par calcul est
reportée sur π7. Au vu de la grande concordance entre valeurs mesurées et calculées aux
avancements immédiatement précédents ou suivants, on peut supposer que la dénivellation de C8
en 25 m n'a pas été faite à la bonne valeur;
– De l'avancement 94 à l'avancement 124, un abaissement graduel de π7 était prévu.
Technologiquement, cet abaissement a été réalisé par paliers successifs. Ceci explique la
différence entre les comportements théoriques et mesurés.
Pour les premiers avancements, la concordance des valeurs mesurées et calculées est excellente
(fig 5.66). Le tablier est toujours bien supporté par les appuis. Ensuite, lorsque l'encorbellement du
tablier au delà de π7 augmente, apparaissent des différences, qui restent cependant limitées à 10%.
11S
10 N 8N
14000
13000
12000
11000
10000
9000
8000
Effort (kN)
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Avan cem ent (m )
III.94
III.5. APPLICATIONS
On fournit ci-après une comparaison des déformées théoriques et mesurées en fin de L3 (fig 5.67). La
comparaison est faite par rapport au profil de référence. La différence maximale est de 38 mm.
6.0 P7 π7 C8 S1 S2 S3 S4 S5 S6
5.5
5.0
Niveau par rapport au profil de référence (m)
4.5
4.0
3.5
3.0
2.5
2.0
1.5
1.0
0.5
0.0
-0.5
-200 -150 -100 -50 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Distance au pylône (m)
∆max = 38mm
III.95
III.5. APPLICATIONS
III.5.2.2.4.2 Lançage L5
La comparaison des valeurs de calculs aux valeurs mesurées sur chantier, pour ce premier lançage
courant, sont aussi concluantes que pour le lançage L3. A titre d'exemple, sont repris ci-dessous :
– l'évolution de l'effort dans trois haubans en cours de lançage (fig 5.68);
– l'évolution de la flèche au bout du tablier, mesurée par GPS (fig 5.69).
P7 pi6 10000
9000
8000
Hauban 8N : calcul
Hauban 8N : mesures 7000
Hauban 4N : calcul
Hauban 4N : mesures 6000
Hauban 10 N : calcul
Effort (kN)
Hauban 10 N : mesures
5000
4000
3000
2000
1000
0
171 152 133 114 95 76 57 38 19 0
Distance restant à parcourir (m))
Fig 5.68 : Comparaison du calcul et des valeurs relevées sur chantier [H01]
1000
800 GPS
700
600
500
flèche (mm)
400
300
200
100
-100
-200
-300
280000
285000
290000
295000
300000
305000
310000
315000
320000
325000
330000
335000
340000
345000
350000
355000
360000
365000
370000
375000
380000
385000
390000
395000
400000
405000
410000
415000
420000
425000
430000
435000
440000
445000
450000
455000
460000
Fig 5.69 : Comparaison du calcul et des valeurs relevées sur chantier [H01]
III.96
III.5. APPLICATIONS
III.5.2.2.4.3 Conclusions
Il est rare de pouvoir disposer, lors de la construction d'un ouvrage d'art, de mesures suffisamment
complètes et étoffées pour valider complètement les résultats numériques. Ici, nous disposons de
mesures :
– de déplacements;
– de réactions;
– des efforts, dans les haubans.
Nous pouvons donc comparer à la fois les déformations et les efforts dans la structure. Les résultats
sont plus que concluants. Les différences entre calculs et mesures restent faibles, tant que la
procédure de lançage correspond exactement au calcul. Cette comparaison valide le comportement de
la structure mais aussi les développements de l'outil numérique, et les choix de discrétisation.
III.97
IV. CONCLUSIONS
Quatrième partie
CONCLUSIONS
Le but de la thèse consistait à développer une solution "éléments finis" pour l'étude des effets des
phases de construction sur le comportement des ouvrages d'art incorporant :
– les non linéarités géométriques;
– les non linéarités mécaniques, tant pour l'acier que pour le béton;
– les effets de la déformation différée dans le béton.
On peut estimer avoir atteint cet objectif au vu des deux applications concrètes réalisées en fin de ce
travail.
L'outil a été obtenu en se basant sur un programme éléments finis existant, le FINELG. Cette thèse ne
constitue en effet pas un travail isolé mais s'inscrit dans la continuité de travaux antérieurs.
Ce logiciel, dont la fiabilité et la qualité ne sont plus à démontrer, est complété dans ce travail par :
– une étude des lois mécaniques de l'acier, et surtout du béton, afin de disposer de modèles
complets du comportement des matériaux, ainsi que des procédures pour déterminer les
paramètres desdits modèles;
– le développement, à l'intérieur de FINELG, d'éléments permettant la gestion des structures
évolutives, afin de pouvoir calculer les phases de construction des ouvrages d'art.
La première partie du travail s'est ainsi attachée à la modélisation du comportement mécanique, tant de
l'acier que du béton :
– une brève revue bibliographique (chap II.1) relève les principaux modèles mécaniques acier et
béton, dont l'utilisation peut être envisagée dans le cadre du calcul des ouvrages d'art.
– Les plus appropriés de ces modèles sont choisis, implémentés et dans certains cas améliorés, tant
pour l'acier (chap II.2) que pour le béton (chap II.3).
– La solution adoptée dans FINELG pour la représentation de la connexion dans les structures mixtes
est conservée et rappelée au chapitre II.4.
– Le chapitre II.5 permet de valider les choix et les développements présentés dans les chapitres
précédents, par confrontation à l'expérience.
Dans cette première partie du travail, on a donc mis au point des modèles scientifiquement éprouvés, et
suffisamment fiables pour nous permettre d'aborder la modélisation de l'évolution des structures, qui
constitue la deuxième partie du travail.
IV.1
IV. CONCLUSIONS
La première partie est avant tout un travail de synthèse relatif aux modèles existants, complétée par
des développements originaux lorsque le besoin s'en est fait sentir. La seconde partie présente
beaucoup plus d'éléments personnels. Afin de faire la part entre contributions originales et travail de
synthèse, le résumé et les conclusions des différents chapitres sont repris ci-dessous.
Le comportement mécanique de l'acier est actuellement assez bien maîtrisé. Après un bref rappel de
nature phénoménologique, l'état de la question s'est attaché à la description des modèles les plus
couramment utilisés en génie civil et dans les domaines connexes :
– le modèle élastoplastique à écrouissage isotrope, le plus simple et le plus fréquent pour les
chargements statiques monotones;
– les modèles à écrouissage cinématique linéaire, les modèles avec réactualisation des coefficients,
les modèles multi-couches et à écrouissage cinématique non linéaire, qui sont plutôt destinés aux
chargements avec des renversements complets des champs de contrainte, comme dans le cas des
chargements cycliques. Ces différents modèles ont été présentés par ordre de complexité et
d'occurrence scientifique croissante.
Les modèles en compression pour le béton peuvent être rassemblés en trois catégories :
– les modèles écrits en théorie de l'endommagement;
– les modèles écrits en théorie de la plasticité;
– les modèles combinés incorporant endommagement et plasticité.
Ces derniers sont certainement les mieux adaptés à la phénoménologie du béton. Dans ces
formulations mixtes, une base de plasticité assure une plus grande adaptativité du modèle aux
différents types de béton, aux conditions de confinement,… alors qu'une base d'endommagement
amène une plus grande rigueur.
Le comportement en traction du béton est quasi élastique linéaire jusqu'à la contrainte de fissuration.
Lorsqu'il n'est pas armé, la branche de "tension softening" qui fait suite à la fissuration, et qui représente
l'énergie nécessaire à l'ouverture des fissures, est difficile à maîtriser et n'a que peu d'intérêt dans ce
travail. Elle est donc négligée ici. Par contre, lorsque le béton est armé, l'interaction entre le béton et
les armatures entre les fissures crée une raideur additionnelle qui ne peut être négligée.
Les modèles les plus courants sont rappelés, qu'ils soient basés sur une modification de la loi de
comportement de l'acier ou du béton.
IV.2
IV. CONCLUSIONS
Les modèles pour le comportement différé du béton sous charge peuvent être divisés en deux
catégories :
– les modèles séparant les effets instantanés et différés. Les lois de fluage sous contrainte constante
et sous contrainte variable sont aussi souvent séparées. Les premières ne portent pas à discussion
dans cette thèse : les modèles les plus courants sont simplement identifiés. Les secondes sont,
pour la plupart, des substituts au principe de superposition. On relève les modèles basés sur la
théorie de l'hérédité, ceux ayant recours à la notion de module effectif ajusté, les modèles récursifs
exponentiels et la méthode du temps équivalent améliorée.
– Les modèles traitant à la fois les effets instantanés et différés. Ils sont certes les plus prometteurs,
mais ils sont difficilement utilisables d'un point de vue pratique.
IV.I.3.1 Compression
Alors que pour l'acier :
– l'amélioration de la qualité du matériau n'a pas entraîné de changement majeur du comportement
mécanique;
– le modèle de plasticité est universellement reconnu;
Notre choix s'est dès lors porté sur un modèle combiné plasticité-endommagement, basé sur la théorie
plastique mais avec prise en compte de la dégradation du module de décharge en fonction du niveau
de contrainte atteint. Ainsi, la loi enveloppe peut facilement être adaptée en fonction du type de béton.
