RÉTROSPECTIVE 2019
MOIS
L’obligation de débarquement
avance à petits pas
Après la trêve de Noël, et la reprise début
janvier, le rythme des débarques reprend
progressivement pour les chalutiers hau-
turiers du Guilvinec. Au menu  : raie et
lotte, le pain quotidien des espèces démer-
sales ciblées par les Bigoudens, mais aussi
merlan, merlu, églefin, cardine, céphalo-
podes… Une bonne partie est sous quotas,
dont certains sont problématiques.
À la question « où sont les rejets ? » qui
devaient être mis à terre dans le cadre de
l’obligation de débarquement, depuis le
1er janvier 2019, les dockers ouvrent grand
les yeux. « Il paraît qu’il y a eu un fond de
conteneur l’autre soir, ça a dû partir pour la
farine, mais j’en sais pas plus », indique l’un
d'eux, en continuant le tri. «  Manquerait
plus qu’on doive s’occuper de ça en plus… »
Comme dans toutes les criées françaises,
l’obligation de débarquement est encore
assez virtuelle. Un espace censé stocker
les futurs rejets débarqués a bien été déli-
mité, à la peinture, dans une des chambres
froides. Mais pour l’instant, la mesure tant
décriée par les pêcheurs n’est pas vraiment
à l’ordre du jour.
À Itechmer, en octobre, un dialogue
constructif a pu s’établir. Entre la biologiste
de l’Ifremer Clara Ulrich, grande spécialiste
du sujet, et Jean-Baptiste Goulard, patron-
JANVIER
armateur guilviniste. Propriétaire de deux
hauturiers, bientôt trois, il fait partie de ces
patrons qui déclarent leurs rejets sur le log-
book. Il les estime à 2-3  % des captures,
sans compter les espèces interdites (chien,
pocheteau), dont 1 à 2  tonnes sont reje-
tées par marée de deux semaines. Une pre-
mière étape, fortement encouragée par la
direction des pêches. Car changer les pra-
tiques prend du temps. La pêche des merlu-
chons, qui a longtemps mis du beurre dans
les épinards des langoustiniers du golfe, a
mis 15 ans à être éradiquée…
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
ANNUAIRE PDM 2020 7
 RÉTROSPECTIVE 2019
Restauration MSC France change de tête
JANVIER

En volumes, Répartition des dépenses de la restauration Jean-Charles Pentecouteau

215 630 t hors foyer par type de produits de la mer devient directeur de programme

de produits de la
mer ont été achetées
par les circuits de
la restauration hors
domicile, commerciale ou
collective. Pour la moitié,
il s’agit de poisson,
pour 21 % de produits
traiteur : poissons fumés,
panés, plats cuisinés, etc.
France pour l’écolabel MSC
(Sur un total de 1,94 milliard d’euros HT) (Marine stewardship council),
Poissons 54 % Crustacés 8 %
à la suite d’Édouard Le Bart.
1 055 M€ 157 M€ À 42 ans, il est le cofonda-
Coquillages 11% teur des Deauville green
212 M€
awards (festival international du
Céphalopodes 3 % DR film d’environnement) et était
52 M€ depuis 2016 à l’ONG Noé, œuvrant
pour la sauvegarde de la biodiversité.
Produits de la mer
Conserves de la mer 4% traiteur 20 %
69 M€ 396 M€

Sources : Gira Foodservice pour FranceAgriMer

Criées : le bilan 2018

En moyenne, la restauration commerciale achète 65 %des volumes de

produits de la mer. Alors qu’elle ne sert que 51 % des repas pris hors domicile,
elle réalise 75 % des dépenses en produits de la mer.
Mais en réalité, la restauration commerciale indépendante est le seul circuit
où les produits de la mer sont surconsommés.
Usine neuve pour les Homards Acadiens
Le spécialiste rhônalpin de la distribution de produits de la mer et
d’eau douce commence l’année dans des locaux tout neufs. L’usine
de 2 200 m2 a été élevée à deux pas du bâtiment d'origine,
à Marlieux (Ain). Les 2,5 millions d’euros d’investissement ont
permis de quadrupler la surface. Un déploiement nécessaire
pour se développer en marque propre, élargir l’offre en skin et
les produits d’eau douce. Homards Acadiens met le cap sur les
20 millions d’euros de chiffre d’affaires.
DR
189 118 t ont été vendues dans les criées françaises
en 2018 (soit - 2,6 % par rapport à 2017) pour une valeur
de 640 millions d’euros (- 4,2 %), d’après FranceAgriMer.
Ont manqué à l’appel : merlu, langoustine, lotte et merlan.
Depuis 2010, les volumes vendus sous criée diminuent
d’environ 2 % par an. Et cette fois, le prix moyen ne compense
pas, reculant au niveau de 2016, à 3,39 euros/kg. Ainsi,
la valeur des ventes baisse de 4 %, à 640 millions d’euros.
Cabillaud : quotas en baisse
La Norvège et la Russie suivent l’avis des scienti-
fiques et décident conjointement de réduire les taux
de capture de cabillaud en mer de Barents. En 2019,
ils s’allouent 725 000 tonnes de captures maximales,
soit 50 000 de moins que l’année précédente (mais
170 000 de plus par rapport à 2016). De quoi relan-
cer le match avec le saumon, alors que le cabillaud
dépasse déjà la barre des 20  euros/kg au détail

en France.

Bonne pêche au Sirha

Parcourir les allées du Sirha, le fameux salon lyonnais de la restauration, c’est à coup sûr repérer de très beaux produits inédits.
Cette année, PDM a particulièrement apprécié…

La carabineros de Peixos de Le krill d’Algaé. GlobeXplore fait entrer Les anchois de Don Bocarte.
Palamos. La société espagnole le zooplancton en restauration avec cette Selon la méthode
arme en partie six navires poudre de krill produite sicilienne choisie
pour traquer la carabineros en Nouvelle-Zélande. par Don Bocarte,
DR

(Aristaeopsis edwardsiana) Le produit affiche l’anchois se pêche

entre 700 et 1 000 mètres. un taux de protéine au printemps
Un produit de niche avec de 75 %, obtenu après avant d’être légèrement salé
des prix qui peuvent grim- filtration et micronisation puis plié à la main et mis en maturation
DR per à 70 euros/kg. DR du zooplancton. pendant huit mois minimum.

8 ANNUAIRE PDM 2020


FÉVRIER
Embargo et promo sur le bar
Impossible de manquer l’affiche, placar-
dée aux tourniquets d’entrée du centre
commercial de l’Europe, à Pornic, en Loire-
Atlantique. Trois mois de repos commercial
pour tout le bar sauvage, de janvier à mars,
et cela depuis 2010. Pour Thierry Jaulin, le
directeur de cet hypermarché Leclerc, cela
entre dans la «  politique marée respon-
sable » du magasin et non d’une consigne
nationale de l’enseigne.
Une exception dans le paysage de la
grande distribution française, souvent bro-
cardée par la Plateforme de la petite pêche
artisanale française, qui dénonce les ventes
hivernales de labrax sauvage  ? Le groupe
Mericq répond aussi, partiellement, à l’ap-
10 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
pel : « En février et en mars, nous nous enga-
geons à commercialiser uniquement des
bars issus de la pêche à la ligne, des loups
de Méditerranée ou des bars d’élevage  ».
Nuance importante, quand on connaît l’im-
portance des captures de bar par les ligneurs
et palangriers du golfe de Gascogne qui ne
pratiquent pas le repos biologique. Une
discipline que s’imposent les adhérents de
l’Association des ligneurs de la pointe de
Bretagne.
Mais la nature d’une GMS ayant horreur
du vide d’un chariot, juste à l’entrée de la
galerie commerciale, l’étal de la poissonne-
rie de la Plage propose une promo sur le
bar d’élevage grec à 5,24 euros/kg, pour du
calibre supérieur à de la portion. Soit un prix
de vente inférieur au prix moyen d’achat de
5,60  euros des plus de 7  000  tonnes de
bar d'aquaculture consommées en France
en 2018, selon FranceAgriMer… Pas sûr
que la Plateforme petite pêche apprécie
ce prix d’appel qui pourrait déboussoler
le consommateur de bar sauvage. En tout
cas, elle s’insurge à nouveau, cet automne,
contre la gestion par le Comité national des
pêches du plafond de capture de bar, une
fois de plus consommé trop vite pour aller
jusqu'à la fin de l'année.
Texte et photos : Lionel FLAGEUL
RÉTROSPECTIVE 2019
Le site prevapport.fr

FÉVRIER
L’Apak lance le Marie Lou
L’Apak (Armement de la pêche artisanale de Keroman) accueille dans sa flotte un nouveau
en service
Le nouveau site de diffusion des prévi-
navire de 22 mètres. Construit aux Pays-Bas, le Marie Lou arme au chalut et à la senne danoise.
sions d’apports sous les halles à marée
Éric Guygniec, le président de l’Apak, se félicite de ce bateau neuf, symbole du renouveau et du
françaises entre en fonction. Cet outil,
dynamisme lorientais. Le groupe Vives-Eaux est copropriétaire à hauteur de 20 %.
géré par l’Association des directeurs
et responsables des halles à marée
de France, gratuit, s’adresse aux usa-
gers des criées ainsi qu’aux profession-
nels de la marée inscrits. Les prévisions
apparaissent en temps réel à partir des
saisies de chaque criée. Le site permet
de filtrer par criée ou par espèce, voire
par qualité. Une application mobile dif-

B.T.
fuse parallèlement des notifications.

