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Cahiers de nutrition et de diététique (2009) 44, 294—301

ALIMENTS

Eau du robinet : une exigence de qualité. . .


Tap water: A requirement of quality

Philippe Beaulieu ∗, Bénédicte Fisset

Centre d’information sur l’eau, département Medic’eau,


37, rue de Courcelles, 75008 Paris, France

Reçu le 31 août 2009 ; accepté le 29 septembre 2009


Disponible sur Internet le 5 novembre 2009

MOTS CLÉS Résumé La réglementation française concernant l’eau du robinet repose sur l’établissement
Eau ; de normes rigoureuses propres à garantir sa qualité. Elle est ainsi, aujourd’hui, un des pro-
Traitement ; duits alimentaires les plus contrôlés. Depuis la ressource naturelle en passant par l’usine de
Réglementation ; potabilisation et le réseau de distribution jusqu’au robinet, traitements et contrôles sont
Sels minéraux ; là pour garantir cette qualité. Les eaux usées, elles-mêmes, font l’objet d’un traitement
Oligoéléments avant de retourner au milieu naturel, dans le souci capital de préserver l’environnement. En
France, cette réglementation est élaborée par le ministère de la Santé à partir d’une direc-
tive européenne. Elle s’appuie sur des travaux médicaux et les recommandations en vigueur
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui établissent les doses maximales admissibles,
c’est-à-dire les quantités de telle ou telle substance qu’un sujet peut absorber sans danger
quotidiennement sa vie durant. Sur cette base, est calculée la dose maximale tolérable dans
l’eau en gardant en règle générale une marge de sécurité confortable. La réglementation sani-
taire actuelle figure au Code de la santé publique, 56 paramètres de qualité y sont définis.
Ces normes concernent tout un ensemble de paramètres chimiques, physiques et microbiolo-
giques. Le traitement de l’eau fait appel pour une très large part à des processus physiques ou
biologiques. L’efficacité de ces traitements est très contrôlée, à tous les stades de la produc-
tion. En complément de la surveillance assurée par l’exploitant, les captages, les stations de
traitement et les réseaux de distribution de l’eau potable jusqu’au robinet du consommateur
font l’objet d’un contrôle sanitaire régulier, mis en œuvre par les directions départemen-
tales des affaires sanitaires et sociales (DDASS). En 2006, celles-ci ont ainsi réalisé plus de
310 000 prélèvements permettant l’expertise de plus de huit millions de résultats. L’information
sur la qualité de l’eau potable est une obligation imposée par la réglementation. Ainsi, il est pos-
sible de s’informer sur la qualité de l’eau de sa commune par différents moyens : en consultant
les résultats affichés à la mairie, en lisant la note de synthèse de la DDASS, jointe une fois par
an à la facture d’eau, en s’adressant au distributeur d’eau ou sur les sites internet de la plupart
des entreprises de l’eau. L’eau du robinet constitue une source d’apport en sels minéraux et
oligoéléments : calcium, magnésium, fluor... Dans son parcours naturel, au contact des sols et

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : phbeaulieu@cieau.com (P. Beaulieu).

0007-9960/$ — see front matter © 2009 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de nutrition.
doi:10.1016/j.cnd.2009.10.001
Eau du robinet : une exigence de qualité. . . 295

des roches, elle se charge en effet naturellement en sels minéraux et oligoéléments. Les seuils
de minéralité sont fixés par les normes pour que l’eau bénéficie d’un bon équilibre minéral.
© 2009 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de nutrition.

KEYWORDS Summary French regulation of tap water relies on strict standards warranting its quality. It
Water; is presently one of the most controlled alimentary products, from natural resources up to the
Processing; tap including factory and distribution network. Worm out water is treated before returned to
Regulation; natural milieu in order to protect environment. In France, regulations are edited by Minister
Minerals; of Health accounting for EU and WHO recommendations establishing maximal doses of some
Trace elements substances that one can ingest daily and lifelong without any harm; the maximum tolerable
doses are then calculated, usually with a safety margin. Current Public Health regulations
include 56 quality parameters: chemical, physical or microbiological. The treatment of water
includes mostly physical or biological processes, efficacy of which is severely controlled. In
addition of supervision of the different steps of the production by the development companies,
steady health controls are performed by the departmental directions of health and social affairs
(DDASS). During year 2006, more than 31,000 samples have been performed allowing more than
eight millions analysis. Information on the quality of water is mandatory and local details are
sticked in city hall or joined clearly to the water invoice by DDASS; it is also possible to contact
the web sites of most of the companies distributing water. Tap water is a source of minerals
and trace elements: calcium, magnesium, fluor. . . which are naturally present in soils and rocks
that water flows through. Mineral thresholds are determined by norms in order to ensure a good
mineral balance.
© 2009 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of Société française de nutrition.