Pour couvrir les besoins de ce travail, nous disposons des lois mécaniques enveloppes suivantes :
– la proposition de STUDER pour les bétons normaux, équivalente au modèle EC2;
– les règles du FIB 99 pour les bétons haute performance;
– l'approche de CUSSON et PAULTRE, pour le chargement cyclique des BHP.
La loi de variation du module de décharge peut elle aussi être calibrée, soit sur des données
expérimentales, soit sur un modèle particulier, plus élaboré pour le problème considéré.
IV.3
IV. CONCLUSIONS
IV.I.3.2 Traction
En traction, notre choix s'est porté sur un modèle élastique jusqu'à la fissuration, suivi d'une branche
descendante représentant le "tension stiffening". Ce modèle :
– permet de tenir compte du fluage du béton tendu;
– place les contraintes – et l'énergie de déformation – là où elles se développent réellement, c'est à
dire dans le béton.
IV.I.4 Validation
Les développements effectués dans le cadre du présent mémoire sont appliqués pour simuler
différentes structures expérimentales :
– une poutre en béton armé à deux travées, chargée instantanément jusqu'à la ruine.
La charge et la ductilité à la ruine sont obtenues par la simulation numérique avec une grande
exactitude. La précision sur la flèche au niveau des charges de service dépend de l'approche
adoptée pour le "tension stiffening", passant de 1.6 %, pour l'approche poutre régulière, à 8 %, pour
l'approche forfaitaire, ce qui reste tout à fait acceptable.
IV.4
IV. CONCLUSIONS
IV.5
IV. CONCLUSIONS
IV.II.1 Introduction
Dans la première moitié du travail, nous avons mis au point des modèles mécaniques pour l'acier et le
béton, pour des chargements instantanés, monotones ou en dynamique lente, et des chargements
différés. Il s'agit là d'une base nécessaire à l'objectif du travail, mais elle n'est pas suffisante. En effet,
les programmes d'éléments finis non linéaires classiques, tels que le FINELG, sont destinés à étudier
des structures invariables. Ils doivent être adaptés pour tenir compte, en cours de calcul, de l'ajout de
parties de la structure, et l'enlèvement d'ouvrages provisoires. La deuxième partie de ce travail a
consisté en la transformation à faire subir au logiciel FINELG pour le rendre capable de calculer des
structures évolutives. Compte tenu de la complexité des phénomènes mis en jeu (fissuration, fluage,
non linéarités géométriques,…) et de la difficulté à maîtriser le fonctionnement d'une structure évolutive,
un des objectifs visés est avant tout la simplicité d'utilisation.
Dans la bibliographie, on trouve peu d'approches au problème des structures évolutives; celle
développée ici est totalement originale et constitue un des apports majeurs de la thèse.
S'il est impossible de prétendre couvrir toutes les techniques de construction, les développements
effectués couvrent néanmoins :
– la construction par moyen de levage;
– la construction sur cintre;
– la construction par lançage;
– la construction en encorbellement.
IV.6
IV. CONCLUSIONS
L'approche usuelle pour calculer le lançage consiste à inverser le mouvement, c'est à dire à considérer
une structure fixe, sous laquelle se déplacent les appuis. Cette approche, si elle est totalement licite,
présente les inconvénients :
– de rendre plus complexe l'interprétation des résultats;
– de ne pas permettre d'appliquer le calcul à la structure sous les appuis de lançage.
FINELG est un programme non linéaire aux éléments finis écrit pour de petites déformations, mais pour
de grands déplacements. Mettre la structure en mouvement ne pose aucun problème théorique.
L'approche développée représente dès lors le comportement réel, à savoir une structure mobile sur des
appuis fixes.
Un élément de contact, spécifique au lançage, doit être mis au point pour permettre :
– d'appuyer n'importe quel point de la structure lancée, même si ce n'est pas un nœud de la
discrétisation;
– de prendre en compte les décollements éventuels;
– de tenir compte d'une excentricité entre la ligne de nœuds définissant la structure lancée et la
surface de glissement;
– d'intégrer complètement dans la discrétisation l'appui, c'est à dire de ne pas s'appuyer sur le monde
extérieur mais sur une autre partie de la structure, afin de pouvoir prendre en compte les structures
d'appui dans la discrétisation.
L'élément de contact destiné à simuler les appuis de glissement est défini par un nœud d'appui, fixe, et
une ligne de glissement, constituée d'une suite de nœuds et correspondant à la structure lancée.
L'élément d'appui lie le nœud d'appui à un point quelconque de la ligne de glissement, dont les
déplacements sont déduits des déplacements des nœuds adjacents par les fonctions d'interpolation des
éléments "poutre" constituant la structure lancée. L'appui peut avoir une direction fixe ou être normal à
la surface de glissement, pour représenter les différentes possibilités technologiques. La mise au point
de cet élément constitue un des apports majeurs de la thèse. Son fonctionnement, pour une structure
non linéaire dans laquelle le décollement des appuis est envisagé, n'est assuré que par l'adjonction d'un
amortissement numérique fictif.
Les derniers développements présentés sont de nature plus théorique. Il s'agit de deux méthodes
linéaires de prise en compte des effets différés en cours de construction. Elles résolvent les problèmes
de fluage empêché, c'est à dire de fluage dans une configuration différente de celle de la mise en
charge instantanée.
La première est appelée "méthode de superposition des effets" et cherche à restituer au mieux le
principe de superposition, en extériorisant les liaisons ajoutées en cours de construction. De par son
côté explicite, elle est très proche de la réalité, mais elle est lourde à mettre en œuvre.
IV.7
IV. CONCLUSIONS
La seconde est appelée méthode des coefficients. Un état à la fin des phases de construction est
obtenu en adoptant un module de déformation moyen pour le calcul de toutes les phases. Un état fictif
à terme est calculé en appliquant toutes les charges dans la structure définitive et en adoptant pour le
béton un module à long terme. L'état réel à terme est défini comme une moyenne pondérée de l'état
fictif à terme et de l'état à la fin des phases de construction. Cette méthode est rapide, mais l'aspect
forfaitaire de la moyenne la rend difficile à maîtriser, surtout lorsque les phases de construction sont
complexes.
IV.II.4 Validation
Construction en encorbellement
Les phases de construction d'une structure haubanée, très simplifiée, sont simulées. Elles
comprennent :
– le montage d'une travée principale haubanée, incluant un réglage de haubans;
– le clavage d'une travée d'approche, construite sur cintre, à la travée haubanée;
– une application tardive des surcharges d'équipement.
Les délais entre les mises en charge mettent en évidence la différence de réponse de la structure selon
que le fluage sous contrainte variable est calculé selon la MTEA ou la MTEA2. Les moments extrêmes
varient de 10 %.
Afin de valider le calcul, les phases de construction sont validées par les deux méthodes linéaires.
Elles sont comparées aux résultats obtenus avec la MTEA2, supposée plus proche du principe de
superposition. La méthode de superposition des effets :
– fournit des flèches et des moments différant de 3 % des résultats non linéaires;
– nécessite le calcul de sept cas de charge, et d'une combinaison.
La méthode des coefficients :
– fournit des flèches différant de 12 %, et des moments différant de 4 %, par comparaison aux
résultats non linéaires;
– nécessite le calcul de quatre cas de charge, et d'une combinaison.
La méthode "superposition des effets" apparaît donc plus précise, mais plus coûteuse que la méthode
des coefficients, la différence ne se marquant réellement que pour les déformations.
Cet exemple valide :
– les méthodes linéaires et non linéaires, en raison de la bonne concordance de leurs résultats;
– la stratégie générale de calcul, qui a permis une modélisation facile de cet exemple.
IV.8
IV. CONCLUSIONS
– Dans le second, l'excentricité de la ligne de glissement varie linéairement, et est très grande. Cet
exemple ne peut être vérifié manuellement, mais il montre la fiabilité de l'élément, les déplacements
étant importants.
La pleine réussite de ces exemples de validation permet d'envisager l'application pratique des
développements effectués à des structures réelles. C'est ce qui fait l'objet de la partie suivante du
travail.
IV.II.5 Applications
IV.II.5.1 Contreflèche du pont de l'Europe à Coïmbra
Il s'agit d'un pont haubané dissymétrique, constitué de trois travées d'approche et d'une travée
principale haubanée qui franchit le fleuve. Le pylône, situé sur une des berges, soutient le tablier de la
travée principale par deux nappes de haubans parallèles ancrés dans la berme centrale. Les haubans
arrières s'ancrent dans deux culées-contrepoids de part et d'autre du tablier. Le montage est réalisé au
moyen de voussoirs préfabriqués. Les travées d'approche sont montées sur cintre, et la travée
haubanée l'est en encorbellement.
Le calcul est destiné à déterminer la contreflèche à partir d'un calcul des phases de construction.
La contreflèche obtenue est validée par un calcul linéaire par la méthode de superposition des effets. Il
apparaît des différences de l'ordre de 2 à 5 % dans les déplacements et les efforts, sauf dans le pylône
où elles sont plus importantes. Son tracé présente en effet un point anguleux, qui le rend sensible aux
effets non linéaires géométriques.
L'analyse linéaire est finalement plus compliquée que l'analyse non linéaire. L'application de la
méthode de superposition des effets oblige à faire des hypothèses peu évidentes :
– pour éviter que le calcul ne devienne trop volumineux, le phasage doit être simplifié;
– ces simplifications obligent à faire des hypothèses sur la détermination du module moyen.