Une IGP pour le bulot de Granville

Le chantier fut long mais il a porté ses fruits. Le fameux bulot
de Granville a désormais son indication géographique
protégée (IGP). Ce signe officiel européen garantit la qualité
organoleptique et la bonne gestion de la pêcherie dans la LA PÊCHE ÉLECTRIQUE
Manche, entre la pointe de Goury et celle de Champeaux.
Pêché au casier, le bulot granvillais implique une quarantaine INTERDITE EN 2021
de pêcheurs, dix mareyeurs et six transformateurs qui travaillent Réunis en trilogue, le 13  février
une production de 6 000 à 9 000 tonnes. F. à Strasbourg, les négociateurs
L.
du Parlement européen, du
Conseil et de la Commission ont

Ouverture du Min de Nantes décidé d’interdire la pêche élec-

Depuis le 24 février, le premier Min en région
et second de France abrite 103 entreprises
dans des locaux neufs aux portes de Nantes.
La marée y est représentée par quelques entre-
prises (Nantes Frais, Cap Marée, Maison Berjac,
Sud Marée, Paon, Loire-Atlantique Saumon
Fumé) mais deux opérateurs importants, Miti
et Lebeaupin, seront installés juste à côté,
dans le pôle alimentaire de 35 hectares
qui jouxte les 19,5 hectares du Min.
D.G.
trique. Elle le sera totalement aux
navires de l’Union européenne
dans toutes les eaux qu’ils fré-
quentent, y compris en dehors
de l’UE, au 1er juillet 2021. Avec
la possibilité, pour les pays qui
le souhaitent – dont la France –,
d’interdire ou de restreindre
immédiatement cette pratique
dans leurs eaux territoriales.

Achats plein ouest

❚ Argis Galac’Sea, société
lorientaise d’importation de produits
de la mer fondée par Régis Privé,
a été rachetée par Seafoodia
et devient Argisfood. La société
d’importation et de négoce de
David Sussmann, basée à Marseille
et très présente à l’international,
souhaite ainsi affirmer sa présence
sur le marché national.
❚ Marine Harvest, à Lorient, change
de propriétaire. L’unité de découpe et
de transformation du géant norvégien
intègre le groupe Le Saint. Le grossiste
multifilière affirme ainsi sa présence
sur la marée. Le site de 2 000 m2
deviendra la tête de pont de ce pôle
et se verra accoler une plateforme
de préparation de commandes de
2 000 m2.
❚ Cité Marine, installé aux
portes de Lorient, reprend
l’intégralité de Miti. Déjà
actionnaire à 31 %, le spécialiste
du poisson enrobé (filiale du
groupe japonais Nissui) diversifie
ses activités sur la crevette
élaborée. Miti vient d’intégrer
des locaux neufs en périphérie
nantaise.

ANNUAIRE PDM 2020 13


MARS
Récolte de kombu royal
sauvage bio à Kerlouan
Le niveau d’eau est trop haut maintenant
pour continuer à ramasser les algues accro-
chées au fond. Revenus sur l’estran de Neiz
Vran, à Kerlouan (Finistère), Iain et Marielle
MacKenzie viennent de regrouper leur
butin : en deux bonnes heures de marée,
un peu plus de 500 kg de Saccharina latis-
sima. Les bons jours, ils peuvent dépasser la
tonne, en frais égoutté, vendue 1 euro/kg.
C’est l’une des quatre principales espèces
d’algues alimentaires recherchées par le
couple, en secteur certifié bio, avec le haricot
de mer (40 tonnes en 2018 et 9 cette année,
faute de demande), la dulse (25 tonnes en
2018 et 5 seulement en 2019, faute d’en
14 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
trouver, le soleil estival et les limaces de
mer ayant sévi) et l’ulve. L’année est plutôt
médiocre à cause de la météo.
L’eau atteint à peine les 11  °C. Ils ont
quadrillé ce secteur grand comme un ter-
rain de foot, parfois jusqu’au cou. Mais le
soleil est de la partie et le vent de nord-
est, si redouté, est tombé. « Quand il y a
suffisamment d’algues, tu bouges, pas le
temps d’avoir froid  !  », rassure Marielle
MacKenzie, récoltante d’algues de rive
depuis seulement deux ans, suite à une
reconversion professionnelle. « Elle est très
courageuse, c’est loin d’être toujours aussi
facile… », tempère admiratif Iain, son mari,
un Écossais, ex-pêcheur, que la vie avait
mené dans ce coin du Finistère. La côte
du pays Pagan n’a plus de secrets pour cet
ancien d’Haliotis.
Mais la journée se poursuit. Vite, il faut
se changer à leur domicile de Plounéour-
Trez, non loin de là, et filer livrer leur prin-
cipal client, Algue Service, situé à Roscoff,
30 km plus à l’est. Ils y trouveront leur ami
Brendan, récoltant salarié de l’entreprise du
pionnier Henri Courtois. Ces goémoniers
seront encore longtemps indispensables
aux transformateurs.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
RÉTROSPECTIVE 2019
MSC

Leclerc Biscarosse
Plus beau rayon !
L’équipe de poissonniers de Leclerc Biscarosse remporte
le titre national et régional pour la région sud-ouest du
Challenge rayon marée 2018, organisé par Pavillon France
(marque de France Filière Pêche). Durant deux mois, les
participants ont soumis des photos de leurs étals à un jury
de cinq professionnels. Ils ont apprécié l’aspect global et
la mise en avant de Pavillon France.
MARS
Maquereaux et sardines suspendus
Le 2 mars, le MSC suspendait sa certification des pêcheries de maquereau
de l’Atlantique nord-est ; et le 12, elle retirait son écolabel aux pêcheries,
française de Bretagne sud et espagnole du golfe de Gascogne, de sar-
dine. Deux coups durs pour les conserveurs. Concernant le maquereau,
la décision intervient alors que le stock est descendu sous les limites bio-
logiques. Pour la sardine, la décision touche les bolincheurs, bien que le
stock du golfe de Gascogne demeure en bonne santé. Mais le principe
de précaution a prévalu.

La truite fait mouche

Les jurés du Concours général agricole du Salon de l’agriculture de Paris
ont craqué pour la truite made in France. Elle a empoché trois médailles
d’or : Guyader avec une origine bretonne, Le Petit Futé Drômois avec le
logo bio, Pisciculture des eaux de l’Inval avec une truite tranchée. Cette
même pisciculture décroche une médaille de bronze pour ses œufs de
truite. En rillettes, Le Fumet des Dombes est en haut du podium, suivi
par Andric, de Savoie, qui reçoit une médaille d’argent pour sa terrine
de truite fumée bio.
DR

L’IFS confirmée chez Stolt

29 MARS : LE BREXIT N’AURA PAS LIEU ! La norme IFS, internationalement
reconnue par les distributeurs sur
Le divorce entre l’Europe et le Royaume-Uni ne devient pas
les marchés européens, américains DR
effectif à la date envisagée. Un report est proposé jusqu’au
et asiatiques, garantit la sécurité sanitaire et
12 avril… ou au 22 mai…
l’optimisation de la transformation et de l’expédition de Stolt Sea Farm
sur son site de Lira, près de La Corogne, en Espagne. La filiale aquacole
du groupe Stolt-Nielsen est leader en Europe dans l’élevage de poissons
Agriloops lance la crevette rennaise plats, avec une capacité de 5 300 tonnes de turbot et 850 tonnes de sole.
Une levée de fonds de 1,4  million d’euros permet à la start-up Stolt Sea Farm exploite 15 fermes (Europe et États-Unis) et Prodemar,
Agriloops de démarrer sa ferme pilote sur le site de l’Agrocampus sa filiale espagnole, sept.
Rennes. Le programme de R & D avait validé l’élevage de crevette
vannamei et la culture associée de tomate cerise et de mesclun.
Agriloops vise à fournir les marchés professionnels en circuit court,
avec une gamba autour de 30 euros/kg. Une ferme d’une capacité Aqualis Seafood
de plusieurs dizaines de tonnes de gambas et de légumes ouvrira rachète Merisud
d’ici fin 2020.
À la tête d’Aqualis Seafood
depuis quatre ans, Stéphane
Séguin (à gauche) a racheté
Merisud, une conserverie
installée aux portes de
Narbonne. Après avoir
relooké les packagings des
deux marques Les Richesses
de la Mer (GMS) et Armand
Blot (détaillants), le nouveau
dirigeant souhaite faire monter
en charge l’outil de production
et développer la gamme,
H.S.
DR

notamment vers le surgelé.

