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PRÉPA LETTRES.

PROGRAMME DE TRONC COMMUN.

NOTION:
LA POLITIQUE,
LE DROIT

Fiche de lecture 1 sur 2.

Carl Schmitt, La notion de politique.


PRÉFACE DE JULIEN FREUND

À l’époque où parut la Notion de politique, la plupart des spécialistes de la politique, juristes,


sociologues ou philosophes, concevaient l’analyse du phénomène politique sous le couvert d’une
théorie générale de l’État, identifiant ainsi une activité humaine autonome qui se préoccupe de la vie
des hommes en société et l’institution purement historique qu’est l’État.

Schmitt entendait réagir contre cette tendance dès la première phrase de son ouvrage en précisant que le
concept d’État présuppose celui de politique.

Il faut entendre par là non seulement qu’il peut y avoir une activité politique en dehors du cadre
étatique, mais aussi que la politique continuerait même si l’État devait disparaître. Du moment que
l’État est une création historique, il peut dépérir au profit d’une autre forme d’unité politique organisant
la société.

Autrement dit, tant que l’homme vivra en société, la politique demeurera une activité indispensable,
pour la simple raison qu’il est pratiquement impossible de concevoir une vie en société qui ne serait pas
organisée. Il ne saurait donc exister de société qu’organisée politiquement.

L’État n’est que la manière moderne d’envisager cette organisation, il n’est en fin de compte qu’un type
d’organisation politique qui peut éventuellement être remplacé par un autre type au cours du
développement historique. Par conséquent, il est impossible de concevoir une société qui ne serait pas
organisée politiquement, il est par contre possible de donner à cette organisation un cadre autre que
celui de l’État. S’il peut y avoir une politique sans Etat, il n’y a pas d’Etat sans politique, car celle-ci
conditionne comme activité humaine la possibilité des institutions.
DIFFÉRENCE ENTRE INSTANCE ET SUBSTANCE.

L’État est une instance, ce qui veut dire qu’il est à la fois un ensemble constitué plus ou moins
rationnellement qui détient le pouvoir de décision dans les affaires internes et externes et le cadre
juridique ou institutionnel dans lequel se déroule normalement de nos jours l’activité politique.

Toutefois, il arrive que lors de situations exceptionnelles, par exemple révolutionnaires ou de guerre
civile, l’État se décompose du fait de deux volontés politiques ennemies, de sorte que l’instance
disparaît, au moins momentanément et jusqu’à ce que l’un des ennemis ait réussi à triompher.

Par conséquent, cette période de désagrégation de l’instance étatique ne signifie nullement l’annulation
de l’activité politique, car celle-ci reste flottante, sans support institutionnel et sans centre unique de
décision, et se manifeste même dangereusement.

Ces cas exceptionnels indiquent donc mieux qu’un raisonnement pourquoi l’on ne peut déterminer la
politique exclusivement ni même fondamentalement à partir de l’Etat.

Comment donc caractériser le politique qui donne lieu à une activité fougueuse et presque anarchique
en dehors d’une instance étatique ou autre ?

La première solution qui vient à l’esprit consiste à étudier le politique dans sa substance.

L’originalité de Carl Schmitt réside donc dans le fait qu’il refuse de définir la politique aussi bien par
l’instance juridique ou institutionnelle qui est le support de la lutte que par la substance ou le contenu
axiologique qui lui fournit les motifs. Son objectif est à la fois plus précis et plus modeste : déterminer
le critère, c’est-à-dire le signe qui permet de reconnaître qu’un problème est politique ou non, donc
discerner ce qui est purement politique indépendamment de toute autre relation.

La méthode se fonde sur l’analyse des cas d’exception quand l’instance étatique est elle-même mise en
question et quand on fait abstraction des valeurs qui donnent un contenu à la lutte, de sorte que l’on ne
considère le politique que dans sa réalité purement existentielle. La relation spécifique et fondamentale
qui ne se laisse déduire d’aucune autre relation et à laquelle on peut réduire toute activité et tout motif
politique est celle d’ami et d’ennemi.

On se méprendrait sur la véritable pensée de Carl Schmitt telle qu’elle est déposée dans La notion de
politique si on voulait voir dans ce critère plus qu’un critère. D’où l’inanité de certaines critiques qui
ont été faites, en aucun cas Carl Schmitt n’a cherché à définir l’essence du politique ni même à
caractériser plus ou moins exclusivement le phénomène.

On peut aussi soulever des questions à propos de sa conception du libéralisme dans la mesure où elle se
fonde sur les ouvrages d’auteurs plutôt récents comme Laski et moins sur des classiques comme
Benjamin Constant.