Introduction doit être aussi agréable à boire que les circonstances le


permettent ».
La réglementation française n’utilise jamais les termes « eau
potable » ou potabilité de l’eau. Elle repose, en fait, sur « Eau du robinet » : un des produits
l’établissement de normes rigoureuses propres à garan- alimentaires les plus contrôlés
tir la qualité de cette eau. Ainsi, en France, une eau
« propre à la consommation humaine » doit répondre à Accessible à tous, l’eau du robinet se doit de satisfaire
une cinquantaine de critères de qualité. L’exigence pre- l’ensemble de ces exigences sanitaires. Depuis la res-
mière de cette réglementation est donc bien d’assurer source naturelle en passant par l’usine de potabilisation
la qualité sanitaire. C’est le principe qu’énonce le Code et le réseau de distribution jusqu’au robinet, traitements
de la santé publique (art. L.1321-1) : « Toute personne et contrôles en garantissent la qualité. Les eaux usées,
qui offre au public de l’eau en vue de l’alimentation elles-mêmes, font l’objet d’un traitement avant de retour-
humaine, à titre onéreux ou à titre gratuit et sous ner au milieu naturel, dans le souci capital de préserver
quelque forme que ce soit, y compris la glace alimen- l’environnement.
taire, est tenue de s’assurer que cette eau est propre En France, 62 % de l’eau potable provient de ressources
à la consommation. L’utilisation d’eau impropre à la souterraines (captage d’une source ou forage d’une nappe
consommation pour la préparation et la conservation de profonde) et 38 % d’eaux de surface (les fleuves et rivières,
toutes denrées et marchandises destinées à l’alimentation les lacs) [1]. Dans la mesure du possible, ce sont les res-
humaine est interdite ». Ce texte s’applique à toutes les sources naturelles les plus proches d’une commune qui
eaux destinées à la consommation humaine, définies ci- sont exploitées pour produire l’eau potable qui sera distri-
après : buée. Mais avant son exploitation et l’éventuel traitement
• toutes les eaux qui sont destinées à la boisson, à la cuis- nécessaire pour produire une eau de boisson conforme aux
son, à la préparation d’aliments ou à d’autres usages normes, la ressource elle-même doit répondre à des critères
domestiques, qu’elles soient fournies par un réseau de de qualité bien définis.
distribution, à partir d’une citerne, d’un camion-citerne
ou d’un bateau-citerne, en bouteilles ou en conteneurs,
Eau du robinet : des normes strictes de qualité
y compris les eaux de source ;
• toutes les eaux utilisées dans les entreprises alimentaires En France, une réglementation stricte s’applique aux eaux
pour la fabrication, la transformation, la conservation de destinées à la consommation humaine à l’exclusion des eaux
produits ou de substances destinés à la consommation conditionnées. Elle se donne comme objectif d’en assurer la
humaine, qui peuvent affecter la salubrité de la den- qualité sanitaire, depuis la ressource jusqu’à l’habitation.
rée alimentaire finale, y compris la glace alimentaire Elle est élaborée par le ministère de la Santé à partir d’une
d’origine hydrique. directive européenne.
Cette réglementation s’appuie sur les travaux médicaux
La recherche du confort et du plaisir peut paraître secon- et les recommandations en vigueur de l’Organisation mon-
daire par rapport à l’impératif sanitaire. Cependant, pour diale de la santé (OMS) qui établissent les doses maximales
les consommateurs habitués au confort domestique, elle est admissibles, c’est-à-dire les quantités de telle ou telle
également devenue essentielle. L’Organisation mondiale de substance qu’un sujet peut absorber sans danger quotidien-
la santé elle-même prend cet aspect en compte : « L’eau nement sa vie durant [2]. Sur cette base, est calculée la dose
296 P. Beaulieu, B. Fisset