ANNUAIRE PDM 2020 17

RÉTROSPECTIVE 2019
Fonte des glaces
et transparence à Bruxelles
En l’absence de l’étal des magnifiques pois-
sons néo-zélandais de Lee Fish, c’est du
côté des stands belges qu’il fallait admirer
une présentation très originale, de celle qui
accroche le visiteur pressé du salon bruxel-
lois Seafood expo global.
Le négociant flamand Hottlet Frozen
Foods travaille depuis plus de 40 ans sur
le marché des produits de la mer conge-
lés, distribués partout en Europe. Il avait
installé un impressionnant mur de glace,
renfermant encornet, lotte, merlu, rou-
get, king crab, maquereau, saint-jacques,
saumon et autre crevette. Le mur a un peu
fondu, en trois jours, sous les lumières de
l’avant-dernière édition bruxelloise, avant
le transfert du Seafood en Catalogne en
2021, mais reste impressionnant.
On pourrait y voir un symbole du réchauf-
fement climatique plus que jamais à l’œuvre.
Aubaine maritime pour les Russes, avec le
développement de la Route du nord, ou
signal inquiétant pour la jeune génération.
On peut aussi voir, dans cet effet de
transparence altérée, un symbole de la
part d’ombre qui émerge parfois dans le
monde des produits de la mer. Pas question
de mettre ici en doute la probité d’Hottlet.
Citons juste l’affaire de corruption présu-
mée de politiciens en Namibie par le puis-
sant armateur islandais Samherji, dévoi-
lée par le site Wikileaks. Ou encore Hakai
AVRIL
magazine, au Canada qui, dans son édition
d’octobre, cite une étude de scientifiques
des pêches de l’université de Vancouver  :
environ 30 % du poisson sauvage importé
au Japon serait issu de pêche illicite, non
déclarée et non réglementée.
Mais les braconniers de la réserve des
Calanques et les pêcheurs et mareyeurs nor-
mands inculpés pour pêche de saint-jacques
en surquotas et commerce au noir, dont le
procès s’est ouvert en septembre, nous rap-
pellent que les fraudes ne sont pas l'apa-
nage des industriels étrangers.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
ANNUAIRE PDM 2020 19
 RÉTROSPECTIVE 2019
Le bar voit (presque) double
AVRIL
MOIS
Sogelmer s'installe
Hausse des importations dans de nouveaux locaux
Entre 2014 et 2018,
et baisse des prix
les importations de bar (ou Entreprise de mareyage implantée sur le port de Lorient
loup) ont bondi de 40 % Importations Keroman, Sogelmer (groupe Océalliance) déménage dans de
(en tonnes)
pour atteindre 7 340 tonnes nouveaux ateliers. Rachetés en 2013 par les Viviers du Diben
8 000
avant leur absorption voici deux ans par Sogelmer, les anciens
en frais ou réfrigéré.
7 000
• Évolution des prix (en € / kg)
Une augmentation qui locaux de Lechat Marée seront véritablement opérationnels
6 000 au printemps. Employant une vingtaine de salariés, Sogelmer
s’accompagne d’une baisse
développe depuis 1962 un savoir-faire dans la découpe et le
des prix, plus sensible depuis 5 000
filetage de poisson.
2015. Trois pays producteurs 4 000 6,4 6,38
dominent les apports 6,17
• • 5,9
3 000 • 5,6
extérieurs : la Grèce avec •
•
2 812 tonnes, la Turquie avec 2 000
1 517 tonnes et l’Espagne 1 000
avec 1 452 tonnes. À lui seul, 0
ce trio pèse près de 80 % 2014 2015 2016 2017 2018

B.T.
du bar importé par la France. Source : FranceAgriMer

Une appli de prévente

Disponible gratuitement depuis le 11 avril sur les smartphones via les plateformes de
téléchargement sous l’appellation Préventes LR, l’application développée par la criée
de La Rochelle permet à tous les acheteurs inscrits auprès du syndicat mixte de recevoir
des notifications et de participer à des préventes à distance.
Outre les quantités disponibles, ils sont informés des espèces, tailles, qualités,
conditionnements, dates de mise à disposition et prix de vente fixes. Les achats sont
réalisés en direct entre l’acheteur et le navire, mais la criée gère in fine les commandes.

DR
Reynaud joue l’excentrique Traiteur-saurisserie
 
Pépite de la maison Reynaud, la spéciale Perle blanche originale Bar fumé ou mariné signé Cromaris
est rejointe au catalogue par une nouvelle huître baptisée l’Excen-
trique. 100 % bretonne, elle est élevée dans la baie de Quiberon, L’éleveur de bar et daurade croate
en pleine eau, par la famille Tanguy. Une fois récoltée, elle est mise Cromaris pousse ses poissons
en mannes sur l’estran pendant un mois avant d’être affinée pen- au rayon traiteur-saurisserie.
dant deux jours selon un protocole précis, qui vise à lui donner une Rapidement acheminés dans l’usine
signature gustative élaborée et stable à l’année. de Zadar après leur sortie des cages,
bars et daurades sont d’abord filetés
avec peau et fumés à chaud en
cellule. Les filets (100 grammes)
conditionnés sous vide ont une
DLC de 60 jours. L’autre sortie est
une semi-conserve de pièces de
filets sans peau (100 grammes)
de bar ou daurade en marinade.
Ce produit, préparé à l’huile de
tournesol et d’olive, a une DLC DR

de 75 jours.
DR

20 ANNUAIRE PDM 2020


MAI
Le poisson vivant de l’Izel Vor II
débarque à Keroman
Il avait frôlé la mort, le 5 mai 2017, resté pri-
sonnier sous la coque de l’Izel Vor, premier
du nom. Son fileyeur côtier s’était retourné
dans les courreaux de Groix suite à une
surcharge de filets. Mais le patron David
Le Quintrec (à gauche sur la photo) avait
pu être sauvé, comme tout l’équipage. Et ce
solide gaillard, natif de Kerroch, est reparti
en mer en 2018 sur l’Izel Vor II, un trémail-
leur rénové.
Un nouveau départ guidé par une
recherche d’innovations, pour ne plus ali-
gner sans limite les kilomètres de filet.
Comme diversifier les espèces cibles, ou
encore cette idée un peu folle de « faire du
22 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
vivant », à l’instar du Keinvor II de son ami
de Quiberon Simon Le Gurun, « vu à la télé
dans un reportage de Thalassa ».
Alors, David Le  Quintrec, convaincu de
tenir une réelle voie de valorisation, n’hésite
pas à investir dans des viviers à bord, d’une
capacité d’une centaine de kilos de poissons
plats ou de lotte, ses espèces principales. Et
même dans des viviers à terre, dans un local
de la criée loué à la Sem de Keroman.
Surtout, il trouve en Sébastien Fauchille
son client,  maillon décisif de cette filière
lorientaise naissante. Le fondateur d’Étoiles
& Mer, ancien de la grande distribution,
a voulu lui aussi repartir sur de nouvelles
bases, plus qualitatives. Il a lancé en 2018
cette entreprise de mareyage spécialisée
dans le commerce de poisson vivant ou
abattu par la méthode ikejime.
Érik Vallée, l’halieute dirigeant d’Ha-
liocéan, mandaté par Les  Pêcheurs de
Bretagne, devrait remettre fin 2019 une
étude sur cette filière encore balbutiante. De
nombreux essais ont été menés à bord de
l’Izel Vor II, dans les viviers d’Étoiles & Mer
et dans des camions de marée Delanchy,
très actif sur ce sujet complexe.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
RÉTROSPECTIVE 2019
UN FRANÇAIS SE DÉMARQUE

MAI
Viciunai et Kingfish Zeeland vainqueurs Le breton GlobeXplore remporte le prix
des Seafood expo global awards spécial du Seafood expo global santé et
nutrition pour son guacamole
Le groupe belge Viciunai remporte le grand prix à la spiruline fraîche.
du meilleur produit de détail avec ses nouilles de La haute pression
surimi façon wok. Un repas pratique à déguster utilisée pour réaliser
directement dans son conditionnement, composé le produit permet
de nouilles au surimi, de légumes chinois de conserver
et d’une sauce sucrée coréenne. les vitamines
Côté restauration, c’est Kingfish Zeeland qui rem- présentes
DR

porte le grand prix grâce à sa sériole élevée en cir- dans l’algue.

