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Université Hassan II

Mohammedia-Casablanca

Faculté des sciences juridiques,

Économiques et sociales de Mohammedia

Cours de droit des assurances


Assuré par le Pr. Salma El MelloukiRiffi

-
Année universitaire 2015 – 2016

5ème semestre

1
Introduction
Pour avoir une idée des concepts dont il est fait usage en matière du droit des assurances et
dégager les traits qui distinguent ce dernier, deux points essentiels doivent être examinés,
avant d’aller plus loin. Il s’agit, en l’occurrence, de la notion du droit des assurances et des
caractéristiques fondamentales de celui-ci.

A- La notion du droit des assurances

Du point de vue juridique, l’assurance que l’on trouve pratiquement dans toutes les activités
peut être définie comme étant l’opération par laquelle l’assureur s’engage à effectuer une
prestation au profit d’une autre personne en cas de survenance d’un dommage ou d’un
évènement aléatoire par nature (le risque), en contrepartie d’une somme d’argent oud’une
prime.

Du point de vue technique, l’assurance est l’opération par laquelle un assureur organise en
mutualité un grand nombre d’assurés exposés à la réalisation de certains risques, de manière
à pouvoir indemniser, grâce à la masse commune des primes collectées , ceux d’entre eux qui
subissent un sinistre.

Ainsi définie, le concept d’assurance doit être soigneusement distingué de ceux d’assistance,
de solidarité et d’épargne, avec lesquels il n’a en commun que quelques traits.

Dans l’assistance, qui peut être considérée tout au plus comme une assurance a posteriori, le
risque apparaît comme déjà réalisé. La comparaison entre assurance et solidarité, quant à elle,
ne semble pas aller au-delà de la notion d’entraide que suppose l’une comme l’autre.

Enfin, si l’assurance constitue bien une forme d’épargne en ce qu’elle est créatrice de capitaux,
compte tenu de l’accumulation des primes et des réserves dont l’entreprise d’assurance a la
jouissance temporaire, elle ne peut cependant y être identifiée. L’épargne obéit à des règles
qui lui sont propres, selon que l’on se trouve en présence d’épargne-économie ou d’épargne-
prévoyance.

Les termes de réassurance et de coassurance procèdent, pour ce qui les concerne, pleinement
de la notion d’assurance dont ils constituent des modalités particulières ou des variantes.

En doit commercial, la réassurance se révèle comme un contrat par lequel un assureur obtient
la prise en charge par un autre assureur, dit réassureur, de tout ou partie des risques qu’il
supporte à l’égard des assurés. La réassurance ne modifie en rien les contrats d’assurance
primitifs.

En droit civil, la coassurance désigne la répartition de la couverture d’un risque important,


maritime, industriel, immobilier, etc., entre plusieurs assureurs. Chaque assureur n’est engagé
que pour le montant qu’il accepte de couvrir dans la limite du «plein souscription » (somme
maximale garantie).

2
B- Les caractéristiques fondamentales du droit des assurances

Lorsque l’on jette un regard de synthèse sur le droit des assurances, on constate que celui-ci
est relativement récent, qu’il est axé sur le besoin de sécurité et qu’il fait place à divers types
d’assurances.

1- un droit relativement récent

L’assurance est une institution ne datant pas de si longtemps. Le Maroc y est venu très tard,
puisque son premier contact avec elle remonte au XIXème siècle. Au courant de ce siècle, les
armateurs ont senti le besoin de s’assurer contre les conséquences des événements de mer
subis par les bâtiments maritimes,ainsi que par leurs cargaisons, et plus tard par le personnel
navigant.

L’assurance maritime fut la première à voir le jour, elle sera, cependant, très vite dépassée,
suiteà la naissance des assurances terrestres, et notammentde celles garantissant la
responsabilité des employeurs contre le risque « accident de travail » subi par leurs employés
et de celles des propriétaires et conducteurs des véhicules à moteur. C’est d’ailleurs grâce à
ces deux dernièrescatégories d’assurance de « responsabilité civile » (RC), que les Marocains
seront intégrés progressivement au système de l’assurance en tant que tiers bénéficiaires
d’abord, puis en tant qu’assurés plus tard. L’évolution enregistrée par l’économie nationale et
la transformation de ses structures ont favorisé l’apparition d’autres formes d’assurances1.

L’un des premiers risques dont l’assurance fut rendue obligatoire a été celui de la responsabilité
civile chasse, introduite par le la loi du 21 juillet 1923. D’autres textes allaient suivre quelques
années plus tard, touchant plus particulièrement l’assurance de responsabilité civile automobile.
C’est ainsi que l’article 11du Dahir du 23 décembre 1937 a rendu obligatoire l’assurance RC
automobile, en la limitant aux seuls véhicules de transport public. L’arrêté viziriel du 06
septembre 1941 a, pour sa part, étendu l’obligation de souscrire une police de RC automobile à
tout propriétaire de véhicule, observation faite que cette obligation ne s’imposera en France
qu’en 1958. Ce dispositif allait être complété par le dahir du 20 octobre 1969 qui a rendu
obligatoire la couverture de la RC automobile au souscripteur et au gardien juridique du
véhicule.

1
Voir à ce sujet, ZoulikhaNassiri, « Le Droit de l’Assurance au Maroc », éd. La Porte, 1984, p.p.13-20.

3
Les textes précités ont été abrogés et leurs dispositions furent reprises et complétées par la
nouvelle loi n° 17-99 portant code des assurances du 03 octobre 20022. En effet, le livre II de
cette nouvelle loi est désormais consacré aux assurances obligatoires, à savoir : l’assurance
automobile et l’assurance chasse, comme on le verra plus loin. Quant au livre IV (4) de ce
nouveau dispositif, il traite de la RC professionnelle des intermédiaires d’assurances.
A côté de ces trois assurances obligatoires prévues par l’actuel code des assurances, une
quinzaine d’autres sont régies par des textes spécifiques3 –

2- Un droit axé sur le besoin de sécurité


L’assurance est conçue avant tout pour répondre au besoin de sécurité que recherche tout
individu soucieux de se prémunir contre les risques de la vie auxquels il peut se trouver exposé
soit dans sa vie soit dans ses biens.
Plus généralement, pour accomplir ses actes et accroître son patrimoine, l’homme a besoin de
sécurité. Celle-ci se traduit par la possibilité d’être indemnisé en cas de préjudices résultant de
la réalisation de risques, tout en garantissant aux tiers la réparation des préjudices dont il
peuvent être victimes, comme le prévoit l’assurance de responsabilité obligatoire, dont il sera
question plus tard, ainsi que par la possibilité de se constituer une épargne et de se donner les
moyens de procéder à des investissements, d’autant plus que l’une des fonctions essentielles de
l’assurance est de permettre à l’assuré d’exercer des activités multiples, activités qu’il ne
pourrait prétendre entreprendre sans son soutien.
3- un droit faisant place à divers types d’assurance
L’assurance n’est pas une activité à dimension unique. La multitude de risques de nature très
différente que couvre l’assureur témoigne de cette réalité. Autant dire que l’une des
caractéristiques fondamentales de l’assurance est de concerner des cas très différents les uns
des autres. Pour que l’on puisse s’y retrouver, une classification des assurances s’impose de
toute évidence.
Mieux que n’importe quel discours, le tableau ci-dessous permet d’en rendre compte. Il révèle
à la fois les critères utilisés en vue d’établir la classification considérée et les types d’assurances
auxquels il fait place, tout en les faisant assortir d’explications plus ou moins exhaustives.
L’important est que lorsque l’on parle d’assurance, on doit garder présent à l’esprit le caractère
multiforme de cette institution.

2
Voir Dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 portant promulgation de la loi n°17-99 portant code des assurances
(BO du 7 novembre 2002).
3
Voir à ce sujet, l’Economiste, « L’expérience marocaine en Assurance Obligatoire », éd. N° 3296 du 11
/06/2010.

4
Classification juridique de l’assurance
Assurance dommage Assurance de personnes
 Assurance des biens :  Assurance corporelle
mobiliers, moyens de
transport, etc.
 Assurance responsabilité :  Assurance vie
une responsabilité civile si on
cause, par exemple, un
dommage à autrui

Classification financière

Assurance gérée par


Assurance gérée par répartition
Elle dépend de la nature du dommage capitalisation
Elle dépend du capital
La gestion par répartition consiste, pour
l’assureur, à utiliser les cotisations payées La capitalisation consiste, pour
par l’ensemble des assurés pour l’assureur à placer une partie des primes
indemniser les victimes de sinistres. Cette collectées pour les faire fructifier. Il
répartition s’opère par année. Les réinvestit les revenus financiers ainsi
assurances de biens et de responsabilité, obtenus de manière à accroître la somme
ainsi que certaines assurances de initiale. Il constitue de cette manière un
personnes sont gérées en répartition. capital qui lui sert à payer, au moment
voulu, l’indemnisation prévue dans le
contrat.
Les assurances gérées en capitalisation
sont souscrites pour une longue période
et comportent un aspect épargne. Ces
assurances portent sur des risques non
constants dont la fréquence augmente ou
diminue au cours du contrat. C’est le cas
de la probabilité de décès ou de survie de
la personne humaine.

5
Les assurances gérées en capitalisation
concernent principalement l’assurance
vie, la capitalisation et la prévoyance
collective.

Classification selon la finalité de l’assurance


Le patrimoine La sécurité des La sécurité financière
personnes

Cela dit, quelle que soit l’importance des éléments qui précèdent, l’assurance ne livrera
pleinement ses secrets que lorsque deux données auront été examinées. Il s’agit, en l’espèce du
contrat d’assurance (titre 1) et des entités habilitées à exercer l’activité d’assurance et de
réassurance (titre II).

6
Titre I : Le contrat d’assurance

Le contrat d’assurance est réglementé par le livre 1erdu code des


assurances, livre qui ne s’applique pas aux entreprises de
réassurance, aux assurances maritimes et aux assurances de crédit.

C’est un contrat par lequel le souscripteur s’engage à payer une


prime à l’entreprise d’assurance pour la couverture d’un risque et
l’assureur, à son tour, s’engage à payer une prestation à l’assuré ou
à un tiers bénéficiaire, en cas de réalisation d’un sinistre.

Son appréhension commande le recours à l’analyse de trois points


essentiels, à savoir : la notion du contrat (Chapitre 1) ; les droits et
obligations des parties (Chapitre 2) et les assurances constituant
l’objet du contrat (Chapitre 3).

7
Chapitre I : La notion du contrat d’assurance

L’objet du présent chapitre est de répondre à trois questions : Quelles


est la nature juridique du contrat d’assurance ? Quelles en sont les
éléments ? Comment est-il conclu et quelles en sont les effets ?

I- La nature juridique du contrat d’assurance

- C’est un contrat réglementé pour assurer un certain équilibre entre les compagnies
d’assurance et les assurés (avant c’était un contrat d’adhésion : les assureurs
imposaient leurs conditions, et ce suite à l’intervention du législateur).
- C’est un contrat d’ordre public, dans la mesure où la plupart de ses dispositions sont
impératives, sauf quelques-unes, celles prévues par la loi, et où les personnes ont une
marge de liberté (art. 3 du code).
- C’est un contrat consensuel : l’écrit n’est pas exigé pour la formation du contrat. Il suffit
qu’il y ait un échange de volontés pour que le contrat soit valable. L’écrit n’est exigé
que comme moyen de preuve. L’écrit doit être établi en caractère apparent. Pour les
clauses importantes elles doivent être écrites en gras ou en couleur. Si la durée de

8
l’assurance et/ou du contrat d’assurance dépasse une année, l’assurance doit le
préciser à côté de la signature de l’assuré.
- C’est un contrat synallagmatique : différent du contrat unilatéral. Il suscite la présence
de deux parties. Les droits de l’une sont les obligations de l’autre.
- C’est un contrat à titre onéreux : prime, prestation
- C’est un contrat à exécution successive : il s’échelonne sur un futur inconnu, ce qui
donne lieu à un autre caractère: c’est un contrat aléatoire (soumis à un aléa).

II-Les éléments du contrat d’assurance

-Le souscripteur : c’est le preneur d’assurance. Autrement dit la personne qui signe le
contrat et s’engage à payer la prime. La police d’assurance est en son nom, police
consistant dans l’attestation qui lui est délivrée et où figure au verso la synthèse du
contrat (parties, durée, objet, etc.). Le plus souvent, le souscripteur est lui-même
l’assuré. Mais ce n’est pas général, dès lors que l’on peut bien souscrire une assurance
pour le compte d’autrui. C’est ce qu’on appelle l’assurance pour compte.

- L’assuré : c’est la personne sur la tête, ou sur les intérêts de laquelle repose une
assurance. C’est la personne qui est menacée par le risque couvert et qui n’est pas
forcément le souscripteur.
Ex : un dépositaire ayant une assurance sur les biens déposés chez lui n’encourt pas de
risque en cas de sinistre. C’est l’assuré qui s’y trouve exposé, dans la mesure où il est
le propriétaire des biens susvisés.

Ex : Dans l’assurance automobile, le souscripteur est le propriétaire de la voiture, mais


l’assuré peut être le chauffeur ou le gardien de la voiture.

- Le tiers bénéficiaire : dans les assurances de personnes, on peut même indiquer un


tiers bénéficiaire, ce qui fait jouer la stipulation pour autrui. Le tiers en question n’est
plus ni moins que la personne qui est désignée par le contrat pour bénéficier de la
prestation d’assurance. On rencontre pareil cas surtout dans l’assurance de personnes.
C’est le droit civil qui réglemente la matière. Ainsi, dans une assurance vie, on peut
envisager dans le contrat le nom de la personne à qui les fonds doivent être cédés, en
utilisant la formule suivante : « les capitaux épargnés doivent être versés à x ». la
stipulation pour autrui remet en cause la relativité du contrat. Il s’agit d’une dérogation

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au principe : le bénéficiaire n’est pas signataire.Parfois, il ne connaît même pas
l’existence du contrat.
-Le risque : c’est un événement incertain qu’on ne connaît pas et qui va occasionner le
sinistre. On a bel et bien connaissance du risque, mais on ne sait pas à quel moment
précis il peut se réaliser. Mieux encore, on n’est même sûr de sa survenance un jour.
Lorsqu’il se réalise, il donne lieu à un sinistre.
Le risque est l’objet du contrat d’assurance. Celui-ci doit être :

Aléatoire Réel Licite

(inconnu, (il doit exister, on (il ne doit pas être


l’assurance ne ne peut illicite : drogue
couvre pas les assurer un par exemple)
dommages bien déjà
volontaires) détruit)

En définitive, on peut dire que le risque est le mot clé de l’assurance. Le calcul de la prime et la
réalisation du sinistre, sont envisagés en fonction du risque assuré.

C’est l’élément le plus important du contrat d’assurance. Tout le contrat s’en trouve
imprégné. D’abord au niveau de sa formation, on prend en considération le risque pour
faire le calcul de la prime,qui sera fixée en fonction des probabilités des réalisations du
risque.

Au niveau de la réalisation du contrat : on peut à partir du risque demander le


changement de la prime en hausse ou en baisse. Le dédommagement sera calculé en
fonction du risque réalisé.

