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ISSN 1662 – 4599 15 novembre 2010

Horizons et débats
Horizons et débats
10e année
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Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
Edition française du journal Zeit-Fragen

Pour mémoire: du «Parti de la paix» au bellicisme


Le SPD et les Verts dans le débat de 1999 sur le Kosovo
par Kurt Gritsch*
En 1999, l’OTAN mena sa première guerre out dominantes. Selon Deppe, dans le nouvel
of area, ce qui, pour l’Allemagne, qui parti- ordre mondial caractérisé par la «globalisa-
cipa à l’«operation allied forces», représenta tion» se sont manifestées «des contraintes
sa première activité militaire depuis 1945. économiques auxquelles la politique [devait]
Pourtant les élites politiques responsables de se soumettre.20 Et là, la politique ne repré-
cette nouvelle politique n’appartenaient pas, sentait qu’une tactique plus radicale au sein
comme on aurait pu le penser jusqu’à la fin de la politique cohérente des «idéologues de
de la guerre froide, à la droite conservatrice. la troisième voie, du nouveau centre et de la
Comme dans beaucoup d’autres pays mem- nouvelle social-démocratie»:
bres de l’OTAN, ce sont des partis de gauche
«La guerre d’un nouveau type est la forme
qui étaient au pouvoir en 1999. Aussi bien
violente, mais pure, de ce que Stephen Gilt
les partisans que les adversaires du bom-
[…] a qualifié de disciplinary neolibera-
bardement de la Yougoslavie reconnaissent
lism, c’est-à-dire le libéralisme dans son
l’importance de ces partis dans la justifica-
passage de la libération du marché à la
tion de l’«intervention humanitaire», préten-
disciplinarisation politique (et militaire),
dument destinée à protéger les Albanais du
la libéralisation du marché n’ayant aucu-
Kosovo menacés par la Serbie.
nement supprimé les contradictions qu’elle
voulait surmonter mais les a plutôt renfor-
Seul un gouvernement «rouge-vert» a pu
cées et a créé de nouvelles contradictions et
engager l’Allemagne dans une guerre «sans
de nouveaux conflits. C’est pourquoi l’as-
exposer la société allemande à une épreuve
pect répression politique passe maintenant
qui aurait dépassé par sa gravité et son carac-
au premier plan.»21
tère menaçant tous les débats de politique Pont de Vavarin après son bombardement par les avions de l’OTAN. Plusieurs civils inno-
intérieure.»1 Cela dit, le lieu commun de l’an- cents furent tués délibérément. «Le politologue Elmar Altvater, un des pères fondateurs des Encore au milieu des années 1990, de nom-
tifascisme de gauche a été utilisé pour jus- Verts et une de leurs meilleures têtes pensantes, reprocha notamment aux Verts de soutenir breux Allemands avaient placé leurs espoirs
tifier les attaques aériennes.2 De même que une politique étrangère qui était non seulement responsable d’une guerre illégale mais qui de paix dans la politique des sociaux-démo-
approuvait et soutenait des crimes contre l’humanité.» (photo Hans Wallow)
les Etats-Unis avaient libéré l’Allemagne de crates et des Verts. Qui d’autre pouvait le
la terreur hitlérienne, les Allemands devaient politique de suprématie que les milieux de la des deux partis de s’imposer en tant que par- faire que la génération des anciens soixante-
maintenant libérer la Yougoslavie du dicta- CDU (Union chrétienne-démocrate) ou du tis gouvernementaux responsable de ce que huitards dont, plus tard, beaucoup de mem-
teur Milosevic: FDP (Parti libéral). Il en va de même pour «presque toutes les nouvelles idées de l’ac- bres des partis gouvernementaux s’étaient
plusieurs autres pays membres de l’OTAN. cord de coalition ont été abandonnées, y engagés en faveur du mouvement pacifiste?22
«Cette réanimation du spectre hitlérien est
La métamorphose des «colombes» en «fau- compris la promotion des recherches sur la Mais ce fut le contraire qui arriva. Les diri-
surtout dirigée contre les Allemands oppo-
cons»5 pour des raisons morales a eu lieu paix».11 A vrai dire, l’espoir d’une politique geants du SPD se laissèrent, dès février 1994,
sés à la guerre et le mouvement pacifiste du
aussi bien aux Etats-Unis qu’en Allemagne. étrangère pacifique était devenu fragile au préparer idéologiquement à une attaque de
pays. […] Elle se manifeste surtout dans les
Les Verts ont fortement contribué à «obte- vu des déclarations bellicistes de Fischer12 et l’OTAN contre la Yougoslavie par le polito-
médias qui n’ont de cesse de présenter la
nir un large consensus dans la politique alle- de Schröder13 lorsqu’ils étaient dans l’oppo- logue Tilman Fichter,23 responsable de 1986
guerre comme une chose naturelle.»3
mande et dans l’opinion publique en faveur sition et lorsqu’ils sont venus au pouvoir, il à 2001 de la formation des têtes du parti bien
A vrai dire, les Etats-Unis n’avaient pas vaincu de l’intervention de l’OTAN».6 Alors que la fut encore plus ténu. Dans sa réactivation de que sa majorité eût déposé – sans succès –
tout seuls l’Allemagne nazie. Outre les alliés gauche allemande, comme les libéraux amé- l’idée d’user de la force comme d’un instru- avant l’«épisode clé de Srebrenica», une
occidentaux britanniques et français, l’Union ricains, invoquait les droits de l’homme et ment de politique étrangère et par conséquent plainte devant la Cour constitutionnelle con-
soviétique avait porté le poids le plus lourd et en particulier l’antifascisme, la gauche amé- de l’adoption d’une position fondamentale- tre les engagements de soldats allemands à
avait libéré, en plus d’Auschwitz, de nombreux ricaine fondait son bellicisme sur l’«idée du ment conservatrice, la coalition bénéficia du l’étranger.24 C’est ainsi qu’échoua l’aile paci-
camps d’extermination d’Europe de l’Est. pluralisme culturel, de la coexistence pacifi- fait que les deux partis étaient «les seuls qui fiste du parti vis-à-vis à la fois de la Cour et
Cependant, l’URSS ne combattait pas le Troi- que de différentes cultures et religions.»7 faisaient la guerre et paralysaient en même de la direction du parti. Quels arguments la
sième Reich pour des raisons humanitaires. La tentative du gouvernement CDU/FDP temps les manifestations de rue».14 En 1979 direction du parti avança-t-elle? Il s’agissait
Pas plus que les Américains, qui n’étaient d’Helmut Kohl de réviser l’ordre de l’après- déjà, le sociologue Ralf Dahrendorf avait de «prendre ses responsabilités».
pas entrés en guerre à cause de Pearl Har- guerre n’a pas surpris après la réussite de la constaté que ce n’était pas un hasard si des
«Car la tentative [sic!] de génocide des
bour ou pour sauver les juifs mais parce qu’ils «réunification». Par contre, le fait que les sociaux-démocrates de droite devenaient
Allemands et des Autrichiens à l’encontre
voyaient leurs intérêts politiques et géostraté- sociaux-démocrates et les Verts étaient très des conservateurs très résolus. En effet, tan-
des juifs d’Europe à Auschwitz oblige tout
giques menacés dans le Pacifique.4 Pour cette favorables aux efforts du pays pour faire, après dis que ces derniers étaient à la recherche de
simplement les démocrates d’Allemagne (et
raison déjà, une justification de l’attaque de 1945, de l’Allemagne à nouveau une puis- programmes fondamentaux, les premiers se
d’Autriche) à s’engager sans ambiguïté en
la Yougoslavie fondée sur la Seconde Guerre sance militaire a plutôt surpris si l’on envisage contentaient d’un minimum en matière de
faveur des droits de l’homme et des liber-
mondiale est contestable. Une obligation éthi- les choses superficiellement. Toutefois, dans programme et de gouvernement, «ils ne con-
tés civiques.»25
que justifiée par «Auschwitz» devrait aboutir le programme du SPD en vue des élections testaient pas les idées économiques et socia-
à une guerre fondée sur des intérêts exclusive- législatives de 1998, il était dit que la Bun- les dominantes et ne se préoccupaient que Grâce au soutien actif des Verts, l’Allema-
ment humanitaires, ce qui n’a jamais eu lieu deswehr servait à la défense du pays et à celle de law and order et de l’administration de gne est finalement redevenue, 50 ans après la
dans l’histoire. Aussi une menace de génocide de la zone couverte par l’OTAN et ne pouvait ce qui existait».15 Et cela parce que la social- fin de la Seconde Guerre mondiale, une puis-
ne peut-elle être combattue de manière crédi- être engagée au-delà que pour des missions démocratie, face à l’institutionnalisation de sance militaire active.26 Et quasiment du jour
ble que par des organisations civiles pluralis- de paix mandatées par l’ONU ou l’OSCE. la démocratie, de la prospérité générale et au lendemain, avec l’accord d’une majorité du
tes et hétérogènes comme l’OSCE ou l’ONU. L’OTAN fut qualifiée d’alliance défensive et des droits de l’homme, était parvenue à son Bundestag en faveur d’une modification de la
Ce préambule était nécessaire pour permet- l’on insista sur le fait que seule l’ONU déte- terme. Comme le grand programme était réa- Constitution, un changement de paradigme se
tre de mieux comprendre la présentation des nait «le monopole global de la force en vue lisé, ses défenseurs se contentaient du rôle de produisit qui surprit même les conservateurs
bombardements comme une «guerre juste» d’assurer la paix dans le monde»8 et l’on pou- conservateurs.16 Même si le consensus social- par sa soudaineté.27 Même des opposants à
par des politiciens de gauche en Allemagne, vait lire dans l’accord de coalition entre le démocrate survivait encore un certain temps, l’intérieur des partis adoptèrent ce consensus.
présentation qui fut d’autant plus convain- SPD et les Verts que «la politique étrangère c’en était fait de lui parce qu’il n’apporterait La gauche du SPD autour du «Cercle de Franc-
cante que le SPD (Parti social-démocrate) et allemande [était] une politique de paix».9 Les plus aucun changement et provoquerait même fort» et de son porte-parole Detlev von Larcher
les Verts s’étaient servis par le passé du slo- engagements de soldats allemands à l’étran- des contradictions.17 s’efforça, après le début des bombardements de
gan «Plus jamais de guerre». Prétendument ger devaient, toujours selon ce texte, être con- C’est dans ce contexte qu’il faut envisager l’OTAN, d’obtenir la fin des opérations militai-
de gauche, ils ont pu conquérir à un moment formes au droit international. On y mentionne le comportement de renégate de la gauche res, mais il ne parvint à s’imposer28 ni contre la
historiquement favorable des positions con- même le conseil d’irénologues et la promotion d’autrefois qui avait abandonné les anciennes majorité de Schröder ni contre le membre de
servatrice telles que la remilitarisation de la de l’irénologie.10 Comment, dans ces circons- formules idéologiques et adopté des positions la direction du parti Hermann Scheer ni contre
politique étrangère allemande d’autant plus tances, a-t-on pu en arriver à cette violation du qu’elle avait critiquées antérieurement. S’agit- le Groupement des juristes sociaux-démocra-
facilement qu’en raison de leur histoire, ils droit international que constituait la participa- il, chez ces «traitres»18, d’opportunistes ou de tes (ASJ) présidé par Klaus Hahnzog.29 Lors
apparaissaient moins suspects en matière de tion à la guerre aérienne? personnes dont les idées avaient évolué?19 du Congrès extraordinaire du SPD du 12 avril
En tout cas, le sociologue Frank Deppe a, à Bonn, une large majorité vota en faveur de
*
Kurt Gritsch, né en 1976 à Merano (Sud-Tyrol/ Une social-démocratie le 7 septembre, critiqué le fait que de nom- la politique kosovare du gouvernement rouge-
Italie), a étudié l’histoire et les lettres alle- en crise et en mutation breux politiciens de gauche n’ont pas ana- vert.30 Il y eut des discussions au sein du parti
mandes à Innsbruck et à Rome. Il a obtenu en
2009, à Hildesheim, le titre de docteur en his- Hans Joachim Gießmann, du Center for lysé le pouvoir et les intérêts en jeu et ont des Verts et pas seulement lors du Congrès du
toire contemporaine avec mention très honorable. European Peace and Security Studies de été incapables ou se sont défendus d’exa-
(kurt. gritsch@hotmail.com) Hambourg, a, en juin 1999, rendu le besoin miner de manière critique les légitimations Suite page 2
page 2 Horizons et débats No 44, 15 novembre 2010