cuit fermé sans antibiotiques au Pays-Bas. Le poisson offre de nom- La coloration verte
breuses possibilités de cuisine est naturelle.
aux chefs et présente une DR

alternative durable au
thon ou à l’espadon. R
D

Plats cuisinés en recul Recettes recherchées par les consommateurs

À base de poisson
Au rayon traiteur libre-service, les plats préparés à 36 %
base de poisson arrivent en sixième position des envies 39 %
des consommateurs, loin derrière la viande. 36 % des À base de fruits de mer
23 %
sondés ont déclaré rechercher ce type de plat, soit 25 %
3 points de moins qu’en 2015. À l’inverse, le bio et les Bio
plats végétariens affichent une forte progression, même 17 %
10 %
si la demande reste moins importante. Côté circuit, les 100% naturel
hypers et supermarchés conservent leur quasi-monopole 16 %
14 %
avec 88 % des ventes de plats cuisinés. L’étiquette des
produits doit aussi se modifier pour séduire davantage de
Végétarien 2019
9%
consommateurs. Ils sont 96 % à réclamer une clarification 5% 2015
des ingrédients sur l’emballage. Source : Arcane Research

Gros bloom d’algues

Crustafrais se lance dans l’armement
Plus de 8 millions de saumons d’élevage
Le cuiseur dieppois s’ancre
sont morts en mai au nord de la Norvège,
davantage dans la filière
décimés par la prolifération d’un phyto-
avec l’achat d’un fileyeur
plancton toxique, soit une perte à terme
de 12 mètres : le P’tit Fredo.
estimée à 38 500 tonnes. Classiques en
Cuiseur de crevettes tropicales
mai-juin dans les fjords, les blooms de
microalgues peuvent faire de la casse depuis 1993, Crustafrais s’est
s’ils fleurissent à grande échelle dans diversifié au fil des années
Richard Goasguen

les élevages de saumon. L’épisode qui a dans le mareyage,

démarré mi-mai au nord de Nordland et la surgélation et la conserverie.
au sud de Troms est le plus sérieux enre- L’entreprise compte acquérir
gistré depuis trente ans. d’autres navires.

ANNUAIRE PDM 2020 25


JUIN
Les trémailleurs nordistes
tentent de se reconvertir
La courte saison (mai-juin) vient de s’ache-
ver. Sur les quais de Boulogne, Stéphane
Pinto (au centre) et une partie de l’équi-
page de son 12 mètres Don Lubi II nettoient
leurs 450 casiers à seiche. La première sai-
son à cette espèce pour le vice-président
du comité régional des pêches des Hauts-
de-France, ardent défenseur des trémail-
leurs du Pas-de-Calais. Enfin, des 43 resca-
pés, tant cette flottille a été décimée avec
des apports en sole, leur espèce principale,
passés de 1 000 à 300 tonnes et de 15 à
3 millions d’euros en une dizaine d’années.
Le Don Lubi II a changé de métier et s’est
équipé de 600 casiers à crabe et homard,
26 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
une pêcherie en cours d’encadrement. Une
dizaine de trémailleurs nordistes pratique-
raient dorénavant le casier et une dizaine
d’autres une polyvalence filet-casier.
Une solution d’attente, avec l’espoir de
voir revenir la sole, puisque les artisans nor-
distes, en association avec l’ONG Bloom, ont
obtenu en février l’interdiction définitive, dès
le 1er  juillet 2021, de la pêche au chalut à
perche électrique dans les eaux européennes.
Stéphane Pinto est l’un des protagonistes
du film Watt the fish !, diffusé le 21 octobre
sur France 3 Hauts-de-France, qui retrace ce
long combat, à Bruxelles, des artisans fran-
çais contre les industriels néerlandais, pro-
moteurs de la pêche électrique. Une tech-
nique dont les chercheurs anglais du Cefas
(Centre des sciences, de l’environnement,
des pêches et de l’aquaculture) viennent de
quantifier les impacts négatifs sur les res-
sources benthiques.
Mais à entendre la charge sans nuance
contre la senne danoise de Frédéric
Le Manach, directeur scientifique de Bloom,
dans le débat qui a suivi la diffusion du film,
il se pourrait que cette association avec
l’ONG se transforme en baiser de Judas
pour les Étaplois.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
 Chaque technologie s’adresse à la majorité des ménages français
Chaque technologie s’adresse à la majorité des ménages français
RÉTROSPECTIVE 2019
Produits aquatiques : les Français achètent moins ÇA S’EST PASSÉ EN JUIN
JUIN
TRAITEUR avec code-barres
FRAIS y compris traiteur sans code-barres

FRAIS y compris traiteur sans code-barres TRAITEUR avec code-barres

❚ Sofrino rachète Sofrica
81 % d’acheteurs €
121,70 € dépensés 94,9 % d’acheteurs €
84,80 € dépensés Sofrino, spécialiste de la
81 % d’acheteurs
10,6 kg achetés
€ 121,70 € dépensés
11,8 actes d’achat
94,9 % d’acheteurs
5,9 kg achetés
€ 84,80 € dépensés
15,2 actes d’achat
logistique frigorifique,
s’est porté acquéreur de
Sofrica. Les deux sociétés
10,6 kg achetés 11,8 actes d’achat 5,9 kg achetés 15,2 actes d’achat familiales étaient déjà
partenaires depuis 2007 au
sein de Sofrilog, un réseau
La marée reste stable et comptabilise Grand vainqueur du palmarès de d’entrepôts grand froid à
33 % des achats. L’offre préemballée est consommation 2018, le traiteur de la mer l’échelle du territoire national
plébiscitée par un Français sur deux, surtout continue sa progression portée par les petits (42 sites pour un volume
sur le cabillaud, le saumon, le lieu noir et segments type entrées et plats cuisinés, de 1,5 million de m3) et
la julienne. Si la découpe est au plus bas, les crustacés et céphalopodes. Les surimis, une logistique de transport
le poisson entier se maintient en volumes. tartinables et la saurisserie sont en perte complète jusqu’au dernier
Le bar et la truite d’élevage sont les espèces de vitesse, à l’exception de la truite et kilomètre, avec 200 véhicules.
qui recrutent le plus en taille portion en GMS. du maquereau fumés.

SURGELÉS CONSERVES

SURGELÉS CONSERVES
83,3 % d’acheteurs € 54,30 € dépensés 94,2 % d’acheteurs € 43 € dépensés
83,3 % d’acheteurs € 54,30 € dépensés 94,2 % d’acheteurs € 4310,1€ dépensés

DR
5,1 kg achetés 6,8 actes d’achat 4,7 kg achetés actes d’achat

5,1 kg achetés 6,8 actes d’achat 4,7 kg achetés 10,1 actes d’achat
❚ La Belle Alliance
Pas de réchauffement prévu au rayon Les boîtes de poisson reculent encore La Vendée se mobilise
des surgelés, le niveau d’achat et le budget un peu dans les chariots. Elles suivent pour sécuriser ses
des Français continuent de dégringoler. une tendance identique à celle des autres approvisionnements.
Selon Kantar, la clientèle se stabilise familles de produits : taille de clientèle Le conserveur Gendreau s’est
pour la première fois depuis 2014, sauf associé au patron pêcheur
stable mais moins d’achats en volumes.
pour les freezer centers, qui ont encore Jérémy Chagnolleau et
Le thon domine largement les ventes
perdu des clients en 2018. aux mareyeurs Vives-Eaux,
devant la sardine et le maquereau.
Foucher-Maury et Les Viviers
Source : Kantar Worldpanel
de Noirmoutier pour racheter
deux chalutiers pélagiques
Jury des Coups de cœur de l’innovation PDM de 20 mètres.

❚ L es langoustes rouges
désormais marquées
À compter du 1er juin 2019,
tous les navires bretons
devront marquer
les langoustes rouges
capturées ou débarquées.
L’augmentation des
recrutements laisse espérer
Le 24 juin, notre jury s’est réuni pour goûter et noter les 25 produits en lice pour les un retour du plus noble
Coups de cœur de l’innovation, cuisinés par la cheffe Émilie Robin. De gauche à des crustacés. Selon l’Ifremer,
droite : Benoît Denni, directeur de Scapmarée E. Leclerc ; Marie Guillemot, responsable l’amélioration tient aux
marketing R & O Seafood Gastronomy ; Bertrand Lecaillon, chef des ventes Pomona mesures de gestion prises
Terre-Azur  ; Christophe Jan, responsable communication de Valorial et Alexandre par les pêcheurs.
Vialan, chef cuisinier du restaurant Chez Brume.