maximale tolérable dans l’eau en gardant en règle générale • la filtration : le filtre le plus classique est le filtre à sable.
une marge de sécurité confortable. La filtration sera d’autant plus efficace que les grains
La réglementation sanitaire actuelle figure au Code de seront plus fins. L’écoulement est alors suffisamment lent
la santé publique. Elle est issue d’un arrêté récent du pour permettre le développement d’un biofilm (algues,
11 janvier 2007, 56 paramètres de qualité y sont définis bactéries. . .) à la surface du sable. L’activité épuratrice de
(annexe 1). Ces normes concernent donc tout un ensemble ce biofilm permet la dégradation de la matière organique.
de paramètres chimiques, physiques et microbiologiques.
Parmi les paramètres contrôlés dans l’eau du robinet, elle L’affinage
distingue d’une part, les limites de qualité, impératives, L’affinage a pour effet l’élimination des matières organiques
concernant les paramètres pouvant avoir une répercussion et de certains micropolluants. Il améliore, en outre, les qua-
sur la santé et, d’autre part, les références de qualité, lités organoleptiques de l’eau (saveur, odeur, limpidité) :
sur des paramètres « indicateurs » qui reflètent plus par- • l’adsorption sur charbon actif : les charbons actifs, adsor-
ticulièrement le bon fonctionnement des installations de bants à très large spectre, sont capables de fixer les
production d’eau potable. composés organiques dissous qui ont échappé aux trai-
tements physico-chimiques ainsi que certains polluants
(hydrocarbures, pesticides, métaux lourds. . .). On les
Objectif qualité : des traitements efficaces et obtient par traitement spécial de charbons naturels
multiples (anthracite, tourbe) ou de végétaux (bois, noix de coco) ;
L’eau du robinet est un produit vivant, issu d’une eau brute, • le stripping : pour extraire les gaz dissous dans l’eau,
elle-même surveillée, protégée. Mais, celle-ci n’est qu’une on applique un contre-courant de gaz d’entraînement.
matière première qui va encore être élaborée, transformée Le stripping retient principalement les composés volatils
pour devenir conforme aux normes définies par la réglemen- (benzène, trihalométhane, composés soufrés respon-
tation. sables d’odeurs...) ;
Les eaux souterraines, plus protégées, nécessitent la plu- • la mise à l’équilibre calco-carbonique.
part du temps des traitements moins sophistiqués que les
Afin d’éviter les problèmes d’entartrage ou de corro-
eaux de surface. Pour les eaux brutes de très bonne qualité,
sion des tuyauteries, l’eau doit être la plus proche possible
une filtration et une simple désinfection peuvent suffire. À
de l’équilibre calco-carbonique (bicarbonate de calcium,
l’inverse, pour des eaux de surface ou souterraines de moins
CO2 et carbonate de calcium). Les eaux agressives sont neu-
bonne qualité, la filière sera plus complexe avec clarifica-
tralisées ou reminéralisées alors que les eaux incrustantes
tion, affinage et désinfection. Le traitement de l’eau fait
sont soumises à une décarbonatation.
appel, pour une très large part, à des processus physiques
ou biologiques. La filtration des membranes
On retrouve successivement dans ce processus [3,4]. La filtration membranaire est un procédé physique qui
complète ou remplace l’étape de clarification. L’eau cir-
Les prétraitements cule sous pression à travers des membranes. Celles-ci sont
Le dégrillage et le tamisage arrêtent les déchets grossiers, constituées de longues fibres creuses et poreuses d’environ
les déchets plus petits, le sable et le plancton. Pour les 1 mm de diamètre sur 1,30 m de long, assemblées en fais-
eaux particulièrement chargées, une prédécantation est ceaux dans une cartouche cylindrique. Elles peuvent être
nécessaire pour séparer les matières en suspension (argile, de nature organique (polymère de synthèse) ou de nature
limons. . .). La pré-oxydation chimique avec du dioxyde de minérale (type céramique).
chlore ou de l’ozone permet d’éliminer l’azote ammonia- Il existe quatre procédés membranaires à gradient de
cal, le fer et le manganèse, de réduire les goûts, les couleurs pression. Ces procédés sont classés selon le diamètre des
et les odeurs, d’améliorer les performances du traitement pores présents sur les parois des fibres. Ainsi, les mem-
ultérieur de clarification et de maintenir la propreté des branes de microfiltration (seuil de coupure de l’ordre de
installations. 100 nm) permettent la rétention des bactéries, des para-
sites, des levures, des particules à l’origine de la turbidité. . .
La clarification les membranes d’ultrafiltration (seuil de coupure de l’ordre
La clarification est une étape indispensable pour les eaux
de 10 nm) arrêtent en plus les virus, les colloïdes... et les
de surface et les eaux souterraines provenant de plateaux
membranes de nanofiltration (seuil de coupure de l’ordre du
calcaires. Elle assure l’élimination des particules en sus-
nanomètre) retiennent également les ions bivalents comme
pension (sable, limons, débris organiques. . .), des matières
le calcium et la plupart des pesticides. L’osmose inverse uti-
colloïdales (argiles fines, bactéries. . .) et d’une partie, des
lise des membranes plus denses (seuil de coupure de l’ordre
matières dissoutes (matières organiques, sels. . .). La clarifi-
de 0,1 nm) qui stoppent aussi les ions métalliques. Cette der-
cation combine différents procédés :
nière technique est appliquée au dessalement de l’eau de
• la coagulation-floculation : l’adjonction d’un coagulant
mer et à la production d’eau ultra-pure et d’eau de proces-
provoque la déstabilisation des colloïdes présents dans
sus.
l’eau. Les réactifs utilisés sont généralement le sulfate
d’alumine, le chlorure ferrique ou le sulfate ferreux. La désinfection
Les colloïdes déstabilisés se rassemblent progressivement La désinfection est commune à tous les traitements. Elle a
pour former des flocs, des agrégats de taille suffisante pour but de neutraliser les virus et bactéries pathogènes.
pour être ensuite séparés de la phase liquide ; Elle est réalisée par des agents désinfectants (chlore,
• la séparation solide-liquide par décantation ou flo- dioxyde de chlore et ozone), par traitement aux ultra-
tation : l’extraction des particules solides se fait violets ou par procédés physiques comme la filtration sur
par décantation ou par flottation. Appliquée aux eaux peu membranes. Comparé au chlore, l’ozone permet une bonne
troubles, la flottation consiste à faire remonter le floc à désinfection, sans risque de formation de sous-produits chlo-
la surface en utilisant de l’air sous pression ; rés ni de défaut de goût.
Eau du robinet : une exigence de qualité. . . 297