Certains lui reprochent d’avoir toujours envisagé la politique intérieure en fonction de la politique
extérieure. Toute la critique du pluralisme interne, au sens où Laski et Cole l’ont conçu, considère
justement l’Etat dans sa structure interne d’unité politique ce que Schmitt cherche précisément à
montrer par cette critique, c’est qu’un tel pluralisme risque de conduire à une guerre civile parce qu’il
tend à réveiller la relation ami-ennemi que l’État moderne a réussi à surmonter à l’intérieur depuis
Bodin et Hobbes. Autrement dit, à son avis, l’État moderne se caractérise spécifiquement par
opposition à d’autres types d’unité politique par le fait qu’il a réussi à dompter à l’intérieur de ses
frontières la relation ami-ennemi sans l’avoir jamais supprimée.
La notion de politique.

(de Carl Schmitt)

CHAPITRE I.

ÉTATIQUE ET POLITIQUE

Il apparaît que l’État est une entité politique, la réalité politique étant elle-même réalité d’État, et l’on a
là de toute évidence un cercle vicieux.

Cette définition étatique = politique est juste tant que l’État garde le monopole de l’activité politique.

Mais elle devient inexacte dans la mesure où il y a interpénétration de l’État et de la société quand les
affaires de l’État sont prises en charges par la société et quand l’État prend en charge les affaires de la
société, ce qui se produit nécessairement dans une démocratie.

Dès lors les domaines précédemment neutres, c’est-à-dire sans lien avec l’État et la politique, cessent
d’être neutres : religion, culture, éducation, économie. L’État total s’oppose à ce genre de
neutralisations et dépolitisations.

Avec l’État total tout est politique : le religieux, le culturel, l’économique, le juridique et le scientifique
ne sont plus dans une démocratie des antithèses du politique.
Pour la démocratie, « le pouvoir de l’État sur l’individu ne paraît jamais assez grand, aussi tend-elle à
effacer les limites entre l’État et la société et à charger l’État de tout ce que la société ne fera
vraisemblablement pasé (Jacob Burckhardt, Considérations sur l’ordre du monde).

Burchkardt a fort bien noté la contradiction interne de la démocratie et de l’État constitutionnel libéral :

« L’État doit donc réaliser le programme des différents partis […] et ne dispose du
pouvoir qu’à cette fin. Il doit être capable d’accomplir une infinité de choses, mais n’a pas
le droit de prendre une initiative, ni surtout de vouloir maintenir sa forme actuelle à
travers les différentes crises. Enfin, dernier trait distinctif : le vif désir de tout le monde de
participer d’une manière ou d’une autre à l’exercice du pouvoir. Ainsi la forme de l’État
devient toujours plus discutable tandis que l’étendue de sa puissance augmente. »

La doctrine allemande de l’État, restée sous l’influence de la définition hégélienne, n’a pas d’emblée
renoncé à l’idée que l’État est une réalité supérieure et qualitativement autre de la société.

Ce type d’État était universel, mais il ne correspond pas à l’État neutre d’aujourd’hui eu égard à la
culture et l’économie, car pour l’État universel économie et législation économique étaient une réalité
non politique par définition.

L’évolution historique vise à l’identification démocratique entre État et société.

Avec Haenel, étape nationale-libérale fort intéressante : pour lui, c’est « une erreur manifeste d’étendre
le concept d’État jusqu’à le faire coïncider avec la définition de toute société humaine » (Études de
droit public allemand), de même, Haenel déclare erronée la conception selon laquelle l’État assume,
pour le moins virtuellement, toutes les fins sociales de l’homme, donc pour Haenel, l’État, tout
universel qu’il soit, n’est nullement total.

Rudolf Smend défend une doctrine de l’intégration de l’État : la doctrine hégélienne de la séparation
des pouvoirs implique « l’imprégnation la plus intense de toutes les sphères de la société par l’Etat,
dans le but général de capter toutes les forces vives de la nation au profit de la totalité qu’est l’Etat »
(Constitution et droit constitutionnel).

En citant cette phrase, Smend fait remarquer qu’elle est l’énoncé précis du concept d’intégration. Il
s’agit en fait de l’État total, qui ne connaît plus rien d’absolument non-politique et qui exige l’abolition
des dépolitisations du XIXème siècle, mettant fin notamment à l’axiome posant une économie libre à
l’égard de l’État, une économie non-politique, et un état sans lien avec l’économique.

CHAPITRE II

LA DISTINCTION AMI / ENNEMI, CRITERE DU


POLITIQUE

La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques,
c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi.