28 ANNUAIRE PDM 2020

RÉTROSPECTIVE 2019
Échantillonnage de moules
au Vivier-sur-Mer
Le soleil tape fort ce 5 juillet sur les bouchots
de la baie du mont Saint-Michel. Les prises
d’échantillon sont manuelles mais rapides.
Alain Chevalier (au premier plan), mytilicul-
teur et adhérent de Mytilimer, accompagné
de Bernard Bouché, responsable qualité du
groupement de producteurs, se doute que
le taux de chair ne sera pas encore suffi-
sant pour atteindre les 25  % du cahier
des charges de l’AOP. Par manque d’eau
douce, il faudra patienter jusque fin juillet
pour l’ouverture officielle de la commercia-
lisation de la moule sous appellation d’ori-
gine protégée.
Le taux de chair a été long à monter pour
les mytiliculteurs du Vivier-sur-Mer mais, fina-
lement, le produit sera beau, voire très beau,
avec des 32  % dépassés grâce aux pluies
automnales. La société La Marinière des
frères Alain et Patrick Chevalier – rejoints par
Geoffrey, le fils aîné d’Alain, et Amandine, la
nièce – devrait encore commercialiser entre
350 et 400 tonnes d’edulis cette année, à
partir de ses 7,5 km de bouchots. Tout est
facturé par Mytilimer, dont Alain Chevalier,
Charentais d’origine, est l’un des fonda-
teurs, avec le Breton Charles Beaulieu.
Les frères Chevalier dépassant la soixan-
taine, ils comptent s’écarter progressive-
ment pour que la jeune génération puisse
prendre la main. Les deux cousins sont
déjà à pied d’œuvre, presque à chaque
JUILLET
marée, dans l’autre site, celui de la société
La Bouchot des Deux Caps, dans les Hauts-
de-France.
Avec quelques collègues du Vivier et
Mytilimer, les Chevalier ont repris et remis
en état, depuis 2014, des concessions entre
le cap Gris-Nez et Calais. Malgré une mor-
talité plus importante qu’en Bretagne,
leurs bouchots nordistes approcheront les
400 tonnes de production, pour une capa-
cité de 600. Par contre, l’ensemencement en
naissain y a été problématique et la récolte
2020 s’en ressentira. Aléas du métier, relati-
visent les jeunes…
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
ANNUAIRE PDM 2020 31
 RÉTROSPECTIVE 2019
Algolesko rachète Aléor
JUILLET
Bar et dorade certifiés ASC
L’entreprise Algolesko, basée à Lesconil, dans le Finistère, a racheté en juil-
L’aquaculture méditerranéenne est domi-
let les parts de la famille Chaisemartin, majoritaire avec 51 % du capital
née par la Grèce et la Turquie qui se livrent
d’Aleor. Algolesko, recapitalisée entre 2016 et 2018 et en phase de relance
une rude concurrence sur les marchés inter-
avec une équipe opérationnelle renouvelée, va sortir Aleor de son endet-
nationaux, Italie en tête. Et les deux pays
tement et bénéficier de son savoir-faire reconnu : écloserie avec des pro-
ont obtenu leur certification ASC presque
tocoles et un équipement optimisés, séchoirs basse température, microni-
en même temps. La Grèce d’abord, via l’en-
seurs… Le repreneur s’ouvre aussi à la cosmétique puisqu’Aleor dispose de
treprise Nireus, puis la Turquie grâce à Kiliç.
marchés porteurs.
La Turquie se vante d’ailleurs d’avoir dépassé
la production de son voisin en volume, à
85 000 tonnes en 2018 contre 50 000 tonnes
pour les Grecs. L’Hapo, la jeune organisa-
tion de producteurs grecs d’aquaculture,
va même plus loin et pin’se ses poissons en
Grèce et en Italie, pour se différencier sur les
étals. La filière a investi 1,5 million d’euros

L.F.
pour « conserver le leadership ».

PÊCHE
Le thon rouge de Méditerranée
Les clichés collent à la peau labellisé Pêche durable
France Filière Pêche a interrogé les Français sur la pêche hexagonale. Pour
Les petits métiers de l’hameçon qui ciblent
70 % d’entre eux, l’état des ressources marines se détériore au niveau euro- le thon rouge (Thunnus thynnus) en
péen. Or c’est le contraire : entre 2010 et 2017, la biomasse des poissons étu- Méditerranée française,
diés a augmenté de 40 %. Les Français s’imaginent que les pêcheurs gagnent regroupés sous la
mal leur vie : il n’en est rien ! 65 % des personnes interrogées ignorent aussi marque Thon rouge
que des programmes de recherche scientifique visent à améliorer la connais- de ligne - pêche
sance de la ressource halieutique et les techniques de pêche. Et près d’un artisanale, sont les
Français sur deux pense qu’on trouve à l’étal environ 45 % de pêche fran- premiers à obtenir
çaise, or ce n’est que 25 %. l’écolabel public
Pêche durable.
DR
Cette certification est
délivrée par FranceAgriMer
(organisme certificateur Certipaq) et concerne
Séduire les Français pour l’instant quinze navires volontaires de
À l’occasion de La Mer XXL à Nantes, France Filière Pêche a invité Méditerranée. Tous pays confondus, c’est
les participants à découvrir les produits de nos côtes dans son la première fois qu’une pêcherie de thon rouge
Fish truck. Le fameux camion de la marque collective Pavillon obtient une écocertification. Elle sera suivie par
France proposait des espèces locales cuisinées par un chef pour les palangriers de l'Île d'Yeu de l'OP Vendée.
redorer l’image des produits de la mer. Le Fish truck était aussi en
tournée estivale, comme ici à Concarneau.

L’Union européenne lève

le carton jaune de Taiwan
La Commission européenne a décidé de retirer son
carton jaune à Taiwan, reconnaissant ainsi les efforts
déployés depuis trois ans en matière de lutte contre
la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
La décision de la Commission vient saluer les moyens
que Taiwan a mis en œuvre, notamment une meilleure
traçabilité des produits de pêche et « les améliorations
S.L.R.

apportées à ses systèmes juridiques et administratifs ».

32 ANNUAIRE PDM 2020

RÉTROSPECTIVE 2019
Un embonpoint irlandais
de 20 tonnes de germon
L’affaire, dévoilée au public quelques
semaines après les faits, avait été l’occa-
sion pour les autorités maritimes françaises
et irlandaises de montrer leur vigilance. Le
26  août, au port de Douarnenez, la base
avancée habituelle des Irlandais pour le ger-
mon, une paire de chalutiers pélagiques du
comté de Cork a été contrôlée en flagrant
délit de débarque supérieure d’une ving-
taine de tonnes à la déclaration du logbook
électronique.
S’agissant de la dernière débarque de la
saison, la pêcherie irlandaise du thon étant
fermée depuis le 24, quota atteint, l’infrac-
tion est plus grave qu’un simple dépassement
durant l’été. Une procédure judiciaire est en
cours, le patron fautif pourrait écoper de
22 500 euros d’amende, l’armateur cinq fois
plus, sans compter les pénalités susceptibles
d’entraîner une suspension d’un mois de sa
licence 2020… Au prix du marché, la fraude
est évaluée à environ 50 000 euros, montant
qui sera saisi par les autorités chez l’ache-
teur (en gré à gré, sans passage en criée), en
garantie du procès à venir.
La fraude, caractérisée, condamnable, est
toutefois à replacer dans le contexte euro-
péen de cette pêcherie disputée. Le quota
2019 irlandais de 2 854 tonnes était quasi-
ment stable (2 845 en 2018), alors que le
AOÛT
français était en hausse notable (de 5 871
à 7 654 tonnes), de même que l’espagnol
(de 15 016 à 16 604 tonnes). La tentation
du trait de chalut bonus, la dernière nuit de
pêche, était grande, par beau temps.
Pratiquant le pélagique toute l’année, les
Irlandais en sont devenus des experts, avec
une électronique embarquée dernier cri, qui
fait mouche. Mais avant de crier haro sur
le baudet irlandais, des germoniers français
pourraient balayer devant leur chalut : quid
du thon rouge rebaptisé naguère chinchard
à queue jaune ?
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
ANNUAIRE PDM 2020 35
 RÉTROSPECTIVE 2019
Les labels à l’assaut PRODUITS
AOÛT

de la restauration collective Du saumon à l’huile d’algues chez Match

Les projets de substitution de poisson sauvage dans
Les derniers textes de l’élaboration d’huiles destinées à l’alimentation
la loi Egalim sont sor- des animaux d’aquaculture franchissent une
tis. Elle offre de belles étape : les supermarchés Match mettent sur le
opportunités en res- marché un saumon frais élevé avec une huile riche
tauration collective en oméga 3 EPA et DHA issus d’algues marines
aux produits bio, sous et produite par Veramaris. À terme, la société
signe de qualité ou américaine disposera d’un outil de production
d’origine, ou certi- susceptible de couvrir 15 % des besoins mondiaux
fiés Pêche durable. Les de la salmoniculture en EPA et DHA. Les saumons
repas servis dans les commercialisés par Match sont élevés en Norvège
établissements publics par Lingalaks dans le fjord de Hardanger.
L.F.de restauration col-
lective devront com-
prendre au moins 50 % de produits sous signe de qualité, bio ou issus d’exploita- Truite fumée 100 % française de Petit Navire
tions ayant une haute certification environnementale. Le bio, en particulier, doit Petit Navire lance sa première truite élevée en mer
peser au moins 20 %. En Europe, l’Irlande est le premier producteur bio de pro- en Normandie puis préparée et fumée en Bretagne.
duits de la mer avec 13 000 tonnes de saumon et 9 000 tonnes de moules (don- Un produit tricolore,
nées 2017). L’Italie est en deuxième position (8 500 tonnes, dont 5 000 tonnes du site de
de moules) suivie de la France  : 4  200  tonnes, dont 2  300  tonnes de truite, production
900 tonnes de daurade et 1 000 tonnes de moules et huîtres. On trouve ensuite situé dans
la Hongrie (carpe) et le Royaume-Uni (saumon et truite). le Cotentin
à l’usine de
transformation
du groupe, à
Quimper.
Capécure pousse les murs