«Pour mémoire …» géostratégiques, il était difficile pour la coa- paix sans recourir aux armes», on était passé son camarade de parti favorable à l’interven-
suite de la page 1 lition gouvernementale de modifier l’opinion à «la paix par la force des armes».37 L’impé- tion, il déclara notamment ceci:
de la base. Cela vaut tout particulièrement ratif moral emprunté au mouvement pacifiste
«Je suis tout à fait convaincu que les sol-
parti du 13 mai à Bielefeld où un opposant jeta pour les Verts qui, contrairement au SPD, fit que l’on considéra comme dénués d’intérêt
dats allemands attiseraient le conflit au
un sachet de peinture contre Joschka Fischer. s’étaient longtemps opposés à l’intégration de tous les arguments ne relevant pas de cette
lieu de l’apaiser là où pendant la Seconde
Angelika Beer, porte-parole pour la politique l’Allemagne dans l’OTAN. L’assouplissement noble attitude éthique.38
Guerre mondiale la soldatesque d’Hitler a
de défense favorable à l’intervention, adressa de leur attitude de refus à l’égard de l’usage On constate que le SPD et surtout les Verts
sévi. […] C’est mon grand problème […]
de graves reproches au ministre des Affaires de la force est dû au fait que dans les années eurent plus de peine à convaincre leur base de
quand je vois comment le gouvernement
étrangères après la publication de détails du 1990, la «guerre de Yougoslavie» fut interpré- l’option militaire que les chrétiens-démocrates
fédéral cherche à entraîner le Bundestag
texte de Rambouillet31 mais même les pro- tée comme un excès – supposé ou réel – de et les libéraux, mais qu’ils le firent de manière
dans la guerre en Bosnie en faisant vibrer
testations des membres pacifistes ne servi- déplacements de population et d’actes génoci- plus «juste», c’est-à-dire à l’aide d’arguments
la corde humanitaire.»44
rent à rien. Le politologue Elmar Altvater, un daires. Le virage décisif se produisit lorsqu’on fondés sur la morale. En tant qu’opposition, la
des pères fondateurs des Verts et une de leurs se détourna de l’ONU, jugée inadéquate, CDU et le FDP auraient plutôt dû s’opposer à Mais qu’est-ce qui fit de l’opposant Fischer un
meilleures têtes pensantes, démissionna alors. pour se tourner vers l’OTAN. L’instrumen- cette politique belliciste, mais on ne s’attendait partisan de l’intervention? Le 19 avril 1999,
Il reprocha notamment aux Verts de soutenir, talisation de la guerre civile yougoslave ser- pas à ce qu’ils le fassent car la CDU n’était il déclara qu’il avait changé d’avis depuis
à travers la décision de Bielefeld, une politique vit à considérer l’Alliance atlantique comme pas fondamentalement opposée à un engage- Srebrenica car il avait compris «qu’une atti-
étrangère «qui [était] non seulement responsa- un moyen mieux à même de résoudre le pro- ment militaire au-delà des frontières alleman- tude conciliante à l’égard de Milosevic aurait
ble d’une guerre illégale mais qui approuvait blème que les missions de paix des Nations des. Cela explique qu’on ait présenté le régime pour effet d’entraîner de nouvelles fosses com-
et soutenait des crimes contre l’humanité.»32 Il Unies. Ce qui fut déterminant est qu’on envi- autoritaire de Milosevic comme une dictature munes».45 Ce faisant, il instrumentalisait l’évé-
accusa son parti de poursuivre avec l’OTAN sagea la guerre civile selon les paramètres de fasciste car pour dissimuler le changement nement qu’aujourd’hui encore les médias et
un objectif militaire qui excluait toute solution la Seconde Guerre mondiale en attribuant le d’attitude préparé de longue date et qui fut les sociétés occidentales considèrent comme
politique en entraînant soit la capitulation de «rôle de nazi» à un des camps, c’est-à-dire à finalement mis en pratique après l’accession une preuve du génocide commis par les Ser-
la Yougoslavie «telle qu’elle était prévue par la Serbie. Alors que toutes les parties avaient de la gauche au pouvoir, celle-ci adopta le con- bes. Or ce qui rend sceptique à ce sujet, ce ne
le diktat de Rambouillet (la culture politique des camps de prisonniers et que le nombre de cept américain d’«Etat voyou».39 sont pas seulement les très nombreuses sour-
empêche de parler ici d’un accord) ou l’anéan- ces derniers n’était pas disproportionné par Opposé jusqu’à la fin de 1994 à l’inter- ces dont nous disposons maintenant à propos
tissement du pays et de ses habitants et peut- rapport aux forces armées - comme la Croix- vention de l’OTAN, Joschka Fischer chan- de Srebrenica46 ou la contestable recherche de
être davantage.»33 A Bielefeld, la majorité des Rouge internationale l’a constaté à l’été 199236 gea d’attitude de manière si déterminée40 la vérité du Tribunal de La Haye47. En 1999,
délégués franchirent le Rubicon. Altvater se – les camps de prisonniers se muèrent, pré- qu’en juin 1998, le ministre de la Défense des participants au débat s’élevèrent égale-
montra impitoyable à l’égard de la politique de cisément au sein de la gauche politiquement Volker Rühe (CDU) craignit d’être doublé ment contre l’instrumentalisation de Sre-
Fischer: sensible, en particulier chez les Verts, en dans sa demande d’intervention militaire en brenica par les partisans d’une attaque de la
camps de concentration. Et en même temps, Yougoslavie.41 Ainsi, un homme qui, lors- Yougoslavie par l’OTAN qui considéraient le
«La justification de la décision de Bielefeld
on ne perdit pas de vue, intentionnellement qu’il était jeune, cassait du policier en tant massacre comme un génocide. Ainsi l’orga-
par le ministre des Affaires étrangères avec
ou pas, le problème des violations des droits qu’antifasciste déclaré et qui, petit bourgeois nisation Vive Zene (Que vivent les femmes)
l’argument des «initiatives de paix»34 est ridi-
de l’homme et l’on se concentra de plus en à l’origine, était parvenu au pouvoir, joua basée à Dortmund et qui s’occupe, à Tuzla,
cule si l’on suppose que les délégués étaient
plus sur le camp qui fut le plus longtemps le un rôle non essentiel mais certain pour faire des femmes traumatisées par la guerre, avait,
bêtes, ou cyniques si l’on part de l’idée qu’ils
plus fort, le camp serbo-bosniaque soutenu passer la gauche du «make love not war» à dans le cadre du Congrès des Verts du 13
savaient de quoi il retournait.»35
par l’Armée populaire yougoslave. En pro- l’idée de «guerre pour défendre les droits mai 1999, demandé dans une lettre ouverte
pageant l’idée d’un prétendu génocide des de l’homme». Il devint la figure de proue, adressée au ministre Fischer notamment l’ar-
Le débat autour de l’intervention mili- musulmans bosniaques, on posa, bien avant l’autorité morale d’un mouvement pacifiste rêt immédiat des bombardements, la mise en
taire de l’OTAN en Yougoslavie et le rôle les événements de Srebrenica, les bases d’un qui finit par faire la guerre. Cela dit, en 1991, accusation de tous les criminels de guerre, à
joué par Joschka Fischer débat éthique auquel presque personne – sur- Fischer avait encore exprimé son espoir que quelque camp qu’ils appartiennent, une force
Mais comment en était-on arrivé là? Jetons tout pas parmi la «génération rebelle» anti- le parti des Verts serait assez fort pour que les de rétablissement de la paix des Nations Unies
un coup d’œil rétrospectif. Etant donné leur fasciste – n’osa s’opposer et qui, justement en pacifistes pratiquent une «politique étrangère et l’accueil par l’Allemagne de nouveaux réfu-
passé antimilitariste et hostile à l’OTAN, il raison de son caractère moral, correspondait de paix sans interventions de l’armée».42 A la giés du Kosovo. Vive Zene justifiait son oppo-
n’était pas facile pour les «soixante-huitards» à la pensée de la «génération de 68». N’avait- fin de décembre 1994, il déclara qu’une par- sition à la guerre de la manière suivante:
du gouvernement de relégaliser l’usage de elle pas opposé la morale au droit d’utiliser ticipation de l’Allemagne aux engagements
«Plusieurs mois avant que vous ne plaidiez
la guerre en tant qu’instrument politique. la force et fustigé le fascisme de la généra- militaires des Nations Unies et les débats
en faveur d’engagements militaires de la
Comme, dans l’opposition, le SPD s’était tion précédente? Maintenant qu’elle était au à ce sujet ne serviraient qu’à ouvrir la voie
Bundeswehr au Congrès fédéral des Verts en
montré officiellement sceptique et les Verts pouvoir, elle prônait le contraire de ce qu’elle aux efforts du gouvernement allemand pour
décembre 1995, nous avons attiré l’attention
franchement hostiles à l’usage de la force avait demandé auparavant, mais toujours au agir pleinement en politique étrangère.43 Lors
pour défendre des intérêts capitalistes ou nom de l’humanité. Du slogan «obtenir la d’une discussion avec Daniel Cohn-Bendit, Suite page 4

