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(1965)
“Les sciences
contemporaines devant
l’expérience libératrice.”
Les textes présentés dans ce recueil
ont été réunis par les soins du centre
"l’homme et la connaissance"
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[7]
L’homme et la connaissance.
tradition et liberté. Entretiens.
AVANT-PROPOS
par Suzanne N. ANDRÉ
Suzanne N. ANDRÉ.
Roger Godel, “Les sciences contemporaines devant l’expérience libératrice.” (1965) 10
[49]
[50]
ROGER GODEL
Note : p. 50 :
“(Il semble qu'il y a une incohérence dans cette introduction sur
Roger Godel, sauf à considérer que la semble-t-il "longue habitude"
de Mme Godel n'a pu durer que quelques mois...) Le dialogue qui
va suivre s’est déroulé entre le Docteur et Madame Roger Godel, à
la veille de leur départ pour le Liban, et quelques mois seulement
avant la mort du Docteur Godel. Alice Godel recueillait avec
ferveur sur bandes magnétiques, chaque fois que cela lui était
possible, les conversations toujours passionnantes, toujours
profondément instructives que son mari avait avec elle, avec ses
élèves ou ses malades, avec ses amis et ceux qui venaient.”
Antisthène, le 27 janvier 2020.
[52]
ENTRETIEN
c’est incontestable, cette table n’est pas dans ton corps, Marguerite
n’est pas dans ton corps, elle est distincte de ton corps, mais est-elle
hors de ton champ de conscience ? hors de ta conscience ? Si elle était
hors de ta conscience, tu ne pourrais pas l’atteindre ni par des paroles,
ni même par le sentiment d’une présence. Dès qu’un corps ou une
chose pénètrent dans ton champ de conscience, cela en fait partie
intégrante. Rien n’est hors de ta conscience qui soit concevable,
représentable ou imaginable.
as, sera la mienne. Si j’aime le bleu et que tu n’aimes pas le bleu, il est
certain que tu ne vois pas la couleur de la même façon que moi, parce
qu’elle n’est pas simplement une sensation, elle est aussi une adhésion
ou un refus. Elle ne peut pas être exactement semblable...
A. — C’est extraordinaire !..
Eh bien je crois qu’en relisant ceci ou en ré-écoutant ce que tu as
dit — ce que tu viens d’enseigner, qui m’a été enseigné depuis tant
d’années, je peux te rassurer, au moment de ton départ que je ne serai
pas malade.
Le Docteur. — ... Je souhaite que non seulement tu ne sois pas
malade, mais que tu sois en plein soleil, en pleine lumière, tu l’es, tu
es la lumière...
[64]
I
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II
3 Cité par M.G. Bachelard dans Le Nouvel Esprit Scientifique, p. 54.
Roger Godel, “Les sciences contemporaines devant l’expérience libératrice.” (1965) 28
III
À l’inverse du chercheur occidental dont la démarche est tournée
vers le « monde extérieur », c’est au-dedans de lui-même que l’Indou
ouvre un itinéraire vers la réalité. Il est en route depuis plus de vingt-
six siècles ; et cela lui procure sur nous une sérieuse avance. Sa
pérégrination lui a depuis longtemps enseigné que les mots
« extérieur », « intérieur », « sujet », « objet » perdent leur
signification à partir d’un certain point de vue. À peine avons-nous
commencé, en Occident, à soupçonner cette vérité élémentaire. Pour
le Sage — ou libéré-vivant, selon l’expression védantique — le réel
c’est l’axe permanent de notre être, et non la perception que nos sens
évoquent ou le concept construit par l’intellect ; c’est [72]
l’expérience intime de l’individualité ; elle se révèle dans la
transcendance de toute qualification ; la dialectique est vaine quand
elle prétend donner à Cela — l’indénommable — un nom.
Ainsi l’Indou, choisissant le chemin le plus court, la voie directe, a
atteint le but de la course, tandis que le chercheur occidental se perdait
dans les méandres de la cosmologie. Socrate, cependant, plus
perspicace que ses devanciers et que ses contemporains, sut
abandonner à temps ces pistes à longs circuits et plongea vers
l’intériorité. Bien lui en prit, apparemment.
Mais de nos jours, parce qu’une intime liaison commence
d’apparenter les sciences physiques avec celles de la vie, la voie
cosmologique pourrait cesser d’être l’itinéraire interminable et
Roger Godel, “Les sciences contemporaines devant l’expérience libératrice.” (1965) 31
IV
S’il est satisfait de l’enseignement et du spectacle que lui offre un
Sage, l’auditeur occidental souhaite, naturellement, savoir de lui des
psychotechniques. La théorie ne lui suffit pas, il veut la mettre en
pratique. Avant de quitter celui qui l’a éclairé sur l’essentiel, il
sollicite des directives. Que dois-je faire, demande-t-il avec
insistance ? Donnez-moi des méthodes, une discipline, des procédés
[77]
Ses auditeurs, tenus par lui en éveil, ne risquent pas d’attribuer à sa
terminologie dualistique un sens littéral. Pour eux comme pour leur
instructeur, les images familières d’ « itinéraire », de « discipline », de
« passage au-delà », de « proximité » ou d’ « éloignement »,
d’ « obstacles » par rapport au foyer de l’Expérience, ont la valeur de
simples analogies, une valeur de signalisation. Ces conventionnelles
figures verbales sur lesquelles l’esprit prend un appui provisoire ne
compromettent pas plus l’enseignement métaphysique que les
inévitables imperfections d’un diagramme n’entravent les recherches
du géomètre.
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* *
Fin du texte