De plus en plus, la filière sort de la zone portuaire aux contraintes mul-
tiples pour investir à l’extérieur de la ville. Freshpack se lance dans la
construction d’un nouveau siège à la conception futuriste (photo).
Plus de 2  millions d’euros d’investissement. Direct Océan, premier
importateur de saumon, va lui aussi engager un projet immobilier
et déménager des ateliers collectifs de marée qui se vident de tous
leurs occupants avant d’être réhabilités. Atlantic Europe a pour sa
part déjà quitté ses ateliers pour s’installer dans un immeuble flam-
bant neuf sur la falaise de Boulogne. Pour réagir face à ces départs,
les syndicats et structures professionnelles de la zone investissent
dans la construction d’un ensemble immobilier de 450 m2 au Portel,
à l’entrée d’une des principales portes d’accès de Capécure.
DR
DR
Fumée au
bois de hêtre,
la référence est disponible depuis le mois de mai
dans la plupart des enseignes de grande distribution
au PVC de 3,90 euros. Le packaging laisse apparaître
le produit et une photo de l’élevage est même
apposée sur l’emballage.
Valoriser les p’tites moules
Le groupement de producteurs Mytilimer a
annoncé, le 27 août, l’installation prochaine
d’un site pilote de traitement des moules trop
petites pour être commercialisées. Les moules
sous taille représentent entre 15 et 30 % de la
production de moules de bouchot en France.
Le procédé, développé par sa filiale Mytililab et
breveté : l’hydrolyse enzymatique, qui sépare la
chair de la coquille. Il en ressort un jus de chair,
l’hydrolysat, destiné à l’alimentation animale ; et
des coquilles propres qui, broyées, peuvent avoir
de multiples applications (bâtiment, bioplastiques,
amendement des sols…). Le site pilote sera installé
en juin 2020 en baie du mont Saint-Michel avec
l’objectif de traiter 330 tonnes de moules. Mytilimer
se donne ensuite deux ans pour ouvrir une usine
dimensionnée pour 1 500 tonnes.

36 ANNUAIRE PDM 2020

RÉTROSPECTIVE 2019
À Granville, le circuit court
de La Petite Laura
Elle aurait été le témoignage parfait pour
la séquence «  La parole aux jeunes  », aux
Assises de la pêche et des produits de la mer,
le vendredi 13  septembre, à Granville, où
trois Normands ont apporté un formidable
souffle d’optimisme à la filière.
Mais un vendredi, après la criée,
Emmanuelle Marie, mareyeuse normande,
file vers Paris pour sa deuxième tournée heb-
domadaire. Elle y sert en direct une trentaine
de restaurants. Les particuliers viennent le
soir retirer leur panier commandé sur son
site. Enfin, le samedi, elle tient sa place au
marché de Levallois (Hauts-de-Seine).
Julien Dumas, le chef du Lucas Carton,
ne tarit pas d’éloges sur sa «  dealeuse  »
préférée de homard, saint-pierre, bou-
quet, mais aussi bulot, merlan, araignée…
Comptez 61  euros l’entrée «  homard-
seiche ». Presque une misère, comparé au
«  homard de Normandie, betterave à la
flamme, kéfir de myrtilles » à 155 euros du
Plaza Athénée, avec Romain Meder, un des
autres chefs favoris d’Emmanuelle Marie.
Chouchoute des médias nationaux, der-
rière l’image glamour se cache un travail
intense : elle exerce seule, faute de trouver
du personnel fiable, selon elle.
La jeune femme de 36 ans, enfant du
sérail, s’est reconvertie en 2013 de l’im-
mobilier à la marée en créant La Petite
Laura, du nom du caseyeur de 9 mètres
SEPTEMBRE
de son mari. Elle privilégie ce sour-
cing familial, comme celui du dragueur
Trafalgar, de son frère, et des chalutiers-
coquillers Stenaca et Monaco du Nord,
qui partagent la même vision d’une
pêche artisanale très qualitative. Mais
tout passe par la criée, dont elle pousse
parfois les enchères.
Même si elle est critique sur le MSC
et ne participe pas, pour l’instant, à des
démarches collectives type Normandie
Fraîcheur Mer, la pêche normande tient là
une ambassadrice de choc.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
ANNUAIRE PDM 2020 39
RÉTROSPECTIVE 2019
24 septembre : la remise des Coups de cœur tant attendue

SEPTEMBRE
Fin du suspense. Trois mois après les dégustations, Traiteur de la mer
le jury des Coups de cœur révèle ses lauréats,
Prix du jury :
lors du Labo de l’innovation. Surgelé les bouchées
On y découvre aussi les vainqueurs du vote Coup double, apéritives
de la filière, avec plus de 600 participants. jury et filière : tataki de MerAlliance
de thazard de Fish is Life

Frais Prix de la filière :

filet de maigre
Prix du jury : mon poisson fumé de JC David
à paner de Delmas

Prix de la filière : le cabillaud

au micro-ondes de Delpierre
de l'innovation Concept
Prix du jury : les chips
de peau de saumon
de Sea Chips
Épicerie
Prix du jury : les filets d’esturgeon
de La Quiberonnaise Prix de la filière : guacamole
et houmous aux algues
Prix de la filière : tsukudani de kombu de GlobeXplore
et yuzu kosho de Bord à Bord

Ça plane pour moi…

Une filière
bien inspirée Pour les pêcheurs de crevettes seabob, en Guyane, qui décrochent
le MSC. Ils se sont donné les moyens : zone protégée, sélectivité
pour diminuer les captures accessoires, surveillance par caméra
embarquée…

DR Pour les huîtres Nature et Progrès,

commercialisées dès cet automne.
Des huîtres nées et élevées en mer,
selon un cahier des charges élaboré avec
. l’association Ostréiculteur traditionnel.
T.N

L.Fa.
Cinq professionnels se lancent.
Premier acte, les Assises de
la pêche et des produits de la mer Pour les PME : les conserveries Chancerelle
à Granville les 12 et 13 septembre. Les jeunes et Gendreau, ainsi que la maison de salaison
professionnels de la pêche, l’ostréiculture et la marée Fournier et Fils cumulent les labels Entreprise
en ont mis plein la vue à leurs aînés. Qui se sont bien du patrimoine vivant (EPV) et PME +,
défendus sur leur gestion du bulot et de la saint-jacques. sur la responsabilité sociale.
Reste à s’inspirer de la communication 2.0 des filières
DR

Pour Delanchy qui inaugure une

agricoles pour contrer le « bashing » dénoncé par
implantation Frigo Transports sur le Min de Toulouse-Occitanie,
le ministre Didier Guillaume.
après sa nouvelle plateforme de La Gravelle (Mayenne) en juin.
Deuxième acte, le Labo de l’innovation à Rennes
le 24 septembre. Avec une filière qui s’engage en mode
Pour le rayon traiteur frais, avec
durable et local pour valoriser les poissons d’eau douce,
une croissance de 15,1 % en trois
les coproduits, la pêche du coin, la coculture… Et de
ans ! Mais pas question de se reposer
belles initiatives pour réduire l’impact environnemental,
sur ses lauriers, la filière innove pour
du côté des emballages comme du transport.
garder le rythme.
DR