Les notes 13, 18, 23, 34 et 41 sont partiellement 12


Vgl. Elsässer, Kriegsverbrechen, S. 38. (Hrg.), Deutsche Konfliktbewältigung auf dem 39
Heinz Loquai, Der Kosovo-Konflikt – Wege in
traduites en français. 13
Le 16 août 1998, lorsqu’il était encore candidat Balkan. Erfahrungen und Lehren aus dem Einsatz einen vermeidbaren Krieg. Die Zeit von Ende
1
Heiko Hänsel/Heinz-Günter Stobbe, Die deutsche à la Chancellerie, Schröder avait annoncé qu’il (Schriften des Zentrums für Europäische Integra- November 1997 bis März 1999 (Demokratie, Siche-
Debatte um den Kosovo-Krieg: Schwerpunkte und jugeait envisageable une intervention de l’OTAN tionsforschung, Center for European Integration rheit, Frieden 129), Baden-Baden 2000, S. 158.
Ergebnisse. Versuch einer Bilanz nach drei Jahren! au Kosovo également sans mandat de l’ONU. Vgl. Studies der Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Uni- 40
Zur Sichtweise Fischers vgl. Joschka Fischer, Die
(verfasst im Auftrag der Heinrich Böll Stiftung), Ralph Hartmann, Es war Vorsatz im Spiel: Ziel versität Bonn 37), Baden-Baden 2002, S. 13–36. rot-grünen Jahre. Deutsche Aussenpolitik – vom
Berlin, März 2002 (Internet-Publikation als pdf- des Krieges war der Krieg, in: Wolfgang Richter/
27
Klaus Naumann, Vorwort, in: Rafael Biermann Kosovo bis zum 11. September, Köln 2007.
Datei), S. 121. Elmar Schmähling/Eckart Spoo (Hg.), Die Wah- (Hg.), Deutsche Konfliktbewältigung auf dem Bal- 41
«Quand je vous entends, j’ai parfois peur que vous
2
Zur Diskussion Linke und Krieg vgl. Die Linke im rheit über den Nato-Krieg gegen Jugoslawien, Sch- kan. Erfahrungen und Lehren aus dem Einsatz exigiez le bombardement immédiat de Belgrade
Krieg. Streitgespräch zwischen Jutta Ditfurth, Tho- keuditz 2000, S. 62–68, S. 63. (Schriften des Zentrums für Europäische Integra- pour rester en tête des représentants de la Realpo-
mas Ebermann, Jürgen Elsässer und Hermann L. 14
Rafik Schami, Mit fremden Augen gesehen, in: tionsforschung, Center for European Integration litik.» Volker Rühe devant le Bundestag, le 19 juin
Gremliza, in: Konkret 7/1999, S. 14–19; Daniel Wochenzeitung, 20.5.1999. Studies der Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Uni- 1998, zitiert nach Jürgen Elsässer, Kriegsverbre-
Cohn-Bendit, Wer vom Totalitarismus schweigt, versität Bonn 37), Baden-Baden 2002, S. 7–12, S. 7. chen. Die tödlichen Lügen der Bundesregierung
15
Ralf Dahrendorf, Lebenschancen. Anläufe zur -
sollte auch nicht über die Freiheit reden, in: Kom- sozialen und politischen Theorie, Frankfurt a.M.
28
Christoph Schwennicke, SPD-Linke fordert sofor- und ihre Opfer im Kosovo Konflikt (Konkret Texte
mune 3/2001, S. 6–10; Zur Rolle der 68er-Linken 1979, S. 147. tiges Ende der Kampfhandlungen. «Bombardement 27), Hamburg 2000, S. 38.
vgl. Klaus Theweleit, Logical, radical, criminal. Der der Nato wendet die Katastrophe im Kosovo nicht
16
Ebd., S. 149. 42
Prantl, Süddeutsche Zeitung, 26.3.1999.
Krieg als letztes Mittel, erwachsen zu werden, oder: ab, sondern beschleunigt sie», in: Süddeutsche Zei-
17
Ebd., S. 150f. tung, 7.4.1999.
43
Matthias Geis/Andrea Seibel, Warten auf den
Warum die Alt-68er in der neuen Regierung ohne
18
Dans ce débat, la notion est utilisée comme tra- 29
Ebd. nächsten Parteitag, in: taz, 30.12.1994. Vgl. auch
Zögern bereit waren, Völkerrecht und Grundge-
duisant un abandon de la doctrine traditionnelle Fischers Aussagen in der Wochenzeitung Die
setz zu brechen, in: Konkret 5/1999, S. 22–29; Gerd 30
Reuters, Die Entschliessung der SPD zum Kosovo,
et donc de manière purement descriptive et non Woche, 30.12.1994.
Koenen, Ach, Achtundsechzig. Fischer, das «Rote in: Süddeutsche Zeitung, 13.4.1999.
Jahrzehnte» und wir, in: Kommune 2/2001, S. 6–11; comme exprimant une évaluation morale. 31
swn, Angelika Beer: Nicht alle diplomatischen
44
Geis/Seibel, taz, 30.12.1994.
Martin Altmeyer, Geschichte, Mythos, Psychodyna- 19
Jörg Lau, Die Verräter sind unter uns. Cohn-Ben- Spielräume genutzt. Kosovo-Einsatz spaltet die
45
Spiegel-Gespräch, «Milosevic wird der Verlie-
mik. Deutungsmuster in der 68er-Debatte, in: Kom- dit, Enzensberger, Fischer & Co.; Sie kämpften Grünen, in: Süddeutsche Zeitung, 12.4.1999. rer sein». Aussenminister Joschka Fischer über
mune 3/2001, S. 36ff.; Siegfried Knittel, Aufrechter für die Weltrevolution, nun verteidigen sie Grund- 32
Elmar Altvater, «Nicht mehr alle Tassen im den Stand im Krieg gegen Jugoslawien, über die
Gang und krummer Weg. 68er-Revolte paradox, in: gesetz, Unternehmertum oder Nato-Bomben. Nie Schrank», in: Junge Welt, 19. S. 1999. Kriegsziele der Nato und seine fehlgeschlagene
Kommune 3/2001, S. 39f.: Kurt Seifert, Achtund- waren Renegaten einflussreicher als heute. Ist ihre 33
Ebd. Friedensinitiative, in: Der Spiegel, 19.4.1999.
sechziger Erbe, in: Kommune 3/2001, S. 45. Inkonsequenz Klugheit oder Opportunismus?, in: 46
George Pumphrey, Sechs Quellen der Srebrenica
34
Le plan du 14 avril 1999 prévoyait une trêve de 24
3
Maria Mies, Krieg ohne Grenzen. Die neue Kolo- Die Zeit, 22.4.1999. heures, l’association de la Russie aux développe- Legende, 2/2010, zitiert nach www.free- slobo.de/
nisierung der Welt (Neue Kleine Bibliothek 94), 20
Frank Deppe, Nach dem Krieg ist vor dem Krieg. ments de l’après-guerre, un mandat de l’ONU, le news/l0020gp.pdf, 31.8.2010.
Köln 20052, S. 78. Die Risiken der «Neuen Weltordnung» und die retrait des troupes serbes, le désarmement de l’UÇK 47
Vgl. Germinal Civikov, Srebrenica. Der Kron-
4
Vgl. Robert B. Stinnett, Day of Deceit. The Truth neue Strategie der Nato, in: Junge Welt, 7.9.1999. et la mise sur pied d’une administration transitoire. zeuge, Wien 2009.
about FDR and Pearl Harbor, London 2000, S. 253. 21
Deppe, Junge Welt, 7.9.1999. La question du statut politique du Kosovo devait 48
Vive Zene e. V., Erst «seit Srebrenica»? Das Zen-
5
Michaela Schiessl, «Politik der Predigten». Wäh- 22
Zur Geschichte der deutschen Friedensbewegung être réglée plus tard. Vgl. SZ, EU will Annan in trum für Frauen und Kinder in Tuzia (Bosnien)
rend konservative Amerikaner den Kosovo-Krieg vgl. Willi van Ooyen, Aspekte der politischen und Friedenslösung einbinden. Staats- und Regierungs- – Vive Zone e.V. – wendet sich in einem Brief an
stoppen wollen, plädieren die Liberalen für den historischen Entwicklungen der Friedensbewe- chefs beraten auf Brüsseler Sondergipfel mit dem Joschka Fischer, zitiert nach www.infopartisan.net/
Einmarsch, in: Der Spiegel 21, 24.5.1999. gung der Bundesrepublik Deutschland, in: Michael UN-Generalsekretär. Forderungen an Belgrad sol- archive/kosovo/17199.html, 31.8.2010.
6
Hänsel/Stobbe, Die deutsche Debatte um den - Berndt/Ingrid El Masry (Hg.), Konflikt, Entwick- len als Resolution in den Sicherheitsrat der Verein- 49
Ebd.
Kosovo-Krieg, S. 121. lung, Frieden. Emanzipatorische Perspektiven in ten Nationen eingebracht werden, in: Süddeutsche
Zeitung, 15.4.1999. – Le 6 mai 1999, le plan fut dis-
50
So Fischer im Interview mit Geis/Seibel, taz,
7
Schiessl, Der Spiegel, 24.5.1999. einer zerrissenen Welt (Kasseler Schriften zur Frie-
cuté lors de la réunion du G8 et adopté le 2 juin. 30.12.1994.
8
Zitiert nach Ano Neuber, Armee für alle Fälle. Der denspolitik 8), Festschrift für Werner Ruf, Kassel
2003, S. 309–325. Le Parlement serbe l’approuva après qu’on lui eut 51
Prantl, Süddeutsche Zeitung 26.3.1999.
Umbau der Bundeswehr zur Interventionsarmee,
23
En 1992, Fischer faisait partie des refondateurs donné l’assurance que l’intégrité territoriale de la 52
Ebd.
ISW-Report 44, August 2000, S. 7.
de l’Hofgeismarer Kreis qui reprenait la tradition Yougoslavie serait respectée. 53
Vgl. www.de.wikipedia.org/wiki/Joschka_Fischer,
9
Jürgen Elsässer, Kriegslügen. Vom Kosovo-Konf-
du premier Hofgeismarer Kreis des jeunes socia-
35
Altvater, Junge Welt, 19. Mai 1999. Update 29. Juli 2008.
likt zum Milosevic-Prozess, Berlin 2004, S. 76.
listes nationalistes entre 1923 et 1926. Vgl. www.
36
George Kenney, Desinfomation der Medien führte
10
Vgl. Koalitionsvereinbarung zwischen SPD und Grü- zur Intervention in Bosnien, in: Novo 27, 3/4 1997,
54
Christian Y. Schmidt, Die Grünen, die Nato und
nen, auszugsweise abgedruckt in: Internationale de.wikipedia.org/wiki/Tilman_Fichter, 31.8.2010.
S. 26f., zitiert nach www.novo-magazin.de/itn-vs- der Krieg, in: Klaus Bittermann/Thomas Deich-
Politik 12/1998, S. 67–79, S. 75. Zitiert nach Jana
24
Elsässer, Kriegslügen, S. 36. mann (Hg), Wie Dr. Joseph Fischer lernte, die
lm/novo27-6.htm, 31.8.2010.
Puglierin, Zwischen realistischen Interessen und 25
Tilman Fichter, In der neuen Heimat der Weltmo- Bombe zu lieben. Die SPD, die Grünen, die Nato
moralischem Anspruch. Eine theoriegeleitete Analyse ral? Deutschland, die Völkergemeinschaft und der
37
Heribert Prantl, Franz von Assisi und die Nato.
Wohin ist der deutsche Pazifismus verschwunden?, und der Krieg auf dem Balkan (Critica Diabo-
der deutschen Aussenpolitik seit 1989/90 (Studien zur bosnische Krieg. Die Gewalt entwaffnen, in: Die lis 86), Berlin 1999, S. 133–154; Andreas Span-
Internationalen Politik Heft l), Hamburg 2004, S. 55. Welt, 26.2.1994, zitiert nach Hartmann, Es war in: Süddeutsche Zeitung, 26.3.1999.
nbauer, Der lange Marsch, in: Jürgen Elsässer
11
Hubert Wetzel, «Engstirnig, völkerrechtswidrig, Vorsatz im Spiel, S. 63. 38
Cora Stephan, Der moralische Imperativ. Die Frie- (Hg.), Nie wieder Krieg ohne uns, Berlin 1999,
erfolglos». Wissenschaftler kritisieren die Strategie 26
Zum Wandel deutscher Aussenpolitik seit 1990 densbewegung und die neue deutsche Aussenpoli- S. 43–49; Jutta Ditfurth, Zahltag, Junker Joschka!
der Nato im Kosovo-Krieg, in: Süddeutsche Zei- vgl. Rafael Biermann, Deutsche Konfliktbewilli- tik, in: Thomas Schmid (Hg,.), Krieg im Kosovo, (Teil 1–10), in: Neue Revue zwischen 14.10. und
tung, 9.6.1999. gung auf dem Balkan – eine Einführung, in: Ders. Reinbek bei Hamburg 1999, S. 269–277, S. 272. 16.12.1999.
No 44, 15 novembre 2010 Horizons et débats page 3

Les communes ont leur destin en main


Les votations dont les citoyens ignorent le contenu sont immorales
mw. «Le parc naturel, nous l’avons déjà,
Christian Zurbuchen, boucher de Hab-
nous le gérons nous-mêmes. Les agricul-
kern, avant la votation du 18 mai 2010:
teurs s’occupent de la nature depuis des siè-
«Ce soir, la majorité ne sait pas de quoi
cles et continueront de le faire. Nous n’avons
il s’agit. Nous voulons rester indépen-
besoin ni de doublons ni de nouvelles directi-
dants, les paysans commercialiseront de
ves.» (Fridolin Beglinger-Hari, ancien garde-
toute façon leurs produits, avec ou sans
chasse et guide de montagne, Sigriswil, au
parc naturel. Nous ne voulons pas payer
cours de l’émission «Schweiz aktuell» du 18
le traitement de certains bureaucrates.»
mai 2010.)
Ferdinand Oehrli, jeune agriculteur
Dans diverses parties de la Suisse, il est
de Sigriswil: «Le non de la commune de
question de créer de prétendus parcs natu-
Sigriswil au parc naturel est une véri-
rels. Des votations sont prévues prochaine-
table rébellion contre un bâillon de
ment dans des communes de Suisse centrale.
plus que l’on mettrait à la population
Il faut recommander chaudement à la popu-
rurale et montagnarde qui subit de plus
lation suisse de bien s’informer, avant la
en plus de règlements, de bureaucra-
consultation, sur les objectifs et les tenants z
rie
n tie, d’administration. Nous n’avons pas
et aboutissants de ces projets qui ont peu de B
c de besoin de ça; c’est pourquoi nous avons
choses à voir avec la nature mais beaucoup La rejeté le parc.»
avec la centralisation et le contrôle des zones La
c de SF1, Schweiz aktuell, 18/5/10
rurales et de montagne. Th
oun
e
Les communes peuvent dire non et La devise doit être:
il ne sera plus question de parcs naturels conserver et non pas s’agrandir
Ainsi, le projet de création du Naturpark La politique officielle du «toujours plus
© Infographie: Zeit-Fragen/roho, 2010
Thunersee-Hohgant dans le canton de Berne grand», de la croissance économique,
a échoué au mois de mai dernier parce que la de davantage de création de valeur est
«Le projet de création du Naturpark Thunersee-Hohgant dans le canton de Berne a échoué au mois
population de deux communes a voté «non». pratiquée depuis des décennies. Si cela
de mai dernier parce que la population de deux communes a voté ‹non›.»
Après l’approbation de 16 des 18 communes, créait du bien-être, l’humanité vivrait
les assemblées communales de Sigriswil et classé: la superficie de ces deux communes L’adhésion au parc aurait coûté à Habkern depuis longtemps dans un paradis. En
de Habkern ont rejeté massivement l’adhé- aurait représenté la plus grande partie du 8000 francs par an, mais le coût de la pape- réalité, c’est le contraire qui se produit.
sion au parc naturel. Des opposants de toutes parc. Espérons qu’en cas de seconde consul- rasserie – 1 million de francs par an prove- La recherche de la qualité et non de la
professions se sont réunis: agriculteurs, tation, les citoyens des 16 autres communes nant de l’argent des contribuables ont déjà quantité implique la préservation d’un
tireurs, propriétaires forestiers, commer- y regarderont à deux fois avant de créer été engloutis par les travaux préparatoires – espace où la population aime vivre dans
çants et artisans. A l’assemblée communale une grande région conforme aux plans de n’est qu’un des arguments importants con- un milieu respectueux de l’environne-
de Habkern, 71,4% ont dit non au projet; à Bruxelles – l’OFEV et le coresponsable du tre l’intégration dans une grande association ment.
Sigriswil, ils étaient même 90,5%. Ainsi, le projet Bruno Käufeler ne se laisseront pas qui n’a pas bien informé sur les conséquen-
Fridolin Beglinger
projet de parc naturel a été provisoirement facilement mettre des bâtons dans les roues. ces pour les communes. •

Parcs naturels:
«L’autonomie communale en pâtira certainement»
Entretien avec Fridolin Beglinger, ancien garde-chasse, Sigriswil BE