- Le sinistre : c’est la réalisation du risque, le dommage

- La prime : c’est le prix de l’assurance. On l’appelle la cotisation lorsque la société


d’assurance est une mutuelle.

- La prestation d’assurance : c’est le paiement d’une somme d’argent.Mais elle peut être
aussi une prestation en nature, comme par exemple l’envoi par l’assurance d’une
voiture de dépannage, le règlement des frais de justice, etc.

10
Par paiement, on entend l’exécution de l’obligation de faire ou de ne pas faire, de
donner. Le sens juridique du terme paiement est plus large que le sens courant dudit
terme.

Les éléments dont on vient de rendre compte, déterminent les droits et obligations
des parties liées par un contrat d’assurance.

III- Conclusion du contrat d’assurance et ses effets :

 La conclusion du contrat

La forme

Le contrat d’assurance doit être établi par écrit, mais la loi n’a pas prévu de sanction
de nullité à défaut d’écrit. Là, il faut revenir au droit commun. Comme on l’a déjà fait
savoir l’écrit n’est pas une condition de validité du contrat d’assurance. C’est juste un
moyen de preuve : à défaut d’écrit, les parties ne peuvent pas prouver l’existence de
leurs droits et obligations et aucune action judiciaire n’est possible.

Cet écrit doit être en caractère apparent. Avant l’apparition du code des assurances, cette
contrainte n’existait pas puisque les parties aux contrats prévoyaient des clauses de
caractère non apparent. Cela veut dire qu’en cas de sinistre, l’assuré se trouvait dans
l’impossibilité de défendre ses intérêts, ses droits, et était même parfois victime
d’escroquerie.

Normalement, la durée du contrat d’assurance est d’une année; si on prévoit une


durée supérieure à celle-ci, on doit le mentionner clairement au-dessus de la signature
des parties, à défaut, on se trouverait devant un contrat annuel.

Pour certaines clauses importantes, telles que les clauses de déchéance (perte de
certains droits), de nullité (il n’y a pas de nullité sans texte) et d’exclusion (les risques
qui ne sont pas assurés), le législateur a prévu leur transcription soit en caractère gras,
soit l’utilisation d’une autre couleur.

Le fond

11
Dans tout contrat d’assurance, on retrouve des conditions générales et des conditions
spéciales. Il peut renfermer des clauses obligatoires et/ou des clauses facultatives et
ou des clauses spécifiques dans le cas de certains contrats d’assurance (art. 12 et 13).

Par exemple, la loi prévoit que dans tout contrat d’assurance,il doit être fait place à la
clause suivante : « le contrat d’assurance est résilié de plein droit en cas de retrait
d’agrément de la société d’assurance concernée ».

Il y a lieu de faire remarquer, enfin,que le contrat d’assurance peut être conclu au nom
du souscripteur ou à l’ordre d’une autre personne, au nom du porteur. Lorsque le
contrat d’assurance est à ordre, il peut être endossé.

Le contrat d’assurance n’est pas transmissible, il est personnel, sauf en cas de cession aux
héritiers.

 Les effets du contrat :

Les effets du contrat d’assurance nécessitent que l’on garde présent à l’esprit son caractère
consensuel. Cela veut dire que dès que les parties sont d’accord pour les conditions essentielles, accord
reflété en principe par la signature, ledit contrat produit ses effets. L’assuré est tenu au paiement de
la prime et l’assureur doit à ce dernier la prestation en cas de sinistre. Toutefois, les parties peuvent
convenir que le contrat ne prendra effet qu’à partir de telle ou telle date, comme le prévoit la clause
dite de prise d’effet.

Le contrat ne peut produire d’effets, même en cas de consentement mutuel des parties, en cas de non-
respect des dispositions prévues par l’article 3 du code des assurances. Il y est en effet postulé que« ne
peuvent être modifiées, par convention, les prescriptions du présent livre (livre I), sauf celles qui
donnent aux parties une simple faculté et qui sont contenues dans les articles 9, 15, 16, 32, 40, 43, 44,
45, 47, 49, 51, 56, 6, 63, 64, 67, 77, 81, 83 et 84 de la présente loi. » On ne doit pas s’en étonner : le
contrat d’assurance est réglementé, et ce afin d’éviter les inconvénients du contrat d’adhésion. Il est
soumis à des dispositions impératives, à l’exception de celles à caractère supplétif prévues à l’article 3
susvisé.

Cela dit, qu’en est-il des effets du contrat en cas de stipulation pour autrui. Avant de tenter de dégager
ces effets, il importe de rappeler brièvement les contours et caractéristiques de la notion précitée.

La stipulation pour autrui :

- Contours et caractéristiques

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Elle met en présence trois protagonistes : deux personnes passent un contrat qui produit des effets à
l’égard d’une troisième. C’est donc un mécanisme par lequel une personne (le stipulant) obtient d’une
autre personne (le promettant) l’engagement d’exécuter une prestation au profit d’un tiers (le tiers
bénéficiaire).

Il s’agit là d’une dérogation à la règle posée par l’art0 33 du DOC : « nul ne peut engager autrui, ni
stipuler pour lui, s’il n’a pouvoir de le représenter en vertu d’un mandat ou de la loi ».
Le mécanisme est, cependant, reconnu par l’art. 34 du DOC : « néanmoins on peut stipuler au profit
d’un tiers, même indéterminé, lorsque telle est la cause d’une convention à titre onéreux que l’on fait
soit même ou d’une libéralité que l’on fait au promettant ».
 la stipulation pour autrui se trouve à la base de « l’assurance pour la vie » (l’assuré obtient d’une
compagnie d’assurance, qu’à son décès, celle-ci versera une somme déterminée aux bénéficiaires
qu’il aura désignés).
 Elle se trouve également à la base de « l’assurance pour le compte de qui il appartiendra (une
marchandise est assurée par son propriétaire au profit des acquéreurs successifs pour la durée du
transport).
 Elle peut se trouver aussi à la base de la donation avec charge (le donateur impose au donataire
d’assurer, au profit d’un tiers, les charges de la donation : versement d’une somme, subvenir aux
besoins du tiers bénéficiaire, etc.)
De manière générale, ce procédé peut convenir à différents contrats.
Avant de terminer avec l’aspect abordé, deux remarques s’imposent :

Entre le stipulant et le promettant s’opère un échange du consentement classique, régi par le


droit commun, qui va former le contrat originaire et servir de support à l’opération triangulaire.

Le tiers bénéficiaire ne concourt pas à la formation du contrat, mais l’acceptation de celui-ci


n’est pas une condition nécessaire pour qu’il puisse en bénéficier, car les droits s’y trouvant prévus
lui sont acquis « avant l’acceptation par le seul effet de la convention intervenue entre les deux
parties » (Carbonnier).

- Effets

La stipulation pour autrui fait naître des rapports triangulaires :

1- Rapport initial entre stipulant et promettant

Il s’agit du contrat conclu entre le stipulant et le promettant. Le stipulant qui agit au profit du
tiers bénéficiaire conserve la qualité de partie au contrat et les droits qui s’y attachent.

13
Ex : - il peut donc poursuivre le promettant en exécution de ses obligations même si celles-ci
ne profitent qu’au tiers bénéficiaire (art. 35 du DOC).

Il peut, également, agir en résolution ou en responsabilité contre le stipulant.

2- Le rapport dérivé entre promettant et le tiers bénéficiaire

C’est là que réside la singularité de l’opération : ce procédé fait acquérir au tiers bénéficiaire
un droit direct contre le promettant alors qu’il n’existe entre eux aucun contrat. L’existence de
ce droit direct est attestée par l’art. 34 du DOC : « la stipulation opère directement en faveur
du tiers … »
Il en résulte que le tiers bénéficiaire peut en son propre nom et en sa qualité de bénéficiaire
exiger du promettant l’exécution de la stipulation. Il en résulte, aussi, que le tiers bénéficiaire
sera considéré comme l’ayant cause à titre particulier du promettant. En conséquence, la
créance du bénéficiaire est une créance directe contre le promettant qui échappe au
patrimoine du stipulant et, donc, aux créanciers de ce dernier.

3- Rapport entre stipulant et celui bénéficiant de la stipulation

Le créancier peut toujours révoquer la stipulation tant qu’elle n’a pas été acceptée par le
bénéficiaire. L’acceptation du bénéficiaire rend la stipulation irrévocable et opère
rétroactivement.

Chapitre II : Les Droits et Obligations des Parties

Les parties dont il est question, ici, s’entendent des parties directes (assurées et
assureurs) et, parfois, des parties indirectes (souscripteurs et bénéficiaires).

Cette précision étant soulignée, il y a lieu de faire remarquer que les obligations
qui naissent du contrat d’assurance se prescrivent par 2 ans, à compter de
l’événement qui leur donne naissance. Mais pour les contrats d’assurance de
14
personnes, la durée de prescription est de 5 ans. Elle est même de 10 ans pour
les assurances vie et les assurances de capitalisation, à condition que le
bénéficiaire ne soit pas le souscripteur.

Cette durée peut être prolongée à partir du jour où les intéressés ont
connaissance du sinistre.

Il convient d’examiner, dans un premier temps, les droits et obligations de


l’assuré et dans un second ceux de l’assureur.

I- Les droits et obligations de l’assuré

A- Les obligations de l’assuré

1- Le paiement de la prime
C’est au souscripteur de payer la prime.S’il décède se seront ses héritiers. En cas de transfert du
contrat, ce sera le nouvel acquéreur.

Les primes et les cotisations doivent être payées aux dates convenues.

Celles-ci sont payées au domicile de l’assureur ou de son mandataire (généralement elles sont
payées aux courtiers ou agents d’assurance, car leurs sièges sont à Rabat).

En cas de non-paiement, l’assureur envoie une mise en demeure au souscripteur. Si ce dernier ne


réagit pas dans les 20 jours, le contrat est suspendu.Passé le délai de 10 jours, l’assureur peut résilier
le contrat. La résiliation doit être notifiée à l’assuré.

Cette règle n’est valable que pour les assurances dommages, car pour les assurances de personnes,
le paiement de la prime est facultatif : l’assureur ne peut pas poursuivre en justiceun assuré qui n’a
pas réglé sa prime. Dans ce cas, il peut soit résilier le contrat, soit réduire ses effets. Les conditions de
réduction de ceux-ci doivent être indiquées dans le contrat. Il est à signaler qu’il n’y a pas de réduction
temporaire en cas de décès, ainsi d’ailleurs que dans les assurances de capitalisation.

2- L’obligation de déclaration
L’assuré doit faire un certain nombre de déclarations lors de la constitution du contrat, au cours de
l’exécution de celui-ci et lors de la réalisation du sinistre.

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Lors de la conclusion du contrat, l’assuré doit déclarer toutes les circonstances qui doivent aider
l’assureur à apprécier les risques et déterminer le montant de la prime.

Ces déclarations sont faites sous forme de réponses à un questionnaire. Ce dernier contient les
données objectives, comme par exemple le nom des assurés, la profession des parties, etc.,et des
données subjectives comme l’âge, l’état de santé des personnes intéressées, etc.Il n’est cependant
obligé de déclarer que les circonstances dont il a connaissance.

Comme le contrat d’assurance est un contrat à exécution successive, les risques peuvent changer
et s’aggraver. L’assuré doit déclarer légalement les circonstances pouvant les aggraver. Dans ce cas,
l’assureur peut soit résilier le contrat, soit augmenter le montant de la prime, soit réduire le montant
de l’indemnité. Dans les Assurances vie, il n’y a pas de déclaration d’aggravation des risques, car s’il y
a aggravation de ces derniers, cela jouera au bénéfice de l’assureur.

En cas de survenance de sinistres, objet du contrat, comme l’incendie, l’assuré doit prévenir
l’assureur dans les cinq jours qui suivent. Pour le Décès du bétail, l’assureur doit être saisi dans lesdeux
jours qui suivent, car le corps peut se détériorer rapidement et le propriétaire de l’animal n’aura pas
la possibilité de vérifier la cause de son décès.

Si la déclaration n’intervient pas à temps, l’assuré risque la déchéance. Celle-ci ne peut avoir lieu si
l’assuré se trouve empêché de faire sa déclaration dans les délais requis, comme c’est le cas lorsqu’il
est question de force majeure ou de ce qu’on appelle les cas fortuits.

En cas de fausse déclaration intentionnelle, le contrat est nul.

L’assuré est également obligé de déclarer, après le dommage, un état estimatif des pertes avec des
pièces justificatives (procès-verbalde police, certificat médical, etc.) sous peine de déchéance.

L’assuré doit aussi faire connaître à son assureur les autres sociétés d’assurances au cas où il serait
assuré auprès d’elles.

B- Les droits de l’assuré

L’assuré bénéficie de deux types de droits :

- le droit de rachat ou d’avance pour les assurances de personnes et


- le droit de réduction ou de remboursement pour les assurances dommages

1- Le droit de réduction ou de remboursement

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Si les circonstances aggravantes du risque mentionnées dans le contrat viennent à
disparaître, l’assuré a le droit de demander une réduction de la prime.

Si l’assureur refuse, l’assuré a le droit de demander la résiliation du contrat et le remboursement du


montant de la prime afférente à la période pendant laquelle le risque n’existe plus.

En matière d’assurance automobile, l’assuré a le droit au remboursement d’une partie de la prime,


en cas d’aliénation du véhicule. Exemple, si vous vendez la voiture,il vous appartient de demander le
remboursement des sommes qui restent parce que celui qui l’a achetée doit souscrire sa propre
assurance.

2- Le droit de rachat et d’avance

Dans certains contrats d’assurance de personnes, l’assuré a droit à des avances dans la limite de la
valeur de rachat.

L’assureur dispose d’une provision dans les contrats d’assurance de personnes. Tout se passe
comme s’il avait un compte bancaire.Le fait de disposer d’une provision est considéré comme une
créance.C’est pour cela que l’assureur rachète sa dette en effectuant un paiement anticipé du capital
ou de la rente anticipée.

Il faut respecter certaines conditions, car le rachat n’est pas automatique :

- Le rachat ne peut être demandé qu’après 3 primes annuelles


- Ne sont pas concernés par le rachat les types d’assurances suivantes :
 Assurance temporaire en cas de décès
 Assurance de capital de survie et de rente
 Assurance en cas de vie sans contre assurance
 Rente viagère différée sans contre assurance
Car, ici, le risque qui est couvert par l’assureur est la survie, l’assuré n’obtient rien s’il décède avant
l’échéance.

Dans les assurances de groupes, le rachat est possible par l’adhérent en cas de rupture de son
contrat de travail.

II- Les droits et obligations de l’assureur

A- Les obligations de l’assureur

17
1- L’obligation d’information et de conseil

Cette information incombe à la société d’assurance et aux intermédiaires. Ces derniers doivent
expliquer à l’assuré les dispositions du contrat et même les dispositions de la loi, tout en le mettant en
garde contre les déclarations inexactes et incomplètes. En outre, ils doivent adapter la garantie au
risque encouru.