ANNUAIRE PDM 2020 41

RÉTROSPECTIVE 2019
Les huîtres de Didon Marée
s’envolent pour Riyad
Difficile de confondre ces gigas élevées
en filière, sur 30  hectares de concessions
dans le lac de Bizerte (Tunisie), avec des
huîtres de la côte atlantique. La graine
vient certes de France Naissain, mais ces
n° 2 d’à peine un an, que présente Mehdi
Douss, patron du groupe La Marée, mai-
son mère de Didon Marée, ont l’allure des
huîtres qui poussent vite. Ces spéciales au
taux de chair de 15 %, une fois purifiées,
seront soigneusement emballées et s’envo-
leront pour l’Arabie saoudite. Avec des lan-
goustes et gambas, vivantes, et des mérous
et dentis ainsi que d’autres espèces nobles
de la pêche tunisienne.
À La Goulette, près de Tunis, Didon Marée
est le principal mareyeur-exportateur-arma-
teur du port. Naoufel Haddad (à droite),
ingénieur halieute qui a longtemps travaillé
au ministère de la Pêche, dirige l'entreprise
de 120  salariés avec Nefi Douss, le gérant,
cousin du grand patron. Ce dernier est arrivé
la veille de Moscou, où il demeure. C'est
aussi le siège de son groupe La Marée. Il avait
choisi en 1981 le grand pays soviétique pour
faire ses doctorats de mathématiques puis de
ponts et tunnels. Il a finalement fait fortune
en devenant l’un des leaders russes du com-
merce du bois et de l’import de produits de
la mer et autres aliments haut de gamme.
OCTOBRE
D’un premier colis de 20 kg de poissons
tunisiens commandé pour un ami chef en
1988, La Marée était arrivée à un chiffre d’af-
faires de 100 millions d’euros, à la veille de
l’embargo décrété en 2014 par le président
russe Vladimir Poutine. L’activité pèse encore
40 millions d’euros pour 450 salariés. Sans
compter les 700 salariés des six restaurants
La  Marée, de Moscou, Saint-Pétersbourg,
Monaco et bientôt celui de La  Goulette.
À 59 ans, Mehdi Douss, fils d’un instituteur
de Ksar-Hellal (à côté de Monastir), a encore
beaucoup de projets pour son pays.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
ANNUAIRE PDM 2020 43
 RÉTROSPECTIVE 2019
Commerce extérieur Tendances des échanges
OCTOBRE
Le congelé d’abord
1,527 Mt Exportations en volume
des principales espèces en 2018 Les échanges les plus importants portent sur des
produits congelés puis sur du vivant, frais et réfrigéré.
Le déficit du commerce Autres espèces
Thon
extérieur français 12 %
33 %
Percée du lieu noir à l’export
des produits de la pêche Autres poissons Le trio de tête à l’import reste
et de l’aquaculture, en poids 31 % saumon, thon, crevette, en
net, en 2018. Les données volume et valeur. À l’export :
publiées par FranceAgriMer saumon, thon et lieu noir, qui
montrent que ce déficit se ravit la troisième place à la
creuse constamment : depuis crevette en volume.
L.F.
1998, les importations ont
Seiche Saumon
grimpé de 1,3 à 1,9 million 3% Lieu Va-et-vient du thon
7%
de tonnes. Et les exportations, 5% Les données laissent apparaître des flux
Crevette Huître
de 387 513 à 395 471 tonnes. 4% 5% importants de thon vers les Seychelles, la Côte
Source : FranceAgriMer d’Ivoire et les Maldives. Il s’agit des captures des
armements français qui livrent leurs usines.
La principale origine des importations est la Norvège, suivie par le Royaume-Uni,
puis l’Espagne et l’Équateur. Mais les expéditions françaises s’effectuent en grande majorité
vers des pays voisins. En tête : Espagne, Italie, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni et Pays-Bas.

Du thon Label rouge

Leçon de fraîcheur
Pas de scandale suite à la publication du
numéro d’octobre de Que Choisir, mais
un vif rappel de quelques vérités de la
filière en termes de fraîcheur.
Le magazine a testé 50 découpes
de poisson en GMS. Sur les 37 échan-
tillons en frais… 16 sont qualifiés de
médiocres ou mauvais. Pas brillant ?
Surtout une opportunité d’informer
DR
Chancerelle a lancé en octobre une conserve
de thon albacore Connétable Label rouge,
signe de qualité supérieure. Avec aussi des
gages de durabilité : il doit s’agir d’un pois-
son adulte ayant eu le temps de se repro-
duire, mais à la chair encore tendre, donc
pesant entre 20 et 50 kg. Et pêché sur banc
libre. Dans la boîte, des tranches issues à
100  % des filets, mises en boîte
crues et cuites à la stérilisa-
tion, dans la conserverie

sur la fragilité des gadidés, la logistique douarneniste. Avec le nom

(qui implique que le poisson peut être sorti de la mer depuis dix jours du navire permettant de
lorsqu’il arrive sur l’étal), les petits plus du surgelé, et surtout ceux de Pavillon France connaître la méthode et la
et des conseils avertis d’un bon poissonnier. zone de pêche.

Chaud et froid sur l’aquaculture 31 OCTOBRE :

LE BREXIT N’AURA
Le Danemark à contre-courant TOUJOURS PAS LIEU !
Alors que la production mondiale aquacole grimpe toujours, le Danemark fait une annonce à contre-
L’imminence du divorce
courant : il interdit la création et l’expansion d’installations aquacoles en mer. « Le Danemark a atteint
entre l’Europe et le
une limite pour l’environnement », estime Lea Wermelin, la ministre de l’Environnement. Un « sérieux
Royaume-Uni a encore fait
revers pour l’industrie », déplore le président de la fédération d’aquaculture danoise, Brian Thomsen.
trembler. Notamment au
salon Itechmer, à Lorient
Grandes ambitions en Russie mi-octobre, avec l’espoir
La Russie, privée de saumon de Norvège par l’embargo, veut au contraire doper son élevage. La que le nouvel accord soit
consommation a chuté de 150 000 à 60 000 tonnes par an. Russian Aquaculture construit une véritable ratifié… Pour finalement
industrie locale dans le nord. En cinq ans, la société a investi près de 200 millions d’euros pour passer de aboutir à un nouveau
6 000 à 20 000 tonnes de production et vise 35 000 tonnes d’ici 2025. report, à fin janvier 2020.
Wait and sea !

44 ANNUAIRE PDM 2020


NOVEMBRE
La Sablaise
met les bouchées doubles
Depuis l’été dernier, Fanny Berthomé, après
deux années en production, accueille les
visiteurs au comptoir de La  Sablaise, un
élégant showroom de 100  m2. Au-delà
du simple magasin de vente directe, Marie
Bevillon préfère parler d’«  expérience
client  », avec un espace dégustation et
des ateliers culinaires. La dirigeante de la
conserverie d’Olonne-sur-mer, à quelques
kilomètres du port vendéen des Sables,
et son équipe de 30  salariés fourmillent
d’idées pour faire découvrir leur entreprise.
Avec un taux de croissance à deux
chiffres, l’agrandissement était indispen-
sable et possible in situ. La surface a été
46 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
doublée, passant à 2 500  m2 au cours
de travaux étalés entre  2018 et  2019.
L’occasion unique d’y inclure ce comptoir,
qui propose, entre autre, une visite virtuelle
scénarisée à 360° de la chaîne de valeur, en
4 minutes de vidéo.
Le film commence par un embarque-
ment sur le côtier sablais La Fille du Vent,
dont la pêche est ramenée par l’époux de
Marie Bevillon, le photographe Antoine
Martineau, qui a longtemps codirigé la
PSMA (pour Plats et soupes Martineau
artisanales) La Sablaise créée par son père
en 1990. Les images qui suivent sont bluf-
fantes, en immersion dans les ateliers à
suivre le process des marinades d’anchois
du golfe de Gascogne, unique en France.
C’est le plat signature de cette PME qui va
atteindre les 4,5 millions d’euros de chiffre
d’affaires.
L’agrandissement a aussi été l’occa-
sion d’éliminer au maximum les tâches (de
manutention entre autres) sans valeur ajou-
tée, mais les gestes, le savoir-faire, la qua-
lité des matières premières demeurent,
garantes du résultat final que les consom-
mateurs plébiscitent toujours plus.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL
RÉTROSPECTIVE 2019
Fournir la restauration : les pros du poisson bien placés 28,84 milliards d’euros

Le top 20 des réseaux de distribution ali-
mentaires en RHD en 2019, édité par Zepros
Distributeurs RHD, recense les noms de
Metro Cash & Carry France, Groupe Pomona,
Sysco France, Transgourmet France, Vivalya,
Promocash et Creno. Le classement est établi
sur les chiffres d’affaires hors taxes déclara-
tifs des entreprises en 2018.
Au top 100 des distributeurs indépen-
dants de la RHD (alimentaire ou non),
le réseau Le Saint, le groupe Mericq et
R & O Seafood Gastronomy trustent le
podium. On retrouve aussi dans les 100 :
Demarne, J’Océane, le groupe Ame Haslé,
Ribégroupe, Comptoirs Océaniques,
Margain Marée et Blanc.
NOVEMBRE
Le poids du marché de la RHD en 2018, selon
Gira Foodservice. Les grands noms des produits
de la mer portent clairement un grand intérêt à
un secteur en croissance régulière, de 3,4 % pour
la dernière année. Ce marché est porté à 60 % par
les grossistes et à 11,8 % par les cash and carry.