Le calcul linéaire met en fait en lumière l'intérêt du travail effectué dans cette thèse. L'analyse non
linéaire pas à pas calcule les effets différés du béton sans autre hypothèse que celles de la MTEA2. Il
prend par ailleurs en compte :
– les effets non linéaires géométriques, qui apparaissent ici pour une structure somme toute
classique et simple, puisqu'il s'agit du pylône d'une structure haubanée;
– l'effet chaînette dans les câbles, bien qu'il n'ait joué dans ce calcul qu'un rôle secondaire.
Déjà même la discrétisation est plus aisée par analyse non linéaire :
– l'utilisation des éléments d'encorbellement et de fermeture permet une représentation facile et
systématique du mode de construction du tablier, alors que la structure, de par la forme de la
section, est assez particulière;
– les données supplémentaires sont simples : seule la chronologie de création des éléments doit être
définie en sus de la discrétisation classique.
IV.9
IV. CONCLUSIONS
Pour bien comprendre l'intérêt des développements de ce travail, il suffit d'essayer de se figurer ce que
serait le calcul du lançage par un programme d'éléments finis classique :
– au vu des non linéarités du problème, un calcul au second ordre est de toute façon indispensable.
– Une discrétisation doit être définie pour chaque position à étudier. Pour obtenir un calcul aussi
complet que celui présenté dans cette thèse, une configuration doit être calculée tous les 5 mètres
d'avancement, soit 70 fichiers différents pour les deux seuls lançages présentés dans ce travail,
alors qu'au total il y en a 14.
– Sans appui de lançage, dans chaque discrétisation, des nœuds doivent être ajoutés dans le tablier
en face des appuis, ce qui est à la fois fastidieux, et complexe pour le post-traitement des résultats.
En fait, des pré et post processeurs auraient vraisemblablement été développés, mais l'ensemble aurait
été certainement plus compliqué, moins élégant et finalement moins sûr que l'outil développé ici.
IV.10
IV. CONCLUSIONS
CONCLUSION GÉNÉRALE
Ce bilan détaillé montre que l'objectif de la thèse, à savoir le développement d'un outil de calcul des
phases de construction des ouvrages d'art, est atteint.
Ce travail a nécessité de nombreux développements théoriques, et c'est pourquoi il nous a semblé
justifié de le présenter dans le cadre scientifique d'une thèse de doctorat :
– choix critique de modèles matériels pour l'acier et le béton;
– développement de la MTEA2, pour disposer d'un modèle fiable de fluage sous contrainte variable;
– validation par rapport à l'expérience des modèles choisis;
– développement d'une stratégie de modélisation des structures évolutives originale, tant pour le
lançage que pour les autres modes de construction, avec introduction d'éléments appropriés;
– développement d'un élément de contact non linéaire;
– démonstration de l'applicabilité d'une approche scientifique à des ouvrages réels, et validation pour
l'un d'eux par rapport à des mesures in situ.
Ce travail constitue aussi une porte ouverte vers de nouveaux calculs et développements :
– Les calculs de fissuration, les calculs ELU et les calculs sous charges cycliques ne sont pas
appliqués à des cas concrets dans leur entièreté.
– Pour compléter l'outil, dans le domaine des structures planes, il serait utile :
– d'écrire un élément fini capable de représenter la précontrainte, intégrant les pertes par
frottement et relaxation;
– d'ajouter dans l'élément fini de poutre béton le comportement mécanique en cisaillement.
– Le calcul des structures spatiales devrait être abordé. Les ponts avec un comportement
tridimensionnel réel (non projetable dans le plan, comme c'est le cas pour Coïmbra) sont de plus en
plus nombreux. On peut citer par exemple le pont d'Orléans.
Le passage au tridimensionnel présente de nombreux défis :
– définition du fonctionnement d'un appui de lançage 3D;
– prise en compte de la fissuration en torsion du béton;
– maîtrise du positionnement des éléments de fermeture.
Ce travail constitue, par son importance, un sujet de thèse potentiel.
Le seul vœu que l'auteur puisse formuler, à la fin de ce travail, est qu'il soit à la fois, en cet instant, un
outil scientifique adéquat à la pratique d'un bureau d'étude, et une base solide pour les développements
ultérieurs.
IV.11
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
Annexe 1
Présentation de FINELG
et des éléments finis utilisés
1. FINELG
FIRST
Initialisation; lecture et contrôle des données; préparation de la première itération du 1° pas de calcul,
c-à-d première matrice tangente et vecteur de charges.
SEKOND
Assemblage, contrôle et résolution du système linéaire d’équations.
THIRD
Calcul et impression des résultats : réactions d’appui, déplacements, énergie de déformation, niveau de
charge, contraintes ou forces internes dans les éléments. Test de convergence des corrections de
l’équilibre. Préparation de l’itération suivante : nouvelle matrice Kt élément par élément, pas de charge,
forces hors équilibre, etc...
A1.1
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
INSTAB
Etablissement et résolution du problème aux valeurs propres; calcul et impression des valeurs propres
et des vecteurs de déplacements correspondants.
SAVE
Sauvetage sur fichier des données nécessaires à une éventuelle procédure de reprise de résolution
et/ou à un traitement ultérieur des résultats (dessin ou note de calcul).
A1.2
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
2. BASE THÉORIQUE
2.1.1. Introduction
FINELG est un programme d’éléments finis non linéaires permettant la simulation numérique du
comportement de structures, pouvant subir de grands déplacements mais dont la déformation reste
modérée. Le rappel sera orienté en fonction des éléments de type poutre plane qui sont utilisés dans
cette thèse.
Les phénomènes étudiés sont régis par quatre types différents d’équations :
– la cinématique, qui étudie le mouvement des corps (description géométrique);
– la statique, qui introduit le concept de contraintes (équations différentielles d’équilibre);
– la forme intégrale des équations cinématiques et statiques (principes des forces et déplacements
virtuels), qui fournissent les équations d’équilibre d’ensemble du corps;
– les équations constitutives, qui caractérisent le comportement physique du matériau étudié.
A partir de ces relations est établi le principe incrémentiel des déplacements virtuels, qui permet la
résolution numérique du problème par une analyse élastique non linéaire.
Soit un corps composé d’une infinité de particules. Leur position est repérée par 3 nombres Xi dans un
référentiel cartésien arbitraire. Le mouvement est décrit par les positions successives des particules.
L’ensemble de ces positions à un instant donné constitue une configuration.
Soit A et B deux configurations. Si B est décrit en prenant comme variables indépendantes les
coordonnées des points de A, la description est dite lagrangienne. On distingue la description
lagrangienne usuelle (D.L.) et la description lagrangienne corotationnelle (D.C.).
Description lagrangienne
A1.3
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
Soit
xi= xi(X1,X2,X3)
xi= Xi+U i(X1,X2,X3) (A01.1)
∂x i
Le tenseur jacobien est défini par : Jij = (A01.2)
∂X j
Le déterminant de Jij, appelé J, est une mesure de la variation de volume d’une configuration à l’autre. Il
est positif et fini. On a aussi :
∂Ui
Jij = δ ij + (A01.3)
∂X j
Nous pouvons dès lors définir le tenseur de déformations de Green :
2 2
dl - dL = dxi dxi- dXi dXi = 2 Eij dXi dXj (A01.4)
E ij =
1
2
(
Jki Jkj − δ ij ) (A01.6)
La configuration courante est décrite dans le système d’axes initiaux qui a subi une translation et une
rotation rigide quelconque (fig A1.3). Les mouvements du système de référence sont choisis de telle
manière que la nouvelle configuration Γ0 soit très proche de la configuration courante. Par exemple,
une poutre est définie dans Γ0 sur l’axe Y = 0. Le nouvel axe X pour la description corotationnelle sera
pris sur la corde de la configuration courante (fig A.1.4). En description corotationnelle totale, la
configuration de référence est Γ0; en description corotationnellle actualisée, la configuration de
référence est γ..
A1.4
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
Fig A1.4 : Définition des systèmes d'axes et configurations pour un élément de poutre plane [D03]
On a : x=x+u
x=U0+X
x=X+U (A01.7)
Or, Xi=Xi
et ei = Rik ek
Donc xi = U0 i+ xk Rki
et xk = ( xi - U0i ) Rki (A01.9)
∂x i
Le tenseur jacobien J s’écrit : Jkl =
∂X j
∂ Uk
ou Jkl = δ kl + (A01.10)
∂X l
On peut l’écrire par rapport à Jij :
Jkl = Jil R ki (A01.11)
1 æç ∂ Ui ∂ Uj ∂ Uk ∂ Uk ö÷
Eij = + +
2 ç ∂X j ∂X i ∂X i ∂X j ÷
è ø
et
Eij =
1
2
(
Jki Jkj − δij ) (A01.12)
A1.5
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
Eij = E ij (A01.13)
Enfin, comme J mesure la variation de volume entre γ et Γ0, et que le volume de Γ0 est identique à celui
de Γ0, on a :
J=J (A01.14)
2.1.3. Statique
Soit un point de la configuration courante γ . En ce point, sur une facette de normale n, agit un vecteur
de contraintes tσ. En découpant un tétraèdre élémentaire limité par cette facette et des plans parallèles
aux plans de référence, on extériorise les contraintes σij. Les équations d’équilibre s’écrivent :
A1.6
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
b. contraintes de Lagrange
Le vecteur des efforts intérieurs est translaté de la configuration courante vers la configuration initiale
Γ0.