Cette obligation d’information et de conseil est cependant assortie de trois limites :

 L’assureur n’a pas à vérifier la véracité des informations fournies à l’assuré ;


 Son obligation d’information est appréciée avec moins de sévérité lorsque le souscripteur est
un professionnel ;
 C’est à l’assuré de prendre une décision et de choisir le contrat qui lui convient. (sauf si vous
aviez confié votre patrimoine à une compagnie d’assurance, c’est- à-direlorsque celle-ci est
mandatée pour gérer votre patrimoine).
Il y a même une information précontractuelle, surtout pour les assurances de personnes, car les
objectifs de sécurité, d’épargne et de prévoyance sont imbriqués.

Enfin, l’assureur doit communiquer annuellement au souscripteur les informations permettant


d’apprécier les engagements réciproques.

2- Obligations de l’assureur en cas de sinistre


-L’assureur est tenu de garantir le sinistre, aunom même de l’obligation de garantie qui s’impose
à lui. Il établit une présomption générale d’assurance de toutes les fautes de l’assuré, à
l’exception des fautes intentionnelles et dolosives. Les pertes et les dommages occasionnés par
des cas fortuits ou causés par la faute de l’assuré sont à sa charge.
L’assureur, qui est dans la position, de débiteur peut cependant apporter la preuve comme quoi
il n’est pas tenu de garantir un sinistre. Cela est possible lorsque le contrat prévoit des clauses
dites d’exclusion ou de déchéance. La première signifie que l’assuré est privé de la prestation
qu’il était en droit d’attendre de l’assureur, en raison de son manquement à l’une de ses
obligations contractuelles. La seconde, quant à elle, suppose la perte de la faculté d’agir, et plus
précisément le défaut de l’utilisation d’un droit pendant un certain temps, comme par exemple
une action dérivant d’un contrat d’assurance ne respectant pas le délai de prescription.
Toute clause par laquelle l’assureur interdit à l’assuré de le mettre en cause ou de l’appeler en
garantie à l’occasion du règlement d’un sinistre est, toutefois, prohibée.

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-Par ailleurs la réalisation de l’évènement constitutif du risque oblige l’assureur à verser la
prestation prévue, soit au souscripteur s’il se trouve en même temps assurés et bénéficiaire, soit
à l’assuré, qui n’a pas souscrit au contrat, mais qui se trouve bénéficiaire de la prestation lorsque
l’assurance a été contractée pour le compte d’autrui, soit au bénéficiaire.
La prestation due par l’assureur s’effectue à la demande de l’assuré ou de toute personne y
ayant droit, suite à une expertise amiable ou d’une action judiciaire intentée par l’assuré ou par
la victime bénéficiaire de l’indemnité.
C’est le créancier qui doit apporter la preuve du sinistre et de sa réalisation, et cela pour tous
les majeurs, ainsi que l’existence de l’obligation de garantie, qui en principe apparaît à la lecture
de l’attestation d’assurance.
L’assureur dispose d’un certain délai pour exécuter son obligation et régler l’indemnité
d’assurance.
Dans les assurances de personnes, l’assureur doit payer le capital fixe à l’échéance du contrat,
plus la participation au bénéfice des placements effectués par lui.
Le paiement de la prestation s’opère au siège social de la société d’assurance ou à l’agence dont
dépend les contrats ou tout autre lieu convenu entre les parties, dont le domicile. La preuve du
paiement est apportée selon le droit commun, en l’occurrence la quittance, comme le prévoit le
DOC.

B- Les droits de l’assureur : la subrogation légale de l’assureur


La subrogation apparaît comme étant l’opération qui substitue une personne (l’assureur) à
une autre (l’assuré), en vue d’exercer à la place de ce dernier en contrepartie du versement
de l’indemnité due, les droits et actions qu’il détient à l’encontre des tiers lui ayant causé un
préjudice.

L’article 47 du code des assurances déclare, à cet égard, que « l’assureur qui a payé
l’indemnité d’assurance est subrogé jusqu’à concurrence de cette indemnité, dans les droits
et actions de l’assuré contre les tiers qui, par leur fait ont causé le dommage ayant donné lieu
à la garantie de l’assureur ».

Dans le cas où les agissements de l’assuré viennent à s’opposer au maintien de la subrogation


au profit de l’assureur, celui-ci est en droit de remettre en cause son obligation de garantie,
Cela résulte de la lecture de l’alinéa 2 de l’article précité, où il est précisé que « l’assureur peut
être déchargé en tout ou partie de sa garantie envers l’assuré, quand la subrogation ne peut
plus, par le fait de l’assuré, s’opérer en faveur de l’assureur. »

Deux remarques s’imposent la première est relative au fait que la subrogation reconnue à
l’assureur ne joue pas dans certains cas, comme cela résulte encore une fois de l’article
susvisé, et plus précisément de son troisième alinéa. Ce dernier laisse, en effet apparaître :

19
« par dérogation aux dispositions précédentes, l’assureur n’a aucun recours contre les
conjoints, les ascendants, les descendants, alliés en ligne directe, préposés, employés,
ouvriers ou domestiques, et généralement toute personne vivant habituellement au foyer de
l’assuré, sauf le cas de malvaillance commise par une de ces personnes. » La seconde
remarque, elle, a trait au fait que la subrogation n’intervient que pour ce qui concerne les
assurances dommages, à savoir : les assurances contre l’incendie, l’assurance contre la grêle
et la mortalité du bétail et les assurances de responsabilité, comme on le verra plus loin.

Avec ces observations, on aura terminé avec les droits et obligations des parties au contrat.
Reste à présent à aborder l’étude des assurances objet du contrat.

Chapitre - 3 Les assurances constituant l’objet du contrat.

La lecture du code des assurances révèlent que les assurances pouvant faire
l’objet du contrat sont de deux sortes :

20
- Les assurances non imposées par le législateur et
- Les assurances imposées par le législateur

I- les assurances non imposées par le législateur


Il s’agit là de ce que l’on appelle les assurances dommages et les assurances de personnes
A/ Les assurances dommages
Ces assurances, qui reposent sur le principe indemnitaire, dans la mesure où l’assureur doit
indemniser l’intégralité du préjudice, non connu au moment de la signature du contrat, se
subdivisent en assurances de biens (récolte, bétail, immeuble,etc.) et en assurances de
responsabilité.

1- Les assurances des biens


Comme on vient à peine de le souligner, le contrat d’assurance sur les biens est un contrat
d’indemnité. Toute personne ayant un intérêt à la conservation d’un bien peut le faire assurer.
Précisons, à cet égard, que l’assurance dommages, ainsi qualifiée par la loi pour parler de l’assurance
des biens est basé sur le principe indemnitaire, en ce sens que l’assureur ne garantit que le préjudice
subi. Autrement dit, l’indemnisation est proportionnelle au dommage subi. Pourquoi ?

D’abord, en l’absence de ce principe, le souscripteur peut provoquer volontairement le sinistre pour


recevoir un montant supérieur à la valeur réelle de la chose. Ensuite, il y a risque d’enrichissement sans
cause de l’assuré, auquel cas il y a possibilité d’une modification de la nature même de l’assurance,
qui, au lieu de constituer une sécurité, se transformera en un jeu. L’assureur est tenu, dans ce type de
contrat, à tout le préjudice subi et rien qu’à ce préjudice.

Si l’on doit se limiter à l’indemnisation de la perte subie par la chose ou le bien comment peut-on
déterminer cette perte. Autrement dit, comment l’évaluer ;

Précisons, à cet égard, que les modes d’évaluation de la perte subie sont normalement spécifiés dans
le contrat et se présentent différemment selon que le sinistre est total ou partiel, étant bien noté que
dans tous les cas la preuve du préjudice subi incombe à l’assuré.

Plusieurs méthodes permettent d’évaluer la perte subie.

On peut se référer à la valeur de la chose assurée au moment du sinistre et, à moins d’une clause
particulière inscrite dans le contrat, il s’agit de la valeur vénale, c’est –à-dire de la valeur qu’aurait
rapportée la chose assurée une fois vendue. Cette hypothèse n’est, cependant, retenue que dans le

21
cas où l’assuré a l’intention de vendre la chose détruite. Elle lui permet ainsi de récupérer la perte
subie et le gain manqué.

On peut se référer, aussi, à la valeur de l’usage, notamment lorsque l’assuré envisage de garder la
chose détruite et de l’utiliser. Dans ce cas, l’assuré n’est pas intéressé par la valeur de la vente de la
chose assurée, mais plutôt par son utilité et souhaiterait la remplacer. Toutefois, l’application du
principe indemnitaire l’empêche de bénéficier d’une indemnité correspondant à la valeur neuve de la
chose détruite.

Ceci veut dire que l’on doit déduire de la valeur neuve ou de la valeur de remplacement le montant
correspondant à la vétusté. Cette règle est, cependant, contestée, car certains objets ne perdent pas
nécessairement leur valeur. D’où l’existence de clauses spéciales prenant en charge la vétusté.

En fait, c’est la valeur de la chose assurée qui servira de base à la fixation de l’indemnité, observation
faite que cette valeur est fixée par l’assuré lui-même dans le contrat. Pour éviter toute contestation y
relative, les parties au contrat recourent souvent à la formule dite ‘’valeur agréée’’, fixée par expertise
établie à l’amiable. On peut également prévoir dans le contrat une clause d’indice variable ou
d’indexation.

En principe, l’assureur doit indemniser les coûts de réparation, mais seulement dans la limite de la
valeur de remplacement du bien détruit.

De même, l’assureur est non seulement obligé de réparer le dommage subi mais également le gain
manqué, par exemple la perte du loyer en cas d’incendie de l’immeuble, la perte de la récolte ou
encore la perte d’exploitation pour les industriels.

Par ailleurs, il y a lieu de noter que la conséquence essentielle du principe indemnitaire étant
d’empêcher l’assuré de recevoir une indemnité supérieure au préjudice effectivement subi et de
bénéficier d’un enrichissement sans cause, le législateur a introduit pour écarter une telle éventualité
un régime spécial réglementant la sur assurance.

Celle-ci résulte soit d’un contrat d’assurance unique, soit de contrats d’assurance multiples.

Lorsqu’un contrat d’assurance a été consenti pour une somme supérieure à la valeur de la chose
assurée, s’il ya dol ou fraude de l’une des parties, l’autre peut demander la nullité et réclamer, en
outre, des dommages-intérêts. S’il n’y a ni dol, ni fraude, le contrat est valable, mais seulement jusqu’à
concurrence de la valeur réelle des objets assurés et l’assureur n’aura pas droit aux primes pour
l’excèdent. Seules les primes échues resteront définitivement acquises, ainsi que la prime de l’assuré
courante quand elle est à terme échue.

22
La sur assurance résultant de contrats multiples, elle, se présente sous forme de coassurance, soit
d’assurance cumulative.

Comme on l’a déjà signalé, lors de l’introduction, il y a coassurance lorsque plusieurs assureurs
prennent en charge simultanément le même risque, étant bien noté que chacun des Co assureurs
connaît l’existence des autres co assureurs et la part du risque qu’ils ont accepté de courir.

Les contrats souscrits en coassurance sont constatés par une « police collective à prime unique ».

L’assurance est dite cumulative lorsqu’il y a des assurances multiples entraînant une sur assurance.
Dans ce cas l’assuré est tenu de déclarer à chaque assureur l’existence des autres assurances couvrant
le même risque.

L’indemnité servie à l’assuré en cas de préjudice ne peut, quant à elle, dépasser le montant impliqué
par ce dernier, même si la valeur assurée par l’ensemble des contrats est supérieure à ce montant, en
raison de l’application du principe indemnitaire. La charge de l’indemnité se partage entre les divers
assureurs proportionnellement aux sommes assurées.

Sur le plan des sanctions, on fait là aussi la distinction entre fraude et absence de fraude. Dans le
premier cas, il y a nullité du contrat. Dans le second cas, et lorsque l’ensemble des assureurs couvrent
une somme supérieure à la valeur réelle de la chose, les indemnités allouées doivent être ramenées à
la valeur réelle et ne doivent pas dépasser cette dernière.

D’un autre côté, nous devons faire mention des dommages laissés à la charge de l’assuré.

Une telle hypothèse se présente, d’abord, lorsque l’assuré choisit un contrat qui ne couvre qu’une
partie de la valeur déclarée, auquel cas on parle de sous-assurance. Celle-ci suppose que les capitaux
assurés sont inférieurs à la valeur réelle ou à la valeur assurable. L’article 39 du nouveau code des
assurances précise, à cet égard, qu’il peut être stipulé que l’assuré restera obligatoirement son propre
assureur pour une somme ou quotité déterminée ou qu’il supportera une déduction fixée d’avance
sur l’indemnité du sinistre.

Lorsque l’expertise révèle une sous-assurance, l’indemnité va être réduite proportionnellement au


rapport qui existe entre la somme assurée et la valeur assurable ou réelle.

L’hypothèse susvisée se présente, ensuite, lorsque le législateur déroge au principe indemnitaire, en


autorisant l’assureur à mettre à la charge de l’assuré une part du sinistre (généralement des
prestations très réduites), par le biais de ce que l’on appelle le découvert obligatoire et la franchise.

23
Le procédé du découvert a pour objet de moraliser le risque, de prévenir les sinistres volontaires,
d’obliger l’assuré à se comporter en bon père de famille et d’agir exactement comme s’il n’était pas
assuré. Ceci d’autant plus que l’assuré sera amené à payer une prime dont le taux sera moins élevée.

La franchise, en revanche, vise avant tout à permettre aux assureurs d’écarter les petits sinistres dont
ils sont submergés, et cela en ayant recours à des clauses conventionnelles.

On distingue la franchise simple par laquelle l’assureur ne garantit que des sinistres supérieurs à un
certain montant et la franchise absolue, qui suppose que la fraction mise à la charge de l’assuré est
dans tous les cas écartée de l’indemnisation.

Il existe des cas où la charge de l’indemnité n’incombe à l’assureur que lorsque cela est prévu
expressément par le contrat (Voir les articles 44, 45 et 46 du code des assurances).

Faisons remarquer, enfin, que l’assurance contre les incendies présente certaines particularités, dans
la mesure où l’assureur n’échappe à l’indemnisation, sauf clauses contraires, que lorsque les
dommages sont occasionnés par la seule action de la chaleur ou par le contact direct et immédiat du
feu ou d’une substance incandescente qui ne provoquent ni incendie, ni commencement d’incendie
susceptible de dégénérer en véritable incendie.

Pour le reste, l’assureur répond des dommages directs ou indirects causés par l’incendie,comme c’est
le cas pour ce qui concerne les frais de sauvetage ou de secours.

Toutefois, l’assureur n’est pas responsable des objets disparus lors de l’incendie. Sa responsabilité
n’est pas non plus engagée en cas d’irruption volcanique ou de tremblement de terre (force majeure).

2- L’assurance de responsabilité

Les assurances de responsabilité civile couvrent les conséquences de la responsabilité qui incombe à
l’assuré à la suite des dommages causés à autrui, et dont il est juridiquement responsable. Cette dette
de responsabilité grève le patrimoine de l’assuré, c’est pourquoi on la qualifie d’assurance de dettes
ou d’assurance de passif. Cela indique que c’est bien la personne qui est assurée et non un bien.