Metro Cash &

Carry France Le Saint R & O Seafood
Groupe Pomona Mericq Gastronomy
France Frais

Réseaux Indépendants

DR
L’aquaculture du saumon dans tous ses États
Après le Danemark au frein et la Russie qui met En Norvège, peu ébranlés par
le turbo, la pression sur la salmoniculture enfle tous ces remous, les rois du sau-
au Canada  : demandes de fermeture de sites mon sont distingués pour leur
pour favoriser la migration du saumon sauvage ; responsabilité sociale et environ-
bascule de cages marines à des systèmes confi- nementale (RSE)  : quatre entre-
nés en Colombie-Britannique ; et scandale suite prises aquacoles norvégiennes
à la mort, déclarée tardivement, de 2,6  millions font partie du top  10 du Coller
de saumons dans les fermes de Northern Harvest Fairr protein producer index 2019,
(groupe Mowi) à Terre-Neuve-et-Labrador. qui mesure les performances
Au Chili, les échappements de cette espèce RSE des 60  plus grands produc-
L.F.

invasive et prédatrice font grincer des dents,
avec de nouveau des milliers de  saumons en
cavale. Second producteur mondial derrière la
Norvège, avec 631 000 tonnes, le Chili a réguliè-
rement des fermes sanctionnées pour ces fuites
ou l’usage d’antibiotiques.
Aux Hébrides en Écosse, Scottish
Salmon Company (SSC) a été rache-
tée par le féringien Bakkafrost. Il a
acquis 69 % de Northern Link, action-
naire principal de SSC.
teurs mondiaux de viande, pro-
duits laitiers et produits de la mer
cotés en Bourse. Mowi arrive en
tête, suivi par Lerøy en 3e  posi-
tion, Grieg Seafood à la 6e place
et Salmar en 9e.

La marée boulonnaise Le MSC, ça se mérite ! La jeune femme et la mer

a ses locaux Pavillon France valorise le métier de pêcheur
Le syndicat des mareyeurs de Capécure a dans un court-métrage à retrouver en gare,
inauguré de nouveaux locaux : salle de confé- dans les médias et sur les réseaux sociaux en
rence, bureaux, showroom de 200 m2… Il novembre et décembre. Une belle histoire de
abritera un salon des métiers de la mer pour transmission de père en fille… et vice-versa !
les mareyeurs. Le syndicat a aussi mis en
place une cellule commerciale pour ramener
S.L.R.

du poisson à la criée de Boulogne.

Après la sardine et le maquereau, le MSC
retire sa certification au cabillaud de la mer
du Nord. « Le déclin du stock est préoccu-
pant », justifie le MSC, qui estime être dans
son rôle en « s’attaquant aux menaces qui
DR

DR

pèsent sur la durabilité des stocks. »

ANNUAIRE PDM 2020 49


DÉCEMBRE
Le Fumoir de l’Enfer ouvre
ses portes à Douarnenez
Vendredi 13  décembre, la date était
immanquable pour ouvrir, juste à temps
pour les fêtes, le Fumoir de l’Enfer dans
une échoppe du Port-Rhu. C’est le nom
choisi par Christophe Maguet lorsqu’il a
créé, en septembre, son autoentreprise de
fumaison artisanale de produits de la mer.
Un nom dérivé du breton «  an gwern  »,
le marais, qui occupait naguère le fond de
cette ria de Douarnenez.
Point de purgatoire ici, au contraire.
L’homme de 48 ans aime plutôt se pré-
senter comme un «  créateur d’émo-
tions, créateur de fumée  ». Du goût,
du plaisir, il y en aura à la dégustation de
ses poissons fumés maison. Christophe
50 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
Maguet achève l’aménagement cosy
d’une ancienne cabane des estacades
du port-musée appartenant à la ville de
Douarnenez, libre depuis des mois.
Mais ses plateaux apéros à emporter
cartonnent déjà : comme son best-seller à
30 euros pour 600 grammes d’un assorti-
ment de cinq espèces. Selon les arrivages
et l’inspiration du chef, du lieu jaune fumé
à l’érable et laqué au miel et yuzu, du merlu
aux douze épices, de la truite à la menthe,
du saumon à l’Eddu (whisky de blé noir de
Plomelin) ou encore du thon rouge fumé au
bois d’hickory.
Les recettes, minutieusement mises au
point, testées et approuvées par les amis
depuis un an, sont aussi rock and roll que
l’est le patron, cuisinier bourlingueur depuis
35 ans, ancien de la Marine nationale.
Depuis six ans, il est responsable de
la restauration du pôle petite enfance à
Douarnenez communauté. Ce natif de
Plouzané a été apprenti au bord du Loch
Ness, chef d’un palace en Californie et a
arpenté l’Asie. Christophe Maguet sou-
haite avancer prudemment mais passera
sans doute prochainement à temps partiel
sur son emploi principal pour consacrer plus
de temps à la fumaison. Vous faites quoi le
13 décembre ?
Texte et photo : Lionel FLAGEUL

Du poisson deux fois par semaine ?
DÉCEMBRE
MOIS
La population française en est loin !
Seul un tiers respecte les recommandations
du Programme national nutrition santé.
Un autre tiers se limite à une fois par semaine.
Le tiers restant est en dessous…
Fréquence de consommation
des produits aquatiques
moins d’une fois
par semaine
deux fois
une fois par semaine
par semaine et plus
C’est dans l’air…
❚ Quotas 2020 : ce qui se mijote
Les propositions laissent redouter des
baisses d’approvisionnement sur le
cabillaud de mer Celtique, mais l’églefin
sera abondant. En 2020, tous les stocks
doivent être au rendement maximum
durable (RMD). Avec déjà une amélio-
ration en Atlantique nord-ouest  : la bio-
masse a augmenté de 36  % entre  2003
et 2017.
❚ Parasitisme : à bras-le-corps
La filière s’attaque aux vers Anisakis : mise
au point d’un outil de nettoyage des pois-
sons (projet Attila) ; destruction des vers
Bientôt Noël…
Saumon : la collection
hiver de Labeyrie
Labeyrie place
le goût comme
point d’entrée
de sa gamme de
saumon fumé :
le boisé d’Écosse, le savoureux de Norvège,
le sauvage intense… Mais aussi la découpe :
fondants, émincés, cœur de filet, etc. L’offre
en truite est revue selon la même logique.
Avec des animations en magasin prévues.
52 ANNUAIRE PDM 2020
RÉTROSPECTIVE 2019
Consommation moyenne Des produits
de produits aquatiques (en g/jour) très dynamiques
30
Certains produits enregistrent
25
de belles croissances :
2010
20 2013 x 1,8 en quatre ans pour la truite fumée
2016
15 x 3,4 pour la truite fumée bio
10 x 5 pour la moule bio
5
x 2 pour la truite entière en un an 
Aussi en vogue : le poisson frais
enfant adulte préemballé et le lieu noir à la découpe.
Ces succès s’expliquent par la maîtrise
La consommation est en repli depuis
du prix, la praticité, l’identité et
une dizaine d’années. Les enfants en particulier
la durabilité. Avec « l’innovation
mangent trop peu de poisson. Chez les adultes,
comme levier », pointe FranceAgriMer.
la classe d’âge joue moins que les critères
de revenus, profession et lieu de résidence.
dans les viscères à bord, avant rejet en ❚ Poissonnier connecté
mer (projet Stella) ; et étude de la migra-
De jeunes diplômés ont lancé une pla-
tion viscères-chair et des conditions de
teforme numérique pour faciliter la ges-
congélation pour limiter les risques diges-
tion d’un rayon poissonnerie : Hublot. Les
tifs (projet Freezani).
premiers essais en GMS sont prometteurs.
❚ Mowi reconstruit à Landivisiau
Fin 2019 débute la construction de la nou-
velle usine de fumaison de Marine Harvest
Kritsen, filiale du groupe norvégien Mowi,
à Landivisiau (Finistère), après l’incendie
de 2018. Le nouveau site, très automatisé,
devrait être opérationnel début 2021. Ce
sera le véritable lancement de la marque
G.J.
du norvégien en France.
Un écrin en bois Essayez l’ikejime…
pour les algues L’abattage japonais est à la
C’est enfin le début de mode. Il préserve à merveille les
commercialisation de la BBC Pack qualités du poisson. Pêcheurs,
de Blanchet, barquette en bois, criées, négociants, transpor-
sans agrafes, étanche et teurs, détaillants, se penchent
DR
operculable sous sur les meilleures façons de
atmosphère modifiée, garder le poisson vivant puis de
mise au point avec le tuer sans stress. Avec des pra-
Haliocéan. Premier client, tiques encore très inégales, mais
GlobeXplore pour ses les professionnels tentent peu à
peu d’y mettre de la méthode.
DR
salades d’algues fraîches.