Une fois traitée, l’eau doit voyager dans les canalisa- de sa commune par différents moyens : en consultant les
tions pour atteindre les robinets. Si aucune désinfection résultats affichés à la mairie, en lisant la note de synthèse
finale n’était prévue, la qualité de l’eau pourrait se dégra- de la DDASS, jointe une fois par an à la facture d’eau, en
der. C’est pourquoi on ajoute une infime quantité de chlore s’adressant au distributeur d’eau, sur les sites Internet de
(équivalent à une goutte dans cinq baignoires de 200 L) pour la plupart des entreprises de l’eau.
détruire les dernières bactéries et préserver la qualité de La synthèse élaborée par la DDASS donne à la fois des
l’eau tout au long de son parcours dans les canalisations. informations sur l’origine de la ressource en eau et sur
l’organisation de la distribution de l’eau. Elle indique le
Les traitements spécifiques nombre de prélèvements effectués et les résultats obtenus
La plupart des polluants sont éliminés au cours des traite-
pour les paramètres les plus recherchés comme la bacté-
ments classiques de clarification et d’affinage. Cependant,
riologie, les nitrates, la dureté et les pesticides. Certains
certains exigent des traitements spécifiques. C’est le cas,
dépassements ponctuels et modérés de la norme sont parfois
notamment, des nitrates et des pesticides.
autorisés car ils ne menacent en rien la santé des consom-
Pour les nitrates, il existe deux techniques principales.
mateurs, étant donné la marge de sécurité appliquée lors
La dénitrification biologique utilise des microorganismes
du calcul des normes.
capables de transformer les nitrates en azote gazeux.
L’autre technique nécessite l’emploi de résines échangeuses
« Eau du robinet » : source de minéraux
d’ions qui absorbent les ions nitrates et libèrent en échange
des ions chlorures. L’eau constitue une source d’apport en sels minéraux et
Quant aux pesticides, ils sont éliminés soit par adsorption oligoéléments : calcium, magnésium, fluor... Contrairement
sur charbon actif, oxydation conventionnelle par le chlore aux idées reçues, l’eau du robinet en contient bien évidem-
ou oxydation par l’ozone. ment. Dans son parcours naturel, au contact des sols et des
roches, elle se charge en effet naturellement en sels miné-
Objectif qualité : des contrôles à tous les stades de raux et oligoéléments. L’eau étant un produit local, elle
la production peut présenter, selon les régions, des teneurs différentes de
L’eau délivrée au robinet est très contrôlée, à tous les ces composants. Les seuils de minéralité sont fixés par les
stades de la production. En complément de la surveillance normes pour que l’eau bénéficie d’un bon équilibre minéral.
permanente assurée par l’exploitant, les captages, les sta-
tions de traitement et les réseaux de distribution de l’eau Le calcium
potable jusqu’au robinet du consommateur font l’objet d’un Le calcium est présent dans l’eau sous forme de carbonate.
contrôle sanitaire régulier, mis en œuvre par les directions L’eau du robinet est plus ou moins calcaire selon la nature
départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS). des sols qu’elle a traversés. La dureté de l’eau se mesure
Les analyses officielles sont réalisées par les DDASS, sous en degré français (◦ F). Un degré français égal à 4 mg de
l’autorité du préfet. Les analyses effectuées par les labo- calcium ou 2,4 mg de magnésium par litre d’eau. On dis-
ratoires agréés par le ministère de la Santé permettent tingue les eaux « douces » (moins de 15 ◦ F), « moyennement
de suivre la qualité de l’eau au niveau de la ressource dures » à « dures » (de 15 à 35 ◦ F) et « très dures » (plus de
(seules certaines qualités d’eaux brutes sont sélectionnées 35 ◦ F). L’eau dure souvent qualifiée de « calcaire », et alors
pour la production d’eau potable), à la sortie des usines de montrée du doigt, n’est rien d’autre qu’une eau riche en
traitement et sur le réseau de distribution jusqu’au robi- carbonates de calcium et de magnésium. La contribution de
net du consommateur. Ces contrôles permettent de vérifier l’eau à l’apport de ces deux cations peut ainsi s’élever de
la qualité physique, chimique et bactériologique de l’eau 5 à 15 % de la consommation journalière [2]. La dureté de
mais également la qualité sanitaire des installations de pro- l’eau ne fait l’objet d’aucune norme, car il n’existe pas de
duction, de stockage et de distribution. La fréquence des toxicité reconnue pour l’homme.
prélèvements et le contenu des analyses dépendent de la
ressource utilisée, du débit des installations mais aussi de la Le fluor
population desservie.
La teneur maximale en fluor dans l’eau du robinet, fixée
par la réglementation, est de 1,5 mg/L. Quatre-vingt-cinq
En 2006, les DDASS ont réalisé plus de 310 000 pour cent de la population française vit dans des communes
prélèvements permettant l’expertise de plus de huit où la teneur en fluor de l’eau de distribution est inférieure
millions de résultats [5]. ou égale à 0,3 mg/L. Les eaux minérales embouteillées en
Neuf pour cent des prélèvements ont été effectués contiennent pour leur part des quantités variables allant de
directement au captage, 21 % au cours du traitement, moins de 0,1 mg/L à 9 mg/L.
70 % sur le réseau de distribution. Le risque d’un apport excessif de fluor par ingestion est
celui de la fluorose dentaire. La vigilance doit être par-
ticulièrement de mise entre 0 et quatre ans, période de
Les programmes d’analyses prévoient le contrôle des minéralisation des couronnes des incisives. La dose à ne
paramètres bactériologiques, chimiques, organoleptiques pas dépasser pour éviter tout risque de fluorose est de
et des indicateurs de radioactivité. Le programme stan- 0,05 mg/j par kg de poids corporel, tous apports confondus,
dard d’analyse peut être adapté aux spécificités locales. sans dépasser 1 mg/j [6].
Il peut être renforcé si la qualité des eaux brutes subit
d’importantes variations ou si la protection du point de cap- « Eau du robinet » : nitrates et pesticides
tage est insuffisante.
L’information des consommateurs sur la qualité de l’eau Nitrates
potable est une obligation imposée par la réglementation. Elément du cycle naturel de l’azote, les nitrates proviennent
Ainsi, il est possible de s’informer sur la qualité de l’eau essentiellement des engrais et des déchets organiques. Ils
298 P. Beaulieu, B. Fisset