Horizons et débats: Ces derniers temps les Le tout coûterait beaucoup d’argent. Le direc-
parcs naturels sont omniprésents dans les teur et ses collaborateurs dans leur bureau Parcs naturels – en partie nous les avons encore!
médias. En Suisse centrale, des votations à de Thoune seraient très bien rémunérés au
ce sujet sont imminentes. Lors de l’assemblée frais des contribuables. Pour les travaux pré- Chronologie, analyse de l’état actuel et perspectives
communale en mai dernier, les citoyens ont liminaires, les frais pour ce bureau s’élè-
Il faut renoncer au label «Parc naturel» une carte pour des coureurs d’orien-
repoussé à une grande majorité l’adhésion vent aujourd’hui déjà à environ un million
de la commune de Sigriswil au «Parc natu- de francs par an. Le canton voulait investir qui cause de plus en plus de dommages tation dans un espace naturel sen-
rel Thunersee-Hohgant». des millions. Chaque commune serait rede- et dévore des millions de recettes fis- sible et encore relativement intact.
Fridolin Beglinger: En effet, plus de 90% se vable selon le nombre de ses habitants. Pour cales. Aucun mot négatif concernant les
sont exprimés contre ce projet. Sigriswil, ces frais s’élèveraient à 6000 francs Il est plus raisonnable d’octroyer ces coureurs d’orientation – mais de
par an. Ainsi, une partie des recettes fiscales recettes fiscales aux communes et aux grands événements avec plus de
J’ai été impressionné par votre prise de posi- seraient consommées pour ce parc et man- paysans de montagne sous forme de 1000 participants (sans compter les
tion à la télévision suisse-alémanique. Pour- queraient pour d’autres tâches plus sensées. contributions pour l’entretien des tor- accompagnateurs) sont dévasta-
quoi avez-vous voté contre ce projet? rents et du réseau de chemins. Les lois teurs dans une région naturelle!
Ce projet de parc naturel ne favorise pas la Le contrat du parc stipule que «Les droits et les décrets pour la conservation des • Güggisgrat, district de ban de Jus-
nature, il n’y a pas de conception claire. Il politiques de la population et l’autono- espaces vitaux qui sont à préserver, tistal: A cause des parapentistes,
n’apportera aux communes que davantage mie des communes intéressées ne seront
existent. le gibier doit quitter son refuge en
d’administration et de coûts. La protection de pas réduits» (art. 3). D’après vos explica-
Le maniement de la législation en panique. Est-ce cela un parc natu-
la nature n’y gagnerait rien du tout. tions – adhésion sans informations préci-
ses concernant les conséquences au niveau faveur du tourisme doux et humain – rel?
Et du point de vue de l’économie? Le parc des communes – l’autonomie communale comme il est propagé – a des consé- Chers initiants de parcs naturels, un
naturel peut-il favoriser le développement notamment nous semble sérieusement mise quences. Il n’y aura pas d’améliorations parc naturel ne va pas corriger les
économique des communes? en cause, particulièrement suite au fait qu’il avec le label «Parc naturel»! Voici un déraillements existants. Au contraire,
Non. Les paysans pourront obtenir un label est pratiquement impossible de résilier ce petit choix d’exemples à l’appui: vos idées de commercialiser plus inten-
fédéral susceptible de promouvoir la vente contrat dont la durée court jusqu’en 2021. • Commune de Habkern/Lombachal- sément une région auraient pour effet
de leur produits. Mais s’ils veulent avoir ce Pour se retirer du contrat, il faut l’aval de pen: Jusqu’il y a peu d’années, les qu’encore plus de dérangements irres-
label pour leur fromage, ils devront le payer. la majorité des communes concernées, est- alpages n’étaient pas dérangés dans ponsables s’installeraient.
Les frais seraient probablement tout aussi éle- ce exact? leur sommeil hibernal. Maintenant Le boom économique que vous
vés que les revenus supplémentaires, ce qui Oui, en effet, l’autonomie communale en on dépense beaucoup de temps et propagez n’aura pas lieu. Sauf si l’on
montre que, sur le plan économique aussi, les pâtira certainement.
d’argent pour le déneigement de la taxe de succès les millions de recettes
parcs naturels n’apportent rien.
route. Suite à l’offre de randonnées fiscales gaspillées un faveur d’un
En lisant les médias, on a l’impression que
Quels sont donc les nouveaux projets propo- ces parcs naturels sont des surfaces inha- guidées en raquettes et à la prépa- gonflement supplémentaire de l’ad-
sés par les initiateurs? bitées avec divers paysages dignes d’être ration de pistes de ski de fond le ministration.
Par exemple des randonnées en raquettes à protégés. En réalité, le Parc naturel Thuner- silence est dérangé – la contradic- Vu les conditions actuelles, l’idée de
neige pour les touristes, qui sont censés passer see-Hohgant recouvre un territoire construit tion au parc naturel est parfaite. vouloir se profiler par un parc naturel
la nuit dans la région et acheter du fromage de 20 communes, avec des fermes, des entre- • Commune Sigriswil/Justistal: Elle est n’est pas la bonne voie pour atteindre
avant de rentrer. Or, nous avons aujourd’hui prises, des immeubles d’habitation et toute passée, l’idylle du sommeil hiber- un boom économique tout en sauve-
déjà des touristes, mais la plupart ne logent l’infrastructure nécessaire. Quelles restric- nal et son silence bienfaisant pour gardant la nature.
pas chez nous et n’achètent pas de fromage. tions ce projet de parc pourrait-il avoir sur les hommes et les animaux. Le bruit C’est pourquoi il faut dire «non» lors
Le parc naturel ne nous apporterait rien de le droit relatif aux constructions? continuel des moteurs des véhicules de toutes les votations communales.
neuf, car tout existe déjà: un large réseau de On ne connaît pas encore ces restrictions. pour aménager les pistes de ski de Les citoyens, le Parlement, les gens du
sentiers de randonnées et diverses possibilités Comme déjà mentionné, les organisateurs
fond et pour le déneigement sont WWF, de Pro Natura et de l’OFEFP doi-
de se loger. Nous n’avons pas besoin de nou- n’ont présenté à la population aucun projet
incompatibles avec un parc naturel. vent en prendre connaissance.
veaux projets puisque tout ce qui est néces- élaboré. Nous avons dû voter l’adhésion à ce
saire existe déjà. projet sans en connaître les conséquences A cela s’ajoute des dépenses consi-
possibles. dérables. Fridolin Beglinger-Hari, ancien garde-
Et quelles seraient les conséquences finan- • Commune Sigriswil/Schwanden: Au chasse et guide de montagne, Sigriswil
cières pour les communes? A quoi servent les M. Beglinger, nous vous remercions de cet prix de grands efforts on a préparé (Traduction Horizons et débats)
contributions communales? entretien. •
page 4 Horizons et débats No 44, 15 novembre 2010

«La monnaie fiduciaire»*– source d’afflux de devises


et épée de Damoclès sur l’économie du tiers-monde
par Andreas Uhlig
Les flux persistants de liquidité contribuent aux ci fait oublier que de nombreuses crises n’ont de capitaux à la suite de l’assouplissement ***
bulles d’investissements dans les pays émer- été réduites qu’à grand peine et n’ont pas encore de la politique monétaire de pays développés km. Ces dernières semaines, de nombreuses
gents et accroissent donc le risque de nouveaux été résolues. Les Merchant Bank Comstock ont déjà mis en place des contrôles de mou- voix ont averti de ce qui peut se passer si
contrôles des mouvements de capitaux. Partners, par exemple, rappellent notamment vements de capitaux ou les ont renforcés. l’institut d’émission des Etats-Unis «imprime»
la crise de l’endettement des faibles nations de C’est le cas du Brésil (hausse des impôts sur des milliards de dollars pour acheter des
Les avertissements adressés aux marchés l’Union européenne, qui continue de gronder l’achat d’obligations par des étrangers) et de la obligations. L’article de la «Neue Zürcher
financiers et visant à dissuader de procéder à à la superficie, l’énorme bulle immobilière qui Thaïlande (introduction d’un impôt à la source Zeitung» est un bon exemple à cet égard.
une nouvelle vague d’assouplissements moné- couve en Chine et l’ébranlement du marché sur le revenu d’obligations détenues par des Malgré tous ces avertissements, la FED a
taires quantitatifs («QE2») persistent. En immobilier titrisé des Etats-Unis, qui n’est pas étrangers). D’autres, comme la Corée du Sud, décidé le 3 novembre de mettre dans le cir-
règle générale, les analystes s’expriment néga- dû uniquement à des formalités. l’Indonésie ou le Chili, examinent des mesures cuit 600 milliards de dollars, ce qui revient à
tivement. Ils craignent surtout qu’un nouveau De nombreux observateurs considèrent qui pourraient entraver l’afflux de capitaux. imprimer ce montant, même s’il s’agit de nos
recours à la «planche à billets», soit l’achat comme particulièrement problématiques les jours d’une simple passation d’écritures. Si
par les banques centrales d’obligations d’Etat conséquences, ressenties dans les pays émer- Avant de nouvelles crises l’on considère que ce montant est mis cons-
et d’autres valeurs, n’aboutisse à rien d’autre gents, de la pléthore de liquidités causée par Des pays émergents ont pris des contre- ciemment (!) en circulation, notamment pour
qu’au gonflement de bulles d’investissements. des banques centrales du monde développé. mesures, bien que la FED n’ait pas encore accélérer l’inflation aux Etats-Unis et désen-
John Hussman, un des analystes de marchés Ces flux de capitaux qui déstabilisent les rela- lancé la deuxième vague de l’assouplisse- detter l’Etat ainsi que pour continuer à faire
les plus intéressants qui ne travaillent pas tions de change du monde entier provoquent, ment quantitatif. Ils craignent la formation de baisser le cours du dollar sur les marchés
pour une grande banque, doute même que la dans les pays cibles, une réévaluation des mon- bulles d’investissements qui, comme le cons- des changes (lors d’une guerre des changes
première vague d’assouplissements quanti- naies généralement indésirable, car elle entrave tate Dylan Grice de la Société Générale, sont et sans prendre en considération le reste du
tatifs aux Etats-Unis ait été un succès. C’est les exportations, et ces flux gonflent les prix des le produit de possibilités convaincantes d’in- monde), les questions relatives à ces manœu-
moins cette mesure de politique monétaire biens d’investissement. Il est difficile d’empê- vestissements et de liquidité excédentaire. vres deviennent claires.
que la suspension des normes comptables cher ces afflux de fonds par un nombre limité de Stephen Roach, président de Morgan La règle principale de l’institut d’émission
basées sur la valeur courante (mark to mar- mesures, tels l’abaissement des taux d’intérêt, Stanley Asie, proteste avec véhémence contre (et de la politique des Etats-Unis?) semble
ket) qui était importante. Au lieu de fournir les interventions sur les marchés des changes un nouvel assouplissement. Un nouveau actuellement: «après nous le déluge».
une contribution quantifiable, «QE1» a réduit ou le contrôle des mouvements de capitaux. super-stimulus n’aurait que peu de chances C’est pourquoi la «Neue Zürcher Zeitung»
la valeur du dollar, contribuant ainsi à une Les contrôles de capitaux destinés à de stimuler non pas le monde financier, mais a peut-être raison lorsqu’elle parle, dans un
déstabilisation du système économique mon- empêcher les afflux de fonds étrangers de se l’économie réelle. Selon Roach, la crise finan- commentaire du 5 novembre, du «déclin»
dial et à un cycle en dents de scie. multiplier semblent revenir à la mode. Même cière constitue l’échec le plus retentissant des du dollar et d’une «litanie sans fin de
Réactions
le Fonds monétaire international – qui, en prin- banques centrales depuis les années trente du l’échec». •
cipe, mais pas toujours dans les cas concrets, siècle dernier. Les instituts d’émission auraient (Traduction Horizons et débats)
à l’assouplissement monétaire quantitatif comme le souligne Stephen Lewis de Monument refusé de tenir compte des risques causés par
Nous serions dans une situation inédite, dans Securities – peut s’imaginer un recours à de tels les bulles d’investissements et de s’efforcer *
La monnaie fiduciaire est celle par laquelle le pays
un système mondial de changes avec les taux contrôles. Toutefois, cela implique que certai- de les juguler. Dans leur hâte de mettre fin émetteur ne s’engage à aucune conversion en or ou
d’intérêt les plus bas, tel est le propos d’un opé- nes conditions soient remplies, notamment que à la crise financière par une nouvelle régle- en argent, par exemple. Il court alors le risque que
rateur que rapporte une entreprise new-yorkaise l’économie opère presque avec tout son poten- mentation, les politiciens auraient dégagé les la masse de cette monnaie puisse être accrue sans
de gestion de capitaux, Annaly Capital Mana- tiel, que les réserves monétaires suffisent et que banques centrales de toute responsabilité. Une contre-valeur, par des décisions politiques ou par
des décisions de la banque centrale. L’expression
gement. D’autres observateurs soulignent éga- le cours du change ne soit pas sous-évalué. nouvelle crise menace si les banques centrales «mettre en branle la planche à billets» reflète bien
lement la particularité de la situation actuelle, Quelques pays émergents d’Asie et d’Amé- ne font pas l’objet d’une réforme. cette situation. Actuellement, l’institut d’émission
caractérisée par un torrent de liquidités. Celui- rique latine qui doivent faire face à des afflux Source: Neue Zürcher Zeitung du 25/10/10 des Etats-Unis y procède.