Les assurances de responsabilité mettent en jeu une troisième personne : le tiers victime ou
bénéficiaire de la prestation d’assurance bien qu’il ne soit pas partie au contrat. Autre précision
intéressante : ces assurances obéissent aux mêmes règles applicables aux assurances de biens.
Toutefois, ces règles présentent des caractéristiques particulières inhérentes à la nature du sinistre et
aux droits des personnes devant bénéficier de l’indemnité. On s’en rendra compte en analysant la
nature du risque que nous venons d’évoquer et ses conséquences.

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a- La nature du risque

Le principe est annoncé par l’article 61 du nouveau code des assurances. Celui-ci est ainsi libellé : ‘’Dans
les assurances de responsabilité, l’assureur n’est tenu que si, à la suite du fait dommageable prévu au
contrat, une réclamation amiable ou judiciaire est faite par le tiers lésé à l’assuré ou à l’assureur.’’

Cet article, qui révèle que l’assurance de responsabilité est une assurance contre les recours des tiers,
peut donner à croire que le risque réalisé n’est pas dû au fait dommage de l’assuré mais plutôt à la
demande amiable ou judiciaire d’indemnisation faite par les tiers, même si la responsabilité de l’assuré
n’est pas engagée. En fait, il n’en est rien. La réclamation du tiers suppose la survenance d’un
évènement dommageable. C’est donc cette dette qui grève le patrimoine de l’assuré et qui, en dernier
lieu, détermine la garantie de l’assureur. La réclamation du tiers peut intervenir ultérieurement, dans
la limite des délais règlementaires. Cette analyse est conforme aux règles énoncées par le DOC en
matière de responsabilité civile (articles 77 et suivants). Dans l’assurance de responsabilité civile, on
distingue la responsabilité civile d’exploitation (employeurs, maîtres artisans qui utilisent du
personnel), et la responsabilité civile du chef de famille. Dans cette dernière la responsabilité
contractuelle est exclue. Par contre, dans la responsabilité d’exploitation, la responsabilité
contractuelle est retenue.

En effet, l’auteur du dommage est tenu d’indemniser le tiers dès la naissance du fait générateur
de responsabilité. L’action du tiers n’a pour but que de faire reconnaître son droit par le responsable
(si elle est à l’amiable) ou par le tribunal (si elle est judiciaire).

Ainsi, donc, le sinistre dans le langage de l’assurance de responsabilité survient dès la naissance du fait
dommageable et les conséquences de l’article 61 sont là pour le confirmer, conséquences qui
apparaissent à travers la lecture des articles 62 et 63 du code précité.

b- Les conséquences du principe énoncé par l’article 61 du code des assurances

Le principe dont il est question produit certains effets juridiques, notamment quant à l’étendue de la
garantie et quant à la durée de cette dernière.

- L’étendue de la garantie

L’assureur est tenu à payer au tiers lésé ou à ses ayants-droit (la plupart des contrats d’assurance de
responsabilité excluent les proches parents) tout ou partie de la somme due, dans les limites de la

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garantie prévue au contrat. En outre, toutes les dépenses résultant des poursuites en responsabilité
dirigées contre l’assuré sont à sa charge, sauf stipulation contraire.

Cela dit, aucune déchéance motivée par un manquement de l’assuré à ses obligations commis
postérieurement au sinistre ne peut être opposée aux tiers bénéficiaires. Dans le cas des accidents de
travail, ces déchéances ne jouent pas, même lorsque le manquement susvisé a été commis
antérieurement au sinistre.

L’assurance de responsabilité civile ne couvre que les accidents, c’est-à-dire les événements soudains
et imprévus. Les dommages causés par des processus longs sont exclus, sauf en ce qui concerne les
accidents du travail. Toutefois, les clauses d’exclusion doivent être formelles et limitées dans la mesure
où la jurisprudence annule les clauses imprécises ou dont le nombre paraît exagéré.

Les fautes intentionnelles de l’assuré, elles, ne sont pas assurées.

- La durée de la garantie

Ici, tout dépend des termes du contrat. Pour contrecarrer les situations préjudiciables à leurs intérêts,
les assureurs introduisent souvent dans les polices d’assurance des clauses exigeant, sous peine de
déchéance, la déclaration d’accident durant la période de garantie. On parle, ci, alors de clause
‘’occurrence basis’’.

On rencontre, aussi, parfois des contrats d’assurance où le dommage et la réclamation peuvent avoir
lieu pendant ou après la période de garantie. La clause qui en est à l’origine s’intitule ‘’Clains made’’.
Parfois, l’assureur procède à l’indemnisation après la période de garantie ou pendant la durée du
contrat, dommage inconnu de la victime. Ce type d’indemnisation intervient en vertu de la clause de
‘’reprise du passé inconnu’’

B- Les Assurances de Personnes :

Ce sont des assurances qui couvrent les risques susceptibles d’affecter la personne humaine, soit
dans son existence soit dans son intégrité physique.

Cette catégorie d’assurance a plusieurs finalités. Elle n’est pas seulement une protection contre les
risques mais également une opération financière de placement ou d’épargne.

C’est pour cela que le code des assurances les appelle assurances de personnes et de capitalisation.

Les assurances de personnes sont, comme on l’a déjàsignalé, caractérisées par la garantie forfaitaire
des sommes assurées. Elles sont connues à l’avance par l’assureur. c’est pour cela qu’ici on ne peut
parler d’assurance excessive.

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Les contrats d’assurances de personnes peuvent être libellés en Dirhams ou en unité de comptes,
c’est-à-dire en valeur immobilière, dont la liste est précisée par voie réglementaire. Mais l’assuré garde
le choix, il peut réclamer le paiement en espèces.

Les assurances de personnes sont gérées par capitalisation, sauf les assurances dommages
corporels. Elles se présentent différemment les unes des autres, mais toutes sont soumises à un
régime juridique unique.

1- Variété des assurances de personnes :

 Les assurances groupes : ce sont des contrats souscrits par unepersonne morale ou un chef
d’entreprise en vue de l’adhésion de ses employés au contrat d’assurance en cours d’examen
(art. 103 du code des assurances). Ce n’est cependant pas une obligation.
 L’assurance populaire : l’assurance populaire est une assurance sur la vie, à prime périodique
avec un montant limité, et sans examen médical obligatoire. Dans ce type de contrat, le capital
n’est payé que si le décès survient après un délai spécifié dans le contrat. Le montant maximal
est fixé par voie réglementaire.

 Les assurances vie :


- Les assurances en cas de vie :
C’est un contrat par lequel, en échange d’une prime, l’assureur s’engage à verser une certaine
somme à une date donnée à condition que l’assuré soit encore en vie. Le risque ici pour l’assureur
est la survie de l’assuré après la date fixée.

Trois types d’assurances en cas de vie peuvent être dénombrés. Il s’agit, en l’espèce, de :

1- L’assurance de capital différé : si l’assuré survit à une date d’échéance, il se verra attribuer un
capital. S’il décède, il perd toutes les primes et les héritiers ne recevront aucun capital. C’est un
contrat à risque, car personne ne peut prévoir sa mort.

2- L’assurance de rente en cas de vie :

Ici, deux hypothèses peuvent être envisagées. Il peut se faire que l’assuré reçoive une rente
immédiatement après la conclusion du contrat, contre une prime unique, observation faite que
toute somme d’argent non consommée de la part de l’intéressé tombera dans le patrimoine de
l’assureur. Il peut se faire aussi que la rente soit remise à l’assuré après la date fixée dans le contrat,
après la retraite, auquel cas on parle de rente différée.

3- La contre assurance :

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Dans ce genre de contrat, l’assureur s’oblige à rembourser les primes perçues aux héritiers, et
cela lorsque l’assuré décède avant l’échéance du contrat, mais uniquement les primes et non les
intérêts.

-Les assurances en cas de décès

Ce type d’assurance consiste en un contrat où l’assureur s’engage, en échange d’une prime


unique, à verser une certaine somme, lors du décès de l’assuré, au bénéficiaire prévu au contrat
ou, à défaut, aux héritiers.

On rencontre trois variétés de ce genre d’assurances

- L’assurance en cas de décès vie entière : dans ce contrat, l’assureur s’engage à verser le capital
fixé dans le contrat, soit aux héritiers soit à des bénéficiaires quelle que soit le moment où produit
le décès de l’assuré.

- L’assurance temporaire décès : dans ce genre de contrat, le paiement du capital n’intervient que
si le décès de l’assuré survient avant la date fixée dans le contrat. Si l’assuré reste vivant après
l’échéance, il n’obtiendra ni capital ni rente.

- L’assurance de survie : dans ce contrat, l’assureur ne s’engage à verser le capital que si le


bénéficiaire désigné survit à l’assuré.

Pour les assurances décès le montant est fixé en fonction de l’âge.Plus l’âge est avancé plus le
montant est élevé.

 Les assurances mixtes :


Il s’agit d’une combinaison des assurances que nous avons passées en revue dans une seule police.
Là encore, on se trouve en présence de plusieurs variétés, ou plus précisément de quatre variétés :

- L’assurance mixte ordinaire : c’est une assurance alternative qui garantit le paiement d’un capital
ou d’une rente que l’assuré décède ou reste vivant. C’est une assurance qui porte sur 2 risques,: la
survie et le décès. L’assuré paie une prime plus importante, ce qui est normal,dès lorsqu’il est
couvert contre deux risques. L’aléa du contrat réside dans la durée, car on ne connaît pas la date
de la mort.

- L’assurance mixte à terme fixe : dans ce contrat, l’assureur ne paiera qu’à la date prévue par le
contrat, que l’assuré soit ou non vivant.

- L’assurance dotale : c’est une assurance mixte à terme fixe à laquelle on rajoute une condition
de survie du bénéficiaire. Il faut ici que le bénéficiaire reste vivant après la mort de l’assuré.

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- L’assurance combinée à terme fixe et temporaire de rente en cas de décès : dans ce contrat,
l’assureur s’engage à payer le capital fixé dans le contrat, à la date prévue par celui-ci. En cas de
prédécès de l’assuré, le paiement des primes est suspendu et l’assureur paie aux bénéficiaires ou
aux héritiers une rente viagère jusqu'à la date d’exigibilité du capital. Une rente viagère est une
rente à vie.

Des assurances complémentaires viennent s’ajouter aux autres assurances vie. Il s’agit, en
l’occurrence, de :

- L’assurance contre l’invalidité ;


- L’assurance contre le chômage ;
- L’assurance contre la mort violente ;
- L’assurance contre la mort accidentel.

2-Le régime juridique des assurances de personnes :

La vie d’une personne peut être assurée lorsqu’il est question de la vie ou du décès de l’assuré.Celui-
ci est à la fois assuré et souscripteur. Mais on peut assurer également la vie d’une tierce personne et
dans ce cas il y a un souscripteur qui paie la prime et un tiers qui est assuré, même en l’absence de son
consentement. (Exemple d’assurance pour le conjoint).

En la circonstance, le respect de certaines règles s’impose. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’une assurance en cas
de vie, on n’aura pas besoin du consentement de l’assuré, alors que pour les assurances en cas de
décès le contrat est nul si l’assuré ne donne pas son consentement par écrit, avec indication de la
somme assurée.De même est nulle toute assurance en cas d’un décès pour un mineur ou un interdit.
Après 12 ans, il faut une autorisation du tuteur et le consentement du mineur sous peine de nullité.

Le contrat d’assurance de personnes est plus formaliste que le contrat d’assurance dommages, car
aux mentions obligatoires prévues par les articles 12 et 13du code des assurances,viennent s’ajouter
les mentions de l’article 71 dudit code.

En tout état de cause :

- Il faut indiquer l’événement


- préciser que le terme dépend de l’exigibilité des sommes assurées
- et surtout les conditions de rachat.
Le contrat d’assurance vie peut être à ordre et, par conséquent, endossable. Dans les assurances
décès, le capital ou la rente, peuvent être payés à un ou plusieurs bénéficiaires. Il est possible, par

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exemple,de prévoir dans un contrat que les sommes seront versées au conjoint, même si celui-ci est
célibataire, ou bien aux enfants à naître, même si ceux-ci ne bénéficient encore d’aucune existence.

En cas d’absence du bénéficiaire, il appartient aux héritiers de prétendre àla rente ou au capital.

Le souscripteur peut modifier le bénéficiaire soit par testament soit par avenant. Mais si le
bénéficiaire a donné au préalable son acceptation, qui peut d’ailleurs être tacite, le souscripteur ne
peut plus modifier le bénéficiaire sans le consentement de celui-ci, sauf en cas de tentative de meurtre.

Ce contrat d’assurance peut être donné en gage, mais l’article 77 du même code des assurances ne
précise pas par qui il peut être donné en gage, dans la mesure où celui-ci représente de l’argent, un
capital.

Le bénéficiaire qui a accepté, peut céder le contrat en cas d’absence de clauses contraires, mais il
faut le consentement du cessionnaire.

Si le bénéficiaire désigné est décédé, la rente est versée à la succession, sauf lorsqu’il s’agit d’une
assurance dotale ou de surnit.

Le contrat d’assurance cesse pour le bénéficiaire en cas de meurtre ou de complicité de meurtre. Le


bénéficiaire n’obtiendra rien. Et si les primes ont été payées pendant au moins 3 ans, elles seront
remboursées aux héritiers.

Les conjointes peuvent contracter une assurance réciproque en un seul acte.

En cas de démarchage, le souscripteur, même s’il a signé, dispose d’un délai de réflexion de 15 jours
pendant lequel il peut résilier le contrat (article 97). Les contrats d’assurance vie font jouer la notion
de stipulation pour autrui (article 34 et 38).

Il existe une procédure spéciale en cas de perte, de vol ou de destruction du contrat d’assurance.
L’intéressé doit déclarer à l’assureur le vol, la perte ou la destruction, et il doit faire opposition au
paiement du capital et de tous ses accessoires.

Il faut aussi qu’il y ait une déclaration auprès de la police pour que celle-ci puisse fournir une
attestation qui sera remise à l’assurance, afin de lui permettre de faire opposition.

En cas de gage, le porteur peut réclamer son droit. En effet, celui-ci dispose, dans le cas où il se
manifeste, d’un délai de 30 jours pour intenter une action en revendication. Si l’opposant n’agit pas,
l’opposition peut être levée par l’assureur. Car, s’il n’agit pas, cela équivaut à une acceptation tacite.

La demande du duplicata,formulée par l’opposant,est assortie des conditions suivantes :

30
 Attendre 2 ans ;
 Faire entre temps une opposition ;
 Il ne faut pas qu’un tiers se manifeste ;
 Il faut demander le duplicata par voie judiciaire. C’est le président du tribunal qui le fait. Le
tribunal compétent est ici le tribunal de 1ère instance.