sont absorbés par les plantes lors de leur croissance et endogène. Il est en conséquence impossible d’évaluer le
servent à la synthèse de composés azotés. risque cancérogène lié à un tel apport [8].
C’est un excès de production de nitrates qui déséquilibre Au mois de juin 2009, la Direction générale de la santé,
ce cycle et entraîne l’accumulation de cet ion dans les sols l’Institut national du cancer, tout comme l’Académie natio-
et sa migration dans les ressources en eau. nale de médecine ont, d’ailleurs, tenu à rappeler qu’en
Les pratiques agricoles intensives, avec l’usage d’engrais l’état des connaissances, rien ne permettait d’indiquer qu’il
azotés et l’élevage intensif restent les grands pourvoyeurs existe, chez les personnes atteintes de cancer ou ayant eu un
de nitrates. Dans une moindre mesure, les rejets industriels, cancer, un risque aggravé qui serait lié aux résidus chimiques
les « jardiniers du dimanche » sont également responsables contenus dans l’eau du robinet [9].
de la présence de nitrates dans l’environnement. La législation limite à 50 mg/L la teneur maximale en
La contribution de l’eau de boisson reste inférieure ou nitrates de l’eau destinée à la consommation humaine.
égale à 14 % dans 80 % des réseaux de distribution et infé- Cette norme a été fixée selon le « principe de précaution »
rieure ou égale à 45 % dans 5 % d’entre eux [2]. à savoir les risques potentiels encourus par les populations
Certains légumes sont particulièrement riches en nitrates les plus vulnérables (nourrissons, femmes enceintes).
tels que les radis, betteraves, épinards, mâches, lai- En 2006, plus de 54 000 mesures de nitrates ont été effec-
tues, céleris et navets. À eux seuls, ils représentent 60 % tuées par les DDASS au niveau des points de contrôle, en
des apports alimentaires en nitrates. D’autres comme les sortie des installations de production. La limite de qualité de
pommes de terre, les carottes, les choux, les courgettes 50 mg/l a été respectée pour plus de 98 % des contrôles [5].
et les poireaux sont aussi des vecteurs importants, car for-
tement consommés. Une eau de boisson contenant 20 mg Pesticides
de nitrates par litre représente environ 10 % des apports de C’est l’alimentation, notamment via la consommation de
nitrates de la population française. Pour une concentration fruits et de légumes, qui est le facteur essentiel de l’apport
de 50 mg de nitrates par litre, la contribution de l’eau dans en pesticides. L’apport hydrique reste une source marginale
l’exposition aux nitrates est estimée à 34 %. [7]. d’exposition. En cas de constatation d’effets négatifs sur la
La toxicité des nitrates semble essentiellement résul- santé, les voies de contamination suspectées sont essentiel-
ter de leur réduction en nitrites qui ont pour principal lement respiratoire ou cutanée.
effet biologique sur l’homme la formation de méthémoglo- Les normes réglementant les concentrations maximales
bine (MetHb), qui résulte de l’oxydation de l’hémoglobine tolérées de pesticides sont d’ailleurs exprimées en mg/kg
(Hb). La MetHb étant incapable d’assurer le transport de pour les produits alimentaires et en ␮g/L pour l’eau du
l’oxygène vers les tissus. Les jeunes enfants dont le sys- robinet.
tème enzymatique est immature (moins de trois mois), Les normes de qualité s’appuient sur les recommanda-
les femmes enceintes et les patients porteurs d’un défi- tions en vigueur de l’Organisation mondiale de la santé
cit enzymatique (en G6PDH ou en MetHb-réductase) sont (OMS). Elles définissent donc les concentrations maximales