L
On pose : dF = T dA (A01.18)
L
avec T j=Lij Ni (A01.19)
1
σ ij = Jik L kj (A01.20)
J
Il apparaît donc que le tenseur Lij n’est pas symétrique.
S
On pose : dF* = T dA (A01.22)
S
avec T j = Sij Ni (A01.23)
A1.7
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
L
Les contraintes Sij peuvent aussi être interprétées comme les composantes des vecteurs T i selon les
vecteurs gk tels que : gk = Jik ei
L
T i = Sik gk (A01.25)
Les mêmes contraintes sont définies en description corotationnelle. Leur formulation est identique, mais
dans les axes Xi (fig A1.7).
Il vient ainsi :
df = df = tσ da (A01.26)
Les contraintes σij et σij sont donc la décomposition d’un même vecteur mais selon des directions
différentes; elles sont reliées par la formule :
De même :
L
on pose : dF = T dA (A01.29)
L
avec T j = Lij Ni (A01.30)
1
σij = Jik Lkj (A01.31)
J
En exprimant l’égalité de dF et df, les relations suivantes sont établies (fig A1.8) :
Lmn = LmlRnl
L L
T m= T m (A01.32)
A1.8
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
Enfin, on pose :
dfi = Jik dF*k
S
dF* = T dA (A01.33)
S
avec T j = Sij Ni
1
On a de nouveau : σij = Jik Skl Jjl (A01.34)
J
Et, en se servant de la relation entre les contraintes de Lagrange dans les deux configurations, on
trouve :
Sij = Sij (A01.35)
avec
1 æç ∂δu i ∂δu j ö
÷
δε ij = + (A01.37)
2 çè ∂x j ∂xi ÷
ø
et v le volume de γ, a sa surface, fi les forces de volume y imposées et δui un champ de déplacements
virtuels cinématiquement admissible.
A1.9
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
Le théorème des travaux virtuels fournit un système d’équations non linéaires. Il faut dès lors le
linéariser pour le résoudre. Les principes incrémentiels des travaux virtuels permettent d’obtenir l’état
γ’, solution approchée de la configuration d’équilibre γ∆, à partir de γ, la dernière configuration connue.
En description corotationnelle totale, la forme du principe linéarisé s'exprime par :
Fig A1.9 : Déplacements d'une section de l'élément fini de poutre plane [D03]
La poutre est écrite en description corotationnelle totale, afin de pouvoir étudier des structures
subissant de grands déplacements mais de faibles déformations sans trop d’approximations.
L’expression de Marguerre est adoptée pour la détermination du tenseur des déformations Exx. Celle-ci
permet de trouver l’expression du tenseur des déformations d’une configuration courbe par rapport à
une configuration de référence droite.
Nous allons dès lors établir le tenseur des déformations de γ, avec γ0 comme configuration initiale.
A1.10
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
On obtient, en établissant la forme des vecteurs r et R en fonction de U et V dans les axes Xi, et en se
r r r r
∂r ∂ r ∂R ∂R
référant à la définition de Exx, à savoir 2E xx = − :
∂X ∂X ∂X ∂X
V ' ( X)²
E xx = U' ( X) − YV' ' ( X) + V ' 0 ( X)V ' ( X) + (A01.41)
2
en faisant les hypothèses que U’, V’², 2V'0V’ <<1 et que YV’’ et YV’’0 <<1
Les déplacements sont discrétisés à partir des inconnues nodales (fig A1.10):
U(X) = U1 h1(X)+U2h2(X)
V(X,Y) = h3(X)V1 + h4(X)θ1 +h5(X)V2+ h6(X)θ2 (A01.42)
si U1, U2, V1, V2, θ1, θ2 sont les déplacements des noeuds 1 et 2 de l’élément fini.
La définition adoptée pour Exx a deux inconvénients. D’abord, elle ne représente pas bien les modes
rigides de rotation. Ensuite, U est linéaire en X et V est cubique , donc V’ est quadratique en X et U’ est
constant par rapport à X. Un phénomène de MEMBRANE LOCKING peut dès lors apparaître.
A1.11
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
La forme de Exx est modifiée de manière à la rendre linéaire en X et à permettre les rotations rigides.
Sa forme définitive est :
1 1 V' ( X)²
E xx = U' ( X) − YV' ' ( X) +
L ò
V' 0 ( X)V ' ( X)dX +
L ò 2
dX (A01.44)
L L
δp T K t dp = dP
avec
δp T =< dU1, dV1, dΘ1, dU 2 , dV2 , dΘ 2 >
A1.12
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
2.2.4.1. Intérêt
1 1
E xx = U' ( X) +
L ò V' 0 ( X)V' ( X)dX +
2L ò V' ( X) 2 dX (A01.48)
Cette limitation rend l’élément difficilement utilisable pour développer un élément de poutre béton ou
mixte, pour les raisons suivantes :
1. Dans le cas du béton, l’élément est fissuré sous des charges faibles. Dès lors, la topologie de la
section résistante se modifie rapidement en cours de chargement, et, étant donné que la fissuration
n’est pas symétrique, l’axe neutre de flexion se déplace et varie fortement sur la longueur de la
structure étudiée. Il faut dès lors mailler suffisamment finement la structure, puisque la position de
la fibre neutre est constante sur l’élément.
2. Dans le cas d’une poutre en acier, la plastification modifie également la position de l’axe neutre
mais de façon moins marquée. En effet :
– la loi σ-ε est identique en traction et compression (contrairement au béton);
– seule la plastification est susceptible de faire apparaître ce changement.
Néanmoins le phénomène existe et est amplifié par la présence de béton dans la section mixte.
3. Enfin, pour respecter la compatibilité des déformations à l’interface, le champ de déformations doit
être introduit par rapport à une même référence dans les deux éléments qui doit correspondre au
centre de gravité de la section mixte. Le choix de cette fibre est définitif et impose donc la position
de l’axe neutre de la section, ce qui ne convient pas pour une section en béton.
Il faut dès lors modifier l’élément de telle manière que le champ de déformations puisse varier
linéairement le long de l’axe de référence de l’élément poutre, en rajoutant un troisième noeud
comportant une seule nouvelle inconnue nodale : il s’agit d’un degré de liberté de translation de type
"mode bulle" (fig A1.12).
A1.13
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
2.3.1.1. Hypothèses
Quand un élément de poutre mixte est soumis à un chargement, un glissement se produit à l'interface.
La fibre de contact de l’élément acier se déplace jusqu’à la position AB (fig. A1.13), alors que la fibre de
contact béton se place en position A’B’. Le glissement s est défini par la relation suivante :
ds
donc ε b − ε a = (A01.52)
dx
A1.14
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
L’égalité des déplacements transversaux vi et des rotations θi est assurée par des ressorts de raideur
théoriquement infinie. En pratique, elle sera choisie grande par rapport à kx, raideur de la connexion
longitudinale par unité de longueur.
Le champ de déplacements est de la même forme que celui des poutres pour assurer la compatibilité
des déplacements.
Ua(x)=U1 h1(x)+U2h4(x)+u3h7(x)
Ub(x)=U4 h1(x)+U5h4(x)+u6h7(x)
Va(x)= V1 h2(x)+ aθ1h3(x) +V2 h5(x)+ aθ2 h6(x)
Vb(x)= V4 h2(x)+ aθ4h3(x) +V5 h5(x)+ aθ5 h6(x) (A01.53)
La dérivée du champ de déplacements est égale à la différence des déformations des deux éléments.
Celles-ci sont exprimées par le tenseur de Green. Or, suite aux hypothèses (pas de soulèvement,
glissements petits, rotations nodales identiques, interface située à une même ordonnée Y pour les deux
éléments), tous les termes contenant v(x) sont égaux dans l’expression des déformations de l’acier et
du béton au niveau de l’interface :
ds
= ε b − ε a = u' b ( x ) − u' a ( x )
dx
et
s( x ) = u b ( x ) − u a ( x ) (A01.54)
Il est alors aisé d'écrire la matrice de rigidité tangente et les efforts internes.
A1.15
ANNEXE 1 : FINELG ET FORMULATIONS ELEMENTS FINIS
L’hypothèse 1 conduit à :
1
dε c ( t 0 + ∆t, σ 0 + dσ ) = dε c,0 ( t 0 + ∆t, σ 0 ) + dε i φ( t 0 + ∆t, t 0 ) (A01.56)
2
Par conséquent :
dε i = dε tot − dε s − dε c
1
= dε tot − dε s − dε c,0 − dε i φ( t 0 + ∆t, t 0 )
2
avec dεc la déformation de fluage et dεs la déformation de retrait.
ò V [E t ' ' dε tot δε tot + σδε tot ]dV = ò V dFi δui dV + ò A dTi δui dA + ò V E' ' t dε' ' δε tot dV (A01.59)
Cette intégration dans le temps est inconditionnellement stable, mais sa précision dépend de la
longueur du pas de temps.