II- Les assurances imposées par le législateur

Il s’agit, en l’occurrence, de l’assurance automobile et de l’assurance chasse, dont


l’existence a été rendu obligatoire par le législateur, afin de défendre l’assuré contre lui-
même et par-dessus tous les personnes qui peuvent subir un préjudice en raison de ses
agissements :
A- l’assurance automobile
L’assurance automobile est dictée par des considérations sécuritaires qui tiennent au fait que
la route tue de plus en plus. C’est pourquoi d’ailleurs le législateur, qui l’a rendue obligatoire,
a cherché à établir un lien direct entre elle et la responsabilité du fait des choses,
responsabilité au terme de laquelle on n’a pas besoin de prouver que la personne a commis
une faute, ce qui veut dire que dès lors qu’un dommage a été causé à autrui, il doit être réparé.
Pour se protéger financièrement, et non pénalement, le conducteur d’une voiture est donc
tenu de souscrire une assurance qui lui procure des garanties obligatoires et facultatives4.
La non-indemnisation des victimes des accidents de circulation par le biais de l’assurance, pour
les raisons qui seront évoquées plus loin, a conduit le législateur à créer un Fonds de Garantie
Automobile.
Avant de tenter de donner un aperçu de ce Fonds, il convient de prendre connaissance des
questions soulevées par l’assurance automobile.
1- Les questions soulevées par l’assurance automobile

4
Dans les garanties obligatoires, on peut citer la responsabilité civile comme étant le minimum requis par la loi. La RC protège en effet les tiers
contre les dégâts subis, tiers incluant d’autres conducteurs ou membres de la famille à bord du véhicule, cause du sinistre. Le conducteur n’est
pas assuré dans la RC. Il serait dans ce cas avantageux de souscrire une « garantie individuelle conducteur » (non obligatoire), prenant en
charge les dommages corporels subis par le conducteur responsable. Dans les garanties facultativesfigure la garantie dommages assurant le
véhicule lui-même. Cette garantie est optionnelle.Il est toutefois sage d’y souscrire, financièrement parlant,dans la mesure où la voiture peut
être assurée en « tous risques ». On peut également citer les garanties facultatives couvrant d’autres risques tels que le vol, l’incendie et diverses
catastrophes naturelles.

31
On peut ramener celle-ci essentiellement à deux : Quelles sont les personnes assujetties à l’obligation
d’assurance automobile et quelle est la portée de cette dernière?

a- Les personnes assujetties à l’obligation d’assurance automobile

Toute personne physique ou morale, dont la responsabilité civile peut être engagée, en raison des
dommages corporels ou matériels causés à des tiers par un véhicule terrestre à moteur non liée à une
voie ferrée ou par ses remorques ou semi-remorques, doit être couverte par une assurance contractée
auprès d’une entreprise d’assurance et de réassurance (article 120 du code des assurances).
Par personne civilement responsables,on doit comprendre le propriétaire, quiest responsable à deux
titres : du fait des choses et du fait des préposés (par exemple un chauffeur).
C’est donc le propriétaire du véhicule qui souscrit l’assurance, exceptionnellement le gardien ou le
conducteur autorisé. Par gardien autorisé, on veut dire un dépanneur, un garagiste, qui doivent avoir
leur propre assureur pour les véhicules dont ils ont la garde. Lorsque le propriétaire autorise un
conducteur à conduire son véhicule, on parle de conducteur autorisé.

Par civilement responsable d’un dommage, on entend, un dommage physique ou moral.

L’expression« causés à des tiers par un véhicule terrestre à moteur non lié à une voie ferré », implique
l’existence d’un dommage causé par un véhicule à moteur et non par une énergie physique.

Les étrangers qui circulent au Maroc, eux aussi, doivent avoir une assurance, comme celle connue
sous le nom de carte verte ou encore de carte orange pour les pays arabes. A la douane, on peut
obliger un étranger à souscrire une assurance, sauf si son pays est lié au Maroc par une convention
bilatérale qui l’en dispense.

Les entreprises d’assurances sont obligées de satisfaire les demandes des souscripteurs. Elles ne
peuvent en aucun cas leur refuser la souscription d’une assurance. A défaut, le ministre des Finances
peut fixer lui-même le montant de la prime et obliger l’assureur à garantir le souscripteur. Des
sanctions sont prévues dans pareils cas.

b- La portée de l’assurance automobile

Celle-ci doit, d’abord, être appréhendée quant au montant de la garantie afférente à la réparation du
dommage. Il y a lieu de noter à cet égard, que ce montant ne doit pas être inférieur à 10 millions de
Dirhams par véhicule et par événement et inférieur à 5 millions pour les véhicules à deux roues d’une
puissance fiscale n’excédant pas deux chevaux (article 123 du code des assurances, al.1).

32
Le montant garanti pour les véhicules qui transportent des passagers à titre onéreux est égale au
minimum à 10 millions de Dirhams par véhicule et par événement, lorsque la victime est un tiers non
transporté.

Le montant garantie pour les personnes transportées, lui, ne peut être inférieur ni à celui obtenu en
multipliant un million par le nombre de places de voyageurs autorisédans le véhicule, ni à 10 millions
par véhicule et par événement (article 123, al.3)

La portée de l’assurance automobile doit être appréhendée, ensuite, quant aux personnes devant
bénéficier de la réparation en cas de dommages subis par elles.

L’article 124 du code des assurances déclare à ce sujet que « l’obligation d’assurance s’applique à la
réparation des dommages causés à toutes les personnes à l’exclusion :

-du souscripteur du contrat, du propriétaire du véhicule assuré et de toute personne ayant, avec leur
autorisation, la garde ou la conduite du véhicule ;

-du conducteur ;

-lorsqu’ils sont transportés dans le véhicule assuré, des représentants légaux de la personne morale
propriétaire du véhicule assuré ;

-pendant leur service, des salariés ou préposés de l’assuré ou du conducteur dont la responsabilité est
engagée du fait de l’accident. »

Enfin, la portée de l’assurance automobile doit être envisagée par rapport à ce que l’on appelle les
exclusions de garanties et les clauses de déchéance5.

Les déchéances ne sont pas opposables aux victimes ou à leurs ayants-droit. D’où la nécessité pour
l’assureur de procéder au règlement de l’indemnité pour le compte du responsable, tout en gardant
le droit d’exercer contre ce dernier une action en remboursement pour toutes les sommes payées à
sa place. Toutefois, la déchéance résultant de la suspension régulière de la garantie pour non-paiement
de prime ou de cotisation peut être opposée aux victimes ou à leurs ayant droits.

Nous devons faire remarquer, pour terminer, que le code a prévu des sanctions pénales en cas de non-
respect de l’obligation d’assurance automobile. Un propriétaire qui n’est pas couvert par un contrat

5
La différence entre la déchéance et l’exclusion :

La déchéance : lorsque la personne commet une faute, celle-ci est déchue de l’unde ses droits.

L’exclusion : cela suppose qu’un risque déterminé est exclu du contrat. Ce risque peut être exclu implicitement. Par exemple, lorsqu’on
contracte une assurance incendie concernant notre habitation et que celle-ci subit un vol, il est hors de question de demander une indemnisation,
dès lors que l’assurance contractée ne porte que sur l’incendie.

33
d’assurance peut faire l’objet d’un emprisonnement de 1 à 6 mois et 1200 à 6000 dhs d’amende ou
l’une de ces deux peines seulement. En cas de récidive, cette peine est doublée. Une amende de 200
à 400 dhspeut également être envisagée dans le casdu conducteur qui n’est pas en mesure de
présenter un document pour se prévaloir de l’existence d’un contrat d’assurance.

2- Le Fonds de Garantie automobile

Il convient d’en rappeler, brièvement, l’objet, l’organisation et le fonctionnement.

a- L’objet du fonds

Ce fonds, qui fut créé par le dahir du 22 février 1955, qui le fait bénéficier de la personnalité morale,
et se trouvant aujourd’hui régi par les dispositions du code des assurances, a pour fonction et charge
de réparer les dommages occasionnés par les accidents de la circulation lorsque la personne
responsable reste inconnue ou parce qu’elle n’est pas assuréeou parce que l’assureur lui-même n’est
pas solvable, hypothèse très rare. Sont exclus du bénéfice du fonds, le propriétaire du véhicule, le
conducteur autorisé, les salariés de l’entreprise, les représentants légaux des entreprises et tous ceux
qui sont exclus de l’assurance automobile.

Ledit fonds est administré par un conseil d’administration. Il comprend un représentant de


l’administration, un représentant du Ministère des Finances, le Directeur général de la CDG ou son
représentant et 7 représentants des sociétés d’assurances.

b- L’organisation du fonds

Il est géré par un président élu parmi les membres du Conseil d’administration, il ne peut délibérer
qu’en respectant le quorum exigé soit les deux tiers des membres. Les décisions sont prises à la
majorité.

En cas d’égalité des voix, la voix du président est prépondérante.

Le fonds est soumis au contrôle du ministère des Finances. Ses états de synthèses sont soumis à un
auditeur externe.

Ses ressources financières proviennent des contributions des entreprises d’assurance et de celles des
assurés, qui sont calculées au moment du règlement de la prime. Le fonds peut également être
alimenté par le produit des subrogations de fonds,ainsi que par les propriétaires qui ne respectent pas

34
l’obligation d’assurance et qui ont fait l’objet d’une condamnation (amendes payées par les
propriétaires en état d’infraction).

c- Le fonctionnement du fonds
Le fonds ne répare que les dommages corporels. L’indemnisation est fixée soit par décision
judiciaire, soit par transaction. L’indemnité est toujours calculée par référence au Dahir du 2 octobre
1984 relatif à l’indemnisation des victimes des accidents causés par des véhicules terrestres à moteur.
La victime est tenue de procurer au fonds un certain nombre d’informations. Ces informations, qui
figurent à l’article 143 du code des assurances, s’entendent, autre autres :

-du fait que l’accident doit avoir lieu au Maroc ;

-de la nécessité de faire apparaître, dans tout procès-verbal dressé par les officiers ou agents de la
police judiciaire relatif à un accident corporel, que le responsable est inconnu ou qu’il n’est pas assuré ;

-de l’obligation de transmettre tout procès-verbal dressé conformément à l’article 143 du code des
assurances au fonds dans le mois qui suit sa date de clôture ;

-Les entreprise d’assurance et de réassurance qui entendent invoquer la nullité du contrat d’assurance,
la suspension de la garantie, la non-assurance ou l’assurance partielle opposable à la victime ou à ses
ayants droit, doivent tenir le fonds informé, et ce par lettre recommandée avec accusé de réception,
etc.

En outre, pour que les victimes et leurs ayants droit puissent prétendre à l’indemnisation des
dommages subis, les articles 148 à 152 du code des assurances posent un certain nombre de
conditions comme les délais qu’ils doivent respecter en diverses circonstances, délais qui ne
commencent à courir que du jour où les intéressés ont eu connaissance du dommage, s’ils prouvent
qu’ils l’ont ignoré jusque-là.

Par ailleurs, il est à noter que le fonds peut être subrogé dans les droits du créancier de l’indemnité
contre la personne responsable de l’accident. De même, il est en droit de se faire rembourser les
intérêts afférents aux sommes versées à titre d’indemnité.

Pour lui permettre de récupérer les sommes dues, le fonds bénéficie du privilège général sur les
meubles, qui prend rang après les privilèges prévus à l’article 1248 du DOC, auquel vient s’ajouter le
droit de faire procéder à une saisie conservatoire des biens meubles et immeubles des acteurs de
l’accident, ainsi que de ceux des personnes qui en sont civilement responsables.

35
Enfin, les articles 154 à 157 du code des assurances traitent des sanctions devant être appliquées pour
ce qui touche aux infractions aux dispositions du code des assurances, infractions commises par les
auteurs du dommage et des civilement responsables non assurés ou insuffisamment assurés, qui se
voient administrer des peines de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement, ou encore par les intermédiaires
ou par toute personne faisant de fausses déclarations pour obtenir une indemnité.

B- L’assurance chasse

En matière de chasse, l’obligation de garantie d’assurance peut être envisagée, d’une part, comme
condition d’obtention du permis de chasse et, d’autre part, comme donnée proprement dite ou
intrinsèque.

1- L’obligation de garantie d’assurance comme condition d’obtention de permis de chasse

La chasse est une activité qui comporte des risques non seulement pour le chasseur lui-même mais
aussi, et surtout, pour les tiers. C’est pourquoi le législateur a pris soin de la réglementer.

L’article 115, alinéa 1 du code des assurances déclare, dans ce sens, « que toute demande de permis
de chasse doit être accompagnée d’une attestation d’assurance délivrée par une entreprise
d’assurance et de réassurance garantissant pendant la validité du permis la responsabilité civile du
chasseur pour les accidents causés par lui involontairement à des tiers. »

Pour plus de sécurité, il est prévu à l’alinéa 2 de l’article précité que « le permis de chasse cesse d’être
valable et il est retiré provisoirement par l’autorité chargée de sa délivrance, si le contrat d’assurance
est résilié ou si la garantie prévue au contrat est suspendue pour quelque cause que ce soit »,
observation faite que « la résiliation ou la suspension de la garantie doit être notifiée par l’entreprise
d’assurance et de réassurance à l’autorité compétente où l’assuré a son domicile », toujours d’après
l’alinéa qui précède .

2- L’obligation de garantie d’assurance comme donnée intrinsèque

L’examen de l’obligation de garantie d’assurance chasse en tant que telle permet de constater que le
législateur interdit aux entreprises d’assurance et de réassurance, agréées pour pratiquer les
opérations d’assurance et de réassurance contre les risques de responsabilité civile, de refuser de
garantir les chasseurs assujettis à l’obligation d’assurance(article 118). Toutefois, les dommages causés
aux préposés et salariés pendant leur service sont exclus de la garantie (article 117).

Cette dernière est accordée sans limitation (art.116). Elle peut cependant, faire l’objet d’une
suspension pour non-paiement de la prime ou de la cotisation (art.115). Dans ce cas, et lorsque la
suspension est jugée régulière, l’article 116, alinéa 2, accepte qu’une déchéance soit

36
exceptionnellement opposée aux victimes ou à leurs ayants-droit, en raison des accidents corporels
occasionnés par tout acte de chasse.

Enfin, il y a lieu de noter que des sanctions ayant partie liée avec l’obligation de garantie d’assurance
sont envisagées. Outre celles consacrées par la législation relative à la police de chasse, l’article 119
prévoit que tout chasseur qui n’a pas été en mesure de justifier par des documents ladite obligation
est passible d’une amende de 200 à 400 dh.

Titre II : Les entités habilitées à exercer l’activité


d’assurance et de réassurance

L’activité d’assurance et de réassurance s’entend des opérations portant sur la

couverture du risque concernant une personne, un bien ou une responsabilité.

D’après l’article 289 du code des assurances (CA), ces opérations sont effectuées

par des entités qualifiées d’entreprises d’assurance et de réassurance. Leur

présentation au public est assurée soit directement par lesdites entreprises, soit
37
par l’entremise de personnes habilités à cet effet et dénommées ‘’Intermédiaires

d’assurance’’.

C’est de ces deux catégories d’entités qu’il sera question, successivement, au

cours des développements qui vont suivre.

Chapitre I- Les entreprises d’assurance et de réassurance

A ce sujet trois questions paraissent inévitables : quelles sont les conditions


devant être remplies par les entreprises en cours d’examen pour pouvoir
pratiquer des opérations d’assurance et de réassurance ? Quelles sont les règles
dont l’observance s’impose à elles ? Quels sont les moyens prévus pour les
inciter à respecter leurs obligations?

I- Les conditions devant être remplies par les entreprises considérées


pour pouvoir pratiquer des opérations d’assurance et de réassurance

Les conditions en cause peuvent être ramenées essentiellement à deux :

-La constitution des entreprises d’assurance et de réassurance sous forme de sociétés anonymes (SA)
ou de sociétés mutuelles d’assurance (SMA).