Elle fournit un principe d’identification qui a valeur de critère, et non une définition exhaustive ou
compréhensive.
CHAPITRE III

LA GUERRE, PHÉNOMÈNE D’HOSTILITÉ

Le libéralisme a tenté de réduire l’ennemi à un concurrent du côté des affaires, et du côté de l’esprit, à
l’adversaire que l’on affronte dans un débat. Or le concept d’ennemi est purement politique.

Ce n’est pas le concurrent ou l’adversaire qui est l’ennemi.

L’ennemi, ce ne peut être qu’un ensemble d’individus groupés, affrontant un ensemble de même nature
et engagé dans une lutte pour le moins virtuelle, c’est-à-dire effectivement possible. L’ennemi est un
ennemi public et non privé, un ennemi politique.

L’ennemi au sens politique du terme n’implique pas une haine personnelle, et c’est dans la sphère de la
vie privée seulement que cela a un sens d’aimer son ennemi. C’est ce que signifie la citation biblique
“Aimez vos ennemis”.

Il n’est pas possible d’aboutir à la polarité ami-ennemi, et donc à une guerre, en partant des oppositions
spécifiques des domaines autres que politiques de l’activité humaine.

Rien ne saurait échapper à cette logique du politique.

Que l’opposition des pacifistes contre les non-pacifistes, grandisse jusqu’à les précipiter dans une
guerre contre les non-pacifistes, dans une guerre contre la guerre, et cela prouverait que ce pacifisme
dispose de ait d’un certain potentiel politique, vu qu’il est assez fort pour regrouper les hommes en
amis et en ennemis.

CHAPITRE IV

L’ÉTAT, FORME DE L’UNITÉ POLITIQUE, REMIS EN


QUESTION PAR LE PLURALISME

Tout antagonisme religieux, moral, économique, ethnique ou autre se transforme en antagonisme


politique dès lors qu’il est assez fort pour provoquer un regroupement effectif des hommes en amis et
ennemis.

Une communauté religieuse qui en tant que telle fait la guerre, que ce soit contre les membres d’autres
communautés religieuses, ou que ce soit quelque autre guerre, transcende sa nature de communauté
religieuse et constitue une unité politique.

Le dynamisme du politique peut lui être fourni par les secteurs les plus divers de la vie des hommes, il
peut avoir son origine dans des antagonismes religieux, économiques, moraux ou autres. Le terme de
politique ne désigne pas un domaine d’activité propre, mais seulement le degré d’intensité d’une
association ou d’une dissociation d’êtres humains dont les motifs peuvent être d’ordre religieux,
national (au sens ethnique ou culturel), économique ou autre, et provoquent, à des époques différentes,
des regroupements et des scissions de types différents.

Est politique tout regroupement qui se fait dans la perspective de l’épreuve de force.
Le terme de souveraineté a ici un sens positif ainsi que le terme d’unité. L’un et l’autre ne signifient pas
que l’existence de tout être humain faisant partie d’une unité politique sera déterminée et commandée
dans tous ses détails par le politique, ou qu’un système centraliste anéantira toute autre organisation ou
corporation.

Il peut arriver que des considérations économiques soient plus fortes que tout ce que veut le
gouvernement d’un État soi-disant neutre à l’égard de l’économie, de même, un État qui se prétend
confessionnellement neutre se voit facilement imposer des limites par des convictions religieuses.

Mais seule importe jamais la situation où il y a conflit.

Si les forces d’opposition, économiques, culturelles ou religieuses sont assez puissantes pour emporter
de leur propre chef la décision relative à l’épreuve décisive, c’est que ces forces constituent la
substance nouvelle de l’unité politique en question.

Si elles ne sont pas assez puissantes pour empêcher une guerre décidée à l’encontre de leurs intérêts et
principes, cela démontre qu’elles n’ont pas accédé au degré décisif du politique.

Toute unité politique est nécessairement ou bien le centre de décision qui commande le regroupement
ami-ennemi, et alors elle est souveraine en ce sens (et non dans un quelconque sens absolutiste), ou
bien elle est inexistante.

Quand on se rendit compte de l’importance considérable des associations économiques au sein de l’État
et que l’on s’aperçut, en particulier, de la croissance des syndicats et de la relative impuissance des lois
de l’État face à leur moyen de pression économique, la grève, on proclama un peu vite la mort et la fin
de l’État.
Théorie de l’État dit pluraliste de Cole et Laski. Leur pluralisme consiste à nier l’unité souveraine de
l’État, c’est-à-dire l’unité politique, et à souligner sans relâche que l’individu vit inséré au plan social
dans de nombreuses relations, de nombreux groupements différents : il est membre d’une société
religieuse, d’une nation, d’un syndicat, d’une famille, d’un club sportif et de nombre d’autres
associations qui exercent sur lui une influence plus ou moins fortes et qui l’engagent dans une
« pluralité d’engagements et de loyalismes » sans que l’on puisse dire de l’une de ces associations
qu’elle détient la prédominance et la souveraineté absolue.