particulièrement exposés à cette transformation. Selon cer- pour chaque paramètre qui, lorsqu’elles sont mesurées dans
tains auteurs, la formation de nitrites à partir de nitrates ne l’eau potable, n’entraînent pas d’effet immédiat, ou à plus
surviendrait, de plus, qu’en cas d’infection bactérienne du long terme, sur la santé du consommateur. Mais s’agissant
tube digestif supérieur. Une cyanose apparaît au-delà d’une des pesticides, une autre approche a été retenue, consi-
quantité critique de méthémoglobine dans le sang (généra- dérant que leur présence, même en quantité très faible,
lement 15 % de la quantité d’hémoglobine). L’Afssa estime traduit une contamination de la ressource et que d’autres
que « les données disponibles actuellement sont suffisantes substances plus ou moins détectables avec les moyens ana-
pour admettre que le risque de méthémoglobinémie chez le lytiques actuels peuvent les accompagner. Les limites de
nourrisson peut être considéré comme négligeable pour une qualité retenues sont, par conséquent, encore bien infé-
eau dont la concentration en nitrates respecte la limite de rieures à la valeur à partir de laquelle un risque sanitaire
qualité de 50 mg/L ». [7]. existe [9].
Par précaution, on préconise, cependant, d’utiliser une Ainsi, pour les insecticides organochlorés persistants,
eau dont la teneur en nitrates ne dépasse pas 15 mg/L organophosphorés et carbamates, les herbicides, les fongi-
pour préparer les biberons des nourrissons de moins de six cides, les valeurs des concentrations doivent être inférieures
mois. Les biberons doivent être également, soigneusement, ou égales aux valeurs suivantes : 0,1 ␮g/L par substance indi-
lavés et stérilisés pour éviter le développement bactérien vidualisée (à l’exception des substances suivantes : aldrine
qui pourrait donc contribuer à la réduction des nitrates en et dieldrine, heptachlore et heptachlorepoxyde = 0,03 ␮g/L)
nitrites. Chez l’adulte sain, l’acidité gastrique empêche, en et 0,5 ␮g/L pour le total des substances mesurées.
revanche, la flore bactérienne de transformer les nitrates. L’Institut national du Cancer a diffusé, en juin 2009, un
De véritables études épidémiologiques seraient néces- communique affirmant bien que l’analyse de la littérature
saires pour vérifier le niveau du risque lié aux nitrites, ne montre pas d’études établissant le lien entre les résidus
compte tenu des résultats contradictoires présentés par cer- de pesticides dans les eaux de boisson et les risques de can-
taines études (notamment concernant le lien entre le cancer cers. Les études épidémiologiques disponibles qui décrivent
de la vessie et les nitrosamines). Le Centre international des risques sanitaires liés aux pesticides, en particulier des
de recherche sur le Cancer (CIRC) a récemment réévalué la effets cancérogènes, portent en fait sur les expositions
classification des substances cancérogènes. Il conclue qu’il environnementales et/ou professionnelles à certains de ces
n’existe pas de preuves suffisantes chez l’homme concer- produits [10].
nant la cancérogénicité des nitrates dans l’eau de boisson.
En outre, il précise que l’ingestion de nitrates ou de nitrites,
dans certaines conditions entraînant la formation endogène Conflits d’intérêts
de composés N-nitrosés (CNO), est probablement cancéro-
gène pour l’homme (groupe 2A). En effet, les connaissances P. Beaulieu est médecin conseil du Centre d’information sur
actuelles ne permettent pas de quantifier cette nitrosation l’Eau.
Eau du robinet : une exigence de qualité. . . 299