-et l’obtention d’un agrément de la part du ministère des Finances.

38
A- La constitution des entreprises d’assurance et de réassurance sous forme de SA ou
de SMA

Cette première condition résulte de la lecture de l’article 168 du code des assurances. Les articles 171
et suivants de ce dernier traitent de chacune des deux formes susvisées. Pour avoir une idée de ce
dont il traite, on se penchera sur le cas des SA avant de tenter de rendre compte de celui relatif au
SMA.

1- Les SA

Par dérogation aux dispositions de l’article 6 de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes, les
entreprises d’assurance et de réassurance doivent justifier d’un capital social d’au moins 50 millions
de DH, étant bien noté qu’un capital supérieur à celui-ci peut être exigé en cas d’opération
d’envergure. A sa souscription, le capital social susvisé doit être entièrement libéré en numéraire.

Les actions sont obligatoirement nominatives, c’est-à-dire qu’elles doivent porter le nom du
propriétaire. Le ministère des Finances peut à tout moment exiger que ce nom lui soit communiqué.
Autrement dit, les actions ne peuvent se présenter sous la forme au porteur, et ce pendant toute la
durée de la société. Cela paraît difficilement réalisable lorsque les actions transitent par la bourse.

Il reste à indiquer que les modifications concernant les questions de majorité, de cession de plus de
10°/° des actions et de prise de contrôle directe ou indirecte supérieure à 30 °/° du capital social
doivent être communiquées à l’administration, qui doit répondre dans un délai de 30 jours, à compter
de la date de réception de la demande présentée à cet effet.

2- Les SMA

Le législateur en a traité de façon trèsexhaustive, puisqu’il leur a consacré les articles allant de 173 à
226. On doit donc s’en tenir à l’essentiel.

Disons qu’il s’agit là de sociétés à but non lucratif, dont les membres, personnes physiques ou morales,
sont connus sous le nom non pas d’actionnaires mais de sociétaires, auxquels elles garantissent le
règlement intégral de leurs engagements en cas de réalisation des risques pris en charge, moyennant
le versement d’une cotisation fixe ou variable, dans le cas où ces sociétés ont un caractère régionale
ou professionnel .

Dans les SAM à cotisation fixe, le sociétaire ne peut être tenu au-delà de la cotisation indiquée dans
son contrat, dont le montant doit figurer dans ce dernier (art.202). Il en est de même pour ce qui
concerne le sociétaire appartenant à une SAM à cotisation variable, sauf en cas d’accroissement
d’impôts et taxes (art.193, al.1).

Les excédents de recettes sont répartis entre les sociétaires, après constitution des provisions et
réserves et remboursement des emprunts (art.173, al.2).

Il est remarquable de constater que le marché d’assurance ne connaît que deux SAM: il s’agit, en
l’occurrence, de la Mutuelle Centrale Marocaine d’Assurance (MCMA), où les sociétaires sont des
enseignants du secteur public et la Mutuelle Agricole Marocaine d’Assurance MAMDA, qui est formée
d’agriculteurs.

39
D’après l’article 182 du code des assurances, ces sociétés doivent être immatriculées au registre de
commerce, sans que cette immatriculation opère une présomption de commercialité. Leur gestion est
assurée par un conseil d’administration (CA), dont les membres sont responsables individuellement et
solidairement, selon les cas, envers la société ou envers les tiers (art.194 et 145). En dehors de jetons
de présence, ils ne perçoivent aucune rémunération (art.173).

Les dispositions de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonyme, sont applicables au commissaire aux
comptes mis à leur disposition (art.199).

Les SAM peuvent se grouper en unions, dont la personnalité morale est distincte de la leur, unions qui
exigent la présence en leur sein au moins de deux de ce genre de sociétés. De telles unions obéissent
aux mêmes règles de constitution et de fonctionnement que les SAM, sauf dispositions contraires
prévues par elles.

Ces unions ont pour objet de réassurer les SAM qui y adhèrent, et ce en prenant en charge l’intégralité
des contrats souscrits par elles. Elles tiennent à leur siège les livres de comptabilité, documents et
fichiers exigés des entreprises d’assurance et de réassurance, et établissent et produisent les comptes
et les états dont la publication et le dépôt auprès de l’administration sont imposés par la législation en
vigueur.

B- L’obtention d’un agrément de la part du ministère des Finances

Qu’elles soient constituées sous forme de SA ou de SAM, les entreprises d’assurance et de réassurance
ne peuvent commencer leurs opérations que si elles sont agréées par le ministère des Finances
(art.161).

L’obligation d’agrément s’impose également aux unions de SAM. Si une d’entre elles ne parvient plus
à réunir en son sein plus de deux SAM, l’agrément qui lui est accordé cesse de plein droit (art.206),
observation faite que l’accord préalable de l’administration reste requis pour tout retrait de l’union
d’une de ses composantes, dans la mesure où ce retrait risque de compromettre son équilibre financier
(art.208).

L’agrément est attribué, sur demande, uniquement aux entreprises régies par le droit marocain ayant
leur Siege social au Maroc (art.115). Cette attribution intervient après avis du Comité consultatif des
assurances prévu par l’article 185 du CA, et compte tenu des opérations d’assurance dont traite les
articles 159 et 160, qui s’entendent, respectivement, des opérations d’assurance et de réassurance
proprement dites et des opérations assimilées à ces dernières, comme les opérations qui font appel à
l’épargne ou encore celles ayant pour objet l’acquisition d’immeubles au moyen de la constitution de
rente viagère . L’obtention d’un agrément peut être subordonnée au dépôt préalable d’un
cautionnement à la charge des fondateurs de l’entreprise (art.166). L’entreprise qui, dans un délai d’un
an à dater de la publication au BO de l’acte administratif d’agrément, n’aura pas commencé à pratiquer
les opérations pour lesquelles l’agrément a été accordé verra la validité de ce dernier périmée de plein
droit (art.167).

Le refus de l’agrément doit être motivé. Comme pour l’octroi dudit agrément, ce refus s’opère compte
tenu d’un certain nombre de considérations, dont l’honorabilité et la qualification des personnes
chargées de la conduite de l’activité de l’entreprise, les moyens financiers et techniques de celle-ci, la
contribution économique et professionnelle qu’ elle peut apporter, etc. (art.165).

40
II- Les règles dont l’observance s’impose aux entreprises d’assurance et de
réassurance

Les règles dont l’étude est abordée s’entendent de celles ayant pour objet la gestion des entreprises
qui nous occupent, la comptabilité et les statistiques y afférentes et enfin, de celles envisageant des
garanties.

A- les règles de gestion

Les règles dont il est question, ici, différent selon que l’on se trouve en présence des entreprises
d’assurance et de réassurance ou en présence des dirigeants de ces dernières.

1- Les règles de gestion s’imposant aux entreprises d’assurance et de réassurance

Aux nombre de celles-ci, on peut citer l’obligation faite aux entreprises en cause de communiquer à
l’administration un document par lequel elle s’engage à ne réassurer aucun risque concernant une
personne, un bien ou une responsabilité situé sur le territoire marocain auprès d’entreprises
déterminées ou appartenant aux pays étrangers, dont la liste est dressée par l’administration (art.229).

Ensuite, l’obligation faite aux entreprises considérées de ne procéder à des opérations de fusion de
scission ou d’absorption qu’après accord préalable de l’administration (art.230).

On outre, les entreprises qui procèdent au transfert d’une partie ou de la totalité de leur portefeuille
de contrats à une ou plusieurs autres entreprises agréées sont conviées non seulement d’en avertir
l’administration mais aussi les créanciers, et cela grâce à un avis publié dans le BO, édition des
annonces légales, créanciers qui disposent d’un délai de trois mois pour faire connaître leurs
observations auxdites entreprises, et dont copie doit être adressée à l’administration (art.231).

Dans le cas où le transfert est approuvé par cette dernière, conformément aux dispositions de l’article
232, l’entreprise cédante est obligée de transférer à la société cessionnaire la gestion des sinistres
relevant de la ou des catégories concernée (s) par leur transfert.

Enfin, lorsque deux entreprises d’assurance et de réassurance emploient une même personne, au titre
d’administrateur ou de directeur, suite à la conclusion d’une convention entre elles, celle-ci doit être
portée à la connaissance de l’administration avant le commencement de sa mise en application
(art.228). Cette disposition s’applique également en cas de conventions passées entre les entreprises
susvisées et leurs administrateurs ou directeurs.

2- Les règles de gestion s’imposant aux dirigeants des entreprises d’assurance et de


réassurance

Les fondateurs des entreprises d’assurance et de réassurance, les dirigeants de celles-ci, et ceux qui
sont investis de mandat de gérant ou de liquidateur ne peuvent pas, comme le révèle l’article 227 du
CA, avoir les qualités dont il est fait mention, ci-après :

41
-s’ils font l’objet d’une condamnation irrévocable pour crime ou pour l’un des délits prévus et réprimés
par les articles 334 à 391 et 505 à 514 du code pénal;

-s’ils font l’objet d’une condamnation irrévocable pour une infraction à la législation des changes ;

-si les entreprises qu’ils dirigeaient ont fait l’objet au Maroc ou à l’étranger d’une liquidation judiciaire ;

-s’ils ont fait l’objet d’une condamnation irrévocable en vertu des dispositions des articles 280 à 283,
327, 328 et 330 du code des assurances.

-s’ils ont fait l’objet d’une condamnation prononcée par une juridiction étrangère et passée en force
de chose jugée pour l’un des crimes et délits énumérés ci-dessus ;

-s’ils ont fait l’objet d’une radiation d’une profession réglementée pour cause disciplinaire

B- Les règles comptables et statistiques

D’après l’article 233 du code des assurances et réassurance, les entreprises en cours d’examen sont
tenues de respecter les dispositions de la loi n°9-88 relative aux obligations comptables du
commerçant, en dehors de celles auxquelles il est dérogé explicitement, autrement dit des articles
2,4,14, 20 et 21.

Quelle que soit le montant de leur chiffre d’affaires annuel, elles ont l’obligation d’établir un manuel
ayant pour objet de décrire leur organisation comptable, ainsi que l’état des soldes de gestion, le
tableau de financement et l’état des informations complémentaires (art.235).

Dans le cas où une d’entre elles possède un actif exprimé ou a des engagements libellés en monnaie
étrangère, les comptes concernés doivent être tenus dans ces monnaies et en Dhs.

Toutefois, l’inventaire annuel, les états de synthèse et les autres documents publiés sont établis en
DHS. Les comptes afférents aux opérations en monnaies étrangères sont convertis en DHs d’après les
cours de change constatés à la date de clôture des comptes ou à la date antérieure la plus proche
(art.236).

Notons, enfin, qu’en cas de cessation partielle d’activités les entreprises considérées ne peuvent
établir leurs états de synthèse selon des méthodes différentes de celles prescrites par la loi n°9-88
précitée ou par le code des assurances (art.237).

C- Les règles envisageant des garanties financières

42
Sous cette rubrique, il sera question, d’une part des règles prudentielles et, d’autre part, de celles
prévoyant des privilèges en faveur des assurés et des bénéficiaires de contrats.

1- Les règles prudentielles

Selon l’article 238 du code des assurances, les entreprises sur lesquelles notre attention est focalisée
doivent, à toute époque, inscrire à leur passif et représenter à leur actif :

- les provisions techniques suffisantes pour le règlement intégral des engagements contractés
à l’égard des assurés, souscripteurs et bénéficiaires de contrats ;
- les postes correspondants aux créances privilégiées et aux dettes exigibles ;
- la réserve pour l’amortissement de l’emprunt ;
- le dépôt de garanties des agents, des assurés et des tiers ;
- et une réserve égale à l’ensemble des provisions techniques à la charge du régime de
prévoyance sociale institué par l’entreprise en faveur de son personnel.

En outre, elles sont tenues de justifier, à tout moment, de l’exigence d’une marge de solvabilité
destinée à faire face aux risques de l’exploitation propres au caractère aléatoire des opérations
d’assurance (art.239).

La distribution de dividendes ou la répartition d’excédent de recettes ne peut intervenir en l’absence


du respect des articles 238 et 239 précités et des textes pris pour leur application (art.240).

A défaut de ce respect, l’administration peut obliger l’entreprise contrevenante à procéder à une


augmentation du capital ou du fonds d’établissement en numéraire à concurrence du montant
distribué ou réparti, et ce dans un délai n’excédant pas trois mois (art.241).

2- Les privilèges des assurés et bénéficiaires de contrats

L’article 276 du code des assurances a prévu des privilèges au profit des assurés et des bénéficiaires
de contrats, et ceci en affectant l’actif des entreprises concernées par la présente étude d’un double
privilège : spécial et général.

Le privilège spécial porte sur la part de l’actif constituant les cautionnements et les provisions
techniques afférentes aux opérations visées aux articles 159 et 160 et exécutées au Maroc, articles
déjà évoqués précédemment.

Ce privilège garantie le règlement des opérations précitées.

Entant que privilège portant sur les meubles, il prend rang après ceux énumérés à l’article 1250 du
DOC, autrement dit après les créances privilégiées dont fait cas ce dernier.

43
Le privilège spécial est conservé sur les immeubles par une inscription au titre foncier de la propriété
foncière intéressée, à la requête des entreprises ou à défaut de l’administration, dont l’accord reste
nécessaire pour toute radiation de ladite inscription, étant bien noté que les frais occasionnés par celle-
ci sont à la charge de l’entreprise.

Le privilège général, quant à lui, porte sur l’ensemble des biens compris dans l’actif de l’entreprise. Il
est affecté à la garantie du règlement des opérations également prévues aux articles 159 et 160
effectuées en quelque lieu que ce soit.

Il prend rang après les privilèges énumérés à l’article 1248 du DOC, c’est-à-dire après les créances
privilégiées sur la généralité des meubles consacrées par ledit Dahir.

La créance privilégiée est arrêtée, aussi bien pour l’application du privilège spécial que pour celle du
privilège général, eu égard à certains montants, comme ceux relatifs à l’indemnité due par suite du
sinistre, à la portion de prime payée d’avance, à la provision de prime correspondant à la période pour
laquelle le risque n’a pas couru, etc.

III- Les moyens destinés à inciter les entreprises d’assurance et de


réassurance à respecter leurs obligations

Les moyens dont l’examen va suivre s’entendent, d’un côté, du contrôle effectué par les agents de
l’Etat, de l’autre, des sanctions pouvant être prononcées à l’encontre des entreprises contrevenantes.

A- Le contrôle effectué par les agents de l’Etat

Ce contrôle a pour objet de préserver les intérêts des souscripteurs, des assurés, et des bénéficiaires
de contrats d’assurance et de réassurance, ainsi que de faire respecter par les entreprises les
dispositions législatives et réglementaires qui leur sont applicables.

Avant de tenter d’appréhender les modalités de ce contrôle, il convient de jeter un regard sur son
étendue.

1- L’étendue du contrôle

Le contrôle en question porte sur les documents (états comptable, comptes rendus, tableaux,
spécimens de contrats, écrits, etc.), dont la production est prévue par le code des assurances, et sur
ceux pouvant être demandés par l’administration (art.242).