«Pour mémoire …» ventions humanitaires», Fischer adapta ses Fischer, Joschka, Die rot-grünen Jahre. Deutsche Bundesrepublik Deutschland, in: Michael Berndt/
Aussenpolitik – vom Kosovo bis zum 11. September, Ingrid El Masry (Hg.), Konflikt, Entwicklung, Frie-
suite de la page 2 positions politiques à l’esprit du temps, et cela Köln 2007. den. Emanzipatorische Perspektiven in einer zerrisse-
sur l’effroyable situation dans la prétendue en se servant dans le mouvement qui le mena Gremliza, Hermann L., Wenn die Deutschen Aus- nen Welt (Kasseler Schriften zur Friedenspolitik 8),
«zone protégée» de Srebrenica. […] Mais de bas en haut et de gauche à droite, de la chwitz nicht erfunden hätten, hätten sie Auschwitz Festschrift für Werner Ruf, Kassel 2003, S. 309–325.
nous avons chaque fois, en nous fondant sur tactique des petits pas qu’il avait auparavant erfinden müssen, in: Wolfgang Schneider (Hg.), Wir Piper, Ernst (Hg.), Gibt es wirklich eine Holocaust-
kneten ein KZ. Aufsätze über Deutschlands Standort-
nos propres expériences pendant des années, reprochée à ses adversaires politiques.54 • vorteil bei der Bewältigung der Vergangenheit (Kon-
Industrie? Zur Auseinandersetzung um Norman
Finkelstein, Zürich/München 2001.
(Traduction Horizons et débats)
mis en garde contre l’escalade de la violence kret Texte 24), Hamburg 2000, S. 7–12. Puglierin, Jana, Zwischen realistischen Interessen und
dans l’ex-Yougoslavie et dans tous les pays Bibliographie Gremliza, Hermann L., Vorwort, in: Jürgen Elsäs- moralischem Anspruch. Eine theoriegeleitete Analyse
Altmeyer, Martin, Geschichte, Mythos, Psycho- ser (Hg.), Nie wieder Krieg ohne uns. Das Kosovo der deutschen Aussenpolitik seit 1989/90 (Studien zur
du monde dans lesquels la logique mili- dynamik. Deutungsmuster in der 68er-Debatte, in: und die neue deutsche Geopolitik (Konkret Texte 22), Internationalen Politik Heft l), Hamburg 2004.
taire élimine ce qui reste de comportements Kommune 3/2001, S. 36–38. Hamburg 1999, 5. 9–12. Rensmann, Lars, Die Walserisierung der Berliner
humanitaires. […] Ce n’est pas simplement Amendt, Günter, Psychogramm einer neuen Kriegs- Hänsel, Heiko/Stobbe, Heinz-Günter, Die deutsche Republik. Geschichtsrevisionismus und antisemi-
un «principe», ce n’est pas le pacifisme qui generation, in: Klaus Bittermann/Thomas Deich- Debatte um den Kosovo-Krieg: Schwerpunkte und tische Projektion: Einwände gegen die These vom
nous guide, c’est l’expérience, la prise de mann (Hg.), Wie Dr. Joseph Fischer lernte, die Ergebnisse. Versuch einer Bilanz nach drei Jahren geläuterten Deutschland, in: Jürgen Elsässer/Andrei
Bombe zu lieben. Die SPD, die Grünen, die Nato und (verfasst im Auftrag der Heinrich Böll Stiftung), Ber-
conscience et l’étude de l’histoire, y compris S. Markovits (Hg.), «Die Fratze der eigenen Ges-
der Krieg auf dem Balkan (Critica Diabolis 86), Ber- lin, März 2002 (Internet-Publikation als pdf-Datei). chichte». Von der Goldhagen-Debatte zum Jugos-
celle de notre propre passé allemand, ainsi lin 1999, S. 155–159. Hartmann, Ralph, Es war Vorsatz im Spiel: Ziel des lawien-Krieg, Berlin 1999, S. 44–63.
que des discussions avec des expertes.»48 Beucker, Pascal, Pazifist der Reserve. Über die poli- Krieges war der Krieg, in: Wolfgang Richter/Elmar Scharping, Rudolf, Wir dürfen nicht wegsehen. Der
tische Karriere des Daniel Cohn-Bendit, in: Konkret Schmähling/Eckart Spoo (Hg.), Die Wahrheit über
Vive Zene prenait explicitement ses distances Kosovo-Krieg und Europa, Berlin 1999.
11/1995, S. 12–19. den Nato-Krieg gegen Jugoslawien, Schkeuditz 2000.
par rapport à la logique militaire du ministre Biermann, Rafael, Deutsche Konfliktbewältigung auf Rohloff, Joachim, Kriegsverwendungsfähig. Zwei
S. 62–68. Möglichkeiten, Auschwitz zu benutzen, um es zu
des Affaires étrangères: dem Balkan – eine Einführung, in: Ders. (Hg.), Deut- Knittel, Siegfried. Aufrechter Gang und krummer erledigen, in: Wolfgang Schneider (Hg.), Wir kne-
sche Konfliktbewältigung auf dem Balkan. Erfah- Weg. 68er-Revolte paradox, in: Kommune 3/2001,
«Monsieur Fischer, à l’époque, au Par- rungen und Lehren aus dem Einsatz (Schriften des ten ein KZ. Aufsätze über Deutschlands Standortvor-
S. 39–40. teil bei der Bewältigung der Vergangenheit (Konkret
lement, vous ne connaissiez pas les évé- Zentrums für Europäische Integrationsforschung, Koenen, Gerd, Ach, Achtundsechzig. Fischer, das
Center for European Integration Studies, der Rhei- Texte 24), Hamburg 2000, S. 54–70.
nements de Srebrenica, ni les femmes qui ‹Rote Jahrzehnt› und wir, in: Kommune 2/2001, Schirrmacher, Frank, Luftkampf. Deutschlands
essaient, aujourd’hui encore, de survivre nischen Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn 37), S. 6–11.
Baden-Baden 2002, S. 13–36. Anteil am Krieg, in: Ders. (Hg.), Der westliche
après la guerre. […] Vous, Monsieur Fis- Konkret, Die Linke im Krieg. Streitgespräch zwi- Kreuzzug. 41 Positionen zum Kosovo-Krieg, Stut-
Cohn-Bendit, Daniel, Wer vom Totalitarismus schen Jutta Ditfurth, Thomas Ebermann, Jürgen
cher, ne saviez même pas prononcer le nom schweigt, sollte auch nicht über die Freiheit reden, in: tgart 1999, S. 117–120.
Elsässer und Hermann L. Gremliza, in: Konkret
de la ville qui vous tenait tant à cœur. Vous Kommune 3/2001, S. 6–10. Schirrmacher, Frank (Hg.), Die Waiser-Bubis-
7/1999, S. 14–19.
disiez ‹Chrebrenidcha›. Ça n’aurait pas Dahrendorf, Ralf, Lebenschancen. Anläufe zur sozia- Debatte. Eine Dokumentation, Frankfurt a. M. 1999.
Kunczik, Michael, Kriegsberichterstattung und
len und politischen Theorie, Frankfurt a. M. 1979. Schmidt, Christian Y., Die Grünen, die Nato und der
été grave si vous n’aviez pas fait semblant Öffentlichkeitsarbeit in Kriegszeiten, in: Kurt Imhof/
Krieg, in: Klaus Bittermann/Thomas Deichmann
Deichmann, Thomas, Scharping-Lügen haben kurze Peter Schulz (Hg.), Medien und Krieg – Krieg in den
d’être au courant, si vous n’aviez pas inté- (Hg.), Wie Dr. Joseph Fischer lernte, die Bombe zu
Beine, in: NOVO 45, 3/4 2000, S. 38–43. Medien (Medien-Symposium Luzem l), S. 87–104.
riorisé votre logique de guerre sous le signe Ditfurth, Jutta, Zahltag, Junker Joschka! (Teil 1–10), lieben. Die SPD, die Grünen, die Nato und der Krieg
Kunstreich, Tjark, Der deutsche Krieg, in: Konkret
de ‹Chrebrenidcha›».49 in: Neue Revue zwischen 14.10. und 16.12.1999. auf dem Balkan (Critica Diabolis 86), Berlin 1999,
6/1999, S. 24–26.
Hume, Mick, Whose War is it anyway? The Dangers Küntzel, Matthias, Milosevics willige Vollstrecker? Seesslen, Georg, Kriegsnovelle oder: Wie eine Erzähl-
Finalement, le ministre Fischer mit en œuvre of the Journalism of Attachment, London 1997. gemeinschaft für einen moralischen Krieg erzeugt
Goldhagen, Deutschland und der Kosovo-Krieg, in:
ce qu’il avait critiqué lorsqu’il était dans l’op- Elsässer, Jürgen, Kriegslügen. Vom Kosovo-Konflikt Jürgen Etsässer/Andrei S. Markovits (Hg.), «Die wird, in: Klaus Bitternann/Thomas Deichmann, Wie
position quatre ans auparavant. L’inquiétude zum Milosevic-Prozess, Berlin 2004. Fratze der eigenen Geschichte». Von der Goldhagen- Dr. Joseph Fischer lernte, die Bombe zu lieben. Die
qu’il avait exprimée à cette époque de voir Elsässer, Jürgen, Kriegsverbrechen. Die tödli- Debatte zum Jugoslawien-Krieg, Berlin 1999, S. 171– SPD, die Grünen, die Nato und der Krieg auf dem Bal-
chen Lügen der Bundesregierung und ihre Opfer im kan (Critica Diabolis 86), Berlin 1999, S. 169–184.
«disparaître les barrières légales et histo- 181.
Seifert, Kurt, Achtundsechziger Erbe, in: Kommune
Kosovo-Konflikt (Konkret Texte 27), Hamburg 2000. Loquai, Heinz, Der Kosovo-Konfikt – Wege in einen
riques au profit d’une totale liberté pour la 3/2001, S. 45.
Elsässer, Jürgen/Markovits, Andrei S.; Ein deutsches vermeidbaren Krieg. Die Zeit von Ende November
politique allemande d’opter pour l’usage de Coming-out? Streitgespräch: Die Linke, der Krieg und 1997 bis März 1999 (Demokratie, Sicherheit, Frieden Spannbauer, Andreas, Der lange Marsch, in: Jürgen
la force»,50 devint réalité par sa faute. Cepen- mögliche Verkürzungen in Goldhagens Holocaust-Ana- 129), Baden-Baden 2000. Elsässer (Hg.), Nie wieder Krieg ohne uns, Berlin
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avait été le «style de vie, la culture dominante Erler, Gernot, Ohne Rücksicht auf Verluste. Der (Schriften des Zentrums für Europäische Integrati- FDR and Pearl Harbor, London 2000.
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pas eu un passé de pacifiste,53 s’était opposé in: Gernot Erler/Rolf-Dieter Müller/Ulrich Rose/ dies, der Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Universität ‹Holocaust-Industrie› und Tätergesellschaft,
Thomas Schnabel/Gerd R. Ueberschär/Wolfram Bonn 37), Baden-Baden 2002, S. 7–12. Köln 2001.
à l’OTAN, à la réunification et à l’émancipa- Wette (Hg.), Geschichtswende? Entsorgungsversuche Neuber, Arno, Armee für alle Fälle. Der Umbau der Theweleit, Klaus, Logical, radical, criminal. Der
tion militaire de l’Allemagne. Ainsi, de même zur deutschen Geschichte, Freiburg i.Br. 1987. Bundeswehr zur Interventionsarmee, ISW-Report 44, Krieg als letztes Mittel, erwachsen zu werden, oder:
que dans les années 1990, la mode des bas- Finkenstein, Norman G., Die Holocaust-Industrie. August 2000. Warum die Alt-68er in der neuen Regierung ohne -
kets et du pacifisme avait fait place à celle des Wie das Leiden der Juden ausgebeutet wird, Mün- Ooyen, Willi van, Aspekte der politischen und his- Zögern bereit waren, Völkerrecht und Grundgesetz
costumes italiens sur mesure et des «inter- chen/Zürich 2001. torischen Entwicklungen der Friedensbewegung der zu brechen, in: Konkret 5/1999, S. 22–29.
No 44, 15 novembre 2010 Horizons et débats page 5

Toute école et toute réforme doivent être mesurées à la qualité


relationnelle entre enseignant et élève!
par Roland Güttinger, instituteur et enseignant spécialisé