Annexe 1. Limites et références de qualité des eaux destinées à la consommation


humaine, à l’exclusion des eaux minérales (extrait de l’arrêté du 11 janvier 2007).

I - Limites de qualité

A — Paramètres microbiologiques Unités

Escherichia coli (E. coli) 0/100 mL


Entérocoques 0/100 mL

B — Chimiques

Acrylamide 0,10 ␮g/L


Antimoine 5,0 ␮g/L
Arsenic 10 ␮g/L
Baryum 0,70 mg/L
Benzène 1,0 ␮g/L
Benzo[a]pyrène 0,01 ␮g/L
Bore 1,0 mg/L
Bromates 10 ␮g/L
Cadmium 5,0 ␮g/L
Chlorure de vinyle 0,50 ␮g/L
Chrome 50 ␮g/L
Cuivre 2,0 mg/L
Cyanures totaux 50 ␮g/L
1,2-dichloroéthane 3,0 ␮g/L
Épichlorhydrine 0,10 ␮g/L
Fluorures 1,50 mg/L
Hydrocarbures aromatiques polycliques (HAP) 0,10 ␮g/L
Mercure 1,0 ␮g/L
Total microcystines 1,0 ␮g/L
Nickel 20 ␮g/L
Nitrates (No3 — ) 50 mg/L
Nitrites 0,50 mg/L
Pesticides (par substance individuelle) 0,1 ␮g/L
Aldrine, dieldrine, heptachlore, heptachlorépoxyde (par substance individuelle) 0,03 ␮g/L
Total pesticides 0,50 ␮g/L
Plomba 25 ␮g/L
Sélénium 10 ␮g/L
Tétrachloroéthylène et trichloroethylene 10 ␮g/L
Total trihalométhanes (THM) 100 ␮g/L
Turbidité 1,0 NFU
a Pour le plomb, la limite de qualité sera abaissée à 10 ␮g/L à partir du 25 décembre 2013.
300 P. Beaulieu, B. Fisset