A1.16
ANNEXE 2 : LOIS DE FUAGE ET RETRAIT DE L'EC2
Annexe 2
16.8
β( f ' cc ) = (A02.4)
f ' cc
(
βH = 1.5 1 + (0.012HR )18 hf + 250) ; βH < 1500 (A02.5)
α
t0 * æ 9 ö
= çç 1.2
+ 1÷÷ ; t0*>0.5 (A02.6)
t' è 2 + t' ø
A2.1
ANNEXE 2 : LOIS DE FUAGE ET RETRAIT DE L'EC2
2. MODÈLE DE RETRAIT
La déformation de retrait est donnée par :
0.5
æ (t − t s ) ö
εcs ( t − t s ) = εcs0 çç ÷ (A02.7)
è (βs + t − t s ) ø
÷
Les paramètres de la loi sont définis à partir des mêmes données de base que le fluage :
2
βs=0.035 h
εcs0 = εs(f’cm) βRH
avec :
-6
– εs(f’cm)=(160+βsc(90-f’cm)) 10
βsc est défini en fonction de la valeur choisie pour le paramètre α du fluage :
α -1 0 1
βsc 4 5 8
– βRH dépend de l'humidité relative extérieure :
βRH= -1.55βsRH 40<HR<99 %
βRH= 0.25 HR>99 %
3
avec : β sRH = 1 − æç HR ö÷
è 100 ø
3. MODÈLE DE VIEILLISSEMENT
L'évolution de la loi mécanique instantanée parabole-rectangle est complètement déterminée par
l'évolution de la résistance et du module du béton :
æ æ æ 28 ö0.5 ö ö
ç sç 1−ç ÷ ÷÷
ç ç è t' ø ÷ ÷
fcm ( t' ) = e è è øø
fcm (A02.8)
0.5
æ æç æ æ 28 ö0.5 ö ö÷ ö
ç sç1−ç ÷ ÷ ÷
ç ç ç è t' ø ÷ø ÷ø ÷
Ec ( t' ) = ç eè è ÷ Ec 28 (A02.9)
ç ÷
ç ÷
è ø
avec :
– fcm la résistance moyenne du béton à 28 jours;
– Ec28 le module initial du béton à 28 jours;
– s un paramètre dépendant du type de ciment, et dont la valeur est connue en fonction du
paramètre α de la loi de fluage :
α -1 0 1
s 0.38 0.25 0.2
A2.2
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
Annexe 3
En conséquence, les formules de fluage et retrait proposées par le LNEC ont la forme :
0.3
1 æ t − t0 ö
φ( t, t' ) = 1.25 φ RH β( f cm ) ç ÷ (A03.1)
çβ + t − t ÷
0.1 + (t 0 * )0.2 è H 0 ø
0 .5
æ 2 ö
εcs ( t − ts) = εcs0 çç (t − t s ) ÷ (A03.2)
è (βs + t − t s ) ÷ø
Les courbes de fluage et retrait de la dalle supérieure ont été présentées dans le texte. Ci-dessous, les
mêmes courbes pour le pylône et la dalle inférieure (fig A.3.1).
2.00 2.50
1.80 28 28
100 100
1.60 2.00
200 200
1.40 300 300
500 500
1.20 1.50
1000 1000
(t,t0)
(t,t0)
0.80 1.00
0.60
0.40 0.50
0.20
0.00 0.00
10 100 1000 10000 100000 10 100 1000 10000 100000
t (j) t (j)
A3.1
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
α h
axe du pont
L L'
hauban 2D hauban 3D
γ'
γ
On a (fig A3.2) :
L
L' =
cos(α )
N (A03.3)
N' =
cos(α )
En raison de la symétrie de la structure, une charge située dans le plan de l'ouvrage ne provoquera de
déplacement du pylône que dans le plan de l'ouvrage. Pour être équivalent au câble réel, le câble 2D
doit développer, pour un même déplacement du point d'ancrage dans le pylône, la même énergie de
déformation interne W i :
εx
Wi = ò Vò0 σ x dε x (A03.4)
Les haubans sont supposés suivre la loi Bleich-Ernst (cfr III.2.3.3) , qui remplace le câble par un
élément de barre équivalent. L'état de contrainte est constant sur l'élément et on peut écrire :
εx
Wi = AL ò0 σ x dε x (A03.5)
A3.2
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
L σx N dN
Pour le hauban 2D : Wi =
A ò0 Et
(A03.7)
L σx N dN
Wi =
A ' cos 3 ò
α 0 Et '
(A03.8)
3
On adopte A=A' cos α. (A03.9)
Pour égaliser les énergies de déformation, il nous faut encore avoir égalité des modules tangents Et
pour tout point de la loi σ-ε.
E E
E t = E' t ⇔ = (A03.10)
2 2
EAL p EA ' L' 2 p '2
1+ 1+
12N3 12N '3
tg 2 α + cos 2 γ
En utilisant les relations de trigonométrie, cette équation peut aussi s'écrire : p v = p' v
cos γ
(A03.13)
A3.3
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
tg 2 α + cos 2 γ
p v 2D = p v 3D
cos γ
3 (A03.14)
A 2D = A 3D cos α
Les diagonales du tablier se comportent comme des barres birotulées. Pour ces barres, Et = E = Cte et
la seule condition à respecter pour avoir un comportement mécanique correct est :
A 2D = A 3D cos 3 α (A03.15)
3. RÉGLAGES
Le calcul abordé dans la thèse est destiné à déterminer la contreflèche et s'insère dans une étude
globale. Les réglages ont été déterminés pour définir un état en service acceptable dans l'ensemble de
la structure. Ces calculs ont été menés par une analyse linéaire, dans laquelle les haubans ont été
modélisés par des éléments de barre rotulés. Les réglages ont été simulés par des variations de
température équivalentes, qui sont reprises dans le tableau page suivante.
-6
Le coefficient de dilatation a été pris égal à α = 10 10 .
Ces réglages sont définis pour la structure spatiale. Notre modèle est bidimensionnel, les haubans
arrière étant rabattus dans le plan médian de l'ouvrage. Il nous faut encore établir l'équivalence des
réglages entre 2D et 3D. Imaginons le pylône infiniment raide. La force qui apparaîtra dans les
haubans 3D sera : N' th,3D = EA ' α T ∆T3D
Dans le hauban 2D équivalent : N th,2D = EAα T ∆T3D (A03.16)
En se servant des relations entre A et A' et N et N' établies au paragraphe précédent, il apparaît :
∆T3D
∆T2D = (A03.17)
cos 2 α
α étant l'angle entre le hauban 3D et le hauban 2D (appelé angle spatial dans le tableau page
suivante).
La longueur sans effort d'un élément est sa longueur initiale Lini dans la discrétisation. Lorsqu'une
variation de température lui est appliquée, sa longueur sans effort est modifiée :
Lsans effort =Lini (1-αΤ ∆T) (A03.18)
Dans la discrétisation non linéaire adoptée, les haubans sont modélisés par des éléments de barre non
linéaire intégrant l'effet chaînette des haubans par la loi de Bleich-Ernst. Le réglage est défini en fixant
la longueur morte du hauban, c'est à dire sa longueur sans effort. En situation finale, les haubans sont
tendus et l'effet chaînette est négligeable. Adopter la longueur morte linéaire permettra bien de
retrouver les efforts fixés par le calcul en service.
Les valeurs des longueurs mortes sont reprises dans le tableau A3.1.
A3.4
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
19
1
R9
A3.5
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
4. DISCRÉTISATION
STRUCTURE INITIALE
NO NOEUDS
APPUIS : TOUS
VUE EN PLAN X Y
AGRAND.