Chaque école et chaque réforme doivent être


mesurées à la qualité de la relation entre l’en-
seignant et les élèves, que l’école s’appelle
«école mosaïque»*, qu’elle s’organise dans
des paysages d’apprentissage ou qu’elle
veuille avant tout abandonner le vieux style
autoritaire.
Réflexions sur l’apprentissage –
plus actuelles que jamais!
Ce sont trois raisons qui m’ont amené à écrire
quelques réflexions sur l’apprentissage:
a) D’abord, il y a des changements dans beau-
coup d’écoles et les premières réactions
commencent à se manifester dans le public
élargi.
b) Ensuite ma participation à une formation
continue intensive portant sur des ques-
tions des conditions nécessaires relatives à
l’école et à la société, permettant de former
nos élèves pour un avenir démocratique en
commun.
c) Et finalement le centième anniversaire de
Jeanne Hersch, qui a déclenché beaucoup
d’articles et de souvenirs de son temps et
de son engagement pour l’éducation et con-
cernant les «Jugendunruhen» (émeutes des
jeunes) des années 1980, très proche du
contexte actuel.
Je reprendrai ces différents aspects l’un après
l’autre. Mais tout d’abord, je voudrais revenir
à quelques échos d’une école de réforme – une
«école mosaïque». Je ne veux cependant pas
dire par là que les «écoles mosaïques» repré-
sentent toutes les réactions ou qu’elles corres-
«C’est la relation personnelle entre l’élève et l’enseignant, indépendamment du type d’école, des réformes et des changements, qui est au centre du pro-
pondent même à un courant général. Mais j’ai cessus d’apprentissage.» (photo caro)
quand même l’impression qu’elles expriment
quelque chose qui dépasse des réactions pure-
ment individuelles. années décisives pour le choix de leur pro- mécanismes dérangeants le plus clairement Quels sont donc les éléments d’une vraie
fession? possible. On ne mettra pas des enseignants relation?
Quelques échos de l’école Je voudrais aussi parler des élèves moyens ou des élèves au pilori. Pas du tout, mais il Une fiabilité assurée, une participation et
Un élève a raconté que les premiers mois à à faibles – quels sont les effets de tels chan- faut nous rendre compte de ce qui manque. des perspectives optimistes, de la joie, de l’hu-
l’école avaient été absolument «super», qu’ils gements pour eux? Nous savons, à propos Qu’est-ce qui va dans la mauvaise direction? mour, de la patience et du calme, des réponses
n’avaient pas eu de devoirs à faire, qu’ils d’élèves qui arrivent à faire leurs devoirs sco- Quels éléments se rencontrent, soit au niveau émotionnelles compréhensibles, c’est-à-dire
avaient pu liquider tous les travaux en classe. laires avec peu d’efforts, qu’ils n’ont pas de de l’élève, des parents, des enseignants, de l’authenticité dans les réactions, tous ces fac-
Ainsi ils avaient eu davantage de temps pour peine à atteindre leur but malgré les change- l’organisation de l’école, de la structure de teurs font la vraie relation. L’authenticité est
leurs hobbys et, de cette façon, ils avaient eu ments et essais d’écoles. Mais ceux-ci ne sont l’école ou des lois? toujours liée à notre exemple responsable,
le loisir d’apprendre à effectuer des achats pas la plus grande partie des enfants et ado- d’avoir toujours à l’œil la justice et le bien
électroniques. Après six mois, cependant, lescents dans notre école publique. Ce sont L’aspect central: La relation entre de tous, et de ne pas dépendre de l’approba-
et surtout vers la fin de l’année scolaire, ils bien sûr les autres enfants, qui forment une l’enseignant et l’élève tion des jeunes.
auraient eu de plus en plus de retard avec large moyenne des effectifs qui devraient C’est la relation personnelle entre l’élève
leurs matières scolaires. En outre, le travail nous tenir à cœur. C’est leur développement et l’enseignant, indépendamment du type L’actualité durable de Jeanne Hersch
pendant les leçons individuelles aurait été et leurs réactions dans de telles expériences d’école, des réformes et des changements, Jeanne Hersch, la philosophe genevoise con-
parfois interminable, au bout de deux leçons que nous devrions regarder de plus près et qui est au centre du processus d’apprentis- nue qui aurait fêté ces jours ses 100 ans, a
plus rien n’allait, même la récréation n’aurait analyser. sage. C’est là que se trouve en tout temps le travaillé jusqu’à l’âge de 90 ans de façon
plus eu d’effet. Et lui, il n’aurait de toute façon point crucial quant aux progrès de l’appren- engagée sur les questions des droits de
plus rien à espérer, car il n’avait de toute façon Une parenthèse commune tissage. C’est ce que Comenius savait si bien l’homme et des problèmes des jeunes. Dans
pas été assez bon. Un élément commun nous frappe dans tous tout comme plus tard Rousseau et Pestalozzi. les années 1980 avec ses Antithèses, elle s’est
Par d’autres élèves, j’ai entendu une ver- ces récits, c’est que l’effort d’accomplir les La psychologie moderne de l’apprentissage et opposée courageusement aux Thèses de la
sion raccourcie, c’est-à-dire qu’ils avaient devoirs demandés disparaît chez les élèves; la psychologie du développement l’ont con- Commission d’experts du gouvernement à
échoué, avec le temps, par rapport au con- l’espoir meurt de pouvoir suffire aux exi- firmé, et dans des «biographies d’échec sco- propos des émeutes des jeunes. Elle était à
tenu et finalement dans leur notes. Les récits gences. Ce qui fait retomber la motivation, laire» on peut toujours les suivre. l’époque une personne engagée, solitaire dans
allaient d’abréviations compréhensibles, mais jusqu’à ce qu’en plus le lien avec l’enseignant Lorsqu’alors nous nous demandons ce le monde académique, elle a refusé de suivre
pas efficaces, dans les corrections de leurs en souffre également. A ce stade, le pas à qu’il faut faire dans les cas d’élèves indivi- son parti socialiste lorsque la libéralisation
propres travaux, de l’embrouillage désem- franchir pour que la responsabilité de faire duels «perdus», nous pouvons dire avec cer- des drogues a obtenu la priorité dans l’agenda
paré dans les plannings sur ordinateur jusqu’à des progrès soit située entièrement chez les titude, sauf exceptions, que nous ne pouvons du PS suisse.
être complètement dépassé par les plannings élèves, n’est plus grand. Avec ça, on aurait un pas leur attribuer à eux seuls les difficul- Le souvenir public de son œuvre montre
non respectés. cercle qui se ferme et qui, en fait, ne devrait tés, en invoquant leur manque d’aptitude à qu’à l’époque elle a écrit des choses qui n’ont
pas l’être. l’étude. Non – du côté de l’adulte, il faut un rien perdu de leur actualité aujourd’hui. Dans
Etre attentif mais tout de même … En plus, je sais d’une autre «école vrai engagement, un accompagnement et des ses antithèses, elle prend les adolescents très
Comme enseignant et aussi en tant que parent mosaïque» que ce sont justement ces points offres d’aide à la coopération avec eux pour au sérieux, ne leur laisse rien passer et les
on sait bien sûr que nous devons être très pru- problématiques qui apparaissent comme exi- rester à leur côté pendant des périodes diffi- conduit vers la responsabilité. Mais, en même
dents avec ces récits. Nous ne connaissons gences de qualité pour l’école: ciles. temps, tous les autres acteurs du processus de
pas toutes les conditions et sous-estimons • les élèves doivent être autonomes mais pas société autour de l’école, de la formation et
peut-être l’état et les problèmes de l’élève laissés en plan, Concrètement cela veut dire… de l’éducation ne sont pas libérés pour autant
individuel. Mais nous devons tout de même • la motivation doit être maintenue et aug- Cela ne veut pas dire qu’on enlève à l’élève de leur responsabilité; elle exige pour notre
essayer de placer ces récits dans un contexte mentée, sa responsabilité d’apprendre, mais il doit jeunesse au lieu d’espaces libres:
plus large, d’autant plus si l’on connaît de sa • la partie du travail à l’ordinateur ne doit faire l’expérience de ce qui est – même pour «Encourager et soutenir ceux des maîtres
propre expérience les parcours d’apprentis- pas dépasser 20 minutes par jour et se faire les plus âgés – nécessaire: Une participa- qui conçoivent en adultes leur rôle dans la
sage d’élèves individuels et la collaboration sous contrôle, tion vraie et un enseignement pour appren- vie de la classe. Renforcer la communauté
avec l’école et les parents. • les progrès particuliers doivent être accom- dre, cela veut dire une introduction dans la de la classe scolaire, qui, pour beaucoup
Dans cette image qui se dessine lente- pagnés de près et contrôlés tous les jours, communauté de la classe (on apprend en d’enfants, remplace la famille brisée ou défi-
ment, il faut certainement noter la phrase • les revers doivent être discutés de suite et écoutant, mais aussi par les questions des ciente. Aucune considération intellectuelle ne
d’un directeur d’école en Thurgovie qui a des solutions doivent être trouvées en col- camarades), des exigences claires en ce qui peut justifier l’éclatement de la classe, en un
prédit dans la phase préparatoire de l’«école laboration avec le «coach», concerne la quantité et la qualité de l’exé- temps où elle est affectivement, à l’évidence,
mosaïque» qu’il faudrait cinq ans pour sur- • les périodes d’apprentissage autonomes cution, un contrôle régulier et soigneux de plus nécessaire que jamais.»
monter les difficultés du début. Et là, bien devraient être augmentées lentement – de l’accomplissement des devoirs, des correc-
sûr, on se demande ce qui se passera avec les deux heures par semaine à quatre, ensuite tions en commun, un écho immédiat, lié à la Regardons maintenant
élèves durant ce temps correspondant à des au bout de six mois un peu plus, mais perspective du succès, même de succès par- tous ces changements
accordées individuellement à l’élève. tiels. Nos élèves sont des êtres humains, des On peut poser les mêmes questions en ce qui
adolescents en plein développement, et au concerne les réformes scolaires. Dans quelle
Des questions s’imposent degré secondaire, dans une période de dis-
*
Dans les «écoles mosaïques» les élèves du secon-
daire d’âges différents reçoivent un enseignement Que faire? Il ne s’agit bien sûr pas de trou- tinction et de recherche de soi. Ils ont besoin
individualisé, par groupes, dans une vaste salle. ver des coupables, mais de reconnaître les d’adultes, de vrais adultes. Suite page 6
page 6 Horizons et débats No 44, 15 novembre 2010

«Toute école et toute réforme …»


suite de la page 5 Donner de l’espoir à une personne
Stäfa/St. Antönien – faire le bien en créant quelque chose
mesure soutiennent-elles la rencontre ou la
coopération entre l’élève et le pédagogue?
La nouvelle loi sur l’école publique – soit Environ 30 séniors – et quelques
celle du canton de Zurich – a été décidée et personnes qui le seront bientôt –
se trouve actuellement dans sa phase de réa- aident à construire une étable à St.
lisation. Un élément important est l’introduc- Antönien.
tion de directeurs d’école. Cela a conduit à la
délégation de beaucoup de tâches des ensei- Werner Bardill est paysan corps et
gnants et des commissions scolaires à la direc- âme. C’est une condition indispen-
tion de l’école. C’est à cette dernière qu’est sable si l’on veut faire marcher une
confiée la direction opérationnelle de l’école. exploitation. Or les petites étables
Ce n’est pas par hasard que le nouveau voca- anciennes sont inadaptées. En outre,
bulaire contient beaucoup de notions écono- elles ne répondent souvent pas aux
miques. Les écoles se concurrencent entre directives en matière de protection
elles et sont tenues d’élaborer des «Leitbil- des animaux. Si bien que les paysans
der» (des modèles), des programmes etc., et de montagne où seul l’élevage est
de se profiler. Dans ce contexte, les ensei- possible doivent choisir entre aban-
gnants sont occupés à bien d’autres choses et donner ou construire de nouvelles
l’orientation vers leur devoir pédagogique n’a étables.
plus la première place. Werner Bardill a opté pour la
La direction stratégique de l’école de son seconde solution et, pour réduire les
côté est dans les mains des commissions coûts, il a décidé de mettre sérieuse-
scolaires. Ce qui a déjà conduit comme je ment la main à la pâte. Malheureu-
le perçois – et je l’entends aussi de la part sement, les oppositions ont retardé
de parents – à une distance plus grande le début de la construction, réduisant
entre la commission scolaire et la base son maigre budget et entamant son
(enseignants, élèves, parents). Les parents courage. C’est pourquoi des artisans Unissant leurs forces, des artisans de Stäfa collaborent avec des séniors à la construction d’une étable
connaissent à peine la commission sco- de Stäfa et des bénévoles lui sont dans les Grisons. (photo mad)
laire et vice versa. Et si par chance il en va venus en aide.
autrement, c’est le signe d’un engagement festement retrouvé courage au cours de la lité et de foi qui restent ancrées dans la popu-
proche de la population de personnalités Un travail collectif semaine. lation, aux bonnes relations de voisinage, à
individuelles dans la commission scolaire. 30 habitants de Stäfa ont répondu à l’appel l’entraide, comme nous le montre parfaite-
Les efforts par rapport à l’école, ou exprimé du pasteur Roland Brendle afin de redonner Qui aider et où? ment l’exemple ci-dessus. Ce sont ces valeurs
différemment: La proximité envers l’école espoir à Werner Bardill. Certains sont des Le paysan de St. Antönien n’est pas un cas auxquelles il convient de redonner la prio-
– comme devoir important dans un Etat de artisans à la retraite tandis que d’autres sont isolé. Depuis 2000 environ, 1250 exploita- rité.
démocratie directe – est cependant affaiblie. encore pleinement engagés dans la vie pro- tions agricoles ont disparu chaque année. C’est le travail honnête des hommes qui
Le caractère de l’école populaire se perd, fessionnelle. Du 16 au 23 août, ces artisans De nombreux paysans doivent prendre une crée des valeurs et maintient la vie et non
l’exemple manque en matière d’engagement – couvreurs, électriciens, menuisiers, char- décision: abandonner ou construire du neuf. pas les spéculations boursières. Ce sont
citoyen, ce qui devrait pourtant se refléter pentiers, carreleurs, serruriers, mécaniciens… Ils ne peuvent pas être tous aidés par des les paysans, les ouvriers et les artisans qui
dans l’école. et cuisinière – ont travaillé sur le chantier ou bénévoles et pourtant les gens de Stäfa n’en assurent notre alimentation, construisent et
L’école est pour nos enfants, et ceci pas dans un entrepôt avec d’autres bénévoles. Ces ont pas conclu qu’ils n’étaient qu’une goutte entretiennent nos routes et nos maisons et
en dernier lieu, aussi une préparation pour derniers ont découvert peu à peu leurs apti- d’eau dans la mer. Ils adoptent plutôt l’atti- non pas les spéculateurs qui écument des
plus tard à notre ordre démocratique. Cela tudes artisanales. Tout ce petit monde était tude d’Albert Schweitzer qui disait: «Tu ne millions. On n’a pas besoin de ces der-
ne se fait pas tout seul, la démocratie doit motivé, d’autant plus que la fondation de la peux pas changer le monde entier, mais tu niers.
être vécue consciemment comme exemple, Caisse d’épargne de Stäfa, les fondations peux donner de l’espoir à une personne.» Notre société souffre d’une perte de sens
et être comprise dans le quotidien de l’école. Linsi et Geschwister-Gut, de même que la Source: Zürichsee-Zeitung du 31/8/10 et de cohésion. La croissance économique et
La démocratie – si l’on ne veut pas qu’elle ZKB (Banque cantonale de Zurich) de Stäfa la recherche du profit ne produisent pas de
reste une notion abstraite – doit commencer et d’Hombrechtikon ont apporté leur aide sens. Dans chaque village, on rencontre des
dans les petites choses et croître. financière. *** jeunes gens qui ne savent que faire une fois
Pour les parents également, qui devraient ds. La crise économique n’est pas encore leur scolarité achevée et qui, par ennui et
s’engager au moins aussi intensément pour Le paysan revit maîtrisée. De nombreux spécialistes nous absence de but dans la vie, succombent à des
l’école comme telle, et qui ne devraient pas Après quelque 150 journées de travail où l’on mettent en garde: les conséquences de la idées destructrices et sombrent dans la vio-
penser uniquement à leur propre enfant, le a mesuré, cloué, scié, raboté, vissé, fait des débâcle financière vont encore nous préoc- lence. Ce qui leur manque, c’est des pers-
lien à l’école, à l’origine étroit, est affai- trous, aiguisé, tiré des fils et mis de l’ordre, cuper longtemps. La reprise économique pectives.
bli par la nouvellel hiérarchisation. Même Werner Bardill voit se dessiner la fin des tra- concerne surtout la Bourse et les marchés Pourquoi les communes ne s’inspire-
si au niveau de la participation des parents, vaux. Mais jusqu’à ce que les bêtes puissent financiers qui reviennent, comme si rien ne raient-elles pas de l’exemple évoqué ci-
on cherche de nouvelles voies, le réseau ori- occuper l’étable, il faudra encore installer le s’était passé, à leurs opérations spéculatives dessus et ne développeraient-elles pas des
ginel entre parents comme citoyens et la com- système d’abreuvoirs, construire les silos et risquées, lesquelles ont pourtant été à l’ori- concepts visant à les éloigner de la rue et
mission scolaire avec son contrôle immédiat réaliser l’enclos. gine de la crise. à leur donner des perspectives et de l’es-
d’une tâche publique, est devenu plus difficile Cela représente encore beaucoup de tra- Il est donc d’autant plus nécessaire que poir en leur proposant des activités utiles?
en raison de la plus grande distance entre les vail pour le paysan mais le bout du tunnel nous nous demandions ce qui constitue la vie, Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de
deux pôles. Ce qui en souffre, c’est la qualité est en vue. C’est pourquoi le paysan a mani- que nous réfléchissions aux valeurs de fidé- cabinets de conseil étrangers qui vantent
des liens immédiats. les communes dans de coûteuses brochu-
Beaucoup de nouveautés à l’école laissent res sur papier glacé mais de citoyens qui
des traces au niveau des élèves lorsque par
exemple ils collectent des produits dans leurs Horizons et débats ont les pieds sur terre et le cœur à la bonne
place. •
portfolios qui devraient finalement docu- Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité
(Traduction Horizons et débats)
menter leurs compétences. On trouve assez pour le respect et la promotion du droit international,
vite les effets des faiblesses humaines dans du droit humanitaire et des droits humains
ce processus: On produit du papier pour se
profiler, se présenter. L’apparence, la présen- Abonnez-vous à Horizons et débats – journal publié par une coopérative indépendante
tation sur Internet obtiennent plus d’impor- L’hebdomadaire Horizons et débats est édité par la coopérative Zeit-Fragen qui tient à son indépendance Horizons et débats
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No 44, 15 novembre 2010 Horizons et débats page 7