Au contraire les différentes associations peuvent l’emporter chacune dans un domaine différent.

On pourrait imaginer par exemple, que les membre d’un syndicat qui donne la consigne de ne plus
fréquenter d’église vont à l’église en dépit de cela, tout en refusant aussi d’obéir à une mise en demeure
de leur Eglise les invitant à quitter le syndicat. Cela met sur le même plan église et syndicat, religieux
et profession, en vue d’une opposition à l’État, qui peut aboutir à une alliance. Ce type de cas est
caractéristique du pluralisme. Les formules évoquant la toute puissance de l’État ne sont souvent que
des sécularisations superficielles de l’omnipotence de Dieu, et la doctrine allemande du XIXème siècle
concernant la personnalité de l’État est, d’une part, une antithèse polémique dirigée contre la personne
du prince absolu, et d’autre part, une façon d’échapper au dilemme : souveraineté du prince ou
souveraineté du peuple, en déviant vers l’État, ce troisième terme supérieur aux deux autres.

Il est dans la nature de l’unité politique qu’elle soit l’unité déterminante, maîtresse de ses décisions,
quelles que soient les forces qui lui fournissent ses motivations psychologiques ultimes. Elle existe ou
n’existe pas. Tant qu’elle existe, elle est l’unité suprême, c’est-à-dire celle qui impose sa volonté dans
les cas décisifs.
C’est le caractère politique de l’Etat qui fonde son unité, qui en fait l’unité déterminante, le centre de
décision. Une théorie pluraliste est ou bien la théorie d’un État réalisant son unité par fédération de
groupes sociaux, ou bien elle n’est qu’une théorie de la désintégration ou de la réfutation de l’État.
Pour contester de la sorte l’unité de l’État et en faire une association politique de même nature et de
même rang que d’autres, religieuses ou économiques par exemple, il lui faudra avant tout déterminer la
substance spécifique du politique.

Chez Laski, l’État se transforme tout simplement en une association en concurrence avec d’autres
associations ; il devient une société à côté et parmi bien d’autres sociétés qui subsistent au sein de l’État
ou en dehors de lui. Tel est le pluralisme de cette théorie de l’État, dont toute la subtilité est dirigée
contre les conceptions surfaites de l’État dans le passé, contre sa souveraineté, sa personnalité et son
monopole d’unité suprême. On en fait tantôt, à la vieille manière libérale un simple serviteur d’une
société commandée essentiellement par l’économie, tantôt au contraire, dans une perspective pluraliste,
une espèce particulière de société, c’est-à-dire une association parmi d’autres, tantôt enfin elle est le
produit de la fédération des groupes sociaux ou une espèce de supra société, coiffant l’ensemble des
associations.

Il conviendrait avant toute chose d’expliquer pour quelle raison les hommes constituent encore, outre
les associations religieuses, culturelles, économiques et autres, une association politique, et de dire en
quoi consiste la signification spécifiquement politique de ce dernier type d’association. Sur ce point, il
est impossible de discerner une démarche sûre et nette du raisonnement, mais chez Cole le concept
suprême qui embrasse tout et qui n’est pas pluraliste est la société et chez Laski l’humanité.

Ce pluralisme demeure totalement prisonnier d’un individualisme libéral, car, au service de l’individu
libre et de ses libres associations, elle se borne, tout compte fait, à jouer une association contre l’autre
en se plaçant toujours dans la perspective de l’individu pour résoudre problèmes et conflits.
En réalité, il n’existe pas de société ou d’association politique. Il n’y a qu’une unité politique, une
communauté politique. La possibilité effective d’un regroupement entre amis et ennemis suffit à créer,
par delà ce qui ne serait que société ou association, une unité dont la volonté est déterminante, qui est
une réalité spécifiquement autre et un centre de décision vis-à-vis des autres associations. Faire figurer,
à la manière pluraliste, une association politique à côté d’une association religieuse, culturelle,
économique ou autre et la faire entrer en concurrence avec elle n’est possible que pour autant que la
nature du politique n’est pas prise en considération.

Il est certain que le concept de politique se prête à des déductions dans le sens du pluralisme (cf.
chapitre VI), mais celles-ci ne signifient pas qu’à l’intérieur d’une même unité politique la
configuration ami-ennemi déterminante pourrait être remplacée par un pluralisme sans que soit détruit,
avec cette unité, le politique lui-même.

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