MIN MAX
U -12.210 48.511
V 22.223 95.460
263 265 267 269 271 273 275 277 279 281 283 285 287
289 291 293 295 297 299
Y 493
491
X 489
487
DESFIN 9.4 26/07/03
449
447
29 31 33 35 37 39 41 43 45 47 49 51 53 55 57 59 61 63 65 67 69 71 73 75 445
77 79 81 83 85 87
515
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 38.665 105.541 1A708
V 13.790 48.855
APPUIS : TOUS
A3.6
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
449
447
65 67 69 71 73 75 445
77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 101 103 105 107 109 111 113 115 117 119 121 123 125 127
495 497 499
309 311 313 315 317 319 321 323 325 327 329 331 333 335 337 339 341 343 345 347 349
443 485
515
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 82.975 154.364 1A708
V 17.785 52.406
APPUIS : TOUS
117 119121123 125127129 131133135 137139141 143145147 149151153 155157159 161163165 167169171 173175177 179181183 185187189 191193195 197199
499 501 503 505 507 509 511
343 345 347 349 351 353 355 357 359 361 363 365 367 369 371 373 375 377 379 381 383 385 387 389 391 393 395 397
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 148.911 243.635 1A708
V 8.236 63.389
APPUIS : TOUS
A3.7
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
141 143145147 149151153 155157159 161163165 167169171 173175177 179181183 185187189 191193195 197199201 203205207 209211213 215217219 221223225 227229231 233235237
503 505 507 509 511 513
359 361 363 365 367 369 371 373 375 377 379 381 383 385 387 389 391 393 395 397 399 401 403 405 407 409 411 413 415 417 419 421 423 425
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 186.776 283.603 1A708
V 8.464 75.042
217 219 221 223 225 227 229 231 233 235 237 239 241 243 245 247 249 251 253 255 257 259 261
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 273.346 334.478 1A708
V 27.994 52.849
A3.8
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.9
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.10
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.11
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.12
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.13
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.14
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
217 24 5 49 217 732 218 290 24 7 68 291 805 292 363 24 7 50 362 878 363
218 24 5 49 218 733 219 291 24 7 68 292 806 293 364 24 7 50 363 879 364
219 24 5 49 219 734 220 292 24 7 66 293 807 294 365 24 7 50 364 880 365
220 24 5 49 1013 735 221 293 24 7 66 294 808 295 366 24 7 50 365 881 366
221 24 5 49 221 736 222 294 24 7 66 295 809 296 367 24 7 50 366 882 367
222 24 5 49 222 737 223 295 24 7 51 296 810 297 368 24 7 50 367 883 368
223 24 5 49 223 738 224 296 24 7 51 297 811 298 369 24 7 50 368 884 369
224 24 5 49 224 739 225 297 24 7 51 298 812 299 370 24 7 50 369 885 370
225 24 5 49 225 740 226 298 24 7 51 299 813 300 371 24 7 50 370 886 371
226 24 5 49 226 741 227 299 24 7 51 300 814 301 372 24 7 50 371 887 372
227 24 5 49 227 742 228 300 24 7 51 301 815 302 373 24 7 50 372 888 373
228 24 5 49 228 743 229 301 24 7 51 302 816 303 374 24 7 50 373 889 374
229 24 5 49 229 744 230 302 24 7 51 303 817 304 375 24 7 50 374 890 375
230 24 5 49 230 745 231 303 24 7 51 304 818 305 376 24 7 50 375 891 376
231 24 5 49 231 746 232 304 24 7 51 305 819 306 377 24 7 50 376 892 377
232 24 5 49 232 747 233 305 24 7 51 306 820 307 378 24 7 50 377 893 378
233 24 5 49 233 748 234 306 24 7 66 307 821 308 379 24 7 50 378 894 379
234 24 5 49 234 749 235 307 24 7 66 308 822 309 380 24 7 50 379 895 380
235 24 5 49 235 750 236 308 24 7 66 309 823 310 381 24 7 50 380 896 381
236 24 5 49 236 751 237 309 24 7 68 310 824 311 382 24 7 50 381 897 382
237 24 5 49 237 752 238 310 24 7 68 311 825 312 383 24 7 50 382 898 383
238 24 5 49 238 753 239 311 24 7 68 312 826 313 384 24 7 50 383 899 384
239 24 5 49 239 754 240 312 24 7 68 313 827 314 385 24 7 50 384 900 385
240 24 5 49 240 755 241 313 24 7 68 314 828 315 386 24 7 50 385 901 386
241 24 5 49 241 756 242 314 33 2 6 315 484 0 387 24 7 50 386 902 387
242 24 5 49 242 757 243 315 33 2 7 484 443 0 388 24 7 50 387 903 388
243 24 5 49 243 758 244 316 33 2 7 443 485 0 389 24 7 50 388 904 389
244 24 5 49 244 759 245 317 33 2 6 485 317 0 390 24 7 50 389 905 390
245 24 5 49 245 760 246 318 24 7 68 317 833 318 391 24 7 50 390 906 391
246 24 5 49 246 761 247 319 24 7 68 318 834 319 392 24 7 50 391 907 392
247 24 5 49 247 762 248 320 24 7 68 319 835 320 393 24 7 50 392 908 393
248 24 5 49 248 763 249 321 24 7 68 320 836 321 394 24 7 50 393 909 394
249 24 5 49 249 764 250 322 24 7 68 321 837 322 395 24 7 50 394 910 395
250 24 5 49 250 765 251 323 24 7 66 322 838 323 396 24 7 50 395 911 396
251 24 5 49 251 766 252 324 24 7 66 323 839 324 397 24 7 50 396 912 397
252 24 5 49 252 767 253 325 24 7 66 324 840 325 398 24 7 50 397 913 398
253 24 5 49 253 768 254 326 24 7 51 325 841 326 399 24 7 50 398 914 399
254 24 5 49 254 769 255 327 24 7 51 326 842 327 400 24 7 50 399 915 400
255 24 5 49 255 770 256 328 24 7 51 327 843 328 401 24 7 50 400 916 401
256 24 5 49 256 771 257 329 24 7 51 328 844 329 402 24 7 50 401 917 402
257 24 5 49 257 772 258 330 24 7 50 329 845 330 403 24 7 50 402 918 403
258 24 5 49 258 773 259 331 24 7 50 330 846 331 404 24 7 50 403 919 404
259 24 5 49 259 774 260 332 24 7 50 331 847 332 405 24 7 50 404 920 405
260 24 5 49 260 775 261 333 24 7 50 332 848 333 406 24 7 50 405 921 406
261 24 5 49 261 776 262 334 24 7 50 333 849 334 407 24 7 50 406 922 407
262 24 7 68 263 777 264 335 24 7 50 334 850 335 408 24 7 50 407 923 408
263 24 7 68 264 778 265 336 24 7 50 335 851 336 409 24 7 66 408 924 409
264 24 7 68 265 779 266 337 24 7 50 336 852 337 410 24 7 66 409 925 410
265 24 7 66 266 780 267 338 24 7 50 337 853 338 411 24 7 66 410 926 411
266 24 7 66 267 781 268 339 24 7 50 338 854 339 412 24 7 68 411 927 412
267 24 7 66 268 782 269 340 24 7 50 339 855 340 413 24 7 68 1011 928 413
268 24 7 51 269 783 270 341 24 7 50 340 856 341 414 24 7 68 413 929 414
269 24 7 51 270 784 271 342 24 7 50 341 857 342 415 24 7 68 414 930 415
270 24 7 51 271 785 272 343 24 7 50 342 858 343 416 24 7 68 415 931 416
271 24 7 51 272 786 273 344 24 7 50 343 859 344 417 24 7 68 416 932 417
272 24 7 51 273 787 274 345 24 7 50 344 860 345 418 24 7 68 417 933 418
273 24 7 51 274 788 275 346 24 7 50 345 861 346 419 24 7 68 418 934 419
274 24 7 51 275 789 276 347 24 7 50 346 862 347 420 24 7 68 419 935 420
275 24 7 51 276 790 277 348 24 7 50 347 863 348 421 24 7 68 420 936 421
276 24 7 51 277 791 278 349 24 7 50 348 864 349 422 24 7 66 421 937 422
277 24 7 51 278 792 279 350 24 7 50 349 865 350 423 24 7 66 422 938 423
278 24 7 51 279 793 280 351 24 7 50 350 866 351 424 24 7 66 423 939 424
279 24 7 66 280 794 281 352 24 7 50 351 867 352 425 24 7 51 424 940 425
280 24 7 66 281 795 282 353 24 7 50 352 868 353 426 24 7 51 425 941 426
281 24 7 66 282 796 283 354 24 7 50 353 869 354 427 24 7 51 426 942 427
282 24 7 68 283 797 284 355 24 7 50 354 870 355 428 24 7 51 427 943 428
283 24 7 68 284 798 285 356 24 7 50 355 871 356 429 24 7 51 428 944 429
284 24 7 68 285 799 286 357 24 7 50 356 872 357 430 24 7 51 429 945 430
285 24 7 68 286 800 287 358 24 7 50 357 873 358 431 24 7 51 430 946 431
286 24 7 68 287 801 288 359 24 7 50 358 874 359 432 24 7 51 431 947 432
287 24 7 68 288 802 289 360 24 7 50 359 875 360 433 24 7 51 432 948 433
288 24 7 68 289 803 290 361 24 7 50 360 876 361 434 24 7 51 433 949 434
289 24 7 68 290 804 291 362 24 7 50 361 877 362 435 24 7 51 434 950 435
A3.15
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
436 24 7 66 435 951 436 509 33 2 13 197 396 0 582 33 2 13 156 369 0
437 24 7 66 436 952 437 510 33 2 12 200 398 0 583 33 2 13 159 371 0
438 24 7 66 437 953 438 511 33 2 12 203 400 0 584 33 2 13 162 373 0
439 24 7 68 438 954 439 512 33 2 11 206 402 0 585 33 2 13 165 375 0
440 24 7 68 439 955 440 513 33 2 11 209 404 0 586 33 2 13 168 377 0
441 24 7 68 440 956 441 514 33 2 14 212 406 0 587 33 2 13 171 379 0
442 33 2 9 1 263 0 515 33 2 14 215 408 0 588 33 2 13 174 381 0
443 33 2 9 262 441 0 516 33 2 14 218 410 0 589 33 2 13 177 383 0
444 33 2 10 2 264 0 517 33 2 15 2211011 0 590 33 2 13 180 385 0
445 33 2 11 5 266 0 518 33 2 10 224 414 0 591 33 2 13 183 387 0
446 33 2 11 8 268 0 519 33 2 10 227 417 0 592 33 2 13 186 389 0