Il s’exerce sur place, grâce à l’intervention de fonctionnaires assermentés délégués à cet effet par le
ministère des Finances, fonctionnaires qui procèdent à la vérification des opérations d’assurance et de

44
réassurance pratiquées par les entreprises, et qui dressent, à l’issue de cette vérification, un rapport
où il est fait mention de leurs observations. Ce dernier est communiqué, selon les cas, au conseil
d’administration ou au conseil de surveillance de l’entreprise, qui dispose d’un délai de 15 jours pour
faire connaître sa position, ainsi qu’au commissaire aux comptes (art.246).

Le contrôle sur place s’étend à toutesociété dans laquelle l’entreprise d’assurance et de réassurance
détient , directement, ou indirectement la moitié du capital ou des droits de vote, ainsi qu’à tout
organisme avec lequel elle se trouve liée par une convention de gestion, de réassurance ou de tout
autre type, susceptible d’altérer son autonomie de fonctionnement ou de décision concernant un de
ses domaines d’activité.

Les filiales et succursales des entreprises d’assurance et de réassurance en font également l’objet, le
tout afin de se rendre compte de la situation financière réelle desdites entreprises (art.243).

Il peut même être demandé à ces dernières de faire auditer leur compte, avec cette précision que
toute mission d’audit doit se solder par un rapport devant être communiqué à l’administration
(art.250).

Le contrôle peut aller jusqu’à permettre à l’administration des Finances, après avis du Comité
consultatif des assurances, de déterminer les conditions générales-type des contrats et/ou l’usage des
clauses-type de contrats relatives aux opérations d’assurance visées aux articles 159 et 160, de fixer
les critères de détermination des primes concernant les opérations d’assurance autres que l’assurance
vie ou la capitalisation, arrêter les conditions dans lesquelles devront être établies et utilisées les
polices et prospectus destinés au public, etc. (art.248).

2- Les modalités du contrôle

- Une fois effectué, le contrôle peut conduire l’administration à adresser à l’entreprise une mise
en garde pour non-respect d’une disposition de la loi sur les assurances et réassurances, ou
encore une injonction, afin de l’obliger à rétablir ou à renforcer son équilibre financier ou à
corriger ses pratiques (art.251).
- de même, il peut se faire que le contrôle accule l’administration à ordonner à une entreprise
de suspendre le paiement des valeurs de rachat ou le versement d’avances, en raison de la
survenance d’une circonstance exceptionnelle compromettant les intérêts des assurés et des
bénéficiaires de contrats (art.252).
- par ailleurs, le contrôle peut révéler que la marge de solvabilité destinée à permettre de faire
face aux risques d’exploitation propres au caractère aléatoire des opérations d’assurance et
de réassurance, n’atteint pas le minimum prévu. Dans ce cas, l’administration invite

45
l’entreprise à présenter un programme de financement d’une durée de trois ans au maximum,
de manière à reconstituer la marge de solvabilité, programme devant prévoir une
augmentation du capital social ou du fonds d’établissement à un montant au moins égal à celui
fixé par ladite administration lors de son contrôle.
- L’administration peut être également amenée, à l’issue de son contrôle relatif aux documents
comptables et financiers, à faire constater à l’entreprise que sa situation financière risque de
ne pas lui permettre de remplir ses engagements. En conséquence, elle l’invite soit à ne pas
souscrire de nouveaux contrats pendant une période n’excédant pas deux ans, ce qui requiert
l’avis du Comité consultatif des assurances (art.262) et doit être porté à la connaissance du
public (art.254), soit à lui présenter un plan de redressement (art.254), et ce après avoir
consulté la Commission paritaire prévue par l’article 257 comprenant des représentants de
l’Etat et des représentants des entreprises d’assurance et réassurance.

Dans le cas où le plan de redressement est accepté par l’administration, celle-ci précisera les délais et
les modalités de son application, tout en exigeant de l’entreprise concernée l’augmentation de son
capital social ou de son fonds d’établissement (art.225), et l’application des mesures de sauvegarde
par voie réglementaire et visant à protéger les intérêts des assurés et bénéficiaires de contrats
(art.256).

Le refus de présentation d’un plan de redressement ou d’une exécution de celui-ci dans les délais
impartis, entraîne de la part de l’administration la nomination d’un administrateur provisoire, chargé
d’établir un rapport d’évaluation de l’entreprise avec ses conclusions sur les possibilités de son
redressement ou de sa liquidation, ainsi que l’énoncé du transfert d’office à une entreprise agréée,
avec l’accord de celle-ci (art.264), du portefeuille de contrats en cours et des sinistres et le retrait
partiel ou total de l’agrément, retrait qui constitue , comme on va le voir juste après une véritable
sanction.

B- Les sanctions

Les sanctions auxquelles s’exposent les entreprises contrevenantes résident, d’une part, dans le retrait
total ou partiel de l’agrément, et d’autre part, dans les sanctions que l’on peut regrouper sous le
vocable « autres ».

1- Le retrait total ou partiel de l’agrément

Deux questions se posent à ce niveau : quels sont les motifs justifiant le retrait total ou partiel de
l’agrément ? Quels en sont les effets ?

a- Les motifs justifiant le retrait partiel ou total de l’agrément

46
En dehors du motif permettant à une entreprise de procéder elle-même au retrait de l’agrément, et
qui consiste dans le transfert de la totalité de son portefeuille de contrats, avec ses droits et
obligations, à une ou plusieurs entreprises agréées (art.265, al.2), et de celui découlant de l’article 258
que nous venons d’évoquer, l’article 265 permet de relever l’existence de 4 autres. Il y est en effet
précisé que le retrait total ou partiel, qui ne saurait intervenir qu’après mise en demeure de
l’entreprise concernée et avis du Comité consultatif des assurances, a lieu lorsque :

- L’intérêt général l’exige ;


- l’entreprise ne fonctionne pas conformément à la législation et à la réglementation en
vigueur ;
- l’entreprise refuse la souscription de l’assurance des risques automobile ;
- l’entreprise ne remplit pas les garanties financières.

b- Les effets du retrait total ou partiel de l’agrément

Le retrait total de l’agrément entraîne la dissolution et la liquidation de l’entreprise (art.268). Ceci a


pour conséquence la nomination de la part de l’administration d’un liquidateur, qui peut être une
personne physique ou morale. Dans pareilles situations, une subvention, exonérée d’impôts et taxes,
peut être accordée par l’administration à ladite entreprise, afin de combler tout ou partie de
l’insuffisance d’actifs afférents aux catégories d’assurances obligatoires, subvention qui sera imputée
sur le Fonds de solidarité des assurances (art.269).

Le liquidateur doit rendre compte à l’administration de l’exécution de son mandat, laquelle peut à tout
moment lui demander des renseignements et des justifications sur ses opérations et faire effectuer
des vérifications sur place.

Le liquidateur, auquel il est interdit d’acquérir à son profit tout ou partie de l’actif mobilier ou
immobilier, et qui peut à tout moment être remplacé par un autre, procède à la répartition des actifs
en tenant compte des privilèges des créanciers, répartition qui s’opère au « marc le franc »
(proportionnellement), sauf pour les catégories d’assurances régies par des dispositions spécifiques
(art.273).

Enfin, il importe de rappeler que la liquidation de l’entreprise concernée ne peut entraîner une
réduction des engagements contractés par les réassureurs préalablement à cette liquidation (art.275).

2- Les autres sanctions

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Les sanctions autres pouvant être infligées à l’entreprise contrevenante sont de deux sortes :
administratives et pénales.

a- Les sanctions administratives

Celles-ci s’entendent des amendes et des sanctions disciplinaires

 Les amendes

Est passible d’une amende administrative de 500 Dh par jour de retard à partir du 30 ème jour de la
réception, à son siège social, d’une lettre recommandée de mise en demeure, toute entreprise
d’assurance ou de réassurance qui n’aura procédé dans les délais impartis aux productions des pièces
ou publications prescrites par la loi sur l’assurance et les textes pris pour son application (art.278).

 Les sanctions disciplinaires

Ces sanctions sont occasionnées par le non-respect de la part de l’entreprise d’une disposition prévue
par la loi précitée ou par les textes pris pour son application. Elles portent le nom d’avertissement ; de
blâme ; d’interdiction d’effectuer certaines opérations et toutes autres limitations dans l’exercice de
leur activité ; de suspension temporaire d’un ou plusieurs dirigeants de l’entreprise ; de transfert
d’office de tout ou partie du portefeuille de contrats en cours et de sinistres de l’entreprise et, enfin,de
retrait total ou partiel de l’agrément.

Dans ce dernier cas, comme dans celui du blâme, l’avis du Comité consultatif des assurances reste
requis. L’entreprise contrevenante doit, par ailleurs, être mise en demeure avec accusé de réception,
et ce afin de présenter par écrit ses observations dans un délai de 15 jours, à compter de la réception
de ladite lettre.

b- Les sanctions pénales

Celles-ci résident notamment dans les peines dites de banqueroutes, auxquelles le législateur consacre
les articles du code des assurances allant de 280 à 284.

Ces peins sont de deux sortes : les peines de la banqueroute simple et les peines de la banqueroute
frauduleuse. Lespremières s’appliquent aux dirigeants de l’entreprise qui, par leurs
agissements(utilisation de sommes très élevées pour entreprendre des opérations de pure hasard ou
fictives ou pour retarder le retrait de l’agrément, paiement de créanciers après intervention de ce
dernier, etc.), ont contribué à la dégradation de sa situation financière et,, à l’absence de garanties
suffisantes pour l’exécution de ses engagements, à la suite d’un retrait total de l’agrément.

48
Ces peines sont également appliquées aux liquidateurs, qui se sont rendus acquéreurs, pour leur
compte, directement ou indirectement, des biens de l’entreprise en liquidation ou qui se sont livrés à
des actes similaires à ceux commis par les dirigeants susvisés.

Les peines de banqueroute frauduleuse, quant à elles, sont infligées aux dirigeants qui ont
frauduleusement appauvri l’entreprise, en détournant ou en dissimulant une partie de son actif ou en
la rendant débitrice de sommes purement fictives.

Les liquidateurs ayant agi de cette même façon, se voient eux aussi exposés à pareilles peines.

Chapitre 2 Les intermédiaires d’assurance

Comme on l’a précisé lors des développements qui précédent, la présentation


des opérations d’assurance et de réassurance au public ne relève pas seulement
de la compétence des entreprises concernées par la présente étude mais aussi
de celles des intermédiaires d’assurance. Avant d’aborder l’examen des données
permettant de les aborder dans leur globalité, il apparaît opportun de se pencher
d’abord sur la notion même d’intermédiaire d’assurance.

I- La notion d’intermédiaire d’assurance

49
Pour donner une vision relativement complète de cette notion, il conviendrait de s’interroger
sur ce que n’est pas l’intermédiaire d’assurance, et d’autre part, sur ce qu’il est.

A- Ce qui n’est pas l’intermédiaire d’assurance

Cette manière de procéder revient, somme toute, à définir la notion d’intermédiaire


d’assurance de façon négative, comme cela résulte de l’article 290 du code des assurances.
D’après cet article, l’intéressé ne peut être considéré comme un démarcheur. La raison en est
que ce dernier, qui est une personne physique, exerce une mission dont la portée est
restreinte. Plus précisément, il se limite à se rendre habituellement au domicile ou à la
résidence des personnes susceptibles de l’intéresser ou sur les lieux de travail ou dans les
lieuxpublics, en vue de conseiller la souscription d’un contrat d’assurance, d’exposer
oralement ou par écrit à un souscripteur éventuel les conditions de garantie d’un contrat
d’assurance. Les démarcheurs ne peuvent, toujours selon l’article 290 précité, intervenir que
s’ils sont sollicités par les entreprises d’assurance et de réassurance ou par les intermédiaires
d’assurance eux-mêmes, et ce afin de présenter pour leur compte et sous leur responsabilité
les opérations d’assurance et de réassurance pratiquées par eux.

B- Ce qu’est l’intermédiaire d’assurance

D’après la combinaison des articles 291 et 292 du code des assurances, l’intermédiaire
d’assurance peut être soit un agent d’assurance, soit une société de courtage.

L’agent d’assurance, qui peut être une personne physique ou morale, est la personne habilitée
par une entreprise d’assurance et de réassurance, dont il est mandataire, à présenter au public
des opérations d’assurance prévues aux articles 159 et 160 du code des assurances,
opérations examinées antérieurement avec un luxe de détails.

D’après l’article 6 du code marocain de commerce, le courtier d’assurance, personne


physique, est considérée comme étant un commerçant en raison de l’activité de service
d’intermédiation qu’il exerce de façon habituelle ou professionnelle.Il agit en vertu d’un
mandat, ce qui l’empêche d’après l’article 296 d’exercer concurremment à sa profession celle
de représentant responsable d’une agence d’assurance ou d’une société de courtage ou de
dirigeant d’une entreprise d’assurance ou de réassurance.

50
Si l’on regarde cette fois-ci du côté de la société de courtage, on s’aperçoit qu’il s’agit là d’un
courtier doté de la personnalité morale dont les fonctions se limitent à procurer des affaires
aux entreprises d’assurance et de réassurance.

Le courtier d’assurance personne morale, qui est un commerçant dûment inscrit au registre
de commerce, n’agit pas en qualité de mandataire contrairement au courtier personne
physique. Ceci lui procure une liberté totale.

II- Les données permettant d’appréhender l’intermédiaire


d’assurance dans sa globalité

Pour pouvoir faire le tour de la question abordée, la réflexion doit se déployer dans trois
directions. La première conduit à mettre l’accent sur les conditions devant être remplies par
l’intermédiaire d’assurance pour exercer sa profession, la seconde sur ses droits et obligations,
la troisième sur la régulation de l’activité à laquelle il se livre.

A- Les conditions d’exercice de la profession d’intermédiaire d’assurance

Celles-ci sont de deux sortes : les conditions concernant l’ensemble des intermédiaires
d’assurance, sans distinction, et les conditions propres à certains d’entre eux.

1- Les conditions concernant l’ensemble des intermédiaires d’assurance

Là encore une classification en trois temps s’impose : il y a lieu, en effet, de distinguer les
conditions tenant à l’agrément, les conditions de moralité et les conditions de solvabilité.

a- Les conditions tenant à l’agrément

Ce type de conditions apparaît à la lecture de l’article 304 du code des assurances, article qui
prend soin de noter, avant de procéder à leur énumération, que ledit agrément ne peut être
accordé par l’administration qu’après avis du Comité consultatif des assurances. Son
deuxième alinéa subordonne cet octroi aux conditions ci-après :

 Pour les personnes physiques :


- être de nationalité marocaine ;
- être titulaire d’un diplôme délivré par une université nationale ou d’un diplôme
reconnu équivalent par l’administration ;
- avoir accompli un stage de formation ;

51
- avoir réussi l’examen professionnel.
 Pour les personnes morales :
- être régies par le droit marocain et avoir leur siège au Maroc ;
- Avoir 50°/° du capital détenu par les personnes physiques de nationalité
marocaine ou des personnes morales de droit marocain.

La condition d’agrément s’impose également dans le cas de Barid AL maghrib et des banques
agréées en application du Dahir du 6 juillet 1996, relatif à l’exercice de l’activité des
établissements de crédit et de leur contrôle.