Annexe 1 (Suite)
II- Références de qualité
A — Paramètres microbiologiques
Bactéries coliformes 0/100 mL
Bactéries sulfitoréductrices y 0/100 mL
compris les spores
Numération de germes aérobies Variation dans un rapport
revivifiables à 22 ◦ C et 37 ◦ C de 10 par rapport à la
valeur habituelle

B — Chimiques et organoleptiques

Aluminium total 200 ␮g/L


Ammonium (NH4 + ) 0,10 mg/L
Carbone organique total (COT) 2,0 mg/L et aucun changement anormal
Oxydabilité au permanganate de potassium 5,0 mg/L O2
mesurée après 10 minutes en milieu acide
Chlore libre et total Absence d’odeur ou de saveur désagréable et
pas de changement anormal
Chlorites Sans compromettre la désinfection, la valeur la
plus faible possible doit être visée
0,20 mg/L
Chlorures 250 mg/L
Conductivité ≥ 180 ␮S/cm et ≤ 1000 ␮S/cm à 20 ◦ C
ou
≥ 200 ␮S/cm et ≤ 1100 ␮S/cm à 25 ◦ C
Couleur Acceptable pour les consommateurs et aucun
changement anormal notamment une couleur
inférieure ou égale à 15 mg/L (Pt)
Cuivre 1,0 mg/L
Équilibre calcocarbonique Les eaux doivent être à l’équilibre
calcocarbonique ou légèrement incrusantes
Fer total 200 ␮g/L
Manganèse 50 ␮g/L
Odeur Acceptable pour les consommateurs et aucun
changement anormal, notamment pas d’odeur
détectée pour un taux de dilution de 3 à 25 ◦ C
pH (concentration en ions hydrogène) ≥ 6,5 et ≤ 9 unités pH
Saveur Acceptable pour les consommateurs et aucun
changement anormal notamment pas de saveur
détectée pour un taux de dilution de 3 à 25 ◦ C
Sodium 200 mg/L
Sulfates 250 mg/L
Températurea 25◦ C
Turbidité 0,5 NFU au point de mise en distribution
2,0 NFU aux robinets

C — Indicateurs de radioactivité

Activité alpha globale En cas de valeur supérieure à 0,10 Bq/L, il est procédé à
l’analyse des radionucléides spécifiques
Activité bêta globale résiduelle En cas de valeur supérieure à 1,0 Bq/L, il est procédé à
l’analyse des radionucléides spécifiques
Dose totale indicative (DTI) 0,10 mSv/an
Tritium 100 Bq/L

a Cette valeur ne s’applique pas dans les départements d’outre-mer.


Eau du robinet : une exigence de qualité. . . 301

Références www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Mises-au-point/Fluor-et-
prevention-de-la-carie-dentaire.
[1] Ressources en eau. Les prélèvements d’eau par ressource et [7] Avis de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments
par usage. Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développe- relatif à l’évaluation des risques sanitaires liés aux situa-
ment durable et de la mer. 2008. http://www.ifen.fr/acces- tions de dépassement de la limite de qualité des nitrates
thematique/eau/ressources-en-eau/les-prelevements-d-eau- et nitrites dans les eaux destinées à la consommation
par-ressource-et-par-usage.html?print=1. humaine. 11 juillet 2008. http://www.afssa.fr/Documents/
[2] Directives de qualité pour l’eau de boisson. Deuxième édi- EAUX2004sa0067.pdf.
tion. Volume 2. Critères d’hygiène et documentation à l’appui. [8] Ingested nitrates and nitrites (group 2A). International agency
Organisation mondiale de la santé. 2000. for research on cancer (IARC). 2009. http://monographs.
[3] Réglementation et traitement des eaux destinées à la consom- iarc.fr/ENG/Meetings/94-nitratenitrite.pdf.
mation humaine. ASTEE. 2006. [9] Ministère de la santé et des sports : http://www.sante-sports.
[4] Mémento technique de l’eau 10e édition. Dégremont. 2005. gouv.fr/actualite-presse/presse-sante/communiques/qualite-
[5] L’eau potable en France en 2005—2006. Ministère de la santé. eau-du-robinet-controles-exigeants-reguliers.html.
2008. [10] Institut National du cancer : http://www.e-cancer.fr/Presse/
[6] Mise au point : utilisation du fluor dans la prévention de la Toutes-les-actualites/op 1-ta 1-it 331-id 2733-la 1-ve 1.html.
carie dentaire avant l’âge de 18 ans. Afssaps.2008. http://

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