447 33 2 12 11 270 0 520 33 2 15 230 419 0 593 33 2 13 189 391 0
448 33 2 13 14 272 0 521 33 2 14 233 421 0 594 33 2 13 192 393 0
449 33 2 13 17 274 0 522 33 2 14 236 423 0 595 33 2 13 195 395 0
450 33 2 13 20 276 0 523 33 2 11 239 425 0 596 33 2 12 198 397 0
451 33 2 13 23 278 0 524 33 2 12 242 427 0 597 33 2 12 201 399 0
452 33 2 13 26 280 0 525 33 2 12 245 429 0 598 33 2 11 204 401 0
453 33 2 12 29 282 0 526 33 2 13 248 431 0 599 33 2 11 207 403 0
454 33 2 11 32 284 0 527 33 2 13 251 433 0 600 33 2 14 210 405 0
455 33 2 10 35 286 0 528 33 2 13 254 435 0 601 33 2 14 213 407 0
456 33 2 10 38 289 0 529 33 2 12 257 437 0 602 33 2 14 216 409 0
457 33 2 11 41 291 0 530 33 2 10 260 439 0 603 33 2 15 219 411 0
458 33 2 11 44 293 0 531 33 2 10 3 265 0 604 33 2 15 222 413 0
459 33 2 12 47 295 0 532 33 2 11 6 267 0 605 33 2 10 225 415 0
460 33 2 13 50 297 0 533 33 2 12 9 269 0 606 33 2 10 228 418 0
461 33 2 13 53 299 0 534 33 2 13 12 271 0 607 33 2 14 231 420 0
462 33 2 13 56 301 0 535 33 2 13 15 273 0 608 33 2 14 234 422 0
463 33 2 13 59 303 0 536 33 2 13 18 275 0 609 33 2 11 237 424 0
464 33 2 12 62 305 0 537 33 2 13 21 277 0 610 33 2 12 240 426 0
465 33 2 11 65 307 0 538 33 2 13 24 279 0 611 33 2 12 243 428 0
466 33 2 14 68 309 0 539 33 2 12 27 281 0 612 33 2 13 246 430 0
467 33 2 15 71 311 0 540 33 2 11 30 283 0 613 33 2 13 249 432 0
468 33 2 10 74 313 0 541 33 2 11 33 285 0 614 33 2 13 252 434 0
469 33 2 10 77 315 0 542 33 2 10 36 287 0 615 33 2 12 255 436 0
470 33 2 10 80 318 0 543 33 2 10 39 290 0 616 33 2 12 258 438 0
471 33 2 15 83 320 0 544 33 2 11 42 292 0 617 33 2 10 261 440 0
472 33 2 14 86 322 0 545 33 2 12 45 294 0 618 66 3 16 486 455 0
473 33 2 14 89 324 0 546 33 2 13 48 296 0 619 66 3 17 487 459 0
474 33 2 11 92 326 0 547 33 2 13 51 298 0 620 66 3 18 488 462 0
475 33 2 12 95 328 0 548 33 2 13 54 300 0 621 66 3 19 489 465 0
476 33 2 13 98 330 0 549 33 2 13 57 302 0 622 66 3 20 490 469 0
477 33 2 13 101 332 0 550 33 2 12 60 304 0 623 66 3 21 491 472 0
478 33 2 13 104 334 0 551 33 2 11 63 306 0 624 66 3 22 492 475 0
479 33 2 13 107 336 0 552 33 2 14 66 308 0 625 66 3 23 493 478 0
480 33 2 13 110 338 0 553 33 2 14 69 310 0 626 66 3 24 494 481 0
481 33 2 13 113 340 0 554 33 2 15 72 312 0 627 66 3 25 495 456 0
482 33 2 13 116 342 0 555 33 2 10 75 314 0 628 66 3 25 496 457 0
483 33 2 13 119 344 0 556 33 2 10 78 317 0 629 66 3 25 497 458 0
484 33 2 13 122 346 0 557 33 2 10 81 319 0 630 66 3 25 498 460 0
485 33 2 13 125 348 0 558 33 2 14 84 321 0 631 66 3 25 499 461 0
486 33 2 13 128 350 0 559 33 2 14 87 323 0 632 66 3 25 500 463 0
487 33 2 13 131 352 0 560 33 2 11 90 325 0 633 66 3 25 501 464 0
488 33 2 13 134 354 0 561 33 2 12 93 327 0 634 66 3 26 502 465 0
489 33 2 13 137 356 0 562 33 2 13 96 329 0 635 66 3 27 503 467 0
490 33 2 13 140 358 0 563 33 2 13 99 331 0 636 66 3 28 504 469 0
491 33 2 13 143 360 0 564 33 2 13 102 333 0 637 66 3 29 505 470 0
492 33 2 13 146 362 0 565 33 2 13 105 335 0 638 66 3 30 506 472 0
493 33 2 13 149 364 0 566 33 2 13 108 337 0 639 66 3 30 507 473 0
494 33 2 13 152 366 0 567 33 2 13 111 339 0 640 66 3 30 508 474 0
495 33 2 13 155 368 0 568 33 2 13 114 341 0 641 66 3 30 509 476 0
496 33 2 13 158 370 0 569 33 2 13 117 343 0 642 66 3 31 510 477 0
497 33 2 13 161 372 0 570 33 2 13 120 345 0 643 66 3 31 511 479 0
498 33 2 13 164 374 0 571 33 2 13 123 347 0 644 66 3 31 512 480 0
499 33 2 13 167 376 0 572 33 2 13 126 349 0 645 66 3 30 513 482 0
500 33 2 13 170 378 0 573 33 2 13 129 351 0 646 101 11 32 442 0 0
501 33 2 13 173 380 0 574 33 2 13 132 353 0 647 24 9 52 442 959 514
502 33 2 13 176 382 0 575 33 2 13 135 355 0 648 221 13 34 1003 514 443
503 33 2 13 179 384 0 576 33 2 13 138 357 0 649 24 9 53 514 961 444
504 33 2 13 182 386 0 577 33 2 13 141 359 0 650 24 9 53 444 962 445
505 33 2 13 185 388 0 578 33 2 13 144 361 0 651 24 9 53 445 963 446
506 33 2 13 188 390 0 579 33 2 13 147 363 0 652 24 9 54 446 964 447
507 33 2 13 191 392 0 580 33 2 13 150 365 0 653 24 9 54 447 965 448
508 33 2 13 194 394 0 581 33 2 13 153 367 0 654 24 9 54 448 966 449
A3.16
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
655 24 9 55 449 967 450 728 276 1 1 318 326 0 801 276 1 1 396 400 0
656 24 9 55 450 968 451 729 276 1 1 58 97 0 802 276 1 1 199 205 0
657 24 9 55 451 969 452 730 276 1 1 55 100 0 803 276 1 1 398 402 0
658 24 9 56 452 970 453 731 276 1 1 324 332 0 804 276 1 1 202 208 0
659 24 9 56 453 971 454 732 276 1 1 326 334 0 805 276 1 1 400 404 0
660 24 9 56 454 9721004 733 276 1 1 75 103 0 806 276 1 1 205 211 0
661 24 9 57 455 973 456 734 276 1 1 81 106 0 807 276 1 1 402 406 0
662 24 9 57 456 974 457 735 276 1 1 332 336 0 808 276 1 1 325 406 0
663 24 9 57 457 975 458 736 276 1 1 103 109 0 809 276 1 1 321 406 0
664 24 9 57 458 976 459 737 276 1 1 334 338 0 810 276 1 1 208 213 0
665 24 9 58 459 977 460 738 276 1 1 106 112 0 811 276 1 1 404 408 0
666 24 9 58 460 978 461 739 276 1 1 336 340 0 812 276 1 1 211 217 0
667 24 9 58 461 979 462 740 276 1 1 109 115 0 813 276 1 1 406 410 0
668 24 9 58 462 980 463 741 276 1 1 338 342 0 814 276 1 1 213 220 0
669 24 9 59 463 981 464 742 276 1 1 112 118 0 815 276 1 1 408 412 0
670 24 9 59 464 982 465 743 276 1 1 340 344 0 816 276 1 1 223 229 0
671 276 9 59 1 2 0 744 276 1 1 115 121 0 817 276 1 1 220 232 0
672 24 9 59 465 984 467 745 276 1 1 342 346 0 818 276 1 1 217 235 0
673 24 9 60 467 985 469 746 276 1 1 118 124 0 819 276 1 1 214 238 0
674 276 9 60 1 2 0 747 276 1 1 344 348 0 820 276 1 1 211 241 0
675 24 9 60 469 987 470 748 276 1 1 121 127 0 821 276 1 1 214 244 0
676 24 9 60 470 988 472 749 276 1 1 346 350 0 822 276 1 1 217 262 0
677 276 9 60 1 2 0 750 276 1 1 124 130 0 823 276 1 1 426 441 0
678 24 9 61 472 990 473 751 276 1 1 338 352 0 824 276 1 1 424 441 0
679 24 9 61 473 991 474 752 276 1 1 127 133 0 825 276 1 1 422 441 0
680 24 9 61 474 992 475 753 276 1 1 350 354 0 826 276 1 1 420 441 0
681 24 9 62 475 993 476 754 276 1 1 130 136 0 827 276 1 1 263 441 0
682 24 9 62 476 994 477 755 276 1 1 352 356 0 828 33 2 6 4161001 0
683 24 9 62 477 995 478 756 276 1 1 133 139 0 830 276 2 6 190 214 0
684 24 9 62 478 996 479 757 276 1 1 354 358 0 831 276 2 6 190 217 0
685 24 9 63 479 997 480 758 276 1 1 136 142 0 832 24 9 56 10041005 455
686 24 9 63 480 998 481 759 276 1 1 356 360 0 833 66 3 69 1004 95 0
687 24 9 64 481 999 482 760 276 1 1 139 145 0
688 24 9 64 4821000 483 761 276 1 1 358 362 0
689 33 2 47 101 495 0 762 276 1 1 142 148 0
690 33 2 47 107 496 0 763 276 1 1 360 364 0
691 33 2 47 113 497 0 764 276 1 1 145 151 0
692 33 2 47 119 498 0 765 276 1 1 362 366 0
693 33 2 47 125 499 0 766 276 1 1 148 154 0
694 33 2 47 131 500 0 767 276 1 1 364 368 0
695 33 2 47 137 501 0 768 276 1 1 151 157 0
696 33 2 47 143 502 0 769 276 1 1 366 370 0
697 33 2 47 149 503 0 770 276 1 1 154 160 0
698 33 2 47 155 504 0 771 276 1 1 368 372 0
699 33 2 47 161 505 0 772 276 1 1 157 163 0
700 33 2 47 167 506 0 773 276 1 1 370 374 0
701 33 2 47 173 507 0 774 276 1 1 160 166 0
702 33 2 47 179 508 0 775 276 1 1 372 380 0
703 33 2 47 185 509 0 776 276 1 1 163 169 0
704 33 2 47 191 510 0 777 276 1 1 374 378 0
705 33 2 47 197 511 0 778 276 1 1 166 172 0
706 33 2 47 203 512 0 779 276 1 1 370 380 0
707 33 2 47 209 513 0 780 276 1 1 169 175 0
708 276 1 1 1 16 0 781 276 1 1 378 382 0
709 276 1 1 263 276 0 782 276 1 1 172 178 0
710 276 1 1 263 278 0 783 276 1 1 380 384 0
711 276 1 1 263 280 0 784 276 1 1 175 181 0
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713 276 1 1 31 43 0 786 276 1 1 178 184 0
714 276 1 1 28 46 0 787 276 1 1 384 388 0
715 276 1 1 25 49 0 788 276 1 1 181 187 0
716 276 1 1 22 52 0 789 276 1 1 386 390 0
717 276 1 1 19 55 0 790 276 1 1 184 190 0
718 276 1 1 16 55 0 791 276 1 1 388 392 0
719 276 1 1 300 303 0 792 276 1 1 187 193 0
720 276 1 1 298 305 0 793 276 1 1 390 394 0
721 276 1 1 296 307 0 794 276 1 1 190 196 0
722 276 1 1 73 82 0 795 276 1 1 392 396 0
723 276 1 1 70 85 0 796 276 1 1 193 199 0
724 276 1 1 67 88 0 797 276 1 1 394 398 0
725 276 1 1 315 324 0 798 276 1 1 329 396 0
726 276 1 1 64 91 0 799 276 1 1 333 396 0
727 276 1 1 61 94 0 800 276 1 1 196 202 0
A3.17
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.18
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
CHARGES DE PRECONTRAINTE
------------------------
CHARGEMENTS
N0 F
3 1 2560.