Pallier la diminution du nombre des cabinets médicaux en


créant des cabinets de groupe sous forme de coopérative
par Hansruedi Kugler
hd. Il y a deux mois environ, l’Office fédé- C’est pourquoi, à Ebnat-Kappel aussi, selon médecin de famille, selon l’idée de la coopé- Aerne pense que le financement est ici le
ral de la santé publique (OFSP) attira l’at- l’analyse d’un groupe de travail constitué par rative. La coopérative a de manière assurée moindre problème.
tention sur le fait que dans les années à l’inspectrice scolaire Judith Rütsche et l’ancien déjà son premier médecin pour le cabinet de Une banque soutient totalement la coopé-
venir 30% des cabinets médicaux disparaî- membre du conseil municipal Emil Aerne, il groupe. C’est Andreas Rohner, qui transfè- rative et des personnes privées se sont enga-
tront à la campagne, car les jeunes méde- est de plus en plus difficile de vendre un cabi- rera son cabinet d’Ebnat-Kappel au cabinet de gées déjà généreusement pour l’obtention de
cins ne veulent plus les reprendre. Cela aura net médical. Depuis six ans, ils s’occupent de groupe encore avant son départ à la retraite. parts sociales. Pour la réalisation de ce pro-
des conséquences graves sur l’approvision- cette question. Les départs à la retraite de Ueli Avec lui, environ un tiers des 400 mètres car- jet, il manque actuellement encore environ
nement sanitaire de la population rurale et Frey en 2011 et d’Andreas Rohner en 2016 ont rés sera occupé. En commun avec un méde- 200 000 francs, qui pourraient être acquis
conduira à une perte de la qualité de vie si motivé aussi le conseil municipal à traiter le cin travaillant à temps partiel, cela ferait à sous forme de parts sociales ou d’emprunt
l’on ne prend pas des mesures appropriées sujet de l’approvisionnement médical de base peu près la moitié. sans intérêts. L’idée de la coopérative a ren-
pour y remédier. Les initiatives prises par dans les objectifs de la législature. Rohner pense qu’au cas où on ne trouverait contré une grande sympathie de la part des
des citoyens particuliers sont souvent les plus Un dialogue intensif entre la coopérative et aucune personne intéressée jusqu’à la cons- auditeurs: Le cabinet de groupe appartient
efficaces, qui conduisent souvent à des solu- le conseil municipal, en particulier sur l’em- truction du projet, on pourrait sans problème ainsi à la communauté villageoise, et non pas
tions pragmatiques. Il en est ainsi de l’idée placement, a été amorcé. louer la deuxième partie du cabinet comme à une assurance et n’est pas livré non plus
de créer un cabinet médical de groupe sous appartement. Cependant, les pièces seront à l’humeur des politiciens comme pour les
forme de coopérative, qui doit voir le jour à Cabinet flexible apte au développement aménagées de telle sorte qu’elles pourront hôpitaux.
Ebnat-Kappel dans le Toggenburg (SG), et Avec la création de la coopérative du cabi- être à tout moment transformées avec peu
ceci afin de pallier à la diminution pronosti- net médical de groupe, le groupe de travail a d’investissement en pièces de cabinet. Judith Où installer le cabinet?
quée des cabinets médicaux. maintenant défini son objectif: sur 400 mètres Rütsche déclare que la coopérative ne veut L’emplacement du futur cabinet n’est pas
carrés, un cabinet médical de groupe doit voir pas concurrencer les autres cabinets. Donc ni encore clair. Le plus probable, c’est qu’il
La coopérative du cabinet médical de groupe le jour au centre d’Ebnat-Kappel. Il doit pou- le cabinet de groupe de Michaela Signer et occupera une partie du lotissement du cen-
d’Ebnat Kappel a présenté le 21 octobre son voir être utilisé de manière aussi flexible que Adelheid Hettich conduit à titre privé (toutes tre planifié, c’est-à-dire entre le kiosque et la
projet à l’hôtel Kapplerhof. Sur 400 mètres possible, par des médecins travaillant à plein deux travaillent aussi à l’hôpital cantonal) ni vieille pharmacie, parce que là, aucun plan de
carrés, un cabinet flexible pour plusieurs temps ou à temps partiel, par des généralistes celui de Christoph Lanz, dont on ne connaît construction n’est présenté jusqu’alors, mais
médecins généralistes et spécialistes doit être et des spécialistes ainsi que par des kinésithé- pas, pour cause de congés, les intentions futu- Emil Aerne souligne que rien n’est encore
créé. Le village y montre beaucoup d’intérêt, rapeutes ou Spitex. Pour ceux-ci, le cabinet res. Pour chaque règlement de succession ou décidé. Le cabinet de groupe est aussi pensa-
plus de 100 personnes sont venues à la soirée de groupe offre beaucoup d’avantages: pas de de cession, le cabinet de groupe est certai- ble à d’autres endroits.
informative. risques financiers élevés, utilisation commune nement une option attractive pour les méde- Selon Aerne, il n’est pas envisageable d’in-
On prédit pour toute la Suisse une pénu- du laboratoire et des appareils, le cas échéant cins. tégrer le cabinet dans l’agrandissement de
rie de médecins de famille. Les jeunes méde- travail en équipe, organisation simplifiée des la résidence pour les personnes âgées Gill,
cins préfèrent travailler en équipe et en outre, remplacements et travail à temps partiel et Il manque encore 200 000 francs car les 200 mètres carrés proposés ne sont
beaucoup de femmes à temps partiel. De avant tout une solution centrale pour le cabi- Si ce cabinet de groupe était réalisé, ce serait pas suffisants. Emil Aerne ajoute que lors de
plus, toujours moins de jeunes médecins sont net des consultations du service des urgences. une première en Suisse. Certes, il existe la réunion préalable du 15 novembre et au
prêts à acheter un cabinet et à faire des dettes une quantité de cabinets de groupe en tant plus tard lors de l’assemblée communale du
pour reprendre ou se procurer des appareils Le médecin de famille qu’union de médecins ou de centres de soins 24 novembre, on espère pouvoir en dire plus
reste médecin de famille
médicaux devenant toujours plus chers tels des assurances-maladie. Cependant, une sur le lieu. •
que des appareils de radiographie et d’écho- Pour les patients, la relation avec le méde- coopérative en tant que responsable admi- Source: St. Galler Tagblatt du 23/10/10
graphie. cin ne devra pas changer: Chacun garde son nistrative constituerait une nouveauté. Emil (Traduction Horizons et débats)

«Animé par la foi dans la bonté et la noblesse de cœur de l’homme»