Selon l’article 306 du code des assurances, de telles entreprises ne peuvent faire connaître au
public des opérations d’assurance qu’après obtention de l’agrément de la part de
l’administration, ce qui nécessite la présentation à celle-ci d’une justification de l’existence
de structures au niveau de leurs services destinés à présenter au public des opérations
d’assurance, opérations devant cependant se limiter aux assurances de personnes, à
l’assistance et l’assurance-crédit.

A titre exceptionnel, et obligatoirement après avis consultatif du conseil des assurances, des
personnes autres que celles visées par le code des assurances (art.289) peuvent être
autorisées par l’administration à présenter au public des opérations d’assurance, et cela dans
les conditions prévues par voie réglementaire.

Un arrêté du ministre des Finances et de la privatisation daté du 27 décembre 2004, pris en


application de la loi sur les assurances, viendra préciser les données précédentes et les rendre
opérationnelles, en indiquant notamment les formalités impliquées par la demande
d’agrément et les pièces devant être jointes au dossier y afférent.

Pour que le tableau soit complet, on doit faire remarquer que l’agrément accordé à
l’intermédiaire d’assurance peut lui être retiré définitivement non seulement lorsqu’il exerce
une activité jugée incompatible avec celle pour laquelle il s’est engagé mais aussi :

- Lorsqu’il ne remplit plus l’une des conditions nécessaires à l’octroi de


l’agrément ;
- lorsque le contrat le liant à l’entreprise a été dénoncé par celle-ci, après accord
de l’administration ;
- lorsqu’il renonce à son agrément ;

52
- lorsqu’il n’a pas commencé son activité dans un délai d’une année ou a cessé
cette activité pendant une année, sauf en cas d’incapacité physique provoquée
par une maladie ou un accident ayant entraîné une immobilisation d’une durée
supérieure à 3 mois, étant bien noté que la maladie ou l’incapacité doit être
constatée par un collège de trois médecins, dont une copie du rapport doit être
remise à l’administration, qui doit être informée de toute cessation
d’activité dépassant 1 mois.

L’agrément ne peut évidemment être retiré qu’après avis consultatif du comité des
assurances.

b- Les conditions de moralité

Etant donné que l’intermédiaire d’assurance est appelé à encaisser des sommes importantes
pour le compte de l’entreprise d’assurance et de réassurance, sommes pouvant donner lieu à
des dilapidations et à des malversations, il est tout à fait normal que le législateur prenne le
maximum me précautions pour éviter de tels dangers.

L’article 308 du code des assurances écarte, en effet, de la profession d’intermédiaire


d’assurance les personnes ayant fait l’objet d’une condamnation irrévocable pour crime ou
pour délit prévu et réprimé par le code pénal ; d’une condamnation irrévocable en vertu des
dispositions des articles 280 à 283 et 327 à 330 du code des assurances ; d’une condamnation
prononcée par une juridiction étrangère et passée en force de chose jugée pour l’un des
crimes et délits ayant motivé les deux condamnations précédentes ; d’une condamnation pour
infraction à la législation des changes ; d’une liquidation judiciaire intervenue au Maroc ou à
l’étranger, et à l’issue de laquelle elle n’ont pas été réhabilitées ; et enfin d’une radiation d’une
profession règlementée pour cause disciplinaire.

c- Les conditions de solvabilité

Pour mettre à l’abri les entreprises d’assurance et de réassurance ainsi que les assurés contre
d’éventuelles dilapidations ou malversations des capitaux se trouvant entre les mains des
intermédiaires d’assurance, l’article 303 du code des assurances fait obligation à ce dernier de
constituer une garantie financière. Celle-ci consiste en une police d’assurance garantissant les
conséquences pécuniaires de la responsabilité civile qu’il peut encourir, en raison des activités
justifiant l’agrément sollicité. Plus précisément, la garantie en question s’exprime à travers la

53
souscription d’un contrat d’assurance pour un montant au moins égal à 500.000 DH pour les
agents d’assurance, et 1 million de DH pour les sociétés de courtage.Pour que la garantie
financière considérée ne soit pas vidée de sa substance, le législateur a interdit aux entreprises
d’assurance et de réassurance, agréées pour pratiquer des opérations d’assurance contre les
risques de responsabilité, de refuser de garantir les intermédiaires assujettis à l’obligation
d’assurance pour responsabilité civile.

2- Les conditions propres à certains intermédiaires

Pour matérialiser ce type de conditions, on doit se référer à l’article 295 du code des
assurances. La lecture de ce dernier laisse percevoir que lorsque l’agent d’assurance est une
personne morale, il doit se constituer sous forme d’une société anonyme ou d’une société à
responsabilité limitée.

S’ilen est ainsi, la société sera tenue de désigner un représentant responsable, qui est une
personne physique, avec cette précision que le statut de cette société doit prévoir que le
représentant susvisé doit être désigné par les gérants ou les administrateurs dirigeants de
ladite société. Cette précision, à laquelle fait place l’article 300 du code des assurances,
s’applique également aux sociétés de courtage.

Cela dit, la personne physique en question doit être de nationalité marocaine, justifiant d’une
licence délivrée par un établissement nationale ou reconnu équivalent, de l’accomplissement
d’un stage de formation et de la réussite à l’examen professionnel. A ces conditions, évoquées
précédemment à l’occasion de l’examen de l’agrément, viennent s’en ajouter d’autres qui,
elles aussi, ont été rappelées auparavant : il s’agit des conditions de moralité, auxquelles on
se contentera de renvoyer.

Dans pareilles circonstances, l’article 307 du code des assurances prévoit que les
intermédiaires d’assurance constitués sous forme de personne morale sont obligés d’informer
l’administration de tout changement de majorité, de toute cession de plus de 10°/° des
actions ou parts et de toute prise de contrôle, directe ou indirecte, au-delà de 30°/° de leur
capital social.

Le contenu des dispositions de l’article 307 dont nous venons de rendre compte donne un
avant-goût de la question que l’on doit aborder à présent, à savoir :

B- Les droits et obligations des intermédiaires d’assurance

54
L’intitulé de cette rubrique précise l’ordre dans lequel seront analysés les termes clés s’y
trouvant insérés.

1- Les droits

Les droits reconnus à l’intermédiaire d’assurance, afin de le mettre à l’abri des abus de
l’entreprise d’assurance et de réassurance, découlent de la combinaison des dispositions
contenues dans le contrat le liant à cette dernière, contrat connu sous le nom de ‘’traité de
nomination’’ dans le cas de l’agent d’assurance, et de celles figurant dans le code des
assurances. Ainsi, en spécifiant l’étendue et la nature des opérations devant être effectuées
par l’agent d’assurance pour le compte de l’entreprise concernée, le « traité de nomination »
ne tend pas seulement à protéger celle-ci mais aussi ledit agent, et cela contre toute demande
tendant à exiger de lui la livraison de prestations de services ne s’y trouvant pas prévues.

Si l’on regarde du côté du code des assurances, on ne manquera pas de constater que ce code
consacre l’existence d’importants droits au profit de l’intermédiaire d’assurance. Qu’on en
juge : l’article 294 (al.1) prévoit son maintien dans la fonction qui est la sienne en cas de
transfert d’un portefeuille de contrats d’assurance d’une entreprise d’assurance et de
réassurance à une autre. Autrement dit, l’entreprise cessionnaire reprend à son compte les
agents d’assurance relevant de l’entreprise cédante. A défaut, l’entreprise cessionnaire
restera solidaire avec cette dernière pour tout ce qui touche à ses droits acquis et à son droit
de se voir attribuer une indemnité compensatrice.

De même, l’article 309 du code précité consacre le droit des intermédiaires d’assurance à une
rémunération, sous forme de commission fixée de gré à gré et qui peut aussi être fixée
d’autorité par le ministre des Finances, notamment pour ce qui concerne certaines assurances
jugées sensibles, comme celles relatives à l’incendie et à l’automobile6.

Nous pouvons y ajouter les dispositions de l’article 312 qui font place à la possibilité pour les
ayants droit d’un agent d’assurance, personne physique, défaillant ou décédé, de continuer la
gestion du portefeuille de contrats dont il avait la charge, sous certaines conditions.

6
Voir à ce sujet Nasri (Z.), op.cit., p.485

55
Lorsque l’intermédiaire d’assurance est une personne morale, le droit en question revient, en
cas de défaillance ou de décès du représentant responsable, aux associés ou actionnaires
dudit intermédiaire.

2- Les obligations

Celles-ci concernent surtout les règles édictées en matière de gestion auxquelles les
intermédiaires d’assurance sont tenus de se conformer.

Ainsi, l’agent d’assurance est invité, aux termes de l’article 292 (al.2), à ne pas représenter
plus de deux entreprises d’assurance et de réassurance, et à condition d’obtenir l’accord de
l’entreprise avec laquelle il a souscrit le premier « traité de nomination ».

De même, ledit agent ne peut s’opposer à une mesure de transfert d’un portefeuille de
contrats d’une entreprise mandante à une autre, ou au retrait de l’agrément par celle-ci
(art.294).

En outre, l’agent en question ne peut exercer concurremment sa profession avec celle de


représentant responsable d’une agence d’assurance ou d’une société de courtage ou de
dirigeant d’une entreprise d’assurance et de réassurance. Il en est ainsi également pour ce qui
concerne le représentant responsable d’une société de courtage (art.296).

Ensuite, cette dernière doit éviter de régler des sinistres pour le compte des entreprises
d’assurance et de réassurance, à moins qu’elle fasse preuve de la détention d’un mandat
spécial (l’art.298).

Par ailleurs, l’intermédiaire d’assurance ne saurait utiliser le local où il exerce son activité
comme un lieu où il se livrera à des activités non liées à son profession (art.301).

Lui sont également interdits tout encaissement d’un montant de prime supérieur à celui fixé
par l’entreprise auprès de laquelle le contrat est souscrit, ainsi que l’octroi aux assurés de
ristournes de commission ou escompte sur prime, sans oublier la délivrance d’attestations
émises en son nom personnel.

Comme on l’a déjà signalé, les intermédiaires d’assurance sont tenus de garantir la
responsabilité civile qu’ils risquent d’encourir en raison de leur activité (art.303).

C- La régulation de l’activité des intermédiaires d’assurance

56
La régulation laisse entendre que le législateur sera amené à veiller au fonctionnement correct
de l’activité de l’intermédiaire d’assurance. Pour ce faire, il préconisera le recours à deux
armes dissuasives, le contrôle et les sanctions.

1- Le contrôle

Comme pour les entreprises d’assurance et de réassurance, le contrôle sur les intermédiaires
d’assurance est effectué par les agents de l’Etat assermentés, dont les pouvoirs sont très
larges.

Préalablement au contrôle proprement dit, l’article 314 prévoit que « les titres de toute
nature, prospectus, affiches, circulaires, plaque imprimées et tous autres documents destinés
à être distribués au public ou publiés par l’intermédiaire d’assurance doivent porter toujours
à la suite du nom ou de la dénomination sociale la mention ci-après, en caractères uniformes
et apparents : ‘’Intermédiaire d’assurances régi par la loi n° 17-99 portant code des
assurances’’, ainsi que le numéro et la date d’agrément.

Ils ne doivent comporter aucune insertion susceptible d’induire en erreur sur la nature du
contrôle exercé par l’Etat, ni sur la véritable nature de l’activité de l’intermédiaire d’assurance
ou de l’importance réelle de ses engagements. »

Le contrôle proprement dit, quant à lui, exige de la part des intermédiaires d’assurance la
production de tout document réclamé par les contrôleurs, ainsi que tout renseignement jugé
nécessaire par eux, document et renseignement permettant de procéder à des vérifications
sur place.

Les infractions relevées lors du contrôle font l’objet d’un procès-verbal communiqué à
l’intermédiaire d’assurance qui doit faire connaître ses observations dans les 15 jours qui
suivent sa réception.

Le contrôle effectué par les agents de l’Etat ne supprime pas celui pouvant être effectué par
les entreprises elles-mêmes. D’après l’article 317, les intermédiaires ne peuvent s’y opposer.
Le contrôle doit, cependant, pour ce qui concerne les sociétés de courtage se limiter
strictement aux opérations réalisées pour le compte desdites entreprises.

2- Les sanctions

Celles-ci sont de deux sortes, administratives et pénales.

57
a- Les sanctions administratives

La non communication des documents réclamés par les contrôleurs dans les délais prévus est
passible d’une amende de 500 Dh par jour de retard, à compter du 30ème jour de la réception
par l’intermédiaire d’assurance de la lettre recommandée de mise en demeure.

L’intermédiaire d’assurance peut aussi faire l’objet d’avertissement, de blâme ou de retrait


d’agrément à titre définitif ou temporaire, observation faite que la décision de sanction doit
être motivée. Le retrait provisoire de l’agrément intervient en cas de poursuite pour délit ou
crime ayant entraîné une détention.

Une amende administrative variant de 2000 à 20000 Dh, peut être prononcée en cas de refus
de communiquer les renseignements demandés par les contrôleurs, d’un refus de remettre à
l’entreprise les imprimés et les documents confiés à l’intermédiaire d’assurance dans le cadre
de l’exercice de sa profession, d’un dépassement des délais prévus quant au versement des
primes encaissées par lui pour le compte de l’entreprise, de l’exercice d’activités
incompatibles avec sa profession.

Les deux dernières sanctions administratives énoncées ci-dessus ne peuvent être prononcées
qu’après avis du Comité consultatif des assurances.

b- Les sanctions pénales

- Est passible d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 2500 à 10000
Dh ou de l’une de ces deux peines seulement, toute personne exerçant la profession
d’intermédiaire d’assurance sans agrément, ainsi que les entreprises d’assurance et de
réassurance et les intermédiaires d’assurance qui utilisent des personnes non autorisées à
présenter des opérations d’assurance, ou encore quelconque fait souscrire des contrats pour
le compte d’entreprises, d’assurance et de réassurance non agréées pour la catégorie
d’opérations faisant l’objet de ces contrats (art.327).

Par ailleurs, tout intermédiaire d’assurance qui, de mauvaise foi, couvre un risque sans avoir
établi et transmis la proposition d’assurance à l’entreprise est passible d’un emprisonnement
de 1 à 5 ans et d’une amende égale à 10 fois le montant des primes encaissées illégalement,
sans que son montant soit inférieur à 5000Dh.

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Le fait de disposer de matériels nécessaires à de telles pratiques (faux imprimés, prospectus,
polices, etc.) constitue un commencement d’exécution non équivoque et se trouve puni des
mêmes peines (art.328).

Les juridictions ayant prononcé les peines d’emprisonnement évoquées précédemment


ordonnent obligatoirement la fermeture immédiate des locaux réputés ou non professionnels,
où le condamné exerçait ses activités et la confiscation du matériel objet de l’infraction.

-L’agrément quant à lui peut être retiré à titre temporaire pour toute la période où aucune
décision judiciaire ayant force de chose jugée n’a pu avoir lieu, comme c’est le cas pour ce qui
concerne les condamnations judiciaires intervenues en première instance, pour crime ou délit,
ou toute autre condamnation supérieure à trois mois d’emprisonnement pour les faits prévus
à l’article 308, dont il a été fait mention, lors de l’examen des conditions de l’octroi de
l’agrément (art.330).

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