5 1 1280.
7 1 3840. F F
9 1 6720.
11 1 2240.
13 1 7680.
15 1 15360. fig A3.9 : Représentation schématique du chargement
17 1 13440.
19 1 11520.
21 1 4480.
23 1 2240.
ELEMENTS CHARGES
charge elements
3 708 716 717 718 728 729 730
5 709 710 711 719 720 721
7 712 713 714 715 722 723 724 726
9 734 738 742 746 750 754 758 762 766 770 774 778 782 786 790 794
9 800 804 810 814
9 733 736 740 744 748 752 756 760 764 768 772 776 780 784 788 792
9 796 802 806 812
11 727 732 737 741 745 749 753 757 761 765 769 773 777 781 785 789
11 793 797 803 807 813
11 725 731 735 739 743 747 751 755 759 763 767 771 775 779 783 787
11 791 795 801 805 811 815
5 808 809 798 799
13 816 821 830
15 817 818 819 820 826
17 822 831
19 825
21 823 824
23 827
A3.19
ANNEXE 3 : DESCRIPTION DE LA DISCRETISATION DU PONT DE L'EUROPE A COÏMBRA
A3.20
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
Annexe 4
On présente la discrétisation dans une position de référence correspondant au début de L5. On fournit
quelques dessins permettant de visualiser les principales caractéristiques topologiques de la structure,
ainsi que l'entièreté du listing des données.
5812
5813
5814
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 1706.494 2157.002 TOUS
V 141.277 454.818
APPUIS : TOUS
A4.1
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
2234
2231
2255
2243
2228
2252
2258
2240
2225
2249 STRUCTURE INITIALE
2237
2222
2246
2219
2207
2216
22042213 NO NOEUDS
APPUIS : TOUS
301
283
2201 304
2210 307 310 313 316
265 268 271 274 277 280 1800
247 250 253 256 259 262
999 997 244 TOUTES LES ARETES
1812
5912 VUE EN PLAN X Y
AGRAND.
MIN MAX
U 2029.169 2304.206
V 195.857 425.443
5800
SELECTION DES ELEMENTS
TOUS
5812
Y
X
DESFIN 9.2 03/04/04
Modele 2d filaire poussage pylone de P7 a pi6 Somja LS-NL055
2231
2255
2243
2228 STRUCTURE INITIALE
2252
2258
2240
2225
2249
22372222 NO NOEUDS
APPUIS : TOUS
2246
TOUTES LES ARETES
2219
VUE EN PLAN X Y
2207 2216
AGRAND.
MIN MAX
U 2236.855 2273.776
V 325.309 412.574
2204 2213
Y
X
DESFIN 9.2 03/04/04
Modele 2d filaire poussage pylone de P7 a pi6 Somja LS-NL055
A4.2
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
2234
STRUCTURE INITIALE
2231
2255
2228
2243
2252
2258
2225
2240
2249
2222
2237 NO NOEUDS
2246
2219
APPUIS : TOUS
2216
2207
TOUTES LES ARETES
MIN MAX
U 2230.632 2457.391
5801 V 237.578 451.351
5800
Y
X
DESFIN 9.2 03/04/04
Modele 2d filaire poussage pylone de P7 a pi6 Somja LS-NL055
5801
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 2369.269 2667.965 TOUS
V 253.254 397.893
APPUIS : TOUS
A4.3
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
Y
X
STRUCTURE INITIALE NO NOEUDS VUE EN PLAN X Y MIN MAX SELECTION DES ELEMENTS
U 2727.112 3046.510 TOUS
V 248.662 430.035
APPUIS : TOUS
A4.4
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.5
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.6
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.7
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.8
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.9
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.10
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.11
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.12
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.13
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.14
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
905 5928
906 5929
907 5930
908 5931
909 5932
910 5933
911 5934
912 5935
913 5936
914 5937
915 5938
916 5939
917 5940
918 5941
919 5942
920 1800 2254.4500 331.1290
921 1812 2083.4500 325.9563
922 1813 1912.4500 320.7835
923 1814 1741.4500 315.6108
924 1815 1570.4500 310.4380
925 1816 1399.4500 305.2653
926 1817 1228.4500 300.0925
927 1818 1057.4500 294.9198
928 1819 886.4500 289.7470
950 2243.9500 330.8114
951 2264.9500 331.4466
952 2264.9500 331.4466
953 2073.45 325.6538
954 2093.45 326.2588
955 2093.45 326.2588
956 1901.9500 320.4659
957 1922.9500 321.1011
958 1922.9500 321.1011
959 1731.45 315.3083
960 1751.45 315.9133
961 1751.45 315.9133
962 1559.9500 310.1204
963 1580.9500 310.7556
964 1580.9500 310.7556
965 1389.45 304.9628
966 1409.45 305.5678
967 1409.45 305.5678
968 1217.9500 299.7749
969 1238.9500 300.4101
970 1238.9500 300.4101
971 1047.45 294.6173
972 1067.45 295.2223
973 1067.45 295.2223
974 875.9500 289.4294
975 896.9500 290.0646
976 896.9500 290.0646
5800 2254.45 253.11
5801 2422.4497 309.711
5812 2083.45 232.33
5813 1912.45 210.32
5814 1741.45 194.32
5815 1570.45 176.60
5816 1399.45 169.44
5817 1228.45 158.87
5818 1057.45 154.03
5819 886.45 80.26
5912 2083.45 317.96
5914 1741.45 307.61
5916 1399.45 297.27
5918 1057.45 286.92
5920
5921
5922
5923
5924
5925
5926
5927
A4.15
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.16
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.17
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.18
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.19
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.20
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
A4.21
ANNEXE 4 : DISCRETISATION DU VIADUC DE MILLAU
CARACTERISTIQUES MECANIQUES
2S : 66.944526
4S : 89.676132
6S : 113.514469
8S : 137.899796
10 S : 162.653868
2N : 64.803501
4N : 86.994787
6N : 110.433254
8N : 134.488021
10N : 158.834341
11S : 175.124653
11N :170.828647
CHARGES
N0 FX FY MZ
1 0 0.0000 -0.0100 0.0000
2 0 0.0000 -15.5000 cadres | sur toute la longueur (kN/m)
3 0 0.0000 -3.1400 patins poussage | sur toute la longueur (kN/m)
4 0 0.0000 -14.2200 equipements | sur toute la longueur (kN/m)
25 -2.75 surch const | sur toute la longueur (kN/m)
26 -1029.21 12861. passerelle | au porte a faux (kN)
27 -1200. tab-pyl+pyl | au pied du pylone (2x) (kN)
30 -550. surch noeud tab-py| au pied du pylone (2x) (kN)
35 -3.678 ancrages avec haub|charge ponctuelle (kN)
36 -3.379 ancrages sans haub| (kN)
37 -3.03 cadres cc |sur toute la longueur (kN/m)
A4.22
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B.1
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B.2
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