A l’occasion de la magnifique œuvre musicale en l’honneur d’Henry Dunant
présentée à l’église protestante de Heiden
par Urs Knoblauch, journaliste culturel, Fruthwilen TG
La retraite aux flambeaux, organisée chaque son renommé Gion Antoni Derungs et qui se passait. Et tout ce que j’écrivais, je le von Suttner, amie d’Alfred Nobel, prenne une
année par le musée Dunant, avec dépôt de l’Orchestre Collegium Musicum de St-Gall transformais en utopie – en une vision – la pareille importance. Le chœur non seulement
couronne auprès de la statue de Dunant à sous la direction de Mario Schwarz. Derungs ‹Croix-Rouge›. Et cette idée put se concréti- chante, mais commente les scènes, dans l’es-
Heiden, de même que la représentation en fut pendant de nombreuses années organiste ser à l’aide de Dufour, Appia, Maunoir, Gus- prit de cette époque, dans une composition
première de l’œuvre «Henry Dunant – ein dra- à la cathédrale de Coire, professeur de musi- tave Moynier. […] Il fallait déclencher dans discrète, moderne, mais inspirée du chant
matisches Menschenleben» à l’église protes- que et directeur de chœurs. Ce compositeur le monde une aide désintéressée pour les vic- grégorien et de la musique populaire rhéto-
tante de Heiden furent une conclusion digne qui fut honoré à plusieurs reprises «réussit times des guerres. Il le fallait!» Le chœur des romane: «Elevons-nous pour l’amour du pro-
de la cérémonie du 30 octobre 2010, à l’oc- à présenter la vie dramatique de Dunant de blessés chante: «Cet homme en blanc, aux chain, luttons contre les «Solferino» et pour la
casion du centenaire de la mort de ce grand façon digne et sensible et non accrocheuse», yeux doux, au regard pénétrant, à la voix éner- campagne menée par Dunant. Tutti fratelli!»
humaniste suisse et fondateur de la Croix- comme on peut le lire dans la présentation gique, au grand cœur qui apporte réconfort et Les applaudissements nourris et bien
Rouge. Cette œuvre musicale, présentée sur du musée Dunant. Les acteurs et actrices, les courage – c’est ainsi que Dunant apparaissait: mérités ont manifestement réjoui musiciens,
scène, s’offrit comme une œuvre grandiose, chanteurs et cantatrices, les solistes de même un sauveur parmi les malheureux». acteurs et visiteurs. •
tant dans son aspect moderne qu’esthétique, que le chœur et la mise en scène furent par- Dans la troisième scène le vieux Dunant
pleine de dignité, faisant rayonner l’esprit faits. L’intérieur de l’église fut habilement raconte: «A l’époque de l’écriture manus-
humaniste de Dunant et de la Croix-Rouge. transformé en une scène, agrémentée de pro- crite et de la bouteille d’encre, de la calèche
jections. et de la canne, mes voyages pour la Croix-
Il va de soi qu’on ne pouvait trouver une place «Ce qu’il y a de particulier dans cette Rouge tenaient de l’aventure. Pas de portable,
que dans la mesure où l’on était invité ou œuvre, c’est que Dunant est présenté sous pas d’Internet, aucune liaison par avion ou par
qu’on faisait partie des personnes officielles. deux aspects, celui de sa jeunesse et celui de sa train en horaire cadencé. Il n’y avait rien de
Toutefois, il fut possible de participer au spec- vieillesse, alors qu’il se tourne vers son passé, tout cela. C’est avec beaucoup de peine que je
tacle le dimanche après-midi. Le drapeau de présentant succinctement chaque scène.» Dif- diffusais mes idées et mes projets, animé par
la Croix-Rouge et celui de la Confédération férentes situations importantes de sa vie sont la foi dans la bonté et la noblesse de cœur de
suisse, la croix blanche sur fond rouge, flot- présentées dans les cinq scènes, mettant en l’homme. Je voulais briser les lois de la guerre
tèrent le dimanche après-midi, agités par le avant les hauts et les bas. En coopération avec et libérer les droits acquis de leurs entraves. La
fœhn, tout en haut du clocher. On se rappela le compositeur, l’ancien conseiller fédéral liste de mes projets était longue: soigner les
l’église de Solferino, là où Dunant, horrifié Hans-Rudolf Merz présenta en été 2007 un blessés, protéger les prisonniers de guerre et la
par le spectacle de la guerre, décida d’apporter livret si convaincant qu’on en décida la réali- population civile. Lutter contre l’esclavage et la
son aide et créa par la suite la Croix-Rouge. sation. En voici quelques passages: vivisection. Je fondais des sociétés palestinien-
Les participants dans une église bondée La première scène commence par l’évoca- nes, des sociétés de jeunesse chrétienne, une
vécurent ce dimanche après-midi une œuvre tion de la jeunesse de Dunant, passée dans association mondiale pour l’ordre et l’éduca-
musicale réussie, digne de cette commémo- sa famille distinguée, à l’esprit chrétien et tion, je souhaitais une bibliothèque universelle
ration, avec, comme introduction, un livret humanitaire: «Culte de l’amour du prochain et projetais une Croix-Verte pour les femmes
émouvant de l’ancien conseiller fédéral et désespoir à la vue de la détresse m’accom- désavantagées. […] La rencontre avec la mili-
Hans-Rudolf Merz, qui grandit à Appenzell pagnèrent constamment.» tante pour la paix Bertha von Suttner n’avait
Rhodes-Extérieures, y fut actif et engagé cul- La deuxième scène présente la frayeur de pas encore eu lieu. Mais j’avais comme l’im-
turellement. Cette œuvre fut pour lui une con- Dunant à la vue du champ de bataille de Sol- pression d’être habité par son esprit.
clusion heureuse de son engagement comme ferino. «C’étaient d’effroyables combats corps La quatrième scène traite de l’échec de sa
conseiller fédéral. à corps» et «le soir le champ de bataille était tentative commerciale et de l’éloignement tragi-
jonché de blessés de toutes nations, gisant côte que de Genève, de la pauvreté et du séjour pari-
«Un esprit d’infinie miséricorde» à côte et gémissant. Tutti fratelli. J’apportais sien où il trouva de l’aide et beaucoup d’amour
Cette œuvre musicale, remarquablement com- mon aide dans les églises et dans les hôpitaux, de la part de la fortunée Léonie Kastner.
posée, commence par une ouverture, suivie de de mon mieux. J’éprouvais de la pitié et mani- Dans la cinquième scène apparaissent des
cinq scènes. Elle frappe par sa simplicité et festais de la miséricorde. Le vieux Dunant se images projetées de Heiden, cette station de
son caractère digne par le fait qu’elle allie de souvient: «J’en étais bouleversé, cela rejoi- cure de l’époque Biedermeier, avec un Dunant Croix rouges peintes sur toile à Heiden par de
manière harmonieuse des éléments classiques gnait le jour où j’avais pris conscience de l’es- vieillissant, malade, mais toujours actif, et pré- nombreuses personnes à l’occasion du cente-
et modernes et par ses qualités esthétiques. prit d’infinie miséricorde qu’enfant j’avais sente un final plein de dignité. Il est réjouis- naire de la mort d’Henry Dunant. Ces croix ont
Les différentes scènes furent reliées reçu de ma mère et que je pus ainsi dévelop- sant que l’attribution du prix Nobel de la paix été vendues aux enchères au profit de la Croix-
remarquablement par le compositeur gri- per pour la première fois. Et je notais tout ce à Dunant et à la militante pour la paix Bertha Rouge. (photo uk)
page 8 Horizons et débats No 44, 15 novembre 2010

Cadeau de Noël

Qui est Henry Dunant?


Deux enfants découvrent l’histoire d’Henry Dunant et de la Croix-Rouge»
Le 30 octobre a eu lieu le 100 e anniversaire de la mort Sans sa force de conviction et son énergie, la Croix-Rouge auditeurs) dans le sujet. Se prêtant aussi bien à la lecture à
d’Henry Dunant. C’est l’occasion de nous intéresser à nou- n’existerait pas. On est fasciné de voir tout le bien qu’un seul haute voix par un adulte qu’à la lecture individuelle, il a sa
veau à la création et à l’histoire de la Croix-Rouge. Les idées individu peut faire lorsqu’il est animé par la compassion et place dans la famille, au jardin d’enfants, à l’école et dans
et l’action de Dunant n’ont rien perdu de leur actualité, bien qu’il ne recule pas devant les obstacles. La sensibilité sans les groupes de jeunes et pourra servir de base à des discus-
au contraire. calcul au sort d’autrui et l’énergie avec laquelle Dunant a sions enrichissantes.
Homme bien ancré dans son époque, il n’a pas fermé les répandu ses idées et les a mises en œuvre constituent encore Les faits historiques ont été soigneusement vérifiés par
yeux face aux horreurs de la guerre. Son grand cœur et sa pour les enfants et les jeunes d’aujourd’hui un modèle sédui- des spécialistes de la Croix-Rouge suisse, du CICR et de la
détermination dans l’action, qui lui ont inspiré la vision sant et convaincant. Société Henry Dunant. Ils constituent également une source
d’une organisation humanitaire et d’un droit humanitaire, C’est dans cet esprit que Lisette Bors a rédigé et illustré d’informations précieuse pour les lecteurs adultes.
ne cessent depuis lors de toucher les hommes de tous les pays le livre d’images «Qui est Henry Dunant?». Intégré à l’uni- Ci-dessous nous vous présentons des extraits tirés de cet
et de toutes les cultures. vers quotidien des enfants, il introduit les jeunes lecteurs (ou ouvrage.

Ce livre d’images instructif est destiné aux enfants dès la


deuxième année de l’école enfantine. Dans la première par-
tie Lisa part en vacances chez ses grands-parents. Elle et
son cousin René y font connaissance d’Amira, une fille de
réfugiés. Cette dernière vient d’Irak. Il pourrait cependant
s’agir aussi bien d’un enfant de Somalie, du Sri Lanka, de
Palestine ou d’ailleurs.

[…] Grand-père de son côté reste assis au grand-père. Il prend un air grave. – Es-tu peu, posant ses yeux avec tendresse sur sa par exemple entre deux pays. Et «en détail»
salon. Il est pensif. Il a lu le journal et main- triste? demande Lisa. Les yeux du grand- petite-fille. – Tu sais Lisa, ce sont de bonnes veut dire chez nous ou entre toi et ton amie.
tenant, il écoute la radio. Ce sont peu de père se posent longtemps sur Lisa. Il com- questions, mais pas faciles. Je ne sais pas te Tu comprends ce que je veux dire? Lisa fait
bonnes nouvelles qu’il apprend du monde mence à raconter à ses petits-enfants ce qu’il donner une réponse simple. Mais je suis sûre oui de la tête. Grand-mère continue: – Il
entier. La guerre en Irak continue. Les gens a lu et ce qu’il a entendu. – Et qu’est-ce qui que chaque personne peut et doit contribuer faut soigner et cultiver la paix, aussi bien
souffrent. Ils ont à peine de l’eau propre ou se passe avec le père d’Amira? veut savoir à la paix, en gros et en détail. Tout simple- entre les gens qu’entre les peuples. Un peu
de l’électricité, il n’y a pas assez à manger, René. – Oui, répond grand-père, c’est à cela ment ce qui lui est possible. comme les plantes devant la fenêtre, elles
ils manquent de médecins, d’infirmières et que je viens de penser, moi aussi. Mais mal- Lisa regarde sa grand-mère et lui ont toujours besoin d’eau et d’engrais. Il
de médicaments. Il leur manque de tout. heureusement, je n’ai encore rien entendu. demande ce que cela veut dire. faut s’en occuper – et avant tout – la paix, il
Cette guerre n’a aucun sens, pense grand- En Irak, il y a beaucoup de familles tou- – C’est bien que tu demandes. «En gros» faut la vouloir, a-t-elle ajouté d’un air déter-
père, elle est insensée comme toute guerre. chées par le même sort. Lisa remet le ver veut dire contribuer à la paix dans le monde, miné.
Aucun problème ne se résout comme ça, au par terre où il disparaît tout de suite. René
contraire. cherche Hannibal qui s’est mis en route.
Il éteint la radio et plie le journal. Il Grand-père traverse le jardin à pas lourds. Les enfants se posent beaucoup de questions. Ils veulent savoir entre autre ce qu’est la
pense aussi aux gens qui vont aider les per- Lisa le suit des yeux et ensuite elle va vers Croix-Rouge et qui est son fondateur. Dans la deuxième partie, le grand-père en raconte
sonnes dans ces pays souffrant de la guerre, sa grand-mère à la cuisine. l’histoire.
par exemple aux collaborateurs de la Croix- Grand-mère arrose les fleurs et les herbes
Rouge. devant la fenêtre de la cuisine. Lisa l’ob- […] Lorsqu’Henry Dunant est arrivé le
Il faut que je parle à grand-mère et serve un moment. Ensuite elle lui parle de soir de la bataille près de Solferino, c’était
qu’on se demande, ce que nous pouvons l’air sérieux de grand-père et lui rapporte un spectacle d’horreur. Sans y être du tout
faire, pense-t-il. La situation de la famille tout ce qu’il leur a dit, à elle et à René. préparé, il s’est vu confronté aux horreurs
d’Amira et de son père disparu lui passent – Oui, je sais, dit grand-mère. Nous venons de la guerre. Sans les moindres connais-
par la tête. Il est pensif. aussi d’en discuter. Je le comprends bien. sances en médecine, sans aucune notion de
Hannibal, la tortue, rampe à travers le jar- Nous vivons dans un pays paisible. Nous ne premiers secours, il a commencé à aider
din et essaie de surmonter un bâton. René a connaissons la guerre que par les nouvelles, chaque soldat blessé tant qu’il pouvait. Il
grimpé sur l’arbre et balance les jambes. – le journal et par l’ouï-dire. Ici, nous avons ne voulait et ne pouvait pas détourner le
Allô, grand-papa, s’écrie-t-il quand celui- tout et ailleurs, il manque de tout. regard. Il a prié la population de l’aider. Il
ci arrive au jardin. – Sois le bienvenu, mon Pensive, elle enlève quelques feuilles a donné à boire aux blessés, il a nettoyé les
cher, répond-il. Il s’arrête, laisse passer son fanées et remplit encore une fois l’arrosoir plaies tant bien que mal, les a pansées pro-
regard à travers le jardin et regarde au loin. d’eau. – Mais pourquoi est-ce qu’il y a la visoirement et a essayé de leur donner une
– Regarde, grand-papa! Lisa tient un ver guerre, pourquoi les gens ne font-ils pas tout couche plus confortable. La misère était
de terre dans ses mains. – Hum, murmure simplement la paix? Grand-mère réfléchit un énorme. Henry Dunant a essayé d’organi-
ser des transports vers les hôpitaux de la
région et d’obtenir du matériel de panse-
ment. On avait installé les soldats blessés
dans des églises, dans des maisons d’habi-
tations, des abris et des écuries. Ce qui a
impressionné profondément les gens, c’est
qu’Henry Dunant s’est occupé de chaque
blessé. C’est pourquoi ils se sont volon-
tiers joints à lui. Il ne se préoccupait pas Henry Dunant (photo CRS)
de savoir à quelle armée les soldats bles-
sés et mourants appartenaient. Tous avaient nous respirons tous et éprouvons des sen-
maintenant besoin d’aide. C’est ainsi que timents. Nous avons besoin de boire et de
les femmes ne cessaient de clamer: «Tutti manger et d’avoir un toit pour dormir. Nous
fratelli!» Est-ce que vous savez ce que cela avons besoin de soins lorsque nous sommes
veut dire? malades et de réconfort quand nous som-
– Moi pas, Lisa secoue la tête et René mes tristes. Nous rions tous lorsque nous
ajoute: – Je ne sais pas encore parler l’ita- sommes heureux. Nous êtres humains nous
lien, moi. appartenons tous à la même grande famille.
– Alors cela veut dire en français: Nous «Tutti fratelli» veut dire que ce sont des
sommes tous des frères. êtres humains comme toi et moi. Il n’y a
Grand-papa prend le globe et le fait tourner pas de différence entre l’ennemi et l’ami. Et
lentement. surtout pas lorsque cet être humain gît par
– Voyez, dans le monde entier vivent des terre, blessé. Et ça c’était nouveau. Chacun
êtres humains. Ils ont tous des yeux, des avait droit aux soins, chacun.
oreilles, un nez et une bouche comme nous.
Peut-être que la couleur de leur peau est Extraits de:
un peu plus foncée, brune ou jaune. Peut- Lisette Bors, Qui est Henry Dunant?
être qu’ils parlent une autre langue. Mais ISBN 978-3-909234-09-7

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